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Full text of "Archives historiques et statistiques du Département du Rhone"

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LIOTHèQÛeS 


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ARCHIVES 

DU  DÉPARTÊMBNT  DU  RHONE. 


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ARCHIVES 

^lAoxkc^xves  'et  Si^iidiiàue^ 

BU  DÉPARTEMENT  DU  RHONE  5 
yialûfâiyee^  ^  ce  ^eÀar^fnenà. 


Et  pins  est,  palriaï  facU  rcfcrre,  labor. 
OviD.  Trisi,  II ,  3a3. 


TOME  vn. 

vu  1.^  jrOVEHBRB  1827  ^^  3o  AVBIL  1828, 


Lyon, 

J.  IL  BA]IR£T  ,  IMPRIMETTR-LIBRAIRE,  PALAIS  DES  ARTS  , 
!!•■«  ▼.«  BlfiKEAV  ,  RUE  ST-DOtflNIQUE  ; 

PARIS  , 

M.""  HUZAltD  ,  LIBRAIRE  ,  RUE  DE  L*ÉPERON  ,  N.^  7 , 
AVDIN  ,  LIBRAIRE ,  QUAI  DES  AUGUSTINS* 

M.  DCCC.  XXVII. 


T,i.^'i,ià 


HARVARD  COLLCOC  UtIMRY 
F.  C.  LOWELL  PUNO 


I 


ARCHIVES 

i^iâtûïiaucd  et  ôlatiétiaueié 

BU  BÉPAATEMERT  DU  BHONE. 


r  r 


CONSEIL  GENERAL  DU  DEPARTEMENT. 


kSXÉQit  TSQ  nOCÈS-YBRBAL  DES  DÉLIBÉBATIOl»  DB  Là* 

SESSION  IU^;l8a7. 

EfL éxecution  de  l'ordonnance  royale  du  27  juin.  18279 
et  ensuite  des  lettres  de  convocation  individuelle  de  M.  lé 
jiréfet  9  Je^conseil-g^n^ral  du  département  du  Rhône  ^ 
compose  de  MM.  G.  de  Savaron  9  Pavy ,  le  vicomte  de 
St-Trîvîer,  Delaroche-Lucarelle ,  deVarax,  le  baron 
Ramliaud,  Desprez,  le  marquis  d'AIbon  ,  Prunelle, 
Mottet  de  Gërando ,.  Baboin  de  la  BaroUière,  le  comte  de 
Laurencin ,  Noihac ,  Orsel  aine  et  Desarbres ,  s^est  réuni 
le  16  août,  dans  une  des  salles  de  Thôtel  de  la  préfec- 
ture ,  pour  sa  session  annuelle ,  sous  îa  présidence  dé 
M.  G*  de  Savaron ,  doyen  d'âge  ;  M.  Orsel  remplissant 
comme  le  plus  jeune  ,  les  fonctions  de  secrétaire. 

Sur.  Uinvitation  de  M.  le  président ,  le  conseil  s*jest 
occupé  de  là  formation  de  son  bureau  définitif,  iu 
second  tour  de  scrutin ,  M.  de  Savaron  ayant  obtenu  la 
majorité'  des  suffrages ,  a  été  reconnu  pour  président 


(  6  ) 
dëfinitif.  On  a  passé  ensuite  à  la  nomination  du  secrë-^ 
taire,  et  M.  Desarbres  ,  qui  a  obtenu  la  majoriië   ai/ 
premier  tour  de  scrutin ,  a  étë  nommé. 

L*assembiée  étant  œnstituée ,  M.  le  président  a  noznr' 
mé  une  députation  de   trois   membres   pour   en    aller 
prévenir  M.  le  préfet.  Arrivé  dans  la  salle  du  conseil  ,  î 
ce  magistrat  a  prononcé  un  discours  dans  lequel  il  a  fait  i 
connaître  la  situation  actuelle  du  département ,  ses  be—  i 
soins  et  ses  ressources  et  les  diiférens  objets  sur  lesquels  ^ 
il  invitait  le  conseil  à  méditer  et  à  donner  son  avis  (i). 
M.  •  le  préfet  s'étant  retiré  j  le  conseil-général ,  afin   de 
hâter  Texamen  des  affaires ,  a  arrêté  la  formation  de  trois 
commissions ,  la  première  ,  sous  le  nom  de  commission 
des  finances  ^  la  seconde ,  sous  celui  à'atiliié  publique  ,  la 
troisième,  sous  celui  de  commission  mixte ^  et  la  quatrième, 
sous  celui  de  commission  spéciale.  Cette  dernière  était 
chargée  de  l'examen  d'un  projet  de  code  sur  la  pèche  des 
rii^ières ,  communiqué  par  le  gouvernement.  Les  com- 
missions formées  ,  les  diiférens  rapports  de  Rft  le  préfet  , 
et  les  pièces  dont   ils  étaient  suivis  ,  ont  été   répartis 
entre  les  quatre  commissions.  Telles  ont  été  les  opéra- 
tions de  la  PREMIÈHE  SÉANCE. 

Dans  la  S£coia)£  séance  ,  21  août  1827,  le  conseil- 
général  ,  après  avoir  entendu  le  rapport  fait  par  un  de. 
ses  membres,  au  nom  de  la  commission  des  finances  ^ 
sur  les  comptes  présentés  par  M.  le  préfet ,  de  sa  gestion 
financière,  a  pris  divers  arrêtés  pour  approuver  l'affec- 
tation de  certaines  sommes  au  budget  des  dépenses  va- 
riables 9  pour  donner  à  d'autres  sommes  des  affectations 

(i)  Ce  discoars  a  étë  iiisérë  dans  notre  recueil,  tom.  VI, 
pag.  288  et  suiy. 


(7) 
■utiles,  oa  pour  prier  M.  le  prëfet  de  youloir  bien 

asaveier  ses  instances  auprès  de  S.  Exe.  le  ministre 

i  rintérieur  ,  à    Teffet  d'obtenir  la  rëintëgration  au 

jdiget  supplànenlaire  variable  de  1827,  ou  au  budget 

«lîa^de  de  1828  ,  d*une  scMnme  de  65000  fr. ,  distraite 

mÀ  à  propos  du   budget  de  1825.  Passant  ensuite  aux 

oenptes  rendus   sur  les  budgets  de  1826,  le  conseil  a 

arrêté  d^une  manière  générale  : 

\P  Que  la  recette  du  budget  des  dépenses  variables 
du  département  ,  s'ëtant  élevée  à   •     .     5 10,95  2  f.  o5  c. 

Etia  dépense  à 5i4,852    oS 

dont  5o4,684  fr.  61  c. ,  ont  été  acquittés 
et  109167  f«  44  c.  restent  encore  à  man- 
dater ,  il  en  résultait  un  excédant  de  dé- 
pense  de •     .     *    3,900 

2.^  Que  cet  excédant  de  dépense  serait  porté  au  cha*» 
pAt^  \^  ^  voiLlul  Dei/es  d^pariemeniales  de  Texercice 
1828; 

3.^  Que  le  budget  des  centimes  facultatifs  se  trouvait 
fixé,  tant  au  débit  qu*au  crédit^  à  la  somme  de  1 33,943  f» 
98  c  9  dont  il  a  été  payé  seulement  j3o,o35  f.  09  c.  y 
et  qu'il  restait  encore  3,908  f.  89  c.  à  mandater  ; 

4«^  ^e  les  allocations  consenties  et  qui  n'avaient 
ps encore  été  mandatées,  tant  sur  le  budget  des  dépenses 
Taiiables  que  sur  celui  des  centimes  facultatifs ,  mon- 
tant ensemble  à  149^76  fr.  33  c. ,  étaient  maintenues  ^ 
et  que  M.  Je  préfet  était  invité  à  en  présenter  la  liquida* 
âon ,  Ion  de  la  prochaine  session  ; 

5.<>  Enfin  que  les  comptes 'de  1826  étaient  reconnus, 
JBSIes. 

Après  cette  opération ,  M.  le  président  a  fait  prévenir. 


(8) 
M.  le  préfet  de  la  réunion  du  œnseil  en  séance  g^n^* 
raie,  el  ce  magbtrat  étant  présent ^  le  conseil-gënërai 
délibérant  sur  différentes  propositions  faites  au  nom  A 
U  commission  des  finances^  a  voté  une  somme  de  4^0  f< 
pour  subvenir  aux  menues  dépenses  du  tribunal  de  com- 
merce  de  Villefranche ,  en  remplaœment  de  celle  qui  lui 
avait  été  précédemment  allouée  ;  nais  il  a  rejetë  la  de-^ 
mande  d*une  somme  de  2,5oo  fr.,  faite  par  le  conseil 
de  cet  arrondis^menjt ,  pour  lameublemenjt  de  la  salle 
où  il  tient  ses^  lances.  Une  autre  demande  de  bqo  fr*  j 
faite  par  le  conseil  d'arrondissement   de  Villefranche  ^ 
pour  diverses   réparations,  reconnues  indispensables  9    a 
été  pareillement  accordée.  Le  conseil-général  a  adopte 
la  proposition  faite  par  un  de   ses  membres ,    au  nom 
4e  la  commission  susdite ,  de  recommander  à  S.  Exc^ 
le  ministre  de  Tintérieur  Timporlant  établissement  de 
Vécole  vétérinaire  9  pour  lequel  le  département  se  trour 
vait  dans  rîmpossibîlité  de  voter  de  nouveaux  fonds  ;  il 
a  alloué  une  somme  de  i  ,200  fr. ,  depiandée  par  M.  le 
procureur-général  près  la  Cour  royale  de  Lyon ,  pout 
la  continuation  du  travail  entrepris  aux  archives  de  la 
cour  :  statuant  sur  la  demande  de  la  commune  d'Am- 
puis ,  il  a  reconnu  qu'il  y  avait  lieu  d'établii;  itois  foires 
dans   cette  commune ,  la  première  le  23   janvier ,  la 
seconde  le  20  mai  et  la  troisième  le  9  septembjre  de 
.chaque  année,  avec  la  condition  que  lorsque  ces  époques 
tomberont  un  jour  férié ,  la  foire  sera  renvoyé^  au  len- 
demain ;  statuant  également  sur  la  demande  de  la  corn-: 
mune  de  Ste-Colombe  ,  il  ^  émis  le  vœu  que  les  quatre 
foires  de  cette  commune  fussent  fixées ,  la  première ,  au 
5  février ,  jour  de  S.te  Agathe  ;  la  seconde ,  au  4  avril , 
jour  de  S.  Ambroise;  la  troisième,  au  14  juillet,  jour  de 


(9.) 
^flaoaventure  ,    et   la  quatrième ,  au  5  novembre  ,  le 

Mwfj^^^^   de  St— Charles.  Enfin ,  dans  cette  séance ,  le 

jssal'général ,  après  avoir  entendu  Tun  des  membres  de 

b  commission  A^uiiliié  publique  ,  sur  les  traités  passés 

f&a  rendre  à   la   ville  de  Lyon  l'église  et  ses  dépen- 

èmces  de  Vancien    couvent  des  Cordellers  de  TObser* 

wice  ^  dont  la  ville  se  propose  de  faire  une  maison  de 

oorreddon  pour  les  jeunes  gens  insoumis  à  leurs  parens^ 

til  sur  les  dbangemens  que  ces  dispositions  apporteront 

au  service  de  la  pépinière  départementale  et  à  Técole 

wtmnaire  ,  a  donne  son  approbation  au  traité  passé  le 

3  îoilkt  1827  ,  entre  M.  le  préfet  et  M.  le  maire  de 

Lyon ,  en  émettagit  cependant  le  vœu  que  Tariicle  7  du* 

dit  traité ,  relatif  à  la  cour  commune  entre  la  pépinière 

€i  rétablissement  projeté ,  soit  supprimé  9  quant  à  la 

partie   seulement  qui  stipule  que  la  sen>iiude  imposée 

Voédfc  cmir^  au  profit  du  département  ^  cessera  au  mo-^ 

jauni  où  la  pépimère  jb( exister  ait  plus  ^  et  où  il  ffy  jurait 

pas  éTauire  étaUissement  public  dans  le  même  local. 

Dans  la  teoisième  séance  ,  22  août  1827  ,  la  com^ 
mission  des  finances  a  fait  connaître  au  conseil ,  par 
Torgane  d*un  de  ses  membres  ,  la  situation  de  l'œuvre 
des  eniàns  trouvés^  Il  résulte  des  états  mis  sous  les  yeux 
in  conseil-général  par  M.  le  préfet , 

i.^  Que  le  nombre  des  enfans  trouvés  et  abandonnés  ^ 
présens  à  la  Charité  au  3 1  décembre  1826,  était;  de  8,o37 
tandis  qu'il  nVtait  au  3i  décembre  1825 ,  que  de     7544 

Ce  gui  présente  une  augmentation  de    .     •     •     49$ 

2.^  Que  la  dépense  de  Fœuvre,  pendant  Tannée  1826, 
a  été  de 7ia,633  fr.goc» 


(    10  ) 

D'où  dÀluIsant  les  ressources  assu- 
rées par  des  secours  étrangers  aux 
revenus  de  Thospice ,  et  qui  se  sont 
élevées  à 2i2jj8g      70 

Il  se  trouve  qu*il  est  resté  à  la  charge 
de  rhospice,  pour  1826 5oo,444  fr.  20  c. 

Somme  qui  excède  de  54^041  fr.  16  c.  la  dépense  faite 
en  1825. 

Le  conseil ,  considérant  que  cette  différence ,  entre  les 
deux  années ,  ne  saurait  être  imputée  à  une  gestion  trop 
dispendieuse  pendant  la  dernière  ,   puisque  la  journée 
des  enfans  placés  au-dehors  ne  coûte  que  18  c.  009  m. 
et  celle  de  Tintérieur  que  i  fr.  Sg  c. ,  comme  en  1825  ^ 
qu'elle  ne  peut  pas  être  attribuée  non  plus  à  l'abandon 
ou  à  l'exposition  d'un  plus  grand  nombre  d'enfans  pen- 
dant l'année  1826,  puisque  l'accroissement  de  l'oeuvre  , 
depuis  six  ans,  est  de  3,i34  individus ,  et  que  les  ré- 
ceptions ,  pendant  ce  laps  de  temps  ,  n'entrent  dans  le 
nombre  que  pour  389 ,  déduction  faite  de  la  moiialitë 
relative  ;  que  c'est  donc  dans  les  améliorations  impor- 
tantes ,  apportées  successivement  à  ce  service  ,  et  qui  ont 
conservé  la  vie  a  un  plus  grand  nombre  d'enfans  ,  qu'il 
faut  chercher  la  véritable  cause  de  cet  accroissement  ; 
que  le  fait  est  prouvé  par  la  proportion  des  décès  avec 
les  expositions  pendant  les  sept  dernières  années ,  pro- 
portion qui  a  toujours  été  décroissante  ;  que  cette  amé- 
lioration importante  est  due  à  la  vigilance  et  au  dévoue- 
ment que  ne  cessent  de  mettre  MM.  les  administrateurs 
dans   leurs  intéressantes  fonctions  ;   considérant ,  d  un 
autre  côté,  que  le  nombre  des  enfans  appartenant  aux 
départemens  voisins ,  et  qui  sont  envoyés  à  la  Charité 


(  II  ) 

èlyon ,  s* est  accru  par  les  faciliufs  des  communica- 

ins  ;  que  <,  pour  interdire  aux  enfans  étrangers  au  de- 

Bffement  du  Rhône ,  Tentrée  de  la  Charitë  ,  il  faudrait 

/ooToir  les  reconnaître  ^  ce  qui  est  impossible  sans  une 

iftvestigalion  rigoureuse  qui  pourrait  amener  des  infan- 

todes  ;  qu'il   existe  au  trësor  de  Tëtat  un    fonds   de 

caiimes  ccuiraUsés  ^  connu  sous  le  nom  àe  fonds  com^ 

mun  ,  ^  destiné  à    venir  au  secours  des  dëpartemens 

dont  \es  charges  ,  accrues  par  les  dépenses  que  d*autres 

dëpartemens  leur  imposent ,  dépassent  les  ressources,  que 

la  répartition  en  est  faite  dans  cet  esprit  par  S.  Ex.  le 

ministre  de  Vintërieur  ;  que  le  déparlement  du  Rhône 

est  compris  chaque  année  dans  cette  répartition  ,  pour 

une  somme  de  300,000  fr. ,  sur  laquelle  le  département 

prélève  les    1 75,000  fr.    qu'il  donne   pour  les  enfans 

trouvés  et  abandonnés  ;  que  cette  somme  de  3oo,ooo  fr. 

est  la  même  depuis  plusieurs  années  ,  quoique  Taccrois-. 

semenY  gèi^rà  &e  Va  population  soit  toujours   allé  en 

iugmenUuit  ;  que  fes  hôpitaux  de  Lyon  surpassent  en 

fconomîe  ceux  de  Paris ,  où  le  prix  de  la  journée  des 

en&ns  est  de  299  m. ,  tandis  qu*il  n*est  à  Lyon  que 

de  236  m.  ;  que  l'administration  des  hôpitaux  de  Lyon 

Ville  contre  l'augmentation  de  sa  dépense  ;  que  les  soins 

donnés  par  elle   aux  enfans  qu'elle  recueille,  en  dimi- 

naent  beaucoup   la   mortalité  ,   et  que  cette  mortalité 

moindre  est  une  des  causes  de  la  plus  grande  dépense 

fnt  a  Heu  depuis  quelques  années  ;  que  ce  résultat   si 

ntisfaisant  pour  d'humanité,  si  honorable  pour  ceux  qui 

i'onl obtenu ,  doit  exciter  tout  l'intérêt  du  gouvernement; 

considérant  enfin   que  jusqu'à  ce  que  le  gouvernement 

lui  ait  fût  une   part  plus  large  dans  le  fonds  commun  , 

k  ^parlement   ne  peut  absoluiàent  augmenter  sa  part 


(    12    ) 

contributÎTe  k  la  dépense  des  enfans  trouvés  et  abaii.^ 
donnés ,  a  émis  le  vœu  suivant  : 

Aat.  I.*'  Une  somme  de  175,000  fr.  sera  portée 
dans  les  budgets  des  dépenses  variables  de  Texercice 
1828  9  pour  Tœuvre  des  enfans  trouvés  et  abandonnes. 

ÂAT*  2.  S.  Exe.  le  ministre  de  Tintérieur  est  instam- 
ment priée  d'augmenter  Tallocation  faite  au  départemenjt 
du  Rhône ,  dans  le  fonds  commun  y  afin  de  le  mettre  à 
même  d'accorder  une  plus  forte  allocation  à  Uœuvre  des 
enfans  trouvés  et  abandonnés. 

ÂAT.  3.  Les  suites  è  donner  à  cette  réclamation  sont 
particulièrement  recommandées  à  la  bienveillante  solli- 
dtude  de  M.  le  préfet. 

Sur  le  rapport  fait  par  un  de  ses  membres ,  au  nom 
de  la  commission  mixte ,  relativement  à  la  distribution 
£adte  par  M.  le  préfet  ^  des  fonds  mis  &  sa  disposition  y 
comme  secoui*s  pour  incendies ,  épizooties ,  intempéries  y 
remises  et'  modérations ,  le  conseil-général  a  donné  son 
approbation  À  la  répartition  faite  par  M.  le  préfet,  des 
sommes  mises  à  sa  disposition  pour  ces  diiférens  objets^ 
Le  conseil*général  a^  pareillement  arrêté  ,  sur  la  propo- 
sition faite  par  un  de  ses.  membres ,  au  nom  de  la  même 
commission  9  qu'une  somme  de  60,000   fr. ,  restant  à 
payer  par  la  ville  au  département ,  aux  termes  du  traité 
relatif  à  l'échange  de  la  caserne  de  la  gendarmerie , 
serait  portée  en  recette  extraordinaire  au  budget  des.  dé- 
penses variables  de  l'exercice  1828  ,,  et  qu'il  serait  porté 
au  même  budget  une  allocation  de  semblable  somm^  de 
60,000  fr.  ,•  affectée  aux  travsiux  de  construction  de  la 

\ 


(  i3) 

«fdk  caserne.  Ijc  conseil-gënéral  a  encore  yoté  VsX* 

haàaa  ,  au  budget  des  dépenses  de  l'exercice  i8a8  , 

i&t  ^mme  de   3,367  ^^'  ^^  Cm  formant  le  solde  du 

aBbngeni  départemental  à  la  dépense  totale  ,  faite  pour 

b  cesUoraiîon  de  la  statue  équestre  de  Louis  XIV,  sur 

bfiace  Bellecaur.    Suivant  Tétat  justifié ,  présenté  par 

M.  le  pTé£^ ,  les  dépenses  relatives  à  ce  beau  monument 

se  sot\l  âevées   à  la  somme  de  54i)S5i  fn  25  c,  dont 

ks  àeux  tiers  s* élevant  à  36i,o34  fr.  17  c  étaient  à  la 

àiaig^  iu,  département.  Le  conseil-général  a  terminé  sa 

séaoat  en  votant  des  remercimens  à  M.  le  préfet  pour 

la  communication    qu'il  a  bien  voulu  lui  faire  de  son 

rapport  sur  Texposilion  des  produits  industriels  du  dé-^ 

partement,  rapport  qui  prouve  autant  en  faveur  du  zèle 

de  l'administrateur  9  qu'en  faveur  de  l'adresse  et  de  l'in* 

telligence  de  nos  manufacturiers. 

I^«S4S>  ^A.  ^^vjc^^iacË    dÉ/iKCB,   94  août  1827^  M.  lé 
présîdenf  a  hit  prévenir  M.  le  préfet  de  la  réunion  du 
œaseil  en  séance  générale ,  et  ce  magistrat  étant  pré- 
sent ,  le  conseil-général ,  après  avoir  entendu  l'un  dé 
ses  membres ,  parlant  au  nom  de  la  commission  d'utilité 
publique ,  a  proposé   de  renvoyer  à  une  autre  ^esisioU 
ia  demande  formée  de  transporter ,  dans  une  autre  com-^ 
aune,  le  chef-lieu  du  canton  de  Limonestt  cette  pro- 
psition  a  été  adoptée.  Au  nom  de  la  commission  des 
fiioaces  ,  on  membre  a  communiqué  au  conseil  une  de- 
mande de  M.  le  maire  de  la  commune  de  St-Laurent-' 
de-Cfaamousset ,  en  redressement  d*erreurs  qui  auraient 
eo  lieu  dans  l'application  de  l'impÂt  des  portes  et  fenê^ 
(resi  1^  conseil   ,    considérant  que    les  allégations  da 
ttire  de  Saint-Laurent-de-Chamousset  ne  pouvaient  être 


(  14  )  , 

)ust!(iëes  que  par  un  recensement  nouveau  ^  ajourne  à  faire 

droit  à  ladite  demandé  jusqu*à  l*an  prochain ,  époque  à" 
laquelle  ce  recensement  devra  être  mis  sous  ses  yeux  , 
avec  les  observations  contradictoires  de  M.  le  maire  et 
de  M.  le  directeur  des  contributions  directes.  Au  nom 
de  la  même  commission  ,   le  même  membre  a  fait    uri 
rapport  sur  une  nouvelle  fixalion  du  prix  de  la  journée  ^ 
de  tra\?aU^  pour  l'assiette  de  la  contribution  personnelle  • 
dans  l'arrondissement  de  Lyon  :  le  conseil ,  considërant  ' 
qu'il  est  en  elFet  conforme  à  l'équité  de  fixer  le  prix  de  ' 
la  journée  de  travail ,  dans  clmque  commune  ,  dans  une 
proportion  'analogue  aux  facultés  du  pays ,  et  que  le  ta—    < 
bleau  soumis  par  M.  le  préfet ,  remplit  ce  but ,  à  quel- 
ques exceptions  près  ,  a  donné  son  assentiment  au  projet 
de  fixation  nouvelle,  et  a  émis  le  vœu  qu'elle  fût  adoptée. 
Le  même  rapporteur,  au  nom  de  la  commission  mixte  y 
a  fait  connaître  au  conseil  la  suite  des  travaux  et  cons- 
tructions de  l'hôtel  de  la  préfecture  :  le  conseil-général , 
après  avoir  reconnu  que  les  améliorations  faites  à  ces 
constructions ,  ont  produit  un  ensemble  plus  satisfaisant , 
considérant  qu'aux  yeux  de  tout  homme  de  goût ,  les 
réformes  opérées  embellissent  notablement  un  établisse- 
ment que  la  ville  de  Lyon  peut  placer  au  premier  rang 
de  ceux  qu'elle  possède  ,  s'est  empressé  d'adopter  l'allo- 
cation  proposée  par  M.    le  préfet,   d'une  somme  de' 
28,000  fr.,  et  il  a  émis  en  outre  le  vœu  qu'il  soit  ou- 
vert un  crédit  de  40,000  fr.  pour  Tan  1828,  afin  de 
subvenir  aux  dépenses  de  ce  monument ,  dont  les  frais 
prévus  s'élèvent  à  57,3o7  fr.  35  c,  de  telle  sorte  qu'il 
ne  restera  plus  que  17,307  fr.  35  c.  pour  l'an  182g. 

Un  membre  de  la  commission  mixte  a  fait  ensuite  un 
rapport  au  conseil  sur  les  contributions  que  les  com- 


(  i5  ) 

sont  dans  la  nécessite  de  s'imposer  pour  faire  face 
iiiTS  dépenses  indispensables ,  sur  le  mode  de  comp- 
acté auquel  elles   sont  assujetties ,  et  sur  les  secours 
f'dles  peuvent  être  dans  le  cas  de  fournir  aux  curés  , 
nres  et  autres  ec<:lésiastiques  qui  desservent  les  pâ- 
laisses;  le  conseil  «-général  a  émis  le  vœu: 

i.^  Que  le  gouvernement  soit  supplié  de  permettre 
fs'apres  que  les  conseils  municipaux ,  réunis  aux  plus 
imposés,  auront  reconnu  la  nécessité  des  dépensés  qui 
doîveiit  être  couvertes  par  un  subside  extraordinaire ,  et 
en  rrm  spédfié  la  nature,  ledit  subside  continuera  jus* 
fii'à  ce  que  les  causes  qui  Tont  créé  aient  cessé  ; 

2.*  Que  les  communes  dont  les  budgets  et  comptes  se 
règlent  définitivement  aux  préfectures ,  soient  dispensées 
Jes  Ibnnalités  multipliées  et  presqu'impossibles  à  remplir 
par  ces  administrations  ; 

^.^  Que  les  ecclésiastiques  et  desservans  reçoivent  du 
gouvernement  Vjoâeomité  qui  leur  est  due  pour  leurs 
Smciions, 

Au  nom  de  la  commission  des  finances ,  un  membre 
a  donné  connaissance  au  conseil  des  réclamations  des 
communes  des  deux  arrbndissemens ,  a\i  sujet  de  la  ré- 
partition  de  \ impôt  foncier  :  le  conseil-général ,  sur  le 
npport  de  M-  le  préfet ,  a  renvoyé ,  jusqu'à  la  session 
prodiaine,  à  prononcer  sur  les  réclamations  des  villes 
et  ^  communes  de  Tarrondissement  de  Lyon  ;  et  en  ce 
fui  concerne  les  réclamations ,  au  nombre  de  trois ,  qui 
OQt  é\é  soumises  au  conseil  d*arrondissement  de  Ville- 
firaDche  9  le  conseil-général  a  renvoyé  pareillement ,  jus- 
fa'à  Vannée  prochaine ,  à  prononcer  sur  la  demande  de 
Jc^ement  formée  par  M.  le  maire  de  Villefranche , 
et  il  a  maintenu   les  conlingens  de  27,463  fn    et  de 


(  i6  ) 

3,000  fr.  que  doivent  supporter  la  ville  de  Tarare  et  l< 
commune  de  Vaux.  La  commission  mixte  a  entreteni 
le  conseil ,  par  l'organe  d*un  de  ses  membres  ,  des  ira* 
vaux  suivis  pour  la  construction  d'une  nouvelle  prison 
dans  la  presqu'île  Perrache  ,  en  remplacement  de  cell< 
de  St'Joseph  ;  le  conseil-g^nëral ,  après  diiF(^rentes  con- 
sidërations  sur  les  plans  présentes  par  M.  Baltard ,    ar-^ 
chitecte,  et  sur  ceux  qui  leur  ont  étë  substitues  par  If 
consejl  des  l>âtimens  civils ,  a  décidé  que ,  par  la  (>rë-: 
sente  délibération  ,  il  entendait  exprimer  formellement 
la  peine  vive    qu'il    ressentait  de  ce   que  les  projets 
adoptés  par  lui  avaient  été  réjetés  sans  motifs  suffisaiis  ; 
que  l'attention  de  Nf •  le  préfet  serait  appelée  sur  la  fbircë 
des  mûrs,  qui  ne  présentent  que  quatre-vingts  centimètres 
d'épaisseur  en  fondations  et  cinquante  hors  de  terre  , 
dimensions  qui  sont  celles  des  murs  les  plus  faibles  des 
habitations  privées  ,   et  il  a  arrêté  en   outre  que  les 
5o,ooo  fr.  qui  restent  dus  par  la  yîlle ,  sur  le  prix  du 
terrain  de  la  Ferraiière  ^  seront  portés  en  recette   au 
budget  des  dépenses  variables  de   l'exercice  1 828  :  lé 
même  rapporteur  a  fait  connaître  la  situation  des  tra- 
vaux pour  la  construction  d'un  nouveau  palais  de  jus^ 
iice  ;  le  conscM ,  après  différentes  considérations  ,  a  ar- 
rêté que  des  remercimens  seraient  adressés  à  M.  le  préfet 
pour  tes  progrès  qu^a  faib  cette  aAaire  depuis  la  dernière 
session  ;  qu'en  acquiesçant  à  la  proposition  de  S.  £x.  le 
ministre  de  l'intérieur ,  de  renvoyer  le  règlement  défi- 
nitif des  parts  contributives  du  gouvernement ,  du  dé- 
partement et  de  la  ville ,  jusqu'à  l'époque  où  l'adoption 
des  plans  et  devis  du  palais  de  justice  et  de  la  prison  de 
Roanne  aura  fait  connaître  la  quotité  de  la  dépense  gé- 
nérale 9  il  se  réservait  expressément  la  faculté  de  faire 


(17) 
alors    tous   les  droits  du  dëpartement  ;   qu^une 

de  100,000  fr.  est  allouëe  sur  le  budget  des  de- 
▼ariablefs  et  facnltatives  de  1828,  pour  être  ap- 
litpie  aux   dépenses  de    constructions   ou   achats  de 
■ifions  ,  et  que  ladite  somme  viendra  en  déduction  du 
ontingenl  qui  sera  attribué  au  département  dans  la  dé- 
peise  générale  ;  que  S.  Ëxc.  le  ministre  de  Tintérieur 
sera  pnêe  de  fournir ,  pour  1828 ,  une  allocation  de 
i8B,poo  fr.  sur  les  fonds  généraux  avec  la  même  desti- 
nation ;  enfin ,  qu'il  serait  demandé  que  tous  les  projets 
et  devis  en-voyés  au  concours ,  lui  fussent  communiqués 
officiellement  avant  d'être  soumis  au  jugement  du  con- 
seil des  bàtîmens  civils ,  et  qu'ils  fussent  tous  remis  de 
Booveau  sous  ses  yeux,  après  que  ce  conseil  aura  fait 
son  choix ,  avec  l'exposé  des  motifs  qui  l'auront  déter- 
flûné ,  a&n  que  leur  exécution  ne  commence  pas  avant 
cg»,  \e  «93c>fiié&r^^nl   aii   fait  entendre  ses  dernières 
observations  faut  dans  l'intérêt  *du  département  que  dans 
celui  Je  là  ville. 

Au  nom  de  la  commission  duUlHé  publique ,  un  mem^ 
breailonnë  connaissance  au  conseil  des  travaux  exécutés 
par  MM.  les  ingénieurs  des  ponts  et  chaussées  ,  sur  les 
routes  royales  ^  et  ceux  dont  l'exécution  est  préparée  : 
kcoBseil-gënéral,  considérant  que  ,  pour  faire  cesser  les 
imgers  et  Vincomitaodité  de  la  circulatioù,  il  importait  de 
Cenniner  les  ponts  d'OuUins  et  de  Briguais ,  et  d'élargir 
le  poot  de  la  Gnillotière ,  de  rectifier  la  traverse  d* Anse , 
et  sortoat  d'établir  la  nouvelle  route  de  l'Arbresle  ;  que 
le  pont  de  la  Mulatière ,  passage  l'un  des  plus  importans 
et  des  plus  fréquentés  du  royaume ,  se  trouve  dans  un 
étal  {nrt  mquiëtant  pour  le  présent  comme  pour  l'avenir; 
que  It  pont  suspendu  ,  élevé  par  les  entrepreneurs  du 
Tome  FIL  ^ 


(  i8  ) 
chemin  de  fer ,  pour  leur  usage  particulier ,  est  prëpart 
de  manière  à  pouvoir  offrir  :Un  passage  au  public  ;  qu'il 
est  permis  de  douter  si  Ton  peut  raisonnablement  confier 
à  ce  système  de  suspension ,  et  la  totalité  des  approvision- 
nemens  de  houille  de  la  ville ,  et  le  passage  des  in- 
nombrables voitures  de  transport  et  de  voyage  qui 
couvrent  constamment  cette  route;  que  le  seul  convoi 
des  chars  du  chemin  de  fer  pèsera  60  milliers ,  et  que 
Taction  d*un  tel  poids  ^  jointe  à  Toxidation  graduelle  de 
la  matière  employée  à  ce  pont  ,  sont  de  nature  à  faire 
penser  que  toutes  les  épreuves  d*une  surcharge  préalable 
Il  louverture  du  pont  au  public  ,  ne  sauraient  prévenir 
un  malheur  ;  que  la  cessation  subite  des  différens  ser- 
vices qui  ont  lieu  par  le  chemin  de  la  Mulatière  ,  serait 
une  calamité  véritable  pour  la  ville  de  Lyon  ,  pour  celles 
de  St-Etienne  ,  St-Chamond  ,  Rive-de-Gier  ,  et  pour 
toute  la  banlieue  ;  considérant  enfin  que  d'après  lopi— 
nioa  de  M.  le  directeur  général  des  ponts  et  chaussées  , 
un  pont  établi  à  neuf  produirait  encore  4^9000  fr.  de 
péage ,  et  pourrait  facilement  se  réaliser  au  moyen  d'une 
subvention  de  la  ville  et  du  département ,  a  émis  les 
voeux  suivans  : 

1.^  S.  Exe.  le  nïÎQistre  de  l'intérieur  est  priée  d*affecter 
au  budget  de  1828  ,  pour  le  service  des  ponts  et  chaus- 
sées, dans  le  .département  du  Rhône  ,  line  somme 
de  335,000  fr.  9  dont  19,000  fr.  pour  travaux  d'entre— 
tien ,  réparations ,  etc. ,  et  1 4^,000  f.  pour  travaux  neufsé 

2.®  M.  le  préfet  est  invité  à  porter  une  surveillance 
spéciale  et  sévère  sur  la  confection  des  ponts  suspindus 
établis  dans  le  départagent  par  des  compagnies  parti- 
culières. 


(  19) 
5fi  M.   le   prëfet    est   prie    de  rechercher   tous   les 

feoyens  possibles  d'obtenir ,  par  une  combinaison  quel- 
conque ,  que  le  passage  de  la  l^ulatière  ,  en  ce  qui  con- 
cerne le  public  9  ne  soit  pas  livre  aux  éventualités  du 
succès  de  la  suspension  ,  mais  établi  sur  un  pont  en 
pierres.  * 

4.^  M.  le  préfet  est  encore  prié  de  prendre  toutes  les 
mesures  nécessaires  pour  que  M.  le  directeur  général  des 
poiits  et  chaussées  fasse  procéder  au  plutôt  à  la  rédaction 
d^un  projet  d'adouci^ement  des  pentes  de  la  route  royale 
dans  la  traversée  de  la  ville  de  Villefiranche* 

Au  nom  de  la  même  commission ,  un  membre  a  fait 
connaître  au  conseil  les  travaux  de  navigation  entrepris 
et  suivis  dans  le  département  ^  et  ceux  qu*il  est  instant 
de  contTffuer.  Lé  conseil-^général  considérant  qtie  les 
villes  de  Lyon  et  de  la  Guiliotîère  ont  fait  jusqu'à  ce 
iont ,  et  se.  disposent  à  faire  des  sacrifices  Considérables 
pour  concourir  à  l'exécution  de  ces  travaux  d'^on  Intérêt 
général  ;  que  Tentreprise  relative  à  la  défense  générale 
de  la  rive  gauche  du  Rhône  est  enfin  engagée  sérieuse- 
ment j  et  promet  une  issue  rapprochée  ;  que  le  creuse- 
ment du  lit  de  la  Saône  est  une  opération  d*un  haut 
intérêt  pour  le  commerce  et  Tàgriculture  ,  a  émis  les 
vœux  ci^après  : 

r.^  Son  Exe.  le  ministre  de  Tîntérieur  est  priée  d'affec- 
ter sur  les  fonds  généraux  du  budget  de  i8'a8,  pour 
les  travaux  de  navigation  dans  le  département  du  Rhône, 
une  somme  de  33o  francs. 

2.^   M.  le  préfet  est  remercié  du  aèle  qu'il  a  mis  à  ' 
provoquer  la  mission  de  M.  de  Prony  ,  pour  la  recherche 
des  moyens  de  préservation  de  la  rive  gauche  du  Rhône  ; 


■  (    20   ) 

il  est  priié  de  poursuivre  avec  la  même  activité  la  mise  en 
ceuvre  au  système  qui  sera  adopté  à  ce  sujet ,  et  de  pro- 
curer à  la  navigation  de  la  Saône  la  sûreté  et  la  conti- 
nuité qui  lui  manquent.  ^ 

Dans  la  civqvikmL  sb^ce  ,  ^5  août  1827  ,  M.  le 
président  a  fait  prévenir  m.  le  préfet ,  et  ce  magistrat 
étant  présent ,  le  conseil  a  entendu  un  rapport  fait  au 
Qom  de  la  commission  mixte  sur  Tétat  des  routes  dépar* 
tementales ,  et  sur  les  travaux  à  y  entreprendre  ou  à  y 
continuer.  Le  conseil  a  arrêté  qu*il  y  avait  lieu  d*ap- 
prouver  Temploi  des  fonds  de  1826 ,  ainsi  que  la  desti- 
nation de  ceux  qui  ont  été  alloués  pour  1827  ,  et  qu'il 
serait  porté  au  budget  des  dépenses  variables  et  facul^ 
tatives  de  1828  une  somme  de  ii5,ooo  francs  ,  confor- 
mément à  la  proposition  de  M.  le  préfet.  Au  nom  de  la 
/nême  commission ,  ^un  membre  entretient  le  conseil  des 
opérations  suivies  du  cadastre  ,  et  du  besoin  9  pour  sa 
continuation ,  d*un  vote  d*impût  en  rapport  .  avec  les 
frais  exigés.  Le  conseil ,  considérant  que  les  travaux  de 
celte  grande  et  utile  opération  ne  seront  point  ralentis 
en  1828  ,  si,  pour  cette  année,  on  ajoute  la  somme 
de  3i,5oo  francs,  a  émis  le  vœu  que  pour  1828  il  ne 
soit  tiré  qu'un  centime  et  demi  additionnel  â  la  contri- 
bution foncière ,  pour  continuer  le  cadastre» 

Au  nom  de  la  commisshn  des  finances ,  il  a  été  donné 
communication  au  conseil  d*un  état  présentant  les  pro- 
duits des  impôts  directs  et  indirects  qui  pèsent  sur  lé 
département.  Comparaison  faite  des  produits  des  admi- 
nistrations financières  dans  le  département  pendant  les 
années  1825  et  1826 ,  il  est  établi  que  les  produits  de 
la  loterie^  qui  avaient  été  en  1825  de  388,277  francs  p 


(  21  ) 

se  sont  ëlevës   en  1826a  528,400  francs^  ce  qui  prë— 
u^une  augmentation  de  140,123  francs  ;  c'èst-à-(Kre  ^ 
èpltts  d'un  fiers  en  sus,  tandis  qu'au  même  moment 
k  contributions  indirectes  ont  diminué  de  190,000  fr. 
flir  6,r37,5i2  ff.  en  1826.  L'observation  d'un  tel  fait 
o'a  pas  manqué  de  reporter  l'attention  du  conseil-général 
SOT  les    conséquences  de   l'impôt   de   la  loterie  ;  mais 
n^osant  se  flatter  d'être  plus  tieureux  que  ceux  qui  l'ont 
devancé  dans  une  honorable  prétention  contre  l'immora- 
lité et  les  dangers  de  cette  sorte  d'impôt ,  il  s'est  borné 
à  combattre  l'établissement  de  la  loterie  en  France ,  pat 
des  considérations  toutes  particulières  à  la  population 
lyonnaise  ,  il  a  émis  4e  vceu  qu'au  moins  la  roue  établie 
à  Lyon  fût  supprimée  et  le  nombre  dès  bureaux  dimi- 
nué ;  que  ceux  qui  seraient  maintenus  fussent  éloignés, 
des  quartiers  de  la  yitle  habités  par  lès  ouvriers  de  la 
&brique  d^étoffes  de   soie  ;  enfin  que  la  loterie  n'eût , 
comme  a\ilre(o\s ,  qu'une  seule  roue  à  Paris ,  avec  deux, 
ârages  seutèment' par  mois.  Au  nom  de  la  commission 
à^Hiié  puUique  ,  un  membre  a  donné  connaissance  au 
conseil  d'un  rapport  de  M.  lé  préfet  sur- le  reauiemeni^ 
lequel  a  lieu  partout  sans  difficulté  ;  le  conseil-générale 
a  émis  le  yceu  que  le  gouvernement  pût  pourvoir  au 
*  remplacement ,  pour  le  service  militaire ,  dés  jeunes  gen5 
que  leurs  habitudes  ,  leur  goût ,  leurs  études  en .  éloi- 
gnent ,  ce  qui  parait  devoir  fournir  une  ressource  pour, 
assurer  aux  militaires  qui  auraient  p^ssé  leur  vie  dan& 
les  corps,  des  secours  lorsqu'ils  rentreront  dans  leurs 
âmilles.  Au  nom  de  là  même  commission ,  un  membre 
a  iait  connaître  te  rapport  de  M.  le  préfet  sur  l'état  des 
chemins  çicinaux ^  et  le  besoin  de  réparations. qu'exige 
la  plupart  de  ces  communications  ;  le  conseil  a  pareil-^ 


(    22    ) 

lement  entendu  la  même  commission  sur  une  proposition: 
de  M.   le  préfet ,  tendante  à  faire  revivre  rinstitution: 
des  commissaires  -  inspecteurs  des  chemins   vicinaux  j    à 
crëer  par  arrondissement ,  une  commission  composée  dç* 
deux  membres  du  conseil  général  et  de  deux  membrea: 
du  conseil  d'arrondissement  ;  à  noamier  un  commissaire-  ^ 
voyer  par  commune.  Le  conseil,  reconnaissant  que  les, 
effets  de  la  loi  du  28  juillet  1824  ont  été  jusqu'à  pré—.  : 
sent  bien  insuffisans  ,  a  émis  le  vœu  que  ces  différentes, 
mesures  fussent  réalisées  le  plus  promptement  possible  , 
désirant  en  outre  que  les  lois  et  règlemens  sur  la  voirie 
urbaine  fussent  applicables  à  la  voirie  rurale. 

IV^.   le    président    donne   communication   au  conseil 
d'une  lettre  qui  lui  est  adressée  de  Tulle  ,  relativement 
à  la  demande  d'une  malle-poste^  à  établir  entre  Bordeaux 
et  Lyon  et  passant  pai:  St-Étienne  :.  le  conseil-général  , 
considérant  que  la  correspondance  soiofifre  par  les  moyens 
employés  jusqu'ici,  éf  qu'il  s'ensuit  des  lenteurs  nuisi-^ 
blés  aux  opérations  du  commerce  }  que  l'établissement 
d'une  correspondance  directe  entre  Lyon  et  Bordeaux  9 
ne  saurait  être  que  favorable  aux  relations  de  ces  deux 
grandes  cités  ,  a  émis  le  vœu  qu'un  service  direct  de 
malles  -  postes  fût  établi  par   le  gouvernement  sur  la 
route  de  Lyon  à  Bordeaux.  Au  nom  de  la  commission  ■ 
d*utiliié  publique ,  un  membre  a  fait  connaître  au  con^ 
seil-général  la  demande  de  la  création  d'un  canton,  dans 
l'arrondissement  de  Yillefranche  ,   dont    1^   commune 
d'Amplepuis  serait  le  chef-lieu  :  le  conseil ,  considérant 
que  les  conseils  municipaux  de.  Thisy,  de  Tarare,  de 
St-Appollinaire  et  de  St  Just  d'Avray ,  s'opposent  à  l'é- 
rection demandée  ;  que  les  motifs  exposés  par  la  comt 
mune  d'Amplepuis  et  par  les  communes  de  St-Jean-: 


(    '23    ) 

U^e ,  de  Cublîze  et  de  Ronna ,  n'ëtablissaîent  pas 

ifitâice  d'an  intérêt  public  assez  capital ,  a  ëté  d'avis 

Kofle  d^nande  fût  ajournée. 

Il  noia  de  la  commission  des  finances ,  un  membre 
I  tà,  un  rapport  au  conseil  sur  le  montant  des  contri- 
ktîoDs  foncière  ,  personnelle  et  mobilière ,  et  portes  et 
fcaaRS  imposées  sur  le  département;  le  conseil  a  arrêté 
fK  \c  contingent  du  département ,  dans  la  contribution 
Jimcîère  d  dms  la  contribution  personnelle  et  mobilière^ 
serait  i^,  pour  1828  ,  ainsi  qu'ail  suit  : 

Contribution  foncière. 

Principal  et  accessoires.     .    .     .    a,949>664  F*  45  c*. 

A  répartir  ,  savoir  : 

Arronàissemeid  ût  Lyon. 

^v^sse^ i,5a5,oi6f.5oc 

10  c.  sans  affscl^on.    • 
iQ^.  p.  déf.  £ies  et  rariab. 

a  c.  p.  non-Takw»  .    .  3o,46o    55    J2,i59;837f.96e. 

5  c  p.  la  prison  .    .     •  45*690 

5  c.  iacuhatifs.     .     •     •  76»' 5o 

1  c.  i/a  p.  le  cadastre  .  22 fi^ 

Arrondissement  de  VûUfranche. 

Pri&cipal.     ....    ^  576,589  f, 
10  c.  sans  aflTéctation.     .      57,658    90 

i9c.p.iép.6xesetTariab.  io9,5i5    91 

2  c.  p.  non-valeurs  .     .      n  ,5aT    78     J'  809,826  f.  54  «?• 

3  c.  p.  h  prison  .     .     •       179^9*     67 
5  c,  fecaltatifs.     .     .     .      «8^819    45 

i  e.  i/ï  p-  le  Cadastre  .        8,645    85 

•••■^ — 

Somme  pareille.    .    ..    .    a,949î664f*4S  c, 


.    .    .  i,5a5,oi6f.5oC\ 

ËoD.    .  i52,5oi    65    I 

trariab.  2^9,575    10    I 

UT»  .    .  5o,46o    55     )2,i  59:837  f. 


(  24  ) 
Coniribution  personnelle  et  mobilière* 

Principal  et  accessoires,     ....  *  7775010 fc 
A  répartir,  savoirs 

Arrondissement  de  Lypn*^ 

Principal.     •    4^    .     •     .  4479)^56  f. 
10^.  sans  affectation  •     .      4497^?    60 
igc.p.  dëp. fixes  et  yariab.      SS^oSS    ^4     «   /. 

2C.  p.non-valenrs    .     .        8,956    72     j*  620,49^  f- o4 

3  c.  p.  la  prison   .     .     •       x  5,4^5    08 

5  c.  facultatifs  •     •     •    •      22,591     80 

Arrondissement,  de  Villefranche. 

Poncipal.    •    •    .    .    .     1 1.1,164  f> 

10  c.  sans  affectation  .     •       11,116    l\o 

i^c.p.dëp.  fixesetvariab.      21,121     ^^     ,  ^^ 

2  c.  p.  nons-valeufs  •     .   •     2,2a5    28     ^  io4j^'7    9" 

3  c.  p.  la  prison   •    •     •        3354    92 
5  c.  fkicnitatifs ....        5^556    20 


Somme  pareille    .     .     .     7779O1Q  f. 

Au. nom  de  la  même  commission  ,  un  membre  a  com- 
muniqué au  conseil-général  les  demandes  de  deux  veuves. 
d*employés  daùs  les  bureaux  de  la  préfecture  ,  lesquelles 
sollicitaient  une  part  du  secours  que  recevaient  du  dé- 
partement leurs  maris  défunts;  le  conseil  a  arrêté  que 
la  demande  de  la.  première  ne  pouvait  être  accueillie , 
attendu  que  la  somme  annuelle  de  1,200  fr.  qui  avait  été 
accordée  à  son  mari ,  était  moins  un  secours  qu'une  ré- 
munération temporaire  pour  ses  longs  services ,  et  que 
cette  veuve  n*  était  pas  préciseraient  dans  le  besoin  ;  mais 
qu'il  serait  alloué  un  secours  de  200  ff .  à  la  seconde ,  ei| 
raison  de  sa  position  malheureuse ,  lequel  secours  ne 


C  ^5) 
^  œpendant  pas  se  renouveler»  Au  nom  dé  Iki 
ôe  oHiimission  ^  im  membre  a  propose  dé  donner  une 
kvrdle  desUnalion  h  une  somme  de  486  fr.  3^  c.  restée 
flBoiiploî,  sur  le  budget  des  centimes  facultatifs  de 
\tA;  le  conseil  a  arrête  que  cette  somme  serait  affectée 
apûement  de  partie,  des  dépenses  relatives  à  Pétablis- 
«Benl  À'iuie  diapelle  à  Farchevéché. 

¥ài&ii  dans  la  s^x:i%i«]$  et  dernière  ssàfge  ,  27  août 
\%1^ ,  un  membre  de  la  commission  d'uiHiié  publique  a. 
entreteQu  le  conseil-gën^ral  de  la  demande  formée  ptr 
h  cooniLane  de  la  Guillotière  d  un  juge  de  paix  :  le 
omsal ,  considérant    que  la  ville  de  Lyon  s*oppose   à 
celle  demande  ;  qu^elle  se  fonde  sur  la  loi  du  18  février 
1791 ,  qui  n'a  été  abrogée  par  aucune  autre  loi,  et  por-». 
tant  que  \t  bourg  de  la  GuilloUire  et  le  territoire  en 
dépendant  demeurent  unis  à  la  faille  de  Lyon ,  conformé^. 
ment  oux  dé'.refs  des  6  ei  iZ  féorier  1790  ;  que  Vor- 
ganisalion  actoeMe  de  la  Guillotièra  n'existe  qu'ensuite 
d'un  arrêté  pris  par  les  représentons  du  peuple  envoyés 
à  Lyon  par  la  convention ,  après  le  siège  de  cette  ville  ; 
considérant  enfin  qu  il  n'y  a  point  urgence  ,  puisqu'il 
rài  évident  que  la  facilité  des  communications  de^la 
Goillotière  avec  Lyon,  par  deux  ponts  et  bientôt  par 
trois ,  la  rend  très-rapprochée  de  la  justice  de  paix  du 
premier  arrondissemej^t  dont  elle  dépend  ,  et  que  d'un 
antre  côté  M.  le  juge.de  paix  a  offert   et  offre  encore 
d'aller  tenir  des  audiences  à  la  Guillotière ,  a  cru  devoir 
ijoumer  le  vœu  qu'il  doit  émettre  sur  cet  objet.  Un 
taembre  ,  rapporteur  de  la  commission  spéciale ,  chargée 
fc  Texamen   du  projet  de  code  de  pèche  fiuçiak  ,  pré- 
sagé par  S.  Exc«  le  ministre  des  finances  aux  médita- 


\ 


(  26  ) 

lions  du  conseil-gt^nëral ,  a  fait  connsdtre  le  résultat  de- 
son  travail  ;  le  conseil ,  considérant  que  le  projet  présente 
paraissait  concilier  les  droits  de  Tétat  et  Tinti^rét  pubfic 
avec  ceux  des  particuliers,  a  prié  M.  le  préfet  de  vouloir 
bien  faire  agréer  à  S.  Exe.  te  ministre  des  finances  les 
remercimens  du  conseil*général  pour  cette  communication. 
La  commission  des  finances  a   pareillement   donne 
communication  au  conseil,  de  Tétat  des  traitemens  des 
employés  et  gens  de  service  de  la  préfecture  ,  qui  établit 
que  les  dépenses ,  pour  cet  objet ,  s^élèvent ,  tant  en  traî- 
teillens  qu*en  gratifications  ,  à  la  somme  de  ?493g3  fr. 
Le  conseil  a  voté  Tinsertion  au  procès-verbal  de  cette 
communication.  Au  nom  de  la  même  commission ,  un 
membre  a  fait  un  rapport  sur  les  budgets  présentés  par 
M.  le  préfet  pour  1828  ;  le  conseil  a  pris  larrété  suivant  : 

i.^  Le  budget  des  dépenses  variables  de  Texercice 
1828  ,  s'élevant,  tant  au  débit  qu'au  crédU ,  à  la  somme 
de 626,487  f.  44  c 

2P  Celui  des  centimes  facultatifs 
ordinaires ,  s'élevant ,  tant  au  débit 
qu*au  crédit^  à 132,92a    26- 

3.^  Celui  des  trois  centimes  extraor- 
dinaires ,  autorisé  par  une  loi ,  pour 
ta  construction  d'une  prison  en  rem- 
placement de  celle  de  St- Joseph ,  mon- 
tant à ii5,ooou 

Sont  approuvés  de  conformité. 

Le  conseil  ,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  sa 
commission  des  finances  sur  les  divers  budgets  du  dé- 
partement ,  a  pris  un  intérêt  tout  particulier  aux  de-^ 


<  27  )  • 
Bides  de  Mgr.  l'archevêque ,  administrateur  du  dic>« 
3e,  et  s*  étant  oonvainçu  par  lui-même  de  la  nécessité 
2  réparations  très- urgentes  à  faire  à  la  toiture  du  pa- 
AS  de  Varchevéchë ,  il  a  prié  très-instamment  S.  Exe 
le  ministre  des  afiaires  ecclésiastiques,  d'aHouer  au  plutôt 
is  fonds  dont  a  besoin  l'archeyêdbé  pour  donner  à  son 
iabîiaûon  Vétat  qu'elle  exige. 

Le  conseil  n* ayant  plus  d'objets  sur  lesquels  son  at*-^ 
lenùon  fut  appelée  ,  M«  le  président  a  clos  1?  session. 

Z. 


CORRESPONDANCE. 

A  L'UH  ses  BiDACTEURS  DES  ABCHIYES  nU  RHÔlfE. 

Passy-lès-Paris  j^  i5  octobre  1827. 

Monsieur  et  cher  ami  y 

Je  TOUS  dois  quelques  détails  sur  les  Œuvres  posf humes 
de  Boileau  (i).  Je  vais  tâcher  d'acquitter  ma  dette ,  en 
TOUS  retraçant  ici  mes  souvenirs. 

Dans  les  premiers  jours  de  janvier  dernier  ,  j'étais 
anété  devant  l'étalage  d'un  bouquiniste  ,  lorsque  ma 
n»n  se  posa  involontairement  sur  un  petit  volume  de 
pen  d'apparence  C^).  Quel  fut  mon  étonnement  d'en 


(i)  Il  en  a  ëlë  rendu  compte  dftns  les  Archives  du  Bhâne  9 
tooL  VI ,  pag«  461-461. 

(2)  Le  v^kune  deut  il  s'agit,  est  un  exemplaire  de  Tédi- 
fMode  Ju vénal  et  de  Pene^  donnée  en  lôSo,  à  Amster- 


(  28  ) 
trouver  les  mai*ges  et  jusqu'aux   interlignes  tellëmenlr 
chargées  d'ëcritures ,   que  j  eus  d'abord  peine  à  dëmêler 
s*il  ëtait  manuscrit, ou  imprimé  !  Figurez-vous  dans  une 
page  in-'i2  quarante-cinq  à  cinquante  lignes  d'impres- 
sion, semées  et  bordées  d'un  plus  grand  nombre    de 
lignes  manuscrites  ,  et  vous  n'aurez  encore  qu'une  iaible 
idée  de  l'aspect  que  présente  depuis  fè  commencement' 
jusqu'à  la  fin  ce  livre ,   peut-être  unique  en  son  genre* 
Je  l'achète ,  et  me  retire  en  songeant  à  tout  ce  qu'il  a 
fallu  de  force  et  de  persévérance ,  je  ne  dis  pas  pour 
s'imposer ,  mais  pour  achever  une  si   rude  tâche.  Au 
milieu  de  ces  réflexions ,  j'arrive  ;  je  me  hâte  de  revoir 
mon  volume ,  et  ma  surprise  augmente  à  chaque  page  : 
outre  la  traduction  presque  entière  de  Perse,  et  celle 
des  plus  beaux  morceaux  de  Ju vénal ,  il  contient  un 
commentaire  cx>mplet  sur  ces  deux  poètes ,  dont  l'un  a 
si  souvent  mis  en  défaut  la  perspicacité  de  ses  lecteurs  , 
tandis  que  l'autre  a  toujours  fait  Id^f^espoir  de  ceux 
qui  ont  voulu  le  traduire. 

A  ne  considérer ,  me  disais-je  ,  que  l'écriture  et  l'or- 
thographe ,.  ce  travail  appartient  au  xvii.^  siècle  ;  à  en 
juger  par  la  netteté  et  la  précision  des  idées,  parla 
facilité ,  l'élégance  et  l'énergie  des  expressions ,  il  sort 
de  la  plume  d'un  grand  écrivain  :  le  style  animé,  pitto- 
resque ,  nombreux  et  souvent  mesuré  des  traductions 
décèle  un  poète.  Aussitôt  x. 'Molière  ,  Racine  ,  Boileau 
s'offrent  à  ma  pensée.  Mais  Molière ,  tourmenté  de  bonne* 

dam,  par  J.  Blaea,  petit  in<^i2  de  189  pages.  En  tête 
est  uu  frontispice  représentant  les  jeux  et  les  danses  des. 
satjres.  Juvénal  j  est  avant  Perse  ,  et  ces  dei&z  poètes  j 
sont  accompagaés  d^s  notes  de  Famabeu 


<  29  ) 
are  par  ractivîtë  de  son  gënie ,  aurait-il  trotiré  dans 
s  m  agitée  assez  de  loisirs  pour  s'appliquer  à  un  travail 
là  a  sârement  exigé  plusieurs  années  ?  Racine  a  tourné 
8s  éludes  principales  vers  les  poètes  grecs  ^  dont  il  s'est 
ittHJié  à  reproduire  les  beautés  ;  d'ailleurs ,  }'ai  eu  ses 
manuscrils  entre  les  mains ,  et  les  formes  de  son  écriture , 
enoore  présentes  à  Hia  mémoire ,  ont  line  douceur ,  une 
sttatTilé  que  je  ne  retrouve  pas  dans  les  catactères  qui  sont 
soQS  mes  yeux.  Quant  à  Boileau ,   on  sait  que  la  satire 
Va  oocopé  toute  sa  vie  :  chaque  ligne  de  ses  ouvrages 
iatteste;  on  sait^ussi  qu'il  avait  une  prédilection  particu- 
lière pour  Perse  et  pour  Juvénal ,  et  il  s'est  plu  à  répéta* 
qu'ils  ont  été  ses  modèles  et  ses  guides.  Mais  comment 
oe  volume  a-t-il   «fchappé  à  Louis  Racine  ,  à  Brossette 
et  autres  personnes    qui    ont  vécu  dans  l'intimité  de 
BchWu? 

Pendant  que  mon  esprit  flottait  dans  ces  incertitudes  ^ 
je  feuilletais  avidement  mon  livre.  Je  n'y  avais  vu 
d'abord  qu'an  chef-d'œuvre  de  patience ,  j'y  reconnus 
bientôt  l'empreinte  du  génie  ;  déjà  même  j'en  subissais 
l'influence ,  et  je  ne  pouvais,  ni  épuiser  mon  admiration  ^ 
ni  satisfaire  ma  curiosité,  quand  je  séparai  deux  feuillets 
placés  au-devant  du  frontispice  ,  blancs  en  dehors ,  et 
qui  semblaient  n'avoir  pas  été  ouverts  depuis  long"- 
temps.  le  Tois  deux  pages  d'écriture.  Le  premier  mot 
est  surchargé  :  je  l'examine ,  et  à  travers  plusieurs  traits 
de  flume ,  je  .distingue  le  nom  de  Boileau.  A  la  suite  de 
ce  nom ,  je  lis  une  note  ainsi  conçue  :  <(  Le  meilleur 
»  commentateur  de  Juvénal  '  et  Perse  »  c'est  Eilhardus 
f  Ldbînas  ,  Hanovix,  1619  9  in-8.^  ,  fort  petit  carac- 
9  tère,  U  y  en  a  une  édition  plus  ancienne ,  de  dix  à 
B  dou^  ans  9  In-4.^ ,  Hanoviae  »  dont  le  sieur  Moëtte 


(  3o  ) 

»  m^a  demande  i5  lîv. ,  quoique  cet  exemplaire  fût  for 
n  use,  tache  et  sali.  Lubin  était  allemand  et  luthérien* 
»  Son  Horace  est  excellent  et  rai^e.  i> 

Il  n'en  fallait  pas  tant  pour  me  persuader  que   Fau- 
teur du  manuscrit  avait  soigneusement  étudié  les  divers 
commentateurs  sur  lesquek   il  porte   un   jugement    si 
ferme  et  si  précis.  Je  continuai ,  et  je  trouvai  une  sorte 
de  préface,  dont  voilà  la  première  phrase  :  «  L'hyperbole 
»  dominé  un  peu  trop  dans  Juvénal ,  ce  qui  sent   son 
»  homme  qui  avait  consumé  ses  plus  belles  années  dans 
»  les  cris  de  Técole  et  du  barreau.  »  Certes  ,    il   mVût 
été  impossible  de  ne  pas  me  rappeler  à  l'instant  ces  vers 
du  2.^  liv.  de  TArt  poétique  : 

Javénal ,  élevé  dans  les  cris  de  Técole  9 

Poussa  jusqu'à  Texcès  sa  mordante  hyperbole*. é  | 

et  dès  lors  je  demeurai  convaincu  que  la  prose  et  les  vers 
étaient  du  même  auteur.  Le  lendemain ,  je  courus  à  la 
bibliothèque  du  roi.  J'annonçai  la  découverte  que  j'avais 
faite ,   et  je  demandai  communication  des  manuscrits  de 
Boileau.  Un  des  savans  à  qui  la  garde  de  cette  partie 
précieuse  de  nos  richesses  littéraires  est  confiée  ,  recomiiit 
l'écriture  au  premier  coup  d'oeil ,  efme  félicita  sur  ma 
découverte.   Cependant   les    autographes   du    satînque 
français  sont  remis  entre  mes  mains ,  et  je  les  compare 
attentivement  avec  mon  volume.  Les  traits  ,  les  con- 
tours de  plume  ;  les  formes  ,  les  liaisons  des  lettres  ;  la 
disposition  ,  l'orthographe  ,  la  physionomie  des  mots  : 
tout  est  identique  ,  rien  ne  se  contrarie  ;  il  n'est  pas 
permis  d'en  douter  ,  le  livre  est  de  Boileau. 

Me  voilà  donc  posses^sur  d'un  manuscrit   inédit ,  et 
ce   manuscrit   est  Touvrage  d*un  de  nos  plus  grands 


(  3i  ) 

fk&j  de  celui   qui   exerça  une  juridiction  souveraine 

m  ses  contemporains ,  et  dont  tous  les  arrêts  ont  été 

lofirmés  par  la  postëritë.  Du  reste ,  ce  n^est  point  là 

lesssd  timide  d*un  jeune  homme  :  tout  y  respire ,  si  je 

pms  m'exprimer  ainsi  ,  la  virilité  de  l'âge  mûr.  Le  pu-* 

Uic  en  peut  juger.  Il  me  reste  un  scrupule  ,   c'est  que 

les  îeunes'gens  ,    sëduits  par  la  facilite  qu'ils  trouveront 

désormais  dans  la   lecture   de*  Juvënal  ,  ne   s*y  livrent 

a^ec  trop  d* ardeur  9   oubliant    que   ce  rigide  censeur 

conlre  les  mœurs  des  autres  ,  est  lui-même  sans  pudeur  , 

ci  qu* il  enseigne  plutôt  tort  de  commettre  des  excès  hon- 

ieai ,  qu*îl  n'en  inspire  de  f  aversion*  Cette  décision  së-^ 

vère  de  Boileau  frappe  surtout  la  satire  vu ,  en  tête  de 

laquelle    il    faudrait   graver   œtte    maxime  du    grand 

Racine  :  //    vaui  mieux  ne  point  étudier^  que  de  se 

laisser  corrompre  par  C étude.  Ces  deux  illustres  amis  , 

TOUS  \e   savez  ,  ont  donné  à  la   fois   k  précepte   et 

TexempAe. 

Je  ne  yeux  point  m'arréter  en  si  beau  chemin  ^  et 
pour  qu'à  l'avenir  vous  ne  soyez  plus  tenté  de  m'accuser 
de  laconisme ,  je  vous  dirai  que  mes  excursions  chez 
les  bouquinistes  ont  été  assez  fructueuses  cette  ai;inée. 
Outre  la  merveille  dont  je  viens  de  vous  parler  trop 
longuement ,  peut*^tre ,  je  possède  encore  : 

jj^  Le  Virgile  de  Boileau  ,  grand  in-8.» ,  sans  date, 
imprime ,  je  crois  ,  à  Venise  ,  par  les  Aides.  —  Ce  vo- 
lume contient  la  traduction  interlinëaire ,  avec  annota- 
tions, suivie  des  Bucoliques  et  des  Georgiques  de  Virgile, 
le  loni  en  français  et  de  la  main  de  Boileau*  La  rapidité 
ieson  écriture  aononce  qu'il  était  ai^  Palais  quand  il 
exécuta  ce  travail  j  remarquable  d'ailleurs  par  la  justesse 


(  50 
et  le  choix  de  l'expression.  Là ,  comme  dans  le  Juv^nal 
^t  le  Perse  ^  il  s'est  beaucoup  occupé  d'établir  le  texte  <Iik 
poète  latin.  Le  même  volume  renferme  environ  200  notes 
manuscrites   d*Ëtienne  PdSquieih ,  sur  le    i.^'   liv..  dé 
l'Enéide ,  plus  ,  quelques  notes  de  Boileaù  sur  le  même 
livre,  qni    paraissent  antérieures   à  ses  études  sur  les 
égiogues,  et  que  je    i'egarde  comme    ses  essais  en  ce 
genre. 

2i9  Le  Sulpice   Séoère  de  Éacine  ^  m- 12.  ,    1^74. 
— -  Les  deux  livres  d'histoire  sont  annotés  en  latin  •  de— 
puis  la  première  jusqu'à  la  dernière  page  :  l'historien  y 
est  souvent  rectifié,  et  l'autoriU  de  ïansénius  fréquent* 
ment  invoquée.  Ce  travail  est  d'autant  plus  précieux 
qu'il  appartient  .ail  temps  où  le  génie  de  Racine ,  alors 
dans  toute  sa  vigueur  ,  cherchait  un  nouvel  aliment  dans . 
rhistoire  sainte.  Sur  le  premier  feuillet ,  au-devant  du 
titre ,  se  voit  l'extrait  d'une  lettre  de  Scaliger  ,  qui  peut 
expliquer  pourquoi  Racine  a  dit  Séçère  Sulpice ,  et  non 
Sulpice    Sévère  ,   dans   là  préface  d*Athalie  :  ce  que 
GeofiFfoy  lui  a  reproché  un  peu  légèrement. 

3.^  Une  des  éditions  originales  de  BoUeau ,  Paris  ^ 
1674  9  in-4.^  9  ayant  appcurtenu  à  Radne,  qui  a  trans- 
crit ,  en  marge  des  satires ,  les  passages  d'Horace ,  de 
Perse   et  de   Juvénal ,   imités  par  Boileau; 

4.**  Un  Abrégé  de  lu  Grammaire  grecque  de  Port- 
Royal^  in-S.^ ,  Paris ,  i655  ,  au  commencement  et  à  la 
fin  duquel  se  trouve  un'  supplément  relatif  à  la  syntaxe 
et  à  la  ponctuation ,  formant  cinquante  pages  environ , 
écrites  entièrement  de  la  main  de  Racine. 

5.*  Les  Offices  de  Cicéron  ,  vol.  in- 12. ,  sans  litre, 
bien  conservé  d'ailleurs ,  et  dont  l'impression  appartient 


(  33  ) 
«  XTi.*  siè<:lep  Lies  ftoilleté  269  et  aaS  *,  qui,  ^  selon 
(ÊÉt  apparence  ,  manquaient  déjà  quand  ce  volume 
ifini  la  propriété  de  Boileau ,  sont  copiés  de  sa  main, 
in  écriture  peu  assurée  et  knal  alignée  ,  annonce  ^'il 
aaît  fort  jeune  quand  il  fit  cette  copie. 

6.^  Le  Phèdre  de  Boileau  ^  ^ii  in- 4-*  dont  on  a 
mesk  arradié  le  titre  ;  bonne  édition  donnée  pat  Tannegui- 
LeEèvre^avec  un  commentaire  latin.  A  la  page  33,  sur 
le  S/  ^ers  de  la  fable  20  ^  liy .  ui  (  Rogati  mox  à  quodam  y 
AêofCko  suo...fc'),  on  lit  la  note  suivante  :  «  Nimirum  de- 
»  Udum  GaUorum  Tocat  asinum ,  ut  Virgilius  ,  in  Copa  s 

fine  ^  Âlibida  ^  Teni  ;  fessas  jam  sudat  asellas  t 
Parce  iUî ,   Testrum  delîcium  est  asinus. 

»  Batio  autem  cur  asinus  Gallorum  delicium  vocetur  ^ 

9  ea  est  quod  Gallis  illîs  nimirum  lascivis  fœdse  libidinis 

»  nûnisterîumpnsstabat ,  ut  docet  Âpuleius ,  in  Mîlesia.i» 

Cffjk\fc  ncte  eiâi  inaWieuTeusement  la  seule  que  Boileau  ait 

écrite  sur  son  ro/ume. 

7.*  Les  ConstUuiions  de  Pori-Rçyal  ^  petit  in-ï2.  ^ 
II00S9  i665 ,  avec  une  table  de  vingt  lignes  ,  écrite  par 
Boileau  sur  le  revers  blanc  de  la  couverture. 

%.^  hes  Amours  de  Trisiàn^  in-12. ,  i66a ,  avec 
cmq  ou  six  lignes  de  Boileau  ,  pag.  19S  et  216. 

9.*  Les  Sentences  de  P.  Syrus^  grecques-latines ^ Paris, 
iii-8.^  y  161 1 ,  avec  deux  lignes  seulement  de  Racine 
à  la  pag.  4. 

J*ai  bien  encore  quelques  autres  raretés ,  telles  que 

\Hûrace  de  Scarron^  qui,  après  avoir  mis  son  nom 

deox  fais  sur  le  titre ,  s*est  contenté  dé  pointer  les  vers 

fo/  aat  ûxé  san  attention  ;  ««  un  ïiouçeau^Tesiameni 

Tome  ril^  5 


(34) 
grec  9  avec  des  notes  latines  fort  piquantes ,  et   que  ji 
crois  de  Mënage  ;  etc.  Sed  omnia  nugœ  prœ  Baleani^ 
€t  Racmianis* 

Voilà  bien  du  papier  griffonné  :  je  ne  sais  pourtant  si 
la  longueur  de  ma  lettre  vous  fera  oublier  ma   négli- 
gence à  vous  écrire  ;  toutefois  j'espère  être  pardotirië  en 
faveur  du  Virgile  et  du  Juvénal  français ,  pour  qui  je 
conn^iis  votre  faible  ,  et  dans  cet  espoir,  je  tombe    h. 
leurs  pieds  et  vous  baise  les  mains. 

Pahblls. 


1  H.  B.)  UN  DES  RÉDACTEURS  DES  ARCHIVES  DIT  RHÔNE. 

Dijon,  a6  sepfliiibre  tSay. 

Monsieur  et  cher  confrère. 

Depuis  que  vous  avez  bien  voulu  donner  place  dans 
vos  Archives  (i)  ,  à  ma  lettre  sur  le  Recueil  des  sceau jc* 
du  moyen  âge ,  dits  sceaux  gothiques ,  j'ai  trouvé ,  sans 
la  chercher,  une  nouvelle  autorité  en  faveur  de  mon 
opinion  sur  lé  véritable  auteur  de  cet  oirvrage.  Cette 
autorité  m'a  été  indiquée  par  V Examen  critique  et  com-- 
plément  des  dictionnaires  historiques  les  plus  répandus  , 
tom.  I."  (A.  J.)i  ouvrage  de  feu  M.  Antoine  -  Alexis 
Barbier,  publié  en  1820  ,  in-S,**  Voici  comment  s*ex- 
prime M.  Barbier,  pag.  i43 ,  article  Baudet  { Antoine) x 
»  M.  Ghaudon  dit  que  Boudet  a  publié  un  Recueil  des 
»  sceaux  du  moyen  âge....  Il  a  publié  cet  ouvrage  comme 
»  imprimeur-libraire ,  mais  V auteur  de  t ouvrage  est  le 

(i)  Tome  yi,  pag«  iSi-igS. 


<  35  ) 
lURQuis  DB  MiGUBu ,  de  Dijon  (i) ,  ainsi  que  le  dit  le 
f  jc^tknàl   d£s    sayàks  ,   de    tannée    1779  ,    édition 
id'HoUande«  ^ 

Remarquez  ,  fe  vous  prie ,  que  Tannée  1 779  est  prë- 
dsenent  celle  de  la  publication  du  Recueil  des  sceaux 
èg  moyen  âge  ,  et  que  personne  y  pas  même  Tabbé 
Boullemier  ifu^aujourd'hui  notre  confrère  M.  le  docteur 
¥alWl  en  prétend  i*auteur  ^  ne  s*est  avise  de  contredire 
Tafiserlion  du  Journal  des  5â^^/z5  :  journal  que  notre 
dode  bîUiothécaire  connaissait  très-bien  (2).  j*ai  donc 
^lé  findé  à  restituer  l'ouvrage  dont  il  s*agit ,  au  marquis 
delfigîai. 

Je  trouve  aussi  dans  l'article  Boudet ,  loco  ciiaio  ^  le 
passage  saÎTaHt^  qtti  ipe  parait  devoir  servir  de  cor- 
rectif à  ce  que  j'ai  dit  de  ce  Lyonnais ,  dans  ma  pre^ 
mière  lettre  ,  d'après  la  Biographie  uni9ersclle  %  ce  II  n'est 
pas  ^raâ....  que  M.  Boudet  ait  été  ^  en  1 74^  9  l'inventeur 
du  '^ovittiaSk  \ii\\Vu\é  :  \es  Affiches  de  Paris ,  açis  dii^ers  , . 
^c  Void  ce  ça 'on  fit  dans  le  Journal  des  saisons ,  édi- 
tion J'Hb/fande,  au  mois  d'août  1716:  <^  Le  sieur 
9  Thiboust ,  libraire-imprimeur  ,  vend  chaque  semaine , 
>  uâe  brochure  in-12  qui  contient  les  Affiches  de  Paris , 


»  '»*' 


(i)  La  bibliothèque  de  l'académie  de  Lyon'  possède  le 
catalogoe  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  château 
de  Savignj ,  appartenant  à  M.  le  marquis  de  Migieu.  Ce 
ntalogue  est  écrit  de  la  main  de  M.  de  Mîgtea  lui-même  y 
fu  en  avait  £ftit  don  )k  M.  AdamolL 

B. 

(2)  M.  Boullemier  était  le  conservateur  de  la  bibliothèque 
paUiqae  de  Dîjon^  rîdie  de  409O00  volUflies  ^  parmi  lesquels 
«ndûtiiigae  la  collection  du  Journal  des  savons  • 


(  36) 
»  des  propinces  et  des  pays  étrangers.  Ce  recueil  corn- 
»  prend  les  affiches  des  matières  de  pieté ,  des  ordon- 
»  nances ,  de  quelques  arrêts  de  cour  souveraine ,  des 
»  livres ,  des  ventes  publiques ,  des  spectacles  et  d'autres 
»  affiches  pour  les  sciences  et  les  beaux-arts,  etc.  » 
Voilà  rinventeur  de  cette  espèce  de  journal  ;  M.  Boudet 
est  auteur  de  la  collection  qui  commença  en  174^* 

Voilà  ,  mon  cher  confrère ,  ce  que  j*ai  cru  devoir 
vous  communiquer  comme  supplément  essentiel  à  ma 
lettre  sur  le  véritable  auteur  du  Recueil  des  sceaux  du 
moyen  âge ,  m'en  rapportant  à  vous  sur  le  sort  que 
vous  destinerez  à  celle-ci. 

Agréez  )  etc. 

C.  N.  Amanton. 


ACADEMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS  DE  LYON. 


PROGRAlfHE  DES  PRIX  PROPOSÉS  POUR  1828. 

L'Acadëmie  avait  mis  an  concours  9  pour  1827 ,  les  sujets 
de  prix  suiyans  : 

i.^  Eloge  ^  en  vers  ou  en  prose  ^  de  31.  le  major-gé^ 
néral  MARTllf  y  lyonnais,  mort  aux  Indes. 

Deux  pièces  de  vers  ont  été  enTojëes  ao  concours.  Le  prix  n'a  pas 
ëtë  dëcemë.  Le  même  sujet  est  propose  de  nouyeaa. 

2.^  Prix  fondé  par  M.  RAYMOND,  négociant ,  né  à  Ljon, 
domicilié  à  Paris.' 

Une  médaille  d'or  de  5oo  firancs  9  au  meilleur  discours 
développant  les  moiifs  gui  dois^nt  intéresser  tous  les  peuples 
de  la  cltrétienté  à  la  cause  des  Grecs» 


(37> 

Ce  prix  •  été  dbmië  à  M.  Lébn  Fandler  t  licencie  ê8*lettretf  ^ 
Amenrimt  à  Paris  i  rue  8t-Gennain-de84'ré8 ,11.10» 

Uoe  méflaille  de  distinction  a  été  accordée  à  M.  P.  Benoit ,  de- 
■enraiit  me  des  Fenillans ,  à  Lyon. 

B  tt  été  fait  mention  honorable  da  cNiseonn  lMire|;Î8tré  sous  le- 
n.*  7  do  concours  ,  et  portant  une  épigraphe  tirée  d'Eschyle ,  Us 
FcTMes  ,  T.  40*  »  ^^^  ^  <ln  Theit. 

S^  Prix  fonde  par  M«  Baboin  de  TA  Barohuêiie. 
DdSeermîncr  /a  meilleure  organisation  à  donner  à  Vécole 
de  la  Martinière  y  destinée  aux  arts  et  métiers  9.  etc. 

Trois  jumoires  ont  été  envoyés  au  concours.  Ancun  n'a. été  cou- 
ronné. D'après  l'offre  du  fondateur ,  une  médaille  de  aoo  fr.  a  été 
décernée  à  M.  Angnstia  Possourd-^,  aut^nr  du  méttoin»  n#?'  3.  lue 
sojet  de  prix  est  vends  au  concours. 

4.^  Prix  fondé  par  M.  Ghristia  et  reconstitaé  far  M* 
le.  mariais  de  Kaolz. 

Une  médaille  de  3oo  fr»  au  meilleur  méhMirfi^  sur  une 
partie  qudconque  de  la  statistique  9  etc. 

Anoaa  onwa^en'a  été  eniK)#é  «n.conooorsii  Le  prix^est  doublé  et< 
la  au\et  proposé  de  nQ\KVc»9« 

S.^'  H éflie  ibndaiîbm 

Qtttf/p  sont  les  moyens  de  mettre  lès  Brotteam»  ^  terrt^ 
toire  de  la  Guilloiiêre ,  à  F  abri  des  inondations ,  etc. 

Un  seul  mémoire  est-  parrenn  A  l'académie  sur  cette  question.  Le 
prix  n*a  pas  été  ad}iigé.  Une  médaille  a  été-dônnée  A  M.  Lefrançoisy 
employé  du  génie  militaire  A  LyoDi  aoImMrî  du  mémoire  et^d^  deux 
plans  qui  y  sont  joints* 

6.®  Même  fondation.  ^ 

Prix  de  3oo  fr.  relatif  à  la  vemiUaihn* 

n  n'a  pas  été  décerné,  aucun  mémoire  n'ayant  été  présenté  a» 
concours.  Ct  sujet  est  retiré; 

7.^^  Prix  fondé  pa9  M;  Mbtfhida  Bonafous. 

Indiquer  les  vices  des  assolemens  dans  le  département 
dû  BhSne  j  et  les  moyens  Jty  remédier. 

Aucun  mémoire  n'étant,  paryeno  A  l'académie,  sur  ce.  sujet ,  il  eit 
proposé  dé  nouyean. 


(38  > 

"Deux  prix  d'encoaragement  paui-  l'iiidastne  lyonnaûe ,  iondéa  pm»^ 
M.  le  duc   de  Plai^aoce ,   ont  été  remport<^i ,  Tua  par  M..   Pierre*. 
LuiNTEiAES  ,     inventeur   d'une   nouvelle  machine  pour  le  pliage  «le^ 
de  la  chaîne  sur  le  rouleau  du  fabricant ,  et  l'antre  par  M«  Maibiat  «, 
anteur  d'autrea  îmioiationfl  favorables  auasi  an  métier  de  toieriea. 


li* Académie  propose,  poar  182Ô9  les  siijets  de  prix  ftaiyaittf  : 

1  .^  Eloge ,  en  vers   ou  en  prose  ^  de  M.  le  major^é^ 
nëral  Martin  ,  lyonnais  ,  mort  aux  Indes. 
Médaille  de  5oo  fr. 

9.®  Prix  fonde  par  M.  Baboin  db  la  BarolLièiie. 

Déterminer  la  meilleure  organisation  à  donner  ^  racole 
de  la  Maitinlèrie ,  destinée  aux  arts  et  métiers ,  et  prin- 
cipalement à  ceux  qui  ont  des  rapports  ayec  les  mana- 
factures  lyonnaises. 

Indiquer  en  conséquence  la  nature  et  le  i)M>dé  d'eiiseîgiie^ 
ment  9  soit  des  garçons ,  soit  des  fiUes,  et  les  avantages  ou 
les  incouTéniens  d'appeler  de  jeunes  filles  aux  études  de 
l'institution  y  le  nombre  ,  la  qualité  et  ke  sexe  des  proleé- 
sears  014  maîtres ».ta. division. de  l'enseignement  en  théoHe^ 
et  ei^  pratique  \  la  police  et  le  .gouTçrne|iie!iit  intérieur  dis 
rétabiissemeot^  le  nombre  des  élèves  int^nes  et  des  élèyes 
externes  \.  les  avantages  ou  les^  inconTéniens  de  conserver 
ou  de  i^endre  public  le  secret  des  procédés  ;  les  essais  de 
perfectionnement  des  procédés  actuellement  connus  9  qu'on 
pourrait  introduire  dans  l'enseignement:  .    . 

Les  concurrens.ç<M3abiBeron(t  letits  rues  avec  les^  prij^ei* 
paux  élémens  d'oi^anisation  aiTetés  par  l'Académie  ,  et 
avec  l'esprit  du  testament  du  major^géaéral  Martin*  Us 
supposeront  un  revenu  de  £^0,000  fr.  applicables  au  service 
de  rctablissemeot ,  et,  s'ils  le  jugent  à  propos ,  un  revenu 
plub  élevé  résultant  des  chances  prévues  par  le  testament 
pu  d^'aup^es  ressources • 

L'Académie  déclare  qu'en  appelant  l'attention  des.con- 


/ 


<  39) 
mur  plv^iecur»  objeU  particuliers  de  diiCQs»ion, 
et  n'a  pa«  1  intention  d'assigner  des  bornes  au  dëv^Iop. 
fEmemt  de  lears   idées  (i). 

S.^  FoBdatioii  GhuistiH'-^be  R^ôtZi 

Une  mëdaîlle  de  600  fip.  ou  meilleur  mémoire  sur  une 
fûriie  qudcim^ue  de  la  statistique  du  département  du 
fi&oRtf  ^  fM  de  ta  ville  de  hyon  en  pafticulier. 

4*^  Même  fondation* 

Une  médaille  de  600  fr.  aa  meilleur  mémoire  qui  în- 
HsfÊtTA  ^piel<{ae  brancbe  nouyelle  d'industrie  k  introduire 
à  LjoQ. 

&*  Prix  fondé  par  M»  Mathieu  Bonaidus» 

Indiquer  les  vieer  des  assolemens  dans  le  département 
du  Bkone  et  les  moyens  dy  Remédier. 
MédaUle  de  5oo  fr. 

Tous  les  ouTrages  enyoyës  au  concours  doivent  porter  en 
tête  une  derîse  ou  épigraphe  répétée  dans  un  billet  cacbetëy 
couleuaaft  ^es  noms ,  qualités  et  demeure  d«^  auteurs* 

Os  doirent  être  enTOjés  francs  de  port ,  avant  le  3o  juin 
18^  f  â  Jf.  DumàBj  Secrétaire  perpétuel  ^  à  MM.  Tabarcau 
on  Breghot  du  Lut  ^  Secrétaires-adjoints ,  ou  à  tout  autre 
membre  de  Tioadémie. 

Les  prix  seront  décernés ,  en  séance  publique  j  le  der^ 
BÎer  mardi  du  mois  d'août  1828.  • 

A  la  même  époque  seront  distribués  leâ  prix  d'eucourage»^ 
ment  fondés  par  M.  le  duc  de  Plaisange  ,  et  destinés  aux 
astîstes  qui  aidaient  fait  connaître  quelque  nouveau  procédé 


(1)  £«•  concurrens  qoi  désireraient  avoir  une  connaissance  positiye 

h  la  délibération  de  l'Académie  da  10  aept^mbre  1839 ,  et  des  termes    j 

Al  kOament  qui  y  août  consignes ,  pourront  en  faire  prendre  com- 

SBokâtion  dans  le   lieu  des  séances  de  l'Académie ,  au  palais  da 

Commerce  et  des  Arts  ,  et  même  faire  demander  des  exemplaires  im.- 

pjaés  de  cette  ^éliMnAion. 


(  4o  ) 

atàntagenx  {Kmr  les  manafectams  lyonnaises,  tels  qiie 
moyens  ponr  abaisser  le  prix  de  la  main-d'œaTre ,  pou  v^' 
économiser  le  temps  ,  pour  perfectionner  la  fabricatiova  ^ 
pour  introduire  de  npoTeHes  branche»  d'industrie ,  etc. 

\tes  artistes  qui  yeulent  concourir  peuvent  s'adresser  ». 
4ans  tous  les  temps ,  à  MH[.  les  Secrétaires ,  ou  à  MIMF. 
Cochet,  Eynard,  Arthaud  et  Régny,  composant  la  corn,— 
Viission  spéciale   chargée  de  recueillir  les  nouyelles   izt^  ' 
Tentions  et  les  pi^çédés  utiles. 

ÇREDIN  ,  Président  -, 
DUMAS ,  Secrétaire  perpétuel*. 

30CIÉTÉ  ROYALE  D'AGRICULTURE , 

HISTOIRE  liATURELLE  ET  ARTS  UTILES. 


PROGRAMME  DES  PRtX  PROPOSÉS  POUR  1828. 

I.  Trouver  le  moyen  de  détruire  la  pyrale ,  ou  ver  d#> 
la  vigne ,  autrement  que  par  Téchenillage ,  ou  indiquer  le 
mode  le  plus  facile  et  le  moins  dispendieux  d*écheniller 
la  vigne.       ^ 

Les  concui:rens,  pourront  traiter  Tune  et  Fautre  de  ces 
questions  •  ou  seulement  une  d'elles  ;  .Us  devront  joindre 
^  leurs  mémoires  le  journal  des  expériences  qu'ils  auronjt 
faites. 

Le  prix  de  ce  concours ,  dont  les  fonds  ontété  faits 
par  MM.  Coubayon  et  Gourd ,  négocians  à  Lyon  ,  con- 
sistera en  une  médaille  de  la  valeur  de  six  cenjls  fiancs. 

n.  Produire  le  meilleur  ouvrage  manuscrit  propre  à 
i^pandre ,  chez  les  propriétaires-cultivateurs  et  les  fer^ 


(  41  ) 
ners  9  les  plas  saines  ainsi  qtte  les  plas  positives  coi^ 

naissances  théoriques  et  pratiques  sur  l*agriculture. 

La  forme  de  cet  ouvrage ,  qui  ne  devra  pas  avoir 

moins  de  100  et  plus  de  iso  à  i5o  pages  in-185  est 

laissée  à  la  disposition  des  concurrens  ;  ceux-ci  doivent 

surtout  bien  se  pénétrer  que  cet  ouvrage  sera  destiné  à 

deveoiv  le  Manuel  de  Tbabitant  des  campagnes ,  et  qu'à 

l'exception  de  l'exactitude  et  de  la  sévérité  des  principes 

agronomiques ,  son  principal  mérite  consistera  dans  la 

clarté  et  la  simplicité  du  style. 

La  société  prévient  aussi  les  concurrens  qu'elle  se  ré- 
serve la  propriété  de  l'ouvrage  couronné ,  son  intention 
étant  de  le  livrer  à  l'impression ,  et  de  le  répandre  avec 
abondance  dans  les  campagnes. 

Le  prix  de  ce  concours  sera  une  médaille  de  la  valeur 

de  trois  cents  francs. 

•i 
70UB.  1829. 

L  Produire  fe  meilleur  traité  sur  les  fruits  et  les 
plantes  potagères  que  l'on  cultive  dans  les  jardins  du 
département  du  Rhône  »  ou  qui  peuvent  y  être  acclimatés. 

Ce  traité  devra  renfermer  au  moins  les  divisions  sui-^ 
vantes  : 

i.^  La  description  botanique  des  genres,  espèces  et 
variétés  généralement  cultivés  dans  les  jardins  des  envi- 
rons de  Lyon  ; 

2.®  La  détermination  des  espèces  et  variétés,  qui  méri- 
tent la  préférence ,  sous  le  double  rapport  de  la  salu- 
brité et  de  l'abondance  des  produits  ; 

3.^  La  nomenclature  et  la  description  des  genres  et  des 
espèces  qu'il  serait  avantageux  d'acclimater  dans  notre 
pays; 


(40 

4«^  L'exposition  des  meilleurs  iprocéàés  h  mettre  tm 
usage  pottr  améliorer  ce  genre  de  culture.. 

Le  prix  de  ce  concours  sera  une  médaille  d'or  de  la 
valeur  de  600  fr. 

n.  Exposer  là  tbëorie  de  l'action  des  engrais  dans 
Tétat  actuel  de  nos  connaissances. 

La  Société  dési^  que  cette  théorie  toit  appuyée  au- 
tant que  possible  sur  des  expériences  et  des  observations 
nouvelles. 

Le  prix  sera  une  médaille  d*or  de  5oo  francs* 

III.  Indiquer  les  plantes  qu'il  serait  avantageux  d'en- 
fouir comme  engrais  dans  nos  climats  ,  et  déterminer 
l'action  fertilisante  de  ces  plantes,  comparée  à  celles 
d'autres  engrais. 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'or ,  de  la  valeur 
de  3oo  francs. 

Les  ouvrages  pour  les  concours  de  Tannée  1828, de- 
vront être  parvenus  avant  le  i.*' juillet  1828.  Ceux  qui 
concourront  pour  les  prix  de  1829 ,  devront  être  reçus 
avant  le  1."  décembre  1828. 

Les  concourrens  de  tous  les  pays  sont  admis  à  ces 
concours  ,  à  l'exception  des  membres  titulaires  de  la 
Société. 

Les  mémoires  seront  adressés  au  secrétaire  de  la  So- 
ciété ou  à  tout  autre  membre  du  bureau. 

Indépendamment  de  ces  récompenses ,  la  Society  dis- 
tribuera des  médailles  d'honneur ,  de  la  valeur  de  25  fr. 
à  des  cultivateurs-propriétaires ,  fermiers  ou  même  sim- 
ples valets  qui  auront  bien  mérité  de  Tagricullure  du 
département. 

Les  programmes  développés  de  ces  concours  ont  été 
publiés  par  les  soins  de  la  Société.  Grogmea.. 


(  43) 


HISTOIRE. 


I0TC  âes  dépotés  des  proTÎnccs  de  LjoDmiis ,  Fôrex  et  Beanjolins  > 
da  dfl^utcweaft  de  Rhôn^-et-Loira  et  do  dépârtoMent  du  iUi6De  , 
mjL  «wwcmWéfi   l^islatiTes  ^  depuis  1789  iusqu'à   1837  inclusi- 


1  ASSB1IBI.ÉE   CQfrSTlTVAITTE.     I789-I79I   (l). 

Lton  5  clergé» 

L'aU)é  Jean-Antome  de  Castellas ,  d(5yen  du  chapitre 

des  dianoines  comtes  de  Lyon  (2). 
FUdiat  ,  curé  de  Notre-Dame  de  St-Chamont. 
Uayel  ,  curé  de  Rochetaillëe. 

Xicmis  CSbarmi  iftVaL  Hoche  ,  pré\6l-curé  de  la  paroisse 
dAinay  (3). 

Idem,  noblesse. 

Le  marquis  de  Montdon 
De 


(1) Celle  assemUSe  iîlatl  composté  Hé  I9200  membres,' 
et  file  a  «nlisislé  depuis  le  5  mH  1 789  |«sqa'aa  3»  si^ 
temluc  1791.  . 

(2)  Voj.  Biogr.  mod.  éflîl.  .de  Leipzik  ;  Pfaris  ,  Ver^^ 
telles  a  les  provinces  ,    181 7  i,  tom.  lii  ,  pag*  5lo. 

(3)  nié  h  Ly<m  le  17  mai.iySS,  moit  ^Tâqwe  d^  Ver- 
fiSBes  depaia  1802  9  le  17  mai»  1827.  Voy.  u^/iit^*  iitf 
*fc,  tooL  V  ,  ^ag.  599. 


(44) 
Le  marquis  de  Loras. 
Pierre-Suzanne  Deschamps ,  avocat  (i)* 

Idem ,  tiers-état  de  la  vUle^ 

Milapois ,  avocat  du  roi  à  la  sënëchaussée^ 
Périsse  du  Luc ,  libradre. 

Couderc ,  banquier  protestant  (2)«.  » 

Goudard  aine ,  négociant. 

Idem,  tiers-^tat  de  la  sénéchaussée^ 

Girerd ,  médecin  à  Tarare. 
Trouillet ,  négociant 
Nicolas  Bergasse  ,  avocat  C^X 
Durand,  négociant 

FoBMZ  9  clergés 

Coulard ,  curé  de  Roanne. 

Gagnières ,  curé  de  St  Cyr-les-Vîgnes. 

Idem  I  noblesse. 

De  CrézoUes. 

Jean-Baptiste  Nompère  de  Champagny ,   major  dé  vais- 
seau (4)- 
De  Rostaing. 


(i)  Aateur  de  Tarticle  AâulAre  A93ù%*\e  Dictionnaire  des 
arrêts  de  Prost  de  Rojer,  membre  de  l'académie  de 
Iijon  9  mort  après  ta  stége ,  à  la  sortie. 

(2)  Mort  en  mai  1809» 

(5)  Né  en  i  ySo ,  encore  vivant  y  si  connu  comme  pu- 
Wciste  et  comme .  écrivain* 

(4)  Depuitf  duc  de  Cadore  9  etc.  >  nié  à  Roanne  en  i^^k 


(45  ) 

Idem  y  tiert-éiaip 

yer^  propiiëtaîre  4  Montbrisoa^  offider  du  point 
d'hoaneur* 

lichard,  propriëiaire. 
liloioe-François   Delandine,  avocat  (i). 

BkavjolaiSj  clergé. 

Dcs^ernaj,  curé  de  Yîllefranche. 

m 

Idem  y  noblesse. 

Le  marqins  Louis- Alexandre-Elisëe  de  Monspey. 

Idem  y  iiers-^ioL 

Ghailev Antoine  Chasset ,  avocat  à  Villefranche  (2)« 
Humblot ,  négociant  à  Villefranche. 

1\.  kusaoïix  liEGiSLXfivifi ,  1791  C3)* 
Ikpartemeni  de  Bhône-et^Loire  (4). 
Handion ,  cultivateur  à  Chamelles. 

(0  Ne  à  Ljon  le  6  mars  1766 ,  mort  le  5  mai  1820, 
nteor  d'un  grand  nombre  d*otiTrage8  sur  la  politique  y 
fUitoîre  ,  la  bibliographie  ^  etc. ,  biUiothëcaire  de  la  ville 
it  Ljon  et  membre  de  Tacadémie  de  cette  rille. 

(s)  De|mb  membre  de  la  conyention  et  du  conseil  des 
eiiMi  cents  ,  sënatenr ,  comte ,  etc. ,  ne  k  Villefranche  le  a5 
■laî  17469  mort  en  i8!26. 

(5)  Elle  était  coniposëe  de  750  membres ,  et  elle  a  sub- 
Bflëdepiiîa  le  i/'  octobre  1791  jusqu'au  ai  septembre  j  792. 

(4)  Les  troia  provinces  de  Lyonnais  ,  Fores  et  Beaujolais 
liprent  cette  dënomûution  par  décret  du  5  féYrier  1 790  y 


5*6) 

George  Caminet ,  négociant  à  Lyon  (î)é 
Chîrat ,  procureur-gënéral-syndic  du  dëpartemeht» 
Collomb-de-^âst  ^  juge  de  paix  k  St  Chamont. 
Dupuy  ^  fils .,  homme  de  iol ,  juge  au  tribunal  du  dis<^ 

trict  de  Monibrison. 
Duvant ,  homme  de  loi  à  Nëronde^ 
Jovin  -  Molle ,  administrateur    du  département    à  St^ 

Etienne. 
Adrien-Lamourette  ,  ëvôque  constitutionnel  du  dépar-^ 

tement  (a).  /  * 

Larochette ,  procureur-gënëral-syndic  du    district   de 

Roanne. 
Pierre-Edouard  Lémontey ,  homme  de  loi  ,   substitut 

du  procureur  de  la  commune  de  Lyon  (3)» 
Michon  -  Dumarais ,  administrateur  du  département  à 

Roanne. 
Sage ,  administrateur  âfi  départemœt. 
Sanlaville  ,  notaire  à  Beaujeu. 
Saunier  ,  propriétaire  à  Lantîgné. 
Thevenet ,  cultivateur  ,  administrateur  du  directoire  du 

district  de  la  campagne  de  Lyon. 


et  la  conservèrent  jiisqu*au  «g  bramaîre  an  II  (  19  no- 
vembre 1795),  époque  oh  elles  furent  divisé&s^e»  deux 

départemens. 
(0  Nommé  en  1800  juge  à  la  cour  d'appel  de  Lyon  > 

mort  depuis  quelques  années. 

(2)  Né  à  Fervent  >  dans  le  Boulenois  ,  coûdamné.à  maçt 
et  exécuté  à  Paris  en  janvier  1794  5  *gé  de  5a  ans.  Voy. 
son  article  dans  la  Biogr.  unit». 

(3)  N^  à  Lyon  le  14  janTÎer  176a ,  mort  à  Pms  le  27 
juin  1826.  Voy.  archives  da,Bh6ne  »  tom.  IV,  pag.  3o5-5i  7. 


c  4r) 

ff 

Suppléons» 

ièmiidbel ,   médecin  à  Montbrison. 
ifcdlm-Béraud. 
kin-Joseph  Estoumel. 
Ffâlon. 

C]cr>oa^  anden  conseiller  à  la  sën^haussëe  de  Ville-- 
Eranciie. 

IIL    COirVKNTIOlï    NATIONALE.    1792    (l). 

Déparument  de  Rhéne^i^Loif^e.  (a)* 

Louis  Vitcl  5  médecin  ,  maire  de  Lyon  (3). 
Duboacjiet,  médecin  à  Montbrison  ,  déjà  nommé  (4). 
MaroelHn-Béraud ,  déjà  nommé. 
Pressarîn ,  chirurgien  à  Lyon ,  substitut  du  procureur 

de  \a  commune  (5). 
£iU^Tier-\«râ&->^\dbilor  Patrin  (6). 
Bioiilin  (7). 


(1)  Elle  âait  composée  de  760  membres  ^el  eUe  a  subsisté 
depois  le  21  septembre  1792  jusqu'au  26  octobre  1795. 

(s)  Le  coU^e  électoral  fut  cooT^ijué  à  St  Etienne. 

(S)  Vé  à  Ljoa  en  1736  9  mort  à  Paris  le  aS  mai  1809. 
?oj.  Archi».  du  Bhéne  9  tom.  VI 9  pag.  557  9-  et  Biogr, 
Mtiwm  tom*  XLêDL 

(4)  n  irota  la  mort  de  Louis  XVI. 

(5;  Jébm. 

^  Gâèbre  minëralogisté ,  membre  de  Tinstitut  »  iaé  à 
Ijooea  1^42  y  mort  à  St.  Vallier  le  iS  août  i8i5« 

(Jlll  TotiL  U  miort  dn  roi. 


(  48  )    \ 

lacques  Forest  (i). 

Noël  Pointe  (2). 

Cusset ,  ouvrier  en  gazes  (3).  « 

A.  Fournîer. 

Charles  Javogae  (4)> 

Lanthenas  (5). 

Bupuy  fils ,  de  Montbrison  ,  dëjà  nommé  (6)» 

Chasset ,  avocat  à  Villefranche ,  dëjà  nommé* 

IV.  Conseil  des  cinq-cents.  lygS*  (an  iv)  (7)é 

Pierre-Tliomas  Rambaud  (8)» 

Camille  Jordan  (<))• 

Paul-Emilien  Bëraud  ,  avocat  (lo). 

Imbert-Colomès  (i  i). 

- .-  .         I        -       -  ■    -■    —   ■      . ^ ■ ^ 

(i)  Depuis  juge  à  la  cour  d'appel  de  Lyon  ^  mort  il  j  a 
qnelqaes  années. 
(2)  Il  vota  là  mort  da  roi. 
(5)  Idem. 

(4)  Ne  en  1789  à  Bellegarde  en  Fores  ,  non  en  Boni^ 
gogne  y  comme  le  dît  la  Biographie  unis^erseîle ,  condamna 
à  mort  le  9  octobre  1 796  ^  déma  gogne  forcenéi  II  vota  la 
niort  du  roi. 

(5)  Il  TOta  aussi  la  mort  du  roi« 

(6)  Idem. 

(7)  Cette  assemblée*  a  subsisté  depuis  le  4  novembre 
1795  jusqu'au  9  novembre  1799.  ' 

(8)  Ancien  avocat  du  roi  \  la  sénéchanssée  ,  puis  procn-« 
reur-général  à  la  cour ,  puis  maire  de  Ljon  ,  actuellement 
vivant ,  retiré  des  affaires  «  né  à  Lyon  en  mars  1 754. 

(9)  Né  à  Lyon  le  11  janvier  1771  9  mort  le  19  mai  182  r. 

(10)  Né  à  Lyon  le  28  mai  1750  9  actuellement  conseiller 
à  la  cour  royale  de  Lyon. 

(11)  Ancien  échevin  ,  né  à  Lyon  ^  morte  Batàen  1809, 
âgé  de  84  ans. 


<49) 
lime  Mayeùvrfe  de  Ghampvieujc  (i)i 

UCayre. 


fidhd  Garret  ,  chirurgien ,  nomme  en  1798  (2)1 
V.  CcmiPs-IiSGisiiiLTir;  1800  (an  viii)  (3)i 


ABait,  mtembre  Au  conseil  des  anciens^ 
Paul  Cayre,  déjà  nomme. 
Joseph  Fnlchiron  aîné  ^  I>anquîerv 
Ricanly  d^  tiommë. 

VL   COBPS     LÎÈGISLATIF.  1864   (ÀK   Xu). 

Kene^Françob  Rieussec,  juge  à  la  Cour  d*appel  de 

iean^iaoqaes  Corcelette ,  juge  au  ^ibunal  de  preraièfft 
ioslance  à  YiUefranche. 

YQ.  Cous  lie isLATir.  i8io*i8i5  (5)^ 
Pîerre-Françoîs  lUeussec ,  déjà  nommé. 


■*fc 


(i)  Ancien-  conseiller  )i  la  cour  des  monnaies  et  an  ccmsell 
sapérienr^   né  à   Ljon   le    ix    janyier  1743 ,  mort  le  9 

{^^Vé  ^Lyon  vers  1752 ,  mort  à  Paris  en  1820.  Il  ayait 
âé  da  conseil  des  anciens  et  fut  nommé  membre  du  tri* 
kmat  la  4  niyôse  an  VIIL  II  a  présidé,  la  fédération  pa- 
lisienne  en  i8i4- 

(3}  Cette  aasemUée  était  copuposéè  dé  ^3oo  membres  } 
dka  solusisté  depuis  1800  jusqu'au  %^  mai  i8p4* 

(4)  Ne  &  Ljon  le  23  norembre  1 738  «  mort  le  26  juillet 
1816.  Yoj.  Archives  4u  Bhâne ,  tom.  Vl ,  pag.  45o-4^* 

(^)  Les  départeaxens  étaient  dirisés  par  séries  ^  celui  du 
Uâoe  appartenait  à  la  cinquième. 

Tm^  Fil.  4 


(  5o  ) 
Charles-Bernardin  Chirat  ,  président  du  tribunal  de 

commerce  de  Lyon. 
Denis  Durosier  de  Magneux  ,  membre  du  conseil  muni* 

cipâl  de  Lyon.     ' 

Vm.  CHàMfiAB  nss  onurés.  Mai,  i8i5  (i). 

Claude- Antoine  Vouty  de  la  Tour ,  premier  présidetft 

de  la  Cour  de  Lyon  (2), 
Jomard ,  maréchal  de  oamp  retraite. 
Gras,  avocat  à  Lyon  (3). 
Bissai*don ,  négociant  à  Lyon  (4). 
Augustin  Përier ,  de  Grenoble.  ' 
Dulac ,  président  du  tribunal  de  première  instance  de 

Villefranche. 
Sausay,  avocat  à  Villefiranche* 

IX.  Idem.  Août  181 5. -5  septembre  18 16  (5). 

Lyon. 

Alexis  de  Noailles. 

Jean-Joseph  de  Méallet ,  comte  de  Fargues  ,  maire  de 

Lyon. 
De  Cotton,  ancien  officier  de  marine ,  ancien  pr^&t  du 


■»****^»-^^ 


(0  Cette  assemblée  ^  composée  de  606  membres ,  n*a 
subsisté  que  jusque  la  seconde  restauration  ^  j aille t  tSiS;^ 
elle  n*a  rendu  que  trois  Ibii. 

(3)  Né  îfc  Lyon  en  1761,  mort  i  Paris  le  4  mars  iSaG» 
Voy.  Archi^ç/duh\ionci,iom.  III  ^  p.  4ïO' 

(5)  Actuellement  (^pnseiilei:  à  la  Cour  royale  de  Lyon* 

(4)  Décédé  dépc^i^ 

(5)  Cette  chambre  est  celle  qui  fat  appelée  la  chamirt 
introuvable. 


/     mne   pendant  roccupatibn  des  Ir&Upes  alliées  (i). 
Wielcmi-Gabriel  de  Magneval,  ancien  négbciant 
idré-Suzanee  ,  marquis  d'AJbon  ,  aaden  maire  de 

X.  Idem.  Avril  1817  (3). 


de  Magneval ,  déjà  nommé. 
lean-Ioseph  MéàlTet ,  comte  de  Fârgues,  idem  (4). 
De  Gotfa»  y  idem. 

XI.  Fdgm.  i8îo-i8i2. 

^CoÛéges  itarrùndissemens. 

Barthâeml-Gabnel  de  Magnevâ^  déjà  bommë  (5). 

De  Cetton  ,  dëjà  nomme. 

Tmaà  de  CoroeHes,  dëjâ  Woirimé  en  1819  (6). 


0>  Tie^na  préfet  At  Vancïusei  actuellement  TiTant 

(2)  Nommé  pair  de  France  en  1827. 
^  Le  département  da  ithône  appartenait  à  la  première 
•ftie,  et  cette  sâie  fot  dërign^  par  lé  «oh. 

(4)  M.  de  Faunes  ^tant  d^c^d^  pendant  te  cours  it  hr 
iWMm ,  le  24  arril  .èiy,  îe  collège  du  Rh&ne  fut  con- 
♦«pé  poâr  prêcher  It  son  remplacement.  M.  €araiHe 
Jorian  fat  lomm^  ;  mais  ayant  été  nomip^.  ëfçMement  par 
W*Wte*»nt  dé  P*itt  ,  il  rfpjU  ^t,i  ti  de'rnW  :  ce,  qLi 
tonalieni  Hne  nonTclle  conyocation  dn  collège  dil  Rhôiie 
fû  minmA  M.  de  C<*ë«lés  W  iÔ  Mvi^ler  ïg,^!     '  '       '  . 

5)  M.  de  M^eval  étant  ddcédë  Je  t4  ijovembre  i&iî, 

««Wifecoflèré^e  da  t»*èràeï 'aifoHaisièmeV  pouf  I^"  rem.' 
iiar;  flfc  Ùààéèrc  ftit  ijlu  I^  2^  J^yiir  jô/a'.    '        ^      ' 
/(^  F07.  note  4   cî-^èisd*,       -:.:-.... 


<50 

Collège  de  départemenU 

Le  oohnte  RÎTerieulx  de  Chambost ,  commandant  dé  là 

^rde  oaiionale  de  Lyon  (i)w 
Joseph  Pavy,  négociant. 

Xn.  Idem.  1 822-1 824. 

Collèges  d^arrondissemens» 

Delphîn ,  adjoint  à  la  mairie  de  Lyon  €t  président  dé 

Tadministration  des  hospices* 
Barthélemi-Fleuri  de  l'Horme,âmcien  procureur  du  roi  à 

la  sénéchaussée  ,  ancien  procureurrgënéral  à  la  Cour 

royale  de  Lyon  (2). 
De  la  Peype^  ancioi  of&cier  supéf iew. 

Collège  de  ttèpartemeni. 

Joseph  Pavy,  déjà  nommé. 

Gillet  |de  Valbreuse  ,  propriétaire  (S). 

Xm.  Idem.  1824. -février  1827. 

Collèges  d'drr<mditsemau. 
Couderc,  tiégocîant,  déjà  nommé  en  1822  (4). 

m   ,  I  I  I  I    I    I         I  II       I        I      I  II  »  i«ii  '*     illlu  I    I         1  M       Oli^    I 


»         .♦       V 


(i)  Mort  lé  i3  février  .i827,  Voy.  Archiyes  du  Bhdne  ^ 
lom.  V,  p.  520.  , 

(2)  Actuellement  premier  président  4e  ia  i€oiir  royale 
de  Caen.  ^     . 

(5)  tJn  des  descepdans  v  da  fipmeux  avocat ,  lyoïmais  , 
FraDçois-Pîerré  Gillet ,  mort  en  472Q1  autç^r  4*i»n.  reçi^M 
die  factams  et  de  qaélqaes  ouvrages  de  li^rat^ire»  .  .  . 

(4)  Yoy.  note  5  de  la  page  précédente. 


(  53) 
Semi-Fleuri  de  THorme ,  dëjà  nomme. 

y  îuge  d'instruction  au  tribune  de  première  în*- 
de  ViUéf^anche  Qi). 


Collège  de  département. 

losepli  Pi^,  në'godànt,  dëjà  nommé. 

I«  Gomle  Âimë  François,  de  Laurencia  C^). 

Xiy^  Idem.  Novembre  1827, 
Collèges  éCarrandissemens*. 

A.  Jars,  anden  capitaine  de  génie  (3)^ 
KojnM-CoUard  (4). 
Hiuablot-Conté*. 

CùUége  de  département. 

fcan  de  Lacrmx-ljaYal ,  maire  de  la  ville  de  Lyon.  • 
MoUet  de  Géranda,  négociant ,  président  de  la  chambre 
de  commetce. 


mmamm^ 


(i)  Actnellement  conseiller  ià  la  C<mr  royale  de  Lyon* 

(2)  Col<mel  d'an  régiment  de  cavalerie  y  oifimbre  de  Taca» 
déoûe  de  Ljon«L 

(5)  il  fat  nommd  maire,  de  Lyon^dans  le«  cent  jours  et 
en  exerça  iea  fonctions  depuis  le  5p'aTrii  18.1 5  jusqu'au 
tS  juillet  miTant.  Il:  est  a'atèar'd* un. assez  grénd  nombre 
dViféras-TaïuiéTilleB,  et  appartient  à  une  Itunilte  qui  s'est 
distio^née  dan»  les  sciences. 

(4)  El|i  dans  plusieurs  collèges  électoraux  ,  il' sera  tenu 
f  opter  pour  VnotA^^vaL.'y  et  il  .y  a  grande  apparence  qu*U 
if optera  pas  pour  celai  du  dépariemeat  du  KhoM  9  auquel 
%esttMt-à-^  iïnaùfist; 


(  54) 


OBSERVATOIRE  DE  LYON. 


ÉCLIPSE  Xm  5  NOYfiMBlUB. 


I  •    » 


L'horizon  ëtaît  couronné  d*un  nuage  épais  et  larg< 
qui  a  empêché  dfi  voir  la  lune  aussitôt  qu'on  Tesp^rait 
on  n*a  pu  même  l'apercevoir  que  qus^nd  la  partie  infé 
rleure  de  son  disque  s'est  trouvée  hors  du  nuage ,  parc 
que  la  partie  supérieure  était  dans  l'ombre  terrestre. 

L'astre  s'étant  dégagé  du  nuage  et  de  la  couche  ^i 
vapeurs  grossières  qui  le  dominait,  le  croissant  infériéùi 
s'est  montré  trèsrbrÂilwt  9  et  la  partie  éclipsée  avait  une 
couleur  tern^  un.  peu  cuivrée.  . 

M.'lç  comté  de  Brosses,  préfet,  était,  à  l'observa^oîi;ei  j 
une  carte  lunaire  à  la  main  ,  il  suivait  toutes  les  phases 
de  Téclipse  ,  et  annonçait  l'émersion  successive  des  taches 
principales. 

Le  maximum  de- l'éclipsé  a  partf  avcHf  tidù  vën  &  h.. 
40' ,  temps  Trai.  '  ' 

à  5  h.  55'    3o"   émersion  de  mare  Aumùrtihi,', 
6        Q    "54     Kepler,  hors  dé  VomWêl.  '     '  " 
6     .U     42     C( 
6 

La 
la  peivd«de  de  l'observatoire.,  coraeapon4aiit  à  7.  h..  5' 
d.^'  5  temps  vrai.  Le  cieLétait  pai;pmé'deiiiia|^iceints^ 
UaqdiJiti^s  et  très-^gftés. 

Cette  phase  avait  été  annoncée  pouirParis^  Si  SU. 55 V 
les  xo'  de  diiBférence  ne  surpassent  que  de  3"  la  longitude 


(55) 
vsàffkée   à  notrer  éteetvatoîré  par  XàCormats^mê  êts 
iimps  ,  et  de  I*'  ^,  ceMc  que  M.  Clefti  a  Irotîvëc.   ' 

La  marche  de  là  p^rïdule  a  ët'ë  dàmnifiéë  pai"  le  pas- 
sage ,  au  méridien,  du  soleil  et  de  Fetblle  appelée 
Fomalhaut. 

Les  observations-  ont  été.  faltea  à  la  grande  et  belle 
lunette  qjie  M.  le  maire  de  Lyon  9  d  ftit  .placer  k  tdb- 
servaloîre. 


«  4 


POÉsiÉ. 


FODUVIÈRES  (1),  |:LÉ(^ 


•> 


Lue  ao  cercle  littéraire  de  Lyon  ,  dana  ane  des  aëances  du  mois 

de  juin  i8»7.  • 

C'était  riieure  où  la  paix  redescend  sn'v  la  terre 
Arec  l'ombre  des  nuits  ^  sur  la  brise  du  soir  ;  . 
Où,  fbjant  à  T^cart,  ta  diouleur  aoIHaire, 
SurTlierbe  des  tombeaux,  rêveuse,  yientVassêoir.., 
Au  dïetoar  d'un  coteau  ,  dans  ')a  sombre  yallée  • 
Où  des  fils  de  Plancus  dorment  Tes  oSsemens  (2)  ^  ' 
Un  Hellède,  tin  chrétien  9.. sûr  la  pierre  isolée i^ 
Veillait,  échappé  seul  au  fér  des  Musulmans. 


(1)  Vi|^lmaitibn^!Viiifa»e  fail^diët#vi»  oé  ttàOt^de'f^y^é^/ii'^emrt», 
et  rappose  qu'il  existait  très'^iieievnieiheiil -en  '  cet  endroit  un'temple 
dédie  à  Vénas. 

(a)  Le  cimetière  de  Loyasse  ,  situé  au  penchant  du  coteau   de 
Foorriéres. — On  sdft  que  1»  fbndattoii>  de  Lyon  est  altillHic4^ ,    iMr 
quelques  faâift^nettâ  |  À-ljucins  'Mkiiialiu»  Plânobs ,  UeatetiÉftt'de  Géssir 
tt  anû  d&CioépékLi  lequel  y  aatenaune  oolofciiè   ronteiiie  Tan  4* 
irant  l'ère  diteiétiteM.i 


(  56) 
De  se»  ttUr^  captifs  ,  dëplorant  TesckTage  « 
Au  destin  des  guerriers  morts  sur  TAcropolis 
Il  comparait  le  sort  des  fils  de  ce  rivage , 
Sous  des  marbres  dores  en  pompe  ensevelis... 
Gomme  eux  ils  sont  chrétiens,  ces  guerriers  magnanimes^» 
Sous  rëtendard  du  Christ  ils  ont  versé  leur  san^  ^ 
Et  les  corps  mutilés  de  ces  nobles  victimes 
Servent,  api^s  là  mort,  de  trophée  au  Croissant  !H  (i^ 

Mais  la  cloche  de  la  cbapeUè 
D*nn  tmtement  lugubre  a  frappé  les  échos  ; 
Les  échos  l'ont  redit ,  çt  leur  plainte  fidèle 

A  troublé  la  paix  des  tombeaux.  •• 
Des  pas  ont  retenti...—  Quel  mortel ,  à  cette  heor*,^ 
Ose  des  morts  ainsi  parcourir  la  demeure  ? 
C'est  un  vieill^^  :  il  prie  \  il  gagne  ,  ^  pas  pesans  ^ 
La  tombe  de  ses  fils  ravis  à  ses  vieax  ans... 

■ 

u  —  Vieillard,  dit  l'étranger,  en  montrant  la  colline ^ 
Vieillard ,  quelle  est  cette  cloche  argentine 
Qui  résonne  ici  prës  ? 

Autour  de  nous  déjà  l'ombre  du  soir  s'incline  , 

Et  la  lune  pâlît  ces  lugubres  cyprès... 

Errant  sur  ces  tombeaux ,  en  des  pensers  funèbres 
L'heure  du  repos  m'a  surpris  y 

Mes  sens  allaient  céder  au  calme  des  ténèbres  i 

Cette  cloche  a  soudain  réveillé  mes  esprits... 

Vieillard  ,  indique-t-elle  un  prochain  ermitage , 
Est-ce  la  cloche  de  la  mort  ?...  99 

a  •-  Étranger ,  (car  le  ciel,  si  j'en  cnris  ton  langage, 
T'a  fait  naître  loin  de  ce  bord  )  , 


(i)  S'il  fant  en  croire  les  détails  publia  snr  la  Banglante  cafu- 
^ophe  de  rAcropolis  d'Athènes  «  dix  Tartares  fiirent  expéêihf  apréi 
k  yictoire ,  par  Aesçhil-Pacha ,  pour  annoncer  au  Saltan  l'amT^e  ds 
prés  dt  i|5oo  têtes ,  et  de  nombreux  chapelets  d'oreilles  !U 


(  57  ) 

feugn-,  cette  cloche  annonce  la  prière... 
ttat  loin  de  cet  asile,  à  là  mort  coitsacré , 

S*ëlèTe  uir  temple  T^nëre',  % 

\  Lîea  saint  j  retraite  hospitalière... 

Là ,  Pair  est  plus  serein  ^  là ,  le  ciel  est  plus  pur  ; 
Là ,  rœîl  s'égare  au  loin  sur  an  fleuve  cTazar  (i)  y 
Sur  ces  cliamps  •  on.  le  preux  tomba  pour  sa  patrie  (2)^ 
Et  plus  loin,  sur  les  monts ^  remparts  de  rHeiyétie... 

Là,  quand  r erreur  encor  enchaînait  les  mortels , 
La  reine  de  Paphos  eut ,  dit-on  ,  des  autels  : 
Fro&ne  sanctuaipe  ,  où  la  blanche  colombe  , 
Sous  la  main  d'une  Vierge ,  expirante  9  succombe , 
Vains  autels  où  les  Tœux  de.  mille  adorateurs 
Se  perdaient  dans  les  airs  avec  l'encens  des  fleurs  ^ 
Ou  la  divinité  qu'invoque  l'innocence   . 
Demande  une  victime  à  la  main  qui  l'encense». ••• 

XtC  culte  de  Vénus  est  proscrit  sans  ''retour  3 
Mais  son  temple  est  encor  le  temple  de  ramour***** 

Non  plus  de  cet  amour  profane 
Que  réprouvent  nos  mœars  et  que  le  cœur  condamne  i 
Mais  de  ce  pur  amour  que  doit  Thomme  à  son  Dieu  \  • 
Une  Vierge ,  6  mon  fils ,  habite  ce  saint  lieu  : 
Cest  la  mère  du  Christ^  que  tout  fidèle  honore  9 
que  jamais  en  vain  le  malheureux,  n'implore*»* 


Sentinelle  commise  an  bonheur  des  humains  9 
Les  laj^esses  du  ciel  reposent  dans  ses  mains  ; 


^•m* 


(i)  Le  WbSne  ,  qïïR*oiïïï  aperçoit  de  la  terrasse  de  Poarriéres. 
^  Li  pUdne  des  Brotteanx  o&  furent  impitoyablement  massacrëa 
^défentears  Lyonnais ,   après  le  siège  mémorable  que  leur  fille 

m6ai  en  ^7^* 


C  58  ) 
Elle  désarme  u a  dieu  prêt  h  lancer  la  foudre  , 
Enchaîne  son  courroux  ^  le  force  à  nou»  abâocidr^  5 
Et  pour  tant  de  bienfaits  n'exige  de  nos.  cœurs 
Que  le  secret  serment  de  deyenir  meilleurs. ^ 


•  • 


Aux  Toutes  de  son^  temple  oii.  Tëclat  des  guSirlandief 
Le  disputait  jadis  à  Tor  des  .blonds  cheveux  >  (i) ,  - 
LVtranger  ne  voit  piu^  <pie  les  siiaples  offrande» 
Du  chrétien  dont  le  ciel  a  couronné  les  vœux: 
Modestes  monumens  de  la  reconnaissance 
Élèves  k  celui  d^oi^t  Taoïour  est  I'cssaimm^.^  i» 

j>  —  Mon  père  ,  oh!  demain,  avec  toi, 

Je  veul  ^  dam  la  sainte  chapelle  , 

-.  •        •  •     ' 

Pour  reti-d^feït^eurs  delà  foi 

Faire-  e*teiwfre  une  voix  fiâMe  : 
Je  veux  ,  sur  lès  cfëtris  de  Cantique  Israël',  ] 

Appeler  les  regards  de  cette  auguste  Mère ,  *' 

Et  du*  tombeau'  dû  C&rist  soulever  ht  poussière 

Contre  les  soldats  d*ismaè1...       '  ' 

»  Mère  d'un  IMeu  vcfngeur ,  regarde  ,  hii  diraî-je  , 
»  Regardé  Fénnem?  de  son  cuite  et  du  tien , 
»  Profaner  vos  autél-s ,  et  d'Un  bras  sacrilège 

yy  Egorçcr  le  chrétien... 
»  Sur  le  sol  où  tott  fils  ,  victime  voTôiitaire, 
»  A  prodigué  son  sang ,  pour  racheter  la  terre , 
»  Où  tes  pleurs  ouf  coulé ,  mêlés  ^'amers  sanglots  ^ 
»  Du  Musulman  impie  écoute  les  complots  9 
»  Il  va  porter*  le*  feu  ,  la  mort  et  le  ravage  ^ 

99  Chez  un  peuple  pieux  qu'abandonnent  lès  rois...  (2)^ 

,  .  f  • 

(i)-  Parmi  les  offrandes  qiie  leê  jeunes  filles  avaient  coàtume  de 
déposer  sur  les  autels  de  la  déesse  ^  celle  4e  leur  «heveldre  «tait de 
plus  en  lisage*  Ce  genre  de  sacrifice  fi4  mémie.  perpétué. aussi  long- 
temps que  son  culte. 

(a)  Le  combat  de  Navarin  vient  d'absoudre  de  ce  r^j^roàit  U$ 
•ouyerains  de  trois  grandes  puissances. 


(  59  ) 
Y  Qttel  est  son  cnin«  ?  Il  a  secoaë  l'esclayage , 
t  li  but  la  tjKsiraie  ,  il  adonne  la  -craz* 

•       •••»  •  •  ••••••4S«  ^ 

>  Soas  les  dlëbris*€iiiiiaas  de  leurs  'eités  en  cendre  ^ 
«  YoU  ces  nouTeaux  martjrs  succomber  en  h^ros  ! 
n  Leur  Tengeance...  du  ciel  ils  ont  ose  rattendre^ 
n  Car  lenrs  frères .  soisjt  46ora  bouives«iK4«. 
n  Eais  «{aL*ils  «^'aieat  pas  en  Taiii'jgéaçé  l^nr  espëcance 
n  "Dans  ce  Dieu  gœ  ce|\t.JEois  oni  inypquë  leurs  c^ris  : . 
yi  Yenge^Ies  ,  Tenge*npns...  Que  cette  noble  France 
>9  Ou  m'exile  moâ  âge ,  arme  pour  nous  ses  fils  !...'  . 

Onbres  de  nos  guerriers ,  ô  lÉfclyrs  inagnanliiies  9 
Votre  trîsle  patrie  est  pour  tous  sans  tottibefau^.. 
Hanes^  au  liaat  des  cieus  ,  bëroïqbes  yiotiroesi 
Là  biîUeiBipoiir  TOUS  un  ét/eadàfid  nooyteaa!!}    . 

,"•       ..        I...-        '     •  #^', . 

9  Et  tbî ,  qui  'n*as  jàmaîs  répudie  les  larmes 

9  TUk  chrétien  tfai  ^invoqaa'  en  cë%  auguste  lien  ^ 

n  O  &\le  deDaiid,  dissipe  nos  alai>mes.: 

»  On  Vbonare  eiies  nous  ,'  ton  fiis.est  qotM  fiieii«^  '  •  ^ 

9»  Laisseras-tn  përir  uu.  pmplek  qi«i. Ifadore      ,  »    '.'.  . 

9f  Soos  le  ter  des  brigan^ls  qui  blaspjbdiiieT)t  Sa  toi  ?; 

»  Pour  faire  triyapher  Teupemi  de  1^^  foi ,  -  - 

»  Abandon nera»7ta  le  juste  .qui  t'implore  ? 

1»  L'étendard  des  martyrs,  seraît-ll  sans  soutiens  ?... 

9  Tierge ,  ohf  ne  permets  p^s  qu'un  l'ours  daqs  son'délire^ 

»  Le  frel"  masulmail  puisse  dire  :'         '     / 

»  fdahomet  est  plus  fort  que  le  Dieu  des  Chrétiens  fy^ 

F.    COIGNBT.  . 


•  »  • 


I  « 


(6o) 

MÉLANGÉS. 


4  :    I  <  • 


Nous  ayons  dit  dans  la  notice  èor  la  bibliothèfque  de  la 
ville  de  Lyon ,  tbm.  Vl ,  pag.  4âi,  que  les  livres  enieVës 
de 'ce  dépôt,  en  179?  ,  avaient  ëtë  embarquée  sur    le 
Rhône .,  et  qu'il  n^eh  parvint  qu'un  fort  petit  nombre  à 
Paris;  ce  fait,  que  nous  avions  emprunte  a  M.  Delandine. 
n'est  point  exact.  Un  de||plù5  savaos  conservateurs  ^  la 
bibliothèque  du  roi ,  M;  Van  Praet  ^  npus  a:  ^rît  à  ce 
sujet  f  et  nous  Irati6iniet  des  détails  que  nous.nousr 
pressons  dé  mettre  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs'  : 

<f  Sur  les  livres  précieux  enlevés  en  .1793 ,  de  1»  hî— 
»  bliothèque  de  Lyon ,  il  manquait  à  M. .  Delan^ifi^  àes 
»  détails  précis  ;.  car  les  18  caisses  dont  il  parle,  et  qui 
»  en  furent  remplies  ,  vinrent  directement  à  Paris ,  sans 
»  qu'il    en  fût  distrait  aucune ,  et  adressées  lau  Cotnitë 
»  d*instniction  publique  de  la  Convention ,  qui  en  fit  le 
»  partage.  Tous  les  beaux  livres  modernes  furent  reie- 
»  nus  par  les  membrcj^  pour  en  enruAir  Ipur.  bibliothè- 
»  que  particiiUère  , .  qui  depuis  est  devenue  celle  4e  Ja 
»  chambre  des  députés  actuelle.  Quant  aux  mafiiiscrits  et 
»  éditions  du  xv^  siècle,^  on  eu  ordonna  le  dépôt. -à  la 
<^  bibliothèque  nationale.  » 

Toutefois  M.  Delandine  n'était  pas  l'auteur  originaire^ 
de  la  relation  qu'il  nous  a  donnée  de  cet  enlèvement  ;  il 
i*avait  puisée  dans  un  rapport  fait  au  conseil  municipal 
de  la  ville  de  Lyon  >  le  18  pluviôse  an  xi ,  où  on  lit 
ce  qui  suit  : 


i6i) 

f  H  r&olte  des  renseignemens  qui  fiôus  ont  été  trani^ 

tmSf  qa^après   la    destruction  de  la  congrégation  de 

2  i'Orateîre ,   et  dans  les  temps  désastreux  dont  notre 

filk  ressentit  si  dotdoureusement  l'atteinte  «  des  ami*^ 

nîssaiies ,  se    disant  envoyés  par  le  comité  de  salut 

public  9  vinrept  dans  nos  murs ,  et  se  rendirent  a  la 

biUio\bèque.    Lteur   mission ,  disaient-ils  ,  était  d*en 

eitraîreVes  ouvrages  rares ,  les  manuscrits  précieux» 

pour  les  porter  à  Paris  et  en  enrichir  le  dépôt  natio-^ 

naL  Uoe  ville  rebelle  ne  devait,  suivant  eux,  con«- 

serrer  ni  source  d'instruction  ,  ni  monumens  des  arts» 

Fiagi  à  irenie  caisses  furent  remplies  de  tout  ce  qu'ils 

trottvàreni  4  leur  convenance  ;  mais  ces  caisses  ,  au 

lieu  de  prendre  la  route  de  la  capitale ,  furent  em* 

buquées  sur  leKhône,  descendirent  le  fleuve  et  allèrent 

peut-être  enrichir  à  nos  dépens  une  nation  toujours 

B  im\e  et  ak>rs  notre  ennemie.  » 

Comme  on  rient  de  le  voir  »  M.  Tan  Praet  ne  parle 
qoe  Je  t8  caisses ,  tandis  que  le  rapporbur  du  conseil 
wmicipài  en  fait  monter  le  nombre  de  20  à  3o.  Il  a 
donc  pu  se  faire,  coimne  nous  l'ont. assuré  dés  personnes 
£gnes  de  foi ,  que  quelques  caisses  aient  été  embarquées 
Sot  le  Rhône ,  surtout  après  le  départ  des  envoyés  de 
b  Convention  ;  la .  bibliothèque  une  êfois  dépouillée  de 
a  qu'elle  avait  de  plus  .précieux  ,  ayant,  été  laissée  sans 
gudiens  et  livrée  à  tous  les  passans. 

Nous  saisissons  cette  occasion  pour  rectifier  une  er-* 
leur  qui  s'est  glissée  dans  la  notice  dont  il  s'agit ,  à 
F^rd  du  Tiie^Upe  atteint  par  un  boulet  de  canon ,  et 
que  nous  avons  qualifié  nâl  à  propos  d'édition  pr inceps , 
tadis  qu  elle  a  été  précédée  de  deux  autres ,  toutes  deux 


sâffs  âât!fr,€t  pottii^ëV  i  R^ime.  CeHe  que  Vîndeïîn  Je 
Spitè  fit  à  Venise  est  la  première  àpeà  dcUe ,  et  c'est  ce 
qoe  nous  âut'ions  dû  dire*  C'est  ehcore  M.  Delandiné 
qai  nous  a  induit  à  faire  cette  tnëprise ,  qui  aVaU  déjà 
^të  relevée  par  M.  Beuchol ,  loi-squé  ce  savant  Libtîdgra- 
phe  rendit  compte  dans  le  Mtrcure  dé  France  deà  19  et 
iB6  fum  i€i2  du  Catalogue  des  tfianusfcrits  de  la  ville  dé 
Lyon  public  là  même  année  par  M.  Dëlandine  ;  et 
comme  sî  une  fàulô  en  atnenail  toujours  une  autre  ^ 
rimprimeur  de  holre  notice  a  donne  au  Tite-LiVè  de 
Vetiise  ïa  date  de  1570 ,  au  lieu  de  i47Q- 


?      '■    T'^yT^^^^»* 


>  '*         I  iT  >  I  ■  ■  ■«  ■  i  I 


BULLETIN  BffiLIOGRAPHIQUE. 


•    ki 


U Homme  de  la  Roche  \  bu  Calendrier  historique  el 
anecdotique  sur  Ly6h  pour  Vàn  de  grâce  1&28  (avec 
un  portrait  de  Pierre  Âdamoli  et  une  notice  )iur'  fiidP 
vie  )  ;  seconde  année.  Lyon ,  Pesieùl ,  libraire  5  fikcè 
Louis-fe-^Grand,  in-i8  de  go  pa^  •  . 

.•  î    •     •  ..    • 
Nous  avons  rendu   compte ,  lom.  V,  pjig.  297  et  suîv.  ^ 

de  la  première  année  de  ce  calendrier':  hou's  consacrerons^ 

également  an  artide  erpécial  au  volume  que  tiotis  annôïi^onà 

et  qui  nous   paitdt    o&îr   autatit  «d'iutéi^t   que    lé'  jfté^' 

cèdent»  *    •  '•  '      '  ■  " 

'.      .  .  .      '.      .     .  .  .      •  :»     t 

Mémoire  sur  la.gifufej  p^r.M.MoAgez  ,  meÉibre  dé! 
l'institut  (acadéipie.  dç^  inscriptions. et,  belles-lettres).i 
(Extrait  de^.  i^nnales  i^  sciences  pat^roH^s  ,.  JAiiUet 
1827).  Paris  ,  Crochardy   1827 ,  in-8.«  de  11  pages. 


(  63  ) 
Ifésdte  de  -ce  mémoire  ^  plein  d*ëmd£Uon',  et  dcnut  la 

inJHire  que  noas  annonçons^  ne  contient  qne  Taiicdjse  , 
L'(pi*U  n*a  point  paru,  ayant  cette  année  18379  de  girafe 
■  France  ^  2.^   qu'il  paraît  que  cet  animal  n'a  point  ctë 
laené  en  Europe    (Constantinopte  excepté)  depuis   1466  ; 
5w'qae  Jules-Cësar  le  premier  en  montra  une  aux  Romains; 
4.^  q[ue  les  anciens  Égytiens  l'ont  sculptée  sur  leurs  mo- 
nBKas  ,  el  que  les  sultans  d^Égyptè  en  conservaient  dans 
lear  ptiaÀt  «a  Caire  ;  5.^  qne  f  Ethiopie  (nom  sous  lequel 
ks  aacîeiis  comprenaient  souTcnt  les  pays  situés  au  midi 
diet  caianctes  dn  Ni]  )   a  toujours  fourni  à  l-.Égjpte  9   à 
Âknndrie  surtout ,   les  girafes  décrites  par  les  auteurs  ; 
6l* enfin  que,  naalgré  quelques  erreurs,  faciles  à  corriger, 
OB  avait  pu  obtenir  jusqu'à  ce  jour  des  descriptions  assez 
exactes  de  cet  animal  ,  sauf  Te  mutisme  si  extraordinaire 
dans  un  aussi  grand  quadrupède  ,  mais'  dont  aucun  écri- 
vain n'a  cependant  parlé. 


lies  quatre  opuscnles  dont  les  titres  suivent ,  sont  extraits 
des  Ardthes  du  Bhône  ,  et  ont  été  tirés  Béparément  et  Ik 
petit  nom&re  : 

ê 

Ltttres  à  M.  C.  N.  Aman/on ,  au  sujet  de  ses  lettres 
sur  trois  Lyonnais ,  premiers  président  au  parlement 
de  Bourgogne  ;  par  M.  N.  F.  Côchitd  \  'des  slcadAnies 
de  Lyon  et  de  Dijon.  Lyon.,  Barret,  1827  ,  in-8,®  de 
i5  pages* 


•• 


Yoy.  phu  haut ,  tom.  VI 9  pag.  3i^^336.  ^ 

Bofpmi  sur  les  médailles  d^encmragemfint  fondées  par 
Il  duc  de  Plaisance ,  à  distribue^  œtte  ann^  ^  lu  d^feis 
la  séance  publique  de  Tacadémie  deLyon.»;  du   i3 


(64) 
^plembre  1827»  par  M.  R^gny,  membre  et  oi^ài 
de  la  commission  chargée  de  cet  obfet  Lyon ,  Barre 
in-8.^  de  1 1  pagies. 

Voy.  tom.  VI ,  pagv.  357-347^ 


t)iscours  de  réception  ^  prononcé  à  l'académie  des  sctencei 
belles^lettres  et  arts  de  Lyon ,  dans  la  séance  publiqu 
du  i3  septembre  1827,  par  M.  P.  Â.  Gap  ,  pharma- 
cien ,  correspondant  de  Tacadémie  royale  de  médecine 
vice*présidetit  de  la  société  de  pharmacie ,  secrétaire 
général  de  la  société  Linnéenne ,  membre  de  Tàcad^- 
mie,  de  la  société  d'agriculture,  de  la  société  de  mé- 
decine de  Lyoïi ,  du  jury  médical  du  département  du 
Khône ,  etc.  Lyon,  Barret ,  1827,  in-^8.^  de  21  pag» 

Voy,  tom.  VI ,  pag.  36o-375» 

Discours  prononcé  à  la  distribution  des  prix  du  collège 
royal  de  Lyon,  le  22  août  1827;  par  M.  F.  J. 
Rabanis  ,  professeur'  agrégé  de  rhétorique*  Lyon  ^ 
Barret,  1827,  in-8.®  de  25  pages. 

Voy.  tom.  VI,  pag.  597-4 1 3' 

Rapport  à  la  société  d^agrîculture  ,  histoire  naturelle  et 
arts  utiles  de  Lyon ,  sur  Remploi  comparatif  de  dif- 
férentes charrues ,  nouvellement  introduites  dans  notre 
pays,^u  nom  d*une  commission  composée  de  MM. 
Prunene,  Grognîer,  Mottard ,  Leroy- Jolimont,  Blllon, 
Rémond,  Julin-Achard  et  Moiroud,  rapportîeur.Lyon, 
Barret ,  1827,  in-8.*  de  16  pages. 


(B5) 

Sv  ce  n^port ,  jjpi  est  fait  poià*  intéresser  yîveinent  ^ 
liigrMBOines  j  la.  socî^të  d'agrienltare  de  Lyon  a  accorde 
\1L  Bescete  9   cbarron  à  Fontaine^  une  prime  de  cent- 
0MS  ^  titre  d*eiicoaragement  ^  et  elle  a  dëcidé  qa'eHe 
faut  FacqnisitHm  <fe  la  cbairue  qu'U  a  inyeBtée. 


Rapport  à  ia  société  Tùyàle  étagricuïiure ,  histoire  na-^ 
fmrellt  daris  utiles  de  Lyon  y  sur  un  conoours  ouvert 
pour  la  destruction  de  la  pyrale  de  la  vigne  ;  corn- 
Hiissaîres  :  MM.  de  Martinel  >  Balbis  et  Fondras ,  rap- 
porteur. Lyon  ^  Baîtet  >  1827,  in-S.^  âe  16  pages. 

Ce  mémoire  offre  dé  savons  dâaità  8àr  la  pyrale  de  la 

ngae  ^  exposa  d'uBC  manière  spiritàelie  et  piquante.  U 

est  destine  à  servir  de  programme  »  comme  le  titiee  Tan- 

nonce,  an  concours  oavertponr  la  destmction.de  cetiii- 

secte.  Le  prix  dont  les  fonds  ont  étë  faits  par  MM.  Gonbajon 

d  Càonocd. ,  n^omas  à  Lyon  ,  cotislstera  en  une -médaille 

delà  Taienr  de  foo  flr. ,  'qui  sera  àit^mée  en  séance  pn^ 

bKqae.  Les  m^noires  seront  adressés  an  sect^taîre  de  la 

socieCé  d*agricaltnre ,  on  à  tout  antre  membre  du  biufeaù^ 

3s  defreatétre  envoyés  avant  le  i5  juillet  182^8. 


KscoÊtrs  sur  t influence  du  inagistrài  ,  ^roAomcë  à  Tau- 
£ence  idennelle  de  la  rentrée  de  la  Cour  royale  ife 
Lyon  ,  le  3  novembre  1827,  par  M.  ïustîhîen  Rïeussec, 
premier  aVocat-génër^L  liyôn  y  iiin^rlmerle  de  Louis 
Perrin ,  1827 ,  m-8.«  de  2.%  pages. 

H.  Aieossec  a  eu  le  bon  esprit  de  ckoisil*  iln  sujet  aAà- 

Vi^  au  temps  et  au  lieu  ou  il  prononçiiit  son'  discoun  v 

A  n'a  pas  suivi  Texemple  de  plusieurs  de  ses  collègues 

^1  en  pareille  circoustiuvee ,  traitent  des  matières  étcàn* 

Tome  F  il.  5 


(  66.) 
gères  a«  barreaii  et  se  lirreiit ,  par  ezflunple  ^  à  ides  dw^ 
cu&siona  déplacées  sur  l*btstoire  on  sor  la:  théologie..  Du 
reate  ,  ce  n'est  pas  à  aYOÎr  su  ëviter  cel  tfcueil  ^fue.doivaiit 
se  borner  lés  éloges,  \kiilt  fopnscule  dé  M.  Rmisseé  bous 
paraît  digne:  oa  tréuve  dans  sa  harangue  de  gnaqdesJ pen«' 
sëes  et  de  beaux  sentimbns  9  relevés  par  Téclat  d'un  style 
élégant  et  pur. 

Méniinie dt  facàdéinie  royale  des  sciences^  bèlles-kitres 

et  arts  de  Lyon ,  sur  le  mode  d'exécution  des  dîspd- 

sitions    testatnehtaîres    faites    par    le  major- gënëràl 

Martin ,  pouir  la  fondation  d'une  ^cole  de  son  nom  à 

Lyon,. et  sur  les  préi;e9Uoas.,:niîin»fiH»tëe6.à  ce.sujat 

:par  radtniaisiFation   muaieipale  ée   la -mén^e  ville; 

-swi^i  du' règlement' organique  doilnëpâpfi 'académie  à 

'KièHitdiîdh.  Lyon  ,  imprmierié  de  Louis  Perrin  , 

••y«!27  ;  in-8>  de' 54  pages. 

jCe.m4n[|pire  doat  la  rédaction  est  due  à  la  plume  exercée 
et  féç^odç  d(&  SI.  Guerre ,  est  destiné  à  i^mé  mis  sous  les 
yeux  d^  S.  Exe.  Iq  nMuisljre  de  rinlërieuc*  Toutefiois  l'aca- 
démie ne  reconuatt  piM(  cpieee  ministre  soit. coMipétènt 
pour  décider  les  différends  qui  existent  entre  elle  et  l'ad- 
ministration municipale  de  la  ville  de  Lyon.  Elle  expose 
ses  di^>jl:s>  fiÇA  qu'ils  soient  bien,  coufitts  ^  et  n'a  recours 
à  la  veie  de  Vimpressiou  ^ue  pour^  empêcher  l'opimon  pu- 
blique de  s'égarer  et  de  se  créer  de  fausses  idées  sur  des 
points  de  contestation  que  l'autorité  judiciaire  sera  vrai* 
semhlaOblement  appelée  tôt  on  tard  à  résoudre* 

Mi  l^a(]ibérde  Bott»e»vi%^  a^^fM'hcMmàf^e'  If  là  bîBItothëque 
de  1«  vil4é  (le  Lyon  tle^  la'dètt'jti^hle  édition  dé  ses  Sei*rkons^ 
Panégjoriques  et  Oraîëolil^  fUAèbi^s  ,  suivis  d^un  semion 
inédit  du  R.  P.  le  Chapelain  ^  de  la  cômpaguie  de  Jésus  ; 
Paris,  Horet ,  1827  y  i^yoL  in-8.^ 


(  6?  )^ 

Le  n.^  5,  toaî  1827,  du  Bulletin  Universel  des  sciences 

'ft  de  ^industrie  ,   pablië  par  M.    le  baron  de   F^rqssac  , 

contient,  pag.  4^8-4^7  9  partie  des  sciences  hislorigues ,  etc., 

une  analyse  da  mémoire  da  président  Dagas-,  que   nous 

aTons  inséré  d'ans ies  Archives^  lôm;  III,  pag.    140-146. 

L*aatear  de  cette  analjse>  Itf.  Bottin*  après  avoir  exposé 

les  motifs  sur  lesquels  le  président  Dujgas  se  fonde  pour 

précendre  qae  St-Amlrroise  était  probablement  nékLjon, 

tire  la  conclusion  suivante  :  'ic  Si  ces  raisons  nt  sont  pas 

y>  des  démonstrations ,'  imposàrbled   d'ailleurs  k  obtenir  , 

79  lorsque  lés  doçumeui  liistoriques  manquent,  au  moins 

»  soot-elles  un  fuooçininent  de  patf ilotisme  qui  honore  à  son 

>9  tour  la  mémoire  de  raaci^u  prévôt  dçs  niArchand^  ^de 

Le  même  recoéil ,  n.^  7,  juillet  1827,  sciences  historié" 
^fues  ,  pag.  64*70 ,  otfre  un  assez  long  extrait  du  rapport 
inédit  de  M.  dé  la  TodrrëtCè'  Hur  lë'fragment^de'  b'rc^dxe 
représenlàAt  titie  ^ambe  de  èVeTël ,  trouvé  dfms  la  Saâno 
en -1766;  tapport^e  noas  avons  publié  dans  notre  t.  IV^ 
p.  4*^  ^^  4^^499'  ^rè5  av/oir  exprîdi^é  le  désir  qu'9n  re- 
troure  les  antres  parties  de  la  statue  dont  il  s'agit,  M.  Bbpin^ 
car  c*est  encore  à  lui  qu'est  <i(ucet  article,  nous  apprend,  ' 
dans  ane  note,  qu'on  s'oco^pe  en  ce  momen^  de  la,  rë^ 
chfrcbe  du  monumeut  entier,  et  qu'un  i^in^têur  zélé  en 
ll^t  la  dépense.  Nous  igporonç.  le  aqm  de  cet  amateur. 

On  tr^uye  encore  dans,  Iç  m^nie;  n.^,  méipe  partie  , 
pag.  75-77,  Fanaljse  due  également  k  lUf.  Botùn  ,  de  la 
lettre  de  M.  Cochard  j'ur  des  monnaies  des  églises  de  Lyon 
et  de  Vienne ,  décààv^Ùfs  a  Lngnf  (  Sa^ae  et  hmtè)  ^  in- 
sérée dans  les  'ÀrcMi^^  tom.  IV^  pag.  43-»57« 


t  t 


I  . 


<68) 

BULLETIN  HISTORIQUE 

J)U  MOIS  DE  NOVEMBRE  1827* 

f 

»  ,  .et  _i,e  prix  de  la  livre  usuçlle  da  pain  ferain  -m 
été  éîeYé,  par  arrêté  de  la  mairie,  à  25 cent.  3/4  (4S'  9*')^ 
et  celtti  du  pain  bis  à  20  cent.  (4  «.)• 

♦  5.  —  Rentrée  de  la  Cour  royale.  AFifistie  de  la  messe 
du*St.E8prit,  à  laquelle  ont  assité  les  tribunaux  civil  et  de 
coïtimerce,  la  Cour  s'est  rendue'  dans  la  grande  salle  da 
oalais,  oh  M.  Rieussec ,  premier  avocat-général ,  a  prononcé 
ta  haraM;ue  d  usage. 

•  Menu  jour.  -  Ordonnance  d^  r«iap4  «WtoflBe  »« ji"» 
deVyon  à  acquérir  ,  dan«  le  quartier  de,  Cbwtr^w,  1  ep- 
pUc/ment  nécessaire  pour  ,  établir  le  d^  Ae.  poud^S- 

»  A,  -  La  fête  de  S.  M.  Charles  X  i»  été  célébrée  aa 
iouiS'huULyon  :  une  messe  sblehnelle  a  été  cbautée  dans 
Ctédrale  ;  «ne  re,ue  générale  dés  troupes  de  la  garn.sott 
a  eu  Heu  su;  la  place  toms-le-Graud-Pusietirs  pnsonn.e« 
pour  dettes  oni  ëlé  mis  en  liberté  sur  les  fonds  de  la  do- 
Ltion  du  major-général  Martin.  Il  y  a  eu  spectacle  gratuit 
Ï^  deux  théâfal ,  et  un  feu  d'artifice  a  été  t,ré  sur  U 

•  a 

Sa6ne. 

*  Méme'iaur.'-Le  mv<Johal  duc  de  Tareat©  estar- 
ri;é  hier  à  Lyon  ,  pour  sere.^  d«.le  Midi  et  y  pa«^, 
l'hirer  sous  un  climat  plus  doux  et  p  us  fayorable  à^ 
aanté.  M.  le  vicomte  de  Marcellus ,  mimstre  de  France  i 
îatur  de  Lucques  ,  a  aussi|«..e  à  Lyon  ,  .enant  d^ta he 
et  se  rendant  k  Paris.  M.  le  prince  de  Beauveau  a  égde- 
ment  traversé  nos  mur.  Tenant  de  Pari»  pour  se  rendre  à 
Montp^ier. 


(  69) 
/«  6. —«  1/ association  paternelle  des   eheraliers  de  S^ 

inis  a ,  confiMnn^ment  à  399  statuts  9.  fait  cël^rer  aor 

jsiirdrhoi  une  messQ  solennelle  y  à  Toccasion  de  la  fête  de 

S.  M.  Charles  X. 

*^  8.  — •  M.  Devienne  ,  fils  de  Tan  des  jages  de  paix  de 

Ljon,  appelé  anx  fonctions  de  substitat ,  près  le  tr3>nnal 

cItîI  de  Trévoux    (Ain),  a  prélë  serment  devant  la  Cour 

royale  de  Ljon.  Il  avait  précédemment  rempli  les  fonctions 

àe  ioge-snditeor  ,  d*abord  à  Ljon  et  ensuite  à  St-Étienne. 

/^  10.  -—  Mort  de  M.  Yelaj  y  tm  des  TÎeaires  de  la  mé- 

toopote,  âgé  de^Si  ans* 

/ 

^%  II».  ^  Onvertnre  du  cours  public  et  gratuit  de 
géoméirie-pratiqae  9  professé  par  M.  Prévost ,  et  du  cours 
éplement  public  et  gratuit  de  chimie  9  professé  par 
M.  Tissier  j  au  palais  du  commerce  et.  des  arts. 

;*^Meme  four.  —  Ordonnance  du.  roi  q^ui  érige  en  cmres 
de  seconde  classe  les  snccuraides.  de  St-Fcançois  de  Sales 
ei  de  St-'Iréaée-k  Ljon.. 

^%-»i2.ir.  Idt,  professeur  dé  rhétorique,  au  collège  royal 
de  Ljon ,  a  remis  9  entre  les  mains  .de  M.  le  curé  de  Saint- 
Nîzîer ,  pour  être  distribuée  aux  pauvres  de  cette  paroisse 
âne  somme  de  5oo  fr.  qui  lui  avait  été  allouée  poui*  émo- 
lamens  de  ses.  fonctions  de  censenrdes  Journaux  de*  Ljon. 

*^  Même  jour» — Rentrée  des  classes  de  Pécole  dedessin^ 
»Dsi  que  de  celle  des  cours  de  mathématiques  élémen- 
taîies  et  de  mécanique  industrielle  dé  l'institution  provi- 
soire La  Marlinière. 

^^  1 4»  — >  L'buverture  dé  Tëcole  secondaire  de  médecine 
firndée  sous  la  présidence  de  M.  de  Lacroit-Lavali,  a  eu  lieu 
%uîonrd*bul  en  séance,  publique ,  dans  l'amphithéâtre  des 
keons.  M.  Ravier  du  Magn-j ,  administrateur  9  présididl  Tas- 


(  70  ) 
ntmhtée.  Cette  séance  ëtaît  aussi  consacra  à  hi  dtetrtbn 
tîoa  des  prix  que  radnnm^tratidh  ticdùrde  totifeè  \éi  aniA^ 
aux  éiè^e^  itnëraès  eii'niédédtnè  et  en  clnMi%iè',-cttii  "s 
sont  distingues  dans  Texercice  de  leurs  '  foiYcti'ons  %  le 
ëlèyes  couronnas  sont  :  MM.,  de  Virj,  Reissiçr  et  Clièze 
Un  public  nombreux  et  choisi  assistait  à  cette  cérémonie. 
des  places  rëséryëes  e'taient  occupées  par  Messieurs  les  ad 
ministrateurs  et  professeurs  de  l'école.  "L'un  des  profes- 
seurs, M.  Geusoul,  a  prononcé  le  discours  d'ouverture -^  1 
a  parlé  sur  renseignement  clinique,  et  à  d*abord  donne  uv 
aperça  kistpriquie  dû,  suje.t  qu'ilse  proposait  de  traiter  ;  i! 
a  ensuite  développé  d'excellens  préceptes  sur  le  diagnostic  . 
le  pronostic  et  la  thérapeutique;  en  traitant  de  ces.  diverses 
parties,  Tauteur  a  donné  dés  pireuves  dti  savoir 'et  'de  la 
sagacité  qu'il  porte  dans  la  pratique  de  Part.  M.  le  pi^ésidenl 
a  ensuite  pris  ta-  paille*,  il  b  répohdu  à  l'orateur  ,  et  a 
«dressé  de  sages  e^oirtutions  aux  élèves.  ' 

*^*  i8.  —  MM.  Jars  et  Royer^Collard  sont  nomm^  «dé- 
putés du  département  du  Rliôtte^  p«ir  les  collèges  du  -Nord 
et  du  Midi  de  Ljon.  Le  même  jour  M.  Humblot^Cômté^a 
été  proclamé  député  de  ce  département  à  Villefranche. 
Voici  le  texte  du  discours  que  M.  Courvoîsier ,  procureur- 
général  à  la  Cour  royale  de  Ljon^  a  prononcé,  à  l'ouver- 
ture du  collège  de  Villefranche  qu'il  a  présidé  : 

u  La  désignation  seule  du  président  de  ce  collège  est  y. 
pour  VQU89  la  preuve  manifeste  de  la  liberté,  dont  S.  M» 
entoure  votre  choix.  Étranger  h  cet  arrondissement ,  et  sans 
prétention  à  vos  suffrages ,  ma  présence ,  ici ,  n*a  pour  but 
que  'd'assurer  le  maintien  de  l'ordre  et  l'observation  des 
règles  ^  tâche  facile  au  milieu  de  vous. 

Quand  .les-  factions  figitent  l'état  ^  o^  ne  sainrait  espérer , 
a^  setn  d'un  collège  électoral,  le  silence  absolu  des  pas- 
sions :  quel  acte,  politise.  «Siige  pom:tant^  de  la  part  du. 
citoyen  qui  l'exerce ,,  plus  de  calme  et  de  maturité  ? 


(  70 
les  Actums  nous  crient  qae  la  pMMtilstioB.  est  ëfanoiëe; 

^  les  libertés  piiUiqaes  •ojnt!Ooiiipi^8(ini8e8  ^  que  le  des- 

jwtisMC  nous  JMBMfli^)  et  qM  ^  mir  les  raines  dé  la  charte  , 

n  Tcat  ériger  le  pouyoir  absola  d*an  monarque  ,  ou  n<ms 

9.  ootnitte  an  ^xîème  sîëele^  ««x  tésèbres^lé  tSgno- 

et  ^  la  somlMpe  domînatioai'daxîlepgé. 

PeseiBs  «u  mcnuent  ees  ^pîefs  :  libre  d'amintion  li  toutes 

les  époipies  ;  éiemé  à  la   haute  laagiftralure  ^  sans  l*a^r 

désiré  ni  demandiif  ;  qse  .ma  ^oîm^  Messieurs  ^  ne  ^ifoii^  soit 

'ya&  snsfWcAe  :  je  Tai  lait  entendre  ^  pendant  huit  ann^e  , 

^  la  triÉHine  de  la  France;  laconTictîon  seule  a  |ra  l'animer» 

Àtann  défà  ,  des  trames  s'oordîssaieHt'dans  Toisbre  ;  le 

foiTecsement  «la  trône  des  Soari>ons  en  ëtait  la  4n.  Les 

liMitewa*  de  ces  complots  se  |:âraient  de  rèle  pour  le  peaple 

et  d'enthousiasme  pour  Ja  liberté  :  enx  I  les  pins  fBsns  et 

les  phis  orgn^leax  des  faomnres  :  enx- 1  pour  qui  le  peuple 

ne  fut  et  ne  sera  jamais  qu'un  agent  «serrile  ^  et  la  liberté 

«|u'nn  Tann  mot«. 

àl(Qiis,4^^ on noDS' disait  qtie  nos  libertés  étaient  en^ 
▼aines  et  qne  le  goneernement  en  conspirait  la  mine  .*  tous 
ses  aeies  étaûnt  înoolpés  ;  tons  •ses  membres  étcrient  déni* 
grés  ;  on  les  acesUaitde  haine  et  d'inTOOti^es ^  le  roi  vou- 
lait la  paix  ;  3  sentait  le  besoin  de  la  concorde  >poar  aifer- 
mv  et  développer, »an  sein  de  Tordre,  des  institutions' des- 
tinées ^  non  à 'provoquer  les  dwsensions'dfiT  la  république  , 
nais  h  fonder  une' liberté  sage  sur  Paniiqne  sol  de  la'roo» 
wrehîe  ^  îLoédait  à*ce  véea  ^^il  changeait ^ ses  mintfttres.; 
suis  ,  après  leur  cinilef  ceux  qui  lest  l[rtuieUt«es|ûllis>s?ém^ 
puaient  dé  leurs  convras  ;  'ee<qu'ils>iavaient'aceu8é  ^^'lis  le 
vantaient;  ce  qufils  avaient  repoussé^  ik'le  réelaiMciieM') 
criant  de  nouYean  que  les  miniitiiM  eonspiraîent  perfide^ 
nent'conire  la-eharte.  G^é8t'aii|siqaeiee-lbi8*rtfâdue&4'e( 
i%7*et iStff^  snr  lesoriMgM> éléoKXraui ,^le teët^tement^ 
i>  fitue-Bt  i»  jtnry  9  ont  été  succestrMmettt  dééetft^ées,  àé 
ktHiaae'0t'  étm^  ^*  4^nmiattx?,  eoflMné  des  dmtfes'*de 


(    72    ) 

tyranniB;  pinB'ftoiitea«es  etprëconisëes  comnfte  d«s  mstb». 
lutions  tutëlaires.  Messieurs ,  le^  langage  des  factions  n'est 
que  mensonge  ;  elles  se  jouen^  impademnaent  du  bon  et 
du  Trai* 

Nous  sommes  libres ,  qui  oserait  le  oonleetep  ?  nous  le 
sommes  et  nous  ne  pouvons  cesser  de.  l'être  s  depuis  800 
aos ,  1a  dynastie  qui  nous  gouTefne  travaille  à  établir  c^tte 
liberté  ,  dont  la  chalrte  a  régie  la  jouissance  ^  es  Férigeant 
en  base  fipndamentale  de  l'état.  Le  chef  de  la  troisième 
TAce  avait  conçu  le  plan  ^  ses  successeurs  s'y  sont  attachés 
(ivec  constance  ;  ils  l'ont  suivi,  parmi  les  obstacles,  selon 
le  progrès  des  hommes  et  des  tempe  :  Louis  XVI  ao%vait 
leur  ouvrage ,  plein  de  sollicitude  pour  son  peuple  ,  quand 
des  factieux  l'ont  renversé  du  trône  :  vous  connaisses  , 
Messieurs  ,  le  bonheur  dont  cea  restaurateurs  de.  la  liberté 
nous  ont  Eeiit  j^uir  :  vous  avec  vu  la  révotutiop  ;  vous  avec 
vu  l'empire  ;  vous  pouvez  apprécier  sainement  le  xèle  *  et 
l'intégrité  de  ces  amîs  du  peuple  qui ,  maintenant  oomme 
alors  9  ne  nous  parlent  d'oppression  et  de  despotisme  9  que 
pour  nous  cendre  l'égalité  de  Robespierre  ou  la  liberté  de 
Napoléon*  Ils  ont ,  les  uns  k  venger  une  cupidité  déçue-^ 
1^  autres  à  se.  créer ,  parmi  de  nouveaux  troubles  ,  de 
i^ouvelles  chances  de  fortune  :  violons  ou  mesurés .  selon 
l'occasion. ,  mais  toujours  dissimulés  et  fourbes  ,  ils  font 
des  dupes  et  trouvent-des  compilées  :  c'est  pour  conspirer, 
avec  plus  de  sécurité  contrje  le  trône  légitime  ^  que ,  dep- 
puis  douze  ans  y  ils  nous  montrent  le  gouvernement  du 
xoi.^  conspirant  contre  nos  institutions. 
'  Oui  y  Messieurs  «  nous  sommes  libres ,  et  nos  institutions 
sontinuBuables  ,  si  de  nouvelles  révolutions  ne  les  détrui* 
sent  Nous  jouissons  de.  la  liberté  la  plus  entière,  dont  un 
|»euple  civilisé  ait  jamais  joui  sur  le  globe.;  l'histoire  esi 
ïèk  qni  nops.l'attesfeSk  Qui  de.  nous  se  croit  menacé  daifs  ses 
Jbiens  on  dans  sa  personne  ?  L'autorité  commet-elle  deè 
«Hl^tes  urbiiraiDès  ?  en  connsisses-nons,  dsns  cette  contrée^ 


C  73  ) 

^ipes essais  ?    Ce  n^est  pas  le  despotisme  an  prince^ 

fiffression  Aes  gran<l3^  la  domination  de  Rome  ,  qae  nos 

l«Moes  «hgîtëes  et  inquiètes  ont  à  redouter  d  ësormais  : 

feipnt  d*mdëpendaiice  est  dans  nos  mœurs  ;  il  a  pënëtré 

eu  toutes  les  -classes  ;  il  7  fermente  et  ou  l'y  excite  par 

nie  efforts  :  bisarre  efferYescence  !  Le  pouvoir  est  assailli: 

m  FaiBense  ,  on  l'outrage  ,  on  le  calomnie  impunément  et 

«as  rd^be^   le    fieoTS  de  la  démocratie  coule  h  pleins 

iMffAs  ,  sdon  rexfnresMon  d*un  orateur ,  que  les  directeurs 

de  VoiRBioB  imposent  ,  en  ce  moment  y  aux  choix  ^  dans 

la  sccosrfe  ville  dk&  royaume  :  en  butte  à  tous  les  assauts  , 

le  ^Temement  ne  latte  que  pour  sauver  Tëtat  de  Tanar- 

cUe;  et  pour  no«s  y  enfoncer  5  on  s*obstine  à  le  signaler 

aux  passions  eoname  usurpateur  et  ennemi. 

Éleeteurs  de  cet  arrondissement ,  propriétaires  et  négo^ 

rîflUL  ^  TOUS  que  les  révolutions  frappent  de  ruine  ^  pour 

vous  livrer  ^  mutiles  et  appauvris  ,  aux  fougueux  tribuns 

'une  pQfpulsce  égarée  f  puis  aux  satrapes  altiers  d'un  des» 

yte  ^  Y^  ^^B^  âevé    sur  le   pavois ,  refuserez- vous    au 

gonveivement  du  roi  l'aide  qu'il  reclame  j  pour  vous  pré» 

serrer  de  ces  fléaux  ?  La  charte  a  des  ennemis  ,  mats  en 

vous  les   dénonçant -on  vous  trompe  j  les  ennemis  de  la 

charte  ,  ce  sont  les  hommes  qni  la  minent  en  fomentant 

le  trouble  ,  et  qui  en  arrêtent  les  développemens ,  en  s'ar» 

■ant ,  pour  remuer  la  France  9  de  ce  qui  ne  lui  fut  donné 

^ae  p«mr  son  repos. 

Qui  ▼oudrail,  du  reste  f  abolir  la  charte  ?  qui  peut  le 
vouloir  ?  est-ce  le  roi  ?  il  sait ,  n'en  doutes  pas  ^  que  le 
pouvoir  absolu  ne  serait,  pour  le  chef  de  Tétat ,  qu'anxiété^ 
iûblesse  et  impuissance  :  nos  rois  ont  successivement  af* 
franchi  leurs  sujets ,  créé  les  communes  ^  aboli  la  féodalité, 
léUbli  les  assemblées  de  -  la  nation  ;  c'est  par  eux  ,  c'est 
par  leur  effort ,  qu'aux  ténèbres  de  l'ignorance  ont  suc» 
cédé  la  civilisation  et  les  lumières  ;  et  l'on  osé  insinuer  que 
k roi  de  France  ,  au  19.^  siècle,  que  Charles  X 9  ce  prinos 
pieux  et  loyal  9  n'a  juré  la  charte  que  pour  la  tioler* 


(  74  > 
.  Mais  les  mîoiatres  !  le^  minUtr^fi  !  eh  ! 

ni  «ires  sana  la.  chtirte  ?  saiM  I9  Dduyel  ojpdre.coDatîtaliQniiaiy 

siëgeraieutTila  aa  eoncieU  .du  prince  ?>  c'eat  la  oiiarte .  igai 

le^  y  a  poitt^s*  . 

Qui  donc  la  raeoaoe  ?  sontice  les  chaiiil>r«s  ?  La  dastcac^ 
tion  de  la  charte  serait  la  destruction  de  la  pairie  j  les  {^airs 
ne  peuTent  donc  conlipirer  contr^elle* 

La  chambre  de$  d4putés  n^est  pas  mointo  intéveiMée  k  la 
défendre  :  crojes-Yous  9  Mesaienrs^  que  oeloi  qui  en  est 
membre  ,  après  avoir  si  vivemeiit  biiguë  vos.  ai^ffiraf^  9  ae 
rësîgne  aisément  à  miner  des  inslittttioas  qtii  rjenlonreot 
de  lustre  et  d'importance  ;  qui  lui  ptoeorent  le  mojen  de 
servir  ses  concitoyens  ^  /en  servant  sa  patrie  v  ^  moyen  de 
les  protéger  dans  leors.  intérêts  privés  .9  et  de  se  conoUîer, 
en  retour  dû  la^  gratitude  .qu'il  leur  témoigne  9  leur.  afiifttJtîon 
et  leur  Qstime  ?  Le  mandat  est  onéue»'^  la  moyenne  pnn- 
priété  ne  peut  en  supporter  la  charge  ;  mais  le  riche  prc^ 
priétaire  9  qoi  le  brigue  y  s'impose  implicîiement  un  de* 
voir 9  que  ,  d'ailleurs,  la  rabon  9  la.néceaaité  et  ses-propieef 
intérêts  lui  tracent  9  celui  de  oonCdodre  ses  intérêts  et  sea 
voeux  dans  les  vœux  et  1* intérêt  commun • 

OOl  donc  est  le  danger  ?  le  verra*t-^a  dans  l'aneienBe 
aristocratie  ;  dans  ses  projets  et  dans  sa  force  9  dans  ses 
vœnx  et  dans  ses  regrets  ? 

Hors,  la  pairie  9.  où  elle  se  concentre  9  et  où  le  gouverne» 
ment  travaille  à  la  concentrer ,  de  plus  en  plus  9  par  Tasg^ 
mentation  du  nombre  des  pairs  9  rarisfocratie  en  France 
n'est  plus  qu'un  vain  nom.  QuoUe  influence  pourrait-elle 
usurper  sur  une  terre ,  où  les  nevif  dixièmes  de  l'imp&t 
fonoier  proyiennenfe  de  cotes  aunlessons  de  cinquante'fr*  \ 
dans  un  royaume,  dont  Tindustrie  fait  la  richesëe;  sous 
un  système  de  gouveirnement  9  où  le  :crëdit  est  le  pivot  de 
toutes., les^  op|srati<)Kis- poUtiq[ues  et  ad#»înî>tratives. ;  >daB| 
nnpfiys.,  enfia^  où  le  banquier  de  la  jcapitala)  bcillatit-et 
déd^iyipftx  'SQUJB^  ^^  Ifunbris  9  déplpielout  le  'feste  de  la 


'(  75  )         .        . 

et  dé  la  pnissatice  ,  et  taons  familiarise  avec  cette 

m  qite  Tlic mine  ne  -ratit  qae  par  Por  ,  dont  il  se  charge 

tf&st  il  doit  se  charger  à  font  ftix  ? 

Oa  ne  saurait  nÎTeler  ,  dans  nn  ^fat ,  les  coVid!tidns  ni 

jsIbitDiies;  république  <m  monarchie,  n'importé,  il  est 

ne  iflftaence   ins^paraUe  de  la  richesse  ,  surtout  quand 

cclù  qui  la  possède  la  retère  par  nn  noble  emploi  :  nniis 

m  ndUeu  ^e  cett0  hiërdrchië  ,  qnî  monte ,  par  degrés  ,  de 

k  ébxBLtûSitre  jasqu'au  pied  du  tr5nô  ,  Tintifrét  de  là  pro- 

ynéXé  estîdentiqae;  plus  d'exceptions  ^  pins  de  priiril^ges, 

plus  ée  têtes  assez  folles  pour  en  conspirer  le  retour  !  qui 

peamît,  s'il  n'a  perdu  le  sens ,  songer  à  fd ire  l'enivre  ce 

qttî  et  soi-même  s'écroulait  en  1790,  par  un  sacrifice  libre 

et  spontané  ,  ayant   même  que   la  hache  de  la  rëVolntion 

le  fit  leiFée  pour  Tëduire  toot%  son  nirean  ? 

La  ehaite  constitutionnelie  a  donc  pour  appnî  les  "Toenx 
A  rialéret  de  tons  :  rien  ne  lu  menace ,  le  roi  et  ses  mi* 
iâstTe«  ,  \es "pairs  et  les  députés ,  le  grand  et  le  moyen  pro- 
^pn^\Te  y  \0QA  enfin ,  hors  les  factieuic  <{^i  nous  agitent  9 
sont  liés  h  son  sort  et  ne  pensent  aspirer  qn'à  l'affermir. 
Le  daagér  n*esi  pas  1^  ;  il  c*t  dans  fanai^hle  qui  nous-  ga- 
gne; toat  homme  sensë  sera  frappé  de  ies  progrès.  On 
propage ,   arec   impudence ,   les  principes    subversifs    de 
l'ordre  social  :  des  plumes  ,  treiBfpées  dans  Je  fiel ,  dessè- 
chent les   cœurs  ;  elles  égarent   les   esprits  •,  elles  nous 
wnlèTent  contre  la  législation  et  ses  auteurs  ,  la  royauté 
et  son  ca\le  ,  la  religion  et  dés  mittiîftrcs  ;  nous  perdons  la 
coBsid^^tion  pour  le  pouvoir ,  le  respect  de  la  hiérarchie, 
le  sentiment  du  besoin  de  l'ordre  ,   même  le  souvenir  et 
la  crainte  des  horribles  calamités  que  les  rétofations  traî- 

aetit  à  lenr  snfte. 

Que  renient  donc  ceux  qui  tootis  crient  que  le  despo- 
tisme nous  opprime  et  que  nos  institutions  feoiit  menacées? 
iMrce  la  h'bejtë  ?  nous  en  îonîssohs  -,  et  ils  le  pronten* 
pBp'k  réfidéncé  ,  pni^*ils  en  usent  jnsqu'-à  l'excès. 


(  76  ) 
Esl-ce  la  ëécntiié?  Us  n'oat  fait  depuis  la  restaarati^n 

qme  semer  les  ombrages  et  nourrir  la  défiance  et  les  alarmes. 

Est-ce  la  stabilité  ?  La  haiae  précipite  leurs  élans^  réduits 
à  menacer ,  ils  se  vengeât  de  leur  impuissance  ,  en  notis 
montrant  arrogamment  9  comme  prochains  et  inéyitables-, 
les  boulcTersemens  dont  leur  espoir  se  berce  et  dont  leor 
imagination  se  repaît  Si  le  gouTemement  s'égarait ,  c'est 
à  eux  qu'on  devrait  en  imputer  le  blâme }  il  doit  craindre  9 
s'il  ne  les  entrave  ,  que  leurs  efforts  combinés  ne  réussit»^ 
sent  à  soulever  enfin  l'opinion  ;  et  quand  ils  lé  bravent  ^ 
en  lui  montrant  le  débordement  de  ce  fleuve  ,  •n  la.  dé- 
mocratie coule  à  pleins  bords  ,  est-il  étonnant  qu'il  essaie 
d'élever  quelqueé  frêles  digues  contre  ^impétuosité  des 
flou? 

Messieurs ,  si  vous  aimez  votre  patrie  9  craignez  de  leur 
donner  force ,  en  suivant  leur  direction  dans  vos.  choix  : 
évitez  ce  qu'ils  vous  indiquent  ;  rejetez  ce  qu'ils  voaâ  con- 
seillent y  ils  ne  peuvent  que  vous  égarer  et  vous  perdre  , 
vous  et  ceux  qui ,  comme  vous  ^  se  flatteraient  de  ne  se 
placer  momentanément  sous  leur  bannière  5  que  pour  dé- 
tourner l'effet  de  leurs  complots* 

Leur  bannière  !  il  n'en  est  qu'une  pour  notre  salut  et 
notre  gloire  ;  celle  que  le  roi  qui  nous  gouverne ,  celle 
que  l'auguste  auteur  de  la  charte  voulut ,  ainsi  qu'il  le 
disait  lui-même  y  planter  »  de  sa  main ,  au  milieu  de  la 
nation  !  Qu'on  cesse  de  contrister  le  cœur  du  monarque  ; 
de  flétrir  la  seule  jouissance  qu'il  ait  convoitée  sou6  la 
couronne  9  l'amour  et  le  bonheur  du  peuple  français.  Qu'on 
cesse  de  souffler  le  feu  .de  la  révolte  :  qu'on  permette  au 
frère  de  Louis  XVI 9  an  petit*fils  de  Henri  IV,  de  se  livrer 
à  l'effusion  d'une  âme  généreuse  ;  et  quand  il  viendra., 
parmi  ses  sujets,  chercher  plus  de  sécurité  contre  la  mal- 
veillance et  ses  présagées ,  qu'on  ne  le  réduise  plus  à  faire 
ettleadre  de  si  déchirantes  paroles  :  Je  venais  chercher  , 
parmi  vo^s  ,  de9  hommages  et  non  des  leçons* 


C77) 
XVI 9  an  même  liea ,  n'ayaitreçu,  que  des  koÉi-^  • 

^les  spltlaU  citoyens  qui  lyentourëreatv^A  1789^ 

■!*imt  momentanëment  son  sceptre  ;  on  ne  les  j  aidait 

^jcs  igne  pour  le   rompre.  II  fat  brisé  ce  sceptre  :  on 

liopîrait  qo-^à  la  liberté ,  mais  des  hommes  perrers  von- 

faiest  le    crime  ,   et    le  crime   a  spulilé  la  France.  C'est 

is  j  qQ*là  la  Te&Ue  des  rdrolations  ,  on  s'endort  sur  Tim- 

ûenoe  du  dauber  y  séduit  on  ayeoglé  par  des  prestiges. 

Messieius  ^  si   tous    aimez  votre  patrie  ,  exigez  ,  ayant 

taol^  ]ponr  condition  de   yos  suffrages  ,   un  attachement 

notoire  sax  principes  de  la  monarchie  ,  un    déToaement 

inébrufaUe  à  la  dynastie  de  nos  rois.  Ce  n'est  pas  la  li- 

heti^  qni  est  en  péril ,  c'est  la  France  qu'on  attaque  en 

«Saquant  le  tronei^  s'il  venait  à  s'écrouler  y  tout  chancel- 

knîtsoos  ses  débris» 

Que  Totre    mandataire  réside  parmi  tous  :  s'il   n'y  est 

fsppelé  par  des  habitudes  et  des  goûts  ,  si  les  soins  de  sa 

fortune  ne  Vj  fixent  9  il  échappe  à  la  responsabilité  de  sa 

mlsnon  \  loin  de  vous  ,  il  peut  se  jouer.de.  votre  gi*atitude 

on  de  Totre  Uiune.  n 

•  ■  I 

^\  rp.  —  Le  jj.^  régiment  de  chasseurs  à  cfae-ml  ,  re-* 

laat  de  Lnnéyifle ,  est  atrivé  àajourd'htii  pour  tenir  gar* 

nsoB  \  Lyon  ,  o&  il  t^eirùptace-  le  4*^  régiment  de  la  même 

arae.  Le  noureau  régiment  fort  de  trente-huit  officiers  et 

f  environ  cinq  cents  sous-officiers  et  chasseurs ,  occupe  les 

cuemes  de  la  Nouvelle-Douane  et  de  Seriù. 

'         *       ■     . 

/,  aa.  — •  Le  Cercle  littéraire  de  Lyon  a  nommé  ,  an* 
JMtBffani,  ponr  son  président  M.  le  docteur  Terme  9  et 
foor  son  vice-président  H.  Pericaud  aîné  9  bibliothécaire 
èelavîDede  Lyon. 

\  ^  —  Ejection  pour  le  cotWge  du  département  du 
Ume  ée  MM.  Mottet  de  Gérando  e%  de  Lacroix-Laval , 
vmdiûatéê  de  ce  département  La' veille  de  cette  élection 


<  7«  > 
Kl.' le  liemtenflnt  yfaôitale  Pàultrê  ée  tiaiiiotliê'>  a  ptonùnôë  a 

l'ottTeiture  du  collège- <]u^il  a  prë«idé  le  diéeotn*^  satfatit  : 

'  Messieurs  ,  appelé  de  noUveaa  par  S.  M.  àThônneur  de 
prësider  le  collège  électoral  du  département  du  Rl^ône  ,  je 
ne  dois  sans  doute  cette  faTeur  qu*à  mon  dévouement  san^s 
bornes  "k  Tauguste  famille  de  nos  rois ,  et  à  l'estimé  dont 
je  suis  pénétré  pour  une  population  aa  sein  de  laâruclle 
oti  Voit  briller  tant  de  senti  mens  généreux. 

Quelles  réflexions  ponrrais-je  vous  adresser  inâîntenapt, 
Messieurs  ^  sur  Timportance  de  l'aqte  politique  qui  vous 
a*asseiQble  ?  que  puis-je  dire  de  bon  et  de  vrai  que  déjà 
TOUS  n'ayez  entendu  et  commenté  ?    . 

Parlerai-je  de  la  nécessité  d^affernaîr  le  trône  di^ns  une 
Ville  que  la  chute  de  ce  trohe  a  frappé  de  tant  dé  fléavtx  ? 

Essaier^irje  de  vous  rassurer  contré  l'envahissement  da 
despatismé  et  la  ruine  de  nos  instrtutlôns  constitutionnelles? 
vous  savez  qu'on  n^est  ni  opprimé,  pi  menacé  d*oppressîoii 
quand  on  attaque  constamment  e|^.  impunément  ceux  qui 
gouvernent.  Sî  nos  înstîtntions  pouvaient  être,  renversées  • 
ce  ne  serait  que  par  leffort  des  agitateurs  qui  ne  voient 
dan^  la;  ch^te  qu'une  ii^stitnU9n.,.dé^<Kratlq[fe9  .4|in<tîft 
que  Louis  XVni  ne  !>  .^«Rn^^.Kfi^*.  ReaQ^^  We  P9,ur 
renouer  dani^  la  France  mo];ifarcl>«qi^j£^.cl^me  de^  A^ff^p^. 
modernes  et  des  temp^  ajxciR^f  ?  .,.  .     i      .  .. .   , 

Vous  peindrai-je  les  malheurs   des  rév<^ntipn$  ^  qn^n^ 
TOUS  en 'avez  été  sî  çruellf  n^enl  viptimes  ?  Et   si.  ç^es^.^it^rj 
mes  ,  aussi  dissimulés  que  coupables,  aspirent  à  vous  les 
rendre  ,  en~  trompant  le  peuplé  turile'igaaveménentet^^^s 
actes  ,  est-ce  parmi  vovs  ^  Messieurs «^  tous  v  notaUesilM^^i 
bttahs  d'une  ville  que  U'  Cenvêntîon  venfut,  effacer  de  :Wr 
surface  delà  France v est-ce  parmi  vousf4|ae  là  contagion, 
pourrait  se  propager ,  alors  même  que  d'autres  départe- 
tnens  ne  réussiraie.nt  pas  à  s'^en  'défendre  ?  -*     "      . 

Le  roi,  se  confiant  en  '  votre  dévouement,  ne  manque 
aucune  occasion,  Messieurs  ,  de  ï^eAtretenlr  de'Cette Itu-' 


(.'79) 

^il4  «vee  las  'dëpntës  et  arec  te»  ffdminwtititéarft 
q«11-MlfB«t  à  rhoiHieur  de  s'approcher  de  éa  personne  i 
Ifon  cet  tram/uiile'^  ttie  disait  naguère  cet  excellent  prince, 
sm  îniÂuirie  prospère  ^  jai  été  content  dt  ses  prbdàtts  \  et 
je  dors  en  paix  quand  je  sais  que  t ouvrier  tra\miUe  H  que 
tous  les  cœurs  se  fondent  dans  Rattachement  qu*ils  doivent 
wte  rendre. 

Oest  pourtant  sons  \e  rèfgne  de  ce  prince ,  que  des  sn-* 
}et8  ëmmemment  peHides  appellent  de  tous  leurs  vœux  et 
de  tous  leurs  moyens  le  renrersement  de  nos  institutions  , 
sans  saTdtr  oà  s-'arréterait  Tceuvre  de  leur  félonie  ,  et  s'ils 
en  recaeîlleraient  le  fru^t. 

S\  le  trône  n'est  pas  menace  par  des  complo.ts ,  (Hument 
explîqiier  cette  fureur  d^accuser,  die.d^^igrer. et  d'acca- 
bler d'outrages  tous  les  hommes  <jae.le.r9i  pr^poçe  jiqur 
diriger  en  son  nom  les  diverses  branches  de  radiniqfstra- 
tion  publique  ?  Ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  s'exprime  quand 
ou  M  TcAt'  qn^^clairer.  Us  agèns  du  pouvoir ,  améliorer  Ja 
l^alutioa  et  concourir  par  une  critique  ëolaîrtfe  aiar  me«* 
sares  qfiii  peuvent  assorer  la  prospérité  de  la  patrie. 

On  peot  donc  craindre  que  oea  âana  n'aient  pour  but 
d'<fbranler,  dans  le  cœur  des  Français  ,  l'amour  du  roi  et 
la  fidâitë  pour  la  dynastie  !  s'ils  n'ont  pas  ce  but  9  ils  peu- 
vent du  moins  produire  ceC  çfTet.  Rallions-nous  donc  et 
serrons-nons  ,  pour  opposer  à  ceux  qui  pourraient  projeter 
de  nouveaux  firoubles ,  aes  hommes  dont,  le  caractère  et. 
les  opinions  nous  garantissent  la  stabilité  et  le  repos. 

Si  le  soldat  est  toujours  prçt  à  sacrifier  sa  vie  pour  $0^, 
roi  y  il  est  un  autre  genre  de  courage  plus  rare ,  ,et  non 
moins  glorieux  ;  il  consiste  à  braver  là  popularité  par  Te 
sent  ment  du  devoir,  k  rester  inébranlable  au  milieu  des 
invectives  et  des  haines  que  ceux  qui  attaquent  les  principes 
de  la  monarchie  appellent  sur  ceux  qui  osent  les  défendre. 
Les  députés  ont  besoin  de  ce  courage  ,  le  dévouement  seul 
en  est  la  source  ^  n'arrêtez  donc  votre  choix  y  Messieurs  ^ 


(  8o) 
ffàB  SUT  des  bommjss  pénétrés  de  ce  principe  :  qu'oa  n0 
peut  affermir  la  liberté  qu'en  fortifiant  le  potivoîr  rojal^ilLai 
France  ne  doit  la  liberté  qu'à  ses  rpis  ^  .mais  ses  rois  ji'oot 
pas  voulu  la  rendre  libre ,  pour  la  livrer  à  l'anarchie ^  en 
abandonnant  aux  factions  la  puissance  9  la  force  et  les 
droits  du  trône  !  ViYE  LE  Roi  I 

^%  27.  —  M.  Ghaurand  ,  négociant  à  I^jon^a  été  élu  aa- 
jourd'hui  par  les  notables  commerçans  ',  [u^sident  du  tri- 
bunal de  commerce  ,  en  remplacetnent  de  M.  Bourbon  ^ 
dont  les  fonctions  expirent  le  i  .^^  janvier  prochain. 

^\  a8.  —  Les  mêmes  notables  dans  leur  assemblée  de  ce 
jour  9  oAt  nommé  juges  titulaires  MM«  Augustin  Lacombe  9 
Montaland  et  Fontaine  de  Bonnerive,  juges  stippléans  ac- 
tuels ,  en  remplacement  de  MM.  MT>nlong ,  Mottard  père 
et  Biétril  aîné. 

I 

^\  Mène  jour*  —-Décision  de  S.  Exe.  le  ministre  de  la- 
guerre  qui  approuve  le  projet  arrêté  entre  M.  le  lieutenant-' 
général  Rutj  et  M.  le  maire  de  Lyon ,  pour  la  translatioa  : 
définitive  du  magasin  à  pofMlre  de  Lyon  sur  le  fortSt-Jean» 

^^  2û.  «-  .Les  membres  de  la  chambre  de  commerce 


♦  * 


ont  procédé  au  renouvellement  du  cinquième  9  sortant  le 
3i  décembre  prochain ,  et  qui  se  composait  de  MM.  Mottet 
de  Gérando ,  Antonin  Rieussec  ,  Gharasson  ^  Lambert  et 
Bousquet  père»  Les  deux  premiers  ont  été  réélus  ,  les  au*»; 
très  ont  été  remplacés  par  MM.  Bourbon ,  président  du 
l*ribunalde  commerce  ,  Bardoasse  ,  ancien  juge  au  même, 
tribunal,  et  Gaiot.t commissionnaire. 


1  '   . 


1 

»  % 


) 


(8i  ) 


STATISTIQUE. 


fana  HISTOBIQXTES  sur  la  rille  de  hjùû,  oa  descripltôii  par  ordre 
alpbahctMiae  des  quartiers ,  places ,  mes  et  montimeiis  de  cette 

(  I.*'  Article  )» 

ÂBBAXS  (rue  de  T).  Ouverte  éh  1789,  elle  travèirsé 
de  la  p/ace  d'Ainay  à  la  rue  Jarente.  Le  sol  et  les  mai-^ 
sons  étalent  des  propriétés  du  chapitre  d*Ainay.  Elle  tiré 
soQ  nom  du  palais  abbatial  qui  y  avait  une  issue.  Deux 
miscMis  onï  leur  entrée  sur  cette  petite  rue  ;  otl  y 
Gompte  37  ménages  ayant  une  population  de  i54  in- 
£vîda$  9  et  7  ateliers  occupant  i3  métiers  pour  la 
&bncaiion  des  étoffes  de  soie. 

Comme  W.  &e  3arente .  dernier  chef  de  ce  chapitre  y 
faisait  sa  jvsidence  à  Marseille ,  dans  labbaye  de  St- 
Victor,  Aint  H  était  aussi  titulaire^  déjà  ayant  la  révolu- 
tion, le  palais  abbatial  d'Ainay  était  loué  à  des  parti- 

(i)  Le  coimiiencement  de  ces  Essais ,  dus  à  une  société 
it  gens  de  lettres  et  artistes  lyonnais  (  MM.  M.  ,  S.  , 
M.  de  y.  ,  P.,  etc.  )  ,  a  déjk  paru,  il  y  a  quatre  ou  cinq 
sns,  dans  nn  recueil  périodique  qui  n'a  pas  été  continua 
(  Tuy.  Archives  du  RhSne  ^  tdin.  Y ,  pag.  457  )  :  uoas  les 
nprodnisoiis  ici ,  augmentés ,  complétés  ,  reTUS  et  cor* 
li^  arec  le  plus  .grand  soin.  Ils  formeront  dans  nos 
feaîUes  one  suite  d'articles  de  statistique  et  d'histoire 
locale.  L'intention  des  ctuteurs  est  de  les  réunir^  lorsr 
qa^ds  seront  terminés  ,  pour  en  faire  un  corps  d'ouvrage 
iépm,  B. 

Tome  FIL  6 


(  8f  ) 
culiers.  C*ëtait  un  ëdifice  riche  en   grands  souvenirs  y 
dont  nous  allons  brièvement  rappeler  les  plus  iihportans. 

Cette  abbaye  est  si  ancienne  que  sa  véritable  origine 
se  perd  dans  les  ténèbres  du  moyen  âge. 

Suivant  nois  historiens ,  elle  doit  ses  premiers  commen- 
cemens  à  S.  Badoul  ou  Badulphe  ,  qui  vivait  avant  la 
fondation  de  la  monarchie  française.  Ce  fut,  à-ce  qu'il» 
parait ,  vers  le  commencement  du  quatrième  siècle  que 
ce  solitaire  vint  sétablir  au  confluent  de  nos  deux  ri- 
.  vières  ,  auprès  d'une  crypte  ou  chapelle  souterraine  , 
dédiée  à  S.  Pothin ,  Ste.  Blandine  et  autres  martyrs  de 
Lyon ,  dont  les  cendres  avaient  été  déposées  dans  ce  lieu. 

Ce  monastère  fut  favorisé  des  bienfaits  de  la  reine 
Brunehaut ,  qui  a  passé  pour  en  être  la  fondatrice. 

Lf  s  Sarrasins  y  dans  le  huitième  siècle ,  le  détruisirent 
entièrement. 

Ce  fut  dans  le  dixième  siècle  et  par  les  libéralités 
d*Amblard  ,  53.®  archevêque  de  Lyon  ,  que  Tabbaye 
d'Ainay  commença  à  sortir  de  ses  ruines;  mais  ce  ne 
fut  qu*au douzième  siècle  qu*elle  fut  entièrement  rétablie. 

Plusieurs  de  nos  rois  ont  logé  dans  le  palais  abbatial 
qui,  à  ce  que  raconte  Paradin  (i) ,  était  6eau  ,  somp- 
tueux et  magnifique ,  ainsi  que  le  témoignaient ,  de  son 
temps ,  ces  grands  piliers  incrustés  et  enduits  de  riche 
marmoraL  Henri  li,  en  1648,  en  revenant  de  visser  les 
frontières  du  Piémont ,  alla  loger  dans  cette  abbaye  où  Tat-^ 
tendait  la  reine  Catherine  de  Méd^.cis.  Louis  xiii  y  a  logé 
en  i63a,  j639et  164^9  et  Anne  d'Autriche, en  '658. (2). 

(i)  Mémoires , de  Phistoire  de  Lyon  ,  p.  it6.  *  B. 

\7)   M.  d'Haï  In  court ,  gouverneur  de  Lyon  et  père  de 
Camille  de  Neuville ,  abbé  d'A&oaj ,  y  fit  aussi  sa  réai' 


(  83) 

En  iSo3-,  Tarchiduc  cTÂutnche,  Philippe-le-Besu ,  fils 

it  Tempereur   Maxîmilien  et   père  de  Charles-Quint  ^ 

«âfii  Ycnu  à  liyon  pour  traitât  de  la  paix  entre  la  Ffdnce 

ci  l'Espagne   avec  Louis  xii ,  qui   s*y  trouvait   aussi , 

rât  loger  à   TAbbaye  d'Ainay  ,  où  il  fut  malade  ;  et 

Toîcî  comment  s* exprime  à  ce  sujet  une  relation  de  ce 

temps-là:  a  L'archiduc  print  gite  a  Tabbaye  d'Ainay,  lieu 

»  ires  Y>eau  en  belles  prairies ,  entre  les  rivières  de  Ronne 

s  et  de  Sonne  ,   qui  la  se  jôingnent  ensemble.  » 

Les  calvinistes  ont  démoli  les  cloîtres ,  et  la  révolution 
a  ax^Ècré  de  détruire  ce  palais  dont  il  ne  reste  plus  rien, 
non  plus  que  des  maisons  canoniale^ qui  et» dépendaient: 
tout  a  été  -vendu  ,  et  oh  y  a  percé  des  rues. 

Cette  abbaye  fut  d*abord  régulière  depuis  S.  Badulphe, 
son  premier  abbé ,  jusqu'à  Théodore  du  Terrail  ^  qui 
dléoéda  en  iSo5,  et  qui  était  oncle  du  chevalier  Bayard. 
"EftWe  faV.  ensxù\e  mise  en  commende  :  les  abbés  rom- 
mendataires  farenl  Philibert  Naturel  i  Antoine  de  Talaru; 
ïjoaîs  de  Bourbon  ;  Nicolas  dé  Gadis ,  cardinal  ;  Fran- 
çois de    Tournon  ,   cardinal  ,   archevêque   de   Lyon  ; 
Hippolyte  d'Est,  cardinal ,  archevêque  de  Lyon  ;  Vespa- 
sien  de  Gubaldi  ,  ardievêque  de  Vienne  ;  Louis  de  la 
Chambre  ,  cardinal  ;  Pierre  d'Epi  nac ,  archevêque  de 
Lpn  ;  Michel  Chevalier  ;  Guillaume  Fouquet  ;  Camille 
deNeuvfUe  dé  Villerey,  archevêque  de  Lyon. 

dence  fosqa'k  sa  mort ,  «rrîvfe  le  i8  janvier  1642*  Ea 
1621 9  le  consolât  accorda  à  cet  âbbé  y  et  non  aux  autres 
Met  de  lujumille  de  Villeroy ,  Tosage  d'une  pertioa  de 
Teau  de  Ja  fontaine  de  Gboulans  ,  pour  les  jardibs  d^ 
Ml  Mmje  ;  ^  ^^^  ^^^  9  il  ^^  pratiquer  àms  la  Sadnc 
efo  canaux   qui    amenaient  ces  eaux. 


(84) 

Elle  fut  sécularisée  en  1 685  :  les  abbés  séculiers  ont 
été  le  même  Carûille  de  Neuville  de  Villeroy,  archevéquej 
François-Henry  d'Haussonville  de  Vaubecx)ur,  évièque 
de  Montauban  ;  Henry  Oswald  de  la  Tour,  cardinal 
d'Auvergne  ,  archevêque  de  Vienne ,  et  le  dernier  a  été 
Lazare-Victor  de  Jarente. 

L'abbaye  d*Ainay  faisait  autrefois  clôture  de  la  ville 
du  câté  du  Ijlhàne  i  toutefois  remplacement  sur  lequel 
elle  était  construite  et  ses  dépendances  nVtaient  pas  ré- 
putés faire  partie  de  la  ville.  L'abbé  ,  *  seigneur  haut- 
justicier,  faisait  garder  le  cloître  et  les  rivages  du  Rhône 
et  de  la  Saône  ,  pour  les  mettre  à  Tabri  d'une  surprise  , 
et  Ton  ne  voit  pas  que  jusqu'au  seizième  siècle  il  y  ait 
eu  des  fortifications  ;  mais  la  ville  alors  ayant  été  mise 
en  état  de  défense  ,  du  côté  de  la  Croix-Rousse ,  de  l'une 
à  l'autre  rivière  ,  les  murs  de  St-Just  ayant  aussi  été 
réparés  ei  renforcés ,  on  fit  élever  dans  le  pré  d'Ainay  (i) 
des  palissades  ,  redoutes  et  autres  ouvrages  de  défense  en 
terre  et  en  bois.  En  1621,  on  donna  à  ces  fortifications 
une  forme  plus  régulière ,  et  ce  fut  à  celte  époque  qu'on 
éleva  le  portail  d'Ainay ,  dit  d'Halincourt ,  qui  se  trou^ 
vait  près  de  la  tête  orientale  du  pont  actuel  d'Ainay , 
et  dont  il  existait  naguère  encore  quelques  vestiges  (2). 


(i)  Ce  fttt  dans  ce  pré  que  le  jeune  Bayard  fit,  en 
préseoce  de  toute  la  cour ,  ses  premières  preuves  d'adresse 
et  d'habileté  dans  les  armes  :  il  était  vêtu  ,  ce  joor-là  ^ 
de  r habillement  complet  que  le  drapier  Lanrencin,  bon 
compagnon  ,  qui  avait  ah>rs  sa  boutique  sur  la  place  du 
'Petil-Change ,  lui  avait  fourni  aux  frais  de  son  oncle  , 
Tabbc'  d'Ainay. 

(2)  Voj.  Archives  du  Bhéne  ^  tom.  III ,  pag.  3i  i.     B. 


(  85  ) 
Tout  le  quartier  d*Âinay,  hors  le  dbitre  au--dedans  et 
«nUiors  de  la  yWVe ,  ne  renfermait  que  quelques  mai- 
S5  et  granges  ,  et  le  territoire  était  divise  en  quelques 
eands  tènemens  comme  ceux  du  Plat  et  de  Bellecour  9 
fot  étaient  possèdes  par  les  familles  les  plus  distinguées 
de  Lyon. 

AistjLT  (pbce  d'%  Elle  est  située  devant  là  principale 
entrée  de  Téglise  paroissiale  de  ce  nom  ;  avant  la  rëvo- 
lation,  elle  n'avait  d'autre  issue  que  la  rue  Vaubecour; 
maïs  die  a  été  ouverte  depuis  sur  la  rue  Bayard  et  sur  là 
me  de  l'Abbaye.  Sa  forme  irrëgblière  est  celle  qu'on 
retroo^re  sur  Te  plan  de  1740  :  toutes  les  maisons 'qui 
rentourenl  appartenaient  au  diapitre  d'Âinay..  On  y 
œmpte  dans  ce  moment  9  maisons  et  26  ménages  for*  ' 
mant  one  population-  de  92  individus.;  il  y  existe  5 
atelVers  de  Caîbnc^ne  d'étoffes  de  sole ,  occupant  1 1  métiers. 
Le  nom  iiAinaj  nent  du  grec  aihenaion ,  athénée  (i) , 
parte  gu 'une  académie  ou  athénée  y  fut  établie  autrefois  : 
œ  nom  se  corrompit  dans  le  moyen  âge  ;  on  en  fit 
Aihanaium  ou  Aihanacum ,,  et  enfin  Ainay  qui  est  la  dé- 
Boaûnatlon  actuelle  C^V 

(1)  La  racine  de  ce  mot  est  le  nom  que  les  Grecs 
doBBaient  à  Minerve ,  déesse  dtt  savotr  et  des  beanx^artSy 
appelée  par  eax  Athéné*  B. 

(2)  lyantres  font  Tenir  ce  nom  du  grec  aihanatos  j  im- 
aorCel ,  k  cause  des  martyrs  qaî  furent  immolés  à  Ainay  ^ 
l'ntres ,  dn  latin  amnis  ei  amnis  9  à  oanse  de  la  jonction 
ètt  deux  nTières  qui  s'opérait  em  cet  endroit.  L'abb^î 
Ponett»  le  éérife^  du  grec  neâs ,  temple ,  par  allusion  an 
tea|le-  d' Auguste.  Yoj.  Archives  du  Bhône  ^  tom^  VI  y. 
Y^^l  et  14g.  B% 


(  8^*  ) 
Nous  ne  parlerons  point  du  célèbre  tempre  dedië   h 

Rome  et  à  Auguste  qui  lut  bâti  en  cet  endroit  par  lesv 

soixante  nations  des  Gaules  (i)  ;  nous  ne  parlerons  pas 

non  plus  de  ces  combats  d'éloquence  grecque  et  latine 

que  Caligula  y  avait  établis  (2),  parceque  tous  les  auteurs 

(i)  Ou  trouvera  sur  ce  sujet  tous  les  détails  désirables, 
dftns  une.  dissertation  publiée  par  M.  F.  Artaud,  direc- 
teur du  musée  9  et  ajant  pour  titre  :  Discours  sur  Us  mé-. 
dailles  iVAugfisU  et  de  Tibère^  ou  revers  de  V autel  de 
l^yon  ,  lu   en  séance  publique  à  l'académie  îles  sciences  9 
belles^lettres  et  arts   de  cette  ville  ,  etc.  Ljon  ^  Lambert- 
Gentot,   1816,  in-4.^9  fîg*  La  matière  7  est  approfondie^ 
et  Ton  j  trouve  réunie  '  une  foule   immense  de  citations 
et  de  témoignages  sur  le  célèbre  autel  d'Auguste ,  retr9cé  ■ 
sur  d'anciennes  médailfes  et  rappelé  dans  plusieurs  ins- 
criptions et  dans  le  fameux  vers  de  Juvénal,  sat.  I^  44  -. 
jiut  LuGBUJXKJiSEM  rhetor  dicturus  ad  aram.  U  parait 
cependant  que  M.  Artaud  n'a  pas  connu  une  dissertation 
que  M.  Théophile  Ludolph  Mûnter  ^ .  un  des  recteurs  de 
.l'école  d'Hanovre,  a   intitulées  de   Ara  Lugdunensi^   et 
qu'il   a  insérée  dans   ses   Parer ga  hist^rico-philologica  ,. 
Gôttingue  ,  J.   G^   Schniid,    17499    in-8.®  9    pag.  pS-ios» 
C'est  peut-être  le   seul   des   écrivains   qui    ont   parlé  de- 
Pautel'de  Lyon,  qui, ait  échappé  aut  recherches  de  notre 
s^V^Ot  confrère.  B. 

.  :C9>:  3s^to|^e ,  Vie  de  Gêtligula ,  c.  ao  9  nous  apfirend 
^pié.^  4Kas  ces  combats ,  les    vaincus   étaient  obligés  de 
OMlipQnw^vmémes  les  vainqueurs  et  de  chautar  leurs 
louaûges  f  et  que.  ceux  dont  les  compositions  i^tài^ht  trop- 
piauvaises ,  devaient  lès  effacer  avec  une  ë^coaga  >0<i  avec 
leur  langue 9  sous  peine  de.reeevoir  des  fërults  -ou  d'être, 
jetés   daita  lu  rivière.  Le  passage  de  Juvénal  ^  ailé  plus, 
haut 9  donne  à  penser  que  cette  loi  hizaire  avait  été  mise, 
à  exécution.  B. 


(87)         . 
^ont  écTÎt  sur   la  TÎlIe  de  Lyon^,  les  ont  décrits  avec 

iéÈÎX  ;  nous  nous  bornerons  à  donner  quelques  ëclalr- 

dssemens.  sur  l'origine  de  Téglise  d'Ainay  et  sur  les  dîf- 

ÀcBles  révolulions  qu'elle  a  éprouvées* 

^OLISE  d'ainay. 

L'égUse  paroissiale  d' Ainay  a  été  élevée  sur  les  mines 
du  temple  célèbre  que  nous  venons  de  citer  ;  elle  a  com- 
meacé  for  nne  petite  chapelle  souterraine,  dédiée  à  Ste. 
Blanduie  gui  était  du  nombre  des  quarante-huit  premiers 
wmipsj  nommés-  les  martyrs  d'Ainay,  et  que  Téglise 
âdueUe  conserYC  encore  au  nombre  de  ses  patrons* 

Saint  Badulphe  ,    premier  tbbé  d*Ainay,  fit  ériger  une 
église  SOT  la  chapelle  de  Ste.  Blandine. 

Vers  Van  45o  ,  cette  même  église  fut  restaurée  et  mise 
sous  le  Tocable  de  S.  Martin  par  S.  Salone ,  évéque  de 
Gànes ,  lyonnais  de  naissance.  Elle  fut  détruite ,  vers  la 
fin  Aujànquième  siècle  ,  parles  Vandales  Iqui  saccagèrent 
la  yUie  de  Lyon  à  celte  époque.  Saint  Anselme ,  abbé 
d'Ainay,  fit  construire  dans  1  abbaye  une  autre  église 
dédiée  à  S.  Pierre  ,  laquelle  fut  encore  détruite  par  les 
Lombards  ,  tous  le  règne  de  Contran  ^  roi  de  Bourgo- 
gne et  de  Lyon*  ^ 

Vers  Tan    6ia  ,    la  fameuse  Brurtebaut  ,   femme  de 
Sigebert  ,  roi  d'Austrasie,  rétablit  Téglise  et  l'abbaye 

d'Ainay. 

L'église  de  St-Pierre  d'Ainay  fut  détruite  jiar  les  Sat-  • 
rasîm  sons  Charles  Martel ,  et  rétablie  en  869  par  Aue' 
xéUen,  abbé  d'Ainay. 

Quant  à  IVgUse  de  St-Martin  d'Ainay ,  elle  de- 
me«a  ensevelie  sous  ses  ruines  enViron  5op  ans  ,  c'esl- 
à^rc,  depuis  sa  destruction  par  les  Vandales  jusqu'en 


.         (88) 
l'année.  954  9  qu'Amblard  ,  archeyêque  de  Lyon  y 
treprit  le  rétablissement  du  cloître  de  Tëglise. 

La  mort  de  ce  prélat  prévint  Tentière  exécution  de 
son  entreprise ,  qlii  ne  fut  achevée  qu^en  1070  par  Jo— 
cerand ,  60.^  archeyêque  de  Lyop  ,  lequel  avait  été  abbé 
d'Âinay.  Depuis  ce  temps  Téglise  a  subsisté  en  l'état  où  nou& 
la  voyons  aujourd'hui.  Elle  fut  consacrée ,  le  27.®  jour- 
de  janvier  1106,  par  le  pape  Pascal  11.  Ce  pontife  y 
célébra  la  messe  et  bénit  le  maitre-autel.  En  mémoire  de 
cet  événement ,  le   chapitre  fit   paver  en  mosaïque  le 
santtuaire  :  on  y  voyait  l'effigie  du  pape  tenant  entre 
ses  mains  le  dessin  de  la  nouvelle  église ,  avec  cette  ins- 
cription au  bas  : 

JÇIaiic  œdem  sacram  Paschalis  Papa  dicayit. 

Près  de  là  on  lisait  quatre  vers  latins  qui  sont  un  hom-^ 
mage  au  sacrement  de  l'eucharistie,  et  que  voici,  tels, 
qu'ils  ont  été  déchiffrés  par  Jacques  Spon  (i)  : 

Bac ,  hue  flecte  genn. ,  veniam  qaicnmque  precaris  y 
Hic  pax  est ,  hic  vita  ,  salus  ;  hic  sanctificaris  ; 
Hic  vinum  sanguis ,  hic  panis  fit  caro  Ghristi  ; 
Hue  ezpande  manas  ,  quisquis  reas  aute  fdistî. 

La  chapelle ,  de  style  gothique ,  qui  est  à  gauche  du 
chœur ,  est  décorée  d'ornemens  de  la  plus  grande  déli- 
catesse. On  en  fait  remonter  la  fondation  au  temps  où 
S.  Anselme ,  archevêque  de  Cantorbéry,  étant  en  exil  à 
Lyon ,  établit  la  dévotion  à  l'immaculée  conception  de  h 


(i)  Recherches  des  antiquités  et  curiosités  de  la  ville  dç- 
HâTon;  Lyoni  Jacques  Faeton^  1673  ^  iori^f  p^g-  i57. 


(89) 
Tirge  et  lui  àèAlà  cet  autel.  Aujourd'hui  elle  est  sottô  I& 

wcaiAe  de  S.  Mld^iel ,  l'un  des  patrons  de  la  paroisse. 

L'ancienneté  ae  cette  église  est  attestée  par  tout  ce 
fBi'(m  y  Toif  ,  mais  particulièrement  par  son  dôme  en 
tvme  de  calotte  ;  par  la  disposition  des  petites  nefs  qui 
clâent  autrefois  sans  chapelles  latérales  ;  par  son  clocher 
pyramidal  terminé  en  tombeau ,  et  enfin  par  Tarchitec- 
lure  peu  réguHèi'e  qui  règne  dans  l*ëdîfice  et  que  les 
connaisseurs  qui  la  jugent  antérieure  à  la  gothique ,  ap- 
pellenl  architecture  gréfcquo-moderne  ou  byzantine.  Cette 
nanjèie  s'introduisit  par  les  ouvriers  que  Charlemagne 
aiaît  &it  venir  de  TOrient. 

Nous  n*ayons  sans  doute  pas  besoin  de  rappeler  à  nos 
lecteurs  que  les  quatre  piliers  de  granit  qui  soutiennent 
le  dôme ,  sont  de  beaux  restes  du  temple  d'Auguste  où 
ils  ne  formaient  que  deux  colonnes  dont  chacune  sup- 
pottait  de  (itaq^  côté  de  l'autel  une  statue  colossale  en 
bronze.  Le  diamètre  de  ces  colonnes  est  à-peu-près  de 
5  pieds  4 pouces^  et  leur  hauteur  respective,  de  12  pieds 
10  pouces  ;  de  sorte  que ,  dans  le  premier  emploi ,  lors^ 
qo  elles  n'en  formaient  que  deux  9  chacune  avait  environ 
^  pieds  de  hanteur  (i)« 

Au  dessous  de  la  porte  principale ,  en  dehors ,  est  un 
petit  bas-relief  antique  ,  en  marbre ,  représentant  trois 
déesses  ou  matrones  assises  :  celle  du  milieu  porte.  UQe 
coroe  d'abondance  et  deux  pommes  ;  les  deux  autres 
tiennent  chacune  une  pomme.  Au  dessous  on  lit  ces  mots  : 


KAT.  AUG.   PHI.    BON.   M£D. 


(i)  Voj.   sur  ces   colonies   un    mémoire  d* André  Clar 
paaon,  inséré  dans  notre  recueil,  tom^Y^  pag.  184-192*. 

B. 


(  90  ) 
que  Ton  explique  ainsi  :  '         '    ' 

Maironis  Augusiis  Philenus  Egn^fius  Medicus  (  i  ) 

On  croit  que  ces  trois  figures  «ont  celles  des  dëesi 
mères  qui  Veillaient  au  salut  des  provinces,  des  princes 
des  particuliers.  Leur  culte, établi  dans  lenipire  roma 
sous  Pertinax  et  Sévère ,  fut  principalement  connu  dâ 
les  Gaules  ,  la  Germanie  et  la  Pannonie. 

Le  chapitre  de  cette  église  était  composé  d'un  abb 
doyen  ,  d'un  prévôt-curé  ,  de  dix-neuf  chanoines  < 
titre,  de  seize  chanoines  d'honneur,  de  quatre  fa; 
bitués  et  de  douze  enfans  de  choeur.  Pour  être  re< 
chanoine ,  il  fallait  faire  preuve  de  noblesse  de  deux  d 
grés  du  côté  paternel ,  sans  compter  le  récipiendaire.  ] 
dernier  prévôt-curé  a  été  M.  Louis  Charrier  de  la  Rocb 
décédé  naguère  évêque  de  Versailles.  L*abbé  Aimé-Guillc 
de  Montléon ,  conservateur  de  la  bibliothèque  Mazarin 


(i)  Le  P.  Mënestrier ,  Préparation  à  r histoire  consi 
iaire  de  la  ville  de  Lyon ,  p.  6 ,  donne  uae  antre  exp] 
eatioa  :  Il  pense  que  les  sjgles  Mat,  Aug,  signifient  Mat 
Augustes ,  et  par  cette  tnère  sainte  il  entend  la  déesi 
Segesta  ou  de  Tiiboadance',  qui  était  la  déesse  des  S< 
gasiens ,  liabitans  de  nos  contrées.  Suivant  lui,  le  bft 
relief  dont  il  s'agit  était  un  ex-voto  d'un  nfédecin ,  nomn 
Philenus  Egndtius  ,  en  Thonoeur  de  Segesta.  Mais  le  1 
Mènes  trier  semble  revenir  sur  ses  pas ,  Hist.  consulain 
pag.  Î295  il  paraît  adopter  T interprétation  de  Mat.  Au, 
par  Maironis 'Augustis  1^  et  conjecture  que  les  trois  lettre 
Med.  qui  terminent  Tinscriptlon  ,.  pourraient  bieu  ét| 
Fabrégé  de  Mediomatrix  (du  pays  Messin  )  ,  et  no 
celui  de  Medicus,  Conférez  «le  P.  de  Colonia ,  Histoit 
Ikléraire  de  Lyon  ,  tom^  I ,  pag.   148  et  149*  B. 


(9i> 
ihrîs,  auteur     d*une   Histoire  estime  dû  Siège  dt 

If9a  O  9  A  fait  partie  du  clergë  de  cette  église. 

L'église  d*Ainay  est  devenue  paroissiale,  en  i685  ,par 

h.  translation  de  Vof&ce  curial  et  paroissial  de  Tëglise 

le  Si-Michel,  ensuite  d*une  ordonnance  ât  Camille  de 

Neuville  ^  archevêque  de  Lyon ,  abbë  d'Ainay. 

Pendait  la  révolution ,  cette  église  a  été  dévastée ,  oomme 

toutes  les  autres  ;  mais,  depuis  le  rétablissehient.  du  culte 

caAiolîqae,  elle  a  ëtë  réparée  à  grands  fi*ais  par  les  soins 

du  d%iie  et   respectable  curé  de  la  paroisse ,  feu  M. 

Ségnier  •  aidé  du  concours  du  conseil  de  fabrique  et  des 

pieuses  libéralités  de  plusieurs  paroissiens^  notamment 

de  M.^^  de  la  Balmondîère  (2). 


(O  Publiée ,  pour  la  première  fois^  en  1797 ,  2  vol.  în-8.®,.. 
el TéVmçrunée ,  avec  des  additions  considérables,  en  18249 
ï  vol.  skème  format  ^  sous  le  titre  de  Mémoires  pour 
servir  à  rhistaire  de  la  ville  de  Lyon  pendant  la  révo^ 
imiûm  9  dans  la  Collection  des  mémoires  relatifs  à  la  ré^ 
vaiuiùm  Jrançaise.  M.  l'abbé  Aimé  Guillon  de  Montléon 
a  aussi  donné  en  1792  un  Tableau  historique  de  hjron^. 
reproduit  en  1797  et  en  1807,  avec  des  additions  ,.  sous 
le  titre  de  Lyon  tel  gu*il  est  et  tel  qu'il  était  ^  i  v.  in- 12* 
On  doit  enfin  au  même  auteur  un  grand  nombre  d'autres 
«nvrages  dont  plusieurs  sont  anonymes  ,  maU  qui  sont 
tuas  marqués  au  coin  d'une  érudition  solide  et  variée* 

B. 
(a)  n  est  fâcheux  que  le  conseil  de  fabrique  n'ait  pas 
sead  la  nécessité  do  ne  confier  ces  restaurations  qu'à  des 
IKcaonnes  assez  instruites  pour  se  faire  un  devoir  de  se 
conformer  autant  que  poissible  au  stjle  d'architecture  de 
téçHse.  Si  cette  précaution  eât  été  prise  ^  les  profils  des 
coryiicbçs  et  de  la  menuiserie  »  employés  à  la  décoratimi 


1 


La  sacristie  seule  n*â  pas  encore  éïi  restaurée  :  peiil 
être  a-t-on  voulu  respecter  ee  caractère  d'antiquité 
la  distingue ,  ses  fenêtres  enfoncées  dans  Tépaisseur  dé 
murs  ,  la  construction  de  sa  voûte,  et,  en  un  mot ,  tous  tt 
accessoires  qfii  ea  font  ua  monument  remarquable  et  \ 
conserver.  , 

On  voit  dans  cette  sacristie  Tentrée  d*ùne  cave  souter- 
raine ,  où  Ton  prétend  qu'étaient  déposés  les  restes  de 
martyrs  ,  et  sur  laquelle  les  amis  du  merveilleux  ont  ré- 
pandu toutes  sortes  de  fables. 

Notre  compatriote,  M.  Fleury  Richard ,  peintre ;du  roi. 
a  placé  la  scène  d*un  de  ses  tableaux  les  plus  estimés , 
Us  Templiers ,  dans  cette  même  sacristie,  dont  son  pinceau 
élégant  et  fidèle  a  reproduit  avec  beaucoup  de  bonheur 
l'aspect  pittoresque  et  les  beaux  effets  de  lumière. 

On  se  propose  d'agrandie  et  de  restaurer  l'église 
â'Ainay  ,  et  des  plans  pnt  été  demandés  pour  cet  effet  à 
M.  l'architecte  Pollet.  Tout  récemment,  en  se  livrant  à 
quelques  travaux  préparatoires,,  on  a  découvert  une  cha* 
pelle  très-curieuse ,  qui  servira  de  pendant  à  la  chapelle 
des  fonts  baptismaux ,  et  dont  on  avait  fait  une  dépen- 
dance de  la  cure.  Il  y  existe  un  escalier  entièrement  ou- 

de  la  chapelle  nouvellement  reconstruite ,  ne-  formeraient 
pas  un  contraste  choquant  a?ec  les  autres  parties  dé 
ce  beau  temple.  Il  en  serait  de  même  du 'tambour  dont 
an  a  encombré  Téglise  en  dépit  de  son  élégant  vestibale. 
Grâces  aux  remontrances-  et  aux  observations  de  nos 
artistes ,  la  chapelle  des  fonts  baptismaux ,  récemment 
découverte,  a.  été  beaucoup  moins  maltraitée:  on  regrette 
toutefois  qu'on  ait  jugé  k  propos  de  Péélairer  par  une 
£çnétre  d'assez  mauvais  goût 


(95) 
!f  pris  dans  l'épsôsseur  du  mur  et  Supporte  dans 

ki^sa  hauteur  par  une  voûte  spirale.  Il  servait  à  monter 
ackicher^  et  parait  être ,  comme  sa  tour,  d'une  cons- 
i-^rtion  datant  au  moins  du  onzième  sièclç.  Le  ifombre 
ia  sarches  de  cet  escalier  a  ^té  cooaptë,  et  son  débouché 
fd  se  trouve  en  entrant  dans  l'église ,  à  droite  de  la  porte 
ffiiidpale  ,  a  été  soigneusement  marqué  :  précaution  qu'on, 
a  cru  devùr  prendre  pour  retrou vei*  facilement  ce  pas- 
sage ,  dans  le  cas  pu  l'on  jugerait  convenable  de  s'en 
servir  de  nouveau  pour  monter  au  (Socher  où  l'on  parvient 
maintenant   ^r  un  ^escalier ,  construit  dans  une    cour 
voisine  de  l'église.  On  ne  peut  qu'applaudir  à  ces  mesures 
et  à  toutes  celles  qui  auraient  pour  but  de  conserver  à 
Fanden  monument  que  nous  vefions  de  décrire  sa  phy^ 
sononûe  primitive  »  et  d'en  coordonner  toutes  les  parties 
sur  un  plan  conforme  au  style  d'architecture  qu'on  y 

avait  ongiaakement  adopté. 

< 

AiiTAY  (me  du  Rempart  d*  ).  Cette  rue  n*es?t  pas  en- 
tièrement hâtie;  elle  se  dirige  du  levant  au  couchant,  de 
b  me  Laurencin  à  la  nouvelle  ujace  d'itenrî  IV.  ïl  n'y 
cxBte  en  c^  moment  que  9  maisons ,  composées  de  Sj  mé-* 
n^es ,  formant  une  population  de  2o3  individus.  On  y 
œnpte  ai  ateliers, de  fabrication  d'étoffes  de  soie,  em-*- 
pbyant  49  métiers. 

Son  nom  lui  vient  des  anciens  remparts  qui  défen- 
^ient  la  ville  de  ce  cAté ,  et  dont  il  ne  reste  plus  au- 
îourd%ui  que  quelques  vestiges.  Ces  ouvrages  avaient  été 
entrepris  çn  1544  par  André  d'Albon,  sénéchal  et  gou- 
verneur de  Lyon ,  à  l'occasion  de  l'irruption  de  CKai-les- 
Qmnt  S\  Champagne.  Ce  fût  le  3  et  Iç  10  août  de.  la 
année  que  ce  gouverneur  ayant  passé  une  revue 


gëiiërale  àes.  citoyens  de  Lyon  ,  il  s'y  trouva  d[ixt-haft 
lîiille  hommea  en  état  *de  porler  les  armes. 

C'est»  sous  Henri  iv  que  les  remparts*  d'Airiay  furent 
ornés  de  plusieurs  rangs  d  arbres  dont' Sully  planta  le 
premier.  Il  n'y  avait  point  eu  jusqu'alors  de  clôture 
dans  cette  partie  de  la  ville ,  et  celle-ci  ne  fut  achevée 
qtie  sous  Louis  xiii ,  telle  qu'on  la  voyait  avaût  Vexé— 
cution  du  projet  de  Pefrache ,  en  I774«  A  cette  dernière 
ëpoque  ,  ces  remparts  formaient  une  magnifique  prome-^ 
nade ,  autour  de  laquelle  la  vue  se  perdait  agréablement 
sur  des  jardins  arrosés  par  les  eaux  du  confluent  dn 
Rh6ne  et  de  la  Saône. 

Il  existait  sur  les  remparts,  avatit  la  révolution,  la 
maison  royale  du  jeu  de  l'arc  :  c'était  une  ancienne  con- 
frérie érigée  en  compagnie  royale  par  le  roi  Charles  vn 
en  i45i.  Le  but  de  rînstitutioh  avait  été  ,  dans  le  prin- 
cipe ,  d'exercer  ceux  qui  en  faisaient  partie  à  se  servir 
utilement  d'une  arme  ,  qui  était  presque  la  seule  qu'em- 
plo3rassent  alors  les  troupes  légères  ;  mais ,  depuis  Tinven^ 
tion  des  armes  à  feu ,  cet  exercice  n'avait  plus  pour  objet 
que  de  développer  l'adresse  des  personnes  qui  s'y  li- 
vraient ;  en  sorte  que  cet  établissement  militaire  dégé- 
néra en  un  simple  divertissement. 

La  compagnie  de  l'arc  ou  de  l'arquebuse  était  composée 
d'une  trentaine  de  négocians  recommandables  ^ui  se  réu- 
nissaient, à  certaines  époques  de  l'année,  pour  tirer  l'oi- 
seau. Celui  qui  remportait  le  prix  recevait  une  Ijourse 
de  soixante  jetons  d'argent,  sur  lesquels  étaient  gravées 
les  armes  de  la  ville  et  celles  du  vainqueur.  Op  invitait. 
h  cette  fêle  le  gouverneur  et  tout  le  corps  d^  vi||e. 

Le  bâtiment  du  jeu  de  l'arc  appartient .  aujourd'hui  à 
M.  Michoud,  amateur  éclairé  des  beaux-arts,  qui  y  a 


('95). 
une  galerie  de  tableaux.   M.  f'ortis  ,  à^tns  èoH 
fiff€ge  pitlor^s^ue  à  Lyon  (  i)  ^  en  cite ,  avec  ëloge ,  un 
mtz  grand  nombre.  i . 

On  remarquait  anciennemenl,  sur: ces  mêmes  rem-^ 
farts  y  près  du  confluent ,  un  empW^ment  appelé  du 
',  parce  que  c'était  là  que  se.  passait  la  dernière 
d*u]ie  fête  populaire  connue  sous  ce  nom  ^  et  dont 
noQS  alkins  sommairement  rapporter  ,  *d  après  les  histo"- 
TÎais  ,  les  détails  et  l'.origine.  * 

Une  sédition  populscîres'étant  élevée,  en  i4o3,  contre 
ks  personnes  notables  de  la  ville ,  à  cause  de  la  cherté 
des  grains ,  les  seuls  habitans  du  quartier  du  Bourgcha^ 
BÎn  ratèrent  dans  le  devoir,  par  les  soins  et  la  vigilance 
dVnmbert  de  Varey ,  abbé  d*Ainay  :  fiers  de  lebr  fidélité , 
ils  voulurent  en  perpétuer  le  souvenir  par  une  céré- 
aMHiîe  extravagante  qu-ils  nommèrent  du  chei^al  fol  et 
({ii'Ws  célébraient  chaque  ginnée  à  là  Pentecôte.  A  cette 
occasion,  un  homme  se  déguisait  en  cheval ,  de  la 
ceinture  au  bas  du  corps ,  et  en  roi,,  de  la  ceinture  jus- 
qu'à la  tête.  Ce  fantôme  couronné ,  ayant  un  sceptre  à 
&  naîn,  accompagné  de  joueurs  d'instrumens  et  suivi  de 
la  populace  ,  partait  de  ce  quartier ,  près  du  pont  de  la 
Gaillotière,et  parcourait  toute  la  ville  en  sautant ,  pour 
Ummer  en  dérision  les  mutins.  La  fête  venall^  ensuite  se 
tendner  au  confluent  du  Khône  et  de  la  Saône  où  Tort 
précipitait  un  mannequin  en  paille, monté  sur  un  cheval 
de  bois,  après  y  avoir  mis  le  feu. 

Une  foule  immense  se  rassemblant  annuellement  sur 
le  quai  de  THôpital  où  «cette;  fête  commençait  ^  d^  mar- 


■^  «> 


•      '      •  •  . ,  I 

(i)  Tom.  I ,  pag.   i5a-i54.  *  B. 


(96) 
ickands  s'y  rendaient  en  grand  nombre  pour  y    ëiaîei 

leurs  marchandises  :  l'usage  d'y  tenir  foire  à  celte  ëpoquc 

s'établit  insensiblement , .  et  c'est   là   l'origine  de    celle 

qui  se  tient  chaque  année  au  même  endroit  aux  fêtes 

de  la  Pentecôte  :  seul  reste  de  la  farce  du  cheval  foi 

qui  fut  supprimée  à  cause  des  désordres  qu'elle   occa^ 

sionait ,  comme  l'a  été   de  nos    jours ,  par  des  moùfs 

semblables,  l'abus  qui  permettait  au  peuple  d*în)urier 

les  passans  à, la  fête  baiadoire  de  Si'^Denis  de  Bron  (f  )& 

Heureux  temps  cependant ,  quoi  qu'on  en  dise  ^  que 

celui  où  le  ridicule  suffisait  pour  iaire  justice  d'une  ^éàx^ 

lion  ^populaire  !  De  pareils  moyens  feraient  aujourd'hui 

sourire  de  pitié  nos  artisans  de  rébellion;  leur  folie  a  mal-' 

heureusemékit  un  caractère  plus  sinistre  et  plus  sérieux 

que  celle  dont  la  fête  du  chei^atjol  rappelait  le  souvenir  $ 

et  ce  sont  trop  souvent  .des  armes  d'une  autre  trempe 

qu'il  faut  employer .  pour  réprimer  leurs  désot^lres   et 

leurs  excès. 

■ 

ÂLBON  (place  d'  ).  C'est  le  tiom  que  porte  ,  depuis 
1812  ou  i8i3,  la  petite  place  qui  se  trouve  au  nord 
de  la  descente  du  pont  du  Change ,  stir  la  rive  gadbhe 
de  la  Saône  et  qui  donne  issue  ,  d'un  côté  ,  à  ta  rue  àb 
la  Pêcherie  »  et  de  l'autre ,  à  la  rue  des  Bouquetiers  et 
à  la  petite*  rue  Mercière.       * 

Cette  petite  place ,  qui  il'avaît^oînt  d'issue,  du  côte  du 
midi ,  avant  l'ouverture  du  quai  Vîlleroy  ,  s'appela 
d'abord  THerberie ,  à  cause  d'un  marché  qui  s'y  tenait 

(t)  Conférez  ces  détails  sur  la  fête  du  Ch^vdl  fol  ^ 
avecf  ceux  qui  se  trouvent  dans  un  mémoire  de  M.  de 
la  To^r^ette ,  tom.  IV ,  pag.  467  et  468  des  Archis^es  du 
Ehâne*  B* 


t  97  ) 
klB.  H  y  eut  long-temps  un  corps-de-garde  qui  servait 
i  fOié^T  l'avenue  du  pont ,  du  côt^.  de  l'empire ,  comme 
fc  faisait)  du  côte  du  *vyaume  ,  le  corps-de-iarde  du 

André  d'Alton  ,  chevalier  ,  autorise  par  les  seigneurs 
de  l'église  de  Lyon  et  par  le  consulat ,  avait  fait  cons- 
fruiie,  en  iSog  ,  des  magasins  ou  auvroirs ,  suivant 
fc langage  de  ce  temps,  sur  le  pont  de  St  Nizier.  Ces 
Utuneas  iiirent  consumes  par  un  incendiç  ,  environ  3o 
as  aiȎ,;  et  en  i34o  ^  Huml)^  d'Albon,  fils  de 
1^  dAlboo  ,  chevalier.,  vendit  à  Humbert  Davita  » 
dtoyeo  de  Lyon  ,  au  prix  de  aoo  deniers  d'oï ,  la  place 
tent  «or  le  pont  du  côté  de  biase ,  sur  laquelle  étaient 
«opaiavant  les  bâtimens  incendies  qui  furent  recons^ 
traits.  Sans  doute  on  a  donne  à  celte  place  sa  dénomi- 
■ation  actuelle  pour  conserver  le  spuvenir  d'une  des 


'  '     '  - 


0)  On  appelait,  dans  le  qamt\hme  sihcle ',  Lyon  sur  U 
BkosMe  oa  le  Rojraume ,  la  partie  ie  la  ville ,  alors  aou- 
t«ne  ,  qui  forme  ane  présqa'He ,  et  I^on  sur  la  Sa^ne  . 
«•  I  Enipm ,  I  ancienne  ville  du  c6të  dé  Foorvière  Ce» 
toonûnation.  de  Roraume  et  d'Empire  qui  rappellent 
r^nqu  oa  l'ande^ie  ville  appart»m.lt  an»  empereurl 
d^Wemagne  ,  ne  sont  pas  entièrement  efiàcëes  :  1er  ma« 
ranw  s'en  servent  eneore  aajourd'hni  pqur  déaigàfa  les 
«m  nve«  opposées  de  la  Saône  ik  Lyot^, 

Dans  la  souscription  des  premiers  livre?  sorti'»  des  presses 
ifonnaises,  la  ville  est  presque  toujouVs  désignée  par  les 
mot»  de  fyon  sur  le  Rhosne.  Les  imprimeurs  s'étaient  logés 
k  préOrence  dans  cette  partie  dé  là  èité ,  qui,  n'étant 
IH  dora  fort  penpiëe,  leur  ofl&ait  les  Tastes  emplacemens 
««  ib  avaient  besoin  pour  établir  leoss  ateliers.  B. 
Totu  VL  - 


(  98  ) 
premières  proprlëtës  que  Ton  connaisse  pour  avoir  ap- 
partenu ,  en  cette  ville ,  à  Titlustre  famille  d'Âlbon. 
L'hôtel  appelé  de  ce  nom ,  au  quartier  de  St.  Jean  ,  qui 
passait  généralement  pour  la  possession  la  plus  anciennt^ 
de  cette  familte  ,  he' parait  pas  avoir  tnte  origine  plus 
reculée ,  puisque  les  premiers  actes  qui  en  fassent  men- 
tion ,  sous  le  titre  de   maison   des  en/ans  iTAÎbùn  , 

•  datent  de  celle  même  époque*  ' 

On  trouve  encore  dans  les  archives  dé  la  ville  que , 
sous  le  règne  de  PhiKppe*le-Bel ,  messire  Etenri  d'Âlbom  , 
chevalier,  représenta  à  la  communauté  de  Lyon  qu*tt 
possédait  plusieurs  maisons  et  boutiques  sur  le  pont  de 
Saône  ,  '  du  côté  de  Notre-Dame  de  la  Platîère  ,  éï 
qu*appréhendant  qu'elles  ne  fussent  pas  assez  solides  5  il 
demandait  l'autorisation  de  pouvoir ,  pour  les  soutenir , 
appuyeir  quelques  àrcs-boùtàns  $ur  le  grand  arc  dudit 
pont ,  appelé  Varc  merveilleux  :  ce  qui  lui  fut  accordé 
par  les  conseillers  et  échevins  ;  <(  et  promettoit  ledit 
M  sîêur  chevalier  d'Alton,  pour  lui  et  les  siens,*  de 
»  maintenir  ledit  àrc  du  pont ,  sur  lequel  il  entendoit 
»  bâtir ,  en  aussi  bon  état  et  meilleur  qu'auparavant  ;  et 
»  s'il  arrivoit  quelques  dégiradatioas  au  pont  pour  raison 
»  de  ses  consiructiona  y  il  s'engetgeok.  à  lest  fjiîre  réparéiil 
y  à  ses  frais.  »  >  .  .  . 

La  famille  d'Albbn  est  trdp  honorablement  connuie  '^ 
pour  qu'il  soit  iféce^afire  de  rdppelei'  avec  quel  éélat  elle 
a  figufé'à'Lyoh  dâriô.  Ifes  fcharges  municipales,  civiles, 
mtlîtaifes  et  ecclésiastiques.  Nous  nous  boinerons  àciter, 
éntr'autres  personn^gï^ç  éfuineas  qu'elle  a  produits  , 
le  maréchal  d^  St.  Andr^v -gouverneur  de  Lyon  et  de$ 

.  pi^vinces  de  Lj^onnaj/s ,  F^rea  et  Béauidhits,'qui  joba  utk 
grand  rôle  sous  Henri  II ,  François  II  et  Charles  IX  ; 


•     (99Ô 
iatoinc  â'Âlbôh  ,    ici*  archevêque    de  Lyon  j   vingt 

(n&tes  de  Lyon  ;   s;ep(  âbb^s  de  Savigny  ^  et  un  grand 

fiombre  de  chevaliers  de  Malle  (i). 

Celte  famille  subsiste  encore  dans  la  personne  de  M.  le 
sarquis  d'ÀIboti  ,  ancien  maire  de  Lyon ,  nommé  pair 
de  France  par  ordonnance  du  17  novembre  1827 ,  et 
dans  cette  de  M.  le  baron  d'AIbon  ,  son  frère ,  lequel 
a  tût  pvtîe  du  {^etit  nombre  des  chevaliers  de  Malte 
qui  se  trouvèrent  dans  cèfte  iTe  à  l'ëpoque  où  elle  fut 
lÎTiwè  Bonaparte  y  générai  en  chef  de  l'année  d']Sgypte. 

La  place  d'Àlbon  ^  il  y  a  peu  de  temps  ,  était  plutAt 
une  cour  qa'ittie  place  ;  c'était  de  plus  uû  passage  si 
dasgerenx  pour  lés  voitures  que  la  vilïe  entière  unissait 
dans  tes  mêmes  taux  l'élargissement  du  tournalfil  de  St. 
Ctee  et  cdui  de  la  descettte  du  poiit  du  Change.  Il  ap- 
psrtmaît  à  Vadministratiôn  municipale  ,  d'entreprendre 
et  d'adbrrer  une  améliofation  dont  la  nécè^ité  était  i^i 
géBéralemefil  reconnue  ;'  auân  déjà  ^  depuis  plus  de 
cinq  ans  (3) ,  le  tournant  de  St  Game  ^  autrefois  si 
redouté  des  piétons  «  est  devenu  une  rue  Jibre  et  <cQm- 
mode ,  que  de  belles  maisons  décorent  ,  et:  bientôt 
3pès ,  le  massif  de  daasures  qui  obstruait  la  circolatioA 


(1)  Ajoatec  ii  la  nomenektoré  dëB  ïnéAiBres  de  cette 
ânSle  qoi  ont  ^Memik  quélqtte  nA^binièj  Clàude^'^mfîiie^ 
Hrauieoit  d'Albon ,  né  à  Ly<m  ^eitf  1755,  mort  h  ^a^is  en 
1709)  associé  d«  l'adadiémte  de  Lyon^  eh  de  plàsténrs 
■■très  Mcîétés  a^vantet  ,.'et  auteur  de  difféfens  ouvrages 
fUstoîfe,  de  politique  et  de  littérature^  dont  où  troiive 
b  liste  dans  la  Biographie  unii^erseii^.  B. 

{3)  Sooa  la  mairie  de  M.  k  baron  Rainbaud. 


(  f  oo  ) 

du  quai  Villeroy  au  quartier  des  Terreaux ,  a  entière— 
ment  disparu.  La  démolition  en  a  été  efiectuée  au  mois 
de  décembre  i823« 


BIOGRAPfflE  LYONNAISE 

X  XXV1.«  Article  )• 

NOTICE  ^R  lE  P.  EMOND  A0GER  ,  JÉ^DlTfi.    ' 

Emond  Âuger ,  célèbre  jésuite ,  a  joué ,  pendant  le 
i6.*  siècle  j  un  rôle  si  important  à  Lyon  qu*on  ne  peut  se 
dispenser  de  Jui  accorder  une  place  dans  une  Biographie 
tyonnaise  ;  il  naquit ,  en  i53o  (i)  9  a\2  village  d'AUenian  , 
dans  le  voisinage  de  Troyes  ;  son  père ,  pauvre  laboureur  > 
cbnfia  le  soin  de  son  éducation  à  un  oncle  qui  était 
curé  de  campagne  y  et  quand  cet  oncle  lui  eut  enseigné 


i^ 


(i)  Et  non  en  iSi5 ,  comme  on  le  lit  dans  le  Diction^ 
noire  de  l'abbé  de  Feller  et  dans  la  Biographie  universelle. 
C'est  aussi  par  errear  que  l'auteur  des  remarques  sur  la 
Confession  de  Sancy  (  tom.  II,  pag.  447  de  l'éd.  de  1720) 
fait  naître  Âuger  à  Treys ,  en  Provence.  Presque  tous  les 
biographes  ont  varié  sur  la  manière  d'éerire  son  nom  ; 
on  l'a  appelé  tantôt  Âo^r  ou  Ângier  9  tantôt  Ogier,  Son 
nom  de  ^aptéme  a  été-  aussi  souvent  défiguré  ;  mais  j'ai 
la  certitude  qu'il  se  nommait  Emond  ;  car  c'est  ainsi  qu'il 
a  signé  une  lettre  autographe  que  je  possède  et  qu'il 
écrivit  de  Rpme  le  2  de  décembre  1579,  aux  consuls  et 
échevins  administrateurs  du  grand  Hôtel-Dieu,  de  la  ville 
de  Lyon,  en  leur  faismt  tenir  de  beaux  pardons  de  la 
part  du  Saint  Père. 


C  ïoï  ) 

k  peu  quTiï  ssnraît ,  il  l'envoya  à  Paris  aupr^  d*Etienne 

iager  ,  son   frère  aine ,  qui  exerçait  la  médecine j  Dnais 

isisque  le  jeune  Cmond  arriva  à  Paris ,  son  frère  avait 

fnllé  la  capitale-  pour  aller  s'ëtablir  à  Lyon  ;   il  se 

iradit  donc  dans  cette  dernière  ville ,  où  Etienne  le 

i^ul  avec   lK>iité  et  lui  fit  continuer  ses  ëtudes*  Le 

succès  avec  lequel  il  les  termina  engagea  Etienne  à  le 

&ire  partir  pour  Rome ,  muni  de  lettres  de  reeomman- 

dation  pour  ïe  P»  Lefèvre  ^  un  des.  premiers   compa-^ 

gnons  que  S.  Ignace  s'était  associés  à  Paris,  quatid  il 

conçut  le   dessein  de*  fonder  la  société  de  Jésus.  Soit 

fi'Eioooà  n'eût  pas.  reçu  de  son  frère  une  somme  suf- 

£sante^  soit  qu^il-  eÂt  manqué  d'économie ,  sa  ix>urse 

se  trouva  vide  avant  qu*il  fiit  parvenu  au-  terme  de  s» 

loule  ;  de  sotte  que ,  pour  la  continuer,  il  se  vit  con* 

trainl  à  demander  Taumône.  Pour  surcroit  de  malheur  ^ 

&  peine  fid-îl  à  Rome  qu'il  eut  la  douleur  d'apprendre' 

que  Ve  ?.  liefè^re  était  moct*.  Privé  du  protecteur  suc 

^uel  il  avait  ibndé  toutes  ses  eq»éiances  y  Emond  ^ 

depuis  quelques,  jours ,  vivait  aux  d^pen»  de  la  charité 

publique  Y  lorsqu'il  eut  Tidée  dé  se  placer  parmi  d«s  co-* 

pistes  qui  se  réunissaient,  certains  jours  de  la  semaine , 

WÊr  champ  de  Flore  pour-  offirir  leurs  services  aux  gens 

i'a&ires  ou  aux  grands  de  la  cour  de  Rome^  Un  jésuite 

se  présente;^  Emond^  tenant  une  écritoire  et  des  tablettes 

dans  ses   mains ,  Taborde  et  parvient  à  Tintéresser  k 

son  sort.  Une  .seule  place  était  vacante  dans  la  maison 

de  la  compagnie  :  c'était  celle  de  garçon  de  cuisine  ;  ce 

poste  était  peu  relevé  ;^  cependant  il  se  résigna  à  l'ao-' 

eepteri.  Toutefois  ,  ses  supérieurs  ne  tardèrent  point  à 

s'apercevoir  qu'il  n  était' pas  né  pour  un  emploi  si  bas. 

S.Ig;nace'  luH4nénie  Tayant  interrogé,  XtU  charmé  desea 


(  loa  ) 
réponses ,  et  lui  ayant  fait  composer  une  petite  pière^ 
en  vers  latins  9  il  ea  fut  telteroent  enchante  qu'il  l'admit 
^u  novjicUt  Le  nouveau  disciple  de  Loyola  fit  des  pfo^< 
grè^  si  caipides  qu'on  abrogea  le  temps  de  ses  ëpreùve» 
pour  lui  donner. une  chaire  db  poésie^  d'abord  dahs  le. 
Qollé^g^  de  Rome., .  et  «nsuite  dans  celui  de  Pérouse  ^ 
d*où  il.  fut  bientôt  rappelé  à  Rome  pour,  professer  la 
rhétofftque.  Pendant  les  loisirs  que  lui  laissait  le  pro^. 
fessorat,  il  se  livra  à  Tétude  de   la  théologie,  et  il* 
i^êçup  les  .ordres  sacres.   Le  protestantisme  comraen— » 
çaii  à  se  répandre  dans;  toute  l'Europe  ;  alors,  le  gé-* 
néral    des  jésuites,  à  la-  sollicitalioii  des  ëvéques  de 
France  ,  envoya  dana  le  royaume .  plusieurs  roembreà 
de  sa  compagnie:  Au^r  fut  du  nombre^  1}  partît  de 
Rome  vers  le.  milieu  de  l'automne <  de  rann^   ibbg^ 
Le  com^é  de  Foix  fut  le  premier  théâtre  de  ses  pré—, 
dications  et  de  ses  succès.  Il  se  rendit  ensuite  à  Toumon 
pour  :  assister  à  l'installatioâ  des  jésuites  danl  le  collège 
qu'avait  précédemment  £Midë  eii  cette  ^ville- 3e  cardinal  de 
Toumon  9  qui  était  alors  archevêque  de  Lyonj  U'suc^ 
céda  dans  la  suite  au  P^  Eleuthère  Pootous.,  premier 
reciéuff  de  œ  collège,  et  il  y  professa  la  théologie.  Appelé, 
à  Valence  pour  y  prêcher  le  carène,  le  P.  Augersetrou- 
vait  en  cette  ville  lorsqu'elle  fot^urfyrâse  par  les  troupes, 
du  baron  des  Adrets,  le  25  avril  r,5£a.  On  l'arrêté  et 
on  lui  met  la  corde  .au  côu ,  en  lui  laissant  le  choix 
de  nmrcher  au  prêche  ou  «au  suppUoe.   La  moi^  ne. 
l'eifraîe  point  ;  l'aspect  du  gibet  redouble  son  couine  ^ 
moiité  sur  la  fatale  échelle,  il  pa^le  aoirec  une  éloquetace 
<)ut  fait  fondre  en  laimes  tous  les- spectateurs  ;  le  mi- 
nistre Pierre  Viret ,  qui  Tassi^taftt ,  lut  si  attendri  qu'il 
desuinda  sa  giàce  et  obtint  un  sursis  à  aon  exécution. 


c9  2S5iirant  q«x*il  se  chargeait  4^  (e  g^npr  à  sw  parti 
ëita  faire  en  peu  de  temps  une  4és  plus  fermes  co- 
Ittitôde  la  réforme.  Eeconàuit  en  prIsoiji,,Adgery  ald^ 
k  quelques  catliolI<|ues ,  trpuvja  bientôt  le  ^loyen  de 
smder.  Poullin- de  Lumin^^  écrivain  janséniste,  re- 
prodie  à  Auger   (  HisL  de  I/fon  ^  ^ag.  210  )  de  nç 
pas  s*^re laissé  pepdre^  et  Vaqcu^e  (davoir  eu  recours 
à  une  &nesse    pour  conserver  sa  vie;    suivant   lui;^ 
Ânger  aurait  promis ,  sur  TéchelU ,  au  ministre  Viret , 
àe  détenir  aussi  ardent  j^éfefi^çur  des  protestans  qu'l) 
vml  montré  de  zélé  à  les  coaibàtt|pe.  Toutefois ,  à  -sup- 
poser que  le  P.  Àuger  ^ût  fait  une  pareille  promesse^ 
ce  qui   nous   parait    to^^à-fait    invraisçmblsd^le  ,    ^ 
faut  avoner  que  s'il   ne  la  tint  pfis   entièrement  y  il 
U^ma  toujours  les  mesures  de  rigueur  qu'on  employai^ 
omire   les  réformés,  et  qû'^n  combattant   lui-mêm^ 
leurs  erreurs,  il  épargna  const^immeait  leurs  personnes. 
Êâiappé  à  un  si  grand  péril ,  f^^t  n'en  devint  que  ^ 
plus  intrépide;  réfugié  en  Auv^rgije ,  sespnyîcptioTis 
fuient  si  efficaces  que ,.  daps  1^  9^i^)p  yillç  4*l$3oire ,  il 
convertit  plus  de  quinze  cent3  cajvifïistes;  jpais  U  vill^ 
de  Lyon  lui  dut  sou9  ce  rapport  bien  pl.us.enç9re  qi^p 
toutes  les  autres  villes  de  '^x^ntt  ;  il   y  arriva  exi 
ioiUet  1563)  à  la  prièrp^P  maréchal  de  |a  yieilleviU^ 
«pe  la  cour   y   avait  enyoyé,^  pour,  recevoir  >  eft  exé^ 
a^n  de  fédit  de  pacification  du  ;ig  n^ars  précélenfct 
la  soumission  des ,  calvinistes  qui  s'étaient  ^nip^réa  «J^ 
Ijon^la  nuit  du  3Ô  avril  au  i.^'mai  i562.  Auger  fut 
diargé  par  le  maréchal  d'y  rétablir  l'exercice  de  la  re- 
ligion catholique  que  les  pfôïeslans  y' avaient  ept|èr^^ 
ment  al)o)ie  j>enda|n!t  les  treize  mois  de  leujr  ^Qçcupaiiov* 
Tous  les  édifices  sacrés  avai^^.^t^  PP^Wrfî^j  ,4^;Y3?^^* 


(  îo4  ) 
et  mutiles  ;  de  nos  jours  encore  it  en  existe  plusîeuH 
çt  principalement  rëglîse  de  St-Jeah  ,    qui  oflFrent   é 
nombreux  et  de  tristes  vestiges  du  Vandalisme  iropie  di 
soldats  du  baron  des  Adrets,  L^  cérémonie  expiatr>i| 
de  la  restauration  dés  autels  avait  ;été  fixée  au  dimanchi 
ï8  juillet- Tout  parut  sV^brapler'dans  Ja  ville  au  bruit  de 
cloches  (O.,  dont  .le  son  ti*avait  pas  retenti  dans  lés  aîrj 
dépuis  plti^  d*une  année.  t[ne  foule. Immense  de   fidèl^ 
fondait  en  larmes  et,  levant  les  mains  au.  ciel ,  remplissall 
rimmensç  cathédrale  *;  plus  de  vingt  millie  personnes  as- 
sistaient à  c^tle  auguste  cérémonie,  el  ceux  qui  n^avaient 
pas  pu  pénétrer  dan^  l'église  couvraient  ïa  place  de  St-*- 
Jeah  et  les  rues  d*aïentoi|r.  Après  une  messe  solennelle 
qui- fût  chantée  par  !é  P.  Auger,  ce  prédicateur  prononça 
un  discours  aussi  modéré  que  pathétique:  prenant  pour 
texte  Tévangite  du  jour ,,  Esfote  mi^èritordes ,  11  s'attacha 
à  démontrer  Tôbligation  4'.iiniter  la  bonté   de  Dieu  gui 
paraissait  vouloir  feire  gpûter ,.  à  tous  \ts  habitans  ^e 
Xyon ,  les'flruits  (^   sa  miséricorde  dans  la  paix  qu'il 
venait  de'  leur  donrier.  '«Un  tel  çxemple  ,  s'écriaît-îl  ,. 
V  doit  votis  porter  à  vous  patdbriner  njutjuéllémeni  et 
»  de  cœur  tous  les  sujets  de. chagrjn  que  le  malheur  des 
y  temps  a  causés ,  et  vous  engager  à  les  'ensevelir  dan3. 
y  un  éternel  oubli.  Gardez-vous  dç  rappeler  jamaiis  les. 
9>  contestations  passées ,  et  que  chaduq  prenne  des  sentie. 
s>  mens  de  douceur.  Nort ,  ce  n*est  point  par  la  force  qup 
)>  Ton  fait  entrer  la 'religion  dans  le  cœur  :  laissez  le 

.     »  .        .  .  I  > 

^ I 

(i)  Presque  toutes  les  cloches  avaient  été  fondues  penr 
dant  roccupation  des  calvinistes  ei  avaient  éié  métamoiv, 
phosées  en  canons.  Les  réformateurs  de  1795  n'ouJ)lièrc!Qj< 
Doiat  d'aùiter  cet  exemple.. 


Cio5) 

soin  des  armes  aux  puîssanœs  ëtablies  pour  les  porter» 

dràiens  et  citoyens   d'une  même  ville,  vous  deves 

tous  èlre  unis    ensemble  par  les  liens  de  la  sociëtë  cî- 

fi^  el  de  la  cliarltt^  chrëlîenné.  Il  ne  ,vous  est  permis 

àe  carter   que  des    seuls  articles  de  religion  qui   ne 

>  soa\  \iomt  controverses  ,  et  dont  on  est  d'accord  res- 

■  çedVvemenl  ;  maïs  quant  aux  autres  articles,  il  n'ap- 

»  çaLT\L\eBl  qu*à  l>ieu  et  au  concile  qui  est  assembla  de  les 

^  iènder.  Chacun  n*a— t-îl  donc  pas  assez  de  son  propre 

>  bideau ,  sans   se   charger  de  celui  des  autres  ,  en  se 

f  mêlant  de  Vînterprëtation  des  clioses  qui  né  sont  point 

!^  de  notre  ressort  et  dont  Djeu  ne  nous  fera  pas  rendre 

»  compte?—.  »  Lies  catholiques  et  les  calvinistes ,  ëgale- 

raent  louches  de    ces    paroles  vraiment   ëvangëliques , 

confondirenl  leur   haine  dans  leurs  embrassemens.    Le 

P.  Auger  conlmua  ses  travaux  apostoliques  dans  lesquels 

il  (ut  ^ecoiv&è  ^T   un  célèbre  jësuîte  italien  ,  Antoine 

Posseyin  ,  qui  avait  fui  de  Lyon  Tannée  précédente  et 

qui  y  ^tait  revenu  avec  un  grand  nombre  de  négocians 

de  sa  nation  que  la  guerre  civile  avait  s^ussi  forcés  de 

s'expatrier-  Les   deu]^    missionnaires  ,  réunissant  leurs 

efforts  et  leur  zèle  ,  ramenèrent  dans  le  giron  de  Téglise 

romaine  un  grand  nombre  de  familles  protestantes  ;  ils 

eurent  plusieurs  conférences  avec  le  ministre  Vîret  ,  le 

mène  auquel  Âugef  devait  la  vie  ;  mais  ils  ne  purent  lui 

faire  abjurer  des  erreurs  dont  ils  le  forcèrent  plus  d'une 

ibis  à  reconnaître ,  malgré  lui ,  l'évidence.  Ce  fut  à  cette 

^oque  qu^Auger  publia  un  cathécbisme  français  ,  grec 

«t  latin  ,  où  toute  la  doctrine  de  l'église  était  exposée , 

ti  qui  eut  un  tel  succès  qu'en  moins  de  huit  ans ,  un 

ml  libraire  de  b  capitale  en  vendit  plus  de  quarante 


mille  exemplaires  (i).  Charles  IX,  Catherine  de  Mëdîcis 
et  le  roi  de  Navarre  qui  n^avait  pas  encore  atteint  sa  dou- 
zième ann^ pétant  veaus  à  Lyon,  en  i564  y  firent  au 
P.  Auger  raccueil  lé  plus  distingue.  Pends^nt  leur  s^jour^ 
de  nouvellea  *confërence&  eurent  encore  lieu  entre  les 
deux  jésuites  et  le  ministre  Viret  ,  mais  elles  n*eurent 
pas  un  résultat  plus  heureux  que  les  précédentes.  Charles, 
dans  ce  voyage ,  se  fit  recevoir  chanoine  d'honneur  à 
Si- Jean,  en  présence  du  jeune  Henri^'et  milord  Huns- 
don  ,  cousin  germain  d*Elizabeth ,  reine  d'Angleterre  j 
vint  le  trouver  pour  lui  faire  jurer  Tohservafion  de  la 
paix  récemment  conclue  entre  les  deux  royaumes,  et 
lui  présenter  1  ordre  de  la  jarretière  ;  mais  à  peine  le 
roi  eut-il  posé  la  premier^  pierre  d^une  citadelle  qu^il 
voulait  faire  élever  sous  ses  yeux  ,  sur  la  colline  de  St— 
Sébastien  ,  que  des  bruits  de  peste  l'engagèrent  à  quitter 
Lyon.  Ces  bruits  sinistres  n'étaient  que  trop  fondés , 
car  ce  fléau  ne  tarda  guère  à  6e  manifester  et  à  faire 
les  plus  horribles  ravages.  La  conduite  d'Auger  fut  ad- 
mirable pendant  cette  désastreuse  calamité.  Les  proies- 
tans  et  les  catligliques  eurent  la  même  part  à  son  dévoue- 
ment qui  fut  saus  bornes  :  il  visitait  jour  et  nuit  les 
malades  dans  les  hôpitaux  et  dans  leurs  maisons,^ portant 
de  préfàrejfice  des  co^isolations  aux  pauvres  «  et  leur  dis- 
tribuant les  aumônes  que  des  mains  opulentes  et.  géné- 
reuses lui  avaient  confiées.  On  évalua  dans  le  temps  à 
80  mille  écgs  d'or,  les  sommes  dont  il  fut  le  dépositaire  , 
et  qu'il  employa  pour  leur  soulagement.  Uç  bon  prêtre , 
chez  lequel  il  logeait  ^  et  dont  Thistoire  nous  a  conservé 
,,  ''    '  '  ■  .  ■  .  .      ■ —  ' ,  ■ 

(1)  On  évalue  aussi  à  /^^ooo  le  nop^bjc^^des  proteptass 
qui  furent  convertis  par  le  P.  Auger. 


(  X07  ) 

kmm  »  André  Amyot  (i),  custode  de  Tëglise  de  Ste.. 

Cû ,  l'assistait  dans  ce$  exerdçes  d'une  charîtë  qui  ^ 

tafams  trouve  des.  héros  dans  toutes  les  classes  du  sa- 

sflioce.  Lyon  fut  a£EU^9  pen^^t  pl]aâieui;;$  mois  y  de  celle 

contagion  ,  qui^  selon  de  Rubys  qui  en  jTut  le 

,  enleva  psè^  de  60  mille  per$ppnes.  Dè;^  que. les 

Lpunaûs  en  eureni  été  délivres  y  U  P-  Auger  ae  rendit 

avec  le  custode  Amyot  à  l'église  de  Notre-Dame  du  Puy 

ca  Y^y ,  où  i^  ofifrit  le  vo^u  que  b  v^Ue  ^e  Lyon  avait 

bit  à  la  Fiefgfs  ^  pppif  ii^nit  U  cessation  de  la  peste. 

¥en  ce  ipème  tamps  et  au  mois  d'avril  1 56§ , .  mourut 

iadrë  Martin  5' principal  du  collège  de  Lyon^  qMÎ  avait 

UKcéàé  k  Bart}iéleinI.AAeau,  qu'une  pçpji^aqe  efifrën^e 

avait  mass^cié  le  jour  de  la  Féte-Pi^^ijt^  l'ano^^  iSèr  (2)  ^ 

cmyant  que  c^était  de  S9  fm^ire  qu*une  pkrre  avait  ^të 

booée  sut  le  prêtre  qui  pprlajt  le  ^tTSacrenrent ,  pendant 

^ue  Va  pTQcesûon  défilait  sur  b  place.  lia  n^^rt  du  prîn^, 

dp^  André  Marûa ,  parut  à  Aug^i^  ufie  occasion  favo^^ 

lable  pour  întroduire  les.  jésuites  dans  le  collège.,  La 

demande  qu'il  en  fit  aux  raâ^strals  de  Lypn  ,  soutenue 

par  raccheréque  Antoine  d' Atbon  t  fut  bientôt  accueil-* 

lie»  quelles  efforts   que  fissent  les  protestans   pour 

ft^opposer  à  une  mesure  qui  avait  pour  but ,  suivant  La 

More  iHis/.  ecdés.  du  diocèse, de  Lyon^^  pag.  210)  ,  de 


•  ■  * 


(i)  Vor.  de  Rubys  ^  HUstoire  de  Lyon  ,  lîy.  III,  c.  65, 
Peniettî ,  Lyonnais  dignes  de.  mémoire  ,  tom.  I ,  pagl 
ifio  j  Im  donne  le  prénom  d'Antoine ,  et  place  sn  mort'aiï 
BOIS  d'aoât  f^d^ 

(1)  Cette  date  u^^at  plus-  doutense.  .Vojr.  b  gavante 
Notice  de  M.  Cocbai^d  sur  B«urthâemi  Aneau  ^  inS|érée 
jiittle  i.^  n.^  de  la  Framse provinciale  ^  j^ia  18279  in-o*? 


(  ro8  ) 
faire  serrîf  ce  collège  d'académie  de  lettres  pour  îa  fèu*- 
nesse ,  et  d  arsenal  sacre  pour  ta  défense  de  la'  foi  et  la 
confusion  des  hérétiques.  Un  tel  but  ne  pouvait  que  con* 
irarier  les  sectateurs  de  là  réforme  qui  étaient  déjà  si 
nombreux  à  Lyon.  «  Un  collège ,  disaient-ils ,  fondé  des 
»  deniers  de  la  tille,  et  potir  le  bien  public,  ne  'doit— il 
»  pas*  être  commun-  à  tous  les  citoyens?  n'est-ce  pas 
»  vouloir  en  exclure  Tentrée  À  nos  enfans ,  que  de  le 
3>  confier  à  des  hommes  qui  sont  nos  adversaires  les  plus 
y>  déclarés?  »-  Toutefois   i<e   consulat  persista*  dans  sa 
première   détermination  ,  et   permit  aut  P.   Auger   de 
prendre  provisoirement  possession  du  eoRége  ,  en  atten- 
dant quii  eût  iait  ratifier  pai^  le  généfàl  de  Tordre  les 
conditions  auxquelles  on  prétendait  lui  en  faire  accepter 
la  fondation.  La  remise  des  clés  du  collège  lui  fut  faite  , 
le  I.*'  mai  i565  ,  par  deux  eonseillers-éohevins  ;  con— 
duit  dans  Ta  chambre  qu'avait  occupé    le  malheureux 
Aneau ,  il  hit  sur  la  cheminée  eette  sentence  écrite  en 
gros  caractères  :  Ini&s  vinum ,  foris  ignis  ;  là  trouvant 
trop  épicurienne  ,  il  y  substitua  eelle-ei  :  Inius  preces  , 
Jbris  labor  (i).  S'étant  bientôt  rendu   à  Rome  pour 
assister  à  l'élection  que  b  Compagnie  de  Jésus  devait 
faire  d*un  général  en  remplacement  du  P.  Laine^^  qu'elle 
venait  die  perdre-,  il  c^tint  du  pape  Pie  IV ,  un  bref  daté 
du  i5  août   iS65,  par.  lequel,  le  Souverain  Pontife^ 
louant   les.  magistrats  de   leur   résolution  y  promettait 
d'augmentjer  les  revenus  de  leur  c^jlfége,!  dès  que  locca?» 
^on pourrait  s*en  présenter*  De  retour,. à  Lyon,  }Auger 
installa  dans  le  collège,  en  qualité  de  Dreftiiejr.. recteur 9 


•«*i 


(1)  P.  J.  FerpinîafH^  Soc.  Jes.j  àUquot  epistolte.  Paris  ^ 
168Î,  pag.  146:  :        . 


C  109  ) 
le  P.  Guillaume  Gritton ,  écossais ,  àe  l'illustre  maison 
des  Mamilton ,  qu'il  avait  amené  de  B.ome  avec  Pierre^ 
Jean  Perpinien  ,  savant  jésuite  espagnol ,  qui  fut  chargé 
d'expliquer  les  saintes  Ëcritures  (i)»  L'ouverture  solen-^ 
ndle  du  collège  eut  lieu  le  3  octobre  de  la  même  année 
i56S  :  le  gouverneur  et  le  consulat  en  corps  y  assis-^ 
tarent  ;,  avec  tout  ce  qu'il  y  avait  dans  la  ville  de  gens  de 
lettres  et  de  catholiques  distingués.  Perpinien  prononça 
un  discours  en  latin  ,  qui  fut  si  goûté ,  que  l'archevêque 
se  hâta  de  le  faire  imprimer.  Auger  donna  bientôt  une 
grande  célébrité  au  nouveau  collège ,  *par  la  manière 
habile  dont  il  dirigea  les  premiers  travaux  des  maîtres 
éi  de  leurs  disciples.  Il  y  était  regardé  comme  un  oracle  , 
et  quoiqu'il  ne  s'y  fût  réservé  aucun  emploi ,  l'autorité 
et  la  vénération  que  son  savoir ,  ses  talens  et  sa  piété 
loi  avaient  acquises ,  étaient  telles  que  lorsqu*on  vou-* 
lait  lui  parler  ,  on  demandait ,  non  pas  le  P.  Emond  , 
mais  Monsieur  le  Jésuite.  Les  calvinistes  virent  avec 
la  plus  TÎve  peine  les  jésuites  installés  à  Lyon.  Le  mi*^ 
nistre  Viret  ne  pouvant  dissimuler  son  dépit ,  les  pour- 
suivit de  ses  invectives ,  non-seulement  dans  ses  discours  ^ 
Dais  encore  dans  ses  écrits  (2).  Le  P.  Auger,  craignant 

(i)  La  vie  de  Perpinien  a  été  écrite  en  latin  par  Pierre 
Laceri  ,  Rome  ,  1749 ,  în-8.®  La  Biographie  universelle  n'a 
pas  daigné  faiire  mention  de  ce  jésnite  ,  sur  lequel  on 
trouve  cependant  un  très-bon  article  dans  le  Moréri  de 

>759- 
(2)  C'est  sans  .doute  )^  cette  époque   que  le  P.  Auger. 

publia  %on  Epistola  contra  Petrum   Vireium  ^  pro  socic 

tate  Jesuj  et  dont  l'aateur  de  la  BibUothecm  scriptorunt 

èQc.  Jet.  n'indique  ni  la  date  ni  le  format. 


v![u'uit  antagoni^e  aussi  fongueux  ne  mi  la  cause  ^aiie 
"sëdîtîon  ,  sollicita  et  obtînt  isori  exîi.  Le  ministre  iR-uffy 
ayant  suivi  les  méme^  érrèmens  que  Viret ,  eut  bientôt 
ïe  même  sort  (i)v  Aujgef  alb  ensuite  prêcher  dans  le 
Midi  ,    et  principalement  h   Toulouse  ,  d'où  il   sortît 
en  i567  P^^r  ^®  rendre  à  Totirrion,  !Dàs  qu'il  y  fat 
arrive ,  il  reçut  des  avertissemens  secrets   que  les"  re- 
ïigionnaîtes  cherchaient  à  surprendre  Lyon.  ïl  s'y  trans- 
porte aussitôt  :  le  président  de  Birague  était  gouvemeiir 
de  Lyon  :  Augèr  lui  fait  part  de  ses  craintes ,  qui  sont 
bientôt  confirmées  pat  tlh  boucher  catholique  qui  sVtaît 
sauvé  de  Màcon  ,  où  les  calvinistes  venaient  d'entrer ,  et 
qui ,  arrivant  à  franc  élrîer  ,  le  dimanche  soif ,  jour  Je 
S.  Michel ,  29  septembre ,  donna  coiàme  nouvelle  certaine 
rîntenlîon  des  protestans  de  s'emparer  de  Lyon  ,  lorsque 
minuit  sonnerait  à  Thorloge  de  St.  Nîiîer ,  sigrtal  con- 
venu ,  disait-il ,  avec  les  réformés  qui  étaient  dans  la 
la  ville  5  où  ils  devaient  forcer  tous  les  postes  de  l'întë- 
rieur  et  faire  main  basse  sur  les  catholiques ,  pendant 
que  l'armée  calviniste ,  commandée  par  Lanoue  et  pa1^ 
Ponsenac  ,  enfoncerait  les  portes  de  Lyon.  M.  de  Biragué 
convoque  à  Tinstant  lès  bourgeois  les  plus  riotables  ef 
les   plus  dévoués  à  leur  patrie  et  k  leur  religion.  A 
peine  en  a-t-il  réuni  quelques-uns,  ipie  )e  prieur  des 
Dominicains ,  effrayé  des  mouveikiejis  que  les  réformés 
faisaient  depuis  la  chute  "du  four  dons  les  environs  de 
la  place  Confort ,  vînt  lui  en  donntir  aviiî.  Les  bou^* 

(i)  Viret  a  un  article  dans  la  Biogr.  t^rùi^.j  quant  k 
RoJBTj ,  ou  R|^a ,  que  l'on  y  a  omis,  voj.  de  Thou  ,  Hisù 
univ»  9  liv.  XXil  i  et  Coloria  ,  Hisi.  liiL  <fc  l^on  ,  t.  II , 
pag.  694. 


(  IIÏ  ) 

geok  prennent  aussitAt  les  armes ,  et  vont  occuper  sans 
bruH  les  postes  les  plus  importans ,  et  surtout  ceux  qui 
aroisinent  les  remparts.  Sur  cei  ehtre(aites  ,'  le  P.  Âuger 
qoi  avait  feit  mander  les  horlogers  de  la  ville ,  intime  à 
celui  qui  ëtait  chargé  de  lëgler  Thorloge  de  St.  Nizier , 
Tordre  d*en  arrêter  la  sonnerie  ,  et  enjoint  aux  autres  de 
faire  sonner  diflKrentes  heures  d*une  manière  îrf^guHère 
à  toutes  \&  autres  horloges  des  églises  et  des  édifices  pu- 
blics ^  afin  que  les  conjurés ,  attentifs  au  sigoal  convenu , 
ne  pouvant ,  dans  la  confusion  de  toutes  ces  horloges , 
se  troover  en  masse  au  rendez-vous  à  Theùre  indiquée , 
y   vinssent  ou   trop  tôt  ou   trop  tard  ,  suivant  qu*ils 
seraient  dirigés  par  le  mouvement  déréglé  des  sonnet  L  s. 
Le  stratagème  d' Auger  réussit  à  merveille ,  et  les  pro- 
testans  voyant  leur  complot  découvert ,  se  retirèrent  en 
désordre  ou  tombèrent  dans  le  piège  qi|*ils  avaient  tendu 
aux  catboUques.  Ceux  du  dehors  ayant  vainement  at- 
tendu que  minuit  sonnât  à  St.  Nizier ,  et  se  doutant  bien 
que  leur  projet  avait   été  déjoué  ,  partirent  avant  la 
pointe  du  jour ,  et  pour  se  dédommager  d'avoir  échoué 
dans  leur  entreprise  ,  ils  se  dirigèrent  sur  Vienne  et  sur 
Valence ,  où  ils  mirent  tout  à  feu  et  à  sang.  À  peine  les  * 
Lyonnais  eurent**ils  échappé  au  danger  dont  ils  avaient 
été  menacés  pendant  toute  la  nuit ,  qu'ils  se  portèrent 
aux  deux  temples   des    calvinistes ,  et  les  rasèrent  de 
fond  en  comble.  On  fit  en  même  temps  des  visites  do-^ 
miciliaires  dans  leurs  maisons,  où  Ton  saisit  des  armes 
et  des  listes  de  proscriptions  ,    sur   lesquelles  figurait 
en  première  ligne  le  P.  Auger.  Plusieurs  des  réformés , 
convaincus  d'avoir  trempé  dans  la  conspiration ,  furent 
arrêtés  et   condamnés  à  Texil.   Auger  fut  proclamé  le , 
père  de  la  patrie  et  lé  sauVeur  de  Lyûn ,  le  conserva-*  * 


j 


(    112  ) 

leur  ie  la  foi  et  le  restaurateur  du  salut  puUic  ;  on  fut 
même  sur  le  point  de  lui  ériger  une  statue.  Quelque 
temps  ensuite ,  d'après  les  intentions  de  l'archevêque  , 
l'infatigable  jésuite ,  pour  consolider  son  ouvrage ,  fit 
une  perquisition  chez  les  libraires  et  chez   les  impri*" 
meurs ,  confisqua  tous  les  livres  contraires  à  la  religion 
romaine  ,  et  obtint   du  consulat   l'ordre   de  les    faire 
brûler  publiquement.  Cet  auto-da-f!é  eut  lieu  sur  le  poat 
de  la  Saône ,  durant  les   trois  nuits  consécutives  qui 
précédèrent  la  fête  de  Noël.  Quand  Lyon  a* eut  plus 
rien  à  craindre  de  la  part  des  religionnaires ,  le  P.  Auger 
se  rendit  à  Paris  pour  prêcher  devant  la  cour  ;  il  com-» 
posa  plusieurs  ouvrages  de  controverse  ou  de  piëti^  P^^" 
dant  le  séjour  qu'il   fit  dans  la  capitale  :  un  des   plus 
remarquables ,  du  moins  par  son  titre ,  était  intitulé  : 
Sucre  spirituel  pour   adoucir   Pamerfume    des    aigres 
malheurs  de  ce    temps.   Le    duc  d*  Anjou    ayant    été 
nommé  généralissime  des  armées   du    roi  ,     il    reçut 
Tordre  de  le  suivre  ;  mais  il  obtint ,  bientôt  après ,  la 
permission  d'accompagner  Jacques  de  Savoie  ,   duc  de 
Nemours,   qui  allait  protéger  le  Lyonnais   contre  les 
«louvelles  agressions  des  réformés.   Dès  qu*il   vit  que 
cette  province  était   à  l'abri  d'un,  coup   de   main   de 
leur  part ,  il  retourna  auprès  du  duc  d'Anjou  ,  et  as* 
sista,  eu  iSSg,  à  la  bataille  de  Jarnac. 

En  ce  temps-là  ,  quelques  démêlés  assesb  graves 
s*étaient  élevés  à  Avignon  entre  les  habifcans  et  les 
jésuites  :  ceux-ci  allaient  être  chassés ,  lorsque  le  P. 
Auger  arriva  subitement  pour  les  sauver  ;  le  discours, 
éloquent  qu'il  prononça  devant  le  sénat  calma  les  esprits 
irrités  ;  tout  rentra  dans  l'ordre ,  et  le  P.  Possevin  qui 
se  trouvait  à  Rome  pendant  ces  troubles^i  et  contre  le* 


/ 


(ni) 
^  le  peuple    s*était  le  plus  hautement  prononce  » 
ék  reprendre  paisiblement  ses  fonctions  de  recteur  du 
oQége  de  cette  ville.  Auger ,  de  retour  à  Tarmëe ,  vit 
Iner  la  bataille  de  Moncontour ,  qui  fut  encore  funeste 
aax  proteslans.  Rappelé  à  Toulouse  ,  il  y  fit  de  nou- 
velle coBversions  et  y  institua  de  nouvelles  confréries. 
0  revînt  oisuite  k  Lyon  où  ri  était  attendu  pour  des 
aÊîres  rcSatives  à  sa  compagnie  ;  pendant  le  nouveau 
séjour  qu*îl  fit  en  cette  ville ,  il  concourut  à  l'organisation 
de  la  charité  et  de  plusieurs  autres  établis- 
pieux  ou  philantropiques.  Appelé  à  iParis  par  le 
cudinal  de  liorraine  ,  il  suivit ,  avec  ce  prince ,  la  cour 
dans  le  voyage  qu'elle  fit  en  Champagne.  t)e  là  il'  se 
icndit  Melz^  où  il  fit,  en   i9^i ,  une    mission  pour 
s*oppo6er  aux  progrès  de  la  réforme.  Ses  eiforts  ayant 
été  œoronnés  de  'succès ,  il    quitta  la  Lorraine  pour 
aller  prècbet  dans  l'Auvergne  et  dans  plusieurs  autres 
provinces.  Parmi  lès  nombreuses  conversions  qu*il  fit  à 
cette  époque ,  on  ne  doit  pas  omettre  celle  d'un  ministre 
protestant  de  Bordeaux.  Après  avoir  passé  plusieurs  an- 
Bëes  dans  cette  dernière  ville ,  où  ,  malgré  la  résistance 
la  plus  vigoureuse  des  réformés ,  il  parvint  à  installer  un 
collée  de  jésuites ,  il  revint  à  Lyon  ,  et  contribua  à  la 
dkouverte  d'une  partie  des  reliques  de  St.  ïrénée ,  res- 
tées enfouies  depuis  i562»  Rappelé  à  Bordeaux,  il  s'y 
troma  le  jour  iatal  où  l'on  exécuta  le  drame  sanglant  de 
la  Saint-Barthélemi  ;  mais  rien  ne  porte  à  penser ,  quoi 
^'en  aient  dit  quelques  historiens ,  qu'il  ait  été  un  des 
provocateurs  de  cette  horrible  boucherie.  Bientôt  après  ^ 
W  duc  d'Anjou  ,  qui  faisait  la  siège  de  la  Rochelle ,  le  fit 
nmr  auprès  de  lui  pour  qu'il  ranimât ,  par  ses  prédi- 
cations, le  zèle  de  l'armée  catholique.  Ce  prince  ayant 
Tom.  FIL     •  8 


(  iï4  ) 

été  nomme  roi  de  Pologne ,  Auger  fut  charge  par  lai 
d'aller  à  Rome  rendre  compte  au  pape ,  Grégoire  XIII  , 
de  Tëtat  dans  lequel  se  trouvait  la  France.  La  mort  de 
Charles  IX  qui  laissait  pour  ht^ritler  de  sa  couronne  le 
duc  d'Anjou  ,  fit  quitter  la  Pologne  à  ce  monarque  , 
qui  voulût  que  toute  la  cour  de  France  vint  le  recevoir 
à  Lyon.  Auger  qui  ëtait  revenu  de  Rome  ,  suivit  la  cour 
à  Lyon,  où  il  fut  admis  à  complimenter  le  nouveau 
roi ,  qui  avait  fait  son  entrée  solennelle  dans  cette  ville  , 
le  6  septembre    i574 ,  au  milieu   d*un   nombreux  et 
brillant  cortëge  ,  dans  lequel  on  remarquait   la  reine 
mère  ,  le  duc  d*Alençon  et  le  roi  de  Navarre ,  qui  fut 
depuis ,  sous  le  nom  d'Henri  IV  ,  Tidole  des  Français. 
Pendant  son  sëjour    à   Lyon  ,    Henri   III   joignit   le 
gouvernement  du  Forez  à  celui  du  Lyonnais  et  Beau- 
jolais^ ,   qu'avait  d^jà  M.  de  Mandelot ,  et  il  rendit  auic 
conseillers-échevins  les  clës  de  la  ville  dont  ils  avaient 
ëtë  privÀ   depuis  la  surprise  des  protestans  en  i562« 
Vers  la  fin  d*octobre  ,  le  roi   quitta  Lyon  ,  et   Auger 
l'accompagna  dans  le  voyage  qu'il  fit  à  Avignon.  L'annëe 
suivante  ,  au  commencement  du  printemps  ,  il  le  suivit 
à  Reims ,  où  il  assista  à  la  cërëmonie  du  sacre  de  ce 
souverain ,  qui  lui  donna  le  titre  de  confesseur  du  roi  ^ 
titre  dont  n*avait  point  encore  ëtë  dëcorë  un  membre 
de  la   compagnie  de  Jësus.  Lyon   fut  derechef  afflige 
de  la  peste  en  i582.  A  la  première  nouvelle  de  cette 
calamitë  y  Auger   vint  encore   se  dëvouer  bu   service 
des  pestifërës.  Les  Lyonnais  n'avaient  point  oublie  la 
conduite  hëroïque  qu'il  avait  tenue ,  dans  une  pareille 
circonstance",  seize  ans  auparavant.  Son  zèle  fut  aussi  ar- 
dent,  sa  charitë  aussi  ëclatante.  Il  remplissait  à  la  fois   f 
l'office  de  médecin  ,  d'infirmier  et  de  prêtre  ;  il  allait 


lii'inême  demander  de  porte  en  porte  Paumàne  pour  les 
^Yres  frappés  de  la  contagion  ;  il  ne  sollicitait  jamais 
en  Tain  la  conunisëration  des  riches  !  un  jour  il  trouva 
sur  une  place  publique  dix  tonneaux  de  vin  et  une 
bourse  contenant  cinq  cents  ëcus  d'or  ;  au-dessus  de  ce 
magiufique  présent ,  le  bienfaiteur  anonyme  avait  placé 
celle  inscription  :  Au  Père  Emond^  pour  les  pauvres  aiieinis 
de  la  peste.  Sur  b  fin  de  Tété ,  le  fléau  paraissait  avoir 
entièrement  cessé  ,  quand  tout  à  coup  il  parut  se  re-^ 
noirveier.  I^yon  Se  mit  une  seconde  fois  sous  la  protec* 
îkm  de  Marie  ,  et  fut  délivré.  L'historien  de  Rubys , 
Auger  et  son  digne  ami  le  custode  Âmyot  furent  choisis 
pour  aller  rendre  le  voeu  que  la  ville  de  Lyon  avait  fait 
à  Notre-Dame  de  Lorette  (en  Italie).  Ils  étaient  sur  le 
point  de  partir ,   lorsqu'Henri  III  arriva  en  poste ,  suivi 
seulement  d*nne  vingtaine  de  cavaliers  ;  il  venait ,  disait- 
ii  ^  yfwxs  man^r  des  melons  et  des  fruits  de  Lyon  ,  et 
pour  se  récréer.  Pendant  les  quinze  ou  vingt  jours  qu*il 
passa  diras  cette  ville ,  les  échevins ,  Tarchevêque  et  les 
consuls  des  nations  étrangères  rivalisèrent  de  zèle  pour 
procurer  au  roi  toutes  sortes  de  divertissemens.  Il  y  avait 
chaque  jour  des  collations ,  des  bals ,  des  promenades  sur 
b  Saàne ,  des  feux  d'artifice  ,  même  des  processions  de 
pénitens  de  Notre-Dame  du  Confalon  ,  où  le  dévot  mo- 
narque assbta  plusieurs  fois  en  habit  de  la  confrérie. 

Ce  ne  fut  qu'après  le  départ  du  roi  que  de  Rubys  et 
Âmyot,  qui  avaient  été  devancés  par  Âuger,  se  mirent 
en  route  pour  Lorette.  Ils  y  arrivèrent  le  20  septembre  • 
le  surlendemain  ,  après  avoir  communié  9  ils  offrirent , 
ta  nom  de  la  ville  de  Lyon  ,  un  vœu  qui  se  composait 
ie  plusieurs  vases  de  vermeil  et  d'un  calice  d'une  gran- 
deur extraordinaire ,  sur  lequel  étaient  gravées  les  armes 
à»  roi ,  œlle^  de  la  ville ,  de  rarchevêque  et  du  jou- 


(  ii6  ) 
Terneur  ;  le  dessus  de  la  patène  présentait  en  relief  le 
plan  de  la  ville  de  Lyon.    Les  trois  députés  allèrent 
ensuite  à  Rome ,  où  des  lettres  de  Lyon  leur  apprirent 
que  la  peste  y  avait  entièrement  cessé  le  jour  même  où 
ils  avaient  accompli  leur  vœu.  De  retour  en  France  y 
Auger  vint  à  Paris  où  le  roi  Tavait  mandé  pour  y  orga» 
niser  une  confrérie'  de  pénitens ,  dont  l'ouverture  se  fît., 
en  i58o  ,  le  jour  de  l'annonciation  de  Notre-Dame ,  par 
une  procession  solennelle  que  dirigea  le  P.  Auger ,  avec 
un  nommé  du  Peirat ,  lyonnais*  On  ^  vit  le  monarque  , 
suivi  des  princes ,  des  grands  de  sa  cour  et  de  ses  nc^m— 
breux  favoris ,  parcourir ,  sans  gardes  et  malgré  une  pluie 
battante  ,  les  principales  rues  de  la  capitale  c(  vêtu  d'une 
»  longue  robe  blanche  de  toile  de  Hollande ,  en  forme  de 
»  sac ,  avec  de  larges  manches  et  un  capuchon  fort  pointu , 
»  ayant  deux  grands  trous  à  l'endroit  des  yeux ,  cousu  par 
D  derrière  sur  le  collet ,  et  descendant  par  le  devant  en 
»  pointe  jusqu'à  demi-pied  au-dessous  de4a  ceinture  tissue 
»  d'un  fil  délicat  de  fin  lin ,  avec  de  petits  nœuds  allant  jus* 
j»  qu'au  dessous  du  genou ,  et  de  laquelle  pendait  une  jolie 
»  discipline  de  même  fil ,  qui  n'était  guère  propre  à  faire 
»  bien  du  mal  au  pénitent,  qui  avait  en  outre  sur  l'épaule 
»  gauche  une  croix  de  satin  blanc  sur  un  fond  de  velours 
»  tanné  ,  presque  tout  rond  (  Maimbourg ,  Hisf.  ck  la 
»  Lîgue  ,  liv.  ,1/'  )  »  Une  telle  dévotion ,.  qui  existait 
déjà  depuis  long-temps  en  Italie ,  loin  d'édifier  le  peuple , 
donna  naissance  à  une  nuée  de  satires  et  de  quolibets  dans 
lesquels  le  P.  Auger,  qui  avait  dressé  les  statuts  de  la  con- 
frérie (i),  ne  fut  pas  épargné.  Presque  tous  les  historiens ^ 


(i)  Un  exemplaire  de  ces  statuts  «  imprimé  sur  «relia  ^ 
existe  dans  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Ljoa.  Yoj. 
^brchivcs  du  HMae  9  iom.  YI  p  pag.  laS. 


tt  suTfoiH  un  de  ses  illustres  collègues  ,  le  P.  Maîmbourg 
(foc-  cU.  ) ,  l'ont  blâme  d*a¥oir  entretenu  le  roi  dans  ces 
sortes  de  dévotions  qui  ne  devaient  point  être  «à  Tusage 
f  un  monarque  auquel  il  en  fa^t  d'autres  beaucoup  plus 
solides ,  et  dont  la  principale  doit  être  une  forte  appli- 
cation au  gouvernement ,  que  Dieu ,  qui  lui  en  fera  rendre 
€oniple,Iui  a  confia  comtne  à  son  ministre  et  son  lieute** 
nant.!»  Catherine  dé  Médicts.,  qui  avait  aussi  assiste  à  la 
fTocession  ,  revêtue  en  pénitente ,  se  plaignit  amèrement 
de  ce  que  le  P*  Auger  avait  introduit  à  la*  cour  des  prati- 
qats  tout  au  plus  bonnes  pour  un  cloitre ,  lui  reprochant 
avec  aigreur  de  diriger  fort  mal  celui  qui  s'était  mis  sous 
sa  conduite ,  et  d'avoir  d'un  roi ,  tel  que  Dieu  l'avait 
voulu ,  fait  un  moine ,  au  grand  pfë)udice  de  tout  le 
royaume*  Auger  fut  sans  doute ,  dans  cette  circonstance , 
entraîné  au-delà  des  bornes  par  un  désir  trop  ardent 
de  YAen  faîte* 

Pendant  que  le  roi  de  France  oubliait  qu'il  était 
Benri  Œj  pour  jouer  le  rôle  de  frère  Henri  ^  la  Ligue 
&'sait  de  rapides  progrès.  Tout  dévoué  à  son  royal 
pénitent ,  auquel  il  fut  toujours  inviolablement  attaché  j 
le  P.  Emond  lui  donna  plus  d'une  fpis  des  conseils  qui, 
s'ils  eussent  été  suivis  ,  auraient  peut«^tre  changé  la  face 
des  choses  ;  mais  le  faible  monarque ,  qui  ne  sut  jamais 
prendre  un  parti. décisif,  las  de  ses  importunités ,  avait 
déjà  cessé  de  l'avoir  pour  directeur  lors  de  l'assassinat 
d»  Guises  ;  et  en  eifet  y  Auger ,  avant  cet  événement  > 
était  venu  chercher  à  Lyon,  dans  le  sein  de  sa  compagnie, 
on  repos  qu'il  n'y  trouva  point  (i).  Le  gouverneur  de 


(i)  Cest  probablement  à.  cette  époque  que  le  P.  Auger 
le  bibUothëqoe  du  collège  de  Lyon  d'un  grand 


celte  ville  ,  M.  de  Mandelot ,  dont  il  ëtaît  le  confèsseinr 
et  lami  le  plus  intime ,  languissait  depuis  long-temps  9- 
atteint  d'une  maladie  qui  devait  le  cx>nduire  aiu  tombeau*. 
Auger  ne  l'abandonna  pas  ,  et  Taida  ^  en  lui  prodiguant 
tous  les  secours  d'une  véritable  et  salutaire  piétë ,  ât 
franchir  sans  icriainte  les  pcnrtes  de  réternitë*  L  oraisoA 
funèbre  de  Tillustre  gouverneur  fut  prononcée  par  lui  y 
dans  iVglise  primatiale  ^  le  jour  de  St.  André ,  3o  no- 
vembre i588  ;  et  malgré  la  présence  du  duc  de  Mayenne  9. 
le  panégyriste,  après  avoir  louié  la  fidélité  et  rattache- 
ment de  M.  dé  Mandelot  au  service  du  roi ,  insista  avec 
force  sur  la  persévérance  avec  laquelle  ce  digne  magistrat 
avait  toujours  refusé  de  donner  son  adhésion,  au  pacte* 
de  la  Ligue.  Dès  que  l'assassinat  dés  Guises  fut  conna 
à  Lyon ,  on  vit  Auger  aller  de  maison  en  maison  pour 
fortifier  ^  dans  Tqbéissance  du  prince ,  les  cœurs  que  ce- 
coup  commençait  à  ébranler.  Deux  mois  ne  s'étaient  pas. 
encore  écoulés  depuis  la  mort  de  M.  de  Mandelot ,  lors- 
que les  Lyonnais  ,  cédant  aux  suggestions  des  partisans 
que  la  maison  de  Lorraine  avait  dans  le  clergé  ,  qui 
était  si  puissant  alors  ,  levèrent  Tétendard  de  la  révolte 
et  se  déclarèrent  du  parti  de  Tunion  ;  en  vain  le  P.  Auger 
voulut-il  engager  le  peuple  à  rester  dans  le  devoir  ;  on 
fut  sourd  à  sa'  voix ,  et  il  se  vit  contraint ,  par  ordre 
des  magistrats  ^  de  sortir  de  Lyon  au  milieu  d*une  haie 
de  soldats  disposés  sur  son  passage  depuis  le  collège 
)usqu*au  bord  du  Rhône  9  où  une  foule  immense ,  triste* 
et  silencieuse  vint  recevoir  lès  derniers  adieux  et  les 
dernières  bénédictions  de  celui  qu'elle  avait  jadis  salué: 


nombre  de    livres   de  théologie  9.  qa'ill  avait  obtenus  de  la< 
Kbëralîté  d'Henri  UL 


(.119.) 
kVxtre  glorieux  de  sauveur  de  la  patne  (i).  Une  barque 

ans  laquelle  il  n^eut  d^autre  compagnon  qu'un  frère  de 
asa  ordre  ,  le  conduisit  à  Tournon  ;  mais  à  peine  eut- 
il  resté  quelques  jours  dans  cette  ville ,  quil  reçut  de 
SI»  géi]héral   Tordre  de  ce  rendre  à  Rome.  Il  obëit ,  et 
partit  y  le  cœur  navre  de  toutes  les  calamités  auxquelles 
était  en  proie  une  patrie  qui  lui  ëtait  si  chère ,  et  qu'il 
ne  pouvait  plus  espérer,  de  revoir.  Sixte-Quint,  instruit 
de  son  dévouement  à  la  cour  de  France ,  ne  lui  per- 
xnlt  pas  d^ntrer  à  Rome ,  et  Texila  d'abord  à  Venise  ^ 
eosiiîte  à  Bologne  ,  puis  ^  Milan  ,  enfin   à  Cosme ,  où 
il  temba  malade  9  et  où  il  rendit  le  dernier  soupir  le 
19  janvier  iSgti  y  âgé  de  60  ans  {2)0  Sa  taille  était  au-des- 


(i)  M.  Vàhhé  Guino»de  Montleon  ^  Mém.paur  servir  à 
Pkut.  de  L^xm^  toin.  I,  pag.  2a ,  loue  la  conduite  d'Auger, 
et  £1  cyoe  ce  fol  le  seul  jésuite  qui  resta  fidèle  au  monar- 
qne,  Voj.  le  Compte  rendu  au  public  des  comptes  rendus 
mue  dîjers  parlemens  ,  etc. ,  Uxbou  II ,  pag.  188  et  saiv.  ^ 
édSt  de  1765,  ÎD  8.^ 

{2)  U  existe  deux  vieiB  du  P.  Anger  :  Tune ,  en  latin  , 
par  Hiicoks  l^^lJ^  Paris,  i652  9  ioi-St^  ;  l'autre ,  en  fran- 
çais, par  le  P.  Dortgaj  ,  Lyon,  1716,  in-ia.  On  trou* 
Tera  la  liste  de  ses  nombreux  ouvrages  dans  la   Bihli(^ 
iktca  àcriptorum  societatis  Jesu  ^  et  dans  les  Bibliothèques 
fiwncoiscs  de  La  Croix  .du  Maine  et  du  Verdier^  nous 
BOUS  bornerons  à  indiquer  les  suiraiis  :  I.  Epître  conso^ 
ItOmre  aux  catholiques  de  hyon  atteinis  de  la  peste ,  etc. , 
LjOD,  Michel  JoiFe,  xS64  ^^  >^77^  ^^  •'^^^  Pîllekotte , 
1S81 ,  in-16.  IL  Le.  Pédagogue  d^armes  pmtr  instruire 
«a  prince  chrcstien  à  hien  entreprendre  et  heureusement 
sc&owr  une  bonne  guerre ,  etc.  ^  Paris ,  Sébastien  NjveUe  , 
1S6&5  iiip&^  ill«  Ittetanûsologie.  Sur  le  suget  de  VArchi- 


(    Ï20   ) 

SUS  de  la  mëdîocre ,  sa  tête  grosse  ,  son  front  large  y, 
son  nez  un  peu  aquilin ,  son  teint  blanc  et  vermeil  ^ 
ses  yeux  vifs  et  pleins  de  feu  ,  ses  cheveux  épais  ef 
châtains.  Quoique  doue  d*un  esprit  naturel  et  d'une 
imagination  vive  et  exaltée,  il  fut  plus  éloquent  dans, 
ses  discours  que  dans  ses  écrits.  Il  possédait  un  si.  bel 


congrégation   des  Penitens  de   rAanonciatidh   de  NostP^ 

Dame  et  de  toutes  telles  autres   devotieuses  assemblées  y. 

en  VEgfise  sainte^  Parîs  ,  Jamet  Mettayer,   i584j  in-4«*^ 

L'ancien  évéque  de  Blots ,  en  cttant  ce  livre ,  pag.  5o5  ^ 

de  son  Histoire  des  confesseurs  ,  des  empereurs  ,  des  rois  9. 

et  d^ autres  princes^  Paris,   i8a4  9  in^»®  ,  en  a  on  pea 

tronqaé  Le  titre  \  il  a  substitué  à  ces  mots  :  et  de  toutes 

telles  autres  ,  ceux-ci  :  et  de  toutes  les  autres  belles.  Ce- 

n'est  point  dans  la-  MetanûBologie  (  discours  sur  les  Pé^ 

nitens  )  que  se   trouve ,  comme  on  pourrait  le  croire  9, 

nue  phrase-  souvent  citée,  que  d'A«biguë  ,  Vit.  IV  ,  cbap.  I 

de  ses  Histoires  ,  et  Mathieu ,  Hist.  gén^  des  troubles  de 

France  ,  liir.  I ,  pag.  1 1  de  Tédît.  de  1 72a ,  attribuent  au 

P.  Âuger:   suivant  eux,  ce  dernier  aurait  dit,  en  parlant 

d'Henri  III  ,  qu'il  avaà  bien  tasté  le  poux  de  ce  prince  y. 

profondé ,  laugé  et*  manié  sa  conscience  ^  n>  partant  as** 

seuroit   publiquement    et   en    particulier    ijue    la    France 

n'aidait  eu  de  longtemps  prince  tant  religieux  ,   etc.  Il 

est   fait    mention    dans    la    Bibliothèque  de    madame  de 

Montpensier  ,  d'un  libelle  intitulé  :  les  Rufianeries  de  la 

■  cour ,  par  le  comte  de   QUaulevrier ,    as^ec  les  apostilles 

du  P.  Emotid  ;  mais  on  sait  que  la  Bibliothèt/ue  dont  il 

s'agit ,  et  qui  figure  parmi  les  ][iièces  que   l'on  joint  au 

Journal  d^ Henri  111 ,   n'est  autre  chose  qu'un  catalogue 

satirique  contenant  des  titres  d'ouxrages  imaginaires.  Une 

anecdote  scandaleuse  ,  racontée  par  d'Aubigné  ,  hc.  cit*^ , 

et  dans  laquelle  Maulevrier  jone  un  rôle  9  a  pu  donocr 

lieu  à  cette  facétie.. 


(  "I  ) 

orane ,  et  U  airalt  à  un  si  haut  degré  Te  talent  de  bien 
^,  que  Henri  HI   disait  que  les^livres  lui  semblaient 
fhs  beaux  quand  c^ëtait  Âuger  qui  les  lisait  Âmi  des 
lettres,  il  fut  cher  à  ceux  qui  les  cultivaient,  et  il  mérita 
ks  éloges  de  plusieurs  de  ses  contemporains  (i),  et  par* 
àndjèrement    d*Etienne  Pasquier  ,  qui   le  qualifie   de 
grand  çrédicateur  (2).  L'historien  Mathieu  ,  qui  assuré- 
ment n  était  pas  le  partisan  des  jésuites ,  l'appelle  u  le 
p  OiTys(»t6me  de  la  France,  le  plus  éloquent  et  le  plus 
»  dode  prédicateur  de  son  siècle,  et  tel  que,  si  la  religion 
9  donnoît  des  statues  aux  orateurs  ,  il  faudroit  que  la 
9  sienne  fut  avec   une   langue  d'or,  comme  celle  de 
>  Bérose  (3)....«  »  II  est  fâcheux  que  les  sermons  d'Auger  y 
qui  forent  peut-être   toujours   improvisés,   ne   soient 
point    parv^ius  ju^u'à    nous:  la   postérité  confirme- 
rait sans  doute   les  éloges  qu'il  reçut  Se  son  vivant  ; 
toutefois^  Â  noas  jugeons  du  mérite  des  sermons  du 
P.  Auger ,  par  ceux  qui  nous  restent  des  prédicateurs 
les  p/u5  célèbres  de  cette  époque ,  il  est  peu  probable 
qu'ils  justifiassent  à  nos  yeux  l'immense  réputation  de 
leur  auteur ,  dont  tes  calvinistes  disaient  que ,  s*fl  ne 


(1)  Y07.  Bailly,  Hist  uitœ  B.  P.  Emundi  Augeriij  c.  VII^ 
{^  Œuvres^  tom.  II,  pag»  us.  On  demandait  un  jour 
m  ?.  Auger  avec  quels  livres  on  pouvait  acquérir  Télo- 
qaence  sacrée.  Oest  en  lisant ,  répondit-ii ,  et  en  médt" 
tant  5.  Paul  et  S,  Jean  Chrysostéme.  Jfouvency ,  Hist. 
socm   Jts.y  lib.  XXIV,  pag.  774* 

(5)  Mathieu  le  love  aossi  d'avoir  refusé  les  dignités  dé 
f  ég^e  auxquelles  Henri  111  voulait  Pélever ,  et  il  lui  ap- 
lfa|iie  cette  sentence  de  St.  Angustia  *  lUustrior  fit  homo 
rtatsando  çuofn  acdpiendo  sibi  oblatas  digiiitates*  Hist*  de 
Kftiice^  tom.  I  y  pag*  25o  ^  édit.  de  16S1 ,  in-foK 


(    122   ) 

prêchait  en  bonnet  et  en  surplis ,  U  serait  te  premier 
orateur  de  la  terre.  «LVloquence ,  au  X VL*  siècle  ,  a  dit 
un  écrivain  moderne ,  semblait  s*étre  réfugia  dans  la 
philosophie  et  dans  la  morale  ;  on  ne  connaissait  pas 
encore  cette  éloquence  de  la  chaire  qui  distingua  spéciale- 
ment le  siècle  de  Louis  XIV ,  el  qui  demeurera  une  de 
nos  gloires  naticmales  ;  éloquence  formée  par  Tétude  des 
Tertullien ,  des  Augustin ,  des  Chrysostôme ,  mais  qui 
l'emporte  peut-être  sur  ces  grands  modèles ,  en  ce  que 
la  force  et  la  vigueur  des  pensées  résulte  toujours  de 
leur  justesse  et  de  leur  accord  ^  et  que  l'élégance  et  les 
grâces  du  style  ^  par  un  heureux  privilège  du  goût  ^  n*y 
sont  jamais  recherchées  aux  dépens  de  la  noblesse  et 
de  la  simplicité  inséparables  de  ce  genr^  d'écrire. 

A. 


ACADEMIE  DE  LYON, 


Quelques  réflexions  sur  l'obligation  où  se  trouyent  les  Soci^t^ 
académiques  de  publier  leurs  travaux  ,  et  sur  la  manière  de  les 
publier,  lues  par  M.  le  docteur  Parat,  à  l'acadëmie  de  Lyon ,  dans 
la.  séance  du  as  novembre  1814* 

le  ne  mettrai  pas  en  question  celle  de  savoir  si  les 
sociétés  académiques  doivent  rendre  publics  leurs  travaux  , 
parce  que,  si  le  premier  but  que  se  proposent  ceuxiç(at 
se  réunissent  pour  cultiver  en  commun  les  sciences ,  les 
lettres  et  les  arts ,  est  d'en  accélérer  le  perfectionnement 
et  les  progrès,  par  l'échange  ou  la  communication  de 
leurs  lumières ,  ils  ont  pour  ol)jet  non  moins  essentiel 
à  remplir ,  celui  d'étendre  cette  communication  et.  cel 


(    123   ) 

iimgt  jusqu^à  ceux  qui  peuvent  y  concourir ,  c  esl-i- 
ire.  jusqu'atix  savans  de  tous  les  pays  :  or ,  la  voie  de 
foipressioa  étant  la  seule  convenable  pour  établir  cette 
owaittnicaiion  nou\elIe ,  il  est  de  toute  évidence  que 
is  sociétés  académiques  se  trouvent  âans  l'obligation  de 
pUîer  leurs  travaux. 

n  se  présente  une  seconde  question  plus  difficile  k 
icsoaàre*.  cest  celle  de  déterminer  de  quelle  manière 
ortie  impressioa  doit  être  faite. 

En  consultant  sur  ce  point  ce  que  Texpéri^ace  a  déjà 
iaît  coimaitre  ,  on  trouve  que ,  parmi  les  différentes  aca- 
démies qui  ont  été  successivement  établies  dans  les 
derniers  siècles  ,  celles-là  seules  ont  justifié  Tesprit  de 
kor  institution ,  qui  ont  soigneusement  recueilli  et  régu- 
fièrement  publié  leurs  mémoires,  puisque  les  nombreuses 
o^ections  qu'elles  en  ont  faites ,  reihferment  les  matériaux 
les  p\us  frédeux  que  les  sciences  possèdent  pour  chaque 
partie  qu'elles  embrassent»  ^ 

Cependant  il  est  une  autre  manière  assez  répandue 
it  nos  jours,  et  à  laquelle  quelques  sociétés  savantes 
laraîssent  uniquement  se  borner  aujourd*hui  :  c'est  celle 
de  Timpression  des  comptes  rendus  en  séance  publique. 

Cette  méthode  ,  sans  doute ,  a  plus  d*un  avantage:  en 
k  suivant ,  une  société  rappelle  tout  ce  qui  s* est  passé 
d'inléressanl  dans  son  sein  pendant  le  cours  d'un  semestre 
OQ  d'une  année  ;  elle  offre  le  recueil  des  ouvragés  de 
ses  correspondans  et  de  ses  titulaires;  elle  signale  à 
fatime  et  à  la  reconnaissance  publique  les  savans  qui 
se  sont  le  plus  dbtingués  ;  enfin  elle  excite  puissamment 
f  énuiatioa  ,  en  décernant  les  prix  proposés  ^  et  en  pré* 
fmi  de  nouveaux  triomphes  par  les  ^puveaux  sujets 
91'elle  propose. 


(   124   ) 

Maïs  ces  avantages  que  pr^^nte  la  lecture  d'un  compte 
rendu  en  séance  publique ,  ces  avantages ,  dîs-je ,  of— 
frent-ils  la  même  utilité  dans  Timpression  ?  est-<:e  dans 
un  cadre  aussi  resserré  que  celui  que  comporte  une 
séance  publique ,  que  le  rédacteur  îe  plus  exercé  peut 
donner  une  connaissance  exacte  des  objets  qull  énonce  T 
n*est-il   pas  obligé  de  se  borner  à  des  extraits  som^ 
maires,  ou  plutôt  à  de  simples-  indications  générales? 
Et  je  vous  le  demande  à  vous-mêmes,  Messieurs ,  est*ce 
par  de  telles  notions  superficielles  que  celui  qui  se  li^re 
sérieusement  à  1  étude  peut  suivre  les  progrès  des  sciences 
et  des  arts  7 

La  seule  manière  d*être  véritablement  utile ,  est  donc 
celle  de  faire  connaître  en  entier  chaque  ouvrage  ,  et  de 
transmettre  à  tous  les  lecteurs  tout  ce  que  les  auteurs 
ont  jugé  convenable  de  vous  transmettre  à  vous-mêmes  ; 
parce  que  si  les  développemens  dans  lesquels  ils  sont 
entrés  pour  se  fai*  entendre  parmi  vous,  leur  ont  para 
nécessaires  alors  ,  ils  le  sont  également  pour  les  autres. 

Ai-je  besoin  d'ajouter  qu'un  rapport  est  toujours  en 
raison  des  connaissances  du  rapporteur  ou  des  sentimens 
qui  rinspirent ,  et  que  rien  n'est  plus  ordinaire  que  la 
différence  d'opinion  que  peut  donner  la  lecture  d'un 
ouvrage ,  et  celle  du  rapport  dont  il  est  l'objet  ? 

Si  ces  réflexions  vous  paraissent  avoir  queFque  fustesse  ^ 
et  si  dorénavant  vous  adoptez  la  marche  qu  elles  indi- 
quent, n'avez- vous  pas  à  la  suivre  pour  le  passé ,  comme 
pour  le  présent  et  l'avenir  ? 

En  effet ,  Messieurs  ,  les  travaux  de  nos  prédécesseurs 
ne  peuvent  être  abandonnés ,  puisqu'ils  sont  nécessai- 
rement liés  aux  vôtres  ,  et  qu'ils  font  partie  de  Thistoire 
de  votre  société  |  comme  vous  faites  vous-mêmes  partie 


e    des  semences.  D'ailleurs ,  n'avez— 


jjBiioiï*  ^\^\eX   ^^  notas  célèbres ,  et  Vintërêt  de 
^las  i  ^^^\^^.  les  devolx-s  de  votre  justice  ne  vous 


"^r^^  ^^  ^'^  x^^Troduire  ? 

j^eat--*^*^^^  aétouruex  d*un  tel  projet ,  il  n'est 

j    jg  sens  ^^  ^ob)^^^^^  ^^    dilEcultës  et  sa  longueur  ; 

/^^çfeci  pas  l^^^Sïnenter  que  de  diiférer  da- 

^  ne  set^^        r€ïg^^^  ^^^  ^^^  éprouve  pour  les  pertes 

«aataf?  '  *^^     A  Weot'^^*  P^s  faire  attacher  plus  de  prix  à 

i£^  fai^^'^^    ^^  qui^  ^**-  Possible  de  retrouver  encore? 

L.  fcc\»^**^  *^-i     ces  dWerses   considérations  ,   comme 

£^erf   ^'^^  auc  p^^^ieurs  de  vous  ont  si  souvent 

ggpti^  les  ^^   ^ieaVï  d^gt^ment  nos  relations  littéraires , 

^j^j0oés  9  ^         ^^  au^  autres  académies  le  fruit  de  vos 

c0iiiï**^^^^      ^  el^^  8  empressent  de  vous  communi- 

travatt^  ^  ^^         c  est  i  dis-je ,  d'après  ces  diverses  consi- 

,--^^  \es  Ve^     ^  .,  •  ^»f^  devoir  vous  soumettre  les  pro- 

-  H  sera  nommé  une  commission  chargée  de 

"    ^'    naissance  de  tous  les  manuscrits  que  possède 

^^^nour  les  mettre  en   ordre  et  les  livrer  à 


I>5  manuscrits  des,  membres  titulaires  de 
T'  ^*   ni  de  droit  admissibles  en  entier  à  l'impression. 
Xx^àésoi^  ^flimission  a  le  droit  de  faire  un  choix 

A»"^'  ^*      ^scrits  des  membres  correspondans. 
f«**  *^      ,  1^  lecture  des  manuscrits  qui  appartiennent 
AkT-  ♦•        t'iulaires ,  offre  à  la  commission  le  sujet 
^on  aieUM^*^    ^arauei ,  ces  remarques  seront  dlrecte- 


ment  communîqQ^s  à  chaque  auteur  respectif,  et  chaque 
auteur  seul  y  fera  des  changemens ,  s*Ii  les  juge  conve^-^ 
fiables. 

Art*  5,  Sî  dans  le  nombre  des  manuscrits  des  corres- 
pondans  ,  îl  s*en  trouve  que  la  commission  juge  ne 
devoir  faire  connaître  que  par  une  analyse  raisonnée  y 
cette  analyse  sera  faite  et  publiée  au  nom  de  la  com-* 
mission ,  si  Tauteur  n^existe  plus  ;  mais  elle  sera  coin- 
muniquëe  à  Tauteur  du  mémoire ,  s'il  existe  ;  ce  ne  sera 
qu'après  avoir  reçu  son  consentement ,  que  cette  analyse 
fera  partie  des  mémoires  imprimés. 

DBtJXlàME   PROPOSiTlOV. 

  Texceplion  du  programme  des  prix  que  Tacadémie 
propose  de  décerner  chaque  année ,  les  comptes  rendus 
en  séance  publique  ne  seront  point  imprimés. 

Il  n'en  est  pas  moins  obligatoire  pour  les  présidens  de 
les  déposer  dans  les  porte-feuilles  de  Tacadémie  ,  parce 
qu'ils  sont  indbpensables  pour  faciliter  à  l'académie  elle- 
même  l'inventaire  de  ses  propres  travaux. 

TAOISlàME   FHOPOSITION. 

n  sera  nommé  un  membre  particulier  qui  sera  chargé 
de  rédiger  l'histoire  de  l'académie ,  depuis  son  établis- 
sement jusqu'à  ce  jour  (i). 


(i)  Ces  réflexions  u'ont  point  été  perdues  poarraoadëmie 
et  ne  le  feront  pas  pour  le  public  ;  elles  ont  fait  nattre  k 
M.  Damas  la  pensée  de  faire  rhistoire  de  cette  compagnie  : 
n  s'en  est  occupé  avec  tous  les  avantages  que  lui  donne 
aa  place  de  secrétaire  perpétuel  et  avec  tont  Je  succès 
qu^on  devait  attendre  de  son  talent.  Son  travail  est  déjà 


(    127  ) 

Sans  lui  tracer  aucun  plan  ,  Tacadëmie  s*empresse  de 
lappeler  celui  qu*ont  suiyi  les  Pelisson  et  les  d*Olivet> 
qot ,  malgré  leloignement  et  les  vicissitudes  des  temps 
éomlës  depuis  rétablissement  de  leur  compagnie,  ont 
à  bien  mérité  des  belles-lettres ,  par  l'histoire  qu'ils  ont 
piiUiée  de  Tacadëmie  française. 


HISTOIRE. 


Notice  BISTOBIQUE  sar  le  Callëge  royal  de  Lyon ,  d'après  les  docu-» 
mens  auUientiquei  et  les  pièces  origÎDales* 

Lorsque ,  dans  le  dernier  siècle  ,  une  ëtrange  confur 
«on  des  principes  et  des  faits ,  et  surtout  une  préoccu- 
pation aveugle  et  méfiante  soulevèrent  l'école  philoso- 
phique contre  les  doctrines  chétiennes ,  on  ne  pensait 
guère  de  part  et  d'autre ,  que  d'une  controverse  si  im- 
prudente •  si  mal  comprise ,  sortirait  enfin  cette  irrécu- 
sable vérité  que  le  christianisme  n'est  autre  chose  que 
la  conséquence  et  le  développement  des  forces  intellec- 
taeUes  de  la  race  humaine,  appuyées  sur  la  révélation 

.  ■  ■ A ^^i^^^ 

\ 

ttkt-vfhïkcé  :  les  lectures  qu'il  en  a  faites  en  différentes 
sâioces  particulières  «  ont  été  entendues  avec  le  plus  vif 
intérêt ,  et  les  anecdotes  qn^il  a  recueillies  sur  les  rcla- 
lioiu  de  ^académie  avec  plusieurs  hommes  ciélèbres ,  tels 
que  Voltaire,  Thomas,  Ducis,  et  même  Bonaparte,  qui 
arait  ooncoum  pour  un  prix ,  formeront  de  cet  ouvrage  un 
Ténlable  monument  historique  et  littéraire.  On  souscrit 
Ibez  le  Concierge  du  palais  St-Fierre,  a  vol.  in-8.^;  la  fr. 


