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ARCHIVES
DU DÉPARTÊMBNT DU RHONE.
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ARCHIVES
^lAoxkc^xves 'et Si^iidiiàue^
BU DÉPARTEMENT DU RHONE 5
yialûfâiyee^ ^ ce ^eÀar^fnenà.
Et pins est, palriaï facU rcfcrre, labor.
OviD. Trisi, II , 3a3.
TOME vn.
vu 1.^ jrOVEHBRB 1827 ^^ 3o AVBIL 1828,
Lyon,
J. IL BA]IR£T , IMPRIMETTR-LIBRAIRE, PALAIS DES ARTS ,
!!•■« ▼.« BlfiKEAV , RUE ST-DOtflNIQUE ;
PARIS ,
M."" HUZAltD , LIBRAIRE , RUE DE L*ÉPERON , N.^ 7 ,
AVDIN , LIBRAIRE , QUAI DES AUGUSTINS*
M. DCCC. XXVII.
T,i.^'i,ià
HARVARD COLLCOC UtIMRY
F. C. LOWELL PUNO
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ARCHIVES
i^iâtûïiaucd et ôlatiétiaueié
BU BÉPAATEMERT DU BHONE.
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CONSEIL GENERAL DU DEPARTEMENT.
kSXÉQit TSQ nOCÈS-YBRBAL DES DÉLIBÉBATIOl» DB Là*
SESSION IU^;l8a7.
EfL éxecution de l'ordonnance royale du 27 juin. 18279
et ensuite des lettres de convocation individuelle de M. lé
jiréfet 9 Je^conseil-g^n^ral du département du Rhône ^
compose de MM. G. de Savaron 9 Pavy , le vicomte de
St-Trîvîer, Delaroche-Lucarelle , deVarax, le baron
Ramliaud, Desprez, le marquis d'AIbon , Prunelle,
Mottet de Gërando ,. Baboin de la BaroUière, le comte de
Laurencin , Noihac , Orsel aine et Desarbres , s^est réuni
le 16 août, dans une des salles de Thôtel de la préfec-
ture , pour sa session annuelle , sous îa présidence dé
M. G* de Savaron , doyen d'âge ; M. Orsel remplissant
comme le plus jeune , les fonctions de secrétaire.
Sur. Uinvitation de M. le président , le conseil s*jest
occupé de là formation de son bureau définitif, iu
second tour de scrutin , M. de Savaron ayant obtenu la
majorité' des suffrages , a été reconnu pour président
( 6 )
dëfinitif. On a passé ensuite à la nomination du secrë-^
taire, et M. Desarbres , qui a obtenu la majoriië ai/
premier tour de scrutin , a étë nommé.
L*assembiée étant œnstituée , M. le président a noznr'
mé une députation de trois membres pour en aller
prévenir M. le préfet. Arrivé dans la salle du conseil , î
ce magistrat a prononcé un discours dans lequel il a fait i
connaître la situation actuelle du département , ses be— i
soins et ses ressources et les diiférens objets sur lesquels ^
il invitait le conseil à méditer et à donner son avis (i).
M. • le préfet s'étant retiré j le conseil-général , afin de
hâter Texamen des affaires , a arrêté la formation de trois
commissions , la première , sous le nom de commission
des finances ^ la seconde , sous celui à'atiliié publique , la
troisième, sous celui de commission mixte ^ et la quatrième,
sous celui de commission spéciale. Cette dernière était
chargée de l'examen d'un projet de code sur la pèche des
rii^ières , communiqué par le gouvernement. Les com-
missions formées , les diiférens rapports de Rft le préfet ,
et les pièces dont ils étaient suivis , ont été répartis
entre les quatre commissions. Telles ont été les opéra-
tions de la PREMIÈHE SÉANCE.
Dans la S£coia)£ séance , 21 août 1827, le conseil-
général , après avoir entendu le rapport fait par un de.
ses membres, au nom de la commission des finances ^
sur les comptes présentés par M. le préfet , de sa gestion
financière, a pris divers arrêtés pour approuver l'affec-
tation de certaines sommes au budget des dépenses va-
riables 9 pour donner à d'autres sommes des affectations
(i) Ce discoars a étë iiisérë dans notre recueil, tom. VI,
pag. 288 et suiy.
(7)
■utiles, oa pour prier M. le prëfet de youloir bien
asaveier ses instances auprès de S. Exe. le ministre
i rintérieur , à Teffet d'obtenir la rëintëgration au
jdiget supplànenlaire variable de 1827, ou au budget
«lîa^de de 1828 , d*une scMnme de 65000 fr. , distraite
mÀ à propos du budget de 1825. Passant ensuite aux
oenptes rendus sur les budgets de 1826, le conseil a
arrêté d^une manière générale :
\P Que la recette du budget des dépenses variables
du département , s'ëtant élevée à • . 5 10,95 2 f. o5 c.
Etia dépense à 5i4,852 oS
dont 5o4,684 fr. 61 c. , ont été acquittés
et 109167 f« 44 c. restent encore à man-
dater , il en résultait un excédant de dé-
pense de • . * 3,900
2.^ Que cet excédant de dépense serait porté au cha*»
pAt^ \^ ^ voiLlul Dei/es d^pariemeniales de Texercice
1828;
3.^ Que le budget des centimes facultatifs se trouvait
fixé, tant au débit qu*au crédit^ à la somme de 1 33,943 f»
98 c 9 dont il a été payé seulement j3o,o35 f. 09 c. y
et qu'il restait encore 3,908 f. 89 c. à mandater ;
4«^ ^e les allocations consenties et qui n'avaient
ps encore été mandatées, tant sur le budget des dépenses
Taiiables que sur celui des centimes facultatifs , mon-
tant ensemble à 149^76 fr. 33 c. , étaient maintenues ^
et que M. Je préfet était invité à en présenter la liquida*
âon , Ion de la prochaine session ;
5.<> Enfin que les comptes 'de 1826 étaient reconnus,
JBSIes.
Après cette opération , M. le président a fait prévenir.
(8)
M. le préfet de la réunion du œnseil en séance g^n^*
raie, el ce magbtrat étant présent ^ le conseil-gënërai
délibérant sur différentes propositions faites au nom A
U commission des finances^ a voté une somme de 4^0 f<
pour subvenir aux menues dépenses du tribunal de com-
merce de Villefranche , en remplaœment de celle qui lui
avait été précédemment allouée ; nais il a rejetë la de-^
mande d*une somme de 2,5oo fr., faite par le conseil
de cet arrondis^menjt , pour lameublemenjt de la salle
où il tient ses^ lances. Une autre demande de bqo fr* j
faite par le conseil d'arrondissement de Villefranche ^
pour diverses réparations, reconnues indispensables 9 a
été pareillement accordée. Le conseil-général a adopte
la proposition faite par un de ses membres , au nom
4e la commission susdite , de recommander à S. Exc^
le ministre de Tintérieur Timporlant établissement de
Vécole vétérinaire 9 pour lequel le département se trour
vait dans rîmpossibîlité de voter de nouveaux fonds ; il
a alloué une somme de i ,200 fr. , depiandée par M. le
procureur-général près la Cour royale de Lyon , pout
la continuation du travail entrepris aux archives de la
cour : statuant sur la demande de la commune d'Am-
puis , il a reconnu qu'il y avait lieu d'établii; itois foires
dans cette commune , la première le 23 janvier , la
seconde le 20 mai et la troisième le 9 septembjre de
.chaque année, avec la condition que lorsque ces époques
tomberont un jour férié , la foire sera renvoyé^ au len-
demain ; statuant également sur la demande de la corn-:
mune de Ste-Colombe , il ^ émis le vœu que les quatre
foires de cette commune fussent fixées , la première , au
5 février , jour de S.te Agathe ; la seconde , au 4 avril ,
jour de S. Ambroise; la troisième, au 14 juillet, jour de
(9.)
^flaoaventure , et la quatrième , au 5 novembre , le
Mwfj^^^^ de St— Charles. Enfin , dans cette séance , le
jssal'général , après avoir entendu Tun des membres de
b commission A^uiiliié publique , sur les traités passés
f&a rendre à la ville de Lyon l'église et ses dépen-
èmces de Vancien couvent des Cordellers de TObser*
wice ^ dont la ville se propose de faire une maison de
oorreddon pour les jeunes gens insoumis à leurs parens^
til sur les dbangemens que ces dispositions apporteront
au service de la pépinière départementale et à Técole
wtmnaire , a donne son approbation au traité passé le
3 îoilkt 1827 , entre M. le préfet et M. le maire de
Lyon , en émettagit cependant le vœu que Tariicle 7 du*
dit traité , relatif à la cour commune entre la pépinière
€i rétablissement projeté , soit supprimé 9 quant à la
partie seulement qui stipule que la sen>iiude imposée
Voédfc cmir^ au profit du département ^ cessera au mo-^
jauni où la pépimère jb( exister ait plus ^ et où il ffy jurait
pas éTauire étaUissement public dans le même local.
Dans la teoisième séance , 22 août 1827 , la com^
mission des finances a fait connaître au conseil , par
Torgane d*un de ses membres , la situation de l'œuvre
des eniàns trouvés^ Il résulte des états mis sous les yeux
in conseil-général par M. le préfet ,
i.^ Que le nombre des enfans trouvés et abandonnés ^
présens à la Charité au 3 1 décembre 1826, était; de 8,o37
tandis qu'il nVtait au 3i décembre 1825 , que de 7544
Ce gui présente une augmentation de . • • 49$
2.^ Que la dépense de Fœuvre, pendant Tannée 1826,
a été de 7ia,633 fr.goc»
( 10 )
D'où dÀluIsant les ressources assu-
rées par des secours étrangers aux
revenus de Thospice , et qui se sont
élevées à 2i2jj8g 70
Il se trouve qu*il est resté à la charge
de rhospice, pour 1826 5oo,444 fr. 20 c.
Somme qui excède de 54^041 fr. 16 c. la dépense faite
en 1825.
Le conseil , considérant que cette différence , entre les
deux années , ne saurait être imputée à une gestion trop
dispendieuse pendant la dernière , puisque la journée
des enfans placés au-dehors ne coûte que 18 c. 009 m.
et celle de Tintérieur que i fr. Sg c. , comme en 1825 ^
qu'elle ne peut pas être attribuée non plus à l'abandon
ou à l'exposition d'un plus grand nombre d'enfans pen-
dant l'année 1826, puisque l'accroissement de l'oeuvre ,
depuis six ans, est de 3,i34 individus , et que les ré-
ceptions , pendant ce laps de temps , n'entrent dans le
nombre que pour 389 , déduction faite de la moiialitë
relative ; que c'est donc dans les améliorations impor-
tantes , apportées successivement à ce service , et qui ont
conservé la vie a un plus grand nombre d'enfans , qu'il
faut chercher la véritable cause de cet accroissement ;
que le fait est prouvé par la proportion des décès avec
les expositions pendant les sept dernières années , pro-
portion qui a toujours été décroissante ; que cette amé-
lioration importante est due à la vigilance et au dévoue-
ment que ne cessent de mettre MM. les administrateurs
dans leurs intéressantes fonctions ; considérant , d un
autre côté, que le nombre des enfans appartenant aux
départemens voisins , et qui sont envoyés à la Charité
( II )
èlyon , s* est accru par les faciliufs des communica-
ins ; que <, pour interdire aux enfans étrangers au de-
Bffement du Rhône , Tentrée de la Charitë , il faudrait
/ooToir les reconnaître ^ ce qui est impossible sans une
iftvestigalion rigoureuse qui pourrait amener des infan-
todes ; qu'il existe au trësor de Tëtat un fonds de
caiimes ccuiraUsés ^ connu sous le nom àe fonds com^
mun , ^ destiné à venir au secours des dëpartemens
dont \es charges , accrues par les dépenses que d*autres
dëpartemens leur imposent , dépassent les ressources, que
la répartition en est faite dans cet esprit par S. Ex. le
ministre de Vintërieur ; que le déparlement du Rhône
est compris chaque année dans cette répartition , pour
une somme de 300,000 fr. , sur laquelle le département
prélève les 1 75,000 fr. qu'il donne pour les enfans
trouvés et abandonnés ; que cette somme de 3oo,ooo fr.
est la même depuis plusieurs années , quoique Taccrois-.
semenY gèi^rà &e Va population soit toujours allé en
iugmenUuit ; que fes hôpitaux de Lyon surpassent en
fconomîe ceux de Paris , où le prix de la journée des
en&ns est de 299 m. , tandis qu*il n*est à Lyon que
de 236 m. ; que l'administration des hôpitaux de Lyon
Ville contre l'augmentation de sa dépense ; que les soins
donnés par elle aux enfans qu'elle recueille, en dimi-
naent beaucoup la mortalité , et que cette mortalité
moindre est une des causes de la plus grande dépense
fnt a Heu depuis quelques années ; que ce résultat si
ntisfaisant pour d'humanité, si honorable pour ceux qui
i'onl obtenu , doit exciter tout l'intérêt du gouvernement;
considérant enfin que jusqu'à ce que le gouvernement
lui ait fût une part plus large dans le fonds commun ,
k ^parlement ne peut absoluiàent augmenter sa part
( 12 )
contributÎTe k la dépense des enfans trouvés et abaii.^
donnés , a émis le vœu suivant :
Aat. I.*' Une somme de 175,000 fr. sera portée
dans les budgets des dépenses variables de Texercice
1828 9 pour Tœuvre des enfans trouvés et abandonnes.
ÂAT* 2. S. Exe. le ministre de Tintérieur est instam-
ment priée d'augmenter Tallocation faite au départemenjt
du Rhône , dans le fonds commun y afin de le mettre à
même d'accorder une plus forte allocation à Uœuvre des
enfans trouvés et abandonnés.
ÂAT. 3. Les suites è donner à cette réclamation sont
particulièrement recommandées à la bienveillante solli-
dtude de M. le préfet.
Sur le rapport fait par un de ses membres , au nom
de la commission mixte , relativement à la distribution
£adte par M. le préfet ^ des fonds mis & sa disposition y
comme secoui*s pour incendies , épizooties , intempéries y
remises et' modérations , le conseil-général a donné son
approbation À la répartition faite par M. le préfet, des
sommes mises à sa disposition pour ces diiférens objets^
Le conseil*général a^ pareillement arrêté , sur la propo-
sition faite par un de ses. membres , au nom de la même
commission 9 qu'une somme de 60,000 fr. , restant à
payer par la ville au département , aux termes du traité
relatif à l'échange de la caserne de la gendarmerie ,
serait portée en recette extraordinaire au budget des. dé-
penses variables de l'exercice 1828 ,, et qu'il serait porté
au même budget une allocation de semblable somm^ de
60,000 fr. ,• affectée aux travsiux de construction de la
\
( i3)
«fdk caserne. Ijc conseil-gënéral a encore yoté VsX*
haàaa , au budget des dépenses de l'exercice i8a8 ,
i&t ^mme de 3,367 ^^' ^^ Cm formant le solde du
aBbngeni départemental à la dépense totale , faite pour
b cesUoraiîon de la statue équestre de Louis XIV, sur
bfiace Bellecaur. Suivant Tétat justifié , présenté par
M. le pTé£^ , les dépenses relatives à ce beau monument
se sot\l âevées à la somme de 54i)S5i fn 25 c, dont
ks àeux tiers s* élevant à 36i,o34 fr. 17 c étaient à la
àiaig^ iu, département. Le conseil-général a terminé sa
séaoat en votant des remercimens à M. le préfet pour
la communication qu'il a bien voulu lui faire de son
rapport sur Texposilion des produits industriels du dé-^
partement, rapport qui prouve autant en faveur du zèle
de l'administrateur 9 qu'en faveur de l'adresse et de l'in*
telligence de nos manufacturiers.
I^«S4S> ^A. ^^vjc^^iacË dÉ/iKCB, 94 août 1827^ M. lé
présîdenf a hit prévenir M. le préfet de la réunion du
œaseil en séance générale , et ce magistrat étant pré-
sent , le conseil-général , après avoir entendu l'un dé
ses membres , parlant au nom de la commission d'utilité
publique , a proposé de renvoyer à une autre ^esisioU
ia demande formée de transporter , dans une autre com-^
aune, le chef-lieu du canton de Limonestt cette pro-
psition a été adoptée. Au nom de la commission des
fiioaces , on membre a communiqué au conseil une de-
mande de M. le maire de la commune de St-Laurent-'
de-Cfaamousset , en redressement d*erreurs qui auraient
eo lieu dans l'application de l'impÂt des portes et fenê^
(resi 1^ conseil , considérant que les allégations da
ttire de Saint-Laurent-de-Chamousset ne pouvaient être
( 14 ) ,
)ust!(iëes que par un recensement nouveau ^ ajourne à faire
droit à ladite demandé jusqu*à l*an prochain , époque à"
laquelle ce recensement devra être mis sous ses yeux ,
avec les observations contradictoires de M. le maire et
de M. le directeur des contributions directes. Au nom
de la même commission , le même membre a fait uri
rapport sur une nouvelle fixalion du prix de la journée ^
de tra\?aU^ pour l'assiette de la contribution personnelle •
dans l'arrondissement de Lyon : le conseil , considërant '
qu'il est en elFet conforme à l'équité de fixer le prix de '
la journée de travail , dans clmque commune , dans une
proportion 'analogue aux facultés du pays , et que le ta— <
bleau soumis par M. le préfet , remplit ce but , à quel-
ques exceptions près , a donné son assentiment au projet
de fixation nouvelle, et a émis le vœu qu'elle fût adoptée.
Le même rapporteur, au nom de la commission mixte y
a fait connaître au conseil la suite des travaux et cons-
tructions de l'hôtel de la préfecture : le conseil-général ,
après avoir reconnu que les améliorations faites à ces
constructions , ont produit un ensemble plus satisfaisant ,
considérant qu'aux yeux de tout homme de goût , les
réformes opérées embellissent notablement un établisse-
ment que la ville de Lyon peut placer au premier rang
de ceux qu'elle possède , s'est empressé d'adopter l'allo-
cation proposée par M. le préfet, d'une somme de'
28,000 fr., et il a émis en outre le vœu qu'il soit ou-
vert un crédit de 40,000 fr. pour Tan 1828, afin de
subvenir aux dépenses de ce monument , dont les frais
prévus s'élèvent à 57,3o7 fr. 35 c, de telle sorte qu'il
ne restera plus que 17,307 fr. 35 c. pour l'an 182g.
