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Charles Le Brun

Méthode pour apprendre à dessiner les passions

MO

Charles Le Brun

Méthode pour

apprendre à dessiner

les passions

proposée dans une

conférence sur l'expression

générale et particulière

BIBUOTriECA

1982

Georg Olms Verlag Hildesheim Zurich New York

o

90

iV2/

Dem Nachdruck liegt das Exemplar der Staatlichen Bibliothek Passau zugrunde,

Signatur: Ho (b) 29

A/C

Nachdruck der Ausgabe Amsterdam 1702

Printed in Germany

Herstellung: Strauss & Cramer GmbH, 6945 Hirschberg 2

ISBN 3 487 06717 X

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METHODE

Pour apprendre

A DESSINER

LES PASSIONS,

Tropofée dans une Conférence

SUR

L'EXPRESSION GE'NE'RALE ,

E T

PARTICULIERE.

Par Mr. LE Brun, Premier Peintre dtc

Roy , Chancelier cjf Directeur de l'Académie Roy nie de Peinture & de Sculpture.

Enrichie d'un grand nombre de Figur^f

très-bien deiïînécw

A AMSTERDAM,

Chci François van der P l a a T S \

Marchand Libraire, dans le Gaperftecg.

~M. DCCil,

Digitized by the Internet Archive

in 2011 with funding from

University of Toronto

http://www.archive.org/details/methodepourappreOOIebr

PREFACE.

Otnrne la connoijfance de l'homme fuppofe neceffai- rcment celte des ^PaJJions^ qui faut le grand r effort des mouvemens du Cœur © de tou- tes nos allions > on s'eft appliqué de tout tems à en étudier la nature & les effets. Les Vhilo/bphes en ont traité pour apprendre à lesjou- rnettre à la Rai/on _, (S les Médecins pour remédier aux maladies qu'el- les caufent j (S qui altèrent lacon- ftitution du Corps humain: mais perfonne ne s'étoit avisé ci-devant d'en faire une étude particulière par raport à la Teinture j qui doit exprimer tous ces mouvemens qui fe manifejfent au dehors. Mon/leur JLc Brun , fi connu par [es exccllens * x Ou-

PREFACE.

Ouvrages j s'eft propofé d'en faire un Traité far raport à fou Art j qui frétant compofé que de /impies traits j doit néanmoins exprimer la diverfité de cesmouvemens' L'Au~ teur j après avoir expliqué en peu de mots les opinions des Savans fur la nature (S le fiege des Tajfions , s'attache particulièrement à décri- re les differens effets qu'elles pro~ duifent fur les parties extérieures ; ce qu'il démontre par un grand nombre de figures qu'il a dejfinées lui-même , Ç5 qui expriment ce qu'il dit de chaque 'Pajfion en particu- lier.

Il auroit donné cet Ouvrage au public, fila mort ne l'avoit prévenu ; cependant le public n'en a pas été entièrement privé y puis que divers particuliers l'ont en Manufcrit f mais comme il s'y eft glijfé quantité de fautes ^ G5 que ceux qui ont le ^Difcours j n'ont pas les figures j qui font en partie dans le Cabinet du Roy j SJ en partie difperfées en

divers

PREFACE.

divers lieux j on a cru que ceux qui aiment la Teinture _, & qui connoijfent le prix des Ouvrages dy un fi excellent homme > recevr oient favorablement le Recucuil qu'on leur donne aujourd'hui. Ils peu- vent s'aj/urer que toutes les flanches ont été gravées fîir les Originaux de Mr. Le Brun, ou fur de très -bel* les Copie s-, ÔJ far cette raifon on a mieux aimé en laïffer plufieurs peu terminées ^ que d'y ajouter quel- que chofe aui ne fût pas de de lui.

Au refte > il eft à propos de faire remarquer , qu'on a donné plufieurs traits differens drunméme car acte* re de Tajfion^ comme du Mépris,, de la Frayeur J du Ris têc , afin de repréfenter fous divers ajpetfs* les mêmes mouvemens. Ilyenaaujfi d'autres qui font compofiz de plu- fieurs paffions comme PEtonnement avec Frayeur; la Colère mêlée de Crainte (gcy Ces fortes de figures font fans difcours particulier , le fervent Amplement d'exemple pour * 3 fa.rs

PREFACE.

faire voir de quelle manières cespaf fions Je mêlent enfemble ïèfe doivent exprimer.

Mr. Le Brun a fait auJfîunTr ai- delà Phyfionomie ; mais comme il nyeft pas encore parvenu entre mes mains dans une ajfez grande perfe- ction je me contenterai a*en donner le *DiJcours en abrégé j en atten- dant que je puijfe le produire tel qu9il é été prononcé dans l'Acadé- mie , fi accompagné de figures. Ce petit Echantillon ne Uiffera pas d'être utileàplufieurs ; Il fera ju- ger au mêins ie la\piete entière > {# Jcubaiter de ly avoir plus complète.

DIS-

I

DISCOURS

PRONONCE' DANS L'ACADEMIE ROYALE

D E

PEINTURE ET SCULPTURE

Par Mr. le B r u n.

Messieurs^

Ans T Aflcmblée derniè- re vous approuvâtes le deflein que je pris de vous entretenir de l'Ex- preflion. Il eft donc ne- ceflaire avant toutes chofes defavoii en quoi elfe confifte.

L'Exprefïion , à mon avis, eft une naïve & naturelle reflemblance des chofes que Ton a à repréfenter : El- le eft neceflaire & entre dans toutes les parties de la Peinture ; un Ta- bleau ne fauroit être parfait fans l'Exprefîion; c'eft elle qui marque les véritables caractères de chaque * 4 cliofe

a DISCOURS

chofe^ c'eft par elle que l'on diftin* gue la nature des corps ; que des fi- gures femblent avoir du mou ve- ulent j & tout ce qui eft feint pa- roît être vrai.

Elle eft aufïi bien dans la couleur que dans le deflein ; elle doit enco- re être dans la repréfèntation des paï- fageSj& dans rafiemblage des figures. C'eft, Messieurs, ce que j'ai tâché de vous faire remarquer dans les Conférences pafîees ; au- jourd'hui j'eflaierai de vous faire voir que l'Exprefïîon eft auffi une partie qui marque les mouvemens de l'Ame , ce qui rend vifible les effets de la paflîon.