(  taS  ) 

tt.rautorité  divine.  Voila  tout  ce  qai  reste  iiujourd'tîlii 
de  ces  débats  que  les  uns  se  croyaient  intéressés  à  sou-* 
tenir  et  les  autres  à  interdire  j  débats  dont  l'issue  a 
trompé  les  deux  partis ,  dès  qu*il  a  été  possible  de  dis— 
cuter  sans  passion  et  sans  préjugés.  Maintenant  il  n'y  a 
plus  ni  hardiesse  ,  ni  scandale  à  dire  que  la  civilisation 
et  la  science  doivent  s'arrêter  et  s'éteindre  hors  de  la 
sphère  des  croyances  chrétiennes  ;  que  ces  croyances 
seules  peuvent  revendiquer  Téloge'qu'un  ancien  appli- 
quait à  ritalie  :  Numime  Dtùm  ekda  quœ  humanitaiem 
homini  daref.  Et  cette  impuissance .  d  une  école  so-^ 
phistiqûe  nous  rassure  en  même  temps  contre  les  efforts 
d'une  autre  espèce  de  novateurs,  qui,  cédant  à  des  peurs 
ridicules,  supplient  l'instruction  de  faire  halte  ou  même 
de.  reculer  quelque  peu  ,  pour  la  plus  grande  gloire 
de  la  religion  :  esprits  ardens  et  un  peu  bornés,  qui  ne 
s'aperçoivent  pas  encore  que  le  mouvement  imprimé 
\  la  société  par  le  christianisme  est  au  monde  'moral 
ce  que  la  gravitation  est  au  monde  physique  ;  qu^rl  fau^ 
drait  changer  cette  grande  loi  pour  en  interrompre  les 
effets  ;  et  qu'il  ne  se  trouvera  jamais  de  main  d*homme 
assez  puissante  pour  enrayer  l'œuvre  magnifique  de  là 
civilisation  chrétienne ,  pas  plus  que  pour  soustraire  lès 
corps  célestes  à  Téternelle  attraction  qui  les  roule  inces- 
samment sur  la  même  courbe. 

,  On  nous  permettra  de  rappeler  cette  tendance  du 
christianisme  vers  l'instruction  ,  lorsque  nous  avons  à 
parler  d'un  vaste  et  célèbre  établissement  scientifique  ^ 
dont  lesfondemens  furent  jetés  dès  les  premières  années 
du  seizième  siècle  ,  par  quelques  bourgeois  d'une  ville 
manufacturière ,  hommes  simples  et  pieux ,  qui  se  réu- 
nissaient pour  prier ,  une  fois  la  semaine ,  sous  l'invo-*' 


de  la  Sainte*Triaitë.  L^origkie  de  cette  confrérie  , 
fâ  tenait  ses  assemblées  daas  iVglise  de  Saint-Nizier  ^ 
BBQiite   à    Tan    i3o6.   Comme  die  avait  ao^is  des 
tenàns  considérables  sur  la'  m^  droite .  du   Rhône. 
alocs  inhabitée  »   les  pères   de  iàmllle  qjoi  la  compcH 
sne&t  j  formèrent  le  dessein  de  consacrer  cçs  propriëbéa^ 
à  Veducafaoa  de  leurs  enfans  ;  et  surjlemplacepnent  où. 
se  Iroirte le  collège  royal  de  Lyon,  ils  élevèrent  une 
école  ^  an  milieu  des  vignes  et.  desi  pralri^.  Cet  établis- 
lenaieiit  £it  ré^  par  la. confréries»  dc^puis  lamlëe.iSig^ 
îusqn'en  iSay.  Alors  il  devint  public  j.Vautoritë  muni- 
Qpale  se  chargea  de  Tadminlstrei; ,  syr  Je&  ittsiances  de . 
Sjmpkomn  Champier  et  de.  Claude  de  Bellièvre^  pre- 
président  du  parlement  de  Dauphiné.  Il  fut  stipulé 
Técole  conserverait  le  nom  de  collée  de  la  Trinité  9 
et  91e  la  pcopriëté  des  terrains  reviendrait  à  la  confirmeriez* 
â  le  coUéfj^  éuît  supprimé  ou  transféré  ailleurs.  !#  vUlç 
accorda  ,  sesaicment   au  principal  ,  des  honoraires  de 
400  livns.  Il  est  digne  de  remarque  que  cette  çessi(>& 
fiit  enliéfioiient  volontaire ,  puisqu'elle  précéda  de  deux 
ans   lordannance  de  1 629,  par  laquelle  François  I/' 
décida  que  tous  les  biens-fonds  possédé?  par  les  confré- 
tics  seraient  converti^  en  établissçmeqs;  d'instruction  et. 
^■tililé  publique  (1). 

Dans  œ  siècle  de  gravQ  et  fbfte  science  9  les  villes 
moatiaîent  une  |;énéreuse  émulation .  pour,  attirer  dans 


■      •  ■  • 

(t)  On  peat  consulter  sur  leli  actes  qui  établissent  que 
h  eoO^  est  la  propriété  '^ié  la'  Tille  de  Lyon  •,  ua  rap- 
|srt  Sut  au  eonsèll  mutiMsipsr,  par  M.  flodiêu^  sterélr 
de  la  ville»   le  A-mai  i8q^ 

Tm.  IF.  9 


Itdr^murs  les  maitres  <5ë)èbi*és.€ieèf>li6mtaésfliVitiâ  ëtâfë^fC 
seifu^  avec  des  solennités ,  €èmine  aux  beaux  joors  de  Isé 
Grèce ,  et  rë^âtndaiènt  partëtit  l^amoui*  dû*  toVoirJ'AinsF 
lés  TiCbrrtaa ,  les  Àlclat  *  lès  Duàreiï,  les  Cordîer,  Visî— ' 
t&ient  K*s  iinivêisités  de  France  et  de  l'étranger  que  leur* 
gënié  éclairait  tour  à^tpar  ;-  fttéme'oh  aVàit  Vm  à  Lvon  , 
le' plos  illustré  dés  ftigitifs  deConstantiiiopl^^I^scâris  ^' 
(jbr^ecfè^r  d'épreuves  dads- l'une  dés  fanieusesi^ifltf  rimer ies 
dc^  cette  ifllëif' Aussisle  iêron^ulaf  dé  Lyoïi  s'occupa  «-avec 
ardeur  de  Ia(  prospét ilië  do  <x>llége.  Le  premier  principal' 
fut  -GuîHèiùme  l)HraQd^  lyonnais  ,  personnage  d*iiBë« 
^«nde  érudition  ;  on-  remarquait  dès  lors  au  nombre  dc^ 
rëgens-  Bbrthélebiy^  Aneaù  ;  élève  du  luthérien  Melchtoi^ 
Wolnulr  "3  esprit  'vasie  et  orné^  mais  léger  Ift  téméra)re^^ 
qid  devâit^pértr  trente  Md  aprè^  dans  ùné  'horrible  dâH^ 
tasii-èphé;  On  y  distinguait  aiis^i  Glâùdef  idièf}  Cublieew'^ 
Les'éttides^èkiœiques ,  tous  de  tels  itiâlîtl^e^ ,  'devaient  étré^ 
brillantes  )  "et  contribuèrent  sdni  doute 'ât^  '  fa'' beHe  re^^ 
nommée  de  saVoir  et i  d'élégance  ^ae'lârVilie- dé  Lyolt^ 
s^cquit  alors   eiitre  toutes  les  villes  dii  ^royaume.  La^ 
modicité  de  k-rétribùtiôn^pour  chacune  dés  quatre  classée - 
instituées  par  le  éonsùldt  (  ±  soh  6  deniei^s  >,  n'exdtlail 
Mciihe' boti^eln 'du  bienfait  d\in^  édodatioii  libérale.  ^ 
Barthélémy  Aneau ,  nommé  princ([ial  bour  iiois  ans  ;  ' 
après  Claude'' de  Gubil2»  ,  eii  l54o  ^  avtlit  réirgné  '^s 
pouvoirs  etr  décembre  i5Si  ^  entre  lès  maift^  dé  Jaeqtie^^ 
Frrarhet.; -cebii-ci  fut. remplacé^  eax555^^ar  Jacques 
Dupi^.,  mai^f^  jèsTa^t»;,  l9.,popduiie'  scîiigi^Mp»f<Ti'^^i^t 
admnistr^taiir.  I  qui  avilit  pa(U*  ^f  de}chafifé];S(ijem^^^ 
détcmina .  lé!  cokisûlat  à;  le  renvoyer.  lOn  rappela  9  pouo  ^   .  | 
la  dernière  fois  (i5S8)Banbél«mycAiieatT^  auquel  semrrj    -| 
blait  attachée  la  devinée  du  collège  :  il  re^ut  le  titre  de     j 


(  »3t  ) 
priricîpal«-recteàr  pour  quatre  années  yet  fut  chargé  pàf 
le  cdosiilftt  de  rédiger  le  recueil  >  de  ^ivilëges  et  fi-an^ 
ckisés  de  la  ville.  ^  .    -       -f 

Tel  ëlail  Tëtat  des  àiosé^  lorsque  éclatèrent  \e&  IfoiiMesi 
biërieursdorit  ta  rëiidrme  fut  la  cause  ou  le  tprëtexte.  Oil^ 
srit  cOQuaMt  'François  1.^^  d'abord  favorable  4  j^s  con-f 
trnre  '^«x  ^éformarteurs ,  se'  crut  obKgé  de  les  poursuivre' 
aprè^  les  placards  injuirieux  de  i536«  La  politique  donteûs^> 
et  obscune  cie  de  ^rtiK^e^avàii^  permis  aux  religionnairèli> 
des  espëraniceS'  qu'il  pouvait»  ^sembleremel'  de  perdrtr 
lotit  à  fait«'D^tiil' autre  c6té^  4e  eèle* imprudent  de  qu^r 
^fiies  défeKsèuîrs  de  Tëgiîse  et  hâtait ,  «vec  une  malheit^i 
itasiie  vigilance  i  de. ramener  au  type  de  la  i^fornife'Ctd^^ 
ivjeter  parmi  lés  docts'inës  hérétiques  le  moiiidre  dissen'*' 
tioient ,  les  ^lûs* légères  <:ohtradfc(ionis  ;  les  esprit^  s^irri-^iii 
taient  conti>e  une  suticeptSMUt^  si*  tranchante  et  si  jaloifee. 
Il  arriva  ce  qui  arrive  toujours  dans  les  affiiirés  d'ôpi^*^ 
inoiis,  lorsqu'on  est  contraint  d'opter  y  sans  néoei»iCé ,' 
amune-  sans  envie.  Les  {dus  hardis  s'oignirent  d'une  ' 
orthodéxié  imposée  qui  ne  laissait  pas  même  le  mérite 
de  là  vfidénié.  Les  plus  prii^ens  se  Tétranchèrent  dÀns  > 
ime  hétitratité  et  un  sceptièisme  absolu  ^  tels   étaient* 
Eilsme,  Leroy,  Pàsqihar,  L'Hàpilal  ^  Montaigne',  Ghar^'^ 
rod,  Pasjerat ,  RapinJ  Mais  pendant  oes^'ardenltes  cotl'-* 
trover^  ^  d'oà  k  guerre  civile  allait  édoi^  ,  Terreur  se  : 
propageait  rapidement.  Il  parait  que  lés  régensdu  collège^ 
ëiaient  soupçonnés  d'un  secret  pend^mt  à  Thérésie  :  c'est  ^ 
ati  moins  ce  <]iiQ  lait  présumer  Tëvénèment  sinistre  dont^ 
le  principal  fut  victime.  Le  5  juin  i56f  ,)our  de  lat  F4té^>f 
Dieu ,  une  procession  passait  devant  le  collège.  -Tandis- 
que  la  râleuse  cëiisémoifie  tKGilpait  tous  les  esprits ,.  et 
yraisemblablement  tous  lesr  yetix  y  une  pierre  ;>  lancée; 


(  i3^  ) 
par  ane  main  inconnue ,  atteignit  le  prêtre  qui  portait 

le  Saint-Sacrement.  Un  bruit  circule  rapidement  que  lat 
pierre  est  partie  des  fenêtres  du  collège  ;  la  populace  fu- 
rieuse se  précipite  dans  rêtablisseiAeni  ;  et ,  ^s|hs  ^gdrd  y 
non  pas  pour  la  justice ,  elle  se  tait  dans  Ite.  troubla 
populaires ,  mais  pour  les  travaux  et  les  cheveux  UavA::» 
du  principal ,  ce  malheureux  vieillard  est  éfpPfjL  Qii^^ 
ques  historiens  appliquant  ici  la  tnaxime  is  Jècit  Sqelus^ 
cui  proJccU  9  assurent  que  cette  déplorable  scène  avait  été. 
organisée  par  les  amis  de  ceiix  qui,  dès  lors  ambition- 
naient la  direction  du  collège ,  et  qui  la  reçumt  j^lns  tard; 
mais  cette  imputation  parait  d^uéé  de  preuves.  Quoi 
qu  il  en  soit ,.  le  collège  dédiu  de  sa  prospérité ,  fut  régi. 
d(epuis  Je  mois  de  novembre   i56i  y  par  le  principal 
IlÉartln  qui  y  mourut,  et  dont  la  veuve  en  remit  les  defs  ^ 
en  1^65  ,  au  jésuite  Emond  Âuger,  par  Tordre  du  txMr 
sulal(i). 

Emond  'Auger ,  Tun  des  plus  habiles  propagateurs  de 
Isi  -compagnie  de  Jésus ,  après  avoir  débuté  par  un  emploi 
obscur,  dans  les  cuisines  du  collège  des  jésuites  à  Rome» 
était  devenu  l'un  des  plus  ^haquens  orateurs  de  son  siècle, 
et  le  confesseur  d*Henri  III.  Il  consentit  à  se  charger,  pour^ 
deux  années  seulement  de  la  direction  du  collège.  L'ouvct- 
ture  des  classes  se  fit  avec  appareil ,  le  3  octobre  i565.  Le  r 
père  Perpinien,  savant  humaniste,  y  prononça  un  dis^,, 
cours  latin  y  àc  retinendâ  çeieri  religione  apud  Lugdu^  .  | 
nfnfes;  Cricfaton,  jésuite  écossais,  de  la  noble  famille  des  j 
EUmilton,  fut  installé  en  qualité  de  recieqr. .  Mais  à  Tex- . 
piration  des  deux  années,  Auger  déclara  que  sa  compa- 1 

-*— ; , ■  »; 

-(i)' Voy.  k  Notice  sur   le  P.  Emond  Auger  f  îoséréa  x 
plus  Jiaut,  pag.  loo-iaa  de  ce  vol. 


(  i53  ) 
^ie  ne  pouvait  plus  desservir  le  collège  qiie  sou  s  la 
fonne  d*ua  don  perpétuel.  Les  ëchevins  consentirent 
^ec empressement  à  raliënation  demandée,  le  j4  sep^ 
lembre  i$€7 ,  en  stipulant  toutefois,  par  respect  pour 
les  ades  de  1687  ,  que  la  propriété  du  collège  et  même 
des  aocTdi3»emens  qui  pourraient  y  être  faits,  revien-^ 
dÉait  à^jn&ç ,  si  la  Société  en  quittait  la  direction. 

La  iriile  dota  généreusement  les  nouveaux  administra* 
teuTs  ;  on  doubla  tes  400  livres  allouées  au  principal ,  et 
Ikm  aoeorda  des  indemnités  d'octrois  poi^r  une  vaieub 
de  i5oo  fiv.  L'archevêque,  cardinal  de  Touriion ,  promit 
24k>  liv.  par  an  ;  le  chapitre  de  St-Jean  souscrivit  poutr 
4nie  pareille  scmime  à  tUré  étaumône.  Enfin  le  roi 
Caries  IX,  par  lettres  patentes  du  7  septembre  i568 , 
accordées  sur  un  bref  du  pape  Pie  IV ,  confirmai  tout  ce 
qui  avait  été  fait  par  la  municipalité.  M.  de  TÂverdy 
observe  que ,  dans  l'acte  de  cession ,  les  jésuites  comptent 
parmi  les  avantages  de  leur  institut  que  les  collèges  qu'ils 
tiennent  ont  les  titre  et  droits  d'universités  ,  tandis  que 
pour  être  admis  en  France  ils  avaient  solennellemM^ 
renoncé  à  œs  prétentions  fondées  sur  les  bulles  des  papes. 

Indépendamment  de&  faveurs  du  consulat ,  ils  accru* 
rent  bientôt  leurs  revenus  par  des  libéralités  de  toute 
ea^piœ.  Un  savmt  calabrois,  Vincenzo  Lauro,  d'abord 
médecin  du  cardinal  de  Tournon  et  de  la  reine  Catherine 
de  Hédicis ,  ptm  cardinal  évêque  de  Mondovi  ^  leur  céda 
les  prieurés  de  Tense  et  de  Dunières  qu'il  possédait  dans 
le  Forez  et  qui  rapportaient  i3,ooo  liv.  ;  en  1579 ,  ils 
obtinrent  du  consulat  des  fonds  pour  la  construction 
d'un  pensionnat  ;  et  même  au  milieu  des  fureurs^  de  la 
ligue,  en  1692  ,  les  échevins  donnèrent  pour  un  oouss 
perpétuel  de  ^^ilosophie  en  trois  classes ,  une  rente  an- 


(  x34  ^ 
nuélle^  a^ooo  livres  (i).  Nous  devons  '  remarqutr 
le  collëge  possédait;  à  cette  époque >  une  biblioth^ue  ou 
Ubralrî0  considérable ,  q^oiqu^'il  n*y  eât  point  d^édîfice 
«pédai  destiné  h  renfermer  les  livras  ;  cette  bibliothèque 
accrue ,  pendant  près  de  trois  siècles,  par  ia  ntunificence- 
de  DOS  r  rois ,  par  de  riches  donations  et  par  la  soUii^tiicle 
éclairée  des  niagistrals  de  Lyon,  e^  .aujeord*htti  Tune 
de»  plus  complètes  4^  FVance  ;  mais  le  odlége  en  a  perdis 
la  propriété ,  ainsi  que  des  médailles  qui  y  étaient  joiniesu 

Lorsque  les  jésuites  furent  exilés ,  en  1594 ,  par  suite 
àe^  l'attentat  de  Jeah  Châtel ,  ils  essayèrent  de  conserver 
la  direction  du  collège ,  en  la  faisant  donner ,  par  le  cob— 
sujat,  au  P.  Jean  Pdrsan  9  qui  avait  quitté  depuis  peu 
rhabU  de  Tordre.  Maïs  Porsan ,  dénoncé  au  parlement  de 
Paris ,  comtne  ayant  enfreint  son  ban  ^  fut  décrété  de 
prise  de  corp$ ,  malgré  les  renu)ntrance$  des  éebevins  ^ 
qui  soutenaient  que  Persan  n^était  point  jésuite ,  attendu 
qu'il  était  sorti  de  la  compajgnie  avant  larrét  de  i5q4- 

La  société  ayant  repare  en  16649  la 'ville^lui  reroif 
aussitôt  l'établissement,  et  c'est  de  cette  époque  que  com*- 
mencent  véritablement  les  progrès  et  la  célébrité  de  cette 
école  qui  eut  successivement  pour  administrateurs  les 
PP.  €raiset ,  Milieu ,  de  Suffren  ,  de  la  Chsiise ,  Colonia  ^ 
Ménétrier ,  etc^'  Les  jésuites  s  obligèrent^  tenir  des  cours 
de  pbilosopbie ,  de  rhétorique  et  d'humanité ,  et  quatre- 
classes  de. grammaire;  k  faire  des  leçons  sur  la  morale^ 
la  théologie-,  les  mathémçitiques ,-  Tastrônomie.  fît  la  géo^ 
graphie,  ainsi  que  cela  se  pratiquait  es  plt^s  céiiirèi  et 


(ï)  L*acte  est  du  8  octobre  1592,  et  fat  reçu  par  Benoit 
tfu'lVdnèy,  notoire'  et  sècrcftaîre  de  là  ville  de  L^on. 
•  •  i  ('2fô/e  d^iH  des  rêiàcUufi  ). 


mtSte$ws  ^cmlUgef  ^x4^$  P^ret.  La  ville  fit  (]^  Qouyeaux 

^acôQces  jpQur  çhtenir  ç^  vaste,  iensemple  .d'iqsinictîoi|^ 

ci  k  Station  annuelle  fut  port^^  jiusqu'à  i3^o,  liy^ 

,  Jl.&llut  acib^er  de$  iles  entières  ,dç,  ^n^sqnç  ppt;^ 

grandir  les  J>â^ii^i)s  gui  devenaient  dp  îqur  ;e^  jouj  pl^s 

■ff5nfli?g>ns  9   et  Tpn  çst  vraiment  étonné  de  Tînépuisable 

gpitroslté  du  corps  ^de  yill^  qui  pç  ;sq  l^^l^  PQ^.i?^  d^^cr- 

jCuôU^  d;»  demanfles  tpujours  r^n^ssaptes ,  ni  d'antq- 

TÎser  des  constructions  interminables.  Cefu^ien  1617 

^^  s'éleva,  ^9U^  le$  des^iis  du  P.  IIJ(artel7An^,9  laçha- 

^fdieda  collège  9  qui  devint  l'une  dçs  plun»  riches  delà  vilU^, 

•  f^  les  nurbres  e^  les  p^n^rçs  dont  lelle  était  ^kxi^t* 
jUors  j^ussi ,  on  traça  Tiipiaense  vaiss^u  d^  la  biblipr 
jbèfu^  ;  mais  la  totalité  des  reconstructions  ne  fpt  achevé^ 
jguev^  Van  l66o.  Par  une  if^^p  ostent^liçç  ^de  li^xe^^ 
«m  des  membres  flç  la  aijocîét^ ,  le  P.  Labbës.çQu^rit  &p 
ffânluresà  fccsq^ie  les  façades  intérieures  dç  la  .gr<|n4e 
cour  des  classes;  encore  n était-ce  pas  assez  d'un  aussi 
Vaste  ioca/poor  réunir  tous  les  élèves  :  dès  Tannée  1628, 
M.™'  de  Gadagne ,  veuve  du  marquis  de  Miollans ,  avait 
^donnë  00e  sommé  de  24,000  liv*  pour  ouvrir  trois  classes 
dans  on  autre  collège  qui  fut  placé  au  bas  de  la  colline 
de  Fourvières.  .      . 

.  Au  conui^c^nçapen^  4v^  4^rnjier  siècle  »  les  v^yi^ijis^^ 
deiix  collège  s'élevaient  à  pWs.  df^  Sp^ooox  liv^  1  non 
ppayrîs  les  bénéfices  du:  peosioanat  ^  ceux  de  la  phar^ 
nacie  fui  en  rendait  20,000,  et  la  fouissance  de  ^lùsîeu^ 
vaisens  de  ville  et  de  campagne,  dont  les  titres  disparu- 
rent en  1762' (i).  '         ''    ' 


t  ■ 


.  (1)  Jfopis  '  n'^vnluerons  pas  nim  plus  leti  Mlnfralité^  de 
ftwifinArJeu  Jaistât»^  pan  les  jésuites ,  et  qui  contrî- 


X'obsértatoîre ,  qui  fah  partie  du  collège ,  fut  cotistruft 
en  1702,  d'après  le  désir  de  l'illustre  Cassini ,  sur  les 
plans  du  P.  de  Saint-Bonnet ,  astronome  j£$tinguë  ,  qui 
traça  une  méridienne  dont  la  ligne  existait  encore  il  y  ai 
peu  d'années  sur  les  dalles  de  la  seconde  cour  (1).  Enfin^ 
par  une  délibération  du  17  novembre  i73i,  les  écbevms 
approuvèrent  la  reconstruction  du  pensionnat;  et  de 
1731  à  1743,  ils  donnèrent  112,000  liv.  pour  en  àc-^ 
quitler  les  frais.  .     ,  * 

Âpi*ès  les  arrêts  de  1 76a ,  les  établissemens  que  les  }é^ 
suites  possédaient  à  Lyon  entrèrent  pour  une  somme  3b 
iiSo^ooo  Ht.  dans  le  solde  des  dettes  et  des  créances  dîr  * 
la  société;  catr  les  partemens  avaient  fait  nne  juste  et  nér^ 
eessaire  distinction  entre  les  biens  qui  leur  apparte^ 
nalent  et  ceux  dont  ils  n'étaient  qu'usufruitiers.  Cepeir- 
dant  la  compagnie  essaya  de  réclamer  Tentière  propriété 
de  la  bibliothèque  et  des  collèges  ;  mais  ses  efforts  furent 


huèrent  fréquemment  aux  dépense»  de  la  maison  y  elles 
portaient  les  noms  suivans  :  des  Messieurs  ,  des  jeunes 
Messieurs ,  des  philosophes  ,  des  rhéioriciens  y  des  grands 
artisans  9  dès  petits  artisans ,  des  jeunes  artisans  et  des 
plus  jeunes  artisans^ 

-(1)011  distingue  également  dans  la  tour  du  collège  royal 
d'Avignon  9  les  traces  des  observations  du  savant  et  bicarré 
Abraham  Kircher.  (La construction  de  Tobservatoire  coûta  la 
vie  au  P.  Jean  de  S.  Bonnet.  Monté  sur  an  échafand  pour- 
conduire,  les  ouvriers ,  il  fut  emporté  par  la  sarde  d'une 
grue  ,  se  cassa  la  cuisse  et  mourut  quelques  jours  après  , 
le  6  mai  1701.  II  avait  contribué,  trois  ans  auparavant, 
à  fonder  l'académie  des  sciences  et  belles-Icttres  de  Lyon  ^ 
doublet  pcttoières  aaseioblées  se  tinrent  ches  Br^settv. 

if  oie  d'un  des  rédsKtatrê  )* 


(  i57  ) 
mQtîIe$  9  d.  1p  {^Dopritë  revinli  à  .b.  tille  ^  d*apris  ks 

actes  de  1 527  et.  1567* 

Iioraqu'îl  fallut  réorganiser  le»,  (études ,  la  sénéchaussée 
de  Lyon  prëseata  ^  cet  elE^  un  mémoire  au.  parlement  ; 
cUe  demandait  que.  le  grand  collège  de  la  Trinité  fût 
^igë  en  univetsité  i .  et  qu*on  en  établit  un  ti^isième 
pour  le  quartier  d'Ainay  :  elle  discutait  ensuite  les  avaa- 
Uffs  et  les  inconvéniens  d  appeler  les  communautés  re« 
lieuses  à  l'instruction  publique ,  et  concluait  en  prch- 
f/SsoDl  qae  TunÎTersité  fût  confiée  à  des  séculiers,  et  les 
^ruz  autres  collégies  à  des  congrégations*  Mais  le  corps 
de  ville  revendiqua  Tadministration  et  la  police  exclusive 
des  collèges ,  et  se  hâta  de  passer  te  traité  avec  les  PP. 
de  rOratoire  et  les  missionnaires  de  St-Joseph.  Le  pa- 
iement ratifia  cet  accord.  Il  y .  eut  au  grand  collège  des 
troubles  et  des  scènes  scandaleuses  le  jour.de  linstalla- 
tion  des.  OratoTÎens.  On  craignit  un  moment  qu'il  ne  de*< 
vint  imposstUe  d'ouvrir  les  classes:  les  jésuites  occu- 
^aîpnt  encore  la  m^eure  partie  des  bàtimens. 

Quelques  années  plus  tard  ,  eh  1773 ,  le  consulat  qui 
sVtait*  toujours  regardé  comme  seul  fondateur,  propriétaire 
et  administrateur  des  collèges,  voulut  assurer  son  titre ,  e|i 
plaçant  des'  inscriptions  qui  le  constataient  en  divers  en* 
droits  de  la  maison  :  le  bureau  d'administration  crut  pou* 
vmr  les  faire  enlever.  Cette  a&ire  fut  évoquée  au  oonseil 
qui  blâma  la  démarche  des  administrateurs  (i).  Ceux-ci  | 
parmi  lesquels  siégeaient,  entre  autres  personnages  distin- 
gués, l'archevêque  et  le  commandant ,  pfésentètent  au  roi 
un  mémoire  contre  les  vfolerïcesdu  consulat,  a  dont ^ 

'  III         II  '         I  I  II        ■• 

<i)  Lettre  autographe  de  M.  Bertin  3^  énXêe  de  ¥nr^ 


)»  dnaient-yirratlaGiiémentairirMrfew  Émtti^i  de  îa 
n  maîsQa  n^^st  que  trop  connu ,  et.  mît ,  pour'  réaliser  afei 
»  pri^  dont  les  conséquences  sont  aussi  évidentes 
»  qo-tftlÂksont  odieuses  ^  au  mépris  des  arrêts  et  de  lédKt 
>>  du  rcM  ^  se  réserve  la  faculté  de  se  pourvoir  rtlafipé^ 
j»  ment  à'  PinsinÊCiion  publique  dans  ta  piUê  de^Lyotr^ 
»  ainsi  qa'il  avisera...  n         - 

'  La  savante  et  utile  congrégation  de  rOratotre  disparut 
à  ^n  tour  au  milieurdes  tempfites  révolutionnaires-:  cftr 
l'instrudion  ^  qui  est  aussi  une  dristoeratie ,  ne  ^pouvut 
'trouver  grâce  devant  les  Vandales^ de  cette*  époque.  Pér 
un  instinct  ou  une  pnéfi^rence  de  leur  haine ,  les  bâtitneiA» 
du  collège  et  de  là  Ubliothèque  eurent  le  plus  à  soulfirtr 
«du  feu  des  batteries  conventionnelles  pendant  he  gtd>* 
^ettse  défense  de  Lyon^  et*aprèi*  la -terreur  ils  foreM 
tran^rmés  en  casernes.  On  Ae  ies  rendit'  pas  à  fenr 
véritable  destination  lorstiu'ëh  institua  i*éccAe  trèiit^ate 
qui  fut  placée -dans  l'ancienne  abbaye  de  Satnt*^Pietté  , 
aujourd'hui  le  palais  des  Arts  (i).  Mais  4e  décret 'd#  il 
floréal  an  xi ,  «ayant  donné  à  Tinstniction  publique  une 
organisation  plus  stable  et  surtout  plus  régulière  ,  le 
grand  collège  %  devenu  lycée  >  fîtt  ouvert  le  i5  messidor 
delà  même  année  :  M.  Bérenger;  auteur*  d'un  gramid  ^^ 
iftofeihnsf^'id'ouvrages  pleins  *âe  grâce  et  d'élégance, 
menlècOfdfe  Finjtitut'et  du  oohseii-général  du  Rhàné,  en.* 


-occuper  les   bâtiinens  de  l'ancien    collège 

Îu6c|u*au  moment  où  elle  ^fiit   supprimée^  et  remplacée . 

{H»  le.ly«4ei.   ,  -••.      .:•'   :^  -' ^  '   ^  '  \ 

(  Note  d'Un  des  ridmnUifitê  ]u*.  : 


te  nonne  ftbTtSMr.  LoraqUe  radidAMè  fbt 

fwlqiies  aiiBi^w  après  ,  M.  Nompèrei  de  Chanpagny  l 

&csede  M«-  le  duc -de  Cadore ,  ministre  d*ët&t ,  passades 

faTtwni  de  pnnnseur  à  celles  de  recteur.  P^rmi  les  an^^ 

finacdonnûres  du  collège  de  Lyon ,  nous  jpeutons 

tr  JIM.  j&mpère  j  dont  Tëdiartante  renoramëe  tl'apas 

WsQÎB  d'âoge  ;  Daliuron ,  inspedeur-gënëral  de  TOniwr^ 

«té^VaUiéée  Bonnet ie,  ron  des  plus  célèbres  prédicateurs 

4e  Bflftrt  temps  ;  Vakhé  Hèusseau  ,  membre  de  la  lë^on 

,  auteur  d-un  tratlé  éléneptaire  de  géographie, 

irde  Tacadëmie  deCaën;  Âstoud,  proviseur  ^dti 

royal  de  Montpellier  ;  Robin ,  membre  dé  la  té-* 

bomeor^  ancien  promeur  dn  collège  de  Nimes  *, 

-géttétal  ;  raM>ë  Perret,  protisenr  diteoUége royal 

dcCcenoMe;  Camarét^  proviseur  du  collège  royal  de 

Bke«s  ;  Bcfinance ,  ebèvalier  de  St-Lonis ,  inspecteur 

èe  Vacadénne  è'Amîens  ;  Perreau ,  professeur  de  irhéto^ 

Mfae  aa  collège  Sl^^Louis;  Favier,  professeur  au  collège 

de  Cfcarfenogne;  L«arnac  ,  instituteur  de  S.  A/R.  M.  le 

doc  de  NeoKHirs ,  etc.  * 

•  Le  -oott%e  actuel  n'occupe  pas  k  totalité  des'  anciens 

bltimais»  Avant  l'organisation  du  lycée  on  en  avait 

aKéné  wœ  partie*  ;  la  ville  s'en  est  réservé  '  une  autre 

dont  elle  retire  on  revenu  considérable  :  le  reste  a  suffi 

paap'èce  joilr  pour  les  études,  le  pensionnat ,  Vacadémie^ 

.et  les logemens de  BIBL  les  professeurs.  Pour  que  lob* 

serraloire   ne  restât  pas  un  monument  intItHe,  M.  le 

onre  y  a  fait  placer ,  sur  la  demande  de  M.  Clerc  i 

«fiider  de  Tuniversité,  membre  de  l'académie  «de  Lyon 

d  professeur  de  mathématiques  spéciales ,  des  instrumens 

et  des  machines  qui  servent  aux  travaujL  assidus  de  ce 

sitant  professeur. 


(  Mo  ) 
.  l4*Adafiini$Ua4îoo  du  ooUëge  est  anjourd'hai  confiée- 
M«  Tabbé  Demeure  ,  protiseur ,  membre  de  la    lëgioi 
d*hooneur.  Le  2.èle  de  ce  sage  ecclésiastique  ,  la  bien« 
veîllance  des  autorités  locales  et  un  heureux  concours 
de  circonstances  permettent  d*espérer  des  succès    pio: 
grands  encore  que  ceux   qui  ont  été  obtenus  jusqu'i 
ce  jour*  Depuis  long-tanps  la  supériorité  des  études  uni- 
versitaires s*est  placée  hors  de  toute  concurrence  ;  et  le 
collègue  royal  de  Lyon ,  en  particulier ,  peut  rappeler 
que  les  deux  élèves  qu'il  a  envbyés  cette  année  à  l'ëoole 
normale  y  ont  remporté  les  deux  premières  novina— 
lions  (f).  Le  moment  ne  saurait  être  éloigné,  où  ruai— 
yersité  obtiendra  justice  sous  tous  les  autres  rapports  ^ 
non  moins  ^ue  sous  celui  de  l'enseignement  ;  où  l'on 
ne  cherchera  plus  à  éluder  les  lois  et   les  règloonens 
qui  Tout  constituée  :  ces  lois  de  même  que  toutes  les  autres 
doivent  être  partout  observées,  quelle  que  soit  l'opinion 
de  chacun ,  nous  ne  disons  pas  comme  principes ,  mMP 
comme  f^fts»  non  p^s  même  comme  bonnes,  mais  comm^ 
lois.  Du   reste,   l'université  a  fait  ses  preuves:  jamais 
institution  plus  récente  et  plus  menacée  ne  donna  de  si 
fobles  fruits  et  de  si  hautes  espérances.  U  est  douloureux 
que  l'eiprit  de  parti  en  arrête  ou  en  calomnie  les  pro- 
grès ,  et  sacrifie  à  des  tolérances  de  systématiques  ou  à  des 
préventions  intéressées ,  la  gloire  d'une  institution ,  qui 
restera ,  selon  l'expression  d'un  homme  dont  la  bien^>  ^ 
veillance  nous  encourage  et  nous  honore ,  M.  Ambrois» 
Rendu ,  eewune  tune  des  plus  belles  créations  des  temps 
modernes* 

•  F.  J.  Rabahis  , 

agrëgë  professeur  de  rhëtopqae  à  Ljoii. 

(i)  Les  jeunes  Faivre  et  Gourja  de  Lyon, 


(  Ht  ) 


STATISTIQUE  -  VAÏSE.     .^^^ 

nmntm  9711  r'^ 

tesiSEiGifEifEifS  «ar  1j^- pwoisae  de  Vajse,  donnés  eti>ff(^^ ,  .par 
M.  V«issire ,  curé  de  cette  paronae  ,  à  M.  l'intendant  d'Hcrbigny, 
pour  établir  1«  statUtiqne  de  la  génëralitë  de  Lyon,  demandée 
par  Co\bert  i  pour  l*iiutnictioii  du.  dùb  d^  Bourgogne ,  père  d« 
Ijoaia  XV   (i).  ,      . 


'I I 


!-•*  QcESTioH.  —Diocèse  de  Lyoft.  '  .   / 

II.*  QuBSTioN.  —  Géntfralltë  de  Lyon. 

m.*  Question.  —  Élection  de  Lyon. 

IV.*  Question.  -*  Limites.  —Au  midi  par  la  partie  da 

fiinbourg  qui  est  de  la  paroisse  de  Si-Paul  9  qui  est  la 
■  1  ■  ■  ■• 

(i)  Ce»  renseignement  nous  omt  para  eitrémèoiefit  6u- 
iMttx  9    qiioH]a*U  fiiille  se  Aé&tr  un   jpèa  -  du   boa  coré* 
¥cisftire  oa  Vatsire  :  il  soogeait  à  'Son  affaire,  et  r^réteiW 
Wil^  î^  ce  que  noas  croyons ^  sa  .pasoisai;  et  sa  cure.mii peut 
plus  pauTjnes  qu'elles  ne  rë|aient  daa|  Texacte  rëalité.  Ekt. 
^préciant  ses  assertions  d'après  cette  îdde ,  et  en  ne  per^ 
daat  pas  3e  Tue  que ,  comme  il  a  ^soin  de  le  répéter  pla- 
siears    fols  ,  la  paroisse  de  Vaise  ne  comprenait  qu'une 
partie  du   iaabonrg  dé  ce  nom ,  les  cfaangèmeus  «surredua 
éepais  dans  b  loeaKt^  ,  seront  feoajcmrs  tlrë^censidéitblés  ^ 
et  la  jpièce  que  nous  insérons  ici ,  poorra  ibumi^<^Al^  leo^L 
tenrs'  ro<îcasîoB   d'an  parallèle   intëressant.  cinlotliil^état 
ancien  et  l'état  ^ctael ,  lequel  sera  tout  à   l'aTanb^e  du. 
préseat.  Elle  servira  aiissi  à  faire /voir  sur  qneU  docamens 
anraît  été  composée  la  statistique  générale.  <|e  fronce  dont 
Coibert  avait  conçu  le  projet.  Gbihme  le  manuscrit  est  un 
peu  difficile  à  déchiffrer,  nous  ne  répondons  pas  qne  quel- 
ques noma  propres  ne  soient  défigurés. 

(Note  des  Bédadeurêï  ) 


méilIeuFe  partie.  Cette  moitié  est  exempte  de  gens    ^ 
giièrre.  L^autre  moitié  est  ma  paroisse. 

Au  nord—  par  1^  paiioissesidè  ^t-|pidiar  ^t  de  Si  Cyi 

Au  levant  —  par  la  paroisse  de  St-Vinœnt  de  Lyon 
la  Saône  entre  deux.  , 

Au  couchant  —  par  la  paroisse  d*ËcuIly*. 

Il  faut  remarquer  que  tout  lie  fii(ibourg  de  Vaise  n*esl 
pas  de  la  paroisse  dudit  Vaise  ;  la  moitié  est  '  dé  St-Pasil 
de  Lyon  ;  la  paroisse  de  Vaise  est  fort  pauvre. 

V.*  Question.  Étendue.  —  Un  quart  de  lieue  de  toâr« 

VI.*  Question.  Terres  labourables.  —  II  s'y  recueille 
fort  peu  de. blé,  parce  qu'il  y  .a  ppu  de  terres  laboura— 
lil^s  :  le  principal  fruit,  consiste  en  herbages  ,  et  encore^ 
y  a-t-il  peu  de  jardins. 

. ,  yiL^  QuBs;riQN,  Le  ia^bo^rg  de  Vaiae  pi,  divisé ,  ^it 
deux^p^rqis^:  ila.m(^i4é:e9t  de  |a  pc^qisiedeSlnP^ulvd^ 
Lyon  9  c'est'à-dke  depuia  la.  pieeDiière  porte. de< >  la.  vill» 
jiisqu*4  Tautre,  el  depuis  lademière^  porter  St^-Paélda* 
Lybn  va  jusqu'à  la  fonderie  de  eanoAs  de  M.  Ëniery,  ÏM 
4jùi  est  la  moitié  et  la  plus  saine  partie  à\i  faubourg  de 
Vaisé  i  le  resté  est  ce  qu'ion  appelle  la  paroisse  de  Vaise»* 

^  VpL* QUESTION.  Vigoes.  —  Il  y  a  enjco^e  mqin^  de  vin, 
que  de  blé,  et  le  peu  de  vignes  qu'il  y, a. appartiennent 
toutes  aux  bourgeois  de  Lyom  .  '  -*'  ' 

'  IX.*  Question.  Prairies.  —  Les  prairie^  qu*il  y  asôfat* 
eh  assez  bon  nombre  :  une  partie  appartient  aux  dames 
religieuses  de  Ste.  Ëlisabetb .  des  D^ux-Amans  ^  i  autre^ 
moitié  à  M.  le  b^ron  iie  .....•,  de  Ch^mb^ry^.en  Savoie  j' 
un  autre  pré  ass^çs.  considérable ,  qui  est  eif  bl^nchenp  i^^ 
appartient  à  M.  de.  Camus  de  T Arsenal ,  ^t. ,1e. reste  est:] 
dans  le  4blo»^de  bt  Dudière*  JM[>  l'abbé  Guyot ,  clianolne" 
de  St*Paul ,  a  encore  quelques  pré9. 


if  «43  ï 
.X.'  QlTBMioii.  ikns.  -^  Il  ny  a  d'autre. bmir^ii^ybèhii 
il  la  Daciièré. 

XL*  QDESTicm.''Mohlagne8i^—  B  y  a  ^ttel(|ues  mon- 
Èsaet  incoltès/À  %fësérVe  de  quelque  j^eu  idé 
aippartetfsint  à   des'  boufgeoii  db  Lyon  ^  mai^- 
4e  nîaes  ili  de  am^taux.       '  ^  . 

1aL*QiJK*riÔK.  Clintot-^C^ést  ûti  climat  fort  froid  ^ 
■rirâi ,  et  foH  marécageux ,  et  si  éujet  aiïx  brouillards 
<{rïl  perd  presque  toui,  et  l'on  n'y  feût  pas  vivre  long-  ' 
tenps  à  cause  du  mauvais  air. 

XnL^X^OBSTiot.  Qualité  du  iferrôkv  —  Cfe  sont  des 
IffieifMt  sujettes  aixx^eatrx  dé  là  SaAhë,  ^i  tes  inondent  { ^ 
fB  les  sablent  et  qurglt^t  les  foncis-^le»  glaces  ravagent  - 
K»mi  tout  le  fbH  :pays«    '    ^    .  .  .  x 

Xnr .•  QuBSTioH.  Rivières  et  ruisseéiix.  ~  La  SàAne 
pÉaM!'à^<Mé'dflr  àndiouîg^  ducfitë.^^  matiip^ ; ""aii  nord* 
tA  \t  irnsdeati  ^  vient  d'Écully^  Ijui  fah  du  '  dtHnma^é  ' 
erf^éien  d^  endioits  ;•  11  se  |ette  dans  la  Saône  ^  aussî'^^ 
Vêù  ^fBëeJm  ifài  tient  de  St-Didier; 

XV.*  QuESTio».  Hommes  inàrî^.  *-  Il   n'y  à  iJ^eJ  * 
ni^-un  kabStaM  ^riër  qui  soient  du  faubourg  ^  lés 
aobes^ent  des  passâ^rsr:  il  y  a  quaire  eu  cinq'garçonsn 
4r  fiû^  am }  le  reste  eat  à  la  guerre» 

XVL^  QuMfioW.  EnfansT  aet  gârçMs.  -^  Il  y  a  environ  ^ 
vnelnilaiiie  d'enfans aut-dessous  de  vingt-ans. 

JLVIL^  QoMsxiùVt  Femmes  mâriëea.-^Il  y  a  une  Ving^ 
lâèe  de  fiemttes  mariées'^  une  douzaine  de  veuves  et^ 
ne  vieîfte  ffllé.        •    ■'  '   '      '  "  ^   '[      ■  '  '•■'''' 

ISmyQvEfmo^.  Jeunes'fiU^s.  --ll.jfla        (îîxamo  J 
de  James  ÛIU^  prêtes  à^narier.,  et  âfi^de.  i,5  ou  i6ans^^ 


<  144  ) 
*  XIX«*  QiÎBSTioH.  Nombre  d'habilans.  --r  Le  nombre 
des  habitans  était  un  peu  plus  grand  autrefois. ,  miîs  la 
guerre  les  a  contraints  de. vendre  leurs  biens  aux  bour- 
geois ,  et  de  quitter  le  pays.  Il  y  avait  véritablemeat 
plus  d'habitans,  mais  la  guerre  a  tout  dësolë.  , 

XX.'  Question.  Gentilshommes.  —  Il  n'y  a  point  de 
gentilshommes  rësidans  dans .  la  paroisse  ;  M.  de  Sai^l** 
Joire  et'  M.  de  Camus  y  ont  du  bien ,  et  M.  Diifort  {\\ 
lieutenantTColonel  du  réj^ment  de  Catinat ,  a  la  Duchère  - 
et  ses  dépendances. 

.  XXI.*"  QuBSTiow*   Seigneur  du  .  clocher.  •— ,  C'est 
M.  Tabbë  d*Ainay  qui  a  le  fief  de  Yaise ,  et  qui  partage  • 
les  dixmes  avec  MM.  les  comtes  de  St-Jean  ^  Lyon.    ^  . 

XXII.'  Question.  Fiefs  dans  la  pamsse.  —  X^  soiiyt 
marqués  ci-dessus.  ,  "   .   /,' 

XXIIL'  Question.  Commerce*  sr  II  y  a  quelqvei. 
hôteliers  ;  le  reste  sont  des  pauvres  bateliers  et  des  |ar*  . 
diniers  qui.  vinrent  de  leur  travail ,  et  qui  n'ont  pôînè 
d'autre  négoce  >  il  y  a  entore  deux  ou  trois  houlMgefft 
et  deux  ou  tfob  bouchers. 

XXIV.^  Question.  Dixmes.— Ceat  M«  Tabbé  d*Al- 
nay,  et  MM.  de  5t-Jean  de  Lyon  qui  en  jouissent 

XXV.*  Question.  Bénéfices  des  prêtres  ou  reltgieiix« 
—  Un'y  a  Qu'une  cure  si  pauvre  que  Je  curé  n'a  pas  sa 

■  ■       "  '  4 

{{)  lÀsez:  Des  Forts.  Vincent  de  Nafis,  seigneur,  des 
forts,  commandant  le  régin^qt  de  Gpisitine,  Temdit  la 
Duchère,  le  i6  novembre  1S98,  à  Guillaume  Damej,  capî-  ^ 
taîne  des  gardes  du  Maréchal  de  yilleroj.  Ce  château  a 
passé  dans  plusieurs  mains,  aTant  de  Tenir  dans  celles  da 
H.  de  i^verieux  de  Varax,  propri^taira  actaeU 


.     .  (  145  )       . 

foitiofi  congrue  9  ayant  affaire  à  de  tris-gros  seigneurs  ; 
i  D*y  a  point  d*autre  ëglise  ;  il  y  a  une  assemblée  de 
IBb  dévotes  soas  la  conduite  de  M.  Morange,  qui  vient- 
sent  à  b  messe  i  la  paroisse  :  car  les  cordeliers  de  TCMb- 
ftrrance  et  les  religieuses  de  Ste.  Elisabeth  sont  dans 
fendos  de  Lyon. 

XXVL*  QussTiON.  La  paroisse;  de  Vaise  n'a  point 
Iviire  baaeau  que  Cuire  qui  est  son  annexe  et  qui  est 
&W.  vis-à-vis  de  TIle-Barbe  ;  Cuire  est  composé  de 
vj  oa  aS  (amilles  toutes  riches  :  il  y  a  4  ou  5  familles 
fuî  ofl(  plus  de  bien  que  tout  Vaise.  M.  Tabbé  d*Ainay 
7  prend  les  dîxmes ,  et  il  y  a  à  peine  loo  livres  pour  la 
foriion  du  vicaire ,  parce  que  ledit  sieur  abbé  ne  veut 
rien  donner  j  non  plus  que  pour  l'église  dudit  Cuire  qui 
est  toute  délabrée  ;  il  n^a  jamais  rien  voulu  donner  4 
non  pins.  ' 


"I"     ■  Il  j  II 


HISTOIRE. 


ISTtS  ^UR  l'origine  DES  FOIRES  ET  DU  TRIBUVAL  DE  Ul 

CONSERVATION  A  lYON. 

les  notes  qu'on  va  lire ,  ont  été  puisées  dans  le  texte 
afane  des  9lîf  ^  4>rdonnances  et  lettres  patentes  de  nos  ' 
toawahs.  Ce  sont  des  documens  peu  connus  et  qui  ont 
«MBoms  le  mérite  de  rappeler  les  bienfaits  multipliés 
it  nos  rob  envers  notre  ville ,  bienfaits  que  quelques 
«rôins  modernes  affectent  d'atténuer  ,  ou  passent  en- 
traient sous  silence ,  pour  ne  s'appesantir  que  sur  les 
^^bslrophes  et  les  calamités  publiques  ,  comme  s'il  n'y 
^  pas  autre  chose  dams  l'histoire  des  nations. 
Tome  VIL  lO 


046) 

L*ëtabHssement  des  foires  franches  de  Lyon  remontait 
au  9  février  i4'9*  Voici  à  ce  sujet  Tédit  d'Henri  VU  y 
r((gent  du  royaume  : 

tt  En  considération  de  ce  que  cette  cité  (Lyon)>  sîze 
»  ea  limites  et  pays  de  frQntières-  du  royaume ,  et  de 
»  très-grand  circuit  et  grandeur ,  estoit  très  petitement 
»  peuplée ,  par  mortalités ,  pestilences,  chertés. de  vivres , 
ii  guerres  ,  passages  de  gens  d'armes ,  et  autres  charges, 
»  dommages  et  inconveniens  survenus  en  ladite  cité..*.« 
»  et  après  avoir  fait  enquérir  et  Informer  du  profit  ou 
»  dommage ,  charge  et  décharge ,  et  autres  biens  ou 
»  inconveniens  qui  pourroient  résulter  et  suivre  à  la 
»  chose  publique  de  ce  royaume ,  et  de  ladite  ville  et 
>>  cité  de  Lyon  et  pays  d  environ  ,  établissons  à  toujours 
»  en  ladite  ville  deux  foires  franches  de  6  jours  chacune 
»  par  année,  pour  les  denrées  et  marchandises  quelconque^ 
»  Lesquelles  vendues ,  ou  échangées ,  s'en  pourront  aller 
D-  pleinement  dans  le  royaume  en  exempiton-  de  toutes 
»  impositions  mises  ou   à  mettre;. les  marchands  allans 
»  ou  venans ,  demeurans  ou  séjournans  en  Icelles  foires 
»  déclarés  participans  auxdUs  privilèges ,  le  tout  à  Tinstar 
»  des  foires  de  Champagne^  de  i7r jtf 'establies  le  6  août 
»  1349.  )>  "- 

Par  autres  lettres  patentes  de  février  1 44?  9  le  même 
souverain ,  attendu  «Tinsuffisance  de^fiMdente  con* 
9>  cession ,  l'absence  de  plusieurs  J^bi^^«ée .  Ifjrpn  qui 
^)^  étoient  ailé^  demeurer  au  pays  de  l'empire  9  la-nécessj^^ , 
V  d'augmeaUr  Jadite  ville ,  et  de  la  peupler  de  gens  de 
y>  tous  états  y  ce  qui  ne  pouvoit  aisément  se  faire  sao^, 
»  grande  fréquentation  de  peuple  et  de  marchandi* 
»  ses  j  »  et  pour  autres  causes  amplement  détaillées  y 
porta  les  foires  franches  au  nombre  de  trois ,  leur  assigna 
une  durée  de  20  jours ,  et  en  augmenta  les  privilèges. 


'(  U7  ) 
âe  Louis  XI  du  mois  d'octobre  l46a  ^  et  celui 
èi  i4iiofyeinbre  14679  jetèrent  ensuite  les  fondemens 
tt  la  oonsUtaacîe  et  de  la  célébrité  que  le^  foires  •  de 
Lyon  avait  depuis  acquises  ,  et  4e  l'utilité  qui  en  réflé*- 
dôsail  sur  tout  le  royaume ,  par  ces  édits  dont  tous  les 
Bod^  et  toutes  les  dispositions  sont  précieux  à  recueillir  : 
ierat,  pour  détruire  l'effet  des  foires  de  Genève^  empêcher  • 
r<xportatioa  du  numéraire  y  etc»  ^  protéger  immédiate-* 
Beat  ses  sujets  et  leur  fortune ,  attirer  à  Lyon  les  na-* 
tîons  étrangères  commerçantes  ,  défend  la  fréquentation 
des  fetr»  4e  Genève.^  transporte  à  Lyon  les  foires  de 
Champagne  et  de .  Brie  ^  établit  quatre  grandes  foires 
de  la  durée  de  1 5  jours  ouvrables  ^  renouvelle  et  étend 
les  privilèges  précédens^  sans  excepter  pin  ni  chair  ^ 
coBUBet  on  juge  conservateur  pour  terminer  les  débats  ^ 
foesllons  et  procès  qui  surviendraient  entre  les  mar-* 
dnands  qui  fréquenteraient  lesdites  foires  ^  et  encourager 
Vélablissement  fiie  à  Lyon  des  nations  étrangères  que  le 
cominerce  y  amènerait  ^  eii  prenant  sous  sa  royale  pro-^ 
lecCîoa  leurs  biens  et  personnes  ^  etc.  ^  etc* 

Dans  un  autre  édtt  de  Charles  VIII)  de  mai  1487  ,  il 
est  Botanuneat  dit  «  qu'il  a  été  trouvé  que  la  ville  de  Lyon 

>  est  la  ville  du  royaume  la  plus  propice  ^  corlvenable  ^ 
s  utile  et  profitable  pour  le  bien  de  la  chose  publique  à 
«  tenir  foires  ;  que  par  ses  rivières  les  marchands 
9  pourront  amener  et  d*icelle  ramener  toutes  denrées 

>  et  marchandises  9  à  moindres  frais ,  coust  el  dépens 
9  qu'ailleurs  ;  que  si  l'entrepôt^des  marchandises  accoû-» 
»  tome  vei^it  à  cesser  faute  de  protection  ^  Lyon  ,  assis 
»  Mij^&  lizière  du  royaume,  pourvoit  tomber  en  ruine ^ 

>  teolation  et  dépopulation  5  ce  qui  tourneroit  à  grand 
'  |réjtt£fie  à  la  chose  publique  du  royaume*  t. 


r 


(i48) 
Depuis  ,  une  foule  d'édits  et  d*arréts  tendus  par  lios 
rois  confirmèrent  et  étendirent  ces  mômes  privilèges  qui 
étaient  Tunique  appât  qui  amenât  à  Lyon  les  marchands 
étrangers  de  lltalie ,  de  la  Suisse,  de  la  Savoie,  del'Esr 
^agne ,  de  rAllemagne ,  du  Levant  :  de  ce  concours*  il 
était  résulté  une  amélioration  sensible  dans  la  culture 
*  des  terres,  dans  la  valeur  des  propriétés  et  par  consë* 
quent  dans  le  revenu  des  droits  de  la  province  prélevés 
au  profit  de  la  couronne. 

OaiGINX  DU  THIBlTIf  AL  DB  COMUSaCE. 

Mais  ce  n'était  pas  assez  de  fonder  les  foires  de  Lyon  y 
il  fallait  établir  çntre  les  commerçans  la  confiance  et  te 
crédit ,  |et  pour  cela  créer  un  tribunal  spécial ,  conserva- 
teur de  la  faculté  d'user  de  changes ,  arrière-échanges , 
intérêts  et  prêts  de  foire  en  foire ,  de  bailler^  prendre  et 
remettre  t argent  en  quelque  pays  que  ce  soit  ;  tribunal 
qui  exemptât  le  marchand  d'avoir  recours  aux  tribunaux 
ordinaires  surchargés  d'ai&ires  civiles ,  et  ne  pouvant 
connaître  que  des  intérêts  des  individus  tenant  à'  leurs 
juridictions  }  autrement  tout  prêteur  incertain  d*ètre 
remboursé ,  se  serait  abstenu  de  faire  circuler  et  valoir 
son  argent ,  usage  sur  lequel  reposait  encore  tout  le 
système  du  commerce  de  Lyon. 

Ces  considérations  engagèrent  nos  rois  à  établir  une 
juridiction  uniquement  destinée  à  connaître  tous  les  dif- 
férends nés  au  sujet  des  foires  et  commerce  de  Lyon  ; 
juridiction  à  laquelle  le  français  et  l'étranger ,  le  mar- 
chand de  Lyon  et  le  forain ,  le .  noble  et  le  roturier 
seraient  soumis  ;  juridiction  indépendante  de  tous  les 
autres  tribunaux  du  royaume,  qui  aurait  le  pouvoir 
de  contraindre  sur-lerchamp ,  et  même  par  corps ,  les 


/ 


<  149  > 
fii^tîfs,  et  de  faire  exÀruter  ses  jugemens  dans 

iTétendue  du  royaume,  sans  distincUon  de  ressort 

Cet  établissement  eut  bientôt  tout  le  succès  dont  on 
tétait  Satlé  :  la  confiance  fut  pleine  et  entière  ;  chacun 
^Pfréda  Tayantage  de  pouvoir  actionner  son  débiteur 
^trsBgjcr  à  Lyon  même  ;  les  gens  étrangers  au  corn- 
Beite^ -profitèrent  de  la  liberté  de  faire  valoir  leui^  ca- 
pUaax  ;  Vargent  devint  une  véritable  marchandise ,  cl 
l'on  tU  bientôt  toutes  les  villes  marchandes  du  royaume 
cl  de  l'étranger  régler  leurs  propres  opérations  sur 
cdies  de  Lyon. 

Ea  1467,  Louis.  XI  avait  commis  un  juge  conserva-* 
leur  des  foires  de  Lyon ,  qui  était  le  bailli  de  Mâcon ,  en 
sa  qualité  de  sénéchal  de  Lyon  ;  T  importance  et  le 
noodire  des  affidres  commerciales  fit  sentir  le  besoin 
d'avoir  des  îuges  particuliers.  En  i655 ,  le  conéulat  ayant 
acf|i]îs  les  ofices  des  juges  conservateurs  ,  en  obtiiit  la 
jpémiioii  au  corps  consulaire  ;  par  l*édit  de  mai  de  la 
in^me  année  j  le  roi  arrêta  que  cette  juridiction  serait 
composée  du  prévôt  des  marchands ,  de  quatre  échevins 
ci  de  six  jug^^dont  deux  gradués,  sans  SMcunes  epices  ^ 
udmres  ,  tnicaiioas  ei  émolumens  ^  etc. 

Pltisieurs  lois  subséquentes  firent  triompher  le  tribunal 
ie  la  conservation  9  des  attaques  des  difEérentes  cours 
ds  royaume. 

L'organisation  du  tribunal  de  commerce  y  qui  remplace 
le  tribunal  de  la  conservation  9  date  du  mois  de  mai 
1795.  Si  9  comme  les  juges  anciens ,  ceux  d*au jourd'hùt 
iCont,  dans  l'emploi  de  leur  charge  9  ni  épiceSy  ni  salai- 
T€Sy  mi^acations.  ni  émolumens  9  ils  ont  de  moins  en- 
core que  leurs  prédécesseurs  les  récompenses  honorifi- 
fses,  qui  autrefcHS  étaient  attachées  à  l'exercice  de  tout 
«apfoi  public  à  Lyon.  M.  D.  V. 


(  i5o) 


■j-BT— T-  "'—      '       ■  ■    ■■■■■!>  Il      ■■  I  I    ■  I  -arrr 


CORRESPONDANCE. 

▲  Ms***  f  t*UN  PE5  RÉDACTEURS  PE5  ARCHIVES  DV  RH&WE. 

Monsieur  9  , 

l'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  les  notes  dont  votis 
avez  accompagné  ,  dans  votre  n.*^  34  des  Arcbwes  du 
Rhône  (tom,  VI,  pag.  3oo-3i2),  la  publication  de 
Tëpitre  de  M.  Boucharkt  à  Mathon  de  la  <!our  ;  mais 
}*ai  été  surpris  de  trouver  en  défaut  votre  exactitude  or-* 
dinaire  (pag,  3 Ji)  sur  un  Tait  que  je  crois  important. 
Vous  aimez  trop  la  vérité  pour  ne  pas  réparer  une  erreur 
sans  doute  involontaire. 

Compatriote  du  médecin  Bichat,  je  puis  attester,  comme 
le  fait  la  Biographie  universelle ,  qu'il  est  né  à  Thoireile^ 
sur  la  rive  droite  de  la  rivière  d*Âin ,  dans  le  Revermont, 
partie  montueuse  de  Tancienne  province  de  Bresse.  Ls^ 
ville  de  Thoissey^  en  Dombes ,  ne  prétendit  jamais  à  rhpn--. 
neur  d'avoir  donné  Je  jour  à  Tillustre  auteur  de  la  phy«- 
^Lologie.  Jie  père  de  Bichat  exerçait  Ja  chjrurgie  dans  le 
pays ,  il  y  a  dix  ou  douze  ans  ;  son  frère  y  pratique  main* 
tenant  encore  l'art  d*Hippocrate*  Il  y  a  peu  de  temps 
que  la  Société  d'émulation  et  d'agriculture  de  T  Ain ,  dé- 
tibérant  sur  l'espèce  de  monument  à  consacrer  à  la  mé« 
moire  du  célèbre  médecin ,  a  décidé  que  son  président 
s'adresserait  au  gouvernement  pour  qu*il  voulût  bien 
donner  le  nom  de  Bichal  au  pont  qui  se  construit  ac«* 
tuellement  à  Thoirelte*  Cette  société  a  formé  dans  soa  . 


(  i5i  )  .  ^ 

Ml  tme  commission  pour  s*occupef  des  projets  d^un 
obéSsque  ou  d'une  statue  que*l*on  se  propose  d*ëlever 
fins  tard  dans  le  département  (i). 

Si  ces  détails  ne  suffisaient  point  pour  vous  engager  à 
rartifier  une  erreur ,  sans  doute  involontaire  ,  comme  je 
tm  dé)à  dit ,  je  pourrais  d*ici  à  peu  de  temps  mettre  sous 
vos  yeux  des  pièces  qui  justifieraient  pleinement  la  vërité 
de  mes  assertions. 

ÀgreZ)  etc. 

F.  A.  Pic  ,  membre  de  la  Société  ff agriculture 
de  tAin. 


wn.   ■  ■     ■  ■     ■  I  Lu 


LYON  AU  XIV.B  SIECLE. 


ErrmjLTX  èe  VKifbîre  dts  Français  des  divers  Mais  au»  cinq  der* 
t  mers  mdts  ,  par  Amans^AUxU  Monieil;  Parii ,  1898 ,  in-^.^y 
ton.  n ,  fog,  2i5-ai7  (a). 

Dés  qu«  je  fus  entrée  (3)  dans  le  Lyonnais,  on  me 
montra  i'Argentière ,  château  que  le  seigneur  avait  changé 
ea  couvent,  après  avoir  changé  ses  filles  en  religieuses  (4)« 

(1)  Une  «onscriptioo  en  tète  de  laqneHe  figurent  plusieurr  80cii$t^ 
anales ,  est  •arerte  poar  l'ërection  de  ce  monument  ;  les  fonds 
JMMl  versés  cliex  BL  Favel,  receveur-gënëral  du  département  de  l'Ain. 

(3)  Cet  entrait  peut  senrir  de  pendant  ou  de  complément  à  celui 
^ne  Doos  arons  donné  dans  notre  recueil ,  tom.  IV|  p.  545-359  ,  de 
Yrùian  le  'voyageur  ou  la  France  au  quatoraàme  siècle  ,  par 
Mm  dé  Marehangy, 

(3)  C'est  une  pèlerine  «pii  décrit  ses  Toyages* 

(4)  «  Description  ,  par  ordre  alphabétique  ,  des  ailles  et  yillages 
h  Lyonnais ,  art.  YArgeniière»  «—Voyez  aussi  Archwa  du  Bhône , 
te.  Y,  pag.  3aa. 


(  i5a  > 

Vous  avez  eiitenilu  parler  de  la  fameuse  IiataîUe  oïL  Jbei 
Tard-^enus^  qui  n* auraient  iamais  dû  venir.,  défirent  W 
connëiable  de  France.  Cette  bataille  fut  livrée  à  Brignais^ 
dam  le  Lyonnais  (i).  Je  traversais  ce  lieu  où  tant 
milliers  de  tombes  sont  labour<5es  ^  ensemencées  ^ 
sonnëes ,  vendangées.  Les  cimetières  des  batailles  ,  qu*4 
s'est  empressé  de  me  montrer  partout  où  }e  suis  passée  ^ 
deviennent  à  chaque  siècle,  et  surtout  à  notre  siècle  ^ 
de  plus  en  plus  nombreux  ;  on  ne  peut  les  enlevei"   et 
Tagriculture  ;  car ,  popr  s'assommer ,  les  hommes  ont 
toujours  choisi  les  plus  belles  plaines  des  plus  beaux. 
pays. 

Avant  d'arriver  à  Lyon ,  j'eus  une  bien  grande  frayeur^ 
Deux  hommes  assis  le  lopg  d'un  pré  ,  se  levèrent  tout- 
à-coup  et  coururent  sur  moi  :  je   les  éca^tai  avec  mon 
bourdon.  Bientôt  )e  reconnus ,  à  leurs  cheveux  coopës 
très-court  9  que  c'étaient  des  fous  (2);  j'en  avertis  le» 
premières  personnes  que  je  rencontrai.  Us  ne  font  jamais, 
de  mal ,  me  répondit-on  ;  ils  demeurent  chez  un  médecin 
du  voisinage  qui  traite  la  folie ,  et  ils  lui  servent  comme . 
d'ens^gne. 

Depuis  long-temps  je  désirais  de  voir  Lyon  9  si  re  • 
nommé  en  tous  lieux.  Je  m'attendais  à  beaucoup  ;  mon 


(1)  «  Mëmoires  manuscrits  des  înteDdans ,  généralité  de  Ljon  , 
comtes  de  Forez  :  «  Jeaa  II  yit  périr  ^  ses  yeux  Beê  pins  proches 

«^parens  dans  la  bataille  de  Briguais  »  à  deux   lieues  de  Lyon 

»  contre  les  Tard-venus  .•.  •  —  Voy.  au^si  Archi\fes  du  Bhônê  ,. 
lom.  m  f  pag.  4i3-4^)  où  se  tron?è  un  mémoire  sur  cette  Utaille, 
par  M.  André  Clapasson. 

(a)  «  Voyez ,   dans  l'Histoire   de  l'académie  des  inscrîptioos  et 
belles-lettres  ,  le  mémoire  de  Sainte-Palaye  sur  Je«a  Yenette  et 
Histoire  des  Maries  ,  en  yers  français.  • 


MéBte  fut  sùr^aae^.  Cette  popûleti^  TiIIe  est  surtout 
aimëepar  des  étrangers  riches. 'Amssî, à  chaque  pas,  \om 
troii^rtt  des  rôtisseurs,  des  aubergistes,  sur  la  porte 
desquels  on  crie  :  Cy  e$i  don  mou f on  rôtit  Cy  est  bùà 
pmsson!  Cy  est  bon  merlan  chaud  î  Cy  est  bon  vin  de 
Mktconî  Cyest  bon  vin  du  Rhône  (i)/  A  Lyon,  comme 
lotts  Toyez',  on  commence  à  fetrouvef  la  langue  fran- 
çaise ou  la  langue  d*oyl ,  car  les  provinces  du  midi  pré^ 
tendent  parler  ausM  la  langue  française  (2): 

Tout  Je  peuple  de  Lyon  est  magnifiquement  vêtu  ;  U 
est  couvert  de  soie ,  de  broderies ,  de  fourrures.  Il  n*a 
pas  â  craindre  les  règlefliens  de  certaines  municipalités , 
qui  fixent  aux  femmes  le  nombre  de  leurs  perles ,  la 
dimension  de  leurs  paremens ,  qui  mesurent  aux  hommes 
h  longueur  de  leurs  souliers  (3).  Toutes  les  femmes  se 
mettent  comme  bon  leur  semble  ;  tous  les  hommes  ont 
des  chaussures  de  la  longueur  qu*ils  veulent  :  tous  mar- 
ilient'  sur  un  fort  grand  pied  (4). 

Cette  ville  est  sous  la  juridiction  spirituelle  et  tem* 
ffarelle  de  son.  ëglise  (5).  Elle  est  administra  par  cin-; 
quante  consuls  (6)  qui  tiennent  du  roi,  à  litre  de  fief, 


(0  ■  Voyet ,  dans  les  Fabliaux  de  Barbasan ,  celui  des  Trois 
ayeuçles  de  Conpiègne.  y» 

(a)  «  Encore  la  longue  bataille  entre  les  deux  langues ,  la  langue 
à'oyl  et  la  langue  d'oc  ,  n'ëtait  pas  gagnée.  Voyez  les  notes  de 
l'épïtn  YL,  le  Desseri  des  cordéUtrs.  »  ' 

(3)  m  Lettrées  de  Charles  V,  relaiÎTes  aux  habits  dfes  lenunes  d« 
Montpellier  y  données  à  Paris  le  17  octobre  i367.  » 

(4)  "  Voyez  f  dans  Torigine  des  proyerbes  »  l'article  Marcher  sur 
un  grand  pi^d,  »  —  Cette  expression  dt^riye  de  l'usage  des  souliers 
à  la  poutaine  (AU  Polonaise  )  ,  qui  avaient  uac  longue  pointe  re- 
coorbée,  • 

(5]  m  Histoire  de  Lyon  ^  par  Paradin.  « 
(Q  «  Ibidem*  » 


les  clefs  àô  h  ville  (i).  Lyon  a  ëtë  une  TiHe  impërlaleX^')  ; 
il  s'en  soavient  ;  il  en  est  fier. 

La  femme  chez  qui  je  logeai,  allait  saigner  en  ville  (3). 
Elle  me  fit  toutes  sortes  d'honnêtetés ,  et  m*ol&it ,  'à  plu-»- 
sieurs  reprises,  de  rae  tirer  du  satig  (4)  9  sans  qu*il  m^eh 
coûtât  rien. 

^  Mon  séjour  à  Lyon  fut  assez:  long.  Quand  j*«ri  partis^, 
je  ne  voulus  pas  faire  par  eau,  je  voulus  faire  à  pied  \ 
la  lieue  Villefranche  à  Anse  ^  la  plus  ieUelieUe  de 
France  (5).  Je  m*»nbarquai  ensuite^sur  la  SaAne,-et  ^ 
après  une  agréable  navigation  à  travers  les  vignes  et  les 
vergers,  j'arrivai  à  Maçon.  »    • 


MÉLANGES. 


Le  Lycée  armoricain ,  i6.*  vol.  »  an  1827 ,  57.*  livrai* 
^n ,  pag.  âiS-^sai  ,  contient  un  article  intitulé  :  Du 
passage  des  Alpes  par  Anaibal ,  et  de  t emploi  du  vi4 

.  (1)  «  La  garde  des  clefa  des  portes  de  Lyon  est  tenue  du  roy  en 
»  forme  d'infëodation.....  Aa  commencement  de  chaque  règne  r  te 
»  consulat  en  fait  hommage  à  Sa  Majesté...  »  Mémoires  manuscrits 
des  intendans ,  gënéralitë  de  Lyon,  chap.  Etat  militaire* 

(3)  «  Histoire  de  Lyon  ,  par  Paradin.  >• 

(S)  «  Yoyes^  dans  les  Fabliaux ,  celui  de  la  Femme  ^ui  se  fi 
saigner.  »       • 

(4)  «  On  se  faisait  alors  saigner ,  quoiqu'on  fôt  en  bonne  santé  ; 
c'était  un  usage  qui  a  duré  jusqu'au  dix-septième  siècle.  Voyez  les 
anciens  calendriers  où  les  jours  favorables  à  la  saignée  sont^ndiqaés.* 

(5)  «  On  dit  par  une  espèce  de  proyerbe  que  d'Ause ,  dernière 
•»  Tille  du  Lyonnais  ,  à  ViUefranche  ,  capitale  du  Beaujolais  ,  est  la 
»  meilleure  lieue  de  France.  »  Mémoires  manuscrits  des  intendans , 
|énén|lité  de  Lyon ,  chap.  Fruits  de  la  ferre. 


(  »55  ) 

pqmr  rompre  Us  pierres.  L'auteur  de  cet  article  ^ 

IL  P.  Âthena$  ,  a  pour  but  de  venger  M.  Mongez ,  notre 

OHipatriote ,  de  la  manière  un  peu  leste  dont  il  a  été 

taîlé  dams  le  Globe  ^  à  Toccasion  de  la  dissertation  ^qu*il 

â lue  sur  le  xaéme  su)et  dans  la  séance  publique  de  la-» 

oieflûe  des  inscriptions  du  37  juillet  dernier.  Le  Globe 

s'temie  de  ce  quVA  tan  de  grâce  1827 ,  un  bro^è  et 

ëgiÊe  académicien  a  pu  discuter  si  longuement,  en  pleiner 

açiAémif ,  ou  pareil  problème ,  et  rassembler  une  foule 

d'autodlâ  anciennes  et  modernes  pour  combattre  celle  de 

Tife-Xire,  le  seul  auteur  de  l'antiquité  qui  fasse  mention 

des  rockers  dissous  par  le  i^inaigre  ;  et  il  ajoute  :  «  Noua 

s  craignons  que  de  tek  exemples  ne  soient  d'une  dan- 

>  gereose  conséquence ,  qu*on  ne  nous  apporte ,  Tan  pror 

>  diain,  quelque  dissertation  sur  les  cailloux,  que  l'augure 
B  Naevios  coupa  en  deux  avec  un  rasoir ,  et  qu'on  ne 
a  ^panasse  la  manie  du  paradoxe  jusqu'à  se  déclarer  pour 
a  la  native.  Un  de  nos  yoisins  qui  ne  pouvait  revenir 
a-  de  sa  swpWse ,  finit  par  se  persuader  que  ce  mémoire 

>  était  une  ingénieuse  plaisanterie ,  dibs  le  genre  du 
»  Chef^au^re  d^un  inconnu^  et  que  le  malin  académi-- 
a  cien  Toalait^  à  l'exemple  de  Matanasius  ,  montrer 
'  Saaqent  à  ses  collègues  le  ridicule  d'une  érudition 

>  déplacée.  S*il  en  est  ainsi ,  nous  conviendrons  volon*- 
a  tîos ,  que  le  mémoire  sur  Annibal  et  sur  le  vinaigre  y 
a  est  mn  persiflage  de  bon  goût ,  quoiqu'un  peu  trop 
»  prolongé  peut-être.» 

Suivant  M.  P.  Athenas,  le  malin  journaliste  ,  en  per*?* 

âant  ie  brave  et  digne  académicien  ^  ignore  qu'on  pour« 

lait  le  lui  rendre  avec  usure ,  comme  complice  de  l'in*- 

atdulité  qu'ils  professent  tous  les  deux.  En  l'an  de  grâce 

1827 ,  des  ouirriers  qui  empierrent  les  grandes  routes  et 


(  iS6) 
qui  creusent  des  canaux  en  Bretagne  se  senreirt  cbi<fèu 
et  du  vinaigre ,  afin  d'entamer  quelques,  rocher»  qui  ne 
peuvent  Tètre  sans  cela  par  les  outils  les  mieux  aoër^ 
M./4^lhenas  nomme  deux  ou  trois  entrejpreneurs ,  qu*il 
prend  à  témoin ,  et  qui  emploient  le  vinaigre  ^  non  pour 
dissoudre  les  rochers ,  suivant  l'expression  du  Giobe,^ 
mais  pour  les  rendre  friables ,  suivant  celles  de  Tite-Lîve 
^ui  ont  été  mal  comprises. 

L*auteur  de  l'article  répond  ensuite  à  cette  pbjection  t 
n  Mais  où  Annibal  aurait -il  trouvé  une  quaaUlé.  de 
»  vinaigre  suffisante,  au  sommet  des  Alpes,  pour  cette 
3»  opération  immense  ?»  Je  réponds,  dit-il ,  i.^  que  dans 
les  armées  de  cette  époque ,  la  bpisson  des  soldats  était 
de  loxycrat ,  composé  d'une  petite  portion  de  vinaigre 
et  d'eau;  qu'ainsi  il  y  en  avait  toujours  une  grande 
provision  à  la  suite  des  armées ,  et  que  c'est .  sans  douto 
dans  cet  état  d'oxycrat ,  qu' Annibal  employa  le  vinaigre  ç 
S.^  que  l'opération  n*a  pas  été  faite  sur  un  grand  espace 
de  terrain  ,  mais  sur  un  seul  rocher  qui  ,  comme  une 
muraille ,  fermsUt  le  chemin ,  comblé  depuis  peu  par  une 
avalanche  de  terres  et  de  roches. 

Il  examine  enfin  comment  le  vinaigre  peut  opérer 'sur 
des  pierres  siliceuses ,  telles  que  le  granit  des  Çautes*^ 
Alpes ,  et  il  termine  ainsi  cette  discussion  à  bquelle  noua 
renvoyons  le  lecteur  et  qui  peut  jeter  quelques  lumière» 
sur  une  question  historico-chimique  si  souvent  agitée:; 
u  Si ,  l'année  prochaine ,  on  lit  à  l'académie  un  mémoire 
»  sur  le  caillon  coupé  avec  uiï  rasoir  par  l'augure  Naevius, 
»  ainsi  que  le  craint  le  rédacteur  àxi  Globe  ^  je  lui  con- 
»  saille,  avant  de  se  décider  pour  la  négative,  de  fairç 
»  un  voyage  à  Saint- Aignan-le-Fusiller,  département  de 
)>  Loir  et  Cher  :  lorsqu'il  y  aura  vu  tailler  sur  si^  facei^ 


ft'dîque  pierre  à  fusil,  à  raison  de  six  frants  lemiUicr, 
vpegl  Aire  se  persuadera-i-il  que  Naevius  pouvait  cou- 
i  pr  ua  caillou ,  sans  être  un  graitd  sorcier.  » 


BULLETIN  BffiLIOGRAPHIQUE. 


Sùtmàin  historiques  à  t usage  de  tous  les  Fiançais. 
deJ.  BL  Barret,  in-8.^  de  28  pages. 


Cette  farochore  ,  signée  2*^  est  une  réimpression  ,  btcc 
it$  adi&tîons  considérables  9  de  debx  articles  insifrës  dans 
h  Gtffteiie  universeÛé  de  Lyon  sur  les  étënemens  de  Parti 
des  19  et  30  norembre  dernier.  L'auteur ,  auquel  notre 

le  paraît  être  très-familière  »  rapproche  ces 

îo«x«iées  de  plusieurs  autres  journées  célèbres  de  la 

liu  )  pour  en  feire  Toir  les  rapports  ou  les  diffé- 

9  -et  pour  se  livrer  à  d'importantes  réflexions  «jur  lef 

actuelles. 


Eêrennes  Ijonnaises  pour   1828.  Lyon ,  imprimerie 
de  J.  M.  Barret ,  in-32  de  96  pages. 

'  Gel  Almanach ,  sous  un  très-petit  Tolume  $  contient  un 
.gsnd  nooadNre  d'indications  utiles  :  on  j  trou«?e  celle. des 
antsntés  civiles ,  religieuses  et  administratives  de  Ljon  , 
les. noms  et  demeures  des  employés  de  ces  diverses  ad- 
BÎuistrations,  les  jours  et  heures  d'audience  des  fonction- 
mires  publics  j  des  renseignemens  sur  les  établissemcus 
it  charité  et  sur  les  bureaux  de  bijenfaisance  des  divers 
'krrondissemens  9  la  liste  9  par  ordre  de  profession  ,  des 
ftiacipaux  habitans  de   la  ville  9  ete.  9  etc.   L'éditeur  se 
popose  de  publier  un  iimanach  semblable  tous  les  ans  y 


058  ) 

et  pour  Ittl  donner  tonte  t*exactitad«  possible  ^  il  i^ 
les  personnes  dont  les  adresses  auraient  étë  mal  prisir.s  C3 
les  noms  mal  écrits ,  ou  dont  le  changement  de  domicri.1 
aurait  eu  lien  dans  l'année,  ou  enfin  dont  les  noms  aura  1^23 
été  entièi*ement  omis  ^  à  vouloir  bien.^  Ini  adresseir  le«ur 
réclamations  par  écrit  ayant  le  i«®'  décembre  de  cha^«x4 
année.  '  i       < 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  SÉGËMBRE  1827, 

« 

^%  I.®'  —Le  prix  du  pain  a  été  taxé. par  la  mairie ,  sa-^ 
Toir  le*  painferain  è  sS  c.|  et  le  pain  bis  à  21  c.  et  i/3« 

♦*♦  Ji»-^L*^c9iiémie  royale  des  sciences ^  belles-lettres  e^ 
arts  de  la  yille  de  Lyon ,  a  '  admis  »  dans  la  séance  de  ce 
)onr^  au  nombre  de  ses  membres  titulaires  ^  M.  JustinieiA 
Rieussee,  pi^mier  arocat-général  k  la  cour  royale  de  Lyon'^ 
M.  Cbarles  Massas  5  auteur  d*un   poème  sur  le  'siège  de 
Lyon  ,  et  M.  Grandperret  9  chef  d^institutton  ^  auteur  d'un 
Traité  classique  de  littérature.  L'académie  a  aussi  admis  , 
au  nombre  de  ses  membres  correspondans  ,  MM.  Ville- 
neuTe  de  Bargemont ,  résidant  à  Nancy^  et  Talairat  ^  mairo 
de  Brioude  (  Haute-Loire  )• 

i  ^%  1 2.  •—  M.  Victor  de  Verna ,  premier  adjoint  de  la  mairie 
de  Lyon  9  a  été  nommé  9  par  ordonnance  du  roi  en  date  do 
ce  jour  9  chevalier  de  la  légion-d'honneur. 

^■^^i^, ««La  société  royale  d'agriculture,  histoire  na-^ 
turelle  et  arts  utiles  de  la  ville  de  Lyon  a  tenu  aujour^ 
d'hui  une  séance  d'élection.  Tous  les  niembres  du  bureau 
étaient  rééligihles,  àPexception  du  président.  Le  terme  dér 
la  présidence  de  M.  le  docteur  Prunelle  étant  arrivé,  il  a 
été  remplacé  par  M.  Âcher ,  conseiller  ii  la  cour  i^oyale  de 
Lyon ,  ancietà  élëye  de  l'école  polytechnique*  MM.  de  Moi* 


I 


▼îce-pjrésîdenty  Grognier,  secréuSre,  TroUIety  $e^ 
crpUire-adîoint  ,  Leroj-Joljmont  •  bîbliothëcaire-ttrchin 
liite,  et  Deschamps  ^  trësorier,  ont  été  réélus. 

/^  20.  —  Reatrëe.  da  coars  pablio  et  gratuit  d'iiistoire 
laloreUe  professé  au  Palais  des  arts  9  par  M.  Mouton- 
FoAtenîUe  ^  le  lundi  et  le  jeudi ,  à  quzq  heures  du  matin. 

^\  31.  —  S.  Exe.  le  ministre  de  la  guerre ,  par  décision 
ea  date  de  ce  )our  y  a 'donné  son  approbation  au  projet  de 
lianslation  de  la  poudrière  sur  le  fort  S t- Jean.  .Des  ins* 
lr«cUoDS  ont  été  données  «  en  même  temps ,  par  le  ministre 
à  la  directien  générale  des  poudres  ,  afin  que  l-exéeutton 

de  ce  projet,  si  important  pour  la  sécurité  de  notre  Tille  ^ 

n'i^fooTe  pas  de  retard; 

^%  Méiose  jour,  —La  nouTelIe  église  proTrsoire  des  Brot-^ 
taax  ,  destinée  à  serrir  de  snecursale  à  la  paroisse  de  la 
Guillotière ,  a  été  bénite  aujourdlhul  par  Mgr.  TarcheTéque 
f  Amasie,  administrateur  apostolique  du  diocèse  de  Ljon. 
Api^s  \a  messe  ,  M.  Najrac  ,  curé  de  la  Guîllotiére  ,  a  pro-( 
cédé  a  Vmsiallalion  de  M.  Deyiennë  -^  nouveau  pasteur  de 
la  jMroîsse  naissante  ,  laquelle  est  séus  TinTocation  de 
S.  Pothin  y  premier  éréque  de  Ljon.  Monseigneur ,  ayant 
de  se  retirer ,  a  fait  parvenir  h  M»  le  maire  de  la  Gnillo- 
tiere  ,  nne  somme  de  mille  francs  ,  pour  aider  à  la  cons* 
tnctioa  de  l*égtise  définitive. 

,»^  Même  jour,  —  Mort  de  M.  F.  D.  dynes  ,  ancien  chef 
(Tiostîtation  9  auteur  de  plusieurs  ouvrages  ^  la  |>lupart 
relatifs  Ik  rînstniction  publique. 

^%  2S-24.  —  Débordement  du  Rhône.  L^inondation  est 

Rstee  un  pied  «au-dessous  de  celle  de  1812,  mais  eUe  a 

^^passé  tontes  celles  qui  ont  eu  lieu  depuis  cette  époque, 

Masîeors  événemens  malheureux  ont  eu  lieu  pendant  cette 

iaoudation,  deux  habitans,  sur  six  qui  s'étaient  embarqués 

^las  un  batelet  pour  aller ,  dit-on  ^  placer  des  torches  sur 

le  cours  Bourbon  j  ont  fait  naufrage  ,  non  loin  du  pont  de 

Cbailei  X^  et  <mt  péri  sans  «Ju'il  aU  été  posssiblê  rde  leur 


\ 


(  160  ) 

porter  le  moÎQtlre  secours.'  Le  lendenLain^  on  ^trotiv^  ,  si 
te  territoire  de  la  Gailiotière  ,  trois  indirldus  noyés  y  qi 
(itaieut  étrangers  à*  cette  commuoe* 

^%  Noas  avons  oublié   d'annoncer ,  dans  le  teipps  9  1 
décès  de  M.  Louis  Allier  de  Hauteroche  ,  chevalier  de 
ordres  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  et  du  Saint-Sépulcre 
membre  de  plusieurs  sociétés  savantes ,  correspondant  d 
notre  académie  ^  archéologue  et  numUmate  distingué.  Non 
présumons  qu'il  était  né  à  Lyon ,  patrie  de  sa  famille*.  I 
^vait  rassemblé ,  principalement   dans  le    cours   de    sei 
Tojàges  en  Afrique  et  en  Égjpte ,  une  collection  de  nÉ^ 
âtfttli^  grecques ,  qui  passait  pour  la  plus  complète  qu'il 
y  eût  peut-être  en  Europe  ,  dans  les  cabinets  particuliers. 
{K>rsque  la  mort  Ta  surpris ,  au  mois  de  novembre  dernier, 
il  s'occupait  de  classer  et  de  décrire  ces  médailles  ,  et  îi 
avait  commencé  à  les  faire  graver.  Trois  dissertations  qu'il 
a  publiées  sur  des  objets  d'antiquité  j  étaient  de  brillai» 
préludes  au  grand  ouvrage  qu'il  préparait  et  qui  aurait  mis 
le  sceau  à  sa  réputation.  Par  son  testament ,  il  a  légué  à 
la  bibliothèque  du  roi  deux  morceaux  extrêmement  pi^ 
cieux ,  savoir  une  tessère  syrienne  à  double  date  ,  et  une 
médaille  en  or  de  Persée  9  roi  de  Macédoine,  pièce  jus- 
qu'à présent  unique.  Il  a  en  outre  fondé ,   en  faveur  ds 
Tacadémie   royale  des  inscriptious  et  belles-lettres,  unt 
rente  perpétuelle  de  400  fr* ,  pour  un  prix  à  décerner 
chaque  année  au  meilleur  ouvrage  de  numismatique. 

Nota.  Ces  détails  abrégés  sont  empruntés  d'une  noiice 
nécrologique  ,  que  M.  Soulange-Bodin ,  secrétaire-général 
de  là  sociétésd'horticulture  de  Paris  ^  a  consacrée  à  la  mé* 
moire'  de  M.  Allier  de  Hauteroche  ,  son  ami ,  *dans  la 
Revue  encyclopédique ,  n.^  de  décembre  1827  ,  t.  xxxvif 
pag.  837-838. 

ERRATUM. 
Page  116)  ligne  8,  iSSo»  lite»i  i583. 


{i£iy 


— a» — Jt 


^ 


ARCHEOLOGIE. 

DE  l/<»aGIN£,  DES  ÊTREN((ES  (t). 

ri,STOPm,  C019SEILLER  DE  S.  L  «.  FRÉDÉRIC  XÛG^USTe'^* 

UWi  D£  WIRTBMBERa. 


•^  •      * 


4 

Lyon  9  1."  janyier  i674»  j 

lionsîeur, 

.  Cest  aujourd'hui  un,  jour  d'étrennes  en  ise  paya-*cl 
}hs  qu'en  aucun  autre  r  y6us  agréerez  donc,  s-'ii  vous 
pbît ,  que  je  vous  éii  envolé  aussi  poxit  vous'  témoîçnet 
Tes&iie  que  je  fais  de  votrç ,  mérite  >  ou  pour  i^e ,  pa^ 
IralÛT  mes  s^tinens.  .  -         ^ 


(i)  Ce  petit  oorrage  ,  en  fome  de  lettre ,  est  <te  Jacob  Spon*  Noua 
croyoDj'défoirle  reproduire  îei  ^  et  parce  ^*il  est  plein  dVruditiom 
Il  fêê  tomm ,  et  parée  que  Tmitéar '  tait  %tt^  àeà  personnages  les  plus 
Mngaésrfost  notre  cité  s'Iipnore  d'avotr  è^  la  patrie.  L'époque  ac- 
^éU  de  Fannée  d<miifl  ,  d'nllenrs ,  à  Tinsertiott  A»  IS^  moré^au  dans 
Mre  recueil ,  leneiite  de  l'à'pro|»Os.  il  a  d'abord^*  éli>*t>ublré  sépara** 
neitâLynO)  in-3.V^o  ^^4  (  «^  ^<^x^  ^^  i6'4»  comme  on  le  lit  dana 
^lUsifra^fâêvmversêUê  ,  art.  Spon  (Jcùoh)  ;  «e  qui  est  one  Taufo 
^nielle  «fànpMStfioii).  J*  Spon  le  lit  ensuite  entrer ,  are^  des  cban* 
fMMBSjéea  retmachamens  et  des  additâonè'i'dans  ses  Recherckes 
ot^itMUi  à^aniiquUé  ,'4ionterMês  en  piu$ieurs  disseriation^ ,  etc.  ^ 
ifMifTlMMna  ABiaulry,  i683  ,  in^4.*/ où ^1  folme  la  XXX»^  dis'* 
ftrWHTy  et  oeoope  kapàgea  484-4^»  Ëoi  1781,  M.  Didot  ralnël^ 
■onpfiaa ,  aar  la  première  édition  >'  en  un  volume  in-16;  de  36  pag.  ^ 
^ilae  fut  lir^  «fn'on  trâ«-petit  nouibrr  d'«!xcmplairc9.  £n  le  ra- 
^MMBt  à  notva  tour  ;  cottatioftaé  sur  les  édiitiona  qae  nonf^eiiQat 

Tamc  rit.  II  ^ 


C  i6a  y 

Ce  petit  discours,  Monsieur,  est  plutôt  pour  me  servîi 
d'excuse  de  ce  que  je  n'ai  point  d'étrennes  à  vous  pré- 
senter, parce  que  je  tiens  cette  coutume  pour  supersti- 
tieuse »  et  que  si  j'avais  à  vous  témoigner  Testinie  que 
je  fais  de  votre  personne  ,  soit  par  des  protestations  de 
respect  oup^  des  offires  de  service  5  sotl  par  quelque 
présent  considérable  que  j'eusse  à  vous  faire ,  je  dioièi^ 

d'indiquer  et  qui  sont  toutes  trois  devenues  très-rares ,  nous  j  ajoa- 
tarons  qn^lqueis  hôtes  poùlr  lé  compléter. 

.  Jacob  Spon  ëtait  d'une  famille  originaire  d'Ulm,  Son  bisaïeul  ëtaîfc 
Tenu  s'établir  à  Lyon  pour  y  faire  le  commerce  ;  et  son  père ,  Charles 
SjpoUy  fut  un  de  nos  médecins  les  plus   célèbres.  Lui-même  se  fit 
rftàtarquéV  sAâsi  dans  cette  cfernléré  profession;  mais  sa  réputation  se* 
fonda  pkincîpalement^  ;Bar  aet  vastes  connaissances  en  arebéoliBgie: 
eji  en  numismatique  ;  il  les  avait  ^cquisea  par  de  laborieuses  étndeiL. 
«t  des  voyages  longs  et  pénibles  dont  il  déposa  les  fruits  dans  pla- 
«lenirs  oiivrÂges  i  ^Hthaai  lesquels  on'  distingue  ses  Becherches  dei  an^ 
ti4fuiiés  et  curiosUés  de  la  vilU  de  Tyon  ,  -  Lyon  |  JaciqilM  Fâeton  / 
1673  I  in-d.**;  et  èes  MUcellanea  erudifœ  antiquHatis,  même  ville, 
iCSS  y  in-fbl,  R  était  né  €ù.  1647  »  ^^  môurûl  &  l'hôpital,  &gé  seule-' 
ment  de  38  ans  ,  le  a5  décembre  i695. 

Le  sujet  qu'U  s'epBt  proposé  dans  la  lettre  on  dissertation  qu'on  va 
lire,  avait  déjà  été  traité  par  un  savant  d'AUemagnO)  MKrtin  Lipenina^ 
quij  quatre  ans  auparavant ,  avait  mis  au  ionr  une  histoire  .des  étycaqft^. 
sous  ce  titre  :  fn^egra  sirenarum  dvilium  hisioria  a  prima  oripno 
ad  nostra  as^tff^  tBmffora  deducia  y,  Leipzig,  i&fOf  in-4**;  insérée 
depuis  par'  Graevius  dans  le  tome  XU  du  Tkasaur,  antiqwàaU  ro" 
manar.  Plus  tard ,  le  P.  Toornsmine ,  de  la  compagnie  de  Jeans  « 
s'occupa  du  môi^e  objet  et  fit  paraître  dans  le  Jaurmai  .de  Trét^m^^ 

janvier  1704)  une  lettre  à  Monseigneur  le  Prinee,  intitulée  «asai 
(Histoire  des  étr^rmes^  et  que  l'abbé  Grosier  a.placée^  en  1793,  dans 
ifi  tom.  I  des  Minwires  .d*unç  société  célèbre ,  pag.  3^;d*36i.  .Bafi» 
M.  de  Mayer  ef  t  l'auteur  d'une  épitre  semblable  adressée  â  madétn^ 
la  marquise  de  Tr,,.,  /.portant  le  même  titre  que  celle  de  Spon  , 
et  qui  est  la  première  pièce  du  Conservateur  de  M.  Delandine ,  aonée 
^7^7»  fH*  ^~7«  C^  n'«*t  g^^re  qu'un  séanné  de  U  dissertstion  da  P» 
Toumemiae* 


rais  pliiUd  tm  attire'  temps  que  celui^  9  peut  ne  pas 
tofliber  ^ns  la  faute  que  je  reptends  dans  le»  auti^. 

k  ne  doule'  pas  ^  Monsieur ,  que  plusieurs  ^rtonnes 
ne  traitent  cette  cotitume  d4ndifftfi:ehte  ;  mais  aussi  elles 
me  permettront  de  leur  dire  ^11  y  a  beaucoup  de  coU- 
tmnes  établies  parmi  nous  ^  que  nous  envisageons  comitle 
indtS^renies^  et  qui  se  trouvent  néanmoitis  avo^r  ëté> 
ilans  leur-  source  5  des  effets  de  la  superstilîon^  et  des 
maximes  de  Terreur  :  témoin  celle  !  que  nous  avons'  de 
Mabaiter  à  ceux  qui  ëtemùent  que 'Dieu  les  oMserve  ou 
les  assiste  9  ^  est  .venue  de  ce  que  les  anciens  païens  se 
Sont  imagine  que  rëtemùment  était  une  Boaladiie ,  on  dà 
moins  un  à^gpe  d*indisposîtioa ,  él  à  Cause  de  cela  ils 
Bfaîciat. coutume  9  quand  ils  entendaient- quelqu'un  Ar^ 
ttoer,  de  dire:  Japi/er  cous  tonsérçé  (k)/  DWres 
mimes  étaient  assei&  Ibus  pour  croite  que  rétemiunent 
était  quelque  duosa  de  divin  et  qui  méritait  nos  adora-r 
lions  9  et  ils  se  mettaient  à  genoux  quand  ils  étendaient 
étepnuer.  Néanmoins ,  quoique  nous  soyons  bien  per^ 
aiiadés'à  pi^soit  ^  qu'il  ne  s'y  passe  rirai  que  de  natqrel, 
et  que  c'esl  plutôt  un  signe  de  santé  que  de  malaïKe  y 
mxis  n'-avons  pas  laissé  d'ambl^as^er  lettr  coutume  ^  quoi- 
que nous  ayons  renoncé  it  leur  sentiment  9  el  cela  est 
ouaunait  à  fouie  TCùrope^  excepté  TAnglrterre  ^  qui  9. 
n'jqpat  pas  demeuré  long-'temps  sous  le  joug  des  Ha-^ 
mains ,  ne  s'est  pas  autant  iiifettée  de  leurs  erreurs  que 
les  Gaulois  ,  qui  furent  domptés  en  dix  années  par  Juleis 
César  9  et  qui  9  en  recevant  le  cbristianisme ,  crurent  être 
assez  dégagé»  de  leur  superstition  ,  en  substituant  le  nom 
da  vrai  Dieu  à  celui  de  leur  faux  Jupiter. 


(1)  XeQophon  ,  dcExped*  Cjri^  liJ».  III« 


(  i64  ) 
Il  en  «st  de  même  y  Moiisienr ,  de  notre  manière  d*agi 

au  premier  jour  de  Tan.  Nous  nous  souhaitons  mutuelle 
ment  la  bonne  annëe  ;'nous  faisocis  des  yœux  r^tproque 
pour  notre  prospëritë  et  notre  santë,  et  nous  nous  en- 
voyons des  prësens  les  uns  aux  autres  en  témoigpa^ 
d*amitië,  sans  autre  fondement  que  là  coutume ,  que  noui 
n^osons  pas  choquer ,  et  qui  est  si  bien  impatronisëe  chei 
nous  ),que  nous  la  regardons  comme  un  tyran  ,  à'  qui 
il  serait  dangereux  de^dësobiéir  ,  et  de  reibser  le  trilMil 
annuel  que  nous  liii  avons  lâchement  accordé,  par  des 
actes  de  consentement  dont  nous  avons  perchi  les  dates. . 
Mais  si  nous  prenons  la  peine  d'examiner  comment 
cette  coutume  s'est  glissée  parmi  nous ,  m>us  trouverons 
qu%le  est  presque  aussi  'vieille  que  Rome  (t) ,  et  que 
cette  superstition  n'est  pas  moins  ancienne  que  la  relt^on 
de  ce  pays'-là ,  qui  fut  grossièrement  tracée  paôr  Romulùs^ 
établie  par  Numa ,  et  appuyée  par  les»  âmes  v^ictorieuses 
de  cette  république,  qui  Tétendit  avec  le  tenips  dans 
tout  l'empire  qui  n'était  guère  moindre  quelle  mond^  ; 
icar  c'était  leur  coutume ,  dès  qu'ils  avaient  conqub  un 
pays  ,  d'y  établir  leur  langue  et  leur  religionl 
'  Le  premier  endi^it  de  l'histoire  romaine  qui  nous  ap- 
prend cette  coutume ,  est  de  Symmachus,  auteur  ancien, 
qui  nous  dit  (t2)  que  l'usage  des  étrennes  (ut  introduit 

(i)  Elle  est  plus  yieiUe ,  et  le  P»  Tonrnemine  obienre ,  ayec  r«UoB| 
qu'sTaat  d'aToir  été  adopt4iB  par  les  Romains .,  elle  ëtait  ea  usage 
dans  la  Grèce  et  parmi  les  Juifs  et  depuis  les  temps  les  plus  reculés. 
Elle  n'a  point  souffert ,  ajoute-t-il ,  d'ifaterniption  dans  la  Perse. 
Sealément ,  suivant  Ihi  ,  ■  les  Tariations  de  cette  coutume  sont  plua 
«ensibies  dans  l'histoire  romaine  que  dans  aucune  autre. 

(ï)  Lib.  X  ,  epist.  a8.  —  Sirenarum  usus  adttUvit  auctoriiah 
Tatii  regU  qui  verhmas  fclkis  arhoris  ex  luco  Sireniw ,  ûnnt  nm 
auspices  f  primus  inslUuit»       •     .     ^    . 


<  ï65  ) 
sous  l'aotorltif^  du  roi  Tabius  SabmQs  (  que  Rcmulus 
avait  appelé  à  la  société  de  son  rigne)  ,  qui  reçut  1^ 
premier  la  verveine  du  bois  sacré  dé  la  déesse  Strenia  (i), 
pour  le  bon  augure  de  la  .nouvelle  année.,  soit  qii*iU 
Viiaâgmassent  quelque  chose  de  divin  dans  la  verveine , 
de  là  même  façon  que  nos  druides  gaulois  qui  avaient 
en  telle  vénération  le  gui  de  chêne  qu'ils  alloient  le 
cuelllîr  avec  une  serpe  d*or  le  premier  jour  de  L^fiçiée  j 
aoil  qu'ils  voulussent  faire  allusion  du  nom|4^j^tte 
déesse  S/renia ,  dans  le  bois  de  laquelle  Us  pre  tïàieiit  la 
verveûie  y  avec  le  mot  de  strenuus ,  qui  signifie  fort , 
çaillimt  y  généreux  :  aussi  le  mot  de  strena  qui  signifie 
éiremte ,  se  trouve-t-il  quelquefois  écrit  sirenua  chez  les 
anciens ,  pour  témoigner  ,  comme  ajoute  le  même  au- 
teur (2) ,  que  c'était  proprement  aux  personnes  de  valeur 
et  de  mérite  qu'était  destiné  ce  présent  ,.et  à  ceux  dont 
l'esprit  tout  divin  promettait  plus  par  la  vigilance  que  par 
tinsiinct  d'un  heureux  augure  (3). 


(1)  La  chapelle  de  la  dëesse  Strenia  était  sitiiëa  dans  la  qoatriéma 
rè^n  (  oa  quartier  )  de  Rome. 

(3)  Sjmmaqae  ,  Ibc,  cii.  —  Nomen  îndicio  ed  vtrls  strènuis  hœc 
eonfenire  oh  ^iriafefn  ,  atque  ideo  9ohis  hajusmoài  insigne  deheri  f 
quorum  dinnus  animas  magu  ierivmonmm  vigiUmiiœ  quam  omen 
êxspeciat. 

(3)  «  Le  peaple  ,  simple  et  superstitieux  ,  croyait  que  ces  branches 
et  cette  Tenreine  (  coupëes  dans  le  bois  de  la  dresse  Strenua  »  la 
àêtsêe  forte  ou  plat6t  la  dresse  de  la  force  }  donnaient  la  force  et' 
eonserraient  la  sant^...  D'où  pouvait  yenir  une  semblable  persua- 
sion ?•••  N'y  reconnaisseirYous  pas  un  soutenir  confus  de  l'arbre  de 
tie ,  planta  dans  le  paradis  terrestre?  soutenir  dont  ces  prêtres  (les 
pontifes  romains) ,  charlatans  habiles  ,  se  sertirent  pour  mettre  en 
Vogue  leur  bois  sacre  ,  auquel  ils  attribuaient  la  même  tertu.  Le  nom 
de  Ja  déesse  Strenua  confirme  mes  soupçons  sur  Torigine  de  cette 
ivpentitioii.  Il  a  bien  du  rapport  au  mot  faébrôù  «lohim  ,  qui  peut 


(i66) 

•  •  •     •  •      , 

Après  -ce  temps-là  ,  l'on  vint  a  faire  des  présens  ae 
figues ,  de  dattes  et  4e  mi^U  comme  pour  souhaiter  aux 
amis  qu'il  n'arrivât  rien  que  d'agréable  et  de  doux  pen-** 
dant  le  reste  de  l'année  (i). 

Ensuite  les  Romains  quittant  leur  première  simplicité 
et  changeant  leurs  dieux  de  bois  en  Aes  dieux  d'or  et 
d'argent ,  commencèrent  à  être  aussi  plus  magnifique» 
en  leurs  présens ,  et  à  s'en  envoyer  ce  jour-là  de  diffé-^ 
rentes 'imtes  et  plus  considérables  ;  mais  ils  s'envoyaient 
partitÛMèrement  des  monnaies  et  médailles  d'argent  (2) , 
trouvant  qu'ils  avaient  été  bien  simples ,  dans  les  siècles 
précédens ,  de  croire  que  le  miel  fôt  plus  doux  que  l'ar-* 
gent  9  comme  Ovide  (3)    le  fait  agréablement  dire  h 


^•"^ 


figniBer  le  dieu  fort ,  le*,  dieu  de  la  fçrce.  C'est  de  oe  mot  que  Moïse 
•'est  seni  dans  les  premiers  chapitres  de  la  Genèse  ,  où  il  parle  ât 
l'arbre  de  vifi  que  Pie»  arût  ais  dims  le  paradis  terrestre.  »  Xe  Pv 
Tournemiae, 

(1)  Le  P.  Toamemine  et  M.  de  Mayer  trouTent  qae  eette  allusion 
ast  fade*  -Mous  avons  reiplae^  par  éta  bonbon»  l«s  6gves ,  les  dattes 
^  le  miel. 

Il  est  bon  de  remarquer  que  primitiTement ,  ^chei  les  Romains  et 
ehes  les  Grecs ,  l'^uijaét:  oonunepçait  au  mois  de  mars ,  comme  cbén 
non»  elle  commençait  à  P^ues  «yaot  l'^dit  de.Rous8iUQn  rendu  pur 
Charle^  TX.  Les  dendminatioD^  de  septembre  p  octobre  9  novembre 
et  décembre  ,  Tiennent  de  oe  que  ces  mois  (étaient  dans  rorigine  lea 
septième ,  huitième ,  nfnvième  et  dixième  de  l'année.  Lpng-t^mpa 
Hprès  qqe  janvier,  fût  devenu  Icr  premier  mois  ,  et  même  encore  sooa 
l'empire  d'Atiguste ,  on.  çontinui^it  d'e^ivoyerides  pcësei^à  ses  9min 
et  particulièrement  aux  dames  le  jour  des  calendes  de  mars.  C'est  ce 
que  nous  appitnd  le  commencement  de  la  première  éié^e  dm  liy.  lU 
de  Tibnlle^ 

(a)  .«  I^  monqaie  que  Vpn  présentait  >  porti|it  ft-on  côté  la  tête 
de  Janus  et  de  l'autre  U  Cgure  d'un  nATire^  C'est  la  forme  1«  pliM 
lincienne  des  monnaies,  y  Le  P^  Touroeniine^ 

(3)  Fû#/,lib,  X,  T.  ij|îï, 


(  i67  î 
fanas.  (Cesfc  pourquoi  Dion  (i)  parlant  ief  iltfinnfâf 
ks  appelle  simplement  àpyvpioif^  de  tàrgenj.  )  (3). 

Aycc  les  présens  ils  se  souhaitaient  mutuellement  tout6 
sorte  de  bonheur  et  de  prospërité  pour  Je  >*e3tp  |}e 
Tannëe ,  et  se  donnaient  des  témoignage^  réciproques 
famitlé.  Et  comme  ils  prenaient  autant  d*empire  dans 
b  religion  que  dans  Tétat ,  ils  ne  m<^nquèrent  pas  d'éta*- 
Uir  des  lois  qui  la  copcernaient ,  et  firent  de  ce  lour-là 
un  )ouT  de  fête  qu'ils  dédièrent  et  con3acrèrent  pfirtiçy- 
lièrenient  au  dieu  Janus  qu*on  représentait  \  dei;pc  ,yi)^- 
ges,  Ton  devant  et  Fai^tre  derrière,  comme  r^ardànt 
Tamiée  passée  et  la  prochaine*  On  lui  faisait ,  dans  ce 
jour ,  des  sacrifices ,  et  le  peuple  .allait  en  foule  au  mont 
Tarpée ,  où  Janus  ayait  quelque  autel ,  tous  habillés  de 
rohes  neuves:  d*où  nous  pouvons  remarj^uer  que  ce  n'est 
pas  une  mode  nouvelle  d*affecter  de  $*l^ab;ller  de  neuf 
les  preoùets  \ours  de  Tan. 

Tïéanmoins ,  quoique  ce  fût  une  fête  9  et  même  une 
téie  solomdkj  puisqu'elle  était  encore  dédiée  âlunon 
qai  ayait  tous  les  premiers  jours  de  mois  sous  sa  j^ro- 
lectîon  9  et  qu'on  célébrait  aussi ,  ce  jour-là ,  la  dédicace 
d»  temples  de  Jupiter  et  d'Ë^culape ,  qui  étaient  dans 
llle  du  TilMT  ;  nonobstant ,  dis- je ,  toutes  ces  considé-^ 
Talions ,  le  peuple  ne  restait  pns  sans  rien  faire;  mais  ^ 
an  contraire  ,  chacun  cop^ençait  .à  travailler  à  quelque 
^bosit  de  sa  profession .,  afin  de  n'être  pas  paresseux  le 
reste  de  l'année  :  ce  qui  est  encore  demeuré  parmi  nous, 
puisqu'il  y  en  a  beaucoup  qui  se  lèvent  plus  imatin  ce 
jour^là,  pour  en  être  plus  diligens  le  reste  de  l'année. 


(s)  Ces  deux  dernières  lignes  sont  une  addition  de  Spon  dam  sea 
Buiencies  cmrûuses  daniûjuité. 


C  i68  ) 
Mais  on  ne  voit  pas  qu'il  y  ait  quelque  Vertu  pàrtictx** 

lière'dans  les  observations  de  toutes  ces  cëfëmonies. 

Enfin  l'usage  des  ëtrennes  devint  peu  à  peu  si  fré- 
quent sous  les  empereurs ,  que  tout  le  peuple  allait 
souhaiter  la  bonne  année  à  l'empereur  ,  et  chacun 
lui  portait  son  présent  d'argent ,  sel  cm  son  pouvoir. , 
cela  étant  estimé  comme  une  marque  d'honneur  et  de 
vénération  qu'on  portait  aux  supérieurs ,  au  lieii  que 
tnaintenant  là  mode  est  renversée  ,  et  ce  sont  plut6t  les 
grands  qui  donnent  les  étrennes  aux  petits  ^  les  pères  à 
leurs  enfans  et  les  maîtres  à  leurs  serviteurs  (i). 

Auguste  en  recevait  en  si  grande  quantité  qu'il  avait 
coutume  d'en  acheter  et  dédier  des  idoles  d'or  et  d'argent^ 
comme  étant  généreux  et  ne  voulant  pas  appKqiier  à  son 
profil  particulier  les  Kbéraiités  de  ses  sujets  (2). 

Tibère ,  son  successeur ,  qui  était  d*une  humeur  plus 
sombre  et  qui  n'aimait   pas  les  grandes  compagnies  ^ 


(^)  Les  pères  et  les  mères,  les  oaclea  et  les  luttes  font  des  cadeaax, 
«n  argent  ou  en  joujoux  à  leurs  ncTeuz.  et  à  leurs  cnfaps ,  après  qa« 
ceux-ci  leur  ont  ri^cît^  des  complimcns  ae  bonne  année. 

Les  personnes  qui  sont  reçues  habituellement  dans  une  maîsoir  f 

■  donnent  aux   doniestiq^iee  dea  ^trenpes  pécuniaires,  qpi  qwelqnefoi» 
soQt  assez   considérables  pour  que   les  maîtres  les  fassent  d'avauca 

'  entrer  en  ligne  de  compte  dans  la  fixation  des  gages.     . 

(a)  Suétone  I  un  August,*e.  57.  Le  temps  a  respecta  ^inscription 
d'one  «tattte  de  Vulcain  qu'Auguste  avait  .faàt  élever  avec  le  montiat 
de  ses  (ftrenncs  ,  sous  ie  co^ulat  de  ^ëro  Claudiua  Drosus.  et  4e 
T.  Quinctius  CrispiDus,  c'est-à-dire  Tan  deJElome  745.  M.  de  Mayer 
fait  l'cloge  de  cette  coutume  '  d*Auguste  :  «  D  me  semble ,  dit-it ,  qne 
ai  nos  rois  introduisaient  éèt'usiBige,  et  s*il»  annonçaient  d*avanee 
le  personnage^  à  la  .statue  diiqyel. le  prodiiit  serait. £IA|dl9y^>  oo 
Terrait  le  degrë  d'estime  que  le  peuple  aurait  pour  lui ,  par  rabon«> 
dance  ou  l'exiguite  des  ëtrennes.  Cette  manière    de  s</ttâer  Te 

'jpuhlique  serait  Ig  plus  «jlre  ^  et'nc  coûterait  rien  au  trésor,  i 


(  »69  ) 
«jlnentaît  expnft  les  premiers  jours  de  l'annëe ,  pour 
èf  her  rincommodité  des  visites  du  peuple  qui  ^rait  ac- 
ofMnu  en  foule  pour  lui  souhaiter  la  bonne  anhée ,  et  il 
désapprouvait  qu'Auguste  eût  reçu  des  presens  ,  parce 
fK  œla  était  incommode  ,  et  qu'il  fallait  faire  de  la  dé- 
pense pour  témoigner  au  peuple  sa  réconnaissance  par 
d'autres  libéral itës.  Ces  cérémonies  occupaient  même  si 
ibrt  le  peuple  ,  les  six  ou  sept  premiers  jours  de  Tannée  (  i  ), 
<(uil  fut  obligé  de  faire  un  édit ,  par  lequel  il  défendait 
lesétraines  ,  passé  le  premier  jour  (2). 

Cdigula,  qui  posséda  l'empire  immédiatement  après 
Tibère ,  et  qui  se  faisait  autant  remarquer  par  son  ava- 
rice que  par  ses  autres  mauvaises  qualités ,  fit  savoir  au 
peuple,  par  un  édit,  qu'il  recevrait  les  étrennes ,  le  jour 
des  calendes  de  janvier ,  qui  avaient  été  refusées  par  son 
prédécesseur  ;  et ,  pour  cet  effet ,  il  se  tint  tout  le  jour 
dans  \e  vestibule  de  son  palais,  où  il  recevait,  à  pleines 
mains ,  tout  l'argent  et  tous  les  présens  qui  lui  étaient 
offerts  par  le  peuple  (3). 

Claude ,  qui  lui  succéda ,  abolit  ce  que  son  prédéces- 
seur avait  voulu  rétablir  ,  et  défendit  par  arrêt  qu'on 
n'eût  point  à  lui  venir  présenter  des  étrennes  ^  comme 
''on  avait  ^t  sous  Auguste  et  Caligula. 


(1)  Boiu  consacrons  aussi  huit  jours  aux  yisites  du  jour  de  l'an  : 
les  trois  premiers  sont  destinés  aax  yisîtes  de  deroir ,  et  l'on  a  jus- 
gn^a  baitiènoe  pour  celles  de  bienséance. 

(%}  ^Dcione  ,  in  Tiher,  c.  34  <t  Dion ,  1.  Sy,  «  Marcallos  Donatos 
{Dducidai.  in  Suet,  Tlher.)  imagine  ici  entre  Dion  et  Suétone  une 
cuBtradiction  qui  n'y  fut  jamaû,  Snétone  parle  de  ce  que  Tibère  6t 
Sabord  :  Dion  parle  de  ce  qu'il  fit  le  reste  de  sa.  yict  »  Le  P*  Tour- 
aemine. 

X5}  Snétone ,  m  CalîguU  e*  ^       ^ 


(  170  ) 
Depuis  ce  temps ,  cette  coutume  demeura  encore  p 

le  peuple ,  comme  Hérodien  le  remarque  sous  Tempe 

Commode   (i  ) ,  et   Trébellius   PoUion  en   fait    en 

mention  dans  la  vie  de  Claudius  Gothicus  (2)  , 

parvint. aussi  à  la  dignité  impériale. 

On  pourrait  rechercher  là^dessus  pour  quelle  i*a 
ils  avaient  coutume  de  se  Étire ,  les  uns  aux  autres, 
vœux  mutuels  le  premier  jour  de  Tannée ,  plutôt  qi 
un  autre  temps  ;  et  c*est  la  demande  que  fait  Ovid 
}anu>  qu'il  fait  répondre  avec  une  gravité  digne 
lui  (3)  :  ((  Ce^t ,  dit-il,  que  toutes  choses  font  conten 
3»  dans  les  commencemens  ;  et  c'est  à  cause  de  ce 
»  ajoute-i'il ,  que  l'on  tire  les  augures  du  premier  ois 
»  que  l'on  aperçoit.  » 

En  effet ,  les  Romains  pensaient  qu'il  y  avait  queh 
chose  de  divin  dans  les  commencemens  :  la  tête  était 
timéç  une  chos^  divine  ,  parce  qu'elle  est ,  pour  ai 
dire,  le  commencement  du  corps  :  ils  commençaient  lei 
guerres  par  les  augures  y  par  les  sacrifices  et  par 
vœux  publics,  et  Je  commencement  de  chaque  ann 
était  dédié  à  Junon  et  se  célébrait  comme  un  jour  de  fë 
Aussj  la  raison  qu'ils  avaient  de,  sacrifier  à  Janus, 
jour-là ,  et  de  se  le  rendre  propice ,  c'est  qu'étant 
portjier  des  dieux  ,  ils  espéraient  d'avoir,  par  ce  moye 
l'entrée  libre  chez  tous  les  autres  le  reste  de  l'anné 
s'ils  acquéraient  au  commencement  Janus  pour  ami  ; 
comme  il  présidait  au  commencement  de  l'année , 
espéraient  sa  faveur  pour  eux  et  pour  leurs  amis ,  s*: 


(1)  L..1,  €.  17. 

(s)  C.  &4. 

(5)  Fdst,  1»  i|  T.  178  et  set]. 


L 


îeu    dans  leurs  intérêts.  On  lui  sacrifiait 

it  la-  farine  et  du  yin  :  ce  qui  a  donné  sans  doute  oc* 
casioR  de  se  réjouir  et  faire  la  débauche  ce  four ,  comme 
plusieurs  Vont  retenu  parmi  nous. 

C  lies  Grecs  ,  chez  qui  les  étrennes  n^étaient  pas  en 
usage  ,  ayant  qu*ils  les  eustont  prises  des  Romains  (  i  \ 
nvmeaX  pas  de  mot  qui  signifiât  particulièrement  celui 
de  sirena  :  car  le  mot  é\}»pxt^(^à9  qui  se  trouve  dans  les 
axkcîens  glossaires  et  dont  les  anciens  auteurs  se  sont 
seiris,  signifie  seulement  un  bon  commencements  Celui 
de  ^m  signifie  en  général  un  présent  (2).  daXXor,  danâ 


(i)  Le  p.  Toamemiiie  prëteod  le  contraire.  Voy.  plus  haut  >  pag« 
i€4  ,  not.  1 

('«)  Ijcs  xema  liaient  deê  pféeens  que  l'oa  envoyait  à  ses  hàteM*  Il 
j  atvaôk.  encore  les  apophoreia  qui  se  distribuaient  aux  convÎYes  et 
^*\\a  emporlaienl  chex  eûk.  C'est  ce  qu'indiquent  .les  mots  eux^ 
mêmes  ,  dont  A'oii^a  est  grecque.  Mais  ces  prësens  ne  se  donnaient 
pas  le  premier  de  l'an  ;  ils  se  donnaient  pendant  les  fâtes  des  Satur- 
nale*.  Martial  oods  a  laisse  deux  livres  de  deyises  en  distiques  «  faites 
accompagner  des  cadeaux  de  ce  genre.  U  semble ,  d'après  un 
lie  cet  auteur  ,  que  le.  sort  présidait  à  la  distribution  des 
mpcphoreia  ,  et  que  c'était  une  sqrte  loterie.  U  y  avait  alternative- 
un  rî^e  prtent  et  un  présent  de  moindre  valeur*  Le  poète 
lai-même  dans  une  ëpigramme  prëliminaire ,  où  il  dit  t 

IHinHs  aUùmas  et  paupcris  acoipé  sorUs  ; 

«t  00  le  recomialt ,,  d'aprèâ  l'arrangement  des  pièces ,  en  parcourant 
le  reeocil  qui ,  pour  le  dire  en  passant ,  est  des  plus  curieux  par  les 
detnls  qnfU  renferme  et  qu'qn  chercherait  vainement  ailleurs ,  sur 
le  luxe ,  sur  la  table  et  la  cuisine ,  sur  les  mcnbles  i  sur  les  usages 
dmnestîqnes  des  Romains. 

Plusieurs  modernes  ont ,  à  l'imitation  jde  Martial ,  pvblié  des  livres 

d'ctrennes ,  mais  qui  la  plupart  ne  contiennent  que  des  vœux  et  des 

es«plîmens  po^qnes.  On  peut  citer  ,  entre   autres ,  Jean  Voalté 

de  Reims ,  gai  a  compose  en  i533  un  Xeniorum  iiher»'''Lù  célèbre 

foéte  êUemukd  Gofiibe  a  donna ,  sous  le  titre  de  Xênits  \  de<  ^pi-* 

'i 


<    172   ) 

le  glossaij^  de  Phîloxène ,  est  expliqua  çerhena  ,  sir 
parce  que  ce  mot  signifiait  un  rameau^  une  ptante 
qu'était  la  verveine ,  qui ,  dans  les  commencemens  y 
comme  nous  l'avons  dit ,  la  matière  des  étrennes. 
.   Athénëe  (x)  introduit  CynulcuS  qui  reprend  UIp 
d' avoir  appelé  rétrenne^frcvoM;?  apparemment  parce  qi 
mot  ne  peut  signifier  qu'une  chose  qu'on  donne  par-dt 
une  gratification  ,  et,  comme  nous  pourrions  dire  à 
sent ,  une  .étrenne  qu'on  donne  à  un  valet  ou  à  qu< 
autre  personne ,  par-dessus  la  somme  à  laquelle  on 
obligé  (2) ,  et  non  pas  proprement  celles  que  l'on  doi 
au  commencement  de  Tannée ,  à  des  amis. 

Dans  les  premiers  siècles  de  l'église  et  même  aprc 
•  destruction   du   paganisme  ,    la    mode  d'envoyer 
Arennes  aux  magistrats  et  aux  empereurs  ne  laissa 
de  subsister.  Corippus  ,  dans  le  liy.  IV  du  Consulat 
l'empereur  Justin  : 

Dona  calendamm ,  quorum  est  ea  cora ,  parabant 
Officia  et  turmis  implent  felicibus  aulam  , 
Gonvectant  ratilum  sportis  capacibus  auranu 

grammes  fort  estimées.  Notre  Passerai  a  fait  aussi  un  cert 
nombre  de  pièces  intitulées  tiirennes»  On  nous  pardonnera  la  ci 
tioa  de  la  suivante  en  f ayeur  de  sa  grAce  et  de  sa  naïyet^  t 

A  HIDEMOISELLE  DE   MESME. 

• 

Ponr  étrènne  je  tous  désire 
Ce  que  yoas-mesme  souhaites  p. 
£t  toutefois  ne  l'osez  dire  : 
Mais  (juand  propos  en  sont  jetés  ^ 
Si  volontiers  les  écoutez, 
Qu'estes  contrainte  d'en  sourire* 

(i)  L.  m,  c.  to. 

(a)  C'est  oe  que  nou#  appelons  un  pour^ûire. 


V 


(  '73  )  . 
Cosime  l'année  nouvelle  ëtalt  le  cûmmencement  du 
ONisalat  et  des  autresfmagistratures^le  sënat,  le  peuple 
é  les  sacnficatears  faisaient  des  vœux ,  des  festins  et  des 
présens,  ce  jouf-là,  aux  consuls  et  aux  princes,  comme 
te  témoignent  ces  yers  de  Prudence  : 

JaiM»  etiam   celebri  de  mense  litatur 
Ausfîims  epulîsqae  sacris  ,  qoas  inTCterato  , 
Hea  viiUeri  !  sab  honore  agitant  et  gaudia  ducont^ 
¥esta  calendarain. 

Lb  empereurs  donnaient  souvent  ces  ëtrennes  que  le 
peuplé  leur  faisait  pour  des  ri^parations  .des  raonumens 
pdiiics  :  c*est  ce  que  signifie  cette  inscription  de  Gruter. 

A  Rome 

ILkRlvis.  FVBtiCIS.   6ACAVlt 
IXP.   CAESÀH.  DIVI   P;  AVGVSTV8    ,  i 

PONTIÏEX.   MAXIMVS 
TRIBTtïlC.   K)TEST.   XVlîX» 
^  mX  STIPB    (iVAM'POFviV^   Bt 

COÏITVLIT.   JC.   lAHVAlin.   APSBNTI 

C;   CACviôlO   SABllVO 

COS.    , 
I..  PA58IENO   EVPO 

• 

C'est-à-dire  ,  que  l'on  avait  fait  une  rëpjatation  au 
temple  dédié  aux  lares  publics  <^  de  Targent  que  le  peuple 
avait  apporté ,  le  premier  de  janvier,  pour  les  ëtrennes 
de  Tempereur  Auguste,  alors  absent  de  la  ville,  sous  le 
consulat  de  Caïus  Calvisius  Sabinus  et  de  Luciu^  Pas- 
Menus  Rufos  (  i  )«  S.ur  quoi  Gruter  remarque  le  passage 


* 

(i;  L'aa  de  JUmie  ySo ,  4  a.Yuit  J.  C. 


(  t74  ) 

àtSaêtane  (0»oà  '^'^  dit  que  tous  Jes  ordres  ietatèfit^ 
tous  les  ans ,  danstle  lac  Gurtien  ,  s/ipem  ^  c'est-à-nliriS 
un&  mëdaille  frappée  le  jour  des  calendes  ^  au  comment 
cernent  de  Tannée.  Ht  c*est  apparemment  ce  que  signifie 
ce  médaillon  d'Ântonin  Pie  que  M.  Bellori  ^  antiquaire 
de  Rome,  a  donné  au  public ,  où  on  lit  au  revers  ^  dan» 
une  couronne  dé  laurier:  s.  F.  Q«  n.  a/n.  t.  r.  oftiho 
PRiNciFi  pib;  c'est-'-â-dire,  Senaius  populifsquâ  ramonas 
annum  noçum/ausium/elicem  optîmo  principH  Pio  pr€^ 
caiur.)  ce  Le  sénat  et  le  peuple  romain  souhaitent  la  nourr 
n  velie  année  bonde  et  betireuse  au  trè$4k>»  grince 
»  AntoninPie.  » 

U  est  vrai  que  cela  peut  aussi  se  rapporter  à  la  noifr^ 
velle  année  dans  laquelle  ce  prince  entrait,  à  la  prendra 
depuis  le  jour  qu'il  avait  commencé  de  régner  ,  qui  fui 
le  6/  des  idesjde  juiUet'4e  Tatt^de  Rome  890  et  de  J.  C# 
1 3g ,  les^vqiux  et  1^  prières  Ste*  r^térant  toutes  les  ai^ 
nées  au  même  jour  ^ -et  une  .sanUaUe  médaille  lui  étant 
présentée:  ce  .qiit  était  toujours  it^e  espèce  d*étrenne« 
Pline  dans  son-  éptire  ioi  C^)  :  Vota^  domine^  priorum 
annorum  npncti^a  ëlacrâs  lœtùjue'  p^êQl^mus  j  no^Hi'* 
que  rursus  ,  curar^e  commUiionum  ei  prwindaUum  pic'^ 
taie ,  suicé/fimus  )  ^iy.     - 

•Voilà  donc  tout  le  fondement  que  nous  ayons  de  notre 
coutuTtie  (Tùsarge' du  paganisme)^;  et  ce  (cindemènt  étant 
aussi  léger  que  delà  paille  et  du  chaume ,  nous  ne  sau- 


(1)  In  August,  f.  57. 

(i)  ti.  X. 
'     (S)  Ce  qui'  cr«t  ici  entre  de«L  purcntiiésAS  ,  à  partir  da  pi^mièir  «IL* 
jiila  dft  U  psig^  174  >  ne  tfe  trouTaitpas   dans  |a  première  édition  de 
Topuscule  de  Spon  :  c'est  une  des  additions  gu'il  y  fit  en   l'insérant 
dims  (.es  Recherches  cuntuséi  ^anUquité^ 


(M75) 
être  sdlidenent  fendes  à  conserrer  une  superstition 
pnmç ,  à    laquelle    nous  ne  pouvons  trourer  aucun 
ifftd  par  Vautoritë  de  rEcriture  sainte   ou  des  saints 
Rrs* 

Die  toutes  les  lettres  que  les  apôtres  ont  envoyées  & 

kiirs  églises  ,  il*  est  biènr  probable  qu'il  y  en  a  quelqu'une 

éciîte  au   commencement  de  Tannée  ;  cependant'  nous 

ne  trouvons  aucune  tracé  dé  ces  vœux  et  souhaits  ,'  parce 

qcK  leur  dessetn  était  plutôt  d'abdlrr  toutes  les  supersti** 

fions,  que  de    les  autoriser  par  de  mauvais  exemples. 

Us  condaiimaient  jusqu*aujt  Aïoindrès  superstitions  jù^ 

dâques,  beaucoup  plus  les  païennes,  et ^ ils  nVivaient 

rien  plus  à*  cœur  que  de  nous  (persuader  que  tout  ce 

qui  est  ftît  sans  fcn  est  pëché  ;  et ,  par  cette  même  raison , 

je  ne  -vois  pas  comment  on  en  peut  exempter  cette  cou« 

tome ,   qui  n'est   d'aucUne  utiHtë ,  et  qui   n'a  d'autre 

foudemenl  «pie  la  superstition  païenne.  Si  nous  dcTons 

rendre  compte  à  Dieu  de  nos  paroles  oiseuses  ,  n'est-il 

pas  à  craindre  qae  les  paroles  ,  -  les  complimens  et  les 

adioDs  de  ce    îour-là  ne  noùs'  soient  imputes  comme 

kmtiles  et  comme  des  suites  et  des  effets  de  Toisivét^^? 

[Aussi  les  eonciles  et  kis<  pètes  ont'-ils  fort  déckrmé 
contre  l'abus  des  étrennes.  Us  les  appelaient  Cakndes  du 
Bût'  général  qui  signifiait  chez  fes^  Romains  le  premier 
èi  nis.  Tertullien  ^  dans  ^ti  livre  de  tMoldtrw  : 
€  Neos ,  dit-il ,  qui  avons  en  horreur  les  fiètes  de» 
»  JiûCi  j  et  qui  trouverions  étranges  leurs  sabbats ,  leurs 
f  nouvelles  lunes  et  les  solemhités  autrefois  chéries  de 
•  Dieu  ,  nous  nous  fenûliarisons  avec  les  Satui*nales 
t  et  les  Calendes  de  janvier ,  avec  les  Matronales  et  lé» 
»  Brames.  Les  étrennes  marchent ,  les  présèns  volent 
9  de  toutes  parts.  Ce  ne  sont  an  tous  lieux  que  jeux  et; 


(  176  ) 
»  banquets*  Les  païens  gardent  mieux  leur   relij 
)>  .cajT  ils  n*ont  garde  de  solemniser  aucune  fête  des 
>»  tiens  ,  de   peur  qu'ils  ne  le  paraissent  ^  .tandis 
»  nous  ne  craignons  pas  de  paraître  païens  ^  en  £ 
o  leurs  fêtes.»  i 

Le  '  sixième  concile  in  Trullo  condamne  les  £éte2 
pelées  Calendes  et  celles  qu'on  nommait  Voia  et  j 
malia.  Balsamon ,  auteur  grec  du  BaspEmpire  ,  i 
commenté  les  canons  des  conciles ,  fait  deux  pl^^j 
bévues  sur  ces  deux  mots  de  Bord  ou  Fota  et  de  j 
malia  ,  disant  que  cette  première  fête  iisiL  à  Thoa; 
du  dieu  Pan  ,  j^rotecteur  du  .bétail ,  parce  que  Borà 
ii\fie .des  pâturages  ,  et  que  la  dernière  nommée  Jt 
malia  était  une  fête  dédiée  à  Bacchus  qui  portait  1' 
tbèle  de  Bron^ius ,  tandis  qu'il  est  cer^in  que  ces  c 
mgts  sont  purc^ment  latins:  Bord,  ço/a^  sont  les  v* 
qui  se  faisaient  au  commencemc^nt  de  Tannée^  et  E 
malia  ,  les  fêtes  des  Saturnales  qui  se  f^iisaient  au  o 
mencement  de  llyver ,  appelé  par  les  Latins  JSrufnç, 

Mathieu  Blastaris  ,  qui  a  aussi  commenté  les  o 
ciles,  dit  qyie  la  fete.des  Calendes  se  faisait  le  preii 
jour  de  janvier,. et  qu'on  se  réjouissait  pa^ce  que 
lune  renouvelait  ce  jour-là,*  et  que  Ton  croyait ,qi 
si  Ton  se  divertissait  bien  dans  ce  commencement  • 
en  passerait  toute  Tannée  plus  gajment  ;  mats  cék  n 
bon  que  powr . .  1^  années  lu^^res  ,  qui  y  à  la  véRÎ 
étaient  anciennement  plus  en  us^e  que.  le  sûbii 
Balsamon  dit  que  c'étaient  les  dix  premiers  jours  du  m 
qu'on  appelait  Calendes ,  pendant  lesquels  duraieat 
réjouissances*  '     .,        > 

Astérius ,  auteur  grec  que   Ton  compte  .parmi 


(  »77  ) 
Pères  5  nous  a  lahsé  un  sermon  contire  la  fêle  des  Ca- 
lendes et  le  paganisme  du  Roi-^oi/  ]  (i). 

Vous  me  direz  peu! -être  que,  quoique  l'usage  des 
complimens  et  des  ëtrenneis  ait  été  inventé  par  les 
puens  ,  ils  ne  le  suivaient  pas  par  principe  de  religion  ; 
itiais  il  est  constant  que  ce  n'est  par  aucun  autre  motif: 
ils  s'ima^naient  quelque  chose  de  divin  dans  les  corn- 
mencemens  ;  ils  le  faisaient  pour  honorer  le  dieu  Janus  ; 
iU  se  souhaitaient ,  les  uns  aux  autres ,  la  santé  et  la 
prospérité  9  parce  qu'ils  pensaient  que  les  dieux  les 
exauceraient  ,à  cause  qu  ils  les  priaient  au  commencement 
de  l'année  ;  ils  faisaient  des  présens  pour  servir  de  bon 
aogure,  et  tout  enfin  se  terminait  à  des  sêntimens  reli- 
gieux que  leur  inspirait  la  sainteté  prétendue  de  ce  jour  : 
témoin  ce  que  dit  au  sujet  de  Tétrenne  un  auteur  de 
l'antiquité  et  qui  professait  le  paganisme  (2)  :  <c  L'étrenne , 
»  dil-il ,  est  un  présent  qu'on  fait  un  jour' de  dévotion 
»  pour  servir  de  bon  augure.  » 

J'avoue  bien  que  nous  ne  le  faisons  plus  par  religion  ^ 


(1]  Autre  addition  faite  par  Spon  à  soo  opuscule  en  l'insérant 
dans  ses  Recherches  curieuses  d*aniiiiuUé,  Nous  nous  sommes  per*' 
mis  an  commcneement  un  léger  changement  de  phrase  pour  amener 
la  transition.  Xt'alinéa  suivant  :  Vous  me  direz  ,  et  le  reste  jusqu'à  la 
fin  de  la  lettre  ,  a  élë  ^  au  contraire  ,  retranche  par  Spon  dans  cca 
méoiies  "Recherches  où  11  n'a  conserve  de  son  premier  travail  qne  ce 
qui  se  rapportait  précisément  à  l'origine  et  à  l'usage  des  ëtrennes 
ahez  les  anciens; 

(a)  £niiis ,  de  Verhor.  signifie»  v.**  Sirena*  -—  Sirenam  vocamû^ 
quœ  dattw  die  religioso  f  ominis  boni  gtatia^  Il  donne  ensuite  de  ca 
mot  use  étymologie  différente  de  celle  qu'on  a  vue  plus  haut  ;  il  ne 
le  (ait  paa  dériver  dn  nom  de  la  déesse  Si  renia  ,  mais  du  mot  latia 
qui  signifie  le  nombre  trois',  nombre  mysérieux  et  sacré  t  À  numéro 
quo  significaiur  aUerum  tertiumque  venturum  similis  commodi  >  ve- 
luti  trenam  ,  prœposila  a  liiiera  ,  ut  in  Ioçq  et  lito  soUhant  antiqui* 

Tome  FIL  12 


(178) 
naia  sailement-  par  c^rëmonîe  et  par  civilité  :  nâin'» 
moins  cela  ne  nous  excuse  pas  ;  et  puisque  cette  cou-* 
tUBie   doit  sa  naissance   à  la  superstition  9   nous    ne 
saurions  qu'en  désapprouver  Tusagfs  y  et  ai  nous  sommes 
mieux  instruits  que  les  premiers  chrétiens  qui  Tont  reçift 
<^ez  eux»  oe  devrions-^nous . pas  aussi  montrer  plus 
d'exactitude  et  de  règle  dans  nos  mœurs  ?  Sommes-nous 
assea;  autorisés  à  pratiquer  une  coutume  ,  parce  que  nos 
pères  l'ont  pratiquée  ;  et  ne  sommes-nous  pas  obligés  de 
nous  informer  s'ils  avaient  droit  de  faire  ce  que,  par 
Ieur$  exemples ,  ils  voudraient  nous  obliger  d'imiter  7 
lies   premiers  chrétiens  faisaient   scrupule  ,   jusque-là 
qu^ib  auraient  plutôt  souffert  le  martyre ,  de  jeter  un 
grain  d'encens  au  feu  »  ou  de  porter  une  couronne  de 
laurier  5  parce  que  les  idoMtres  le  faisaient  :  nous  avoa& 
bien  relâché  de  leur  zèle. 

,  Quel  abus.,  à  le. prendre  même  politiquement ,  de  nos 
visites  et  de  nos  empressemens  dans  ce  jour  (i)  !  Qu'est-» 

(1)  Lace  de  Lanciyal  f  dans   son  poëme    de  TolUculus  ^  définit 
ainsi  le  premier  de  Tan  a 

Le  jour  ou  nos  amis  tiennent  da  Tieaz  Nestor 

Nous  souhaiter  les  ans  et  mille  autres  encor , 

Le  joui*  où  les  filleuls  aiment  tant  leurs  marraines  f 

Jour  de  munificence  ,  où  ,   sous  le  nom  d'étrennes  f 

Le  zèle  intéressé  réclame  ses  tributs  | 

£t  d'une  honnête  aumône  accroît  aea  revenus. 

Un  di^tiqae   latin ,   rapporté  par  Ménage  ,  décrit  fort  bien   le»  . 
Tifites  réciproques  qu'on  se  fait  ce  jour-là  arec  l'espoir  de  na   piM 
êê  rencontrer  ; 

f        m 

Hœc  est  illa  dies  guà  pîehs  t^esana  furensquù 
Se  fugiendo  petit  seque  petendo  fugU. 

Le  Toici  donc  ce  jour  où  le  peuple  à  grand  bruit 
et  cherche  es  se  fîi jmnt  1  en  ae  cherchant  se  f uit« 


tt^  eomittèilce  ^ns  ce  temps^ià  ?  soiitH^è  te^^saisohs  ? 
P(Nnt  du  tout  }  car  ce  n*est  que  l'hiver  qui  continue.  Se 
&h-U  quelque  changement  au  ciel  ^  dans  l'air  où  stir  la 
tae  ?  Le  ciel  fait  son  cours  ordinaire  •  le  soleil  con*^ 
Imue  sa  course  tout  comme  un  autre  jout* ,  et  toutes 
dnses  vont  comme  elles  allaietit  auparavalit.  Les  Ef^p*^ 
tiens  représentaient  l'annëe  par  TemMéme  d'un  Serpent 
qui  moti  sa  queue  i  pour  dire  que  ce  n*est  qu'un  cercle 
de  tonpsqui  rcscommence  oil  il  a  finie 

Est-^  parce   que  les  astrologues  ^  qui  ne  sont  pas 
mèmtxeofd  entre  eux  ^  ont  fixe  le  cominéncement  de 
rannëe  ce  jour^là  ^  et  changé  de  calcul  ou  de  suppu-r 
Mon  ?  est-ce ,  ^is-je  ^  que  v  pour  cela  ^  nous  devons 
naindfe  ït  diangement  du  cœur  de  nos  amis?  Il  ne  se 
passe  akfS  nea  àb  nouveau  dans  leur  C4A\it  ^  non  plus 
que  dans  les  ouTrages  de  la  nature  ;  et  poui"  ceux  qui 
n'ottt  pas  de  Vmciination  pour  nous ,  ou  qui  nous  veulent 
du  mal ,  le  changement  d'année  n*a  pas  le  pouvoir  de 
cfaanger  leur  cœur  et  de  leur  inspirer  de  nouveaux  sen^ 
tiffiens  en  notre  faveur  ,  quoique  ^  par  une  libéralité  de 
complimens  ^  ils  semblent  vouloir  nous  donner  des  gages 
d'une  amitié   sincère.   Mais  que  ces  témoignages  sont 
trompeurs  ,   puisqu'on  en  use  de  même  avec  tout  le 
mondé ,  et  qu'on  leur  dit  en  cette  rencontre  la  même 
chose  à  tous  ,  si  ce  n'est  en  iaè^é  fermes ,  dû  moins  en 
flièBe  8eas  !   Ce  sont  les  pfé$eii9  de  douceur  que  les 
j^ainis  avaient  coutume  d'envoyer  ^  des  figues  et  dn  mid , 
dent  la  douceur  se  change  en  amertume  dans  les  man- 
iais estomacs ,  et  qui  se  corrompent  plus  aisément  que 
faatres  aliméns  plus  grossiers.  On  prostitue  si  souvent 
tes  termes  d'amitié ,  d^ esclavage ,  de  service  ,  d^adoration 
et  de  respects  q^ue,  qfaand  on. -voudrait  .uyrûn«i  une 


(  i8o  ) 
passion  très-violente ,  on  ne  saurait  où  trouver  d*âi 
termes. 

Enfin ,  si  nous  croyons  que  ce  soit  une  chose  n^ 
saire  de  se  voir  de  temps  en  temps  pour  entreU 
Tamitië  et  de  ne  pas  négliger  de  nous  en  donner 
témoignages  dans  les  rencontres ,  n'avons*nous  pas  ai 
d'autres  occasions  de  nous  fréquenter?  Les  mariag 
les  accouchemens. ,  les  maladies  et  la  mort  des  amis  , 
retours  de  voyage  ^  les  changemens  de  logis  et  mi 
autres  conjonctures  que  nous  foimons  nous-mêmes  ^  ne 
en  fournissent  assez  ,  sans  affecter  de  renouveler  ji 
protestations  au  commencement  de  chaque  année* 

Nous  nous  laissons  emporter  à  la  cérémonie  »  et  no 
y  avons  plus  d*attachement  qu'au  solide  ;  et  je  ne  dou 
{MIS  qu'il  ne  soit  Inen  difficile  et  presque  impossible  i 
nous  Élire  perdre  cette  coutume.  Il  faudrait  un  arn 
des  magistrats  pour  l'abolir ,  de  même  que  Temperei: 
Tibère  fut  obligé  d'en  faire  un  ,  pour  corriger  l'abu 
qui  s'y  commettait  (i).  Les  anciens  habitans  de  l'ile  d 
Crète  ,  voulant  donner  une  malédiction  à  quelqu'un 
souhaitaient  que  les  dieux  l'engageassent  dans  queiqii 
mauvaise  coutume  (2)  ,  reconnaissant  la  difficulté  qu'o| 
avait  à  s'en  dégager  ;  et  Platon  reprenant  un  enfant  qîj 
jouait  aux  noix  :  Tu  me  reprends  de  peu  ,  dit  l'enfant 
—  La  coutume  ^  lui  répondit  Platon ,  n'est  pas  peu  dj 
chose  (3).  En  effet ,  les  philosophes  disent  que  la  0014^ 
tume  passe  en  nature  ;  et  de  même  qu'on  ne  sau] 

'         ■    ■  ■  ■  ■■      j     '  il 

:    (»)  Voy.  plus  haut ,  pag.  169.  j 

(3)  Ce  trait  est  aussi  rappelé  dans  les  Essais  de  Montaigne,  1.  l'j 

c.  aa.  Noos  ignorons   quel  est  l'auteur  de  Tanti^itë  ^  nom  l'ij 

yonseffé.  '! 

(3)  Diogèac  dt  l«irle  ;  VUihPkitim.  ^^ 


(  i8i  ) 
une  mdinalion  naturelle  qu'elle  ne  soit  toujours 
prête  à  revenir  j  aussi  n*est-il  pas  facile  de  faire  ce  quo 
dît  un  comique  : 

£st«-oii  accoutamë  ?  qa*ou  se  âësaccoatanieé 

s  Qu'est-ce  qu'on  pensera  de  moi ,  dira  quelqu'un  j 
B  »  îe  n*use  pas  de  cette  civilîtë  avec  mes  parens  ?  ils 
B  croiront  que  fai  quelque  animositë  contre  eux ,  ou  du 
B  moins  îU  s'imagineront  que  je  les  méprise.  Je  ne  yeux 
V  pas  afècler  la  singularité ,  et  il  est  de  toute  nécessité 
9  de  aire  comme  les  autres.»  Faites-en  donc  ce  qu'il 
TOUS  plaira ,  je   ne  prétends  pas  être  l'arbitre  de  vos 
actions  :  je  vouHrsiis  seulement ,  si  j'avais  quelque  droit 
à  les  censurer  ,  qu'on   ne  se  rendit  pas  cette  civilité 
comme  indispensable ,  et  qu'on  n'affectât  pas  tant  de 
suivre    tous    les    procédés  du  vulgaire  ,  qui   n'ont  la 
plupart  aucun  autre  droit  que  celui  qu'ils  peuvent  allé- 
guer ,  que  cela  s'est  fait  de  tout  temps  et  que  la  cou^ 
tome  leur  sert  de  titre. 

Pour  moi  qui  suis  persuadé  qu'il  est  quelquefois  bon 

de  s'écarter  de  la  presse ,  pour  n'en  être  pas  accablé ,  j'ai 

cru  que  je  n'avais  pas  bioins  de  droit  de  découvrir  ma 

pensée  sur  ce  sujet  j  puisque  cela  n'oblige  personne  à 

changer  de  sentiment ,  si  la  vérité  ne  le  lui  persuade , 

OQ  même  si  l'inconuBodité  de  recevoir  et  de  rendre  ces 

viâtes  inutiles  ne  l'engage  à  les  désapprouver.  Il  me 

suBbt  d'avoir  montré  le  peu  d'utilité  que  ta  société  civile 

des  hommes  peut  retirer  de  ces  protestations  qui  ne  se 

fcnt  que   par  forme,  la  superstition  sur  laquelle  elles 

sent  appuyées  j  aussi-bien  que  les  étrennes  ;  et  ce  mot 

«al  de  superstition  nous  en  doit  détourner  y  puisqu'il 

fit  honnête  d'en  abolir  même  les  ombres  les  plus  légères, 

dd'm  eS^cer  jusqu'aux  moindres  traits. 


(  i82  ) 
'  Gilsar  ne  voulait  pas  seulement  que  sa  femme  hé  fût 

pas  criminelle ,  mais  il  voulait  aussi  qu*elle  fût  exempte 

de  soupçon  (0:de  même  ,  s'il  est  permis  de' compare* 

les  choses  saintes  aux  profanes ,  l*ëgUse  qui  est  Tëpousé 

de  J.  C. ,  a  intérêt  d'être  non-seulement  sans  crime  » 

mais  en  doit  éviter  les  moindres  soupçons  (2), 

Voilà  ,  Monsieur  ,  ce  qu'un  jour  ou  deux  de  chambre  » 

qu'il  m'a  fallu  tenir  pour  quelque  indisposition  ,  m^ont 

donné  de  '  loisir  nour  vous  entretenir.  J'ai  suivi  en  ce 

sujet  le  dessein  d'un  docteur  de  Paris ,  qui  a  fait  ces 

années  passées , .  un  traité  du  Paganisme  du  Roi'-boit,  ou 

des  rois  de  la  fève  (3)  :  je  ne  sais  pas  la  manière  dont  il 

(i)  Suctone,  in  JuL  C€ts*  o.  74  »  ^  PluUrque  ,  Vie  de  Cicéfon^ 
(a)  «  M.  Spon  déclame  fort  aërieuBemeut  contre  la  coatumc  de 
donner  des  ëtrennet,  contime  contre  ane  cërcmonie  païenne,  fâpéniua 
cite  dea  passages  de  St.  Augustin  et  de  St.  Chrysost^e  y  et  d'um 
concile  d'Auxcrre ,  tenu  l'an  588  >  o&  Ton  donne  aux  étrennes 
(  accompagnées  de  sacrifices }  l'ëpithète  fâcheuse  de  diahoUpies^ 
Cependant  la  conclusion  du  docte  Allemand  n'est  pas  si  séfére  que 
6olle  de  M.  Spon,....  Les  ëtrennes  ,  jcuntes  à  des  sacrifiées ,  ëtaienl 
<?éritaldemeiit  dichoUqu*â.  Pour  les  ëtrespes  dégagées  de  toute  sa>« 
peçstifcion  «  quel  m^l  de  les  conserver  ?  Bientôt  les  hérétiques ,.  en- 
nemis des  cérémonies  ^  et  certains  catholiques  bizarrement  serupu-. 
Icux  ,  défendront  qu'on  dise  bopjour  et  bonsoir  ,  parce  que  lea 
.païens  en  usaient  ainsi.  Ils  yerront  dans  cette  manière  de  parlei^ 
quelque  rapport  À  la  superstition  des  jours  heureux  et  n^lheureux....  ^. 
]je  P,  Tournemioe^ 

(3)  Ce  docteur  se  nommait  Jean  Deslyons.  Il  était  né  à  Pontoise 
en  161 5  et  mourut  à  Senlis  le  a6  mars  1700.  La  première  édition  de 
fiott  UTre  étalt'intilttlëiB  :  IHseours  ecclésiasiiques  contre  le  paganisme 
^des  Boys  de  la  fère  ft  du  Rny-^it  ,  pratiqué  par  les  chrcsiienê 
charnels  ^  etc.  Paris  ,  Despez ,  1664 1  in-ia.  La  a«  portait  le  titre  de 
Traitez  sihguUers  et  nouveaux  contre  le  Paganisme  du  Roy-ioiff  etc. 
Paria  ,  Teiiye  C.  Sayreux ,  1670  ,  in-12.  Nicolas  Barthélémy  ,  avocat 
4^  $9iil4B  j,  réfiitfi  ce^  otff rage  di^ns  soq  ^po(ogie  du  banquet  safiC" 


r     . 

I  (  i83  ) 

iy  prend ,  ne  l'ayant  pas  encore  vu  ;  mais  il  me  suffit 
fie  tout  ce  que  )'ai  avance  soit  soumis  à  votre  juge- 
Mot  y  VOUS  priant  de  croire  que  ,  comme  je  vous  con- 
nais iiès-ëclaîrë  dans  Thistoire  et  dans  les  matières  d'an- 
truite  ,  je  ferai  gloire  de  recevoir  vos  pensées  pour 
règle  des  miennes  ,  et  vous  témoignerai,  non*seulement 
isDS  cette  rencontre ,  mais  aussi  dans  toutes  celles  que 
tous  ne  présenterez ,  que  je  suis  avec  profond  respect  j 

Honsieiir^  Votre  très-humble 

et  très-obéissant  serviteur^ 

J.  SpoN,  D.  M. 


STATISTIQUE  -  fflSTOIRE. 


POUDRIÈRE  t>E  LYOK. 

V 

La  translation  prochaine  du  magasin  i  poudre,  du 
qaai  de  Ste.  Marie-des-Chaines  au  fort  S.  Jean  (i) ,  peut 
doQoer  quelque  intérêt .  aux  redierches  suivantes  sur 
l'origine  de  ce  monument  qui ,  dqpnis  l'^oque  de  sa  cons^ 
truction  jusqu'à  nos  jours ,  n*a  ces^  d'exciter  les  plus 


%^^  la  peau  des  Bois.  Paris  ,  iG65  ,  i68/| ,  in-i9,  t'ehbé  Ballet 
a  pUié  de  curieuses  repherch^  d'ëradition  lur  le  diéme  sujet.  Sôa 
opwale  ^éant  dereim  extrêmement  rare ,  M.  C.  N.  Amanton,,  notre 
ttiant  confrère  à  Tacadëmie  de  Dijon ,  le  fit  réimprimer  dans  le 
Magaài  encyclopédique  (  décembre  181.0),  aVec  des  notes.  Depuis , 
îll'aiafl^rë  dans  V Annuaire  du  département  de  la  Côte  d^Or  poàt 
^m  1827 ,  pag»  loS'iSa ,  aTec  de  nouToUes  additions*  H  en  a  été 
bré  «pelqoea  exemplaires  à  part»  j 

(i)  Yoj,  plus  haot ,  pag.  iSq*  . 


(  t84.  r 

fortes  r&:lainaliûas  des  ^propriétaires  et  à^s  hakUans^  é» 
quartiers  voisins.        .  * 

,  L'explosion  du  magasin  à  poudre  de  CfaasftWry  ,  qui 
eut  lieu  dans  le  mois  de  juin  1773,  réveilla  à  Lyon  , 
d'une  manière  extrêmement  vive  ,  les  justes  alarmes 
qu'on  éprouvait  depuis  long-temps  à  ce  sujet»   . 

De  nouvelles  pétitions  furent  adressées  à  cette  époque 
à  M.  Bertin ,  ministre  et  secrétaire  d'état,  par  le  consulat 
et  par  les  citoyens  les  plus  notables  ,  pour  q.u  oof  éloi-- 
gnât  de  la  ville  le  magasin  à  poudre.     * 

Les  principaux  motifs  allégués  dans  une  pétition  du 
xnois  d'août  177? ,  méritent  d*étre  rapportés  ;  il  y  est 
dit: 

«  Que ,  quoique  la  ville  .de  Lyon  ait  vu  reculer  de— 

»  vaut  elle  les  frontières  du  royaume  par  Facquisition 

»  du  pays  de  Bresse ,  les  rois  Henri  IV  et  Lcmts  XDl 

y>  n'avaient  osé  placer  dans  une  enceinte  aussi  populeuse 

3)  un  tel  sujet  de  destruction  ;  que  cet  informe  projet  » 

»  imaginé  par  M.  le  docteur  Lepelletier ,  directeur  des 

»  fortifications ,  secondé  par  M.  d'Herbigny,  intendant 

»  de  Lyon ,  et  exécuté  par  MM.  de  la  Boîssîère  et  dé 

»  St-Félix  ,  ingénieurs  ,   malgré  ïes  remontrances  qui 

»  leur  furent  faites ,  fut  poussé  avec  une  telle  activité  , 

»  que  ce  bâtiment,  entrepris  en  1699  9  ^^^9  ^^  '7^^» 

»  prêt  à  recevoir  les  poudres  du  roi  ;  que  malheureuse- 

y>  ment  il  ne  se  trouvait  pas,  pour  le  moment,  d'in-- 

»  génieur  attaché  à  Lyon  ;  que  M.  Mathias  ,  ingénieur 

»  à  Moulins  ,  qui ,  par  intérim  ,  en  remplissait  ici  l'em^ 

»  plœ ,  de  peur  de  se*  compromettre  et  de  s'aliéner  ou 

»  l'aiFection  de  ses  chefs  ,  ou  la  bienveillance  des  lyoïi'- 

»  nais ,  avait  refusé  d'émettre  son  avis  ; 


(  185  ) 
^.-Quepeti  d'amnées  après  l'elaklissment  de .  ce  maga- 
^  sin  ^  les  Tédamations  qui  soulevèrent ,  furent  jugëes  si 

>  bien  fondées  ,  que  M«  le  maréchal  de  Vauban ,  passant 
s  à  Lyon  ,  et  examinant  la  position  qu'occupait  ce  vaste 

>  èéfàl^  s*é<:na  d*un  ton  d*einportement  qui  ne  lui  était 
»  pas  ordinaire  ^  qu'on  aurait  dû  infliger  une  peine  ca- 
»  pilale  à  celui  qui  avait  conçu  un  pareil  projet  ; 

«  Que  les  r^ultats  immanquables  de  l'explosion  de 
*  0&.  magasîoa  à  poudre ,  iraient  le  renversement  d'une 

>  fortie  des    maisons  de  la  ville   et   l'encombrement 
»  lotal  do  lit  de  la  Saône ,  etc. ,  etc. ,  etc.  » 

Quelqoes  années  après  l'envoi  de  cette  demande ,  qui 
fut  sans  effet ,  il  en  parvint  une  autre  au  pied  du  trône , 
par  laquelle  les  RR.  PP.  Chartreux  consentaient  à  bâtir  à 
leai>  frais,,  un  magasin  à  poudre  dans  le  local  qui  leur 
seiaît  assigné ,  moyennant  la  cession  du  terrain  de  celui 
qm  exÂsIe  ;  et  c'est  à  cette  époque  qu'on  se  détermina 
pour  la  première  fois  à  ^piander  au  roi  i.^lâ  suppres- 
sion totale  d'ua  grand  entrepôt  de  poudre  à  Lyon  ;  2®  la 
▼eole  de  Ja  fonderie  de  canons  de  Vaise,  dont  le  produit 
devait  être  employé  à  commencer  à  construire  sur 
Remplacement  du  vieux,  arsenal ,  des  magasins  d'armes 
de  guerre  pour  l'approvisionnement  des  villes  méridio- 
odes  de  la  France  (i). 

Yja  1785  ,  BL  de  Vergennes,  frappé  de  la  continuité 
et  de  la  force  des  réclamations  qui  s  élevaient  contre 
Texislence  du  magasin  à  poudre  ,  soumit  à  M.  Tolozan , 


(t)  On  ne  Toit  pliw  aujourd'hui  que  les  restei  de  ce  bel  araenal , 
fictat  A  pane  termine,  lor^cpi'en  1795,  à  V^poqne  du  bomKar- 
émmt  de  la  ville  ,  il  ^t  détruit  par  I^ayfaaiwi  de  quelque*  Imrilfi 
drfoodre  qui  j  «fiaient  diFp06ë«. 


(  i86  ) 
prëvôt  des  Aiarcfaands ,  Texamen  d'un  mëmmre  relatif 
à  la  translation  tï  à  un  nouveau  mode  de  conslructio» 
de  ce  dépôt. 

Ce  mémoire  follement  conçu ,  à  ce  qu'il  parait ,  f»t 
vigoureusement  critiqué  par  M.  de  Montrozard ,  lieule- 
nanl-oJonel  d'artillerie ,  qui  en  fit  ressortir  Tabsurditë 
et  montra  Ténormité  des  frais  qu'il  occasionerait. 

Le  projet  fut  ajourné* 

M.  de  Vergenncs  mourut  eit  1787 ,  et  alors  tous  les 
intérêts  de  localité  disparurent  devant  les  grands  inlë- 
rets  politiques  qu'allait  oiFrir  l'ouverture  de  l'assemblé» 
des  notables.  M.  D.  V- 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

(  XXVra.»  ARTICLE  ). 


NOTICE  SUR  jmjEirifE  MORELL. 

J'ai  parlé ,  dans  un  article  sur  les  Lyonnaises  dignes 
de  mémoire  (  Archives  du  Rhône .  t.  V ,  p.  353  ) ,  d'une 
jeune  fille  qui  fut  un  petit  prodige  d'érudition,  et  qui,  bien 
qu'elle  ne  fût  peut-être  pas  née  à  Lyon  ,  appartenait  k 
cette  ville  par  le  séjour  qu'elle  y  avait  fait  et  par  une 
circonstance  singulière  :  c'est  qu'à  peine  sortie  de  l'en  - 
fance ,  elle^  y  avait  soutenu  publiquement  des  thèses 
de  philosophie.  Elle  s'appelait  Julienne ,  portait  le  sur-- 
nom  d^spagnole ,  et  logeait  près  du  monastère  de  Si. 
François,  Je  ne  la  connaissais  que  par  un  passage  de 
Golnitz ,  où  j'avais  puisé  ce  peu  de  notions.  Dans  une 
des  séances  de  l'académie  de  Lyon,  du  mois  de  dé- 


(  187  ) 
i8:&7  9  ^-  Artaud ,  un  des  memJbres  de  cette 
caapaigiue  et  directeur  de  .noire  musëe^  a.  communiqué 
à  s»  confrères  un  mémoire  extrait  des  manuscrits  du 
âscleur  Calvet  C^)  9  'tom.  VI ,  fol.  i35  ,  conteqant  une 
Uogmipiiie  iatéiessante  et  bien  plus  détaillée,  de  cette 
jcrae  savante  et  dont  v(Hci  rabi:égé  ou  plutôt  Ja  copie 
pRsi{ue  oitière  et  presque  littorale. 

«  Inlîana  Morell  naquit  à  Barcelone ,  le  16  février 
)S94  :  son  père  était  ua  riche  négociant  de  cette  ville  ; 
de  Cul  élevée  avec  soin ^  et  dès  Page  de.douse.  ans, 
\dle  savait  parler  ^x  langues  différentes.  Une  a£iire 
malfaenreose  obligea  son  père  de  s'expatrier  :  il  vint  en 
Fraoïoa  et  s*élablit  à  Lyon  avec  sa  fille.  Ce  fiit  là  que 
Julienne  soutînt ,  en  1606,  avec  un  applaudissement 
nnîveTsel  des  .thèses  de  logique ,  de  physique  et  de  mo^ 
rate  :  elle  n'avait  pas  alors  tout-à-^fait  treize  ans.  Cette 
fille  exIxaordVnaôre  joignait  les  agrémeiis  de  la  figure  à 


(m)  On  sait  qjoa  U  docteur  CSaWet ,  «ntiqoaire  et  numismate ,  as80-> 

€ié  de  l'acadéiBie  de  Lyon  ,   et  dont   noas   avons   insère  dans  ce 

memtU  ,  Imb.  IV  ,  pag4  4^49^  t   àe^x  lettres  adressées  à  M.  de  la 

Tosrretle  «sr  la  jambe  de  cheyal  de  bronze  trouvée  dans  la  Saône 

€■  1766,  a  institaé  la  ville  d'Avignon  son  héritière  universelle  ,  et 

lu  a  légué  la  belle  collection  de  Inédailles  et  d'antiquités  qu'il  avait 

laMcalUlée  ,  à  grands  frais  ,  pendant  de  longues  années,  La  célébrité 

^"3  a'csC  ^qniae  ^r  cette  libéralité ,  par  son  aaroir  et  par  quel- 

^itts  Bcmoires  d'ai^cbéologie  j  qu'il  a  publiés  ,   semblait  devoir  lai 

assuivr  ane  place  dans  la  Biographie  universelle  où  cependant  il  ne 

%aDe  point.  La  Biùgriïphie  nouvelle  des  contemporains  lui  a  coi»« 

iKné  ipiel^oea  lignes  s  aaa^on  n'y  trouve  ni  la  date  da  sa  naissance, 

fi  ceiie  de  son   teatament ,  ni  celle  de  sa  mort ,  ni  l'indication 

^mcaa  de  aes  oovrages.  ÏX  serait ,  Je  crois  ,   facile  de  se   procurer 

ht  lenseiguemena  néceaiaires  pour  réparer  cet  injuste  oubli  de  la 

iRBéie  des  deux  Jbiograpbies  -que  je  viens  de  citer  ,  et  pour  CQOpt 

flàa  h  très^oprte  notice  qui  «e  trouve  d«^ns  la  seconde. 


<  i88) 
un  gënie  profond  ;  elle  fut  célèbre  totit-3i**Ia*fois  par 
«avoir  et  par  ses  grâces.  Ces  qualités  si  éminentes  che2 
elle  et  si  rarement  rëuiiies,  pêmeà  un  degré  bien  in- 
férieur, furent  la  source  de  ses  malheurs.  Elle  excita 
de  violentes  passions  ,  et  fut  enlevée  dans  un  âge  encore 
tendre  ,  par  un  nommé  La  Cossaigne ,  de  Nimes.  On 
ignoré  si  èe  fut  de  gré  ou  de  force  ;  mais  il  est  certain 
que  son  innocence  Tempécha  d*apercevoir  les  suite»  é*un 
pareil  écart.  Revenue ,  peu  de  temps  après ,  ches  son 
père,  elle  éprouva  de  sa  part  toute  sorte  de  mauvais 
traitemens  qui  furent  poussés  jusqu'à  Texoès.  Malgré 
ces  rigueurs  et  les  obstacles  qui  en  résultèrent,  Julienne 
fit  les  plus  grands  progrès  dans  l'étude  de  la  métaphy-^ 
sique  et  de  la  jurisprudence  :  son  père  eut  alors  le  projet 
de  la  faire  recevoir  doctoresse  es  lois  ;  il  crut  qu'il 
viendrait  plus  aisément  à  bout  de  son  dessein  à  Avignon 
que  partout  ailleurs.  Julienne  y  fut  amenée  et  y  donna 
des  marques  éclatantes  de  son  savoir ,  mais  elle  jicl  pjut 
parvenir  à  calmer  la  sévérité  de  son  père.  Ce  fut.  pour 
se  mettre  à  r.abri  de  son  inhumanité  ,  ou  peut-être  pap 
un  principe  de  dévotion ,  qu'elle  se  jeta  dans  le  cou- 
vent des  religieuses  de  Sainte-Praxède.  Elle  y  composa 
deux  ouvrages  de  piété  (i) ,  et  se  fît  admirer  par  Tat* 
tention  scTupuleuse  qu'elle  apporta  à  l'accomplissement 
de  ses  devoirs.  Elle  mourut  le  26  juin  i653  ,  âgée  de 
59  ans',  4  mois  et  10  jours.  Elle  fut  à  juste  titre  re- 
gardée comme  un  prodige  par  le&  personnes  de  soa 
ordre  ,  et  sa  mémoire  leur  était  en  grande  vénération.  1^ 
A  la  suite  de  cette  notice ,  le  docteur  Calvet  a  trans- 


(1)  Le  doctear  CaWet  ne  nous  indique  pas  les   titres  de  ces  ou* 
▼rages  ,  et  nous  laisse  ignorer  entièrement  s*iU  ont  ^t^  imprimé!». 


\ 


(  i89  ) 

à  ose  lettre  espagnole  dont  il  possédait  l'original ,  et 
fKlolîeime  avait  adressée  de  Lyon  à  Barcelone  ,  le  17 
M  tGo8  ,  au  duc  de  Moatëléon  ,  commandant-gënéral 
s  Catalogne.  Julienne  n'avait  pas  encore  quinze  ans 
«QHiplis,  lorsqu'elle  traça  cette  lettre  dont  les  caractères  . 
ÂMcat  si  paraTatts  qu'on  pouvait  douter  s*ils  étaient  im- 
innés  ou  manuscrits.  Elle  y  conjure  le  duc  d'intercéder 
ftar  elle  auprès  de  son  père ,  et  y  parle  du  dessein 
fTcflé  a  de  se  faire  religieuse.  Ce  qu'il  y  a  de  remar- 
fiAA^ ,  c'est  qu'à  la  fin  de  l'épltre  ,  elle  a  ajouté  trois 
fignes  en  hébreu  tirées  du  livre  des  ProverW:  la  pre- 
■ùère  est  du  cBapitre  20  ,  v.  6  (i>  ;  la  seconde ,  du 
■lêfK  chap. ,  V.  28  (2)  ,  et  la  troisième ,  du  chap.  sui- 
lânt,  V.  21  (3).  Au-dessous  sont  trois  sentences  grec- 
imes.  Tous  ces  passages  sont  choisis  dans  la  vue  d'exciter 
a' h  conurnsération  et  de  prouver  la  nécessité  de  par- 
doiiner. 

Enfin ,  pour  compléter  et  enrichir  la  copie  faite  par 
K.  Artaud  du  mémoire  du  docteur  Calvet ,  M.  Revoil  a 
lessiné  sur  le  frontispice  un  portrait  de  Julienne ,  en 
œstmne  de  religieuse.  L'original  ou  une  première  copie 
it  ce  portrait  se  trouve  sans  doute  aussi  dans  le  manus^ 
A  du  savant  Avignonnais.  / 


(s)  MM  hommes  miséricordes  vocaniur  :  vfrum  duUm  fideUm 
^smHmet  t 

\%)  Maetkerâia  et  ¥erUms  autoditmt  rtgem  t  ^  roloralur  de- 
euiAa  ihnmms  ejus. 

^  Qui  stquHur  fusiUîam-  et  misericordiam  ,  inveniet  vUarn  f  jus" 
ttw  d  gforiamm 


(  îgo  ) 
INDUSTRIE. 


MAmrf  AGTURBS  DE  SOIBEtîSS. 

M.  de  Moléon  a  insërë  dans  les  Annales  de  t Industrie 
manujaciurière  ,  agricole  et  commercial  9  tom.  I ,  pa^^ 
74^97 1  191-206  et  298-308^  un  Mémoire  présenié  à 
MM.  les  Fabricans  d'étoffes  de  soie  ^  sur  tétai  âcluei 
des  manufactures  de  soierie  en  France  ^  et  les  moyens 
d^en  prévenir  la  décadence ,  en  indiquant  les  vices  actuels 
de  ce*  commerce  ^  les  fraudes  qui  se  commettent  dans  les 
opérations  que  subit  la  soie, pour  être  confectionnée  en 
tissus ,  et  les  mesures  à  prendre  pour  les  prévenir  et  les 
réprimer  i  par  J.  Aé  F.  0***  (Ozanam),  ancien  pro^ 
fesseur  de  chimie.  On  y  oit  par  le  titre  de  ce  mémoire 
combien  le  sujet  en  est  intéressant  pour  le  commerce  de 
Lyon.  Nous  craindrions  d'aifaiblir  \t:^  idées  de  Tauteur 
en  les  analysant.  Nous  nous  contenterons  .d'avoir  indiqué 
le  recueil  ou  elles  ont.  été  insérées  et  où  nos  lecteurd 

r 

pourront  les  trouver.  Nous  en  exlrairoQs  néanmoins  le 
passage  suivant  s 

a  Voulez-vous  avoir  des  preuves  malheureusefnettt 
trop  réelles  des  progrès  que  TAngleterre  a  faits  sur  notre 
industrie  T  Lés  voici  :  en  1810 ,  t'i  et  i^  ,  elle  it*avait 
que  20,000  métiers  pour  les  étoffes  de  soie  5  et  nVmplo- 
yait  que  pour  11  à  12  millions  de  cette  matière.  En 
1824,  elle  comptait  près  de  70,000  métiers,  dont  Un 
cinquième  était  mû  par  des  machines  à  vapeur^  Elle  a  tiré 
cette  année  pour  S6  millions  de  soie  grège  de  l'Inde  et 


k  k  CUne ,  et  pour  Si  millions  de  soie  ouvrée  dltatie* 

Xatà ,  87  millions. 

U  France  produit  pour  25  millions  de  soie ,  y  compris 

famaison.  Elle  en  a  reçu  en  1824  pour  3o  millions  de 

tètiiiiger  9  dont  les  deux  tiers  et  plus  en  soie  ouvrée* 

T^tal ,  55  millions  ;  oe  qui  fait  près  d'un  tiers  de  moins 

fsen  Ang\eterre«  Nous  payons  2  fr.  40  cent,  pour  celle» 

grèges  élian^res  ;  ce  qui  fait  environ  4  1/2  pour  zoo 

èfear  vakur  moyenne.  Les  Anglais  tirent  le  plusqu*il» 

Y&Mûi  de  soies  grèges  de  l'étranger  ;  et  toutes  celles  de 

llude,  de  la  Chine  et  du  midi  de  lltalie  sont  dans  cet 

âat  :  dis  lors  ils  bénéficient  les  frais  de  l'ouvraison  qui 

sopèfie  ea  Angleteri*e  ,  et  ils  ne  paient  aucun  droit 

Centrée  sur  ces  qualités.  Les  belles  machines  de  M.  W« 

Sbenioade  Winchester ,  pour  le  montage  des  soies,  ont 

porté  ce  travail  à  un  degré  de  perfection  auquel  nous 

ne  sommes  fas  encore  parvenus  en  France^  Quant  auit 

soies  OQTTëes ,  qui  paient  environ  7  sdiellings  d'entrée  ^ 

le  gouYi^meioeot   anglais   accorde  pour  dravirback  ou 

pnoie  y  le  remboursement  des  droits  d'exportati<Hi  et  de 

toslt  perçus  par  les  pays  d'où  sont  tirées  ces  soies ,  et 

pr  où  elles  passent  Ainsi  ^  nos  rivaux  ont  à  cet  égard 

mi  avantage  asse£  important  sur  nous. 

En  1786  ,  on  comptait  i5,ooo  métiers  de  soierie 
te  la  ville  de  Lyon  et  ses  faubourgs.  En  1789  ^  ils 
AMI  réduits  à  7^Soo.  En  1800,  il  ny  en  avait  plus 
1B^3peo;  mais  de  1801  à  1812,  ils  s'élevèrent  4 
i%7^-  ictueUement  le  département  du  Rhône  en  pos- 
^  3oyûoo ,  dont  2o,oco  i  Lyon  ,  5,ooo  dans  les  iau-^ 
^gs,  et  le  sur^ùs  dans  les  villages,  de  la  banlieue. 
bil*£tienne,  Saint-Chamond  ^  Nimesi  Avignon  et 
loup  n  ont  pa»  plus  de  2&,ooo  métiers*  Ainsi  ^  nous 


Sommes  inrériéûTS  de  beaucoup  aux  Anglais  sur  ce  point. 
Berlin  a  8,000  mëtiers  ;  Vienne  en  Autriche  ,  8,ooo. 
Nous  ne  parlons  pas  des  fabriques  de  Moscou ,  Milan  ^ 
Gènes ,  Naples  ^  Talaveyrà  en  Espagne ,  Fribourg  9 
Utrecht ,  CreVelt  ^  non  plus  que  de  celles  de  Boulaq  y 
près  du  Grand-Caire  en  Egypte  ^  montres  à  la  française 
et  dirigée^  par  des  Savoyards  élevés  à  Lyon. 

Il  devrait  exister  des  règlemens  qui  défendissent  sous 
des  peines  graves  de  former  des  élèves  étrangers  dans 
Aos  fabriques  ^  comme  cela  se  pratique  chez  nos  voisins  ; 
et  les  écoles  de  dessin  et  de  commerce  établies  à  Lyon  j 
dans  lesquelles  on  enseigne  la  mise  en  carte  aux  étran- 
gers comme  aux  nationaux  ^  sont  très-impolitiques  à 
cet  égard. 

On  voit  donc  que,  si  une  partie  de  l'industrie  lyon- 
naise a  été  exportée  dans  plusieurs  autres  villes  de 
France  et  même  dans  l'étranger ,  elle  peut  être  menacée 
d'une  décadence  prochaine ,  par  suite  de  cette  redou- 
table concurrence.  La  ville  de  Tours  ,  qui  fut  le  berceau 
de  cette  industrie ,  et  dont  Isr  fabrique ,  éminemment 
protégée  par  nos  rois ,  fut  si  florissante  dans  le  dernier 
siècle  9  est  encore  une  preuve  du  sort  que  nous  avons 
à  craindre. 

Quelles  sont  les  causes  qui  portent  l'atteinte  la  plus 
funeste  aux  fabriques  d'étoffes  de  soie  en  France  ,  dans 
leurs  rapports  avec  J' étranger  ?  Nous  allons  les  signaler» 
.  Ces  causes  sont  les  vices  de  nos  filatures ,  les  apprêts 
frauduleux  que  des  iileurs  et  des  mduliniers  donnent  aux 
soies  pour  en  augmenter  le  poids  ,  le  décreusage  routi-- 
nier  et  informe ,  les  teintures  fausses  ,  Tassouplissage  et 
les  déchets  énormes  que  le  fabricant  éprouve  sur  les 
tQies  dans  lés  diverses  opérations  qu  elles  subissent;  dé:- 


(  '93  ) 
drisquî ,  Cttaugmœtant  le  prix  de  la  matière  première» 
d  en  altérant  la  qualité ,  mettent  le  commerce  hors  d  état 
de  soBlenir  la  concurrence  avec  les  autres  peuples  voisins. 
Expliquons  plus  en  détail  chacune  de  ces  causes,  etc.  » 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

(  XXIX.®  Article  ). 

lOnCB  SDK  J.-B.-J.  BOSCARY  DE  VILLEPLAINE  (l).  ' 

Je^Baptiste-Josqih  Boscary  de  Villeplaine  ^  mort 
à  Paris  le  28  décembre  1 827 ,  était  né  à  Lyon  le  1 2  juin 
17S7  ,  dans  la  paroisse  de  Sainte-Croix ,  d'une  famille 
IwfflMaUement  connue  dans  le  barreau  de  cette,  ville  (2). 

AVâge  de  19  à  ao  ans,  et  n'ayant  pas  encore  d'état, 
le  jeune  Boscary  se  disposait  à  partir  pour  les  Indes , 
afin  d'y  tenter  la  fortune ,  lorsqu'un  frère  aîné  ,  b?in-r 

II)  Voas  Mmmes  redevable  d'une  bonne  partie  de^fl 
aalâriaax  <fe  cette  notice  à  robllgeance  de  M.  Daigaeperse, 
{Rffier  en  chef  du  tribunal  de  commerce  à  Lyon  ,  qui 
WA  a  coramuniqué  sur  feu  M,  Boscary  de  Villeplaine  ,  ' 
Ht  onde  maternel  ,  des  notes  pleines  d'intérêt,  et  que 
vnstt'aTons  employées  dans  notre  travail  qu'avec  de  très- 
%h  ehangemens. 

(s)  La  famille  Boscary  est  originaire  de  Severac  en 
IwerjHe.  Le  père  de  M.  Boscary  de  Villeplaine  vint  s'éta- 
wà  LyoB,il  y  a  près  d'un  siècle,  et  s'acquit  dans  le  bar- 
'OiQDe  grande  réputation  de  capacité  et  de  désintéres* 
««HkL  Son  fils  aîné ,  Pierre-François  Boscary ,  mort  en 
'^ttée  1809,  succédai  son  père  ^  il  soutint  et  accrut  en-* 
^^  cet  bonorable  bérltage  ^  et  se  distingua  surtout  par  son' 
^  conciliant. 

Tme  FIL  lî 


(  194  ) 
quier  à  Paris ,  le  dAourna  de  ce  projet ,  le  fit  venir 
auprès  de  lui ,  et  s'empressa  de  l'associer  à  ses  travaux. 
L'intelligence  et  l'activité  des  deux  frères  conduisirent 
toutes  leurs  entreprises  à  un  trè$*haut  point  de  pros* 
përité.  L'union  Ja  plus  parfaite  ne  cessa  d'exister  entre 
eux  9  et  la  probité  sévère  dont  ils  firent  constamment 
preuve  l'un  et  l'autre ,  leur  mérita  la  confiance  de  tout 
le  commerce. 

Dès  l'année  1787  ,  M.  Boscary  faisait  déjà  partie 
de  la  iX)mpagnie  des  agens  de  change ,  et  se  trouvait 
possesseur  d'une  fortune  brillante.  En  1789 ,  à  l'époque 
de  l'organisation  de  la  garde  nationale  parisienne ,  il  fut 
fait  officier  dans  le  bataillon  de  la  section  des  Filles  Si. 
Thomas  ,  et  la  considération  dont  il  jouissait ,  autant 
que  son  mérite  bien  connu  ,  le  firent  bientôt  porter  au 
commandement,  de  ce  bataillon  célèbre ,  dont  la  cou- 
rageuse fidélité  ne  se  démentit  jamais.  Ce  fut  dans  ce 
poste  qu'il  eut  le  bonheur  de  donner  à  la  monarchie  des 
preuves  nombreuses  d'un  dévouement  qui  n'était  pas 
alors  sans  péril  j  mais  ce  dévouement  parut  surtout 
avec  le  plus  grand  éclat  dans  les  funestes  journées  du  :èo 
Juin  et  du  10  août  1792. 

La  France  n'a  pas  oublié  que  dans  la  journée  du 
20  juin  ,  environ  huit  mille  individus ,  venus  des  diffé- 
rens  faubourgs  de  la  capitale  (i) ,  se  présentèrent  le  matin 


(i)  Cet  elSroyable  attroupement  se  forma'  sous  l'odieux 
prétexte  que  Louis  XVI  arait  refusé  sa  sanction ,  peu  de 
temps  auparavant  y  à  certain  décret  de  déportation  rendu 
contre  les  eçclc'siasiiques  non  sermtntës  9  sur  la  proposition 
des  députés  Vergniaux ,  Gensonné  9  Gaadet,  Henri  Larîvière 
et  autres.  A  ce  décret  en  avait  succédé  un  second ,  relatif 


(  195  ) 

aux  gaichets  du  Carrousel  ;  ils  étaient  partagés  en  deux 

bodes ,  composëes  de  femmes  ,  d^enfans  et  d'hommes 
nÀ  de  piques  et  de  bâtons  fermés  :  à  la  tête  de  Tune  de 
06  bandes  figurait  le  fameux  Santerre^  brasseur  de  bière 
u  Ënibourg  St.  Antoine  i  on  jeune  clerc  de  palais , 
foomé  Haguenin  ^  dirigeait  l'autre.  Parvenue  à  la  grille 
jes  Toileries  ,  cette  cohue  de  bandits  se  précipite  dans 
b  oonr  du  château  9  et  va  droit  aux  appartemens* 
Lottîs  XYI  iait  aussitôt  éloigner  la  reine  et  ses  enfans  ^ 
et  U  se  présente  avec  le  plus  grand  calme  à  ce  ic^mas  de 
brigaflib:  leuFS  piques  sont  tournées  contre  le  prince; 


àh/orjiMUÂMi  iFun  camp  de  vingt  mille  hommes  sous  les 
murs  de  Fans,  Cette  force  devait  être  composée  de  gardes 
vtioiiales  fédérées  des  divers  départemens  ,  et  parti culîè- 
itmeot  de  ceax  da  midi  de  la  France  9  où  la  révolution 
éUilphofôl  vue  fièvre  ardente  qu^un  effet  de  la  raison.  Le 
roi  avait  pareiUemeot  refusé  de  le  sanctionner  9  et  la  garde 
parisieniie ,  qui  ne  doutait  pas  que  les  vingt 
hommes  ne  fassent  destinés  à  agir  bien  plus  contre 
le  momsrijoe  et  la  constitution  que  contre  les  soldats  de 
Pintriclie ,  à  laquelle  on  venait  de  déclarer  la  gnerre  , 
mit  demandé  à  l'assemblée  qu'il  fût  rapport'^. 

Le  premier  de  ces  décrets  9  témoignage  étemel  de  Fin- 
ioUnnce  dn  parti  grondin  ^  portait  que  lorsque  vingt 
citoTCBs  actifs  d'un  canton  se  réuniraient  pour  demander 
fuVa  tcdéstastii/ne  non  sermenté  qnittât  le  royaume  ,  le 
^qpvtonieiit  serait  tenu  d'ordonner  sa  déportation ,  si  Tavis 
^  dtftrict  était  conforme  à  celui  detf  vingt  citoyens  :  danâ 
k  cas  oà  le  district  énoncerait  un  avis  contraire  ,  le  dé'- 
Ftement  ferait  yérifier  par  des  commissaires  ,  si  la  pré- 
*^  de  recclésiaastiqoe  était  nuisible  à  la  tranquillité  pa- 
^>e ,  et  dans  ce  cas ,  la  déportation  serait  également 
«Joonée. 


(  «96  ) 
«lais    le   courage   de    quelques   fidèles    serviteurs  ou 

sujets  du  roi ,  préserve  les  joujrs  de  Sa  Majesté  (i). 
Pendant  ce  temps-là  une  partie  de  cette  affreuse  ca- 
naille cherdiait  à  pénétrer  dans  la  salle  où  s*était 
retirée  la  reine ,  avec  l'intention  de  Tassassiner.  M.  de 
Vergennes  ^  l'un  des  oommandans  de  la  garde  nationale  9 
fait  arriver ,  par  Tescalier  des  Carraches ,  les  grenadiers 
du  bataillon  des  Filles  St.  Thomas ,  qui  se  trouvait  de 
service  au  château  :  M.  Boscary  parait  à  la  tête  de  ces 


(1)  Parmi  ces  honnêtes  gens  ^  l'histoire  nomme  M.  d' Aubier 
de  la  Montille  9  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du 
TOx'y  MM.  de  Yinfrais ,  de  Guinquerlot  et  de  Canolles  ,  et 
le  brave  André  Amoult  Aclocque  ,  brasseur  de  bière ,  com- 
mandant da  bataillon  d'une  des  sections  du  faubourg  St- 
Marceau ,  qui  ^  peu  de  temps  après  l'affaire  du  20  juin  , 
se  retira  à  Sens^  ne  voulant  plus  se  trouver  sur  le  théâtre 
de  la  révolution.  André  Aclocque  9  son  fils  9  négociant  à 
Paris 9  rue  St-André-des^Arcs,fut  nommé ^  en  janyier  1814» 
sur  le  refus  de  M.  de  Goutaut-Biroo  ^  chef  de  la  onzième 
légion  de  la  garde  nationale  parisienne.  Préseuté  au  roi  et 
à  la  famille   royale  ,  à  l'époque  de  la  restauration ,  il  en 
reçut  Paccueil  le  plus   distingué  ;  nommé   chevalier  de 
l'ordre  royal  de  la  légion  d'honneur,  le  19  décembre  de  la 
même  année  ^  il  reçut  du  roi  ,  le  3i  janvier  i8i5 ,  des 
lettres  de  noblesse,  ainsi  que  le  titre  de  baron,  avec  l'au- 
torisation de.  joindre  à  son  nom  celui  de  Saint^André.  A  la 
fin  de  l'année  181 5  ,  il  fut  nommé  ofiicier  de  l'ordre  royal 
de  la  légion  d'honneur;  remplacé  par  M.  Larsonnier ,  en 
1822 ,  dans  le  poste  de  chef  de  la  11.^  légion  ,  il  passa  dans 
Tétat-major  de  la  garde  nationale  en  qualité  de  premier 
aide-major-général  ,    o&  il  était  encore   à  l'époque  du 
licenciement. 


(  '97  ) 
gens ,  et ,  prenant  position  dans  une  galerie  par 

lafodle  les  assassins  devaient  nécessairement  passer ,  il 
&tt  placer  en  travers  une  longue  table ,  et  il  range  sa 
ptke  troupe  derrière  ce  retranchement  d*un  nouveau 
genre.  H  était  temps  :  la  porte  est  enfoncée  à  coups  de 
bcke  y  les  brigands  se  précipitent  dans  la  galerie,  mais 
ils  Testent  interdits  à  la  vue   d'un  obstacle  ^auquel  ils- 
ne  s^attendaîent  point ,  et  qu'ils  n'essayèrent  même  pas 
de  forcer.  La  contenance  ferme  des  grenadiers  leur  en 
imposa ,  et    Taspect  du  jeune  dauphin ,  que   l'on  fit 
■Mmier  sur  la  table ,  sembla  adoucir  ces  tigres  altéi^ 
de  sang. 

Att  10  aodt  9  ainsi  que  dans  la  nuit  qui  précéda  ceUe 
fatale  fournée ,  M.  Boscary  se  trouvait  aux  Tuileries 
avec  tout  son  bataillon.  L'infortuné  Louis  XVI  ^  accom-* 
pagpë  de  la  mne ,  de  ses  enfans ,  de  madame  la  prin* 
cesse  de  liainbaUe  ,  de  MM.  de  Boissieu  et  de  Menoù , 
maréchaux  de  camp  ,  de  MMr  de  Mailtardoz  et  de  Bach* 
mann ,  offiaers  suisses ,  de  M.  de  Lajeard ,  ancien  mi- 
nislre  de  la  guerre ,  et  enfin  de  MM.  de  Bridges  et  de 
Poix  ,  passa  la  revue  des  troupes  réunies  pour  la  dé- 
firnse  de  la  monarchie.  A  la  vue  du  monarque  ^  les 
tanbours  battirent  aux  champs ,  les  cris  de  piW  le  roi 
se  firent  entendre  ,  les  gardes  nationauit  le  répétèrent  ; 
il  n^y  eut  que  les  canonniers  du  bataillon  de  la  section 
de  la  Craix^Rouge  ,  qui  crièrent  constamment  :  i^tW  la 
mUum  !  En  revenant  du  poni  tournant  y  où  était  placée 
h  i^erve  ,  et  que  le  roi  trouva  dans  les  meilleures  in- 
tentions j  le  malheureux  prince  fut  accablé  d'outrages  : 
^  nouveaux  bataillons  ,  mêlés  d'hommes  arm  es  de 
pifKS  9  s'étant  introduits  dans  les  cours  du  château , 
ciy  ayant  étouffé  les  cris  de  me  le  roi^  p^r  ceux  de 


(  19»  > 
çii^  la  nation  (i),  on  vînt"  œpcndant  à  bout  de  les  en 
Aire  sortir,  et  ils  se  placèrent  sur  le  Carrousel ,  dans 
une   attitude  qai  montrait  assez  leurs  dispositions  hos- 
tiles; 

M-  Roederer,  à  la  tête  du  directoire  du  dëpartement , 
arrive  alors  C  ins  la  chambre  du  conseil ,  où  était  le  roi 
et  sa  famille  :  «  Le  danger,  leur  dit-il ,  est  à  son  comble, 
)>  et  au-dessus  de  toute  expresMon  ;  la  garde  nationale 
»  fidèle  est  peu  nombreuse  ;  le  reste  est  corrompu  ,  et 
»  serait  même  le  premier  à  tirer  sur  le  château  ;  toute 
»  la  famille  royale  court  le  risque  d'être  massacrée  avec 
»  ceux  qui  les  entourent ,  si  le  roi  ne  prend  sur-le- 
»  champ  le  parti  de  se  rendre  à  l'assemblée  nationale.  ^ 

Cette  proposition  déplut  beaucoup  à  la  reine  ;  mais  sur 
les  instances  de  M  Roederer ,  le  roi  se  décidant  enfin  à 
se  rendre  à  rassemblée  avec  sa  femme  et  ses  enfans ,  il 
ordonna  de  faire  venir  les  grenadiers  du  bataillon  des 
FilUs  Si.  Thomas  pour  lui  servir  d'escorte,  Ce  fut  alors 
que  M.  Boscary ,  doué  d'une  grande  rectitude  de  jugement 
qui  lui  indiquait  toujours  le  meilleur  parti  à  prendre 
dans  chaque  circonstance ,  osa  donner  à  Louis  XVI  un 
conseil  qui ,  s'il  eût  été  suivi ,  aurait  sauvé  la  famille 
royale ,  et  peut-être  la  monarchie.  Ecoutons  à  ce  sujet 
M.  de  Lacretelle ,  dans  son  Histoire  de  la  ri^HÀution 
française  ^  édition  de  i824« 


(i)  Les  hommes  qui ,  &  cette  époque ,  aiFectaîent  de  ne 
faire  entendre  que  le  cri  de  vive  la  nation^  étaient -ils 
moins  français  que  ceux  qui  se  bornent  aujourd'hui  au 
seul,  cri  de  vive  la  charte?  Pourrait-on  nous  dire  quelle 
est  au  juste  la  diiférence,  qu'il  y  a  entre  les  uns  et  les 
autres  ? 


(  199  ) 
«  Le  roi ,  détermine  à  ce  funeste  parti  (  cehii  de  se 

«  retirer  au  sein  de  rassemblée),  fit  venir  M.  Boscary 

B  de  Villeplaine ,  Tun  des  deux  commandans  du  bataillon 

f  des  FUtes  Sf.  Thomas ,  et  lui  ordonna  de  se  réunir 

»  avec  sa  troupe,  aux  Suisses,  pour  lui  servir  d'escorte 

»  dans  sa  marche  à  l'assemblée.  M.  Boscary  le  conjura 

»  de  prendre  un  autre  parti.  Dès  que  Votre  Majesté, 

1»  lui  dil-U ,  se  sera  livrée  ,  ses  sujets  les  plus  dévoués 

»  ne  pourront  plus  rien  pour  elle  :  ne  vaudrait-il  pas 

tt  mieux  qu'elle  choisit  ce  moment  même  pour  sortir  de 

»  Paris  î  nous  formerions ,  avec  les  Suisses ,  un  bataillon 

»  carré  ;  nous  avons  au  moins  huit  pièces  de  canon 

^  à  notre  disposition  :  il  est  vrai  que  nos  canonniers 

»  ne  sont  pas  sûrs  ;  mais  les  pièces  seraient  servies  par 

»  les  Suisses.  Les  rebelles  ne  pourront  être  prêts  avant 

»  deux  heures  ;  je  sais  que  la  route  de  Rouen  est  par- 

v  faitement  sûre  (x).  Ce  parti  serait  excellent ,  reprit  le  roi , 


(i)  Aujourd'hui  qa*on  juge  les  choses  de  «ang-froid  ,  il 
est  éyident  que  ce  parti  était  noti-seulement  le  meilleur  , 
mais  le  seul  qui  pût  sauver  la  famille  royale.  Placée  au 
ceotre  d*nn  carré  formé  par  les  troupes  fidèles  ^  on  serait 
ftcilemeot  parvenu  Ik  Gonrbevoie ,  où  l'on  aurait  trouvé  un 
puissant  renfort  dans  le  reste  du  régiment  suisse.  De  là 
à  Roaen  la  route  était  libre  ;  la  canaille  des  faubourgs  dé 
Paris  ne  se  serait  certainement  pas  hasardée  en  rase  cam- 
pagne ,  et  d'ailleurs  il  était  facile  de  faire  venir  de  Rouen  , 
où  commandait  M.  le  due  deLiancourt,  le  régiment  suisse 
de  Salis  qui  s'y  trouvait  en  garnison.  M.  de  LiancourI  s'at- 
tendait à  chaque  instant  à  voir  arriver  à  Rouen  la  famille 
rorale  ;  la  population  de  la  ville  était  généralement  bien 
disposée  ,  et  toutes  craintes  Bnissaîent  :  que  de  crimes  et 
de  malheurs  ont  aurait  épargnés  à  la  France ,  si  Ton  eût 


(  aoo  )  ' 
n  si  i*ëtats  seul  ;  mais  voyez  (  en  lui  montrant  la  reizM 
»  et  ses  enfans  )  les  êtres  que  j'exposerais  au  carnage*  » 

Après  d'inutiles  représentations  ,  M.  Boscary  dut  obéii 
9UX  derniers  ordres  qu'ait  donnés  son  infortuné  souver&în; 
il  Tescorta  jusqu'à  l'assemblée  avec  les  grenadiers  de  S€>tM, 
bataillon ,  les  Suisses  et  les  grékiadiers  du  bataillon  de^ 
PetUs -^  Pères,  Bientôt  après   commença   l'attaque    <lu 
château  par  les  masses  populaires  venues  du  faubourg 
St.  Antoine  et  du  faubourg  St.  Marceau ,  à  la  tète  des- 
quelles figuraient  le  prussien  Westermann  et  le  polonais 
Lazousky  :  on  sait  assez  avec  quelle  lâche  perfidie  la 
troupe  de  factieux  qui  s'intitulait  assemblée  nationale  y 
répondit  à  la  confiance  de  son  roi ,  qui  avait  cru  trouver 
un  asile  dans  son  sein* 

Après  le  lo  août ,  M.  Boscary  mit  tout  en  usage  pour 
se  dérober   aux  recherches  de  la  commune  de'  Paris. 
Tous  ceux  de  son  bataillon  qui  eurent  le  malheur  d'éti:e 
faits    prisonniers ,  périrent   sur    l'échafaud  y    même  les 
simples  grenadiers  :  il  est  facile  de  juger  quel  aurait  étë 
le  sort  du  chef,  s'il  eût  été  possible  aux  révolutionnaires 
de  se  rendre  maîtres  de  sa  personne.  Un  décret  de  mise 
hors  la  loi  fut  lancé  contre   lui  ;  il  erra   long-temps 
dans  les  environs  de  la  capitale  ,  caché  chez  d'honnêtes 
fermiers  de  sa  connaissance ,  ayant  toujours  des  armes 


su  prendre  ce  parti  f  En  1567  ,  une  niauceuyre  semblable 
sauya  le  roi  Charles  IX ,  sa  famille  et  toute  sa  cour.  Placés 
au  milieu  de  la  garde  Suisse  ,  ils  se  rendirent  de  Afeaux 
à  Paris  et  bravèrent  toutes  les  attaques  des  huguenots  qui  les 
harcelèrent  inutilement  Arrivé  dans  sa  capitale ,  Chartes  IX 
dit  :  Sans  Monsieur  de  Neniours  et  mes  bons  compères  les- 
Suisses ,  ma  liberté  et  ma  vie  étaient  en  grand  branle. 


(  «>I  ) 

or  Im  ,  et  bien  détermine  à  vendre  chèrement  sa 
ne.  Un  noarcKand  de  vin  de  Beaujeu  ,  avec  qui  il 
ftût  lié,  Tint  le  prendjre  dans  une  ferme  où  il  s*ëtait  réfu* 
ffé  pris  de  Senlis  ;  et  ^  après  lui  avoir  fourni  les  moyens 
de  se  déguiser  en  garçon  de  marchand  de  vin ,  il  le  con* 
diBsit  dans  le  Beaujolais.  A  laide  d*un  faux  passe-port  f 
et  tou)ours  bien  déguisé ,  il  se  rendit  à  Lons-le-Sâunier  » 
sacbanl  <(u*il  y  trouverait  des  facilités  pour  passer  en 
Suisse. 

IkTiivé  dans  cette  ville  ^  il  se  présenta  chez  une  mar- 
doande  de  bas  qu'on  lui  avait  indiquée  comme  ayant  déjè 
foarm  des  guides  à  plusieurs  Lyonnais  forcés  de  s'expa- 
trier. Après  avoir  fait  Templette  de  quelques  paires  de 
bas  ,  il  s'ouvrit  à  la  marchande  sur  le  service  qu'il  en 
attendait  ;  mais   cette  brave    femme  ,   craignant   sans 
doute  d'avoir  affiiire  à  quelque  traître ,  lui  répondit  qu'elle 
ne  savait  pas  ce  qu'il  voulait  dire ,  et  que  jamais  elle  ne 
s* était  mêlée  de  services  de  cette  nature.  M.   Boscary 
ëfant  venu  cependant  à  bout  de  la  rassurer ,  elle  lui  dit 
alors  de  descendre  dans  la  rue  ,  et  qu'avant  une  demi-* 
heure  il  verrait  passer  une  femme  avec  un  panier  sur  ia 
têic  :  Yous  ne  lui  pirlerez  pas ,  ajouta*t-efle  ,  vous  vous 
GODtenterez  de  la  suivre  à  trente  pas  de  distance  ,  et  elle 
vous  conduira  dans  un  endroit  où  vous  trouverez  des 
giûdes.  Transporté  de  joie ,  M.  Boscary  crut  donner  un. 
témoignage  de  sa  reconnaissance  à  cette  bonne  femme , 
en  lui  offrant  de  l'argent  :  Je  suis  assez  payée  ,  lui  dit- 
eOe^  par  le  petit  bénéfice  que  j'ai  fait  sur  le  prix  des 
bas  que  ;e  y\eï\s  de  vous  vendre  ,  et  il  ne  fut  pas  possible 
\  M.  Boscary  de  lui  rien  Ëûre  accepter  de  plus.  Il  est  à 
ngretier  que  le  nom  de  cette  digne  femme  se  soit  perdu'; 
i7  est  plus  que  probable  que  beaucoup  d'autres  de    nos 


y 


(   202   ) 

ocimpatriotes  loi  ont  àû  leur  salut  dans  ces  temps  désas- 
treux ,  qu'il  faut  espéi'er  que  nous  ne  reverrons  pas. 

Au  bout  d'une  demi-heure ,  la  femme  au  panier  vint 
efiectivement  à  passer.  M.  Boscary  la  suivit  sans  rien 
dire  ;  elle  le  conduisit  à  près  d*uhe  lieue  de  la  ville ,  dans 
une  maison  isôlëe ,  où  il  trouva  les  guides  qu*il  dësiraît. 
Ces  gens-là  étaient  des  contrebandiers  de  profession  , 
qui  faisaient  alors  le  métier  beaucoup  plus  noUe  et  plus 
périlleux  de  conduire  hors  de  France  de  malheureux 
proscrits.  M.  Boscary  se  mit  en  marche  avec  deux  de 
ces  hommes  ;  ils  étaient  tous  les  trois  bien  armés  :   la 
marche  fut  longue  et  pénible  ;  presque  toujours  elle  avait 
lieu  de  nuit ,  à  travers  les  bois  ;  ils  évitaient  avec  soin 
les  chemins  battus  et  même  les  sentiers  frayés ,  afin 
d'échapper  à  la  vigilance  des  postes  nombreux  répandus 
sur  là  frontière.  Âpres  avoir  ainsi  franchi  la  chaine  du 
Jura  ,  on  arrive  un  matin  à  un  ruisseau  qui  formait 
là  limite  de  la  France  ;  et  lorsqu'on  fut  sur  la  rive 
opposée ,  les   deux  contrebandiers  dirent  à  celui  qu'ils 
avaient  guidé  :  Fous  pouçez  à  présent  danser  sur  la 
cocarde  tricolore.  Comme  ils  avaient  été  charmés  de  la 
gaité  qu'avait  montrée  M.  Boscary  Ai  milieu  des  dan- 
gers et  des  fatigues  de  la  route ,  ils  ajoutèrent  en   le  ' 
quittant  :  En  virile ,  vous  avez  fair  dun  bon  vivant ,  ei 
Jrarwkemeni ,  c'eût  été  dommage  qu'on  vous  eûf  guiiiotïné. 

Après  avoir  généreusement  récompensé  ses  guides  , 
M.  Boscary  se  rendit  chez  le  bailli  de  l'endroit ,  qui  ^ 
sachant  son  arrivée  ,  l'avait  fait  aussitôt  appeler.  Comme 
son  extérieur  n'annonçait  pas  l'opulence ,  le  bailli  lu! 
dit  :  Vous  ne  pouvez  point  séjourner  dans  ce  pays  ;  il 
est  trop  pauvre  pour  nourrir  tous  les  réfugiés  qui  se 
présentent  ;- il  faut  continuer  votre  route  et  passer  dans 


(   203   )  V 

un  aatre  canton»  M.  Boscary  lui  rëp(»idit  :  Je  ne  serai 
point  à  charge  à  votre  pays  ;  je  porte  sur  moi  de  quoi 
payer  toute  la  d^nse  que  j  y  ferai.  Les  restes  de  ma 
fortune  sont  places  à  Londres  ;  je  les  ferai  venir  quand 
je  voudrai  ;  en   un  mot ,  malgré   mes  malheurs ,  foi  t 
encore  ceni  mille  écus  au  bout  de  ma  plume.  Âh  !  mon- 
sieur ,  lui  dit  le  bailli ,  en  changeant  de  ton  ,  vous 
pouvez  rester  chez  nous  tant  que  vous  voudrez ,  vous 
nous  ferez  honneur  et  plaisir.  Cette  petite  anecdote  aem** 
Uerait  confirmer  le  reproche  qu*on  a  fait  aux  Suisses  d^ 
n*avoîr  pas  exercé  envers  nos  malheureux  compatriotes 
une^  hospitalité  bien  désintéressée  ;  mais  il  nous  parait 
plas  raisonnable  de  ne  pas  juger  une  nation  entière 
d*après  un  individu ,  et  nous  aimons  à  croire  que  beau- 
coup de  Suisses  ont  fait  preuve,  à  cette  époque,  de 
sentimens  nobles  et  généreux. 

M.  Boscary  passa  presque  tout  le  temps  de  son  exil  à  St** 
Gall.  Après  la  révolution  du  9  thermidor  an  2 ,  il  quitta  la 
Suisse  et  vint  k  Lyon  ^sà  ville  natale  ;  if  y  passa  près 
dune  année,  au  milieu  de  ses  parens  et  de  quelques 
anciens  amis  ,  qui  tous ,  par  les  soins  les  plus  affec-* 
tueux ,  s^empressèrent  de  lui  faire  oublier  ses  mal- 
heurs. Ce  fut  à  cette  époque  que  son  frère  de  Paris  vint 
le  rejoindre  avec  toute  sa  famille  ;  leur  entrevue ,  après 
une  si  cruelle  séparation ,  fut  des  plus  touchantes.  Bien- 
tôt M.  Boscary  retourna  dans  la  capitale ,  où  il  reprit 
son  état  d'agent  de  change ,  et  s'occupa  de  rétablir  sa 
fortune  ;  mais  en  1797,  il  eut  la  douleur  de  perdre  le 
frère  chéri  auquel  il  devait  tant.  Il  acquitta  noblement 
sa  dette  envers^sa  veuve  et  ses  enfans  :  son  active  solli-^ 
<iiude  ra^mbla  les  débris  de  leur  fortune ,  et  il  sut  en 
tirer  le  meilleur  parti  possible  dans  leur  intérêt  ;  il  vécut 


(   204  ) 

toujours  du  milira  d*eux ,  et  fut  constamment  l'objel 
de  leurs  affections  les  plus  tendres. 

En  Tannëe  1808 ,  il  parut  au  conseil  d*ëtat  pou^ 
y  défendre  les  intérêts  de  la  compagnie  des  agens  dé 
change  dont  il  avait  été  nomme  syndic  par  ses  col- 
lègues^ à  l'ëpoque  où  cette  compagnie  fut  organisée. 
Dans  cette  séance ,  M.  Boscary  sut  exposer  avec  tant  de 
raison  et  de  clarté  Taf&ire  sur  laquelle  le  conseil  avait 
à  prononcer,  que  le  chef  du  gouvernement  d'aloni  9 
qui  discfuta  long-temps  avec  lui ,  se  rendit  enfin ,  et 
fit  droit  à  toutes  ses  propositions* 

En  janvier  1814 ,  à  Tépoque  de  ta  réorganisation  de 
la  garde  nationale  parisienne ,  il  fut  fait  officier  dans  la 
quatrième  compagnie  du  troisième  bataillon  de  la  deu-* 
xième  légion ,  commandée  par  M.  le  comte  Louis  de 
Girardin  ,  aujourd'hui  premier  veneur  de  la  couronne  , 
et  frère  de  Tancien  député  de  ce  nom.  Il  était  chargea  j 
le  3o  mars ,  à  Taltaque  de  Paris  par  les  armées  alliées  , 
de  la  défense^de  la  Barrière  Blanche ,  au-dessous  de 
Montmartre ,  et  il  y  courut  les  plus  grands  dangers.  On 
sait  que  vers  les  deux  heures  après-midi ,  la  faible  ligne 
de  troupes  françaises. qui  tenait  la  plaine  St.  Denis ,  sous 
Montmartre  ,  fut  obligée  de  battre  en  retraite  devant  un 
Aoura  considérable  de  cosaques  et  de  cavalerie  prussienne  ^ 
et  qu*àce  mouvement,  les  compagnies  de  garde  nationale 
et  les  curieux  qui  couvraient  les  hauteurs ,  se  hâtèrent 
de  descendre  et  de  rentrer  dans  Paris.  En  traversant  les 
Porcherons  ,  quelques  gardes  ns^tionaux  ,  dont  les  armes 
étaient  chargées ,  les  tirèrent  en  l'air  :  ces  détonations 
firent  penser  aux  compagnies  qui  gardaient  les  barrières 
que  l'ennemi  était  là  ;  et  quand  les  fuyards  s'y  présen-» 
tèrent ,  ils  les  ^couvèrent  fermées.  Un  très-grand  nombre 


(  ao5  ) 
it  os  fayards  força  la  Barrière  Blanche ,  et  plusieurs 
d'entre  eux  appuyèrent  le  bout  de  leurs  fusils  sur  la 
loitmie  de  M.  Boscary ,  qui  leur  résista  long-temps  (i). 


(i)    Habitant  de  Paris  à  cette  ëpoque  ,  et  sergent  dans 
k  compagnie  de  grenadiers  du  troisième  bataillon  de   la 
onzième  légion  de  la  garde  nationale  ,  nous  ayons  assisté  k 
Taffaire  du  5o  mars  ,  et  nous  nous    sommes   trouvé  sur 
les  liautears  de  Montmartre  ,  arec  notre  compagnie  ,  com- 
mandée par    M.    Detains ,  aujourd'hui  secrétaire-général 
de  Fadoiinistration  de  l'enregistrement  et  des   domaines. 
Ce  ne  fiit  pas  senlement  le  houra   de  caralerie  ennemie 
«pi  fit  battre  en  retraite  les  troupes  françaises  placées  dans 
b  plaine  St-Denis  et  rentrer  en  ville  les  gardes  nationaux 
qui  couronnaient  la  montagne  ^  plusieurs  pièces  d'artillerie 
que  les  alliés  avaient  sur  la  droite  de  la  route  de  Saînt- 
Onen  ,  et  qu'ils  démasquèrent  sur-le-champ,  déterniluèreut 
le  nàouremenl  dont  nous  parlons.  Le  feu  de  ces  piècea 
fnt  d'nne  grande  Tivacité  ^  les  ailes  de  plusieurs  moulins 
de  Montmartre  en  furent  abattues,  nombi*e  de  personnes 
forent  blessées ,  et  nous-méme  ,  f  a  descendant  la  monta- 
gne, nous  £iillîmes  avoir  les  jambes  emportées  pur  un 
boulet  qui  vint  tomber  presque  à  nos  pieds»  Quand  nous 
filmes  arrivé  &   la  barrière  Blanche^  nous  la  trouvâmes 
ienn^  ,  comme  nous  l'avons,  dit;  mais  une  femme  étant 
veaue  par  hasard  ouvrir  une  petite  porte,  sur  le  boulevard 
extérieur  ,  dans  le  voisinage  de  la  barrière  ,  nous  nous  j 
jetâmes  avec  quelques   autres  ,    et   nous  rentrâmes  ainsi 
dans  Paria.  Une  très-grande  quantité  de  gardes  naltonaux, 
k  corienz  ,  et  même  de  soldats  de  la  lif^ne ,  furent  obligés, 
(sor  rentrer  9  d'escalader  la  muraille  de  Toctroi. 

Ajant,  aux  approches  du  ao  mars  181 5,  abandonné  le 

futier  St-Andrë-des-Arcs  pour  aller  habiter  celui  de  la 

fvie  Sl-Deais  j   nous  restâmes  quelque  tcjups  suus  taira 


(206  ) 

Quand  la  restauration  fut  effectuée,  les  Bourbon 
prouvèrent  à  M.  Boscary  qu'ils  n  avaient  pas  oublie  se 
services.  Présente  à  toute  là  famille  royale ,  à  la  tête  di 

partie  de  la  garde  nationale  ,  et  par  conséquent  exenïp 
de  tout  service.  Un  tel  repos  nous  plaisait  assez  ;  maL 
dénoncé ,  pendant  les  cent  jours ,  par  un  très-singulier  pet*- 
sonnage  que  nous  avions  autrefois  connu  à  Ljon ,  et  qn^i 
le  hasard  nous  fit  re trouver  à  Paris ,  logé  dans  la  même 
maison  que  nous  ,  rae  de  Clérj-des-Menuisiers ,  nous  re- 
çûmes un  beau  matin  y  de  la  mairie  du  cinquième  i|r- 
rondissement,  Tayis  de  notre  inscription  sur  les  contrôler 
des  bataillons  de  tirailleurs  qu'on  essaya  de  former  poac 
la  défense  de  la  capitale. 

Ces  bataillons  se  composaient  de  chiffonniers ,  de  porteurs 
éteau  «  de  commissionnaires  du  coin  de  la  rue  5  tons  gens 
déterminés  à  vaincre  ou  à  mourir  pour  la  sainte  cause 
de  rhomme  Yenu  de  l'île  d'Elbe.  Peu  disposé  à  nous 
montrer  une  seconde  fois  devant  l'ennemi ,'  et  prévoyant 
d'ailleurs  que  tant  de  démonstrations  militaires  finiraient 
par  n'aboutir  qu'à  ouvrir  de  nouveau  les  portes  de- Paris 
aux  armées  alliées ,  ndfcs  nous  empressâmes  de  profiter 
des  dispositions  de  certaine  ordonnance  impériale  ^  qui 
permettait  bi  tout  ancien  garde  national,  habillé ,  qui  avait 
cessé  de  faire  pairtie  des  légions ,  de  rentrer  dans  celle  de 
l'arrondissement  sur  lequel  il  demeurait.  Nous  nous  pré- 
sentâmes donc  à  l'état-major  de  la  cinquième  légion  ^ 
qui  nous  reçut  à  bras  ouverts ,  et  tout  notre  service ,  du— 
rant  le  fameux  interrègne^  se  borna  à  une  seule  garde  que 
nous  montâmes,  en  qualité  de  simple  grenadier,  au  poste 
de  la  rue  du  Caire ,  le  jour  de  la  fameuse  assemblée 
du  champ  de  Mai  ^  et  à  pousser  quelques  brouettées  de 
terre  à  certiine  redoute  que  le  génie  fit  élever  à  la  bar- 
rière  de  M  on  treuil. 

Vers  là  fin  de  juin,  le  bruit  courut  dans  Paris  que  les 


(    207   ) 

fedt  nombre  de  grenadiers  qui  restaient  de  son  fidèle 
lataillon  y  il  en.  reçut  les  témoignages  les  plus  touchons 
degratilade  et  de  l>ontë.  Non-seulement^  Messieurs^ 
leur  dit  le  foi  ,  /''admire  çoire  conduite  ^  mais  je  la  vénère. 
Nommé  lùeiitôt  officier  de  Tordre  royal  de  la  *  légion 
d'honneur  ,  BS.  "Boscary  reçut  plus  tard  des  lettres  de 
Bobiesse  qui  rappellent  ses  belles  actions  et  attestent  la 
reconnaissance  du. monarque. 

La  position  sociale  de  M.  Boscary  de  Villeplaine^ 
ses  Vunières  et  sa  haute  capacité  dans  les  matières  de 
finance  ^  pouvaient  assurément  lui  donner  le  droit  de 
prétendre  à  de  brillans  emplois  ;  mais  telle  fut  sa  mo- 
desûe  ^  qu  îl  ne  brigua  Jamais  que  des  fonctions  sans 
édaL  Simple  membre  du  bureau  de  charité  du  second 


&o7uiparUsle$  mëditaîent  de  faire  à  domicile  un  masçacre 

de    \ou&  \e«   artisans   des   Bourbons.   La   crainte   d'être 

Étssommé  par  ces  excellens  Français  ne  fit  pas    sur  nous 

an.  effef  bien  grand  ^  mais  comme  une  crise  approchait  ^ 

qve  notre  opinion  était  connue  ,  que   le  singulier  per^ 

sonnage ,   dont  le  hasard  nons  avait  fait  le  voisin ,  nous 

iuspirait  fort  pen  de   confiance  ^  nous  prîmes   le   parti  ^ 

pour  éviter  tonte  espèce  de  désagrément,  de  déménager 

«A  jonr  de  très-grand  matin  ,  et,  de  la  rue  de  Glérj,  nous 

^ames  denaenr^  dans  la-  rue  Ste«Avoye  ,  en  iace  de  la 

dîrectioa    générale   de  Fadministratlon    des   impots  indi- 

jnects  ,   où  nous  avions  Thonneur  d'être  employé.   A  la 

seconde  restauration ,  nons  entrâmes ,  avec  notre  grade 

4e  sergent  9  dans  la  compagnie  de  grenadiers  du  premier 

Wailkm  de  la  7.®  légion  j  commandée  par  feu  M.  le  comte 

de  Qaëlen  ,  frère  de  Tarchevéque  actuel  de  Paris ,  et  nous 

j  sommes  resf^  jusqu'à  la  fin  de  182a  9  époque  à  laquelle 

^OBg  âToas  c€»sé  d'babiter  la  capitale. 


(   208    ) 

arrondissement  de  Paris  9  sur  lequel  il  demeurait  9  il 
fit  aussi  partie  de  la  commission  mixte  pour  le  rétablis- 
sement de  la  statue  équestre  de  Louis  XIV  à  Lyon  ;  et 
ce  fut  en  qualité  de  membre  de  cette  commission  9  que 
le  16  septembre  1825 ^  il  signa,  avec  M.  le  baron 
Lemot ,  M.  le  vicomte  Héricart  de  Thury ,  M.  le  che-* 
yalier  Percier  et  M.  le  chevalier  Quatremère  de  Quincy  , 
le  procès-verbal  de  réception  de  la  statue.  Ce  sont  là  les 
^uls  emplois  qu*il  ait  occupés.  Tout  entier  aux  dou* 
ceurs  de  la  vie  privée ,  et  possesseur  d'une  très-grande 
fortune ,  fruit  d'un  long  travail  et  de  quelques  spécu- 
lations aussi  heureuses  que  sagement  combinées,  il  en 
faisait  l'usage  le  plus  honorable.  Marié  en  1792,  avec 
la  fille  ainée  de  son  frère  ,  il  n'eut  pas  le  bonheur  d'en 
avoir  des  enfans;  mais  il  regardait  comme  les  siens 
ceuit  de  ses  frères  et  sœui*s ,  et  il  vivait  au  milieu  d*eui^ 
comme  un  bon  père  au  milieu  d'une  famille  nombreuse 
dont  il  est  vénéré  et  chéri.  Comme  il  s'occupait  sans 
cesse  du  bonheur  de  ceux  qui  l'entouraient,  chacun  d!euac 
à  son  tour  ,  cherchait  à  contribuer  au  sien  ;  aussi  a-t^îl 
vécu  heureux  autant  qu'il  est  donné  aux  faibles  mortels 
de  l'être  ici-bas. 

Plein  d'affection  pour  sa  ville  natale  ,  on  le  vit  tou- 
jours accueillir  avec  empressement  ceux  de  ses  compa- 
triotes qui  se  trouvaient  à  Paris;  propriétaire  du  château 
de  La  Grange ,  qui  jadis  avait  appartenu  au  maréchal, 
de  Saxe  ,  il  y  conservait  avec  un  respect  religieux  tout, 
ce  qui  pouvait  rappeler  le  souvenir  de  cet  illustre  guer- 
rier (i).  Après  quatre  jours  d'une  maladie  qui  d  abord 

(i)  Cette  belle  habitation   est    située  à   cinq  lieues  de 
Paris,  sur  une  hauteur  qui  domine  Villeneuve-Saint-Georges.* 


(   209  > 

naTaît  pas  donné  d^inquiëtude ,  il  est  mort  le  28  ié^ 
cembre  1827  ,  âge  ^e  70  ans ,  6  mois  et  16  jours.  Ses 
obsèques  ont  eu  lieu  le  lendemain  dans  l'église  de  TÂs- 
Mmption ,  sa  paroisse ,  et  sa  dépouille  mortelle  a  été  dé* 
^osée  au  cimetière  du  P.  Lachaise ,  où  elle  a  reçu  les 
honneurs  militaires.  Le  convoi  était  nomb^eux  :  M. 
Dogas - Montbel ,  notre  compatriote,  qu'une  ancienne 
iHiitié  lie*  à  la  famille' Boscary  ,  a  prononcé  sur  la  tombe 
du  défunt  un  discours  du  plus  touchant  intérêt  (i). 

Feu  M.  Boscary  de  Villeplaine  était  le  cadet  de  huit 
en&ins.  II  avait  fait  de  très-bonnes  études ,  et  il  avait  eu 


L'architecture  du  château  paraît  être  du  siècle  de  Louis  XIII. 
La  salle  des  gardes  du  maréchal  est  extrêmement  remar- 
quable par  sa  beauté  et  son  étendue.  Nous  j  avons  vu  soa 
haste  et  celui  de  la  célèbre  Lecouvreur^  dont  on  connaît  les 
lîiâsoDs  ayec  loi. 

Daos  le  nombre  des  immeubles  possédés  par  M.  Boscary  , 
3  en  est  un  ,  sitné  dans  notre  département ,  et  qui  mérite 
«ae  mention  particulière.  G*est  la  belle  ferme  de  Joug  qui 
ii!est  qu'à  un  qnart  de  lieue  de  Villefrancbe  ;  son  vrai  nom 
est  Joug^Dieu  :  Torigine  de  ce  nom  est  assez  singulière  et 
peut  servir  à  faire  connaître  lea  mœurs  et  l'esprit  de  nos 
boas  aïeux.  An  la^  ou  i5^  siècle,  Guichard^  sire  de  Beanjeu^ 
était  possesseur  de  ce  domaine  j  dans  son  testament ,  écrit 
en  assez  mauvais  latin ,  il  raconte  qu'il  a  vu  en  songe  cette 
terre  kbourée  par  une  charrue  que  traînaient  six  véné* 
raUes  moines  de  l'ordre  de  Saint^Bernard  attelés  k  un 
0»  ^.  Le  bon  Guichard  regarda  ce  songe  comme  un  ordre 
/du  ciel  et  donna  cette  terre  à  l'ordre  de  St-Bernard  ;  de- 
pab  lors  elle  fat  appelée  Joug-Dieu» 

(i)  Ce  discours ,  dont  nous  avons  profité  en  quelques 
endroits  ^  a  été  imprimé  chez  Firmin  Didot  9  en  uno 
feaîUe  in-4.^ 

Tome  FIL  i4 


À 


, (  aïo  ) 
pour  professeur  àe  liiëtorique  M.  Tabbë  Gourbott ,  mari 
.  grand- vicaire  du  diocèse  de  Lyon ,  il  y^  peu  d'années* 
Sa  mémoire  était  des  plus  heureuses.  Quoique  le  tour- 
billon de$  al&ires  ne  lui  eût  pas  permis  de  donner  beau* 
coup  de  temps  à  la  littérature  »  sa  conyiersation  n'en 
était  pas  moins  celle  d'un  homme  instruit ,  d'un  esprit 
cultivé  ;  il  citait  souvent ,  et  toujours  à  propds ,  les  au- 
teurs classiques  :  ceux  qu'il  préférait  étalent  Corneille  et 
Cervantes  ;  il  lisait  le  dernier  dans  sa  langue  »  car  il 
possédait  parfaitement  l'espagnol ,  l'ayant  appris  à  Tâge 
de  22  ans  ,  dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Espagne.  U 
était  d'une  taille  médiocre ,  mais  fortement  constitué  ^ 
*ët  l'âge  lui  avait  donné  beaucoup  d'embonpoint  Un  cer- 

*  tain  air  de  ressemblai^ce  avec  le  fameux  George  Cadoudai^ 

*  le  fit  arrêter  en  1 804 ,  dans  le  jardin  des  Tuileries  ;  mais 

'la  méprise  fut  bientôt  reconnue.  La  manière  .dont  il  a 

disposé  de  sa  grande  fortune  ,  fait  autant  d'honneur  à 

son  jugement  qu'à  la  bonté  4e  son  cœur  :  aucun  de  ses 

parens  n'a  été  oublié  ^  ^  les  pauvres  ont  également  eu 

*  leur  part  du  riche  héritage  qu'il  a  laissé. 


"*»■  ■  s 


STATISTIQUE. 


EsSJMS  HISTOBIQVÉS  WT  la  ▼iil«  de  L70B ,  oa  description  par  ordre 
elphabétif«0  def  ^ue/eiîersj  places,  mes  et  monamens  de  ceftte 
▼ille. 

Ahboise  (  rue  d'  ).  Cette  rue  ouverte  en  1791  à  travers 
l'ancien  cloître  des  Célestins,  aboutit  du  quaii  de  ce  nom 
%  la  rue  St-Louis.  Elle  contient  9  maisons ,  97  ménages 


oïlf  ^pulàlîoii  de  ^296  individus  ^  ^  7  ateliers  de  soierie 
oocopant  1 3  métiers* 

Le  nom  qu'elle  porte  lui  a  été  doiyië  eti  mémoire  •  du 
faneox  cardinal  George  d'Amboise ,  ami  et  premier  mi* 
antre  dn  roi  Louis  XII  ^  mort  le  2a.  mai  r5io  ^  âgé  de 
5o  ans  ^  dans  la  maison  des  religieux  cëlestîns  qa*il  avait 
œaïklés  de.  faveurs  t  $on  corps  fut  transporté  ^  Rouen 
rà  Von  toit  encore  le  mausolée  qui  lui  fut  élevé  dans 
là  caûiédirale  ^  mais  son  coeur  resta  déposé  dans  Téglise 
du  dMivmt  où  il  était  décédé^ 

Ajcinis  (rue):  Cette  rue,  domnde  la  précédante  ^  a  été 
Ottverte  en  1791 9  sur  l'anden  emplacement  qu  occupait 
le  monastère  des  religieux  célestins  ;  elle  aboutit  du  quai 
I  la  place  de  ce  nom.  On  y  trouve  2  maisons,  Sa  mé-" 
nages  â  iio  individus.  Avant  i8i5  ,  elle  avait  reçu  te 
nom  de  Tue  HÈgypte ,  par  allusion  à  ce  qu^à  son  retour  de 
cette  contrée,  en  Tan  yxii  (i7S)9)),Bo<]pia|rart^  V'gi^  d^ns 
iTidlei  des  Gfiestins  qui  avait  une  .-efitré^  sw  ^X\^  fu^ 
C'est  depuis  la  restauration  qu  ell^  a  échafl^  œ  nom 
oooire  celui  SAmédée ,  pour  rappeler  qu^  .ce  fut  Amé* 
dée  VIII ,  duc  de  Savoie ,  ensuite  anti-pape,,  spus  le  nom 
de  Félix  V,  qui  donna  eil  1407  au^  r^ljgieux  célestins  ^ 
pour  y  établir  un  monastè]:e ,  l*ançi^ne  pisuaoà  4^s 
chevaliers  du  temple  (i)  qui  se  trouvait  dap^  ce  qiw 

iX)  Voràte  des  templiers  avait  été  supprimé  en  i3it 
par  le  concile  de  Viçnîie ,  et  une  pqrtie  de  lears  biens 
«fût  été  réunie  à  ceux,  dç  l'ordre  de  StF-Jean  dé  .jç^rusaw 
km,  plus  cotinn  sons  le  nom  d'osrdre  de  Malte  •)  les  comtea 
deSaroie  âraient  ensuite  traite  avec  ces  i^onyeaux^osses-' 
<^  e^  avaient ^^^  leur  palais  d«(asla  maison  du  temple# 


jlier  )  soùs  la  condition,  qu  au  cas  d'extinction  de  Tordre 
des  Cëlestins  ,  cette  propriété  retournerait  aux  ducs  de 
Savoie.  Cette  clause,  dans  la  donation ,  aoccasionë  le 
grand  procès  que  M.  de  Montazet ,  archeréque  de  Lyon  j 
soutint  et  perdit  contre  le  roi  de  Sârdaigne ,  quelques 
années  avant  la  révolution,  lors  de  Textinction  dudit  ordre. 

Ânb  (rue  de  P).  Elle  conduit  de  la  rue  Luizerne  i 
la  place  St-Pierre,  et  se  trouve  tracée  au  plan  de  1740 
telle  qu'elle  existe  encore  à  présent. 

On  ne  connaît  aucune  étymologie  particulière  du 
nom  assez  peu  relevé  sous  lequel  nos  ancêtres  Font 
désignée.  Il  est  à  croire  que,  cette  dénomination  lui  est 
venue  de  ce  que,  dès  l'origine,  elle  a  servi,  comme  au^ 
Jourd'hui ,  à  l'attache  des  bétes  de  somme  ;  elle  est  forisëe 
de  6  maisons,  qui  sont  habitées  par  21  ménages ,  com- 
posant un  total  de  61  individus, 

Ànûb  (  rue  de  V  ).  C'est  Une  petite  rue  qui  ai  son  en- 
trée sur  le  quai  de  Flandre,  et  qui  aboutit  à  1  embranche- 
ifneht  des  rties  dé  t'Ours  et  de  Noailles  ;  son'  percé  paraH 
très-^ncien ,  et  sur  le  plan  de  1740,  elle  était' désignée 

- — —— ^j- — • . ■ — ■ I        j      ,    j    ■      ,  i_ 

Ce  fut  Loais  ,  fils  et  successeur  d^Âmé  ou  Am^dée  Vill  ^ 
qni^t  bàtii*  réglîse.  Il  moarat  danë  le  couvant  en  i465* 
Son  cceur  et  ses  entrailles  furent  inhumés  devant  le  grand 
autel.  LUnsctiption  en  rers  latins  qu'on  avait  mise  s«r  -êotn 
monument  et  que  le  P.  de  Colouia  a  rapportée  daps  çon. 
Histotre  littéraire  de  Lyon  ^  tom.  Il ,  pag.  4^7  9  ajapt  été 
détruite  par  les  protestans  ,  on'  j  substitua  celle-ci  :  Ici  est 
le  cceur  de  Louis ,  duc  second  de,  Savoie ,  qui  décéda  à, 
Lyon  ,  Fan  M  CCCC  LXV.  Voy.  Colonia ,  loc.  cit.  èl  la 
Description  de  Lyon  (par  André  Clppasson) ,  17419  ta-12  9 
pag.  55-34,  •  B.    • 

) 


Ions  \e  nom  de  rue  iw  CtuwbonSlanc  ;  on  ignore  I^^ty* 
«ok^le  de  celui  qu'elle  porte  aujourd'hui  ;  il  y  existe  '7 
Baisons  9  4!î  ménages ,  m  individus,  17  ateliers  et  24 
Biétiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie* 

AiTGEs  Cn^ont^e  des).  Petit  chemin  extrêmement  ra- 
yîde  qui  commence  au  haut  de  la  montée  des  Capucins 
ct^aboutil  à  Fourrières;  il  est  bordé  à  droite  et  à  gauche 
par  des  nors  de  clôture  et  notamment  par  ceux  d^  Tan- 
oenoe  aaison  des  Lazaristes  ;  il  n*y  existe  que  2  maisons^ 
5  fliéiiages  et  35  individus. 

Cette  montée  se  nommait  autrefois  de  Langes^  et  soit 
par  corruption ,  soit  par  une  allusion  triviale  à  la  roi-. 
drar  de  sa  pente  que  le  peuple  comparait  à  celle  de  la 
montée  du  paradis ,  on  Va  appelée  des  Anges  :  il  y  a, 
Ceu  de  présumer  que  sa  déndfaiination  primitive  lui  venait 
du.  président  de  Langes  dont  les  propriétés  s*itendaient 
toute  cette  partie  de  lancienne  ville.   , 

On  y  remarque  la  maison  de  M.  }'aU)é  Caille ,  cha-*. 

[ne  d^boaneur  de  la  métropole.  Cette  maison  qui  a 

sppartefnn  à  la  famille  d'Albon  ,  est  placée  dans  une  ex^. 

position  magnifique  :  de  la  terrasse  qui  en  dépend ,  on 

domine  toute  la  ville,  et  la  vue  s*étend  sur  tout" le  Dau- 

phiné  jusqu'aux  Alpes.  . 

La  maison  Caille  a  été  honora  de  la  présence  de  S.  S 
Je  foft  Pie  Vn,  qui  s'y  reposa,  le  19  avril  x8p5 ,  en 
aoniant  à  Fourvières  ,  et  qui ,  de  dessus  la  ten*asse 
ènl  OOU5  ayons  parlé ,  donna  sa  bénédiction  apostoli- 

fie  â  /a  ville  de  Lyon. 

Ob  a  découvert ,  il  y  a  quelques  années  ,  dans  cette 

h&  propriété  9  «n  réservoir  antique  d'une  assez  grande 

itmàue     et  dont  les  murs ,  d'une  forte  épaisseur ,  sont 


(  «4  ) 
reVéiiis  d*tin  dmènt  parfaitement  consèihré  ;  \à  toli^nt^ 
de  "eette  construction  et  les  précautions  prises  pour  soiiF 
éxecution  ne  permettent  pas  de  douter  qu^elIe  ne  soi^ 
louvrage  des  Romains.  Le  soin  9  on  peut  même  diref 
l'élëgance,  avec  laquelle,  le  fond  de  ce  réservoir  est  payë^ 
est  surtout  digne  de  remarque  :  ce  sont  de  petites  bnr* 
ques  carrées ,  de  trois  pouces  de  long ,  sur  un  pouce  et 
demi  de  large,  posées  à  bain  de  ciment  et  disposées  entre 
elles  de  manière  à  former  des  angles  qui  se  pénètrent. 
Ce  compartiment  qui  se  retrouve  souvent  dans  les  pavés' 
antiques  est  toujours   d'un   très-bel  effet,  lié  réservoir 
dont  nous  parlons  a  été  voûté  et  transformé  en  ca^e 
par  le  propriétaire  actuel. 

Vis-à-vis  on  trouve  la  maison  de  M.  Bernardin  « 
dans  le  clos  de  laquelle  est'  le  pavillon  Billon ,  ainsi  ap«, 
pelé  dû  nom  de  celui  qui  Ta  construite. 
^  De  cet  endroit  on  jouît  d'un  point  de  vue  encore  plus 
beau  que  de  là  maison  Caille  ;  car  non  seulement  on 
découvre  la  ville  de  Lyon  et  lé  Dauphîné  jusqu'aux 
A'ipes ,  mais  ^hcore  toute  la  coTiine  de  Sl-Sébaslîen  ,  les 
Chartreux  et  les.  rives  de  la  Saône  jusqu^aux  environs 
de  rile-Barbe,  .     ' 

Cette  maison,  qui  parait  très-ancienne,  pourrait  bien 
être  cçlle  où  se  tenaient ,  au  cQmmencemeni  du  i&^ 
siècfe  ,  ces  assemblées  académiques  qui  réunissaient  les 
Symphorifen  •Champiei' ,  les  Dôlêt,  les  Voulté,  etc.  (i)  > 


(i)  Il  s'agit  ici  de  la  célèbre  académie  àtt  Foornères. 
Soua  obt^rveroof  ^u'îl  n'est  pas  certain  que  les'  hommes 
de  lettres  qu'on  nomme  en  cet  endroit  aienft  ùàt  partie  de 
ces  réunions ,  quoique  la  pkipart  de  nos  historiens  le  disent 
expresçëment ,  et  entr'aulres  le  P,  de  Colonia  (Hist.liU* 


et  qui .  a  appartenu  ensuite  à  Nicolas  de  Langes ,  pre- 
niier  président  et  lieutenant-général  au  présidial  de  Lyon,< 


de  Ijyon ,  fôm.  H  ,  pag.  /fi6  et  suiv.  ) ,  qa^on  croirait  avoir 
eii  des  mémoires  particuliers  sur  ce  sujet.  Le  seul  monu- 
ment  authenftîque  qui  nous  ait  été  consenré  de  Téxistence 
de  cette  académie,  est  ane  lettre  d^Hambert  Foumier, 
dlitée  de  t5o6  ,  adressée  à  son  ami  Symphorien  Cbampier^ 
imérée  à  la  suite  d'un  recueil  d'opuscules  latins  de  ce 
même  Champîer,  imprimé  à  Lyon  l'année  suivante  (  yoy. 
^rehfpes  du  Rhéne^  tom.  III,  pag.  400)  t  ^^  9^^  1^  P*  ^é- 
Destrier  a  presse  entièrement  traduite  dans  sa  BihUothéq. 
cmnetue ,  Tcéroux ,  1704»  d  Toh  in-12 ,  tom.  Il  9  pag.  120- 
126.  Maïs ,  dans  la  lettre  dont  il  s^'agit ,  H.  Foumier   ne  ' 
déngne  ,  comme  assistant  aux  assexAbléès  littéraires    de 
Fourrières  ,  que  le  médecin  Gomsalye  de  Tolède  (  et  non 
de  Cordoue ,  comme  le  dit ,  par  dbtraction ,  M.  Fortis  9 
Voyage  pittoresque  de  I^on^  tom.  II ,  pag.  '  555) ,  origi- 
aaire  d'Espagne ,  élu  pour  le  roi  en  détection'  de  Lyon  ^ 
auteur  de  plns'ieurs  nuTrages  aujourd'hui  oubliés ,  .et  un 
diéologien  nommé  André  Victon,  qu'il  appelle  son  Sacrât^ 
et  dont  il  exalte  avec  emphase  les  Tertus  et  les  talens.  Par 
ane  antre  lettre 'insérée  au  même  recueil  et  datée  aussi  de 
i5o6,  H.  Fournier  nous  apprend  qae  Jean  le  Maire   de 
Be^es ,  poète  et  htstoi^ien ,  dont  on  sait  que  *Clédent  Marot 
fat  le  'disèi^le ,  arait*  assisté,  quelque  temps  auparavant  y 
anx  exercices  académiques  de  Fourrières.  Ce  èônt  là  les 
seuls  membres  dé  cette  académie  qu'il  indique  et  qui  nous 
soient  connus.  Symphorien  Champier  ne  pouvait  en  être  ; 
ear  autrement  son  ami  ne  lui  aurait  pas  envoyé  la  descrip- 
tion détaillée  du  lieu  t>ù  se  tenaieat  les  assemblées  et;  ne 
loi  aurait    pas  rendu  compte  des  exercices  auxquels  on 
l'y  livrait.  Quant  àVoulté,  il  ne  vint  qu'en  t556  àLyon, 
aà  il  séjourna  oiviron  deux  ans  j  et  Dolet  qui  y  vint  aussi 


en  1570^  «  Le  liéa  où  ils  s'assemblaient,  dît  le  P.    d 
»  Colonia  ^  Hisf.  liiL  de  Lyon ,  tom.  II ,  pag.  4^7  9  ^tai 


Teirs  la  même  époque  ,  n'ëtait  pas  encore  aa  monde  y  lofr»- 
qae  Fournier  ëcriyait  les  lettres  qae  nous  Tenons  de  citei' 
puisque  ce  célèbre  imprimeur  ne  naquit  qu'en  jSoq»  V<Milt4 
nous  parle  bien  de  plusieurs  gens  de  lettres  qu'il  Tojai 
fréquemment  à  Lyon ,  tels  que  Jérôme  Fondulo,  Chris toplH 
de  LonguetI ,  Villeneuve ,  Guillaume  du  Ghoul ,  GaiUaanu 
et  Maurice  Sève  ^  Benoit  Court ,  les  Fournier ,  les  da  Pey- 
rat ,  etc.  ;  mais  nulle  part  il  ne  Adt  mention  de  réanîooi 
académiques  proprement  dites  9  et  encore  moins  de  n^oty 
nions  de  ce  genre  qui  eussent  lieu  à  Fourrières*  Ce  n*est 
que  par  une  conjecture  purement  gratuite  que  Colonia  et^ 
après  lui ,  tous  nos  historiens  ,  sans  en  excepter  un  seul , 
supposent  que  presque  tous  le^s  littérateurs   qui  étaient  à 
Lyon  dans  le  seiûème  siècle  ,  ont  fait  partie  ,  ensemble 
ou  successivement ,  de  l'académie  de  Fourvières.  Poùllin 
de  Lumina  ^  Abrégé  chronolog.  deVhisU  de  Lyon  9  p.  1879 
en  donne  une  liste  assec  nombreuse ,  où  l'on  voit  figurer  9 
outre  les  personnes   que  nous  avons  nommées  ,  Louise 
Labé ,  Clémence  de  Bourges ,  Pemette  du  Guîllet,  Claudine 
et  Sibylle  Sève  ,  le  poète  Girinet ,  Paterin ,  Clément  Marot, 
etc.  Du  reste,  l'académie  de  Fourvières  9  si  toutefois  elle 
mérite  ce  nom ,  n'était  qu'un  cercle  de  quelques  amis  qui 
s'occupaient  ensemble  de  littérature  9  tel  qu'il  y  en  a  eu 
dans  tous  les  temps  qui  ne  furent  point  des  époques  de 
barbarie  ^  mais  il  y  a  loin  de  là  à  une  académie  semblable 
a  celles  qui  existent  de  nos  ^ours  ;  institutions  permanentes^ 
.assujetties  à  des  statuts  et  autorisées  par  le  gouvernement» 
11  n'est  pas  non  plus  bien  certain  que  la  maison  possé- 
dée depuis ,  vers  la  fin  du  seizième  siècle ,  par  le  président 
de    Langes  y  appelée   de   son  nom  l* Angélique  ,  où  il  ras~ 
sembla  beaucoup  d'in6ci*iptîons  et  de  monumens  d'antiquité 
et  où  il  recevait  volontiers  les  savans  et  les  gens  de  lettre»^ 


(    217  ) 

B  xmtt  assez,  belle  maison  j  au-dessus  de  Tëglise  de  Four- 

9  TÎères^  qui  était  un  reste  du  palais  des  empereurs:  on 

a  la  nomma  depuis  \ Angélique  ,  parce  qu*elle  fat  ac-* 

9  ^ise  par  M.  de  Xanges ,  premier  président  et  lieule^ 

B  nant-gënéral  du  prësîdial  de  Lyon.  »  Ce  passage  d'un 

historien  rapproche  du  i6/  siècle  ,  nous  semble' propre 

à  appuyer  Topinion  que  nous  ëmetions  ;  du  moins  il 

jrlruîl  oomplèteinent  ceHe  d'un  écrivain  plus  moderne 

qui  a  prétendu  que  V Angélique  était  située  sur  la  place 

lie  VAntîquaillë  9  ce  qui  serait  incompatible  avec  la  ver- 

sioD  du  P.  de  Golonia  qui  place  cette  maison  au-dessus 

ée  Foumires. 

La  maison  Bernardin  ,  bâtie  sur  les  restes,  du.  palais 
f  AnloniB  ^  qoi  courrait  tout  le  plateau  de  .Fourvières  ^ 
pourrai  ausM  ,  selon  quelques  auteurs ,  avoir  été  le  chft* 
leau  de  Bussy  ou  Bucy,  dont  il  est  tant  parle  dans  le» 
anciens  litres  de  1004  sous  Adhémar,  abbé  de  St-Jusl 
et  sous  Burchard ,  archevêque  de  Lyon ,  et  qui  disputait 
alors  d'ancienneté  avec- celui  de  Pierre-Scise. 
.  Il  SàxA  tootefcMs  accueillir  cette  opinion  avec  d'autant 

•oit  la  même  que  celle  où ,  au  commencement  du  même 
siëde  ,  se  réanissaient  Humbert  Foumier  et  ses  amis  Gon- 
sahc  de  Tolède  et  André  Victon  ,  pour  s'y  livrer  à  Fétude 
et  à  des  entretiens  scientifiques. 

5oas  donnerons  peut-être ,  dans  nn  mémoire  particulier^ 
\  ces  idées  jetées  rapidement  ici ,  le  développement  qu'ettes 
BOBS  paraissent  mériter  ,  comme  étant  relatives  à  un  des 
fotnts  les  pins  curieux  de  '  notre  histoire  littéraire ,  et 
Moune  fournissant  l'occasion  de  rappeler  tous  les  souve- 
nirs qui  nous  restent  de  plusieurs  personnages  distingués  y 
aés  ou  ajanf  vécu  dans  nos  murs.  B«. 


(  2i8  y 

plds  de  (»roohspection ,  que  les  titres  ies  i3.*  et  j4« 
siècles  ne  contiennent  rien  qui  paisse  Tacaécljiier  et  dé 
signefvt  seulement  cet  emplacement  ioos  le  nom  de  Cr&i/. 
ou  Groiie'dé  Founnèf]es  j  à  cause ,  sans  doi^.^  des  cave 
et  des  toutes  qui  s*y  trouvaient.  Dans  le  plan  de  i55p 
elte  ââil  appelée  le  Capot  ^  nom  qui  signifiait  aussi  ui 
endroit  secret  et  retire. 

Cette  maison  est  appuyée  sur  un  mur  romain  qu 
paraît  avoir  appartenu  jadis  à  un  édifice  considérable 
Blalheureusement  Tétat  de  dégradation  Sans  teqilel  « 
ft^Mye  maintenant  ce  vieux  vestige  ne  permet  pas  ik 
décider  s*  il  a  fait  partie  du  palais  des  empereurs  ou  de; 
remparts  de  Tantique  Lugdanum. 

Les  restes  d*aqueducs  que  l'on  ranarque  dans  léa 
maisons  Caille  et  Bernardin,  ont  dû  appartenir  à  celte 
longue  file  d'aqoediics  qui  amenait  tés  eaux  jusqu'à  et 
ÉnètBt  :^kis  où  il.parait  qu'il  existait  un-  vaste  i^rvoîr. 
'  ÂKGES  (rue  des).  C'est  une  petite  rue  qui  part  dto 
l'extrémité  de  celle  de  Trion  et  aboutit  à  celle  des  Gbe- 
vauc^OTs  ;  quoiqu'elle  suit  tracée  sur  le  plan  de  1740  , 
l'étymologie  de  son  nom  est  inconnue. 

Il  y  existe  ig  maisons,  31  ménages,  log  individus, 
i3  ateliers  et  26  métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes 
de  soie.  • 

•  ip^Gi^K  (rue  de  1').  C'est  une  rue  fort  étroite  qui  a 
aaù  ouverture  sut  le  quai  de  Flandre  et  aboutit  à  la  rue 
de  l'Arbalète*  Sur  le  plan  de  i5So  ^  elle  porte  le  nom 
de  VAngêUe.  Quoique  fort  IdngUe ,  elle  ne  donne  issue 
qu'à  8  maisons ,  les  autres  ayant  leur  entrée  sur  îa  place 
de  la  Boucherie  de  Saint-Paul  et  sur  celle  dé  râncienrie 
Douane;  il  y  existe  4*7  ménages,   182  individus,  18 


itefiers  el  43  mëliérft  pour  la  fabricaticm'  des  ëtoffes  de' 

Dttiant  les  6haléuts,àld'exhale  de  cette  rue  une  odeur 
Bosaboode^  qui  provient  de  quelques  ateliers  de  fon-» 
4eiiis  de  salf  et  de  mëgissiér^  qui  y  sont  relègues  :  son 
peu  de  largeur  ylet  ligne  Courbé  qu^elle  décrit;  la  grande 
àmteur  des  Hiaisons  la  rendent  très*-malsaine. 

*  *  m 

ABG1.SS  (rue  des  Deux)*  Ce|te  rue  aboutit  de  la 
^bce  de  b  Croix^Paquet  à  c^Ue  des-Pénitens-de-^la-Croix; 
Son  oBTertute  »  ainsi  que  celles  de»  rues  adjacentes ,  n^ 
wemoote  pas  du-delà  de  5o  ans. 

Le  nom  qu'elle  porte  fait  allusion  à  ce  que  fonnan| 
CD  quelque  sorte  une  ile  dt  ^timens  cnti«e  la  rue  Royale 
et  le  îaidin  djx  grai^  sëminafre,.  chacune  de  .ses.  deux 
extrémités  se  termine  par  un  angle  double*  £lle  n'a 
i]a*anè  Aigcv^  de  tnaisons ,  le  £Ôté  opposé  étani  borné 
par  le  mur  de  clôture  dudit  )ar4in.  .1)  n-existe  qu» 
5  nuisons  gai  y  prennent,  entrée,  les  autres  domiaiit 
sur.  la  rue  royale  ;  o|^  y  compte  5o  ménages ,. 174  iodip 
TÎdus  9  5  ateliers  et  \o  métiers  de  la  fabrique  d'étoffes 
de  soie.  Elle  est  habitée  en  grande  partie  par  le  haut 
ooilunerce  et  ne  renferme,  aucun  monument  digne  de 
remarque.  L'ouverture  de  celte  rue  se  liant  au  surplus 
do  quartier  St-'Clair  ,  nous  y  reviendrons  avec  quelques 
àêsSs ,  lorsque  nous  aurons  k  entrelieair  Mé.  lecteurs 
èe  la  création  toute  moderne  de  t^  magnifique;  qwârtier« 

Akgoui«âh£  (cours  d').  C'est  ainsi  que  la  partie  du 
foai  du  Rhône ,  qui ,  dans  la  directipn  du  norçl  au  midi, 
lélend  de  la  plaoe  de  la  Charité  à  la  barrière  Perrache  , 
4  été  noniinée  èh^  i?i5  ,  en  commémoration  du  séjour 
çiefil  à  Lyon  ,  à  celte  époque,  S.  A.*  R.le  duc  d^'An- 


(    220  ) 

gouléme ,  deveiiu  depuis  iors  M.  le  Dauphin.  Plus  an 
ciennement  on  Ta  appelé  quai  de  lalCharité^  et  penda 
quelque  temps  cours  Napoléon.  Les  constructions  et  1 
population  y  ont  pris  un  accroissement  notable  en 
d'années.  On  les.  portait,  il  y  a  d^à  quelque  temps,  à  2 
malsons,  187  ménages,  734  individus,  84  ateliers  e 
228  métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

C'est  sous  l'administration  de  M.*Sain-Rousset ,  baron 
de  Vauxonne ,  comme  maire  de  la  division  du  midi ,  que 
fut  conçue  l'heureuse  idée  d'embellir  le  trottoir  de  ce 
quai  d'une  large  allée  d'arbres.  Plus  tard  ,  sous  la  mairie 
de  M.  le  comte  de  Sathonnay,  le  quai  fut  exhaussé  et 
pavé. 

Les  principaux  édifices  qui  bordent  le  cours  d'Angoa- 
léme  sont  l'hospice  de  la  Charité ,  la  caserne  de  la  Nou- 
veUe^Douane  et  la  manufacture  royale  des  tabacs. 

Ces  momimens  qui 'se  distinguent  pIutAt  par  leurs 
masses  que  par  leurs  détails ,  contribuent  à  Tembellisse* 
ment  de  ce  quai ,  le  plus  remarquable  de  Lyon  après  le 
quai  St-m:lair.  La  façade  de  l'hospice  de  la  Charité  n'est 
point  encore  terminée ,  et  il  n'est  personne  qui  ne  forme 
des^  voeux    pour   son   prompt  achèvement.   Lorsqu'en 
présence  de  cet  édifice ,  dont  on   s'arrête  à  contem- 
pler, le  magnifique  paysage  et  Timmense  horizon  qu'on 
découvre  de  cette  rive  du  Rhône  ,  et  qui  n'a  de  bornes 
que  les  Alpes  et  les  pitons  du  Pilât,  on  ne  peut' qu'ap- 
plaudir.- aux  efforts  réunis   que  font  lé  département  ^ 
la  ville  de  Lyon  et  la  Guillotière ,  pour  contenir  enfin  , 
par  une  digue  puissante  le  cours  majestueux  du  fleuve 
dans  son  large  bassin  (i),  et  surtout  pour  le  ramener 

(i)  Cette  digue  5  entreprise  sur  les  plans  de  M.  Fàyier  j 


(   331    ) 

ao  bord  da  pené  dont  un  immaise  banc  de  graviers 
sonblalt  devoir  bientôt  le  séparer  pour  toujours. 

n  existait  autrefois  dans  les  bâtimens  de  la  Charité  , 
BA  coUëge.  royal  de  chirurgie*  Les-^moyens  abohdans 
d'instraction  que  nos   grands  hôpitaux  offrent ,. depuis 
kng-t^ps,  à  la  chirurgie,  et  qui  ont  puissamment  con- 
tribué à  ta  haute  réputation  dont  cet  art  jouit  à  Lyon , 
èâertninfarent  liouis  XVI  à  ériger  le  corps  des  chirur- 
çens  de  œtle  ville  en  collège  royal ,  par  lettres  patc^ntcs 
en  fonaede  déclaration  ,  portant  règlement ,  données  à 
Versailles  le  6  îuillet  1775  et  enregistrées  au  parlement: 
Les  mêmes  lettres  patentes  interdisaient  Texercice  de  la 
dûrargie ,  dans  la  ville  de  Lyon  et  dans  le  ressort  de  la 
lèiédiaussée^'à  quiconque  A*était  pas  membre  de  ce  col-* 
1^  ;  cette  institution  a  fourni  des  praticiens  célèbres 
Ids  que  les  Laurès ,  les  Pouteau ,  les  Parisot ,  etc.  ;  elleia 
âé  èéliuUe  lors  de  la  révolution.  Plus  loin ,  aussi  sur'lé 
ooars  d'AngouVème,  on  voit  lacastei^e  nommée  k  Nou- 
velIe-IXNiane.  Cet  édifice  avait  été  coiistruit  peu  d'anhéés 
avant  la  révolution  ,  siir  les  dessins  ét^  sous  ta  direction 
de  rarciutocte  Dupoux ,  poùp  servir  d'hôtel  des  Fermes  ; 
Tonplaoeinent  sur  lequel  il  est  bâti  dépendait  de  Thos- 
pîce  de  b  Charité  j  et  le  gouvemenietit  en  fit  TacqUisi^ 
tba,  moyennant  une  rente  de  iS^ooo  fr«  par  an  ,  qu'il 
denit  payer  à  cet  hôpital.  La /évolution  étant  surtenue, 
et  la  r^e  des  fermes  ayant  été  supprimée ,  le  Mtimettt 
dont  BOUS  parlons  futf  provisoirement  employé  au  logé-^ 
aent  des  troupes  composant  )a  garnison  ^  et  depuis ,  il  & 
clé  définitivement  affecté  i  cette  destination ,  à  laquelle 

î^éiiiear  en  chef  du  département ,  se  constrtiit  sous  la 
diiectîon  à»  M*  Blotidat ,  ingénieiir  ordtnai«*e. 


(   5^22   ) 

le  rendent  très-^propre  sa  vaaie  capàcrlë  et  la  saluDrîf^ 
de  sa  situation* 

Le  bâtiment  occupé  par  la  maniifactare  tbysle  -de^ 
tabacs  ,  qui  termine  le  cours  d'Angoulêfiie  au  midi  ,  t 
été  construit)  en  178S  ou  1789  5  sur  les  dessins  de  fei 
M-  Thibière^  pour  MM.  Picot  et  Fazi^  nëgocians  getie* 
vois  )  qui  y  élevèrent  une  indiennerie;  En  1794  ,  eel 
étaUissement  passa  dans  d'autres  mains  ;  postërieure^ 
ment  il  fut  loué  à  M.  'Teissier ,  qui  y  forma  une  fabrique 
de  tabac.  Mais  en  i8jo  ou  1811,  lorsque  le  g/tmiettite^ 
ment  remit  les  tabacs  en  régie  ^  il  aicheta  rétablisseniertf 
dô  M.  Teissier  et  y  plaça  la  manufacture  royale  des 
tabacs  telle  qu*on  la  voit  aujourd'hui. 

Cet  ëtablissera/ent  ne  laisse  pas  d'être  de  quelque  ée^ 
cours  dans  une  ville  aussi  populeuse  que  celle  de  Lyoi^  , 
à  .cause  du  grand'  nombre  d'ouvriers  des  dent  sei^  et 
de  tou^  âge  qu^ .  y  SQnt  occupa.  Lé  gouvernement  -a 
acbelé ,  en  i8m  ,  un  emplacement  atlmaiit  ^  su^  lequel 
il  a  fait,  des  censtructionâ  pour  ragratidissement  des 
m2^;^ns  4^  cette  riche  exploitation.  '  ''* 

Noi^s  ne  sauricttii^  terminer  cet  article  éans  rappeler  î'à 
la  gloire  de  Tarmée  '  lyonnaise ,  un  beau  fait  d'armes 
qui  commença  ^  le  39  septembre  1793,  sùv  l'èmplàéle-* 
ment  où  se  joignent  lesi  cours  d*Aagoutéme  et  du  Midi. 

Les  Lyeuiiai^^chaasé^  de  Perrache,  par  -la  surprise^ 
tout  lecoteavi  4e7St^EQy  :et  le  passage,  sur  le  pont  de  4a 
Mulatière  des  troupes  de  Javdgues,  fujraient  en  dé^rdi^ 
vers  ]a  ville  ^  lorsqu  arrivés  sous  les  murs  de  là  nfanu-^ 
facture  de  tabacS:,  iU  y  furent  ralliés  par  M.  de  Gha^ 
poaay^firère  de  M.  le  marquis  de  Chaponay  de  Bcaotten. 
Quoi()ue  incarmu. ,  sans  tilve  çiilU^ure  et  d*autant  plos 
étranger  au  piéûçr  d^  armes  qu'il  se  destinait  alors  à 


rëlat  eodësiasiîqué ,  M.  de  Chapoiiay  montra  tn  cette 
occasion  de  quel  pouYoîr  sait  s*emparer  ^  dans  un  danger 
imminent  j  un  homme  de  cœur  et  d'une  forte  r^lution« 

Ce  fut   là  9   qu'un   moment  après ,  se  rassembla   la 

cavalerie    lyonnaise  qui ,  conduite  par   Prëcy  ^  exëcuta 

sur  Tallëe  Perrache  une  charge  hasardeuse  et  meurtrière: 

en  même  ifi«qp#)^  l'infanterie  ayaiH  à  sa  tâte    M.  .de 

Montcolomb ,  neveu  de  Prëcy ,  s'engagea  dans  le  milieu 

de  l'tfe  .Perrache ,  du  côte  de  la  Saône  ^  et  se  porta 

)usqu'aux  dernières  maisons  de  la  diaussëe ,  pour  couper 

la  retraite  au  bataillon  de  l'Ardéche  qui  y  fut  écra$ë«»  La 

iàiUesse  de  cette  position ,  qui  eût  été  k  peine  tenaUe  $ 

s!  Tordre  qu*on  prétend  avpir  été  donne  poqr  faire  3auter 

le  pont  de  la  Mulatière ,  eût  été  exëculë  ^  força  les  Lyon* 

nais,  à  9^  xetirer  sur  la  li^e  où  ilf  avaieptété  r^UiëSf 

après  avoir  essayé ,  à  la  chute ^u  jour  ,.de  faire  .une  sai-* 

giléeà  1^  diw^sëe  Percacbci,  vU^à<^vîs  de  Teodroît  eonna 

actodkoieni  soui  le.  nadoi  de, rue  idu  fielier* 

A  -la  Miièa  deoetle  dernièi*e  leatative  ^  MM.  Vtcéi  «t 
Faei,  directeurs  de  la  fabrique  d'indienne,  s'empressèrent 
de  faire  rafraîchir  les  restes  de  Tarmée  lyonnaise' ^tii , 
partie  du  pont  d'OuUins  ^  se  bcittait  depuis  3  heure» 
du  matin  j  exténuée  de  fatigue  et  de  faim  et  accablée  des 
pertes  qu'elle  venait  d'^prouyer.  Cette  mén^orable  ajf^iùre 
^eiança 4le huit  jours  la  r^dition  de  la. ville ^.eUe  eyl 
pour  résultat  important  d'empÂchar  rennfimi  d'y  eiitm 
de  viirtîfQcn. 


<   224) 


.  t 


HISTOIRE. 

Liste  des  députés  de  Lyon  aux  ëUts-géadraax  da  royaume  (i)« 

I.  irkTS'^GÈtdiLkvx  TBiojs  il  TOURS»  1 467*- 1 468  (2). 

Jean  Grand,  députe  du  clergé  (3).  ^ 

Jean  de  Villeneuve ,  député  de  la  noblesse  ou  des  l>our* 
geois  (4). 

(i)  M.*^  M.  de  V.,  archiviste  de  la  ville ,  nous  a  fourni  le0 
princftpaax  élémens  de  cette  liste ,  ainsi  que  de  celle  des 
députés  aux  assemblées  législatives  depuis  17899  que  nous 
avons  donnée  plus  haut,  pag.  43-53.  Ces  deux  listes  se 
complètent  Tune  Tautre. 

U  y  a  eu  d'assee  fréquentes  assemblées  des  états-gén^ 
ranx  de  France ,  avant  1467,  même  en  ne  remontant  qu'à 
répoque  où  Lyon  fut  réuni  à  la  conixmne  ;  mais  il  serait 
difficile  ,  peut-être  impossible ,  de  retrouver  les  noms  des 
députés  que  cette  ville  y  envoya  dans  des  temps  aussi  reculés. 

(2)  Sous  Louis  XI.  Il  j  fut  arrêté  que  la  Normandie  ne 
pouTait  se  démembrer  de  la  couronne  pour  être  donnée  au 
frère  du  roi ,  que  Iç  duc  de  Bretagne  rendrait  les  villes  par 
lui  prises  en  Normandie ,  et  qu*on  élirait  plusieurs  per^ 
sonnes  pour  la  réforme  de  Tétat.  Le  président  Hénault  y 
Abrégé  chrùnol.  de  Phisi,  d^  France. 

(5)  Jean  Grand  figure  plusie.urs  fois  ,  de  i45i  ^  i4^  9 
sur  la  liste  des  conseillers  de  yiUe. 

(4)  On  donnait  alors  le  nom  de  bourgeois  aux  nobles. 

Jean  de  Villeneuve  est  sans  doute  le  même  qui  fut 
Courier  (juge  criminel)  de  Lyon,  et  le  père  d'Humbert  de 
Villeneuve,  premier  président  au  parienient  de  Bourgogne. 
Archives  du  BMnç^  tom.  III,  pag.  276. 


(  225  > 

Uîchèlet  Dttlart ,  député  des  maîtres  des  mëtiers  (i). 

II.  Idem.  1484  (2). 

Jean  Palmier  9  }uge-mage  (3^. 
Antoine  Dupont  (4)« 

(1)  Les  assemblées  de  la  commune  étaient  composées 
de  deax  terriers  9  ou  anciens  magistrats  propriétaires  ,  et 
4es-  maîtres  des  métiers»  Les  premiers  représentaient  Isi 
noblesse  ou  bourgeoisie  }  les  seconds ,  les  corporations 
dfarts  et  métiers.  Chaque  corporation  en  fournissait  deux. 
Us  étaient  ordinairement  au.  nombre. de^  120  ^  attendu  qu'on 
us  comptait  guère  plus  de  60  corporations  à  Ljon» 

Michel  ou  Michelet  Dulart  a  été  plusieurs  fois  conseiller 
de  TÎlle,  de  i45>  ^  lifi^*  L'abbé  Peruetti  9  Ljronn*,  dign. 
de  mém.  tom.  I  ,  pag.  195. 

(2)  Ces  états  confirmèrent  le  gouvernement  de  la  per- 
sonne du  roi  (  Charl.es  VIII  )  à  Anne  de  France  ,  dame  de 
Heauîeu',  sa  soeur ,  malgré  les  oppositions  du  '  duc  d'Or- 
léans V  qui ,  en  sa  qualité  de  premier  prince  du  sang  ^ 
foulait  aToir  la  principale  autorité.  On  établit  un  conseil 
de  dix  personnes  ^  oik  dcTaîent  assister  les  princes  du  sang^ 
savoir  le  duc  d'Orléans  ,  président  ^  le  comte  d'Aogouléme^ 
le  connétable  de  Bourbon ,  frère  aine  de  Pierre  de  Beaujeu, 
Pierre  de  Beaujeu ,  le  comte  de  Dunois.  L'ordqpnance  , 
faite  sur  la  réquisition  de  ces  états  9  est  la  première  qui 
ait  permis  à  toutes  sortes  de  personnes  à*eêier  en  juge- 
ment par  procureur.  Le  président  Hénault^  loc,  cit. 

(3).  Pemetti ,  tom.  I  $  pag.  198» 

(4)  Pemetti,  ihid. ,  pag.  148,  parle  d'un  Antoine  Dupont 
qui  fut  en  même  temps  procureur-général ,  receveur  et 
secrétaire  de  la  ville  de  Lyon ,  et  qui  garda  ces  trois  places 
josqu'en  i4o3  ou  environ.  Cette  date  fait  présumer  gue  oê 
n'est  pas  le  même  personnage  qur  fut  député  aux  états  d^ 
1484. 

Tome  VIL  i5 


(  336  ) 

ÎJI.Idem.  i5o6  (i). 

Claude  le  Charron  ,  lieutenanl-gënéral  (2), 
Claude  Laurencin ,  trésorier  de  rarcheyéchë  (3). 
Claude  Thomassin ,  consenrateur  des  foires  (4)* 

IV.  Idârn.  Tenus  à  Orléans ,  puis  à  Pontoist.  i56o  (5). 

Benoit  Buatier ,  prëcenteur  et  grand-^vicsûre  de  Tarcher 


MÉM*«*^MMai*«* 


(1)  Louis  Xlt  avait  cotifirttië',  par  un  traite  conclu  % 
Bloîs  ,  la  promesse  de  marier  sa  ffile  Claude  aréc  Chartes  5 
fils  de  Philippe  ;  ks  conditions  eo  étaient  trop  onéreuses  , 
pour  qu'il  les  tint  :  il  fut  arrêté  dans  les  états  tenus  à 
Tours 9 que  le  mariage  ne  se  ferait  point,  et  la  princesse 
Claude  fut  fiancée  à  François,  comté  d'Angonldnie.  Le 
président  .HénauU  9  loc.  cit» 

(2)  Pemetii,  tom.  I,  pag.  :&it  et  ai2. 
(5)  Le  même  9  ibid, ,  pag.  218. 

(4)  C'est  sans  doute  celui  qui  donna  son  nom  ifc  tu  rue 
Thomassm ,  par  permission  du  consulat  datée  du  8  janyier 
1499.  Pemetti ,  ibid*^  pag.  1 70-1 71. 

(5)  Les  députés  des  trois  états  ayant  rej^résenté  que 
«leurs  pouvoirs  étaient  expirés  à  la  mort  du  rot  (François 
II  ) ,  et  qu'il  fallait  les  renouveler ,  il  fut  arrêté  que  les 
députésiK^ontinueraient  d'agir  en  veKu  de  leurs  commis- 
sions ,  sur  le  principe  que ,  par  la  loi  du  royaume ,  le  mort 
saisî^t  le  vif,  que  l'autorité  royale  ne  iheurt  point,  et  qu'elle 
passe ,.  sans  interraplîon  ,  du  rot  défunt  à  son  légitStaie 
successeur.  L'état  était  alors  endetté  dé  4^  millions  ,  quoi- 
que le  roi  Hebri  II  eût  ti*ouvé  dahs  le  trésor  dé  Tépai^e 
1,700,000  écus...  Les  états  d'Orléans  ne  produisirent  aubUn 
bien  :  il  faut  seulement  remarquer  la  célèbre  ordbnnance 
qui  j  fttt  rendue  au  sujet  des  luatièreè  ecclésiastiques  et 

.  sur  le  fait  de  la  {ustice...  Le  président  Héhaolt' ,  ïoc.  ciu  11 
paraît  que  ces  états  avaient  d'abord  été  convoqués  à  Meàul. 


(    227   )    . 

tèque,  députe  Au  clergë  (i). 
Gabriel  de  Sacconay^  chanoine  et  comte  de  Lyon ,  tJ,  (2)^ 
Le  baron  de  St-^Chamond  ^  députe  de  la  noblesse  (3)« 
Le  seigneur  de  la  Liegue  ^  iV/^m* 
Antoine  Bonin  de  Servîères  (4)* 
Pierre  Grolier^  pitïcureur-général  (S)* 

V.  tdtm.   Tenus  à  Blois.  i^jS  (6). 
Pierre  d'Epinac,  archevêque  de  Lyon  ^  dép»  du  clergé  (7)4 

(i)  fèoiêtti ,  tom.  1^  pag«  362-363 ,  et  ^c&«  <2tt  iii^/te^ 
Ion.  ¥1^  pag.  Si.     ^ 
fi)  Petifelrî  9  lom.  I ,  pag.  583  et  8âîir« 

(3)  Sam  doute  Jacques  Mitte  de  Ch^yrîères ,  seigneur  dd 
St-Chamond.  Archives  du  Rhône  ^  toiUé  V^  pag.  41 7* 

(4)  U  était  alors  couseilléi*  de  yiUe  ;  il  Tavait  été  plu- 
sieuts  des  années  précédentes  et  le  fut  encore  en  1664 
et  i566. 

(5)  £â  place  de  ^ocai*eUivgéaéral  de  la  commune  de 
Ljon  aTaj'l  été  résignée  par  Jean  de  là  Bessée  à  Pierre 
Grotîer  qiil  la  résigna  ^  à  son  tôar ,'  à  notre  ancien  liisto* 
Hea  ^  Claude  dé  Au})js  :  ce  dernier  fut  reçu  le  3i  juillet 
i565«  Toj«   pag;  406  de  son  Histoire  véritable  de  L(yon. 

S«r  la  famille  de  Grolier ,  l'aj^j^de  nos  plus  illastres  ^ 
caasidtex  tous  nos  historiens.    "^ 

(G)  CTest  le  temps  oiï  se  forma  la  Kgue,  Henri lll  régnaiU 
les  étals  eiiToyèj^nt  une  déj»utation  au  roi  de  Nàyarre  et 
an  prince*  de  Coodé  pour  les  engager  h  s'y  rendre  et  à 
eoDsenlir  h  la  défense  dé  Teiercice  de  toute  autire  religiou 
jfie  la  cafliolîque.  Le  président  Hénault ,  loc.  cit. 

(7)  Noos  donnerons  une  notice  sur  '  ce  personnage  qui 
£11  uni  &én  plus  celés  partisans  de  la  ligue  et  qui  joua  ùii 
rôle  considérable  dans  les  éTenemens'de  ectt^  époque*  U 
icésida  lea  états  de  1576^ 


(  328    ) 

Du  Plnay ,  dëpotë  de  la  noblesse. 
De  Beauregard  ,  idem  (i). 
Pierre  Scarron  (2). 
Jean  tjuyot  de  Masso  (3). 
Claude  de  Rubys  (4). 

.VL  Idem.  i588  (5). 

Pierre  Scarron  (6). 


(1)  Frère  de  (vulUaiune  de  Gadagoe,  seigneur  de  Bothëon, 

(2)  Fils  de  Jean,  et  frère,  à  ce  qu'il  parait,  d'Antoine  et 
cle  François,  qui,  ainsi  que  lui  et  d'autres  membres  de 

[■  l'eur  famille  ,  exercèrent  plusieurs  fois   les  fonctions  de 

conseillers  dé  yille.  La  famille  des  Scarron  était  originaire 
I  de  Moncarlier  en  Savoie.  Le  commerce  l'ayait  attirëe  à 

I  Lyon.  Elle  a  eu  plusieurs  officiers  de  cours  souveraines  à 

Paris  o&  elle  s'est  transplantée  avec  ses  ricliesses.  Le  cé- 
lèbre poète  burlesque  Scarron  en  était  issu,  Pemetti ,  1 1^ 
pag.  418  9  ^^  Archis^es  du  Rhône ,  tom.  III,  pag.  244* 

(5)  Receveur-général  des  finances  ,  conseiller  de  ville 
cette  même  année  1576* 

(4)  Voy.  plus  baut ,  pag.  19.  Pierre  Scarron ,  Guyot  de 
Masso  et  Claiide  de  Rubys  avaient  été  députés  par  la  ville 
à  Paris  en  1572,  et  ils  s'y  trouvaient  à  l'époque  de  la  St- 
Bartbélemi. 

(5)  Les  états  de  Blois  w  1S88  sont  célèbres.  Le  duc  de 
Guise  y  fut  massacré  par  ordre  d'Henri  III ,  le  25  décenw 
bre  ,  et  le  cai*dinal  de  Guise  ,  son  frère  ,  le  lendemain  24* 
Pierre  d'Ëpinac  qui  était  de  leur  parti ,  fut  fait  prisonnier. 
Les  deux  députés  de  Lyon  revenant  en  cette  ville  furent 
arrêtés,  au  mois  de  février  1689,  sur  la  route  d'Orléans  « 
par  les  troupes  de  M.  de  Neufyy  qui  les  remit  en  liberté 
après  quelques  jours  de  détention.  Notice  sur  le  duc  de 
Nemours  ,  par  M.  Pericaud,  Archives  du  hhône  ,  tom.  Y^ 
pag.  84. 

(6)  Yoy»  plus  baut,  not.  2. 


Nicolas  de  Chaponay ,  âeur  de  Ilsle  (i). 

VII.  Idem.  Tenus  à  Soissons»  iBga  (2)*. 

Guillaunie  Gelas  (3). 
Guillaume  de  Villars  (4). 

Vm.  Idem.  Tenus  à  Paris.  1614  (5). 

Doiys-Simon  de  Marquemont  5  cardifial ,  archeréqne  dé 

»  « 

■  -   "-  -     -  - 

(1)  Pemetti ,  tom.  Il ,  84  et  saÎT. 

(2)  Les  dépotés  de  Ljon  ne  se  rendirent  à  Soissons  que 
fous  Ja  couditioii  .qae,  s'Ss  étaient  faits  prisonniers  ou 
pillés  9  ils  seraient  Indemnisés  on  rachetés  par  la  TÎUe. 

(5)  Conseiller, de  ▼ille  en  i588  et  iS^  j  fi)s  d'nn  autre 
Gnillaorne  Gelas  qui  Tarait  été  en  i552  et  i558« 

(4)  Une  branche  de  la  famille  des  ViUars  alla  s'établir 
\  Condrieax.  EUea  foami  cinq  arohe'rêques  à  la  métropole 
de  Vienne  ,  et  le  célèbre  maréchal  de  Vilkirs*  en  était  issu» 
Archives  du  Wkéne^  tom.  VI)  pag.  71-72  et  379. 

(5)  Ces  états  forent  assemblés  y  le  27  octobre ,  par  Marie 
de  Médicis,  yeure  de  Henri  IV  9  régente  pendant  la  mi« 
norité  de  Loois  XIII.  Ils  ayaîeiit  d'abord  été  convoqués  à 
Sens  pour  le  25  août  ;  mais  on  attendit  la  majorité  du  roi , 
qai  arriva  le  27  septembre  9  et  on  les  transféra  à  Paris.  Ce 
sont  les  derniers  que  Ton,  ait  tenus  jusqu'ao  règne  de 
Iionis  XVI.  Ceux  de  i65i  forent  convoqués  ^  mais  ne  s'as- 
semblèrent pas. 

Ce  fut  en  cette  année  161 4  qu'on  plaça  dans  la  cour  de 
THôtel-de-Ville  9  une  boîte  où  chaque  particulier  avait  droit 
de  jeter  des  avis  ou  des  doléances  dans  T intérêt  de  la  cité« 
On  avait  déjà  employé ,  lors  de  ta  convocation  des  états,  de 
Bloîs  de  15889  le  même  moyen  qui  ne  produisit  que  des 
libelles  diftamatoîres  et  des  pasquinades  en  vers  et. en 
prose ,  et  qui  ne  répondit  pas  à  l'attente  des  inventeurs- 
qui  furent  les  premiers  maltraités»  Mém.  mss. 


\ 


Lyon,  députe. du  clergé  0)«  ,    ••-    ' 

De  Gîbertet ,  archidiacre  et  comte  de  Lyon ,  îdem^ 
Claude ,  sieur  de  CrémieuK  et  de  Chamousset',  députa 

de  la  noblesse. 
Pierre  Âustrein ,  prév6t  des  marchands,  député  du  Uer%- 

état  (2), 
GroUier ,  procureur-général ,  tdem  (5), 
Du  Moulceau,  aVocat»  idem  (4)« 
Jean  Goujon ,  avocat ,  idem  (5), 
Tissier ,  châtelain  de  Dargoire  et  syndic  du  plat  pays,  td^ 

IX.  I4«m,  Cowtfqués  à  Tours,  ifiSi  (6). 

,  ■    •        « 

Charles  Grdier ,  prévM  des  nukrcbands  (7)« 

I        "     •  !••  •         '  • 

I   I    I  >  I  I      »         I         I a^ 

».  •  .  '  ■'  *   I 

(i)  Ce  prélat,  né  h  Paris,  arsit  pris  possession  àà  siëgo 
archiépiscopal  de  Lyon,  le  9  mars  de  Tannée  préci^denta 
(i6i5)  ;  il  se  disUogua  p^rsa  piélë.  Oh  safM^u^îl  fut  r«nii 
«le  St  François  de  Sales.  Ilmoaitit  h-  Rome  le  16  septembre 
J1636»  âgé  de  54  ans, 

(à)  Archives  du  RMne  ,  tem.  V ,  pag.  579, 

(3)  Voy.  plas  haut,  pag.  11^7 ,  not.  5. 

(4)  Peraetti ,  tom.  U ,  pag.  i64-i6S« 

(5)  Le  même ,  iind, ,  pag.  16. 

(,6)  C'était  le  temps  de  4a  Fronde,  Anne-d'Aotriche  était 
régente  pendant  la  minorité  de  Louis  XIV  son  fils.  La  ncw' 
blesse  demandait  lés  étalsrgénéraax.  Il  paraît  même  que 
e^tliOsssemblée  (nt  convoquée^  mais  la  reîné  persuada  au* 
prihce  de  Condé ,  auquel  elle  feignait  de  vouloir  rendre 
Tautorité,  que  la  chose  était  contre  ses  intérêts ,  et  lea 
états  n'eurent  pas  lieu,  ' 

(7)  Voy.  pins  haut, pag.  227 i  not,  5, 


t 

•     X.    ASSSlKBLil  DXS  NOTABLB8.    1787-^1 78^    (l). 

»  •         • 

Louis  Toio^n  de  Montfort ,  prëvôt  des  marchands  (2), 

j  ■■■■■■  ■  j 

BULLETIN  BIBLIOGRAPfflQUE. 


Aperçu,  de  tétat  de  la  cîvUisaiion  en  France ,  lu  »  le  20 
décembre  18979  ^  ^^  sociëtë  d'agriculture,  arts  et 
coiQiiierce  de  l'arrondissement  de  St-Étienne  (  Loire), 
par  M.  Smith,  avocat  et  juge  suppléant ,  membre  cor- 
i%spondant  du  cercle  littéraire  de  Lyon  ,  chargé  de 
présenter  quelques  obseryaitens  sur  le  tableau  dés 
forces  productives  de  la  France  depuis  181 4  9  par 
M.  Charles  Dupin*  Lyon,  Louis  Perrin  ,  1828, 
în^-ff*  de  39  pages. 

£ette  brochure  est  un  rappmrt  iutéresêant  sur  rouvrage 
da  M.  Bopin ,  désigné  dMis  le  titre  :  même  en  ne  *partft-* 

(i)  L'assemblée  des  notables  était  composée  dç  sept  . 
princes  do  sang,  sept  archevêques,  sept  évéques,  huit 
maréchaux,  vingt -huit  meinbres  de  la  noblesse  ,  huit 
çoaseîllers-d^état,  qufitre  maîjtres  des  requêtes  ,  boit  ma-  . 
gîstrats.  de  Paris ,  douce  présidens  de  parlemens  «  deux 
préûdens  de.  conseils  supérieurs  ,  neuf  députés  des  pays 
d'états  et  TÎogt-quatjre  maires  ou  prév&ts  des  marchands. 

(2)  Nommé ,  en  1 785,  prévôt  des  marchai^4s ,  îl  conserva 
cette  place  iasqu'à  1789,  époque  où  la  forme  de  )'admi<* 
m&tralîon  changea.  Il  mourut  le  i.^'  décembre  181 1.  Né 
plébéien,  il  acquit  pne  grande  fortune  et  donna  une  sorte 
d'illustration  à  sa  famille  dont  deux  ou  trois  autres  mem« 
bres  se  sont  aussi  fait  distinguer. 


(   232  ) 

géant  pas  tontes  les  opinions  de  l'antear,  on  ne  peut  qa^a 
plaudir  ii  la  manière  dont  elles  sont  exposées» 


Première  ïeitre  à  MM.  les  curés  des  paroisses  caikoii^ 
gués  du  canton  de  Genêts  ^  par  TÉclaireur  du  Jura  ^ 
avec  cette  épigraphe  : 

Vidctene  quis  vos  deeipiat  per  philosophiam  et.inamenm 
/allaciam»  (S.  Paul,  ad)  Cotoss.  c»  II 9  t.  & 

'  Lyon ,  imprimerie  de  J.  M.  Barret ,  1828  ^  in-8.0  Je 
76  pages. 


Cette  lettre  est  dirigée  contre  la  méthode  de  Penseigm 
ment  mutuel ,  qu'on  s'efforce  de  propager  à  Genève.  L'i 
leur  fait  yoir  dans  quel  bu,t  on  en  agit  ainsi  9  et  il  rassem- 
ble  tout  ce  qu'on  a  dit  de  plus   fort  contre   rinventioti  ^ 
attribuée  à  Lancaster.  C'est  surtout  sous  le  rapport  relL-^ 
gieux  qu'il  la  condamne ,  qu'il  en  démontre  les  abus  et  les 
dangers  9  et  a  recours  contre  eUe  à  la  voie  de  l'autorité  ^  '- 
comme  à  celle  du  raisonnement. 

j^ous  sera-t-il  permis  de  saisir  cette  occasion  de  rappeler^ 
que  l'enseignement  mutuel  n'est  point,  comme  on  l*acnr^ 
une  découverte  moderne  due  an  progrès  d^s  lumières?  On 
xious  pardonnera  sans  doute  cette  légère  digression ,  si  c'en 
est  une.  Il  est  certain  que  le  mode  d*instructîon  pratiqua 
par  le  quaker  Lancaster  est  beaucoup  plus  ancien  que  lui  p 
et  qu'il  était  en  usage  y  dès  le  seizième  siècle  j  dans  tes 
écoles  des  jésuites.  C'est  ce  qu'atteste  un  passage  du  Qua'^ 
irième   livre    des   Bigarrures    du   seigneur    des  Accorda 
(  Etienne  Tabourot ,  de  Dijon  )  ,  dont  la  première  éditioa 
est  de  i585.  Ce  passage  est  trop  curieux^  pour  ne  pas   le 
mettre  sous  les  yeux  de  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  le 
connaissent  pas.  Nous  nous  serrons  de  l'édition  du  lirra 


(  233  ) 
des  Accords  ,  donnée  à  Lyon  ,  par  les  liéritîers  de  Benoît 
Rigaad  ,  en  1699  ,  in-16.  On  7  lit  ce  qui  suit ,  pag.  a5-24: 

M  ...  Les  lesuistes...  enseignent  donc  leor  escbolîers  par 

•  une  gentile  émulation  qu'ils  pratiquent  de  ceste  sorte  : 

n  îFs  dirisent  par  bandes  de  dix  à  dix  tous  leurs  escholiers  y 

99  etconunettent  sur  chasque  disatne  un  decurion  qui  ft 

»  charge  de  faire  repeter  et  reciter  le  texte  k  ceux  qui  sont 

»  sous  sa  charge  |  et  sont  colloquees  chasques  decuries 

99  Tune  après  l'autre ,  en  ordre  certain ,  comme  il  j  a  la 

yy  première  92,3949  ^9  ®'c*  9  sutant  que  le  nombre  en 

99  ptot  £iîre.  Lors  quelques  fois   ils  exciteront  un  de  la 

99  quatrième  décurie  9  pour  disputer  contre  un  de  la  pre- 

»  Bnîere  ;  et  si  celuy  de  la  première  est  yaincu ,  on  le  fait 

»  descendre  en  la  place  du  victorieux  qu'on  fait  monter 

99  par  mesme  moyen  en  la  place  du  Taiucu.  €e  qui  se  fait 

9)  à  la  gloire  de  l'un  et  honte  de  l'autre  ,  qui  lui  sert  d& 

99  plus  aigre   peine  que   si  on  lui  donnait  des  Verges.  Et 

»  pour  gaîgner  en  ceste  dispute ,  on  leur  fait  respectire- 

99  ment  proposer ,  l'un  à  l'autre  ;  cinq   ou  six  questions*. 

99  Et  7  a  des  décorions  proche  d*iceux ,  qui  comptent  les 

99  fautes  9  afin  qu'on  ne  les  puisse  tromper.  Et  le  plus  gra«^ 

99  cieux  est  que  ,    quan^  il  se  rencontre    queicun  trop 

99  grand  asnîer  9   on  le  renvo7e  ,  par  forme  d'ignominie  j 

»  eu  la  décurie  des  asn/*s ,  dont  il  ne  sort  point  qu'il  n^ait 

»  premièrement  proToqué  et  vaincu  qnelcun  de  ses  com- 

99  pagDons  pour  regaigner  sa  place,  n 

€e  passage ,  comme  on  le  voit  ^  confirme  la  vëritë  dn 
mot  du  Sage  :  Nil  sub  sole  novwn.  Nous  en  devons  l'indi- 
cation à  une  lettre  que  M.  Guillaume  ,  secrëtaire-adjoint 
de  i'acadëmie  de  Besançon ,  a  adressée  à  M.  C.  N.  Amanton^ 
et  qui  a  été  insérée  dans  le  Journal  de  Dijon  du  4  ^^ 
cembre  1824*  U  est  à  remarquer  que  l'édition  des  Bigaf> 
rures  de  des  Accords  ^  à  laquelle  M.  Guillaume  renvoie  , 
est  celle  de  Paris  ^  1662  9  oii  les  jésuites  du  collège  de 


(  234  ) : 

GlcrmoBt  à  Paris  sont  désignés  oomine  pratiquant  la  m^-t 
thpde  donjt  il  s'agit  9  tandis  qtie  «  dans  Tédition  de  i585  qvLG 
nous  Tenons  de  citer,  les  jësuites  sont  nommés  ,  en  ge'n^— 
ndt  s»pa 'iadicafeiott  du  collège  oà  ils  faisaient  asage  do 
cette  mëtliode» 

II  j  attisait  peut^tire  une  oonclnaion  à  tirer  de  Teniploi 
qu'en  faisaient  les  jésuites  :  c'est  que  Peuseignement  ««»--> 
tudl  n*eat  pas  mandais  en  lui**méme  et  ne  le  deviendrait 
que  par  Tabus    qu'on  pourrait  en  ftiire^  mais  nous   ne 
voulons  pas   entrer  dans  l'examen  d'une  question  qui   ^ 
comn)6  tant  d'autres  ^  est  aujourd'hui  i|ne  question  de  re- 
ligion ict  de  politique  9  et  nous  croyons  qu'en  faisant  con-» 
naître  9  par  une  courte  analyse  9  le  sujet  de  la  lettre  de 
VEdaùrotir  du  Jura  9  nous  avons  rempli  notre  tâche  ,  et 
que  Mi^  ne  nous  sommes  pas  trop  écarte  du  but  9  en 
ajoutant  la  note  liiatorique  que  nous  avons  empruntée  à 
M*  XkûllanBie  9    sur  l'origine  du  mode  d'instruction  'sur 
lequel  roule  cette  mfiBM  lettre* 


'Almanach  des  Muses  pour  1828.  Paris,  Au/iia  9  libraire* 
édjlteur,  q^ai  ^es  Aug^stins,  In-ia  de  3ao  pages. 

Ce  voluque  est  le  soixante-quatrième  de  la  collçct^qn  ^  et 
ressemble  ass^z  à  s^es  aînés  9  en  ce  sens  que  l'on  y  i^oave  ^^ 
comme  dans  tous  les  ^.utrçs  recueils  du  inéme  genre  9  dA, 
bon,  du  mauvais  et  du  médiocre^  si  nous  l'enregistrons  ici, 
c'«st  parce  que  l'on  y  a  inséré  quelques  pièces  qui  ont  des 
Lyonnais  pour  auteurs  ,  et   dont  voici  les  titres  :  Joseph 
Vernet  9  ode  qai  a  remporté  le  prix  ai%  jugement  de  l'aca- 
démie  de   Yaucluse  ,  par   M.  BigQan  5  les   Imprécations 
du   Vieillard^  imitation  des   Lusiades   de  Camoèns,  par. 
M.  Boncharlat'9  trois  Epigrammes  ^  par  M.  Fabien  Pillet  y 
et  enfin  des  Pers  mis  m  bas  du  portrait  de  Talma  9  par 


(  a35  ) 
H,  James  Ae  St-L^er.  Cette  dernière  pièce  a  Te  m^te  cla 
bihnhiefé:  ce  qui  nous  permet  de  la  citer  dani^  ce  bnUetiUé 

Ea  imUtC)  c'est  Nëron,  OiDxiay  Titus,  Oreste  , 
Portant  aa  fond  des  cœurs  la  terreur,  la  pitlë; 
Et  àagÈB  on  cercle  ami  5  savant,  doiKi  et  modeste  ^  ' 
11  est  Oreate  encore  aux  jeux  de  Tamitié»  ' 


fhre  lyoMoise  ,  où  Description  des  plantes  qui  croissent 
dans  les  environs  de  Lyon  et  sur  le  mont  Pilât ,  par 
Je  docteur  J.  B.  Balbis...  Lyon  ,  Coque,  1827,  iom«  (, 
dhiaé  en  2  voU  mrS.^ . 

Fous  rend]t>B8  compte  de  cet  impoitant  Qurragê  dans 
an  de  nos  prochains  nomërbs. 


^ttfSte  française ,  ou  Archives  de  la  jeyne^  i  foumal 
d'éducation ,  publie  par  une  société  de  personnes  at*« 
facbées  à  réducation,  n^  i.  Lyon  ,  imprimerie  de 
L.  Perrin,  1828 ,  in-12  de  88  pag« 

Ce  premier  n,^  d*an  journal  qui  n'e^t  pas  le  premier  de 

ee  genre  l|cie  Vùh  ait  publié  \  Lyon ,  mais  qui ,  )i  eu  juger 

farsop  débuts  8er%  bien  supérieur  è  ceux  qui  Tont  pré-^ 

cédé ,  contient    i,^  Un  dialogue   entre  le   rédacteur  de 

fJOféUt  et  on  de  séA  amis  \  nfi  Un  article  de  géographie 

silr  les  Nàtn^ies  oarli^  muettes^  dressées  d'après  la  mé« 

Ihôde  naturelle  de  P^staloizi  ;  3-®  Un  article 'sur  la  Flore 

lyonnaise  dp  docteur  Balbis;  4.*^  Une  lettre  à  V  Abeille ,  ayant 

pair  titre  :  Souhaits  et  conseils  \  5.^  Une  fkMe  en  prose  ^ 

kBergv  ei  le  Prince^  suivie  d'une  analyse  critique  et  lit- 

lénm  )  ôl^  Vïïk  article  sur  la  tr^duclioo  des  poésies  de 


iJIliade  d'Homère  ,  traduite  en  français  par  Dugas— 
MoQtbel,  tom.  i.*',  contenalnt  les  dianls  I-VIII.  Paris, 
1827  ,  impriiaerie  de  F.  Didot,  in-8.  de  26  feuilles  9 
gr.  pap.  Télin  (  A  Lyon  ^  chez  Laurent ,  libraire  )• 

.  Le  texte  est  à  cêté  de  la  yersîon  \  la  coayertare  imprimée 
porte:  Collection,  des  auteurs  grecs  ,  avec  la  traduction 
française  en  regard  Cest  le  i.«'  yolume  de  cette  inipor^ 
tante  colleetion.  Nous  désirons  Tivement  qu'une  entreprise 
aussi  belle  ne  rencontre  aucun  obstacle ,  et  nous  nous  fô- 
licitons  de  ce  qu'elle,  dëbute  par  la  réimpression  du  tniT^ii 
si  estimé  d'un  de  nos  confrères  y  sur  le  prince  des  poètes* 


^%  On  annonce  rémission  prochaine  d'un  ouvrage  de 
M.  fiallancfae  ,  intittilé  Essais  de  pàlingénésie  scçiate , 
dont  l'impression  est  confiée  'k  M.  Jules  Dîdot.  L'ouTiage 
entier  se  composera  de  cinq  volumes  dirisés  par  la  nature 
même  des  sujets  ainsi  qu'il  suit  :  I ,  Prolégomènes  ;  II  , 
Orphée  ;  III ,  Formule  générale  de  PMstoire  de  tous  le9 
peuples  y  applii/uée  à  ^histoire  du  peuple  romain;  IV,  la 
Paille  des  Expiations;  V,  i.'©  partie,*  Élégie  ;  2.«  partie  » 
Noies  eacplicatii^es  et  complémentaires  de  tout  Pouvrage^ 
Malheureusement  tout  le  public  ne  jouira  pas  du  fruit  des 
méditatipns  de  l'auteur  ;  car  on  annonce  que  cette  nouvelle 
production  ne  sera  pas  mise  en  vente  ,  mais,  seulement 
distribuée  à  des  amis. 


(  ^37  ) 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  JANVIER  1828. 


/^  1.^  —  Ordonnance  qui  nomme  conseillers  d*ëtat.en 
Mn\ce  cânordinaire  M»  le  baron  de  l'Horme  ,  premier 
pèsldent  de  la  cour  royale  de  Caën  ,  ancien  député-  du 
KhoBC,  d  M.  Go urvoisier,  procureur-général  près  la  cour 
rojaie  de  Lyon. 

/,  9.^Mort ,  à  Paris,  de  M.  le  comte  Nicolas-François 
de  Neafdiâteau  ,  né  en  Lorraine  le  1 7  ayril  1 750  ,  ancien 
eonse3ler  au  conseil  sourèrain  de  Saint-Domingue ,  au- 
cien  nûaistre  ^  ancien  sénateur  ,  membre  de  Tacadémie 
française  et  dojen  dé  presque  tontes  les  académies 
Au  royaume ,  etc.  Cet  bomme  célèbre  h  tant  de  titres 
e'tait  associé  de  l'académie  de  Ljon  «fepuis  1 766  ,  c'est- 
^îre  depuis  Tâge  de  seize  ans ,  et  il  entretenait  aTCc 
cette  compagnie  de  fréquentes  relations  par  TenToi  de  ses 
nombreux  oavfages.  On  se  rappelle  qu'il  célébra,  dans  noe 
pièce  de  Ters  ,  lue  à  l'académie  française  et  imprimée 
<ws  le  titre  de  Jubilé  académique ,  la  cinquantième  iinn^ 
^  MB  association  arec  ses  confrères  de  Ljon.  Nous  avons 
inséré  dans  les  Archives  (  tom.  II ,  pag.  5i  i-3r4  ,  et  tom. 
Vf  pig.  5-3o)  une  lettre  et  un  poème  qu'il  a  bien  youlu 
>><>(tt  adresser, et  nous  conservons  avec  gratitude  plusieurs 
teiDoigiuiges  de  la  bienveillance  qu'il  nous  pojrtait  :  car  il 
^t  do  nombre  des  littérateurs  de  la  capitale  qui  applan- 
weat  à  nos  efforts  et  qui  les  croient  dignes  d'encoura- 
S^aent  II  se  trouvera  sans  doute  quelque  digne  interprète 
^  regrets  publies  que  sa  perte  doit  exciter.  On  sait  que, 
^  son  enfance  »  Voltaire  l'avût  proclamé  son  héritier  :  il 


(  t^ZS  ) 
lui  ressembla  au  jnQips  par  ta  yarletë  des  genres  qu'il  é, 
embrasses  et  par  la  multiplicité  de  ses  talens  ^  mais  ce  qui 
recommandera  peut-être  encore  plus  sa  mémoire  au  sou.-» 
Venir  des  gens  de  lettres  |  ce  sont  les  services  qu'il  leur  â 
rendus  et  la  protection  généreuse  qu'il  leur  a  accordée 
dans  le  temps  où  il  exerçait  avec  éclat  les  importantes 
fonctions  de  ministre  de  Tintérieun 


^%'iS«—*  (ordonnance  du  roi  qui  érige  eu  cul*è  de 
oonde  classe  la  succursale  de  St-Bonatentore  de  la  Tille 
dé  Ljon. 

•        - 

^%  i5«— 'Le  dimanche,  26  décembre  dernier^  la  tranr> 
quillité  publique  fut  gravement  troublée  sur  la  place  des 
Célvsltns.  Lb  sèrgetit^  qui 'commandait  le  poste  qu'on  établit 
tous- les  soirs  sur  cette  place  pendant  la  durée  du  spectacle^ 
avait  arrêté,  à  la  porte  du  théâtre ,  un  individu  qui  l'insul-^ 
tatt  et  le  frappait.  Des  malveillans  recoururent  à  la  force 
pour  tenter  dé  faire  relâcher  le  détenu,  et  l'esprit  de  ré- 
^tcf  5'dmtné' par  le  Cbux  bruit  qai  se  répandait  que  le! 
«erg^t  a¥aît  tiré  Ion  sabre  au  milieu  de  la  foule,  ayant 
gagné  de  proche  en  proche ,  un  attroupement  considérable 
se  pàrim  sur  le  corps-^e-garde  et  l'assiégea  à  coops  de 
pierres ,  en  poussant  d'horribles  vociférations.  Un  officier 
lit  mettre  le*  prisonniei*  en  liberté  ^  mais  le  calme  ne  fiii 
pas  rétabli  peur  cela ,  et  on  fut  forcé  de  faire  venir  uu 
détachement  de  chasseurs  à  cheval  On  saisit  quelques-uns 
des  perturbateurs  qui  refusaient  de  se  retirer  aprës  de 
nbmbreuÏBes  sommations  faiteiB  par  les  commissaires  de 
police.  Cette  ftcène  se  passa  de  9  à  11  heures  du  soir.  Tout 
parut  alors  terminé,  et  après  le  spectacle  il  n'j  eut  bientôt 
plnis  personne  sur  la  place  des  Célestins*  Le  corps-de-*garde 
^tait  évacué  et  fermé ,  et  les  chasseurs  étaient  retoarnés  h. 
la  caserne  ;  mais  à  une  heure  après  minuit,  des  individus 
survinrent,  au  nombre  de  la  ou  i5  ,  enfoncèrent  la  poi*te 
du  corps-de^rde  ^  ach^Brèrent  d'en  briser  les  Titres  et  les 


'(  239') 

ktes  et  tratràrent  ie  poêlé  et  là  gtfÂ*Ue  ]dsqttëÉ  Mr  te 
bord  de  la  SaAne.  L'autorité  Ait  àtertie  trop  tard^  les  pu-« 
trouilles  n'arriTèreut  pas  à  temps  pour  s^emparer  des  cou*' 
pahles  qai  prirent  la  faîte.  On  atréta  iBêtiletbent  un  otitrief 
hijfmtier^  nomikië  FîMhm  GOnbiery^Iui  se  trouVàit  sur  te 
ipi;  ttais  il  a  été  pronTié  par  rinstraetloll  qû^  dtàît  ïk 
par  hasard  ,    rerenant  d'une  partie  de  débauehtf ,  et  qu'il 
ii*aTaUpns  aucune  part  au  délit:  C'est  ce  qui  a  élrf  reocnna 
ni)(mrd^hai  par  le  tribunal  de  police  correctiotineHe  ^  le- 
quel )  sous  la   présidence  de  M.  Breghot  du  Lut  ^  a  pro-' 
nonce  rar  le   sort  des  personnes   impliquées  dans    cette 
a&iff.  Auguste  Moreau ,  ourrier  ferblantier,  âgtf  de  17 
am, premier  auteur  du  tumulte ,  a  e'të  copdaiim^  à  cinq 
mois  de  prison  comme  a  jant  maltraité  le  seront  du  posie 
à  la  ^rte  du  théâtre  j   Pierre  Martin  JolidoD,,.reTende«r 
de  meobles  ,  convaincu  d'avoir  lancé  une  bouteille  à  uii 
Inigadier  qaî  le  poursuivait .  pour  avoir  favorisé  l'évasion 
d*aa  de  ses    complices  ,   Certes.  Baudet  «   ^^mrtialîe», 
¥UcVkaU  ouvrier  en  soie  •  et  Antoine. Cartaud,«  institnteiir 
laos  diplôme,  c&nvaincus  aussi  de  réb^Uilin.et  dVutrage 
avec  Violeace,  envers  la  force  publique,  ont  été- égalemaul 
condamoéi ,  savoir,  le  premier  à  .qu«itre ,»  le  second^ et  Itf 
troîiSèàie  k  troia  et  le  quatrième  h  un  mois  d'eniprisoR*- 
Bemeot ,  par  application  deâ  articles  228 ,  sSo  et  60  du 
Code  pénal.  Les  autres  prévenus  5  Pierre  Luguet  et  Firmiii 
Goubier ,  ont  été  acquittés.  .    ^ 

«%  25.  -*  Réception  de  MM.  Derocbe  de  Loiigchai|ïp>  , 
conseiller  à  la  cour  royale  de  Lyon^  Delandine,  vice-pré-* 
sîdent  du  tribunal  de.preihière  instance^  Turin  aîné,  et 
tfooet,  négocians  ,  nommés  administra  leurs, des  hospices  f 
ea  rniiplacemént  de  MMr  Ravier  dxi  i^agny,  Cpiste',  Lau- 
Rot  Dugas  et  Fanrev 

/«28.*-M.  de  Lacroix-Laval,  maire  de  Lyon,  membre 
^  la  chambre  des  députés  ,  est  parti  aujourd'hui  pour 


(  Ho) 

Paris,  M,  de  Verna^  premier  adjoint,  demeure  chaig^  d^ 
fonctions  luunicipalet»  pendant  l'absence  de  M.  le  maire. 


-  s 


^%  On  remarque  le  passage  suirant  dans  le  rapport  fuil 
par  M.  de  Martignac ,  ministre  de  l'intérieur ,  à  la  dernië] 
séance  de  la  Société  rojraie  pour  l'amélioralion  des  prisons^ 

u  Je  ne  terminerai  pas  cet  eiposë  sans  appeler  Tattei 
99  tîôn  et  rint^rét  de  la  Société  royale  sur  un  établi ssemei 
y>  fort  utile  qui  s'est  formé  à  Lyon.  Les  femmes  condamnéei 
99  du  département  du  Rhône  ,  manquant,  pour  la  plupart^! 
99  il  l'époque  de  leur  libération,  d'asile  et  de  moyens  dei 
99  travail ,  un  respectable  habitant  de  cette  ville  a  eu  l'idé^ 
99  charitable  de  fonder ,  pour  les  recevoir ,  une  maison  de 
99  refuge ,  sous  la  direction  des  dames  religieuses  de  Saint* 
99  Joseph.  Cette  maison  ,  au  succès  de  laquelle  le  conseil 
99  général  du  département  a  désiré  concourir,  en  votant, 
w  au  budget  de  1827,  ^^  secours  de  a,ooo  fr. ,  compte 
m  déjà  deux  années  d'existence;  plus  de  cinquante  femmes^ 
I»  sorties  des  prisons ,  y  sont  occupées.  Il  serait  à  souhai-» 
99  ter  f  pour  le  bien  de  l'humanité ,  qu'un  tel  exemple  fut 
^  imité.  99 

Nous  avons  donné,  dans  notre  recueil,  tom.  II,pag.  ia8 
et  suiv.,  des  détails  sur  cette  institution  fondée  en  i8a5  , 
par  M.  Baboin  de  la  BaroUière  ,  sous  le  titre  de  Maison  de 
la  Solitude ,  et  placée  sur  la  colline  de  Fourvière  ,  dans 
pelé  7c  Grand  Montauban, 


ERRATA. 

Pag.  i3a,  lîgn,  27,  Chrichton,  lisez:  Critton  ou  Creigton. 

Pag.  i35,  lign.  5,  iSSy,  lisez:   1527. 

Pag.  136,  lign.  27^  la  sarde,  lisez  :  la  corde. 


(   241   ) 


STATISTIQUE. 


ItmmcOHiQim  tor  la  ^ilU  de  Lyon,  ou  description  ptgr  ordr^ 
alplàabcâ<|Bie  des  quartiers ,  places,  rues  et  monumens  de  cette 
niUe. 

(  III.«  ÂRTietE  ). 

AmriQUÀii.i«B  (  nie  et  place  de  I'  )•  La  rue  de  ce  nom 
part  de  b  place  des  Minimes  et  Ta  aboutir  à  la  place  de 
riâtiquaille  ^  qui  donne  elle-même  issue  à  la  montée 
Sl-Barihëlémi  et  à  la  rue  Flëbèrg.  Il  n*existe  dans  *  la 
me  et  sur  la  place  que  deux  maisons  qui  y  prennent 
entrée.  Les  murs  de  plusieurs  clos  voisins  en  complètent 
Vencnnle^  Une  de  ces  maisons  sert  de  succursale  à  Thos- 
pice  de  VÂiûiquaîlle  pour  les  militaires  atteints  de  mala- 
dies honteuses ,  et  l'autre  a  été  long-temps  consacrée 
aux  réunions  de  la  chambre  syndicale  des  notaires  de 
rarrondissement. 

Point  dlndustrie  ni  d'antre  population  que  celle  da 
l'hospioe* 

La  place  de  l'Antiquaille  se  nommait  jadis  place  dg 
la  Croix  de  la  Butry ,  et  place  de  la  Buery  seulement  ^ 
araot  qu'on  y  eût  planté  les  trois  croix  que  Ton  voit 
sur  le  plan  d'environ  1 54o  :  ces  trois  croix  annonçaient 
c|ue  la  piété  des  fidèles  y  avait  établi  une  espèce  de 
c^Taire  ^  le  seul  qui  fût  à  Lyon  à  cette  époque  :  elles 
n'existent  plus  aujourd'hui. 

L'hospice  de  1* Antiquaille  ,  dont  la  principale  entrée 
est  par  la  place  ,  est  bâti  sur  l'emplacement  de  Tancien 
Tome  FIL  i6 


(    242   ) 

palais  des ,  préfets  du  prétoire  ou  gouverneurs  i^t 
Gaules  (i).  Plusieurs  empereurs  romains  Tont  habité  : 
Claude  (2)  et  Caracalla  (3)  y  sont  nés ,  et  c  est  aussi  dajEm^ 


(1)  Les  yilles  de  Trèyes  et  d^ Arles  disputent  à  celle  d 
Lyon  l'honneur  d'ayoir  été  le  sîége  du  préfet  du  prétoi 
des  Gaulés.  On  peut  consulter  sur  ce  sujet  un  mémoire  dtt. 
président  Dogas  ,  inséré  dans  notre  tome  III  ^  pag.  141  et 
suiT, ,  où  sont  présentés  les  argamens  qui  militent  en  fa^ 
▼enr  de  Lyon*  L'objet  de  ce  mémoire  est  d'établir  que  S . 
Ambroise  ,  un  des  omemens  de  l'église  dans  le  quatriènAe 
siècle ,  étant  fils  d'un  de  ces  préfets  et  né  dans  le  prétoire 
même  9  était  par  conséquent  Lyonnais.  B« 

(a)  L'empereur  Claude  naquit,  sous  le  consulat  de  Julius 
Antonius  et  dé  Fabius. Airicanns ,  le  1/'  août  de  Tan  xo 
avant  J«  C. ,  jour  oh  Drusus  son  pèref  faisait  la  dédicace 
du  fameux  autel  d'Auguste  à  Ainay.  B. 

(5)  Vans  la  première  édition  de  ces  Essais ,  on  arait  mi» 
Caligula  ,  au  lieu  de  CaraccUla  ;  mais  c'était  une  erreur 
ou  une  faute  d'impression  éyidente  :  les  auteurs  de  l'anti- 
quité yarient ,  il  est  yrai ,  sur  le  lieu  de  la  naissance  de 
Caligula  ;  les  uns  yeulent  que  ce  soit  Tiyoli  ou  Antium^  et 
les  autres ,  un  yillage  près  de  Coblentz  ;  mais  aucun  d'entre 
eux  ne  place  son  berceau  à  Lyon.  Il  n'en  est  pas  de  même 
de  Caracalla  ,  fils  de  Septime  Séyère  et  de  Martiaou  de  Julisi 
Domna ,  qu'Aurélius  Victor,  de  Cœsarib.  c.  21  ,  fait  naître 
précisément  dans  nos  murs  (le  4  avrJ  188)  :  ce  qui  n'est 
pas  plus  glorieux  pour  notre  yîlle  que  d'ayoir  donné  le 
jour ,  près  de  deux  siècles  auparayant ,  à  l'empereur 
Claude*  Un  auteur  espagnol ,  Antoine  Guéyara ,  a  écrit 
que  Julia  Domna  était  aussi  née  à  Lyon  *,  mais  il  ne  cite 
aucune  autorité  à  l'appui  de  ce  fait  qu'il  entoure  de  cir-* 
constances  très^singulièresr  Voy.  Ar€hiv.  du  Rk.  tom.  VI  y 
pag.  139-145.  '     ,  B. 


(^43) 
oe  palais  qa'Antohiâ  accoucha  de  Oennanicus  (i).  Il  reste 

des  massifs  de  maçonnerie  de  œt  édifice  ;  et  de  Tauire  cdtë 

da  diemin  ,  sous- Fourrières  5  il  en  existait  encore  ^  il  y 

a  quelques  années ,  des  pans  entiers  de  murailles. 

Il* Antiquaille  n'était  qu'un  lieil  couvert  de  ruines  et 

enTÎronnë   de  Tignes ,  lorsque  Pierre  Sala  ^  d  uiie  des 

familles  de  Lyon  les  plus  distinguées  dans  la  magistra-" 

ture  (jaT),  fit  ëleyèr  en  ce  lieu,  vers  Tan  i5oo  ,  une 

Wlie  madsQfi  ^  somptueusenient  bâtie  «  comme  le  {Portent 

\es  actes  ^  et  dans  laquelle  il  réunit  les  monumens  de 

Vantiqaitë  que   ce  quartier  offrait   en  abondance^    Ce 

îa\  cette  destination  donnée  à  cette  maison  qui   la  fit 

nommer  X ÀniiquaiUe  ^  dénomination  que  Ton  ne  trouve 

nulle  part  avant  cette  époque  ^  mais  qui  lui  fut  dès  lors 

coiisactée.  La  propriété  en  passa  ensuite  à  Symphorien 

Bualier^  autre  lyonnais   recdmmandable ,  et  petit-fils 

de  'Pterre  Sala   (3)  ;   de  là   à   Claude  de  Rubys  (4), 


(i)  Germanicus  était  neveu  de  Claude  et  frère  de  Cali- 
gola,  et  Tint  au  monde  Tan  i5  avant  3.  C.  La  ville  de 
Lyon  s'honore  d*avoîr  été  la  patrie  de  ce  grand  prince.     B. 

(2)  ^oj*  Archi¥*  du  Bhi  tom/  V  ^  pag^  149  et  tom.  YI  ^ 
pag.  ii5.  B^ 

(5)  La  propriété  de  I^Antiqttaille  appartint  aussi  \  Benoit 
Boatier  9  officiai  et  grand-vieaire  de  Parchevéqtie  de  Lyon  , 
et  tans  doute  pareat  de  Symphorien  Buatter.  "So^»,  pag.  5i  de 
noire  tom*  VI.  Un  André  Baatier  était  conseiller  du  par- 
lement de  Daapbiné  en  1472*  B. 

(4)  L'Epître  dédîcatoire  au  chancelier  Pompone  de  Bel- 
tSèrre  placée  par  Claude  de  Rubys  à  la  tête  de  son  Histoire 
amiable  de  la  ifilte  de  l^on  9  est  ainsi  datée  :  De  vostrd 
maison  de  PAntieoiUe  sur  L^n  ^  ce  d^rnUr  iour  de  Ih^ 
eembre  M4  D/  C^  h* 


(  244  ) 
allië  de  ceux--ci  »  et  encore  après  lui  à  dame  Jeanne 

Buatier ,  veuve  de  Masso.  Mais  un  décret  ayant  été  pour- 
suivi, en  1629,  contre  cette  héritière  ^rAntiquaille  fut 
acquise  par  la  bienveillance  et  la  munificence  de  M.  de 
Sève  (i),  moyennant  2i^S  livres  au  profit  des  reli*- 
pieuses  du  second  monastère  de  la  Visitation  ,  qui  y 
depuis  plusieurs  années  ,  étaient  établies  dans  une  petite 
maison  au  Gourguillon.  Suivant  une  relation  manus— 
crite  sur  ce  couvent,  cette  adjudication  fut  faite  au  grand 
déplaisir  de  bien  des  gens  ;  car  plusieurs  personnes 
avaient  des  vues  sur  TAntiquaille ,  regardée  comme  le  plus 
bel  endroit  de  la  ville.  Le  3  avril  i63o  ,  les  religieuses 
en  prirent  possession  ,  et  plus  tard ,  elles  firent  rebâtir 
et  clore  entièrement  la  maison. 

(c  Ce .  furent  les  antiquités  romaines  dont  ce  lieu  est 
»  rempli  (  ajoute  cette  même  relation  faite  par  une  des 
»  religieuses  )  qui  nous  méritèrent  le  bonheur  de  voir 
»  deux  fois  ,  dans  notre  maison  ,  la  reine-mère ,  Anne 
»  d* Autriche ,  et  notre  grand  monarque ,  aujourd'hui 
»  régnant ,  Louis-le-Grand.  Leurs,  majestés  marquèrent 
»  bien  de  la  satisfaction  de  les  avoir  vues  ;  et  même  le  roi 
»  fit  recueillir  quantité  d'inscriptions  romaines  qui  se 
»  peuvent  encore  lire  sur  nos  murailles. 