Un membre de la commission mixte a fait ensuite un
rapport au conseil sur les contributions que les com-
( i5 )
sont dans la nécessite de s'imposer pour faire face
iiiTS dépenses indispensables , sur le mode de comp-
acté auquel elles sont assujetties , et sur les secours
f'dles peuvent être dans le cas de fournir aux curés ,
nres et autres ec<:lésiastiques qui desservent les pâ-
laisses; le conseil «-général a émis le vœu:
i.^ Que le gouvernement soit supplié de permettre
fs'apres que les conseils municipaux , réunis aux plus
imposés, auront reconnu la nécessité des dépensés qui
doîveiit être couvertes par un subside extraordinaire , et
en rrm spédfié la nature, ledit subside continuera jus*
fii'à ce que les causes qui Tont créé aient cessé ;
2.* Que les communes dont les budgets et comptes se
règlent définitivement aux préfectures , soient dispensées
Jes Ibnnalités multipliées et presqu'impossibles à remplir
par ces administrations ;
^.^ Que les ecclésiastiques et desservans reçoivent du
gouvernement Vjoâeomité qui leur est due pour leurs
Smciions,
Au nom de la commission des finances , un membre
a donné connaissance au conseil des réclamations des
communes des deux arrbndissemens , a\i sujet de la ré-
partition de \ impôt foncier : le conseil-général , sur le
npport de M- le préfet , a renvoyé , jusqu'à la session
prodiaine, à prononcer sur les réclamations des villes
et ^ communes de Tarrondissement de Lyon ; et en ce
fui concerne les réclamations , au nombre de trois , qui
OQt é\é soumises au conseil d*arrondissement de Ville-
firaDche 9 le conseil-général a renvoyé pareillement , jus-
fa'à Vannée prochaine , à prononcer sur la demande de
Jc^ement formée par M. le maire de Villefranche ,
et il a maintenu les conlingens de 27,463 fn et de
( i6 )
3,000 fr. que doivent supporter la ville de Tarare et l<
commune de Vaux. La commission mixte a entreteni
le conseil , par l'organe d*un de ses membres , des ira*
vaux suivis pour la construction d'une nouvelle prison
dans la presqu'île Perrache , en remplacement de cell<
de St'Joseph ; le conseil-g^nëral , après diiF(^rentes con-
sidërations sur les plans présentes par M. Baltard , ar-^
chitecte, et sur ceux qui leur ont étë substitues par If
consejl des l>âtimens civils , a décidé que , par la (>rë-:
sente délibération , il entendait exprimer formellement
la peine vive qu'il ressentait de ce que les projets
adoptés par lui avaient été réjetés sans motifs suffisaiis ;
que l'attention de Nf • le préfet serait appelée sur la fbircë
des mûrs, qui ne présentent que quatre-vingts centimètres
d'épaisseur en fondations et cinquante hors de terre ,
dimensions qui sont celles des murs les plus faibles des
habitations privées , et il a arrêté en outre que les
5o,ooo fr. qui restent dus par la yîlle , sur le prix du
terrain de la Ferraiière ^ seront portés en recette au
budget des dépenses variables de l'exercice 1 828 : lé
même rapporteur a fait connaître la situation des tra-
vaux pour la construction d'un nouveau palais de jus^
iice ; le conscM , après différentes considérations , a ar-
rêté que des remercimens seraient adressés à M. le préfet
pour tes progrès qu^a faib cette aAaire depuis la dernière
session ; qu'en acquiesçant à la proposition de S. £x. le
ministre de l'intérieur , de renvoyer le règlement défi-
nitif des parts contributives du gouvernement , du dé-
partement et de la ville , jusqu'à l'époque où l'adoption
des plans et devis du palais de justice et de la prison de
Roanne aura fait connaître la quotité de la dépense gé-
nérale 9 il se réservait expressément la faculté de faire
(17)
alors tous les droits du dëpartement ; qu^une
de 100,000 fr. est allouëe sur le budget des de-
▼ariablefs et facnltatives de 1828, pour être ap-
litpie aux dépenses de constructions ou achats de
■ifions , et que ladite somme viendra en déduction du
ontingenl qui sera attribué au département dans la dé-
peise générale ; que S. Ëxc. le ministre de Tintérieur
sera pnêe de fournir , pour 1828 , une allocation de
i8B,poo fr. sur les fonds généraux avec la même desti-
nation ; enfin , qu'il serait demandé que tous les projets
et devis en-voyés au concours , lui fussent communiqués
officiellement avant d'être soumis au jugement du con-
seil des bàtîmens civils , et qu'ils fussent tous remis de
Booveau sous ses yeux, après que ce conseil aura fait
son choix , avec l'exposé des motifs qui l'auront déter-
flûné , a&n que leur exécution ne commence pas avant
cg», \e «93c>fiié&r^^nl aii fait entendre ses dernières
observations faut dans l'intérêt *du département que dans
celui Je là ville.
Au nom de la commission duUlHé publique , un mem^
breailonnë connaissance au conseil des travaux exécutés
par MM. les ingénieurs des ponts et chaussées , sur les
routes royales ^ et ceux dont l'exécution est préparée :
kcoBseil-gënéral, considérant que , pour faire cesser les
imgers et Vincomitaodité de la circulatioù, il importait de
Cenniner les ponts d'OuUins et de Briguais , et d'élargir
le poot de la Gnillotière , de rectifier la traverse d* Anse ,
et sortoat d'établir la nouvelle route de l'Arbresle ; que
le pont de la Mulatière , passage l'un des plus importans
et des plus fréquentés du royaume , se trouve dans un
étal {nrt mquiëtant pour le présent comme pour l'avenir;
que It pont suspendu , élevé par les entrepreneurs du
Tome FIL ^
( i8 )
chemin de fer , pour leur usage particulier , est prëpart
de manière à pouvoir offrir :Un passage au public ; qu'il
est permis de douter si Ton peut raisonnablement confier
à ce système de suspension , et la totalité des approvision-
nemens de houille de la ville , et le passage des in-
nombrables voitures de transport et de voyage qui
couvrent constamment cette route; que le seul convoi
des chars du chemin de fer pèsera 60 milliers , et que
Taction d*un tel poids ^ jointe à Toxidation graduelle de
la matière employée à ce pont , sont de nature à faire
penser que toutes les épreuves d*une surcharge préalable
Il louverture du pont au public , ne sauraient prévenir
un malheur ; que la cessation subite des différens ser-
vices qui ont lieu par le chemin de la Mulatière , serait
une calamité véritable pour la ville de Lyon , pour celles
de St-Etienne , St-Chamond , Rive-de-Gier , et pour
toute la banlieue ; considérant enfin que d'après lopi—
nioa de M. le directeur général des ponts et chaussées ,
un pont établi à neuf produirait encore 4^9000 fr. de
péage , et pourrait facilement se réaliser au moyen d'une
subvention de la ville et du département , a émis les
voeux suivans :
1.^ S. Exe. le nïÎQistre de l'intérieur est priée d*affecter
au budget de 1828 , pour le service des ponts et chaus-
sées, dans le .département du Rhône , line somme
de 335,000 fr. 9 dont 19,000 fr. pour travaux d'entre—
tien , réparations , etc. , et 1 4^,000 f. pour travaux neufsé
2.® M. le préfet est invité à porter une surveillance
spéciale et sévère sur la confection des ponts suspindus
établis dans le départagent par des compagnies parti-
culières.
( 19)
5fi M. le prëfet est prie de rechercher tous les
feoyens possibles d'obtenir , par une combinaison quel-
conque , que le passage de la l^ulatière , en ce qui con-
cerne le public 9 ne soit pas livre aux éventualités du
succès de la suspension , mais établi sur un pont en
pierres. *
4.^ M. le préfet est encore prié de prendre toutes les
mesures nécessaires pour que M. le directeur général des
poiits et chaussées fasse procéder au plutôt à la rédaction
d^un projet d'adouci^ement des pentes de la route royale
dans la traversée de la ville de Villefiranche*
Au nom de la même commission , un membre a fait
connaître au conseil les travaux de navigation entrepris
et suivis dans le département ^ et ceux qu*il est instant
de contTffuer. Lé conseil-^général considérant qtie les
villes de Lyon et de la Guiliotîère ont fait jusqu'à ce
iont , et se. disposent à faire des sacrifices Considérables
pour concourir à l'exécution de ces travaux d'^on Intérêt
général ; que Tentreprise relative à la défense générale
de la rive gauche du Rhône est enfin engagée sérieuse-
ment j et promet une issue rapprochée ; que le creuse-
ment du lit de la Saône est une opération d*un haut
intérêt pour le commerce et Tàgriculture , a émis les
vœux ci^après :
r.^ Son Exe. le ministre de Tîntérieur est priée d'affec-
ter sur les fonds généraux du budget de i8'a8, pour
les travaux de navigation dans le département du Rhône,
une somme de 33o francs.
2.^ M. le préfet est remercié du aèle qu'il a mis à '
provoquer la mission de M. de Prony , pour la recherche
des moyens de préservation de la rive gauche du Rhône ;
■ ( 20 )
il est priié de poursuivre avec la même activité la mise en
ceuvre au système qui sera adopté à ce sujet , et de pro-
curer à la navigation de la Saône la sûreté et la conti-
nuité qui lui manquent. ^
Dans la civqvikmL sb^ce , ^5 août 1827 , M. le
président a fait prévenir m. le préfet , et ce magistrat
étant présent , le conseil a entendu un rapport fait au
Qom de la commission mixte sur Tétat des routes dépar*
tementales , et sur les travaux à y entreprendre ou à y
continuer. Le conseil a arrêté qu*il y avait lieu d*ap-
prouver Temploi des fonds de 1826 , ainsi que la desti-
nation de ceux qui ont été alloués pour 1827 , et qu'il
serait porté au budget des dépenses variables et facul^
tatives de 1828 une somme de ii5,ooo francs , confor-
mément à la proposition de M. le préfet. Au nom de la
/nême commission , ^un membre entretient le conseil des
opérations suivies du cadastre , et du besoin 9 pour sa
continuation , d*un vote d*impût en rapport . avec les
frais exigés. Le conseil , considérant que les travaux de
celte grande et utile opération ne seront point ralentis
en 1828 , si, pour cette année, on ajoute la somme
de 3i,5oo francs, a émis le vœu que pour 1828 il ne
soit tiré qu'un centime et demi additionnel â la contri-
bution foncière , pour continuer le cadastre»
Au nom de la commisshn des finances , il a été donné
communication au conseil d*un état présentant les pro-
duits des impôts directs et indirects qui pèsent sur lé
département. Comparaison faite des produits des admi-
nistrations financières dans le département pendant les
années 1825 et 1826 , il est établi que les produits de
la loterie^ qui avaient été en 1825 de 388,277 francs p
( 21 )
se sont ëlevës en 1826a 528,400 francs^ ce qui prë—
u^une augmentation de 140,123 francs ; c'èst-à-(Kre ^
èpltts d'un fiers en sus, tandis qu'au même moment
k contributions indirectes ont diminué de 190,000 fr.
flir 6,r37,5i2 ff. en 1826. L'observation d'un tel fait
o'a pas manqué de reporter l'attention du conseil-général
SOT les conséquences de l'impôt de la loterie ; mais
n^osant se flatter d'être plus tieureux que ceux qui l'ont
devancé dans une honorable prétention contre l'immora-
lité et les dangers de cette sorte d'impôt , il s'est borné
à combattre l'établissement de la loterie en France , pat
des considérations toutes particulières à la population
lyonnaise , il a émis 4e vceu qu'au moins la roue établie
à Lyon fût supprimée et le nombre dès bureaux dimi-
nué ; que ceux qui seraient maintenus fussent éloignés,
des quartiers de la yitle habités par lès ouvriers de la
&brique d^étoffes de soie ; enfin que la loterie n'eût ,
comme a\ilre(o\s , qu'une seule roue à Paris , avec deux,
ârages seutèment' par mois. Au nom de la commission
à^Hiié puUique , un membre a donné connaissance au
conseil d'un rapport de M. lé préfet sur- le reauiemeni^
lequel a lieu partout sans difficulté ; le conseil-générale
a émis le yceu que le gouvernement pût pourvoir au
* remplacement , pour le service militaire , dés jeunes gen5
que leurs habitudes , leur goût , leurs études en . éloi-
gnent , ce qui parait devoir fournir une ressource pour,
assurer aux militaires qui auraient p^ssé leur vie dan&
les corps, des secours lorsqu'ils rentreront dans leurs
âmilles. Au nom de là même commission , un membre
a iait connaître te rapport de M. le préfet sur l'état des
chemins çicinaux ^ et le besoin de réparations. qu'exige
la plupart de ces communications ; le conseil a pareil-^
( 22 )
lement entendu la même commission sur une proposition:
de M. le préfet , tendante à faire revivre rinstitution:
des commissaires - inspecteurs des chemins vicinaux j à
crëer par arrondissement , une commission composée dç*
deux membres du conseil général et de deux membrea:
du conseil d'arrondissement ; à noamier un commissaire- ^
voyer par commune. Le conseil, reconnaissant que les,
effets de la loi du 28 juillet 1824 ont été jusqu'à pré—. :
sent bien insuffisans , a émis le vœu que ces différentes,
mesures fussent réalisées le plus promptement possible ,
désirant en outre que les lois et règlemens sur la voirie
urbaine fussent applicables à la voirie rurale.
IV^. le président donne communication au conseil
d'une lettre qui lui est adressée de Tulle , relativement
à la demande d'une malle-poste^ à établir entre Bordeaux
et Lyon et passant pai: St-Étienne :. le conseil-général ,
considérant que la correspondance soiofifre par les moyens
employés jusqu'ici, éf qu'il s'ensuit des lenteurs nuisi-^
blés aux opérations du commerce } que l'établissement
d'une correspondance directe entre Lyon et Bordeaux 9
ne saurait être que favorable aux relations de ces deux
grandes cités , a émis le vœu qu'un service direct de
malles - postes fût établi par le gouvernement sur la
route de Lyon à Bordeaux. Au nom de la commission ■
d*utiliié publique , un membre a fait connaître au con^
seil-général la demande de la création d'un canton, dans
l'arrondissement de Yillefranche , dont 1^ commune
d'Amplepuis serait le chef-lieu : le conseil , considérant
que les conseils municipaux de. Thisy, de Tarare, de
St-Appollinaire et de St Just d'Avray , s'opposent à l'é-
rection demandée ; que les motifs exposés par la comt
mune d'Amplepuis et par les communes de St-Jean-:
( '23 )
U^e , de Cublîze et de Ronna , n'ëtablissaîent pas
ifitâice d'an intérêt public assez capital , a ëté d'avis
Kofle d^nande fût ajournée.
Il noia de la commission des finances , un membre
I tà, un rapport au conseil sur le montant des contri-
ktîoDs foncière , personnelle et mobilière , et portes et
fcaaRS imposées sur le département; le conseil a arrêté
fK \c contingent du département , dans la contribution
Jimcîère d dms la contribution personnelle et mobilière^
serait i^, pour 1828 , ainsi qu'ail suit :
Contribution foncière.
Principal et accessoires. . . . a,949>664 F* 45 c*.
A répartir , savoir :
Arronàissemeid ût Lyon.
^v^sse^ i,5a5,oi6f.5oc
10 c. sans affscl^on. •
iQ^. p. déf. £ies et rariab.
a c. p. non-Takw» . . 3o,46o 55 J2,i59;837f.96e.
5 c p. la prison . . • 45*690
5 c. iacuhatifs. . • • 76»' 5o
1 c. i/a p. le cadastre . 22 fi^
Arrondissement de VûUfranche.
Pri&cipal. .... ^ 576,589 f,
10 c. sans aflTéctation. . 57,658 90
i9c.p.iép.6xesetTariab. io9,5i5 91
2 c. p. non-valeurs . . n ,5aT 78 J' 809,826 f. 54 «?•
3 c. p. h prison . . • 179^9* 67
5 c, fecaltatifs. . . . «8^819 45
i e. i/ï p- le Cadastre . 8,645 85
•••■^ —
Somme pareille. . .. . a,949î664f*4S c,
. . . i,5a5,oi6f.5oC\
ËoD. . i52,5oi 65 I
trariab. 2^9,575 10 I
UT» . . 5o,46o 55 )2,i 59:837 f.
( 24 )
Coniribution personnelle et mobilière*
Principal et accessoires, .... * 7775010 fc
A répartir, savoirs
Arrondissement de Lypn*^
Principal. • 4^ . • . 4479)^56 f.
10^. sans affectation • . 4497^? 60
igc.p. dëp. fixes et yariab. SS^oSS ^4 « /.
2C. p.non-valenrs . . 8,956 72 j* 620,49^ f- o4
3 c. p. la prison . . • x 5,4^5 08
5 c. facultatifs • • • • 22,591 80
Arrondissement, de Villefranche.
Poncipal. • • . . . 1 1.1,164 f>
10 c. sans affectation . • 11,116 l\o
i^c.p.dëp. fixesetvariab. 21,121 ^^ , ^^
2 c. p. nons-valeufs • . • 2,2a5 28 ^ io4j^'7 9"
3 c. p. la prison • • • 3354 92
5 c. fkicnitatifs .... 5^556 20
Somme pareille . . . 7779O1Q f.
Au. nom de la même commission , un membre a com-
muniqué au conseil-général les demandes de deux veuves.
d*employés daùs les bureaux de la préfecture , lesquelles
sollicitaient une part du secours que recevaient du dé-
partement leurs maris défunts; le conseil a arrêté que
la demande de la. première ne pouvait être accueillie ,
attendu que la somme annuelle de 1,200 fr. qui avait été
accordée à son mari , était moins un secours qu'une ré-
munération temporaire pour ses longs services , et que
cette veuve n* était pas préciseraient dans le besoin ; mais
qu'il serait alloué un secours de 200 ff . à la seconde , ei|
raison de sa position malheureuse , lequel secours ne
C ^5)
^ œpendant pas se renouveler» Au nom dé Iki
ôe oHiimission ^ im membre a propose dé donner une
kvrdle desUnalion h une somme de 486 fr. 3^ c. restée
flBoiiploî, sur le budget des centimes facultatifs de
\tA; le conseil a arrête que cette somme serait affectée
apûement de partie, des dépenses relatives à Pétablis-
«Benl À'iuie diapelle à Farchevéché.
¥ài&ii dans la s^x:i%i«]$ et dernière ssàfge , 27 août
\%1^ , un membre de la commission d'uiHiié publique a.
entreteQu le conseil-gën^ral de la demande formée ptr
h cooniLane de la Guillotière d un juge de paix : le
omsal , considérant que la ville de Lyon s*oppose à
celle demande ; qu^elle se fonde sur la loi du 18 février
1791 , qui n'a été abrogée par aucune autre loi, et por-».
tant que \t bourg de la GuilloUire et le territoire en
dépendant demeurent unis à la faille de Lyon , conformé^.
ment oux dé'.refs des 6 ei iZ féorier 1790 ; que Vor-
ganisalion actoeMe de la Guillotièra n'existe qu'ensuite
d'un arrêté pris par les représentons du peuple envoyés
à Lyon par la convention , après le siège de cette ville ;
considérant enfin qu il n'y a point urgence , puisqu'il
rài évident que la facilité des communications de^la
Goillotière avec Lyon, par deux ponts et bientôt par
trois , la rend très-rapprochée de la justice de paix du
premier arrondissemej^t dont elle dépend , et que d'un
antre côté M. le juge.de paix a offert et offre encore
d'aller tenir des audiences à la Guillotière , a cru devoir
ijoumer le vœu qu'il doit émettre sur cet objet. Un
taembre , rapporteur de la commission spéciale , chargée
fc Texamen du projet de code de pèche fiuçiak , pré-
sagé par S. Exc« le ministre des finances aux médita-
\
( 26 )
lions du conseil-gt^nëral , a fait connsdtre le résultat de-
son travail ; le conseil , considérant que le projet présente
paraissait concilier les droits de Tétat et Tinti^rét pubfic
avec ceux des particuliers, a prié M. le préfet de vouloir
bien faire agréer à S. Exe. te ministre des finances les
remercimens du conseil*général pour cette communication.