Il y a tant de perfonnes fàvantes qui ont traité des Partions, que Ton n'en peut dire que ce qu'ils .en ont déjà écrit: Auflî je ne rapporterois pas leur opinion fur cette matière , n'étoit que pour mieux faire com- prendre ce qui concerne nôtre Art , il me femble qu'il eft necefiaire d'en loucher quelque chofe en faveur des

jeunes

de Mr. LE BRUN, 3

jeunes Etudians en Peinture; ce que je tâcherai de faire voir le plus briè- vement que je pourrai.

Premièrement , laPaiïion eft un mouvement de l'Ame, qui refide en la partie fenfitive , lequel fefaitpour iuivre ce que l'Ame penfe lui être bon, ou pour fuir ce qu'elle penfe lui être mauvais ; & d'ordinaire tout ce qui caufe à l'Ame de lapaflion, fait fai- re au corps quelque action.

Comme il eft donc vrai que la plus grande partie des pafïions de l'Ame produifent des actions corpo- relles , il eft necefîaire que nous fâ- chions quelles font les actions du corps qui expriment les pallions & ce que c'eft qu'action.

L'action n'eft autre chofe que le mouvement de quelque partie, &lc mouvement ne fe fait que par le changement des mufcles qui n'ont de mouvement que par l'extrémité des ■crfsquipaflcntau travers, les nerfs n'agiffent que par lesefpritsqui font contenus dans les cavitez du cer- * 5 veau,

4 DISCOURS

veau , & le cerveau ne reçoit les ef- prits que du lang,' qui parte conti- nuellement par le cœur, qui l'é- cliaufe & le raréfie de telle forte qu'il produit un certain fubtil qui le porte au cerveau, & qui le rem- plit.

Le cerveau ainfi rempli renvoie de ces efprits aux autres parties par les nerfs qui font comme autant de pe- tits filets ou tuiaux qui portent ces efprits dans les mufcles , plus ou moins , félon qu'ils en ont befoin pour faire Taftion à laquelle ils font appeliez.

Ainfi celui qui agit le plus, reçoit le plus d'efprks j oc par confequènt devient plus enflé que les autres qui en font privez , & qui par cette pri- vation paroifTent plus lâches & plus retirez que les autres.

Quoique l'Ame foit jointe à tou- tes les rartics du corps, il y a néan- moins diverfes opinions touchant le lieu elle exerce plus particulière- ment fes fonctions.

Les

de Mr. LE BRUN. f

Les uns tiennent que c'eft une petite glande qui eft au milieu du cerveau , parce que cette partie eft unique, & que toutes les autres font doubles ; & comme nous avons deux yeux & deux oreilles, cYquetous les organes de nos fens extérieurs font doubles , il faut qu'il y ait quelque lieu les deux images qui vien- nent par les deux yeux > ou les deux impreifions qui viennent d'un feul objet par les deux organes des au- tres fens , fe puiiTent afïèmbler en une avant qu'elle parvienne à l'Ame, afin qu'elle ne lui repréfente pas deux objets au lieu d'un.

D'autres difent que c'eft au cœur, parce que c'eft en cette partie que l'on refTent les pafïions; & pour moi, c'eft mon opinion que l'Ame reçoit les imprciïions des partions dans le cerveau , & qu'elle en réf. fent les effets au cœur. Les mouve- tnens extérieurs que j'ai remarquez, me confirment beaucoup dans cette opinion.

* 6 Les

6 DISCOURS

Les anciens Philofophes aiant donné deux appétits à la partie kn- fitivc de l'Ame, dans l'appétit con- cupifcible logent les paflions fimples » & dans Pappetit irafcible les plus fa- rouches , oc celles qui font compo- fées y car ils veulent que l'amour , la Iiaine , le defir , la joie & la triflef- fe foient enfermées dans le premier ; & que la crainte , la hardiefle , l'ef- perance, le defefpojr , la colère & la peur refidenr dans l'autre : D'au- tres ajoutent l'admiration qu'ils met- tent comme la première , enfuite l'a- mour, la haine, le defir, la joie & le trifteffè , & de celles-ci font dé- rivées les autres qui font compofees, comme la crainte, la hardieflè , l'ef- perance.

Il ne fera donc pas hors de propos de dire quelque chofe de la nature de ces pallions pour les mieux con- noître , avant que de parler de leurs mouvemens extérieurs. Nous corn* mencerons par l'Admiration.

L'Admiration eft une fur*

prife

de Mr. LE BRUN. 7

prife qui fait que PAme confidere a" vec attention les objets qui lui fem- blent rares & extraordinaires, & cet- te furprife a tant de pouvoir qu'elle poufle quelquefois les efprits vers k lieu eft l'impreflïon de l'objet , & fait qu'elle eft tellement occupée à confiderer cette impreflîon , qu'il ne refte plus d'efprits qui paflent dans les mufcles ; ce qui fait que le corps devient immobile comme une fta- tue\ & cet excès d'admiration eau- fc l'étonnement , & Tâtonnement peut arriver avant que nousconnoif- fions fi cet objet nous eft convena- ble, ou s'il ne l'eft pas.

De forte qu'il femble que l'Admi- ration eft jo'inte à l'eftime ou au mépris, félon la grandeur d'un ob- jet, ou fa petitefle: & de l'eftime vient la vénération, & du iimple mépris le dédain.

Mais lorfqu'une chofe nous eft

reprefentée comme bonne à nôtre

cgardr cela nous fait avoir pour elle

de l'amour ; & lorfqu'elle nous eft

* 7 repre-

8 DISCOURS

reprefentée comme mauvaife ou nuifi- ble , cela nous excite la haine.

L'Amour eft donc une émotion de l'Ame caufee par des mouvement qui Pincitent à fe joindre de volonté aux objets qui lui paroiflent conve- nables.

La Haine eft une émotion cau- fee par les efprits qui incitent l'Ame à vouloir être feparée des objets qui fe prefentent à elle comme nuifi- blcs.

Le Désir eft une agitation de 'Ame caufèe par les efprits qui la difpofent à vouloir des chofes qu'eU le fe repréfente lui être convenables; ainfi on ne defire pas feulement la prefencc du bien abfent j mais auïfi la confervation du prefent.

L a J o i e eft une agréable émotion de l'Ame en laquelle confifte la jouïf- fànce qu'elle a du bien que les im- portions du cerveau lui reprefentcnt comme fien.

LaTristessecA: une langueur defagreable en laquelle confifte Vin*

com-

de Mr. LE BRUN. 9

commodité que l'Ame reçoit du mal ou du défaut que les impreffions du cerveau lui reprefentent.