»  Ce  fut  en  Tannée  1660 ,  continue  plus  bas  l'auteur 
n  de  la  relation ,  que  Louis  XIV  étant  venu  avec  sa 
»  mère  en  notre  monastère ,  fit  relever  les  inscriptions 
»  qui  sont  sur  de  grandes  pierres  anciennes.  » 

L'auteur  remarque  encore  que  Louis  XIV ,'  ce  modèle 


(i)  Mathieu  de  Sève,  sieur  de  Saint^Andrë ,  Fromentes 
«t  Flécfaères ,  trésorier  de  France  ^  prévôt  des  marchands 
en  x69o.  B. 


r 


(  î45  j 

de  la  grandeur ,  àe  la  politesse  et  ie  la  galanterie  fran-^ 
çdse ,  garda  son  chapeau  à  la  main  tout  le  temps  qu'il: 
passa  dans  le  couvent. 

L'élise ,    bâtie  en   ï63g ,    fut  consacra  à  Notre-' 

Dame  et  aux  Saints  Martyrs  lyonnais.  Au-dessous  es^ 

on  cadiot  que  la  tradition  assure  ayoir  servi  de  prison  à 

S.  Pothîn  :  une  colonne  en  soutient  la  voûte  ,  et  un' 

autel  a  été   ëlevé   auprès  ,  dans  lendroît  bù  Ton  croit 

que  \e  saint  ëvêque  fut  lié.  Dans  tous  les  temps  ,  ce  lieu 

sacré  a  attiré  la  vénération  des  fidèles:  les  prélats,  les' 

princes  et  les  souverains  qui  ont  passé  à  Lyon ,  l'ont 

Tififé. 

On  trouve  dans  la  première  cour  de  la  maison ,  Tentri^e 
de  longues  voûtes  souterraines  qui  traversent ,  à  une 
assez  grande  profondeur  ^  une  partie  de  la  montagne. 
Cel  ouvrage  ,^  conduit  par  l'architecte  Billion  ,  date  du 
milieu  du  »icle  dernier  ,  et  n*avait  été  exécuté  qu'avec 
des  travaux  immenses ,  dans  le  but  de  procurer  l'eau 
nécessaire  aux  besoins  du  monastère. 

Dans  l'endos  ,  sous  le  chemin  qui  va  de  la  place  des 
Minimes  à  Fourvières ,  il  existe  un  souterrain  de  cent 
pieds  de  long ,  douze  de  large  et  quinze  de  haut  ;  il 
est  enduit,  jusqu'à  la  naissance  de  la  voûte  j  d'un  ciment 
looge,  extrêmement  dur  et  poli;  et  un  mur  très-épais 
coupe  en  deux  parties  inégales  ce  long  boyau.  Le  P. 
Hénestrier  et  d'autres  auteurs  avaient  cru  reconnaître 
dans  cette  construction  une  conserve  de  vin  ;  mais 
M.  Cocfaard ,  dans  sa  Description  historique  de  Lyon  ^ 
pag.'277,  ^o\x%  apprend  que  M.  Mongez  ,  à  qui  la 
idence  des  antiquités  est  redevable  d'un  grand  nombre 
de  découvertes ,  ayant  eu  des  doutes  sur  la  destination 
et  ce  souterrain  ,  se  procura  des  fragmens  de  l'enduit 


(  246  ) 
dont  il  était  revêtu  intérieurement  ^  et  que ,  d'après  \em 
essais  qu*il  fit  faire ,  il  demeura  convaincu  que  la  cou-, 
leur  rouge  de  cet  enduit  n'était  point  produite  par  des 
dépôts  de  tartre  ,  mais  bien  par  la  nalure  de  la  matière 
dont  il  était  composé. 

Plusieurs  des  membres  de  l'académie  de  Lyon  s'em-^ 
pressèrent  d'aller  examiner  cette  conserve^  et  ils  furent 
tous  persuadés  ,  après  l'avoir  vue  ,  qu'elle  n'avait  servi 
qu'à  contenir  de  l'eau.  Sa  position  presque  au  niveau 
du  terrain  du  clos ,  le  ciment  qui  en  couvre  les  parois , 
et  qui  n'occupe  qu'environ  les  deux  tiers  de  sa  hau^ 
teur ,  sa  forme ,  tout  enfin  dans  sa  construction  an«« 
nonce  qu'on  n*y  a  jamais  déposé  du  vin. 

Le  monastère  de  l'Antiquaille  avait  été  supprimé  , 
comme  tous  les  autres,  en  1792  ^  et  l'église  entièrement 
dévastées  lorsqu'en  1802,  M«  Najac,  second  préfet  de 
ce  département ,  voulant  faire  cesser  les  désordres  de 
tout  genre  qui  s'étaient  introduits  dans  le  dépôt  de 
Bicétre ,  situé  à  la  Quarantaine  ,  confia  ce  dépôt  à  une 
administration  composée  de  citoyens  recommandables  , 
et  arrêta  qu'il  serait  transféré  dans  les  bdtîmens  de 
l'Antiquaille. 

Cette  administration  entra  en  fonctions  avec  5fr.  10  6, 
en  caisse.  Une  de  ses  premières  opérations  fut  la  trans^ 
lation  de  l'établissement  à  l'Antiquaille  ,  qui  devint  en^ 
suite ,  par  un  décret  du  1 5  avril  1 8p5  ,  une  propriété 
communale.  L'administration  s'est  depuis  lors  constam-* 
ment  occupée  d'améliorations,  et  elle  est  parvenue 'au- 
jourd'hui à  élever  cette  institution  au  plus  haut  degré 
d'importance  et  d'utilité  pour  la  ville  de  Lyon  et  pour 
}^  département, 

L  église ,  qui  a  été  entièrement  restaurée  en  1817  ^psii* 


IH7  ) 
les  joins  de  StM*  les  administrateurs  ,  avait  été  honorée 

itk  visite  de  N,  S.  P.  le  Pape  Pie  VU,  le  19  avril 
ifio5 ,  lorsque  Sa  Sainteté  revenait  de  Fourvières. 

L*faospice  est  destine  à  recevoir  :  i.^  les  filles  publiques^ 

Balades  ou  en  correction  ,  qui  y  sont  occupées  à  divers 

genres  de  irairaux  relatifs  à  nos  manufattures;  2.^  les  autres 

individus  des  deux  sexes ,  atteints  de  maladies  honteuses  ^ 

leaqaeUes  ne  sont  traitées  dans  aucun  des  autres  hospices 

de  odUe  ville ,  ni  même  des  départemens  environnans  ; 

B.^  les  individus  atteints  de  maladies  psoriques ,  et  enfin 

les  atiàiés  des  deux  sexes  ,  auxquels  tous  les  genres  de 

soÎDs  sont  prodigués» 

L'hospice  de  l'Antiquaille  renferme  près  de  660  indi- 
vidus. Le  service  s'y  fait  par  4^  sœurs  hospitalières ,  20 
frères  et  quelques  employés  supérieurs. 

Quant  aux  ressources  de  l'hospice  9  elles  sont  presque 
tontes  éventuelles  ;  il  ne  possède  que  peu  de  propriétés  , 
et  ne  jomt  que  d'un  fort  modique  revenu  fixe.  Le  gouver- 
nement et  la  ville  paient  une  partie  de  ses  dépenses,  et  les 
administrateurs  pourvoient  au  surplus  dés  besoins  par 
leurs  soîn^  9  leur  zèle  et  les  dons  de  la  charité  publique. 
L'édifice ,  quoique  très-vaste ,  a  néanmoins  été  aug- 
menté 5  il  y  a  quelques  années ,  non  seulement  d'un 
cnrps-de-logis  considérable  ,  au-devant  duquel    on  a 
établi  une  terrasse   fermée  d*une  grille  de  fer  9  mais 
encore  d'un  autre  corps-^de-logis  ,  au*dessous  du  grand 
Ibâtiment  ,  pour  y  recevoir  les  femmes  aliénées.  Cette 
OHUiruction  ,  d'un  caractère  analogue  à  sa  destination  , 
est  composée  d'un    rez*de'-<:haussée    et   d'un  premier 
étage  de  forme  circulaire ,  dans  lesquels  on  trouve  plu- 
sieurs dortoirs  9  deux   salles  de  réunion  et  un  grand 
nombre  de  cellules.  Un  portique  en  pierres  de  taille, 


V 


(  ^48  ) 
soutenu  par  2S  çoicmnes,  d'ordre  toscan,  procède  et  ^ 
sert  de  dégagement  aux  pièces  intérieures  :  l*éloignement  g 
des  ailes  parallèles  qui  vient  se  rattacher  au  mur  de  la  ^ 
lerrasse  supérieure  ^  laisse  une  esplanade  d'environ  ^ 
120  pieds  de  diamètre  ,  suffisante  pour  aérer  les  appar-"  ^ 
temens  et  pour  fournir  une  promenade  aux  personnes.  ^ 
qui  sont  renfermées  dans  rétablissement-  ^ 

Un  perron  à  quatre  rangs ,  dans  le  milieu  duquel  on 
a  pratiqué  une  niche  ornée  de  deux  colonnes, -  où  est      , 
une  fontaine ,  établit  la  communication  de  ce  nouveau 
bâtiment  avec  la  cour  élevée  de  Tancien. 

L'entrée  du  perron  est  fermée  par  une  barrière  qui 
fait  le ,  centre  d*une  grille  composée  de  lances ,  dont  la 
longueur ,  égale  à  celle  de  la  cour  ,  est  de  1 20  pieds. 
L'aspect  intérieur  de  cette  cour  est  du  plus  bel  eflfet ,  et 
porte  l'empreinte  d'une  construction  ,  non  seulement 
bien  appropriée  à  sa  destination ,  mais  encore  d'une  très- 
bonne  ordonnance  d'architecture.  Il  est  toutefois  à  re- 
gretter vivement  que  l'extérieur  réponde  si  peu  à  ce  qui 
a  été  fait  pour  le  dedans.  Cette  façade  semi-circulaire 
qui ,  des  points  les  plus  élevés  de  la  montagne ,  aussi 
bien  que  de  la  ville  et  particulièrement  de  la  place  de 
Bellecour ,  se  présente  d'elle-même  à  la  vue ,  devait 
suq^asser  en  décoration  les  constructions  intérieures  dont 
nous  venons  de  faire  l'éloge  ;  elle  devait  offrir  l'aspect 
d'un  véritable  monument. 

Les  constructions  modernes  ont  été  dirigées  par  M* 
Flacheron ,  architecte  de  la  ville  ;  elles  réunissent  à  une 
solidité  parfaite  l'avantage  d'offrir  une  distribution  com- 
mode. En  1 823  ,  on  y  a  encore  ajouté  des  cellules  an- 
tour  de  la  terrasse  ,  pour  recevoir  des  aliénés.  Tous  ces 
travaux  sont  dus  au  zèle  et  à  l'infatigable  sollicitude  de 
l'administration  de  cet  hospice. 


(  Jî49  ) 
En  creusant  pour  asseoir  les  fondations  des  nouveaux 

bâtimens ,  on  a  trouvé  une  statue  en  marbre  ,  dont  la 
tête  manquait ,  et  plusieurs  inscriptions  tumulaires  qui 
sont  placées  sous  les  portiques  du  {lalais  des  arts. 

Ces    inscriptions  sont   trop  connues  et  se  trouvent 

déjà  dans  trop  de  recueils ,  pour  que  nous  ayons  besoin 

de  les  reproduire  ici.  On  peut  voir  les  principales  dans 

b  ga\etîe  de  St-Pierre ,  sous  les  n.^  XXI  ,  XXI  bis , 

XXIX  bis  et  XLn  bis. 

Notre  intention  étant  dé  signaler  à  Tattention  des 
étrangers  et  des  amateurs  ,*  toutes  les  fois  que  l'occasion 
se  présentera  ,  les  points  de  vue  ,  les  sites  pittoresques 
dont  notre  cité  abonde  et  qui  ont  une  si  grande  célé- 
brité ,  nous  ne  terminerons  point  cet  article  sans  arrêter 
les  regards  sur  l'aspect  que  présente  TAntiquaille ,  vue 
du  baul  de  la  place.  Le  portail  de  ce  bâtiment ,  sa 
dbapelle  et  son  clocher  se  dessinant  sur  l'immense  horizon 
qui  s'étend  sur  la  plaine  inférieure  ,  à  l'entrée  de  la-* 
quelle  est  la  ville  de  Lyon  avec  ses  monumens  ,  ainsi 
que  le  confluent  du  Rhône  et-  de  la  Saône ,  et  qui  se 
termine  par  les  montagnes  du  Dauphiné  et  par  les  Alpes , 
forment  un  spectacle  véritablement  enchanteur  ,  digne 
d*ètre  reproduit  par  les  plus  habiles  pinceaux. 

Aaroiniv  (  rue  d*  ).  Nom  récemment  donné  au  pas- 
sage qui  traverse  de  la  place  St.  Jean  à  la  rue  de  la 
Bombarde.  On  croit  que  c'est  sur  l'emplacement  occupé 
par  cette  rue,  ou  dans  le  voisinage,  que»  vers  l'an  i38, 
les  Lyonnais  élevèrent  un  temple  à  l'empereur  Antonin  , 
ea  reconnaissance  des  bienfaits  qu'ils  en  avaient  reçus. 

Ce  temple  fut  appelé  l'Autel  des  Césars ,  Ara  Cœsa- 
rum ,  parce  que  dans  la  suite  il  fut  dédié  à  Marc-Aurèlç 


(  a5o  ) 
et  à  Lucius  Yerus ,  enfans  adoptifs  d'Antonin.  Il  â*est 
pas  invraisemblable  que  plus  tard ,  des  débris  qui  eàa, 
proyenaienk ,  on  construisit  Téglise  de  St.  Jean  »  dans  les 
murs  de  laquelle  on  trouve  encore  quelques  restes  d'ins- 
criptions qui  justifient  cette  conjecture.  Des  auteurs  ont 
même  prétendu  que  Tenceinte  actuelle  «de  la  place  Si, 
Jean  était  occupée  par  le  temple  dont  nous  parlons  ,  et 
d  autres ,  que  c'est  sur  ses  ruines  mêmes  que  l'église  a 
été  bâtie.  Il  existe ,  à  l'extrémité  de  la  rue  d'Antonin  j 
un  espace  dé  terrain  asisez  vaste  qui  s  appelait  autrefois 
le  /ènemenl  de  Talaru ,  et  qui  formait  comme  un  apanage 
à  l'illustre  famille  de  ce  nom ,  pour  ceux  de  ses  membres 
qui  étaient  comtes  de  Lyon  (i). 


(i)   L'origine  de  la  famille  de  Talaru  se  perd  dans   la 
nuit  des  temps  ;  mais  elle  pai*aît  avoir  commencé  dans  le 
Lyonnais.  Yoj.  Le  Laboureur ,  Mazures  de  Visle-Barbe  j 
toro»  II ,  pag.  56o  et  suiv. ,  et  le  dictionuaîre  de  IVforërî  , 
art.  Talaru.  Cette  famille  qui  subsiste  encore  dans  la  per-> 
sonne  de  M,  le  marquis  de   Talaru  ,  pair  de  France  ,   a 
fourni  plusieurs  personnages  distingués.  L'église  de  Lyou 
lui  a  dijL  trois  archevêques  dont  deux ,  Jean  et  Amédée  ^ 
furent   cardinaux  ,    et  environ    vingt  chanoines  -  comtes 
de  St.   Jean.  On    voit   par  la  pièce  suivante  de   Gilbert 
Ducher  9  insérée  à  la  page  39   de  son  recueil   imprimtf 
en    i558  par  Sébastien  Gryphe ,  que  Tun  de  ces  comtes  , 
qui  portait  le   prénom  de  Jean  ,   possédait   une  maisou 
près    de  J'église    de  Fourvières  ,    oit  il    cultivait   avec 
succès  la  poésie  et  les  lettres  ,  et   où  il  réunissait  proba- 
blement une  société  choisie  de  personnes  qui  partageaient 
ses  goûts. 

D.  D.  Joannc  Talarutio  ,  bcati  Joannis  apud  Lugdufuun 
comité  I  ad  iibrum  suum  Poêla. 


(  25i  ) 
Depuis  la  r^Toluiion  9  on  y  avait  construit  des  bara«* , 
fies  ea  bois  ^  dont  quelques'^unes  sont  encore  adossées 
à  l*aiicieii  mur  du  doitre  ;  d'autres  ont  étë  abattues  et 
mvf^cécs  par  des  constructions  plus  décentes  et  plus 
£gnes  d^une  rue  qui  porte  un  grand  nom  historique. 

Aqukdidcs  (  territoire  des)«  Ce  mot  àe^ierritoire ,  en 
mage,  dans  les  communes  rurales  ,  dë^gne  un  emplace-* 
ment  quelconque  qui  n'a  ni  limite ,  ni  .  surface  dëter-* 
niuée,  et  qui  ,  .quoique  dépendant  de  la  commune» 
fixoie  pourtant  une  localité  séparée,  et  distincte.  La  ban- 
iieiie^  ou  campagne  de  Lyon»,  est  ainsi  divisée  en  plu- 
^eurs  territoires  9  qui  sont ,  pour  ce  quartier  |  ce  que  .les 
rues  sont  pour  la  ville. 

Le  territoire  dont  nous  nous  occupons ,  est  limité  par 
celui  des  Poncettes  et  du  Petit  S.te^Foy.  Il  y  existe  9 
maisons ,  9  ménages  et  2g  individus.  C'est  le  point  le 
plus  élevé  de  la  partie  rurale  de  Lyon  9  et  la  vue  dont 
on  y  /ouït ,  est  sans  bornes  du  côté  du  levant.  Son  nom 
vient  d'un  très-beau  ri*agment  d'aqueduc ,  situé  à  l'angle 
du  chemin  de  Francheville  et  de  la  place  St.  Irénée , 
lequel  se  liait  sans  doute  avec  les  nombreux  monumens 
de  es  gmre  qu'on  retrouve  dans  nos  environs. 
Les  principaux  historiens  s'accordent  à  faire  honneur 


Qoare  forum  Venerû  ,   montis  sublime  cacumen  | 

Unde  et  Logdunum  sol  TÎdet  occiduus. 
Clama  loannes  montem  Talarutius  illum , 

Kà  divi  Thom»  liimna  sàncta  ,  colit. 
Hec  colit  huno   solus  ,   Mosis  admixttii  amœnis  i 

Si  Musas  Tere  sacra  poesi^  habet. 
Qocre  ,   libelle  ,  •'Vinim ,   somendus  fronte  serena  : 

Vt  Pboïbo  sacria  Ycrus  amicus  homo  Of  tt  S  f 


(    252   ) 

àe  la  construction  des  aqueducs  ài  Marc-Antoine  , 
fondent  leur  opinion  sur  le  séjour  que  ce  Triumvir  a 
fait  dans  cette  partie  des  Gaules  à  la  tête  de  plusieurs 
légions.  Cependant  M.  Cochard ,  dansia  Description  his- 
torique de  Lyon ,  imprimée  en  1817  ,  pag.  28S  ,  et  dans» 
son  Guide  du  çoyageur  à  Lyon  ,  1826  ,  pag.  91 ,  adopte 
plus  volontiers  le  sentiment  de  M.  Delorme  (i) ,  auteur 
d'un  ouvrage  intitulé  :  Recherches  sur  les  Aqueducs  de 
Lyon^  qui  en  attribue  l'établissement  à  Tempereur 
Claude.  M.  Cochard  fait  remanfUer ,  à  Tappui  de  cette 
opinion  ,  que  le  P.  de  Colonia  (2)  assure  avoir  vu  plus 


(i)  Guillaume  Marie  Delorme  ,  architecte  (qa*îl  ne  faut 
pas  confondre  avec  notre  célèbre  Philibert  Delorme  ) 
membre  de  l'académie  de  Lyon  ,  né  dans  cette  Tille  le 
36  mars  1 700 ,.  mort  le  26  avril  1 782.  Ses  Recherches  sur 
les  aqueducs  de  î^on  construits  par  les  Romains ,  lues 
dans  les  séances  de  l'académie  de  Lyon  des  29  mai  et  5 
juin  1759  9  Lyon  ,  Aimé  de  la  Roche  ,  1760  ,  in- 12  9  ob* 
tinrent  beaucoup  de  succès.  M.  de  Caylus  en  fit  l'éloge. 
Les  exemplaires  en  sont  devenus  extrêmement  rares.  M. 
Mazade  d'Âveize  les  a  insérées  dans  le  tome  I.^  de  ses 
Promenades  à  L^on  ^  181  o,  in-i8  ,  pag.  1 55-239.  Les 
dessins  que  Delorme  avait  levés  de  ce  qui  restait  des  azi- 
cîens  aqneducs  dans  nos  contrées  9  furent  exposés  dans  la 
'  salle  de  l'hôtel  de  ville  en  1 760.  Depuis  ,  ce  savant  se  livra 
à  de  nouvelles  recherches  sur  le  même  sujet  et  les  com- 
muniqua à  l'académie  de  Lyon  ;  mais  elles  n'ont  pas  été 
imprimées  et  sont  sans  doute  perdues.  On  assure  que  ^ 
plan  d'agrandissement  de  la  ville  ,  en  reculant  le  confluent 
du  Rhône  et  de  la  Saône  jusqu'à  la  pointe  méridionale  de 
l'île  Mognat ,  était  originairejneut  de  Delorme  9  et  que 
Perrache  n'a  été  que  l'exécuteur  de  ce  plan.  B. 

(2)  Hist.  liiL  de  Lyon  9  tom.  I ,  pag.  44*  ^* 


(  ^53  ) 
de  ^ngt  à  trente  tuyaux  de  ptomb ,  de  quinze  à  vingt 
pieds  de  longueur ,  trouvés  dans  le  clos  des  PP  RecoUels , 
dsar  lesquels  on  lisait  en  relief  les  initiales  7/.  CL  Cœs. 
Tièerias  ClauiUus  Cœsar.  M.  Gochard  croit  encore  que 
tes  tuyaux  servaient  pour  diviser  les  eaux  deTaqueduc, 
et  pour  les  répandre  dans  tous  les  lieux  où  elles  étaient 
lécessaires.  Mais  le  P.  de  G)lonia  et  le  P.  Ménestrier  (i) 
entrent  à  ce  sujet  dans  des  explications  qui  nous  parais- 
sent laisser  victorieusement  à  Marc-Antoine  l'honneur 
de  ces  magnifiques  ouvrages.  Le  P.  de  Colonia  pense  qu^e 
les  tuyaux  trouvés  dans  le  dos  des  PP.  Recollets,  ont 
du  servir  à  la  distribution  des  eaux  dans  le  palais  impé- 
rial ,  qui  était  situé  sur  le  plateau  de  Fourvières ,  et 
qu'ils  avaient  pu  être  placés  par  les  ordres  de  Claude , 
sans  qu'il  doive  s'en  suivre  que  les  aqueducs  n'existassent 
pas  déîà  sur  la  montagne  de  St.  Just ,  antérieurement  à 
Vépoqne  où  cet  empereur  y  est  né. 

Parmi  les  restes  considérables  d'aqueducs  qu*on  ren- 
contre autour  de  Lyon ,  celui  sur  lequel  se  trouve  appuyé 
le  paTÎJJon  des  employés  de  Toctroi  près  du  télégraphe, 
mérite  d'être  remarqué  à  cause  de  son  admirable  cons- 
truction ,  de  la  solidité  de  sa  masse  et  de  la  dureté  ex- 
tiaordioaire  du  ciment  qui  lie  entre  eux  les  petits  cubes 
de  pierre  dont  il  est  composé.  La  douceur  du  climat  de 
la  Grèce  et  de  l'Italie  explique  suffisamment  l'état  de 
ccmservation  où  se  trouvent  les  monumens  qu'on  y  ad- 
mire; mais  un  débris  romain  parvenu  jusqu'à  nous,  et 
sous  un  climat  destructeur  comme  le  nôtre  ,  aussi  intact 
qne  celui  que  nous  signalons  ,  est  une  sorte  de  phéno- 


(i)  Histoirc-consulaire  de  la  ville  de  Lyon ,  p*  4^*        ^' 


\ 


(254) 
mène  aux  yéux  des  arcîhëologucs.  La  longueur  et  tei^ 
difficultés  d*une  entreprise  comme  celle  des  aqueducs  , 
sera  toujours  pour  les  modernes  un. sujet  d*ëtonnenient^ 
Leur  étendue ,  à  cause  du  circuit  qu'ils  parcouraient  9 
était  de  plus  de  treize  lieues ,  h  compter  de  leur  nais-* 
sance  au-^elà  de  St.  Charaond  jusques  à  Lyon.  Ils  étaient 
destinés  à  conduire  lés  eaux  du  Furens  sur  la  colline  de 
Fourvières,  pour  senrir  aux  besoins  ^  soit  des  citoyens  , 
soit  du  palais  impérial  qui  y  était  établi ,  soit  du  camp 
qui  siégeait  dans  la  plaine  entre  EcuUy  et  St  Just«  I^a 
forme  de  cet  ouvrage  immense  est  digne  de  remarque  :' 
le  corps  de  la  maçonnerie  est  en  petits  moellons  de  roche , 
ayant  depuis  trois  jusqu'à  six  pouces  d'épaisseur  9  toujours 
posés  à  bain  de  mortier ,  ne  laissant  aucun  vide  dans 
ses  joints  montans ,  formant  partout  un  corps  inaltérable. 
Les  paremens  ou  faces  extérieures  sont  revêtus  de  pierres 
taillées  carrément  1  sur  trois  pouces  six  lignes  à  leurs 
tètes  posées  en  losange^^  C'est  ce  que  Vitrûte  appelait 
opus  reiicula/um ,  expression  qui  dépeint  assez  bien  Ce 
genre  de  maçonnerie  dont'  l'aspect  offre  le  simulaci^  du 
réseau.  Dans  les  parties  qui  ont  une  certaine  élévation 
hors  de  terre  ,  de  grandes  briques  dont  on  faisait  tégner 
Un  COUTS  de  dedx  assises  de  quatre  pieds  en  quatre 
pieds  de  hauteur,  unissaient  les  paremens  avec  le^ 
massifs  du  mut*  et  interrompaient  le  maitlage  ou  réseau^ 
Le  mortier  qui  lie  cfes  matériaux  entr'eux  ayant  acquis 
la  dureté  de  la  perre  5  a  fait  croire  assez  généralement 
qu'il  était  composé  avec  un  certain  mélange  de  matières 
dont  lé  secret  est  perdu  de  nos  jours  ;  mais  c'e^t  une 
de  ces  fables  qu'on  s'est  plu  à  débiter  sur  les  monumens 
antiques.  Toutes  les  analyses  qui  ont  été  faites  du  ciment 
des  Romains ,  prouvent  qu'il  n'entrait  uniquement  dans 


y 


(  255  ) 

alion  que  de  la  chaux  et  An  sable  !  tobt  leûf 
secffet  oonsistaii ,  par  conséquent ,  à  savoir  faire  un  bon 
dboix  de  Vun  et  de  Tautte  ,  et  à  les  mélatiger  dans  de^ 
^lopoTlions  convenables.  Lorsque  ce  mortier  devait  ser*^ 
fir  d*enduit  à  un  réservoir  ou  à  un  canal ,  on  y  ajoutait 
de  plos  de  la  brique  pilée. 

On  troave  des  débris  importans  des  aqueducs  à  Slej 

Foy  ,  à  Baanant ,  à  Chaponost ,  à  Brignais ,  à  Mornant  9 

à  Si.  Maaïice-sur-Dargoire  9  à  St.  Genis-Terre-noîre  ^ 

k  Cbatgnoii  et  à  la  Petite  Varizelle.  On  voit  encore  dan» 

le  vallon   d*EU:ully  ,  au-dessous  de  Grange-Blanche  et 

au  Massai ,  des  restes  d'un  autre  aqueduc ,  moins  éléganl 

et  menas  solide ,  qui  servait  à  conduire  du  côté  de  St^ 

Irënée  les  eaux  que  fournissait  le  Mont  d'or.  II  y  a  lieu  de 

^ser  que  ce  dernier  aqueduc  avait  été  élevé ,  non  par 

le  gouvernement  5  mais  par  de  riches  particuliers  ou  des 

dicfsde  camp,  qui  y   recueillaient  les  eaux  des  sources 

ou  des  pdites  rivières  voisines  pour  Tutilité  et  Tagré^ 

ment  dé  îean  pillas.  Les  amis  des  arts  ont  à  déplorer  k 

perte  toute  récente    du  plus  beau  fragment  qui  restât 

àe    Taqueduc  d'EcuIly   et  qui  se  composait  de  quatre 

arcbes  d'une  largeur  et  d'une  hauteur  considérables.  On 

Ta  vu  s'écrouler  en  entier  dans  fe  courant  de  Tannée 

1827.  C^^  événement  devrait  éveiller  ta  sollicitude  de 

f  administration  ^  intéressée  à  conserver  des  restes  pré-* 

daix  de  l'antiquité  qui  appartiennent  à  l'histoire  locale  $ 

qui  attirent  les  étrangers  et  dont  l'étude  est  souvent 

utîie  aox  progrès  des  ai*ts.  On  s'étonne  que  l'autorité  ait 

soiiflRcrt   dernièrement  qu'on  bâtit   contre  l'aqueduc  de 

Sl  Irénée  et  au  travers  de  ses  arcs  deux,  maisons  qui  le 

lOasquent  et  le  font ,  pour  ainsi  dire  ,  disparaître  9  en 

l'incorporant  à  de  chétives  habitations  sans  goût  et  sans 

grâce.  • 


(  256  ) 

On  trouve  également  à  PoUionnay  ,  à  Courzleu ,  h. 
i*Ârgentière ,  les  vestiges  d*un  aqueduc  souterrain  qui 
arrivait  aussi  à  St.  Irënëe.  Il  ëtait  destiné  à  y  amener 
les  eaux  de  la  Coire  ,  de  la  Brevenne  et  des  autres  petites 
rivières  qui  y  affluent.  Ces  deux  aqueducs  sont  les  pre- 
miers que  les  Romains  construisirent  pour  recueillir  les 
eaux  les  plus» voisines  ;  mais  comme  les  petites  rivières 
qu^ils  amenaient  à  Lyon ,  tarissaient  pendant  1  été ,  ils 
se  virent  bientôt  forcés  de  construire  celui  de  treize 
lieues  d'étendue  dont  il  a  été  question  plus  haut  ^  et 
qui  était  intarissable  comme  le  F^irens. 

Enfin ,  un  quatrième  aqueduc  longeait  le  Rhône  de- 
puis  Montluel  et  se  terminait  au  bas  de  la  colline  de 
St.  Sébastien  (i). 

La  destruction  des  aqueducs  est  due,  en  grande  partie, 
à  remploi  trop  fréquent  que  les  Romains  ont  fait  des 
briques  dans  leur  construction  ;  il  n'est  pas  un  seul  des 
vestiges  dont  nous  venons  de  parler ,  qui  n  offre  la  preuve 
de  ce  fait.  L'influence  pernicieuse  de  notre  température 
ayant  détruit  la  plupart  de  ces  briques  ,  il  en  est  ré- 
sulté des  vides  considérables  dans  les  massifs ,  qui  ont 
hâté  de  plusieurs  siècles  la  ruine  de  ces  monumens.  Ce 
que  le  temps  avait  épargné ,  parait  avoir  été  renversé  vers 
l'an  732 ,  époque  où  une  armée  considérable  de  Sarrasins 
venus  d'Espagne ,  après  avoir  soumis  le  Languedoc,  prit 
Avignon  et  se  jeta  dans  la  Provence  et  le  Dauphiné.  Ces 
barbares  remontèrent  ensuite  le  Rhône ,  et  s'emparèrent 


(1)  Voy.  dans  les  Archives  ^-iom..  I ,  pag.  241-268  ,  ua 
mémoire  de  M.  Cochard,  intitulé  Notice  sur  les  voûtes 
souterraines  9  appelées  improprement  Aqueducs  du  Rhône. 

B. 


(  :i57  ) 
âe  I/yon  j  où  ils  commirent  d'irréparables  excès.  Une 
grande  partie  des  habitans  fut  passée  au  fil  de  Tépée  j 
les  églises ,  les  murailles  de  la  ville  et  la  plupart  des 
habitations  furent  détruites  ;  ce  qui  restait  encore  debout 
des  ouvrages  romains  éprouva  le  même  sort.  Les  dévas- 
tateurs espéraient  y  trouver  des  richesses  cachées.  C'est 
de  là ,  à  ce  qu'on  croit ,  que  s'est  perpétuée ,  parmi  les 
paysans  des  environs ,  l'opinion  que  ce  sont  les  Sarrasins 
qui  avaient  construit  ces  monumens. 

11  parait  j  en  effet ,  très-possible  que ,  dans  des  esprits 
peu  éclairés  ,  la  tradition  de  la  destruction  se  soit ,  par 
•  la  suite  des  temps  et  par  l'altération  des  récits  transmis 
-d'âge  en  âge ,  convertie  en  une  tradition  contraire  (i). 

Pour  ne  rien  ajouter  à  la  description  que  nous  venons 
de  km ,  nous  renvoyons  nos  lecteurs  à  l'ouvrage  de 
M.  Delhome  et  à  celui  de  M.  de  Penhouet ,  colonel ,  en 
1816,  de  la  19.*  légion  de  gendarmerie,  le  dernier 
auteur  qui  ait  écrit  sur  ces  monumens  (2). 

£n  terminant  cet  article ,  nous  rappelerons  que ,  le 
29  septembre  179?,  la  surprise  du  pavillon  de  la  maison 

(i)  Le  P.  Ménestrier  dit  en  parlant  des  restes  des  aque* 
dacs  y  VI,^  Dissertation  sur  Vorigine  de  la  ville  de  Lyon  9 
pag.  569  il  la  tête  de  son  Hlst.  consul.  :  u  Le  people  nomme 
ces  arcs  9  les  arcs  des  Sarrasins  9  par  corruption  du  mot 
d'arcs  césariens  ,  arcus  cœsariani....  n  B.     . 

(2)  heures  sur  rhistoire  ancienne  de  Lyon  9  dans  les- 
quelles on  traite  des  différentes  origines  de  cette  ville  9  de 
son  agrandbsement  extraordinaire  sous  Auguste  ,  de  son 
embrasement  sous  Néron ,  ainsi  que  de  ses  aqueducs  et 
de  la  conduite  dss  eaux  par  les  siphons  renverses.  Be- 
sançon 9  Yacherant-Tissot,  1818  9  in*4*°  de  x  et  216  p»g. 

B. 

Tome  FIL  17 


(  a58  ) 
Rosset^  attenant  aux  aqueducs  deSt  Irënëe^  donna  k 
Tarmëe  qui  assiégeait  Lyon  »  la  facilita  d'incendier  le^ 
beau  couvent  des  Genovëfins  (  aujourd'hui  le  refuge  Str 
Midiel  )  et  de  repousser  le^  Lyonnais  des  positions  qu'ils 
avaient  au  territoire  de  Chqulans. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  consigner  ici  les  noma- 
de ceux  de   nos  courageux  compatriotes  qui ,   à  cette 
époque  mémorable ,  défendirent  ce  poste  contre  des  for- 
ces bien  supérieures  aux  leurs  ,   avec  une  constance  et 
une  intrépidité  dignes  d'un  meilleur  sort 

ARBALETE  (  rue  de  V  ).  Cette  rue  tire  son  nom  d'une 
enseigne  qu'on  y  voyait  anciennement ,  çt  qui  repré- 
sentait un  homme  tirant  de  Tarbalète.  Cette  enseigne , 
qui  a  été  détruite ,  ainsi  qu'une  autre  qu'on  remarque 
encore  dans  la  rue  des  Treize  Cantons ,  voisine  de  celle- 
ci  9  et  sur  laquelle  était  figuré  l'armoriai  des  treize  can- 
tons suisses ,  fait  présumer  que  ce  quartier  était  ai^trefiûs 
principalement  habité  par  des  négpcians  suisses  qui 
jouissaient  de  privilèges  particuliers.  Il  est  de  même 
probable  que  l'image  de  l'homme  armé  d'une  arbalète , 
était  l'elEgie  de  Guillaume  Tell. 

La  rue  de  l'Arbalète  aboutit  de  la  rue  dç  l'Angile  à 
celle  des  Treize  Cantons  ;  elle  est  tracée  sur  le  plan  de 
1740;  mais  celui  du  16.^  siècle  n'en  fait  aucune  men*- 
tipn.  On  y  compte  7  maisons  y  66  ménages ,  229  indi- 
vidus ,  25  ateliers  et  47  métiers  pour  la  fabrication  des 
étoffes  de  soie. 

ÂRBEE.-SEC  (  rue  de  r  )•  Un  arbre  desséché  par  le  temp^ 
et  qui  avait  subsisté  dans  cet  état  pendant  un  assez  grand 
nombre  d'années  à  Tune  des  issues  de  cette  rue ,  et  plus 


bf  ailé  Ènseîgtié  qu*on  y  avait  placée  àVèc  IWbléme 
d*im  arbre  sec ,  ont  Tun  et  Tautre  donné  à  cette  partie 
de  la  ville  le  nom  qu'elle  continue  à  porter  aujourd'hui. 
Elle  est  figurée  sur  le  plan  de  i54o  avec  sa  direction 
actuelle  ^  c'est-^à-dire  )  en  formé  de  ligne  brisée  tendant 
de  la  rue  Glermont  &  la  i^e  JSàs^ville.  Sa  situation  au. 
centre  de  la  ville  et  du  quartiei*  du  commerce  ^  lui 
donne  de  l'importance.  îl  y  existe  4^  maisons,  40 1  mé- 
nages, 1339  individus^  12  ateliers  et  22  métiers  pour 
la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

IfSL  maison  paternelle  des  Labé  ^  dits  Charly ,  fameux 
cordiers ,  était  dans  la  rue  de  TÂrbi-e'^Sec.  Us  l'y  ont 
conservée  pendant  les  i4^>  i5^  et  16^  siècles.  On  sait 
que  c'est  de  cette  famille  ,  qui  possédait  à  Lyon  et  dans 
les  environs  de  riches  propriétés  ^  qu'était  issue  la  fa- 
meuse Louise  Labé  $  dite  la  Belle  Cordière  ^  dont  nous 
aurons  occasion  de  parler  à  l'article  de  la  rue  qui  porte 
son  surnom  ,  et  que  ses  poésies  ont  placée  au  rang  des 
femmes  célèbres^ 

AiLCfiERS  (cour  dé3).  CeÛ  un  impasse  pratiqué  entre 
le  jardin  de  la  préfecture  et  la  rue  Belle-cordiére.  Des 
entrepôts  pour  les  voituriers  ,  et  quelques  ateliers  de 
menuiâers  ^  maçons ,  forgeurs  et  charï'ons  y  occupaient 
autrefois  de  petits  hangars.  Depuis  la  destruction  du 
couvent  des  PP.  Dominicains,  on  a  bâti  sur  la  clôture 
de  leur  jardin  de  petites  maisons  qui  sont,  en  majeure 
partie ,  occupées  par  les  écuries  et  les  remises  de  quelques 
auberges  où  logent  principalement  des  marchands  forains. 
On  ignore  d'oi^  tient  ce  nom  de  cour  des  Archei^^  dont  i! 
n'existe  pas  même  de  trace  sur  le  plan  de  1 5  40.  La  principale 
population  de  ce  passage  consiste ,  comme  anciennement  f 


(   260  ) 

en  forgeurs,  sdiliers,  carrossiers  et  menuisiers.  Il  y, 
existe  ii  maisons,  24  ménages  ,121  individus ,  9  ate- 
liers et  41  métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

(  XXIX.«  Article  ). 

i 

NOTICE  SUR  ÂHÉUE  DE  MONTENDRE. 

Sî  cette  nation  de  femmes-poètes  des  14.*  et  i5.*  siè- 
cles ,  que  M.  de  Surville  a  groupée  autour  de  Clotilde 
de  Vallon-Chalys ,  qu'il  prétendait  avoir  été  une  de  ses 
aïeules,  n*est  pas  éclose  de  son  cerveau,  non  plus  que  les 
poésies  qui  successivement  ont  été  publiées  après  sa  mort 
et  sur  ses  manuscrits  par  trois  de  nos  plus  habiles  litté- 
rateurs (i)  ;  si  ces  poésies  ,  disons-nous ,  ne  sont  pas  des 
produits  de  son  imagination  spirituelle  et  féconde  et 
d'une  imitation  patiente  et  presque  toujours  heureuse 
des   formes  de  notre  ancien   langage,  si  ce  n^est  pas 


(1)  n  existe  deux  recaeUa  des  œurrea  de  CloUlde  de  Sorrille  :  itt 
premier ,  arrange  par  feu  M.  Ch.  Vanderboiirg ,  qui  plaça  à  la  tête 
une  exccUeote  dissertation  sur  rauthenticité  de  l'ouvrage  ,  fut  publié 
à  Paris,  cher  Heniichs,  en  fSo3,  in-8.®  Il  obtint  tant  de  succès^ 
et  fixa  tellemeiit  les  regards  du  public ,  qu'il  fat  réimprime  deux 
fois  ,  la  même  année  ,  chez  le  même  libraire  ,  et  trois  fois  en  t8s4  f 
chez  A.  Nepveu.  C'est  à  ce  dernier  ,  propriétaire  actuel  des  maAiis* 
crits  de  M,  de  Sunrille  ,  qu'est  du  le  second  recueil ,  mis  au  jour  es 
A8a6  et  revu  par  MM.  de  Konjoux  et  Cb.  Nodier ,  sous  le  titre  dc^ 
Poésies  inédUes  de  ClolUde  de  SurviUe  ,  poète  du  XV.e  siècle  ,  joUl 
Tolume  in-xa  ;  orné  de  grayurea  d'apré»  Colin ,  éléy^  de  Girodel» 


(i6i) 
«le  brillante  fantasmagorie  que  Tapparition,  dans  un 
Insps  presque  barbare  ,  de  cette  femme  célèbre  et  de 
ce  nombre  de  personnages ,  supérieurs  aussi  à  Tepoque 
A  ils  TÎTaient ,  dont  il  nous  a  rëyélë  la  singulière  exis- 
tence et  raconte  Tintëressante  histoire ,  la  biographie 
lyonnaise  doit  s'enrichir  d'une  notice  de  plus ,  et  Amëlie 
de  Montendre  a  droit  d'y  figurer  aTec  distinction. 

Cloâde,  selon  ses  éditeurs,  avait  écrit  des  mémoires 
coandérables  sur  les  femmes  qui,  ayant  elle  et  de  son 
temps ,  s'étaient  livrées  à  la  douce  culture  de  la  poésie. 
Ce  graid  ouvrage  s*est  perdu ,  ainsi  que  tous  les  ma- 
noscrils  autographes  que  possédât  M.  de  Surville  (i)  ; 
mais  heureusement  ce  dernier  en  avait  fait  l'extrait ,  et 
c  est  par  là  que  le  souvenir  d'Amélie  de  Montendre  est 
venu  jusqu'à  nous. 

Cette  trouveresse  lyonnaise  du  14.*  siècle  succéda  à 
deux  autres  muses ,  Victoire  de  la  Tour  et  Hélène  de 
Giammont  ;  die  vint ,  suivant  l'expression  de  M.  de 
Surville  (2) ,  allumer  son  flambeau  aux  feux  dont  étin-- 
celait  leur  cendre.  La  France  muait  alors  en  quelque 
iorte ,  et  les  geais  italiens  se  paraient  impunément  de  ses 
dépouilles.  Amélie  fit  justice  de  ces  larcins ,  de  concert 
avec  Richarde  Selvag^  ,  l'objet  des  amphigouris  de  Cino 
de  Pistoie  (3)  ;  et  elle  parvint,  par  quelques  écrits  pi* 

(1}  Hoit  TÎetijne  de  la  rëtolution ,  an  Puy  en  Velay ,  le  S7  Ten- 
âéniaire  an  VIL  On  peut  Toir,  danB  la  préface  de  M.  Vanderboarg» 
coannent  se  perdirent  à  cette  ëpoqne  les  ariginaax  ^e  M.-  4e  Sar- 
TÎIle  arail  en  son  poaroîr. 

(2)  Poésies  inédites ,  etc. ,  pag.  aoa* 

(3)  Richarde  Selraggi ,  ou  Sel^aggia  i  comme  elle  est  nommëe 
dn»  la  Biographie  universelle  ,  art.  Cino  da  Pisioia  ,  mourut ,  à 
cc^i'il  parait,  ayaot  i3i4  s  d*où  Ton  peut  induire  que  ,  l'ayant 
cooBoe  ,  Amélie  de  Montendre  serait  née  ters  la  fin  du  i3.«  siècle* 


(  uGa  ) 
quans ,  à  dëterminer  8es.,contemporains  à  cultiver  leur 
langue  naissante.  Elle  eut  Thonneur  d^avoir  pour  amie 
et  pour  élève  Justine  de  Lévis  (i)  ,  qui  ctmfia ,  à  son 
tour,  le  feu  sacré  qu  elle  avait  reçu  d'elle ,  am  mains  de 
Pulchérie  de  Fay-Collap  sa  petite  fille ,  dépôt  que  celle- 
ci  transmit  ensuite  à  Clotilde  sa  fille  dont  Justine  , 
comme  on  le  :  voit ,  était  la  bisaïeule.  Ainsi  c'est  à  la 
Lyçnnai^e  Monlendre ,  à  ses  leçons ,  à  se»  exemples  ,  que 
Justine  et  Clotilde  durant  leur  talent  et  la  place  bril- 
lante qu  elles  occupent  enfin  aujourd'hui  «ur  notre;  Par- 
nasse (a). 


(i)  Fille  d*Andrë  de  Levis-Pcrotti ,  de  Sasso-Ferralo  ,  branche 
reconnue  par  l'illustre  maisott  de  Lévis,  L'existenoe  de  eette  fcmmâ 
est  aathentiqaement  prouvée.  On  trouve  daiis  les  couvres  de  Pétraiw 
que  ,  deux  sonnets  dont  l'un  lui  est  adressé  par  Justine  de  Itéris  9 
et  dont  l'autre  ,  sur  les  mêmes  rimes ,  est  U  réponse  qu'il  y  fit. 

(a)  M.  de  Surville  a  redit- en  vers,  un  peu  prétentieux  ,  ce  qu'il 
avait  dit  en  prose  et  ce  que  n(^QS  venans  dé  lui  emprunter:  dans  une 
épltre  intitulée  ,  VOmbre  de  ClotUde  aux  femmes  poêles  ,  depuis 
V  origine  de  la  langue  française  y  insérée  pag'.  \/\\  et  suiv.  des  Poésies 
inédites ,  etc. ,  après  avoir  mentionné  les  Sâphos  françaisea  qui 
avaient  précédé  AiaéU<  de  Monlendre ,  il  fait  ainsi  parler  l'ombre  de 
^n  aïeule  1 

Aux  feux  étincelans  qui  brillaient  sous  leur  cendre , 
Alluma  son  flambeau  cette  vive  Montendre  , 
Que  Lyon  vit  éclore  en  ses  loyaux  remparts  ; 
Et  soudain  mille  échos  sur  les  Alpes  épars , 
De  ses  chants  dévoués  à, l'antique  Thalie  , 
Firent ,  se  répandant ,  retentir  l'Italie  , 
Où  le  Dante  infernal ,  plus  encor  que  divin  , 
Evoquait ,  en  fureur  ,  le  spectre  d'Ugolin. 
Montendre  ,  à  ces  tableaux  énergiques  et  sombres  « 
Opposait  l'Amour  même ,  errant  parmi  les  ombres  | 
Mariait ,  de  Catulle  ,  au  riant  abandon  , 
lion  les  màles  couleurs  du  peintre  de  Didoo  « 


r 


(  a63) 
Amélie  composa  des  Ters  en  italien  et  en  français.  Son 
principal  ouvrage  était  un  drame  intitule  t Amour  aux 
a^crs.  Clolilde  Ta  sauvé  de  l'oubli ,  en  l'insérant ,  comme 
qnsûde^  dans  sa  pastorale  du  Cbasicl  d^  Amour  (x)«  C'est 
à  peu  de  chose  près^  le  sujet  du  CUfidon  €racifié  à' kxk^ 
sone  :  remarque  qui,  pour  le  dire  en  passant,  a  échappé^ 
aiu  é£teurs  des  poésies  de  Clotilde.  Le  roman  du  Chasiel 
f  Amour  n'est^  qu'analysé  dans  le  seœnd  recueil  qu'ils 
nous  oQl  donné  de  ses  ouvrages.  Quelques  vers  qui  ap-» 
paitalaîeni  sans  doute  à  l'original  du  poëme  d'Amélie  , 
sauf  peat^tre  les  modifications  nécessitées  par  le  chan- 
geoiat  qu'avait  suhi  la  langue  dans  le  cours  d'un  siècle , 
y  sont  cités  en  trois  ou  quatre  endroits ,  mais  ce  ne  sont 
que  des  (ragmens  qui  ne  peuvent  se  détacher  et  qui  ne 
doimeraent  pas  une  idée  complète  du  talent  de  leur  au- 
teur. Ces  vers  ressemblent ,  d'ailleurs,  à  la  plupart' dcr 
ceux  que  M.  de  Surville  nous  a  conservés.  U  juge  ltti<^ 
même  ainâ  k  drame  de  t  Amour  aux  enfers  (2)  :  «  C'est, 
»  dft*il,  ie  modèle  le  plus  ancien  que  nous  connaissions 
a  du  genre  charmant  de  V  Oracle  et  des  Grâces.  Si  Çlo-* 
s  tilde  a  surpaseyé  éminemment  Amélie  en  vers  ;  si  Louise 
»  Labé  y  dite  la  Belle  iCordière ,  l'a  pour  le  moins  égalée 


ces  piqnaDB  attraits  dont  la  France  est  la  mère  $ 
Ces  brillans  sëdncteurs  dont  l'ëclat  ëphëmérfl  , 
Sans  l'appui  du  talent ,  qu'ils  peuyent  embellir  f 

Tout  en  ^louissant  semble  déjà  pâlir 

Telle  fut  de  Lévis  Tayant-courrière  illustre. 
Justine  enfin  parut ,  et  c'est  son  plus  bean  lustre. 
De  ce  maître  yautë  disciple  audacieux  i 
Justine  en  relera  les  crayons  gracieux. 


M««* 


(1)  Poésies  inédites  ,  etc. ,  ptg.  5a-54. 
(9)  Ibid.  pag.  63-64* 


(  264  ) 
ti.  en  prose ,  dans  sa  petite  comëdie  de  la  Foliâ  et  tAmùur^ 
»  si  Louisa  Thiëbault  ^  entremêlant  ces  deux  manières  , 
o  a  spécialement  frayé  cette  route  nouvelle  à  Tingénieax 
»  M.  de  Saint-Foix  ^  certes ,  ni  les  unes ,  ni  les  autres  ^ 
»  n*ëclipsèrent  Montendre  ^  qu'après  s^ètre  embellies  de 
»  ses  propres  attraits.  » 

Voilà  tous  les  renseignemens  que  nous  fournit  M.  de 
SurviUe  >  diaprés  les  mémoires  de  Clotilde ,  sur  la  vie  et 
les  ouvrage»  de  notre  aimable  trouveresse  ;  mais  il  est 
encore  une  circonstance  qu*il  rapporte ,  et  qui  d<Ht ,  à 
plus  d'un  titre ,  se  retrouver  dans  cette  notice  :  il  s*igît 
d'un  hommage  touchant  et  flatteur  qu'Amélie  deMôn^ 
tendre  aurait  reçu  ,  dans  sa  patme ,  après  sa  mort.  Nous 
nous  servirons ,  autant  que  possible  ^  pour  ce  récit  y 
comme  nous  l'avons  fait  jusqu'à  présent ,  des  propres 
expressions  de  l'auteur  qui  est  le  seul  guide  que  nous 
ayons  (i). 

Il  existait  à  l'époque  dont  il  s'agit  deux  Écossaises  , 
nommées  Céphise  de  Sainthré  et  Camille  de  Risdimond  ^ 
quelles  le  duc  d'Orléans  \y  père  de  Louis  XII  et  oncle 
de  François  I.^'^  alors  prisonnier  de  l'Angleterre ,  avait 
enseigné  la  poésie  française ,  qù*il  cultivait  lui-même 
avec  beaucoup  de  succès  (2).  Il  les  recommanda  à  Mar— 


(1)  Poésies  înédUes  ,  etc.  pag.  34^  et  suir. 

(a)  L'abbë  Sallîer  est  le  premier  qui  ait  appela  l'attention  des 
littëratears  sur  le  in<^rite  de  ce  poète  qu'il  fit  connaître  dans  un 
mémoire  insère  an'toin.  XIII  du  recueil  .de  Tacadëmie  des  inscrip- 
tions. M.'  P«  V.  Chalyct  a  mis  au  jour,  en  i8o3 ,  un  choix  àem 
poc^sies  de  Charles  d*Orl(?ans  ,  dont  le  manuscrit  se  trouve  dans  la 
bibliothèque  de  Grenoble,  et  qui  justifie  Téloge  que  nous  Tenons 
de  faire  de  l'aimable  et  gracieux  talent  de  ce  prince.  Cette  publica- 
tion n'a  presque  pas  été  aperç^ue  ,  parce  qu'elle  a  eu  lieu  en  prôyînce, 
et  qu'il  est  établi ,  mémo  en  province ,  qu'il  n'y  a  de  digne  d'arrêter 
les  regards  que  ce  qui  s'imprime  dans  la  capitale. 


r 

I  (265) 

gaerite  cl*Écosse ,  laquelle  venant  en  France  pour  être 

lëpouse  du  dauphin ,  se  les  attacha  Pune  et  Tautre  en 

folitë  de  filles  d'honneur.  C^phise  et  Camille  firent 

amnaitre  Clotilde  an  duc  d*Orlëans  ,  immédiatement 

après  sa  délivrance  et  son  retour  à  Paris  (i):  il   les 

o^ÉgA  à  partir   pour   s'aller  former  sous   la  Sapho 

■oderne ,  la  remercier  des  vers  qu'elle  avait  faits  en  son 

honneuT  et  ne  rien  épargner  surtout  pour  la  ramener 

atec  dles  ï  la  cour.  Marguerite  les  chargea  d'une  lettre 

éciîte  de  sa  main  ,  o{ï  elle  sommait  Clotilde  de  venir 

mefoir,  sar  un  théâtre  plus  di^e  de  la  posséder  ,  le 

pni  que  sollicitait  l'éclat  de  son  riche  génie. 

Ionise  d'Effiat ,  vicomtesse  de  Loire  ,  autre  amie  de 
Clotilde,  se  rendit  à  Lyon,  dix  à  douze  jours  avant  les 
jetincs  Ecossaises  ;  mais  elle  ne  put  descendre  jusqu'au 
fend  du  Vitarais ,  par  un  accident ,  presque  sans  exem- 
ple ,  qui  pensa  lui  coûter  la  vie ,  et  la  retint  quelque 
temps auT  portes  du  tombeau.  Clotilde  ne  put  apprendre, 
sans  fre'mir  et  sans  voler  auprès  d'elle  ,  les  dangers  que 
courait  Louise.  Celle-ci  ne  la  vit  pas  plus  tôt  arriver 
qn'clJe  se  crut  parfaitement  guérie. 

Les  deux  Ecossaises  ne  tardèrent  point  à  les  joindre  , 
«His  une  escorte  de  cent  archers ,  aux  ordres  du  cheva- 
lier Yidor  de  Sainthré ,  l'amant  déclaré  de  Céphise ,  et 
àfs&xà  à  devenir  bientôt  son  époux.  La  beauté  conservée 
de  Clotilde  (2)  frappa  vivement  les  d'eux  soeurs  ;  elUj» 
lui  rendirent  d'abord  une  espèce  de  culte  et  lui  deman- 
dèreol  k  l'envi  son  amitié ,  sa  bienveillance  et  ses  leçons. 


(i)  La  longue  captmtë  da  duc  d'Orlëans  finît  en  i44o* 

(3)  Mée  yen  1400  ou  i4o5|  Clotilde  deyait  atoir  alors  esTiroi^ 


(  266  ) 

Parmi  les  sujets  des  coaversations  întîmes  qoi  s*4ta-* 
blirent  entre  elles ,  Clotilde  leur  parla  surtout  des  femines 
poètes  ,  leurs  devancières ,  uniques  modèles .  en  poésie 
depuis  l'origine  de  notre  Parnasse  français  ;  elle  leur  en 
apprit  l'histoire  presque  inconnue.    , 

«  Ces  entretiens  leur  suggérèrent  le  vif  désir  de  rendre 
)>  hommage  aux  mânes  d'Amélie  de  Moniendre  ;  elles  se 
»  rendirent  solennellement ,  en  conséquence ,  à  la  mai- 
»  son  même  où  cette  ingénieuse  Lyonnaise  avait  reçu  le 
»  jour  :  elles  y  récitèrent ,  ou  plutôt  elles  y  chantèrent 
»  un  hymne  français  et  italien  ,  alternativement ,  en 
»  mémoire  des  compositions  d'Amélie  en  ces  deux  lan*- 
»  gués  y  et  firent  planter  devant  sa  porte  une  superbe 
»  tige  de  laurier»  Cent  ans  après ,  ce  laurier  subsistait 
»  encore.  Comment  se  peut-il  (c'est  toujours  M.  de 
»  Surville  qui  parle  )  que  la  société  des  gens  de  lettres 
»  lettres  lyonnais  ,  qui  recueillit  avec  tant  de  zèle  les 
»  œuvres  de  Louise  Charly,  dite  Labé  (i)  ,  l'honneur 
»  immortel  de  leur  patrie ,  n'ait  fait  aucune  mention  des 
»  trois  beaux  sonnets  qu'elle  adressait  à  Tombre  de 
»  Montendre ,  de  l'exemple  de  laquelle  il  ne  parait  pas^ 
»  qu'elle  ait  beaucoup  profité  ?  Avec  un  talent  inférieur 


(y)  Ce  reproche  s'adresse  anx  gens  de  lettres  de  Lyon  (  MM.  de 
Fleurieu ,  Barou  du  Soleil  »  le  P.  Damas ,  J.  F.  Tolosan  ,  Adamoli 
|t autres)  «  qui  se  réanireot ,  en  176a  ,  pour  donner  1  à  leurs  fraia  » 
one  rëimprcssion  soignée  et  élëgante  des  œuyres  de  Louise  Labë« 
Ces  éditeurs  sont,  en  effet ,  les  seuls  que  pût  connaître  M.  de  Sur- 
yille  f  mort ,  comme  nous  l'avons  dit ,  eu  179I8  ;  mais  IHncolpalioB 
retombe  aussi  sur  les  éditeurs  de  18^4  t  <iui  n'ont  pas  pas  non  plus 
inséré  dans  leur  yolume  les  trois  sonnets  dont  il  s'agit.  11  eût  été  à 
désirer  que  M.  de  Sttnrille  rapportât  -le  texte  de  ces  sonnets  ,  ou 
nous  indiquât  l'endroit  où  ils  se  trouvent.  Il  a  même  néglige  de 
nous  apprendre  s'ils  ont  été  imprimés ,  ou  s'ils  sont  encore  iaéditc* 


(  ^67  ) 
B  \  oehû  de  la  -belle  Cordière  ,  Âmëlie  avait  le  goût  bien 
9  aatrement  exquis ,  et  loreille  bien  phis  sensible  aux 
»  lois  de  Vharmonie.  Il  est  parle  du  laurier  dam  l'un  de 
)»  ces  soanets  ;   mais  Louise  semble  ignorer  le  nom  de  , 
9  celles  qui  le  planèrent.  Autant  qu'on  peut  juger,  d'après 
»  les  renseignemens  de  Clotilde ,  du  site  où  cet  arbre  fut 
9  âevé ,  ce  dut  être  non  loin  de  la  place  de  Bellecour ,  et 
9  loui-à-fait  sur  le  bord  de  la  Saône ,  où  des  berceaux 
9  de  ireidure  se   réfléchissaient  dans  ses  flots  argentés* 
9  Cest  dans  l'église  collégiale  d'Aisnay  qu<  repose  le 
9  corps  de  cette  femme  trop  méconnue.  » 

Nous  avons  cru  devoir  transcrire.,  en  entier ,  cette 
dernière  partie  d'une  si  jolie  narration  ;  l'abréger,  c'eût  été 
à-^lar-fojs  lui  faire  tort  et  risquer  d'altérer  des  détails  capa- 
bles d'intéresser  Ihonneur  de  notre  cité,  qui  ne  pourrait 
manquer  d'être  fière  d'ajouter,  dans  ses  fastes, le  beau  nonv 
d'ÂméVie  de  Montendre ,  à  ceux  des  Louise  Labé  ,  des 
Clémence  de  Bourgf^s ,  des  Pernette  du  Guillet,  qui,  un 
âède  plus  tard,  auraient  recueilli  l'héritage  d'une  illustre 
devancière.  11  ne  nous  reste  donc ,  eri  terminant  cette 
petite  compilation  ,  qu'à  exprimer  le  désir  que  les  faits 
qu'elle  renferme  soient  aussi  vrais  qu'ils  seraient  bien 
inventés ,  si  par  malheur  ils  étaient  faux*   . 


es 


ANCIENISE  STATISTIQUE  DE  LYON. 


C01IMmfAt7TâS  RELIGIEUSES, 

Tout  le  monde  connaît  le  grand  plan  gravé  de  la  ville 
de  Lyon ,  levé  par  Seraucourt ,  vérifié  et  orienté  par  le 
R.  P.  Grégpire ,  du  tiers-ordre  de  S.  François ,  et  re- 


(  268  ) 
marquable  parce  que  dam  le  pourtour  du  cadre  on  y  a 
joint  la  perspective  des  principaux  monumens  et  édifices 
poblîc^  de  la-  ville. 

Ce  plan,  livre  au  piiblic  en  1740  ,  fit  naître  Viàée 
à  un  individu ,  dont  on  ignore  le  nom ,  de  présenter 
au  consulat ,  en  1742 ,  un  mémoire  sur  les  moyens  d'a- 
grandir et  d'embellir  la  ville  ,  en  ouvrant  des  rues  dans 
1^  tènemens  occupés  par  les  communautés  religieuses 
qui,  par  suite  de  Taccroissement  de  la  population  ,  se 
trouvaient  enclavés  dans  les  quartiers  les  plus  commer- 
çans  de  la  cité. 

Quoique  nous  n'ayons  qu'un  extrait  très-succinct  de 
ce  mémoire ,  il  nous  a  semblé  que  les  divers  documens 
qu'ils  renferment  méritaient  d'être  connus  ,  et  pouvaient 
ofirir  quelques  rapprochemens  intéressans. 

L*auteur  estime ,  d  après  le  plan  de  Seraucourt,  que 
la  contenance  générale  de  là  Ville ,  environnée  de  ses 
murs  et  fortifications ,  est  de  2,800  bîcherées  dont  il 
faut  déduire  un  tiers  pour  les  rues,  places,  quais,  rem- 
parts, et  la  place  du  lit  de  la  Saône  ;  ce  qui  réduit  la 
surface  à  1867  bicherées  ; 

Que  les  communautés  régulières  et  séculières  (  toujours 
d'après  lestimation  prise  sur  le  plan )  ,  occupent  un  es- 
pace de  1,4^7  bicherées,  et  qu'il  n'en  reste  que  409  pour 
les  maisons  bourgeoises  ; 

Que  le  nombre  total  des  maisons'  de  la  ville  est  de 
384a  ,  y  compris  les  maisons  d'habitations  des  commu- 
nautés au  nombre  de  70  ;  plus  5  00  maisons  louées  , 
qu'elles  possèdent  dans  les  divers  quartiers  ;  que  ces  5oo 
maisons  forment  environ  la  septième  partie  du  quart 
restant  de  remplacement  dé  la  totalité  des  maisons  ; 

Que  les  communautés  possèdent  1,467  bicherées  pour 


ime  population  de  ^*^7oq  individusî)  tandis  qnè ,  dans  les 
409  bicherées  ^i  restent ,  on  trouve  une.  population  de 
ia5,ooo  habîians;  enfin  que  la  possession  de  la  septième 
partie  du  quart ,  qui  est. la  vingt-huitième  de  la  totalité 
de  la  ville  ,  prouve  que  les  communautés  oœupent  en 
domaines  utiles  les  trois  quarts  delà  ville. 

L  auteur  estime  ensuite  que  le  nombre  de  3,â4a' mai- 
sons dont  la  valeur ,  les  unes  dans  les  autres ,  peut  être 
porièe  à  un  capital  de  i5,ooo  Uv^  $  donne  une  somme  de 
^^7,630^0  ; 

Qaeles  directes  poss^ëes  par  les  bourgeois  ne  mon- 
tent qu'à  la  somme  annuelle  de  36^  18  liv. ,  tandis  que 
celles  des  communautés  s'élèvent  à  252^i3i  liv.  ; 

Que  par  suite  on  peut  estimer  les  revenus  des  com- 
munautés ,  pris  sur  les  fonds ,  les  directes  et  les  pensions, 
à  un  million  ,  plus  à  un  autre  million  pour  les  biens 
qu  elles  possèdent  hors  de  la  ville  ; 
.  Que  les  3,272  maisons,  possédées  par  les  bourgeois  , 
au  capital  de  i5,ooo  liv.,  donnent  49,080,000  liv. ,  dont 
le  revena  à  5  pour  cent  est  de  2,4549000  liv.»  dont  il 
faut  distraire  35o,ooo  liv.  pour  les  pensions  foncières 
et  mobiliaires  et  le  casuel  :  ce  qui  réduit  le  revenu  à 
2,104,000  liv.  ;  que  la  capitation  se  montant  à  400,000 1., 
le  revenu  se  trouve  encore  réduit  à  1,7049000  liv.  ; 

Enfin  que  si  les  maisons  bourgeoises  logent  1 26,000 
habilan's  ,  l'espace  occupé  par  les  communautés  en  loge* 
rait  400,000  ; 

Qu'avant  Tannée  1 562  ,  les  communautés  ne  possé- 
daient qu'un  quart  de  la  ville  t  elles  étaient  au  nombre 
de  24  ,  y  compris  les  chapitres  ;  elles  avaient  447  biche- 
rées et  334  maisons.  Depuis  celte  époque  jusqu'à  nos 
jours  (1742),  il  s'en  est  établi  46  nouvelles. 


;  De  ces  données  l'auteur  conclut  la  fl<kêssité  Je  fëuoii' 
en  une  seule  maison  ceux  des  corps  religieux  qui ,  ap- 
partenant au  même  ordre  ,  avaient  cependant  dans  la 
ville  plusieurs  ëtablissemens  }  il  indique  comme  devant 
être  supprimées  et  rendues  au  public  quelques  chapelles 
et  autres  propfriétës  possédées  par  diverses  congrégations  ^ 
et  qui  paraissaient  inutiles  ou  sans  emploi; il  cite,  entre 
autres ,  un  ancien  hospice  que  les  religieux  dti  tiers^ordre 
possédaient  dans  ta  rueBelle^Cordièreet  qui  était  depui» 
long-temps  inhabité. 

Quant  à  l'ouverture  des  nouvelles  rues ,  à  laquelle 
devaient  donner  lieu  les  changemens  qu'il  proposait  ^  les 
principaux  percés  ,  indiqués  dans  son  mémoire ,  se 
trouvent  particulièrement  dans  le  clos  des  dames  Sainie- 
Marie  de  Bellecour  ,  dans  le  clos  des  dames  de  la  Dé-^ 
série,  dans  celui  des  Capucins  du  Petii-Forest ^  dans 
celui  des  Bernardines ,  etCi^  etc* 

En  parcourant  cet  extrait ,  on  ne  peut  s'empêcher  dé 
penser  que ,  pour  réaliser  ce  projet  d'amélioration  im- 
praticable alors  sans  troubler  Tordre  public  ^  il  ne  fal- 
lait  rien  moins  que  les  bouleversemens  occasionés  par 
la  révolution* 

{^Article  communiqué  par  M.  M 4  de  V.) 


:J-uaë 


fflSTOIRE.  -  BIOGRAPHIE. 

BiOGB^HiE  UMiYERSELLE ,  tome  L.  Wa-wim  (  Extrait  )• 

Cette  belle  entreprise  approche  de  sa  fin ,  quoique  les 
rédacteurs  semblent  vouloir  la  reculer,  en  agrandissant  tout 
à  coup  leur  plan  pour  le  peu  qu^il  leur  en  reste  à  exë- 


(  27Ï  ) 

crier.  La  lettre  W  ne  paraissait  pds  devoir  fournir  tïfl 

Tolame  ,   et  cependant  elle  remplit  le  tome  L  et  n*est  ' 

pas  épuisée.  Pour  obtenir  ce  résultat ,  il  a  fallu  exhu-^ 

BKT  une  foiîle  At  savans  anglais  ,  hollandais ,  allemands^ 

etc.,  dont  certainement  un  grand  nombre  auraient  été 

hbs  de  o6té ,  si  leurs  nom»  eussent  appartenu  aux  lettres 

précédeirtes.  Au  demeurant ,  nous  ne  blâmons  dette  pro^ 

fusion  d'articles  que  sous  le  rapport  de  l'espèce  de  dis^ 

parale  et  du   manque  de  proportion  qu*elle  fait  naître 

entte  les  premières  parties  de  Touvrage  et  le  nouveau 

Toliiiae.  Nous  atons  déjà ,  dans  un  autre  article ,  exprimé 

nos  regrets  de  ce  que  les  rédacteurs  avaient  omis  beau^ 

coop  de  personnages  du  second  et  même  du  troisième 

ordre ,  parce  que  c'est,  en  efiet ,  pour  y  puiser  les  notions 

dont  on  a  besoin  sur  ces  personnages ,  que  Ton  consulte 

le  plus  ordinairement  les  dictionnaires  historiques  r  ce 

qui  concerne  les  grands  écrivains  ,  tes  hommes  célèbres 

dé  première  cbsse  ,  est  généralement  connu  et  ^e  trouve 

partoiif. 

On  pense  bien  que  Ton  ne  voit  figurer  dans  le  nouveau 
tome  que  très-peu  de  Français»  Les  noms  commençant 
par  W  9  sont  rares  parmi  nous.  Il  y  en  a  cependant 
ipielques-uns  »  tek  que  Wailly ,  Watelet,  etc.  Un  nom 
lyonnais  est  ausû  de  ce  nombre  :  c'est  celui  de  Willèrmoz  y 
et  yL  Weiss ,  qui  lui-même  est  français  malgré  son  ini-^ 
tiale ,  est  l'auteur  d'un  article  concernant  deux  médecins 
aînsi  appelés ,  nés  l'un  et  l'autre  dans  notre  viller 
MM.  Pierre- Jacques  et  Pierre-Claude  Catherine  Willèr- 
moz méritaient  bien  d^être  placés  parmi  tes  hommes  qui 
ont  acquis  une  certaine  iUustration.  Nous  insérerons  ici 
h  double  notice  qui  leur  est  consacrée ,  en  raccompa^ 
gnant  de  quelques  notes  complémentaires. 


(    272    ) 

te  WiLiiBftnoK  (  Pierre- Jacques  )  ,  tnSâecifi  ^  haqait  h 
Lyon  en  lySS.,  et  parcourut  honorablement  la  carrière 
que  lui  avaient  ouverte  ses  travaux  et  ses  talens  précoces. 
En  17Ô1  ,  à  Tàge  de  .vingt-six  ans  ,  il  fut  nomnM^  pro- 
fesseur démonstrateur  de  chimie  à  luniversité  de  Mont- 
pellier. Mais  il  se  démit  de  cette  chaire  en   1763  ^  et 
revint  à  Lyon  9  où ,  d*après  les  conseils  de  ses  amis  ^  il 
ouvrit  un  cours  de  chimie  qui  fut  très-fréquentë  (i)- 
S étant  fait  aggréger  au  collège  (des  médecins)  de  cette 
ville  (a) ,  il  continua  de  consacrer  aux  recherches  sden- 
tifiques  les  loisirs  que  lui  laissait  Texércice  de  son  arL 
L*académie  de  Lyon  s'empressa  de  l'admettre  dans  son 
Sein  (3).  Lié  d*une  étroite  amitié  avec  Rozier ,  il  ne  fîit 
point  étranger  à  la  rédaction  du  dictionnaire  de  ce  cé- 
lèbre agronome.  Dans  ses  dernières  années,  Willermoz 
fut  tourmenté  de  la  maladie  de  la  pierre.  L'opération  ^e 
la  taille  qu'il  supporta  avec  courage  ,  n'ayant  point  di- 
minué les  douleurs ,  il  y  succomba  le  26  juin  179 1.  On 
lui  doit  :  des  Obserçaiions  sur  rétablissement  d'un  cime- 


(1)  M.  Delandiae  ,   Catalogue   des  mss,   de    la   hibliotkèque  de 

Z/yon  ,    tom.  Il  ,   pag.  a  16  ,    meillîonne  comme  se  trourant  parmi 

ces  mss,  ,    soas  le  n.*  984  y  un  Tableau  de  t analyse  végétale  ',  (]fn'il 

I  dit  être   un    abrogé   du  système   cLîmicpie  des  plantes ,   extrait  du 

I  cours  de  chimie  fait  par  M.   Willermoz  ,  en  1763.  "* 

(a)  Il  parut  à  cette  époque  uue  satire  attribuée  à  un  abbé  Dumas , 
et  dont  nous  ne  connaissons  que  le  titre  ,   ainsi  conçu  :  Apologie  dû 
U^ilUrmoz  ,   docteur   aggrégé  au  coUige  dt  Lyon ,   par  Jlf  .***  » 
,  1763  ,  in-i2. 

I  (3)   Il  eu  fut  nommé   membre    ordinaire  ^    en   remplacement  de 

l*abbé  de  Valernod,   le  7  juillet   1778  ,    et  prononça  son  discourg 
de  réception    dans  la  séance  publique  du    i.^'  septembre  suirant. 
^  Ce  discours  roulait  sur  la  naturt  dç  l*air^ue  nous  respirons. 


(275)    ' 
ike  hats  de  Lyon ,  1777  (i)  ;  ^  un  Mémoire  sur  les 
mftas  de  procurer  k  cette  ville  les  meilleures  eaax, 
1784  (a).    Les  rq;istres  de  Tacadëmie  de  Lyon  con* 


(1)  Le  point  de  ssToir  8*il  ne  conrenait  pas  d'interdire  les  sépul* 

km»  duu   les    villes ,  ticcupait  fortement  et  partageait  alors  le* 

e^cili.  BL  le  doclear  Rast  parait  avoir  le  premier  proposé  an  col- 

lî|ie  des  nédecine  de  I<yon  de  provof[iier  celte  importante  meenre  » 

nfeaoïl  réclaB^  >   pour  tonte  la  France  et  pour  le  monde  entier  , 

fsr  les  loahs  plna  éloquentes.  M*  Wiilermoz  entra  dans  ges  idées  p 

«t  les  dMoppa  daiu  le  mémoire  cité  par  M.  Weiee.  M.  Petetin  les 

conbsttit  iaatileiiienl  :  le  collège  se  prononça  en  faTeur  de  MM* 

Bsst  et  Willermoz.  L'abfcé  Antoine  La  Croix  publia  yers  le  même 

tempi  ées  Bé/leseions  sur  les  sipuliures  dans  la  ville  de  Tyon  ,  ^r 

■e  àt  Messieurs  de  Vacadémie  des  seienees ,  hettes4eilres  et  arts  de 

is  mène  wUe ,    Lyon ,  Aimé  de  la  Roche ,  1776 ,   in-3.  On  vit 

ansi  pBxdtre  des  Réflexions  Sun  fossoyeur  et  Sun  curé  sur  le 

laime  sqet ,  I^n  ,   chez  Bàst  de  Maupas  ,  à  la  Sinciriii ,  1777  ^ 

î»-ia.  C'étast  «ne  satire.  Il  a  fallu  un  bouleyersement ,  tel  mie  notre 

ffétQlatîo&  ,  foar  opérer  l'abolition  si  désirée  de  l'usage  pernicieux 

4<Mlils'^ 

.••• AUquisque  malo  fuii  usus  in  lUo* 

€e  M'est  qoe  depois  ce  moment  qu'en  France  on  a  établi  généra* 
ksKot  les  cimetières  bors  des  cités  et  en  particulier  hors  de  Lyon^ 
ta  1790  9  l'abus  subsistait  encore.  M.  Louis-Antoine  Moutonnât  ^ 
•ftcat  y  d^uis  juge  an  tribunal  de  première  instance  de  Lyon  , 
retiré  dans  les  environs  de  Génère  |  mit  alors  au  jour 
smr  les  cimeiières  de  la  ville  de  Jjyon  |  présenté  à 
MM,  les  maire  el  officiers  municipaux  et  nolahles  de  la  ville,  Lyon, 
libraires ,  in-8.^  Le  terrain  qu'occupe  le  cimetière  de  Lo* 
f  à  l'extrémité  du  platean  de  Fourrières  ,  bors  àes  murs  ,  a  été 
la  mairie  de  M.  Fay  de  Sathonnay  ;  mais  déjà  auparaTant 
ayaient  lien  dans  un  terrain  dépendant  du  faubourg 
éc  St.  Jost  f  séparé  des  habitations ,  qid  ayait  été  acheté  pour 
cet  obfet. 

(^  On  trouve  on  coort  extrait  de  ce  mémoire  dAis  le  Journal  de 
Ifon  de  1784  f  pag.  149-1 53.  Cet  extrait  faisait  partie  du  dernier 
ipCe  rendu  des  travaux jacadémiques ,  par  M*  Matbon  de  la  Cour» 

Tome  FIL  19 


(  «74  ) 
tiennent  quelqnes  morceaux  inédits  dç  ce  védedn  9  eatrr 
autres  un  fiSémoire  sur  ie$  Gc^z  (iX. 

WiuuuELiio^  (Pierre-Glaàie-pCatiierine)^  fils  du  prë- 
cèdent  2  né  à  Lyon  le  17  maj^s  1767  ,  fut  rbéritier  des 
talens  de  son  père  ,  et  se  disposa  de  bonne  heure  à  suivre 
la  même  carrière.  Re^u  docteur  à  Montpellier  en  1788  C^)  9 
il  fut  af^régë ,  Tannée  suivainie ,  au  collège  de  Lyon  ^ 
et  nommé  professeur  d*anatomie.  En  1792 ,  il  fut  envoyé 
comme  médecin  à  Tarmée  du  Nord  ;  et  il  remplit  en- 


rëdacteur  du  jofirmiU  M.  Dclandine  an  donne  aus^i  l'analyse  dajia  son 
Catalogue  des  mss,  de  la  hihUoih»  de  Lyon ,  tom,  III,  pag.  575-S76» 

(&)  Les  antres  morceaux  inédits  de  Pierre-Jacques  WiUeraio*  »  «{m 
contiennent  les  registres  académiques  ,  si  l'on  excepte  quelques  Ta(H- 
ports  qu'il  ayait  été  chargé  de  Caire  sur   diflérens  ouvrages  ojCartp 
en  tribut  1  ne  sont  qq'au  nombre  de  trois  ;  ils  sont  intitalëa  ,    le 
^premier  :  KésuUaf  des  opinions  des  médecins  ,  sectateurs  des  tÊuieurm 
arabes  ,   sur  la  pfiliie  vérole  ;  et  le  seconde  et  le  troisième  »  Cotsèpiam 
rendus  des  travaux  de  l'académie  de  Lyon  pendant  tannée  I7S9. 
Cette  année-là ,  l'auteur  était  directeur  de    l'académie  ,  et  il  lut  le 
compte  rendu  de  chacun  des  deux  semestres  dans  les  séances  pul>li-> 
ques  des  97  août  et  3  décembre.  •  Il  «?«it  isomaioniqMé  fdant  lev 
séances  particulières  plusieurs  autres  ynémcûres  ,  tels  qu'une  JHâser^ 
iaiion  sur  .les  huiles  de  Palma  Çhristi  et  de  Ricin  ,  en   ^779»   des 
Observations  sur  le  méphitisme  des  fosses  d'aisance  ,  en  178a  ,   etc. 
bès    176a }  époque   où   il  exerçait  à  MontpeUier  les  fonotiomi   de 
démonstrateur  de  chimie ,   il  avait  adressé   à  la  compagnie  j    per 
l'entremise  de  M,  le   doctenr  lUst  »  un  mémoire  manuscrit  jiar  le 
phlogistique» 

(a)  La  thèse  qu'il  soutint  pour  pbtenir  le  grade  de  bachelier  ^ 
porte  ce  titre  c  Mor.borum  recidivqrum  disquisUio  medko-practûut  ^ 
elc*  ,  quam  in  Aug.  Ludoviceo  MçnspelUnsi  medico  ,  pubUcts  «acâl 
jiciebat  disputaiionibus ,  quctor  Fetrus  C.  WiUgrmcz  fâigdunensht  J 
'liheraiùâm  artium  magisfer ,  regiœ  academiœ  Mantuanae  correjtfB 
pondens  etjamdudàtn  medicinœ  cUumnus»  pro  baecalaureaius  gr^^i^ 
emseçuendo^  MonspetU ,  Joau.  Martel  uatu  major  t  t786»  m-4jf 
de  66  pages.  ^ 


saite  les  Jbnctiofiâ  àe  tnëdeciti  en  cKçf  atlt  âitn^  Ae  la 

Moselle  et  de  l'Italie.  Ayant  ea  rautorisation  de  rentrer 

dans  se^foyef^  en  1796  y  \\  ^tmt .la  place  de  médecin 

(n  dief  de  Thâtel'-Diett.  Atteint  d'un  squirrhe  au  pylore  ^ 

cette  cruelle  maladie  termina  se^  jours  le  la  janvier  i8io« 

Il  était  membre  des  académies  de  Lyoti  ( t>  ^  de  Matitoue  ^ 

de  la  Rochelle ,  d'Orléans  et  d'un   grand  nombre  de 

socâAés  de  médecine  et  d'agriculture^  On  a  de  lui  des 

mémoÎTes'.  t.^  sur  la  macération  du  lin  el  du  chawrt 

<îta£en) ,  Mantoue  1788  ^  in-4/  ,' couronné  par  Taca- 

demie  royale  de  cette  ville  (2)  ;  2.*  sur  tinfluence  cofi" 

iagiease  des  miasmes  qui  s^ejfhatent  dès  lieux  où  ton 

pratique  le  rouissage  du  chambre  à  teau  dormante ,  cou'^ 

tnnné ,  en  1790 ,  par  la  société  royale  de  médecine  de 

Pétris  (3)  ;  3**  sur  le  perfecliomtement  des  éràkries  d'eau 

4c  çie  ^  counmnë  par   Tacadémie  de  la  Râcfaelle ,  en 

%7^i  \  >  i^  jtv-  là  méthode  à  employer  pour  corriger  le 

goût  du  fût  dans  les  cuçes  et  lels  tonneaux  ,  couronné 

par  racadémie  d'Orléans  ^  en  1791  (4)-  '' 

(1)  lï  a  figure  jusqu'à  sa  mort  sur  la.  liste  des  membres  de  l'aca** 
demie  de  Lyon  f  où  il  fat  pdrté  lors  du  rëttblissemeat  de  <ictte  com'» 
fÊftde  en.  l'aa  YIII ,  sons  le  titre  dî Athénée* 
(9)  Voy.  Journal  de  hfon  de  17S8  ^  pag.  2187  et  a88« 
(5)  Voy.  ihid.  pag.  ^.  ^ 

(4)  On  troore  dans  Paris  ,  Versailles  et  les  Provinces  ^  tons.  Il  f 
|»g.  d8a-9o5  f  édiU  de  i823^  une  anecdote  sur  l'an  de  MM#  Willery 
moz  I  qui  annonce  en  lui  une  extrême  bonté.  L'auteur  ne  nous  ap* 
p«nd  pas  aiMjnel  de  ces  MM*  cette  anecdote  se  rappcrrte*  Pierre'" 
hcqaeê  et  Pierre-^Iande^Catberine  Willermoz  ne  sont  pas  les  seult 
■Kmbrea  de  lenr  famille  ijui  aient  obteoo  à  LyOn  quelque-  ûëlébrité; 
leasuBaptiste  Willermox  |  neveu  da  premier  et  cousin  du  second  y 
né  dans  cette  rilie  le  10  jaillet  i^So  f  fnort  le  39  mai  i8a4  t  fuf 
aiiist  on  faomnie  ii'ès-recommandable.  Il  eut  des  relations  aTCÇ.4lli 
fiaeeiM  régoMn^    •^  plusiears  antres  personnages  d'an  rang  «let^  f 


\ 


(276) 


HISTOIRE.  •-  ANCIENS  USAGES- 


ORMB  (LAKTti  AllOIENB&lfBNT  SUR  LA  PLACE  DBS  HimiCSar 

A  LtOUk 

Tout  le  monâe  sait  qu^autrefols  on  plantait  un  orme 
devant  iVglise  de  chaque  village ,  de  même  que  devant 
le  manoir  du  seigneur.  C'est  de  là  que  sont  venues  ces 
expressions  proverbiales  :  Danser  sous  forme  f  Juges  de 
dessous  Forme ,  atlendez-^moi  sous  forme.  Les  paysans 
dansaient  sous  cet  arbre  ;  des  juges  pédanëes  y  tenaient 


lek  que  \t  prince  Ferdinand  de  Branfiwick ,  le  prince  de  fleâ«e>* 
Hombourg  ,  le  duc  de  Gloeeeter  et  le  fea  roi  d'Angleterre.  0  était 
lie  ayec  le  célèbre  Martin ,  chef  de  la  secte  àen  Martiniates  ,  et 
fut  dëpaté  par  la  proyince  de  France  ,  ainsi  que  MM.  Périsse  et 
MagneVal ,  au  fameux  congrès  de  -Wilhelrnsbad  ,  pour  le  r^biis* 
aement  de  la  Franc-maçonnerie  >  quelques  années  ayant  la  révolu* 
tion.  Il  remplit  les  fonctions  d'administrateur  des  hospices  , .  celles 
dé*  membre  du  conseil-général  da  département ,  etc.  Il  était  de  la 
aociété  d'agriculture  de  LyT>n.  C'est  à  ce  dernier  titre  que  M.  le 
docteur  Terme,  son  parent,  lui  a  consacré  une  notice,  imprimée  pài 
ordre  de  la  compagnie  ,  Lyon ,  J.  M.  Barret ,  i8a4  »  in-8.*  ,  dans 
laquelle  nous  ayons  puisé  la  plupart  des  faits  que  nous  yenoiu 
d'indiquer  rapidement.  J.  B.  Willermox  n*a  laissé  aucun  ouyrage 
mais  de  même  que  le  docteur  Pietre-Jacques  son  oncle  et  un  de  set 
frères  qui  était  aussi  médecin  ,  il  coopéra  par  ses  conseils  et  se 
lumières  i  la  rédaction  du  dictionnaire  de  l'abbé  Roiier  auquel  i 
>était  uni  par  les  liens  de  la  plus  étroite  amitié.  Il  est  regretté  tou 
les  jours  de  toutes  les  personnes  qui  l'ont  connu  ,  et  qui  ac  rap 
pellent  avec  attendrissement' les  yertus  publiques  et  privées  dont  i 
donna  l'exemple  pendant  le  cours  de  sa  longue  carrière  ,  et  surtoi 
la  piété  ym  et  profonde  qu'il  fit  éclater  dans  9tê  dernières  année 


r 


•  ♦ 


(  277  >     . 

latr  juridiction  ;  on  appelait  leurs  jugemens  les  plaids 
ie  la  porte  ,  et  les  premières  assignations  en  justice  por* 
taSent  rendez^^ous  sous  Corme.  Attendez-moi  sous  torme 
est  un  rendez-vous  ironique  auquel  ne  se  trouvera  pas 
(dui  qui  le  donne.  II  y  a  dans  le  thëâtre  de  Regnaid 

tl  petite  pièce  sous  ce  titre ,  et  dont  la  scène  est  dans 
^lage  du  Poitou  9  sous  torme  :  on  y  cliante  ce  refrein  : 

Attendez-moi  sous  Forme  9 
Tons  m'attendres  long-temps» 

On  Toit  encore  dans  quelques  villages  de  nos  pro- 
vmces  de  vieux  ormes  appelés  Sully  ,  parce  que  ce  mi- 
sistre  fHenri  IV  renouvela  Tordonnance  qui  enjoignait 
de  pknter  dans  chaque  commune  un  '  orme  sur  la  place 
publique,  où.  se  tenaient  les  fêtes  baladoires  et  les  marchés.- 

L'orme  de  St.  Just  est  rappelé  dans  un  acte  capitulaire 
du  3  août  147^*  Pierre  de  Villars,  Guillaume  Dodieu^ 
Jacques  Tourveon ,  Jean  Bruyères  9  Hugonin  Bellièvre 
et  autres ,  assemblés  à  Thôtel  commun  «  eurent  à  déli^ 
brer  sur  un  arbre  appelé  ormoz  (  ormeau  )  ^  «  naguères  » 

>  par  fortune  de  vent ,  subversé  en  la  place  et  champ 

>  appelle  de  Coilles  (1)^  tirant  à  St  Just ,  prins  et  levé 
»  par  commandement  desdits  conseillers  et  pour  conver-* 
»  tir  et  afFuster  rartillerie  de  la  vUle.  »  Le  chapitre  j 
teigneor  de  St.  Just ,  prétendait  que  cet  arbre  lui  ap^ , 
partenait  comme  se  trouvant  dans  le  territoire  qui  était 


(0  CoiUes  parail  d^ri?^  de  MUs  ,  colline.  Avant  l'ëtabUMement 
desIfinînieB  en  cet  eMboit*  û  plaœ  <jin  porte  leap  nom  portait 
ttbd  de  Coime  (  orne  )  de  CailUs  et  c'est ,  «aÎTant  toote  i^pparence , 
p*  ane  corraption  de  ce  mot  ^a'on  a  app«l^  Croix  de  Collé  UB« 
croit  qui  fat  ^leréc  sur  cette  plaça. 


Ç  378  >  ^ 

sous  sa  juridiction*  Le  conseil  de  ville  arrête  que  «  quanl 
i>  à  présent  ,  pour  éviter  plaids  et  procez  et  sans  en^ 
»  tendre  préjudicier  aux  droits  dudit  chapitre  coinm< 
»  seigneur ,  vu  que  la  place  est  à  Tusage  commun  des 
))  habitaus  y  ledict  arbre  pour  ceste  fois  demeure  i 
7>  MM,  de  la  ville  pour  estre  converti  à  rs^ustage^ 
))  ladicte  artillerie.  »  fl 

ARCHÉOLOGIE.  -  JURISPRUDENCE. 


DIS6SETATI0N  SVK  U  mcOtldÉTÉ  UTTJtaiIRK  ET  U  UBRAUlî 

GBjÇZ  US  AMÇIEHS  ^     . 

Ime  le  97  noyem&re  18^7  ,  à  U  SooiëU  d'émulation  da.d^partei^ieBt 
"de  TAin,  pAt  M.  A. -F.  Pic,  Tun  de  set  membres  oorrespondana . 
.j«ge  «u.triJbiuiiA  civil  de  X9i>n«   .  ' 


11  est  peu  de  choses  entièrement  nouvelles  ;  tout  a 
ilé  dit  :  le  génie  seul  peut  inventer  et  créer.  Lej 
savans  de  tous  les  âges ,  soit,  en  s*appropriant  les  idée: 
et  les  découvertes^  des  anciens  ,  'soit  en  puisant  dan; 
leur  propre  fonds,  ont  fait,  sur  Je  vaste  cnamp  ouver 
à  Tesprit  humain ,  une  immense  inoissoh  9  après  lagueUi 
Thomme  que,  sa  destinée  a  placé  dans, le  mçuvement  de 
aiTaires.  publiques ,  ne  peut  que  glaner  quelque^  épis 
si*  le  goût  des  lettres  le  porte  à  consacrer  ses  loisirs  i 

les  traces  de  tant  d*auteur$  di^M^tguéf ,;  nç  peuv^p 
avoir  aux  yeux  dw  pecfoanes  à  qui  ils  «ont  communî 
qués ,  qu'un  seul  mérite ,  celui  de  Và-propos.  Ce  n*e| 
encore  qu*en  éveillant  quelques  souvenirs  j  en  portait 


(  «79  > 
fattantûm  sur  des  points  întëressans  et  litière  ou  de 

b  littërature ,   qu'ils  parviendront  à  flatter  le  goût  dei 

fpis  ëclairés*  S*il  m'était  permis  de  prétendre  h  quelque 

genre  de  succès  ,  avoir  procuré  un  instant  d'agréable 

distraction  à  mes  auditeurs  serait  le  seul  auquel  j'oserais 

«i^iier  9  en  leur  soumettant  mes  recherches  et  mes  idées 

sa  la  propriété  littéraire  et  sur  la  librairie  des  ancienis. 

lia  propriété  littéraire  était-elle  connue  chez  les  peuples 

o^lîaés  de  Tanliquité  ?  les  Grecs  et  les  Romains  l'avaient- 

ik  placée  dans  le  patrimoine'  dei  auteurs ,  et  si ,  eu 

comparant  à  nos  usages  les  usages  de  ces  peuples  ,  la 

SBiktnce  àams  les  moyens  de  reprodiâre  tin  écrit  en 

éCablissaîl  nne  nécessaire  dans  l'étendue  des  droits  que 

"fiisait  ràltre  sa  composition ,  pothrait^ou'  dà  mdins  la 

considérer  comme  procurant ,  d'une  manière  quelconque , 

mr  avantage  pécuniaire  au  poète  ou  à  Tbistorien  7 

Deux  professions' dont  l'exercice' se  lie  à  notre  sujet  ^ 

étaient  en  usage  à  Rome  et 'à  Athènes ,  élcfvéiesi  Fapogée 

de  leur  lustre ,  et  un  peu  plus  tard  eltc^  l'éf  àieiit  aussi  'à 

Lyon  j  devenu  la  capitale  littéraire  dés  Gaules;  :  c^étaient 

celles  de  librûre  et  de  bibKopole  (î). 

QoelquefiMs  un  esclave,  ou  taèxae  un  affiraticfal ,  voué 

air  service  de  la  personne ,  s'occupait  à  écrire  cru  à  copier 

6es  ouvrages  et  sa  correspondance  (2):  cet  homme  fai- 

iatt  partie  de-laidniUe  9^  îl-habîtai^  avee  eUe,  c'était  le 

secrétaire  du  maigre,  quelquefois   son   coascil  et ^ son 

■  I       II  mil     I  I  II «        I       I    ■■■■■>■    Il  ■■■^       ■■■1     t  ^Mia    I 

Oy  Martial ,  Gtcéron ,  B6rAce  ,  Mille  9  '  Jttfénsl ,  Corps 
'ée  dîroit  i  ete« 

(3)  Sed'.peto  k  te  ut  qakm  celemmè  mîhi  lïbrarius  vut- 
btnr,  maxime  quidem  GraBCVS...*  Cictrofitiàs  2ïron|  apud 
Oe.  XYI  ad  JFcmil.  ai. 


(  28o  ) 
ami  (0;  on  Tappelait  libranus.  Tlron  fut  long-temps 
cduî  de  Cicëron  ;  c  est  lui  qui  nous  a  conserve  ses  écrits 
immôitels. 

Mais  lorsqu'un  citoyen  se  destinait  à  ce  genre  de  tra^ 
rail ,  lorsqu'il  écrivait  pour  quiconque  voulait  remplo- 
yer ,  et  qu'il  trouvait  ainsi  des  moyens  d* existence  ou 
de  fortune  pour  lui  et  sa  famille  ,  on  le  nommait  encore 
librarius ,  et  sa  profession ,  quoiqu'alors  peu  honorée  y 
était  néanmoins  indépendante,  comme  toutes  celles  qui ^ 
dans  Rome ,  contribuaient  à  satisfaire  les.  besoins  ou 
le  luxe* 

.  Il  parait  cependant  que  cette  même  profession  était 
le  plus  souvent  exercée  par  des  esclaves  qui ,  tra^ 
vaillant  pour  le  public ,  rapportaient  néanmoins  toi:^ 
les  profits  à  leur  maître  y  d'après  les  règles  dje  la  législa^- 
tion  romaine  (2).  L'éducation  qu'ils  recevaient  dans  la  fa-  * 
mille  ,  celle  qui  leur  était  donnée  par  le  spéculateur  qui 
.les  destinait  à  être  vendus  à  un  prix  proportionné  aux 
dépenses  qu'il  avait  faites  pour  eux  ,  en  formait  natu~  ' 
rellement  parmi  les  autres  esclaves  une  classe  distincte  , 
celle  des  libraires  ou  copistes  ;  elle  fournissait  des  secré- 
taires à  quioMique  pouvait  les  acheter  et  les  entretenir  y 
et  des  écrivains  aux  éditeurs  d'ouvrages  et  même  aux 
auteurs  ;  c'étaient,  pour  ainsi  dire  9  leurs  imprimeurs» 


(1)  Sed  heas  ta,   qui  xAy<6y  esse  meoram  scriptomm 
tolef.  Cic.  TirofU  XVI  ad  FanUl.   1 7.  Innnmerabilia    tua. 

tant  officia, in  istudiis,  in  Htterîs  nostris....  ibid.  4  et 

passim.  Ego  hic  cesso  quia  ipse  nihil  scrîbo^....  tu  isti<^^ 
si  quid  lihrarii  mea  manu  non  intelligent ,  monstrabis.. 
nid*  II., 

<2)  Instit  de  his  qui  sui  vd  aUenijurii  suni  ,  tit.  VUI^  £  1  « 


lies  montmiens  ancleiïs  n'indiquent  point  que  le» 
Orariij  voués  à  un  travail  presque  matériel ,.  fissent  eH 
■éme  lamps  le  commerce  des  livres  ;  tout  laisse  présumer , 
au  contraire ,  que  cette  industrie  était  exercée  exctusive"- 
nent  par  les  Jbibliopoles  (^bibliopolœ)  ^  qui  sont  mailt- 
te&aoi  nos  libraires  :  ceux-ci  produisaient  et  multipUaient 
les  ouvrages»  en  les  faisant  transcrire  par  les  moyens 
que  nous  venons  d'indiquer  9  et  les  livraient  ensuite  auiT 


Des  dbtions  recueillies  dans  Xénophon  ,  Martial  ^ 
Yknt  et  autres  auteurs  latins  et  grecs,  attestent  I -existence 
de  ce  trafic  cbes  les  anciens ,  et  prouvent  que  souvent  il 
éiak  fait  par  des  hommes  éclairés,  quoique  presque  toujours 
aCranchis  de  l'esclavage-:  plusieurs  d'entreùx  furent  ho- 
norés de  l'amitié  des  grands  gjënies  de  leur  siècle  (i). 

Celait,  ou  sur  des  ouvrages  déjà  publiés  et  placés 
depuis  plus  ou  moins  long-temps  dans  le  commerce ,  ou 
sur  des  écrits  nouveaux  qu'ils  tenaient  des  auteurs  mêmes, 
et  dont  ils  se  rendaient  les  éditeurs  (2)  1  *  que  les  iiilio'^ 
ftda  faisaient  les*  spéculations  destinées  à  les  indemniser 
de  leurs  dépenses  et  surtout  des  frais  de  copier 

Lorsqu'ils  voulaient  reproduire  une  ancienne  édition , 
il  ne  parait  pas  qu'ils  fussent  assujettis  à  aucune  obli«- 


0)  Quintilien  ,  Instiu  Orai.  I ,  TrjrphoiU  bihliopoUs^ 
Pline,  epUt.  IX,  xi ,  Ganinio. 

(2)EpUtolamm...  easergo  oportet  persplciam ,  eorrigam^ 
tnm  denîqne  edentor.  Cic.  ad  Attic.  XYH.  Pline,  loo,  cit. 
Jostioicn,  Instit.  ,  lîb.  IV,  tit.  IV,  §.  i.  Ulpien,  I.  V,  ff. 
$.  9.  ff.  de  injoriis.  Hic  meret  »ra  liber  Sosiîs...  Ho^ce^ 
d^ Jbte  poetica  ,  544* 


(    2^2   ) 

gation  envers  le  premier  éditeur  ou  envers  rautet» 
sa  famille  ;  et  ce  fait  qui,  dans  nos  moeurs ^  constitue 
contrefaçon ,  ne  se  trouve  qualifié  p^  aucune  des  h 
romaines ,  et  ne  figure  nullement  dans  leur  nomenclalii 
des  délits  ;  il  faut  donc  le  considérer  comme  ayant  i 
licite  9  surtout  quand  on  voit  que  le  peuple  roma 
avait  des  formules  spéciale^  pour  chaque  action',  » 
qu'elle  puisât  son  principe  dans  un  contrat ,  soit  qn'e 
le  puisât  dans  un  délit.  On  se  placerait  en  vain  daàs 
chàiiip  de  r  interprétation ,  pour  trouver  quelque  te: 
du  corps  de  droit ,  ap^icablè ,  mente  d*une  mamij 
générale,  au  biblîopcJe  qui  reproduisait  un  ouvra 
adieté  par  un  confrère,  et  lui  causait  ainû  un  pi 
judice  notable.  Il  serait  difficile ,  Tblstoire  n'en  ays 
pas  cqnservé  la  trace  là  plus  légère  ,  de  convainc 
que  cette  fraude  ait  jamais  donné  lieu  à  une  acH 
juridique. 

Le  bibliopole  vendait  ses.  livres. ,    on   n*e&  saui 
douter;  Martial  nous  Tapprend  dans  plusieurs  de 
mordantes  épigrammes  :  il  nous  fait  même  connaître  c 
son  recueil  valait  cinq  deniers* 

......  Dablt 

Denariis  tibi  quinqne  Martialem  (i). 

Un  auteur  raconte  que  Platon  acheta ,  au  prix  de  c 
mines ,  trois  petits^raités  de  philosophie  de  Philolaus  ( 

(i)  Lib.  I,  epig.  117. 

(2)  Diog.  Laër.  in  Plat. ,  lib.  III ,  $•  9  >  ^fb.  Vm  ,  $. 
A.  Gell.  1.  III ,  cap.  17* 


(  a83  ) 

Bam  1-antiqiiité  comme  dans  Ie$  J;imips  inodernes,^ 
ranour  de  la  gloire  ne  put  pas  toujours  être  le  mobile 
feautews,  et  le  but  unique  de  leurs  travaux  }  ou  du* 
Moias»  ca.  serait,  mal  Jugef  le  cœur  humain  ,  de  pen-  . 
Mr  ^'^rès  aYolr  oansacré  de  longue^   veilles  à  pro-"  , 
doiie  un,  ouvrage  capable  de  satisfaire  une  ambition 
vm  BoUe  j  les  écrivains  aient  négligé  les  intérêts  ma-, 
làîds  qgi  s  y  rattachaient  si  naturellement  et  qui  pou- 
vaient enîbdUr  leur  vie  en  augmentant  leur  aisance* 

L'hislorien ,  le  poète  savait  qu*un  bibliopole  à  qui  U 
oonfierart  le  soin  de.  publier  son  ouvrage  y  en  tirerait  un 
ftok  I  déduction  faite  des  frais  de  papier  ,  de  trans*^ 
cqptaa  et  de  reliure  ;  comment  a*oire  qu'il  n'ait  pas 
detdbé  à  le  partager  avec  lui ,  en  mettant  un  prix  à 
iqa  namisjcnt  ?  J'en  conviendrai  :  la  facilité  ,  la. liberté 
ile  (xmtn^àie  pouvait  rendre  ce  prix  très^modique;  mais 
la  00^  n'avait  pas  moins  une  valeur  vénale  ,  et  rien 
de  plus  simple  et  de  plus  juste  de  la  part  de  l'auteur  ^ 
que  dieu  donner  une  à  son  premier  type* 
.  Cinq  dcsoiers  ou  4  fr.  de  wtre  monnaie  pour  Fachat 
de  n7^igrammes  de  Martial  y  dont  plusieurs  ne  sont 
quç  des  distiques ,  eussent  été  un  prix  exorbitant ,  s'il 
s'eût  (àilu  qu'iinlemniser  le  bibliopole  du  travail  d'un 
csdaye  k  qui  il  ne  fournissait  qu'un  entretien  très-roo^ 
d^ue,  et  qui  devait  écrire  avec  cette  rapidité  dont  les 
annales  des  temps  antérieurs  à  l'invention  de  l'impri^ 
iDerie,aoufi  fournissent  de  nombreux  exemples  ;  mais 
^Uilem  devait  retrouver  dans  la  vente  un  bénéfice 
tp&ial  et  ta  compensation  des  sommés  payées  pour 
l'^  d»iMiau9cn4.  Telles  ont  éié  »  thés  ks  anôèns , 
h  hafies  de  la  ^adenr  àm  copies  »   considérée  indépen- 


(  284  )  . 

damment   de  l'aiFectioii  ou  du  caprice  de  l'acheteur  e^  - 
sans  ^gaid  aux  circonstances  particulières  (i). 

Trouverons- nous  ëgalement  quelques  indices  sur  les 
conditions  de  la  cession  de  Vouvrage  et  de  Tàbandoir 
que  Tauteur  faisait  d  une  propriété  encore  incontestable  ^ 
puisquelle  n*était  pas  sortie  de  son  porte-feuille?  Us 
nous  seront  fournis  par  une  anecdote  qui  démontre  aussi' 
quelles  furent  dans  tous  les  temps  la  puissance  du  gëni^ 
et  l'influence  des  compositions  littéraires  sur  les  esprits 
les  plus  incultesi, 

L'édile  Cécilius  préparait  des  jeux  pour  les  Romains  : 
il  appnend  qu'un  esclave  ,  carthaginois  de  naissance  ^  - 
vient  de  composer  une  comédie  ;  bientôt  il  le  mande 
ches  lui  :  le  poète ,  couvert  des  attributs  de  Tesclavage 
et  peut-^re    des  haillons  de  la  misère ,  ose  à  peine 
franchir  le  seuil  du  cœnaculum ,  où  le  magistrat  romain 
prenait  alors  son  repas.  Tu  as  fait  une  comédie  ,  récité—*  * 
la  moi ,  lui  dit  Cécilius ,  sans  changer  de  place  et  d*at^ 
titude.  L'esclave,  d'un  ton  humble  et  modeste^  pro— «^ 
nonce  les  premiers  vers  ;  aussitôt  il  est  interrompu  par . 
l'oi^dre  de  s'approcher:  H  fait  timidement  quelques  fias  ' 
et  continue  sa  lecture.  Le  prologue  est  achevé  y  alors  - 
l'édile  l'appelle  auprès  de  son  lit  ;  à  peine  a-t-il  com-  • 
mencé  la  première  scène ,  qu'un  jeune  enfant  lui  prépare 
un  siège  où  il  se  repose.  De  nouvelles  beautés  excitent  ' 
de  nouvelles  émotions  et  transportent  l'âme  du  magistrat 
hors  d'elle-même  :  dans  son  enthousiasme  ,  il  oublié  sa 


(i)  Quatuor  est  nimiam  ?  poterit  constare  daobai^f 

Et  facietlucrum  bibliopola.TFgrphun.    .  .    < 

Martial ,  XIII  ^  5. 


<  285  ) 

fCQfce   d&gplté  9  fait   dresser   un  lit    pour  le  -  poète  ^ 

\éiài(g^-à^y  prendbre  place,  écoute  la  pièce  jusqu'à  là 

la  >  et  se    livre  sans  contrante  à  l'admiration  la  plus 

n«e.  £iifin  Tédile  continue  son  repas  ,  <  le  fait  partager 

i^VesdaYe  qu*il  ^ient  d'élever  jusqu'aux  prérogatives  du 

ôtayen   romain^  et  le  congédie   en  .lui   comptant  six 

nitte  écas  pour  prix  de  son  ouvragie  (i).  Ce  poète ,  le 

HoSère  de  son  temps ,  était  Térence ,  qui  devint  bientôt 

l'anldeliAiiis  et  de  Scipion. 

3e  leviens  k  mon  sujet  :  il  est  vrai  qu*Horace  semble 
nous  indiquer  qu'il  ne  vendait  point  ses  ouvrages  (2)  ; 
mais  il  ne  serait  pas  juste  d'en  conclure  que  tel  n'était 
pas  l'usage,  général  à  Rome  ;  car  ce  poète,  en  exprimant 
qu'il  ne  doit  pas  être  assimilé  à  ceux  qui  Usaient  leurs 
écrits  dans  tous  les  lieux ,  qui  les  aiSchaient  chez  tous 
lei  libraires ,  parait  plutôt  vouloir  se  placer  dans  une 
expeption  et  s'en  faire  un  mérite  personnel ,  que  de 
ccHilesler  ou  Uâmer  cet  usage.  Il  importe  donc  peu  que 
quelques  auteurs  n'aient  pas  autrement  publié  leurs  écrits , 
qu'eo  les  communiquant  à  leurs  amis  ,  à  leurs  patrons 
qui  les  disaient  copier ,  les  remettaient  h  d'autres  qui 
les  tr»iscrrvaîent  de  même ,  et  toujours  gratuitement  ;.il 
est  indifférent  que  ces  auteurs  n'aient  exigé  aucun  prix 
des  bibliopoles  qui  s'en  emparaient  tôt  ou  tard. 

Si,  ce  qui  est  incontestable ,  le  commerce  des  livres 
forme  une  profession  honorable  ;  si  l'on  voit  des  écri- 
vains vendre  eux-mêmes  leurs  ouvrages,  ou  les  faire 


(i)  Suétone ,  in  Terentii  vùa. 
(2)*  Nnlla  taberpâ  meos   iMdieat  neque    pila 
Ibnce  y  Uv.  I  >  sait.  4* 


(  286^ 
débiter  pour  feur  compte  (i)  ;  sî  <!es  bibliopoles  tedief'* 
chent  et  sbllicltent  des  auteurs  Favantage  d*dtt^  leurs 
ëdheiirs  (2)  ;  sî  ce  genre  dé  ^pëculatidn  devient  INobjet 
d'une  attention  particulière  du  pouvoir  souve^afn-^5)  ; 
enfin ,  si  les  édites  ou  de  riches  particuliers  achètent  du 
poète  sa  comédie  pour  les  amusemens  du  peuple  dans 
les  "jeux  publics  (4) ,  lorsqu'il  eût  été  bien  facHfe ,  dans 
la  supposition  de  la  non  existence  d*une  propiriété  exclu* 
sive ,  de  s*en  procurer  une  copié ,  on  ne  peut  se  refuser 
'à  croire  à  la  vénalité  du  premier  manuscrit ,  ^'arce  cju'ellc 
est  fondée  9  et  sur  la  nature  des  choses ,  et  sur  Fimpo»- 
'sibilité  d'adihettre  un  désintéressement  qui  se^sA  aussi 
*  extraordinaire  chez  les  anciens  que  chez  les  modernes , 
et  enfin  parce  que  cette  opinion  repose  sur  de  tiomt^reuses 

(i)  Marâal,  lib<  I,  ep.  27,  66,  107;  IV,  71  ;  tj  29- 
Cette  dernière  épigrâmme  dans  laquelle  Tautetir ,  par  tine 
tournure  heureuse  ,  e^nfondant  sa  réputatioti  '  Httf^raire 
«vec  sa  propriété  matérielle  du  livre  ,  et  feîgiiiiit  #akUH 
donner  Tune  {frataitement  au  plagiaire ,  et  de  ii«  àieVtréèe 
prix  qu'à  l'antre ,  indique  que  Af artial ,  du  moin^  pensât 
un  temps  ,  faisait  copier  ses  écrits  che£  lui  et  las  vendait 
lui-même  directement  aux  acheteurs» 

Le  commencement  de  Tépigramme  1 1 7  du  liv«  1 5  vient 
encore  confirmer  cette  opinion. 

(2)  Quintilien  ,  épître  à  Trjphon,  à  la  tête  de  %t9lnstù^ 
orai*  . 

(5)  Justinian  5  InsiU. ,  1.  IV,  tit  4,  $«  i« 

(4)  Menandri  Egnuchum  postquàm  sdUes  emerunt. 

^       Terent.  Ëunnch.  prolog.^  v.  ao> 

^«...Sed  cum  fregit  subselliâ  versu', 
EslCuit  TntfBtetàm  Tarldi-  nisi  vendat  Âgaven* 

Juvénai ,  sat.  Vil  ,*  v.  ^4* 


i«v« 


^ 


-^ist&m^  tlr^^s  ae  plusieurs  ëçrîvlûns  ^  TanjliqtjîtôCO, 
CejWià^iiV  U  Cstftâi;  cnconveoir,  b  pri^iët^  littéraire 
ièà.^  CaU>Wm«»Ll  a&3ur^  ;  cac^  d'uM  p^^  il  enirail 
Itt&W  dcoits  dix  iHbli^pjQtle  de  seproduire  à  v^deolë  k 
fnm  esempialc^  ^u^  tomlMât  en  son  pouYoir  ;  d'autre 
pet  9  les  pax^icu.\iers  ,  par  le  moyen  .de  leurs  librorii  < 
«1  peapônài  un  nombre  iUimiié  de  o^ies  ;  «t  les  savan! 
enfin  IranscrWûexil  les  liyres  de  leur  main  pour  se  îo/t" 
mx  V  style  ^  '  ooicsim  TUifitoire  nous   en  fournit  un 
esm^fie  àans  Démosthèn^  y  qui  copia  huit  fois  lea«ayrr 
ift  TVMicyàide.   Mai?  il  lie  fimi  pas  en  oondlure  que  cette 
propdéti&  îùX   toui   ^  &it  iiieficttûe:unc  signature  de 
,  rautenr  ou  de  .l'éditeur  poutaît  rassuner  le  lecteur  sur  h 
•  fidAké  fi  sac  la  correctiofa  des  exemplaires  oenposanl 
Fédiûan  primceps  ;  cette  édition  n'était  sans  doute  éafm 
^)Gf  a\ocs  qne  le   nombre  des  copies  était .  suffisant  poui 
«aS&s£ûre  en  un  jour  la  curiosité  publi^pie»  excitée  par  h 
iKNKfeaakè  ètt  l'ouvrage  ei  la  réputation  de  Vécri^ain 
•  le  IwUiapQla  pouvait  kixm  compter  sur  un  débit  capable 
de  satisËûre  aas  intérêts  commerciaux.  Voulaitf-il  publiei 
une  seconde  ^tion  du  livre  dont  il  était  propriétaire  i 
H  annonçait  des  augmentations  ,  des  commentaires  et  dti 
corrections  de  fauteui   ou  d\ili  autre  savant  ^  et  ce^ 
HM>yens  lui  procuraient  les  mêmes  résultats. 


(i)  PmnpilÎQS  AttdroDiciif .»..  Cumas  transnt  ibiqae  in 
oCîa  TÎxit  9  et  multa  composait  :  verum  adeo  înops  atquc 
^gens ,  ut  coactas  ait  praectpuum  lltud  opuscalnm  Ànna- 
tiwn  Eleacliorufn  sedecim  mîllibiis  tiummûm  cuidam  ven- 
dm.  Quoa  lîbros  Orbîlkis  sappressog  redemîsse  se  dîxît^ 
viilgando«que  curasse  aomiiie  aoetoiiai.  SatftaM  ^  de  tUust 
Qrmmm.  €ap*8w  ^ 


.    (  288  ) 

U  ii*est  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ici  quels  étaient 
chez  les  anciens  les  usages  qui  se  rattachaient  au  com- 
merce de  la  librairie.  Ces  usages  durent  être  les  mêmes 
è  Rome  qu*à  Athènes  ;  car  cette  deitiière ,  en  perdant  sa 
liberté  ou  son  influence  politique  ,  conserva  long-temps 
encore  Tempire  de»  arts  et  dès  lumières  ,  et  fut  la  source 
où  les  Romains  puisèrent  leurs  règles  et  leurs  habitudes 
littéraires. 

Les  livres  se  composaient  d'un  assemblage  de  peam 
de  mouton  (i)  ou  de  feuilles  d'une  plante  appelée  P^y- 
rus  j  croissant  dans  les  marais  du  Nil  (2)  :  ces  peaux  et 
ces  feuilles ,  préparées  à  cet  eflfet ,  et  polies  au  moyen 
de  la  pierre-ponce  j  étaient  toutes  coupées  dans  les  mêmes 
dimensions  et  cousues  ensemble  ;  elles  formaient  autoui 
d'un  cylindre  de  bois  ou  d*ébène  un  rouleau  qu'on  ren- 
fermait dans  un  étui  garni  de  pourpre ,  de  ciselures ,  ot 
d'autres  omemens  (3). 

Chaque  feuillet ,  écrit  d'un  seul  côté  (4)  ,  ne  portai 
qu'une  page  couverte  de  caractères  tracés  avec  un  roseai 
eifilé  et  fendu  à  la  pointe  (5) ,  et  formés  d'une  en<^ 


(i)  Si  cornes  ista  tibi.fuerit  membrazuiy  patato 
Carpere  te  iongas  cam  Cicerotne  vias, 

^  MarUal ,  XIV,  186. 

Peliibas  exiguifl  aretatur  Livtus  ingens. 

Ùèmj  XIV,  i83. 
(a)  Pline  ,  Hisi.  naU  ^III  ^  1 1 . 

(3)  Rasum  pnmice  purpuraqae  cultnm. 

Martial,  I,  117, 

(4)  Juvénal ,  sat.  1 ,  6.  Martial ,  VIU  ,  6a. 

(5)  Cicéroû ,  Horace ,  Perse ,  Juvénal ,  etc. 


(»89  ) 
Mire  (i) ,  analogue  i  la  nôtre  ^  et  paiement  consert^ 
èass  une  écritoire  (2). 

Les  Yolumes  et  leurs  étuis  Paient  placés  dans  dès  boites 
<n  des  annoires  ,  et  rangés  chacun  dans  une  case 
Sunt  conformation  analogue  i  sa  longueur  et  à  son 
qi^seur  (3).  Le  titre  de  l'ouvrage  1  én<Hicé  sur  une  éti- 
quette suspendue  à  l'étui ,  facilitait  les  recherdies  du  bi<* 
bliolhécaire  qui  pouvait  sortir  le  volume  de  cet  étui ,  en 
tirant  le  cylindre ,  au  fuoyen  d*un  petit  bouton  d'â>ène 
on  d'ivoire  j  qui  y  était  implanté  (4). 

Les  Kîblioihèques  ne  contenaiafit  pas ,  il  est  vrai ,  un 
aussi  grand  nombre  de  livres  que  c^les  qu'on  admire 
dans  les  cités  modernes  :  la  difficulté  de  reproduire  un 
èaiï ,  et  le  nombre  des  écrivains  moins  grand  alors 
fi*à  présent ,  en  étaient  les  causes  naturelles  ;  mais  ces 
utiles  dép&ts  des  connaissances  humaines  ne  devaient 
pas  moins  occuper  de  vastes  emplacemens  ,  en  raison  de 
la  forme  des  yolumes  et  de  la  manière  de  les  arran  ger 


(0  Gcéron  ,  YI  ad  Auie.  8*  Perse  ,  SaL  III ,  i  x  et  14. 
Horace, lie  Arîey  44^9  ^te. 

(2)  Soititns  thecam  9  ealamis  axtaare  mémento. 

Martial  y  XIY,  17. 

(S)  De  primo  <bbit  alterove  ntdo. 

Idem^  I,  117. 

(4)  Umbiticus.  Martial ,'  1 ,  67 ,  ei  passlm.  L.  52 ,  ff.  de 
Iqptis  et  fideÎGommissis  y  Ilf . 

Cette  loi  contient  lef  détails  les  plus  amples  sur  la  ma- 
tière, la  forme  9  la  reliure  ,  les  ornemens  des  livres  ,  la 
^TÎsîon  en  volume»  ,  et  liur  di^ositioii  dans  les  biblio- 
tt^^es.  ^ 

Tome  FIL  ï9 


(  s^) 

■  '  Les  bolitiques  des  iibrairesr  ëtauent  ardhfidîrenent  pla- 
cëes  près  des  temples  et  des  théâtres  ,  et  dans  tes  lieux 
où  Taffluencë  des  personnes  pou'vait  faciliter  la  vente  : 
il  parait  qu'elles  se  troimuent  éû  plus  grand  notnbre 
.dans  ArgUci ,  deuxième  quartier  de  Rome.  Cest  là  que 
•demeuraient  les  Atrectas  ^  les  Tryphon  et  lés  principaux 
Inbliopoles  connus ,  dans  un  lieu  qui  leur  était ,  en  quel- 
que sorte,  spécialement  afifecté  (i). - 

Ces  libraires  n'avaient  point ,  comme  ceux  des  temps 
modernes,  la  ressource  des  prospectus ,  des  bulletins  et  des 
.  affiches  pour  (aire  connaître  au  public  et  annoncer  la- vente 
des  éditions  qu'ils  avaient  entreprises  et  achevas  ;  cepen- 
dant ils  inscrivaient  sur  des  •  colonnes ,  au-devant  de 
leurs  boutiques  {2) ,  les  livres  qui  y  étnent  à  vendre , 
.  les  noms  des  auteurs  et  les  nouveaux  ouvrages  qu'ils 
croyaient  povYoir  exciter  la  curiosité.  La  perfection 
dans  le. talent  du  copiste,  la  beauté  des  caractères  ,  la 
correction  dans  les  copies  étaient  aussi  des  moyens  de 

(i)    Argî  nempe  soles  subire  letam  : 
Gontra  Oesari»  est  forum  taberna. 

Martial,  1 ,117. 

Limina  post  Pacis ,  pallaUiamqaé  fbronu  « 

Idem  I,  II. 

Argiletanas.  •  •  •  »  •  i ..  tabenns» 

Idem  ,  1 ,  1 1  !• 

(a)  ••••  Non  dî  ,  non:Coii|ce8$ere  çolumnie; 

'Bipr^i.de:Art.poeu5f5»' 

.  .  .  .  ...  .  ;  .  •  ;  Kequp  pila  lUielios. 

...         . .  JE(Cev»>.'  Sat.  I ,'  4«' 

Scrîptis' postibat  bmc  et  îttde  lotis, 
Dames  ut  cito  p.erlegas  po#tas. 

Martial,  I,'ii7. 


(  ^91  ) 
me6k$ ,  ek  nous  voyons  lôs  auteurs  eux^ntétnes  ne  point 
oublier  d'adresser  suiLce  point  à  leurs  éditeurs  de  pres^ 
saules  soHîdtatîons  (i). 

^  Les  monumens  Wstoriques  *Ies  plus  certains  nous 
«ppi^mieAt  que  les  bibHopoles«  ne  jouissaient  pas  ,  dans 
Vesercke  de  leur  profession  i  d'une  Kbertë  iHitnit^ ,  et 
^e  rautoritë  publique  ^  en  vertu  des  lois  6u'  des  cens- 
iilutions  des  empereurs  ^  intervint  quelquefois  pour  cm-* 
^pécher*  on  punir  la  vente  'de  certains  ouvrages  et  en 
&ÎTe  brâlér  lés  exemplaires  (2)«  Souvent  les  auteurs 
éditeurs  et  distributeurs  furent  frappés  du  même  coup, 
et  Ja  peme  de  mort  leur  fut*  infligée.  Ainsi  la  liberté 
d'écrire  dans  tous  les  temps  subit  les  mêmes  phases  que 
k  liberté  civile  ;  et  chez  les  anciens  aussi ,  on  ne  se  con- 
tenta*|MÊs  de  lui  tracer  de  justes  limites ,  on  voulût  encore 
la  contrarier  ou  Tanéantir.  Que  les  livres  impies',  irré^ 
ligieux ,  obscènes  ou  dilFamatoires  eussent  été  recherchés  | 
et  leurs  auteurs  et  vendeurs  punis  de  peines'  sévères , 
c'était  un  ^uste  hommage  à  la  morale ,  à  la  religion  et 
à  la  vertu  ;  mais  on  poussa  la  rigueur  jusqu'à  trouver 
un  crime  de  lèse-majesté  dans  dés  phrases  où  respiraient 
encore  quelques  souvenirs  de  cette  liberté  qui  venait 
d'expirer  à  Rome.  La  villfe  'des  Scipion  eut  un  Séjan 


(i)  Hqltumiautem  in  toa  quoqae  fide  ac  diligentîa  po« 
aitum  est  9  ut  in  maaus  hominum  quam  emeadatissime 
veniant  Qaintilîen  9  épître  h  Tryphon  ,   déjà  citée. 

(2)  Diogèoe  Laërce.  Machabœor.  lib.  I  ^  cap;  1  y  v.  Sc). 
Act.  ApostoL  cap.  tg  «  v«  ig^^Arnobe  ^  lib.  lY.  Tacite  ^  Amud» 
XU,  29.  Valçr.  Max.  VI,  S.  L.  4,$.  i>  ff.  famili». ercîs- 
cund«.  L.  un.  cod.  de  fampsis  Jibellis.'l- ô,  C«d«  lit.  V. 
de  htfreticis.  •.:... 


(  ^9^  ) 
pour  ministre ,  des  Nalt^  et  des  Secuodus  pour  déla?r 

teurs ,  et  un  Crémutius  Cordus  pour  victime  (i). 

Parlerai-je  des  journaux  chez  les  Romains  ?  On  les  ap-* 
pelait  ^i£ir/ui  acta,  diurna  wrbana ,  commeniarii  (2).  Il  ne 
parait  pas  quib  eussent  tQUt  à  fait  le  même,  objet  que  les 
nôtres.  Destinés  à  conseryer  le  souvenir  des  éviinemens 
importans,  des  magistratures,  et  des  laits  intéressans 
sous  le  rapport  dfi^  mœurs  et  des  usages  9  ils  étaient 
rédigés  par  les  pontifes ,  ou  spus  leurs  yeux  9  par  des 
secrétaires  (3)*, Les  tables  sur  lesquelles  on  consignait 
le  récit  journalier  des  choses  nouvelles ,  s^expossûent 
aux  regards  du  public  dans  les  temples ,  et  particuliè- 
rement dans  celui  de  la  Liberté.  Elles  ne  contenaient  pas 
des  dissertations  sur  les  doctrines  politiques  et  la  marche 
de  l'administration ,  mais  de  simples  annales  et  des  re^ 
cueils  de  faits  qui  méritaient  d'autant  plus  de  crédit  ^ 
qu*un  magistrat  vénérable  et  inspiré  par  le  patriotisme  ^ 
présidait  au  choix  et  à  la  rédaction.  Ces  tables  furent 
long-temps  publiques ,  et  leur  contenu  parvenait  k  la 
connaissance  des  citoyens  par  Tinspection  et  la  copie  que 
chacun  pouvait  en  faire  »  et  par  la  facilité  de  les  trans- 
mettre par  correspondance  d^ns  toutes  les  parties  de 
Tempire.  L^hlstoire  ne  nous  apprend  pa^  que  des  par- 
ticuliers, ou  Tautorité  elle-même ,  eussent  entrq>ris  une 
émission  régulière  et  périodique  de  ce. genre  d'écrits  ; 
et  qVioiqu'on  puisse  présumer  son  existence,  d'après  un» 

* 

(i)  Tacile,  .e^M/.  lY. 

(2)  Cicéron  YIII ,  adfamiU  a  9.  Diarium  ^  epbemeris»  iL» 
Gdl.  V,  18.  Pline  le  jeune.  Il,  665  VU,  53j  VIU  ,  6x. 
Tacite,  ^nnal^JJlï^  3j  yXV.f  92,  74.  . 

(3)  Cicéron j  de  Oratorc ,  II 1  12. 


pfessage  de  Tacite ,'  jtnnal.  xvi ,  ^%,  il  est  probable  que 
la  curîo»té  des  proirinces  était  alimenlée  plutôt  par  lés 
lettres  nûssi^es  (i)  que  par  des  feuilles  manuscrites  quo- 
tidiennes. 

Les  érénemens  politiques  interrompirent  de  temps  en 
tanps  la  continuité  des  journaux  ;  mais  comme  Suétone 
nous  Tapprefid ,  Jules  César  leur  redonna  la  vie  (2)  ;  les 
empereurs  vinrent  bientôt  changer  cet  ordre  de  choses  ;le 
ie  de  la  Libellé  ;  duquel  s^écoulaient  ces  écrits  ihôf- 
i  étant  à  leurs  yeux  une  source  impure ,  le  génie 
lédKleur  fut  relégué  dans  le  sénat.  Octavien  chargea 
roB  de  ses  membres  de  reaieîHir  lès  annales  de  Tempire , 
et  se  réserva  expressément  sa  nomination  (3)  ;  des  secré- 
taires appelés  aciuariiy  les  rédigeaient  sous  la  sunreil* 
lance  de  ce  censeur  ;  et  cependant  elles  restaient  secrètes  9 
l'empereur  en  ayant  défendu  la  publication  (4)« 
•  Choee  étonnante  !  Néron  futmoins  soupçonneux,  il  lais- 
sa une  libre  carrière  aux  journaux*  Vespaûen ,  ce  prince 
dont  les  monnaies  portaient  pour  légende  Ubtrias  publica 
resiiiuia ,  en  a^  de  même  9  et  ils  fb^istatént  encore  du 
temps  de  Tacite,  loi*sque  les  règnes  de  NerVa  et  de 
Trajan  fusaient  oublier  éelui  du  Ëirouche  Domitien. 

Les  barbares  éteignirent  dans  Rome  ces  premières 
éânœlles  du  foyer  des  lumières.  Dans  le  i5*  siècle ,  à 
Taide  de  rimprimerie  »  Venise  et  la  Hollande  le  virent 
lenaitre  :  l'An^eferre  aous  Elisabeth  commençât  àî  s*é- 

(i)  GceroJUiuê  Tîroni  apud  Cic.  XVI  ad  Famil  a5. 
(1)  SvM/ome  y  in  Jut,  Cœsar.  j  c.  ao. 
(5)  Tacite,  Amud. ,  V,  4. 

(4)  ••..  In  qoeis  ne  scia  senatas  pdilicaiMiar*  Stt^ne,' 
inAug.  36.      • 


(  194  ) 

clairer  1^  sa  lueur ,  .et  notre  âge   enfin  le  rétrouve  à 

Tapogée  de  sa  force  et  àe  son  éclat. 

En  rappelant  à  votre  souvenir ,  MM; ,  quelques  trait» 
de  rhistoire  de  cette  langue  muette ,  qui ,  empruntant 
le  secours  des  caract&es ,  et  associant  ses  progrès  .aux 
déyeloppemens  d'une  utile  industrie  ,  nous  a  transmis  le 
secret  des  sciences  et  des  arts ,  je  ne!  dpis  pas  omettre  de 
proclamer  une  vérité  qui  semble  en  découler  :  c'est  que 
la  liberté  de  la  presse  9  unique  moyen  d'édairer  ra^e^ 
ment  tous  les  hommes  ^  ne  doit  être  limitée  que  par  les 
néceissites  de  Tordre  social ,  et  que ,  semblable  à  la 
pensée ,  elle  ne  conaait  d'autres  guides  que  les  cbnseib 
de  la  raison. 


••        «     r   t 


BEAUX-ARTS. 


•  <. 


LA  CHARini,  BÀS-RËLIEF  9  PAR  M.  LEGENDRE-HÉR4L.      . 

■ 

:  Jt^  caractères .  de  la  Charité  sont  si  divers  ,  ils  s*ap^ 
pliquent  .à  ^un  si  grand  nombre  d'autres  vertus  essen^ 
tiell^  au  chrétien  parfait ,  telles  que  la  patietice ,  Thu- 
«milité  ,  >  la  douceur ,  la  bienfaisance ,  le  désintéresseméh  t , 
Jla  J>ienveiUance ,  la  simpUcité ,  la  modestie ,  que  jamais 
peintre .,  ni  statuaire  j  de  qudque  invention  qu'il  soit 
dpuéi  ,.jie  pourra  parvenir  à  la  rendre  cômpiètemenIL 
Tous  les  artistes  jquL  §^  sont  essayas .  à  représenter  la 
Chapté  ont  donc  cru  devoir  se  borner  à  caractériaei;  la 
Bienfaisance  qui  se  trouve^en  elle,  et  ç^tte  vertUyWçius 
généralement  sentie ,  a  presque,  toujours  été  figurée  sous 
FemUêiçQ  4  me  femii)e  assise,  entoufëede  petits  enfans 
qu'elle  nourrit  du  lait  de  ses  mamelles ,  *ou  bien  distri- 


(^95  > 

buant  à  des  pauvres  djti  ^in  ,  des  vétepiens  ou  ,de.  rar-* 

gent.  Il  existe  dans  nos  bibliothèques  un  assez  grand 

nombre .  d'ouvrages  sur  l'iconologie  :  qu'on  prenne  la 

peine  de  les  ouvrir ,  on  ne  verra,  pas  la  troisième  des 

v^us  théologales  rendue  autrement  que  nous  venons  de 

le  àive  ,*  et  ce  qu'il  y  a  de  bien  certain ,  c'est  que  qut*^' 

œnque  aurait  la  tëmëriié  d'aller  au-^elà  ,  ne  saurait 

manquer  de  tomber  d^n^  l'inintelligible  et  quelquefdis 

mèmfi  dans  le  bizarre. 

.  Bans  une  charmante  petite  grisaille  ,  de  cinq  pouces 
de  haut,,  ^ur  un  pied  de  large ,  que  le  mu6^  du  Louvi-e 
a  possédée   pendant  plusieurs  anjiëes,  et  qui  a  repri» 
le  chemin  de  Rome ,  en  i8i5  ,  avec  beaucoup  d'autres 
objets  d'art  enlevés  du  palais  au  Vatican ,  par  les  oom*- 
missaires  de  la  république  fraxi^i^ise  9  Raphaël  avait  es-* 
sayé  de  représenter  la  QharUéf  Voici  commuent  ce  peintre 
admirable  s'y  était  pris  :  dans  un  petit  médaillon  y  plaoé  au 
centre  du  tableau  ^   il  attlil  mis  la  CharUé  avec  cinq 
petits  en&ns  groupés  autour  d'elle  ^  dont  les  deux' plus 
jeunes,  assis  sur  ses  genoux,'  pressaient  sesmcnaielles  de 
le^rs  lèvres  ;  en-dehors  dé  ce  médaillon  ,  à  l'extrême 
droite  du  tableau,*  et  daiis  un  petit  encadrement  ^étsit 
un  ange  portant  sujr  ses  épaides  un  vase  d'où  sortaient 
des  flammes^  au  milieu  desquelles  on  voyait  deux  tètes 
de  chérubins  ;  à  l'extrême  gatiche  du  taUeau ,  et  dé 
pième  dans  un  petit  encadrement ,  était  un  aijttre  ange  ^ 
tenant  un  vase  rempli  de  pièces  de  monnaie,  et  qu'il 'se 
plaisait  à  rendre.  Le  florentin  André  dd  Sarte,  a 
pareillement  représenté  la  Charilé  y  dans  un  très*bon 
tableau  qu'il  peignit  sur  boi^i ,  en  i5i8 ,  pour  le  roi 
François  L*',  et  que  M.  Picault  est  parvenu  à  trans- 
.porter  sur  toile  ,  en  lySo,  So^  la  surveillance  du 


^nlre  Chartes  Goypel.  CMe  Ciari/é  d'André  del  Sarta 
est  assise  sur  un  tertre ,  au  milieu  d*un  agréable  paysage^ 
et  tient  deux  enfans  dans  ses  bras  :  elle  aNaite  Tun  ,  e€ 
l'autre  lui  présente ,.  en  souriant ,  un  bouquet  de  noî^ 
settes  ;  un  troisième  enfant  dort  à  ses  pieds ,  ccmcfaë  sàr 
la  partie  inférieure  de  son  manteau* 

Dans  le  beau  tableau  de  M.  Meynier ,  qui  décore  ^  ^ 
Véglise  de.St-Jean^  la  diapelle  dédiée  à  saint  YincenC^ 
de  Paule,  Tartiste  n*a  pas  oublié  de  placer  une  statue 
de  la  Çhariié ,  représentée  sous  la  figure  d^une  femme 
assise ,  tenant  deux  en&ns  sur  ses  genoux.  C'est  ainn 
qii*ont  &it  presque  tous  les  peintres,  et  notre  compatriote^ 
M.  Orsel ,  dans  le  charmant  outrage  qu'on  voit  de  lui 
sur  la  cheminée  de  la  salle  du  conseil  d'administration 
des  hôpitaux  de  Lyon ,  à  l'hospice  de  la  Charité ,  in*â  pa^ 
manqué  dé  se  conformer  à  l'usage  ;  mais  ayant  à  tra^ 
cailler  povr  un  établissement  ouvert  aux  pauvres  enfant 
abandonna ,  >€Oimne  aux  vieillards  des  detrx  sexes  aux-* 
quels  il  ne  reste  plus- de  moyens  d'existence,  ils'est  yii 
forcé  d'entrer  dins  de  ttès^grands  développemens ,  et 
tous  les  vrais  amateurs  conviennent  qu'il  s'est  tiré  de  as 
pas  difficile  avec  un  rare  bonheur*  ^ 

L'anglais  Richardson ,  dans  son  intéressante  descrip* 
tion  des  monumens  de  Rome  et  de  l'Italie  \  parie  d'une 
lrès*belle  statue  de  la  Chctrité ,  exécutée  par  Guillaume^ 
délia  Porta  ,  et  qui  décore  une  de»  salles  du  superbe 
palais  Farnèse;  mais  comme  il  s*est  contenté  de  laciter^ 
sans  prendfê  b  peine  de  la  décrire ,  nous  regrettons  de 
ne  pouvoir  en  entretenir  nos  lecteurs.  Nous  essayerons, 
en  revanche,  de  leur  donner* une  idée  d'un  des  exceHens 
bàs-relie&  exécutés  par  le 'célèbre  sculpteur  français, 
Jacques  Sarazin  ,  poiv  le  magnifique  tombeau  de  Henri' 


BonrbÔTï— Cond^,  ërigë  autrefois  dans   Tëgfîse  Ses 

Crrands-Jésuites  de  Paris ,  rue  St-Ântoîne.  Dans  ce  bas- 

iriief  en  marbre  blanc  ,  de  la  forme  d'un  médairion  , 

qoi  9  pendant  long^-temps  ,  à  feit  partie  du  musëe  des 

IfcRidmens  français  y  nié  des  Petits-Âugustins  ,  et  dont 

noas  ignorons  quelle  a  ëtë  depuis  la  destinëe ,  Tartiste 

avût  essaye  de  représenter  la  ChaHlé  sous  la  figure  d  une 

femme  assise  ,  ayant  devant  elk  un  petit  ange ,  monte 

soc  une  estabelle  très-basse  ;  elle  '  épanchait  sur  Tange 

Vean  d'un  Tase  qu'elle  tenait  de  fa  main  droite,  et  elle 

sTappuyait  sur  son  siëge  de  la  main  gauche.  Jacques  Sa*' 

nm ,  dont  la  Chartreuse  de  Lyon  possédait  autrefois 

ésax  bdles  statues ,  était  un  homme  d'un  grand  talent 

et  de  beaucoup  d'esprit;  niais  lé  désir  de  paraître  neuf  ^ 

Tayaut  porté  à  s'écarter  de  l'usage  général ,  il  n'a  réussi  y 

^ns  celle  gracieuse  composition  ^  qu'à  se  rendre  inin-' 

tcUî^le. 

On  pareil  reprodie  ne  s'adressera  point  î  M.Legendre- 
Héral  y  au  trayail  duquel  nous  'fious  hâtons  enfin  d'arriver. 
Son  bas-rdieF,  qui  décore  la  partie  supérieure  de  là 
aouvelle  porte  d'eiitiëe  de  l'hôpital  dé  lia  Charité ,  se 
compose  de  six  figures.  La'  Charifé  est  '  placée  au  centre  i 
elle,  est 'debout,  ayant  à  sa  droite  un  vieillard  auquel  elle 
donne  un  pain ,  à  sa  gauche 'une  jeune  et  malheureuse 
mère,  précédée  de  son  enfant ,  et  qui  implore  son  assis- 
lance.  La  Ckariié  donne  &  Penfant  une  piâce  de  monnaie; 
an  antre  petit  eilfàffft  ;  qui  vient  d'en  recevoir  l'aumône, 
est  assis  à  ses  ptèds  ;  ef^n  un  troisième  petit  enfant ,  la 
têlè  et  lés  regards  baissés ,  est  auprès  dû  vieillard  qui  le 
fi»t'par  la  main*  Cette  composition  est  toute  simple ,  et 
far  cela  même  reritplié  de  justesse  et  de  clarté.  Sans 
«favie  a  eût  éb^' possible  de^isposet^kf  sujet  d'une  ma-** 

» 


(  298  ) 
nière  plus  pleine ,  plus  savante,  plus  grandiose  »  comme  ^ 
par  exemple  on  Tavait  esquissé  d*abca:d  sur  une  des  mu--, 
railles  de  la  cour  d*entrëe  de  Thospioe ,  où  la  Charité  était 
repré^ntée  assise,  largement  drapée,  entourée  d'eftfans  et 
de  vieillards  des  deux. sexes  ,  ^*oupés  et  liés  ensemble 
avec  un  art  assez  heureux  ;  mai^  enfin  M.  Légendre— 
Héral  a  vu  les  choses  autrement ,  et  le  parti  aiuquel  il 
s*est  arrêté ,  approuvé  par  MM*  les  membres  du  ponseiL 
d  administration  des  hôpitaux ,  a  droit  pareillement,  à 
lapprobation  et^  aux  suffrage  de  tous  .les  connfiisseurs 
véritables. 

Pendant  que  M.  Legendre-IIéral  travaillait  encore  à- 
son  bas-relief ,  il  nous  est  arrivé  plusieurs  fois  d'aller 
visiter  son  ouvrage ,  et  rien  n'est  plus  singulier  que  le& 
divers  jugemens  que  nous  en  avons  ditendu  porter  par 
certaines  personnes  q^e  la  curiosité  y  avait  attirées  comme, 
nous.  c(  Il  nous  semble ,  disait  Tune ,  que  les  flaïqmes  qu^ 
»  s'échappent  de  Fespèce  de  réchaud ,  placé  aux  pieds  de 
»  la  Charité^  n'expriment  pas  le  feu  divin  dont  son  cœmç 
>>  est  embrasé  ;  june  légère  fiamme  ,  placée  sur  sa  tâte^ 
I)  .aurait  infiniment  mieux  rendu  ^tte  idée.  La  nudité 
»  de  ,ces  petits  en&ns ,  ^disait  ur^e  ^^tre,  est  on  ne  peut 
V  plus  choquante  :  est-ce  qu'il  n'aurait. pas  été  pos^})le 
»  de  troufver  les  moyens  de  l'éviter  ?» 

La  niaiserie  de  pareilles  critiqua  m;  salirait ,  il  est 
vrai  y  décoqrager  un  artiste  ;  mais  il.f^t  ôonvcmir^qœ 
c'est  une  ;bien  grande  fatigue  pour  ^ui  que  d'ikvoir  à  les 
çntendre.  Le^^tf .^^Vm^dont  wus  :  parlez,  répondroi^s- 
t|pifs  à  ces  graves  censeurs,  nT. jamaig tété  r^nfl«vilr^ 
trement  que  par.  un  cœur  enflammé^  plsicé  d&ns-  T^m^ 
des  jnains  de  J^  Cï^ariii^  ou  Uen  par^  .des  charbons  ar^ 
dca$  j  allumés  à  $es  pieds  ,>  et  ce  n^est^  qu'aux  ^^m^iL  jquli 


(  f  99  ) 
les  iconologîstes  ont  imagine  de  mettre  une  flamme  sur 

la  fêien  Quant  à  la  nudité  des  petits  enfans ,  jamais  elle 
n'eut  rien  qui  blessât  la  pudeur;  symbole,  au  contraire, 
de  rinnocencê  la  plus  pure ,  il  n*est  aucun  des  plus  sages 
peintres' d*Italie  et  de  France  qui  Tait  rejetëe ,  et  Ton 
ne  conçoit  pas  comment ,  après  cela ,  d^bsqrdes  rigo- 
ristes -veulSnt  encore  avoir  un  avis ,  et  ne  pas  craindre 
même  de  le  donner. 

Le  Bas-reiief  de  M.  Legendre-^Hëral ,  indépendamment 
de  la  justesse  et  de  la  clarté  qu'il  présente  ;  n*ofire  donc 
véritablement  rien  d'inconvenant  ;  toutes  •  les  figures  qui 
le  dfmposent  sont  d^n  très*bon  goût  de  dessin  ;  la  pose 
de  la  Chûriii  est  à  la  fois  noble  et  simple  ;  là  cadticité  do 
vieillard*  est  suffisamment  sentie  ;  les  tirots  petits  enfans 
sont  modelés  d'une  manière  supérieure  ;  il  n^était  pas 
possible  de  mettre  dans  l'expression  des  chai^  plus  de 
morbidesse  ;  enfin  tout  ce  travail ,  dont  l'exécution  a  été 
des  plus  rapides ,  où  peut-être  serait-il  facile  de  relever 
quelques  I^ers  défauts  de  proportion  ,  n'ei>  est  pas 
moins  fait  pour  plaire  aux  gen$  éclairés ,  et  ne  peut  que 
donner  une  idée  avantageul^  de  l'importante  composition 
que  l'artiste  est  appelé  à  exécuter  prochainement  sur  le 
tympan  dé  l'hôtel-de-ville  (i). 


I. 


*  (i)  Nous*  avons  omiff ,  dads  le'  tempf ,  d'aùnoncer  que 
le  mèm^  artiste ,  M.  Leopndre-Héral ,  avait  été  chargé  de 
6ire,  pour  le  devant  du  mattre-atftel  de  là  célèbre  église 
de  Broa,  à  Boarg,  les  statues  en  petit  du  Cbrist  et  des 
doQze  ApMres  ,  et  nous  saisissons  avec  empressement 
Foccasion  de  réparer  cet  oubli  involontaire  et  d'ajouter  une 
râlexiôn  qui  se  présente  naturellement  au  sujet  de  Téxé* 


(  3oo  ) 

POESIE. 

TER5  FAITS  A  MON  RETOUR  DE  ....  9  EN  PASSANT  DEYAIIT 

L*IL£-BARBE. 

Je  la  reroU  cette  île  fortunc^ey  •• 

Qui  souyent  rëunît  nos  jeux  et  nos  amours  I 
Salut  ^  rocher ,  par  qui  la  Saône  d^tournëe  9 
En  canaux  ombrages  Toit  partager  son  cours; 
Januis  ta  n*entendts  le  cri  des  noirs  autours  9 
Et  ta  cime  Hante  appaùratt  cooronnëe 
Du  pampre  9  dont  le  fruit  dëlecte  Aos  beaux  jourt**^ 
De  nos  simples  aïeux  rustique  et  saint  oufrage  9 

Salut  9  pittoresque  clocher  9  ^ 

Qui  du  temps  a  brave  Toutrage  9 
Vous ,  modestes  séjours  qui  9  dans  le  rert  feuillage  ^ 

VaraisscK  vouloir  vous  cacher. 

Cation  des  statues  dont  il  s*agit.  Ces  statues  9  coulées  e& 
bronze  »  à  Paris  9  sur  des  modèles  fournis  par  notre  com^ 
patriote  9  ont   ëtë  exposées  pendant  quelques    jours ,  aa 
mois  de  septembre  dernier  9  dans  son  cabinet  9  au  palais 
des  Arts  9  et  le  public  et  les  amateurs  ,  admis  \  les  voir, 
ont  pu  apprécier  toute  Thtihileté  que  le  statuaire  j  a  dé-* 
ployée.  Op  sait  que  le  beau  maître-autel  actuel  de  l'église 
de  Brou  a  été  construit  sur  les  dessins  de  M.  Pollet ,  ar* 
chîtecte  de  notre  ville  9  et  que  tous  les  marbres  dont  il 
est  enrichi ,  de  m^me;  que  les  six  candélabres  en  bronze*  ^ 
qui  le  décorent  9  pnt  été  travaillés  par  &»%  ouvriers  «k  Lyoa^t  , 
Wy  a-t-il  pas  lieu ,  dp  s'étonner  çt  de  regretter  qu'on  ait 
été  forcé  de  recourir  aux  fondeurs  de  la  capitale  pour  le% 
slcitues  de  M.  Legendre-Hcral  ^  et  ne  serait-il  pas  à  désirer 
que  de  bons  ouvriers  en  ce  genre  trouvassent  assez  d'en-», 
couragement  parmi  nous  pour  les  décider  à  venir  s'j  fix0:P    ■ 

{N(He  de  Vun  des  rédacteurs,  )  " 


(  3oi  ) 
Ici  *)adÎ8  était  un  monastère  » 
0«  des  mortels  9  lassés  des  grandtfars  d'ici4iM  » 
£t  consacrant  leurs  jours  à  la  prière  ^ 
Formaieut  des  Tœux  qu'on  ne  révoquait  pas  f 
An  tout-puissant  présentant  leurs  hommages 
Et  de  nos  saints  promenant  les  images  ^ 
Leurs  Toix  ,  de  l'île  entière ,  agitaient  les  échos  « 
Et  se  mêlaient  le  soir  au  murmure  des  flots. 
Ces  bous  pères  ici  Tenaient  chanter  matines  ^  * 
Sitôt  que  Torient  brillait  de  uouyeaux  feux  ^ 

Et  quand  le  sou  des  cloches  argentines  ^ 
luTÎtaît  les  mortels  à  s'adresser  aux  cieux , 
Quittant  le  toit  de  son  humble  chaumière  f 

La  simple  et  naïve  bergère 
A  leurs  accens  venait  unir  ses  vœux. 
Non  loin  est  un  château  gothique , 
Où  plus  d'un  preux  venait  tenir  sa  cour  9 
Et  dans  cette  demeure  antique , 
Tûaait  aux  durs  combats  succéder  les  amours*' 
,.         Plus  ne  se  voit  donjon,  ni  moiiastèro  y 
Par  nos  fureurs  ils  furent  abattus  ^ 
Tout  disjjjaraît  :  ami ,  sur  cette  terre  ^ 
Bientôt  aussi  l'on  ne  nous  verra  plus* 

Camille  Bohiver. 


=s 


MÉLANGES. 

JDaas  le  recueil  publié  par  Tacadémie  des  sciences , 
kUes-lettres  et  arts  de  Bordeaux ,  des  différentes  pièces 
ipd  ont  été  lues  dans  la  séance  publique  dû  3i  mai 
1827  (1),  se  troure  VEioge  histonqae  de  Pierre  Guérin^ 

(j)  Pafe  7jrt>6.  .      ♦ 


(    302   ) 

par  M.  le  docteur  Gintrac.  Pierre  Gu^rm  était  ne  ait 
village  de  Couzon  ,  près  de.  Lyon,  le  26  mai  i74o« 
Après  d^sxcellentes  études ,  il  obtint  une  place  de  chi-* 
rdrgien  interne  de  notre  Hôtel-Dieu  ;  mais  jon  lui  refusa 
celle  de  chirurgien-major ,  parce  qu'H  lui  maqqunt  une 
des  cinq  années  de  stage  exigées  par  les  statuts  de  l'ail'* 
ministrationv  Malgré  les  brillans  succès  qu'il  avait  eus 
dans  les  concours  des  élèves  et  le  talent  précoce  qu*oii 
reconnaissait  en  lui ,  on  ne  voulut  point  déroger  à  la 
règle.  En  vain  M.  Guérin  Taijié ,  qui  occupait  ^lors  la 
place  de  chirurgiens-major  et  dont  le.  temps  d'exercice 
allait  expirer  ,  offrit-il  de  le  prolonger  ^  pour  (acililer  à 
son  frère  les  moyens  de  lui  succéder:  rien,  ne  put  ébranler 
cette  sévère  détermination.  Pierre.  Guérin  en  fut  décou- 
ragé.  au.  ppiat  qu'il  résolut  de. quitter  Lyon ,  néme  la 
France ,  et  de  passer  dans  les  colonies.  Arrivé  à  Bor^-* 
deaux ,  il'  fut  détourné  de  son  projet  par  M.  Dubruel  , 
chirurgien  de  l'amirauté  ^  qui  sut  l'apprécier  et  qui   en 
fit  son  ami  et  plus  tard  son  gendre.  Bordeaux   devint 
dès -lors  la  patrie  adoptive  du  docteur  Guérin.;  il  y 
acquit  bientôt  une  grande  célébrité ,  et  la  réputation  du 
meilleur  chirurgien  du  midi  de  la  France.  Il  faut  voir 
dans  son  éloge  le  détail  de  ses  découvertes  et  des  pro- 
grès qu'il  a  fait  faire  à  Tart  de  guérir ,  et  la  description 
des  instrumens  ingénieux  inventés  par  lui  pour  les  opé« 
rations  les  plus  difficiles  ,  ainsi  que  la  nomenclature  et 
r.analyse  des  mémoires  qu  il  a  lus  à  l'acadéniiede  Bordeafux 
ou  qu'il  a  fait  insérer  dans  difFérens  recueils  périodiques* 
'  Le  docteur  Guérin  est  décédé  plus  que  nonagénaire  ^ 
le  i3  février  1827,  vivement  regretté  d'une  nombreuse 
et  iAtéressante  famille  ^  des  haUtans  de  Bordeaux  dont 
il  était  lé  médecin  et  l'ami ,  des  pauvres  dent  il  était  Je 
bienfaiteur ,  et  de  ses  confrères  dont  il  était  l'oracle. 


(  5o3  ) 
.  Le  tribut  pay4  à  sa  mémoite  »  par  lè'doctèur  Gintrac, 
est  plein  d'intérêt  :  il  doit  surtout  paraître  tel  aux  Lyou' 
Bais ,  puisqu'il  concerne  un  de  leurs  compatriotes  ,  et 
qu  il  est  beaucoup  de  personnes  parmi  nous  qui  ont  con- 
nu ,  dans  sa  jeunesse,  l*lromnte  habile  et  savant  dont  il 
célèbre  et  consacre  le  souvenir. 


Le  Amteur  Pomme  fils  publia  en  1760 ,  à  Paris,  ch^D 
Dttùnt  et  Saillant ,  et  en  176S ,  à  Lyon  ,  in-i 2  ,  un 
Essai  sar  Us   ajfections  çaportuses  des   deux  sexes , 
cot^ioant  une  nouveUe  méîhade  de  traiter  ces  maladies , 
fondée  smr  des  ûàsereailons.  L'auteur ,  véritable  char- 
latan ,  ét»t  à  Lycm ,  lorsqu'il  y  fit  paraître  la  seconde 
idàtàiôtk  descm  Kvre.  Il  y  avait  troirré  des  dupes ,  et  il 
emporta,  en  s'en  allant,  quelques  centaines  de  louis 
que  des  dames  lui  avaient  données  pour  prix  de  ses  cures 
imaginaires.  Le  libraire  ,  Benoit  Duplaîn    (i),  avait 
fait  mettre,  sur  le  frontispice  du  volume,  son  écusson 
or<iinaire ,  rejprésentant  un  aigle  s'élevant  dans  les  airs , 
avec  cette  devise  qui  était*  une  allusion  à  son  nom  et  qui 
lui  avait  été  fournie  par  M.  BoUioud-Mermet ,  secrétaire 
perpétuel  de  l'acaidémie  de  Lyon  :  De  ptano  in  aiium. 
On  ne  tarda  pas  à  faire  paraître  une  critique  de  l'ou- 
vrage du  docteur  Pomme  ,  sous  ce  titre  :  Réflexions  sur 
Us  affections  çaporeuses  des  deux  sexes ,  du  docteur 
Pomme ,  par  un  élè^e  de   M.  Maria  ,  chirurgien  de 
Lyon.  Lyon  (Regilliat),  àVaigle  reni^erséj  1763,  in-*i2. 


) 


(i)  D  j  .lirait  deux  fjrèrfis  de  ce  nom  ^  Pierre  qui  était  l'allié  r  ^ 
BcnoU.  tla  étaient  tous  deux  librairei  ,  et  forent  quelque  temps  ai*^ 
tttdé^i  tDÊà$  ils  ae  àéptèhnïî  an  «t^. 


(5o4)      . 
Le  frontbpioe  était  orne  d'un  ëcussoti  oà  était  gravé  u 
aigle  renversé  ,  blessé ,  perdant  ses  plumes  et  tenant  a 
bec  une  devise  ,  parodie  de  celle  de  Benoit  Duplain  , 
consistant  en  ces  mots  :  D€  abo  in  imum. 


Bayle ,  Nouçelles  de  la  république  des  lettres,  octobre 
i685  (i)  ,  rapporte  qu^un  jeune  homme  de  Nuranbei^^ 
Ils  d'un  célèbre  teinturier  et  marchand  ,.nomnié  .£rw/ v 
passant  par  Lyon  5  y,  avait  mon^é  9  quelques  m<Ms  au— ^ 
paravant ,  un  chef--d'œuvre  de  teinture  :  c'était  un  drap 
teint  d'un  côté  en  écarlate  et  de  l'autre  en  violet»  GeL» 
est  apparemment  (  ajoute  Bayle,  qui  fait  ici  un  singultec^ 
rapprochement  )  plus  difficile  qpe  la  toanière  d*apprélQr 
un  cochon  bouilli  d*un  c6té  et  rôti  de  Taujtre ,  de  laqodle 
Athénée  fait  mention  en  son ,  livre  IX.      ;  > 

» 

Alléon  Dulac ,  tom.  V ,  pàg.  296-7  dé  ses  Mélanges 
et  histoire  naturelle ,  a  consigné  quelques  Réflexions  sur 
les  insectes  qui  ravagent  les  livres  ;  M.  Peignot  a  éga- 
lement indiqué  dans  son  Manuel  du  bibliopphile  ^  lom.  11^ 
pag.  424"'4^^  )  plus^^ui^  moyens  de  préserver  les  livres 
de  ces  insectes.  Nous  croyons  ^devoir  compléter  ce  qui  a 
été  dit  sur  ce  sujet  par  ces  deux  auteurs ,  en  donnant 
une  traduction  du'  morceau  suivant ,  que  nous  avons 
extrait  du  n.^  CXL  de  la  Biblioteca  italiana  (Milan  ^ 
1827  ,  in-8. ,  ^)ag.  3o6)  :  «  Beaucoup  de  tentatives  ont  : 
été  faites  pour  détruire  les  vers  qui  attaquent  les  livres  ; 
on  a  proposé  plusieurs  recettes  qui  n'ont  pas  produit 
— -:-* : •  - 

(a)  Œuvra  éwerses ,  édxU  M.  La  Baye  j  xftj  «  tonu  I  »  pag.  ^or*- 


tttM  de  aenricès  à  Tari  lypogrêiphiq[tte  en  Italie  ,  sié 
livrèrent  à  de»  expériences  sur  ce  sujet  ; .  mais  ils  con- 
ckurent  {nr  reconimander  la  pli»  scrupufeusé  propreté 
dans  les  Imes  et.  les  iMUiothèquès.  Un  nouveau  remède' 
Tient  d'être  indiqué  par  M.  Thomas  Alkop  r  il  con-^ 
âste  à  enduire  légèrement  {mfonacar^  leggermenle^ 
les  feaillels  que  Ton  veut  .conserret*^  d'un  mélange  à 
iûseségedes  ,  de  pétide  et  de  l'huile  exprimée,  des  hAeak 
du  MeUa,  azédarac\    appelé   aussi    Margouiîer   exi' 
France*    L'huik  seule-  'des    baies  du  margoiisier  est' 
presque  inefficace  contre  les  vem  f  ibaas  on  prétend  que 
ks  faillies  et  les  fleurs  de  cette  plante  opt  la  vertu  de 
les  éiœgneff  (  Teckiric.  Repasit  e,  Bé  271  ).  Tout  èssaî 
leadant  à  préserrer  les  livres  des  ravageur  d'un  insecttf 
û  destructeur ,  doit:  Aire-  regardé  amune  utile  et  mérite 
d'être  encouragé*  Nous. 'iaVitons  donc  les  libraires  et  leà 
cônsenraieurs  de  bibliothèqneai  k  faire  l'eiqpérience  du 
môyeii  proposé  par  le  chimiste' anglais.  9 


.  t  .1*. 

,.     .  ■  '    • 


Ifoncfe  SUB  PftOCULUS  (  tirée  principalement  de  Fla?iiu  V(>piio««,» 

Hitt:  Aug. ,  et  de  Picot  ^  Hisi.  'des  Gaulois  «  t.  II ,  p.  an  )•  • 

• .  '       .  '   .  •    / 

■  j 

I 

Proculus  naquit  à  Albenga ,  en  Ligurie,  vers  le  ini- 
Uni  du  troisième  siècle  i  il  était  redevable  de  l'Immense' 
finiuae^qa^il  pos^édaîit  el;  qui:  .taomaistflot  surtimt^en  es-- 
daves  et  en  troupeaux ,  aux  pirateries  de  ses  ancétreis. 
Dès  sa  plus  tendrii  jeunesse ,  il  avait  embrassé  le  parti 
dei  armes:  parv^u  au  grade  de  tribuh  de  plii^ur^  Ié-> 
^ns  romaines,'  il  se  distingua  par  des  traits  de-  bra*>' 
youre.  Gomme  les  plps  petites  particularités  de  la  vie 
d'un  homme  qui  appartient  à  Thistoire  ont  quelque 
chose  4*3gléable  pow  le  ileoteuff ,  il  iaut  bien  se  gardei^ 
Tome  FIL  so 


(  v'Soe   )  ; 

j'en  tair«  rufi^  ôfmi  i\  tirait  v^aiiUë  !et  qui  se  ftfoure  coi 
sigaëe  ,^q&  la  lesltl'e.  9ttiiraiite  qu'il  écrivît  h  Mëtianus 
aon  parent,  et  dont  nous* nous  contentei'ons  de  doniM 
le  texte }  proculus:  Meiiaho  JuSiki  S.'  D.  Cenium  ^ 
SqtJti'CUfa  çùgin^s  Cétpi.  Ex.^'his  Mfia  nocie.  deceminivi 
qmncsjamen ,  çuodin  mei  erat.y  mulietes  inirA  di<s  Xi 
rgddidi'.  Tovitefeis  racnbîtion  de  Procûliss  lie  «se  i  bon 
pa$  i^  die  pat*eils  e^^lûits  9  car  U  ne  i^scAu^  pas  mdh 
que  è^  monter  sur'  le  trôiie  des  Césars  qm  ,  dans  c 
tç^ps  de  dëoadencè  et  d*anarcbie  ^  lëlait  âottVent  la  pro 
du  premier  occupaxtU  On.  croit ique  œ  iut  safenune ,  qi 
s*appe|ai^  Staipp^o  î  et  fui  iaTait*d*abord  poHé  le  notti  i 
yitui'gîe ,  >qui  l*èngligea  dans  cette  foUe  et  tënéraire  ei 
treprjsjs  ^.oette  femme  ^  digae  sile^  soiDmarii^,  était  d'il 
courage  et  d'une  anblliba  alr-dtssus^'de^  son  sexe.  J 
fprtune  qui  .favorise^  les  audameux^i  iburaût'inenldi 
,  Çrçq^iis  roeoasioa  d'exécuté^  •  son  pro^etvïJn  i)our  il  «vi 
assisté  à  un  festin  i^èndide  quise  ^nnpit  ^inta^U  ^ 
de  Lyon  à  de  nombreux_j::pnyives  ,  c'était  en  Tann 
280  :  après  le  repas  il  joua  aux  petits  soldais ,  espèce 
jeu'  dé:  dkitfes  ou  d^écheès ,  '6i!l[  ,  en  yertu  d'une  rèf 
établie,  oh  ^luait  empereur  celui  qui  remportait  l'avantai 
Le  <  hasard  fit  qu'il  gagna  dix  patties  de  suite:  tout^ 
coup  un  homme  Ae  rassemblée,  qu?  avait  quelque  cfëd 
tcoi^vaat:  cette*  cirôcmsiance  sinJguKèife^  ôti  'bi^n  >^\ 
être  étant  d'accdrd  «ve6  Procalus ,  «'écria ,  l&il  d'adresse 
à  l^i•:  Jâ  te  salue  y  Auguste;  puis- apportant  ikn  ixiênti 
de  p0ur{à^ ,  il  leriui  mit  sur  les'  épaule^  ^âLinsc  •  tcKités 
démonslraliîoirt  dû  respect  le  plnsi'eligieu^t';  enfih  il 
cendît  tous  les  hbnneui^  dus  au  rang  suptétnë.ll  a' 
&llatpa«. davantage  pour-Jétermiaer  les  assistant' 
ensuite  h  oiultitiiâe  \  iniîfer  l'ekéttiple  *âe  eiet  hom 


(3o7) 
liardr(i).  Âa.t^ste  ^  la  légèr^é  n^fittirelle  aux^jaukls 

contribua  singulièrement  à  I^ëlëvation  de  Pi^oculi^is  :  U 
iîit  surtout  secondé  par  la  haine  gue  ces  peuples  avaient 
;vouëe  à-  Tempereur  Probu»  qut  régnait  algrs  ei  q^ui  sp 
conduisait  avec  une  excessive  sévérité.. Prpcùlu?  ^pour 
s'assurer  I empire,  fit  prendre,  sur%-chwip,.Ifes  âmes 
4  deux  mille  de  ses  esclaves  ;  il  parvint  bientôt,. à  Vaide 
de  KS  complices,  à  gagner  toute  l'armée.  Peadant  $on 
usurpation ,  il  se  rendit  utile  aux ,  Qaulois  ;  car  ,  s  ei^ 
tenant  toujou/3^^Ja  petite  guerre,  il  finit  par  tripmpher 
avec  gbire  dj^  Allera^inds  qv^  p9rtaiept  enqorQ  le  nom  d^ 
Germains  et  qui;  avaient  env£^i\une  partie  des  Gauleç« 
Cependant  il  ne  sut  pas  se  piaintimiî  dans  le  ran^g  que 
le  hasard  jui  avait  procuré  :. les  déb|tuches  auxquelles  il 
ne  cessait  dcse  livrer  devaient  iiécessairen^ent  précipitef 
s^  dmte  ;  dans  son  ayeuglemient;,  il  s*était  flatté  de  faitjp 
son  coUègue  à  Tempire ,  de  son  fils ,  qui  se, nommait 
Bërennianus ,  dès  que  cet  enfant  aurait  atteint  sa  cin** 
guiéme  année..  Promus  ne  lui  donna  pas  le  temps  d'acr* 
complir  ce  dessein,  il  lui  tiVra  bataille  et  le  vainquit* 
ÎL'usurpateur  ayaqt  ppîs  la  fuite  chercha  en  vaîn'urie  re- 
traite chez  les'Fjâncs ,  donl  il  prétendait  tirer  son  ori- 


I 


■«waiMH 


(i)   Evirope ,  Aaréliiu   Victor  .  et  Vopiscas   lai^néoié  \  t^ié  éh 

jyoku  ).dii¥kBflnt  à  efiicpdfe  qiiej*ëlectîpn;de  P)foçnk«  pp)û^j^:Co'' 

togae ,  et  Créyier  a  adopte  cette  rersion.   Cependant  je  perçiste  à 

'croirt  que  sa  proclàmatioii  eut  Heu'  i.  Lyon  ,  ce  qui  tne  semble  ré- 

Imiter  îneontestal^leitieiit  du  ieite  -àe  Yophcns  oà  on  lit  (  i^  de 

JfroeaiuM  )  iJiortanHbu9  Lug^uneniHns,  >TUlem0iit.^  Histoita  des 

ILÊÊpereurs^  pUcç  à  Lyo|i  la  «cène  du  festin  et  de  la  partie  4e,je« 

if'échcca.  ISéur  tout  concilier ,  çn  pourrait  admettre  que  c'est  à  Lyoa 

que  Proculas  unûrpa  la  pourpre  i  ^t  que  6''e«t 'à  Cologne  quli  établi! 

le  si^e ,àt  §oa  '#DapÎM«'         -    i   f    '    '   '.  ^  -•     ■ 


(  3o8  > 
gîne  et  mr  lesquels  il  a!^^jaL\i  devoir  compter  ;  mais  ces 
peuples,  pour  qui  trahir  leur  foi  n*ëtait  alors  qu^un  ba- 
dinage  ,  le  livrèrent  à  son  ennemi  qui  ie  fit  mettre  k 
mort.  Sous  Dioclëtien,  les  descendans  de  IProculus  exis-^ 
taient  encore  et  disaient  en  plaisantant  qu'ils  n'auraient 
jamais  b  fantaisie  de   devenir  pirates  ou    empereurs 
(  siii  non    placere  esse    vel  principes    pel   lairones  )• 
Après  la  mort  de  Proculus ,  on  fit  à  Lyon  une  médaille 
où  la  tête  de  cet  aventurier  est  attadië  à  un  croc  ;  au-^ 
dessus  est  b  buste  de  Probus  devant  une  victoire  ;  on  y 
voit'  encore  les  lettres  P.  T«  qui  signifient  sans  doute 
Proculus  iyrumus  ;  Tautre  face  de   la  médaille  offre 
l'image  du'  génie  de  Lyon  tenant  d'une  main  une  corne 
d'abondance  et  de  l'autre  un  gouvernail.  La  gravure  de 
cette  médaille  dont  le  P.  Ménestriër  possédait  un  exem^ 
plaire  y  se  trouve  dans  'V  Histoire  consulaire  de  ce  savant 
jésufte  ,  page  142. 

Le  feuilleton  du  .Journal  des  Débais ^  en  rendant 
compte  9  il  y  a  quelques  jours ,  des  ouvrages  de  sculpture 
exposés  au  Louvre,  cite  un  buste  du  Tintorêt  commandé 
par  la  maison  du  Roi ,  exécuté  par  M.  Viettyj  statuaire^ 
qvi  commença  l'étude  de  ia  sculpture  à  nôtre  école^des 
beaux-arts. 

Le  critique ,  tout  en  reconnaissant  le  mérite  de  ce 
buste,  dit  que  Texpre^on  en  t&\. forcée.  Nous  apprenons 
qu'un  amateur  éclairé  de  notre  ville,  qui  a  vu  dansl'a^ 
telier  de  l'auteur ,  le  modèle  de  ce  marbre  ,  trouvant 
dans  cette  tète  pittoresque  et  dans  la  vive  expression  qui 
l'anime ,  une  savante  empreinte  du  génie  et  du  caractère 
extraordinaire  de  ce  peintre ,  qui  fut  surnommé  le  foudre 
de  la  peinture ,  se  propose  de  faire  l'acquisitioû  du  plâtroe 
pour  son  cabinet  particulier. 


-  (  309  .) 
La  Nymj^e  de  la  Siine ,  figare  en  marbre,  corn* 
iBandëe  pour  le  musée,  ^r  M.  le  chevalier  Rambaud^ 
préeédeni  maire  de  la  ville  de  Lyon,  fait  honneur  (dif 
le  même  journal  )  au  a'seaa  de  M.  Vietfy.  Nbûs  espérons 
jouir  bientôt  de  cette  production.  Le  dessin  que  possède 
M.  Charles  Rambaud,  donne  Tidée  la  plus  avantageuse. 
de  la  fiertë  jointe  à  la  grâce  qui  distingue  cette  statue. 

M.  Vietty  vient  de  soumettre  à  notre  conseil  munî-* 
ciçal  ,^  les  compositions  très-remarquables  qu'il  a  faites 
|K)Qr  les  Êiçades  de  la  place  de  Louis-Ie- Grand  ,  sur  la 
comniaiide  de  M.  le  maire.  11  est  aujourd'hui  du  petit 
nombre  des  artistes  français  qui  ,  affrontant  les  mode», 
corniptrices  9  conservent  les  traditions  classiques.  Les 
cfaels-d'œuYre  des  arts  et  de  la  littérature  che^  les  an- 
dens ,  pooi;  qui  il  est  passionne ,  en  lui  révélant  sa  voca- 
tion ,  Vont  constamment  dirigé  dans  tous  ses  travaux  :  ses 
moindres  productions  le  prouvent.  Aussi ,  sommes-nous 
bioi  convaincu ,  que  le  critique  du  Journal  des  DéiaÙ , 
s*est  trompé  d'adresse ,  en  donnant  à  notre  artiste ,  le 
oons^  de  ne  pas  peràre  de  çue  Us  anciens. 

{.Note  commumçuée.y 


BULLETIN  BIBLïOGRAPHIQtJEi 

...  r  f  » 

Cemdtûiians  sur  V arrêté  de  M.k  Préfet  du  Rhône ,  en 
date  du  9' avril  iSa/ ,  concernant  le  pliage  des  étofies,  ' 
par  MM.  Alexis  de  Jussieu  ^  avocat  à  la  cour  royale 
de  Paris ,  Odilon-Barrot  ,^  Edmond  Blanc ,  Isambert ,  ^ 
]U)2et.  avocats  aux  conseils  du  roi  et  à  là  cour  de 
cassation.  Lyon,  imprimerie  de  C*  Codue ,  1 828 ,  in-4*^ 
de  %Z  pages. 


(  5ib  ) 
noveim  fidnricoBS  Ab  eette  TUla  se  rebsent  à  Vtxéca^ 
tion  dé  l'arrêté  du  9  aVrtt  iS»;,  Les  mëmotret  compri» 
60U»  le  titre  qu'on  vient  de  lire  ,  sont  relatif  à  cette  affaûw  r 
pendante  en  ce  moment  deyant  lea  tribunaux. 


.1/ 
Mandement  de  Mgr.  f archevêque  âAmasie ,  admînis-,  ^ 

trateur  apostolique  du  diocèse  de  Lyon  et  de  Vienne  , 
pair  de  Frarice  ,  pour  le  carême  de  1828.  Lyon ,  im- 
primerie de  Rusand ,  in-4,®  de  x5  pages. 


AàfAlnistttUÎôn  du  dispensaire  de  Lyon.  —  'Règlement 
pbur  le  service  médical ,  délibéré  dans  les  séances  dtx 
cwiseil  d'adnhnistratton des  i5  mars,  5  avril,  10 pat  ,  * 
fl6  septembre  et  1 3  décembre  1827,  et  a#rêtë  dana. 
les  séances  Ai  30  décembre   iSaj  et  dii  a5  janvier 
ï828,  Lyon  ,  imprimerie  de  Louis  Perrin,  ^828  ^^ 
în-S.®  de  1 5  pages. 

ifolica  sur  EmQnd  Juger.  Lyon ,  imprimerie  de  J.  M« 
Barret ,  i8a8,  în-8.*  de  sSjpages. 

Tirage  Vpartetik  5o  eiiemplatreB  f'-de  ce^e  notice  in- 
sérée dans  les  \/frcAti'e5  du  hhSne  y  pag.  100-122  du  pré^ 
sent  volume.  L'auteur  (  M.  Pericaud  aîné ,  bibliothécaire 
d^,  la  ville  de  Lyon  )  a,  enrichi  cette  réimpression  de  plor- 
sieuxs  additions  dapf  le  texte  et  dans  les  notes. 


,     .  l    ..    : 


Quelques  tlfflexwns  sur  Tonli^tion  où  se  trouvent  ^ 

^sociétés  académique  4e  publier  leurs^  travaux^,  et  sur, 

Ui  manière  de  Ibs  publier  ^  lues  par  le  docteui;  jPaifii. 


(  ,3h  5 
^  Vacadëmie  de  Lyon  ,  dans  la  séance  du  9a  noyembve 
181-4.'  Lyon  ,*  imprmierie  de'X.  ftf.  Barret  9    1828  j;- 
în— 8^  de  8  pages.-  •    • 

Tirage  à  part  de  ce  mémoire  insërë  pag.  iaa-127  de  ce 


>  ) . 


j   > 


Noiice  historique  sur  le  collège  royal  de  Lyon  ,  d'après 
les  docamens  kistoriqiies  et  les  pièces  originales  (  ex-* 
Uaile  da  tooie  Vil  (pag^  lf^7•^l40)  des  AkckipésL 
hisieriqtus  ei  sl^iisiifue^  À  àip^rlemeat  du  JBAômt^). 
Jjfem  j  xm^imerie   de  J%  VL  Bacret  ,  1S28  ^  m*  8.^ 
de  31  pages; 

Cette  brochure  oà'nê  se' trouVe  pas ,  comme  dans  les 
Aré^veâ\  la  signature  de  P&atear  (  F.  J.  Rabauis ,  aggrég^ 
professeur  de  r1iëtorii)[ae  )r  Lyon  )  i  n*a  éié  tirée,  qu'à 
tië»-fe6t  ntmbi^. 

Dissertation  sur  f  origine  des  étrennes\  par  Jacob  Spon  9 
nouvelle  édition  ,  avec  des  notes  ,  par  M.*** ,  des  aca- 
dëmMS  de  Lyon  9  Dijon  y  etd  Lyon  ,  imprimerie 
de  L  M.  Barret ,  1 8!i9 ,  in-8.  de  ai  pages. 


f       *         s      '^  ^    1    é^     »     •       »  . 


Tirage  à  part  et  à  petit  nombre  ^  de  c^ftte  di^sertaljoi^ 
îuserée  ci-dessns  ,  pag.  i6i-i85.  La  réimpression  contient 
^elqnes  corrections  et  quelques  nouyelles  notes. 


i ,  ,  .   < 


Noiici  sur   J.B.J.  Boscary  de  Fdiepùline.  Lyon  9 
imprimerie  de  J«  M»  Barret  «^  iflaS*,  in«6.  dé  19  pag. 

Tirage  ^*  part  c^*  cette  nôtiée  in^ér^e  pag.  'ij^-210  de 
te  roiamev  Site  éét  signée  Z  et  contient  qué^nes  a<ï.(Iitiont 
dbu  fea-notea^    '  '  - 


'l'Abeille  françùise  ^  ou  Archives  de  la  jeunes^ ,  etc. 
Lyon ,  Louet ,  place  du  Plâtre ,  n.""  14*  N.^  a-i8a8» 
in-ti.  pag.  90-173. 


Le  n.^  n'est  ni  moins  ymé^  ni  moins  intifressant 
le  premier  dont  nous  ayons  rendu   compte  ci-dessus  ^ 
pag.  a55« 


'ExposUion  iune  noupette  méthode  expirimenÊûie  applî-- 
qnëe  à  l'enseignement  populaire  dés  sciences  indus* 
trielles ,  et  désignée  sous  le  nom  de  méthode  manuelle  y 
et  considérations  sur  Tétat  actuel  de  cet  enseignement 
en  France ,  et  sur  Tinfluence  que  l'adoption  de  la  m^ 

'  thode  manuelle*  doit  avoir  sur  les  progrès  des  arts  et 
des  manufactures ,  p^  Hei^  Tabareau ,  ancien  ca- 
pitaine de  génie  et  élève  de  l'école,  polytechnique  »; 
directeur  et  professeur  de  TéocJe  d*arts  et  métiers  ^ 
fondée  à  Lyon  par  le  major-général .  Martin.  Lyon  ^ 
Louis  Perrin  ,  1 8a8  ,  în-8,^  de  40  pages. 

t^'est  une  espèce  d'introduction  \  un  cours  que  proleste 
M*  Tabareau  à  Técole  provisoire  delà  Martînièrt,  établie 
an  palais  des  arts  9  et  dont  l'ouverture  a  eu  lieu  le  28  de 
ce  mois  (février  i8a8). 


Hé  la  HicessUi  de  fensetgnemeni  scientifique  de  fagri^ 
cuUate  9  diteotiré  prononcé  dans  la  séance  publique 
de  la  société  royale  d'àgricvdture,  histoire  naturelle 
et  arts  utiles  de  Lyon ,  le  Si  août  1827 ,  par  M» 
Prunelle  ,  président  de^  la  société ,  membre  de  Taca*-) 
demie  royale  des  sciences  »  belles-lettres  et  arts ,  de 


(3iS) 
la  sociëlé  de  mëâedne  et  du  comitë  grec  de  hytin; 
Lyon  ,  ixnjprimerie  de  J.  M*  Barret  ^  1 828  ,  in-B. 
de  16  pages. 


Caiatogue  des  Ut^res  proçenani  en  partie  de  la  bibliù-- 

ihèque  de  feu  M.S.*^  (Souchay)  ,  membre  de  Taca- 

démie  des  sciences  et  arts  de  la  ville  de  Lyon  ,  dont 

la  ^enle  aura  lieu  le  lundi  9  10  mars  ,  et  jours  sui- 

irans  9  dans  la  sall^  des  Tentes ,  passage  de  la  maison 

Tolocaii  9  place  du  Plâtre....,  Lyon ,  J.  M.  Barret  9 

1 8aS  9  in-9.*  de  5o  pages. 

•  M.  Sonchay  9  ancien  directeur  honoraire  de  rtfoole  de 
dessin  de  L jon  9  associé  de  l'acadëmie  de  cette  Tille  y 
âèTe  partîcnlier  de  M.  Coffin  ,  et  dont  on  prétend  que 
Fabricins  -parle  *  dans  sa  bibliothèque  latine  comme  d*aa 
aaTant  communicatif  et  modeste  (i)  ^  possédait  une  biblvc^ 
thèqne  nombreuse,  ricbe  en  lÎTres  classiques  et  en  éditions 
rares.  U  mojMut  en  1807 ,  et  la  majeure  partie  de  sa  bi- 
bliothèque ft|t  Tendue  à  l'enchère  au  mois  de  décembre 
de  la  même  année.  Le  nouTcau  catalogue  se  compose  de 
lÎTres  qui  furent  retirés  de  cette  Tente  et  d'autres  qui 
STaient  été  conservés  par  la  famille ,  auxquels  oh  en  a 
sjouté  nn  certain  nombre  proTcnant  d'ailleurs. 

Ce  catalogue  n'est  pas  fait  avec  le  même  soin  que  celui 
qui  bit  dressé  lors  de  la  première  Tente  par  feu  M.  Rajnal  9 
objet  des  regrets  de  tous  les  bibllopbîles  de  Ljon  9  et  qui 
n*a  pas  encore  été  remplacé  \  mais  on  7  trouTC  une  asse^ 
grande  quantité  d'articles  précieux  et  întéressans  que  les 
Amateurs  sauront  bien  7  découTrir. 

(1)  Hoas  n'aTODs  pa  retrouver  le  passage  où  Fabricius  îaXX  ce^ 
Aoge  mérite  de  notre  compatriote.  Feu  M.  Bëreng^  «  de  Facad^niie' 
étl^imf  4CaitfiMdr0'^llt*8o«efa*y.  ^ 


(  3i4"  ) 

Catalogue  des  Ihres  de  là  bibliothèque  de  feu  M.  A.  \A^ 
Barbier  y' cheyaiïieT  de  IWflre' rbyâl  de  la  Lëgioti 
d'honneur ,  ex*administrateur  des  bibliothèques  par-- 
ticulières  du  roi  et  ex-bîbtiothëcaire  du  conseil  d*ëtat  ^ 
dont  la  vente  se  fera  le  25  février  et  jours  suivans ,  è 
six  heures  de  relevëe ,  rue  des  ^ons-flnfans.i  n-^  3o« 
Paris ,  Barrois  et  Renpu ,  1828 ,  in-8«  de  yi  et  i36  p. 

NoQS  ne  mentionnons  iei  ce  riche  catalogue  de  la  biblio- 
thèque (Fan  bomn^e  de  lettres  distioenë  dont  nous  dëpkNrons 
la  perte  encore  nëcenté  (1)4  que  parce  qu'il  contient  des 
articles  qui  ont  droit  d'întëresser  particnlièreçicnt  les 
Lyonnais.  On  j  remai^ue ,  en  eâet  y  plusieurs  livres  im- 
primes ,  relatils  à  la  ville  de  lijon ,  ou  enrichis  dfanno- 
tatîoDs  manuscrites  du  célèbre  bibliographe  -Mercier  die  « 
Saint-Léger  9  né^:  comme  on  le'isait,  dans  cette  ville  ^  et 
piuAtettrs  manuscrits  autographes,  du  même  saipant  et  de 
quelques;  autres  t  qui  ont  aussi  rappoirt  à  notre  Jocalitëb 
lions  nous  ooatenteroiis  d'indiquer  lea  articles  qui  suivent  1  • 

«  281.  Discours  sur  influence  des  lois  sur  le  commerce, 
prononcé  en  1767  en  Thfttel  de  tille  de  Lyon  ,  par  L.  T.  * 
Hérissant....  in-4.®  Manuscrit, 

674.  Poljrmachie  des.  marmitons  ,  ou  la  Gendarmerie  du 

pape.  Lyon ,    i565  ».  in-4.^  grand  papier  vélin^ 

Edition  renouvelée  ,   tir^e  à  loo  exemplaires.   Il  n'en  a  été  tiré 
que  10  exemplaires  en  grand  papier  vëlin. 

1541.  Recherches  sur  les  imprimeurs  et  libraires  de 
L^on  9  et  sur  les  éditions  du  XV.^  siècle  qui  existaient 
en  1779  dans  les  bibliothèques  de  cette  vUie  et  dai^s  plu- 
sieurs ^  autres  bibliothèques.  Manuscrit  autographe  deMeT'* 
cier  de  Saint^Leger  ,  contenant  plusieurs  lettres  auto* 
graphes  de  savans  Lyonnais  et  autres.  Un  carton  in-4« 


T* 


{i)  M«'  A.  A.  BaxJ)icr  eai  mpii  à  Paris  le  {r  dMHslirs  s$a$« 


f  3i5  y 

tS79»  IX^ce  sur  Ja  «ie  et  les  écrits  de  Mercier  de 
SmU-héger  ,  par  Chardon  de  k  Rochette.  Patis  <  an  VIL 
Afte  noiiBs  criiûpics  et  manuscriies»  ««•  Notice  sar  le  mâxne  9 
far  M»  A.  A.  Barbier.  in-S.®  br, 

ir)94-  Catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de 
\j%m  9  par  Delandine.  I^àn  ,  1811 ,  7  roU  ia-8  (1). 

Arec  on*  lellne  autographe  4e  Delaadiae. 

1788*  l*e8  Ljonnois  dignes  de  mémoire,  par  Pemetti. 

A^cc  Y>eaucoup  de  ootes  et  addilioos  manuicritea  de  L.  T.  Hërissant» 
1808.  Traj  pourtraict  de  la  irie  de  E.  Auger  (  jésuite  )  9 
cïoiifesspnr  de  Charles  IX  et  de  Henri  HI,  et  quelques-unes 
de  ses  lettres  ,  par  le  P.  Baillj.  in-4*^  maniucriL 

Od  ftronre  en  télé  du  yolume   dea  iastniotioDs  pour  rioupression 
de   roorra^.  Ce  feuillet  signe  par   1*  auteur  est  autographe.  Voyea    ' 
DicU  Jes  JÊnottymei  r  tûatié   IV,  pm^.  198  ,*-  wAm  Au^êf^  «  •  t 

A  la  suite  de  ce  catalogue' est  «ne  liste  de  lettres  mmi^ 
tograpliespar.ordnaalpbalMftiqfedeS  ngms  deleura  autenrs*^ 
On  y  '▼oît  fignrer  MM.  Clayier ,  Delandine ,  le  comte  de 
Yteuiieu-^v  Gandin  ,  oratorien  ,  Lémontey ,  Môngez  ,  biblio* 
A^caîre  de  facadémie  de  Ljon  ,  Morellet  ,  Mçrci^r  de 
Smt-Léger,  etc. 


JLLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  FÉVRIER  i8a8. 


*^*  7.  — '  Le  cercle .  littéraire  de  Lyon  a'  admis  a« 
aoiplire  de  ses  membses  ordinaires  MM«  Chappuis-Montla» 
Till^  jet  J.  Morin.  ... 

il        ■    Il       ■     ■■  I.       }  \»    '  > ■  I    i|  ■ 

<|l)  Il  j  a  ici  arrevir  «  la  Catalpgne  daa  «MOUfpiâ^  4e  la  biblio- 
Ihè^ae  de  Lyon  n'a  ^a^  trois^  volumes  }  les  ,quatr^  autre»  Tolume^ 
apportieiiiient  sans  doute  au  Catalogue  des  livres  imprimas  de  la 
biblSotAèqde  *,  par  le  'même'  auteur  ,  'dont  il  y  en  a  deux 
ks  ^Mk^hthres  y  >d^ut  po«tf  Vfûdoirt  et  uo  pour  le  thédtrts 


(3i6) 

\^  8.  -^  LWtreprlse  du  pont  de  la  gâte  et  àa  port  mn 
plan  de  Vaise  ,  a  éié  adjagëe.  à  ane  compagnie  repi^ësent^ 
p«r  M.  le  baron  Nivière  et  MM.  Goste ,  Joumel ,  Laabreaax^ 
Turm  aînécet  Saint- Olive.  Cette  compagnie  a  dans  sa  son» 
nissîon  fixe  la  dorëe  de  la  perception  da  pëage  sur  le  pont 
a  98  ans  et  6  mois.  D'après  le  cahier  des  chaînes  ,  le 
pëage  dû  pour  station  dans  la  gare  et  aa  port  est  coBoédé 
b' perpëtoité. 

*¥^  9.  — -  Une  ordonnance  da  roi  du  27  janyier  der- 
nier ,  insërée  au  Bulletin  des  lois  ,  n.^  de  ce  jour  9  contre^- 
flîgnëe  par  M.  l'évéque  d'Hermopolis  p  autorise  ,  en  ex^ 
cution  de  la  loi  du  14  mai  iSsS  ,  la  communauté  des 
«œurs  de  St.  Charles  établie  à  Sainte-Foy-lès-Lyon  ,  dKpi 
tement  du  Rhône. 


%^  II.  •—  La  cour  royale  a  procédé  au  tirage  au  sort 
des  jurés  appelés  à  siéger  li  la  prochaine  session  des 
assises.  Le  sort  a  ^signé  les  pers<mnes  ci-^près  : 

Jurés.  MM.  Houillon  (Amédée  Barthélemi),  I^rom^ 
Çleney  (Jean  Pierre)  ,  id,  ^  Goumand  (  Pîenre  Louis  }  y 
iV.  ;  Martin  (  Antoine  ) ,  û£.  ;  Gantin  (  Antoine  Charles  )  »  mL  ; 
Goubayon  (Gilbert), if?,  j  Saint-Didier  (Jeau  Antoine)  9 
id,  ;  Saquin  (  Jean  )jid,'j  Rabousset  (  Amédée },  id»^ 
Joly  clerc  (  Jean  Guy)  ,  id,  ^  Cazenoye  (Arthur  Paul  Théo- 
phile )  ,  id.i  Penet  (  Marie  Bertrand)  id.  ;  Sévelinges  fib 
(Victor),  Deiùcff*^  de  Tricaud  (Pierre  Aimé  Adolphe) 
JLyon  ;  Raymond  (Hugues),  Dardilly  %  Mollard  (Jean 
Bapti&te  Clément  ),  Lyon;  Grailhe  de  Montaima  fils  (Jean 
Baptiste  Alexandre  )  ,  id.  ;  Freydîer  Dubreuil  (  Jacques' 
Marie),  id,'^  Michel  (  Antoine  François)  ,  S£*C^  ;  La- 
■verrière  (Claude  ) ,  Ckamay  ;  Chappet  (Prosper  ),  l^oni 
Forest  (  Etienne  )  ,  tes  Massues  ;  kjnntA  (  Alphée  Marie  ),^ 
J/jron;  Fond  (Jean  Antoine),  Condriàik  ;  Carret  (An- 
toiae  )  ,  Courzieux  ;  Càn^ichon  (  Antoine  )  ,  Blacé  ;  Gaffa- 
rel  (Aimé  François) ,  Lyon  ;  MiatheTon  (Jacques)  ^id*i 


(  317  ') 
liriOB  (Clandft  Marie  ) ,  id.  ;  Terrât  fik  f  Jean  Antoine)  , 

m.  i  Comte  (  Jacques  )  y  la  Guillotière  ;  Comballot  neveu. 
^Lonis,  id.  ;  Corbillj  (Jean  Louig  Philibert)»  l^on^ 
Ibitiii  (  Oatide  Alexandre  )  ^id.  ;  Labeaànie'  de  Plutînêl 
(dlényeaft  Avgaste  Séraphin  )  ,  id.  ;  Mondedert  (  Claude 
loàm  )>  id. 
Jftrrs  supplémentaires»  Toumu  fils  (  Pierre  ) ,   L^on  ; 

t&dhmrA  (  Joseph  Henri  )  \  id,  ;    Totiy  (Charles  Antoine)  ^ 

M«  ;  llxesca  (Laurent  Félix)  ^  idi 

^^  XI*  —  M.  XftTÎerde  .Rnotx.  «^  fntdon  aux  archive;» •do- 

W  TiBe  d'an  modaillDn  représentant  François  de  Maudeiot  ^ 

j^bvvemev  de  Ljcfi  en.i&7tr  et  années  suivantes;  I/orîg«-^ 

Ji^  de  ce  médaillon  eibtanetenite  ,  qui  est  la  pfopriét^  de 

■adaoae  de  J&uok  ^  née  die  Mandebt  ypasae  dans  la  faoïiJla 

4e  cette  dame  ,  pour  'être-  l'ouvrage  de  Jean  Goujon  ,    le 

éestenrateoR  de  la  sculpture   en  France  ;  ipais  cotame  il 

porte  an  bas  la  date  de  1577  «  il  ne  peut  être  de  ce  célèbre 

àcoifileur  qoi ,  caBome  on  le  sait  «  fut ,.  en  1672 ,  une  des 

tietimea  de  la  St«   Barthélemî,  k  Pana.  Ce  n'en  est  |)as 

aipins-vn  'moreevi  pnécîeaii  et'  fort  bieifc,  exécuté/  Noos 

éspâiODS    panvoir   enrichir  bientôt  notre  recueil   d'une 

eapie:iithagraphiée  de  ce  pcurtrait  qui  sera  placée  àvt^e^ 

lant  dfone  notîeo  sur  François  de  Mandeiotr   : 

*^  la.  — -  Séance  publique  de  raca4énHe  royale  dea 
icioicea  9  belles-lettrea  et  arts  de  Lyon.  .M.  Bredin  ^  di- 
recteur de  l'école  vétérinaire  9  président  ^  a  ouvert  la 
séance  par  an  diseoars  «•  oèi ,  apris  des  considérations 
génénk^  aur  lea  sciences  ,  lenr  but ,'  leur  objet ,  leurs 
progrès  9  11  a  analysé  les  demiei^  travaux  de  l'acadéàiie; 
Ce  compte  rendu  diffère  de  ceux  qui  l'ont  précédé  9  en  un 
point  remarquable  ,  c'est  qu'aucun  académicien  q'y  est 
Ibaé  DÎ  même  nommé.  M.  Bredin  s'est  contenté  d'indiquer 
te  titre  et  d'offrir  un  court  extrait  ^e  chacun  des  ouvrages 
fui  ont  el^laa  01^  çomp^uniqué^  dan^  le  cours  de  l'anné»» 


.(  3î8  ) 
Cj^Bï  ane  inuoTtttioit  dans  les  ^usages  acaii4^hpiea#;|^  OnMll* 
perret  a  prononcé  son  discours  de  réception  ;  il  4  entne^M 
rasséiublëe  de  l'hisloire  de  Tinstraction  pufaliquç  en  Erançe* 
On  sent  qa'il  n'a  pu  embrasser  un  sujet  si  Tasle  dans  tautm 
•son  étendue  ,  et  qu'il  ^a  été  fiurcé  de  se  .i«afeipui«r  dan^ 
les  étroites  limites  que  le  temps  et  le  lieu  lai  prescjÎTakat- 
Il  a  présenté  un  tablçau,  et  non  un  plan  régulier  et  ««in* 
plet  M*  Grognier  a  lu  ensuite  des  considératiovs  sur  hë 
animaux  domestiques,  où  il. s'est  principalement. ftUdi^ 
)i  démontrer  que  les  dix  on  douze  espèces  d'animaux  qua- 
drupèdes soumis  k  VempiiB  de  l'^nine  l'ont -été -depuis  le 
pMamenCemant  du  .moftde  ^  que  ies  races  «auvagés  sont 
échappées  des  étables  et  des>  éourics  j  qn'aQc«iii»de.eeê 
vaces  n'est  suaccptible.de  renfrcr:dans  l^Ànl  «de  doUeslU 
cité ,  à  moins  qu'eUe  ne  soife  dn  àomtme  êe  oèHm^'^fA 
ont  rinstinot  de  la  sociabilité  et  qui  Ttvent  véwaiies  ém  ewfê 
et  en  société, dans  les  forêts  (i).  La  séance  a  étéiemnaét 
par  un  rapport  lu  par  M*  Tabareau  9m  nom  d^une  euMmii»^ 
sion,  Bov  une  âuTention  de  "M.  Guig^  ,  mécimMcm  (%)( 
Cette  intention  consistant  en  «n  mëeanisitoe  kîgéniéUtt  ^  ptf 
le  mojcen  duquel  le  métièi^à  tisser  ies  élaffieiti'de  ««i«F  s^av^ 
réte  de  lui-même  à  chaque  fttnx  ttMuyement  ée  Tourner  ^ 
capable  d'occasionev  un  dëfo«t:daBS  la  iabricKtioiEi  9  avala 
à  son  auteur  1^  prix  d'eDCDttragem6ntKa#M parie  due  dé 
Plaisance  pour  le  perfectionnement  de  ^industrie  ))rpn- 
tiafse.  La  médaiHe  sera  reoiise  à  M.  %uigo  ^ns  la  pro- 
chaine séance  pubfique.  ^    ^    <■     •  -  «    •  ♦ 

♦  ■  *  > 

\*  ao,  — -  M«  4e.LeuilIpn..  de.  Thoiiifnjr^  avfcat^  et 
M,  Lajat  fili^,  Lucien  substitut. du. ^tacureur  du  roi  pfès 
le  tribunal  .de  première  distance  de  tfantua^  aonimés 


•JW^ÉhM*Mli^tMM<Mrta 


(1)  M.  Grognier  a  donne  dans  le'  feuilleton  de  1^  Game((e ^uniftr* 
êeUe  de  J/fon  du  29  férrier  ^  un  extrait  de  soii  disrourg. 
•  (a)  Le  rapport  de  M. 'Tabareau  a  éiè  depuis  insère  daQ#   le  Pré- 
çuneur ,  a.«  dn  sS  férrier ,  a  tiré  à  part,  itt-S>  de  i5  pagei.' 


(■319) 
aiîdltenn  'au  tfOiànstl  ite  preoati^  iâstancis  de'  Ljron 

ont  été  installas   dans  leurs  fonctioos,  après  avoir  prêté 
fcerinefit  deiusintla  cour  royale. 


>   t 


\^  %u  >«— 'Passait  <k<L]f^i» de- M.  Stralfbrt  €atiflibg ,  aiu- 
bassadeor  du  roî  d'Angleterre  près  la  Porte  Ottomane  y 
aeloomantii  i^ndi^s.' 

\*  24.  -^  Installation  de  Hï.  Tabb^  Pater  comme  curé  de, 
\a  paroUsè  cie  Vàîse',  par  M.'  ChôIleWn  ,  yicaire-gj^ndral  da 
t^arctiCTêcW  de  Xyon. 


•  %♦'!»•  '^  On  a  tirante  ^nn^Ati  fottdatiotiï  de  la'faibade 
de4*aiieîeti  'gMlid'Aii^ltre  soids  té  jamiisge  de  gancM*  de  la 
^orle' principale,  BiKl^enti^S'  pièces  de  mouÀaîe  et  ttnè 
plaqué  en  enivre*  #ur  laquelle  est  graTëe"  ^inscription  sui- 
vante!* '••"..•:.      r     :  .  •  .    •        ...        ... 

.     .  M  .-  Menai XV ;u?a^AiiT:       .      ;  . 

i  .     %/^Jii  «I  AAQHèT  :v  BÛUteR  y  ISGIGv'  !]!£  i*    « 

,  «OR0£T  Ua  dlLBld  V ''UEVOff  |>Ba    r 

1   ,  iudiciib49tia .    •  .  '. 

nOBLE  J«  F«  GE9ETE  ,  I  .^''  XOHfiTlil         >  • 
lOBLE  Q^  ÇHASipBUiO.OÛIi^/'^  DC^^OY  EN  LA  JUBISOICTIOIT 
DES  TRAITTES  .FORAINES  DE  LYON  a.*  ECHEVIN 
NOBLE  J.^  LE  ROT  SEIG.'  DTT  MOLARD  ATOtAT  EK 
PARLEMENT  CONS/'  DU  ROY  ET   FROGUBEUR  DE 
S.  H.   A1TX  SIIÊGES  DE  L'ÉLECTION  DE  LYON   ET  DE  LA 
VAÎTRISE  ÛBS  KAIJX  ET  PORBT^'  110  LYONNOIS'  i é"^  tCWff  ITH 
'     ''  JBOBLE  r.  CLAl^Eafi  4^.^HE7IN 

ONT  POSÉ  LA   PREMIÈRE  PI£RRE.#DE  CE  nOUtlUB  qtflllM 
ONT  FAIT  CONSTRUIRE  SUR  LES  DESSEINS   ET    SOUS  LA 
CONDUITE  DE  J.  G.  SOUFFLOT  ARCHITECTE  DU   ROY 

LE  17  OCTOBRE '1754* 


<    320  ) 

Ào  dos  de  cette  plaqae  on  lit  le  nom  de  l'entrepreneair' 
qui  s'appelait  Etienne  Gaillard.  Les  différentes  pièces  d^ 
monnaie  dont  nons  avons  parlé  étaient  an  nombre  de  neuf  ^ 
saroir  six  pièces  de  six  sons  et  une  de  vingt- quatre  soas  ^ 
nn  écu  de  trois  livres  et  an  de  six  livres  y  le  tout  à  Teffigio 
de  Loais  XY. 

La  découverte  dont  nons  venons  de  rendre  compte  n'es^ 
pas  la  seule  à  laquelle  ait  donné  lieu  la  démolition  do. 
monument  de  Soufflet  j  on  a  encore  trouvé  et  mis  entier 
rement  à  découvert  9  en  creusant  les  .fondations  de  Jbt 
façade  du  nouveau  théâtre ,  le  bassin  du  canal  constnxift 
dans  le  16'  siècle  pour  communiquer  du. ^6ne  à  la  SaAne  ^ 
et  dont  le  comblement  est  Torigine  du  nom  donnif  à  tm. 
place  des  Terreaiuc.  Ce  canal  qui  ocoapa.it  un  peu  plus  cte 
tout  Tavant-corps  de  la  façade  démolie ,  avBÎt  92  mètre* 
70  centimètres  de  large  ,  et  ses  murs  de  soutènement  9  ^ 
mètres  environ  d'épaisseur.  C'est  à  rimpradence  qu'on  « 
eue  d'utiliser  ces  murs  qu'on  doit  attribuer  les  nombreuses 
lésardes  et  les  surplombs  qu'on  veaààr^àit  sur  toutes  les 
façades  du  vieux  théâtre.  Ces  méhntfs  mntê  se  prolongent 
sous  l'hètei  de  ville  :  c'est  encore  la  même  'oibse  qai 
explique  la  dislocation  et  k  surplomb  de  I»  façade  de  la 
rue  Puits-Gaillot ,  et  celle  du  midi  de  la  grande  cour  dm 
ee  beau  monument. 

(  Gméiie  wUv.  de  Lyon  )•  '   ' 

■  iM.  1   I    ■     ■      ■       '        Il     I    '    <   ■    i  w       ■  icaay:=^ 

ERRATA. 

Page  264  f  ligne  ao  9  quelles ,  lizez  :  auxquelles. 
Page  !i86 ,  ligne  17,  confiandani^  lùûz  :  confond  ;  ligne 
<8|  feignant,  iiêez  :  feint 


(321     ) 

* 

STATISTIQUE. 

EsSi»  HISTORIQUES  SUT  la  TÎlle  de  Lyon  i  oa  descriptiofi  par  ordre 
alphabëtiqae  deft  ijoartiefs,  places,  rues  et  monumens  de  cette 

.    (  IV.*  Article  ). 

ÂACHBvicai  (pont  de  T)*  Voy.  Pokïs* 

AACBSvicHi  (  rue  de  \  ),  Elle  aboutit  de  là  place  St-^ 
Jean  â  celle  de  'Montazet  •  au  dëbouchë  occidental  du 
poat  de  Tarcheyéchë  :  son  nom  lui  vient  du  palais  ar-* 
diiépîsoopal  qui  y  prend  sa  principale  entrée  ;  dans  le 
recensement ,  on  lui  donne  1 1  maisons ,  60  ménages  ^ 
une  population  de  2S0  individus-,  a  ateliers  et  9  métiers 
d'^loffes  de  soie. 

palais  archiépiscopal ,  demeure  des  archevêques  (i). 


(1)  L'archevêché  de  Lyon  est  regardé  comme  lé  premier 
sii^e  des  Gaules  ^  prima  sedes  Gatliarum*  L*égUse  romaine 
loi  avait  accordé  un  droit  de  primatie  9   c'est-à-dire  une 
sapénoriié  de  juridiction ,  laquelle   a  été  plasieurs  fois  9 
mais  loQJoars  en  vain ,  contestée  ,  sur  tous  les  autres  évé-« 
chés   et  archevêchés  de   France    qui  faisaient  partie  de 
Tanciemie  Gaole    celtiqae  ou  lyonnaise.    Le  premier  des 
prélats  qui  ait  occupé  ce  siège,  est  S.  Pothin  ,  grec  de 
■aissance ,  disciple  de  S.  Polycarpe  et  martyr  sous  Pem- 
pire  de  Harc-Aurèlé.  Le  second  est  le  célèbre  S.  Irénée. 
Ce  n'est  qu'à   compter   d'Aurélien  ,  le    quarante-siiième 
dfentre  eux  ,  qu'ils  ont  pris' le  titre  d*archevéques  ,  ils  n'a- 
vaient auparavant  que  celui  d'évêques'.  Leur  nombre  s'élève 

Tome  VIL  ai 


Vr 


(    322   ) 

â  ëtë  construit  dans  le  quinzième  siècle ,  par  le  cardinal 
Charles  de  Bourbon ,  archevêque  de  Lyon ,  sur  les  ruine» 
d'un  autre  palais  qui ,  suivant  quelques  auteurs ,  remon- 
tait au  temps  de  temps  de  Charlemagne.  Le  cardinal  de 
Tpncin  ,  qui  occupa  plus  tard  le  même  siège  ,  le  fit  res- 
taurer sur  les  dessins  de  SoulHot  ;  mais  le  gënie  de  ce' 
célèbre  architecte  ,  soit  que  le  temps ,  soit  que  Targent 
lui  ait  manque ,  n'a  pu  donner  une  forme  régulière  à 
cet  assemblage  disparate  de  constructions  de  divers  âges« 
On  a  détaché  de  cet  édifice  et  démoli ,  au  commence- 
ment de  la  révolution ,  une  galerie  par  laquelle  il  se 
prolongeait  au  midi  et'  qui  était  supportée  par  une  voûte  , 
appuyée,  d'un  côté,  sur  le  principal  corps  de  bâtiment,  et 
dQ  l'autre  sur  la  maison  qui  fait  actuellement  l'angle  de 
la  riie  de  l'archevêché  èl  de  la  place  Montézet. 

à  ii6  ou  117,  parmi  lesquels  il  en   est  plusieurs  qai  se 
sont  distingués  par  de  grands  talens  ou  de  hautes  vertas  , 
tels  que  S.  Just ,  S.  Ëucher,  S.  Nîzier ,  Leydrade  ^   Ago-> 
bard,  S.  Jubiu ,  le  cardinal  de  Bourbon,  le  cardinal  de 
Touruon  ,  Antoine  d'Albon  ,  Malvin  de  Moatazet  ^  etc.  Du 
cinzième  au  quatorzième  siècle ,  Tau torî té  temporelle  résida 
dans  les   mains  des  archevêques  de   Lvon  :  ils  n*j  renon- 
cèrent que  vers  i3i2,  sous  le  règne  de  PhîHppe-Ie-Bel  , 
qui  fit  rentrer  la  ville  sous  la  domination  royale  ,  d'où  elle 
n'est  plus  sortie  jusqu'^  nos  jours ,  si  ce  n*est  dans    de» 
momeus  de  trouble.  Les  limites  du  diocèse  ont  Tarie    de- 
puis la  révolution  :   il  ne  comprend  aujourd'hui  que   les 
dépanemens  du  Rhône  et  de  la  Loire  ,  celui  de  TAin  en 
ayant  été  récemment  distrait.  Le  titulaire  actuel  est  Mgr. 
Joseph  Fesch,  oncle  maternel  de  Napoléon;  mais,  attendu 
son  absence,  le   diocèse  est   administré  par  Mgr.    Jean- 
Paul   Gaston   de    Pios ,   archevêque  d'Amasie  in  partibus 
infidelium  9  pair  de  France.  B* 


(  SaS  ) 

L*int^irieuf  àû  palais  archiépiscopal  répond  mieux  qy^ 

rexiérieur  à  l'idée  qu'on  se  forme  d'une  semblable  rësi*^ 

dence.  Les  appartemens  y  sont  assez  bien  distribués  ,  et 

l'on  y  remarque  quelques  pièces  qui  seraient  fort  belles  ^ 

M  le  mode  d^ornemens  employés  à  leur  décoration  ne 

rappelait  trop  un  siècle  qui  n*a  rien  produit  dans  les  arts 

qm  ne  fiit  entaché  de  mauvais  goût  (i).  Les  croisées 

des  pTÎndpaax  appartemens  ont  leur  vue  sur  la  Saône  ^ 

dont  l'aspect  fécréatif  et  varié  n  est  pas  un  des  moindres 

agrànens  de  cette  habitation. 

L'archevêché  prend  son  entrée  par  la  rue  à  laquelle 
ii  a  donné  son  nom ,  et  du  cAté  de  laquelle  il  se  lie  au 
Itttiment  neuf  de  la  Manécanterie  :  deux  portails  uni*" 
fonneS)  construits  sur  les  dessins  de  Soufflot^  aux  deux 
angles  nord  et  nord-ouest  d'une  vaste  cour  cariée ,  con- 
doisent,  Vun,  dans  les  appartemens^  et  l'autre^  à  l'église 
cathédrale.  La  cour  dont  nous  parlons  était  autrefois 
fermée  par  une  grille  en  fer»  d'un  bel  effet ,  dont  Tar-" 
ehltede  Morand  avait  fourni  le  dessin. 

La  salle  dite  des  pas  perdus ,  la  première  qu'on  trouve 
en  montant  le  premier  escalier  ^  et  qui  forme  9  en  quel-* 
que  sorte  9  le  vestibule  des  différentes  pièces  de  Taile  du 
bàûment  donnant  sur  le  quai  et  sur  la  place  Montazet, 
est  tnne  des  plus  vastes  qui  soient  à  Lyon«  C'est  dans 
9m  enceinte  que  Mgr.  l'archevêque  d'Amasie ,  adminis-' 
frateur  apostolique  du  diocèse  de  Lyon^  a  tenu  en  1827^ 

■*  Il  I  11  III  11       ■  I  ,       Il  I   ■      ■ Il    ■      Wi  I       li> 

(i)  Le  siècle  de  Louis  XV«  On  sait  que  le  coryphée  de 
ce  siècle  ,  ce  Voltaire  si  renommé  pour  son  tact  délicat 
en  littérature ,  a  absolument  manqué  de  goût  et  fait  voii* 
une  grande  ignorance  ^  toutes  les  fois  qu'il  a  voulu  parlei* 
te  arts  et  des  artistes^  B« 


(3^4) 
un  synode  diocésain  anquel  ont  assisté  tous  les  cures  5 
desservans  et  officiers  ecclésiastiques  des  dëpartemens  du 
Rhône  et  de  la  Loire.  On  remarque  encore  la  salie  à 
manger  qui  est  éclairée  à  l'italienne,  par  un  dôme  en 
forme  de  lanterne. 

Dans  la  salle  de  réception  se  trouvent  les  portraits  de 
plusieurs  prélats  illustres  de  IVglIse  de  France ,  et ,  entr^au-* 
très ,  de  Bossuet  et  du  cardinal  de  Bissy.  Le  salon  sui- 
vant est  décoré  de  trois  grands  tableaux  qui  avaient  été 
commandés  par  la  ville  à  MM.  Genod,  Soulary  et  Biard , 
peintres  de  l'école  lyonnaise.  Le  premier  représente  St. 
Poly carpe  refusant  de  sacrifier  aux  faux  dieux ,  au- mo- 
ment où  une  voix  céleste  lui  crie  :  Aie  bon  courage  , 
Poly  carpe  ,  et  sois  toujours  constant  ;  le  sujet  du  second 
est  S.  Irénée,  au  moment  où  Sévère  lui  donne  le  choix 
entre  une  idole  et  le  supplice  de  la  croix  ;  le  troisièn^e 
,  retrace  S.  Pothin ,  lorsqu'il  apporte  l'image  de  la  Ste. 
Vierge  dans  les  Gaules.  Ces  trois  tableaux,. consacrés  à 
trois  prélats  vénérés  dans  l'église  de  Lyon ,  ne  pouvaient 
être  mieux  placés  que  dans  la  demeure  du  successeur  de 
ces  saints  pontifes.  Ils  ne  la  déparent  point ,  consi- 
dérés comme  ouvrages  d'art ,  quoiqu'ils  ne  soient  pas 
irréprochables. 

De  ce  salon  on  communique  de  plain-pied  à  une  ter- 
rasse découverte ,  située  à  l'extrémité  nord  du  bâtiment , 
et  de  dessus  laquelle  on  a  le  tableau  mouvant  et  animé  du 
bassin  que  forme  la  Saône  entre  le  pont  de  l'archevêché , 
le  pont  de  bois  et  les  deux  beaux  quais  qui  la  bordent* 
C'est  de  cette  terrasse  que  les  princes  qui  logent  au 
palais  de  l'archevêché ,  jouissent  du  spectacle  des  joutes  , 
feux  d'artifice  et  autres  divertissemens  du  même  genre  qui 
leur  sont  offerts  lorsqu'ils  passent  à  Lyon. 


(  3^5  ) 
li*archeyéché  avait  subi  le  sort  de  toutes  les  propri^tës 
du  clergé ,  pendant  la  révolution  ;  il  avait  ëtë  vendu ,  et  lors 
du  rétablissement  du  culte ,  la  ville  et  le  département  se 
trouvèrent  dans  la  néœssité  de  le  louer  et  de  le  meubler 
pour  le  rendre  à  sa  destinatisn  primitive.  Depuis ,  il  a  été 
rachète  au  prix  de  32o,ooo  fr. ,  mais  cette  dépense ,  toute 
louable  qu'elle  est,  doit  être  considérée  comme  incom- 
plète y  tant   que  cette'  masse  de  bâtimens  délabrés  qui 
afRîge  les  regards  et  qui  contraste  si  misérablement  avec 
\e  l>eau  pont  qui  Tavoisine ,  ne  sera  pas  revêtue  d'une 
îaçade  nouvelle ,  réunissant  la  régularité  et  l'unité  au 
caractère  d'architecture  qui  conyient  à  un  palais  archié- 
piscopal. Cette  restauration  doit  de  plus  être  indispen- 
sabl«nent  liée  avec  le  changement ,  en  place  publique  9 
d*une  partie  de  la  rue  de  l'archevêché ,  qui  est  le  seul 
endroit  par  lequel  on  arrive  à  ce  palais. 

l!Ious  savons  qu'on  s'otcupe,  en  ce  içoment^de  fermer 
la  grande  cour  par  une  grille  dont  le  dessin ,  donné  par 
M.  Fladiéron  ,  architecte  de  ta  ville ,  réunit ,  à  ce  qu'on 
assure ,  Télégance  au  style  sévère  et  majestueux  que 
comporte  sa  destination.. 

Des  rois  de  France ,  des  papes  et  des  princes  ont  logé  à  l'ar- 
cbevéché  ;  notamment  les  papes  GrégoircX  et  Clément  V , 
en  1273  et  i3o5  ;  le  roi  Louis  XII,  en  i5o3;  Louis  XIII , 
en  1622 y  avçc  le  cardinal  de  Richdiéu  son  ministre, qui  y 
leçut  la  barrette  j  Louis  XIV ,  en  1 658  ;  l'infant  dom  Phi- 
lippe d'Espagne ,  en  1744;  S.  A.  R.  Monsieur,  frère  de 
louis  XVI ,  depuis  S.  M.  Louis  XVIIl,  en  1775;  S.  S. 
fcpape  Pie  VII, en  1804 et  i8o5;  Napoléon,  en  i8o5, 
aprfs  son  couronnement ,  et  en  i8i5,  après  son  retour 
à  Me  d'Elbe  ;  S.  A.  R.  Madame  la  duchesse  d'Angou- 
Ume%  en  i8i4  >  et  dans  la  même  année ,  S.  A.  R.  Mon* 


(  526  ) 
8ieur  frire  du  roi ,  aujourd'hui  S.  M.  Charles  X  ;  ils    3r 
avaient  été  précëdés  par  LL.  AA,  RR.  la  duchesse  douaî^-' 
rîère  d'Orléans  et  le  duc  et  la  duchesse  d'Orlëans  aveo" 
Mademoiselle  et  les  princes  et  princesses  de  leur  famillev 
Ce  palais  reçut  encore ,  pendant  Tinvasion  étrangère  de 
78x4,  lé  prince  Emile  de  Hesse  Darmsladt ,  et  lors  de  cello 
de  j8i5  ,  le  prince  héréditaire  d'Autriche.  Il  fut  honore  « 
fin  i8i6,  du  séjour  de  S.  À.  R.  Charlotte-Ferdinande-* 
Louise ,  princesse  des  Deux-Siciles ,  se  rendant  à  Paris 
pour  y  épouser  S,  A.  R.  le  duc  de  Berri  ;  enfin  S.  A-  R* 
Mgr.  le  duc  d'Angouiéroe ,  aujourd'hui  M^  le  Pauphin  , 
8  y  est  aussi  arrêté  quel(][ues  jours ,  vers  la  même  époque. 
Lan  i3o5  ,  le  roi  Philippe-le-Bel  et  ses  frères  sq 
trouvant  à  Lyon  y  le  pape  Clément  V ,  qui  s'y  ëtaît 
rendu  de  son  côté  pour  s'y  faire  couronner  ,  logea  y 
comme   nous   l'avons   dit   plus  haut ,  à   rarchevéché« 
Après  avoir  célébf^é  sa  première  messe  pontificale  dans 
l'église  de  St-Jean  j  S.  S.  donna ,  dans  ce  palais ,  un 
grand  diner,  pendant  lequel  il  s'éleva  une  rixe  très- 
vive  entre  les  domestiques.  Le  frère  du  souverain  Pontife 
ayant  voulu  rétablir  l'ordre ,  fut  tué  dans  cette  querelle  ^ 
sans  qu'on  ait  jamais  connu  l'auteur  de  ce  crime  qui 
resta  impuni  (0-  Ce  fut  dans  les  prisons  de  Tarchevêchë, 
établies  alors  dans  un  bâtiment  qui  se  trouvait  en  face 
de  la  Manécanterie,  <çt  qui  est  devenu  une  prppriéjté 


y    I     .        ii.^i— »^  I  I    II    ■  ■■  mm^mm^^,^^ 


(t)  Clément  Y,  cfai  $e  iiomitiiiit  auparavant  Bertrand  de 
Gotet  qui  était  archevêque  de  Bordeaux  ,  monta  ainsi  au» 
le  trâne  pontifical ,  sous  les  plus  funestes  auspices.  Un  ao> 
cident  plus  déplorable  encore  que  celai  de  la  pdort  de  soa 
frère ,  Gaspard  de  Got ,  accompagna  la  cérémonie  de  son 
couronnement  Le  récit  de  ce  terrible  événement  trouvei^ 
«fi  placé  aillears,  $, 


(  327  ) 

flrticalière ,  que  le  dipianche  yZi  août  iSya ,  huit  jours 

a^rès  la  St-Barthëlemi ,  |0n  massacra  un  grand  nombre 

de  protestans  arrêtes  le  27  du  même  mois.  On  rapport^ 

^  les   soldats  ayant  refusé  de  prêter  leur  ministère 

i  une  pareille  exécution  9   et  le  bourreau  même  s'en 

étant  excuse  9  en  disant  qu'il  ne  iravatllait  que  Judiciat-: 

renuai ,  cre  furent  des  bouchers  qui  remplirent  cette  san- 

^anie  mission.  On  en  trouve  le  détail ,  dans  un  ouvrage 

exIrèiDeiiient  rare  9  mais  singulièrement  exagéré  ^  intitulé: 

Discoars  du  massacre  de  ceux  de  la  religion  réformée  ^ 

Jaii  à  Lfon   (i).   Nous  reviendrons  plus  tard  sur  cet 

ëvéoement ,  à  l'article  de  la  rue  MaruUloi  9  en  parlant 

do  personnage  de  ce  nom  9  au  gouvernement  duquel  la 

vîJJe  de  Lyon  était  alors  pon&éç  .(2). . 

La  Manécanterie  ,  qui  tient  à  ra^cbevêché ,  est  un  bâ- 
Ument  d'une  ^$ez  belle  apparence  commencé  peu  d'an* 
nées  avant  la  révolvitioq  ,  sur  les  dessins  de,  l'architecte 
liecrénicc.  La  première  pierre  en  fut  posée  en  1 768  par 
AL  de  Montazet  ,  alors  archevêque  ^  en  présence  du 
clergé,  de  toutes  les  autorités,  de  la  ville  et  des  prin- 
cesses de  Lorraine  ,  de  Carignan  et  de  Ligne  9  qui  se 
trouvaient  à  Lyon  à  la  même  époque. 

(i)  Voyez  ci-aprèa ,  pag,  358  et  suîv.  de  ce.  yolume , 

des  détails  sur  la  Salnt-^Barthélemi ,  empruntes  à  Thisto- 

nendeThon.  Voyez  aussi  notre  tom,  IV,  pi  249-252  et  383- 

387.  M.  Pericaud  a  découvert  l'auteur,  inconnu  jusqu'à,  ce 

IfniT^  du  Discours  du  massacre^  etc. ,  et  a  fait  voir  que  ce 

yetit  volunae  ,  peu  commun,  était  l'ouTrage  de  Jean  Ri* 

eaod ,  de  Ljon  ^  un  des  trois  ministres  que  les  protestans 

Anient  alors  dans  cette  ville.  B. 

(2)  Voyez  9  en  attendant^  la  Notice  sur  François  de  Mari'- 
idot  I  insérée  plus  bas.  B. 


(  3^8  ) 

Les  âiagnifiques  matériaux  qu'on  tire  des  carrières  de 
Villebois  et  de  Toumus ,  ont  été  employés  dans  la  cons- 
,  truction  de  cet  édifice  avec  une  profusion  qui  donne  une 
haute  idée  des  richesses  de  cette  cathédrale  et  des  sommes 
qui  furent  mises  k  la  disposition  de  l'architecte.  Néan— 
moins  c*est  une  construction  incomplète ,  et  qui  n'est 
pas  d'une  architecture  assez  purei  pour  qu'on  puisse 
désirer  de  la  voir  s'achever  un  jour.  La  grande  étendue 
et  l'élévation  de  ses  façades  demanderaient ,  d'ailleurs  ^ 
une  place  publique  qui  leur  fût  proportionnée ,  et  dont 
l'établissement  coûterait  seul  beaucoup  plus  que  l'achève* 
pient  de  l'édifice  lui-même. 

Les  chanoines ,  comtes  de  Lyon ,  avaient  eu  le  projet 
de  loger  dans  la  manécanterie  le  clergé  de  la  cathédrale^ 
et  c'est  même  de  là  qu'elle  tirait  son  nom  »  qui  dérive  ^ 
en  effet ,  des  deux  mots  latii\^  manè  cmiiare ,  chanter 
matin  9»le  chapitre  de  la  primatiale  de  Lyon  étant  dans 
l'usage  de  chanter  les  matines.  L'auditoire  de  la  justice 
des  comtes  se  trouvait  à  l'angle  du  même  édifice ,  en  al* 
lant  vers  la  place  St-Jean. 

Ce  bâtiment,  qui  a  été  vendu  nationalement,  n'a  point 
été  racheté  des  propriétaires  actuels.  L'administration  du 
Mont-de'-Piété  en  tient  une  partie  en  location  ,  et  c'est 
dans  les  trois  belles  pièces  du  rez-de-chaussée  ,  qui  for-* 
maient  autrefois  la  salle  capitulaire,  la  bibliothèque  et 
It^s  archives  de  l'égfise  de  Lyon  ,  que  sont  entassés  au- 
jourd'hui les  eQets  de  toute  espèce ,  sur  la  valeur  des- 
quels l'indigence ,  le  malheur  et  souvent  Tincondiûte  ont 
fondé  leur  dernier  espoir. 


Âi^GUB  (allée ,  aujourd'hui  passage  de  1').  C'était  na- 
guères  un  passage  étroit  et  tortueux  y  hat>ité  principale*- 


(  329  )        ^ 
pat  des  fondeurs  et  autres  ouvriers  en  mëtaux.  On 
y  comptait  alors  6  maisons ,  4^  ménages ,  une  population 
de  176  individus  et  i5  ateliers  dVtoffes  de  soie.  Il  abou-^  ' 
tissait ,  comme  à  présent ,  de  Tentrée  de  la  grande  rue 
lierôère  ,  près  la  place  Confort ,  à  la  rue  de  l'Hôpital ,  et 
se  trouve  ^uré  dans  le  plan  de  1740.  Sa  dénomination 
actnelle  vient  de  ce  que  l'atelier  pour  le  tirage  des  ma- 
tières d'or  et  d'argent  y  a  subsisté  long-temps ,  avant 
d^èire  transporté  dans  la  rue  de  Savoie ,  derrière  la  place 
des  Gélestins ,  où  il  existe  actuellement  et  continue  à 
porter  ce  même  nom  à' Argue. 

En  1824  nous  exprimions  le  vœu  suivant  :  «Il  serait 
B  bien  à  désirer  que  l'administration  ,  qui  a  déjà  tant 
»  iàit  pour  l'assainissement  et  l'embellissement  de  Lyon» 
9  pût  acheter  les  maisons  qui  sont  aux  deux  extrémités 
>  de  Tallée  dei'Ârgue,  afin  d'y  ouvrir  une  rue:  par  ce 
B  moyen  on  ferait  disparaître  les  couloirs  obscurs ,  bas 
f  et  malpropres ,  qui  forment  les  deux  issues  de  ce  pas* 
:r  sage ,  et  on  établirait  une  communication  très-utile 
s  entre  deux  quartiers  populeux.  D'ailleurs ,  les  proprié- 
s  laires  s'empresseraient  sans  doute  de  contribuer  aux 
»  firaîs  d*ttne  opération  qui  donnerait  une  grande  valeur 
B  à  leors  propriétés.  »  Ce  que  nous  exhortions  l'adminis- 
tration à  entreprendre ,  des  particuliers  l*ont  exécuté  j 
mie  compagnie  de  capitalistes  a  fait  l'acquisition  de  toute 
les  maisons  que  traversait  l'allée  de  l'Argue  :  ces  maisons 
ont  été  abattues ,  et  l'emplacement  qu'elles  occupaient 
eonverti  en  un  vaste  et  beau  passage  couvert ,  le  premier 
de  ce  genre  que  l'on  ait  vu  à  Lyon.  La  construction  , 
qiu.«i  est  due  à  M.  l'architecte  Farge  ,  est  calquée  sur 
celle  de  l'un  des  plus  remarquables  monumens  de  c^tte 
^èce  qui  se  trouvent  dans  la  capitale.  La  décoration  de 


C  33o  ) 
celui  ié  Lyon  est  moins  riche ,  mais  elle  eii  aassi  âé*- 
gante.  Ce  passage  n*a  pas  moins  de  44^  pieds  de  long  ; 
il  a  sur  œux  de  Paris  Tavantage  de  réunir  dans  son  en-* 
ceinte  un  plus  grand  nombre  d*ëtablissemens  :  on  y 
trouve  notamment  un  cafë  du  caveau  et  un  théâtre,  dont 
l'inauguration  a  ëtë  faite  le  29  de  ce  mois  (mars  1828). 
Vers  le  milieu  de  l'allëe ,  on  en  a  pratique  une  autre  qui  " 
communique  avec  la  rue  Thoniassin  et  la  place  Grenouille  , 
et  qui  est  également  couverte.  Cette  dernière  ailée  est  moins 
considérable  et  plus  étroite  que  la  première,  et  les  maga- 
sins qui  la  bordent  ont  peu  de  profondeur,  mais  elle  oiFre 
une  grande  commodité  et  augmente  de  beaucoup  la  va- 
leur totale  de  l'édifice.  Il  est  à  regretter  ,  au  milieu  de 
toutes  les  décorations  de  bon  goût  que  l'architecte  a  pro- 
diguées 9  qu*il  n'ait  pas  vaincu ,  avec  plus  de  bonheur  , 
là  difficulté  que  lui  présentait  le  biais  des  deux  façades' 
sur  la  rue  Mercière  et  sur  celle  de  l'Hôpital.  Les  ortie— 
mens  dont  il  a  cru  devoir  parer  la  voûte,  ne  font  que 
rendre  ce  défaut  plus  sensible.  Cette  immense  entreprise' 
aura  été  exécutée  dans  l'espace  de  moins  de  dix-huit  mois. 
Quoique  ce  passage  ne  soit  pas  encore  ouvert  au  public  , 
on  assure  que  déjà  on  a  loué  les  deux  ttters  des  magasina 
qui  y  sont  pratiqués. 

» 

Arssnai^  (rue  de  !')•  Cette  rue ,. qui  avait  reçu.  sc^n. 
nom  dix  magnifique  arsenal  militaire  que  le  siège  de  1793 
a  détruit ,  aboutit  en  droite  ligne  de  la  rue  du  Plat  à  la. 
place  St-MicheL  II  y  «xiste  9  maisons  et  3i  ménages  ^, 
formant  un  population  de  io5  individus* 
•  On  voyait  encore  dans  le  milieu  de  cette  i^ue,  ÎL  y  a, 
peu  d'années ,  la  principale  entrée  de  L'arsenal  qui  a  ëté^ 
détruite  par  suite  du  prolongement  de  la  rue  Sala  )us— ^ 
qu'à  la  Saône* 


(  33i  ) 

lA*arsenal  était  autrefois  un   vaste   emplaceipent  quf 

s*ëtendait  jusqu* à  la  Saône  et  formait  une  résidence  fort 

^réable  ;  il  est  désigné  9  sur  le  plan  de  i54o,  sous  le 

nom   de  la  Rigaudière ^  parce  que,    d*après  quelques 

auteurs  ^  il  avait  appartenu  à  la  famille  de  Rigaud ,  de  lar 

quelle  étaient  Anthelme  de  Rigaud  9  doyen  de  Lyon  en 

i33o  9  et  plusieurs  autres  chanoines,  comtes  de  Téglise 

prânatiale*  Il  passa  ensuite  à  la  famille  de  Varey  ^Vun^ 

des  plus  distinguées  de  cette  ville  ,dont  plusieurs  membres 

forent  anoUis  dès  le  quatorzième  siècle ,  et  remplirent  les 

charges  les  plus  honorables  dans  l'administration  ,  dans 

r^lset  dans  la  haute  magistrature  et  dans  les. armées} 

oeUe  iàmille  s'est  éteinte  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 

Un  de  Varey  donna,   en  1466  ,  cette  propriété  aux 

PP.  Jacobins.  Ces  religieux  la  vendirent  à  Franciscain 

de  Norry,  câ^re  banquier  9  et   celui-ci  à  Ruffet  de 

Balzac ,  seigneur  de  Châtillon  d'Azergues ,  dont  le  fils 

s'en  défit  en  faveur  du  gouvernement ,  en  i536 ,  sous 

le  règne  de  François   i.^'  ,  pour  rétablissement  d'un 

dépôt  de  l'artillerie.  Ce  dépôt  fut  ensuite  agrandi  de  tout 

l'emplacement    qu'occupait   à  son  extrémité   l'ancienne 

église  paroissiale  de  S.   Michel ,  supprimée   en   i?^?. 

Peu  d'années   avant    la  révolution  ,  le   gouvernement 

avait  jugé  convenable ,  è  cause  de  la  position  de  Lyon 

près  des  frontières  de  la  Savoie  9  d'agrandir  cet  arsenal , 

afin  qu'il  pût  former  un  dépôt  d'armes  considérable ,  et 

devenir  une  succursale  de  l'école  d  artillerie  d^Aiixonne« 

En  conséquence ,  vers  l'année.  1 78a ,  pendant  le  ministère 

de  M.  de'Ségur  9  une  compagnie  d'artilleurs  fat  envoyée 

àLyon  sous  les  ordres  de  M.  de  Barberin ,  officier  distingué 

dans  son  corps  par  «es  talens  militaires^  et  très-connu, 

\  eette  époque ,  par  son  zèle  à  propager  la  doctrine  de 


1 

f 


(    3Î2   ) 

Mesmer.  Ce  fut  cette  compagnie ,  venue  d^Âuxonne  »  qui 
exécuta  les  constructions  projetées ,  sous  la  direction  de 
Tofficier  que  nous  venons  de  nommer.  Ces  construc-* 
lions  étaient  composées  de  quatre  grands  bâtimens  en 
quarrés  longs  ,  et  couverts  en  ardoise,  dont  les  combles 
à  pignons  formaient  un  angle  très-élevé.  L'intérieur 
était  rempli  d'étagères  très-bien  disposées ,  où  se  trou- 
vaient rangés  dans  le  plus  bel  ordre  une  immense  quan* 
tité  de  fusils  et  d'armes  de  toute  espèce«  Les  rez-de- 
chaussée  contenaient  les  afitits  et  les  caissons.  ÂTextréaiîté 
méridionale ,  on  avait  établi  une  caserne  pour  les  canon- 
niers.  Tous  ces  bâtimens  s'achevaient  h  peine,  en  1789  ^ 
lorsque  la  révolution  commença  :  ils  devinrent  le  théâtre 
de  grands  événemens. 

Le  7  février  1 790  ,  à  midi ,  l'arsenal  fut  livré  au  pil- 
lage par  une  masse  de  séditieux  ,  auxquels  se  joignirent 
beaucoup  de  soldats  en  semestre  qui  se  trouvaient  à 
Lyon.  M.  Imbert-Colomès  ,  échevin  »  commandait  aloïs 
li  ville  en  l'absence  de  M.  Tholozan  j  prévôt  des  mar— 
cliands. 

Il  s'y  trouvait  So^ooo  fusils ,  dont  les  séditieux 
ne  purent  enlever  que  3,ooo ,  parce  qu'ils  furent  dis- 
persés par  la  garde  nationale ,  non  encore  organisée , 
mais  qui  s'était  formée  d'elle-même  dans  presque  toute 
la  France ,  peu  après  le  mois  d'août  1789,  époque  du 
pillage  des  châteaux. 

Cette  force  publique  reconnaissait  alors  pour  chefs  prinr- 
cipauxàLyon  ,  MM.  Dervieu-du-Villard ,  officierde  ma*- 
rine ,  commandant  général  ;  St.  Pierre ,  négociant ,  colonel, 
chef  d'état-major  ;  De  Vernon,  officier  d'hussards  ;  Bol- 
Uoud--de«-Chanzieux ,  ofiicier  de  dragons,  aide-mafor. 
Ces  chefs  militaires  ,  et  une  commission  de  dtoyeos  des 


(  333  ) 
plus  ikobbles ,  remplacèrent  momentanânent  le  consulat  9 
qui  donna  sa  démission  dès  la  huit  suivante.  '     ' 

Lies  séditieux  ,  repoussés  de  l'arsenal ,  se  portèrent 
T»^  le  soir  à  Lhôtel  de  ville ,  annonçant  llntention  de 
mettre  M.  Imbert  à  la  lanterne  :  de  nouveau  ils  furent 
complètement  dispersés. 

lie  régiment  suisse  de  Sonnemberg ,  alors  en  garnison 
à  Lyon ,  se  mit  en  mouvement  de  la  caserne  de  Serin  ^ 
pour  Tenir  au  secours  de  l'arsenal  ;  mais  il  n'arriva  que 
lorsque  la  garde  nationale  avait  déjà  garanti  ce  dépôt  ^ 
ayant  été  retardé  dans  sa  marche  par  la  populace  qui 
assaillait  à  coups  de  pierres  les  soldats ,  dont  il  y  en  eut 
mime  un  de  tué  d'un  coup  de  fusil  tiré  d'une  des  mai^ 
sons  de  Bourgneuf. 

Trois  mois  après ,  eut  lieu  Bl  grande  fédération* 
Dans  la  matinée  du  29  mai  179S  ,  le  poste  de  l'arse- 
nal fut  enlevé  aux  révolutionnaires  par  les  citoyens 
bonnétes  qui  formaient  les  sections  en  permanence ,  et 
que  la  populace  appelait  les  Muscadins»  Alors  ce  poste 
devint  le  quartier  général  d'où  se  dirigèrent  les  cobnnes 
qui  s'emparèrent  de  l'bfttel  de  ville  et  écrasèrent  le 
parti  de  la  convention.  Les  prisonniers  notables  faits 
dans  cette  journée  j  furent  amenés  à  l'arsenal  :  de  ce 
nombre  étaient  le  célèbre  Chalier  et  Roullot ,  membres 
de  la  municipalité.  On  peut  faire  dater  de  ce  jour  les 
piemiers  actes  qui  préparèrent  le  siège  de  Lyon. 

Au  mois  d'août  suivant ,  et  dans,  la  nuit  du  22  au 
23  9  le  bombardement  général  fait  par  l'armée  de  la 
convention ,  incendia  l'arsenal  :  l'effet  en  fut  si  prompt 
que,  dans  l'intervalle  de  quelques  heures ,  une  partie  des 
mes  de  l'Arsenal  y.  Sala  ,  St*  Hélène  et  de  toute  la  place 
Sl  Michel  9  composées  d'environ  X17  maisons  ^  furent 


(534^ 
rëduUes  en   cendres,  et  leurs  habitans  obliges  de  ^ 
sauver  et  d'aller  camper  dans  Tile  Perrache. 

Les  uns  ont  attribue  ce  malheur  à  un  boulet  rouge 
qui ,  ayant  percé  le  faite  d*un  des  grands  bâtimens  où 
il  y  avait  de  la  poudre ,  Tembrasa  sans  qù*aucun  se— 
cours  pût  éteindre  le  feu  ;  d'autres  assurent  que  des 
malveillans  avaient  indique  à  l'ennemi  9  par  des  signaux  9 
l'endroit  où  il  fallait  diriger  les  projectiles  :  de  ces  deux 
versions ,  également  vraisemblables ,  on  a  toujours  ignoré 
quelle  était  la  plus  fondée.  Ainsi  furent  anéantis  tes 
quatre  beaux  monumens  dont  le  grandiose  étonnait ,  et 
qui  terminaient  si  admirablement  et  d'une  manière  si 
pittoresque  le  magnifique  demi<-cercle  décrit  par  les  quais 
de  Villeroy  ,  du  Temple  et  des  Célestins* 

Depuis  cette  époque  )tisqu*en  i8o5  ,  l'emplacement 
de  l'arsenal  était  resté  sans  emploi  :  par  .un  décret'  du 
10  mai  de  la  même  année ,  le  gouvernement  en  a  fait 
cession  à  la  ville  pour  y  établir  un  entrepôt  des  douanes  ^ 
destiné  à  recevoir  les  marchandises  étrangères  non  pro'* 
hibées  et  les  denrées  coloniales  mise$  à  leur  débarque- 
ment dans  l'entrepôt  réel  de  Marseille ,  marchandises  qui 
jouissent  à  l'entrepôt  dé  Lyon  du  privilège  de  ne  payer 
les  droits  d'entrée  pendant  un  an  9  qu'au  fur  et  à  mesure 
de  consommation. 

M.  de  Sathonnuy ,  maire  de  Lyon ,  a  fait  construire 
un  grand  magasin  sur  les  ruines  d*un  des  bâtimens  in- 
cendiés y  avec  un  logement  pour  le  receveur  principal , 
du  côté  du  quài.  Les  réparations  faites  tout  récemment 
à  ce  magasin  ,  ainsi  que  les  nouveaux  portiques  dont  on 
vient  de  Tenvelopper ,  ont  eu  pour  motif  des  mesures 
de  solidité.  On  s'étonne  que  l'architecte  chargé  de  ces 
travaux  ne  se  soit  pas  conformé ,  pour  leur  exécution  9 


(  835  ) 
aux  profils  employés  par  son  devancier.  Oii  remarque  en 
outre  que  re  vaste  bâtiment  ^  dont  le  plan ,  les  façades 
principales  et  le  grand  escalier  sont  d'un  genre  d'archi- 
tficture  assez  bien  approprié  à  sa  destination ,  n*a  mal* 
heureusement ,  du  côte  du  quai  ^  qu'une  façade  de 
l'aspect  le  plus  pauvre  ,  et  à  laquelle  il  serait  indispen- 
sable de  faire  subir  une  amélioration  quelconque ,  afin 
de  ne  pas  compromettre  plus  long-temps  la  beauté  d'un 
port  qui  ne  peut  supporter  que  des  édifices  d'un  style 
l%ut— à-fàit  monumental. 

C'est  dans  la  cour ,  au  midi  du  magasin  dont  il  est 
parlé  plus  haut ,  que  s'élèv^ent ,  sur  les  dessins  et  sous  la 
direction  de  MM.  Baltard  et  Dumont ,  architectes ,  de 
nouvelles  constructions  pour  un  entrepôt  des  sels ,  qui 
le  disputera  en  magnificence  et  en  solidité  aux  plus  beaus 
élifices  de  notre  ville.  Il  sera  élevé  d'un  second  étage 
que  l'administration  municipale  destine  à  un  dépôt  de 
farines. 

On  voit  encore  dans  la  rue  de  l'Arsenal  l'hôtel  bâti  et 
orné  par  M.  le  baron  de  Jouy  (i)  9  appartenant  aujour- 
d'hui à  M.^^^  de  la  Balmondière^  et  où  on  retrouve 
plusieurs  salles  peintes  et  décorées  par  Bidault  l'ainé  , 
pebtre  lyonnais.. 

Absknai.  (  quai  de  1'  ).  Ce  quai  était  anciennement  un 
prdin  qui  faisait  partie  de  l'enclos  de  l'arsenal.  Il  a  été 
bàld ,  peu  avant  la  révolution ,  pour  facîliler  Tembar- 


(i)  Il  ne  faut  pas  confondre  M.  le  baron  de  Jouy  avec 
H.  Etienne  Joay  ,  de  l'académie  -  française  .9  auteur  de 
fHermiie  de  la  Chaussée  d^AnUn  9  de  YHermitc  en  pro^ 
we  y  etc. 


(  336  ) 
.quement  et  le  dëbarcpiement  des  grosses  pièces  d*aptil- 
lerie ,  au  moyen  d'une  grue.  Il  est  large  et  spacieux  ;  un 
port  vaste  et  commode  le  complète  ;  et  ce  sera ,  sans 
contredit ,  l'un  des  plus  beaux  de  la  ville ,  lorsqu'il 
aura  ëtë .  prolonge  du  côte  du  nord  jusqu'au  pont  de 
l'arçhevèchë  ,  et  au  midi ,  jusqu'au  pont  d'Ainay.  L'en*- 
trepôt  des  sels  y  aura  sa  principale  entrée  par  un  portail 
dont  le  style  sëvère  et  noble  parait  devoir  y  produire 
un  efifet  imposant 

Aetois  (  nie  d'  ).  Cest  une  rue  nouvellement  ouverte 
dans  le  quartier  Perrache  ;  elle  forme  le  prolongement 
de  la  rue  de  la  Charité  9  et  aboutit  en  droite  ligne  au 
grand  cours  du  Midi ,  à  l'occident  de  la  manufacture 
de  tabac.  On  y  trouve  Thôtel  de  Saron ,  bâti  à  l'ëpo* 
que  des  travaux  Perrache ,  par  l'architecte  Maigre  9  et  qui 
.6ç  trouve  masqué  par  une  maison  nouvellement  construite 
sur  les  plans  de  M.  Falconnet ,  lequel  a  conservé  T^cien 
portique  de  l'hôtel  :  M.  le  marquis  de  Saron  9  qui  était 
propriétaire  de  l'ancien  hôtel  9  avait  pris  une  part  très- 
active  aux  travaux  Perrache.  Il  était  d'une  des  plus 
anciennes  familles  du  Lyonnais  9  laquelle  s'est  éteinte 
dans  la  personne  de  son  fils  9  mort  en  1 8 14 ,  ne  laissant 
qu'une  fille.  La  rue  d'Artois ,  dont  l'ouverture  date  à 
peine  de  quelques  années  9  renferme  déjà  9  grâces  à  l'ac- 
tivité qu'ont  pris  les  constructions  dans  le  quartier  neuf 
Perrache '9  25  maisons  9  121  ménages  9  412  habitao5  9 
et  45  ateliers  occupant  96  métiers  pour  la  fabrication 
des  étoffes  de  soie* 


t^mmammtm 


(  337' ) 

I        f 

BLASON. 


HOTES  sur  Us  armoiries  de  la  nlle  de  Lyon  >  et  particulièrement 

sur  le,  lion  qui  y  figure. 

Les  annoiries  de  la  ville  de  Lyon ,  telles  qu'on  lés 

.tioaxe  dans  les  plus  anciens  mdfnuscrits ,  sont  :  un  lion 

JtwrgaU  rampàni^  y  armé  et  lampassi  de  même  j  sur  un 

champ  de  gueules ,  au  chef  d^azur  chargé  de  irais 

>b»r5  de  lis  d^or^ 

Il  n'y  a  rien  de  constant  quant  aux  supports  de  Técu: 
quelqnrfois  on  y  voit  deux  anges  on  génies  ;  mais  le 
plus  souvent  Tëcu  est  isolé. 

Les  irais  fleurs  de  Us  et  or ,  placées  dans  le  chef,  sont , 
oûBune  on  le  sait  ^  les  armoiries  du  royaume  de  France; 
OiL  les  y  a'iflcorpo^ées  comme  un  signe  du  patronage 
eseroé  par  nos  rois  envers  la  ville. 

On  ne  cofin^dt  aucun  édit  concernant  les  armoiries 
de  I^yon  ;  mais  il  parait  qu'elles  remontent  à  une  très-* 
haute  antiquité.  On  croit  même  que  le  lion  y  a  été 
adapté  en  Thonneur  de  Marc  -*  Antoine  qui  Tavait 
dioi»poar  symbole  (!)#  H  existé  une  médaille  d'argent 
de  ce  triumvir ,  portant ,  d'un  câté ,  son  nom  ,  et  de 
l'antre  9  la  figure  d*un  lion  avec  le  mot  Luguduni ,  la 
lettre  A  et  le  chifire  XL  (2).  Marc  Antoine  avait  se- 


(1)  Après  la  bataille  de  Pharsale ,  il  se  montra  publiquement  à 
BjBae  ,  atec  la  cottédienûe  Cithërit ,  dans  un  cbar  traîna  par  des 
1ûmu« 

(a)  licP.  de  Colonia,  HUi.  ei  Antlq*  de  Lyon  ,  pag.  4o'4^* 
Jieob  Spon ,  Becherche  d—  JMiq.  de  l^on ,  pag«   18-19.  Fulfs 

Tome  FIL  aa 


(  338  ) 
journë  dans  nos  œntrëes ,  du  vivant  de  Cësar  qoî  , 
dans  son  exp^itîon  des  Gaules ,  le  nomma  trésorier  de 
son  armëe  ;  depuis  ,  à  la  mort  du  dictateur  ,  la  Gaule 
celtique  lui  échut  dans  le  partage  qu'il  fit  de  Tempire 
romain  avec  Octave  et  Lépide  »  et  il  fut ,  à  ce  qu'on 
croit,  un  des  bienfaiteurs  dé  hoti-e  ville  fondée  qul 
agrandie  depuis  peu  de  temps  par  Plançus  qui  y  avait 
amçné  une  colonie  romaine. 

Quelques  auteurs ,  et  4^  ce  iipiubre  estju^tre  vieux 
historien  Claude  de  Ruby«  (i) ,  ont  pensé  que  le  nooR 
de  Lyon  dérivait  de  là  ,  et  non  dç  Lugdunum ,  .|loot  ^ 
suivant  d*autres ,  on  aurait  d*abord  fait.ZcoM  par  oor^ 
ruptlon  ,  puis  enfin  le  nom  moderne  (2). 

Quoi  guil  en  soit ,  il  parait  que  1^  )Î0n  âall  déjà 
Tarme  et  Tétendard  lyonnais,  lorsque  la  ville  passa ^^ 
dans  le  5.®  siècle,  sous  la  doniiination  des  rais ^ de 
Bourgogne  qui  par  hasaixl  portaient  1^  même  bannièret 
On  ne  fit  (jue  prendra  le  blason  de  ces  rois ,  qui  était . 
de  gueules.  On  y  ajouta  ensuite  ^  çommQ  bous  l'avons 
dit ,  le  chef  d'azur  à  trois  fleuri  de  \\s  d*gr  (3).  Ge  fut 


Oraini ,  de  Antiq*  numismaiib,  in  famiL   Anionior,  Jacques  Daté- 
champ  «  Observ,  in  Plin,  H.  N. ,  1U>.  IV  ,  c.  18.      ' 

(i)  Hist,  ^érii.  de  Lyon  ,  1.  I  ,  c.  3o.  Il  cpujecture.que  loriqu» 
S^ére  eut  ordonné  que  la  mémoire  de  Tancienne  yUle  de  Lug^ 
dtinum  serait  abolie  ,  pour  punir  ses  habitans  d'ayoir  pris  parti 
contre  lui  en  fayeur  d'Albin ,  ceux-ci  donnèrent  à  leur  lillë  le  uoia 
4e  Léo  ,  cproniie  qui  «lirait  la  colonie  du  lion  ou  qui  porte  tin  lion 
pour  enseigne. 

(%ï)  «  Lyon ,  Tille  de  France ,  dont  le  nom  actuel  est  nqe  «pn* 
traction  du  nom  latin  Lugdunum  (  Luun  )  •%..  «  Le  Président  c|^ 
Brosses ,  Traité  de  la  formaiion  mécanique  des  langues ,  tonu  XI  ^ 
pag.  418  de  fédit.  de  l'an  IX. 

(3)  Fo.d«ré|  Narration  historique  et  topograpkique  des  ÇQ^^cns 


(  339  y 

ffDbaUemenC  yen  lé  Gommencefment  àa  i^fi  siècle , 
^ëpoqne  où  la  puissamce  des  rois  de  France  succëda 
âam  nM  murs  -à  celle  des  Archevêques.  La  vîile  a  coA- 
serve  œs  armes  jusqo'aa  moment  de  la  rëvoloiion.  Àous 
Bonaparte ,  Taigle  impériale  y  fut  introduite.  Depuis  -la 
natemjaion ,  elks  i6«mt  les  mêmes  que  sous  Tanden  vè- 
ffÊÊt ,  sauf  le  changement  que  notfs  allons  indiquer. 

Des  lettres  patentes  de  Louis  XVIII ,  datées  de  Paris 
h^  fénîer  iSig ,  ont  autorisé  la  ville  de  Lyon  ^  sur 
k  èenande  de  soti  maire ,  M.  le  baron  Rambaud ,  à 
sfoater  à  ses  arm&irieS  tme  ipét  haute  it argent  dans  la 
faite  dejrtre  da  lion ,  addition  qui  sans  doute  a  pour 
objet  de  rappeler  le  courage  que  cette  cité  a  fait  éclater  ^ 
iers  de  'son  mémorable  ^ége,  €b  i793,  quoique  les 
ietti«^  patëlitea  n'en  parient  point  (i^ 

fl  est  à  ^  reiiiarquèr  que  l'image  du  lion  représenté 
de  ia  mÉiiie  ihanière  ^  c'est-à-dire  avec  un  glaive  à  la 
pàtfe  diraile ,  se  ^muve  sur  Te  frontispice  d*un  opuscule 
àéHé ,  en  1668 ,  par  Jean  Goujon  ^  avocat ,  procureur- 
g^^tiri  de  fci  viRe  9  à  M.  d*Âlincourt  qui  venait  prendre 
pKsesâon  'dn  gouvernement  du  Lyonnais.  Cet  opuis-^ 
taie,  ii^tidé  Hieroglffi^ue  ik  la  pertu  soubs  la  figure 
du  Lyon ,  est  un  petit  în-4.<^  de  63  pages ,  imprimé 
dies  Horace  Cardon.  Le  titré  en  est ,  gravé  et  fermé 
une  estampe  ^  dans  le  chef  de  laquelle  est  Timage  dont 
nocs  venons  de  parler.  Outre  Tépée  qu*il  tient  à  la 
patte  droite  ,  le  lion  y  a  un  serpent  autour  du  col ,  et  * 
on  Kt  au-dessous  cette  inscription  :  Fortiiudine  et  pru^ 


À  lardt^  Si.  François*,  Lyon ,   P.   Rigaud  ,  16x9 ,  t&-4.o  »  |Mig. 

(1)  ]je  dûposîtif  est  énu  coliça  .* 

•  A  ces  caaset.....  nous  afont ,  par  cef  présentes  signées  de  notr» 


(34o>. 
jdentia.  Le  texte  est  une  compilation  9  d'assez  màiiTais 
goût,  de  tout  ce  que  les  anciens  ont  dit  du  roi  des  ani«- 
m^ux ,  et  une  espèce  de  parallèle  entre  ses  gënëreusès 
qualités  et  celles  du  peuple  lyonnais  et  de  son  nouveau 
gouverneur. 

L^  lion  a  éii  employé  constamment,  chez  tous  les  peu- 
ples anciens  et  modernes  ,  comme  emblème  de  la  vertu  , 
de  la  force,  du  courage,  de  la  vigilance,  de  la  supé- 
riorité (i).  Tout  le  monde  connaît  le  lion  belgique  et 
celui  de  St.  Marc  à  Venise.  Celui  qui  ^rvait  d'enseigne 
distinctive  à  la  tribu  de  Juda  ,  chez  les  Juifs  ^  est  célèbre 
dans  Tantiquité  sacrée.  Les  Léontins  en .  gravaient  un 
sur  leurs  monnaies.  C'était  parmi  ces  derniers ,  de  même 
qu'à  Lyon ,  une  allusion  de  leur  nom  à  celui  de  'cet 
animal ,  soit  que  la  ressemblance  des  deux  mots  fût 
fortuite  et  qu'ils  n'eussent  d'autre  analogie  que  celle  du 
son  ,  soit  qu'il  y  eût  entre  eux  un  rapport  d'étymologie. 
Cette  arme  parlante  est  également  celle  de  la  ville  de 
Léon ,  en  Espagne ,  quoique  la  dénomination  actuelle 
de  cette  ville  paraisse  dériver  du  latin  Legio.  Beaucoup 
de  familles  ont  aussi  dans  leurs  armoiries  des  lions  9ont 
la  configuration  varie  pour  chacune  d'elles ,  et  qui  re- 
çoivent ,  en  langage  héraldique ,  dés  épithètes  différentes  y 
selon  leui*  forme ,  leur  position ,  leurs  accessoires. 


«  liSain ,  autorise  et  autorisons  notre  bonne  yiUe  de  Lyon  à  porter 
M  les  armoiries  ci-déssus  énoncées  ,   teUes  qu'eUes  sont  coloriées  et 
»  figurées  aux  présentes  ,    et  qui  seront  dorénavant  :  De- gueules  à 
H  un  lion  d'argent  tenant  dans  sa  patte  dextre  une  épie  haute  du 
■n  mime  ,  et  un  chef  d^azur  à  trois  fleurs  de  lis  d*or*  • 
'  Le  cachet  de  Pompée  ,   que  César  reçut  en  pUuraat  i  portait 
aussi  l'image  d'un  lion  tenant  une  épée. 
(t)  J.  fierii  Vakriani  Hiéroglyphe  \jh.  L 


(  341  ) 

Le  chapitre  de  notre  église,  compose  des  chanoines 
comtes  de  Lyon ,  portait  un  lion  et  un  griffon  (i)  af-' 
frofitës,  pour  marque  de  sa  double  juridiction  tempo-, 
lelle  et  spirituelle.  Le  lion  était  couronné  d*une  cou- 
ronne de  comte.  Le  griffon ,  animal  composé ,  moitié 
aigle  9  moitié  lion ,  dénotait  les  deux  partijes  de  la  ville  y 
dont  un  cèté  était  de  l'empire  qui  avait  un  aigle  dans 
ses  armes ,  et  Tautre  ,  du  royaume  dont  les  anciens 
comtes ,  qui  Pétaient  aussi  du  Forez  ,  avaient  le  lion 
pour  syo^le.  A  une  époque  déjà  fort  reculée ,  le  cha- 
pitre se  Élisait  précéder ,  dans  les  processions  ,  d'une 
bannière  représentant  deux  griffons,  outre  celle  qui 
représentait  un  lion  (2). 

'  Le  diapitre  de  St.  Just ,  qui  avait  juridiction  sur  le 
quartier  de  St.  Just  et  de  St.  Irénée  et  sur  quelques 
village  voisins,  avait  pareillement  pour  armoiries  le 
lion  des  anciens  comtes  de  Lyon  ,  avec  une  bordure 
chargée  de  besans  qui  étaient  les  plaques  ou  métaux  dont 
on  se  serrait  dans  les  églises  collégiales  pour  les  dis-*^ 
iributions  (3). 

Dans  une  foule  de  compositions  allégoriques  de  tout 
genre ,  dues  à  la  plume ,  au  ciseau ,  au  burin  ,  au  pin- 
ceau ,  etc. ,  les  artistes  et  les  écrivains  ont  fait  usage 
du  lion  pour  désigner  notre  ville.  Barthélemi  Aneau 
est  auteur  d'une  espèce  de  drame  par  personnages  mys^ 
ti/ir^^ ,  intitulé  le  Lyon  marchant  (et  non  marchand ^ 
comme  l'écrivent   la    plupart    des   bibliographes  )•  Ce 

(1)  I^'onge  s'est  introduit  d'écrire  ainsi  ce  mot  qui  ^  d'après  son 
êljBiologie  ,  deTrait  s'ëcrire  gryphon.  On  trouve  gryphon  dans  notf 
aacieBs  aoleuTS ,  et  notamment  dans  Paradin  ,  Mém*  pour  Vhist»  de 
I^ron  ,  1673  ,  pftg.  359 ,  lign.  antépenult. 

(1)  Le  P.  Mënestrier ,  MHhod^  du  Blason. 

(3)  liC  mkmjB  ,  ibid* 


(  34«  ) 
drame  où  Paris  ^  Rouen  et  Orléans  disputait^  ^b  pis^ 
ëminence  à  Lyon  qui  Temporte  au  jugement  à»  dame 
Vérité  y  fut  joué  au  œll^e  de  la  Trinité»  en  1 54 x  9  et 
imprimé,  Tannée  suivante ,,che2> Pierre  de  Tours,. en  un 
volume  in-8.^  devenu  pi:esque  introuvable.  Déjà  aupa- 
ravant^  en   1 5x3,  le  même  Barthélemi  Aneau,  ^dana 
les  jeux  publics  qui  eurei^t  lieu  lorsqu'on  apprit  que  les 
Suisses  venaient  de  lever  le  siège  de  Dijon ,  avait  fait 
représenter  ^^ir  gausserU ^  comme  le  dit  Rubys^. £/#>/• 
périt,  1,,III,  c.  5i ,  <(  une  grosse  brayettequi  fai^t  peur 
»  à  un  lion.  »  L'approche  des  Suisses  avait  fort  effcayé 
nos  ancêtres ,  et  leur  retraite  fut  un  grand  sujet  de 
joie.  Lors  des  réjouissances  qui  se  firent  en*  iS5g,  à 
l'occasion  de  la  paix  entre  les  rois  de  France  et  d'Es- 
pagne ,  Henri  Q  et  Philippe  U  ,  on  vi^  sur  le  Ehône , 
entre  autres  représentations ,  celle  d'uq  bateau  qui  avait 
la  forme  d'un  lion.  C'est  encore  Ane^u.,  grand  amateur 
d'emblèmes,  et  qui   était  principe^  du   collège   de  la 
Trinité ,    qui    dirigea    ces  représentations    dont  nous 
avons  donné  plus  haut  le  détail ,  tom.  VI ,  pag.  53, 
Depuis ,  en   une  infinité  de  circonstances  analogues,  de 
pareils  spectacles  ont  été  offerts  au  peuple  lyonnais. 

Dans  des  vers  aussi  composés  par  Barthélemi  Aneau, 
lors  de  l'entrée  dans  nos  murs,  en.  i556,  du  maréchal 
de  Saint-André  (  Jacques  d'Albon  ) ,  nommé  gouver-  - 
neur  du  Lyonnais ,  le  poète  élève  son  hénos  au-desaos 
du, général  carthaginois  Hannon,  qui,  au  rapport  de 
Pline  (  Hist.  nat.y  VIII ,  21  )  ,  osa  le  premier  manier 
un  lion  et  parvint  à  l'apprivoiser  ;  et  il  trouve  cette  " 
dernière  conquête  moins  glorieuse  que  l'honneur  de  'j 
ré^ir  la  cité  du  lion,  LeontopoUs.  Voici  cette  pièoe  que .' 


(  348  ) 
i* LdlMiiirMr  ^  Mazmts  de  Piste  Barbe  j  t.  Il,  p.  177^ 
appelle  uite  belle  épigrammé  i. 

Hanno  manu  priihns  fertàV  tractasse  TéoQelii 
Pœnns  9  et  aififici  cfùiP  dttUs'  îilgèdiô: 

Âst  hune  quem  pe)i^  ektf  re^s  lùànùs  atqite  potestas  y 
Qoam  ibirabUrar  posse  Eeontbpdlîià  , 

Fone  Leontopoiim  Lugdi  moderarier  arbem, 
QiHe  nomeii ,  KVXr<6v  foce ,  léonis  lîabet  (t)  I 

Oi&  tioaVë  dans  les  œuvres  de  Clëment  Marot  (>)  le 
Inaïain  s&iyant  : 

CE  LA  VILLE  DE  LYON. 

Ou  dira  ce  quel  Ton  Touldra 
Ba  LjoB  et  sa  cmatité  : 
Toasîoars  ,  ouïe  sens  me  fattldm', 
J'estimeray  sa  priTaatë  : 
Vz^  trouvé  plus  d'honnasteté 
Et  de  noblesse  en  t:e  Lyon  , 
Qae  n*ay  pour  ayoir  fréquenté 
^«oltiles''  bestes  un  million. 

Cest  au  même  poète  qu'est  due  la  devise  que  la 
Chambre  de  commerce  a  fait  gtayer  sur  ses  jètcns  (3)  : 

Stiis  le  lion  qui  né  mords  point , 
quand  rennemi  me  potud  9 


(i)  AÎHderaat  de  cette  pièce  ert  aue  gratkire  '  rèpf ^setitant  un 
fMrrier  rareagjoBt  oà  lion.  Les  six  Téfs  latins  sont  suivis  de  quatre 
ters  grecs  qui  expriment  à  peu  prés  les  mêmes  pensëesl  P&fa  poeriSf 
Ijoiiy  Macë  Bonhomme  I   i55a,  in-i6  ,   pag.  iS. 

(1)  tfom,  n ,  pag,  4^0  de  Tëdîtion  donnée  par  Ak.  -  Lacroix , 
Pmsi    Rapîttjr  9  '  iOs4  »  5-?oh  ia^.^  , 

(3)  Les  jetons  da  Cercle  littéraire  ,  frappas  en  1809 ,  oITrent 
sésî',  d*dn  c6ié  ,  on  lion  tenant  à  la  patte  dextre  une  branche  de 
lamier. 


extraite  du  oommenœment  de  VAâiêU  à  la  9iUe  4ê 
Lyon  (  i536  )  ,  ainsi  conçu  : 

Adieu  liyon  qui  ne  jnords  point  y 
Ljon  pins  doux  que.  cent  pucelles  f 
Sinon  quand  Vennemy  te  poind  : 
alors  ta  fÎDLrear  point  ne  celles. •••  (i). 

En  1622  y  Louis  XIII  ëtant  venu  à  Lyon ,  la  ville  fit 
faire  une  description  des  fêtes  qu*on  lui  donna  ;  et  celte 
relation  fut  publiée  Tannée  suivante  chez  Jean  Jullieron  » 
sous  ce  titre  :  Ze  Soleil  au  signe  du  Lyon  ,  in-4«^  Le 
lion  y  joue  un  grand  rôle. 

Une  vignette  de  V Eloge  historique  de  Lyon\  par  le 
P.  Ménestrier  (2) ,  représente  cette  ville  sous  la  figure 
d'une  femme  éplorée  assise  auprès  d'un  lion ,  et  relevée 
par  un  guerrier  romain ,  qui  est  sans  doute  Tempereur 
Majorien ,  restaurateur  de  la  cité  dans  le  5.®  siècle , 
après  qu'elle  eût  été  ravagée  par  les  Visigolhs  :  i(|ée  qui , 
de  nos  jours ,  a  reçu  une  application  à  peu  près  sem- 
blable ,  en  faveur  de  Napoléon ,  dans  un  tableau  d'un 
de  nos  peintres  les  plus  distingués. 

Dans  les  deux  groupes  du  Rhône  et  de  la  Saône  9  ou^ 
vrages  des  frères  Coustou ,  qui  ornaient  le  piédestal  de 
l'ancienne  statue  de  Louis  XIV  sur  la  place  Bellecour , 
et  qui  sont  maintenant  placées  dans  le  vestibule  de 
rhôtel  de  ville  »  le  Rhône  a  la  figure  d'un  homme  fort 
et  robuste ,  appuyé  sur  une  lionne  ,  et  la  Saône  9  celle 
d'une  belle  femme  assise  sur  un  lion. 

Il  y  avait  autrefois  un  lion  en  pierre  à  chacun  des 


(1)  Toi».  I,  pag.  /ji6  de  Tëdition  dea  (Euyres  de  Marot  déjà  citée* 
(2}  Lyosi  Benoit  Coralj   1669  ,  in-4.'> 


(345) 
qU&  de  la  pbriê  St.  Clair.  L'entrée  du  jardin  desr 
^ntes  est.  dëcorée.de  deux  lions-fontaines ,  etc. ,  etc.  . 
Nous  ne  finirions  pas ,  s'il  fellait  ënumërer  toutes  les 
occasions  où  la  même  aUégorie  a  ëtë  mise  en  oeuvre  ,  et 
indiquer  tous  les  monumens  où  on  la  retrouve.  La 
mémoire  des  lecteurs  suppléera  à  nos  omissions  dont 
plusieurs  sont  volontaires. 

•  Te»  les  premières  années  du  quinzième  siècle  ,  sous 
le  règne  de  Charles  VI ,  la  ville  eut  un  procès  au  sujet 
de  ses  armoiries ,  sculptées  sur  ses  portes  et  en  divers 
astres  lieux  publics.  L*archevéque  Amédée  de  Talaru» 
qui  avait  d'anciens   motifs  de   ressentiment  contre  les 
éJierins  et  les  citoyens ,  résolut  de  les  priver  de  cette 
laaique  de  la  noblesse  et  de  la  franchise  de  la  cité  ;  il 
prétendit  que  les  archevêques  ses  prédécesseurs  ayant  eu 
le  pouvoir  de  leur  donner  ces  armes  ,  il  avait  nécessai* 
renent  cdui  de  les  leur  6ter.  ce  Et  de  faict ,  il  fit  en- 
»  lever  un  escusson  des  armoiries^  de  la  ville ,  gravé  en 
2t  pierre,  que  les  eschevins  avoiènt  faict  poser  sur  la 
»  porte.de  S.    Marcel ,  au  pied  de  la  coste  de  S.  Se-^ 
»  bastien ,  disant  arrogamment  qu'il  ne  leur  appartenoit 
y  pas    d'avoir  armoiries.   Mais    les  eschevins    qui  ne 
»  leredouloient  pas  beaucoup  ,  parce  qu'ils  se  sentoient 
»  rapportés  (  soutenus  )  par  le  roy  et  par  Monsieur  le 
«  dauphin ,  pour  la  ferme  loyauté  qu'ils  leur  avoient 
»  tottsjours  conservée  parmy  les  troubles  de  la  France , 
>  luy  respondirent  hardiment  que  leurs  armoiries  estoient 
»  plus  anciennes  que   les  archevesques  ,    et  qu'ils  les 
y  avoient  portées  en  leurs  bannières  et  enseignes  du 
9  temps  des  Romains  et  avant   qu'il  y  eust  aucun  dT- 
9  chevesque  à  Lyon.  Et  cependant  se  pourveurent  au 
«roy  et  obtindrent  lettres  de  S.  M.  ^  par  lesquelles 


(34ft) 
»  ^toit  cleffe^clu  de  rien  attenter  cdnt're^  leurs  armonrie» 
»  et  commandé  de  faire  redresser'  càies  qm  avôi^nt  et^ 
» .  abattues  ;  et  parce  que  maisire  Jeaa  le  Viête ,  lUsiUfe- 
»  nant  du  baillif  de  MasoûB-,  qui  poitoit  \»  aiMe  de 
»  Tarchevesque ,  fit  refus  d*e^ecu4er  levrs  lettiies'.,  ife  se 
»  portèrent  pour  appellans  de  luy  y  du  deiny  ^  fuslite  ^ 
»  et  relevèrent  leur  appel  en  la  court  de  ^arlemeul  qui 
»  lors  se  tenoit  à  Poic4iers  ,.  parce  que  Paris  estoit  oc-* 
»  cupë  par  les  Anglois.Pàr  alrrest  de  laquelle  t^M  fut 
»  répare  ^  et  les  letties  ivLvoy  mises  4  deaSexeeûtiicyn.^ 
Rubys,  HisL  vérU.  1.  III,  c*  47,  pag.  334«  Voyes 
aussi  Paradin  ,  Mémoires  ^  pag.  411-^12. 

Nous  terminerons  cet  attide  par  la  mention  d^uo  fait 
historique  peu  connu  ,  etl  qui  a  un  rapport  direct  à: 
notre  sujet. 

Le  10  juillet  1 584  9  ^  ^^  Mandelot ,  gouverneur 
du  Lyonnais ,  fit  offriif  au  consulat  un  lion  vivant  pour 
être  conservé'  par  la  ville',  à^  cause  de  son  nom  et  de  sed- 
armes.  La  proportion'  fut  reçue' avec  recounaissance  j 
mais  ne  fut  pas  acceptée.  Les  motifs*  du  refiis:  oonàigtiës' 
danale  procèsrverl>al  du  même  jour,*  et  les^  termes  dans 
lesquels  ce  document  est  conçu ,  sont  assez' curieux  pour 
qu'on  nous  sache  gré  den  donner  ici  la<  copie  : 

«  Sur  le^  rapport  faict  au  consulat  p^r^  ledîct  S.*^ 
»  Scarron  (1)  ,  que  despuis  peu  de  jours  Monseignetur 
»  de  Mandelot  luy  avoit  dict  que  désirant  honorer  ^ 
»  gratiffier  la  ville  qui  avec  le  nom  porte  les  armoiries 
»  d'uag  lyon  ,  il  avoit  recouvré  ung  jeune  lyondeau^ 
)»  grand  à  merveilles  selon  son  temps , .  lequel  il  a^v6ué' 
»  à  ladicte  ville  aux  fins  qu'à  F  instar  d*autlpes  viHés  qui' 


^é^àimmmmtmi^^^,êÊmm^Ukmml^i^m 


(t)  Antoine  Sctrron,  alors  premi«r^ch^in. 


(  347  ) 
!»  oajt  poar  amotrie^  de  ^onblables-  ammaux  y  die  le 

sjiourrli  en  quelque,  lieu  sepai'ë  9  comme  luy  mesme< 

B  l*a  Ëdct  nourrir  en  sa  maison,  despuis  quelque  temps  ; . 

>  mais  parce  que  le  Roy  luy  a  faict  entendre  qu  il  se- 

B  poil  bientost  en  cette  viHe  et  qu'il  entendoit  et  toulôit 

B  logcx  en  sadî te  maison  ».  il  patUmt  par  nécessité  que  cèst 

B  animal  en  fut  sorty  de  bonne  •  heure  ,  parce  qu'il  es- 

B  percHt  que  S.  M.  seroit  icy  sur  le  commencement  du 

8  prochain  moys  d*aoust:dont  il  avoit  donné  charge  au* 
B  iài  S/  Scarron^  pour  y  pourûoir  pcèmptemait. 

ff  A  £STi  ADTisi  de  remercia*  ires  humblement  ledict 
B  se^neur  de  Mandelot  du  soing  et  bon  sele  qu'il  a  pour 
B  la  grandeur  et  entreteneroent  de  la  réputation  de  la- , 
s  dicte  Tille,  et  par  mesme  moïen,  de. luy  remonstrer 
f  et  prier  de  considérer  la  pauvreté  d'icelle  et  les  grandes 
B  debles  qu'elle  a  sur  les  bras  ,  qui  la  doibvent  excuser 
B  dé  fine  ce  qu'elle  voudroit  :  et  desireroit  bien  ,  pour 
y  Tàmour  et  souvenance  perpétuelle  de  luy,  recepvoir  de 
y  ses  mains  et  entretenir  cest  animal , .mais  qu'estant, 

9  comme  dict  est,  endeblée  et  n'ayant  aucuns  deniers 
9  communs ,  il  seroit  toujours  trouvé  mal  à  propos 
B  qu'elle  se  init  en  cette  nouvelle  despence  de  la  nour- 
9  riture  d*ung  lyon  ,  qui  ne  pourra  estre  moindre  de 
B  deux  cens  èscus  par  an ,  y  comprenant  les  gaiges  , . 
9  nourriture  et  entretenement  de  son  gouverneur,  et  que , 
B  d'solleurs,  le  Rôy  ne  le  trouveroit  pas  bon ,  attendu 
9  que  luy  mesmes,  pour  espargner  telle  despence  super;- 
B  due  et  ihutile ,  a  faict  tuer  tous  tels  et  semblables  ani- 
3»  maux  que  ses  prédécesseurs.  Roys  par  curiosité  avoient 
^  entretenus  j  et  le  pourroit  encores  trouver  plus  mau- 
9  laîs  en  tant  qu'il'  sembleroit  que  cette  dicte  ville  se 


(  348  y 
»  Youlsist  conformer  et  csgallcr  à  celle  de  Berne  et  autres 
».  qui  se  sont  érigées  en  republicqucs  souveraines  ,  les— 
»  quelles  nourrissent  par  ostentation  les  bestes  qu'elles 
»  ont  pour  armoiries  ,  et  qu'ils  prient  leàid  seigneur 
»  de  Mandelet  qu'ils  ont  tousjours  cogneu  très  affec— 
»  tionnë  au  bien  de  ladicte  ville ,  de  mettre  ce  en  consi- 
»  deration  et  de  les  tenir  pour  excusez.  i> 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

(  XXX.«  Article  ). 


Notice  sur  François  de  Mandelot ,  seignear  de  Pawy ,  de  Leme  et 
de  Vireaux ,  ricomte  de  Gli&loofl ,  cheTalier  des  ordres  du  roi  , 
gchiyenieur  et  lieutenant-génëral  du  Lyonnais,  Forez  et  Beaajolais. 

François  de  Mandelot  est  encore  un  de  ces  hommes 
qui  semblait  devoir  occuper  une  place  dans  la  Biographie 
universelle  ;  il  paraissait  difficile  d'oublier  un  personnage 
que  $a  valeur  et  ses  talens  élevèrent  aux  plus  hautes 
dignités  :  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  que  la  part  qu'il 
a  eue  dans  les  ëvënemens  dont  Lyon  a  ëtë  le  théâtre  au 
i6.^  siècle  ,  rendrait  inexcusable  Tomission  que  l'on  fe- 
rait de  lui  dans  une  biographie  lyonnaise.  Il  naquit  à 
Paris  le  20  octobre  1529.  Il  était  (ils  de  George  de  Man- 
delot ,  seigneur  de  Passy  ,  et  de  Charlotte  d'Igny.  Il 
reçut  une  éducation  distinguée  ,  et  embrassa  la  profession 
des  armes.  Jacques  de  Savoie  ,  duc  de  Nemours ,  l'admit 
au  nombre  de  ses  pages  ,  le  fit  nommer  gentilhomme  de 
la  chambre  du  roi ,  et  obtint  ensuite  pour  son  jeuDe 
protégé  plusieurs  autres  faveurs  de  la  cour  de  France. 
Toutefois  il  le  retint  long-temps  auprès  de  lui  en  qua* 


l\ïé  de  lieutenant  de  sa  compagnie,  de.  gendarmes ,  et  lui 
'  fit  partager  ses  përils  et  sa  gloire  au  siëge  de  Metz  ,  k 
k  bataille  de  Renti  ,  à  la  prise  de  Thionville  et  k 
d'autres  affidres  non  moins  brillantes.  En  i555,  Ne- 
mours était  dans  le  Piémont  ;  le  marquis  de  Pescaire 
Toulant  profiter  d'une  trêve  pour  signaler  sa  valeur  , 
invita  Nemours  k  rompre  une  lance  avec  lui  ,  pour 
l'amour  de  leurs  dames  ;  le  défi  fut  accepté ,  et  il  fut 
convenu  que  chacun  d'eux  serait  assisté  de  trois  cava* 
lîers  :  Nemours  et  ses  trois  compagnons  ,  parmi  lesquels 
était  Mandelot ,  méprisant  le  conseil  du  maréchal  de 
Brîssac ,  eurent  l'imprudence  d'entrer  en  lice  avec  des 
armes  de  parade.  Pescaire  et  Nemours  coururent  trois 
ibis  l*un  contre  l'autre  sans  se  blesser  ;  deux  des  amis 
de  Nemours  furent  tués  ;  mais  Mandelot ,  plus  heureux  y 
fit  sentir  au  cavalier  italien  qui  lui  était  opposé ,  l'effort 
de  Tune  des  plus  rudes  lances  de  France  »  en  lui  faisant 
perdre  la  selle  et  les  étriers.  Après  la  rupture  de  la  trêve  y 
Mandelot  suivit  le  duc  de  Guise  en  Italie ,  et  resta 
avec  ce  prince  jusqu'à  la  paix  de  iSSg. 

Nemours  ayant  été  envoyé  en  1662 ,  par  le  duc  de 
Guise,  pour  prendre  le  commandement  de  l'armée 
royale ,  en  remplacement  de  Tavannes  qui  était  venu 
mettre  le  siège  devant  Lyon  ,  .  dont  les  sectaires  du 
Dauphinë  s'étaient  emparé  le  i.«^  mai  de  la  même 
année.  Mandelot  suivit  le  prince  en  qualité  de  lieutenant 
général.  Tavannes  qui  ,  après  la  conjuration  d'Amboise, 
avait  ëtë  nommé  par  commission  temporaire  lieutenant 
gteëral  en  Lyonnais  (1)  ,  Foress  et  Dauphiné ,  se  trou- 

(i)  François  d'Agout ,  comte  de  Sault ,  était  lieutenant- 
{éeéral  en  LyoïM^ais  et  Beaujolais,  lorsque  les  protestans. 


(  35o  ) 
vait  alors  îi  la  tète  d'une  armëe  composite  de  3ooo  itâ* 
liens ,  sous  le  comte  d'AnguIscoIe  j  et  de  Sooo  français  y 
levis  la  plupart ,  par  Saint-Chaumont  et  par  Lastic  y 
grand  prieur  d'Auvergne.  H  tenait  Lyon  investi  de  telle 
sorte  qu'il  eût  pu  r^uire  cette  ville  en  moins  de  deux 
mois  ;  mais  quand  il  vit  arriver  Kemours  avec  le  titre 
de  général ,  il  ne  put  souffrir  d'être  le  second  dans  le 
commandement  ^  et  il  se  retira  en  Bourgogne.  Sa  retraite 
fut  très-i-préjudiciable  aux  catholiques  ;  car  ,  immédiate- 
ment après ,  la  désertion  se  mit  dans  les  troupes  fran- 
çaises, et  le  comte  d'Anguiscole  emmena  ses  Italiens; 
il  en  resta  seulement  trois  compagnies  sous  le  capitaine 
Brancaccio ,  qui  se  livrèrent  à  une  infinité  de  ravages , 
et  qui  commirent  des  brutalités  si  exécrables ,  qu'après 
leur  départ  les  paysans  brûlèrent  toutes  les  cbèvres  au 
pays  (  M^zeray ,  Hisi.  de  France ,  tom.  II .  pag.  86*3). 
Les   calvinistes    surent  profiter    de   cette   circonstance 
pour  approvisionner  Lyon  et  le  mettre  en  état  de  sou- 
tenir un  long  siège.  Cette  ville ,  où  Soubise  comman- 
dait l'armée  des  religionnaires ,  gémissait  sous  la  plus 
affreuse  anarchie.  Malgré  les  principes  de  tolérance  dont 
ils  faisaient  parade ,  les  protestans  avaient  exilé  et  dé- 
pouillé tous  ceux  qui  ne  voulaient  pas  marcher  sous 
leurs  bannières.  Plusieurs  catholiques  avaient,  même  été 
égorgés ,  et  la  Saône  avait  reçu  leurs  cadavres.  Les 


avec  lesquels  il  parait  avoir  été  d'intelligence ,  sVmparèrent 
de  Lyon.  Le  comte  de  Saait ,  qui  n'occupiiît  c(6  .p<»ste.  qae 
depuis  Tannée  précédente  (  i56i  )  ,  le  conserva  jusqu'à  la 
mi-août  i564:  il  périt  en  1567  à  la  bataille,  de  St-Benis, 
ovi  il  portait  les  armes  pour  les  hnguenots.  Voy.  Colonîa  y 
Hisi.  Uu.  de  L^on  ,  tom.  II ,  pag.  635  et  suir. 


(  35i  ) 
é^Ms  aTaient  éié  ^dlies  et  profanées  ^  plusieurs  srvaîent 
élé  démolies  ;  le  superbe  cloître  de  SU  Just ,  xësidence 
orfinaire  des  papes  et  des  rms  lorsqu'ils  venaient  visiter 
r^tîqiie  mëteopole  dos  Gaules ,  avait  étë  rase ,  et  il  n^en 
était  pas  resté  le  moindre  ves^e*  Une  soldatesque  effré- 
nëe ,  instruite  à  Técole  ^  l»aron  des  Adrets ,  et  une 
populace  toujours  avide  de  troubles ,  et  qui  s'était  accrue 
de  la  Ue  des  provinees  voisines  ,  étaient  excitées  à  tous 
oes  actes  de  barbarie  el  de  destruction ,  dignes  du  siècle 
des  Vandales ,  par  les  prédications  furibondes  du  mi- 
nistre RuSy  <x) ,  le  même  qui,  le  lendemain  de  cette 
révolotîw  dont  il  fut  on  «des  principaux  fauteurs,  mar- 
chant armé  d'âne  cuirasse ,  d*une  épée  et  d'un  marteau , 
eatra  le  premier  ,  suivi  d'une  troup)e  de  furieux  ,  dans 
la  cathédrale ,  monta  sur  les  autels  ,  en   arracha  les 
images ,  foula  aux  pieds  les  vases  sacrés ,  en  enleva  ou 
en  brâk  les  ornemens  les  plus  précieux.  On  rapporte 
que  vers  le  même  temps  la  nouvelle  étant  venue  à  Lyon 
que  Malthe  était  assiégée  par  les  Turcs ,  Ruffy  et  son 


(j)  Ce  lut  lui  qui  »  dans  la  naît  du  5o  fivril  aa  i.^  mai 
i562,  acheva  de  persuader  aax  calvinistes  de  se  révolter, 
et  ce  fat  à  ses  pressantes  sollicitations  qu'ils  prirent  les 
k  asinoît  ^  et  qaTaprès  s'être  saisis  du  corps-de-* 
q«i .  était  posté  à  St-Nîzier ,  ils  s'^emparèrent  de 
i'IiAlel  de  TÎUe  presque  sans  coup  férir.  Secondés  ensuite 
par  les  troupes  du  baron  des  Adrets  qui  entrèrent  par  le 
poat  4a.  Kbôue  ,  ils  furent  bientôt  maîtres  de  toute  la  vil|e. 
De  Tbda ,  Ht.  nxi.  Voy.  sur  Ruffjr ,  Saconay ,  Discours 
dt$  pr^wùers  irxmbhs  de  Lyon ,  pag.  i56  et  146  ;  Saint-^ 
Ânbia  ,  JIûl.  de  Lyon ,  pag.  4^^  9  Archw,  du  Bhéne  y 
y-  y  9   P%«  4^  ,  et  tom.  VU  ,  pag.  iio. 


(  352  ) 
colligae. Pierre  Viret  (i),  ordpnn&rent  un  feAne  ei  de» 
prières  publiques  pour,  obtenir  du  ciel' qu'il  hétiîi  les 
armes  des  infidèles ,  et  qu'ils  dirent  et  répétèrent  plu^ 
sieurs  fois  dans  leurs  prêches  qu'il  valait  .miei^x  4{u.e 
Malthe  fût  soumise  aux  Mahométans  qu*à  des  idolâtres  9 
tels  que  les  catholiques  (  Colonia ,  Hist.  lUt.  de  Lfony 
tom.  II9  pag.  694)* 

Nemours  n'ayant  pas  des  forces  suffisantes  pour  conti* 
nuer  le  siège  de  Lyon ,  voulut  d'abord.  s*assurer  de 
Vienne  (2),  afin  d'ôter  aux  Lyonnais  tqute  comonuni?*- 
cation  avec  cette  ville  qu'il  réduisit,  sans  peine  sous 
l'obéissance  du  roi.  Nemours  et  Mandelot  allèrent  ensuite 
a  la  rencontre  du  baron  des  Adrets  qui  venait  au  secours 
devienne,  et  ils  le  défirent  non  loin.de  Beaurepairê* 
Des  Adrets  se  sauva  à  Lyon ,  et  après  y  avoir  réuni 
4000  fantassins  et  200  cavaliers ,  il  voulut  aller  prendre 
sa  revanche;  mais  il  fut  battu  une  seconde  fois  et  se 
réfugia  à  Bourgoin ,  où  ,  s'étant  mis  à  b  tête  de  2000 
Suisses  que  Nemours  et  Poncenac  conduis^ent  à  Lyan^^ 
il  vint  camper  entre  cette  ville  et  Vienne ,  en  telle  sorte 
qu'il  semblait  assiéger  son  vainqueur. 

Nemours  n'ignorant  pas  que  des  Adrets  était  fort 


(i)  Q  est  à  présumer  qa*avant  d'avoir  e'tç  ministres  9  Virèt 
et  Rud^  s'étaient  tronvés  dans  quelque  mêlée.  Le  Jésuite 
f  erpinisA  nous  apprend  qu'il  manquait,  une  oreille  au 
premier  ,  et  que  l'autre  était  balafré  :  ViretXo  auricula  una 
{ieest ,  Ruffinus  in  facie  cicatricem  kabet.*,  ,  p.  16S9   £^ÛC« 

(a)  François  du  Terrail ,  sieur  de  Bemins ,  de  la  maison 
de  Bayard ,  qui  avait  le  commandement  de  la  garnison  de 
Vienne  1  ne  lui  opposa  qu'une  légère  résistance.  De  Thou  9 
Mv.  xxn. 


t  S53  ) 
fautent  de  ceux  de  son  parti  (i)  ,  lui  fit  tenir  des  lettrés 
deFanikal  de  CoUgnyy  qu'il  avait  interceptées ,  et  dans 
lesqudles  l'amiral  blâmait  amèrement  la  conduite  et  le 
Bâtard  violent  et  sanguinaire  de  des  Adrets.  Alors  trois 
conféremxs  eurent  lieu  entre  le  duc  et  le  baron.  Mandelot 
et  Mmireyel  fureat  otages  pour  le  priùce  ^  Poncenac  et 
BlaooDs  pour  des  Adrets.  Ces  conférences ,  pendant  les- 
fodies  des  Adrets  fit  son  traite  secrètement  avec  Ne^ 
■oius  y  et  qui  furent  suivies  d'une  trêve  de  douze  jours , 
foi  défait  exfHrer  le  6  décembre ,  rendirent  des  Adrets 
m  sufecl  aux  rellgionnaires  que ,  peu  de  temps  après  y  les 
In^uenots  de  Valence ,' commandés  par  Mouvans,  se 
ouïrent  de  loi  el  l'envoyèrent  dans  les  prisons  de  Nimes. 
Nemoors  et  Mandelot  firent ,  mais  sans  succès  ,  plu--^ 
ôeoTS  tââtatives  conti*e  diverses  places  du  Vivarais  ;  ce** 
pendant  ik  battirent  SL  Auban  qui  avait  été  nommé 
récemiaent  lieutenant  général  de  Dauphiné  par  le  prinQ0 
de  Goodé ,  et  ils  le  firent  prisonnier.  Us  se  rapprochèrent 
ensuite  de  la  ville  de  Lyon,  auprès  de  laquelle  ils  avaient 
kissé  Saint-Cbaumont ,  qui  avait  reçu  un  renfort  de 
troupes  commandées  par  Antoine  de  Sennectère  ,  évéque 
daPuy,  prélat  d'une  grande  naissance.  Presque  toute 
Tamée  était  campée  à  St.  Genis  Laval ,  village  situé 
à  deux  lieues  de  Lyon.  Mandelot ,  depuis  la  retraite  des 
Italiens ,  y  avait  établi  une  discipline  si  sévère  ,  que  les 
paysans,  rassurés ,  venaient  de  tous  côtés  y  vendre  leurs 


(i)  Le  prîiice  de  Gondé  instruit  des  excès  que  commet* 
tût  des  Adrets ,  avait  envoyé  k  Lyou  ,  pour  y  commander  ^ 
Jeaa  de  Parthenay  ,  seigneur  de  Soubise  :  cette  préférence 
déplot  il  des  Adiets ,  et  fut  un  des  principaux  motifs  qa» 
Fengi^^èrent  à  abandonner  la  cause  des  calviniste^. 
Tome  VIL  ^3 


<  354  ) 
denrées^  Vers  la  fiit  de  ranaëe ,  Nemour»  fut  nomnië 
gouverneur  du  Lyonnais  (i:),  en' remplacement  duma^ 
rëchal  de  Saint  André  ^  tué  à  la  bataille  de  Dreux  Çle 
^9  décembre  iSâ2  )•  Mandelot  ^  pendant  les  excursicMis 
que  faisait  le  duc  dans  les  provinoescirconvoîsînes^forga 
pluç  d'une  fois  à  la  retiaite  les  rëgimens.  huguenots  qui 
sortaient  fréquemment  de  la  irille  pour  ravager  les  can»^ 
pagnes  et  mettre  les  paysans  à  contribution  ;  illespoup- 
suivait  souvent  jusqu'aux  portes  de  la  ville  ^  et  ne 
revenait  jamais  dans,  son  camp  qu'il  ne  fûti  charge  ^ 
dépouilles. et  qu'il  n'amenât  des  prisonniers  (2).  Cepen»- 
dant.il  n'est  point  d'efibrts.^  point  de.  ruses  que.n/em- 
ployât  Nemours  pour  se  rendre  maître  de  Lyon  ;  deuzc 
fois  il  voulut  tenter  l'escalade  ^  mais  mal  servi  par  ~  les 
intelligences  qu'il  avait  au-dedans  ^  mal  secondé  par  ses 
propres  soldats,  deux  fois  il  échouai.  Vers  les  premiers  jouis 


(1)  Ses  proTisions  sont  da  27  décem1)re  iS6à  ^  il  obtint 
<tes  lettries  de  relief  de  surannatlon  ,  datées  de  L jon  ,  ie'4 
Juillet  1564.  N<ftedeM.  Côchard.   '    '    '  ' 

(2)  C'est  bien  certainement  par  èrrenr  que  mon  estimable 
collègue,  M.  Gechard,  dans  an  recueil  d'anecdotes ,  pldoé 
k  la  suite  d'un  calendrier  publié  sous  le  titre  de  VUommé 
de  la  Hoche  ^  hyon  j  1838  ?  in-i8»  fait  tenir  par  le  duc  d0 
Neniours  ,  qu'un  huguenot  aurait  mëditë  d'assassiner  à  St^ 
Genis-Laval ,  le  même  discours  que  François  de  Lorraine, 
duc  de  Guise  ,'  tint  au  siège  de  Rouen  à  un  cal?iniste  qui  , 
ayant  touIu  le  poignarder,  se  justifiait  de  cet  attentat  , 
en  di&ant  que  sa  feHgioh  Ty  avait  pous'së  i  Si  ià  teh'giàn  , 
lui  répliqua  Gttîse  »  t'apprend  à  assassiner ,  ia  mienne  4»te 
commande  de  te  pardonner.  Va-^'-en  en  sûfeté  et  ne  crois  pims 
un  d  mauvdis'émngUè.  Voy.  sur  ce  mot  Montaigne ,  Ess€Ùs  ^ 
Ut.  I ,  chap.'  ûS  \  et  la  Biogr.  univ. ,  tom.  Xii ,  pag.  189, 


(  555  > 
dcmns  i563^  ua  prisonnier  qu*il  ayait  fait  dans  une 
cMarmottche^  Marc  Errain  <!))  receveur  des  tailles  à 
Ifaa  f  lai  avait  promis  j  pour  racheter  sa  vie  ,  de  lui 
liner  une  des  portes  de  la  ville;  Nemours ,  trop  côn«* 
faol^.le  renvoie  à  Lyon.  Errain  délivré  ^  se  hâte  d'alleu 
iostmire  Soubise  dn  projet  de  Nemours.  Soubise  ne  né<* 
giigp  point  cette  occasion  de  firire  tomber  le  duc 'dans 
•es^  propres  embàches*  Il  commande  à  Errain  dé  fixer  le 
jour  de  l'exécution  au  7  mars.  Ce  même  jour ,  Timoléoft 
de  CSossé  ,  fils  du  marécjial  de  Bri^sac  ,  est  chargé  par  Ne*^ 
«ovTide  conduire  l^entrepk'ise  avec  Sodo  hommes»  Erfainy 
èi  liaut  d'nne  tour,  leur  fait  signe  d'entrer  dans  le  fau-^ 
bom^  de  St.  lust  ;  il  va  au--devant  d'eux  ,  les  conduit 
jusqu'à  la  porte ,  et  se  jetaiit  avec  précipitation  dans 
le  gnîcbet^,  il  ie  ferme  sur  eux.  Aussitôt  les  catholiques 
sont  assaillis  par  le  feii  de  deux-cents  mousquets  à  croc  et 
de  sept  ou  huit  pièces  de  canon  chargés  de  chaînes  et  de 
feiraiUe ,  et  par  une  salve  de  deux  mille  arquebusades« 
Poyety  filaoDos  et  Èntragues  ,  à  la  tête  de  six  cents  ar-«* 
qaebusiei:^'  dioisis  ,  sortent  au  même  instant  de  la  ville 
et  fondeot  sur  les  troupes  de  Brissac,  qui  se  défendit 
avec  coors^,  et  se  hâta  d'opérer  sa  retraite;  toutefois 
il  laissa  dans  le  faubourg  plus  de  trois  cents  hommes' 
tués,  et  eut  un  nombre  plus  grand  encore  de  blessés., 
Nemours ,  placé  sur  une  hauteur  voisine ,  fut  le  specr 
tateur  de  cette  malheureuse  expédition ,  et  la  douleur 
que  lui  fit  éprouver  un  pareil  affront,  jointe  à  la  nou^ 
telle  qu'il  reçut  presque  en  même  temps  de  la  mort  de- 


( 

■% 


(f)  Cest  ainsi  que  le  nomme  Rubys  \  Casteluau  l'appelle 
Héibin.  et  les  tradacteors  de  J.-A,  4<  Tb<m»  Hflirlio» 


(  356  ) 
Françoib,  duc  âe  Guise,  lui  causa  une  maladie  cfoi 
faillit  le  conduire  au  tombeau  (i).  Quand  les  religioniiaireft 
qui  occupaient  Lyon ,  eurent ,  en  conformité  de  Tëdit 
de  pacification  du  19  du  même  mois  (mara  iS63)  ,  fait 
leur  soumission  au  roi ,  Tàrmée  de  Nemours  n'entra 
point  dans  cette  ville  et  quitta  le  Lyonnais  (2). 

Ce  fut  à  peu  près  vers  cette  époque  que  Mandelot 
épousa  Élëohore  de  Robertet ,  d'une  ancienne  maison 
du  Forez,  célèbre  par  les  services  qu'elle  avait  rendus  à  isi 
couronne  sous  Charles  VIII ,  Louis  XII  et  François'  I.** 
Un  membre  de  cette  famille ,  Jacques  de  Robertet ,  avait 
été,  au  i5.*  siècle,  prieur  de  Saint-Rambert  etreK— 


(t)  Yoy.  Mezeray,  Hist.  de  Fr. ,  toin«  II ,  pag.  865  et 
de  Thou ,  Hist.   univ.  ,  liv.   XXXIV.  Rubys  rapporte  que 
ti  Nemours    eat   depuis    sa    raison    de     ce    traîstre     de 
f9  Marc  Errain ,  leque}.il  fit  longtemps  croupir  en  un  cul 
9}  de  fosse  et  enfin  mourir  misérable  ,  luy  apprenant  et  k 
•»  se»  semblables  que   c'est  de    se  jouer  aux  princes  et- 
>f  qu'Us  ont  les  mains  longues.  »  Histoire  de  L^oTigpag.  49^» 
•  (2)  Nemours  comptait  si  peu  s'emparer  de  Lyon,  qiie  le^ 
20  mars,  veille  du  jour  où  fut  rendu  Tédit  de  pacificatioii  y^ 
il  écrivait  à  la  Reyne  (  mère  )  sa  souveraine  dame  : 

u  Madame ,  Ancore  a  sette  heure  j'ay  etté  averty  qoe» 
9}  seus  de  lion  disent  publiquement  qu'il  aime  miens  s'a- 
99  lier  des  Suisses  et  de  seus  de  Jeneve  (que)  de  s'acorder 
99  aus  articles  que  Ton  veut.  Je  les  ai  tousjours  trouvé  de 
99  si  mauvaise  voulonté  que  je  m'asure  que  jaray  loisir  d'aï— 
99  1er  et  de  venir  deus  fois  vers  Tostre  mageste  premier 
9  qu'ils  soient  prest  k  vous  rendre  obeisance.  Yostre  tre» 
M  obeisant  sujest  et  fidel  ser?iteur  Jacques  de  Sayoye.  A 
«tSt.  Gcnis  Uval  le  xx»«.  mars  i562  (i565),»  Voy* 
Mémoircê  deCoodé  f  tom.  lY ,  pag.  319»  édit  de  174^. 


(357) 
fieax  d&  cette  antique  et  mémorable  abbaye  de  l'ile-Bârbèf 
détni^e  par  les  huguenots  en  1 562 ,  et  dans  laquelle  ils 
ne  laissèrent  que  des  masures  qui  ont  ëtë  décrites  dan» 
le  curieux  ouvrage  de  Claude  le  Laboureur.  Les  troubles 
ésâtés  par  les  calvinistes,  ayant  rallumé  la  guerre  ci- 
vile, Mandelot,  qui    avait    été   nommé   chevalier  de 
tordre  de  St.  Michel ,  en  i56â  ,  trouva  encore  plusieurs 
(ms  l'occasion  de  donner  de  nouvelles  preuves  de  sa 
Iwavoure.  Il  se  distingua  surtout  en   1 667  à  la  bataille 
de  Saint-Denis.   L'année  suivante ,  il  obtint  enfin  la 
fécompense   de  ses  nombreux    services  :  il  fut  nommé 
lieQtenant  du  roi  à  Lyon  en  remplacement  de  René  de 
Biiague,  que  le  roi  avait  rappelé  auprès  de  lui.  IL  fut 
ÎDsbllé  dans  ce  poste  important  par  le  duc  de  Nemours 
fà ,  souvent  absent  de  Lyon  ,  se  reposait  sur  lui  du 
soin  de  veSler  aux  afiaires  de  son  gouvernement.  En 
1570 ,  Mandelot  chassa  du  Vivarais ,  et  ensuite  du  Forez , 
Tamiral  de  Coligny ,  qui  était  venu  faire,  en  partisan ,  la 
lineiTe  en  ces  contrées  avec  un  détachement  assez  nom- 
beux  qu'il  avait  ramené  de  la  Guyenne.  Ce  fut  cette 
nime  année ,  pendant  la  nuit  du  2  au  3  décembre,  que' 
le  Rhône  et  la  Saône  débordèrent  subitement.  Cette  inon* 
èitipn,  qui  dura  trois  jours  ,  causa  les  plus  grands 
ranges.  Trois  arcs  du  pont  du  Rhône  furent  emportés, 
et  le  faubourg  de  la  Guillotière  fut  presque  entièrement 
renversé.    Mandelot ,  dans  cette   circonstance ,  exposa 
'{dus  d'une  fois  sa  vie  pour  sauver  celle  de  ses  concitoyens. 
Nemours  ayant  donné  sa  démission  de  gouverneur  du^ 
Lpnnais  ,  Mandelot  lui  succéda  en  janvier  1S71  (i)* 

i^— — ^,— ^1^— ^  — — —      I    ■■  ■    ■»  ■   .^— ^i^»M^— ^— ^  I         I   11    I     II    MM^^^—  ■    Il     ■ 

'  (f)  Ses  provisions  sont  datées  du  châteairde  Boulogne,  le. 
17  février  1571  ^  et  furenf  enregistrées  le- 1^  mars  suivant;' 

Note  de  M.  C. 


(  358  ) 
II  ne  tarda  point  à  acquérir  de  nouviBaus*tUrê6  &  ta 
reconnaissance  des  Lyonnais.  Pendant  Thiver  de  1572  ^ 
Jjyon  fut  frappé  du  double  fléau  du  froid  et  de  là  fa- 
mine.   Mandelot  et  sa  digne  épouse  se  dévouèrent  aa 
sotilagement  des  pauvres  et  ne  négligèrent  rien  pour 
adoucir  les  horreurs  d'une  pareille  calaiaité«  Mais  cfés 
débordémens  de  fleuves ,  tes  froids  rigoureUK  »  ces  fa- 
mines n'étaient  que  les  tristes  avakit-cOurettrs  du'  plus 
sinistre  des  événemens.  Pourquoi  ne  m'est-il  p^s  permis 
d*arracher  de  nos  annales  la  page  sur  laquelle  ii  est 
écrit  en  lettres  de  sang  ?  Tous  les-  historiens  ^ui  lions 
ont  retracé  le  massacre  de  la  S^int-Barthélemi  exécuté  à 
tiyoh ,  Ise  contredisent  entr'eux  sur  plusieurs  points  ; 
de  Thoti ,  qui  me  parait  le  plus  fidèle  (i)  «i  le  plus  im- 
partial ,  va   nous  montrer  quelle  fut  la  conduite   de 
Mandelot  pendant  ceUe  abominable  bpucberie  (2). 
.   c(  ...  Ce  fut  à  Lyon  que  se  fit  le  plus  grand  carnage 
des  huguenots  ;  dans  cette  cité  populeuse,  dont  les- portes 
furent  soudain  fermées,  on  surprit  un  grand  nombre  de 
religionnairès  que  le  gouverneur ,  M.  François  de  Maa- 
delot,  fit  enfermer  dans  les  prisons,  sous  prétexte  ^di- 
sait-il ,  de  les  pratéger  contre  les  fureurs  du  peuple  ,  en 
les  confiant  aux  gens  du  roi ,  mais  pendant  qu'on  les 
conduisait,  la  troupe  de  fanatiques  qui  I^ur  servait  d'es- 
corte ,  en  massacra  pliisieurs  dans  les  rues  détournées  et 


(i)  Nous  dévoua  la  traduction  qu*on  Ta  lire  du  fragment 
de  de  Thou ,  à  Tobligeance  de' .  1^.  Rabanîs ,  professeur 
^iV^S^  de  rhétorique  an  collège  royal  de  Lyon. 

(2)  Expression  de  Bossuet,  d'autant  plus  remarquable 
que  de  Thoa  fut  soupçonné  par  ses  contemporains  cfétre 
favorable  aux  novateurs. 


(559). 
ks  quartiars  isolés  >  leurs  cadavrts  ;étaieiil^  wi^itÀt  )tïés 
dans  le  Rhône  et.  dans  la  SaAne.  Le  chef  et  Je  guide  des 
assassins  étail  un  certain.  Boydon  (i) ,  mi^rable  couvert 
de  crimes ,  qni ,  dans  la  auite^  reçut  le  traitement  qu*il 
méritait  à  Clermont  en  Auvergne  où  il  fut  pendu*  Les 
trois  premiers  jours,  la  multitude  dévasta  et  pilla  les 
mataoBS  des  suspects  dont  elle  recherchait  des  traces.  Le 
ipatriène  jour .  qui  était  ie  jeudi  29  août ,  le  sieur  du 
Beyrat  {i) ,  de  Lyon,  qui  venait  de  recevoir  le  cordon  de 
&4£GbeI  9.  décoration  avUie  et  dédaignée  depuis  long- 
leoppar  Tabus  qu*on  en  avait  fait,  en  L'accordant  à 
toute  aorte  d^individus ,  arriva  de  la  part  d^  la  reine  avec 
des  instructions,  secrètes  et  des  lettres  de  Claude  de  Ru- 
Iqrs  (3)  ,  ^nsi  que  des  autres  échevins  de  Lyon  (4) , 


^^m^ 


(i)  Bojdon  ^ait  alors  capitaine  penon. 

t&)  HatiHce  du  Feyrat ,  fils  de  Jean  du  Peyrat ,  fut,  dans 
là  suite ,  fieutenant  du  roi  -  à  Lyon.  Son  frère  ,  Jean  du 
fcp%t  j  capitaine  des  troupes  lyonnaises  qui  disaient  partie 
de  fanée  voyiJe,  envoyée  eontre  les  caUiuistes  dans  le 
Baaphiné  en  i5& ,  fut  tué  an  siège  de  Beanrepaire.  Maurice 
çoiBmaa4lût  le  poste  d'arquebusiers  da  cerps-de-garde  de 
$I-Nizier,  la  nuit  du  3o  avril  au  i,^^  mai  dh  la  mémc| 
année.  Du  Peyrat  t  ^n  premier  bruit  y  sortit  de  son  lit  à 
demi  éveillé ,  et  fut  fait  prisonnier  par  les  protestans  , 
airant  d'aToir  pu  s'armer  (  de  Thou  ,  liv.  xxxi).  Un  per- 
iODnage  de  ce  nom  ,  fagitif  de  Lyon  pour  crimes  atroces  ^ 
ae  tnmvait  en  i5&5  ii  Paris  ,  où  il  figura  h  kt  procession 
4ea  pénîtens  de  rAnnoaciation  de  N.  D*  Yoy.  Journal 
iBenri  111 ,  par  TEtoile ,  mars  1 585. 

(5)  Procureur  général  ,  auteur  de  YHistoire  véritable  de 
la  ville  de  Lyo^y  1604  ,  in-fol. 

(4)  François  Scarron ,  et   Guyot  de  Masso. 


(36a) 
tous  persontldgês  de  la:  même  trempe  qui  se  trouyaimi  Â 
Paris  pour  les  intëréis  de  la  commune.  Ces  lettres  don- 
naient le  détail  de  ce  qui  s'était  passé  à  Paris ,  et  an- 
nonçaient que  rintention  et  la  volonté  formelle  du  roi 
était  que  la  ville  de  Lyon  suivit  l'exemple  de  la  capitale^ 
Mandelot  qui  avait  des  sentimens  modérés  ,  quoiqu'il 
passât  pour  être  dévoué  à  la  faction  des  Guises ,  recula 
d'abord  à  l'idée  d^une  pareille  atrocité.  Après  avoir  ob.- 
tenu  de  la  multitude  furieuse  une  espèce  de  trêve  de 
quelques  jours,  .pour  avoir ,  disait-il ,  le  temps  de  réflédiir 
et  de  recevoir  les  ordres  du  rcû  qu'il  attendait  d'un  mo«- 
ment  à  l'autre ,  il  fit  publier  que  tous  les  hérétiques  se 
rendissent  au  palais  du. gouverneur  pour  apprendre  les 
intentions  du  roi.  Ces  malheureux ,  persuadés  que  le  nm» 
du  roi  serait  pour  eux  une  sauve-garde ,  sortent  de  leurs 
asiles  et  accourent  auprès  de  MIndelot  qui  les  dirige 
Qussitàt  sur  les  différentes  maisons,  d'arrêt;  car.  ils  étaient 
en  si  grand  nombre  que  la  prison  de  Roanne  n'aurai^ 
pu  les  contenir  tous.  Au  m^e  instant  arrive  Pierxe 
d'Auxerre  (i),  avocat  du  roi,  qui  était  venu  en  poste 
de  Paris ,  homme  d'une  profonde  perversité  et  d'une  ré- 
putation infâme  :  sans  autre  garantie  que  son  dire  y 
comme  si  la  parole  d'un  homme  de  son  .rang  était  plu» 
que  suffisante ,  il  assure  à  Mandelot  que  la  volonté  du 
roi  et  de  la  reipe  est  que  tous  les  hérétiques  qui  ont  été 
ou  qui  pourront  être  pris ,  soient  exécutés  sur-le-champ  ^ 


<i)  Pierre  d'Auxerre  moDrut  d*apoplexîe,  en  se  lavant 
les  mains,  pendant  qu'Henri  IV  était  à  Lyon  en  iSgS* 
(  Vojr,  Rubjs  ,  Hisi.  de  Lyon ,  pag.  45i  )  ,  et  non  en  1 589  % 
comme  le  dit  Pemetti,  Lyonnais  dignes  de  mémoire  ^ 
tom.  1,  pag.  Sga. 


i36i  )  • 

et  sans  autre vinfbtmatiOQ.  Alors  Manâeldt ,  inlimtd^  par 
ks  yddfërations  du  peuple  à  qui  Pierre  d*Auxerre  avait 
oommuniquë  la  volonté  du  roi  ;  n*ose  plus  résister,  et  » 
se  tournant  vers  œlui  qui  avait  àppdrtë  Tordre  de  l'exë- 
craUe  assassinat  :  Monsieur  ^  lui  dit-il ,  /e  puis  vous  dire 
u  que  Notre  Seigneur  dit  autrefois  à  Pierre  :  Faites 
u  que  cous  coudrez;  ce  que  oous  cuirez'  lié^èra  lié  y 
té  que  cous  aurez  diUé  y  sera  délié.  A  peine  ces  niots 
sont- ils  prononces  ,  que  la  multitude  se  disperse  pour 
ooQTÎr  au  meurtre  et  au  pillage.  Boydon  s*âdjoignii 
dnii  complices ,  les  ûommës  Momieu  (i)  et  Leclou  (â) , 
^s  prêts  à  tout  faire ,  et  familiarises  dès  loYig-temps 
avec  le  crime.  Le  l>ourreau  qu'ils  voulaient  charger  dés 
e»!cutions ,  leur  refusa  son  ministère  ,  en  disant  qu'il 
A»t  prêt  à  obëir  ,  s'il  en  recevait  l'ordre  légal  de 
l'aiaorité  compétente ,  mais  que  rien  ne  l'obligeait  à  se 
prêter  à  ces  massacres  arbitraires  ,  ni  à  intervenir 
dans,  cette  boucherie.  Alors  on  fit  connaître  ce  refus  aux. 
officîende  la  garnison  qui ,  non  moins  indignés ,  ré- 
pondirent avec  horreur  qu'ils  ne  feraient  jamais  l'office 
de  bourreau  ,  et  qu'une  infamie  de  cette  nature  souil- 
lerait trop  la  loyauté  dé  leur  noble  profession  ;  et  qu'a- 
près tout  ils  n'avaient  jamais  eu  à  se  plaindre  des  mal- 

beureux  protestans  (3).  On  fut  alors  obligé  de  recourir 

II—' 

(i)  Momieu  était    soupçonné   d'avoir   tué    son    père. 
Vezeray  ^  HisU  de  Fr. 
.  (2)  Leclou  ,   capitaine  des. arquebusiers  de  la  ville. 

(5)  Il  faut  encore  ajouter  à  ceux  qui  refusèrent  de  sa 
f^sr  aux  massacres  de  Lyon,  Tricotas,  de  Langes^  qui 
avait  succédé  à  Pomponne  de  BellîèTre  ,  son  parent ,  dans 
b  chaîne  de  lieutenant-général  de  la  sénéchaussée  de  Lyon» 
Yoj.  Mém.  de  V estât  de  France  y  sous  Charles  IX. 