La commission des finances a pareillement donne
communication au conseil, de Tétat des traitemens des
employés et gens de service de la préfecture , qui établit
que les dépenses , pour cet objet , s^élèvent , tant en traî-
teillens qu*en gratifications , à la somme de ?493g3 fr.
Le conseil a voté Tinsertion au procès-verbal de cette
communication. Au nom de la même commission , un
membre a fait un rapport sur les budgets présentés par
M. le préfet pour 1828 ; le conseil a pris larrété suivant :
i.^ Le budget des dépenses variables de Texercice
1828 , s'élevant, tant au débit qu'au crédU , à la somme
de 626,487 f. 44 c
2P Celui des centimes facultatifs
ordinaires , s'élevant , tant au débit
qu*au crédit^ à 132,92a 26-
3.^ Celui des trois centimes extraor-
dinaires , autorisé par une loi , pour
ta construction d'une prison en rem-
placement de celle de St- Joseph , mon-
tant à ii5,ooou
Sont approuvés de conformité.
Le conseil , après avoir entendu le rapport de sa
commission des finances sur les divers budgets du dé-
partement , a pris un intérêt tout particulier aux de-^
< 27 ) •
Bides de Mgr. l'archevêque , administrateur du dic>«
3e, et s* étant oonvainçu par lui-même de la nécessité
2 réparations très- urgentes à faire à la toiture du pa-
AS de Varchevéchë , il a prié très-instamment S. Exe
le ministre des afiaires ecclésiastiques, d'aHouer au plutôt
is fonds dont a besoin l'archeyêdbé pour donner à son
iabîiaûon Vétat qu'elle exige.
Le conseil n* ayant plus d'objets sur lesquels son at*-^
lenùon fut appelée , M« le président a clos 1? session.
Z.
CORRESPONDANCE.
A L'UH ses BiDACTEURS DES ABCHIYES nU RHÔlfE.
Passy-lès-Paris j^ i5 octobre 1827.
Monsieur et cher ami y
Je TOUS dois quelques détails sur les Œuvres posf humes
de Boileau (i). Je vais tâcher d'acquitter ma dette , en
TOUS retraçant ici mes souvenirs.
Dans les premiers jours de janvier dernier , j'étais
anété devant l'étalage d'un bouquiniste , lorsque ma
n»n se posa involontairement sur un petit volume de
pen d'apparence C^). Quel fut mon étonnement d'en
(i) Il en a ëlë rendu compte dftns les Archives du Bhâne 9
tooL VI , pag« 461-461.
(2) Le v^kune deut il s'agit, est un exemplaire de Tédi-
fMode Ju vénal et de Pene^ donnée en lôSo, à Amster-
( 28 )
trouver les mai*ges et jusqu'aux interlignes tellëmenlr
chargées d'ëcritures , que j eus d'abord peine à dëmêler
s*il ëtait manuscrit, ou imprimé ! Figurez-vous dans une
page in-'i2 quarante-cinq à cinquante lignes d'impres-
sion, semées et bordées d'un plus grand nombre de
lignes manuscrites , et vous n'aurez encore qu'une iaible
idée de l'aspect que présente depuis fè commencement'
jusqu'à la fin ce livre , peut-être unique en son genre*
Je l'achète , et me retire en songeant à tout ce qu'il a
fallu de force et de persévérance , je ne dis pas pour
s'imposer , mais pour achever une si rude tâche. Au
milieu de ces réflexions , j'arrive ; je me hâte de revoir
mon volume , et ma surprise augmente à chaque page :
outre la traduction presque entière de Perse, et celle
des plus beaux morceaux de Ju vénal , il contient un
commentaire cx>mplet sur ces deux poètes , dont l'un a
si souvent mis en défaut la perspicacité de ses lecteurs ,
tandis que l'autre a toujours fait Id^f^espoir de ceux
qui ont voulu le traduire.
A ne considérer , me disais-je , que l'écriture et l'or-
thographe ,. ce travail appartient au xvii.^ siècle ; à en
juger par la netteté et la précision des idées, parla
facilité , l'élégance et l'énergie des expressions , il sort
de la plume d'un grand écrivain : le style animé, pitto-
resque , nombreux et souvent mesuré des traductions
décèle un poète. Aussitôt x. 'Molière , Racine , Boileau
s'offrent à ma pensée. Mais Molière , tourmenté de bonne*
dam, par J. Blaea, petit in<^i2 de 189 pages. En tête
est uu frontispice représentant les jeux et les danses des.
satjres. Juvénal j est avant Perse , et ces dei&z poètes j
sont accompagaés d^s notes de Famabeu
< 29 )
are par ractivîtë de son gënie , aurait-il trotiré dans
s m agitée assez de loisirs pour s'appliquer à un travail
là a sârement exigé plusieurs années ? Racine a tourné
8s éludes principales vers les poètes grecs ^ dont il s'est
ittHJié à reproduire les beautés ; d'ailleurs , }'ai eu ses
manuscrils entre les mains , et les formes de son écriture ,
enoore présentes à Hia mémoire , ont line douceur , une
sttatTilé que je ne retrouve pas dans les catactères qui sont
soQS mes yeux. Quant à Boileau , on sait que la satire
Va oocopé toute sa vie : chaque ligne de ses ouvrages
iatteste; on sait^ussi qu'il avait une prédilection particu-
lière pour Perse et pour Juvénal , et il s'est plu à répéta*
qu'ils ont été ses modèles et ses guides. Mais comment
oe volume a-t-il «fchappé à Louis Racine , à Brossette
et autres personnes qui ont vécu dans l'intimité de
BchWu?
Pendant que mon esprit flottait dans ces incertitudes ^
je feuilletais avidement mon livre. Je n'y avais vu
d'abord qu'an chef-d'œuvre de patience , j'y reconnus
bientôt l'empreinte du génie ; déjà même j'en subissais
l'influence , et je ne pouvais, ni épuiser mon admiration ^
ni satisfaire ma curiosité, quand je séparai deux feuillets
placés au-devant du frontispice , blancs en dehors , et
qui semblaient n'avoir pas été ouverts depuis long"-
temps. le Tois deux pages d'écriture. Le premier mot
est surchargé : je l'examine , et à travers plusieurs traits
de flume , je .distingue le nom de Boileau. A la suite de
ce nom , je lis une note ainsi conçue : <( Le meilleur
» commentateur de Juvénal ' et Perse » c'est Eilhardus
f Ldbînas , Hanovix, 1619 9 in-8.^ , fort petit carac-
9 tère, U y en a une édition plus ancienne , de dix à
B dou^ ans 9 In-4.^ , Hanoviae » dont le sieur Moëtte
( 3o )
» m^a demande i5 lîv. , quoique cet exemplaire fût for
n use, tache et sali. Lubin était allemand et luthérien*
» Son Horace est excellent et rai^e. i>
Il n'en fallait pas tant pour me persuader que Fau-
teur du manuscrit avait soigneusement étudié les divers
commentateurs sur lesquek il porte un jugement si
ferme et si précis. Je continuai , et je trouvai une sorte
de préface, dont voilà la première phrase : « L'hyperbole
» dominé un peu trop dans Juvénal , ce qui sent son
» homme qui avait consumé ses plus belles années dans
» les cris de Técole et du barreau. » Certes , il mVût
été impossible de ne pas me rappeler à l'instant ces vers
du 2.^ liv. de TArt poétique :
Javénal , élevé dans les cris de Técole 9
Poussa jusqu'à Texcès sa mordante hyperbole*. é |
et dès lors je demeurai convaincu que la prose et les vers
étaient du même auteur. Le lendemain , je courus à la
bibliothèque du roi. J'annonçai la découverte que j'avais
faite , et je demandai communication des manuscrits de
Boileau. Un des savans à qui la garde de cette partie
précieuse de nos richesses littéraires est confiée , recomiiit
l'écriture au premier coup d'oeil , efme félicita sur ma
découverte. Cependant les autographes du satînque
français sont remis entre mes mains , et je les compare
attentivement avec mon volume. Les traits , les con-
tours de plume ; les formes , les liaisons des lettres ; la
disposition , l'orthographe , la physionomie des mots :
tout est identique , rien ne se contrarie ; il n'est pas
permis d'en douter , le livre est de Boileau.
Me voilà donc posses^sur d'un manuscrit inédit , et
ce manuscrit est Touvrage d*un de nos plus grands
( 3i )
fk&j de celui qui exerça une juridiction souveraine
m ses contemporains , et dont tous les arrêts ont été
lofirmés par la postëritë. Du reste , ce n^est point là
lesssd timide d*un jeune homme : tout y respire , si je
pms m'exprimer ainsi , la virilité de l'âge mûr. Le pu-*
Uic en peut juger. Il me reste un scrupule , c'est que
les îeunes'gens , sëduits par la facilite qu'ils trouveront
désormais dans la lecture de* Juvënal , ne s*y livrent
a^ec trop d* ardeur 9 oubliant que ce rigide censeur
conlre les mœurs des autres , est lui-même sans pudeur ,
ci qu* il enseigne plutôt tort de commettre des excès hon-
ieai , qu*îl n'en inspire de f aversion* Cette décision së-^
vère de Boileau frappe surtout la satire vu , en tête de
laquelle il faudrait graver œtte maxime du grand
Racine : // vaui mieux ne point étudier^ que de se
laisser corrompre par C étude. Ces deux illustres amis ,
TOUS \e savez , ont donné à la fois k précepte et
TexempAe.
Je ne yeux point m'arréter en si beau chemin ^ et
pour qu'à l'avenir vous ne soyez plus tenté de m'accuser
de laconisme , je vous dirai que mes excursions chez
les bouquinistes ont été assez fructueuses cette ai;inée.
Outre la merveille dont je viens de vous parler trop
longuement , peut*^tre , je possède encore :
jj^ Le Virgile de Boileau , grand in-8.» , sans date,
imprime , je crois , à Venise , par les Aides. — Ce vo-
lume contient la traduction interlinëaire , avec annota-
tions, suivie des Bucoliques et des Georgiques de Virgile,
le loni en français et de la main de Boileau* La rapidité
ieson écriture aononce qu'il était ai^ Palais quand il
exécuta ce travail j remarquable d'ailleurs par la justesse
( 50
et le choix de l'expression. Là , comme dans le Juv^nal
^t le Perse ^ il s'est beaucoup occupé d'établir le texte <Iik
poète latin. Le même volume renferme environ 200 notes
manuscrites d*Ëtienne PdSquieih , sur le i.^' liv.. dé
l'Enéide , plus , quelques notes de Boileaù sur le même
livre, qni paraissent antérieures à ses études sur les
égiogues, et que je i'egarde comme ses essais en ce
genre.
2i9 Le Sulpice Séoère de Éacine ^ m- 12. , 1^74.
— - Les deux livres d'histoire sont annotés en latin • de—
puis la première jusqu'à la dernière page : l'historien y
est souvent rectifié, et l'autoriU de ïansénius fréquent*
ment invoquée. Ce travail est d'autant plus précieux
qu'il appartient .ail temps où le génie de Racine , alors
dans toute sa vigueur , cherchait un nouvel aliment dans .
rhistoire sainte. Sur le premier feuillet , au-devant du
titre , se voit l'extrait d'une lettre de Scaliger , qui peut
expliquer pourquoi Racine a dit Séçère Sulpice , et non
Sulpice Sévère , dans là préface d*Athalie : ce que
GeofiFfoy lui a reproché un peu légèrement.
3.^ Une des éditions originales de BoUeau , Paris ^
1674 9 in-4.^ 9 ayant appcurtenu à Radne, qui a trans-
crit , en marge des satires , les passages d'Horace , de
Perse et de Juvénal , imités par Boileau;
4.** Un Abrégé de lu Grammaire grecque de Port-
Royal^ in-S.^ , Paris , i655 , au commencement et à la
fin duquel se trouve un' supplément relatif à la syntaxe
et à la ponctuation , formant cinquante pages environ ,
écrites entièrement de la main de Racine.
5.* Les Offices de Cicéron , vol. in- 12. , sans litre,
bien conservé d'ailleurs , et dont l'impression appartient
( 33 )
« XTi.* siè<:lep Lies ftoilleté 269 et aaS *, qui, ^ selon
(ÊÉt apparence , manquaient déjà quand ce volume
ifini la propriété de Boileau , sont copiés de sa main,
in écriture peu assurée et knal alignée , annonce ^'il
aaît fort jeune quand il fit cette copie.
6.^ Le Phèdre de Boileau ^ ^ii in- 4-* dont on a
mesk arradié le titre ; bonne édition donnée pat Tannegui-
LeEèvre^avec un commentaire latin. A la page 33, sur
le S/ ^ers de la fable 20 ^ liy . ui ( Rogati mox à quodam y
AêofCko suo...fc'), on lit la note suivante : « Nimirum de-
» Udum GaUorum Tocat asinum , ut Virgilius , in Copa s
fine ^ Âlibida ^ Teni ; fessas jam sudat asellas t
Parce iUî , Testrum delîcium est asinus.
» Batio autem cur asinus Gallorum delicium vocetur ^
9 ea est quod Gallis illîs nimirum lascivis fœdse libidinis
» nûnisterîumpnsstabat , ut docet Âpuleius , in Mîlesia.i»
Cffjk\fc ncte eiâi inaWieuTeusement la seule que Boileau ait
écrite sur son ro/ume.
7.* Les ConstUuiions de Pori-Rçyal ^ petit in-ï2. ^
II00S9 i665 , avec une table de vingt lignes , écrite par
Boileau sur le revers blanc de la couverture.
%.^ hes Amours de Trisiàn^ in-12. , i66a , avec
cmq ou six lignes de Boileau , pag. 19S et 216.
9.* Les Sentences de P. Syrus^ grecques-latines ^ Paris,
iii-8.^ y 161 1 , avec deux lignes seulement de Racine
à la pag. 4.
J*ai bien encore quelques autres raretés , telles que
\Hûrace de Scarron^ qui, après avoir mis son nom
deox fais sur le titre , s*est contenté dé pointer les vers
fo/ aat ûxé san attention ; «« un ïiouçeau^Tesiameni
Tome ril^ 5
(34)
grec 9 avec des notes latines fort piquantes , et que ji
crois de Mënage ; etc. Sed omnia nugœ prœ Baleani^
€t Racmianis*
Voilà bien du papier griffonné : je ne sais pourtant si
la longueur de ma lettre vous fera oublier ma négli-
gence à vous écrire ; toutefois j'espère être pardotirië en
faveur du Virgile et du Juvénal français , pour qui je
conn^iis votre faible , et dans cet espoir, je tombe h.
leurs pieds et vous baise les mains.
Pahblls.
1 H. B.) UN DES RÉDACTEURS DES ARCHIVES DIT RHÔNE.
Dijon, a6 sepfliiibre tSay.
Monsieur et cher confrère.
Depuis que vous avez bien voulu donner place dans
vos Archives (i) , à ma lettre sur le Recueil des sceau jc*
du moyen âge , dits sceaux gothiques , j'ai trouvé , sans
la chercher, une nouvelle autorité en faveur de mon
opinion sur lé véritable auteur de cet oirvrage. Cette
autorité m'a été indiquée par V Examen critique et com--
plément des dictionnaires historiques les plus répandus ,
tom. I." (A. J.)i ouvrage de feu M. Antoine - Alexis
Barbier, publié en 1820 , in-S,** Voici comment s*ex-
prime M. Barbier, pag. i43 , article Baudet { Antoine) x
» M. Ghaudon dit que Boudet a publié un Recueil des
» sceaux du moyen âge.... Il a publié cet ouvrage comme
» imprimeur-libraire , mais V auteur de t ouvrage est le
(i) Tome yi, pag« iSi-igS.
< 35 )
lURQuis DB MiGUBu , de Dijon (i) , ainsi que le dit le
f jc^tknàl d£s sayàks , de tannée 1779 , édition
id'HoUande« ^
Remarquez , fe vous prie , que Tannée 1 779 est prë-
dsenent celle de la publication du Recueil des sceaux
èg moyen âge , et que personne y pas même Tabbé
Boullemier ifu^aujourd'hui notre confrère M. le docteur
¥alWl en prétend i*auteur ^ ne s*est avise de contredire
Tafiserlion du Journal des 5â^^/z5 : journal que notre
dode bîUiothécaire connaissait très-bien (2). j*ai donc
^lé findé à restituer l'ouvrage dont il s*agit , au marquis
delfigîai.
Je trouve aussi dans l'article Boudet , loco ciiaio ^ le
passage saÎTaHt^ qtti ipe parait devoir servir de cor-
rectif à ce que j'ai dit de ce Lyonnais , dans ma pre^
mière lettre , d'après la Biographie uni9ersclle % ce II n'est
pas ^raâ.... que M. Boudet ait été ^ en 1 74^ 9 l'inventeur
du '^ovittiaSk \ii\\Vu\é : \es Affiches de Paris , açis dii^ers , .
^c Void ce ça 'on fit dans le Journal des saisons , édi-
tion J'Hb/fande, au mois d'août 1716: <^ Le sieur
9 Thiboust , libraire-imprimeur , vend chaque semaine ,
> uâe brochure in-12 qui contient les Affiches de Paris ,
» '»*'
(i) La bibliothèque de l'académie de Lyon' possède le
catalogoe des manuscrits de la bibliothèque du château
de Savignj , appartenant à M. le marquis de Migieu. Ce
ntalogue est écrit de la main de M. de Mîgtea lui-même y
fu en avait £ftit don )k M. AdamolL
B.
(2) M. Boullemier était le conservateur de la bibliothèque
paUiqae de Dîjon^ rîdie de 409O00 volUflies ^ parmi lesquels
«ndûtiiigae la collection du Journal des savons •
( 36)
» des propinces et des pays étrangers. Ce recueil corn-
» prend les affiches des matières de pieté , des ordon-
» nances , de quelques arrêts de cour souveraine , des
» livres , des ventes publiques , des spectacles et d'autres
» affiches pour les sciences et les beaux-arts, etc. »
Voilà rinventeur de cette espèce de journal ; M. Boudet
est auteur de la collection qui commença en 174^*
Voilà , mon cher confrère , ce que j*ai cru devoir
vous communiquer comme supplément essentiel à ma
lettre sur le véritable auteur du Recueil des sceaux du
moyen âge , m'en rapportant à vous sur le sort que
vous destinerez à celle-ci.
Agréez ) etc.
C. N. Amanton.
ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE LYON.
PROGRAlfHE DES PRIX PROPOSÉS POUR 1828.
L'Acadëmie avait mis an concours 9 pour 1827 , les sujets
de prix suiyans :
i.^ Eloge ^ en vers ou en prose ^ de 31. le major-gé^
néral MARTllf y lyonnais, mort aux Indes.
Deux pièces de vers ont été enTojëes ao concours. Le prix n'a pas
ëtë dëcemë. Le même sujet est propose de nouyeaa.
2.^ Prix fondé par M. RAYMOND, négociant , né à Ljon,
domicilié à Paris.'