Les ^PaJJlonf composées.

LaCraintecII l'apprehenfion du mal à venir, laquelle devance les maux dont nous fommes menacez.

L'Espérance eft une forte ap-

{>arence ou opinion d'obtenir ce que 'on defire.

Lorfque l'Efperance eft extrême, elle devient Seurete'; mais au con- traire l'extrême crainte devient De- sespoir.

Lb Desespoir eft Popinionde ne pouvoir obtenir ce que nous défi-

rons, & fait que nous perdons même ce que nous pôflfedons.

La Hardiesse eft un mouve- ment de l'appétit par lequel l'Ame

s'eleve contre le mal, afindelecora- batre.

La Colère eft une agitation turbulente que la douleur & la har-

dieflè

io DISCOURS

dieflê excitent dans l'appétit, par la- quelle l'Âme fe retire en elle-même pour s'éloigner de l'injure rcceuë , & s'élève en même temps contre lacau- fequiJui fait l'injure, afin de s'en vanger.

Il y en a plufteurs autres que je^ie nommerai pas ici, me contentant feulement de vous en faire voir quel- que figure.

Mais auparavant nous dirons quels font les mouvemens du fang & dc3 ef~ prits , qui caufent les partions fimples.

On remarque que PAdmiration ne caufe aucun changement dans le cœur, ni dans le fang., ainfi que les autres partions , dont la raifon eft , que n'aiant pas le bien ni le mal pour objet , mais feulement de connoître la chofe qu'on admire , elle n'a poinjf de rapport avec le cœur ni le fang., defquels dépendent tous les biens du corps.

L; Amour quand ileftfeul, c'efl: à dire quand il n'-eft point accompagné d'aucune forte joie , ni deflr bu trif-

tefle

de Mr. LE BRUN. n tefle, le battement du poulxeft égal, & beaucoup plus grand & plus fort que de coutume. On fent une douce chaleur dans la poitrine, & la digef- tion des viandes fe fait doucement dans l'eftomach ; en forte que cette paflion eft utile pour la fanté.

On remarque au contraire dans la Haine, que le poulx eft inégal & plus petit, & fouvent plus vite qu'à l'ordinaire : on fent des chaleurs en- tremêlées de je ne fai quelles ardeurs âpres & piquantes dans la poitrine , & que l'eftomach cefle de faire fes fonctions.

En la Joie, le poulx eft égal & plus vite qu'à Pordinaire , mais il n'eft pas (\ fort , ni fi grand qu'en l'Amour ; & l'on fent une chaleur agréable, qui n'eft pas feulement en la poitrine., mais qui fe répand aufii dans toutes les parties extérieures du corps.

EnlaTriftefle, le poulx eft foible & lent , & on fent comme des liens autour du cœur, qui le ferrent, & des glaçons qui le gèlent., & com- munia

Il DISCOURS

muniquenc leur froideur au refte du corps.

Mais leDefir a cela de particulier* qu'il agite le cœur plus violemment qu'aucune autre paffion , & fournit au cerveau plus d'efprits, lefquel» pafTenc de-là dans les mufcles , & rendent tous les fens plus aigus, & toutes les parties du corps mobi- les.

J'ai parlé de ces mouvemens inté- rieurs j pour mieux hae compren- dre enfuite le rapport qu'ils ont avec les extérieur»: Je dirai maintenant quelles font les parties du corps qui fervent à exprimer les paflions au de- hors.

Comme nous avons dit que l'Ame eft jointe à toutes les parties du corps j & qu'elle peut fervir à les exprimer: Car k Peur peut s'expri- mer par un homme qui court, & qui s'enfuit,

La Colère par un homme qui fer- me les poings, & qui femble napper quelqu'un.

Mais

de Mr. LE BRUN. i>

Mais s'il eft vrai qu'il y ait une partie l'Ame exerce plus immé- diatement fes fondions , & que cette partie foit celle du cerveau, nous pouvons dire de même que le vifage eft la partie du corps elle fait voir plus particulièrement ce qu'elle refTent.

Et comme nous avons dit que la glande qui eft au milieu du cerveau # eft le lieu l'Ame reçoit les ima- ges des partions, lefourcil eft la par* tie de tout le vifage les partions fe font mieux connoître, quoique

Elufîeurs aient penfe que ce foit d'ans îs yeux. Il eft vrai que la prunelle Ear (on feu & ion mouvement fait ien voir l'agitation de l'Ame, mais elle ne foit pas connoître de quelle na- ture eft cette agitation. La bouche & le nez ont beaucoup de part àPex- preflion, mais pour l'ordinaire ces parties ne fervent qu'à fuivre les mouvemens du cœur , comme nous le marquerons dans la fuite de cet entretien.

Et

r4 DISCOURS"

Et comme il a été dit que l'Ame a deux appétits clans la partie fenfu tive, & que de ces deux appétits naiffent toutes les payions.

Il y a au/ïi deux mouvemens dans les fourcils qui expriment tous les mouvemens des paiïions.

Ces deux mouvemens que j'ai re- marquez., ont un parfait rapport à ces deux appétits, car celui qui s'é- lève en haut vers le cerveau, expri- me toutes les payions les plus farou- ches & les plus cruelles : Mais je vous dirai encore qu'il y a quelque chofe de plus particulier dans ces mouve- mens, & qu'à proportion que ces paillons changent de nature, le mou- vement du fourcil change de for- ^3 me; car pour exprimer une pafiion jfc.jï Ample, le mouvement eft ftmple, & fig. 1 5 û elle eft compofée , le mouvement fis*1 eft compote ; it lajpaflîort eft douce , le mouvement eft doux, &fi elle eft aigre , le mouvement l'eft auffi.

Mais il faut remarquer qu'il y a deux fortes d'élévations de fourcils.

Qu'il

de Mr. LE BRUN. i$-

Qu'il y en a une le fourcil A-** s'élève par fon milieu j & cette élc- vation exprime des mouvemens a- greables.

Il y a à obferver que lorfque le fourcil s'élève par fon milieu, labou- p.gx6 che s'élève par les cotez & à la trif-<Â/«" tefTe elle s'élève par le milieu.

Mais lorfque le fourcil s'abaifle Jg. 3* par le milieu , ce mouvement mar- que une douleur corporelle, & a- lors la bouche fait un contraire effet, car elle s'abaiflêpar les cotez.