(  564  ) 
signaleraient   it  la  justice  :  dissimnlalion   maladrate  tJt 

tout  à.  fait  ridicule.  Aux  approches  de  la  nuit ,  Tes  sicaires 
investissent  la  prison  de  Roanne  ,  «t ,  par  un  raffinement: 
de  cniautë ,  ils  garrottent  leurs  victimes  ,  et ,  leur  met- 
tant .une  corde  au  col  ^  les  traînent  ters  la  rivière  cfik 
ils  les  lancent  vivans  encei^.  Les  massacres  et  le  ^îl-^- 
lage  ccftitinuèrent  pendant  Ift  nuit.  Les  meubles  y  le» 
marchandises  ,  tout  fut  enlève  :  ceux  des  hérétiques  fpîî 
avaient  réussi  à  se  cadier ,  trahis  et  arrachés  de  leurs 
retraites ,  étaient  jetés  pèle-méle  dans  le  Rhâne.  Man-* 
delot ,  importuné  du  spectacle  horrible  qu*ofiraient  k 
ses  yeux  les  cadavres  gisant  dans  la  cour  de  rarchè*' 
véché  9  les  fit  charger  sur  des  bateaux- ,  afin  qu*dn  les' 
transportât  de  Tautre  côté  du  fleuve  ,  dans  le  cimetîèfe 
de  Tabbaye  d*Ainay  ;  mais  les  mornes  réclamèrent  vir 
vement  ;  ik  prétendirent  que  ces  restes  étaient  indignes 
4l'ékre  ensevelis  en  terre  sainte ,  et  le  peuple ,  accourait 
au  signal  qu'on  lui  donna  ,  précipita  ces  cadavres  dans 
la  Saône  :  toutefois  ,  avant  de  les  jeter  9  on  avait  pemua 
aux  pharmaciens  de  mettre  it  part  les  plus  gras ,  afin 
d*en  retirer  la  graisse  (i).  Tels  sont  les  -détails  rap~ 
portés. par  ceux  qui  ont  décrit  ces  horreurs  dans  le 
temps  même  où  elles  furent  commises.  Encore  les  meur- 
triers ne  s  en  tinrent  pas  là.  Peu  de  temps  après ,  les 
frères  Darut,  chefs  d'un  commerce  important,  les  sieurs 
de  la  Bessée  {a)  et  Flocard ,  citoyens  reconimandables  y 

»  M^— — 1— I— ■    ■■    .  ■         — — ii^— — ^»  ■     ■       I  I* 

(1)  L'anteor  du  Discours  du  massacre  de  ceux  de  Uk 
religion  réformée  y  Jean  Ricaad, '.attribue  principalement 
aux  Italiens  les  horreurs  commises  sur  ces  cadaTres. 

(2)  Valet  de  chambre  du  roi  ;  il  avait  été  procureur  gfâgué-. 
rai  de  la  Tille  et  commnnftaté  de  Lyon*  ÏLubys  ^.^'ï'f*;^ 
LCfon  ,  pag.  470. 


lurent  diMchës  àts  prison^ ,  égptfjis  et  pr^ipifés  a^ûê 

fe  Rlitee.  Telle  fut  aus^i  la  fin  Ae  Claude  Gouditneî  ^ 

Qa  des  meiUears   compositeurs  du   siècle ,  qui    avait 

idsplé  uoe  musique  hannoniefise  à  la'tradiiotion  francise 

des  psatimes  de  David  ^  par  Glëmeht  Marèl  et  Thëodbref 

de  Bèse  5  traduction  que  les  protestans   chàittent  en-* 

Core   aujouîrd'hui.    Néanmoins  9  au    milieu   des  ëgor^ 

Reviens  ,  gràtxis  à  la   compassion  des  officiers  du  roi 

et  de  M.  de  la  Mante,  commandant  des  troupes ,  quel-» 

joes  TÎctimes  parvinrent  à  s'échapper ,  entr'autres  Ie9 

pasleors  iean  Rjcaud  (i)   et  Antoine  Caille  (2)  ;  Jean 

Laa^ob.  (3),  leur  collè{P|ue  et  président  du  consistoire  y 

avait  ^TDis  à  mort  un  des  premiers.  On  portfe  à  800  per- 

«mes  de  tout  âge  et  de  tout  sexe  le  nombre  des  victimes 

^  fiirent  inhumainement  sacrifiées  (4).  n^ 


(t)  Âlateiur  dtf  Discours  du  massacre  ,  etc.  déjà  cité.  V07, 
Ardd^siu  'RhSne-f  tom.  lY ,  pag.  249  et  sûîv. 

fi)  Sùvatii  Tauteor  du  Discours  de  la  i}ie  ,  mort  et  der^ 
niers proifos  sk/eu  Mgr 4  de  Mandeloté,.,^  Ljon ,  i588 ,  in-^« 
Maudelot  é(  parmj  les  armes  du  peuple  sauva  la  vie  )i  une 
9  infinité  de  sédftieax  Isérëtiques.  99  Pag.  1 1 .  Nous  ajonte*- 
lou  ici  avec  d^Aubtgné  ,  que  les  assassins  laissèrent  la  vie 
^^  tous  oéns  qui  voulurent  promettre  d*aller  à  la  messe. 

(5)  Jacques  Langiois ,  normand  9  était  déjà  ministre  h  L  jov 
en  i5fo  ,  Mém.  de  V estât  de  France  f  tom.  II ,  pag.  477* 

(4)  «  Quelques  mçis  après  toutes  ces  tragédies  jouées 
»  eu  France  ^  le  pape  (Grégoire  XIII)  envoja  un  légat 
n(\e  cardinal  Orsini  ou  des  Ursins  )  vers  le  roj ,  lequel 
>  fiit  reçu  très  honorablement  à  Lyon  et  les  rues  tiqiissées. 
».  Arrivé  qu'il  fut,  il  alla  descendre  sur  la  calade  de  Saint 
99  Jean.,  là  où  il  entra^  et  ayant  ouy  les  vespres  ,  sortit 
»  par  Umesme  perle  qu'il  estait  entré ,  et  estant  sur  ladite 


(  366  ) 
.   Tel  est  le  r^t  kmeniable  qae  Tlùstorieil  de  Thou  a 
laisse  des  massacres  de  Lyon  ,  sanglantes  et  criminelles 

V  calade,  fut  rencontre  par  la  pluftpart  dés  tnus^aei'énrs  qni^ 
>r  rattendoîent  là  de  pied  coy  :  lesquds  le  vojant  se  mettent 
yy  tons  à  genbq^  pour  ayoîr  a1>soki|îoii.  Hais  parce  qne  le: 
9)  dît  lë^t....  ne  sfiTo^t  l'occaBion  poor  laquelle  ceux  cj  se, 
n  mirent  à  genoux  devant  Iny ,  un  des  notables  de  la  Tille 
99  luy  dit    que  ces  gens....   estoient  ceux  qui  ayoîent  fait 
»  l'exécution  des  massacres  ;  ce  qu'ayant  entendu  |  ledit 
n  légat  incontibént  leur  bailla  l'absolution ,  en  faisant  le' 
19  signe  de  là  croit  de  la  main  droite.  Mais  parce  que  cela 
9»  se  faisait  trop  publiquement ,  Boydon  ne  se  Voulut  troU*-* 
)r  ver  en  cette  place ,  mais  alla  farourer  ledit  légat  en  sa* 
r^  clianpj>re  ,  là  oik  il  loi  baiUa  l'disolation  comme' il  aveiti 
99  fait  aux  autres,  ri  M^noicçs  de  Vesiai  de  France^  tm.  11-^ 
pag.  490  t  édition  in-fol.  de    1676.  Il  ne  faut  pas  oublier 
que  l'auteur  dé  ces  mémoires  était  calviniste.  J'ajouterai 
qu'il  a  le  plus  souvent  copié. ,  sans  en  prévenir,  le  Uis^ 
cours  du  massacre  9  par  J.  Ricaud.  Yoy.  aussi  de  Tbou  \ 
liv.  LIV.  PoulHn  de  Lumina^  Hisl.  chronoL  de  L^yom^  pré- 
tend que  le  boucher  qui  s'était  signalé  par  le  plus  granit 
nombre  d*huguenots  qu'il  avait  assommés  ,  en  fat  r^oni'^ 
pensé  par  l'honneur  qu'il  reçut  d'être  admis  à  la  table  du* 
légat*  Quand  on  rapporte  de  pareils  faits  ^  il  faut*  citer  i^eb  ' 
autocités.  PouUin  de  Lumina  est  un  de  ces  écrivains  ians'- 
conscience   et  sous  là  plume  duquel   tout  s'exagère.  Ne 
porte-t-il  pas  à  4000  le  nombre  des  massacrés  de  Lyon  ^ 
tandis  que  le  protestant  d'Aubigné»  d'accord  avec  de  Thovà  j 
ne  le  porte  qu'à  8oô  ?  Voy.  la  Dissertation  de  Caveirao ,  sun 
la  journtfe  de  ta  Saint  Barthélemi ,  pag.  xxxv  et  snir.  et*  * 
V Origine  de  VEgliâe  de  Lyon  ,  par  M.  l'abbé  Jacques  y^ 
psag.  90.9  où  l'auteur  remarque  avec  raison  que  le  clergé" 
de  Lyon  demeura  entièrement  étranger  aux  fiireurs  deeette* 
époque. 


<  367  ) 
représailles  des  atrocités  dont  les  caWinistes  s*ëtâient 
reiidos  coupables  dans  œtte  miSme  ville ,  et  qu'un  laps 
de  duc  années  n'arait  point  encore  pu  faire  oubliei*.  Si 
Ifandelot,  honune  doué  d*un  caractère  humain  et  modërë , 
se  fût  entendu  airec  le  commandant  de  la  citadelle  ,  et 
eât  montre  plus  de  fermeté  à  Tarrivée  de  du  t^eyrat  et 
de  Pierre  d'Auxerre,  la  rage  de  ces  deux  monstres  eût 
peul-^re  été  paralysée ,  et  là  ville  de  Lyon  eût  été 
Vierge' du  sarig  des  protestans. 

La  mort  de  Charles  IX  ,  qui  suivit  d'assez  pr^s  cette 
ternbTe  catastrophe ,  parut  oiFrir  aux  religidnnaires  fu- 
gitifs et  tlëjà  sous  les  armes  dans  plusieurs  contrées  et 
principalement  dans  le  Dauphiné  ,  une  occasion  d*autant 
plus Ënrorable  de  se  relever,  que  l'héritier  de  la  couronne 
de  France  occupait  alors  h  trône  de  Pologne.  Dans  ces 
drootistances  critiques ,  Mandelot  convoqua  en  son 
h6lc!  les  principales  corporations  de  la  ville,  el ,  après 
une  allocution  forte  et  pathétique ,  il  leur  fit  j^rêter  ser- 
ment de  fidélité  à  Henri  III.  Une  députation  composée 
des  citoyens  les  plus  notables ,  à  la  tête  de  laquelle 
était  Claude  de  Rubys ,  proctu^eur-général  de  la  com- 
mune, fut  envoyée  au-devant  du  roi  qu'ils  rencontrèrent 
it  ¥enise  où  ils  re^^urent  audience  du'monarque ,  qui  leur 
promit  de  passer  par  Lyon  et  de  s'y  arrêter.  Henri  ne 
tarda  point  à  y  venif  ;  toute  sa  cour  l'y  attendait ,  et  les 
fêtes  les  plus  somptueuses  signalèrent  son  séjour  dans  la 
seconde  ville  du  royaume.  Le  prince,  enchanté  d'une  pa- 
reille réception ,  joignit  la  province  du  Forez  à  celle  du 
Lycmnais  et  du  Beaujolais ,  et  il  rendit  aux  écbevins  les 
dés  de  la  ville  dont  ils  avaient  été  privés  depuis  le  i  .*' 
mai  i562. 

L'additiotf  d*une  province  à  son  gouvernement  ftit  ^ 


;(  568  > 
pour  Mandelot,  un  nouveau  motif  de  redoubler  de  TÎgv* 
lance.  Peu  de  temps  après  le  départ  du  roi ,  des  soldats 
huguenots  qui  s'étaient  embusqués  dans  le  château   de 
Peraut  ,  situé  au-dessous  de  Gondrieu  sur  le  bord    dit 
RhAne  9  exercèrent  toute  sorte  de  brigandages  dans   les 
«nviroBs  et  rendirent  impraticable  tout  commerce  par 
eau.  Mandelot  9  réunissant  toutes  les  forces  de  son  gou:' 
vernement,  fit  cerner  le  château  qui  fut. bombardé  et 
ensuite  rasé.  La  même  année  (iSyS),  il  enleva  aux  hur> 
guenots ,  la  petite  ville  d*Andance ,  située  aussi  sur  le  bord 
du  Rhône ,  et  il  y  laissa  une  garnison  assez  forte  pour 
)a  garantir  d'une  nouvelle  surprise.  Il  ne  fut  pas  moins 
heureux   dans  une  expédition  contre  Pierre  Gourde  ^ 
chef  d'une  bande  assez  considérable  de  sectaires,  lequel^ 
ayant  pénétré  dans  le  Forez  ,  était  sur  le  point  de  s'em*- 
parer  du  pont  de  St-Rambert ,  lorsque  Mandelot ,  qui  le 
prévint ,  le  contraignit  à  retourner  d'où  il  était  venu* 
En  i58o,  le  Dauphiné  lui  fut  aussi  redevable  de  son 
salut  :  les  paysans  ^  soulevés  contre  les  nobles ,  avaient 
pris  les  armes  et  se  disposaient  â  piller  et  â  brûler   les 
châteaux.  Mandelot  vint  au  secours  des  seigneurs ,   et 
cette  révolte ,  connue  sous  le  nom  de  Ugue  des  vilains  ^ 
fut  bientôt  étouffée.  Rubys  qui ,  par  erreur  (  pag.  43  z 
de  son  Hisf.  dt  Lyon  )  ,  place  cet  événement  à  l'année 
i58f ,  nous  apprend  que  Mandelot ,  après  avoir  désarmé 
ces  séditieux  à  Moyrans  ,  où  il  les  avait  cernés ,  les  ren* 
voya  chacun  chez  eux  avec  un  bâton  blanc  â  la  main, 
Mandelot  eut  ensuite  la  gloire  de  battre  deux  fois  Lesdi- 
guîères  qui ,  succédant  à  Montbrun ,  dans  le  comnjiande— 
ment  des  sectaires  du  Dauphiné  ,  voulut  venger  ces  misé-: 
râbles  paysans  qu'il  avait  ameutés.  Il  se  distingua  aussi  au 
siège  de  la  Mure,  où  le  duc  de  Mayenne,  commandait 


r^om^  rojfale-;  et  François  de  Colombier ,  son  nev^ti  ^  jr 
fttt  tnë  le  ig  octobre.  La  perte  de  ce  jeune  guerrier  fut 
si  se&siUe  à  Mandelot  qu'il  fit  apporter  ses  restes  mortels 
à  Lyon  où  ils  furent  inhumes  dansTëglIse  de  S.  Bona-^. 
irenture.  Son  ëpitaphe ,  mutilëe  et  déplacée  pendant  le 
fègae  de  la  terreur ,  se  trouve  maintenant  au  milieu  de 
la  nef  ayec  plusieurs  autres-  pierres  tumulaires  qui  ont 
ienri  à  payer  Téglise* 

Mandelot  fut  choisi  par  le  roi,  en  1 582,  pour  aller 
UL  Suisse  renouveler  avec  cette  nation  un  traité  d'al-^ 
Uamce  et  en  obtenir  des  troupes.  Le  succès  de  cette  né^ 
goctation  habilement  dirigée,  lui    valut  le  collier  de 
Toidre  du  St-£sprit  (i).  Nicolas  de  Langes,  lieutenant-^ 
gÉQëral  de  la  sénéchaussée  de  Lyon  ,  qui  l'avait  accom-* 
pagné  et  l'avait  aidé  de  ses  conseils,  fut  élevé  aux  fonc-* 
(uns  de  premier  président  du  parlement  de  Dombes« 
Cette  même  année ,  la  ville  de  Lyon  qui ,  pendant  la  se-^ 
OQside  période  du  XVI.*  siècle ,  devait  être  en  proie  à 
tous  les  fléaux  ,  fut  atteinte  de  la  peste  pour  la  seconde 
fois.  Biandelot ,  durant  cette  calamité ,  fut  dignement 
secondé  par  le  jésuite  Auger  qui,  par  son  dévouement 
an  service  des  pestiférés ,  s'acquit  une  gloire  à  jamais  du-* 
nble ,  et  a  laissé  un  nom  cher  à  rhumanlté.  Dès  que 
Lyon  eut  été  délivré  de  la  peste ,  Henri  111  vint  y  passer 
une  vingtaine  de  jours ,  et  logea  dans  une  maison  que  ' 
posa^ait  Mandelot  sur  la  colline  de  Fourrières.  Avant 
l'arrivé  du  roi ,  Mandelot  faisait  élever  dans  cette  maison 
un  jeune  lion  dont  il  voulut  faire  hommage  au  consulat, 
afin  qu'à   l'exemple  de  plusieurs  autres  cités,  la  villtt 


i**i 


(i)  U  fat  de  la  promotion  do  Si  décembre  1 582,1 
Tome  FIL  2A 


(  Î70  ) 
entretiat  à  ses.  frais  le  superbe  animal  dont  elle  avait  place 
limage  dans  ses  armoiries  çt  sur  ses  bantiières,  mais  le 
consulat  considérant  que  la  pénurie  de  ses.  finances  ne 
lui  permettait  pas  de  faire,  pour  Tentrelien  de  ce  lion» 
une  dépense  qui  s*élèyerait  à  plus  de  200  écus  par  an  , 
refusa  Toffre  de  Mandelot  (0-  ,       - 

Depuis  long-temps ,  le  duc  d*EpernoTi  5  favori  du 
roi  9  convoitait  le  gouvernement  du  Lyoni^ais  ,  et 
n'attendait  .qu'une  occasion  favorable  pour  supplanter 
Mandelot.  Afin  de  mieux  parvenir  à  son  b  ut ,  il  avait 
fait  donner  le  commandement  de  la  citadelle  à  un  sieur 
du  Passage  (2)  qui  lui  était  tout  dévoué.  Instruit  de  ses 
intrigues^  Mandelot  (en  i585),  dé  concert  avec  les 
échevins ,  se  fit  ouvrir  les  portes  de  la  citadelle  par  un 
sergent-major  de  la  garnison  auquel  on  avait  promis 
2^000  écus.;  il  en  expulsa  le  sieur  du  Passage  et  rem- 
plaça la  garnison  désarmée  par  la  milice  urbaine.  Maigre 
son  affection  bien  connue  pour  d'Epemon ,  le  roi  avait 
trop  besoin  de  Mandelot  pour  ne  pas  se  voir,  contraint 
à. approuver  sa  conduite,  hardie  epvers  le  sieur  du  Pas- 
^ge;  il  ordonna  même,  quelque  temps  après ^  la  démoli* 
tion  de  la  citadelle. ,  et ,  pour  rassurer  complètemeift 
Mandelot ,  il  donna  le  gouvernement  de  la  Provence  à 


(i)  Vojes  cî-de88n»9  pag,  346. 

(2)  Aîmar  de  Poisiea ,  siear  du  Passage  ,  cheTaller  de 
l'ordre  du  roi ,  nommé  goaTemear  de  la  citadelle  -de 
L^on ,  par  letU'es  patentes  du  18  novembre  i584  9  ensuite 
de  la  ville  et  citadelle  de  Valence ,  par  lettres  du  17  mars 
1 590  ;  lieuteuant-géBérai  en  Provence ,  en  Pabsence  dn  dite 
d'Epemon  ^  par  autres  lettres  da  ao  décembre  1 5^  ^  enfia 
du  marqi^sat  de  Salaces  ,  par  brevet  du  :^5  avril  1598.    Ç. 


(371) 

âISperaon.  t)t)lig^  de  pas^r  par  Lyon  pour  se  rendre  k 

son  pdsfe  (en  1586),  d'Épernon  s'était  fait  accDihpa- 

gBer  d'un  eorps  nombreux  jde  troupes  à  pied  et  à  cheval. 

Mandelot ,  craignant  que  le  duc  ne  voulût  se  venger  de 

Imjate  faite  au  sieur  du  Passage ,  fit  prendre  les  armes 

i  tous  les  habitans  de  la  ville ,  et ,  sons  prétexté  de 

lendit  i  d'Épernon  les  honneurs  dus  à  son  rang ,  il  les 

distribua  fe  long  des  rues  que  le  diic  devait  traverser: 

d^pemon  se  mit  alors  à  la  discrétion  de  Mandelot  ;  la 

cavalerie  seule  passa  par  la  ville ,  et  l'infanterie  descendit 

en  bateaux  la  Saône  ,  toute  bordée  d^arquebusiers.  Le 

doc  logea  dans  la  maison  de  Bonvise ,  près  des  Augus- 

tins ,  et  Ton  plaça  deux  corps*de-garde  aux  avenues  de 

la  rue. 

Lyon ,  pendant  cette  année  (  1 586) ,  fut  encore  désolé 
par  la  peste  et  par  la  famine  ;  Tannée  suivante ,  la  guerre 
civile  faillit  succéder  à  ces  calamités.  Et ,  en  effet ,  les 
débris  de  Tannée  des  Reitres ,  défaite  par  le  duc  de  Guise 
à*fa  bataille  d'Auïieau  9  étaient  venus  se  rallier  daiis  le 
liàamfiais ,  sous  le  commandement  du  sieur  de  Châtillout 
ffe  akié  de  C6)igny.  Mandelot  qui  avait  reçu  ordre  de 
les  attaquer ,  lève  à  la  hâte  une  armée  dans  les  provinces 
Je  son  gouvernement  et  court  à  la  rencontre  de  Cbâ- 
tillon.  Mais  à  Taspect  des  Reltres ,  vieux  soldats  aguerris 
et  accoutumés  à  la  discipline ,  Tarmée  novice  et  ine^pé^ 
ximeatée  de  Mandelot  fut  saisie  d'épouvante ,  et ,  fuyant 
en  désoidre ,  permit  à  Chàtillon  de  traverser  le  Lypn- 
Biîs  sans. brûler  une  amorce.  Cette  bataille,  qui  pourtant 
vhxL  fat  pas  une,  fut  appelée  par  dérision  la  bahiilled^ 
Firecul  (Saint-Aubin ,  Hîst.  de  Lyon  ,  pag.  sSo). 

Vers  le  commencement  de  Tannée  i588  (le  26  fé- 
frier),  Mandelot ,  à  la  sollicitation  d'Henri  W,  unit  ^ 


(  372  ) 
fille  (Marguerite),  i  Charles  de  NeavUle  d'Alîncoiwt  ^ 
fils  du  secrëUire  d'état  Nicolas  de  ViHeroy  (i).  Henri  , 


(i)  Jean  Passerai,  ou  des  meilleurs  poètes  de  son 
temps,  qui  avait  déjà  fait,  en  1874,  nne  él^ie  «mt 
rentrée  d'Henri  III  en  son  royaume  et  en  sa  ville  de 
Ljon ,  composa  Tépithalame  de  M.  d'Alincourt  et  de 
M.II^  de  Mandelot.  Voici  comment  cette  pièce  est  terminée': 


•  '. 


Au  beau  Tergcr  de  Cythërëe 

CueiUes  la  fleur  tant  desirëe  , 

Dont  bientost  on  Toye  le  fruit* 

Allez  et  TOUS  tene«  de  rire , 

Quand  au  partir  vous  orrex  dire  : 

Adieu,  bonsoir  et  bonne  nuit. 

Chascun  de  tous  à  ce  coup  pense 

De  jouir  de  la  récompense  ^  ^     . 

De  son  amour  et  de  sa  fpy  s 

Et  TOUS  fasse  Hymen  grâce  ^Ue 

Que  rendiez  la  race  immortelle 

De  Mandelot  et  Yilleroy. 

D*Âllnconrt  fat  nommé  gouvemenr  de  Lyon  en  1608  ^ 
par  Henri  IV ,  qui  répara  Tinjustice  d'Henri  III*  Il  fit  son 
entrée  à  Lyon  le  21  novembre  de  la  même  année  5  avec 
Jacqueline  du  Harlay  sa  seconde  épouse  ;  Marguerite 
Mandelot  était  morte  depuis  quatre  ans  ^  car  on  trouve 
son  oraison  funèbre  dans  les  Oraisons  funèbres  et  tomheaux^ 
composés  par  Messire  Claude  de  Morenne ,  évêque  de  Sées. 
Paris  y  i6o5 ,  in-8.^  Cette  oraison  ne  contient  aucune  par- 
ticularité intéressante  ;  le  seul  passage  qui  m'ait  para  digne 
de  remarque  est  le  suivant  :  a  Or  ce  que  j'ay  ton  s  jours 
99  estimé  de  plus  recommandable  en  sa  vie  ,  a  été  la  cfaa- 
n  rite  qu'elle  exerçoit  envers  toutes  sortes  de  pauvres  ,  et 
»  particulièrement  des  malades.  Non ,  non ,  Messieurs  et 
>i  Mesdames ,  ne  pensez  pas  être  dignes  du  nom  de  catho-. 
»  liques  y  et  encore  moins  du  titre  de  pieux  et  dévots , 


(  573  ) 

foolant  9  II  cette  occasion  j  donner  à  Mandelot  une  nou* 

\d\t  marque  de  sa  bienveillance ,  permit  que  ,  dans  le 
contrat  de  mariage,  on  stipulât  la  survivance  du  gou- 
Temeraent  de  Lyon  en  faveur  de  d*Alincotirt.  Toute  la 
^c  prît  part  aux  fêtes  de  ce  mariage  qui  furent  célé- 
brées par  un  grand  nombre  de  bals  ,  de  festins ,  de 
joutes ,  de  tournois  et  de  mascarades.  Mandelot  ne  fut 
pas  long- temps  le  témoin  du  bonheur  de  sa  fille.  L'ho- 
rison  politique  se  rembrunissait  chaque  jour;  la  funeste 
journée  des  barricades  avait  répandu  le  deuil  et  la  cons- 
ternation dans  le  cœur  de  tous  les  amis  de  la  monar-* 
diSê.  Tierre  d'Epinac  qui  avait  été  un  des  auteurs  de 
celle  journée ,  avait^  entraîné  tout  son  clergé  dans  le 
parti  des  Guises,  et  le  clergé,  à  son  tour,  cherchait  à  y 
frire  entrer  toute  la  ville.  Mandelot  que  d'Epinac  avait 
voulu  y  entraîner  aussi ,  et  qui  n'avait  écouté  ses  pro- 
positions, que  pour  avoir  des  éclaircissemens  positifs  sur 
ses  intrigues  et  les  ressorts  qu'il  faisait  jouer ,  conseilla 
i Henri  m,  dès  Tannée  i585 ,  de  faire  arrêter  d'Epinac, 
àe  ssLmr  ses  papiers  et  de  les  rendre  publics,  afin  de  faire 
connaître  authentiquement  que  les  chefs  de  la  prétendue 
Sainte  Union  n'avaient  pour  objet  que  d'écraser  la  fa- 
mille royale  sur  les  degrés  du  trône  et  de  démembrer  hi 


*  pour  avoir  chapelets  et  patenostres  pendas  à  vostre  cein- 
^  tore ,  pour  aller  à  la  messe ,  pour  visiter  les  églises  y 
9  ceb  n*est  à  rejeter ,  mab  ce  n'est  pas  asses  ,  si  à  tous 
9  ces  ombres  vous  n'ajoutez  la  charité ,  pour  néant  tous 
9  Âoones-vous  tant  >de  peine.  Vos  travaux  s'escouleront 
9  nos  iraict  et  n'en  demeurera  pas  seulement  aucun  ves- 
»  tî^.  )9  Mandelot  ne  laissa  point  de  fils  }  sa  seconde  fille 
(Catherine)  mourut  célibataire. 


(  374  > 

monarchie  pour  en  partager  entr^eux  les  débris.  Henri  III , 

s'il  eût  suivi  le  conseil  de  Mandelot ,  aurait  sans  doute 
évité  les  malheurs  qui  lui  arrivèrent  (  Saint-Foix  » 
Hisi.  de  tordre  du  S t- Esprit).  Mandelot  luttait  de  force 
et  d'énergie  avec  les  bons  citoyens  pour  que  Lyon  restât 
fidèle  au  roi ,  lorsque  vers  les  premiers  jours  d'octobre  ^ 
il  tomba  gravement  malade.  La  présence  du  duc  de 
Mayenne  9  qui  se  trouvait  alors  à  Lyon  ,  contribua  peut- 
être  plus  encore  que  la  goutte  et  la  fièvre  à  le  conduire 
au  tombeau.  Mayenne  qui  avait  fait  d'inutiles  efforts 
pour  qu'il  adhérât  au  pacte  impie  de  la  Sainte-Union  ^ 
voulait  faire  donner  le  gouvernement  de  Lyon  à  un 
partisan  de  la  maison  de  Lorraine  ,  et  Mandelot  qui 
n'ignorait  point  les  intrigues  du  duc ,  en  ressentît  la 
plus  vive  douleur.  Quand  il  vit  approcher  sa  dernière 
heure ,  il  rassembla  auprès  de  lui  sa  famille  et  les  per- 
sonnes qui  lui  étaient  le  plus  chères ,  et  s'adressant  au 
P.  Auger  9  son  vieil  ami  et  le  directeur  de  sa  consdence  y 
il  le  pria  de  représenter  au  roi  qu'il  mourait  pauvre  et 
endetté  pour  le  service  de  Sa  Majesté  >  il  recommanda  sa 
femme  et  ses  enfans  aux  consuls  et  échevins  de  Lyon  ^ 
les  suppliant  de  ne  point  permettre  que  ses  meubles  ei 
ses  haiii s  fussent  vendus  sar  la  place  des  Changes.  11 
fit  la  même  recommandation  aux  consuls  des  nations 
étrangères.'  Le  samedi  qui  précéda  sa  mort ,  il*  demâlldâ 
l'extréme-onction  ,  et  quand  il  l'eut  reçue ,  îl  pria  Bieiij 
de  le  laisser  encore  au  monde  une  couple  d'années,  &*îij 
voyait  qu'il  fAt  bon  pour  le  service  du  roi  et  pour  Tuti-j 
lité  commune  de  Lyon.  Le  lendemain ,  le  duc  de  Mayenne 
le  visita  et  resta  long-temps  auprès  de  lui.  Mandelot  qui  ^ 
malgré  ses  souffrances  ,  avait  conservé  toute  sa  présencf 
d'esprit ,  présageant  l'issue  qu'auraient  les  affaires  de  I« 


Hffiid  y  rifi  ocaignH  ppint  de  Ivî  àift  ^^que  la  fin  d^ 
»  étaU  de  Blois  ne;  serait  ^i  agrëable  gue  le  œmmence*- 
«  ment^  ^ue  la^  plaie  des  barricades  de  Paris  saignait 
A  «Bûore ,  et  qm  la  pnse  4u  marquisat  de  Saluées  (par 
9  le  duc  de  Savoie) ,  Tavait  bien  agrandie  ;  que  le  duc 
9  de  Guise  n'aurait  jamais  le  moyen  de  calmer  cette  mer 
s  ^'il  avait  tant  oragéê  et  tourmenté^,  et  que  le  se- 

>  cours  qu'il  se  promettait  des  étrangers  le  tromperait 

>  (Matthieu ,  Hisf.  de  France,^  tom.  I ,  pag.  688 ,  ëdit.  de 
»  i63i,  in-foL  )  »•  Mandelot  mourut  le  mercredi  24 
Borembre  1588,  un  mois  avant  l'assassinat  des  Guises. 
Le  roi,  trompe  par  tous  ceux  qui  l'entouraient,  n'at- 
tendit pas  qu'un  serviteur  aussi  fidèle  eût  rendu  le  der- 
nier soupir  pqur  lui  donner  un  successeur.  Le  fils  d'Anne 
d*£sle ,  le  jeune  duc  de  Nemours ,  malgré  la  stipulation 
portée  au  contrat  de  mariage  de  d'Âlincourt  avec  la  Rlle 
de  Mandelot,  obtint  le  gouvernement  du  Lyonnais  (i), 
et  ce  choix  imprudent  du  plus  faible  des  monarques  fut 

.  une  des  premières  causes  qui,  peu  de  temps  après ,  firent 
arborer  à  J^yon  Tëteodard  de  la  ligue.  Mandelot  f^t  in- 
humé dans  le  caveau  d'une  chapelle  de  la  cathédrale,  à 
droite  du  graxid  autel.  L<^  P.  Amger  proi^onça  sop  oraison 
fooèi^re  devant  une  foule  im^Lçi^se  de  Lyonnais  qui  të- 
noignai^nt  par  leurs  laroiQs  combien  était  .grande  la 
perte  qo'ik  venaient  de  £ùre  (a%  ML''^^  de  Mandelot,  qui 


(i)  Ces  lettres  sont  datées  de  Blois  le  jour  même  de  -la 
sort  de  Mandelot 

(a)  "Malgré  la  présence  du  duc  de  Mayenne  qui  assistait 
à  cette  cécomtonie  ,  l'éloquciit  pané^ristç  w  csaignii  point 
de  dire  que.  Mandelot  n*avoU  famais .signé  la  lÂffie  et  qu,[U 
àoU  mpri  ferme  enja  religion  et  au  service  dtù  roi»  C'est 


1 576  > 

prëstda  aus  pompeuses  funérailles  (i)  ckml  ftirent  ho^ 
norës  les  restes  mortds  d  un  époux  qu'elle  avait  tendre- 
ment aimé ,  fit  graver  sur  sa  tombe  cette  inscription 
qui  subsiste  encore  (a)  et  qui  est  remarquable  par' «a 
.noble  simplicité  :         ^ 

D.  0.  M, 

PRAIVCISGO   DE   BCÀITDELOT 

ELEOHORà  DE   ROBERTET 

INGOIVCVSSA    FIDEI 

liOimtERTUIf. 

P. 

i588. 

Jusqu*4  présent  Mandelot  ne  parait  pas  avoir  eu  de 
biographe ,  car  on  ne  peut  donner  ce  titre  à  Tauleur 
anonyme  du  Discours  sur  la  t^ie ,  morl  et  derniers  propos 

de  feu  Monseigneur  de  Mandelot ,  etc.  Lyon  ,  Jean 

•  •    •     •  ■ 

ce  qui  a  fait  dire  2i  Saint*Foix  (  Hîst.  de  l'Ordre  du  St- 
Esprit)  :  «  Il  m'a  para  remarquable  qu'un  jésuite ,  lorsque 
»  la  Ligue  était  si  puissante  ^  l'ait  désapprouvée ,  Tait  re-< 
»»  gardée  comme  contraire  au  serrice  du  roi ,  et  l'ait  dit 
9»  publiquement  deTant  le  duc  de  Mayenne,  n 

(1)  L'ordre  suivi  dans  ces  funéraâles  se  trouve  décrit 
pag.  34  et  suiv.  du  Discours  de  la  vie  ef  nwrt  de  M.  d» 
Manddoi*  On  conserve,  dans  les  archives  de  la  ville  de 
Lyou  y  une  relation  manuscrite  de  ces  mêmes  funérailles. 
Éléonore  de  Robertet  mourut  9  dans  sa  maison  de  Belle- 
grève  ,  le  7  novembre  i6ao  et  fut  enterrée  dans  l'église  de 
Ste-Croix.  Bellegrève  fiit  ensuite  achetée  par  les  religieuses 
des  Ghasaux. 

(3)  Elle  ne  fut  placée  qu'en  1599,  d'après  la  permission 
qu^en  accorda  le  chapitre ,  le  8  novembre. 

Note  de  M.  C^ 


C377Ï 
PQtdiotte ,  i5S8,  in-8.  Cet  opuscule  n'est-,  à  proprement^ 

parler,  qu'un  panégyrique  ;  il  en  est  de  même  de  l'espèce 

de  nfotice  insérée ,  dans  le  cours  d'un  mémoire  inédit 

contenant  la*  relation  des  événemens  qui  se  sont  passés  à 

Lyon  pendant  la  ligue ,  et  dont  on  conserve  des  copies  , 

qui  diffèrent  entre  elles  sur  quelques  points ,  dans  la 

bibliothèque  publique  et  aux  archives  de   la  ville  de 

Lyon  (i).   Cependant  MEandelot  aurait  du  trouver  un 

(i)  Saint-Foix ,  que  j'ai  déjà  cité ,  a  consacré  quelques 
lignes  k  Mandelot  dans  son  Histoire  de  V  Ordre  du  SU 
Esprit,  Un  anonyme ,  que  je  crois  être  le  P.  Pierre-Ângus* 
tiû  de  Moras  ,  religieux  de  Tordre  des  grands  Aitgastîns  , 
a  laissé  «n  '  volume  décrit  par  M*  Delandine ,  n.^  837  de 
ses  Manuscriu.  de  la  hihlioihèque  de  I^on  (  tom.  II ,  pag* 
95  )  ,  conteBant  des  Mémoires  historiques  et  généalogiques 
de  l'Ordre  du  Sainte-Esprit ,  dans  lesquels  se  trouvent  des 
notices  j  quelquefois  assez  étendues ,  sur  ces  chevaliers  ; 
mais  ce  manuscrit  offre  plusieurs  lacunes  considérables , 
et  malbearensement  il  s*en  trouve  une  à  la  notice  de* 
Mandelot ,  dont  le  commencement  occupe  les  pag.  327  et 
328.  Ces  deux  pages  offrent  rhistotre  de  Mandelot  jusqu'en 
1577.  L'auteur  l'accuse  d'avoir  lait  exécuter  très-sévè- 
rement Tédit  de  la  Saint-Barthélemi  dans  son  gouverne- 
ment ,  et  après  avoir  fait  (  d'après  de  Thou  )  le  tableau 
de  ce  massacre ,  o&  périrent ,  dit-il ,  plus  de  800  per- 
sonnes de  tout  âge,  de  tout  sexe ,  il  ajoute  :  «  On  reconnoît 
»  è  ce  trait  le  caractère  des  Lyonnois ,  naturellement 
»  sanguinaires  ,  rebelles  ,  insatidbles  de  richesses  et  de 
»  gloire  ;  d'ailleurs  excessivement  orgneiHenx ,  ^nréiomp- 
"  tneux  ,  traîtres  ,  inconstans  et  capables  des  pins  grands 
I»  crimes^  n  L'anonyme  qui  s'exprime  ainsi  sur  le  compte 
ées  Lyonnais  ,  n'était  point  né  san»  doute  parmi  «ux 
et  les  connaissait  bien  mal. 


(378) 
Historien  parmi  les  ëaûvaias  assez  nombrenx  qui  fleuri-* 
rent  pendant  sa  longiue  administration  et  auxquels  il 
donna  sans  doute  des  encoMrag^mens.  Plusieurâ  d*^entre 
eux  publièrent  leurs  ouvra^  sous  ses  auspices.  E^a  3^^991 
François  dé  Saint  Thomas  (1)  »  licencié  en  droit  k  l^ffoo^ 
lui  dëdia  la  Vraye  forme  de  bien  et  heureusement  tégir 
et  gouQêruer  un  royaume ,  etc.  (  Lyon  ,  Jean  Saugrebî.  ^ 
in-S*^  );  en  i^yS ,  Guillaume  Paradin ,  ses  Mem^es 
de  IfHist.  de  Lyon\  en   i574,  Claude  de  Rubys,   les 
Prii^iléges  de  Lyon  ;  en  iS/y  ,  le  médecin  Pierre  Tolel, 
son  Aetto  judicialis  ad  senaium  Lugdunensem  in  unr- 
gueniarios  pesiUenies  et  nociurnos  fures ,  etc.  ;  la  même 
anuëe ,  Jean  Trenchant ,  un  livre  d*arithpiëtique  ;   eiok 
1578  ,  Jean  Papou,  son  Troisième  N4>iaire\^&sL  lïAù^ 
Jean  de  la  Boèssière  ,  le  doùcièine  cbant  de  sa  traduction 
de  CArioste ,  Lyon ,  Thomas  Àncelin ,  în-^8.*  (  4es  «sept 
premiers  chants,  ainsi  que  les  g.*,  io.*  et  11*,  sont 
aussi   dédiés  à  des  Lyonnais ,   voy.  Goujet  »  Bîbtiùfh. 
Jrançaîse^  t.  VII ,  p.  354)  9 1^  marne  année,  Jean  de  Beau- 
Oiesne  ,  son  Trésor  de  t écriture  ;  en  i583,  Pi^xe  Sa- 
vonne ,  4' Avignon .,  son  livre  de  Yln^ructiou  militaire  ; 
en  /584  ,  B^ooièt  du  Tconoy ,  sa  traduction  du  tmité  de 


m  •  •       • 

■ 

(1)  Cet  auteur  noua  .apprend,  dans  sa  dédicace,  q|i^e.usnr 
9»  le  mojs  d'octob^  que.  la  j;ueiTe  civile  re^ommeii9a  en 
n.  ce  paj&  de  France  pour  la  seconde  fo.U».  M  se  .Irouva  en 
n  cefite  TÂlle  dç  Lyon.,  e^JU'e  ceyx  qiqii  furent  serres  es 
n  jprisans..  •  >»  Nou«  ^vun^  yainiemei^t  c)ierçbé  à  é^laircî^  ce 
fj^i); ,  et  nous  ign^orpiis  quelle  fut  la  cause  de  i*emp^iso^-> 
nomç^t,  de  Saint-ThoDgAS ,  ^ui  pepU^tre  était  caWûûste  » 
da^l^9}ps  si  o|fi.  en  )m^  pa^  le  quinciènif  chapjiMPede  son 
ouvrage. 


(  379  > 
b  Consokàîon  altiibi^  à  Cicérpn;  en  i^>Bj^  J^rAme 
d*ATo$t  de  Laval  (i)  ciçdMi  aux  illustres  ij^amoiselles 
(Uarguerite  et  Cat}iennç  )  de  Mai^delot  son  /1po\lf^n  ^ 
(Lyon,  Pierre  Roussin ,  in-8,^  de  60  fepille^  )  ;  liouis 
Turguet  y  de  Lyon  y  leur .  d^dia  aussi  son .  InsHtution 
ime  femme  chrétienne  dans  l'adolescence ,  le  mariage 
d  la  YÎduité  (  Pemetti ,  Lyonn.  dignes  de  mém. ,  tpm*  1 9 
pag.  238  ). 

Les  traits  de  Mandelot  nous  ont  ^té  conservés  sur  un 
médaillon  en  terre  cuite,  attribué  à  Jean  Goujon,  exécuté 
en  1572  ,  comme  le  témpigpe  la  date  qui  se  trouve  au 
bas  du  portrait  dans  Tonginal  de  ce  médaillon  que  nous 
i  communiqué  M.  Xavier  de  Iluolz ,  époux  de  Vl^^^ 
CamiHe  Bataille  de  Mandelot.  Nous  avions  dit,  pag.  $17 
de  ce.  vol. ,  qqe  ce  portrait  portait  la  date  de  1577,  et 
induit  de  là  que  ce  n'était  point  un  ouvrage  de  J*.  Goujon , 
Hiort  à  Paris  en  1572 ,  victime  de  la  St-Barthéleioi,  mais 
Aons  ^ons  nous-mâmes  dans  Terreur  :  la  date  dont  il 

(1)  {i'ahbé  Gpvjet,  qui  a  coiisacr^  qu^lqoes  pagéa  )i  ié* 
TÔme  d*Ayost  dans  le  tom.  XII  de  sa  Bibliothèque fran^Ut^ 
et  M.  Weiss ,-  auteur  de  la  notice  ^or  ce  poète  ^  insérée 
dans  la  BiograpIUe  unwer selle ,  ne  {ont  aucune  mention  de 
soa  jÊpoUon  qui  paraît  leur  aroir  été  inconnu.  Ce  recueil 
^ftft  asses  médiocres ,  contient  des  sonnelts  ,  quelques 
Dtriactions  ,  des  anagrammes  ,  etc. ,  et  une  pastorale  sur 
les  amours  cle  Sandrin  et  Frâncine  ;  phisteurs  de  ces  pièces 
•aat  adros^éca  è  des  Lyoninns  notaUes  de- 1 -époque.  W-kw^Êt 
paraît  avoir  résidé  pendant  quelques  annéea  à  Ljon  }  il 
^Uît  lié  avec  Antoine  du  Verdier,  qui  j  passa  une  partie 
ée  sa  vie.  Un  grand  nombre  d'ouvrages  sortirent  des 
presses'de  notre  ville ,  tKmi  lé  gonremement  de  Mandelot, 
Biais  les  Muses ,  sur  la  fin  de  ce  malheni*eui:  siècle  ,  fu* 


(  58o  ) 
5*agit ,  qnoiqa'elië'  offre  un  chiffre  mal  forme  (  un  z  au 
lieu  d'un  i),  parait  bien  être  1572  (  i57z). 

Au  dos  de  l'original  du  portrait  de  Mandelot»  on  lit  la 
suivante  note  manuscrite  : 

«Portrait  de  François  de  Mandelot,  vicomte  de  Châ— 
»  Ions  y  gouverneur  de  Lyon ,  chevalier  de  Tordre  de  Si— 
»  Michel  et  ensuite  de  celui  du  St.-Esprit.  La  branche 
9  est  fondue  dans  la  maison  de  Villeroy  par  le  mariage 
»  de  Marguerite  de  Mandelot  avec  Charles  de  Neuville  y 
»  seigneur  de  Villeroy  et  d'Alincourt.  La  branche  ainée  , 
»  qui  possédait  la  seigneurie  de   Mandelot  ^  est  fondue. 
»  dans  la  maison  des  Dublé ,  qui  a  formé  deux  branches  9 
»  Tune  connue  sous  le  nom  de  Dublé  d*Uxelles  ,   et 
»  l'autre  sous  celui  de  Dublé  Mandelot  ;  celle-ci  ét^einte^ 
»  avant  la  première  est  fondue  dès  1626  dans  la  maison 
»  des  Bataille  de  Bourgogne  par  le  mariage  de  Margue- 
»  rite  Dublé ,  dame  de  Mandelot ,  avec  Philippe  Bataillçt 
9^  qui  eut  tous  les  biens  de  cette  branche ,  dont  il  ne  reste 
»  plus  aujourd'hui  que  la  seigneurie  de  Mandelot ,  con- 
»  senrée  en  vertu  d'une  sub^itution.  C.  C.  B.  D.  M. 
»  1789.  » 

Dans  la  liste  de  portraits  qu'on  trouve  dans  le  sup* 
plément  au  tom.  IV.*  de  la  Bibliothèque  hisfor.  de 
FrcLncè ,  par  Le  Long ,  édition  de  Févret  de  Fontette,  en 
indique  9  pag.  225  ,  un  portrait  de  M*^^  de  Mandeloé 
{sous  Henri  III).  Dessin  au  cabinet  du  roi. 


rent  peu  cultivées  ;  Lyon  avait  perdu  sa  Sappho  en  1S67) 
et  la  poésie  semblait  être  descenducl  au  tombeau  avec  notre 
Belle  Cordière, 


<  38i  ) 


HISTOIRE. 


SIÉGZ  DE  LYOïr.  1795. 

• 

M.  l'ut^viste  de  la  yille  nous  a  commiyiiquë  la  letti« 
somiite  dont  l'original  est  dans  ses  mains:  nous  avons 
Kçu  en  même  temps  une  lettre  anonyme  qui  en  est ,  en 
«pelqoe  sorte,  le  commentaire ,  et  qui  oifire  des  détails 
inléRssans  sur  une  époque  oëlèbre  de  notre  histoire. 
lioosr  croyons  dievoir  publier  id  ces  deux  documens* 

I. 

lilin  adressée  au  ciioyen  président  de  la  section  du 

port  du  Temple^  à  Lyon. 

•m 

RÉPUBLIQUE  FRANÇàlSE  UWE  ET  INBiyiSIBLE. 

RléSiSTANCE  A  L*0PPRBSSI0N. 
MPBÉSEWTATÎOJK  NATIONALE  UNE  ET  ENTIÂBE. 


Le  général  Pcrrm-Précy  aux  sectioiiB  de  Lyon, 

Gtoyens  « 

En  acceptant  le  poste  honorable  auquel  le  peuple  de 
Witee  et  Loire  m'a  élevé,  j*ai  cru  lui  donner  une  preuve 
ue  mon  entière  confiance  eii  son  patriotisme  et  en  ses 
Tertos  ;  j'ai  compté  sut  un  zèle  sans  borne  pour  le  salut 
t  la  république. 

Citoyens ,  je  vais  vous  parler  au  nom  de  la  patrie  \ 
poor  vos  intérêts  les  plus  diers  ;  il  ne  s'agit  plus  de  déli*^ 
^Kf ,  il  faut  agir* 


(  382  ) 

U  faut  des  homines ,  il  faut  une  armëe  :  vous  avez 
dans  vos  murs  une  foule  de  bons  citoyens ,  une  jeunesse 
ipleine  de  valeur  ;  mais  àtè  hommes  voués  à  leurs  af- 
faires domestiques  ne  peuvent  suffire  pour  vous  défendre: 
des  sections  qui  délibèrent  ne  sont  pas  une  armée. 

Citoyens,  on  vous  a  demandé  d'ouvrir  un  registre 
d'inscription  pour  compléter  cette  armée  ;  j'aime  à  croire 
que  vous  n'avez  pas  é\è  instruits,  si  le  rôle  n'est  pas  déjà 
rempli. 

Je  suis  douloureusement  surpris  de  ce  retard. 

Citoyens,  développez  votre  caractère  du  2g  mai  , 
songes  que  la  république  entière  a  les  yeux  fixés  sur 
vous  ,  songez  que  vos  ennemis  ne  veulent  que  le  pillage 
et  la  mort  :  c'est  votre  vie',  c'est  celle  de  vos  femmes  et 
de  vos  enfans  que  vods  avez  à  défendre  ,  c'est  le  s^ul 
delà  France  qui  est  entre  vos  mains;  montrez-vous, 
prenez  l'altitude  qui  convient  à  vos  forces  ,  et  votre  dlë 
et  la  république  seront  sauvées. 

Citoyens,  mon  devoir  est  de  braver  la  mort  à^ chaque 
instant  pour  votre  défense ,  le  vôtre  est  de  me  seconder. 

Instruisez-moi  dès  demain  du  nombre  des  inscriptions  , 
je  suis  convaincu  qu'elles  excéderont  les  demandes  que 
vous  fait  la  patrie  ,  et  je  m'abstiens  de  vous  parler  des 
moyens  que  la  confiance  même  dont  vous  m'avez  honoré, 
votre  sûreté ,  votre  intérêt  et  celui  de.  la  chose  publique 
me  prescriront  de  prendre. 

J'ai  rhonneur  de  vous  prévenir  encore  qu'il  est  décidé 
de  faire  des  redoutes  autour  de  la  ville ,  pour  la  jnettr^ 
en  état  de  défense  :  ces  travaux  sont  très-urgçns  ;  je  ne 
doute  pas  que  tous  les  citoyens  ne  s*emprçssçn|  d'y  con- 
courir. Hâtez-vous ,  ie  vous  en  conjure ,  montrez-vQus 
avec  l'énergie  qui  convient  à  des  hommes  libres  :  une 


(  383  ) 
«mpable  inertie  vous  conduirait  à  votre  perte  et  à  Tes** 
davage  ;  le  dëveloppeinent  d»  vos  moyens ,  votre  conrage 
TOUS  assurent  le  triomphe  de  la  liberté  j  il  fi*y  »  pas  à 
balancer. 

Le  19  joHlet  17^  1  Tan  Ct  de  Is  répobUqae. 

Par  mandement  du  générai  y 
CusTKL ,  secréiuire. 


Iitkt  à  l'ua  dit  rédacteurs  des  Archives  du  Rhône. 

Lyon  y  le  iS  man  i8a8. 

rapprends  «  Monsieur ,  par  M.  Morel  de  Voleine ,  le 
hberieox  archiviste  de  la  ville ,  qu'il  vient  de  dëcouvriti 
dans  la  poudre  des  vieux  carions  ,  une  pièce  fort  inté-^ 
ressante  qui  ,  je  crois ,  n'a  pas  encore  ëtë  publiée,  C*est 
ia  proclamation  du  ig  juillet  1793  ,  par  laquelle  M*  d^ 
Précy ,  appelé  depuis  peu  au  commandement  d'une  armée 
fui  s'existait  pas  encore  ,  pressart  lès  Lyonnais  de  se 
rallier  autour  de  lui  pour  organiser  la  force  qui  pouvait 
seale  les  défendre  du  danger  dont  ils  étaient  menacés, 
«l  sauver  et  leur  ville  et  leur  patrie. 

S  votre  intention  est  de  la  consigner  dans  votre  in- 
téressant recueil ,  vous  jugerez;  peut-être  convenable  d'y 
joindre  le  récit  d'une  petite  anecdote  dont  j'ai  été  le  seul 
teoin  ,  dont  seul  peut-être ,  j'ai  eu  connaissance ,  et 
fii  a  été  la  cause  de  cette  proclamation. 

]*étais  bien  f  eune  alors ,  mais  je  connaissais  M.  de 
^tkf  depuis  plusieurs  années;  il  avait  commandé,  comm» 


(ÎÔ4) 
ISetttetiant-oalonel ,  rînfanterîe  de  la  légion  àe&  cha^sedsv 
des  Tosges ,  qui  avait  ëté  mise  en  garnison  à  Lyon  j  exB 
^787 ,  et  il  s'était  intimement  lie  avec  ma  famille^   . 

M.  de  Prëcy  rappelé  à  Lyon,  à  la  fin  de  juin  1795  ^ 
avec  le  titre  de  général,  que  venait  de  lui  déœmer  la 
commission  départementale ,  voyait ,  avec  une  inquië^-» 
tude  qu'il  ne  dissimulait  pas  à  ses  amis ,  le  défaut  d*or— * 
ganisation  d'une  armée  ;  il  admirait  le  zèle  et  les  bonne» 
dispositions  de  cette  garde  nationale  qui  venait  de  prouver 
son  courage  et  sa  bravoure  dans  la  grande  journée  du 
29  mai ,  il  aimait  à  passer  en  revue  ses  bataillons  qui 
lui  inspiraient  une  juste  confiance ,  mais  il  déplorait  son 
défaut  d'exercice  aux  manœuvres  militaires  et  redoutait 
pour  elle  les  dangers  d'une  attaque  qui  devenait  chaque 
jour  plus  menaçante  ;  la  commission  départementale  vive- 
ment pressée  par  le  général  de  lui  donner  des  soldats 
dont  il  pût  disposer  pour  les  organiser ,  les  inlruire  et 
les  exercer  ,  invitait  tes  jeunes  gens  à  se  faire  .inscrire 
pour  faire  partie  de  l'armée  départementale  ;  mais  ses 
invitations  se  succédaient  inutilement  ;  les  inscriptions^ 
étaient  si  rares  que  le  général  perdait  tout  espoir  d'at*- 
teindre  son  but ,  le  temps  marchait  *,  les  événemens  se 
pressaient ,  le  danger  devenait  imminent ,  et  Précy  se 
voyait  sans  force  pour  le  repousser  :  il  fut  un  moment 
entièrement  découragé. 

J'allai  le  voir  un  matin  dans  sa  chambre  •  à  ThMel  du 
Parc  ;  je  le  trouvai  seul ,  triste  et  abattu,  ce  Vous  vene^ 
»  à-propos ,  me  dit--il ,  jaudésirais  vous  parler  de  ma 
3»  position  ici  ;  elle  n*est  plus  tenable.  En  me  rendant 
»  avec  empressement  au  vœu  de  la  commission  que  je 
»  croyais  être  celui  des  Lyonnais  ,  je  les  avais  cru  dis— 
»  posés  à  se  ranger  sous  mon  comman élément,  et  à  me 


(  385  ) 

»  seconder  ëher^quement  dans  les  mesures  qui  doireiA 

f  protéger  tous*  leurs  intérêts  les  plus  chers  ;  fiu^lleu  de 

»  cela  je  ne  rencontre  qu'apathie  et  froideur  daiis  Tad* 

f  ministration  et  dans  les .  citoyens  ;  personne  ne  vient 

f  i  moi  ,  je  reste  isole  au  milieu  des  plus  justes  alarmes; 

B  Le  danger  approche ,  on  ne  Teut'  pas  le  voir ,  6n  ne 

»  fait  rie»  pour  le  conjurer,  j'y  serai  le  premier  exposé; 

B  j'aurais  yolontiers  sacrifié  ma  vie  pour  la  défense  dés 

»  Lyonnais,  mais  je  ne  suis  nullement  disposé  à  me  faire 

s  assassiner  inutilement  pour  eux.  Je  ne  peux  plus  me 

»  iiaire  d'illusion  ,  et  mon  parti  est  pris  :  il  faut  que  je 

9  sorte  de  Lyon  dans  les  ylngt-quatre  heures  y  et  que 

»  je  trouve  un  asile  sûr  pour  me  soustraire  aux  périls 

»  dont,  je  serai  entouré  ;  nous  pouvrâs  nous  confier  à 

>  Yotre  brave  jardinier^  je  le  connais  depuis  long-temps 

>  et  sois  sûr  que  c'est  un  honnâte  homme  ;  faites-^Iui 
9  part  de  mon  projet ,  qu'il  me  procure  des  habits  de 
^  paysan ,  qu'il  me  cherche  une  retraite  pour  quelques 
»  jours  chez  un  ami  dont  il  puisse  répondre  ,  qu'il 
9  Yienne  me  chercher  dès  ce  soir  et  je  m'abandonnerai 
»  à  lui.  »  . 

J  ai  cette  singulière  confidence  si  présente  que  je  crois, 
en  avoir  rapporté  les  propres  expressions  ;  j'en  fus  d'autant 
plus  vivement  affecté  que  j'étais  plus  loin  de  m'y  attendre. 
Précy  ne  m'avait  parlé  jusqu'à  ce  jour  que  de  ses  projets 
et  de  ses  espérances  ;  il  m*avait  témoigné  la  plus  grande 
confiance  dans  le  courage  des  Lyonnais  et  dans  les  $e«* 
cours  qui  leur  étaient  promis.  Vous  savez  qu  alors  plus 
it  la  moitié  de  la  France  nous  avait  envoyé  des  députés  j 
et  se  montrait  disposée  à  {aire  cause  commune  avec 
nous.  Nous  étions  fondés  à  espérer  que  le  beau  mou- 
tèment  du  nc)  mai  acfrait  été  l^aurore  de  la  délivrance 
Tome  FIL  ^5 


(  386) 
de  notre  patrie.  Je  connaissais  mieux  que  le  gën^l  les 
dispositions* de  mesfrèr^  d armés,  et  j*ëtaisplus  confiant 
que  lui' dans  les  promesses  de  sedours  qui  nous  arrivaient 
de  tous  ciAès  ;  toute  notre  brillàhte  jeunesse  se  faisait 
alors  à'  cet  égard  la  plus  complète  illusion  :  furieux 
d'avoir  enfin  maîtrise  les  monstres  qui  régnaient  sur 
nous  depuis  la  chiite  du  trône  ,  et  éblouis  par  les'  fi^i^ 
citations  et  les  adhésions  de  tant  de  départemens ,  nous 
voyions  déjà  la  France  sauvée  par  èlk^méme  ;  et -fiers 
de  donner  l'exemple,  m>a$  étions  impatiens  de  f* 
usage  dé  nok  armes. 

'  Je  m  empressai  donc  de  ranimer  le  général ,  en 
veillant  le  sentiment  de  confiance  qui  l'avait  appelë  à 
nous  ;  je  lui  retraçisd  les  entretieiis  de  nos  corps-de-garde  y 
et  l'assurai  que  les  hommes  d'un  âge  mûr ,  et  les  vieiU 
lards  eux-mêmes  partageaient  le  dévouement  de  la  jeu- 
nesse ;  qu'un  grand  nombre  de  Lyonnais  étaient  fran— 
dbement  disposés  à  se  ranger  sous  ses  drapeaUx  pour' 
âiuvér  la   France  ,  que  leur  général  avait  toute  leur 
confiance ,  que  sa  voix  serait  toute  puissante  sur  eux  ; 
mais  que  cette  voix  pouvait  seule  les  porter  à  la  grande 
résolution  d'abandonner  leurs  domiciles  et  leurs  corn— 
^birs  ,'de  se  séparer  de  leurs  familles  ei  de  leurs  affiiires  , 
et  de  renoncer  à  tout,  pour  aller  se'  confiner  dans  des 
casernes  et  y  apprendre  le  métier  de  soldat. 
^  Je  parlais  erf  jeune  homme,  et  j'étais  animé  d*un 
enthousiasme  qui  me  rendit  persuasif.  Précy  me  promit 
de  suspendre  sa  détermination  pour  essayer  une  dernière 
tentative.  «  Vous  pensez  ,  me  dit-  il ,  que  ma  voix  aura  • 
M^  de  l'influence  sur  les  Lyonnais  ;  je  vais  la  leur  faire 
»  entendre  ;  j'écrirai  aujourd'hui  à  toutes  les  sections 
»  pour  leur  demander  d'envoyer  leurs  soldats  dans  nos- 


V  » 


_  C  387  ) 
ii  casernes  ;  mais  si  dans  48  heures  on  n'ai  pas  -rëpoitiki 
»  à  cet  appel ,  je  n*ai  plus  rien  à  espérer  ^  et  revenanj; 
s  à  la  résolution  que  je  viens  de  vous  confier ,  je  cotnp* 
»  terai  sur  votre  discrétion  et  sur  votre  zèle  pouf 
>  assarer  iha  retraite.  » 

La  proclamiation  fut  adressée,  le  jour  même,  auac  sec^ 
tions;  dès  le  lendemain,  tous  les  bataillons  furent  réunis 
dans  leurs  places  d'armes  respectives ,  et  les  allocutions 
it&  chefs  entraînèrent  un.  grand  nombre  de  gardes  natio*^ 
nauxà  se  rendre  aux  casernes  sans  même  rentrer  chest 
eux.  Hs  y  trouvèrent  les  commandans  que  Précy..  venait 
4eleur  d^gnér: 
Glngenne ,  pour  la  caserne  des  Carmélites  ; 
Dubois ,  pour  celle  de  St.  Pierre  ;     ^ 
Champereux ,  pour  celle  de  la  Douane. 
Tous  ces  chefs  avaient  les  instructions  du  généra 
four  l'organisation  de  sa  petite  armée. 

Dès  le  lendemain ,  les  compagnies  furent  formées  et  les 
officiers  nommés. 

Cette  petite  armée  casemée  présentait  un  effectif  de 
3ooo  hommes  au  plus. 

TÀe  a  été ,  Monsieur ,  l'origine ,  tel  a  été  l'effet  de 
h  proclamation  qui  vient  d'être  retrouvée  dans  les  ar^. 
C&ives  de  la  ville. 

Cest  donc  le  21  juillet  que  le  général  a  pu  conduire 
ses  soldats  casernes  à  Texercice  dans  les  prairies  des  Brot^ 
teaux  ,  et  qu'il  a  fait  entreprendre  la  construction  de  la 
première  redoute  à  la  tête  du  pont  Morand  ;  et  c'est  le  8 
août ,  à  la  pointe  du  jour,  que  les  assiégeans  ont  tiré 
leur  premier  coup  de  canon  sur  le  faubourg  de  la 
Croix-Rousse. 
La  force  des  casses  avait  un  peu  augmenté  avant 


(  388  ) 
l'ouverture  du  siëge;  elle  pouvait  être  portée  alors  II 
4ooo  honunes  environ ,  en  y  comprenant  le  petit  corps 
de  cavalerie  qui   s*était  forme  dans  la  caserne  de    la 
Déserte. 

C'est  sur  ce  petit  nombre  d'hommes ,  qui  n'avaient  pa» 
trois  semaines  d'exercice,  qu'a  roulé  exclusivement  le 
service  des  avant-postes  pendant  62  jours  ,  tandis  que  la 
partie  sédentaire  de  la  garde  nationale  se  partageait  le 
service  de  la  seconde  ligne  de  défense  et  celui  de  la 
police  intérieure. 

Indépendamment  de  son  armée  k  Lyon,  le  général 
Précy  avait  encore  sous  ses  ordres  le  vaillant  détache- 
ment qui ,  sous  le  nom  d'armée  départementale  et  sous 
le  commandemenl  de  l'infortuné  Servant  1  avait  été,  dès 
le  commencement  de  juillet  ,  envoyé  dans  le  Forez, 
pour  protéger  les  approvisionnemens,  et  qui,  aidié  des 
braves  Montbrisonnais  qui  se  sont  ralliés  à  lui ,  a  faW 
une  campagne  utile  et  brillante  ,  et  est  rentré  à  Lyon 
ayant  la  fin  du  siège  pour  en  partager  les  derniers  périls*» 

Mais  malgré  les  plus  belles  promesses ,  les  Lyonnais 
n'ont  obtenu  aucun  autre  secours  ,  leur  longue  résis* 
tance  n'a  ralUé  personne  à  la  défense  d'une  cause  qui 
était  celle  de  la  France  entière ,  et  les  plus  nobles  efforts 
ont  appelé  la  hache  sur  les  têtes  qu'avait  respectées  le 
boulet  et  la  bombe. 

Agréese ,  etc. 


r 


(  3$9  ) 


r    ■ 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 


BMa  sacra  vulgaiœ  editionis  Sixti  V^  Pont,  max.jussa 
recagniia  et  Clemeniis  VIII  auctoritate  édita.  Lugduni» 
sumptibos  Pétri  Beuf ,  bibliopolse  ,  via  Sancti  Domî- 
nid,  n.*  lo  ,  1827.  «-  Parisiis ,  excudêbat  Firminus 
Sidot.. ,  in-S.^'  de  746  pages  ,  non  compris  les  tables. 

Limpression  de  ce  beau  Tolame  dont  nous  ayons  annonce 
flnsieurs  livraisons ,  est  àchevëe.  Nous  n'ajouterons  rien 
m  éloges  que  nous  avons  donnes  à  cette  entreprise ,  et 
^t  Mmt,  d'ailleurs  ,  justifies  par  le  prompt  succès  dont 
die  est  couronnëé. 


Disserttdion  sur  la  propriété  littéraire  et  la  librairie  chez 
Us  anciens  ,  lue,  le  27  novembre  1827  ,  à  la  Société 
d'émulation  du  département  de  TÂin ,  par  M.  F.-A. 
Pic ,  l'un  de  ses  membres  correspondans ,  juge  au  tri- 
bunal dvil  de  Lyon.  Lyon ,  J.-M.  Barret ,  1828 , 
in-S.®  de  19  pages. 

Tirage  à  part  et  à  petit  nombre  ,  de  cette  dissertation  \ 
ÎBsérée  dans  notre  recueil  9  pag.  278-294  du  présent  vo- 
iome.  L'auteur  y  a  ajouté  la  note  suivante  : 

«  Cette  dissertation  fait  partie  d'un  ouvrage  que  l'on  se 
propose  de  publier  sur  la  propriété  littéraire^  en  France  , 
knqae  la  législation  sera  fixée  sur  cette  importante  ma-> 
lière.  » 


Aperçu  sur  Hiat  de  la  cmlisation  en  France ,  lu.,  le 
décembre  1827,  à  la  Société  d'agriculture,  arts 
commerce  de  l'arrondissement  de  St-Étîenne  (Loire>9 

.  par  M.  Smith  ,  avocat  et  juge  suppléant ,  membre 

correspondant  du   cercle  littéraire  de  Lyon ,  diargé 

de  présenter  quelques  observations  s\ir  le  t^eàù  dès 

farces  '  productives  de  la  France  depuis  1814,   pair 

*  M.  Charles  Dupin.  Deuxième  édition  ,  suivie  d'uiï 

fragment  sur  l'industrie  de  St-Étienne.  Paris  ,  Am— 

broise  Dupont  j  et  Lyon ,  Pé^ieux,  1828,  m-8.^  de 
69  pages. 

,  •     .•    I      ■     ..  •    ■     ' 

.    Voj.  ce  que  nous  avons  dit  ci-dessas.^  pag«  25i  »  de  W 

première  édition  de  c^t  opuscule*  La  second  est  augmentée 

d*u^  morceau  fort, intéi^essa^t  de  statistique,. çt, le  texte  a 

été  revu  avec  soin  et  a  subi  des  changemc^ns  qui  sejaideot 

le  travail  de  M«  Smith  encore  plus  digae  de  Tattention  des 

lecteurs. 


L^analyse  que  nous  avons  donnée  dans  le  VL*  tome  dea 
'Archives^  pag.  96-101 ,  Ju  manuscrit,  possédé  par  M.  Tabbë 
Çhoùvy ,  des  tomes  lY,  V  et  YI  des  Mélanges  de  critique 
et  de  philologie^  de  feu  Chardon  La  Rochette ,  a  engagé 
H.  Durand  de   Lançon ,  receveur  des  finances   2i   Lure 
(  Haute-Saone  )  •  à  faire  Tacquisition  de  ce  manuscrit.  Nous 
nous  en  félicitons  ,    Touvrage  est  tombé  en   de  bonnes 
mams.  Le  nouvel  acquéreur,  qui  est  un  bomme  fort  re« 
commandable  et  fort  instruit ,  'se  propose  dé  publier  bientôt 
ces  trois  vînmes  qui  enricbiront  la  littérature  et  complet 
teront  le  recueil  des  précieux  travaux  d'un  de  nos  plus 
nabiles  hellénistes. 


A  la  Tente  aux  encbères  des  Ityres  de  la  biMîoUi^iie  dd 
M.  it«-A.  BbAier',  doitt  nous  ayonâ  fait  coauattre  le 
iUUahi^fue^  cMe«8««,pag»  3i4,  lemanvicrit  antbgraphe 
de  raUM  MereUrile  Sl*L^ger  y  intitule  Reèhenchei  sur  les 
imsptimeurs -et  lihrmres  de  l^on  ,  a  été  adja^é  aa  prix  de 
igè.  fr.  t  et  rexenpl^îre  dee.  Lyo/Ênois  iU^ner  aie  w9dmoire  « 
^pcoanp^ë.  de  ootea  c^t  additîoaa .  manuaoriUs..  de  L. .  T. 
Uénssaoti  fin  .prix  de  65  £r«  ;  et  malheureusement  il  paraît 
qae  ce  ae  sont  pas  des  Lyonnais  .qui  en  sont  démenas 
propri^ires. 


Un  hnitième  enyoi  a  été  fait  k  TacadiJmie  de  Lyon  ,  le 
^  mars  ,  des  liyres  et  des  manuscrits  qui  lui  appartenaient 
et  qnî  avaient  éié  confondus  dans  la  bibliothèque  de  la  yille: 
6,572  yolnmes ,  imprimés  ou  manuscrits  9  sont  maintenant 
iMtitnës-i  cette  compagnie,  et  on  ne  présume  pas  qu^elle 
ait  encore  plus  d'une  centaine  de  yotumes  à  retirer. 

Parmi  les  manuscrits  qui  lui  ont  été  rendus  ^  les  plus 
remaïquaUes  sont  un  Virgile  sur  yëlin,  du  quatorzième  ou 
du  quinxième  siècle ,  un  Lactance  et  deux  copies  du  Boman 
de  la  Rose  qui  paraissent  être  de»  mêmes  siècles.  Parmi 
les  liyres  imprimés  9  nous  signalerons  une  des  premièrea 
éditions  in- fol.  de  la  Légende  de  J.  de  Voragine ,  sur  le 
dos' de  lâqnèirë  If.  Adamoliayait  fait  mettre  la  date  de  1455) 
et  ou  U  ayait  inséré  une  grayure  en  bois  qu'il  croyait  être 
de  i584*  I^ons  mentionnerons  aussi  une  des  premières 
éditions  du  Roman  de  la  Rose  ;  mais  il  est  plus  que  dou- 
teux que  cette  édition  ait  été  publiée  en  1479:  cette  date, 
écrite  de  la  main  de  M.  Âdamoli ,  se  ti*ouye  en  tête  de  la 
première  page  du  yolnme  9  et ,  qui  plus  est  9  elle  a  été  sur^ 
cbargée.  Comme  il  manquait  à  ce  yolume  le  dernier  feuillet, 
le  propriétaire  Ta  fait  remplacer  par  un  feuillet  manuscrit 
^  la  fin  duquel  on  a  mis  :  Finit  d'imprimer  à  Paris  chez 


(  390 
Vldaric  Gering  l'an  M  CCCC  L  XXIX;  c^s  dates  ont 
étJé  également  siirchaifëes  f  et  il  ]paraît"qâ'irj  aVait  prinli- 
tiremeut  dans  Tun  et  dans  l'antre  •  exemplaire  1469  -— 
M  CCCC  LXIX.  Le  dernier  de  ces  yolames  est  certainement 
le  même  que.  Tabbé  Mercier  de  Saint-Léger  aVait  tu  dans 
la  bibliothèque  de  Tacadëmîe  de  Ljon ,  et  dont  il  a  fait 
mention  dans  une  note  manuscrite ,  à  la  pag,  388  du  tom.  II 
de  son  du  Yerdier  (1).  Mais  rien  ne  constate  Tanthen* 
ticitë  de  sa  date  ,  et  rien  par  conséquent  ne  proure 
que  cette  édition  soit  plus  ancienne  que  celle  qui  a  été 
faite  aux  frais  d'Antoine  Vérard  ,  yers  1490*  L'académie 
ne  possède  que  deux  livres  imprimés  sur  yélin  :  l'un  a  pour 
titre  :  Jacobi  Bracellei  lucubrationes  j  etc.  Jn  œdihus  Jo* 
Badii  Ascensii  ,  M  D  XX  9  gr.  in-8.^  de  Ixx)  feuillets  ; 
l'autre  est  un  livre  i^ Heures  à  V usage  de  Paris... ^  imprima 
à  Paris  par  la  yeure  de  Thielman  Kervet ,  l'an  mil  CGGGG 
XXII;  gr.  in-8.^  de  Ixxj  feuill.  ,  avec  figures.  Ges  heures  , 
d'une  belle  conservation,  ont  été  données  à  l'académie  par 
M.  Mathon  de  la  Gour ,  Tun  de  ses  membres ,  le  29  avril 
1785.  Différens  objets  d'art  ont  été  également  rendus  par 
la  ville  ,  tels  qu'un  buste  en  marbre  de  l'abbé  Raynal ,  un 
buste  en  plâtre  bronzé  de  Voltaire ,  un  portrait ,  peint  à 
l'huile ,  de  M.  Adamoli  ,  une  estampe  représentant  le 
Parnasse  de  Titon  du  Tillet ,  etc. 


(1)  Voy.  Branety  Manuel  du  Uhraîre ,  art.  Lorrùt ,  tom.  II,  pag.> 
375.  M.  Van  Praët  <jui  ,  dans  son  Catalogue  des  livres  imprimés 
sur  vélin  ,  de  la  biblioihèque  du  roi,  tom.  IV  »  pag.  160,  a  dit  qae 
rëdition  du  Boman  de  la  Rose ,  dont  le  seul  exemplaire  connu  existo 
dans  la  bibliothèque  publique  de  Lyon ,  doU  être  regardée  comme 
la  plus  ancienne  de  toutes ,  a  sans  doute  été  induit  dans  cette  erreur 
par  1«  note  de  Mercier  de  Saint-Léger. 


(5g3) 

'Il  ■    ,      '        ■  ■  ■  .1.1  ■  .1 

BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  MARS  1828. 


I.  «—  Par  ordonnances  du  roi ,  en  date  des  5o  janvier  et 
5  iémer ,  les  sabcnrsales  de  St  Poljcarpe  et  de  St.  George 
de  cette  Tille  sont  ërigëes.  en  cures  de  seconde  classe 
Cette  de  St.  Jost  Test' paiement,  par  ordonnance  di 
i3  (érner. 


2 


2.  —  Ordonnance  du  roî  qui  prescrit  Tenregistrement 
et  la  transcription  sur  les  registres  du  conseil  d'ëtat  9  des 
ibtats  des  religieuses  de  la  congrégation  de  St.  Joseph , 
établie  à  LTon. 

Mène  jour  ^  —  Arrêté  de  la  mairie  du  25  fëvrier,  appronTë 
koS  da  même  mois  par  M.  le  préfet ,  qni  interdit  à  l'a  venir 
la  coDstniction  on  la  réparation  d'aucun  bfttiment,  hangar 
oa  échoppe  en  planches  ou  en  pans  de  bois  revêtus  de 
lattes  et  enduits  de  mortier  ou  de  plâtre ,  ailleurs  que 
dans  des  endroits  isolés  et  au  moins  à  5o  mètres^  d'éloigné* 
ment  de  toute  habitation.  Cette  défense  s'applique  aussi 
anx  constructions  de  la  même  nature  dans  Hntérieur  des 
propriétés ,  lorsqu'elles  ne  seront  pas  à  la  distance  de  3o 
mètres  de  la  yoie  publique  et  des  bâtimens  habités.  Enfin , 
çonfiMrmément  à  l'ordonnance  royale  du  9  férrier  1825  ^ 
SBcnn  chantiier  de  jtoîs  ou  entrepôt  de  charbon  ne  peut 
dorénavant  être  foiiné  dans  l'intérieur  de  la  ville  qu'avec 
une  autorisation  de  M.  le  préfet ,  dont  la  délivrance  sera 
pcécédée  d'une  enquête  administrative.  L'incendie  des  bar- 
nqaes  de  la  rue  Sala  au  mois  de  novembre  1826  a  inspiré 
^'autorité  municipale,  l'idée  de  prendre  cet  arrêté  dont 
ks  dispositions  sont  empruntées  d'un  arrêté  semblable  pria 


(  394) 

eti  1807  par  M.  èe  Sathonnay ,  alors  maire  de  Lyon  ,  après 
Ptneeadie  des  bam^qaes  des  Gëlestins ,  qtti  avait  ea  lie» 
aa  mois  d'août  de  la  même  année. 

5.  '—  MM.  Cholleton  »  vicaire-général  >  Déplace  9  curé 
de  la  paroisse  de  St.  Louis  ,  Bregfaot  dit^  Lut ,  l'un  des 
TÎce-présîdens  du  tribunal  civil ,  Lecourt ,  notaire  p  et 
Gaspard  Vincent ,  négociant  et  membre  du  conseil  muni-' 
qip^l  9  viennent  <l*4tre  nommés  iMlministratèors  dli  dîëpen-> 
saîre  en  remplacement  des  membres  de  cette  administra» 
lion  dont  Texercice  est  expiré.  i 

..L'extrait  des  acrêts  readns '  par*  k  ooar  d'àssibes  du 
Khône  pendant  le  3.^  trimestre  de  1827 ,  a  été  afficbé  an-» 
jourd'bui.;  il  comprend  i.5  condanmations  à  des  peines 
afQlctives  ou  infamantes,  dont  une  seule  aux  travaux  forcés 
^  perpélaité  ,  pour  infanticide* 

•• 

6.  —  Ordonnance  du  roi  qui  convoque  le  collège  élec- 
toral du  a.e  .arrondissement  du  département  .du,  Rhftne 
pour,  prpc^d^»  le  .91  dTnl  pitoi^hain  ,  au  remptaeement 
de  M. .  Rojer-GoUard  9  (equei  »  nommé  par  ce  coU%e  y  s 
opté  pour  un  autre. 

Même  jour.  —  Lé  cercle  littéraire  a  admis  au  .nombre 
de  ses  membres  titulaires ,  MM«  Trélis  ,  de  l'académie  de 
Lyon  ,  et  Rabanis  9  professeur  aggi'égé  de  rhétorique  au 
collège  royal  de  cettp  ville. 

7.  —  La  ville  de  Lyon  vient  d'obtenir  du  miiiistère 
l'autorisation  nécessaire  pour  la  validité  de^  ventes  de 
terrain  dans  la  presqu'île  Perrache  ,  faites  à  différeÀs  par- 
tîculien  ,  sous  la  condition  d^  établir  telles  ou  telles  en* 
treprises  manufacturières; 

9.  —  Ordonnance  du  roi  portant  autorisation  définitisBe 
de  la  communauté  des  soeurs  de  St.  Charies  étaUiee  à-Sil- 
Genis-Laval ,  département  du  Rhèue. 


(  .395  )  ; 

Ifémejour.  —M.  Borélj ,  Tice-pr^sident  da  trilMiiial  eiiil 
et  presîdiepLjt  fii|  conûté.  grec  de  Marseillf^ ,  ^  fait  iasérçr 
dans  le  Précurseur  de  ce  jour  une  lettre  a^x  ëlecteuirs 
da  a.^  arrondissement  de  Ljon ,  par  laquelle  il  brigue  les 
«uffirages  des  Ljônliais ,  pour  être  porté  h  la  chambre  des 

dtfpirtës  ,  en  remplâtément  de  M*  Rojer^f^ollard.'  * 

...  t 

i^.  —'Antre  lettre  de  M*  Conderc,  ancien  députe  de 
Ljon ,  gui  demande  à  être  replacé,  an  nombre  des  caq- 
^dîdats. 

M.  le  TÎcomte  Duparc  Keramelin,  payeur  du  dépar- 
temeni  -dû  Jnrti  y  propriétaire  au  canton  de  Sl-^TVnplMH 
rien-Ie-^lb&teau  ,  a  également  éefît  à  MM.  leé  électeurs 
dir  i.e  arrondissement  pour  obtenir  la  même  faYenr. 

I  .  •  *  •  ; 

10.  — -  M.  Morand  de  Jonffrey,  ancien  substitut,  puis 
juge  an  tribunal  ciril  de  Lyon  j  ancien  conseiller  à  la 
i^Kir  tojale  de  li|  même  TiHe  ,  notre  compatriote  9  aujour- 
d'hui procureur  général  à  Douai  »  vient  d'être  nommé 
procureur  du  roi  k  Paris  ^  en  Remplacement  de  M;  de 
Solk^'me  9  appelé  aux  toncjie^s  de  préfet  de  police* 

i5.  —  M.  de  Vaublanc  •  substitut  )i  Montbrison  ^  est 
nommé  substitut  du  procureur  da  roi  2i  Bourg.  Il  est  rem- 
placé à  Montbrison  par  M.  Devienne , .  substitut  près  le 
tribunal  dé  Trévoux  ,  ancien  juge  auditeur  k  Lyon  et  fils 
de  Tun  des  juges  de  paix  de  cette  ville. 

'  14.  —  Mort  de  M.  Dominique  Mottet  Degérando ,  ancien 
négociant ,  chevalier  de  l'ordre  royal  de  la  légion  d'hon* 
Benr ,  conseiller  du  roi  au  conseil  général  du  commerce , 
membre  du  conseil-général  du  département  du  Ah6ne  ^ 
président  de  la  chambre  de  commerce ,  membre  du  conseil 
mmiil^pïil  de*  Lyon  et  dé'  racadéinie  des  sciences ,  belles- 
-léttres'elart^',  cncîen  iidministrateur  des  hôpitaux  9  mem* 


,      (  396  ) 
hre  de  la  chambre  des  dopâtes.  M.  Mottet  était  4in  de  nos 
concitoyens  les    pins   distingués.  Nous  lui  consacrerons 
plus  tard  une  notice. 

17.  —  Le  bataillon '"d^ëlite  qui  aTait.  été  formé  dans  le 
i4*^  régiment  de  ligne  en  garnison  à  Ljon ,  s*est  embarqua 
anr  le  Rh6ne  pour  se  rendre  à  Marseille. 

ai.  —  M. g'  rarchevéque  d'Âmasie,  pair  de  France ,  est 
rcTenu  dans  le  diocèse  pour  y  exercer  les  fonctions  épîs- 
copales  pendant  le  temps  pascal. 

Le  Bulletin  des  Lois ,  n.^  ai 8  bis  y  contient  une  or* 
donnance  du  roi,  du  i3  féyrier,  qui  admet  à  la  retraite 
M.  Antoine  Monges.,  ei-administrateur  des  monnaies  ,  ne 
b  Lyon  le  3o  jauYier  1 747 ,  et  lui  accorde  une  pension 
annuelle  et  viagère  de  48a&fr* 

22.  *-  Inauguration  du  portrait  en  pied  de  S.  M. 
Ckarles  X ,  peint  par  M.  Steuben ,  dans  la  salle  des 
séances  du  conseil  municipal.  M«  -de  Vema  ^  premier  ad- 
joint h,  la  mairie  ,  remplissant  par  intérim  les  fonctions  de 
M.  le  maire ,  a  prononcé  un  discours  iM^logue  à  cette 
cérémonie. 

Dans  la  même  séance  9  il  a  été  procédé  à  1* installation 
de  MM.  Goste  aîné ,  conseiller  à  la  cour  royale  »  et  Sé- 
bastien Fournel  \  négociant ,  membre  de  la  chambre  de 
commerce  ,  nommés  conseillers  municipaux  par  ordon- 
nance du  roi  du  3o  janvier  dernier ,  en  remplacement  de 
MM.  Boisoty  démissionnaire  9  et  Giraud  de  St.  Trj  9 
décédé. 

yiéme  jour.  -^  Le  tirage  au  sort  entre  les  jeunes  filles  qoî 
concouraient  cette  année  pour  les  33  dots  que  Tadmiaistra-' 
tion  des  hôpitaux  distribue,  tons  les  deux  ans,  des  deniem 
de  la  fondation  Mazard ,  a  eu  lieu  aujourd'hui  à  l'hospice 
de  la  Charité.  Les  concurrentes  étaient  nombreuses  i  ceUea 
que  le  sort  a  favorisées ,  doivent  toucher  chacune  i5o  \vf%- 


(  Sg?  ) 

^.  —  M*  Grattet  Daplessis ,  recteur  de  racadémle  rojale 
Ae  I>oioaî  ,  Tient  d'être  nommé  aux  mêmes  fonctions  à 
l'acadëmie  de  Lyon,  en  remplacement  de  M.  TaJbbé  D'Aegel| 
ancien  docteur  de  Sorlionne ,  admb  à  la  retraite. 

Le  goaTemement  a  atitoriaé  l'acquiaition  da  .domaine 
da  Yernaj  ,  proposée  au  nom  du  collège  royal  de  Lyon  j. 
par  M.  l'abbé  Demeuré ,  pi:oviseur  de  ce  collège, 

BÊémejout:.  —  On  vient  de  placer  dans  le  musée  le  tableau  - 
de  M.  Jacquand,  représentant  Tbomas  Morus,  chancelier - 
d'Angleterre,  dans  la  prison  où  Henri  VIII  le  fit  ^'eter  et* 
d'où  il  ne  sortit  que  pour -monter  à  Téchafand.  Ce  tableau 
a  éié  acheté  par  la    TiUe. 

MÊéme  jour,  — -  Lettre  de  M.  Anisson  Duperron  à  ses  an-; 
dens  concitoyens  électeurs  de  Lyon^  dans  laquelle  il  sol- 
licite leurs  suffrages  pour  être  porté  à  la  chambre  des  dé- 
putés. Précurseur  de  ce  jour. 

^.  -*  Seconde  lettre  du  même  où  il  déclare  se  désister 
de  la  candidature ,  au  2.^  arrondissement ,  en  fayeur  de 
M.  Cooderc  qu'il  ignorait  aroir  Tintention  de  s'y  présenter»' 

Même  jour.  —  Jugement  rendu  par  le  tribunal  de  .police 
correctionnelle  de  Lyon,  et  qui  est  du  plus  grand  intérêt 
pour  la  fcibrîque  de  cette  ville.  Le  tribunal  de  simple 
police  avait  condamné  deux  négocians  ,  chez  lesquels  ou 
avait  saisi  des  étoffes  de  soie  pliées  à  iiS  et  116  .centi- 
mètres, au  lieu  de  l'être  à  lao,  comme  l'exigeait  l'arrêté 
de  M.  le  préfet  du  Rhône  du  9  avril  dernier.  Appllcatiou 
leur  avait  été  faite  du  §  6  de  l'article  479  ^^  code  pénal  et 
même  des  articles  480  et  481  du  même  code  ^  attendu 
que  les  contrevenans  étaient  dans  le  cas  de  la  récidive. 
Us  ont  interjeté  appel ,  et  leurs  griefs  ont  été  développés 
daflis  deux  aocfiences  ,  avec  beaucoup  Je  taleut  f  par 
M M«  Guerre  et  Sauzet ,  avocats.  Le  tribunal  correctlon- 
ad-,  présidé  par 'M.*  Breghétdu- Lut-,  assisté  de  MM.  Pic 


et  Capelin ,  {âgés  «  et  Papou  de  la  Nbae  ,  juge  aailîteur  y 
a*  accueilli  la  àéîeme  des  prëTenas  ,   et  les  a  décharges. 
àcê  peines  prononcées  contre  eux.  Les  principaux  motifs 
de  cette  difcision'  sont  les  suiVans  : 

«  Attendu  que  rautorîté  administratif e  confia  ant  fré^ 
fets  se  borne  à  la  ifacuUé  de  faire  des  règlemens  pour 
l'exécution'  des  lois  relatiyes  aux  objets  placés  sons  la. 
surveillance  de  cette  autorité  $  et  à  rappeler  à  l^wrs  «dmi— 
nîstrés  le  texte  de  ces  lots  y  les  obligations  qu'elles,  font, 
luàître  et  les  peines  qu'elles 'prononcent  ; 

Attendu  que  ce  principe  <Bst  incontestable  sous  le  r^me 
légal  introduit  par  la  charte  qui  veut  que  la'  puissance  1^ 
gislative  ne  puisse  être  exercée  que  par  le  roi  et  les  chambres^ 

Attendu  dès  lors  que  si  l'arrêté  du  préfet  crée  un  délit  >^ 
y  attache  une  pénalité  faite  pour  un  autre  çaa  ,  et  contient 
afnsi  une  disposition  législative  ,  cet  arrêté  n'est  point 
obligatoire  pour  les  administrés,  et  ne  peut  être  la  base' 
d'aucune  condamnatîou  prononcée  par  les  tribunaux  | ... 

Attende^  que  l'arrêté  crée  en  effet  un  délit ,  poisqa'îl 
n'e:i(iste.«ucune  loi  qui  exige  qne.  les. étoffes  de  seie^^soieut 
pliées  de  telle  ou  telle  manière....  ;  * 

•Attendu  qu'il  n'est  qu'un  cas  où  le  pli  donné  k  rétofe 
pourrait  être  légalement  inculpé  :  c'est  celui  où  il  j  aurait' 
fraude  9  et  oh  le  vendeur  aurait  trompé  l'acheteur  ,'éii' 
lui  comptant  chaque  pli  de  l'étoffe  comme  équivalant  li  la 
mesure  légale,  quoique,  dans  le  vrai,  la  longueur  decèb^ 
plis  fût  moindre  que  cette  tneéure  ; 

Attendu  que ,  dans  ce  cas ,  il  pourrait  j  avoir  lieu  ^  l'ap-- 
plicatlon  de  l'art.  4^5  du  code  pénal  qui  prononce  dea 
peines  correctionnelles  contre  ceux  qui  auront  trompa 
l'acheteur  sur  la  quantité  de  choses  vendues... .}     . 

Attendu  que  les  appelans  ne  se  trouvent  point  dans  cettp 
hypothèse....; 

Attendu que  le  règlement  de  M.  le  préfet  ^st  pur^ 


(599) 
tni  particulier  et  local  ,  ^a'il  n*a  été  fi&it  qae  pour  la 

▼Hle  de  Lyon  ,  que  dès  lors  il  j  aurait  injustice  à  assujettir 

tes  fabricans  lyonnais  à  des  obligations  auxquelles  les  fa-< 

brîcaiM   des  autres  Tilles    de   France    ne-  seraient   point 

•oamis  ; 

Attendu  que  cette  considération,...  achëye  de  démontrer 
qu'âne  pareille  disposition  est  bien  au-dessus  de  la  com- 
pétence dVne  simple  administration  locale,  et  qifelie.ne 
poûrnit  être  que  le  résultat  d'upe  décision  législative^- 
nérale  et  rendue  selon  les  formes  constitutionnelles. ...; 

Patoo^  «Mifs  ,J.e  tribunal  jugeant  en  dernier  jvasortyelc.iY 

27.  —  M.  le  procureur  du  roi  s'est  ppurru,  en  çi^sMUorn 
contre  le  fugement  ci-dessus» 


jour. -^ Ordonnaiice in roiqçi convoque  le  ooli^ge 
du  d^artement  du  Rhône  pour  le  8  mai  prochain ,  à  l'effiet 
de  pourvoir  an  remplacement  de  M.  Mottet-Degérando , 
•^éoëdé.  - 

S9  ^^çi»ti<^n,  d^une  Uî  .ap^c^Js^  du  »S  nÎTÔse  ^n  XIII , 
M.  Chaamette  avait  perfisc^iof^nrf  la  '  navigation  de  1« 
&|ôae  g^r  ^J^  point  dangfrefix  (le^vetaur  d'EpiUrvant) ,  à 
la.satîsfi^tioa  di|  Cj^mm^ee  .de  :Ly<Wft  et-des^députemeais 
voisins  ;  pour  .compléter  ces  premiers  travevx  9  Â.  Mi'> 
par  une  ordonnance  du  27  février  dernier ,  a  chargé  M. 
Chawnctie  d'une  opération  préparatoire  dans  le  but  de 
rectifier  et  d^approfondir  le  lit  de  la  Saône  depuis  Ghâlons 
jusqu'à  Lyon. 

29.  *-  L'enceinte  de  planche^  qai  entoumit  te  nouveau 
corps-Je^rde,  construit  en  forme  de  tente,  §ur  les  dessins 
de  M.  Flacbéron  ,  architecte  de  la  ville  ,  dans  les  petits 
frés  de'  la  place  Louis-le-Grand ,  a  été  enlevée  aujoux>- 
d'hui  y  et  ce  corps-de-garde  va  bientôt  être  occupé. 


(4oo) 
Même  jour.  «-  Inangoraiion  du  thëÂtre  café  de  M*  Segnier 
dans  le  nouveaa  passage  de  l^Argue ,  par  des  danses  et  pan- 
tomimes 9  en  présence  des  principales  autorités  cÎTiles  et 
militaires  de  Lyon. 

5o.  -«  Lettre  de  M.  Fnlchiron  oà  il  déclare  persister 
dans  la  candidature  de  la  place  de  député  à  donner  par  le 
a.e  arrondissement  du  département  du  Rhône.  Cette  lettre 
est  la  2.e,  la  i.'^  est  du  mois  de  féyrier.  L*une  et  l'autre 
ont  été  insérées  dans  le  Précurseur, 

On  annonce  que  M.  Maisiat  ,  professeur  de  théorie 
pour  la  fabrication  des  étolBPes  de  soie  ,  a  obtenu  un  brevet 
d'invention ,  devant  durer  dix  ans ,  pour  le  procède'  de 
tissage  qu'il  a  imaginé ,  et  avec  lequel  il  a  reproduit  sur 
une  étoffe  de  soie  ,  en  caractères  imitant  ceux  de  l'impri* 
merie ,  le  Testament  de  Louis  XVI  et  la  Lettre  de  Marie- 
Antoinette. 

3i.  -—  Jugement  du  tribunal  de  police  correcttonnelle 
qui  condamne  à  lo ,  i5  et  20  jours  d'emprisonnement  trois 
individus  appartenant  à  la  classe  des  ouvriers  en  soie  9 
qui  avaient  voulu  briser  une  mécanique  nouvelle  pour  le 
'  tissage ,  de  Tinvention  de  MM.  Debergue  et  comp.^  de 
Paris  f  ameuté  la  populace  et  résisté  aux  agens  de  police 
et  à  la  force  armée. 


«^E 


sr 


ERRATA. 

Page  260 ,  lign.  antépénult.  Ronjoux ,  lisez  :  Roujoax. 
Page  278,  ligne  12,  A.-F.Pic  ,  lisez  :  F.-A.  Pic. 
Page  290 ,  ligne  7|  connus  dans  un  lieu ,  lisez  :  a^mnie 
dans  un  lien. 


(40I   > 


STATISTIQUE. 


iSBX 


Mift 


bSAfi  HISTORIQUES  «ar  la  yille  de  Lyoïii  ou  descriptiôa  par  ordre 
alphabétique  des  quartitra,  places,  raes  et  monumens  de  cette 


(  V.«  Article  ). 

Attache  des  Bosuts  (  rue  de  1'  ).  Le  nom  de  celle 
nie  indique  sa  destination.  C*est  dans  le  court  passage 
qu'elle  forme  du  quai  de  l'Hôpital  à  la  rue  Grôlée ,  que 
soot  attaches  à  de  gros  anneaux  de  fer ,  scellés  dans  le 
laor  de  la  boucherie  de  Thôpital ,  les  bœufs  qui  sont 
destinés  k  l'abattage  journalier.  Sur  le  plan  de  1740 , 
ce  passage  portait  le  nom  de  rue  de  la  Boucherie  de 
l'Hospice.  Le  recensement  y  compte  2  maisons  \  9  mé- 
nages ,  39  individus ,  et  10  métiers  d'étoffes  de  soie. 

Auges  (grande et  petite  rues  des).  Ces  deux  petites 
rues  forment ,  au  sommet  de  l'angle-nord  de  la  place 
de  la  Misëricorde  ,  une  sorte  d'équerre ,  dont  une  dés 
branches  s'appuie  sur  la  rue  St.  Marcel ,  et  l'autre  sur 
ceDe  des  Boudiers.  On  les  trouve  sur  le  plan  de  i54o  ^ 
avec  le  même  nom  lequel  leur  venait  de  ce  que,  vers  cette 
époque ,  il  n'y  existait  absolument  que  des  écuries  pour 
des  pourceaux.  Elles  sont  portées  au  recensement  pour 
3  maisons -9  14  ménages  et  53  individus.  Les  rez-de- 
diaussée  n'y  sont  encore  y  en  grande  partie ,  occupés 
que  par  des  ëcuiies. 

AuGusTCVs  (quai  des).  Ce  quai  figure  déjà  sur  le  plan 
de  j54o  ;  il  commence  au  port  de  la  Feuillée  et  se 
Tome  FIL  26 


(  4p2  ) 
termine  au  pont  St.  Vincent.  Son  nom  lui  vient  du  coa-« 
vent  des  Augustins  ,  dont  Téglise ,  aujourd'hui  paroisse 
de  St.  Louis ,  y  prend  sa  piincipale  entrée.  Il  est  bordé 
de  i3  maisons  ,  qui  sont  occupées  par  120  métiages  ^ 
Ibrmant  une  .population  de  4^4  individus  ;  il  s*y  trouve 
i5  ateliers  et   35  métiers  de  soierie.  Ce  quai  était  an- 
ciennement fort  étroit,  et  ce  n*est  que  depuis  i6o5  qu'il  ar 
acquis  sa  largeur  actuelle  ^  an  eioyen  du  resserrement 
qu'on  a  fait  subir  ,  dans  cette  partie  de  son  cours  ^  ^u 
lit  de  la  Saône.  Les  rez-de-chaussée  y  sont  prindmfe-- 
ment  occupés  par  ces  grands  ateliers  de  teinttlte^Wf^î^ 
qui  contribuent  si  puissamment  à  la  prospérité*%^]iotre 
industrie  manufacturière. 

L'église  des  ci-devant  Augustins  est  bâtie  dans  le 
genre  moderne;  elle  a  remplacé  l'ancienne  église  des 
mêmes  religieux ,  qui ,  étant  tombée  en  ruines  ,  fut 
fermée,  en  1755  ;  toutefois  elle  ne  fut  pas  construite  sur 
le   même  emplacement. 

La  première  pierre  du  nouveau  temple  fut  posée  y 
au  nom  de  Mgr.  le  dauphin ,  le  6  septembre  1769  ,  par 
M.  de  Monjouvent  »  doyen  de  l'église  de  St.  Jew.  Elle 
a  été  élevée  sur  les  dessins  de  M*  Roux  ,  qui  prenait  le 
titre  d'architecte  du  roi  ;  mais  il  n'en  a  pès  suivi  l'eiié— 
cution  jusqu'à  la  fin.  Achevée  en  1789  ,  elle  fut  con- 
sacrée 9  la  même  année ,  sous  le  vocable  de  5.  Louis  , 
par  M.  de  Sarept ,  évêque  suffirs^gant  de  Lyon.  L'archi- 
tecture de  cette  église  »  qu'on  peut  accuser  de  manquer 
de  pureté ,  ne  laisse  pas  cependant  d'être  remarquable 
par  le  caractère  de  noblesse  que  son  auteur  a  sa  lui  im- 
primer, et  par  la  solidité  de  la  construction,  pour 
laquelle  oh  a  employé  l'ordre  dorique.  Le  dôme  qui  la 
surmonte ,  n'est  point  supporté  par  des  massifs ,  comme 


(  4o3  ) 
cela  se  pratique  ordinairement  ;  ses  pendentifs  ne  reposent 
que  sar  des  Colonnes  isolées.  Le  bel  effet  que  la  hardiesse 
de  cetftç  innovation  devrait  produire ,'  se'trouvant  en  partie 
détruit  par  la  pauvreté  de  Tardiitecture  de  ce  dôme  ,  il 
serait  à  désirer  que  ce  défaut  fût  corrigé  par  lemj^loi  d^in 
nouveau  système  d<^  décoration.  Les  deux  diapelles  qui 
accompagnent  le  grand  autel  sont  d'un  bel  ensemble  ; 
celle  du  Sacré  Cœur  est  d'ordre  ionique*  lia  chapeRe  de 
la  Sainte  Vierge ,  qui  est  d  ordre  corinthien ,  se  dis-' 
tingae  par  la  richesse  et  la  délicatesse  des  omeihens  qui 
la  décorent  :  on  ne  peut  en  dire  autant  de  la  chapelle 
des  fonts  baptisiÉiaux  ;  le  mauvais  goût  dont  elle  est 
entachée ,  compromet  la  beauté  de  Téglise.  Le  maître- 
autel ,  tout  bariolé  qu'il  est  d'un  grand  nombre  de  com- 
partimens  de  marbres  de  diverses  couleurs ,  est  d'une 
masse  âssess   heureusement  définie;  son  tabernacle  est 
bien  conçu  ;  le  dioeur  est  orné  de  trois  gran^  tableaux  ; 
les  deux  qui  représentent  y  lun ,  la  pèche  mirdctileuise y 
et  l'autre ,  un  Christ  sur   la  croix ,  ne  sont  pas  sans 
quelque  mérite  ;  celui  dont  le  sujet  est  la  cène  ^  est  évi- 
demment la  plus  détestable  peinture  qui  soft  dans  notre 
ville  9  et  MM.  les  fabriciens  de  la  paroisse  de  St-Louis 
ne  saurant  trop  promptement    le  &ire  disparaître.  11 
en  est  de  même  de  celui  qui  déparé  ^lutAt  qu'il  n'em-' 
bellit  la  diapelle  du  Sacré  Cœur*  Ihhs  une  cité  bù  la 
peinture  esl  cultivée  farec  tant  de  soecèis ,  on  ne  peut 
pas  suspendre  aux  voûtes  des  temples  de  sz  pitoyables 
productions  y  sans  s'attirer  le  ÏAàaié  public* 

L'église  de  St.  LoUis  est  trop  petite  fdatis  ^n  AsA 
présent  j  pokxr  la  population  de  ta  parobute  ;  il  seraii  bien 
à  désirer  que  les  ressouri'es  du  con^^il  de  fabiique  lut 
permissent  un  jour  de  V  prolonge^  jusqu'à  ralignement 


(  404  ) 

du  quai.  Cet  ëdifice  y  gagnerait  sous  bien  des  rapports  5 
le  dëfaut  qui  résulte  de  l'espacement  inégal  des  colonnes 
de  rintërieur ,  deviendrait  moins  choquant ,  et  ron 
pourrait  profiter  de  cette  occasion  pour  construire  la 
façade  dans  des  proportions  plus  ëlëgantes  et  plus  cor- 
rectes que  celles  de  la  façade  actuelle  ;  on  supprimerait 
en  même  temps  la  barrière  de  fer  qu'on  y  a  placée  dans 
ces  derniers  teiaps  à  très-grands  frais  ,  et  dont  l'aspect 
est  si  triste  et  si  lourd. 

Le  clocher  de  Téglise  de  St.  Louis  est  le  monument 
de  ce.  genre  le  plus  remarquable  qui  soit  à  Lyon  ;  sa 
masse  ,  en  forme  de  tour  carrée  ,  a  du  grandiose  ;  on 
jouit  de  dessus  la  plate- forme  qui  le  couronne  d'un 
point  de  vue  magnifique. 

Pendant  le  siège  de  Lyon  ,  en  1 793 ,  cette  église  a 
^rvi  de  succursale  à  ThApital  général  pour  les  blessés  ; 
elle  fut  ensuite  convertie  en  entrepôt  et  en  magasin 
jusqu'à  la  restauration  du  culte.  Â  cette  époque ,  l'église 
paroissiale  de  la  Platière  se  trouvant  démolie,  l'office 
paroissial  a  été  transféré  dans  celle  des  Âugustins  ^  sous 
le  titre  de  Notre-Dame  de  St-Louis. 

Augustins  (  rue  des  ).  Située  dans  la  paroisse  de 
St-Louis ,  elle  tend  du  quai  des  Âugustins  à  la  place 
de  la  Miséricorde.  Elle  tire  son  nom  des  religieux 
âugustins ,  sur  le  terrain .  desquels  elle  fut  percée  en 
i658 ,  et  qui  y  avaient  ouvert  l'entrée  principale  de 
Jeur  cloître.  Avant  cette  époque  y  elle  faisait  partie  d'un 
jgiand  canal  qtii ,  de  l'emplacement  occupé  aujourd'hui  , 
prè&  du  pont  Morand  ,  par.  la  maison  Auriol ,  traversait 
les  temrains  sur  lesquels  existent  à  présent  le  Grand 
Théâtre ,  THôtel  àt  ville  et  la  place  des  Terreaux ,  et 


(  4o5  ) 
se  terminait  à  la  place  de  la  Feuillée.  La  rue  des  Âugus- 
tins  est  portée  au  recensement  pour  lo  maisons ,  3a 
ménages  et  372  individus»  Le  commerce  de  la  grosse 
épicerie  en  occupe  les  principaux  magasins. 

Ijes  religieux  augustins  ,  dont  la  maison  était  en 
cette  rue,  vinrent  s'établir  à  Lyon  au  commencement 
du  i4*^  siècle,  et  logèrent  d*abord  vers  la  Saône,  sur 
le  quai  St- Vincent  qui  alors  était  hors  de  Tenceinte  de 
la  ville ,  et  formait  un  faubourg  qu'on  appelait  de 
Cheaêi?ières.  Ils  bâtirent  leur  maison  sur  un  emplacement 
que  leur  donnèrent  les  sires  de  Beaujeu  alors  posses- 
seurs ,  dans  ce  quartier ,  de  propriétés  seigneuriales. 

H  y  a  eu  dans  ce  couvent  quelques  religieux  distingués 
par  leur  mérite  et  leur  savoir  :  on  cite  ,  entr*autres ,  les 
PP.  Julien  Macho ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  de 
jpété  et  d'une  traduction  des  fables  d'Esope  ;  Guichard 
de  Lessart ,  qui  avait  obtenu  le  titre  d'évèque  d'Hiéro- 
polis  et  de  suffragant  de  l'archevêque  de  Lyon  ;  et  enfin 
le  P.  Joseph  Janin  ,  mort  au  commencement  de  la  vé^ 
volalion  (i).  Ce  dernier  avait  de  grandes  connaissances 
dans  la  science  de  l'antiquité  y  et  possédait  à  fond  les 
annales  de  notre  ville.  On  regrettera  toujours  l'histoire 
qu'il  en  avait  composée,  et  qui  s'est  perdue  dans  les 
troubles  de  l'anarchie.  Ce  fut  ce  religieux  qui  contribua 
le  plus  au  prompt  achèvement  de  l'église  de  St-Louis , 
dont  il  dirigea  les  travaux  avec  l'architecte. 

Dae  réunion  des  évêques  de  France  eut  lieu  au  com- 
mencement du  16/  siècle  dans  le  couvent  des  Augustins. 

■  -  ■-- —  —    — 

(])  U  foi  arrêté  ,  pendant  la  terreur,  à  Tâge  de  91  ans^ 
•UT  la  place  des  Minimes ,  et  guillotiné  b  lendemain. 


(4o6  )  , 
^  Louis  XII ,  dans  le  cours  àe  ses  démêlés  avec  le  pape 
JtiIesII,  avait  convoqué  une  assemblée  du  clergé  de  son 
royaume  qu*il  transféra  ensuite  à  Lyon.  Le  :2i  janvier  i5io 
(ou  i5i I ,  nouveau  style > ,  l'archevêque ,  François  de 
Rôhàn  ,  fit  prévenir  le  corps  de  ville  qu'il  venait  de 
recevoir  des  lettres  du  roi  ^  par  lesquelles  il  élait  $1 
V  (Jue  S.  M.  avait  prolongé  l'assemblée  du  concile  gëriè^ 
»  rai  de  tout  le  clergé  de  France  ,  assignée  au  i.*'  jour 
ï>  de  mars  prochain  ,  jusqu'au  1 5  du  même  mois  ^  invi— 
^  tant  le-  consulat  à  pourvoir  à  l'ordre  à  donner  en  celte 
a>  occasion.  »  Les  officiers  jugèrent  que  le  couvent  des 
Ai^ustins  était  le  lieu  le  plus  convenable  pour  cette 
réunion ,  et  cela ,  contre  l'avis  du  consulat  qui  en  fit 
part  à  larchevêque  ;  mais  il  fut  décidé  que  la  ville 
fêtait  tapisser  la  salle  du  réfectoire  de  ce  monastère ,  et 
qu^ellé  y  ferait  dresser  un  parquet.  L'archevêque  donna 
encore  des  ordonnances  de  police  pour  fixer  le  prix  des 
comestibles  et  le  tarif  de  ceux  des  hôtelleries  ;  il  taxa  le 
logement  à  9  sous  par  jour  pour  un  homme  et  son  che- 
val ;  le  diner  à  3  sous }  le  pot  du  meilleur  vin  à  6  de- 
niers ;  le  reste  dans  la  même  proportion. 

On  ne  connaît  précisément  ni  le  temps  que  dura  cette 
assemblée  ,  qui  n'a  pas  obtenu  rang  parmi  les  conciles , 
ni  le  nombre  des  évêques  qui  s'y  trouvèrent.  On  croit 
seulement  qu'elle  s'ouvrit  dans  les  premiers  jours  d'avril 
et  qu'elle  fut  close  vers  le  milieu  du  même  mois, 
Louis  XU  et  sa  cour  vinrent  à  Lyon  à  cette  époque. 

C'est  dans  la  rue  des  Augustins  que  Lyon  a  vu  naître 
le  goût  des  spectactea^  et  que  se  sont  représentés  les 
premiers  drames  nationaux  9  que  l'on  appelait  ^ors  les 
beaux  mystères^ 

En  149^9  lorsque  le  roi  Charles  VIII  et  Anne  de 


(  4o7  ) 
Bretagne,  son  épouse ,  passèrent  en  cette  ville  et  y  firent 

quekpie  s^our ,  le^  pièces  de  thëâtve  qu'on-  représenta 
][k>ar  divertir  cette  princesse  ne  reniaient  que  sur  de 
pieuses  histoires  ,  tirées  de-  l'ancien  el  du  nouveau 
Testament ,  ou  des  vies  des  Saints.  Les  confrères  de  la 
Passion  ,  qui  étaient  les  acteurs  et  les  poètes  dramatiques 
de  ce  temps-^là^  jouèrent,  en  sa  présence,  la  Vie  de 
sainte  Magdeleine ,  qui  fut  très-applaudie  de  la  cour 
et  de  la  ville  (i). 

Le  succès  qu'eurent  ces  mystères ,  inspira ,  40  ^ns 
après ,  ou  environ ,  à  un  riche  bourgeois-  de  Lyon , 
nommé  Jean  Neyron ,  l'idée  d'élever  un  théâtre  pour 
y  faire  joueT  des  pièces  du  mâme  genre.  A,  cet  e&t , 
Tcn  Tan  i54o>il  acheta  plusieurs  maisons  «tuées  entre 
l'église  des  Âugustins  et  celle  de  la  Déserte  >,  et  y  fit 
faàtir  un  vaste  théâtre  représentant  dans  le  haut  le  pa* 


^ 


(i)  On  voit  que  cette  même  pièce  de  la  Vie  de  sainte 
Mj^deleine  fut  encore  )oaée  à  Lyon  en  i5oo.  Le  dernier 
juin  de  cette  année  ,  le  consulat  autorisa  Clément  Trie  à 
seconder  les  joueurs  de  tout  son  pouvoir ,  et  leur  prêta 
les  costumes  et  tout  ce  qni  avait  servi  pour  la  représen- 
tation donnée  lors  de  Tentrée  du  roi  et  de  la  reine. 

En  i5o6  et  le  4  juin,  Tévêque  snfiragant  de  Lyon  (Gui- 
cbardde  Lessart)  appuya  auprès  du  consulat  la  requête  de 
deux  religieux  du  couTent  des  Augustins ,  qui  demandaient 
qu'on  leur  prêtât  une  place  aux  TeiTcaux ,  aux  fossés  de  la 
Borte  de  la  Lanterne  ,  pour  y  jouer  le  jeu  de  St.  Nicolas 
de  Tolentin  que  ce  couvent  voulait  faire  représenter.  Les 
conseillers  y  consentirent,  pourvu  qu'on  ne  touchât  pas 
aux  murailles  de  la  ville  et  qu*on  remît  le3  Terreaux  en 
leur  premier  état ,  et  sous  la  condition  encore  que  lesdits 
religieux  baiUeroient  bonne  caution  civile.  B. 


(  4o8  ) 
radb,  dont  on  voyait  les  joies  et  les  délices  (i)  ;  et  dan^ 
le  bas,  l'enfer ,  d'où  oii'  £^ercevait  sortir  des  flammes  ^ 
et  d'où  Ton  entendait  s'élever  des  hurlemens*  On  y 
représentait ,  les  dunandies  et  les  fêtes ,  par  les  soins 
et  aux  frais  do  fondateur ,  les  mystères  du  vieux,  et  du 
nouveau  Testament.  Ce  genre  de  divertissement  ne -dora 
que  trois  ou  quatre  années ,  après  lesquelles  on  s*en 
dégoûta  (jz). 

Telle  fut  la  première  origine  de  la  scène  où  ,  un  siède 
plus  .tard  y  nos  pères  applaudirent  aux  premiers  essais 
de  Molière  (3). 


(i)  De  \k  Tient  sans  doute  Fusage  ,  encore  subsistant ^ 
d'appeler  Paradis  le  rang  de  loges  le  plus  éleré  dans 
nos  théâtres.  B. 

(2)  C'est  yraisemblablement  sur  le  même  tbéÀtre  qu*ont 
été  représentéses  les  pièces  intitulées  la  Vie  de  Madame 
saîncle  Barbe  et  le  Sacrifice  d^ Abraham  y  imprimées  en 
1 55g y  tontes  deax  à  Ljon  ,  chez  Arnoullet  y  et  la  seconde^ 
derechef,  à  Paris  ^  chez  Gilles  Paquot ,  în-8.  gothique. 
Le  titre  porte  qu'elles  ont  été  jonées  devant  le  Eoy ,  en 
VHostel  de  Flandres ,  à  Paris  ,  et  depuis  à  Lyon  ,  Fan- 
née  qnc  nous  venons  d'indiquer. 

L'abbé  Pemetti ,  L^onnois  dignes  de  méni.  1 ,  148,  dît 
qn'on  fit  dans  la  suite  un  recueil  des  pièces  qui  ayaîent 
été  données  sur  le  théâtre  élevé  par  Jean  Neyron ,  et  qu'on 
Fintprima  en  i54a  ,  sous  ce  titre  :  Le  très  exceUeni  et 
sainct  mystère  du  vieil  Testament  représenté  par  persan-' 
naiges  ,  auquel  sont  contenues  les  histoires  de  la  Bible. 
Ce  recueil ,  ajonte-t-il ,  est  en  2  v.  in-fol.  et  fort  rare.     B* 

(3)  Molière  était  à  Ljon  avec  sa  troupe  en  î653.  Il  j 
représenta  pour  la  première  fois  sa  comédie  de  VEtourdi. 
Le  théâtre  ou  il  la  joua ,  était  un  jeu  de  paume ,  situé  près 


(  <o9  ) 

Le  )ar£n  des  religieux  augustins  devint ,  le  9  mars' 
1793  ,  le  théâtre  d'un  drame  d'une  nature  phis  sérieuse» 

Huit  cents  citoyens  9  qui  s'y  étaient  assemblés ,  y  sig^ 
aèrent  une  pétition  (i)  adressée  aux  deux  commissaires, 
Baztre  et  L^endre ,  envoyés  par  la  convention  avec  la 
mission  apparente  de  calmer  les  Lyonnais  exaspérés  par 
les  vexations  de  Châtier ,  Laussd  et  autres  révolution- 
sares  ;  mais  dont  le  but  secret  était  de  soutenir  ces 
derniers  et  tout  te  parti  des  sans-culoUes. 

L'assemblée  s'était  formée  eti  vertu  d'une  Ich  «  qui 
portait  que  tes  citoyens  avaient  le  droit  de  se  réunir 
paisiblement  et  sans  armes  9  en  assemblées  particulières  j 
pour  rédiger  des  adresses  et  des  pétitions ,  sous  la  con- 
dition de  donner  avis  aux  officiers  municipaux  du  temps 
et  du  lieu. 

Toutes  ces  formalités  avaient  été  remplies  ;  et  cepen- 


de  St  Paul.  M.  J.  Taschereau  ^  Histoire  de  la  vie  et  des 
ouvrages  de  Molière  ^  1825,  in»8.^9  pag.  23-249  dit  que 
la  pièce  et  les  comédiens  obtinrent  au  succès  complet ,  et 
que  les  Lyonnais  oublièrent  bientôt  un  autre  théâtre  que 
kar  fille  possédait  depuis  quelque  temps  ,  et  dont  les 
principaux  acteurs  prirent  le  parti  de  passer  au  nouveau. 
Il  ajoute  que  parmi  eux  se  trouT aient  de  Brie  ,  Ragueneaa 
et  mesdemoiselles  du  Parc  et  de  Brie.  Nous  ignorons  oii 
était  sitoé  le  théâtre  qu'ils  quittèrent  pour  celui  du  jeu.  de 
paume. 

Noiu  parlerons  ailleurs  des  pièces  dramatiques  qui  forent 
jouées  au  collège  de  la  Trinité  et  notamment  de  celles  qui 
eurent  pour  auteur  le  célèbre  BartHélemi  Aneau.  B. 

(i)  Cette  pétition  avait  pour  but  de  se  plaindre  de  la 
municipalité,  et  de  doniier,  par  un  moyèti  légal  et  res- 
pectable ,  plus  de  poids  et  d'intérêt  k  cette  plainte. 


(  4io  ) 
^Dt,  par  Tordre  secret  des  commissaires,  deux  nuiin]' 
cipaux  vinnent,  avec  la  force  armée  9  pour  dispersi^r  les 
dtoyeas  réunis  légalement. 

L'on  acheva ,  toutefois ,  de  rédiger  la  pétition  f  danai 
laquelle  on  demandait  que  les  commissaires  convoyassent 
les  sections  pour  connaître ,  d'une  manière  plus  iiopo— 
sanle ,  par  leur  organe ,  ce  qu'ils  refusaient  de  savmr  par 
des  rapports  particuliers ,  sur  les  actes  de.  la  municipalité* 

Lorsque  cette  pétition  fut  présentée  aux  commissaires  ^ 
Legeqdr€)  demanda  de  combien  de  signatures  elle  élaît 
revêtue:  De  huit  cents  ,.  répondit-on.  La  loi^  dit-il^ 
n'en  veut  que  cent  cinquante. 

On  lui  fit  observer  que  la  loi  9  en  fixant  le  minimum 
e^igé ,  n'avait  pas  pu  défendre  le  plus  grand  nombre*    . 

Alors  Legendre  furieux  :  «  Taisez-vous  ,  s'écria-t-il  ,. 
»~  vous  n'êtes  que  des  factieux  ^  la  force  armée  est  là ,  je 
»  marcherai  à  sa  tête  contre  vous;  »  et  par  son  ordre, 
un  des  délégués  de  l'assemblée ,  le  sieur  Boissonnad  j 
que  nous  avons  vu  depuis  commissaire  de  police  à  Lyon  y 
et  qui ,  dans  cette  circonstance ,  avait  déployé  beaucoup 
de  véhémence  contre  les  conventionnels ,  fut  arrêté  et 
envoyé  k  Maçon  poqr  y  être  jugé  ;  de  là  il  fut  transfère, 
à. Paris 9  et  jeté  dans  les  prisons  de  l'Abbaye»  où  il^ 
demeura  oublié  pendant  dix-huit  mois  ;  le  9  thermidor 
lui  rendit  la  liberté. 

La  pétition  étant  inutile ,  allait  être  rendue  à  ceux  qui 
l'avaient  présentée  ,  lorsque  Legendre ,  l'arrachant  de 
leurs  mains ,  leur  dit  :  c(  Je  garde  vos  signatures ,  vous 
»  répondrez  sur  vos  têtes  des  troubles  qui  arriveront ,  » 
et  aussitôt  il  en  donna  copie  à  Chalier ,  qui  courut  au 
club  central ,  en  s'écriant  :  «  Nous  les  tenons  ,  j'ai  tous 
»  leurs  noms  ;  au  premier  mouvement  il  faut  qu'ils. 
^  soient  tous  égorgés.  » 


(4"  > 

S  fit  ensuite  afiSicher  une  liste  imprimée  de  ces  noms , 
sous  œ  titre  homicide  :  Jpis  aux  sans-^^àtoffes.  Copie 
siacère  et  widique  de  la  péiUiim  contre-^rèpotuitonnaîre  y 
aamUe  ks  signatures* 

Le  coavent  des  Augustin»  sert  aujourd'hui  |de  caserne 
\  là  gfendânperîe  royale  du  département  ;  mais  il  ne 
restera  pas  lông^temps  affecte  à  cet  usage ,  la  ville  en 
ayant  fait  l'acquisition  des  deniers  que  lui  a  lëguës  le 
major-gënëral  Martin ,  et  se  proposant  d'y  établir  Tins- 
tilatictt  de  bien  public  fondée  sous  le  titre  de  la  Mar^^ 
tàdére ,  par  la  munificence  de  œ  généreux  citoyen* 

Am^s  (rae  de  T  ) ,  tendant  de  la  rue  Çuboîs ,  vis* 
irvs  cdle  de  Vandiran  >  à  la  rue  Gnenette.  Sa  popula- 
tion se  compose  de  S  maisons ,  28  ménages  et  89  in-* 
Mus.  Sur  le  plan  de  i54o  ^  elle  occupe  un  es- 
pace fenné  de  k|  partie  de  la  rue  Dubois  qui  touche 
i  b  roe  Tre^-Cfurreaiix  9  et  de  la  rue  de  Vandran  ac- 
tuelle; w^  s^r  le  plaii  de  1740  9  on  ne  la  trouve  plu$ 
fie  kUe  qu  elle  est  aujourd/hui. 

On  a  présumé  qu*on  appekât  dans  les  iS^  et  14*  siècles 
cette  parUe  de  la  rue  Dubois ,  ruie  de  TÂumÀBe ,  parce 
qœ  D*élait  là  que  se  faiçaîeHit  aux  pauvres  les  distribu- 
tions d'argent  ou  de  denrées  que  les  paroissiens  de  St- 
Nizier  léguaient  fa^r  leurs  testamens» 

AmriaGzvB  (rued*).  Elle  fut  ouverte  en  1739  par  le 
cardinal  de  U  X^ur  d'Auvergne  ^  abbé  d'Âinay,  dont  elle 
porte  le  nota ,  pour  établir  une  communication  de  la  rue 
St^Héléne  à  la  partie  des  anciens  remparts  d'Ainay  qui 
bnojc  aujourd'hui  la  place  d'Hjenri  lY.  Elle  était  encore 
p»  habitée  9  il  y  a  quelques  années.  Il  y  existe  au  mo*- 


\ 

(  4iâ  ) 
ment  actuel  1 3  maisons ,  jS  ménages  ^  477  individus  , 
20  ateliers  et  4^  métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes 
de  soie.  On  y  remarque  aussi  deux  grandes  fonderies 
qui  le  cèdent  à  peu  d'ëtablissemens  de  ce  genre  pour 
l'importance  et  la  qualité  des  produits. 

C'est  dans  cette  rue  que  prend  sa  principale  entrée  la 
maison  de  profès ,  que  les  Jésuites  y  avaient  établie  sous 
le  vocable  de  S«  Joseph  et  qui  sert  aujourd'hui  de  prison 
départementale.  Ils  avaient  acheté  le  tènement,  sur  une 
partie  duquel  elle  est  construite,  et  qui  avait  86,5 lo pieds 
de  superficie  totale  ,  au  prix  de  i3,55o  liv» ,  des  deniers 
provenant  du  legs  universel  de  tous  ses  biens  que  leur 
avait  fait  ,  pour  la  fondation  de  cet  établissement ,  le 
sieur  de  Rhodes ,  décédé  en  i5g2.  Des  lettres  patentes 
de  i6o5  les  avaient  autorisés  à  mettre  à  exécution  les 
intentions  du  testateur. 

Lors  de  l'expulsion  des  Jésuites ,  en  1762 ,  le  gouver- 
nement s'empara  de  cette  propriété  ;  peu  après  elle  fut 
convertie  en  prison ,  et  les  archives  judiciaires  conser-- 
vent  la  trace  de  plusieurs  procédures  criminelles  qui  y 
ont  été  instruites ,  et  dans  le  cours  desquelles  la  question 
a  été  appliquée  aux  prévenus.  Des  lettres  patentes  de 
1773  enjoignaient  au  consulat  de  faire  à  ce  bâtiment  les 
réparations  nécessaires  à  son  entretien  jusqu'à  l'époque 
où  serait  faite  l'acquisition ,  alors  projetée,  de  l'hôtel  de 
Flëchères ,  pour  y  placer  la  prison  que  plus  tard  on  a 
élevée  sur  la  place  de  Roanne. 

Au  commencement  de  la  révolution,  ce  vaste  immeuble 
fut  vendu  nationalement  au  sieur  Rogé ,  sans  aucun 
égard  pour  les  motifs  qui  auraient  dû  engager  l'admi* 
nistration  du  temps  à  ne  pas  se  dessaisir  d^une  pro- 
priété qui  avait  pour  destination  un  service  public.  Le 


département  fut  dès  ce  moment  oblige  de  la  prendre  eu 
location  par  un  bail  qui  a  ëtë  renouvelé  en  l*an  X , 
pour  27  ans  et  que  se  sont  refuse  à  proroger  les  acqué- 
feors  de  la .  dame  veuve  Laurent ,  qui  avait  elle-niéme 
vhelë  du  sieur  Rogë.  Leur  intention  est  ,  à  ce  qu'on 
assure  »  de  mettre  en  reconstruction  remplacement  qut 
est  occupe  par  les  bâtimens  actuels  et  qui  doit  être 
percé  d'une  rue  en  prolongement  direct  de  celle  de 
Bourbon. 

Les  condamnes  aux  travaux  forces  qui  attendent  la 
diaine,  et  les  condamnes  à  plus  d'un  ari  de  détention 
qui  doivent  être  conduits  dans  les  prisons  centrales , 
sont  déposés  dans  la  prison  de  St.  Joseph.  Les  condamné» 
à  moins  d'un  an  y  subissent  leur  peine.  Un  quartier  par- 
tîcslier  est  affecté  aux  prisonniers  pour  dettes. 

L'administration  de  cette  prison  est  confiée  à  une 
commission  spéciale  présidée  par  M.  le  préfet ,  et  com- 
posée de  M.  le  premier  président ,  de  M.  le  procureur 
général ,  membres  nés  ,  et  de  cinq  autres  personnes  no- 
tables de  la  ville  nommés  par  S.  Exe.  le  ministre  de 
l'intérieur. 

Le  senrice  intérieur  est  fait  par  un  aumônier ,  un 
médecin  /  des  soeurs  infirmières  ^  un  concierge  ,  un 
greSeret  des  guichetiers. 

0^  a  introduit  depuis  long-temps  dans  la  prison  de 
Sl  loseph  des  ateliers  considérables  poui*  le  cardage  de 
la  laine  et  le  coupage  du  poil  pour  les  chapeliers ,  le 
'léridage  de  la  soie  et  du  coton  et  autres  travaux  sUscep- 
liNes  d'être  exécutés  par  des  femmes  et  des  enfans. 

Ces  ateliers  ,  que*  leur  position  dans  une  grande  ville 
de  &brique  rendait  plus  faciles  à  alimenter,  ont  servi 
^  modèle  à  ceux  du  même  genre  qui  ont  été  successi- 
vement créés  dans  les  maisons  centrales  de  détention. 


(4U) 
Compe  toutes  les  prisons  de  I^yon ,  Celle  de  St  Joseph 
a  vu  ,  pendant  la  révolution ,  ses  cadiots  se  remplir 
d*une  nuildtude  de  citoyeAs  notables  dont  les  vertus  ott 
Topulence  étalent  des  titres  à  là  proscription.  Des  meor^ 
très  y  des  assassinats  populaires  ont  aus^i  ensanglante  ses 
murailles.  Mais  la  condition  des  prisonniers  y  fui  ctpen* 
dant  9  en  général  ^  moins  déplorable  que  dans  les  autres 
maisons  d&  déteniièn.  M.  Delandîne  ^  dans  son  TaHecu 
des  prisons  de  Lyon  ,  a  consacré  de  la  manière  la  plus 
touchante  le  souvenir  du  concierge  Pichon ,  ijcii  mit  à 
adoucir  la  rigueur  des  ordres  dont  l'exécution  lui  était 
confiée  ^  autant  d'humanilé  et  de  zèle  f[ue  cfeuK  qui  les 
lui  donnaient  y  mettaient  dé  barbarie  et  de  fiirociië. 

Bàlbine  (place  de  la).:Cest  moins  une  place  qu'un 
renfoncement  assez  profond  de  la  rue  St  Jean,  au- 
quel aboutissent  les  rues  des  Trois  Maries  et  de  la 
Baleine.  Elle  renferme  6  maisons ,  55  ménages ,  199 
individus,  8  ateliers  et  21  métiers  pour  la  fabrication 
des  étoffes  de  soie. 

La  place  de  la  Baleine  est  indiquée  au  plan  de  i54o, 
sous  le  nom  de  Grand^Palais»  DlfiËrentes  confecture» 
ont  été  faites  sur  Tétymologie  de  ce  nom  :  la  plus  vrai*' 
semblable  ,  c'est  qu'on  appelait  ainsi  cette  place  à  cause 
de  son  voisinage  du  palais  de  Roanne ,  qui  fut ,  dans 
les  XI.°  et  XII.^  siècles ,  celui  des  comtes  de  Forez  ^  et 
plus  anciennement ,  peut-*ètre ,  celui  des  rois  de  Bour- 
gogne. 

On  retrouve ,  vers  la  même  époque ,  plusieurs  l<icalités 
adjacentes  qui  portent  le  même  nom  ,  comme  la  me  St. 
Jean  ,  qui  devait  effectivement  conduire  au  palais  dont 
nous   venons  de  parler  ,  et  qui  9  pour  ce  motif  sans 


(  4i5  ) 

doute ,  est  dënommëe  dans  les  actes  âe  oe  temps ,  râe  dm 

Patois  ;  oomme  la  place  actuelle  du  Gouvernement  ^  à 

laquelle  on  dontiaît  la  dënomtnaticm  de  peiU  piastre  ou 

peiUe  flacû  du  Palms  ;  et  conune  enfin  une  stsAue  de  la 

vierge  ^  qu'on  appelait  N^fire^^Dame-du-Palais ,  et  qui 

était  placée  dafts  la  façade  de  la  maiison  des  Berchlers,  à 

Tangle  Aà  4a  petite  rue  Trjonassac.  Cette  statue,  doQt 

on  voit  eifecore  la  niche ,  était  si  vënérée  ,  que  le  coti*- 

sokt  9  en  donnant  penussion  ée  rebfttit*  la  mtiisovi  Ser^ 

duer,  au  inilieu  du  i5>  siâclè,  y  mit  pour  utte  de$ 

ooiuiicieni^  essentielles  de  ne  point  dégrader  cette  même 

statue  9  et  de  la  maintenir  en  bon  ëtat 

M.  Cbchard ,  dans  sa  Description  de  Zycfn  et  dand  son 
Gaide  da  çoyageur  à  Lj^n ,  a  essayé  d'expliquer  Tori- 
gîne  de  ce  ncmi  de  P^ais  ,  pav  Texistence  d'ufn  éiîfiM^e 
pakktial ,  qui  aurait  été  sftuë  en  feoe  de  ta  place  de  b 
Balme ,  et  qui  aurait  communifiaé  à  la  place  du  Petit 
Collège.  Nous  sommés  d'autant  Htoim  pôitës  à  paiiâger 
cette  opinion ,  qu'aucun  document ,  qu'aucune  indication 
quelconque  ne  donnent  lieu  de  croire  qu'il  y  ait  eu  dans 
ce  quartier,  et  moins  encore  vers  le  petit  collège ,  d'autre 
palais  que  celui  de  Roanne. 

Quant  à  la  dénomination  de  place  de  In  Baleine  ^àon- 
née  postëneurement  à  remplacement  dont  nous  nou^ 
o(xnpons  ,  ainsi  qu'au  quai  et  i  la  rue  dont  nous  allons 
parier,  il  est  à  peu  près  constant  qu'elle  ne  provient  que 
d'une  vieille  enseigne  qui  représentait  un  animal  de  ce 
nom ,  et  qui  était  suspendue  au-devant  d'une  maison 
4tt  fond  de  la  place ,  près  de  la  Saône. 

Bausskk  (quai  ^e  la).  Il  aboutit  en  droite  ligne  du 
quai  Humbert  à  la  place  de  Roanne ,  et  n'est  porté  ai^ 


Hi6)  ^ 
étTnier  recensement  que  pour  3  maisons  ,  parce  que  les 
iautresont  leur  entrée  sur  la  rue  des  Trois-MarieS|  et  pour 
37  ménages  9  i23  individus  ^  7  ateliers  et  i5  métiers  de 
soierie.  Ce  quai  n'existe  pas  au  plan  de  i54o ,  sur  le- 
quel le  littoral  de  la  Saône  est  seulement  indiqué  avec 
le. nom  de  côte  de  la  Baleine.  Ce  ne  fut  eflectiyement 
qu'en  mars  i5jZ  que  le  consulat  arrêta  le  projet  de  faire  , 
sur  la  Saône ,  depuis  la  rue  Couverte ,  avant  le  pont  du 
Change ,  jusqu'à  la  Baleine  et  au-delà  du  port  de  Roanne  » 
un  quai  dont  la  dépense  fut  évaluée  à  18000  fr.  En  juillet 
1575  ,  la  ville  obtint  des  lettres  patentes  pour  Texécation 
de  ce  projet ,  depuis  Roanne  jusqu'au  port  St  Eloy. 

Le  quai  de  la  Baleine  j  à  cause  de  son  peu  d'éléva- 
tion ,  était  habituellement  submergé  A  toutes  les  crues 
un  peu  fortes  de  la  Saône  ;  il  a  été  reconstruit  dans  des^ 
proportions  qui  doivent  le  mettre  pour  Tavenir  à  l'abri 
des  inondations ,  et  qui  sont  en  harmonie  avec  les  beaux 
ouvrages  d'art  qui  contiennent  le  lit  de  la  rivière  depuis 
le  pont  du  Change  jusqu'au  pont  de  l'Archevêché. 

Baleine  (rue  de  la).  C'est  une  petite  rue  qui  aboutit 
de  la  place  de  la  Baleine  au  quai  du  même  nom.  On 
ne  la  trouve  pas  figurée  au  plan  de  i54o,  ce  qui 
donne  lieu  de  croire  que  son  ouverture  est  postérieure 
à  cette  époque.  Elle  comprend  7  maisons  ,72  ménages  , 
271  individus  ,  6  ateliers  et  8  métiers  pour  la  fabrication 
des  étoffes  de  soie. 

Bahrs  (rue  de  la).  Sa  direction  tend  du  pont  de  la 
Gttillotière  à  la  place  Léviste.  Elle  est  bordée  de  23 
maisons ,  qui  sont  occupées  par  3i3  ménages  ,  composés 
de  1128  individus  ;  la  fabi:ique  des  étoffes  de  soie  y  en- 
tretient 78  ateliers,  occupant  217  métiers. 


(  417  ) 
Cette  rue  qui ,  sur  le  plan  de  i54o ,  porte  le  nom  dé 
Baurgchanin  ,  lire  son  nom  actuel  d  un  droit  d'entrëe 
ou  de  barrage ,  établi  par  lettres  patentes  du  roi ,  en 
1409 ,  qui  se  payait  en  cet  endroit  pour  renlrelîen  du 
pont  de  la  Guilletière ,  et  dont  la  perception  était  în- 
diquéB  par  une  barre  qu'on  ne  levait ,  pour  laisser  le 
passage  libre ,  qu'après  que  le  droit  avait  été  acquitté. 

BjLSSSS-VERCHiRlEs  (ruedes).  C'est  une  des  rues  qui 
composent  ce  qu'on  appelle  le  quartier  de  Tancienne 
vïHe ,  près  les  portes  de  Trîon.  On  la  trouve ,  pour  la 
première  fois  ,  sur  le  plan  de  1740 ,  avec  sa  direction 
actuelle  de  la  rue  des  Anges  à  la  rue  Paradis.  ^ 

D  y  existe  18  maisons ,  pour  la  plupart  de  plaisjance, 
arec  des  jardins  d'agrément.  Sa  population  est  de  Sa 
ménages,  réunissant  106  individus;  16  ateliers  et  34 
métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie  y  sont 
expldtés» 

Bassevills  (rue) 9  composée  de  8  maisons,  habitées 
par  94  ménages  et  3 10  individus.  Il  ne  s  y  trouvait,  en 
1827  î  qae  2  ateliers  de- soierie  et  6  métiers.' 

Cette  rue ,  qui  forme  le  prolongement  de  la  rue  de 
l'Arbre^sec  au  quai  de  Retz ,  avait  été  ouverte  sur  un 
emplacement  dont  le  niveau  s'abaissait  vers  le  Rhône , 
^  qui  fut  relevé  au  moyen  des  remblais  qu'on  y  fit , 
lorsqu'on  agrandit  la  ville  sur  ce  point.  C'est  de  là  qu'on 
Im  a  donné  le  nom  de  Basseville  qu'elle  continue  à  porter» 

Bat-d'aagent  (rue du).  Elle  tend  de  la  place  du 
Plâtre  à  celle  du  Collège,  et  contient  23  maisons  ,  210 
Binages ,  670  individus ,  S  ateliers  et  9  métiers  de 
soierie. 

Tome  VIL  27 


(  4i8  ) 

Avant  et  pendant  les  premières  années  du  i5.*  siicle  ^ 
cette  rue  s'appelait  du  Pas-Eiroit ,  nom  qui  fut  ensuite 
transporte  à  une  petite  rue  transversale  aujourd'hui 
supprimée ,  qui  œnduisait  à  celle  de  l'Ârbre-sec.  Il  esl 
même  vraisemblable  que  la  rue  actuelle  du  Pas^froii 
n'était  qu*une  continuation  de  l'ancienne ,  dont  elle  a 
conservé  la  dénomination. 

Le  nom  que  cette  rue  porte  à  présent ,  dérive  de  ce 
qu'autrefois  la  plupart  des  bdtiers  (  ouvriers  bourre- 
liers ,  faisant  des  bâts  pour  les  mulets  et  autres  bêtes  de 
somme)  y  avaient  leurs  ateliers:  c'est  ce  qu'indique  encore 
un  petit  bât  argenté  qui  se  voit  au-dessus  de  la  ported'all^e 
de  la  maison  n.^  17.  Aujourd'hui  elle  est  principalement 
habitée  par  le  haut  commerce.  On  y  remarque  quel- 
ques belles  maisons  ,  et  ,  entr'autres ,  celle  où  est 
établi  le  café  Gasati ,  justement  renommé  pour  la  bonne 
qualité  de  son  chocolat ,  et  où  se  réunit  tous  les  matins 
une  affluence  nombreuse  de  déjeûneurs.  Ce  café ,  qui  est 
décoré  avec  beaucoup  de  prétention  ,  et  qui  est  très-mal 
éclairé ,  n'est  rien  moins  que  remarquable  aux  yeux  des 
gens  de  l'art  ;  il  ne  répond  point  aux  dépenses  que  sa 
construction  a  coûtées  à  son  précédent  propriétaire. 

Dans  la  maison  qui  fait  Pangle  des  rues  Bât-d  argent 
et  Sirène ,  on  voit  encore  la  niche  pour  laquelle  le  célèbre 
Coisevox ,  statuaire  lyonnais ,  avait  sculpté  la  belle  statue 
de  la  Vierge  qui  orne  maintenant  une  des  chapelles  de 
l'église  de  St.  Nizier ,  et  dont  nous  aurcms  occasion 
d'entretenir  nos  lecteurs  ,  quand  le  moment  sera  venu  de 
nous  occuper  de  la  description  de  cette  église. 

B ATTISEES  (territoire  des),  situé  dans  la  campagne  de 
Lyon  {.extra  muros)^  au  couchant  de  la  ville ,  sur  les 


(  4^9  ) 
limite  des  communes  de  Tassia  et  de  Franckeville.  On 

y  oHnpte  21  maisons  j  16  ménages^  74  individus ,  tous 

cultivateurs* 

Bata&d  (rue),  aboutissant  de  la  rue  du  Puits  d'Ainay 
\  la  place  de  ce  nom.  Cette  rue ,  qui  n'est  au  vrai  iqu*une 
ruelle  inhabitée,  a  ëté  ouverte  depuis  la  révolution, ^ur 
remplacement  de  Tancien  cloître  d'Ainay ,  et  d*une 
^pelle  au  nord  de  Tëglise  de  ce  nom.  Elle  a  reçu  le 
nom  de  Bayard  en  mémoire  du  séjour  que  le  chevalier 
sans  peur  et  sans  reproche  ,  fit  dans  Tabbaye  d'Aînay  , 
auprès  de  Tabbé  Théodore  du  Terrail ,  son  oncle  ,.vers 
le  commencement  du  i6.^  siècle  ,  et  où  il  se  signala  par 
te  prouesses  qui  émerveillèrent  alors  la  ville  et  la  cour. 

Bbauhsga&o  (place  de).  Elle  est  située  presqu'au 
milieu  de  la  montée  du  Gourguillon ,  en  face  d'une  partie 
des  bàtimens  du  ci-devant  monastère  du  Verbe  Incarné* 
Cette  place  n'était  point  indiquée,  au  plan  de  i54o  ^ 
elle  ne  s*est  formée  que  plus  tard  et  par  le  reculement  de 
quelques  maisons  qui  ont  été  reconstruites  dans  cette 
partie  de  la  montée  du  Gourguillon.  De  l'espace  irré- 
goiier  qu'elle  occupe,  au  débouché  de  la  montée  des 
Épies ,  on  découvre  une  vue  très-belle  et  très-étendue , 
d'rà  lui  est  venu  le  nom  de  Btauregard.  Il  n'y 
existe  qu'un  très-petit  nombre  d'habitations,  dont  le 
recensement  est  compris  dans  celui  de  la  montée  du 
Gourguillon. 


(420) 


SBSmSS^SSOSSSSlSSS 


fflSTOIRE  LITTERAIRE. 


niPRIMEfaE  LT05IfÂI5E. 

Tout  le  monde  sait  combien  l'imprimerie  et  la  librairie 
ont  été  florissantes  h  Lyon ,  dès  le  principe  même  de 
leur  introduction  en  France  et  jusques  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle  y  ëpoque  où  elles  ont  beaucoup  perdu, 
dans  celte  cite  9  de  leur  ancienne  splendeur.  Un  mémoire 
sur  t  Origine  de  t imprimerie  en  Proçence  ,  par  M.  An- 
toine Henricy ,  avocat  près  la  Cour  royale  d*Aix  (i)  9 
nous  fournit  de  nouvelles  preuves   de  Tëtendue  et  de 
l'importance  qu'avait  cette  branche  du  commerce  lyon- 
nais. On  y  voit ,  en  effet ,  que ,  pendant  de  longues 
années ,  la  Provence  a  eu  recours  à  nos  imprimeurs , 
soit  pour  l'impression  des  actes  publics ,  soit  pour  celle 
des  ouvrages  des  particuliers.  La  première  des  villes  de 
cette  province  qui  ait  attire  dans  son  sein  l'art  typo- 
graphique ,  est  celle  d'Aix  ;  mais  ce  ne  fut  qu'en  Tannée 
157S  (2)  :  jusqu'alors,  le  parlement,  l'administration 
provinciale  ,  les  consuls   et   les   citoyens  s'adressaient 


(1)  Dans  le  Becueil  des  mémoires  ei  autres  pièces  de  prose  et  de 
vers ,  qui  ont  été  lus  dans  les  séances  de  la  Société  acadénUque 
d'Aix  y  département  des  Bouches  du  Bhônf ,  depuis  i8a3  jusqu'à 
présent  ;  Aix ,  imprimerie  de  Pontier  fils  atnë ,  18^7 ,  ivS^  ,  pag*  &'4^« 

(a)  U  y  avait  à  cette  ëpoqae  un  peu  plus  d'un  siècle  que  l'on 
imprimait  à  Lyon ,  puisque  le  livre  aujourd'hui  reconnu  pour  le  plus 
ancien  produit  de  la  typographie  de  cette  ville ,  le  Compendium 
Lotharii ,  est  de  i473.  Voy.  les  premières  Lettres  lyonnaises*. 


presque  toujours  à  nos  typographes,  et  quelquefois  seu* 
lement  à  ceux  d'Avignon ,  pour  les  publications  dont  ils 
avaient  besoin.  Il  est  vrai  qu'Âix  posséda  des  libraires 
assez  long-temps  avant  Tëpoque  que  nous  venons  d1n- 
diquer.  M.  Henricy  en  nomme  plusieurs,  à  la  tête  des*- 
quels  il  met  un  Dominique  de  Portunaire ,  exerçant  en 
15%  et  appartenant ,  suivant  toute  apparence  ,  à  la 
même  famille  que  Vincent  de  Portunaire  ou  de  Poriu^ 
9ûrtts\  né  à  Trino ,  dans  le  Montferrat ,  libraire  à  Lyon  ' 
(lès  i5o7 ,  et  que  Pierre  de  Portunaris,  qui  imprimait 
en  noire  ville  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Des  privilèges  furent  accordés  à  quelques-uns  des  li- 
braires d'Aix  en  1539  et  i545  par  François  L^%  qui 
avait  donné  ,  en  i536  »  à  Antoine  Vincent  (i) ,  im- 
primeur à  Lyon ,  la  permission ,  pour  trois  ans ,  d'im- 
primer les  ordonnances  du  pays  de  Provence. 

Les  autres  villes  de  Provence  ont  continué  encore 
plus  tard  d'emprunter  le  secours  des  presses  lyonnaûses. 

M.  Henricy  entre  dans  beaucoup  de  détails  sur  lobjet 
de  ses  recherches  qu*il  appuyé  presque  toutes  sur  des 
documens  puisés  dans  les  archives  municipales  et  dans 
les  anciens  protocoles.  Ce  qui  se  rencontre  de  relatif  à 
Lyon  dans  son  intéressant  mémoire ,  ne  se  borne  pas  4 
ce  que  nous  venons  d'en  extraire.  Voici  encore  quelques 
bits  qui  y  sont  rapportés  ,  rentrant ,  en  grande  partie , 
dans  ce  que  nous  avons  dit  ci-dessus ,  et  rappelant  tous 
des  souvenirs  qui  appartiennent  à  notre  localité. 

En  i547  ^l  1^  '^  juillet,  Tarchevéque  d'Arles  et  le 


(1)  Simon ,  Antoine  et  Barthélemi  Vincent  ont  beanconp  im« 
ynmé  oa  fait  imprimer  à  Lyon  daos  le  seizième  siècle.  Simon  y  fa^ 
rebe^n  en  15^4 1  ^t  Antoine  en  i544  >  ^^^^  ^^  i56cu 


(   4^3   ) 

chanoine  Cazaphilète ,  au  nom  du  diapitre  9  autori-- 
sèrent ,  par  acte  reçu  Antoine  Surian ,  notaire  à  Saint-- 
Chaînas ,  Vas  Cavallis ,  libraire  d*Aix ,  à  publier  une 
nouvelle  édition  du  Bréviaire  de  leur  église.  Ce  libraire 
chargea  de  l'impression  Thibaud  Payen ,  imprimeur  de 
Lyon  (i)  :  Lugduni  excudebat  Theobaldus  Paganus. 
x54g.  Venundaniur  AquiSy  inPalatio  regaliy  per  Vas 
Cavallis^  bibliopolam. 

Les  consuls  de  la  ville  de  Manosque  firent  imprimer  à 
Lyon ,  en  iSSg ,  suivant  l'ordonnance  du  20  août  9  le 
recueil  municipal ,  intitulé  :  Ténor  prwilegiorum  ^fran-- 
quesiarum  et  tiber/aium  ^illœ  Manuascœ  in  eomiiaiu 
Provinciœ  et  Forcalqiurii  existentis.  Venundantur  Ma-^ 
nuascœ  ,  per  magistrum  Sciçaiorem  Jurami ,  biblio^ 
polanin  iSSg. 

Les  chanoines  de  Téglise  métropolitaine  d*Aix  firent 
aussi  imprimer  à  Lyon  leur  Bréviaire,  en  1499  et  en 
i526  ;  leur  Missel ,  en  iSay  ;  leur  Diumal ,  en  i533, 
.C'est  également  à  notre  ville  que  l'église  de  Marseille , 
en  1 526,  celle  d'Arles,  en  i5oi  et  1649  ,  celle  ^^ 
Grasse ,  en  i528  ,  celle  de  Fréjus  ,  en  i53o  ,  et  celle 
d'Apt ,  en  i532 ,  durent  l'impression  de  leurs  Bréviaires» 

Ce  ne  fut  qu'en  iSyS ,  comme  nous  l'avons  dit,  que 
l'imprimerie  fut  établie  à  Aix.'  Pierre  Roux ,  imprimeur 
d'Avignon ,  traita  avec  les  consuls  d'Aix  et  y  transporta 
ses  presses.  H  y  donna  le  Traicté  de  t Eglise  de  Dieu 
contre  les  Cahinistes,..,  y  par  Jean  Peliicot,  conseiller 
au  siège  de  cette  ville  ,  dont  cet  ouvrage  parait  être  la 
première  production  typographique.  Guillaume  Maillou  , 
et   ensuite  Jean   Courraud   et   Philippe   Coignat   son 


■  ■ 


(i)  Thibaud  Payen  imprima  4  Lyon  de  iSSy  à  i57o« 


(  4^3  ) 
g^dre ,  SQCcâèrent  à  Pierre  Roux  ;  mais  Tedn  CourrauJ 
n'ayant  pu  remplir  le  service  des  établissemens  publics^, 
soit  à  cause  de  son  incapacitë  reconnue  par  le  conseil 
de  ville ,  soit  à  cause  de  Tinsuffisance  de  son  atelier  , 
on  appela  de  Lyon  ,  en  ïSgy  ,  pour  le  remplacer,  Jean 
Tholosan ,  qui  y  était  établi  depuis  plusieurs  années. 

François  Dupérier,  homme  de  lettres  distingué  9  père 
de  Scipion  Dupérier  (i),  avait  désigné  Tfaolosan  aux 
consuls  sous  des  rapports  honorables.  Il  lui  fit  le  meil- 
leur accueil  et  exigea  même  qu'il  vint  demeurer  d'abord 
dans  sa  maison.  Il  le  qualifiait  dans  ses  lettres  son  tres^ 
ùfficUotmé  etparfaicî  amy ,  et  lui  adressa  des  vers  fami^ 
fiers  qui  se  trouvent  dans  les  Mémoires  et  instruciions 
pour  fesiablissemeni  des  meuriers  et  art  défaire  la  soye  en 
France^  reimprimez  par  ordre  du  Roy^  en  iSoS,  à  Âix , 
chez  Jean  Tholosan. 

Jacques  Fontaine,  célèbre  médecin  de  ce  temps  à 
Âix ,  dit  à  Dupérier  ,  en  lui  dédiant  son  Discours  de  la 
petite  vérole  :  «  Vous  ne  vous  estes  pas  contante  d'avoir 
»  aUiré  un  bon  et  suffisant  imprimeur  en  vostre  ville  : 
»  mais  à  sa  grande  commodité  vous  Pavez  logé  dans  vostrè 
3>  maison.  ».  M.  Henricy  compare  François  Dupérier  à 
Bartbélemi  Buyer ,  de  Lyon ,  et  aux  Maximis ,  de  Rome , 
qui  attirèrent  et  logèrent  aussi  dans  leurs  maisons  les 
premiers  imprimeurs  qui  s'établirent  dans  ces  villes. 

Le  parlement  d'Aix,  par  arrêt  du  3i  janvier  iS^S , 


(1)  C'est  à  Fraoçois  Dupérier  que  Malherbe  adressa  ces  fameuses 
cka&ces: 

Ta  doulenr  ,   Dapërier  y  sera  donc  étemeUe* 

H  était  oncle  de  Charles  Dup«rier ,    l'un   de   nos  meUleurs  poètes 
Jatins  modernes.  Yoy.  Tari*  de  ce  dernier  dans  la  Biogr.  univ* 


(  424  ) 

autorisa  Tholosan  à  exercer  sa  profession  ^  en  atiencfant 
les  lettres  patentes  du  roi ,  lesquelles  lui  furent  accordëes 
le  14  octobre  iSgg  et  confirmée^  le  16  noyembrc  161 6. 

Tholosan  fut  nomme  imprimeur  de  la  yille  aux  gages 
de  100  livres  ,' portes  ensuite  à  i5o.  On  lui  donna  poor 
son  habitation  et  pour  Texercice  de  son  art  la  maison 
de  Funiversitë.  Son  imprimerie  fut  mise  en  activité 
dès  1697.  II  reçut  diverses  indemnités  dés  consuls ,  ce  en 
))  considération  de  plusieurs  grands  frais  et  despens  qu*'!! 
3)  avoit  faicts  et  soufferts  à  la  conduite  des  caractères  et 
»  autres  engins  nécessaires  à  son  art ,  de  la  ville  de  Lyon 
»  en  cette  ville  d*Aix ,  pour  estre  luy  un  homme  sçavant 
)>  et  bien  entendu  à  son  mestier ,  ayant  grand  quantité 
^>  de  beaux  caractères » 

L  ouvrage  suivant,  publié  en  iSgS,  doit  être  con- 
sidéré comme  le  premier  livre  sorti  à  Aix  de  Patelier 
de  cet  impnméur  :  S/afiiia  Proçinciœ  Forcalquerii  comi" 
ialum ,  cum  commeniariis  Z.  Massœ. 

Le  frontispice  de  ce  livre  porte  le  nom  de  Tholosan  , 
avec  celui  de  Nicolas  Piltehotte ,  libraire  ,  originaire  de , 
Lyon  (i) ,  venu  probablement  à  Aix  avec  lui  pour  y 
établir  un  commerce  de  librairie  qui  fut  de  courte  durée. 

Tholosan  fit  paraître ,  la  même  année  ,  La  Faucon^ 
nerie  de  Charles  dArcussia ,  seigneur  d*Esparron , 
première  édition ,  devenue  très-rare  ,  de  œ  livre  doiit 
le  P.  Lelong  cite  six  réimpressions. 

Il  réunissait  à  la  profession  d'imprimeur  celle  de  U— 


(1)  n  ëtait  sans  doute  parent  de  Jean  PiUehotte ,  knpriniear  de 
la  Lîgûe ,  et  dont  le  fils  fut  seigneur  de  la  Pape  ^  ëcheyin  en  164^' 
•te.  Yoy,  Archw.  du  Bhàne  ,  tom.  II ,  pag.  i63. 


(  425  ) 
braire.  La    qualification  à' imprimeur -Ubrûire   lui  est. 
donnée  dans   le  privilège  du   lo  juillet  1612 ,  qui  lut 
fut  accordé  pour  la  publication  d'un  livre  d'église. 

Etienne  David  ,  après  avoir  fait  son  apprentissage 
diez  Tholosan,  épousa,  en  1616,  l'une  de  ses  filles , 
et  le  14  novembre  de  la  même  année,  il  reçut  des 
lettres  patentes  pour  exercer  sa  profession ,  conjointement 
avec  son  beau-père  et  après  lui. 

Tholosan  ne  pouvant  plus ,  à  cause  de  son  âge  ,  con- 
tinuer le  service  de  la  ville,  obtint ,  en  i625,  qu'Etienne 
David  fût  nommé  à  sa  place.  Il  lui  légua  ensuite  son 
imprimerie  par  son  testament  du  23  août  1627,  et  celui- 
à  la  transmit  à  ses  descendans ,  qui  en  ont  joui  succes- 
âvement,  avec  des  lettres  patentes  de  nos  rois.  Cette 
imprimerie  subsiste  encore  aujourd'hui. 

M.  Henricy  ne  pousse  pas  plus  loin  ses  soigneuses 
investigations  sur  l'origine  de  Part  typographique  dans 
la  ville  d'Aix ,  si  ce  n'est  qu'il  cite  quelques  fragment 
de  la  correspondance  du  célèbre  Peiresc ,  honorables  à 
la  mémoire  d'Etienne  David  et  à  celle  de  Jean  Tholosan 
son  beau-père.  L'affection  de  Peiresc  pour  David  fut , 
ainsi  que  l'avait  été  celle  de  Dupérier  pour  Tholosan , 
inspirée  par  le  mérite  de  ces  deux  artistes.  Des  goûts 
réciproques  formèrent  entre  les  uns  et  les  autres  ce  lien 
plein  de  charmes ,  qui  unit  les  lettres  et  les  sciences  à 
l'art  qui  concourt  à  leur  immortalité. 

Le  reste  du  mémoire  ne  contient  rien  qui  se  réfère  à 
Lyon.  On  y  trouve  seulement  la  confirmation  de  ce  que 
nous  avons  annoncé  au  commencement  de  cet  article , 
que  Marseille ,  Arles  et  Toulon  n'eurent  d'imprimerie 
que  long-temps  après  Aix ,  savoir  Marseille  vers  1600, 
Arles  en  1647  et  Toulon  en  1704  ;  et  que  ces  trois 


villes  faisaient  le  plus  ordînaireinent  impritnet  che3s  nous 
leurs  livres  et  leurs  actes  publics  ,  ayant  qu'elles  eussent 
chez  elles  des  imprimeurs. 


tmm^imm^^ 


I»  11-   ■     *■ 


:^=e 


BEAUX-ARTS. 


THCMfAS  MORUS,  TAfiliEAU  DE  M.  JACQUAlU). 

S'il  se  trouve  parmi  nos  lecteurs  quelques  personnes 
qui  ne  connaissent  pas  Thomas  Morus ,  nous  leur  dirons 
que  cet  homme  cëlèbre  fut  un  savant  distingué ,  un  pro* 
fond  jurisconsulte ,  un  diplomate  habile ,  un  magistrat 
intègre  ,  un  catholique  plein  de  zèle  et  de  la  fermeté  la 
plus  rare.  Elevé  par  Henri  VIII  à  la  dignité  de  grand 
chancelier  du  royaume  d'Angleterre ,  il  fut  obligé  d'y 
renoncer  en  i53i  ,  ayant  constamment  refusé  d'adhérer 
à  la  réforme  opérée  dans  la  Grande  Bretagne  ,  et  de 
reconnaître  la  suprématie  religieuse  de  son  prince. 

Irrité  de  la  résistance  de  Thomas  Morus ,  Henri  VIII 
ordonna  qu'il  fût  mis  en  prison  ,  et  bientôt  il  lui  fit  faire 
son  procès.  En  vain  ses  parens  et  ses  amis  le  sollicitèrent 
de  céder  aux  volontés  du  roi ,  et  de  se  ranger  à  l'opinion 
du  grand  conseil  d'Angleterre  :  J'ai  pour  moi  toute 
t Eglise  ,  leur  répondit-il ,  qui  est  te  grand  conseil  des 
chrétiens.  Condamné  à  perdre  la  vie  sur  l'échafaud ,  îl 
fit  paraître  jusqu'au  dernier  moment  la  plus  grande  gaité. 
La  veille  du  jour  fatal ,  il  dit  à  son  barbier  ,  qui  venait 
pour  le  raser  :  J'ai  un  grand  dijjérend  açec  le  roi  ;  il 
s'agit  de  savoir  s'il  aura  ma  tête  ,  ou  si  elle  me  restera; 
je  n'y  ceux  rien  faire  qu'elle  ne  suit  bien  à  moi  :  le  len- 
demain 9  6  juillet  i535  ,  il  fut  décapité. 


(  427  > 
Thomas  Morus  , .  on  plutôt  Thomas  M6re  (car  c*ëiait 

nue  manie  chez  la  phipari  des  aa^ans  du  i6.*  siède  dé 

prendre  des  noms  en  nrj),  fat,  à  n'en  pas  douter,  un 

liomrae  juste  et  d'un  dësintëressement  parfait  ;  mais  son 

grand  sèle  pour  le  catholicisme  le  poussa  malheureuse^ 

nent  eoyers  les  hérétiques  à  des  actes  dont  l'histoire 

accase  ayec  raison  la  barbarie.  11  faut  convenir  pourtant 

qoe  si  ta  conduite  de  ce  magistrat  ne  fut  pas  exempte  de 

lîgiwar ,  ou  si  l'on  aime  mieux  de  fanatisme ,  la  con- 

dmte  à  la  fois  illégale  et  cruelle  que  tint  à  son  égard^ 

le  6roodie  ,  le  renégat  Henri   VIII ,  fut  celle  d'un 

alominable  tyran. 

Le  tableau  de  M.  Jacquand  représente  Thomas  More 
jans  sa  prison  ,  au  moment  où  sa  femme  et  sa  fille  le 
conjurent,  les  yeux  en  pleurs ,  d'obéir  aux  ordres  du 
rou  CombUn  de  temps ,  croyez-vous ,  leur  dit-il ,  qu'il 
M  Teste  encore  à  vwre  ?  ^^  Au  moins  vingt  ans ,  lui  ré- 
pond sa  femnoe.  «-  Que  sont  çingt  ans  ,  réplique-t-il , 
tn  comparais€m  de  t éternité  ?  C'est  \k  l'instant  que 
M.  lacquand  a  choisi.  Thomas  More  est  assis  sur  un  banc 
it  pierre ,  le  dos  appuyé  contre  la  muraille  ;  il  élève  la 
nain  droite  vers  le  ciel ,  et  il  tient  un  livre  de  la  main 
poche  ;  sa  femme ,  vêtue  d'une  robe  de  velours  rouge , 
est  deixmt  devant  lui ,  les  mains  croisées  ;  sa  fille,  vêtue 
d'une  robe  de  soie  faune ,  est  à  ses  genoux.  Le  costume 
de  Thomas  More  consiste  en  un  long  vêtement  de  soie 
^et)  garni  de  fourrures,  un  demi  haut  de  chausses 
et  un  pourpoint  de  même  étoffe  et  de  même  couleur , 
on  pantalon  de  soie  blanc ,  et  une  toque  sur  la  tête ,  en 
^doors  noir.  Aupr^  du  chancelier  est  une  table  cou-^ 
^^  d'an  tapis  vert ,  sur  laquelle  le  peintre  a  cru  devoir 
placer  une  espèce  de  petit  coffre ,  un  royleau  de  piapier> 


(  428  ) 
Une  À;ritoIre  et  des  livres  ,  quoique  Thistoire  assure  que 
Henri  VIII  lui  fit  refuser  livres ,  encre ,  plumes  et  papier* 
Sur   un  bloc  de  pierre ,  est   une  aiguière  en  cuivre  , 
avec  son  plat  ;  une  lampe ,  également  en  cuivre ,  est 
suspendue  à  la  voûte  de  la  prison  ,  et  une  petite  statue 
de  la  sainte  Vierge  ^  dont  la  tête  est  tronquée ,  se  voit 
contre  la  muraille  :  la  prison  est  une  salle  basse  ;  la  perle 
en  est  ouverte ,  et  le  geôlier  s*y  tient  auprès ,  les  re- 
gards tournés  vers  les  autres  personnages  du  tableau» 
Une  autre  porte  se  voit  en  face ,  sur  le  palier ,  lequel 
parait  éclairé    par    une  fenêtre  placée   en    haut   d'ua 
escalier  dont  on  aperçoit  les  dernières  marches. 

Cette  composition  a  le  mérite  d*une  précieuse  sim— 
plicité  et  d*un  naturel  parfait.  L'exécution  en  est  d'une 
extrême  délicatesse  ;  tout  y  est  d'un  effet  et  d'une  vérité 
des  plus  remarquables.  Les  différentes  productions  que 
nous  connaissions  jusqu'à  présent  de  M.  Jacquand,.nous 
avaient  beaucoup  flatté  ;  mais  le  plaisir  que  nous  a 
causé  celle-ci  est  d'un  ordre  bien  autrement  supérieur  , 
et  nous  pensons  que  le  jeune  artiste ,  s'il  a  cherché  à 
rivaliser  avec  M.  Richard ,  son  mattre  ^  peut  se  vanter 
de  l'avoir  presque  égalé.  Quant  à  la  tête  de  Thomas 
More  ^  il  faut  croire  que  M.  Jacquand  n*aura  .pas  man- 
qué de  la  faire  resseinblante.  Il  existe  quelques  médailles 
du  grand  chancelier  d'Angleterre ,  et  Ton  sait  ^  d'aïUeufS, 
que  le  fameux  peintre  allemand  Jean  Holbein ,  qui  fut 
son  protégé  et  même  son  ami ,  en  a  fait  à.  Londres  le 
portrait.  Cette  pièce  excellente ,  que  b  galerie  du  Palais 
royal  ^  jadis  -  possédée ,  et  dont  s'est  enrichi  ,  depuis  la 
révolution ,  le  musée  du  Louçre  ^  a  été  gravée  par  de 
très-habiles  maîtres  :  nous  ne  doutons  pas  que  M.  Jacquand 
n'ait  eu  la  sage  précaution  de  la  consulter  et  de  s*en^der» 


(  4^9  ) 
li&  ^Wu  de  Thomas  More ,  qui  a  fi^rë  de  là  'ma^ 
nièrè  la  p\us  avantageuse  au  salon  de  cette  annëe ,  et 
dont  plttsWuTS  journaux  de  la  capitale  se  sont  accorde  à 
iàire  Vëloge  ,  a  ëté  achète  par  la  mairie  de  Lyon  ;  il  fait 
aufourd'hui  partie  de  la  collection  du  musëe  dé  St.  Pierre  ^ 
dont  on  peut  dire ,  sans  se  tromper ,  qu'il  est  un  des 
plus  agréables  ornemekis.  Z. 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

(  XXVra.«  ARTICLE  ). 

SOTIGE  SUR  M.  HÉNOir,  PROFESSEUR  A  L'ÉCOLE  ROYALE 
VÉTÉRINAIRE  DE  LYON  ,  PAR  M.  GROGNIER* 

Jacques-Marie  Hënon  %  professeur  à  Tëcole  vétérinaire 
de  Lyon ,  anden  professeur  à  celle  d'Alfort ,  naquit 
dans  on  village  de  Picardie  ^  le  17  janvier  1749-  Son 
père  était  un  cultivateur  peu  fortuné  ;  il  fut  élevé  chez 
an  de  ses  parens ,  bon  curé  de  campagne  ,  dont  il  ne 
parlait  jamais  sans  attendrissement.  Son  éducation  fut 
irësr*bomée  ;  car  on  le  destinait  à  Thumble  profession 
de  son  père.  Il  montra  de  bonne  heure  du  goût  pour 
VhWtaire  naturelle,  et  son  respectable  tuteur  obtint 
pour  lui  une  place  d*élève  boursier  à  l'école  que  Bourgelat 
venait  de  fonder  à  Charenton ,  sur  le  modèle  de  celle 
qu'il  avait  établie  à  Lyon.  Les  progrès  du  jeune  Hénon 
forent  rapides  ;  c'est  surtout  à  l'anatomie  qu'il  se  livra 
avec  ardeur.  Bourgelat  l'adjoignit  à  l'habile  Fragonard  , 
qd  a  laôssé  un  nom  dans  l'histoire  de  l'anatomie  comparée. 

Fragonard  ayant  quitté  l'école  d'Alfort.en  17749  ^ 


1 

\ 


(43o) 
îeune'H^non  qui  n*y  ëtait  entré  que  depuis  »x  ans,  fut 
nommé  professeur  d'anatomie.  11  s*unit  d'une  étroite 
amitié  avec  M.  Cbabèrt  ^  disciple  chéri  de  Bourgelat  ; 
ils  publièrent  en  commun  plusieurs  mémoires  qui  furent 
remarqués;  l'un  de  ces  ouvrages^  avait  pour  objet  la 
cause  de  l'effusion  des  larmes  Aez  le  cerf  aux  abois  ;  un 
autre ,  un  prétendu  cerf-^bœuf  ;  un  troisième ,  l'opéra- 
tion de  la  cataracte  dans  les  quadrupèdes  domestiques. 

Bourgelat  étant  mort  en  1779  9  ^-  Hénon  fut  adjoint 
à  M.  Bredin ,  nommé  par  le  ministre  y  directeur  par- 
ticulier de  l'école  vétérinaire  de  Lyon.  Cette  école  était 
dans  un  état  de  dépérissement  qui  présageait  une  ruine 
prochaine.  MM.  Bredin  et  Hénon  relevèrent  cet  établis- 
sement Ce  dernier  donnait  )usqu*à  cinq  cours  dans  un  . 
an  ;  il  passait  des  }ours  entiers  et  une  partie  des  nuits 
dans  l'amphithéâtre  d'anatomie  ,  et  non  content  de  di-- 
rigér  les  dissections  pour  l'instruction  des  élèves ,  il 
enrichissait  dé  pièces  anatomiques  très-remarquables  le 
cabinet  fondé  par  Flandrln  et  Fragonard  ,  qui ,  pendant 
long-temps  fut  l'une  des  curiosités  de  Lyon ,  et  dont , 
par  suite  des  malheurs  des  temps ,  il  ne  reste  que  quel- 
ques débris. 

Comme  il  lisait  peu ,  et  qu'il  avait  peu  de  confiance 
dans  les  livrés ,  les  découvertes  de  ses  devanciers  furent 
perdues  pour  lui ,  et  il  trouva ,  le  scalpel  à  la  main , 
^  force  de  sagacité ,  d'ardeur  et  de  persévérance  ,  des 
faits  inscrits  depuis  des  siècles  dans  les  fastes  de  la 
science.  C'est  ainsi  qu'après  avoir  cherché  pendant  plu- 
sieurs  mois  les  causes  du  vol  des  oiseaux ,  il  découvrit 
de  lui-même  ce  que  les  ornithologistes  savaient  touchant 
Tentrëe  de  l'air  atmosphérique  dans  les  plumes  des 
oiseaux^  dans  leurs  tissus  cellulaires ,  dans,  le  paren- 


(43i) 
èyine  île  leurs  os  ;  Il  projetait  un  mémoire  sur  cette 
découyerte ,  qui  devait  lui  servir  de  titre  pour  entrer  à 
riostitat  nouvellement  crëë.  Quel  fut  son  désappointe- 
moAy  en  apprenant  que  ce  qu*il  avait  découvert  dans  la 
nature ,  avec  tant  d'eflforts ,  était  consigné  dans  les  livres 
depuis  long-temps  ! 

M.  Hénon  n*a  attaché  son  nom  qu'à  un  seul  ouvrage , 
lequel  a  pour  titre  :  De  tari  d empailler  les  oiseaux*  Il 
sélaît  adjoint ,  pour  le  rédiger ,  M.  Mouton-Fontenille. 
Ce  livre ,  qui  a  eu  plusieurs  éditions ,  est  divisé  en 
quatre  parties  :  dans  la  première  ,  on  développe  les  prin-^ 
c^  d*après  lesquels  on  peut  conserver  aux  individus 
de  diaqae  famille  d'oiseaux ,  leurs  formes  et  leurs  atti- 
tudes naturelles  ;  dans  la  seconde  ,  les  deux  nalu- 
ta^es  font  connaître  les  procédés  qu'ils  mettent  en 
usage  pour  préparer  les  oiseaux  ;  ils  désignent  dans  la 
troiâème  les  substances  propres  à  conserver  ces  jolis 
animaui.  L'énumération  raisonaée  des  oiseaux  du  dépar- 
tement du  Rhône  termine  cet  ouvrage  qui  manquait 
^  l'onuthologie. 

Afant  M.  Hénon ,  Fart  d*empailler  les  oiseaux ,  actuel- 
lement nommé  taxidermie  ,  étsût  exercé  par  des  hommes 
plus  ou  moins  adroits ,  mais  peu  versés  dam  la  zoolc^e. 
I  Ce  professeur  unissait  à  de  profondes  connaissances  en 
I  œUe  science  ,  une  rare  dextérité  de  la  main. 

Cette  dernière  qualité ,  jointe  à  beaucoup  d'autres  » 
Teût  élevé  au  premier  rang  des  chirurgiens  de  Lyon  ,  si 
lOQ  destin  ne  Tavait  pas  fixé  dans  la  carrière  vétérinaire. 
Toutes  les  qualités  de  l'habile  opérateur ,  la  nature  les 
loi  avait  prodiguées  ,  et  il  les  avait  perfectionnées  par 
to  long  travail  ;  sa  main  était  tout  à  la  fois  ferm^  et 
l^ère ,  rapide  et  prudente. 


(  Ail  > 

La  pratique  de  la  chirurgie  vëtérinatre  n'est  point' 
sans  danger  pour  la  vie  de  ceux  qui  l'exercent  :  il  n*est 
pas  facile  de  maîtriser  les  mouvemens  furieux  des  grand» 
animaux  domestiques.  La  hardiesse  de  M.  Hënon  était 
alors  vraiment  étonnante.  Nous  Tavons  vu  aborder  avec 
calme  et  en  apparence  sans  aucune  précaution  ,  des  che- 
vaux fougueux  et  indomptés ,  les  saisir ,  s*en  emparer 
comme  par  l'effet  d'un  irrésistible  ascendant  ;  nous  Tavons 
vu  manier  avec  autant  d'adresse  que  de  vigueur  ^  de» 
dogues  furieux  ,  et  même  des  chiens  oflBrant  >  des  symp- 
tômes de  cette  maladie  dont  le  nom  seul  glace  de  terreur. 

Cette  maladie ,  il  faut  l'avouer ,  est  beaucoup  moins 
fréquente  qu'on  ne  le  pense  communément  ;  mais  il 
suffit  peut-être  de  l'imagination  vivement  frappée,  pour 
lui  donner  naissance.  Le  talent  de  M.  Hénon  était  ad- 
mirable pour  dissiper  des  alarmes  si  dangereuses  ;  et , 
dans  ces  circonstances  ,  son  dévouement  égalait  son 
habileté.  C'est  ce  que  prt>uve  le  fait  suivant. 

Toute  une  famille  se  présente  un  jour  dans  son 
cabinet  ;  le  chef  de  cette  famille  avait  le  bras  en  écharpe, 
et  la  terreur  était  peinte  sur  tous  les  visages  ;  un  do- 
mestique portait  dans  un  panier  un  petit  chien  ,  bien 
attaché ,  et  réputé  enragé  ,  parce  qu'il  avait  mordu  son 
maître.  M.  Hénon  examine  l'animal ,  et  il  le  déclare  bien 
portant  ;  il  ne  rassure  personne  :  on  est  venu  principale- 
ment pour  lui  demander  un  spécifique  contre  la  rage.  «7« 
i>ous  assure ,  dit-il ,  quâ  si  ce  pciii  chien  m'avait  mordu  y 
je  serais  fort  tranquille.  —  Leseriez-vous  réellement?  — 
En  poici  la  preuve.  Là-dessus  M.  Hénon  détache  le  chien  ' 
il  le  prend  ,  il  lui  met  le  doigt  dans  la  gueule  ,  lui  serre 
la  queue ,  est  mordu ,  le  sang  coule ,  et  il  dît  tran- 
quillement :  Eh  bien  ,  Monsieur ,  si  cous  êtes  enragé  ^ 


(435) 
ji  U  Suis  aussi.  Le  calme  rentre  dans  tous  les  coeurs  , 
et  M.  Hénon  devient  rdbjet  des  bënëdictions  de  toute 
une  Ëmûlle  intéressante. 

Nous  allons  considérer  M.  Hétion  sous  un  autre  rap« 
pori:  nul   net  poussa  plus  loin  que  ce  professeur  la 
coBnaissanœ  du  dievàl  ;  il  s'était  fait ,  en  x^e  genre ,  une 
grande  réputation  parmi  les  écuyers .  et  les  amateurs. 
Son  ooup  d'œil  sûr  et,  perçant  saisissait  \  la  fois  Ten- 
semUe  et  les  moindres  .détails  de  Textérieur  de  ces  ani- 
mani;  on  eût, dit  qu'il  en  commençait lexamen^  lors- 
que déjà  il  avait  tout  vu,  que  rien  ne^ lui  avait  échappé. 
îi  avait  distingué  les  beautés  et  les  défauts  du  cheval 
â  race  «  les   usages  auxquels  il  était  propre ,   il  avait 
reconnu  par  une  sorte  de  tact  physiognomonique  son 
instinct  et  son  caractère. 

L'art  de  conserver  ce  précieux  animal  se  liant  à  la 
oonnsnssance  des  plantes  ,  M.  Hénon  se  livra  à  la  bota- 
nique,  et  il  approfondît  cette  science.  Il  avait  exploré 
dans  tons  les  sens  la  flore  lyonnaise  ;  il  y  cueillit  plu- 
sieoTs  plantes  qui  avaient  échappé  aux  plus  habiles, 
notamment  une  légumineuse  cachée  dans  une  anfractuo- 
âté  dn  Mont  d*or ,  que  les  botanistes  de  la  capitale 
ont  appdé  Genesfa  Htneriacta  ,  et  que  nous  nommerons 
Umioun  Genêi  de  M.  Hénon. 

.  Peu  de .  professeurs  ont  inspiré  à  leurs  élèves  des 
sentimens  d'amour  plus  vifs  et  plus  profonds  que  ceux 
dont  M.  Hénon  fut  l'objet  à  Técole  vétérinaire  de  Lyon  ; 
ces  seniimens  éclatèrent  surtout  dans  la  longue  et  dou- 
loureuse maladie  qui  Ta  conduit  au  tombeau.  Aux  larmes 
des  élèves  se  joignirent  celles  de  tous  les  pauvres,  voisins 
de  l'école  vétérinaire ,  dont  il  était  quelquefois  le  médecin 
et  toujours  le  protecteur  ,  le  consolateur  et  l'ami. 
Tome  FIL  »8 


<  434  ) 
La  bonté  ,  la  génëroshë  du  caractère  de  M.  HénoŒ 
se  dëployèreût  surtout  à  l'époque  funeste  du  sîége    de 
Lyon  ;  il  brava  Téchafaud  pour  lui  dérober  des  vic- 
times. Remplissant  les  fonctions  d'inspecteur  vétérinaire 
de  Tannée  républicaine ,  il  usa  de  tous  les  moyens  ,  de 
toute  l'influence  de  sa  position  ,  et  non  sans  exposer  sa 
vie  9  pour  soustraire  à  une  mort  certaine  une  multitude 
-de  proscrits,  dont  plusieurs  lui  sont  restés  inconnus- 
Cet  excellent  homme  termina  son  honorable  carrière 
le  7  mai  1809  ^  ^^^^  *6*^  ^^  ^'  ™^'  ^  dépouille  mor- 
telle a  été ,  selon  ses  derniers  vœux ,  déposée  dans  le 
jardin  de  Técole  vétérinaire  de  Lyon ,  où  les  élèves  lui 
ont  élevé  un  pieux  monument. 


LYON  EN  1789. 


Extrait  du  Votage  en  Frange  pendant  les  années  1787-8S-S9 
et  90  I  entrepris  plus  particaliéremeiit  pour  s'assurer  de  l'état  de 
TagriculMire  »  des  richesses ,  des  ressources  et  de  U  prospérité 
de  cette  nation  ,  par  Arthur  Young  ;  traduit  de  Tanglais  par  F.  S. 
Paris  ,   Buisson ,  ijgS  ,  in-8.^  ,  tom.  II ,  pag.  g6-io4  (i)* 

Le  27  décembre  17*9. 7-  Le  pays  change  soudaine- 
ment ,  et  d*un  des  plus  beaux  du  royaume  de  France  y 

(i)  Ce  morceau  est  extrait  d'un  ouvrage  dont  l'auteur,  juste^ 
ment  célèbre ,  ne  se  montre  pas  toujours  exempt  de  ceii:ains 
préjugés  nationaux  dont  les  étrangers  et  surtout  les  Anglais 
ne  se  dépouillent  jamais  entièrement.  Nous  le  donnons  tel 
quel  et  sans  Tapprourer  sur  tons  les  points.  La  tradoctioxi 
dont  nous  nous  servons  pourrait  être  meilleure,.  Nous 
ignorons  s'il  eu  existe  d'autres. 


devient  ptai  et  sombrer  Nous  arrivons  à  liyôii  et  voyons 
de  là  les  Âlpes  pour  la  cl^mière  fois  ^  du  quai  il  y  à  une 
belle  perspective  du  Mont-Blajnc  que  je  n'avais  pas  en-^ 
core  vuéi  Quitter  rilaliê  ^  la  Savoie  et  les  Alpes ,  pit)- 
bablement  pour  n^y  jamais  tetourner  ^  me  fait  une  sen- 
sation désagréable.:. car  quel  pays  peut  être  comparé  à 
lltalie ,  pour  touteis  les  ciirconstances  qui  rendent  cé- 
lèbre ce  pays  classique  >  le  aiége  des  grands  hommes ,  le 
théâtre  des  actions  les  pli^s  illustres  ^  le  champ  exclusif 
dans  lequel  les  a^ts.  agi:éables  et  élégans  se  sont  plu  ? 
Dans  quel  pays  l'œil  trouve-t-il  quelque  chose  de  plus 
beau  et  Poreille  de  plus  mélodieux  ?  où  peut-on  satis- 
faire davantage  une  curiosité  louable  ?  Chez  tous  leé 
bniimes  l'ItaKe  est  le  second  pays  du  nionde  ^  preuve 
certaine  que  c'est  )é  premier.  J'allai  au  spectacle  :  c'était 
une  pièce  en  musique  ^  qui  fit  éprouver  à  mes  oreilles 
un  contraste  de  toute  l'Italie  !  Que  la  musique  de  France 
est  pitoyable  !  ce  n^est  que  les  contorsions  de  la  discorde 
orgainisée^  Le  théâtre  n'est  pas  comparable  à  celui  de 
Nantes  )  et  est  fort  inférieur  à  celui  de  Bordeaux^  ^^ 
Six  lijeoes* 

Lt  28*  -»  Tavàië  des  lettres  pour  M.  doudarcl  ^  gràn<l 
négociant  en  soie  (i)  ^  et  fus  hier  chez  lui  ;  il  m'invita  à 
déje&nar  pour  ce  matitl.  Je  fis  les  plus  grands  effortd 
pour  me  procurer  quelques  informations  sur  les  manu- 
&ctures  de  Lyon  ;  mais  en  vain  ^  tout  était  sdon  et  siii-' 
inant  Je  fus  chez  M.  l'abbé  ftozier  (2)  ^  auteur  du  vo- 


(i)  Sans  doute  le  même  qui  fui  député  Ati  tiers-état  de 
la  TÎllc  de'Ljon^  k  rassemblée  nationale,  ea  1789-1791/ 
Voy.  ci-dessus ,  pag.  44* 

(2)  Voy.  aussi  plus  haut ,  tom.  VI ,  pag.  307/ 


(456) 
lumineux  Dictionnaire  d agriculture^  m-4.**  Je  le  visitai 
comme  un  homme  fort  prôné ,  sans  aucune  idëe  de  re- 
cevoir des  informations  sur  Tagriculture-pralique  ,  qui 
est  l^objet  de  mes  recherches ,  de  la  part  d'un  compilateur 
de  dictionnaire.  Quand  M.  Rozier  vivait  à  Bëziers  9  il 
occupait  une  ferme  considérable  ,  mais  lorsqu'il  devini 
habitant  d'une  ville,  il  plaça  cette  devise  sur  sa  porte  : 
IjmdaJto  ingentia  rura  ,  exiguum  cotito  ,  ce  qui-  n'est 
qu'une  fort  mauvaise  apologie  pour  ne  pas  avoir  de 
ferme   du  tout.   J'essayai  deux  ou   trois  fois  de  faire 
tomber  la  conversation  sur  la  pratique  ;  mais  il  s'élança 
dans  des  rayons  si  excentriques  de  science  |  que  je  m'a- 
perçus au  même  instant  de  l'inutilité  de  ma  tentative.  Un 
médecin  présent  m'observa'  que  si  je  voulais  connaître  ta 
pratique  et  les  productions  ordinaires ,  je  devais  m'adresser 
à  des  fermiers  ordinaires  ,  faisant  entendre  par  son  air 
et  ses  manières  ,  que  de  par^Ues  choses  étaient  au*-des- 
sous  de  la  dignité  de  la  science.  M.  l'abbé  Rozier  est 
cependant  un  homme  qui  a  de  grandes  connaissances  , 
quoiqu'il  ne  soit  pas  cultivateur  ;  dans  les'  recherches 
qu*il  a  faites ,  il  est  justement  célèbre ,  et  il  mérite  beau- 
coup d'éloges  pour  avoir  commencé  le  Journal  de  phy- 
sique ,  qui ,  tout  considéré  ,  est  le  meilleur  journal  que 
Ton  puisse  trouver  en  Europe.  Sa  maison  est  supérieu- 
rement bien  située  ,  commandant  une  noble  perspective  ; 
sa  bibliothèque  est  remplie  de  bons  livres  ;  et  tout  ce  qui 
l'environne  annonce  une   fortune  aisée.  J'allai  ensuite 
chez  M.  Frossard,  ministre  protestant  (i),  qui  me  donna 

(1)  Collaboratenr  de  Champagneux  dans  la  rédaicjtioa  du 
Courrier  de  Lyon  ^  associé  et  correspomlant  de  la  Société 
des  amis  des  Noirs  en  Angleterre  y  traducteur  des  Sermons 


(  43?  ) 
fort,  volontiers ,  et  avec  beaucoup  de  politesse  ^  de  bonnes 

instructions ,  et  qui ,  pour  les  choses  dont  il  n'était  pas 
bien  informe ,  me  recommanda  à  M.  Roland  de  la  Platière  y 
inspecteur  des  fabriques  de  Lyon  (i).  Ce  dernier  avait 
des  notes  sur  divers  sujets  qui  nous  procurèrent  une, 
conversation  fort  intéressante ,  et  comme  il  est  très  com- 
fflunîcalif ,  j'eus  le  plaisir  de  voir  que  je  ne  quitterais 
pas  Lyon  sans  obtenir  une  grande  partie  des.cpnnaisr 
sances  dont  j*avais  besoin.  Ce  Monsieur,  qui  est  déjà 
âgé»  a  une  jeune  femme  fort  jolie  (2)  :  c'est  la  dame  à 
qoi  il  adressait  ses  lettres  écrites  en  Italie  9  et  qui  ont  été 
publiées  en  cinq  ou  six  volumes  (3).  M.  Frossard  invita 
M.  de  la  Platière  à  diner  ,  ainsi  que  moi  ;  nous  eûmes 
une  grande  conversation  sur  Tagriculture  ,  les  manu- 
factures  et  le  commerce  ;  nous  ne  di£férions  que  très- 
peu  en  opinion ,  excepté  sur  le  traité  de  commerce  entre 
la  France. et  l'Angleterre,  qu'il  condamna  ,  à  ce  que  je 
m*ima^ne  ,  injustement ,  et  nous  discutâmes  ce  point.  II 
maintint  avec  chaleur  que  la  soie  aurait  dû  être  com- 
prise comme  un  bénéBce  pour  la  France  ;  je  répondis 


deflngens  Blair,  en  français ,  17849  5  vol.  in-12,  et  an- 
teor  d'un  ouvrage  intitulé ,  Cause  des  esclaves  nègres  et 
des  habitons  de  la  Guinée^  Lyon,  1789,  2  vol.  in-8.*^ 

(1)  Jean^Marie  Roland  de  la  Platière ,  né  ^  Villefranehe 
f  JUiône)  en  1752  ,  mort  le  i5  novembre  I795.  Voy.  son 
article  dans  la  Biographie  universelle. 

(2)  Manon-Jeanne  Phitpon,  née  à  Paris  en  1764  9  morte 
le  8  novembre  1793. 

(5)  Lettres  écrites  de  Suisse ,  d'Italie ,  de  Sicile  et  de 
Malte j  en  177&-1778,  Amsterdam,  1782,  6  vol.  în-ia, 
réimprimées  en  1801*   - 


(  458  )  _ 
que  l'offre  en  avait  étë  faite  au  ministre  français ,  et  qu^il 
l'avait  refusée ,  et  j'avançai  que ,  s'il  l'avait  acceptée  , 
l'avantage  aurait  èlé  du  cAté  de  l'Angleterre ,  au  lieu 
d*être  en  faveur  de  la  France ,  en  supposant ,  selon  Tidëe 
commune  9  que  le  bënëfioe  et  la  balance  du  commerce 
soient  la  même  chose.  Je  le  priai  de  m'informer  pour--- 
quoi  il  croyait  que  la  France  achèterait  la  soie  du  Pié-^ 
mont  et  de  la  Chine ,  et  la  travaillerait  pour  la  donner  à 
meilleur  compte  que  l'Angleterre,  tandis  que  TAngle-» 
terre  achète  le  cof on  de  France ,  et  te  travaille  dans  ses 
fabriques ,  qui  le  donnent  ensuite  à  meilleur  marche  que 
celles  de  France ,  quoiqu'il  soit  surchargé  d'une  multi-» 
tude  de  droits  et  d'impôts  !  Nous  discutâmes  ces  sujets  et 
d'autres  semblables  avec  cette  attention  et  cette  candeur 
qui  les  rendent  intëressans  pour  des  personnes  qui  ai-^ 
çient  une  conversation  libérale  %nx  des  matières  impor-» 
tantes* 

Entre  autres  objets  dignes  de  la  curiosité  d'un  étran- 
ger ,  k  Lyon  9  est  le  point  de  réunion  de  la  Saône  et  du 
Rhône  ;  Lyon  serait  sûrement  bien  mieuiç  situé ,  s*il  étaîl 
à  cet  endroit,  mais  il  y  a  un  espace  vacant  qui  pourrait 
contenir  une.  ville  de  moitié  aussi  grande  que  Lyon  (i)^ 
Cet  espace  est  enclos  d'une  digue  moderne  ,  qui  a  coûté 
six  millions  et  ruiné  les  entrepreneurs.  Je  préfère  Nantea 


(i)  Grâce  aai  mesures  prises  par  radministration  actuelle 
pt  à  raccroissemeiit  de  la  population  et  de  l'industrie  y  le 
vœu  d'Arthur  Young  sera  9  en  quelque  sorte  9  surpassé  y 
puisque  l'espaoe  vacant  dont  il  s'agît  est  du  nomiire  de 
ceux  qui  Tont  être  ajoutés  à  la  ville  de  Lyon  9  sans  qu'elle 

perde  rien  de  remplacement ,  déjà  considérable  ^  qu'eUe 
couvre  en  ce  moment^ 


(43^) 
à  Lyon.  Quand  une  ville  est  bâtie  à  la  jonction  de  deux 

grandes  rivières,  l'imagination  suppose  que  ces  rivières 

font  une  partie  de  la  magnificence  de  la  scène.  Sans  des 

quaÎ9  propres  et  bien  bâtis ,  que  sont  des  rivières  à  une  * 

Tille  9  Sinon  des  commodité  pour  transporter  du  charbon 

ou  du   goudron  ?  Qu'a  de  commun  ,  en  fait  de  beautë, 

Londres  avec  la  Tamise ,  sinon  à  la  terrasse  des  Adel- 

phi  ?  ou  qu  a-t*il  de  commun  avec  les  nouveaux  ëdi- 

fices  de  la  place  de  Somerset ,  plutôt  qu'avec  Fleet-Ditch , 

eoseyelis  comme  ils  sont  sur  des  ëgoûts?  Je  ne  connais 

riea  qui  trompe  davantage  notre  attente  que  les  villes  ; 

il  y  en  a  si  peu  de  bâties  avec  des  idëes  gëniérales  de 

beauté  et  de  décoration  ! 

i>  29.  —  J'allai  de  bonne  heure ,  avec  M.  Frossard  » 
Toir  une  ferme  près  de  Lyon.  M.  Frossard  est  un  grand 
STocat  pour  la  nouvelle  constitution  française.  Cependant 
tous  ceux  avec  qui  j'ai  conversa ,  représentent  l'état  des 
manufactures  sous  les  plus  soknbrès  couleurs.  Il  y  a  vingt 
mille  personnes  nourries  par  charité  et  conséquemment 
fort  mal  nourries  ;  et  la  misère  de  tous  les  genres ,  chez 
la  basse  classe  de  la  société  9  est  plus  grande  que  jamais  9 
et  surpasse  même  l'imagination.  La  principale  cause  des 
maux  que  l'on  ressent  ici  est  la  stagnation  du  commerce, 
occasionée  par  l'émigfation  des  riches  hors  du  royaume , 
et  le  manque  général  de  confiance  dans  les  marchands 
et  les  manufacturiers ,  d'où  il  arrive  que  les  banqueroutes 
sont  communes.  Dans  un  moment  où  ils  sont  si  peu  ca- 
pables de  supporter  de  nouveaux  fardeaux  ,  on  lève  des 
sommes  immenses  pour  les  pauvres ,  par  des  contribu- 
tions volontaires  ;  de  sorte  que  ,  y  compris  les  revenus 
des  hôpitaux  et  autres  fondations  de  charité ,  il  y  a  au 


(  440  ) 
moins  960,000  liv-  par  an  pour  l'usage  d«s  pauyres.  Mon 
compagnon  de  voyage,  M.  Gîrundy ,  étant  pressé  d'arriver 
à  Paris ,  me  persuada  de  prendre  une  chaise  de  poste  avec 
lui ,  méthode  de  voyage  que  je  déteste,  mais  la  saîspn  »'y 
obligeait  ;  et  j'avais ,  outre  cela ,  un  plus  grand  motif  y 
c*est  que  j'aurais  plus  de  temps  à  passer  dans  cette  ville  * 
pour  y  examiner  l'état  extraordinaire  des  choses  ,  d*un 
roi ,  d'une  reine  et  d'un  dauphin  de  France,  prison- 
niers :  c'est  pourquoi  j'acceptai  sa  proposition ,  et  nous 
partimes  après  diné.  Après  avoir  fait  environ  trois  lieues,  * 
nous  parvînmes  aux  montagnes.  Le  pays  est  affreux ,  pas 
d'enclos ,  pas  de  mûriers ,  pas  de  vignes ,  beaucoup  de 
landes  et  rien  qui  indique  le  voisinage  d'une  pareille 
cité.  Nous  couchâmes  à  Arnas,  dans  une  assez  bonne 
auberge.  —  Six  Iieues« 

Le  So. — Nous  partimes  de  bonne  heure  pour  Tarare, 
dont  la  montagne ,  qui  porte  ce  nom ,  est  plus  formidable 
en  réputation  qu'en  réalité.  Jusqu'à  Saint*Symphorien  , 
le  pays  est  le  même;  les  maisons  augmentent  en  nombre 
et  en  beauté ,  en  approchant  ta  Loire ,  que  nous  tra* 
versâmes  à  Roanne;  c'est  ici  une  bonne  rivière:  elle  est 
navigable  plusieurs  milles  plus  haut,  et  conséquem-- 
ment  à  une  grande  distance  de  la  mer.  Il  y  a  plusieurs 
barques  plates  d'une  grandeur  considérable.  —  Dk-sept 
Ileues«  n 


(441  ) 


MELANGES. 


Lettres  suk  i/Italik^  par  Mad.  du  Bocage  ^  tom,  III  da 
Becueil  de  ses  œusn'es  ^  Ljon,  chez  les  frëres  Përisse 
(  imprimerie  de  J.  H*  Barret  ) ,  1763 ,  petit  in-8*^ 

(EXTBAIT  DE  LA  ^O^  LBTTKE  j  DATÉE  DB  LYON  LE  8  JUILLET  lySS» 

Pag.  4oo  ^  4<)4  )• 

a  .....  De  là  (de  Nimes)  à  Lyon  ,  les  chemins  da 
Dauphiné  ne  sont  pas  trop  bons  ;  mais  fai  infiniment  à 
me  louer  de  cette  belle  ville  ^  du  marquis  de  Rochebarpn^ 
qui  y  commande ,  de  la  comtesse  de  Grosley ,  à  qui 
Madame  Dargental  m*a  fait  Thonneur  de  me  recomman- 
dei ,  et  de  M.  Bordes ,  homme  de  beaucoup  d'esprit , 
qui  m'en  a  fait  voir  la  bonne  compagnie ,  le  beau  théâtre 
Bâti  par  Soufflot ,  la  place  de  Bellecour  ,  la  {rfus  spa- 
cieuse qui  soit  en  France ,  et  l'hôtel  de  ville  d'une 
grande  architecture.  On  y  rajuste  une  salle  magnifique 
pour  y  tenir  les  assemblées  de  racadëmie.  Je  suis  très- 
fiattée  de  la  grâce  qu^on  m*a  faite ,  ainsi  que  dans  les 
lycées  dltalie  ,  d'inscrire  moa  nom  dans  ce  temple  des 
muses.  Les  ingénieux  membres  qui  Thabitent  ,  m'ont 
même  admise  dans  une  de  leurs  assemblées  particu- 
lières (i).  M.  de  Fleurieu  ,  leur  savant  secrétaire ,  y  lut 
un  bon  discours  sur  les  dialogues  des  anciens  ;  M.  de 
Bory ,  gouverneur  de  Pierre-Scize ,  de  jolies  poésies ,  et 
M*  Bordes ,  une  très-belle  ode  sur  la  guerre.  Voici  le 

(0  Le  ao  juin  1758. 


(  442  ) 

remerciment  qw  j*ai  fait  sur  mon  ëleclion  ;  )c  n'avoir 
pas  le  temps  de  le  rendre  plus  digne  du  sujet  et  de  ma 
vive  reconnoissance  : 

Aux  lieux  où  le  Rhône  amoureux , 

Vers  le  midi  fuyant  sa  source , 

D'une  Naïade  (t)  suit  la  course  t 

Que  de  biens  !  quel  climat  heureux  î 

L'iudustiîe  en  fait  l'opulence  ; 

Des  disciples  de  Gicéron  (a) 

T  reuouTellent  l'éloquence. 

Sur  ces  bords  ,  voisins  du  Ligiion  ^ 

Bory  tire  de  sa  guitare 

Des  sons  dignes  d'Anacréon  : 

Le  goût  j  règne  ,  et  rHélicon 

Y  trouTC  un  enfant  (3)  de  Pindare  ; 
Le  temps  y  ramène  un  Platon  (4)  $ 
Le  chroniqueur  (5)  de  la  contrée , 
Abbë  sayant ,  dit  que  Lyon , 
Bien  plus  antique  qu'IHon 
Fleurissoit  au  siècle  d'Astrée* 

Par  les  Druides  inhumains  , 
Si  le  culte  de  ce  bel  âge 

Y  devint  cruel  et  sauvage  y 
Plancus  y  porta  des  Romains 

Les  vertus ,  les  arts  ,  le  courage  : 
Les  Goths  gâtèrent  son  ouvrage  ; 
Mais  y  dans  le  temps  des  Amadis , 
Vénus  y  fit  régner  son  fils. 
De  lui  naquit  sur  ce  rivage 


(i)  La  Sa6ne. 
(a)  Les  Jésuites. 

(3)  M.  Bordes. 

(4)  M.  de  Fleurien. 

(5)  Uàhhé  Pernetti. 


(•443) 

(Ghes  on  peuple  qui  reocensa)    ' 
L'esprit  galant  qai  me  plaça 
Dans  lear  c^èbre  aréopage, 

Bf.  Bordes  me  répondit  ainsi  : 

Non  j  malgré  votre  modestie  ^ 
Ce  n'est  point  la  galanterie  , 
C'est  un  plus  noble  sentiment  j 
Un  tribut  plus  pur  et  plus  juste , 
Qui  TOUS  couronna  dignement 
J)es  palmes  de  l'autel  d'Auguste  (i)) 
De  ces  deux  aveugles  fangeux 
Que  le  Pinde  admire  et  révère  9 
De  Milton  et  du  grand  Homère 
Vous  eàtes  les  dons  précieux  ^ 
Doriclée  (2} ,  un  sort  moins  contraire 
Vous  doiina  de  plus  deux  beaux  yeux* 

le  fus  engagée  à  diner  avec  mes  savans  confrères  : 
M.  de  Maupertuîs,  qui  attend  ici  Tinstant  de  retourner 
en  Prusse,  paroissoit  empressé  d'être  de  la  partie.  Il 
apprit  mon  dessein  d'aller  voir  M.  de  Voltaire ,  et  fit 
aussitôt  dire  qu'il  étoit  incommodé.  En  dépit  de  sa 
haine ,  dès  que  le  pied  de  mon  compagnon  de  voyage 
fut  rétabli ,  nous  volâmes  à  Genève.  » 

Nota.  Dans  ce  qui  suit  le  passage  qu'on  vient  de  lire , 
Mad  du  Bocage  raconte  les  détails  de  la  visite  qù  elle 
fit  i  Voltaire ,  aux  Délices  ;  ce  fut  sans  doute  là  qu'il 
lui  adressa  de  très-jolis  vers  '  sur  son   retour  d'Italie  ^ 


(1)  Érige  à  Lyon ,  où  se  distribuaient  les  prix  d'ëloç^aence  et  de 
po^e ,  et  qui  y  sert  aujourd'hui  de  type  à  l'acacUmiei 
(%)  IVcQA  des  Ai-cadei« 


(444) 
comme  il  lui  avait  adresse  avant  son  dëpart  ce  diannant 

madrigal  : 

Muse  nouvelle  «  aimable  Grftce  9 
Allez  an  Capitole  ;  allez  ,   rapportez-noas 
Les  mjrtes  de  Pétrarque  et  les  lauriers  du  Tasse  t 
Si  tous  deux  revivaient  9  ils  chanteraient  pour  vous  ^ 
Et  vojant  vos  beaux  yeux  et  votre  poésie  « 

Tous  deux  mourraient  à  vos  genoux 

Ou  d'amour  ou  de  jalousie. 

A  ce  sujet ,  nous  relèverons  une  erreur  de  MM.  Chau— 
don  et  Delandine ,  qui  ,  danS  leur  Dic/ionnaire  hisio- 
rique ,  art.  Dubocage  (  Marie  Anne  le  Page  ),  disent  que 
cette  pièce  fut  faite  à  Lyon  où  Voltaire  se  trouvait  lors- 
que Mad*  du  Bocage  partait  pour  Tltalie.  Voltaire  n*esl 
veuu  à  Lyon  qu'une  fois ,  en  1754  (i) ,  et  ce  n'esl 
que  quatre  ans  plus  tard  que  Mad.  du  Bocage  passa 
dans  cette  ville  pour  se  rendre  à  Rome. 

Le  remerciment  à  Tacadémie  de  Lyon  a  dëjà  é\é 
insère  dans  ce  recueil  ,  pag.  29 ,  où  nous  l'avons 
donné  avec  une  lettre  à  Bordes ,  dont  il  faisait  partie  ; 
mais  dans  Tédition  des  Œui>res  de  Mad.  du  Bocage 
de  1762 ,  il  a  subi  des  changemens ,  ainsi  qu'on  peut 
s'en  convaincre  en  comparant  nos  deux  copiées. 

La  Réponse  de  Bordes  a  reparu  dans  ses  Œuçres 
dii^erses  ,  tom.  Il ,  part.  I ,  pag.  i56,  où  elle  est  plus 
étendue.  Mad.  du  Bocage  n'en  a  cite  que  le  commen-*^ 
cément.  Cette  Réponse  est  suivie  dans  les  œuvres  de 
Bordes  d'une  autre  pièce  adressée  à  la  même  ,  à  son 
passage  à  Lyon ,  en  retournani  de  Rome  à  Paris. 


(i)  Voy.  ci-dessus ,  pag.  69  et  suit. 


(  445  ) 

Bordes  ne  fut  pas  le  seul  qui  rëpondit  au  com- 
pliment de  Mad.  du  Bocage ,  lors  de  son  admission  à 
Tacadémie.  M.  de  Fleurieux  lui  adressa  Timpromplu 
suivant ,  immédiatement  après  la  séance  : 

Muses  9  quel  astre  nous  éclaire  ? 
Est-ce  Minerve ,  ou  bien  la  reine  de  Cjtfaère, 
Qa'ApoUon  empressé  sur  tos  traces  condait  ? 

Non ,  rëpoDfd-il ,  c'est  du-  Bocage  : 

AdoptcE^la,  rendes  hommage 

A  la  beauté  comme  à  Tesprit. 

Nos  registres  académiques  contiennent  aussi  ce  frag- 
ment inédit  d'une  autre  réponse ,  par  M.  le  chevalier 
deBory  : 

Si  TOUS  n'aylez  en  partage 

Qne  les  dons  de  la  beauté , 

Ces  yeux ,  ces  traits ,  ce  langage  f 

Qui  dans  l'âme  la  plus  sage  j 

Font  sentir  ja  yoinpté, 

0  divine  du  Bocage , 

Quelque  tendre  Auacréon 

Oserait  d'une  chanson 

Vous  oSrir  le  faible  hommage  ^ 

Mais  TOUS  qui  réunissez 

Les  aufirages  de  la  terre 

Et  les  trésors  dispersés 

Du  Parnasse  et  de  Gythèi^e  , 

Vous  pour  qui  brûla  Tencens 

Sur  les  autels  différens 

Et  de  Rome  et  de  Genève  • 

Vous  dont  la  grâce  et  les  vers 

Nous  consolent  des  revers  , 

Qu'attira  la  coupable  Eve 

Sur  le  naissant  univers , 


(  446  ) 
Quand  TOUS  tenex  k  trompette 
Et  des  hëros  et  des  dieux , 
Est-ce  au  son  d'une  musette 
Qu'on  doit  tous  offrir  ses  vœux  ? 
Remplisses  yos  destinées  ^ 
Aux  nations  étonnées 
Faites  Toir  une  Vénus 
Ayec  les  talens  d'Homère  ^ 
Soyez  le  chantre  et  la  mère 
Des  amours  et  des  vertus  ) 
Sous  les  traits  de  CalUope 
Et  de  Melpomène  en  pleurs  ^ 
Ravissez ,  touchez  les  cœurs  5 
Chantez  les  arts  de  l'Europe 
Triomphant  dans  les  climats  ^ 
Où  Colomb  eut  la  fortune , 
Sur  les  aile^  de  Neptune  ^ 
De  porter  les  premiers  pas  ^ 
Et  dan^  tos  rimes  fécondes 
Vengez  l'honneur  d'un  héros  ^ 
Dont  l'audace  et  les  travaux 
Réunirent  les  deux  mondes: 
On  n'a  point  donné  son  nom 
A  ces  immenses  contrées  5 
Ces  campagnes  ignorées 
Du  superbe  Salomon  ; 
tJn  autre  a  cet  avantage  ) 
Mais  des  caprices  du  sort 
Votre  soin  le  dédommage  i 
11  bravera  d'âge  en  âge 
La  nuit  du  temps  et  la  mort^ 
Et  tandis  qu'un  jour  peut-être  f 
On  aura  peine  à  connaître, 
Qu'Amène  ait  existé , 
L'heureux  Colomb ,  à  côté 


(44t  ) 

D'Henri ,  d'AchiUe  et  d'En^  , 
Verra  sa  cëlébrîttf 
Sur  sa  tête  couronnëe 
Par  les  mains  de  la^beantë* 
Pour  moi ,  dans  le  fort  terrible 
Où  le  ciel  m'a  confine , 
Loin  des  bords  où  je  suis  ne  (i)^ 
Mais  Toisin  d'un  lien  paisible 
Dont  les  benrenx  citoyens 
Embellissent  mes  liens  j 
Je  chérirai  la  mémoire 
Des  momens  dëlicienx^ 
Qai  montrèrent  à  mes  yeax 
Vos  appas  et  Totre  gloire. 
Hëlas  !  qu'ils  ont  été  courts  I 
Il  fallait  que  Votre  tr6ne , 
Près  des  muses  de  la  Saône  ^ 
Fût  placé  par  les  amours. 
Mais  nos  Toeux  sont  inutiles  : 
Contentons-nous  qu'une  fois  ^ 
Vous  ayez  dans  nos  asiles  y 
Fait  entendre  votre  yoix , 
Et  que  ce  jour  farorable , 
Par  vos  mains  couvert  de  fleuri  ^ 
Dans  nos  fastes  et  nos  cœurs 
Soit  à  jamais  mémorable* 


fi]  Le  cheralier  Andrtf  de  Bory ,  gouverneur  du  ch&teau  de  Pierre" 
Sciie,  membre  de  l'académie  de  Lyon  depuis  tfSi  ,  et  son  secrétaire 
pcivinit  plusieurs  années  ,  mort  dans  eette  ville  le  i5  mars  179a  1  à 
Hge  de  76  ans  ,  était  né  loin  de  nos  murs  ;  nous  ignorons  en  quel 
^Bdroit.  Il  est  l'auteur  ^'un  grand  nombre  d'imitations  des  Odes 
^raee  ,  dont  quelques-unes  seuUiM&t  oat  été  publiées  dans  de» 
ivcacys  périodiques. 


(448) 
Ces  souvenirs  poétiques  nous  ont  paru  devoir  être 

consignés  ici  :  ils  se  rattachent  à  notre  histoire  littéraire, 

et  ne  sont  point  dépourvus  d'intérêt. 


Il  existait  naguère ,  à  trois  lieues  de  Lyon ,  dans  le 
département  de  l'Ain,  un  château  appelé  Margnolas.  Il 
avait  appartenu  à  feu  M«  Etienne  Vincent  de  Margno— 
las  (i)  ,  et  des  mains  dç  son  fils  unique ,  décédé  en  bas 
âge ,  avait  passé  dans  celles  de  sa  mère ,  M."^^  ht  comtesse 
du  Pac*  C'était  presque  une  maison  de  prince ,  les  ave- 
nues en  étaient  magnifiques  ,  et  des  domaines  considé— 
râbles  en  dépendaient.  Une  bande  noire  a  acquis  cette 
grande  propriété  qui  a  été  bientôt  divisée  et  morcelée  à 
rinfini.  Les  arbres  ont  été  coupés  y  les  jardins  dévastés. 
U  ne  restait  plus  que  les  bâtimens  :  ik  viennent  d'être 
renversés  ,  et  leurs  jnatériaux  vendus.  La  destruction  est 
complète.  U  semblé  que  les  Goths  ,  les  Vandales  et  les 
Sarrasins  aient  passé ,  les  uns  après  les  autres,  par  cette 
malheureuse  campagne.  Ne  serait-il  pas  à  désirer  que  le 
gouvernement  pût  s'opposer  à  de  tels  ravages  qui  de^ 
viennent  tous  les  jours  plus  fréqùens  ?  Cette  réflexion 
nous  a  rappelé  que  de  pareils  excès  ne  sont  pas  nou— , 
veaux ,  et  qu'ils  furent  aussi  connus  des  Romains  qui 
tentèrent  d'y  remédier  par  des  lois.  On  trouve  dans  les 
recueils  d'inscriptions  (  ^oy.  Reinesius ,  Inscrîpf.  Ci.  VII , 
N.^  XI ,  pag.  475  et  476 ,  et  Doni ,  Marmi ,  pag.  84  > 
un  sénatus-consulte  rendu  sous  le  règne  de  l'empereur 


'  (1)  Ne  à  Lyon  le  6  noyembre  1781  »  mort  A  Paris  le  3  octobre 
^809 ,  ancien  préfet  du  département  du  P6  et  conseiller  d'état  , 
chargé  da  troisième  anrondissenient  de  la  police  générale  da  Tempir*. 


(  449  ) 
90US  le  rlgae  de  Tempereur  Claude  et  sous  le  consulat 

de  Gn.  Hosldius  Gëta  et  de  L.  Vagellius  ,  Tan  de  Rome 

Soi  ,  de  J.  C.  48  9  contre  ceux  qui  9  achetant  les  édifices 

pour  les  dànolir ,  spéculaient  sur  leurs  débris ,  et  par 

ce  commerce  barbare ,  s*enrichissaient  aux  dépens  de 

leur  pays  qu'ils  couvraient  de  désolation  et  de  ruines. 

La  lettre  dont  nous  allons  donner  un  extrait  a  été 
icnle  de  Paris  ,  le  27  arril  i8a8  ,  à  Tauteur  de  la 
Notice  sur  Mandelot ,  qui  se  trouve  dans  notre  précé- 
dent N.*  ;  mais  elle  est  parvenue  trop  tard  à  notre 
collaborateur  pour  qu'il  ait  pu  faire  usage  des  documens 
qu'elle  renferme.  La  personne  obligeante  de  qui  elle 
vient  était  chaînée  de  consùUer  à  la  bibliothèque  du 
roi  un  manuscrit  in-fol. ,  contenant  la  correspondance 
du  roi  et  de  Mandelot,  depuis  i568  jusqu'en  i582^ 
manuscrit  qui  est  décrit  dans  un  mémoire  de  feu 
M.  l'abbé  Sadan ,  inséré  tom.  V  ,  pag.  1 45  et  suiv.  de 
notre  recueil.  L'estimable  auteur  de  la  lettre ,  après 
quelques  réflexions  sur  le  récit  fait  par  l'historien 
de  Thou,  de  la  conduite  de  Mandelot  à  Tépoque  de  la 
Si-Barthélemi , .  continue  ainsi  : 

«  Mais  voyons  comment,  le  2  septembre  1572,  c*est-à- 
dire  le  surlendemain  des  massacres ,  Mandelot  lui-même 
écrit  à  Charles  IX  : 

a  Sire ,  j'escripvîs  avant  hier  à  V.  M.  la  réception 
j»  des  lettres  qu'il  lui  aurait  pieu  m'escrire  les  xxii  et 
»  xxiui^  du  passé ,  et  comme  suivant  icelles  et  ce 
»  que  le  sieur  du  Peyrat  m'aurait  dlct  de  sa  part ,  je 
»  n'aurois  failly  pourveoir  par  divers  moyens  à  la  seureté 
n  de  cette  ville  ;  si  biien  ,  Sire  ,  que  les  corps  et  les  biens 
Tome  VIL  29 


_  (  45o  ) 
»  de  ceux  de  la  Religion  auroyeni  esté  saisys  et  mis  soubs 
»  vostre  main  sans  aucun  tumulte  ni  scandalle  :  jusques 
)>  lors  depuis  et  hier  Taprès  dlsnëe  m'en  estant  allë  par 
»  \ille  pour  pourveoir  tousjours  à  contenir  ce  peuple , 
»  mesmément  vers  la  Guillotiere  où  j'aurois  sceu  paroistre 
3>  danger  de  quelcpie  remuement ,  seroit  intervenu  ce- 
»  pendant  que  ce  peuple  ayant  trouve  moyen  d'entrer 
»  es  prisons  de  Tarchevesque  où  il  sçavoit  estre  quelque» 
»  deux  cens  de  ceulx  de  la  Religion  cogneus  factieux 
M  ou  avoir  porte  les  armes ,  lesquels  ils  auroient  tout» 
».  mis  à  mort  avant  que  jen.peusse  rien  sçavoir ,  et 
i>  m*y  estant  allë  aussi  tost  y  n  y  aurois  plus  trouvé  au- 
3>  Gun  de  ceu|x  qui  se  seroient  meuz  à  ce  faict ,  s*estant 
»  escartés  tout  soubdain  ;  et  ce  que  j'aurois  peu  faire 
»  a  este  faire  rechei*che  et  requérir  par  touts  moyens  y 
»  mesmément  par  justice,  qui  auroient  esté  authçurs 
»  et  exécuteurs  de  ce  faict  et  comme  le  tout  est  passe  » 
)>  af£n  que  ¥•  M»  en  puisse  bien  au  vray  estre  esciaircye. 
»  Je  continue  au  mieux  qu'il  m*est  possible  de  contenir 
»  toutes  choses ,  voyant  ce  peuple  n'estre  pas  enoMre 
»  bien  appaisë  y  et  que  c'est  tout  ce  que  Von  peut  iaire 
»  d'obvier  à  un  sac  ,  n'ayant  neantmoins  jusques  ici  esté 
3>  faict  aucun  tumulte ,  meurtre  ni  saccaigement  par  la 
»  ville  ni  es  maisons  y  et  estime  que  le  reste  desdjcis  de 
»  la  religion  saisys  pourront  demeurer  en  seuretë  es  lieux 
»  ou  je  les  ay  faict  retirer  y  attendant  que  je  puisse 
»  mieulx  entendre  qu'il  plaira  à  V.  M;  en  estre;  feict  ^ 
»  et  speciallement  de  tous  leurs  biens ,  meubles ,  mar— 
»  chandises ,  rapines  et  autres  que  j'ai  jà  escript  avoir 
»  faict  saisir  et.  mettre  soubs  vostre  main  sans  touttefois 
»  en  estre  rîen  desplacé  ny  transporté  des  lieux  et  mai— 
»  sons  desdicls  de  la  Religion  :   osant  bien    asseurer 


(  45i  ) 
3)  V.  M.  que  le  tout  luy  sera  seurement  et  fidel'- 
»  lement  conserve  ;  et  suis  après  à  pourveoir  à  les  faire 
»  retirer  en  magasins  et  lieuic  seurs  à  ce  qu'il  n*y  soit 
»  commis  aucun  abus.  'J*oseray  dire  à  V.  M.  que 
B  si  j'estois  ouy  à  la  conseiller ,  je  ne  serois  d'opinion 
9  qu*elle  feist  aucun  don  des  biens ,  meubles  et  marchan- 
B  &es  desdicts  de  la  B  ^ligion  que  premièrement  on  ne 
3»  voye  ce  qu^il  y  aura ,  et  que  pour  le  moins  elle  sçaicbe 

>  la  valeur  de  ce  qu'elle  donneroit  et  que  plustost  elle 
^  feist  don  et  recompense  à  ceux  qu'il  luy  plairoit  sur 
f  les  immeubles  ;  et  pour  ne  mettre  en  cela  la  conse- 
»  quence ,   je' ne  veulx  estre  le  premier  à  en  demander 

>  à  V.  M» ,  m*asseurant  que  si  elle  a  commence  par  quel- 
f  ques  autres ,  elle  me  faict  tant  d'honneur  de  ne  m'ou* 
»  Ûier.  Au  reste ,  Sire ,  il  me  semble  ne  devoir  taire 
»  â  y.  M.  que  en  tout  ce  qui  eschet  icy  pour  son 
»  service ,  je  trouve  le  sieur  de  la  Mante  prompt  et 
»  affiectionnë  d'ensuivre  à  son  pouvoir  ce  que  je  Iby  en  ay 

>  (aict  entendre  ,  dont  à  la  vérité  il  mérite  estre  recogneu 
t  et  bien  récompense.  » 

Vmlà  cette  lettre  toute  entière  :  n'ave2-vous  pas  re- 
marqué cette  horrible  demande  que  fait  Mandelot  d'une 
part  dans  les  biens  des  victimes  protestantes  ?  ce  trait  » 
je  craîs,  suffit  pour  £xer  les  idées  sur  son  véritable 
cafadàre.  Un  gouverneur  français  réclamer  les  dépouilles 
de  ses  malheureux  concitoyens  !...«  Ahl  pour  solliciter 
une  pareille  récompense ,  il  fallait  bien  l'avoir  méritée  ! 

Avec  de  Thou  j'ai  parlé  de  la  dissimulation  de  Man- 
delot y  je  pois  vous  en  citer  une  nouvelle  preuve. 

Vous  savez ,  en  effet ,  comme  Ta  dit  M«  l'abbé  Sudan  (  i  >, 

(i)  Yoj»  Archiv.  du  Rhéne ,  tom«  Y,  pag.  ttfi* 


(  45a  > 

que  Tënorme  manuscrit  contenant  les  lettres  et  dépêches 
du  roi  à  M.  de  Mandelot  et  de  M.  de  Mandelot  au  roi  « 
parait  être  une  copie  faite  sous  les  yeux  de  ce  gouver- 
neur de  Lyon.  Comment  donc  se  fait-il  que ,  parmi  les 
lettres  de  Charles  IX ,  M.  de  Mandelot  en  ait  supprimé 

<  plusieurs  dont  hss  dates  se  rapportent  prëcisëment  ^à 
Tëpoque  de  la  St-Barthëlemi  ?  C'est  que^ns  doute  elles 
contenaient  des  choses  dont  on  devait  faire  un  mystère , 

.  des  choses  qu'on  n'aurait  pas  ose  révéler  ! 

pu  reste 9. dans  les  lettres  qui  ont  été  conservées, 
l'ai  trouvé  plusieurs  faits  assez  importans. 

Ainsi ,  par  exemple  ,  j'ai  reconnu ,  d'après  une  lettre 
de  Charles  IX ,  qu'il  était  bien  vrai  qu*on  avait  envoyé 

.  dans  les  provinces  des  l\pmmes  chargés  d'ordres  verbaux 
et  secrets  tout  contraires  aux  dépèches  adressées  publi- 
quement  aux  gouverneurs. 

Vous  vous  rappelez  aussi  que  quelques  historiens  o^t 
pensé  que  la  tète  de  Tamiral  de  Coligny  avait  été  envoyée 
à  Rome  :  eh  bien  !  je  crois  en  avoir  trouvé  la  preuve 

.dans  une  lettre  de  Mandelot ,  datée  du  5  septembre  iSys. 
En  effet ,   après  avoir  répondu  à  celle  du  roi  ,  du 
28  août ,  il  ajoute  : 

«  J*ay  aussi  reçu ,  Sire  ,  la  kttre  qu'il  a  pieu  i 
3>  V.  M.  m'escrire ,  par  laquelle  elle  me  mande  d'avoir 
»  esté  avertie  qu'il  y  a  un  homme  qui  est  parti  de  par 
»  delà  avec  la  teste  qu'il  auroit  prise  dudit  admirai , 
-  »  après  avoir  esté  tué  ,  pour  la  porter  à  Rome ,  et  de 
»  prendre  garde ,  quand  ledit  homme  amvera  en  oeste 
»  ville ,  de  le  faire  arrester  et  luy  oster  la  dite  teste  ,  à 
)>  quoy  j'ay  incontinent  donné  si  bon  oixire  que  s'il  se 
n  présente ,  le  coramandemeot  qu'il  plait  à  V.,  M.  m  en 


_  (  453  ) 
B  Êuire  sera  ensiÛTi.  Et  n*est  passé  iusques  icy  par  ceste 
»  ville  autre  personne  pour  s'en  aller  du  coslë  àe  Rome 
9  qu'un  escuyer  de  Monsieur  dé  Guise  nomme  Paul  ^ 
»  lequel  estait  parti  quatre  heures  auparavant  du  jour 
mesme  que  je  reçus  ladite  lettre  de  V.  M.  ^ 

D'après  cette  citation ,  il  me  semble  donc  qu'en  rëflë- 
dùss^t  que  ce  Paul  ëtait  écuyer  de  Guise  ,  Tennemi  le 
plus  acharné  de  Goligny;  que  ce  Paul  est  envoyé  à 
Rome  en  toute  hâte ,  et  préeisëmént  dans  le  moment 
ou  diâcu'n  soupçonne  la  mission  sanglante  dont  parle 
Charles  IX  ;  il  me  semble ,  dîs-je ,  qu'en  réfléchissant  aux 
motifs  qui  ont  pu  décider  Mandelot  à  supprimer  dans 
son  recueil  cette  lettre  du  roi^  qu'il  cite  dans  la.  sienne, 
on  est  naturellement  conduit  à  penser  que  la  tête  de 
l'amiral  Coligny  a  l>ien  été  portée ,  comme  un  précieux 
trophée ,  dans  la  capitale  du  monde  chrétien. 

L^  Guise  ont  donc  voulu  ,  même  après  le  dénouement 
de  cette  horrible  tragédie ,  sanctifier ,  en  quelque  sorte , 
leur  vengeance.  Us  ont  voulu  faire  croire  qu'ils  n'avaient 

agi  que  par  zèle ,  que  par  intérêt  pour  la  religion 

La  religion  !  ah  !  ne  confondons  pas  ses  préceptes  divins 
qui  commandent  le  pardon  des  injures  ,  avec  ces  projets 
de  vengeance  qui  font  les  assassins  !  ne  confondons  pas 
œs  vérités  sublimes  qui  nous  rapprochent  de  Dieu ,  avec 
cette  exaltation  criminelle  qui  rend  l'homme  assez  impie 
pour  aiguiser  son  poignard  jusques  sur  les  marches  de 
l'autel  !  Convenons  donc  que  notre  sainte  religion  ne  fut 
qu'un  odieux  prétexte  pour  commettre  des  forfaits  dont 
elle  gémit  la  première  ;  et  reconnaissons ,  en  dernier 
résultat ,  que  si  Mandelot  n'eut  pas  le  tort  de  se  livrer 
lui-même  aux  plus  horribles  excès  ,  il  eut  au  moins  celui 
de  laisser  maîtres  de  la  ville  dont  il  était  gouverneur  ^ 


(  454  ) 
les  assassins  que  dirigeaient  Boidon  ^  Mornieu  et  le  Clou  ^ 
de  laisser  massacrer  par  eu3(,  pendant  trois  jours  ,  les 
nialheureux  protestans  ^  et  surtout  de  réclamer  avidement 
une  portion  de  leurs  sanglantes  dépouilles. 

Tels  sont,  Monsieur,  les  détails. les  plus  importions 
que  j'ai  trouvés  dans  les  lettres  de  M.  de  Mandelot ,  et 
que  j*aurais  désiré  vous  communiquer  pliis  tôt.... 

B.  C.  V. 


TiE  JOUR  DE  iPÊTE-DiEU  ▲  LtoK  ,  en  jain  iSoft.  Fragment  extrait 
des  Mélanges  liiiéraires  de  M.  de  Chateaobriând  (  toxn.  XXI , 
pag.  ia4-a27  de  l'édition  de  aes  Œuvres  complètes.  Paris  ,  TjadTOcat, 
i8ii6-i8'a8 ,  in^.o  }. 

ce  ...••.  Quelle  est  cette  puissance  extraordinaire  qui 
promène  ces  cent  mille  chrétiens  sur  ces  ruines  ?  Par 
quel  prodige  la  croix  reparaît-elle  en  triomphe  dans  cette  , 
même  cité  où  naguère  une  dérision  horrible  la  traînait 
dans  la  fange  ou  le  sang?  d*où  renaît  cette  solennité 
proscrite  ?  quel  chant  de  miséricorde  a  remplacé  si 
soudainement  le  bruit  du  canon  et  les  cris  des  chrétiens 
foudroyés  ?  Sont-ce  les  pères ,  les  mères ,  les  frères , 
les  sœurs ,  les  enfans  de  ces  victimes  qui  prient  pou^ 
les  ennemis  de  la  foi ,  et  que  vous  voyez  à  genoux  de 
toutes  parts ,  aux  fenêtres  de  ces  maisons  délabrées  ,  et 
sur  les  monceaux  de  pierres  où  le  sang  des  martyrs 
fume  encore?  Les  collines  chargées  de  monastères ,  non 
moins  religieux ,  parce  qu'ils  sont  déserts  ;  ces  deux 
fleuves  où  la  cendre  des  confesseitrs  de  Jésus<-Christ  a 
si  souvent  été  jetée  ;  tous  les  lieux    consacrés  par  les 


(  455  ) 
premiers  pas  au  christianisme  dans  les'  Gaules  ;  cette 
grotte  de  saint  Pothîn  y  les  catacombes  d'Irëriëe  n'ont 
point  vu  de  plus  grands  miracles  que  celui  qui  s*opère 
aujourd'hui.  SI ,  en  lygS  ^  au  moment  des  mitraillades 
de  Lyon  ,  lorsque  Ton  démolissait  les  temples  ,  et  que 
Ton  massacrait  les  prêtres  ;  lorsqu'on  promenait  dans  les 
rues  un  âne .  chargé  des  omemens  sacres  ,  et  que  le 
Kourreau  ,  armé  de  sa  h^che  ,  accompagnait  cette  digne 
pompe  de  la  raison  ;  si  un  homme  eût  dit  alors  :  Avant 
que  dix  ans  se  soient  écoulés  ,  un  prince  de  Téglise,  un 
archevêque  de  Lyon  ,  portera  publiquement  le  Saint- 
Sacrement  dans  les  mêmes  lieux  ;  il  sera  accompagné 
d*un  nombreux  clergé  ;  de  jeunes  filles  ,  yêtues  de  blanc, 
des  hommes  de  tout  âge  et  de  toutes  professions ,  sui- 
vront ,  précéderont  la  pompe ,  avec  des  fleurs  et  des 
flambeaux  ;  ces  soldats  trompés,  que  Ton  a  armés  contre  la 
religion  ,  paraîtront  dans  cette  fête  pour  la  protéger  ;  si 
on  homme ,  disons-nous ,  eût  tenu  un  pareil  langage  , 
3  eût  passé  pour  un  visionnaire  ;  et  pourtant  cet  homme 
B*eût  pas  dit  encore  toute  la.  vérité.  La  veille  même  de 
celle  pompe ,  plus  de  dix  mille  chrétiens  ont  voulu  re- 
cevoir le  jBceau  de  la  foi  :  le  digne  prélat  de  cette  grande 
commune  a  paru  ,  comme  S.  Paul ,  au  milieu  d*une  foule 
Immense  , .  qui  lui  demandait  un  sacrement  si  précieux 
dans  les  temp&  d'épreuve ,  puisqu  il  donne  la  force  de 
confesser  l'évangile.  Et  ce  n*est  pas  tout  encore:  des 
diacres  ont  été  ordonnés,  des  prêtres  ont  été  sacrés. 
Dira*t-on  que  les  nouveaux  pasteurs  cherchent  la  gloire 
et  la  fortune  ?.  où  sont  les  bénéfices  qui  les  attendent , 
les  honneurs  qui  peuvent  les  dédommager  des  travaux 
qa*exlge  leur  ministère?  une  chétive  pension  alimentaire, 
qudque  presbytère. à  moitié  ruiné>  ou  un  réduit  obscur , 


(  4S6  ), 
fruit  de  la  charité  des  fidèles  :  voilà  tout  ce  qui  leur  est 
promis.  Il  faut  encore  qu'ils  comptent  sur  les  calomnies  , 
sur  les  dénonciations  »  sur  les  dégoûts  de  toute  espèce  : 
disons  plus  j  si  un  homme  toul-puissant  retirait  sa 
main  aujourd'hui ,  demain  le  philosophisme,  ferait  tom-* 
ber  les  prêtres  sous  le  glaive  de  la  tolérance ,  ou  rou^ 
vriralt  pour  eux  les  philantropiques  déserts  de  la  Guiane» 
Âh  !  lorsque  ces  enfans  d*Aaron  sont  tombés  la  fac^ 
contre  terre,  lorsque  Tarchevéque ,  debout  devant  l'autel, 
étendant  les  mains  sur  le^  lévites  prosternés ,  a  prononcé 
ces  paroles  :  Accipe  jugum  Domîni ,  la  force  de  ces  mots 
a  pénétré  tous  les  cœurs  et  rempli  tous  les  yeux  de 
larmes;  ils  l'ont  accepté,  te  joug  du  Seigneur  ,  ils  le 
trouveront  d'autant  plus  léger  ,  onus  ejus  levé  ,  que  Ie& 
hommes  cherchent  à  l'appesantir.  Ainsi ,  malgré  les  pré- 
dlcticms  des  oracles  du  siècle ,  malgré  les  progrès  de 
Tesprit  humain  ,  l'église  croit  et  se  perpétue ,  selon 
Toracle  bien  plus  certain  de  celui  qui  l'a  fondée;  et  quels 
que  soKnt  les  orages  qui  peuvent  encore  l'assiéger ,  elle, 
triomphera  des  lumières  des  sophistes ,  comme  elle  a 
triomphé  des  ténèbres  des  barbares,  u 

Nota.  Le  style  de  ce  morceau  nous  paraît  plus  ferme  ^ 
plus  naturel ,  moins  prétentieux ,  moins  romantique  y 
que  celui  que  Tauteur  a  adopté  depuis.  On  n'y  trouve  , 
pour  ne  citer  qu^un  exemple  ,  aucun  trait  qui  ressemble 
à  ce  passage  d'une  description  de  la  procession  des 
Rogations  ,  Génie  du  christianisme ,  part.  IV  ,  liv.  I  , 
chap.  8  (  tom.  XIII ,  pag.  174  de  l'édit.  de  Ladvocat  )  r 
ce  Etonnés  de  ces  cantiques ,  les  hôfes  des  champs  sortent 
y>  des  blés  nouveaux  et  s'arrêtent  à  quelque  distance  pour 
»  voir  passer  la  pompe  villageoise.  »  Ces  haies  des  chav^  ^ 


c«l-à-dire,  les  oiseaux,  ainsi  que  les  lièvres  et  les^ 
lapins  apparemment,  qui  sortent  des  blés,  nome  aux. 
pour  çoir  passer  la  procession,  rappellei^t  les  poissions 
que  Saint-Âmant ,  dans  son  Moyse  saucé ,  représentait 
comme  regardant,  tout  ébahis  y  les  Israélites  lors  du 
passage  de  la  mer  Rouge  :  ce  qui  fit  dire  à  Boileau , 
Art  poétique ,  ch«  lU  : 

ITimites  pas  ce  fou  qui  ,  décriyant  les  mers  , 
Et  peignant ,  an  milieu  de  leurs  flots  entr^ouTerts, 
L'Hébreu  sauvé  du  joug  de  ses  injustes  maîtres  , 
Met  f  pour  les  Toir  passer ,  les  poissons  aux  fenêtres. 

•  *  • 

Delille,dans  le  poème  de  la  Pitié ^  n*a  pas  dédaigné 
d*emprunter  a  M.  de  Chateaubriand  les  principaux  traits^, 
de  sa  description  de  la  fête  des  Rogations  ;  mais  il  s*est 
bien  gardé  de  lui  prendre  ses  oiseaux. 


BzTBliT  da  Toyage  en  Italie ,  par  M.  le-  vicomte  de  Chateaubrian<t 
(  tonu  VU  de  ses  Œuvres  cemplètes ,  pag.  i^y-iSo  )• 

PEEIOÉBÉ  LETTRE.  —  A  M.  JOUBERT  (l). 

Turin ,  ce  17  join  i8o5. 

le  n*ai  pu  vous  écrire  de  Lyon ,  mon  cher  ami , 
comme  je  vous  Tavais  promis.  Vous  savez  combien  j'aime 
cette  excellente  ville  ,  où  j'ai  été  si  bien  accueilli  Tannée 
dernière ,  et  encore  mieux  cette  année.  J*ai  revu  les 
yieiHes  murailles  des  Romains ,  défendues  par  les  braves 


(0  Frère  aioé  de  Tayocat-général  à  la  cour  de  cassation. 

(  Note  de  M.  dé  Chateaubriand), 


(458  y 
Lyonnais  de  nos  jours ,  lorsque  les  bonofbes  des  conyçn* 
lionnels  obligeaient  notre  ami  Fontane  à  changer  dé 
place  le  berceau  de  sa  fille  ;  j'ai  revu  Tabbaye  des  Deux 
Amans  et  la  fontaine  de  J.-J.  Rousseau.  Les  coteaux  de 
la  Saône  sont  plus  rians  et  plus  pittoresques  que  jamais  ; 
les  barques  qui  traversent  cette  douce  rivière,  mitis 
Arar  ^  couvertes  d'une  toile ,  ëclaîrëes  d'une  lumière 
pendant  la .  nuit ,  et  conduites  par  de  j(^unes  femmes , 
amusent  agréablement  les  yeux.  Vous  aimez  les  cloches  : 
venez  à  Lyon  ;  tous  ces  couvens  épàrs  sur  les  collines 
semblent  avoir  retrouvé  leurs  solitaires.... 

Vous  savez  déjà  que  l'académie  de  Lyon  m'a  fait 
l'honneur  de  m'âdmettre  au  nombre  de  ses  membres  (i). 
Voici  un  aveu  :  si  le  malin  esprit  y  est  pour  quelque 
chose  9  ne  cherchez  dans  mon  orgueil  que  ce  qu'il  y  a 
de  bon  ;  vous  savez  que  vous  voulez  voir  l'enfer  du  beau 
c^yté.  Le  plaisir  le  plus  vif  que  j'aie  éprouvé  dans  ma 
"^îe ,  c'est  d'avoir  été  honoré ,  en  France  et  chez  l'étranger, 
des  marques  d'un  intérêt  inattendu.  Il  m'est  arrivç  quel- 
quefois ,  tandis  que  je  me  reposais  dans  une  méchante 
auberge  de  village  ,  de  voir  entrer  un  père  et  une  mère 
avec  leur  fils  :  ils  m'amenaient ,  me  disaient-ils ,  leur 
enfant  pour  me  remercier.  Etait-ce  l'amour-propre  qui 
me  donnait  alors  ce  plaisir  vif  dont  je  parle  ?  Qu'im- 
portait à  ma  vanité  que  ces  obscurs  et  honnêtes  g^is  me 


(i)  L'admission  de  H.,  de  Chateaubriand  à  racadémie  de 
Lyou  soufErit  un  peu  de  difficulté.  Quelques  membres  de 
cette  compagnie  avaient  sur  le  coeur  certain  passage  du 
Génie  du  christianisme,  où  sont  maltraitées  indigneçient 
les  académies  de  province. 

(  Noté  de Tun  des  Rédacteurs  )• 


(  459  ) 
l^moignassent  leur  satisfaction  sur  un  grand  chemin  j 
dans  un  lieu  où  personne  né  les  entendait?  Ce  qui  me 
touchait ,  c^ëtait ,  du  moins  j'ose  le  croire ,  c'était  d'aSroir 
produit  un  peu  de  Bien ,  d'avoir  consolé  quelques  coeurs 
affliges ,  d'avoir  fatt  renaître  au  fond  des  entrailles 
d'une  mère  Tespérâncc  d*ëlever  un  fils  chrétien  ;  c'est- 
à-dire  ,  un  fils  soumis ,  respectueux ,  attaché  à  ses  pa* 
rens.  Je  ne  sais  ce  que  vaut  mon  ouvrage  ;  mais  aurais- je 
goâté  cette  joie  pure  ,  si  j'euese  éc^it  avec  tout  îe  talent 
imaginable ,  un  livre  qui  aurait  blessé  les  moeurs  et  la 
religion  ?  Dites  à  notre  petite  société ,  mon  cher  ami , 
(tmibien  je  la  regrette  :  ^le  a  un  charme  inexprimable , 
parce  qu'on  sent  que  les  personnes  qui  causent  si  hatu* 
rettement  de  matière  comintine ,  peuvent  traiter  les  plus 
hauts  sujets  ;  et  que  cette  simplicité  de  discours  ne  vient 
pas  d'indigence ,  mais  de  choix.  Je  quittai  Lyon  le...«« 
à  cinq  heures  du  matin.  Je  ne  vous  ferai  pas  l'éloge  de 
celte  ville  ;  ses^  ruinés  soiit  là  ;  elles  parleront  à  la 
postérité  :  tandis  que  le  courage  ,  la  loyauté  et  la  reli^on 
seront  en  honneur  paritii  les  hoikimes ,  Lyon  ne  sera 
pas  oublié  (i). 


(i)  Il  m^est  très-doux  de  retrouver ,  k  vingt-quatre  ans 
de  distance  ^  dans  un  mànascrit  inconnu ,  l'expression  des 
sentîmehs  que  ]e  professe  plus  que  jamais  pour  les  habi- 
tans  de  Lyon  ;  il  m^est  encore  plus  doux  d^avoir  reçu 
dernièrement  de  ees  habitans  les  mêmes  marques  d^'estime 
dont  ils  m'honorèrent ,  il  y  a  bientôt  un  qoart  de  siècle. 

(  JVole  de  M»  de  Chateaubriand  )• 

M.  Se  Chateaubriand  parle*  ici  avec  an  peu  trop  d'em- 
phase de'  la  dernière  rc^eption  qui  lui  fnt  faîte  &  Lyon. 
On  sait  que  l'accueil  qu'il  a  reçu  était  bien  loin  d'être 


C  46o  > 
Nos  amis  m*ont  fait  promettre  At  leur  écnre  de  \»^ 
route.  J*ai  marché  trop  vite ,  et  le  temps  m'a  manqué 
pour  tenir  parole.  J'ai  seulement  barbouille  au  crayon  ^ 
sur  un  porte-feuille  ,  le  petit  journal  que  je  vous  envoie*. 
Vous  pourriez  trouver  dans  le  livre  des  postes  les, noms 
des  pays  inconnus  que  j'ai  découverts ,  comme  »  par 
exemple  ,  Pont-de-Beauvoisin  et  Chambëry  ;  mais  vous 
m'avez  tant  répété  qu'il  fallait  des  notes ,  et  toujours 
des  notes.,  que  nos  amis  ne  pourront  se  plaindre  9  si 
je  vous  prends  au  mot. 

Tout  le  monde  sait  que  Rabelais  a  été  médecin  de 
l'hôpital  de  Lyon  ;  mais  aucun  de  ses  biographes  n'a 
bien  précisé  ce  fait  et  n'en  a  donné  la  date  exacte.  Voici 
à  ce  sujet  des  renseignemens  qui  se  trouvent  dans  des 
notes  écrites  de  la  main  de  feu  M.  Tabbé  Sudan ,  et  qu'il 
avait  sans  doute  tirées  des  archives  de  la  ville  :  ((  Au  mois 
de  novembre  i532,M.^  François  Rabelais  entraàrhdpital 
de  Lyon  comme  médecin,  à  la  place  de  M.^  Pierre  Roland. 
Le  1 5  février  suivant ,  il  fut  payé  pour  les  trois  '  mois 
de  novembre ,  décembre  et  janvier ,  à  raison  de  40  livres 
par  an.  Rabelais  resta  à  l'hôpital  jusqu'à  la  fin  de-février 
i534,  avant  Pâques.  M^  Pierre  Castel  lui  sucàéda.  » 

La  Gazeite  universelle  de  Lyon^  du  14  janvier  1828, 
contenait  une  assez  longue  lettre  signée  un  élèpe  en  droit 

unanime  et  ressemblait  à  une  afiaire  de  parti  ,  et  qae 
tout  s*est  borné  à  quelques  applaudissemens  qu'on  lui  a 
donnés  dans  une  salle  de  concert  ,  et  à  deux  ou  trois 
couplets ,  du  plus  mauvais  goût ,  qui  j  ont  été  chantés  en 
son  honneur.  [^l^oiedc  Vun  des  liédacteun  ). 


i  C46i  ) 

I       ie  FâriSy  ou  Vauteur  attaquait  ouvertement  M*  Ândrieux,  j 

I       de  l'académie  française,  et  prétendait  que,  dans  ses  le-  ; 

fODS  4^  littérature  au  collège  de  Fram^e,  ce. professeur 
s'oubliait  souvent  au  point  d'outrager  la  religion ,  la 
royauté ,  les  mœurs.  L'anonyme  donnait  pour  exemples 

I  des  phrases  fort  inconvenantes ,  qu'il  soutenait  avoir  lui- 
méipe  entendu  sortir  de  la  bouche  de  M.  Andrieux. 
Celui-ci  9  à  qui  l'article  a  éUé  communiqué  par  un  de 
ses  amis  9  y  a  fait  une  réponse  qu'il  a  publiée  .sous  le 
titre  de  Lettre  à  3f.***  au  sujet  d'un  article  de  la  Ga^ 
zette  unioerseUe  de  Lyon ,  Paris ,  E.  Doverger ,  in-8^  de 
19  pages.  Les  assertions  de  l'anonyme  y  sont  réfutées  , 
tantôt  avec  force  ,  tantôt  avec  une  ironie  spirituelle  et 
piquante.  M.  Andrieux  se  plaint  amèrement  de  l'injustice 
dont  il  est  l'objet ,  et  crie  à  la  calomnie.  Le  prétendu 
élève  en  droit  a  cru  cependant  devoir  répliquer  ,  et  dans 
la  Gazette  du  2  mars ,  il  a  fait  paraître  une  nouvelle 
lettre  où  ,  nonobstant  les  dénégations  de  son  adversaire , 
il  déclare  persister  dans  ses  premières  accusations.  Nous 
ne  sommes  ni  appelé  y  ni  disposa  à  juger  cette  polémiqîie. 
Nous  nous  contentons ,  en  noire  qualité  d'historiéh  , 
d'indiquer  à  nos  lecteurs  les  pièces  du  procès ,  et  nous 
leur  abandonnons  le  soin  de  décider. 


Dans  la  première  lettre  de  Xélève  en  droit  contre 
M.  Andrieux ,  on  reprochait  à  ce  dernier  des  citations 
fréquentes  de  passages  obscènes  de  Martial.  L'académicien 
répond  à  ce  chef  d'accusation  que ,  depuis  l'ouverture  du 
cours  de  cette  année,  il  n'a  cité  Martial  qu'une  seule  fois^ 
et  que  le  passage  qû'it  a  rapporté  de  ce  poète  n'avait 
certes  rien  .df  licencieux  ^  puisque  c'était  le  distique  si 


(  462  ) 
connu  sur  un  tachygraphe ,  qu'il  avait  cru  4eyoîr  rappeler 
&  ses  auditeurs  en  parlant  de  la  tachygraphie.  que  les.an*- 
ciens  ont  pratiquée,  à  ce  qu*il  parait,  avec  plus  de  succès 
qûte  nous.  On  sait  que  ce  distique  est  ainsi  conçu  : 

IVQTARinS; 

Carrant  verba  licet ,  maims  est  relocior  illîs  ; 
Nondum  llngua  suam  ,  dextra  j^eregît  opus* 

Lib.  XfV ,  Epig.  208(1). 

M.  Andrieux  l'accompagne  de  la  version  suivante  ; 

La  langue  a  beau  courir ,  la  main  Pa  devancée  ^ 
La  phmse.  n'est  pas  dite ,  elle!  est  dëjà  tracée. 

Cette  traduction  est  heureuse ,  et  elle  nous  a  rappelé 
qu*un  grand  nombre  de  poètes  se  sont  exerces ,  avant 
M.  Andrieux ,  h  faire  passer  dans  notre  langue  la  pensée 
de  Tauteur  latin.  Nous  avons  recueilli  autrefois  environ 
vingt  dé  ces  essais ,  parmi  lesquels  figurent  les  cin(} 
que  voici  : 

En  Tain  comme  Téclalr  on  volt  fuir  la  parole  : 
Lfi  main  sait  Tenchainer  avant  qu'elle  s'envole. 

l'abbé  DE  FAR  AMANT.    1741. 

Les  paroles  ont  beau  voler,  • 
Sa  main  saura  bien  y  suffire  : 
On  n'^a  pas  fini  de  parler 
Qu'elle  a  déjà  fini  d'écrire. 

M..  beuchÔt. 

La  langue  a  beau  courir  :  plus  prompte  mille  fois^ 
La  plume  a  terminé  la  phrase  av^nt  la  voix. 

P. 


(i)  Cette  pièce ^orte  le  n.<*  906  dans  le  Maclialde  Bacboa. 


<  463  ) 

Ta  latigae  a  beaa  courir':  cette  mam  pluf  tégiiv 
A  la  fin  de  ta  phraae  airire  la  première. 

B. 

Les  mots  Tolent  j  la  main  est  encor  plus  légère  ^ 
Et  la  langue  toujours  arrive  ta  deroière. 


•  4 

La  Gazette  unîçerseUe  de  Lyon ,  dans  le  cours  des  deas 
OU  trois  derniers  mois,  a  publié  sucœssive;nent  plusieurs 
leUres  sur  rexposition  actuelle  du  Louvre,. signées  3«: 
les  ouvrages  des  artistes  lyonnais  y  sont ,  en  particulier  r 
examinés  avec  soin  et  impartialité.  Les  geipis  de  goût 
partageront  sans  doute  les  idées  de  l'auteur,  et  approu- 
Teront  la  manière  dont  il  juge  ces  traya^x  sous  le  rap- 
port de  l'art*  Mais  il  ne  se  renferme  pas  toujours  dans 
soii  rôle  de  critique  chargé  d^examiner  des  tableaux  et  des 
^taes  y  il  sort  du  salon  de  temps  en  temps ,  au  risque 
de  s'égarer  :  nous  citerons  un  exemple  de  ces  malheu- 
reuses excursions.  Dans  sa  lettre  insérée  dans  le  N.^  du 
3i  mars  dernier ,  M-  B.  s'exprime  ainsi  au  sujet  du  buste 
de  Louise  Labé ,  dû  au  ciseau  de  M.  JFoyatier  et  com- 
oiandé  par  M.  le  maire  de  Lyon. 

«  Dn  corps  municipal  (ait  très-bien  d'immortaliser  tous 
»  les  genres  d'illustration  ;  mais  il  en  est  qui  devraient 
'^  être  exceptés  de  cette  marque  d'honneur.  Louise  Labi^ 
»  dite  la  Belle  Cordière  y  mérite-t-elle  l'hommage  qu'une 
»  grande  ville  a  cru  devoir  lui  rendre. en  faisant  exécuter 
y  son  buste?  Passe  pour  Jeanne  d'Arc  ou  Jeanne  Ha- 
f^  cheite.  Quoi  quil  en  soit  »  M.  Foyatier ,  qui  n'est  res- 
»  ponsable  qu^  de  l'exécution  ,  s'en  est  tiré  en  statuaire 
y  habile.  Il  y  a  dans  celte  tête  de  femme  beaucoup  de 


^  simplicité  et  de  grâce.  L'artiste  a  sauvé  avec  adresse  oe  . 
»  que  le  costume  du  temps  a  de  lourd  et  d'ingrat.  L'ex-  ^ 
»  pression  de  la  figure  est  extrêmement  heureuse  ;  un 
»  sourire  plein  de  finesse  supplée  à  ce  qui  manque  i  la 
^  sculpture  quant  à  l'expression  des  mouvemens  de  l'Éme 
»  par  le  regard.  Ce  morceau  annonce  un  talent  très- 
n)  distingué.  » 

Il  n'y  a  rien ,  ce  nous  semble ,  à  redire  à  la  seconde 
partie  de  ce  passage ,  où  M.  Foyatier  recueille  le  juste 
tribut  d'éloges  qui  lui  est  dû  :  c'est  sur  la  première  que 
vont  porter  nois  observations.  Nous  avouerons  d'abord 
que  le  sens  de  la  première  phrase  nous  échappe  entière- 
ment ;  et  nous  ne  comprenons  pas  trop  comment  il  serait 
possible  d'immortaliser  fous  les  genres  (^illustration^ 
quoiqu'on  en  exceptât  quelques-uns  de  cetU  marque 
d'honneur.  Il  nous  semble  que  l'auteur  a  voulu  dire  qu'il 
y  a  des  genres  d'illustration  qui  ne  méritent  pas  Y/ton- 
neur  d'un  buste  :  mais  nous  lui  ferons  observer  que 
l'expression  qu'il  emploie  ne  répond  guère  à  sa  pensée  ; 
car  le  terme  à' illustration  n'implique  aucune  idée  désa- 
vantageuse ,  et  n'est  jamais ,  sous  ce  rapport ,  synonyme 
de  cétébriié  :  d'est  ce  dernier  mot  peut-être  que  l'aoîeuf 
a  voulu  dire;  mais,  même  dans  cette  hypothèse ,  n'est^ 
ilpas  allé  beaucoup  trop  loin,  en  blàtnant  le  conseil 
municipal  d'avoir  réservé  une  place  à  Louise  Labé  dans 
la  galerie  de  Lyonnais  illustres  que  la  ville  va  former 
dans  son  musée  avec  les  fonds  que  lui  a  légués  pour  cet 
objet  un  généreux  citoyen  (i)?  M.  B.  était  sans  doute 
préoccupé  de  l'idée  que  cette  femme  célèbre ,  en  même 
temps  qu'elle  faisait  des  vers ,  se  laissa  aller  à  de  grandes 


mm» 


'  (i)  Feu  M.  Grognard. 


(  465  ) 

û  fréquentes  faiblesse ,  comme  si  ce  fait  ëtalt  pariaité- 
■eet  ëdaircî  y  tandis  qu'il  est ,  au  contraire ,  forteinent 
ODolest^.  On  se  rappelle  que  c'est  sur  la  foi  d'un  seul 
ôrinin  f  très-suspect  de  partialité ,  qu'on  a  aiecuséles 
■œors  de  la  Belle  G)rdière  »  sans  avoir  égard  au 
tànoigna^  d'un  ecclésiastique  y  juge  non  récusable  en 
œtte  matière  ,  de  ce  brave  et  naïf  historien .  Guillaume 
Puadin  ,  qui  avait  vécu  de  son  temps  ^  qui  l'avait 
coonue  et  qui  nous  la  dépeint  comme  un  modèle  de  vertu 
^  de  ciiastef  é* 

La  concession ,  bien  qu!un  peu  dédaigneuse  dans  les 
iarmes ,  que  nous  (ait  M.  B.  »  en  accordant  les  honneurs 
b  bo$te  à  Jeanne  d'Arc  et  à  Jeanne  Hachette ,  itious 
aerrira  contre  lui-même  ,  puisque  Louise  Labé ,  comme 
ces  deux  illustres  guerrières  ,  défendit  son  pays  et  son 
priace  avec  l'épée  avant  de  manier  la  lyre.  Ce  qui  fut 
pour  d^autres  un  mérite  et  une  i/lus/ration  ^  ne  saurait 
devenir  un  reproche  envers  notre  belle  compatriote  ;  et 
c'est  pourtant  la  campagne  qu'elle  osa  faire ,  sous  le  nom 
4  CapUaine  Loys ,  contre  les  Espagnols ,  qui  a  jeté  sur 
a  vie  et  sur  ses  mœurs  un  nuage  que  la  malignité  se 
i^Ka  d'épaissir.  Nous  pensions  qu'il  avait  été  enfin  dissipé 
por  les  soigneuses  recherches  des  derniers  éditeurs  des 
«avres  de  Louise  Labé ,  et  ce  n'est  pas  sans  quelque 
peine  que  nous  voyons  M.  B.  céder  encore  à  de  vieilles 
calomnies  que  la  charité  doit  mépriser  dès  qu'elles  ne 
wnt  point  confirm'ées  par  l'histoire.  Ce  ne  pouvait  pas 
Are  une  âme  conunune  que  celle  qui  guidait  cette 
Hirne  héroïne ,  lorsqu'entre  les  braves  de  la  cour  cheva- 
leresqae  de  François  I.^'  y  elle  se  signalait  par  sa  vaIN 
lance  au  siège  de  Perpignan  ,  et  que ,  toujours  passionnée 
poar  la  gloire/  elle  cultivait  à  la  fois,  dans  la  société 
Tome  VU.  a5 


(  466  ) 
de  tout  ce  que  notre  ville  possédait  de  personnes  dis* 
tinguëes ,  la   musique  »    la  littërature ,  les  langues  et\ 
l*hiatoire.  Ghantëe  par  tous  les  poètes  contemporains , 
vi^ëe  avec  empressement  par  les  étrangers ,  redierchée 
par  tous  les  gens  de  lettres  ^  elle  n*eût  pas  rëuni  tant 
déloges  ,  ni  inspiré  tant  d'enthousiasme ,  si ,  comme 
on  le  veut  j  ses  mœurs  eussent  déshonoré  son  talents 
Nous  ne  rappellerons  pas  à  M.  B.  que  Flora  devint  à 
Rome  une  divinité  après  avoir  été  tout  autre  chose  ; 
nous  ne  lui   citerons  pas  Texemple  des  citoyens  de  la 
ville  d'Erèse  dans  Vile  de  Lesbos  ,  qui  gravèrent  sur 
leurs  monnaies  l'image  de  leur  compatriote  Sappho , 
quoique  cette  dixième  muse  eût  mérité ,  pendant  sa  vie  y 
de  graves  censures  que ,  malgré  quelques  réclamations, 
)a  postérité  semblé  avoir  confirmées.  Nous  n'avons  pas 
besoin  d'établir  sur  de  telles  preuves  la  justification  du 
conseil  municipal ,  qui  probablement  n'avait  guère  en 
vuç  d'imiter  les  Lesbiens  :  la  moralité  de  Louise  Labé 
nous  dispense  de  recourir  à  cet  argument.  Il  nous  su£t 
que  de  vénérables  témoins  soient  nos  garans  et  les  sieiis  ; 
et  nous  pouvons  assurer  i  M.  B.  qu'il  n'est'  pas  même 
nécessaire  d'invoquer  l'indalgence  chrétienne  pour  cbm->- 
prendre  et  apprécier  l'hommage  que  la  ville  dé  Lycii 
a  cru  devoir  rendre  à  Tun  des  plus  aimables  auteurs 
du  seizième  siècle  ,  à  une  femme  qui  contribua  plus  que 
personne  à  répandre  dans  notre  cité  l'amour  des  lettres 
et  le  goût  des  beaux-arts ,  et  qui  nous  a  laissé  dans  le 
recueil  de  seç  ouvrages  des  preuves  dé  la  variété  de  ses 
connaissances,  de  la  grâce  et  de  la  vivacité  de  son  ima- 
gination ,  et  d'une  grande  supériorité  sur  la  plupart  des 
écrivains  et  des  poètes  de  son  siècle. 

{Article  communiqué)^ 


(  467  > 

BULLETIN  BIBUOGRAPfflQUE. 


Amtàles  bhgrapJdques  ,  ou  complément  annuel  et  con-* 
tmuation  de  toutes  les  biographies,  ou  dictionnaires 
historiques,  contenant  la  vie  de  toutes  les  personnes 
resnarquables  en  tous  genres ,  mortes  dans  le  cours 
de  diaque  année.  VoLl.^'  -^  I/^  partie.  Paris  ^Fonthieu 
et  oomp.^-;  Leipsig  ,  même  maison^  iSay  y  in-S.^dc» 
ynâ)  et  :t64  pages* 

Les  Annale*  biographiques  sont  la.  suite  de  V Annuaire 

liéerologique  dont  il  a  para  six  Tolomes  pool*  les  années 

1820  à  1825  9  et  dont  nous  ayons  successivement  analysé 

kà  deux  derniers  dans  ce  recueil  (i),  en  les  considérant 

tous  les  rapports  qu*ib  pouraient  avoir  avec  notre  localité* 

C'est  le  mém^  ouvrage  continué  sous  un  titre  diiferent  et 

rédigé  sup  un  plan  plus  étendu.  Les  articles  7  awont  plus 

éo  dévekpperaeos  et  seront  écrits  .de  manière  à  offi'ir 

fln«  d^attratts  aux  gens  du  monde  et  à  contenir  réellement 

les  archives  de  Phistoire  contemporaine  ;  la  justification 

des  fttges  ne  sera  plus  k  deux  colonnes  9  comme  dans  les 

Kvres  uniquement  destinés  à  faire  des  recherches  ^  et  au 

lieu    de  publier  un  seul   volume  par  année  ,  il  paraîtra 

autant  de  cdiiers  -  que  le  comporteront  rimportance  des 

articles  et  l*a&ondànce  des  sujets  (  environ  quatre  cahiers 

par  sfn,  Ibmiant  deux.v6lames^)4  Le  nombre  des  collabo* 

ratottrs  s'est  augmenté  j  mais  M.   llabul  çu  fait  toujours 

partie»  G*est  à  lui  qu'appactient  l'honneur  d'avoir  conçfi 

(0  Ton.  BI  ;  pag.  «87*9^  ;  «t  19m,  y  ,  pal.  9i55-a54» 


(  468) 

l'idée  de  cette  entreprise  qu'il  a  en  quelque  sorte,  crëée; 
et  il  ëtait  juste  ,  naturel  et  dësîrable  qu'il  ne  cessât  pak 
A*y  coopérer»  Le  volume  que  nous  annonçons ,  &it  sur  lé 
plan  que  nous  Tenons  de  retracer,  renferme  des  articles 
très-remarquables  qui  sont  dus  à  M.  Mahul ,  notamment 
celui  de  M.  Boissy-d'ÂNGLAS.  Deux  seulement  des  quinze 
notices  contenues  dans  ce  Tolume  appartiennent  à  la  bio- 
graphie lyonnaise  :  la  notice  sur  M.  Lémontet  ,  par 
M.  Dugas-Montbel  ,  et  celle  sur  l'abbë  Wubtz  ,  par  un 
anonyme.  Nous  n'osons  parler  de  la  première ,  de  crainte 
qu'en  lui  donnant  les  louanges  auxquelles  elle  a  droit  , 
nous  ne  paraissions  suspects  de  partialité  et  youloir  &îre 
un  échange  de  complimens.  Dès  son  début ,  notre  esti- 
mable et  sayant  confrère  renvoie  à  une  notice  consacrée  , 
comme  la  sienne  ,  à  M.  Lémontey ,  et  dont  l'insertion 
faite  y  il  y  a  quelque  temps ,  dans  notre  recueil  (i),  lui  Jbm^ 
nit  l'occasion  d'émettre-  dans  une  note  le  vœu  suivant  : 
<c  II  serait  à  désirer  que  ces  sortes  de  travaux  se  multi- 
79  pliassent  en  France  ,  et  surtout  qu'ils  fussent  dirigée 
ry  par  des  honunes  aussi  instruits  et  aussi  consciencieux  que 
9»  les  rédacteurs  des  Archives  du  RhSne»  n  Nous  sebtoils 
vivement  ce  qu'a  de  flatteur  un  pareil,  snffirage  ;  notu  eti 
remercions  l'auteur ,  et  nous  xt'attribuons  ses  '  éloges  ^ 
comme  ceux  que  quelques  autres  littérateurs  dÂstingaés 
ont  bien  voulu  nous  donner ,  qu'au  désir  d'encourager 
nos  efforts  ;  taais  nous  nous  contenterons  de  dire  que  la 
notice  nous  a  paru  plus  complète  et  plus  exacte  que  toutes 
celles  qui  ontété  publiées  sur  le  même  personnage.  Nous  lais- 
serons à  d'autres  le  soin  de  faire  remarquer  dans  cet  <^tt» 
cule  la  netteté  et  la  précision  des  idées ,  l'excellente  .critique, 
l'élégance  et  la  politesse  du  style.  Quant  à  l'article-  sur 
l'abbé  WuRTZ  ,  il  a  aussi  le  mérite  de  l'exactitude ,  mais 
'1^1  est,  comme  de  raison ,  moins  etjsndju  et  n'a  pas  la  même 


(i)  Tpiiu  IV  9  Pag,.  3d3-3i7.  Cette  notice  eU  de  M.  Paiseron. 


(469) 

nnpôrtaiice.  H/^urtz  n'a  obtenu  un  insUûii  iè  tÛéikiii 
^ffe  fÊT  }fL  bUarrme  et  Texagëration  de  ses  sentii^enA  en 
SMCière  de  religion  ,  dont  la  manifestation  dans  une  lettre 
imprimée  9  adressée  à  M.  de  la  Mennais  et  contenant  une 
attaqae  formelle  aux  libertés  de  l'église  gallicane,  l'exposa^ 
Ters  la  fin  de  sa  TÎe ,  à  des  pouifsaites  judiciaires.  Nous 
sfoiu  donné  «Ums  le  temps  «  sur  ce  personnage ,  à  peu 
près  les  mêmes  détails  que  ceux  qu'on  trouve  dans  les 
Jnnstes  biojp'aphiques  (i). 


Mémoires  de  ia  Sociiié  royale  dagricallure  ,  histoire 
noÊÊireUe  et  arts  utiles  de  Lyon  ,  1 825-1 827.  Lyon , 
imprimerie  de  J.-M.  Barret ,  1828  ,  in-8.®  de  147  , 
43  9  72  9  14  et  56  pages. 

Ce  recueil ,  imprimé  par  ordre  de  la  Société  royale  d*agri. 
culture  de  Lyon ,  contient  les  pièces  suivantes  7  1  .^  Rap- 
port sur  les  travaux  de-  la  société  pendant  les  années  iSaS 
et  18269  et  les  premiers  mois  de  1827,  par  M.  Grognier; 
%P  Rapport  sur  un  concours  ouvert  pour  la  destruction  de 
la  pyrale  de  la  vigne  ,  par  M.  Fondras  ;  5.^  Programme  des 
prix  mis  au  concours  y  4*^  Rapport  sur  Pemploi  comparatif 
des  différentes  charrues  ^  nouvellement  introduites  dans 
natre  pays  9  par  M.  Moiroud  ;  5.^  De  la  nécessité  de  l'en- 
seignement scientifique  de  l'agriculture ,  par  M*  Plmnelle, 
président  ^  6.^  Notice  sur  M.  Rieussec  ,  par  M>.  Grognier  ; 
7.^  Ouvrages  imprimés  offerts  à  la  société  depuis  le  lo* dé- 
cembre 1824  jusqu'au  3o  août  1827  (Relevé  fait  par  M.  Le* 
roy-Jolimont  j  bibliothécaire-archiviste  )  ;  8.^  Tableau  d6 
la  société  en  1827  ;  9.^  Rapport  sur  les  paragréles  ,  par 
M.  Trolliet  \  10.^  Mémou'e  sûr  l'épizootie  des  chevaux,  qui 
a  régné  et  qui  règne  encore  en  France  et  dans  divers  autres 

s 

3)  Voy,  aotr«  tom.  III  ;  pag.  a5S-254  >  et  notre  tom.  IV  >  p.  546- 


;  (  470  ) 

pajê  clé  FEarope  ,  pir  M.  Rainard  ;  1 1.^  Rechcrchei  hùr- 
toriques  et  statistiques  sur  le  mûrier ,  les  yers  à  soie  et  la 
fabrication  de  la  soierie ,  particalièrement  à  Lyon  et  dans 
le  Lyonnais  ;  i2.<^  Rapport  sor  la  qualité  des  soies*  tirées 
dés  cocons  rëcdtés  près  de  Moulins  ^  département  de 
fÂllier  j  par  M.  Gensool  ;  |5.<^  et  enfin  Rapport  sur  Téti^ 
blîssement  pastoral  de  M.  le  baron  de  Staël,  )k  Goppet  ^ 
par  M.  Grognier,  U  est  aisé  de  sentir  combien  offre  à'ht^ 
térét  la  collection  de  ces  différentes  pièces.  Plusieurs  d'entre 
elles  aTaient  déjà  été  imprimées  ,  et  nous  en  ayons  rendu 
compte  dans  nos  bulletins  précédons  ;  il  en  est  même  qui 
âTaient  été  insérées  en  entier  dans  notre  recueil ,  «nqnel 
cm  peut  recourir  pour  les  unes  et  pour  les  aati«s« 


Notice  sur  la  bîMiothègue  de  la  cille  de  I/fon  ,  extraite 
.  dçs  Archives,  historiques  et  statistiques  du  département 
I   du   RhAne.   Nouvelle  édition  y  r^vue   et    çorngëe* 

LyoR^  imprimerie  de    J.  M.  Barret  ^  avvtl  i8a8  , 

in-8.^  de  24  pages. 

Seconde  réimpression  de  cette  notice,  iuséi'ée  dans  notre 
recueil ,  tom*  VI 9  pag,  4i5-4!i9.  L'auteur  a  fait  de^  chan- 
gemens  notddes  et  d'importantes  additions  i^  ce  travail 
qui  pourrait  servir  d'introduction  an  catalogue  de  la  l>ir^ 
bliothèque  de  la  yille  ,  si  l'on  se  décidait  à  le  faire  imprî^ 
mer*  Parmi  les  additions  qu'on  j  remarque  y  nous  signale* 
rons  les  deux  suivantes  qui  nous  paraissent  de  nature  à 
dcToir  être  reproduites  ici, 

n  n^existe  aajcràrd'bui  dans  la  bibliot&èqve  dTantpe  mMaiUe  ^9 
c^lle  «jui  a  ëtë  frappée  à  l'occasion  de  l'esposition  des  tableaux  et  ob« 
jets  d*art  qui  a  eu  lieu  dans  la  salle  de  la  bibliothèque,  en  fayeiur  des 
Grecs  et  des  ouTriers  sans  travail ,  en  septembre  i8a6.  Une  ést^  mé- 


(  47»  ) 

dfî^inlca  plus  ranarqnablei  de  rhiatoîre  m^lliqpa  des.pipés  ,  «t  en 
flièine  temps  une  des  plus  rares  ,  parce  que  les  papes  eas-mém^s  l'ont 
desakwoQ.ee,  fnusUit  ep  argent  dans  le  mëdailler  des  Jësuit^sdelijon; 
c*éuûl  celle  que  Ton  prétend  avoir  été  frappée  à  Rome ,  en  iSy» ,  à 
FoGcasîon  de  la  St-Bartfiâemi.  Le  P.  de  Colonia  la  cite  y  pag.  779 
de  «on  flû/*  iiti.  de  I/yon  ,  toni«  II  ;  eUa  se  trouvait  encoie  dans. la 
WblioUièqac ,  en  1796 1  comme  rattestent  LovaUée  et  Brion ,  pag*  61 
de. hmu  Vey€i§e  d^ns  U  ^épariemeni  du  fUiône ,  P^risi  an  IV,  ia-8.<* 
Le  aansée  de  Ljon  qoi  aorait  dd  la  recueillir ,  n'en  a  qne  deux  cHchës 
en  plomb  ;  mais  on  ^es  amateurs  les  plus  distingués  de  notre  yille  , 
M.  liambert ,  la  possède  en  argent ,  d'une  fort  belle  conserration  ; 
cUe  cet  sur  on  module  de  iS  Hgnes  ;  on  y  Toit  d'un  c6të  le  buste  de 
Grégoire  XIII ,  en  camail ,  avec  cette  légende  s  greoobiy^  xpi.<PO»T. 
:.  AM,  I..  Au-dessous  du  buste  sont  ces  initiales  :  F.  ?•  Le  revers 
lequel  on  lit  <  YooivoTpRTX  ST1U6E8  â57a  ,  ofir^  l'ange  e,xter- 
minalear ,  tenant  de  la  main  droite  une  croix ,  de  la  gauche  un  glaive 
et  ponnuLvant  les  kognenoCs.  (  vojf.  sur  cette  médaille  C.  du  Molinet,  . 
fiuf.  tummofmponi^c» ,  et  Bonanni ,  Numismata  tummor,  pontifie.) m 
To«t  em  qui.  restait  de  médailles  et  d'antiqi)es  dans  la  bibliothèque , 
lorsqu'elle  fut  visitée ,  en  i8o4  $  par  M.  Millin  ,  a  été  transporté 
an  Palais  des  Arts  ,  lors  de  la  fondation  du  musée.  La  plupart  des 
livres  qne  ce  savant  archéologue  a  indiqués  dans  1»  cbap.  XXIX  de 
^  son  Voy^in^  df^ns  Us  déparfemenâ  du  midi  de  la  France ,  se  trouvent 
maintenant  dans  la  bibliothèque  de  l'école  de  dessin  ou  dans  cello 
dit  l'académie  x  deux  petits  globes  et  plusieurs  ai^tres  objets  d'art  , 
ainsi  que  les  bustes  de  Raynal  et  de  Voltaire  ,  ont  été  rendus  À  cette 
compagnie ,  en  i8a6  et  1897.  Le  buste  de  Raynal  est  en  marbre ,  celui 
de  Voltaire  en  plfttre  bronxé  ;  uno  flamme  dorée  sort  de  sa  tète  y  nth 
aalre  de  son  coinr.  C'est  «rae  ndson  que  Millin  >  loe*  di»  y  iqpiahfie 
ce  dernier  l>nsle  àe  ridicule  ànuUaere  du  plus  mauvais  goiU» 

n. 

On  publiera  plus'  tard  la  liste  au  livtes  les  plus  rares  que  ren- 
ferme là  Bibliothèque  de  la  ville  de  Lyon  ;  toutefois  on  cfôit  de- 
voir signaler  dès  à  pissent  quelques-uns  des  ouvrages  que  l'on  montre 
aux  voyageurs. 

'  MAivûscaiTS  :  des  Bibles  ,  des  Missels  et  des  Heures  de  dif- 
fércns  ègcs  ;  un  'livre  des  évaugifes  en  latin  ,  iii-4«®  >  flur  Vélin  , 
qn*£tienne  Bahizé,  dans  sa  visite  aux  jésuites  de  Lyon,  lé  i5  juillet 
170»  f  jagea  ancien  d'enriron  800  Ans  -,  un  Pline ,  in-fol.  sur  vélin , 


(472  ) 

que  l'oii  croit  èltè  àvL  i4**  siècle ,  et  qui  a  éié  cîtv  par  le  P.  Ksr-  ' 
dFouin  ;  un  manuscrit  indien  forme  de  trente-ane  feuilles  de  pahiner 
oà  de  tallipoty  et  couvert  de  tablettes  d'iroire  élégamment  sculptëeff^  ' 
qne  fen  M.  Delandioe  regardait  comme  très-prëeienz  et  qu'il  com-  ' 
m'ôniqua'à  plusîenn  sarans  Ter  ses  dans  les  langues  asiatiques^  les- 
quels ne  parent  parrentr  à  le  déchiffrer. 

LfmB»  mpirni^  ;  la  Bible  polyglotte  de  Ximénès  ,   r$t4*i5i7  ,  ' 
celle  de-Walton,  LondréSj  i657,  Pane  et  l'autre  en  6toI.  in-fol*;' 
la  Bible  latine  de  Santé  Pagnîno  ,  arec  les  notes  de  Senret ,  Lyon  , 
ig4^ ,  in-fol.  ;  celle  de  Séb.  Orjphe  ,  Lyon  ,    i55o  .  5  toL  in-fol.  ' 
la  Bible  historiée  (  on  traduction  de  l'Histoire  scolastiqué  de  Pierre 
Comestor,  par  Gaiart  des  Moulins  ),  Paris  ,  Antoine  Verard  ,  sana 
date ,  a  toI.  in-fol. ,  exemplaire  sur  Télin   arec  miniatures  ;  deux 
Missels  latins  ,  in-fol. ,   à  l'usage  de  Lyon ,  imprimés  sur  relia  à~ 
Lyon ,  l'un  par  J.  Alemanus  y   en  14^7  ,  l'antre  en  i5oo ,  par  P. 
Ihigar  ;  un  Bréviaire  composé  par  Lonts  Xlll ,   tiré  è^  peu  d^esLent— 
plaires ,   et  qui  a  pour  titre  :  Parva  ihristianm  piêtaOs  ofiàa  per 
ehristianùtsUnum    regem  Ludovicam  XllI  ardinata  ;   Parisiis  «  è 
ifpographia  regia,  i643  p  ft  roi.  in*fol.  ;  les  Chroniques  de  Firance  p 
imprimées  à  Paris  pour  Anth.  Veiard  ,  l'an  M  CCGC  qnatre-ViagU 
et  XIII  f  3  Tol.   in-lbl.    sur  vélin ,   arec  majuscules  coloriées  et 
TTgnettes  en  noir  ;  l'Oraison  dominicale  en  cent  cinquante  langues  , 
Paris ,  t&o5  ,  in'4*'^  f  ouvrage  exécuté  à  l'imprimerie  impériale  son»  • 
les  yeux  de  S.  8.  Pie  VII  ;  le  traité  de  S.  Augustin  de  Ci¥iiai& 
Dei  y  Rome  ,  1470  ,  in-fbl.  ;  les  éditions  les  plus  estimées  des  Pèrea 
4e  l'égKse,  tels  que  le  S.  Basile  de  1731-1730  et  le  S.  Jean  Chryaos- 
t^me  de  1738-1738  ,  tous  deux  en  grand  pap.;  les  œuvres  de  Luther  » 
Witteitiberg  ^  i55B  ,  7  vol.  iu-fol. ,  dans  le  dernier  desquels  se  troave-  • 
la  conférence  du  fameux  réformateur  avec  le  diable,   au   sujet  de*- 
l'abolition  des  messes  basses  ;  le  Commeniariuf  in  BiêcoUcaiGeorgicm  " 
et  Mneidem.  )  Virgilu  de  Servius ,  publié  vers  t570  ou  i579  »  in-fol» 
attribué  à  Mentel ,  imprimeur  de  Strasbourg  ,  et  cité  par  Maittaire  9 
,AnnaL  typographe  tom.  I ,  pag.  38a  ;  le  Martial  de  Roinc  »   ^47^  * 
in  -fol.  \  les  Commentaria  linguœ  laiinœ ,  d'Etienne  Dolet  »  Lyon  ^ 
Séb.    Grjphe  »  i536  et    i538»  a    voL  in-fol. ,  édition  unique  de 
cet  ouvrage  ,   considérée  ,  sous  le    rapport  typographique  ^  comme, 
le  chef-d'œuvre  de  Gryphe  ;  l'Homère  de  Florence  ,   i488  »  in-fol.  , 
<^emplaire  qui  a  appartenu  au  savant  orientaliste   Âante  Pagnino  ^ 
mort  à  Lyon  le  a4  août  i54t  »  les  deux  éditions  ,  la  première  et  Uà 
seconde  du  Pémosthène  d'Aide ,  Venise  ,    1 5o4  »  in-fol.  ;  le  Thncy- 
dide  d'Amsterdam  ^  1731 ,  et  le  Diodore  de  Sicile  de  la  même  ^le  , 


(473) 

ny4t^  f  l*iin  .et  IT^alre  iii-fol.  grand  papUr  ;  le  Cioâron  de  d'OIitet  ; 
Bari«)    Coignard  et  Goéfiii,    17407174»  •  9  Tol.  grand  inr4*®;  ^^> 
SsUnste-en  çspagi^olf   Madrid,  IJbarra,  177a,  in-fol.  ,   &9' i    l^&t 
Lfuiadea  (  os  Lusiadas)  de   Camoëns ,   Paris,  F«  Didot^  1^17  ^ 
grand  in-4-^  »  exemplaire  donn^  par  M.  de  Sou^ ,  lequel  a  fait  exë- 
cater,  à  sed  frais,    cette  édition  qai  n'a  pas  été  miae  dans  le  com-^ 
merce;  le  Tacite  latin 'poUië  par  Panckoucl^e  (Auspice  Corbière), 
Paria  j  a8fli6,  in-fol*  ;  la  Detoription  de  l'Egypte  «  texte  et  planches 
i|&-ibL  ,  ouvrage  qne  la  TÛle  de  Lyon.doiit  à  U  nnmificenoe  .raynle  )  « 
1«  T  JKmg  /iÎTre  canonique  des  Chinois  ) ,  PeUng.,   iuprimeria 
iBBjptfriale,   i7i&,    Tingt-deuz  tomes,  petit  in-fol. ,  rénnia  en  dix». 
Tolun&es ,  et  couverts  d'nne  étoffe  bleu  de  roi ,  etc. ,  e/c. 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  JHQIS  D'AVRIL  1808. 


3.  «^  .Ordonnance  in  roî  qui  aippelle  M.  Cozpn;  jn^ 
aoditeiir  au  tribuDal  cWil  de  Lyon ,  aax  fonctiona  de  con- 
seiller anditear  à  la  cour  royale  de  la  même  Tille, 

4.  —  Les  statues  de  S.  Irëntfé  et  de  S.  Just  qui  surmon- 
taient autrefois  les  deux  cotes  de  la  façade  de  Tegllse  de 
St  Just  à  Lyon  et  qui  aTaient  été  renversëes  pendant  la 
révolution  ,  Tiennent  d'être  e'IçTées  derechef  et  placées  aa 
même  Jîeu  par  les  soins  de  MM.  Jes  cure  et  &briciens  de 
cette  ^lise.  Ges'nouTellés  statues  sont  TouTrage  de  M.  Le- 
gendre-Héral.  Elles  sont  d'une  grande  proportion  ,  et  leurs 
sonbassemens  doiTe^t  être  ornés  de  bas-reliefs  dont  l'exé- 
cution est  aussi  confiée  au  ciseau  du  même  artiste. 

10.  —  Le  Bulletin  des  lois  ,  n.®  221  ,  contient  une' 
ordonnance  du  roi  ^  du  26  janTier  dernier ,  qui  accorde 
des  brcTets  d'iuTention , 

i«^  à  MM.  Abraham-Henri  Bourquin  et  compagnie  ^  mé- 
caniciens 9  rue  Sirène ,  n.^  7,  pour  une  narette  niécantque 
f ropre. au- tissage^  '  -  .  .      * 


(474)- 

:  ^J^  \  MM.  Charles  Mallié  «t  ïlenij  Tiémo ,  fflbncanv 
d^ëtéffes  de  soie ,  place  Grotz-Paquet  i  pour  on  battant 
mëcanique  propre  à  la  fabrication  des  mbans  et  antres  lissns  ^ 

5.^  à  M.  François  BeanTais  ,  négociant ,  quai  de  Retz  9 
pour  une  composition  métallique  qu'il  appelle  argjroide  > 
Busceptible  de  prendre  le  poli  de  l'acier  ; 

4«®  à  M.  William  Strybosch,  cbimiste^  rue  du  Hat^  pour 
des  procédcfs  de  fabrication  de  cbandeHes  hnitaatia  bougie. 

La  même  ordonnance  approuye  là  cession  fattak  M.  Nant 
atné  ,  négociant ,  quai  Bon-rencontre  ,  par  M.  Chèneyier , 
de  son  brevet  d'înTention  pour  une  machine  propre  li  faire 
des  clous  y  dits  pointes  de  Paris  ,  ayant  la  pointe  en  formé 
de  lance ,  et  au  moyen  de  laquelle  on  peut  en  frbriquer 
8ÎX  mille  par  heure.  -—  Par  une  autre  ordonnance,  un. 
brevet  d'invention  a  ^të  accordé  à  M.  Maiàiat  9  professeur 
de  théorie  pour  la  fobrication  des  étoffes  de  soie  y  pour  les 
procédés  à  Taide  desquels  il  a  exécuté  un  tissu  représen- 
tant le  testament  de  Lonis  XVI  et  la  lettre  de  MarTe- 
Antoinètte.  M.  Maisiata  aussi  obtenue  la  dernière  exposition 
du  Louvre  la  première  des  médailles  d'or  décernées  par  le 
roi  à  l'industrie  lyonnaise. 

'  lo.  -•  H.  Morand  de  JouSrey ,  procureur  général  près 
la  cour  de  Douai ,  dont  nous  avons  annoncé  la  nomination 
aux  fonctions  de  procureur  du  roi  près  le  tribunal  civil 
de  Paris  ,  n'a  point  accepté  cette  place  ^  qui  a  été  donnée 
à  M.  Billot  ^  procureur  général  près  la  cour  de  Corse  ^ 
par  ordonnance  royale  du  6  de  ce  mois. 

II.  -*  Les  ouvriers  charpentiers  avaient  généralement 
déserté  les  ateliers  et  s'étaient  coalisés  pour  faire  augmen- 
ter le  prix  des  jouroées.'  On  a  arrêté  quelques-uns  des 
chefs  de  cette  coalition  ;  et  une  ordonnance  de  police 
affichée  anjourd'bui  enjoint  à  t  ceux  de  ce»  ouvrier»  qui 
sont  voyu;enrs  et  étrangers  »  de  se  présenter  dans  les  48 
heures  à  fai- police  ^  avec  leurs  livrets  et  Jsurs  pas^e^porti^t 


(  475  ) 
et  stâtiie ,  \  regard  de  ceux  qaî ,  n'a^nt  d'antlres  moyens 
iPexistenoe  que  i'exercice  de  leur  profession  ^  refuseéûeiil 
nâmmoins  de  prendre  dn  traf?ail  ^  qu'ils  serooit  tenns  de 
quitter  L jon  immédiatement ,  sous  peine  d'être  arrêtés  et 
pouramyis  comme  ragabonds. 

II.  ?—  Un  Tol  de  plus  de  i5a,ooofr.  et  dont  les  circons- 
tances ont  rappelé  celai  qui  fut  commis ,  il  j  a  pkis  de 
40  ans ,  dans  les  comptoirs  de  MM.  Scherer  et  Fingnerlin  9 
alors  banquiers  de  cette  TiUe  9  a  été  fait ,  la  nuit  dernière ,, 
dans  le  magasin  de  M.  François-Joseph  Beaup  «  banquier , 
port  St.  Ckir  ^  n.^  11»  Le^  Toleurs  ont  .ourert  plusieurs 
portes  à  l'aide  de  ^tusses  clefs  et  forcé  la  caisse  ayec  un 
presson.  Us  .ont  oublié  deux  sacs  de  mille  francs, entre- 
posés par  eux ,  l'na  dans  le  poêle  et  l'autre  sur  une  banque. 

i5.  —  M.  l'abbé  Daviers  9  supérieur  de  la  mission  des 
Laxaristes  à  Smjme  9  se  trouye  depuis  quelcjues  jours  à 
Lyon  y  il  se  rend  à  Paris  , .  accompagné  d'un  {eune  homme 
appartenant  à  une  de  ces  familles  arméniennes  y  contre 
lesquelles  les  fureurs  de  la  persécution  se  renouyellent  en 
ce  moment  à  Constantinople.  M.  Dayiers  a  quitté  sa  patrie , 
il  y  a  environ  36  ans.  Dans  le  long  séjour  qu'il  a  fait  en 
.Orient^  il  a  acquis  une  connaissance  approfondie  des  mœurs 
et  des  usages  de  cette  contrée  :  ce  qui  y  joint  à  son  carac- 
tère y  à  son  âge  et  à  se^  vertus  ^  donne  à  sa  conversation 
le  plus  haut  degré  d'intérêt.  Plusieurs  personnes  ont  en- 
tendu de  sa  bouche  un  récit  qui  se  rattache  à  notre  loca« 
lité.  Il  s'agit  de  l'histoire  d'un  prêtre  catholique  armé* 
îiien  qoi  aurait  subi  le  maityre  è  Constantinople  et  dont 
la  dépouille  miortelle  aurait  été  transportée  et  se  trouverait 
encore  à  Lyon.  Ce  prêtre  se  nommait  Dercomidas.  Au  mois 
de  novembre  1707  9  il  fat  mis  à  mort  à  la  «réquisition  des 
hérétiques  arméniens  j  irrités  de  ce  qu'il  s'était  tuniverti 
'au  catholicisoie.  Sa  dmdamnation  ne  &it  toutalbis  pro^ 
nimoée^par  le  insir-  qa'avec-  une  extrlmeYi^pognanoe.  On 


(476) 
hii  tkHDcfaa  là  tête  Ters  le  7  noTembrç  9  et'  où  l'enterra 

dans  le  cimetière  ordinaire  des  Arméniens  à  Gonstantinople. 
Un  naTÎre  français  ,  partant  de  cette  ville ,  s'arrêta  dernère 
les  Sept-Tours ,  à  l'endroit  oh  aboutit  le  cimetière  ,  et  le 
capitaine  prit  à  son  bord  le  corps  de  ce  défenseur  de  ta 
foi ,  exbunië  secrètement ,  à  ce  qu'il  parait ,  par  les  soins 
et  anx  frais  des  PP.  Jésuites.  Le  navire  étant  henrensemeot 
arriyé  à  Marseille  ,  ce  corps  fut  transféré  à  Ljon  et  dë* 
posé  dans  le  caveau  du  noviciat  des  Jésuites  ,  appelé  nai« 
son  de  St-Joseph.  M.  Daviers  assure  avoir  trouvé  ces  détails 
dans  un  ancien  écrit  inconnu  aux  ÂJhnéniens  ^  même  h 
lenr  évéque  de  Gonstantinople  ,  h  qui  il  le  communiqua  en 
1801  •  Tout  ce  que  savent  les  Arméniens  ,  c'est  que  le 
corps  n'eliste  pins  dans  son  tombeau ,  où  ils  vont  cepen- 
dant par  dévotion  et  sur  lequel  il  s'est  opéré,  dit*<m;^ 
phisjeurs  miracles.  On  cite ,  entre  autres ,  celui  d'une  reli- 
gieux paralytique  qui ,  s'y  étant  fait  transporter  vers  1797^ 
en  revint  avec  un  entier  et  parfait  usage  de  ses  membres. 
M.  Daviers  atteste  que  depuis  il  a  vu  plusieurs  fois  cette 
religieuse  qui  vit  pent-êti^e  encore  et  que  du  moins  il  a 
laissée  vivante  ,  au  mois  de  mai  dernier  9  à  Gonstantinople. 
Des  rapports  sur  ces  miracles  ont  dû  être  envoyés  à  Rom^ 
pour  obtenir  la  béatification  de  Dercomidas.  Le  respectable 
missionnaire  a  transmis  les  renseignemens  que  nous  ve- 
nons d'analyser ,  à  l'arcbevêcbé  de  Lyon  j  comme  autant 
d'indices  qui  peuvent  mener  )i  la  vérification  d'un  fait 
intéressant  pour  cette  cité.  Malheureusement  l'église  de 
•St.  Joseph  ayant  été  détruite  et  l'emplacement  en  étant 
occupé  par  une  rue ,  il  est  presque  impossible  de  retrouvier 
le  tombeau  qui  contenait  les  restes'  du  saint  martyr. 

(  Article  communiqué  )• 

i6«  — *  Une  ordonnance  du  roi  du  ii 5  de  ce  mois  a.nom* 
mé  pour  présider  le  collège  départemental  de  la  Mfîre 
f  Mpntbrison )  y  H.  le  comtedeBastard  d'Estangy.pajjr.de 
France  ^  premier  président  de  la  cowr  royale  d&Ly^^ 


(  477  ) 
.    ]8»  -—  S^avce  publique  de  la  Société  da  dispenssûre  ^ 

dans  la  jBjille  de  la  bourse ,  au  palais  des  arts  ^  sous  la 
présidi^ce  de  M.  Ilegny  qui  a  prononcé  un  discours  d*ou« 
▼erture.  sur  les  avantages  de  l'institution  et  sur  les  déve» 
loppeiyiens  qu'elle  a  reçus.  M.  Orsel  9  secrétaire  ,  a  prë« 
sente  Je  compte  moral  des  recettes  et  des  dépenses  de  la 
société;  il  a  fait  un  tableau  touchant  du  bien  qu'elle  à 
produit  9 .  malgré  U  modicité  de  ses  ressources.  M.  le  doc- 
teur Goulard  a  tracé  les  traits  principaux  de  la  clinique 
dçs  médecins  du  dispensaire ,  et  a  terminé  son  discours 
par.  Aes  considérations  sur  les  avantages  de  Talaitement 
artificiel  et  sur  le  projet  d'un  établissement  public  où  on 
le  mettrait  en  pratique. 

19.  — '  La  police  est  toujours  à  la  recherchâmes  auteurs 
db  Toi  commis  ches  M.  Beanp.  On  assure  qu'on  a  retrouvé 
une  partie  de  La  somme  volée  9  environ  5o,ooo  fr, ,.  dans 
un  apparteàient  loué  depuis  quelques  mois  par  des  incon- 
nus ,  nte  Ghampiei*  ;  et  on  espère  que  cette  découverte 
procurera  celle  des  coupables.  On  assure  aussi  qu'Ain 
changeur ,  sur  le  signalement  qu'on  lui  a  donné  d'un  in- 
dividu qui  a  pris  la  fuite  lorsque  la  police  s'est  transportée 
daos  la  maison  de  la  rue  Ghampier  9  a  déclare  que  le 
même  individu  ayait  déposé  ches  lui  une  somme  de 
3ooo  fr.  en  écus  ,  à  compte  de  8000  fr.  en  or  qu'il  devait 
prendre  le  lendemain  ,  en  apportant  le  complément  de  la 
somme  en  argent. 

%  20.  ^-  Le  ministre  de  l'intérieur  vient.de  faire  don  au 
Musée  de  Ljon  d'un  paysage  dû  au  pinceau  de  M.  Bourgeois 
et  que  le  gouvernement  a  acheté.  Ce  tableau  a  fait  partie 
(le  la  dernière  exposition  du  Louvre. 

Le  roi  rient  d'acquérir  de  M.  Revotl  (  au  prix  de  60,000  f. , 
i  ee  qu'on  assure  )  le  cabinet  d'antiquités  du  moyen  âge , 
que  ce  profetfieur*  avait  formé  au  palais  St.  Pierre.  L'iu- 
tention  du  gouvemement  est  de  créer  un  musée  particiftUer 
d'aBi|J4ttités  nationales  oik  figurera  la  collection  de  M.  RevoîK 


<  478  ) 

iit^  *-  tîn  Toi  a  été  commis  ^  la  nuit  passée)  entre 
Montlael  et  Meximieax ,  sur  la  malle-poste  de  Lyon  à 
Strasbourg^  Les  Toleors  sont  panrentis  à  monter  sur  Tim- 
.pérîale  et  ont  enlevé  une  malle  appartenant  à  M.  PabM 
Maccarthy  ,  prédicatenr  da  roi ,  qni  quittait  Lyon  ^  après 
y  aToir  prêché  le  carême  ayec  un  grand  snccès.  Cette 
malle  ne  contenant  que  quelques  hardes  et  les  sermons 
manuscrits  du  célèbre  orateur ,  a  été  retronrée ,  presque 
intacte ,  dans  une  terre  voisine  de  la  grande  route.  Les 
auteurs  du  yoI  ont  ainsi  abandonné  un  butin  qu'ils  s'étaient 
imaginé  d'abord  d'une  plus  grande  valeur  pour  eux. 

A  de  pareilleB  gens  des  sermoiu  ne  vont  gaère  : 
Le  moindre  ducaton  serait  mieux  leur  affaire. 

224  «M.  M*  Couderc ,  ancien  négociant  ^  a  ^é  nommé 
aujourd'hui  député  en  remplacement  de  M.  Royer-Collard  f 
par  le  collège  électoral  du*  2.^  arrondidsemétat  du  Rhdne. 
Sur  GC5  Totans ,  il  a  obtenu  584  "^^^^  9  ^^^  principal  con- 
current f  M.  le  baron  Rambaud ,  ancien  maire  ie  Lyon  , 
eu  a  obtenu  235.  M.  Couderc  faisait  partie  A»  la  dernière, 
chambre  des  députés. 

24.  —  Mgr.  l'archevêque  administrateur  dàdioc^rse  a 
conféré  à  vingt-neuf  prisonniers  9  dans  la  prison  de  St. 
Joseph ,  le  sacrement  de  confirmation. 

Même  jour,  —  La  chambre  de  cominel*ce ,  dans  sa  sémee 
de  ce  jour ,  a  nommé  M.  Laurent  Dugas  9  son  secrétaire  ^ 
aux  fonctions  de  président  ()e  cette,  chambre  en  remplace- 
ment de  feu  M.  Mottet  de  Gérando  ;  et  M.  Vachon-Linbert 
a  remplacé  H.  Dugas  dans  l'emploi  de  secrétaire. 

25.  -*-  M.  de  Corcelles  y   ancien  député  du  Rhône ,  a 
été  élu  9  le  25  de  ce  mois ,  député  par  le  collège  du  4«^ . 
arrondissement  électoral  de  la  Seine. 

5o.  —  Le  Moniteur  cite  M.  Bonnefond ,  peintre  de  l'école 
de  Lyon ,  parmi  les  artistes  qui  ont  obtenu  k  la  dernière 
exposition  du  Louvre  une  médaille  de  première  classe.  . 


■mK^m^^^ 


TilBLE 


'  DES  ARTICXESCONTEirnS  DABS  CE  VOUmE. 


r 

Abiubgê  du  procès-Terbal  des  ■  dëlib^ralions  da  denseil 

général  du  dëparttnMut  du  Rkône  pendant  la  session  de 

18^7  (M.  P^AftERoif)  ,page  ..........  5 

Lettre  sur  les  (Euvrés  posthumes  de  BoUéau,  etc.  (  M.  Par- 

SBLi.B  ),•••.•••«.••«..«•  97 

Antre  sar  le  Bitcueildes  sceaum  du  moyen  ége  ,  attribué' 

à  Antoine  Bondet ,  de  Lyon  (  M.  G.  N.  Ahahton)  ,  S4 

Programme  des  prix  proposés  par  ^académie  de  Lyon , 

pour  i8a8, « S6 

Programma  des  pria  pioposés  par  la  société -d'agriciiltnre 

poor  i89i,    ••••••• «••  4^ 

liste  des  députés  des  proYinces  de  Lyonnais  >    Forez  et 

Beaa)olai6 ,  etc.  d^ois   1789  jasqu'en  i8a7  înclusiTe^  4^ 

ment(MM.  B.  et  M.  D.  y.  ),.  .     .....    .     . 

Obsenratoiie  de  Lyon,  Eclipse  du  3  noy.  i8a7  (M.  Clerc)  54 

FonrWères,  élégie  (M.  F.  COfQiiST)  ,    .    •    i    •    •     .  55 

Mélanges  y...    •••••., «  66 

Bolletin  hibliograpliique , «  6a 

Bulletin  historique  du  mois  de  noTembre  1S97 ,  .    •    .     .  69 

£3sais  historiques  sur  la  rille  de  Lyon  ,  L^  article  ,  .    •  8t 

Notice  sur  le  P.  £mond  Auger  ,  iésuite  (  M#  P.*  }*  -  •  •  «        '      toi» 
Héfleûons  sur  robligation  par  les  sociétés  sayantes  de 

publier  leurs  trayaux   (  M.  Parât  )  , i^% 

Kotice  sur  le  collège  royal  de  Lyon  (  M.  Kabamis  )  9  •    •  laj 

Aenseignemens  sur  la  paroisse  de  Vaise ,  donnés  en  1697 , 

etc.  ^    ......    • •  i4k 

Noies  sur  l'origiiie  des  fioires  et  du  tribunal  de  la  Conser- 

yation  de  Lyon  (  M.  M.  D.  Y.  )  ^ r    •  i45 

Lettre  sur  la  patrie  de  Bicbat  (  M.  F.  A.   PiG  )  ,     .    .  i5o 

I^on  au  XIV.«  siècle.  Estsait  de  VHisioire  des  Français , 

etc.  j  par  M.  Montsil ,    •  .  • •    •     .    «    •  i5i 

MéUnges, ^    ..  •    .  i54 

BoUetki.  bibliographique , i57 

Bulletin  historique  du  mois  de  décembre  1827  »...  i58 


(48o) 

I)e  rOrigine  âes  ^trennes  ,  par  Jacob  Spon , i6c 

Poudrière  de  Lyon,  ••....•.• i83l 

lïotice  sur  Julienne  Morell , •••••  186 

Manofactures  de  soierie  , •••  190 

Notice  aar  J.  B.  J.  Bosoary  de  ViUeplaine  (  M:  Pâsseron  ),         •  195 

Essais  historiques  sur  Lyon  1  etc.  II.*  article  ^  •  «  •  •  a  10 
Liste  des  dëpntës  de  Lyon  aux  états->génëraux  du  royaume 

(  MM.  B.  et  M.  D.  V.  )  t «^ 

Bulletin  bibliographique  ,•••••••••••  s3t 

Bulletin  historique  du  mgis  de  janTÎer  i8a8  ,    .    •    •    •  aïj 

Essais  historiques  sur  Lyon,  etc.,  ni.«  article,  .  ••    •  «4^ 

Notice  sur  Amëlie  de  Montepdre  (  M.  BjiEGDOT  )  ,     •    •  a6o 

Communautés  religieuses  de  Lyon  (  M.  M.  D.  Y*  ) ,  •     •  a67 

Biographie  uniTcrselle ,  extrait  (  M.  Bbeohot  ) ,    •    •    •  27» 

Orme  plante  anciennement  sur  la  place  des  Minimes  à  hyon  976 
Dissertation  sur  la  propri^  litlér^re  et  la  librairie  .che« 

les  anciens  (  M.  F.-A.  PiG  ) , 978 

La  Charité ,  bas-relief ,  par  M^Legendre-Hëral  (M.  Plfl- 

8EBÔN  )»., 994 

Vers  sur  TUfr-Baibe  (M«  Camille  Boniter  ),  •    •    .     .  3oo 

Mélanges , , Soi 

Bulletin  bibliographique, •  309 

Bulletin  historique  du  mois  de  férrier  i8a8  ,••»••  3t5 

Essais  historiques  sur  Lyon  ,  TV.«  article  , .  • 3a & 

Notice  sur  les  armoiries  de  la  Tille  de  Lyon  (  M»  Brzgbot  )  337 

Notice  sur  François  de  Majtdelot  (  M.  Pericauo  aiké)  ,  348 
Lettre  de  M.  de  Précy  relatiye  à  Thistoire  du  siège  de  Lyon 

en  1793  ,  • 58& 

Autre  d'un  anonyme  sur  le  même  sujet , 38S 

Bulletin  bi|>liographique ,    .     •    .     • ZSg 

Bulletin  historique  du  mois  de  mars  i8a8 , SgS 

Essais  historiques  sur  Lyon  ,  V«*  article, ^t 

Lnprimerie  lyonnaise  (  M.  Breghot  )..••....  4^0 

Thomas  Morus ,  tableau  de  M.  Jacqnaiid  (  M.  PiUMEBON  ).  4*^ 

Notice  sur  M,  Hénon  (  M.  Grognisr  ) 4^ 

Lyon  en  i789 ,  extrait  du  Toyage  d'Arthur  Young*    .    .  434 

Mélanges ,    •    .    .    • 44^ 

Bulletin  bibliographique •••  4^7 

BiUletin  historiquff  du  mois  d'ayril  i8a8  •.••••  4?  3 


\ 


ARCHIVES 

hiéioïiaucs  et  StaHôliaucé 

DU  DÉPARTEMENT  DU  RHONE. 


ARCHIVES 

kt4to«^i(ïue4  et  ^iaiiôUaucâ 

pu  DÉPARTEMENT  DU  RHONE. 
tTcaùà^aue^  ae  ce  ^^^r/emenà 


•; 


Et  pius  est ,  patris  (acta  referre  ,  labor. 
Ovin.  Trisi.  H ,  3a3. 


TOME  VIIL 

DU  3o  AYBIL  AU  1.^  NOVEMBRE  l8a8. 


LYON , 

J.  M.  BiR&ET  ,  IMPRIM EtTB-LTBRAIRB  9  PALAIS  DBS  ARTS  9 
jH^me  y.e  BAAREAU  >  RUE  ST-DOMIPflQUE  \ 

PARIS  , 

M."^  RUZARD  y  LIBRAIRE  ,  RUB  DE  L^ÉPEBON  ^  K.^  7  5 

AVDllV  I  LIBRAIBB  j  <^UiJ  OCS  AUGVSTIlfS. 
VU  DGCG.  XXYIII. 


ARCHIVES 

Ki^toiciduerf  et  otati^tidue^ 

DU  DÉPARTEMENT  DU  RHONE. 


STATISTIQUE. 


Essais  historiques  bvlt  la  Tille  de  Lyon ,  oa  description  par  ordre 
alphabétique  des  quartiers,  places,  raes  et  monomens  de  cette 
Tille. 

(  VI.«  Article  ). 
Additions  et  corrections  à  Tart.  âugustins  {quoi des). 

Il  s*est  glisse  quelques  erreurs  et  quelques  omissions 
dans  Tart.  Augustiits  (  guai  des  ) ,  inséré  dans  le  tom* 
précédent ,  pag.  401  et  suiv.  Nous  nous  empressons  de 
les  relever. 

Pag.  4oS ,  au  lieu  de  cette  phrase  :  il  serait  à  désirer 
que  ce  défaut  fût  corrigé  par  Temploi  d'un  nouveau 
système  de  décoration  ,  lisez  :  On  a  cherché  à  corriger 
ce  défaut  par  un  nouveau  système  de  décoration  :  on  a 
peint  dans  le  dôme  une  Ascension.  Cet  ouvrage  exécuté , 
en  1826,  par  M.  Frédéric,  d'après  une  gravure  faite 
sur  les  cartons  de  Mignard,  annonce  quelque  talent. 
Malheureusement  Ton  a  de  la  peine  à  reconnaître  la 
même  main  dans  les  quatre  évangélistes  qui  sont  peints 


(6) 
sur  \e$  pénâeiftifs  et  dont  le  dessin  est  lourd  et  sans 
noblesse.  Le  reste  de  Tëglise  a  subi  aussi  de  fâcheuses 
innovations.  Le  plus  mauvais  goût  a  présidé  à  tout  ce 
qu'on  a  fait.  Il  semble  que  les  peintres  n*aient  point  eu 
assez  de  couleurs  sur  leurs  palettes  pour  satisfaire  le 
caprice  bizarre  de  ceux  qui  les  ont  mis  en  œuvre.  Le 
genre  de  Tédifice  demandait   une  teinte  égale  et  bien 
choisie.  Non  content  d'avoir  employé  une  profusion  de 
couleurs  disparates  ,  étonnées  de  se  trouver  ensemble,  on 
est  allé  jusqu'à  peindre  en  marbre  des  colonnes  de  pierres 
de  choin  frustes  et'  à  peine  terminées.  Quel  est  l'étranger  y 
tant  soit  peu  familier  avec  les  arts,  qui ,  visitant  cette  église» 
n'oublierait  qu'il  est  dans  la  seconde  ville  de  France  ,  et 
ne  se  croirait  tout  à  coup  transporté  dans  une  3e  ces 
nombreuses  églises  de  Savoie  barbouillées  de  toutes  les 
couleurs  que  prodiguent  sans  discernement  les  artistes 
italiens  de  nos  jours?  Ce  h*est  pas  tout  encore:  si  le 
mal  s'était  borné  là ,  le  remède  serait  facile  ;  mais  on  a 
osé  attaquer  le  monument  lui-même  ;  on  a  achevé  de 
dénaturer  le  plan  de*  l'architecte  ,•  déjà  altéré  par  le  trop 
de  saillie  donné  à  la  tribune  destinée  à  l'orgue  y  en 
ajbutant  une  seconde  tr9>une  au-dessous  de  ceHe^i , 
espèce  de  soupente  qui ,  coupant  en  deux  la  colotuiade 
du  fond  \  interrompt  et  détruit  tout  lé  système  de  l'édi- 
fice. Lorsque  les  paroisses  se  livrent  aux  dépensés  qu'exil 
gent  de  pareilles  restaurations ,  elles  ont  recours  à  la 
caisse  publique.  Comment  arrive-t-il-  donc  que  l'admi-n 
niétration  qui  doit  se  faire  rendre  compté  ,  -  souffre  ^ue 
les  fonds  qu'elle  fournit  pour  réparer  6u  embellir  les 
moriumens  qui  font  honneur  à  la  cité  ,  soient  employés 
à  les  défigurer  ^  d'une  manière  aussi  choquante  ?  hèi 
deux  chapelles  qui  accompagnent  le  grand  autel ,  etc. 


(7) 
'  Même  fAge,  ligné  ^6,  au  Ueu  âex  définie,  Usezi\ 

dessinée  ^  et  ligne  2%  y  au  Ueu  dt\  ne  saurant  5  Ustz  :. 

ne  sauraient* 

•  •      • 

Bblu  ConDiimi  (fue).  Cette  rue  qui  prend  son  etitrée^. 
du  c6të  du  midi  >  par  la  place  Lëviste  ,  et  qui  va  aboutir  à 
la  rue  Confort ,  contient ,  d'après  le  dernier  recensement  9 
36  maisons  9  269  mënages  ,  i436  indiyidus,  gZ  ateliers 
et  235  métiers  d*ëtoffes  de  soie.  Ce  ne  fut  pendant 
long-temps  qu'un  diemin  étroit  qui  servait  à  la  desserte 
de  quelque^  maisons  isolées  et  de  quelques  fonds  en  yi^es 
et  jardiné  ,  qui  étaient  situés  dans  ce  canton.  Les  Jacobins 
y  avaient  un  enclos  de  vigne.  Le  passage  n'a  été  élargi  y 
à  œ  qu'il  parait  5  que  durant  l'occupation  de  Lyon  par 
les  protestans ,  en  1 56a  :  on  fit  alors ,  de  toutes  parts  ^ 
des  ouvertures  au  clos  de  Bellecour  ,  propriété  particu* 
lière ,  qu'on  transformait  en  place  publique.  On  donna 
d'abord  à  la  nouvelle  rue  9  le  nom  de  rue  neuçe  de 
Qm/orty  puis  celui  de  rue  ou  ruelle.  Régnier ,  et  seule- 
ment vers  la  fin  du  seizième  siècle,  le  nom  qu'elle  porte, 
actuellement. 

Le  ad  des  rues  Belle  Cordièce  et  Bourgchanin ,  qui. 
sont  parallèles ,  est  un  des  plus  bas  de  la  ville  et  des 
plus  exposés  auK  inondations  par  les  infiltrations  sou- 
terraines du  Rbône*  La  longue  stagnation  des  eaux: 
dans  les  caves  de  ces  deux  rues ,  aux  mois  de  janvier  et, 
de  fèfrrier  iSa3  9  époque  d'uii  débordement  simultané  du 
Rh^oe  et  de  la  Saune ,  produisit  dans  le  quartier  une. 
e^èce  d'épidémie  qui  fut  des  plus  meurtrière* 
.  Ces^dâuçis  la  maison  dé  cette  ru^^  qui. porte  le.n»^  i4  » 
fue  les  Israélites.,  de  Lyon  ont  leur  synagogue,         •      -- 

Les  bureaux  de  lacadémie  provinciale  sç  trouvaient 


(  8  ) 

aussi  Jans  cette  rue.  On  sait  que  cette  association ,  foraine 
en  1826  par  les  rédacteurs  du  journal  de  YIndépendaniy 
MM.  Morin,  Charles  Durand,  De  Loy,  etc.,  était  un 
projet  de  ligue  des  départemens  pour  s'opposer  au  mono- 
pole de  l'esprit  et  des  lumières  que  s'arroge  la  capitale.  La 
société  devait  se  composer  de  cinquante  membres  ayant  le 
titre  d'académiciens ,  de  dix  memibres  ayant  celui  de  mem- 
bres du  comité  des  beaux-arts,  de  cent  correspondans  ré- 
sidant dans  les  départemens  de  la  France  ou  à  l'étranger^ 
et  de  mille  souscripteurs  qui  auraient  eu  le  titre  d'associés* 
Ce  n'est  que  par  des  publications  que  l'académie  provin- 
ciale devait  agir,  et  elle  correspondait  avec  tous  ses  mem- 
bres par  son  journal  et  par  ceux  des  départemens.  Elle 
comptait  publier  douze  volumes  par  an ,  choisis  parmi  les 
manuscrits  qui  lui  auraient  été  soumis  par  les  sociétaires. 
M.  de  Chateaubriand  avait  été  nommé  président  honoraire 
et  perpétuel;  M.   Charles  Nodier,  président  annuel; 
M.  Charles  Durand,  secrétaire.  L'idée  était  bonne;  mais 
l'exécution  n'y  a  pas  répondu ,  et  à  peine  une  année  s'é- 
tait-elle écoulée  depuis  sa  création,  que  la  société  provin- 
ciale a  cessé  d'exister  avec  le  journal  qui  lui  servait  d'or- 
gane. M.  Morin  semble  avoir  voulu  essayer  de  la  faire 
revivre,  en  publiant,  tous  les  mois,  un  recueil  pério- 
dique, in-8.^,  sous  le  titre  de  la  France  provinciale; 
mais  il  n'a  donné  que  deux  numéros ,  ceux  de  juin  et  de 
juillet  1827. 