Une médaille d'or de 5oo firancs 9 au meilleur discours
développant les moiifs gui dois^nt intéresser tous les peuples
de la cltrétienté à la cause des Grecs»
(37>
Ce prix • été dbmië à M. Lébn Fandler t licencie ê8*lettretf ^
Amenrimt à Paris i rue 8t-Gennain-de84'ré8 ,11.10»
Uoe méflaille de distinction a été accordée à M. P. Benoit , de-
■enraiit me des Fenillans , à Lyon.
B tt été fait mention honorable da cNiseonn lMire|;Î8tré sous le-
n.* 7 do concours , et portant une épigraphe tirée d'Eschyle , Us
FcTMes , T. 40* » ^^^ ^ <ln Theit.
S^ Prix fonde par M« Baboin de TA Barohuêiie.
DdSeermîncr /a meilleure organisation à donner à Vécole
de la Martinière y destinée aux arts et métiers 9. etc.
Trois jumoires ont été envoyés au concours. Ancun n'a. été cou-
ronné. D'après l'offre du fondateur , une médaille de aoo fr. a été
décernée à M. Angnstia Possourd-^, aut^nr du méttoin» n#?' 3. lue
sojet de prix est vends au concours.
4.^ Prix fondé par M. Ghristia et reconstitaé far M*
le. mariais de Kaolz.
Une médaille de 3oo fr» au meilleur méhMirfi^ sur une
partie qudconque de la statistique 9 etc.
Anoaa onwa^en'a été eniK)#é «n.conooorsii Le prix^est doublé et<
la au\et proposé de nQ\KVc»9«
S.^' H éflie ibndaiîbm
Qtttf/p sont les moyens de mettre lès Brotteam» ^ terrt^
toire de la Guilloiiêre , à F abri des inondations , etc.
Un seul mémoire est- parrenn A l'académie sur cette question. Le
prix n*a pas été ad}iigé. Une médaille a été-dônnée A M. Lefrançoisy
employé du génie militaire A LyoDi aoImMrî du mémoire et^d^ deux
plans qui y sont joints*
6.® Même fondation. ^
Prix de 3oo fr. relatif à la vemiUaihn*
n n'a pas été décerné, aucun mémoire n'ayant été présenté a»
concours. Ct sujet est retiré;
7.^^ Prix fondé pa9 M; Mbtfhida Bonafous.
Indiquer les vices des assolemens dans le département
dû BhSne j et les moyens Jty remédier.
Aucun mémoire n'étant, paryeno A l'académie, sur ce. sujet , il eit
proposé dé nouyean.
(38 >
"Deux prix d'encoaragement paui- l'iiidastne lyonnaûe , iondéa pm»^
M. le duc de Plai^aoce , ont été remport<^i , Tua par M.. Pierre*.
LuiNTEiAES , inventeur d'une nouvelle machine pour le pliage «le^
de la chaîne sur le rouleau du fabricant , et l'antre par M« Maibiat «,
anteur d'autrea îmioiationfl favorables auasi an métier de toieriea.
li* Académie propose, poar 182Ô9 les siijets de prix ftaiyaittf :
1 .^ Eloge , en vers ou en prose ^ de M. le major^é^
nëral Martin , lyonnais , mort aux Indes.
Médaille de 5oo fr.
9.® Prix fonde par M. Baboin db la BarolLièiie.
Déterminer la meilleure organisation à donner ^ racole
de la Maitinlèrie , destinée aux arts et métiers , et prin-
cipalement à ceux qui ont des rapports ayec les mana-
factures lyonnaises.
Indiquer en conséquence la nature et le i)M>dé d'eiiseîgiie^
ment 9 soit des garçons , soit des fiUes, et les avantages ou
les incouTéniens d'appeler de jeunes filles aux études de
l'institution y le nombre , la qualité et ke sexe des proleé-
sears 014 maîtres ».ta. division. de l'enseignement en théoHe^
et ei^ pratique \ la police et le .gouTçrne|iie!iit intérieur dis
rétabiissemeot^ le nombre des élèves int^nes et des élèyes
externes \. les avantages ou les^ inconTéniens de conserver
ou de i^endre public le secret des procédés ; les essais de
perfectionnement des procédés actuellement connus 9 qu'on
pourrait introduire dans l'enseignement: . .
Les concurrens.ç<M3abiBeron(t letits rues avec les^ prij^ei*
paux élémens d'oi^anisation aiTetés par l'Académie , et
avec l'esprit du testament du major^géaéral Martin* Us
supposeront un revenu de £^0,000 fr. applicables au service
de rctablissemeot , et, s'ils le jugent à propos , un revenu
plub élevé résultant des chances prévues par le testament
pu d^'aup^es ressources •
L'Académie déclare qu'en appelant l'attention des.con-
/
< 39)
mur plv^iecur» objeU particuliers de diiCQs»ion,
et n'a pa« 1 intention d'assigner des bornes au dëv^Iop.
fEmemt de lears idées (i).
S.^ FoBdatioii GhuistiH'-^be R^ôtZi
Une mëdaîlle de 600 fip. ou meilleur mémoire sur une
fûriie qudcim^ue de la statistique du département du
fi&oRtf ^ fM de ta ville de hyon en pafticulier.
4*^ Même fondation*
Une médaille de 600 fr. aa meilleur mémoire qui în-
HsfÊtTA ^piel<{ae brancbe nouyelle d'industrie k introduire
à LjoQ.
&* Prix fondé par M» Mathieu Bonaidus»
Indiquer les vieer des assolemens dans le département
du Bkone et les moyens dy Remédier.
MédaUle de 5oo fr.
Tous les ouTrages enyoyës au concours doivent porter en
tête une derîse ou épigraphe répétée dans un billet cacbetëy
couleuaaft ^es noms , qualités et demeure d«^ auteurs*
Os doirent être enTOjés francs de port , avant le 3o juin
18^ f â Jf. DumàBj Secrétaire perpétuel ^ à MM. Tabarcau
on Breghot du Lut ^ Secrétaires-adjoints , ou à tout autre
membre de Tioadémie.
Les prix seront décernés , en séance publique j le der^
BÎer mardi du mois d'août 1828. •
A la même époque seront distribués leâ prix d'eucourage»^
ment fondés par M. le duc de Plaisange , et destinés aux
astîstes qui aidaient fait connaître quelque nouveau procédé
(1) £«• concurrens qoi désireraient avoir une connaissance positiye
h la délibération de l'Académie da 10 aept^mbre 1839 , et des termes j
Al kOament qui y août consignes , pourront en faire prendre com-
SBokâtion dans le lieu des séances de l'Académie , au palais da
Commerce et des Arts , et même faire demander des exemplaires im.-
pjaés de cette ^éliMnAion.
( 4o )
atàntagenx {Kmr les manafectams lyonnaises, tels qiie
moyens ponr abaisser le prix de la main-d'œaTre , pou v^'
économiser le temps , pour perfectionner la fabricatiova ^
pour introduire de npoTeHes branche» d'industrie , etc.
\tes artistes qui yeulent concourir peuvent s'adresser ».
4ans tous les temps , à MH[. les Secrétaires , ou à MIMF.
Cochet, Eynard, Arthaud et Régny, composant la corn,—
Viission spéciale chargée de recueillir les nouyelles izt^ '
Tentions et les pi^çédés utiles.
ÇREDIN , Président -,
DUMAS , Secrétaire perpétuel*.
30CIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ,
HISTOIRE liATURELLE ET ARTS UTILES.
PROGRAMME DES PRtX PROPOSÉS POUR 1828.
I. Trouver le moyen de détruire la pyrale , ou ver d#>
la vigne , autrement que par Téchenillage , ou indiquer le
mode le plus facile et le moins dispendieux d*écheniller
la vigne. ^
Les concui:rens, pourront traiter Tune et Fautre de ces
questions • ou seulement une d'elles ; .Us devront joindre
^ leurs mémoires le journal des expériences qu'ils auronjt
faites.
Le prix de ce concours , dont les fonds ontété faits
par MM. Coubayon et Gourd , négocians à Lyon , con-
sistera en une médaille de la valeur de six cenjls fiancs.
n. Produire le meilleur ouvrage manuscrit propre à
i^pandre , chez les propriétaires-cultivateurs et les fer^
( 41 )
ners 9 les plas saines ainsi qtte les plas positives coi^
naissances théoriques et pratiques sur l*agriculture.
La forme de cet ouvrage , qui ne devra pas avoir
moins de 100 et plus de iso à i5o pages in-185 est
laissée à la disposition des concurrens ; ceux-ci doivent
surtout bien se pénétrer que cet ouvrage sera destiné à
deveoiv le Manuel de Tbabitant des campagnes , et qu'à
l'exception de l'exactitude et de la sévérité des principes
agronomiques , son principal mérite consistera dans la
clarté et la simplicité du style.
La société prévient aussi les concurrens qu'elle se ré-
serve la propriété de l'ouvrage couronné , son intention
étant de le livrer à l'impression , et de le répandre avec
abondance dans les campagnes.
Le prix de ce concours sera une médaille de la valeur
de trois cents francs.
•i
70UB. 1829.
L Produire fe meilleur traité sur les fruits et les
plantes potagères que l'on cultive dans les jardins du
département du Rhône » ou qui peuvent y être acclimatés.
Ce traité devra renfermer au moins les divisions sui-^
vantes :
i.^ La description botanique des genres, espèces et
variétés généralement cultivés dans les jardins des envi-
rons de Lyon ;
2.® La détermination des espèces et variétés, qui méri-
tent la préférence , sous le double rapport de la salu-
brité et de l'abondance des produits ;
3.^ La nomenclature et la description des genres et des
espèces qu'il serait avantageux d'acclimater dans notre
pays;
(40
4«^ L'exposition des meilleurs iprocéàés h mettre tm
usage pottr améliorer ce genre de culture..
Le prix de ce concours sera une médaille d'or de la
valeur de 600 fr.
n. Exposer là tbëorie de l'action des engrais dans
Tétat actuel de nos connaissances.
La Société dési^ que cette théorie toit appuyée au-
tant que possible sur des expériences et des observations
nouvelles.
Le prix sera une médaille d*or de 5oo francs*
III. Indiquer les plantes qu'il serait avantageux d'en-
fouir comme engrais dans nos climats , et déterminer
l'action fertilisante de ces plantes, comparée à celles
d'autres engrais.
Le prix consistera en une médaille d'or , de la valeur
de 3oo francs.
Les ouvrages pour les concours de Tannée 1828, de-
vront être parvenus avant le i.*' juillet 1828. Ceux qui
concourront pour les prix de 1829 , devront être reçus
avant le 1." décembre 1828.
Les concourrens de tous les pays sont admis à ces
concours , à l'exception des membres titulaires de la
Société.
Les mémoires seront adressés au secrétaire de la So-
ciété ou à tout autre membre du bureau.
Indépendamment de ces récompenses , la Society dis-
tribuera des médailles d'honneur , de la valeur de 25 fr.
à des cultivateurs-propriétaires , fermiers ou même sim-
ples valets qui auront bien mérité de Tagricullure du
département.
Les programmes développés de ces concours ont été
publiés par les soins de la Société. Grogmea..
( 43)
HISTOIRE.
I0TC âes dépotés des proTÎnccs de LjoDmiis , Fôrex et Beanjolins >
da dfl^utcweaft de Rhôn^-et-Loira et do dépârtoMent du iUi6De ,
mjL «wwcmWéfi l^islatiTes ^ depuis 1789 iusqu'à 1837 inclusi-
1 ASSB1IBI.ÉE CQfrSTlTVAITTE. I789-I79I (l).
Lton 5 clergé»
L'aU)é Jean-Antome de Castellas , d(5yen du chapitre
des dianoines comtes de Lyon (2).
FUdiat , curé de Notre-Dame de St-Chamont.
Uayel , curé de Rochetaillëe.
Xicmis CSbarmi iftVaL Hoche , pré\6l-curé de la paroisse
dAinay (3).
Idem, noblesse.
Le marquis de Montdon
De
(1) Celle assemUSe iîlatl composté Hé I9200 membres,'
et file a «nlisislé depuis le 5 mH 1 789 |«sqa'aa 3» si^
temluc 1791. .
(2) Voj. Biogr. mod. éflîl. .de Leipzik ; Pfaris , Ver^^
telles a les provinces , 181 7 i, tom. lii , pag* 5lo.
(3) nié h Ly<m le 17 mai.iySS, moit ^Tâqwe d^ Ver-
fiSBes depaia 1802 9 le 17 mai» 1827. Voy. u^/iit^* iitf
*fc, tooL V , ^ag. 599.
(44)
Le marquis de Loras.
Pierre-Suzanne Deschamps , avocat (i)*
Idem , tiers-état de la vUle^
Milapois , avocat du roi à la sënëchaussée^
Périsse du Luc , libradre.
Couderc , banquier protestant (2)«. »
Goudard aine , négociant.
Idem, tiers-^tat de la sénéchaussée^
Girerd , médecin à Tarare.
Trouillet , négociant
Nicolas Bergasse , avocat C^X
Durand, négociant
FoBMZ 9 clergés
Coulard , curé de Roanne.
Gagnières , curé de St Cyr-les-Vîgnes.
Idem I noblesse.
De CrézoUes.
Jean-Baptiste Nompère de Champagny , major dé vais-
seau (4)-
De Rostaing.
(i) Aateur de Tarticle AâulAre A93ù%*\e Dictionnaire des
arrêts de Prost de Rojer, membre de l'académie de
Iijon 9 mort après ta stége , à la sortie.
(2) Mort en mai 1809»
(5) Né en i ySo , encore vivant y si connu comme pu-
Wciste et comme . écrivain*
(4) Depuitf duc de Cadore 9 etc. > nié à Roanne en i^^k
(45 )
Idem y tiert-éiaip
yer^ propiiëtaîre 4 Montbrisoa^ offider du point
d'hoaneur*
lichard, propriëiaire.
liloioe-François Delandine, avocat (i).
BkavjolaiSj clergé.
Dcs^ernaj, curé de Yîllefranche.
m
Idem y noblesse.
Le marqins Louis- Alexandre-Elisëe de Monspey.
Idem y iiers-^ioL
Ghailev Antoine Chasset , avocat à Villefranche (2)«
Humblot , négociant à Villefranche.
1\. kusaoïix liEGiSLXfivifi , 1791 C3)*
Ikpartemeni de Bhône-et^Loire (4).
Handion , cultivateur à Chamelles.
(0 Ne à Ljon le 6 mars 1766 , mort le 5 mai 1820,
nteor d'un grand nombre d*otiTrage8 sur la politique y
fUitoîre , la bibliographie ^ etc. , biUiothëcaire de la ville
it Ljon et membre de Tacadémie de cette rille.
(s) De|mb membre de la conyention et du conseil des
eiiMi cents , sënatenr , comte , etc. , ne k Villefranche le a5
■laî 17469 mort en i8!26.
(5) Elle était coniposëe de 750 membres , et elle a sub-
Bflëdepiiîa le i/' octobre 1791 jusqu'au ai septembre j 792.
(4) Les troia provinces de Lyonnais , Fores et Beaujolais
liprent cette dënomûution par décret du 5 féYrier 1 790 y
5*6)
George Caminet , négociant à Lyon (î)é
Chîrat , procureur-gënéral-syndic du dëpartemeht»
Collomb-de-^âst ^ juge de paix k St Chamont.
Dupuy ^ fils ., homme de iol , juge au tribunal du dis<^
trict de Monibrison.
Duvant , homme de loi à Nëronde^
Jovin - Molle , administrateur du département à St^
Etienne.
Adrien-Lamourette , ëvôque constitutionnel du dépar-^
tement (a). / *
Larochette , procureur-gënëral-syndic du district de
Roanne.
Pierre-Edouard Lémontey , homme de loi , substitut
du procureur de la commune de Lyon (3)»
Michon - Dumarais , administrateur du département à
Roanne.
Sage , administrateur âfi départemœt.
Sanlaville , notaire à Beaujeu.
Saunier , propriétaire à Lantîgné.
Thevenet , cultivateur , administrateur du directoire du
district de la campagne de Lyon.
et la conservèrent jiisqu*au «g bramaîre an II ( 19 no-
vembre 1795), époque oh elles furent divisé&s^e» deux
départemens.
(0 Nommé en 1800 juge à la cour d'appel de Lyon >
mort depuis quelques années.
(2) Né à Fervent > dans le Boulenois , coûdamné.à maçt
et exécuté à Paris en janvier 1794 5 *gé de 5a ans. Voy.
son article dans la Biogr. unit».
(3) N^ à Lyon le 14 janTÎer 176a , mort à Pms le 27
juin 1826. Voy. archives da,Bh6ne » tom. IV, pag. 3o5-5i 7.
c 4r)
ff
Suppléons»
ièmiidbel , médecin à Montbrison.
ifcdlm-Béraud.
kin-Joseph Estoumel.
Ffâlon.
C]cr>oa^ anden conseiller à la sën^haussëe de Ville--
Eranciie.
IIL COirVKNTIOlï NATIONALE. 1792 (l).
Déparument de Rhéne^i^Loif^e. (a)*
Louis Vitcl 5 médecin , maire de Lyon (3).
Duboacjiet, médecin à Montbrison , déjà nommé (4).
MaroelHn-Béraud , déjà nommé.
Pressarîn , chirurgien à Lyon , substitut du procureur
de \a commune (5).
£iU^Tier-\«râ&->^\dbilor Patrin (6).
Bioiilin (7).
(1) Elle âait composée de 760 membres ^el eUe a subsisté
depois le 21 septembre 1792 jusqu'au 26 octobre 1795.
(s) Le coU^e électoral fut cooT^ijué à St Etienne.
(S) Vé à Ljoa en 1736 9 mort à Paris le aS mai 1809.
?oj. Archi». du Bhéne 9 tom. VI 9 pag. 557 9- et Biogr,
Mtiwm tom* XLêDL
(4) n irota la mort de Louis XVI.
(5; Jébm.
^ Gâèbre minëralogisté , membre de Tinstitut » iaé à
Ijooea 1^42 y mort à St. Vallier le iS août i8i5«
(Jlll TotiL U miort dn roi.
( 48 ) \
lacques Forest (i).
Noël Pointe (2).
Cusset , ouvrier en gazes (3). «
A. Fournîer.
Charles Javogae (4)>
Lanthenas (5).
Bupuy fils , de Montbrison , dëjà nommé (6)»
Chasset , avocat à Villefranche , dëjà nommé*
IV. Conseil des cinq-cents. lygS* (an iv) (7)é
Pierre-Tliomas Rambaud (8)»
Camille Jordan (<))•
Paul-Emilien Bëraud , avocat (lo).
Imbert-Colomès (i i).
- .- . I - - ■ -■ — ■ . ^ ■ ^
(i) Depuis juge à la cour d'appel de Lyon ^ mort il j a
qnelqaes années.
(2) Il vota là mort da roi.
(5) Idem.
(4) Ne en 1789 à Bellegarde en Fores , non en Boni^
gogne y comme le dît la Biographie unis^erseîle , condamna
à mort le 9 octobre 1 796 ^ déma gogne forcenéi II vota la
niort du roi.
(5) Il TOta aussi la mort du roi«
(6) Idem.
(7) Cette assemblée* a subsisté depuis le 4 novembre
1795 jusqu'au 9 novembre 1799. '
(8) Ancien avocat du roi \ la sénéchanssée , puis procn-«
reur-général à la cour , puis maire de Ljon , actuellement
vivant , retiré des affaires « né à Lyon en mars 1 754.