Dans le Ris , toutes les parties A- *7 fefuivent, car les fourcils qui s'a- baiflent vers le milieu du front , font que le nez, la bouche & les yeux fui- vent le même mouvement.

Dans le Pleurer, les mouvemens j&. it font compofez & contraires, car le fourcil s'abaiflera du côté du nez & des yeux, & le bouche s'élèvera dcA.ljr ce côte-là. Il y a encore une obfer- vation à faire, qui eft que lorfque le cœur eft abbatu , toutes les par- ties du vùage le font aujfiï.

Mais

16 DISCOURS

H** Mais au contraire fi le cœur reflènt

te-4* quelque paflion., ou s'il s'échauffe & le roklit , toutes les parties du vifage tiennent de ce mouvement , & parti- culièrement la bouche; ce qui prou- ve, comme j'^y déjà dit, quec'eft la partie qui de tout le vifàge marque plus particulièrement les mouvemens

jg*« do cœur. Car il eft à oblerver que lorfqu'ilfe plaint , la bouche s'abaif. fepar les cotez; & quand il eft con-

fk-16 tent, les coins delà bouche s'élèvent en liaut ; & quand il a de l'averfion ,

fitl9 la bouche fe pouffe en avant, & s'é- lève par le milieu. C'eft , Mes- sie u r s , ce que nous obferverons fur ces lîmples traits que j'ai formez f pour vous faire concevoir ce que je dis.

L'ADMI.

L AT) MIRAT ION.

COMME nous avons dit que l'Admiration efl la première & la plus tempé- rée de toutes les paffions, & le cœur fènt moins d'agitation : Le vifage auffi reçoit fort peu de changement en toutes fes parties, & s'il y en a, il n'eft que dans 1 élévati- on du iburciL, mais il aura les deux côtés égaux, & l'œil fera un peu plus ouvert qu'à l'ordinaire, & la prunel- le également entre les dcu\ paupiè- res & fans mouvement, attaches fur l'objet qui aura causé l'admiration. La bouche fera aufli entrouverte, mais elle paroîtra fans aucune alté- ration, non plus que tout le refte de toutes les autres parties du vifage.

A Cette

(2)

Cette paflion ne produit qu'une fuf- penfion de mouvement pour donner le temps à l'ame de délibérer fur ce qu'elle a à faire, & pour confiderer avec attention l'objet qui prefente à elle ; car s'il eft rare & extraordi- naire, du premier & fimple mouve- ment d'admiration s'engendre l'efti- me

W

L'ESTIME

(3) V ESTIME.

ET l'Eftime ne fe peur reprefen- ter que par l'attention & par le mouvement des parties du vifage, qui femblenc être attachées fur l'ob- jet qui caufe cette attention ; car alors les fourcils paroîtront avancés fur les yeux, & prefles du côté du nez, l'autre partie étant un peu éle- vée, l'œil fort ouvert, & la prunelle élevée.

Les veines & mufclcs du front pa- roitront un peu ct\fli$t & celles qui font autour des yeux, les narines ti- rant en bas, les joues feront médio- crement enfoncées àl'endroir des mâ- choires.

La bouche un peu cntr'ouverte,Ies coins tirans en arrière, & pendansen

LAfEN-

(4)

LA VENERATION.

MAIS fi de J'Eftime s'engen- dre la Vénération, les four- cils feront bailTes en la même fituati- on que nous venons de dire, & le vi- (âge fera auffi incliné, mais les pru- nelles paroîtront plus élevées fous le fourcil, la bouche fera entr'ouverte & les ceins retirés, mais un peu plus tirés en bas que dans la précédente aftion. Cet abaifîèment des (burcils &de la bouche marque la foûmifîîon & ic refpedt que lame a pour un ob- jet qu'elie croit au deflùs d'elle; la prunelle élevée femble marquer Téle- vation à l'objet qu'elle contidere, & qu'elle connoîc être digne de vénéra- tion.

Autre

Cs)

Autre Vénération.

MAIS û la Vénération eft eau- fée par un objet pour lequel on doit avoir de la foi, alors toutes les parties du vifage feront abaiffêes plus profondément que dans la pre- mière aâion; les yeux & la bouche feront fermés, montrant par cette aâion, que les fens extérieurs n'y ont aucune part.

fff

A 3 LEKA-

LE RAVISSEMENT.

MAIS fi l'Admiration eft cau- fêe par quelque objet qui foit au defïùs de la connoiflance de ''ame, comme peur être la puiflance de Dieu & fa grandeur, alors les mou- vemens d'Admiration & de Vénéra- tion feront diffèrens des precedens, car la tête fera panchée du côté du cœur, & les fourcils élevés en haut, & la prunelle fera de même.

La tête panchée comme je viens de dire, femble marquer l'abaiflê- ment de lame.

C'eft pour cela aufîi que les yeux, ni les fourcils ne font point attirés du côté de la glande, mais élevés vers le ciel, ils ftmblent être attachés pour découvrir ce que Pâme ne peut- connoître. La bouche eft entrou- verte, aiant les coins un peu élevés, ce qui témoigne une efpece de Ra- viflèment. Si au contraire de ce

que

(?)

que nous avons dit ci-deflùs, l'objet qui a caufé d'abord nôtre Admiration, n'a rien en lui qui mérite nôtre Efti- me ce peu d' eftime caufèra le Mépris, fie le Mépris s'exprime.

3?

LE-

(8)

LE METR1S.

PAR le fburcil fronce & abaiflë du côté du nez, &de l'autre côté fort élevé, l'oeil fort ouvert, & la prunelle au milieu, les narines re- tirées en haut, la bouche fermée, & les coins un peu abaifles, & laléuvre de deflbus excédant celle de dejlùs.

99 9

ÏHQR-

(9)

LHORREVR.

MAIS fi au lieu de mépris l'ob- jet qu'on méprife, caufc de l'horreur, le fourcil fera encore plus froncé que dans la première a&ion, la prunelle au lieu detre fituée au milieu de J'œil, fera (ituée au bas, la bouche fera entr'ouverte, mais plus ferrée par le milieu que par les coins qui doivent être comme reti- res en arrière. Se formeront par cet- te action des plis aux joiies, la cou- leur du vifage fera pâle, & les lèvres & les yeux un peu livides ; & cette a&ion a de la reflèmblance â la frai- cur.

LA-

(10)

LA FKAYEVK.