La  dénomination  de  la  rue  Belle  Cordière  lui  a  éié 
imposée  par  l'usage ,  et  non  par  l'autorité  municipale  ; 
elle  rappelle  la  mémoire  de  la  célèbre  Louise  Labé ,  dont 
le  mari ,  Ennemond  Perrin ,  riche  marchamd  de  cor- 
dages ,  possédait  sur  cet  emplacement ,  vers  le  milieu  du 


(9) 
seizième  -siècle ,  un  jardin  (i)  et  une  maison.  Cette  maison 

forme  aujourd'hui  Tangle  orientale  de  la  rue  Belle  Cor- 

dière  et  de  la  rue  Confort.  Ennanond  Perrin  ,  mort  en 

i565 ,  la  laissa  à  sa  veuve ,  qu'il  institua  son  héritière  , 

et  celle-ci  la  dëgua ,  à  son  tour ,  à  deux  neveux  de  son 

mari ,  Jacques  et  Pierre  Perrin ,  en   leur  substituant 

Taumône  générale  dans  le  cas  où  ils   mourraient  sans 

en&ns.  Par  TefFet  de  cette  substitution  ,  Timmeuble 

entra  dans  le  domaine  des  pauvres.  '  Vendu  à  un  sieur 

Berthier ,  conseiller  au  parlement  de  Grenoble  ,  il  passa 

ensuite  à  un  sieur  de  Courtine ,  puis  à  Louis  Dupré  ^ 

marchand  cartonnier.  Il  est  resté  long-temps  dans  la 

Emilie  de  celui-ci  ;  car  ce  n'est  que  depuis  deux  ou  trois 

ans  que  l'aliénation  en  a  été  faite  par  Madame  Ravier  du 

Magny  y  épouse  de  M.  le  président  du  tribunal  civil  de 

Lyon ,  et  fille  de  feue  Madame  Tavernier ,  née  Dupré. 

Les  propriétaires. actuels  l'ont  fait  presque  entièrement 


(t)  Un  pen  plos  haut  que  la  plaine 
•  On  le  Rone  impetueus 
ïjnbrasse  la  Sone  humaine 
De  ses  grans  bras  tortueus  , 
De  la  mignonne  puceile 
Le  plaisant  jardin  estoit ,  etc. 

Ainsi  commence  la  description  du  jardin  de  la  Belle 
Cordière  dans  une  pièce  anonyme  à  sa  louange ,  imprimée 
à  la  suite  de  ses  œuvres.  Il  faut  lire  en  entier  cette  des- 
cription ,  morceau  plein  de  fraîchear  ,  de  grâce  et  de 
poésie.  C'est  là  que  sont  désignées  trois  fleurs  sous  des 
dénominations  inconnues  des  botanistes  modernes  y  les 
nuisUs  9  les  brunettes  et  les  damas  ,  et  un  arbuste  9  que  le 
poète  appelle  le  cervertn  ^  qui  ont  fourni  dernièrement  le 
SDJet  d'une  discussion  intéressante* 


Cio) 
reconstruire.  Il  jr  a  grande  apparence  qna  ce  n7est  pas  la 
première  fois  qae  cette  maison  a  ëté  rdiâtie  depuis 
Tëpoi^e  où! elle  appartenait  à  Louise  Labë. 
,  Louise  Charly^  dite  Labé^  qui  dut  le  surnom  de 
Belle  Cordière  aux  charmes  de  sa  personne  ,  a  laisse  un 
nom  distingué  dans  les  lettres.  EUe  était  fiUe  d'un  cordier 
qui  possédait  une  fortune  considérable  et  qui  lui  fit 
donner  une  brillante  éducation»  Elle  naquit  en  ii25 
ou  i5^»  Douée  d*une  imagination  ardente  5  a^de  de 
tous  les  .genres  dé  gloire  ^  elle  suivit  ^  en  i^K^j  igée 
d*enYiron  seize  ans  9  l'armée  de  François  L^'  (0  au  siège 
de  Perpignan ,  où  la  firent  remarquer  sa  bravoure  et 
son  intrépidité  9  ainsi  que  son  habileté  et  sa  ^ràce 
à  monter  à  chevaL  Elle  s'était  déguisée  en  homme ,  et 
on  l'appelait  au  camp  le  Capiiaine  Loys.  De  retour  à 
Lyon ,  elle  y  épousa  Ennemond  Perrin.  Sa  maison  de^r 


(r)  Quelques  auteurs  9  tels  que  Poullin  de  Lumina  , 
Ahr.  chronoL  de  Phist.  de  L(yon ,  pag.  186  9  M.  Fortis  9 
Voj'oge  pittoresque  à  Lyon  y  tom.  I,  pa^.  210  et  2  12  9 
M.  Jal,  Résumé  de  Vhist.  du  lyonnais  ^  pag.  24^9  etc.  y^ 
disent  que  Louise  Labé  fut  présentée  à  François  1.^9  pas- 
sant par  Lyon  pour  se  rendre  à  Perpignan  9  et  qu'elle 
charma,  tellement  ce  prince  9  ami  des  lettres  et  du  beau 
sexe  ,  par  son  espHt  et  par  sa  beauté9  qu'il  lui  pertfiit  de  > 
suivre  la  cooi:  ;  mais,  ce  sont  \k  des  parUqulavités  qui  ne 
se  trouvent  confinnéqs  par  aijicun  document  historique  ^ 
et  qui  paraissent  avoir  été  inventées  à  pbusir.  Il  en  est  dq 
ni^me  de  quelques  autres  circonstances  rapportées  par 
M.  Portis  dans  l'endroit  que  nous  venons  de  citer  9  où , 
suivant  son  usage  9  il  use  largement  du  privilège  accordé 
par  Horace  aux  peinti*es  et  aux  poètes. 


(il  y 

Vint  bientôt  le  rcndcii-vous  de  tout  ce  qu'il  y  ayait  de 
personnes  recominandables  dans  la  cité  par  le  rang 
qu'elles  y  occupaient  ,  oU  par  leurs  goûts  littëtaires. 
Mauriee  SèVe ,  alors  célèbre  comme  poète  et  tomme  chef 
d'une  ëcole  poétique ,  âittî  et  patron  de  Marôt ,  avocat 
et  édieTin ,  appartenant  à  une  illu^^e  fanriHe  piémon-^ 
taise  dont  une  branche  s^étah  établie  à  '  Lyon  ,  un  des 
hommes  lés  plus  considérés  de  cette  ville  ;  Claude  dé 
Tailtemont ,  qui  fut  aiissi  échèvin  ,  et  qui  pareillement 
cutlivaif  les  lettres  avec  beaucoup  dé  distinction  ;  Gabriel 
de  Saconay  ,  comte  et  précenteur  de  l'église  de  Lyon  \ 
dateur  de  plusieurs  ouvrages  estimés;  Gémence  dh 
Bourges ,  la  perU  des  damoisèltes  lyonnaises  ,  suivant 
^expression  de  du  Vetdier ,  etc.  etc. ,  étaient  les  prin- 
dpaux  ornemens  de  ces  réunions ,  où  Ton  admettait 
eticore  les  savans  et  les  littérateurs  étrangers  qui  sife 
rendaient  en  foule  dans  nos  murs  pour  y  surveiller 
l'impression  de  leurs  écrits.  L'imprimerie  de  Lyon  était 
en  ce  temps-là  très-renommée  ;  les  Sébastien  Gryphe 
et  les  Jean  de  Tournes  l'avaient  élevée  à  un  haut  degré 
de  splendeur,  et  c'est  vraiment  alors  plus  qu'à  toute  autre 
époque^  qu'on  voyait  couler,  dans  les  remparts  de  cette  ville, 

Les  ondes  du  Pactole  et  les  eaux  du  Permesse. 

Une  bibliothèque  nombreuse  décorait  le  cabinet  de 
Louse  Labé.  La  musique  où  elle  était  fort  habile ,  et 
diagréables  banquets  auxquels  elle  présidait  avec  beau- 
coup de  grâce  *,  Catitaient  chez  elle  une  aimable  diversion 
aux  devis  littéraires.  En  un  mot ,  comme  l'a  dit  un  de 
nos  collègues ,  on  .  peut  regarder  les  assemblées  que  la 
Belle  Cordière  tenait  dans  sa  maison ,  comme  le  type 
de  celles  qui  depuis  ont  illustré  le  siècle  de  Louis  XIV. 


(ta) 
tiouise  Labë  savait  le  grec ,  le  lalm ,  ritalîen ,  Tespagnol. 
On  se  fait  aisément  l'idée  du  charme  que  devait  répandre 
autour  d'elle  une  femme  qui  réunissait  à  une  éclatante 
beauté  la  vivacité  et  les  grâces  de  l'esprit  le  plus  heu- 
reux et  le  mieux  cultivé.  Ses  mœurs  respectées ,  célébrées 
même  comme  pures  et   irréprochables  par  les  auteurs 
qui  orit  vécu  en  même  temps  qu'elle ,  et  qui  l'ont  habi- 
tuellement fréquentée  ,  n'ont  été  attaquées  que  sur  la 
foi  de  du  Verdier  et  de  Rubys  qui  ne  l'ont  pas  connue; 
Ces' deux  écrivains  et  ceux  qui  se  sont  faits  leurs  échos  , 
nous  la  représentent   comme  une  courtisane ,  comme 
une  nouvelle  Léontium ,  comme  la  Ninon  de  Lenclos  de 
son  siècle  ;  mais  elle  a  trouvé  d'ardens  défenseurs  dans 
les  derniers  éditeurs  de  ses  oeuvres  :  car  elle  a  composé 
des  oeuvres  qui  furent  publiées  de  son  vivant  et  l'ont  été 
plusieurs  fois  depuis  :  elle  y  chante ,  il  est  vrai ,  l'amour 
avec  des  expressions  enflammées  j  mais  qui*  peut  assurer 
que  l-objet  dé  sa  passion  ne  fût  pas  ce  même  Ennemona 
Perrin  qui  était  alors  ou  qui  devait  être  un  jour  son 
époux  ?  ou  pourquoi  n'aurait-elle  pas  eu  un  amant  ima- 
ginaire ,  comme  les  poètes  célèbrent  des  Iris  en  tair^  des 
Phyllis ,  des  SyhU  qui  n'ont  jamais  existé  (i)  ?  Ce  qu'il 
y  a  de  certain  ,  c'est  qu'à  moins  d'adopter  l'une  ou 
l'autre  de  ces  opinions ,  on  *  est  réduit  à  Timpossibilité 
absolue  d'expliquer  les  éloges  que  lui  donnent  plusieurs 
poètes  de  son  temps ,  qui  vantent  à  l'envi  sa  i^ertu ,  sa 
.    pudeur  ,    sa  ùhàsteté  :  éloges  qu'ils  n'eussent  jamais  osé 
proférer ,  et  qui  se  fussent  convertis  dans  leur  bouche 

(i)  Cette  conjecture  se  trouye  déjà  daus  les  Recherches 
sur  les  théâtres  de  France ,  par  de  Beauchamps  ,  Paris  j 
1755, 5  vol,  in-12  9  tom,  I,  pag,  354« 


<  IJ  ) 

eft  reproches  ironiques  §  en  outrages  sânglans  ,  si  la 
personne  à  laquelle  ils  s'adressaient ,  eût  été  une  femme, 
notoirement  perdue  de  débauche  ,  ou  seulement  une 
femme  dont  la  réputation  aurait  été  tant  soit  peu  équivoque* 

Le  recueil  de  ses  ouvrages  >  dédié  à  Clémence  de 
Bourges  j  consiste  en  une  petite  comécUe  en  prose ,  in-, 
titulée  le  Debai  de  Folie  et  d* Amour  ,  ingénieuse  fic- 
tion ,  fable  charmante ,  admirée  par  Voltaire  et  imitée 
par  La  Fontaine  ;  en  trois  Elégies ,  tendres ,  touchantes  y 
passionnées  ^  pleines  d^heureuses  réminiscences  d'Ovide , 
de  TibuUe  et  de  Properce  ;  et  en  çingi-quatre  Sonnets  , 
dont  le  premier  est  en  italien ,  et  dans  lesquels ,  comme 
la  observé  tout  récemment  un  critique ,  on  reconnaît 
sans  peine  9 .  à  la  douceur  et  à  la  pureté  des  sentimens 
^  de  l'expression  ,  que  la  Bdle  Cordière  soupirait  non 
loin  de  la  patrie  de  Laure. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  labiogra- 
^ie  de  Louise  Labé ,~  que  nous  ne  pouvons  tr^ter  ici 
qu'accessoirement  ;  mais ,  en  considération  de  la  place 
remarquable  que  cette  femme  occupe  dans  nos  fastes 
littéraires  et  de  l'honneur  que  sa  naissance  fait  à  la  ville 
de  Lyon ,  à  laquelle  notre  ouvrage  est  consacré  ,  on 
nous  permettra  d'indiquer  ,  dans  une  note ,  à  ceux  de 
nos  lecteurs  qui  voudraient  approfondir  un  sujet  aussi 
intéressant  9  dijBTérentes  sources  où  ils  pourront  puiser 
des  notions  plus  étendues  et  plus  complètes ,  et  d'entrer 
en  même  temps  dans  quelques  détails  bibliographiques 
sur  les  éditions  des  œuvres  de  Louise  L^bé  ,  qui  ont 
paru  jusqu'à  ce  four  (i). 


(i)  Le  premier  ouvrage  à  consulter  pour  la  biographie 
de  la  Belle  Cordière  ,  est  le  Discours  sur  la  vie  et  les  ou-- 


c  14  y 

.  La  yUle  de  Lyon  est  fière  ,  avec  tvMfi  9  d'avoir  ^té- 
lé beroeau  de  Louise  L^bé ,  comme  autrefois  Mytilène 

orages  de  Louise  Labé^  Z^onnoise  (par  M*  Charl^s-Josepk 
de  Ruols  C)  9  de  l'acadëmie  de  Lyon  ),  Lyon  ,  Aimé  Deia- 
roche  ^  1760 ,  in-ia  de  65  pages  \  le  second  est  la  Notice 
sur  Louise  Lahéf  par  M.  Cochard ,  à  la  tête  de  l'ëditioD  de 
ses  OBQTves,  donnée  en  1824^  et  dont  nous  parlerons  l^ien- 
tât;  le  ti^oisième  et  deraier  est  le  recueil  des  Archi9es  his- 
toriifues  et  statistiques  du  département  du  Rbàne ,  dont  il , 
est  peu  de  n.^'  qui  ne  contiennent  quelques  renseignemeus 
spr  Louise  Labé.  G!est  ainsi  qu'on  trouye  dans  ce  recueil , 
tom.  I ,  pag.  35-469  une  copie  de  son  testament ,  date  du 
28  avril  i50Sy  pièce  importante  et  qui  était  restée  inconnue  - 
à.  nos  historiens  dont  elle  peut  servir  à  rectifier*  les  asser- 
tions sur  plusieurs  points  C^*)  ;  tom.  Il ,  pag.   laS-iaS  9 
une  lettre  sur  deux   anciennes  éditions  de   ses  iieuTres.  > 
tom.  III 9  pag.  160 9  son  épitaphe.9  par  |I«  Pericaud  aîné;    N 
ibid.  pas.  47^9  un  article  sur  son  portrait  lithographie  9  à 
Lyon  9  par  1^.  Jleverchon,  et  à  Paris  9  par  M.  Serrur,  et 
pag*  47^48<>  9  des  notes  sur  ciaq  plantes  cultirées  dans 
son  jardin  9  par  MM.  Vallot  et  Thiébaut  de  Beme.aud  ;. 
tom.  lY,  pag.  217-220  9  une  lettré  sur  un  passage  de  Fan- 

cien  poète  français  9  Guillaume  Crétin  9  que  l'on  ^arait  eni 

• 

{*)  Né  à  Lyon  le  i4  noTembre  1708  »  mort  le  iQ  juillet  17^6  ,  en 
f  rayersant  la  rinère  d'Ain  qui  avait  groui  subitement,  et  en  se  jetant 
à  lat&age  pour  sauter  sa  femme  et  son  frère  qui  périrent  '  arec  lui.  Il 
était  conseiller  à' la  cour  des  monnaies.  H  a  oampttsë  pour  l'acadénie 
un  asses  grand  non^re  de  mémoires  et  de  dissertations*  L'ahbé 
Pernetti ,  Lyonn.  dignes  de  mim*  »  tom>  IX»  pag*  4oi ,  -se  trompe  pi 
disant  que  nous  n'avons  de  lui  d'autre  ouvrage  in^irimé  que  sa  disser- 
tation anonyme  sur  Louise  Labé  :  le  Journal  de  Trévoux ,  septembre 
A748  ,  nous  a  conserré  des  Recherches  historiques  et  tofiûgraphiques 
sur  ks  villes  d^Her cutané  et  de  Pompéie ,  qu'il  avait  lues  dans  les 
séances  académiques  des  11  novembre  174?  et  aS  avril  suivant. 

(«*)  Ct  testament  a  élë  réim^mé  à- paît. 


(  i5  ) 

êe' vantait  de. ce  qu'elle  avait  ëtë  la  patrie  -  de  ^pphô ,  el 
comBie  aujourd'hui  Toulouse  se  rappelle  avec  orgueil 


rektif  à  toivbeLàbé,  éX  pag.  ^aa-SsB^  vue  s^aoade  lettre 
•or  des  vtes  de  Clémei^t  Marot ,  qui  paraisient  la  t^oncer* 
ner^tom.  Y,  pag.  11-14^^  99,  une  q^mpsuraison  de  seo 
IMol  de  Fàlic  içt .  tFjimour  avec  ua'  pome  de  Wiélaud  ^ 
pv  feu.  M^  le  eoBotte  François  de  Neufeliâleini  ;  tem.  YI  » 
pig.  4371-458  9  un  jugement  porté  sur  elle  dans  le  Fort 
ùnucpugnakk  de  Vhonneur  fémnin  f  par  François  de  BUloOf 
imprimé  en  i555;  lom.YU,  pag.  ^66-267,  une  note  anr 
trois  sonnets  encore  inédits  qu'elle  aurait  eeinposés  en 
rhonneur  d*Amëliç  de  Montenclre  ,  suivait  les  éditeurs  de 
GlotUde  de  Surville  ^  et  pag*  ^inffiS,  Un  article  commu* 
lûqaé  par  un  anonjme  et  destiné  ^  réfuter  un  passage  de 
la  Gmzette  unii^erfeUe  de  I^on  9  oà  Ton  blâmait  Tàutorité 
municipale  de  ee  qu'elle  avait  commandé  à  M-  Fojatier^ 
pour  la  galerie  des  Ljonnais  célèbres  fondée  par  feu 
M.  Grognard  9  un  buste  en  marbre  de  Louise  Labé  |  ^ut  à 
figue  à  la  dernière,  exposition  du  Louvre  ^  etc. ,  etcw  4  etc** 
Laplopart  de  ces  morceaux  ont  été  réimprimés  dans  les> 
Lettres  I^rtmnaisesj  Ljon  ^  1826  9  in-A.^  et  dans  les  Mé*» 
tenues  sur  Lfyou  9  extraits  des  Archives  dm  fi&(6te«  Ce  sont 
autant  de  supplémens  aux  notes  qui  aecompagneftt  Véài^ 
tkm  des  œuvres  de  Louise  Jjsbé  9  4a  i8a4* 

Les  éditions  qui  ont  été  faites  de  oes  œuvres  ,  suivies 
des  vers  è  sa  louange  par  divers  poètes  de  son  temps  9 
sont  au  nombre  de  septé  Les  tlKiis  premières  sortirent  Ae^ 
presses  de  Jean  de  Tournes  9  en  ^i  555  .et  i556 ,  pet  ln«-8.^f 
la  quatrième  est  celle.de  Rouen^  Jean  (savon,  f556^  in-jt6^ 
la  cinquième  a  pem  è  Lyon  9  chez  les  firères  Duplain  ,  en 
1762,  ia-ia  9  et  Sat  ^imprimée  par  Aimé  Delai^ehe  ;  la 
sixième  a  été  publiée  à  Brest  9  chei  Michel  (  impriment  et 
ëditenr).}  en  aSiS»  in-8.^,  et  la  septième,  è  Lj^an^  cbes 
Durand  et  Penrin,  en  xfla4f.  natinc  fîManat. . 


(  î6  ) 
quelle  a  vu  nâttre  Clémence  Isaure.  Ce  sotit  là  dêâ 
gloires ,  pour  ainsi  dire  ,  populaires  ^  et  qui  ne  sont  que 


Cette  dernière  édition  et  celle  de  1762  sont  des  mona- 
mens  ëleyës  à  la  gloire  de  Louise  Labë  par  quelques-ans 
de  ses  compatriotes  « 

L'édition  de  1762  fut  donnée  par  MM.  Jaeques-^-Ânnibal 
Claret  de  la  Tourrette   de  Flenrieu  9  ancien  préTÔt  des 
marchands  $   président  honoraire  à  la  cour  des  monnaies 
et   secrétaire  -  perpétuel  de  l'académie  de  Lyon  ^  l'abbé 
Antoine  Lacroix,  grand  obéanoier  de  St-Just;  le  P.  Dumas^ 
bibliothécaire  des  Cordéliêrs  ;  le  P.  Janin  ^  bibliothécaire 
des  Augustins  ;  Jean-François  Tolozan ,  premier  arocat-' 
général  à  la  cour  des  monnaies  ;  Biaise  Desfoars ,  conseiller 
à  la  même  cour  ;  RuflBier  d'Attignat ,  trésorier  de  France  ; 
Bollioud-Mermet,  de  l'académie  de  Lyon ,  et  Pierre  Adamoli| 
maître  des  ports  ,  ponts  et  passages  de  la  rille  et  du  gou-- 
Ternement  du  Lyonnais  9  Forez  et  Beaujolais.  •  Ce  dernier 
fut  chargé  du  soin  de  diriger  l'impression  qui  fut  faite  snr 
un  exemplaire  de  i555 ,  fourni  par  M.  de  Flearieu.  Les 
dessins   des  gravures  qui  ornent  cette  édition  ^  tirée  au 
nombre  de  SsS  exemplaires  9  avaient  été  la  plhpart ,  quel-* 
qnes  années  auparavant ,  esquissés  par  M.  de  Lamonce  ; 
M.  Nonnotte,  peintre  de  Lyon,  membre  de  l'académie  et 
frère  du  fameux  abbé  Nonnotte  ^  l'antagonisl^  de  Voltaire  9 
les  retoucha ,  mais  ils  furent  mal  exécutés  par  le  graveur 
de  Paris  ,  nommé  Daailé ,  dont  le  burin  manquait  de  force. 
L'édition  de  1824  est  due  également  à  une  société  d'ama- 
teurs et  de  gens  de  lettres  lyonnais,  appartenant  presque 
tous  à  la  magistrature  f   au   barreau ,  à  l'académie  et  aa 
cercle  littéraire.  On  voit  figurer  à  la  tête  de  la  liste  hono- 
rable des  personnes  qui  ont  fait  les  frais  de  l'impres6i«>ii 
et  qui  ont  partagé  les  exemplaires ,  MM.  le  vicomte  Panltre 
de  la.  Motte  ,  lieutenant-général ,  commandant  la  19.®  di* 
vbion  militaire^  .le :comt^  de . Bastard  d'£stang ,  preoùeF 


(  17  ) 

plus  flatlMfies.  Le  nom  que  le  peuple  lyonnais  a  donri^ 

à  la  rue  qui  est  le  sujet  de  cet  article ,  est  une  de  ces 
marques  de  souvenir  qui.  recommandent  encore  plus  les 
individus  qui  les  obtiennent  que  ne  le  font. les  éloges  des 
savans  et  les  honneurs  décernés  par  les  princes.  Il  est  vrai 
que  c  est  à  sa  rare  beauté  que  Louise  Labé  semble ,  au, 
premier  coup  d'œil,  devoir  la  place  distinguée  qu'elle 
conserve  dans  la  mémoire  de  ses  compatriotes  ;  mais  si 


président  de  la  cour  royale  de  Xyon  ,  pair  de  France  ;  le 
comte  de  Brosses ,  préfet  du  département  du  Rhône  ;  le 
baron  Kambaad,  maire  de  Lyon  ^  les  membres  de  la  chambre 
de  commerce,  représentée  par  son  président  M.  le  chc'^ 
talier  Mottet  de  Gérando ,  etc.   Des  ecclésiastiques ,  des 
conseillers  li  la   conr ,  des  membres  des  tribunaax ,  des 
avocats,  des  médecins ,  des  négocians ,  nne damé  (M.'^®  de 
Sermézy) ,  etc.  y  complètent  cette  liste  qui  se  compose  de 
4a  Booscriptears  dont  chacun   a  eu  2p  exemplaires.  On 
trouvera  dans  les  Archives  du  Rhône  ,  tom.  I ,  pag.   77  , 
l'indication  des  divers  papiers  sur  lesquels  l'édition  a  été 
tirée.  Les  éditeurs  ont  placé  à  la  tête  du  volume  un  Dm- 
ïogue entre  Sappho  et  Louise  Labé^  par  M.  Dumas,  et  nne 
Notice  sur  Louise  Lobé  ^  par  M.  Cochard,  accompagnée  de 
notes  par  M.  Bregfaot  du  Lut ,  leqnel  a  dirigé  l'entreprise , 
coUationné  le  texte  avec  celui  des  éditions  précédentes  , 
et  rédigé  le  conunentaire  qui  va  de  la  page  1 55  à  la  page 
236 1  et  le  Glossaire  de  Louise  Labé  qui  remplit  les  pages 
257-322.  Le  volume  est  terminé  par  des  additions  et  cor" 
Tections  et  par  la  liste  des  souscripteurs. 

Nous  avons  cru  devoir,  par  l|ss  motifs  indiqués  plus 
haut,  consigner  ici  ces  détails  historiques  et  bibliogra- 
phiques dont  nous  garantissons  l'exactitude,  et  que  Ton 
l'on  ne  pourrait  trouver  aussi  complets  nulle  autre  part. 

Tome  rilL  '\     ' 


elle  n'eût  Aé  que  belle ,  on  ne  ébnnàilrait  aujourd'hui 
que  son  sdrnom ,  et  Pon  âe  demanderait  avec  une  sorte 
d'indiflE^rence  ou  de  vaine  curic^itë  quelle  était  cette 
Cordière  dont  les  charmes  avaient  ^té  un  instant  les 
regards  de  ses  contemporains.  Ce  sont  seslaléns,  ce  sont 
les  imivres  qu'elle  a  lais&ëes ,  où  elle  s'est  tnoiitrée  supé* 
l*ieure  à  son  siècle,  et  où  brillent  le  naturel,  la  dëlicatessè, 
k  grâce ,  une  sensibilité  vraie  et  profonde ,  une  riante  et 
fertile  imagination  ,  qui  l'ont  garantie  de  l'oubli  et  qui 
.lui  assurent  des  titres  solides  à  l'estime  de  la  postérité. 

La  rue  Belle  Cordière  peut  aussi  s'honorer  d'avoir  vu 
naître  un  homme  qui  s'çst  acquis  de  la  célébrilé  par  ses 
talens.  Charles  Bordes  (i)  y  vint  au  monde  le  6  septembre 
171 1.  On  sait  qu*il  fut  l'ami  de  Voltaire  9  et  on  connaU 
ses  relations  intimes  avec  J.-^J.  Rousseau  dont  il  devint 
ensuite  l*antagoni$tç  dans  la  fameuse  dispute  sur  la  ques- 
tion proposée  par  l'académie  de  Dijon  sur  l'influence  des 
lettres  et  des  artsi  II  écrivit  en  prose  et  en  vers  ,  et  il 
fuf ,  suivant  l'expression  de  M.  Barou  du  Soleil  (2) , 
l'un"  de  ces  littérateurs  distingués  que  les  provinces 
opposent*  avec  orgueil  aux  prétentions  exclusives  de  la 
capitale.  Plusieurs  de  ses  ouvrages  parurent  de  son  vi^ 
vant  ;  mais  le  recueil  n'en  a  été  publié  qu!en  1 783. , 
deux  ans  après  sa  mort  (3)  ,  pair  un  de  se^  confirèrijes  à 
l'académie  de  Lyon ,  l'abbé  de  Cftstillon ,  vîcaîre-géiiéral 

(i)  Il  signait  ainsi  »  et  cependant  Tacte  de  son  baptÂme 
et  celui  de  son  décès  portent ,  Tnn  et  l'autre ,  Borde  s«ns 
s.  \qj.  Archii^es  du  BhSne^  t^m.  I ,  pag.  Sa,  noL  t. 

(2)  Éloge  de  M.  Prost  de  Boyer^  (  Lyon  ) ,  1785 ,  iti-8.% 
pag.  19. 

(5)  Arrivée  le  i5  février  1781. 


(  19) 
de  M.  de  Montazet.  M.  l'abbë  Guillon  de  Monilt^on  fit 

paraître  en  lySS ,  sous  le  titre  de  Tribut  de  Pamiiié  à 
la  mémoire  de  M.  Borde  ,  un  ëloge  intéressant  de  son 
ami  ;  et  M.   Pericaud  aîné  lui  a  consacré  une  notice 
biographique,  qui  a  ét^  insérée  dans  le  tom.  !  dés  Ar^ 
chiçes   du   Rhône  ,    pag.  52  et    suiv. ,  et  réimprimée 
séparément.  Le. recueil  périodique  que  nous  venons  de 
citer  ,  contient  en  outre ,  tom.  III ,  pag.  4o-47  y  1«  dis- 
cours de  Bordes  à  sa  réception  à  Tacadémie  de  Lyon  ^ 
prononcé  le  27  avril  174^  9  et  qui  ,  au  moment  de  i^ettê 
insertion  9  était  encore  inédit.  Ce  fut  Bordes  qui ,  eh  sa 
qualité  de  directeur  de  la  même  compagnie,  complimenta 
Voltaire  ,  dans  la  séance  publique  du  26  novembre  1754. 
Ce  discours ,  pareillement  inédit  9  se  trouvera  à  la  page 
61  des  Mélanges  sur  Lyon ,  actuellement  squs  presse , 
et  figurera  sans  doute  dans  \ Histoire  de  t  Académie  de 
hjon ,  que  M.  Dumas  est  sur  le  point,  de  faire  paraître. 

BsLi^vDS'  (rue).  Cette  rué  est  tout  à  fait  nouvelle,  ^ 
le  nom'  provisoire  qu  on  lui  a  donné,  fait  allusion  à  sa  po^ 
sition  sar  la  seconde  montagne  de  Lyon»  entre  les  deux 
fleuves  9  et  rappelle  le  magnifique  point  de  vue  qu*on  y 
découvre.  C'était ,  il  y  a  peu  d'années ,  le  chemin  de  ronde, 
aa-dessus  du  rempart  tendant  de  la  barrière  de  la  Croix- 
Rousse  à  la  barrière  des  Chartreux.  On  y  compte  déjà  5 
maisons,  68  habitans,  38  métiers  et  19  ateliers  de  soie- 
ries. C'est  dans  un  dos  attenant  à  cette  rue  que  M.  Pitrat 
a  entrepris  la  construction  d*un  monument  qui  sera  peut- 
être  unique  en  France,  si  ce  riche  propriétaire  vient  à 
bout  de  1  élever  au  degré  de  hauteur  qu'il  se  propose  de 
lui  faire  atteindre.  Il  s'agit  d*une  tour  destinée  sans  doute 
à  servir  d'observatoire,  qui  a  déjà  environ  100  pieds  de 
haut,  mais  qui  doit  en  avoir  3oo,  de  telle  sorte  qu'ache- 


V 


(   20  ) 

Tëe^  elle  surpasserait  de  près  de  120  .pieds  la  sommité  du 
clocher  de  Fourvière  (i).  Ce  projet  est  vëritablement  gi- 
gantesque, et  même,  selon  quelques  artistes,  impossible  à 
conduire  jusqu'à  sa  fin,  parce  qu*on  n*a  pas  donné,  en  je- 
tant les  fondemens  ,  assez  de  largeur  à  la  base  de  cette 
tour  qui ,  du  reste ,  sera  le  pendant  d'un  autre  édifice  du 
même  genre  ,  mais  moins  élevé  ,  l'antique  tour  de  la 
Belle  Allemande,  située  aussi  sur  la  montagne  de  la 
Croix-Rousse  (2). 


(i)  V07.  jirchiv.  du  Rhéne^  tom.  VI ,  pag.  38i*385. 
.  (2)  La  manie  de  bâtir,  ou  comme  on  l'appelle  Tulgai^^ 
rement ,  la  maladie  de  la  pierre ,  n'a  jamais  été  plus  com-* 
m  une  à  Lyon  que  depuis  quelques  années.  Nous  engageons 
ceux  qui  en  sont  atteints  à  méditer  le  passage  suivant  d*an 
auteur  latin  du  moyen  âge ,  dont  nous  déclarons  toutefois- 
que  nous  n'entendons  point  faire  l'application  à  M.  Pitrat: 
Si  vis  œdificare  domum  ,  le  inducat  nécessitas ,  et  non 
voluntas.  Cupiditas  œdificandi  cedi/icando  non  tollitur, 
Ifimia  et  inordinata  œdificandi  cupiditas  exspectat  cedifi~ 
ciorum  vénditionem.  TURRIS  compléta  et  arca  evacuata 
Jaciunt ,  sed  tardé  ,  hominem  sapienlem.  u  Si  tous  voulez 
9>  bâtir ,  que  ce  soit  la  nécessité  et  non  la  passion  qui 
9»  vous  y  porte.  L'envie  de  bâtir  ne  s'éteint  pas  en  bâtissant. 
y>  Quand  on  pousse  cette  manie  jusqu'à  la  fureur ,  on  doit 
99  s'attendre  à  voir  la  vente  de  ses  bâti  mens.  Une  TOUR 
99  achevée  et  le  coffre  vide  rendent  l'homme  sage ,  mais  un 
99  peu  tard.  99  On  conviendra  que  Salomon,  dans  les  pro- 
verbes duquel  on  trouve  quelques  mots  sur  le  même  sujet, 
li'a  rien  dit  de  meilleur  ^  mais  il  y  a  un  texte  plus  res- 
pectable encore  contre  ceux  qui  bâtissent  sans  avoir  préa- 
lablement examiné  si  l'entreprise  n'est  pas  au-dessus  de 
leurs  moyens ,  c'est  la  célèbre  parabole  de  l'évangile  selon 
S.  Luc,  chap.  14  ,  V.  28  et  suiv.,  que  nous  ne  craindrons 
pas  de  remettre  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs ,  en  protes* 


(   21    ) 

'  Sur  le  point  le  plus  ëlevë  du  tènement  compris  entre  là 
Grande-Côte ,  la  rue  Bellevue ,  la  rue  Tourret  et  la  rue 
Neyret,  M.  Cochàrd  (i)  croît  avoir  retrouve  les  vestiges 
et  les  fondations  de  l'ancienne  citadelle  de  Lyon ,  dont  la 
construction  et  la  dëmolttion  subite  se  rapportent  au  temps 
malheureux  des  guerres  de  religion  et  de  la  ligue ,  aux- 
quelles notre  ville  prit  une  part  trop  active  (2)  ;  mais  un 
auteur  anonyme ,  se  cachant  sous  la  lettre  Z ,  a  combattu 
la  conjecture  de  notre  collègue,  dans  une  lettre  à  MM.  les 
ridaciêurs  des  Archives  du  Rhône  (3) ,  récemment  pu- 
bliée, et  nous  croyons  convenable  de  reproduire  ici  les 
propres  termes  de  cette  réfutation  qui  appartient  évidem- 


tant  de  nouveau  contre  Tintention  qu*on  pourrait  nous 
supposer  d'en  faire  une  application  personnelle  à  qui  que 
ce  soit  :  u  Qui  est  celui  d'entre  vous  ,  qui ,  voulant  bâtir 
une  tour ,  ne  suppute  en  repos  et  à  loisir ,  la  dépense  qui 
j  sera  nécessaire ,  pour  voir  s'il  aura  de  quoi  l'achever  \ 
de  peur  que  s'il  en  jette  les  fondemens  et  qu'il  ne  puisse 
Tachever,  tous  ceux  qui  verront  ce  bâtiment  imparfait ,  ne 
viennent  à  se  moquer  de  lui ,  en  disant:  u  Cet  homme  avait 
99  commencé  à  bâtir ,  mais  il  n'a  pu  acheyer  ?  99 

(i)  Séjours  d^ Henri  ly  à  Jjyon  \  Lyon  ,  Millon  jeune  9 
1827  y  in-i8,  pag,  24* 

(2)  Cette  citadelle  destinée  à  défendre  la  ville  d'entre- 
prises semblables  à  celle  qui  avait  eu  lieu,  en  i562t  delà 
part  des  protestans,  fut  construite,  deux  ans  plus  tard, 
d'après  les  ordres  que  donna  Charles  IX  »  pendant  le  séjour 
qu'il  fit  k  cette  époque  à  Lyon.  Elle  fut  démolie  en  i585 
sous  Henri  IIL  Ainsi  elle  n'a  subsisté  qu'environ  20  années. 
On  trouvera  sur  ces  faits  de  plus  amples  détails  dans  la 
Notice  sur  le  duc  de  Nemours  ,  Archives  du  RhSne  ^tom»  V, 
pag.  96 ,  et  dans  la  Notice  sur  François  de  Mandeloi ,  même 
recueil ,  tom.  YII ,  pag.  570. 

(5)  (Lyon,  J.  M.  Barret,  1827),  in-8.^  de  16  pages. 


(  "  ) 

ment  à  notre  sujet ,  et  que  M.  Cochard  a  laissée  jusqu'à 
ce  moment  sans  réponse: 

«  L'historien  Rubys  dit  formellement  (i)  que  la  cita- 
delle fut  édifiée  au  plus  haut  de  la  coste  de  S.  Sebastien  ; 
mais  une  assez  grande  difficulté  se  présente  ici ,  celle  de 
savoir  si  notre  auteur  a  prétendu  parler  de  la  Grande— 
Côte  qu  on  appelait ,  sous  Henri  II ,  grande  coste  de  S» 
Sebastien ,  ou  s'il  a  voulu  désigner  la  côte  actuelle  dé  St.* 
Sébastien ,  et  qui  portait  alors  le  nom  de  petite  coste  d^ 
S.  Sebastien  :  or ,  cette  côte  est ,  comme  tout  le  monde  le 
sait,  assez  éloignée  de  Tendroit  où  se  bâtit  la  tour  Pitrat 
Selon  M.  Cochard ,  là  citadelle  aurait  été  construite  en  de^ 
dans  des  murailles^  qui  servaient  jadis  et  qui  servent  en- 
core aujourd'hui  d'enceinte  à  la  ville ,  du  côté  de  la  Croix- 
Rousse.  De  très-bonnes  raisons  nous  portent  à  croire  que 
les  choses  ont  bien  pu  ne  pas  être  ainsi ,  et  là  première  est 
que  les  règles  ont  toujours  voulu  qu'une  citadelle  fût  as- 
sise sur  l'enceinte  même  de  la  ville,  partie  en  dedans  et  par- 
tie en  dehors ,  ou  qu'elle  fut  entièrement  hors  de  la  ville. 
Il  parait,  d*après  Rubys ,  que  la  citadelle  était  placée  hors 
des  murs ,  ce  qui  est  fort  vraisemblable,  et  nous  allons  es- 
sayer de  le  démontrer  par  un  passage  oopié  fidèlement 
dans  l'historien  lyonnais. 

9  II  faut  dire  d'abord  que  le  premier  gouverneur  de  la 
>citadelle  fut  M.  de  Chambéry,  ensuite  M.  de  Saluces,  puis 
M.  d'Épernon  qui ,  du  consentement  de  Henri  lH ,  la  re- 
mit à  M;  du  Passage ,  gentilhomme  dauphinois.  M.  du  Pas- 
sage n'ayant  pu  vivre  en  bonne  intelligence  avec  le  con- 
sulat et  M.  de  Mandelot ,  gouverneur  de  la  ville ,  ce  der- 
nier, d'accord  avec  les  échevins  de  Lyon,  imagina  de  s'em- 
parer de  la  citadelle  et  d'en  chasser  le  gouverneur.  En 


(i^  tlisl.  véritable  de  Lyon  •  pag,  402. 


V 


(ii5  > 

conséquence 9  dans  la  nuit  du.  2  mai  1S8S,  troi$,cômpaT^ 
gaies  de  la  milice  bourgeoise,  commandées,  Tune  par  le 
sieur  du  Soleil,  l'autre  par  le  sieur  de  Masso,,et  }a  troi- 
sième par  le  sieur  de  la  Grange  «  se  mirent, en  devoir  de 
seconder  les  intentions  de  M.  de  Mandelot  et  du  consulat» 

«  Ck>mme  il  fut  nuiçt  close ,  dit  Rubys  (pag.  435  ) ,  ces 
»  trois  Gompaignies,  assistées  de  partie  des  Suysses,  estant 
»  en  garnison  en  la  Tille^  et  de  partie  d[es2ooarquebuziei*Sf 
»  de  la  garde  du  gouverneur ,  s*acheminarent  sans  sonner 
fi  mot,  et  les  mesches  esteintes  en  une  maison  voisine  de 
s  la  porte  neufve  de  S*  Sebastien,  appellee  la  Tourrette^ 
9  et  là  passarent  sans  mener  bruiçt  toute  la  nuict^  puis  le 
s  lendemain ,  iour  de  la  Croix  t  à  l'ouverture  de  la  porte , 
9  sortants  hors  la  ville,  ils  se  côularent  tout  doucement  par 
s  le  Fossé  qui  estpit  tout  le  long  de  la  cortinie  de  la  citar 
»  délie  I  si  dextrement  qu'ils  fie  furent  pas  descouvects  par 
>  les  sentinelles,  puis  entrarent  dans  la  place  par  la  porte 
»  des  Champs ,  qui  leur  fut  ouverte  et  livrée  par  le  serr 
v  gent  majour  de  ladicte  citadelle^  qui  Tavoit  ainsi  promis , 
»  et  lexecuta  moyennant  deux  mille  escus.  y>      , 

«Nous  ne  pensons  pas  nous  tromper  ;  c^U  porte  neuve 
ie  Si.SéiasfUn ,  àaai  parle  Rul^s ,  n'est  autre  chose  que 
l'ancienne  port^  de  la  Croix^Rousse ,  qui  a  été  démolie  en- 
tièrement après  notre  siège  de  1793,  et  que  nombre  de 
personnes  à  Lyon  peuvent  encore  se  rappeler.  Il  suit  de 
là  que  la  citadelle  pourrait  bien  avoir  été  cette  espèce  de 
(lemi;lune,'ou ,  si  Ton  veut ,  ce  vaste  bastion  triangulaire 
ilont  oti  voit  encore  des  vestiges  aa  bas  de  la,  muraille  et- 
oans  la  direction  de  la  place  des  Bernardines,  sur  lequel 
s'élèvent  aujourd'hui  le  jardin  et  les  vignes  de  M.  Caubin, 
et  qui  avait  effectivement  une  immense  porte  (i),  avec 

0  * 

(1)  Cette  porte  existe  eneore;  mais  on  reconnaît  aisé- 
inent,  à  son   s^le  ,  qu'elle  n'est  pas   celle  qai  pouvait 


(24) 

ponl-levis,  sur  les  champs  dont  s'est  depuis  forméel 
grande  place  actuelle  de  la  Croix-Rousse.  Ce  que  no 
pensons  à  cet  ëgard,  se  rapproche  d*autant  plus  delà 
rite ,  que  les  compagnies  mises  en  mouvement  par  H. 
Mandelot  passèrent  la  nuiij  au  rapport  de  Rubys,  dans^ 
maison  de  la  Tourretie  (i),  sur  le  rempart  i  qu^elles;^ 
tirent  de  la  viUe  après  l'ouverture  des  portes,  c'est-à- 
\  la  pointe  du  jour  ;  qu'elles  descendirent  sans  bruit 
les  fosses ,  se  glissèrent  le  long  des  courtines  sans  être  a] 
çues  des  sentinelles,  et  pénétrèrent  dans  la  citadelle  pari 
porte  â entrée  donnant  sur  les  champs.  Il  existe  encore 
autre  bastion  qui  pourrait  bien  avoir  également  fait 
de  la  citadelle  ;  nous  voulons  parler  de  celui  qu'on  WJ 
dans  la  direction  même  de  la  c6te  de  St.-Sébastien ,  et 
lequel  s'élève  aujourd'hui  l'agréable  clos  de  Mad.  Héral' 
3>  Nous  n'ignorons  pas  que  Rubys  fait  mention  du  iti- 
maniellement ^  ruyne  et  desmolition  de  la  citadelle;  mais 
i  nous  croyons  fermement  que  les  expressions  dont  il  se 

$ert  à  ce  sujet,  doivent  être  considérées  comme  de  pares 
hyperboles.  Nous  ne  doutons  point  que  la  citadelle  ait  été 
démanieiée^  ou,  si  Ton  veut,  mise  hors  d'état  de  servir; 
mais  nous  pensons  que  les  murailles  n'en  ont  pas  été  tota- 
lement rasées.  M.  Cochard  sait  aussi  bien  que  nous  qu'a- 


exister  da  temps  de  Charles  IX  et  de  Henri  III  ,  et  les 
restes  d'inscription  qu'on  aperçoit  dans  une  table  aa-dessus, 
font  assez  voir  qu'elle  a  été  bâtie  sous  Louis  XIV.  Voici 
la  première  ligne  de  l'iuscription ,  telle  qu'on  peut  la  dé- 
chiffrer : 

SOVBS  LE  REGNE  GLORIEVX  DE  LOVIS  QVATORZIEUB  y    etC 

(i)  Cette  maison  était  autrefois  un  petit  fief;  le  pr(^* 
priétaire  actuel  eat  M.  ic  docteur  Rioadel. 


îe.  d  f^  '^  ^'^6®  ^^  l'yoï^î  en  1793 ,  la  convention  nationale 
2f  ^1^  jrdonna  )a  démolition  de  toutes  les  fortifications  qui  de- 
.  tndaient  la  ville;  que  des  milliers  de  bras  furept  employés 
Robs  i  ^^  travail  pendant  plus  de  huit  mois  ;  et  que ,  malgré  le 
^  rjèle  et  l'activité  que  Ion  a  vu  mettre  à  cette  opération,  re- 
.  .'fj^^ée alors  comme  si  patriotique,  la  destruction  de  la  mu- 
'1  raille  d'enceinte,  qui  s*étendait  du  fort  St.- Jean  à  la  porte 

.  Sl.-Clair ,  n'a  cependant  pas  été  entière. 
W  ''     ^  Notre  sentiment  est  donc  qu*il  est  fort  douteux  que  la 
^  citadelle  construite  à  Lyon  par  les  ordres  de  Charles  IX , 
.|rv  9it  jamais  été  dans  Tendroit  indiqué  par  M.  Gochard;  que 
.    '^  c  est  très-probablement  à  tort  qu'on  a  donné  le  nom  de 
.  .  rue  de  la  Ciladelle  au  fossé  qui  s'étend  depuis  le  bastion 
,  r  appelé  Téfe  dâ  More  jusqu'à  celui  de  la  Tourrette ,  et  que 
I   l'emplacement  sur  lequel  s'élève  la  tour  Pitrat^  situé  in- 
jn    ira  muros,  a  toujours  présenté  des  terrains  en  culture  et 
1  ,    des  maisons  de  plaisance.  Si  M.  Cochard  nous  objecte  que 
,     Itsiasibns  dont  nous  avons  parlé,  sont  tournés  contre  la 
,y    campagne ,  nous  lui  répondrons  qu'il  n'y  avait  aucune  né- 
cessité  à  ce  qu'ils  le  fussent  contre  la  ville,  dont  la  majo- 
,  .    rite  des  habitans  tenait  pour  la  religion  catholique  et  pour 
le  roi,  et  que  les  troupes  royales,  stationnées  au  château 
de  Pierre-Scize ,  an/ori  St.- Jean  et  dans  la  citadelle ,  pou- 
•^    'valent,  de  ces  di£Pérens  points,  se  porter  partout  avec  la 
ft     plus  grande  célérité.  Si  M.  Cochard  nous  objecte  encore 
^    que  des  bastions  ne  sont  pas  une  citadelle ,  nous  lui  dirons 
'      que  ces  sortes  de  travaux ,  au  moyen  de  certaines  disposi- 
tions particulières ,  peuvent ,  ce  nous  semble ,  très-facile- 
ment en  tenir  lieu  ;  et  nous  nous  rappelons  assez  bien  les 
dispositions  des  deux  bastions  en  question  pour  croire  qu'ils 
formaient  véritablement  ce  que  nos  vieux  historiens  ont 
appelé  la  citadelle.  Nous  pouvons  ajouter  que  ces  bastions , 
notamment  celui  qui  se  trouve  dans  la  direction  de  la  côte 


(a6) 
de  St.-Sëbastien ,  présentent  Infiniment  moins  de  yélusté 
que  les  murailles  d'enceinte  qui  existent  auprès,  et  que  leur- 
construction  est  assez  évidemment  postérieure  aux  autres 
ouvrages  de  fortification  entrepris  et  élevés,  comme  tout  le 
monde  le  sait,  sous  le  règne  de  François  I.**^. 

})  Il  nous  parait  peu  raisonnable  de  croire  que  Charles  IX 
eût  besoin  à  Lyon  d'une  citadelle  véritable  et  qui  dominât 
la  cille;  les  protestans  y  étaient  en  trop  petit  nombre  pour 
pouvoir  inspirer  des  craintes,  sérieuses.  Il  n'était  pas  bien 
difficile  au  fameux  baron  des  Adrets  et  à  ses  farouches  hu- 
guenots de  surprendre,  en  i562,  une  ville  qui  avait  le 
privilège  de  se  garder  elle-même,  et  dans  laquelle  les  rois 
de  France  avaient  pour  habitude  de  n'entretenir  qu'une 
très-faible  garnison.  Si  les  troupes  royales  y  eussent  été 
en  force ,  si  les  postes  de  VHôtel-de- Fille  et  de  la  place  de 
la  Douane ,  commandés  par  les  capitaines  du  Fenouil  et 
du  Peyrat ,  eussent  été  confiés  à  des  soldats  aguerris ,  et 
non  point  à  de  bons  et  paisibles  bourgeois,  le  coup  de  main 
tenté  par  les  protestans  serait,  il  n'y  a  pas  de  doute ,  de- 
meuré sans  succès.  Que  fallait-il  donc  à  Charles  IX  pour 
prévenir  toute  surprise  de  la  part  de  ces  sujets  rebelles? 
quelques  nouvelle^  fortifications,  disposées  de  manière  à 
pouvoir  loger  un  certain  nombre  de  troupes ,  et  placées  as- 
sez près  de  la  ville  pour  qu'au  premier  mouvement  ces  trou- 
pes pussent  aussitôt  se  porter  sur  les  points  menacés.  Quant 
aux  souterrains ypuUs  et  autres  restes  de  constructions  qu'on 
a  trouvés,  dit-on,  dans  le  clos  de  M.  Pitrat,  en  creusant 
pour  les  fondations  de  la  tour,  et  que  M.  Cochard  regarde 
comme  des  débris  de  la  citadelle^  il  serait  très  possible  que 
ce  fussent  d'anciens  travaux  i  qui  se  liaient  au  système  de 
fortification  entrepris,  sous  François  I.^'^,  pour  défendre 
la  ville  du  côté  de  la  Croix-Rousse.  » 


(   37) 


1 


HISTOIRE. 


AoDiTunro  et  cobrkgtious  pour  la  liste  des  dépotés  des  proTincc» 
de  Ljonnais  ,  Forez  et  Beaajolais  ,  etc»  f  insérée  ci*dessus  ^ 
tom.  VII',  pag.  43-53.  (  Extrait  d'une  lettre  de  M.  G.  }.. 

La  liste  des  députés  de  Lyon  aux  ëtats-gënéraux  du 
royaume ,  insërëe  dans  le  tome  prëcëdent  des  Archives  , 
avecdes  notes  biographique^  sur  ces  mêmes  députes ,  offre 
beaucoup  d'intérêt  ;  on  aime  à  revoir  des  noms  qui  onl 
honoré  leurs  siècles ,  et  que  des  services  importans  re- 
commandent au  souvenir  de  la  postérité  ;  mais  cette  liste 
reaferme  quelques  inexactitudes  ;  i*ai  pensé  devoir  les 
rectifier,  convaincu  d'avance  que  c'était  entrer  dans  vo» 
Tues  et  faire  quelque  chose  d'utile  que  de  compléter  cet 
excellent  travail. 

Vous  ne  faites  remonter  cette  liste  qu'à  Tannée  1467; 
cependant  la  ville  de  Lyon  ,  depuis  sa  réunion  à  la  cou- 
ronne ,  a  nécessairement  concouru  à  la  formation  de  ces 
grandes  assemblées.  Nous  en  trouvons  des  traces  dans 
les  historiens  ;  mais  comme  les  documens  sur  ce  point 
sont  très-rares ,  nous  adopterons  l'époque  que  vous  avez 
choisie.  Cependant  je  ne  peux  passer  sous  silence  les 
efforts  que  firent  les  Lyonnais  ,  lors  de  la  captivité  du 
roi  Jean  ,  pour  remédier  aux  maux  qui  désolaient  la 
France  :  ils  fournirent  des  otages  ,  s'imposèrent  volon- 
tairement ,  et  payèrent  même  pour  des  villes  voisines  le 
contingent  qui  leur  avait  été  assigné.  Ces  faits  prouvent 
qne  la  sénéchaussée  de  Lyon  avait  été  représentée  dans 


(   28    ) 

les  assemblées  gënërales  où  ces  mesures  avaient  ëtë  ar-*' 
rêlëes. 

Nous  voyons  dans  le  recueil  des  ordonnances  dti 
Xouvre  que  les  gens  des  trois  états  de  la  langue  de 
France,  assemblés  à  Paris,  en  i357,  accordèrent  au 
dauphin  un  subside  de  quatre  mois  pour  subvenir  aux 
dépenses  que  nécessitait  le  fâcheux  état  du  royaume  ;  ils 
ëhirent ,  pour  lever  cet  impôt  dans  le  diocèse  de  Lyon , 
le  prieur  de  Saint-Irénée ,  Bérard  Delavieu ,  chevalier,  et 
Humbert  Bairant,  bourgeois  de  Lyon,  tous  les  trois, 
sans  douté  ,  députés  de  la  province  à  ces  mêmes  états. 

L'exercice  de  leur  mandat  dans  le  Forez  ,  donna  lieu 
h  de  vives  contestations  :  les  habitans  refusèrent  de  payer , 
parce  que  le  comte  ni  eux  n'avaient  accordé  ce  subside. 
Les  commissaires ,  pour  punir  cette  désobéissance  ,  con- 
damnèrent  Pierre   de   Bergisac  ,  chevalier ,  bailli  ,    et 
Pierre  de  Vernay  ,  chanoine  de  Mâcon ,  juge  de  Forez, 
chacun  en  cent  cinquante  marcs  d'argent  d'amende  en- 
vers le  roi.  Le  procureur  du  comte  et  un  grand  nombre 
d'autres  personnes  furent  aussi  condamnés  ,  chacun  ,  en 
cinquante  marcs  d'argent  d'amende.  Les  élus  mirent  en- 
core  les  juridiction  ,  cens  ,  redevances  et  rentes  dudit 
comte,  sous  la  main  du  roi.  Le  comte ,  ses  officiers  ,  et 
les  autres  personnes  atteintes  par  ce  jugement,  en  appe- 
lèrent au  roi  ;  mais  les  élus  continuèrent  leurs  poursuites, 
et  de  concert  avec  le  bailli  de  Mâcon ,  envoyèrent   des 
sergens  et  des  commissaires  à  Montbrison  pour  exiger 
le  subside  ;  ils  firent  même  mettre  en  prison  quelques- 
uns  des  redevables.   Aussitôt  les  habitans  firent  corner 
à  cor  et  sonner  le  tocsin ,  s'assemblèrent  en  armes ,  vin- 
rent dans  les  malsons  où  étalent  le^  commissaires  et  ser- 
gens du  roi ,  et  en  enfoncèrent  les  portes.  Quelques-uns 


(  29  )  , 

s'enfuirent  par  dessus  les  toits ,  les  autres  furent  raaî-' 
traites  et  battus ,  et  leurs  effets  pilles.  Le  lieutenant  du 
bailli  de  Mâcon  fit  informer  de  cette  rébellion  et  saisir 
les  biens  des  prévenus.  Il  y  eut  de  semblables  livoltes 
dans  plusieurs  villes  et  lieux  du  comté. 

Le  dauphin-régent  envoya  dans  le  Forez  l'évéque  de 
Lizieux ,  le  maréchal  de  Boucicaut  et  Pierre  Scatisse  , 
trésorier  du  Roi  ;  il  les  nomma  commissaires ,  conjoin-- 
tement  avec  le  lieutenant  du  bailli  de  Mâcon  ,  pour  con- 
naître de  ces  rébellions.  Ces  commissaires  ayant  égard  à 
la  soumission  de  M."'®  Jeanne  de  Bourbon ,  comtesse  de 
Forez ,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  son  fils  mineur  y 
de  payer  le  subside  de  quatre  mois  et  une  nouvelle. taxe 
pour  la  rédemption  du  roi,  vomirent  les  peines  et  amendes 
d  -  devant  prononcées.  Le  régent ,  par  ses  lettres  du  9 
de  janvier  i358,  confirma  la  décision  des  commissaires» 

Nous  avons  cru  devoir  .rappeler  cet  événement  qui 
semble  établir  que  les  peuples  ne  se  croyaient  enchaîné» 
par  les  délibérations  des  états-généraux ,  qu'autant  que 
les  contributions  avaient  été  votées  par  chaque  province: 
ces  faits  ,  d'ailleurs  y  sont  peu  connus  et  appartienQent 
à  l'histoire  de  Lyon. 

Les  actes  capitulaires  de  Saint-Jean  nous  apprent^ent 
que  le  14  décembre  i463,  le  chapitre  nomma  Geoffroi 
de  Pompadour ,  prévôt ,  et  Claude  Gaste  ,  chanoine ,  pour 
assister  aux  états  à  Montferrand.  Il  parait  que  ces  états 
eurent  lieu,  quoiqu'aucun  auteur  n'en  parle;  car,  le  23 
janvier  1464 ,  Gaste  obtint  un  mandat  de  cent  écus  d'or  y 
principalement  motivé  sur  son  voyage  à  Montferrand. 

L  Éfais-'généraux  tenus  à  Tours ,  en  1467. 

Les  lettres  de  convocation  sont  datées  de  Montils-les- 
Tours,  le  26  février ,  et  adressées  à  nos  chers  et  bien-amis 


(  30  ) 
les  gens  d église ,  bourgeois ,  manans  et  hafiUans  de  notre 
cille  de  Lyon  ;  le  jour  de  l'assemblëe  est  fixé  au  i.^''  avril: 
le  roi  s*excuse  de  ce  délai,  rapproche  sur  ce  que  la  trêve 
entre  lui  et  aucuns  seigneurs  et  leurs  alliés ,  ne  dure 
que  jusqu'au  i  .^'  mai ,  et  qu'il  est  nécessaire  de  prendre 
un  pai'li  auparavant» 

La  nomination  eut  lieu  le  26  mars  1467  ;  les  députés 
âçceptî^rent  ;  on  promit  deux  écus  de  gage  par  jour  à 
M.  Giand ,  docteur  es  lois ,  et  40  sous ,  aussi  par  jour  , 
à  chacun  des  deux  autres. 

n.  1484. 

Les  lettres  de  convocation  sont  adressées  au  sénéchal 
de  Lyon.  L'assemblée  des  trois  ordres  se.  tint  dans  l'église 
de  Si- Jean. 

Députés  élus  : 

M.  Claude  Gaste,  doyen  de  l'église  primatiale  (il  est 
nommé  par  erreur  Gascon  dans  le  recueil  de  Quinet)» 
•  M.  Guichard  d'Albon ,  écuyer ,  seigneur  de  St- André , 
au  lieu  de  M.  Henry  d'Âlbon,  d'abord  nommé. 

M.  Jean  Palmier,  docteur  es  lois,  juge-mage  de  Lyon. 

M.  Bertrand  de  Sallefranque ,  prévôt  de  Lyon. 

M.  Antoine  Dupont ,  clerc ,  notaire  royal  j  procureur- 
général  de  la  ville.  Le  20  juin  14849  le  consulat  accorde 
ibo  liv.  tournois  à  Dupont ,  en  déduction  du  voyage 
qu'il  a  fait  devers  le  roi ,  où  il  a  demeuré  depuis  le  10 
janvier  jusqu'au  pénultième  de  mai. 
'  Le  Beaujolais  nommait  séparément* 

III.  Idem.  i5o6. 

Le  consulat,  par  une  délibération  du  27  avril,  promit 
à  M.  le  Charron  3  liv.  tournois  par  jour  pour  ses  frais. 


(31) 

et  5o  s. ,  aussi  par  jour,  Ji  chacun  des  deux  autres .d^ 

pûtes.  On  leur  donna  3o  écus  d'or  à  compte  ,  prêtes  par 

Guillaume  Andrevet  Le»  députés  furent  de  retour  le  lo 

juin;  une  assemblée  du  consulat  du  16  juin  approuva 

ce  qui  avait  été  conclu  à  Tours.  Chacun  des  membres  se 

soumit ,  par  serment  sur  les  saints  évangiles  j  à  procurer 

l'entier  accomplissement  du  mariage  de  M.™^  Clauda  4^ 

France  avec  M.  de  Valois ,  et  dans  le  cas  où  le  roi  décè* 

derait  sans  laisser  d  enfant  mâle ,  à  reconnaître  le  même 

M.  de  Valois  pour  roi  et  souverain  seigneur.  Un  double 

clecet  acte  fut  envoyé  à  Louisr  XU.  M.  de  Laurencin 

ne  voulut  rien  exiger  de  ses  frais.  (Délibération  du  14 

juillet  i5o6.) , 

IT.  Cowoqués  à  Meaux  pour  le  20  décembre  i56o, 
tenus  à  Orléans  le  iZ  décembre.. 

Le  2  novembre  i56o ,  les  trois  ordres  de  la  province, 
assemblés  dans  une  des  salles  de  Tarchevéché  ,  élurent , 
savoir:  le-  clergé,  MM.  Buatier  et  de  Saconay  ;  la  no- 
blesse ,  MM.  le  baron  de  St-Chamond  et  le  seigneur  de 
la  Liégue  le  jeune  «  et  le  consulat ,  Antoine  Bonin ,  sieur 
de  Servières,  et  Pierre  Olrollier.  Chacun  des  ordres  fit  son 
cahier  de  doléances  qu'il  remit  à  ses  députés.  Les  envoyés 
du  plat-pays  de  Lyonnais  se  réservèrent  de  dresser  leurs 
doléances  à  part ,  et  d'en  charger  les  députés  qu'ils  nom- 
meraieatb  II  pandt  qu'ils  élurent  Mathieu  Pany,  Jean 
Mandas  et  Claude  Graves  i  du  moins  ces  noms  figurent 
avec  ceux  de  GroUier  et  de  Bonin  dans  le  nombre  des  dé- 
putés de  la  sénéchaussée  de  Lyon  qui  parurent  à  la  dernière 
séance  des  4t^  4'OrléiiKis,  tenue  U  3x  janvier  1S61. 


V.  A  Slois.  1576.  Convoqués  pour  le  1^  noçembre. 

L'assemblëe  des  troU  ordres  se  rëunit  dans  la  salle  dé 
rarchevéché ,  le  i  .•'  octobre ,  en  prince  de  M.  de  Man- 
delot ,  lieutenant-gënëral  ;  le  clergë  nomma  M.  Tarche- 
Téque  9  et  la  noblesse ,  MM.  du  Piney  et  de  Beauregard. 
Le  consulat  s*assembla  le  3o  octobre  ,  à  rh6tel-de-yille , 
et  notnma  MM.  GroUier  et  Scarron  qui  ne  voulurent  pas 
accepter ,  et  Claude  de  Rubys  pour  adjoint ,  maïs  la 
prësëance  que  voulut  ce  dernier ,  détermina  une  seconde 
assemblée  du  consulat  le  12  novembre  suivant,  dans 
laquelle  furent  ëlus  Antoine  Scarron^  échevin,  et  Jean 
de  Masso ,  conseiller  du  roi ,  receveur-^ënéral  de  ses 
finances  en  la . gënëralitë  de  Lyon;  il  leur  fut  accordé 
200  liv.  tournois  pour  s'équiper. 

Dans  les  procès  verbaux  des  états-généraux ,  on  voit 
que  le  clergé  de  Lyon  avait  député,  outre  M.  rarchévè- 
que  ,  M.  de  Marnas,  chanoine  et  sacristain  de  léglisede 
St-Just,  et  que  le  plat-pays  de  Lyonnais  était  repré- 
senté par  Philibert  Pérault. 

VL  A  Blois^  i588. 

Les  lettres  closes  adressées  au  lieutenant-^général  de 
la  sénéchaussée  de  Lyon ,  pour  la  convocation  des  trois 
ordres,  sont  du  7  août  i588.  Le  clergé  nomma  Claude 
de  Chalmazel ,  doyen  de  Téglise  de  Lyon ,  et  Marc  de 
Pravieux,  chamarrier;  la  noblesse  ,  Jacques  de  Ste- 
Colombe ,  chevalier  ,  sieur  du  Piney ,  Villette  et  Tori* 
gny  ;  le  consulat ,  par  sa  délibéFation  du  1 3  septembre , 
Pierre  Scarron  et  Nicolas  de  Chaponay,  échevins;le 
tiers-état  du  Lyonnais^  Pierre  Dugas ,  greffier  de  Thu- 


(33) 
rins ,  et  Claude  Bletemaz  ,  procureur  en  la  baronnie 
dlzeron. 

TU.  D'abord  convoqués  à  Rhtimspar  le  duc  de  Mayenne  ^ 
tnsuiie  à  Soissons  ^  pour  le  26  octobre  1592» 

Le  motif  de  cette  assemblée  ét^It  Tëlection  d*un  roi 
catholique.  Le  consulat  choisit,  le  19  octobre,  pour  ses 
députés ,  Guillaume  de  Villard ,  avocat  en  la  sénéchaussée , 
conseil  de  la  ville  (il  n'était  point  de  la  famille  du  ma- 
réchal ) ,  et  Guillaume  Gelas  ,  échevin.  Ils  n*acceptèrent 
que  sous  la  condition  que  dans  le  cas  où  ils  seraient 
Tolés  ou  faits  prisonniers  dans  ce  vo/age ,  on  payerait 
leur  rançon  et  on  les  indemniserait  de  tous  dommages. 
On  leur  accorda ,  à  compte  de  leurs  dépenses ,  200  écus 
sol,  qu^il  fallut  emprunter  à  un  taux  excesûf  ;  on  leur 
donna  procuration  le  20  du  même  mois. 

Vin.  Assemblée  des  notables  tenue  à  Rouen ,  le  4 

novembre  1596. 

MM.  de  Bothéon ,  de  Servières ,  trésorier  de  France , 
et  Henry  9  échevin. 

IX.  A  Paris.  1614* 

Dans  l'assemblée  des  trois  ordres ,  tenue  dans  une  des 
sâUes  de  Tarchevéché  de  Lyon ,  en  présence  de  M.  d'A- 
linconrt,  gouverneur  ,  le  4  août  161 4  ,  le  clergé  élut 
pour  ses  députés ,  M.  Parchevéque ,  et  M.  de  Gibertes  , 
archidiacre  de  la  grande  église  ;  la  noblesse ,  Claude  de 
Cremeau ,  seigneur  de  Chamoussel  ;  le  consulat  réuni  à 
l'hôtel  de  ville  le  9  août ,  Pierre  Austrein  ,  prévôt  des 
marchands. 

Par  une  délibération  du  9  septembre  suivant ,  le  con- 
Tome  FUI.  3 


(34) 
6ulat  nomma  MM.  Charles  Grollier ,  procureur^-g^n^I 
de  la  yille ,  et  Jean  de  Moulceau ,  avocat  au  conseil  privé 
du  roi)  pour  être  adjoints  à  M.  le  prëv6t  des  marchands 
et  pour  concourir  avec  lui  aux  délibérations  des  étab- 
généraux  ;  ils  partirent  le  28  septembre. 

En  juin  161 5  ,  il  fui  remboursé  à  MM.  Austrein  et 
Grollier  pour  leur  dépense  6,994  Hv.  9  s.  2  d.  et  à  MM.  de 
.de  Moulceau  iSoo  liv.  Le  plat-pays  élqt  pour  ses  dé- 
putés Jean  Goujon  ,  avocat ,  et  Philibert  Tixier  ,  châ- 
telain, de  Dargoire  :  il  leur  fut  payé  ,  pour  assistance  aux 
états-généraux  ,  la  somme  de  5,988  liv. 

Une  assemblée  des  états-généraux  fut  convoquée  »  par 
lettres  du  4  avril  i65i ,  pour  être  tenue  à  Tours  le  mois 
de  septembre  suivant.  Le  consulat  nomma  ,  le  a  mai  y 
pour  député,  Charles  Grollier,  sieur  de  Cazaut,  prévôt 
des  marchands  ;  mais  Tétat  des  choses  fit  ajournev  le  projet 
de  cette  assemblée. 


BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 


KOTIGE  SUR  L*ABBé  DE  FARAMA5T. 

L^abbé  Louis  de  la  Croze  de  Faramant,  docteur  de 
Sorbonne  ,  a  été ,  pendant  plusieurs  années  ,  prévôt-curé 
de  l'église  d*Âlnay  ,  officiai  et  grand  vicaire  de  Tarche- 
véque  de  Lyon.  Il  fut  reçu  membre  ordinaire  de  l'aca- 
démie de  celte  ville  le  18  décembre  1724  (i),  et  suivit 


(1)  Le  P.  do  Colonia  lut ,  dans  la  séance  publique  de  ce-  jour , 
une  Dissertation  historique  sur   l'ancien  autel  de  Lyon  ,  dont   1« 


<  35  ) 
avec  assiduité  les  séances  de  cette  compagnie,  à  laquelle 
il  communiqua  un  assez  grand  nombre  d  opuscules  dont 
la  liste  fera  connaître  la  variété  de  ses  connaissances,  ou 
du  moins  de  ses  études  : 

i.^  En  1728,  Observations  sur  Plutarque;  sur  le 
grand  et  le  pathétique;  :si  Téloquence  doit  plus  aller  à 
Tesprit  qu'au  cœur  ^€/  çicc  çersd; 

2.^  En  1729,  sur  le  Démon  de  Socrate  ;  Apologie 
de  Quintus  Fabius  Maximus  ; 

3.^  En  1731 ,  Remarques  sur  la  vie  et  les  œuvres  de 
Velléius  Paterculus  ; 

4.0  En  1732 ,.  Parallèle  des  jeux  funèbres  d'Homère 
et  de  Virgile;  Traduction  de  la  Vie  d*Agricola,  de  Tacite; 

5.®  En  1734,: sur  T Aréopage;  . 

6.^  En  1736  ,  sur  les  peines  militaires  chez  les  Romains; 

7*^  En  1737,  Traduction  du  dialogue  de  Platon ,  in- 
titulé Ménon  ;  Explication  d'une  loi  des  Douze  Tables  ; 
sur  les  Amazones  ; 

8.^  En  1741 9  sur  la  Tachygraphie  ou  Tart  des  abré* 
viations  (  c'est  de  .cette  dissertation  ,  qui  était  fort  cu- 
rieuse et  qui  fut  lue  dans  la  séance  du  22  août ,  qu'est 
tirée  la  traduction  du  distique  de  Martial  :  Carrant  perba 
Ucei..,.  9  citée  dai^  le  tome  précédeût,  pag.  462  )  ; 

9.^  En  1742  9  Recherches  sur  la  dénomination  d'/m* 
feraiûr  ;.         .     ' 


manascrît  existe  dans  les  porte-feuilles  de  Tacadëioie  f  dissertation 
extraite  de  V Histoire  liHén  de  Jjyon  qui  alors  n'était  pas  eacore  pu- 
btiée.  Il  y  ayait  une  sorte  d'À'prt>pos  dans  le  choix  du  sujet,  puisque 
la  récipiendaire  était  attaché  à  une  ëgKse  que  l'on  croit  avoir  été 
ëler^e  sur  les  ruines  d^  temple  d'Auguste  ;  et  le  P.  de  Colonia 
n'oablia  pas  de  faire  valoir  celte  circonstance. 


(56) 

lo.*  En  1745 ,  sur  fa  vie  de  Th^phile  Folengî , 
vulgairement  appelé  Merlin  Coccaie  ,  et  sur  là  poésie 
macaronique  ; 

II.®  En  1744  9  Recherches  sur  Aide  Maiiuce  avec 
imé  notice  de  ses  principales  éditions  ; 

12.®  Et.  enfin  9  en  174^»  Discours  prononcé  dans 
Téglist  d' Ainay ,  le  1 4  mai ,  à  la  bénédiction  des  dra- 
peaux du  régiment  de  Lyonnais  (ce  discours  fut  imprimé 
la  même  année  à  Lyon ,  chez  Aimé  Delaroche  ,  in~4.^  de 
6  pages.  C'est  le  seul  des  ouvrages  de  Tabbé  de  Fara- 
mant  que  nous  sachions  avoir  été  publié.  ) 

On  voit  par  ce  catalogue ,  que  Ton  croirait  être  celui 
des  ouvrages  d'un  des  membres  les  plus  actifs  de  l'aca- 
démie des  inscriptions,  combien  Tabbé  de  Faramant 
était  laborieux.  L'académie  de  Lyon  ne  conserve ,  je 
crois ,  aucun  des  manuscrits  des  mémoires  que  nous  ve- 
nons d'indiquer;  mais  ils  sont  presque  tous  analysés 
dans  les  proi^ès-verbaux  de  ses  séances.  Il  parait  qu'elle 
perdit  l'abbé  de  Faramant,  en  1746 ,  époque  où  il  alla 
s'établir  à  Paris.  Sa  place  fut  déclarée  vacante  le  19  jan- 
vier V/oi.  On  annonça  qu'il  avait  quitté  Lyon  depuis 
enviion  quatre  ans  ,  et  qu'il  avait  même  résigné  le  bé-^ 
néfice  qu'il  avait  dans  cette  ville.  Ce  fut  l'abbé  de 
Tocquet  de  Mongefibnd  qui  lui  succéda  dans  les  fonc- 
tions de  prévôt  d' Ainay.  On  rapporte  un  mot  de  l'abbé 
de  Faramant  qui  n*e$t  pas  très-flatteur  pour  la  mémoire 
de  cet  abbé  de  Tocquet  :  «  Mon  prédécesseur ,  disaii-il , 
»  était  une  béte ,  mon  successeur  en  est  une  autre ,  et 
»  moi  je  fais  parenthèse  entre  les  deux.  »  .. 

On  trouve  dans  le  recueil  des  poésies  latines  d*Étiènne 
FabrtRi ,  dédié  à  l'académie  de  Lyon  et  intitulé  :  S/ep/i. 
Fabretti  Urbinaiisè  societate  Jcsu presbùeri {sic)  Lynca 


(  57  ) 
f/  Episioiœ^  Lyon  ,  frères  Duplain  ,  1747,  în*8,*  p 
293-296  ,  une  pièce  en  vers  éiëgiaques  portant  ce  tit 
Ad  iUttsticissimum  D.  D.  Ludovicum  abbaiem  de 
Croie  de  Faramemi  y  daeforem  Sorbonicum ,  collegu 
A/henacensis  ecclesiœ,  prœpàsifum  ,  Em.  Lugdun*  c 
chitpiscopi  çicorium  generolem ,  etc.  Quod  perlecim  n 
lyrica  pluribus  exorfiasset. 

Nous  ignorons  Tëpoque  de  la  mort  de  Tabbë  de  Fa 
mant ,  ainsi  que  la  date  et  le  lien  de  sià  naissance.  ' 


fflSTOIRE  LITTERAIRE  DE  LYON. 


Le  P.  Pierre  L*Abbë ,  qui  a  été  recteur  du  col! 
de  la  Trinitë  de  Lyon  (i),  dans  ses  Ehgia  histof 
lagduni  antigui  y  Dissert.  IX ,  pag.  5i5  de  ses  Élo 
sacra  et  iheologica ,  eta  Grenoble ,  1664 ,  in- fol.  ( 


(1).  Le  jéftaite  Pierre  L'Abbë  ^tait  oë  à  Clermont  ;  il  mourul  < 
le  collège  de  LyoB  ^  où  il  a  profe«së  pendant  plusieurs  an^ëc 
exerce  les  fonctions  de  bibliothécaire.  On  a  déjà  remarqnë  que 
part  dans  ce  recueil  qu'il  ne  fallait  paa  le  confondre  avec  un  a 
jésuite  dont  le  nom  à  quelque  ressemblance  ayec  le  sien  ,  le  P.  ] 
lippe  I«bbe  ,  autair  d'an  grand  nombre  d\>uvrages  sur  l'histoire  • 
chronologie  ,  auquel  on  doîl'  en  particulier  le  recueil  dev  actei 
conciles  en  17  Tolumes  in-fol. ,  et  qui  a  ii^cé  le  plan  de  THis! 
byzantine.  Ce  sont  deux  personnages  très-différens.  M.  Delan 
«st  du  nombre  de  ceux  qui  les  ont  confondus.  Voy.  son  CaîaU 
des  manuscriis  de  la  hihUoifii^uc  de  Lyon  ,  tom«  I  y  pag.  i5. 

(a)  En  1671  »  le  P-  L'AU>ë  fit  fiedre  un  noateaa  frontispice 
partie  de  ses  Elogîa  qui  concerne  Lyon ,  et  en  fongaa  un  ^ 
sous  ce  titre  :  Pefri  L'Ahhi  ,  è  tocîetatU  Jfisu  ,  Lugduni  v< 
»^«ê  {td  Lm^dunùm  chrisHanum  tUsiô^îêf,  tugiuni ,  apud  J 
humTaehn,  tic.  16710  U  y  ajouta.  auf^I*  quelques  pièces  ] 
rainaires. 


(  38  ) 
a  fait  un  Lyonnais  de  Valérius  Caton  ^  grammairien  et 
poète  qui  vivait  du  temps  de  Sylla  et  dont  on  trouve 
la  biographie  dans  le  traité  de  Suétone   de  lUusiribus 
Grammaikis.  Il  a  ,  je  crois ,  suivi  en  cela  Symphorien 
Champier  ,  de  claris  Lugdunensibus ,  et  à  son  tour  il  a 
été  suivi  par  Tabbé  Pernetti ,  Lyonnais  dignes  de  mi^ 
moire ,  tom.  I ,  pag.  8  ;  mais  Spon  et  le  P.  de  Colonia  ^ 
ont  manifesté  une  opinion  absolument  contraire  :  le  pre- 
mier ,  Recherches  des  AntiquiUs  de  I/fon  ^  pag.  9  9 
après  avoir  soutenu  qu'il  n'y  avait  nulle  apparence  que 
Lyon  eût  existé  avant  l'arrivée  de  la  colonie  de  Plancus 
qu'il  tenait  pour  véritable  fondateur  de   cette  ville  9 
ajoute  :  «  Je  n'ai  donc  garde  de  mettre  dans  le  rang  des 
»  Lyonnois  illustres ,  comme  ont  fait  quelqu^s-tins  de 
2>  nos  aùtheurs  ,•  Lucius  Ploiîus ,   grand  orateur  que 
»  Cicéron  avoit  écouté ,  Antonius  Gnipho  9   précepteur 
»  de  Jules  César  ,  ou  Valerius  Calo ,  qui  sont  tous  morts 
»  avant  qu'on  eust  jette  les  fondemens   de  Lyon  ;  et 
»  Suétone  mesme  ne  nous  les  donne  que  pour  Gaulois.  )^ 
Le  second ,  Histoire  Uiiéraire  de  Lyon  ,  tom.  I ,  pag.  169 
pense  absolument  de  même  :  il  est  vrai  qu'il  ne  parle 
pas  de  Valerius  Caton ,  mais  il  nomme  les  deux  autres 
Gaulois  9  Gniphon  et  Plotius  ,  et  s'exprime  à  leur  égard 
à  peu  près  dans  les  mêmes  telrmes  que  le  célèbre  anti- 
quaire :  4i  Je  n*ay  garde ,  dit-il  en  effet ,  de  prétendre 
»  que   Plotius ,  qui  enseîgnôît  dans  Rome ,  plusieurs 
')>  années  avant  la  fondation  de  Lyon ,  fût  lyonnois  de 
3>  naissance,  oomme  l'ont  dit  bonnement  plusieurs  de 
»  nos  anciens.  Je  dors  dire  aussi  la  même  chose  de  Marc 
»  Antoine  Griiphc^ri  j* ^ont  Suétone  et  Macrobe  ( Satumal. 
»  I. m  ,  c  12  )  xantentsi  fort  l'esprit,  le  savoir,  la 
»  mémoire ,  la  doiiffAir ,  lé  désintéressement ,  et   qui  , 
»  après  avoir  été  précepteur  de  Jules  César  ,  enseigna 


(39) 
B  publiquenient  la  rbëtorique  dans,  sa  propre  maison  j 

f  où  Cic^ron  alloit  assidûment  Tëcoutçr ,  lorsqu'il  étoit, 
».  sorti  du.  barreau.  Fuisse  diciiur  ingenii  magni ,  mt^ . 
A.  moriœ  singularis  ,  neç  minus  grœct  quam  latine  doc^, 
«  ius..^  Scholam  ejus  claros  quoquc  çiros  fréquentasse 
»  aiunt  :    in    his    Marcum    Ciceronem  ,    etiam    cum 
»  prmiurajungereiur^^i  de  lui  Suétone,  dans  son  livre 
»  des  Illustres  Grammairien^.  —  Je  me  contente  de  dire 
»  que  ces  deux  hommes  si  célèbres  dans  Içur  art,  ëtoient 
»  nës  parmi  nos  peuples  ,  dans  le  même  pays  et  dans 
3>  le  même  siècle  qui  yit  naître  rette  ville.  »  On  voit 
que  la  diversité  des  opinions  sur  le  fait  dont  il  s'agit  9 
provient  de  celle  qui  existait ,  comme  elle  existe  encore , 
sur  le  point  de  savoir  si  Lyon  a  été  fondé  l'an  de  Rome 
71 1  par  Munatius  Plancus ,  ou  si  lorsque  ce  prétendu 
fondateur  y  amena   une  colonie  romaine  ,  cette  ville 
était  déjà  bâtie  depuis  long-temps.  Tous  ceux  qui  tien- 
nent pour  ce  second  sentimient ,  sont  facilement  portés 
à  admettre  que  les  trois  Gaulois  célèbres  dont  nous  nous 
occupons  étaient  lyonnais.  Aussi   le  P.  Ménestrier  qui 
est  à  I9  tête  de  ce  parti  $ .  n*aurait-il  pas  hésité  à  les 
reconnaître  pour  tels ,  et  peut-être  Tart-il  f$iit  quelque 
part.  Un  de  nos  collègues  (i>  est  allé  plus  loin ,  ou 
plutôt  il  a   suivi  une  autre  méthode  pour  obtenir  les 
mêmes  résultats  ;  il  a  renversé  la  question  sens  dessus 
dessous  :  de  ce  que  plusieurs  modernes  ont  avancé  que 
Plotius  et  Gniphon  ,  dont  le  premier  est  né  en  654  # 
étaient,  venus  au  monde  à  Lyon  ,  il  semble  avoir  voulu 
conclure  que  Lyon  existait  déjà  avant  l'an  711  ;  il  ne 
s'est  pas  aperçu  que  raisohner  ainsi ,  c'était  tourner  dans 
un  cercle  vicieux  ;  c'était  donner  pour  une  conséquence  ce 

.  (r)  Voy.  notfe  toinç  IV  ,  pog.  igiS. 


(  4o  ) 
qui  n*est  que  le  principe  conteste  d'où  qudques  ëcrîy«ns 
sont  partis  pour  établir ,  non  qu'il  était  certain ,  mais 
seulepfient  qu'il  était  probable  que  Gniphon  et  Plotius 
avaient  pris  naissance  dans  nos  murs  ;  c'était  enfin 
ériger  en  preuve  une  simple  conjecture. 

Mais  toute  cette  discussion  et  toutes  ces  assertions 
contradictoires ,  desquelles  il  résulte  au  moins  que  la 
question  est  fort  douteuse,  n'auraient  point. embarrassé 
le  P.  L'Âbbé  dont  il  est  temps  de  mettre  les  propres 
paroles  sous  les  yeux  du  lecteur  :  Lugdunensem  (  Vct^ 
lerium  Catonem  )  fuisse  probcU  inscripiio  ,  quœ  adhuc 
exiat  apud  Ansam  ,  et  nelaudarifanium  putes  in  lapidé  y 
laudat  illum  Suetonius ,  etc.  Ainsi  le  P.  L'Abbé  s'appuyait 
sur  une  preuve  qui  lui  semblait  irréfragable ,  sur  ane 
inscription  qui  existait  encore  de  son  temps  apud  Ansam 
(  sans  doute  auprès  d'Anse ,  petite  ville  de  l'ancienne 
province  du  Lyonnais ,  à  4  lieues  de  Lyon  )  ;  mais  par 
malheur  il  ne  rapporte  point  cette  inscription  qu*il  se 
contente  d'indiquer  de  la  manière  qu'on  vient  de  voir  , 
et  nous  demeurons  privés  de  l'avantage  de  pouvoir  yé— 
rifier,  par  un  examen  attentif,  si  elle  s'applique  au  Valtrius 
Caio  de  Suétone ,  et  si  elle  détermine  sa  patrie  auss^ 
précisément  que  le  veut  notre  Jésuite.  Jusqu'à  l'heure 
où  l'existence  de  cet  antique  monument  nous  sera  dé- 
montrée et  où  nous  en  connaîtrons  les  termes  ,  il  nous 
sera  permis  de  penser  qu'il  n'y  a  d'établi  qu'une  chose  : 
c'est  que  Valérius  Caton ,  ainsi  que  Lucius  Plotius  et 
Antoine  Gniphon  ,  étaient  gaulois ,  comme  le  disent 
formellement  les  auteurs  de  l'antiquité ,  mais  que ,  soit 
que  l'on  recule  la  fondation  *de  Lyon  à  une  époque 
antérieure  à  la  venue  de  Plancus ,  soit  qu*on  la  fasse 
daler  seulement  de  son  arrivée  sur  nos  bords,  rien  ne 
prouve  que  ces  trois  personnages  aient  vu  le  jour  dans 


(  4Ô    ^ 

Botre  territoire  plutôt  que  dans  toute  autre  partie  des 
Gaules. 

Du  reste ,  on  peut  consulter  sur  leur  vie  et  sur  leurs 
ouvrages,  outre  les  ëcrivains  que  nous  avons  cites, 
Y  Histoire  liHéraire  de  la  France\  par  des  Bénédictins , 
tome  I ,  pag.  83  et  suiv. ,  et  pour  Valérius  Caton  et 
Gnîphon ,  la  Biographie  universelle ,  où  Lucius  Plotius 
est  omis,  quoiqu'il  eût  autant  de  droit  d*y  figurer  que  les 
deox  autres.  Nous  observerons ,  en  passant  ;  que  c'est 
par  erreur  que  Tauteur  de  l'article  Calon  (Yalërius)  , 
dans  le  dernier  de  ces  ouvrages ,  a  avance  que  le  poème 
des  Dirœ  n'a  été  traduit  dans  aucune  langue  moderne  : 
l'abbë  de  MaroUes  a  mis  ce  poème  en  vers  français 
parmi  les  Opuscules  attribués  à  Virgile  ,  imprimés  avec 
sa  traduction  de  Virgile  également  en  vers  ,  I.*^^  partie  , 
Paris ,  1675  ,  în-4.*  Voy.  Goujet  ,  Biblioth.  franc. , 
tom.  y  ,  pag.  2o5-2o6.  On  peut  dire  toutefois  à  la  dé- 
charge de  M.  Walckenaer ,  rédacteur  de  Tarticle  eh 
question  ,  qu'il  a  pu  regarder  comme  non  avenue  et 
compter  pour  rien  une  traduction  faite  par  l'abbé  de 
Biarolles.  ^ 

Voici  encore  un  autre  personnage  qu'un  écrivain  tout 
nouveau  donne  mal  à  propos  pour  un  Lyonnais.  II 
s'a^t  de  Trébonius  Rufinus  que  M.  Charles  Durand , 
Coiu^s  ^éloquence  à  t usage  des  jeunes  gens  qui  se  des- 
timnl  au  barreau  ou  à  la  tribune  nationale  (i)  ,  Paris 
1828 ,  2  vol.  in-8.  ,  tom.  I ,  pag.  258  ,  compte  au 
nombre  des  hommes  célèbres  qui  illustrèrent  les  Gaules , 


(1)  Cette  citation  tiendra  lieu  de  l'annonce  de  l'ouTrage  de 
M.  Charles  Durand ,  qui  appartient ,  en  quelque  sorte  ,  à  la  biblio- 
graphie lyonnaise  ,  puisqu'il  contient  le  cours  professa  par  l'auteuv 
à  i^on  f  en  1896  et  iS97« 


(42) 

et  particulièrement  la  ville  de  Lyon  ,  dans  les  premiers 
siècles  de  l'ère  chrétienne,  ce  A  Lyon^  dit-il ,  César  Ger- 
»>  manicusse  montre  poète  (i),  Libéralis  (2)  cultive  la 
»  philosophie  ,  Abascante  (3)  la  médecine ,  et  Germinius 
»  et  Rufin  s'honorent  de  Tamitié  de  Pline.  »  Ce  Rufia 
est  évidemment  Trébonius  Rufinus ,  duumvir  à  Vienne, 
c'est-à-dire  un  des  deux  premiers  magistrats  de  cette  ville, 
dans  le  premier  siècle  depuis  J.-C.  ;  mais  Vienne  n*est 
pas  Lyon  ,  et  il  y  avait  autrefois  entre  ces  deux  villes  , 
souvent  ennemies ,  une  bien  plus  grande  différence  que 
celle  qui  existe  maintenant ,  différence  qui  fut  long-temps 
k  l'avantage  de  Vienne ,  plus  ancienne  et  plus  considé- 
rable alors  que  Lyon  ,  et  qui  ne  permet  pas ,  lorsqu'on 
parle  de  faits  anciens  ,  de  confondre  ces  deux  cités  , 
malgré  le  peu  d'éloignement'  où  elles  étaient  l'une  de 
l'autre.  Pline  le  Jeune  a  en  effet  correspondu  avec  Ru- 
finus ,  et  la  22^  lettre  de  son  IV^  livre  lui  est  adressée. 
C'est  dans  cette  lettre  et  dans  un  passage  de  la  18.^  du 
livre  VIII  que  se  trouvent  le  peu  de  notions  qui  nous 
restent  sur  le  duumvir  viennois.  Nous  renvoyons  le 
lecteur  à  VHist.  litiir.  de  la  France^  par  des  Bénédictins, 
tom.  ly  pag.  249-2^0  ,  où  ces  notions  sont  rassemblées 
avec  soin.  Quant  à  Germinius  que  M.  Charles  Durand 


(0  On  connaît ,   en  effet,  de  ce  prince,  petit-nereu  d'Auguste 
tké  rceUement  à   Lyon  ,    quelques   épigrammes    grecques    et  latines 
qui  sont  parvenues  jusqu'à  nous  et  une  traduction  en  Ter»  latina  des 
Phénomènes  d'Aratus. 

(1)  AEbutius  LiLérHlis  ,  ami  de^  Sénèque  ,  qui  lui  dédia  son  traité 
des  BienfaUs. 

(3)  On  trouve  dans  les  Arch»  du  Bh.  ,  t.  Il ,  p.  564  i  ^^^  notice 
sur  Abascantius  ,  qu'on  peut  compléter  au  moyen  de  celles  que  loi 
ont  consacrées  les  Bénédictins  ,  auteurs  de  VHist*  lUl,  de  la  Erance  p 
tom.  1 1  pag.  a5o. 


.  .  (  43  ) 

désigne  aussi  comme  ayant  été  en  commerce  ëpislolaire 
atec  Pline  le  Jeune ,  celui-là  était  bien  lyonnais ,  mais 
son  nom  est  dëfigurë  :  il  faut  dire  Geminius,  Nous  avons 
parlé  de  lui ,  Archw.  du  Rh. ,  tom.  Il ,  pag.  a.  Pro- 
fitons de  cette  occasion  pour  indiquer  d*autres  noms  de 
Gaulois  illustres  ,  que  M.  Charles  Durand  ou  son  im- 
primeur a  également  estropiés  :  pag.  255  de  son  I.^'tome^ 
il  a  écrit  Periicus  au  lieu  de  Persicus ,  et  Arsanus  au 
lieu  m  Art  anus  ;  et  pag.  260 ,  Ausonne  au  lieu  à'Ausone. 
Cette  dernière  faute  est  très-commune  dans  les  écrivains 
modernes  de  France ,  qui  ,  en  général ,  n*ont  pas  une 
grande  érudition  classique ,  quoique  plusieurs  d*entr*eux 
soient  bien  aises  qu'on  les  en  croye  abondamment  pourvus. 


BEAUX -ARTS. 


Le  betour  de  cuassis.  ,  tableau  de  Mad.  Petit-Jean ,  et  la  Tireuse 

DE  CARTES ,  tableau  de  M.  Bîard. 

Og  nous  avait  fait  espérer  que  les  ouvrages  de  peinture 
€t  de  sculpture  envoyés  à  Paris ,  au  salon  de  cette  année , 
parles  artistes  de  Técole  de  Lyon ,  seraient ,  après  Texpo* 
sition,  remis  en  route  pour  notre  ville,  et  que  le  public 
aurait  Tavantage  de  les  voir  tous  réunis  dans  une  des  sal* 
les  du  palais  de  St.-Pierre.,  où  les  amis  des  arts  pensaient 
jouir  du  plaisir  de  les  admirer  avant  leur  départ  pour  la  ca- 
pitale. Notre  attente  serait-elle  trompée?  Du  nombre  as- 
sez grand  de  productions  dont  les  artistes  lyonnais  ont  en* 
richi  là  decnière  exposition  du  Louvre ,  est-il  dit  que  les 
deux  jolis  tableaux  qu'on  voit  depuis  quelques  jours  dans 
la  salle  de  la  bibliothèque  de  Técole  des  beaux-arts,  seront 


(  44  >  ^ 

les  seuls  objets  oflFerts  à  notre  icuriositë  f  Ne  sachant  pas  à 
quoi  nous  en  tenir  là-dessus,  nous  croyons  devoir  nous 
empresser  de  faire  connaître  à  nos  lecteurs  les  pièces  agréa- 
bles dont  nous  venons  de  parier;  et  comme  la  politesse 
veut  que  les  dames  passent  les  premières ,  nous  commen- 
çons par  le  tableau  de  Madame  Petit- Jean. 

La  scène  se  passe  à  la  campagne ,  dans  Tintérieur  d*un 
château,  ou  du  moins  d'une  habitation  élégante,  dont  le 
propriétaire  est  un  homme  d*un  certain  rang,  puisque  l'ar- 
tiste Ta  représenté  portant  un  ruban  rouge  à  la  bouton-* 
nière  de  son  vêtement.  Ce  personnage,  ainsi  décoré,  est 
assis,  dans  son  cabinet,  auprès  d'une  table  placée  en  face 
d'une  cheminée  ;  sa  femme  est  assise  k  sa  droite ,  et  devant 
lui  est  un  vieux  paysan ,  assis  auprès  de  laicheminée.  Ce 
vieux  paysan  est ,  selon  toute  apparence ,  un  des  fermiers 
du  personnage  décoré  ;  c'est  lui  qui  vient  d'apporter  les 
deux  sacs  et  les  trois  piles  d'écus  qu'on  voit  sur  la  table  y 
et  le  propriétaire  est  sur  le  point  de  lui  faire  sa  quittance , 
puisqu'il  tient  une  plume  de  la  main  droite,  et  qu'il  a  la 
main  gauche  sur  une  feuille  de  papier  blanc.    - 

En  ce  moment  arrive  le  fils  de  U  maison  ;  il  revient  de 
la  chaise,  où  il  est  allé  pour  la  première  fois,  et  il  est  ac- 
compagné d'un  superbe  chien  courant.  Le  jeune  homme 
est  en  veste  de  drap  vert ,  en  culotte  de  drap  gris ,  en  gué- 
ires  de  cuir  fauve ,  et  il  est  coiffé  d'une  toqM  de  drap 
bleu  ;  il  tient  de  la  main  gauche  un  fusil  à  deux  coups,  et 
de  la  main  droite  un  grand  lièvre  qu'il  a  tué  et  qo'il  pré- 
sente à  son. père  d'un  air  de  triom^ateur.  La  surprise  et 
la  satisfaction  éclatent  sur  les  figures  du  personnage  dé*- 
coré,  de  sa  femme  et  du. vieux  paysan;  tous  paraissent 
émerveillés  de  l'adresse  du  jeune  chasseur  et  semblent  loi 
en  faire  compliment.  Une  jeune  demoiselle ,  qui  se  tient 
debout  derrière  la  maîtresse  de  la  maison  ^  et  qui  parait 


(  45  ) 
être  la  sœur  du  jeune  homme ,  a  les  yeux  fixes  sur  le  liè- 
vre et  regarde  lâF  ][)auvre  bête  avec  un  air  de  compassion  ; 
une  jeune  cuisinière  est  h  la  porte  du  cabinet ,  et  Ton  voit, 
à  son  air  riant,  qu  elle  attend  que  l'animal  lui  soit  livre- 
Cette  petite  scène  de  famille ,  qui  se  passe  en  hiver,  au- 
près d  un  grand  feu ,  est  rendue  avec  beaucoup  de  naï- 
veté, et  Ton  doit  à  Madame  Petit- Jean  de  justes  ëloges  sur 
la  délicatesse  et  le  fini  qui  régnent  dans  tous  les  détails  de 
cette  intéressante  composition.  Ce  joli  tableau ,  devant  le- 
qael  Madame  la  Dauphines'est,  dit-on,  arrêtée  long-temps, 
et  dont  elle  a  témoigné  Je  désir  de  faire  l'acquisition ,  se 
treuvait  déjà  retenu  pour  notre  Musée  qui ,  chaque  jour , 
s'enrichit ,  comme  on  le  voit ,  de  productions  charmantes. 
Honneur  à  l'autorité  municipale  de  Lyon  des  soins  qu'elle 
apporte  à  encourager  parmi  nous  la  culture  des  beaux- 
arts,  et  puissent  sesJibéralités' exciter  de  plus  en  plus  lé 
zèle  et  l'émulation  des  jeunes  élèves  de  notre  école  ! 

Le  tableau  de  M.  Biàrd  représente  une  de  ces  sibylles  dé 
gremer  qui,  de  tout  temps,  ont  vécu  et  ne  cesseront  jamais 
i^  vivre  de  la  sotte  crédulité  et  de  la  superstition  malheu- 
reuse, nous  ne  disons  pas  seulement  des  gens  de  la  classe 
populaire,  mais  encore  d*un  assez  grand  nombre  de  per- 
sonnes des  classes  les  plus  élevées.  Là  sibylle  de  notre 
jeane  artiste  est  assise  dans  un  vieux  fauteuil,  auprès  d'une' 
table  couverte  d*un  tapis  de  drap  vert ,  et  deux  petites  gri- 
sektes  sont  venues  la  consulter*  Qu'on  veuille  bien  nous 
passer  cette  expression  de  grise  fies  ;  notre  langue  n'en  of-' 
fre  pas  d'autre  pour  désigner  les  jeunes  personnes  de  com- 
mune condition,  commç  les  brodeuses  y  les  couturières  j 
les  blanchisseuses ,  les  modistes ,  les  repasseuses ,  les  Hngc- 
rri  et  mille  autres.  Parmi  ces  grisettes,  il  s'eri  trouve  sou-  ' 
vent  de  fort  jolies;  et  tel  est  le  pouvoir  de  la  beauté» 
qu'aujourd'hui  comme  autrefois  les  plus  grands  seigneurs* 
ne  craignent  pas  de  rendre  hommage  à  leurs  charmes. 


t  46  ) 
Sur  la  table  )  auprès  de  laquelle  est  assise  la  sorcière  âe 

M.  Biard ,  est  une  assiette  creuse  avec  quatre  oeufs  et  un 
verre  plein  d'eau,  objets  d'un  grand  secours,  comme  cha- 
cun le  sait,  dans  toutes  les  opérations  cabalistiques.  L'une 
des  deux  grisettes ,  qui  parait  être  une  ouvrière  en  mo- 
des ,  s'appuie  mollement  sur  son  grand  carton  de  forme 
ronde ,  qu'elle  a  posé  sur  la  table  ;  la  sibylle  tire  en  ce  mo- 
ment les  cartes  pour  elle,  et  l'autre  grisette,  qui  est  de- 
bout, les  bras  croisés,  écoute  attentivement  les  paroles 
qui  sortent  de  la  bouche  de  l'oracle,  et  semble  attendre  son 
tour.  La  tireuse  de.  cartes  et  les  jeunes  personnes  sont  ca- 
chées par  une  espèce  de  paravent  formé  d'un  vieux  ri- 
deau de  soie;  deux  jeunes  gens,  qui  paraissent  être  les 
amans  de  ces  demoiselles,  se  sont  introduits  dans  le  grenier 
de  la  sorcière ,  l'un  est  à  genoux  et  soulève  un  coin  du 
vieux  rideau ,  l'autre  est  à  la  porte  d*entrée  du  grenier 
avec  une  espèce  de  vieille  servante  à  laquelle  il  offre  du 
tabac,  comme  pour  l'apaiser  d'avoir  franchi  la  porte  mal- 
gré elle.  Dans  le  fond  du  grenier  sont  quatre  femmes  et 
deux  hommes  qui  se  chauffent  auprès  d'un  grand  poêle  y 
en  attendant  que  la  sibylle  ait  fini  avec  les  deux  jeunes  ou- 
vrières. 

La  tireuse  de  cartes ,  assise ,  comme  nous  l'avons  dit , 
et  les  pieds  posés  sur  une  chaufferette,  est  vêtue  d*une 
vieille  robe  d'indienne  fond  amarante,  à  gros  bouquets 
blancs;  elle  a  sur  les  épaules  un  mantelet  d'indienne  fond 
blanc ,  à  fleurs  bleues  ;  elle  est  coiffée  d'un  vieux  chapeau 
de  soie  noire,  doublé  en  soie  rose,  et  elle  a  des  lunettes 
sur  le  nez.  Près  de  la  chaufferett^sur  laquelle  posent  ses 
pieds,  est  un  petit  mortier  en  cuivre. à  piler  des  drogues, 
ainsi  qu'une  bouteille  de  verre  blanc  à  large  ouverture  - 
sur  le  dossier  du  fauteuil  est  perchée  une  chouette;  une 
boite  de  drogues  se  voit  ,au  bas  avec  un  réchaud  allumé 


(  47) 
$ttr  lequel  chaaffe  une  pelle  à  feu.  Près  àe  la  boite  à  dro- 
gues est  un  geai ,  et  plus  loin  une  pie  perchée  sur  un  bâ- 
ton. Parmi  les  autres  effets  qui  meublent  le  grenier  de  la 
sorcière ,  on  distingue  une  cage  contre  la  muraille ,  une 
malle ,  un  balai  de  peau  de  mouton ,  une  vieille  chaise  sur 
laquelle  sont  deux  gros  poids  en  pierre ,  enfin  une  peau  de 
crocodile  empaillée  est  suspendue  au  plancher. 

M.  Biard  est,  sans  eontredit,  un  des  jeunes  artistes  de 
r^le  de  Lyon  qui  donne  les  plus  belles  espérances,  et  la 
composition  qui  vient  de  nous  occuper  est  aussi  remarqua- 
ble par  son  esprit  que  par  la  manière  ferme  et  franche  avec 
laquelle  toutes  les  parties  en  sont  traitées.  La  pose  de  la 
jeune  modiste,  pour  qui  la  sorcière  tire  les  cartes,  est 
pleine  de  grâce  et  de  naturel  ;  sa  physionomie  est  char- 
mante, et  ^n  petit  air  rêveur  est  délicieux.  L'artiste  a  dé- 
ployé dans  cette  figure  une  élégance  dé  formes ,  une  cor- 
rection de  dessin ,  vraiment  admirables ,  et  tout ,  dans  son 
ajustement ,  est  du  goût  le  plus  parfait.  L'année  dernière, 
en  rendant  compte  d'un  tableau  de  saint  Pothin ,  exécuté 
par  M.  Biard  pour  l'archevêché  de  Lyon ,  nous  avons  dit 
que  cet  agréable  artiste  annonçait  d'heureuses  dispositions 
pour  la  peinture  d'histoire  :  nous  ignorons  si  de  nouvelles 
commandes  en  ce  genre  lui  ont  été  faites;  mais  quelque 
envie  qu'il  pourrait  avoir  de  continuer  à  suivre  la  route 
dans  laquelle  le  Poussin'  et  Lesueur  se  sont  immortalisés , 
malgré  le  talent  que  nous  avons  pu  reconnaître  dans  les 
dilEirens  essais  historiques  dont  on  est  redevable  à  la  fa- 
cilité de  son  pinceau,  nous  pensons  qu'il  fera  sagement  de 
ne  pas  trop  présumer  Je  ses  forces.  La  carrière  parcourue 
par  les  deux  hommes  que  nous  venons  de  citer  est  noble 
et  grande ,  et  bien  digne  assurément  d'enflammer  un  cœur 
généreux  :  nou^  ne  craindrons  cependant  pas  de  dire  à 
M.  Bia^d  que  la  route  suivie  par  Gérard-Dofp  et  par  Da^ 


(  48  ) 
çid  Teniers  ne  saurait  être  mëprisëe  par  les  personnes  rai- 
sonnables et  de  bon  goût;  et,  pour  lui  faire œnnaitre  iqi 
notre  pensée  toute  entière,  qu*il  sache  que  ses  travaux 
seront  couronnes  d'un  succès  certain,  s*il  veut  se  borner 
à  marcher  sur  les  pas  de  ces  derniers  maîtres* 

Ces  observations  auront  peut-être  beaucoup  de  peine  à 
parvenir  à  M.  Biard.  Attaché  depuis  quelque  temps  à  la 
marine  royale ,  et  se  trouvant  en  ce  moment  à  bord  d'une 
corvette  française  en  rade  à  Alexandrie ,  il  est  à  peu  près 
probable  que  notre  article  ne  passera  pas  sous  ses  yeux. 
Quoi  qu'il  en  soit,  nous  avons  dit  notre  opinion,  et  nous 
osons  croire  qu'elle  sera  partagée  par  toutes  les  personnes 
amies  des  arts ,  qui  savent  joindre  la  réflexion  au  senti- 
ment. Quant  au  charmant  tableau  de  notre  jeune  compa- 
triote ,  sur  lequel  nous  n'avons  pas  craint  de  nous  étendre 
avec  complaisance  4  il  parait  que  la  Mairie  de  Lyon  se  pro- 
pose d'en  faire  l'acquisition  pour  notre  Musée  :  tant  mieux; 
tout  l'argent  que  l'administration  employera  de  cette  mar 
nière  ne  sera  jamais  regretté.  Z. 


MELANGES. 


Il  existe  plusieurs  éditions  des  anciens  classiques  la-^ 
tins  ,  publiés  à  Lyon  ,  dont  les  titres  annoncent  que  les 
textes  en  ont  été  revus  par  Jean  Boulier  {^ex  casliga- 
iione ,  ou  cura  et  studio  Joannis  Boulier  H  ).  Cette  in- 
dication se  trouve  notamment  sur  le  frontispice  d*un 
Horace ,  publié  par  Antoine  Vincent  et  imprimé  par 
Sympborien  Barbier,  en  iSSg,  in-8*  ;  sur  celui  des 
«uvres'  de  Cicéron  qui  parurent ,  par  parties  détachées , 


(49) 
Aez  Jean  Fretlon  et  Antoine  Vincent ,  de  1 56o  II  i  S68  ; 

et  enfin  à  la  tête  du  Martial  du  même  Jean  Frellon  ^ 
âont  Symphorien  Barbier  fut  aussi  l'imprimeur,  en  i56oi 
petit  in-8.®  ou  în-i6.  L'extrait  du  privilège  relatif  au 
Cicéron ,  daté  de  Paris ,  26  avril  i558  ,  porte  :  Toutes 
ies  œuures  de  Ciceron ,  reveues  et  corrigées  par  mùistre 
'léhan  Boulier ,  sans  autre  qualification.  Les  éditions 
que  nous  venons  de  désigner  sont  très-soignées  ;  celle 
de  Martial  est  accompagnée  de  notes  courtes  ,  précises  j 
mais  pleines  d'une  érudition  qui  nous  a  paru  assez  so- 
lide et  assez  substancielle.  Nous  avons  vainement  cherché 
quelques  renseignemens  sur  ce  Jean  Boulier  :  il  n'a 
d'article  dans  aucun  des  dictionnaires  biographiques  que 
nous  avons  été  à  même  de  consulter.  Il  se  pourrait 
que  ce  fût  un  Lyonnais  ,  et  cette  conjecture  est  fortifiée 
par  la  circonstance  que  l'on  trouve  un  Nicolas  Boulier 
dans  le  catalogue  des  anciens  recteurs  de  l'hospice  de 
la  Charité  de  Lyon ,  à  l'année  1 69 1.  Il  y  a  bien  eu  à 
Dijon  unejamilie  distinguée  du  même  nom ,  ainsi  que 
le  dit  Papitton  dans  sa  Bibliothèque  des  auteurs  de 
Bourgogne  y  art.  Philibert  Boulier  ;  mais  c'était  dans 
le  dix-septième  siècle. 


1       • 

On  lit  dans  VHistoire  de  Bresse  et  de  Bugey ,  par 
Guichenon  ,  part.  III ,  pag.  i3o ,  une  courte  notice  sur 
un  Hugues  de  Gorgenon  ,  chanoine  et  comte  de  Lyon  , 
mort  le  18  avril  i352  ,  dans  laquelle  on  aperçoit  la 
trace  d'un  ancien  usage  fort  singulier.  Il  y  est ,  en  effet  y 
question  d'une  transaction  entre  Guillaume  ,  archevêque 
de  Lyon  ,  et  le  chapitre  de  l'église  métropolitaine  ,  où 
«  il  est  parlé  du  droit  prétendu  par  cet  Hugues  de 
Tome  FIJI.  4 


(5o) 
0  CorgenoB ,  oomme  chanoine  et  vicaire  de  ladite  église, 
»  sur  k  cheval  de  Tarchevéque  ^  au  jour  de  son  entrée*  ^ 
Il  n*est  fait  mention  de  ce  droit  bizarre  nulle  autr^  part 
que  nous  sachions.  Du  K^iste ,  Guichenon  donne  à  latran- 
saction  qui  le  rappelle,  la  date  du  20  octobre  i3o6» 
îndict.  4  ,  et  cette  date  nous  parait  fautive.  En  i3o6  , 
Tarchevéque  de  Lyon  ne  s'appelait  point  Guillaume  :  le 
siëge  était  alors  occupé  par  Louis  I  de  Villars.  Guillaume 
,1  de  Sure  ne  fqt  nommé  qu'à  la  fin  de  i332,  et  nç 
prit  possession  qu'au  mois  de  janvier  i33?.  1^'acte  dopt 
il  s'agit ,  est  donc  nécessairement  d'une  date  postérieure 
à  celle  que  Guichenon  lui  assigne*. 


Le  rëcit  suivant  se  trouve  dans  les  Essais  historiques 
sur  Paris  ,  par  Saint-Foix  (1)  :  u  En  i523,  le  capitaine 
.  Frauget ,  gonvemeur  de  Fontarabie  ,  ayant  rendn  hon- 
tefi^ement  cette  place  aux  Espagnols ,  fat  condamna  à  être 
dégradé  de  noblesse.  On  l'arma  de  pied  en  cap  ^  oq  té  fit 
monter  sur  un  échafaud  ,  où  douze  prêtres '9  as^is  en 
surplis  ,  commencèrent  à  cbanter  les  yigiles  des  morts  , 
après  qu'on  lui  eût  lu  la  sentence  qui  le  déclâroit  traître  9 
déloyal ,  vilain  et  Jbi^nentie*  A  la  fin  de  chaque  psaume  y 
ils  faisoient  une  pause  j  pendant  laquelle  un  Hérault  d'ar- 
mes le  dépouiUoit  de  quelque  pièce  de  son  armure ,  en 
criant  à  haute  'Voix  :  Ceci  est  le  casque  du  Idcho^  ceci  est 
son  corselet ,  ceci  son  bouclier ,  etc.  Lorsque  le  dernier 
psaume  fut  acUeyé ,  on  lui  renversa  sur  la  tête  un  bassin 
d'eau  chaude  ;  on  le  descendit  ensuite  de  l'échafaud  aTec 
une  corde  qu'on  lui  passa  sous  les  aisselles  ;  on  le  mit  sur 
une  claie  ;   on  le  couvrit  d'un  drap  mortuaire ,  et  on  le 


{i)  Œuvres  complètes,   édition  de  Paris,   v.*  Duchesne  ,    17789 
ih-8«,  tbm.  IV  ,  pag.  166-167. 


r  .» 


(  5i  ) 

porta  V  Tdglifte  oii  les  douce  prttr^  renTiroBnèpent  et  lai 
chantèreni  sur  la  tête  Je  psaume  Deus^  xlaudsm  moam  ne 
iacueris  ,  ilaas  leqpokel  sont  contçnaea  plusiQprs  imprëca-t 
tioas  contre  les  traîtres.  Ensuite  ou  le  laissa  aller  et  snryiyro 
à  son  infamie*  ^ 

Ces  détails  curieux  sont  un  abrégé  de  ceux  que  donne 
André  Fayjn  ,  Histoire  de  Navarre  ,  Ht.  XII ,  pag.  751  et 
snir.  Saint^Foix  n'y  a  oublié  qu'une  circonstance  ^  qui  est 
jastement  celle  qui  nous  a  engagé  à  les  transcrire  ici  : 
c'est  que  Texécùtion  dont' il  s'agit  se  fit  à  Ljon.  l^os  bis- 
loriéns  particuliers  sont  muets  sur  ce  point  ;  mais  ,  outre 
FaTjn  et  beaucoup  d'aatres»  Biaise  de  Montluc^dans  ses 
Mémoires  y  année  iS^S^  et. Montaigne  y  dans  ses  Essais  , 
Ij  1 5  9  attestent  le  fait.  Le  dernier  de  ces  auteurs  s'ex* 
prime  ainsi  :  m  Du  temps  de  nos  pères ,  le  seigneur  de 
.Franget  (i)  ,  iadis  lieutenant  de  la  compaignie  de  mon- 
sieur le  marescbal  de  Gbatillon  ,  ayant  esté  mis  par  ibon- 
sienr  le  marescbal  de  Cbabannes ,  gouyerneurdeFontarabie 
au  lieu  de  monsieur  de  Lude  ,  et  l'ayant  rendue  aux 
Espaignols  9  fut  condemné  à .  estre  degilidé  de  ni^blesse  9 
et  tant  luy  q^^  sa  postérité  déclaré^  roturier ,  taillable  et 
incapable  de  porter  armes  :  et  feut  ceste  rude  sentence 
jçxecutée  à  Lyon.  99 


La  Noiiu  sur  Proculus^  insérée  tome  VII,  pag.  3o5- 
3o8 ,  nous  a  semblé  appartenir  à  l'histoire  de  Lyon 
par  cette  circonstance  que  très-probablement  c'est  dans 
notre  ville  que  ce  tyran  éphémère  fut  proclamé  em- 
pereur 9  après  une  partie  d'échecs  qu'il  Tenait  de  ga- 
gper.  Il  est  présumable  que  cest  aussi  ce  motif  qui  poila 
le  président  Laurent  Dugas  à  traiter  le  même  sujet.  On 


(i)  U  est  nommé  j  taatôt  jFran^e/  ;  tantôt  Frau^sl ,  fw  1*8  lus* 
toriens  du  seizième  siècle. 


(Sa) 
woii  ^ns  les  registres  de  Tacad^inie  de  Lyon  qu'il  lut 
dans  la  séance  du  g  février  17349  un  mémoire  sur  la 
çie  et  le  caractère  de  Proculus.  Ce  mémoire  qui ,  sui- 
vant toute  apparence  9  n'a  pas  été  imprimé  »  et  dont  le 
manuscrit  n'existe  pas  dans  les  porte-feuilles  académiques» 
est  sans  doute  absolument  perdu. 


  la  tête  de  l'avant-dernier  numéro  de  la  Revue  ency^ 
dopédique  (mars  1828)  ,  se  trouve  un  Essai  statistique 
sur  la  presse  périodique  du  globe ,  ou  comparaison  de  la 
population  des  cinq  parties  du  monde  et  de  leurs  principaux 
états  avec  le  nombre  correspondant  des  journaux  qu'on  y 
publie  j  par  M.  Adrien  Balbi.  Lyon  figure  ^  comme  de  rai- 
son ,  dans  ce  tableau  :  sa  population  y  est  portée  à 
146,000  âmes,  et  le  nombre  de  ses  journaux  à  i3.  La  pre- 
mière  évaluation  approche  beaucoup  plus  de  la  vérité  que 
la  seconde.  Il  s'en  faut  de  la  tnoitié  au  moins  que  les  re- 
cueils périodiques ,  qui  paraissent  à  Lyon ,  soient  aussi 
nombreux.  Du  moins ,  nous  ne  connaissons  que  les  six  sui- 
vans:  La  Gazette  universelle^  U  Précurseur^  le  Journal 
du  Commerce ,  les  J^onces  Judiciaires ,  les  Archives  du 
Rhône  et  l'Abeille.  Que  deviennent  les  calculs  et  les  com- 
paraisons de  M.  Balbi ,  si ,  dans  les  autres  parties  de  son 
travail ,  il  se  rencontre  de  pareilles  inexactitudes  ? 


.M.  C.  N.  Amanton,  conseiller  de  préfecture  à  Dijon, 
membre  titulaire  de  l'académie  de  cette  ville ,  et  correspon- 
dant de  l'académie  de  Lyon  et  de  plusieurs  autres  sociétés 
savantes,  publie,  depuis  deux  ans  jV Annuaire  du  dépar- 
temeai  de  la  Çôle-itOr.  U  a  soin  d'y  ajouter  des  pièces 


(55) 

qui  relèvent  ce  recueil ,  et  empêchent  qu'il  ne  sôit  unique- 
ment un  indicateur  d'adresses  et  d'annonces ,  et  un  sim- 
ple dëpôt  de  renseignemens  passagers  et  locaux.  C'est  ainsi 
i|ue  ptasieurs  des  anciens  Almanachs  de  Lyon  sont  précé* 
âës  ou  suivis  de  mémoires ,  dont  quelques-uns  sont  très. 
lien  faits,  sur  des  points  d'histoire  ou  de  statistique  (i). 
V Annuaire  de  la  Câie-dOr  ,  pour  l'annëe  dernière 
(1827),  ëtait  accompagne  d'une  Notice  sur  les  for  ils  de 
laCâie-d'Or^  par  M.  Noîrotj  de  Notices  chronologiques 
sur  les  mœurs ,  coutumes  et  usages  anciens  dans  la  Bour'^ 
gogne  j  morceau  historique  y  fort  curieux  et  fort  piquant  y 
du  aux  recherches  de  M.  Peignot;  d'une  réimpression, 
avec  de  savantes  notes  de  M.  Amanton ,  de  la  Dissertation 
de  Ballet  sur  le  Festin  du  Roi-Boit ,  etc.  Le  volume  de 
cette  année  est,  à  son  tour ,  enrichi  d'une  Notice  histori- 
que ei  statistique  sur  les  Archives  de  la  préfecture  du  dé^ 
pariemeni  de  la  Côte-dOr ,  par  M.  Boùdot ,  à  qui  est  (con- 
fiée la  garde  de  ces  Archives.  Nous  y  avons  remarqué , 
dans  une  note  de  la  page  22 ,  l'indication  suivante  :  «  Dans 
^  les  milliers  de  rouleaux  (en  parchemin)  que  les  Archî^ 
»  ves  de  la  C6te-d'0r  possèdent ,  il  s'en  trouve  un  concer* 
»  nant  l'abbaye  de  l'Ue-Barbe  et  ses  biens ,  daté  de  l'an 
»  i23o,  formé  de  ifi  peaux  de  parchemin,  portant  en  Ion- 
2>  gueur  33  mètres  V3  (ou  104  pieds),  et  en  largeur  Vs  de 
»  mètre  (ou  2  pieds).  C^est  un  monument  précieux  pour 
»  les  familles  des  bienfaiteurs  de  cette  abbaye,  et  pour 
»  connaître  les  biens  qui  en  dépendaient.  Cette  pièce  jus- 
9  tifie  que  ces  rouleaux  n'avaient  point  de  bornes  déter-* 
»  minées*  »  Nous  espérons  que  cette  indication ,  que  nous 
signalons ,  en  passant ,  à  l'attention  des  administrateurs  du 

(1)  Voy.  ci-deMUf ,  tom.  IV ,  pag.  1 57-160. 


^  I 


'N 


(54) 
déparlcmcnl  du  Rhône,  ne  sera  pas  perdue.  Il  leur  serait 
facile,  sans  doute,  d obtenir,  de  la  ville  de  Dijon,  la  ces- 
sion d'un  monument  qui,  ayant  peu  de  prix  pour  elle, 
peut  en  avoir  beaucoup  pour  nous,  et  qui,  dans  tous  les 
cas ,  serait  beaucoup  mieux  place  dans  les  Archives  muni- 
cipales de  Lyon ,  qu'il  ne  Test  dans  celles  de  la  Côte  d'On 
La  Dissertation  de  M-  Boudot  a  étë  tirée  à  part,  à  un  pe- 
tit nombre  d'exemplaires,  comme  lavait  ëté,  l'année  pas* 
sée,  celle  de  BuUet,  réimprimée  par  les  soins  et  avec^les 
additions  de  M.  Amanton* 


Ayant  ouvert,  par  hasard,  à  la  bibliothèque  de  Lyon, 
le  volume  intitulée  Joaanis  Dmonensis  Assonœ  Seguano- 
rum  dkasfœ  Poëmaia^  Lugduni^  apud  Petrum  Fradin^ 
i558 ,  petit  in'-8.<>,  j*y  ai  trouvé,  parmi  les  épigrammes , 
trois  pièces  adressées ,  Tune  lacobo  Vtrnae ,  et  les  deux 
.autres,  à  un  conseiller  du  parlement  de  Dijon,  nommé 
Benignus  à  Verna.  La  ressemblance ,  ou  plutôt  Tidentitë 
de  ce  nom  avec  celui  d*un  de  nos  magistrats  municipaux , 
appelé  tout  récentment  à  Thonneur  de  représenter  le  dé^ 
parlement  du  Rhône  à  la  Chambre  des  Députés,  m'a  fait 
penser  que  les  deiix  Vtrna  du  seizième  siècle  pourraient 
bien  avoir  été  du  nombre  des  ancêtres  de  notre  compa- 
triote. J'ai  soumis  à  M.  C.  N«  Amanton ,  si  bien  versé  dans 
l'histoire  de  la 'Bourgogne,  mes  conjectures  sur  ce  point, 
ainsi  que  quelques  observations  relatives  à  Jean  Girard , 
parmi  lesquelles  figurait  celle  qui  suit:  «  L'article  Gi- 
rard (  Jean  ) ,  dans  la  Biographie  universelle ,  rédigé  par  le 
savant,  lexiact  et  laborieux  M.  Wéiss,  est  accompagne 
d'une  note  ainsi  conçue  :  «  C'est  d'après  la  Bibliothèque 
»  des  auteurs  de  Bourgogne^  qu'on  a  dit  que  Girard  était 


(.55  ) 
>  de  Dijon  ;  mais  Jurain ,  dans  ses  Antiquités  d'Auxonne^ 
»  page  80,  assure  qu'il  ëlait  ne  en  cette  vîlfe,  et  son  të^ 
»  moîgnage  est  d*un  grand  poids.  »  M.  Weiss  à  fort  dé 
craindre  de  s'être  trompe ,  en  s'en  rapportant  à  Psfpillon.' 
Ce  dernier  a,  en  sa  faveur,  un  témoignage  duh  ^\us  grand 
poids  que  celui  de  tous  les  Jufain  du  liiondé  :  c^est  celu| 
ie  Jean  Girard  lui-même ,  qui  devait  savoir ,  mieux  que 
personne ,  quelle  était  sa  patrie  ;  or,  à  la  tête  de  ses  poé- 
sies latines,  il  se  donne  la  qualification  de  Dis^ionensis ^  et 
I  on  trouve  au  fol.  48 ,  recto  et  verso,  de  ses  Epigrântme^l 
la  pièce  suivante  qui  est  la  seconde  de  la  quatrième  CSenH 
torie  : 

..   JPE  SEIPSO. 

AUusto  ad  controsfersam  Homeri  patrUrni,  • 

inter  geptem  ttrbes  cajus  sit  civis  Homems 

Lis  fait 9.  et  dabi.Q  judice  pende t  adhiic. 
'.  5iç  sibi  tota  suam  me  vinJicat  Assona  cîvem  : 

Givem  me  esse.suum  Divio  dîves  ait 
U/aabavos,  proavos  gênera  vit:  avumqae  pâtremque 

In  medio  gênait  lÀater  arnica  sina.  ... 

fiic  me  vitales  verb  proditxit  in  aÙFàtf  \^ 

Atque  mthi  sanctom  chrisma  fidemque  dédit»     • 
Samufariûs  ?  in  proprift  sic  causa  jadico  jadex  : 

Assonientis  eram  ^  divionensJs  ero. 

Jlla^  c'est  ëvidenunent  Âuxpnne  ;  Hic^  c'est  t)ijon. 
Ainsi  ,f  J^n.  Girard  était  originaire  d'Âuxonne,  qui  avait 
doQQé  le  jour  à  ses. ancêtres,  et  notamment  à  son  aïeul  et 
\  son  père  ;  mais  il  était  né  et  avait  été  baptisé  à  Dijon. 
Cela  e^t  positif,  et  M.. Weiss ,  en  se  fiant , comme  il  y  pa- 
rait disposé,  à  Tassertion  de  Juraln,  tomberait  avec  lui 
dans  une  grande  erreur. 


(56) 
Il  n*ëtait  guère  modeste,  de  la  part  de  Girard,  pour  le 
remarquer  en  passant ,  de  se  comparer,  en  quelque  sorte, 
à  Homère,  que  plusieurs  villes  se  disputaient  Thonnear 
d*ayoir  vu  naitre  ;  mais  il  parait  que  la  modestie  n^était 
pas  une  des  vertus  de  votre  poète.  Dans  une  autre  pièce 
adressée  à  ses  amis  de  Dijon ,  Amicis  Dwionensibus  y  Cen* 
tur.  V,  Epigr.  91 ,  fol.  6^^  recto,  il  répond  au  reproche 
qu'on  lui  faisait  de  ne  pas  aller  habiter  cette  ville ,  bien 
préférable  à  la  triste  Auxonne^  et  où  il  obtiendrait  facile- 
ment la  fortune  et  les  honneurs,  qu*il  était  comme  César , 
et  qu'il  aimait  mieux  être  le  premier  à  Auxonne  que  le  se- 
cond à  Dijon.  Il  pouvait  se  dire  le  premier  à  Auxonne^ 
puisqu'il  y  remplissait  les  fonctions  de  maire ,  et  qu'il  était 
peut-être  la  seule  personne  qui  y  cultivât  la  littérature  ; 
mais  à  Dijon  aurait-il  été  le  second  ?  C'était  une  grande 
vanité  que  de  se  flatter  ainsi  de  pouvoir  être  ou  devenir 
supérieur  à  tant  de  gens  distingués  par  leur  rang  et  par 
leur  mérite ,  qui  devaient  alors  se  trouver  dans  la  capi- 
tale d'une  province  où  il  y  en  a  toujours  eu  beaucoup ,  et 
que  de  rapprocher  un  nom  aussi  trivial  et  aussi  obscur  que 
celui  de  Jean  Girard,  dés  noms  si  glorieux  de  César  et 
d'Homère ,  etc. ,  etc.  » 

M.  Amanton  m'a  fait  une  réponse  d*où  sont  extraits  les 
passages  suivans: 

^  Je  connais  depuis  long-temps  Jean  Girard  sous  sa  dou- 
ble qualité  de  maired' Auxonne  et  de  poète  latin;  mais  au- 
cun de  ses  ouvrages  ne  m'est  tombé  sous  la  main.  U  a  un 
article  dans  l'abbé  Papillon ,  Bibliothèque  des  auteurs  de 
Bourgogne ,  et  vous  avez  raison  d'en  croire  celui-ci,  lors- 
qu'il le  dit  né  à  Dijon ,  puisque  cela  résulte  du  titre  même 
de  l'ouvrage  que  vous  citez;  mais,  ce  qui  m'étonne,  c'est 
que  ce  titre  ne  se  trouve  pas  dans  l'abbé  Papillon ,  qui  cite 


(  5?  ) 
un  ouvrage  sous  un  autre  titre ,  aussi  imprime  à  Lyon 
cfaezFradin ,  en  i558.  Voîci  le  titre  donné  par  l*abbë  Pa- 
pillon: Poemata^  SHcosiraiia^  Epinikia  Grœcorum  cat^ 
minum^  Meiamorphosis  not^em  sororum  ^  etc.  Lugduniy 
Fradin,  i558  (i). 

J'ai  sous  les  yeux  le  petit  volume  extrêmement  rare  dé 
Claude  Jurain,  adçocat^  majeur  étAuxonne^  intitulé: 
Histoire  des  antiquité z  et  prérogatives  de  la  cille  et  conté 
iAussonne ,  contenant  plusieurs  belles  remarques  des  du- 
ché et  conté  de  Bourgongne.  Dijon ,  Guyot ,  1 6i  i .  Claude 
Jarain ,  page  80 ,  parle  de  «  Fut  maistre  Jean  Girard,  na- 
»  tif  de  ce  lieu  (  Auxonne),  où  il  a  esté  lieutenant  au  bail- 
»  liage  et  mayeur  de  ladite  ville  »,  comme  auteur  de  pè-- 
tiis  mémoires  qu'il  a  laissez  par  escrit  de  sa  main ,  rela^ 
tifs  à  l'ancienneté  de  sa  patrie ,  déjà  ville  forte ,  suivant  lui, 
du  temps  de  Clotaire  II.  Sans  doute  Jurain  s'est  trompé 
en  faisant  naître  Jean  Girard  à  Âuxonne  ;  mais  votre  con- 
jecture est  juste  lorsque  vous  dites  qu'il  en  était  origi- 
naire ^letc,  et  mon  ami  M.  Weiss  a  eu  tort,  dans  la  Bio- 
gropkié  universelle ,  d'accorder  plus  de  confiance  à  Juraifi 
qu'à  Papillon. 

Venons  maintenant  au  Jacobus  Verna^  auquel  Jean 
Girard  a  dédié  la  seconde  centurie  de  ses  épigrammes,  et 
au  Benignus  à  Verna ,  dont  il  fait  aussi  mention  :  ce  sont, 
Vun,  Jacques  Laperne^  maire  de  Dijon ,  et  l'autre,  5^- 
nigne  Laçèrne ,  successivement  conseiller  et  président  au 
parlement  de  Bourgogne. 

Jacques  Laverne ,  seigneur  d'Athée ,  près  d' Auxonne  9 
est  fameux  dans  nos  fastes  municipaux.  Il  avait  été  élu 

(1)  Le  titre  qae  j'ai  ciié,  est  le  titre  géoëral  du  volume  ^i  contient 
les  autres  ouvrages  indiques  par  Papillon ,  lesquels  ont  chacun  un 
frontispice  particulier  et  une  pagination  différente*  B 


(58) 
maire  de  Dijon,  d*abord,  le  20  juin  i587,  pui»  contioué  . 
le  20  juin  i588.  Il  avait  ensuite  ëtë  choisi,  le  10  janvier 
iS^o,  pour  suppléer  Pierre  Michel,  qui  était  malade  et 
mourut  peu  de  temps  après.  Elu  de  nouveau  j  le  jao  juin 
de  la  même  année,  il  fut  maintenu  en  1691,  et  ensuite 
,  réélu  en  iSgS ,  toujours  à  la  date  du  ai  juin.  Jacques  La- 
verhe  fut  donc  maire  de  Dijon  presque  tout  le  temps  de  la 
ligue  ;  il  était  un  des  plus  zélés  défenseurs  de  ce  parti ,  dont 
le  célèbre  Mayenne ,  gouverneur  de  Bourgogne ,  était  le 
chef.  Laverne  était  d'un  caractère  violent;  sa  main  4e  fer 
s^appesantissait  sur  les  individus  qu*  il  soupçonnait  dësi*- 
reux  du  retour  de  Tordre  par  le  triomphe  d'Henri  IV. 
Edme  Chantepinot ,  avocat  du  roi  au  bailliage  de  Dijoik^ 
ne  partageait  pas  ce  désir  ;  car  c'était  l'un  des  ligueurs  les 
plus  déterminés  et  les  plus  actifs:  cependant,  il  s'éleva  en^ 
tre  lui  et  le  maire  Laverne  une  dispute  si  vive,  qu'ils  en 
vinrent  aux  mains  en  pleine  rue,  et  que  le  maire  reçut 
un  soufflet»  si  l'on  en  oroit  un  mémoire  du  temps.  Quoi 
qu'il  en  soit  de  cette  circonstance,  Chantepinot  fut  arrêté^ 
conduit  à  THâtel-de-Ville ,  puis  condamné ,  sans  forme  de 
procès,  à  être  pendu  incontinent.  Le  bourreau  se  refusa  à- 
l'exécution  jusqu'à  ce  qu'on  lui  eût  donné  oonnaissanee  de 
la  sentence  :  il  n'y  en  avait  point.  Un  jeune  avocat ,  lieu- 
tenant du  maire ,  en  improvisa  une  qu'il  revêtit  des  for- 
mes alors  usiiées,  et  Chantepinot  fut  pendu.  Vint  bientôt 
le  tour  de  Jacques  Laverne.  Le  trait  dont  il  s'était  rendu* 
coupable  fut  rappelé  au  parlement ,  lorsqu'il  s'y  présenta 
pour  remplir  une  place  de  conseiller  que  lui  avait  accor^ 
dée  le  duc  de  Mayenne;  et,  malgré  les  menaces  de  ce 
prince ,  le  parlement  ne  voulut  pas  recevoir  le  nouveau 
conseiller  qu'on  lui  imposait.  Le  parlement  fit  plus:  il  fil 
faire  le  procès  à  Jacques  Laverne  qui  fut  condamné  à  mort^ 


(59) 
pois  exëcuiésiir  la  placedu  Morimont ,'Ie  2g octobre  i5g4; 
II  eut  la  tête  tranchée^  Dans  nia  collection  des  jetons  des 
maires. de  Dijon ,  Beaune  et  Avtionne ,  que}  ai  fait  graver.  ^ 
il  en  existe  qaatrefrappifs  sous  la  magistrature  de  Jao^es 
Laverne  :  deux  en  iSgo,  le  troisiènie  en  159 1 ,  et  le  qua- 
trième en  1592.  Les  deux  premiers  partent,  d'un  côté ,  la 
devise  :  Proçidencia^justicia.  eî.  pace.  uberias;  le  troi-^ 
sîème  :  Probus.  illœjus.  ei.  inexpugnaiilis ;  le  quatrième: 
Fis.  nescia.  çincL  Jacques  Laverne ,  suivant  le  langage  hér 
raldique ,  porixiit  d'azur  à  itoisdemi-çolsd'or  mowant  de 
taitme^de  técu^  chargée  eu  cœur  dune  rose  de  gueules. 
Cimier  :  un  vold'ar.  Ce  blason  se  trouve  au  revers  des  je^ 
tons  dont  je  viens  de  parler,  avec  cette  légende  autour  des 
trois  premiers  :  Sub*  umbra.  alarum*  iuarum*  protège,  me» 
Dom'tae»  La  légende  au  revers  du  quatrième  est  :  Sarta* 
luce.  çirebOé  Parlons  maintenant  de  Benignus  à  Verna. 

fiënigne  Laverne  fut  d'abord  conseiller  au  parlement  de 
Dijon,  et  ensuite  président  à  mortier;  mais  écoutons  Pal^ 
ïixA  (Parlement  de  Bourgogne  ^  pag.  79):  «  Bénigne  La* 
»  veme,  chevalier,  seigneur  d* Athée,  de  Magny  et  de  la 
»  Ghapelle-d'Auyillars ,  conseiller  du  roy  et  président  au 
»  parlement  par  le  decez  de  Tean-Baptiste  Agneau-Begat, 
»  dont  il  fut  pourveu  et  receu  les  xxiix  juillet  et  xiu 
»  aoust  H.  D.  Lxxii ,  estant  lors  conseiller  laïc,  qu'il  exer-^ 
»  ceoitdepuisle  xxii  octobre  m.d.  xxxv  qu'il  avoit  esté 
yr  receu  et  pourveu  le  xi  niay  précèdent  par  la  résignation 
^  de€laude  de  Toumon.  En  ces  deux  offices,  il  admi- 
^  nistrala  justice  sur  les  rangs  de  cet  auguste  sénat  du*^ 
s  rant  49  ans ,  avec  une  tre&  grande  estime  :  à  la  quéran- 
»  tieme  année ,  le  roy  Henri  III ,  en  considération  de  ses 
3»  services,  et  des  diverses  charges  et  commissions  qu'il  eut, 
'  L'honora  du  tiltre  de  chevalier,  luy  donnant  l'ordre', 


(  6o  ) 
3»  l'accolëe  et  le  ceint  militaire ,  et  luy  en  fit  expédier  ses 
»  lettres  à  Blois  le  xvi  avril  m.  d.  lxxvii  ,  qui  furent  re^- 
»  gistrëes  en  la  chambre  des  comptes  de  Dijon  le  iv  juin 
»  suivant.  :»  Il  portait  comme  Jacques  Laverne  porta. 

Un  Gaspard  Laverne  fut  maire  d'Auxonne  :  il  fit  frap- 
per, en  i6i3,  un  jeton  aux  armes  de  Laverne,  avec  uii 
revers  pareil  à  celui  du  quatrième  jeton  de  Jacques  La- 
verne ,  et  la  même  devise  :  Probus.  illœsus.  et.  inexpugna^ 
Mis. 

Il  est  clair,  d'après  leurs  armoiries,  que  tous  ces  La-^ 
verne  étaient  de  la  même  famille  ;  mais  je  doute  fort  que 
le  premier  adjoint  à  la  mairie  de  Xyon  puisse  y  reconnaît 
tre  ses  ancêtres 

Voilà  tout  ce  que  je  puis  vous  dire  sur  ce  chapitre,  etc.  » 


Extrait  d'une  autre  lettre  de  m.  c.  n.  a.  de  dijon. 

Dans  le  tom.  Il  des  Archives  du  Rhône  ^  pag.  226-232, 
vous  avez  publié,  sous  le  titre  de  Mélanges^  différens  mor- 
ceaux extraits  d*un  recueil  de  pièces  de  vers,  latines  et 
françaises ,  qui  ont  été  faites  en  l'honneur  de  la  ville  de 
Lyon  :  recueil  que  vous  avez  employé  quelques  momens 
de  loisir  à  former,  en  accompagnant  ces  pièces  de  notes  et 
de  commentaires.  Vous  avez  rapporté  notamment  différens 
textes  dans  lesquels  des  auteurs  anciens  et  modernes ,  qui 
ont  célébré  Lyon ,  ont  mis  en  opposition  le  calme  de  la 
Saône  et  le  cours  impétueux  du  Rhône  :  de  ce  nombre 
sont  Sénèque,  César,  Claudien ,  le  Chancelier  de  THôpi- 
tal ,  etc. ,  etc. 

En  lisant  cet  article  |  j'ai  été  surpris  de  n*y  pas.trouver 


(  6i  ) 
un  yers  latin ,  de  œux  qu'on  appelle  léonins^  qui  m*ëtait 
testé  depuis  long-temps  dans  la  mémoire  pour  Tavoir  lu 
isolé  quelque  part.  Le  voici  : 

Lads  Arar  placidas  Rhodano  qui  commodai  undas. 

Mais  d'oà  est-il  tire ,  et  qui  en  est  Tauteur  ?  Je  cherchai 
dans  le  temps,  mais  vainement,  à  le  découvrir.  Enfin,  je 
Tiens  de  me  rappeler,  comme  par  inspiration ,  que  je  pou- 
vais fort  bien  avoir  lu  ce  vers  dans  V Histoire  des  aniiqui-- 
lez  et  prerogctiiçes  de  la  cille  d'Aussonne ,  etc. ,  par 
M.  Claude  Jurain ,  advocat  et  mayeur  dudit  Aussonne.  Di- 
jon, Claude  Guyot,  1611 ,  in- 12.  J*ai  vérifié  ce  souve- 
Wy  et  J'ai  trouvé ,  en  effet,  mon  vers  dès  la  seconde  page^ 
avec  cette  traduction  : 

La  Saône  lente  an  Rhône  preste 
Les  douces  ondes  qu'elle  iette. 

J'ai  lu  de  plus  en  marge  :  Gunther.  Plus  loin ,  pag.  1 4,  en 
parlant  de  Regnauld^  roy  de  Bourgongne ,  Jurain  cite  cet 
hémistiche  : 

Kegemque  superbus  agebat, 

^'il  dit  être  de  Gonthier^  poète  et  gentilhomme  allemand; 
or,  ce  Gonthier  et  le  Gvntherius ,  cité  page  2  ,  sont  sans 
doute  la  même  personne ,  et  c'est  à  lui  que  mon  confrère 
et  mon  ami  M.  Weiss  a  consacré  un  article  dans  la  Bio^ 
graphie  uniçer selle  ^  où  il  est  dit  né  en  Allemagne  et  qua- 
lifié d'un  des  meilleurs  poètes  du  treizième  siècle. 

Voilà  ma  petite  découverte  :  ce  sera  une  obole  ajoutée 
à  votre  trésor»  et  elle  vous  fera  peut-être  naître  l'idée  de 
rediercher  l'ouvrage  de  Gonthier  où  il  parle  du  Rhône  et 
de  la  Saône ,  et  peut-être  des  villes  bâties  sur  les  bords  de 


(60 

ces  fleuves.  Quant  à  moi,  je  ne  saurais  vous  aire  ^uéF  est 
cet  ouvrage.  Si  je  vous  ai  nrfs  sur  la  voie ,  j'aurai  à  m  en 
féliciter,  comme  je  me  félicite  tous  les  jours,  etc. 


'  NOTE  SUR  LES  t>R0GRÈS  m  L'^INDUSTRIE  DÂTVS  LE  DÉPARTE- 
MENT DU  RbftNE,  DEPUIS  I790  JUSQU'À  CE  JOUR. 

1 
,  -,  -  *  1 

Un  député  que  Tindustrie  seule  a-  rendu  éligible  et 
élevé  à  ce  poste. honorable ,  a  dit  à  la  tribune  que  cette 
industrie ,  loin  de  faire  des  progrès  en  France ,  depias 
3o  ans,  marchait,  au  contraire^  d'un  pas  rétrograde. 
La  lecture,  des  journaux  scientifiques  de  cetie^ époque»  et 
.  l'observation  de  ce  qui  se  passe,  journellement  sous  ses 
yeux ,  auraient  dû  l'empêcher  de  professer  une  opinion 
aussi  fausse.  Un  simple  coup  d*œil  sur  l'industrie  de 
notre  département ,  suffira*  pour  en  convaincre.  • 

En  iSoo ,  Lyon  n'avait  qu'une  population^  de  88, 600 
âmes ,  compris  les  faubourgs  ;  on  n'y  comptait  que  3^5oo 
métiers  d'étoffes  de  soie:  elle  en  avait  perdu  ii-,5oo 
depuis  1786,  époque  où  elle  en  comptait  i5,ooa,  et 
iSo,ooo  habitans  ;  la  fabrique  se  bornait  aux  étoffes  en 
^oie  pure ,  unies  et  façonnées ,  bas  de  soie  et  .dorure. 
On  faisait  quelques  tulles,  à  maille  simple  et  des  crêpes 
peu  estimés  ;  la  chapellerie  lyonnaise  jouissait  d'une 
bonne  réputaVion ,  et  fournissait  ses  produits  à  l'Elspagne 
et  à  l'Amérique  ;  on  jie  voyait  '  dans  le  département 
aucun  établissement  de  produits  chimiques  f  excepté 
l'exploitation  des  mines  de  cuivre  de  Chessy  et  Sii  Bel:, 
et  de  quelques  autres  de  plomb ,  assez  pauvres^ 
,  Depuis  lors  ,  la  population  du  département  s* est 
^accrue  de  plus  de  60,000  âmes,-  même  depuis  sa  di- 
vision d'avec  celui  de  la  Loire.  Aujourd'hui ,  Lyon  seul  ^ 


•C630 
sans  les  faubourgsv  «comple  i4S,&oo  faabttans;  ^arare 
qui  en  avait  à  peine  2,000  en  1 79O-9  en  compte  ac- 
tuellement 6)St^. 

L'augmentation  progressive  de  cette  population  est 
due  aux  ëtablissemens  industriels  qui  se  sont  élevés  de 
toutes  parts  dans  le  Lyonnais  ,  malgré  la  guerre  désas- 
treuse qui  décima  la  jeunesse  française  pendant  vingt 
ans  9  et  le  siège  de  Lyon ,  plus  terrible  encore  ,  qui  lui 
enleva  20^000  habitana* 

La  fabrique  des  étoffes  de  soie  à  Lyon  ^  a  pris  une 
teHe  extension ,  depuis  28  ans ,  ^t  surtout  depuis  la 
pédease  découverte  de  Jacquard  ,  qu'on  a  vu  le  nombre 
des  febricans^  qui  n'ë&it  guère  que  de  80  en  1790, 
l'ékver  à  5oo  et  plus  ;  nous  avons  305000  métiers  en 
activité ,  tant  dans  la  ville  et  les  faubourgs  que  dans  la 
banlieue  9'  occupés  à  confectionner  de^  genres  d'étoffes 
bien  plus  diversifiés  qu'avant  la  révolution  ,  par  l'in- 
génieux mélange  de  la  soie  avec  le  coton  ,  le  fleuret,  le 
mérinos  ,  la'  laine  t  longue  d'Angleterre ,  le  poil  de  Ca- 
diemire  et  du  Thibet  :  on  a  trouvé  le  moyen  de  carder 
et  de  filer  le  cocon;  on  a  inventé  ou-  impoirtéde  nou-* 
veaux  montages  des  soies  ^  qui  produisent  lès  plus 
beureux  effels  dans  les  tissus  ;  on  a  aussi  appris  à  monter 
le  coton  et  les  autres  lainages  à  l'instar  des  organsins  , 
4es  grenadines  ^  etc.  Lyon  a  enlevé  à  Bolc^e  sa  répu- 
taiiw  pour  les  crêpes  depuis  l'invention  de  la  macbine  à 
crêper  9  exécutée  pour  la  première  fois  en  1792,  par  la 
maison  Bagnon  ,  et  perfectionnée  par  MM.  Bon ,  que  la 
(bvlune  a  récompensés  généreusement.  Ces  crêpes  ont 
surtout  aequis  une  supériorité  très-*-mdrquée  depuis  Tex- 
ceNent'  apprêt  inventé  par  l'industrieux  Ravu.  Bientôt 
on  «  reconnu  la  nature  du  tissu  qui  forme  le  crêpe  de 
Cbîne  9  et  Lyon  a  encore  ravi  ce  genre  d'industrie  au 


(64) 
vieil  «mpif e  cëleste ,  en  le  perfectionnant ,  en  le  yariant 
avec  ce  goût  qui  caractérise  nos  fabricans. 

Les  Anglais  avaient  inventé  le  tulle  à  mailles  fixes  * 
Fingënieux  Bonnard  ne  tarda  pas  k  deviner  cette  dé- 
couverte ,  et  Ton  vit  de  nombreux  métiers  de  ce  tissu 
remplacer  les  métiers  à  bas  de  soie  qui  avaient  cessé  de 
travailler.  Il  en  a  été  de  même  des  tulles  dits  Bobins  , 
fabriqués  en  coton.  Lyon  a  encore  enlevé  ce  genre  de 
fabrication  à  l'Angleterre ,  et  plusieurs  ateliers  sont  en 
pleine  activité  daqs  ses  murs* 

Birmingham  ,  Manchester  ,  la  Saxe  et  ensuite  Saint* 
Quentin  fabriquaient  ces  tissus  légers  et  économiques  pour 
robes  d'été ,  appelés  crêpes  de  lajhes ,  popeline^  ,  bomba- 
sines ,  cottpaly,  grenadines  coton ,  etc.  Lyon  ne  reste  point 
en  arrière  ;  plusieurs  maisons ,  et  notamment  MM.  Terras 
père  et  fils  et  Drevet  j  montent  de  nombreux  ateliers  qui 
fabriquent  en  perfection  ces  divers  genres  d*étoffes« 
.  La  fabrique  d'étoffes  façonnées  s'est  singulièrement 
perfectionnée.  Faisait-on ,  en  1790  ,  des  ouvrages  tels 
que  ceux  des  Didier-Petit ,  des  Bouvard  et  Mathevon  , 
des  Bérujon  et  surtout  de  Maisiat  9  jeune  homme  doué 
d'un  rare  génie  d'invention  ? 

Avant  1790  il  n'existait  aucun  établissement  de  pro- 
duits chimiques  à  Lyon ,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut; 
on  a  vu  successivement  s'y  élever  des  fabriques  de  sul- 
fate de  fer ,  d'acétate  de  cuivre  ,  d'acides  sulfurique  9 
nitrique  et  hydrochlorique  ,  d'alun  ,  de  soude  factice  , 
de  cendres  gravelées  ,  de  prussiate  de  potasse  ,  de  chlo- 
rure de  chaux  ,  de  carbonate  de  soude ,  d'ammoniaque  ^ 
de  noir  d'ivoire ,  de  colle , de  gélatine  d'os ,  d'ichthyocolley 
de  vases  de  grès  ,  d'eau  de  Javelle  ,  de  bleu  de  Prusse  i 
la  fabrique  de  cordes  d'instrumens  rivalise ,  pour  la  bonté  9 
avec  celle  de  Naples. 


(65) 

Des  mines  consiâëral>Ies  de  sulfate  de  baryte  et  de 
manganèse  ,  ont  été  découvertes  depuis  peu  d'années ,  et 
on  les  exploite  pour  les  arts  avec  un  grand  avantagé. 

Lyon  avait  conquis  sur  le  Levant  la  belle  teinture  de 
rouge  dit  d'Andrinople  ;  et  déjà  une  belle  manufacture 
de  bonnets  gasquets  s'élevait  à  la  Guillotière  ,  lorsque  la 
guerre  de  la  Grèce  avec  la  Turquie  en  a  interrompu  le^f 
travaux* 

Nos  fabriques  d'orseille  ont  acquis  un  haut  degré  de 
perfection  ,  et  on  y  fait  le  cudbéard  aussi  bien  qu'en 
Angleterre. 

L'invention  de  la  machine  à  la  Jacquard  a  donné  lieu 
à  l'établissement  de  plusieurs  fabriques  de  cartons  :  la 
ville  de  Beaujeu  possède  une  des  plus  belles  papeteries 
de  France ,  dirigée  par  un  de  MM.  Mongolfier  ;  Ste. 
Foy  et  St.  Genis^Laval  possèdent  aussi  depuis  25  ans 
des  fabriques  de  papiers  peints  ,  et  dans  ce  dernier  village^ 
il  s'est  formé  depuis  peu  un  atelier  de  tableaux  et  d'étoffes 
imprimés  en  couleur  ,  nouveau  genre  d'industrie ,  qui 
pourra  devenir  très-important ,  parce  qu'on  imite  sur 
la  soie  tout  ce  que  le  broché  en  couleur  et  en  or  et 
argent  peut  exécuter  au  moyen  du  métier. 

Nous  avons  de  nombreuses  fonderies  de  métaux  ^  en 
cuivre  ,  bronze  et  fonte  ,  et  nous  fabriquons  mieux  qu'à 
Manheim  le  trait  faux. 

Outre  les  verreries  noires  qui ,  de  Pierre-Bénite ,  se 
sont  transférées  à  Givors  ,  on  y  fond  actuellement  des 
verres  blancs  pour  vitres  et  pour  vases  ,  imitant  le  cris- 
tal. Une  semblable  manufacture  se  forme  en  ce  moment 
à  la  Guillotière ,  et  bientôt  nous  en  verrons  une  de 
verre  de  couleurs  à  Perrache. 

Une  des  belles  acquisitions  industrielles  qu'ait  faites 
Tome  nu.  5 


-  (  69  )  . 
notre  département  -,  c'est  le  tissage  des  mousselines  fines. 
Tarare  rivalise  en  ce  genre  ,  non-seulemenl  avec  TAn- 
gleterre ,  mais  mâme  avec  Tlnde  :  ses  produits  sont 
vendus  comme  provenant  de  cette  partie  de  l'Asie ,  et 
sont  expédies  comme  tels ,  même  en  Perse  et  en  Chine. 

Enfin  ,  la  teinture  lyonnaise  a  acquis  ,  depuis  20  ans , 
un  degré  de  supériorité  qui  fait  le  désespoir  de  nos 
voisins  et  la  prospérité  de  notre  fabrique  ;  les  blancs 
roses  de  Gonin  sont  inimitables  ;  les  teintes  tirées  du 
safranum ,  les  pourpres  ,  les  écarlates ,  sont  d'un  éclat 
admirable  ;  les  frères  Michel  ont  porté  les  noirs  à  leur 
dernière  perfection  ;  le  bleu  Raymond  fut  inventé  à 
Lyon ,  ainsi  que  Tassouplissage  des  soies  et  Part  de 
nuancer  les  couleurs  pour  faire  les  ombr&. 

Terminons  cette  notice  par  le  nom  des  principaux 
inventeurs  modernes  qui  ont  enrichi  Lyon  du  fruit  de 
leur  génie  depuis  1790  jusqu'à  ce  jour. 

MM.  Alletz  ,  mécanique  pour  les  tulles  façonnés , 
à  fleurs  et  dessins. 

Bagison  et  Bon  j  crêpage  à  la  machine. 

Banse  f  crêpage  au  cylindre  ,  avec  moirage  et  dessins. 

Bely  ,  mécaniques  rondes  à  dévider  la  soie. 

BoNARES ,  régulateurs  pour  le  tissage  des  étoffes  et  crêpes. 

BoNNAiLD  ,  métiers  à  tulles  à  mailles  fixes. 

BouiLLET  et  Veanes  ,  battant  et  navette  marchant 
par  un  seul  moteur. 

BuRTiN  ,  battant  avec  changement  de  1 1  navettes. 

Calas  et  de  Lompnes  ,  la  machine  Jacquard  ,  appli- 
quée aux  tulles  à  dessins. 

Dutillieu  ,  régulateurs  pour  les  étoffes  façonnées. 

Fetinet  ,  cylindre  mécanique  pour  remplacer  les  ti- 
reuses ;  cantres  obliques. 


(6^) 

Fred^aic  et  EscÀLON ,  métiers  à  fabriquer  les  filets 
pour  la  pèche. 

GfiNsoUL ,  application  de  la  machine  à  vapeur  aux. 
filatures  de  soie. 

Gborqb  ,  métier  à  tricot  avec  machine  à  la  Jacquards 

GoNiN  ,  blancs ,   noirs  fins  ,    écarlate  sur  la  soie , 
Touge  au  safranum. 

GuiGo,  nouveaux  métiers  mécaniques  en  fer,  pour 
tisser  les  étoffes. 

GuiLiiOT  ,  cantres  cylindriques  pour  l'ourdissage. 

Lanteiaès  ,  machine  très-ingénieuse  pour  le  pliage 
des  chaînes  dVtoffes. 
i|^        La  Saille  ,  sample  volant.  ' 

'       LfiON  ,  métier  mécanique  en  bois  pour  les  étoffes. 

Jacquard  9  mécanique  qui  remplace  les  samples  et  le 
tifage. 

Maisiat  ,  nouveau  Usage ,  emploi  des  brochettes. 

Mahgaron  ,  moirage  à  dessins  réservés ,  sur  les  étoffes. 

MicHAUD  ,  nouveau  chinage  à  dessins  flambés. 
I  Michel  frères  ,   perfection  de  la  teinture  noire,  et 

emploi  de  Textrait  de  châtaignes. 

PoiDSBARn  9   éducation  des  vers   produisant  la  soie 
blanche  ^  et  perfectionnement  de  leur  ouvraison. 

Rayuoxu)  ,  application  du  bleu  de  Prusse  sur  la  soie. 

Ravu  ,  apprêt  des  crêpes  blancs  et  en  couleurs. 

Revillot  frères ,  étoffes  avec  dessins  en  dentelles  à 
jour. 

0.  Z.  N. 


(68) 


BULLETIN  BffiLIOGRAPHIQUE. 


Examen  impartial  du  Jésuitisme  ancien  et  moderne ,  par 
un  ami  sincère  cle  la  religion  et  du  roi ,  avec  cette 
épigraphe  :  Nolitejudicare  secundùm  faciem  ,  sedjus- 
tumjudicium  Judicaie.  Ne  jugez  pas  selon  les  apparences , 
mais  jugez  selon  la  justice.  S.  Jean ,  chap.  7  ,  v.  24. 
Lyon ,  imprimerie  de  C.  Coque ,  in-8.®  de  160  pages. 

Cet  ouTrage  est  uu  nowrewjL  factum  lance  contre  la  com- 
pagnie de  Jésus.  Il  est  di?isë  en  trois  parties  :  dans  la 
première  ,  on  cherche  à  établir ,  par  de  nombreuses  ci- 
tations ,  la  conformité  des  principes  religieur  et  politiques 
des  Jésuites  avec  ceux  des  prétendus  philosophes  du 
18.^  siècle  ^  dans  la  seconde,  on  examine  si  les  Jésuites 
sont  nécessaires  à  la  religion  et  à  Tétat  ;  dans  la  troisième 
et  dernière  ,  s'ils  sont  nécessaires  à  l'éducation  de  la 
jeunesse.  La  conclusion  est  que  ce  corps  trop  célèbre  ne 
peut  qu'êtra  nuisible  et  dangereux  ,  et  que  les  vrais  français 
et  les  Trais  chrétiens  doivent  le  repousser  avec  indig- 
nation. 

L'auteur  ne  se  nomme  point  ;  mais  on  soupçonne  qu'il 
fait  partie  de  l'ancien  clergé  du  diocèse  ,  et  que  c'est  le 
même  ecclésiastique  que  la  Biographie  unis^erselle ,  art. 
MoNTGERON  (  Louis  Basile  Carré  de  )  ,  désigne  comme  le 
père  putatif  d'un  Abrégé  des  trois  volumes  de  Monigeron 
sur  les  miracles  de  M.  de  Paris  j  1799,  3  vol,  in-12  y 
probablement  imprimés  à  Ljon. 

L'éditeur  qui  est ,  dit-on  ,  neveu  de  l'auteur ,  parait 
appartenir  au  barreau  ou  à  la  magistrature.  Quelques-unes 
des  notes  dont  il  a  accompagné  le  travail  de  son  parent  , 
donnent  cette  idée.  Elles  annoncent  en  lui  une  instruction 
variée  et  des  connaissances  peu  communes  en  littérature 
et  en  jurisprudence. 


(69) 

Annotes  biographiques ,  ou  complément  annuel  et  con*- 
tinuation  de  toutes  tes  biographies  ou  dictionnaires 
historiques  ;  contenant  la  vie  de  toutes  les  personnes 
remarquables  en  tous  genres ,  mortes  dans  le  cours 
de  chaque  année.  Année  1826.  —  II.®  partie.  Paris  , 
Ponthieu  et  C.i«,  1828  ,  în-8.®,  pag.  265-5o2. 

Nons  ayons  rendu  compte  9  dans  notre  tome  précédent  9 
pag.  467  9  de  la  première  partie  de  ce  recueil  destiné  à 
faire  suite  aux.  six  yolumes  de  V Annuaire  nécrologique 
pour  les  années  1820-1825  9  poMiés  par  M.  Mahul.  La 
seconae  partie  des  Annales  biographiques  n'est  pas  moins 
remarquable  et  n'offre  pas  moins  d'intérêt  que  la  pre- 
mière ,  et  c'est  dire  beaucoup.  Les  articles  qui  concernent 
la  Biographie  lyonnaise ,  ne  sont  qu'au  nombre  de  deux. 
Ce  sont  les  suivans  :  DuBOST  (  Antoine  ) ,  peintre ,  né  k 
Ljon  ,  le  16  juillet ,  1 769  f  mort  à  Paris  le  6  septembre  1825 
('cette  notice  est  un  extrait  de  celle  que  nous  avons  in- 
sérée dans  notre  tome  Y,  pag.  167-1859  et  qui  a  été 
rëdigée  par  M.  Passeron)  ^  et  Monier  (  Jcan-Unmbert  )  9 
né  à  Beliey  au  mois  de  mai  1 786  9  avocat-général  à  la  cour 
royale  de  Lyon  où  il  est  mort  le  11  avril  1826  (c'est  aussi 
an  extrait  de  notre  recueil  9  tom.  III 9  pag.  498-5oo  )• 
Parmi  les  autres  articles  ,  il  en  est  un  que  nous  devons  pa- 
reillement signaler  à  l'attention  de  nos  lecteurs ,  non  à 
cause  du  personnage  qui  en  est  le  sujet  9  maïs  à  cause  de 
fauteur  :  nous  voulons  parler  de  l'article  Wolf  (  Frédéric - 
Auguste) 9  dû  à  M*  Dugas -  Montbel  (i).  Il  était  naturel 
que  la  notice  sur  un  homme  que  ses  travaux  sur  Homère 
ont  rendu  célèbre  9  fût  confiée]  à  notre  confrère.  Cela 
lui  appartenait  de  droit  9  et  il  s'est  acquitté  de  sa  mission 
■  comme  on  devait  s'y  attendre. 

Nous  faisons  des  vœux  pour  que  l'entreprise  de  M.  Mahul 
se  continue  chaque  année  9  et  pour  qu'il  apporte  toujours. 

(1)  Cet  article  a  ëtë  réimprimé  séparëment ,  iii-8.<^  de  ao  page». 


(  7^  ) 
à  la  rédftctîoQ  de  son  recueil  et  aa  choix  de  ses  collabo- 

ratears  le  même  discernement  et.  le  même  soin  qoî  se 
font  reconnaître  9  comme  noas  Tairons  dëjà  observé ,  dan» 
les  Yolnmes  qu'il  a  publiés  jusqu'à  ce  jour.  Par  Ih  sa  col- 
lection deyiendra  très-prëcieuse ,  et  atteindra  parfaitement 
son  but  9  qui  est  d'offrir  au  public  9  ainsi  que  l'annonce 
le  titre  qu'il  a  adopté ,  un  complément  annuel  de  toutes 
les  biographies  ou  dictionnaires  historiques. 

Lois  des  Francs^  contenant  la  loi  salique  et  la  loi 
ripuaire  y  suivant  le  texte  de  Dutillet ,  revu  avec  soin 
et  éclairci  par  la  ponctuation .,  avec  la  traduction  en 
regard  et  des  notes  ,  par  M.  J.  F.  A.  Peyré  ;  pré- 
cédé d'une  préface  par  M.  •  Isambert ,  avocat  aux 
conseils  du  roi  et  à  la  cour  de  cassation ,  avec  cette 
épigraphe  :  ce  Ce  texte  si  fameux ,  dont  tant  de  gens  ont 
parlé ,  et  que  si  peu  de  gens  ont  lu.  »  Esp.  des  Lois  , 
liv.  18  ,  chap.  22^ Paris,  imprimerie  de  FirminDidot» 
1828  9  in-8.^  de  xvi  et  427  pages. 

Cet  utile  et  beau  travail  sur  la  plus  antique  de  nos 
chartes  ,  a  droit  de  figurer  dans  ce  bulletin  ,  comme  é(aiit 
dû  à  un  de  nos  compatriotes  :  M.  Peyré  eist ,  en  effet ,  un 
ancien  notaire  de  Tillefrânche.  On  né  peut  qu'applaudît  à 
cette  publication  et  à  la  manière  dont  elle  est  exécutée. 
NoQ-seulement  on  trouvait  difficilement  le  texte  des  lois 
salique  et  '  ripuaire  qu'on  regrettait  de  ne  pas  voir  à 
ta  tête  de  plusieurs  des  collections  qui  ont  été  faites  dés 
lois  du  royaume  ;  mais  encore  ce  texte  était  défiguré  dans 
le  petit  nombre  d'éditions  qu'il  a  eues.  M.  Peyré  l'a 
éclairci  par  la  ponctuation  ,'  par  des  corrections  heureuses 
et  surtout  par  une  traduction  fidèle  et  de  savantes  notes* 
On  remarquera  parmi  ces  dernières  celle  qui  se  rapporfe 
à  Tart.  6  du  titre  LXII  de  la  loi  salique  9  d'où  parait  avoir 
été  tirée  cette  maxime*  fondatnentale  dé  notre  monarchie  : 


('7«  ) 
le  royaume  da  France  ne  tombe  pas  de  lanee  en  quenouMe* 

Le  Tolnme  est  accompagne  d'une  table  alphabétique  ample 
et  commode*  Le  soin  donné  à  l'impression  confiée  à  Tun 
des  plus  habiles  typographes  de  notre  temps,  répond  à 
l'importance  du  livre  et  achèye  de  lui  assurer  le  droit  in- 
contestable d'occuper  une  place  dans  toute  bibliothèque 
bien  composée. 


Mémoire  pour  la  société  de  pharmacie  et  les  pharmaciens 
de  Lyon.^  adressé  à  rautorité  administrative  et  judi- 
ciaire ,  sur  les  abus  ,  délits  et  centraventions  qui 
compromettent  de  plus  en  plus  l'art  de  la  pharmacie  , 
îîntërêt-  des  pharmaciens ,  la  santé  et  la  "vie  des  ci- 
toyens. Lyon,  împWmerie"  de  Louis  Perrin  ,  1828, 
in-4.^  de  21  pages. 

Les  pharmaciens  de  Lyon  se  plaignent  Tivement  ,  dans 
ce  mémoire  ,  des  usurpations  journalières  faites  sur  leur 
profession  ;  ils  cherchent  à  démon  ti^er  qu'elles  ne  sont 
pas  moins  nuisibles  à  la  science  ,  injustes, et  contraires  à 
leurs  droits ,  que  dangereuses  pour  les  citoyens,  Ils  invo- 
quent la  législation  ancienne  et  moderne  à  l'appui  de  leurs 
réclamations  ,  et  rappellent  les  mesures  qui  ont  été  prises 
à  diverses  époques  pour  réprimer  les  abn3  qu'ils  signalent 
à  l'autorité. 

La  publication  de  ce  mémoire  a  précédé  de  peu  de  jours 
un  jugement  rendu  .par  lé  trU)unal  de  police  correction- 
nelle contre  un  grand  nombre  d'herboristes  convaincus 
de  s'être  ingérés  dans  la  vente  des  médicamens  et  prépa-^ 
rations  pharmaceutiques.  Nous  rendrons  compte  de  l'af^ 
Êûre  et  nous  donnerons  le  texte  de  ce  jugement  dans  le 
bulletin  historique.  On  verra  que  le  trib\inâl  a  appliqué  un 
ancien  règlement ,  particulier  à  notre  ville  ,  confirmé  par 
plusieurs  rois  de  France  et  par  le  parlement  de  Paris ,  et  • 
qui  est  pei^t-^^t;*f^  I  .^4Q\tx^Usteii  )es  .disposiUon»  légUlafi^i^s^ 


(   72   ) 

favorables  k  lenr  cause  ,  la  seule  que  les  pharmaciens 
aient ,  on  ne  sait  comment ,  oublie  de  citer  dans  leur 
factum ,  lequel  n'en  est  pas  moins  une  pièce  fort  intéres- 
sante et  où  le  gouvernement  pourra  puiser  d'utiles  rcn- 
seignemens  ,  quand  il  viendra  à  s'occuper  de  la  révision 
des  lois  et  des  ordonnances  relatives  aux  matières  spéciales,' 
lois  unanimement  reconnues  pour  être  ,  sur  le  point  dont 
il  s'agit ,  comme  sur  beaucoup  d'autres  ,  incomplètes  , 
peu  d'accord  entre  elles  et  souvent  sans  harmonie  avec 
les  progrès  toujours  croissans  des  sciences  et  de  la  civî-' 

lisation. 

La  préfecture  du  Rhône  a  reçu  les  Programmes  des  prix 
proposés  par  Ut  société  (T encouragement  pour  Cinduslrie 
nationale  ,  dans  sa  séance  générale  du  28  novembre  i8a7  » 
pour  être  décernés  en  1828  ,  1829  et  i83o  ,  in-4.®  de  61 
pages.  On  les  communiquera  aux  personnes  qui  désire- 
raient les  connaître. 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  MAI  1828. 

*  s 

X  .^'  —  Par  arrêté  de  la  mairie  de  Lyon ,  à  compter  de  ce 
jour ,  le  prix  du  pain  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  :  painyèr4U/i, 
a3  cent.  5/4  (  ^^  4  ^^^®  ^  liards ,  au  lieu  de  25  cent«  ou 
5  soU  )  •  la  livre  usuelle ,  et  pain  bis  9  20  cent,  (on  4  sols  ^ 
au  lieu  de  21  cent.  i/S^  ou  4  sois  i  liard). 

Même  jour, '^  Nous  avons  omis  de  citer  parmi  les  artistes 
lyonnais  qui  ont  obtenu .  d'honorables  distinctions  ,  2à  la 
dernière  exposition  du  Louvre,  M.  Biard  qui  a  reçu  une 
médaille  de  deuxième  classe ,  et  M.  Foyatier  qui  est  charge 
d'exécuter  en  marbre  ,  pour  la  maison  du  roi ,  sa  belle 
statue  de  Spartacus. 

jc  .^\'  3.  — Pablicatipn  d'un  arrêté'de  la  mairie  du  22  mar» 


(  7Î  ) 
dernier,  portant  que   les    clôtures  et  barrières  que  }etf 

propriétaires  des  clos  Breton ,  Casati ,,  Crozet  et  autre$ 
adjacens  ayaient  ëtë  assujettis  à  placer ,  seront  immédiate- 
ment enle^ëes.  Les  motifs  de  cet  arrête  sont  que  da  releyë 
fait  sur  les  registres  de  recensement  de  Tannëe  1827 ,  il 
résulte  que  le  quartier  neuf  qui  s'est  forme  dans  les  an- 
ciens clos  dont  il  s'agit  ^  présente  aujourd'hui  une  agglo- 
mération de  37  grandes  et  Tastes  maisons  et  une  populatioii 
de  1900  habitans  ;  qu*nne  semblable  agglomération  et  une 
si  grande  division  de  propriétés  excluent  toute  idée  d'en* 
clos  particulier  ;  que  le  bon  ordre  ,  la  sûreté  publique  et 
h  salubrité  confiés  par  les  lois  à  la  vigilance  et  h  Tau- 
torité  de  l'administration  municipale ,  commandent  de  faire 
cesser  l'état  exceptionnel  qu'avait  établi  l'arrêté  de  la 
mairie  précédente  ,  du  9  août  1824  9  P^i*  lequel  il  avait  été 
enjoint  aux  propriétaires  de  ces  enclos  de  faire  clore  par 
des  murs  9  portes  et  barrières  ayant  au  moins  4  niètres 
de  hauteur ,  toutes  les  ouvertures  pratiquées  sur  la  cote 
S.  Sébastien  ,  et  de  tenir  ces  portes  et  barrières  fermées 
depuis  la  chute  du  jour  jusqu'au  lever  du  soleil. 

*^  4*  "^  Ordonnance  de  S.  M.  qui  nomme  M.  Guillibert^ 
STOcat-général  à  la  cour  rojale  de  Ljon  ,  aux  fonctions  de 
procureur-général  à  la  cour  de  Corse  siégeant  à  Bastia.* 
en  remplacement  de  M.  Billot  9  nommé  procureur  du  roi 
ï  Paris. 

/^  6.  —  L'académie  des  sciences  ,  belles-lettres  et 
arts  de  Ljon  a  tenu  une  séance  d'élections.  M.  Rey , 
professeur  de  dessin  à  l'école^  des  beaux-arts  ,  a  été 
nommé  membre  titulaire  ^  M.  Chevrier  de  Corcelles ,  pré- 
sident du  tribunal  civil  de  Bourg  ,  député  du  département 
de  TAin,  correspondant  ,  et  M.  Gh.  Y.  de  Bonstetten  , 
résidant  à  Genève  ,  associé. 

«%  10.  —  Le  collège  électoral  du  département  du  Rhône  9 
présidé  par  M.  le  comte  Mauriôe  Mathieu  de  la  Redorte ,  paii* 
de  France  ^  lieutenant  général,  prédécesseur  de  M.  le  vicomte 


(74) 
PauUre«  de  la  Motte  dans  le  commandement  de  la  iq^  di« 

"vision  militaire  9  a  procédé  avant  hier  à  la  formatioa  de 
son  bureaa  définitif.  Le  bureaa  provisoire  a  été  confirma: 
il  se  composait  de  MM.  Gazenove  père  y  Lonis  Pons  ,  Ga^ 
pard  Vincent  et  Henri  des  Toumelles,  scrutateurs ,  et  de 
M.  Vachon-^Imbert ,  secrétaire.  Le  lendemain,  a  eu  Heu 
un  premier  tour  de  scrutin.  Les  voix  ont  été  principale- 
ment partagées  entre  M.  Victor  Dauphin  de  Verna,  premier 
adjoint  à  la  mairie  de  Lyon  ,  et  M.  Fulchiron,  de  Lyan  , 
ancien  banquier,  domicilié  à  Paris.  Aujourd'hui,  la  majorité 
absolue  s'est  déclarée  eu  faveur  de  M.  de  Verna.  Le 
nombre  des  Totans  était  de  4^5  ;  la  majorité  était  par 
conséquent  de  227  voix.  M.  de  Verna  en  ayant  obtenu 
a45  f  a  été  proplamé  député.  Parmi  les  autres  candidats  ^ 
on  distinguait  M.  le  baron  Rambaud ,  ancien  maire  de 
Lyon  9  et  M.  Anisson-Dupen'on  ,  d'une  famille  lyonnaise  , 
ancien  directeur  de  l'imprimerie  royale. 

^^%  i3.  —  Les  plans  des  architectes ,  au  nombre  de  six  j 
qui  ont  concouru  pour  le  palais  de  justice  ,  sont  déposés 
dans  une  des  salles  de  la  préfecture  où  le  public  est  admis 
h  les  yisiter ,  avant  qu'ils  soient  envoyés  à  Paris  pour  être 
30umis  au  conseil  des  bâtimens  civils. 

^%  Le  devis  des  travaux  à  faire  pour  l'établissement  d*ane 
digue  en  amont  du  pont  Morand ,  montant  à  277,000  fr.* , 
n  été  approuvé  ,  le  6  de  ce  mois  9  par  M.  le  directeur- 
général  des  ponts  et  chaussées.  Ces  travaux  sont  destinés 
à  protéger  le  territoire  des  Brotteaux  contre  les  invasions 
du  Rhône. 

^%  t6,  —  Par  une  circulaire  du  8  de   ce  mois  ,  M.  le 

préfet  rappelle    à    MM.    les   maires   du  département   les 

règlemens  de  police  relatifs  à  la  vente  des  remèdes  secret». 

Cet  arrêté  explique   toutefois  qu'il  est  permis  aux  sœurs 

de  charité  de  préparer  elles-mêmes  et  de  vendre  au  public 

les  remèdes  qu'on  désigne  dans  la  pharmacie  sous  le  noia 

de  magistraux, 

(  Gaz,  w/iiV.  de  fjyon). 


(  75  ) 

\*^  i6.  — ^  Par  ordonnance  du  3o  avril  dernier ,  M.  Jean- 
Baptiste  de  la  Roue  J51s  a  été  nomme  membre  du  conseil 
municipal  de  cette  ville. ^  en  rehiplacement  de  H.  delà 
Koue  son  père  ,  dëc^dé. 


^*^  17.  —  Ouverture  d'un  cours  public  et  gratuit  de 
botanique  professé  au  jardin  des  plantes  9  far  M.  Balbîs-, 
directeur  de  cet  établissement. 

^*^  2T.  — «  Avis  de  la  mairie  portint  qae  ,  vu  un  arrêté 
da  i3  de  ce  mois  1  contenant  acceptation  de  Toffire  faite 
par  M.  Clerc  ,  professeur  de  mathématiques  transcendantes 
au  collège  rojal  de  Ljon,  de  faire  annuellement  un  cours 
municipal ,  public  et  gratuit  d'astronomie  ,  l'ouverture  de 
ce  cours  pour  la  présente  année  scolaire  aura  lieu  le 
mardi  5  juin  prochain  à  5  h.  et  demie  du  soir  ,  dans  la 
salle  de  l'observatoire  au  collège  royal ,  et  que  les  leçons 
en  seront  ensuite  continuées  le  samedi  et  le  mardi  de 
chaque  semaine  ,  dans  la  même  salle  et  à  la  même  heure. 

/^  22.  —  La  société  d'encouragement  pour  l'industne 
nationale  vient  de  décider  qu'une  médaille  de  i.**^  classe 
serait  accordée  à  M.  Maisiat  pour  les  perfectionnemens 
qu'il  a  apportés  au  métier  h  tisser.  On  peut  voir  par  le 
bulletiti  du  mois  précédent  que  ce  n'est  pas  la  seule  dis- 
tinction que  M.  Maisiat  ait  obtenue  pour  le  même  objet. 

.«%  a6.  -—  Ordonnance  du  roi  du  6  mars  dernier  qui 
autorise  les  sieurs  Durand  jeune  et  BuUiod  à  établir  une 
verrerie  h.  Terre  blanc  9  près  de  la  vitriolerie ,  en  aval  du 
pont  de  la  Guillotière. 

^%  27  —  Des  procès-verbaux ,  dans  la  forme  indiquée 
par  la  loi  du  21  .germinal  an  XI ,  avaient  été  dressés  contre 
plusieurs  herboristes  de  Lyon  9  chez  lesquels  on  avait 
trouvé  des  préparations  pharmaceutiques  exposées.en. vente. 
Les.  prévenus  de  cette  contravention  ont  été  cités  «  à  la 
requête  du  ministère  public  9  devant  le  tribunal  de  police 


(  76  ) 
correctionnelle  9  cpi.î  a  prononce  un  jagement  dont  Y9Îci 
le  dispositif  et  les  principaux  motifs  : 
Considérant  qu'il  résulte  9   etc. 

Considérant  que  le  fait  dénoncé  constitue  une  contra- 
vention aux  lois  relatives  à  l'exercice  de  la  profession  de 
pharmacien  et  notamment  à  la  loi  du  21  germinal  an  XI  g 
qui  interdit  l'exercice  de  cette  profession  h  toute  personne 
qui  n'aurait  pas  été  reçue  suivant*  les  formes  légales  ; 

Considérant  que  cette  dernière  loi  ne  contient  point  de 
sanction  pénale  pour  le  cas  de  vente  de  compositions 
pharmaceutiques  sans  autorisation  ,  si  ce  n'est  en  ce  qui 
touche  les  épiciers  et  droguistes  qu'elle  condamne  à  5oo  fr. 
d'amende  ;  disposition  qui  ne  peut  s'étendre  aux  herbo- 
ristes ,  ni  à  aucunes  personnes  autres  que  les  épiciers  et 
droguistes  ,  parce  qu'en  matière  de  délit  ou  ne  peut  jager 
^par  analogie  et  par  extension  d'un  cas  à  un  autre  ; 

Mais  que  pour  la  peine  encourue  pour  le  même  fait  par 
.des  personnes  autres  que  les  épiciers  et  droguistes  ,  ladite 
loi ,  article  5o  ,  renvoie  aux  lois  précédentes  ,  puisijn'après 
avoir  indiqué  la  manière  dont  le  jarj  médical  doit  procé- 
der aux  visites  pour  constater  la  fabrication  et  le  dëbit 
de  préparations  médicinales  sans  autorisation  ,  elle  ajoute 
qu'il  sera  dressé  procès-verbal  de  ces  visites  poar,  en  cas 
de  contravention  ,  être  procédé  contre  les  délinquans  9 
conformément  aux  lois  antérieures  ; 

Considérant  qu'une  loi  du  18  avril  1791  a  également  or- 
donné que  les  lois  ,  statuts  et  règlemens  existant  au  2  mars 
précédent ,  relatifs  à  Texercice  de  la  pharmacie  ,  continue- 
raient  d'être  exécutés  suivant  leur  forme  et  teneur  ,  soos 
les  peines  portées  par  lesdites  lois  et  règlemens  y  jusqu'à 
ce  qu'il  eût  été  statué  définitivement  à  cet  égard  ; 

Que  n'j  ayant  point  eu  de  disposition  législative  depuis 
1791  sur  le  point  dont  il  s'agit,  puisque  la  loi  du  :&c 
germinal  an  XI  ordonne  elle-même  ,  comme  on  l'a  dît  , 
l'exécution  des  lois  antérieures  sur  ce  même  point ,  il  faut 
nécessairement  recourir  aux  anciens  règlemens  y 


(  77  ) 

-  Coasidërant  qae  la  déclaration  du  roi  du  2S  arrii  1777  f 
mwpiée  par  le  ministère  public ,  a  été  faite  uniquement 
pour  la  YÎlle  de  Paris  et  ses  faubourgs  ^  ainsi  qu'on  le  Toit 
dans  le  prëambule  de  cette  déclaration  ,  et  que  l'exécutioa- 
n  en  a  point  été  étendue  au  reste  de  la  France  ;  que ,  si 
la  cour  royale  de  Paris  et  la  cour  de  cassation  l'ont  ap- 
pliquée à  des  herboristes  et  autres  ,  çà  été  seulement  lors- 
que la  contrayention  ayait  eu  lieu  dans  l'arrondissement 
de  la  capitale ,  non  dans  les  dépariemens  y  pour  lesquel» 
cette  déclaration  n'est  point  obligatoire  ^ 

Considérant  qu'il  existe  des  statuts  et  règlemens  parti* 
colîers  à  la  yille  de  Lyon  ,  en  date. du  27  noyembre  i65g^ 
confirmés  par  lettres  patentes  du  roi  du  mois  de  février 
1G60 ,  enregistrées  au  parlement  de  Paris  le  19  avril  suivant; 
Considérant  que.  l'article  52  de  ces  statuts  est  ainsi  conçu  : 
M  Sont  faîtes  défenses  à  toutes  personnes  ,  babitans  tant 
de  la  ville  que  faubourgs  9  autres  que  lesdits  maîtres  apo- 
thicaires immatriculés  9  d'exercer  l'art  de  pharmacie  y 
fiire  9  tenir  ou  vendre  compositions  9  confections  ,  eiUi- 
plâtres  9  huiles  ,  onguens  9  sirops  et  autres  prépai^tiona 
coacernant  ledit  art  d'apothicaire  9  tant  galéniques  qtie 
chimiques  9  à  peine  de  confiscation  de  leurs  marchandises 
et  de  cent  livres  d'amende  ,  applicables  9  partie  aux  dé- 
nonciateurs 9  partie  à  l'Hôtel-Dien  ;  99 

Considérant  qu'on  a  objecté  vainement  de  la  part  des 
prévenus  que  ces  statuts  étaient  tombés  en  désuétude  ; 

Considérant  que  lesdits  statuts  n'ont  cessé  momentanér 
ment  d'être  exécutés  qu'au  moment  où  une  loi  détruisit 
tontes  les  corporations  et  proclama  le  libre  exercice  de 
tons  les  genres  de  commerce  ;  mais  qu'ils  ont  repris  leur 
existence  ,  en  tout  ce  qui  ne  serait  pas  contraire  à  la  nou- 
velle législation  9  par  les  dispositions  des  lois  ci-dessus 
citées  des  18  avril.  1791  et  21  germinal  an  XI  ; 

Considérant  qu'en  effet  on  trouve  ces  statuts  cités  et 
appliqués. dans  .divers  arrêts  du  parlement  de  Paris  9  dont 
plasieurs  ^ont  rapportes  par  ks  anciens  .collecteurs  d'ar- 


(  7»  ) 
ifêls  9  et  Botamment   dans   un   arrêt  dadît  parlement  de 

Paris  du  2 1  août  1 767  )  . 

Qu'un  arrêt  du  conseil  d'état  du  24  septembre  lySr  , 
rendu  entre  les  recteurs  et  administrateurs  de  rhèpîtal  de 
Notre  Dame  de  Pitié  du  pont  du  Rhône  et  les  maîtres 
apothicaires  de  Lyon ,  TÎse  ,  confirme  et  rectifie  expres- 
sément ces  mêmes  statuts  ^ 

Que  par  une  ordonnance  d&  la  juridiction  consulaire  de* 
la  police  des  arts  et  métiers  de  la  Tille  de  Lyon ,  du  20 
mai  1754  9  leur  exécution  fut  recommandée  de  nouTeau  « 
et  qu'il  fut  prescrit  que  l'article  32  en  serait  imprimé  et 
affiché,  ce  qui  eut  Keu  ) 

Qu'un  arrêté  du  bureau  ceiitral  du  canton  de  Lyon  du 
29  pluviôse  an  V  9  en  prescriTÎt  également  l'exéeutîon  9 
en  considérant  que  les  anciennes  lois  relatives  à  la  phar- 
macie n'avaient  été  ni  abolies  ni  suspendues  9  nonobstant 
la  suppression  des  maîtrises  et  jurandes  9  puisque  l'article 
609  du  code  des  délits  et  des  peines  avait  conservé  provi* 
soirement  l'application  des  peines  encourues  suivant  ces 
anciennes  lois  par  ceux  qui  fabriquaient  ou  vendaient  les 
compositions  médicinales ,  sans  y  être  légalement  autorisés  ; 

Considérant  qu'il  suit  de  ces  actes  de  l'autorité  adîni* 
nistrative  9  ainsi  que  des  arrêts  ci-dessus  cités  9  que  les 
statuts  de  1669  ^^  ^^^^  point  abrogés  9  qu'ils  ont  reçu 
toute  la  publicité  requise  9  qu'ils  sont  encore  en  vigueur 
dans  tout  ce  qui  s'accorde  avec  la  nouvelle  législation  et 
que  leur  exécution  a  été  maintenue  et  reconnue  toutes  les 
fois  qu'il  s'est  agi  de  réprimer  les  tentatives  d'usurpations  9 
faites  par  des  individus  sans  qualité  9  sur  la  profession 
de  pharmacien^  1 

Considérant  qu'il  importe  à  la  sûreté  publique,  à  la 
santé  des  citoyens  9  souvent  compromise  par  l'impéritie 
et  l'inexpérience' 9  qu'un  abus  pareil  à  celui  qui  est  dé- 
noncé au  tribunal  ne  demeure  pas  impuni  9  etc. 

Par  ces  motifs  19  le  tribunal  jugeant  correctionnellement 
et  en* premier  ressort,  et  appliquant  l'art»  32  eirdessus 


,         (  79  ) 
transcrit ,  dés   staftbts  et  règlemeiiB   des'  maîtres  apothi-* 

caîres  de  Lyon  du  27  noTembre  i659  ,  ^ 

Déclare  les'  sîeurs  NN.  cônpaibles  de  contraventioti  audit 

artîek^  en  conséquence  le«  €<mdamne  chacun  h  100  fr« 

d'amende  ^  ordonne   que   les    mëdlcameus    saîisis   à  leur 

préjudice  sont  et  demeurent  confisqués  ;   condamne  les 

susnommés  aux    dépens    de   la  procédure  et  du  présent 

jngement  ,  chacun  en  ce  qui  les  concerne  ^  etc* 

^%  29.  —  Départ  pour  Paris  de  M.  Victor  Dauphin  de 
Yerna ,  député  du  département  du  Rhône  ,  et  premier 
aijjoint  de  la  mairie  de  Lyon.  M.  le  maire  ,  son  collègue 
à  la  chambre  des  députés  ,  reyenu  mQmentanément  di^ns 
nos  murs  à  l'époque  des  élections  du  gr^nd  collège  j  est 
reparti  depuis  quelques  jours.  Les  rênes  de  Tadministration 
municipale  ont  été  remises  à  M.  £?esque  9  second  adjoint» 

Même  jour,  —  On  construit  en  ce  moment ,  au  devant  de 
riiôlel  de  ville  ,  l'échafaudage  qui  doit  servir  au  placemen  t 
du  bas-relief  destiné  à  en  décorer  le  tympan.  Ce  bas- 
lelief  9  dont,  l'exécution  est  confiée  à  M.  Legendre  Héral  , 
remplace  celui  qui  a  été  détruit  au  commencement  de  la 
révolution  ,  qui  était  l'ouvrage  de  Chabry ,  et  représentait 
Louis  XIV  à  cheval.  Sous  le  régime  républicain  .,  on  y 
a?ait  substitué  les  images  en  plâtre  de  la  Liberté  et  de 
rÉgalité  moulées  gratuitement  par  le  statuaire  Chinard  y  et 
qui  n'ont  été  détruites  que  depuis  la  restauration. 

^^  5i.  «^ 'Rapport 'fait  à  la  chambre  des  députés  par 
M:  Calemard  de  Lafayétte  d'une  pétition  par  laquelle  des 
habitans  de  Lyon  demandent  une  indemnité  pour  leurs 
maisons  abattues  en  1794  pour  rembellissement  et  la  sa- 
lubrité de*  la  Tille.  La  commission  propose  le  renvoi  aux 
ministres  des  finances  *  et  de  Fintérieur;  Ces  conclusions 
sont  appuyées  par  M.  Jars  qui  demande  en  outre  le'  renvoî* 
à  U  commission  du  budget ^  et  par  M.  dd  Lacroix-Laval 
qui  déclare ,  comme  maire  de  Lyon  ^  que  les  pétitionnaires , 


(  8o) 
iéboniés  de  leurs  réclamations  contre  la  Tille  par  an  arrêt 
da  conseil  d'ëtat ,  sont  réellement  créanciers  du  goaver- 
nement.  Après  une  discnssion  à  laquelle  ont  pris  part 
MM.  Becqueyet  de  Gambon  9  le  renyoi  proposé  par  la  com- 
mission est  adopté. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS  POUR  LE  TOME  PRÉCÉDENT. 


Pag.  358  )  les  deux  notes  qni  sont  an  bas  de  cette  page 
ont  été  transposées  :  la  première  devait  porter  le  n.  2,  et  la 
seconde  le  n.  i. 

Pag.  565  9  après  ces  mots  qni  se  tronvent  dans  la  note  2: 
MandeloL,.  n  parmi  les  armes  du  peuple  sauva  la  vie  à  une 
infinité  de  séditieux  hérétiques ,  79  ajoutez  :  Rubys ,  llist. 
de  Lyon,  liy.  HI ,  chap.  61 9  nous  apprend  que  Jean- Jacques 
de  Mesmes,  sieur  des  Arcbes»  maître,  ordinaire  des  re- 
quêtes du  roi  s'était  rendu  tellement  odieux  aux  catholi- 
ques  9  qu'il  aurait  infailliblement  péri  ,  si  Mandelot  ne  lui 
eût  donné  asile  dans  son  hôtel  ;  ce  personnage  avait  été 
envoyé  à  Lyon ,  quelque  temps  avant  la  St«Barthélemy , 
sur  la  demande  des  protestans  ,  pour  y  faire  exécuter  l'édît 
de  pacification  nouvellement  publié.  Les  catholiques  étaient 
journellement  assignés  devant  lui ,  à  la  requête  des  pro- 
testans ,  pour  les  choçes  les  plus  frivoles ,  comme  pour  la 
restitution  d'un  perroquet ,  d'une  enclume ,  d'un  pot  de 
graisse ,  etc. ,  etc.  ;  ce  qui  anima  plus  les  habitons  de  la 
ville  les  uns  contre  les  autres  ,  que  n* avaient  fait  tous  les^ 
troubles  et  guerres  civiles. 

Pag.  578  9  ligne  7  9  Saugrein  ,  lisez  :  Saugrain. 

Même  pag. ,  ligne  16  f  Thomas  Anodin  y  lisez  :  TTùbaud 
Anodin  • 


(81  ) 


STATISTIQUE. 

Essais  historiques  sut  la  yille  de  Lyoïii  oa  description  par  ordre 
alphabétise  des  ^artiers,  places  ^  rues  et  monuiaens  de  cette 
Tille. 

(  VIL*  Article  ). 

Belibr  (rue  du).  C'est  plutôt  un  chemin  qu*une  rue, 
dont  la  direction  tend  de  la  chaussée  Perrache  à  Pinte*- 
rieur  de  la  presqu'île  du  même  nom ,  joignant  l'ancien 
bassin  de  la  gare.  Son  entrée  se  trouve  à  quelques  pas 
de  distance  de  la  barrière  de  l'octroi  extra  muras  ;  il  n'y 
existe  que  6  maisons ,  dont  la  population ,  de  i€  ménages  y 
léunit  53  individus.  La  fabrique  d'étoffes  de  soie  y  ai- 
tretient  7  métiers.  Quoique  d'une  date  ..encore  récente  9 
Tétymologie  précise  du  nom  que  cette  rue  porte  est 
ignorée  :  on  peut  seulement  supposer  qu'il  s'appliquah  à 
inexistence ,  en  cet  endroit ,  de  quelque  pièce  de  l'hy- 
draulique de  la  gare  construite  pour  Perrache,  et  quelque 
temps  après ,  abandonnée  par  les  actionnaires. 

Belle-cour.  Voy.  Louîs-le-Grand  (  place  ). 

BsLLiivRE  (  rue  ).  Cette  rue ,  nouvellement  ouverte  , 
aboutit  de  la  place  de  la  Trinité  à  la  rue  des  Prêtres , 
parallèlement  et  au  nord  de  l'ancienne  rue  Ferrachat  : 
elle  a  été  pratiquée  sur  une  partie  de  l'emplacement  du 
ci-devant  monastère  des  chanoines  réguliers  de  St.  Au- 
gustin, de  l'ordre  de  la  Ste.  Trinité,  pour  la  rédemption 
des  captifs.  Il  n'y  a  encore  que  5  maisons  de  construites , 
Tome  FIL  6 


(    82) 

lesquelles  sont  occupas  par  36  ménages  ,  composés  de 
i5o  Individus.  Sur  ces  36  ménages ,  32  sont  d'ouvriers 
en  soie ,  qui  exploitent  62  métiers. 

Le  nom  de  Beliièvre  que  cette  rue  a  reçu  ,  rappelle 
une  famille  qui  a  illustré  la  ville  de  Lyon  (1),  et  à 
laquelle  le  sol  des  Trinitaires  avait  appartenu.  Cétait 
même  dans  la  maison  qu*occupaient  ces  PP. ,  qu'avaient 
pris  naissance  Jean  et  Pompone  de  Beliièvre ,  dont  le 
.second  fut  tenu  sur  les  fonts  de  baptême  par  Pompone 
Trivulce,  gouverneur  de  Lyon  (2).  Jean  ,  qui  était 
laine  ,  fut ,  comme  Claude  ,  son  père ,  premier  président 
du  parlement  de  Dauphiné.  Pompone  devint  ce  célèbre 
chancelier  de  France  qui  servit  sous  cinq  de  nos  rois , 
soit  dans  les  ambassades ,  soit  dans  d'autres  emplois  im- 
portans  ,  et  dont  Henri  IV  disait ,  qu'il  ne  connassait 
point  de  plus  homme  de  bien. 

Claude  de  Beliièvre ,  père  des  deux  précédens  y  était 
né  à  Lyon  au  mois  de  mars  1487  9  son  grand-père, 
Barthélemi  I ,  avait  été  long-temps  secrétaire  et  inten-' 
dant  de  la  maison  du  cardinal  de  Bourbon ,  archevêque 
de  cette  ville  (3) ,  et  c'est  de  lui  que  da^e  Télévatioa 


(i)  Qael(jae8  titreç  appajé$  par  la  tradition  da  pays  font 
les  Beliièvre  originaires  du  village  de  S.  Jean  de  Gbaussan  , 
canton  de  Momant.  Cette  famille  s'établit  à  Lyon  vers  le 
XV.®  siècle.  Voy.  Pernetti ,  L^on.  dignes  de  mé/n,  y  tom.  I, 
pag.  3o5  et  suiv. 

(2)  Pompone  vînt  au  monde  en  1629 ,  suivant  la  Biogr. 
univ.  ;  en  iSaS,  suivant  Pernetti  ,  loc,  cit. 

(5)  Barthélemi  I  avait  éié  notaire  ,  et  Ton  rapporte  qu'il 
avait  dans  son  étude  un  clore  aniquement  employé  k  copier^ 


(  85  > 
de  cette  famille  lyonnaise ,  de  laquelle  ^ni  sortis  ,  dans 
l'espace  d*un  siècle  ,  deux  archevêques  de  Lyon  (i) ,  un 
chancelier  de  France ,  un  premier  président  au  parle- 
ment de  Paris  (2)  et  de^x  à  celui  de  Dauphiné  (3). 

Claude  de  Bellièvre  fut  plusieurs  fois  conseiller  ëche- 
vin  (4).  Il  était  Fauteur  d'un  ouvrage  sur  les  antiquités 
de  Lyon  ,  intitulé  :  Lugdanum  priscum  ,  qui  se  trouve 
maintenant  à  la  bibliothèque  de  Montpellier  (5).  Il  avait 


non  des  titres  ou  des  actes  ,  mats  les  bons  .  auteurs  clas- 
siques et  les  anciennes  chroniqaes  de  notre  histoire. 

Barthéiemi  II ,  père  de  Claude  ,  succéda  k  Barthélemi  I 
dans  tons  ses  emplois.  C'est  à  son  crédit  que  fut  dû  Iç 
fameux  édit  de  i494  9  ^^  source  des  plus  beaux  privilèges 
qu'avaient  les  Lyonnais,  et,  en  particulier,  de  la  noblesse 
qui  s'acquérait  par  Técbevinage. 

(i)  Albert  et  Claude  ,  fils  de  Pompone  ,  le  premier  mort 
en  161 2  \  le  second  en  161 3. 

(2)  Nicolas  ,  troisième  fils  de  Pompone. 

(5)  Claude  dont  il  va  être  parlé  plus  en  détail ,  et  Jean 
son  fils  ,  comme  on  l'a  dit  plus  haut. 

(4)  En  i522  et  i528.  Il  avait  été  avocat  du  roi  au  conseil 
de  Dombes  et  en  la  sénéchaussée ,  avant  d'être  appelé  à 
la  place  de  procureur  général  au  parlement  de  Dauphin é 
en  id56  ,  et  à  celle  de  premier  président  du  même  parle- 
ment en  i54i«  Il  se  démit  volontairement  de  cette  dernière 
place  en  16499  pour  révenir  dans  sa  patrie  qui  lui  déféra 
le  titre  d'échevin  honoraire  et  perpétuel.  Ce  fut  lui  qui 
rédigea  cette  célèbre  requête,  en  forme  de  plaidoyer,  qui 
fut  présentée  à  François  I.^%  pour  obtenir  l'établissement 
d'an  parlement  \  Lyon. 

(5)  Cette  compilation  paraît  avoir  été  faite  de  i525  & 
i556  -,  elle  forme  un  vol.  iu-4.'  de  180  feuillets.  Paradin 


(  84  ) 
aussi  composa  sur  le  même  sujet ,  d'autres  manuscrits 
qui  ont  ëtë  perdus  ,  et  plusieurs  recueils  ,   ^rits  de  sa 

»"i^"^^— ^  ■  ■      ■— ■^■^»— ^*  ■  ■  ■    I    ■  I  ———————— ^^—^^^1^ 

en  a  profita  9  et  le  P.  Pierre  L'Abbé  Ta  citée  dans  une  de 
ses  dissertations  sur  l'origine  de  Lyon.  Elle  est  précédée 
d'une  dédicace  aux  Ljonnais  ,  vins  Lugdunensibus.  Hé- 
Destrier  9  IntroducUon  à  la  Uciure  de  V histoire  ,  pag*  1 78* 
180, donne  la  table  suivante  des  chapitres  dont  se  compose 
ce  manuscrit  : 

I.  De  origine  urbis  LugdufU  et  colonia  Romanorum  in 
eam  deducta. 

a.  De  dictione  Lngdunum  et  modo  sçribendi. 
5.  De  magislratibus  et  aliis  publicis  muneribus, 

4.  De  vetere  et  universali  in  ea  emporio. 

5.  De  theatro  et  celebratis  in  eo  ludis. 

6.  De  prœclaris  in  ea  urbe  œdificiis  et  operibus» 
7*  De  ara  Lugdunensi» 

8.  De  incendio  ejusdem  urbis. 

9.  De  velere  schola,  ^ 

0.  De  Bhodano  et  Arari  ftuminihus. 

1.  De  insula. 
[a.  De  aquœductu* 
3.  De  Foro  Veneris  seu  veteri.. 
i4«  De  Insula. 

5.  De  aliquot  viris  claris  quibus  patria  Lugdumim» 
[6.  Dejlaminibus  et  vetere  religione  in  ea. 

7.  De  commoditate  ejusdem  loci, 
[8.  De  ejusdem  dignitate  et  ditione. 
[g.  De  vicis  et  oppidis  Ijugduno  viciais  quorum  vêtus 

extat  memoria. 

20.  Epitaphia  quœ  Lugduni  ex   veteribus    monumeniis 
exscripsim 

II.  Nostrœ  œdes. 
.  a2.  Adversaria  et  lectiones  antiques. 

Un  de  nos  collaborateurs  a  fait  quelques  démarches  aa-^ 


(  85  ) 
main^  se   trouvent  dans  la  bibliothèque  du   roi   (i). 

Le  goût  qu'il  avait  pour  Tantiquité ,  le  porta  à  rassem-^ 
bler ,  dans  le  jardin  de  sa  maison ,  qui  en  prit  et  en  a 
long-temps  conseryë  le  nom àt  Jardin  des  antiquités ^xmt 
collection  d'inscriptions  romaines ,  dont  le  nombre  fut 
fort  augmente  par  le  président  de  Langes ,  son  beau* 
frère ,  qui  occupa  après  lui  cette  maison.  Plusieurs  de 
ces  inscriptions  se  trouvent  aujourd'hui  dans  les  galeries 
du  palais  des  arts. 

Claude  de  Bellièvre  fut  inhume  dans  l'église  de  St. 
Pierre -le- Vieux  ,  où  se  voyait  encore ,  avant  la  démo- 
lition de  cette  église ,  le  tombeau  que  lui  avaient  fait 
élever  ses  deux  fils ,  Jean  et  Pompone ,  et  pour  lequel 
ils  avaient  composé  une  inscription  latine ,  en  style  lapi- 
daire 9  que  des  savans  trouvaient  digne  des  beaux  jours 
du  siècle  d'Auguste  (a)* 

près  d'une  personne  qui  possède  à  Ljon  une  copie  da 
Lugdunum  priscwn  ^  prise  sur  roriginal ,  conserve  à 
Montpellier  \  il  en  désirait  la  commnnicatian  pour  en  donner 
dans  notre  recueil  une  description  et  un  extrait  détaillé; 
mais  ces  démarches  ont  été  inutiles  :  le  propriétaire  de  cette 
copie  n'a  pas  eu  pour  nous  la  même  complaisance  qu'on  a 
eue  pour  lui  à  Montpellier. 

(i)  Voy.  Archiv.  du  BhSne ,  tom.  V  ,  pag.  i48-i5o. 

(a)  D.    O.    M. 

HÎC  SITVS  EST  ClAVDIVS  BeLLEVRIVS  ,  V.  C.  DELPHIlf. 

SEI<fATyS  PB^SES  PRIOR  , 
CVJVS  I19V0CENTIA  HOMIWVM  INVIDIAM  PROVOCAVIT 

ET  SVPERAVIT. 
VlXIT  AHNOS  LXX  ,  MENSES  VIII   ET  DTB^  VII. 
iOASHES  ET  POMPOniVS  PATRI  OPTillO  y 
jUINO  M  .  D  •  LVU  • 


{86) 

BsiLKAKDiîTBS  (  place  des  )  ,  située  entre  les  deux  som- 
mets de  la  Grande  Côte  et  de  œlle  de  St.  Sébastien  ,  et 
touchant  au  nord  les  premières  maisons  de  la  Croix-* 
Rousse.  On  y  trouve  5  maisons ,  37  ménages ,  présen- 
tant un  eiFectif  de  J23  individus,  16  atéîiers,  et  34 
métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

Le  principal  bâtiment  qu  on  voit  sur  cette  place  ,  et 
qui  lui  a  donné  son  nom  »  formait  autrefois  le  couvent 
des  religieuses  Bernardines. 

Ces  religieuses  vinrent  d'abord  s'établir  à  Lyon  dans 
la  maison  qu*occupèrent  après  elles  les  Missionnaires  de 
St.  Joseph  ^  rue  du  Garet ,  aujourd'hui  l'hôtel  du  Nord  ; 
elles  firent  ensuite  construire  celle  dont  nous  parlons ,  et 
dans  laquelle  elles  s'établirent  en  1641* 

Du  jardin  qui  leur  a  appartenu ,  la  vue  s*étend  sur 
toutes  les  montagnes  du  Forez  ,  sur  toute  la  plaine  du 
Dauphiné,  jusqu'aux  Alpes,  et  presque  sur  toute  la 
ville  :  le  clos  qui  en  dépend  ,  et  qui  réunissait  à  l'avan-. 
tage  de  sa  contiguïté  à  la  ville ,  tous  les  a^émeos  de  la 
campagne ,  a  été  morcelé  par  une  de  ces  spéculations 
malheureuses  qui  ont  transformé  les  riantes  collines  dont 
la  partie  nord  de  Lyon  était  couronnée ,  en  d^immenses 
et  tristes  maisons  d'habitation. 


Cette  épitaphe  fait  allusion  à  un  procès  qu'avait  eu 
Claude  de  Bellièvre  au  parlement  de  Toulouse  contre  les 
Syndics  des  états  du  Dauphin^.  Ceux-ci  le  poursuiTaient 
comme  coupable  de  malversations  ;  mais  ils  forent  con- 
damnés 9  par  arrêt  du  mois  de  janvier  i545,  à  dix  mille  Ut. 
de  dépens  envers  le  roi  et  à  pareille  somme  envers  Taccustf. 
C'est  ce  qui  a  fait  dire  aux  auteurs  4?  Tiuscription  qu'il 
avait  excité  Teuviç ,  mais  qu'il  en  avait  triomphé. 


(8?) 
Le  monastère  des  Bernardines  n^âvait  pouf  ses  e^er-^ 

cices  religieux  qu'une  chapelle  dans  laquelle  il  n'existait 

rien  de  remarquable  j  il  renfermait  9  d'ailleurs ,  peu  de 

religieuses  au  moment  où  il  fut  supprime,  attendu  qu'à 

cette  même  époque ,  se  trouvant  dëjà  dans  le  cas  d'être 

sécularisé ,  il  était  interdit  d'y  recevoir  des  novices. 

Ayant  la  révolution ,  la  j\ate  sur  laquelle  il  est  situé , 
était  malpropre  et  écrasée  parles  hautes  murailles  de  la  ville 
qui  l'entouraient.  Ce  fut  l'abbé  Rosier ,  le  Columelle 
français ,  qui  conçut  le  premier  l'heuretise  idée  de  l'em- 
bellir par  une  plantation  d'arbres.  Cette  plantation  et  la 
démolition  des  murs  de  la  ville  jusqu'à  la  simple  hauteur 
d'un  parapet ,  en  avaient  fait  une  promenade  assee 
agréable ,  d'où  l'on  découvrait  le  Mont  d'Or ,  d'autres 
monU^nes  du  Lyonnais  et  tout  le  plateau  de  la  Croix- 
Roasse  ;  mais  depuis  quelques  années ,  les  nombreuses 
constructions  qu'on  a  élevées  tout  à  l'entour  ,  au  dehors 
de  la  ville ,  ont  singulièrement  intercepté  là  vue  et  ré-^ 
Iréci  l'horizon. 

Cest  sur  la  place  des  Bernardines  qu'est  située  la  bar- 
rière de  la  Croix-Rousse ,  reconstruite  en  1 822 ,  d'srprès 
les  plans  et  sous  la  direction  de  M.  Flachéron  ,  architecte 
de  la  ville.  I^  deux  pavillons  qui  flanquent  cette  barrière , 
quoique  d'une  architecture  peut-être  un  peu  légère  pour 
une  porte  de  ville ,  sont  pourtant  à  peu  près  ce  qui  a 
été  fait  de  mieux  en  ce  genre  à  Lyon  depuis  quelques 
années  ;  seulement  il  est  à  regretter  que  ^  par  une  éco- 
nomie mal  entendue  ,  on  ait  supprimé  sur  les  façades 
latérales  de  ces  mêmes  pavillons ,  Vattique  qui  orne  la 
làçade  principale ,  et  qui  y  produit  un  assez  bon  effet  ; 
cette  nudité  est  d'autant  plus  choquante  ^  qu'elle  laisse 
apercevoir  la  toiture  d'un  édifice  dont  toutes  les  parties 
devr^ent  porter  le  sceau  d'une  architecture  sévère. 


(88) 
L'emplacement  de  la  barrière  actuelle  ^taît  autrefois 
occupe  par  les  anciennes  portes  de  la  Croix-Rousse, 
démolies  en  1795 ,  et  qui  étaient  pratiquées  sous  une 
voûte  étroite ,  contournée ,  obscure ,  garnie  de  fortes 
herses  en  fer ,  analogue ,  en  un  mot ,  aux  fortifications 
dont  on  voit  encore  des  restes ,  et  sur  l'origine  desquelles 
notre  article  de  la  rue  Bellevue  contient  une  dissertation 
motivée»  A  càté  des  portes ,  et  parallèlement  à  la  maison 
des  Bernardines ,  s'élevait  un  corps  de  bâtiment  à  un 
étage  ,  qui  servait  de  caserne  à  une  compagnie  détacha 
du  régiment  de  Lyonnais ,  laquelle  prenait  le  titre  de 
compagnie  franche  ,  et  résidait  à  poste  fixe  à  Lyon  9  oà 
elle  avait  la  garde  des  portes  de  la  ville. 

Berrt  (rue  de).  Elle  ne  date  que  de  la  création  du 
quartier  St-Clair ,  en  1763  ;  c'est  la  seconde  après  la 
terrasse  Tolozan  ,  en  remontant  le  quai  St-Clair ,  d'où 
elle  conduit  à  la  rue  des  Deux  Angles.  Louis  XVI ,  alors 
duc  de  Bérry ,  voulut  bien  permettre  qu'elle  reçût  son 
nom ,  comme  les  rues  voisines  reçurent  ceux  de  madame 
la  Dauphine  et  de  monsieur  le  comte  de  Provence.  On 
y  remarque  la  maison  qui  se  trouve  au  midi ,  et  dont  * 
les  trois  façades  sont  ornées  d'un  avant-c%rps  marqué 
par  quatre  pilastres  colossaux  d'ordre  corinthien.  Son 
étendue  et  la  richesse  de  son  architecture  lui  donnent 
plutàl  l'aspect  d'un  palais  que  d'une  maison  particulière , 
et  en  font  un  édifice  qui  figurerait  mieux  sur  une  place 
publique  que  dans  les  rues  étroites  au  milieu  desquelles 
il  est  enclavé.  La  population  de  cette  rue  se  confond 
avec  celle  de  la  rue  Royale,  sur  laquelle  les  maisons 
dont  elle  est  formée  prennent  leur  principale  entrée. 


(  89  ) 

Bessahd  (rue  du).  Population  :  3o  maisons ,  176  mé- 
nages ,  565  individus,  18  ateliers  et  22  métiers  pour 
la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

Cette  rue ,  qui  se  trouve  au  plan  de  i54o  telle  qu'on 
la  voit  aujourd'hui ,  et  sous  le  même  nom  ,  existait  déjà 
au  14.^  siècle,  sous  celui  de  Bessal^  rapporté  dans  les 
actes  du  même  temps.  Elle  conduit  de  la  rue  Lanterne 
au  quai  du  duc  de  Bordeaux. 

Son  nom  lui  vient ,  suivant  les  auteurs  qui  ont  écrit 
sur  Lyon ,  de  ce  qu'anciennement  son  emplacement 
actuel  avait  servi  à  l'écoulement  des  eaux  du  canal  qui 
communiquait  de  Tune  à  Tautre  de  nos  rivières  ,  et 
dont  les  places  de  la  Comédie  et  des  Terreaux  étaient 
alors  le  lit.  Comme  le  dégorgement  des  eaux  s'opérait 
au  moyen  d'une  pente  ou  abaissement ,.  le  peuple  avait 
appelé  ce  lieu  le  BcUssard ,  et  par  corruption  Bessard. 

La  rue  du  Bessard  est  étroite ,  sinueuse  ,  presque 
constamment  infectée  d'une  odeur  insalubre,  provenant 
de  la  manipulation  des  iqtestins  d^s  animaux  qui  sont 
abattus  à  la  boucherie  des  Terreaux ,  et  de  la  dessiccation 
des.  peaux  de  ces  mêmes  animaux.  Aussi  »  avec  une  issue 
sur  on  nouveau  quai ,  placé  au  centre  de  la  ville  et  du 
commerce,  et  destiné  à  devenir  l'un  des  plus  beaux 
de  ceux  qui  bordent  la  Saône ,  cette  rue ,  si  elle  n'est 
pas  entièrement  reconstruite ,  n'en  restera  pas  moins  l'une 
des  plus  sales  et  des  moins  habitables  de  Lyon.  L'intérêt 
des  propriétaires  des  deux  rangs  de  maisons  qui  la  bor- 
dent, serait  donc  de  s'associer,  en  quelque  sorte,  aux 
embellissemens  exécutés  par  l'administration,  en  aban* 
donnant  à  la  voie  publique  l'espace  de  terrain  nécessaire 
pour  établir  un  raccord  direct  avec  la  rue  de  la  Cage , 
de  manière  à  ce  que  la  vue  pût  s'étendre  de  la  Saône  au 


% 


(90)  ■  ; 

Rh6ne.  Les  maisons  se  rebâtissant  ensuite  sur  cet  aligne- 
ment ,  et  dans  un  style  d'architecture  convenable  ,  cette 
rue  deviendrait  Tune  de  ces  belles  traversées  de  Tune  à 
l'autre  rivière ,  qu'on  trouve  en  trop  petit  nombre  dans 
notre  ville ,  et  qui  contribueraient  si  puissamment  à  son 
agrément  et  à  sa  salubrité. 

Une  chose  même  ,  à  ce  sujet ,  a  lieu  de  surprendre  : 
c'est  que ,  dans  un  moment  où  il  se  forme  tant  de  com- 
pagnies d'actionnaires  pour  des  entreprises  dont  le  succès 
n'est  pas  toujours  assuré ,  il  ne  s*en  soit  pas  trouvé  une 
qui  ait  conçu  le  projet  d'acheter  la  totalité  des  maisons 
de  la  rue  du  Bessard  ,  pour  les  restaurer  d'une  manière 
analogue  aux  vues  que  nous  venons  d'indiquer.  Il  nous 
semble  qu'une  spéculation  de  cette  nature  ne  pourrait 
être  qu'avantageuse ,  en  raison  du  produit  considérable 
que  ne  manqueraient  pas  de' rendre  les  locations  d'un 
quartier  ainsi  embelli  et  aussi  favorablement  situé. 

Basvr  (  rue  du  ).  Elle  commence  au  pied  du  Chemin* 
neuf ,  et  aboutit  à  la  place  du  Petit-Collège  :  sur  le  plan 
de  i54o,  elle  est  intitulée  rue  Tramassac ,  ne  faisant 
alors  qu'un  prolongement  de  la  rue  actuelle  du  même 
nom.  Elle  a  depuis  été  nommée  du  Bœuf  ^  à  l'occasion 
d'une  figure  de  cet  animal  qui  y  a  été  placée  près  de 
l'angle  nord  qu'elle  forme  avec  la  place  Neuve-St-Jean. 
C'est  un  morceau  de  sculpture  estimé  des  connaisseurs , 
et  qu'on  attribue  à  Jean  de  Boulogne.  Population  :  35 
maisons,  38 1  ménages,  1290  individus,  i5o  ateliers 
et  3i5  métiers  pour  la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

Les  maisons  qui  forment  le  c6té  occidental  de  cette 
rue ,  sont  presque  toutes  remarquables  par  un  genre  de 
construction  très  -  ingénieusement  adapté  au  terrain  en 


.        (  91  > 
amphit^àtre  du  coteau  de  Fourvières ,  sur  la  pente  infe^ 

rieure  duquel  elles  sont  élevëes.  Ces  maisons,  d'une 
exécution  aussi  soignée  que  solide ,  présentaient  aux  ar- 
chitectes du  temps  où  elles  ont  été  bâties,  de  très- 
grandes  difficultés  qu'ils  ont  su  vaincre  en  employant 
beaucoup  de  terrasses ,  de  galeries  et  d'escaliers ,  qui 
établissent  des  communications  faciles  entre  les  divers 
corps  de  bâtimens  élevés  les  uns  sur  les  autres  à  une 
hauteur  prodigieuse. 

Parmi  les  maisons  dont  nous  parlons^  nous  ferons 
remarquer  celles  des  hôpitaux ,  de  MM.  Dubessy ,  Mongez, 
Laporte ,  Dubreuil  et  Mercier ,  dans  lesquelles  on  trouve 
les  restes  de  deux  salles  de  jeux  de  paume  (i)  ,  et  enfin 
celle  de  M.  Montet ,  ayant  appartenu  autrefois  à  la  fa-* 
mille  Croppet  de  Yarissan  (2).  Il  existe  ,  dans  cette  der- 
nière ,  un  puits  placé  à  Tangle  de  la  cour ,  au-dessus 
duquel  MM*  les  comtes  de  Lyon  firent  élever  une  espèce 
d'(^élisque  en  pierre  polie ,  pour  perpétuer  le  souvenir 
d'un  service  signalé  rendu  par  un  Croppet  de  Yarissan  , 
notaire  du  chapitre ,  lors  de  l'invasion  du  Baron  des 
Adrets,  en  1S62.  Il  cacha  dans  ce  puits  les  plus 
précieux  titres  et  les  reliques  de  l'Eglise  de  Lyon»  et 


(1)  Depuis  la  rue  S.  George  jusqu'au  quai  de  Bourgneuf , 
on  trouve  les  vestiges  de  sept  jeux  de  paume.  C'était  au 
16.^  et  même  encore  au  17.^  siècle  |  l'amusement  et  Texer* 
cîce  favori  des  gens  riches  ,  qui  habitaient  presque  exclu- 
sivement ce  quartier  de  la  ville.  Si  ce  jeu  est  totalement 
oublié  ,  c'est  qu'il  demande  Un  local  trop  vaste  cft  occupe 
trop  peu  de  joueurs  à  la  fois  pour  indemniser  l'entrepre» 
nenr  d'une  location  nécessairement  très-chère. 

(2)  Ces  maispns  portent  les  n.^^'  6,  14  9  16 ,  i8|  20,22. 


<90 
les   préserva    ainsi    â*une  destruction  inévitable.  Les 

comtes  avaient  ajoute  à  cette  marque  de  leur  reconnais- 
sance le  privilège  de  faire  sonner  la  grosse  cloche  de 
St-Jean  à  la  mort  de  chacun  des  membres  de  cette  fa- 
mille ;  ce  qui  eut  encore  lieu  lors  du  décès  du  dernier 
Croppet  de  Varissan  ,  qui  arriva  peu  de  temps  avant  la 
révolution  ,  dans  son  hôtel ,  rue  Boissac. 

La  maison  n.^  34  de  la  rue  du  Bœuf,  a  appartenu  k 
BlaUhazard  de  Villars  ,  premier  président  du  parlement 
de  Dombes,  lieutenant-général  de  la  sénéchaussée  de 
Lyon  «  qui  fut  trois  fois  prévôt  des  marchands  ;  quel- 
ques-uns même  croient  que  c'était  la  maison  paternelle 
de  rillustre  famille  de  Villars,  d*où  sont  sortis  Tua 
des  plus  célèbres  guerriers  dont  s'honore  la  France ,  le 
maréchal  de  Villars,  et  plusieurs  archevêques  de  Lyon  (i)« 

Cette  maison  passa  ensuite  à  la  famille  Builloud  (2) , 
qui  a  produit  grand  nombre  de  prélats  distingués  et  de 
savans  magistrats  ;  entr  autres,  Symphorien  Builloud ,  qui" 
fut  successivement  évêque  de  Glandèves ,  de  Bazas  et  de 
Soissons ,  ensuite  ambassadeur  de  Louis  XII  auprès  de 
Jules  n ,  puis  grand  aumônier  de  François  L^' ,  et  qui 
mourut  le  i5  janvier  i535« 

Pierre  Builloud ,  procureur-général  au  parlement  de 


(i)  Voy.  Archiv.  du  Bhàne ,  tom.  VI  ,  pag.  71-72  et 
579-580. 

(i)  Le  P.  de  Goloma,  dans  son  HisU  /<</(fr., rapporte qae 
le  nom  de  cette  famille  a  ëtë  soayent  défigure  par  diierf 
aatenrs.  Les  uns  Tont  écrit  Builloud ,  d'autres  »  Bculliaud 
et  BouUlaud.  Il  assure  que  la  véritable  orthographe  est 
Builloud. 


r 


(93> 
Dombes,  s&inf  à  Lyon ,  mort  en  iSg/  (i) ,  avait  éiê 

éievë  par  le  fameux  Gepebrard ,  archevêque  d'Âix.  Ce 

prélat  étant  venu  à  Lyon  en  i58g,  avec  les  cardinaux 

Gaétan   et  Bellarmin ,  et  le  cëlèbre  prédicateur  Pani- 

^ole ,  depuis  évêque  d*Ast  (2)  ,  Pierre  Builloud  ,  qui 

(1)  A  Paris ,  oh  il  avait  été  député  vers  Heiiri  IV  par  le 
coDsalat  :  il  était  alors  premier  échevin.  Il  fut  enterré  dans 
relise  de  S.  Germain  FAuxerrois  ,  et  dans  le  tombeau  da 
chancelier  BelUè vre ,  son  proche  parent  et  lyonnais  comme 
lai.  Il  aimait  et  cultivait  les  lettres  9  et  a  écrit  plusieurs 
OQTrages  dont  Colonia ,  Hist.  litL  de  Lyon  ,  tom.  II  y 
pag.  716 ,  indique  les  principaux.  Il  eut  pour  fils  le  jésuite 
Kerre  Builloud,  né  à-Ljon  le  27  janvier  iSSS,  et  mort 
en  j66i  ,  auteur  d'un  livre  intitulé  lAigdunum  Sacro-pro^ 
phanum  9  seu  de  claris  y  illusiribus  et  notis  Lugdunensibus  j 
Forensibus  et  Btllijocensihus  9  dont  il  ne  publia  que  le 
projet  (Lyon,  Barbier»  1647  j  ^^'^-^^j  ^'  dont  le  manus<* 
crit  a  passé  de  la  bibliothèque  de  MM.  de  la  Valette  »  dans 
notre  bibliothèque  publique  où  il  se  trouve  encore  actuel* 
lement,  sous  le  n.®  i255. 

(2)  Panigarole  était  déjà  venu  à  L jon ,  quelques  an- 
nées auparavant.  Voici  ce  que  Rubjs  raconte  à  ce  sujet  y 
pag.  422  de  son  Histoire  :  a  Le  caresme  de  la  mesme  année 
iSySi  prescha  à  Ljou  au  couvent  des  cordeliers  de  S.  Bo« 
naventnre  9  ce  torrent  d'éloquence  et  second  Chrjsostome 
en  sçaToir  et  en  bien  dire  1  frère  François  '  Panicarole  ,  de 
Tordre  de'sdicts  cordeliers  9  et  despnis  evesque  d'Ast^ 
lortj  d'une  noble  et  ancienne  famille  de  Milan.  Il  faisoit 
toutes  les  semaines  trois  sermons  contre  la  doctrine  de 
Calvin ,  et  appelloit  ces  sermons  ses  Galvinicques  ,  parce 
qu'en  iceux  il  refutoit  9  les  liyres  au  poing ,  les  blasphèmes 
et  erreurs  de  Calvin.  Il  recapitula  en  un  seul  sermon  , 
prenant  congé  après.  Pasques  ^  sommairement  tout  ce  qu'il 


(  94  ) 
habitait  la  maison  dont  nous  parlons ,  les  invita  à  dîner 
chez  lui  avec  Mathieu  de  Vauzelles ,  professeur  au  col- 
lège de  Lyon ,  et  le  savant  jësuite  Castorius.  Ce  repas, 
dont  il  est  parlé  dans  Thistoire  de  Rubys1[i)  ,  fut  appelé 
le  festin  d' Agathon ,  ou  des  sept  sages. 


HISTOIRE. 


Les  deux  lettres  suivantes  nous  ont  ëtë  communiqué 
par  M.  Tarchiviste  de  la  ville  :  elles  font  partie  du  riche 
dépôt  commis  à  sa  garde  et  à  ses  soins  éclairés.  La  pre- 
mière surtout  offre  un  grand  intérêt ,  puisqu'elleémane 
du  célèbre  Lahire ,  un  des  plus  valeureux  capitaines  de 
larmée  de  Charles  Vil ,  le  compagnon  des  Danois  et 
des  Saintrailles  (2);  elle  est  revêtue  de  sa  signature: 
malheureusement  elle  ne  contient  que  la  date  du  jour  et 
du  mois  (  27  janvier  )  ;  mais  on  peut  conjecturer , 
d'après  les  faits  qui  y  sont  rappelés  y  qu'elle  çst  de  i^^s. 
C'est ,  en  effet,  dans  le  courant  de  l'année  précédente, 
à  la  fin  de  mai  ou  au  commencement  de  juin ,  que  Lahire 


avoît  presché  jour  par  jour  tout  le  long  du  caresme,  disant 
par  là  une  preuve  très  signalée  et  manileste  du  boaheor 
de  sa  mémoire,  m 

(i)  Yoj.  aussi  Colonia ,  Hist.  lUiér.  de  l^on  9  tom.  II 9 
pag.  715  ,  et  Pernetti ,  l^onnois  dignes  de  mém. ,  tom.  I^ 
pag.  255-966. 

(2)  Etienne  de  y^noles^  dit  Lahire,  mort  à  Montanbaa 
en  1442* 


(  95  ) 
tomba  au  pouvoir  des  Anglais  y  après  la  prise  de  Lou- 

tiers.  Le  Journal  de  Paris ,  composé  sous  le  règne  de 
Charles  VII  y  dit  que  ce  fut  la  même  semaine  que  la 
Pucelle  fut  arse  (  brûlée  )  à  Orléans  ;  et  on  se  souvient 
qu'elle  subit  ce  cruel  martyre  le  3i  mai  i43i*  L*écriture 
de  cette  pièce  étant  extrêmement  difficile  à  déchiffrer ,  Ton 
a  eu  recours ,  pour  en  avoir  une  copie  exacte,  à  la  com- 
plaisance de  M.  Mono ,  archiviste  de  Thospice  de  la  Cha- 
rité ,  qui  est ,  comme  on  le  sait ,  fort  habile  et  fort  exercé 
dans  la  lecture  des  anciennes  chartes.  La  seconde  lettre  » 
plas  récente  d'un  siècle  ,  est  de  la  maîtresse  d'Henri  II  y 
la  belle  Diane  de  Poitiers,  duchesse  de  Valentinois  (i); 
la  souscription  et  la  signature  sont  de  sa  main.  Cette 
lettre  a  de  plus  pour  nous  un  mérite  particulier  ;  elle 
fournit  des  renseignemens  sur  l'ancien  état  topographique 
de  l'une  des  principales  localités  de  cette  ville. 

I. 

A  mes  ires  chiers  et  grans  amis  les  gens  desglise  y 
bourgeois  ,  manans  et  habitons  de  la  cite  de  Lion. 

Très  chiers  seigneurs  et  grans  amis,  je  me  recom- 
mande a  vous  tant  chierement  que  je  puis.  Vous  savex 
assez  comment  et  par  quelle  manière  jay  este  prisonnier 
des  ennemis  du  Roy  en  son  service ,  en  venent  devers 
lui  quérir  aide  et  secours  pour  la  ville  de  Louviers  qui 
estQÎt  assagee  des  Anglois.  Et  après  plusieurs  grande$ 
^ioes  et  durtes  que  jay  souffertes  et  endurées  en  prison 
le  plus  paciemment  que  jay  peu ,  ay  este  mis  a  rançon 


(i)  Nëe  le  3  f epUvilirc  1^99  >  morte  ta  soâ  ohâteau  d'AiMt  le  %% 
trril  1566. 


(96> 
comme  contraint  a  la  somme  de  XXX  "^  (  3o,ooo.  )< 

escus  (i)  et  plus,  lamelle  somme,  ne  du  mien,  ne 
aussi  de  celui  de  mes  parens  et  amis  charnelz ,  je  ne 
saroye  (  saurois)  bonnement  paier  sans  laide  et  secours 
du  Roy ,  au  quel  jay  plus  a  plain  remonstre  mon  fait 
et  supplie  et  requis  qui  lui  pleust  me  aider  si  largement 
de  ses  finences ,  que  je  puisse  paier  madicte  finence  et 
délivrance  de  prison  de  plusieurs  cappitaines  qui  pour 
moi  tiegnent  hostages  :  et  lequel ,  combien  qu'il  ait  très 
bonne  voulente  de  me  délivrer  de  prison ,  considère 
que  pour  son  propre  fait  jay  este  prisonnier  ;  et  pour , 
sa  grâce  ma  respondu  que  de  présent  na  pas  si  large- 
ment finences  qui  me  peust  aider  dicelle  somme.  Mais 
de  sa  boiine  grâce  ma  octroyé,  et  a  sa  requeste  mesmes, 
de  demander  eri  chacuns  des  pays  et  villes  de  son  obéis- 
sance ,  aide  d'argent  pour  aider  a  paier  ma  rançon , 
ainsi, que  lui  mesmes  a  chacune  ville  et  pays  en  escript 
et  envoyé  de  ses  gens  et  officiers  pour  celte  cause ,  et 
mesmement  a  vous  mesmes  (2).  Et  pour  ce  je  vous  prie 


>  I 


(1)  En  x^Z% ,  VécvL  à  la  couronne  TaUit*aa  sols  6  deniers.  Voj. 
Le  Blanc  »  Traité  des  Monnaies. 

(a)  Les  archives  de  la  mairie  possèdent  également  la  lettre  de 
Charles  VII  à  ses  chiers  et  bien  âmes  les  bourgeois  et  habilans  de , 
Lyon  I  datiSe  aussi  de  Chinon  le  ay  janvier ,  oà  il  leur  mar<{ue  fpa 
•on  féal  escuier  d'escùrie  Estienne  de  Vignoles  dit  Lahire  est  pré- 
sentement arrivé  de  la  prison  des  ennemis  où  il  a  esté  reténu  lon- 
guement et  au  tresgrand  dommage  du  royaume  de  France  ;  qn*il  a 
laissé  de  notables  capitaines  pour  ses  hostages  ,  et  qu'il  demande 
qu'on  lui  paye  sa  rançon;  que  ne  pouvant  la  payer  des  finances^ 
royales  «  les  bourgeois  et  habitans  de  Lyon  lui  feraient  service  fit 
plaisir  bien  singulier  en  fournissant  très  incontinent  et  hastifvemê^t 
la  somme  de'iSoo  royaux  d*or  (  le  royald'or  valait  alors  aS  sols  ). 


' 


(97) 

et  requiers  tant  que  je  puis ,  mes  très  chiers  seigneurs 

et  grans  amb ,  qu'il  vous  plaise  de  votre  grâce  obtem- 
pérer aux  lettres  du  Roy ,  et  me  donner ,  aider  et 
secourir  de  la  plus  grande  somme  que  possible  vous  sera , 
pour  aider  a  paier  ma  rançon ,  et  tant  faire  que  a  vous 
et  chacun  de  vous  jen  soye  a  tousiours  mais  (toujours,  à 
jasnais)  tenuz.  Et  s'il  est  chose  que  pour  vous  je  puisse 
faire ,  faictes  le  moy  savoir ,  et  de  très  bon  cuer  l'a'^ 
compliray ,  au  plaisir  de  noire  seigneur  qui  vous  donne 
bonne  vie  et  longue.  Escript  a  Chinon  le  xxvij  jour 
de  janvier. 

Le  tout  vostre  y  Estienne  de  Vignoles  dit 
Lahire  y  escnier  descnrie  du  Roy , 

V  (  Signé  )  Lahire. 

IL 

A  Messieurs  Us  Escheuins  et  Conseillers  de  la  piûe  dç 

Lyon ,  â  Lyon* 

Messieurs  9  j'ay  entendu  par  ma  niepce  de  Sainct 
Pierre,  comme  il  y  â  quelque  temps  que  pour  agrandir 
les  fessés  de  votre  ville ,  vous  auriez  prins  quelques 
maisons  et  jardins  sur  les  fossés  de  la  Lanterne  qui 
estoiént  de  la  directe  et  censive  de  son  monastère  de 
Sainct  Pierre  pour  convertir  en  fossés  ,  et  que  despuys 
le  Roy  auroit  £ûct  faire  les  murailles  et  fossés  pour  la 
deflknse  de  la  ville  beaucoup  plus  hault  vers  Sainct 
Sebastien  ,  à  raison  de  quoy  à  présent  lesdrcis  vieulx 
murs  et  fossés  de  la  Lanterne  ne  servent  de  riens ,  et 
pour  ce  que  vouliez  abbattre  lesd.  murailles  et  combler 
lesd.  fossés  et  les  abenevis^r  et  bailler  à  rente  à  de^ 
Tome  rill  7 


(98) 
particoliers ,  et  que  j*ay  esté  aduertie  que  lad.  muraîlle 

que  vouliez  abbattre  est  bien  près    de  celle  de  lad. 

abbaye  de  Sainct  Pierre  ^  et  n  y  a  que  i^  petite  ruetle 

«Qtre  deulx  ,  et  que  estant  la  votre  j^lj^wittue  ,  cdle  dud. 

monasifere  demourera  bien  foibje  /pontr  respondre  aux 

passages  ^  vents  et  pluyes^  ^et  jpour  ce  je  vous  ay  bien 

voulu  prier  bien  fort ,  ^i'autant  gu*il  me  semble  estre 

fort   raisonnable ,  ou   de  leur  bailler  ladite  ruetle  et 

vieilles  murailles  ^  ou  pour  le  moins  leur  rendre  leur 

directe  et  rente  des  maisons  qui  jse  mouvoient  d'elles» 

qui  ont  esté  occuppees  pour  faire  lesd.  fossés  que  Von 

remplist  à  présent ,  et  seroit  contre  toute  raison  que 

vous  eussiez  le  leur  et  de  ce  vous  approprier ,  et  parce 

que  j'ay  esté  aduertie  que   aiilcuns  veuUent  dire  que 

leur  baillant  lesd.  murailles ,  ce  seroit  diJSbrmer  la  place 

qu  on  veult  faire ,  certes  j'ay  esté  informée  par  gen$  de 

bien  que  n'y  aura  aulcune  difformité  ny  incommodité, 

parce  que  la  place  sera  plus  grande  qu'il  ne  s'en  appa- 

rôistra  rîen^;  et  par  ce  je  vous  prye ,  messieurs,  ne 

vous  arrester  en  si  peu  de  chose,    mesmes  que  leur 

rente  et  çensine  vault  mieux ,  et  que  o^  .sii^  emploie 

à  l'honneur  de  Dieu  çt  de  lad.  religion  ,  et  poyr  empcsr 

cher  que  si  Ton  bastiss^it  de  Tault^e  co&lé  qu'on  ne 

yeîst  dans  lad.  religion,  comioe  Von  feroit  facillemént, 

vom  assurant  que  si  ea  cda  nous  leur  faîctes  ce  plaisir 

et  œuure  charitable  que  je  le  oogooistrai  en  tous  endroicU 

6xL  vous  me  vouldrez  emploier,  et  sur  ce,  messieurs, 

je   prye  Dieu    vous  donner  ce  que  |Jus    désirez»  De 

Ploys,  ce  x&vii  jour  de  jwukr  l'an   mil  ciini  cem 

cinquante  cinq» 

V.re  J>yen  bonne  amye , 

•     (  Signé  )  DiAKz  de  Poytieks. 


(99) 

•  •  •       .  p 

BIBLIOGRAPHIE. 

aTALOOUE  DB  tA  BIBtlOTHÈQtTB  D£  tt.  ADAKOLI. 

IL  h  conseryateur  de  la  bibliothèque  de  la  ville  a 
retrouve ,  daûs  un  coin  obscur  de  ce  dépôt,  les  catalogues 
iBanascrits  des  livres  et  des  médailles  (i)  de  M.  Adamoli , 
dressés  par  lui-même,  et  que  l'on  croyait  perdus ^ 
M.  DeJandîne  n  en  ayant  fait  aucune  mention  dans  son 
taialogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Lyon. 
Le  premier  de  ces  catalogues ,  ctlui  des  livres ,  distribué 
selon  l'ordine  des  facultés ,  d'après  la  méthode  de  Gabriel 
Martin  ,  se  compose  de  quinze  volumes  ou  cahiers 
in-4.^  (2).  Il  contient  l'indication  des  prix   au^^queU 

\ 

(i)  Ces  médailles  ont  presque  tofttes  disparu  :  quelques* 
tiiiea  'seuleitteat  se  trouvant  au  musée  qui  ne  possède 
qu'une  cbllectîon  peu  nombreuse  et  très-incomplète* 

(ï)  M.  AdamoU  montrait  ses*  catalogues  aux  étranger^ 
fpx  venaient  visiter  son  cabinet  :  car  sa  collection  était 
omuuie  et  renommée  de  son  vivant ,  et  depuis  1 766 ,  VAl^ 
numach  de  Lyon  la  mentionnait,  chaque  année ,  au  nombre 
des  plus  remarquables  que  possédât  cette  ville  ,  et  loi  con- 
sacrait un  article  particulier* 

Ce  fat  en  1755,  époque  de  sa  majorité,  que  M.  Adamoli 
cimçat  et  commença  à  exécuter  le  projet  de  se  former  au 
cabinet  de  livres  choisis  et  un  roëdMller  qu'il  employa  la 
reste  de  sa  vie  à  augmenter  et  à  enrichir.  U  avait  acquis 
en  1740,  environ  1000  volumes  y  en  1760,  il  en -avait  2000} 
en  1756,  53oo;  en  1759,  4000  9  en  1763,  5ooo  qui  loi 
araîent  coûté  pins  de  A^^oon  fr.  A  sa  mort  arrivde  le  3  juin 
1769  ,  le  nombre  de  ces  volumes  s'élevait  à  près  de  6ooo# 


Cioo) 
chaque  ouvragé  avait  été  porte  dans  les  plus  cëlibr^ 
ventes  de  bibliothèques ,  et  en  particulier ,  l'indicatioa 
du  prix  auquel  M.  Adamoli  avait  acquis  chacun  d*eux  ; 
il  contient  aussi  une  description  dëtaillëe  des  articles  qui 
ofiî'aient  quelque  particularité  remarquable  ^  soit  sous  le 
rapport  typographique ,  soit  sous  le  celui  de  la  con- 
dition ,  et  quelquefois  des-jugemens  sur  les  auteurs  et 
l'analyse  des  sujets  traités.  Ces  notes  bibliographiques , 
historiques  ,  anecdotiques ,  littéraires ,  peuvent  intéresser 
]es   amateurs  ;  mais   malheureusement  elles  n*ont  pas 
'tou}ours  toute  l'exactitude  désirable  ,  et  il  s'y  renconte 
â*àssè£  graves  erreurs.  L'éducation  de  M.  Âdainoli. avait 
été  un  peu  négligée  dans  son  principe  :  il  s'était ,  en 
quelque  sorte  ,  formé  lui-même  ;  il  ne  devait  qu'à  saa 
application ,  aux  études  auxquelles  il  s'était  livré  sans 
maîtres ,  ce  qu*il  possédait  d'instruction  et  de  connais- 
sances. Les  règles  du  langage  qui  sont  la  base  de  toi^ 
bonne  éducation  et  que  l'on  n'appraad  j^msds  bien  quand 
on  a  passé  un  certain  âge ,  ne  lui  étaient  pas  assez  br 
'  milières.  Il  défigurait  souvent  l'orthoglaphe  des  noms 
propres.  Il  manquait  ^  d'ailleurs  ,   de  précision  et  de 
netteté  dans  l'expression  de  ses  idées.  Néanmoins ,  à  force 
de  patience  ,  de  soins  et  de  lectures ,  il  était  devenu  bon 
bibliographe  y  et  avait  réussi  à  former  une  bibliothèque 
véritablement   bien  choisie  :  aussi   avait-il  inscrit  celte 
devise  au-dessus  de  la  porte  du  cabinet  où  elle  étût 
renfermée  :  Non  sorte  ,  sed  arte  colUcia.  Elle  se  com- 
posait des  meilleures   éditions  des  auteun  classiques, 
anciens  et  modernes,  bien  conditionnées ,  reliées  sans 
luxe ,    mais  avec  propreté  y    élégance  et  solidité  (i )• 
».'■'■.....  ' 

(i)   Les  relieurs  4.0Qt  il  se  servait  ,  étaient  les  sîenrs 
Molière  |   Pradhomme    et  Beau.  U  affectionnait'  surtout 


M.  Ât^uiioli  ëtait  aussi  fort  riche  en  ouvrages  sur.  Thit*;; 
foiire  naturelle ,  science  k  laquelle  il  s*était  spécialement 
idonnë.  Il  avait  joint  à  tout  cela  '  quelques  manuscrit^ 
d'une  assez  grande  valeur,  r 

B  s'en  faut  de  beaucoup  que  nous  possédions  tou^ 
ces  trésors  rassemblés  à  grands  frais  pendant  le  cours 
de  trente-*six  années.  Le  catalogue  qui  vient  d'être  re- 
couvré^ nous  ifiet  à  même  d'apprécier  au  juste  les  pertes 
qu'a  essuyées  cette  collection.  On  sait  ipi'après  la  moirt 
âe  Hit.  AdamoH,'eHe  fut  transférée,  dans  une  salle  de 
ThAteF  de  ville  où  elle-  resta  long-temps  empilée.  Elle  fiit 
f  objet  de  vives'  discussions  entre  l'héritier  et  l'académie 
8e  Lyon  à  qui  «elle  avait,  été  léguée ^  mais- qui  n'avait 
point  de  local  pour  la  reoevoîn  Ces  difficultés  ayant  étë 
aplanies  par  les  tribunaux  et  par  l'autorité  municipale 
qui  fournit  à  l'académie  une  salle  dans  l'hôtel  de  ville , 
la  bibliothèque  Adamoli  fut  remise  à  cette  compagnie  y 
i\  on  l'ouvrit  au  public  une  fois  par  semaine  ,^  confor* 
~  mément  aux  intentions  du  testateur.  La  révolution  ét^nt 
survenue  i  on  la  transporta  aux  Dames  S.  Pierre.où  elle 
fut  oubliée  pendant  pluûeura  années.  Elle  a  été  enfin 
rëaiiie  à  k  bibKotfièque  de  la  ville ,  d'où  x>n  vient  de 
la  retirer  pour  la  restituer  à  Tacadémie  et  la  placer  dans 
îine'dés  isallès  que  le  corps  municipal  a  assignées  à  ce 
oorps  savant  dans  le  palais  des  arts.  Tous  ces  change- 
mens ,  tous  ces  transports  »  toutes  ces  vicissitudçs  ne 
lui  ont  pas  été  favorables  ;  de  nombreux  enlèvemens.  lui 
ont  été  faits,  sans  ^u'il  soit  possibled'en  désignier  ni 
Tépoque  précise  ni  les- auteurs.  Il  y  a  dans  cette  ville 

les  reliures  en   parchemin  de  choix  y   go&t  ancien  qn^îl 
âTait  fait  renaître  et  remis  à  la  mode. 


(    I03   ) 

peu  de  bibliothèques  particulières  où  il  ne  se  trouve 
quelques  livres  "provenant  de  cette  collection  ,  lesquels^ 
après  avoir  passé  de  main  en  main,  ne  seraient  plus 
reconnaissables  aujourd'hui ,  s'ils  ne  portaient  tous  le 
cartouche  de  M.  Adamoli  $  collé  sur  rinlérieiftt  dis  la 
couvertute ,  ainsi  que  le  sceau  de  l'académie  j  empreint 
sur  le  frontispice.  La  ville  a  aussi  disposé  d'une  partie 
de  ces  livres  dont  elle  avait  des  doubles  ,  en  faveur  de 
quelques  étafalissemens  publics  ,  tels  que  la  bibliothèque 
de  l'école  de  dessin  et  celle  de  Tecole  vétérinaire.  L'aca- 
défarïè  y  rentrée  en  possession  des  volumes  qui  Asôent 
restés  datis  la  bibliioihèque  du  grand  collège  ,  où  il  s'en 
trouvait  d'autres  quMui  appartenaient  aussi  (f>  et  qui 
lui  ont  été  pareillement  rendus  (2) ,  compte  bie&tôt 


(i)  Ceux  qui  lai  avaient  été  donnés  par  ses  membres  , 
ou  qu'elle  avait  achetés  de  ses  économies  y  ou  reçus  da 
gouvernement  on  des  auteurs. 

(a)  Les  livres  restitués  à  Tacadémie ,  en  di£Pérens  envois 
qui  ont  eu  lieu  depuis  le  8  décembre  1825  jusqu'à  ce  jour, 
sont  an  nombre  de  6101  volumes  imprimés,  400  volumes 
de  musique,  i8x  brochures  diverses ,  a  volumes  imprimés 
snr  vélin  ,  et  aS7  manuscrits*  Totot  6921  volumes  ,  dont 
les  plus  beaux  et  les  plus  rares  font  partie  du  leg9  de 
M.  Adamoli.  On  distingue  parmi  ces  'derniers  un  magni- 
fique exemplaire  de  l'édition  des  commentaires  d'Eustatbe 
snr  Homère. «  Rome ,  i54a-i 55o ,  4  ^ol.  in-fbl. ,  et  une  foule, 
d'autres  ouvrages  de  prix  dont  il  serait  trop  long  de  rap* 
porter  les  titres.  Des  deux  volumes  imprimés  sur  vélin  le 
premier  contient  Jacohi  Braceliei  Genuensis  Lucubratùmes  :- 
c'est  un  grand  in-4.0  sorti  dea^  presses- de  Josse  Bade  y  h. 
Paris  y  en  15205  le  second  est  un  livre  d'heures  k  L'usage- 
de  Paris  ,  imprimé  par  la  Téure  de  Thie)man,  Kerver ,  en 


(  io3  ) 
admettre  le  public  i  une  ou  deux  fois  pat'  ^Aaiiie,>  i^ 
jouir  de  ces  richesses.  Le  testament  de  M.  Adamoli  en 
impose  la  -  loi.  Cest*  ^  eiï  eflfet ,  une  des  clauses  de  cet 
acte ,  qui  porte  b  date  du  a  5  oi:tobre  1763. 

Le  legs  y  est  encore  soumis  à  une  autre  eonditicMn 
qui  peut  paraître  singulière  :  c'est  ta  défense  qi^e  fait  le 
testateur  à  ses  lif gâtai  res  de  -confier  la  garde  de  ses  Ikres 
à  a  tous  sujets  membres  de  quelque  corps*  religieux  qu'ils 
9  puissent  être ,  de  même  qu'à  tous  imprimeurs ,  li» 
»  braires ,  marchands  trâfiquanserï  livres^  qui ,  ajoute-t-^ 
»  il ,  toujours  conduits  par  les  Tues  d'intérêt  dé  lew> 
9^  commerce ,  farciroient  cette  bibliothèque  de  gros  corps 
f  de  livres  inutiles  et  peu  nécessaires  y  rempoisonne«« 
»*Toient  même  de  ce  qu'on  appelle^oi/^arm.  »  ïl  est 


i^atofa 


i5i2  y  in-8.^9  o^é  d^un  grand  nombre  de  figures.  Sur  le 
dernier  fenfflet  tout  les  Commandcmens  dt  Dieu  et  les 
Commandemens  de  stdncîe  EgiUe.  Le  nenv&ème  commaii'* 
dément  de  Dieu  j  est  conçu  de  la  même'  nuini^re  que  da^kis 
un  aatre  liyre  d'heures  à  Tosage  de  IU>me  »  dont  nous 
avottf  parle  ,  tom.  VI 9  pag.   120  : 


Pe  U«'  pr^aki  »  ^\U  o«,  ancçllo  ,  , 

Et  point  De  la  désireras 

Par  mal  plaisir  ,  soit  laide  bu  l>eUe. 

Les  eommmdemens  de  eaiféoie  Eglise  ne  sont  ^*att 
nodibte  de  oinc]^,'  et  on  n'y  trouve  pas  cel«û  qui  est  au- 
jonrd'lmi  le  sixième  dans  natre  liturgie  : 

Vendredi  obair  ne  mangeras ,  etc. 

Ce  Tolome,  ainsi  qu'on  le  voit  par  une  note  écrite  k  la. 
auiia  sur  le  frontispice ,  fut  prése$aé  à  C^académie  par- 
K.  Maibon  dg  la  Çour^  ûcadémcien  f  le  ^9  ami  178&    . 


(  I04  ): 
aiBeiK  âîfficUe  éé  detitier  le  motif  qui  a  àkii  la  premièfe. 
p^^tie  de  celte  clause  y  celle  qui  exclut  tout  rdigieux  y 
M.  Adamoli  a  négligé  de  nous  lappreadre  ;  il  n'a  ex- 
primé que  les  raisons  qui  Tout  porté  à  stipuler  la 
seconde.  Du  reste  »  sa  .volonté  est  aisée  à  exécuter  f  ou 
pour  mieux  dire,  il  serait  impossible* de  la  violer  «  au- 
jourd'hui qu'il  n'existe  plus  dans  notre  viUe.de  corpora-^ 
lions  monastiques  d'hommes.  L'académie  ne  compte  pa^ 
même   un  seul  ecclésiastique  parmi  ses  membres. 

ML  Gx:hard  a  placé  à:  la- tête  de  la  seccmde  année 
Çi92S)  de  son  Homme  de  la  Roche  y  ou  Calendrier 
historique  et  anecdotique  sur  Lyouy  Lyon,  Péueux^ 
in-iâ,  une  Hoiice  sur  Pierre  Adamaliy  oà  il  est  entré 
dans  des  détails  fort  amples  et  fort  exacts  sur  la  plupart 
des  faits  dont  nous  venons  de  faire  une  revue  rapide  ; 
mab  i}  na  pu  y  parler  du  «catalogue  qui  est  le  sujet  de 
c^t article,  et  qui ,  lors  de  la  publication  de  son  ahnanadi, 
était  encore  égaré.  Il  donne  de  iustes  élogeç  à  la  généro- 
sité de  M.  Adamoli  au  sujet  du  legsqu*il  a  fait:  à.  l'acadé- 
mie ,  ou  plutAt  au  public  ;  il  n'oublie  point  de  rappeler 
les  autres  titres  qu'il  a  au  souvenir  et  à  k  reconnaissance 
de  ses  concitoyens ,  tels  que  la  ibndationt  contenue  aussi 
dans  son  testament  ,  d'une  rente  annuelle  de  3^5  fr. , 
pour  une  médaille  d'or  et  une  médaille  d*argent ,  que , 
suivant  ses  intentions ,  l'académie  a  décernées  en  prix  y 
sur  des  questions  de  physique  et  d'agriculture ,  jusqu'à 
l'époque  de  la  révolution.  Le  capital  de  cette  fondation 
était  placé  sur  l'hôtel  de  ville  ;  le  corps  municipal  et  les 
héritiers  du  testateur  négligèrent  d'en  demander  an 
^uvernement  la.  liquidation  ,  et  la  somme  a  été  perdue. 
M-  Cocbard  mentionne  ^?eille.ment  un.aiilre  legs  de 
tooo  fr.  que  M.  Adamoli  voulait  être  employé  à  l'impre»- 


sion  de  son  catalàgiie  dont  il  dësirak  quede^  exeiâplûreii' 
fiissent  déposes  dans  diverses  Bibliothèques  de  Lyon  et 
de  Paris  9  et  même  dans  la  bibliothèque  royale ,  afin  que 
«m  bi^ifaît  se  trouyant  consigne  dans  ces  raonumenspu-*: 
Vks ,  ne  pât  ëprouyer  aucune  altération. 
:  La  déoooverte  du  calabgue  mettrait  à  même  d*exécu- 
ter  la  condition  de  ce  dernier  legs ,  si  1  académie  était* 
en  mesure  de  réclamer  les  1 000  fr;  qui  eh  sont  l'objet  ; 
mais  le  but  du  donateur  ne  serait  pas  entièrement  at<- 
temt ,  puisqu'en  exigeant  Timpiressimi  de  cet  inventaire , 
M.  Adamoli' avait  voulu  constater  toute  Tétendue  de  sA* 
libéralitë  pour  empêcher  que  rien  n  en  fôt  distrait.  Par 
l'eflet  des  malheureuses  circonstances  que  nous  venons 
de  Ëûre  comnaitre ,  il  ne  reste  guère  qu'un  peu  plus  de 
la  moitié  des  livres  qu'il  avait  légués  à  l'académie.  Il 
n'en  serait  pas  moins  à  déàîrerque  cette  compagnie 
publiât  le  catalogue  de  tous  ceux  qu'elle  possède ,  et 
nous  sayons  qu'elle  s'occupe  en  ce  moment  même  de  le 
iaire  rédiger. 

'  Le  manuscrit  de  M:  ÂdamoIi  devra  toujours  être  con* 
servé  comme  xin  monument  précieux  et  comme  un  recueil 
d'utiles  renseignemens.  ' 

Pour  achever  de  donner  une  idée  de  ce  travail ,  nous 
indiquerons  quelques-unes  des  notions  qu'on  peut  y 
puiser  ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  sur  dilTérens  points 
de  biographie  et  de  bibliographie.  * 

On  sait  que  M.  Adamoli  a  été  l'un  des  principaux 
éditeurs  des  œuvres  de  Louise  Labé  ,  publiées  en  1762  , 
far  une  société  de  gens  de  lettres* lyonnais  :  il  nous  a 
•  conservé  tout  l'historique  de  cette  publication  ,  et  nous 
en  avons  profité  dans  l'article ^ur  la  rue  Belle-Cordièrê , 
^î  aété  in^ré'dans  lé  prérfeùt  toltiraê  9*-  fiag.  7  et  suiv. 


n 


(  io6  > 
Ce  aVst  pis  !a  seale  rëimpression;.  qui  lui  soit  due  :  ou 
lui  doit  encore  orile  d'un  .petit  ouvrage  très-curieux ,  ia 
Meygra  entr<prisa  d* Antoine,  de  Aliéna  Çàn  Sablon ,  ou , 
suivant  d'autres  ,  àe  la  Sable  )  ^  domiëe  ches  les  frèm^ 
Duplain,  en  1760  ,  in-^S^o,  de  z?j  et  106  poges,  et 
voici  ce.  qu'il  raœnte  lui-même  i  œ  sojel  :  nous  \t 
laisserons  parler  ,  persuade  que  les  détails  qu'il  rapporte 
lie  déplairont  point  aux  >  biUiophiles.  I>s:  txési^légBrs 
ebangeatens  que  nous  fierons  à  scm  style ,  n'altéreront 
ni  le  Cbnd  ni  la  suite  de  se%  idées.  Après  sfoir  copié 
le  titre  du  petit  Tolume ,  il  s'exprime  ainsi  : 

«  Très-belle  édition  »  ornée  d'une  vignette  au  fron- 
tispice y  qui    représente  un  coq  chantant  y  ayec  cette 

devise  : 

«  •  ■  ■ 

f  cant^t,  cantavit9..cantabiL 
Gallos 


{ 


reg^att  rfsgBàrvii,  regnabit* 


ce  l)e  tous  ceux  qui  ont  parlé  de  la  guerre  de  Pro- 
vence ,  nul  n'en  a  mieux  remarqué  les  particularités 
qu'Antoine  du  Sablon ,  natif  de  Soliers  eu  Provence:  il 
en  avait  été  le  témoin  oculaire  ,  puisqu'il  y  suivit  le  roi 
et  l'armée. 

«  Ce  fut  moi  qui  le  premier  eus  l'idée  de  faire  réim- 
primer ce  livre  à  Lyon.  Un  exemplaire  venu  d'Avignon 
s'était  trouvé  dans  la  bibliothèque  de  M.  le  marquis  de 
Caumont,  acquise  en  totalité'  et  transportée  en  notre 
ville,  par  le  sieur  Rigolet  fils ,  libraire ,  qui  en  fit  une 
vente  en  détail ,  au  plus  offrant,  en  janvier  1769.  Ce 
volume  (i)  était  connu  de  quelques  curieux  pour  être 


(1)  Im^riintf  k  j^vigaoïa  ,  ea  1S57 ,  ia^ti; 


(  107  > 
tnne  extrême  raretë  :  chacun  youlaît  I*ayoir  ;  on  savait  cq 
qu'en  dit  le  P.  Niceron' ,  dana  ses  Mëmaires ,  qu'il  n*y 
ea  ayait  que  deux  ex^ouplaires,  en  Europe ,  et  que  cette 
raielë  provenait  de  ce  que  cet  ouyrage  satirique  ayait 
ëé  supprimé  ,  dès  son  apparition  ,  par  François  I.^'  ;  ca 
prince  ayait  voulu  donner  cette  satisfaction  àTempereur 
Cbaries*Quint ,  avec  lequel  il  faisait  sa  paix^  et' qui 
était  cruellement  turlupiné  par  le  poète  macaronique 
sur  son  entreprise  de  la ,  conquête  de.  la  Provence  ,  o jk 
3  venait  d'échouer.  L'exemplaire  dont  il  s'agit  y  imprimé 
en  lettres  gothiques  j  assez  mal  conditionné  ,  fut  poussé 
à  la  vente  jusqu'à  74  fr.  19  s. ,  dernière  enchère  mise 
par  le  sieur  Rigolet  pour  M.  le  marquis  de  Méjanes,  à  ce 
qu'il  disait  ;  mais  soit  que  le  marquis  n'en  sut  point 
voulu  à  ce  prix  y  soit  par  tout  autre  motif,  il  resta  pour 
le  compte  du  sieur  Rigolet.  L'ayant  appris ,  je  conçus  aus- 
sitôt le  projet  de  former  une  société  pour  le  faire  imprimer 
en  beau  papier  et  en  beaux  caractères ,  et  d'y  nvettre 
tous  les  soins  possibles  pour  la  correction.  Je  soumis  cette 
idée  à  M.  RulBer  d'Attignat  qui  l'approuva  fort.  Nous 
agîmes  de  concert  pour  Texéculion  ,  et  nous  eûmes  bien- 
tôt composé  une  société  de  huit  personnes  seulement ,  y 
compris  le  sieur  Rigolet,  dont  sept  devaient  supporter  le« 
frais  de  l'cmpression  :  il  nous  parut  juste  que  le  proprié- 
taire du  livre  eût  sa  portion  ,  sans  être  tenu  aux  dépenses. 
L'ouvrage  fut  déposé  entre  les  mains  de  M.  Glaret  de  là 
Tonrrette  de  Fléufîeu ,  ancien  commandant  et  prévôt 
des  marchands  à  Lyon  ,  que  nous  priâmes  de  se  mettre 
à  la  tête  de  notre  compagnie.  Nous  invitâmes  aussi  à  en 
faire  partie  MM.  Fabbé  Antoine  Lacroix,  obéancTer  baron 
de  St.  Just ,  Biaise.  Desfburs. ,  ^conseiller  à  la  cour  des 
monnaies  ,  le  P.  Jean-Henri-Bonavcmtuve  Dumas  ,  an 


(  io8  ) 
cien  gardien  et  bibliothëcaire  du  grand  couvent  des 
cordéliers  »  et  MM.  les  frères  Duplain  ,  libraires.  Ces 
derniers  se  chargèrent  de  Texëcution  typographique  de 
cette  petite  entreprise  qui  réussit  parfaitement.  Nous 
avons  des  obligations  ,  pour  la  correction  des  épreuves , 
à  M.  Verger  ^  chanoine  régulier  de  S.  Antoine ,  qui  s*y 
est  beaucoup  appliqué  ,  et  à  mon  ami  M.  Teissier  qui 
nous  avait  fait  une  excellente  copie  de  Toriginal.  L'édition 
a  été  tirée  à  i5o  exemplaires  in-8.*  ,  dont  il  en  papier 
Jtrès-fin  de  Hollande  ,  où  la  vignette  du  coq  chantant  est 
tirée  en  fort  beau  bleu,  et  12  autres  en  grand  papier 
fin  pour  les  associés  seulement ,  sauf  2  qui  furent  en- 
voyés ,  l'un  au  ministère ,  et  l'autre  ,  à  M.  l'intendant 
de  Lyon.  Le  restant  est  sur  du  papier  de  grandeur  or- 
dinaire ,  mais  très-beau  (f).  Les  associés  eurent  chacun 
un  nombre  égal  d'exemplaires.  Nous  n'avons  rîen  laissé 
à  désirer  dans  cette  édition  ,  si  ce  n'est  qu'il  y  manque 
un  vocabulaire  des  mots  du  vieux  langage,  qui  ont  leur 
sel  dans  la  poésie  macaronique ,  et  un  autre  pour  le 
patois  provençal.  Je  regardais  ces  deux  voca1>nIaires 
comme  indispensables  pour  la  parfaite  intelligence  du 
poëme  ;  mais  quand  on  a  affaire  à  une  compagnie ,  on 
ne  (ait  pas  toujours  ce  qu'on  désire. 
«  Un  autre  auteur ,  nommé  Claude  Ghappliîs ,  publia 


:  (1)  Ces  exemplaires  en  petit  format  étaient  destinés  à 
être  joints  à  la  dernière  édition  des  antres  onvxAgea  d^Arén^ 
faite  à  Londres  (Paris  ,  chez  Barbon )9  en  17589  sons  ce 

^  litre  :  Antonius  de.  Arena  FrovençalU  ,  de .  br0gardissima 
vilt0  de  SolésriiSjÇd  suos  compagtwnes  qui  sunt  de  persona 

/riantes^  basses  dansas  et  branlas  practicarUei ^  nouvdlof 
perquam  plurémos  mandat. 


(  »09  ) 
aussi  une  satire  contre  Charles-Quîat  ^  mus  ce  titre  : 
L  Aigle  qui  afaici  la  poule  devant  le  cocq  à  Làndrécyl 
poème  de  la  Juile  de  C empereur  Charles-Quint  det^ant  le 
roi  François  //' ,  par  Claude  Chappuis ,  de  Rouen  \ 
çalet  de  chambre  ordinaire  du  roy^  Paris ,  Roffet>  i543', 
ia-8.^  ;  réimprime  à  Lyon,  en  i5449  in-8.^,  sans  nom 
d'imprimeur.  L'édition  de  Paris  est  citée  par  le  P.  Lelong, 
BiiUoth.  hisi.  de  la  France ,  in-^foi. ,  pag.  390.  0 

Le  catalogue  de  M.  Adamoli  fournit  encore  des  ren^ 
seignemens  sur  d'autres  publications  qu'il  avait  faites  ^ 
sur  ses  trois  lettres  relatives  à  la  jambe  du  cbeVal  de 
bronze  trouvée  d^ns  la  Sa  Ane ,  imprimées  en  1766  et 
1767,  sur  ses  ouvrages  manuscrits  dont  l'académie 'pos- 
sède une  partie  9  tels  que  des  recherches  qu'il  avait 
ébaudiées  sur  l'origine  de  l'imprimerie  à  Lyon  ,  et  un 
reqieil  de  vers.  On  trouve  dans  ce  dernier  quelques 
Brevets  de  la  Calotte  (i)  de  sa  composition.  M.  Adamoli 
nous  apprend ,  en  outre,  qu'il  a  travaillé  à  l'édition  du 
Dictionnaire  portatif  de  la  langue  française ,  extrait  de 
Richèlet  et  augmenté  par  l'abbé  Goujet ,  publiée  en 
1761 ,  in-S.**,  par  les  frères  Duplain  ,  et  qu'il  y  ajouta 
200  mots  que  l'abbé  Goujet' avait  oinis. 

Parmi  les  anecdotes  qu'il  a  semées  dans  les  notes  de 
son  catalogue,  nous  citerons  les  suivantes ,  et  c'est  par^ 
là  que  nous  terminerons  notre  article.  Il  s'agit  dans  le 


-£-C>^ 


(i)  Sorte  de  poëme  satirique  fort  à  la  mode  vers  le 
commencement  et  jusques  vers  le  sdilieu  du  dit-huitièine 
siècle.  On  supposait  que  la  personne  qu'on  voulait  ridicik- 
iiser  ',  méritait  d'entrer  dans  une  compagnie  imaginaire  de 
foux  et  d'originaux  ,  appelée  le  Régiment  de  la  CtUoU»  ^ 
et  on  lut  délivrait  un  brevet  en  vers. 


tno) 
premier  passage  qoe  nous  allons^  transcHre ,  des  Ncu-^ 
vecuix  Mémoires  df  histoire ,  de  crUique  e1  de  Utiiraiure  ^ 
par  Tabbë  d'Artigny  (qoe  M.  Adamoli  nomme  mai-à- 
propos  d*Ari:ny)^  Paris,  Debùre  Taiiié,  1749-1756^ 
7  vol.  in-i2. 

c(  Cet  ouvrage ,  dit-il ,  est  une  compilation  pérpêttielk 
de  TAbbë  d*Arligny ,  chanoine  de  Tëglise  de  S.  Maurice  ; 
à  Vienne  en  Dauphiné  (i).  Les  écriTains  incapables  de 


(i)  Il  ëtalt  né  dans  cette  dernière  yiUe^  lé  8  noTembre 
1706  ,  et  7  est  mort  le  6  mai  1778. 

M.  Adamoli  fait  ici  l'hjpercritique  ;  le  ressentiment  lé 
rend  injuste.  Les  Mémoires  de  l'abbë  d^Artîgnj  né  sont 
point  an  ouTrage  aussi  méprisable  qu*il  Tebt  le  lalre' en- 
tendre. On  j  trouve  une  foule*  de  pièces  rares  et  curieuses  « 
et ,  snÎTaut  Texpresslon  de  M.  Weiss  qui  a  com^së  pour 
Ift  Biographie  universelle  l'article,  de  ce  littérateat  BKMieste 
et  laborieux  ,  des  dissertations  sur  différens  points .  d'bis- 
toîre  littéraire ,  remarquables  par  un  ton  dëcentde  cridqne 
et  par  un  air  de  bonne-foi  qui  plaît  au  lecteur  et  qui  le 
persuade.  On  doit  à  Tabbë  d'Artignj  un  petit  ouvrage  qn*il 
a  jLiré  de  son  propre  fonds  ,  la  Bdaiion  d*une  assemblée 
tenue  au  bas  du  Parnasse ,  pour  la  réforme  des  belles'4ellres;' 
et  cette  brocbure ,  dit  encore  Testimable  biographe  que 
nous  Tenons  de  citer,  est  écrite  arec  plus  de  finesse  et 
d*esprit  qu'on  ne  le  deyatt  attendre  d'un  homme  eocup^ 
àé-  recherches  4ninatîeuse6  et  qui  3ongeait  moins  k  soigner 
son  âtjle  qu'îi  augmenter  ses.  collections.  Parmi  les.extrait» 
intéressagis  dont  se  composent  les  s^t  T.olnmes  de  ses 
J/lémoires ,  nous  signalerons  k  l'attention  de^  lecteurs  Ijon- 
nais  un  article  qui  se  trouve  dans  le  tom«  Vil  9  pag.  175 
et/Suir.  9  ,et  <|ai  a  pour  objet  l'ouvrage  d'Adrien  de  Mon- 
talembert  sur  l'apparition  de  h)  s(eur  JMj.  de  Tësienx ,  en 
i527  }  dans  le  monastère  des  dames  de  St-Pîerre  de  Ljon. 


i  III  > 

(tfodaire  et  At  Fien  lirer  de  leur  propre  Éonis ,  prennent 
cette  Yoie^  Ils  trouvent  en  cela  pltts4è  feciKtë  pour  feîre 
des  Urres  à  la  loise  qui  souvent  ruinei il  leurs  tibratres , 
quoiqu'il  y  ait  tot^ovrs  des  dupes  pour  les  acheter  et 
même  des  ignoratts  pour  les  louer.  J'applaudis  Tolontieiï 
au  titré  de  coiapilaiteur  éternel  qu'a  voulu  se  donner  le 
petit  sdbbë  ;  maïs  je  tk  lui  passerai  jamais  celui  de  com-^ 
piiateur  de  médailles  aux  dépens  des  cabinets  qu*il  va 
voir ,  et  où  il  escaittdte  les  plus  précieuses  et  les  plus 
rares.  Cest  ce  qu*it  a  fait  chez  moi ,  la  première  fois 
qa'il  y  a  été  introduit  (en  jilin  1767  )  par  le  P.  Dumas, 
cordélier ,  son  protecteur  et  son  défenseur  dans  ses  sub^ 
tilités  et  iburberies.  Je  possédais  un  Pertinax  ,  moyen 
brottsa .^idi'^tein  romain,  du  prix  de  36  fr. ,  qu'il  m'a 
enlefl  subtilement  avec  plusieurs  autres  médailles  d'un 
meiiidns  prix.  Il  m'a  renvoyé  généreusement  ces  der^ 
iiières  5  mais  il  a  nié  le  Periinax ,  médaille  très-rare  et 
trèS'bonne  à  garder.  »  ' 


H.  Weiss  s'est  trompé  j  lorsqu'en  justifiant  Pabbé  d'Ar-^ 
iîffij  du  reproche  qu'on  lui  faisait  d'aTorr  tiré  plusieurs 
articles  de  ton  recueil  d'une  Histoire  manuscrite  des  poètes 
français  ,  composée  par  l'Abbé  Brun ,  dojen  de  St-Agricole 
JTATignon  ,  il  observe  que  néanmoins  oii  ne  peut  douter 
que  i'abbé  d*Artigny  ne  connût  Fexistenee  de  l'ouvrage 
de  Bmi ,  puisqu'il  dit  que  le  manuscrit  en  était  resté 
daas.  k  btUîath^ue  du  séminaire  de  St-4«lpice  de  Ljoa  ^ 
aiasî  qu'on  Traitx5  dm  pla^t ,  '  pot  ie  même  ^mtettt.  Ii# 
Traiié  duPlagiçiiàoni  parle  plttsii^ors  fois  l'abbé  d'Artignj, 
n'était  point  deTébbé  Brun ,  nais  bien  4e  l!aUM$  Laurent* 
Josse  Le  Clerc  9.  directeur  du  séminaire  .de  St  Icénée,  à 
L/ou,  oit  il  est  mort-le  7  mai  ijSâ* 


<  "^  ) 

«  Trqité  df  la  reliure  des  libres ,  par  M.  <k  Gauffeooiut 
(  où  l*on  voit  cet  art  décrit  dans  toutes  ses  parties.  Lyott:, 
1763  ).  Sans  nom  de  lieu ,  ni  date ,  in-8.9 ,  beau  papier- 

»  L'auteur ,  grand  amateur  des  beaux-arts  y  s'est  avisé, 
sur  ses  vieux  jours  ,  d'imprimer  lui-même  ^  avec  une 
.presse  qu'il  avait  che^  lui ,  ce  petit  ouvrage  qu'il  avût 
composé  depuis  25  ans  ;  il  en  tira  25  exemplaires  seu- 
lement dont  il  fit  des  prësens  à  ses  amis  et  à  quelques 
curieu:^*  Cette  brochure  qui  a*a  que  72  pagas»  parut , 
dans  le  public  lettré 9  à  Lyon,  vers  le  mois  d'avril  1763. 

^  Un  nommé  Pnidhomme ,  m«*  relieur  à  Lyon ,  au- 
quel M*  de  Gauffecourt  s'était  adressé  pour  apprendre 
de  lui  l.'art  de  la  reliure ,  l'avait  fort  mal  instruit ,  quai* 
qu'il  fût  bon  ouvrier  ;  il  lui  avait  caché  les  pfoeédés 
les  plus  faciles  et  les  meilleurs  de  son  métier  ;  M«  de 
Gauffecourt  ne  se  méfiait  pas  de  ce  fourbe  qui  le  Xtùbit 
pait*  Aussi. y  a-t-il^  bien  des  délauts  dans  son  liv^. 
M.  Molière,  très-habile  relieur  et/ plus  honpéle  homioe) 
lui  aurait  découvert  loyalement  tous  les  secrets  de  sa 
profession.  Quand  on  se  propose  d'écrire  sur  un  art  9  il 
faut  prendre  langue  auprès  des  bons  maîtres.  Molière  » 
homme  de  génie  pour  la  mécanique ,  lui  aurait  montré 
chez  lui  un  artifice  fort  simple ,  composé  d'un  battcnr 
qu'il  a  inventé ,  et  avec  lequel  il  fait  frapper  altentt- 
tivement  deux  gros  marteaux  ,  passant  60  livres  chacun , 
à  l'aide  d'une  grande  roue  et  de  deux,  petites,  hérissées 
4e  chevilles  et  mues  par.  un  cJtieval  aveugle  qui  &it 
tourner  un  arbre  sur  un  pivot  II  lui  aurait  ^  également 
montré  une  règle  infaillible  dé  son  invention ,  faite  en 
équerre,  pour  couper,  avec  une  égalité  parfaite ,  les 
deux  cartons  employés  à  la  couverture  d  un  livre  et 
pour  donner  à  la  tranche  la  gouttière  uniformel  II  lui 


tiirak  foon^  une  description  des  crochets  et  pointes 
^'U  a  imagines  pour  faire  les  nerfs  au  dos  des  livres  et 
pour  retn^acer  les  chevillettes  dont  on  s*ëtait  toujours 
scrr i  jusqu'alors ,  '  mais  dont  Pemploi  n'est  pas  sûr  :  les 
«Todiets  et  pointes  font  le  double  d'ouvrage.  Il  eût  pà- 
leUlement  enseigne  à  M.  de  Gauilecort  la  manière  âe 
•bien  dorer*  sur  tranche  (  ce  quignore  Prudhomine  )' ,  et 
^  ùirt  toute  sdrDe  de  belles  iDnarbrures  j  particulièrement 
ksangokie  À^aillée.  La  méthode  qu'il  emploie  pour  'cela 
dmné  à  ce  qu'il  feit  plus  de  durée  (|ue  n'en  ont  lès  6U- 
wages  qui  sortent    de  chez  Prudhomme  :  celle  dont 
œ  dernier  se  sert  i  est  pourtant  flatteuse  et  brillante , 
nais  ses  couleurs  deviennent  pâles  et  ternes  au  bout  d^in 
eertaîn  temps. 

'    9'  lie  nom  de  famille  de  M.  de  Gauffecourt  est  Càp- 
femmùgr  :  il  est*  né  à  Paris,  et  son  père  était  de  Tours. 
•GeSuihoi  vint  s'établir  dans  la  capitale  en  qualité  d^h'or- 
logei^'On  prétend  qu'il  fut  ensuite  secrétaire  dés  c6m- 
«undemens  de  madame  la  duchesse  de  Longueville.  11 
ne  mourut  pas  riche ,  et  son  fils .  continua  sa  profession 
dans  rhorlegerie  ;  muis  s'étant  lié  d'^àmitié  avec  un  gen- 
tUbomme-  que  le  roi  avait  envoyé  résident  à  Genève , 
il  k  suivit  pour  se  perfectionner  dans'  son  art.  Il  avait 
\à  table  et  le  logement  chez  le  résident.  Il  quitta  ensuite 
•son  métier  pour  passer  dans  les  emplois  des  fermes  gé- 
.  néfikes  dé  France.  Il  obtint  celui  de  fournisseur  général 
des  sels  pour  toute  la  Suisse.  Sa  conversation  était  assez 
spirituelle  :  il  aimait  les  arts  avec  passion  et  voulait  les 
,oaiuuitre  <tou8.  Je  soupçonne  qu'il  ne  fut  jamais  homme 
deletenes. 

»'  M.  Jean-Marie  Bruyset ,  libraire ,  son'  '  ami ,  m*a 
-procuré  fort  «oUigeaiâlment  son  livre.  L'aulèur  adressa 

Tom.  rni,  « 


I 


(  ii4  ) 
r^pUre  placée  à  la  tète  du  ToUirae',  i^  MM.  lean-Marlf 
Bruyset  père  et  fils.  » 

«  Réflexions  sur  les  seniimem  agré^Mes  ft  sur  le 
plaisir  ai  fâché  à  la  lecture  (par  un  sage  anonytne). 
Imprime  à  Montbrillant  (de  rimpriiaérie  de  M.  de 
Gaufiecourt  ) ,  .1743,  inr8.<^ 

»  Ce  peut  ouvrage  avait  déjà  ëtë  imprimé  à  Paris  ches 
Pisspt,  en  1736^  dans  un  recueil  de  pièces  de  divers 
auteurs.  M.  de  Gaiafiecourt  fit  cette  seconde  ^tîon  qui 
fut  le  premier  essai  sorti  de  la  presse  de  sa  poiite  imr 
primerie ,  comme  il  rannonce  lui-même  dan$  une  épitre 
adressée  à  un  ami  >  mise  à  la  tête  de  l'opuscule ,  lequel 
ne  contient  qu'une  morale  usée  et  rt^baituè ,  présentée 
d'une  manière  assez  fastidieuse.  L'exemplaire  e^.c^li^ 
de  sa  main.  Il  se  trouva  dans  son  cajiinet  à  sa  mort  ^  et 
je  Tachetai  à  la  vente  de  ses  effets  à:  l'eDobèfe:  il  n'en 
avait  tiré  que  ai  ,  et  c'était  le  *$qu1  qvii  lui  ri^i 
Monibr niant  est  une  petite  maison  àt  campa^œ  .^  près 
de  Genève ,  qu'il .  tenait  à  loua^.  M»  de  Gau&ooort 
s'était  fait  environ  i  S^ooo  liv.  de  rente  dont  la  majeure 
partie  lui  venait  de  son  ^nplol  da^  las  sels  9 -et  le  resté, 
de  son  patrimoine  placé  en  re^te.  viagiàre^  Il  «M  iMct 
dans  une  maison  de  campagne .  p^ès  de  Lyon ,- appela 
la  Motte,  au  mois  de  mars  1766,  âgé  de  75  ans.  SqIi 
mobilier  fut  vendu  à  l'encaii  environ  18  àao^ooafr. 
La  compagnie  qu'il,  recevait  à  U  Motte  était  ibrt  niâiéf . 
Il  admettait  à  sa  t^ble  des  oovfiers  et  autre»  g)m&  du 
plus  bas  étage.  » 

«  Lettres  à  monfib^  A  (yenève ,  de  mon  imiprinme, 
1759,  in-8.*  '  . 

»  On  n'a  tiré  que  a5  exemplaires  4^  qit  petit  .livre  , 
imprimé  et   relié   (  comme  Içs  p^écédlens  )  par  M.  i|^ 


(  "5  ) 

GauHeconrt  Ge  sont  douze  lettres  qu'une  mère  ëcfh  à 
son  fiis  pour  servir  à  son  ëducaf ion.  '  M.  de  GaufTecourt 
a  mis  1  la  suite  1 8  lettres  d'uA  clwiioine  Oaodori  à 
H.  itf  LinaB ,  à  M^  â*Epinay  ,  iermler-général ,  et  k 
son  épouse  ,  les(}uelle^  tont  assez  siilgulières  de  là  part 
de  ce  chanoine ,  mais  offrent  peu  d'intëi^t. 

»  J'aî  aekelé  ce  voliHiie  -à  la  veale  des  effets  de  M.  de 
Gaufibcourt.  Il  faisait  partie  de  sa  Inbliodièque  qui  ofe 
contenait  qu'environ  4^0  volumes ,  romans  et  petites 
brochures  de  fantaisie.  11  couvrait  de  papier  bleu  tous 
W  livres  qu'îl  relitttt ,  de  sorte-  qu'on  pouvait  à  juste 
titre  appeler  sa  bibliothèque  la  iiiliotkigiie  bUue.  » 

y  ■  .  1,1  ■    I  I  I.  .11  i\w 

•  .      »  /  ^         ■     - 

BIBLIOGRAPHIE. 


Pmemibe  btxt  deft  ouvrage»  «ntr^  à  la  Bibliothè^e  publiqne  4e 
la  Tille  de/Lyon  depuis  le  i5  mars  iSay. 

D05S    (l). 

4  * 

•  .  »  ■*  I 

*  Accord  de  la  foi  avec  la  raison  ,  ou  expoMtion  d^ 
principes  sur  lesquels  repose  la  foi  catholique....  Paris , 

1827,  in-8.* 

•  * 

Almanach  historique  et  politique  de  la  ville  deLjpon 
et  du  département  du  Rhône  ,  pour  Tan  de  grâce  1 Q27. 
Lyon ,  Rusand ,  în-S.* 


ti0tkà^^^,^m*»mm^*Ê^mmé»i^     n>    iirm 


(f)  L^8  ^vrages  dont  le  titre  est  précédé  d'un  asté- 
risque ,  sont  dns  à  la  monifitence'  du  goaverxiement. 


(  ii6  i 

Ancienne  fête  de  Tile  Barbe.  Extrait  d'un  recueil  de 
poésies  sur  Lyon.  Lyon ,  (  1 8^5  ) ,  în*8.^ 

C'est  un  tire  à  part  d*un  article  des  Arch.  du  Bk.^  ioiéré 
tome  1 9  pag.  557-576.  11  contient  une  pièce  de  tcts  tt 
Bonarenture  des  Périers  ,  accompagnée  de  notes  par  H. 
Breghot  da  Lut 

Annuaire  de  la  Côte  d-Or ,  pour  1 828  >  par  M.  AmantOR. 
Dijon  ,   1838,   in*i9. 

Voj.  Archives  du  RhSne  9  tom.  VIII 9  pag.  5l* 

*  Antiquités  de  la  Nubie..,..  |  par  F.  G.  Gau.  Paris  9 
18212  9  in-*fol.  max. 

Cet  OQTrage  fait  tuite  à  la  Description  de  rEfojHc  qaelt 
bibliothèque  de  Lyon  doit  à  la  munificence  royalài 

*  Architecture  antique  de  la  Sicile  9  ou  rècual  des 
plus  intëressans  morceaux  d'architecture  9  etc.  mesures 
et  dessinés  par  J.  HittoriF  et  L.  Zanth,  architectes.  Pans^ 
J.  Renouard ,  sans  date  9  in-fol.  max. 

I^irraisonf  1  à  5. 

*  Architecture  moderne  de  1^  Sidle...  9  par  les  mêmes  ^ 
•te-M.  îftax. 

Lirraisons  I  à  iS. 

Bibliographie  de  la  France  9  ou  journal  de  la  librairie  ^ 
jB.*  année  (  1827  )  ,  'ni-8°  9  avec  les  tables. 

La  bibliothèque  de  Lyon  doit  ce  joamal  à  la  Kbër^litjde 
H.  Beuchot ,  «on  principal  rMaictenr  9  qui  Tcnricliil  trop 
.rarement  de  ses  aaTaute»  notes. 

Budget  9  ou  état  des  recettes  et  dépenses  de  la  YiOeds 
Lyon  9  pour  1827,  in-4.* 


("7) 
Uan.  Voar  i8i8 ,  in-4.* 

*  BoHetîn  universel  des  sciences  et  de  rindustrie..4.» 
ftkXié  BOUS  la  direction  gënërale  de  M.  le  baron  de  Pe-^ 
«issac  Paris,  in-8,^  Ânnëe  18^7,  et  janvier , février  ^ 
nai&et  a^cil  1828. 

Catalogne  des  livres  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  A.^ 
IL^H.  Boulard....  première  partie ,  contenant  la  théolo- 
gie,  la  jurisprudence  et  les  sciences  et  arts.  Paris,  1828 
in-S.^  de  5o7  pages. 

Ce  Catalogne  contient  S1A6  articles. 

s 

Catalogue  des  livres  faisant  partie  dé  la  bibliothèque 
ik  Mé.  le;  marquis >  de  C8i^***  < Châteaugiron -).  Paris, 
1825,  în-8.* 

La  b3>Iiotfaèqae  de  M.  le  marquis  de  Chftteangiron ,  ama« 
tevur  vraiment  distingué  et  auteur  de  plusUtii^rs  ouvrages 
fivk estimés ^  est  une  des  plus  belles  et  des  plas  rîchésde 
k  capitale  :  parmi  les  articles  qui  ont  été  distraits  de  cette 
bibiiotbèqne  pour  être  mis  en  vente  et  qui  composent  le 
catalogue  dont  on  vient  de  lire  le  titre  ',  il  en  est  nn  grand 

nombre  de  rares  et  de  précieux. 

•  "      ■  '  •  ■.    .   « <    ..  .■ 

Compte  final,  ou  état  indicatif  des  receljhs^.  H  des 
dépenses  de  la  ville  de  Lyon ,  relatif  à  Teierdce  de 
1825,  in-4.^ 


♦  .  » 


Défense  du  Précurseur^... ,  par  M*  Guerrç  ,.avocat«.. 
Lyon,  Brunet,  1827  ,  in-8.* 

T07.  Arddsftê  du  Bhéne ,  tom.  VI  f  pag.  298-229» 

' .  - 
*  Dictionnaire  d'architecture..... ,  par  J.-M.  Vagnat , 

architecte.  Grenoble,  1827,  in-8.* 


(  tii  ) 

*  Dictionnaire  des  sciences  naturelles....  Strasbourg  et 
Paris,  1826,  in-8.0 

Tom.  40  à  52.  Portraits  ^  liTraificm*  20  k  aS.  Planai , 
cahiers  40  ^  S^* 

Discours  prononce  par  M.  O)urvoisier ,  procurear- 
gënëral  près  la  cour  royale  de  Lyon.  Lyon  ,  liusand  y 
1827,  in-8.^ 

Voj.  jtrehiv.  du  BMme  »  tom.  V  y  pag.  466. 

Discours  prononcé  par  M.  Courvoisier  ,  président  in 
collège  du  3.^  arrondissement  électoral ,  à  Villefranche. 
liyon,  Rusand,  1827,  in-8.* 

Voy.  jtrekiv.  du  Rhdn^y  tom*  VII,. pag.  7i-77« 

Discours  sur  l'influence  du  magistrat.... ,  par  M.  Justinien 
Rieussec  >  premier  avocat-gënéral....  Lyon  ,  L.  Ferrin , 
1827,  în-è.^ 

Voy.  Archiv,  du  Bkâne  y  tom.  VU  y  pug»  65. 

Discours  sur  Tunion  des  sciences  médicales  et  leur 
indépendance  réciproque..,.*  ,  par  M*  R«  de  Lapnuie**»* 
Lyon  ,  Louis  Perrin  ,  1827  ,  in-8.^ 

Voy.  Archiv.  du  lihdne  ,  tom.  VI ,  pag.  23i-25t» 

Dissertation  sur  Torigine  des  étrennes  ^  par  Jacob 
Spon  ,  nouvelle  édition  ,  avec  des  notes  ,  par  M.*** 
(Breghot  du  Lut).....  Lyon,  J.-M.  Barret,  1828, in-8.^ 

Voy.  Archiv.  du  Bhéne  ,  tom.  VII ,  pag.  3 11. 

Distribution  des  prix  aux  élèves  de  l'école  royale  de 
dessin  et  des  beaux-arts*  de  la  ville  de  Lyon,  année  1827. 
Lyon ,  Rusand ,  in-4***  ^  • 


(  "9} 
.  Distnbuûon  des  prii(  et  médailles  de  Tinstitutioii  pro- 
visoire la  Martinière  ,  de  la  fondation  Grognard  ,  et  du 
cours  de  géonnftrie  pratique ,  pour  l'année  1 827»  Lyon , 
Ru^ndt  in-4- 

*  Edifiœs  de    Rome  moderne ,  dessina   et   puUiës 
piaf  KLetârouilIy...» Paris  ,  J. Pinard^  1827,  in-foU  max; 

LÎTraisons  i  )i  i5. 


»•••• 


Epitre  à  Mathon  dç  la  Cour  «  par  h^h»  Boucharbt 
iyon  ,  J.-M.  Barret ,  1827,  in-8.® 

Extraite  des  Arçhw.  du  Rhifn^  9  tovi*  VI 9  p»g*.295-5i2» 
Voj.  aussi  même  tom.  pag.  590.  Les  notes  dont  cette  ëpître 
est  aceompagnëe  ^  sont  de  M.  Bre^ol  du  Lut. 

*  Essai  sur   1  origine  unique  et  hiéroglyphique  des 

chiffires  et  des  lettres  de  tous  les  peuples ^  par  M.  de 

Pairavey....  Paris ,  Treutte!  et  Wurlz  ,  1826 ,  gr.  in-8.* , 
planches. 

*  Excursions  sur  les  côtes  et  dans  les  ports  de  Nûr- 
mandie.  Paris,  Jules  Didot  aine  (sans  date)  9  in-^fol. 
mai.  fig. 

Festin  (du)  du  Roi- Boit ,  par  J.-B.  BuUet ,  avec  des 
notes  et.  additions ,  par  C-N.  Amantpn.  Pijon  ,  1827, 
in-i2. 

Yoj.  Archives  du  Bhâne  ^  tom.  YIII,  pag.  55  et  54'  ' 

Flore  lyonnaise ,  ou  description  des  plantes  qui  crois- 
sent dans  les  environs  de  Lyon  et  sur  le  ]^ont .  Pilât , 
par  le  docteur  J.-B.  Balbis....  Lyon  ,  Coque  et  Ayné  9 
1827  «^  1828,  a  voL  in-8.^  Lr  premier  «est  divisé  en 
deux  parties. 


(  lao  ) 
Hîsfaoîre  m^licàle  des  inaraîs.*rf  par  J.-B^  Monfaloni.. 
^Seconde'  édition  entièrement  refondue,  corrigée  etaa^* 
mentée.  Paris ,  Bechet  jeune.- 9  i8a6,  in-8.^ 

Cet  exemplaire  est  un  des  cinq  qui  ont  été  tirés  sur 
grand  papier  yélin  ;  l'auteur  j  a  joint  son  portrait  et  une 
note  autographe  qui  contient,  entre  autres  choses,  un 
supplément  à*  Verrata. 

Auitre  (de  1'  )  et  de  son  usage  comme  aliment  et  comme 
remède,  par  Etienne  Sainte-Marie.  Lyon,Boursy,  1827, 
în-8.*> 

•  Yoj.  jirûhi\^es  du  Bhéne ,  tom.  Y,  pag.  585-586. 

*  Iliade  (  1*  )  d*Homère  traduite  en  français ,  par  Dug^s*  - 

Montbel...  Paris,  Firmin  Didot ,  1828  ,  in-8.^  tom.  L^, 

Le  texte  grec  est  en  regard. 
.■  •  •  • 

Ce  Yolume  est  aussi  le  premier  de  la  belle  collection  des 

classiques  grecs,  traduits  en  firançais ,  que  publie  M.  Firmin 

Didot.  Voy.  Archives  du  Bhdne  y  tom.  VII,  pug.  236* 

'  *  Lettres  sur  l'origine  de  la  chouannerie..*. ,  par 
Duchemin  Descepeaux....  Paris',  imprimerie  royale ,  1827, 
in-f8.*,  tom.  II. 

'  Mémoires  de  la  société  royale  d'agriculture ,  histoire 
rfaturellé  et  arts  utiles  de  la  ville  de  Lyon,  1825*1827. 
Lyon  ,  J.^M.  Barret ,  1828 ,  in-8.^ 

Voy.  Archives  au  Rhône ,  tom.  YIII ,  pag.  469* 

*  Mémoires  du  muséum  d*histoire  naturelle.  Paris  y 
Bffelin  ,.in-4.* 

Les  cahiers  x  à  5  de  la  6.^  année  (1827). 


(  121  ) 

Mëihode  simplifiëe  d'analyse  pour  les  langues  latine  et 
française  ,'par  Tabbë  ***♦  (  A.  Cas)  ,  ancien  professeur» 
Avignon  ,  L.  Âobanel ,  1827^,  in*is.  ^  ' 

Moniteur  universel...  1824-"  1827,  4  vol.  in-foL 

Les  vingt-trois  premières  années  de  ce  jonmal,  1789  k 
1811,  ont  été  données  par  feu  Marc^Antoine  Petit  2i  M 
bîUiolhèqae ,  qui  a  fait  Tac^isition  des  années  1812  ^ 
1833  9  et  qui  doit  à  la-  libéralité  de  la  mairie  de  Ljon  les 
années  1824  à  1827. 

Mouvement  ignë  ^  considéré  principalement  dans  la 
charge  d'une  pièce  d'artillerie ,  précédé  de  réflexions 
phisiques  (sic)  sur  les  calculs  de  M.  Robins,. concernât 
le  fluide  élastique  de  la  poudre.  Toulon  (1809),  in-4«^ 
nar.  rert. 

Présent  de  feu  M.  Morel-Voleine  y  archiviste  de  la  ville 
de  Lyon. 

*' Musée  de  sculpture  antique  et  moderne,  par  le 
comte  de  Clarac.  Paris,  i9a6,  texte  in-8.®,  plaochef 
in-4.^  y  livraisons  i  à  5. 

*  Musée  royal  de  France  ou  collection  grayée  des 
chefs-d'œuvre  de  peinture 'et  de  sculpture  dont  il  s'est 
enrichi  depuis  la  restauration  ,  avec  un  texte  rédigé  par 
M.  A.  Jal ,  ex-officier  de  marine ,  publié  par  madame- 
veuve  Filhol.  Paris,  1827,  petit  in-4.* 

Livraisons  i  à  2.  M.  Jal  est  né  à  Ljon. 

Notice  historique  sur  la  vie  de  M.  P.  Rieossec..— , 
M,  Guerre....  Lyon ,  L.  Perrin  ,   1827  ,  in-8.« 

Toj.  Archives  du  Rhdnêf  tom*  YI,  pag.  Si2-5iS 


: .  Notice  6ur  les  Archives  du  département  de  Ja  Côte- 
4'Or ,  jiar  M.  poudot ,  conyervatear  desdites  Arqhives  k 
à  Dijon.  Paris  (Dijon)  9  1S38  9  in-^12- 

Voj.  Archives  du  Rhéne  j  tom.  VIII ,  pag.  53. 

Notice  sur  la  rue  Belle-Cordière  à  Lyon,  contenant 
quelques  rense^nemens  biographiques  sur  liouise  laibi 
et  Cbtrles  Borde.  Lyon  9  1  SuH ,  ia-8.^ 

Voy.  plus  bas  le  Bulletin  biUiograpinque* 

Notice  sur  S.  Jubln ,  archevêque  de  Lyon,  avec  une 
dissertation  sur  Tauthenticitë  de  son  corps  et  de  son 
tombeau...  deuxième  «klilion.  Lyon, Rusand,  1827,  in-12. 

Yoy.  Archis^  du  Bhéne ,  tom.  Y,  pag.  aSi  et  4^6-467* 

Notice  sur  Tabbë  J.-N.  Sudan  (par  M.  Breghot  du 
Lut).  Lyon,  1827,  in-S.* 

Extraite  des  Archives  du  RhSne^  tom.  V,  pag«  4S5-457. 

Observations  sur  l'Hiatoire  de  Napoléon ,  d*apràs  lui- 
méme^  pi^bliée  par  Léonard  Gallois,  troifiiàme  lidition* 
Paris  ,  Trouve,  1827,  in-8.® 

^Ges  observations,  signées  G-N.  Amanton,  sont  extraites 
des  Annales  de  la  littérature  et  des  arts ,  excellent  recueil 
périodique ,  publié  à  Paris  ,  par  M.  le  baron  Trouvé. 

m 

Oclaviifs  (  1*  )  de  Minutius  Félix*  Nouvelle  traduction 
par^  A.  Pericaud....  avec  le  texte  en  r^ard  et  des  notes. 
Lyon  ,  imprimerie  de  Z,  Durand  9  <^^^  9  .in-8.^ 

*  Odes  sacrées ,  idylles,  etc.,  par  le  comte  de  M^r- 
cellus..'.'.  Paris ,  1825  ,  in-l8, 

*  Odes  sacrées  tirées  des  i5  'psaumes  graduels ,  ^m 
/ijjwm^'.  Paris;  r827,  îii-it>. 


(  1^3  ) 
,  O^ayres  de  Macrobe  ^  traduite  par  Ch*  4^  Bos^f .«... 
Paris  ,  Firmiix  Didot,  iSa^j^  %  voK  m-8.^. 

Cette  tradactîon  n'e3t  point  accompagnée  da  texte* 
H.  Mahnl  s^oceupe  depais  long-temps  d'une  tradôction  da 
même  auteur ,  sur  lequel  il  a  publie  dans  les  Annales 
tncyjdopédiques  ^  année.  18179  tom.  V,  pag.^ai-^ây  une 
Dissertation  hiHorique ,  liU&aire  et  bibliographique  ,  très«- 
bd  échantillon  des  pièces  préliminaires  dopt  il  compte  en- 
richir son  trayail. 

Plan  9  ëlëvation  et  coupe$  de  l'entrepAt  des  sels  4^  la 
ipîlle  de  Lyon.  — Inscription  de  la  pose  de  U  pfemière 
pierre  de  cet  édifice  (25  juillet  1827).  Deux  feuilles  dç 
format  in*^foI*  >  gravées  par  Sampierdare^a  à  Lyon. 

Prëcis  de  Thistoire  de  la  médecine  et  de  la  biblio- 
graphie médicale...., par  J.-B.'  Monfalcon....  Paris,  1826, 
iii-i8. 

Yoy.  Jirthive»  du  BkSne  9  tom.  VI ,  pag.  aSS. 

•  Proclî  philosophi  platonici  Opéra.l..  edîdît...  Victor 
€o«sin<»<  Pàrisiis,  F.  Didot,  1827»  irï'^S.^  tom.  VI. 

Raoul  ou  Rodolphe ,  devenu  roi  de  France ,  Tan  g^S  :, 
Dissertation  historique  par  M.  Tabbé  Aimé  Guillon  dç 
Montléon....  Paris,  1827 ,  in-8.® 

Tof*  Jtrchives  du  BhSney  tom.  V,  pag.  4^7^68* 

Rapport  sur  Tëtablissement  pastoral  de  M.  le  baron  de 
Staël ,  à  Copp«t  ;  par  M.  Grognier.  Lyon-,  Barret , 
1827,  in-8.^ 

"Voj.'ArMvcs  du  Bhonâ^  tom«  VI ,  p9g.  i53«#S4*  . 

Rapport  sur  Tëtat  actuel  des  carrièr«3  de  marbré  de 
France,  par  M..Héricart.d0  Thury.  Paris ,  i8a3,mr8,^ 


(  ÎM  > 

'••  "Recherches  et  considérations  sar  Tiemplô!  des  che- 
vaux morts....  Paris,  Bachelar,  1837,  in*-4.* 

Recueil  des  actes  administratifs  de  la  prëfectore  du 
Khône  (  année  1827).  in-8.* 

Religion  (de  la )  considérée  dans  sa  doctrine ,  dans 
sa  "morale  et  dans  son  culte ,  discours  suivi  d'un  sermon 
sur  le  danger  des  mauvais  livres  contre  les  meurs ,  et 
d*un  discours  à  la  mémoire  des  victimes  du  siège  de 
Lyon  ,  par  M.  l'abbé  Bonnevie....  Lyon  j  Chambeti 
i8ao,  in-8.*^ 

Réquisitoire  prononcé  dans  Taffitire  du  Précurseur..^ 
par  M.  Tavocat-général  Guillibert.  Lyon ,  2827 ,  in-8^^ 

Voj.  Archives  du  BhSnef  iom.  YI,  pag.  589» 

*  Ruines  (les)  de  Poestum  ou,  Possidonia ,  andenne 
▼ille  de  la  Grèce.... ,  par  C.  M.  dé  La  Gardette.  Paris , 
•^an .  Vn ,  in-fol.  max. 

Sermons ,  panégyriques  et  oraisoni  funèbres  ,  par 
M*  Tabbé  de  Bonnevie... ,  suivis  d'un  sermon  inédit  du 
*R«  P.  Chapelain...  deuxième  édition,  Paris,  Ror^)  18271 
4  vol.  in-8.* 

i 

Siège  de  Lyon  et  poésies  diverses ,  par  Chyles  Massas. 
Paris ,  1824,  in-i8. 

Donné  par  M.  Laurent ,  lil 


Statuts  synodaux  du  diocèse  de  Lyon.... ,  publiés  par 
Mgr.  de  Pins...  Lyon ,  Rusând ,  1 827 ,  in-8.* 

Supplément  aux  œuvres  de  M.  T.  Cicéron... ,  par 
A.  Pericaud ...  Paris ,  Leièvre  ,1826,  în-8.* 


(   125  ) 
Un  article  de  M.  Dugas-Montbel  $ur  cet  ouTrege  a  été 
inféré  dans  le  Bulletin  universel  de  H.  le  hitxm  de  Fe^ 
rataac  j  cahier  d'arril  i8a8. 

*  Taciti  (C.  C.)  Opéra,  auspice  Corbière...  Parisiia^ 
eicuddMt  C.-L.*F.  Panckoucke—.i  8a6 ,  A  voL  gr«  ia^lbl* 

*  Théorie  de  la  grammaire  et  âè  la  langue  grecque  f 
par  C.  Minoïde  Minas.  Paris ,.  Bossange ,  iSa^^  in-8/  - 

*  Traite  de  Tart  de  la  charpente  ,  plans  ,  coupes....  ^ 
publié  par  J.  Cb.  KraSl...  Paris  ^  i8ao,  in-ibl.  max. 


«        ^ 


^  Traité  théorique  et  pratique  de  l'art  de  bâtir ,  par 
I.  Rondelet.  Paris  ,  in-4.^,  sans  date  ^  tom.  I. 

*  Voyage  dans  les  Pyrénées.. .. ,  par  le  comte  de  Mab-* 
CeSus....  Paris,  1826,  în-ï8; 


*  Voyage  du  roi  au  camp  de  Saint^Omer  «t  dans 
d(fpartemens  du  nord ,  septembre  18^7  (extrait  du  Slir- 
niteur  ).  Paris ,  imprimerie  royale ,  1837  ,  in-8.* 

*  Voyages  pittoresques  et  romantiques  dans  Tancienile 
France  (Franche-Comté)  ,  par  Ch.  Nodier  ,  J.Taylof , 
et  Alph.  de  Caiileux.  Paris  ,  J.  Didot  Tainé ,  1 8a5 , 
in-fol.  max. 

LÎTraitonf  la  k  aS* 


t  • 


(  126  > 

BIOGRAPHIE  LYONNAISE. 

.A^niTIOVS  k  LA  lîOTiGE  SUR  LV  P»  vdLAttD,   I«ÂdtUfK  fMJ? 

HAUT  y    TOM.  III  ,  pag.  368^370. 

J*ai  dit ,  sur  la  foi  de  plusieurs  biographes ,  que  la  tragé- 
die à' Agrippa  était  du  nombre  des  ouvrages  du  P.  Folard 
qui  n'avaient  pas    été  imprimés.    Le   passage   suivant 
d^s  Mélanges  his/orifues  et  phitolagiques  de  Michault 
(Paris ,  17549-  ^  ^^^*  ior-id) ,  que  je  n'avais  pas  alors 
sous  les  yeux ,  mais  sur  lequel  je  suis  tombé  depuis ,  m'a 
ericore  confirmé  dans  cette   opinion,  en  même  temps 
qu'il  m*a  appris  que  notre  jésuite ,  ^  outre  seâ  tragédies 
d^\Œdipe  et  de  ^hémistocU  ^  en  a;¥ait  composé  une/autre 
sous  le  titre  de  Théodore^  Ce  passage  qu'on  lit  dans 
l'ouvrage  que  je  viens  de  citer  ,  tom.  II ,  pag.  54-55 , 
<  fiiit  partie  d'un  petit  recueil  d'anecdotes ,  observations 
-€t  fugemens  ittléraires  ^  que  Micbault  tenait  du  P.  Oudin. 
ce  Le  P.  Folard  étoit  brûlé  du  feu  poétique  :  il  auroît 
bien  voylu  voir  l'effet  de  ses  pièces  dramatiques  ^ur  le 
thçâtre.  On  lit  avec  plaisir  son  Œdipe  et  son  ThémisiocU  : 
4t.avoit  encore  composé  deux  autres  tragédies  fort  belles, 
qui 'n'ont  jamais  été  imprimées  ,   Théodore  et  Agrippa, 
Le  P.  Oudin  a  voit  retenu  quelques  vers  de  cette  dernière  : 

C'est  le  fils  de  Nëron  y  dont  le  cœur  indomptable 
Ne  croit  régner  sur  nous  qu'autant  qu'il  nous  accable  ; 
Cniel  sans  le  paroltre ,  il  sait  l'art  inhumain 
D'enfoncer  le  poignard  et  4e  OAober  la  main  ; 
Ame  double  et  sans  foi  ,  dont  les  sombres  pensées 
Sont  d'un  nuage  épais  toujours  embarrassées  (i)  ,  etc.  s» 

'  ■  ■      ■         ■  ..     I     -  ■  ■     .    ■M.    I        I.       ■  I  I      ■        ^    ■         »  «Il 

(i)  Ce  dernier  yers  est  pris  de  VAH  poétique  de  Boileau,  chant  L 


tn\ 


(    127   ) 

D'aprà»  069  témoig^a^s  ^  je  n'avau^  wsun  ^oule  «u(t 
la  non-^uUicdiioil  de  )a  trag^ie  à'jigrippa.i  lorsqu  on 
n'a  ^crit  de  T?»ns  j  ^ue  ceriaiaeiHeiit  il  on  eKîstait  nue 
édition  doiinéa  en  1721  ^  et  que  M<  de  Solêianfe  en 
possédait  ua  exemplaire  dans  9a  belle  collection  de  pièces 
de  théâtre ,  et  lorsque  ,  d'Un  autre  ctié ,  )*ai  vu  cette 
nèa^  tragédie  indiqua  dans  la  Bibliographie  dtûmatiqus 
de  M.  Odandioe  4.  pag«  4^  ^  comme  ëtant  dan»-  la  biUio- 
tbègne  de  hfon.  Je  me  suis  empressé  d'ëclairci^  œ  dernier 
fait,  k  choM  «9  trouvant ,  pour  ainsi  dire  ,  soùs  ma 
main ,  et  j*ai  bientôt  aoqnis  la  coovictioki  qu*il  y  avait 
id  équivoque,  lu  Agrippa  du  P*  Folard  n*est  point  dans 
natte  bibliothèque  publique  ^  mais  seulenwnt  le  prûr^ 
gramaie  qui  en  fut  publié ,  suivant  l'usage  ^  lorsqu'on 
joua  cette  pièce^au  ooUëge  de  la  Trinité,  le  8  juin  I73A( 
C'est  un  cahier  de  20  page» ,  in*'4*'' ,  imprimé  <:h9s 
Pierre  Bntyset^  et  rdié  dans  une  collection  en  plusieuri 
ToliuDts  9  ialitulée  RecueU  sMr  .Lfon\  Il  contient  raiia«* 
lyse  et  quelques  citations  de  la  pièce  ^  'ainsi  que  le 
programme  d*un  ballet  comique  ,  sous  le  titre  de  Foriu^ 
naius  ou  le  Sot  enrichi  et  dapé  ^  'tiré  d'iinfe  houtelle 
espagnole ,  qui  fut  représenté  le  même  joi^r  ,  et  dont  il 
parait  que  l'idée  et  Tarrangemeat  de»  ^nes  appartenaient 
aussi  au  P*  Folard ,  -alors  professeur  de'  rhétorique  au 
coUëge  de  la  Trinité.  L'auteur  n'est  nommé  ni  dans  le 
titre  ni  dans  le  corps  de  l'imprimé  ;  mais  on  lit  siiir  le 
frontispice  cet  envoi  écrit  de  àa  main  :  Pour  M.  Temporal 
rf  M.  Rude  5  (  signé  )  Folàtd.  Là  tragédie  iT Agrippa 
dont  le  titre  complet  était  celui-ri  :  Agripa  {éiC^yBos-* 
fumus  ^  petit' fils  d^ Auguste  i^ixÀxM  ^x^t  de  Tacite.  Laf 
tirade  citée  dans  les  Mélanges  dé  Michault  se  retrouve 
parmi  le  petit  nombre  d'extraits  de  cette  pièce  contenus 


(  "8  ) 
dafts  le  programme  I  avec  deux  Ugères  varinites  V-l^ 
première  au  i.*'  vers,  où,  au  lieu  àe  :  Cesi  U  fils  de 
Néron ,  ily  a  :  Cesi  U  sang  des  NéronSy  el  laseconde 
au  dernier  vers ,  où ,  au  lieu  de  :  Sont  itun  mMgeépais^ 
il  y  a  :  Sont  if  une  épaisse  naît.  On  y  voit  que  ce»  vers 
se  /apportent  à  Tibère ,  qui ,  comme  on  le  sût ,  était 
fils  de  Tibërius  N^ro ,  premier  mari  de  Ltvie.  Je  cm 
fermement  que  c'est  ce  programme  que  possède  •  aussi 
M.  de  Soleinne  ,  et  qu'ainsi  j'ai  droit  de  persister, 
fusqu'à  nouvelle  preuve  contraire  ,  dans  mon  asses^ 
que  la  pièce  d' Agrippa  est  encore  inédite.  . 
«  Le  P.  Folard  a  fait  encore  jouer  ,  au  colUge  deJa 
Trinité  ,  un  autre  drame  qu'il  avait  intitulé  la  Btsau 
de  JupUer.  Cëtait  sans  doute  une  comédie  :  elle  ne 
nous  est  point  parvenue.  Il  en  est  fai^  mention  dans 
un  recueil  de  poésies  manuscrites  où  on  lit  coDtre 
lauteur  trois  ou  quatre  épigramjiies  ,  qui  annonceraient 
que  cette  pièce  eut  peu  de  succès,  et  dont  voici  la 
moins  mauvaise  : 

Folard  ronlut  an  jour  monter  bot  le  PamasM  ». 

Contre  une  si  coupable  aadace 
ApoUon  fot  saisi  d'une  juste  fureur  i 

Va  i  lai  dit-il ,   nëolunt  aaUar  , 

Va  te  cacher  dans  ta  Bumctm 

V  Oraison  funèbre  du  maréchal  de  Fillars  ,  due 
pareillemeiit  au  P.  Folard ,  n'a  pas  été  prononcée  à  AIi) 
comme  je  Tai  dit ,  mais  bien  à  Arles  :  c'est  aussi  par 
erreur  que  j'ai  ajouté  qu'elle  paraissait  a\T)ir  été  publiée 
dans  la  première  de  ces  villes.  Ce  discours  fut  composé 
à  la  demande  des  membres  du  conseil  municipal. d'Arles. 
L'impression  en  fut  faite  à  leurs  frais,  en  1734 tiiD' 


n^ialemeni  aprèr  le  7  octobre ,  )ùut  où  elle  aVak  Mé 
l^ononcëe  dans  leur  église  métropolitaine  >  en  présence 
de  Tardievéque  qui  officia  dans  cette  cérémonie.  J*en  ai 
TUQB  exemplaire*  Cest  un  in-4*^  de  26  pages.  L'Im- 
primeur d'Arles ,  qui  est  désigné  sur  le  frontispice  ,  se 
nommait  Gaspard  Mesnier. 

Le  P.  et  le  Chevalier  de  Folard  avaient  un  frète 
chaBoîne  de  l'église  cathédrale  de  Nimes  ^  qui  était 
aussi  un  homme  de  mérite.  C'est  du  moins  l'idée  que 
donnent  de  lui  lés  éloges  qui  lui  sont  adressés  par  dom 
Vincent  Thuillier  ^  dans  une  lettre  insérée  au  Mercure 
Je  France  de  mai  1734.  Le  célèbre  bénédictin  le  traite 
d'an  des  plus  fins  connaisseurs  qu'il  y  ail  dcuis  le  ro^ 
jiume ,  et  il  vante  son  sat^oir ,  aussi  bien  que  son  goéU 


INDUSTRIE.  -  COMMERCE. 


MANUFACTURE  DB  SOIERIE  A  LYOIT. 