(9) Né à Lyon le 11 janvier 1771 9 mort le 19 mai 182 r.
(10) Né à Lyon le 28 mai 1750 9 actuellement conseiller
à la cour royale de Lyon.
(11) Ancien échevin , né à Lyon ^ morte Batàen 1809,
âgé de 84 ans.
<49)
lime Mayeùvrfe de Ghampvieujc (i)i
UCayre.
fidhd Garret , chirurgien , nomme en 1798 (2)1
V. CcmiPs-IiSGisiiiLTir; 1800 (an viii) (3)i
ABait, mtembre Au conseil des anciens^
Paul Cayre, déjà nomme.
Joseph Fnlchiron aîné ^ I>anquîerv
Ricanly d^ tiommë.
VL COBPS LÎÈGISLATIF. 1864 (ÀK Xu).
Kene^Françob Rieussec, juge à la Cour d*appel de
iean^iaoqaes Corcelette , juge au ^ibunal de preraièfft
ioslance à YiUefranche.
YQ. Cous lie isLATir. i8io*i8i5 (5)^
Pîerre-Françoîs lUeussec , déjà nommé.
■*fc
(i) Ancien- conseiller )i la cour des monnaies et an ccmsell
sapérienr^ né à Ljon le ix janyier 1743 , mort le 9
{^^Vé ^Lyon vers 1752 , mort à Paris en 1820. Il ayait
âé da conseil des anciens et fut nommé membre du tri*
kmat la 4 niyôse an VIIL II a présidé, la fédération pa-
lisienne en i8i4-
(3} Cette aasemUée était copuposéè dé ^3oo membres }
dka solusisté depuis 1800 jusqu'au %^ mai i8p4*
(4) Ne & Ljon le 23 norembre 1 738 « mort le 26 juillet
1816. Yoj. Archives 4u Bhâne , tom. Vl , pag. 45o-4^*
(^) Les départeaxens étaient dirisés par séries ^ celui du
Uâoe appartenait à la cinquième.
Tm^ Fil. 4
( 5o )
Charles-Bernardin Chirat , président du tribunal de
commerce de Lyon.
Denis Durosier de Magneux , membre du conseil muni*
cipâl de Lyon. '
Vm. CHàMfiAB nss onurés. Mai, i8i5 (i).
Claude- Antoine Vouty de la Tour , premier présidetft
de la Cour de Lyon (2),
Jomard , maréchal de oamp retraite.
Gras, avocat à Lyon (3).
Bissai*don , négociant à Lyon (4).
Augustin Përier , de Grenoble. '
Dulac , président du tribunal de première instance de
Villefranche.
Sausay, avocat à Villefiranche*
IX. Idem. Août 181 5. -5 septembre 18 16 (5).
Lyon.
Alexis de Noailles.
Jean-Joseph de Méallet , comte de Fargues , maire de
Lyon.
De Cotton, ancien officier de marine , ancien pr^&t du
■»****^»-^^
(0 Cette assemblée ^ composée de 606 membres , n*a
subsisté que jusque la seconde restauration ^ j aille t tSiS;^
elle n*a rendu que trois Ibii.
(3) Né îfc Lyon en 1761, mort i Paris le 4 mars iSaG»
Voy. Archi^ç/duh\ionci,iom. III ^ p. 4ïO'
(5) Actuellement (^pnseiilei: à la Cour royale de Lyon*
(4) Décédé dépc^i^
(5) Cette chambre est celle qui fat appelée la chamirt
introuvable.
/ mne pendant roccupatibn des Ir&Upes alliées (i).
Wielcmi-Gabriel de Magneval, ancien négbciant
idré-Suzanee , marquis d'AJbon , aaden maire de
X. Idem. Avril 1817 (3).
de Magneval , déjà nommé.
lean-Ioseph MéàlTet , comte de Fârgues, idem (4).
De Gotfa» y idem.
XI. Fdgm. i8îo-i8i2.
^CoÛéges itarrùndissemens.
Barthâeml-Gabnel de Magnevâ^ déjà bommë (5).
De Cetton , dëjà nomme.
Tmaà de CoroeHes, dëjâ Woirimé en 1819 (6).
0> Tie^na préfet At Vancïusei actuellement TiTant
(2) Nommé pair de France en 1827.
^ Le département da ithône appartenait à la première
•ftie, et cette sâie fot dërign^ par lé «oh.
(4) M. de Faunes ^tant d^c^d^ pendant te cours it hr
iWMm , le 24 arril .èiy, îe collège du Rh&ne fut con-
♦«pé poâr prêcher It son remplacement. M. €araiHe
Jorian fat lomm^ ; mais ayant été nomip^. ëfçMement par
W*Wte*»nt dé P*itt , il rfpjU ^t,i ti de'rnW : ce, qLi
tonalieni Hne nonTclle conyocation dn collège dil Rhôiie
fû minmA M. de C<*ë«lés W iÔ Mvi^ler ïg,^! ' ' ' .
5) M. de M^eval étant ddcédë Je t4 ijovembre i&iî,
««Wifecoflèré^e da t»*èràeï 'aifoHaisièmeV pouf I^" rem.'
iiar; flfc Ùààéèrc ftit ijlu I^ 2^ J^yiir jô/a'. ' ^ '
/(^ F07. note 4 cî-^èisd*, -:.:-....
<50
Collège de départemenU
Le oohnte RÎTerieulx de Chambost , commandant dé là
^rde oaiionale de Lyon (i)w
Joseph Pavy, négociant.
Xn. Idem. 1 822-1 824.
Collèges d^arrondissemens»
Delphîn , adjoint à la mairie de Lyon €t président dé
Tadministration des hospices*
Barthélemi-Fleuri de l'Horme,âmcien procureur du roi à
la sénéchaussée , ancien procureurrgënéral à la Cour
royale de Lyon (2).
De la Peype^ ancioi of&cier supéf iew.
Collège de ttèpartemeni.
Joseph Pavy, déjà nommé.
Gillet |de Valbreuse , propriétaire (S).
Xm. Idem. 1824. -février 1827.
Collèges d'drr<mditsemau.
Couderc, tiégocîant, déjà nommé en 1822 (4).
m , I I I I I I I II I I I II » i«ii '* illlu I I 1 M Oli^ I
» .♦ V
(i) Mort lé i3 février .i827, Voy. Archiyes du Bhdne ^
lom. V, p. 520. ,
(2) Actuellement premier président 4e ia i€oiir royale
de Caen. ^ .
(5) tJn des descepdans v da fipmeux avocat , lyoïmais ,
FraDçois-Pîerré Gillet , mort en 472Q1 autç^r 4*i»n. reçi^M
die factams et de qaélqaes ouvrages de li^rat^ire» . . .
(4) Yoy. note 5 de la page précédente.
( 53)
Semi-Fleuri de THorme , dëjà nomme.
y îuge d'instruction au tribune de première în*-
de ViUéf^anche Qi).
Collège de département.
losepli Pi^, në'godànt, dëjà nommé.
I« Gomle Âimë François, de Laurencia C^).
Xiy^ Idem. Novembre 1827,
Collèges éCarrandissemens*.
A. Jars, anden capitaine de génie (3)^
KojnM-CoUard (4).
Hiuablot-Conté*.
CùUége de département.
fcan de Lacrmx-ljaYal , maire de la ville de Lyon. •
MoUet de Géranda, négociant , président de la chambre
de commetce.
mmamm^
(i) Actnellement conseiller ià la C<mr royale de Lyon*
(2) Col<mel d'an régiment de cavalerie y oifimbre de Taca»
déoûe de Ljon«L
(5) il fat nommd maire, de Lyon^dans le« cent jours et
en exerça iea fonctions depuis le 5p'aTrii 18.1 5 jusqu'au
tS juillet miTant. Il: est a'atèar'd* un. assez grénd nombre
dViféras-TaïuiéTilleB, et appartient à une Itunilte qui s'est
distio^née dan» les sciences.
(4) El|i dans plusieurs collèges électoraux , il' sera tenu
f opter pour VnotA^^vaL.'y et il .y a grande apparence qu*U
if optera pas pour celai du dépariemeat du KhoM 9 auquel
%esttMt-à-^ iïnaùfist;
( 54)
OBSERVATOIRE DE LYON.
ÉCLIPSE Xm 5 NOYfiMBlUB.
I • »
L'horizon ëtaît couronné d*un nuage épais et larg<
qui a empêché dfi voir la lune aussitôt qu'on Tesp^rait
on n*a pu même l'apercevoir que qus^nd la partie infé
rleure de son disque s'est trouvée hors du nuage , parc
que la partie supérieure était dans l'ombre terrestre.
L'astre s'étant dégagé du nuage et de la couche ^i
vapeurs grossières qui le dominait, le croissant infériéùi
s'est montré trèsrbrÂilwt 9 et la partie éclipsée avait une
couleur tern^ un. peu cuivrée. .
M.'lç comté de Brosses, préfet, était, à l'observa^oîi;ei j
une carte lunaire à la main , il suivait toutes les phases
de Téclipse , et annonçait l'émersion successive des taches
principales.
Le maximum de- l'éclipsé a partf avcHf tidù vën & h..
40' , temps Trai. ' '
à 5 h. 55' 3o" émersion de mare Aumùrtihi,',
6 Q "54 Kepler, hors dé VomWêl. ' ' "
6 .U 42 C(
6
La
la peivd«de de l'observatoire., coraeapon4aiit à 7. h.. 5'
d.^' 5 temps vrai. Le cieLétait pai;pmé'deiiiia|^iceints^
UaqdiJiti^s et très-^gftés.
Cette phase avait été annoncée pouirParis^ Si SU. 55 V
les xo' de diiBférence ne surpassent que de 3" la longitude
(55)
vsàffkée à notrer éteetvatoîré par XàCormats^mê êts
iimps , et de I*' ^, ceMc que M. Clefti a Irotîvëc. '
La marche de là p^rïdule a ët'ë dàmnifiéë pai" le pas-
sage , au méridien, du soleil et de Fetblle appelée
Fomalhaut.
Les observations- ont été. faltea à la grande et belle
lunette qjie M. le maire de Lyon 9 d ftit .placer k tdb-
servaloîre.
« 4
POÉsiÉ.
FODUVIÈRES (1), |:LÉ(^
•>
Lue ao cercle littéraire de Lyon , dana ane des aëances du mois
de juin i8»7. •
C'était riieure où la paix redescend sn'v la terre
Arec l'ombre des nuits ^ sur la brise du soir ; .
Où, fbjant à T^cart, ta diouleur aoIHaire,
SurTlierbe des tombeaux, rêveuse, yientVassêoir..,
Au dïetoar d'un coteau , dans ')a sombre yallée •
Où des fils de Plancus dorment Tes oSsemens (2) ^ '
Un Hellède, tin chrétien 9.. sûr la pierre isolée i^
Veillait, échappé seul au fér des Musulmans.
(1) Vi|^lmaitibn^!Viiifa»e fail^diët#vi» oé ttàOt^de'f^y^é^/ii'^emrt»,
et rappose qu'il existait très'^iieievnieiheiil -en ' cet endroit un'temple
dédie à Vénas.
(a) Le cimetière de Loyasse , situé au penchant du coteau de
Foorriéres. — On sdft que 1» fbndattoii> de Lyon est altillHic4^ , iMr
quelques faâift^nettâ | À-ljucins 'Mkiiialiu» Plânobs , UeatetiÉftt'de Géssir
tt anû d&CioépékLi lequel y aatenaune oolofciiè ronteiiie Tan 4*
irant l'ère diteiétiteM.i
( 56)
De se» ttUr^ captifs , dëplorant TesckTage «
Au destin des guerriers morts sur TAcropolis
Il comparait le sort des fils de ce rivage ,
Sous des marbres dores en pompe ensevelis...
Gomme eux ils sont chrétiens, ces guerriers magnanimes^»
Sous rëtendard du Christ ils ont versé leur san^ ^
Et les corps mutilés de ces nobles victimes
Servent, api^s là mort, de trophée au Croissant !H (i^
Mais la cloche de la cbapeUè
D*nn tmtement lugubre a frappé les échos ;
Les échos l'ont redit , çt leur plainte fidèle
A troublé la paix des tombeaux. ••
Des pas ont retenti...— Quel mortel , à cette heor*,^
Ose des morts ainsi parcourir la demeure ?
C'est un vieill^^ : il prie \ il gagne , ^ pas pesans ^
La tombe de ses fils ravis à ses vieax ans...
■
u — Vieillard, dit l'étranger, en montrant la colline ^
Vieillard , quelle est cette cloche argentine
Qui résonne ici prës ?
Autour de nous déjà l'ombre du soir s'incline ,
Et la lune pâlît ces lugubres cyprès...
Errant sur ces tombeaux , en des pensers funèbres
L'heure du repos m'a surpris y
Mes sens allaient céder au calme des ténèbres i
Cette cloche a soudain réveillé mes esprits...
Vieillard , indique-t-elle un prochain ermitage ,
Est-ce la cloche de la mort ?... 99
a •- Étranger , (car le ciel, si j'en cnris ton langage,
T'a fait naître loin de ce bord ) ,
(i) S'il fant en croire les détails publia snr la Banglante cafu-
^ophe de rAcropolis d'Athènes « dix Tartares fiirent expéêihf apréi
k yictoire , par Aesçhil-Pacha , pour annoncer au Saltan l'amT^e ds
prés dt i|5oo têtes , et de nombreux chapelets d'oreilles !U
( 57 )
feugn-, cette cloche annonce la prière...
ttat loin de cet asile, à là mort coitsacré ,
S*ëlèTe uir temple T^nëre', %
\ Lîea saint j retraite hospitalière...
Là , Pair est plus serein ^ là , le ciel est plus pur ;
Là , rœîl s'égare au loin sur an fleuve cTazar (i) y
Sur ces cliamps • on. le preux tomba pour sa patrie (2)^
Et plus loin, sur les monts ^ remparts de rHeiyétie...
Là, quand r erreur encor enchaînait les mortels ,
La reine de Paphos eut , dit-on , des autels :
Fro&ne sanctuaipe , où la blanche colombe ,
Sous la main d'une Vierge , expirante 9 succombe ,
Vains autels où les Tœux de. mille adorateurs
Se perdaient dans les airs avec l'encens des fleurs ^
Ou la divinité qu'invoque l'innocence .
Demande une victime à la main qui l'encense». •••
XtC culte de Vénus est proscrit sans ''retour 3
Mais son temple est encor le temple de ramour*****
Non plus de cet amour profane
Que réprouvent nos mœars et que le cœur condamne i
Mais de ce pur amour que doit Thomme à son Dieu \ •
Une Vierge , 6 mon fils , habite ce saint lieu :
Cest la mère du Christ^ que tout fidèle honore 9
que jamais en vain le malheureux, n'implore*»*
Sentinelle commise an bonheur des humains 9
Les laj^esses du ciel reposent dans ses mains ;
^•m*
(i) Le WbSne , qïïR*oiïïï aperçoit de la terrasse de Poarriéres.
^ Li pUdne des Brotteanx o& furent impitoyablement massacrëa
^défentears Lyonnais , après le siège mémorable que leur fille
m6ai en ^7^*
C 58 )
Elle désarme u a dieu prêt h lancer la foudre ,
Enchaîne son courroux ^ le force à nou» abâocidr^ 5
Et pour tant de bienfaits n'exige de nos. cœurs
Que le secret serment de deyenir meilleurs. ^
• •
Aux Toutes de son^ temple oii. Tëclat des guSirlandief
Le disputait jadis à Tor des .blonds cheveux > (i) , -
LVtranger ne voit piu^ <pie les siiaples offrande»
Du chrétien dont le ciel a couronné les vœux:
Modestes monumens de la reconnaissance
Élèves k celui d^oi^t Taoïour est I'cssaimm^.^ i»
j> — Mon père , oh! demain, avec toi,
Je veul ^ dam la sainte chapelle ,
-. • • • '
Pour reti-d^feït^eurs delà foi
Faire- e*teiwfre une voix fiâMe :
Je veux , sur lès cfëtris de Cantique Israël', ]
Appeler les regards de cette auguste Mère , *'
Et du* tombeau' dû C&rist soulever ht poussière
Contre les soldats d*ismaè1... ' '
» Mère d'un IMeu vcfngeur , regarde , hii diraî-je ,
» Regardé Fénnem? de son cuite et du tien ,
» Profaner vos autél-s , et d'Un bras sacrilège
yy Egorçcr le chrétien...
» Sur le sol où tott fils , victime voTôiitaire,
» A prodigué son sang , pour racheter la terre ,
» Où tes pleurs ouf coulé , mêlés ^'amers sanglots ^
» Du Musulman impie écoute les complots 9
» Il va porter* le* feu , la mort et le ravage ^
99 Chez un peuple pieux qu'abandonnent lès rois... (2)^
, . f •
(i)- Parmi les offrandes qiie leê jeunes filles avaient coàtume de
déposer sur les autels de la déesse ^ celle 4e leur «heveldre «tait de
plus en lisage* Ce genre de sacrifice fi4 mémie. perpétué. aussi long-
temps que son culte.
(a) Le combat de Navarin vient d'absoudre de ce r^j^roàit U$
•ouyerains de trois grandes puissances.
( 59 )
Y Qttel est son cnin« ? Il a secoaë l'esclayage ,
t li but la tjKsiraie , il adonne la -craz*
• •••» • • ••••••4S« ^
> Soas les dlëbris*€iiiiiaas de leurs 'eités en cendre ^
« YoU ces nouTeaux martjrs succomber en h^ros !
n Leur Tengeance... du ciel ils ont ose rattendre^
n Car lenrs frères . soisjt 46ora bouives«iK4«.
n Eais «{aL*ils «^'aieat pas en Taiii'jgéaçé l^nr espëcance
n "Dans ce Dieu gœ ce|\t.JEois oni inypquë leurs c^ris : .
yi Yenge^Ies , Tenge*npns... Que cette noble France
>9 Ou m'exile moâ âge , arme pour nous ses fils !...' .
Onbres de nos guerriers , ô lÉfclyrs inagnanliiies 9
Votre trîsle patrie est pour tous sans tottibefau^..
Hanes^ au liaat des cieus , bëroïqbes yiotiroesi
Là biîUeiBipoiir TOUS un ét/eadàfid nooyteaa!!} .
,"• .. I...- ' • #^', .
9 Et tbî , qui 'n*as jàmaîs répudie les larmes
9 TUk chrétien tfai ^invoqaa' en cë% auguste lien ^
n O &\le deDaiid, dissipe nos alai>mes.:
» On Vbonare eiies nous ,' ton fiis.est qotM fiieii«^ ' • ^
9» Laisseras-tn përir uu. pmplek qi«i. Ifadore , » '.'. .
9f Soos le ter des brigan^ls qui blaspjbdiiieT)t Sa toi ?;
» Pour faire triyapher Teupemi de 1^^ foi , - -
» Abandon nera»7ta le juste .qui t'implore ?
1» L'étendard des martyrs, seraît-ll sans soutiens ?...