LA Fraieur quand elle eft excef- five, fait que celui qui l'a rc- ceuë, a le fourcil fore élevé qar le milieu, & les mufcles qui fervent au mouvement de ces parties, fort mar- qués & enflés, & preff.s l'un contre l'autre, s'abaiilant fur le nez qui doit paroître retiré en haut & les narines de même ; les yeux doivent paroître entièrement ouverts, la paupière de defîùs cachée (bus le (burcil, le blanc de l'œil doit être environné de rouge, la prunelle doit paroître comme éga- rée, fituée plus au bas de l'œil que du côté d'en haut, le deiîbus de la paupière doit paroître enflé & livide, les mufcles du nez & les mains aufli enfles, les mufcles dos joues ex- trême-

(Il)

trémement marqués & formés en pointe de chaque côté des narines, la bouche fera fort* ouverte, & les coins feront fort apparens, tout fera beaucoup marqué, tant à la partie du front qu'autour des yeux, !es mufcles & veines du col doivent être fort tendus & apparens, les cheveux herilîés, la couleur du vifage pâle & livide, comme le bout du nez, les lèvres, les oreilles, & le tour des yeux.

Si les yeux paroiflent extrême- ment ouverts en cette paflion, c'eft q-ie l'amc s'en fert pour remarquer la nature de l'objet qui caufe la frai- cur: le fourcil qui eft abaifle d'un côté , & élevé de l'autre , fait voir que la partie élevée femble le vou- loir joindre au cerveau pour le ga- rentir du mal que l'ame appercoit ; & le côté qui elt abaifle, & qui pa-

roit

roît enflé, nous fait trouver dans cet état par les efprits qui viennent du cerveau en abondance, comme pour couvrir l'ame, & la défendre du mal qu'elle craint ; la bouche fort ouverte fait voir le faififlèment du cœur, par le fang qui fe retire vers lui, ce qui l'oblige , voulant refpi- rer, à faire un effort qui eft caufe que la bouche s'ouvre extrêmement, & qui lorfqu'il paflè par les organes de la voix, forme un (on qui neft point articulé; que fi lesmufcles& les veines paroifknt enflés, ce n'eft que par les efprits que le cerveau en- voie en ces parties-là.

Si toutes les partions précédentes peuvent être excitées en nous par des objets pour qui nous aions de l'eftim^ ou de l'admiration,

VA-

C«5>

L'Amour peur être aufli, comme nous avons dit, lorfque la chufe qui nous eft reprefentée bonne, l'eft à nôtre égard, c'eft-à-dire comme nous étant convenable, cela nous fait avoir pour elle de l'amour.

B LA

(h)

VâMOVR simple.

LES mouvemens de cette pa£ fion, lors qu'elle eft fimple, iont fort doux & fimples , car le front fera uni, les fourcils un peu élevés du cuté que fe trouve la pru- nelle, la tête inclinée vers l'objet qui caufè de l'amour, les yeux peu- vent être médiocrement ouverts, le blanc de l'œil fort vif & éclatant, la prunelle doucement tournée du côcé eft l'objet, elle paroîtra un peu étincelante & élevée, le nez ne re- çoit aucun changement, de même que toutes les parties du vifage, qui étant feulement remplies d'efprits qui l'échaufent, & qui l'animent, ren- dent ia couleur plus vive & plus ver- meille, & particulièrement à l'en- droit des joues & des lèvres ; la bouche doit être uu peu entrouverte,

(i5)

& les coins un peu élevés , les lè- vres paroifïènt humides, & cette hu- midité peut être caufle de vapeur qui s'élève du cœur.

??f

El ££

LE DESIR.

S'I L y a du defir, on peur le re- prefenter par \ts fburcils prefles & avancés fur les yeux qui feront plus ouverts qu'à l'ordinaire, la pru- nelle fe trouvera fituée an milieu de l'œil, & pleine de feu, les narines plus ferrées du côté des y eux, la bou- che eftaufli plus ouverte que dans la précédente action, les coins retirés en arrière, la langue peut paroître fur le bord des lèvres, la couleur plus enflâméeque dans l'Amour; tous ces mouvemens faifant voir l'agitati- on de l'ame caufëe par les efprits qui la difpofènt à vouloir un bien qu'elle fe reprefente lui être convenable.

V ESTE-

r«7)

L'ESTERJNCE.

LORS que nous fommes portez â defirer un bien, & quai y a apparence de l'obtenir, alors le bien excite en nous 1 Efperance.

Or comme les mouvemens de cet- te paiïion ne font pas cant exteneurs qu'intérieurs, nous en dirons peu- de chofe , & nous remarquerons feulement que cette paflion tient tou- tes les parties du corps (ufpenduës entre la crainte & fafTurance; de forte que fi une partie du fburcil mar- que la crainte, l'autre partie marque de la fureté, ainfi toutes les parties du corps & du vifage (ont partagées & entremêlées du mouvement de ces deux pallions.

E3 LA

fit)

LA CRAINTE.

MAIS s'il n'y a point d'apa- rencc d'obtenir ce qu'on de- [ors la crainte ou le defefpoir prend la place de l'efperance, & le mouvement de la crainte s'exprime par le fonrcil un peu élevé du côté du nez» la prunelle étincelante & dans un mouvement inquiet, fituée dans le milieu de l'œil, la bouche ouverte, retirant en arrière, &plus ouverte par les côtés que par le mi- lieu, aiant la lèvre de deflbus plus retirée que celle du deflïis. La rou- geur eft plus grande même qu'en l'a- mour ni au defir, mais elle n'eft pas f\ belle, car elle tient de la couleur livide, les lèvres font de même, & elles (ont aurtî plus feiches, quand la paffion de l'amour change la crainte en jaloufie.

LA

(I*)

LA fJLOVSIE.

S'Exprime par le front ridé, le fourcil abattu & froncé, l'œil étincelant, & la prunelle cachée fous les fourcils tournés du côté de l'ob- jet qui caufe la pafîion, le regardant de travers & d'un côté contraire à la fituation du vifage, la prunelle doit paroître fans arrêt & pleine de feu, auflî bien que le blanc de l'œil & les paupières ; les narines pâles, ouver- tes, &plus marquées qu'à lordinaire- & retirées en arrière, ce qui fait pa- roître des plis aux joues : la bouche pourra êcre fermée, & faire connoître que les dents font ferrées, la lèvre de de/Tous excède celle de delfus & les coins de la bouche feront retu rés en arrière, & feront fort abaifles ; les mufclcs des mâchoires paroîtr ont enfoncés.