L^opinion  commune  est  que  la  fabrication  des  étoffes 
de  soie  n*a  été  introduite  à  Lyon  que  sous  François  L^' 
On  croit  que  les  premiers  métiers  y  furent  apportés  par 
Etienne  Turquet  et  Paul  Nariz ,  marchands  piémontais  , 
^i  obtinrent ,  à  cet  effet ,  sur  la  recommandation  des 
iichevins,  au  mois  d'octobre  i536 ,  des  lettres  patentes 
contenant  divers  privilèges  ;  et  on  s*accorde  générale- 
ment à  attribuer  à  la  ville  de  Tours ,  où  ce  genre  de 
]banuiacture  fut  établi  dès  1470  ,  l'honneur  d'avoir 
ouvert  pour  la  France  une  si  abondante  source  de  ri- 
chesse et  de  prospérité.  Mais  voici  un  document  propre 
Tome  FUI.  9 


(  ï3o  ) 
à  changer  tontes  les  idées  sur  ce  point ,  et  qui  tend  k 
faire  remohter  à  une  époque  plus  reculée  de  soixante  et 
dix  ans  les  comméncemens  de  la  fabrique  lyonnaise ,  et  à 
transporter  à  cette  dernière  Tavantage  de  priorité  que 
celle  de  l*ours  revendique  en  sa  faveur.  M.  Tarchivisté 
de  la  ville  a  bien  voulu  nous  communiquer  ce  document , 
et  nous  nous  empressons  de  le  mettre  sous  les  yeux  de 
nos  lecteurs  comme  une  pièce  historique  du  plus  haut 
intérêt.  C'est  un  extrait  de  lettres  patentes  de  Louis  XI ^ 
datées  du  24  novembre  1466  ,  extrait  qui ,  à  la  vérité , 
ti^est  pas  signé  ,  mais  dont  l'authenticité  n*est  pas  pour 
cela  moins  certaine  et  se  prouverait  au  besoin  par  Tan- 
ciennc^é  de  Técriture ,  par  celle  du  style  et  par  la  qualité 
du  papier. 

^  <(  Loys  ,  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  France  ,  a  no^ 
âmes  et  feaulx  les  generaulx  conseillers  par  nous  ordonnes 
sur  le  faict  et  gouuemement  de  toutles  nos  finences  ,  au 
bailli  de  Mascon ,  seneschal  de  Lion  et  aus  esleus  sur 
le  faict  des  aydes  ordonnes  pour  la  guerre  ou  dit  lieu 
de  Lion. 

CommèNous,consideranslagrant  vuidange  dor  et  dar- 
gent ,  qui ,  chacun  an ,  se  faict  de  notre  royaume ,  au  moyen 
et  occasion  des  draps  dor  et  de  soye  qui  sont  débites  et 
exploites  en  nostredit  royaume  en  diuerses  manières ,  qui 
peult  monter  ,  par  chacun  an  ,  ainsi  que  remonstre  nous 
a  este ,  a  la  somme  de  quatre  a  cinq  cens  mille  escus 
ou  enuiron ,  et  pour  donner  ordre  que  lart  et  ouuraige 
de  faire  lesd.  draps  dor  et  de  soye  soit  commanœ  et 
introduit  en  nostre  ditte  ville  de  Lion  ^  en  laqueUe  ^ 
comme  Ion  dit^  en  y  a  ja  aucun  commancement  ^  ayons  , 
pour  grant  et  meure  délibération  du  conseil ,  conclud 
et  ordonne  faire  mestre  sus  et  inlroduyre  Iqdit  art  et 


(  lîl  ) 

ôuùraige  de  faire  lesd.  draps  dor  et  de  soye  en  icella 
noslre  ville  de  Lion  ,  et  pour  ce  ,  ordonne  faire  venir  < 
aadil  lieu  maistres  ouuriers  et  apparilieurs  et  autres  ex-* 
perimenies  tant  ou  fait  de  louuraige  de  ladiite  soye  ^ 
comme  ez  taintures  et  autres  choses  a  ce  propres  et  con- 
uenablés  ,  et  aussi  pour  faire  les  molins ,  ostils  et  autrei 
a1)illemens  qui  y  sont  nécessaires  ,  et  afin  que  lesd* 
ouuriers  et  autres  qui  besoigneront  ou  dit  fait ,  art  et 
ouuraige  desd.  draps  dor  et  de  soye ,  ils  soient  plu«- 
enclins,  et  que  autres  ayent  et  preignent  vouloir  de 
venir  résider  et  demeurier  en  notre  ditie  ville  de  Lion  » 
pour  eulx  employer  ou  dit  fait  et  exercice ,  Nous ,  pour 
lés  causes  dessus  dittes  et  par  laduis  et  délibération 
que  dessus ,  auons  et  octroyé  et  octroyons  que  tous  les 
otrariers  et  ouurieres  qui  viendront  demourer  ou  dit  lieu 
dé  Lion  pous  faire  exercer  ledit  ouuraige  et  artiffice  de 
draps  dor  et  de  soye  et  autres  dependans  dicelluy  , 
soient  et  demourent  francs  ,  quittes  et  exemps  de  toutes  ' 
les  tailles  et  imposts  qui  sont  et  porront  estre  mis  sus  , 
en  laditte  ville  de  Lion  ,  de  par  Nous  ou  autrement ,  et 
aussi  de  limpost  de  douze  deniers  par  liure  y  de  tous 
lés  draps  dor  et  de  soye  qui  seront  faits ,  et  de  toute 
la  soye  qui  y  sera  faitte  et  appareillée ,  et  de  lor  qui. 
sera  mis  en  appareil ,  pour  mettre  en  ouure ,  dont  ils 
ne  aucuns  deulx  ne  paieront  point  dimposition  pour 
la  première  vente  quils  en  feront ,  mais  seulement  du 
huitième  du  vin  vendu  a  détail  et  des  autres  denrées 
dont  ils  seront  tenuz  paier  limposition  ,  sils  se  meslent 
dautres  marchandises  ,  et  aussi  voulons  et  octroyons 
quils  soient  francs  et  exemps  de  touttes  aydes  ^  entrées  , 
yssues  et  fres  de  ville  quelconques  et  de  guet  et  garde 
porte ,  et  des  choses  dessus  dittes  les  auons  exemptes  et 


(   l32  ) 

affranchis,  exemptons  et.aSianchisçons  du  tout  et  chacun 
deulx  de  grâce  especîal  par  ces  présentes ,  dyci  a  douze 
ans  prochains  venans  ,  sans  ce  quils  ne  aucun  deulx 
soient ,  ne  puissent  estre  assis  ,  imposes ,  ne  contraings 
a  en  paier  aucune  chose  y  pour  quelque  cause ,   ne  en 
quelque,  manière  que  ce  soit ,  durant  le  temps  dessus  dit^ 
et  se  leurs  corps  ou  aucuns  de  leurs  biens  estoient  pour 
ce  prins  ou  empeschies ,  Nous  voulons ,  ordonnons  et 
mandons  que  incontinant  et  sans  delay  ils  leur  soient  mis 
a  pleyne  deliurance  ,  sans  procès  et  figure  de  jugemest| 
et  vous  mandons  et  a  chascun  de  vous ,  que  les  dessus 
dis  et  chascun.  deulx  vous  faisiez  et  souffriez  joyr  et  user 
paisiblement  de  nos  presens  grâce ,  affranchissement  et 
octroy ,  et  pour  ce  que  on  pourra  aùoir  affaire  de  ces 
présentes  en  plusieurs  et  diuers  lieux  ,  Nous  voulons 
que  au  vidîmus  dicelles  fait  sous  scel  royal  ,  foy  soit 
adioustee  comme  a  lorlglnal  et  quelles  soient  regbUees 
ou  papiers  de  lauditoire  de  vous  esleus  ,  affin  que  aucun 
nen  puisse  prétendre  cause  dignorance.  Donne  a  Orléans 
le  xxiilj  de  nouembre  lan    de  grâce  mil  cccc  lxvi  et 
de   notre    règne  le  sixiesme.    Par  le  Roy  ,  lEuesque 
dEureux ,  les  sires  de  la  Forest  et  de  Blois  et  autres 
presens.  J.  de  la  Loire.  » 


(  i33> 


BEaBBSBSB9SEBSaBSBSBSBBBBBBSBSSaBSaSBBSaHBGSSaBBBBaBBIBaEBaE>HBBaHtaBai 


BOTANIQUE. 


¥lWE  LTmiNAISEy  OU  DCSCB1PTI0N  DES  PLANTES  QUI  CROTSSEIft 
SANS  LES  EMYIROlfS  DE  LTON  ET  SUR  LE  MONT  PILAT  ;  par  tft 
docteur  J.-B.  Balbis  ,  professear  émërite  de  l'aniversitë  de  Turin  ', 
directeur  du  jardin  des  plantes  de  Lyon  ,  membre  de  l'acadëmie  da 
cette  yille  et  de  plusieurs  autres  sociétés  sayantes  »  tant  nationale^ 
qu'étrangères.    Imprimerie   de   C.   Coque  ,   rue  de  l'Archeréchë  ^ 

.  n*^3,  i8a7-t8a8|  %  tom.  in-6.® ,  dont  le  premier  ,  en  a  parties  , 
de  ZTJ-890  pag.  ,  plus ,  un  tableau  synoptique ,  de  3o  pag«  ;  le 
second ,  de  viij-369  pag.  (  Extrait  par  M*  Orognier.  ) 

•  Lorsque  nous  nous  sommes  imposé  Tobligation  d  an- 
•wiicer,  en  peu  de  mots  ,  les  productions  scientifiques 
tt  littéraires  qui  sortent  des  plumes  lyonnaises ,  nous 
•B-ayons  pas  renoncé  à  la  faculté  de  donner  quelqu*étendue 
'aux  extraits  de  ceux  d'entre  ces  ouvrages  qui ,  par  leur 
inërite  9  leur  importance ,  ou  par  un  intérêt  de  localité , 
'«ous  paraîtraient  dignes  de  cette  distinction.  C'est  sous 
'ce  triple  rapport  que  nous  croyons  devoir ,  en  faveur  du 
livre  de  M.  le  professeur  Balbis ,  sortir  du  cadre  étroit 
de  nos  bulletins  bibliographiques. 

Le  premier  volume  de  la  Flore  lyonnaise  parut  sur  la 
fin  de  Tannée  dernière  ;  on  espérait  que  le  second  ne 
tarderait  pas  à  voir  le  jour  :  il  vient  seulement  de  sortir 
de  la  presse  ;  c'est  ce  qui  explique  le  retard  d'un  article 
qui  devait  embrasser  l'ouvrage  tout  entier. 

L'auteur  expose  dans  la  préface  le  plan  qu'il  a  adopté 
et  le  but  qu'il  s'est  proposé  ;  il  rappelle  les  travaux  des 
botanistes  lyonnais  qui  l'ont  précédé  dans  la  carrière  où 
il  est  entré.  Le  premier  de  ces  savans  fut  Symphorien 


(  154  > 

Champîer  ,  qui  fit  connaître  les  ressources  que  peuvent 
fournir  à  la  matière  médicale  les  plantes. qui  croissent 
sous  notre  climat  ;  peu  de  temps  après  fiorit  Jacques 
Daléchamps  ^  qui  déploya  une  vaste  érudition  dans  soi^ 
ouyrage  ,  publié  par  Desmoulins  ,  qui  a  pour  •  titre  t 
Historia  generalis  planiarum.  Vint  ensuite  Jean.du  ChouL, 
^uteur  d'une  histoire  des  chênes  et  d*un  voyage  au. mont 
Pilat  {.plus  tard ,.Jean  Desmoulins ,  André  Caille  ^  Claude 
Millet ,  fomentèrent  parmi  leurs  compatriotes  l'ardeur  de 
la  botanique»,  La.  fin  du  17.^  siècle,  vit  xiaitre  dans  pos 
murs  Antoine  de  Jussieu  ^  qui  commença  cette  série,  de 
botanistes  illustres  qui  s'est  prolongée  jusqu'à  nos  jouns» 
Goiffon  et  Pestalozzi ,  habiles  médecins  et  savans  bota^  ' 
nistes  lyonnais ,  avaient  précédé .  Antoine  de  Jussieu. 
Vçrs  le  milieu  du  siècle  dernier  9  parut  le  célèbre.  .La 
Tourrelte ,  auteur  du  CMoris  lagdunensiSy  de  la  fiela/ioa 
d'un  i^oyag^  au  mont  Pilai ,  et  qui ,  ooojointemeiU  a^ec 
MM*.rabbé  Bpzier  et  Gilibert,  a  publié  \fis  Démomsr 
iraiions  élimenfaires.  de  botanique  à  f  usage  des.  icolef^ 
^éUrittoires  ^  dont  il  a  paru  quatre  éditions-  Après  avoir 
rappelé  les  services  rendus  à  la  science  par  ces  Lyonnais 
irecommandables;,  M.  fialbis  cite  ceux  de  Ppivoe ,  de 
Dombey  ».de  Commerson,  de  Sonnenitv<pii  tous  avaiei^t 
visité  notre  flore  lyonnaise,  et  la  mentionnent  dans  leurs 

• 

ouvrages;  il  paye  un  tribut  d'éloges  à  JM.  l'abbé  de  Jean, 
qui  fut  son  prédécesseur  immédiat  à  U  placQ  de  directeur 
du  jardin  botanique  de  Lyon.,  et  il.  déclare  modestement 
avoir  été  puissamment  secondé  daiis  ses  r^hierches  pau: 
MM<^  Aunier,  Ro&vier ,  Cbampagneux ,  Mad^.Lortet^  qui 
ont  mis  à  sa  disposition  leurs  riches  bergers,  avec  1^ 
ftAnotalions  nombreuses  qui  ks  accompagnent  II  reoBerçie 
pareillement  M.  Cap  ,  son  savant  confrère  à.Vaçadénûe 


(i55> 

4e  Lyon  ,  des  conseils  qu'il  en  a  reçus  pour  la  tëâadion 
générale  de  son  lÎTre.  * 

Nous  nous  étendons*  sur  cette  prëface ,  parce  qu'elle 
^ne  une  idëe  de  tout  Touvrage  ;  nous  y  voyons  le  plan 
de  fauteur ,  qui  a  éié  fidèlement  suivi ,  et  son  but  qui 
a  été  heureusement  atteint.  L'auteur  voulait  décrire,  et 
il  a  décrit  avec  une  rare  exactitude  toutes  les  plantés  qui 
croissent  autour  de  notre  ville ,  dans  un  rayon  d'environ 
quatre  lieues ,  ainsi  que  celles  qui  sont  particulières  au 
nont  Pilât ,  sommité  femeuse  qui  s*élève  au  sud-^ouest  de 
Lyon  ,  à  une  distancé  d'environ  dix  lieues',  qui ,  avant 
M.  de  La  Tourrette ,  a  été  décrite  par  Jean  du  Choul ,  et 
qu'ont  visitée  avec  intérêt  des  hommes  illustres  ,  tels  que 
leaaBauhin,  le  grand  Hall er  et  J.-L  Rousseau. 
-  M.  Balbis  a  signalé ,  comme  appartenant  au  mont  Pilat , 
«n  grand  nombre  de  plantes  qui  avaient  échappé  *àux 
recherches  de  tous  les  botanistes  qui  Font  précédé  ,  et  il 
n-a  pas  obtenu  de  moindres  succès  de^  ses  explorations 
dans  les  campagnes  qui  environnent  nbtre  ville. 

Comme  il  l'avait  annoncé,  il  ne  s'est  pas  contenté  de 
iairé  connaitte  ees  plantes ,  il  a  donné  encore  le  signa* 
lement  complet  d*un  assez  grand  nombre  d'autres  ^  tant 
atiles  que  d'agrément ,  qui  sont  cultivées  dans  nos  jar**- 
dins  ou  parfaitement  acclimatées  dans  nos  champs  ,  nofe 
ibrèts  et  nos  vergers:  s'abstenant  toutefois  d'indiquet* 
une  foule-^e  végétaux  qu'on  voit  dans  nos  parterres  et 
Aos  jardins  potagers ,  et  dont  la  connaissance  est ,  en 
quelque  sorte ,  usuelle. 

Toujours  fidèle-  à  ses  promesses  ^  M.  Balbis  a  déter-^ 
fluné,  avec  précision,  des  plantes  dont  les  caraétères 
vagues  et  obscurs  étaient  un  sujet  de  controverse  parmi 
les  botanistes» 


(iS6) 

Il  n'est  pas  hors  de  propos  de  faire  observer  ici  q«e 
les  plus  grands  botanistes  de  l'Europe,  les  Decandolle, 
ies  Sprengel,  les^Schc&rer,  les  .Ar'nolt,  ont  eu  recours 
k  sa  sagacité,  qu'il  les  a  consultes  k  son  tour ,  et,  conuiie 
'il  Tayoue  lui-même  avec  cette  modestie  qui  acicompagiie^ 
pour  l'ordinaire -le  vrai  talent,  il  a  puise  dans  sa 
correspondance  avec  ces  savans  du  premier  ordre,  de 
précieux  renseignemens  sur  l'histoire  si  obscure  elà 
ardue  des  acotyUdones. 

Après  avoir  décrit  chaque  plante  k  la  manière  et  daos 
la  langue  du  grand  Linné ,  M.  Balbis  ajoute  une  phrase 
française  qui  est  beaucoup  moins  la  traduction  que  le 
complément  de  la  phrase  latine.  Des  synonymies  reposent 
sur  l'autorité  de  Wildenow ,  de  Sprengel ,  de  Decandolle, 
et  pour  quelques  plantes  rigoureusement  locales,  sur 
celle  de  La  Tourrette  et  de  Gilibert.  On  renvoie ,  pour 
les  figures  ,  à  Ticonographie  de  Gœrtner ,  de  Lamarck , 
à  celle  de  M.  de  Boissieu  neveu,  notre  compatriote ^ 
iconographie  dont  les  amis  de  Tart  du  dessin  ,  comme 
ceux  de  la  botanique ,  sollicitent  vivement  la  continua- 
tion. A  chaque  article  est  jointe  l'indication  de  la  dur^ 
de  la  plante ,  de  sa  station  ,  de  l'époque  de  l'année  où 
sa  fleur  se  développe ,  sans  oublier  son  utilité  pour  la 
nourriture  de  l'homme  ,  pour  celle  des  animaux ,  pour 
les  arts ,  pour  la  médecine. 

Quant  k  la  disposition  systématique  de  Touvrage ,  oa 
peut  dire  qu'elle  est  semblable  à  celle  qu'a  adoptée 
M.  Decandolle ,  dans  son  Systema  regni  çegefabUis ,  et 
dans  son  Prodromus.  D*après  cette  méthode  ,  dont 
M.  Auguste  de  Saint-Hilaire  s'est  fort  peu  éloigné  dans 
sst,  Flore  du  Brésil  méridional ,  on  commence  par  les 
plantes  dont  l'organisation  est  la  plus  compliquée  5  et 


/(  «37  ) 
éù  finit  par  celles  qui  offrent  Tëbauche  la  plus  impar- 
faite de  l'organisation.  En  suivant  ce  plan ,  qui  est 
l'inversé  de  celui  qu'avait  trace  notre  immortel  Bernard 
de  Jussieu  ,  est-il  plus  facile  de  saisir  les  rapports  et 
les  affinités  des  diverses  tribus  de  végétaux  y  d'assigner 
à  chaque  organe  sa  valeur,  et  aux  caractères  des  familles, 
des  genres  et  des  espèces  ,  leurs  limites  respectives  ?  Il 
ne  nous  appartient  pas  d'examiner  cette  question.  Ce  qui 
n'en  est  pas  une  à  nos  yeux  ,  c'est  l'agrément  et  l'utilité 
de  la  Flore  lyonnaise. 


NÉCROLOGIE. 


MonEL-VoLEiNE  (Claude-Hélène  ) ,  membre  d'une 
des  plus  honorables  familles  de  Lyon  où  il  naquit  en 
1769  ,  archiviste  de  cette  ville  depuis  quelques  années , 
a  été  enlevé  presque  subitement  à  la  société  et  à  de 
nombreux  amis  (i)  le  16  de  ce  mois  (juin  1828).  Cet 
liomme  de  bien  ,  descendu  sitôt  dans  la  tombe  ,  y  em- 
porte  les  regrets  universels  ;  il  y  emporte  particuliè- 
rement les  nôtres  :   car  la  bienveillance  dont   il  nous 


(i)  Un  d'entre  eux ,  qui  ne  t'est  pas  fait  connattre  ,  lai 
a  consacré  un  excellent  article  nécrologique  dans  la  Gazette 
wUversdle  de  Lyon  y  du  22  juin.  C'est  un  hommage  dicté 
par  le  -  cœur ,  et  oii  l'on  reconnaît  l'éloquence  du  senti- 
ment le  plus  tendre  et  le  langage  expressif  d'une  vive  et 
sincère  affection.  Nous  ne  pourrons  guère  que  répéter  les 
justes  éloges  qai*j  sont  donnés  au  digne  objet  de  tant  de 
^plevrs  et  de  tant  de  regrets. 


(  i38  > 
honorait  i  -h  douceur  et:  la  sûreté  de  $oir  cominerce  dont 
nous  avons  joui  trop  peu  de  temps  ^  son  savoir  et  ses 
vertus  que  nous  avon$<  été.  à  même  d'apprécier  9  nous 
feront  à  jamais  chérir  sa  mémoire* 
.  M;  Morel  était  un  de  ces  hommes  bons  et  modestes  9 
tels  qu*on  en  rencontre  bien  peu ,  qui  ne  cherchent 
point  à  ^se  faire  valoir  et  qui  n'en  valent  que  davaa-^ 
tage ,  qui  se  plaisent  à  rendre  service  sans  y  mettre 
ILUcun  faste  et  sans  exiger  de  reconnaissance  ^  qui  n  ont 
point  de  prétentions  ,  point  de  sotte  vanité  ^  tfuUe 
ombre  d  affectation  ,  qui  se  font  aimer  de  tout  le  monde  9 
parce  qu'ils  aiment  eux-mêmes ,  et  qu'ils  ne  blessent 
jamais  ni  l'intérêt  ni  l'amour-propre  de  personne*  Pour 
tout  dire  en  un  mot,  il  possédait  un  excellent  cœur 
et  la  politesse  la  plus  exquise.  Il  joignait  à  ces  qualités 
une  gaité  piquante  çt  originale ,  et  son  esprit  était  orné 
des  connaissances  les  plus  variées^  Il  n'est  pas  néces- 
saire d'avoir  vécu  dans  Tintimité  de  M.  Morel ,  d'avoir 
fait  partie  de  ce  choix  d^amis  fidèles  qui  se  réunissaient 
presque  tous  les  jours  dans  sa  maison ,  pour  le  recon* 
naître  au  portrait  que  nous  venons  de  tracer.  II  n*est 
aucune  des  nombreuses  personnes,  de  tout  rang  et  de 
tout  âge ,  que  ses  fonctions  ou  son  caractère  iiant  et 
facile  ont  mises  en  relation  avec  lui ,  même  passage*^ 
rement ,  qui  ne  conserve  un  profond  souvenir  de  son 
urbanité  9  de  sa  bonté ,  de  sa  «grâce. 

Dans  la  vie  publique  il  n'était  pas  moins  estimable 
que  dbms  la  vie  privée.  On  sait  avec  quel  soin  vraiment 
consciencieux  il  s'acquittait  de  l'emploi  que  la  viHe  lui 
avait  cotiiié.  Lorsqu'il  entra  aux  archives  municipales  , 
il  résolut  d'achever  d'en  faire  disparaître  le  désordre^ 
qu*y  avaient  jeté  les  orages  politiques.  Il  s'est  occupe 


e  139  y 

de  œlte  tâche- piaqn'à  la  veille  de  sa  mort  avec  un  zèle 
digne  des  plus  grands  éloges  et  avec  tout  le  discernement 
et  toute  l'instruction  nécessaire ,  et  il  y  a  apporté  une 
méthode  parfaite.  li  a ,  en  outre  ^  enrichi  le- dépôt  commis 
k  sa.  ^u^e  ,  d'une  foule  de  pièces  ,  ou  qui  en  avaient 
été  distraites  et  qxiil  y  a  fait  rentrer ,  ou  qui  avaient 
droit  4'y  être  placées  et  qu'il  a  trouvé  moyen  de  se, 
procurer»  Cest  à  ses  démarches  qu'on  doit  notamment 
l'achat  ,  fait  par  la  ville ,  de  la  collection  de  dgcumens- 
piédeux  pour  notre  histoire  locale  ,  qu'avait  rassemblée  ^ 
pendant  de  longues  années  y  feu  M.  l'abbé  Sudan ,  son 
prédécesseur  dans  la  place  d'archiviste. 

M^  Morel  avait  acquis  une  grande  expérience  dans 
toutes  les  matières  administratives  et  prindpalement  dans 
ce  qui  concerne  les  impôts  ^  le  cadastre  et  la  voirie.  Nos 
magistrats  le  consultaient  souvent  ,  avec  la  certitude 
d'obtenir  de  lui ,  soit  les  renseignemens  les  plus  complets 
et  les  plus  exacts ,  soit  les  idées  les  plus  justes  et  les 
plus  saines  sur  quelque  &ujet  que  ce  fût.  U  ne  se  laissait 
iamais  effrayer  par  la  longueur  et  la  difficulté  d'un  tra-^ 
m\  qui  lui  était  demandé  ;  et  pendant  qu'il  se  livrait 
avec  ardeur  aux  redberehes*  les  plus  pénibles ,  il  arrivait 
fréquemment  qu'une  sorte  d'instinct  et  de  bonheur  le^ 
abrégeait  pour  lui ,  en  lui  faisant  découvrir  tout  d*un 
coup  les  sources  cachées  où  il  devait  puiser ,  et  qui 
auraient  échappé  à  tout  autre. 

-Tel  était  l'homme  dont. la  ville  de  Lyon,  ^dont  une 
fittiUe  intéressante ,  dont  tous  les  citoyens  ont  à  déplorer 
hl>  perte.  Les  pauvres  qu'il  secourait  secrètement ,  à 
l'insu  môme  de  sa  famille ,  ont  aussi  è  génir  sur  le  coup 
fatd  qui  nous  l'a  ravi ,  et  ce  ne  sont  pas  leurs  plaintes 
ci  leurs  gémisSemens  qui  honorent  le  moins  ses  mânes* 


(  140  ) 
Ses  parens ,  ses  amis  sont  inconsolables.  Quant  à  nous  9 
nous  lui  devons  ici  un  hommage  particulier:  le  vif  ratërât* 
qu'il  portait  à  nos  travaux,  la  part  acdve  qu'il  alnenyoulu 
y  prendre ,  lui  assureront  à  jamais  des  droits  à  notre  gra-* 
titude  et  à  nos  souvenirs.  Il  nous  a  communiqué ,  pour 
être  insërés  dans  notre  recueil ,  un  très-grand  nombre  de 
notes ,  de  documens  et  même  de  mémoires ,  pleins  d'in- 
tërét,  d'exactitude  et  d'érudition  (i)  ,  et  auxquels  sa 
modestie  ne  nous  permettait  presque  jamais  d'attacher 
son  nom ,  quel  que  ftlt  notre  désir  de  lui  prouver  pu- 
bliquement notre  reconnaissance  et  de  nous  faire  honneur 
de  l'avantage  que  nous  avions  •  de  le  compter  au  nombre 
de  nos  collaborateurs.  Nous  regretterons  souvent  son 
utile  coopération  et  les  sages  consuls  qu'il  nous  donnait. 
Puisse  sa  cendre  reposer  en  paix ,  et  le  faible  trîbui: 
d'éloges  que  nous  venons  de  payer  à  sa  mémoire,  ne 
t>araitre  point  trop  au-dessous  de  son  mérite  \ 

P£LZiN  (Michel- Alexandre)  ,  imprimeur  à  Lyon,  né 
vers  1750 ,  était  professeur  de  grammaire  avant  le  siège» 

(i)  On  trouvera  dans  ce  n.*  trois  pièces  dont  il  noi^s 
avait  fourni  la  copie  peu  de  jours  avant  sa  mort  et  qui 
étaient  même  déjà  imprimées  lors  de  ce  funeste  évéue- 
ment  :  ce  sont  les  lettres  de  Lahîre  et  de  Diane  de  Poitiers  j 
et  les  lettres  patentes  de  Louis  XI  sur  la  manufacture  lyon* 
naise.  Ces  pièces  ^'il  avait  découvertes  par  hasard  et  qu'il 
s'était  fait  un  plaisir  de  nous  remettre ,  nous  paraissent 
dignes  de  fixer  l'attention  du  public.  La  dernière  -  surtout 
offre  un  grand  intérêt  U  avait  bien  voulu  se  charger  de 
revoir  les  Essais  historiques  sur.  la  ville  de  L^on^  rem- 
plaçant en  cela  feu  M.  l'abbé  Sudan  qui ,  lors  de  la  pre- 
mière publication  de  ces  Essais  9  y  avait  fait  aussi  de 
nombreuses  additions.  '  ^ 


(  i4i  ) 

En  1795 ,  9^-61  97^  il  publia  le  Journal  dâ  Lyon  et  du 
déparicnumi  du  Rhône  (i) ,  si  remarquable  par  le  bon 
esprit  qui  présidait  à  sa  rédaction.  On  trouve  difficile* 
hmq|.  la  collection  des  n.^*  qui  composent  ce  journal , 
auquel  ces  deux  vers  de  Voltaire . servent  d'épigraphe: 

Extemttiiez  ,  grands  dienx  ,  de  la  terre  oà  nonc  sommes  1  - 
Qinoooqae  a^ec  plaisir  Terse  le  sang  des  hommes.  ^ 

M.  Pelzin  avait  de  la  littérature  ,  et  il  a  publié" 
quelques  vers  de  circonstance  insérés  dans  difFérens.re-*^ 
cueils.  Il  est  mort  le  19  de  ce  mois  (  juin  i8a8  ). 

BfiAUGJiàiiD  (Jean*François-Simon*-Ferréol) ,  avocalt 
à  Lyon  9  y  est  décédé  le  21  de  ce  mois.  Il  était  âgé  de 
74  ans.  Né  à  Marseille  vers  1 754  5  il  s'y  fit  connaître 
de  bonne  heure  par  quelques  productions  littéraires ,.  et 
pendant  la  révolution  il  entreprit  la  rédaction  du  journal 
de  cette  ville,  ce  La  modération  de  ses  principes ,  dit  la 
Biographie  moderne ,  édition  de  1806  ^  lui  valut  l'es- 
time des  gens  sensés  ;  mais  elle  lui  attira  la  haine  des 
partis  qui  s'entrechoquèrent  «successivement.  Après  avoir 
échappé  au  régime  de  la  terreur  9  il  tomba  sous  la  pros- 
cription directoriale  du  18  fructidor  an  V  (  4  septembre 
^797  )  9  cl  fut  compris  dans  la  loi  de  déportation  rendue 
contre  les  journalistes  accusés  d'appartenir  à  la  cause  du 
royalbme.  S'étant  d'abord  échappé  ,  il  fut  arrêté  à 
Bordeaux  au  mois  de  mai  suivant  y  et  conduit  à  bord 
d'une  frégate  qui  le  déposa  sur  les  plages  de  l'Amérique.» 

(i)  Le  i/'u.®  est  du  29 pluviôse  an  III  (  17  février  1795), 
et  le  dernier  du  23  fructidor  an  Y  (10  septembre  1797). 
11  paraissait  trois  n.^'  par  décade  ^  chacun  d'une  feuille  oa 
d*une  demi-feuille  in-8..^ 


Peu  de  temps  après  son  retour  ,  il  vint  s'établir  à  Lyon 
où  il  se  distingua  dans  la  profession  d^ayocat  par  Ton- 
ginalitë  de  son  talent  et  par  une  ëlocution  mëridionale 
qui  faisait  ressortir  ce  qu'il  y  avait  de  singulier  et  de 
prquant  dans  ses  saillies.  Il  excellait  surtout  dans  la 
défense  des  criminels.  Il  a  laissé  en  manuscrit  un  travail 
considérable  sur  le  code  pénal.  En  1897,  il  ^xivit 
3ur  la  question  proposée  par  Tacadémie  de  Mâcon  sur 
les  mesures  à  prendre  relativement  aux  forçats  libérés  ; 
mais  son  mémoire  fut  écarté  du  concours  faute  d'avoir 
été  envoyé  à  temps  utile  :  il  n'en  fut  pas  moins  men- 
tionné très-honorablement  et  analysé  dans  le  rapport 
rédigé  sur  ce  concours  par  M.  Boullée  (i).  M.  Beaugeard^ 
dans  sa  jeunesse ,  avait  cuHivé  les  Muses  ^  et  cette  dr* 
cbnsUnce  lui  valut  un  article  dans  le.  Pttit  AhkanaA 
des  grands  hommes  de  Rivarol ,  où  on  lit  : 

a  Beaugeard  de  Marseille  (  MO*  Ce  poète  n*a  fait  qu'ùti 
»  petit  conte  mtitulé  les  deux  Nemaines  ,  iqu*il  '  a  feit 
»  passer  à  Paris.  Cest  un  géant  qui  donne  le  bout  de 
»  son  ongle  pour  la  mesure  de  tout  son  ci^rps ,  et  qd 
5>  est  deviné.  » 

Le  conte  des  deux  Nemcùnes  se  trouve  dans  VAÏma^ 
nach  des  Muses  de  1787.  M.  Beaugeard  en  avait  déjà 
fait  insérer  un  autre  intitulé  Le  Borgne  açare  dans  le 
même  recueil ,  année  1785. 

Nous  le  donnerons  ici ,  en  faveur  de  sa  brièveté  i 

Un  Harpagon ,  en  courant  par  la  viUe  , 
Far  le  serein  eut  un  oeil  de  perclus  ; 
11)1  mëdecÎB  »  dooleur  TraiBienl  liablle , 
Pour  le  goërir  demanda  cent  ëciu. 

(1)  Màcon  ,  Dejussicu  ;  1S27  ,  in>d.* 


(  143) 

L'^mi ,  dit  le  richard  ;  quelle  errear  est  la  TÀtre  ? 
n  ne  faut  pas  deux  yenx  pofur  gagner  son  cercueil. 

Moi  l   yoQM  compter  cent  tfcus  pour  un  oeil  ! 

A  ce  prix-là  je  tous  donnerais  l'autre. 


MELANGES 


Le  goût  des  antiquités ,  des  médailles  et  des  livres 
€st  très'-ancien  à  Lyon.  Nous  avons  eu  occasion  de 
parier  des  inscriptions  rassemblées,  au  seizième  siècle» 
par  les  BeUièvre  et  les  de  Langes^  dans  leur  maison. 
Oovoîi»  dans  une  lettre  de  Mad.  de  Sévfgné,  qu'à 
son  passage  à  Lyon  »  en  1672  ,  elle  alla  visiter  le 
aAinei  de  M....  et  ses  antiguai/les.  M.  de  Liefgues 
avait  formé  uû  riche  cabinet  d'antiques  et  d'histoire 
Batarelle  qu'il  laissa  à  Balthazar  de  Montconys  son 
frère ,  auteur  de  voyages  en  différentes  parties  du 
nottde  ,  publiés  en  1665  (1).  En  remontant  plus  haut , 


(i)  Le  P«  Jacob ,  dans  son  Traité  des  plus  belles  biUio* 
ikèqaes  publiques  et  particulière  $  ^  Paris,  i655,  a.®  part.  , 
chap.  g8 ,  parle  ainsi  da  cabinet  de  M.  de  Monteonjs  , 
qui  n'appartenait  pas  encore  à  Balthaia)r ,  mais  à  Gaspard 
•on  frèra'*: 

tt  La  beauté  et  la  rareté  du  cabinet  de  M.  Gaspard  de 
Montconys  ,  seigaear  de  Liergues  et  de  Pomliy,  coaseiller 
du  roi  et  lieutenant  cvimiuel  au  siège  présîdial  de  Lyon  9 
ett  bien  Tane  des  plus  curieuses  pièces  de  l'Europe,  tant 
pour  les  médailles  d'or,  argent,  airain  $  verre  ,  plomb  et 
autres  matières^  et  pour  les  portraits  en  taille  douce  al 


(  ml 

on  trouve  que  vers'  i56o,  il  existait  dâiis  cette  ville  9 
tout  à  la  fois ,  environ  treize  cabinets  de  mëdailles ,  ou 
en  moins  treize  amateurs  de  numismatique  ou  d'arche 
logie  qui  pouvaient  avoir  recueilli  plus  ou  moins  d'objets 
appartenant  à  ces  sciences.  Le  célèbre  Hubert  Goltz  a 
place  à  la  suite  de  son  JuUus  Cœsar ,  Bruges  ,  1 56S , 
in-fol. ,  une  ëpitre  aux  amateurs  d*antiquitës  qu'il  avait 
connus  dans  ses  voyages  ,  et  une  liste  de  ces  mêmes 
amateurs ,  divisée  par  villes.  Voici  la  partie  de  cette 
liste  qui  concerne  Lyon  : 

«  Ltjgdvni. 

.  Franciscus  Laurentinas.(i)9  Du.  Sancti  Yrenei. 
Gulielnras  Caulius  (2) ,  Praeftict.  Montanonun* 
Cbristophorus  Neiter  (3),  Germanos  ^  Patridu»  Au* 
gustanus. 
Anacletus  Tangelosius^canbnicus. 


peinture  ,  qae  pour  la  bonté  des  livres  qui  s'y  trouT^^^.  1 
quoîqa'eD  nombre  seulement  de  deux  mille  ,  entre  les- 
quels il  y  a  plus  de  deux  cents  médailles  ,  entrées  de' 
▼illes  9  devises  ,  éloges  et  portraits  d'bommes  illustres.  Le 
F.  Henri  Alby^  jésuite,  parle  fort  bonorablement  de  ce 
cabinet  dans  la  préface  des  parallèles  des  cardinaux ,  im- 
primés à  Paris ,  cette  année  .1644  )  in-4*^  " 

(i)  François  de  Laurencin  ,  prieur  de  St-Irénée. 

(2)  Guillaume  du  Choul ,  bailli  des  montagneç  du  Dan- 

phiné.  Voy.  Archives  du  Rhône ^  tom.  iy,.pag.,369. 

^(5)   Cbristophe  Neiter  ou   Neyter  ,  Allemand  ,  patrice 

',  d!Augsboui^9  propriétaire  de  la  maison  qui  devint  ensuite 

celle  des  missionnfiires  de  Saînt-Laxare  ^  k  la  montée  de 

Saint-Bartbélemi.  _ 


(  145  ) 
Marlifius  Ballebértas  (i)  ,  canonions. 
Dionysius  Equllmontius ,  canonicus* 
Joannes  GauUus,  Gulieimi  F.  (2). 
Ludovicus  Mirsus ,  I.  C. 
I^etrus  Pitheus ,  I  •  C. 
Marcus  Yetranius  Maurus ,  I.  C 
Henricus  Geraelius,  I.  C. 
Sciplo  Az2one  ,  liai  us. 
Carolus  à  Porlen ,  Germanus.  » 
On  ne  trouve  dans  ce  curieux  document  de  statistique 
fiamismatique,  ni  le  célèbre  Jean  Grolier  (3),  ni  Gabriel 


(i)  i^eat-éire  en  français  Vaulberî..  . 

(a)  Jean  du  Choal^  fils  de  Guillaume.  Voj.  Archis^s  du 
ikSne^  tom.  IV^J^ag,  369,  et  t.  V,  p.  59  et  suiv. 

(5)  Le  cabinet  /d'antiquités  de  Jean  Grolîer  fat ,  après 
sa  mort,  transporté  de  Paris  à  Marseille  d'où  on  youlait 
rembarquer  pour  Tltalie  et  le  faire  rendre  à  Rome  ;  mais 
Charles  IX  en  ayant  été  instruit ,  ordonna  qu'on  le  fît 
revenir  et  l'acheta  à  grand  prix  des  héritiers  ,  pour  le 
joindre  au  sien.  C'est  ce  que  de  Thon  ^  Hv.  XXX\1II  9 
rapporte  en  ces  termes  :  Nummi  cerei  qui  opiimi  cum  Im^ 
ietia  in  provinciam  migrassent ,  jamquc  in  eo  essenl  ut  in 
ItaUant  exportarentur  y  régis  christianissimi  cura  ejffectum 
est  y  ne  tanto  thesauro  Gallia  defraudaretur  ,  eôsque 
grandi  pretio  redemptos  in  musceum  suiim  cwn  aliis  prisci 
oevi  monumentis  inseri  mandavit. 

Jean  Grolier  laissa  aussi  une  bibliothèque  précieuse.  On 
connaît  la  belle  inscription  qu'il  mettait  sur  ses  livres  : 
Joannis  Grolierii  et  amicorum  9  avec  cette  ûerise  tirée 
da  psaume  14 1  :  Portio  mea  Domine  sit  in  terra  viventium. 
Cette  bibliothèque  fut  vendue ,  et  les  restes  en  sont  main* 
tenant  dispersés  dans  tout  le  monde  satapt.  On  recherche 

Tome  Flllf  10 


(  146  ) 
Syméoni  qui  auraient  -eu  le  droit  d'y  fîgam  »  sî ,  à 
Tëpoque  où  Goitz  âait  venu  à  Lybn  ,  ils   n'eussent 
résidé  à  Paris  :  aussi  sont*ils  placés  dans  l'article  con- 
sacré à  cette  dernière  ville. 

La  Croix  du  Maine  fait  méhticm  d'AntiMne  de  La 
Porte  (i),  seigneur  dfe.  Bertha  ,  échevîn  en  i58i,  et  qui 
avait ,  dit-il ,  «  un  cabinet  fort  excellent ,  rempli  de  plu- 
)>  sieurs  beaux  livres  et  de  médailles  antiques.  » 

Beaucoup  plus  près  de  notre  tèn^M ,  Antoine  Laisné, 
directeur  de  la  monnaie  de  Lyon  ^  avait  rassemblé  7384 
médailles  :  il  les  vendit  à  la  ville  de  Lyon  en  lySS  (3). 


Mk^MMHHMMtaMMI^MH^Ha^BMaMaMAiAi 


avec  empressemeut  les  livres  qui  en  proviennent,  presque 
tous  remarquables  par  le  choix  des  éditions  et  par  nof 
reliure  riche,  élégante  et  solide ,  due*  ^  on  ouvrier  nommé 
Gacon'ou 'Gascon  ,  Vun  des  plus  liablles  relieurs  de  son 
temps ,  et  celui  qu'employaient  ordinairement  Henri  II  et 
Diane  de  Poitiers. 

Trois  des  volumes  qui  ont  appartenu  à  Jean  Grolier^  se 
trouvent  dans  la  bibliothèque  de  Ljon  :  le  premier  estU 
version  latine  de  Polybe  ^  Aide  »  i52i  ,  petit  in-^.^  On  lit 
au  bas  du  dernier  feuillet  ces  mots  écrits  de  la  main  de 
Grolier  luî-méme  :  Jo.  Grolierii  Lugdunensis  et  orhicorum. 
Le  second  est  la  Seconda  parie  délia  vite  de  pillori  et 
de  sc'uUori ,  petit  in*4>^  Le  troisième  est  le  PU  font, 
Mao:,  decadum  Èlondi  epilomè  ,  Baie  ,  1 53^  ,  in-fol.  le 
Jo.  Grolierii i  etc.,  j  est  écrit,  comme  dans  le  premier 
volume^ sur  le  dernier  feuillet ,  delà  main  même  de  Grolier. 

(1)  Est-ce  le  parent  du  Carotus  a  Porten  ^  Gcrmanus  ^ 
mentionné  par  GoUz,  et  dont  le  nom  allemand  aurait  été 
■francisé  ? 

(2)  Voy.  Archives'  du  Rhàhe ,  toai.  Ilï,  pag.  aoy-aoS. 


(  U7  ) 
y  en  avait  quelquea-^unes  d*une  grande  yaleur^  Toutes 

ont  été  pUlëes  en  l'ygS. 

Quant  aux  bibliothèques  particutières  {nous  ne  par-* 
Ions  pas  des  bibliothèques  publiques,  ce  sujet  a  éii 
traite  ailleurs  ) ,  on  peut  en  citer  aussi  un  grand  nombre* 
Nous  venons  d'indiquer  celles  de  ^  Jean  Grotier  et  d'An-* 
toine  de  la  Porte.  Du  Verdier  désigne  plusieurs  fois 
la  Bbrairie  du  capitaine  Sala  (i),  comme  contenant 
des  manuscrits  précieux.  G*est  encore  ie  même  aoteur 
qui  nous  a  appris  que  le  cabinet  de  Louise  Labé  <c  estait 
0  copieusement  garni  de  bons  livres ,  latms  et  vulgaires, 
»  italiens  et  espagnols.  » 

Etienne  Charpin ,  prêtre  de  Fëglise  de  Lyon  (2)  , 
auteur  de  quelques  ouvrages  (3) ,  avait  formé  une  bi«- 
fitiothèque  choisie;  il  en  fit  imprimer,  en  i5S5,  le 
catalogue ,  qui  est  devenu  extrêmement  rare ,  et  qui  était 
précédé  d'une  épltre  dont  voici  la  suscription  et  le  dâmt  : 
Stu£çsis  lantum  Lugdunensis  ecclesiœ  frairibus  qUi 
augusfissimnm  ejus  ma/esiatcm  fiercnnem  expeturU  ^ 
Siepkanus  Charpin  etiam  perennem  illis  optai  salatem. 


■*ta 


(1)  Yoj.  /irchiv.  du  BMne\  tom.  YI ,  pag.  11 6. 

(2}  Le  ^me  qui  trouva  dans  la  bibliothèque  de  rile* 
Barbe  .un  Ausone  plus  complet  gue  çem:  qui  avaient  para 
jaaqa'alor»)  et  sur  lequel  fut  faîte  rédition  4e  iSSS^ 
dooofc  à  Lyon,  che^E  Jean  de  Tournes ,  aux  frais  de  Guil- 
home  de  la  Barge ,  comte  de  Lyon. 

(3)  Severt,  Ckronolog  EpisQ,  Li^gdun.  ^  ^^%.  78,  îavo- 
qae  rantorité  d'Etienne  Charpin  ^  pfig.  1 76 ,  il  parle  d'une 
lettre  élégante  jjw  lui  écrite  ea  i^5i\  û  le  cite  9n«ore, 
pag.  a  70. 


(  ï4»  )  ^ 

BibUùthecarti  ideo  christianoin  comparûpi^  cûndidissim 
commilUones  ^  ut  pro  viri  adjm^arem  ,  etc.  (i). 

Henri  Gras ,  mëdecin  du  collège  de  Lyon  dans  le 
dix-septième  siècle ,  qui  a  publiai  quelques  écrits  relatifs 
à  sa  profession  (2) ,  avait  aussi  une  bibliothèque  remar- 
quable par  le  choix  et  la  quantité  des  livres.  Il  possé- 
dait, en  1644  (3)  ,  d'après  le  P.  Jacob,  onze  ou  douze 
cents  volumes  in-foL  et  trois  à  quatre  mille  de  moindres 
formats-,  et  tous  les  jours  il  augmentait  cette  collection. 

La  bibliothèque  de  Camille  de  Neuville  était  égale- 
ment (brt  belle.  Le  P.  Jacob  nous  apprend  qu'à  Tépoque 
où  il  écrivait ,  époque  où  Camille  de  Neuville  n'était 
pas  encore  archevêque  de  Lyon  (4) ,  mais  seulement 
^bé  d'Ainay ,  de  llle-Barbe,  etc. ,  cette  bibliothèque  se 
.composait  <(  de  près  de  quatre  mille  volumes  en  toutes 
p  les  sciences  et  en  diverses  langues ,  particulièrement 
»  de  livres  espagncrfs ,  lesquels  sont  tous  reliés  de  ma- 
yi  roquin  incarnat  du  Levant,  avec  les  armes  de  ce  sei- 


(f }  Le  P.  Jacob  ,  loc.  cit. 

(2}  En  1667 ,  il  publia  les  œuvres  de  médecine  de 
Varanda  dont  il  avait  été  disciple  à  Montpellier»  et  dédia 
cet  ouvrage  à  Pierre  de  Maridat ,  lyonnais ,  conseiller  an 
grand  conseil  de  Paris.  Il  était  né  à  Lausanne  oii  son  père 
a'étiiît  retiré  duraiit  les  troubles  de  religion  \  mais  il  était 
originaire  de  Lyon  oii  il  mourut  le  22  mai  1665. 
1^(5)  Cette  année  parait  être  celle  où  le  P.  Jacob  compo- 
sait son  livre  :  c'est  la  date  de  la  première  édition^  l'édi- 
tion de  i655  que  j*ai  citée,  est  la  seconde. 

(4)  Il  ne  fut  sacré  que  le|29  juiu  1654,  et  nous  venons 
de^  faibe  observer  que  le  P.;JJacob  paraît  avoir  composé  son 
livre  quelques  années  auparavant. 


(  149  V   ^ 

«  gneur  qui  «eut  un  chevron  à  trois  croix  ancrées  ii).v 
M.  Pericaud ,  dans  sa  Notice  sur  la  biblioihèquê  de 
h  vUte  de  hyw  (2)  ,  à  laquelle  nous  renvoyons  le  lec- 
teur pour  beaucoup  de  détails  que  nous  omettons  ici  ^ 
a  rappelé  quelques  autres  bibliothèques  particulières  de 
Lyon  9  telles  que  celles  de  Marc- Antoine  Mazenod ,  sieur 
dé  Pavesin  ^  de  Pierre  Aubert,  de  Claude  Brossette  ,  âe 
iJ;  Perrachon ,  etc. 

Les  collections  semblables  faites  par  MM.  Adamoli  , 
"Râlt,  Souchay  ,  Rioiz,  etc.,  ont  eu  aussi  de  la  ce* 
lébrité.  * 

-  Pour  compléter  ces  notes  écrites  rapidement  et  faire 
voir  que  de  nos  jours  le  goût  des  collections ,  soit  ar- 
diéologiques ,  soit  bibliographiques ,  est  bien  loin  de 
s^étre  éteint  9  il  nous  resterai  t.  à  offrir  la  liste  des-  ama- 
teurs vivans  ;  mais  les  uns  sont  trop  connus  pour  l'ap- 
peler leurs  noms ,  et  les  autres  s  offenseraient  petit-étre , 
'  si  noiis  mettions  le  public  dans  la  confidence  du  culte 
secret  et  mystérieux  qu'ils  adressent ,  aux  Muses  ,  et  si 
nous  soulevions  le  voilé  modeste  sous  lequel  plusieurs 
d'entre  eux  se  plaisent  à  se  cacher. 

.  «  : : ; 

(i)  Camille  de  ^NeuTiUe  légua  sa  bibliothèque  ai^  collège 
*  éela  Trinité  par  son  testament  du  3i  décembre  1690. 

(1)  Insérée  dans  \t%  Archives  du  Bhéne  ,  tom.  VI,  pag. 
41V4299  tiréeà  part  arec  des  additions  en  avril  dernier  , 
et  reproduite  toat  nouvellement ,  mais  abrégife  tX  sans 
notes ,  dans  VAlmanack  de  L^on  pour  1828* 


•  ♦ 


(  i5o  ) 

BS3±aggaas     ,        .  ,  i       ir        ■      ■      i 

BULLETIN  BEBLIOGRAPfflQUE. 


Siaiuts  synodaux  dresses  par  M.gr  riUustrlssime  et 
rëvérendissime  Jean  -  Paul  Gaston  de  Pîns ,  arche- 
vêque d'Amasie,  administrateur  apostolique  du  diocèse 
de .  Lyon  et  Vienne  ,  et  publiés  au  synode  gënëral  du 
diocèse  de  Lyon,  tenu  les  4  et  5  septembre  1827. 
Lyon,  imprimerie  de  Rusand  ,  1827,  in-8.^  de  xij 
et  194  pages. 

Ces  statuts  synodaux  contiennent  les  règlemens  les  plm 
sages ,  pour  le  clergë^du  dideèse ,  relatii^Bieiit  à  Tadim- 
nistration  des  aacremens  »  au  soin  des  ^llses  ,  chapelles 
et  cîmetières  ,  à  l'état  des  ftibriqùes  ,  li  la  oélëbratîon  des 
fêtes  et  dimanches^  à  robservatîon  des  jeunes  et  absti- 
nences ,  à  tout  ce  qui  concerne  Toffice  diirin  ,  aux  sëpal- 
tures  et  enfin  à  la  yîe   et  à  rhonnêtoté  convenables  aai 
clercs.  Ils  sont  accompagnes  de  citations  ,  faîtes  li  la  marge 
ou  placées  en  notes   au  bas  deS  pages  ,   tirées  d'anciens 
règlemens  de  discipline  ,  qui  ne  doirent  point  être  regardés 
como^e  faisant  partie  des  nonreaux  statuts  ,  mus  qui  sont 
destinés  à  témoigoer  de   la  discipline  plus  sérère ,  ob' 
servée  dans   l'église  ou   dans  le  diocèse  aux  temps  anté- 
rieurs à  notre  époque.  Le  yolume  est  terminé  par  un  extrait 
d'anciens  statuts  ,  au  nombre  de  treize  ,  non  rappelés 
dans  la  collection  qui  les  précède  ,   et  disposés  dans  nn 
ordre  chronologique  ascendant ,   c'est-à-dire  en  commen- 
çant par  le  plus  noureau  et  remontant  jusqu'aux  plus  an- 
ciens :  on  y  voit ,  en  effet ,  figurer  au  premier  rang  lès 
statuts'  répandus  dans  le  grand  rituel  de  M.  de  Montazet , 
publié  en  1787 ,   et  à  la  fin  ceux  qui  furent  rédigés  en 


(  »5i  ) 
latin  et  décrétés  dans  le  concile  provincial  tcBa  à  Mâcon  , 
ca  1386 ,  $oix«  la  présidence  de  Raoul  de  la  Toorreite  t 
trcheyéqne  de  Ljpn. 


Budget  ou  étal  des  recettes  et  des  dépenses  de  la  taille  de 
Lyon  ,  pour  1828,  approuvé  par  ordonnance  du  rot 
du  a  avril  1828.  —  în-4.**  de  14  pages. 

Ce  document  contient  sur  trois  colonnes  le  détail  des 
recettes  et  des  dépenses  ordinaires  et  extraordinaires  de 
IsTille,  suivant  les  propositions,  i.^  du  conseil  municipal ^ 
2.^  du  préfet,'  et  3.^  suivant  la  décision  de  S,  M.  Les  re- 
cettes d*après  cette  décision  sont  portées  à  497279345^  67^ 
£tles  dépenses  à.  ..     .     .     .     •     •     .     .    4^703,906    65 

Ce  tpii  danna  p«nr  résnltat  en  ese^antt  •         aS^^j^  M^ 


État  de  situation  de  h  compagnie  du  chemin  de  fer  de 
Saint-Etienne  à  Lyon^  au  3l  mars  1828.  —  Ly9n| 
imprimerie  de  Gabriel  Rossary.9  i)i'4*^  ^  7  pag^^ 

On  voit  par  cet  état  qu*au  Si  mars, 

la  recette  s'élevait  ^ 4,080,584*64^ 

La  dépense  à  ' .     .     .     ....     ...    *S,2849o3S    54 

En  sorte  qu'il  restait  en  caisse    •     •    •    •    '  795,45 1^  5q^ 

On  voit  ensuite  en  quoi  ont  consisté  les  travaux  qui  ont 
été  exécutés  fusqu^li  la  même  époque»  les  obstacles  qu'on 
a  rencontrés  sur  divers  points  et  la  manière  dont  on 
lés  a  surmontés.  Ces  détails  oi&ent  le  plus  grand  intérêt , 
et  dontient  lieu  d'espérer  qoe  ^entrepri^e  sera  couronnée 
par  le  s«cc^  ,  et  que  le  chemin  de  fer  sera  livré  aii  com- 
merce à  l'époque  fixée.  , 


t  i5a  > 
Mémoire  pour  la  société  dé  pharmacie  et  les  pharma- 

•  •  •  > 

ciens  de  Lyon  ,  adresse  à  l'autorité  administrative  et 
judiciaire,  sur  les  abus,  délits  et  contraventions  qui 
compromettent  de  plus  en  plus  Fart  de  la  pharmacie, 
l'intërât  des  pharmaciens ,  la  santë  et  la  vie  des  ci- 
toyens. Lyon,  imprimerie  de  Louis  Perrin ,  1828, 
în-8.*  de  3i  pages. 

Noas  avons  rendu  compte ,  pag.  71 ,  de  la  première  édi- 
tion de  ce  mémoire  :  la  seconde ,  que  noas  annonçons  , 
contient  de  plus  Je  jugement  du  tribunal  de  police  coi^ 
rectîonneile  de  Lyon  ,  du  27  mai  1828.  Voy.  pag.  75. 

Il  est  à  noter ,  eu  passant ,  que  ce  jugement  qui  appliqua 
les  règlemcns  des  apothicaires  de  Lyon  de  16S7  ,  n^a  point 
été  attaqué  par  la  voU  de  Tappel  dans  le  délai  légal ,  et 
^'ainsi  la  décision  a  acqais  la  force  de  la  choie  jugée» 


—  Il  a  paru  dans  le  cours  de  cette  ann^  tm  volume 
n-18  ,  intitulé  :  Œmres  de  Mathuria  Régnier^  avec 
•commentaires*,  revus,  corrigés  et  augmentés  ,  prëcé- 
dées  de  l'histoii^e  de  ,  la  satire  en  France ,  pour  ser- 
vir de  discours  préliminaire ,  par  M.  Viollet  Le  Duo 
Edition  elsévirienne.  Paris ,  Brissot  Thivars  et  CM  ,  i8a8. 
CeJLte  édition  ,  due  aux  presses  de  M.  H.  Balzac  et  des- 
tinée sans  doute  à  faire  partie  d'une  collection  de  ctas* 
siques  du  même  format ,  est  assez  jolie ,  quoiqu'elle  ne 
soit   pas  comparable  à  celles  des    EIzéviers  (i),  que 


(1)  Les  Ëlzériers  ont  imprimé  Régnier  en  1642  et  1652» 
în-ia  :  la  première  de  ces  éditions  est  plus  rare,  mais 
tuoins  complète  c|[ue  la  seconde. 


.  (  i53  ) 
rimprimeur  ou  le  libraire  a  eu  la  prétention  ie  renou- 
fêler ,  en  quelque  sorte ,  ou  que  du  moins  il  a  voulu 
prendre  pour  modèle.  Le  discours  préliminaire,  contenant 
rhistoire  de  la  satire  en  France ,  c'est-à-dire,  une  revue 
critique  des  principaux  auteurs  français  qui  ont  cultivé 
ce  genre  de  poésie ,  est  un  morceau  de  littérature  inlé^ 
ressant  et  bien  écrit.  Quant  aux  notes ,  ce  sont  celles  de 
Brossetie  (i)  ,  auxquelles  Téditeur  a  fait  des  changemens 
très-légers  ,  quelques  retranchemens  et  un  fort  petit 
nombre  d'additions.:  On  ne  pouvait  mieux  faire  que  de 
léimprimer  ce  commentaire  qui  a  mérité  les  sufirajget 
des  g^ns  de  lettres  ;  mais  pourquoi ,  en  le  reproduisant  9 
n'a-t-on  pas  inscrit  le  nom  de  Brôssette  sur  le  frontis-* 
pice  ?  C'est  un  reproche  que  nous  qui  sommes  de  notre 
pays ,  nous  croyons  devoir  adressera  M.  Viollet  Le  Duc. 
ùdijue  suum.  Il  faut  que  chacun  recueille  la  gloire  et 
l'honneur  qui  lui  reviennent.  Le  nom  de  notre  com-^ 
^triote ,  ami  et  correspondant  de  J.-B.  Rousseau  et  de 
Boileau  ,  commentateur  de  ce  dernier  et  Kttérateur 
estimable  (s)  ,  n'aurait  certainement  pas  déparé  le  titre 
du  volume  que  nous  annonçons. 


(1)  Les  Eclaircissemens  historiques  ou  Rem^^rques  de 
Brossette  accopipagnent  les  éditions  suivantes  de  Régnier  : 
Lpndres  ,  Lyon  et  Woodman  ,  1 72g ,  în-4.**  ;  ibid»  1 7S0  ^ 
2  Tol.  in- 8.^  ;  Londres ,  Jacob  Tonson  ,  luigm.  par  Lenglet 
du  Fresnoy ,  1 733  ,  in-4.*^  et  în-fol.  ;  ibid.  (  Paris  )  ,  1 746  9 
et  Amsterdam  (  Paris  )  ^  1 750 ,  2  voL  in-ia, 

{2)  Claude  Brossette  ,  sieur  de  Varennes  ,  tivocat ,  éche- 
TÎn  en  1730  ,  né  à  Theizé  en  Lyonnais,  le  8  notembre 
1671  ,  mort  en  1743  ,  le  i3  juin  ,  suivant  Pemetti,  L^onn. 
àipi,  de  mém, ,  II  ,32 1  ;  le  t6  do  ménke  mois  ^  suivant  Fa** 


(  i54  >.         .  ; 

Du  reste  ^  ce  n*est  pas  la  première  fols  que  Ton  puUlf» 

les  œuvres  de  Régnier ,  prëcédtfes  de  VHistoire  de  la 
satire .  en  France ,  par  M.  Viollet  Le  Duc  9  et  accom- 
pagnées des  notes  de  Brossette  :  il  existe  dë|à  deux 
éditions  semblables,  Tune  de  1822  ,  in- 18 ,  et  l'autre  de 
i823,in-8À 


M.  Gabriel  Rossary,  élève  de  M.  Fimmi  Didot ,  vient 
d'établir  une  imprimerie  dans  la  rue  St-Domini<pie  9 
n.^  I.  U  manifeste  l'intention  très-louable  de  contribuer 
à  relever  les  presses  lyonnaises  de  l'e^èœ  de  discrédit 
dans  lequel  elles  sont  tombées.  h'Épreuoe  qu'il  a  récem- 
ment publiée  dâ  quelques  caracfères  4e  aon  imprimerie , 
donne  une  idée  très^avantageuse  de  la  manière  dont  son 
atelier  est  monté  et  du  goût  avec  lequel  seront  exécutés 
les  travaux  qui  lut  seront  con&és.  Il  a  publié  aussi  le 
Prospectus  d'une  continuation  de  la  Jurisprudence  àe 
ia  cour  royale  de  Lyon ,  par  MM.  AUard  et  Serisiat , 
avocats.  Cet  utile  recueil ,  qui  se  compose  déjà  de  cinq 
volumes ,  imprimés  par  M.  Louis  Perrin ,  ne  paraissait 
plus  depuis  le  commencement  de  celte  année.  En  le  re- 
prenant ,  M.  Rossary  annonce  et  développe  de  nouveau 
l'objet  que  se  proposent  les  auteurs.  Le  journal  paraîtra 
en  douze  livraisons,  de  32  pages  in-8.*  chacune.  La 
pagination  sera ,  comme  par  le  passé  y  suivie  dans  les 


Piogr.  univs ,  et  d'après  ^ne  note  écrite  sur  uu  exemplaire 
de  son  Proçè^*verbal  des  conférences  des  ordonnances  de 
1667  et  1670  (Biblioth.  de  L^on ,  n.«  352 16 ),  le  H  mai 
de  la  méme^  année  »  à  5  h*  du  matin. 


<  '55  ) 
douce  nùmëros,  de  itafanière  à  former  ,  chaqm  anhëe , 

toi  Tolume.  L'abonnement  est  dé  rafr.  par  an. 

M.  Rossary  a  aussi  sous  presse  une  nouvelle  édition 
des  Œuçr€s  du  P.  du  Ctrceàu ,  en  a  voL  in-8.^ ,  à 
l'usage  des  pensions  et  dés  collèges  où  Ton  joue  encoiie 
les  pièces  de  théâtre  de  ce  jésuite.  Les  notés  dont  cet 
ouvrage  sera  accompagne  et  son  exécution  typographi- 
que le  rendront  sans  doute  propre  à  figurer  dans  toutes 
les  bibliothèques» 


^■ih»*—  ■     «  I  II       ■ 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  JUIN  1828. 


.  !•'''—•  Par  arrêté  de  la  mairie  y  te  pi;!x  du  pain  e^t 
Çié,  ^  dater  de  ce  jour  ,  sayoir  :  pour  le  pain  ferain  ,  à 
21  centimes  r/4  (4  ^ols  i  iiard^  ,  et  pour  le  paîn  bis  ,  à 
17  centimes  1/2  (  3  sols  et  1/2}  ,  la  livre  asaelle.  Ainsi  la 
noayelle  diminntion  est  de  2  centimes  1/2  (2  liards.  ) 

^^^6-*- Le  Bulletin  des  lois,n*^  23 t,  contient  une 
ordonnance  du  roi  dn  3o  avril  dernier ,  portant  approbei- 
tîon  de  Tadjudicatton  d'an  pont  suspenda  sur  la  Sa6ne 
au  plan  dé  Vaise ,  d\ine  gare  latérale  à  cette  Kvière  et 
d'an  pbrt ,  faite  et  l^assée  ,  le  8  féTrier  dernier ,  par  M.  le 
préfet  du  département  du  Rh6ne ,  ^  MM.  Coste ,  Niviëre  , 
Tarin  aîné  ,  Laubreaur ,  Saint-OlÎTe  et  Journel  y  moyen- 
nant la  concession  des  droits  ^  percevoir ,  pendant  98  ans 
et  6  nu^s  ,  sur  le  pont,  et  k  perpétuité ,  but  la  gare  et  le 
port. 

Même  jour,  —  M,  Gbaurand  ^  nommé  depuis  plus  de  six 


(  i56  ) 

mèls  président  da  tribunal  de  commerce  de  Lyon,  a  ibi 
installé  aujourd'hui  dans  cette  place  qu'il  aTait  d'abord 
refusée. 

■  • 

^%  lo.  —  Mort  de  M.  le  marquis  de  Saint-Seine  ,  beao^ 
frère  du  célèbre  président  de  Brosses  et  oncle  de  M.  le 
comte  de  Brosses ,  préfet  da  département  du  Bbone.  Il  se 
IrouTaît  momentanément  en  notre  Tille.  Ses  dépouilles 
mortelles  doiyent  é^re  transférées  à  Dijon.  M.  de  Saint- 
Seine  était  fils  du  dernier  premier  président  du  parlemeat 
de  Bourgogne  ,  qui  avait  succédé  au  président  de  Brosses; 
il  avait  été  conseOler  au  même  parlement,  et  était  membre 
da  co:iseil*général  du  département  de  la  Cote- d'Or.  U 
était  âgé  de  65  ans. 

«%  16.  —  Mort  de  M.  Claude  -  Hélène  Morel  -Yoleine  9 
archiviste  de  la  ville  (i). 

Même  jour.  —  M.  Pierre-Honoré  Berthet ,  instituteur  à 
Lyon  f  place  St-Michel ,  a  reçu  du  ministre  de  l'intériear 
.sur  les  fonds  destinés  ii  favoriser  l'instruction  primaire 
une  gratification  à  titre  d'encouragement. 

Même  jour. — Arrêté  de  la  mairie  ,  qui  fixe  au  ao  de  ce 
mois  ,  Touv^rturç;  du  cours  public  et  gratuit  de  physique  , 
professé  au  conservatoire  par  M.  Tabaraud.  Ce  cours  aura 
lieu  9  cette  aunée  ,  dans  la  salle  dite  d^ Henri  IV^  \,  l'Hôtel- 
de-Ville.    Le  professeur    traitera    de    l'électricité  et  du 

magnétisme* 

,  .  >  _ 

^*^  17.  «»  Séance  générale  delà  société  de  lecture^  oè 
est  décidée  la  réunion  de  cette  société  avec  celle  du  com- 
merce et  des  arts.  Les  deux  sociétés  réunies   prendront 


(t)  Voy.  plus  haat ,  pag.  iS/. 


(  i57  ) 

le  titre  de  Société  de  lecture  et  d^ encouragement  pour  l- in- 
dustrie. 

La  société  da  commerce  et  des  arts  apportera  les  fonds 
^^elle  a  déposées,  en  181 5  9  entre  les  maîns  de  Padminis- 
trafion  da  Moat-de-Piété  de  cette  ville ,  avec  ses  médailles 
en  argent ,  ses  livres ,  ses  armoires  9  ses  registres  ,  tes 
modèles  et  ses  coins  pour  jetons  et  médailles. 

Les  membres  de  cette  société  seront  admis  à  la  Société 
de  lecture  ,  à  partir  du  1.^'  juillet  prochain,  sans  être 
sonmîs  aa  droit  d'entrée  ,  et  ils  jouiront  de  Tabonnement 
{ntnit  pendant  une  année. 

Le  conseil  d'adminlsb^tion  sera  porté  au  nombre  de  25 
membre». 

Cbaque  année,  il  sera  délivré,  en  séance  publique,  des 
médailles  d'encouragement ,  aux  inventeurs  des  .meilleurs 
procédés  ou  découvertes  relatifs  à  l'industrie  locale. 

«%  '9-  *~  ^^  ]\uméro  2S4  du  bulletin  des  lois  contient 
renoncé  .des  découvertes  suivantes  faites  par  des  Lyonnais 
et  pour  lesquelles  il  a  été  pris  des  brevets  d'invention  : 

I.®  Les  sieurs  Chatelard  et  Perrin  ,  fabriçans  de  peignes 
d'acier,  rue  St-Polycarpe ,  n.^  10,  pour  une  forme  de 
peigne  propre  spécialement  à  la  fabrication  des  étoffes  de 
'drap; 

2.^  Les  sieurs  de  Villeneuve  et  Mathieu  ,  fabriçans 
'd'étoffes  dé  soie  ,  grande  rue  Ste^Gatherlne ,  n.^  io>  pour 
un  procédé  de  mariage  destiné  à  procurer  •  aux- étofies  de 
soie  la  moire  dite  à  grands  effets  ;  ^ 

5.®  Lés  sieurs  Seguin  et  G.® ,  ingénieurs  ,  pour  une 
chaudière  à  vapeur  sur  le  principe  de  l'air  chaud ,  circu- 
lant dans  les  tuyaux  isolés  de  petite  dimension  ; 

4*^  Le  sieur  George,  fabricant  de  tricots  de  soie ,  rue 
de  Savme ,  n.®  3 ,  pour  une  machine  propre  à  la  fabri- 
cation des  briques  ; 

5.<^  Le  sieur  Fasanini,  négociant  ^  rue  Désirée  ,  n."^  10, 
pour  une  machine  à  tisser  toutes  sortes  d'étoffes,,  et  qui 


(i58  > 
$L  arrête  lovique  les  fils  de  la  chaîne  -ou  de  la  trame  s9 
cassent 

Même  Jour.  -»  Le  sîear  Lànteîrès  ,  ioTenteur  d*an  pro* 
céàé  pour  le  pliage  des  ëtoffies  (i)  9  a  obtenu  du  consed 
municipal  de  Lyon  une  pension  de  5oo  fr. ,  .qui  lui  sera 
payée  dès  qu*il  aura  établi  quatre  ateliers  où  sa  décoa* 
yerte  sera  mise  en  activité.  Une  ordonnance  du  roi  in- 
sërée  au  bulletin  des  lois  et  portant  la  date  du  i.^'  join 
courant ,  a  approuvé  cette  disposition. 

;%  10.  -^  M.  le  docteur  Motbe  a  ftit  tout  récemment 
présent  au  dispensaire  de  Lyon  de  sa  collection  d-*instra- 
mens  de  chirurgie  dont  la  plupart  sont  de  son  'înyentioD. 

«  .         •      * 

^%  ai.  •»  Arrêt  de  la  cour  de  cassation 5  aectiom  crimi- 
nelle ^  dans  TaCbire  du  pliage  des. étoffes  de  aoîe.  M«.k 
procureur  du  roi  s'était  pourvu  devant  cette  cour  centre 
le  jugement  du  tribunal  de  police  correetionneUedeLyoOf 
dont  nous  avons  donné  Textrait  dans  notre  tom.  Vil, 
pag.  3g8.  Voici  les  termes  de  Parrêt  : 

u  Vu  Je  n.^  4  ^^  VàrL  3  du  titre  II  de  la  loi  du  24sout 

1790  (2)  > 

9»  Vu  Tart.  i.*'  de  l'arrêté  pris  par  le  préfet  du  Rhône, 
le  9  avril  1827  j 

»  Considérant  que  cet  aiTété  du  préfet,  apéclalement 
l'art,  i.**^,  a  été  pris  dans  les  attributions  que  lui  accorde 
l'art.  3 ,  n.^  4  ^^  ^^^  ^^  ^^  ^^  ^^^  ^^  ^4  ^^^t  1790  ; 

ff  Qu'il  £8t  constant  «en  fait  que  cet  article  M^a  pas  été 


(i)  T^m.  VI ,  pag.  337. 

(a)  Ctt  article  met  au  «ombre  des  objeta  de  police  »  coafiës  i  U 
vigilance  et  à  l'autorité  des  corps  municipaux ,  •(  l'i^spec^oa  svr 
H  la  fidélttd  dû  d^bit  des  denrées  qui  se  vendent  au  PQÎda.  à  TAone 
»  on  à  la  mesure.  » 


(  i59> 

nieuié  par  les  âëfendenrs  à  la  cassation  ;  que  f  Inex^<^ 
cation  de  cette  mesure  constitue  une  contra  yen  tion  qiû 
n'est  passible  que  de  peines  de  simple  police  ;  que  c'était 
donc  le  cas  ,  par  le  tribunal  correctionnel,  saisi  de  Pappel 
àk  jbgement  de  simple  police  ;,  d'appliquer  la  peine  de 
fimpte  police  ;  qu'au  lieu  de  cela  le  jugement  attaqué  a 
reoTOjé  les  préyenus  de  la  contraTention  ^  en  quoi  il  y  a 
yiolation  de  l'arrêté  du  préfet ,  combiné  avec  les  articles 
600  et  606  de  la  loi  du  S  brumaire  an  IV  (1)  ; 

99  Par  cfes  m4>tifs  la  cour  casse  et  annuité  ledit  juge- 
ment correctionnel,  en  conséquence  renyoîe  la  .cause 
et  les  parties  deyant  le  tribunal  correçtioanel  de  ViUe-^ 
frauebe,  pour  j  être  prononcé  conformément,  à  la.  loi  *ar 
l'appel  du  jugement  de  police  municipale.  » 

du  ^amioni^  que  le  tribimal  correctionnel  tte  Lyon  aura 
Mentftl  à  «e  prondnter  encore  sur  la  Inéme  question , 
deux  aotees  jugemeus  de  simple  police  ,  qui  otat  appliqué 
rairAté  de  M.  le  préfet ,  lai  étant  soumis  par  k  voie  de 
l'appel. 

^%^25.  -^Onaetpos^^daiit  la  eonr  du  palais 5t<4^ienr« , 
un  modèle  en  plâtre  du  faas«reltef  de  la  «tatue  tiqutstre 
d'Henri  IV  cpû  doit  îucessammeut  déoorar  le  médaillou 
de  la  fiiçade  principale  d^  l'Hôtel-de-yille.  On  assure  que 
les  obseryations  qui  ont  été  faites  à  Tartiste ,  l'ont  engagé 
à  renoncer  à  ce  premier  essai  y  et  qu^ii  se  dispose  à  faire 
un  nouyeau  modèle. 


^*»»— U— i^Wi.»*^Aai<— *    I  H    I  J     I     Il 


(i)  Ces  'articles  dëtermintnt  les  peines  de  simple  police  ,  et  les 
font  consister  en  une  amende  de  la  yaleur  d'uqe  à  tf ois  joarn<fcs 
de  trayail ,  ou  en  un  emprisonnement'  d*un  à  trois  jours.  L'arrdtë 
de  M«  le  préfet  déclare  passibles  ,  non  de  ces  peines  ,  mais  de  celles 
qtd  sont  'fixées  par  le  code  pénal  actuellement  en  vigueur ,  les 
contrayentir^s  à  ses  dispositions. 


(  i6o  ) 
MAne  Jour. -^  Une  commission  composée  de  MM.  Artaadf 
Jlichard.,  Jacomin  et  Trëmollet,  est  chargée  par  M  le  maire 
de  Lyoa  de  TeiLamen  et  du  classement  des  oa^rages  d'art 
qui  seront  présentes  pour  faire  partie  d'une  expositioo 
qui  doit  aroir  lieu  dans  la  nouTcUe  salle  de  sculpture  du 
palais  St-Pierre  ,  et  dont  Touyerture  est  fixée  au  lo  juillet 
prochain. 

^%  27.  -—  Un  crédit  de  70,000  fr. ,  a  été  alloué  au  dé* 
parlement  de  la  Loire .  pour  réparations  extraordinaires  à 
la  route  royale  de  Lyon  à  St-Étienne.  Cette  allocation  a 
été  accordée  sur  la  demande  de  la  chambre  de  commerce 
de  Lyon  et  des  chambres  consnltatiTCS  de  Saint- Etienne 
et  de  StChamond. 

«%  5q.  —  M.  Grémieux ,  ayocat  à  Nimes  ,  charge  de 
propager  dans  notre  département  la  méthode  inventée-pir 
M.  Laffore ,  et  désignée  sous  le  nom  de  Statilégie ,  se  pro- 
pose de  faiie  plusieurs  expériences  publiques  pom* .  la 
faii*e  connaître.  U  en  a  exposé  confidentiellement  fe- fonds 
et  les  principes  dans  une  réunion  composée  de  quelques 
personnes  cboisies  j  et  rassenoJbtées  chez  M.  le'  préfet, 
qui  ont  pam  très-salisfaites  des.  explications  qu'il  a  don- 
nées ,  et  qui  ne  doutent  point  de  la  bonté  de.  ses  procédés* 


ERRATA. 

Tome  V9  pig.  60 ,  lig.  i  et  2 ,  J.  du  £boul ,  /ûes  :  G.  du 
Ghoul. 

Tome  VII ,  pag.  586 ,  lig.  5 ,  furieux ,  lisez  :  heureux. 

Tome  Vlli  (présent),  pag.  54  9  ligne  12,  Jojinnis  Bi' 
vionensisy  lisez  :  Joannis  Girardi  Dmonensis. 


<i60 


m 


<»         iWii 


STATISTIQUE. 


EssilS  mst  ORIQVES  sur  la  TiUe  de  Lyon  y  ou  description  pat  ordro  • 
alphabétiqae  des  quartiers,  places |   raes  et  monumens  de  cette 
ville. 

(  V1II.«  Abticle  ). 

'  Boiââ^c  (  rue).  Sa  direction  tend  de  la  rue  du  P^rat  k 
h  nie  Sala  ,  et  son  perce  ne  date  que  du  commencement 
du  17.^  siècle.  Le  premier  plan  sur  lequel  on  la  trouve 
indiqaëe,  est  celui  qui  fut  levé  en  1659,  par  M.  Maupin, 
alors  architecte  de  la  ville.  C'est  mal  à  propos  qu'on 
rappelle  Boissac ,  son  nom  lui  venant  de  la  famille 
Baissai ,  qui  possédait  une  partie  du  tènement  du  Plat  ; 
et  particulièrement  de  ce  qu'André  Âthiaud  de  Boissat  ^ 
qui  s'était  élevé  par  son  courage  à  des  grades  militaires 
tuitndistingués  »  la  fit  ouvrir ,  afin  de  tirer  un  plus  grand 
profit  du  terrain. 

Les  Boissat  descendaient  d'un  Pierre  de  Boissiit, 
vice-bailli  de  Vienne ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  » 
marié  en  iSgS  à  Marie  Athiaud,  qui  fut  mère  d'un 
autre  Pierre  de  Boissat ,  de  l'académie  française  ,  mort 
en  1662 ,  âgé  de  58  ans  (i). 

(1)  On  trouvera  quelques  détails  et  Tindication  des  en« 
droits  où  Ton  en  peut  trouver  de  plus  amples  ,  sur  les 
Athiaud  et  les  Boissat ,  dans  une  Notice  de  M.  Goefaard  sur 
Uitgues  Athiaud ,  insérée  dans  les  Archives  du  Bhdne  , 
tome  II,  pag.  i38-i43. 

L'académie  de  Ljon  possède  un  volume  extrêmement 
Tome  FUI.  11 


On  sait  qu*un  Boissat ,  libraire ,  qu'on  croit  avoir  été 
membre  de  celte  famille  (i)  ,  mourut  à  Thôpital ,  après 
s'être  ruine  à  l'impression  des  ouvrages  du  P.  Thëdphiie 
Raynaud  ,  savant  jésuite  du  collège  de  la  Trinité. 

C*est  à  l'angle  que  forme  cette  rue  avec  la  rue  Sala  y 
qu'était  situé  l'hôtel  de  la  famille  Croppet  de  Varissan , 
dont  nous  avons  eu  occasion  de  parler  dans  Tartidle  de 
la  rue  du  Bœuf  (2).  Cet  hôtel ,  construit  avec  goût , 
entre  cour  et  jardin  ,  et  décoré  avec  une  certaine  mag- 
nificence j  était  orné  de  peintures  de  Blanchet ,  que  les 
connaisseurs  plaçaient ,  à  la  vérité  ,  au  rang  de  ses  plus 
médiocres  ouvrages.  Le  plafond  de  la  salle  à  manger  en 
était  le  morceau  le  plus  remarquable  ;  on  y  Usait  cette 
inscription.  : 

Ni  regret  du  passe  ,  ni  peur  de  l'ave&ir  (5)  ^ 

rare ,  proyenant  de  la  bibliothèque  Âdamoli ,  et  contenant 
les  œuvres  de  Pierre  de  Boissat  9  de  Tacadémie  française. 
Ce  volume  est  mutilé  ,  comme  tous  les  autres  exemplaires 
de  la  même  édition  qui  ont  échappé  ;  car  il  paraît  que 
l'auteur ,  soit  par  humilité ,  soit  par  tout  autre  motif , 
avait  voulu  supprimer  son  ouvrage.  Yoy.  David  Clément  9 
Bibliothèq.  curieuse  ,  tom.  V  ,  pag.  5i  ;  le . P.  Niceron  et 
l'abbé  d'Ârtignj ,  aui  endroits  cités  par  M.  Cochard  ;  et 
M.  Delandine  ,  Catal.  de  la  BibL  de  Ljron  ,  Belles'-lettres  , 
n.<>  191 1. 

(i)  M.  Delandine  ,  à  l'endroit  cité  dans  la  note  précé- 
dente, dit  formellement  9  au  contraire  ,  que  le  libraire  de 
Lyon  y  Boissat ,  n'était  pas  de  la  même  famille.  Non 
nostrum  tantas ,   etc. 

(a)  Voy.  plus  haut  9  pag.  91. 

(5)  Cette  devise  si  philosophique  est  une  traduction  do 


(  i63  ) 
dont  le  peintre  s*ëtait  attaché  à  mettre  le  sens  en  action 
dans  son  tableau. 

Après  avoir  servi  à  Thabitation  du  préfet  jusqu'à 
IVpoque  où  l'hôtel  et  les  bureaux  de  la  préfecture  ont 
été  transférés  dans  Tancien  claustral  des  Dominicains, 
Ihôtel  de  Varissan  a  été  enfin  acquis  par  la  ville ,  en 
1822,  pour  être  consacré  au  logement  du  lieutenant- 
général  commandant  la  19.^  division  militaire.  A  cette 
occasion  ,  des  réparations  considérables  y  ont  été  faites.; 
la  distribution  intérieure  renouvelée  ,  la  décoration 
changée ,  et ,  au  milieu  du  fracas  des  travaux  qui  s'y 
exécutaient,  les  peintures  de  Blanchet,  proscrites  par 
les  auteurs  des  projets  de  restauration  qu'on  avait  adop- 
tés ,  ont  fini  par  subir  Tignominie  d  une  vente  à  Tencan 
sur  la  place  publique ,  où  il'  ne  s*est  peut-être  pas  même 
trouvé  un  amateur  pour  en  faire  Tacquisition ,  et  les 
conserver  au  moins  comme  monumens  de  Tart. 

On  remarque  encore  dans  la  rue  Sala ,  Thôtel  de 
Fleurieux ,  occupé ,  en  dernier  lieu ,  par  la  direction  des 
impôts  indirects ,  et  dans  lequel  il  existe  aussi  de  beaux 

dernier  vers  de  la  famefuse  pièce  de  Martial  snr  les  condi- 
tions de  la  vie  heurease  (  x ,  4?  )  ' 

Summum  nec  metuas  diem  ,  nec  optes» 

» 
Parmi  le  grand  nombre^de  nos  poètes  qai  Tont  exprimée 

en  français ,  on  distingue  Majnard  ,  auteur  de  ce  qaatraîu 

^'il  fit  placer  aa-4essus  de  la  porte  de  son  cabinet  : 

Las  d'espërer  et  de  me  plaindre 
Des  Muses  ,   des  grands  et  du  sort  ^ 
C'est  ici  que  j'attends  la  mort  , 
Sans  la  détiref  ,  ni  la  craindre. 


T. 


(  i64  ) 
appaiiémens ,  et  des  plafonds  dus  au  pinceau  de  Blandiet; 

d'autres  disent  de  Sarrabat  (i). 

La  poste  aux  chevaux  se  trouve  dans  cette  rue  ,  dont 

la  population   est  de  six  maisons,  55  mënages  ,  211 

hkbitiins  et  deux  ateliers  d*un  seul  métier  chacun  pour 

la  fabrication  des  étoffes  de.  soie* 

Boîtiers  (  rue  des  ) ,  ainsi  nommée  à  cause  de  ce 
qu^elle  était  autrefois  habitée  principalement  par  des 
faiseurs  de  boites ,  malles  et  coffres.  Elle  communique 
de  la  petite  rue  Longue  à  la  rue  Roland  ,  et  ne  se 
compose  que  de  3  maisons  ,  habitées  par  11  ménages, 
formant  une  population  de  26  individus.  Elle  est  étran- 
glée ,  tortueuse  et  impraticable  aux  voitures. 

Bombarde  (rue  de  la  ).  Elle  aboutit  de  la  rue  St.  Jean 
au  pied  du  Chemin  neuf.  Population  :  8  mafsons ,  48 
ménages  ,  1 4^  individus  ,  4  ateliers  et  7  métiers  pour  la 
fabrication  des  étoffes  de  soie.  Au  plan  de  i54o  ,  elle  est 
indiquée  sous  le  nom  de  rue  Porte-Froc^  ou  Porte-Frau 
(  Porta  fratrum  ).  Le  nom  qu'elle  conserve  encore  dans 
son  prolongement  depuis  la  rue  St.  Jean  jusqu'à  la  Saône, 
lui  avait  sans  doute  été  donné  en  raison  de  ce  que  la 
porte  du  cloître  de  St.  Jean  ouvrait  de  ce  côté.  On 
ignore  l'étymologie  de  son  nom  actuel  de  Bombarde  ;  et 
c'est  par  erreur  qu'on  l'attribue  vulgairement  à  une 
espèce  de  bas-relief  symbolique ,  sculpté  en  pierre  ,  à  la 
hauteur  du  premier  étage  de  la  maison  n.^  10 ,  de  cette 
rue ,  et  représentant  une  main  qui  met  le  feu  à  un 
mortier  à  bombe.  Il  est  évideat  que  c'est  le  nom  de  la 


(1)  Voj.  Archiv.  du  Bhoae  j  tom.  YI,  pag.  78*79. 


(i65) 

rue  qui  a  «lonnë  Vidée  du  bas^telief ,  et  non  |le  bas^ 
relief  qui  a  donné  le  nom  à  la  rue ,  puisque  celle-ci 
a  déjà  la  dénomination  de  Bombarde  au  plan  de  1747  y 
tandis  que  TeiEgie  décrite  ci-dessus  est  marquée  au 
millésime  de  1772. 

Il  ne  serait  peut-être  pas  déraisonnable  de  croire  que 
lorsque  le  fameux  baron  des  Adrets  fit  le  siège  du  cloitre 
de  St.  Jean ,  en  iB63  ,  il  avait  placé  un  mortier  dans 
la  rue  actuelle  de  la  Bombarde ,  pour  battre  en  brèche 
la  muraille  qui  défendait  l'église  cathédrale  ;  que  Temploi 
d*nn  instrument  de  guerre ,  encore  nouveau  à  cette 
époque ,  avait  tellement  frappé  nos  bons  aïeux  9  qu'ils 
s'étaient  habitués  à  désigner  ce  quartier  par  un  nom  qui 
signifiait  l'endroit  d'où  se  tiraient  les  bombes  ,  et  qu'enfin 
le  nom  de  Bombarde  en  était  demeuré  à  la  rue.      -  m  ' 

Les  historiens ,  il  est  vrai ,  rapportent  que  l'artillerie 
avec  laquelle  le  baron  des  Adrets  avait  assiégé  St.  Jean  , 
était  braquée  sur  le  quai  des  Célestins  ;  mais  il  est  très- 
possible  que  le  farouche  calviniste  y  eût  placé  sa  prin- 
cipale batterie ,  la  seule  dont  l'histoire  ait  jugé  à  propos 
de  parler ,  et  qu'il  eût ,  en  outre ,  établi  des  pièces  isolées 
dans  des  positions  plus  immédiatement  rapprochées  de 
l'objet  de  ses  attaques  (i). 


(i)  Cette  conjecture  est  peut-être  plus  îugénîeuse  que 
solide  :  du  moins  elle  paraît  détruite  par  un  document  qui 
annoncerait  que  la  dénomination  de  Bombarde  9  donnée  , 
soit  à  la  rue  qu'on  désigne  encore  actuellement  de  la  sorte 9 
soit  à  une  maison  qui  s'y  trouvait  9  était  employée  plus  de 
cinquante  ans  auparavant ,  dès  i5op.  Le  poëme  de  Ricar^ 
dus  ou  Richardus  9  de  JSuptiis  PauUini  et  Police  ^  imprimé 
à  Lyon ,  vers  cette  dernière  année ,  chez  Simon  Vincent  | 


1J 


(  166  > 
Au  surplus ,  ce  que  le  feu  du  guerrier  réformateur 
avait  épargné  ,  le  marteau  des  spéculateurs  achève  de  le 
détruire.  Des  constructions  viennent  de  s'élever  sur  la 
p^^rtie  de  l'ancien  cloître  de  St.  Jean  qui  joint  la  rue  de 
la  Bombarde  ^  et  le  peu  qui  reste  debout  des  andennes 
muraille^  de  ce  cloitre  finirs^  bientôt  de  tomber. 

BoNDY  (quai  de).  Voy.  Flaiïdres. 

*  Bonneteau  (  rue  )  ,  tendant  de  la  rue  des  Générales 
à  la  rue  du  Port-Charlet  (i). 


est  précédé  d'une  dédicace  du  commentàteQr ,  Gtiillaame 
Kamesey  ,  de  Séez  ,  k  Pierre  Bontet ,  maître  es  arts ,  dont 
la  date  est  conçue  en  ces  termes  :  Ex  noslro  gymnasiolo 
"BSÏÏIbardano  ad  tertium  kalendas  junias  atmo  saiutis 
noHre  (  sic  )  quingentesimo  nono  supra  miUesiraum  ;  et 
au-dessous  du  titre  est  une  gravure  ,  dans  laquelle  on  toU 
un  pédagogue  en  chaire  entouré  de  ses  disciples  ,  avec  an 
petit  cartouche  an  milieu  »  sur  lequel  on  lit  :  G.  Ramesm 
Ce  gymnasiolum  Bomhardanum  ,  tenu  par  Guillaume  Ra- 
mesej  ,  est  donc  vraisemblablement  un  collège  qui  ,  exis- 
tant dans  une  maison  de  cette  rue ,  lui  avait  donné  on 
empruntait  son  nom.  Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain  ,  c'est 
qa*on  appelle  encore  ancienne  Bombarde  un  vieux  bâti- 
ment ou  plutôt  un  reste  de  vieilles  murailles  ,  situé  vers 
le  haut  de  cette  même  rue  et  donnant  aussi  sur  la  rue 
Tramassac  ,  différent  de  la  maison  n.^  lo  ,  sur  l'entrée  de 
laquelle  est  représentée  une  main  mettant  le  feu  à  nn 
mortier  à  bombe  ^  avec  inscription  de  la  date  de  1773. 
Voy.  Archives  du  Rhône  y  tom.  II ,  pag.  267  ,  et  tom.  III  , 
pag.  37  9  et  Lettres  lyonnaises  ,  pag.  pag.  66  et  87. 

(i)  Dorénavant  9  à  compter  de  cet  article ,  nous  cesse- 
x*ons  de  donner  le  relevé  de  la  population  de  chaque  rue, 
ainsi  que  la  désignation  du   nombre  des  ateliers   et   des 


(  J67  ) 

M.  Gochard  parait  être  le  seul  des  auteurs  qui  ont 
ëcrit  sur  Lyon ,  aux  recherches  duquel  on  doive  quel- 
ques notions  sur  cette  rue.  Ejle  n'en  faisait  autrefois 
qu'une  seule  avec  celle  des  Centrales ,  qu'on  trouve 
figurée  au  plan  de  i54o  9  loais  sans  nom.  Plus  tard,  les 
moines  de  labbaye  de  Bonneteau  ,  près  de  Vienne  en 
Dauphiné ,  ayant  acquis  une  maison  à  l'angle  de  la  ,rue 
Grenette  et  de  la  rue  unique  rappelée  ci-dessus,  celle-ci 
prit  le  nom  des  nouveaux  acquéreurs  et  fut  ainsi  appelée 
Bonnei^eau.  Mais  ensuite  la  première  partie  de  cette  même 
rue  reçut  la  dénomination  des  Générales  ,  sur  laquelle 
nous  reviendrons  ultérieurement ,  et  le  surplus ,  c'est-à- 
dire  la  partie  conduisant  de  la  rue  de  la  iMne  à  celle  du 
Pori-^Charlet ,  conserva  seule  la  dénomination  primiti- 
vement donnée. 

« 

Il  n'y  a  rien  de  remarquable  dans  la  rue  Bonneveau  » 
dont  les  rez-de-chaussée  sont  presque  tous  occupés  par 
des  ateliers  de  mégissiers  et  de  corroyeurs  ,  les  étages 
supérieurs  par  des  ateliers  de   fabrication  d'étoffes  de 


métiers  de  soieries  qui  s'y  trouvent»  excepté  dans  le  cas 
oa  ces  indications  fourniront  la  matière  de  quelque  re- 
marque intéressante.  On  nous  a  fait  observer  que  ces  notes 
étaient  généralement  insignifiantes ,  qu'elles  ne  valaient  pas 
la  place  qu'elles  occupaient ,  et  que ,  d'ailleurs ,  elles  n*avaient 
qu'une  exactitude  précaire  et  momentanée ,  parce  que  la  po- 
pulation de  chaque  quartier  varie,  pour  ainsi  dire,  à  tout 
instant,  aussi  bien  que  le  nombre  des  métiers.  Ces  objets 
pourront  figurer  ^  Ié  la  suite  de  Touvrage ,  dans  des  tableaux 
généraux  ,  contenant  le  recensement  des  manufactures 
lyonnaises,  ^  diverses  époques  comparées  entre  elles  sur 
ces  deux  points. 


(  i68  ) 
soie ,  et  quelques  bas  sur  les  derrières ,  par  des  fabriques 
de  chapeaux. 

BoN-iiBNCONTRE  (rue),  aboutissant,  du  point  d*in* 
iersection  des  rues  Grôltte  et  du  Port-Charlel. 

Avant  la  révolution  ,  on  voyait  dans  cette  rue  la  cha- 
pelle de  Notre-Dame  de  Bon-Rencontre  ,  qui  était  atte- 
nante au  chevet  de  celle  des  Pénitens  du  Confalon.  Elle 
avait  été  bâtie  par  les  habitans  du  quartier  qui  porte 
son  nom ,  sur  le  terrain  des  Pères  Cordéllers  de  St. 
Bonaventure ,  dont  elle  dépendait.  Jean  Coutelle  ,  bour- 
geois de  Lyon  ,  Tavait  ensuite  dotée  d'une  prébende 
qui  9  dans  les  derniers  temps  de  son  existence  ,  était 
venue  à  la  nomination  de  la  famille  Ribier  ,  descendant 
de  ce  même  Jean  Coutelle.  Cette  chapelle  était  desservie 
par  les  Pères  Cordéliers,  auxquels  s'était  adjointe  une  con- 
frérie composée  de  bourgeois  et  d'artisans  pieux.  Ceux-ci , 
inspirés  par  cet  esprit  de  charité  et  de  religion  qui  régnait 
alors ,  y  avaient  établi  un  catéchisme ,  en  faveur  des 
enfans  pauvres  de  la  paroisse  de  St.  Nizier ,  qui  n'avaient 
encore  fait  que  leur  première  communion. 

Cette  chapelle  a  été  démolie  »  et  l'emplacement  qu'elle 
occupait  se  trouve  compris  aujourd'hui  dans  celui  sur 
lequel  a  été  élevée  la  Halle  au  blé. 

BoîT-RENCoNTiiE  (quai)  ,  construit  en  I738  ,  et  com- 
prenant la  partie  du  quai  du  Rhône  qui  s'étend  de  la 
rue  Port-Charlet  à  la  rue  Maurico.  Son  nom  lui 
vient  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  du  Bon-rencontre  , 
dont  nous  nous  sommes  occupés  dans  l'article  précédent* 
Aucune  particularité  remarquable  ne  s'y  rattache. 


(  i69) 
BovcHSEiE  DES  TSRRBÀUX  (  place  de  la  )•  C'est  moins 

une  place  qu'un  carrefour  situé  au  débouché  occidental 

de  la  place  des  Carmes ,  aux  extrémités  orientales  du 

clos  et  de  la  rue  de  la  Boucherie  et  à  l'entrée  nord  de  la 

nie  Lanterne.    On  y  trouve  la   principale  oliverture- 

du  clos  de  la  Boucherie  des  Terreaux  ,   édifice  pri- 

mltiv^nent  bâti  sur  les  anciens  fossés  de  la  Lan- 
terne 9  qui  faisaient  la  clôture  de  la  ville  de  ce  côté  ^ 

ainsi  qu'on  le  voit,  sur  le  plan  de  i54o.  Ces  fossés 
recevaient  alors  les  eaux  du  Rhône  et  de  la  Saône ,  au 
moyen  du  canal  dont  nous  avons  eu  plusieurs  fois  occa- 
sion de  parler  j  et  qui  formait  la  communication  de  l'une 
à  Tautre  de  ces  rivières ,  en  passant  par  l'emplacement 
de  la  place  des  Terraux  et  de  THôtel  de  ville. 

Dans  la  nuit  du  1 3  au  14  octobre  1734 ,  le  bâtiment 
de  la  Boucherie  fut  entièrement  consumé  par  un  incen- 
die ,  et  l'année  suivante ,  la  ville  en  vendit  le  sol  aux 
administrateurs  de  l'hospice  de  la  Charité ,  par  les  soins 
desquels  il  fut  reconstruit  dans  sa  forme  actuelle  ,  la- 
quelle n'a  de  remarquable  que  son  étendue.  Le  consulat 
en  posa  la  première  pierre  le  vendredi  16  décembre  1735. 

BoucHSRiB  (  rue  de  la  ) ,  tendant  de  la  place  ainsi 
nommée ,  et  parallèlement  au  clos  de  la  Boucherie  des 
Terreaux ,  d'où  elle  tire  son  nom ,  à  la  place  et  au  port 
de  la  Feuillée ,  sur  le  quai  de  Bordeaux.  C'est  une  rue 
assez  spacieuse  qui  ne  date  que  d'environ  iSSo,  époque 
où  furent  entièrement  comblés  les  fossés  de  la  Lanterne , 
sur  les  remblais  desquels  elle  a  été  pratiquée. 

BotJCHEEiB  St.  George  (rue  de  la  )  ,  aboutissant  de 
la  rue  de  Bellièvre  à  la  place  SU  George, 


(  Ï70  ) 
Cette  rae ,  qtii  n'offre  rien  de  particulier ,  avait  èié 
construite  aux  frais  du  président  de  Langes ,  fondateur 
de  Tacadëmie  dite   de  V Angélique^  dons  nous  ayons 
parlé,  tom.  VU,  pag.  214  et  suiv. 

Bouchers  (  rue  des  ) ,  tendant  de  la  place  de  Sathonay 
à  la  rue  des  Augustins. 

La  dénomination  qu'elle  porte  actuellement  est  tout  à 
fait  moderne  ;  car  non*seulement ,  au  plan  de  i54o , 
dette  rue  est  appelée  des  Auges  ,  parce  qu'alors  elle  sd 
confondait  avec  les  deux  petites  rues  qui  ont  conservé 
ce  nom  ;  mais  depuis  ,  sur  le  plan  de  Seraucourt  et  du 
P.  Grégoire ,  de  1740,  elle  n'est  désignée  que  sous  le 
titre  de  rue  neuçe  des  Carmes ,  qui  avait  remplacé  le 
précédent  ;  et  enfin  ,  sur  le  plan  de  1789  ,  elle  est  fi- 
gurée sans  aucune  indication  nominative.  C'est  à  sa 
situation  près  de  la  Boucherie  des  Terreaux  qu'il  faut 
attribuer  l'origine  du  nom  que  nous  continuons  à  lui 
donner. 

Il  est  fâcheux  que  l'usage  fasse  prévaloir  des  dénomi* 
nations  si  peu  significatives ,  tandis  qu'il  serait  si  facile 
de  rattacher  à  l'inscription  qui  distingue  chacune  de  nos 
rues,  une  étymologie  intéressante,  un  souvenir  his- 
torique honorable  ,  la  mémoire  d'un  citoyen  illustre,  en 
puisant ,  à  cet  effet ,  dans  les  traditions  locales  de  chaque 
quartier.  Si  jamais  l'administration  s'occupait  de  mettre 
à  exécution  cette  idée  qui  pourrait  devenir  un  mobile 
puissant  de  belles  actions  ,  de  grands  et  de  nobles  tra- 
vaux ,  nous  proposerions  de  nommer ,  à  l'avenir ,  la  rue 
des  Bouchers ,  rue  de  ta  Déserte ,  afin  de  rappeler  que  la 
place  de  Sathonay  ,  à  laquelle  elle  aboutit  ,  fut  autrefois 
ce  monastère  royal  de  la  Déserte ,  dont  il  est  souvent 


(  '71  ) 
question  dans  nos  fastes  et  dont  nos  descendans  seront 

peat-étre  fort  embarrasser  de  retrojaver  remplacement. 

Au  surplus  y  cette  rue  n'offre  aucun  autre  souvenir. 

historique  remarquable.  Elle  est  étroite  ,  sombre ,  peu 

marchande  y  et  n'a  d'amélioration  à  attendre  que  du  temps 

et  de  l'accroissement  du  quartier  neuf  qui  l'avoisine. 

BouquBTiERS  (  rue  des).  Cette  rue  aboutissait  autrefois 
de  la  place  St.  Nizier  jusqu'à  la  descente  du  pont  du  Change  ; 
mais  depuis  qu'une  amélioration,  vainement  sollicitée 
pendant  des  siècles ,  a  enfin  reçu  son  exécution ,  et  que 
l'ile  informe  de  maisons  qui  obstruait  cet  endroit  et  en 
rendait  les  abords  continuellement  dangereux ,  est  enfin 
tombée  sous  les  efforts  de  l'administration  municipale  ^ 
la  rue  des  Bouquetiers  débouche  sur  la  nouvelle  place 
que  les  démolitions  ont  livrée  à  la  voie  publique  en 
agrandissement  de  l'ancienne  place  d' Albon. 

Il  parait  que  la  rue  des  Bouquetiers  a  été  ainsi  nommée  | 
parce  qu'autrefois  elle  a  servi  de  marché  aux  fleurs.  Ceux 
qui  aujourd'hui  prennent  élégamment  le  titre  de  jardi-' 
niers  fleuristes  ,  étaient  tout  simplement  alors  des  bou'^ 
(juetiers  qui  se  réunissaient  là  pour  vendre  leurs  bouquets. 
C'est  sans  doute  aussi  l'origine  du  nom  de  V  Orangerie  ^ 
que  cette  même  rue  a  porté  pendant  un  temps ,  et  qui 
était  demeuré  à  la  petite  rue  qui  conduisait  de  la  rue 
Mercière  à  la  place  de  l'IIerberie ,  avant  la  formation 
de  la  nouvelle  place  dont  nous  venons  de  parler.  Du 
reste ,  ces  dénominations  n'étaient  ni  l'une  ni  l'autre 
très-anciennes ,  puisqu'on  n'en  trouve  aucune  trace  au 
plan  de  i54o  >  et  que  celui  de  1740  parait  être  le  premier 
qui  les  ait  rapportées. 

La  rue  des  Bouquetiers ,  dans  son  état  actuel ,  est 


(    172   ) 

irrëgullère ,  ëiroite ,  ëtranglëe  et  fort  dangereuse  pour 
les  piétons ,  en  raison  de  la  difficulté  que  les  voitures 
éprouvent  à  y  passer  :  ôe  qu'elles  ne  peuvent  cependant 
se  dispenser  de  faire  fréquemment ,  i  cause  de  la  cen- 
tralité  de  ce  point  qui  le  rend  l'une  des  principales 
communications  du  nord  au  midi  de  Lyon.  Le  nouveau 
plan  de  la  ville  indique  une  rectification  bien  essentielle 
et  bien  désirable  pour  cette  partie  de  la  voie  publique. 
Elle  consisterait  à  la  redresser  en  suivant  une  ligne 
droite  qui ,  partant  du  centre  du  grand  portail  de  Téglise 
de  St.  Nizier ,  formerait  l'axe  d'une  rue  de  dix  mètres 
environ  (plus  de  32  pieds)  de  largeur.  De  cette  manière, 
un  de  nos  plus  beaux  monumens  anciens  se  trouvant 
découvert,  frapperait  de  son  aspect  imposant  les  étrangers 
qui  arriveraient  par  le  pont  du  Change ,  et  la  drcu- 
lation  deviendrait  facile  ,  commode  et  sûre ,  là  où  elle 
ne  présente  aujourd'hui  que  des  dangers:  habituels  et  des 
accîdens  multipliés. 


(  173) 


fflSTOIRE.  -  ANTIQUITES. 


ExiMEN  des  conjectures  rar  Tincendie  de  l'ancienne  Tille  de  Ljon , 
sods  Néron,  avec  des  observations  sur  cet  événement  (i). 

Les  recherches  que  M.  Delorme  (2)  a  faites  sur  ce  qui 
reste  des  aqueducs  que  les  Romains  avaient  construits  pour 
fournir  de  l'eau  à  l'ancienne  ville  de  Lyon  ,  bâtie  sur 
la  montagne  de  St-Just ,  ont  ouvert  un  vaste  champ  aux 
observations  des  historiens ,  des  amateurs  de  l'antiquité  j 
des  physiciens  même  :  parmi  les  phénomènes  qui  doivent 
attirer  leur  attention  ,  il  en  est  un  sur  lequel  un  de  nos 


(i)  Ce  mémoire,  encore  inédit ,  est  de  M.  de  la  Tourrette, 
et  se  trouve  dans  nos  porte-feuilles  académiques*  En  Tin-* 
sérant  ici ,  nous  croyons  enrichir  notre  recueil  d'un  mor- 
ceau précieux.  L'auteur,  comme  on  le  sait,  était  fort  ins- 
trait  et  fort  habile  :  aussi  son  travail ,  qui  fut  communiqué 
à  l'académie  les  7  septembre  1762  et  19  avril  1765 ,  oilre- 
t-il  beaucoup  d'intérêt,  et  quels  que  soient  les  progrès 
dont  la  science  se  glorifie  de  noê  jours ,  on  n'aurait  que 
bien  peu  de  changemens  à  faire  pour  le  mettre  de  tout 
point  au  niveau  des  connaissances  actuelles. 

(2)  Guillaume-Marie  Delorme  ,  architecte ,  né  à  Lyon  le 
q6  mars  1 700 ,  mort  le  26  avril  1 782  ,  membre  très-actif 
et  très-laborieux  de  la  Société  royale  des  beaux-arts  de 
Lyon  depuis  1756  et  de  l'académie  de  la  même  ville  depuis 
la  réunion  de  ces  deux  sociétés.  Ses  Recherches  sur  les 
aqueducs  de  L^on  furent  lues  à  l'académie  dans  les  séances 
des  2Q  mai  et  S  juin  17691  et  imprimées  |  l'année  suivante^ 


(  Ï74  ) 
confrères  (i)  vous  a  déjà  donne  des  conjectures  qui  inté- 
ressent l'histoire  de  cette  ville. 

Si  Ion  suit  les  vestiges  de  ces  immenses  monumens , 
on  retrouve  dans  leurs  ruines  tous  les  effets  bizarres 
qui  sont  la  suite  naturelle  d'une  destruction  lente  et 
successive.  Quelques  masses  subsistent  sur  leur  pied: 
dans  les  unes ,  la  dégradation  ne  se  manifeste  qu'au  de- 
hors ;  dans   les  autres ,  elle    existe  dans  Tintërieur  ; 
ailleurs  elles  sont  renversées  :  la  plupart  font  voir  les 
mêmes  accidens  que  toutes  murailles  démolies. 
'  Dans  le  voisinage  de  Soucieu  (2)  seulement ,  les  ruines 
du  pont-*Qqueduc  montrent  une  uniformité  trop  cons- 
tante pour  qu  elle  soit  l'effet  du  hasard ,  et  trop  sin- 
gulière pour  Tattribuer  aux  causes  ordinaires.  U  suffit 
de  jeter  les  yeux  sur  les  beaux  plans  de  M.  Delorme  pour 


par  Aimé  Delaroche  ,  in- 12.  Cet  ouvrage  qui  obtînt  le 
plas  grand  succès  ,  étant  deyena  fort  rare ,  M.  Mazade 
d'Aveize  Ta  reproduit  dans  le  tome  I  de  ses  Lettres  à  ma 
fille  sur  mes  promenades  àLjron^  Lyon,  1810,  4  ^<>l*  în-18, 
pag.  1 55-239.  Encoui*agé  par  les  éloges  des  sayans  ,  M.  De- 
lorme continua  ses  spignenses  inrestigations  ;  mais  il  n'en 
publia  pas  les  nouveaux  résultats ,  qu'il  se  contenta  de 
communiquer  à  ses  confrères,  en  1765  et  1764*  U  a^^ît 
tracé  le  plan  des  aqueducs  depuis  le  mont  Pilât  jusqn'aa 
faubourg  Saint-Irénée.  On  ignore  ce  qu'est  devena  ce 
.plan  qui  resta  ^  quelque  temps ,  exposé  à  la  curiosité  pu- 
blique ,  dans  une  salle  de  rhôtel-dc-ville ,  en  1 760. 

(i)  L'abbé  Pernetti,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  bas.  Ses 
Conjectures  sur  Vincendie  de  Lyon  y  lues  à  l'accadémie  le 
22  janvier  1761  ,  et  conservées  dans  les  archives  de  cette 
compagnie ,  n'ont  pas  été  imprimées. 

(2)  Ou  Socieu  y  village  et  seigneurie  dû  Lyonnais. 


(  175  ) 
se  convaincre  que  la  chute  de  cette  partie  clu  pont  n'a 
point  ëtë  celle  d'un  ouvrage  dëgradë  par  le  temps  ni  par 
la  main  des    hommes  :  les  hommes  et  le  temps  ,  faibles 
imag^  du  créateur  et  de  Tëternité  ,  occupes  à  édifier 
et  n'y  parvenant   qu'au  moyen  de  la   destruction ,  ne 
suivent ,  en  détruisant ,  aucune  espèce  de  régularité  ;  le 
temps  y  procède  avec  lenteur  »  dégrade  les  parties  faibles , 
fait  écrouler  les  plus  lourdes ,  les  attaque  toutes  sans 
symétrie  ;  les  hommes  s'y  livrent  avec  précipitation  , 
sapent  les  parties  inférieures^  renversent  celles  qui  les 
supportent ,  et  n'ont  d'autre  objet  que  de  s'épargner  du 
travail.  Rien  de  tout  cela  ne  parait  dans  le  renversement 
des  piles  de  Soucieu  :  presque  entières ,  peu  dégradées 
au  dehors  ,  ayant  conservé  en  partie  leur  surface  et  leur 
parement 9   elles  sont  couchées  régulièrement  à  terre, 
dans  des  distances  à  peu  près  égales ,  d'un  même  côté 
et  dans  le  même  sens  ;  la  base  qui  reposait  sur  les  fon- 
démens  ,  est  saine  et  conserve  sa  forme  régulière  ;  cette 
base  n'a  éprouvé  de  changement  que  dans  sa  position  : 
d'horizontale  qu'elle  était ,  elle  est  devenue  verticale.  Je 
ne  puis  mieux  comparer  la  chute  de  ces  piles  qu'à  celle 
4'un  arbre  qui ,  après  avoir  été  scié  par  le  pied  ,  aurait 
^té  renversé  par  terre ,  sans  que  sa  tige  eût  souffert 
aucune  altération  « 

Ce  qui  ne  peut  être  que  faiblement  exprimé  dans  une 
description  ,  devient  plus  fi*appant  à  la  vue  de  l'objet  u 
ces  phénomènes  ont  fixé  les  regards  de  M.  Delorme  ;  il  a 
cru  découvrir  les  traces  d'un  tremblement  de  terre. 
&L  l'abbé  Pernetti ,  animé  d'un  zèle  ardent  pour  tout 
ce  qui  peut  éclaircir  l'histoire  de  sa  patrie  ,  a  saisi  cette 
observation ,  dans  l'idée  qu'elle  pourrait  donner  la  so- 
lution d'un  pr(^léme  historique  qui  depuis  long-temps 
exerce  tous  nos  écrivains. 


} 


(  176  ) 

En  une  seule  nuit  la  ville  de  Lyon  fut  totalement 
détruite  par  le  feu ,  nox  una  iatcrfuit  Mer  urbem  maxi^ 
mam  et  nuUam  (i). 

Tel  est  le  fait  transmis  par  l'histoire  ;  elle  se  tait  sur 

les  causes.  Est-il  vraisemblable.,  est-il  possible  que  le 

feu  ait  détruit ,  en  un  aussi  court  espace  de  temps ,  une 

ville  aussi    considérable  que    Lyon    le  fut   cent  ans 

après  sa  fondation  sur  la  montagne  de  St-Just  ?  on  ne 

connaît  aucun  exemple  pareil  :  Tincendie  le  plus  consi-- 

dérable  ,  celui  de  Rennes ,  dura  plus  de  huit  jours  ,  et 

l'on  sauva  plusieurs  maisons.  Pour  expliquer  ce  fait, 

quelques  historiens  ont  eu  recours  au  feu  du  ciel  ;  mais 

alléguer    un    miracle,   sans  en  déterminer   l'objet  et 

sans  justifier  des  preuves ,  c'est  s'exposer  a  n'être  pas 

cru.  Tel  fut  le  sort  de  ces  auteurs  ;  ceux  qui  les  ont 

suivis,  ont  trouvé  qu'il  était  plus  aisé  de  l'admettre  que 

de  le  comprendre.  Mais  on  sait ,  a  dit  M.  l'abbé  Pernelti , 

que  les  tremblemens  de  terre  ont  une  direction  qui  rend 

souvent  leurs  effets  uniformes  au  loin  ;  on  sait  que  le 

plus  grand  désordre  se  fait  sentir  dans  le  lieu  où  le 

volcan  forme  son  éruption.  Le  renversement  régulier  des 

aqueducs  de  Soucieu  est  vraisemblablement  l'effet  des 

secousses  d'un  tremblement  de  terre  :  tous  les  accidens 

qu'on  y  remarque  viennent  à  l'appui  de  cette  conjecture.; 

en  lui  donnant  plus  d'étendue ,  ne  peut-on  pas  présumer 

que  l'incendie  de    Lyon  a  eu  le  même   principe,  et 

que  le  volcan  a  éclaté  à    quatre  lieues  de   là ,  sous  la 

montagne  de  St-Just  ?  ce  qui  explique  comment  la  ville 

de  Lyon,  qui  la  couvrait  »  disparut,  pour  ainsi  dire, 


(0  Sénèque ,  Epîst.  9i< 


•(  '77  ) 
t\  fui  consumëe  en  une  nuit.  L*hîsloîre,  daîlleurs^ 
rapporte  à  peu  près  au  même  temps  les  trembïemens 
affreux  qu*  dësoièrent  la  Campanie  ;  et ,  de  nos  jours  , 
on  a  reconnu  dans  l'Auvergne  et  dans  le  Forez  des  indiœs 
de  volcan. 

Si  Sënèque ,  dans  la  lettre  qui  traite  de  Tînceiidie  de 
•  Lyon ,  ne  fait  pas  mention  du  tremblement  de  terre ,  i\ 
l'ignorait ,  il  était  à  Rome  ;  il  écrivit  sur  la  première 
nouvelle  qu'il  reçut  ;  les  Lyonnais  de  ce  temps,  peu  phy- 
siciens ,  n'avaient  songé  qu'à  instruire  Rome  de  la  ruine 
de  leurs  maisons  ;  le  feu  d'un  volcan  leur  parut  peut- 
être  un  feu  naturel  ;  peut-être  le  volcan  se  referma-t-il 
à  l'instant ,  et  les  débris  des  édifice^  en  couvrirent  les 
vestiges.  Les  paroles  de  Sénèque  confirment  ces  vraisem- 
blances. «Le  désastre  de  Lyon  a  duré  moins  de  temps  que 
»  je  n'en  mets  à  le  raconter  ».  Diutius  illam  tibi  periisse  » 
quam  periii ,  narro.  Cette  célérité  n'exprime-t-elle  pas 
celle  d'un  volcan  ?  Un  incendie  ordinaire  aurait-il  pu 
anéantir  si  promptement  tant  de  temples ,  de  palais  et 
d'édifices?  On  cherche  depuis  long-temps  à  expliquer 
comment  une  chambre  entière  ,  avec  ses  peintures  ,  dé- 
couverte de  nos  jours ,  aurait  pu  être  ensevelie  sous  la 
terre ,  pourquoi  Ton  y  trouve  des  canaux  de  pierre  > 
d'immenses  conserves  d'eau ,  et  divers  restes  de  cons- 
truction. Le  même  tremblement  qui  bouleversa  Lyon 
le  même  volcan  qui  l'embrasa ,  a  vraisemblablement  oc« 
casioné   tous  ces  effets,  et  ces  effets  deviennent  pour 
M.  l'abbé  Pernetti  une  forte  preuve  du   tremblement  et 
du  volcan  ;  il  conclut  qu'indépendamment  des  consé- 
quences qui   se   tirent   du   renversement  régulier   des 
aqueducs  de  Soucieu ,  ce  terrible  événement  parait  ac- 
tuellement démontré ,  explique  Tinceiidie  de  Lyon  ,  et 
Tom.  VIIL  12 


(  178  ) 
détruit  évidemment  un  préjugé  vulgaire  qui ,  pour  avoir 
dix-sept  siècles  ,  n*en  est  pas  moins  un  préjugé. 

Tel  est  le  sentiment  de  M.  Tabbé  Pemcltî  ,  cl  le 
précis  du  mémoire  qu'il  a  composé  sur  ce  sujet.  Con- 
vaincu  de  la  vérité  de  plusieurs  de  ses  conjectures ,  mais 
forcé  d'en  rejeter  quelques-unes ,  j'ai  cru  devoir  les 
toutes  rassembler  pour  vous  mettre  à  même  de  décider 
sur  celles  que  je  hasarderai. 

L'objet  des  académies  est  la  recherche  de  la  vérité: 
je  n'ai  pas  craint  de  déplaire  à  mon  confrère ,  en  com- 
battant quelques-unes  de  ses  idées  ;  il  m'a  lui-même 
engagé  à  développer  les  miennes.  Le  philosophe  méprise 
la  satire  »  apprécie  la  critique ,  et  fait  cas  de  l'examen. 

Ce  que  je  dois  examiner  se  réduit  à  deux  questions  : 
quels  furent  les  effets  de  l'incendie  ?  à  quelle  cause 
peuvent  -  ils  être  attribués  ?  Quoique  l'ordre  des  choses 
soit  ici  renversé ,  la  première  question  répand  du  jour 
sur  la  seconde  ;  il  nous  est  rarement  donné  de  connaitre 
les  causes  ,  mais  nous  pouvons  en  raisonner ,  en  jugeant 
des  causes  par  les  effets. 

Le  premier  objet  n'est  pas  d'une  longue  discussion. 
Tacite  (i)  et  Sénèque  (2)  sont  les  seuls  auteun»  anciens 
qui  parlent  du  désastre  de  Lyon.  Le  premier  ne  fait  que 
l'énoncer  ;  le  second  nous  dit  qu'en  une  seule  nuit^ 
cette  grande  ville  fut  totalement  consumée  par  les  flammes. 
Le  fait  parait  incompréhensible  ;  mais  on  ne  saurait  le 
révoquer  en  doute ,  la  lettre  dans  laquelle  Sénèque  en 
rend  compte ,  n'est  point  supposée  ,  ou  toils  ses  ouvrages 
le  sont  ;  le  passage  de  Tacite  la  confirme^ 

(i)  Annal.  XVI ,   i5. 
(2)  Loc.  cit. 


.  (  179  ) 

Sënèque  écrit  sur  le  malheur  qu'un  Lyonnais  de  ses 

amis  \ient  de  partager  avec  ses  compatriotes.  Quel  intérêt 
aurait-il  eu  de  déguiser  la  vérité  ?  peut-on  même  le 
soupçonner  de  Tavoir  altérée  ?  II  s'étonne  du  fait ,  il 
exprime  son  étonnement  de  plusieurs  manières ,  il  se 
sert  des  termes  les  plus  énergiques  ,  qui  tous  \ont  à  éta- 
blir que  la  ville  de  Lyon  a  été,  en  une  nuit ,  consumée 
par  les  flammes. 

Dira-t-on  que  Tenvie  de  briller  par  des  expressions 
hardies  Tengagea  à  s'exposer  à  un  démenti  ?  Lyon  était 
dès  lors  une  ville  trop  considérable  aux  yeux  des  Ro- 
mains même ,  pour  que  les  vraies  circonstances  de  son 
désastre  ne  leur  fussent  pas  connues  ;  Sénèque  n*a  été 
contredit  par  aucun  historien.  Plancus  avait  bâti  la  ville 
sur  la  montagne  ;  cent  ans  après ,  ses  habitans  s*établis- 
sent  dans  la  plaine  ;  c*est  dans  ce  moment  que  le  phi- 
losophe écrit  :  si  la  ville  n*eût  pas  été  presque  entièrement 
détruite ,  ainsi  qu'il  le  dit ,  les  Lyonnais  ,  malgré  les 
avantages  que  la  plaine  leur  offrait ,  se  seraient-ils  ja- 
mais décidés  à  abandonner  les  maisons  particulières  et 
les  édifices  publics  qu'ils  avaient  élevés  sur  la  montagne? 
Il  faut  donc  conclure  que  le  fait  est  constant ,  qu'il  pas- 
serait pour  vrai ,  quand  même  il  ne  serait  pas  vraisem- 
blable. 

Quelle  espèce  de  feu  a  donc  pu  consumer ,  en  une 
nuit ,  une  ville  telle  que  Lyon  ?  Je  crois  ,  '  comme 
M.  Tabbé  Pernetti ,  qu'un  incendie  ordinaire  n  a  jamais 
produit  et  ne  peut  produire  un  effet  pareil  sur  une  ville 
bâtie  en  pierres  ;  tous  les  édifices  en  étaient  construits , 
s'il  faut  en  juger  par  la  richesse  actuelle  des  Lyonnais , 
par  sa  proximité  et  Tabondance  des  carrrères  ,  par  les 
restes  des  monumens  échappés  à  l'injure  du  temps  ^^ptir 


(  i8o  ) 
Tusage  enfin  oiï  Von  était  dès  lors  de  bâtir   avec  des 
pierres ,  et  de  bâtir  d*une  manière  si  solide  ,  que  plu- 
sieurs monumens  de  ce  temps  ont  déjà  vu  renouveler 
souvent  ceux  qu'on  a  élevés  dans  la  suite.  Que ,  d'un 
autre  côté,  Ton  considère  l'étendue-de  celle  ville    et  le 
nombre  d*habitans  qu*elle  renfermait ,  qu'on  se  rappelle 
les  quatre  aqueducs  qui  y  conduisaient  sans   cesse  une 
immense  quantité   d'eau    qui,  dispersée  dans  tous  les 
quartiers ,  assurait  des  secours  d'autant  plus  prompts , 
que  la  ville  était  située  sur  le  penchant  d'une  montagne  ; 
qu'on  rapproche  toutes  ces  circonstances ,  on  se  persua- 
dera qu'il  est  absurde  de  penser  qu'un  incendie  naturel 
ait   pu  ,  en  quelques  heures ,  renverser  tant  d'édifices 
solides  et  détruire  entièrement  la  ville.  Je  suppose  qu'il 
ait  été  produit  par  le  feu  du  ciel  tombé  tout  à  la  fois  sur 
plusieurs  quartiers ,  il  répugne  de  croire  que  dans  ce 
court    espace   de   temps ,  une  grande   ville ,    bâtie  en 
pierres ,  par  la  seule  action  du  feu  ,  ait  été  réduite  à 
rien  ,  urbem  nullam.  Les  lois  de  la  physique ,  la  seule 
raison  ,  l'expérience  de  ce  qu'on  connaît ,  font  rejeter  le 
fait  ;   il  n'est  dans  la  classe  ni  des  choses  vraisemblables  ^ 
ni  des  choses  possibles. 

C'est  en  vain  qu'un  de  nos  historiens  (i)  essaie  de 
l'expliquer ,  en  le  comparant  à  l'embrasement  que  Rome 
éprouva  quelques  années  après.  Je  n'y  vois  aucune  pa- 
rité :  j'ouvre  Tacite  (a)  et  je  lis  que  ce  dernier  incendie 
dura  plusieurs  jours  ,  se  renouvela  à  plusieurs  reprises , 
et  ne  consuma  que  quelques  quartiers.  Sénèque  lui-même  , 
dans  la  lettre  citée ,  ne  peut  se  refuser  à  cette  réflexion  : 

(i)  Le  P.  de  Colonia,  HisU  littér.  de  Jjyon ,  1 1 ,  peg.  1 55. 

(2).  Loc.  eit. 


(  i8i  ) 
cr  Le  feu  ,  dit-il ,  n*a  jamais  détruit  une  grande  Tille.  » 
Mal/as  cwUaies  incendium  çexai^if^  nullam  absiuHt. 

Il  faut  donc  recourir  à  des  causes  extraordinaires  ; 
mais  où  rechercher  leur  principe  ?  Les  témoins  ne  sont 
plus  9  le  temps  les  a  détruits ,  eux  ,  leurs  enfans ,  leurs 
successeurs  et  leurs  noms.  L*histoire  se  tait ,  la  nature  est 
muette  :  les  siècles  et  la  barbarie ,  en  ravageant  cent  fois 
)a  surface  de  la  terre  ,  ont  dissipé  les  preuves  que  nous 
pourrions  invoquer.  Que  nous  reste-t-il  donc  ?  des 
conjectures  à  former. 

Ce  n*est  pas  sans  vraisemblance  qu'on  s'est  arrêté  k 
ridée  d'un   tremblement  de  terre  et  d'un  volcan  :  elle 
rend  compte  d'une  partie  des  phénomènes  qui  ont  ac- 
compagné   l'embrasement    de    Lyon.   Ces   formidables 
événemens  sont  suivis  d'accidens  si  étranges  ,  qu'on  petit 
en  redouter  les  effets  les  plus  prodigieux- 
Un  naturaliste  italien  (i)  leur  attribue  l'origine  de 
toutes  les  montagnes  ,  le  transport  des  corps  marins 
sur  le  continent ,  la  formation  des  iles ,  l'affaissement  de 
quelques  parties  du  globe  ;  en  un  mot ,  la  théorie  de  la 
terre  ,  telle  que  nous  la  voyons  ,  n'est ,  selon  lui ,  que  la 
théorie  des  tremblemens.  Cette  hypothèse  est  appuyée 
d'un  grand  nombre  d'observations  ;  la  vue  du  Vésuve  , 
la  proximité  de  TEtna,  les  vestiges  des  volcans,  si  com- 
muns en  Italie ,   lui  servent  de  base  ;  mais  ,  lorsqu'il 
s*agit  de  destruction  et  de  renouvellement ,  il  faut  bien 
se  garder  de  ne  chercher  dans  la  nature  qu'une  manière 
de  procéder;  quelques  faits  ne  suffisent  pas  poir  gé- 
néraliser un  système ,  les    observations  de  M.  Lazaro 

(5)  Lazaro  More  ,  dei  Crusiacei  et  degli  allri  corpi  ma^ 
rini ,    cht  si  troyano  sui  monii  ;  Venezia  y   1 740. 


(  i80 
Moro  peuvent  conclure  pour  une    paiiie  de  PIlaHe  ; 
ailleurs  elles  se  détruisent  elles-mêmes ,  et  son  systènoe 
n'a  pas  passé  les  Alpes* 

Les  mêmes  réflexions  trouvent  ici  leur  application  : 
de  ce  qu*il  est  possible  qu'une  ville  considérable  soit 
«détruite  en  peu  de  temps  par  un  volcan  ,  il  ne  suit  pas 
que  toute  ville  détruite  et.  brûlée  en  peu  de  temps  j  ail 
été  consumée  par  un  volcan  :  la  possibilité  n'établit  pas 
le  fait ,  s'il  est  démenti  d'ailleurs.  lies  degrés  de  proba- 
bilité sont  en  raison  du  concours  des  circonstances  ;  les 
conjectures  physiques  n'acquièrent  force  de  preuve  que 
lorsqu'elles  s'accordent  avec  les  conjectures  morales. 

Je  ne  saurais  les  trouver  ici  d'accord.  Un  volcan  capable 
de  détruire  et  de  brûler  en  une  nuit  une  grande  ville, 
serait  un  des  plus  impétueux  dont  on  eût  connaissance. 
Les  éruptions  d'un  volcan  déjà  ouvert ,  s'annoncent  par 
des  secousses  répétées;  combien  ne  doivent  pas  être 
plus  fortes  celles  qui  précèdent  un  volcan  qui  se  fait 
jour  tout  à  coup,  et  dont  la  force  se  multiplie  à  pro- 
portion de  la  résistance  qu'il  éprouve? 

Les  plus  violens  tremblemens  le  précèdent ,  l'accom- 
pagnent et  le  suivent  ;  les  sources  voisines  et  éloignées 
tarissent  et  bouillonnent  ;  les  fleuves  se  soulèvent  ou 
s'a&iissent  ;  les  animaux  frémissent  ;  toute  la  nature  est 
agitée  ;  des  bruits  sourds  9  des  espèces  de  mugissemens 
en  sont  les  tristes  avant-coureurs  ;  le  lieu  qui  doit  en 
être  la  victime,  n'est  pas  le  seul  menacé;  les  tremblemens 
se  propagent ,  les  secousses  se  répercutent  à  des  distances 
étonnantes  ;  elles  portent  au  loin  l'épouvante  ;  le  volcan 
s'entrouvre ,  il  vomit ,  il  laisse  après  lui,  sur  la  suriace 
dé  la  terre ,  des  cendres ,  des  ponces ,  des  soufres ,  des 
pierres  grillées  ,  des  scories  ,  des  laves  et  partout  le  spec* 
tacle  de  l'horreur  et  de  la  destruction. 


(  i83) 

Ce  n*est  point  ici  une  vaine  déclamation^  tous  ces 
faits  sont  unanimement  attestas  par  les  historiens  et  par 
les  voyageurs  ,  expliqués  par  les  observateurs  et  par  les 
physiciens  (  i  )• 

Or ,  sur  quoi  peut-on  conjecturer  que  Tincendie  de 
Lyon  ait  été  accompagné  de  ces  circonstances  ?  trouve-t--  « 
on  ,  dans-  la  lettre  de  Sénèque ,  ou  ailleurs,  les  moindres 
vestiges  d'une  seule  d*entre  elles  ?  et  si  quelqu'une  eût 
paru ,  je  demande  s'il  est  possible  de  présumer  qu'un 
pareil  événement  fût  resté  enseveli  dans  le  silence  ? 
Dira-t-H>n  qu'il  fut  ignoré  de  ceux  même  qui  l'éprou- 
yèrent  ?  Il  ne  faut  pas  être  physicien  pour  remarquer 
d'aussi  bruyans  phénomènes  ;  la  crainte  suffit  9  et  rend 
l'ignorant,  observateur. 

Supposera-t-on  que  tous  les  Lyonnais  y  perdirent  la 
vie?  on  sait  qu'ils  rebâtirent  leur  ville  dans  la  plaine. 
Mais  eussent-ils  été  tous  détruits ,  les  campagnes  qui 
environnaient  la  ville  de  Lyon ,  la  métropole  de  la  Gaule 
celtique ,  étaient  certainement  peuplées  d'habitans.  Â  cinq 
lieues  de  Lyon  existait  la  ville  de  Vienne  qui  ,  bien  plus 
ancienne  qu'elle  ,  était  assez  considérable  pour  mériter 
quelquefois  des  préférences  de  la  part  des  empereurs 
romains. 

Les  secousses  dont  le  volcan  eût  été  nécessairement 


(1)  Aristote  ,  Mef^oro/.,  Sénèqae,  QuœsU  naU  de  terras 
motu  y  lîb.  I  \  Plln.  ,  Nat.  hist.  ,  lib.  a  ,  cap.  79  et  Bei{,  ; 
H.  de  Buffon ,  Hist.  naL  ,  tom.  1^  de  la  Théorie  de  la 
terre  \  Elie  Bertrand ,  Mém.  sur  les  tremblemens  ;  Lazaro 
Moro ,  dei  Crustacei  ,  etc.  ^  Agrlcola  ,  de  ortu  et  causis  sub^ 
terraneorum ,  lib.  2  \  Essai  des  couehes  de  la  terre ,  par 
M.  Lehmann  ,  etc. 


(  i84  ) 
accompagne  j  ces  tremblemens  capables  de  renyerser ,  à 
trois  lieues  de  leur  foyer  «  des  masses  de  maçonnerie 
telles  que  les  aqueducs ,  tous  ces  effets  de  la  compression 
et  de  l'expansion  de  l'air  et  du  feu  n'auraient-ils  pas 
été  aperçus  des  habitans  de  la  campagne  et  des  Viennois  ? 
On  ne  connaît  aucun  événement  en  ce  genre  qui  n'ait 
élé  précédé  et  suivi  de  secousses  violentes  :  on  ne  peut 
citer  un  seul  exemple  de  volcan  considérable  dans  un  lieu 
qui  n'ait  éprouvé  long-temps  auparavant  ^  et  long-temps 
après ,  des  tremblemens  de  terre.  La  ville  d'Antioche ,  si 
célèbre  par  son  opulence  et  par  ses  malheurs ,  fut  ren- 
versée par  ce  fléau  ;  mais,  dans  l'espace  de  six  siècles,  elle 
avait  été  neuf  fois  ébranlée  (i).  Les  secousses,  d'ailleurs, 
se  font  toujours  ressentir  au  loin  ;  celles  que  Lisbonne 
a  ressenties  de  nos  jours  (2) ,  se  communiquant  de  proche 
en  proche  ,  ont  pénétré  jusques  dans  nos  provinces  et 
dans  la  Suisse.  Aux  environs  de  l'Etna  et  du  Vésuve , 
bien  que  les  matières  enflammées  ne  soient  plus  empri- 
sonnées dans  les  entrailles  de  la  terre  ,  et  quelles  se 
soient  depuis  long-temps  formé  des  soupiraux  qui ,  leur 
offrant  une  issue ,  ralentissent  l'impétuosité  de  leur  ac- 
tion souterraine  (3)  ,  des  explosions  ,  des  ébranlemens 

(i)  En  Tannée  ii5  de  J*  G.,  sons  Tempire  de  Trajan, 
elle  fut  exposée  à  de  yiolens  tremblemens  ;  elle  en  rès* 
sentit  de  nouveaux  en  3io ,  394  9  3g6 ,  458  ;  elle  en 
éprouva  de  terribles  en  626  et  SaS  ;  ils  se  renouvelèrent 
en  58 1  ;  le  plus  considérable  fut  en  588  :  la  yllle  fut  ren- 
versée ,  soixante  mille  personnes  j  périrent.  Voy.  Morcri» 

(2)  Au  mois  de  novembre  i  ySS  ,  le  même  jour ,  les  eanx 
de  la  Saône  se  soulevèrent  tout  à  coup ,  au  point  d'effrayer 
les  bateliers  • 

(3)  Voy.  'Derham  y   ThéoL  physique. 


(  185  ) 
répétés  annoncent  d'avance  aux  peuples  voisins  les  nou^ 
velles  éruptions  qui  les  menacent. 

Les  Viennois ,  les  paysans  lyonnais  auraient  donc  éga- 
lement ressenti  les  secousses  dont  le  volcan  de  Lyon  eût 
été  précédé  »  accompagné  et  suivi.  Dès  lors ,  comnient 
présumer  qu'il  fût  resté  dans  l'oubli  ?  Je  veux  que  les 
Lyonnais  ,  uniquement  occupés  de  leur  malheur  ,  en 
écrivant  aux  Romains  dans  les  premiers  instans  du 
désastre ,  n*aient  parlé  que  de  leurs  pertes  :  les  Romains 
n  ont-ils  pas  dû  être  bientôt  instruits  de  sa  cause  par 
une  partie  de  la  Gaule  ?  Sénèque  a-t-il  pu  l'ignorer 
longtemps?  Rien  n*établit  dans  sa  lettre  qu'elle  fût 
écrite  dans  les  premiers  momens  que  la  nouvelle  de 
l'incendie  de  Lyon  parvint  à  Rome.  Il  parait  en  savoir 
tous  les  détails  connus ,  il  déplore  la  perte  des  superbes 
édifices  qui  embellissaient  cette  ville. 

Sénèque ,  d'ailleurs ,  était  philosophe  et  physicien  ;  si  le 
fait  n'eût  pas  été  constaté ,  n*eût-il  pas  cherché  àl'éclaircir 
et  à  l'expliquer?  Je  sais  qu'écrivant  pour  consoler  Libé- 
ralis ,  il  aurait  pu  oublier  qu*il  était  physicien ,  et  se  rap- 
peler seulement  qu'il  était  ami  ;  mais  sa  lettre  est  plutôt 
un  ouvrage  réfléchi  qu'une  simple  lettre  ;  elle  n'est  pas 
adressée  à  ce  Lyonnais  qui  était  à  Rome ,  elle  est  écrite  à 
Ludlius  y  leur  ami  commun ,  qui  en  était  absent  ;  ce 
n'est  donc  point  une  lettre  de  consolation  qu'il  s*est  hâté 
d'envoyer  ,  c'est  un  écrit  moral  très-travaillé  et  très- 
ëloquent. 

Je  dis  plus  :  Sénèque  fait  entendre  précisément  que  le 
désastre  de  la  ville  de  Lyon  n'a  pour  origine  ni  trem- 
blement de  terre  ,  ni  volcan  ;  car  une  des  raisons  qu'il 
a  de  s'étonner  de  l'effet  prodigieux  du  feu  qui  la  con- 
suma ,  c'est  que ,  dit-il ,  les  tremblements  de  terre  les 


(  i86  ) 
plus  formidables  n*ont  jamais  eux-mêmes  ëté  assez  vîo* 
lens  pour  renverser  ainsi  des  villes  entières  :  Terrarum 
vix   unquam  tam  gravis  et  perniciosus  faii  motus   ut 
iota  oppida  everierei.  Il  savait  donc  positivement  qu'il 
n'y  avait  point  eu  de  tremblement  :  la  chose  comparée 
ne  saurait  être   la  même  que  celle  à  laquelle  on  com- 
pare. Enfin ,  quand  Sénèque  eût  ignoré  le  tremblement 
dans  le  temps  qu  il  composa  son  ouvrage  (  s*il  exista  )  ; 
Rome  entière  dut  en  être  bientôt  informée  ,  il  ne  put 
lui-même  fignorcr,  il  écrivit  sur  les  tremblemens  de 
terre  ,  il  dëciivit  ceux  de  la  Campanie,  pourquoi  aurait- 
il  alors  passé  celui-ci  sous  silence?  pourquoi  Pline  (i)^ 
après  lui ,  en  traitant  de  ces  terribles  phénomènes  qui  » 
dans  la  suite,  lui  coûtèrent  la  vie  (comme  si  la  nature  eût 
voulu  se  venger  de  Tinjure  qu'il  lui  avait  faite,  en  les  ap* 
pelant  les  crimes  de  la  nature  (2) ,  sceUra  naiurœ)  ;  pour*- 
quoi  Pline  n'eût-il  pas  parlé  du  volcan  de  Lyon  qui , 
sans  doute  ,  eût  été  célèbre  ?  c'est  qu'il  n'a  pas  existé  ; 
car  il  n'a  pas  pu  exister  sans  être  connu. 

Nous-mêmes  nous  en  verrions  encore  des  traces  ;  en 
fouillant  dans  les  entrailles  de  la  terre ,  au  lieu  ,  ou  du 
moins  au  milieu  de  ces  médailles ,  de  ces  urnes ,  de  ces 
fragmens  de  marbre ,  si  communs  dans  la  montagne  de 
de  St-Just ,  nous  retrouverions  des  laves  ,  des  scories , 
de  la  pouzzolane  et  d'autres  matières  rejetées  constamment 
par  les  volcans  en  si  grande  quantité  qu'elles  ont  quel- 
quefois enseveli  des  villes  entières ,  comme  on  le  voit  à 


(i)  Sénèque  mourut  la  65^  année  de  J.  C. ,  la  12^  du  règne 
de  Néron.  Pline  fut  englouti  dans  le  Vésuve  Tan  79  de  J.  C 
(2)  Nat,  HisL  y   lib.  2 ,  c.  95. 


.(  i87  ) 
Herculëe  et  dans  la  Sicile  (i).  L'examen  le  plus  exact 

ne  découvre   aucune  de  ces  choses  dans  nos  anciens 

décombres. 

On  ramasse  sur  le  Mont  d'Or ,  en  Lyonnais ,  quelques 
pierres  qui  paraissent  avoir  éprouvé  l'activité  du  feu  : 
peut-être  ne  sont-elles  autre  chose  que  des  minéraux 
ferrugineux  ;  mais  un  volcan  au  Mont  d'Or  n'établirait 
point  celui  de  Lyon  ;  on  en  peut  dire  autant  des  pierres' 
grillées  que  j'ai  observées  à  St-Romain-le>Puits ,  dans 
la  plaine  du  Forez  (2)  ;  la  proximité  des  montagnes  de 
l'Auvergne ,  où  M.  Guettard  (3)  a  reconnu  des  traces 
d'anciens  volcans,  peut  y  faire  soupçonner  la  même 
cause  :  je  ferai  voir  cependant  qu'il  est  possible  d'en 
assigner  une  autre  ;  qqant  aux  canaux  de  plomb  fondu 
doat  parle  le  P.  de  Colonia(4)  ,  il  est  évident  qu'ils  ont 
été  attaqués  par  uu  feu  ordinaire  ;  un  volcan  en  eût-il 
laissé  des  vestiges  ? 

Il  suit  de  tout  ce  qui  précède ,  que  l'incendie  de  Lyon 
ae  peut  être  placé  dans  la  classe  des  incendies  comii(iuns  ; 
que  cependant  il  n'a  point  été  occasioné  par  un  volcan  , 
et  que  ,  pour  l'expliquer  d'une  manière  satisfaisante  ,  il 
-faut  nécessairement  que  la  cause  assignée  ait  été  de  na- 
ture à  pouvoir  rester  inconnue  à  ceux  même  qui  furent 
les  victimes  de  ses  terribles  effets. 

(1)  Au  rapport  de  Kircher  9  le  peuple  de  Gatane  y  en 
creusant  dans  la  pierre-ponce  ,  trouva  ,  à  68  pieds  de  pro- 
foudeur ,  des  mes  payées  de  marbre ,  et  plusieurs  traces 
d'antiquités.  Transact,  phîUs, ,  collection  de  Dijon ,  189* 

(2)  Voj.  le  mémoire  de  M.  l'abbé  Pemetti ,  Conjectures 
sur  rincetulie  de  lyyon, 

(5)  Mémoires  de  l'académie  des  sciences. 

(4)    Histoire  littéraire  de  Lyon^  tom.  I,  pag.  i5i. 


(  i88  ) 

La  terre  sur  laquelle  nous  habitons ,  n'est  pas  toujours 
un  sûr  asile  pour  nous  :  tranquille  à  sa  surface ,  cou- 
yerte  de  productions  utiles  au  genre  humain  ,  renfermant 
des  trésors  sans  nombre ,  elle  recèle  aussi  dans  son  sein 
de  dangereux  ennemis,  qui  nous  menacent  dans  le  si- 
lence et  travaillent  sourdement  à  notre  destruction* 

Indépendamment  des  tremblemens  et  des  volcans  qui 
ont  leurs  causes  particulières  ,  plusieurs  accidens  souter- 
rains et  naturels  bouleversent  quelquefois  la  surface  du 
globe ,  et  entraînent  après  eux  des  suites  funestes  ;  les 
affaissemens  sont  de  ce  nombre  :  je  n'entends  point  par 
là  ces.  abaissemens  presque  insensibles  qu'on  observe 
dans  les  montagnes  (r)  ;  c'est  un  effet  de  la  gravitation 
qui  n'a  rien  d'effrayant  comme  les  af&issemens  dont  je 
parle. 

'  Des  agens  invisibles  sapent  peu  à  peu  le  fondement 
sur  lequel  reposent  certains  sols,  ces  bases  dégradées 
s'écroulent ,  le  terrain  s'abaisse  précipitamment ,  il  s'y 
forme  des  fentes ,  des  abîmes  s'entrouvrent ,  ils  englou- 
tissent plus  ou  moins  profondément  les  corps  qui  couvrent 
la  surface. 

L'histoire  fait  mention  de  plusieurs  faits  semblables  ; 
la  terre  ,  dit  Pline  (2)  ,  se  dévore,  elle-même ,  et  il  dte 
de  hautes  montagnes  et  de  grandes  villes  abîmées  dans  son 
sein  (3). 

(i)  Yoy.  des  exemples  de  ces  affaissemens  observés  en 
Allemagne.  Ephém,  des  Curieux  ,  collection  de  Dijon , 
tom.  III ,  pag.  i52  ,  et  M.  de  Buffon,  Théorie  de  la  terre; 
Hist»  nat. ,,  tom.  I. 

(2)  Ipsa  se  condens  terra  devoravii  9  etc.  Nat*  hist.  9 
Ub.  II ,  c.  80  et  90. 

(5)  Ibid.  Cap.  8o5  et  seq. 


(  i89  ) 

Pleurs ,  bourg  considérable  dans  le  pays  des  Grisons , 
disparut  tout  à  coup  en  1618  :  il  se  forma  un  lac  à  Ten- 
droit  où  il  était  auparavant  (1). 

En  171 4  9  la  montagne  de  Diableret ,  en  Valais, 
s'a&issa  tout  à  la  fois,  en  plein  midi,  et  ce  phéno- 
mène ne  fut  précédé  ni  accompagné  d*aucun  vestige  de 
folcanj  ni  de  tremblement  de  terre ,  comme  l'attestent 
les  Mémoires  de  l'académie  des  sciences  (2). 


(1)  M.  Elie  Bertrand  (2^  Mémoire  sur  les  tremblemens 
de  terre ,  pag.  5i  )  voudrait  faire  entendre  que  cet  eTéne- 
ment  eut  pour  cause  an  tremblement ,  ce  qui  ne  s'accorde 
BTec  le  récit  d'aucun  historleu  du  temps.  M.  Lehmann 
(  des  Couches  de  la  terre  ,  pag.  209  }  soupçonne  que  le 
désastre  de  Pleurs  vint  de  ce  qu'on  avait  creusé  précé- 
demment le  terrain  sur  lequel  le  bourg  était  porté,  pour 
ea  tirer  une  pierre  oUaire  nommée  la  Vezze  ;  mais  il  est 
évident  que  l-éboalement  des  souterrains  pratiqués  dans 
les  carrières ,  n'avait  pas  seul  prbduit  cet  effet  et  donné 
naissance  à  ce  lac  qui  prit  la  .place  du  bourg,  et  qui  sub- 
siste encore. 

(2)  M.  Bertrand  ,  ihid. ,  pour  grossir  la  liste  des  trem- 
blemens ,  Tondrait  encore  lenr  attribuer  cet  événement  , 
ce  qui  contredit  précisément  le  récit  qu'on  en  trouve 
dans'les  Mémoires  de  l'académie  des  sciences  ,  année  1716, 
pag.  4 ,  où  il  est  dit  que  cette  chute  n'eut  pour  cause  que 
celle  de  la  base  qui  était  pourrie  et  réduite  en  poussière , 
et  que  l'accident  ne  fut  précédé  ni  accompagné  d'aucun 
vestige  de  volcan  :  les  tremblemens  qu'on  ressentit  dans 
le  même  temps  ,  selon  M.  Bertrand  ,  au  territoire  de 
Glissau ,  peuvent  bien  avoir  été  occasionés  par  la  chute 
dont  U  est  question  ^  mais  il  est  avéré  qu'on  n'en  ressentit 
aucun  dans  le  lieu  même. 


(  igo  ) 

Les  Transactions  philosophiques  (i)  parlent  d'un  al&is- 
sèment  dans  plusieurs  collines  de  la  province  de  Kent, 
qui  baissèrent  sensiblement  sans  aucun  tremblement  de 
terre. 

Dans  le  mois  de  septembre  lySS ,  un  bols  s'enfonça 
en  partie  ,  près  de  Vateyille  ^  à  six  lieues  de  Berne  ;  on  y 
voit  un  marais  impraticable ,  où  les  arbres  sont  en  parlie 
couchés  ,  en  partie  renversés  ;  cet  accident  ne  fut  accom- 
pagné d'aucun  autre  phénomène  (2).  Il  serait  facile  de 
multiplier  les  exemples  ;  mais  il  suffit  ici  d'établir  la 
possibilité  par  le  fait. 

Ce  qu'ont  éprouvé  les  lieux  dont  je  viens  déparier, 
le  sol  sur  lequel  reposait  l'ancienne  ville  de  Lyon  ,  a  pu 
l'éprouver  ,  du  moins  en  partie.  Je  tiens  de  M.  Delorme 
qu'en  prenant  le  niveau  des  aqueducs  de  Momans,il  a 
eu  lieu  d'y  soupçonner  un  semblable  effet  ;  on  peut  donc 
faire  la  même  supposition ,  je  ne  dis  pas  que  la  chose  soit, 
mais  je  vais  établir  qu'elle  est  dans  les  choses  possibles; 
je  ferai  voir  ensuite  que,  si  la  ville  a  éprouvé  un  accident 
pareil ,  tous  les  phénomènes  de  son  incendie  peuvent 
sans  peine  s'jexpliquer. 

La  ville  ,  par  sa  situation ,  a  été  exposée  aux  a£iisse- 
mens  dont  il  s'agit.  Trois  causes  peuvent  y  donner  lieu, 
et  se  réunir  quelquefois  pour  y  concourir  toutes  le$  trois: 
ces  causes  sont  les  effets  sua^essifs  du  temps  et  de  la  ca- 
ducité ,  l'action  des  eaux  souterraines,  celle  des feuxdif- 
férens  des  feux  de  volcan. 

Ces  trois  agens  destructifs  ne  sont  jamais  plus  puissans 
que  dans  les  montagnes:  celle  dé  St.-Just,  sur  laquelle 

(1)  Abr.  des  Transactions  philosophiques  ,,t.  i4,P«259. 

(2)  Mémoire  sur  les  tremhlemens  ^  pag.  267. 


(  I9Ï  ) 
la  ville  s'étendait ,  est  en  partie  composée  d'un  grani 

micacé  facile  à  se  débiter;  ces  bancs  ne  sont  ni  régu-- 
liers  ,  ni  en  grandes  masses  ;  ils  sont  interrompus  par  des 
veines  et  des  lits  de  gorre ,  de  sables,  de  cailloux  fixés 
dans  des  argiles  ;  tous  ces  corps  peuvent  aisément  se 
diviser  ou.se  décomposer,  les  parties  aqueuses  qui  pé- 
nètrent du  dehors  dans  l'intérieur  venant  à  se  geler  âans 
les  interstices  qu'ils  remplissent,  occupent  une  plus  grande 
place,  les  forcent  de  s'entrouvrir;  si  Tair  et  Teau  in- 
troduits par  ces  fentes  pénètrent  jusqu'aux  bases  sur  les- 
quelles reposent  les  bancs  de  pierre,  les  attaquent  et^ 
après  un  long  espace  de  temps,  parviennent  à  les  détruire, 
ces  bancs  étendus  sur  des  couches  sabloneuses ,  dont  les 
eaux  souterraines  ont  peut-être  aussi  entraîné  une  par- 
tie, s'ébouleront,  les  terres  supérieures  seront  affaissées. 

Il  arrivera  dans  l'intérieur  de  la  montagne  ce  qui  se 
voit  souvent  au  dehors  :  Scheuchzer  fait  une  longue  énu- 
mération  des  portions  énormes  de  montagnes  éboulées  ; 
il  n'est  pas  d'année  qu'on  ne  trouve  de  vestiges  de  des- 
tructions nouvelles  dans  les  masses  des  rochers  les  plus  durs 

Mais  je  ne  puis  parler  que  de  la  superficie  de  la  mon- 
tagne ;  on  ne  saurait  donner  un  autre  nom  à  la  petite 
profondeur  où  l'on  a  pénétré.  Sait-on  quelle  est  la  qua- 
lité des  bancs  et  des  couches  à  loo  pieds  au-dessous? 
on  sait  en  général  que  la  nature  qui  ne  perd  rien  à  la 
destruction  des  formes  ,  n'a  pas  donné  à  ses  ouvrages  une 
solidité  immuable  ;  une  circulation  universelle  et  cons- 
tante est,  au  contraire,  sa  première  loi;  le  temps  l'exé- 
cute ,  en  détruisant  perpétuellement  certains  êtres,  pour 
donner  l'existence  à  d'autres.  Tout  est  en  action  au-de- 
dans  de  ces  masses  immobiles  que  nous  appelons  mon- 
tagnes. On  peut  les  comparer  à  des  animaux  endormis 


(  ï9^-  ) 
dont  rextërleur  n  offre  que  l'image  du  repos ,  tandis  que 
mille  mouvemens  combinés  animent  toutes  les  parties  in- 
ternes. 

Les  sels  vëgëtaux  et  animaux  introduits  ayec  l'air, 
l'eau  et  le  feu ,  dans  le  sein  de  la  terre ,  rencontrent  les 
sels,  l'air,  l'eau  et  les  feux  souterrains,  et  mettent  en 
action  les  minéraux  ;  sans  cesse  les  uns  se  forment ,  les 
autres  se  décomposent  ;  des  corps  mois  prennent  de  la 
consistance,  des  corps  solides  s'amollissent,  s'atténuent, 
se  dégradent  ;  leur  forme  et  leur  étendue  changent  ;  au 
vide  succède  le  plein,   au  plein  succède  le  vide;  des 
parties  se  comblent ,  d'autres  s'excavent  ;  aucun  ordre , 
aucune  symétrie  apparente  ne  s'observe  (i).  De  toutes  ces 
causes  naissent  les  cavernes  dont  Tirrégularitë  et  la  ca- 
ducité produisent  à  la  longue  des  chutes  qui ,  pour  être 
à  de  grandes  profondeurs ,  n'en  excitent  pas  moins  un 
affaissement  subit  à  la  surface  de  la  montagne  (2). 

Indépendamment  de  l'action  universelle  et  réciproque 
des  élémens,  des  sels  ,  des  soufres,  des  minéraux,  dans 
le  sein  des  montagnes ,  l'eau  elle  seule  doit  opérer  des 
effets  semblables  ;  la  montagne  de  St.- Just ,  sur  laquelle 
la  ville  de  Lyon  était  bâtie ,  abonde  en  sources  de  diffé* 
rentes  qualités. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'examiner  comment  les  sources, 
les  fontaines ,  les  rivières  se  forment  dans  les  montagnes, 


(i)  On  trouve  une  partie  de  ces  phénomènes  dans  les 
anciens  travaux  des  mines  qu'on  remet  en  exploitation. 

(2)  On  ne  prétend  pas  ayancer  que  toutes  les  cavernes 
soient  formées  sans  explosion ,  sans  tremblemens  :  ces 
causes  sont  probablement  les  plus  ordinaires  ;  mais  il  est 
évident  qu'elles  ne  sont  pas  les  seules. 


(  195  ) 
si  elles  naissent  des  vapeurs  condensa  et  des  pluies  qui 

tombent ,  ou  des  eaux  souterraines  et  des  vapeurs  qui 
s'élèvent  :  pour  établir  que  les  sources  peuvent  occasion 
ner  récroulement  des  montagnes  ,  il  suffit  de  savoir 
qu'elles  en  sortent ,  que  l'eau  ne  saurait  couler  sur  ié 
rocher  même  sans  en  détacher  et  entraîner  des  parcelles; 
qu'il  n'est  point  de  pierres  ou  de  terre  qu'elle  ne  dé- 
trempe, ne  dissolve  et  ne  .détruise  à  la  longue,  qu'elle 
dissout  le  fer  même  et  le  charrie  sous  la  forme  d*ocre; 
que  l'eau  la  plus  pure  dépose  un  limon ,  qu'il  en  est  qui 
détache  tant  de  parties  des  corps  au  travers  desquels  elle 
passe  9  qu'en  déposant  ces  parties  ,  elle  forme  des  masses 
de  concrétions  qu'on  peut  dans  la  suite  considérer  comme 
de  vastes  carrières  de  pierre.  Les  grottes  d' Arcy  en  Bour- 
gogne ,  et  encore  plus  celles  d'Antiparos  dans  l' Archi- 
pd,  en  sont  la  preuve. 

Pour  former  ces  immenses  dépôts ,  quelles  incavations 
les  eaux  n'ont-elles  pas  dû  laisser  dans  les  lieux  d'où 
elles  ont  détaché  les  matières  déposées  ?  ce  ne  sont  pour- 
tant que  des  eaux  tranquilles  qui  filtrent  lentement  au 
travers  des  rochers  et  des  terres.  Que  sera-ce,  si  l'on  con- 
sidère ces  vastes  amas  d'eau  que  les  montagnes  renfer- 
ment quelquefois  ;  ces  lacs  intérieurs  dont  parlent  les 
physiciens ,  ces  courans  d'eaux  souterraines ,  ces  fleuves 
qu'on  a  entendu  souvent  rouler  sous  la  terre ,  toutes  ces 
eaux  douces  qui  vont  se  décharger  dans  la  mer  au-des- 
sous de  sa  surface ,  et  dont  l'impétuosité  est  quelque- 
fob  telle  qu'elles  traversent  une  longue  étendue  d'eau 
salée  sans  s'y  mêler  ? 

C'est  à  ces  courans  souterrains  que  M.  de  BuiFon  (i) 

(i)  Hist»  na/.%  tom.  I ,  pag.  544  et  sair. 

Tome  FUI.  i3 


(  Î94  ) 
tarait  uniquement  attribuer  l'origine  des  cavernes  et  des 
afFaisseinens  dont  il  est  question  :  a  On  peut  j  dît-îU 
»  concevoir  aisément  la  cause  de  tous  ces  effets.  On  sait 
»  qu'il  y  a  des  eaux  souterraines  en  une  infinité  d'en- 
»  droits.  Ces  eaux  entraînent  peu  à  peu  les  sables  et  les 
»  terres  à  travers  lesquels  elles  passent,  et  par  conséquent 
h  elles  peuvent  détruire  peu  à  peu  la  couche  de  terre 
»  sur  laquelle  porte  cette  montagne ,  et  cette  couche  de 
3)  terre  venant  à  manquer  plutôt  d*un  côte  que  de  l'autre, 
})  il  faut  que  la  montagne  se  renverse,  ou  si  cette  base 
i>  manque  k  peu  près  également  partout ,  la  montagne 
»  s'affaisse  -sans  se  renverser*  »  Cette  double  explication 
est  d'autant  plus  lumineuse  qu'elle  est  simple.  La  pre** 
mière  pourrait  rendre  compte  de  la  chute  régulière  des 
aqueducs  de  Soucieu  ;  Tafl^issement  qui  a  pu  donner  lieu 
au  désastre  de  Lyon  se  rapporterait  à  le  seconde  ;  car 
rien  n'établit ,  ainsi  que  j'aurais  dû  le  remarquer  précé- 
demment i  que  ces  deux  événemens  dussent  être  rapportés 
au  même  tempsw  . 

Qui  sait  enfin  si  anciennement  on  n'a  pas  ouvert  des 
mines  sous  Taqucduc  de  Soucieu ,  ou  même  sous  la  mon- 
tagne de  St.-Just?  au  rapport  de  Strabon,  la  Gaule  en 
possédait  un  grand  nombre  de  très-*riches.  De  fortes  ir- 
ruptions d'eau  dans  les  anciens  souterrains  des  mines 
peuvent  aussi  donner  lieu  à  des  affaissemens. 

Mais  passons  à  la  troisième  cause  que  nous  leur  avons 
attribuée,  Taction  d'un  feu  différent  de  celui  des  volcans, 
et  différent  aussi  de  ce  feu  central  supposé  gratuitement 
par  quelques  physiciens,  pour  expliquer,  à  leur  gré,  tous 
les  phénomènes  possibles.  Les  faiseurs  de  système  croient 
tenir  en  leur  pouvoir  les  clefs  de  la  nature.  Le  philo- 
sophe se  contente  de  frapper  à  la  porte.  Tâchons  de 


ï  195  ) 
rimiler  ;  ne  supposons  rien ,   rejetons  la  physique  mév 
taphysique;  rassemblons  des  faits. 

Les  Transactions  philosophiques  (i)  font  mention  de 
certaines  terres  en  Ecosse  qui  fermentent  intérieurement 
et  qui  exhalent  une  vapeur  chande.  Le  célèbre  M.  Henckel 
rapporte  qu*en  1719,  après  des  chaleurs  extraordinaires 
qui  se  firent  sentir  à  la  fin  de  Tëtë  (2),  un  terrain  gras 
et  glaiseux  s^enflamma  auprès  de  Francfort,  qu'envi-' 
ron  dans  le  même  temps ,  les  prés ,  dans  le  bailliage  de 
Steinheim ,  s'enflammèrent ,  que  les  racines  des  arbres 
voisins  furent  brûlées ,  et  qu'on  ne  put  arrêter  les  effets 
de  ce  feu  souterrain  qu'en  faisant  de  profondes  tranchées; 
qu'enfin  la  même  chose  arriva  dans  la  ménagerie  du* 
comte  de  Solm  Brœunfels  en  Hongrie;  le  feu  dura^ 
plusieurs  jours ,  et  pénétra  si  avant  dans  la  terre  que , 
lorsqu'on  y  voulut  marcher,  on  enfonça  jusqu'au  ge- 
nou, la  terre  tombait  en  cendres. 
'  Le  même  phénomène  a  effrayé,  cette  année  (1762)  , 
l'Angleterre  (5).  Un  marais  aux  environs  de  Newcastic 
a  pris  feu  ,  les  pluies  seules  ont  pu  arrêter  cet  embrase- 
ment, ainsi  que  dans  la  province  d'Yorck  où  le  feu  s'est 
étendu  à  plus  de  i5  milles ,  au  point  de  faire  craindre 
aux  habitans  du  Comté  de  Derby  qu'il  ne  se  communi- 
quât aux  terres  à  tourbes  :  il  aurait  trouvé  tant  d  alimens 
dans  les  substances  dont  elles  sont  remplies  ,  qu'il  eût  été 
vraisemblablement  impossible  de  l'éteindre. 


(1)  Collect  de  Dijon  ,  tora.  IV ,  pag.  74. 

(2)  Flora  Satumisans  ,    pag.  66. 

(3)  Y07.  la  Gazette  de  France  ^  3o  juillet  1762  ^  article 
de  Londres ,  du  20  juillet 


(  196  )  • 
La  sécheresse  que  nous  avons  ëprouvëe,  a  pareillement 

donne  Heu  à  un  effet  semUable ,  à  trois  lieues  de  cette 
ville  :  le  marais  qu*on  nomme  les  Echeis  ayant  ëtë  des- 
séché, la  terre  s*est  enflammée,  et  le  feu  s'est  prolongé 
dans  un  grand  espace  de  terrain. 

Il  suit  de  là  que  certaines  terres  sont  soumises  en  cer- 
taines circonstances  à  l'action  du  feu.  Il  est  vrai  que , 
dans  plusieurs  des  faits  cités ,  principalement  dans  celui 
des  Echets ,  les  terres  qui  se  sont  enflammées  étaient  vrai- 
semblablement des  fondrières ,  ou  espèce  de  tourbes  com- 
posées de  détrimens  des  végétaux  combustibles  par  nature; 
j'en  conviens  ,  mais  les  terres  glaiseuses  dont  parle  Henckel 
n'étaient  pas  sans  doute  de  ce  nombre  :  comment  eût-il 
pris  naturellement  dans  les  autres,  si  elles  n'eussent  ren- 
fermé ,  comme  celle-ci ,  des  matières  fermentables  et  in- 
flammables? toutes  les  terres  eu  contiennent  plus  ou 
moins  et  de  différentes  espèces.  Ces  matières  sont:  le  sou- 
fre I  l'alun ,  les  acides ,  les  pyrites ,  les  bitumes  qui ,  com- 
binés d'une  certaine  manière,  deviennent  sujets  à  la  fer- 
mentation ,  et  dès  lors  à  s'enflammer  ,  à  exciter  le  feu 
dans  la  terre  jusqu'à  une  grande  profondeur.  La  manière 
dont  agissent  les  feux  souterrains ,  dit  M.  Lehmann  (i), 
est  de  consumer  de  grands  espaces  dans  les  parties  les 
plus  profondes  de  la  terre.  On  conçoit ,  en  effet ,  que , 
si  l'air  se  fait  un  passage  jusqu'à  eux ,  ce  qui  peut  arriver 
par  une  infinité  de  moyens ,  puisque  l'eau  y  parvient , 
il  excite  l'embrasement ,  le  prolonge ,  le  ranime  ;  les 
pierres  calcaires  sont  calcinées ,  les  vitrescibles  tombent 
en  fusion ,  la  terre  se  mine ,  il  s'y  forme  de  nouvelles 
cavités,  et  les  affaissemens  suivent  sans  être  accompagnés 


(i)  Des  CQuchçi  de  la  terre  ,   pag,  2o5. 


(  197  ■) 
d'explosion ,  lorsque  Tair  et  le  feu  ne  sont  pas  gén^s  dans 

leur  action. 

C'est  principalement  dans  les  montagnes  qu'on  reuf- 
contre  la  matière  dont  il  est  question.  La  pyrite  est  très- 
commune  dans  nos  provinces^  elle  y  est  répandue  et 
mêlée ,  en  grande  quantité  ,  dans  toutes  les  espèces  de 
pierres  calcaires  et  yitrescibles  ;  j'en  connais  des  filons  très- 
étendus,  nos  mines  de  cuivre  ne  sont  elles-méme  que 
des  pyrites  cuivreuses. 

Le  pyrite  est  un  minéral  compact ,  ordinairement 
jaune  et  brillant;  le  peuple  le  prend  pour  de  l'or;  il 
ne  tient  le  plus  souvent  que  du  soufre ,  du  fer  et  de 
l'acide  vitriolique.  M.  Henckel ,  dans  sa  Pyritologie ,  a 
épuisé  sur  cet  objet  les  observations  et  les  expériences. 
Le  docteur  Lehmann  (i)  remarque  avec  lui ,  que  les 
pyrites  ont  la  propriété  de  se  décomposer  par  le  contact 
de  l'air  et  de  l'eau ,  avec  cette  seule  différence  que  quel- 
ques espèces  se  décomposent  plus  ou  moins  prompte- 
raent  que  les  autres  (2)  ;  elles  s'échaulTeiit  par  l'action 
naturelle  de  l'eau  sur  le  fer  et  l'acide  vitriolique,  elles 
tombent  en  efflorescence,  elles  se  réduisent  en  poussière, 
et  le  mouvement  de  chaleur  qu'elles  éprouvent  est  souvent 
accompagné  de  vapeurs  enflammées  ;  les  eaux  minérales 
et  acidulés,  chaudes  ou  froides  acquièrent  sans  doute 
leurs  qualités  en  traversant  des  lieux  où  se  rencontrent 


(i)  Des  couches  de  la  terre  ,   pag.  4t7^ 

(2)  Les  pjrites  globuleuses  sont  celles  qui  effleurissent 
le  plos  facilement  :  la  décomposition  commence  par  le 
centre.  M.  Lehmann  dit  que  pour  les  conserver  dans 
les  cabinets ,  il  convient  de  les  renfermer  dans  des  vais- 
seaux de  verre  bien  bouchés  et  placés  dans  un  lieu  sec. 


C  198  ) 
de  pareilles  effervescences.  On  iie  peut  attribuer  quà 
une  cause  semblable  la  chaleur  des  eaux  de  ChoMiée^ 
saigues  en  Auvergne ,  qui ,  par  Tanalyse ,  sont  reconnues 
pour  n'avoir  rien  de  minéral ,  et  dans  laquelle  un  œuf 
durcit  dans  12  minutes. 

Mais,  selon  la  remarque  de  M.  Lehmann  (i),  les  py- 
rites, en  se  décomposant,  ne  peuvent  produire  une  flamme 
par  elles-mêmes ,  à  moins  qu'elles  ne  rencontrent  des 
substances  disposées  à  prendre  feu ,  ainsi  que  Talun ,  le 
soufre  et  les  bitumes. 

Nos  terres  abondent  en  minéraux  de  tout  genre ,  le 
soufre  est  répandu  partout ,  le  bitume  y  est  aussi  com- 
mun que  la  pyrite ,  elles  sont  donc  sujettes  à  des  embra- 
^mens  souterrains  et  à  toutes  les  révolutions  qui  en  soDt 
la  suite. 

Ces  feux  sont  fréquens  dans  les  couches  de  naphfe  ;  le 
liaphteest,  comme  Ton  sait,  un  bitume  très-délié ,  tr^- 
liquide  et  si  inflammable  qu'il  s  allume  à  une  certaine  dis- 
tance du  feu  :  on  en  trouve  plusieurs  espèces  en  Italie , 
dans  une  montagne ,  auprès  de  Modène  ;  il  n'est  nulle  part 
aussi  commun  que  dans  les  environs  de  la  ville  d'Astra- 
can  (2) ,  le  bois  et  les  fruits  sont  très-rares  dans  ce 
pays  où  il  ne  pleut  jamais  ,  et  qui  n'est  fertilise  que  par 
les  débordemens  du  Volga ,  comme  l'Egypte  par  ceux  du 
Nil  ;  mais  on  y  puise  du  naphte  dans  plus  de  20  puils 
d'une  grande  profondeur.  On  se  sert  de  ce  bitume  dans 
les  lampes ,  pour  brûler ,  au  lieu  d'huile ,  et  au  lieu  de 


(i)  Des  couches  de  la  terre  t^  pag.  432. 
-<2)  Capitale  du  royaume  d'Astracan,  dans  la  Moscou  ie 
asiatique.  « 


(  199  ) 
bols ,  dans  les  chemina  9  après  l'avoir  fait  imbiber  dan» 

la  terre. 

Il  parait  certain  que  les  terrains  toujours  fumans  et 
toujours  brûlans  en  Italie  recouvrent  des  terres  péné- 
trées de  ee  bitume  enflammé  très -profondément  par 
l'effervescence  des  pyrites  qu'elles  renferment.  Depuis 
long-temps  le  feu  s'est  mis  également  dans  les  couches 
à'Asimcan  ;  il  occasione ,  chaque  jour  9  à  la  surface  de 
nouvelles  cavités  et  de  nouveaux  affaissemens.  Quelques 
auteurs  prétendent  même  que  toutes  les  couches  où  se 
trouve  le  naphte ,  indiquent  un  feu  actuellement  allumé 
sous  terre,  qui  met,  pour  ainsi  dire,  en  distillation  les 
charbons  qui  le  renferment. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  ne  crois  pas  qu'on  ait  rencontré 
du  naphte  pur  dans  nos  provinces  ,  mais  le  charbon  de 
pierre  qui  s'y  trouve  très-fréquemment,  est  dans  le  même 
cas  que  lui  :  «  On  a  reconnu  qu'il  est  lui-même  un  com- 
»  pcKsë  de  naphte  ou  d'huile  de  pétrole  ,  qui ,  ayant  ren- 
»  contré  du  limon  et  de  la  marne ,  s'est  durci  par  cou- 
9  ches  ou  par  lits,  et  s'est  changé  en  charbon  fusible  , 
»  après  qu'une  vapeur  sulfureuse  est  venue  s'y  joindre  (  i  )  ». 

n  conserve  donc  une  partie  de  Tinflammabilité  du 
naphte  ;  d'un  autre  côté ,  il  est  presque  toujours  accom- 
pagné de  parties  alumineuses  et  pyriteuses  qui  s'annon* 
cent  quelquefois  par  des  exhalaisons  fortes  et  inflamma- 
bles; ce  sont  ces  exhalaisons  qui ,  dans  quelques  carrières, 
donnent  lieu  au  feu  connu  sous  le  nom  de  feu  brisou  (2), 

V 

(i)  Minéralogie  de  Wallérius ,  tom.  I ,  pag,  562. 

(2)  Feu  Brisou  ou  Ferou  ,  commua  dans  les  mines  de 
Flandres ,  de  Liège  et  d*Âujou.  Mém.  sur  le  charbon  miner 
rcUy  par  M.  de  Tillj  ,  pag.  11 6. 


f 

(   200   ) 

m^tëorê  actif  jqui  parcourt ,  comme  un  éclair,  tous  les  ou- 
vrages souterrains,  brûle  les  substances  animales ,  et  n'en- 
dommage pas  les  végétales  :  il  est  hors  de  mon  sujet  de 
chercher  la  cause  de  ce  phénomène;  il  me  suffit  de  con- 
clure de  toutes  ces  observations  que  le  charbon  minéral 
peut  lui-même ,  ainsi  que  le  naphte ,  s*enflammer  dans 
ses  couches  les  plus  profondes ,  sans  que  le  feu  du  ciel , 
rimprudence  ou  la  malice  des  hommes  y  cx)ntribuenl 
comme  on  le  croit  communément.  Pourquoi  chercher 
des  torts  à  la  nature ,  ou  à  Thumanité ,  lorsque  les  faits 
s'expliquent  par  des  raisons  physiques  ? 

Jugeons  de  ce  qui  se  passe  dans  l'intérieur  de  la  terre, 
par  ce  qui  se  passe  au  dehors  :  on  a  découvert  dans  la 
Picardie  des  mines  de  terre  houiUe  qu*on  exploite  avec 
succès  comme  des.  engrais  fertilisant.  Ces  terres,  ainsi 
que  plusieurs  autres  terres  bitumineuses  connues ,  qui  ne 
diffèrent  presque  du  charbon  que  parla  consistance,  lors- 
qu'elles sont  exposées  au  contact  de  Pair,  fument,  s*é- 
chauffent ,  se  consument ,  jettent  quelquefois  de  la  flamme, 
et  se  réduisent  en  cendres*  Certains  charbons  de  terre  , 
surtout  ceux  qui  tiennent  des  parties  alumineuses ,  s'en- 
flamment également  à  lair  au  bout  d*un  temps,  lorsqu'ils 
sont  humectés  (i).  Urbanus  Hiœrne,  chimiste  suédois, 
parle  d'un  incendie  qui  consuma  une  maison  à  Stockolm 
(2)  ,  et  qui  fut  occasioné  par  des  charbons  qui ,  ayant 
été  mouillés  dans  le  transport ,  furent  entassés  dans  un 
grenier  où  ils  s'enflammèrent;  Henckel  (3)  dit  que  la  mine 
d'alun  ,  lorsqu'elle  est  mêlée  de  bitume  et  amoncelée  à 


(1.)  Voy.  r£ncyclopédie ,  an  mot  charbon* 
(2)  De  calore  uleque* 
(3)  Pjrriiotogie, 


{201) 

Tair ,  s^allume  et  produit  de  la  flamme.  Prenez  )  dit  le 
docteur  Lehmann  (i) ,  deux  parties  de  la  pyrite  qui  donne 
le  vitriol  bien  pulvërisëe,  et  une  partie  de  charbon  de 
pierre  réduite  en  poudre  ;  mêlez  ces  matières ,  humec- 
tez-les, formez*en  une  masse,  elle  s*ëchauffera,  s'allu- 
mera ensuite,  et  tout  le  charbon  sera  consumé. 

Ces  faits  et  Texpërience  ne  laissent  aucun  doute  sur 
le  principe  des  embrasemens  des  mines  de  charbon ,  sur- 
tout de  celles  où  se  trouve  de  la  pyrite  ou  de  Tâlun  ; 
ils  établissent  que  le  feu  peut  et  doit  y  prendre  en  cer- 
tains temps  et  dans  certaines  carrières ,  lorsque  Tair  et 
Teau  pénètrent  jusqu'à  elles.  C'est  ce  qui  arrive  fréquem- 
ment dans  presque  tous  les  pays  abondans  en  mines'  de 
cette  espèce  ;  on  en  connaît  plusieurs  ,  en  Angleterre  et 
en  Allemagne,  qui  brûlent  depuis  un  grand  nombre  d'an- 
nées ;  le  feu  prit ,  au  commencement  du  dernier  siècle , 
dans  la  mine,  de  Zwickau  en  Misnie  (2)  :  il  dure  encore, 
et  Ton  ne  sait  à  quelle  profondeur  il  a  pénétré. 

Mais  il  n'est  pas  besoin  de  recourir  à  des  exemples 
étrangers  ;  nous  en  avons  de  frappans  dans  les  carrières 
de  nos  provinces:  à  St.-Genis-Terre-Noire ,  à  quelques 
lieues  de  Lyon ,  où  l'on  exploite  du  charbon  minéral  , 
les  terres  noirâtres  et  bitumineuses  qui  jettent  souvent 
de  la  fumée,  n'annoncenl-elles  pas  un  feu  souterrain  , 
dont  on  ignore  le  progrès,  l'étendue  et  la  profon- 
deur (5)  ? 

Pour  ne  m'en  rapporter  qu'à  ce  que  j'ai  vu  moi- 
même  ,  je  citerai  les  carrières  qui  se  trouvent  dans  la 

(i)  Des  couches  de  la  terre,  pag.  i38. 
(2)  Encyclopédie  ,  tom.  III ,  pag.  195. 
(5)  Cest  de  1^  ,  sans  doute  ,  que  ce  lieu  a  tiré  le  nom 
de  la  Montagne  de  Jeu. 


(   303   ) 

paroisse  de  Chambon ,  près  de  $aini^Etienne.  Le  fea  y 
existe  certainement.  Quelques  observations  que  j*ài  faites 
sur  les  lieux  à  ce  sujet ,  ne  seront  pas  déplacées  ici  ;  on 
verra  dans  peu  quel  rapport  elles  ont  à  ce  qui  peut 
être  arrivé  à  la  montagne  de  St.-Ju&t*  Elles  confirment 
un  fait  qui  paraissait,  à  Sl-Étienne  méme^  révoqué  en 
doute  par  des  personnes  instruites;  elles  ont  servi  de 
base  à  Tidée  que  je  me  suis  formée  de  l'action  des  feux 
souterrains  dans  les  mines  de  charbon ,  et  je  puis  y  avoir 
quelque  confiance ,  les  ayant  Caites  sous  les  yeux  d  un 
homme  distingué  par  de  profondes  connaissances  en  phy- 
sique qui  (ont  la  moindre  partie  de  son  mérite. 

Les  carrières  dont  il  s'agit  sont  a  trois^quarts  de  lieue 
de  St-Etienne ,  sur  la  route  du  Puy,  en  se  détournant  au 
sud  du  grand  chemin.  L'hôpital  de  St-Etienne  y  fait  tirer 
du  charbon ,  dans  le  lieu  dit  la  Mine ,  assez  près  de  l'en- 
droit où  le  feu  se  manifeste  actuellement  ;  il  est  même 
à  craindre  que  cette   exploitation  qui  »  sans  contredit , 
est  une  des  mieux  dirigées  de  la  province,  ne  soit  bien- 
tôt interrompue  par  ce  fléau.  La>  couche  est  très-épaisse, 
elle  est  riche,  d'une  bonne  qualité,  disposée  sous  un 
grais  qui  lui  sert  de  toit,  et  ce  qu'il  importe  d'observer, 
c'est  que  le  charbon  contient  plusieurs  parties  pyriteuses 
souvent  sensibles  à  la  vue;  j'ai  trouvé  même,  dans  les 
environs»  des  groupes  de  marcassites  cubiques:  lamar- 
cassite  n'est  autre  chose  qu'une  pyrite  cristallisée. 

Près  d'un  quart  de  lieue  avant  d'arriver  à  cette  mine , 
des  terres  noirâtres  annoncent  la  présence  du  bitume, 
et  l'on  commence  à  trouver  des  indices  de  l'action  d'un 
feu  souterrain.  On  passe  par  des  chemins  profonds, 
dont  les  balmes,  coupées  à  pic ,  sont  composées  d'ardoises 
évidemment  dénaturées,  friables  et  d'un  gris  rougeâlre: 


(    203   ) 

cette  décomposition ,  effet  naturel  du  feu  sur  cette  es- 
pèce d'ardoise  ,  se  fait  apercevoir  principalement  dans 
les  couches  inférieures,  et  n'existe  plus  en  approchant 
de  la  surface ,  d'<»ù  l'on  doit  juger  que  le  feu  qui  agrillé 
ces  couches  n'a  point  été  un  feu  extérieur  qui  soit  péné- 
tré du  dehors  dans  l'intérieur  du  sol ,  mais  d'un  feu 
dont  l'action  a  été  dirigée  du  bas  en  haut. 

En  marchant  quelques  pas  en  avant,  cette  observa- 
tion devient  encore  plus  sensible  sur  des  couches  d'argile 
grise  ;  on  sait  que  la  plupart  des  argiles  rougissent  au  feu 
et  y  acquièrent  de  la  dureté.  Les  couches  extérieures 
sont  grises  et  friables  jusqu'à  un  pied  de  la  surface ,  la 
coaleur  est  altérée  en  dessous ,  et  la  consistance  augmente; 
les  couches  inférieures  sont  médiocrement  rouges  et  en- 
core friables;  celles  qui  suivent  ont  la  couleur  et  la  dureté 
de  la  brique  ;  les  dernières  qu'on  aperçoit  approchent 
de  la  vitrification* 

De  plus  fortes  indications  se  présentent  ensuite  ;  on 
découvre  des  fentes  dans  des  terres  dont  la  substance 
parait  dénaturée ,  et  des  crevasses  extraordinaires  dans 
des  bancs  de  grais ,  les  unes  et  les  autres  ayant  quelque 
apparence  de  chaleur  et  de  fumée.  A  quelque  distance,  on 
rencontre  plusieurs  creux  faits  en  forme  de  cônes  ren- 
versés ou  d*entonnoirs  ;  des  intervalles  assez  considé- 
rables les  séparent  les  uns  des  autres  :  ces  portions  de 
terrain  ne  paraissent  avoir  souffert  aucune  altération  de 
la  cause  qui  a  produit  les  creux. 

Quelques-'unes  de  ces  cavités  ont  une  vingtaine  de 
pieds  de  profondeur  et  à  peu  près  autant  de  largeur 
dans  leur  plus  grand  diamètre;  dans  les  unes,  la  surface 
intérieure  est  unie  et  forme  un  véritable  entonnoir  ;  on 
reconnaît  seulement  à  la  couleur  et  à  la  consistance  des 


(  204  > 
terres ,  des  argiles  et  des  ardoises ,  qu'elles  ont  été  plus 
ou  moins  attaquées  par  le  feu.  Dans  les  autres ,  Tinte- 
rieur  annonce  le  boulversement  et  la  destruction ,  les 
parois  sont  composées  de  pierres  grillées ,  de  terrés  cuites 
et  vitrifiées.  On  aperçoit  des  quartiers  de  rochers  adhé- 
rans  aux  bancs  qui  se  prolongent  dans  les  terres  ;  ces 
rochers  avancent,  ont  une  saillie  et  paraissent  comme 
suspendus.  Vus  par-dessus ,  ils  sont  dans  leur  état  natu- 
rel ;  en  dessous ,  ils  sont  évidemment  brûlés ,  et  quelque- 
Ibis  tellement  vitrifiés ,  que  les  parties  fondues  forment 
des  gouttes  pendantes;  ce  qui  n*a  rien  de  surprenant,  si 
l'on  fait  attention  à  la  nature  du  grais  qui  est  un  com- 
posé de  parties  sablonneuses  liées  par  un  gluten  :  les  grains 
de  sable ,  qui  sont  autant  de  parcelles  de  quartz ,  de  tous 
les  minéraux  sont  ceux  qui  entrent  le  plus  aisément  en 
fusion. 

Dans  le  fond  des  mêmes  cavités  se  trouvent  des  mon- 
ceaux de  briques  irrégulières ,  de  pierres  rôties ,  d'ar- 
doises grillées ,  de  scories  de  diverses  espèces ,  en  un 
mot,  tous  les  restes  d'un  feu  violent  et  de  longue  durée  ; 

on  croit  voir  les  décombres  d'un  fourneau  de  raffinage , 
ou  plutôt  en  petit ,  les  anciens  fourneaux  de  volcan  tels 

que  les  voyageurs  nous  dépeignent  ceux  du  Vésuve. 

Tant  d'indices  accumulés  ne  nous  laissent  aucun  doute 

sur  l'origine  du  phénomène  :  les  bitumes  attaqués  par  le 

feu  étant  à  différentes  profondeurs,  les  terres  et  les  bancs 

de  pierre  qui  les   recouvraient ,  en  avaient  dû  ressentir 

les  effets  dans  des  proportions  relatives  ;  il  était  reconnu 

que  le  feu  avait  consumé  dans  ces  lieux  quelques-unes 

des  couches  bitumineuses  dont  le  pays  abonde ,  mais  les 

preuves  d'un  feu  actuel  étaient  encore  très-faibles;  elles 

devinrent  bientôt  convaincantes. 


(  ao5  ) 

Après  une  demi  -heure  de  marche  dans  des  vailles  <][ui 
ne  paraissent  aucunement  endommagées ,  on  passé  devant 
la  carrière  exploitée  dont  j'ai  parlé  ;  sur  la  gauche  ,  en 
tirant  vers  le  couchant,  on  voit  une  colline  qui  peut 
avoir  sept  ou  huit  cents  pieds  de  longueur  dans  la.  di- 
rection du  nord  au  midi ,  la  terre  en  est  grise ,  et  le  sol 
y  est  tellement  aride  qu'on  le  prendrait  pour  un  amas 
de  cendres. 

Cette  couleur  nous  détermina  à  y  monter  ;  nous  n'y 
trouvâmes  que  des  débris  d'ardoises  décomposées  en  par* 
tie  par  le  feu  souterrain  qui  se  faisait,  dans  cet  endroit^ 
reconnaître  sensiblement  sous  les  pieds.  On  y  respirait 
une  odeur  de  soufre  brûlé ,  la  fumée  s'exhalait  au  tra- 
vers des  lames  des  ardoises ,  sans  y  avoir  d'issue  mar-* 
quée  ;  mais  on  trouvait  à  leur  superficie  des  fleurs  de 
soufre  assez  épaisses  que  nous  reconnûmes  évidemment, 
en  cherchant  des  empreintes  de  fougères  exotiques ,  si 
communes  sur  toutes  les  ardoises  du  pays» 

Une  fumée  que  nous  vîmes  s'élancer  avec  force  de 
l'autre  côté  du  petit  vallon  où  se  termine  la  colline  , 
nous  engagea  à  nous  rendre  auprès  des  rochers,  au  tra- 
vers desquels  elle  sortait.  Ce  fut  là  que  l'action  du  feu 
nous  parut  être  le  plus  près  de  la  surface  ;  une  fumée 
blanchâtre  et  soufrée  se  faisait  un  passage  de  tous  côtés 
au  travers  des  fentes  des  rochers;  elle  était  si  chaude ,  en 
quelques  endroits  ,  que  la  main  pouvait  à  peine  la  sou- 
tenir deux  secondes ,  et  la  pierre  elle-même ,  en  passant 
la  main  dans  les  fentes,  paraissait  brûlante. 

Ces  faits  reconnus,  il  est  aisé  de  comprendre  que  nous 
ne  fûmes  pas  tentés  de  faire  un  long  séjour  dans  ces  lieux 
menacés  d'un  bouleversement  qu'ils  ont  peut-être  éprouvé 
depuis  lors  ;  nous  ne  voulûmes  cependant  pas  en  sortir 


9 

(  5o6  ) 
sans  faire  quelques  questions  à  une  troupe  d'habitans  voi- 
sins qui  nous  avaient  entoures  ,  pour  regarder  avec  ëton-: 
nement,  et  peut-être  avec  mëpris,  des  gens  qui  venaient 
de  loin  considérer  des  choses  qu'ils  voyaient  chaque  jour. 

Nous  apprîmes  d'eux  que,  depuis  plus  décent  ans  ,1e 
feu  consumait  ainsi  les  carrières  du  pays ,  qu'on  avait 
toujours  pensé  que  le  tonnerre  seul  avait  pu  Ty  mettre, 
que  l'on  racontait  qu'au  commencement  du  siècle,  la  terre 
s'enfonça  sous  des  manœuvres  qui  travaillaient  près  de 
là,  et  les  engloutit  au  nombre  de  cinq;  qu'anciennement 
on  voyait  pendant  la  nuit  s'élever  dans  les  champs  des 
colonnes  de  feu  ;  que ,  depuis  quinze  années  environ ,  son 
activité  paraissait  diminuée;  que  quelquefois  on  était 
long-temps  sans  l'apercevoir  ;  qu'après  de  longues  pluies 
elle  augmentait  sensiblement ,  ainsi  que  la  chaleur  de  la 
terre ,  par  la  même  raison  sans  doute  qu'on  ranime  le 
feu  des  forges  en  y  jetant  de  l'eau  ;  que,  dans  l'hiver, 
la  neige  fond  à  mesure  qu'elle  tombe  dans  ces  lieux , 
où  le  gibier  se  réfugie  en  quantité  ;  qu'enfin  les  rochers 
que  nous  venions  d'examiner  étaient  remplis  de  couleu- 
vres attirées  par  la  chaleur ,  quoique  nous  eussions  re- 
marqué que  tous  les  insectes  qui  en  approchaient ,  ex- 
pirassent suffoqués  par  l'odeur  du  soufre. 

Tous  ces  détails  réunis  jetent  du  jour  sur  la  théorie 
des  feux  souterrains  dans  les  mines  de  charbon.  Je  ne 
chercherai  pas  à  en  tirer  ici  toutes  les  conséquences  qui 
en  dérivent.  Je  me  contente  de  conclure,  en  général ,  que 
l'action  de  ces  feux  est  lente  dans  sa  progression ,  sourde, 
quelquefois  insensible  et  toujours  redoutable  :  ils  dé- 
vorent successivement  toutes  les  matières  imprégnées  de 
bitumes,  les  suivent  quelquefois  dans  la  plus  grande  pro- 
fondeur, reviennent  ensuite  consumer  les  couches  les 


(   207    > 

plus  près  de  la  surface  ;  leurs  effets  sont  en  raison  des 
obstacles  qu'ils  rencontrent  :  ces  effets  sont  au  dehors 
d'autant  plus  faibles  que  la  propagation  est  plus  pro-- 
fonde  9  et  les  couches  supérieures ,  d*une  consistance  plus 
solide;  la  surface  des  terres  ne  souffre  alors  aucune  at- 
teinte ,  elle  n*est  exposée  qu*à  des  affaissemens  réguliers 
qui  n'y  apportent  aucune  altération  apparente;  on  n'y 
trouve  ni  chaleur  ,  ni  fumée  ;  la  fumée  rencontrant  une 
résistance  verticale  est  contrainte  de  reprendre  la  route 
que  le  feu  a  précédemment  tenue ,  et  va  chercher  une 
issue  souvent  très-éloignée  du  foyer. 

Au  contraire,  quand  la  propagation  se  fait  à  peu  de 
distance  de  la  surface ,  que  le  feu  n'est  recouvert  que  de 
quelques  couches  de  sable,  d'argile,  de  pierres  d'une 
consistance  incapable  de  résister  à  l'action  du  feu ,  sus- 
ceptible de  fusion  et  facile  à  se  dénaturer,  la  décom- 
position de  ces  couches,  leur  dégradation ,  leur  chute 
sont  prochaines  ;  de  ce  désordre  naissent  les  cavités  en 
forme  d'entonnoirs  dont  j'ai  parlé  :  effet  naturel  de  la 
chute  d'une  masse  mobile  qui  s'affsiisse  elle-même  aprè3 
avoir  été  minée  en  dessous.  Le  feu  se  manifeste  au  de- 
hors, la  fumée  sort  sans  obstacle,  le  sol  éprouve  mille 
changemens  à  peu  près  semblables  à  ceux  que  forment 
les  volcans  ,  sans  qu'on  puisse  comparer  ces  phénomènes 
aux  premiers  qui  ne  sont  accompagnés  de  secousses,  d« 
tremblemens  ni  d'explosions. 

Ces  réflexions  m'ont  conduit  à  penser  que  les  vestiges 
des  volcans  que  les  naturalistes  ont  cru  reconnaître  en 
plusieurs  lieux ,  où  l'on  n'en  conservait  aucune  mémoire, 
que  plusieurs  de  ceux  que  M.  Guettard  (i)  a  observés  dans 

(i)  Mémoires  de  l'académie  des  sciences. 


(   208    > 

rAuvérgne^n^ont  eu  d'autres  causes  <}ue  des  feuxsouter* 
rains  dé  substances  bitumineuse^ ,  pareils  à  ceux  que  jVi 
décrits.  Les  couches   bitumineuses  sont  infiniment  plus 
répandues  qu'on  ne  l'Imagine;  on  en  découvre  chaque  jour 
dans  des  lieux  oit  l'on  n'en  soupçonnait  points  et  leur 
quantité  serait  sans  doute  plus  grande  encore  ,  si  elles 
n'eussent  pas  été  exposées  ainsi  à  l'action  du  feu.  Je  suis 
très-convaincu  qu'il  en  existait  sur  la  montagne  dé  St.- 
Romain-Ie-Puits/dans  la  plaine  du  Forez  (i),  que  ces 
couches  ont  été  consumées,  et  qu'il  faut  attribuer  à  cette 
cause  tous  les  changemens  que  i*ai  observés  dans  lespiérresi 
les  rochers  et  les  terres  qui  composent  cette  petite  mon» 
tagne ,  changemens  qui  ne  peuvent  avoir  été  produits  que 
par  le  feu. 

Revenons  à  notre  objet ,  et  voyons  quel  rapport  le  fea 
qui  brûle  certaines  terres ,  les  couches  de  napthe,  ou  celles 
de  charbon,  peut  avoir  avec  le  désastre  de  la  ville  de 
Lyon ,  commait  l'un  peut  avoir  occasioné  Tautre. 

Des  terres  semblables  à.  celles  dont  il  est  question , 
étaient  peut-être  à  de  grandes  profondeurs,  sous  la  mon- 
tagne de  St.- Just.n  est  encore  plus  croyable,  vulaquan; 
tité  de  bitume  répandu  dans  la  province,  qu'il  s  y  trouve 
des  couches  de  napthe,  et  plus  vraisemblable,  en  jugeant 
par  analogie  que  ce  sont  des  couches  de  charbon  ;  je 
m'en  tiens  toujours  aux  possibilités  ;  c'est  dans  cette  vue 
que  j'ai  examiné  toutes  les  autres  causes  d'affaissemens. 

Je  dis  qu'il  est  probable  qu'il  existe  des  couches  àt 
charbon  sous  la  montagne  de  St.-Just.  Voici  mes  preuves: 
cette  montagne  est  de  la  nature  de  celles  qui  les  renfer- 

(2)  Yoy.  les  détails  de  l'observation  dans  le  mémoire  de 
M.  l'abbé  Pernetti. 


(    209  ) 

ment  ordînaireiùent  y  quoique  le  cAtë  de  Plerre-Scise  soit 
compose  d*tiii  granit  dont  les  bancs  paraissent  irrëguliers  , 
le  cAië  de  St.-Just  et  ses  environs  sont  disposes  par  Mii 
et  par  couches  de  terre,  de  cailloux ,  de  gorre  ou  de 
pierre.  On  sait  que  le  charbon  est  quelquefois  sous  des 
bancs  énormes,  de  pierre  ;  on  en  voit  des  exemples  dans 
les  carrières  de  St-Chamond  et  ailleurs.  Pour  nier  Texis- 
tenœ  des  couches  bitumineuses  sous  notre  montagne  » 
il  faudrait  donc  avoir  creusé  jusqu'à  la  profondeur  où 
l'on  peut  les  supposer.  '     . 

A  peine  avons-nous  gratté  la  superficie  de  la  terre  : 
dans  les  exploitations  même  des  mines  de  la  province^ 
la  dépense  des  travaux ,  l'abondance  des  eaux  font  aban- 
donner les  filons  les  plusriches'  à  peu  de  distance  de  la 
sarfaoe  ;  le  plus  souvent  cepèndaiU ,  cè^  mines  se  pré.ci-- 
pitent,  devenant  d'une  qualité  bien  préférable  dans  la 
profondeur  ;  le  charbon  se  tire  en  Bretagne  à  3oo  pieds 
sous  terre  ;  c'est  à  4<>o  pieds  que  les  Anglais  exploitent 
œ  diarbon  si  parfait  et  si  compact  qu'ils  le  travaillent 
au  tour  pour  en  faire  des  tabatières.  On  creuse  encore, 
chaque  année ,  pour  Taller  chercher  plus  profondément, 
et  les  travaux  de  ces  mines  nous  apprennent  que  plu- 
sieurs couches  sont  souvent  posées  les  unes  sous  les 
autres ,  et  séparées  par  des  lits  intermédiaires  de  terre 
et  de  pierre  quelquefois  extrêmement  dures  :  ainsi  Ton  croit 
quelquefois  avoir  suivi  un  filon  dans  toute  sa  profondeur 
et  Ton  s'arrête  à  un  banc  de  rocher  qui  recouvre  des  ri- 
chesses qui  demeurent  enfouies.  De  ce  que  nous  n'avons 
trouvé  aucun  indice  de  charbon  dans  notre  montagne , 
il. ne  iaol  donc  pas  conclure  qu'il  n'en  existe  point; on 
en  connaît  dans  tous  les  pays  circonyoisins  ;  quelques 
carrières  sont  énoncées  dans  des  tei*riers  du  XI.*  siècle. 
Tome  FI  IL  14 


(    2IO,) 

..Mais  il  n'y  a  peut-âtre  pas  1 5o  ans  qu'on  tire  du  char- 
bon ,  et  cependant,  dans  le  Forez  ,''on  compte  déjà  aux 
environs  de  St-Etienne  (i)  plus  de  trente  carrières  en 
exploitation  ,  et  peut-être  autant  d'abandonnées.  Dans 
le  Lyonnais  (2)  ,  ii  y  a  plus  de  soixante  puits  ouverts  ^ 
la  plupart  délaissés  et  remplis  d'eau  p^r  le  défaut  des 
exploitations. 

Chaque  jour  on  découvre  de  nouvelles  indications ,  on 
en  a  de  très-fortes  dans  le  haut  Beaujolais  (3)  ;  il  y  a 
peu  d'années  qu'on  a  attaqué  à  Coursieu ,  à  quatre 
.lieues  de  Lyon,  un  filon  d'une  bonne  qualité,  qui 
n'a  été  abandonné  qu'à  cause  de  soii  irrégularité  et  de 
là  dureté  du  sol. 

Allons  plus  loin  ,  jetons  un  coup  d'œil  sur  les  dispo- 
sitions de  nôtre  montagne:  nous  verrons  par  Tenchai- 
nemeht ,  la  direction  et  la  correspondance  des  autres 
montagnes  avec  elle  ,  que  les  couches  bitumineuses, 
quelle  que  soit  leur  origine ,  peuvent  se  prolonger  sous 
celle-ci  j  et  vraisemblablement  sous  le  côté  de  St-Jusl 
et  le  territoire  des  Massuts ,  vraie  position  de  l'ancienne 
ville  de  Lyon> 

Il  est  reconnu  que  les  carrières  de  St-Etienne  se  suc- 
cèdent avec  celles  de  St-Chamond  et  de  Rive-de-Gier  ; 
des  bancs  de  rocher  les  séparent  de  distance  en  distance  ; 


(i)  Dans  les  paroisses  de  St  Etienne,  Chambon,PîrmiDi^ 
Villard  ,  St-Jean  de  Bonnefond ,  St-Genest ,  Aoche  ,  La 
Molière ,  etc. 

(2)  Les  paroisses  de  St-Chamond  ,  Rive-de-Cxier ,  St- 
Genis-Terre-noue ,  St-Martin-ia-Plaine  et  S.te-Foy  TAr- 
gcntière, 

(3)  Près  de  St-Symphorien  de  Laje. 


mais  on  dpit  prësmner  qu*ellçs  se  communiquent  dans 
la  profondeur  ,  ce  que  nos  légères  exploitations  nous 
laissent  seulemenjt  soupçonner.  La  même  disposition  de 
montagnes  qui  sb  trouve  de  St-Etienne  à  Rive-de-Gier , 
se  continue  de  Rive-de-Gier  à  Sl-Just ,  et  je  ne  serais 
pas  le  premier  qui  aurait  pense  avec  fondement  que 
1^  couches  bitumineuses  du  Lyonnais  sont  les  mêmes 
qui  vont  reparaître  dans  le  Dauphinë ,  ce  qui  ne  peut 
se  faire  qu*en  traversant  la  montagne  sous  le  côté  de 
Sl-Just. 

En  considérant  même  tous  les  lieux  où  l'on  trouve  du 
bitume  en  France  ,  et  où  Ton  tire  du  charbon,  je 
remarque  une  sorte  de  communication  des  uns  aux  autres  ; 
je  soupçonne  une  prolongation  continue  qui  parait  cir^ 
conscrire  une  partie  du  royaume  ;  je  la  suis  de  loin  en 
loin ,  jetant  des  branches  latérales ,  depuis  la  Normandie, 

«  #  •         •  • 

en  Bretagne  ,  dans  FAnjou  ,  dans  le  Bourbonnais  ,  TAu- 
\ergne  y  le  Roannais ,  le  Forez ,  le  Lyonnais ,  le  Dau-* 
phiné ,  la  Savoie  ,  la  Suisse ,  la  Lorraine ,  le  pays  de 
Liège  et  le  Hainaut  français  (i)» 

Mais  n'étendons  pas  si  loin  nos  conjectures ,  craignons 
de  nous  égarer  dans  un  aussi. long  trajet,  contentons- 
nous  des  vraisemblances  que  nous  avons  indiquées  pour 
la  montagne  de  St-Just  ;  concluons-en  que,  s'il  est  per- 
mis de  croire  qu'elle  porte  sur  des  couches  de  charbon , 
il  est  possible  que  quelqu'une  de  ces  couches  ait  été  con- 
sumée par  le  feu  ,  et  que  dès  lors ,  sans  volcan  et  sans 
tremblement ,  il  se  soit  fait  à  sa  surface  un  affaissement 


(i)  Dans  tontes  ces  provinces,  il  y  a  ea  des  exploitations 
de  charbon  ,  dont  la  plupart  sont  mentionnées  dansPintro^ 
daction  du  mémoire  de  M.  de  Tiily,  sur  le  charbon  minerai. 


/ 


/ 


/ 
/ 

,Mab  il  n'y  a  peul-étre  pas  1 5o  ans  quV  /  avons 

bon  ,  et  cependant,  dans  le  Forez ,  o|^        yj^urfail 
'environs  de  St-Etienne  (i)  plus  d^/^  se  faisait 

exploitation  ,  et  peut-être  autant^ X^  ^r.  On  çon- 

le  Lyonnais  (2)  ,  il  y  a  plus  f^/jj  ent ,  dans  le 

la  plupart  délaissés  et  vem^fjffi  ',  produire  la 

exploitations.  y//-  ^'  ^"^'  **  ^ 

Chaque  jour  on  dA:ouv  / //  /  *  disantes ,  pn  peut 
en  a  de  très-fortes  àskrh'if  "  ^irëes  des  suites  natu-  ' 
peu  d'années  qu'on  ^jf  '  aterraîûes ,  ainsi  que  de» 
.lieues  de  Lyon  ,  /*  -  de  la  caducité. 
n*a  été  abandonr  '  es  causes  donnent  liep  itdesphér 
là  dureté  du  so^  oemblables ,  occasionent  des  affiûsse* 
Allons  plu'  '^  ont  pu ,  ou  séparées ,  ou  réunies ,  agir 
sitions  de  '  jàt  Lyon  ;  il  reste  à  montrer  que  le  désastre 
nement .  y^^ersa  ,  sa  promptitude ,  l'incendie  et  tous  les 
monta/yj^és  qui  TaccoTapagnèrent  )  durent  en  étie  les 
quell  //^turelles. 

ce)*  ^'entrerai  pas  dans  le  détail  de  tous  les  rapports 

f      ujiÎK  <st  penrticuliers  à  chacune  des  causes  possibles  t 

^5  y  suppléerez  facilement  9  Messieurs  ;  je  terminer» 

^  mémoire ,  déjà    trop  long ,  par  un  simple  taUeat 

^l'événement   tel  que  je  le  conçois.  Que  le  <sol  sur 

lequel  repose  une  grande  ville  ,  s'af&isse  tout  à  coup  ^ 

qu'il  s'afi&isse   seulement  d'un   pied ,  ou   de  qudqucs 

pouces ,  on  comprend  que  cet  affaissement  ne  saurait 

être  aussi  régulier  que  celui  des  trapes  d'un  théâtre  ;  la 

dégradation  souterraine  qui  l'occasione  n'est  pas  égale 

dans  toute  son  étendue ,  les  forces  qui  lui  résistent  sont 

plus  ou  moins  fortes  ;  les  poids  antérieurs  qui  l'acoélèceot 

varient  dans  leurs  proportions;  ain^i  quelques  parties 

sont  ébranlées  et  surbaissent  avant  les  autres  ;  les  unes 


"^autres  succombent  :  dô  1&  Tëbranleinenf 

reposent  sur  le  sol  devenu  mobile  ;  de 

^5  peuvent  être  englouties  sans  des- 

d  nombre  s'écroule  et  tombe.  Ce 

'^essaireraent  Tincendie  •  le  feu 

>cbaque  maison  est  }etë  çà  et 

,anique  ^  embrase  tous  les  corps 

ire  s* ouvre  plus  ou  moins  ,  aussitôt 

,1  ouverte  ;  Tagitation  que  Taîr  éprouve  « 

.  t  en  s*ëlançant  des  entrailles  de  la  terre ,  la 

^lécipitëe  des  maisons,  mille  causes  augmentent 

uivké  du  feu  ;  en  peu  d*instans  ,  .tout  est  renversé  , 

détruit,  ou  livré  à  la  fureur  des  flammes. 

Les  malheureux  habitans  de  cette  ville,  plongés  dans 
Itt  bras  du  sommeil ,  i9ont  réveillés  avec  effroi  par  un 
iBouvement  subit  qui  cesse  au  moment  qu'ils  le  ressentent; 
le  bfuit  les  trouble  ,  les  flammes  les  éblouissent  ou  ne 
i<nur  présentent  qu'un  spectacle  d'horreur  :  tout  leur  ôte 
l'osâge  de  la  réflexion  ;  Tépouvante  les  saisit  ;  la  fuite  est 
h  seule  ressource  de  ceux  qui  ne  sont  pas  écrasés  sous 
iei  ruines.  Cette  nuit  affreuse  se  passe ,  le  jour  renaît , 
•n  vient  chercher  la  ville ,  elle  n'est  plus  ,  urbem  nullam  ^ 
ravissement  est  devenu  invisible  pour  qui  ne  le  soup* 
.$9ime  pas. 

Les  habitans  de  la  campagne ,  les  peuples  voisins  peu-" 
tent  encore  moins  connaître  la  cause  locale  du  désasti*e. 
^.  toutes  parts  on  écrit  à  Rome  ;  on  ne  parle  que 
d'incendie  et  ^  destruction  :  les  effets  du  feu  sont  i^s 
seok  apparens.  Les  Romains  croient  le  fait  sans  le  com- 
prendre, parce  qu'il  est  merveilleux}  les  philosophes 
«en  étonnent  et  l'admettent ,  parce  qu'il  n'est  pas  con»- 
testéjles  historiens  le  racontent  sans  pouvoir  l'expliquer. 


(   2H  ) 

Telfe  est ,  en  peu  de  mois ,  l'idée  que  je  .me  suis  for- 
mée de  cet  étrange  événement  qui  ne  peut  avoir  élé 
produit  par  un  volcan  ou  un  tremblement  de  iem 
ignoré ,  encore  moins  par  un  incendie  naturel.  Je  ne 
vais  pas  jusqu'à  dire  qu^il  soit  arrivé  précisément  comme 
je  le  décris  ;  mais  je  crois  qre  ces  nouvelles  conjectures 
n*ont  rien  de  contraire  à  la  possibilité  9  et  s'accordent 
avec  tous  les  phénomènes. 


BEAUX  -  ARTS. 


Eapositiou  de  tableaux  de  Tëcole  lyonnaiae  au  palais  dea  aiti  cida 

commerce. 

Dans  le  courant  de  mars  1827,  un  amateur  des  arls, 
"dont  un  des  journaux  de  notre  ville  accueillait  les  obser^- 
tîons ,  s'élevait  avec  beaucoup  de  force  contre  l'espèce  de 
retour  que  semblaient  faire  quelques  artistes  du  moment 
vers  les  sujets  tirés  de'  tHisioire  sacrée.  Cette  direction 
nouvelle  devait ,  disait-il ,  amener  une  désespérante  uni- 
formilé  dans  les  ouvrages  de  peinture, et  son  imagination» 
très- prompte  à  s'alarmer,  lui  faisait  voir  rexpositîon 
prochaine  uniquement  remplie  de  sujets  mystiques  ^ascé- 
tiques ,  ou  puisés  dans  les  sanglantes  annales  deBaronius. 
Les  craintes  de  cet  amateur  étaient-elles  bien  raisonna- 
bles? peu  de  personnes  les  regardèrent  comme  telles;  car 
enfin  il  ne  s'agissait  dans  toute  cette  affaire  que  de  trois 
ihalheureux  tableaux  commandés  par  farchevéché  à  M.  M. 
Genod,  Biard  et  Soulary,  et,  dans  un  autre  journal  de 
Ifcyon,  du  mois  d'aVril  suivant,  les  terreurs  passablement 


bîzarresr  de  notre  amateur  donnèrent  lîeu  anx  réflexions 
que  nous  allons  transcrire. 

'  ff  Plusieurs!  années  avant  la  révolution,  disait-on  à 
i)  ramateur ,  les  artistes  avaient  presqû'entièrement  aban- 
»  donné  l'histoire  sâcrëe  pour  Thistoire  profané.  Cette 
D  marche  des  arts  avait  continue  sous  la  monarchie  iris- 
ai iemenî  constiiutiormelle  de  Tinfortunë  Louis  XVI ,  sous 
3)  l'affreuse  tyrannie  de  la  Convention  ,  sous  le  plat 
»  goi^vçrnraient  du  Directoire  ;  et ,  sous  le  régime  im- 
»  përial ,  la  peinture  aussi  bien  que  la  sculpture  n'ont 
»  cessé  d'évoquer  l'horrible  démon  des  batailles.  Depuis 
D  le  martyr  de  St.  ElUnne^  par  M.  Abel  de  Pujol,  on 
»  a  essayé  de  revenir  aux  sujets  si  nobles,  si  touchans, 
s  si  variés  que  présente  à  chaque  page  l'histoire  sacrée  ; 
»  tous  les  amateurs  s'arrêtent  maintenant  devant  les 
»  fresques  admirables  qui  ont  été  exécutées  à  Paris  à 
»  la  coupole  de  la  magnifique  église  de  S.te  Geneviève 
». et  dans  quelques-unes  des  chapelles  de  l'église  de  St.- 
»  Sulpice  ;  et  les  journaux  parlaient ,  ces  jours  passés  , 
»  d'un  Christ  sur  la  croix ,  peint  par  M.  Robert  tefévre , 
»  pour  l'église  du  Mont-Valérien ,  qui  présente  ,  à  ce 
»  qu'il  parait ,  une  foule  de  beautés  du  premier  ordre.  Je 
»  Tois  déjà  M.  l'amateur  s'effrayer  de  la  direction  que 
)>  semblent  prendre  les  arts  dans  la  capitale  ;  mais  je  crois 
»  qu'il  peut  se  rassurer.  L'histoire  sacrée  ne  sera  jamais 
»  la  source  unique  à  laquelle  nos  artistes  iront  puiser  ; 
»  les  annales  de  la  Grèce  et  de  Rome^  celles  de  la  France 
»  et  des  autres  nations  modernes  sont  des  mines  égale- 
».ment  riches  et  dont  l'exploitation  se  poursuivra  ;  nous 
»  aurons  toujours  des  payisagistes  et  des  peintres  de  ma- 
»  rine  ;  nous  ne  cesserons  pas  d'avoir  des  peintres  d'ani- 
^  maux  et  de  scènes  d'intérieur  ;  enfin  je  suis  persuadé 


»  ;  ^ue  le  aalonrqu^  déît  s'ouvrâ  «cette  anhfe  9^  aa  Hfeu  de 
»  celte  cini/ï'r/niy^' ^^^ijE^froA/^qaepcëdit'IO'amsriéii^ 
)>  n  offrira  à.  tous  les.  yeux  que  la  dknrsiii  la  plus  heu^ 
3>  .reuse  et  la  plus  attrayante*  » 

L*ëvënement  a  prouvé  la  justesse  de  ces  rëflexion^.' Le 
dernier  salon  ^  d'après  le  compte  «qui  en  a  éié  rendu  par 
tous  les  journaux  da  la  capitale  ^  peut  être  considéré 
comme  un  des  plus  variés  qu'on  ait  vus  depuis  près  die 
quinze  ans ,  et ,  depuis  Louis  XIV,  H  ne  s'était  pas  exé- 
cuté,  en  peinture ,  des  travaux  de  l'importance  de  ceia 
que  tout  lé  monde  a  pu  admirer  au  Loiivre ,  dans  les 
nçmbreuses  salles  du  conseil  d'état.  Gloire  à  Charlei  'X, 
dont  les  soins  .s'étendent  à  tout  ce  qui  peut  contribuer 
à  la  prospérité  comme  à  l'hoaneiir  de  notre  patrie  !  OlcMîe 
wx  Horace  Vernet ,  aux  Hersent,  aux'Déveria  et  antres 
actistes  qui.  qnt  si  noblement  répondu  à  'l'appel  du  mo^ 
narque  !     .  ' 

Jlic^  tableaux  de  l'école  lyonnaise ,  si  vivement  atta- 
qués par  les  journaux  de  Paris  à  quelques  expositions 
précédentes  ,  ont  eu  le  bonheur  d'être  généralement 
goûtés  à  l'exposition  qui  vient  de;  finir  ;  et ,  du  graind 
nombre  de  pièces  que  nous  avons  aujourd'hui  aous  les 
yeux  au  palais  de  St.  Pierre  ,  il  en  est  beaucoup  qni 
ont  figuré  de  la  manière  la  plus  brillante  au  dernier 
salon.  Les  journaux  de  Lyon  qu'on  a  vus  rendre  compte 
de  Texposition  qui  attire  en  ce  moment  les  regards  de 
nos  compatriotes ,  ont  eu. grandement  raison  de  mettre 
M*  Bonnefond  en  première  ligne  :  k  nouvelle  manière 
que  ce  laborieux  artiste  s'est  formée  en  parcourant  les 
campagnes  de  Rome  et  de  Naples  ,  était  bien  faite  pour 
li^i  valoir  les  suffrages  des  connaisseurs  ;  et  îfW  ne  lui 
a  pas  été  permis;  de  nous  envoyer  son  charmant  taideas 


i^  pèlerins  d'Hune  \  acqais  par  Sl/Â.  R.  M.gr  le  'duc 
d'Orléans,  nous  jouissons, en  revanche,'  dfese^t  pièces  fort 
agréables,  dont  kr  plas  importante  est  iMins  Contredit 
celle  qui  figure  à  lexposition  soWs  le  n.^  Sg  ,  et  qui 
•représenté   une  çiUe  prise  dassaui  "par  ies  Grecs  sur 
les  itusuln^otts.  Cet  ;0uvrage ,  simplement  composé  ,  et 
d'one  grande  vigueur  de  pincean ,  annonce  dans  sdn 
aateur  un  .  excellent  peintre  d-histoire.  Quelques  per- 
sonnes pnt  trouvé  que  Tofficier  grec  blessé ,  qu'on  trans- 
jforte  dans  une  «barque  ,  v  ressemblait  un  peu  à  cei'taîn 
jeune  Turc  mourant ,  ^bcé  par  M.  -Girddét  dans  son 
immense  tableau  de  \^  révolte  du  Caire.  Il  est  ^possible 
que  cette  observation    soit  ajuste'  ;  mais  nous  pensons 
qu'une  réminiscence  aussi  légère  ne*  fait  absolument  rien 
à  r^nsemble  de  la  composition  ,  et  le  ton  général  de  la 
pièce  de  M«  Bonnefond  s'éloigne  entièrement  de  celui 
qu'on  remarque  dans  les  ouvrages  du  célèbre  auteur 
.  ^Endyjt^on.  Ce  i^ieux  berger  de  la  campagne  de  Rome , 
.  f  lacé  à  l'exposition  sous  le  n.P  38  ,  et  'qu*ôn  voit  dé- 
ptorant  la  perte  de  sa^dièvre ,  est  aussi  de  M.  Bonnefond ,' 
da  même  que  ce  jeune  berger ,  sous  le  n.^  4<>  )  q^i  ddrt 
.  paisiblement  à  lombre  d'un   platane  ,  et  cette  femme 
de  tile  d'isçhia ,  sous  le  n.^  4^  ,  qui  jone  du  tambour 
de  basque  ,  et  cet  intérieur  dune  maison  de  Home  ^  où 
Ion.  voit,  une  iemme  filant  ^u  rouet ,  et  ce  pécheur 
napoUiain  qpi  joue  de  la  mandoline  au  bord  dé  la  mer , 
enfin  cet  iaiérienr  de  couvent  de  capucins  où  parait  un 
de  ces  vénérables  Pères  remplissant  une  cruche*  au  jet  d'une 
ipntai^e*  Toutes  ces  pièces  ont  fait  partie  du  dernier  salon,  • 
à  Paris,  et  plusieurs  d'entr'elles  ont  obtenu  de  justes  élo- 
ges; mais,  malgré  labaute  opinion  qu*ont  tous  les  ama- 
teurs de  la  nouvelle  manière  de  M;  Bonnefond  y  nous 


(  îi8  ) 
pensons  que  le  maréchal  Jerrant  et  une  foulé  d'autres 
anciens  ouvrages  de  ce  peintre ,  sont  de  très-bons  mor- 
ceâiux  que  rien  ne  pourra  faire  oublier. 

Dans  la  Gazette  unii^rsellè  du  12  de  ce  mois  ,  un 
écrivain  ,  qui  sait  revêtir  ses  pensées  de  tout  le  charme 
d*un  style  pur  et  animé ,  mais  qui  nous  permettra  de 
ne  pas  partager  toujours  ses  opinions  en  fait  d'arts  et 
de  littérature ,  s'est  exprimé  ainsi  sur  le  compte  de 
M.  Bonnefond  :  <i  On  reprochait  à  ce  jeune  artiste , 
»  dit  -  il ,  d'exagérer  ce  qu'on  appelle  la  manière  de 
»  l'école  lyonnaise.  Esclave  des  menus  détails ,  il  s'at- 
»  tachait  à  rendre  avec  un  soin  scrupuleux  les  objets 
)>  matériels  placés  sous  ses  yeux  ,  et  il  appliquait  la 
»  même  fidélité  aux  objets  animés.  Il  n'était  pas  asses 
»  convaincu  qu'il  ne  suait  pas  de  donner  la  vie  aux 
^  figures  jetées  sur  la  toile ,  qu'il  faut  encore  les 
»  douer  de  sentiment ,  et  surtout  il  avait  l'air  de  croire 
»  que  la  base  de  la  peinture  est  d'imiter  la  nature  ,  n'im- 
»  porte  sous  quel  aspect.  De  là  un  Maréchal  /errant 
%  dont  l'idée  principale  est  le  feu  d'une  forge  ;  de  là 
»  encore  une  Maison  à  louer ,  où  l'objet  le  plus  appa-« 
t»  rent  est  le  réchaud  d'une  blanchisseuse.  »  Nous  ne 
pensons  pas  comme  l'auteur  de  ce  passage  y  et  il  nous 
sera  facile  de  justifier  notre  sentiment. 

Jusqu'en  18*24,  on  n'avait  adressé  que  fort  peu  de 
reproches  à 'M.  Bonnefond^  ainsi  qu'à  tous  les  autres 
artistes  de  l'école  lyonnaise.  Quelques  journalistes,  à 
cette  époque ,  soit  par  mauvaise  humeur,  soit  qu'ils  cédas- 
sent à  un  misérable  esprit  de  coterie  ,  entreprirent  de  les 
décrief ,  et  tout  le  monde  garde  encore  le  souvenir  des 
injustes  articles  du  Courrier  français  et  du  Journal  des 
débais.    Ce   dernier  ne  reprochait  cependant  point   à' 


M.  Bonnefond  de  nâ  pas  donner  du,  sentiment  à  ses .  fi- 
gures ;  il  prétendait  seulement  que  les  personnages  places 
par  ce  peintre  dans  son  tableau  du  propriétaire  avaient 
tous  Vaîr  soucieux ,  qu'ils  étaient  tous  d'une  laideur 
amère  ;  et ,  comparant  cet  ouvrage  à  certain  tableau  de 
M.  Lëopold  Robert ,  représentant  un  matelot  napolitain 
improvisant  sur  le  bord  de  la  mer  ^  il  en  trouvait  les 
figures  beaucoup  plus  belles ,  plus  pleines  de  çî^ueur  et 
àtgaité. 

Il  s*en  faut  de  beaucoup  que  ces  observations  fussent 
raisonnables  ;  car  enfin  le  tableau  de  M.  Bonnefond 
ayant  été  fait  en  France  ,  et  celui  de  M.  Léopold  Robert 
ayant  été  exécuté  en  Italie  ,  il  était  tout  naturel  qu*avec 
tes  modèles  que  les  deux  peintres  avaient  sous  les  yeux  ^ 
les  physionomies  de  leurs  personnages  présentassent  un 
caractère  bien.dijBTérent.  Personne  n'ignore  que  le  type 
du  beau  se  retrouve  plus  particulièrement  chez  les  Italiens 
que  chez  les  Français  ;  et  ce  qui  le  prouve ,  c'est  que 
M.  Bonnefond  ,  aussitôt  arrivé  en  Italie  ,  a  rencontré  ^ 
dans  la  campstgne  de  Rome  et  danç  le  royaume  de  Naples  ^ 
les  mêmes  figures  que  le  Journal  des  débais  admirait  dans 
le  tableau  de  M.  Léopold  Robert  ^  et  qu'il  s'est  attaché 
à  imiter  cette  nature  comme  il  avait  imité  précédemment 
celle  qui  s'offrait  à  lui  dans  notre  pays.  A.  Tégard  de 
1  opinion  exprimée  dans  la  Gazette  uniçerselle ,  au  sujjet 
du  Maréchal  ferrant  àe  M.  Bonnefopd,  tableau  qui,,  pour 
le  dire  en  passant ,  fut  extrêmement  goûté  ,£^u  salon 
de  1822  ,  nous  ne  croyons  pas  quç  \t  feu  de  la  for g^ 
tn^iiV objet  principal^  et  il  nei  nous  parais  pas  non 
plus  que  dans  le  tableau  de  la  chambre  à  louer  y  le  ré-^ 
chaud  de  la  blanchisseuse  soit  \ objet  le  plus  apparent. 
Prendre  ainsi  les  parties  accessoires  pour  l'action  prîn-^ 


(    220    )  ^       ,  ,         -• 

çipaleV  nous  semble  une   erreur  que  tout  le  moodcî 
sentira ,  et  que  nous  i^e  relèverons  pas  pkis  longuement: 
Pour  en  finîr  cependant  avec  Testimable  auteur  de  rartîcl© 
en  question,  pous  lui  rappellerons  que  le  grand  reproche^ 
adressé  par  les  journaux  de  Paris, à  MM.  BonneTondy 
Genpd  et  quelques  autres  jeunes  ëlèves  de  l'école  de 
Lyon  ,  était  principalement  de  n'offrir ,  dans  leurs  ta- 
bleaux ,  que  des  scènes  sentimentales.   Quant  à  leur 
manière  de  peindre  ,  on  la  trouvait  molle  ,.  tâtonnée  y 
léchée ,  sans  largeur ,  ce  qui  faisait  dire  au  Caarrkr 
français  ,  que  tous  leurs  puvrages  étaient  lissés  eipor^ 
celinés  ;  mais  aucun  journaliste  n'a  prétendu  empédier 
nos  artistes  de  représenter  des  maréchaux  Jerranis^  des 
petits  sai>oyards ,  des  paysans  et  des  paysannes  de  la 
Bresse:  les  pécheurs  napolitains^  aussi  bien  que  les 
cheçriers  ^  les  bergers  et  les  bergères  de  la  campagu 
de  Rome  ^  ont-ils  donc^  dans  l'ordre  de  la  .peinture^ 
iin  privilège  plus  grand  que  les .  autres  ?  nous  ne  fe 
croyons  pas. 

iu^  jeune  chasseur  de  Mad.  Petit- Jean  et  la  tireuse  de 
cartes  de  M.  Biard ,  figurent  ici ,  l'un  sous  le  n.'  37  9 
l'autre ,  sous  le  n.^  48 •  Dans  un  de  nos  précédens.  nn-* 
méros ,  nous  avons  consacré  à  ces  ch^rmans  ouvrages 
un  article  assez  étendu ,  pour  que  nous  puissions  nous 
dispenser  d'en  parler  encore  ;  nous  nous  bornerons  i 
dire  qu'ils  sont ,  de  même  que  le  tableau  de  M.  Jacquand 
représentant  le  célèbre  chancelier  Thomas  Morus  dans 
sa  prison ,  et  dont  nous  avons  pareillement  déjà  rendu 
compte  ,  les  pièces  qui  paraissent  intéresser  le  plus  après 
celles  que  M.  Bonnefond   a  envoyées. 

La  Jeanne  dArc  de  M.  Jacquand ,  qu*#n  voit  conduite 
en  prison  par  des  soldats  anglais  ,  est  également  un  fort 


(221    > 

9grèMà  isAAe^  ,  dans  lequel  oh  se  plait  à  reconnaître 
li  manière  dëlîcate  de  M.  Richard  son  maiire.  A  T^gard 
du  tableau  de  M.  Reverchon ,  portant  le  n.^  65  ,  et  re- 
ftésentast  Louis  XVI  et  son  palet  de  chambre  Ctéry 
dans  la  prison  du  Temple ,  nous  regrettons  de  ne  pas 
y  retrouver  le  talent  de  l'artiste  estimable  qui  sut  animer 
si  bien  ,  il  y  a  quatre  ans  ,  la  naïve  scène  du  ménage 
rustique  :  dans  le  nouvel  ouvrage  de  M.  Reverchon ,  on 
^t  Louis  XVI  partager  la 'moitié  d'un  petit  pain  avec 
le  fidèle  Cléry,  qui  s'incline  profondëment  ;  il  est  fà- 
dieux  que  notre  artiste  n'ait  pas  su  mieux  tirer  parti 
de  cet  intéressant  sujet ,  et  que  les  figures  ,  comme  la 
couleur  du   tableau,   ne    présentent  presque   rien  de 
satisfaisant.    Ce  Samaritain  de  M.  Chavanne  ,  exjposé 
sous  le  n.^  68 ,  est  encore  un  bien  plus  mauvais  ouvrage. 
Comment  se  fait-il  qu'il  ait  pu  trouver  place ,  de  même 
ffiit}^  fille  du  matelot ,  par  M.  Dépierre,  et  les  quatre 
f^nAi paysages  de  M.  Arnaud  ?  il  faut  convenir  que  le 
voisinage  de  semblables  productions  est  une  véritable 
bonne  fortune.  Combien  les  paysages  de  M.  Arnaud  ne 
servent-ils  pas  MM.  Epinat ,  Fonville  et  Stockleit ,  dont 
les  ouvrages ,  très]-  brillans  à  beaucoup  d'égards ,  sont 
œpendant  fort  loin  de  la  ^perfection  ! 

Nous  ne  craignons  pas  de  lé  répéter  ,  les  trois  artistes 
dont  nous  venons  de  parler ,  de  même  que  MJ  Monnier  , 
auteur  d'un  assez  joli  paysage  traité  dans  le  genre  hîsto- 
rique^  oà  Ton  voit  deux  bergères  et  quelques  moutons 
passant  un  large  ruisseau',  se  recommandent  par  de 
très-bonnes  qualités  ;  mais  que  leur  palette  difière  de 
celle  de  '  M.  Bourgeois  !  Le  musée  de  notre  ville  tient 
tout  récemment  de  la  munificence  du  ministre  de  l'in- 
térieur ,  un  fort  a^éable  tableau  de  ce  peintre ,  repré-' 


(    222    ) 

sentant  une  vue  de  la  ville  de  Rome  :  combien  ce  champ  ^ 
ces  pkintes ,  ces  arbres ,  ces  b'gnes  d'édifices ,  ce  ciel  y 
ces  eaux  du  Tibre  ont  de  vérité  !  quelle  aisance  ,  quelle 
liberté ,  quelle  assurance  présente  le  pinceau  des  artistes 
de  Paris  !  Après  le  paysage  de  M.  Bourgeois  ,  on  éprouve 
quelqu'embarras   à  parler  de  certaines  productions  de 
M.  Thiériat ,  telles  que  sa  vue   de  la  rivière  noire  à 
Tenay ,  sous  le  n.^  52  ,  où  figurent  des  contrebandiers 
armés  jusqu'aux  dents  et  le  dos  courbé  sous  le  poids 
de  ballots  de  marchandises  interdites  ;  son  ermitage  de 
Bellevue ,  sous  le  n.®  54  ;  son  intérieur  du  réfectoire 
des  Feuillans ,  sons  le  n.^  5o  ,  où  les  blocs  de  rochers, 
les  massifs  de  pierre  n*ont  que  peu  de  rapport  avec  la  na* 
ture  ;    mais  en  revanche  on  s*arréte  avec  plaisir  devant 
cette  cour  de  ferme ,  sous  le  n.^  5i ,  au  milieu  de  la- 
quelle  arrive  une  espèce  de  noce  militaire ,  précédée  par 
un  violon  ,  et  se  dirigeant  vers  un  vieil  invalide  à  jambe 
dé  bois ,  placé  sur  le  seuil   de  sa  porte.  On   s*arrete 
encore  avec   la  même  satisfaction  devant  un  dessin  au . 
lavis  ,  de  notre  artiste  »    sous  le  n.^  53  ,  représentant  le 
maréchal  de  Joyeuse  chez  les  capucins  ,  et  surtout  de- 
vant un  intérieur  de  couvent ,  sous  le  n.**  49  »  où   Ton 
voit  deux  pères   capucins,  dont  Tun  porte  une  croix 
d*argent,  et  un   jeune  enfant   de   chœur,  en  soutane 
rouge  et  en  surplis,  et  tenant  à  la  main  un  encensoir. 
A  l'extrémité  de  l'arcade  où  ces  trois  figures  sont  pla- 
cées ,  parait  une  espèce  de  parterre ,  au  milieu  duquel 
s'élève  une  statue  de  la  Sainte  Vierge  ;  un  peu  plus 
loin  sont  des  masses  d'arbres ,  enfin  des  rochers  taillés 
à  pic  occupent  le  fond  de  ce  tableau ,  ouvrage  char- 
mant ,  et  bien  fait  pour  réconcilier  tous  le}  critiques  avec 
M.  Thiériat. 


t  - 


(  "3  ) 

Les  tableaux  àe  fleurs  et  àtfruiiSy  et  ceux  qu'on  ap- 
^He  de  nature  morte  ,  ne  sont  ni  les  moins  nombreux , 
ni  les  moins  parfaits  de  cette  exposition ,  et  nous  ne 
voyons  que  des  ëloges  à  donner  aux  productions  char-r 
mantes  de  feu  M.  Bony ,  de  feu  M.  Barrabant  ,  de 
MM.  Decombe  ,  Delorme  ,  Dole ,  Douillet  et  Bonneton, 
A  regard  des  portraits ,  tant  en  grand  qu*en  miniature  y 
et  qui  sont  pareillement  assez  nombreux  ,  il  faut  dis- 
tinguer ceux  de  M.  Eugène  Lepage  ,  de  M.  Monnier^  que 
nous  avons  cité  plus  haut  pour  un  agréable  paysage  exposé 
sous  le  n.*^  iqo,  un  très-bon  portrait  par  Mad.  Petitjean^ 
sous  le  n.^  36 ,  enfin  le  portrait  d'un  jeune  notaire  de 
Villefranche ,  par  M.  Cornu  ,  sous  le  n.®  98.  Parmi  les 
dessins  au  lattis  ,  on  remarque  de  M.  Philastre ,  sous  les 
n.^'  94  et  95  ,  une  pue  du  chemin  qui  conduit  de  la 
Roche  Cardon  au  \illage  de  St.  Didier  au  Mont  d'or  ^ 
et  une  pue  du  chemin  de  St.  Clair  et  du  cours  du  Rhône, 
prise  des  Broteaux  ,  en  face  de  Tile  qu  on  a  baptisée  9 
BOUS  ne  savons  plus  trop  pourquoi ,  du  nom  de  Jean 
Jacques  Rousseau. 

Les  pièces  de  sculpture  ne  sont  pas  en  très-grand 
nombre  à  cette  exposition  :  la  plus  jolie  ,  selon  nous  , 
est  une  nymphe  de  la  Seine ,  par  M.  Vietty ,  artiste  qui 
a  véritablement  tenu  tout  ce  qu'il  promettait  autrefois. 
Cette  nymphe  de  la  Seine  est  assise  sur  une  ample  dra- 
perie qui  lui  couvre  toutes  les  parties  inférieures  ;  elle 
a  le  bras  droit  appuyé  sur  une  urne ,  et  elle  tient  un 
soeptre  d'or  dans  la  main  gauche  ;  autour  de  sa  tête  est 
une  espèce  de  couronne  formée  de  deux  tiges  dé  lys 
dont  les  fleurs  se  réunissent  sur  le  front.  L'auteur 
d'une  brochure  intitulée  :  Notice  critique  des  tableaux 
de  Pécole  lyonnaise ,  a  dit  que  cette  statue  était  en- 


(  m4  ) 

lièrement  dans  le  goût  du  siècle  de  Louis  XV.  Un 
semblable  jugement  est  bien   digne  de  celui    qui   s*est 
extasié  devant  la  jolie  expression  de  la  tête  de  la  jeuwt 
fille  que  M.  Dépierre  a  représentée  priant  au  bord  de 
la  mer.  Nous  sera-t-il  permis  de  lui  faire  observer  que 
M.  Vielty   n'est  pas  du  nombre  de  œs  artistes  sans 
jugement ,  comme  sans  génie  ,  qui  se  croient  formés  au 
goût  de  \ antique^  parce  que  leurs  productions  sont  copiées 
serçilement  des  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité  ?  M..Vielty 
a  fait  son  étude  de  l'antique  tout  aussi  bien,  que  beau- 
coup d'autres  ;  mais  en  homme  de  sens ,  il  a  pensé  que 
cette   étude   ne  devait  pas  être  une  froide  imitation , 
que  son  but  était  seulement  de  conduire  le  peintre  et  le 
sculpteur  à  l'épuration  des  formes  du  corps   humain  V 
sans  cependant  6ter  à  ces  formes  le  caractère  essentiel 
que  la  nature  leur  a  imprimé.  C'est  ainsi  qu'ont  rai-- 
sonné  les  plus  grands  artistes  de  l'Italie  et  de  la  France  » 
et  ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps  que  l'étude  de 
l'antique  ,  aussi   mal  dirigée  que   mal  comprise  ,  na 
servi  qu'à  nous  inonder  de  productions  sans  originalité , 
sans  verve  et  sans  naturel.  Quoi  qu'en  dise  Tauteur  de 
la  Notice  critique  ,  toutes  les  parties  de  cette. charmante 
statue  sont  d'un  goût  trèis-pur,  et  font  désirer  de  voir  un 
jour  M.  Vietty   chargé  d'autres   ouvrages  plus  consi- 
dérables. Nous  connaissons  de  lui  deux  projets  de  bas* 
reliefs  pour  les  attiques  des  façades  de  la  place  Louis- 
le-Grand  :  ces  projets  approuvés  et  payés  depuis  long- 
temps par  notre  conseil  municipal ,  quand  donc  pensera- 
t-on  à  les  exécuter  (i)  ? 


(i)   Le  «premier  de  ces  bas-reliefe  représente  Louis  XIV 
assis  sur  son  trône  y  et  faisant  remettre  par  Colbertii  h 


C  22S  } 

*  Nous  voyons  de  M.  Foyatier  ,  jeune  artiste :.â*une 
ielle  espérance ,  une  statue  en  plâtre  ,  représentant  y 
dît  la  Notice ,  un  feune  berger  grec  aiiristé  par  les  ra--^ 
pages  que  les  troupes  ont  exercés  dans  le  champ  de  seSi 
pires.  Ce  petit  ouvrage  a  de  la  grâce  et  même  une  cer-^ 
taine  pureté;  mais  toutes  ces  infortune^  grecques  ont, 
àé  répétées  si  souvent ,  et  de  tant  de  manières ,  qu'on, 
commence  à  présent  à  y  devenir  insensibles.  Pour  ce  qui 
est  du  buste  de  Louise  Lobé ,  par  le  même  auteur ,  nous 
ne  voyons  pas  de  reproches  à  lui  adresser  sous. le  rapport 
du  travail  ;  mais  tout  le  monde  demande  si  c*est  bien  là 
k  portrait  de  la  belle  Cordière.  On  nous  a  dit  que  cette, 
figure  était  toute  di  imagination  :  pourquoi  donc  nous, 
la  donner  pour  Timage  fidèle  et  ressemblante  d*une 
femme  qui ,  par  ses  grâces  et  par  son  esprit  ,  s*est 
rendue  si  célèbre  à  Lyon  et  dans  toute  la  France  ? 
Quelle  nécessité  y  avait-il  de  commander  à  M.  Foyatier 
un  buste  de  Louise  Labé ,  s'il  n'existait  aucune  médaille  9 
aucune  gravure  où  ses  traits  fusant  imprimés  ?  Nous 
i^grettons  de  ne  trouver  de  M.  Legendre-Héral ,  à  cette 
exposition,  que  les  bustes  de  feu  M.  Grognard ^i  àe  feu 
At.  le  comte  de  Saihonay\  ouvrages  connus  depuis  assez 


1 

TÎUie.  de  Lyon.,  les  fameuses  ordonnances  rendues  en  faveur 
de  son .  commerce. 

Le  second  bas-relief  représente  le  passage  du  Rhin , 
exécuté  par  l'armée  française  à  la  vue  du  fort  deTholhais, 
en  l'année   1672.  ' 

Chacune  de  ces  pièces  se  compose  de  près  de  vingt 
figures ,  toutes  disposées  avec  beaucoup  d'art ,  et  d'un 
style  qui  rappelle  les  meilleurs  temps  de  la  sculpture  en 
Fcsmce.  .  '         . 

Tome   VIIL  i5 


C  226  ) 

Iong-^6mt)s.  ^En  butte  ^  il  y»  a  quelques  jours  ,  à  d'b' 
fuites  attaques»  nous  avons  vu  oet  intéressant  artiste 
obligé  d*entrer ,  à  la  face  du  public  y  dans  Texplication 
de  faits  que  l'on  avait  présentés  de  U  manière  la  plus 
outrageante  pour  lui  :  puisse-t-il  triompher  des  criti- 
ques dirigées'  contre  son  talent,  avec  la  même  facilité 
qu'il  a  détruit  les  odieuses  imputations  faites  à  son  ho- 
norable caractère  ! 

*  Il  est  encore  une  autre  personne  non  moins  recom- 
mandable ,  qui  a  été  dernièrement  l'objet  de  critiques 
-passionnées  ;  nous  voulons  parler,  de  Tarchitecte  Poljet , 
^ue  à^steUres  anonymes  ^  insérées  dans  un  de  00s 
journaux  ,  ont  traité  d'homme  scms  talent  ,  comme 
dé  la  pliis  crasse  ignorance.  De  semblables  sorties  n'ont 
jamais-  rien  eu  de  commun  .avec  la  critique ,  et 
M.  Pollet  répond  aujourd'hui  i  ses  adversaires  par  un 
projet  pour  CacJièf^ement  de  la  façade  de  t église  de  St. 
Nizier  de  Lyon*  Certes ,  nous  n'avons  jamais  remarqué 
dans  M.  PôUet ,  ni  un  Palladio  ,  ni  un  Bramante  i  mais 
si ,  pour  avoir  droit  à  l'estime  publique  ,  il  fallait  abso- 
lument ressembler  à  l'un  de  ces  hommes  fameux  ,  que 
d'architectes  de  notre  connaissance  traîneraient  leur 
existence  dans  le  mépris  !  M.  Pollet ,  à  le  juger  par  les 
ouvrages  qu'on  a  vus  de  lui,  nous  parait  cultiver  son 
art  avec  succès  ;  sa  restauration  de  l'église  de  Brou , 
à  Bourg  en  Bresse  ,  ses  églises  de  Tarare  et  de  Ferney, 
le  corps  dé  bâtiment  qu'il  a  construit  à  l'hôpital  4e  1^ 
Charité  de  Lyon ,  sont  des  titres  qui  parlent  en  sa  faveur. 
Nou^  ignorons  'ce  qu'ajoutera  à«ces  titres  »la  construction 
du  ^raild'  théâtre  :  quant  à  son^  projet  d'achèvement  de  la 
'  façade  de  l'église  de  Si  Nizier  9  nous  pouvons  dire  qu'il 
e$t  très-sagement  combiné  ;  le  portail  du  célèbre  Philibert 


' (  »27  ) 
Delhorme  s^y  trcHive  conservé  en  entier.  >  et  noii$  peivsoys 
qu'il  serait  très-heureux  pour  la  ville  de  Lyon  que  tout 
ce  que  le  plan  de  M.  Pollet  renferme ,  fût  un  jour  exécute 

Parmi  les  autres  curiosités  que  présente  1.  expositicm  , 
il  ne  faut  pas  oublier ,  de  M.  Billand ,  un  petit  métier 
à  chatne ,  fabricant  différentes  étoffes  unies  .  et  à  jour  , 
ave<:;  perfectionnement  qui  n'existe  pas  dans  les  métiers 
de  ce  genre  ;  et  de  M.  Gontier ,  un  petit  mMicr  à, deux 
faces ,  faisant  d'un  c6té  le  portrait  de  Louis  XVIII , 
chiné ,  et  de  l'autre;  un  tulle*blonde.  Ces  deux  .pièces 
figureraient  très-bien  à  Paris  ^  dans  le  conservatoire  des 
arts  et  métiers.  Les  ëtonnans  tisius  soit  de  M.  Maiziak  y 
représentant  le  tesiammi  de  Loms  XVI  et  les  adieux 
d'un  militaire  français  à  sa  famille ,  d'après  le  t^eau 
de  M.  Genod ,  se  retrouvent  avec  plaisir  à  cette  expo-** 
silion*  Tout  le  monde  s'arrête  également  devant.  Ie& 
tableaux  et  pièces  à'écrUure  de  M.  Esclozas  ,  maître 
écrivain  ,  attaché  au  secrétariat  de  la  mairie  de  Lyon  ; 
-nous  dirons  cependant  que  son  testameni  de  Louis  XVt 
et  sa  lettre  de  Marie-Antoinette  n'ont  pas  autant  de 
netteté  que  ses  trois  autres  tableaux. 

Telle  est  l'exposition  qui ,  dans  ce  moment ,  attire 
l'attention  des  habitans  de  notre  ville.  Ce  serait  étran- 
gement raisonner  que  de  prétendre  juger  ,  par  elle  ,  de 
l'état  des  arts  en  France.  L'amateur ,  dont  nous  ayons 
parlé  en  commençant,  n'a  pas  eu  la  douleur  d'y  trouver 
•  aucun  '  de  ces  sujets  mystiques ,  ascétiques  ^  ou .  puisés 
dans  le  martyrologe^  pour  lesquels  il  éprouve  une  si 
forte  répugnance  ;  toiit  ce  qu'il  y  a  vu  a  sans  doute  été 
de  nature'  à  pleinement  le  satisfaire  :  comment  donc  se 
fait-il  que ,  dans  le  journal  où  j  Tannée  dernière  ,  il  se 
plaissât  à  consigner  ses  observations ,  et  qui  probable- 


«nent  partage  ses. doctrines ,  aussi  bien  sur  les  arts  que 
sur  la  politique  y  tout  le  monde  ait  été  surpris  de  lire , 
il  y  a  quelques  jours ,  que ,  depuis  •  que  nous  avons  l'a- 
vantage de  vivre  sous  un  gota^rfumeni  représen/attf^ 
au  sein  de  Vidsance  et  de  la  liberté ,  nos  artistes  sont 
devenus  courtisans  ,  soumis  à  tous  les  goûts  y  comme  i 
tous  les  caprices  y  et  que ,  sous  le  despotisme  féodal  et 
sacerdotal ,  le  gënie  ^  plus  indépendant ,  s*est  livré  sans 
réserve  à  toute  la  fougue  de  ses  inspirations  î  Puisqu'au 
dire  même  de  nos  journalistes  libéraux  ^  le  gouvernement 
représentatif ,  où  tout  est  léged^  où  tout  est  positifs  est 
un  goui^emement  de  mort  pour  les,  arts,  hâtons-nous 
donc  de  nous  replacer  sous  le  despotisme  féodal  et  sa- 
oerdotal ,  où  Ton  peut  espérer  de  .revoir  des  Michel- 
Ange  ^  des  Jules  Romain  ,  des  Saiçator  Rosà ,  et  taut 
d*autres  grands  artistes  qui  ne  furent  pas  courtisans. 

Z. 


MELANGES. 


l'incendie. 

•  J!avais  entendu  sonner  minuit  pour  la  première  fols 
à.  Lyon  ;  fatiguée  d*un  voyage  rapide ,  et  plus  encore 
d*avoir  parcouru  cette  cité  bruyante ,  d*un  aspect  si  nou- 
veau pour  moi ,  je  me  sentais  entraînée  au  sommeil ,  et 
comme  bercée  au  milieu  des  tableaux  qui  m^avaient 
frappée  dans  le  jqpr.  Je  voyais  le  Rhône  se  répandre  et 
fuir  sous  les  ponts  jetés  hardiment  sur  lui  ;  je  voyais  les 
maisons  d*une  hauteur  prodigieuse  qui  s'élèvent  sur  ses 


(  22()  5 

krds  et  le  dohiinent  avec  tant  de  iria)esl^  ;  j^  voyaii^  le^ 
nombreuses  fabriques  semëes  à  l'autre  rive,  qui  font  pré*** 
voir  utie  ville  nouvelle ,  prête  à  saluer  œlle  qui  lui  donné 
naissance;  immc^ile,  j'errais,  les  yeux  demî-ferniës , 
sur  les  bords  vivans  de  la  Sà6ne ,  cette  Saône  lente , 
dont  lei  eaux  sont  jaunies  par  un  sable  qui  recèle  l'or , 
et  qui  re^itue ,  chaque  siècle ,  quelques  vestiges  de  l'an^ 
tiquitë  cachets  dans  son  vaste  sein.  Mon  imagination ,  ra- 
lentie par  l'influeiice  de  ce  fleuve  paisible,  planait ,  comme 
l'oiseau  des  nuiU ,  sur  les  collines  vastes  qui  le  surmon-* 
lent  et  l'abritent  dans  toute  sa  longueur.  Dëjà  je  ne 
voyais  plus  qu'à  peine  la  cliapetle  aiguë  de  Fourçière  ^ 
les  maisons  gothiques  et  noires  entassées  aii  pied  deè 
rochers ,  qui  y  semblent  incrustées ,  et  dont  les  murailles 
^sses ,  sales  et  hardies  gênent  la  respiration  du  pas-» 
sant  qui  les  regarde  à  la  lueur  des  lumières  qui  se 
réfléchissent  et  tremblent  dans  les  flots.  Je  n'apercevais 
plus  qu'à  travers  un  nuage  \ Homme  de  la  Roche ,  et  le 
vêtement  bizarre  dont  il  est  affublé ,  tenant ,  depuis  les 
anciens  jours ,  sa  grande  lance  dans  sa  main  de  bois ,  et 
son  casque  de  fer  sur  sa  tête  chevelue  ,  ce  qui  n'empêche 
pas  les  jeunes  filles  de  lui  jeter  un  regard  doux  et  re- 
connaissant ;  car  ce  bon  chevalier  ,  en  terminant  sa 
carrière  aventureuse ,  a  fondé  pour  toutes  les  beauté» 
sages  et  pauvres  une  dot  annuelle,  qui  leur  permet 
d  avoir  un  cœur  et  de  le  donner  en  foi  de  mariage  (i). 


(i)  Suivant  une  tradition  reçue  à  Ljon  parmi  le  peuple , 
le  personnage  que  représente  VHomme  de  la  Roche  ^  mariait 
et  dotait  de  son  vivant  les  filles  de  Bourgneuf  ;  mais  il  n'a 
point  laissé  de  fondation  pour  iaire  continuer  cette  bonne 
enivre  après  sa  mort*  '   Note  de$  Rédacteurs  ). 


(  '230  )  ^ 
Bientôt  toufc*  se  Confondît  dans  ma  mémoire ,  cl  j'elaîs 
enfin  profondément  endormie  ,  lorsque  je  Tus  comme 
arrachée  au  repos  par  un  cri.  Je  Tentends  encore.  C'était 
pourtant  la  voix  d'un  seul  homme  ;  maïs  quelle  voîx  /' 
quelle  terreur  prompte  elle  jeta  dans  mes  esprits  troublés?' 
Je  m  assis  vivement  sur  mon  lit ,  et  d'un  cœulr  battant , 
d'une  oreille  attentive ,  j'écoule  ce  cri  qui  durait  tou- 
jours ,  quoiqu'il  s'éloignât  de  la  place  où  il  avait  retenti. 
Une  autre  voix  aussi  terrible  lui  succède  ;  je  m'élance  y 
j'ouvre  ma  fenêtre,  et  cette  fois  j'entends  distinctement" 
et  long-temps  :  Au  Jeu  !  au  feu  /....   C'était  la  yoîx  de 
l'incendie  ;  je  crus  brûler.  Mes  yeux  mesurèrent  avec' 
épouvante  la  hauteur  du  quatrième  étage  où  j'étais  en- 
fermée ,  et  mon  pouls  s'arrêta. 

Toutes  les  croisées  s'ouvrirent  en  même  temps.  J'aper- 
çus des  hommes  et  des  femmes  comme  des  ombres  cu- 
rieuses sç  pencher  et  s'écrier  à  la  fois  :  De  quel  côté  ?.... 
dans   quelle  maisont....  Et  l'homme  courant  avec  un 
large  fanal  eh  main  ,  répondit  comme  avec  un  potté-' 
voix  :  Le  feu  est  à  Bellecour ,  au  nP  40.  El  reprenant 
haleine  ,   il  s'enfuit  pour  jeter  avec  plus  de  force  devant 
lui  ce  mot  fatal  qui  paraissait  éclairer  l'obscurité  des 
rues.  Au  même  moment  toutes  les  cloches  s'ébranlent  et 
lui  répondent  ;  elles  frappent  Tair  de  sons  précipités  et- 
funèbres  ,  elles  portent  partout  cette    effrayante   nou- 
velle 9  elles  demandent  du   secours ,  et  semblent  aussi 
crier  au  nom  du  peuple  :  Au  feu  !  Les  portes  de  l'hôtel 
de  ville   s'ouvrent   avec  fracas.   Les  torches    allumées 
voltigent  avec  des  pompes  qui  paraissent  avoir  des  ailes 
comme  les  hommes  qui  les  font  rouler.  Toute  la  popu^ 
lation  est  debout  et  se  précipite  où  la  flamnie  montre 
sa  ro4igeur  menaçante.  J'étais  clouée  à  ce  spectacle  par 


(  ^3x  ) 
h  terreur  et  par.  Tadmlratioa  d'un  mouvement  si  rapide 
et  si  peu  confus;  et  quoique  ma  langue  fût^desséchée , 
je  me  surpris  criant  vers  la  place  Bellecour  avec   une 
sorte  de  délire  :  Voilà  ^yoilà  du  secours  I  En  cet  îns- 
tant  j'eQtendis  frapper  vivement  à  ma  porte  :  c'ëtart  une 
jeuQje  femme ,  qui  ,me  disait  d*un  accent  effrayé  :  Madame  ! 
ah  madame  !  où  disent-ils  qu'est  le  Jeu  7  3Ion  dieu  !  ma- 
dame !  ouçrez-moi  !  Le. tremblement  de  celte  voix  douce 
me  donna  la  hardiesse  d'ouvrir  •  et  je  vis  entrer  une 
jeune  femme ,  pâle  et  charmante  ;  car  toutes  les  fenêtres 
ouvertes  donnaient  un  air  d'illumination  à  cette  scène 
d*effroi  et  éclairaient  toutes,  les  figures.  —  Voyez-çoùs , 
répéta  la  jeune  femme ,  savez-vous  de  quel  côté  i*  —  ^ 
Bellecour  ,  répondis-je  vivement.  —  Oh  l  merci  ^  reprit- 
elle  j  ma  mère  en  est  bien  loin ,  et  mon  mari  sera  du 
moins  tranquille  à  cause  de  moi^  car  il  y  est  déjà.' —  La 
frayeur  avait  décoloré  ses  lèvres.  Je  jetai  mon  schall 
sur  se$  épaules  nues,  et  je   l'entraînai  à  la   fenêtre, 
d'où  j'observai  le  même  mouvement ,  cet  ordre  empressé  , 
ce  calme  actif  qui  rassure ,  qui  contente  les  battemens 
impatiens  du  cœur.  On  sentait  Dieu  dirigeant  des  hommes. 
Les  pompes  se  succédaient  avec  une  si  incroyable  vé- 
locité ,  qu'en  une  demi-heure  ces  flammes  épaisses ,  ces 
tourbillon^  qui.  s'élançaient  dans  les  ténèbres,  y  ren- 
trèrent étouffés  par  l'eau  qui  les  surmontait.  Il  semblait 
que  le&  deux  fleuves  réunis  se  soulevassent  pour  inonder 
ce  fléau  brûlant.  Des   nuages  noirs    attestèrent  que  la 
fumée  se  roulait^  seule  au-dessus  de  la  maison  sauvée. 
L'incendie  expire  ;  et  les  hommes ,  haletans ,  couverts 
de  sueur  )  ramenèrent  en  triomphe  les  pompes  libéra- 
trices dans  l'eticeinte  où  la  prudence  des  magistrats  les 
renferme  ,  et  où  elles  deviennent  chaque  mois  des  objels 


(  a32  ) 
de  la  surveillance  la  plus  minutieuse  ^  la  plus  n^essalre 
à  la  sëcuritë  de  tant  de   familles  pressées  les  unes  sur 
les  autres  (i). 

Enfin ,  les  portes  de  l'hôtel  de  ville  sont  closes.  Les 
hommes  armés  se  retirent  en  silence.  Le  peuple  se  dis- 
perse et  va  réparer .  ses  forces  pour  les  travaux  du 
lendemain.  Bientôt  toute  la  cité  tranquille  est  replongée 
dans  un  profond  sommeil. 

Est-ce  un  miracle  ?  dis-je  à  la  jeune  femme.  —  Non, 
répondit-elle ,  en  souriant ,  ils  s'aident  entr'eux  comme 
un  essaim  d^abeilles  courageuses.  Tous  ces  hommes  sont 
unis  par  le  même  lien.  Le  danger  d^un  seul  frappe  m 
cœur  de  tous  ;  le  moindre  cri  d'alarme  les  éveille  ci  les 
rallie  à  la  fois  pour  soutier  leur  frère  qui  ,  dmm 
aussi  ^  volera  à  leur  secours. 

M.™^  Dbsbordes-Valmore. 


(i)  C'est  un  spectacle  curieux  et  charmant  que  celai  de 
l'essai  des  pompes  à  feu.  Cette  épreuve  se  renouvelle  de 
mois  en  mois  sur  la  place  de  l'hôtel  de  ville.  Le  jeu  des 
eaux  qui  se  promènent  dans  les  airs ,  dont  les  longues 
gerbes  atteignent  le  toit  des  plus  hauts  bâtimens ,  et  qui 
arrosent  toutes  les  rues  voisines  9  font  pousser  des  cris  de 
joie  aa  peuple  qui  vient  en  foule  chercher  à  cette  reToe 
du  plaisir  et  de  la  sécurité. 

(  Note  de  Vautçur  )•  • 


<   233  ) 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  DE  JUILLET  1829. 


^%  Ordonnance  da  roi  da  19  juin,  qui  approuve  le 
projet  d*ouTertare  d*une  rue  de  8  mètres  (  24  pîeds  )  de 
largeur,  tendant  de  la  place  St-Yincent  à  la  rue  des  Bou- 
chers,  en  passant  à  travers  le  jardin  des  Angustins.  La 
TÎUe  est  en  même  temps  autorisée  à  aliéner  la  partie  de  ce 
jardin  qui  ne  se  trouTcra  pas  comprise  dans  la  cession, 
qa'elle  doit  faire  à  l'institution  de  la  Mariinière^  laquelle 
sera  établie  dans  les  bâtimens  occupés  actuellement  par  la 
gendarmerie* 

*^  7.  — •  Dans  la  séance  de  ce  jour,  ^  Ja  chambre  des 
députés ,  M.  Dupin ,  discutant  le  budget  des  affiiires  ec- 
clésiastiques j  a  dit  entr'autres  choses  : 

99  Comment  est  gouremé  le  siège  de  Ljon  ?  Fest-il  con- 
formément aux  lois  de  l'Eglise  et  de  l'Etat  P  et ,  pour  me 
tenir  plus  près  du  budget ,  qui  touche  le  traitement  de 
farcheyéché  ?  ou  si  personne  n'a  droit  de  le  toucher , 
qu'en  a-t-on  fait  depuis  l'époque  oii  il  aurait  dû  tomber 
^  régale  (i)  et  cesser  d*étre  alloué  ? 

»  Le  titulaire  de  l'archeréché  de  Ljon  ne  réside  plus  en 
France  \  il  est  à  Rome  depuis  plusieurs  années.  Est-il  en 


(1)  On  nommait  autrefois  régale  le  droit  qni  appartient  au  Roi 
de  percevoir  les  fruits  et  rcyenus  des  ëyéchés  pendant  la  Tacance. 
Ce  principe  est  commun  â  toutes  les  places  dont  le  traitement  a  cessé 
d'être  dû  à  l'instant  même  où  le  titulaire  cesse  de  les  remplir. 


(z34) 

core  h  la  téie  de  don  diocèse  ,  et  dispensé  seulement  de 
la  résidence  ?  Je  demande  alors  pourquoi  j  en  son  absence  « 
Tadministration  a  cessé  d'appartenir  à  ses  grands-Ticaires  ? 
a-t-^il  donné  sa  démission  ;  son  '  siège  est-il  vacant  ?  dans 
ce  cas ,  pourquoi  la  yacance  est-elle  administrée  par  un 
évêque  in  pariibus  ^  M.'  l'archevêque- d'Âmasie^?  lios  lois  an- 
ciennes et  nouvelles  veulent  qu'eu  pareille  occurrence  l-ad» 
ministration  du  diocèse  appaHîenne ,  non  plus  aux  grands- 
vicaires  qn*avait  nommés  Tancien  titulaire  ^  car  les  pouvoirs 
qu'ils  tenaient  de  lui  ont  cessé  avec  les  siens  \  mais  cette 
administration  est  transportée  de*  droit  au  chapitre  ,  c*est- 
à-Klire  aui.  grands-vicaires  que  le  chapitre  élit  pour  gou- 
▼emer  en  son  nom.  Tel  est  l'usage  ancien  et  invariabie 
observé  de  tout  temps  dans  l'Eglise  de  France ,  et  poor 
que  vous  n'en  doutiez  pas ,  voici  mes  autorités.  (  M.  Dnpia 
cite  ta  loi  de  germinal  an  lo,  titre  II,  art.  56  ;  le  décret 
du  28  février  i-Sio  ,  art.  5  ,  qui  rapporte  cet  article  et 
renvoie  à  l'ancien  droit  attesté  par  Flenrj  ,  Institut,  oxl 
droit  ecciésiast*  ^  I/^  partie  ,  tit.  XVI  ).  ' 

99  Au  lieu  de  cela,  quVst  M.  Tarchevéque  d'Amasle? Certes^ 
il  n*est  pas  délégué  du  chapitre'  ;  qu'est^U  donc  ?  Il  est^ 
Messieurs  ,  il  faut  le  dire  ,  il  est  vicaire  apostolique  en 
France  ,  d'ést-ii<»dlre  délégué  du  saint-âiége  ;  c^est  à  ce 
titre  quHl.  fait  toutes  les  fonetionà  ,  non  pas  seulement  de 
grahd-vrcaire  (  comme  évéque  il  eût  dédaigné  cette  qaali^ 
fication  )  ^  mais  il  confère  les  ordres ,  il  institue  les  prêtres^ 
il  reçott  leur  serment  en  ces  termes  :  a  Vous  promettes  à 
99  nous  et  nos  successeurs  évéques  en  ce  siège  ,  elc^.«» 
Chose  in6uie  en  Erance  ;  car  lé  Pape ,  à  l'égard  des  évêcbés, 
n'n  qu'un  droit,  c'est  celui  d'instituer  canofliiquement  lék 
évéques  et  archevêques  que  le  Roi  a  préalablement  nommés. 

79  Mais  il  est  contraire  aux  libertés  de  l'Eglise  gallicaiib 
i]u'uh  évêché  ,  vacant  Ou  non  vacant  ,  puisse  être'admi^ 
bistré  ainsi  par  un  délégué  du  pape  :  autrement  il  n'y  aura 
*fas  d'évéque  français  qu'on  ne  pût  ainsi  mettre  de  c6té, 


ta  lai  snbetituant  »  de  soq  TÎvant  ^  et  au  pr^adice  des  droits 
do  chapitre ,  un  administrateur  rëputé  vicaire  du.  PapCp     ^ 

7)  J*ai  cherché  dans  VAlmanach  du  Clergé  comment  cela 
serait  rendu  ;  )'ai  trouvé  que  pendant  deux  am  le  nom  était 
resté  en  blanc  :  ainsi  le  cardinal  Fesçh  n'était  plus  membre 
dvL  deFgé  de  France ,  ainsi  le  siège  était  vacant  Qu'on  ne 
croie  pas  que  l'Almanach  ne  fait  pas  autorité ,  c'est  au 
comtraire  une  chose  tres-authentique  et  trës-^oilicielle.,  car. 
lepriTilége^  lorsqu'il  ne  peut  se  loger  qu'à  l'étroit 9  selpg^i 
toDJours  ;  et  en  tête  de  ce  yolume  j'ai  vu  un  privilège' 
accordé  à.  l'éditeur  pour  faire  ses  recherches  au  mi-. 
nUtère  des  .  affaires  ecclésiastiques.  Ainsi-,  pendant  deux. 
ans,  le  siège  n'a  pas  été  rempli;  mais,  l'année  dernière^ 
Mgr.  l'archevêque  d'Amasie  j  figure  comme  administrateur 
dn  diocèse» 

'  V  Où  cela  ne  nous  mènerait-il  pas  ?  surtout  «i  l'on  consi-^ 
dère<qn*on  a  débuté  dans  cette  carrière  d'usurpation  par. 
Karchevéché  de  Lyon ,  dont  le  titulaire  prenait  le  titre  im-* 
posant  de  primat  des  Gaules  ,  ce  qui  étendait  aon  autorité 
jasque  sur  Paris  à  l'époque  assez  moderne  oit  Paris  ,  sim- 
pie  évéché,  était  suffragant  de  l'archevêché  de  Sens  qui 
ressortissait  à  Ljon«  .     . 

»  Le  ministre  qui  a  toléré  de  telles  innovations  f  a.  violé 
a  la  fois  les  liHs  de  l'Etat  et  celles  de  notre  Eglise.  Il  a 
iatroduit  parmi  nous  un  foyer  d'ultramontanisme  dont  1^ 
chaleur  brûlaute  s'exhale  jusqu'à  nous*  Il .  est  temps  d'7^ 
porter  atteinte  et  repression  ,  car  nous  voulons  l'ordre 
kgal  tu  tout  et  partout. . 

»  Autrefois  une  pareille  entreprise  n'eût  pu  réussir.  A  la 
première  tentative ,  le  parlement,  l'Université,  la  Sorbonne^ 
répiscopot  lui-même  eussent  invoqué  Tobservation  des  lois. 
Alors  effectivement  il  j  avait  plus  de  surveillance  ,  et  je 
dois. le  dire  aussi  f  plus  de  doctrine  ;  mais  de  nos  jours  les 
abus  se  sont  introduits  ou  réveillés  d'eux-mêmes.  Un  mal 
ancien  a  reparu  ;  ce  n'est  qu'en  interrogeant  et  en  étudiant 
le  passé,  qu'on  peut  retrouver  les  spécifiques  alors  usités...  n 


(  236  :> 

M.  le  Garde-desrAceaax  a  fait  à  M.  Oupin  la  réponse 
siliTante  : 

99  Je  ne  saÎTrai  pas  l'orateur  qot  descend  de  la  tribune  j-, 
dans  les  longs  déTeioppemens  auxquels  il  6'est  liyré  sur  le 
budget  du  ministre  des  affaires  ecclésiastiques  ^  mais  ajant 
une  connaissance  particulière  de  l'affaire  très-^importante 
qu'il  a  traitée  en  dernier  lieu  ,  je  crois  de  mon  devoir  de- 
donner  à  ce  sujet  quelques  ëclaircissemens  à  la  chambre. 
Ces  ëclaircissemens  pourront  lui  démontrer  que  la  situa- 
tion des  choses,  relativement  au  diocèse  de  Lyon,  n'est  pas 
aussi  contraire  aux  règles  et  aux  lois  qu'on  a  cherché  à 
lëublir. 

99  Le  siège  de  Ljon  était  occupé ,  à  l'époque  de  la  restaa- 
ration,  par  un  archevêque  qui,  en  idi6 ,  a  été  compris 
dans  une  disposition  de  loi  rendue  par  les  deux  chambres , 
et  sanctionnée  par  le  Roi ,  relative  aux  membres  de  la  fa- 
mille du  chef  de  l'ancien  gouvernement.  Par  les  disposi- 
tions de  cette  loi ,  ils  étaient  bannis  du  royaume  et  privés 
en  France  de  l'exercice  des  dix>its  civils. 

99  Dans  cette  situation ,  le  titulaire  du  siège  de  Ljon  se 
trouvant  banni  du  royaume ,  le  Gouvernement  du  Roi  n'a 
pas  cru  qu'il  pût  ^  étant  privé  de'  l'exercice  des  droits 
civils  en  France ,  continuer  à  remplir  des  fonctions  apsst 
importantes  ,  soit  dans  l'ordre  spirituel ,  soit  dans  l'ordre 
civil  et  politique»  que  eelles  d'archevêque.  En  effet,  selon 
l'eipression  énergique  d'un  de  nos  pnblicistes  les  plus 
distingués  ,  les  évéques  pouvaient  être  considérés  comme. 
les  seigneurs  spirituels  des  sujets  du  Roi.  Le  Gouverne- 
ment du  Roi  n'a  pas  pensé  qu'une  telle  seigneurie  pût  être 
exercée  par  un  homme  que  la  loi  avait  privé  en  France, 
de  l'exercice  des  droits  civils.  Le  Gouvernement  s'est  va 
alors  dans  la  nécessité  de  demander  Je  remplacement  de 
l'archevêque  de  Lyon ,  conformément  aux  règles  des  con- 
cordats conclus  entre  le  Saiiît-Siegé  et  le  Roi  de  France. 


^237  ) 
Mais  des  difficnltés  se  présentèrent.  Le  Saint-Sî^ge  se  re- 
fusa par  des  motifs  graves  à  remplacer  rarchevéque  de 
Lyon.  Le  Saint-Siëge  répondit  que  les  ëvéques  étaient 
inamoTÎbles  9  qu'ils  ne  pouvaient  être  révoques  de  leurs 
fonctions  y  ni  dépouillés  dé  leur  siège  que  par  un  jugement 
canonique  ;  que  si  la  puissance  civile  et  temporelle  avait 
le  droit  d'exclure  des  limites  du  territoire  un  évéque  qui 
pouvait  lui  donner  des  motifs  graves  d'inquiétude  •  ou  dont 
la  présence  pouvait  être  le  prétexte  de  quelques  troubles  y 
ces  motifs  ne  pouvaient  être  suffisans ,  pour  qu'on  le  con- 
sidérât comme  déchu  de  la  dignité  épiscopale  ;  que  clans 
une  situation  pafeille  ,  il  ne  pouvait  j  avoir  lieu  à  procé- 
der au  remplacement  de  l'archevêque  de  Ljon  par  les 
voles  ordinaires. 

n  Le  gouvernement  du  Roi  fit  examiner  la  question  avec 
soin.  Cette  affaire  ne  fut  point  traitée  avec  légèreté.  Des 
ma^strats  ,  des  canonistes  ,  des  ecclésiastiques  furent  en- 
tendus. On  comprit  qu'il  j  avait  deux  intérêts  à  concilier, 
le  maintien  des  droits  de  la  souveraineté  et  Inexécution  des 
lois  du  royaume  »  et  l'intérêt  de  l'épiscopat  qui  ,  dans  un 
royaume  catholique ,  est  aussi  un  intérêt  public.  On  comprit 
qu'il  y  aurait  de  graves  inconvéniens  à  ce  que  par  un  acte 
purement  politique ,  le  gouvernement  civil  pût  frapper  un 
évéqne  de  telle  sorte,  que  dans  l'exercice  de  ses  fonctions, 
il  ffit  atteint  d'une  déchéance  qu'il  ne  pouvait  encourir 
que  par  la  voie  canonique  et  le  jugement  de  ses  pairs  ^ 
que  si ,  dans  l'espèce ,  l'abus  ne  se  rencontrait  pas,  il  fallait 
prendre  garde  *qu'il  ne  devînt  un  précédent  dangereux  ^ 
et  qu'à  l'avenir ,' les  droits  essentiels  de  l'épiscopat  ne 
pussent  Are  compromis  dans  des  états  ou  dans  des  cir- 
constance?^ ôik  l*on  professerait  moins  de  respect  pour  les 
libertés  ecclésiastiques.  11  était  à  craindre  qu'où  n'exilât 
les  évêques  pour  les  déposséder  ,  et  qu'on  n'employât 
toujours  pour  le  faire  les  formes  solennelles  d'une  loi. 
la  difficulté  pratique  était  donc  très*grande. 


(  238  ) 

»  On  Tons  â  dit  ^  cette  ffîbune  que-  lonqu^un  'dTéqlK 
tient  à  mourir ,  ses  mandataires  perdent  leurs  pouToirs'^ 
que  la  règle  du  droit  civil  s'applique  an  droit  canonique* 
Mais  les  mandataires  ne  perdent  leurs  pouvoirs  que  lurs- 
qoè  le  mandant  cesse  d'exister  :  or^  ce  n'ëtaît  pas  le  cas 
dans  lequel  on  se  trouvait ,  car  Tarchevéque  de  Ljoa 
vivait  encore  »  et  il'  ëtait  reconnu  comme  tel  par  le  clergé 
de  son  diocèse»  Le  chapitre  ne  pouvait  donc  pas  ^tre 
investi  des  pouvoirs  de  l'archevêque  ,  comme  si  le  siège 
eut  été  vacant.  Le  moyen  qui  paraissait  seul  rester ,  celui 
de  laisser  administrer  le  diocèse  par  les  vicaires-gënéraui 
de  l'archevêque  ,  ëtait  impraticable,  puisque  le  prélat  était 
jurivé  de  l'exercice  de  ses  droits  civils  par  une  loi  spéciale. 

79  Le  Gouvernement  du  Roi  sentit  tout  ce  que  la  posidoa 
avait  de  difficile  :  il  chercha  néanmoins  à  concilier  les  draits 
de  la  souveraineté  aVec  l'intérêt  de  l'Eglise.  Le  Roi  s'adressa 
au  Saint-Siège ,  et  lui  représenta  que ,  dans  l'état  actael  des 
choses  ,  Tarchevêché  de  Lyon  ne  pouvait  être  gouverné  par 
le  titulaire  actuel.  Il  proposa  l'adoption  d*un  moyen  terme  « 
afin  que  le  diocèse  ne  fut  pas  privé  de  pasteur  ,  et  qa'il 
ne  continuât  pas  d'être  administré  par  les  délégués  d'ua 
titulaire  que  la  loi  française  frappait  d'une  sorte  d'inter- 
diction civile.  En  conséquence  ,  le  Roi  désigna  au  Saint- 
jSiége  un  ecclésiastique  qui  pût  administrer  le  diocèse  de 
Lyon;  et  le  Saint-Siège  se  réserva  d'obtenir  de  Taflcien 
titulaire  le  consentement  qui  pouvait  être  nécessaire ,  ou 
d'y  suppléer. 

»  C'est  donc  sur  la  demande  du  Roi  qu*interyint  le, bref 
qui  institua  l'administrateur  apostolique  de  l'archcTeclié 
de  ,Lyon.  Cet  acte  de  la  eour  de  Rome  a  été  l'objet  d'un 
examen  sérieux;  la  vérification  n'en  a  pas  été  subreptice, 
comme  on  l'a  dit  ;  elle  a  eu  lien  après  un  long  rapport , 
dans  lequel  les  circonstances  ont  été  discutées.  On  recou* 
nut  que  9  si  des  exemples  de  cette  nature  étaient  infinimeot 
rares  j  que  si  en  France  on  ne  pouvait  pas  en  trouver  de 


(    23f>   ) 

parfaitement  ideotiqucs ,  ii.JC^'y  avait  rien  daiut  la  mesure 
dout  il  s'agissait  de  contraire  aux  droits  de  la.  couronne 9 
puisque  c^était  sur  la  proposition  dti  Koi  que  le  bref  avait 
ëté  rendu  ;  que  les  intérêts  de  l'épiscopat  n'en,  étaient 
point  blessée  y  puisque  la  mesure  n'était  employée  que  pour 
maintenir  l'inamovibilité  des  évéques  ;  enfin  que  les  dix>its 
4u  chapitre  n'étaient  lésés  en  aucujie  manière  ^  puisqu'ils 
n'ayaient  pas  été  ouverts. 

99  Voil^  quelle  a  été  la  marche  suivie  \  cet  ordre  étai^  in- 
diqué par.  la  nécessité  des  choses.  On  l'a  traité  fort  sévère- 
ment,  en  le  considérait  comme  illégal  et  comme  contraire 
aux  lois  du  royaume  et  aux  droits  de  l'Eglise  de  France.  99 

"»■        . 
^^^  10.  «—  Séance   publique   de   l'académie    royale   des 

sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Lyon.  M.  Pericaud  aîné^ 

président ,  a  prononcé  le  discours  d'ouverture  ^  M.  Dumas 

a  lu  l'éloge  historique  de  M.  Poupar,  M.  Régny ,  celui  de 

H.  Mottet-Degérando ,  et  M.  Torombert,  un  mémoire  sur 

la  condition  des  femmes  selon  les   différentes  formes  de 

gouvernement.  La  séance  a  été   terminée  par  la  lecture 

(aite  par  M.  Grandperret,  d'un  passage  de  Sophocle,  traduit 

en  vers  et  précédé  de  quelques  réflexions  sur  la  dignité  de 

rhomme,  par  M.  Trciis. 

*^  1 1.  —  Un  journal  annonce  la  mort  récente  dé  M. 
Cerisier,  avocat  et  homme  de  lettres,  ancien  député  du  tiers- 
etat  de  Bombes  à  l'assemblée  constituante ,  créateur  ou 
rédacteur  de  diverses  feuilles  publiques  en  France  et  à 
l'étranger.  11  était  âgé  de  79  ans.  Il  a  publié  une  Histoire 
de  Hollande  et  un  Dictionnaire  de  géographie.  Il  a  long- 
temps habité  Lyon.  C'est  lui  qui  fut  le  premier  rédacteur 
de  la  Gazette  Universelle  qui  commença  à  paraître  le 

^\  i3  —  M.  le  ministre  du  commerce  et  des  manufac- 
tures vient  d'approuver  la   nomination  de   M.    Peyron , 


(  .".4o  ) 

commissionnaire  f  élu  membre  de  la  chambre  de  commerce 

en  remplacement  de  feu  M.  Mottet-Degërando*. 

« 

^*^  18—  Séance  dans  la  salle  de  la  Bourse  9  au  palais 
iSt-Pierre ,  oii  M.  Crémienx  ,  propagateur  de  la  méthode 
Laffbrîenne,  a  soumis  ses  élèyes  à  un  examen  public.  Une 
société  nombreuse  et  chosie  a  pu  apprécier  les  progrès 
qu'il  est  parvenu  à  obtenir,  de  la  part  de  quelques  hommes 
d'un  âge  mûr,  qui ,  dix  jours  auparaTant,  ne  connaissaient 
pas  une  seule  lettre  de  l'alphabet ,  et  qui  ont  la ,  avec  pins 
ou  moins  de  facilité  9  des  pbrases  fournies  par  les  assistant. 

^\  25.  —  A  la  suite  d'un  Tiolent  orage ,  le  tonnerre  est 
tombé  aux  petits  Brotteaux ,  près  de  la  Guillotière  «  sur  une 
maison  nouirellement  construite  en  plâtre  et  en  brique  et 
Fa  consumée.  Les  personnes  qui  s'j  trouvaient  ont  en  le 
temps  de  se  sauyer.  L'incendie  eût  été  plutôt  éteint,  si  une 
partie  du  peuple  n'était  imbue  du  préjugé  que  tout  secours 
humain  est  impuissant  contre  le  feu  du  ciel.  Le  même  jour, 
la  foudre  a  écrasé  à  Vaise  deux  maçons  qui  trayaillaient 
sur  un  échafaud  ,  et  a  fait  tomber  d'une  échelle  nn 
manœuvre  qui  a  survécu  peu  de  temps  à  cette  chute 

^%  Le  Roi,  dont  l'auguste  protection  ne  cesse  d*eii«- 
courager  les  lettres  et  les  entreprises  littéraires  et  scien- 
tifiques ,  vient  de  prendre ,  pour  ses  bibliothèques  par- 
ticulières ,  cinq  abonnemens  aux  Archives  du  Rhdnc 
S.  M.  a  également  fait  demander,  pour  les  mêmes  dépôts, 
quinze  exemplaires  de  l'édition  des  Euures  de  Ltoàize  Ltahé^ 
donnée  à  Lyon ,  en  1824 ,  par  une  société  de  gens  de 
lettres. 


(  Hi  ) 


STATISTIQUE 


EUAIS  BIST0BIQ17ES  BUT  la  TiUe  de  Lyon,  ou  description  par  ordre 
alphabétique  des  quartiers ,  places ,  rues .  et  monumens  de  cette 
Tille* 

(  IX.*  Article  ). 

BouRBOii  (  rue  de  ).  Celte  rue  ,  qui  n'est  encore 
ouverte  que  sur  quelques  points,  doit  aboutir  du  centre 
de  la  place  de  Louis-le-Grand,  au  centre  du  grand  cours 
duAlidi. 

Pour  faire  une  rue  unique  de  toutes  les  parties  dëjà 
percées  de  la  rue  de  Bourbon,  il  n*y  a  plus  que  deux 
peroés  à  ouvrir  au  travers  de  la  maison  Lambert,  rue 
du  Përat,  n.**  18,  et  du  bâtiment  de  la  prison  St* 
Jos^hf  ËlW  sera  certainement  alors  une  des  plus  belles 
rues  de  Lyon ,  et  si  j  à  son  entrée  du  côte  du  nord , 
on  a  soin  d*élaguer  quelques-uns  des  tilleuls  de  la 
place  de  Louis-le-Grand ,  de  son  extrémité  méridionale 
on  pourra  apercevoir  la  statue  équestre  de  Louis  XIV 
qui  bornera  la  vue  de  ce  côté  d'une  manière  admirable. 

Nous  ferons  remarquer  à  nos  lecteurs  une  maison 
située  à  Tangle  oriental  de  la  rue  de  Bourbon  et  de  la 
me  Ste-Hélène  :  c'est  celle  des  sœurs  Charlottes. 

Des  personnes  pieuses  et  charitables,  qui  ont  voulu 

rester  inconnues ,  en  ont  fait  don  à  ces  dignes  sœurs , 

afin  de  leur  assurer  un  local  convenable  qui  leur  permit 

d  augmenter  leur  nombre.  Grâces  en  soient  rendues  j 

Tom€  FUI.  16 


(    242    ) 

au  nom  des  malheureux ,  à  ces  personnes  généreuses  ! 
car  augmenter  le  nombre  de  ces  saintes  filles ,  c  est  mul- 
tiplier les  bienfaits  qu'elles  répandent  sur  les  pri- 
sonniers. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  dire  un  mot ,  à  cette 
occasion,  de  Torigine  d*une  œuvre  qui  fait  plus  de  bien, 
dans  sa  modeste  obscurité ,  que  la  plupart  de  ces  ins- 
titutions soi-disant  philantropiques ,  où  le  faste  ap- 
parent de  la  bienfaisance  tient  souvent  la  place  du 
bienfait. 

Au  temps   où  la  persécution  religieuse  et  politique 
remplissait  nos  prisons  de  prêtres ,  de  nobles ,  d'émigrés 
de  toutes  les  classes ,  une  ancienne  cuisinière ,  nomm^ 
CAarloitâ ,  touchée  de  compassion  à  la  vue  de  l'état 
misérable  où  se  trouvaient  réduites  ces  victimes  de  la 
foi',  dé  l'honneur  et  de  la  fidélité ,  conçut  le  louable 
dessein  de  leur  porter  plusieurs  fois  par  s^oaine  quel- 
ques  secours ,  et  de  faire    tous  ses   efforts  pour  leur 
procurer  les  moyefts  de  se  préserver  de  la  malpropreté, 
qui  alors  ne  contribuait  pas  moins  que  la   hache  du 
bourreau  à  rendre  le  séjour  des  prisons  si  funeste.  La 
bonne   Charlotte  ,   merveilleusement   secondée  par  la 
charité  publique ,   réussit   au-^delà  de  ses  espérances  ; 
bienftôt  soù  exemple  eut  des  imitatrices ,  et  leurs  soins 
réunis ,  qui  n'avaient  eu  d'abord  en  vue  que  le  soula- 
gement d'un  certain  nombre  de  prisonniers,  s*étendîrent 
insensiblement  à  tous  indistinctement  ;  de  telle  sorte 
qu'après  que  la  tourmente  révolutionnaire  fut  calmée , 
elles  continuèrent  tout  naturellement  à  remplir  le  saûnt 
ministère  qu*elles  avaient  embrassé ,  et  reçurent  des  in- 
fortunés dont  elles  étaient  la   providence ,  le   nom  de 
leur  digne  fondatrice  qui  leulc  est  justement  resté. 


(  243  )     ^ 

Depuis  le  moment  de  leur  réunion  en  communauté, 
c  est-à-dire  depuis  environ  trente  ans ,  les  soeurs  Char- 
lottes occupaient  un  local  étroit  et  incommode  dans  le 
fond  de  la  cour  d*une  maison  située  rue  Sala ,  n*^  7. 

C'est  de  là  que  par  une  espèce  de  miracle ,  bien  dû 
à  leur  dévouement  admirable,  la  sœur  Charlotte  et  ses 
compagnes  sont  parvenues  à  fournir  aux  trois  prisons 
de  la  ville ,  mais  plus  particulièrement  à  la  prison  mi- 
litaire ,  dite  des  Recluses ,  des  secours  continuels  et 
gratuits  ,  consistant  en  une  soupe  abondante  ,  servie 
deux  fois  par  jour,  en  linges,  en  vêtemens  de  toute 
espèce^  en  soins  de  propreté  et  en  distributions  de  re- 
mèdes aux  malades. 

On  a  vu  souvent  ces  vertueuses  sœurs  recevoir ,  pen^ 
dant  plusieurs  nuits ,  dans  leur  modeste  asile ,  les  femmes 
et  les  enfans  de  malheureux  prisonniers  de  guerre  que 
des  ordres  cruels  éloignaient  de  ces  objets  de  leur  af- 
fection ,  et  ne  les  laisser  partir  qu'après  leur  avoir  pro- 
curé 9  par  des  quêtes ,  quelque  peu  d'argent  pour  les 
aider  dans  leur  route;  enfin  on  les  a  vues  suffire  seules 
à  alimenter  les  phalanges  nombreuses  de  ces  mêmes 
prisonniers  que  le  sort  des  combats  a  si  souvent  amenés 
captifs  dans  nos  murs,  avant  qu'ils  y  entrassent  en 
vainqueurs ,  et  qui  ont  dû  bénir  plus  d'une  fois  les 
mains  bienfaisantes  qui  les  avaient  soulagés. 

Si  Ton  demande  où  ces  bonnes  sœurs  puisent  tout 
ce  qu'il  faut  pour  faire  de  si  grandes  aumônes ,  nous 
répondrons  que  c'est  uniquement  dans  leurs  quêtes  Jour- 
nalières. 

Elles  demandent  partout  et  s'en  retournent  rarement 
sans  avoir  obtenu  facilement  ce  qu'elles  ont  sollicité 
sans  împortunité.  Elles  reçoivent ,  avec  une  égale  re- 


(  244  ) 
connaissance ,  une  faible  pièce  de  monnaie ,  du  pain , 
des  alimens,  des  lëgumes,  des  vêtemens  hors  de  service, 
de  vieilles  chaussures,  parce  que  leur  zèle  ingénieux 
sait  tout  utiliser.' On  leur  accorde  ,  d'ailleurs,  d'autant 
plus  volontiers  ce  qu'elles  demandent ,  que  le  bon  usage 
qu'elles  font  de  ce  qu'on  leur  donne  est  plus  gënéi*alement 
connu  de  tout  le  monde.  Quel  autre  mobile  que  la 
reUgion  pourrait  inspirer  une  charité  si  sublime,  un 
si  noble  désintéressement  ? 

BouRDY  (  rue  de  ).  C'est  un  petit  passage  sinueux , 
rapide  et  impraticable  aux  voitures  ,  qui  traveise  de 
la  montée  des  Épies  à  celle  du  Gourguillon. 

Cette  rue  a  souvent  changé  de  nom  :  sur  le  plan  de 
x54o,  elle  est  appelée  rue  Breneuse;  sur  ceux  de  1606, 
1646  et  1669  ;  elle  n'a  aucun  nom  ;  sur  le  plan  de 
1740  5  elle  est  nommée  rue  Foireuse  ,  et  sur  celui  de 
1746  ,  rue  Dorée  ;  enfin  ,  dans  l'ancien  grand  atlas  de 
la  ville ,  elle  est  désignée  sous  le  nom  de  Bourdille , 
qu'on  a  définitivement  écrit  Bourdy  sur  la  plaque  qui 
la  désigne  présentement. 

En  cherchant  l'étymologie  de  ce  dernier  nom ,  on 
n'est  pas  éloigné  de  croire  qu'il  peut  venir  de  celui  de 
bourdeau  ,  ancien  mot  dont  la  bienséance  ne  nous 
permet  pas  de  donner  l'équivalent  actuel.  Ce  qui 
rendrait  cette  opinion  vraisemblable ,  c'est  qu'il  a  jadis 
existé  à  la  montée  du  Gourguillon  plusieurs  de  ces 
lieux  voués  à  la  débauche  ,  alors  en  moins  grand 
nombre  qu'aujourd'hui ,  et  par  cela  même  plus  remar- 
quables. Telle  était,  auprès  de  l'issue  de  la  rue  de' 
Bourdy,  la  maison  appelée  encore  de  nos  jours  Fort- 


(  545  ) 
Venus  (i),  laquelle  a  pu  facilement  faire  donner  une 
âënomination  analogue  à  la  petite  rue  qui  Tavoisinait^ 
et  qui  oBî'ait  à  nos  bons  aïeux  une  \oie  mystérieuse 
et  dérobée  pour  venir  déposer  une  offrande  furtive  sur 
lautel  de  la  complaisante  déesse. 

Cette  rue  est  exclusivement  occupée  par  des  ouvriers 
en  soie  qpi  la  recherchent  volontiers  ,  soit  à  cause  du 
bas  prix  des  loyers,  soit  en  raison  de  la  clarté  des 
appartemens  et  de  la  belle  vue  dont  on  y  jouit. 

Bourg  cHANiN  (  rue  du  )  ,  aboutissant  de  la  place  de 
THôpital  à  la  rue  de  la  Barre. 

Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  Thistoire  de  Lyon ,  no- 
tamment M.  labbé  Guillon  de  Montléon  et  M.  Cochard , 
assurent  que  ce  nom 'de  Bourgchanin  dérive  djê  ce  qu'an- 
ciennement ce  quartier  était  un  bourg  peu  habité  , 
malpropre  ,  souvent  inondé  par  le  Rhône ,  et  que  pour 


(i)  Ou  For  Venus ^  forum,  place,  marché  de  Vénus. 
Il  est  remarquable  que  ce  nom  ait  été  donné  à  une  lo- 
calité placée  sur  le  revers  d'une  montagne  dont  Textréme 
sonmité  tire  son  nom  de  Fourrière ,  des  mots  latins 
Forum  Veneris  ^  snivant  quelques  auteurs  qui  ont  pré- 
tendu qu'il  j  avait  jadis  sur  ce  plateau ,  an  lieu  de  l'église 
déliée  à  Notre  Dame ,  un  temple  consacré  à  Vénus.  Les 
mots  For  Vénus  que  nous  croyons  nous  rappeler  aToir 
lu  inscrits  sor  une  maison  située  à  l'entrée  de  la  rue  de 
Bourdj,  n'étaient-ils  pas  l'indication  du  nom  de  la  petite 
fbce  sur  laquelle  était  située  cette  maison ,  plutôt  qu'une 
enseigne  particulière  ?  C'est  une  conjecture  que  «^nous  ha- 
sardons ,  et  qui ,  si  elle  était  vérifiée  ,  pourrait  servir  à 
fixer  le  lieu  où  était  autrefois  ce  temple  de  Vénus  dont 
parle  la  tradition. 


(  246  ) 
cela ,  dans  les  tieux  actes ,  il  est  nomme  hurgus  commis^ 

bourg  de  chien ,  dont  on  a  fait  ensuite  Bourgchanin  : 

à  Lyon  on  dit  qu'il  fait  un  temps  chanin^  pour  dire 

iqu'il  fait'  un  mauvais  temps ,  un  temps  de  chien. 

M»  Cochard  ajoute  qu'elle  est  sur  un  territoire  qui 
a  long-temps  appartenu  à  la  famille  Lëviste ,  dont  le 
nom  est  demeuré  à  une  petite  place  voisine.  Mais  nous 
sommes  portes  à  croire  que  notre  savant  compatriote  a 
fait  ici  une  erreur,  et  qu'il  a  confondu  le  territoire  de 
fiellecour ,  qui  effectivement  a  appartenu  aux  Leviste , 
avec  la  rue  Bourgchanin ,  qui  est  plus  ancienne  que 
cette  famille. 

On  lit  ce  qui  suit  dans  VInfroduction  à  la  lecture  de 
Vhistoire ,  du  P.  Mënestrier ,  pag.  235-238  :  «  L'an 
1647,  ceux  qui  habitent  le  quartier  de  cette  ville  qu'on 
nomme  Bourgchanin,  firent  une  mascarade  scandaleuse 
sur  un  vieux  sobriquet  que  Ton  leur  donne  de  comards^ 
et  à  cette  occasion  publièrent  une  fable  qu'ils  faisaient 
passer  pour  histoire,  en  gisant  que  Mént^Uus,  frère 
d'Agamemnon ,  pour  venger  Tafiront  que  lui  avait  fait 
Paris  en  lui  enlevant  Hélène  sa  femme ,  après  aroir 
saccagé  la  ville  de  Troye ,  céda  son  royaume  à  son 
frère  Agamemnon ,  ne  voulant  plus  retourner  à  Sparte 
où  il  avait  reçu  une  telle  injure  en  la  personne  de  sa 
femme  ,  et  qu'ayant  résolu  d$  se  retirer  sur  les  terres 
des  Romains ,  après  un  long  voyage  il  avait  choisi  ceUe 
ville  que  Ton  nommait  alors  Lugdunum  ou  Jjigodummy 
et  qu'ayant  fait  son  établissement  le  lor^  du  Rhône, 
il  donna  à  cet  établissement  le  nom  de  Boui^chanin , 
qu'il  plaça  au  lieu  d'Esnai  (  sic  )  les  savans  qu'il  avait 
amenés  d'Athènes ,  et  fit  une  espèce  de  petite  ville  qu'il 
fit  appeler  Ilyon ,  en  mémoire  dii  siège  de  Troye.  Je 


(  247  ) 
m^^tonne  que  rauteûr  de  cette  fable  ricGcule  ri*ait  pas 

ajouté  que  c'est  à  la  cour  de  ce  prince  que  la  place 
voisine  du  quartier  du  Bourgchanin  ,  et  qui  est  entre 
ce  quartier  et  Esnai ,  fut  appelée  Bellecour.  Ce  sont 
des  bouffonneries  de  cette  sorte  qui  ont  rempli  de  contes 
ridicules  la  plupart  de  nos  histoires,  comme  la  fable 
d'bis  que  Ton  veut  avoir  été  adorée  h  Melun  sur  la 
Seine  y  à  dix  lieues  de  Paris ,  et  le  Parisis  ainsi  nommé , 
parce  que  la  ville  de  Paris  ou  dé  Lutèce  avait  une  si- 
tuation et  une  disposition  pareille  à  celle  de  Melun  qui 
occupe  une  ile  et  les  deux  côtés  de  la  rivière ,  et  qui 
la  fit  nommer  Par-Isidi.  Les  voyageurs  du  siècle  passé 
étaient  fort  soigneux  de  remarquer  ces  fables  ;  ils  en 
grossissaient  leurs  recueils  et  les  relations  de  ce  qu'ils 
àTzàent  vu  ou  appris  de  plus  curieux ,  touchant  Tori- 
ffBt  de&  villes.  » 

Loiig«*teraps  avant  l'époque  où  eut  lieu  la  fête  dts 
Cornards ,  dont  nous  venons  d'emprunter  l'indication 
au  P.  Ménestrier  ,  ^et  dès  les  premières  années  du 
XV.®  siècle,  les  habitan$  du  Bourgdianin  célébraient 
une  autre  solennité  non  moins  singulière:  c'est  celle 
qui  était  connue  sous  le  nom  de  fête  dti  Cheval  fol.  On 
€n  trouvera  les  détails  dans  l'article  Ainay  (  rue  du 
rempart  d*  ) ,  et  dans  un  mémoire  de  M.  de  la  Tourrette 
sur  la  jambe  du  cheval  de  bronze  trouvée  dans  la  Saône 
en  1766 ,  qui  a  été  inséré  dans  les  Archiva  du  Rhône. 
Toy.  le  tom.  tV  de  ce  dernier  recueil ,  pag.  467  et  468» 
Voy.  aussi  PouHin  de  Lumina  ,  Abrégé  chronologique 
de  thist.  de  Lyon  ^  pag.  i55  et  i56.  J^ 

La  rue  Bourgchanin  est  toujours  ce  qu'elle  était  dans 
son  origine,  sale,  mal  bâtie  et  n'offrant  aucun  édifice  re- 
marquable. Cependant  elle  est  susceptible  d'amélioration, 


(  248  > 
et  elle  en  recevra  bientôt  une  importante,  si ,  comme  on 
rassure ,  Tadministration  des  hospices  qui  possède  tout  le 
rang  des  maisons  situées  au  levant,  a  l'intention  de  les 
faire  abattre,  pour  construire  à  la  place  une  aile  de  bâ- 
timent destinée  à  compléter  l'ensemble  de  l'HôpHal.  Les 
nouvelles  salles  dont  cette  construction  permettrait  de 
dbposer ,  seraient  affectées  à  divers  services  encore  trop 
resserrés  dans  leurs  eroplacemens  actuels.  On  y  forme- 
rait en  outre  un  quartier  pour  les  convalescens ,  trop 
souvent^  exposés  à  des  rechutes  par  le  mauvais  air  qu'ils 
continuent  à  respirer  après  que  Tari  a  triomphé  au 
principe  du  mal  dont  ils  étaient  atteints.  On  pourrait 
aussi  y  établir  des  bains  spécialement  destinés  aux  ma* 
lades  de  l'hospice ,  mais  dont  le  public  profiterait  et  où 
il  serait  admis  moyennant  une  rétribution  qui  accroîtrait 
le  revenu  des  pauvres.  On  ne  saui^ait  faire  trop  de  vaux 
pour  l'accomplissement  de  ces  projets  dictés  par  la  plus 
pure  humanité,  et  propres  à  donner  à  ce  précieux  asile, 
ouvert  à  l'infortune  souffrante,  de  nouveaux  avantages 
qui  achèveraient  d'en  faire  le  plus  bel  établissement  de 
ce  gçnre  qui  soit  en  Europe. 

BouRGELAT  (rue).  Cette  rue  qui  appartient  à  la  pa- 
roisse d'Alnay  et  qui  est  située  dans  le  quartier  neuf  de 
Perrache ,  aboutit  de  la  place  d'Henri  IV  à  la  rue  du 
Chapitre  ;  elle  fut  ouverte  ,  il  y  a  environ  5o  ans ,  sur 
une  partie  des  anciens  remparts  d'AInay ,  et  elle  a  reçu 
la  dénomination  qu'elle  porte,  en  mémoire  du  célèbre 
Bourgelat ,  qui  l'habita  pendant  qu'il  dirigeait  l'école 
royale  d'équitatipn.  On  y  voit  encore  les  bâtimens  que 
cette  institution  occupait ,  et  où  se  trouvait  naguères  la 
fonderie  de  M.  Duphot ,  successeur  d'Abraham  Muller. 


(  249  ) 
Apr^s  la  destruction  des  remparts ,  la  première  maisoR 

qui  fut  bâtie  dans  la  rue  Bourgelat ,  vis-à-vis  du  ma- 
nëge ,  fut  fondée  en  1775  ,  par  une  sodëtë  de  bienfai- 
sance ,  composée  des  habitans  les  plus  recommandables 
de  la  paroisse  d* Ainay ,  et  connue  sous  la  dénomination 
iiŒuçre  des  Messieurs.  Cette  œuvre  est  desservie  par 
des  soeurs  de  Tordre  de  St- Vincent  de  Paule ,  qui  y  eiir 
tretiennent  une  pharmacie  pour  les  pauvres  de  la  pa- 
roisse ,  et  qui  élèvent  jusqu'à  un  certain  âge ,  de  jeunes 
filles  à  qui  l'œuvre  fait  ensuite  apprendre  une  profession. 

L'école  d'équitation  dont  nous  venons  de  parler ,  avait 
été  créée  par  le  roi  Louis  Xin ,  en  1 620 ,  en  même 
temps  que  celles  du  même  genre  qui  furent  établies  à 
Paris,  à  Tours  et  à  Bordeaux/  Antoine  de  Pluvinel  , 
gentilhomme  dauphinois ,  qui  avait  été  écuyer  et  cham- 
bellan d'Henri  IV ,  présida  à  la  formation  de  ces  nou- 
veaux gymnases,  spécialement  consacrés  à  l'éducation 
de  la  jeune  noblesse.  Celui  de  Lyon  était  un  des  plus 
fréquentés  ;  on  y  enseignait  les  mathématiques ,  les  exer- 
dces  militaires,  la  danse,  l'art  de  monter  à  cheval  et 
la  voltige. 

A  l'époque  de  la  révolution  ,  l'emplacement  de  l'école 
d'équitation  fut  vendu  comme  bien  national  et  acheté 
par  le  fondeur  Abraham  Muller.  Il  y  fit  bâtir  une  assez 
belle  maison ,  dans  la  construction  de  laquelle  il  employa 
les  marbres  de  la  statue  équestre  de  lu  place  de  liouis- 
le-Grand  ,  dont  il  avait  été  adjudicataire.  La  grande  salle 
du  manège  fut  convertie  et  continue  à  subsister  en  un 
vaste  atelier  de  fonderie  de  fer. 

On  a  lieu  de  croire  qu'en  raison  de  son  voisinage  du 
temple  d'Auguste  ,  le  sol  de  la  rue  Bourgelat  recèle  des 
restes  précieux  d'antiquités.  Des  fouilles  peu  profondes 


(    25o  ) 

%oî  y  furent  feiles  en  i8i5  ,  pendant  qu'on  entourai! 
notre  ville  de  fortifications,  y  firent  découvrir  unieassc» 
grande  quantité  d*umes  et  de  vases  en  terre  cuite  ,  dont 
la  plupart  dëcôrenl  aujourd'hui  les  galeries  inférieure 
est  palais  St-Pierre. 

Nous  ne  sortirons  pas  de  la  rue  qui  nous  occupe , 
sans  consacrer  quelques  lignes  au  souvenir  du  savant 
qui  lui  a  donné  son  nom.  Claude  Bourgelat  était  issu 
d'une  famille  consulaire  de  Lyon.  Son  père  ,  Pierre 
Rmrgelat ,  parvint  à  Véchevinage  en  1707  ;  î*  se  ©ana 
èem  fois ,  et  de  cette  double  union  qui  fut  contractée , 
Tune  dans  sa  patrie ,  avec  une  demoiselle  Térrasson ,  et 
laulre  à  Livoume ,  où  îl  habitait  une  partie  de  Taimée, 
naquirent  trois  enfans ,  savoir  :  deux  filles  qui  épousèrent 
Werrè  Dugas ,  prévôt  des  marchands  en  17^0,  et  un 
Prost  de  Grartgeblanche  :  le  troisième  de  ces  enfans  étajl 
Claude  Bourgelat  qui  naquit  en  1712  et  mourut  à  Paris 

le  S  janvier  1779- 

Ce  dernier  commença  par  faire  un  cours  de  droit  à 
Toulouse  ;  il  y  fut  reçu  docteur ,  et  parut  ensuite  avec 
distinction  au  barreau  de  Grenoble  ;  mais  une  cause 
qu'il  gagna  et  dont  il  reconnut  plus  tard  l'injustice ,  le 
détermina  à  quitter  cette  carrière  ,  pour  entrer  dans  les 
mousquetaires.  Le  goût  qu'il  avait  eu  dès  sa  première 
jeunesse  pour  lexercîce  du  cheval ,  s'y  étant  réveillé ,  u 
suivit  avec  succès  les  cours  d'équitalion  de  la  capitale , 
revint  ensuite  à  Lyon  et  obtint  bientôt  la  direction  du 
manège  royal.  Dès  qu'il  fut  à  la  tête  de  cet  établissement, 
il  le  fit  briller  d'un  nouvel  éclat ,  et  les  élèves  y  accou- 
rurent en  foule ,  non-seulement  des  provinces  qui  nous 
avoisinent ,  mais  même  des  pays  étrangers. 

Une  fois  voué  à  des  occupations  conformes  à  ses  m- 


C  â5i  > 

clinatioQS  et  à  son  g^nle ,  il  ne  borna  pas  ses  soins  à 
de  simples  leçons  d'équitation  ;  il  voulut  connaître  toute 
lorganisation  du  précieux  et  intelligent  animal  dont  il 
avait  fait  son  ëtude  de  prédilection  y  Ses  maladies,  les 
moyens  de  les  guërir ,  et  ce  fut  ainsi ,  en  s*ëclairant  des 
lumières  des  illustres  chirurgiens  Pouteau  et  Charmetton , 
qu*il  s*appUqua  à  la  médecine  des  animaux ,  créa ,  pour 
ainsi  dire ,  cette  science ,  et  conçut  le  plan  d'une  école 
yétérlnalre  spécialement  destinée   à    renseignement  de 
cette    nouvelle   branche   des    conn9issances  humaines. 
Le  contrôleur-général  des  finances ,  Bertin ,  qui  avait 
été  intendant  de  Lyon ,  et  qui  s*y  était  particulièrement 
Ké  avec  Bourgelat ,  accueillit  avec  empressement  le  projet 
de  cette  école  ;   la  création  en  fut  ordonnée ,  et ,  le 
i/^  janvier  1762  ,  elle  fut  installée  sous  la  direction  de 
Bourgelat,  dans  le  local  où  elle  est  demeurée  jusqu'à 
la  révolution ,  au  faubourg  de  la  GuIUotlère. 

Cette  école  acquit  en  peu  de  temps  une  telle  célé- 
brité ^u'en  1764  9  le  gouvernement  jugea  nécessaire  d'en 
établir  une  seconde  au  château  d'Alfort ,  près  de  Paris , 
^n  y  appelant  comme  directeur  le  même  Bourgelat  qui  , 
4^jà  revêtu  du  titre  de  commissaire-général  des  haras  du 
royaume,  reçut  encore  celui  d'inspecteur  des  écoles  vé- 
térinaires. Il  partit ,  emmenant  avec  lui  M.  Bredin ,  père 
et  prédécesseur  du  directeur  actuel  de  l'école  de  Lyon. 
C'est  dans  l'exercice  de  ces  fonctions  et  jouissant  à 
juste  titre  d'Une  réputation  acquise  par  les  plus  utiles 
travaux ,  que  Bourgelat ,  encore  peu  avancé  en  âge,  fut 
enlevé  à  la  science  et  aux  nombreux  élèves  qu'il  avait 
formés  et  dont  il  était  chéri.  Il  ^vait  été  lié  avec  les  plus 
illustres  de  ses  contemporains ,  entre  lesquels  nous  cite- 
rons le  grand  Frédéric  qui  le  consulta  sur  la  meilleure 


(   252  ) 

manière  de  faire  charger  la  cavalerie;  Buffon  et  d'Alembert 
duquel  il  prît  vivement  le  parti  dans  son  démêlé  ayec 
le  P.  Tolomas.  Il  fut  aussi  en  correspondance  avec  Vol- 
taire «  et  dans  une  lettre  qu'il  lui  adressa  ,  il  lai  rendit 
compte ,  sur  sa  demande ,  d'une  expérience  très-curiense 
de  lopération  de  la  pierre  faite  à  un  cheval ,  et  sur  les 
symptômes  de  cette  maladie ,  observés  avec  d'autant  plus 
de  certitude  que  la  pierre  avait  été  insérée  dans  la  vessie 
de  l'animal ,  six  mois  auparavant ,  par  une  opération 
contraire.  Une  autre  lettre  de  Bourgelat  à  Charles  Bonnet 
donne  des  preuves  multipliées  de  l'existence  àesjumariSy 
trop  légèrement  révoquée  en  doute  par  Bufibn. 

Sans  avoir  des  goûts  ruineux  ,  Bourgelat  moonit 
pauvre  et  ne  laissa  guère  à  sa  veuve  et  à  sa  fille  d'autre 
fortune  que  son  nom  et  la  reconnaissance  du  gouverne- 
ment qui  leur  accorda  une  pension. 

On  a  de  Bourgelat ,  outre  les  excellens  articles  relatifs 
à  l'art  vétérinaire  et  au  manège ,  qu'il  a  fournis  à  l'En- 
cyclopédie ,  et  ceux  qu'il  a  fait  insérer  dans  divers  re- 
cueils périodiques ,  les  ouvrages  suivans  :  I.  Nouf^em 
Ncwkasile  ou  Traité  de  ca^faUrie  ,  Lausanne  ,  1 747  > 
in- 12,  réimprimée  Paris,  Grange,  même  année,  et  à 
Lyon ,  traduit  en  anglais,  avec  un  grand  luxe  typographi- 
que ;  II.  Êlémens  d Hippiairique  ou  Nouveaux  Pria-* 
cipes  sur  la  connaissance  et  sur  la  médecine  des  chevaux^ 
Lyon,  1750-5 1-55  ,  3  vol.  in-8^.  Cet  ouvrage  est  in- 
complet ;  il  y  manque  un  quatrième  volume  ;  il  seiirk 
de  titre  à  Bourgelat  pour  être  admis  aux  académies  des 
sciences  de  Paris  et  de  Berlin  en  1763  j  III.  Réflexions 
sur  la  milice  et  sur  les  moyens  de  la  rendteplus  uniforme 
et  moins  onéreuse  ^  Lyon  ,  1760,  in-8.0  j  IV.  Anahme 
comparée  du  cheval ,  du  bœuf  et  4u  mouton ,  suivie  de 


(  253  ) 
Recherches  sur  les  causes  de  t impossibiUté  où  les  che^ 
çaux  sont  de  çomir  ^  et  de  Recherches  sur  le  mécanisme 
de  la  rumination;  cet  ouvrage  a  été  traduit  en  allemand  ; 
V.  Éle'mens  de  tari  çéférinaire  ,  contenant  i.^  Matière 
médicale  raisonnée^  Lyon,  1765,  in-8.^}  ihid.  1771  ; 
2.**  Traité  de  la  conformation  extérieure  du  cheval ,  de 
sa  beauté  et  de  ses  déjauts ,  etc.  ;  du  choix  des  chevaux 
et  des  haras ^  Paris,  1769  ^  in-8.*;  ibid.  1776.  Cet  ou- 
vrage est  regardé  comme  le  chef-d'oeuvre  de  Boùrgelat  ; 
la  première  édition  ,  tirée  à  petit  nombre ,  avait  paru 
sous  le  titre  de  Précis  anatomique  du  corps  du  cheval. 
Il  a  été  souvent  réimprimé  et  traduit  en  langues  étran- 
gères. La  troisième  partie  qui  traite  des  haras,  composée 
et  communiquée  manuscrite  aux  élèves  dès  1770  ,  ne 
fut  publiée  que  par  les  soins  de  M.  Huzard ,  1 8o3  et 
1808,  in-8.*  j  3.®  Essai  théorique  et  pratique  sur  la 
ferrure ,  Paris,  imprimerie  royale  ,  1771 ,  in- 12  ,  réim- 
primé, pour  la  troisième  fois ,  Paris  ,  madame  Hui^ard  , 
1814 ,  in-8.0  j  4,®  Essai  sur  les  appareils  et  les  banddges 
propres  aux  quadrupèdes  ^  Varis  ^  1770,  in-8.®  ;  VL 
Mémoire  sur  les  maladies  contagieuses  du  détail ,  Paris , 
imprimerie  royale ,  1775  ,  in- 4.^  ;  VIL  Règlement  pour 
les  écoles  vétérinaires  de    France ,    Paris ,  imprimerie 
royale  ,   1777 ,  in-8®.  Boùrgelat  a  enrichi  de  noies  le 
Mémoire  sur  les  maladies  épidémiques  des  besHaux , 
par  Barberet ,  couronné  par  l'académie  d'agriculture  de 
Paris ,  en  1765  :  ces  notes  ont  près  de  100  pages.  Il  a 
coopéré  avec  M.  de  la  Tourrette  et  Tabbé  Rozier  à  la 
rédaction  des  Démonstrations  élémentaires  de  botanique , 
Lyon,  L  M.  Bruyset,  1766,  3  vol.  in-8.**  ou  2  vol. 
in-4.®  (Il  n*a  été  tiré  que  25  exemplaires  dans  ce  der- 
nier  format  ).   On  peut  consulter ,  pour  plus  de  détails 


(  254  ) 
sur  Bourgelat ,  rarilcle  qui  lui  a  été  consacre  dans  la 
Biographie  universelle ,  et  surtout  la  Nofice  historique 
et  raisonnée  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages ,  publiée  par 
notre  collègue ,  M,  L.  F.  Grognier ,  Lyon ,  i8o5 ,  in-8.* 


c=s=srsc 


I        i^— ^ 


INSTRUCTION  PUBLIQUE. 


RjkPPOHT  SUR  LA  Statiléoie  ,  méthode  nonT«lle  poar  apprendre  i 
lire ,  inventée  par  M.  de  liAFFORS  ;  par  J.  B.  Monfalcon  ,  médecia 
de  rhôtel-Dîeuy  membre  de  Tacadémie  royale  de  médecine,  etc., 
nn  des  commissaires  qui  ont  suivi  les  expériences  sar  la  Statilé^ 
faites  à  Lyon ,  par  M.  Crémieus ,  avocat  ;  du  7  au  96  iniUet  1828. 