9 Tierge , ohf ne permets p^s qu'un l'ours daqs son'délire^
» Le frel" masulmail puisse dire :' ' /
» fdahomet est plus fort que le Dieu des Chrétiens fy^
F. COIGNBT. .
• » •
I «
(6o)
MÉLANGÉS.
4 : I < •
Nous ayons dit dans la notice èor la bibliothèfque de la
ville de Lyon , tbm. Vl , pag. 4âi, que les livres enieVës
de 'ce dépôt, en 179? , avaient ëtë embarquée sur le
Rhône ., et qu'il n^eh parvint qu'un fort petit nombre à
Paris; ce fait, que nous avions emprunte a M. Delandine.
n'est point exact. Un de||plù5 savaos conservateurs ^ la
bibliothèque du roi , M; Van Praet ^ npus a: ^rît à ce
sujet f et nous Irati6iniet des détails que nous.nousr
pressons dé mettre sous les yeux de nos lecteurs' :
<f Sur les livres précieux enlevés en .1793 , de 1» hî—
» bliothèque de Lyon , il manquait à M. . Delan^ifi^ àes
» détails précis ;. car les 18 caisses dont il parle, et qui
» en furent remplies , vinrent directement à Paris , sans
» qu'il en fût distrait aucune , et adressées lau Cotnitë
» d*instniction publique de la Convention , qui en fit le
» partage. Tous les beaux livres modernes furent reie-
» nus par les membrcj^ pour en enruAir Ipur. bibliothè-
» que particiiUère , . qui depuis est devenue celle 4e Ja
» chambre des députés actuelle. Quant aux mafiiiscrits et
» éditions du xv^ siècle,^ on eu ordonna le dépôt. -à la
<^ bibliothèque nationale. »
Toutefois M. Delandine n'était pas l'auteur originaire^
de la relation qu'il nous a donnée de cet enlèvement ; il
i*avait puisée dans un rapport fait au conseil municipal
de la ville de Lyon > le 18 pluviôse an xi , où on lit
ce qui suit :
i6i)
f H r&olte des renseignemens qui fiôus ont été trani^
tmSf qa^après la destruction de la congrégation de
2 i'Orateîre , et dans les temps désastreux dont notre
filk ressentit si dotdoureusement l'atteinte « des ami*^
nîssaiies , se disant envoyés par le comité de salut
public 9 vinrept dans nos murs , et se rendirent a la
biUio\bèque. Lteur mission , disaient-ils , était d*en
eitraîreVes ouvrages rares , les manuscrits précieux»
pour les porter à Paris et en enrichir le dépôt natio-^
naL Uoe ville rebelle ne devait, suivant eux, con«-
serrer ni source d'instruction , ni monumens des arts»
Fiagi à irenie caisses furent remplies de tout ce qu'ils
trottvàreni 4 leur convenance ; mais ces caisses , au
lieu de prendre la route de la capitale , furent em*
buquées sur leKhône, descendirent le fleuve et allèrent
peut-être enrichir à nos dépens une nation toujours
B im\e et ak>rs notre ennemie. »
Comme on rient de le voir » M. Tan Praet ne parle
qoe Je t8 caisses , tandis que le rapporbur du conseil
wmicipài en fait monter le nombre de 20 à 3o. Il a
donc pu se faire, coimne nous l'ont. assuré dés personnes
£gnes de foi , que quelques caisses aient été embarquées
Sot le Rhône , surtout après le départ des envoyés de
b Convention ; la . bibliothèque une êfois dépouillée de
a qu'elle avait de plus .précieux , ayant, été laissée sans
gudiens et livrée à tous les passans.
Nous saisissons cette occasion pour rectifier une er-*
leur qui s'est glissée dans la notice dont il s'agit , à
F^rd du Tiie^Upe atteint par un boulet de canon , et
que nous avons qualifié nâl à propos d'édition pr inceps ,
tadis qu elle a été précédée de deux autres , toutes deux
sâffs âât!fr,€t pottii^ëV i R^ime. CeHe que Vîndeïîn Je
Spitè fit à Venise est la première àpeà dcUe , et c'est ce
qoe nous âut'ions dû dire* C'est ehcore M. Delandiné
qai nous a induit à faire cette tnëprise , qui aVaU déjà
^të relevée par M. Beuchol , loi-squé ce savant Libtîdgra-
phe rendit compte dans le Mtrcure dé France deà 19 et
iB6 fum i€i2 du Catalogue des tfianusfcrits de la ville dé
Lyon public là même année par M. Dëlandine ; et
comme sî une fàulô en atnenail toujours une autre ^
rimprimeur de holre notice a donne au Tite-LiVè de
Vetiise ïa date de 1570 , au lieu de i47Q-
? '■ T'^yT^^^^»*
> '* I iT > I ■ ■ ■« ■ i I
BULLETIN BffiLIOGRAPHIQUE.
• ki
U Homme de la Roche \ bu Calendrier historique el
anecdotique sur Ly6h pour Vàn de grâce 1&28 (avec
un portrait de Pierre Âdamoli et une notice )iur' fiidP
vie ) ; seconde année. Lyon , Pesieùl , libraire 5 fikcè
Louis-fe-^Grand, in-i8 de go pa^ • .
.• î • • .. •
Nous avons rendu compte , lom. V, pjig. 297 et suîv. ^
de la première année de ce calendrier': hou's consacrerons^
également an artide erpécial au volume que tiotis annôïi^onà
et qui nous paitdt o&îr autatit «d'iutéi^t que lé' jfté^'
cèdent» * • '• ' ' ■ "
'. . . . '. . . . . • :» t
Mémoire sur la.gifufej p^r.M.MoAgez , meÉibre dé!
l'institut (acadéipie. dç^ inscriptions. et, belles-lettres).i
(Extrait de^. i^nnales i^ sciences pat^roH^s ,. JAiiUet
1827). Paris , Crochardy 1827 , in-8.« de 11 pages.
( 63 )
Ifésdte de -ce mémoire ^ plein d*ëmd£Uon', et dcnut la
inJHire que noas annonçons^ ne contient qne Taiicdjse ,
L'(pi*U n*a point paru, ayant cette année 18379 de girafe
■ France ^ 2.^ qu'il paraît que cet animal n'a point ctë
laené en Europe (Constantinopte excepté) depuis 1466 ;
5w'qae Jules-Cësar le premier en montra une aux Romains;
4.^ q[ue les anciens Égytiens l'ont sculptée sur leurs mo-
nBKas , el que les sultans d^Égyptè en conservaient dans
lear ptiaÀt «a Caire ; 5.^ qne f Ethiopie (nom sous lequel
ks aacîeiis comprenaient souTcnt les pays situés au midi
diet caianctes dn Ni] ) a toujours fourni à l-.Égjpte 9 à
Âknndrie surtout , les girafes décrites par les auteurs ;
6l* enfin que, naalgré quelques erreurs, faciles à corriger,
OB avait pu obtenir jusqu'à ce jour des descriptions assez
exactes de cet animal , sauf Te mutisme si extraordinaire
dans un aussi grand quadrupède , mais' dont aucun écri-
vain n'a cependant parlé.
lies quatre opuscnles dont les titres suivent , sont extraits
des Ardthes du Bhône , et ont été tirés Béparément et Ik
petit nom&re :
ê
Ltttres à M. C. N. Aman/on , au sujet de ses lettres
sur trois Lyonnais , premiers président au parlement
de Bourgogne ; par M. N. F. Côchitd \ 'des slcadAnies
de Lyon et de Dijon. Lyon., Barret, 1827 , in-8,® de
i5 pages*
••
Yoy. phu haut , tom. VI 9 pag. 3i^^336. ^
Bofpmi sur les médailles d^encmragemfint fondées par
Il duc de Plaisance , à distribue^ œtte ann^ ^ lu d^feis
la séance publique de Tacadémie deLyon.»; du i3
(64)
^plembre 1827» par M. R^gny, membre et oi^ài
de la commission chargée de cet obfet Lyon , Barre
in-8.^ de 1 1 pagies.
Voy. tom. VI , pagv. 357-347^
t)iscours de réception ^ prononcé à l'académie des sctencei
belles^lettres et arts de Lyon , dans la séance publiqu
du i3 septembre 1827, par M. P. Â. Gap , pharma-
cien , correspondant de Tacadémie royale de médecine
vice*présidetit de la société de pharmacie , secrétaire
général de la société Linnéenne , membre de Tàcad^-
mie, de la société d'agriculture, de la société de mé-
decine de Lyoïi , du jury médical du département du
Khône , etc. Lyon, Barret , 1827, in-^8.^ de 21 pag»
Voy, tom. VI , pag. 36o-375»
Discours prononcé à la distribution des prix du collège
royal de Lyon, le 22 août 1827; par M. F. J.
Rabanis , professeur' agrégé de rhétorique* Lyon ^
Barret, 1827, in-8.® de 25 pages.
Voy. tom. VI, pag. 597-4 1 3'
Rapport à la société d^agrîculture , histoire naturelle et
arts utiles de Lyon , sur Remploi comparatif de dif-
férentes charrues , nouvellement introduites dans notre
pays,^u nom d*une commission composée de MM.
Prunene, Grognîer, Mottard , Leroy- Jolimont, Blllon,
Rémond, Julin-Achard et Moiroud, rapportîeur.Lyon,
Barret , 1827, in-8.* de 16 pages.
(B5)
Sv ce n^port , jjpi est fait poià* intéresser yîveinent ^
liigrMBOines j la. socî^të d'agrienltare de Lyon a accorde
\1L Bescete 9 cbarron à Fontaine^ une prime de cent-
0MS ^ titre d*eiicoaragement ^ et elle a dëcidé qa'eHe
faut FacqnisitHm <fe la cbairue qu'U a inyeBtée.
Rapport à ia société Tùyàle étagricuïiure , histoire na-^
fmrellt daris utiles de Lyon y sur un conoours ouvert
pour la destruction de la pyrale de la vigne ; corn-
Hiissaîres : MM. de Martinel > Balbis et Fondras , rap-
porteur. Lyon ^ Baîtet > 1827, in-S.^ âe 16 pages.
Ce mémoire offre dé savons dâaità 8àr la pyrale de la
ngae ^ exposa d'uBC manière spiritàelie et piquante. U
est destine à servir de programme » comme le titiee Tan-
nonce, an concours oavertponr la destmction.de cetiii-
secte. Le prix dont les fonds ont étë faits par MM. Gonbajon
d Càonocd. , n^omas à Lyon , cotislstera en une -médaille
delà Taienr de foo flr. , 'qui sera àit^mée en séance pn^
bKqae. Les m^noires seront adressés an sect^taîre de la
socieCé d*agricaltnre , on à tout antre membre du biufeaù^
3s defreatétre envoyés avant le i5 juillet 182^8.
KscoÊtrs sur t influence du inagistrài , ^roAomcë à Tau-
£ence idennelle de la rentrée de la Cour royale ife
Lyon , le 3 novembre 1827, par M. ïustîhîen Rïeussec,
premier aVocat-génër^L liyôn y iiin^rlmerle de Louis
Perrin , 1827 , m-8.« de 2.% pages.
H. Aieossec a eu le bon esprit de ckoisil* iln sujet aAà-
Vi^ au temps et au lieu ou il prononçiiit son' discoun v
A n'a pas suivi Texemple de plusieurs de ses collègues
^1 en pareille circoustiuvee , traitent des matières étcàn*
Tome F il. 5
( 66.)
gères a« barreaii et se lirreiit , par ezflunple ^ à ides dw^
cu&siona déplacées sur l*btstoire on sor la: théologie.. Du
reate , ce n'est pas à aYOÎr su ëviter cel tfcueil ^fue.doivaiit
se borner lés éloges, \kiilt fopnscule dé M. Rmisseé bous
paraît digne: oa tréuve dans sa harangue de gnaqdesJ pen«'
sëes et de beaux sentimbns 9 relevés par Téclat d'un style
élégant et pur.
Méniinie dt facàdéinie royale des sciences^ bèlles-kitres
et arts de Lyon , sur le mode d'exécution des dîspd-
sitions testatnehtaîres faites par le major- gënëràl
Martin , pouir la fondation d'une ^cole de son nom à
Lyon,. et sur les préi;e9Uoas.,:niîin»fiH»tëe6.à ce.sujat
:par radtniaisiFation muaieipale ée la -mén^e ville;
-swi^i du' règlement' organique doilnëpâpfi 'académie à
'KièHitdiîdh. Lyon , imprmierié de Louis Perrin ,
••y«!27 ; in-8> de' 54 pages.
jCe.m4n[|pire doat la rédaction est due à la plume exercée
et féç^odç d(& SI. Guerre , est destiné à i^mé mis sous les
yeux d^ S. Exe. Iq nMuisljre de rinlërieuc* Toutefiois l'aca-
démie ne reconuatt piM( cpieee ministre soit. coMipétènt
pour décider les différends qui existent entre elle et l'ad-
ministration municipale de la ville de Lyon. Elle expose
ses di^>jl:s> fiÇA qu'ils soient bien, coufitts ^ et n'a recours
à la veie de Vimpressiou ^ue pour^ empêcher l'opimon pu-
blique de s'égarer et de se créer de fausses idées sur des
points de contestation que l'autorité judiciaire sera vrai*
semhlaOblement appelée tôt on tard à résoudre*
Mi l^a(]ibérde Bott»e»vi%^ a^^fM'hcMmàf^e' If là bîBItothëque
de 1« vil4é (le Lyon tle^ la'dètt'jti^hle édition dé ses Sei*rkons^
Panégjoriques et Oraîëolil^ fUAèbi^s , suivis d^un semion
inédit du R. P. le Chapelain ^ de la cômpaguie de Jésus ;
Paris, Horet , 1827 y i^yoL in-8.^
( 6? )^
Le n.^ 5, toaî 1827, du Bulletin Universel des sciences
'ft de ^industrie , pablië par M. le baron de F^rqssac ,
contient, pag. 4^8-4^7 9 partie des sciences hislorigues , etc.,
une analyse da mémoire da président Dagas-, que nous
aTons inséré d'ans ies Archives^ lôm; III, pag. 140-146.
L*aatear de cette analjse> Itf. Bottin* après avoir exposé
les motifs sur lesquels le président Dujgas se fonde pour
précendre qae St-Amlrroise était probablement nékLjon,
tire la conclusion suivante : 'ic Si ces raisons nt sont pas
y> des démonstrations ,' imposàrbled d'ailleurs k obtenir ,
79 lorsque lés doçumeui liistoriques manquent, au moins
» soot-elles un fuooçininent de patf ilotisme qui honore à son
>9 tour la mémoire de raaci^u prévôt dçs niArchand^ ^de
Le même recoéil , n.^ 7, juillet 1827, sciences historié"
^fues , pag. 64*70 , otfre un assez long extrait du rapport
inédit de M. dé la TodrrëtCè' Hur lë'fragment^de' b'rc^dxe
représenlàAt titie ^ambe de èVeTël , trouvé dfms la Saâno
en -1766; tapport^e noas avons publié dans notre t. IV^
p. 4*^ ^^ 4^^499' ^rè5 av/oir exprîdi^é le désir qu'9n re-
troure les antres parties de la statue dont il s'agit, M. Bbpin^
car c*est encore à lui qu'est <i(ucet article, nous apprend, '
dans ane note, qu'on s'oco^pe en ce momen^ de la, rë^
chfrcbe du monumeut entier, et qu'un i^in^têur zélé en
ll^t la dépense. Nous igporonç. le aqm de cet amateur.
On tr^uye encore dans, Iç m^nie; n.^, méipe partie ,
pag. 75-77, Fanaljse due également k lUf. Botùn , de la
lettre de M. Cochard j'ur des monnaies des églises de Lyon
et de Vienne , décààv^Ùfs a Lngnf ( Sa^ae et hmtè) ^ in-
sérée dans les 'ÀrcMi^^ tom. IV^ pag. 43-»57«
t t
I .
<68)
BULLETIN HISTORIQUE
J)U MOIS DE NOVEMBRE 1827*
f
» , .et _i,e prix de la livre usuçlle da pain ferain -m
été éîeYé, par arrêté de la mairie, à 25 cent. 3/4 (4S' 9*')^
et celtti du pain bis à 20 cent. (4 «.)•
♦ 5. — Rentrée de la Cour royale. AFifistie de la messe
du*St.E8prit, à laquelle ont assité les tribunaux civil et de
coïtimerce, la Cour s'est rendue' dans la grande salle da
oalais, oh M. Rieussec , premier avocat-général , a prononcé
ta haraM;ue d usage.
• Menu jour. - Ordonnance d^ r«iap4 «WtoflBe »« ji"»
deVyon à acquérir , dan« le quartier de, Cbwtr^w, 1 ep-
pUc/ment nécessaire pour , établir le d^ Ae. poud^S-
» A, - La fête de S. M. Charles X i» été célébrée aa
iouiS'huULyon : une messe sblehnelle a été cbautée dans
Ctédrale ; «ne re,ue générale dés troupes de la garn.sott
a eu Heu su; la place toms-le-Graud-Pusietirs pnsonn.e«
pour dettes oni ëlé mis en liberté sur les fonds de la do-
Ltion du major-général Martin. Il y a eu spectacle gratuit
Ï^ deux théâfal , et un feu d'artifice a été t,ré sur U
• a
Sa6ne.
* Méme'iaur.'-Le mv<Johal duc de Tareat© estar-
ri;é hier à Lyon , pour sere.^ d«.le Midi et y pa«^,
l'hirer sous un climat plus doux et p us fayorable à^
aanté. M. le vicomte de Marcellus , mimstre de France i
îatur de Lucques , a aussi|«..e à Lyon , .enant d^ta he
et se rendant k Paris. M. le prince de Beauveau a égde-
ment traversé nos mur. Tenant de Pari» pour se rendre à
Montp^ier.
( 69)
/« 6. —« 1/ association paternelle des eheraliers de S^
inis a , confiMnn^ment à 399 statuts 9. fait cël^rer aor
jsiirdrhoi une messQ solennelle y à Toccasion de la fête de
S. M. Charles X.
*^ 8. — • M. Devienne , fils de Tan des jages de paix de
Ljon, appelé anx fonctions de substitat , près le tr3>nnal
cItîI de Trévoux (Ain), a prélë serment devant la Cour
royale de Ljon. Il avait précédemment rempli les fonctions
àe ioge-snditeor , d*abord à Ljon et ensuite à St-Étienne.
/^ 10. -— Mort de M. Yelaj y tm des TÎeaires de la mé-
toopote, âgé de^Si ans*
/
^% II». ^ Onvertnre du cours public et gratuit de
géoméirie-pratiqae 9 professé par M. Prévost , et du cours
éplement public et gratuit de chimie 9 professé par
M. Tissier j au palais du commerce et. des arts.
;*^Meme four. — Ordonnance du. roi q^ui érige en cmres
de seconde classe les snccuraides. de St-Fcançois de Sales
ei de St-'Iréaée-k Ljon..
^%-»i2.ir. Idt, professeur dé rhétorique, au collège royal
de Ljon , a remis 9 entre les mains .de M. le curé de Saint-
Nîzîer , pour être distribuée aux pauvres de cette paroisse
âne somme de 5oo fr. qui lui avait été allouée poui* émo-
lamens de ses. fonctions de censenrdes Journaux de* Ljon.