H

(20)

Il y a une partie du vifage dont la couleur fera enflâmée, & l'autre jau- nâtre, les lcvres pâles ou livides.

LA

LA HAINE,

DE la jaloufie s'engendre la haine ; & comme la haine & la jaloufie ont un grand rapport en- tr'elles, & que leurs mouvemens ex- térieurs font prefquefemblables, nous n'avons rien à remarquer en cette paffion de differenr ni de particulier, qui ne foit dans la précédente. Après avoir parlé de la jaloufie & de la haine, nous pouvons pafièr à la tri- fteflè.

LA

(22)

LA TRISTESSE.

COMME nous avons dit, la trifteflè eft une langueur défa- greable, l'ame reçoit des incom- modiccs du mal ou du défaut que les impreffions du cerveau lui repré- sentent.

Gette pafffon figure auiïipardes mouvemens qui femblent marquer l'inquiétude du cerveau, & l'abat- tement du cœur, car les côtés des fourcils font plus élevés vers le mi- lieu du front, que du côté ces joues ; & celui qui eft agité de cette paflion, a les prunelles troubles, le blanc de l'œil jaune, les paupières abattues & un peu enflées; le tour des yeux livide, les narines tirant en bas, la bouche entr 'ouverte & les coins a- bai/les, la tête paroît nonchalam- ment

( «3 )

nient panchée fur une des épaules, toute la couleur du vifàge eft plom- bée , & les lèvres pâles & fans cou- leur.

Do**

(*4)

Douleur corporelle.

MAIS filatrifteflè eft causée par quelque douleur corpo- relle, & que cette douleur (bit aiguë, tous les mouvemens du vifage paraî- tront aigus, car les fourcils qui sele- vent en haut, le feront encore plus que dans la précédente paflîon, & s'approcheront plus prés l'un de l'au- tre; la prunelle fera cachée (bus ie (burcil, les narines s'élèveront auffi de ce côté-là, & marqueront un plis aux jolies, la bouche fera plus ou- verte que dans la précédente adtion, & plus retirée en arrière, & fera une efpecc de figure carrée en cet endroit- là. Toutes les parties du vifage pa- raîtront plus ou moins marquées, & plus agitées félon que la douleur fe- ra violente.

LA fOîE.

SI au lieu de toutes les pafîions dont nous venons de parkr , la joie s empare del'ame, les mouve- mcns qui l'expriment font bien diffe- rens de ceux que nous venons de re- marquer, car en cette paflion le front eft ferai n, le fourcil fans mouvement, élevé par le milieu, l'œil médiocre- ment ouvert & riant, la prunelle vi- ve & éclatante, les narines tant foit peu ouvertes, la bouche aura un peu les coins élevés, le teint vif, les joli- es & les lèvres vermeilles.

C LE

(2*0

L E RIS.

ET fi à la joie fuccede le ris, ce mouvement s'exprime par les iourcils élevés vers ie milieu de l'œil, & abaiflés du côté du nez, les yeux prcfque fermés , la bouche paroîtra entr ouverte,& fera voir les dents, les coins feront retires en arrière, & s'ele- veront en haut, ce qui fera faire un plis aux joiies qui paroîtront enflées & furmonter les yeux, le vifage fe- ra rouge, les narines ouvertes, & les yeux peuvent paroître mouillés, ou jetter quelques larmes qui étant bien différentes de celles delà trifte/îè, ne changent rien au mouvement du vi- fage, mais bien quand elles (ont ex- citées par la douleur.

LE

LE TLEVRERr

ALors celui qui pleure a le four- cil abaifle fur le milieu du front, les yeux preique fermés, fore mouilles & abaiflës du côté des jou- es, & les narines enflées, & tous les mufdes & veines du front (ont appa- rens; la bouche fera demie ouverte, ayant les côtés abaiflës, faifant des plis aux jolies, la lèvre de deflbus pa- roirra renverfée, & fe pouflêra en avant, tout le vifage fera ridé & froncé, la couleur fort rouge, prin- cipalement à l'endroit des fourcils, des yeux, du nez & des jolies.

LA

( 2 8. )

LA COLERE.

LOrfque la colère s'empare de l'ame, celui qui reflenc cette paflion, a les yeux rouges & enflâ- mes, la prunelle égarée &étincelan- îe, les fburcils tantôt abattus, tantôt élevés l'un comme l'autre, le front paroîtra ridé fortement, des plis en- îre ks yeux, les narines paraîtront ouvertes & élargies, les lèvres fe pref- fant l'une contre l'autre, & la lèvre de deflous fvrmontera celle de def- fus, laillànt les coins de la bouche un peu ouverts, formant un ris cruel & dédaigneux.

Jl femblera grincer les dents , il paroîtra de la fàlive à la bouche, (on vilage fera pâle en quelque endroit, & enflâme en d'autres & tout enflé les veines du front, des tempes, & du col feront enflées & tendues, les cheveux hetiffès, & celui qui relîent çetçe paffion, s'enfle au lieu de refpi*

rer,

(29)

rer, parce que le cœur eft oppreflë par 1 abondance du fan g qui vient à ion fecours.

A !a colère fuccede quelquefois la rageou le deiifpoir.

C 3 L'tx.

O)

L'extrême defefboir.

IL fc pput exprimer par un homme qui grince les- dents, écume, & qui fe mord les lèvres, & qui aura le front ridé par des plis qui dépendent du haut en bas, les fburciîs feront abaiffës fur les yeux, & fort prcfles du côté du nez: il aura l'œil en feu, plein de fang, la prunelle égarée, ca- chée fous le fburcil, & dans le bas de l'œil elle paroîtra étincelante & fans arrêt ; tes paupières feront en- flées & livides, lcsnarines groflès & ouvertes s'élevsront en haut , & le bout du nez tirera en bas, les muf- cles & tendons de cette partie (eron- fort enflés, ainfi que toutes les veit nés & nerfs du front, des tempes, & des quatre parties du vifage ; le haut des joiies paroîtra gros , marqué & ferré à l'endroit de la mâchoire, la bpjucljpqui fera ouverts fe retirera fore en arrière, & fera plus ouverte par

lesr

(30

tes côtés que par le milieu, la Iévrc de deflbus fera grofîè & renverfëe, & toute livide ainii que tout le rcfte du vifage; il aura les cheveux droits & hçrifles.

99%

. 3

yj

LA

LA %AGB.