La  statilëgîeest  une  méthode  dont  le  but  est  d'apprendre 
à  lire  en  moins  de  temps  et  mieux  que  ne  le  font  les  mé- 
thodes ordinaires.  Jusqu'à  quel  point  appartient-il  à  un 
médecin  de  la  juger?  Son  examen  n*est-il  pas  lié  aux  scien- 
ces médicales  par  des  rapports  trop  indirects  et  trop  éloignés 
pour  qu*il  nous  soit  permis  de  lui  accorder  un  temps  que 
réclament  d'autres  études,  sinon  plus  importantes,  du  moins 
plus  cx>nformes  à  l'esprit  de  notre  institution  ?  Non  sans 
doute;  la  lecture  est  un  exercice  dont  Taction  et  la  réac- 
tion sur  le  cerveau  importent  à  connaître  ;  elle  tient  à  la 
science  de  l'homme  par  le  mécanisme  de  la  prononciation 
des  sons ,  par  ses  connexions  avec  la  voix  9  par  ses  relations 
intimes  avec  le  développement  de  la  vie  sociale  et  intel- 
lectuelle ;  elle  est  une  question  de  physiologie ,  un  su}ct 
important  de  philosophie  médicale.  Sous  ces  ra[^rls  di- 
vers, la  médecine,  qui  bien  mieux  que  toutautre  ordre  de 
connaissances ,  peut  s'appliquer  ces  paroles  :  Rien  de  ce 


(  255  ) 
qui  est  de  rhomme  ne  m*est  étranger^  n*est  nullement  in- 
compëtenie  pour  étudier  et  juger  les  procédés  de  Tart, 
d'apprendre  à  lire  ,  le  plus  difficile  de  tous  les  arts. 

(DUCLOS)-  • 

La  lecture  est  un  exercice  de  la  mémoire ,  des  yeux  et 
des  organes  de  la  voix;  lire^  c*est  reproduire  la  parole  ao 
moyen  de  sons  et  de  signes  convenus.  On  dit  que  leslndiens 
commencent  presque  tous  leurs  livres ,  par  ces  mots  :  Béni 
soit  rinventeur  de  Téa'iture  ;  on  pourrait  aussi  commencer 
un  discours  par  bénir  l'inventeur  du  langage.  Écrire,  c*est 
rendre  avec  des  caractères  alphabétiques  les  sons  proférés 
par  Torgane  de  la  voix.  L'écriture  est  la  peinture  fidèle  de 
la  voix  articulée  ;  plus  elle  est  ressemblante ,  meilleure  elle 
est  :  c  est  une  traduction  qui  doit  être  fidèle.  De  la  parole 
est  née  Técriture  :  la  lecture  de  l'écriture  reproduit  la  pa- 
role. Des  signes  rendent  en  même  temps  et  les  sons  vocaux 
et  la  pensée  ;  leur  réunion  est  l'origine  commune  à  toutes 
les  connaissances  de  l'homme  comme  à  toutes  ses  sottises ^ 
c'est  l'alphabet. 

La  parole  est  un  produit  de  l'éducation  et  un  résultat 
de  l'art.  Les  enfans  qu'on  a  rencontrés  à  diverses  époques 
errans  et  abandonnés  au  milieu  des  forêts ,  ne  faisaient 
entendre,  quel  que  fût  leur  âge,  aucun  son  articulé analo* 
gue  aux  langues  connues  ;  ià  peine  savaient-ils  imiter  les 
cris  des  animaux  au  milieu  desquels  ils  avaient  vécu.  C'est 
ainsi  que  l'homme  qui  avait  été  pris  dans  les  forêts  de 
l'Islande ,  bêlait  comme  les  brebis  dont  il  avait  sucé  le  lait , 
et  ne  connaissait  pas  d'autre  langage.  Haller  cite  l'obser- 
vation d'un  enfant  qui  ne  pouvait  proférer  d'autres  sons 
que  les  cris  des  ours  parmi  lesquels  il  avait  vécu.  L'histoire 
du  sauvage  de  l'Aveyron  est  connue  ;  ainsi  la  voix  arti- 
culée est  l'expression  de  la  civilisation. 


(  256  ) 
Quelle  est  raction  organique  qui  produit  les  élémeitl 
de  la  parole  ou  le  son?  Le  son,  considère  en  lui-même, 
est  une  sensation  que  les  corps  élastiques  et  ordinairement 
Tair  mis  en  vibration  font  éprouver  à  l'organe  de  l'ouie  ; 
ou  plutôt  il  consiste  dans  ces  vibrations  elles-mêmes.  Le 
poumon  envoie  dans  le  larynx,  par  la  trachée  artère, Pair 
qui  en  est  la  matière  ;  les  fibres  des  muscles  thyro-arythé- 
noïdiens  qui  se  terminent  aux  ligamens  inférieurs  de  la 
glotte,  leurs  aponévroses ,  vibrent  en  se  contractant ,  et 
impriment  aux  prétendues  cordes  vocales  les  oscillations 
qu'elles  exécutent  ;  la  voix  est  produite  entre  les  ligamens 
inférieurs  de  la  glotte,  et  les  muscles  thyro-arythénoïdiens 
sont  ses  organes  spéciaux.  Sans  Taction  de  ces  muscles,  le 
son  ne  saurait  être  qu'un  bruit  rauque,  confus,  insuppor- 
table à  l'oreille.  Ainsi  la  théorie  de  la  production  de  la  voix 
est  l'étude  de  la  manière  d'agir  des  poumons ,  de  la  trachée 
artère ,  du  larynx ,  et  spécialement  de  la  glotte,  pour  Té- 
mission  du  son  articulé.  Mais  d'autres  organes  sont  char- 
gés de  convertir  le  son  en  parole;  leur  ensemble  constitue 
le  pavillon  vocal,  tube  évasé  formé ,  en  arrière  ,  du  voile 
du  palais  et  de  ses  dépendances;  en  ayant,  des  dents  et  des 
lèvres;  sur  les  côtés,  des  joues;  en  haut,  de  la  voûte  pala-' 
tine  ;  en  bas ,  de  la  langue.  Les  parties  mobiles  du  pavillon 
vocal  agissent  sur  le  son  pour  l'augmenter,  l'affaiblir  ou 
le  modifier ,  pour  l'articuler  en  un  mot.  Le  bruit  qui  ré- 
sulte des  vibrations  de  l'air  à  travers  la  glotte,  constitue 
la  voix ,  Wis  la  parole  exige  une  action  organique  plus 
compliquée  ;  le  pavillon  vocal   est  presque  entièrement  ' 
charnu  et  d'une  mobilité  telle ,  que  ses  parois  éprouvent 
avec  la  plus  grande  rapidité  des  changemens  considérables  ' 
dans  leur  forme,  leur  étendue,  leurs  rapports;  à  ces  va- 
riations de  forme  et  à  ces  mouyemens  divers  des  parois  dc^  - 


(  ii57  ) 
k  bouche  correspondent  autant  de  sons  distincts  auxquels 
on  a  attaché  des  idées  spéciales. 

Ces  considérations  préliminaires  sont  nécessaires  pour 
rintelligence  des  prooidés  de  la  statilégie. 

Si  les  sons  qui  constituent  la  yoîx ,  sont  harmoniques , 
s'ils  se  succèdent  à  des  intervalles  déterminés  et  apprécia- 
bles, la  Yoix  prend  le  nom  de  chant. 

L'art  de  lire  se  compose  de  plusieurs  élémens  :  d'une 
part,  il  suppose  la  connaissance  des  caractères  alphabéti- 
ques, signes  de  convention  qui  constituent  Técriture; 
d'une  autre  part ,  il  demande  Tarticulation  fidèle  et  succès- 
HTedes  sons  également  de  convention  qui  correspondent  aux 
caractères  alphabétiques.  On  y  distingue  deux  opérations 
successives  dont  la  voix  est  l'expression  commune:  l'une 
est  l'action  des  yeux  et  de  la  mémoire ,  l'autre  est  l'exer- 
cice consécutif  et  cependant  presque  instantané  des  organes 
vocaux.  Toute  méthode  de  lecture  consiste  à  donner  l'in- 
telli^mce  des  caractères  alphabétiques  et  des  sons  qiii  leur 
ont  été  attachés  ;  les  procédés  varient ,  mais  lé  résultat  est 
le  même.  Un  mot  est  composé  de  parties  formées  par  la 
réunion  de  lettres  ;  la  man^re  d'isoler  et  de  combiner  ces 
lettres  pour  les  exprimer  par  des  sons  fait  la  différence 
des  méthodes  de  lecture.  Leur  philosophie   consiste  à 
bien  saisir  les  rapports  des  lettres  aux  mots ,  ahstinaction 
Ëûte  des  relations  desimots  aux  idées,  et  à  faire  l'analyse 
synthétique  des  mots  la  plus  conforme  au  génie  et  aux  he- 
soins  de  chaque  langue.  Les  caractères  alphabétiques  ont 
perdu  cette  vertu  secrète  que  les  Chaldéens  leur  ont  attri- 
buée; la  manière  de  prononcer  des.  consonnes:  et  des 
voyellef^  a  oessé  d'être  qneopiération  magique  et  un  mys- 
tère profond  9  mai^  elle  est.  terrible  encore  par  les  difficul- 
tés^ doal  les  vices  de  nui  méthodes  de  lecture^ l'oni  sur- 
Tome  rilL  17 


(  258  ) 
chargée.  La  plupart  oal  i'épellation  pour  base.  Épder, 
c'est  nommer,  une  à  une^  les  lettres  dont  un  mot  est  com- 
posé, en  y  atladbant  un  son^  et  prononcer  le  mol  en  com- 
binant les  lettres  diverses  qui  le  forment ,  ordinairement 
deux  à  deux.  Celte  opération  est  très-longue, lrès--pénible, 
«nais  elle  a  un  inconvénient  Uen  autrement  grave  :  il  n'y 
a  souvent  aucun  rapport  entre  le  souque  le  matifé  attache 
à  Tunion  de  deux  lettres  et  le  soo  individuel  de  diacune 
d'elles. 

François  de  Neufchâteau  est  Tauteur  d'une  médiode 
pratique  de  lecture  dans  laquelle  il  passe  en  revue  celles 
qui  ont  précédé  la  sienne  ;  on  connaît  cellesde  MM.  Mialle, 
Jacotot ,  Dupont ,  Lamare ,  Vernes  ;  aucune  ne  présente 
d'analogie  avec  la  méthode  Lafibrienne.  La  statiM^  n'a 
rien  emprunté  de  l'alphabet  de  Couet  de  Prépean ,  du 
bureau  typographique  de  l'abbé  Gautier^  ni  du  quadrille 
de  Berthaud  ;  quels  sont  donc  ses  principes? 

L'artifice  du  langagie  tout  entier  ^  est  renfermé  dams  les 
modificatioasque  nous  faisons  éprouver  à  un  petit  nombre 
de  sons  foodaflientaux  à  peu  près  les  mêmes  dans  toutes  les 
langues,  et  représentés  par  les  lettres  a,  « ,  ''  9  ^  >  ^9 
les  Grecs  possédaient  sept  •  voyelles  ;  les  Ronudns  rédui- 
sirent ce  nombre  à  six ,  puis  à  cinq  ;  quelques  langues 
orientales  en  admettent  davantage;  en  France,  l'usage  en 
reconnaît  cinq«  Duclos  voulait  qu'oineo  distinguât  dix-sept* 
Port-Royal  >  dix.  Lr  nombre  d^  voyelles  devieyidrait  in- 
fini 9  H  on  créait  autant  de  sons  que  l'oi*eiUe  peut  saisir  de 
nuanoes  entre  eU€is:;.qadUpies.acoéns  places  au^^iessus  des 
voyelles  suffisent  pour  caraclérîser  'les  principales  de  ces 
nuances  ;  ainsi  les  AUemaodsont 'placé  un  ewi  deux  points 
au-dessus  des^  lettcss  a^  4r«et  m  ,  pour  exprisniër  des  modf- 
§0atÎQas.dbid(ai]de!ees.JeMi»8*i  Latstatilégie  reodnsÉûlt huit 


(  259  ) 
sons  fondamentaux ,  elle  ne  les  appelle  jpolnt  voyelles ,  car 
une  voyelle  est  toujours  représentée  par  une  seule  lettre, 
tandis  que  quelques  uns  des  sons  admis  par  M.  de  LaSbre 
sont  exprimés  par  la  réunion  de  plusieurs  lettres.  Voici 
ces  huit  sons:  a^é^t^  r,o,  u  jOU  ^  oi. 

Oi^  à  quelques  égards^  n*est  pas  un  son ,  car  ce  signe  se 
compose  de  ^  et  de  a  ,  prononcés  à  la  fois,  comme  le  sont 
les  articulations  composées.  Les  sons ,  dans  la  statilégie ,  se 
partagent  en  simples  et  composés.  Les  simples  sont  formés 
d'une  seule  lettre,  a,  ^,  /,  <?,  ^,  ii;  les  composés  résultent 
de  la  réunion  de  plusieurs  lettres,  ou^  ou  M«  de  LaiFore 
ramène  à  un  $oa  radical ,  en  d'autres  termes  il  place  sur 
la  même  ligne  une  voyelle  et  toutes  les  coml^inaisonsvar 
nées  de  lettres  qui  exprHnent  le  même  son,  et  auxquelles 
elle  sert  de  type  sous  le  rapport  du  son. 

é  ;  I  ai^  el^  oi^  oieni  ou  aient. 
o  ;  I  au^  eau. 
€;  I  tu^  mu. 

Ce  rapprochement  est  d'une  grande  importance.  L'ordre 
dans  lequel  les  sons  se  trouvent  placés,  indique  les  degrés 
divers  d'ouverture  de  la  bouche  qui  est  nécessaire  pour  les 
prononcer ,  depuis  la  lettre  a  qui  exprime  le  plus  grand  de 
ces  degrés,  jusqu'à  1'^^  qu'on  ne  peut  proférer  qu'en  fer- 
mant la  bouche, et  allongeant  les  lèvres.  LV,  dans  un  mot 
composé  d'une  seule  pièce ,  prend  le  son  de  \é  avec  ac- 
cent (  /ri,  des')\  cette  même  lettre  a  la  même  acception 
devant  une  articulation.  Devant  la  lettre  172 ,  on  lui  donne 
le  son  de  \a  {femme) ,  1'/ devant  m  et  «  fait  é. 

L'alphabet  français  reconnaît  dix-sept  consonnes;  les 
signes  qui  leur  correspondent  dans  la  statilégie  sont  au 
nombre  de  vingt-trois ,  nommés  articulations  et  disposés 


(  26o  > 
sur  àevLX  colonnes ,  Tune  de  quinze  signes  ou  articulations 
dures  : 

P9/9  ^9  t^s^x^ch^r^lyill^  m^n^gn^yefh. 

L'autre  )  de  huit  signes  ou  articulations  douces  : 

Les  quatre  premières  lettres  des  deux  colonnes  p  9/9  c^  /, 
articulations  dures,  et  ^»  c^g^d^  sont  les  seules  lettres 
qui  peuvent  s'unir  aux  lettres  /  et  r. 

M.  de  Lafibre  a  partage  les  articulations  en  trois  classes  : 

I.  Articulations  simples ^  formées  d'une  seule  lettre: 
P^f^c^  t,s,x,r^l^m^n,h,b,Q^g^d^zJyr. 

2.^  Articulations  composées  ^formées  de  deux  lettres: 
ph^quj  thjgn^  rh ,  ch. 

3.^  Articulations  doubles ,  formées  de  la  réunion  de  deux 
articulations  dont  la  dernière  est  la  lettre  r  ou  la  lettre  U 
pr^crjr^ôr:  vr^gr^  dr  ipl ^fi  ^  gl,  cl^bl. 

Une  consonne  n'est  jamais  qu'une  seule  lettre  ;  les  signes 
qui  leur  correspondent  dans  la  statilégie,  nommës.articu- 
lations,  peuvent  être  formés  de  deux  et  même  de  trois  ca- 
ractères alphabétiques.  Il  est  des  articulations ,  comme  il 
est  des  sons ,  qui  ont  dans  la  prononciation  exactement  la 
même  valeur,  bien  qu'elles  soient  composées  de  lettres  diffé- 
rentes; M.  de  Laffore  les  place  aussi  sur  la  même  ligne  après 
leur  type: y,  ph;  '^t^th;  -^fr^phr ;  —  r^rh;  zeïs^ 
qui  entre  deux  sons  se  prononce  ainsi  :  ze»  On  remarquera 
que  plusieurs  lettres  sont  reproduites  deux  fois  dans  le  ta- 
bleau des  vingt-trois  articulations;  la  lettre  r  y  figure  deux 
fois,  mais  tantôt  avec  un  son  dur,  comme  dans  le  mot 
terre ^  et  tantôt  avec  un  son  doux,  comme  dans  le  mot 
phare  ;  même  observation  et  même  explication  pour  la 
lettre  or  ;  la  lettre  /  a  également  deux  acceptions ,  suivant 
qu'elle  est  ou  qu  elle  n'est  pas  mouillée. 


(  à6r  > 

Une  articalatian  paît  être  placée  avant  ou  après  un  son , 
un  son  peut  être  entre  deux  articulations ,  enfin  plusieurs 
ions  peuvent  être  réunis  ;  ces  quatre  genres  de  combinai- 
sons suffisent  à  toutes  les  exigeances  de  notre  langue. 

Considérées  en  elles-mêmes,  les  articulations  ne  sont 
rien;  elles  modifient  le  son,  mais  elles  ne  font  pas  des 
sons  ;  elles  restent  emprisonnées  dans  le  pavillon  vocal 
et  ne  sauraient  s'échapper  des  lèvres  qu*au  moment  où 
elles  rencontrent  un  son. 

La  prononciation  des  sons  fondamentaux  ou  voyelles, 
est  facile  en  général  dans  toutes  les  langues  ;  il  n'en  est 
pas  ainsi  de  celles  des  consonnes.  Tandis  que ,  pour  faire 
entendre  les  premiers,  il  suffit  de  placer  Torganede  la  voix 
dans  la  situation  convenable  et  de  l'y  maintenir  pendant  le 
temps  nécessaire,  il  faut,  pour  articuler  les  autres  signes,  le 
concours  de  l'action  des  muscles  nombreux  dont  le  pavillon 
vocal  se  compose.  La  prononciation  des  consonnes  n'est 
exacte  que  lorsque  ces  mouvemens  musculaires  ont  été  ré- 
gularisés par  une  longue  habitude ,  une  attention  soute- 
nue, des  efforts  multipliés ,  en  un  mot  par  une  éducation^ 
laborieuse.  L'ordre  de  position  des  vingt-trois  articulations 
indique  les  mouvemens  gradués  du  pavillon  vocal  pendant 
qu'elles  sont  prononcées. 

Les  articulations  et  les  sons  sont  imprimés  dans  leur  or- 
dre de  position ,  en  gros  caractère,  sur  des  tableaux  séparés^ 
dont  le  maitre  se  sert  pour  les  démonstrations  (i). 


(i)  Il  importe  beaucoup  ^e  le  tableau  des  signes  qui  a  senri  à  la 
leçon  de  la  Teille ,  soit  place  auprès  de  celui  qui  sert  à  la  leçon  du 
jour.  C'est  à  lui  que  le  maitre  en  appelle  |  lorsque  Tëlève  a  ouMi<S 
quelques-uns  des  signes  déjà  étudiés  ;  son  doigt ,  porté  d'un  tableau 
à  l'anUe ,. suffit  pour  rëYeiller  une  métnoire  endormie. 


(   262  ) 

Ces  principes  posés,  la  théorie  4e  hstalil^e 
fermée  dans  la  pratique  de  trois  règles:  i.*  Partage  des 
mots  ;  2.*  règle  de  succession  ;  3.^  règle  d'autorisation  des 
cas.  La  première  enseigne  la  décomposition  méthodique 
des  mots  ;  la  seconde ,  la  liaison  des  différentes  parties  d'un 
mot  ;  la  troisième ,  les  moyens  d'accorder,  sous  le  rapport 
de  la  prononciation,  l'orthographe  des  mots  avec  les  excep- 
tions que  l'usage  a  introduites. 

I/^  régie.  Division  des  mots.  Un  mot  ne  saunât  sortir 
des  lèvres  tout  d'une  pièce;  lorsqu'il  n'est  pas' composé 
d'une  seule  syllabe,  il  est  formé  de  parties  représenta 
par  les  sons*  Autant  de  sons ,  autant  de  parties  de  mots. 
L'art  de  couper  les  mots  n'est  donc  autre  chose  que  la  di- 
vision naturelle  des  morceaux  divers  dont  ils  sont  compo- 
sés. Le  son  lui  même  ne  saurait  être  coupé ,  il  est  mSm" 
sible,  et  ne  devient  susceptible  de  partage  que  lorsquil  a 
rencontré  une  articulation.  C'est  lui  que  l'élève  doit 
chercher  et  distinguer  dons  un  mot  quelconque;  il  ne 
saurait  être  modifié  que  par  l'articulation  placée  à  sa  gau- 
che. De  là  le  grand  principe  de  la  règle  de  la  division  : 
laissez  toujours  une  articulation  à  la  gauche  d'un  son. 

Dans  une  ligne  imprimée  ou  écrite ,  des  espaces  blancs 
séparent  les  mots ,  autant  de  mots ,  autant  de  ces  espaces. 
La  lecture  ne  saurait  procéder  autrement  que  la  parole 
articulée;  elle  rend  les  mots  par  fragmens  successivement 
'  articulés.  On  ne  s'occupe  pas  du  premier  son ,  et  on  pro- 
cède à  la  section  du  mot  de  droite  à  gauche ,  d'après  le 
principe  fondamental ,  c'est-à-dire ,  en  laissant  toujours 
une  articulation  à  la  gauche  de  son  exemple  : 

Va  I  ni  lié  y  il  ra^  em  Iphal  iil  qaty  ior  l  boj  rylgmt^ 
perlpé/iuéi. 

La  statilégie  appelle  mariage  l'union  des  articulations  et 


(  265  ) 
ie&sùm  ;  Târticulation  à  gauche,  Toilà  la  femme;  le  son  à 
évite,  voilà  le  mari;  ^*tls  marchent  toujours  dans  cet 
ordre  9  n'importe  le  genre  de  Tarticulation. 

Ce  genve  n*esl  à  comidërer  que  sous  un  rapport  9  une 
articulation  formée  de  plusieurs  lettres,  c*est-à*dire  du 
genre  des  composa  ou  des  doubles,  doit  âtre  considérée 
sous  le  rapport  de  la  division,  comme  si  elle  était  repré- 
sentée par  une  seule  lettre»  Ainsi  il  fout  couper  de  la 
manière  suivante  les  mots: 

w 

U/gra/ti/tnfdgy  phré/né/sie^  tm/b/ ro/cn/tiony 
Et  non  de  celte  sorte: 

Car  )es  articulàtîôii^  ^r ,  phr^  ^,  sctat  de  Tordre  des 
doubles,  et  doivent  être  traitées  comme  si  elles  étaient 
exprimées  par  une  seule  lettre.  Il  ne  faut  faire  attenticm 
qu'à  la  première  et  à  la  dernière  lettte  dans  ces  articula- 
tions composées  de  trois  caràderés  alphabétiques ,  pkr  , 
Ar,'  ekr:  la  lettre  à^  interiitédiâire ,  n'a  aucune  valeur. 

M^s  deux  àrticalations  séparenft  deux  sons  :  c'est  entre 
eUes  que  ï*  ligne'Vie  démarieation  doit  être  tirée ,  et  il  ne 
feut  jamais  ilais^r  qu'une  seule  articulation  à  un  son, 
comme  dans  les  exemples  suivans  : 

ap  I  par  fie  I  ment  afi freux. 

Lorsqu'un  moti^st  terminé  par  plusieurs  articulations , 
la  seconde  sctuk  doit  fixer  Tattention  de  Télève;  qu'il  ne 
tienne  aucun  compte  des  autres.  Toutes  les  fois  que  deux 
sons  se  suivent^  il  en  résulte  une  diphthongue  ;  les  deux 
voyelles  nejdoivent  pas  être  prononcées  séparément,  Té'* 
lève  articulera  comme  une  seule  lettre  les  sons  composés  $ 
ai^ttt  comme  é ,  mu  comme  €. 


(  264  > 
2.^  Règle  de  succession.  Cette  règle  consiste  à  prononoer 
les  parties  d*un  mot  dans  leur  ordre  naturel  ;  un  mot  esl 
formé  de  fragmens  représentés  par  des  articulations  et 
par  des  sons  ;  il  faut  de  toute  nécessité  les  considérer 
comme  les  résultats  de  Tunion  de  parties  plus  ou  moins 
nombreuses  suivant  l'espèce ,  et  prononcer  successivement 
chacune  d'elles ,  suivant  son  ordre  de  position.  L'élève  lira 
vite  et  bieU)  s*il  se  persuade  qu*iln*ya  dans  un  mot  quel- 
conque que  des  sons  articulés  dont  l'expression  lui  est  fa-^ 
milière  ;  il  ne  doit  s'occuper  que  de  chaque  fragment  in* 
divîduellement,  l'ensemble  du  mot  viendra  sans  qu'il  ait 
besoin  d'y  songer ,  et  sans  aucune  difficulté  ;  car  nulle  partie 
d'un  mot  n'est  en  soi  plus  difficile  à  rendre  qu'une  aufre. 
Aucun  fragment  de  mot  n'est  coinposé  de  plus  de  trois 
lettres* 

«        ■ 

Il  est  difficile  depuis  Molière  de  parler  sérieusement  de 
la  manière  de  prononcer  les  lettres  :.  cependant ,  raillerie 
à  part ,  un  physiologiste,  un  médecin ,  l'auteur  d'un  nou- 
veau système  de  lecture  peuvent  apalyf^r.^^ec  fruit  le  mé- 
canisme du  langage.,  e^  étudier  les.  mouvei^ens  des  orga-* 
nés  auxiliaires  de  la  parole,  pendant  la  prononciation  des 
son^ ,  dans  un  but  d'utilité  que  ne  connaissait  pas  le  maître 
de  M.  Jourdain.  Cet  examen  donne  au  premier  la  raison 
physique  de  la  rudesse  ou  de  la  douceur,  de  la  lenteur  ou 
de  la  rapidité  naturelle  des  signes  divers  qui  traduisent  les 
idées.  On  peut  y  trouver  les  élémens  de  la  prosodie  et  de 
la  mélodie ,  et  des  règles  pour  déterminer  les  véritables 
sons  fondamentaux  de  la  langue.  Une  étude  qui  condttit  à 
de  pareils  résultats  n'est  pas  aussi  puérile  qu'on  l'imagine. 
Cordemoy  qui  essaya,  le  premier,  en  1668 ,  de  faire  con- 
naitre  le  mécanisme  de  l'articulation  des  sons,  n'a  pas  mërilé 
le  redoutable  honneur  que  Molière  luia&it,  en  empruo* 


(  a65  ) 
tant  à  son  Discours  physique  de  la  parole ,  des  explications 
^i  figurent  presque  mot  pour  mot ,  dans  la  leçon  du  Bour- 
geois gentilhomme.  Beauzëe  et  le  président  de  Brosses 
n  ont  pas  reculé  devant  le  danger  de  les  rappeler. 

Le  maitre  prépare  Télève  à  la  pratique  de  la  r^gle  de 
succession ,  en  Tinvitant  à  prononcer  les  articulations  à 
▼oix  très-basse  et  sans  y  attacher  aucun  son ,  ou  plutôt 
atec  leur  son  de  convention ,  pe  ^fe^ce^ie\  les  articula- 
tions ne  doivent  pas  être  entendues  ;  lorsque  la  bouche  a 
eiécuté  leur  mécanisme,  tout  l'éclat  de  la  voix  doit  porter 
sur  le  son  qui  suit.  Même  méthode,  si  le  son  précède  Tarti- 
culation ,  l'élève  le  prononce  avec  force;  il  imprime  aux 
joues,  aux  lèvres  et  à  la  langue  le  mouvement  nécessaire 
pour  proférer  cette  articulation ,  et  suspend  brusquement 
ce  mouvement  en  arrêtant  les  parties  mobiles  qui  le  pro- 
duisent ,  dans  leur  situation  actuelle ,  comme  s'il  voulait 
emprisonner  le  son  dans  sa  bûut4ie.  Le  principe  de  la  loi 
de  succession  consiste  à  faire  proférer  le  son  à  voix  haute, 
lentement,  indéfiniment,  et  ^articulation  qui  suit,  à  voix 
basse  et  très-vite,  comme  s'il  importait  à  l'écolier  de  s'ar- 
rêter ici  le  plutôt  possible.  Ces  préceptes,  difficiles  à  bien 
exprimer,  sont  aisément  compris  dans  la  pratique.  S'agit- 
îl  d'enseigner  la  véritable  manière  de  prononcer  ces  ar- 
ticulations doubles,  pl^ft^cl^  lettres,  qui  ne  doivent 
avoir  dans  le  langage  que  la  valeur  d'une  seule?  Pronon- 
cez d'abord  successivement  et  lentement ,  dit  le  maitre  à 
l'élève ,  pe  et  leife  et  le;  ce  et  le  ;  l'élève  obéit.  —  Allez 
maintenant  plus  vite.  L'élève  répète ,  en  pressant  le  mou- 
vement des  parois  de  la  bouche.  —  Plus  vite  encore ,  le 
plus  vite  possible  ;  et  les  articulations  doubles  sortent  des 
fèvres  prononcées  comme  elles  doivent  l'être.  C'est  avec  le 
même  procédé  que  s'appreiid  l'art  de  bien  proférer  les  ar- 


(  266  ) 
tlculatlons  pr  yfr^  cr^ir;  chacune  des  deux  lettres  dont 
elles  se  eomposent.  est  prononcëe  séparément  et  avec  une 
\itesse  progressive  dont  le  dernier  degré  détermine  néœs^ 
sairement  leur  fusion  en  articulation  ou  lettre  unique* 
Faut-il  prononcer  le  mot  papa  ?  le  maître  montre  à  Té- 
lève  un  p  sur  le  tableau  des  articulations:  Faites,  lui  dit- 
il  ,  le  mouvement  du  pavillon  vocal  nécessaire  pour  [vo- 
fërer  la  lettre  p ,  fermez  la  bouche  et  pincez  les  lèvres  ^ 
mais  que  je  n'entende  aucun  son ,  et  restées  un  instant  ainsi. 
Vous  Tavez  fait ,  c*est  bien  ;  voyez  cet  a  sur  le  tableau 
des  sons ,  et  articulez  maintenant  ;  la  syllabe  pa  se  fait  en- 
tendre parfaitement  formée.  Un  second  p  est  présenté  et 
formé  par  le  pavillon  vocal  comme  le  premier  ;  il  en  est 
de  même  du  second  a ,  et  le  mot  papa  est  dit. 

3.®  Règle.  Autorisation  des  cas.  Nos  Varrons  modernes 
ont  surchargé  l'orthographe  désignes  dont  le  moimkein* 
convénient  est  la  parfaitainutilité;  leur  fidélité  aux  étymo- 
logies  a  altéré  b  composition  d*un  grand  nombredemots^ 
en  y  plaçant  une  multitude  de  signes  parasites.  Cest  à 
eux  que  Voltaire  souhaitait  avec  raison  plus  d*esprit  et 
moins  de  consonnes.  La  statil^ie  délivre  la  prononciation 
de  cette  superfétation  de  lettres  et  de  consonnes ,  qui  fait 
le  désespoir  de  notre  enfance  ,^  et  qui  permet  à  si  peu  d*é- 
trangers  de  respecter  notre  orthographe.  La  plus  belle 
langue  est  celle  qui  rend  toujours  les  mêmes  syllabes  par 
des  sons  uniformes  :  telle  est  la  langue  italienne  ;  elle  n*est 
point  hérissée  de  lettres  dont  Tusage  commande  la  sup- 
pression: c'est  le  grand  viœ  des  langues  frsuïçaise ,  anglaise 
et  allemande. 

L'usage  autorise  chez  nous  de  nombreuses  dérogations 
à  la  valeur  des  signes  de  convention  dont  nous  nous  serr 
vons  pour  exprimer  nos  idées  ;  on  sait  quelle  est  la  pre- 


(  267  ) 

nonciation  spéciale  des  mots ,  Paon ,  Laan ,  Paul^  Poingé  ; 
elle  n'a  aucun  rapfN^rt  avec  les  caractères  alphabétiques 
qui  sont  censés  Texprimer.  La  troisième  personne  de  Tim-^ 
paiiatt  des  verbes  au  pluriel  est  terminée  par  les  cinq 
lettres  a,  1,  ^,  a,/,  {ils  aimaieni ^  faisaieni ) ^  diacuné 
dVIles,  les  consonnes  exceptées,  ont  un  son  qui  leur  est 
propre,  et  cependant  leur  expression,  lorsqu'elles  sont  réu- 
nies ,  est  celle  de  IV  avec  accent  (  ai  ) ,  de  même  les  trois 
lettres  ^ ,  n ,  /,  qui  indiquent  le  pluriel  de  la  troisième 
personne  de  l'indicatif  présent  (  ils  tununi^  ils  disent)  S 
n'ont  que  la  valeur  de  1'^  mnet,  et  doivent  être  pronon*- 
G^  yen  ce  qui  caneerne  ks  serbes ,  comme  si  les  lettres 
finales  ni  n'y  existaient  pas,  sans  aucun  égard  pour  ces 
lettres.  Les  Anglais  rendent  les  lettres  dont  se  compose  le 
nom  de  leur  premier  poète  tragique  par  des  sons  qui  dif-* 
ferait  étrangement  de  ceux  que  nous  attachons  en  France 
à  ces  mêmes  lettres  iShakespear  ).  Ainsi  l'usage  com^^ 
mande  des  infractions  à  la  manière  de  prononcer  certaineis 
lettres  :  que  doit  faire  un  écoli^  ?  Prononcer  comme  il  à 
appris^  comme  il  vmt ,  comme  il  lit  <l'ordinaire.  On  l'a- 
vertira qu'il  existe  des  exceptions  aux  règles  pour  -certains 
moto  ;  on  prononcera  ces  mots  devant  lui  comme  ils  doi- 
vent l'être.  La  règle  d'autorisation  des  cas  lui  apprend , 
cbns  certaines  circonstances ,  à  subordonner  les  principes  à 
l'usage. 

Voici  comment  la  statilégie  est  enseignée  :  le  tableau  des 
sons  est  placé  contre  un  mur,  dans  un  point  quelconque 
d'un  accès  facile  à  la  vue;  le  maitre  s'entoure  des  élèves , 
et  leur  demande  un  instant  d'attention.  Il  ne  leur  fait  voir 
aucune  lettre ,  aucun  caractère  alphabétique  ;  il  profère 
d'abord  le  son- plusieurs  fois,  et  apprend  à  le  prononcer 
«ns  montrer  encore  le  signe  de  convention  qui  l'exprime. 


(  268  ) 
Les  ëlèves  répètent  ce  son  comme  s*il  était  une  note  mu- 
sicale ,  ils  en  profèrent  trois  successivement  ;  Téducatioo 
de  Toreille  précède  celle  des  yeux.  Les  sons  appris  ainsi , 
le  maître  montre  les  lettres  sur  le  tableau  et  les  nonune  ^  en 
attachant  à  chacune  le  son  qui  lui  convient  ;  il  recommence, 
>!  fait  voir  et  entendre  successivement  chaque  son ,  et  cha- 
que élève  dit  et  répète  successivement,  à  haute  voix,  è  son 
exemple.  Celui  qui  a  le  mieux  retenu  avertit  celui  qui  se 
trompe  ;  le  plus  instruit  sert  de  répétiteur  au  maître; tous 
répètent  jusqu'à  ce  qu'ils  sachent  imperturbablement  la 
sons  et  les  signes  qui  leur  ont  été  montrés.  L'instituteur 
a  soin  de  bien  fixer  leur  attention  sur  les  signes  dout  le 
tableau  se  compose,  il  les  indique  du  doigt,  il  les  ampte, 
il  les  désigne  par  leur  ordre  numérique,  il  les  fait  pronou- 
œr  en  intervertissant  successivement  leur  rang  ;  tous  les 
élèves  répètent  d'abord  ensemble,  puis  successivement  y 
lorsqu'un  certain  nombre  de  sons  ou  d'articulations  a  été 
appris  ainsi,  on  passe  à  ceux  qui  suivent,  et  la  leçon  de 
chaque  heure  est  toujours  liée  par  de  nombreux  renvois  à 
celle  qui  a  précédé  :  chaque  séance  commence  par  une  ré- 
pétition générale  de  la  leçon  de  la  veille. 

U  est  divers  moyens  d'exciter  l'attention  et  d'aider  h 
mémoire  :  la  statilégie  a  parfaitement  apprécié  le  parti 
qu'elle  en  poi^vait  tirer.  Le  maître  qui  enseigne  d'après 
cette  méthode,  attache  à  chaque  lettre  ou  signe,  l'idée  d'un 
objet  iQi^tériel ,  familier  à  ses  élèves  ;  une  comparaisoniri' 
viale  le  servira  souvent  infiniment  mieux  que  ne  saurait 
le  faire  le  meilleur  raisonnement.  Le  larynx  fait  un  mou- 
vement sensible,  lorsque  la  glotte  profère  un  son.  On  l'ap- 
prend aux  élèves,  en  les  invitant  à  placer  le  doigt  sur  l'or* 
gane  de  la  voix  au  moment  où  le  son  formé  s'échappe  de 
sa  cavité.  Ainsi  l'écolier  s'aide  toujours  d'objets  visibles  cl 


bien  connus ,  et  plusieurs  de  ses  sens ,  rœll ,  Touïe  et  le 
toucher  concourent  à  lui  apprendre  à  lire.  La  statilégie 
ne  demande  rien  à  Tintelligence  des  élèves  ;  elle  n*explique 
rien  ,  elle  ne  veut  aucune  contention  d'esprit ,  point  de 
théorie  dans  ses  leçons,  elle  ne  parle  qu'aux  sens,  elle 
£iit  voir,  entendre  et  toucher.  *Le  rithme  est  un  auxiliaire 
précieux  pour  la  mémoire  ;  des  vers  sont  plus  facilement 
appris  et  retenus  que  les  plus  belles  pages  des  prosateurs  : 
M.  Crëmieux  invitait  les  élèves  à  répéter  les  sons  qu'ils 
venaient  d'apprendre  sur  tin  air  populaire. 

Lorsque  l'élève  connaît  imperturbablement  quelques 
lettres  sur  le  tableau ,  on  les  lui  montre  en  caractères  plus 
petits,  on  les  lui  fait  reconnaître  et  nommer  dans  un  livre. 
Ces  transitions  sont  faciles. 

.  L'élève  qui  sait  le  mieux,  est  placé  le  premier;  c'est  lui 
qui  commence  chaque  exercice ,  c'est  lui  qui  surveille  ses 
camarades.  Cette  distinction  flatte  son  amour  -  propre. 
S'est-il  trompé  dans  une  leçon  ?  il  perd  son  rang  ,un  au- 
tre le  remplace  et  est  dépossédé  à  son  tour  quand  il  a  dé- 
mérité. Une  concurrence  de  tous  les  momens  et  renouvelée 
à  chaque  exercice  >  ne  permet  pas  à  l'attention  de  se  relâ- 
cher ,  et  la  mémoire  est  sans  cesse  excitée ,  régularisée  et 
nourrie  par  le  contrôle  que  les  élèves  exercent  les  uns  sur 
les  autres.  De  petites  récompenses  proportionnées  à  l'âge 
et  à  la  condition  des  élèves  sont  encore  un  moyen  utile  que 
la  statilégie  emploie  pour  venir  au  secours  des  mémoires 
distraites  et  paresseuses. 

Plusieurs  élèves  avaient  été  remis  à  M.  Crémieux  :  le 
premier  soin  des  commissaires  qui  devaient  assister  à 
leurs  leçons,  fut  de  constater  leur  état  d'ignorance,  et  ils 
parvinrent  au  moyen  de  précautions  qui  ne  laissèrent  rien 


(    270   ) 

à  dëstrer  (0- 1^  existe  si  peu  d'analogie  entre  la  statil^é 
et  les  mëthcMles  ordinaires  qu'un  écolier  est  d'autantoioin^ 
propre  à  faire  des  progrès  avec  la  première,  qu'il  connaît 
plus  de  lettres. 

Huit  élèves  ont  reçu  régulièrement  les  leçons  de 
M*  Crémieux  en  présence  des  commissaires  ;  ces  élèves 
sont  : 

Brénier,  âgé  de  26  ans,  natif  Saint*Prix  (Ârdèche). 
U  ne  connaissait  pas  une  seule  lettre. 

Prali ,  âgé  de  22  ans  ,  natif  de  Pougens  (  Ârdèche). 
Il  connaissait  la  lettre  S  et  la  lettre  O. 

Calvet ,  domestique  chez  M.  le  professeur  Legrand, 
et  âgé  de  17  ans.  U  connaissait  presque  toutes  les  lettres 
simples . 

Nantua ,  domestique  chez  M.  Martin ,  médecin ,  âgé 
de  26  ans ,  né  à  Chambery.  U  ne  connaissait  pas  une 
seule  lettre. 

Desmares  et  Thuilier ,  domestiques  ;  Delmas  et  Bre- 
taigne,  soldats. 

Les  séances ,  commencées  le  7  juillet,  ont  été  continuées 
avec  la  plus  grande  régularité  jusqu'au  17  au  soir, 
dans  un  espace  de  dix  jours  ;  les  huit  élèves  reçurent 
pendant  ce  temps  vingt  heures  et  cinquante-deux  mi- 
nutes de  leçon  ;  un  premier  examen  public  eut  lieu  ; 
tous  syllabèrent  parfaitement  plusieurs  mots  ;  ils  lurent 
avec  lenteur  ,  mais  enfin  ils  lurent  ;  les  leçons  reprirent 


(1)  L'instruction  de  ces  ëlè^es  a  été  publique:  iU  n'ont  reçu  aueaae 
leçon  hors  de  la  présence  des  trois  commissaires ,  MM.  les  docteurs 
Para ,  Monfalcon  et  PoKnière.  D'antres  personnes  ont  suiTÎ  réga- 
lièrement  les  expériences  :  MM.  les  docteurs  Oinet  et  Lasterboarg, 
M»  Legrand,  professeur^  dei  négocians  ,  des  ayocats^  etc. ,  ont  sigo^ 
les  procés-yerbauz. 


(  271    ) 

leur  cours  du  20  au  a6  juillet ,  jour  d'un  secoud  exa- 
men public  dont  voici  les  résultats  :     . 

Brenier  avait  eu  35  heures  et  4^  minutes  de  teçon  : 
il  lut  parfaitement  plusieurs  passages  du  Constitutionnel 
et  du  Messager  des  Chambres«  Calvet  avait  reçu  26  heui^es 
et  29  minutes  de  leçon  :  il  lut  très -bien  plusieurs 
phrases  d'un  tableau  de  l'enseignement  mutuel,  el  plu- 
sieurs lignes  mal  imprimées  d'un  N.^  du  Constitutionnel 
qu*un  spectateur  lui  présenta.  Nantua ,  après  26  heures 
et  3  minutes  d'étude ,  fut  en  état  de  lire  avec  netteté  et 
fermeté  plusieurs  phrases  d*un  tableau  de  l'enseignement 
mutuel  ;  Prali  avait  eu  26  heures  et  23  minutes  d'exer- 
cices stalilégiques  :  il  lut  assez  couramment  plusieurs 
phrases  d'un  tableau  de  l'enseignement  mutuel,  et, avec 
un  peu  d'hésitation ,  trois  lignes  d'un  rapport  imprime 
qu*un  speetoteur  mit  inopinément  entre  ses  mains.  Les 
autres  élèves  n'avaient  pas  suivi  exactement  les  leçons 
depuis  le  20  ;  ils  ne  furent  pas  soumis  à  l'examen  qui 
ne  pouvait ,  d'ailleurs  ,  avoir  lieu  sur  huit  élèves.  Ces 
résultats  sont  brillans,  et  cependant  les  élèves,  intimidés 
par  la  présence  d'un  grand  concours  de  spectateurs , 
avaient  perdu  leur  présence  d'esprit  ;  leur  émotion  était 
visible  et  doit  être  mise  en  ligne  de  compte  dans  l'ap- 
préciation du  degré  positif  de  leurs  connaissances. 

Plusieurs  objections  ont  été  opposées  à  la  statilégie* 
Chu ,  disent  ses  cxitiqués ,  elle  développe  avec  une  ad- 
mirable rapidité  l'intelligence  des  enfans ,  mais  de  même 
qu'uTtei  terre  que  l'art  oblige  à  produire  trop  tôt  et 
trop  vite  est  bientôt  épuisée ,  de  même  le  cerveau  >  si 
délifeat  el  si  impressionable ,  que  la  statilégie  livre  à  un 
exercice  «xlFaordinaire  de  ses  forces ,  les  perdra  en  grande 
partie  et  deviendra  d'autant  plus  inhabile  à  remplir  ses 


(   272   ) 

heatês  fonctions  que  son  action  aura  été  moins  ménagée 
et  plus  féconde  en  merveilles.  Que  ferez-vous  du  taofê 
de  ces  enfans  qui  auront  appris  à  lire  en  quelques  heures? 
est-il  donc  indispensable  qu'ils  deviennent  sitôt  savans, 
et  la  lecture  peut-elle  être  d'une  si  grande  nécessité 
dans  un  âge  aussi  tendre  ?  l'élève  marche  avec  rapidité 
par  la  statilégie,  mais  il  oubliera  plus  vite  encore;  on 
art  qui  coûte  si  peu  à  acquérir  ne  saurait  être  ooaservé 
long-temps ,  et  si  quelques  heures  suffisent  pour  savoir 
lire ,  quelques  jours  suffiront  pour  désapprendre.  Les 
anciennes  leçons  qui  se  gravaient  lentement  dans  la 
mémoire ,  avaient  du  moins  l'avantage  d'y  laisser  des 
traces  durables  et  profondes.  On  vante  les  merveilleux 
progrès  des  écoliers  que  la  nouvelle  méthode  a  formés  ; 
mais  il  faut  beaucoup  rabattre  de  ces  prodiges  :  ronar- 
quez  que  les  élèves  qui  ont  paru  aux  expériences  publi- 
ques ne  sont  pas  des  enfans  ,  mais  des  jeunes  gens  déji 
capables  d'attention  et  d'une  volonté  forte  ;  la  plupart 
ont  dépassé  leur  vingtième  année:  ainsi  .la  slatilégie 
n'a  pas  été  faite  pour  l'enfance  qui  ne  saurait  la  com- 
prendre ;  jamais  un  enfant  de  quatie  ans  ne  saura  faire 
la  division  des  mots  suivant  les  principes  de  M.  de 
Laffore;  jamais  on  ne  maîtrisera  assez  son  esprit  pour 
lui  enseigner  à  marier  convenablement  les  articulations 
et  les  sons ,  et  surtout  à  bien  prononcer  les  premiers  de 
ces  signes.  Les  partisans  de  la  statilégie  exagèrent  beau- 
coup les  imperfections  des  anciennes  méthodes  ;  jk  disent 
qu'elles  absorbent  un  temps  énorme,  un  an,  plusieurs 
années,  mais  elles  n'ont  jamais  arrêté  aussi  ,long-tem]]s 
des  intelligences  précoces  :  Visconti  qui ,  à  trois  ans  et 
demi ,  lisait  également  bien  le  grec  et  le  latin  ,  n'avait 
pas  appris  à  lire  aux  leçons  de  M*  de  Laffbrb.  Mais  ces 


(  273  ) 
succès ,  que  Ton  exploite  avec  tant  de  charlatanisme , 
sont-ils  donc  avërës ,  et  n'y  a-l-il  rien  à  en  rabattre  ? 
les  élèves  qui  ont  ëtë  entendus  aux  expériences  publi- 
ques ,  lisaient-ils  couramment  ?  non  sans  doute  ,  ils  ar- 
ticulaient lentement  une  phrase  ,  guidés ,  dans  cet  exer- 
cice ,  par  le  doigt  du  maître  qui  leur  montrait  successi- 
yement  les  points  de  partage  des  mots ,  et  fixait  leur 
méffloire  chancelante  sur  les  sons  qui  déterminent  cette 
division  :  voilà  le  prodige  réduit  à  son  expression  la 
plus  simple ,  c* est-à-dire  dépouillé  de  tout  son  prestige , 
et  réduit  à  ce  que  peuvent  faire ,  presque  aussi  promp- 
tement ,  les  méthodes  ordinaires ,  celle  de  Jacotot  oïl  le 
quadrille  de  Berthaud. 

Plusieurs  de  ces  objections  sont  spécieuses ,  d'autres 
ont  un  fondement  réel ,  mais  leurs  cx)nséquences  ont  été 
fort  exagérées. 

Nous  ne  les  réfuterons  point  en  citant  les  expériences 
qui  ont  été  faites  de  la  statilégie  dans  d'autres  villes , 
et  les  autorités  imposantes  qui  se  sont  prononcées  autre 
part  en  sa  faveur  ;  mais  ces  autorités  et  ces  expériences 
entreront  comme  élémens  dans  le  jugement  définitif  que 
Topinion  publique  portera  de  la  statilégie  ;  nous  n'a- 
vons rien  trouvé  qui  les  infirme  ,  nous  devons  le  dire 
et  présenter  comme  un  titre  de  plus  de  la  méthode  Laffo- 
rienne  à  la  confiance  générale ,  la  concordance  qui  existe 
entre  notre  opinion  et  celle  des  premiers  juges  du  nou- 
veau système  de  lecture.  Nos  savans  confrères ,  les  pro- 
fesseurs de  la  faculté  de  Montpellier ,  ont  adressé  à 
l'inventeur  une  lettre  dans  laquelle  ils  le  félicitent  sur 
les  vésullaLÏs  y  praimeni  miraculeux  ^  de  l'expérience  qui 
a  été  faite  en  leur  présence,  ce  Des  moyens  infaillibles 
»  et  sans  exception ,  lui  disent-ils ,  une  autorisation 
Tome  rUL  i8 


(  274  )       ^ 
c(  à^écatTt  qui  résout  toutes  les  objections ,  une  ingénieuse 

))  idée  qui  permet  à  chacun  de  prononcer  ,  selon  les 
»  usages  du  pays  qu'il  habite^  couronnent  votre  oa- 
)»  vrage  et  lui  donnent  le  dernier  degré  de  perfection, 
(c  Vainement  quelques  voix  impuissantes  s'élèveraient 
)>  contre  vous  ;  votre  découverte  vivra ,  elle  restera 
9^  comme  un  monument  remarquable ,  et  le  jour  où  elle 
»  sera  partout  enseignée,  sera  certainement  uu  beau 
»  jour  dans  les  progrès  de  Tesprit  humain.  »  Â  Mont- 
pellier ,  des  enfans  de  dix  à  quinze  ans  ,  après  quinze 
heures  de  leçons,  terme  moyen,  nomment,  sans  hési- 
tation ,  toutes  les  lettres  de  Talphabet,  divisent  les  mots 
dans  un  livre  qui  leur  est  présenté  par  un  spectateur, 
et  prononcent  correctement  les  syllabes  de  plasieun. 
Deux  d'entre  eux  lisent  correctement  des  phrases  im- 
proviséees  et  envoyées  au  bureau  ;  l'un  d'eux  arrêté  à 
ces  mots  :  Puisqu'ils  y  cornaient ,  s'écrie  qu'il  faut  re- 
trancher du  dernier  les  lettres  nt  et  dire  coitv^ie  ,  parce 
que  c'est  un  verbe.  A  Âgen ,  six  élèves  lisent  en  pré- 
sence d'une  nombreuse  assemblée ,  et  quatre  jours  au- 
paravant ,  leur  état  d'ignorance  avait  été  bien  constaté. 
Même  succès  à  Valence  :  une  fille  lit  correc:tement  plu- 
sieurs lignes  après  sept  heures  et  demie  de  leçons  ,  et 
quatre  versets  de  l'Évangile  après  la  neuvième  heure. 
Mêmes  résultats  à  St-Etienne  :  des  élèves  qui  n'avaient 
que  trente  et  une  heures  de  leçons ,  terme  moyen ,  se 
sont  montrés  en  état  de  lire  tous  les  mots  ,  quels  qu'ils 
fussent ,  et  cependant  leur  intelligence  était  fort  médiocre. 
D'aussi  heureuses  expériences  ont  eu  lieu  à  Turin  ; 
l'académie  des  sciences  de  cette  ville,  qui  en  a  été  témoin, 
a  donné  hautement  son  approbation  à  la  statilégie  ;  un 
élève  lut  correctement  après  neuf  heures  de  leçons- , 


(  275  ) 
M.  Francœur  a  donc  pu  dire ,  dans  son  rapport  sur  la 
statilëgie  :  Elle  peut  être  regardée  comme  portant  Cart 
de  lire  à  son  plus  haut  degré  de  simplicité  ;  on  ne  sait 
pas  Jusqu'à  quel  point  de  brièveté  serait  réduit  le  temps 
âétude  ,  si  t enfant  était  doué  d*une  haute  intelligence  et 
iune  bonne  mémoire. 

La  statilëgie  ne  force  point  le  cerveau  à  un  dëve^ 
loppement  d'action  dangereux  ;  elle  demande  bien  moins 
à  l'intelligence  qu'aucune  des  méthodes  ordinaires  :  c'est 
à  la  mémoire ,  c'est  aux  yeux  qu'elle  s'adresse ,  et  l'un 
de  ses  grands  avantages ,  c'est  de  n'exiger  aucune  conten- 
tion d'esprit  de  la  part  d'enfans  que  leur  âge  rend  in- 
capables de  jugement  et  de  réflexion.  Rien  d'arbitraire , 
rien  d'inexplicable  dans  sa  doctrine  ,  ses   règles   sont 
simples ,  peu  nombreuses ,  faciles  à  retenir  ,  infaillibles  ; 
l'enfant  les  apprend  en  se  jouant,   il  ne  peut  les  ap- 
prendre s'il  est  réprimandé.  Plus  de   pleurs ,  plus    de 
chàtimens  ;   le  maître   ne  peut  employer  avec  l'élève 
d'autre  langage  que  celui  de   la  douceur  et  de  la  per- 
suasion. Que  faire  du  temps  de  l'enfant ,  dit-on  ,  sit 
sait  lire  après  quinze  jours  de  leçon  ?    Quelle  objec- 
tion !  on  commencera  de  meilleure  heure  à  lui  donner 
les  connaissances  qui  sont  en  harmonie  avec  le  dévelop- 
pement de  sa  condition   physique  et  intellectuelle  ;  il 
emploiera  les  deux    années  qu'il  aura   gagnées  à  des 
études  plus  importantes ,  et  cette  période  précieuse  de  la 
vie  ,  pendant  laquelle  la  pensée ,  appelée  à  l'exercice  , 
s*applique  avec  tant  de  vivacité  et  de  fruit  à  la  culture 
des  sciences,  commencera  plutôt  pour  lui  et  finira  plus 
tard.  Sans  doute  que  l'élève  oubliera  promptement  l'art 
de  lire ,  s'il  ne   le  cultive  pas  avec  soin  ;  mais  rien  de 
spécial  sous   ce  rapport  à  la  statilëgie ,  elle  partage  à 


(  276  ) 

cet  ^gard  le  sort  de  toutes,  les  sciences  humaines ,  et 
peut-être  le  parlage-t-elle  à  un  degré  moindre  ;  car  plus 
les  procèdes  d'une  science  quelconque  sont  simples  et 
mieux  la  mémoire  les  conserve  ;  or,  quoi  de  plus  simple 
et  de  plus  évident  que  les  règles  de  la  statilëgie  ?  que 
Tenfant  lise  chaque  jour  et  il  saura  toujours  lire;  un 
long  usage  peut  seul  lui  assurer  la  jouissance  impertur- 
bable de  cet  art.  Si  des  enfans  de  cinq  ans  ont  pu  ap- 
prendre à  lire  par  les  procédés  ordinaires ,  s'ils  ont  pu 
en  comprendre  les  principes  si  difficiles ,  comment  sup- 
poser qu'ils  n'entendront  pas  les  règles  si  claires  et  si 
peu  nombreuses  de  la  statilégie  ?  Si  des  enfans  préctos 
ont  lu  à  quatre  ans ,  par  l'ancien  système ,  ils  auraient 
lu  plutôt  avec  la  méthode  LaJforienne ,  et  c*est  un  ni- 
sonnement  bien  peu  logique  que  celui  qui ,  de  l'âgé  des 
sujets  entendus  jusqu'à  ce  jour ,  dans  les  séances  publi- 
ques, déduit  cette  conséquence  que  la  statilégie  n'est 
pas  applicable  à  des  sujets  d'un  âge  moins  avancé.  Enfin 
on  objecte  que  les  élèves  n'ont  pas  lu  couramment  Lire 
avec  rapidité  et  savoir  lire  sont  deux  choses  très-dis- 
tinctes :  la  première  est  l'œuvre  du  temps  et  de  l'exer- 
cice, la  seconde,  celui  de  la  méthode;  aucun  élève, 
quelles  que  soient  ses  facultés ,  ne  peut  lire  très-couram- 
ment après  vingt-quatre  heures  de  leçons ,  mais  il  n'en 
est  point  qui ,  dans  l'espace  de  douze  jours  ,  ne  puisse 
lire  seul ,  assez  bien  pour  se  perfectionner  sans  maître 
dans  un  art  dont  les  nombreuses  difficultés  ne  peuvent 
être  complètement  vaincues  que  par  une  longue  pratique? 
Lorsque  la  statilégie  sera  la  base  d'un  enseignement  j 
primaire  général,  et  ce  temps  viendra  ,  elle  pourra 
s'appliquer  ces  belles  paroles  de  M.  Royer^Collard  :  U 
sera  donné  à  tous  de  tire  la  parole  de  Dieu  ,  de  coior 


(  277  ) 
mufdquer  avec  le  souverain  par  t intelligence  des  lois 

que  dicte  sa  sagesse.  Mieux  les  lois  seront  comprises  ^ 

pks  elles  seront  respectées.  L'ordre  est  en  péril  aussi 

long-^temps  ga'il  est  un  mystère  ;  les  lumières  ne  serçent 

pas  moins  à  obéir  qu'à  commander. 

Nous  déclarons  que  la  statllëgie  a  tenu  ses  promesses, 

et  qu'elle  est ,  de  toutes  les  méthodes  de  lecture ,  celle 

qui  fait  faire  aux  élèves  les  progrès  les  plus  rapides. 

Les  Membres  de  la  Commission  chargés  de  son  exame4  , 
PARA ,  POLINIÈRE  ,  MONFALCON  ,  rippoetevk. 


HISTOIRE. 


De  la  fratermU  consangune  da  peuple  originairement  Lyonnais  ayec 
la  nation  Traiment  Milanaise ,  dissertation ,  par  M.  l'abbë  Aima 
Gnillon  de  Montlëon^  un  des  conseryateurs  de  la  bibliothéq;a« 
Blazaiine  à  Paris»' 

Quoique  la  vérité  de  fait  que  je  viens  exposer  ,  pa- 
raisse n'avoir  pas  été  connue  jusqu'à  ce  jour  ,  je  suis 
loin  de  la  présenter  avec  la  vanité  que  pourrait  avoir 
l'auteur  d'une  découverte  qui  aurait  exigé  de  sa  part 
beaucoup  d'érudition  et  quelque  génie.  Bien  que  cette 
vérité  ne  soit  dans  sa  plénitude  qu'au  temps  de  Bellovèse , 
six  cents  ans  avant  l'ère  chrétienne  ,  il  ne  m'a  pas  fallu  y 
pour  en  trouver  la  trace ,  percer  la  nuit  des  temps  ,  ni 
m'eafoncer  dans  les  profondeurs  de  la  science  historique. 
Je  n*ai  pas  même  eu  besoin  de  songer  à  la  rechercher  ; 
et  je  ne  la  soupçonnais  seulement  pas ,  quand  elle  est 
venue  d'elle*méme  ^  pour  ainsi  dire  >  s^offrir  à  moi  y 


(  278  ) 
comme  une  consolation ,  dans  Tune  des  plus  fâcheuses 
vicissitudes  de  ma  longue  et  pénible  existence. 

I.  Mon  oreille  conservait  encore  ^   sans  que  je  m*en 
doutasse  ,  les  impressions  du  vieux  dialecte  de  la  ville 
de  Lyon  qui  fut  mon  berceau  et  ma  première  école  9 
lorsqu'à  mon  neuvième  lustre  ,  en  1802 ,  étant  brutale- 
ment jeté  ,  par  un  atroce  ministre  de  la  police ,  au-delà 
des  Alpes  ,  je  tombai  dans  la  capitale  de  llnsubrie  mila- 
naise ,  avec  les  apparences  d*un  proscrit  odieux  que  les 
indigènes  devaient  pour  le  moins  éviter ,  s'ils  n'avaient 
pas  l'inhumanité  de  le  maudire.  Douloureusement  agité 
dans  un  isolement  peut-être  plus  idéal  que  réel  9  j'allais, 
en  traversant  les  faubourgs ,  chercher  dans  les  champs , 
le  soulagement  que  la  pure  nature ,  en  sa  bienfaisante 
simplicité ,  prodigue  avec   tant  de  charmes  aux  âmes 
affligées.  A  mesure  que  j'avançais  ,  la  mienne  se  sentait 
de  plus  en  plus  émue  par  les  sons  du  langage  des  habi* 
tans ,  que  cependant  je  ne  pouvais  comprendre ,  mais 
dont  les  accens ,  la  cantilène  et  quelques  expressions  me 
rappelaient  confusément  le  bon  peuple  au  milieu  duquel 
j'étais  né  ,  ce  langage  incorrect ,  naïf  et  cantilénique  des 
vrais  Lyonnais  du  temps  de  mon  enfance.  La  satisfaction 
que  j'en  éprouvais ,  me  reportait ,  comme  par  enchan- 
tement ,  dans  mon  pays  natal  et  à  Theureuse  époque  de 
ma  première  jeunesse. 

Le  séjour  de  douze  ans  que  je  fis  dans  le  Milanais , 
donna  progressivement  plus  de  développement  à  l'obser- 
vation par  laquelle  j'y  avais  débuté.  La  fréquentation  des 
indigènes  m'en  fournissait  de  nouvelles  avec  d'autant 
plus  d'abondance  qu'entre  eux ,  et  non-seulement  dans 
le  peuple  ,  mais  encore  dans  la  bourgeoisie  et  même  dans 
la  haute  noblesse ,  non  moins  par  honneur  national  que 


(  279  ) 
par  un  goût  natif,  transmis  de  gënération  en  génération , 

tous  les  Milanais  parlent  le  dialecte  ou  patois  du  pays  , 
de  prëfërence  à  Tharmonieuse  langue  toscane.  Mes  ré- 
flexions progressives  sur  les  analogies  que  je  découvrais 
de  plus  en  plus  entre  ce  dialecte  et  celui  de  Lyon ,  me 
conduisirent  naturellement  à  penser  que  Tun  et  Tautre  , 
tout  interceptés  qu'ils  étaient  par  une  barrière  de  rochers 
presque  insurmontables ,  pouvaient  provenir  d'une  com- 
mune origine.  Je  ne  me  rappelais  pas  sans  fruit  cet 
axiome  du  savant  Pelloutier  :  ce  La  langue  d'un  peuple , 
»  prise  dans  son  jargon  ou  dialecte ,  est  le  monument 
»  fondamental  de  toute  histoire  ancienne  vraie  (i).  » 

  l'exception  de  mes  inductions  toutes  naturelles  et  si 
peu  méritoires  de  la  part  d'un  observateur  accoutumé  à 
réfléchir,  il  n  y  avait  rien  dans  mes  remarques,  qui  n*eût 
pu  frapper  et  qui  n'ait  effectivement  frappé  de  simples 
ouvriers  de  ma  ville  natale  et  le  candide  paysan  de  ses 
campagnes ,  transportés  dans  le  Milanais.  Tous  ceux  que 
jy  ai  vu  venir,  n'y   étaient  pas  plutôt  arrivés  qu'ils 
comprenaient  le  jargon  des  artisans  et  des  villageois  du 
pays  t   beaucoup   mieux   que    ne  le  pouvaient ,  même 
après  l'avoir  étudié ,  d'autres  étrangers  venus  antérieu- 
rement d'autres  provinces   de  la  France  et  même   de 
îltalie.  Ces  Lyonnais  illettrés  le  parlaient  bientôt  avec 
facilité ,  comme  s'il  eût  été  leur  langue  originelle.  D'après 
tout  ce  que  j'ai  observé  à  cet  égard,  je  crois  pouvoir 
dire  avec  assurance  que  si  l'on  met  à  l'improviste ,  parmi 
le  peuple  de  Lyon  ,  un  vrai  Milanais ,  et ,  parmi  celui 
de  Milan ,  un  bon  Lyonnais  qui  n'a  jamais  parlé  que 


(i)  Histoire  des  Celtes  ,  livre  i ,  pag.  i. 


(  28o  ) 
son  patois  natif ,  Tun  ne  tardera  pas  phis  que  l'autre  k 
comprendre  le  langage  de  la  famille  qui  l'aura  adopté. 
D'autres  œnformitës  dont  je  parlerai  ensuite ,  celles  des 
inclinations  et  des  goûts  ^  accompagnant  celle-ci ,  qui  est 
le  plus  sûr  indice  d'une  origine  commune  ,  l'un  et 
l'autre  ne  manqueront  pas  d'avoir  un  sentiment  confus  que 
les  deux  familles  sont  au  moins  germaines  et  collatérales. 
On  me  comprendra  certainement  dans  les  quartiers  les 
plus  populaires  de  Lyon,  si  j'y  viens  en  arrivant  deMilan, 
proférer  les  verbes  suivans  :  Ha  parla  y  mangia  y  bevu  y 
passa  y  camina  ,  giuga ,  iocca  ,  tira  ,  buiia  y  bala  (i), 
cat^a  (2)  ,  iravaglia  ,   grippa  ,   ruba   (3) ,  sgraffignay 


(i)  Ce  mot  milanais  dont  les  Toscans  ont  fait  hakxt 
(  danser)  ^  avait  été  emprunté  par  S.  Augustin ,  à  nn  peaple 
pins  ancien  que  les  Grecs  ou  les  Latins  y  et  qui  ne  pou- 
vait être  que  le  peuple  gaulois  ^  car  il  était  obligé  de  Tex- 
plîquer.  Erat ,  disait-il  y  gentilium  ritus  ut  diebus  festis 
balaûones  y  id  est  cantilenas  et  saltathnes  exercèrent  y  quod 
halare  ,  id  est  vociferando  saltare  y  vocabant  (  De  temp, 
Serm.  2  ,  i5).  Le  vieil  historien  de  Rnbjs  ,  racontant  les 
cérémonies  avec  lesquelles  les  Gaulois  de  Lyon  allaient 
chercher  le  gui  de  chêne  dans  les  plaines  d'Ayrieu  et  le 
bois  d'Artas  ,  dit  qu'ils  rapportaient  en  grande  pompi" 
avec  des  balations.  {Vag.  iq8  de  son  Histoire  véritable  de 
L>yon). 

(2)  Cet  antre  mot  milanais  avec  lequel  les  Toscans  ont 
composé  leur  cavare  y  est  évidemment  d'origine  celtique. 
Il  vient  du  nom  de  celui  des  anciens  rois  des  Gaulois  qu'ils 
appelaient  Cavar. 

(3)  Rubar  pour  voler  ,  était  d'un  usage  général  à  Lyon 
dans  le  seizième  siècle.  «En  1629  9  le  25  avril,  dit  le 
vieux  de  Rubys  y  il  y  eut  en  cette   ville  une  révolte  do 


(28i  ) 
eaga ,  è  sgonfia ,  frusia ,  rotia  ,  etc, ,  ^fc.  Le  peuple 
lyonnais   croira  encore  que  je  parle  le  langage  de  ses 
pères,  lorsque  je  proférerai  ces  noms  de  choses:  Mamma  y 
papa  (i)  ,  testa  ,  bocca ,  naz ,  pell ,  mon ,  /;^r  ,  /^on , 


peuple  pour  la  cbertë  du  blé  ;  et  cette  réyolte  fut  appelée 
hubayne  ou  Roubayne ,  parce  qu'elle  se  convertît  en  piller.  9» 
(i)  Le  premier  de  ces  mots  s'emploie  pour  dire  mam^ 
mdlc  et  mère  ;  le  second  ,  qu'à  Ljon  on  prononce  pape  y 
et  qu*à  Milan,  souvent  on  allonge  par  mignardise  y  en 
disant  papine  y  désigne  la  bouillie  qu'on  donne  aux  petits 
enfiins  y  après  quelques  jours  ou  quelques  mois  d'allaite- 
ment y  et  s'emploie  aussi  pour  appeler  le  père.  Le  premier 
est  le  cri  de  l'enfant  par  lequel ,  en  demandant  à  teter  , 
il  appelle  effectivement  sa  mère  ;  et  il  paraît  que  y  dans 
la  simplicité  patriarcale  des  temps  anciens  ,  c'était  le  père 
qui ,  pour  soulager  la  mère  ,  donnait  la  bouillie  y  ou  pape  y 
à  cet  enfant  9  dès  qu'il  pouvait  supporter  une  nourriture 
plus  solide  que  le  lait.  Par  cela  même  qu'il  criait  y^apa ,  il 
demandait  la  bouillîe  que  son  père  lui  donnait  ordinaire- 
ment y  c'était  l'appeler  lui-même.  Ainsi  donc  dire  mammay 
ou,  comme  actuellement  en  France  dans  le  langage  pré- 
cieux y  maman  ,  c'est  demander  à  teter  ;  et  dire  papa  y 
c'est  demander  la  bouillie  de  l'enfance.  Quiconque  connaît 
ces  ëtjmologîes  y  ne  peut  s'cmpécher  de  sourire  lorsqu'il 
voit  de  grands  garçons ,  de  grandes  demoiselles ^  des  mères 
mêmes  et  des  pères  dont  les  pères  ou  mères  sont  encore 
vivans ,  dédaigner  leurs  nobles  titres  ,  pour  leur  demander  y 
par  ceux  qu'ils  leur  donnent ,  la  mammelle  et  la  bouillie. 
Le  savant  Muratori ,  transcrivant  une  antique. inscription 
sépulcrale  y  faite  pour  un  enfant  mort  èi  l'âge  de  sept  ans  y 
et  dans  laquelle  il  était  dit  que  ce  monument  lui  avait  été 
dédié  par  sa  mère  ,  d'autres  parens  et  sa  mammia  ,  croit 
qu'il  fallait  écrire  matnma  y  et  que  cette  personne  était  la 


(    282    ) 

ehignœu  di  pan ,  /amm  ,  sefe ,  pansa ,  ôraga ,  brocca , 
iela^  oulla  (i) ,  pa((a  (  pour  chifon  de  vieux  linge) , 
saccoscha ,  /r/ia ,  bugada  (  la  lessive  ,  qu'à  Lyon  on  ap« 
pelle  ^tfy^  )  ,  fripée  (2) ,  mestée  ,  /1117/75  (  le  temps  )  j 
reloge  ^  can  ,  feuch  ,  gieuch  ,  occa ,  canaa  (  canard  )  » 
rj^o/ ,  ;?0£z  ,  bosch  ,  ^û/rf  ,  yrrrf  ,  fresch ,  pairigot , 
do5//i  (3) ,  f/r. ,  etc.  U  en  sera  de  même  pour  ces  ëpi- 
thètes  :  Nègre ,  /^ot'^r  ,  çesin  ,  bonasc  ,  ^£z;7o;z  (U<^1^^  ^^ 
vil  )  ,  buz  (  stupide  )  ,  gon%  (  sot  et  brutal  )  ,  etc. ,  €/^. 
On  ne  doutera  plus  à  Lyon  que  je  ne  parle  lyonnais 
quand  je  dirai  :  Mett  in  saccoche ,  a  bon  cuni ,  tira 
fœura ,  giuga  da  scrocch  ,  paia  irass ,  de  riff  o  de  raffy 
cricch  cracch ,  la  coa  (4) ,  par  denanz  e  par  de  dre'e  y 


noarrice  de  Tenfant ,  qui  sans  doute  n'aurait  pu  être  allaité 
par  sa  propre  mère.  {Nwus  thésaurus  veterwn  inscription 
num ,  au  tome  II ,  pag.  i  i3o  ). 

(i)  Oulla  ,  pour  marmite  ,  est  un  des  mots  que  les 
Latins  prirent  aux  Gaulois.  (Voj.  dans 'l' Ancien-Testament ^ 
lÂh.  t  Regum  ,  cap.  2  )• 

(2)  Tripcz  ëtait  le  nom  que  les  Gaulois  donnaient  aux 
escabeaux  sur  lesquels  ils  s'asseyaient  9  et  qui  n'araient 
que  trois  pieds  (La  Tour  d'Auvergne ,  Origines  gauloises): 
par  où  Ton  voit  que  tri  (  pour  trois  ) 9  et  pez  (pour  pied) 
viennent  de  la  langue  celtique.  Les  Latins  en  ont  fait  tri^ 
pctium  ;  mais  les  Ljonoais  et  les  Milanais  ont  conserré 
le  mot  gaulois  dans  l'intégrité  de  sa  prononciation* 

(5)  On  appelle  ainsi ,  à  Milan  ,  de  pauvres  farceurs  de 
carrefour  qui  récitent  des  satires  9  souvent  cyniques , 
écrites  en  patois  du  pays.  Les  Lyonnais  emploient  ce  mot 
dans  une  signification  qui  ne  diffère  guère  de  celle  du  patois 
milanais. 

(4)  A  Lyon  ,  comme  à  Milan ,  on  dit  coa  pour  queue  ; 


(  a83  ) 
gi  a  Ungua  in  bocca  ça  fiun  a  Roma  ;  Vamor ,  lafam 
€  la  iossin ,  ire  cose  che  se  fan  cognoss  ;  gieug  de  mon 
gieug  de  vilan  ,  a  Ja  ben  al  çilan  se  troça  cagar  in 
mon  ,  etc.  ,  etc. 

Cependant  ces  locutions ,  comme  les  mots  prëcëdens 
et  une  infinité  d'autres  dont  la  citation  deyiendrait  fas- 
tidieuse ,  appartiennent  en  propre  au  dialecte  de  Milan» 
On  ne  m'objectera  pas  sans  doute  qu'ils  sont  tirés  ^  par 
syncope ,  de  la  langue  toscane ,  parce  qu'on  sait  que 
lorsque  le  Dante  la  créa ,  il  prit ,  à  cet  effet  ^  la  plupart 
de  ses  mots  dans  les  divers  dialectes  de  l'Italie ,  parmi 
lesquels  celui  de  Milan  tenait  le  rang  le  plus  distingué. 

Si ,  d'autre  part ,  je  vais  réciter ,  comme  je  l'ai  fait , 
devant  des  Milanais ,  et  avec  l'accent  du  peuple  de  Lyon , 
ces  expressions  d'un  poëme  de  1688  ,  en  patois  forisien , 
semblable  au  patois  lyonnais  (i)  :  L entrai  solemnella  que 
se  set  jamdi  fat  '^  lou  tio  cœur  -gen  de  marqua-gou- 
cerna  la  barqua  -  inco  presta  -  planta  la  sentinella  -  çou 
ly  sciage  ben  -  se  fan  la  chambalelia  -  la  festa  d^en- 

et  de  là  vient  évidemment  le  mot  coar ,  inconnn  an  reste 
de  la  France  y  et  employé  par  les  Lyonnais  pour  désigner , 
en  fait  de  viande  à  manger  ,  la  pièce  de  bœuf  qai  tient  à 
la  queue  de  l'animal . 

(i)  Imprimé  in-4-^  de  52  pages  «  sans  compter  Tépitre 
dëdicatoire  non  paginée  ,  et  ayant  ponr  titre  :  Uentrat  so- 
Urmtlla  de  monsieur  et  de  .madama  de  Saint- Pries t  din 
lour  vialla  de  Santetieve  (  Saint-Etienne  )  y  poëma ,  par  J.  C. 
(Chapeloii),  Fouriûen ,  1688.  Le  site  de  cette  vialla  ayait 
fait  partie  du  territoire  qu'occupait  la  peuplade  gauloise  à 
laquelle  échut  Tlnsubrie  d'Italie  ,  lors  de  l'expédition  de 
Bellovëse  ,  cinq  cent  quarante- trois  ans  avant  la  conquête 
des  Gaules  par  Jules  César» 


(  284  ) 
queu  (i) ,  etc.  ;  si  je  rëcite  encore ,  devant  un  Milanais, 
ces  mots  d'une  inscription  lyonnaise  de  i3S3  (2)  :  Ccia 
chapella  -  plo  remeio  -  el  temps  de  la  mortalUà-U  çuax 
hordena  en  son  tesiamen  que  el  et  H  sinfasant  celebrar^ 
si  j'ajoute  ces  mots  lyonnais  :  çen  qui^  la  boucherie  (  pus- 
tule aux  coins  de  la  bouche  )  »  que  le  peuple  milanais 
appelle  bocchirœula  ) ,  un  orgelet  (  petit  bouton  aux  pau- 
pières qu'il  nomme  orzœu  )  ;  que  sais-je  ?  tant  d'autres 
idiotismes  lyonnais  qu'il  serait  trop  long  de  rapporter, 
mes  Milanais  diront  qu'à  peu  de  variantes  près  ,  je  parle 
le  dialecte  de  leur  patrie. 

Déjà  quelques  savans  italiens  de  notre  temps  avaient 
reconnu  ,  mais,  vaguement ,  une  ressemblance  de  pro* 
nonciation  ,  même  en  parlant  la  langue  toscane ,  entre 
les   habltans  actuels    de  l'Italie   septentrionale  et  les 
Français  parlant  leur  propre  langue ,   dans  ce  que  les 
pemiers  conservent  encore  ,  sans  y  songer  ,  de  l'antique 
prononciation  gauloise.  Mais ,  ne  connaissant  pas  ce  qu'il 
y  avait  de  spécial  dans  l'Idiome  de  la  légion  celtique  qui 
peupla  cette  partie  de  lltalie  ,  lors  de  Texpëdltlon  de 
Bellovèse  ;  ne  cherchant  point  à  discerner  en  particulier 
celte  légion  /  ni  à  connaître  le  territoire  particulier  de 
la  Gaule  celtique  qu*elle  avait  habité  auparavant ,  et  d'où 
elle  était  partie ,  ignorant  d'ailleurs  les  traces  qu'elle  7 
avait  laissées  des  particularités  de  son  Idiome  ,  ces  savans 


(1)  Le  mot  enqwu  pour  dire  aujourd'hui  ,  n'est  usité 
que  dans  les  dialectes  de  Lyon  et  de  Milan.  Aucun  savant 
d'Italie  n^a  pa  m'en  indiquer  la  source  ,  parce  qu*on  ne  l'a 
jamais  cherchée  que  dans  le  grec  et  le  latin. 

(2)  Cette  inscription  est  rapportée  en  entier  dans  h 
Notice  du  Musée  de  I^on  9  par  M.  Artaud ,  au  n.^  LXIU- 


(  285  ) 
ne  pouvaient  pas  remarquer  autre  chose  dans  le  langage 
italien  du  nord  de  l'Italie ,  que  des  prononciations  sem- 
blables à  celles  des  Français  en  général ,  considérés 
comme  héritiers  de  celles  de  leurs  aïeux ,  les  Gaulois. 
Ces  remarques ,  néanmoins ,  sont  trop  corrélatives  avec 
ma  découverte  pour  ne  pas  lui  servir  de  cortège. 

Le  comte  Pierre  Verri ,  dans  sa  belle  et  bonne  His- 
toire de  Milan ,  publiée  vers  la  fin  du  siècle  dernier  , 
observait  avec  surprise ,  sans  pouvoir  en  dire  précisé- 
ment la  cause ,  «  que  depuis  la  Sézia  jusqu'à  1* Adige , 
dans  toute  la  Lombardie ,  le  peuple  avait  des  roots  et 
des  accens  tellement  étrangers  au  reste  de  l'Italie ,  que 
toute  personne  accoutumée  au  langage  de  Naples ,  de 
Kome,  de  la  Toscane  ou  de  toute  autre  partie  quel- 
conque de  la  péninsule  italienne ,  jugerait  ^  en  entendant 
les  Lombards ,  qu'ils  sont  français  plutôt  qu'italiens.  On 
en  peut  conclure  ,  ajoutait  Verri ,  qu'il  est  vraisemblable 
que  leur  origine  fut  la  même.  Je  ne  peux  expliquer  une 
telle  analogie  de  langage  que  de  cette  manière ,  car  s'il 
eût  suffi  des  séjours  passagers  des  Français  dans  la  Lom- 
bardie ,  aux  huitième  et  seizième  siècles ,  pour  en  rendre 
le  langage  si  différent  de  celui  des  autres  contrées  de 
l'Italie ,  et  faire  que  cette  diversité  fût  si  durable ,  nous 
devrions  avoir  beaucoup  plus  de  mots  et  d'accens  teu- 
toniques  que  nous  n'en  avons ,  puisque  nous  fûmes 
envahis  par  les  Lombards  en  des  temps  bien  plus  anciens, 
cl  que  leur  domination  fort  absolue  a  pesé ,  bien  des 
siècles,  sur  notre  antique  Insubrie  (i).  » 

La  langue  latine ,  que  les  Romains  lui  avaient  imposée 


(i)  Storia  di  Milano ,  pag.  a  ,  tom.  I  ,  in-4.^ 


(  286  ) 
anlërieurement  comme  à  tous  les  Gaulois  de  la  Gaule 
celtique ,  depuis  les  conquêtes  de  J.  Gësar  ^  n*ayait  pu 
ëtoufier  Tidiome  natif  chez  les  Insubres  dltalie,  même 
au  temps  des  empereurs.  Un  autre  savant ,  très-expert 
en  archéologie ,  le  docteur  Labus  ,  reconnaissant  des 
noms  gaulois  dans    plusieurs  inscriptions    antiques  du 
Milanais, dont  Tune  est  des  premiers  temps  de  l'empire, 
a  reconnu  que  les  descendans  des  Gaulois ,  vivant  sous 
la  domination  romaine  ,  bien  que  dans  leurs  actes  ou 
monumens  publics  ils  fussent  obligés  de  n'employer  que 
la  langue  latine ,  ne  parlaient  entre  eux  et  dans  leurs 
relations  de  famille  que  la  vieille  langue  de  leur  na- 
tion (i).  Il  en  devait  être  ainsi  à  Lyon ,  où  i'érudît 
J.  Spon  voyait,   en  1673,  d'antiques  épitaphes  latines 
dans  lesquelles  les  noms ,  tout  latinisés  qu'ils  s'y  trou- 
vaient ,  n'en  étaient  pas  moins  des  noms  véritablement 
gaulois  (2).  Sous  le  règne  du  roi  goth  Athalaric  dans 
rinsubrie  italienne  ,  de  49^  à  526 ,  le  langage  commun 
des   Milanais  était    encore   le    langage    gaulois.    C'est 
Cassiodore  ,  secrétaire  de  ce  prince ,  après  l'avoir  été  de 
son  prédécesseur  ,  c'est  Cassiodore  lui-même  qui  nous 
l'atteste  dans  la  lettre   de  sa  composition  par  laquelle 
Athalaric  se  fit  un  honneur  d'annoncer  à  Arator  qu'il 
relevait  à  une  éminente  charge  de  sa   cour  ,  celle  de 
cornes  domesiicorum  (3).  Le  secrétaire  et  le  roi  louaient, 


(1)  Notes  du  docteur  Labus  ,  dans  le  tome  IV  de  Vlstoria 
diMilanoy  par  le  chevalier  Rosmini,  (^MilanOj  1800)  in-4  %  , 

pag.  441  ^^  44^* 

(2)  Recherches  des  antiquités  et  curiosités  de  la  viUe  de 
Z(yon  (  1675  )  ,  pag.  i25  et  147. 

(5)  Variar.  Epist.  VIII ,  12. 


(  287  ) 
avec  une  sorte  d'etonnement ,  ce  favori  de  ce  qu(3  n'ayant 
eu  pour  maître  que  Cscilius  Stace ,  qui  ëtait  milanais  (i) , 
et  ayant  étudié  dans  Tlnsubrie  dltalie  a  où  la  langue 
gauloise  résonnait  de  toutes  parts  »  ,  il  parlait  latin  aussi 
bien  que  Cicéron  (2). 

Puisque  Vidiome  gaulois  se  conservait    mieux  dans 
cette  Insubrie  que  dans  aucune  des  autres  contrées  dltalie 
qu'avaient  peuplées  des  légions  de  Bellpvèse ,  différentes 
de  celle  qui  s  était  établie  dans  Tlnsubrie  ,  il  fallait  donc 
que  son  langage  eût  un  caractère  particulier  ^  très-ferme 
et  très-prononcé ,  qui  le  rendit  à  peu  près  indestruc- 
tible. Les  mots  et  les  accens  gaulois  ne  se  remarquent 
plus ,  au  moins  d'une  manière  si  formelle  ,  dans   les 
contrées  des  rives  méridionales  du  Pô  ,  qu'occupèrent  le» 
Boïens  ,  les  Lingons  ,  les  Sénonais ,  ni  vers  les  Appe** 
nins  où  se  fixèrent  les  Ânianes ,  suivant  Polybe ,  qui 
nous  dit  lui-même  que  les  Vénètes ,  établis  sur  le  ter- 
ritoire qu'on  appelle  aujourd'hui  vénitien  ,  différaient  ^ 
par  le  langage  ,  des  autres  peuplades  gauloises  de  l'expé- 
dition  de  Bellovèse  :  ce  qui  fait  penser  que  chacune  de 
ces  peuplades  avait  9  dans  son  langage  gaulois ,  un  carac- 
tère qui  lui  était  spécial.  Mais  l'idiome  particulier  des 
Insubres  qui  avait  résisté  ,  plus  que  tout  autre  ,  à  l'as- 
cendant que ,  par  les  armes  comme  par  la  faveur  ,  les 
Romains  donnèrent  à  la  langue  latine ,  pouvait-il  être 
absorbé  par  le  teutonique  des  Goths  et  des  Lombards  , 
peuples  avec  lesquels  les  mœurs  et  les  inclinations  des 


(i)  SassîyJDe  sludiis  Mediolanensibus  ,  Prodromus  ^  c.  5. 

(2)  Romanum  eloquium  non  suis  regionibus  invenisti  ;  et 
ihi  te  TuUiana  lectio  dUerium  reddidit ,  ubi  ^uondam 
gallica  lingua  resonavit. 


(  288  ) 
Insubres  furent  en  lutte  perpétuelle  ?  Leur  opinîâtreU^ 
à  conserver  Tancien  langage  pourrait  être  calculée  d*après 
rattachement  invincible  des  Milanais  d'aujourd'hui  pour 
le  dialecte  que  leur  ont  transmis  leurs  ancêtres  dont  la 
généalogie  ascendante  va  se  rattacher  aux  Insubres  de 
l'antiquité.  Ceux-ci  disaient  certainement ,  quant  au  sens 
et  à  l'intention  ,  ce  qu'avec  un  orgueil  national  hérédi- 
taire, leurs  descendans  actuels  répliquent  brusquement 
à  tout  étranger  qui  ose  vanter  devant  eux  ,  avec  un  air 
de  préférence ,  les  mœurs  ,  les  usages  et  la  tangue  de 
sa  nation  ,  pour  les  leur  faire  adopter  :  Siam  Milancz , 
e  çogliam  restar  Milanez. 

Sur  ce  point ,  il  est  vrai ,  la  ressemblance  des  Lyon- 
nais avec  eux  est  en  défaut  ;  mais  Lyon  n'eut  jamais , 
pour  la  conservation  de  sa  langue  primitive  ,  les  a>ran- 
tages  de  dignité  et  de  situation  dont  Milan  a  constamment 
joui.  Premièrement ,  Lyon  ne  fut  jamais  qu'une  ville 
secondaire ,  subordonnée  et  comme  vassale  d'une  capi- 
tale bien  dominatrice ,  et  sous  les  empereurs  romains , 
et  sous  les  rois  de  la  Bourgogne  transjurane  (t) ,  et  sous 
ceux  du  royaume  d'Arles ,  et  sous  les'  rois  francs.  Je  ne 
dis  rien  du  règne  éphémère  des  rois  bourguignons  qui 
n'y  résidèrent  que  peu  de  temps  ;  et  si  je  parlais  de  la 
souveraineté  régalienne  des  archevêques  dé  Lyon  aux 
onzième  et  douzième  siècles  ,  ce  serait  pour  faire  remar- 
quer que  cette  époque  fut  l'une  de  celles  où  ,  par  des 
tumultes  belliqueux  ,  les  Lyonnais  ressemblèrent  abso- 
lument aux  Gaulois  de  Milan. 

(i)  Voj.  ma  dlBsertation  sur  Raoul  ou  Rodolphe  ,  de^ 
venu  roi  de  France  ,  Can  923  (Paris  9  1827  )  >  pages  35 1 
36,  83  et  117. 


(  289  ) 

La  ville  de  ceux-cî  eut ,  au  contraire  et  perpétuelle- 
ment, l'avantage  d'être  la  capitale,  non  simplement  d'une 
province  ,  mais  d*un  ëtat  prépondérant ,  au  moins  de- 
puis le  grand  G)nstantin.  Quand  cet  empereur  abandon- 
na rilalie  pour  aller  résider  en  Orient ,  il  éleva  Milan 
au  niveau  de  Rome ,  en  y  plaçant ,  sous  le  titre  de 
vicaire ,  pour  l'Italie  septentrionale ,  un  vice-empereur 
qui  avait  sur  elle  la  même  autorité  que  devait  avoir  sur 
]ltalie  méridionale  ,  le  vicaire  qu'il  laissait  à  Rome. 
Quand  le  Milanais  tomba  successivement  sous  la  domi- 
nation des  rois  goths ,  des  ducs  ou  monarques  lombards 
et  de  nos  Carlovingiens ,  Milan  fut  toujours  leur  vraie 
capitale  ,  malgré  l'importance  que  quelques-uns  d'eux 
attachèrent  à  Pavie.  Plus  tard ,  c'étaient  les  patriciens  et 
l'archevêque  de  Milan  qui  élisaient  les  rois  d'Italie  ,  et 
leur  conféraient  même  ,  avec  le  titre  ii  Auguste  ,  le  droit 
d'aller  se  faire  couronner  empereurs  à  Rome  (i).  Je  n'ai 
pas  besoin  de  suivre  les  siècles  postérieurs  jusqu'à  noi^ 
jour^^  pour  montrer  que  la  destinée  de  Milan  n'a  pas 
cessé  de  vouloir  que  cette  ville  fût  toujours  la  ca^tale 
d'un  état  considérable.  Qui  ne  sent  dès  lors  combien  U, 
prépondérance  que  les  Milanais  avaient  en  Italie ,  par 
cette  constante  prééminence  de  leur  cité  ,  devait  ajouter 
de  force  à  l'orgueil  de  ceux  qui ,  fiers  de  descendre  des 
Insubres ,  voulaient  retenir  le  plus  sûr  et  le  plus  pré- 
cieux titre  de  leur  origine ,  le  langage  de  leurs  ancêtres? 

£n  second  lieu  ,  Milan ,  situé  à  l'extrémité  septen- 
trionale de  l'Italie ,  et  comme  à  l'écart,  fut ,  pour  cette 
raison  ,  moins  fréquenté  par  les  étrangers  que  les  villes 


(i)  Voy.  pag.  75,  77,  78  et  120  de  la  dissertation:  Raout 
au  Rodolphe  devenu  roi  de  France  ,   en  923. 

Tome  FUI  19 


(    290   ) 

placées  sur  la  roule  de  Rome ,  Naples ,  Florence  ,  et 
par  conséquent  moins  sujet  aux  innovations  qu* ils  in- 
troduisaient chez  les  indigènes  par  leurs  fréquentes  com- 
munications avec  eux.  Lyon  ,  au  contraire  ,  livre,  depuis 
J.  César  ,  à  d'innombrables  et  continuels  passages ,  non-* 
seulement  de  voyageurs  ordinaires  ,  mais  même  d*em-' 
pereurs ,  de  rois  et  de  princes  avec  leurs  cours ,  était 
entraîné  graduellement  par  la  vanité  et  par  le  penchant 
naturel  des  hommes  à  rimilation  de  ce  qui  parait  grand 
et  bciau  ,  à  fondre  ses  allures  dans  les  manières  de  ces 
brlllans  passagers.  La  fusion  devenait ,  d'ailleurs ,  inévi- 
table par  la  facilité  avec  laquelle  les  étrangers  obtenaient 
à  Lyon  le  droit  de  cité  ,  y  formaient  des  établissemens 
somptueux  ou  lucratifs  ,  comme  aussi  par  les  nombreuses 
alliances  que  les  Lyonnais  contractaient  si  volontiers 
avec  des  femmes  qui  n'étaient  pas  de  leur  province,  et 
les  Lyonnaises  avec  des  étrangers  que  ,  par  leurs  charmes 
ou  par  l'attrayant  espoir  des  supplémens  de  dot ,  elles 
Jixaient  dans  cette  ville.  II  n'en  était  pas  de  même  à 
Milan  9  où ,  jaloux  de  conserver  le  caractère  originel  ^ 
pn  n'accueillit  jamais  les  étrangers  que  comme  des  d^ 
seaux  de  passage.  On  y  fut  toujours  plus  soigneux 
qu'ailleurs  de  n'épouser  que  des  indigènes  et  d'écarter 
des  emplois  de  quelque  influence  sur  les  mœurs  publi- 
ques ,  quiconque  n'était  pas  du  pays. 

On  sait  déjà  que  les  Milanais  ont  toujours  été  per- 
suadés qu'il  est  de  leur  dignité  nationale  de  conserver  le 
dialecte  de  leurs  aïeux.  Ils  y  tiennent  même  avec  tant 
d'estime  que  leurs  poètes  du  [Premier  ordre  se  sont  fait 
un  honneur  de  composer ,  en  ce  dialecte ,  de  très-ingé- 
nieuses poésies.  Il  en  existe  plusieun  recueils  imprimés  » 
dont  la*  lecture  enchante  journellement  leurs  compa- 


(  291  ) 
triotes  (i).  Des  lexicographes  instruits  ont  jugé  qu'il 

était  de  leur  devoir  d'illustrer  le  patois  milanais  par  de 
très-sérieux  vocabulaires  (2).  Parmi  les  mimes  qui ,  dr.ns 
les  rues  de  Milan ,  cherchent  à  vivre  de  leur  rôle ,  il 
n'en  est  point  autour  desquels  on  aime  plus  à  se  grou- 
per 9  que  ces  hommes  simples  appelés  Ménéghins  ,  qui , 
d'un  ton  naïf  et  demi-jovial ,  disent  en  patois  milanais 
des  chansons  ou  des  historiettes ,  à  la  manière  des  rhap- 
sodes des  premiers  temps  de  la  Grèce  ^  lorsqu'elle  n'avait 
pour  modèles  que  les  Gaulois.  Les  grands  comme  le 
peuple  ,  les  savans  comme  les  ignorans ,  ne  peuvent 
s'empêcher  ,  en  passant  près  du  Ménéghin ,  d'y  être 
fixés  ensemble ,  comme  en  famille ,  par  je  ne  sais  quel 
attrait ,  correspondant  sans  doute  à  quelque  penchant 
inné ,  qui ,  étant  commun  à  tous ,  semble  être  le  sen- 
timent confus  d'une  commune  origine. 

Les  Lyonnais  ,  depuis  long-temps ,  sont  loin  d'avoir 
la  même  estime  pour  le  dialecte  national.  Jamais  il  ne 
fat  consacré  chez  eux  par  le  plus  petit  vocabulaire  ;  en- 
core moins  y  daigna-t-on  recueillir  en  volumes  les 
poésies  faites  en  ce  jargon.  Peut-être  mênie  les  poètes 
lyonnais  d'aujourd'hui  se  dégraderaient   aux  yeux  de 


(i)  Tels  sont  :  Opère  di  Carlo  Maria  Maggi;  les  Donna 
Perla ,  Merieghin  fae  capuscin  ,  Meneghin  a  la  Senavra 
(hopitaldes  foutf  ) ,  et  autres ,  par  Jérôme  fiiraghî  ;  Opère  di 
Dominieo  Balestreri  ;  Bimm  Milanes  de  Gharle-Antoine 
Tanzi  ;  Poésie  Milanesi  de  Joseph  Parîni  ,  etc.  etc. 

{^)  Varro  Milanese  de  la  lengua  de  Milan  ;  Prissîan 
de  Milan  :  De  la  Pamonzia  milanese  (Milan ,  1606  et  1750); 
Vûcabulario  milanese^ilaliano  di  Francesco  Chèrubini  p 
2  tom.  in-8.^  Milan  y  imprimerie  royale  ,  18 14- 


(    ^92   ) 

leurs  concitoyens ,  s'ils  imitaient  d'assez  bons  versifica- 
teurs ,  vraiment  patriotes ,  du  temps  de  ma  jeunesse , 
par  qui  j'ai  vu  faire  chanter  de  ces  poésies  dans  la 
peuple  ,  lors  des  réjouissances  publiques  j  notamm^t 
à  l'arrivée  de  la  princesse  de  Savoie ,  qui  venail  épouser 
le  frère  puiné  du  roi ,  ce  prince  qui ,  depuis  ,  a  régné 
50US  le  nom  de  Louis  XVIII ,  et  à  la  naissance  de  cette 
princesse  française  que  nous  vénérons,  et  comme  fille  de 
Louis  XVI ,  et  comme  dauphine  de  France. 

Il  est  résulté  de  cette  différence  de  conduite  entre  les 
Lyonnais  et  les  Milanais  ,  en  ce  qui  concerne  leur  dia- 
lecte respectif,  que  celui  des  premiers  a  été  de  plus  en 
plus  repoussé  dédaigneusement  dans  les  plus  basses  classes 
du  peuple ,  et  que  tous  les  Lyonnais  qui  se  piquent  de 
lui  paraître  supérieurs ,  s'appliquent  à  ne  parler  que  la 
langue  de  l'académie  ,  et  par  cela  même  abjurent, 
comme  une  sorte  d*ignominie ,  la  langue  de  leurs  aïeux, 
celle  qui  dénote  la  noblesse  de  leur  véritable  origine. 
On  ne  contestera  jamais  la  vérité  de  l'axiome  du  sarant 
Pelloutier-,  que  le  jargon  ou  patois  d'un  peuple  est  le 
monument'  fondamental  de  son  histoire  ancienne  vrsie>  et 
l'indice  infaillible  de. sa  souche  généalogique. 

Nous  devons  appliquer  k  tout  jargon  ou  patCHS  ce 
qu'un  autre  savant  plus  moderne  dit  en  général  de  la 
langue  de  telle  ou  telle  nation  «  qu'elle  est  le  véritaUe 
trait  caractéristique  qui  distingue  Tune  de  l'autre,  et 
que  ce  trait  a  l'avantage  d'être  toujours  inaltérable ,  se 
conservant  à  travers  la  série  des  siècles  (i)  :  »  ce  qui  s'en- 


(i)  Voj.  pag.  xviij  et  xix  de  la  préface  du  tom.  I  de 
V Allas  ethnographique  du  globe ,  par  M.  Adrien  Ballû. 
Paris  ,   1826. 


(  ^93  )  \ 
tend  naturellement  de  la  langue  primitive  d'un  peuplé  y 
lors  même  qu'elle  a  été  altérée  et  presque  entièrement 
changée  par  celle  des  peuples  conquérans  sous  la  domi- 
nation desquels  il  est  resté  long-temps  ,  ou  par  des 
causes  semblables  à  celles  qui  ont  tant  dénaturé  la  langue 
originelle  des  Lyonnais.  Mais  ceux  d  aujourd'hui  n'en 
sont  pas  moins  encore  la  preuve  que  le  trait  caractéris- 
tique de  cette  langue  primitive  est  inaltérable  ;  car ,  malgré 
le  soin  que  les  Lyonnais  d*un  certain  rang  mettent  à  ne 
parler  que  Télégant  langage  de  Tacadémie  y  ils  laissent' 
toujours  remarquer  dans  leur  conversation  un  accent , 
des  intonations  ,  des  incises  j  un  chant  ,  et  souvent 
même  quelques  mots  étrangers  qui  décèlent  leur  origine 
gauloise.  En  quelque  pays  que  se  transportent  ces  beaux 
parleurs ,  tout  observateur  exercé  et  d'une  oreille  dé- 
licate reconnaîtra  qu'ils  sont  nés  à  Lyon. 

Or,  ces  accens,  ces  intonations ,  ces  finales,  même  ces 
mots  idiotiques  et  ce  chant  sont ,  quoique  moins  articu- 
lés, ceux-là  même  de  ce  bas  peuple  de  Lyon  qui^ne  parle 
que  son  patois ,.  mais  qui  le  parle  en  toute  franchise , 
avec  une  assurance  qu'aucun  respect  humain  ne  saurait 
troubler.  Ce  sont  encore,  à  l'exception  de  quelques 
variantes  accidentelles ,  ceux-là  mêmes  du  dialecte  du- 
peuple  milanais.  Chez'  Tun  et  chez  l'autre  ,  c'est ,  outre 
quantité  de  locutions  semblables ,  la  même  cantilène  ; 
c'est  la  même  bonhomie  d'expression  dans  la  physiono- 
mie et  dans  ks  gestes  ;  ce  sont  les  mêmes  modulations 
naïves  de  la  voix  et  les  mêmes  finales  traînantes»  Dans 
l'un  et  l'autre  dialecte  ,  ce  sont  des  phrases  courtes , 
monosyllabiques  ,  au  plus  bissyllabiques ,  sautillantes , 
sobres  de  verbes  et  n'en  ayant  point  de  conjugués  :  ca- 
ractères distinctifs  de  l'antique  langue  celtique.  Ce  sont 


(  ^94  ) 
fréquemment ,  comme  on  le  sait  déjà  ,  les  mêmes  mots , 

la  plupart  inconnus  ailleurs  que.  dans  le  Lyonnais  et  le 
Milanais  ;  ce  sont  les  mêmes  syncopes  de  ceux  des  lan- 
gues française  et  toscane  que  nos  latinisans  et  grécisans 
disent  ne  venir  que  du  latin  ou  du  grec  ,  pour  lesquels 
ils  sont  si  passionnés ,  avec  tant  d* orgueil ,  qu'ils  you- 
draient  qu'on  oubliât  que  les  Grecs  et  les  Latins  avaient 
pris  la  racine  de  ces  mots  aux  Gaulois ,  tout  en  les  trai- 
tant de  barbares  (i). 

Quand  les  Grecs  et  les  Romains  formèrent  leur 
langue  respective  ,  ils  les  composèrent  en  grande  partie 
de  mot  empruntés  à  la  langue  celtique ,  en  les  répétant 
toutefois  et  les  écrivant  suivant  la  manière  variable  dont 
ils  en  entendaient  la  prononciation  gauloise  y  très-diffi- 
cile à  saisir  (2)  ;  len* sorte  qu'une  infinité  de  mots  firan- 


(1)  Les  Grecs  et  les  Latins  sont  convenus  qu'ils  araient 
pris  beaucoup  de  mots  ii  ces  barbares*  Platon  (in  Croula) 
dit  :  Reor  equidem  nudta  nomina  Grascos  à  barbaris  Air- 
buisse.  Denys  d'Halicarnasse  fait  le  même  aveu  pour  le 
compte  des  Romains  :  Romani  autem  sermonc  nec  proràu 
barbaro  ^  nec  absolutè  grœco  uiuntur  ,  sed  ex  uiroque 
mixto  accederUe  in  plerisque  ad  proprielalem  lingux  (Boliae 
(  Antiquit.  rom.  «  1.  i  9  versus  finem  )•  Pompeius  Festos , 
BU  mot  Barbari  de  son  Traité  De  verborum  significatione^ 
s'exprime  ainsi  :  Barbari  dicebanlur  antiquiths  omnes  gm- 
.tes  y  excepiis  Grœcis»  Plaute  reprocbant   au  poète  latin 

I^aeyius  d'employer  trop  de  mots  gaulois  ^  l'appelait  Bor- 
barum.  Voy.  encore  Varron  et  le  livre  De  originibus  $  par 
Isidore  ,   1.  ix  ,  c.   i. 

(2)  «<  La  prononciation  des  mots  gaulois  ^  dit  Pomponias 
Mêla  (1.  3)  de  Situ  or  bis),  leur  mécanisme  même  étaient 
si  difficiles  à  saisir  par  l'oreille  (  et  on  ne  le  pouvait  pas  an- 


(295) 
çkis  qui  ne  paraissent  dériver  que  du  grec  ou  du  latin  , 
le  sont  plus  réellement  du  œltiqne ,  beaucoup  plus  voisin 
des  premiers  âges  du  monde ,  et  nous  appartiennent  en 
propre  comme  héritage  de  nos  pères  ,  les  Gaulois  (i). 


trement  ^  puisque  les  Gaulois  eurent  pour  principe  de 
politique  et  de  religion  ,  de  ne  point  écrire  )  ,  qu'il  de- 
venait impossible  aux  Grecs  et  aux  Romains  de  mettre  dans 
leurs  écrits  un  seul  de  ces  mots  sans  en  altérer  la  forme 
et  même  le  sens.  Leur  orthographe  varia  d'ahord  ,  pont* 
cette  raison  ,  suivant  qu'ils  imitaient  plus  on  moins  bien 
la  prononciation  gauloise  ;  l'imitation  infiniment  variée 
qu'ils  en  faisaient,  fut  long-temps  la  règle  équivoque  de 
ta  première  orthographe  des  Grecs  et  des  Latins.  » 

(i)  Pour  me  borner  à  peu  d'exemples  ,  je  citerai  notre 
mot  fadaise  qui  vient  bien  évidemment  du  nom  fada  , 
que  les  Gaulois  donnaient  à  leurs  druidesses  ,  dont  le 
ministère  était  de  prédire  l'avenir.  Les  Komains  firent  de 
ce  nom  celui  Ae  falidicœ  i  mais  nous  sommes  restés  plus 
rapprochés  des  Gaulois  ,  en  traitant  de  fadaises  tous  les 
propos  qui  ressemblent  aux  prophéties  de  leurs  druidesses. 
Dans  les  montagnes  du  Forez  qui  séparent  cette  province 
de  l'Auvergne ,  près  du  bourg  d'Urfé  »  est  une  grotte  où 
des  draidesses  rendaient  leurs  oracles  et  qu'on  appelle 
encore  «  le  creux  Aes  fades*  »  Le  mot  vin  ^  prononcé  à  la 
gauloise ,  était  guin  9  dont  les  Komains  firent  vinum.  Le 
P.  Pieri'e  Labbé ,  traitant ,  en  1664  9  de  la  langue  des  an- 
ciens Lyonnais ,  disait  à  ceux  de  son  temps  :  Légère  est 
apud  Jùliùm  Cœsarem  ,  Strabonem  9  Suetoniutn  9  Taciium , 
Ausonium^  Sidonium^scriptoreslalinos^  verba  gallica  quibus 
nunc  etiam  lUiniur.  Ejusmodi  sunt  ,  à  multis  ,  Soldt^rus  9 
Leuea  ,  Ctura^  Bracca ,  Caracalla^  AlausCf  Tenca^  SaU' 
mon*  Si  raiionem  quœris^  hœc  inpromptu  est  :  nullis  tempO" 
rum  et  rerum  vicissitudinibus  ita  mutantur  linguœ  j  ut  evel- 


I 


(  agS  ) 
On  peut  en  dire  autant  de  quantité  de  mots  de  la  langue 
du  Dante ,  de  Boccace  et  de  Pétrarque.  Ainsi  donc ,  les 
mots  à  physionomie  française  qu'on  rencontre  dans  lés 
dialectes  lyonnais  et  milanais ,  pouvent  y  être  depuis  le 
temps  des  Gaulois.  A  plus  forte  raison  j  est-il  permis  de 
reporter  à  la  même  époque  ,  ces  mots  qui ,  dans  l'un  et 
Vautre  patois ,  sont  tellement  durs  et  choquans  pour 
les  puristes  italiens  et  français ,  qu^avec  un  or^eîHeux 
mépris  ils  les  renvoient  aux  Barbares  ,  sans  penser  que 
ces  Barbares  peuvent  fort  bien  être  les  Gaulois ,  sans 
qui  les  Grecs  et  les  Latins  n'eussent  pas  jeté  les  fonde-^ 
jnens  du  purisme  dont  ces  élégans  discoureurs  tirent 
une  si  grande  vanité. 

Il  suit  de  là  ,  ce  me  semble  ,  que  les  mots  identiques 
des  dialectes  lyonnais  et  milanais  qui  ne  sont  pas  plus 
dans  la  langue  française  que  dans  le  grec  et  le  latin, 
comme  racines  ,  ne  proviennent  que  d'un  même  idiome 
celtique  ;  je  le  particularise  à  dessein  ,  puisque  j  sui- 
vant que  je  l'ai  observé  ,  il  y  avait  des  différences  no» 
tables  entre  les  idiomes  des  diverses  légions  de  Texpédition 
de  Bellovèse.  S'il  était  possible  de  remonter  le  torrent 
des  âges  jusqu'à  cette  époque  si  reculée ,  en  tenant  d'une 
main  la  généalogie  ascendante  du  dialecte  lyonnais ,  et 
de  l'autre  main  la  généalogie  ascendante  du  dialecte  mi- 
lanais ,  nous  les  verrions  se  rapprocher  graduellement 

iantur  radîces  et corrumpanlur  origines.  (  Dissertation  XVIII 
du  recueil  intitulé  :  Disseriationes  Pétri  hahhé  9  è  societate 
Jesu  ,  de  ortu  Lugduni  ,  de  aniiquo  situ  iMgduni^  etc.  etc.  f 
suivies  des  Epistolœ  hiàtoricœ  ejusdem  autorisy  de  Lugduno 
suh  Plunco ,  Julio  Cœsare  et  imperatoribus  ustjue  ad  LuàuBt 
Verum.  hugduni  ,  1664 ,  iu^fol*  ) 


(  297  ) 
par  un  accroissement  progressif  de  conformitës ,  et  finir 

par  se  confondre  comme  en  une  source  commune  dans 
ridiôme  particulier  de  cette  nombreuse  et  puissante 
légion  qui  choisit  j  pour  son  établissement ,  Tlnsubrie 
dltalie.  Le  motif  de  cette  préférence  fut ,  selon  Tite- 
Llye  9  que  le  nom  de  cette  contrée  était  celui-*là  même 
du  territoire  qu'elle  habitait  précédemment  en  deçà  des 
Alpes ,  et  où  elle  avait  certainement  laissé  des  femmes  , 
des  eïifans  et  des  yieillards.  Quoique  Tite^Live  n'ait  pas 
nommé  explicitement  cette  légion ,  et  qu'il  l'ait  lai^ée 
sous  le  nom  générique  à'Eduens ,  parce  que  son  terri- 
toire était  dans  le  canton  des  Eduens ,  il  a  cependant 
fait  connaître  qu'avant  de  franchir  les  monts  ,  elle  avait 
le  surnom  d'Insubrique  :  Quàm  ,  in  quo  conscendtrant ^ 
agrum  Insubrium  appellari  audissent  j  cognomine  In" 
subribus  ,  pago  JEduorum  y  ibi  j  omen  sequenies  locij 
condidere  urbtm  ,.  Mediolanum  appettaruni  (î).  Polybe 
dit  formellement  que  la  peuplade  gauloise  qui  occupa 
rinsubrie  d'Italie  ^  était  celle  des  Insubres  :  Insubres 
ienuere  y  naiiion  particulière  et  la  plus  grande  parmi  celles 
delà  Gaule  celtique  :^^/i5  Celtarum  maxima  (2).  Strabon 
la  vit  conserver .  la  même  prépondérance  en  Italie , 
n'y  ayant  pour  rivale  que  la  peuplade  des  Boïens  :  Quorum 
maximœ  génies  Boii  et  Insubri  (3). 


»m 


(1)  Decad.  ly  1.  y,  n.^  54» 

(2)  L.  IL 

Ç)  L.  V.  Voj.  en  outre ,  pour  cet  auteur  et  le  précédent , 
P^g*  147  ^t  suiy.  de  Jo.  Danielis  Schoepjliniy  consiL  Reg. 
et  Franciœ  historiographe  Vindiciœ  celticœ»  (  Argentorati  , 

1754,10.4.^) 


(  298  ) 


MELANGES. 


Parmi  les  féchés  de  ma  jeunesse,  je  dois  compter  la 
publication  de  la  petite  pièce  suiyante  qui  fut  insérée  dans 
un  recueil  périodique  ,  en  i8o5  y  sous  le  nom  supposé 
à* Isidore  Forlisj  de  Lyon.  Je  faisais  parler  un  buyeiir. 

hk  CERTITUDE. 

Si  mes  yeux  pourront  voir  l'aurore 
Bq  jour  qui  doit  luire  demain, 
C'est  là,  ma  foi,  ce  que  j'ignore; 
Mais  si  demain  je  vis  encore, 
Je  boirai,  c'est  un  fait  certain. 

Il  est  bien  possible  que  la  pensée  ne  fût  pas  nouTeBe*, 
maiS|  si  elle  était  d'emprunt ^  j'ignore  qui  me  TaTait  fournie: 
ce  qu'il  j  a  de  sûr,  c'est  qu'elle  a  paru  assez  benreuse 
à  un  jeune  et  aimable  bumaniste  (  M.  .Edouard  Servan  ) , 
pour  qu'en  1817,  il  se  soit  amusé  à  mettre  mon  français 
en  latin.  Il  a,  en  efiety  donné  ce  distique  dans  l'Hermès 
romanasy  tom.  II ,  pag.  56 1  : 

LE  CERTAIN   ET  L'INCERTAIN. 

I 

An  maneat  me  crastina  lux ,  ego  nescio  plane  ; 
Hoc  flcio  :  si  vivam ,  cras  ego  vina  bibam. 


L'anecdote  que  nous  dvons  insérée  dans  le  tome  Vides 
Archives  du  Rhône ,  page  461-463 ,  a  été  reproduite  dans 
un  journal  (i) ,  par  un  de  nos  jeunes  avocats,  M.  D. 


(i)  Le  Journal  du  commerce  du  27  mai  iSay. 


Voîcî  la  tournure  spirituelle  et  piquante  qu*îl  a  donnée 
à  son  rëcit: 

ce  HISTOIAE  DE  x'aN   l^Q^. 

»  Or,  îl  arriva  en  cette  annëe-là ,  disent  les  Archives^ 
de  singuliers  malheurs  à  Lyon. 

»  Voilà  qu'une  inexplicable  frënësie  saisit  tout-à-coup 
ks  jeunes  filles,  les  unes  se  précipitaient  dans  les  puits, 
les  autres  s*ëtranglaient  ou  se  poignardaient ,  et  la  ville 
éïait  menacée  de  la  dépopulation. 

)>  Et  les  jeunes  gens  criaient  :  Où  trouverons-nous 
des  épouses  ?  et  un  effrayant  silence  répondait  seul  à  leurs 
plaintes. 

»  Cependant  chacun  cherchait  remède  à  cette  fureur 
épidémique.  Les  auteurs  vérldique^  qui  rapportent  ce  fait 
(Bayle  et  Jean  Brodeau),  ne  disent  point  quel  fut  celui 
quon  employa. 

»  Aucuns  pensent  qu*on  fit  comme  on  avait  fait  à  Milet 
en  pareille  occurrence  :  or ,  à  Milet ,  le  magistrat  ordonna 
que  les  filles  qui  se  tueraient,  seraient  exposées  nues  aux 
regards  du  peuple.  Alors  les  places  publiques  offrirent  un 
spectacle  pitoyable  :  quand  la  faux  meurtrière  a  passé 
sur  le  gazon  émaillé ,  les  fleurs  fanées  et  mourantes  jon- 
chent la  terre.  Ainsi  les  vierges  milésiennes ,  moissonnées 
par  leur  propre  fureur ,  couvraient  le  pavé  de  leurs 
corps  flétris  et  sanglans,  et  exposaient  sans  voile  (6  dou- 
leur !  )  à  Todieuse  avidité  du  regard ,  des  appas  qui  n'a- 
vaient encore  souffert  ni  Tœil ,  ni  la  bouche  d'un  amant , 
et  que  la  mort  venait  de  glacer  ;  et  ce  spectacle  épouvanta 
celles  qui  restaient ,  et  la  pudeur  fit  ce  que  nul  autre 
moyen  n'avait  pu  faire. 

»  Ainsi ,  pour  revenir  à  l'événeinent  tout  pareil  arrivé 


(  3oo  > 
^  Lyon ,  un  boinme  appelé  Jacques  Ferrand ,  Âgënois , 
a  publie  un  ouvrage  intitulé  :  De  la  maladie  damour  y 
ou  melancholie  erotique ,  discours  curieux  qui  enseigne 
à  cognoistre  t essence ,  les  causes ,  les  signes  et  Us  re-- 
medes  de  ce  mal  faniasiique. 

1»  Or ,  dans  ce  discours ,  Tauteur  avance  que  la  ma* 
ladie  des  Milésiennes  n*ëtait  autre  chose  que  celle  qui 
sert  de  sujet  à  son  livre  ;  et  il  ajoute,  pag.  78  :  «  J'ose 
»  encores  faire  le  mesme  jugement  des  femmes  de  Lyon, 
s>  qui  se  prëcipitoient  dans  les  puits ,  croyans  trouver  re- 
«»  mede  à  leur  feu  ;  comme  durant  la  grande  peste  d'Â- 
j»  thenes ,  les  malades ,  pour  trouver  soulagement  k  leur 
»  fièvre  ardente  9  se  precipitoient  avec  désespoir  dans 
»  les  fleuves  ou  cloaques ,  au  rapport  de  Thucydide  et 
»  de  Lucrèce.  )> 

n  Et  voilà  la  conclusion  à  tirer  de  ces  faits  : 

»  Les  lumières  se  sont  avancées  avec  le  siècle,  et  elles 
ont  couvert  le  monde ,  et  Tignorance  a  disparu  ;  et  les 
jeunes  filles  ont  appris  comment  on  guérissait  du  nul 
d'amour.  • 

»  Et  depuis  ce  temps- là ,  le  mal  d'amour  n'a  plus  tué 
personne ,  ni  à  Milet ,  ni  à  Lyon  ,  ni  ailleurs.  Et  nos 
jeunes  Lyonnaises  ne  se  sont  plus  étranglées ,  ne  se  soot 
plus  poignardées  ;  et  ce  n'est  plus  dans  les  puits  qu'elles 
sont  allées  éteindre  le  feu  d'amour. 

»  Honneur  aux  progrès  des  lumières  (  il  a  appris 
à  nos  jeunes  Lyonnaises  comment  on  guérit  du  mal 
-d'amour.  » 


(3oi  ) 

ADDITIOlf  A  LA  IVOTIGE  SUR  JUUEIfT>Π  MORELLE  OU  MOKCLLA  , 

tom.  Y  ,  pag.  355,  et  tom.  VII ,  pag.  186  et  suiy. 

Le  P.  Mënestrier ,  dans  des  notes  manuscrites  œnte- 
nant  des  extraits  historiques  et  chronologiques  sur  Lyon, 
cite  un  passage  tiré  du  5  ix  de  1  ouvrage  du  docteur 
Gutîerre,  marquis  de  Careaga  ,  intitulé ,  la  Poesiade- 
fcndida  y  definida ,  y  Moniahan  alabado ,  où  il  est 
question  de  Julienne  Morelle.  Il  paraîtrait ,  d'après  ce 
passage ,  que  ce  ne  fut  point  à  Lyon  ,  comme  le  dit  le 
docteur  Calvet ,  mais  en  Espagne  et  en  présence  de  la 
reine  Marguerite  d'Autriche ,  qu'elle  soutint ,  à  Tâge  de 
douze  ans,  des  thèses  publiques  de  philosophie ,  à  moins 
qu'elle  n'ait  renouvelé  ce  spectacle  en  faveur  des  Lyon- 
nais. Le  docteur  Gutierre  ajoute  que ,  peu  de  temps  après 
ces  exercices ,  elle  vint  à  Lyon  où  elle  fréquentait  les 
écoles  en  habit  de  capucine ,  et  qu'elle  y  cultivait  les 
sciences,  les  arts  et  particulièrement  la  musique.  Un 
autre  auteur  qui  a  écrit  en  latin  et  que  le  P.  Ménestrier 
ne  nomme  pas ,  donne  à-peu-près  les  mêmes  détails , 
et  nous  apprend  de  plus  que  Julienne  dédia  à  la  reine 
d'Espagne  et  fit  imprimer  les  thèses  dont  nous^venoi^ 
de  parler. 


ADDITION  A  LA  IfOTIGE  SUR  l'ABBS  DE  FARAMANT^  imétée  dans  Ce 

Tolume  I  page  34  et  suiy. 

L'abbé  de  Faramant ,  à  une  époque  où  la  bulle  27m- 
genitus  et  les  divisions  théoiogiques  et  même  politi- 
ques auxquelles  elle  donnait  lieu  ,  agitaient  tous  les 
esprits  ,  sut  conserver  une  grande  modération.  Cette 
vertu  faisait  le  fonds  de  son  caractère.  Il  en  donna  «ne 


(5oa) 
preuve  dans  une  circonstance  dont  on  trouve  le  védi 
dans  les  Nous^elUs  ecclésiastiques  du  ao  février  1748. 
Les  missionnaires  de  St-Joseph  à  Lyon  étaient  restés 
prives  pendant  dix^sept  ans  des  pouvoirs  de  prêcher  et 
de  confesser.  Ils  voulurent  rentrer  en  grâce  et  firent 
agir  auprès  du  cardinal  de  Tencin.  Leur  demande 
éprouva  de  grandes,  difficultés  dans  le  conseil  de  rar- 
chevêque,  surtout  de  la  part  de  M.  La  Martinière, 
chanoine  de  St-Nizîer ,  et  de  M.  La  Forest ,  custode  de 
Sainte -Croix  ;  mais  elle  fut  fortement  appuyée  par 
MM.  les  comtes  et  par  Tabbé  de  Faramant,  en  sa  qua- 
lité d*oiEcial  ;  et  d'ailleurs  ,  Tarchevéque  avait  pris  son 
parti.  Le  rétablissement  dqs  missionnaires  de  St-Joseph 
fut  donc  arrêté ,  et  il  ne  fut  plus  question  que  des  con- 
ditions :  elles  furent  traitées  secrètement  et  à  plnsleurs 
•reprises,  et  se  réduisirent  enfin  à  une  déclaration  que 
ces  MM.  signeraient  (comme  on  en  convint)  en  toute 
sincérité.  La  pièce  fut  retouchée  et  même  signée  jusqu'à 
trois  fois  ,  avant  que  le  conseil  la  trouvât  suffisante. 
M.  La  Forest  prétendait  toujours  qu'il  y  manquait  quel- 
que chose ,  sans  spécifier  ce  qu*il  entendait  par-là.  L'abbé 
de  Faramant ,  indigné  de  cet  excès  de  délicatesse  sul- 
picienne ,  répliqua  :  «  Oui ,  Monsieur,  il  manque  en  effet 
»  une  chose  à  cette  déclaration ,  c'est  que  MM.  de  St- 
»  Joseph  viendront  la  prononcer  en  chemise  et  la  corde 
»  au  col ,  à  la  porte  de  la  .cathédrale.  »  Cette  raillerie 
déconcerta  le  censeur  indiscret.  Au  moyen  de  la  signa- 
ture qu'on  exigeait,  les  pouvoirs  furent  expédiés  aut 
missionnaires. 

Quoique  l'abbé  de  Faramant  eût  cessé  de  paraître  auK 
assemblées  de  l'académie  de  Lyon  dès-  1746  v  ce  ne  fut 
que  l'une  des  années  suivantes  qu'il  quitta  cette  ville. 


r 


(  3o3  ) 
L'archevêque  de  Paris  ,  Élie  de  Beaumont ,  Taltlra  au* 
près  de  lui  comme  l'un  desmeillelirsofficiaux  du  royaume, 
lé  fit  vice-gërant  de  son  oilicialitë  et  grand-vicaire ,  le 
logea,  lui  donna  la  table  et  lui  transmit  son  abbaye  de 
Notre-Dame-des- Vertus  ,  dans  le  diocèse  de  Châlons- 
sur-Marne  ;  mais  sa  faveur  ne  fut  pas  de  longue  durëe: 
il  ne  partageait  point  les  opinions  du  prélat  qui  voulut 
se  débarrasser  de  lui  et  chargea  M;  Terrasson  de  l'en- 
gagera renoncera  la  place  de  grand-vicaire.  M.  Terrasson 
eut  là  délicatesse  de  ne  pas  accepter  cette  commission  ; 
mais  l'abbé  de  Faramant  qui  fut  instruit ,  par  une  autre 
voie,  des  dispositions  de  l'archevêque  à  son  égard,  ne 
balança  pas  à  faire  ce  qu'il  désirait  et  lui  renvoya  sea 
lettres  de  grand-vicaire ,  avec  un  remerciment  où  l'on 
assure  qu'il  n'y  avait  pas  moins  de  fermeté  et  de  sin- 
cérité que  de  politesse.  C'est  encore  dans  les  Nouvelles 
ecclisiasiiques  que  j'ai  puisé  le  fonds  de  ces  détails.  Voyez 
la  feuille  du  4  septembre  1755. 


Le  célèbre  abbé  Barthélémy  parle  ainsi  de  son  passage 
à  Lyon  dans  la  première  de  ses  Lettres  au  comte  '  de 
Caylus ,  écrites  pendant  son  çoyage  d'Italie ,  datée  sur  le 
Bhânej  ce  ig  août  lySS: 

a  Lyon  est  plein  d'antiquités  ,  et  on  en  découvre  tous 
les  jours.  Nous  avons  vu  le  Taurobole  conservé  à  l'hôtel 
de  ville  (i) ,  de  même  que  la  harangue  de  l'empereur 


(1)  Il  est  actuellement  au  palais  des  arts,  ou  de  St-Pîerre» 
C'est  un  des  monumens  les  plus  {précieux  que  nous  ayons, 
•t  il  en  peu  qui  soient  aussi  connus  dans  le  monde  lit- 


(  5o4  ) 
Claude,  dont  il    ne  reste  plus  qu'une  partie  tracée  y 
non  sur  deux  tables  de  cuivre ,  comme  Ta  dit  Spon  (i), 

• 

mais  sur  une  seule  qui  avait  éié  cassëe  en  deux.  Ce  mo- 
nument est  d*autant  plus  précieux  ,  qu'il  fixe  nos  idées 
sur  la  manière  dont  Tacite  composait  les  harangces 
insérées  dans  ses  ouvrages.  Il  rapporte  celle  de  Claude  (2), 
d'une  manière  bien  différente  que  la  table  de  cuivre.  Il 
parait  qu'il  s'était  contenté  d'en  prendre  l'esprit  et  de 
la  traduire  dans  son  style  (3). 

a  ï*ai  vu  le  P.  Béraud  ;  nous  avons  parlé  de  fpks ,  et 
il  m'a  montré  ses  cabinets  9  un  bas-relief  représentant 
Socrate,  qui  nous  a  paru  fort  bien  ,  de  petites  agraffes 
de  cuivre  d'un  très-bon  goût  ^  et  quelques  bonnes  mé- 
.  dailles.  Je  n'ai  pu  voir  le  cabinet  des  médailles  de  l'hAfel 
de  ville  }  celui  qui  en  a  la  garde  était  à  la  campagne.  Le 
jour  de  notre  arrivée ,  on  avait  trouva  une  inscription 
sépulcrale  dans  un  couvent  de  religieuses  ;  j'en  ai  une 
copie  que  je  vous  enverrai ,  si  vous  en  êtes  curieux  ;  mais 
mais  elle  ne  dit  pas  grand'chose.  Je  compte  avoir  l'ori- 


téraire.  Il  a' été  le  sujet  d'une  foifte  de  dissertations,  dues 
à  des  savans  du  premier  ordre ,  tels  que  le  P.  Hardoiiin , 
M.  de  Bose  9  etc. ,  etc.  Voj.  Golonia^  llisioire  liuér^etantiq» 
de  l^yon ,  pag.  181  et  sair. 

(i)  Recherche  des  antiquités  et  curiosités  de  I^n  9 
pag.  169.  Yoj.  aussi  Colouia,  dans  Touvrage  ci-dessus  cité  , 
pag.  154. 

(2)  Annal.  XI 9  24* 

(5)  Tacite  n*a  presque  fien  conservé  du  discoors  de 
Claude  pour  le  fonds  des  idées ,  et  rien  du  tont  quant 
aux  expressions  et  an  style.  Dnreaa  de  Lamalle  loue 
Tacite  d'en  avoir  agi  ainsi  :  it  Son  discours  9  dtt-îL ,  est 
fort  beau  9  et  celui  de  Claude  était  fort  ennuyeux,  n 


(  3o5  > 
gîna).  M.  le  cardinal  (i)  ,  chez  qui  nous  avons  cfiné  ^ 
m'a  promis  de  la  demander  et  de  la  garder  jusqu'à  notre 
retour.  Son  Eminence  nous  a  combles  de  mille  marques 
de  bonté  ;  nous  en  avons  reçu  aussi  de  quantité  de  per- 
sonnes ,  et  elles  se  seraient  multipliées ,.  si  nous  avions 
reste  plus  long-temps  à  Lyon.  Chemin  faisant ,  j*ai  acquis 
quelques  bonnes  médailles  ;  je  n*ai  encore  rien  trouvé 
pour  vous  )  mais  soyez  bien  persuadé  que  je  ne  vous 
ooblierai  pas.  » 

Ce  passage  peut  paraître  intéressant  aux  Lyonnais  qui 
cultivent  Tarcbéologie*  Nous  avons  dit  où  se  trouve 
actuellement  le  Taurobole.  La  harangue  de  l'empereur 
Claude  est  aussi  au  palais  des  arts.  Quant  au  bas^relief 
représentant  Socrate ,  qui  avait  paru  fort  bien  à  Tabbé 
Barthélémy ,  c'est  sans  doute  le  même  que  la  ville  de 
Lyon  possède  encore  également  dans  le  même  palais , 
et  qui  est  un  des  restes  si  peu  nombreux  de  l'ancienne 
collection  d'antiquités,  rassemblée,  avant  la  révolution, 
dans  un  cabinet  dépendant  de  la  bibliothèque  du  collège 
de  la  Trinité. 

Un  de  nos  correspoi!ians,  qui  ne  s*est  pas  nommé,  nous 
a  transmis  quelques  réflexions  intéressantes  sur  cet  objet 
d'art ,  et  sur  un  portrait  de  Lollia  Paulina  qui  appartient 
semblablement  à  notre  musée.  Comme  la  lettre  où  elles 
sont  contenues  roule  tout  entière  sur  cet  établissement , 
et  que  l'occasion  se  présente  d'elle-même  d'en  publier 
une  partie  assez  curieuse ,  nous  en  donnerons  l'extrait 
suivant  qui ,  nous  l'espérons ,  ne  sera  pas  trouvé  déplacé 
dans  ce  recueil. 

0)  M.  de  Tencin. 

Tome  VUl.  ao 


(  3o6  ) 

L'anonyme  parcourant  les  portiques  de  la  cour  du 
palais  des  arts  où  l'on  a  mis  les  inscriptions  ^  les  urnes 
funéraires  et  quelques  morceaux  de  sculpture  antique, 
se  plaint  de  ce  qu'on  n'a  pas  disposé  ces  objets  dans  un 
ordre  méthodique  ;  il  exprime  aussi  ses  regrets  de  ce 
qu'il  n'existe  pas  une  notice  détaillée  qui  fasse  connaître 
tout  ce  qui  regarde  chacun  d'eux  :  <c  Par  exemple,  dit-il, 
qui  ne  désirerait  savoir  l'origine  du  précieux  médaillon  de 
Lollia  Paulina?  Si  ce  morceau  provient  des  fouilles  locales, 
il  doit  se  rattacher  au  célèbre  voyage  de  Caligula  :  ce  fut 
à  Lyon  que  cet  empereur  commença  son  troisième  con- 
sulat ,  l'an  de  Rome  79S ,  de  Jésus-Christ  40.  Le  mariage 
et  la  faveur  passagère  de  Lollia  se  rapporteraient  donc  à 
cette  date  ;  et  ce  rapprochement  n'est  pas  înu^e  à 
établir ,  puisque  ni  Suétone  ni  Tacite  n'en  marquent  la 
date  précise. 

«  Je  ne  sais  pas  non  plus  ^  pourquoi  ce  médaillon  se 
trouve  relégué  dans  une  espèce  de  vestibule  qu'on  tra- 
verse ordinairement  sans  trop  d'attention.  Lollia  tient 
fissez  de  place  dans  l'histoire  pour  qu'on  la  traite  plus 
décemment.  Caligula  s'éprit  d'f^nour  pour  elle  sans 
l'avoir  jamais  vue ,  parce  qu'il  entendait  dire  que  sa 
grand'mère  avait  été  fort  belle  ;  et ,  sans  autre  garantie, 
il  la  fit  venir  auprès  de  lui  et  l'épousa  (i)  ;  mais  il  s'en 
dégoûta  aussi  promptement  ;  et ,  par  un  singulier  ca- 
price ,  il  la  condamna ,  en  la  répudiant ,  à  un  veuvage 
perpétuel.  Claude  songea  ,  un  instant,  à  l'épouser,  quoi- 
qu'il eût  juré  aux  prétoriens  qu'il  ne  se  marierait  plus  , 


(1)  C'est  peut-être  elle  qu'il  embrassait  en  proCéru&tces 
douces  paroles  :  a  La  belle  tête  qa'îl  ne  tiendrait  qjk'h 
n  moi  de  couper!  v  Suétone ^  in  OUig.  c.  33. 


(  307  ) 
puisqu'il  ne  pouvait  pas  trouver  une  honnête  femme  dans 
tout  Tempire  (i).  Après  le  traitement  qu'elle  avait  reçu 
de  Galigula,  en  expiation  d'un  règne  de  quelques  jours. 
LûUia  ne  devait  pas  être  pressée  de  redevenir  impëra*- 
triœ.  Si  nous  en  croypns  Pline  le  naturaliste  (2)  j  elle 
surpassait  toutes  les  dames  romaines  par  la  richesse  de  sa 
toilette  et  les  profusions  scandaleuses  de  son  luxe  (3) , 
elle  se  couvrait  de  pierreries  pour  une  valeur  de  sept 
millions  quatre-vingt-deux  mille  francs  (4)  ,  et  cela , 
non  pas  aux  grands  jours  de  fête ,  mais  pour  se  mon- 
trer dans  des  sociétés  familières  et  à  des  soirées  sans 
façon.  Aussi  l'artiste  n'a  pas  oublie^  la  parure  caracté- 
ristique de  son  modèle  :  on  distingue  dans  les  cheveux 
de  Lollia  plusieurs  rangs  de  perles  et  de  pièiTes  pré- 
cieuses. La  bandelette  qui  descend  de  la  coiffure  en 
forme  de  mentonnière ,  en  est  également  enrichie.  Pour 
ce  qui  est  dû  travail ,  le  style  de  ce  médaillon  m'a  paru 
d'une  correction  sévère.  Le  dessin  en  est  pur ,  et  l'en- 
semble des  traits  rappelle  le  type  grec.  La  formé  des 
lettres  de  l'exergue  est  celle  des  plus  anciennes  inscriptions. 


(i)  Le  projet  qu'arait  eu  Claude  de  Tépcaser  ,  fiit  fatal 
h  Lollia.  Agrippiae  la  fit  mourir,  et  se  fit  apporter  sa  tête, 
dont  elle  ouTrit  la  bouche  de  3a  propre  main  ,  pour  véri- 
fier si  c'était  bien  elle ,  à  certaines  marques  particulières 
qu'elle  avait  aux  dents.  Dion  ,  1.  58. 

(2)  Hist.  nal.  IX  9  55. 

(5)  Sa  richesse  ne  lui  venait  point  de  Galigula  ;  elle  était 
le  fruit  des  horribles  concussions  de  son  aïeul ,  M.  Lollius , 
en  Germanie  9  où  II  avait  accompagné  le  petit-fils  d'Auguste  y 
Caïus  ,  fils  d* Agrippa.  Pline  ,  loc.  cit. 

(4)  Quarante  millions  de  sesterces. 


(  3o8  ) 
((  D*unè  femme  coquette  et  somptueuse  du  pliis  moral, 
au  plus  grave  des  philosophes  ,  à  Socrate  enfin ,  le  pas- 
sage vous  semblera  bien  brusque  :  la  transition  est  pour* 
tant  très-naturelle  ;  car'  je  m*ëtonnais  tout-à-l'hcure 
qu'on  fît  subir  à  Lollla  une  sorte  de  quarantaine  dans 
le  vestibule ,  et  je  réclame  à  présent  pour  Socrate  qu*on 
en  a  beaucoup  trop  éloigné.  Ce  n'est  que  par  hasard 
que  j*ai  découvert  au  fond  de  la  première  galerie ,  dans 
un  passage  obscur  et  sous  la  voûte  d'un  escalier,  le 
médaillon  de  marbre  qui  représente  le  maitre  de  Platon. 
Depuis  que  votre  musée  attire  les  étrangers ,  je  suis 
peut-âtre  le  seul  qui  ait  poussé  la  curiosité  ,  ou  plutât 
rindiscrétion ,  jusqu'à  m'introduire  dans  le  souterrain 
qui  sei*t  de  temple  à  votre  Socrate.  Ce  médaillon  ^  moins 
grand  que  celui  de  LoUia ,  mais  d'une  exécution  très- 
soignée  et  d'un  tout  autre  faire,  n'est  peut-être  pas 
aussi  authentique  ni  aussi  ancien.  L'absence  de  toute 
notice  m'empêche  de  prononcer  a  cet  égard  ,  mais  il  ne 
mérite  certainement  pas  cette  indifférence.  Je  n'oserais 
supposer  qu'on  se  fût  mépris  aux  traits  grotesques  et 
ignobles  du  philosophe  ;  car  la  tête  de 'Socrate  ,  tout 
éloignée  qu'elle  est  du  beau  idéal  et  de  la  perfection 
systématique  des  modèles  grecs ,  ou  peut-être  même  à 
cause  de  cette  dissonnance ,  a  acquis  une  vulgarité  clas- 
sique. Au  reste ,  ce  ne  serait  pas  la  première  fois  qu'on 
aurait  condamné  Socrate  sur  sa  physionomie.  Vous  savez 
que  le  Lavater  de  son  temps  le  prit  sans  hésiter  pour  un 
frippon  (i)  :  ce  qui  prouve  que  la  science  des  Malpighi 

(i)  Stupidum  esse  Socratem  dixit^  et  bardum.,., ;  addidit 
etiam  ,  mulierosum.  Cicéron ,  de  Fato  ^  c.  5  ^  e^t  !IWctt^» 


(  3o9  )  ^ 
et  des  Gall  était  tout  juste  aussi  avancée  alors  qu'elle 
Test  aujourd'hui.  On  raconte  une  anecdote  pareille  sur 
M.  de  Malesherbes  (i)  ,  qui  eût  ressemble  assez  bien  à 
Socrate,  quand  même  il  ne  serait  pas  mort  comme  lui....  n 


Una  nox  interfuit  inter  urbem  maxîmam  et  nullam* 
Il  se  pourrait  bien  que  ce  trait  de  Sënèque ,  dans  sa 
fameuse  lettre  sur  l'incendie  de  Lyon  ,  ne  fût  qu'une 
exagération  poétique ,  une  figure  de  rhétorique  ,  pour 
exprimer  la  promptitude  avec  laquelle  le  feu  consuma 
la  ville  9  et  qu'il  ne  fallût  pas  plus  prendre  cette  phrase 
à  la  lettre  que  L'inscription  mise  autrefois  sur  le  tombeau 
de  Sardanapale  (i)  ,  et  où  il  était  dit  que  ce  prince  avait 
bâti  les  villes  d'Anchiale  et  de  Tarse  en  un  Jour  : 

Sardanapalas  Ânacjndaraxis  filins 
ÂBchialem  aedificavit  et  Tarsum 
Una  die  ,  sed  nanc  obiit.  Ta  Tero , 
Hospes  9  ede  ,  bibe  ,  lude.  Qaippe  caetera 
Hamana  non  sunt  facienda  hujus. 


Qusest.  IV ,  c.  5j.  Ce  physionomiste  s'appelait  Zopyre. 
Cicéron  ajoute  dans  le  premier  des  deux  endroits  qne  nous 
Tenons  de  citer ,  que  Timpatation  de  mulierosus ,  faite  à 
Socrate,  fit  rire  ^Icibiade  aux  éclats. 

(2)  Il  payait ,  comme  Philopémen  y  Fintérét  de  sa  mau- 
vaise mine. 

(i)  Près  d'Anchiale,  en  Cilicie ,  au  rapport  d'Ârrien  , 
fiïir.  tC Alexandre ,  II ,  5.  Voyez  anssi  Strabon ,  Géographe 
XIY  ^  Etienne  de  Byzance ,  t^  jinchiale  ;  Athénée ,  XII  y  etc. 


C  3io  ) 

.  INSCRIPTIONS  MODERNES  A  LYON. 

On  nous  a  communique  un  recueil  manuscrit ,  fait  par 
un  amateur ,  des  inscriptions  modernes  qu'on  lisait  na- 
guère ou  qu*on  lit  «ncore  en  divers  endroits  de  la  ville 
de  Lyon  ou  de  ses  environs.  Nous  en  avons  extrait  celles 
qui  suivent ,  et  nous  y  avons  ajoute  quelques*^  notes. 

I.  Sur  la  porte  de  la  bibliothèque  d'un  de  nos  monas- 
tères (  le  manuscrit  ne  dit  pas  lequel  ) ,  avant  la  révolution: 

Hic  vivant  mortui  supersUtes  sibi; 
Hic  tacent  et  adsunt  ; 
Hic  loquùntur  et  ixbsunt* 

Sénèque  ou  Pline  le  jeune  ne  se  serait  pas  exprimé 
autrement.  C'est  dans  ce  goût  d'antithèses  et- de  poin- 
tes» si  éloigné  de  la  noble  simplicité  des  beaux  siècles, 
qu'écrivait  le  -P.  Pierre  l'Abbé  que  nous  avons  cité  dans 
un  autre  article.  Ses  Elogia  sacra  ,  iheologica ,  histo- 
rica ,  etc. ,  sont  ^  d*un  bout  à  l'autre ,  composés  dans 
ce  style ,  et  nous  ne  serions  point  étonné  d'apprendre 
que  ce  fût  lui  qui  eût  rédigé  Pinsaîption  que  nous  ve- 
nons de  transcrire.  En  tout  cas ,  il  ne  l'aurait  pas  dé- 
savouée. 

IL  Dans  le  jardin  qui  dépendait  du  couvent  des 
cordéliers  de  S.  Bonaventure  : 

concupiscere  \     '  |  '   vides 

_  ,.     .     credere  f  /     audis 

^^i^    V      t-  \  omnia  quœ  \ 

1     dicere  /  ^        M     scis 

facere  'j  '      \    potes» 

Nous  avons  donné  ailleurs  (i)  cette  inscription  qui 
(i)  Tom.  I,  pag.  476- 


(  3m  ) 
est  dans  le  genre  de  celles  qu'on  appelle  rapportées  ; 
mais  nous  ignorions  alors  Tendroit  où  elle  ëtait  placëe. 
Golnitz  la  cite  dans  son  Vlysses  Belgico-^Gallicus  ^  ëdit. 
de  i63t ,  pag.  348,  et  édit.  de  i655,  pag.  Si3. 

III.  Sur  la  petite  maison,  avec  jardin,  que  poss^it 
Tabbë  Rozier  dans  la  rue  Neyret  : 

•*.••  Laudaio  ingeniia  rura  , 

Ejciguum  colito  (i) 

IV.  Sur  le  magasin  de  draperies  de  feu  Andrieux-Poulet  : 
Sic  vos  I  nos  vohis ,  velUra  Jertis  ,  ovcs  (a)» 

V.  Sur  l'enseigne  d'un  herboriste ,  à  la  côte  des  Car- 
mëlites  ^  n*^  3i  : 


niciis  fiduciaaue  nicd' 


Adjuvante  Deo  j  simplicUs  Jiduciaque  mcdico  sanesce- 
hunt  (tgroHi 

U  y  a ,  comme  on  le  yoit ,  en  ce  peu  de  mots  au 
moins  deux  barbarismes  et  un  solécisme  ;  et  il  est  dès 
lors  certain  que  ,  s'il  existait  à  Lyon  une  place  de  con- 
trôleur des  inscriptions^  comme  le  Caritidès  de  Molière  (3) 
voulait  qu'on  en  créât  une  pour  lui  à  Paris,  on  ne 
laisserait  pas  subsister ,  un  instant ,  une  pareille  enseigne» 

VI.  Sur  la  porte  d'un  pharmacien  ,  rue  Port-Charlet  > 
le  serpent  d*Épidaure  avec  cette  devise  : 

Morbos  lanat  y  sanos  juvat» 


(i)  Vii^le  ,  Géorgie^  II ,  4»2-4ï5» 
(2)  Le  même  ,  Epigramm.  in  Bathjrll. 
(5)  Les  Fdcheux  ,  act.  III ,  se.  2» 


(3l2   ) 

/  VIL  Sur,  la  porte  d*un  médecin  y. aux  Broieaui  : 
Ans  longa  ,  vUa  hrevis. 

Ce  mot  est  d*Hippocrate  et  figure  à  la  tête  de  ses 
Aphorismes,  Un  plaisant  la  traduit  ainsi  : 

La  longoeor  de  ton  art  abrège  notre  Tie. 

VIII.  Sur  plusieurs  petites  maisons  de  campagne  |  aux 
environs  de  Lyon  : 

Famula  ,  sed  grala  (i). 

IX.  Sur  le  mur  d'un  clos,  à  la  Croix-Rousse: 
Nunc  tandem  septi  maturis  frucUbus  utar. 

Le  propriétaire ,  mal  défendu  d* abord  par  une  baie 
coflfte  les  vdl^urs.qui  enlevaiem  ses  fruits ,  mémeaTint 
leur  maturité ,  a  voulu  exprimer  dans  ce  vers  lavantage 
qu*il  trouvait  à  avoir  entouré  d*un  mur  son  petit  héritage. 

X.  Sur  la  porte  d'une  maison  de  campagne ,  au  chemin 
des  Étroits  ,  sur  le  bord  de  la  Saàne  : 

Hic  gelicU  fontes  j  hic  mollia  prata  ,  L^cori  , 
Hic  nemus ,  hic  ipso  iecum  consumerer  cesfo  (2). 

(i)  Cette  inscription  n^est  pas  sans  rapport  avec  ce  dis- 
tique latin  qne  l'Arioste  avait  fait  grayer  sur  Tentrée  de 
sa  maison  à  Ferrare  : 

Parva  ,  sed  apta  mihi  ,  sed  nulli  ohnoxia  ,  sed  non 
Sordida  ,  paria  meo  sed  tctmen  être  damus* 

(2)  Virgile,  Eclog,  X,  4^.  Nous  ignorons  si  Tintérieiir 
du  domaine  répond  il  l'idée  qu'en  donnent  ces  ven 
délicieux. 


C  3i3  y 

XI.  Âa-dessus  de  Tentrëe  d'un  atelier  de  marédial 
ferrant  y  à  Ouliins  : 

Vulcanus  ardens  urit  qffidnas  (i). 

Xn.  Sur  une  fontaine ,  à  la  Claire ,  maison  de  cam- 
pagne au  Plan  de  Vaise  : 

Banc  ornons  clara  Claram  clarissimus  unda  9 
Cuncta  facit  Clarus  quo  sua  clara  forent  (2). 

Cette  maison  avait  sans  doute  étë  construite  par  un 
personnage  nomme  Clair.  Le  portail  était  aussi  décoré 
de  ces  mots  : 

Ublque  ^  clara* 

Xm.  La  Duchère ,  bâtie  ou  reconstruite ,  au  com- 
inencement  du  dix-septième  9  par  François  Clapisson, 
avocat  du  roi  au  siège  présidial  de  Lyon ,  offrait  une 
foale  d'inscriptions  qui  vraisemblablement  ne  subsistent 
plus.  Golnitz  en  rapporte  un  grand  nombre.  Nous  ne 
transcrirons  que  les  suivantes  : 


(i)  Horace ,  Od.  1,49  8- 

(2)  Dans  Tépitaphe  de  S.  Bernard  9  on  a  pareillement 
joué  snr  le  mot  Clairvanx  {clara  vallis)  et  sur  clarus  { 

.  Clarae  sunt  yaHes  1  sed  claria  yallibos  abbas 

Clarior  hift  clarum  nomen  in  orbe  dédit. 
ClariiB  ayis  ,  clarus  mentis  et  clams  honore  ^ 

Clarus  et  ingenio  ,  relligione  magis. 
31  ors  est  clara ,   ciuis  clarus ,  clarnmque  sepulcrom  ^ 
Clarior  exultât  spiritos  anto  Deum. 


(  3i4  > 
Au-dessous  d'un  portrait,  d'Henri  IV  : 

Si  du  sculpteur  l'art  et  science 
PouYoient,  par  uu  semblable  traict. 
Graver  sa  valeur  et  clëmence  ^ 
L'ouvrage  seroit  tout  parfaict. 

Cest  une  traduction  du  distique  de  Martial  ^i),qQi 
était  aussi  grave ,  dans  un  autre  endroit  de  la  même 
maison  y  sous  le  buste  de  Bellarmin  : 

Ars  utinam  mores  anùnunu/ue  effingere  posset  ! 
Pulchrior  in  terris  nulla  tahellaforeU 

Au-dessus  de  la  porte  d*une  terrasse  : 

Tant  de  peine  pour  amasser  t 
Et  puis  mourir  et  tout  laisser. 

C'est  encore  la  traduction  d'un  passage  du  même 
poète  (2)  :        ^ 

l^ape  f  congère  y  aufer  ,  posside  :  relinquendum  est. 

Au-dessous  d*un  tableau  représentant  la  Justice  et  la 
Paix  : 

yivitur  hic  tuto  divis  custodibus  istis* 

Sur  la  voûte  de  la  chapelle ,  une  représentation  du 
mystère  de  la  Trinité,,  avec  ces  deux  vers  : 

Très  unum  1  Deus  est  unus ,  tribus  una  potestas  : 
Hac  casti  maneant  in  relligione  nepotes  (3). 

(i)X,5a. 

(a)  VIII, 44,9- 

(5)  Ce  secoad  rers  est  pris  de  Virgile  f  JEneid.  III,  4*9' 


(  3i5  ) 
Sur  le  mur  d*une  salle  d'arbres  ,  des  ëpëesr  nues  avec 
ce  distique  : 

Cum  tribus  infelix  serviret  Roma  tyrannis , 
HfBc  rerum  faciès ,  quam  modo  cernis  ^  erat» 

XIV.  Il  n'est  presque  pas  une  de  nos  maisons  de  cam- 
pagne qui  n'ait  sa  montre  solaire.  Le  cadran  en  est 
ordinairement  tracé  par  un  nommé  Arquillière ,  de  St-* 
Didier,  qui  n'oublie  jamais  d*y  mettre  son  nom  (i). La 
plupart  ont  des  inscriptions  qui  sans  doute  ont  été  four- 
nies par  les  propriétaires  et  dont  quelques-unes  sont 
fort  heureuses.  Nous  avons  retenu  celles  qu'on  va  lire  : 

L'heure  ,  ami ,  qui  t'amène ,  est  pour  moi  la  meilleure  (2), 

•••. Fugit  irreparabile  tempus  (3). 


(1)  Une  de  ces  inscriptions  est  conçue  en  ces  termes  : 
Van  9,  Arquillière  de  St^Didier  Jecit.  Remarqaons  en 
passant  qu'elle  rappelle  celle  que  nous  lûmes,  en  sep- 
tembre 1825  ,  sur  le  fer  du  pied  droit  de  devant  du  cheval 
de  bronxe  de  M.  Lemot ,  destiné  à  la  place  Bellecour  : 
Lemol  de  Lyon  fecit,  La  statue  dont  il  s'agit ,  était  en- 
core à  Paris ,  dans  Tatelier  du  célèbre  sculpteur.  Aujour- 
d'hui qu'elle  est  sur  son  piédestal ,  elle  j  est  trop  élevée 
pour  que  la  vue  puisse  saisir  les  caractères  de  cette  singu- 
lière légende  ,  à  laquelle  les  journaux  du  temps  donnèrent 
une  certaine  célébrité  par  le  soin  qu'ils  prirent  de  copier  , 
les  uns  après  les  autres,  dans  les  Archives  du  EkénCf 
tom.  II ,  pag.   397  9  l'article  où  nous  l'avions  signalée. 

(2)  Cette  inscription  fut  faite  par  feu  M.  G.  Pericaud ,  pour 
le  cadran  solaire  d'une  maison  de  campagne  située  II  EcuUy 
et  qui  appartenait  à  sa  mère. 

(5)  Virgile  ,  Géorgie.  III ,  284* 


•  i 


(  3r6) 

Amicis  quœlAet  hora* 

Dies  mei  sicut  umhra  decUnaverunt  (i)« 
Vive  memor  leUd,  Fugit  hora  :  hoc  quod  toquor^  inde  ei|.(A)* 
Una  erit  ukima  (5). 

Il  en  faadra  commencer  one 
Que  nous  ne  verrons  pas  finir  (4). 

NuUa/luat  cufus  non  mcminhse  vclis  (5). 
..••.••    In  lucre  ^  quœ  dtttur  hora  y  mihî  est  (6). 

Nabis  pereunt  et  imputantur  (7). 

Fugit  f  uti  propera* 

(i)  Psalm.  CI ,  12. 

(2)  Perse ,  Sat.  Y,  i55.  On  a  sonrent  admiré  la  rapidité 
imitatîye  des  cinq  derniers  mots.  Il  en  a  fallu  un  plus 
grand  nombre  à  Boileau  pour  rendre  la  même  idée  ,  lors- 
qu'il a  dit  : 

Le  moment  où  je  parle  est  àé\k  loin  de  moi  ; 

mais  il  a  compensé  ce   désavantage ,  avec  beaucoup  de 
bonheur  ,  par  la  brièveté  des  sjUabes  qu^il  a  employées. 

(3)  Le  cadran  solaire  de  la  maison  de  Mad.  de  Sévigné , 
aux  Rochers  9  porte  encore  aujourd'hui  une  inscription 
qui  a  du  rapport  avec  celle-ci ,  et  qui  consiste  en  ces 
deux  mots  :  Unam  time, 

(4)  Fin  d'une  jolie  petite  pièce  sur  le  premier  jour  de 
l'an.  L'auteur  dont  nous  avons  oublié  le  nom ,  j  parle  de 
Tannée }  mais  la  pensée  s^applique  également  bien  aux 
heures. 

(5)  Prise  de  Martial ,  X ,  23 ,  6 ,  avec  un  léger  change- 
ment. Le  texte  de  cet  auteur  est  ainsi  conçu  : 

Nulla  fuit  cujus  non  mcminisse  yelit. 

(6)  Ovid.    Trist.l,  lU,  68. 

(7)  Martial,  V,  21. 


(  3i7) 

Bona  nemini  hora  est ,  ut  non  alicui  sit  mala  (i)« 

Fàcies  non  omnibus  una , 

JNèc  difersatamen^  ^ualem  decet  esse  sororum. 

Celle  dernière  inscription ,  tirée  d'Ovide  (2)  ,  est  une 
application  ingénieuse  et  philosophique  de  ce  que  le  poêle 
dit  des  cinquante  Néréides,  filles  de  Doris  ,  représentées 
par  Vulcain  dans  le  palais  du  Soleil  ;  application  qui  , 
d^ailleurs ,  se  fait  si  bien  d'elle-même ,  que  dernièrement 
un  journaliste  (3)  citait  de  bonne  foi  le  passage  dont 
il  s'agit ,  comme  se  référant  dans  Toriginal  aux  Heures 
personnifiées. 


EPIGRAMME 

IMITÉE  DU  LATIN  DE  GILLES  MÉNAGE. 

Oui  y  Licidas  est  un  menteur  : 
Soir  et  matin  il  nous  répète 
Que  ta  n'es  pas  du  tout  poète.*.. . 
Tu  ne  l'es  que  trop ,  par  malheur* 


«  Les  comtes  de  Caylus  et  de  Maurepas  ayant  entre- 
pris un  voyage  dans  le  midi  de  la  France,  voulurent 
Yoir,  en  passant  à  Lyon ,  la  belle  bibliothèque  des  jésuites 


(i)  Publias  Syrus. 

(2)  Meiam.  U  ,  1S-14 

(3)  Journal  des  Débats  du  5  janvier  1828. 


(  3i8  ) 
et  leur  cabinet  d'antiquités  :  cVtait  le  P.  B^raud  qui  ay»t 
alors  la  direction  de  celui-ci.  Tout  fut  ouvert ,  cdmine 
on  rimagine  aisément,  à  des  voyageurs  de  cette  impor- 
tance. Parmi  les  monumens  que  le  P.  Bërand  leur  pré- 
senta ,  il  leur  fit  remarquer  une  belle  èpée  antique  de  la 
plus  heureuse  conservation.  Le  comte  de  Caylus  Texa- 
mina  attentivement.  Les  deux  voyageurs  partirent  Quel- 
que temps  après ,  le  comte  de  Caylus  avança.,  dans  un 
de  ses  ouvrages,  qu'il  avait  vu  deux   épées   antiques 
chez  les  jésuites  de  Lyon.  Le  P.  Béraud  craignit ,  pour 
quelque  raison ,   d*être  compromis  par  une   assertion 
aussi  décisive  ;  il  crut  devoir  avertir  le  comte ,  par  une 
lettre ,  de  Terreur   qui   s*était    glissée  dans  son  écrit  : 
celui-ci   répondit  ces  mots  ,  sans  perdre   un  moment  : 
ce  Le  diable  m'emporte  ,  mon  révérend  Père,  si  je  nai 
»  cru  que  vous  aviez  deux  épées  antiques.  Voilà  ce  que 
»  c'est  que  d'écrire  de  mémoire!  Je  suis,  etc.  »  Calvet 
tenait  cette  anecdote  du  P^  Béraud  ;  elle  donne  l'idée  du 
ton  militaire  que  le  comte  de  Caylus  avait  coutume  de 
mettre  partout.  »   {Le  Conserçaieur  Marseillais ^  par 
M.  Jauffret ,  année  1828 ,  n.^  3*  ) 


Je  ne  sais  quelle  foi  ajouter  à  une  anecdote  rapportée 
par  Jacques-Paul  Guildling ,  écrivain  protestant ,  dans 
son  livre  allemand  ,  intitulé  :  Vies  du  roi  Conrad  IV  ei 
du  roi  Guillaume  ,  Berlin  ,  17 19,  in^-S.^  Suivant  cet 
auteur,  le  Pape  Innocent  lY  (i)  ,  étant  sur  le  point  de 


(1)  Ce  Pape  ,  nommé  auparavant  Sinibaldo  ,  de  la  mat- 
son  de  Fiesque ,  des  comtes  de  Lavagoe  en  Italie  ,  ataît 
été  dans  sa  jeunesse  chanoine  de  Téglise  de  Lyon. 


(3.9) 
«quitter  Lyon  CO?  soit  pour  se  mettre  à  portée  de  ré- 
sister à  Conrad  qu*il  n  avait  pu  par  ses  intrigues  empéctier 
de  mpnt^r  sur  le  trône  9  soit  dans  la  crainte  que  la  cour 
de  France  ne  se  lassât  d^  son  trop  long  séjour  en  celle 
ville  ,  chargea  le  cardinal  Hugiues  (9)  de  faire  ses  adieux 


(1)  Obligé  d'abandonner  Pltalie  Ik  cause  de  ses  démêles 
avec  la  cour  d'Allemagne  ,  et  n'ayant  pu  obtenir  du  roi  de 
France  ,  &  Louis  9  un  asile  dans  ses  états  ,  Innocent  IV 
«e  réfugia  h  Ljou  ,  gouverné  alors  par  son  archevêque.^ 
et  il  j  resta  six  ou  sept  ans ,  logé  dans  le  cloître  de  St 
Jttst  Durant  cet  espace  de  temps  et  en  Tan  1245  9  il  tîaf 
le  premier  concile  général  célébré  en  cette  ville  9  où  fat 
prononcée  la  déposition  de  l'empereur  Frédéric  II  ,  pré- 
décesseur de  Conrad  y  il  acheva  la  construction  du  pont 
du  Rhône  ,  bâti  en  grande  partie  avec  le  prix  des  indul- 
gences qu'il  avait  accordées  pour  cet  objet ,  consacra  de 
sa  main  le  maître  autel  de  Péglîse  de  St.  Jean  ^  etc. 

(a>  C'est  Hugues  de  St«  ChA,  nommé  ainsi  du  lieu  de 
sa  naissance  près  de  Vienne  en  Dauphiné  ,  et  célèbre  par 
une  Concordance  de  la  Bible  etp^  d'autres  ouvrages  qui 
ont  ëté  recueillis  en  8  toI.  in-fol.  L'église  de  Lyon  ,  à  la 
mort  d'Aimeric  de  Ri?es  ,  le  demanda  pour  archevêque  ; 
mais  Innocent  IV ,  désirant  l'avoir  au  sacré  collège  à  cause 
de  son  émineute  doctrine  ,  le  fit  cardinal  du  titre  de 
Ste.  Sabine  et  ne  tarda  pas  à  l'envoyer  légat  en  Allemagne. 
Hugues  mourut  en  1265  h  Orviette  (  et  non  à  Civila^Vecchia^ 
comme  le  dit  par  en^eur  PouUin  de  Lumina ,  Hist,  ecclés. 
de  L^n  9  pag.  260  ).  Son  corps  fut  retrouvé  sain  et  entier^ 
quelques  années  après  sa  mort  ,  et  transféré  à  Lyon ,  où 
il  {ut  enseveli  ,  en  grande  cérémonie  ,  dans  le  choeur  de 
l'église  des  frères  prêcheurs  ,  à  l'ordre  desquels  il  avait 
appartenu.  Il  est  le  premier  de  cet  ordre  qui  ait  été 
Ignoré  de  la  pourpre  .romaine. 


(   32Ô   ) 

aux  habitans  et  de  les  remercier  de  leur  accueil.  Le 
cardinal  s'acquitta  de  cette  mission  ,  et  il  n*aurait  pas 
manqué  de  satisfaire  les  Lyonnais,  sans  un  mot  qui, 
dans  le  fond ,  n* était  pas  plus  honorable  pour  la  cour 
de  Rome  que  pour  eux  :  car  ^  après  leur  avoir  dit  que, 
<c  lorsque  le  Pape  était  arrivé  à  Lyon ,  il  n'y  avait  que 
»  trois  femmes  publiques ,  et  qu'à  son  départ  ^  il  n'y  en 
»  avait  qu'une  ,  »  il  ajouta ,  en  s'expliquant ,  que  ce  cette 
ce  une  était  toutes  les  femmes  de  Lyon  ensemble.  »  Si  ce 
mot  peint  les  mœurs  du  treizième  siècle  ,  n'est-*ce  pas  le 
cas  de  répéter  avec  le  Sage  :  «  Ne  dites  pas....  que  les  pre- 
»  miers  temps  ont  été  meilleurs  que  ceux  d'aujourd'hui  ?» 
Ne  dicas.,..  quod  priora  i empara  meliora  fiure  quam 
nunc  suni.  Ecdesiast.  VU  9  1 1  • 


Il  y  a  environ  trois  ans  que  nous  insérâmes  dans  les 
"Archives  du  Rhône ,  tonl  I ,  pag.  SSy  et  suiv. ,  une 
pièce  de  vers  remarquable,  en  plusieurs  endroits,  par  la 
grâce  et  la  naïveté  de  l'expression ,  et  contenant  des  détails 
intéressans  pour  l'histoire  de  notre  ville.  L^auteur ,  Bo- 
naventure  des  Perriers ,  y  décrivait  une  ancienne  fête 
de  l'ile  Barbe,  à  laquelle  il  avait  assisté  en  1 5  39.  Parmi 
les  notes  dont  nous  accompagnâmes  ce  petit  poëme ,  il 
en  était  une  relative  au  mot  Hymmdes ,  employé  dans 
la  strophe  suivante  : 

Hamadryades  , 
Dryades , 
Vous  leurs  ioyeax  oyselet2  : 
Hymnides 
Et  Néréides  , 
Inventez  chants  nouvelets. 


(    320 

;  Nous  dîmes  dans  la  note  dont  il  est  question  que  les 
nymphe  appelées  H/m/i/V/^  par  des  Përiers  nous  étaient 
tout  à  fait  inconnues  y  et  qu'il  n*en  était  fait  mentionr 
dans  aucun  des  livres  de  mythologie  que  nous  avions 
pu  consulter.  Nous  ajoutâmes  que  le  nom  qui  se  rap-> 
prochait  le  plus  de  celui  dont  le  poète  avait  fait  usage  , 
était   celui  des  IJmniadâS  ,  nymphes  des  lacs  et  des 
étangs.  ML  Âmanton  dont  cette  note  fixa  un  instant  les 
regards ,  ne  tarda  pas  à  nous  faire  part  d'une  conjecture 
qu  elle  lui  avait  suggérée  (i)  :  ayant  vu  dans  les  auteurs 
mythologiques ,  parmi   les  nombreux  surnoms  que  les 
anciens  donnaient  à  Diane ,  figurer  celui  à'Hymnia  ,  it 
pensa  que  qudiques-unes  des  nymphes  qui  suivaient  ordi- 
nairement cette  déesse  ,  avaient   pu  prendre  de  là   la 
dénomination  à'Hymnidfs.  Pour  confirmer  pleinement 
cette  conjecture,  il  aurait  fallu  trouver  ce  nom  dans 
quelque  écrivain  de  Tantiquité;  et  c'est  à  quoi  M.  Amanton 
ne  put  parvenir.  De  nouvelles  recherches  que,  de  notre 
côté  ,  nous  avons  faites  sur  ce  point ,  ont  été  pareille- 
ment  sans   résultat  ;  mais  nous   avons   rencontré  par 
hasard  le  mot  dont  il  s'agit ,  dans  un  auteur  contempo- 
rain de  des  Périers ,  dans  Rabelais ,  qui  a  placé  à  la 
suite  du  Prologe  de  ^n  livre  II  un  dizain  où  se  lisent 
ces  deux  vers  : 

En  présence  des  Oreades  , 
Des  Hymnides  et  des  Dryades. 

Nous  nous  sommes  hâté  ,  comme  on  le  devine  aisément , 
de  consulter  sur  cet  endroit  les  commentateurs  du  non 


(0  Voy.  Archives  du  Rhône  ^  tom.  II ,  pag.  120- 12a ,  on 
Lettres  lyonnaises  ^  pag.  45-45» 

Tome  nu.  ^^ 


(    322  ) 

9ioins  savant  que  {oyeux  curé  de  Meudon.  Voîcl  d'abord 
la  note  de  le  Duchat  :  a  Au  lieu  HHymnides  ,  terroe 
»  corrompu  )  le  poète  devait  dire  Limnides  ou  Umniades^ 
»  de  X/ftvi} ,  siagnum ,  les  nymphes  des  ëtangs  ou  des 
»  lacs  }  ou  Limonides  ou  Limoniades ,  de  X«/a^v,  pra- 
»  ium  ,  les  .nymphes   des  prés  et  des   fleurs.  »  Voici 
maintenant  oe  que  dit  à  son  tour  M.  Eloi  Johanneau  : 
«  Un  interprète  confondant  Hymnides  avec  Umnades , 
»  dit  que  les  Himnides  étaient  des  chanteurs  ou  chan- 
»  ieuses  d'hymnes  ;  mais  il  est  indent  qu*il  faut  lire  iri 
-ù  Limnides ,  soit  que  Tauteur  du  dizain  se  soit  trompé  , 
»  soit  que  ce  soit  l'imprimeur.  »  Il  suivrait  de  ces  re- 
marques qu*il  y  a  faute  ,  soit  dans  Rabelais  ,  soif  dans 
des  Périers,  et  que  tous  deux  ont  dû  dire  Umnides. 
On  voit  que  cette  opinion  rentre  dans  la  nàtre ,  et  que 
nous  nous  sommes  rencontré  avec  les  deux  savans  que 
nous  venons  de  citer  9  mais  que  seulement ,  attendu  la 
modestie  qui  nous  convient  9  nous  ne  nous  sommes  pas 
exprimé  d'un  ton  aussi  résolu  et  aussi  tranchant ,  nous 
étant  contenté  de  faire  observer  le  rapport  qui  existe 
le  mot  A' Hymnides  et  le  nom  que  les  anciens  donnaient 
aux  nymphes  des  étangs  ^  et  ayant  laissé  au  lecteur  le 
soin  de  conclure  de  la  ressemblance  de  ces  deux  mots 
qu'il  ne  serait  point  impossible  que  l'un  des  deux  eût 
été  mis  pour  l'autre.  Notre  réserve  était  aussi  commandée 
par  un   autre  motiff  :  c'est  qu'on  trouve  bien  dans  les 
mythographes  le  nom  de  Umniades  employé  pour  dé- 
signer les  nymphes  dont  il  s'agit ,  mais  que  nulle  part 
que  nous  sachions,  comitie  nous  l'avons  dit  tout-à-l'beure, 
elles  ne  sont  appelées  Limnides.  La  difficulté  n'est  donc 
pas  entièrement  vidée,  ou  du  moins  la  décision  n'est 
appuyée  que  sur  la  probabilité  et  la  vraisemblance  y  et 
nullement  sur  des  raisons  péremptoires« 


(523  ) 

iMiTATioif'  d'niie  ^pigramme  latine  d'Ëticnne  Oolet,  citée  par  le 
P.  de  Colonia ,  Hist,  UiU  de  I/yon  f  tom.  II ,  pag.  6o6* 

Sulyant  toi ,  les  ëcrits  dont  je  me  dis  le  père  ^ 
Sont  trop  bons  pour  être  de  moi  : 
Florlmond  ,  les  tiens  ,  aa  contraire  ^ 
Sont  trop  mauvais  pour  n'être  pas  de  toi. 

B. 


EXTRAIT  B*I71VE  LETTRE  DE  X.  G.  N.  AHINTON,  du  l6  aoÂt  1828. 

«  En  feuilletant  VHisioirc  des  commentaiturs  de  la 
Coutume  du  duché  de  Bourgogne  ,  que  l'illustre  prési- 
dent Bouhier  a  publiée  en  tête  de  Tëdition  qu*il  adon- 
née de  cette  Coutume^  Dijon,  Antoine  Defay ,  17179 
in'4*^  9  S^^  jemarquë  ,  dans  Tarticle  consacré  à  Barthé- 
lémy de  Cbasseneuz  ,  une  particularité  que  je  ne  me 
rappelais  pas ,  lorsque  je  vous  ai  donné  la  faible  esquisse 
de  la  vie  du  Lyonnais  Hugues  Foumier ,  premier  pré- 
sident du  parlement  de  Dijon  dans  le  xvi.^  siècle ,  que 
vous  ayez  eu  Tindulgence  de  consigner  dans  les  Archives 
du  Rhône  ,  tom.  III ,  pag.  397-401.;  Cette  particularité 
est  que  Cbasseneuz  dédia  la  première  édition  de  ses 
commentaires  sur  la  Coutume  de  Bourgogne ,  qui  parut 
à  Lyon  (i),eni5i7,  à  Hugues  Foumier.  «  Je  ne 
»  sais  pourquoi  ,  ajoute  le  président  Boubier,  son  épitre 
3>  dëdicatoire  qui  se  trouve  encore  en  Tédition  de  iSaS  , 
»  a  été  retranchée  de  toutes  les  suivantes.  Quoi  qu*il  en 
»  soit  y  il  en  donna  de  son  vivant  jusqu'à  cinq  éditions  , 


(i)  Chez  Simon  Vincent ,  in-4<> ,  en  lettres  gothiques. 


(324) 
»  toujours  augmentëes  de  nouvelles  remarques  ^  et  depuis 
»  sa  mort  il  s'en  est  fait  encore  une  quantité  d'autres*  » 
Lorsqu'un  homme  tel  que  Chasseneuz  dédiait  son  ou- 
vrage à  Fournier  ,  c'était  sans  doute  moins  à  la  dignité 
dont  ce  magistrat  était  revêtu ,  qu'à  son  savoir  et  à  ses 
vertus  publiques  et  privées,  qu'il  rendait  cet  éclatant 
kommage.  » 


On  tient  ici  que  la  maison  qui  forme  l'angle  nord  de 
la  rue  St-Jean  et  de  la  rue  Porte-Froc ,  et  qui  porte  le 
n.®  53,  est  celle  de  la  famille  de  Rochebonne,  où  Charles 
de  Chasteauneuf  de  Rochebonne  ,  chanoine-comte  et 
chamarier  de  l'église  de  Saint- Jean  (i)  ,  reçut  et  logea 
madame  de  Sévigné,  en  1672,  lors  du  voyage  qu'elle 
fit  en  Provence  pour  aller  voir  Mad.  de  Grignan  sa  fille. 
Mad.  de  Sévigné'  arriva  à  Lyon ,  le  lundi  25  juillet  : 
elle  s'était  embarquée  sur  la  Saône  9  à  Châlons.  L'inten- 
dant de  Lyon,  M.  Dugué-Bagnols ,  sa  femme  et  Mad.  de 
Coulanges  leur  fille ,  vinrent  la  prendre  au  sortir  du 
bateau  ;  elle  soupa  chez  eux  ;  elle  y  dina  le  lendemain  : 
on  la  promena  ,  on  la  montra  ;  elle  reçut  mille  civilités. 
Son  équipage  vint  la  rejoindre  dans  cette  ville  ;  un  de 
ses  chevaux  se  noya  à  l'abreuvoir ,  de  sorte  que  de  six 


'  (i)  Il  ëtaît  beaa-frère  de  Mad.  la  comtesse  de  Rochebonne, 
sœur  de  M.  de  Grignan.  La  famille  de  Chasteauneuf  de 
Rochebonne  est  célèbre  dans  nos  fastes  ;  elle  nous  a  fonmi 
trois  comtes  de  Ljoa  ,  un  archevêque  ,  des  comman- 
dans  ^  etc.  Elle  contracta  des  alliances  avec  les  Âllemany 
les  Talaru ,  les  Crussol ,  les  d'Usés  >  les  Bouillon  et  les 
Polignac. 


C  525  ) 
qu^elIe  ftTait ,  il  ne  lui  en  resta  que  cinq.  Elle  alla  à 
Pierrc-Scîsc  voir  F...  qui  y  ëlaît  prisonnier  ;  elle  alla 
Toir  aussi  le  cabinet  de  M...  et  ses  antiqùaiVes.  Elle 
partit  le  vendredi  29 ,  et  fut  coucher  à  Valence.  Â  son 
retour,  le  mardi  10  octobre  de  Tannée  suivante ,  elle 
logea  encore  chez  M.  de  Rocbebonne ,  et  partit  le  len- 
demain à  8  heures  du  matin.  On  lui  avait  fait  voir  à 
Lyon  des  tableaux  admirables.  Elle  avait,  ëtë  visitée  ,  à 
son  passage ,  par  M.  l'archevêque  de  Vienne  ,  Henri  de 
Villars ,  qui  lattendait  et  qui  lui  avait  fait  beaucoup  de 
politesse.  Ce  dernier  avait  offert  à  M.  de  Grignan  un 
tableau  qui  n'avait  pas  été  accepté.  Ces  détails  sont  ex- 
traits des  Lettres  de  madame  de  Séçigné ,  tom.  III  ^ 
pag.  1 09  et  suiv. ,  et  1 80  et  suiv.  de  l'édition  de  Da- 
libon,  Paris,  i823,  12  vol. in-8.^ 


La  page  186  du  tome  cité  en  l'art,  précédent ,  des 
Lettres  de  madame  de  Séçigné  ,  contient  une  note  de 
M.  Gault  de  Saint-Germain,  dont  la  transcription  ne 
saurait  paraître  déplacée  dans  notre  recueil,  et  que  voici  : 

a  Le  silence  de  Mad.  de  Sévigné  (  ou  plutôt  le  peu 
d'explications  qu'elle  donne)  sur  les  tableaux  de  la  ville 
de  Lyon  ,  et  notamment  sur  celui  que  TÂrchevéque  de 
Vienne  offrit  à  Mad.  de  Grignan ,  est  une  faute  de  goût» 
Une  remarque  essentielle  pour  l'histoire  du  commerce 
de  la  curiosité ,  c'est  que ,  sur  la  fin  du  seizième  siècle 
«t  durant  le  dix-septième ,  on  voit  les  Lyonnais  grands 
amateurs  de  peinture ,  la  ville  de  Lyon  être  le  seul  en- 
trepôt du  commerce  des  tableaux  de  toutes  les  écoles  , 
et  Beaucarre ,  sur  le  Rhône  ,  étaler  annuellement  dans 
ses  foires  leurs  productions.  On  voit  les  jeunes  artistes 


(  326) 
français,'  en  voyageant  pour  lltalie,  s'arrêtera  Lyon» 
y  séjourner  ^  y  être  employés  par  les  gros  marchands  de 
tableaux ,  les  administrations  et  les  particuliers.  On  trouve 
encore  dans  cette  ville  ,  dans  ses  environs  et  maisons  de 
campagne ,  les  fragmens  du  goiit  des  Lyonnais  à  ces  épo* 
ques ,  restes  des  productions  de  nos  meilleurs  artistes  du 
dix-septième  siècle  et  dans  Tâge  de  l'ëtude.  » 


ExTRJUT  d'ane  lettre  de  M.  Durand  de  Lançon  (i)  àM^  G.  N.  Amanton, 
à  Dijon,  dat^e  de  Lare  ( Haute-Sa6ne  ) ^  dëcambre  i8»7« 

Voîci  ce  que  j'ai  pu  recueillir  de  relatif  à  Lyon  ef  à  ses 
anciennes  presses,  à  la  bibliothèque  du  roi ,  où  j*ai passé 
le  plus  de  temps  que  j'ai  pu  ,  pendant  un  court  séjour, 
fait  ,,cet  été,  à  Paris. 

«  Il  s'agit  de  deux  productions  assez  importantes  de 


(i)  L'extrait  de  cette  lettre  eût  paru  beaucoup  plas  tôt, 
si  elle  ne  se  fût  pas  trop  long-temps  soustraite  aux  re- 
cherches de  M.  Âmanton ,  précisément  à  cause  du  soin 
qu*il  avait  mis  à  la  tenir  en  réserve  pour  nous  la  fiiire 
passer.  M.  Durand  de  Lançon  est  l'un  des  vingt-^atre 
membres  de  la  Société  des  bibliophiles  français.  C'est  cet 
amateur  vraiment  distingué  qui  a  fait  l'acquisitioD  do  ma- 
nuscrit des  trois  derniers  volumes  des  Mélanges  tic  critique 
ei  de  philologie  de  Chardon  de  la  Rochette  ,  dont  dobs 
avions  indiqué  le  possesseur  et  donné  Tandyse  dans  les 
Archives  ,  tom.  VI ,  pag.  96  et  suiv.  Son  intention  est  de 
faire  jouir  le  monde  savant  de  ce  trésor  d'érudition.  Pu'»* 
que  l'occasion  se  présente  ,  nous  l'engageons  fortement  1 
au  nom  des  amis  des  lettres  et  de  la  science  ^  à  ne  pstf 
retarder  une  aussi  intéressante  publication. 


(  327  ) 
la  typographie  lyonnaise  9  antérieures  Tune'  el  l'autre  au 
XVIJ^  siècle, 

»  La  première  est  la  seule  édition  connue  du  Mir0Îr 
de  la  mort ,  pièce  en  vers ,  attribuée  (  je  ne  sais  trop 
sur  quel  fondement  )  à  votre  compatriote ,  le  chroniqueur 
et  poète  9  Olivier  de  la  Marche.  C'est  un  petit  in-folio  de 
de  16  feuillets  non  chiffrés,  divisés  en  deux  cahiers 
signés  a  tib  ^  sans  date ,  sans  indication  de  lieu  d'im- 
pression et  sans  nom  d'imprimeur.  Les  caractères  sont 
gothiques.  La  justi&cation  porte  5  pouces ,  3  lignes  9  sur 
2  pouces  9  6  lignes.  On  lit  9  au  çerso  du  premier  feuillet  9 
ces  mots  ainsi  disposés  : 

€j  commence  ong  exceUent  et  très 
prouffitable  liare  pour  toute  creata 
re  humaine  appelle  le  miroer  de  moit. 

Après  ce  titre  9  vient  une  figure  gravée  en  bois  ,  qui 
représente  quatre  moines,  mettant  en  terre  un  mort  cousu 
dans  un  linceul. 

j»  Le  texte  de  cette  pièce  est  en  stances  de  huit  vers 
de  huit  syllabes.  La  première  se  trouve  au  premier 
feuillet  9  immédiatement  au-dessous  de  la  figure.  Il  y  en 
a  trois  à  chaque  page  9  excepté  à  la  dernière  C 1^  ^^^^  du 
dernier  feuillet  )  qui  en  a  deux  seulement. 

»  M.  Van  Praet ,  en  annonçant  dans  le  Catalogue  de 
la  Vallière  ce  même  exemplaire  qui  est  superbe ,  donne 
la  première  stance  et  les  quatre  derniers  Vers.  Il  a  dé- 
couvert depuis  que  cette  édition  était  faite  avec  les  mêmes 
caractères  que  celle  de  la  Consola/ion  des  pouures  pè-- 
cheurs ,  imprimée  à  Lyon  9  par  Mathis  Husz  9  le  22 
mars  1484  (  voy.  la  Bibliogr.  de  de  Bure  9  B.  L. ,  pag» 
224  )  9  et  il  en  conclut  que  le  Miroir  de  la  mort  a  été 


(  328  ) 
mprimë   à  Lyon ,  par  Mathis  Husz ,  entre  les  annëes 
148 2  et  iSoo  ,  première  et  dernière  dates  connues  jus- 
qu'à présent  des  livres  portant  le  nom  de  cet  artiste. 

»  J'ai  eu  soin  de  vérifier  l'observation  de  M.  Gazzëra , 
relativement  à  la  marque  du  papier  de  ce  volume,  et  j'ai 
eu  le  plaisir  d'y  trouver  la  roue  dentée  :  nouvelle  proba- 
bilité en  faveur  de  l'opinion  de  M.  Van  Praet. 

»  La  seconde  production  de  l'imprimerie  lyonnaise  est 
une  édition  jusqu'ici  inconnue,  ou  du  moins  mal  dé- 
crite ,  du  Roman  de  la  Rose  {ly.'EW^  est  in-folw^ 
caractères  gothiques.  Les  feuillets  ne  sont  pas  chiffirés, 
mais  signés  de  W  à  / .  Chaque  cahier  est  de  8  feuiliefs ,  i 
l'exception  du  dernier  qui  en  a  6  seulement  Le  premier 
commence  ainsi  : 

Gy  commence  le  roman  de  la  rose 
On  tout  Fart  damours  est  enclose. 


(i)  L'édition  dont  il  s'agît ,  n'est  pas  la  seule  du  même 
ouvrage  qui  ait  été  mal  décrite.  On  peut  voir  dans  les  At' 
chives  du  Rhdne  ^  tom.  VU,  pag.  391-2  ,  la  rectification 
d'uDe  erreur  commise  au  sujet  d'un  exemplaire  d'une  aafare 
édition ,  appartenant  à  l'académie  de  Lyon  ,  et  provenant 
de  la  bibliothèque  AdamoH.  Nous  ajouterons  à  ce  que  nous 
avons  dit  en  cet  endroit ,  que  la  bibliothèque  de  la  ville 
de  Lyon  possède  aussi  un  exemplaire  d'une  édition  égale- 
ment^gotbique  ,  sans  date ,  et  sans  nom  de  lieu  ,  ni  d*impn- 
meur ,  du  Roman  de   la  rose ,  qui   diffère   de   celle  de 
l'académie  ,  quant  h  la  forme   des    caractères  »  mais  qui 
a  le  même  nombre  de  feuillets  ,  et  dont  les  figures  ont 
été  tirées  sur    les  mêmes  planches.  Du   reste  ,  ni  l'un  , 
ni  l'autre   de  ers  exemplaires  ,  n'offire  rien  qui  annonce 
qu'ils  sortent  des  presses  lyonnaises  ',  leur  papier  ne  porte 
point  la  marque  de  la  roue  tteatte. 


(   229  > 

On  Ht  au  recto  du  dernier  feuillet  ces  mots: 

Gest  la  fin  du  roman  de  la  rose 
Ou  tout  lart  damours  est  enclose. 

Les  pages  ont  deux  colonnes ,  chacune  de  41  ^^l's*  0^ 
Toit ,  à  la  première  page ,  une  grande  figure  en  bois 
qui  en  occupe  environ  la  moitié ,  et  dans  le  corps  du 
volume ,  de  petites  figures  aussi  gravées  en  bois ,  d'une 
mauvaise  exécution. 

»  M.  Van  Praet  m'a  fait  remarquer  l'identité  des  ca- 
ractères de  cette  édition  avec  ceux  du  Doctrinal  de 
sapience ,  imprimé  à  Lyon  ,  par  Guillaume  le  Roy ,  le 
9  février  1 485.  Nous  devons  donc  la  donner  à  cet  im- 
primeur qui ,  selon  Panzer ,  exerçait  son  art  entre  les 
années  1477  et  1488  (i).  Je  n'ai  pas  trouvé  la  roue 
dentée  ,  ni  même  de  marque  distincte ,  dans  le  papier  qui 
est  d'une  qualité  médiocre. 

»  J'ai  prié  mon  ami  M.  de  Châteaugiron  (2)  de  commu- 
niquer à  M.  C.  B.  D.  L. ,  futur  historien  de  l'imprimerie 


(1)  Panzer  se  trompait  de  quatre  ans  sur  l'époque  où 
Guillaume  le  Roj  commença  réellement  à  exercer  son  art: 
il  ne  connaissait  pas  le  Compendium  Lolharii  9  sorti  des 
presses  de  ce  premier  typographe  de  Lyon ,  en  i^jS. 

B. 

(2)  M.  le  marquis  de  Châteaugiron  est  aussi  membre  de 
la  société  des  bibliophiles  français.  Il  est  connu  dans  le 
monde  littéraire  par  la  belle  collection  de  lÎTres  qu'il  a 
rassemblée  et  par  quelques  ouvrages  qu'il  a  publiés  9  no- 
tamment par  une  excellente  traduction  de  VHistoire  du 
soulèvement  des  Pays-Bas ,  sous  Philippe  H ,  par  Schiller  ^ 
Paris  ,  1897  9  2  vol.  in-8.^  B. 


»  ^ 


(  33o  y 
de  Lyon  ,  une  note  de  laquelle  il  résulte  qu'il  faut  nytt 
du  catalogue  des  incunables  (i)  de  cette  ville ,  l'ëdilion 
du  Roman  de  Mélusine ,  attribuée  à  Mathis  Hus£  (  voy. 
Brunet ,  Manuel  du  libraire  ,  tom.  II ,  pag.  266  ) , 
^rce  qu'elle  a  été  ,  sans  qu'il  puisse  y  avoir  du  doute, 
imprimée  à  Genève  ,  par  Adam  Steinschaber ,  Tan  1 478 , 
afu  mois  d*août.  Voilà  de  quoi  consoler  votre  ami ,  s'il 
n'avait  pas  eu  du  plaisir  à  connaître  la  vérité  y  quand 
même  la  gloire  de  Lyon  en  pourrait  souffrir  (2).^.  » 


CORRESPONDANCE. 


A  M.***^ ,  UN  DES  RÉDACTEURS  DES  ARCHIVES  DU  RHÔHE. 

Monsieur ,  lorsque  vous  avez  dit ,  en  rendant  compte 
des  Satires  de  tArioste ,  traduites  par  M.  Trélis ,  de 
f  académie  de  Lyon  ,  que  cette  traduction  était  la  pre* 
mière  qui  eût  été  faite  en  notre  langue,  vous  vous  êtes 
trompé  ;  il  en  existait  déjà  une  par  Pierre-Félicien  Le 
Tourneur,  insérée  dans  le  tom.  II  d'un  recueil  d'ou7 
vrages  posthumes  de  ce  fécond  littérateur,  publié  sous  le 


(i^  On  appelle  incunables  les  éditions  du  Xy.^  siècle , 
c'est-à^ire  celles  qui  touchent  au  berceau  de  Pimprîmerie^ 
du  mot  latin  incunabula  ,  berceau.  Voy.  au  surplus  M. 
Peignot ,  dans  son  Dictionnaire  de  bibliologie  ,  tom.  1 5 
pag.  244  et  245.  C.  N.  A. 

(2)  La  note  de  M.  Durand  de  Lançon ,  relative  au  romaa 
de  Mélusine ,  a  ëté  insérée  dans  les  Archives  du  Rh6nt, 
tome  Vi  ,  pag.  148.  B. 


(  3ÎO 
^ître  àe  Jardin  anglais ,  ou  Variélés  lani  originales  que 
traduites^  etc.  Paris,  Leroy,  '788,  a  vol.  in-8.*  La 
traduction  qu*a  faiié  Le  Tourneur  de  ces  saitires  qui  ^ 
selon  vos  expressions ,  nous  offrent  une  peinture  intë-*> 
ressante  et  curieuse  des  mœurs  du  temps  où  elles  furent 
composées,  non  seulement  n  est  point  aussi  ëlëgante  que 
celle  de  M.  Trëlis,  mais  encore  elle  n*est  point  aussi 
fidèle.  Toutes  les  fois  que  le  texte  se  trouvait  obscur , 
Le  Tourneur  a  passe ,  comme  on  le  dit  vulgairement,  à 
pieds  joints ,  sur  la  difficulté,  de  sorte  qu'il  existe  çà  et 
la  des  vers  qui  n*ont  point  ëtë  traduits.  Cest  ainsi ,  par 
exemple  ,  qu'il  a  entièrement  omis  un  passage  de  la  VI.* 
satire  que  vous  avez  cite  dans  votre  article ,  passage  dont 
M.  Trélis  avait  mal  saisi  le  sens ,  et  où  il  s'agit  bien  ëvi-* 
demment,  non  du  blond  Apollon^  mais  du  blond  Aonius. 
Je  ferai  observer,  pour  justifier  ce  sens  ,  que  l'AriosIe, 
dans  cette  même  satire ,  blâme  la  manie  des  poètes  et  des 
écrivains  qui,   à  l'exemple  d'Antoine  délia  Paglia  qui 
prit   le  nom  HAonius  Paléarius ,  défiguraient  le-  nom 
du  saint  qu'on  leur  avait  donné  au  baptême*  Quoi  qu*H 
en  soit,  on  doit  regretter  que  le  travail  de  Le  Tourneu): 
n*aii  pas  été  connu  de  l'académicien  de  Lyon  :  quelque 
&ible%  en  effet,  que  soit  un  premier  essai  en  ce  genre, 
un  nouveau  traducteur  y  trouve  toujours  quelque  chose 
dont  il  peut   faire    son   profil.  J'ajouterai ,  qu'outre  la 
version  des  satires  de  l' Arioste,  le  Jardin  anglais  contient 
encore,  entre  autres  opuscules,  les  traductions  i.^  d'un 
poème  en  cinq  chants ,  dernier  fruit  de  la  vieillesse  de 
l'auteur  du  Roland  furieux ,  précédé  d'une  notice  sur 
les  oeuvres  diverses  de  l'Arioste;  2.®  des  chants  i  et  m 
du    Paradis   perdu  de  Milton  ;  3.*  de   deux  Epttres 
i  O^ide  i  4*^  des  quatre  Épisodes  des  Saisons  de  Thorn* 


(  352  ) 
8pm  ;  etc.  y  etc.  Enfin  ,  )*y  ai  remarque  une  lettre  qu; 
Voltaire  écrivit  à  Le  Tourneur ,  lorsque  ce  dernier  lui 
envoya  sa  traduction  des  Nuits  d*Young.  J'ignore  si 
cette  lettre  se  trouve  dans  quelques-unes  des  éditions 
de  Voltaire  ;  mais  je  suis  bien  persuadé  qu'elle  n'aura 
point  échappé  aux  longues  et  laborieuses  investigations 
de  M.  Beuchot  ,  qui  va  bientAt  nous  donner  une  nou- 
velle édition  des  œuvres  de  ce  fameux  écrivain  ,  qu'il 
enrichira  de  ses  savantes  notes  ,  et  dans  laquelle  il  sépa- 
rera l'ivraie  du  bon  grain.  Pour  la  gloire  de  Le  Tour- 
neur que  le  seigneur  de  Femey  ,  sur  la  fin  de  sa  vie  j 
traitait  de  gilles  et  de  faquin  (i),  je  mettrai  la  lettre  en 
question  sous  les  yeux  de  vos  lecteurs  : 

«  Aa  château  de  Ferney ,  le  7  join  1769. 

»  Vous  avez ,  Monsieur ,  fait  beaucoup  d'honneur  à 
mon  ancien  camarade  Young  ;  il  me  semble  que  le  tra- 
ducteur a  plus  de  goût  que  l'auteur.  Vous  avez  mis 
autant  d'ordre  que  vous  avez'  pu  dans  ce  ramas  de  lieux 
communs  ,  ampoulés  et  obscurs.  Les  sermons  ne  sont 
guères  faits  pour  être  mis  en  vers  ;  il  faut  que  dtaque 
chose  soit  à  sa  place.  Voilà  pourquoi  le  poème  de  la 
Religion  du  petit  Racine ,  qui  vaut  beaucoup  mieux  que 
tous  les  poèmes  d'Young  (2),  n'est  guères  lu;  et  je 

(i)  Lettres  à  d'Alembert  des  10  et  i5  Auguste  1776- 
(2)  Voltaire  n'était  pas  payé  pour  aimer  Yoang  :  ce  poète 
indigné  de  tous  les  sarcasmes  que  l'auteur  de  la  Henriade 
lançait  un  jour  à  table  ,  contre  les  personnages  du  Paradis 
perdu  de  Milton ,  lui  riposta  par  un  distique  anglais  y  dont 
voici  une  imitation  : 

Ton  esprit  j  U- malice  et  ton -corp^  desâëcbié 
Font  yoir  en  toi  Satan  ,  la  Mort  et  le  Pèche'. 


(  555  ) 
croîs  que  tous  les  étrangers  aimeront  mieux  votre  prose 
que-la  poësie  de  cet  anglais,  moitié  prêtre  et  moitié  poMe. 
»  J'ai  rhonneur  d'être  ,  avec  toute  Testime  et  la  re- 
connaissance que  je  vous  dois,  Monsieur,  votre,  etc- 

»  Voltaire.  » 

El  mo.î  aussi ,  Monsieur   Tarchivisle ,  j'ai  Thonneur 
d'être  avec  les  sentimens  les  plus  affectueux ,  votre ,  etc. 

A. 


BIBLIOGRAPHIE. 


,> 


Second  eut  des  ouvrages  entres  à  la  bibliothéqae  publique  de  la 
Tille  de  Lyon ,  depuis  le  iS  mars  1827  (i). 

Alexaivdre*le-ghand  ,  d'après  les  auteurs  orientaux , 
par  G.  A.  M.***,  citoyen  grec,  auteur  de  plusieurs 
ouvrages ,  et  professeur  d'histoire  et  de  littérature 
grecque.  Extrait  de  son  cours  fait  à  Genève ,  en  1828  , 
in-8.^ ,  de  VIII  et  i38  pages. 

Cet  opuscule ,  qui  offre  des  détails  curieux  et  peu  con- 
nus, sur  le  plus  célèbre  des  conqaérans ,  est  de  M.  Mano  , 
qui  en  a  fkit  présent  à  la  bibliothèque. 


(1)  C'est  par  erreur  que  dans  le  premier  état,  insërë  pag.  ii5  et 
Boitantes  de  ce  Tolutne ,  nous  ayons  indiqué  ,  comme  entrés  à  la 
bibliothèque  de  la  yille ,  les  ouvrages  suiyans  :  Antiquités  de  la 
Ifuhiê  ,  par  F.  C.  Gau  ;  Architecture  antique  et  Architecture  mo- 
dem» de  la  Sicile  ,  par  J.  Hittor£f  et  L.  Zanth  ;  Edifices  de  Romt 
moderne  ,  par  L.  IjeUronilly  ;  \Les  Buines  de.Pttstum  1  par  C  M. 


(  356  ) 
il  a  dit  y  pag.   n  ,   que  la  pièce  française  était  en   cfoq 
actes  ,  et  il  a  laissé  dire  à  M.  Gampenon  ,    pag.  12  ,  tans 
relever  cette  méprise  ,  que  le  P.  du  Cerceau  n'a  paùu  eu 
les  moyens  ou  Vart  de  différer  la  scène  de  la  reconnais* 
sance  et  du  pardon ,  qu'il  Va  placée  à  la  fin   du  second 
acte  j   en  sorte  que  les  trois  derniers  actes  renferment  une 
action  nouvelle  qui  a  pour   sujet  la  jalousie  dujrère  de 
VEnfant  prodigue.  £h  bien  ,  cette  action  nonrelle  n'a  point 
été  prolongée  aussi  longuement  que  Ta  dit  M.  Gampenon  ; 
car  elle  est  renfermée  dans  le  troisième  et  dernier  acte  de 
la  pièce ,  soit  dans  le  drame  latin ,  soit  dans  le  fhmçaîa. 
Nous  saisirons  cette  occasion  pour  ajouter  que  l'anecdole 
àe  la  vie  de  Philippe-le-Bon ,  duc  de  Bourgogne  »  gui  a 
fourni  au  P.  du  Cerceau  le  sujet  de  sa  comédie  des  Liconi" 
modités  de  la  grandeur ,  a  été  mise  en  yers  latins  par  le 
P.  Ângelin  Gazé  ,  pag.  122-137  de  ses  Fia  hUana^  Mos- 
siponti  (Pont-à-Mousson) ,   162S,   în-r2. ,    petit    yoloiDe 
extrêmement  rare  9  que  possède  la  bibliothèque  de  la  ville 
de  Lyon  y  et  dans  lequel  9  entre  autres  histoires  fort  cn- 
rieusesy  on  remarque  celle  de  Conaxa ,  qui  a  fourni  le  tjpe 
de  la  fameuse  comédie  des  Deux  Gendres  ^  de  H.  Etienoe. 


Etablissement  de  charité  destiné  au  soulagement  de 
jeunes  filles  incurables,  rue  de  Tabbaye  d'Ainay^n.^  1, 
à  Lyon.  Lyon  ,  imprim.  de  L.  Perrin,  1827,  in-8.* , 
donné  par  Téditeur  M.  le  docteur  Perrin  ,  médecin  de 
rétablissement. 

L'origine  de  cet  hospice ,  consacré  aux  jeunes  filles  in- 
curables ,  d'une  indigence  constatée  ,  remonte  à  Tannée 
1820.  Des  dames  ,  animées  du  désir  d'être  utiles  aux 
malheureux  ,  se  sont  consacrées  à  son  administration.  La 
nécessité  de  donner  de  l'extension  et  .de  la  stabilité  à  cette 
bonne  œuvre  ,  a  engagé  à  faire  un  nouvel  appel  è  la  cha- 
rité inépuisable  des  Lyonnais.  On  peut  souscrire  clies 
ItfM.  Casali ,  Decomberousse ,  Dugueyt  et  Yien^ot^  notaires 


(  337  ) 
à  Lyon ^  chez  M.  Antonin  Rîeassec^   négociant,  port  St. 
€lair  ;  chez  Mad.  Laurent ,  rue  du  Përat  ^  hfttel  de  Malte  | 
et  chez  M.U^  Perrîn  ,  rue  Belle  Gordière ,  n.®  2  ,  membres 
du  conseil  d'administration. 

Histoire  du  Dauphinë ,  par  le  baron  de  Chapuys-Mor\t- 
layilie.  Paris ,  Âmbroîse  Dupont  et  CM  ;  Lyon  , 
Babeuf ,  1827  »  in-8.** 

•Tom.  I^' ,  donné  par  l'auteur.  Les  ëloges  qu'a  reçus  ce 
premier  Tolume ,  engageront  sans  doute  l'historien  d'une 
proTÎnce  qui  a  été  si  féconde  en  grands  événemens  y  à  faire 
liteiit6t  îoair  le  public  de  la  suite  de  son  ouvrage. 

Histoire  médicale  des  marais.  *-*  De  l'Epidémie  qui  a 
régné  en  Hollande  et  dans  les  pays  voisins ,  en  1826* 
par  J.  C.  G.  Friche ,  traduit  de  Tallemand  ,  par  J. 
B.  Monfalcon,  D.  M.  P.  Paris  ,  1828  ,  in-8.*  (  Donné 
par  le  traducteur  ). 

Lettre  à  M.  C.  N.  Amanton  ,  sur  l'ancienne  cité 
d*Ates ,  par  M.  Boudot.  Dijon ,  1 828 ,  in-8.^,  de  14  pag. 

Une  note  qui  occupe  la  dernière  page ,  contient  quel- 
ques remarques  dont  M.  Amanton,  a  enrichi  cette  intéres- 
sante lettre. 

Lettres  xygni^àises  ,  ou  correspondance  sur  divers 
points  d*hisloLre  et  de  littérature  ,  par  M.  C.  B.  D.  L. 
(  Claude  Breghot  du  Lut)  9  des  académies  de  Lyon  et 
de  Dijon.  Lyon ,  imprim.  de  J.  M.  Barret ,  1826 , 
în-8.*  (  Donné  par  l'auteur  ). 

Ces  lettres  sont  extraites  des  quatre  premiers  volumes  dea 
Archives  du  RhSne  9  et  roulent  sur  différèns  sujets  qui 
intéressent  la  localité.  Plusieurs  d'entr^elles  sout  relatives 
à  l'origine  de  l'imprimerie  de  Lyon  ,  qui  paraît  plus  an- 
cienne qu'on   ne  l'avait  cru  jusqu'à   ce  jour.    Celles  de 

Tom€  FUI.  22 


1 


(338  ) 
ces  lettres  qal  ont  été  adressées  à  H.  Breghol  da  Lot* 
sont  de  MM.  François  de  Neuchâteau ,  Gauëra  «  Dngas* 
Montbel ,  Beochot  ^  Amantoui  Seryan  de  Sagnj  et  Pericaud 
aine. 

MiLANGES  biographiques  et  littéraires  pour  servir  à  l'his- 
toire de  Lyon  ,  par  M.***  (  C.  Breghot  du  lut  )  ,  de 
'  l'académie  et  du  cercle  littéraire  de  cette  ville  ,  et  des 
académies  de  Dijon  ,  Mâcon  ,  etc.  Lyon  ,  imprimerie 
ëe  J.  M.  Iterret ,  1 828  ,  în-8.*  de  VI  et  522  pag. ,  tiré 
seulement  à  100  exemplaires.  (Donné  par  Fauteur). 

Nous  mettrons  sous  les  jeux  du  lecteur  l'aTertisseMit 
qui  est  en  tête  de  ce  volume. 

n  Les  notices ,  les  traits  dëtachés  ,  les  anecdotes ,  les 
remarques  de  tout  genre  y  qui  composent  ce  recaeil ,  sont 
autant  de  tirés  à  part  des  sept  premiers  tomes  des  Aràd»es 
historiques  et  statistiques  du  dt^artement  du  Rkâne  y  oà 
le  plus  grand  nombre  de  ces  articles  figurent  dans  la  partie 
des  Mélanges,  Quoiqu'ils  se  réfèrent  généralement  à  an 
seal  sa^et  qui  est  l'histoire  littéraire  de  Ljon ,  comme  ce 
sujet  est  fbrtélendu  y  j'ai  pensé'  qoe  leur  réiuii<m  formerait 
un  corps  de  volume  qui  aurait  du  moins  le  mérite  de  la 
variété.  Ce  ne  sont ,  à  la  vérité  y  que  des  matériaux  en- 
tassés péle-méle  ^  mais  j'ai   l'espoir  que  la  plupart  d'ea- 
tr'eux  paraîtront  de  bonne  qualité ,  et  pourront  être  jugét 
dignes  d'être  mis  en  œavre  ,  par  des  mains  plus  habiles  | 
.pour  la  construction  d'un  édifice  complet  et  régulier. 

9»  La  collection  est  enrichie  de  quelques  morceaux  adop- 
tifs ,  dus  à  trois  ou  quatre  de  mes  collaborateurs  ou  de  mes 
confrères  (i).  J'ai  eu  soin  de  les  accompagner  du  nom 
des  auteurs  9  lorsque  cela  m'a  été  permis  y  ou  au  motus 
ée  les  désigner  par  des  Initiales  ou  par  les  mots  J^artides 
comnumiqués.  J'aurais  voulu  pouvoir  multiplier  davantagic 

(1)  Tels  que  feu  M.  l'abbë  Sudan,  feu  M.  Morçl-Yoleinç  |  M. 
Cochard ,  M.  Amanloa  ,   M*  Pericaad  alnë  ,  etc. 


(  359  ) 

ces  empronts  :  le  lîrre  y  avraît  beancoàp  gagii^.  f  el  qu'il 
est  ,  je  Voffre  à  mes  afniîs  eornihe  un  faible  gage  de  mon 
affection  pour  eux ,  et  p  le  recommande  k  leur  inââ)geDce,99 

Notice  sur  C  H.  Morel-Voleîne.  Extrait  du  tpm.  VIH 
des.  Archives  historiques  et  statistiques  du  département 
du  Rhône.  Lyon  »  J.  M.  Barret,  1828  ,  in-^S.'^^  àt 
7  pages. 

Cette  notice ,  signée  C.  B.  D.  £. ,  et  publiée  par  \k  fai« 
mille  de  ]Hf.  Monsl-Voleine  ,  est  de  M.  Bregbot  du  Lat^ 

Ch/rinmnmfKs   dé  Démdsthène^  a^ec  des  somfmaires 
français ,  revues  et  corrigées  par  M.  G.  Duplessis 
inspecteur  de  Pacadétoie  de  Caen  (aujourdliui  recteur 

■ 

de  l'académie  de  Lyon).  Traduction  (par  Âthanase 
Auger  ).  Paris  ,  Maire-Nyon  ,   1828,  in- 12. 

Cette  édition  a  été  -pnlAïée  sans  TaveMi  de  M.  Duplessts  y 
qui  n'avait  point  Tintentioii  de  joindre  au  texte  grec  une 
traduction  anssi  faible  que  ceUe  d'Aoger.  U  avilit  seule- 
ment autorisé  le  libraire  à  publier  le  texte  grec  des  trois 
Olynthiennes  ,  avec  des  sommaires  français* ,  revu  et  cor- 
rigé par  lui  ;  mais  le  libraire  a  cru  devoir ,  dans  son  inté- 
rêt ,  faire  deux  tirages  ^  l'un  tout  grec ,  l'autre  avec  une 
traduction  tombée  dans  le  domaine  public. 

Poésies  lyriques  d'Horace ,  traduction  nouvelle ,  ac-* 
compagnie  d'études  analytiques  et  du  texte  coUationné 
sur  les  meilleures  éditions  critiques  ^  et  sur  un  ma- 
nuscrit de  l'onzième  siècle ,  non  encore  consulté  ;  ptar 
J.  F*  Stiévenart ,  ancien  élève  de  Técole  normale , 
professeur  de  rhétorique  au  collège  royal  de  Strasbourg. 
Paris  ,  librairie  classique  de  L.  Hachette  (Lyon^ 
Laurent ,  libraire ,  place  St-Pierre  )  ,  1828  ,  ifi-8.  , 
de  XXXII  et  479  pages.  (Donné  par  M.  Stiévenart, 
pendant  son  séjour  à  Lyon  ,  en  septembre  18.28  }. 


(  34o  ) 

•Ce  noaveau  tratail  sur  un  poète  qui  a  ëtë  le  svjet  ié 
mille  et  an  commentaires ,  offre  un  grand  întërà.  C'est 
l'ouvrage  d'un  homme  de  goût.  Chacune  des  odes  d'Horace 
y  est  traduite  avec  élégance  et  fidëlilé  ,  et  accomfa|iiée 
de  notes  et  d'observations  ,  sous  le  titre  modeste  d'étudts^ 
oii  Ton  trouve  d'heureux  rapprochemens  entre  le  Ijiiqw 
latin ,  ses  devanciers  et  ses  imitateurs.  Il  &ut  espérer 
qu'encourdgd  par  le  succès  flatteur  qu'a  obtenu  ce  premier 
essai  ,  M.  Stie'venart  Je  coi^plétera,  en  noua  faisant  bien- 
tôt jouir  du  fruit  de  ses  savantes  veilles  y  sur  les  satires 
et  les  ^pitres  de  l'ami  de  Mëcène. 

On  assure  que  M.  Stiëvenart  est  un  des  collabonteon 
du  nouveau  Cicëron  latin-français  que  va  publier  M.  Paoc- 
koukcy  sous  la   direction  de  M.   GhampoUion-Figeac ,  et 
que    sa  traduction  des  Devoirs    est  en   ce  moment  sous 
presse. 

*  Pasuves  de  la  juste  et  légale  cëlébration  de  la  fête  de 
Pâques  dans  TEglîse  romaine  »  le  dimanche  3  avril 
1825 ,  conformément  au  décret  du  concile  de  Nicée, 
nonobstant  la  coïncidence  de  la  Pâque  des  Juifs  atec 
celle  des  Chrétiens  au  même  jour  ,  en  réponse  i 
quelques  journaux  des  Pays-Bas  ;  par  Tabbé  Halma. 
Paris  ,  J.  M.  Eberhart ,  i825 ,  in- 4.^  —  SuppiixiKT 
contenant  Règle  pour  la  table  pascale  ,  par  le  moine 
Isaac  Ârgyre  ,  de  Constantinople  ,  précédée  d'un  frag* 
ment  du  discours  d'Apolinaire  9  évêque  d'Hiérapolb 
en  Syrie  ,  traduits ,  pour  la  première  fois  ,  du  grec 
en  français  (avec  le  texte  en  regard),  pour  dëmon^ 
trer  par  les  efforts  inutiles  ,  dénués  du  secours  de  l'as- 
tronomie ,  la  nécessité  du  calcul  astronomique  dans  la 
recherche  du  jour  légal  de  la  fête  de  Pâques  ;  par 
M,  Tabbé  Halma.  Paris,  J.  M.  Eberhart,  i825,  ia-4-* 


(  341  ) 
QcTSSTioNS  de  littërature  légale.  Du  plagiat ,  de  la  sup»- 
position  d'auteurs  ,  des  supercheries  qui  ont  rappori 
aux  libres  ;  par  Charles  Nodier  ,  2.^  édition.  Paris  ^ 
1 828  ,  in-8.^ 

D'importantes  additions  ont  été  faîtes  à  cette  nonrelle 
édition  :  toutefois  l'auteur  est  bien  loin  d'avoir  épuisé  la 
matière* 

Strppi«£BiBiiT  à  la  dernière  édition  du  Théâtre  des  Grecs , 
ou  Lettres  critiques  d*un  professeur  de  l'université 
sur  la  traduction  des  fragmens  de  Ménandre  et  de 
Philémon  ,  par  M.  Raoul  Rochette....  Paris  ,  Robéeet 
Hingray  ,    1828  ,   in-8.^  ,  de  xviet  io3  pages. 

'  On  attribue  cet  opuscule  2i  M.  Letronne ,  aidé  ,  dit-on  y 
par  M.  Boissonad'e. 

TàbIeaux  historiques  de  la  vaccine ,  pratiquée  h  Lyon  , 
depuis  le  i3  germinal  de  Tan  X^  jusqu^au  3i  dé-* 
cembre  de  Tan  1809  î  P^^  P.  Brion  et  F.  Ph.  Bellay , 
docteurs  en  médecine.  Lyon ,  Balianche  père  et  fils  , 
août  1810,  in-8.^,  de  56  pag.  (Donné  par  M.  Bifion  > 
un  dés  auteurs). 

M.  Brion  avait  déjà  enrichi  la  bibliothèque  de  la  collec- 
tion d'an  journal  médical  qu'il  a  publié  avec  M.  Bellay^ 
soos  le  titre  ê^ Hygiène  ou  Conservateur  deja  santé  ^  for^ 
maiit  5  vol.  în-8.^  Le  premier  n.^  de  ce  journal^  quf 
paraissait  trois  fois  par  mots  ,  est  du  10  veiitose  an  YII  p 
et  le  dernier ,  du  3o  pluviôse  an  XII.  . .    . 


:  r 


(  34»  ) 


STATISTIQUE. 


I^PPQRT  à  l'académie  royale  df  s  sciences  ,  belles-lettres  et  arts  de 
de  Lyon /sur  le  concours  de  statistique ,  par  une  commission , 
composée  de  MM.  Parât ,  Balbis ,  de  la  Prade  et  Grognier , 
rapporteur. 

;    Messieurs,  9 

S'U  ^t  une  science  dont  îl  soît  difficile  de  mesurer 
rétendue  et  d'assigner  les  limites ,  c'est  celle  qui,  sous  le 
nom  de  statistique  ,  occupe ,  depuis  quelques  années  sur- 
tout,  tant  de   bons  esprits.  Tandis  que  certaines  per- 
sonnes bornent  son  objet  à   l'inventaire  des  richesse^ 
niatërielles  d'un  pays  ou  d'une  contrée ,  d'autres  étendent 
fion  domaine  aux  institutions ,  aux  moeurs:,  à  Tiétat social, 
à  toutes  le$  richesses  intellectuelles  d'un€ï  localité  et  ne 
regiirdent  pas  comme  lui  étant  étrangère ,  la  recherclie 
des  causes  de  ce  qui  existe ,  et  des  mbyens'de  tout  amé- 
liorer.   Us  lui  attribuent  même  le  droit  de  tracer  le 
porlr^it  d^   honiipes  qui  ont  illustré  le  pays  qu'elle 
décrit.  La  cojQuaissfmce  des  chos^es  se  lie  9  en  efietu  à  celle 
dps  savons  et /les  «rtistes  qui  les  ont  créées*  La  fnémfÀît 
des  gnucids  l^ommeé  est ,  d'ailleurs,  dans  une  cité,  le  plus 
noble  patrimoitie  que  puissent  se  transmettre  les  géné- 
rations. ■ 

C'est  en  donnant  toute  cette  latitude  à  une  science, 
dont  l'objet  et  le  but  sont  loin  d'être  rigoureusement 
déterminés ,  que  vous  avez  admis  à  votre  concours  àt 
statistique  ,  un  mémoire  sur  la  médecine  et  les  médecins 
de  Lyon. 


(:  343  ) 

Ea  ouvrant  ce  concours ,  vous  n*avez  pas  crn  pou- 
voir donner  une  plus  utile  destination  aux  fends  d'un 
prix  institue  par  M.  Christin ,  et  rëtabli  par  M.  de  Ruolz. 

Le  sujet  de  ce  prix  avait  été  propose  pour  1826,  en 
ces  termes: 

Une  médaille  d'or  de  3oo  fr.  (sera  dëcemée),  aii 
mfiikur  mémoire  sur  une  partie  quelconque  de  là  sfa-^ 
iisiique  du  dépariemeni  du  Rhône ,  ou  de  la  i^ille  de 
Lyon  en  particulier^ 

L*appel  que  vous  aviez  fait  aux  amis  Maires  des 
choses  utiles  était  resté  deux  ans  sans  réponse.  On  ne 
doit  pas  s'en  étonner ,  quand  on  songe  que  des  recherches 
de  statistique  locale ,  telles  que  vous  les  demandez,  sont 
longues,  difficiles  et  ne  peuvent  être  suivies  que  par 
un  très*petit  nombre  de  personnes.  Ces  considérations 
^us  déterminèrent ,  Tan  dernier ,  à  doubler  le  prix. 

Un  seul  mémoire  vous  est  parvenu  cette  année.  H  a 
pour  titre  :  Essai  sur  f  histoire  de  la  médecine  et  des 
médecins  de  Lyon ,  depuis  la  fondation  de  cette  cille  jus--- 
qu*au  19.*  siècle^  Avec  cette  épigraphe  tirée  de  Bordeu  : 

:  <c  Songez  que  celui  qai  voudrait  bien  traiter  de  l'histoire 
»  de  la  médecine  serait  forcé  d'enti*er  dans  des  détails 
a  pareils  \  ceux  où  je  suis  entré ,  etc.  »  (  Bordeu ,  histoire 
de  la  médecine  j  pag.  492  ). 

Lyon  est  Tune  des  villes  de  l'Europe  qui  ont  v^ 
naître  le  plus  de  médecins  illustres ,  et  Ton  peut  même 
dire  que  dans  le  moment  actuel  ^  où  les  provinces  vont 
s*appauvrissant  au  profit  du  monopole  parisien ,  Lyon 
sous  le  rapport  des  sciences  médicales ,  résiste  ,  avec 
succès,  à  ce  funeste  ascendant. 

Le  premier  médecin  lyonnais ,  dont  l'auteur  du  mé-* 
moire  au  concours  ait  tracé  le  portrait ,  est  Alexandre  y 


(  344  ) 
qui  signala  sa  foi  sous  S.  Pothin ,  et  fut  martyrise  avec 
son  ëvèque.  Vint  eusuite  Abascante ,  disciple  et  ami  de 
Galien.  Long-temps  après  florit  Epidius ,  contemporain 
de  S.  Sacerdos,  à  la  demande  duquel  le  roi  Chiidebert 
bâtit  notre  grand  Hôtel-Dieu.  Bientôt  les  barbares  du 
Nord  achevèrent  de  renverser ,  en  Europe ,  les  sciences 
et  les  arts.  Quelques  débris  en  furent  recueillis  dans  les 
cloitres  ;  c*est  des  cloîtres  que  sortirent  presque  tous  les 
médecins  du  moyen  âge. 

Sur  la  fin  du  i3.®  siècle ,  parut  à  Lyon  le  premier 
médecin  de  son  temps ,  le  fameux  Lanfranc ,  qui  fuyait 
les  sanglantes  querelles  des  Guelfes  et  des  Gibelins.  Il 
passa  dans  nos  murs  la  plus  grande  partie  de  sa  vie. 

Un  siècle  après ,  Guy  de  Ghauliac ,  né  dans  un  cbédf 
village  delà  haute  Auvergne,  vint  s*établir  à  Lyon, ou 
il  composa  des  ouvrages  qui  ont  fait  époque,  et  il  mounii 
à  Avignon  ,  étant  premier  médecin  du  pape  Urbain  V. 
Je  ne  sais  pas  trop  à  quels  titres  Tauteur  a  consacré 
ensuite  un  long  article  au  célèbre  Gerson,  chancelier' 
de  l'université  de  Paris  ,  qui ,  exilé  à  Lyon  par  la  faction 
des  Bourguignons ,  faisait  à  St.  Paul  le  catéchisme  aux 
petits  enfans.  On  lui  a  attribué  le  livre  admirable  de 
limitation  de  Jésus- Christ.  Mais  pour  avoir  dit  quelques' 
mots   de  médecine  dans   ses  ouvrages  ascétiques ,  son 
portrait  devait-il  être  placé  dans  la  galerie  des  médecins 
•lyonnais  ? 

Après  avoir  parlé  de  plusieurs  médecins  de  notre  ville, 
plus  ou  moins  célèbres  ,  Tauteur  arrive  à  Symphorien- 
Champier  qui  fut  cornes  archiairorum ,  c'est-à-dire  plus 
que  premier  médecin  de  Charles  VIII  et  de  Louis  XD. 
Archéologie ,  histoire  naturelle  9  rhétorique  ,  astronomie, 
botanique ,  théologie ,  tout  ce  qui  occupait  les  esprits 


(545) 
au  temps  de  Symphorien  Champier  ëlaîi  familier  à  ce 

mëdedn  ;  et  c*est  ayec  raison  que  Tauteur  le  représente 

comme  l'un  des  hommes  les  plus  remarquables  du  siècle 

de  François  I." 

Rdbelais  fut  le  '  contemporain  de  Symphorien  Cham- 
pier ;  ne  en  Tourraine ,  il  vint ,  après  une  longue  suite 
d'aventures,  s'établir  à  Lyon,  pour  y  exercer  la  médecine. 
II  fut  attaché ,  pendant  plusieurs  années  ,  à  notre  grand 
Hàtel-Dieu  ,  où  il  composa  quelques  graves  ouvrages  de 
médecine  ,  beaucoup  moins  connus  que  le  facétieux 
Pantagruel. 

Jacques  Daléchamp  et  Jean  Bauhin  furent  botanistes 

^      et  médecins  ;  mais  ce  n*est  qu'au  premier  de  ces  titres 

que  leur  nom  est  inscrit  dans  les  annales  des  sciences. 

Suit  une  série  de  médecins  avec  l'indication  des  ou- 
vrages qu'ils  mirent  au  jour,  et  parmi  eux  est  le  fameux 
Nostradamus ,  l'auteur  prophétique  des  Centuries ,  qui 
exerça  long-temps  à  Lyon  l'art  de  guérir.  D'autres  mé- 
decins recommandables  sont  mentionnés  avant  l'infor- 
tuné Michel  Servet ,  qui ,  dit-on ,  eut  sur  Harvey  l'initia- 
tive de  la  découverte  de  la  circulation  du  sang  ,  et  qui , 
au  nom  de  la  tolérance  religieuse ,  fut ,  comme  hérétique,' 
brûlé  à  Genève  par  les  ordres  de  l'hérésiarque  Calvin. 

Un  savant  jésuite  lyonnais ,  le  P.  Fabrî ,  revendiqua , 
à  son  tour ,  la  grande  découverte  communément  attribuée 
à  l'anglais  Harvey. 

Pendant  le  17.*  siècle ,  florirent  à  Lyon  les  deux 
Spon  9  dont  l'un  s'est  acquis  ,  comme  archéologue  ,  un 
nom  immortel. 

A  la  famille  des  Spon  ,  succéda  au  rang  des  habiles 
médecins  de  Lyon  et  de  la  France  ,  la  famille  des  Fal- 
conet  5  ensuite  celle  de  Panthot  j  enfin  celle  de  Jussieu  y 


(  346  ) 
cette  dernière  aydnt  encore  illustre  la  Science  dés  v^êtaux^ 

Dans  le  même  temps,  ou  peu  d'années  ensuite,  flo* 
rirent  à  Lyon  les  Pestalozzi ,  les  Goiffon ,  les  Laurës , 
les  Charmetton ,  les  Grassot ,  les  Fleurant,  et  par-dessus 
tous ,  Claude  Pouteau  ,  l'un  des  premiers  chirurgiens  de 
tous  les  pays  et  de  tous  les  siècles.  Ce  n'est  cependant 
pas  à  Pouteau  que  commence  la  renommée  de  la  cbi- 
turgie  dans  nos  grands  hôpitaux. 

Parmi  les  successeurs  de  Pouteau  ,  le  plus  célèbre  fut 
notre  Marc- Antoine  Petit ,  littérateur  gracieux  ,  comme 
médecin  habile  et  chirurgien  consommé  ;  Dumas  fut  son 
contemporain  et  son  ami ,  Dumas  ,  qui  répara  à  BfoAH 
pellier  la  grande  perte  de  Barthèz. 

L'histoire  de  nos  médecins  finissant  airec  le  1 8.*  sikle  y 
l'auteur  n'a  pu  y  faire  entrer  Vitet,  Rast,  Willermoi, 
Petetin  et  Gilibert ,  pour  lesquels  la  postérité  est  dé}à 
commencée  ;  encore  moins  a-t-il  pu  mentionner,  autre* 
ment  que  par  Tindication  de  leurs  noms,  les  médecins  que 
la  ville  et  l'académie  se  glorifient  de  posséder  au  moment 
actuel. 

De  nos  jours ,  comme  autrefois ,  c'est  parmi  les  mé- 
decins qu'on  compte  la  plupart  des  hommes  qui  ont 
illustré  toutes  les  sciences  physiques  et  naturelles.  Si  un 
grand  nombre  de  médecins  ont  leurs  noms  inscrits  sur 
les  listes  académiques,  c'est  moins  en  général  comme 
exerçant  l'art  de  guérir  ,  que  comme  cultivant  avec  édat 
la  botanique  ou  la  chimie  ,  la  zoologie  ou  la  science  dés 
minéraux  ;  plusieurs  ont  consacré  leurs  veilles  aux  re- 
cherches d*économIe  politique ,  d'autres  aux  méditations 
psycologiques  ,  et  plusieurs  se  sont  élevés  â  un  rang 
dbtingué  parmi  les  littérateurs  et  les  écrivains.  Quoique 
revêtus  de  plusieurs  genres  d'illustration ,  c'est  toujours 


(347  ) 
aux  historiens  de  lamëdecine  à  consacrer  leur  nij^moire  ; 

c*e$t  ce  .qu*a  très-bien  senti  Fauteur  de  Touvrage  au 
concours.  Il  a  caractérisé  convenablemeni  le  botaniste 
Dal^hamp.»  Tarchéologue  Spon,  l'universel  Sympho- 
rien   Cbampier.  Cependant  il  a  développé  avec  prédi-^ 
lectîon  les  articles  de  Lanixanc ,  de  Guy  de  CbauUac 
et  de  Pouteau.  Dans  ces  articles  ,  conune  dans  beaucoup 
d  autres  ,  il  a  fait  preuye  d'une  sage  critique  et  d'une 
saine  érudition.  Son  travail ,  qui  suppose  de  savantes  re«- 
cherches  ^  porte  le  cachet  d'un  médecin  digne  de  ce  nom* 
On  pouri^it  lui  reprocher  quelques  cmiissions,  panoi 
lesquelles  je  serais  tenté  de;  signaler  celle  de  Bourgelat^ 
qui  ne  songea  à   fonder  son  institution  quaprès  avoir 
approfondi  toutes  les  sciences  médicales ,  qui  fonda  la 
mëdecine  des  animaux  sur  les  doctrines  hippocratiques^ 
Aoni  le  nom  fut  inscrit  sur  la  liste  de  l'académie  des 
sciences  de  Paris  et  de  Berlin.  Certes,  le  portrait  du 
fondateur  des  écoles  Vétérinaires  méritait  une  place  dans 
la  galerie  de  l'auteur ,  k  pjus  juste  titre  que  le  chan- 
celier Gerson. 

On  pourrait  lui  reprocher  encore' de  n'avoir  pas  assez 
5oigné  la  partie  bibliographique  qui ,  tout  autant  que 
la  biographie ,  faisait  partie  de  son  travail  ;  mais  un 
reproche  plus  grave  qu'il  a  encouru ,  c'est  de  n'avoir 
pas  rempli  la  totalité  du  titre  donné  à  son  piémoire.  Il 
annonce ,  en  effet ,  l'histoire  de  la  médecine  de  Lyon  avec 
œjle  des  médecins  lyonnais  et  de  leurs  ouvrages  y  et  il 
ne  dit  presque  rien  des  épidémies  qui  ont  ravivé  notre 
ville ,  depuis  le  mal  des  ardens  jusqu'à  la  fièvre  typhoïde 
.qui  y  de  nos  jours  9  s'est  exhalée  des  marais  Perrache , 
et  il  ne.  trace  pas  l'historique  de  nos  établissemens  sani- 
taires depuis  les  léproseries  jusqu'à  l'hospice  de  l'Anti- 


(  348  •) 
quaille ,  et  il  ne  montre  pas  l'influence  des  lumières  et 
du  perfectionnement  de  la  civilisation  sur  la  santé  pu- 
blique dans  nos  murs. 

Ces  omissions  et  ces  lacunes ,  et  d'autres  imperfedions 
échappées  à  la  rapidité  du  travail ,  n'ont  pas  permis  à 
votre  commission  de  vous  proposer  d'accorder  à  l'auteur 
de  l'Essai  sur  l'histoire  de  la  médecine  et  des  médecins 
de  Lyon  ,  le  prix  de  six  cents  francs ,  que  vous  aviez 
proposé  ,  mais  elle  a  regardé  cet  ouvrage  comme  très- 
digne  d'une  honorable  récompense  ;  elle  a  l'honneur 
de  vous  proposer  de  lui  accorder  une  médaille  de  trois 
cents  francs,  et  de  maintenir  le  concours  de  statistique  (i}* 


CORRESPONDANCE. 

A  M.  B."^^,  UN  DES  RISd ACTEURS  DIS  ARCHIVES  DU  RHoKE. 

Lton,  i8  septembre  i8a8. 

Monsieur , 

Vous  savez ,  Monsieur ,  qu'Horace  est  un  de  mes  au- 
teurs favoris  :  aussi ,  dès  que  j'ai  appris  qu'il  venait  de 
paraître  à  Lyon  une  nouvelle  traduction  en  vers  de  son 
Art  poétique^  par  feu  M.  Poupar  ,  de  l'académie  de  cette 
ville  (2),  je  me  suis  hâté  d'en  faire  emplette  pour  la  join- 

*        Il  ■  ■!■  ■ 

(i)  Ces  conclusions  ont  été  approai^ées  par  Tacadémiey 
et  l'auteur  ,•  a  qui  la  médaille  a  été  décernée  ,  est  M.  le 
docteur  Imbert ,  de  Lyon. 

(2)  Cette  traduction ,  précédée  de  Téloge  de  Tauteur,  ptf 
H.  Damas,  forme  un  voU  in*8.^de  xxiii  et  44  P^S*  «  V^  ^^ 
des  presses  de  M.  Rossary,  et  se  vend  à  Lyon,  chez  M.  Ri* 
voire ,  libraire  |  petite  rue  Mercière  ,  n.^  1 1  :  Prix  a  & 


(  S49  > 
dre  à  ^es  ainëes  ;  mais  quel  a  été  mon  ëtonnement ,  en  li- 
sant cette  production  d*un  littérateur  qui ,  de  son  vivant , 
je  crois ,  ne  fit  jamais  gëmir  la  presse ,  d'y  retrouver  à 
diaque  insta'nt  des  vers  qui  ne  m'étaient  pas  inconnus  ! 
Ou  je  me  tromperais  fort ,  me  disais-je ,  ou  cette  tra- 
duction ,  presque  partout  élégante  et  fidèle ,  a  déjà  vu  le 
jour.  Afin  d*éclaircir  mes  doutes ,  j'interrogeai  quelques- 
uns  des  devanciers  de  M.  Poupar,  et  le  comparant  avec 
eux  ,  je  ne  vis  d'abord  aucune  conformité  entre  sa 
traduction  et  les  essais  de  Prépetit  de  Grammont ,  de 
Lefebvre-Laroche ,  de  Chénîer ,  de  MM.  Daru  et  Le- 
brun 9  etc. ,  etc.  Mais  à  peine  eus-je  ouvert  la  traduction 
publiée  par  M.  le  marquis  de  Sy,  Londres ,  1816^  in-8.% 
que  je  reconnus  soudain  qu*il  y  avait  entr'elle  et  celle 
de  M.  Poupar  identité  parfaite  »  sauf  cependant  une 
trentaine  de  vers  qui  offreot  des  variantes,  grâces  aux- 
quelles la  traduction  mise  au  jour  par  M.  de  Sy  l'em- 
porte, en  quelques  endroits  et  principalement  au  début 
du  poème  ,  sur  la  version  qui  parait  aujourd'hui  sous  le 
nom  de  M.  Poupar. 

.  Il  se  présente  donc,  comme  on  le  voit,  un  problème 
littéraire  qui  me  semble  assez  difficile  à  résoudre:  Lequel» 
de  M.  Poupar  ou  de  M.  de  Sy ,  est  Tauteur  de  la  tra- 
duction dont  je  viens  de  parler ,  et  dont  il  existe  main- 
tenant deux  éditions ,  également  remarquables  par  leur 
luxe  typographique. 

M.  de  Sy  nous  avertit ,  dans  sa  préface ,  que  c'est  pen- 
dant un  séjour  assez  long  qu'il  a  fait  à  Londres  ,  dans 
l'émigration,  que  Tabbé  Delille  l'engagea  à  traduire  VArt 
poétique ,  et  qu'il  doit  à  ce  dernier  ces  deux  vers  qui  ren- 
dent si  bien  le  Nec  deus  iniersii  nisi  dignus  çindic^  nodus  :  , 


(  350  y 

Et  que  riatrlgue  enfin  où  Totre  esprit  se  joae  9 
S*offre  digne  cï^un  dieu  j  lorsqu'un  dieu  la  dénoue. 

Après  avoir  parlé  de  1  origine  de  son  travail ,  AL  de 
Sy  ajoute  :  <c  Sept  ou  huit  traductions  se  ^soat  ^naë  le 
»  mot  pour  paraître  depuis,  mais  plusieurs  personnes i 
»  Londres  (qu*il  me  soit  permis  d*en  prendre  ade  iâ) 
»  savent  que  la  mienne  était  achevée  en  1 800.  » 

Suivant  Tauteur  de  la  notice  sur  M»  Poupsur  y  ce  fut 
également  à  Londres ,  pendant  Témigration,  que  l*iUastre 
académicien  mit  en  vers  VArt  poétique  ,  et,  s*il  faut  en 
croire  le  panégyriste  ^.  Delille  lui-méaave ,  venant  au  st^ 
cours  du  traducteur  dans  Tembarras ,  lui  aurait  feami 
ces  deux  vers  qui  oiTrent  une  image  si  fidèle  du  blin  : 

Sut  deux  pieds ,  dont  un  long,  que  précède  an  plus  cooH, 
D'un  pas  vif  et  léger ,  le  prompt  ïambe  court. 

Il  résuîte  encore  d*une  note  placée  au  verso  du  der- 
nier feuillet  de  la»  traduction  publiée  à  Lyon  ,  note  qui 
est  précédée  d'une  huitaine  de  variantes,  i.*  que  le  ma- 
nuscrit sur  lequel  cette  traduction  a  été  imprimée ,  a 
pour  titre  :  Art  poétique  iT Horace ,  traduit  en  vers  par 
M.  •*•  (Poupar,  inspecteur  de  Tacadémie  de  Lyon  et 
professeur  de  langue  grecque  ) ,  Latanne  scripsit^  1801 1 
(sic  )  ;  2.®  que  cette  date  est  surchargée ,  et  qu'il  y  avait 
primitivement  1 800  ;  3.^  que  les  mots  placés  entre  la 
deux  premières  parenthèses  sont  de  l'écriture  de  M.  Poupar, 
mais  que  la  dernière  variante  de  quatre  vers ,  ainsi  qne 
celle  du  vers  3  de  la  page  4  9  ^nt  de  l'écriture  de 
M.  Lalanne  ,  copiste  du  manuscrit. 

Il  s'est  écoulé ,  comme  on  à  dû  le  remarquer ,  un 
intervalle  de  treize  années  entre  la  publication  de  Lon- 
dres et  celle  de  Lyon  :  que  s'est-il  passé  pendant  cet 
intervalle  ? 


(  35i  ) 
La  traduction  donnée  par  M.  de  Sy,  en  1816 ,  a  éii 
annoncëe,  à  cette  époque,  dans  plusieurs  journaux  anglais 
et  français  ;  elle  a  été  mentionnée  par  M.  Daru  dans  la 
préface  de  la  cinquième  édition  de  son  Horace ,  Paris  , 
1818  ;  plus  tard,  M.  Mahul  Ta  comprise  dans  la  liste 
qu'il  a  donnée  des  productions  de  M.  de  Sy ,  page  oqS 
de  son  Annuaire  nécrologique^  année  i8ai  ;  enfin  ^  le 
savant  M.  Beuchot ,  auquel  rien  de  ce  qui  appartient  k 
la  bîbUogniphie  ne  saurait  échapper  ,  Ta  enregistrée  , 
comme  étant  l'ouvrage  de  M.  de  Sy  ,  dans  son  Journal 
de  la  librairie  du  6  juillet  1S22;  et  M«  Beuchot,  de 
même  que  M.  Mahul ,  n'a  point  manqué  de  citer  les  deu:s 
¥ers  que  M^  de  Sy  devait  à  Tabbé  DeKlle. 

Ce  n'est  pas  tout  :  un  long  fragment  de  la  traduc^ 
tion  donné  comme  de  M.  de  Sy  se  trouve  cité  dans 
le  commentaire  de  M.  de  Saint-Surin  sur  VAripoélique 
de  Boîleau  ;  et  le  nom  de  M.  de  Sy  figure  encore  en 
deux  autres  endroits  du  commentaire  de  M.  de  Sainl^ 
Surin  dont  le  Boileau  a  été  publié  six  années  avant  la 
mort  de  M.  Poupar. 

On  se  demande  maintenant  si ,  malgré  toute  la  publicité 
qu'a  eue  l'édition  donnée  par  M.  de.Sy,  d'une  wrsîoa 
de  VAri poétique  d'Horace^  l'académicien  de  Lyon  a  pu 
ignorer  .l'existence  de  cette  traduction  dont  les  exem-** 
plaires  se  débitaient  simultanément  i  Paris  et  à  Londres? 
Quant  à  mot  %  Monsieur,  je  ne  puis  m'empécher  de  tenir 
pour  certain  que  M  Poupar  a  été  dans  une  ignorance 
complète  de  tout  ce  qui  a  précédé ,  accompagné  et  suivi 
la  publication  faite  par  le  marquis  de  Sy.  Et,  en  effet , 
si  le  bruit  en  était  Tenu  jusqu'à  son  oreille,  aursât-il  hésilé 
à  revendiquer  sa  propriété ,  et  n'aurait-il  pas  poussé  le» 
hauts  cris  en  apprenant  qu'on  l'avait  si  injustement  dé;^ 


(  332  ) 

pôulltë/'  c^edt  ëté  un  spectacle  curieux  de  voir  aux  prises 
deux  pères  d'un  même  fils ,  et  îl  eût  fallu  sans  doute 
un  nouveau  Salomon  pour  terminer  un  semblable  débat. 

Quel  est  donc  le  yëritable  père?  Je  Tignore ,  Monsiear. 
Toutefois  il  me  semble  entendre  le  marquis  de  Sy  dire 
à  M.  Poupar  : 

«  La  traduction  qui  parait  aujourd'hui  sous  votre  nom, 
a>  est  de  moi  ;  elle  est  mienne  et  non  vôtre  ;  la  copie  que 
»  vous  en  avez  rapportée  de  Londres ,  a  étë  faite  sur  mou 
»  manuscrit.  Six  mots  seulement ,  avec  lesquels  vous  avez 
»  gâte  six  de  mes  vers ,  forment  toute  la  part  que  vous 
»  pouvez  avoir  dans  mon  travail  :  reprenez  vos  six  moiSj 
3>  je  n'en  veux  point  ;  jamais  on  ne  m'a  vu  vivre  aux 
»  dépens  d'autrui.  La  place  que  vous  aviez  prise  dans 
»  une  savante  compagnie ,  en  lui  présentant ,  pour  y  être 
»  admis  ,  une  œuvre  qui  n'était  pas  de  vous ,  m'appar* 
y>  tenait  tout  entière ,  et  vous  ne  deviez  qu'à  celle 
»  supposition  le  fauteuil  où  l'on  vous  a  vu  siéger  pen- 
»  dant  les  trois  derniers  lustres  de  votre  vie.  Mais ,  je 
»  vous  en  prie ,  montrez-nous ,  Monsieur  l'académicien, 
»  les  vers  que  vous  avez  faits ,  soit  avant ,  soit  depuis 
»  votre  émigration.  Pour  moi ,  j'ai  débuté  fort  jeune 
»  dans  la  carrière  poétique.  Dès  1782,  j'ai  publié, sous 
»  le  nom  du  baron  de  Stonne,  que  je  portais  alors  au 
»  régiment,  des  Mélanges  de  poésies  qui  sont  nen- 
n  tionnés  deux  fois  dans  le  Manuel  du  libraire  (  tom.  III, 
»  page  270,  et  tome  IV,  page  216,  édition  de  1814  )  ; 
»  j'ai  publié,  en  18x1 ,  une  traduction  en  vers  de  la 
»  chute  de  Rufin ,  poëme  de  Claudien ,  réimprimé  en 
»  18 16,  à  la  suite  de  ma  traduction  de  Y  Art  poéiigue; 
»  cette  même  année  18 16,  j'ai  encore  publié  VEpifha- 
)^  lame  d'Honorius  et  de  Marie ,  autre  poëme  de  Clau- 


(353) 
9  i]ien ,  paiement  traduit  par  moi  en  vers  fi-ançais. 
»  Pour  que  Ton  puisse  décider  qui  de.* vous  ou  de. mol 
»  est  le  plagiaire,  )e  vous  offre  des  pièces  de  comparaison 
»  dont  personne  ne  s'avisera  de  me  contester  la  pro* 
»  priëtë.  Hâtez-vous  de  produire  les  vôtres.  » 

Cette  interpellation  est  un  peu  pressante,  et  je  ne 
sais  trop  quelle  réponse  aurait  pu  y  faire  M.  Poupar. 
Les  nombreux  amis  qu*il  avait  dans  le  monde,  pourront 
peut-être  nous  en  instruire  et  justifier  sa  mémoire. 
Vous-même ,  Monsieur  ^  qui  fûtes  son  collègue  et  qui 
avez  vécu  dans  son  intimité ,  vous  êtes  sans  doute  à 
même,  mieux  que  personne,  de  pouvoir  résoudre  ce 
problème  et  de  rendre  ainsi  à  César  ce  qui  est  à  César* 
En  attendant ,  veuillez  agréer ,  etc. 

LAUNOY. 


REPONSE* 

m 

Ah  !  ÈÏ  sur  le  Parnasse  on  pendait  les  Toleurs , 
Qae  l'on  terrait  en  Tair  de  squelettes  d'auteurs  (t)  \ 

Tout  en  ayant  Tair  de  me  soumettre  le  problême  lit- 
téraire qui  est  le  sujet  de  votre  épitre ,  vous  Tavez  ré- 
solu vous-même ,  Monsieur  ,  d*une  manière  qui  semble 
rendre  inutile  tout  examen  ultérieur*  Que  répondre  ^ 
en  effet ,  au  discours  que  vous  prêtez  à  M.  de  Sy  ,  re- 
vendiquant une  propriété  dont  il  a  joui  s!  long-temps , 
publiquement  et  sans  contradiction ,  tandis  que  son  ad- 
versaire n'a  eu  qu'une  possession  momentanée  ,  précaire 

(i)  Lettre  en  vers  à  M.  le  due  de  Montausier,  à  la  tête 
des  Discours  satyriques  et  moraux  (  par  L.  Petit  ) ,  Rouen 
et  Paris  j^  1686,  in-i^* 

Tome  FUI.  ;i4 


(  354  ) 
et  clandestine  ?  Qu*oppaser  aux  titres  et  aux  pièces  de 
comparaison  que  vous  cites^?  Comment  enfin  «xpHqiier 
le  silence  gardé  pendant  douze  ans  par  -M.  Poupar  qui 
Aurait  souffert  qu'un  ouvrage  de  sa  composition  fût 
imprimé^  annoncé,  cite  sous  le  nom  d*un  autre ^  sans 
élever  la  moindre  réclamation  ?  Ceux  qui  ont  connu 
M.  Poupar ,  ne  supposeront  jamais  quMl  ait  pu  exister 
en  lui  une  telle  modestie  ,  qu'il  ait  pu  tomber  un  însr- 
tant  dans  une  telle  abnégation  de  lui-même.  Concluons 
donc  sans  hésiter  qu'il  faut  l'ajouter  à  la  4iste  si  nom*- 
breuse  des  plagiaires,  et  que  cetàk  un  nouveau  geai  pii 
des  plumes. du  paon. 

A  toutes  les  raisons  que  vous  avez  données  de  cette 
vérité  de  fait,  et  qui  n'en  sont  pas  moins  péremptoires, 
quoique  vous  les  exposiez  d'un  ton  dubitatif,  il  n'y 
aurait  qu'une  seule,  objection  qu'on  pût  tenter  en  faveur 
de  l'académicien  lyonnab.  Comment  est-il  arrivé ,  pour- 
rait-on dire  ,  s'il  est  réellement  coupable  du  délit 
dont  on  l'accuse,  qu'aussitôt  qu'il  a  eu  appris  la  publia 
cation  faite  par  M.  de  Sy  à  Londres ,  en  1816 ,  il  ne  se 
soit  pas  empressé  de  retirer  du  porte-leuille  de  l'académie 
la  copie  revêtue  de  son  propre  nom  qu'il  y  avait  déposée, 
et  de  détruire  ainsi  ou  du  moins  de  faire  disparaître  la 
trace  de  son  plagiat  dont  il  avait  recueilli  tout  le  profit 
qu'il  pouvait  en  attendre  ,  puisqu'à  Taide  de  .sa  fraude  il 
avait  usurpé  et  occupait  paisiblement  le  fauteuil  acadé- 
mique? La  réponse  serait  facile  :  M.  Poupar  ne  s'alten- 
dàit  pas  à  mourir  si  tôt  ;  il  croyait  avoir  le  temps  de 
reprendre  son  manuscrit  dans  les  cartons  de  l'académie, 
et  il  pensait  que  de  son  vivant  personne .  n'irait  l'y 
chercher.  C'est  cette  imprudente  sécurité  qui  est  devenue 
si  fatale  à.  sa  mémoire. 


(  555  ) 
•  Quoique  VArtpoiiique  ^  traduit  par  M.  de  Sy ,  fût  publ i,^ 
par  la  voie del^impression  et  annonce  dans  les  journaux, 
ce  n*était  pas  un  ouvrage  assez  familier  à  tous  leà 
lecteurs'  pour  que  le  premier  venu  pût  reconnaître  que 
le  manuscrit  de  M:  Poupar  n'en  était  qu'une  copie.  Il 
était  donc  difficile,  que ,  même  éïi  le  trouvant  dans  les 
archives  de  la  compagnie ,  même  en  le  lisant ,  on  se 
doatât  de  la  supercherie.  M.  Poupar  comptait  là-dessus'; 
et  il  avait  tellement  raison  d'y  compter  que  depuis  l'on 
a  vu  M.  le  secrétaire  perpétuel  de  l'académie  examiner 
l'opuscule  comme  le  principal  titre  que  son  prétendu 
auteur  avait  au  souvenir  de  la  postérité ,  ne  point  se 
douter  du  dol ,  et  citer,  au  contraire,  de  longues  tirades  du 
poëme  çpmme  d'un  ouvrage  tout  à  fait  àuihentique.  Les 
liéritiers  de  M.  Poupar  ne  se  sont  pas  mieux  aperçu  de 
ce  larcin  ;' ils  ont  publié,  sans  le  savoir,  une  séconiïe 
édition  du  travail  de  M.  de  Sy ,  përsiiadés ,  hélas  !  bien 
mal  à  propos,-  qu'ils  eivrichissâïefit  la  littérature  d'une 
production  inédite ,  et  qu'ih  élevâieht  par-là  un  monu- 
ment glorieux  ef  durable  à  la  mémoire  de  leur  parent. 

C'est  à  vous f  Monsieur,  qu'il  appartenait  de  rendre  à 
César  ce  qui  est  à  César,  de  dévoiler  une  insigne  four- 
berie ,  et  d'empêcher  que  M.  Poupar  île  trompât  le  pu- 
blic après  sa  mort ,  aussi  long- temps  qu'il  l'a  trompé 
pendant  sa  vie. 

Je  ^ois  vous  dire  cependant  que  Terreur  n'a  pas  été 
universelle.  Il  est  certain  que  la  vérité  n'était  pas  bien  con* 
nue ,  tnais  au  moins  elle  avait  été  entrevue  et  soupçonnée* 
Plusieurs  personnes  se  rappellent  que  M.  Bérenger  qui 
avak  été  membre  de  la  commission  chargée  d'examiner 
les  droits  de  M.  Poupar  à  la  place  d'académicien  ,  léut 
a  dit  souvent  à  l'oreille  que  ce  dernier  n'était  pas  l'au-* 


<  356  ) 
teur  du  poëme  en  question  ,  et  qu*il  en  avait  la  preuve. 
D'autres  élevaient  aussi  des  doutes  sur  ce  point:  ils  di- 
saient que  M.  Poupar  n  avait  jamais  été  assez  fort  lati- 
niste ,  qu*il  était  trop  paresseux  ^  et  qu'enfin  il  n  atait 
pas  assez  de  talent  pour  faire  une  bonne  traduction 
d*Horace  ;  qu'ils  ne  se  laissaient  point  imposer  par  le 
ton  tranchant  du  personnage  ;  qu'ils  connaissaient  sa 
portée ,  et  à  l'appui  de  tout  cela  ils  citaient  quelques 
traits  de  charlatanisme  littéraire  qu'ils  lui  imputaient.  Ce 
1  mgage  pouvait  paraître  suspect  :  on  pouvait  croire  que 
^c'étaient  des  ennemis  qui  le  tenaient  ;  mais  enfin  il  dé- 
montre que  tout  le  monde  ne  partageait  pas  l'opinioa 
que  M.  Poupar  avait  voulu  donner  de  son  habileté, 
et  que  bien  des  gens  se  doutaient  de  sa  ruse. 

Quant  à  moi ,  Monsieur ,  je  n'étais  pas  encore  de  Vaca* 
demie  à  l'époque  où  M.  Poupar  y  prit  place ,  et  je  n*ai 
eu  avec  lui  que  des  relations  bien  passagères.  Lorsque 
j'eus  l'honneur  d'être  Yeçu  dans  cette  société ,  on  me 
parla  avec  éloge  de  la  version  qu'il  avait  faite  de  l'Art 
poétique.  Je  ne  demandai  pas  de  plus  amples  informations, 
et  j'ignorais  absolument  que  cet  opuscule  se  trouvât 
parmi  nos  autres  manuscrits.  Je  ne  l'ai  réellement  connu 
pour  la  première  fois  que  par  l'éloge  historique  que 
M.  Dumas  a  prononcé  dans  une  de  nos  séances  publiques 
de  cette  année ,  et  qui  a  été  imprimé  à  la  tète  du  petit 
volume.  Vous  vous  trompez  donc  ,  lorsque  vous  me 
supposez  dans  le  cas  de  jeter  quelque  lumière  sur  ce  que 
vous  appelez  un  problème  à  résoudre ,  et  lorsque  vous 
me  comptez  au  nombre  de  ceux  qui  ont  suivi  M.  Poupar 
dans  ses  rapports  avec  l'académie  et  qui  ont  vécu  dans 
son  intimité.  Nos  âges  et  surtout  nos  caractères  ne  nous 
rapprochaient  point.  Je  suis  peu  répandu  dans  la  société  > 


(  357  ) 
et  M.  Poupar  Tétait  beaucoup.  Il  aimait  II  diner  en  ville^ 
et  je  suis  domicœna.  Ma  fortune  ne  me  permet  pas  de  tenir 
tabie  ouverte,  et  je  ne  Tinvitais  jamais.il  était  hardi , 
moqueur ,  goguenard  ,  grand  parleur  ;  je  me  renferme , 
au  contraire ,  dans  la  timidité  et  la  modestie  qui  me  con- 
viennent, j'aime  ces  qualités,  même  dans  ceux  qui  auraient 
assez  de  mérite  pour  pouvoir  s*en  passer,  et  j  ai  un  éloi- 
gnement  invincible  pour  les  personnes  qui  déddent,  avec 
autorité,  sur  toutes  les  matières,  qui  tyrannisent  les  con- 
versations ,  qui  se  vantent  à  tout  propos ,  qui  se  cou- 
vrent du  manteau  de  T  insolence  pour  cacher  leur  nul- 
lité,  espèce  de  roués  et  de  matamores  de  salon  que  je 
regarde  comme  des  fléaux.  Ce  n'est  pas  toutefois  que  M. 
Poupar  fût  entièrement  moulé  sur  ce  hideux  patron  ; 
mais  quelques-uns  des  traits  que  je  viens  d'esquisser  étaient 
les  siens.  Vous  sentez,  d'après  tout  cela,  que  nous  n'étions 
pas  nés  sous  la  même  étoile ,  et  qu'il  y  avait  entre  nous 
incompatibilité  d'humeurs.  Je  ne  sais  pas,  permettez-moi 
de  le  dire  en  finissant ,  je  ne  sais  pas  au  juste  qui  vous 
êtes  ,  Monsieur  Launoy ,  et  je  doute  même  que  ce  nom 
d'un  fameux  dénicheur  de  saints  soit  réellement  le  vôtre  ; 
mais  je  soupçonne  en  vous  toutes  les  qualités  opposées  à 
celles  du  personnage  dont  l'un  et  l'autre  nous  nous 
sommes  trop  occupés,  je  désire  vivement  que  vous  quit- 
tiez votre  masque  ,  et  je  ne  serais  point  du  tout  étonné 
4e  voir  qu'il  couvrH  le  visage  d'un  de  mes  anciens  amis. 
Agréez ,  etc. 

P.  5.  On  trouvera  peut-être  un  peu  d'acrimonie  dans 
quelques  passages  de  cette  réponse  \  mais  on  n'y  trouvrra 
point  d'injustice  :  M.  Poapar  n'est  plus,  il  ne  peut  pins  empirer 
ni  s'amender,  la  postérité  est  Tenue  ponr  lui,  il  est  donc 
permis  de  le  juger  avec  franchise  et  sans  nul  ménagement^ 
car,  comme  le  dit  si  bien  Voltaire,  on  doit  des  égards 
aux  vivans ,  on  ne  doit  aux  morts  que  la  vérité. 


(  358  ) 


*■*• 


POÉSIE. 


Le  major-général  martin  (i) ,  poëme  couronne  par  racadëmie  de 
Lyon,  dans  Isa  sëance  du  4  décembre  1828,  par  F.  J.  Rabanis, 
agrégé  pour  les  classes  supérieures  des  lettres  ,  professeur  de  rhéto* 
rique  au  collège  royal  de  Lyon. 

Je  tU^Toque  aojoard'hai ,  Gëaie  în&plratear! 
Viens  ,  soit  que  du  Parnasse  habitant  la  hauteur  ^ 
Ta  ïprëfères  les  lieux  où  t'aperçut  Homère^ 
Soit  que  ,  de  notre  esprit  forme  aetiré  et  légère  ^ 
Tu  n'existes  qu*eit  nous  y  réveillé  tour  à  tour 
Aux  doux  noms  de^  patrie  çt  de  gloire  et  d'amour. 
Viens  donc ,  transporte-moi  sur  ces  plages  lointabes 
Que  de  la  jeune  Aurore  embaument  les  haleines  y 
Fantastique,  séjour  ,  univers  enchanté  , 
Où  sur  un  lit  de  fleurs  règne  la  volupté  ; 

(1)  Claude  Martin  ,  fils  d'un  tonnelier  ,  naquit  à  Lyon  en  janvier 
lySa  ;  il  mourut  à.Lucknow,  dans  le  Bengale  ,  le  i3  septembre  180O1 
avec  le  grade  de  major-général  de  la  compagnie  anglaise  des  Gfaadcs 
Lides.  Son  testament  »  écrit  par  Iniv  fut.  ouvert  le  lendemain, de  m 
mort  :  on  évalue  à  environ,  oi^ae  millions  de  France  .  la  fortune 
qu'il  a  laissée.  Il  a  légué  ,  À  sa  ville  natale  ,  des  sommes  considéra* 
blés  pour  une  institution  publique  qui  portera  le  nom  de  la  MartinUn, 
«t  il  a  confié  à  l'Académie  royale  de  làjon  -  l'exécution  de  œ  legs  ; 
il  a  encore  légué  ia,ooo  fr,  ^e  rentes  qui  doiient  être  coofaerés., 
chaque  année ,  à  la  délivrance  des  prisonniers  lyonnais  pour  dettes. 
Nous  ignorons  pourquoi  cette  délivrance  qui  ,  d'après  son  Icstamait. 
doit  avoir  lieu  le  jour  anniversaire  de  la  mort  de  Glande  Martin  , 
né  se  fait  que  le  3o  septembre  ;  tandis  qu'elle  devrait  se  faire  .le 
1 3  de  ce  mois.  On  trouvera  des  détails  curieux  sur  sa  vie  et  sur  Ks 
institutions  dans  VAlmanach  de  Lyon  pour  l'an  xii ,  dans  la  5to* 
graphie  universelle ,  et  enfin  dans  les  Archives  historiques  et  statU' 
ii^ues  du  département  du  Bkône» 


(  359  ) 
OÙ  les  jeinies  .beautés.  ^  par  leom  dàiises  iMcÎTéa  |      ' 
Rappellent  des  Nababs  les  forces  fugitives  } 
Où  la  terre  opulente  y  au  }iea  des  ëpis  d'or 
Qui  de  nos  frais  vallons  forment  seuls  le  trésor , 
Dans  les  sables  brûlans  voit  lentement  ëelore 
Ces  trésors  souterrains  qne  notre  luxe  implore  ^ 
Vains  et  pompeux  jouets  qu*u9  a|*t  iadu^iriçux . 
En  nuage  invisible  évapore  à  nos  yeux  (i)  , 
Image  des  grandeurs ,  des  dignités  superbes 
Qu'ils  parent  un  moment  de  leurs  brillantes  gerbes* 

Mais  quoi  !  sons  ce  bean  ciel ,  dans  ces  déserts  fleuri» 
Qu'ont  foulé  Pjrthagore^.  Alexandre  et  Geugis  ^  / 

Languit  obscurément  sous  une  ignoble  entrave  {%)   - 


mrm^mi^ 


(t)  On  sait  que  la  première  coûjeclure  raisonnëe  sur  la  nature  du 
diamant ,  a  ^t^'  émise  par  Newton  ,  qui  ,  d'après  les  propri<^të^s  opti-' 
ques  de  ce  corps  ,  n'hésita  pas  à  le  ranger  parmi  les  substances^ 
comhusiihles  ;  dès  1679 ,  Boyls  avait  reconnu  que  le  diamant  est 
attiré  par  la  chaleur. 

Dans  les  expériences  des  académiciens  de  Florence ,  faites  en  1694 
et  répétées  ,  Tannée  suivante  ,  devant  le  grand  duc  de  Toscane ,  des 
diamans  exposés  au  foyer  d'une  forte  lentille  finissaient  par  disparaître. 

i«es  expériences  de  Darceti  Macquer  et  Rouelle ,  en  1771  ,  ren^ 
dirent  probable  la  combustion  du  diamant  y  qui  fut  mise*  hors  de 
dottle  par  Lavoisier  en  177a.  Cet  illustre  chimiste  détermina ,  le 
premier ,  la  nature  du  produit  de  la  combustion  ,  et  reconnut  le  car" 
hone  daas  le  diamant.  ' 

•  Clonet  et  MacVenzie  okit  confirmé  Fidéàtité  chimique  de  ces 
deux -GOips  I  en  préparant  de  F  acier  avec  le  diamant  ;  et  les  re- 
chei^hes  de  MM.  Alen  et  Pepys  en  1807 ,  appuyées  de  celles  de 
M«  H.  Daty  »  à  Florence  et  à  Rome,  en  i8i4»  ne  peuvent  plus  laisser 
de  doute  sur-  ce  fait ,  l'un  des  plus  singuliers  de  la  chimie  ,  si  la 
mot  singulier  p<ut  s'appliquer  aux  phénomènes  de  la  nature. 

'  Note  de   M.  Legrand  ^   professeur  de  science» 
physiques  au  collège  royal  de  tyon* 

(a)  La  puissance  des  Anglais  dans  l'Inde, tournera»  aoas  l'espéraaa  p 
an  profit  de  la  difiliaation  ei  de   rbtuoatoUé  «  mais  on  na  ]»t«(  ê% 


(  36o  ) 
L*Inde ,  reine  jadis  «  anjoard'haî  yile  esclaye... 
Pourtant  ce  ciel  d^azur  qui ,  trompant  les  saisons  ^ 
Donne  à  la  fols  des  fleurs ,  des  fraits  et  des  moissons  y 
Ces  ombrages ,  ces  eaux  ,  ces  rlyes  élégantes  y 
Ces  arbustes  nourris  de  rapenrs  odorantes 
Que  poursuÎTïiIt  Gama  sur  l'Ocëan  dompte  ; 
Elle  n'a  rien  perdu  ,  rien  ,  hors  la  liberté  !... 


diftsimaler  que  le  goavernement  qu'ils  y  ont  établi  n'ait  éié  et  ne  toit 
encore  tyrannique  et  immoral.  Dans  le  fameux  procès  contre  Wairea 
Xlastings ,  ancien  gouTerneur  de  ce  malHeureux  pays  ,  Shéndan  a 
caractérise  ,  d'une  manière  admirable  ,  en  empruntant  les  paroles  de 
M.  Dundas  ,  les  yices  et  les  excès  de  cette  domination  mercantile  : 

«  Je  me   souviens  d'avoir  entendu    un  bonorable    membre  (M. 
Dundas  )    faire  remarquer  qu'il   y  avait  dans  rorgaoiaalion  primi- 
tive de  la   compagnie    des   Indes  ,  quelque   cbose   qui  étendait  les 
principes  sordides   de  son  origine  sur  toutes  ses  opérations  ,  et  qù 
associait  à  sa  politique  et  même  à  ses  plus  audacieux  exploits ,  la 
pitoyable  mesquinerie  du  broc<inteur  et  la  cruelle  rapacité  du  pirate. 
Ainsi  ,  dans  sa  carrière  politico  -militaire  ,  nous  voyons  des  ambas- 
sadeurs mettre  à  l'enchère ,  des  généraux  marchands  ,  une  révolutioD 
amenée  par  des  factures  ,  une  armée  employée  à  exécuter  une  saisie, 
une  ville  assiégée  sur  lettre  d'avis ,  et  un  prince  détrèné  pour  ftire 
la  balance  d'un  compte  :  ainsi  elle  offre  le  spectacle   d'un  gouver- 
nement qui  unit  la  fausse  majesté   d'un  sceptre  sanglant  k  l'ignoble 
chipolerie  du  comptoir ,  tient   un  bâton  de    commandement  d'une 
main  ,    et   vide  un  gousset  de   l'autre.  »  {Mémoires  de  Shéridam 
par  Th,  Moore  ,  traduction  de  M,  Parisoi  ,  pag.  3a6  ,  tom.  Q.  ) 

La  société  académique  de  Calcutta  ,  fondée  par  William  Jones» 
en  1784  I  et  due  à  de  simpVs  particuliers ,  a  déjà  rendu  de  grands 
services  aux  littératures  de  l'Asie  »  et  en  rendra  bientôt  de  plus  grands 
encore  aux  malheureux  habitans  de  ces  contrées  qu'elle  retirera  par 
degrés  de  l'ignorance  et  de  l'abrutissement  où  ils  virent.  Il  est 
consolant  de  voir  que  la  philantropie  individuelle  cherche  à  com- 
penser les  détestables  principes  politiques  de  la  nation  anglaise. 
Jones  et  Wilson,  en  Asie ,  lord  Guilford ,  à  Corfou  ,  ont  donné  de 
beaux  exemples  ,  et  protesté  par  leur  noble  conduite  contre  l'avare 
et  soupçonneuse  ambition  de  leur  patrie  ;  c'est  l'or  que  le  torreiit 
abandonne  avec  son  limon  dans  les  Kenx  qu'il  a  dévastés. 


(  36i  ) 
Terre  d'iUasions,  barmonieux  Bengale, 
Notre  antique  tlysée  a-t-il  rien  qui  t'égale  ? 
Ah  !  pourquoi ,'  comme  lui ,  sous  tes  rians  berceaux  p 
Au  murmure  ëtemel  du  cëphjre  et  des  eaux  -, 
Ne  Tois-tu  donc  errer  que  des  peuples  sans  yie  y 
Hôtes  inanimés  qui  n'ont  plus  de  patrie  ? 

Puisse^  au  moins,  dans  les  rangs  de  tes  heureux  TainquenrS| 
Le  sort  qui  t'asseryit ,  placer  de  nobles  cœurs 
Dont  l'active  pitié  soulage  tes  misères  j 
Et  dans  tes  fils  captifs  reconnaisse  nos  firèrés  ! 

Tel  était  ce  guerrier  que ,  loin  de  nos  climats  y 
La  Toix  de  la  fortune  entraînait  sur  ses  pas  : 
Jeune ,  il  sentit  brûler  cette  flamme  secrète  y 
Ou  génie  ignoré  solitaire  interprète  ; 
D*nn  âge  impétueux  dédaignant  les  plaisirs  y 
Il  marchait  sur  la  foi  de  ses  ragues  désirs  : 
Dans  les  camps  ,  sur  les  flots  y  son  audace  obstinée 
A  travers  les  périls  chercha  sa   destinée  , 
L'atteignit  près  du  Gange;  et  fixé  désormais  y 
De   son  brillant  exil  répandant  les  bienfaits  , 
Comme  un  fleuve  imposant  qui  partage  ses  ondes  y 
De  son  vaste  héritage  il  a'  doté  deux  mondes. 

Toutefois  ,  dans  le   cours  de  sa  prospérité , 
Ville  aux  grands  souvenirs  »  Lyon ,  noble  cité  y 
Séjour  de  son  enfance  et  sa  belle  patrie  y 
Que  tu  plaisais  encore  à  son  âme  attendrie  1 
Qae  de  fois,  de  tes  murs ,  vers  l'occident  lointain  y 
Ses  regards  attristés  ont  suivi  le  chemin  ! 
Que  de  fois  du  sommeil  une  heureuse  imposture 
Lui  rendît  tes  coteaux  et  leur  molle   courbure  y 
Et  tes  mil!e  palais  ,  et  ces  trésors  divers 
Que  la  main  de  tes  fils  prodigue  à  l'univers  1 


(562  ) 
Et  toi ,  reine  des  arts ,  brlUante  et  coaroiui^e  (f )  , 
D*utie  main  épanchant  ton  urne  fortunée  9 
De  l'autre  ,  avec  orgueil  ^  à  vipgt  peuples  rJTaiix 
Déroulant  l'appareil  de  tes  riches  tr^ivaux  , 
£t  montrant  Tindustrie  k  ta  voix  renaissante  ^ 
Tes  lions  à  ses  jeux  t'amenaient  triomphante. 

« 

Peut-il  être ,  en  effet  9  de  gloire  et  de  bonheur  . 
Loin  des  champs  paternels  où  resta  notre  ccenr  ! 
Qu'importe  à  l'exile  qu'on  l'admire  ou  qu^on  l'aima! 
Isol^  dans  la  foule  ,  il  se  pleure  lui-même  ^ 
A  la  patrie  absente  il  adresse  en  secret 
Le  culte  douloureux  d*un  ëternel  regret....* 
Tels  ces  arbres  lointains  ,  exilés  dans  nos  serres^ 
Étalent  tristement  leurs  ombres  solitaires  ; 
Étrangers  parmi  nous,  ils  n'y  retrouvent  pas 
L'amoureuse  liane  et  la  vigne  aux  cent  bras  ;     ' 
L'oiseau  même  les  fiait  f  et  leur  feuille  inutile  (2)  i 
Jamais  de  ses  amours  ne  deviendra  l'asile 

C'est  alors  qu'à  nos  yeux  présentant  son  miroii* , 
Des  lieux  tant  regrettés  qu'on  ne  dgit  plus  revoirf 


(i)  Cette  image  est  empruntée  à  Virgile  i  il  dit  en  parlant  de  Roses 


•t... 


Qualis  BerecynifUa  mater 
Invehilur  curru  Phrygias  ,  iurriia  ,  per  urbes  ^ 
Lœla  Deûm  partu  ,  cetitum  complexa  nepohs  p 
Oiunes  cœHcolas ,  omnes  supera  alla  tenenies.,, 

AEnéid  ,  VI ,  jS^h^* 

n  est  inatile  de  rappeler  que  la  ville  de  Lyon  porte  an  lion  (hnt 
tes  armoiries. 

(a)  Cette  idée  appartient  â  d'Aguessean,  auquel  il  est  }fistaà*euf^^ 
honneur ,  quoique  nous  ne  puissions  pas  indiquer  eU;  ce  movwnt 
l'endroit  de  scr  ouvrages  oà  elle  se  trouve» 


(  363  ) 
La  doQce  illoslofi  vient  noas  rendre  Tîmage  ; 
Par  elle  noas  pouvons  f  sur  un  lointain  rivage  » 
Transporter  les  aspects  et  les  sites  connus  ^ 
Et ,  sous  un  antre  ciel  vainement  retenus  y 
Refaire  la  patrie  et  revoir  avec  joie 
Les  eaux  du  Simoïs  et  ks  champs  ou /ut  Troie  (i)  f 

Voyez-vous  ce  palais ,  ces  jardins  et  ces  tours  ? 
Lui-même  6b  dessina'  la  forme  et  les  contours  \ 
Il  voulut  réunir,  dans  leur  masse  gothique. 
Les  souvenirs  d'Europe  au  faste  asiatique  : 
Là ,  de  noms  favoris  désignant  tous  les  lieux  , 
Chaque  pas  le  console  ,  et  remet  sous  ses  yeux  f 
Ou  la  Saône  indolente  »  oii  l'antique  Fourrière  9 
On  du  Rhône  létonné  Taùdace  prisonnière. 

Hélas  !  et  ce  fut  là  qu*nn  long  cri  de  douleur 
Vint  de  ses  derniers  ans  altérer  le  bonheur  y 
Quand  seule  parmi  nous,  victime  résignée  j 
Lyon  se  dévouait  pour  la  France  indignée* 
Comme  il  applaudissait  à  ses  nobles  efforts  ! 


(1)  Toiit  le  monde  conaait  ces  vers  de  Virgile  qa'il  est  impossihls 
de  Hre  saiis  attendrissement  : 

Uiiara  cum  patriœ  lacrymans  portutque  reîinquo  , 

Ei  campos  ubi  Troja  fuit: 

AEneid.  III,  lo-ii. 

Solemnes  ium  forte  dapes  et  tristia  dona  , 
Anle  urhtm  in  tuço  ,  falsi  Simoêntis  ad  undam  p 
lÂbabat  cineri  Andromache  ,  Manesque  vocahat 
H^cioreum  ad  iumulum  ,  viridi  quem  cespUe  inanem  , 
Et  gemtnas  ,  causam   lacrymis  ,  sacraverat  aras, 

Ibid.  •  3oi-3o5* 

Procéda  ,  et  parvam  Tm/am  ,  simuîataque   magnîs' 
Ptfrgama  •  et  areniem  Xanthi  cognomirie  rwum 
jignosco  j  Scacsque  ampleclor  limina  porta, 

Ibid.  349-351. 


(  364  ) 

Comme  il  aurait  Toula  ,|  ramené  sur  ces  bords  9 

Partager  nos  périls  et  chasser  de  nos  portes 

D*an  pouvoir  abhorré  les  hideuses  cohortes  ! 

Bu  moins  il  ne  vit  pas  croulant  de  toutes  parts  (i) 

Ces  dômes  ^  ces  palais ,  honneur  de  nos  remparts  y 

Ces  champs  qui  jusqu'alors  ne  servaient  qu'à  nos  ftes  ^ 

Recueillant  de  la  mortjes  horribles  conquêtes  ; 

Du  moins  il  n'entendit  ni  le  funèbre  essieu , 

Kl  ces  mourantes  voîx   qui  murmuraient  — •  adieu  !,*• 

Ni  le  plomb  qui  roulait  sur  la  foule  enchaînée  y 

Kl  la  religion  errante  et  profanée.... 

Il  ne  vit  que  la  gloire ,  un  laurier  à  la  main  y 

De  Timmortalité  nous  frayant  le  chemin  ; 

Il  n'entendit  qu'un  hymne  éclatant,  unanime 9 

Dont  la  terre  et  le  ciel  saluaient  la  victime  I... 

Peut-être  9  quand  sa  main  traçait  ses  derniers  tœnt  y 
Et  que  dans  l'avenir  il  voyait  nos  neveux , 
Instruits  par  ses  bienfaits  9  heureux  par  l'industrie  | 
Transmettre  à  leurs  enfans  sa  mémoire  chérie  , 
Dans  ces  momens  de  calme  oh  l'âme  sans  effort 
Dît  à  la  vie  —  assez  —  et  sourit  à  la  mort , 
Où  le  juste  à  pas  lents  se  penche  vers  la  tombe  9 
Comme  an  jour  qui  s'éteint,  comme  un  fruit  mûr  qui  tombe^ 
Comme  le  voyageur  qui  s'arrête  le  soir  y 
Opposant  son  génie  à  des  maux  sans  espoir , 
Et  d'crn  dernier  regard  embrassant  sa  carrière  (2) , 

(i)  On  pourrait  trouver  ici  une  réminiscence  de  ce  passage  slconat 
de  Tacite  :  Non  vidit  Agricola  obsestam  curîam ,  et  clausum  armu 
senaium  ,  et  eadcm  strage  iot  consularium  cœdes  ,  toi  nobiUsshM" 
rum  feminarum  exsilia  et  fugas»  (  Vie  d*Agricola  ,  XLV). 

(a)  «  Quel  homme  vers  la  vie  ,  au  moment  du  départ, 
»  Ne  se  tourne  et  ne  jette  un  triste  et  long  regard  ; 
»  A  l'aspect  du  tombeau  ne  sent  pas  quelques  charmes  , 
»  £t  des  yeuK  d'an  ami  n'attend  pas  quelques  larmes  l  » 

DeuuiE* 


C  365  ) 
Peut-être  il  rappelait  sa  fortune  guerrière , 
Ses  songes  ,  ses  dësirs  ,  et  cette  vague  ardeur 
Qui  y  dès  ses  premiers  ans ,  faisait  battre  son  cœur  t 

n  Cetait  »  il  m'en  sonyient  ^  dans  mes  jeunes  années  : 
99  Au  sein  de  nos  forets  par  Tautomne  fauches  , 
99  A  travers  Taquilou  soufflant  contre  mes  veux  ^ 
I»  J^nterrogeais  Tazur  des  horizons  mobiles  y 

'  '  99  Et  mes  pas  inutiles 
99  Poursuivaient  cette  ligne  ou  finissent  les  cieux. 

99  Qae  de  fois  ,  sur  ce  mont  que  le  pampre  décore  (i)  9 
99  Haletant  de  plaisir,  j*ai  devancé  Taurore  ! 
99  De  la  Saône  indécise  au  loin  suivant  les  eaux^ 
99  Je  regardais  errer  dans  nos  plaines  heureuses 

99  Les  ondes  voyageuses  , 
)}  Et  j'aurais  voulu  fuir  9  libre  comme  ces  flots. 

9>  Et  toi,  Rhône  indompté  ,  le  plus  noble  des  fleuves  I 
99  Du  réservoir  glacé  des  monts  où  tu  t'abreuves , 
99  Jusqu'aux  lieux  où  la  mer  t'ouvre  son  ifaste  sein  ^ 
99  Je  laissais  mon  espiît  errer  avec  les  ondes  y 

99  A  travers  tous  ces  mondes 
99  Que  je   plaçais  alors  sur  ton  cours  incertain* 

n  D'où  venaient  ces  désirs  qui  troublaient  mon  enfance  ? 
99  Était-ce  du  destin  la  fitale  influence  ? 
19  Je   ne  sais  ,  mais  ,  quand  l'âge  eut  mûri  ma  raison  , 
99  Rêvant  un  nom  illustre  et  vivant  dans  l'histoire  9 

99  C'était  la  fortune  et  la  gloire 

99  Que  je  voyais  à  l'horizon. 

99  J'y  volai  :  vainement  ma  superbe  espénaiee  (2) 


(i)  Foorviére  ,  colline  qui  domine  la  ville  de  Lyon» 
{i)  On  raconte  que  la  belle -mère  de  Martin  ,  car  son  père  s'était 
nfmtxié ,  apprenant  quejes  dçu^  tiU  s'étaient  enrôlés^  courut  auprès 


(  366  ) 
jy  De  ma  paavre  famille  effrayait  la  prudence  ^ 
9»  Ni  plaiote  9  ni  regret  ne  me  pnt  retenir  *, 
>»  Consolant  leur  amour  qui  m'iiccfise  et  me  pleure  , 
19  Seul  9  je  franchis  le  seuil  de  notre  humble  demeore  y 
99  Et  je  marchai  vers  TaTenin 

99  L*aYenirl...   A  ce 'nom  tout  rempli  de  merreilles, 
}>  QueUe  ardeur  consumait  et  mes  jours  et  mes  Teille«! 
i>  Le  sort  m*aTait  léguë  Tiadigence  et  l'oubli , 
99  Et  défiant  le  sort ,  je  rérais  l'opulence  ^ 
79  La  gloire  ,  les  honneurs ,  surtout  la  bienfaisance... 
n  Et  mon  réye  s'est  accompli  !..« 

99  Mais  le  terme  s'approche ,'  et  ma  belle  journée 
99  A  fui  9  vers  son  couchant  lentement  inclinée  ; 
Il  Bientôt  je  renaîtrai  dans  un  monde  meilleur; 
99  Gomme  un  jour  de  combat ,  à  mon  poste  fidèle  , 
M  Sans  trouble  ,  sans  regret,  au  Très-Haut  qui  m'appelte,^ 
99  Je  dirai  :  Me  voilà ,  Seigneur  ! 

99  Me  Toilà  :  tu  sais  tout  ;  à  l'oeil  de  ta  justice 
99  II  n'est  point  de  secret  qu'on  puisse  dérober, 
99  Et,  sans  que  jusqu'à  toi  sa  chute  retentisse  , 
If  Nul  mortel  ne  saurait  tomber. 

99  Sous  quelques  noms  divers  que  la  foule  tfadore^ 
99  Esprit  juste  e^  clément ,  j'espère  en  ta  bonté  : 
99  Tu  m'ouvriras  ton  sein  :  c'est  un  fils  qui  t'implore  y 
99  Un  fils  ,  et  pour  l'éternité  !... 

99  3*al  TU  dans  ces  climats  l'ignorance,  et  la  gneire  p 


T^ 


des  recniteursi  et  obtint,  à  force  de  supplications ,  que  les  engâgeneos 
sefaient  rompus.  Le  plus  jeune  consentie  à  revenir  ;  mais.  Èlaade 
Martin,  inébranlable  dans  sa  résolution  ,  déclara  qu'il  ▼oalait  partir 
et  aller  chercher  fortune.  Alors  la  belle -mère  en  pleurs  lui  donna , 
dit-on  |- un  rouleau  de  pièces  d^  i^in/ft -quatre  sous',  tt^é^ùntpovt 
de  soufflets ,  et  lui  dit  :  Vas  entêté ,  mais  ne  reviens  qu'en  carrosse» 


(  367) 

If  Fldaaz  qae  ton  coorroux  a  lances  sur  la  terre  ^ 
n  Et  prodigue  des  dons  qae'  tu  m'avais  offerts , 
»  J'ai  cherche  l'infortune  ad  fond  de  sa  retraite  ^ 

»  £t  ma  pitië  discrète 
«  A«ëché  bien  des  pleurs  ,  a  brise  bien  des  fers... 

»  Et  lorsque  le  tombeau  réclamera  ma  cendre , 

»  Mes  bienfaits ,  après  moi  9  pourront  encor  sMtendro 

»  Des  limites  du  Gange  aux  lieux,  oà  [e  suis  né 

»  Non,  je  u*àccuse  plus  le  sort  qui  m'en  exile  ^ 

»  J'j.  mourrais  inutile ,  •  j 

»  Je  ferai  des  heureux...  le  sort  est  pardonné  !...  » 

Tels  étaient  ses  adieux ,  quand  la  mort  plus  prochaine , 
Fil  à  fil  de  ses  jours  semblait  rompre  la  chaîne  : 
D'un  mal  indestructible  en  Tain  bornant  le  cours , 
Et  de  sa  seule  audace  empruntiMit  le  secours. 
Armé  d'un. fer  ayeugle,  il  poursuit,  il  démêle  (i) 
Le  secret  ennemi  que  lui-même  recèle  : 
Vains  efforts  !  le  fléau  lentement  déposé 
Renaît  de  ses  débris  dans  son  corps  épuisé  ; 
Il  sait  qu'il  va  mourir...  ^  mais  toujours  intrépide  , 
Cest  au  ciel  qu'il  s'élance ,  et  la  mort  est  son  gUide. 

Venez  à  ce  tombeau  ,  venez  verser  des  pleurs  , 
Vous  tous  dont  ses  bienfaits  ont  calpné  les  douleurs  : 
C'est  votre  ami ,  c'est  lui  dont  le   nom  tutélairç 


(1)  Le  major-gënëral  Martin  ent  le  courage  d'essayer  sur  lui-Tnémc 
l'opération  de'  la  lithotritie  ,  qui  'depuis  â  été  perfectionnée  par  Ich 
admirables  travaux  de  MM.  Civiale  et  Henrteloup.  Il  avait  fait  exé- 
cuter luirméme  ,  sous  ses  yeux ,  1rs  instrumens  dont  il  se  serrit  pour 
fixer  le  calcul  et  le  broyer  dans  la  vessie.  On  croit  même  ^pi'il^  kMit 
l'idée  de  Tingénieux  mécanisme  ,  au  moyen  duquel  ou  peut  porfcr 
la  lumière  dans  l'intérieur  des  corps  1  et  qui  a  valu  à-  M.  Régalas  , 
agrégé  de  l'école  de  médecine  de  Paris  ^  une  juste  célébrité. 


n 


(  368  ) 
Rend  an  père  à  nés  (As  ,  rend  les  fils. à  leur  père  I 
A  Yos  tristes  enEains  tous  serez  réunis, 
Vous  qui  9  des  coups  du  sort  injustement  punis  | 
Dans  ces  lieux  on  jamais  n'a  brillé  Tespérance  y 
Expiez  le  forfait  d'une  honnête  indif^nce; 
Entendez  !....   le  jour  vient ,  et  tout  cède  à  sa  ToiX| 
L'ayarice .inquiète  et  la  rigueur  des  lois: 
Désormais  le  captif ,  dans  ces  sombres  demeures , 
Sent  tomber  plus  léger  le  poids  des  longues  heures  ^ 
Et  sur  de  l'ayenir ,  son  cœur  moins  attristé  y 
Comme  on  croit  au  printemps  y  croit  à  la  liberté. 

■ 

Ombre  illustre ,  les  arts  que  ton  amour  protège  , 
Désormais  dans  nos  murs  ont  fixé  leur  cortège  : 
Contemple  ce  séjour  ^  de  ton  nom  décoré  y 
Oh  Part  le  plus  utile  est  le  plus  honoré  ; 
Où  Tiennent  s'inspirer,  pleins  d'une  ardeur  commune, 
Tous  ces  jeunes  talens  qu'oubliait  la  fortune  (i)  : 
L'un  sur  le  buis  qui  part ,  Tole  et  revient  toujours 
D'un  fil  imperceptible  enchaîne  les  détours  ^ 
Tantôt  formant  le  lin  en  gazes  transparentes  y 
Tantôt  déployant  l'or  en  nappes  éclatantes  , 
Ses  utiles  travaux  décorent  à  la  fois , 
La  chaumière  du  pauvre  et  le  palais  des  rois. 
Du  fidèle  compas  l'autre  suivant  la  trace , 
Mesure  la  vitesse  et  le  temps  et  l'espace  ^ 
Plus  loin  ,  de  la  nature  émule  industrieux , 
Divulguant  les  secrets  de  la  terre  et  des  deux. 
Un  nouveau  Prométhée  enlève  à  la  matière 
Ses  dons  mystérieux  ou  sa  forme  première  y 


(i)  La  description  qai  suit  est ,  i  proprement  parler  ,  celle  d'une 
ëcole  des  arts  et  métiers  ;  car  nous  pensons  que  l'intention  à» 
administrateurs  de  la  Martinière  est  de  conrertir ,  qoand  les  foB4f 
le  permettront ,  TétaUlssemeat  actuel  en  une  école  de  ce  genre.  . 


(369)     . 
Décompose  le  )oar,  condense  les  vapeurs  ^ 
Oa  prête  à  nos  tissns  leurs  brillantes  coulears* 
Là,  des  agens  divers  qu'emprunte  sa  faiblesse  j 
L'homme  dompte  à  son  grë  la  force  ou  la  vitesse; 
Il  cherche  à  captiver  dans  ses  agrès  mouvans 
Ou  Tonde  fugitive  ou  le  soufQe  Aes  vents  ^  • 
Déjà  pour  ses  vaisseaux  sans  voiles ,  sans  cordages  ^ 
L'air  n'a  plus  de  fureurs ,  ni  TOcdan  d^orages  ; 
Ici,  de  rhorîzon  franchissant  les  déserts  ,' 
Des  astres  radieux  qui  peuplent  l'univers 
Il  soomei  à  ses  lois  la  forme  et  les  orbites  : 
U  sait  par  quel  accord  respectant  leurs  limites  y 
Dans  Pair  obdissant  1- un  par  l'autre  attires  , 
L'un  à  l'autre  inconnus ,  l'un  par  l'autre  éclairés  p 
Volent  incessamment  dans  leur  ellipse  immense 
Tous  ces  globes  rivaux  que  l'éternel  balance  ^ 
Il  ne  voit  plus  un  dieu  nous  apporter  le  jour. 
Et  comme  un  jeune  époux  plein  d'orgueil  et  d'amour  ^ 
Partir  tous  les  matins  de  son  humide  asile  : 
C'est  la  terre  qui  fuit  sur  son  axe  immobile  } 
Assiégeant  le  soleil  dans  son  rapide  essor , 
Elle  marche  ,  il  attend  :  lui ,  de  son  trône  d'or 
Saluant  tour  à  tour  nos  zones  inclinées  , 
Nous  jette  d'un  coup  d'oeil  les  jours  et  les  'années.*!* 
Là,  plus  utile  encor^  ce  modeste  atelier 
Entend  gémir  la  scie  et  le  rabot  crier; 
Là,  ce  groupe  attentif,  les  yeux  sur  le  modelé  ^ 
En  demande  au  crayon  une  empreinte  fîdèle  ^ 
Soit  qu'aidé  du  compas   il  figure  à  nos  yeux 
Des  superbes  palais  le  dôme  ambitieux  , 
Sott  que  des  simples  fleurs  son  élégante  étude 

Imite  l'incaroat  et  la  molle  attitude*. •• 

Kon  ^  vous  ne  verrez  plus  ,  parens  infortunés  , 
Yos  fils  dans  l'ignorance  à  gémir  '  condamnés  j 
Tome  rilL  ^3' 


(  37c> .) 
Honnenr  au  cîtojen^dont  la  Bpble  tendresse 

Youlat  à  tous  les  arts  cousacrer  leur  jeunesse  ! 

Ne  craignez  plus  pour  euiL  les  besoins  corrupteurs'. 

Le  travail ,  Dieu  Ta  dit ,  est  la  source  des  mœurs 


•■*• 


0  TOUS  qu'il  a  chargés  d'accomplir  son  ouvrage i 
Fils  des  Muses  y  veillez  sur  ce  saint  héritage  ; 
Veillez  avec  amour  sur  les  progrès  naissans 
De  cet  asile  heureux  que  célèbrent  nos  chants. 
Ministres  de  ce  temple  ouvert  à  l'industrie , 
C'est  l'espoir  et  bientôt  l'honneur  de  la  patrie 
Qu'à  vos  sages  leçons  ses  vœux  ont  confié  : 
Désormais  votre  nom  au  sien  associé  j 
Chez  nos  derniers  neveux  portera  ,  d'âge  en  fige  f 
De  vos  communs  bienfaits  l'étemel  témoignage: 
Acceptez  ce  devoir  ^  il  est  digne  de  vous. 

Et  toi  dont  le  laurier  a  grandi  parmi  nous  (i)i 
Toi  qui  sus  nous  montrer  Eurydice  blessée  , 
Et  sa  molle  douleur,  et  sa  pose  affaissée  , 
Hâte-toi ,  jeune  artiste  :  un  triomphe  nouveau  j 
Une  palme  oubliée  appelle  ton  ciseau. 
Des  nobles  sentimens  poétique  interprète  , 
Ta  main  ,  mieux  que  mes  vers  y  doit  couronner  sa  tête  9 
Non  d'un  laurier  obscur  et  par  le  temps  flétri^ 
Mais  en  nous  révélant ,  sous  le  marbre  attendri  9 
Ce  bienfaisant  génie  et  cette  âme  si  belle  : 
Joins  encor  ce  grand  nom  à  l'élite  immortelle  (2) 

(1)  Il  nous  est  agréable  de  donner  à  M.  Legendre-Héral  un  té- 
moignage du  plaisir  que  nous  font  éprouver  ses  opTrages  cl  de 
l'estime  que  son  talent  nous  inspire.  Ce  jeune  artiste  ,  riche  d'ins- 
pirations élégantes  et  gracieuses  ,  peut  fournir  une  brillante  carrière 
dont  IVrlat  rejaillira  sur  sa  patrie.  M.  Legcndre-Héral  est  membre 
de  l'Académie  de   Lyon. 

(a)  C'est  une  beureuse  et  noble  pensée  de  réunir  au  Palais  des  arts 
les  bustes  des  Lyonnais  illustres   et  des  citoycuB  bienfaisaos.  Oa 


<  37r  ) 
Qu'au  sein  de  ce  palais,  digne  s^onr  des  arts , 
.Un  pieux  souyenir  retrace  à  nos  regards  } 
Et  là  puisse  bientôt  la  cite  qu'il  honore  , 
Le  bënir,  Tadmirer,  et  le  bënir  encore  ! 


LE  MERLE  ET  LE  ROSSIGNOL , 

FABLE  , 
Lae  au  Cercle  littéraire  de  Lyon,  dans  la  aeance  du  17  juillet  i8a8 

Un   rossignol  chantait:  les  oiseaux  du  bocage 
Pour  l'écouter  suspendaient  leur  ramage. 
Un  merle,  un  merle  seul,  caché  dans  les  buissons  y 
Par  de  brujans  sifflets  accueillait  ses  chansons. 
Le  rossignol  se  tut.  En  Tain  une  fauvette , 

Un  rouge-gorge ,  un  bouvreuil ,  un  tarin  , 
Lai  vinrent  demander  quelque  nouveau  refrain  ^ 
En  s' écriant  :  u  Âmi ,  ta  yictoire  est  complète  ; 
yy  Ce  n'est  que  de  dépit  que  le  sot  t'a  sifflé  y 

'    n  Mais  il  s'est  bien  vite  envolé 
99  En  YOjant  se  former  l'orage  sur  sa  tête...  » 
Humilié  ,  triste ,  confus  ,  . 

Kien  ne  put  vaincre  ses  refus... 
Et  c^est  depuis  ce  jour  que  9  cherchant  le  silence  9 
A  la  faveur  des  nuits  ,  dans  l'épaisseur  du  bois  ^ 
Au  seul  bruit  de  la  fleur ,  qui  dans  l'air  se  balance  ^ 
U  charme  les  échos  par  l'éclat  de  sa  voix  y 
Craigiiaut  de  rencontrer ,  le  jour,  sous  le  feuillage  y 
Un  merle  persiffleur  y  jaloux  de  ses  accens^ 


peut  y  voir  ceux  de  Vien  ,  Grognard  et  Sathonnay ,  qui  sont  dus 
au  ciseau  de  M.  Legeodre-^HéraU 


(  372  *) 
Qai  Tienne  encor  troubler  par  des  sons  claplssuis 
De  ses  hymnes  d'amour  rbarmonieax  langage. 

Pauvre  amour-propre!...  Hëlas!  c*est  peu  de  Tencenser: 

Des  sifflets  d'un  fat  il  se  pique  , 
Et  cent  bravos  flatteurs  ne  sauraient  efiacer 
Le  cbagrin  que  lui  cause  une  seule  critique. 

F.  COIGWET. 


BULLETIN  HISTORIQUE 

DU  MOIS  D'AOUT  1828. 


%*  1.^'  *—  Une  feuille  de  ce  jour  annonce  la  mort, 
à  Njon ,  en  Suisse  ,  de  l'ex-conveutionnel  Jacques  Eie- 
yerchon.  Il  était  âgé  de  84  ans  et  avait  été  banni  comme 
régicide  ,  eii  vertu  de  la  loi  du  12  janvier  i8i(>.  Lei  dé- 
tails qui  concernent  la  carrière  politique  de  ce  person- 
nage ,  né  à  Lyon  f  ou  dans  les  environs  de  cette  ville , 
se  trouvent  dans  les  biographies  contemporaines  ,  et  prin- 
cipalement dans  celle  qui  est  intitulée  Biographie  moderne^ 
LeipEtck  (Paris  ou  Lyon),  18069*4  ▼o^*  iii-8. 

%*  Même  jour.  —  Le  prix  du  pain  a  été  augmenté  de 
deux  centimes  et  demi  par  iLilogramme ,  c*est-à-dire  d*an 
centime  un  quart  (  un  liard  )  par  livre  usuelle  ,  à  compter 
de  ce  jour.  Ainsi  il  est  taxé  ,  savoir  :  le  pain  forain  ,  à  9.2 
centimes  1/2(4  ^^^^  i/^)  y  ^^  ^^  P^^^  ^^^  9  à  18  centimes 
5/4  (  3  soQs  3  liards  ). 

I 

%*  7.  —  Par  ordonnance  du  Roi ,  du  5o  juillet  dernier, 
MM.  Vitton  9  maire  de  la  Guillotière ,  et  Ramband,  notaire 
honoraire  9  à  Mornant ,  sont  nommés  membres  du  Conseil 
d'arrondissement  de  Lyon.* 


1 373  ) 

\^  10.  —•  OrAoïniance  da  Roî ,  en  date  de  ce  jdnr  ^  qui 
nbmtkie  membres  du  Conseii  gënëral  da  département  da 
Rh&ite  9  MM.  PKiHbeit  Delphîn ,  Montgolfier  et  Brollemaun, 
en  remplacement  de  MM.  Mottet-Degérandp  et  de  St.-Trj, 
dëcëd<^s  ,  et  de  M.  Beaoregard  de  Barbantanne ,  dëmi8-< 
sîoniiaire» 

%'*'  Même  foiir,'^  M.  Sain-Mané?ieaXf  de  Lyon,  en&eigne 
de  la  marine  ^  un  des  braves  qni  se  sont  distingués  à  Taffaire 
de  Nayarin  ,  vient  d'être  promu  ,  par  le  roi ,  au  grade  de 
lieutenant  de  vaisseau« 

*^*  1 1.  — •  La  société  de  médecine ,  dans  sa  séance  de 
ce  jour  y  a  renouvelé  son  bnreau.  M.  le  docteur  Mermet 
a  été  élu  président  en  remplacement  de  M.  Martin  jeune  , 
nommé  président  honoraire  ;  M.  le  docteur  Dupasqoier 
a  été  nommé  secrétaire  général  ;  ?«f.  Gauthier,  bibliothé- 
caire-archiviste 9  et  MM.  Botte!^  et  Pasquier ,  secrétaires 
ordinaires. 

\*  1 2.  —  Une  ordonnance  du  Roi ,  récemment  rendue  9 
admet  à  la  retraite  M.  le  comte  de  Laurencin,  colonel  da- 
54*^  régiment  de  ligne ,  ancienne  légion  du  Ilhâne. 

La  cérémonie  de  la  distribution  des  prix  aux  élèves 
du  collège  royal  a  eu  lieu  aujourd'hui  dans  la  salle  de 
la  bibliothèque  de  la  ville  ,  sons  la  .présidence  de  M.  le 
recteur.  Le  discours  d'usïige  a  été  prononcé  par  M.  Idt , 
professeur  de  rhétorique.  Cet  estimable  humaniste  avait 
pris  pour  sujet  Vlnjluence  des  sciences  et  des  lettres  sur  la 
prospérité  du  commerce.  Nous  regrettons  que  1* étendue  de 
cet  excellent  discours  ne  nous  permette  pas  de  le  mettre 
en  entier  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  \  mais  nous  leur 
en  offrirons  un  passage.  Après  avoir  combattu  le  préjugé , 
malheureusement  trop  répandu  parmi  nous ,  que  le  com- 
merce et  l'étude  sont  incompatibles  >  et  après  avoir  prouvé 
que  Ton  a  vu  dans  tous  les  pays  le  commerce  prospérer 


<  '74  ) 
et  8*éténdre  en  raison  dû  progrès  qn*j  faisaient  les  sciences 

et  les  lettres  ,  l'orateur  s'écrie  : 

u  Au  reste ,  cet  accord  du  commerce  et  des  lettres  n'est 
pas  an  prodige  inconnu  parmi  nous  ;  les  nëgocians  les 
plus  distingués  de  cette  yille  ^  bien  loin  de  partager  Ter- 
reur que  j'ai  combattue,  inspirent  à  leurs  enfans  le  goût 
des  lettres ,  donnent  eux-mêmes  à  l'étude  le  temps  qae 
leur  laisse  le  soin  des  affaires  ,  et  l'on  peut  leur  appliquer 
ce  qu'un  de  nos  poètes  (i)  disait  h  leurs  pcres  ; 

n  est  vrai  que  Plutus  est  aa  rang  de  tos  dieax , 
£t  c'est  un  riche  appui  pour  Totre  aimable  ville  i 

Il  n'a  point  de  plus  bel  asile  : 
Ailleurs  il  est  ayeugU ,  il  a  chez  tous  des  yeux. 
Il  n'ëtait  autrefois  que  dieu  de  la  richesse , 

Vous  en  faites  le  dieu  des  arts. 

J'ai  TU  couler  dans  tos  remparts 
Les  ondes  du  Pactole  et  Ias  eaux  du  Permesse. 

99  Heureux  habitans  de  Ljon ,  ces  eaux  ne  tariront  ja- 
mais ;  jamais  elles  ne  détourneront  leur  cours  pour  aller 
féconder  d'autres  terres.  Votre  goût  a  fixé  pour  toujoun 
dans  Yos  murs  le  commerce  et  l'abondance.  Déjà  le  sen- 
timent du  beau  qui  semblait  autrefois  n'animer  que  quel- 
ques hommes  privilégiés  ,  •  s'étend  9  se  propage  et  dirige 
toutes  les  parties  de  nos  manufactures.  L'ouvrier  qui  ne 
suivait  qu'une  routine  aveugle  ,  introduit  à  présent  dans 
le  sanctuaire  des  arts  j  est  étonné  de  connaître  le  secret 
;des  merveille;S  qui  sont  sorties  de  ses  mains  ;  il  admire 
son  propre  ouvrage  ;  il  s'honore  de  son  état ,  il  le  perfec- 
tionne ,  et,  par  d'utiles  découvertes  ,  dispute  au  savant  le 
plaisir  et  la  gloire  de  seconder  son  prince  et  d'enrichir  sa 
patrie.  >9 


(1)  Voltaire*  Voy.  Archives  du  Bhône  ,  tom.  III  ^  paf.  346. 


(  375  ) 
.  99  Telle  est ,  MM.  ^  Theureuse  influence  que  âes  ^tudei 
complètes  exercent  nécessairement  sur  la  prospëritë  com- 
mone.  Il  nous  est  donc  permis  d'espërer  qu'en  formant 
la  jeunesse  sur  les  grands  modèles ,  qu*en  lui  donnant  les 
principes  du  goût,  qu'en  Taccoutumant  à  bien  sentir,  k 
bien  juger  dans  les  lettres  ;  qu'en  l'introduisant  ensuite 
dans  le  sanctuaire  de  la  philosophie;  qu'en'  l'initiant  enfin 
aux  mystères  de  toutes  les  sciences ,  nous  contribuerons  y 
autant  qu'il  est  en  nous^  au  bien  de  cette  ville  ,  et  lui 
fournirons  des  sujets ,  qui,  quelque  jour  peut-être 9  ajou- 
teront un  nouvel  éclat  au  palais  que  nos  magistrats  ont 
ëte^é  dans  ces  murs  au  commerce  et  aui  arts » 

M.  le  recteur  prenant  ensuite  la  parole ,    s'est  exprime 
en  ces  termes  : 

«       Messieurs  9 

«c  Je  viens  retarder  de  quelques  instans  encore  un  mo- 
nient  long-temps  attendu  et  vivement  désire  :  pourtant  que 
mes  jeunes  auditeurs  se  rassurent;  j'ai  connu  comme  eux  j 
et  j'apprécie  j   comme  je    le   dois  ^    toute  la  force  ,   toute 
l'impatience   des    sentimens   qui  font  battre   ici  tous  les 
cœurs  ;  j'aurai  soin  de  ne  pas  prolonger  outre  mesure  une 
incertitude  qui  doit  leur  sembler  bien  pénible  ;    je  serai 
court.  J'essaierai  seulement  ,   Messieurs ,   dans  cette  cir- 
constance solennelle  oh  la  société  se  trouve  représentée 
en  ces  lieux  par  tout  ce  qu'elle  peut  offrir  de  plus  doux 
et   de  plus  respectable ,  j'essaierai  d'exposer  en  peu  de 
mots  les  principes  qui  nous   dirigent  dans   l'éducation  de 
la  jeunesse  confiée  à  notre  surveillance  et  à  nos  soins.  Et 
ce  n'est  point  en  mon  nom  seul ,  Messieurs  ,  que  j'entends 
faire   une  pareille  déclaration  ;   je  parle  ,   et   pour  moi- 
même  ,   et  pour  les  honorables  fonctionnaires  chargés  dé 
me  seconder  et  que  je  m'estime  heureux  d'avoir  pour  col- 
laborateurs 9  bien   coflivaincu  qu'en  toute   occasion    leurs 
pensées  et  leurs  actions  ne  pourront  que  servir  de  preuve 
et  d'sppui  à  mes  paroles. 


(  376  > 
»  L'ddacation  bien  entendue  ne  saurait  se  borner  à  mi 
objet  unique ,  I* instruction  proprement  dite*  Elle  se  pro- 
pose un  résultat  plus  complet ,  plus  important,  plus  réel; 
et  doit  9  pour  rester  fidèle  à  toutes  ses  obligations ,  s'oo*- 
cuper  en  même  temps  et  avec  un  zèle  ëgal  à  former  k 
cœur  et  à  développer  l'esprit.  Ces  deux  conditions  pareil- 
lement indispensables  pour  constituer  une  bonne  édncatioQi 
peuvent  seules  lui  fuire  atteindre  son  yëritable  but ,  celui 
de  former  des  bommes  dignes  ,  à  tous  ëgards  9  de  prendre 
place  dans  une  société  régulière  et  bien  organisée ,  ou  les 
vertus'  privées  et  les  qualités  sociales  ne  sont  pas  moîiis 
nécessaires  au  bien->étre  général  que  rinstructlon  la  pki 
étendue  et  la  plus  brillante  ,  que  les  talens  même  les  plus 
distingués.  Et  pourquoi  craiudrions-nous  d'ajouter  ici  que 
s'il  fallait ,  po.ur  un  motif  quelconque  ,  donner  la  préCé-^ 
rence  à  l'une  de  ces  deux  conditions  ^   nous  D'hésitertons 
pas  un  seul  instant  à  nous  prononcer  hantement  pour  cette 
partie  de  l'éducation  qui  a  pour  objet  de  disposer  le  coeur 
h  la  pratique  de  toutes  les  yertus ,  parce  que  la  yertu  seulç 
peut  sufiire  aux  besoins  de  notre  nature  et  assurer  le  bon- 
heur de  l'espèce  humaine  9.  sans  autres   ressources  que 
celles  qu'elle  peut  trouver  en  elle-même.  Tous  les  hommes 
ne  sont  pas  également  appelés  à  bien  dire  ;  tous  sont  in«- 
distinctement  appelés  à  bien  faire.  Mais  ne  séparons  poiati 
Messieurs ,  ce  qui  peut ,  ce  qui  doit  toujours  se  trouver 
réuni.  L'homme  est  un  être  que  Dieu  a  créé  jnoral  et  in- 
telligent j  et  chez   lui  la  conscience  et   l'intelligence  se 
prêtent  un  mutuel  secours  et  concpurent  à  une  même  fin* 
Ces  deux  facultés  méritent  donc  une  égale  culture  ,  et  afin 
qu'elles  puissent  s'éclairer  et  se  fortifier  l'une  par  l'autre  1 
l'éducation  morale  doit  marcher  de  concert  avec  l'éduca- 
tion intellectuelle.  Aussi  nous  ne  perdrons  jamais  de  vue 
ce  principe  si  fécond  en  résultats  ,   et  nous  aurons  soin  9 
en  toute  circonstance,  d'y  rappoiiier  notre  enseignement; 
aiusi  la  jeunesse  «oumise  à  nos  leçons  connaîtra  les  prin- 
cipes de  la.  morale  en  même  temps  que  les  élémens  de 


(  377  ) 
h  littératni^  et  des  sciences  ;  elle  s'essaiera  sons'  nos  yen 
è  la  pratique  de  toutes  les  vertus  sociales ,  en  même  temps 
qu'elle  exercera  ,  arec  notre  secours  ,  sou  intelligence 
encore  nenye  ,  de  manière  à  lui  donner  tout  le  d^yelop- 
pement  ^  toute  la  force  dont  elle  est  susceptible  ;  en  un 
mot  9  nous  nous  appliquerons  à  faire  fructifier  également 
dans  son  coeur  et  dans  son  esprit  les  germes  heureux  que 
la  providence  j  a  déposes  pour  être  fécondes.  Si  Ton 
nous  demandait  maintenant  sur  quelle  base  doit  se  fonder 
cette  morale  qui  fait  une  partie  si  essentielle  de  nos  le- 
çons 9  notre  réponse  serait  simple  et  précise.  Nous  ne 
eonnaissons  que  la  religion  ,  Messieurs  ^  qui  puisse  servir 
de  'fondement  à  la  morale  4  elle  seule  peut  donner  h  la 
vertu  le  caractère  qui  lui  est  propre  ,  celui  d'une  soumis- 
sion entière  et  respectueuse  de  la  créature  à  Tégard  de 
9on  créateur.  Nous  ne  saurions  admettre  d'autres  théories 
en  ce  genre ,  et  nous  pensons  aussi  que  la  vertu ,  pour 
être  réelle  et  solide  ,  a  besoin  d'une  sanction  supérieure 
qu'il  n'est  pas  au  pouvoir  de  l'homme  de  lui  accorder. 
Et  si  ^  pour  donner  plus  d'autorité  à  nos  enseîgnemens  ,  il 
devenait  nécessaire  de  les  appuyer  par  des  exemples,  il  nous 
serait  facile,  en  portant  les  yeux  de  nos  élëyes  vers  le  troue , 
autour  du  trône  protecteur ,  à  l'abri  duquel  croissent  leurs 
jeunes  années ,  d'offrir  à  leurs  regards  d'augustes  modèles 
bien  propres  à  leur  inspirer  le  goût  et  l'amour  de  tontes  les 
vertus  ;  et  même  ,  sans  sortir  de  l'enceinte  de  cette  ville  , 
illastre  par  les  malheurs  de  sa  fidélité  ,  il  nous  serait  éga- 
lement facile  de  leur  montrer  autour  d'eux ,  et  dans  des 
monumens  qui  leur  sont  familiers  ,  des  exemples  asses 
récens  d'un  héroïsme  digne  d'être  proposé  à  leur  admi- 
ration et  dont  le  glorieux  souvenir  occupe  une  si  belle 
place  dans  les  fastes  de  la  monarchie. 

Si  la  morale  repose  sur  uu  principe  unique  et  invariable  9 
Messieurs  ,  si  elle  est  exactement  la  même  pour  tous  les 
lieux  ,  pour  tous  les  temps ,  pour  tous  les  hommes  ,  on 
ne  pourrait  9  avec  une  aussi  rigoui^euse  exactitude  y  en  dix^ 


(  378  ) 
autant  des  thëories  de  la  littérature.  Variable  comme  le 
génie  de  rhomine  9  comme  lui  aussi  le  goût  se  moulue  oa 
change  selon  les  pays  et  selon  les  époques.  Maïs  au  mUîea 
de  ces  nombreuses  'variations ,  au  milieu  de  ces  modifica- 
tions si  diverses  ,  il  reste  toujours  une  loi  6xe-  et  inva- 
riable ,  une  loi  qui  oblige  indistinctement  les  écrivains  de 
tous  les  temps  et  de  toutes  les  nations  ;  c'est  celle  qui  leur 
£iit  un  devoir  de  rester  fidèles  au  bon  sens  et  de  respecter 
la  morale  publique  ,  sous  peine  de  se  rendre  ridicules  dans 
un  cas  ,  ou  coupables  dans  l'autre.  Nos  élèves  une  fois  bien 
pénétres  de  ce  double  principe  ,  et  fortifies  par  l'^de 
raisoonëe  et  approfondie  des  grands  modèles  de  l'antiquité 
et  des  temps  modernes ,  nous  laisserons'  à  leurs  îeunes 
imaginations  la  liberté  d'aller  chercher  de  nouveaux  alî- 
mens  dans  l'onde  des  littératures  étrangères  ,  pour  faire 
passer  dans  notre  langue  des  beautés  inconnues ,  qui ,  pour 
être  nouvelles ,  n'en  sont  pas  moins  des  beautés  ;  nous  leur 
laisserons  cette  liberté ,  sans  craindre ,  pour  leur  goût  con* 
venablement  exercé ,  la  contagion  des  mauvais  exemples 
ou  des  mauvaises  doctrines  littéraires. 

J'ai  exposé  ,  anssi  fidèlement  qu'il  m*a  été  possible  j 
Messieurs  ,'  les  doctrines  qui  servent  de  règle  à  notre 
conduite.  Puissent-^lles  vous  inspirer  quelque  confiance  9 
sinon  en  nos  taie n s  dont  nous  sentons  toute  la  faiblesse  , 
en  moins  dans  la  pureté  de  nos  intentions.  Puissent-elles 
surtout  obtenir  auprès  de  la  jeunesse  qui  nous  est  confiée 
tout  le  succès  que  nous  en  espérons:  nous  ne  saurions  pré- 
tendre à  une  plus  douce  j  à  une  plus  glorieuse  récompense. 

Cette  brillante  allocution ,  la  première  que  M.  le  rec- 
teur ait  en  l'occasion  de  prononcer  en  public  ,  depuis  qu'il 
est  à  la  tête  de  l'académie  de  Lyon ,  a  été  couverte  d'ap- 
plaudissemëns. 

Yoici  les  non&s  des  élèves  qui  ont  remporté  les  prit 
d'honneur  y  les  premiers  prix  et  les  prix  d'excellence.    ' 


(  379  ) 
Philosophie  :  Alphonse  Victor  Baudln  ;  Âlbîn  Ghalandon; 

louis- Michel  Àlméras  Latoor  y  Paul-François-Hippoljte-' 

Victor  SaToie. 

B^é'Vor/^atf.-HîppolyteFortoulj  Claude  Huchard  j  Antoîne- 
Frédëric  Ozanam. 

Seconde  :  Jean-Marie-François  Bertet  ;  Jean-Marie  Sar- 
razin  ;  Jean-Jacques  Grognier  ^   Joseph-Ferdinand  Velaj«. 

.  Troisième  :    Claude  -  Aioié    Dnchamp  ;    Pierre  -  Louis 
Gonssolin,  Louis  Rouchoi^  ^  Paul-Adolphe  Rocbat. 

Quatrième:  Eugène-Victor  de  la  Marque-Marca;  Edouard 
Cuillard  ;  Louis  Pemet  ;  Eugène-Antoine-Augnste  Auconr* 

Cinquième  :  Charles  Pommiës  ;  Vincent-Louis  Joguet  ;  ' 
Eugène  Rienssec;  Jean-Honoré  Vieux. 

Sixième:  Jules-Louis-Fëlix  Charlet  •,  Hippolyte  Tavernîer. 

Septième:  Jean- Baptiste-Charles  julien;  Gustaye- Alexandre 
Oudet;  Vincent-Louis  Coche  ^  Emile-Auguste  Maurin. 

La  distribution  des  prix  ëtant  terminée,  M.  le  proTiseur 
a  pris  la  parole  ,  et ,  avec  toute  la  tendresse  d'un  bon  père  , 
il  a  adresse  aux  ëlèyes  les  adieux  les  plus  touchans  9  et 
les  a  prévenus  que  la  rentrée  des  classes  aurait  lieu  le  lundi 
6  octobre. 