*^ Même jour» — Rentrée des classes de Pécole dedessin^
»Dsi que de celle des cours de mathématiques élémen-
taîies et de mécanique industrielle dé l'institution provi-
soire La Marlinière.
^^ 1 4» — > L'buverture dé Tëcole secondaire de médecine
firndée sous la présidence de M. de Lacroit-Lavali, a eu lieu
%uîonrd*bul en séance, publique , dans l'amphithéâtre des
keons. M. Ravier du Magn-j , administrateur 9 présididl Tas-
( 70 )
ntmhtée. Cette séance ëtaît aussi consacra à hi dtetrtbn
tîoa des prix que radnnm^tratidh ticdùrde totifeè \éi aniA^
aux éiè^e^ itnëraès eii'niédédtnè et en clnMi%iè',-cttii "s
sont distingues dans Texercice de leurs ' foiYcti'ons % le
ëlèyes couronnas sont : MM., de Virj, Reissiçr et Clièze
Un public nombreux et choisi assistait à cette cérémonie.
des places rëséryëes e'taient occupées par Messieurs les ad
ministrateurs et professeurs de l'école. "L'un des profes-
seurs, M. Geusoul, a prononcé le discours d'ouverture -^ 1
a parlé sur renseignement clinique, et à d*abord donne uv
aperça kistpriquie dû, suje.t qu'ilse proposait de traiter ; i!
a ensuite développé d'excellens préceptes sur le diagnostic .
le pronostic et la thérapeutique; en traitant de ces. diverses
parties, Tauteur a donné dés pireuves dti savoir 'et 'de la
sagacité qu'il porte dans la pratique de Part. M. le pi^ésidenl
a ensuite pris ta- paille*, il b répohdu à l'orateur , et a
«dressé de sages e^oirtutions aux élèves. '
*^* i8. — MM. Jars et Royer^Collard sont nomm^ «dé-
putés du département du Rliôtte^ p«ir les collèges du -Nord
et du Midi de Ljon. Le même jour M. Humblot^Cômté^a
été proclamé député de ce département à Villefranche.
Voici le texte du discours que M. Courvoîsier , procureur-
général à la Cour royale de Ljon^ a prononcé, à l'ouver-
ture du collège de Villefranche qu'il a présidé :
u La désignation seule du président de ce collège est y.
pour VQU89 la preuve manifeste de la liberté, dont S. M»
entoure votre choix. Étranger h cet arrondissement , et sans
prétention à vos suffrages , ma présence , ici , n*a pour but
que 'd'assurer le maintien de l'ordre et l'observation des
règles ^ tâche facile au milieu de vous.
Quand .les- factions figitent l'état ^ o^ ne sainrait espérer ,
a^ setn d'un collège électoral, le silence absolu des pas-
sions : quel acte, politise. «Siige pom:tant^ de la part du.
citoyen qui l'exerce ,, plus de calme et de maturité ?
( 70
les Actums nous crient qae la pMMtilstioB. est ëfanoiëe;
^ les libertés piiUiqaes •ojnt!Ooiiipi^8(ini8e8 ^ que le des-
jwtisMC nous JMBMfli^) et qM ^ mir les raines dé la charte ,
n Tcat ériger le pouyoir absola d*an monarque , ou n<ms
9. ootnitte an ^xîème sîëele^ ««x tésèbres^lé tSgno-
et ^ la somlMpe domînatioai'daxîlepgé.
PeseiBs «u mcnuent ees ^pîefs : libre d'amintion li toutes
les époipies ; éiemé à la haute laagiftralure ^ sans l*a^r
désiré ni demandiif ; qse .ma ^oîm^ Messieurs ^ ne ^ifoii^ soit
'ya& snsfWcAe : je Tai lait entendre ^ pendant huit ann^e ,
^ la triÉHine de la France; laconTictîon seule a |ra l'animer»
Àtann défà , des trames s'oordîssaieHt'dans Toisbre ; le
foiTecsement «la trône des Soari>ons en ëtait la 4n. Les
liMitewa* de ces complots se |:âraient de rèle pour le peaple
et d'enthousiasme pour Ja liberté : enx I les pins fBsns et
les phis orgn^leax des faomnres : enx- 1 pour qui le peuple
ne fut et ne sera jamais qu'un agent «serrile ^ et la liberté
«|u'nn Tann mot«.
àl(Qiis,4^^ on noDS' disait qtie nos libertés étaient en^
▼aines et qne le goneernement en conspirait la mine .* tous
ses aeies étaûnt înoolpés ; tons •ses membres étcrient déni*
grés ; on les acesUaitde haine et d'inTOOti^es ^ le roi vou-
lait la paix ; 3 sentait le besoin de la concorde >poar aifer-
mv et développer, »an sein de Tordre, des institutions' des-
tinées ^ non à 'provoquer les dwsensions'dfiT la république ,
nais h fonder une' liberté sage sur Paniiqne sol de la'roo»
wrehîe ^ îLoédait à*ce véea ^^il changeait ^ ses mintfttres.;
suis , après leur cinilef ceux qui lest l[rtuieUt«es|ûllis>s?ém^
puaient dé leurs convras ; 'ee<qu'ils>iavaient'aceu8é ^^'lis le
vantaient; ce qufils avaient repoussé^ ik'le réelaiMciieM')
criant de nouYean que les miniitiiM eonspiraîent perfide^
nent'conire la-eharte. G^é8t'aii|siqaeiee-lbi8*rtfâdue&4'e(
i%7*et iStff^ snr lesoriMgM> éléoKXraui ,^le teët^tement^
i> fitue-Bt i» jtnry 9 ont été succestrMmettt dééetft^ées, àé
ktHiaae'0t' étm^ ^* 4^nmiattx?, eoflMné des dmtfes'*de
( 72 )
tyranniB; pinB'ftoiitea«es etprëconisëes comnfte d«s mstb».
lutions tutëlaires. Messieurs , le^ langage des factions n'est
que mensonge ; elles se jouen^ impademnaent du bon et
du Trai*
Nous sommes libres , qui oserait le oonleetep ? nous le
sommes et nous ne pouvons cesser de. l'être s depuis 800
aos , 1a dynastie qui nous gouTefne travaille à établir c^tte
liberté , dont la chalrte a régie la jouissance ^ es Férigeant
en base fipndamentale de l'état. Le chef de la troisième
TAce avait conçu le plan ^ ses successeurs s'y sont attachés
(ivec constance ; ils l'ont suivi, parmi les obstacles, selon
le progrès des hommes et des tempe : Louis XVI ao%vait
leur ouvrage , plein de sollicitude pour son peuple , quand
des factieux l'ont renversé du trône : vous connaisses ,
Messieurs , le bonheur dont cea restaurateurs de. la liberté
nous ont Eeiit j^uir : vous avec vu la révotutiop ; vous avec
vu l'empire ; vous pouvez apprécier sainement le xèle * et
l'intégrité de ces amîs du peuple qui , maintenant oomme
alors 9 ne nous parlent d'oppression et de despotisme 9 que
pour nous cendre l'égalité de Robespierre ou la liberté de
Napoléon* Ils ont , les uns k venger une cupidité déçue-^
1^ autres à se. créer , parmi de nouveaux troubles , de
i^ouvelles chances de fortune : violons ou mesurés . selon
l'occasion. , mais toujours dissimulés et fourbes , ils font
des dupes et trouvent-des compilées : c'est pour conspirer,
avec plus de sécurité contrje le trône légitime ^ que , dep-
puis douze ans y ils nous montrent le gouvernement du
xoi.^ conspirant contre nos institutions.
' Oui y Messieurs « nous sommes libres , et nos institutions
sontinuBuables , si de nouvelles révolutions ne les détrui*
sent Nous jouissons de. la liberté la plus entière, dont un
|»euple civilisé ait jamais joui sur le globe.; l'histoire esi
ïèk qni nops.l'attesfeSk Qui de. nous se croit menacé daifs ses
Jbiens on dans sa personne ? L'autorité commet-elle deè
«Hl^tes urbiiraiDès ? en connsisses-nons, dsns cette contrée^
C 73 )
^ipes essais ? Ce n^est pas le despotisme an prince^
fiffression Aes gran<l3^ la domination de Rome , qae nos
l«Moes «hgîtëes et inquiètes ont à redouter d ësormais :
feipnt d*mdëpendaiice est dans nos mœurs ; il a pënëtré
eu toutes les -classes ; il 7 fermente et ou l'y excite par
nie efforts : bisarre efferYescence ! Le pouvoir est assailli:
m FaiBense , on l'outrage , on le calomnie impunément et
«as rd^be^ le fieoTS de la démocratie coule h pleins
iMffAs , sdon rexfnresMon d*un orateur , que les directeurs
de VoiRBioB imposent , en ce moment y aux choix ^ dans
la sccosrfe ville dk& royaume : en butte à tous les assauts ,
le ^Temement ne latte que pour sauver Tëtat de Tanar-
cUe; et pour no«s y enfoncer 5 on s*obstine à le signaler
aux passions eoname usurpateur et ennemi.
Éleeteurs de cet arrondissement , propriétaires et négo^
rîflUL ^ TOUS que les révolutions frappent de ruine ^ pour
vous livrer ^ mutiles et appauvris , aux fougueux tribuns
'une pQfpulsce égarée f puis aux satrapes altiers d'un des»
yte ^ Y^ ^^B^ âevé sur le pavois , refuserez- vous au
gonveivement du roi l'aide qu'il reclame j pour vous pré»
serrer de ces fléaux ? La charte a des ennemis , mats en
vous les dénonçant -on vous trompe j les ennemis de la
charte , ce sont les hommes qni la minent en fomentant
le trouble , et qui en arrêtent les développemens , en s'ar»
■ant , pour remuer la France 9 de ce qui ne lui fut donné
^ae p«mr son repos.
Qui ▼oudrail, du reste f abolir la charte ? qui peut le
vouloir ? est-ce le roi ? il sait , n'en doutes pas ^ que le
pouvoir absolu ne serait, pour le chef de Tétat , qu'anxiété^
iûblesse et impuissance : nos rois ont successivement af*
franchi leurs sujets , créé les communes ^ aboli la féodalité,
léUbli les assemblées de - la nation ; c'est par eux , c'est
par leur effort , qu'aux ténèbres de l'ignorance ont suc»
cédé la civilisation et les lumières ; et l'on osé insinuer que
k roi de France , au 19.^ siècle, que Charles X 9 ce prinos
pieux et loyal 9 n'a juré la charte que pour la tioler*
( 74 >
. Mais les mîoiatres ! le^ minUtr^fi ! eh !
ni «ires sana la. chtirte ? saiM I9 Dduyel ojpdre.coDatîtaliQniiaiy
siëgeraieutTila aa eoncieU .du prince ?> c'eat la oiiarte . igai
le^ y a poitt^s* .
Qui donc la raeoaoe ? sontice les chaiiil>r«s ? La dastcac^
tion de la charte serait la destruction de la pairie j les {^airs
ne peuTent donc conlipirer contr^elle*
La chambre de$ d4putés n^est pas mointo intéveiMée k la
défendre : crojes-Yous 9 Mesaienrs^ que oeloi qui en est
membre , après avoir si vivemeiit biiguë vos. ai^ffiraf^ 9 ae
rësîgne aisément à miner des inslittttioas qtii rjenlonreot
de lustre et d'importance ; qui lui ptoeorent le mojen de
servir ses concitoyens ^ /en servant sa patrie v ^ moyen de
les protéger dans leors. intérêts privés .9 et de se conoUîer,
en retour dû la^ gratitude .qu'il leur témoigne 9 leur. afiifttJtîon
et leur Qstime ? Le mandat est onéue»'^ la moyenne pnn-
priété ne peut en supporter la charge ; mais le riche prc^
priétaire 9 qoi le brigue y s'impose implicîiement un de*
voir 9 que , d'ailleurs, la rabon 9 la.néceaaité et ses-propieef
intérêts lui tracent 9 celui de oonCdodre ses intérêts et sea
voeux dans les vœux et 1* intérêt commun •
OOl donc est le danger ? le verra*t-^a dans l'aneienBe
aristocratie ; dans ses projets et dans sa force 9 dans ses
vœnx et dans ses regrets ?
Hors, la pairie 9. où elle se concentre 9 et où le gouverne»
ment travaille à la concentrer , de plus en plus 9 par Tasg^
mentation du nombre des pairs 9 rarisfocratie en France
n'est plus qu'un vain nom. QuoUe influence pourrait-elle
usurper sur une terre , où les nevif dixièmes de l'imp&t
fonoier proyiennenfe de cotes aunlessons de cinquante'fr* \
dans un royaume, dont Tindustrie fait la richesëe; sous
un système de gouveirnement 9 où le :crëdit est le pivot de
toutes., les^ op|srati<)Kis- poUtiq[ues et ad#»înî>tratives. ; >daB|
nnpfiys., enfia^ où le banquier de la jcapitala) bcillatit-et
déd^iyipftx 'SQUJB^ ^^ Ifunbris 9 déplpielout le 'feste de la
'( 75 ) . .
et dé la pnissatice , et taons familiarise avec cette
m qite Tlic mine ne -ratit qae par Por , dont il se charge
tf&st il doit se charger à font ftix ?
Oa ne saurait nÎTeler , dans nn ^fat , les coVid!tidns ni
jsIbitDiies; république <m monarchie, n'importé, il est
ne iflftaence ins^paraUe de la richesse , surtout quand
cclù qui la possède la retère par nn noble emploi : nniis
m ndUeu ^e cett0 hiërdrchië , qnî monte , par degrés , de
k ébxBLtûSitre jasqu'au pied du tr5nô , Tintifrét de là pro-
ynéXé estîdentiqae; plus d'exceptions ^ pins de priiril^ges,
plus ée têtes assez folles pour en conspirer le retour ! qui
peamît, s'il n'a perdu le sens , songer à fd ire l'enivre ce
qttî et soi-même s'écroulait en 1790, par un sacrifice libre
et spontané , ayant même que la hache de la rëVolntion
le fit leiFée pour Tëduire toot% son nirean ?
La ehaite constitutionnelie a donc pour appnî les "Toenx
A rialéret de tons : rien ne lu menace , le roi et ses mi*
iâstTe« , \es "pairs et les députés , le grand et le moyen pro-
^pn^\Te y \0QA enfin , hors les factieuic <{^i nous agitent 9
sont liés h son sort et ne pensent aspirer qn'à l'affermir.
Le daagér n*esi pas 1^ ; il c*t dans fanai^hle qui nous- ga-
gne; toat homme sensë sera frappé de ies progrès. On
propage , arec impudence , les principes subversifs de
l'ordre social : des plumes , treiBfpées dans Je fiel , dessè-
chent les cœurs ; elles égarent les esprits •, elles nous
wnlèTent contre la législation et ses auteurs , la royauté
et son ca\le , la religion et dés mittiîftrcs ; nous perdons la
coBsid^^tion pour le pouvoir , le respect de la hiérarchie,
le sentiment du besoin de l'ordre , même le souvenir et
la crainte des horribles calamités que les rétofations traî-
aetit à lenr snfte.
Que renient donc ceux qui tootis crient que le despo-
tisme nous opprime et que nos institutions feoiit menacées?
iMrce la h'bejtë ? nous en îonîssohs -, et ils le pronten*
pBp'k réfidéncé , pni^*ils en usent jnsqu'-à l'excès.
( 76 )
Esl-ce la ëécntiié? Us n'oat fait depuis la restaarati^n
qme semer les ombrages et nourrir la défiance et les alarmes.
Est-ce la stabilité ? La haiae précipite leurs élans^ réduits
à menacer , ils se vengeât de leur impuissance , en notis
montrant arrogamment 9 comme prochains et inéyitables-,
les boulcTersemens dont leur espoir se berce et dont leor
imagination se repaît Si le gouTemement s'égarait , c'est
à eux qu'on devrait en imputer le blâme } il doit craindre 9
s'il ne les entrave , que leurs efforts combinés ne réussit»^
sent à soulever enfin l'opinion ; et quand ils lé bravent ^
en lui montrant le débordement de ce fleuve , •n la. dé-
mocratie coule à pleins bords , est-il étonnant qu'il essaie
d'élever quelqueé frêles digues contre ^impétuosité des
flou?
Messieurs , si vous aimez votre patrie 9 craignez de leur
donner force , en suivant leur direction dans vos. choix :
évitez ce qu'ils vous indiquent ; rejetez ce qu'ils voaâ con-
seillent y ils ne peuvent que vous égarer et vous perdre ,
vous et ceux qui , comme vous ^ se flatteraient de ne se
placer momentanément sous leur bannière 5 que pour dé-
tourner l'effet de leurs complots*
Leur bannière ! il n'en est qu'une pour notre salut et
notre gloire ; celle que le roi qui nous gouverne , celle
que l'auguste auteur de la charte voulut , ainsi qu'il le
disait lui-même y planter » de sa main , au milieu de la
nation ! Qu'on cesse de contrister le cœur du monarque ;
de flétrir la seule jouissance qu'il ait convoitée sou6 la
couronne 9 l'amour et le bonheur du peuple français. Qu'on
cesse de souffler le feu .de la révolte : qu'on permette au
frère de Louis XVI 9 an petit*fils de Henri IV, de se livrer
à l'effusion d'une âme généreuse ; et quand il viendra.,
parmi ses sujets, chercher plus de sécurité contre la mal-
veillance et ses présagées , qu'on ne le réduise plus à faire
ettleadre de si déchirantes paroles : Je venais chercher ,
parmi vo^s , de9 hommages et non des leçons*
C77)
XVI 9 an même liea , n'ayaitreçu, que des koÉi-^ •
^les spltlaU citoyens qui lyentourëreatv^A 1789^
■!*imt momentanëment son sceptre ; on ne les j aidait
^jcs igne pour le rompre. II fat brisé ce sceptre : on
liopîrait qo-^à la liberté , mais des hommes perrers von-
faiest le crime , et le crime a spulilé la France. C'est
is j qQ*là la Te&Ue des rdrolations , on s'endort sur Tim-
ûenoe du dauber y séduit on ayeoglé par des prestiges.
Messieius ^ si tous aimez votre patrie , exigez , ayant
taol^ ]ponr condition de yos suffrages , un attachement
notoire sax principes de la monarchie , un déToaement
inébrufaUe à la dynastie de nos rois. Ce n'est pas la li-
heti^ qni est en péril , c'est la France qu'on attaque en
«Saquant le tronei^ s'il venait à s'écrouler y tout chancel-
knîtsoos ses débris»
Que Totre mandataire réside parmi tous : s'il n'y est
fsppelé par des habitudes et des goûts , si les soins de sa
fortune ne Vj fixent 9 il échappe à la responsabilité de sa
mlsnon \ loin de vous , il peut se jouer.de. votre gi*atitude
on de Totre Uiune. n
• ■ I
^\ rp. — Le jj.^ régiment de chasseurs à cfae-ml , re-*
laat de Lnnéyifle , est atrivé àajourd'htii pour tenir gar*
nsoB \ Lyon , o& il t^eirùptace- le 4*^ régiment de la même
arae. Le noureau régiment fort de trente-huit officiers et
f environ cinq cents sous-officiers et chasseurs , occupe les
cuemes de la Nouvelle-Douane et de Seriù.
' * ■ .