A De fembiables mouvemens que le defefpoir, mais ils fem- blent être encore plus violens, car le vifage fera prefque tout noir, cou- vert dune fueur froide, les cheveux herifles, les yeux égarés & dans un mouvement contraire, la prunelle ti- rant tantôt du côré du nez, & tan- rôt fe retirant dans les coins de l'œil aducôté des oreilles; toutes les pa- ries du vifage feront extrêmement mrquées & enflées.

Oi-

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\/'Oila, Messieurs, une par / tie des m ouvcmcns extérieurs que j'ai remarqués fur le vifage.

Mais comme nous avons die dans le commencement de ce difeours, que les autres parties du corps peuvent fervir à Texpreflion, il fera bon d'en dire queîpue chofe en partant.

Si l'Admiration n'apporte pas grand changement dans le vifage, clic ne produit guercs d'agitation dans les autres parties du corps, & ce premi- er mouvement peut fe reprefenter par une perfonne droite, aiant les deux mains ouverte*» les bras approchais un peu du corps, les pieds l'un con- tre l'autre &en même fituation.

Mais dans l'Eftime le corps fera un pçu courbé, les épaules tant foit peu

élevées.

(34)

élevées, les bras ploies & joignant le corps, les mains ouvertes & s'appro- chant l'une contre l'autre, & les ge- noux ploies.

Dans la Vénération le corps fera encore plus courbé que dans l'Eftime, Ice bras & les mains feront prefquc joints, les genoux iront en terre, & routes les parties du corps marque- ront un profond refpedt

Mais en l'action qui marque la Foi, le corps peut être tout à fait incliné, les bras pioiée & joignant le corps, les mains croifées lune fur i autre, & toute Padhon doit mar- quer une profonde humilité.

Le Raviflèment, ou excafe peut faire paroîcre le corps renverfé en ar- rière, les bras élevé», les mains ou- vertes, & toute l'action marquera un tranlport dejoie,

Dans le Mépris & PAverfion les

corps peut fe retirer en arrière, let

bras dans l'action de repouffer Pobjes

pour lequel on a de i'averfion ; il

peu-

(35>

peuvent fe retirer en arrière, & les piads & tes jambes faire la même cliofe.

Mais en l'Horreur les mouvemens doivent èrre bien plus violens que dans l'Avcrfion, car le corps paroi- tra fore retiré de l'objet qui caufe de l'horreur, ks mains feront fort ou- vertes, & les doigts écartés, les bras fort ferrés contre ie corps, & les jam- bes dans Paâion de courir.

1-a Fraieur a bien quelque chofe de ces mouvemens, mais ils paroiiîènc P'us grands, & plus étendus; caries bras ie roidironten avant, tes jambes leront dans ludion de fuir de toutes leurs forces. & toutes les parties du corps croîtront dans le defordre.

Tou:es les autres pallions peuvent produire des aclions au corps félon leur nature, mais il y en a qui ne font pas prefque fendbles, comme l'A- jout, l'Efperance&Ja Joie; car ces Gaffions ne produifent pas de grands mouvemens au corps.

La

(5<0

LaTrifteflè ne produit qu'un abat- tement de cœur, aulTi bien qu'en tou- tes Jcs autres parties du viiage.

La Crainte peut avoir quelques tnouvemens pareils à la Fraieur, quand elle n'elT caufée que par l'ap. prehenfion de perdre quelque chofe , ou qu'il n'arrive quelque mal. Cet- te palîion peut donner au corps des mouvemens qui peuvent ctre mar- qués par les épaules prelîces , les bras ferrés contre le corps, les mains de même, les autres parties ramaf (eeseniemble, & ploiées comme pour exprimer tremblement.

Le Défif peut fe marquer par les bras étendus vers l'objet que l'on défirc ; tont le corps peut s'incliner de ce cocé-là, & toutes les parties paroi tr ont dans un mouvement incer- tain & inquiet.

Mais en la Colère Cous les mou- vemens font grands & fort violens, & routes les parties font agitées; ks mufcles doivent être fort apparens,

ç\US

(37)

plus gros & enflés qu'à l'ordinaire, les veines tendues, & les nerfs de

même.

Dans ie Difefpoir toutes les par* tics du corps font prefque en même érat que dans la Colère, mais elles doivent paroître plus défordonnees ; car on peut faire un homme qui s'ar- rache les cheveux, qui fe mord les bras, qui fe déchire tout le corps, qui court & précipite.

Ii y autoit encore d'autres cho(ès à remarquer, fi nous voulions expri- mer toutes les Pallions par le menu & dans leurs circonftances : Mais , M tas i eu r s , vous agrérez ce pe- tit échantillon du travail que j'ay fait, pour fuivre les fèntimens de Monfeigneur nôtre Protecteur } & le recevrez comme un travail proporti- onne à ma fanté, & autant que me l'ont pu permettre mes autres occu- pations. Je icai qu'il y a encore un grand nombre de Pafllons que je n'ai point touchées ici, par la ciaiûtc <ruc D j'ai

<3*)

)5ai eu de vous er.nukr, & d'abufct de vôtre patience ; mais torique ce cera à mon tour de parler dans cette Aflêmblée, je tâcherai à vous entre- tenir de la Phifonomie, des effets dif. ferens qui qui caufenc les Payions fé- lon la diverfitc des fajets qui la re- çoivent,

W

ABREGE-

ABREGE

DUNE

CONFERENCE

D E

MONSIEUR le BRUNT,

Sur la PHISONOMIE.

LES fantimens que quelque* r>t- t turaliftesôtu écrit de la Phyfio noroie, font que les afîe&ioru de l'ame fuivent le tempcrâmrnent du corps, & que les marques extérieures font des fignes certains de* affe&Lons Di de

de I'ame que l'on connoift en la fon

de chaque animal, Tes mœurs &

compiexion ; par exemple, le Li

eft robufte & nerveux, aufli il 1

fort; le Léopard eft foûple & délie

it eft fin & trompeur ; l'Ours eft fa

▼âge, farouche & terrible, il eft au

cruel; de forte que les formes exi

rieures marquant le naturel de ch

qae animal, Jes Phifionomiftes difer

que s'il arrive qu'un homme ait qu<

*]ue partie du corps fcmblable à c<

le d'une bête, il faut de cette part

tire* des conjectures de (es inclinai

©ns, ce que Ton a pelle Phifionomi

que le mot de Phifionomie eft un m<

compofé du Grec, qui fignifie reg

ou loi de nature, par les quelles i

affe&ions de l'âme ont du raport à

forme du corps : qu'ainfi il y a è

lignes fixes & permanens qui foi

connoitre les payions de l'ame, a fc

voir celles qui refidenc en la part

(ènfitive. Quelques Philofophcsoi

dit, pue l'on peut exercer cette fc

enc

uo

encc pardiflimilitudc, c'efla dire par ks contraires, par exemple fi la du- reté du poil eft un figne du naturel rude & farouche, la moleflè Teft d'un qui fera doux &tendee, de même fi la poitrinecou verte d'un poil épais -eft le figne du naturel chaud & colère, celle qui eft fans poil marque lajnan* foetude &. la douceur.