%*  1 5.  —  La  Gazette  uniTerselJe  de  Lyon  contient  9 
dans  sa  feuille  de  ce  jour ,  le  discours  que  M.  de  Verna  ^ 
Tun  des  députes  du  de'partement  du  Rhône ,  se  proposait 
de  prononcer ,  pour  dcTendre  la  pétition  adressée  h  la 
chambre ,  par  les  habitans  de  Lyon ,  en  faveur  des  petits 
séminaires  et  des  jésuites  ,  pétition  qu'il  avait  déposée 
lai -même  sur  le  bureau,  mais  sur  laquelle  il  p'y  a 
pas  eu  de  rapport  ^  parce  que  la  séance ,  qui  devait  être 
consacrée  ,  avant  la  fin  de  la  session  ,  au  dernier  rapport 
des  pétitions  ,  n'a  pas  en  lieu.  Le  talent  oratoire ,  qu'on 
remarque  dans  le  discours  de  M.  de  Verna  ,  fait  regretter 
que  cet  honorable  député  ait  laissé  passer  toute  la  session 
de  la  Chambre  $  sans  y  faire  entendre  sa  voixt 


(  38o  ) 
*^*  14.  -—  En  rendant  compte  da  Toyagc  que  fait  ae- 
tuellement  Madame  dacbesse  de  Berry  ,  daps  les  Hautes- 
Pjrénëes  9  les  journaux  rapportent  ,  que  dans  le  cours 
d'une  promenade  anx  environs  de  Saint-Sauveur ,  S.  A.  &. 
est  entrëe  à  Lus,  dans  la  fabrique  naissante  de  crtfpons  ap- 
pelés Barëges  ^  qu'établissent  dans  cette^  ville  MM.  Rouillé 
et  Rejaùnier ,  de  Ljon.  Ces  jeunes  gens  ,  dont  l'un  est  an 
nombre  des  gardes  d'bonnenr  de  Madame  ,  étaient  pré- 
venus depuis  deux  heures  de  la  visite  de  la  princesse  \ 
lis  lui  ont  montré  le  détail  de  leurs  métiers ,  de  leurs 
mécaniques  9  et  lui  ont  offert  une  écharpe,  premier  ooTrage 
sorti  de  leurs  ateliers  (  ils  n'ont  reçu  que  depuis  an  mois 
l'autorisation  de  la  direction  générale  des  douanes,  né- 
cessaire pour  leur  établissement ,  sur  ce  point  situé  ei^tre 
les  deux  lign»  s  de  douanes  ).  Madame  a  accepté  ces  pré- 
mices avec  grâce  et  bonté ,  a  promis  de  les  porter  aux 
prochaines  courses  de  chevaux  à  Tarbes  ^  et  a  vu  avec  in- 
térêt cette  fabrique  qui  produira  enfin  des  baréges  dans 
la  vallée  qui  porte  ce  nom* 


»   4> 


i5.  —  Un  arrêté  de  la  mairie  de  Lyon ,  en  date  do 
i.^'  de  ce  mois  ,  contenant  un  règlement  pour  rendre 
publique  la  bibliothèque  du  commerce  et  des  arts ,  a  été 
affiché  aujourd'hui.  Cet  arrêté  porte  que  cette  bibliothèqae 
sera  ouverte  ,  chaque  année  ^  an  public  ,  depuis  le  i.^' 
novembre  jusqu'à  la  fin  du  mois  d'août,  deux  fois  par 
semaine  9  les  lundi  et  jeudi  9  depuis  trois  henrea  -jusqu'à 
cinq  heures  de  l'après-midi ,  pendant  l'hiver ,  et  jusqu'à 
six  heures  »  pendant  l'été  ;  qu'elle  sera  ouverte  ,  pendant 
le  temps  des  vacances  ^  c'est-à-dire  depuis  le  i.^''  septemlife 
jusqu'au  3i  obtobre  »  trois  fois  par  semaine  ,  les  lundis 
mercredi  et  samedi  9  aux  mêmes  heures  que  celles  ci- 
dessus  désignées  9  et  que  l'ouverture  9  pour  la  présente 
année  1828»  aura  lieu  le  lundi  i.^'  septembre  prochain  ^  à 
trois  heures  du  soir.  Les  antres  articles  de  l'arrêté  règlent 
la  police  de  l'établissement. 


(  38i  ) 

%*  —  M.  Desroches ,  acteur  du  théâtre  provisoire  9 
a  été  nommé  directeur  des  théâtres  de  Ljon ,  eu  rem- 
placement de  M.  Singîer  ,  démissionnaire. 


*«*  19.  —  Pose  de  la  première  pierre  da  grand  théâtre 
par  M.  le  maire  de  Lyon.  Il  a  été  dressé  un  procès-yerbal 
de  cette  cérémonie.  Nous  en  rendrons  compte  y  lorsqu'il 
•era  imprimé. 

\*  20.  —  Le  tribunal  de  police  correctionnelle  ayait 
'it  prononcer ,  encore  une  fois  ^  sur  Tappel  d'un  jugement 
de  simple  police  qui  avait  appliqué  à  des  négocians  de 
cette  ville  l'arrêté  de  M.  le  Préfet  du  9  avril  1827  9  re- 
latif au  pliage  des  étoffes  de  soie  ;  et  il  a  rendu  aujour- 
d'hui une  décision  conforme  à  celle  que  nous  avons  rap^ 
portée  dans  le  Bulletin  historique  du  mois  de  mars 
dernier  (1). 

\*  22.  —  Une  ordonnance  du  3o  juillet  dernier,  in- 
sérée dans  le  Bulletin  des  Lois ,  N.®  245 ,  autorise  défini- 
tivement trente-une  communautés  des  sœurs  hospitalières 
de  St  Joseph ,  établies  dans  diverses  communes  du  dépar- 
tement du  Rhône ,  diocèse  de  Lyon. 

*^  25.  — -  Distribution  des  prix  au^  élèves  de  l'école 
royale  de  dessin  et  des  beaux-arts  de  cette  ville  9  au  Palais 
da  commerce  et  des  arts.  Cette  cérémonie  était  présidée 
p^r  M.  le  maire.  Le  premier  prix  de  la  classe  de  la  figure 
a  été  remporté  par  M.  Hippolyte  Flandrin  \  celui  de.  la 
bosse  y  par  M.  Laplace  *,  celui  de  la  peinture  des  fleurs  ^ 
par  MM.  Doll  et  Delorme  ,  et  celui  de  l'architecture  9  par 
M*  Miciol. 

%*  27.  —  Ce  soir  X  cinq  heures  9  la  tour  que  M.  Pitrat 
faisait  construire    à    la    Croix-Rousse,  et  qui  a^ait  déj^ 


(1)  On  trouve  le  texte  du  nouveau  jugement  dans  !e   Précurseur 
du  a3  i^oût  et  dans  la  Gaxdte  univàrselU  dt  Lyon  du  a4 


/(  382  ) 
.environ.  i6o  pieds  d'^dyâtion,  s*es,t  écroulée  arec  fracas. 
Il  paraît  que  le  propriétaire  s'attendait  à  cette  chute;  il 
avait  fait  retirer  ses  ouvriers  ;  une  petite  fille  de  to  ans, 
«qu'on  n'avait  pas  aperçue,  a  été  écrasée.  On  attribue  la 
chute  de  cet  édifice  au  mauTais  choix  des  matériaur  qui 
y  avaient  été  employés  ,  et  à  d'autres  vices  de  constructioa. 

%*  28.  —  A  trois  heures  après  raidi ,  a  été  ouverte , 
dans  l'une  des  salles  de  l'école  royale  vétérinaire  de 
Lyon  ,  une  séance  publique  et  solennelle  9  pour  la  dis- 
tribution des  prix  et  des  diplômes  aux  élevés. 

Cette  séance  a  été  présidée  par  M.  Menoux ,  conseiller 
de  préfecture,  délégué  à  cet  effet  par  M.  le  préfet  absent. 
Elle  avait ,  comme  les  années  précédentes  ,  attiré  un 
public  nombreux  et  choisi,  et  parmi  les  personnes  dîstln-^ 
guées  qui  occupaient ,  derrière  le  bureau  ,  les  faateails 
d*honneur ,  on  remarquait  un  grand  nombre  d'officiers  de 
cavalerie  dé  la  garnison,  plusieurs  vétérinaires  militaires, 
ainsi  que  M.  Virey ,  membre  de  l'académie  royale  de  mé- 
decine et  de  la  société  royale  et  centrale  d'agriculture. 

La  séance  a  été  ouverte  par  un  discours  de  M.  le  pr^ 
sïdent,  dans  lequel  il  a  donné  aux  élèves  les  plus  sages 
conseils. 

M.  Grognier ,  un  des  professeurs,  a  lu  ensuite  le  compte 
rendu  des  travaux  de  l'école ,  pendant  l'année  scolaire 
qui  vient  de  s'écouler  ;  il  a  payé  un  tribut  de  vénération 
et  de  reconnaissance  à  la  mémoire  de  Chanssier  et  à  celle 
de  Bosc  ,  qui  remplirent  pendant  long-temps  les  fonctions 
de  membre  du  Jury  de  l'école  vétérinaire  d'Alfort. 

M.  Moiroud ,  faisant  les  fonctions  de  secrétaire  du  jniy, 
a  lu  le  procès-verbal  de  la  session  et  en  a  fait  connaître  le 
résultat.  Les  élèves  qui  avaient  été  jugés  dignes  des  prix , 
sont  venus  successivement  les  recevoir  des  mains  de  M.  le 
conseiller  de  préfecture  ,  présidant  la  séance ,  de  M.  le 
.directeur ,  4e  MM.  les  professeurs  et  de  M.  l'auaionier  àe 
l'école ,  au  son  d'une  musique  choisie  et  ..au  mili.eu  des 
applaudissemens  de  leurs  condisciples  et  de  l'assemUée. 


(  383  ) 

Après  là  clôture  de  la  séance ,  M.  le  pr^sîcTent  et  les 
personnes  distinguées  de  rassemblée  ont  examiné  avec 
intérêt  les  dessins  présentés  par  les  élères ,  et  qni  étaient 
exposés  autour  du  bureau. 

M.  le  conseiller  de  préfecture,  représentant  le  préfet 
absent,  accompagné  de  M.  1* inspecteur-général  ,'de  M.  te 
directeur  et  de  MM.  les  professeurs ,  a  ensuite  visité  les 
constructions  de  Técole ,  qu'il  a  reconnues  susceptibles 
d'améliorations  importantes ,  principalement  sous  le  rap- 
port de  la  salubrité  pour  les  animaux. 

^'^Mc^/neyo UT. -—Distribution  des  prix  et  médailles  de  Im 
fondation  Grognard,  du  cours  de  géométrie-pratique  et  de 
l'institution  proyisoire  de  la  Martinière,  sous  la  présidence 
de  M.  de  Lacroix-Laval.  Le  discours  d'ouverture  ,  prononcé 
par  ce  magistrat ,  a  été  suivi  de  l'appel  des  élèves  de 
l'école  royale  de  dessin  et  des  beaux-arts ,  qui  ont  obtenu 
les  médailles  d'or  et  d'argent  de  la  fondation  Grognard. 
Les  prix  ^du  cours  de  géométrie-pratique  ont  egsuite  été 
distribués.  Le  premier  prix  de  cbimie  a  été  remporté  par 
M.  Pierre  Forge  ,  et  celiii  de  mécanique  industrielle  et  de 
mathématiques  élémentaires  ,  par  M.  Emmanuel  Verguin* 

Dans  sa  séance  publique  du  25  de  ce  mois  ,  l^ca«> 
demie  française  a  décerné  les  prix  fondés  par  M.  dé 
'Montjon.  Le  i.""  prix  de  vertu  (2000  fr.)  a  été  accordée 
Marie  Malfret ,  demeurant  à  Lyon  ,  département  du  Rhône, 
Les  journaux  ne  nous  apprennent  que  le  nom  de  cette 
Lyonnaise,  et  né  nous  disent  point  encore  quelles  sont  les 
actions  qui  lui  ont  mérité  une  aussi  glorieuse  récom- 
pense^ 

***  ^9*  "^  ^^  journal  de  cette  ville  contient  l'article 
nécrologique  suivant  : 

«  La  sœur  Pélagie  ,  supérieure  de  l'ordre  de  St.  Vincent 
de  Paul  j  de  la  paroisse  de  St,-Paul ,  à  Lyon  9  vient  de 


(  384  ) 

motirîr  âg^e  de  71  ans.  Etta  prononça  ses  Tœnx  à  17  ans  f 
et,  bientôt  .après,  fut  dëtenue  pendant  plasiears  années,  par 
ordre  des  trîbanaax  rëvolutionnaires.  Ce  fut  alors  qu'elle 
donna  des  preuves  d'an  héroïsme  extraordinaire  :  oubliant 
l'horrenr  de.aa  propre  sitaation ,  elle  consolait  des  compa- 
gnons d'infortane ,  les  soulageait  de  tout  son  pouvoir ,  et 
plus  d'une  fois  aussi,  ses  connaissances  en  médecine,  daos 
laquelle  elle  était  très-versée,  réussirent  à  sauver  ceux  qae 
les  chagrins  et  les  mauvais  traitemens  réduisaient  aui  plos* 
tristes  extrémités.  Echappée  aux  proscriptions ,  elle  eat 
dans  la  suite  oecasion  de  soigner  ,  durant  des  maladies 
très-graves ,  Lucien  et  Joseph  Buonaparte  ,  ce  qui  lui 
mérita  la  bienveillance  de  la  famille  impériale.  Ëofin  elle 
'  fut  nommée  supérieure  à  Lyon  où  tous  ceux  qui  l'ont 
connue  regretteront  à  jamais  des  talens  utiles  à  l'hamaoîlé, 
et  les  vertus  de  son  âme  élevée  ;  les  pauvres  surtout  aaront 
à  déplorer  une  mère  tendre  et  une  bienfaitrice  toujoars 
attentive  à  soulager  leur  misère*  1; 

*^*  3o.  ^  Le  Bulletin  des  Lois ,  N.^  247  9  contient  le 
Tableau  de  répartition  de  la  contribution  foncière  entre  les 
départemens.  Celni  du  Rhône  j  figure  pour  une  somme 
totale  de  2,760,220  fr.  55  cent. ,  savoir  ,  pour  le  principal, 
2,099,405  fr.  ;  pour  les  10  cent*  sans  affectation  spéciale 
209,940  fr*  5o  cent.  ;  pour  les  19  cent,  affectés  aux  dépen- 
ses fixes ,  variables  et  fonds  commun ,  398,866  fr.  95  c.  ; 
et  enfin  pour  les  2  cent,  à  titre  de  secours  ,  41*988  fr. 
70  cent.  La  quote-part  du  département,  dans  la  contribution 
personnelle  et  mobilière,  est  de  752,290  fr.  dont  559,000  f. 
pour  le  principal,  et  le  snrplus  pour  les  cent,  additionnels. 
Enfin  9  la  part  à  la  charge  du  département  pour  l'impôt 
des  portes  et  fenêtres  est  fixée  à  la  somme  de  547,186  fr.' 

%*  5i.  —  La  société  royale  de  médecine  éje  Bordeaux 
vient  de  décerner  une  médaille  d'or  de  3oo  fr.  .à  M.  le 
docteur  Brachet ,  médecin  à  Lyon ,  pour  son  mémoire  sur 
r Asthénie  médicale. 


(585) 

BULLETIN  HISTORIQUE 

BU  MOIS  DE  SEPTEMBRE  1828« 


«%  !•  —  Le  prix  da  pain  poar  le  mois  de  septembre^ 
%st  fixé  à  ai  centimes  1/4  (quatre  sous  an  liard)  la  livre. 

«%  4*  Sëance  publique  de  l'acadëmie  royale  des  sciences  ^ 
belles-lettres  et  arts  de  la  TÎlle  de  Lyon.  Cette  séance  qui 
orait  été  retardée  de  quelques  jours ,  était  celle  qui  deyait 
aroir  lieu  à  la  S»  Louis.  C'est  ordinairement  ce  jour-là 
qu'on  la  tient  chaque  année,  et  c*est  une  des  réunions 
académiques  les  plus  solennelles ,  parce  qu'elle  est  des- 
tinée an  rapport  sur  les  concours  et  à  la  distribution  des 
prix  ,  ainsi  qu'à  l'annonce  des  sujets  que  la  compagnie 
propose  pour  l'année  suivante.  L'assemblée  était  peu  nom- 
brease  9  mais  brillante  et  très-bien  choisiCé  M*  le  préfet  9 
comte  de  Brosses  ,  l'honorait  de  sa  présence* 

Le  discours  d'ouverture  a  été  prononcé  par  M.  Pericaud 
a!né  ^  président,  qui  a  rappelé  en  peu  de  mots  l'objet  de 
la  séance  et  en  a  donné  le  programme. 

Organe  d'une  commission  chargée  de  l'examen  du 
concours  relatif  à  une  partie  quelconque  de  la  statistique 
du  département  du  Rhône  9  ou  de  la  ville  de  Lyon  ea 
particulier,  M.  Grognier  a  fait  un  rapport  sur  le  seul 
méaioire  qui  a  été  reçu  ,  et  qui  a  pour  titre  :  Essai  sur 
Vhistoirt  de  la  médecine  et  des  médecins  de  L^fon  ,  depuis 
la  fondation  de  cette  ville  jusqu'au  19»^  siïcle.  Il  a  pré- 
senté l'analyse  de  ce  mémoire ,  dans  lequel  la  commission- 
a  reconnu  que  l'auteur  avait  fait  preuve  d'une  sage  érudi- 
tion, et  qu'il  avait  très-bien  caractérisé  plusieurs  médecins 
célèbres  nés  dans  nos  murs  ^  tels  que  les  Gui  de  Chauliac 

Tome  VllL  a5 


(  386  ) 
les  Champier,  les  Tolet,  les  Mejssoanîer ,  les  Sarrasm , 
les  Dalechamp,  les  SpoD,  les  Falconnei ,  les  Pouteau,  etc., 
mais  qu'il  n*avaît  pas  assez  soigné  la  bibliographie  et  quel* 
ques  antres  parties  de  la  statistique  médicale  qui  auraient 
dû  aussi  entrer  dans  sou  plan.  M.  le  commissaire  a  cité 
plusieurs  fragmens  de  cet  intéressant  travail ,  que  Tauteor 
perfectionnera  sans  doute  avant  de  le  livrer  au  public  ,  et 
qui«  complété,  justifiera  mieux  le  titre  qu'il  lui  adonné, 
d'Histoire  de  la  médecine  à  L^yon.  Les  imperfections  d« 
ce  mémoire  n'ont  pas  permis  à  l'académie  de  lui  décerner 
la  totalité  du  prix  ;  mais  elle  l'a  jugé  digne  d'une  récom- 
pense et  d'un  glorieux  encouragement ,  et  elle  a  accordé 
une  médaille  d'or  de  3oo  fr.  à  M.  F.  Imbert  à  qui  il  est 
dû  (i). 

M.  Breghot  a  ensuite  lu  son  rapport  sur  VElo^t  du 
major^général  Martin.  Cinq  pièces  de  vers  et  un  discours 
en  prose  ont  été  admis  à  ce  concours.  M.  le  rapporteur 
les  a  fait  connaître  par  un  compte-rendu  détaillé  de  leur 
mérite  respectif ,  toutefois  après  s'être  livré  à  quelques 
réflexions  sur  les  difficultés  que  présentait  le  sujet  et  sur 
les  motifs  qui  avaient  porté  l'académie  à  le  proposer.  Il  a 
justifié  par  de  nombreuses  citations  le  jugement  de  la 
commission  sur  chacun  des  mémoires  envoyés.  Ces  cita- 
tions prouvent  que  le  concours  a  été  très-brillant ,  et  que 
même,  dans  les  pièces  qui  n'ont  paru  dignes  d'aucune 
distinction  pai*ticulière  ,  il  se  trouvait  des  passages  très- 
remarquables.  Plusieurs  de  ces  fragmens  ont  excité  les 
applaudissemens  du  public.  Nous  mettrons  sous  les  yeux 
du  lecteur  la  tirade  suivante  du  poème  portant  le  n.*^  i  et 
ayant  pour  épigraphe  :  Transiit  benefaciendo.  Après  aroîr 
célébré  la  bienfaisance  du  major-général  Martin  et  l'avoir 


(i)  Le  rapport  de  M.  Groçiiicr  a  été  inséré  dans  ce  volume, 
pag.  34a  C'est  pourquoi  nous  nous  sommes  couteutd  d'en  donner  us 
court  sommaire. 


(  387  ) 
dépeint  comme  le  soatien  da  pauvre  et  l'ami  de  Torphe* 
lin,  Taateur  s'écrio: 

Pour  prix  de  tes  vertus  , 
Va  goûter  le  bonheur  et  la  paix  des  ëlus  ! 
Va ,  du  divin  sëjour  la  troupe  fraternelle 
A  marque  dans  ses  rangs  ta  place  solenuelle  : 
Vincent  t'a  contemplé  d'un  regard  attendri , 
£t  te  tendant  la  main  ,  Penthièvre  t'a  sonri  ; 
£t  Montyon  ému  ,  de  larmes  d'allégresse 
Baigne  le  testament  que  ta  vertu  nous  laisse  , 
Comme  s'il  retrouvait  dans  ton  écrit  pieux 
Quelques  feuillets  du  sien  égaré  dans  les  cieux  ! 

Le  poëme  9  n.^  4f  portant  ponr  épigraphe  ce  yers  de 
Virgile  : 

Dnlces  moriens  reminiscitur  Argos  » 

et  le  n.^  5 ,  ajant  pour  devise  ces  deux  Ters  de  Voltaire  : 

Le  conquérant  est  craint ,  le  sage  est  estimé  , 
Mais  le  bienfaisant  charme  et  lui  seul  est  aimé , 

ont  surtout  fiië  l'attention  de  la  commission  qui  )es  a 
désignes  à  l'académie  comme  devant  partager  le  prix. 
M.  le  rapporteur  a  développé  les  motifs  de  cette  décisiou  \ 
il  a  &it  Yoir  que  ces  deux  poèmes  «  supérieurs  aux  autres 
pièces  du  coneours ,  embrassaient  le  sujet  tout  entiei*  ;  que 
sans  être  exempts  de  défauts  ,  ils  offraient  assez  de  beautés 
pour  mériter  la  couronne  \  qu'ils  'j  avaient  droit  à  des 
titres  différons  ,  mais  égaux  \  que  si  le  n.^  4  l'emportait 
6ur  le  n.^  5  par  la  grandeur  des  idées,  la  hauteur  de  la 
poésie 9  la  richesse  et  la  pompe  des  descriptions,  la  verve 
et  le  mouvement  poétique ,  le  n.^  5  pouvait ,  à  son  tour,  lui 
opposer  d'autres  qualités  qui  ont  aussi  leur  prix  :  Télé- 
gance  ,  la  correction,  l'exactitude;  que  si  dans  l'un  brillait 
plus  de  talent  naturel ,  dans  l'autre  on  ti*ouvait  plus  d'étude 


(  388  ) 
et  de  trayail.  Les  nombreux. extraits  de  ces  deux  oaTrages, 
las  par  M.  le  rapporteur ,  ont  para  intéresser  Tifement  ras- 
semblée. Nous  ne  citerons  rien  du  n.^  4  V^^  ^  ^^\^  ^^ 
publié  Y  mais  nous  enrichirons  cet  article  du  morceau  sai- 
Tant  du  n.^  5  qui  est  encore  inédit.  La  major-général  9 
alors  simple  eoldat ,  emporté  par  un  Tague  désir  de  gloire 
et  d'illustration  ,  s'embarque  pour  aller  serrir  dans  l'Inde 
sous  les  ordres  de  Lallj. 

Dëjà  YoguaDt  au  grë  de  l'onde  fugitive  , 
Il  a  TU  de  Toulon  les  tours  ,  les  vieux  créneaux  , 
Et  comme  une  forêt  dans  sa  rade  captive  , 
Ces  mâts  qu'un  vent  léger  balance  sur  les  eaux. 
Salut ,  noble  cité  !  ton  paisible  rivage 
Sera  couveit  un  jour  de  débris  et  de  deuil  : 
Aux  rives  d'Albion  j'entends  gronder  l'orage , 
Ses  drapeaux  dans  tes  murs  flottent  avec  orgueiL.» 
!Mais  quel  est  ce  guerrier  que  la  mort  environne? 
L'Anglais  à  son  aspect  recule  épouvanté  ; 
Peut-être  a-t-il  cru  voir  l'ombre  d'une  couronne  , 
D'une  auréole  orner  son  front  ensangtanté.... 
C'est  lui ,  c'est  le  béros  d'Austerlitz  et  d'Arcole  ^ 
C'est  le  fils  du  destin^ ,  c'est  l'héritier  des  rois... 
A  sa  voix,-  sur  tes  bords ,  l'aigle  du  Gapitole 
Préludera  bientôt  à  de  nouveaux  exploits..» 
Cependant  les  rochers  tout  à  coup  retentissent 
Du  signal  du  départ ,  des  chants  des  matelots  i 
Ao  souffle  du  zéphyr  les  voiles  s'arrondissent  ; 
Le  navire  s'ébranle  ,  il  sillonne  les  flots. 
On- respire  dana  Tair  lenr  mordante  amertumes 
Ils  viennent  à  la  proue ,  ils  brisent  leurs  efibrtfl  ; 
Confondus  à  travers  leur  bouillonnante  écume , 
De  la  cité  lointaine  on  voit  blanchir  les  forts. 
Au  moment  qu'on  la  perd  ,  que  la  patrie  est  belle  ! 
Les  vents  semblent  chargés  du  parfum  de  ses  fleurs... 
Alors  peut-être  aux  flots  qui  l'entraînaient  loin  d'eUt  1 
Le  jeune  aventurier  mêla-t-il  quelques  pleurs.^ 
Mais  dans  son  Âme  ardente  il  étoufie  les  larmes  ; 
Il  rêve  à  l'avenir  ,  il  prélude  aux  combats  ; 


(389) 

'TantÀt  avec  trtnsport  il  contemple  ses  armei , 
Et  tantôt  ba  ^eueila  eotr'ouTCits  sons  ees  pas» 

O  toi  qui ,  dans  tes  flancs  ,  portes ,  sans  le  connaître  ^ 
Le  bienfaiteur  de  l'Inde  et  le  père  des  arts , 
Nayii*e  ,  en  l'exilant  des  lieux  qui  Tout  ru  naître  p 
Veille  sur  lui  :   des  mers  qu'il  braye  les  hasards  I 
Tes  nochers,   en  passant ,  d'un  dédaigneux  sourire 
Accueillent  les  transports  qui  brillent  dans  ses  yeux; 
Car  son  nom  est  obscur  ,  et  le  but  qui  l'inspire , 
*  Ils  l'ignorent  aussi  :  c'est  le  secret  des  dieux. 
Veille  sur  lui  ,  ne  liyre  a  la  fureur  de  l'onde 
Que  l'homme  pour  lui  seul  de  trésors  altère  l 
Celui  qui  s'enrichit  pour  le  bonheur  du  monde  ^ 
Ce  mortel  demi-dien ,  c'est  na  d^6t  sacré  ! 

L'aatenr  da  poëme  dont  on  Tient  de  lire  un  fragment  ^ 
eBt  M.  F.  Coignet ,  de  S.  Chamond,  d^)à  couronne ,  il  j  a 
deax  ans ,  pour  un  poëme  sur  le  Siège  ^  L/yon  9  concor- 
remnient  ayec  M*  Bignan  ;  celui  du  ^.^  J^  est  de  M.  F.  J. 
Babanis,  professeur  de  rhétorique  au  collège  rojal  de 
Ljon.  Ces  deux  concurrens  ont  été  proclamés  vainqueurs  y 
et  une  médaille  de  distinction  a  été  accordée  à  M,  Benoît  » 
auteur  du  poëme  n.^  a  9  ayant  pour  épigraphe  : 

.     .    «     •    ,     n  dispute  à  nos  rois 

L'honneur  y  trop  rare  encor ,  dans  le  siècle  oà  nous  sommesy- 

De  prévenir  le  crime  en  éclairant  les  hojjomes* 

Quelques  passages  de  cet  ouvrage ,  parmi  lesquels  on.  a 
remarqué  les  deux  que  nous  allons  transcrire ,  ont  mérité 
à  M.  Benoit  cet  honneur  :  le  premier  roule  sur  un  trait 
de  la  vie  de  Martin ,  difficile  à  exprimer  dans  le  langage 
poétique  : 

Hélas  r  pourquoi  faut-il  qu'au  bout  de  sa  carrière  ,  - 
Celui  qui  consacra  ses  biens  ,  sa  vie  entière 
Au  bonheur  des  mortels ,  soit  en  proie  aux  tourmetu  ^ 
Qu'amoncèle  sur  nous  la  froide  maia  du  temps? 


(  Sgo  ) 

n  .coffre...  Un  mal  cruel  lentement  le  dérore. 
En  vain  ramilié  prie  au  temple  d'Epidaurc  : 
Esculapc  est  muet ,   et  l'art  est  impuissant, 
Éh  bien  !  le  vieillard  seul ,  dans  cet  affreux  moment , 
Par  un  dernier  effort  de  son  fëcond  génie  , 
Conçoit  encor  l'espoir  de  prolonger  sa  vie  , 
S'arme  d'un  instrument  par  lui-même  inventa  , 
Et ,  sans  craindre  l'effet  de  sa  témérité  , 
Jusqa'aQ  siège  du  mal  guide  le  fer  docile  , 
En  presse  les  ressorts  ,  et  d'une  main  habile  , 
Divise  le  caillou  qui  cause  sa  douleur. 
Trop  Urd  de  la  nature  il  corrige    l'erreur: 
Martin  est  affaibli  ;  c'est  un  pied  dans  la  tombe 
Qu'il  combat  l'ennemi  sous  lequel  il  succombe  : 
Mais  de  ses  maux  du  moins  il  prévient  le  retour  , 
Et ,  désormais  tranquille  ,  attend  son  dernier  jour. 
Il  meurt...  Mais  quand  la  mort  à  le   aaisir  e'app^éte , 
D'une  dernière  palme  il  orne  cncor  sa  tête , 
-  Et  Ui«se  à  l'univers  ,  en  s'clançant  aux  cieux  , 

Le  merveilleux  swet  que  nous  cachaient  les  dieux. 
.  Sâvapt  laborieux  ^odeate  Civiale  , 
Peut-être  ignoraisTi  qu'en  cet  obscur  dédale  f 
L'ingénieux  Martin  déjà  t'eût  devancé  ; 
"  Mais  récbt  de  ton  nom  n-en  est  point  effacé  i 
"  n  ne  tè  ravit  pas  ,  il  partage  ta  gloire. 
Soyex  unis  tous  deux  an  temple  de  mémoire  : 
La  route  qu'il  traça  ,  tu  dois  la  parcourir; 
Il  est  encor  pour  toi  des  palmes  à  ciieillir. 

Le  poète  continue  ainsi  : 

Conquérant  qui  du  inonde  avez  rêvé  l'empire  , 

Andacienx  Titaûs  ,  dont  le  cœur  en  délire 

Fut  sourd  «ttx  cris  plaintifs  des  malheureux  mortels  , 

Héros  à  qui  In  craittle  éleva  des  autels  , 

De  lauriers  teints  de  sang  vous  couronniez  vos  tétcs  s 

Mais  que  vous  restc-t-il  de  vos  vastes  conquêtes  ? 

Quel  fruit  de  iros.  ez|kloitk  reeueilKt  l'univers  ? 

Des  osscmens  épa^*  » '.des  larmes  et  des  fers. 

Je  vois  oçn^  noms,  fameux  coBsacrés  par  l'histoire; 

Mais  le  pauvre  ,  jamais  gftrd»-t*il  la  mémoire 


(  391  ) 

D*aR  seul  de  ceê  héros  clans  la  poudre  endormis  ?  . 
Tranquille ,  de  leur  tombe  il  foule  les  dëbris  , 
Kt  jamais ,  sm*  le  sol  où  repose  leur  cendre  , 
De  sincères  regrets  ne  se  firent  entendre. 

Noas  observerons,  avec  M.  le  rédacteur  in  rapport ^ 
qae  le  poëme  n'est  pas  ëcrit  tout  entier  avec  le  même 
bonheur  et  la  fermeté  d'expression  qu'on  remarque  dans 
ce  dernier  morceau  ^  autrement  il  est  h  présumer  ipxe 
l'acadëmie,  an  lien  d'accorder  h  l'auteur  du  a.^  a  une 
simple  médaille  d'encouragement ,  lui  aurait  fait  partager 
la  palme  avec  les  deux  autres  lauréats. 

Après  avoir  proclame  les  noms  des  Taînqueurs  9  Mr  le 
président  a  invité  M.  Guigo»  inventeur  d'un  métier  propre 
à  tisser ,  h  Tenir  recevoir  le  prix ,  fondé  par  M.  le  duc  de 
Plaisance ,  qui  lui  avait  été  adjugé  dans  une  séance 
précédente. 

M.  Clerc  a  communiqué  un  mémoire  sur  les  comètes , 
plein  de  détails  curieux  et  piquàns  ;  il^  surtotit  vivement 
réveillé  l'attention  par  ses  réflexions'  lur  la  comète  qui 
doit  se  montrer  en  i8S^,  et  sur  les  alarmes  que  Tatinonce 
de  cet  astre  a  causées  en  Allemagne ,  et  il  a  plus  d'une 
fois  excité  l'hilarité  de  Tassemhlée  y  en  démontrant  l'ab- 
surdité des  craintes  superstitieuses  que  l'apparition  des 
comètes  inspire  au  Tulgaire. 

M.  Guerre  a  présenté  ensuite  des  observations  très-bien 
écrites  sur  la  méthode  à  suivre  pour  obtenir  une  histoire 
de  France  complète  ;  il  s'est  attaché  à  prouver  que  jusqu'^ 
présent  nous  ne  possédions  pas  une  bonne  histoire  de 
France ,  par  la  faute  de  nos  auteurs  qui  n'ont  fait  que  4a 
biographie  de  quelques  grands  et  ont  négligé  de  s'occuper 
de  la  nation  ,  de  ses  mœurs  ,  de  ses  usages  9  etc.  Les 
personnes  qui  n'ont  pas  assisté  à  la  séance 9  ont  pu  juger 
du  mérite  du  discours  de  M»  Guerre ,  par  l'extrait  assez 
considérable  qui  en  a  été  inséré  dans  un  des  numéros  du 
Précurseur  de  septembre  1828» 


(  392  ) 
La  sëance  a  été  termî aëe  par  la  lectorei  faite  par  M.  Trâis^ 
de  sa  traduction  en  vers  français  da  premier  cbant  des 
Afnours  des  Anges  de  Thomas  Moare,  Dans  an  conit 
aTertissement ,  racadémicien  a  obserrë  qae  le  poëme  an- 
glais 9  dont  le  stjle  est  si  l^ger  ^  si  gracieux  ,  si  aérien  » 
semblait  avoir  été  écrit  avec  une  plume  tirée  de  l'aile  de 
l'un  des  esprits  célestes  qui  en  sont  les  Léros.  Thomas 
Moore  a  trouvé  dans  M.  Trélis  un  interprète  digne  de  lui, 
et  l'on  doit  désirer  que  cette  élégante  version  ne  reste 
pas  renfermée  dans  le  riche  porte-feuille  du  traducteur. 

^\  7*  — •  Le  tribunal  de  police  correctionnelle  a  proeédé 
au  jugement  d*un  individu  nommé  Tamiet ,  arrêté  ,  il  j  a 
quelque  temps ,  à  la  barrière  de  Vaise  ,  portant  dans  un 
sac  une  tête  de  femme.  Les  débats  ont  établi  que  le  motif 
de  cette  profanation  avait  été  une  croyance  superstitieuse 
et  le  désir  de  se  procurer  un  moyen  magique  de  gagner 
il  la  loterie.  Le  prévenu  a  été  condamné  ,  comme  coupable 
de  violation  de  t<9mbeau  ,  à  trois  mois  de  prison ,  confor- 
mément à  Tart.  36o  du  code  pénal. 

^*^  lo.  ^-  Une  collection  de  coquillages  et  d'oîseam 
étrangers  ,  venant  notamment  de  File  de  Cayenne  ,  a  été 
envoyée  par  le  gouvernement  au  cabinet  d*histoire  natu- 
relle de  Lyon. 

«%  i4-  —  On  lit  dans  un  journal  de  ce  }our  Textrait 
suivant  du  rapport  fait  par  M-  Héricart  de  Thury  à  la  so- 
ciété d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ,  sur  les 
procédés  employés  par  M.  Maiziat  pour  l'exécution  de  son 
admirable  tableau  contenant  le  Testament  de  Louis  X\l 
en  tissu  de  soie  ,  et  qui  a  trompé  à  la  première  vue  l'œil 
exercé  d'un  de  nos  premiers  typographes ,  M.  Firmin|Didot: 

»  Sous  le  rapport  de  l'exécution  ,  on  ne  sait  ce  qu'on 
9,  doit  le  plus  admirer  dans  ce  tableau ,  ou  de  la  netteté 
,9  des  textes  ,  qui  semblent  avoir  été  imprimés  avec  les 
19  caractères  et  suivant  les  principes  de  nos  meilleurs  im« 


(393  ) 
»  primeiirs ,  ou  de  la  précision  et  de  la  poretë  des  dessins  y 
y»  de  Texactitude  des  figares  ,  de  Pélegance  et  de  la  déli- 
»  catesse  des  arabesques  ,  des  chîfires  et  des  armoiries 
M  de  l'encadremeot  :  tous  ces  détails  paraissent  réellement 
»  TceuTre  du  burin  le  pins  exercé ,  comme  l'a  très-bien 
9»  dit  M.  Regnj. 

79  De  tels  essais  ,  ou  plutôt ,  et  disons  mieux ,  de  tels 
y>  succès  assurent  à  nos  manufactures  une  nouTelle  branche 
»  de  fabrication  d'autant  pins  importante  ^  qu'il  est  impos- 
99  sible  9  uous  ne  dirons  pas  d'en  déterminer ,  mais  même 
99  d'en  aperccToir  les  limites  y  puisque  peu  d'heures  suffi- 
99  sent  à  M.  Maiziat  pour  opérer ,  arec  la  même  économie 
I»  de  temps  et  de  frais  ,  la  même  abondance  de  moyens  et 
99  la  même  perfection  de  trarail ,  tonte  espèce  de  chan- 
99  gement  dans  la  fabrication  ;  pour  substituer  un  ouTrage 
19  à  un  autre  ,  une  étoffe  à  une  autre  étoffe  ;  enfin ,  pour 
9»  exécuter  indistinctement  toutes  les  compositions  imagi- 
99  nables' ,  les  plus  difficiles  et  les  plus  régulières ,  comme 
99  les  plus  fantasques  ou  les  plus  hasardeuses. 

19  Les  ornemens  étrusques ,  les  peintures  de  Pompei  et 
99  à*Herculanum  ,  les  dessins  les  plus  minutieux  et  les  plus 
9»  finis  ,  pourront  être  rendus  ',  dans  toute  la  délicatesse 
99  de  leurs  traits  les  plus  déliés  ,  avec  autant  de  succès 
»9  qae  dans  la  gravure  ,  et  l'on  pourra  même  indistincte- 
99  ment  exécuter  ,  à  la  faveur  des  nouvelles  combinaisons 
99  de  M.  Maiziat ,  pour  les  meubles  et  les  tentures ,  toute 
n  espèce  d*ornemens  et  de  compositions  ,  de  âgnres  et  de 
99  dessins  quelconques  ^  ajustés  avec  les  arabesques  les 
99  plus  gracieuses.  ,, 

^%  i6  —  M.  Noël  Jordan ,  curé  de  Notre-Dame  ,  \ 
Roanne  (  Loire  )  a  été  nommé  curé  de  la  paroisse  de  St- 
Bonaventure  h  Lyon  ,  en  remplacement  de  M.  Pascal  p 
décédé.  M.  Noël  Jordan  est  un  des  trois  frères  actuelle- 
ment yiyans  de  feu  M.  Camille  Jordan* 


(  394  ) 
*^*  22»  —  ^  Nous  ayons  en  ce  moment  II  Ljon  un  ù 

grand  nombre  de  nos  quaîs  «  de  nos  ports  ,  de  nos  pkices 
publiques  ,  encombrés  de  pierres  de  taille ,  de  chantiers^ 
de  matériaux  de    toute  espèce ,  qu'on   serait    (enté  de 
croire  qu'il  s*agit  moins  de  donner  à  notre  ville  le  com- 
plément des  monumens  qui  lui  manque  ,   que  de  la  re- 
prendre en   sous-œuvre.  Quoique   tous   ees  travaux  ne 
soient  pas  menés  avec  une  activité  bien  remarquable, 
on  doit  convenir  qu'ils  marchent  d'une   manière  satis- 
faisante. Ceux    du  quai   St-Clair   seuls   restent  station- 
naires  ,   ce  qui  est   d'autant  plus  fâcheux  que  ce  quai 
étant  la  promenade  favorite  de  la  population  lyonnaise  , 
les  habitans  de  ce  quartier  ne  sont  pas  les  seuls  à  ea 
souffrir.  Serait-il  vrai  que  ce  fâcheux  état  de  choses  ?int 
de  faux  calculs  qui  auraient  été  faits  ,   et  qu'il  faudrait 
triplex  la  somme  de  200,000  fr« ,  qu'on  avait  de  prime 
abord  jugée  suffisante  pour  l'élargissement  et  les  plaa- 
tations. 

Les  directeurs  des  travaux  du  pont  de  Charles  X  ont 
eu  aussi  leur  moment  de  sommeil  ,  causé  sans  doate 
par  les  contestations  qui  se  sont  élevées  entre  les  action- 
naires d'un  côté  ,  et  de  l'autre  ,  le»  propriétaires  des 
maisons  à  enterrer.  Les  terrassemens  9  en  grande  partie 
exécutés  , .  annoncent  suffisamment  que  ces  contesta- 
tions n'existent  plus,  et  que  les  retards  qu'elles  ont 
apportés  à  l'ouverture  du  pont  9  touchent  à  leur  terme. 
Cependant  )e  public  voit  avec  peine  l'élévation  qu'on 
a  été  obligé  dé  donner  au  quai  dans  cette  partie  de  la 
ville ,  cette  élévation  est  telle  ,  qu'il  n'y  a  plus  de  vue 
possible  en  aval  et  en  amont  du  pont.  Lors  de  la  cons- 
truction du  pont  de  l'Archevêché  9  qui  était  sous  tous 
les  rapports  d'une  bien  autre  importance  ,  on  a  su  éviter 
un  tel  bouleversement.  Cet  inconvénient ,  à  ce  qu'on 
assure ,  n'est  point  du  fait  de  la  compagnie  ,  soumise 
en  ceci  à  l'administration  des  ponts  et  chaussées  ;  mais 
on  se  rend  difficilement  compte  des  raisons  qui  ont  pa 


(  395  ) 
porter  à  construire  deux  ënormes  maisons  en  pierre  de 
taille ,  Il  la  place  des  petits  pavillons  qni  ornent  habi* 
toellement  les  abords  d'un  pont» 

99  Si  des  riyes  du  Rhône ,  nous  passons  sar  celles  de  \k 
Saône  9  nous  j  tronverons  en  pleine  construction  et 
déjà  arriTë  à. une  assez  grande  hanteur  ,  un  édifice  dont 
Taspect  lourd ,  sans  cesser  d'iétre  imposant ,  accuse  bîea 
la  destination.  Rien  n'a  été  néglige  pour  cela ,  arcades 
basses'  et  à  lourds  archivoltes ,  refends  larges  et  pro* 
fonds  ;  on  ne  peut  s*j  méprendre  ,  c'est  bien  là  le  ca- 
ractère d'un  grenier  public.  A  quelque  distance  de  là  f 
dans  la  presqu'île  Perraehe  ,  Tiennent  de  s'achever  les 
fondations  du  vaste  édifice  destiné  à  servir  de  prison  , 
et  auquel ,  assure-t-on  y  une  somme  de  huit  cent  mille 
francs  est  destinée. 

,9  Le  monument  qui  9  par  sa  position  ,  attire  le  plus  les 
regards  9  et  par  les  circonstances  qui  ont  amené  sa  cons* 
traction  9  occupe  le  plus  l'attention  publique  9  est  le 
grand-théâtre  définitif,  dont  à  en  juger  par  la  marche 
des  travaux ,  l'achèvement  ne  peut  moins  faire  que 
d*être  prompt.  Le  soubassement  ouvert  de  portiques  qui 
doivent  servir  de  promenoirs  publics  ,  dans  le  genre  de 
ceux  du  Palai^  rojal  ,  est  presque  entièrement  terminé 
sur  les  quatre  faces  de  l'édifice ,  et  on*  achève  en  ce 
moment ,  sur  la  rue  du  théâtre ,  l'étage  supérieur  qui 
le  sufbionte.  Les  murs  de  la  partie  de  ce  théâtre  qui 
renferment  la  salle  et  la  scène  ,  sont  déjà  arrivés  à  la 
hauteur  que  doivent  avoir  la  voûte  de  la  salle  dont  la 
grosse  ch  .rpente  vient  d'être  posée.  ,, 

%*  23.  —  Hier  9  un  employé  de  l'Hô tel-Dieu  tomba  dans 
le  Rhonc  en  passant ,  chargé  d'une  balle  de  linge  9  sur  la 
planche  qui  conduit  du  quai  au  bateau  à  laver  de  l'hospice. 
Le  courant  1  entraîna  bientôt  jusqu'au  pont  de  la  Guillotière  9 
et  il  allait  disparaître  sous  les  flots ,  lorsqu'il  fut  aperçu  par 
le  sieur  Ësbrajat  qui  traversait  le  pont.  Quitter  son  habit  9 


(  396  ) 

remettre  sa  montre  k  nu  passant ,  et  se  précipiter  de  dessni 
le  pont  dans  le  fleuTe ,  tont  cela  est  pour  le  courageai 
Esbrajat  Taffaire  d*nn  instant:  maigre  une  blessure  qae, 
dans  sa  chate  «  il  se  fait  au  genou ,  il  a  le  bonheur  d'at- 
teindre le  nojë  et  de  le  ramener ,  respirant  encore ,  aa 
rirage.  Ce  trait  d'humanité  n'est  pas  le  seul  qui  honore  le 
sieur  EsÙrajat  ;  nombre  de  )[>ersonnes  lui  doivent  la  vie 
pour  les  avoir  secourus  dans  des  circonstances  non  moins 
périlleuses.  Il  j  a  quelque  temps  que ,  sur  la  demande  de 
M.  le  maire  et  de  M.  le  préfet ,  une  médaille  d'honneur 
lui  a  été  décernée  par  S.  Esc.  le  ministre  de  l'intérieur. 

Le  dévouement  de  M.  Esbrajat  n'a  pas  eu  tont  le 
succès  qu'on  devait  en  attendre  ;  le  malheureux  employé 
n'a  pu  malgré  tous  les  secours  qu'on  lui  a  prodigués,  survivre 
à  son  naufirage.  M.  Esbrayat,  limonadier  sur  le  cours  de 
la  Guillotière  )  a  été  surnommé ,  soit  à  cause  de  son  cou^^ 
rage  »  soit  à  cause  de  sa  force ,  F  Hercule  Loronnais. 
L'employé  de  l'HôteUDieu  était  la  19.®  victime  qa'il  avait 
tirée  du  sein  des  eaux; 

Même  jour.  Le  Moniteur  de  ce  jour  contient  le  procès-verbal 
de  l'assemblée  générale  tenue,  le  24  janvier demiefi parla 
société  royale  des  prisons ,  sous  la  présidence  île  S.  A.  R. 
Mgr.  le  dauphin.  Un  des  membres  de  cette  société ,  M.  le 
comte  de  Tournon,  pair  de  France,  ancien  préfet  do  Rhône  ^ 
a  été  admis  par  S.  A.  R«  ,  à  lui  soumettre  an  rappqpl  sur 
la  visite  qu'il  a  faite  dans  plusieurs  maisons  d'arrêt;  nous 
mettrons  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  l'analyse  de  l'opi- 
nion de  l'honorable  rapporteur  sur  celles  de  notre  dépar* 
tement  : 

u  II  ne  parlera  pas  des  prisons  de  Lyon.  L'une  d'elles  9 
en  efiet ,  la  maison  d'arrêt  de  Saint-Joseph ,  sera  aban- 
donnée l'année  pirochaine  ;-.  la  maison  de  justice  dite  de 
Roanne^  va  être  incessamment  à  peu  près  reconstruite. 

f9  Mais  un  vœu  déjà  exprimé  par  l'honorftble  rapporteur, 
l'an  dernier,  dans  le  sein  du  conseil  général  des  prisons t 


Bt  qu'il  renoavel  ,  le  plus  prompt 

possible ,  det  tei  ,  au  milieu  des-» 

^s  s'élëTe  la  i  he.  Tant  que  les 

uni  dn  Rbàne  pourront  p^nëtrer  dans  ces  terrains  ,  dea 
miumes  humides  mettront  en  péril  la   santé  des  délenms. 

»  On  devra  proQter  aussi  de  l'occasion  des  traranx  dont 
Il  prison  dite  de  Roanne  va  £tre  l'objet,  pour  en  faire 
disparaître  le  vice  de  cet  appareil  thé&tral  par  leqnel  l'ar- 
efaitecte  a  imaginé  de  signaler  un  lîea  de  gène  et  de  so«f- 
fiance ,  accordant  plus  en  cela  à  une  iateation  d'exciter 
h  terrenr  qu'au  bien-être  des  détenus. 

>  Le  régime  des  prisons  de  Ljob  mérite  tout  éloge  :  un 
conseil  de  notables ,  non  moins  zélés  qu'éclairés ,  les 
HureiUe  ;  sous  sa  direction ,  de  respectables  sceart  de  la 
charité  prodiguent  leurs  soins  aux  détenus  y  .veillent  à  la 
qualité  des  alimena,  fournissent  du  linge  et  des  vétemens , 
doaaent  même ,  d'accord  avec  un  aumônier  ^  des  iustruc- 
tlgus  religieuses  ,  et  règlent  les  travaux. 

»  Ici,  M.  le  rapporteur  exprime  le  désir  de  Tolr  qae 
dans  les  grandes  prisons  des  sœurs  de  charité  soient  ap- 
pelées,  comme  elles  l'ont  été  avec  succès  pour  celïe  de 
Bordeaux ,  lorsqu'il  administrait  le  département  de  la  Gi- 
roode ,  &  l'eâèt  d'assurer  aux  détenus  des  soins  qn'on  ne 
saurait  attendre  d'un  geôlier. 

Il  la  prison  de  Villefrancbe  (Rhône)  est  nouTelle;  c'est 
DU  grand  bâtiment  entouré  de  quatre  préanx  ,  une  cha- 
pelle est  au  centre,  toutes  les  chambres  en  sont  saines 
et  bien  aérées,  ua  chemla  de  ronde,  ménagé  contre  le 
danger  des  évasions  ,  permet  de  diminner  dans  l'intérieur 
de  la  prison  les  gènes  que  rend  forcées  ^  dans  celles  ou 
il  manque  ,  la  sécurité  du  concierge.  » 

«%  37.  M.  Desvigues  ,  avocat ,  nomm^juge  de  paix  du 
quatrième  arrondissement  de  la  ville  de  Lyon ,  en  rem- 
placement de  H.  Ricbe  ,  démissionnaire  ,  a  prêté  serment 
*a  tribunal  civil ,  et  a  été  installé  dans  ses  fondions. 


%'   ag.  —  Une  *  contient   l'article 

suivant  : 

«  Les  nouvelles  de  la  foire  de  Leipsïcl  annoncent 
,  qae  la  vente  des  soieries  de  hjaa  a  élé  plus  forte  qo'dle 
ne  l'avait  été ,  depuis  bien  des  années  ,  et  des  marcbafid* 
se  sont  trouvés  dans  la  nécessité  de  faire  venir  ou  snrcTOÎt 
de  marchandises  par  la  poste.  Les  Anglais  sont  moins 
coulens }  plosieurs  ont  Tendu  y  mais  à  des  prix  trèa-bai.  » 


ACADEMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES  ,  SELLES-LETTRES  ET  ARTS  DE  LTOIT. 

Frogrumme  des  prix  pour  1829. 

L'Académie  propose  ,  pour  1829  ,  les  sujets  de  prix 
suivBDS  : 

1.0  Prix  fondé  par  M.  B&BOIIT  DE  LA  Babolière. 
Une  médaille  d'or  de  5oo  tr. 

Déterminer  la  meilleure  ot^nisation  i  donner  ï  l'école 
de  la  Martiniëre,  destinée  aux  ai-ts  et  métiers,  et  princi- 
palement ^  ceux  qui  ont  des  rapports  avec  les  manufac- 
tures lyonnaises. 

Indiquer  eu  conséquence  la  nature  et  le  mode  d'ensei- 
gnement ,  soit  des  garçons  ,  soit  des  filles  ,  et  les  avantages 
on  les  inconvt^nîens  d'appeler  de  jeunes  Gîtes  aux  études  de 
l'institution  ;  le  nombre,  la  qualité  et  le  sexe  des  profes- 
seurs ou  maitrcs;  la  division  de  l'enseignement  on  théorie 
et  eu  pratique  ;  la  police  et  le  gouvernement  intérieur  de 
rétablissement  ;  le  nombre  des  élèves  internes  et  des  rlèTes 
externes  ;  les  avantages  ou  les  inconvéniens  de  conserver 
ou  de  rendre  public  le  secret  des  proce'dés  j  les  essais  de 


,  quon 

s  priu- 

nie ,  et 

TIN.  lU 

la   ser- 

TÎcè  de  lYtablUaement,  et,  s'il»  le    jugent  i  propos  ,  un 

rcTena  plus    Aeté  résultant  des  chances  prévues  par  le 

testament  ou  d'autres  ressources. 

L'Académie  de'clare  qu'en  appelant  l'attention  des  con- 
currens  sur  plusieurs  objets  particuliers  de  discussion, 
elle  n'a  pas  l'intention  d'assigner  des  bornes  au  develop- 
pementde  leurs  idées  (i). 

2.»  Fondation  ChRISTIM  DE  Rcotz. 

Une  médaille  de  600  fr.  au  meilleur  mémoire  sur  une 
partie  quelconc/ue  de  la  statistique  du  département  ilu 
-Rhéne  ^  ou  de  la  ville  de  Lyon  en.  particulier. 

3.°  Même  fondation. 

Une  médaille  de  600  fr.  aa  meilleur  mémoire  qui  indi- 
qnera  quelque  branche  nouvelle  d'industrie  h  introduire  k 
Lyon. 

4.'  Prix'  fondé  par  M.  Matthieu  BoNiFons. 
Indiquer  les  vices  des  asiolemcns  dans  le  département 
du  Rhéne  et  les  moyens  £y  remédier. 

Médaille  de  5oo  fr. 


(i)  Les  coDcurrens  qui  désireraient  aToir  âne  coDDaiuance  posIlÎTe 
de  la  délibératioD  de  l'Acadi-iiiie  du  10  teptembre  181a ,  et  dra  termea 
du  lestamcnt  qui  y  sont  couaign^s  ,  pourront  ea  faire  prendre  rom- 
moiiicatioii  dans  le  lieu  des  séances  dr  l'Académie  ,  au  palais  du 
Commerce  et  des  Arts  ,  et  mjine  faire  demander  des  exeiiii>laïr» 
imprimés  de  celte  délibération. 


Ton  ;  porter 

en  t£b  ilkt  ca- 

cheté, antenn. 

Ils  <  5o  joia 

182g,  LBlREàU 

ou  Bb  nt  antre 

membre  de  l'Académie. 

Les  prix  seront  décernés,  en  séance  publique,  le  der- 
nier mardi  du  mois  d'août  1839. 

A  la  même  époque  seront  distribués  les  prix  d'enconn- 
gement  fondés  par  M.  le  duc  de  Plaisance,  et  intinét 
aux  artistes  qui  auraient  fait  connaître  quelque  noDTfau 
procédé  avantageux  pour  les  manufactures  Ijonnalses,  teti 
que  des  moyens  pour  abaisser  le  prix  de  l<i  main-d'carre, 
pour  économiser  le  temps  ,  pour  perfectionner  Is  fabrica- 
tion, pour  introduire  de  nouTclles  branches  d'industrie, etc. 

Les  artistes  qui  veulent  concourir  peuvent  s*ai]reiHr  , 
dans  tousies  temps  ,&  MM.  les  Secrétaires,  ou  ^  MM.  Cochet, 
Eynard,  Artaud  etRÊGNV,  composant  la  commission  ipé- 
ciale  chargée  de  recueillir  les  nouTelles  inTeotioni  et  la 
procédés  utiles. 

Ljon ,  le  10  lepUmbre  i83lt.. 

Signé  PERICAUD  iivÉ,  Président, 
DUMAS ,  Secrétaire  peipétnel. 


(  401  ) 


STATISTIQUE. 


Essais  historiques  sur  la  Tille  de  Lyon,  on  description  par  ordre 
alphabétique  des  quartiers ,  places,  rues  et  monumens  de  cette 
▼iUe, 

<  X.*  Article  ). 

_  »  - 

BotTAG^uv  (  quai  ).  Ce  quai ,  situe  sur  la  rive  droite 

Ae  la  Saône ,  commence  à  la  rue  de  TEpine  et  se  termine 

au  bas  de  la  montée  de  la  Ghana. 

Il  parait  que  le  nom  de  Bourgneuf  avait  d*abord  ëté 
donne  à  un  espace  beaucoup  moins  étendu  qui  se  trou- 
vait anciennement  ,  sans  maisons  et  tout  en  jardins  ^ 
entre  la  porte  de  Pierre-Scizë  et  mie  autre  porte  située 
près  de  THomme  de  la  Roche  )  laquelle  s'appelait  porte 
de  Bourgneuf,  et  fut  démolie ,  par  ordre  du  consulat  ^ 
au  seizième  siècle.  A  l'époque  où  Charles  YI  fit  son 
entrée  à  Lyon  en  i369,  ce  même  espace  fut  payé 
pour  la  première  fois  et  jparé  sur  les  côtés  de  festons 
de  verdure  en  forme  d*allées. 

Dans  la  suite  ,  des  constructions  s'y  élevèrent  ,  soit  au 
pied  du  coteau  ,  soit  au  bord  de  la  Saône  ,  et  formèrent 
insensiblement  une  rue  qui  s'étendit ,  dans  le  principe , 
jusqu'au  château  de  Pierre*-Scize  ,  comme  on  le  voit  au 
plan  de  i54o  ;  puis  seulement  jusqu'à  la  place  de  l'Homme 
de  la  Roche  ,  ainsi  que  l'énonce  le  plan  de  1740  ,  et 
dont  les  limites  sont  enfin  fixées  aujourd'hui  de  la  ma- 
nière que  nous  avons  indiquée  plus  haut.  Cette  rue 
portait  aussi  le  nom  de  Pui/s  du  sel  ,  à  cause  d'un 
magasin  à  sel  qu'on  y  avait  établi  du  côté  de  la  rivière 
Tome  FIIL  26 


(   402    ) 

Ce  quartier  subsistait  encore  avec  ses  deux  rangs  de 
maisons  en  1793 ,  lorsque  les  représentans  du  peuple , 
Fouchë  de  Nantes  et  autres ,  que  la  Convention  avait 
envoyés  dans  notre  ville  avec  la  ^ hilantropique  mission 
de  la  renverser  et  de  promener  le  soc  de  la  charrue  sur 
son  sol  Tasë  ,  s'avisèrent ,  au  milieu  des  ordres  de  des- 
truction qui  s'échappaient  chaque  jour  de  leurs  mains 
impitoyables  ,  d'en  donner  pour  la  démolition  des  mai- 
sons formant  la  partie  de  la  rue  de  Bourgneuf  que 
baignait  La  Sa6ne.  Upe  courte  citation  du'  préambule 
d'un  des  arrêtés  relatifs  à  cette  mesure  donnera  un 
échantillon  assez  curieux  du  style  de  ces  restaurateurs 
du  bonheur  du  peuple. 

(I  Informés  que  les  mesures  prises  pour  hâter  la  dé^ 
molition  des  édifices  proscrits  comme  foyers  de  contre-^ 
révolution  ,  comme  repaires  de  l'orgueil  ,  de  laférodté, 
de  la  trahison  et  de  tous  les  crimes  inséparables  des 
égoïstes  et  des  riches,  loin  de  remplir  l'intention  des 
décrets  de  la  Convention  nationale  et  des  représentans 
du  peuple ,  semblent  être  dirigés  en  sens  contraire  ; 

(f  En  ce  que  ,  loin  de  faire  tomber  ces  bâtimens  in- 
fâmes à  coups  redoublés  et  avec  des  bras  robustes ,  les 
plus  faibles  bras  des  femmes  et  des  enfans  semblent  avoir 
été  choisis  exprès  pour  opérer  ces  démolitions ,  ce  qui 
n'exprime  point  la  forte  résolution  et  la  puissance  du 
peuple  français  qui  v^ut  les  anéantir  ; 

ce  En  ce  que ,  loin  d'attaquer ,  chaque  jour  y  à  la 
fois  un  grand  nombre  de  ces  bâtimens ,  avec  des  pelo- 
tons de  travailleurs  animés  de  ce  ressentiment  républi- 
cain qui  fait  toujours  promptement  disparaHre  ce  que  la 
loi  a  condamné ,  on  rassemble  vers  quelques  (k^mcJitions 
éloignées    une    quantité    innombrable    d'individus  qui 


(  4o3  ) 
s'embarrassent  les  uns  les    autres  ,  et  semblent  plutôt 
prolonger  la  œnservation  des  édifices  proscrits  que  se 
hâter  de  les  détruire  ,  etc. 

«  Les  représentans  du  peuple  ont  arrêté  : 
<c  ArL  I.  Tous  ceux  des  édifices  proscrits  qui  peuvent 
être  détruits  par  TefFet  de  la  mine  ou  par  les  flammes , 
seront  incessamment  désignés ,  et  on  procédera  de  suite 
à  leur  destruction ,  etc.  ,  etc.  » 

Ce  fut  le  cul-de-jalte  Couthon  ,  le  proscripteur  des 
façades  de  Bellecour  ,  qui ,  armé  de  son  marteau  d'ar- 
gent )  donna  le  premier  coup  aux  maisons  de  Bourgneuf. 

Ici  ce  n  était  pas  le  marbre  qui  croulait }  car  ^  par 
ua singulier  contraste,  ces  hommes  qui  faisaient  la  gue;rre 
aux  riches ,  qui  prenaient  pour  devise  guerre  aux  châ- 
teaux ,  fcùx  aux  chaumièrei  j  frappaient  alors  les  mo- 
destes habitations  du  pauvre ,  des  maisons  pour  la  plupart 
chëtives  et  délabrées  ,  dont  l'industrieux  ouvrier,  df  nos 
manufactures  de  soie  et  l'utile  artisan  formaient  exclusi- 
vement la  population* 

.  Au  surplus ,  c'est  à.  cette  mesure  révolutionnaire  et 
qui  est  du  petit  nombre  de  celles  sur  lesquelles  nous 
n'avons  pas. à  gémir  (  aliquisque  malo  fuit usus  in  illo)^ 
que  nous  devons  la  création  du  beau  quai  dont  les  inr 
génieurs  des  ponts  et  chaussées  ont  presque  achevé  .la 
construction  sur  ce  point.  On  regrette  vivement  que 
leurs  travaux  n'aient  pas  été .  exécutés  .  de  manière  à 
donner  à  ce  quai  plus  de  largeur ,  ce  qui  pourtant  devait 
paraître  d'une  haute  importance  pour  une  partie  de  la 
voie  publique ,  desservant  à  la  fois  un  quartier  populeux 
et  une  grande  route  royale  où  viennent  aboutir  les  routes 
de  Paris ,  de  Bordeaux  ^  de  Marseille  et  de  l'Italie. 

En  donnant  au  quai  de  Bourgneuf  l'étendue  qu'il 


(  404  ) 
comportait  et  que  la  disposition  du  terrain  rendait  facile , 

on  eût  pu  l'orner  ,  dans  toute  sa  longueur  ,  d'une  belle 
plantation  d'arbres  qui  aurait  offert  au  piëton ,  durant 
les  grandes  chaleurs ,  un  abri  favorable  contre  l'ardeur  des 
rayons  du  soleil  qui  darde  perpendiculairement ,  une 
grande  partie  de  la  journée  ,  sur  la  rive  droite  de  la 
Saône. 

Le  quai  de  Bourgneuf  est ,  en  général ,  fort  mal  bâti 
et  presque  exclusivement  habité  par  des  ouvriers  en  soie. 
Cependant  on  y  remarque  la  maison  Pericaud  dont  la 
construction  date  de  la  renaissance^  sous  François  F'^ et 
qui  contraste ,  d'une  manière  frappante  ,  par  l'élégance 
de  sa  décoration  avec  les  masures  voisines.  Ces  dernières, 
au  surplus  ,  ne  peuvent  rester  long-temps  encore  dans 
leur  état  actuel ,  et  l'intérêt  même  de  leurs  propriétaires 
exige  qu  elles  soient  reconstruites ,  pour  profiter  de 
l'avantage  de  leur  nouvelle  situation.  Déjà  quelques  pro- 
priétaire' ont  commencé  ou  préparent  cette  reconstruc- 
tion. On  trouve  encore  ,  en  entrant  sur  ce  quai,  du 
même  côté ,  une  fontaine  publique  qui  a  été  élevée  , 
vei-s  1800,  sur  les  dessins  de  feu  M.  Loyer,  archi- 
tecte. C'est'  un  ouvrage  d'assez  mauvais  goût ,  dont  il 
eût  été  à  désirer  que  les  travaux  des  ponts  et  chaussées 
eussent  nécessité  la  démolition  ,  afin  de  le  remplacer  par 
une  autre  fontaine  qui  fût  plus  en  harmonie ,  par  la 
forme  et  par  le  cai*actère  de  son  architecture  ,  avec  le 
vaste  et  le  bel  emplacement  sur  lequel  celle-ci  figure , 
en  quelque  sorte  y  inaperçue. 

Plus  loin  ,  est  une  maison  qui  renferme  un  de  ces 
admirables  établissemens  fondés  par  l'ardente  charité  de 
St.  Vincent  de  Paul.  Des  sœurs  qui  portent  le  nom  de 
ce  généreux  bienfaiteur  de  Thumanité ,  habitent  cette 


(  4o5  ) 
maison  ,  d*où  elles  répandent  des  secours  de  tonte  espèce 
sur  les  pauvres  du  quartier.  Elles  se  vouent  principale- 
ment à  visiter  et  à  soulager  les  malades ,  auxquels  elles 
fournissent  tous  les  remèdes  qui  leur  sont  nécessaires  , 
au  moyen  d'une  pharmacie  établie  et  entretenue  par  elles 
avec  le  plus  grand  soin.  Cette  pharmacie  ,  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1 827 ,  a  été  décorée  avec  un  certain 
luxe,  et  la  maison  entièrement  restaurée,  aux  frais  d'un 
généreux  citoyen ,  M.  Ruifier ,  qui  était  un  des  admi- 
nistrateurs de  cet  établissement. 

Il  existe  aussi ,  près  de  là  ,  de  très*belles  manufac- 
tures de  faïence  ,  dont  l'industrie  rivalise ,  dans  ce  genre 
de  produits ,  avec  les  fabriques  les  plus  renommées.  Il 
sort  de  celle  de  M.  Revol  des  amalgames  qui  imitent 
Pagathe ,  d'autres  qui  imitent  le  silex  et  rendent  comme 
lui  des  étincelles ,  enfin  des  poêles  d'une  construction 
aussi  économique  qu'élégante  (i). 

En  remontant  la  Saône  dans  la  même  direction ,  on 
voit  les  restes  d'une  chapelle  qui  fut  nommée  dans  le 
principe,  St  Martin,  et  ensuite  Notre-Dame  de  la 
Ckana.  Ce  dernier  nom  signifie  en  patois  lyonnais  canal. 
On  nomme  ici  chanée  un  canal  ou  conduit  d'eau  ;  et  ce 
mot  vient  probablement  du  mot  chêne  (2) ,  parce  que  ces 

(1)  La  sculpture  ayant  été  de  tout  temps  en  honneur  II 
Lyon  ,  il  serait  à  désirer  qu'un  des  potiers  dont  on  vient 
de  parler  entreprit  la  construction  d'un  four  uniquement 
consacré  à  la  cuisson  des  ouvrages  de  ce  genre  de  sculp- 
ture ,  que  les  statuaires  désignent  communément  sous  le 
nom  de  terre  cuite. 

(2)  Dérivé  à  son  tour  ,  suivant  Barbazan  ,  de  chaonius  j 
dont  ou  aurait  d'abord  fait  chaoine.  La  Ghaonie  était  cé- 
lèbre dans  l'antiquité  pour  ses  forets  de  chênes. 


(  4o6  ) 
tuyaux  étaient  ordinairement  faits  avec  le  bois  ie  cet 
arbre.  Joignant  Tancienne  chapelle  dont  nous  venons 
de  parler*,  il  existe  ,  en  effet ,  un  canal  qui  conduit  les 
eaux  de  la  montagne  dans  la  Saône ,  ainsi  qu'une  fon* 
taine  dont  Teau  abondante  et  d'une  très-bonne  qualité  , 
suffit  à  la  consommatiofi  d*une  population  nombreuse.  U 
y  avait  J"  ,aj:l  dpuzième  siècle ,  en  cet  endroit ,  un  hô- 
pital dirigé  par  âes  religieuses  qu'on  nommait  les  sœurs 
de  St.  M^irtin  Lopol  :  elles  furent  supprimées  dans  le 
milieu  du  quatorzième  siècle  ,  et  leurs  biens  furent  re* 
mis  au  chapitre  de  St.  Paul.  En  1392  ,  Jean  de  Talaru, 
archevêque  de  Lyon  ,  disposa  du  même  local  pour  y 
fonder  un  prieuré  d'autres  religieuses  de  l'ordre  de  Su 
Benoit  ;  mais ,  en  1482  ,  il  fut  encore  supprimé  y  et 
les  biens  rendus  au  chapitre  de  St.  Paul  ,  qui  y  établît 
un  hôpital.  En  z53i  ,  époqye  de  la  création  de  l'hos- 
pice de  la  Charité  ,  les  administrateurs  de  cet  hospice 
obtinrent  du  chapitre  I9  cession  provisoire  de  la  Chana , 
pour  y  faire  des  distributions  de  pain;  et ,  en  1672  • 
cette  cession  devint  définitive. 

.  A  l'époque  de  la  révolution  ,  c'était  encore  une  cha- 
pelle sous  le  titre  de  Notre-Dame  de  la  Chana ,  où  le 
culte  était  célébré  par  le  chapitre  de  St.  Paul  qui  y 
faisait  aussi  faire  le  catéchisme  pour  les  enfans  du  quar- 
tier. Peu  de  temps  après,  elle  fut  vendue  nationalement» 
et  elle  sert  aujourd'hui  d'atelier  à  un  artisan. 

Le  quai  de  Bourgneuf  mérite  encore  de  fixer  l'atten- 
tion des  voyageurs  et  des  artistes  par  les  beaux  sîfès  dont 
il  est  environné  ;  les  vieux  couvens  et  les  maisons  de 
campagne  qu'on  remarque  sur  les  coteaux  qui  le  domi- 
nent ,  offrent ,  à  chaque  pas ,  les  points  de  vue  les  plus 
variés  et  les  plus  pittoresques.  Celui  dont  on  Jouît  y  lors? 


(  407  ) 
qu'on  se  trouve  placé  sur  la  terrasse  de  la  maison  Cbi«» 

nard   (i) ,  a  ëté  rendu  avec  beaucoup  de  véritë  dans 

un  tableau  peint  par  M.   Duclaux  et  lithographie  par 

M*  Rey.  Notre  célèbre  compatriote ,  M.  de  Boissieux  ,  a 

souvent  puisé  aux  mêmes  lieux  de  très7heureusesyi7*- 

briques  ,  et  les  amateurs  font  particulièrement  grand  cas 

d*un  de  ses  dessins  à  Tencre  de  Chine  ,  représentant  le 

couvent  des  Carmes*-déchaux* 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  consacrer 
quelques  lignes  au  souvenir  de  la  burlesque  et  facétieuse 
association  de  ménétriers  connue  sous  le  nom  de  musique 
de  Bourgneuf^  nom  qui  a  passé  en  proverbe  à  Lyon 
pour  exprimer  une  musique  aigre  et  discordante.  Les 
membres  de  cette  joyeuse  compagnie  étaient  en  possession 
d'exploiter  le  calendrier ,  et  leur  principale  occupation 
consistait  à  donner  des  sérénades  aux  maitres*ouvriers 
de  la  ville ,  le  jour  de  la  fête  patronale  de  chaque  pro- 
fession. Deux  ou  trois  violons  et  une  clarinette  com- 
posaient d'ordinaire  cet  orchestre  ambulant  qui ,  faisant 
retentir  les  sons  d'une  antique  et  immuable  symphonie  , 
rassemblait  les  badauds  devant  la  boutique  d'un  disciple 
de  St.  Crépin  ,  ou  devant  la  forge  de  quelque  successeur 
de  St.  Eloi.  La  fine  pièce  de  douze  sous ,  donnée  solen- 
nellement par  la  bourgeoise ,  était  saluée  par  un  bruyant 
allegro  ,  et ,  à  quelques  pas  de  là ,  nos  modestes  Am- 
phions  allaient  payer  et  recevoir  encore  le  même  tribut 

Une  autre  réunion  d'un  genre  analogue  continue  à 

{i)  Cette  maison  qui  appartenait  autrefois  au  célèhre 
sculpteur  Ghinard  ,  mort  en  iSiS»  est  maintenant  la  pro- 
priété de  sa  veuve.  Elle  est  encore  décorée  de  plusieurs 
ouvrages  dus  à  son  ciseau  ^  ou  qu'il  avait  recueillis. 


(  4o8) 
exister  dans  le  même  quartier.  C'est  celle  qu'on  voit  se 
promener ,  chaque  année  ,  dans  la  ville ,  vers  les  der-* 
niers  jours  du  carnaval  ,  et  qui  forme  la  mascarade  vul- 
gairement appelée  bande  de  Bourgneuf.  Elle  rassemble 
péle-méle  des  Turcs  et  des  paysannes  provençales ,  des 
Caciques.mexicains  donnant  amicalement  le  bras  à  des 
grands  d'Espagne ,  des  guerriers  grecs  ou  romains  pré- 
cédés par  des  tambours  et  des  sapeurs  de  la  garde  na- 
tionale ,  des  dieux  de  la  mythologie  conversant  avec  le 
diable  des  chrétiens ,  des  arlequins  ,  des  polichinelles  et 
des  gilles  confondus  dans  une  foule  de  personnages  de 
toute  espèce  empruntés  à  la  société  du  temps  passé  ou 
du  temps  présent  ;  en  un  mot ,  c'est  un  assemblage  bi- 
garre des  costumes  de  tous  les  pays,  de  toutes  les  époques, 
de  tous  les  caractères ,  qui ,  par  leur  diversité ,  pré^ 
sentent  un  coup  d'œil  des  plus  singuliers  et  des  plus 
piquans. 

Bouteille  (  rue  ).  Celte  rue  a  son  entrée  au  pied 
de  la  côte  des  Carmélites ,  et  aboutit  à  la  rue  de  la 
Vielle.  Son  origine  est  très -ancienne  ,  puisqu'on  la 
trouve  déjà  sur  le  plan  de  1640  ,  telle  qu'on  la  voit 
aujourd'hui.  On  ne  connait  pas  précisément  l'étymologie 
de  son  nom  ;  mais  il  est  à  présumer  qu'il  dérive  de 
renseigne  de  quelque  auberge  ou  cabaret  qui ,  dans  des 
temps  reculés ,  aura  joui  d'une  certaine  vogue. 

Il  n'y  a  dans  cette  rue  aucun  monuixient ,  ni  aucune 
tradition  remarquable  :  elle  est ,  en  grande  partie ,  ha- 
bitée par  des  artisans  et  principalement  par  des  ouvriers 
en  soie. 

Brèche  (rue  de  la).  Elle  aboutit  de  la  rue  Tramassac 
à  la  place  St-Jean ,  en  face  du  portail  de  l'église  prima- 


(  409  ) 
tîale.  Les  maisons  qui  la  bordent ,  n*y  prennent  pas 

leur  entrée. 

L'ouverture  de  cette  rue  est  due  aux  guerres  de  reli- 
gion qui  désolèrent  la  France  et  principalement  nos 
provinces  ,  dans  le  seizième  siècle.  Le  fameux  baron  des 
Adrets  assiégeait  en  i562  ,  à  la  tête  de  .&es:^rotestans  , 
le  cloître  de  St-Jean  alors  entouré  de  bagtepiniiranies , 
dont  il  existe  encore  des  vestiges.  Son  artSlenè  fit  brèche 
sur  la  rue  Tramassac ,  et  cette  brèche,  après  sa  retraite > 
ne  fut  point  réparée.  Comme  elle  était  fort  étroite  et  ne 
fournissait  qu*un  passage  assez  peu  commode ,  le  consulat 
arrêta  qu*elle  serait  élargie  jusqu'au  point  où  nous  la 
voyons  aujourd'hui ,  et  par  acte  du  i6  mai  1716  ,  il  en 
acquit  la  propriété  avec  celle  du  terrain  nécessaire  pour 
l'élargissement ,  au  prix  ,  soit  d'une  rente  perpétuelle  ir- 
rachetable  de  200  fr.  par  année  9  au  profit  du  comte  de 
Poudras,  alors  propriétaire  du  sol  ,  soit  d'une  autre 
rente  également  perpétuelle  de  5o  fr.  par  an ,  au  profit 
des  comtes  de  Lyon ,  pour  l'entretien  du  pavé  ,  et ,  en 
outre,  sous  la  condition  qu'il  ne  pourrait  point  être 
établi  de  marché  sur  la  place  de  St-Jean. 

Les  travaux  nécessaires  à  la  rectification*  de  cette  rue 
furent  exécutés  par  le  sieur  Chavagny,  architetecte ,  qui 
reçut  4000  livres  pour  les  frais  de  cette  entreprise. 

Buisson  (rue),  aboutissant  de  la  place  des  Cordéliers 
à  la  rue  Gentil. 

Le  tracé  de  cette  rue  est  encore  le  même  qu'au  plan 
de  i54o.  S'il  faut  en  croire  quelques  écrivains  ,  le  nom 
qu'elle  porte,  proviendrait  de  ce  que,  dans  le  quator- 
zième siècle,  le  sol  sur  lequel  elle  repose  était  en  cul- 
ture et  particulièrement  en  vignes  qui  appartenaient  à  la 


(  4IO  ) 
confrérie  de  la  Trinité  et  qui ,  n  ayant  pas  été  entre- 
tenues ,  avaient  fini  par  n'offrir  que  des  ouïssons.  Noos 
adopterions  volontiers  Cette  opinion  y  si ,  dans  des  titres 
antérieur»  même  au  quatorzième  "siècle ,  cette  rue  n'était 
déjà  désignée  sous  le  nom  de  boisson ,  qui. avait  alors  la 
méi|i^  .signification  que  le  mot  actuel  ùuisson  :  d'où  nous 
concluons  qu'il  n*y  a  pas  eu  en  cet  endroit,  habité  d'ail- 
leurs de  très-*ancienne  date ,  plus  de  buissons  que  dans 
toute  autre  partie  de  la  ville.  En  général  ,  dans  les 
temps  dont  nous  parlons  ,  les  rues  étaient  déjà  garnies 
de  maisons,  de  petits  bâtimens  ou  de  murs.  Toutefois ^ 
dans  les  massifs  que  formait  le  milieu  de  ces  diverses 
rues  ,  il  exbtait  des  jardins ,  surtout  du  côté  du  EhAne. 
C'est  aipsi  probablement  que  la  maison  dite  du  Jardm^ 
Tune  des  plus  considérables  de  la  rue  Buisson,  a  con- 
servé cette  dénomination» 

Aucun  autre  souvenir  remarquable  ,  aucune  autre 
particularité  plus  récente  ne  se  rattachent  i  la  descrip-* 
tion  de  cette  rue. 

Butte  (Montée  de  la).  Ce  n*est,  à  proprement 
parler ,  iju'un  chemin  sans  habitations ,  qui  prend  son 
entrée  sur  le  quai  d'Halincourt ,  près  de  la  caserne  de 
Serin,  et, aboutit  vers  le  fort  St-Jean. 

  l'entrée  de  ce  chemin  ,  on  voit  le  bâtiment  de  la 
Butte  qui  lui  a  donné  son  nom. 

Ce  bâtiment  appartenait  aux  dievaliers  de  TArque- 
buse ,  qui  s'y  réunissaient  pour  s'exercer  au  tir  i  b 
ciâle  ^  et  sur  l'institution  desquels  c'est  ici  le  lien  de 
consigner  quelques  souvenirs. 

Au  quinzième  siècle ,  il  se  forma ,  dans  la  ville  de 
Lyon  ,  des  confréries  ou  compagnies  d'arbalétriers ,  de 
francs  archers  et  de  coulevriniers  :  ils  obtinrent  divers 


(  411  ) 
privU^ges ,  et  leurs  statuts  furent  approuves.  On  voit , 

dans  le  préambule  d*un  recueil  qui  va  de  i5o3à  i5o6, 

«  que  ceux  de  ces  compagnies  quiabattoienlle/^tf^nr^ni  (i) 

qu'ils  avpient  accoutumé  de  tirer  au  premier  du  mois  de 

mai.de  chaque. année  ,  étoient  obligés  de  prêter  serment 

entre  les  mains  du  procureur  et  du  secrétaire  de  la  ville  ^ 

au-devant  de  Tbôtel  commun  y  en  faisant  montre  de  leurs 

bandes,  de  s'assembler  toutes  les  fois  qu'ils  seroient.com-^ 

mandés  par  les  conseillers  de  ville ,  pour  la  garde ,  défense 

et  affaires  de  la  ville.  On  donnoit  aux  rois  et  à  leurs 

bandes  un  déjeuner ,  par  forme  de  banquet ,  au-devant 

dudit  b^tel  commun.  » 

lues  conseillers  de  ville,  pour  assurer  plus  particur 
lièrement  Je  repos  et  la  tranquillité  publique ,  firent 
ensuite  choix  de  deux  cents  arquebusiers  *  pour  lesquels 
ils  obtinrent,  en  i562,  la  permission  de  porUr  dagues 
ei  épées.  Ils  leur  donnèrent  des  officiers  et  les  envoyè*- 
rent  parfois  à  l'armée  pour  le  service  du  roi.  Telle  est 
Torigine  de  la  compagnie  des  arquebusiers  qui  a  subsisté 
jusqu'en  1790 ,  et  que  la  révolution  a  détruite»  comme 
tant  d'autres  établissemens  qui  contribuaient  à  entretenir, 
parmi  les  citoyens ,  cet  esprit  d'union  et  de  concorde 
qui  ne  subsiste  presque  plus  aujourd'hui. 

D'autres  particuliers  ,*  ayant  continué  à  s'exercer  à 
l'arquebuse ,  formèrent  plus  tard ,  au  nombre  de  qua- 
rante, une  autre  compagnie  sous  le  nom  de  chevaliers 
de  l'arquebuse ,  laquelle  n'a  rien  de  commun  avec  la 
première.  « 

(i)  Vieux  mot  qui  signifiait  perroquet  ^  et  qui  désignait 
l'oiseau  de  carton  ou  de  bois ,  servant  de  but  aux  tireurs 
d*arc  I  d*ai*balète  ou  d'arquebuse» 


(412) 

On  trouve  des  titres  de  l'annëe  1669  9  P^^  lesquels  3 
parait  que  la  maison  de  la  Butte ,  situëe  pi-ès  du  bou- 
levard St-Jean  ,  territoire  de  Pierre- AigU ,  a  étë  bâtie 
aux  frais  de  la  ville,  et  que  le  consulat  a  payé  ,  pour  sa 
construction,  la  somme  de  29,148  Hv.  1  sou  ,  9  deniers. 

On  trouve  encore  une  transaction ,  passée  en  1681, 
entre  les  chapitres  de  St-Jean  et  de  St-Paul  et  les  prévM 
des  marchands  et  échevins,  par  laquelle  ces  cbapitres 
remettent  auxdits  prévôt  des  marchands  et  échevins , 
tous  droits,  censives  et  directes  qu*ils  pourraient  pré- 
tendre sur  le  tènement  de  la  Butte ,  à  la  forme  qu'il  est 
confiné  dans  le  préambule  dudit  acte  j  moyennant  la 
rente  annuelle  et  perpétuelle  de  25  livres  pour  le  cba- 
pitre  de  St-Jean  ,  et  de  3o  livres  pour  le  chapitre  de 
St-Paul. 

Une  ordonnance  consulaire  du  17  août  lySS  porte 
que  la  compagnie  ne  pourra  être  composée  que  de  qua- 
rante personnes ,  y  compris  les  officiers,  et  ce  pour  as- 
surer à  perpétuité  ledit  établissement,  le  consulat  accorde 
à  la  compagnie  la  jouissance  du  terrain  joignant  les 
greniers  d'abondance  dans  Tancien  emplacement  de  la 
Butte  ,  avec  faculté  d'y  faire  telles  constructions  qu'elle 
jugera  à  propos  et  à  ses  frais  ,  sans  qu'elle  puisse  en 
être  expulsée  qu'en  la  dédommageant.  » 

Une  délibération  consulaire,  du  i5  mai  1736,  accorde 
aux  chevaliers  de  l'arquebuse  :  i.^  le  maintien  de  la 
jouissance  de  l'emplacement  sus-désigné  pour  y  cons- 
truire un  bâtiment  destiné  à  leurs  exercices  :  ^.^  une 
somme  de  3oo  livres  par  année ,  pendant  vingt  ans. 
Enfin ,  le  4  mai  1784  ,  le  consulat  vendit  à  la  com- 
pagnie de  l'arquebuse  la  propriété  de  la  Butte  et  dépen* 
dances  ,  moyennant  3o,ooo  livres. 


(  4i3  ) 
Cfctte  association ,  toute  d'agrAoent  et  de  plaisir , 
donnait  souvent  de  très -belles  fêtes  qui  rëunissaienl 
l'élite  de  la  société  de  Lyon ,  et  dont  les  membres  de 
la  compagnie  faisaient  les  honneurs  avec  toute  la  grâce 
et  la  galanterie  que  comporUit  leur  titre  de  chevaUers, 
On  cite  celle  qui  eut  lieu  le  ii  avril  1701.  Les  ducs  de 
Bourg(^ne  et  de  Berry,  qui  passaient  à  Lyon,  voulu- 
rent bien  y  assister ,  et  faire  eux-mêmes  l'ouverture  du 
prix  de  la  butte ,  qui  fut  tiré  sur  la  place  de  Belle- 
cour. 

En  1790,  époque  de  la  suppression  de  la  compagnie, 
les  dignitaires  étaient  M.  Rbusset  de  St-Éloi ,  chevalier 
de  St-Louis ,  capitaine  de  ville,  commandant i  M.  Ber- 
Tuyei ,  iùuieaaat ^  et  M.  Desvignes,  cornette. 


CORRESPONDANCE. 


A  M.  ***,  UK  D£S  RÉDACTEURS  DES  ARGHIYBS  DU  RHoNE* 

Permettez- moi,  Monsieur , d'intervenir  dansune.ques- 
tion  qui  intéresse  la  mémoire  de  M.  Poupar ,  avec  lequel 
j  aï  eu  de  nombreuses  et  anciennes  relations  d'amitié. 

La  parfaite  identité  entre  la  traduction  de  TArt  poé- 
tique d'Horace  par  M.  le  marquis  de  Sy ,  publiée  en 
1 8 1 6 ,  et  celle  publiée  en  1828  sous  le  nom  de  M.  Poupar , 
a  fourni  loccasion  d'accuser  ce  dernier  d'avoir  été  le 
plagiaire  ;  mais  les  raisons  qu'on  en  a  apportées  jusqu'ici 
ne  me  paraissent  pas  très-convaincantes. 

Le  premier  qui  fait  son  entrée  dans  la  lice  est  M. 


(  4i4  ) 
Launoy  ,  qu'on  dît  être  un  pseudonyme  ,  et  qui ,  dans 

une  lettre  adressée  à  M.  ***  ,  incline  à  conclure  contre 
M.  Poupar.  Les  raisons  sur  lesquelles  il  se  fonde  sont 
que  M.  le  marquis  de  Sy  ^  publié  plusieurs  autres  ou- 
vrages ,  et  que  nous  n'avons  rien  dé  M.  Poupar  ;  ce 
qui  peut  bien  faire  naître  une  présotnption ,  quoique 
assez  fscible,  mab  ce  qui  ne  saurait  être  une  preuve 
irréfragable  ;  car ,  de  ce  que  M.  de  Sy  a  traduit  la  Chute 
de  Rufin  )  il  ne  s*ensuit  pas  que  nécessairement  il  ait 
traduit  TArt  poétique  d*Horace  ;  et ,  de  ce  que  M.  Poupar 
n*a  pas  composé  d'autres  ouvrages  ,  il  n'en  faut  pas 
comclure  non  plus  que ,  dans  sa  jeunesse,  il  n*ait  pas  pu 
s*exercer  sur  une  traduction  d'Horace. 

Cependant  M*  '*** ,  en  répondant  à  M.  Launoy , 
n*hésite  pas  à  regarder  la  question  comme  parfaitement 
résolue  ,  et  blâme  même  le  ton  dubitatif  de  son  corres- 
pondant. Ce  qui  le  confirme  dans  cette  opinion  ,  c'est 
que  M.  Poupar  n'a  point  réclamé  la  propriété  de  son 
travail,  lorsqu'à  paru  la  traduction  de  M.  de  Sy  en  1816. 
S*il  n'a  point  réclamé  ,  c'est  que  bien  certainement  la 
traduction  de  M.  de  Sy  n'est  point  venue  à  sa  connais-* 
sance  ;  autrement ,  et  surtout  s  il  avait  été  plagiaire , 
son  premier  soin  eût  été  d'enlever  toutes  les  traces  du 
délit ,  et ,  pour  éviter  une  comparaison  accablante  j  de 
soustraire  son  ouvrage  des  cartons  de  l'Académie,  ce  qui , 
certes  ,  nVtait  pas  difficile.  Dire  que  la  moii  l'a  surpris , 
serait  une  bonne  raison  ,  ^'il  fût  mort  immé<fiatement 
après  la  publication  de  M.  de  Sy  ;  mais  il  a  laissé, pen- 
dant neuf  ans ,  ce  manuscrit  à  l'Académie  ,  où  chacun  de 
nous  pouvait  le  consulter  ;  une  telle  et  si  longue  sécurité 
n'est-elle  pas  une  preuve  de  l'innocence  de  M.  Poupar , 
ou  tout  au  moins  de  l'ignorance  où  il  était  que  M.  defSy 
ayait  publié  une  traduction  conforme  à  la  sienne  ? 


(4«5) 
M.  %**  ajoute:  «  Quelques  personnes  se  rappellent  que 
})  M.  Bérenger*....  leur  a  dit  souvent  à  Toreille ,  que  M. 
}>  Poupar  n'était  pas  Tauteur  du  poème  en  question.  »> 
Quelles  sont  ces  quelques  personnes  ?  Ce  n'est ,  à  coup 
sûr,  ni  M.  Ballanche ,  ni  moi ,  nommés,  avec  M.  Bérenger , 
par  l'Académie  pour  examiner  le  titre  du  récipiendaire; 
ce  n'est  point  non  plus  M.  Dumas ,  qui  y  dans  son  éloge 
de  M*  Poupar ,  regarde  ce  titre  comme  tout  à  fait  au- 
thentique. Je  demanderai  ensuite  à  quelle  époque  M. 
Bérenger  a-t-il  fait  cette  confidence  à  quelques  personnes? 
est-ce  avant  qu'il  fût  nommé  rapporteur  ?  mais  dans  ce 
cas  ,  ce  serait  admettre  dans  M«  Bérenger  un  entier  oubli 
de  toutes  les  convenances  ;  et  l'on  ne  doit  pas  supposer 
qu'il  ait  abusé  à  ce  point  de  la  confiance  de  l'Académie. 
Serait-ce  après  le  rapport  qui  a  déterminé  la  réception 
de  M.  Poupar  ?  mais  alors  pourquoi  ses  deux  collègues , 
M.  Ballanche  et  moi  ,  qui  avions  des  relations  si  jour" 
nalières  avec  M.  Bérenger  ,  qui  étions  les  plus  intéressés 
à  cx>nnaitre  la  vérité ,  ne  sommes-nous  pas  au  nombre 
de  ces  personnes  auxquelles  M.  Bérenger  a  dit  son  secrtt 
à  Vçreille  ?  Ce  que  je  puis  attester  5  c'est  que  M.  Bérenger 
ne  m'en  a  jamais  dit  un  mot ,  et  que  M.  Ballanche  ne 
m'a  jamais  parlé  d'une  semblable  confidence. 

Puisque  je  viens  de  rappeler  la  commission  nommée 
alors  par  l'Académie  ,  et  dont  j'avais  l'honneur  de  faire 
partie ,  je  dois  remarquer  ici  que  cette  commission  a  fait 
son  rapport  en  18 13,  et  que  la  traduction  de  l'Art 
poétique  d'Horace ,  par  M.  de  Sy ,  n'a  été  publiée 
qu'en  x8i6,  c'est-à-dire  trois  ans  après,  de  sorte  que 
ni  la  commission  ,  ni  l'Académie  n'avaient  nullement 
à  s'occuper  de  là  question  d'authenlicité.  En  effet , 
quan^  nous  examinions  le  manuscrit  de  M.  Poupar  , 


(  y6  ) 
pouvions-nous  penser  qu*il  en  existait  une  copie  iden- 
tique dans  le  porte-feuille  de  M.  le  marquis  de  Sy? 
Cette  supposition  était  d*autant  moins  admissible,  que 
M.  de  Sy  ayant  publié,  pour  la  première  fois ,  en  1811 , 
sa  traduction  de  la  Chute  de  Rufin ,  dans  un  avant- 
propos  assez  circonstancié  ,  ne  dit  pas  un  mot  de  sa 
traduction  de  TArt  poétique  ,  achevée  alors  depuis  onze 
ans. 

Au  reste  ,  si  je  fais  cette  observation ,  c*est  surtout 
parce  que  plus  tard  M.  de  Sy  a  paru  attacher  une 
grande  importance  à  ce  qu'on  sût  que  sa  traduction  de 
TArt  poétique  était  faite  depuis  long-temps.  En  1816, 
dans  la  préface  de  cette  traduction  ,  après  en  avoir  ra- 
conté l'origine  ,  il  ajoute  :  <(  Sept  ou  huit  se  sont  donné 
»  le  mot  pour  paraître  depuis  ;  mais  plusieurs  personnes 
»  à  Londres  (  qu'il  me  soit  permis d*en  prendre  acte  ici) 
»  savent  que  la.  mienne  était  achevée  en  i8oo.  9  Mais 
alors  n*a-t-on  pas  sujet  de  s*étonner  un  peu  que  M.  de 
Sy  ,  en  181 1  ,  n*ait  rien  dit  pour  constater  une  anté- 
riorité, à  laquelle  il  parait  si  fort  tenir  en  1816  ?  Une 
déclaration  publique,  en  181 1,  eût  mieux  valu  que  plus 
tard  le  témoignage  de  plusieurs  personnes ,  qu'on  ne 
nomme  pas  plus  que  les  personnes  auxquelles  M.  Bérenger 
a  parlé  à  l'oreille.  D'ailleurs  ,  pourquoi  cette  explication 
de  M.  de  Sy  7  pourquoi  prendre  acte  que  sa  traduction 
était  achevée  en  1800  ?  pourquoi  cette  précaution  sin- 
gulière 7  qu'importe  que  d'autres  traductions  se  soient 
donné  le  mol  pour  paratire  depuis  ?  chaque  écrivain  n'a- 
t-il  pas  son  génie  particulier?  chaque  style  n'a-t-il 
pas  sa  couleur  ?  M.  de  Sy  devait-il  craindre  qu'on 
l'accusât  de  s*être  aidé  du  travail  d'autrui  î 

On  pourrait  s'étonner  encore  que  M.  de  Sy  ait  gardé 


(4i7) 

91  long-temps  sa  traduction  d'Horace  ^  et  qu'il  ne  Tait 
pas  publiée  avec  la  première  édition  de  sa  traduction  de 
Claudien.  M.  de  Sy  parait  avoir  prévu  cette  observa- 
tion ;  car  y  dans  la  préface  de  1816,  déjà  citée ,  il  dit 
que  iifs  noies  assez  curieuses  oui  seules  empêché  de 
donner  plutôt  cette  traduction.  D'après  une  semblable 
déclaration  ,  on  pouvait  s'attendre  à  trouver  ces  notes  à 
la  suite  de  la  traduction  de  TArt  poétique  ;  mais,  dans 
la  même  phrase ,  Tauteur  nous  apprend  qu*//  lia  pas  mis 
la  dernière  main  à  ses  notes ,  de  sorte  que  seize  ans 
d'attente ,  en  définitive ,  ont  été  sans  résultat ,  et  que 
M.  de  Sy  aurait  pu  publier  sa  traduction  en  1800  ,  puis 
eii   181 X  ,  aussi  complète  qu'en  i8i6. 

Sans  doute ,  en  réunissant ,  en  pressant ,  en  inter- 
prêtant ces  diverses  circonstances  ,  il  me  serait  facile  ,  à 
mon  tour  ,  de  faire  parler  M.  Poupar ,  comme  M.  Lau- 
noy  a  fait  parler  M.  le  marquis  de  Sy  ;  mais ,  à  coup 
sûr  9  ma  prosopopée  ne  trancherait  point  la  question  , 
et  ne  nous  ferait  pas  connaître  le  légitime  auteur.  Je 
ne  me  hasarderai  donc  point  à-  décider  entre  eux ,  et 
j'avoue  que  jusqu'ici  cette^  afiaire  est ,  à  mes  yeux ,  cou- 
verte d'un  voile  impénétrable. 

Seulement  je  me  permettrai  de  former  une  conjecture  y 
qui  y  peut-être  y  ne  contentera  personne  ,  mais  que  l'on 
prendra  pour  ce  qu'elle  vaut  :  c'est  que  M.  Poupar  et 
M.  de  Sy ,  tous  les  deux  à  Londres  en  1800  y  tous  les 
deux  s'occupant  de  littérature  y  ont  travaillé  ensemble  à  ' 
la  traduction  de  TArt  poétique  d'Horace  ,  et  que  chacun 
d'eux  s'est  exagéré  Ja  part  qu'il  a  prise  à  cet  ouvrage  , 
au  point  de  se  l'approprier  exclusivement  :  ce  n'est  pas 
la  première  fois  que  des  collaborateurs  ont  été  de  la 
meilleure  foi  du  monde ,  sous  l'influence  de  pareilles 
Tome  FUI.  27 


(4x8  ) 
illusions.  Ce  qui  semblerait  donner  quelque  poids  à  celle 
supposition  y  c'est  que  Tun  et  Tautre  parlent  de  leurs 
relations  avec  Delille  ,  et  si  les  vers  donnes  à  M-  de  Sy, 
ne  sont  pas  les  mêmes  que  ceux  donnés  à  M.  Poupar, 
c'est  que  chacun  des  deux  le  consultait  de  son  côté.  Il 
faut  ajouter  encore ,  à  Tappui  de  cette  opinion  ,  que  la 
deux  ouvrages ,  malgré  leur  Identité  ,  présentent ,  en 
plusieurs  endroits ,  des  variantes  assez  remarquables  ,  qui 
s'expliquent  par  la  prédilection  qu'un  auteur  porle  à  la 
tournure  qu'il  a  trouvée  le  premier.  On  s'entend  sur 
r interprétation  de  certains  passages  ,  on  conteste  d'aalres 
points  ;  puis  toujours  il  arrive  que  chacun  finit  par  s'en 
tenir  à  son  propre  sentiment  ,  et  à  conserver  sa  leçon. 
Si,  dans  cette  affaire  ,  il  n'y  avait  eu  qu'un  plagiaire  pur 
et  simple ,  il  n'aurait  pas  pris  la  peine  de  corriger 
quelques  vers  qui  ,  d'ailleurs,  ne  pouvaient  pas  servira 
masquer  le  plagiat. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  conjecture ,  dont  je  n'en- 
tends pas  défendre  le  plus  ou  le  moins  de  fondement , 
je  ne  finirai  pas  cette  lettre ,  déjà  si  longue ,  sans  ex- 
primer mon  chagrin  d'avoir  vu  dégénérer  une  discussion 
purement  littéraire  ,  en  accusation  personnelle  contre 
M.  Poupar.  La  vie  privée  de  notre  ancien  collègue  de- 
vait être  à  l'abri  de  toute  attaque.  M.  •**  annonce  qu'// 
n*a  eu  que  des  relations  bien  passagères  avec  M,  Poupar; 
rien  ne  le  prouve  mieux  que  le  jugement  qu'il  en  porte; 
mais  aussi  ne  devait-ce  pas  être  un  motif  d'en  parler 
avec  plus  de  réserve  ?  J'ai  beaucoup  connu  M.  Poupar: 
et  jamais  je  n'ai  découvert  que  ce  fût  un  homme  hardi  ^ 
moqueur  ,  goguenard  ;  il  était  grand  parleur  ,  cela  est 
vrai  9  mais  sa  conversation  était  instructive  et  întéres- 
^nte  î  il  y  avait  toujours  à  gagner  dans  son  entretien. 


(  419  ) 
Il  avait-   une   Httërature  étendue ,  possédait    plusieurs 

langues ,  il  en  pénétrait  le  génie  avec  sagacité  ,  s'ap- 
pliquait souvent  avec  bonheur  à  des  recherches  étymo- 
logiques ,  et  s*il  se  servait  de  ses  connaissances  dans  le 
monde  ,  c'était  toujours  sans  aucune  pédanterie.  Loin 
d'affecter  les  airs  d'un  matamore ,  on  pourrait  lui  re- 
procher trop  de  condescendance  aux  idées  d'autrui ,  si 
1  on  ne  trouvait  pas  l'excuse  de  ce  défaut  dans  un  grand 
désir  de  bienveillance.  Ce  qui  prouve ,  du  reste ,  ses 
qualités  solides  et  attachantes ,  ce  sont  les  nombreux 
amis  qu'il  a  conservés^  Il  répandait  beaucoup  d'agrémens 
dans  la  société  d'un  petit  nombre  de  maisons  honorables 
auxquelles  il  réduisit  le  cercle  de  ses  relations  sociales  , 
sur  la  fin  de  sa  vie  ,  cercle  qu'il  regrettait  d'avoir  beau* 
coup  trop  étendu  dans  un  temps.  Ce  que  je  puis  affirmer  y 
c'est  qu'il  a  laissé  des  regrets  sincères  ;  et  ceux  qui  n'ont 
pas  cessé  de  le  cultiver ,  ont  tous  rendu  justice  à  Tama- 
bllité  de  son  esprit  et  à  la  facilité  de  son  commerce  dans 
le  cours  ordinaire  de  la  vie. 

Agréez ,  Monsieur ,  etc. 

DUGAS-MONTBEL. 


SUITE  DE  LÀ  CORRESPONDANCE. 

Après  avoir  soumis  à  nos  lecteurs  la  question  qui  nous 
occupe  et  les  pièces  du  procès ,  notre  intention  formelle 
était  de  nous  retirer  des  débats ,  laissant  à  de  plus  ha- 
biles le  péril  et  l'honneur  du  jugement  ;  notre  devoir 
de  critique  et  de  bibliographe  était  rempli  ;  mais  ce 
désir  que  nous  éprouvions  de  rester  neutres  désormais ,  a 


\ 


(   420   ) 

dû  s*accroiire  et  devenir  pour  nous  une  yërîtable  né* 
cessité ,  dès  que  la  controverse  a  pris  une  direction  toute 
personnelle ,  comme  on  a  pu  s*en  convaincre  par  la  lettre 
anonyme  insérée  dans  le  Journal  du  Commerce  (i).  Peu 

(i)  Le  feuilleton  du  Journal  du  commerce  de  la  vilk  de 
Lyon  et  du  dtipartement  du  RhSnc  ,  n.^  7^4*  >S  octobre 
1828  9  contient  une  lettre  signée  un  de  vos  abonnés^  dont 
Tailleur  cherche  ,  non  à  détruire  ,  mais  à  atténuer  les 
preuves  que  nous  avons  données  du  plagiat  de  M.  Ponpar. 
On  7  met  en  avant  cette  singulière  conjecture  que  le  Téri- 
table  traducteur  de  TArt  poétique  pourrait  bien  être  Je 
copiste  Lalanne  désigné  à  la  tète  du  manuscrit.  L'épître  est 
terminée  par  le  paragraphe  suivant  : 

a  Au  moment  oii  je  termine  cette  lettre  ^  on  m'apporte 
99  le  n.<^  d'août  et  de  septembre  des  Archives  du  Bhéne  ,  et 
»  j'y  trouve  aux  pages  553  à  357  >  ^^  éloge  funèbre  de 
J9  feu  M.  Poupar ,  bien  différent  de  celui  qu'a  prononce 
9>  M.  Dumas  9  dans  la  séance  publique  tenue  par  l'académie 
»9  de  Lyon  le  10  juillet  dernier.  Cette  pièce  ,  il  faut  l'avouer  9 
79  ne  déposera  pas  en  faveur  de  la  prudence  et  de  la  charité 
99  de  certains  membres  de  sociétés  savantes.  On  m'assare 
j>  en  même  temps  qu'un  bon  négociant  de  notre  ville  ^  de 
99  la  connaissance  de  M.  Poupar ,  et  que  ce  grand  débat 
99  littéraire  a  sincèrement  affligé ,  se  propose  de  faire  pa- 
99  raitre  incessamment  une  petite  brochure  ,  intitulée  : 
99  Comment  vivent  entr^eux  ,  s^ aiment  et  s'estiment  les  aca- 
99  démiciens  de  province  ,  et  de  quelle  manière  les  morts 
99  sont  traités  par  leurs  confrères  vivans,  » 

On  trouvera  la  réponse  à  ceci  à  la  fin  de  la  lettre  que 
que  nous  insérons  dans  ce  n.^  Nous  y  ajouterions  seale- 
ment ,  si  l'attaque  méritait  une  défense  sérieuse ,  que  les 
leçons  de  charité  que  nous  donne  M.  l'abonné  du  Journal 
du  commerce  ne  sont  guère  charitables  9  et  qu'elles  sont  9 


(   421    ) 

aloux,  par  respect  pour  nous-mêmes  et  pour  le  public, 
*ile  descendre  à  une  polémique  de  ce  genre,  nous  aban- 
donnerions, sans  ajouter  un  mot,  à  la  conscience  de  nos 
lecteurs,  la  solution  du  problème  que  notre  correspon* 
dant  (M.  Launoy)  a  posé,  si  la  lettre  suivante  que 
nous  recevons  à  l'instant ,  ne  nous  paraissait  mériter 
encore  un  certain  degré  d'attention  :  cette  lettre  que 
nous  accompagnerons  de  quelques  notes,  terminera  sans 
doute  la  querelle  ;  nous  la  donnons ,  moins  comme  l'ex- 
pression de  notre  pensée ,  que  comme  un  résumé  im- 
partial des  débats. 

MONSIEUH   LE   RinACTEUH  , 

Je  n'aurais  jamais  osé  prendre  la  parole ,  ou  ,  pour 
mieux  dire ,  la  plume,  dans  l'intéressant  procès  que  vous 
instruisez  pour  la  plus  grande  gloire  d'Horace  et  l'édi- 
fication du  public ,  et  fe  me  croyais  trop  chétif  et  trop 
mince  compagnon  pour  rompre  une  lance  en  telle  as- 
semblée; mais  la  lecture  d'un  article  anonyme  du  Journal 
du  Commerce  m'a  donné  courage ,  et  presque  honteux 
de  ma  modestie ,  je  viens  aussi ,  puisque  tout  le  monde 
s*en  mêle ,  suspendre  mon  humble  écusson  parmi  les 
nobles  bannières  qui  décorent  la  lice. 

Je  vous  avouerai  d'abord ,  Monsieur  ,  que  je  m'étonne 
que  vous  ayez  omis ,  dans  votre  procédure ,  une  forma- 

d'ailleurs  ,  dépourvues  du  mérite  de  l'à-propos  ;  que  les 
académiciens  vivans  ne  vivent  pas  avec  les  académiciens 
morts  ,  et  que  ,  quelle  que  soit  la  société  à  laquelle  on 
appartient ,  on  n'est  jamais  tenu  d'aimer  et  à* estimer  que 
les  gens  qui  sont  estimables  et  aimables. 


(    422   ) 

illé  indispensable;  vos  raisonnemens  sont  clairs,  j*en 
conviens ,  vos  preuves  sont  bien  dëduites  ;  mais  il  iàl- 
lait,  au  préalable,  comme  nous  disons  au  palais,  pren- 
dre l'avis  de  la  personne  la  plus  intéressée  dans  cette 
aifaire  :  je  veux  dire  d*Horace.  Pensez-vous ,  en  effet , 
qu'il  lui  fût  indifférent  d'avoir  pour  traducteur  un  mar- 
quis ou  un  roturier?  Et  si  l'illustre  défunt  pouvait  nous 
répondre  ,  comme  il  fit  jadis  à  Voltaire ,  ne  s'exprime- 
rait-il pas  à  peu  près  de  la  sorte ,  si  ce  n'est  avec  plus 
d'élégance  et  de  malice? 

«  Or  ça  ,  Messieurs ,  me  demanderez-vous  mon  avis, 
je  vous  prie  ?  vous  auriez  dû  commencer  par  là ,  d'au- 
tant que  je  n'ai  point  renoncé  ,  parce  que  je  suis  mort, 
à  poursuivre  de  mon  inflexible  ironie  les  maavais 
poètes  et  les  parasites ,  ceux  qui  vivent  de  la  table  ou 
de  l'esprit  d'autrui ,  écumeurs  de  porte-feuilles  ou  de 
cuisine , 

Pantolabum  scurram  Nomentanunujfue  nepotem  (i). 

Il  me  semble  donc  que  je  n'étais  pas  de  trop  en  ceci  » 
et  que  je  pouvais  placer  mon  mot  comme  un  autre.  Au 
fait ,  de  quoi  s'agit-il  ?  de  savoir  lequel ,  du  marquis  ou 
de  Tinspecteur  ^  s'est  donné  le  sot  plaisir  de  me  défigu- 
rer :  c'est  ce  que  vous  pourriez  savoir  à  l'instant ,  si 
vous  preniez  la  peine  de  passer  dans  ce  pays;  car  ils  y 
sont  tous  deux ,  et ,  autant  que  j'ai  pu  voir  ,  la  guerre 
qu'ils  se  font  là-haut,  les  a  brouillés  à  toujours;  mais, 
pour  vous  épargner  les  frais  du  voyage  ,  je  peux  vous 
transmettre  quelques  traits  d'une  conversation  qu'ils  eurent 


(i)  Hoi^ace,  SaU  i  ,  8,  ii 


(  423  ) 

Taotre  jour ,  et  que  m'a  fidèlement  rapportée  Tabbë  de 
Saint-Lëgçr  dont  Tinépuisable  érudition  nous  fait  at- 
tendre patiemment  l'arrivée  de  votre  savant  Beuchot  (i). 
Lorsque  Tabbë  arriva  près  d'eux ,  sans  en  être  aperçu  , 
couvert  qu'il  était  par  un  bosquet  de  lauriers ,  le  marquis 
disait  à  l'inspecteur,  avec  une  indignation  mêlée  d'ironie  , 
en  lui  portant  undéfipoétique^  comme  autrefois  Gassaignè 
à  La  Serre: 

Je  voudrais  bien  ,  pour  voir ,  que  de  votre  manière 
Vous  en  composassiez  sur  la  même  matière  I 

M.  Poupar  allait  lui  donner  la  réplique  connue  ; 
J'en  pourrais ,  par  malheur  ,  etc. 

Mais  il  se  souvint ,  fort  à  propos ,  que  son  ouvrage 
était  identiquement  le  même  que  celui  du  marquis ,  et , 
se  ravisant ,  il  répondit  en  prose ,  avec  cette  voix  aiguë 
et  flûtée  dont  parle  son  ingénieux  panégyriste  (2)  : 
4i  II  est  vrai  que  j'ai  fait  peu  de  vers  en  ma  vie  :  hors 
mon  Art  poétique ,  on  ne  m'en  attribue  pas  un  seul  ; 
mais ,  comme  le  disent  mes  défenseurs  anonymes  et  au- 


(1)  M.  Beuchot  ne  manquera  pas  de  noter  le  plagiat  de 
M.  Poupar  ,  et  nous  l'engageons  fortement  à  lui  consacrer 
un  article  dans  les  Variétés  de  son  Journal  de  la  Librairie  , 
où  il  a  relevé  d'une  manière  si  piquante  les  larcins  du 
célèhre  M.  Âuguis  ,  le  plus  grand  flibustier  littéraire  de 
notre  temps. 

(2)  Notice  sur  M.  Poupar ,  pag.  xxij.  M.  Dumas  y  dit 
que ,  lorsque  son  héros  parlait  ^  ce  qu  il  ne  se  lassait  point 
défaire  ^  le  ton  aigu  de  sa  voix  prévenait  la  distraction» 


(  424  ) 
très ,  cela  ne  prouve  rien  ;  d'ailleurs  ^  j'avab  un  gr(md 

désinféressemeni   liUéraire.   —  Quel   dësintéressenent  , 
s'ëcria  le  marquis  !  il  a*y  parait  que  trop  ,  Moinr , 
car  vous  ne  connaissiez  même  pas  la  distinction  du  Hai 
et  du  mien.  Néanmoins  veuillez  répondre  à  celle  qœsr 
tion  :  comment  se  fait-il  que  vous  soyez  resté  dans  U 
plus  complète  ignorance  de  tout  ce  qui  a  précédé  ^ac- 
compagné et  suivi  la  publication  de  mes  ouvragps?  — 
Rien  de  plus  naturel ,  M.  le  marquis  :   j'étais  poète,  et 
je  ne  lisais  jamais  de  vers ,  pas  même  les  miens  ;  fétaîs 
bibliophile ,  et  je  ne  connaissais  pas  des  éditions  qui  sool 
pourtant  recherchées  et  que  cite  Brunet;  j'étais  biUio- 
thécaire ,  et  je  ne  me  mêlais  ,  ni  de  littérature ,  ni  de 
bibliographie  ,  ni  d'achat  d'ouvragçs ,  ni  de   lectait  ht 
catalogues  :  c'est  ce  qu'un  savant  anonyme  a  bien  Toobi 
répondre  pour  moi.  —  Mais  vous  ignorez  donc ,  Monsieur, 
que  cet  éloge  ou  cette  satire  est  réfutée  d'avance  par  do 
autre  de  vos  panégyristes  ?  Voici  l'élégant  tableau  qu'il 
.   trace  de  vos  inconstantes  amours ,  en  fait  de  livres  et 
d'éditions  : 

« M.  Poupar  ne  se  contentait  pas  des  études  et  îles 

»  succès  littéraires  :  au.  savoir  et  aux  qualités  du  blo- 
»  graphe  et  du  philologue ,  il  joignait  les  goûts  et  la 
»  passion  du  bibliomane.  Il  ne  faut  pas.  Messieurs, 
»  prendre  cette  expression  en  mauvaise  part.  Vous  savez 
»  qu'en  général  la  manie  des  livres  s'applique  aux  beaui 
))  ouvrages ,  et  dès  lors  c'est  un  hommage  éclairé  aux 
»  arts  du  dessin  ,  de  la  gravure  et  de  la  reliure  ,  de  la 
»  dorure ,  et  du  plus  puissant  de  tous  les  arts  ,  la  type- 
»  graphie.  Notre  confrère  a  fait  et  défait  plusieurs  fois 
3)  sa  bibliothèque.  C'était  ,  s'il  m'est  permis  de  me  ser- 
)>  vir  encore  d'upe  expression  qui  appartient  à  la  litté- 


I  (  425  ) 

Inn»  rature  du  dernier  siècle ,  c'était  un  volage  ,  un  in- 
|)t;,s  V  3>  constant  petit-maitre  qui  portait  à  divers  objets  le 
ffi^-  »  tribut  de  son  amour  ,  mais  qui ,  en  eCFet ,  ne  cessait 
15  ii^.  »  pas  d*honorer  ,  par  son  culte  et  par  ses  vœux ,  le  sexe 
^^y^  »  auquel  est  attaché  le  bonheur  de  l'espèce  humaine  (i).» 
^  ,^,  <c  Accordez  donc  vos  défenseurs  :  ils  compromettent 
votre  cause  ,  et  c'est  le  cas  de  s'écrier  avec  Ovide  : 

Causa  patrocinio,  non  bona,  pejor  erit  (2). 

D'ailleurs  y  Monsieur ,  que  répondrez-vous  au  témoi-- 
gnage  de  l'abbé  Delille  qui  m'a  vu  en  travail  de  ma 
traduction  ?  il  parlera  ,  n'en  doutez  pas  ,  et  ce  serait 
déjà  fait  ,  s'il  n'était  en  consultation  avec  Euripide  et 
Corneille  ,  au  sujet  d'une  tragédie  nouvelle  qui  vou- 
drait être  romantique.  — *  Delille  !  je  l'ai  connu  à  Londres; 
c'est  là  qu'il  soutint  ma  muse  dans  la  seule  inspiration 
qu'elle  ait  jamais  sentie.  J'ai  des  vers  de  sa  façon  ;  il 
fut  parrain  de  mon  oeuvre,  et....  »  A  ces  mots,  le  marquis 
frappa  vivement  la  terre  avec  l'ombre  de  son  soulier  à 
talon  rouge ,  et  il  s'écria  :  <c  Vous  !  connaître  l'abbé 
Delille  ?  vous  qui  citez  à  faux  les  vers  qu'il  m'a  prê- 
tés   (3)  ?  et  où  sont    les  preuves    de  votre    liaison  î 


(i)  Notice  sur  M.  Poupar  ,  pag.  xviîj  et  xix. 

(2)    Trist.  ,1,1,  26. 

(5)  Comme  on  l'a  rappelé  dans  la  lettre  de  M.  Lfianoj  y 
M.  de  Sy  racontait  qae  Delille  lui  avait  fourni  ces  deux 
vers  qui  rendent  assez  bien  le  Nec  deus  intersit  nisi  dignus 
vindice  nodus: 

Et  que  l'intrigue  enfin  y  où  votre  esprit  se  joue  , 
S'offre  digne  d'un  dieu ,    lorsqu'un  dieu  la  dënoue. 

M.  Poupar  qui  ne  se  rappelait  que  confusément  cette  anec- 


(  426  ) 
quoi  !  Tabbé  Delille  vous  faisait  des  vers ,  et,  pendant 
les  dix  années  de  son  séjour  en  France ,  vous  n*a\e& 
pas  daigné  remercier  un  tel  patron  ?  On  conçoit  que 
vous  vous  soyez  autorisé  de  son  nom  ,  dans  le  fond  d'une 
province  (i)  ;    mais  moi   qui  ai   pu  le  suivre  comme 


dote  qu'il  voulait  s'appliquer  ^  avait  oublie  quels  étaient 
les  deux  vers  prêtés  par  Delille  ^  et  il  avait  imaginé  de 
dire  que  c'étaient  ceux-ci  : 

Sur  denx  pieds  ,    dont  un  long,  que  prëcède  un  plus  court  i 
D'un  pas  -vif  et  léger  le  prompt  iambe  court. 

Il  «royait  très-mal  à  propos  que  ce  distique  ëtait  nn  des 
passages  les  plus  heureux  de  la  traduction  ,  tandis  qne 
c'est  un  des  plus  maurais.  Ces  denx  vers ,  pleins  d'affec- 
tation ,  sont ,  en  effet  ,  bien  loin  d'exprimer  conTena- 
blement  la  tournure  simple  et  sans  prétention  du  latin 
d'Horace  : 

Syllaba   longa   breyi   subjecta  vocatur  iambus  ; 
Pes  citus 

11  est  évident  que  le  uioipied  n'étant  point  dans  la  poésie  des 
anciens  ,  comme  il  Test  quelquefois  dans  nos  charades  ou 
logogryphes,  synonyme  de  syllabe^  c'est  un  contre-sens  et 
une  sottise  que  de  mettre  l'un  pour  l'autre ,  et  de  donner 
deua:  pieds  à  l'iambe  ,  qui  n'est  lui-méine  qu'un  pied» 

(i)  On  a  avancé  dans  une  des  lettres  précédentes  qne 
M •  Poupar  n'avait  pas  trompé  tout  le  monde ,  que  plasîenrs 
personnes  savaient  que  la  traduction  de  l'Ai^t  poétique 
n'était  pas  de  lui ,  et  que  M.  Bérenger  le  leur  avait  dit 
à  l'oreille.  Ce  dernier  fait  nous  a  été  attesté  par  des  gens 
très-dignes  de  foi  9  qui  prétendent  aussi  que  le  rapport 
'  sur  les  Ëpigrammes  d'Ovren ,  la  par  M.  Poupar  à  l'aca- 
démie  de  Lyon  en  1819 ,  et  dont  il  est  parlé  pag.  xiv  de 


(  427  )     ^ 
marquis  dans  Ibs  Lrillans  salons  où  îl  entrait  comme  poète , 

moi ,  chantre  favori  du  philosophe  couronné  d'Hartwel , 
moi  qui  vivais  à  Londres  dans  l'intime  familiarité  de 
Delille  ,  moi  dont  il  relisait  les  ouvrages  et  qui  copiais 
les  siens ,  vous  ai -je  jamais  vu  chez  lui  ?  vous  vîntes 
à  Londres  pendant  l'émigration  ,  c'est  très-possible  ,  et 
qu'importe  ?  mais  vous  y  figuriez  comme  pedisequus 
puerorum  ,  comme  instituteur ,  et  l'abbé  Delille  faisait 
vos  vers  !....)>  Le  marquis  s'arrêta  un  instant ,  et  reprit 

«a  Notice  ,  ainsi  qu'un  autre  rapport  qu^il  fit  sur  la  tra- 
duction d'Homère  par  M.  Dugas-Montbel ,  étaient  égale*- 
ment  des  ouvrages  d'emprunt. 

Si  c'était  ici  le  lieu  ,  nous  observerions  que  M.  Bérenger 
qui  imputait  un  plagiat  à  un  de  ses  confrères  »  a  été  lui- 
même  en  butte  à  un  reproche  sembluble ,  et  que  sa  mé- 
moire n'est  pas  exempte  de  tout  soupçon  à  cet  égard.  On 
a  souvent  dit  que  ,  possesseur  des  manuscrits  du  marquis 
de  Pezay  (le  sort  des  marquis  est  d'être  dépouillé  par  des 
roturiers)  9  il  J  avait  pris  plusieurs  pièces  et  se  les  était 
appropriées  9  que  cela  expliquait  fort  bien  l'énorme  diffé- 
rence qu'on  remarque  enti*e  son  premier  recueil  de  poésies 
et  celles  qu'il  à  composées  sur  la  fin  de  sa  vie  ,  et  qu'en 
particulier  y  c'était  dans  le  porte-feuille  de  son  ami  qu'il 
avait  trouvé  les  Soirées  provençales  9  publiées  par  lui  9 
pour  la  première  fois  »  en  1 782  ,  et  gâtées  depuis  par  les 
additions  qu'il  j  a  faites  en  1819.  Ce  qu'il  7  a  de  certain  , 
c'est  qu'une  des  pièces  qui  figurent  dans  cet  ouvrage  9  in- 
titulée ,  Retour  en  Provence ,  Epître  à  M.  de  Rejrrac , 
avait  paru  en  1782,  sous  le  nom  de  M.  Bérenger,  dans 
VAlnianack  des  Muses  ,  avec  cette  note  :  a  LHdée  de  cette 
»  pièce  est  tirée  des  Soirées  provençales ,  ouvrage  encore 
')  manuscrit ,  dans  le  porte-feuille  de  ieu  M.  le  marquis 
'>  de  Pezay.  » 


(  428  ) 
avec  plus  de  calme  :  «  Je  ne  vous  reproche  pas  le  métier 

que  vous  faisiez  alors  :  quand  on  vous  aurait  vu,  comme 

tant  d'autres  ,  parmi  les 

Ambabaiarom  coUegia,  pharmacopolae  9  etc.  (i), 

la  nécessite  vous  y  força  ;  c*est  le  mieux  du  monde  ; 
mais ,  certes ,  cela  ne  prouvera  jamais  que  vous  ayez 
connu  Tabbë  Delille ,  et  moins  encore  qu^il  vous  ait  seni 
de  teinturier.  Comparons ,  s'il  vous  plait ,  votre  manus- 
crit et  ma  traduction.  D'abord,  le  manuscrit  ne  vous  appar- 
tietat  point  ;  votre  écriture  n'y  parait  que  dans  un  très- 
petit  nombre  d'endroits,  et  notamment  sur  la  première  page 
pour  falsifier  le  titre  :  oui  j  Monsieur  ,  falsifier ,  c'est  le 
mot.  Il  y  avait  :  Lalanne  (2)  scripsit  1800  ou  1802, et 
vous  avez  surchargé  cette  date  ;  le  nom  de  l'auteur  était 
en  blanc  ,  et  vous  y  avez  substitué  le  vôtre.  Et  comment 


(i)  Horace  «  1 ,  2,  r. 

(2)  C'est  une  imagination  singulière  que  celle  de  Fano- 
njme  da  Journal  dti  commerce  qui  conjecture  qae  ce 
Lalanne  pourrait  bien  être  l'auteur  de  la  traduction.  II  est 
évident  que  le  mot  scripsit  ne  désigne  qu'un  copiste ,  et 
que  9  s'il:  avait  désigné  l'auteur ,  M.  Poapar  n'aurait  pas 
manqué  d'effacer  le  nom  qui  l'accompagnait.  Le  Lalanne 
dont  il  s'agit ,  était  ,  à  ce  qu'on  croit ,  un  élève  de 
M.  Poupar.  Il  n'avait ,  du  reste ,  rien  de  commun ,  ni  avec 
le  littérateur  du  même  nom ,  auquel  on  doit  deux  poèmes  > 
l'un  sur  le  Potager  et  l'autre  sur  les  Oiseaux  de  basse- 
cour  9  ni ,  encore  moins  »  avec  l'ancien  Pierre  Lalanne , 
ami  de  Ménage  ,  qui  a  laissé  quelques  vers  Hssez  bien 
tournés  et  n'en  a  pas  moins  été ,  pour  le  dire  en  passant, 
oublié  tout  net  dans  la  Biographie  universelle  ,  quoiqu'il 
ait  un  article  dans  Moréry  et  dans  le  Dictionnaire  historique. 


(  429  ) 
se  fait-il  qu*en  corrigeant ,  çà  et  là ,  dans  un  manuscrit 

quelques  expressions  insignifiantes  ,  afin  sans  doute  qu'il 

y  eût  quelque  chose  de  votre  façon  (i) ,  vous  ayez,  ea 

un  endroit ,  omis  de  suppléer  un  vers  qui  manque  à  la 

rime  et  su  sens  (2)  ;  qu'en,  un  ai^tre  ,  vous  ayez  laissé 


(i)  Dans  le  très-petit  nombre  de  corrections  que  M. 
Poapar  a  faites  à  quelques  vers  du  poëme  de  M.  de  Sj, 
il  en  est  de  trës-maavaises.  Ce  sont  des  indices  de  plus 
contre  lui.  Martial  disait  à  un. plagiaire  qui  avait  cru  dé- 
guiser son  larcin  par  anmayen  semblable ,  1 ,  54-'  «Fideo* 
99  tinos ,  tu  a  glissé  dans  mon  livre  une  page  de  ta  façon  ^ 
yy  mais  elle  porte  si  bien  ton  cachet  qu'elle  proave  claire- 
»  ment  que  tu  as  dérobé  tout  le  reste  de  l'ouvrage.  Tes 
»  vers  introduits  parmi  les  nôtres....  ressemblent  au  noir 
99  corbeau  qui  va  se  mêler,  sur  les  bords  du  Caïstre ,  par- 
99  mi  les  cjgnes  de  Léda  ,  ou  à  la  pie  babillarde  qui 
99  trouble  les  doux  concerts  des  rossignols.  Mon  livre  n'a 
99  nu|  besoin  d'un  défenseur  qui  t'accuse ,  qui  te  poursuive, 
»  qui  revendique  les  droits  de  son  maître  :  ta  page  suffit,  elle 
99  te  dénonce ,  elle  s'élève  contre  toi  et  te  crie  au  voleur.  99 

Stat  contra  dicilqae  tibi  tua  pagina  ,    fur  es. 
(a)  Page  43. 

Pcat-étre  il  se  plaindrait  d'un  importun  Secours. 
Ayez-vous  oublié  la  fin  extravagante  ,  etc. 

Telle  est  la  Iççon  de  la  copie  de  M.  Poupar  ;  mais ,  dans 
l'ouvrage  revu  par  l'auteur  ,  dans  l'imprimé  de  Londres  , 
pag.  5i ,  le  vers  suivant  qui  rime  avec  le  premier  ^  se  trouve 
entre  les  deux  qu'on  vient  de  lire  : 

£h  !   qui  sait  8*il  ne  veut  attenter  à  ses  jours  ? 


(  43o  ) 
quatre  vers  masculins  de  suite  (i)?  Lorsqu'on  se  mêle  de 
piller  ,  il  faut  moins  de  négligence ,  ou ,  si  vous  voulez, 
plus  d*adresse.  Certes  y  n'eût  ëté  la  paresse  dont  on  vous 
loue  ,  vous  auriez  complété  mes  vers  ,  si  vous  en  savez 
faire  ,  ou  présenté  du  moins  une  copie  qui  vous  appar- 

(i)  Page  35. 

Si  pourtant  quelque  jour  vous  deveniez  auteur  , 
En  Métius  ,  en  moi  ,  cherchez  votre  censeur  ; 
De  corriger  l'ouvrage  on  e^  toujours  à  •  temps  , 
Si  dfinn  le  porte-feuille  il  repose  dix  ans. 

M.  de  Sj  a  retoaché  ce  passage,  ainsi  que  plusieurs  antres, 
dans  rintervalle  de  temps  qui  s'est  écoule  depais  1800  y 
époque  oh  M.  Poapar  s'est  procuré  la  copie  du  poëme , 
jusqaà  1816,  et  le  mélange  alternatif  des  vers  mascoilos 
et  féminins  est  observé  dans  cette  dernière  révision. 

On  ne  vous  verra  point ,  en  dëpit  de  Minerve  , 
Sur  un  travail  sans  fruit  vous  consumer  en  vain. 
Que  si  l'envie ,  un  jour  ,  vous  prend  d'être  écrivain , 
Faites  choix  d'un  censeur  ;  aimez  qu'il  vous  éclaire  : 
Consultez  Métius  ,  moi  ,  Pison  votre  père. 
De  corriger  l'ouvrage  on  est  toujours  à  temps ,  etc. 

Les  journalistes  qui  ont  rendu  compte  de  l'affaire  9  ont  tous 
perdu  de  vue  cette  circonstance  importante  que  la  copie 
de  M.  Poupar  était  celle  du  premier  Jet  de  M.  de  Sj  ;  et  iU 
ont  attribué  au  plagiaire  les  différences  qui  existent  entre 
l'imprimé  de  Londres  et  celui  de  Lyon.  Ces  différences  ae 
sont  point ,  comme  ils  l'ont  pensé  ,  des  changemens  faits 
par  M.  Poupar  pour  déguiser  son  larcin  ;  M*  Poupar  a 
conservé  telle  quelle  ,  moins  cinq  ou  six  mots  ,  la  copie 
primitive  ,  tandis  que  M.  de  Sj  corrigeait  et  améliorait 
son  ouvrage  et  cherchait  à  le  rendre  plus  digne  de  rim- 
pression.  Il  faut  avouer  néanmoins  qu'il  n'a  pas  toujours 
été  heureux  datis  ses  corrections  ,  et  que  ,  dans  quelques 
endroits  ,  l'ancien  texte  est  préférable  au  nouveau. 


(  43i  ) 
tint ,  au  Heu  de  la  mienne  sur  laquelle  tout  le  monde 
peut  voir  encore  l'encre  de  Londres  et  le  filigrane  an-* 
glais.  Il  sera  évident  pour  tous  ceux  qui  nous  liront  que 
Touvrage  est  à  moi  seul ,  car  seul  je  lai  perfectionné , 
ce  que  vous  n*avez  pas  même  entrepris  ,  tandis  que  vous 
m'avez  dérobé  la  copie  d'un  premier  jet  que  vous  fûtes 
impuissant  à  rectifier.  »  —  Il  devait  y  avoir  dans  ces  der- 
niers mots  quelque  chose  de  très-significatif  pour  le  bi- 
bliothécaire ;  car  il  rougit  beaucoup ,  et  le  ton  aigu  de 
sa  voix  parut  monter  d'une  octave.  Toutefois  U  sourit 
avec  malice  et  répliqua  :  a  Voilà  beaucoup  de  choses , 
M.  le  marquis ,  mais  raisonnons  ,  je  vous  prie.  Je  pour- 
i*ais  vous  dire  que  les  évéques  ne  sont  pas  les  seuls  qui 
aient  la  réputation  d'acheter  leurs  écrits  tout  faits ,  comme 
Caraccioli  achetait  l'amour ,  et  qu'un  marquis  pouvait 
bien  employer  un  pedisiquus  puerorum ,  comme  vous  dites 
obligeamment ,  à  faire  ses  vers:  Théveneau  qui  est  ici  (i), 

(i)  Théveneau ,  de  bachique  mémoire ,  faisait  les  vers 
de  MM.  tels  et  tels  pour  de  l'argent  et  pour  du  vin.  Voici 
de  quelle  manière  on  s'j  prenait  ordinairement  avec  lui  : 
on  mettait  à  côté  de  sa  table  deux  ou  trois  bouteilles  de 
Tin  9  et  on  le  fermait  à  clé  jusqu'à  ce  qu'il  eût  fait  la 
quantité  de  vers  dont  on  était  convenu.  Nous  avons  sou- 
Tent  entendu  raconter  que  l'auteur  d'un  poëine  publié  de- 
puis ,  lui  donnait  5o  centimes  par  correction.  Leâ  5o  cen- 
times étaient  souvent  fort  lestement  gagnés.  Par  exemple , 
le  poète  avait  fait  cet  hémistiche  : 

Rome  était  libre  alors 

Xhéveneaa  le  trouva  dur  et  le  refit  ainsi  : 
Ak>r0  Rome  était  libre 

le  changement  satisfit  l'oreille  de  l'auteur ,  et  les  5o  cen- 
times furent  comptés. 


(450 
tu  sait  quelque  chose ,  et  le  puLlic  serait  assez  matin 

peut-être  pour  vous  traiter  comme  Boileau  faisait  Tabbé 
Roquette  (i)  —  Impossible  ,  s*ëcrîa  le  marquis  ,  impos- 
sible ,  Monsieur  !  Pour  que  vous  soyez  Tauteur  de  cette 
traduction ,  il  faudrait  supposer ,  avant  tout ,  que  M. 
Tabbë  Delille  nous  trompait  tous  deux.  Ensuite  ,  je  vous 
le  demande  ,  qui ,  de  vous  ou  de  moi ,  a  montré  le  plus 
de  franchise  ?  Vous  ne  faites  confidence  de  votre  œuvre 
qu*à  un'  petit  nombre  d*amis ,  et  moi ,  j'imprime  la 
mienne,  dès  qu'il  m'est  permis  de  rentrer  en  France; 
je  l'imprime  dans  un  volume  dëdië  au  roi ,  sous  les  yeux 
d'une  foule  d'anciens  compagnons  dMnfortune  qui  sa- 
vent mieux  que  personne  si  l'abbë  Delille  m'honorait  ou 
non  de  son  amitié  ;  vous ,  c'est  pour  entrer  dans  une 
académie  que  vous  usui*pez  ce  titre  littéraire  (2)  :  hors 
de  làr ,  rien  ne  peut  vous  décider  à  vous  en  prévaloir ,  ni 
son  mérite  (car  c'est  ce  que  j'ai  fait  de  mieux),  ni 


(1)  Tout  le  monde  sait  par  cœur  cette  ëpigramme  ^  haâiék 
de  Martial ,  II ,  ao  : 

On  dit  que  rabb<$  Roquette 
Prêche  les  sermons  d'autrui  a 
Moi  qui  sais  qu'il  les  achète  , 
•  Je  soutiens  qu'ils  sont  à  lui. 

On  prétend  qae  cet  abbé  Roquette ,  qui  fat  évéque  d'Autnn^ 
est  Toriglnal  diaprés  lequel  Molière  a  peîot  Tartuffe. 

(2)  u  Vous  avez  placé  au  rang  de  titulaire  M.  Ponpar, 
99  helléniste  distingué  5  dont  vous  avez  facilement  jagé  le 
»  mérite  par  Pheureuse  traduction  qu'il  a  faite  en  vers 
99  français  de  TÂrt  poétique  d'Horace.  99  M*  Parât ,  Compte 
rendu  des  travaux  de  l* Académie  de  Lyon  ,  lu  dans  la 
séance  publique  du  ho  août  1814  »  Ljob  ,  182S ,  m-8^ ,  p.  55* 


(  433  ) 
l'apparilion  de  mon  livre....  )>  Le  marquis  achevait  ces 
paroles  ,  lorsqu'on  vint  lui  dire  que  l'abbë  Delille  était 
prêt  à  l'entendre  ;  il  jeta  sur  M.  Poupar  un  regard  pleia 
de  fierté  ,  en  lui  faisant  signe  de  le  suivre ,  et  tous  deux 
s'éloignèrent.  Voilà  ce  que  disaient  ces  Messieurs.  Que 
si  vous  me  demandez  mon  opinion  personnelle  ,  je  vous 
répondrai  que  ni  M.  de  Sy ,  ni  M.  Poupar  n*est  Tauteur  de 
la  traduction  en  litige  :  les  autres  ouvrages  du  premier  , 
la  paresse  et  l'insouciance  du  second  ne  permettent  pas 
d'attribuer  ce  poëme  à  l'un  ou  à  l'autre ,  quelles  qu'en 
soient  la  faiblesse  et  l'incorrection.  M.  de  Sy  est  plus 
habituellement  lâche,  trivial  et  prosaïque;  quant  à  M. 
Poupar ,  on  ne  sait  ce  qu'il  serait  s'il  eût  jamais  écrit. 
Vraisemblablement ,  quand  ces  Messieurs  auront  fait  une 
visite  au  dieu  du  goût ,  ils  se  défendront  tous  deux  d'avoir 
coopéré  à  cet  ouvrage ,  et  comme  dans  l'épigramme  de 
mon  ami  Racine , 

Plus  ne  voudront  Tavoir  fait  Tan  ni  Pautre  (i). 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  évident ,  c'est  que ,  si  quelqu'un 
a  acheté  la  traduction  ,  ce  n'est  pas  M.  Poupar ,  et  que , 


(i)  C'est  par  cette  pointe  que  se  termine  la  fameuse 
ëpigramme  attribuée  à  Racine  sur  une  tragédie  à'Iphigénie 
que  deux  auteurs  se  disputaient  : 

Entre  le  Clerc  et  son  ami  Coras  , 

Tous  deux  auteurs  rimant  de  compagnie  , 

N'a  pas  longtemps  ,   soùrdirent  grands  dëbats 

Sur  le  propos  de  leur  Iphigënie. 

Coras  lui  dit  :  la  pièce  est  de  mon  cru  ; 

Le  Clerc  rëpond  :  Elle  est  mienne  et  non  votre  ; 

Mais  aussitôt  que  l'ouvrage  a  paru  , 

Plus  n'ont  voulu  l'avoir  fait  Tun  ni  l'autre. 

Tome  Fil.  28 


(  454  ) 
à.  quelqu'un  ra  yolëe,  ce  n*est  pas  M.  Ae»  Sy.  En  banni 

logique  ,  comme  s  exprime  élégamment  :  Tanonyme,  on 

né  saurait  conclure  d*autre  manière.  »• 

Je  n'oserais,  M-  le  rédacteur,  prendre  )a> parole  après 
Horace  ;  j'ajouterai  seulement  un  mpt  :  on  ^  tort ,  selon  moi, 
de  demander  pourquoi  M.  de  Sy  semble  protester  dans  sa 
préface  contre  toute  accusation  de  plagiat  ;  on  a  mal  saisi  sa 
pensée  :  il  a  entrepris  ou  commandé  sa  traduction  à  une 
époque  où  il  n'en  existait  pas  ;  mais  les  circonstances  ne  lui 
ont  permis  de  la, publier  qu^après  un  long  intervalle  ,  de 
1800  à  18 16 ,  lorsque  d'autres  écrivains  s'étaient  exercés 
avec  plus  ou. moins  de  bojiheur  sur  le  même  sujet:  c'est 
là  ce  qui  chagrinait  M.  de  Sy ,  et  non  toul«-à-fait  sans 
raison,  car  les  auteurs  de  sa  force  doivent  tenir  au 
mérite  de  la  priorité ,  attendu  qu'ils  n'en  ont  souvent 
pas  d'autre ,  et  c'est  le  regret  d'avoir  perdu  cet  avantage 
qui  perce  dans  ce  burlesque  propos  de  grand  seigneur 
mécontent  :  Depuis  ^  sept  à  huit  (traductions)  se  sont 
donné  le  mot  pour  paraître ,  etc. 

Je  terminerai  cette  longue  épitre ,  en  priant  l'anonyme 
d'engager  le  bon  négociant  dont  il  parle  à  mettre  au 
jour,  le  plus  tôt  possible  ,  son  ouvrage  sur  les  amitiés 
des  gens  de  lettres  :  ce  bon  négociant ,  m*est  assez  connu 
pour  que  je  puisse  dire  que  nul  n'est  plus  capable  que 
lui  de  nous  dévoiler  ces  horribles  mystères,  d'autant 
plus  que  n  ayant  ni  prétention  ni  droit  au  titre  de  lit- 
térateur ,  il  ne  jugera  point  dans  sa  propre  cause  et  ne 
salirait  manquer  d'être  impartial. 

J'ai  l'honneur  d'être ,  etc. 

ÂGNOSTK. 

Nota*  M4  l'abbé  B..,  nereu  de  M.  Poapar,  nous  remet 


(  4S5  ) 

l'ittftant  un  lûëmoire  dont  il  réclame  l'insertion  :  noti« 
impartialité  noas  fait  une  loi  d'obtempérer  À  sa  demande  ) 
mais  Tabondance  des  matières  noas  force  de  prendre  délai 
jasqu'au  prochain  né^ 


ADMINISTRATION  DÉPARTEMENTALE. 


CONSEIL  GÉNÉRAL  DU  DÉPARTEMENT  DU  RHÔNE» 
(  Sessioii  de  1838  à  18^9  )• 

En  exécution  de  ^ordonnance  rojale  dû  3t  août  lÔoS^ 
le  conseil  général  du  département  du  Rhône  s'est  réuni 
le  9. septembre  dernier* 

Se  sont  trouvés  présens  :  MM.  de  Savaron  ^  président  ^  le 
ticomte  Beliét  de  St-Trivler  ^  Vslyj  ^  B.  de  la  BaroUîère,  de 
Varax ,  le  marquis  de  Montaigu,  le  marquis  d'Albon,  Desprex^ 
Prunelle,  le  baron  Rambaud^  Nolhae ,  le  comte  de  Laurencin^ 
Brollemann ,  Montgolfier  ^  et  Dcsarbrës  ^  secrétaire. 

MM.  De  L'horme  ^  de  la  Roche  la  Garelle ,  le  marquis  de 
Monspej  et  Orsel  n'ont  pu  prendre  part ,  cette  année  ^  aux 
travaux  du  conseil* 

M.  le  Préfet  a  ouvert  la  session  par  le  discours  sui-« 
tant,  exposant  la  situation  générale  du  département 

Messieurs  ^ 

En  jetant  les  jeul  autour  dé  nous  ^  il  est  Impossible  de 
ne  pas  remarquer  avec  peine  Tabsence  de  quelques  mem-^ 
bres  actifs  et  éclairés  du  conseil  général ,  qui  ne  peuvent, 
cette  année ,  venir  partager  vos  travaux. 

De  plus  sérieux  regrets  seront  donnés  par  tous  aux  col" 


(  436  ) 

lègues  qaè  la  mort  tous  a  enlay^s*  M.  de  St*Trj8  occupait 
dans  le  conseil  une  place  honorable ,  et  les  derniers  efforts 
de  son  cèle  yoas  ont  été  consacres. 

M.  Mottet  de  Gërando ,  partout  justement  apprécie,  tron- 
yait  surtout  îci  les  occasions  de  développer  ces  connais- 
sances yariées  ,  cette  justesse  de  yues ,  ce  talent  d'appli- 
cation qui  en  ont  fait  un  citoyen  si  éminemment  utile  e( 
si  difficile  à  remplacer. 

Les  nouveaux  membres ,  que  la  confiance  du  Rch  vous 
donne  aujourd'hui  pour  collègues  ,  apportent  avec  eux  tout 
ce  qui  doit  adoucir  vos  regrets  :  une  réputation  fiiite ,  et 
une  capacité  éprouvée. 

Je  vais  ,  Messieurs  ,  suivant  nos  usages  annuels  ,  faire 
précéder  d*nu  précis  rapide  de  notre  situation  administra- 
tive f  la  remise  des  rapports  étendus  qui  vous  sont  adressés 
sur  toutes  les  parties  des  affaires  départementales. 

Aucune  délibération  nouvelle  de  quelque  importance  ne 
TOUS  est  demandée  cette  année  ,  et  je  n'ai  à  appeler  votre 
attention  que  sur  la  suite  des  entreprises  ou  des  affaires 
dont  vous  vous  êtes  occupés  pendant  votre  dernière  réunion. 
Ainsi  le  rétablissement  de  l'égalité  proportionnelle  dans 
la  répartition  des  contributions  directes ,  vous  donnera  lieu 
de  résoudre  plusieurs  questions  ajournées  en  18279  et  au 
sujet  desquelles  de  liouveaux  documens  seront  fcnis  sous 
vos  yeux.  Le  grand  travail  de  la  répartition  nouvelle  trou- 
ve sa  justification  dans  le  petit  nombre  de  réclamations 
éleVées  par  les  communes. 

Lès  opérations  du  cadastré  marchent  rapidement  et  oiit 
notablement  devancé  les  allocations  modiques  du  budget. 
Vous  jugerez  utile  de  seconder  cette  impulsion  ;  le  dépar- 
tement du  Rhône  est  appelé  h  jouir,  l'un  des  premiers^des 
avantages  du  cadastre ,  puisque  ce  grand  travail  sera  hieu 
près  d'être  terminé  Tannée  prochaine  dans  tout  le  dépar- 
tement, moins  la  ville  de  Lyon  qui  doit  être  Tobjet  de  dis- 
positions spéciales. 


(.43?  ) 

J'avais  espéré ,  Messieurs,  pouToir  anjoard'hùt  installer 
le  conseil  dans  le  local  qui  lui  est  destiné.  Celte  prise  de 
possession  sera  retardée  jusqu'à  Tannée  prochaine  ;  maïs , 
à. la  fia  de  celle-ci  la  distribution  intérieure  du  yaste  hôtel 
d^  la  Préfecture  sera  terminée  9  et  les  comptes  définitifs 
seront  arrêtés. 

Le  concours  pour  le  palais  de  justice  et  ses  dépendances 

a  produit  des  projets  diversement  recommandables  et  sur 

lesquels   le  gouTcmement  n'a  pas  encore  prononcé.  Plus 

on  étudie  dans  ses  détails  l'application  du  plan  aur  surfaces 

désignées  ^  plus   on  éprouve  de  crainte   sur  l'insiif&sance 

de  celles*-.ci.  Faudra<«t-il.  agrandir  l'emplacement  au   prix 

de  nouveaux  sacrifices  ^    ou  asservir  la  construction  au 

périmètre  projeté  ?  J'ai  traité  la  question  sous  ces  deux 

rapports  ;  en  attendant  une  décision  ,   qui  peut-être    me 

parviendra  pendant  cette  session  9   on  ne  cessera  pas  de 

s'occuper  de  l'acquisition  des  maisons  dont  la  démolition 

sera  nécessaire  dans  toutes  les  hypothèses.   S'il    est  une 

entreprise  dans  laquelle  ou  ne  doive  s'engager  qu'avec  la 

p^Hs  mûre  circonspection ,  c'est  sans  contredit  celle  dont 

il  s'agit.  Un  plan  formé  sur  que  si  vaste  échelle  et  renfer- 

ipant  tant  de  services  divers  est  nécessairement  sujet  dans 

l'exécution,  à  des  mécomptes ,  des  oublis  et  des  erreurs 

dont   une   sage  prévision  doit    apprécier    et  mesurer   le 

danger. 

Les  travaux  de  la  nouvelle  prison  qui  s'élève  le  long  de 
l'avenue  Perrache,  étaient  commencés  lors  de  votre  dernière 
session  9  mais  bientôt  l'entreprise  a  périclité  ,  et  il  est 
devenu  évident  que  l'entrepreneur  était  hors  d'état  de 
x^mplir  les  clauses  de  son  adjudication.  Au  mois  d'avril 
dernier  9  la  résiliation  a  été  prononcée  dans  les  formes 
voulues  ;  un  nouvel  adjudicataire  a  été  jsubstitué  au  premier  y 
et  dès  lors  l'eatreprise  a  marché  d'une  manière  satisfai- 
sante ;  le  service  des  fonds  est  assuré  9  et  rien  ne  paraît 
s'opposer  à  ce  que  le  nouvel  édifice  reçoive  les  détenus 
dans  le  courant  de  i85o.  J'aurai  à  vous  entretenir  des iue- 


(  458  ) 
sareg'  transitoires  qite  poarra  nécessiter  réTacaiition  de  U 
prison  de  St-Joseph  en  i8i29. 

Le  projet  présente  ponr  la  construction  d'ane  casem* 
de  gendarmerie  a  été  rédnit  d'après  FindicatiOn  du  conseil 
des  bâtimens  civik.  Les  travaux  sont  commences  et  devront 
être  poussés  avec  une  grande  activité ,  la  ville  étant  en 
droit  de  réclamer  au  commencement  de  i85o  la  mise  en 
possession  du  claustral  des  Augustins  qui  sert  mainteaaiA 
de  casertie. 

Les  bâtimens  de  TEcole  vétérinaire  ont  pris  depuis  l'an^ 
née  dernière  un  aspect  digne  d'un  établissement  royal  ;•  les 
ti'avauit  faits  rendent  moins  sensibles  les  irrégularités  qu'on 
ne  peut  iaire  disparaître  encore. 

Les  établîssemeus  publics  de  Villefranche  demandent 
quelques  améliorations.  Tout  est  disposé  pour  le  placement 
des  Sœurs  hospitalières  de  St-Joseph  dans  la  prison  d'ar* 
rôndissement  ;  la  religion  et  l'humanité  réclament  ce  bieif- 
fait  trop  long-temps  différé. 

Les  secours  que  Vous  êtes  dans  l'usage  de  voter  ,  ceux 
notamment  que  vous  répandes  sur  les  communes  rurales 
pour  aider  aux  acquisitions  et  aux  réparations  dVgFises'et 
de  presbytères  ,  continuent  à  produire  les  plus  heureux 
résultats.  Les  habitans  des  campagnes  ont  répondu  à  vos 
encouragemens  en  faisaut  fructifier  vos  dons  ;  ils  montrent, 
par  leur  zèle  et  leurs  efforts ,  Timportance  qu'ils  mettent  à 
Consolider  et  à  compléter  leurs  étàblissemens  religieux 4 

Le  budget  général  des  ponts  et  chaussées  n*a  point  en^ 
cere  reçu  cette  année  le  supplément  qui  lui  serait  si  néces- 
saire. Vous  savez  qu'une  commission  formée  de  haiîfet 
notabilités  admiuistrati?es  doit  proposer  au  Roi  les  mesures 
propres  à  établir  Téquilibre  entre  les  besoins  et  les  ressour- 
ces. Jusque-là  nous  aurons  particulièrement  à  souffrir  de 
insuffisance  du  cotitingent  qui  nous  est  alloué  dans  les 
fôtids  du  trésor ,  et  la  sagesse  commandera  de  ne'  se  livrer 
à  aucune  entreprise  nouvelle ,  avant  l'achèvement  de'  celles 
qUi'be  trouvent  en  voie  d'etécution»  * 


(  439  ) 

Ceàt  d'après  ce  principe  qae  les  fonds  ont  ëië  presqae 
exclusÎTement  portés  ,  cette  année  »  snr  la  route  de  Sainte- 
Etienne ,  et  qne  le  système  de  chaassëes  pavëes  a  été  subs- 
titué aux  empierremens  dont  il  a  bien  &llu  reconnaître 
Piiapuissance,  quand  on  a  tu  cette  route  devenue  à  peu  près 
impraticable  pendant  Tbiver. 

Chacun  peut  apprécier  la  belle  exécution  des  pont^ 
d'Oullins  et  de  Brignais.  Le  dernier  sera  livré  à  la  circulation 
sans  attendre  que  la  rectification  importante  et  dispendieuse 
à  laquelle  il  se  lie  ^  soit  entièrement  effectuée. 

Le  projet  de  la  nouvelle  traverse  d'Anse  est  soumis  à  un 
supplément  d'instruction,  et  la  rectification  de  la  c6te  de 
l'Ârbresle  ne  m'a  pas  encore  été  renvoyée  par  la  direction 
généralir» 

Je  ne  vous  entretiendrai  pas  de  la  reconstruction  du  pont 
de  la  Mulatière.  Celui  que  la  compagnie  du  chemin  de  fer 
fonde ,  en  ce  moment ,  au  confluent  du  Rhône  et  de  laSaiône, 
présentera  des  dimensions  qui  permettraient  d'y  établir  le 
passage  de  la  route  royale.  Lorsqu'il  aura  été  reconnu  que 
ce  pont  peut  suffire  à  une  double  destination ,  il  -y  aura  lien 
d'examiner  à  quelles  conditions  il  devra  être  adopté  pour 
le  service  du  public.  Une  délibération  de  la  ville  à  ce  sujet 
vous  sera  communiquée.  Cette  affaire  ne  saurait  être  en- 
tourée de  trop  de  lumières. 

«  Les  travaux  neufs  de  navigation  sont  tous  exécutés  dans 
riutérieur  ou  aux  abords  de  Lyon ,  et  se  poursuivent  'de 
concert  avec  la  ville.  Les  attaques  du  Rhône  contre  lu 
rive  gauche,  devenues  de  plus  en  plus  menaçantes,  ont 
concentré  au  lieu  du  danger  les  soins  des  ingénieurs  ,  et 
absorbé  la  plus  grande  partie  des  fonds  dont  on  pouvait 
disposer.  D'autres  entreprises  utiles  en  souffrent  et  ne 
pourront  encore  être  reprises  cette  année ,  avec  l'activité 
désirable.  C'est  un  mal  inévitable,  qui  sera  atténué  par- 
tout où  il  pourra  l'être ,  au  moyen  des  mesures  provisoires 
qui  vont  être  prises. 

Par  le  compte  que  j'ai  h  vous  rendre  de  l'emploi  de  vos 


(  44o  ) 

fonds  sur  le»  routes  d^p^rfemenUles  et  par  les  propositiôiis 
qtii  j  sont  jointes  pour  le  prochain  exercice  ^  yoas  Terres 
qu'à  mesure  que  vos  lignes  TÎables  s'ëtendent  y  tous  anrex 
en  la  possibilité  d'accroître  tos  allocations.  Le  crédit  con- 
sidérable ,  affecté  maintenant  aux  entretiens ,  tous  donne  le 
droit  de  compter  sur  de  notables  améliorations  dana  cette 
partie  du  service. 

.  Les  travaux  neufs  seront  presque  exolusÎTement  port& 
sur  la. route  N.^.2  de  Ljon.à  Trévoux,  et  sur  celle  N.^  6 
de  VîUefranche  à  Feui*s  par  Tarare.  XiCtte  dernière  ville  a 
travaillé,  sur  la  ligne  qui  va  rejoindre  le  département  de  la 
Loire ,  avec  un  sèle  et  un  succès  qu'il  est  jnste  de  vous 
signaler.      ... 

La  route  de  Lyon  à  Beaucaire ,  sur  la  rive  gaucbe  da 
Rhône  ,  quoique  classée  anciennement  an  -  nombre  dea 
routes  royales ,  ne  recevait  de  secours  que  de  votre  budget. 
La  construction  d'nn  pont  à  Vienne  doit  établir  snr  cette 
rive  la  communication  naturelle  entre  Vienne  et  Lyon.'Le 
chemin  de  fer  qui  touche  le  Rh6ne  à  Givors,  hâtera  ces  ré- 
sultats. Vous  jugerez ,  è  mesure  qu'ils  se  développeront  , 
quelle  part  doit  être  laissée  aux  spéculations  particulières 
dans  le  grand  mouvement  qui  va  être  imprimé  au  commerce 
de  transport.  Le  moment  approche  oh  les  espérances  que 
fait  naître  cette  entreprise  hardie ,  commenceront  à  se  réa- 
liser y  et  dès  l'année  prochaine  ,  on  pourra  apprécier  son 
influence  sur  la  fortune  publique  et  sur  les  industries  pri- 
vées. Ces  espérances  sont  d'autant  plus  précieuses  à  ac- 
cueillir que  le  commerce ,  dans  toutes  ses  branches  ^  seau- 
ble  frappé  d'une  stagnation  générale.  Elle  menace  gravement 
la  fabrique  de  soieries ,  si  bien  nommée  la  reine  de  nos 
industries.  Après  le  talent  et  la  bonne  foi ,  rien  ne  pourrait  la 
soutenir  plus  efficacement  qu'un  allégement  des  droits  qui  pè- 
sent directement  ou  indirectement  sur  elle;  mais  è qui  peut- 
on  le  demander  si  ce  n'est  aux  industries  nouvelles  qui,  en 
accroissant  la  fortune  de  TEtat  et  le  revenu  des  villes  ,  per- 
mettront de  supprimer  ou  de  réduire  les  perceptions  con- 
tie  lesquelles  le  commerce  réclame  avec  tant  d'instance  ? 


(  441  ) 

Espérons  fout  de  la  sollicitude  génërease  da  Monarque 
qui  yient  d'assurer  au  commerce  français  une  protection 
particulière,  en  créant  pour  veiller  à  ses  intérêts  un  minis* 
tère  spécial.  Cet  acte  de  la  sagesse  royale  mérite  toute  Totre 
reconnaissance*,  il  tous  est  un  sûr  garant  de  l'attention  qui 
sera  donnée  à  l'expression  de  tos  votes ,  lorsqu'ils  seront 
appliqués  aux  intérêts  soumis  h  vos  discussions.  Ces  intérêts 
ont -pour  défenseur  un  prince  qui  vient  aujourd'hui  se  met- 
tre en  communication  avec  ses  peuples  ,  qui  veut  connaître 
leurs  besoins  et  entendre  leurs  vœux  de  plus  près*  La  con-* 
fiance  naît  antour  de  lui,  car  les  factions  se  taisent  en 
présence  de  son  autorité ,  et  les  haines  s'éteignent  sous  son 
regard  généreux  :  il  ne  règne  sous  le  bon  plaisir  d'àucnn 
parti 9  mais  par  son  droit,  par  les  lois,  et  comme  le  protec- 
teur nécessaire  des  institutions  que  la  France  tient  de  sa 

noble  dynastie. 

<  .  •  • 

M.  le  Préfet  a  ensuite  déposé  sur  le  bureau  les  pièces 
et  documens  propres  à  fixer  la  détermination  du  conseil 
sur  les  affaires  qu'il  est  appelé  à  régler.  Ce  magistrat 
a  ensuite  donné  au  conseil ,  dans  un  rapport  terbal- étendu 
et  développé,  les  détails  particuliers  qui  appartiennent  à 
l'état  financier ,  aux  établissemens  publics ,  aux  travaux 
entrepris ,  aux  besoins  et  aux  ressources  du  département. 
Nous  allons  essayer  d'en  donner  une  analyse  sommaire. 

FINANCES. 

L'exercice  financier  de  chaque  année  devant  être  défi- 
nitivement clos  à  la  fin  de  l'année  suivante  ,  le  compte 
final  de  1826  est  présenté  tel  qu'il  a  été  définitiven^ent  réglé 
et  approuvé  an  5 1  décembre  1827. 

Le  compte  de  1827  9  ^^^  9^'^^  ^^  présente  au  i.^^  septembre 
1828,  donne  lieu  aux  remarques  suivantes  : 

Quatre  budgets  forment  les  élémens  de  ce  compte ,  i  .^  le 
budget  fixe  y  dont  les  fonds  sont  fournis  par  le  trésor ,  qui 


(  449  ) 

comprend  9  outre  les  dépenses  départementales  invariables, 
celles  qui  sont  communes  h  plusieurs  départemens  v  tels 
sont  les  traîtemens  et  frais  d'abonnemens  administratifs  : 

Les  dépenses  des  maisons  centrales  lorsqu'il- en  existe 
dans  le  département ,  ou  s'il  n'en  existe  pas ,  les  indemnités 
qui  peuvent  être  dues  en  raison  des  condamnés  à  un  an- et 
plus  de  détention  ,  restés  momentanément  à  la  charge  d« 
département  9  faute  de  place  dans  les  maisons  centrales  : 

Les  constructions  et  grosses  réparations  aux  bâtimens  des 
cours  royales  : 

L'entretien  des  établissemens  thermaux  ^  lorsqu'ils  ap- 
partiennent à  l'état  : 

Les  fonds  accordés  sur  le  budget,  pour  1827  9  montant 
à  169,267  fr.  9  dont  40^000  fr.  afiectés  à  l'acquisition  des 
maisons  destinées  à  former  l'emplacement  du  nouveau 
palais  de  justice. 

2.^  Le  budget  des  dépenses  variables  ordinaires  ^  dont  le 
fonds  est  formé ,  i.^  par  les  7  i/a  cent,  ordinaires  laissés 
à  la  disposition  de  chaque  département;  2.^  des  ressources 
éventuelles  appartenant  au  département  ;  5*^  de  la  somme 
accordée  par  le  trésor  dans  la  répartition  du  fonds  com- 
mun destiné  à  remédier  ,  suivant  les  besoins  j  à  l'insulE- 
sance  des  centimes  ordinaires. 

Onze  chapitres  composent  ce  budget  9  sous  les  titres 
suivans  : 

Hôtel  de  la  préfecture ,  entretien. 

Dépenses  ordinaires  des  prisons  départementales. 

Secours  et  ateliers  de  charité,  subvention  à  l'hospice  de 
l'Antiquaille. 

Frais  de   casernement  de  U  gendarmerie  départemen- 
tale. 

Dépenses  variables  ordinaires  des  cours  et  tribunaux. 

Travaux  des  bâtimens  civils. 

Travaux  des  routes  départementales. 

Dépenses  ordinaires  desenfans  trouvés' et  abandonnés. 

Eucouragemens    et   secours    aux   sociétés   savantes  et 


(  443  5 

de  bienfaisance,  h  la  propagation  de  la  yacciné  , 
à  rinstruction  primaire ,  aux  communes  ,  pour  r^ 
paration  de  leurs  ^gKses  et  presbytères ,  etc. 
'  Dette  départementale  ,  s'il  eh  existe. 

Fonds  réservé  pour  dépenses  imprévues. 
'  Les  ressources  portées  au  budget  des  dépenses  variables 
de  182^  ,  montent  à  la  somme  de8k6,256fr;  88  c.,  dan^ 
laquelle  est  comprise  celle  de  5o2,ooo  fr.  accordée  par  le 
ministre ,  sur  le  fonds  commun ,  pour  subvenir  à  l'insuffi- 
sance des  ressources  départementales. 

Les  dépenses  ont  été  strictement  renfermées  dans  les 
révisions  du  budget ,  excepté  au  chap.  II ,  sur  l'entre- 
tien des  détenus ,  dont  le  nombre  moyen  s'est  trouvé  de 
256,  terme  moyen  ,  tandis  qu'il  avait  été  calculé  sur  200. 

5.^  Le  budget  des  dépenses  extraordinaires  d'utilité  dé-^ 
partementale  ,  imputable  sur  les  cinq  centimes  facultatifs 
Totés  par  le  conseil  général,  en  vertu  de  l^a  loi  de^  .fi«- 
nances,  de  1827. 

On  sait  que  les  conseils  généraux  ont  le  droit  de  voter 
jusqu'à  cinq  centimes  sur  lé  principal  des  contributions 
directes ,  lorsque  les  res&ources  ordinaires  départementales 
sont  insuffisantes» 

Le  montant  de  ces  5  cent,  s'élève  à  ....  .  1 52,920  (i) 
qui  ont  été  appliqués ,  conformément  aux  votes  du  conseil 
général ,  approuvés  par  le  gouvernement  ^  à  l'indemnité 
allouée  à  M.  Tarcbevéque ,  administrateur ,  et  au  chapitre 
métropolitain,  et  au  solde  définitif  des  dépenses  relatives  au 
rétablissement  de  la  statue  de  Louis  XIV  ,  le  reste  employé 
eu  supplément  aux  travaux  publics  et  à'  ceux  des  routes 
départementales. 

4.*^  Budget  des  dépenses  extraordinaires  dUuiliié départe^ 
mentale.  Une  loi  du  22  mai  1825  a  autorisé  le  département 

'        ■  ■    ■   ■    ■       i.i  I  .  1 1  ■  I   I  1 1  ■  I       III  I       1 1  II  ^ 

(1)  Dana  Icb  dëpartemens  productifs  ,  ëtendiui  et-  populeux  ,  tf^ls 
que  la  Seine  infé^ieure^  ou  le, Nord,,  Ip  prpduit  d«8  cinq  centimes 
facultatifs  va  à  290,000  et    iiJ\OfOoo  fr. 


(  444  ) 

du  Rhôae  à.a!iinposer  extraordinalrement  5  cent  addi- 
tionnels aax  contribotions  directes  pendant  qaatre.  années  , 
^  commencer  en.  1826  ,  à  Teffet  de  sabyeair  aux  dépenses 
de  constractîon  d'une  prison  dans  la  TÎlle  de  Ljon  y  pour 
remplacer  celle  de  St.  Joseph, 

.  Le  montant  de  cette  imposition  extraordinaire  s'élèye , 
par  année  ,  à  11 1,537  fr.  9  qui  sont  exclasÎTement  aflTectés 
aux  trayaux  de  la  nouyelle  prison. 

BUDGETS  D£   1828. 

I  .^  Budget  des  dépenses  fixes  et  communes  à  plusieurs 
départemens ,  dont  les  fonds  sont  faits  par  le  trésor  rojaî. 

Ce  budget  alloue  80,000  fr.  au  département  pour  concon- 
rir  à  l'acquisition  des  maisons  destinées  à  l'emplacement 
du  nouveau  palais  de  justice* 

.  a.^  Budget  des  dépenses  variables  ,  etc. 

Chap.  I.  Hôtel  de  la  préfecture  ,  entretien  du 
mobilier,  chauffage  et  éclairage  du  corps-^de-garde, 
contributions  à  acquitter 2,58o 

Chap.  II.  Dépenses  ordinaires  des  prisons  dé- 
partementales ,  maisons  d'arrêt ,  de  justice  et  de 

correction 749I10 

.  Chap.  III.  Secours ,  ateliers  de  charité ,  subven- 
tion à  rAntiquaille • 4&000 

Chap.  IV.  Gendarmerie  départementale i6,5oo 

Cbap.  V.  Dépenses  variables  des  cours  et  trîba- 
nao^x a5,34o 

Chap.  VI.  Bâtimens  civils  9  constructions,  en- 
tretien   119,000 

Chap.  VIL  Travaux  des  routes  départementales 
et  autres  d'intérêt  départemental ,  non  compris  au 
budget  des  ponts  et  chaussées ,  indemnités  de  'ter- 
rain pour  dépossession  en  i8a8 ii5,ooo 

Chap.  VIII.  Dépenses  ordinairesdesen£ims  trou-  . 
▼es  et  abandonnés 1 75,000 


(  445  ) 

Chap.  IX.  EncottragemenB  et  secoars  ,  socii^tës 
savantes  >  instruction  primaire  y  vaccine  ,  ëlèves 
sages-femmes  ,  sourds-maets^  société  maternelle  9 
réparations  d'églises  et  presbjtèi^s  j  etc. iS^gSo 

Chap.  X.  Dette  départementale ,  ou  complément 
des  dépenses  appartenant  aux  exercices  de  1826 
et  antérieurs 497^8 

Chap.  XL  Dépenses  diverses  et  imprévues. 

Ce  fonds  pourvoit  aux  primes  pour  destruction 
de  loups  ,  frais  de  route  et  séjour  des  forçats  li- 
bérés ,  épidémies  ,  épizooties  ,  traitement  des 
insensés  à  la  charge  du  département ,  tables  dé- 
cennales 9  frais  des  collèges  électoraux  ,  etc.  .  •  •     27,017 

Le  total  des  dépenses  variables  portées  à  ce  bud- 
get est  de • 616,487 

La  somme  accordée  par  le  ministre  de  Fintérieur , 
sur  le  fonds  commun  est  en  1827  ,  de Soa^ooo 

5.®  Budget  des  dépenses  d^ utilité  départementale^ 
imputable  sur  les  cinq  centimes  facultatifs  votés 
par  le  conseil  général ,  en  vertu  de  la  loi  du  24 
juin  1807. 

Le  montant  des  5  cent,  s'élève,  comme  en  1827  a  1 52,920. 

Cette  somme  est  applicable  au  supplément  voté  pour  le 
cal  te  diocésain ,  au  supplément  de  fonds  pour  les  divers 
travaux  publics  ,  au  secours  accordé  à  la  maison  du  refuge 
des  condamnées  libérées. 

4*^  Budget  extraordinaire  d'utilité  départementale ,  impu- 
table sur  les  5  cent,  votés  pour  quatre  années  par  le  con- 
seil général  (loi  du  22  mai  1825). 

Les  r  1 5,000  fr.  provenant  de  cette  imposition  sont  exclu- 
sivement dépensés  aux  constructions  de  la  nouvelle  prison. 

PROPOSITION  DE  BUDGET   POUR    1829. 

Les  budgets  qui  ne  seront  définitifs  que  lorsqu'ils  auront 
été  réglés  et  arrêtés   par  le  gouvernement  ^  .doivent  être 


(  446  ) 

imprimes.  On  donnera  sealement  ici  quelques  explications 
sur  les  articles  qui  appellent  plus  spëcialement  TattentioiL* 

BUDGET  DBS  DÉPBlfSBS  VARIABLES  ORDINAÎRES. 

A 

Dépenses  ordinaires  des  prisons  départementales»  Une 
augmentation  de  S^ooo  fn  paraît  indispensable.  L'expé- 
rience du  passé  démontre  qu'elle   est  à  peine   suffisante^ 

Achèvement  de  Vhàiel  de  là  préfecture.  Il  reste  à  terminer 
l'intérieur  de  Tàile  orientale  ^  dite  anciennement  maison 
Romand»  L'architecte  présente  un  devis  de  i3,ooofir.  Les 
devis  généraux  ne  portaient  que  2^600  fr.  pour  dépenses 
imprévues  9  tandis  qu'elles  sont  ordinairement  ëleTées  an 
âo.^  de  la  dépense  totale. 

Palais  de  justice»  Les  plans  des  architectes  4^  Paris  et 
de  Ljon  ont  été  examinés  par  une  commissioUi  L'însuiS- 
sance  du  terrain  désigné  parait  généralement  reconnue* 
Déjh  le  conseil  des  bâti  mens  civils  avait  demandé  que  le 
périmètre  total  s'étendit  jusqu'à  la  rue  S.  Jean.  La  pm<^ 
dence  et  l'économie  voulaient  qu'on  essayât,  par  l'applica* 
tion  des  plans  détaillés  et  complets  ,  de  tirer  le  meilleur 
parti  du  terrain  convenu.  Aujourd'hui  la  question  semble 
résolue  en  faveur  du  système  d'extension* 

Le  premier  projet  présentait  pour  6  à  700,000  f.  de  mai- 
sons à  acquérir.  Celles  à  acheter  pour  compléter  l'empla-* 
cément  ,  sont  estimées  44^9000  f.  Les  fonds  combinés  du 
trésor  (1)  «  du  département  et  de  la  ville  suffiront  à  cette 
dépense  considérable  et  à  celle  des  constructions  ^  si  on 
prend  le  temps  nécessaire,  et  qu'on  apporte  dans  cette 
entreprise  la  prudence  et  la  circonspection  que  son  impor- 
tance réclame. 

Le  prix  des  maisons  acquises  et  payées  s'élève  ,  en  ce 
moment ,  à  555,ooo  f.  \  une  somme  de  749O00  £r.  est  dis- 
ponible pour  continuer  les  acquisitions. 


i*rfa 


(1)  Les  sommes  fournies  par  le  trésor  sur  le  ffinds  commun  ,ovt 
centralisé,  remplacent  la  portion  de  dépense  relative  ans  coors  royales 
i{nt  supportaient  autrefois  les  dëp.nrteme&4  du  ressort. 


(  447  ) 

Nouvelle  caserne  de  gendarmerie.  '  Lô  projet  réduit  âe 
660,000  fr.  à  475,000  fh  9  est  en  pleine  exécution.  209^006  f« 
sont  disponibles  pour  cette  entreprise  9  qui  n'admet  aucun 
retard  9  puisque  la  yille  de  Lyon  doit  ^  suivant  le  traité 
conclu  ,  être  mise  eu  possession  du  local  des  Augustins 
le  1.®'  janvier  i85o. 

Nouvelle  prison  en  remplacement  de  celle  de  S.  Joseph^ 
On  peut  apprécier  maintenant  la  valeur  des  objections  qui 
se  sont  élevées  de  toutes  parts  contre  Tadministration  lors<- 
qu'elle  annonça  le  choix  qu'elle  avait  fait  d'un  emplace- 
ment à  Perrache  pour  celui  de  la  nouvelle  prison.  Ces 
obstacles  ont  retardé  de  deux  années  le  commencement 
des  travaux ,  et  causeront  au  département  un  surcroît  de 
dépenses  assez  notable  9  à  l'expiration  très-prochaine  du  bail 
de  la  prison  de  S.  Joseph. 

Le  sol  de  la  nouvelle  maison  de  détention  est  partout 
élevé' d'un  demi-mètre  au<»dessus  de  la  chaussée  Perrache  9 
cependant  aucun  détenu ,  pas  même  les  forçats  attendant 
la  chaîne  ,  ne  seront  couchés  au  rez-de-chaussée. 

Les  dépenses  de  cette  construction  sont  évaluées  à 
7609000  fr. }  plus  de  200,000  fr«  sont  disponibles  ,  et  sont 
plus  que  sufiisans  pour  assurer  et  maintenir  l'activité  de» 
travaux. 

Routes  départementales.    Chaque  année   voit  heureuse- 
'  înent  accroître  les  ressources  qu'il  est  possible  d'affecter 
'à  ce  service  si  important.  Avant  1820  ^  ce  fonds  était  au- 
dessous  de  5o,ooo  fr. 

En  1825  ,  et  années  suivantes ,  il  est  monté  successive- 
ment  à  66,800,  91,000  ,  106,000  et  1 19,000  fr.  Ce  dernier 
chiffre  approche  beaucoup  de  celui  que  M.  l'ingénieur  en 
chef  assigne  "k  l'entretien  futur  de  toutes  nos  routes  dé- 
partementales ,  après  leur  achèvement  complet. 

N.®  I.  Roule  de  Lyon  à  Montbrison,  Cette  route  est  plus 
fréquentée  depuis  la  construction  du  pout  de  Montrond. 
Elle  est  généralement  en  bon  état.  Il  reste  des  escarpe- 
mens  2i  iaire  aut  roches  de  Grézieux. 


(448  ) 

K^  2.  Route  de  l^on  à  Trévoux»  Cette  roate ,  sur  uu 
fonds  mêle  d'argile  ,  n'a  jamais  été  étudiée  ^  jamais  oa 
n'a  songe  à  en  relever  le  sol ,  coarert  d'un  mètre*  et 
demi  d'eau  sar  une  grande  partie  dé  son  étendue,  pen- 
dant les  crues  de  la  Sa6ne«  Un  travail  régulier  et  persfëvérant 
d'amélioration  doit  être  entrepris  sur  une  communica- 
tion aujourd'hui  fréquentée  et  importante.  On  a  commencé 
par  quelques  travaux  urgens  aux  abords  de  l'Ile-Barbe ,  et 
par  la  reconstr action  du  pont  de  Rochetaitlêe.  Une  chaus- 
sée va  être  établie  dans  la  plaine  de  Fleurienx*  On  ne 
porte  pas  à  moins  de  140,000  fr.  la  somme  nécessaire 
pour  mettre  cette  route  en  état ,  sans  7  comprendre  les 
perrés  défensifs  sur  la  rivière.  Cette  dernière  dépense , 
qui  excédera  20O9OOO  fr.  y  devra  être  demandée  aux  fonds 
de  navigation.  Tels  sont  les  besoins  d'une  route  qoî  n'a 
que    16,000  *".  de  longueur  dans  le  département. 

N.^  5.  Houle  de  S.  Symphorien  à  Anse  ,  par  la  vallée  de 
la  Brevenne.  Cette  communication ,  qui  n'était  presque 
d'aucun  usage  ,  il  7  a  peu  d'années  ,  a  été  partout  réparée 
et  élai^ie.  Plusieurs  ponts  et  ouvrages  d'art  ont  été  cons- 
truits ;  aujourd'hui  elle  est  fréquentée  ,  même  par  les 
voitures  publiques.  Malheureusement  la  violence  des  eaux 
en  1827  lui  a  fait  éprouver  de  graves  dommages ,  et  l'a 
coupée  sur  plusieurs  points.  Les  constructions  des  envi- 
rons de  Bressieux  ont  été  entièrement  bouleversées  par  la 
trombe  du  22  août.  Les  fonds  affectés  à  cette  route  passent 
tons  en  réparations. 

N.^  4*  R<^^^  de  la  Saône  à  la  Loire ,  par  Beaujeu,  Cette 
route  9  établie  sur  un  bon  sol  ,    est  dans  un  état  satisfai- 
sant. Les  travaux  d'élargissement  faits  à  V Etroit  pont,  sont 
'terminés  et  soldés. 

N.®  5.  Route  de  Villefranche  à  Roanne ,  par  Thizy. 
Cette  routie  n^est ,  pour  ainsi  dire  ,  qu'en  projet ,  et  la 
dépense  à  faire  pour  son  ouverture  complète ,  est  certaine- 
ment hors  de  propoi*tion  avec  son  utilité  présumée  ,  au 
moins  dans  l'état  actuel  des  choses.   En  effet,   cette  de'- 


(  449  ) 

pense  ,  sur  une  longueur  de  plus  de  38,ooo  ^0  y  est  évaluée 
il  56o>ooo  fr.  Il  est  donc  sage  de  se  contenter  d'ei\tretenir 
l£i  partie  ouverte  de  Denicë  à  la  Saône  ,  par  Yillefranche  ^ 
et  d'améliorer ,  h  l'antf e  extrëmité  |  la  commi^Dication  9  i 
fréqiientée  entre  Thizy  et  Roanne.  L'escarpement  des  ponts 
rend  ce  dernier  projet  d'une  éxecution  difficile  et  dispen- 
dieuse. Le  commerce  de  Roanne  offre  d'j  concourir ,  mais 
d'une  manière  insuffisante. 

N.<*  6.  Route  de  Villefrancht  à  Feurs ,  par  Tarare.  Au 
mojen  de  travaux  importans  qui  se  poursuivent  avec  acti- 
TÎté.,  .cçtte  ligne  de  communication  nouvelle  sera  bientôt 
entièrement  ouverte  entre  le  centre  du  Beaujolais  y  Tarare 
et  S.  Etienne. 

.  N.  7.  Route  de  lyyon  à  Charolles  y  par  la  vallée  cPAzer^ 
gués*  C^tte  route ,  dont  la  longueur  est  de  plus  de  52,000™.  ^ 
a  été  entièrement  ouverte  par  les  communes*  Le  départe* 
ment  pourra  faire,  travailler  successivement  à  quelques 
travaux  d'art  ,  mais  il  ne  prendra  cette  route  à  l'entretien 
que  lorsqu'elle  aura  été  entièrement  terminée  par  le» 
communes* 

N.o  8.  Route  de  Tarare  à  Thizy  ^  ouverte  par  les  com- 
inunes.  Leur  bonne  volonté  s'est  un  peu  ralentie  à  raison 
de  la  stagnation  du  commerce  dans  la  montagne  ,  et  des 
prétentions  exagérées  des  propriétaires  pour  les  indemnité? 
du  terrain. 

N.^  9*  Route  de  Lyon  à  Crémieux.  Cette  route ,  qui 
n'a  dans  le  département  que  1,960"".  de  longueur,  peut 
acquérir  et  conserver ,  à  peu  de  frais  ,  une  bonne  viabilité* 
Le  département  ne  s'est  cbargé  de  l'entretenir  que  lors-> 
qu'elle  aurait  été  mise  en  état  par  la  commune  de  la 
Guillotière. 

Les  fonds  affectés  aux  routes  départementales  ,  permet- 
tent de  fortifier  partout  l'entretien  (i) ,  et  d*aider  les  com«- 

(1)  Les  précédentes  années,  on  n'avait  pu  mettre  que  34,  36  et  38  c. 
pour  Tentretien  des  routes  départementales.  Il  coûte  aujourd'hui  5oc. 
par  mètre  courant.  Celui  des  routes  royales  ya  à  930.  le  mètre  courant* 

Tome  FUI.  ag 


p 


(  45o  ) 

mânes  danâ  les  trayaux  qu'elles  exécuteraient  atil  routes 
A.^'  3,  69  7et8;  mais  ccnnme  il  est  important  de  ne 
pas  trop  disséminer  les  fonds  à  employer  en  trayaax  neufs) 
on  doit,  arant  tout,  s^attacher  à  terminer  la  route  a.®  6) 
et  à  reprendre  ,  dans  toute  sa  longueur  ,  la  route  n.®  2. 

La  route  de  Givors  à  S.t®  Colombe  ,  quoique  non  dépar- 
tementale ,  appelait  aussi  un  secours  ^  mais  il  paraît  plus 
convenable  de  le  reporter  sur  la  traverse  de  S.t®  Colombe 
îl  Gondrieu  ,  attendu  que  là  Compagnie  Seguin ,  conces- 
sionnaire du  nouveau  pont  de  Vienne,  offre  d'ëtablir,à 
ses  frais  j  un  chemin  entre  le  débouché  de  pout  à  S.t' 
Colombe  et  Givors. 

Enfans  trouvés  et  abtindonnés.  Cette  charge,  toajoors 
croissante  ,  et  Tune  des  plaies  de  la  France ,  se  fait  parti- 
culièrement sentira  ce  département.  Au  5i  décembre  der- 
nier,  il  existait,  tant  à  la  campagne  qu'à  rhospice,87iieie 
fans  ,  ce  qui  donnait ,  pour  1827 ,  an  accroissement  de 
576.  C'est  à  peu  près  le  taux  de  raccroiasement  annuel.  li 
n'est  pas  dû  seulement  au  plus  grand  nombre  d'enfans 
exposés ,  on  doit  reconnaître  que  les  soins  de  conservatioa 
y  entrent  pour  beaucoup* 

'  La  dépense  des  enfans  entretenus  à  Textérieiir ,  a  dépassé 
l'année  dernière  45  i^ooo  fr. ,  ce  qui  fait ,  par  tête ,  5af.  19c. } 
en  1^85  9  la  dépense  était  de  54  fr.  60  c.  A  Paris,  la  dé- 
pense est  d'un  quart  plus  forte  qu'à  Lyon. 
'  Le'  département  fournit  à  cet  o^clvre  une  éontribùtiou  de 
1 75,000  f.  sur  son  budget  variable  ;  c'est-à-dire ,  55  c.  poni^ 
franc  de  son  montant.  On  a  demandé  souvent  que  les  dé- 
partemens  voisins  ,  qui  jettent  à  Lyon  une  partie  de  leurs 
enfans  ,  fussent  tenus  de  contribuer  à  leur  entretien.  Cette 
répartition  offrirait  les  plus  grandes  difficultés.  On  doit 
observer  aussi  que  c'est  en  considération  de  la  charge 
'extraordinaire  qu'il  supporte  pour  ce  service ,  que  le  dé* 
partement  est  si  largement  rétribué  sur  le  fonds  commao. 


i 


(  45t  ) 


MONTANT  ET  SITUATION 

DU  RECOUVREMENT  DES  CONTRIBUTIONS  DE  1827  ET  1828 


CONTRIBUTIONS  DIRECTES 

EN  PRINCIPAL  ,  CENTIMES  ADDITIONNELS  ET  TOUS  AUTRES  ACCESSOIRES. 


è 

FONCIÈRE. 

•              • 

Personnelle 

et 
Mobilière. 

PORTES 

et 
Fenêtres. 

PATENTES. 

FRAIS 

de 
premier 
avertis- 
sement. 

TOTAL. 

< 

bn.  1827. 
^n.  1828. 

3265991   78 

3260894  63 

842033  41 
840889  95 

368654  94 
368622  70 

999^97    » 
1824400  72 

65oi  80 
655460 

5482578  gl 
55ol362  6< 

'iffcrence; 
2n  plus  . 
^  moins. 

6097  i5 

1143  46 

32  24 

25oo3  72 

52  80 

»    y 

18783  9: 

Toat  1827  ëtait  recouvre  au  i.*'  septembre,  moins  23,000  f. 

1828  est  au  courant, 
l'es  frais  faits  aux  contribuables,  ont  été  en  1827  de  i  fr.  ^5  c. 

«r  1000. 

Dans  les  9  premiers  mois  de  1828 ,  i  fr.  96  c.  par  1000. 
U  est  à  remarquer  que  ces  frais  sont  beaucoup  plus  considérables 
*^  l^arrondissement  de  Villefrancbe  que  dans  celui  de  Lyon. 


(  45a  ) 

Modéraiions  et  secours.  Chacjue  année  la  loi  des  finances 
met  à  la  disposition  de  chacun  des  ministres  de  Tinté- 
rienr  et  des  finances  9  nn  centime  sur  les  contributions 
directes  ^  sous  le  titre  de  fonds  de  remise  ,  modératioa 
et  secours. 

Le  centime  attribue  au  ministre  des  finances ,  a  pour 
objet  d'accorder  aux  contribuables  des  remises  de  con- 
tributions 9  proportionnées  aux  pertes  de  revenus  qu'ils 
ont  pu  ëprouver. 

Le  centîmç  réserve'  au  ministre  de  l'intérieur,  a  pour 
destination  de  couvrir  une  partie  des  pertes  causées  par 
ies  intempéries  ,  incendies  9  épizooties  ,  etc. ,  -et  autres 
événemens  imprévus. 

D'après  la  loi ,  1/3  de  centime  est  affecté  pour  les 
mêmes  causes  à  chaque  département.  Ce  fonds ,  qui  est  in- 
variable^  monte ,  pour  le  département  du  Rhône,  à       8860  f. 

Le  minisfre  des  finances  7  a  ajouté     .     •     .     12000 

Celui  de  l'intérieur 345oo 

£t  de  plc^s  quelques  allocations  individuelles 
en  faveur  des  propriétaires  particulièrement  mal- 
traités ,  et  montant  à cSSo 

Total 64891 

Répartis  suivant  les  trois  états  soumis  au  conseil  général, 
et  d'après  une  instruction  soumise  à  des  formes  parti- 
culières. 

Impositions  extraordinaires  des  communes.  Les  com- 
munes rurales  du  département  du  Rhône  sont  généra- 
lement sans  aucun  revenu  ,  et  n'ont  ,  pour  faire  face 
à  leurs  dépenses  ,  que  le  faible  produit  des  5  cent 
du  capital  de  leurs  contributions  directes.  Il  n*j  a  que 
douze  communes  rurales  dans  tput  le  département  qui 
ayent  un  excédant  de  recettes  sur  leurs  dépenses  ordi- 
naires ,  trente  peuvent  balancer  les  unes  par  les  autres; 
deux  cent  huit  ne  peuvent ,  avec  leurç  resjSQurces  ordi- 


(  455  ) 

naîres  ,  suftre  à  leurs  besoins  annuels.  Elles  doirent,  eif - 
effet ,  pourvoir  au  parement  de  leurs  gftrdes-chan^pétres , 
à  Tentretien  des  maisons  communes ,  dglises  f  presbytères 
et  cimetières  ;  suj^pMm'ent  de  traitement  aux  vicaires  (i)  , 
achat  des  registres  de  Tëtat  civil  et  autres  menues  dé- 
penses qui  sont  de  nature  à  se  renouveler  tous  tes  ans  : 
l'ordre  exigé  aujourd'hui  dans  leur  comptabilité  ,  aug- 
mente les  frais  et  le  travail.  Indépendamment  de  ces  dé- 
penses annuelles  ,  il  en  est  d'extraordinaires ,  telles  qbe 
les  agrandissemens  ou  reconstructions  d'églises  et  pres- 
bytères ,  acquisitions  de  cimetières  à  la  distance  légale  , 
réparations  de  chemins  vicinaux ,  etc.  |  auxquelles'  il  est 
plus  ou  moins  urgent  de  pourvoir. 

Toutes  les  demandes  des  communes  tendant  k  s'im- 
poser extraordinairement ,  sont  examinées  avec  soin  et 
réduites  à  la  stricte  mesure  des  besoins.  Une  ordonnance 
approbative  du  roi  est  nécessaire  pour  percevoir  ces  im- 
positions 9   lorsqu'elles    ont    été   votées  dans   les  formes 

légales. 

Les    impositions    extraordinaires    autorisées   en    1828  y 

s*^èvent  à  147,000  fr.  :  c'est  7000  fr.  de  moins  qu'en  1827. 

Sur  cette  somme  41^000  fr.  appartiennent  aux  dépenses 
ordinaires  et  100,000  fr.  aux  dépenses  extraordinaires.  Les 
réparations  aux  chemins  communaux  ont  absorbé  une 
partie  notable  de  ce  fonds. 

Les  deux  sommes  portées  annuellement  au  budget,  sous 
le  titre  de  Secours  aux  communes  pour  églises  et  pres" 
bytères  ,   et  pour  ateliers  de  charité ,  ont  été  distribuées 


(1)  Le  traitement  des  curés  et  desservans  est  à  la  charge  du  trésor. 
Les  vicaires ,  lorsqu'ils  sont  demandés  par  les  communes  ,  reçoiycnt 
Ae  rétat  un  traitement  de  5oo  fr. ,  et  ne  sont  nommés  qu'à  la  charge 
par  les  communes  de  leur  compléter ,  par  une  allocation  semblahle  ^ 
la  somme  annuelle  de  600  fr.  Plusieurs  conseils  ttianicipaux  votent 
aussi  un  supplément   à  leurs  desseryans. 


(  454  ) 

gnlvant  le  taUôan  prâenté  aa  conseil,  d^aprësies  besoins 
des  communes ,  et  comnM  encoaragemens  et  rëcompease 
de  lears  efforts. 

Chemins  vicinaux,  La  restauration  des  chemins  TÎci- 
naox  a  fait  quelques  progrès  en  1827  et  1828  5  cepen- 
dant près  de  la  moitië  des  communes  est  en  retard,  et 
n'a  tire  aucun  parti  des  moyens  crëës  par  la  nouvelle  lé- 
gislation sur  cette  matière. 

L^entretien  et  la  restauration  des  chemins  communaux 
figure  pour  plus  de  74,000  fr.  dans  le  tableau  des  imposi- 
tions communales  de  1827  ,  et  pour  une  somme  ^  peu 
près  égale  en  1828.  Indépendamment  de  ces  ressources ,. 
les  habitans  d'un  assez  grand  nombre  de  communes  ont 
formé  Tolontairement  des  ateliers  ,  à  la  foix  des  maires  et 
il  l'exemple  des  principaux  propriétaires  ,  sans  qu'il  ait  été 
besoin  de  recourir  aux  formalités  de  la  loi. 

Le  ministre  a  autorisé  la  création  d'un  commîssaire- 
▼ojer  par  arrondissement ,  pour  diriger  les  travaux  d'art , 
les  rectifications  importantes  ,  ou  les  ouyertures  de  non- 
Telles  communications.  2000  fr.  sont  portés  au  budget  pour 
subvenir  au  traitement  de  ces  deux  agens. 

Cadastre.  Un  centime  et  demi  seulement  avait  été  voté 
pour  suivre  les  travaux  du  cadastre  en  1828.  Le  produit  a 
ëté  insuffisant  à  raison  de  l'activité  des  travaux, 

Les  deux  derniers  cantons  sur  lesquels  on  avait  à  opérer  ^ 
seront  arpentés  cette  annëe  et  l'année  prochaine  ;  il  ne 
restera  plus  alors  à  cadastrer  que  la  ville  de  Ljon. 

Produit  des  administrations  financières  dans  le  départe^ 
ment.  Les  douanes  ^  les  contributions  indirectes  ,  l'enre- 
gistrement,  les  postes,  ont  donné,  en  1827,  près  de 
600,000  fr.  d'augmentation  sur  1826.  La  loterie  seule  a 
éprouvé  une  diminution  de  recette  d'environ  75,000  fr.  ; 
depuis  1824  ^^8  produits  financiers  du  département  n'ont 
cessé  d'être  en  progression  soutenue. 


(  455  ) 

.  Dette  départementale.  Ce  chapitre  figare  pour  la  première 
fols  avec  quelqu'importance  dans  le  budget. 

A  raccrolssement  de  dépenses  caasé  par  l'augmentation 
du  nombre  des  détenus  aux  prisons  ,  et  des  insensés  trai- 
tés au  compte  du  département ,  il  faut  joindre ,  cette  année  , 
ce  qui  reste  du  sur  les  élections  de  1827,  pour  confection 
de  listes  ,  impressions  y  affiches  9  réglé  par  S.  Exe.  le 
ministre  de  l'intérieur  : 

Les  frais  des  élections  de   1828  : 

Ceux  de  l'impression  de  la  liste  générale  du  jurj ,   en 

1828.  La  dépense  de  ces  trois  articles  excède   3o,ooo  fr. 

Elle  se  place  au  chapitre  des  dépenses  imprévues ,  mais 

u'a  pu  être  couyerte  par  les  fonds  ordinaires  alloués  à  ce 

.  chapitre. 

Routes  royales  et  ponts.  Ce  service  ,  en  1827  ,  était  porté 
au  budget  des  ponts  et  chaussées  pour  2419OO0  fr* ,  dont 
.178,000  fr.  pour  entretien  ,  ce  qui  le  porte  à  92  c.  par 
mètre  courant ,  taux  éleyé  9  mais  encore  insuffisant.  Ce- 
pendant l'état  de  ees  routes  se  trouve  généralement  amé- 
lioré par  l'emploi  des  ateliers  ambnians.  On  peut  en  juger 
par  l'état  où  se'  trouve  actuellement  la  montée  de  Lïmonest. 

Les  62,960  fr.  employés  en  travaux  neufs  j  ont  été  em- 
ployés ainsi  qu'il  suit  : 

Route  de  Paris  )  n.^  6. 

Réparation  de  la  pile  gauche  du  pont  du  Change 
Enrochemens  jetés,  au  pont  de  la  Guillotière  .  .  .  V  664 1 
Indemnité 


1  de  la  pile  gauche  du  pont  du  Change  ) 
ens  jetés,  au  pont  de  la  Guillotière  •  •  •   >  6641 
de  travail  dans  la  traverse  de  Yaise  •  .  \ 


Route  de  Paris  ,  p.*^  7. 

•  ■ 

Solde  de  la  rectification  de  la  Croix  du  Roucher 

aux  abords  de  Tarare 

Indemnité  de  terrain  et  reculemens t,^q^ 

Indemnité  à  l'entrepreneur  de   la  montagne  de  '       ^^ 
Tarare  ,  suivant  décision  de  M.  le  directeur 
général 


(  456  ) 
If  autre  part i973o 

t 

Route  n.*  88  9  de  Lyon  à  Toulouse ,  par  S.  Etienne. 

Payés  neufs  de  la  montée  des  Barolles 

Pavés  neufs  de  la  montée  de  S*  Genis-Layal*  •    . 

Premier  payement  du  pont  d'OulUns y  45^50 

Id.        du  pont  de  Briguais 

Indemnités  de  terrain 

Total 62960 

Le  service  de  1828  a  reçu  12,600  fr.  de  moins  que  celui 
de  Tannée  passée.  Cependant  ia  dégradation  des  routes  n'a 
pas'  augmenté  ^  quoiqu'on  se  soit  trouvé  forcé  par  ta  né- 
cessité à  porter  à  peu  près  tous  les  fonds  applicables  aux 
travaux  neufs  ,  sur  la  route  de  St.  Etienne  ^  et  au  couver- 
tissement  en  pavés  neufs  des  anciennes  chaussées  gravelées 
comprises  entre  le  pont  d'OuUins  et  la  montée' des  Esses. 
Tous  les  ouvrages  prescrits  aux  abords  du  pont  d'OuUina 
sont  terminés. 

Lé  pont  de  Brignais  vient  d*étre  achevé  ;  mais*  pour  en 
livrer  le  passage  au  public  ^  il  teste  à  faire  l'acquisition 
de  terrains  et  bâtimens  à  travers  lesquels  passe  la  nouvelle 
direction  de  la  route  aux  abords  de^  ce  pont.  Cette  dé- 
pense est  trop  considérable  pour  espérer  qu'elle  puisse 
être  prélevée  sur  les  fonds  de  1829.  Il  convient  de  Tes* 
*  treindre  le  projet  de  la  nouvelle  traverse  à  ce  qui  est  in- 
dispensable pour  ouvrir  le  passage  par  le  nouveau  pont  , 
ce  qui  pourra  s'effectuer  avec  une  somme  de  10,000  fr. 
au  plus. 

Si  les  fonds  accordés  pour  1829  le  permettent  9  on 
pourra  ,  dans  le  cours  de  cet  exercice,  entreprendre ,  soit 
la  rectiRcation  de  la  traverse  d'Anse ,  soit  l'adoucissement 
de  la  côte  de  l'Ârbresle.  Toutes  les  conditions  préliminaires 
sont  remplies  pour  l'entreprise  de  ces  grandes  améliora* 
tions  y  toutes  deux  également  désirées. 


T —        - — 


(    457    ) 

TRAYÀITX  DE  MARIGATIOM. 

Les  fonds  disponibles  en  1827 ,  pour  le  service  de  la 
navigation  ont  été  répartis  entre  les  entreprises  suivantes  : 

Fleuve  du  Rhône.  Premiers  travaux  et  approvisionne*^ 
mens  dp  quai  S.  Clair. 

Digue.de  la  Yitriolerie. 

Réparations  aux  bacs  d'Irigny  ,  Givors  et  Ampuis. 

Opérations  préliminaires  pour  Tendiguement  du  Rhône 
au^essus  du  pont  Morand. 

Rivière  de  Saône.  Achèvement  du  quai  de  Bondy. 

Achèvement  de  la  deuxième  partie  de  la  digue  de  la 
ceinture  Perrache. 

Construction  de  la  troisième  et  dernière  partie  de  la 
'ïnéme  digue« 

Continuation  d'achat  et  démolition  des  maisons  de  Ift 
Pêcherie. 

Elargissement  au  chemin  des  £ti*oits» 

Sur  douze  grandes  adjudications  ou  objets  de  dépense  y 
-huit  étaient  terminées  et  soldées  à  la  fin  de   1827. 

Toutes  les  entreprises  qui  comprennent  des  travaux 
situés  dans  l'intérieur  de  Lyon  ^  s'exécutent  à  frais  com-< 
muns  entre  la  ville  et  le  gouvernement. 

En  1828  9  la  ville  qui  se  trouve  déjè  assez  notablement 
en  avance  9  fournit  aux  travaux  de  navigation  une  somme 
de 9 2149O00 

Le  trésor •....•••.  180,000 

La  Guillotière  a  promis  pour  les  travaux  aux- 
quels elle  est  intéressée 52,5oo 

Total , 426,600 

Sur  ces  sommes  ,  200^000  fr.  sont  nécessairement  affec- 
tés au  payement  des  maisons  démolies  à  la  Pêcherie.  La 
digue   de  la  Yitriolerie   absorbe  environ    100,000  fr.  *,  la 


(  458  ) 
continuation  de  la  ceinture  Peirache  ^  4S)<)^^  ^r*  9  enfin  1« 
réparation  au  chemin  de  hallage  peur  S.t^  Colombe ,  quel- 
ques autres  ouvrages  urgens  le  long  du  Rhône  ,  les  soldes 
dëfinîtîfs  et  règlemens  de  travaux  terminas  ,  à  la  charge 
du  personnel  ,  ne  laissent  disponible  ,  pour'  le  quai  St 
Clair  ,  qu'une  somme  de  2.^9000.  Si  les  fonds  destinés  à  cette 
dernière  entreprise  se  sont  trouvés  ainsi  réduits  >  malgré 
son  urgence ,  c'est  aussi  parce  qu'on  ne  peut  travailler 
aux  fondations  que  lorsque  les  eaux  du  Rhône  sont  des- 
cendues au-dessous  du  niveau  de  l'étiage  ,  ce  qui  n'arrive 
que  pendant  les  derniers  mois  de  l'année ,  et  n'a  malheu- 
reusement pas  eu  lieu  dans  tout  le  cours  de  l'année  der^ 
nière.  Les  fondations  une  fois  établies ,  les  travaux  seront 
poussés  activement ,  au  moyen  des  approvisionnemens 
dont  le  chantier  est  pourvu  et  encombré. 

Au  moment  où  l'élargissement  du  quai  St.  Clair  venait 
d'éti*e  ordonnée  par  M.  le  directeur  général  des  ponts  et 
chaussées  ,  et  les  travaux  adjugés  ,  on  a  malheureusement 
été  forcé  ,  par  la  progression  des  attaques  du  Rhône  sur 
la  rive  gauche  ,  de  porter  sur  cette  ligne  une  partie  des 
fonds  de  navigation  ^  qui  ne  peut  en  être  détournée. 

Dans  cet  état  de  choses  ,  il  faut  du  moins  s'en  tenir  à  la 
continuation  persévérante  des  travaux  commencés ,  et  ne 
hasarder  aucune  entreprise  nouvelle.  Si  l'augmentation  des 
allocations  l'eût  permis  9  on  aurait  proposé ,  en  182931a 
mise  en  exécution  de  trois  projets  d'une  utilité  manifeste. 

Le  premier  est  l'achèvçment  du  quai  de  Pierre-Scize  , 
jusqu'à  l'entrée  de  Yaise  ; 

Le  second  est  le  relèvement  du  quai  St.  Antoine  9  poor 
le  mettre  à  Tabri  des   inondi^tions  de  la  Saône  ; 

Le  troisième  ,  est  la  construction  d'un  quai  sur  la  rive 
gauche  de  la  Saône  ,  entre  le  pont  de  l'archevêché  el 
celui  de  l'arsenal. 


(  459) 


SOMMAIBE   DES  DÉLIBÉRATIONS  DU  CONSEIl  GÉNÉRAL  DU 

DÉPARTEMENT. 

Contributions.  La  nouvelle  répartition  des  contributions 
avait  éié  mise  en  vigueur  par  les  rôles  de  1828.  Quinze 
rëclamations  en  surtaxe  ont  été  soumises  au  conseil  gêne- 
rai ,  avec  Tavis  des  conseils  d'arrondissement.  Huit  ont  éié 
jagëes  non  fondées.  Six  demandes  ont  donné  lieu  b  des 
dégrévemens  peu  considérables.  Une  a  été  ajournée.  Le 
petit  nombre  et  la  moindre  importance  des  réclamations 
fondées  doivent  être  considérées  comme  une  preuve  de 
la  justesse  et  de  l'équité  de  la  répartition  nouvelle. 

Le  conseil  remarque  avec  peine ,  par  le  tableau  des  frais 
de  poursuite  et  la  situation  des  recouvremens  des  contri- 
butions directes  ,  que  la  rentrée  s'est  opérée  avec  beau- 
coup plus  de  difficultés  que  les  années  précédentes  ^  il 
signale  les  causes  de  cette  difficulté  dans  le  grand  nombre 
d'orages  qui  ont  dévasté  les  récoltes  sur  plusieurs  points 
de  ce  département ,  l'avilissement  du  prix  des  vins  ,  qui 
forment  le  principal  produit  de  son  territoire  ,  et  le  rai- 
lentissement  des  travaux  industriels  qui  exercent  une  si 
grande  influence  sur  le  mouvement  des  consommations  et 
la  valeur  des  denrées. 

Cadastre*  La  suite  des  opérations  cadastrale  a  fixé  aussi 
l'attention  du  conseil.  Il  est  peu  de  départemens  dont  le 
cadastre  soit  aussi  avancé  que  celui  du  Hhône.  Â.  l'excep- 
tion de  deux  cantons  ruraux  et  de  la  ville  de  Ljon ,  tout 
le  territoire  est  cadastré.  Les  deux  cantons  ruraux  seront 
arpentés  dans  la  campagne  de  1829  9  et  l'administration 
s'occupera  des  bases  spéciales  sur  lesquelles  on  devra 
procéder  pour  la  ville  de  Lyon.  Le  conseil  a  voté  trois 
centimes  additionnels  pour  le  cadastre  ,  qui  assurent  la 
continuation  active  de  cette  importante  opération. 


(  46o  ) 

Comptes  du  département.  Le  coaseil  a  approuvé  le  compte 
final  de  l'exercice  de  1826  et  le  compte  provisoire  de 
Texercice  1827.  Ces  comptes  ont  fi^ë  partîcaHërement 
Tattention  dn  conseil  par  la  circonstance  assez  grave  d*Dn 
déficit  de  449<^^^  9  ressortant  de  l'ensemble  de  la  gestîoa 
de  ces  deux  exercices  ,  et  qui  a  pour  cause  :  1  .^  l'acrois- 
sèment  de  la  population  des.  prisons  ;  2.^  Taugmentation 
du  nombre  des  insensés  à  la  charge  du  département  ; 
5.^  la  dépense  des  tables  décennales  de  l'état  cWil  ;  4.^  les 
frais  d'élections  et  de  réélections  de  1827  à  i8a8  y  5.^  et 
enfin  ceux  des  listes  du  jury. 

Le  budget  de  1829  sera  imprimé  et  publié-  lorsqu'il 
aura  reçu  la  sanction  du  gouvernement. 

Les  articles  de  ce  budget  qui  sortent  du  mouvement 
ordinaire  annuel  de  Tadministration  ,  ont  été  l'objet  des 
délibérations  spéciales  du  conseil  général.  On  distingue 
parmi  ces  délibérations  9  celles  relatives  au  projet  d'un 
nouveau  palais  de  justice  9  ^  la  construction  de  la  prison , 
et  aux  routes  départementales. 

Palais  de  Justice.  Le  conseil  insiste  sur  Tatilité  de 
iiuivre  cet  important  projet ,  et  il  vote  72,000  fr.  pour  con- 
tinuer l'acquisition  des  maisons  dont  la  démolition  est 
nécessaire  pour  former'  remplacement.  Le  département  a 
fourni  9  dans  les  exercices  antérieurs  ,  2289O00  fr.  ,  ce  qui 
élève  à  5oo,ooo  fr.  la  subvention  pour  cette  entreprise  9 
jusques  et  j  compris  iSsg.  Le  gouvernement  et  la  ville  de 
Ljon  n'ont  pas  encore  fourni  dans  la  même  proportion. 

Nouvelle  prison  de  Perracke»  Le  conseil  appelle  l'atten- 
tion de  l'administration  sur  l'insuffisance  de  quelquèsHins 
des  locaux  de  cette  prison  ,  si  l'on  suit  exactement  les 
plans  adoptés  ,  attendu  l'augmentation  notable  qui  se  ma- 
nifeste dans  quelques  classes  de  détenus  ,  et  spécialemeot 
,dans  celle  des  détenus  pour  dettes  et  dans  eelle  des  enfans. 

Il  autorise  M.  le  préfet  à  traiter  avec  les  propHétaires 
de  la  prison  de  St.  Josepb  pour  une  prorogation  du  bail 


t  46i  ) 

actuel  9  pendant  une  année  ^  la  prison  en  conAtraction  ne 
poayant  être  achevée  le  25  juin  1829  ,  terme  du  bail. 
Dans  le  cas  où  l'es  propriétaires  ne  consentiraient  pas  à 
cett^  prorogation  à  des  conditions  modérées  ,  l'adminis» 
traiion  fera  les  dispositions  nécessaires  poar  distribuer  1« 
population  de  la  prison  de  St«  Joseph  dans  les  prisons  de 
iRoanne  et  de  Yillefranche. 

RoMites  départementales.  Le  conseil  regrette  de  ne  pou** 
Toir  affecter  plus  de  fonds  aux  routes  départementales ,  et 
notamment  aux  routes  neuves  de  Turrondissement  de  Vil^ 
lefranche.  Il  considère  comme  important  de  centraliser ies 
fonds    affectés   aux  travaux  neufs  ,  sur  un  petit  nombre 
de  points ,  où  ils  produisent  de  prompts  et  de  bons  effets. 
C*est  dans  cette  vue  qu'il  affecte  la  presque  totalité  des  fonds 
réservés  aux  travaux  neufs  à  la  route  n.^  6  ^  de  Yillefranchie 
h  Tarare  ,  qui   est   ouverte  sur  tous    ses  développemens  ^ 
à  l'exception  d'une  lacune  de  5  à  6  mille  mètres  ,   et  à  la 
route  n.P  2  ,   de  Lyon  à  Trévoux  ,   pour    l'escarpement 
des  rochers   et  la  construction  d'un  .mur  de  soutènement 
en  face  de   l'Ile-fiarbe  ,  et  pour  le   relèvement  de  celte 
route   qui  est  submergée  dans  les  crues  ordinaires  de  la 
Saône  ,  entre  Rocbetaillée  et  Neuville.  Il  a   alloué  ^  d'ail- 
leurs ,  i6fOOo  îjl\   pour  être  distribués  aux  communes  qui 
montreront  le   plus  de   zèle  dans   les  travaux  d'ouverture 
des  routes  neuves. 

Routes  royales.  Le  conseil  demande  que  les  fonds  alloues 
jusqu'ici  pour  ce  service  ,  soient  augmentés.  Il  appelle 
particulièrement  l'attention  de  l'administration  sur  la  né- 
cessité de  reconstruire  le  pont  de  la  Mulatière  ,  sur  les 
inconvéniens  qu'il  voit  à  combiner  sur  un  même  pont  le 
service  du  chemin  de  fer  et  celui  du  public.  Il  demande 
qu'un  pont  en  pierre  soit  construit  pour  le  public  seul  j 
que  le  gouvernement  en  fasse  la  dépense ,  et  qu'il  soit 
affranchi  de  tout  péage  ,   ou  que  du  moins  ,  s'il  7  a  néces- 


(  462  ) 
litë  de  recourir  à  une  concession  j  sa  durëe  n*excëdc  pu 

quarante  ans. 

Travaux  de  navigation.  Le  conseil  insisfe  aussi  pour 
que  les  fonds  alloues  au  département ,  pour  ce  service , 
soient  notablement  augmentés.  Il  signale  surtout  Turgente 
nécessite  de  reprendre  avec  activité  les  travaux  du  qu» 
St.  Clair  ,  qui  laissent  dans  un  état  déplorable  d'obstruc- 
tion et  d'insalubrité  l'un  des  plus  beaux  quartiers  de  la  ville. 

Commerce  et  industrie.  Le  conseil  général  porte  un  re- 
gard douloureux  sur  TéUt  de  décadence  de  nos  manufac- 
tures et  sur  les  rivalités  qui  les  menacent  au  dehors.  Il 
appelle  l'attention  de  l'administration  sur  la  double  charge 
qui  pèse  sur  la  fabrique  d'étofifes  de  soie  de  Ljon  ,  par 
les  droits  de  douane  perçus  à  la  frontière  ,  qui  ne  Jaisseut 
arriver  les  soies  étrangères  au  marché  de  Lyon, qu'odes 
prix  supérieurs  ,  et  sur  l'élévation  du  tarif  de  Toclroi  de 
la  ville  de  Lyon  ,  qui  rend  l'existence  de  la  classe  ouvrière 
infiniment  plus  coûteuse  que  dans  les  autres  pays  manu-r 
facturiers  9  et  qui  ne  permet  pas  de  fabriquer  au  même  pri^ 


SOBCMAIRE  n£S  DELIBERATIONS  DES  CONSEILS   D'ARAONDISSEXEirr 

DE  LTON  ET   DE  VILLEFRANCHE* 


Conseil  d^ arrondissement  de  l(yon* 

Contributions.  -»  Le  conseil  exprime  son  avis  sur  diî 
demandes  formées  par  des  communes  en  dégrèvement  de 
contributions,  et  il  confirme  la  fixation  qu'il  avait  faîte 
dans  sa  précédente  session  ,  du  prix  de  la  journée  de 
travail)  pour  servir  de  base  ^  la  contribution  personnelle. 

Octroi  de  la  ville  de  t^on.  —  Le  conseil  demande 
une  réduction  notable  dans  le  tarif,  autant  dans  l'intérêt 
des  pays  producteurs  que  dans  celui  de  la  ville  elle-même. 


(  463  ) 
Il  s^àppaie  sni^  ce  qae  la  différence  Au.  prix  des  tIos 
idans  rÎDtérîëur  et  dans  la  banlieue ,  peut  déterminer  1* émi- 
gration de  la  population  ouvrière  dont  les  ressources  sont 
aujourd'hui  si  bornées  ,  et  fait  valoir  d'ailleurs  que  la 
ville  trouverait  dans  Taccroissement  des  cônsommaETons , 

une  compensation  à  la  réduction  du  tarif. 

» 

-  Routes.  -^  Le  conseil  appelle  l'attention  de  l'adminis^ 
tration  sur  le  mauvais  état  de  la  routfe  de  Lyon  à  Trévoux  ^  - 
et  sur  la  nécessité  d'améliorer  la  route  de  Lyon  à  Beau- 
caire ,  entre  Givors  et  Gondrieu. 

Établissement  ttune  justice  de  paix  à  là  Guillotière.  — 
D'après  la  population  toujours  croissante  de  cette  corn-- 
mune,  aujourd'hui  peuplée  de  189O00  habitans,  le  conseil 
reconnaît  la  nécessité  d^une  justice  de  paix  et  appuie  la 
demahde  de  l'autorité  locale* 

Ecole  vétérinaire*  La  création  d'ane  troisième  école  ^ 
i^tablie  à  Toulouse  9  excite  la  sollicitude  du  conseil ,  comme 
menaçant  l'existence  ou  du  moins  l'importance  de  celle 
de  Lyon.  Le  conseil  demande  que  cet  intéressant  établis- 
«ement  ^  qui  est  le  berceau  de  l'art  vétérinaire  et  qui  a 
prodait  les  sujets  qui  ont  le  plus  concouru  à  l'avancer 
et  à  le  perfectionner  5  ne  soit  pas  réduft  à  un  rang  se- 
condaire. 

Bibliothèque  Adamoli,  —  Demande  d'un  secours  pour 
achat  de  livres  destinés  à  compléter  cette  bibliothèque  ^ 
que  l'académie  de  Lyon  et  le  public  doivent  à  la  mn- 
nificence  d'un  citoyen  recommandable. 

Toutes  les  propositions  et  demandes  du  conseil  d'ar- 
rondissement de  Lyon ,  ont  été  accueillies  par  le  conseil 
général  du  département ,  à  l'exception  de  celle  qui  con- 
cerne la  bibliothèque  Adamoli,  qu'il  a  considérée  comme 
étrangère  à  l'administration  départementale. 


(  464) 

•  •  •  ,  ■  •  • 

Conseil  dP arrondissement  de  Villefrandie» 

Le  conseil  s^est  borné  à  appeler  l'attention  de  Tadmi- 
nlstratîon  sur  quelques  réparations  à  faire  aux  ëtablîsse- 
mens  publics  et  sur  les  routes  nouyeltes  projetées  dans 
l'arrondissement ,  et  notamment  sur  la  route  départe- 
mentale die  Villefrancbe  à  Roanne ,  par  Tbisj  ^  qui  né-^ 
q/essite  une  dépense  très»considérable  et  que  l'admini»** 
tration  se  yoit  à  regret  forcée  d'ajourner. 

La  décadence  des  fabriques  du  baut  Beaujolais  a  sn^éré 
au  conseil  la  deqiande  de  fonds  d'atelîers  de  cbarité  pour 
offrir  du  travail  et  des  ressources  à  la  classe  manufac-* 
turière  luoccupée. 

Les  Totes  du  conseil  d'arrondissement  de  Villefrancbe 
ont  été  pris  en  Considération  par  le  conseil  général. 


GEOGRAPHIE.  -  HISTOIRE. 


,  IIVTÉRIEUR  DE  L'âFRIQITB. 

Lyon  I  5o  octobre  i8a8. 

M.  Caillé ,  dont  les  journaux  ont  annoncé  Tarrivécà 
Toulon ,  \ient  de  passer  à  Lyon ,  se  rendant  à  Paris ,  où 
il  est  appelé  par  le  gouvernement ,  à  la  demande  de  la 
société  de  géographie.  Si  ce  voyageur  n'est  pas*  le  premier 
européen  qui  ait  pénétré  à  Tomb'uctou\  du  moins  îl  est 
le  seul  qui  puisse  donner ,  d'après  son  témoignage  per- 
sonnel »  des  notions  exactes  sur  une  vUie  qu'on  s* est  plu 
à  environner  de  tant  de  mystères. 

M.  Caillé  est  un  homme  de  28  à  3o  ans,  d'une  constl- 


(  465  ) 
tutioii  sèche  et  nerveuse  ;  son  teint  ^  fortement  bruni , 

conserve  la  trace  d*un  long  séjour  dans  les  régions  équi- 
noxialès.  Il  s'exprime  avec  netteté  et  simplicité  ,  et  tous 
ses  récits  portent  le  caractère  de  lexactitude  et  de  la  vé- 
rité. Son  séjour  en  Afrique  date  de  1816;  il  a  parcouru 
«t  habité  les  pays  au  Sud  et  au  Sud- Est  des  établissemens 
français  du  Sénégal ,  et  visité  les  contrées  décrites  par 
M*  Mollienk  Dans  ses  excursions ,  il  avait  acquis  Thabi- 
tude  de  parler  Tarabe  vulgaire  ,  qui  est  la  langue  des 
Maures  dans  toute  l'Afrique ,  et  avait  appris  aussi  le 
Mandingue ,  qui  suffit  pour  être  compris  de  la  plupart 
des  peuplades  nègres.  Vêtu  en  Musulman ,  et  professant 
extérieurement  la  religion  mahomelane  dont  tous  les  rits 
lui  sont  familiers ,  M.  Caillé  s'était  habilement  fait  passer 
pour  un  Arabe  d'Alexandrie  enlevé  très-jeune  par  l'ar- 
mée française  )  lors  de  l'évacuation  de  l'Egypte ,  et  conduit 
en  France  ^  d'où  il  avait  réussi  à  s'échapper.  Depuis  il  avait 
cherché ,  au  moyen  d'un  petit  commerce  ^  à  gagner  de 
quoi  retourner  dans  sa  patrie. 

Les  Marabouts,  ou  prêtres  du  pays,  touchés  de  sa 
situation  et  de  son  zèle  apparent ,  furent  les  premiers  à 
lui  proposer  de  se  joindre  aux  caravanes  qui  se  rendent 
périodiquement  sur  le  Niger,  d'où  il  pourrait  trouver 
quelque  moyen  de  gagner  la  haute  Egypte.  C'était  préci- 
sément l'objet  de  tous  les  désirs  de  notre  voyageur.  Re- 
commandé chaudement  par  ses  amis ,  il  se  mit  en  route 
avec  un  petit  assortiment  de  marchandises  ,  et  iit  partie 
d'une  caravane  qui  se  rendait  dans  le  pays  de  Wasoulo. 

Au  bout  de  trois  mois  de  marche ,  après  avoir  traversé 

des  contrées  très-montueuses ,  vu  des  pays  fertiles,  et 

passé  plusieurs  fois  le  désert,  il  arriva,  en  janvier  1828 , 

au  bord  du  Niger,  ou  Djoliba,  et  s'embarqua  sur  un  bà- 

Tome  FUI.  3o 


(  466  ) 
ttment  d'environ  60  tonneaux,  avec  la  partie  de  la  cara* 
vane  destinée  pour  Tombuciou. 

Le  Djoliba,  dans  son  cours  vers  TEst,  s'offrit  dès  lors 
à  M.  Caillé  comme  un  très-grand  fleuve ,  dont  la  largeur 
moyenne  n'était  pas  moindre  de  deux  à  trois  milles.  Il 
est  sujet  à  de  grands  débordemens;  les  pays  qu'il  traverse 
sont  très-plats,  et  ses  bords  sont  peu  élevés. 

Ce  fut  après  un  mois  d'une  navigation  fort  lente, 
et  après  avoir  traversé  un  grand  lac ,  qui  ne  serah  pas 
Ci^iui  de  Tsâd,  que  notre-  voyageur  débarqua  à  Kabra, 
sur  la  rive  septentrionale  du  fleuve.  Ce  lieu  est  le  port  de 
Tombuciou.  La  ville  se  trouve  à  5  railles  au  Nord ,  sur  la 
lisière  du  désert  dont  elle  est  presqu'entîèrement  enve- 
loppée. 

Tombuctou  parait  être  l'entrepôt  principal  du  commerce 
de  l'Afrique  centrale,  et  le  rendez-vous  des  caravanes 
parties  de  l'Afrique  occidentale  et  des  côtes  de  la  Biédi- 
terranée.  Les  barques  de  commerce ,  dont  quelques-unes 
sont  du  port  de  70  tonneaux,  s'arrêtent  toutes  à  Kabra, 
et  M.  Caillé  ne  put  obtenir  aucun  renseignement  exact 
sur  la  navigation  ultérieure  du  fleuve ,  ni  sur  les  contrées 
qu'il  traverse  au-dessous  de  Kabra.  Tout  ce  que  M.  Caillé 
croit  pouvoir  affirmer,  c'est  que  toute  communication 
entre  le  Niger  et  le  Nil  est  impossible.  Le  cours  du  grand 
fleuve  s'infléchit  au  Sud,  et  s'il  ne  se  perd  pas  dans 
quelque  grande  mer  intérieure ,  son  embouchure  doit 
être  la  même  que  celle  du  grand  fleuve  inconnu  ,  qui  le 
jette  par  sept  branches  dans  le  golfe  de  Bénin. 

Quant  à  la  ville  fameuse  de  Tombuctou ,  elle  consiste, 
selon  M.  Caillé ,  en  un  amas  de  petites  maisons  construites 
en  briques  séchées  au  soleil ,  et  ne  renferme  aucun  édifice 
de  quelque  grandeur.  Scm  circuit  est  d'environ  trois  milles, 


<  46?  )       , 
et  sa  population  fixe  ne  parait  pas  exc^er  douze  mille 

habitans.  Le  séjour  des  caravanes  y  répand  beaucoup  de 
mouvement* 

lin  prince  nègre,  mahoméian,  règne  sur  ce  pays  ;  mais, 
ainsi  que  dans  toutes  les  contrées  soumises  aux  peuplades 
noires ,  et  traversées  par  M.  Caillé ,  ce  sont  les  Arabes  ou 
Maures  qui ,  seuls ,  font  le  trafic,  et  sont  maîtres  de  toutes 
les  affaires. 

Le  commerce  dont  Tombuctou  est  le  centre ,  consiste 
principalement  en  poudre  et  lingots  d'or ,  en  gommes  eton 
Morfil  (  ivoire  )é  M.  Caillé  pense  qu'il  serait  très-avanta- 
geux aux  états  européens  d  établir  des  relations  avec  ces 
contrées,  mais  il  ne  voit  aucune  possibilité  de  Tentre'* 
prendre  directement,  tant  est  grande  parmi  ces  peuples 
rhorreur  pour  la  race  blanche  et  pour  le  nom  de  chrétien 
(  Nàsr ,  Nazaréen.  ) 

La  catastrophe  du  major  Laing,  qui  avait  réellement 
atteint  Tombucloa ,  a  été  racontée  dans  le  lieu  même  à 
M.  Caillé.  Celui-ci ,  après  quinze  jours  passés  dans  cette 
ville,  en  est  reparti  avec  une  caravane  qui ,  en  moins  de 
deux  mois,  Ta  conduit  à  Tafilet ,  d'où  il  a  gagné  Tanger  ; 
là ,  le  consul  français  lui  a  procuré  les  moyens  de  s  embar- 
quer pour  la  France. 

C'est  à  M.  Jomard,  de  l'institut,  que  M.  Caillé  est  adressé. 
On. voit  qu'il  ne  s'est  fait  d'avance  aucun  système;  il 
parait  même  ignorer  les  diverses  questions  agitées  entre 
les  savans  et  les  géographes  au  sujet  de  l'intérieur  de 
r Afrique.  Il  s'est  contenté  d'écrire,  jour  par  jour,  tout  ce 
.qu'il  a  vu  et  recueilli.  Pendant  son  séjour  au  lazEireth  de 
Toulon,  il  s'est  occupé  à  transcrire  et  mettre  au  net 
toutes  ses  notes  au  crayon-,  dont  aucune,  n'a  été  égarée. 
On  doit  donc  espérer  que  le  public  jouira  bientôt  d'une 


(  468  ) 
relation  pleine  de  détails  nouveaux  sur  une  contrée  qui 

appelle  depuis  long-temps  Tintërét,  et  qui  fixe  rattentîon 

du  monde  savant. 

(  Un  de  vos  abonnés  )* 


MELANGES. 


Parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  Âdamoli  qui  ne 
se  sont  pas  retrouvés  à  la  bibliothèque  de  Lyon  ,  lors  de 
la  restitution  faite  dernièrement  à  Tacadëmie ,  il  en  est 
un  qui  portait  ce  titre  :  Premier  livre  de  Gaspard  de 
Saillans ,  gentilhomme  ,  citoyen  de  Valence  en  Dan-- 
phiné ,  le  contenu  duquel  et  des  deux  autres  qui  s^ensui- 
çront  se  trouvera  cy  derrière.  A  Lyon  ,  par  Jacques  de 
la  Planche ,  iSôg  ,  in-8.^  «  Cet  ouvrage,  dit  M.  Ada- 
moli dans  son  catalogue  manuscrit ,  est  un  mélange  de 
quelques  traits  de  morale ,  d*histoires  et  de  lettres  dont 
quelques-unes  sont  écrites  de  Valence  à  des  Lyonnab.et 
à  des  Lyonnaises ,  particulièrement  à  M.^^^  Louise  de 
Bourges  et  aux  demoiselles  ses  compagnes  ,  et  dont 
d'autres ,  datées  de  Lyon  où  l'auteur  faisait  quelque  sé- 
jour ,  sont  adressées  à  des  personnes  du  Dauphiné.'  On 
voit  au  frontispice  l'écusson  des  armoiries  écartelëes  de 
Gaspard  de  Saillans ,  encadrées  dans  cette  sentence  : 

La  paix  de  Dieu  en  toute  saison 
Veuille  loger  en  cette  maison.  99 

«  On  pourrait ,  continue  M.  Adamoli ,  y  ajouter  dans 
le  même  style  : 

Bien  entendu  tant  qa*on  verra 
Que  femme  oocqiies  n'y  l(^era«  » 


/ 


(  469  ) 
La  perle  de  ce  vol  urne  est  très-dîgne  de  regret ,  et  îl 
parait  bien  difficile  de  la  réparer.  Nous  n'en  connaissons 
d'exemplaire  nulle  part.  Il  est  à  présumer  qu'on  y  trou- 
irerait  des  choses  intéressantes  pour  Thistoire  ou  pour  la 
littérature  ,  comme  on  en  trouve  dans  presque  tous  les 
ouvrages  du  même  temps. 

Le  livre  de  Gaspard  de  Saiilans  est  mentionné  par  du 
Verdier  ,  dans    sa   Bibliothèque  ;    mais   du  Verdier  se 
contente  d'en  donner  le  titre  et  n'enlfe  dans  aucun  dé- 
tail sur  ce  qu'il  contient  ni  sur  la  biographie  de  l'au- 
teur. Nous  pouvons  suppléer  un  peu  à  son  silence  en 
ce  qui  touche  ce  dernier  point.  Guichenon  ,  dans  son 
Histoire  de  Bresse  et  de  Bugey ,  3.*  partie  ,  pag.  54 1 , 
a  donné  un  article  sur  la  famille  des  Saiilans ,  seigneurs 
de  Brisenod  ;  on  y  lit  que  cette  famille  est  originaire  du 
Dauphiné ,  et  que  le  chef  en  fut  Jean  de  Saiilans  , 
■seigneur  de  S.  Julien ,  anobli  pour  ses  çertus  et  bonnes 
qualités  par  le  roi  Louis  XII,  en  i5i2,  et  qui  laissa 
quatre  enfans ,  dont  Gaspard  fut  l'ainéi  Ce  Gaspard  de 
Saiilans ,  écuyer  ,  seigneur  de  Beaumont ,  est  celui  qui 
composa  Touvrage  dont  nous  avons  parlé.  Guichenon  se 
*  iait  absolument  sur  cette  circonstance  ;  mais  il  nous  ap- 
prend que  Gaspard  épousa ,  le  7  juillet   1664  9  Louise 
de  Bourges  ,  fille  de   Claude  de    Bourges ,  chevalier , 
seigneur  de  Myon  et  de  Vîlle-Urbaine ,  général  des  fi- 
nances en  Piémont ,  et  de 'Françoise  de  Mpurnay  ;  et 
qu'il   eut   de   ce  mariage  Jean- François   de   Saiilans  ^ 
écuyer ,  seigneur   de  Courbeville  ,  mari  de   Claudine 
d'Âleschamps ,  à  laquelle  il  s'unit  le  4  octobre  i5o5  ,  et 
d*où  sont  issus  les  seigneurs  de  Saiilans  et  de  Courbe- 
ville  ,  qui  se  sont  établis  dans  le  Lyonnais.  On  voit  9 
d'après  les  noms  de  ses  père  et  mère ,  que  Louise  de 


(  470  ) 
Bourges ,  femme  de  Gaspard  de  Saillans  ,  ^tait  la  soeur 

de  la  célèbre  Clémence  de  Bourges ,  amie  de  Louise  Labét 

et  la  perle  des  damoiselles  lyonnaises    de   son  temps  ^ 

comme  l'appelle  du  Verdier.  Clémence  ,  fiancée  à  Jean 

du  Peyrat ,  tué  sur  le  champ  de  bataille  à  Beaurepaire, 

le  3o  septembre  i56i ,  était  morte  depuis  deux  ou  trois 

ans  (f)  ,  lorsque  Louise^  maria. 

Il  est  plus  que  probable  que  le  volume  qui  fait  le  sujet 

de  cet  article,  nohs  fournirait,  s'il  n*était  pas  égaré, 

sur  Gaspard  de  Saillans  et  sur  sa  famille  ,  dès  notions 

plus  amples  que  celles  que  nous  venons  de  donner ,  et  que 

nous  avons  cru  devoir  consigner  ici  comme  appartenant 

à  la  biographie  lyonnciise. 


6S 


BULLETIN  HISTORIQUE 

PU  MOIS  D'OCTOBRE  1828. 


^ .  Nous  avons  omis ,  par  mégarde ,  de  rendre  compte , 
dans  le  bulletin  do  mois  d'août  dernier,  de  la  séance 
publique  teoue  par  la  société  de  médecine  de  Ljon,  le 
18  dudit  mois,  sous  la  présidence  de  M,  le  docteur  Martin 
le  jeiine.  M«  le  président  a  ouvert  cette  séance  par  la 
lecture  de  son  rapport  sur  les  maladies  qui  ont  régné  ^ 
Lyou ,  pendant  le  second  semestre  de  i8a4  et  pendant 
le  premier  semestre  de  Tannée  iSaS.  M.  Parât  a  pro- 
noncé réloge  de  M*  Buitouzac  ,   membre  de  la  société. 

■ 

(i)  Yoj.  sur  Clémence  de  Bourges  la  Notice  sur  I^uise 
Labé ,  pag.  xlj-xUj  de  l'édition  des  œuvres  de  cette  der- 
nière ,  publiée  en  i8a4  y  '^^  Archives  du  Rhéne^  tom.  III9 
pag,  245,  etc. 


(  47Ï  ) 
M*  Chapeau  a  lu  le  cQii;ipte  rendu  des  iray^nx  de  la-cpmr 
paguie  ,  depuis  le  17  juillet  1826  jusqu'au  4  août  1828,9 
et  M.  TroUiet,  un  rapport  sur  les  mémoires  envoyés  au 
concours,  en  1826,  sur  deux  questions,  la  première  sur 
le  mchitis^  et  la  seconde  sur  la  colique  dts  peintres.  Les 
conckisionf  de  ce  rapport  avaient  été  adoptées  dans  là 
^ëance  précédente;  £n  conséquence ,  une  mention  honorar 
ble  a  été  accordée  à  M.  Foulhioux ,  de  Lyon ,  auteur  de  Tun 
«le  ces  mén^oires  sur  le  rachitis ,  et  à  Vauteur  d'un  mémoire 
sxkx  la  colique  des  peintres  ,  portant  pour  épigraphe  :  Opir 
Mionum  commenta ,  delet  dies^eXc»  Enfin,  un  jeton  d'or 
a  été  décerné  à  M.  Anquctin ,  de  Paris ,  auteur  d'un  mé- 
moire sur  la  même  question.  M«  Chapeau  a  In  ensuite  une 
iioticâ  historique  sur  M.  Kaillard  ,  médecin  de  l'hospice 
«le  l'Antiquaille*  La  séance  a  été  terminée  par  la  procla^^ 
ovation,  faite  par  M.  le  président,  des  questions  mises  a^ 
concours  pour  l'année    i85o« 

Depuis,  cette  séance ,  le  Compte  rçn4u  des  observations 
sur  les  maladies  régnantes^ etc. ^  par  M.  Martin  le  jeune  (1), 
et  celui  des  travaux  de  la  société  ^  par  M.  Chapeau  ^  secré- 
taire (2) ,  ainsi  que  la  Notice  du  même  sur  M»  Raillard  (5)  , 
ont  été  reproduits  par  l'impression.  Nous  insérerons 
dans  un  de  nos  prochains  N.^'  l'éloge  de  M.  Buitouxac, 
par  M.  Parât. 

Voici  le  programme  des  prix  que  la  société  décemehi 
dans  la  séance  publique  de   i85o. 

I  ,^  Une  médaille  d'or  de  5oo  fr.  à  l'auteur  du  meilleur 
mémoire  sur  la  question  suivante  :  «  Quels  sont  lès 
99  moyens  les  plus  faciles  ,  les  plus  sûrs  et  les  moins  dis- 
99  pendieux  ,  pour  parvenir  à  détruire ,  ou  au  moins  à 
99  diminuer  ,  les  causes  des  maladies  les  plus  fréquentés 


(1)  Lyon  ,  Rusaad  ,  i8a8  ,  iii-8.»  de  44  pagcs. 

(a)  Ihid ,  in-8.°  de  90  pages. 

(5)  Lyon,  Idt ,  in-8.®  de  a3  pages. 


(  472  ) 

»  à  Lyon  ;  de  celles ,  surtout ,  qui  résultent  de  Tînsalu- 
»  brîté  de  cette  ville  ? 

2.®  Pareille  médaille  à  l'auteur  du  meilleur  mémoîrv 
sur  cette  autre  question:  u  Peut-on  considérer  le  rfat» 
>»  matîsme  et  le  catarrhe  ,  qui  souvent  se  succèdent , 
»  comme  un  même  genre  d'affection  attaquant  deé  sjs- 
»  tèmes  différens  ?  Ces  maladies  se  développent  ordinaî- 
99  rement  sous  TinQuence  de  Thumidité  et  du  fk^oid:  ne 
9>  reconnaissent-elles  pas  d'antres  causes  ?  Quels  sont  les 
99  moyens  hygiéniqoes  les  plus  propres  à  prévenir  ce» 
99  affections ,  et  quel  est  le  traitement  qui  leur  convient 
99  le  mieux  ?  » 

La  société  décernera ,  en  outre  »  une  ou  deux  médailles 
d'or  de  loo  fr.  chacune,  à  titre  d'encouragement,  à  i'ao- 
teur  ou  aux  auteurs  des  meilleurs  mémoires  sur  des  sujets 
de  statistique ,  de  topographie  et  de  police  médicales  j 
relatifs  à  la  ville  de  Lyou. 

Les  mémoires  seront  envoyés  franc  de  port  9  arant  le 

'i.^*^  juin  i85o ,   à   M.  Dupasquier,  secrétaire-général  de 

la  société ,  rue  des  Marronniers.    Ils   devront  porter  en 

tête  une    devise  ou  épigraphe  répétée  dans  un-  billet 

cheté ,  contenant  les  nom  et  demeure  de  l'auteur. 


«  « 


!•  —  Nous  apprenons  que  M.  Alexis  Janson,  ancien 
juge  au  tribunal  civil  dç  Lyon,  membre  du  cercle  litté- 
raire de  cette  ville ,  dpnt  il  avait  été  président ,  et  de  U 
société  d'agriculture  du  département  du  Rhône,  est  décéilé 
^  Beaujeu  le  29  septembre  dernier. 


«%  5.  —  Aujourd'hui ,  dimanche ,  a  eu  lieu  la  béné- 
diction solennelle  du  pont  Charles  X  ,  dont  l'ouverture 
s'est  faite  le  i.^*"  de  ce  mois.  Le  clergé  des  paroisses  de 
S.  Bonaventure ,  de  la  Guillotière  et  de  S.  Pothin  des 
firutteaux ,  et  les  autorités  civiles  et  militaires  ,  ont  as- 
sisté k  cette  cérémonie.  M.  l'abbé  Cattet ,  un  des  grands 
vicaires,  y  a  procédé   par  délégation  de  Mgr.    l'arche- 


(  473  ) 
Téqae  d*Amasie ,  et  a  prononce  on  discours  (i)*  Le  pro- 
duit de  la  recette  de  ce  jour  est  destiné  aux  pauvres. 
C'eat  peut-être  la  première  fois,  depuis  de  bien  longues 
années  ,  qu'on  Toit  ici  une  pareille  cérémonie.  Le  pont 
Morand  ne  fut  pas  béni,  parce  que  le&  propriétaires  ne 
purent  s*entendre  avec  Tarcheyéché  sur  la  dépense  qui 
dcfYait  en  résulter.  On  assure  que  TarcbcTéché  deman- 
dait   16,000  francs. 

^%  10.  -—  Daus  une  ordontiance  du  roi  du  16  juillet 
dernier,  insérée  au  n.®  ^55  du  Bulletin  des  lois ,  qui  nous 
est  parvenu  aujourd'hui ,  les  personnes  ci-après  nommées 
figurent  parmi  un  grand  nombre  d'autres  qui  sont  défi- 
ni tiyement  brevetées ,  savoir  : 

i.^  Les  sieurs  Mac-Culloch  (  Thomas  )  et  Brunel  et 
fils  aiaé ,  apprêteurs  de  mousseline  à  Tarare ,  pour  des 
procédés  propres  h  apprêter  les  tissus  de  coton  en  or* 
gandj  anglais  fort,  linon  anglais  fort,  organdy  souple  de 
Flnde  et  batiste  d'Ecosse  ;  ... 

2.^  Le  sieur  Carrand  atné  (  Jean-Baptiste  ) ,  marchand 
'fabricant  de  bas,  à  Lyon ,  rue  Mulet,  n.^  24,  pour  la 
fabrication  de  bas  en  cachemire  de  laine  ,  soie  ,  bourre 
de  soie ,  fil  de  coton ,  à  dessins  en  couleurs  solides , 
analogues  à  ceux  des  châles  et  des  étoffes  de  soie  ^ 

5.®  Et  enfin  le  sieur  Mejnîer  (  Prosper  )  ,  fabricant 
d'étoffes  de  soie ,  à  Lyon,  rue  St-Polycarpe ,  n.®  8,  pour 
une  mécanique  propre  à  fabriqt^r  ensemble  plusieurs 
rubans  brochés ,  mécanique  qu'il  nomme  battant-brocheur. 

«%  19.  —  Le  Moniteur  de  ce  jour  contient  la  notice 
nécrologique  suivante  : 

«  L'État  y  la  société,  le  corps  des  ponts  et  chaussées  vien- 
nent de  faire  une  perte  aussi  grande  que  douloureuse 
dans  la  personne  de  M.  Brisson ,  inspecteur  divisionnaire 


(1)  Ce  discours  a  été  inséré  dana  la  Gazelle  universelle  du  7. 


(  474  ) 
des  ponts  et  chaussées  ^  cLeyalier  de  la  Lëgion-d'Honnear, 
décédé  à  Neyers  le  25  du  mois  dernier,  à  peine  âgé  de 
cinquante  ans  ,   an  milieu    d*un    Tojage  entrepris    dans 
rinterét  de  l'administration  publique. 

M.  "Brisson  ,  né  à  Lyon  le  12  octobre  1777  ,  d'une 
famille  honorable ,  donna  dès  son  enfonce  les  signes  d'une 
étonnante  capacité.  Après  aroir  fait  au  collège  de  Juillj  de 
fortes  études,  et  obtenu  ces  premiers  succès  qui  sont  pres- 
que toujours  pour  Tayeuir  le  gage  de  succès  jplus  grands^ 
il. entra  à  TEcole  polytechnique  à  l'époque  de  la  création 
de  cette  école  célèbre.  Il  n'avait  alors  que  seize  ans ,  et 
dès  ce  moment  le  jeune  élète  prit  rang  parmi  leis  maîtres. 
Bientôt  il  fut  admis  dans  le  corps  des  ponts  et  chaussées  ^ 
où  sa  vie  n'a  été  qu'un  enchaînement  des  services  les  plus 
utiles  et  les  plus  distingués.  Attaché  en  1802^  sous  la 
direction  de  M.  Liard ,  au  canal  Monsieur  j  et  deux,  années 
après ,  sous  celle  de  feu  M.  Payant ,  au  canal  de  Saint* 
Quentin  ,  il  s'occupa  plus  particulièrement ,  sur  l'un  et 
l'autre  de  ces  dçux  canaux  9  des  travaux  du  bief  de  partage  , 
et  dans  ces  postes  difficiles  et  importans ,  il  déploya  les  res« 
sources  d*un  génie  actif  et  fécond.  Une  récompense  éclar 
tante  suivit  de  près  ces  premiers  succès.,  A  peine  M.  Briss.on 
atteignait-il  sa  trentième  année ,  qu'il  reçut  le  brevet  du 
grade  d'ingénieur  en  chef.  C'est  en  cette  qualité  qu'il 
prit,  le  I.".  mars  1809,  la  direction  du  département  dç 
l'Ëscaulqui  faisait  alors  partie  de  la  France.  On  connaît 
la  situation  de  ce  teVrîtoire  ,  placé  au-dessous  du  niveafi 
des  pleines  mers  :  on  connaît  les  dangers  dont  il  est 
incessamment  menacé  par  les  marées  qui  s'élèvent  au- 
dessus  du  sol  cultivé  et  habité ,  .et  dont  les  flots  enva- 
hiraient une  surface  immense  de  terrain  y  sans  les  digues 
puissantes  contre  lesquelles  leur  fureur  vient  se  briser. 
M.  Brisson  sut  opposer  aux  efforts  de  l'Océan  tous  les 
moyens  d'un  art  qu'il  avait  profondément  étudié  ;  et  dans 
l'espiice  de  quatre  années  ,  heureusement  secondé  par  son 
collaborateur  et  son  ami ,  M.  Dan  de  la  Vanterie  y  aujoui^ 


(  475  ) 
d*hm  ingéniear  en  chef  du  d(^partement  de  la  Manche  »  r) 
exécuta ,  avec  le  plus  grand  succès ,  des  traTaux  immenses 
d'un  genre  nouyeau,  dont  le  pajs  gardera  toujours  les 
précieuses  traditions.  Ce  fat  aussi  dans  ce  département 
qu'il  rédigea  les  projets  d'un  canal  de  Bruges  h  l'Escaut  ^ 
et  d'un  port  maritime  à  Breskens. 

Les  ëvénemens  de  1814  le  ramenèrent  dans  sa  patrie  y 
et  le  1/'  août  suivant,  M.  le  baron  Pasquier  lui  confia  le 
•ertice  du  département  de  la  Marne ,  l'on  de  ceux  où  la. 
guerre  venait  d'étendre  ses  ravages*  M.  Brisson  consacra 
tous  ses  momens  à  eSacer  les  traces  d'une  invasion  qui 
avait  laissé  les  routes  dans  un  état  déplorable.  La  ville  de 
Chatons  lui  doit  particulièrement  la  construction  du  grand 
pont  sur  la  Marne, 

Mais  la  capitale  devait  être  bientôt  le  théâtre  de  ses 
lalens.  M.  Becquey ,  conseiller  d'état ,  directeur-général 
des  ponts  et  chaussées ,  juste  appréciateur  des  éminent^s 
qualités  de  M.  Brisson  qu'il  honorait  d'une  estime ,  d'une 
confiance  et  d'une  afiection  toutes  particulières  ,  ne  tarda 
pas  2i  penser  que  c'était  au  centre  même  de  l'adminis* 
tration  qu'il  fallait  placer  un  homme  dont  les  lumières 
étaient  si  variées  et  si  'étendues.  Il  le  chargea  d'abord 
des  études  d'un  canal  de  Paris  à  Tours  et  à  Nantes  ^ 
puis  il  le  nomma  successivement  professeur  de  consr 
truction  à  l'école  royale  des  ponts  et  chaussées  ,  inspecteur 
de  cette  école  ^  et  secrétaire  du  conseil-général  d'admints* 
tration.  En  i8ât4  )  nne  nouvelle  distinction  vint  s'ajouter 
aux  précédentes  :  M.  Brisson  fut  élevé  au  grade  d'ins- 
pecteur divisionnaire.  C'est  dans  ces  diverses  fonctions , 
e'est  dans  les  leçons  qu'une  jeunesse  studieuse,  dont  il 
était  l'idole  y  recueillait  avidement  ^  c'est  dans  les  délibérai- 
tions  du  conseil  où  il  se  faisait  remarquer  par  la  justesse 
des  Vues  ,  par  la  rectitude  de  son  jugement  et  la  prompti- 
tude de  sa  pensée  ;  c'est  dans  ces  nombreux  rapports  qui 
lui  étaient  demandés  à  chaque  instant  ,  et  qui  presque 
tous  sont  de  véritables  traités  sur  la  matière  dont  ils  étaient 


(  476  )   , 
Tobjet  ;   c'est  dans   ses  conversations    jonmaiières    aree 

tous  les  ingiénîeurs  qui  venaient  lai  soamettre  nne  foale  de 

questions  nouvelles  qu'il  résolvait  avec  autant  de  rapidité 

que  de  bonheur  ;  c'est  enfin  dans  toutes  ses  relations  de 

devoir  et  d'amttië  qu'il  se    plaisait  à  ëpancber  l'immense 

trésor  de  ses  connaissances.  Une  palme  nouvelle  semblait 

l'attendre  encore  au  moment  même  oui  la  mort  est  Tenue  si 

prëmaturëment  le  ravir  à  sa  famille,  à  ses  nombreux  amis^, 

et  au  corps  dont  il  était  l'ornement.  Une  place  yaquait  k 

l'Académie  des  sciences.   De   grand  travaux  ,   de    savant 

mémoires  appuyaient  sa   candidature  et  légitimaient   ses 

espérances. 

Mais  pour  connaître  M.  Brisson  tout  entier ,  3  faudrait 
le  suivre  dans  sa  vie  privée  :  c'est  là  qu'on  le  verratf 
pratiquer  toutes  les  vertus  de  famille.  Excellent  raarî , 
bon  père  ,  bon  frère,  ami  fidèle  et  dévoué,  oublieux  de  ses 
intérêts  pour  soigner  ceux  des  autres ,  on  peut  dire  que 
tes  qualités  de  ^son  cœur  égalaient  celles  de  son  esprit. 

Ce  n'est  point  en  quelques  lignes  qu'il  est  possible  de 
mesurer  une  pareille  perte  :  il  faudrait  une  main  plus 
iiabile  pour  suppléer  à  tout  ce  que  laisse  d'imparfait  ce 
faiUe  et  premier  hommage  rendu  à  la  mémoire  d'un 
homme  dont  la  vie  a  été  si  utile ,  et  dont  la  mort  excite 
'de  si   profends  regrets. 

Puisse    sa    veuve    désolée  ,    puissent  ses    malheureux 
'enfens  trouver  dans  Texpression  d'une  douleur  univer- 
sellement partagée  ,    une    consolation    bien   faible    sans 
doute  pour  un  si  grand  malheur  !  99 

«%  22.  —  M.  Quatremère  de  Quincy  a  fait  insérer  dans 
le  Moniteur  de  ce  jour  une  Notice  fort  intéressante  sur 
.  la  lue  et  les  ouvrages  de  M.  le  baron  Lemot ,  qu'il  avait 
lue  à  la  séance  publique  de  l'académie  royale  des  beaux- 
arts  ,  le  4  de  ce  mois ,  en  sa  qualité  de  secrétaire-perpétuel 

^%   M.  Montgolfier  ,   d'Ânnonay,  vient  d'inventer  ooc 
espèce  de*  papier ,  qu'il  nomme  papier^inge  y   et  doit 


(  477  ) 
on  peut  se  senrîr  dans  les  -mënages  au  lieu  de  toîle.  IL 

fabrique ,  dît*on  ,  des  nappes  et  serviettes  damassées , 
qui  sont  anssi  belles  ,  aussi  douces  que-  la  toîle  ouvrée 
et  presque  aussi  solides.  Chaque  serviette  ne  coûte  que 
'5  ou  6  centimes ,  et  lorsqu'elles  sont  salies ,  on  les  re- 
prend à  moitié  prix.  Il  fabrique  également  en  papier  déé 
draps  de  toute  grandeur ,  qui  se  vendent  à  un  prix  pro- 
portionné 9  ainsi  que  des  tulles  brodés  propres  h  faire 
des  rideaux ,  des  draperies  ,  des  robes  de  bal  ,  et  ddnt 
le  prix  n'est  que  de  20  ou  ^5  cent,  le  mètre  carré,  dtfs 
-papiers  de  tenture  qui  peuvent  rivaliser  avec  les  pluto 
ricbes   étoffes  de  soie ,  etc. ,  ete. 

^%  26.  —  Le  Précurseur  de  ce  jour  contient  un  article 

intitulé:  Conseil  général  du  département  du  RhSne^  Budget^ 

où  l'on  remarque  ce  paragraphe  :   «  Nous  voyons  encore 

99  figurer  y  parmi  les  dépenses    d'utilité  départementale  , 

f»  une  somme  de   1200  francs  pour  la  statistique  du  dé- 

n  parlement  du  Rhône.  Nous  voudrions  bien  savoir  à  quoi 

9   sont  employés  ces   1200  fr.  Rien  n'a  été  fait  jusqu'à  ce 

n  jour  pour  la  statistique  du  département.  Cette  partie  des 

.  99  sciences  économiques  est  parmi  nou9  complètement  né* 

97  gligée ,  car  certes  on  n'appellera  pas  de  la  statistique  ce 

j9  que  publient  des  hommes  du   reste  fort  estimables   rt 

99  instruits  ,  sous  le  titre  H Archives  statistiques.  Ce  recueil 

.  99  ment  à  son  titre  9  et  on  ferait  mieux  de  l'appeler  Arclàvet 

99  bibliographiques.  Si  les  1200  francs  dont  il  est  question 

99  soutiennent  les  Archives ,  c'est  de  l'argent  j  sinon  mal 

99  employé  ,  du  moins  bien  inutile  au  département.  99. Les 

rédacteurs  du  Précurseur  se  trompent  dans  leur  conjecture 

'«ur  l'emploi  des   1200  francs  dont  il  s'agit  ;  ils  se  trompent 

aussi  sur  la  nature  de  notre  recueil  qui  n'est  pas  seulement 

'  intitulé  Archives  statistiques  ,  mais  Archives  historiques  et 

' statististiques  ;  ils  se  trompent  enfin    s'ils    regardent  ce 

même    recueil   comme    entièrement    bibliographique,   La 

bibliographie  n'y  occupe  qu'une  place  secondaire  ,    mais 

une  place  qu'elle  n'usurpe  point,  et  qui  lui  appartient  comq^e 


(  478  ) 
h.  unB  branche  de  IMiUtoire  et  ^éme  Ae  la  statistiqae  pro* 
prement  dite,  puisqu'elle  constate  les  progrès  actuels  de 
l'intelligence  et  des  lumières»  En  tout  cas  ^  lors  même 
qu'il  serait  vrai  que  l'argent  en  question  fût  destine  à 
soutenir  une  entreprise  littéraire  et  scientîfiqne  qui  us 
rien  de  mercantile  «  nous  ne  voyons  pas  qu'il  j  eût  lien 
d'en  faire  un  sujet  de  reproche  à  Fadministration  ,  et 
nous  pensons  que  ce  reproche  serait  surtout  déplacé  dans 
la  booche  de  gens  qui  professent  des  opinions  libérales, 
et  qui  se  sont  souvent  plaint  de  ce  que  les  lettres  ^  les 
science^  et  les  arts  manquaient  d'encouragemens  parmi  nousi 

^%  Un  grand  nombi*e  de'  personnages  plus  on  moins 
célèbres  ont  passé  dans  cette  ville  durant  le  cours  du 
mois*  Nous  indiquerons  parmi  les  plus  remarquables ^  les 
suivans:  MM.  le  comte  de  Talleyrand,  le  baron  Moanler» 
la  duchesse  d'Albuféra ,  le  général  comte  de  Soigne^ 
l'abbé  Desmazures  ,  Pardessus  ,  Mauguin  ,  EUlonard  de 
Saint-Cricq ,  neveu  du  ministre  du  commerce  ,  le  colonel 
Fabvier ,  le  compositeur  Berton  ,  Gail  fils  ^  te  docteur 
J.  J.  Yïrey  y  Gabriel  Peignot^  de  Blainville ,  Aimé  Martin ,  etc. 

f  '         .      ,    I   ..-  ^1  >     ■■  '     —  -■      ■  ■    ■       , ,  .  ..  ^ 

ERRATA. 

Page  1459  li^e  6,  Vetranius  ,  /t^es  :  Vertranias. 

Page  5o5  ,  ligne  dernière  ^  et  il  en  peu  9  lisez  :  et  il 
en  est  peu. 

Page  522 ,  ligne  8  9  Limnades  ,  lisez  :  Ujmnades ,  et 
ligne  9  9  Himnides  ^  lisez  :  Hymnides. 

Page  559,  ligne   189  attiré,  /t^ez:  altéré. 

Page  585  ^  lignes  5  et  49  le  prî^  du  pain  ,  etc. ,  lisez; 
Par  arrêté  de  la  mairie ,  le  prix  du  pain ,  à  compter  àe 
ce  jour  9   est  diminué  d'un  liard.    En    conséquence  4  le 

{>ain  ferain  est  fixé  à  21  centimes    */^  (  4  sous  1  liardj^ 
a  livre  usuelle  ;  et  le  pain  bis  i»  u  1 7  cent,  ^/a  (  i  sous  V^  )■ 
Pap;e  394  ^   ligne  i5  ,   et  qu'il  faudrait  9  Usez  :  et  de  «e 
qu'il  faudrait. 

Page  595  9  ligne  28  9  que  doivent  ai^oir  la'roiUe^.  iise%: 
que  doit  avoir  la  voûte. 


TABLE 


DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS  CE  VOLUME. 


« 


tliSSAiS  hUtoriquei  sur  la  ville  de  Lyon ,  VL^  article  •    • .  {Mig.      5 
Additions  et  corrections   pour  la   liste  des   députée  du 

Lyonnais,  etc.  (  M.  Cochard  ) ^f  ^^^     .  V- 

Notice  sur  Tâbbë  de  Faramant  (  M.  Breghot  Y  .     .     ^^^f  34 
Histoire  littéraire  de  Lyon  (  Note  sur  un  n^^/de  1^)^^ 

(  Le  m£m£  ) #IDR  .    •    «  3; 

Le  retour  de  chasse  et  la  tireuse  de  cartes  ]4Veaux  (  M« 

Passeron  ) .^  '.•..;    .  ''43 

Mélanges  '.'.'...'«.... '[  ,  ^$ 

Bulletin  bibliographique •    .     .     •  ^.     ,  68 

Bulletin  histonque  du  mois  de  mai  18^  .«.«•••  73 

Additions  et  corrections  pour  le  tome  précédent.     ...  80 

Estais  historiques  sur  la  ville  de  Lyon^  VII.c  article  ).     «  81 
Bistoire  (  Lettres  de  La  Hire  aux  Lyonnais  et  de  Diane  de 

Poitiers  aux  échevins  de  Lyon  )•..•••.  '^  1  gA 
Catalogue  de  la  bibliothèque  de  M.  Adamoli  (  M.  Breghot).  qq 
Premier  état  des  ouvrages  entrés  à  la  bibliothèque  publi- 
que de  la  ville  de  Lyon  depuis  le  1 5  mars  18^7.  •  •  •  il5 
Additions  à  la  notice  sur  le  P.  Folard  (  M.  Breghot  ).  ia6 
Manufacture'   de    soierie   à  Lyon    '(  Lettres    patentes    de 

Louis  XI ,  de  1466  )     •     ^ 130 

Flore    lyonnaise  ,    par    M.    le    docteur    Balbîs.    Extrait' 

(  M.  Grognfer  ) ^  ,55 

Nécrologie  (  M.  C.  H.  Morel-Voleine ,   M.  A.  Pelzin  et 

J.  F.  S.  F.  Beangeard  (  M.  Breghot  }•...«.  137 

Mélanges ,45 

Bulletin  bibliographique^  •    •••••••..,•  i5o 

Bulletin  historique  du  mois  de  juin  i8a8    ...••.  i5S 

Essais  historiques  sur  U  ville  de  Lyon,  VIIL»  article.     .  161 
Examen  des  conjectures  sur  l'incendie  de  l'ancienne  ville 

àe  Lyon ,  ^  sous  Néron  ;  avec  des  observations  sur  cet 

éréncmeat  (  M.  DS  i>A  Tovrrette  ).*.....  173 


'    •     %  •  « 


9  m 


^  Fnf*pE  LA.  TiJLIi. 


•     •      • 


t  480  ) 

Cipontioa  et»  ïMeanx  de  l'école  lyonnÙM  «a  palais  des 

art«  et  du  comiBerce  (  M.  PaSSEROR  )••••••  at4 

Bulletin  hUloriqae  du  mois  de  jaillet  1898 a53 

Essais  hisloiiques  sur  la  rille  de  Lyon  ,  IX.^  article    •    •  a4t 

Rapport  sur  la  stalil^e  (  M.  NoifFALGOif  )».•••  a54 
De  la  fraternité  consanguine  des  Lyonnais  et  des  Milanais 

(  M.  l'abbé  Aimé  Guillom  qe  MoimjàoN  )  •    •    .    •  977 

Mélanges  ••..•• 998 

Second  état  des  li?res  entrés  à  la  bîbUolhèque  publiée  . 

de  la  ville  de  Lyon  ,  depois  le  i5  mars  1897    .    •     •    •  333 
Rapport  à  Tacadcmie  m  Lyoo  sur  le  concours  de  ^tatis» 

tiqua^hi/GBOGNiEB  )••••.••,.»••  44^ 
Lettre  IHBne   trallvction.    de    l'Art   poétique   d'Horace 

(  M.  DâLAUNdl^t^ 343 

Réponse  d'un  dés  if|||teors  (  M."***  ) 353 

Le  major-général    Martin,   poëme  couronné  par  Taca- 

demie  de  Lyok  (  M.  Rabatcis  )..••.••••  358 

Le  merle  et  le  rossignol ,  ^able  (  IVL  CoiGNIT  )    »    •    •  3jg 

Bulletin  historique  du  mois  d'aoàt  i8a8    ••••••  37» 

Idem  du  mois  de  septembi^    •    •     •    ;    • 385 

Programme  des  prix  de  Tacadémie  de  Lyon  pour  1809    •  39S 

Essais  historiques  sur  la  yille  de  Lyon  »  X.^  article  .     •  4^1 
NooTellcs  lettres  sur  une   traduction   de    l'Art  poétique 

d'Horace  (  MM.  Dugaa-Montbel  et  Agnoste    ...  4^^ 
Conseil   général  du*  département  du  Rb6ne.  Session  de 

i8a8  à  18S19 ,    ^  435 

Détails  siir  l'intérieur  de  l'Afrique  donnés  par  M.  Cailla.  4fi4 

Mélanges ••••  4® 

Bulletin  historique  du  mois  d*<»ctobre  idaS.    .     •    •    •     .  ^o 

ErraU   /  .    .    .    .    .    .    .    .'-.'.' •  478 


v^*^ 


TABLE 

ALPHABÉTIQUE   ET   RAISONNES 

DES  T0ME5  YII  ET  YUI  DES  ARCHIVES  DU  RHÔmS. 


(  Les  chiffres  romaiiiB  indiquent  les  tomes  ;  les  cliiffires  arabes  ,. 

les  pages  )•  , 

Abbaye  (  rae  de  1'  )  ,  VII ,  Sl-85. 

Abbë  (le  P.  Pierre  1'),  jésuite^  recteur   da  coll^  de  la  Trinitë, 

Vin ,  37. 

Abeille  française,  Bull.   bibl.  VU,  a35 ,  3ia. 
J^uid^mie  de  FourTiéres,  Vil,  214-217. 

Acadénûe  royale  des  sciences,  belle-lettres  et  arts  de  Lyon.  Pro- 
gramme des  prix  proposés  pour  1898 ,  VII ,  36-4o.  Discours  de 
réception  de  M.  Cap ,  Bull.  bibl.  64*  Mémoire  sur  l'exécution  du 
testament  du  major-général  Martin ,  par  M.  Guerre,  Bull;  bibl. 
66.  Réflexions  sur  l'obligation  de  publier  les  trayaux  académiques^ 
par  M.  Parât,  122-127,  ^^  Bull.  bibl.  3io-3ii.  Restitution  de 
lÎTres  faite  à  l'académie  par  la  ville  ,  Bull.  bibl.  392.  VIII ,  102- 

.  io3.  Lettre  de  Mad.  du  Bocage  relative  à  sa  réception,  etc.,  VII, 
441-448*  Rapport  sur  le  concours  de  statistique,  par  M.  Grognier, 
VIII ,  34^-348.  Programme  des  prix  pour  1829 ,  398-4oo«  Séance 
publique  du  la  février  1828 ,  VII,  3i7-3i8.  Du  10  juillet,  VIII^ 
239.  Du  4  septembre ,   385-392. 

Adamoli  (catalogue  de  la  bibliotbèque  de  M.  ) ,  art.  de  M.  Bregbot , 
VIII,  99-fi5.  Voy.   Arena. 

Administration  départementale.  Voy.  Conseil  général. 

Agooste.  Voy.  Horace. 

Ainay  (place  d') ,  VII ,  85-93.  (rue  du  rempart  d*)  ,  95*96. 

Albon  (place  d')  ,  VII,  96-100. 

Allier  de  Hauterocbe  (M.  Louis)  ,  sa  nécrologie ,  VII ,  160. 

Almanach  des  Muses  pour  1828  ,  bull.  bibl.  VII ,  d34« 

Amanton  (M.  C.  N.}.  Voy.  Aanuaiie»  Fournier,  Layernei  Recueil 
et  Vers. 


(  4Pa  ) 

Amasie  (mandement  de  Mgr,  i'archeréqûe  d'  ) ,  pcrar  te  carême  Àe 

i8a8 ,  Bull.  bibl.  VII ,  3io.  Voy.  SUtat«  synodaux. 
Amboiae  (rue  d'),  VU,  aïo-aii* 
Ambroûe  (St.).  Voy.  Dugas. 
Amëdëe  (  nie  ) ,  VII ,  ai  i-aïa. 
Andrieox  (  M.  )  ,  attaque  dans  la  Gmxeite  universelle  de  1/fon  f  js 

défense ,  VII ,  4^o-463. 
Ane  (rttt  de  T  ) ,  VII ,  m. 
Anecdotes.  Voy.  Béraud  (le  P.) ,  Keisel  i  Lyonnaises ,  Mâange*  et 

Pomme* 
Anges  (mont^  des),  VU,  ai3-ai8. 
Angile  (rue  de  T)  ,  VU,  118-319. 
Angles  (  rue  des  deux  )  ,  VII ,  319. 
Angouléme  (cours  d')  ,  VII ,  ai9-aa3« 
Annales  biographiques  par  M.   Mahul,  i«*  part  y  bulL  Inbl*  VII  ^ 

467-469*  3.«  part.  ,  buU.  bibl.  VIII ,  69-70. 
Annibal ,  note  sur  son  passage  des  Alpes  |  par  M.  Atbenas  ,  VIT, 

i54-'57. 
Annuaire  de  la  C6te  d'or ,  par  M.  C.  N.  Amanton ,  VUI ,  53-54» 
Anidquaille  (me  et  plaça  de  T)  ^  VII,  34^''^49* 
Antonin  (rue  d*)  ,  VII»  ^g-^Su 
Aperçu  de  l'état  de  la  cirilisation ,  etc. ,  par  M.  Smith ,  Bail,  bibL 

VII  /  33t.  «.''  édiU  Bull.  bibl.  990. 
Aqneducs  (territoire  des),  VII »  s5i-a58. 
Arbalète  (  rue  de  T  )  ,  VII  ,358.. 
Arbre-sec  (rue  de  T),  VU,   358*359. 
Arc  (  Jeanne  d')  ,  VIII ,  95.  Nota,  Il  s'est  glissé  à  cette  page ,  ligne 

4  j  une  faute  d'impression  a  au  lieu  à*OrUans  f  lisez  3  "Bouen, 
Archéologie ,  personnes  qui  l'ont  cnltiTee  à  Lyon ,  VIII ,  i43-i49« 

Voy.  Etrennes  ,  Incendie  de  Lyon  ,  Lollia  ^  Propriété  littéraire  , 

Socrate  et  Taurobole. 
Archers  (  conr  des  ) ,  Vtl  »  359-360* 
ArchcTéché  de  Lyon  (  discussion  à  la  chambre  des  députés  relatire 

à  r  ) ,  VIII ,  333.339Î 

Archetéché  (rue  del'),  VII,  331^338. 

Arena  (  Antoine  de  )  ,  ou  dn  Sablon  ,  édition  de  sa  Meygfa  cnire* 

prisa  f  donnée  par  M.  Adamoli ,  VIII ,  106-109. 
Argue  (  passage  de  1')  ,  VII ,  338-33o. 
Arioste  (  1'  )  »  lettre  sur  la  traduction  de  ses  Satires  par  M.  Trélis , 

par  M.  Pericaud  aîné  ,  VIII ,  33o-335. 
Armoiries  de  la  ville  de  Lyon  (mémoire  sur  les)  ,  et  en  particalieri 

sur  le  lion  qui  y  figure  ,  par  M.  Breghot ,  VU  ,  337-348. 


(  483  > 

Arsenal   (rue  et  qaai  de  T] |  VU ,  S3o-336« 

Astronomie*  Voj.  Ëclipie* 

Art  poétique  d'Horace ,  trad.  en  française  Voy.  Horace* 

Artigny  (l*abb(f  d')  ,  VIII ,    i.o-iii. 

Artois   (  ru6  d'  ) ,  VÎl ,  356. 

Athenas  (  M.  )•  Voy*  AnnibaL 

Attache  des  bœufs  (  rue  de  T  )  ^  VII ,  4ot» 

Auger  (  notice  sur  le  P*  Emond)  >  par  M*  Pçricand  alnë,  Vtl ,  ioo« 
laa.  Bull,  bibl,  3io. 

Auges  (grande  et  petite  rua  des)  ,  VII  i  4^1* 

Augustins  (quai  et  rue  des),  VII)   4oi.4>i*  VIII|   S*f* 

Auxnôue  (  rue  de  1'  )  ,  VII ,   4'^* 

Autel  de  Lyon  ,  VU  ,  86. 

AuTergne  (  rue  d'  )  ,  VII ,  4^*'4^4* 

Balbis  (  M.  le  docteur  J.  B«  ).  Voy.  Flore  lyonnaise* 

Baleine  (  place ,  quai  et  me  de  la)  ,  VII ,  4i4'4^^* 

Ballanche  (  M.  }•  Voy.  Essais  de  palingénësie. 

Bandes  noires  connues  des  anciens  >   VII ,  44^* 

Barbier  (M*  A.-A.);  catalogue  de  ses  litres ,  buU.  bibl.  VU,  Si4' 

S91. 
Barre  (rue  de  la))   VII)  4tMi7* 

Bartbëiemy  (Tabbë)  ,  son  passage  à  Lyon  en  i755  i  VIII  ^  3o3-3o9« 
Basses-Terchéres  (rue  des))   VII,  4^7' 
Basseville  (  rue  )  ,  VII  »  4^7* 
Bât-d'argent  (rue)  )   VII,  4i7-4t8. 
Battières  (territoire  des)  ,  VU)  4^^~4>9* 
Bayard  (  rue  )  ,  VII ,   4^9* 
Baylc  ,  VII  ,  3o4. 
Beaugeard  (  J*  F.  S.  F.  )  ,  sa  nécrologie ,  par  M.  Breghot  )   VIII  V 

i4i-i43* 

Béauniont  (Christophe  de)  )  archevêque  de  Paris,  VIII,  3o3.  Nota* 
On  a  donné  par  mcgarde ,  en  cet  endroit ,  à  Christophe  de  Beau- 
mont  le  prénom  à*Elie  qui  appartient  à  son  fiére  )  célèbre  avocat* 

Beauregard  (  place  de  )  ,  VII ,  419. 

Beaux-arts  (  goût  des  Lyonnais  pour  les  )  )  VIII ,  3aS-396.  Voy* 
Charité  ,  Exposition ,  Retour  de  chasse  )  etc. 

Bélier  (rue  du),  VUI ,    81* 

Belle-Cordière  (  rue  )  ,  VIII ,    7-19* 

BolLevue  (rue)  ,  VIII  ,    içy^S, 

Bcllièvre  ^famille  de) ,  VIII ,  8a-85.  (Claude  de)  )  son  Lugdunwfk 
prisGum ,  83-84* 


(  484) 

BelUèrre  (rua)  »  VIU ,  8i-85. 

Bëraud  (le  P.),   anecdotes  qui  le  concernent i  VUI ,  3o4i  3t7<« 
Si8. 

Bernardines  (place  des)  ,  VIII,   86-88. 

Berry  (rue  de),  VIII',  88. 

Bessard  (  rue  du  )  ,  VIII ,  89-90* 

Beuf  (M.  P.).  Voy.  Bible. 

Biard  (M.).  Voy.  Retour  de  chasse. 

Bible  latine  publiëe  par  M.  P.  Beuf,  Bull.  bibL  VII  ,  389. 

Bibliographie.  Voy.  Bibliothèque  |  Catalogues  »  BnUetina  biblio- 
graphiques, etc. 

Bibliothèque  publique  de  Lyon  ,  enlè?eniens  qui  y  furent  faits  en 
^793  »  VII ,  6o-6i.  •—  Notice  sur  cette  bibliothèque  ,  par  M« 
Pericaud  alnë  ,  Bull.  bibl.  470^73*  *—  Premier  ëtat  des  liTrea 
qu'elle  a  reçus  depuis  le  i5  mars  1827 ,  VIII,  ii5-i25.  -—  Second 
ëtat ,  333-341. 

Bibliothèques  particulières,  à  Lyon  (anciennes),   VIII,  147 -i49* 

Bicbat ,  lettre  sur  le  lieu  de  sa  naissance  ,  par  M.  F.  A.  Pic  ,  VII 9 
t5o-i5i 

Biographie  lyonnaise.  Le  P.  Emond  Auger,  VII  ,  ioo-iaa.  Julienne 
Morella ,  186-189.  J.-B.-J.  Boscary  de  Villeplaine  ,  193-aio. 
Amëlie  de  Montendre  ,  260-^67.  Pyoculus,  3o5-3o8.  François  de 
Mandelot ,  348-38o.  J.-M.  Hënon ,  4^9-434*  Louis  de  Lacroie 
de  Faramant ,  VIII ,  34-37  ,  3ei-3o3.  Voy.  Allier  de  Hauteroche  , 
Beaugeard  ,  Bellièyre  ,  Bourgelat  >  Brisson  ,  Morel-Voleine  ,  Pel- 
ïiu  ,  Willermoz  ,  etc.  Voy.  aussi  Annales  biographiques. 

Biographie  uniyerselle  ,  extrait  du  tom.  L ,  par  M.  Breghot  ,  VII , 
270-275. 

Blason.  Voy.  Armoiries. 

Bocage  (  Madame  du  ).  Voy.  Acadëmie  roy.  de  Lyon. 

Boileau ,  lettre  sur  ses  (Euyres  posthumes ,  par  M.  Parrelle ,  VII , 
27-34. 

Boissac   (rue),   VIII,   161-164. 

Boissat  (  famille  de  )  ,  VIII ,    161-162. 

Boitiers  (  rue  des  )  ,    VIII  ,    164* 

Bollioud-Mermet  (  M.  )  ,  VII ,  3o3. 

Bombarde  { rue  de  la  )  ,   VIII  ,   164-166. 

Bonnereau  (  rue  ) ,   VIII ,    166-168. 

Bonnerie  (  M.  Tabbë  ).  Voy.  Sermons. 

Bon-rencontre  (  rue  et  quai  )  ,  VIII  ,   i68. 

Boniyer  (  M.  Camille  )•  Voy.  Vers. 


(  485  ) 

Bordes  (  Charles  ) ,  Vil ,  444  ;   VIII  ,    iS-ig, 

Bory  (  le  cheralier  de  )  ,  ses  yers  à  Madame  du  Bocage ,  VU,  44^447* 

Boscary  de  Villeplaine  (  notice  sur  J»-B.-J»  )  ,  rëdigëe  par  M.  Z. 
(  M.  Passerôa  ) ,  sur  les  notes  de  M.  Daigueperse  ,  VU  t  19^*" 
aïo  ,   et  bull.  bibl.   3ii. 

Botanique.  Voy.  Flore  lyonnaise. 

Bottin  (  M.  ).  Voy.  Dugas  ,  Monnaies  et  Tonrrette* 

Boucherie  des  Terreaux  (  place  de  la  )  ,   VUI  i    169* 

Boucherie  (  rue  de  la  )  ,  VIII ,    169. 

Boucherie  St.  George  (  rue  de  la  )  ,  VIII ,  169-170. 

Bouchers  (  rue  des  )  ,  VIII ,   170-171. 

Boulier  (  Jean  ) ,  VIII ,   48-^9. 

Bouquetiers  (rue  des  )  ,  VIII  ,    171-172. 

Bourbon  (  rue  de  )  ,    VIII  ,  34^-^44* 

Bourdy  (  rue  de  }  ,  VIII ,  944~^45* 

Bourgchanin  (  rue  du  )  ,  VIII ,   a45-a48* 

Bourgelat  (  rue  )  ,  VU  ,  ^ùfi-^S^»  —  (  Claude  )  ,    a5o-a54* 

Bourges  (  Clémence  de  )  ,   VII  ,  ai6  ;    VIII ,  J^jo, 

Bourgneuf  (  quai  )  ,  VIII  ,   4o^~4oS« 

Bouteille  (  rue  )  ,  VUI ,  4o8. 

Brèche  (  rue  de  la  )  ,  VIII ,  4o^~4o9* 

Breghot  du  Lut  (M.  )•  Voy.  Adamoli ,  Armoiries  de  Lyon  ,  .Beaii^ 
geard  ,  Bulletins  bibliographiques  ,  Députes  ,  Etrennes  ,  Faramant  f 
Folard ,  Imprimerie  lyonpaise  ,  Inscriptions  ,  Mélanges  ,  Mon* 
tendre  ,  Morella  ,  Morel-Voleine ,  Orme  ,  Pelzin ,  etcu 

Brisson  (  M.  )  ,  de  Lyon  ,  sa  nécrologie ,  VIII ,  473-47^. 

Brosses  (  M.  le  comte  de  )  ,  son  discours  à  l'ouverture  de  la  session 
du  conseil  général  du  dép.  du  Rhône ,  en  i8aS  ,  VIII^  435-44i* 
Voy.  Caillé  (  M.  )  et  Conseil  général. 

Brossette  (  Claude  ) ,  ses  notes  sur  Régnier ,  VIII ,  i5a-i54* 

Budget  de  Lyon  pour  18^  «  bull.  bibl.  VIII,  i5i.  -—  du  dép.  da 
Rhône.  Voy.  Conseil  général. 

Buisson  (  rue  )  ,  VIII ,  ï^og-^io» 

Bulletins  bibliographiques,  VII ,  601-67 ,  i57-i58y  a3i-236y  Sog- 
3i5  ,  389  39a  ,  467-473  ;  VIII ,  68-7» ,  i5o-i55. 

Bulletins  historiques  ,  novembre  1827 ,  VII,  63- 80  ;  décembre  ,  i58- 
160  ;  janvier  i8a8  ,  a37-a4o  ;  février  ,  3i5-3ao  ;  mars ,  393-4oo  -, 
avril ,  47^-478  »  ™^^  »  ^UI ,  72-80  ;  juin ,  i55-i6o  ;  juillet ,  a33- 
940  ;  août ,  37a-364  ,  septembre  ,  .385-398  i  octobre  ,  47<>'47^ 

Butte  (  montée  de  la  ) ,  VIII ,  4io-4i3. 


1 


(  486  ) 

CailVé  (  M.  )i  détails  qu'il  a  donnas  ,  lors  de  son  passage    à  Ttjon  • 
de  ses  voyages  dans  rintcrieur  de  l'Afrique  ,  art«   de  M«  le  coiate 

de  Brosses  ,  VIII ,  464-^68. 
Calotte  (  régiment  de  la  )  ,  VIII ,  109. 
Calvet  (  le  docteur  ).  V07.  Morella. 
Cap  (  M.  ).  Voy.  Académie  roy.  de  Lyoa« 
Catalogues.  Voy.  Adamoli  ,   Barbier  ,    Souohay, 
Catou  (  Valérius  ) ,  ëtait>il  de  Lyon  ?  VIII  ,   3S-4i. 
Caylus  (  le  comte  de  }  ,   sa  lettre  au  P.  Béraud  ,  VIII ,  3i7-3i8. 
Cerceau  (  (B  uvres  du  P.  du  )  »  précédées  Â'un  Essai  sur  sa  vie  ,  '  pér 

M.  Pericaud  aîné  ,  édit.  publiée  à  Lyon ,  VIII ,  535-336. 
Champicr  (Symphorien)  ,   VII ,  ai4-2i5« 
Chappuis  (  Claude)  ,   VIII ,    108-109. 
Chardon  de  la  Rochette  ,  tomes  inédits  de  ses  Mélanges  de  philolo^ 

gie  ,  buU.  bibl.  VII ,    390  ;  VIII ,  336. 
Charité  (  la  )  ,  bas>relief ,    pur   M.  Legendre-Héral ,   art.  de  M.  Z* 

(  M.  Passeron  )  ,  VII ,  249-399. 
Charpin  (  Etienne  }  ,   sa  bibliotbèque  ,  VIII ,  147- 149" 
Chateaubriand  (  M.  de  }  ,  extraits  de  ses  Mélanges  littéraires  et   de 

son  Voyage  en  Italie  ,  VII ,  4^4''4^<'* 
Chemin  de  fer  de  St-Etieune  à  Lyon  (  état  de  situation  de  la  com^ 

pagnie  du  )  ,  bull.  bibl.  VIII ,  &5o. 
Cbeyalier-Victorg  (M.  Bernard).  Voy.  Mandelot. 
Citadelle  de  Lyon  (  ancienne  )  ,  VIII ,  21 -36. 
Cocbard   (M.  Pï.-F.  ).  Voy.  Homme  de  la   Roche ,  l^roonais  et 

Monnaies. 
Coignet  (  M.  F.  ).  Voy.  Fourrièreà  et.  Merle. 
Colle.  Voy.  Croix  de  Colle* 
Collège   royal  de   Lyon  (  discours  prononcé  à  la  distribution  des 

prix  du  )  ,  ptfr  M.  F.-J.  Rabanis ,  bull.  biU.  VII ,   64.  —  (  Notice 

sur  le)  )  pv  le  même  ,  137-140  »  et  bull.  bibl.  3ii. 
Commerce.  Voy.  Foires  de  Lyon ,  Industrie  ,  Manufacture  et  Pliage^ 
Communautés  religieuses  de  Lyon  (  anciennes  )  ,  art*  de  M.  MoreU 

Voleine  ,  VII ,  ^7-370. 
Conseil  général   du  département  du  Rhône  ,    ses  délibérations  en 

»Ô37  ,  VII ,  5-37.  —  Analyse  de  la  session  de    1838  à  1839 ,  par 

M.  le  C,  de  B.  VIII ,  435-463.  —  Sommaire  des  délibérations  des 

conseils  d'arrondissement  de  Lyon  et  de  VillefranchCi  4^2'4^« 
Conaerration  de  L^on  (  tribunal  de  la  )•  Voy.  Foires. 
Corgenon  (  Hugues  de  )  ,  VIII ,   ^g-So. 
Cornards  de  Bourgchanin  ,   VIII ,  346-347* 


C487  > 

Correspondance.  Voy.   Amanton ,  Arioste ,  ïieKat ,  Boileaa  ,  Da« 

rand  de  Liançon  ,  Foarnier  ,  Horace  ,   Mandelot  *  etc. 
Cour  royale  de  Lyon  (  discourt   sur  rinfluence  du  magistrat  >  pro- 
nonce à  la  rentrée  de  la  )  ,  par  M.  Jostinien  Rieusaec  ,  buU.  bibl. 
VU,    65. 
Courroiaier    (  M.  )  ,   son    discours   au   collège   ëlcctoral  de  Ville  • 

franche  ,    VU,  71-80, 
Crëmieux  (  M.  )  »  ses  eipëriences  de  statil^gie  à  Lyon  ,  VUI|  954* 
Croix  de  Colle  ,  origine  de  ce  nom  ,  VU  ,   «77. 

Daîgiieperse  (  M.  ).  Voy.  Boscary. 
Dames  de  Lyon.  Voy.  Gundling  et  Lyonnaises. 
Daviers  (  M*  Tabbd  ).  Voy.  Dercomidas. 
Belorme  (  Guillaume-Marie  )  ,  VU  ,  a5a  ;  VIII ,  ij^-ij/i. 
Députes  de  Lyon  aux assemblëes  législatives  (liste  des)  ,  ayec  notes  , 
par  MM.  Morel'VoIcioe  et  Breghot ,  VU  ,  43-53.  —  Aux  ëtaU  gé- 
néraux ,  ^^4-231.  —  Extrait  d'une   lettre  de  M.  Cochard  ,  conte- 
nant additions  et  corrections  pour  ces  listes  ,  VUI ,  27-34* 
Dercomidas  ,  prêtre  catholique  arménien  ,  son  martyre  à  Gonstan- 
tinople  et  la  translation  de  son  corps  à  Lyon  ^  détails  donnés  par 
M.  Vabbé  Daviers  ,  VU  ,    475-476. 
DesbordesValmore  (  Madame  ).  Voy.  Incendie. 
Diane  de  Poitiers ,  duchesse  de  Valentinois  (  lettre  de  )  ,  aux  écbe- 

vins  de  Lyon ,  VUI ,  97-98. 
Dispensaire  de  Lyon  (  règlement  pour  le  service  médical  du  )  ,  bull. 

bibl.  VU,  3io. 
Dugas  (le  président  )  1  analyse  de  son  mémoire  sur  SU  Ambroise» 

par  M.  Bottin  ,  bull.  bibl.  VII ,  67. 
Dugas-Monthel  (  M.  ).  Voy.  Homère  et  Horace. 
Duplain  (  Pierre  et  Benoit  )  ,  VU  ,  3o3. 

Duplessis  (  M.)  I  nommé  recteur  de  l'Académie  de  Lyon,  VU,  397, 
—  Son  discours  à  la  distribution  des  prix  du  collège,  VIII,  375-378. 
Durand  (  M.  Charles  >  ,   son  Cours  d'éloquence,  VUI ,  4<- 
Durand  de  Lançon  (  M.  )•  Voy.  Imprimerie  lyonnaise. 

Eclipse  du  5  novembre  1827  ,    VII  ,   54-55. 

Enseignemc^ot  mutuel  pratiqué  par  les  jésuites  dans   le  16*  sièole  , 

VU,   a3a.ii34. 
Enseignement  des  sciences  industrielles  (  exposition  d'une  métbode 

pour  V  )  ,    par  M.  H.  Tabareau  ,  bull.  bibl.  VII  >  5ia. 
Errata  ,   VU  .  160,  a4o  ,  3ao ,  4oo  ;   VUI ,  80  ,    160  et  478.  Voy. 

Arc  (  Jeanne  d'  )  ,  Beaumont  (  Christophe  de  )  et  Rozier. 


1 


(  488  ) 

EaMiis  historiques  sar  la  tille  de  Lyon  ,  oo  description  par  ordre 
alphabétique  des  quartiers ,  places  ,  mes  et  monumens  de  cette 
▼ille  ,  VU  ,  81-100  ;  aio-aa4  »  ^i'^6o  ;  3ai-S36  ;  4oi-4>9-  VIII» 
5-a6  ;   81-94  ;   161-172  ;   a4i-d54  ;  ^oi-^^Z* 

Essais  de  paliDgéoésie  sociale  ,  par  M.  Ballanche  ,  boll.  bibl.  Vil , 
a36. 

Examen  du  jësuitisme  ,  buU.  bibl.  VIII  »  68. 

Exposition  de  tableaux  de  l'école  lyonnaise  au  palais  des  arts  en 
i8a8  ,  art.  de  M.  Z.  (  M.  Passeron  )  ,  VIII ,  at4-aa8» 

Faramant  (  notice  sur  l'abbé  Louis  Lacroze  de  ) ,  par  M.  Breghot , 
VIII ,   34*57.  —  Additions  à  cette  notice  ,  par  le  même  ,  3oi-3o3. 

Flore  lyonnaise  ,  par  le  docteur   J.-6.  Balbis  ,  bull.  bibl.  VII ,  a35* 

—  Extrait ,    par  M.  Grognier  ,   VIII ,    i33-i37. 

Foires  et  tribunal  de  la  ConserTation  de  Lyon ,  notes  ,  par  M.  Morel-* 
Voleine  ,  VII ,    i45-i49* 

Folard  (  additions  à  la  notice  sur  le  P.  )  ,  par  M.  Breghot ,  Vm', 
126-129. 

Forlis  (  Isidore  )  ,   VIH  ,  «98. 

Fondras  (  M.  ).  Voy.  Société  roy.  d'agriculture. 

Fournier  (  Hugues  ) ,  extrait  d'une  lettre  de  M.  C.-N.  Amanton , 
relative  à  ce  Lyonnais,  VIII,  3a3-3a4.  —  (Humbert),  VII ,  2i5-«i6. 

Fourrières  ,  élégie ,  par  M.  F.  Coignet ,  VII ,  55-59.  Voy.  Acadé- 
mie de  Fourvières. 

FoyaUcr  (  M.  ).  Voy.  Labé  (  Louise  ). 

Fraternité  consanguine  des  Lyonnais  et  des  Milanais  (  dissertation 
sur  la)  »  par  M.  l'abbé  Aimé  Guillon  de  Montléon  ,  VIII,  277-397. 

Frauget  (le  capiUine ),  dégradé  à  Lyon  ,   VIII ,  5o-5i. 

Ganffecourt  (M.  de),  êts  ouTrages  et  son  séjour  à  Lyon,  VIII,  112- 

ii5. 
Géminius,  lyonnais,  ami  de  Pline  le  jeune,  VIII,  42-43. 
Géographie.  Voy.  Caillé. 
Gintrac  (M.  le  docteur).  Voy.  Guérin. 

Girafe  (Mémoire  sur  la)  ,  par  M.  Mongex,  bull.  bibl.  VII ,  6«-63. 
Girard  (Jean),    VIII,  54-6o. 

Gniphon  (  Antonius  )  ,   précepteur  de    Cicéron ,  était -il  Lyonnais  ? 
Vni,   38^1. 

Goltz  (  Hubert  )  ,  liste  qu'il  donne  des  amateurs  d'antiquité  qui  exis- 
Uient  de  son  temps  à  Lyon  ,    VUI ,  i44-i45. 


(  889  ) 

GonsalTe   de  Tolède  «  médecin  à  Lyon  dam  le  i6®  iiécle  ,  VII , 

Gonthier  ,    poète  latin  du  i3.«  siècle  ■  YDI ,  6i. 

Grad  (  Henri  ) ,  sa  bibliothèque  ,  VIII ,   i48. 

Grognier  (  M«  )•  Voy.  Académie  roy.  de  Lyon ,  Flore  lyonnaise  et 

Hénon. 
Grolier  (  Jean  )  ,  son  cabinet  d'antiquités  et  sa  bibliothèque  ,  VIII, 

145. 
Guéri n  (  Pierre),  son  éloge  par  M.  le  docteur  GintraCi  VU  1  3oi-3o3. 
Guerre  (  M.  )  Voy.  Académie  roy.  de  Lyon. 
Guillet   (  Pernette  du  ) ,   VII ,  ai6. 

Guillon  de  Montléon  (  M.  Tabbé  Aimé  ).  Voy.  Fraternité ,  etc. 
Gundling  (Jacques-Paul)  9  passage  de  cet  historien  relatif  aux  dames 
de  Lyon  ,  VIII ,  3t8-3ao. 

Hénon  (  notice  sur  M.  J.-M.  )  ,  par  M.  Grognier ,  VII ,  4^9'4^* 

Henricy  (  M.  )  Voy.  Imprimerie  lyonnaise. 

Histoire.  Voy.  Biographie  ,  Bulletins  historiques  ,  Députés  de  Lyon , 

Essais  historiques  ,  Siège  de  Lyon  ,   etc. 
Histoire  littéraire.  Voy.   Biographie  lyonnaise  ,  Caton  ,  Géminius , 

Gniphon  ,   Horace  ,  Mélanges  ,  Plotius  ,  etc. 
Homère  (  L'Iliade  d'  )  ,  trad.    par  M.   Dugas-Montbel ,  bull.   bibl. 

VU.  a36. 
Homme  de  la  Roche  ,  calendrier  pour  i8a8  1  par  M.  Cochard ,  bull. 

bibl.  VII,    6a. 
Horace ,  traduction  de  son  Art  poétique  par  M.  Poupar ,  reyendiquée 
en  faveur  de  M,  le   marquis  de  Sy  ,  dans   une  lettre  signée  de 
Launoy  ;  réponse  à  cette  lettre  ,   VIII ,  348-357-  —  Lettre  sur  le 
même  sujet ,    par  M.  Dugas-Montbel ,  4 ^^4 19*  ""^  Autre ,   signée 
Agnoste  ,  4*9~434* 
Hugues  de  St.  Cher  (  le  cardinal  )  ,   VIII  )  Sig* 
Bymuides  ,  note  sur  ce  mot  employé  par  Bonayentnre  des  Périers  et 
Rabelais  ,  VIII  f   3ao-3aa. 

Idt  (  M.  )  ,  son  discours  è  la  distribution  des  prix  du  collège  royal  , 

VIII,  373-375. 

Imbert  (  M.  le  docteur  )  ,  couronné  par  l'académie  de  Lyon  pour  son 
Essai  sur  l'histoire  de  la  médecine  et    des   médecins  de  Lyon, 

vui ,  343-348. 

Imprimerie  lyonnaise  ,  manuscrit  de  l'abbé  Mercier  de  St.  Léger , 
sur  ce  sujet,  bull.  bib].  VU ,  3i4  »  391.  Extraitd'un  mémoire  de  M. 


(  490  ) 

Hearicy  sur  l'imprimerie  en  Provence  ,  par  M.  Bregfaot ,    4^o~m 

—  Lettre  de  M.  Durand  de  Lançon  sur  d'anciennes  ëditioo»  1/1 
naises  ,   VIII ,  3a6-33o.  % 

Incendie  de  Lyon  sous  Ifëro'n  ,  VIII ,  Sog.  Voy.  Tonrrette  (  la  )• 
laeendie  (  1'  )  »  par  Madame  Desbordes-Valmore  ,  VIII ,  a^-a3^ 
Jadostrie ,  aeê  progrès  dans  le  département  du  Rhône  depuis  i^ 
art.  de  M.  Oxanam ,  VUI ,  6a-67.  Voy.  Enseignement  des  scieDcé 
industrielles  et  Manufactures  de  soieries.  ! 

Innocent  IV  à  Lyon  ,  VIII ,  3i8-3oo. 
Inscriptions  modernes  à  Lyon  ,  art.  de  M.  Breghot ,  VIII  ,   3io-3i)| 

—  Inscriptions  trouvées  dans  les  fondations  du  Grand  thëâtreJ 

VII,  319-3^. 
Insectes  qui  rongent  les  livres  ,  moyen  de  les  détruire ,  Vil  >  3o4. 
Instruction  publique.  Voy.  Enseignement  «t  Slatilégie. 

Jacquand  (  M.  ).  Voy,  Morot. 

JouruaujL  de  Lyon  ,  VIII ,  5a. 

Jugement  da  tribunal  de  police  correctionnelle  qui  applique  à.  des 

herboristes   exerçant   la  pharmacie   des  statuts  locaux  de  1659, 

VIII  f   75-79«  Antre  jugement  du  même  tribunal  sur  le  pliage  des 

étoffes  de  soie.  Voy.  Pliage. 
Jnrain  (  Claude  )  ,   VIII ,   5;  ,  61. 
Jussieu  (  M.  Alexis  de  )  ^  sa  consultation   snr   l'arrêté   relatif  an 

.pliage  des  étoffes  de  soie.  Voy.  Pliage« 

Keisel ,  teinturier  à  Lyon ,  aneodote  qui  le  concerne  1  VII ,  3o4« 

Labé  (  Louise)  »  VII  ,  a  16,    oSq;  VIII ,    d-18  ,   io5 Son  buste 

par  M.  Foya^er  etVéfutation  d'un  passage  de  la  Gazette  universelle 
de  Lyon  sur  ce  sujet ,  VII ,  463-466  ;  VIII  ,  aaS.  —  Ses  trois 
sonnets  italiens  en  l'honneur  d'Amélie  de  Montendre^  VII>  966-967* 

Laffore  (  M.  de  ).  Voy.  Statilégie. 

Lahire  (  Lettre  d'Estienne  de  Vignoles  dit) ,  aux  bourgeois  de  Ljon  | 
en  1^39  ,  VIII ,  95-97. 

Langage  du  peuple  de  Lyon  comparé  avec  celui  du  peaple  de  Milan  9 

VIII ,  a79-'»97- 

Langes  (  le  président  Nicolas  de  ) ,  VII  p  ai5-a&7. 

Lauuoy  (  de  )e  Voy.  Horace. 

Laverne  de  Dijon  (  famille  des  ) ,  renseignemans  fournis  par  M.  C%-N. 

Amanton  ,  VIII ,   66-60. 
Xegcndie-Uéral  (  M.  ).  Voy.  Charité. 


(  49«  > 

«etfres.  Voy.  Correspondance.  —  Première   lettre  à  MM.  les  eiirés 

de  Oeuéve  ,  bull.  bibl.  VII  ^  •5a-334. 
librairie  chez  les  anciens.  Voy.  Propriété  littéraire, 
-ois   des  Francs ,  par  M.  J.-F.-A  Pcyrë  ,  bull.  bibl,  VIII ,  70-7i* 
LoUîa  Paulina ,  son  buste  au  musée  de  Lyon  ,  VIII ,  5o5-3o7. 
Louis   XI  f    ses  lettres  patentes   sur  l'introduction  de  La  manu&c* 

tare  de  soierie  à  Lyon  ,  VIII ,  i5o-i3a* 
JjUgdunum  priscum  ,  manuscrit  de  Claude  Belliévre ,  VIII ,  83-85^ 
Liyon  au  i4*^  siècle  ,  extrait  de  VHisioiro  des  Français  de  M.  Mon« 

tcil  ,   VII  ,  i5i-i54. 
Ijyon  en  1^89  ,  extrait  du  Voyage  en  France  d'Arthur  Young^VII, 

434- 44o* 
liyoouais  comparés  aux  Milanais,  Voy.  Fraternité.—  Lyonnais , pre- 
miers prêsidens  au  parlement  de  Bourgogne  (  lettres  sur  trois  )  , 
par  M,  Cochard  ,  bull.  bibl* ,  VII ,  63, 
liyonnaises  dignes  de  mémoire.  Voy,  Bourges  (  Clémence  de  ) ,  Labé 
.    (  Louise  )  et  Montendre  (  Amélie  de  )•  •-  Dames  de  Lyon.  Voy. 
-  Gundling.  -—  Jeunes  filles  lyonnaises  ,  maladie  dont  elles  furent 
atteintes  en  i495.  Voy.  Maladie. 

Mabnl  (  M.  Alphonse  )•  Voy.  Annales  biographiques. 

Maladie  épidénûque  des  jeunes   filles   lyonnaises, en    149^1  VUI  > 

098-300. 
Mandelot  (  notice  sqr  François  de  )  ,  par  M.  Perîoaud  aîné  ,  VIII , 
348- 38o.  —    Lettre   relative  à   cette  notice  ^   par  M,  B,   C.  V, 
(  Chevalicr-Victorg)  ,  449'4^4*  ""  Erratum  pour  cette  notice ,  VIII 
,  jào*t  TT  Lion  (jue  Mandelot  fit  élever  pour  U  ville ,  VII ,  546-348, 
Manufactures  de  soieries  de  Lyon  (  extrait  d'un  mémoire  de  M.  Oza- 
nam  sur  les  )  ,    VII  ,    190-19?.  — *  Epoque  de  Tintroduotion   de 
ces  manufactures  à  Lyon ,  VIII  ,  ia9-i3a. 
Maria  {\e  docteur  }  ,  VII ,  3o3. 

Martial ,  sa  pièce  sur  un  tachygraphe,  imitée  en  firaaçais  par  plusieurs 
' pactes,  VII  ,  4^-463*' —  Autre   distique  da    même  ,    imité  en 
français  ,  VIII  ,    3 14. 
Martin  (  le   major-général  )  ,  poème   couronné   par    l'académie  de 
Lyoïi,  par  M.  F.-J.  lUbenis ,  VIII,  3ô8-37i,  —  Rapport  sur^e 
concours  ouvert  pour  l'éloge  de  Martin  ,    et  mémoire  sur  l'exéou* 
«  tioR  de  son  testament.  Voy,  Académie  roy,  de  Lyon. 
M<fclailles  d'encouragemenl  fondées  par  le  duc  de  Plaisance ,  a  dis- 
tribuer en  1827  (  rapport  sur  les }  >  par  H.   IVégny  1  bull.  bibl, 

•  y«.,  es.  ■ 


(  492) 

N&nget  ,  Vn ,  6<y63 ,   i54.i57  ,  3oi-3o9  ,  44i-466  ;  VH!  ,  4»^7  f 

i43>i.î9,   saS-aSa,    ogS-SSo  ,  4^8-470.   Mercier    de    Saiiit-Iw%er 

(  L'abbé  ).  Voy.  Imprimerie  lyonnaise.  Merle  (Le  )  et  le  rossignol  » 

fable,  par  M.  F.  Goîgnet,  VIII,  37i-37ft. 
Meygra  entreprisa»  Voy.  Arena. 
Milanais  compares  aux  Lyonnais.  Voy.  Fraternité. 
Minimes  (  place  des  ).  Voy.  Orme. 
Moirond  (M.  ).  Voy.  Société  roy.  d'agricnltare. 
Molière  à  Lyon  avec  sa  troupe  ,    VII ,    4o8'4<>9* 
Molière  ,  relieur  à  Lyon  ,   VIII ,   ii3-ii3. 
Monfalcon  (  M.  le  docteur  J.-B.  ).  Voy.  Statilégie. 
Mongez  (  M.  ).   VII ,   1 55.  Voy.  Girafe. 
Monnaies  des  églises  de  Lyon  et  de  Vienne  (  extrait  de  la  lettre  dt 

M.  Cochard  sur  des  )  ,  par  M.  Bottin  ,  buU.  bibl.  VII ,  67. 
Montconys  (  Gaspard  de  )  ,  VIII ,  i43. 
Monteil  (  M.  ).  Voy.  Lyon  au  l4-^  siècle. 

Montendre  (  notice  sur  Amélie  de)  ,  par  M.  Breghot ,  Vil,  i6o-4S7. 
Morel-Voleine  (  M.  Claude-Hélène  )  ,  sa  nécrologie  par  M.  Breghot , 

VIII ,    137-140  a   339.  Voy.  communautés  religieuses  ,    Députés  , 

Foires  et  Poudrière. 
Morella  (  notice  sur  Julienne  )  ,  extraite  d*un  mémoire  du  docteur 

CaWet,  par  M.  Breghot,  Vil ,  186-189.  —Addition  à  cette  notice, 

Vm ,  3oi. 
Monis   (  Thomas  )  ,  tableau   de    M.  Jacfpiaad  ,    art  signé  Z.  (  BL 

'Passeron  ) ,  VII ,  4^-4^ 

NeuTille  (  rarchetéque  de  Lyon ,  Camille  de  ) ,  sa  biUiothèqiie  « 

VIII,  148-149. 
Numismatique.  Voy.  Monnaies. 

Obsenratoire  de  Lyon.  Voy.  Eclipse. 
Origine  des  £trennf:s.  Voy.  Etrennes* 

Orme  planté  à  Lyon  sur  la  place  àeïï  Minimes  ^  art*  de  M  Breghot  ^ 
VU,  Î176.Î178. 

Parât  (  M.  ).  Voy.  Académie  roy.  de  Lyon. 
Parrelle  (  M.  ).  Voy.  Boileau. 

Passeron  (  M.  )•  Voy.  Boscary  ,  Charité  ,  Exposition  ,  Moms,  Re- 
tour de  chasse  et  Souvenirs. 
Peignot  (  M.  )  ,  VU  ,  3o4  ;   VIII ,  53. 
Pclzin  (  M.  M.-A.  ) ,  sa  nécrologie ,  par  M.  Breghot ,  VIII  f  xifi'i^w 


(  493  ) 

Pericaad  alnë  (  M.  ).  Voy.  Arioste  ^  Anger ,  Bibliothèque  de  Lyon , 

Blandelot  et  Proculus. 
Përiers  (  BonaTcnture  des  ).  Voy.  Hymnides. 
Petit-Jean  (Madame  ).  Voy.  Retour  de  chasse. 
Peyrë  (  M.  J.'F.-A.  )•  Voy.  Lois  des  Francs. 
Pliarmacie.  Voy.  Jugement  et  Societ«*  de  pharmacie* 
Pic  (  M.  F.-A.  ).  Voy.  Bichat  et  Propriété  littéraire* 
Pitrat  (  tour  )  ,    VIII ,    ao-ai  ,  38i-38a. 

Pliage  des  étoffes  de  soie  (  consultations  sur  l'arrêté  de  M.  le  préfet^ 
relatif  au  )  ,  bull.   bibl.  VII  ,   309.  —  Jugement  du  tribunal  de 
police  correctionnelle  de  Lyon  ,  397-399.  —  Arrêt  de  la  cour  de 
cassation  ,  VIII ,  168-159. 
Plotius  (Lucius  )  était-il  lyonnais?  VIII  ,  38-4 i* 
Poésies.  La  certitude  ,  épîgramme   en  latin  et  en  français  ,  VIII  ^ 
298.  ^»  Epîgramme  imitée  du  latin  de  Ménage  ,  par  M.  Breghot^ 
3 17.  —  Imitation  d*£.  Dolet,  par  le  même.  Voy.  Bory ,  FoorVièresi 
Martin ,  Merle  et  ^ers. 
Pomme  (  le  docteur  )  ,  VII  ,  3o3. 

Poudrière  de  Lyon  ,  art.  de  M.  Morel-Voleine  ^  VII ,    i83-i86» 
Poupar  (  M.  ).  Voy.  Horace. 
Précy  (  M.  de  ).  Voy,  Siège  de  Lyon. 

Proculus  ,  proclamé  empereur  à  Lyon  (  notice  snr  ) ,  par  M.  Peri- 

caudainé,  VII,  3oâ-3o8.  —  Addition  à  cette  notice,  VIII ,  5i-5a. 

Programmes.  Voy.  Académie  roy.  de  Lyon  et  Société  roy.  d'agricaU 

tnre. 
Propriété    littéraire  et  librairie  chex  les    anciens  (  dissertation  sut 

la  ) ,  par  M.  F.-A.  Pic  ,  VII ,    ikj^^  ,  et  bull.  bibl.  389. 
Prudhomme  ,  relieur  à  Lyon  ,  VIII ,    iia-ii3. 
Prunelle  (  M.  le  docteur  }.  Voy.  Société  roy.  d'agriculture. 

Rabanis  (  M.  F.-J.  ).  Voy.  Collège  et  Martin. 

Rabelais  (  François  )  ,  médecin  à  l'hôpital  de  Lyon  ,  note  de  M. 
Breghot ,   VII  ,  460  ;   VIII  ,  345.  Voy.  Hymnides. 

Recueil  des  sceaux  du  moyen  âge  (  Lettre  de  M.  C.-N.  Amanton  sur 
le),    VII,   34-36. 

Régnier  (  Mathurin  ).  Voy.  Brossette. 

Régny  (  M.  ).  Voy.  .Médailles  et  Siège  de  Lyon. 

Retour  de  chasse  (  le  )  ,  tableau  de  Madame  Petit'Jean  ,  et  la  Ti- 
reuse de  cartes ,  tableau  de  M.  Biard  ,  art.  de  M.  Z.  (  M.  Pas- 
seron  )  ,   VIII  ,   43-45. 

Rieussec  (  M.  Justinien  ).  Voy.  Cour  roy.  de  Lyon. 


(  494) 

tlorhebonne  (  famille  de  )  ,  Vlli  ,   3a4-3i5. 

Roman  de  la  Rose ,  ëditions  dccrites,  VII ,  391-391  ;  VIO,  âtS-3^ 

Rossary  (  M.)  ,  VIII  ,  i54-i55. 

Hoy  (  Guillaume  le  )  ,  premier  imprimeur  de  Lyon  ,  VIII,  îag. 

Roxier  (  l'abbc»)  ,  VIII,  3ii.  Nola.  La  maison  de  l'abbc'  Roûer 
n'était  paa  située  dans  la  rue  Nfyret  ,  comme  on  Ta  dit  par  mé- 
garde  en  cet  endroit  ;  elle  était  située  dans  ta  rue  Masson. 

Rues ,  places  et  quartiers  de  Lyon.  Voy.  Essais  historiques ,  et  les 
noms  des  rues  qui  se  trouvent  aux  leAres  A  et  B. 

Sablon  (  Antoine  du  }•   Voy.  Arena. 

Saillans  (^ Gaspard  de  ) ,  son  livre  imprimé  à  Lyon  en  1 569  et  dé* 
taiis  sur  sa  biographie  ,    VIII ,   ^6&^7o* 

Sermons  de  M.  l'abbé  Bonnevie  ,  bolh  bibh  VII ,  66« 

Serran  (  Edouard  ) ,    VIU  ,  ,^98. 

Sévigné  (  Madame  de  )  ,   maison  où  elle  a  logé  à  Lyon  en  1671 1 
VIII,  3a|-3a5« 

6iége  de  Lyon  en  1793  ,  lettre  de  M.  de  Précy  et  lettre  de  H. 
Régny  y  relative  ,  VII ,  38i-386. 

Smith  (  M.  )•  Voy.  Aperçu* 

Société  royale  d'agriculture  de  Lyon  ,  programme  des  prit  poar 
i8a8  ,  Vil ,  4o-4^*  ^-  Rapport  sur  l'emploi  de  différentes  charrues  ^ 
par  M.  Moiroud  ,  buU.  bibl.  Vil ,  6/\,  —  Autre  sur  un  concours 
pour  la  destruction  de  la  pyrale  de  la  vigne ,  par  M,  Fondras  , 
buU.  bible  65.  -^  Discours  sur  l'enseignement  de  l'agricultore , 
par  f\»  le  docteur  Prunelle  ,  bull.  bibl.  3ia-3i3«  —  Mémoires  de 
la  société  ,  bull.  bibl.  469.470* 
Société  d'encouragement  pour  l'industrie  nationale  ,  programme  de 

ses  prix  pour  1828  ,   1829  et  i83o,  bull.  bibl.  VIII ,  79. 
Société  de  médecine  de  Lyon  ,   sa  séance  publique  du  18  août  18^  , 

VIU,  470-473. 

Société  de  pharmacie  de  Lyon ,  mémoire  sor  les  abus  de  la  phar- 
macie ,  bull.  bibl.  VIII ,  7i'-7a.  —  9.*  édit.  bull.  bibl.  iSa* 
Voy.  Pharmacie. 

Socrate  ,  son  buste  au  musée  de  Lyon  ,  VIII ,  304-309. 

Soieries.  Voy.  Manufactures. 

Souchay  (  Catalogue  des  livres  de  M.  )  ,   bull.  bibl.  VII ,  Si3. 

Souvenirs  à  l'usage  des  Français  ,  par  M.  Z.  (M.  Passeron )  ,  bail, 
bibl.  VII ,  157. 

Spon  (Jacob).    Voy.  Etrennes. 

Statilégie  de  M.  de  Laffore  (  rapport  sur  la  ) ,  par  M.  le  docteur 
J.-B.  Monfaleon  ,   Vlil ,  354-277. 


(495) 

SlftliB^iqàe*  Voy,  commananUs  religien'sea  ,  Essais  historiques  ,  His-* 
toire  ,  Pouilrière  de  Lyon  ,  Vaise  ,   etc.  ,   et  les  noms  des  rues , 
places  et  qaar tiers  appartenant  aux  lettres  A  ci  B. 
Statuts     synodauiL   donnes   par    Mgr.  rarcheyâque   d'Amasici  ball4 

Ubl.  Vlil  ,    i5o. 
Sy  (  M.  le  marquis  de  )•  Vojé  Horace* 

1a&>a.Teau  (!M.  Henry).  Voy.  Enseignement  des  sciences  industrielles* 
Tables  de 'Claude  ,  VIII ,  5o3-5e^i. 
'ïaUru  (  famille  de  } ,   VU  ,   aSo-aSi. 
Taurobole  de  Lyon  ,   VIII  ,  5o3-3o6. 
Théâtres  de  Lyon  (  origine  des  )  ,  VII ,  4o6^4od. 
Tholosan  {  Jean  )  ^   VU  ,  4a3-4a5. 
Tour  Pitrat.   Voy.  Pitrat. 

TourreVle  (  M.  de  la)  ,    extrait  de  son  rapport  sur  une  jambe  de 
cheral  de  bronze  ,    etCé ,   par   M.   Bottin  ,  bull.  bibl.  VU  ,  67« 
—  Son   £xamen   des    conjectures  sur  Tincendie    de   Lyon  souS 
Kéron  ,   VIII ,    i73.ai4. 
Trëbonios  B.uffinus  t   dunmyir  à  Vienne  ,  VIII  t  4^~4^" 
Trëlis  (  M-  ).  Voy.  Arioste  (  L'  ). 

DsagcB  (  anciens  )  ,  VII  i    i5i-i54 ,  976^78  ;  VIII ,  49-5o« 

Vaise  (  statistique  de  la  paroisse  de  )  ,  en  1697  ,  VII ,   i^i-t^^* 
Verna  (  M.  Dauphin  de)  ,  VII ,    i58  ,   VIII ,  54-6o  ,  379. 
Vers  faits  deTant  l'Ile  Barbe ,   par  Mé  Camille  Boniver  ,  VII ,    ^oa* 
Soi.-^  Note  sur  un  vers  latin  relatif  à  Lyon  |    par  M«  C.-ff^ 
Amanton  ,  VIII ,  6o-634 
Victon    (  André  )  ,  VII  ,«17. 
Vielty  (  M.  )  >  VII ,   3o8-3o9* 
Voirie.  Voy.  Chemin  de  fer. 

Voltaire  ,  sa  lettre  à  Le  Tourneur  ^  VllI  f  32/2-335^ 
Willermoz  (  Pierre-Jacques  ,    Pierre«Claude-Catherine  et  Jean-Bap^ 
tistc  )  ,  VII  ,  «72-275. 

YouDg  (  Arthur  )•  Voy.  Lyon  en  17894 

Z.   (M.  Passeron).  Voy.  Boscary  ,   Charité';  Exposition  ^   Retour 
de  chasse  et  Souyenirs.