D'autres difent, que pour feavoir quelles font les parties ou les fignes qui marquent les affèâions des ani- maux, il faut faire cette diftinQion, les uns (ont propres & les autres (ont communes, les propres font particu- lières a une ieule efpece, les autres conviennent à pleufieurs, comme la lubricité, quoique! le le foit davan- tage aux boues, aux ânes & aux pourceaux, les autres animaux ne ïaiûentpas d'en eftre auffi émeus; Donc pour connoître le figne propre, il faut confiderer une feule efpece d'a- nimal, universellement fujette aune même paflion, & enfuitte une autre D 3 efpece,

•fpece, en Si qudte cette paflkm ne fe rencontre qu'en particulier, pour exemple du figne de la force, il but confideret toutes les efpeces d'ani- maux, le Lion, le Taureau, le Che- val, le Sanglier &c. Et fi le figne qui eft au Lion eft auffi aux autres, & que les animaux faibles ne rayent pas, i faut reconnokre que c'eft le figue de la force.

Il y en a qui difent, que le figne de la force eu d'avoir les extrémités grandes comme au Lion, ce qui eft douteux, puiique quelques autres a- nimaux, comme le Taureau & le Che- val &c. ne les ont pas grandes, «nais fort nerveufes & bien articulées. Quelques uns difèntque les animaux ont plufieurs affrétions, par exem- ple, le Lion eft vaillant, fort & co- îera Pour diftinguer le figne de valeur, il faue remarquer, fi tes Tau?» reaux & les autres animaux qui (ont forts, ont les deux figues, par ex- emple fes lions ont de grandes exrre-

mitez

(43)

Alite? * le front élevé, fi les autres •nimaux qui font forts, n'ont pas le front élevé, il faudra dire par confe- quent, que le front élevé eft lefignc de la valeur, & les grandes extrémû tel le figne de la force; Voilà quels font les fantimens des anciens Phi- fionomes, lefqucls étendent leurs or> fervations fur toutes les parties du corps & même fur la couleur.

Mais il eft plus apropofrde ré- duire à ce qui peut eftre necefiàire aux Peintres, caj quoi qu'on dife que le gefte de tout le corps foit un des plus confiderables fignes- qui mar- quent la difpofitiofede l'Efprit, l'on peut néanmoins s'arêter aux lignes qui fe recontrent en la tefte, fuivant ce que dit Apulée, que l'homme fe moiwre tout entier en fa tefte & qu'à la vérité fi l'homme èft -dit le racourci du Monde entier, la tefte peut bien cftrc dite le racourci de tout ton corps, que les animaux font autant difîërçns dans leurs inclinations , comme les

bon*

(44)

hommes le font dans leurs affection* 11 faut donc premièrement obfèrvcr les inclinations» que chaque animal a dans fa propre eipece, enfuite cher- cher dans leur Phyfionomie les par- tics qui marquent fmgulierement cer- taines affections dominantes» par ex- emples les pourceaux (ont fales» lu* briques, gourmands & parerïeux. Or l'on doit remarquer quelle partie man- que la gourmandife, la lubricité & la pareue, parce que quelque homme pourrait avoir des parties rcflêmblan- tes à celle d'un pourceau qui n au- roit pas les autres, & ainfi il faut Ra- voir premièrement quelles parties (ont afléâées à certaines inclinati- ons. En fécond lieu ia refemblance & le raport des parties de la face hu- maine avec celle des animaux, & en- fin reconnoître le figne qui change tous les autres , & augmente ou di- minue leur force & leur vertu, ce qui ne le peut faire entendre que par de» monftration de figure.

L'qe

(45)

L'on remarque que les Animaux qui ont Je nez élevés par deflùs font audacieux, que l'audace eu quand un Animal entreprend témérairement un combat n'ayant pas de force pour le iburenir, d'où vient que ce qui eft audace a un mouton eft valeur à un Lion ; la différence qu'il y a de la face humaine à celles des brutes, eft que l'homme a les yeux fituez fur une même ligne qui traverfe droit au nerf des oreilles, lequel conduit â louve, les animaux Brutes au con- traire ont l'œil tirant en bas vers le nez plus ou moins, fuivant leurs zt- feâions naturelles. Secondement l'homme élève la prunelle en haut, ce que les animaux ne (çauroient faire fans lever le nez, le mouvement de leur prunelle tournant bien en bas, tant que quelquefois le blanc paroift beaucoup au deffus; mais jamais ils ** les devent en haut. Troiféme- roent, les (burcils des animaux ne fc rencontrent jamais, & baiflènt toû-

jours

jours leurs poinresen bas, mais ceux de 1 homme s'approchent au milieu du front & hauilènc leur pointes du coté «tu nez.

L'on démontre par un triang ie,que les imprdïions des fentimens des ani- onux fe portent du nez a l'ouye, & de-là au cœur dont la ligne d'en bas vient fermer fon angle à celle qui cft fur le nez, Se que quand cette ligne traverfe tout l'œil, & que celle d'en bas parïc au travers de la gcule, ce- la marque que ranimai eft féroce, cbkI 6c camacter.

Il fe fait encore un petit triangle, dont la pointe eft au coin extérieur de l'oeil, d'où la ligne fuivant le traie de le paupière fuperieurc forme une angle avec celle qui^ vient du nez, quand la pointe de cet Angle fe ren- contre Vers le front, c'eft une marque d'efprit, comme Ton voit aux Elc- phans, aux Chamaux & aux fignes, & fi cet angle tombe fur le nez, ce- la marque ia ftupîdité 8c l'imbecr

lire,

(47) lité. comme aax Anes 8c aux Mou- tons; ce qui eftplus ou moins félon que l'angle fe rencontre , ou plus haut on plus bas , & Ton démontre toutes ces chofes par des exemples deiïinez fur le naturel.

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