/, aa. — • Le Cercle littéraire de Lyon a nommé , an*
JMtBffani, ponr son président M. le docteur Terme 9 et
foor son vice-président H. Pericaud aîné 9 bibliothécaire
èelavîDede Lyon.
\ ^ — Ejection pour le cotWge du département du
Ume ée MM. Mottet de Gérando e% de Lacroix-Laval ,
vmdiûatéê de ce département La' veille de cette élection
< 7« >
Kl.' le liemtenflnt yfaôitale Pàultrê ée tiaiiiotliê'> a ptonùnôë a
l'ottTeiture du collège- <]u^il a prë«idé le diéeotn*^ satfatit :
' Messieurs , appelé de noUveaa par S. M. àThônneur de
prësider le collège électoral du département du Rl^ône , je
ne dois sans doute cette faTeur qu*à mon dévouement san^s
bornes "k Tauguste famille de nos rois , et à l'estimé dont
je suis pénétré pour une population aa sein de laâruclle
oti Voit briller tant de senti mens généreux.
Quelles réflexions ponrrais-je vous adresser inâîntenapt,
Messieurs ^ sur Timportance de l'aqte politique qui vous
a*asseiQble ? que puis-je dire de bon et de vrai que déjà
TOUS n'ayez entendu et commenté ? .
Parlerai-je de la nécessité d^affernaîr le trône di^ns une
Ville que la chute de ce trohe a frappé de tant dé fléavtx ?
Essaier^irje de vous rassurer contré l'envahissement da
despatismé et la ruine de nos instrtutlôns constitutionnelles?
vous savez qu'on n^est ni opprimé, pi menacé d*oppressîoii
quand on attaque constamment e|^. impunément ceux qui
gouvernent. Sî nos înstîtntions pouvaient être, renversées •
ce ne serait que par leffort des agitateurs qui ne voient
dan^ la; ch^te qu'une ii^stitnU9n.,.dé^<Kratlq[fe9 .4|in<tîft
que Louis XVni ne !> .^«Rn^^.Kfi^*. ReaQ^^ We P9,ur
renouer dani^ la France mo];ifarcl>«qi^j£^.cl^me de^ A^ff^p^.
modernes et des temp^ ajxciR^f ? .,. . i . .. . ,
Vous peindrai-je les malheurs des rév<^ntipn$ ^ qn^n^
TOUS en 'avez été sî çruellf n^enl viptimes ? Et si. ç^es^.^it^rj
mes , aussi dissimulés que coupables, aspirent à vous les
rendre , en~ trompant le peuplé turile'igaaveménentet^^^s
actes , est-ce parmi vovs ^ Messieurs «^ tous v notaUesilM^^i
bttahs d'une ville que U' Cenvêntîon venfut, effacer de :Wr
surface delà France v est-ce parmi vousf4|ae là contagion,
pourrait se propager , alors même que d'autres départe-
tnens ne réussiraie.nt pas à s'^en 'défendre ? -* " .
Le roi, se confiant en ' votre dévouement, ne manque
aucune occasion, Messieurs , de ï^eAtretenlr de'Cette Itu-'
(.'79)
^il4 «vee las 'dëpntës et arec te» ffdminwtititéarft
q«11-MlfB«t à rhoiHieur de s'approcher de éa personne i
Ifon cet tram/uiile'^ ttie disait naguère cet excellent prince,
sm îniÂuirie prospère ^ jai été content dt ses prbdàtts \ et
je dors en paix quand je sais que t ouvrier tra\miUe H que
tous les cœurs se fondent dans Rattachement qu*ils doivent
wte rendre.
Oest pourtant sons \e rèfgne de ce prince , que des sn-*
}et8 ëmmemment peHides appellent de tous leurs vœux et
de tous leurs moyens le renrersement de nos institutions ,
sans saTdtr oà s-'arréterait Tceuvre de leur félonie , et s'ils
en recaeîlleraient le fru^t.
S\ le trône n'est pas menace par des complo.ts , (Hument
explîqiier cette fureur d^accuser, die.d^^igrer. et d'acca-
bler d'outrages tous les hommes <jae.le.r9i pr^poçe jiqur
diriger en son nom les diverses branches de radiniqfstra-
tion publique ? Ce n'est pas ainsi qu'on s'exprime quand
ou M TcAt' qn^^clairer. Us agèns du pouvoir , améliorer Ja
l^alutioa et concourir par une critique ëolaîrtfe aiar me«*
sares qfiii peuvent assorer la prospérité de la patrie.
On peot donc craindre que oea âana n'aient pour but
d'<fbranler, dans le cœur des Français , l'amour du roi et
la fidâitë pour la dynastie ! s'ils n'ont pas ce but 9 ils peu-
vent du moins produire ceC çfTet. Rallions-nous donc et
serrons-nons , pour opposer à ceux qui pourraient projeter
de nouveaux firoubles , aes hommes dont, le caractère et.
les opinions nous garantissent la stabilité et le repos.
Si le soldat est toujours prçt à sacrifier sa vie pour $0^,
roi y il est un autre genre de courage plus rare , ,et non
moins glorieux ; il consiste à braver là popularité par Te
sent ment du devoir, k rester inébranlable au milieu des
invectives et des haines que ceux qui attaquent les principes
de la monarchie appellent sur ceux qui osent les défendre.
Les députés ont besoin de ce courage , le dévouement seul
en est la source ^ n'arrêtez donc votre choix y Messieurs ^
( 8o)
ffàB SUT des bommjss pénétrés de ce principe : qu'oa n0
peut affermir la liberté qu'en fortifiant le potivoîr rojal^ilLai
France ne doit la liberté qu'à ses rpis ^ .mais ses rois ji'oot
pas voulu la rendre libre , pour la livrer à l'anarchie ^ en
abandonnant aux factions la puissance 9 la force et les
droits du trône ! ViYE LE Roi I
^% 27. — M. Ghaurand , négociant à I^jon^a été élu aa-
jourd'hui par les notables commerçans ', [u^sident du tri-
bunal de commerce , en remplacetnent de M. Bourbon ^
dont les fonctions expirent le i .^^ janvier prochain.
^\ a8. — Les mêmes notables dans leur assemblée de ce
jour 9 oAt nommé juges titulaires MM« Augustin Lacombe 9
Montaland et Fontaine de Bonnerive, juges stippléans ac-
tuels , en remplacement de MM. MT>nlong , Mottard père
et Biétril aîné.
I
^\ Mène jour* —-Décision de S. Exe. le ministre de la-
guerre qui approuve le projet arrêté entre M. le lieutenant-'
général Rutj et M. le maire de Lyon , pour la translatioa :
définitive du magasin à pofMlre de Lyon sur le fortSt-Jean»
^^ 2û. «- .Les membres de la chambre de commerce
♦ *
ont procédé au renouvellement du cinquième 9 sortant le
3i décembre prochain , et qui se composait de MM. Mottet
de Gérando , Antonin Rieussec , Gharasson ^ Lambert et
Bousquet père» Les deux premiers ont été réélus , les au*»;
très ont été remplacés par MM. Bourbon , président du
l*ribunalde commerce , Bardoasse , ancien juge au même,
tribunal, et Gaiot.t commissionnaire.
1 ' .
1
» %
)
(8i )
STATISTIQUE.
fana HISTOBIQXTES sur la rille de hjùû, oa descripltôii par ordre
alpbahctMiae des quartiers , places , mes et montimeiis de cette
( I.*' Article )»
ÂBBAXS (rue de T). Ouverte éh 1789, elle travèirsé
de la p/ace d'Ainay à la rue Jarente. Le sol et les mai-^
sons étalent des propriétés du chapitre d*Ainay. Elle tiré
soQ nom du palais abbatial qui y avait une issue. Deux
miscMis onï leur entrée sur cette petite rue ; otl y
Gompte 37 ménages ayant une population de i54 in-
£vîda$ 9 et 7 ateliers occupant i3 métiers pour la
&bncaiion des étoffes de soie.
Comme W. &e 3arente . dernier chef de ce chapitre y
faisait sa jvsidence à Marseille , dans labbaye de St-
Victor, Aint H était aussi titulaire^ déjà ayant la révolu-
tion, le palais abbatial d'Ainay était loué à des parti-
(i) Le coimiiencement de ces Essais , dus à une société
it gens de lettres et artistes lyonnais ( MM. M. , S. ,
M. de y. , P., etc. ) , a déjk paru, il y a quatre ou cinq
sns, dans nn recueil périodique qui n'a pas été continua
( Tuy. Archives du RhSne ^ tdin. Y , pag. 457 ) : uoas les
nprodnisoiis ici , augmentés , complétés , reTUS et cor*
li^ arec le plus .grand soin. Ils formeront dans nos
feaîUes one suite d'articles de statistique et d'histoire
locale. L'intention des ctuteurs est de les réunir^ lorsr
qa^ds seront terminés , pour en faire un corps d'ouvrage
iépm, B.
Tome FIL 6
( 8f )
culiers. C*ëtait un ëdifice riche en grands souvenirs y
dont nous allons brièvement rappeler les plus iihportans.
Cette abbaye est si ancienne que sa véritable origine
se perd dans les ténèbres du moyen âge.
Suivant nois historiens , elle doit ses premiers commen-
cemens à S. Badoul ou Badulphe , qui vivait avant la
fondation de la monarchie française. Ce fut, à-ce qu'il»
parait , vers le commencement du quatrième siècle que
ce solitaire vint sétablir au confluent de nos deux ri-
. vières , auprès d'une crypte ou chapelle souterraine ,
dédiée à S. Pothin , Ste. Blandine et autres martyrs de
Lyon , dont les cendres avaient été déposées dans ce lieu.
Ce monastère fut favorisé des bienfaits de la reine
Brunehaut , qui a passé pour en être la fondatrice.
Lf s Sarrasins y dans le huitième siècle , le détruisirent
entièrement.
Ce fut dans le dixième siècle et par les libéralités
d*Amblard , 53.® archevêque de Lyon , que Tabbaye
d'Ainay commença à sortir de ses ruines; mais ce ne
fut qu*au douzième siècle qu*elle fut entièrement rétablie.
Plusieurs de nos rois ont logé dans le palais abbatial
qui, à ce que raconte Paradin (i) , était 6eau , somp-
tueux et magnifique , ainsi que le témoignaient , de son
temps , ces grands piliers incrustés et enduits de riche
marmoraL Henri li, en 1648, en revenant de visser les
frontières du Piémont , alla loger dans cette abbaye où Tat-^
tendait la reine Catherine de Méd^.cis. Louis xiii y a logé
en i63a, j639et 164^9 et Anne d'Autriche, en '658. (2).
(i) Mémoires , de Phistoire de Lyon , p. it6. * B.
\7) M. d'Haï In court , gouverneur de Lyon et père de
Camille de Neuville , abbé d'A&oaj , y fit aussi sa réai'
( 83)
En iSo3-, Tarchiduc cTÂutnche, Philippe-le-Besu , fils
it Tempereur Maxîmilien et père de Charles-Quint ^
«âfii Ycnu à liyon pour traitât de la paix entre la Ffdnce
ci l'Espagne avec Louis xii , qui s*y trouvait aussi ,
rât loger à TAbbaye d'Ainay , où il fut malade ; et
Toîcî comment s* exprime à ce sujet une relation de ce
temps-là: a L'archiduc print gite a Tabbaye d'Ainay, lieu
» ires Y>eau en belles prairies , entre les rivières de Ronne
s et de Sonne , qui la se jôingnent ensemble. »
Les calvinistes ont démoli les cloîtres , et la révolution
a ax^Ècré de détruire ce palais dont il ne reste plus rien,
non plus que des maisons canoniale^ qui et» dépendaient:
tout a été -vendu , et oh y a percé des rues.
Cette abbaye fut d*abord régulière depuis S. Badulphe,
son premier abbé , jusqu'à Théodore du Terrail ^ qui
dléoéda en iSo5, et qui était oncle du chevalier Bayard.
"EftWe faV. ensxù\e mise en commende : les abbés rom-
mendataires farenl Philibert Naturel i Antoine de Talaru;
ïjoaîs de Bourbon ; Nicolas dé Gadis , cardinal ; Fran-
çois de Tournon , cardinal , archevêque de Lyon ;
Hippolyte d'Est, cardinal , archevêque de Lyon ; Vespa-
sien de Gubaldi , ardievêque de Vienne ; Louis de la
Chambre , cardinal ; Pierre d'Epi nac , archevêque de
Lpn ; Michel Chevalier ; Guillaume Fouquet ; Camille
deNeuvfUe dé Villerey, archevêque de Lyon.
dence fosqa'k sa mort , «rrîvfe le i8 janvier 1642* Ea
1621 9 le consolât accorda à cet âbbé y et non aux autres
Met de lujumille de Villeroy , Tosage d'une pertioa de
Teau de Ja fontaine de Gboulans , pour les jardibs d^
Ml Mmje ; ^ ^^^ ^^^ 9 il ^^ pratiquer àms la Sadnc
efo canaux qui amenaient ces eaux.
(84)
Elle fut sécularisée en 1 685 : les abbés séculiers ont
été le même Carûille de Neuville de Villeroy, archevéquej
François-Henry d'Haussonville de Vaubecx)ur, évièque
de Montauban ; Henry Oswald de la Tour, cardinal
d'Auvergne , archevêque de Vienne , et le dernier a été
Lazare-Victor de Jarente.
L'abbaye d*Ainay faisait autrefois clôture de la ville
du câté du Ijlhàne i toutefois remplacement sur lequel
elle était construite et ses dépendances nVtaient pas ré-
putés faire partie de la ville. L'abbé , * seigneur haut-
justicier, faisait garder le cloître et les rivages du Rhône
et de la Saône , pour les mettre à Tabri d'une surprise ,
et Ton ne voit pas que jusqu'au seizième siècle il y ait
eu des fortifications ; mais la ville alors ayant été mise
en état de défense , du côté de la Croix-Rousse , de l'une
à l'autre rivière , les murs de St-Just ayant aussi été
réparés ei renforcés , on fit élever dans le pré d'Ainay (i)
des palissades , redoutes et autres ouvrages de défense en
terre et en bois. En 1621, on donna à ces fortifications
une forme plus régulière , et ce fut à celte époque qu'on
éleva le portail d'Ainay , dit d'Halincourt , qui se trou^
vait près de la tête orientale du pont actuel d'Ainay ,
et dont il existait naguère encore quelques vestiges (2).
(i) Ce fttt dans ce pré que le jeune Bayard fit, en
préseoce de toute la cour , ses premières preuves d'adresse
et d'habileté dans les armes : il était vêtu , ce joor-là ^
de r habillement complet que le drapier Lanrencin, bon
compagnon , qui avait ah>rs sa boutique sur la place du
'Petil-Change , lui avait fourni aux frais de son oncle ,
Tabbc' d'Ainay.
(2) Voj. Archives du Bhéne ^ tom. III , pag. 3i i. B.
( 85 )
Tout le quartier d*Âinay, hors le dbitre au--dedans et
«nUiors de la yWVe , ne renfermait que quelques mai-
S5 et granges , et le territoire était divise en quelques
eands tènemens comme ceux du Plat et de Bellecour 9
fot étaient possèdes par les familles les plus distinguées
de Lyon.
AistjLT (pbce d'% Elle est située devant là principale
entrée de Téglise paroissiale de ce nom ; avant la rëvo-
lation, elle n'avait d'autre issue que la rue Vaubecour;
maïs die a été ouverte depuis sur la rue Bayard et sur là
me de l'Abbaye. Sa forme irrëgblière est celle qu'on
retroo^re sur Te plan de 1740 : toutes les maisons 'qui
rentourenl appartenaient au diapitre d'Âinay.. On y
œmpte dans ce moment 9 maisons et 26 ménages for* '
mant one population- de 92 individus.; il y existe 5
atelVers de Caîbnc^ne d'étoffes de sole , occupant 1 1 métiers.
Le nom iiAinaj nent du grec aihenaion , athénée (i) ,
parte gu 'une académie ou athénée y fut établie autrefois :
œ nom se corrompit dans le moyen âge ; on en fit
Aihanaium ou Aihanacum ,, et enfin Ainay qui est la dé-
Boaûnatlon actuelle C^V
(1) La racine de ce mot est le nom que les Grecs
doBBaient à Minerve , déesse dtt savotr et des beanx^artSy
appelée par eax Athéné* B.
(2) lyantres font Tenir ce nom du grec aihanatos j im-
aorCel , k cause des martyrs qaî furent immolés à Ainay ^
l'ntres , dn latin amnis ei amnis 9 à oanse de la jonction
ètt deux nTières qui s'opérait em cet endroit. L'abb^î
Ponett» le éérife^ du grec neâs , temple , par allusion an
tea|le- d' Auguste. Yoj. Archives du Bhône ^ tom^ VI y.
Y^^l et 14g. B%
( 8^* )
Nous ne parlerons point du célèbre tempre dedië h
Rome et à Auguste qui lut bâti en cet endroit par lesv
soixante nations des Gaules (i) ; nous ne parlerons pas
non plus de ces combats d'éloquence grecque et latine
que Caligula y avait établis (2), parceque tous les auteurs
(i) Ou trouvera sur ce sujet tous les détails désirables,
dftns une. dissertation publiée par M. F. Artaud, direc-
teur du musée 9 et ajant pour titre : Discours sur Us mé-.
dailles iVAugfisU et de Tibère^ ou revers de V autel de
l^yon , lu en séance publique à l'académie îles sciences 9
belles^lettres et arts de cette ville , etc. Ljon ^ Lambert-
Gentot, 1816, in-4.^9 fîg* La matière 7 est approfondie^
et Ton j trouve réunie ' une foule immense de citations
et de témoignages sur le célèbre autel d'Auguste , retr9cé ■
sur d'anciennes médailfes et rappelé dans plusieurs ins-
criptions et dans le fameux vers de Juvénal, sat. I^ 44 -.
jiut LuGBUJXKJiSEM rhetor dicturus ad aram. U parait
cependant que M. Artaud n'a pas connu une dissertation
que M. Théophile Ludolph Mûnter ^ . un des recteurs de
.l'école d'Hanovre, a intitulées de Ara Lugdunensi^ et
qu'il a insérée dans ses Parer ga hist^rico-philologica ,.
Gôttingue , J. G^ Schniid, 17499 in-8.® 9 pag. pS-ios»
C'est peut-être le seul des écrivains qui ont parlé de-
Pautel'de Lyon, qui, ait échappé aut recherches de notre
s^V^Ot confrère. B.
. :C9>: 3s^to|^e , Vie de Gêtligula , c. ao 9 nous apfirend
^pié.^ 4Kas ces combats , les vaincus étaient obligés de
OMlipQnw^vmémes les vainqueurs et de chautar leurs
louaûges f et que. ceux dont les compositions i^tài^ht trop-
piauvaises , devaient lès effacer avec une ë^coaga >0<i avec
leur langue 9 sous peine de.reeevoir des fërults -ou d'être,
jetés daita lu rivière. Le passage de Juvénal ^ ailé plus,
haut 9 donne à penser que cette loi hizaire avait été mise,
à exécution. B.
(87) .
^ont écTÎt sur la TÎlIe de Lyon^, les ont décrits avec
iéÈÎX ; nous nous bornerons à donner quelques ëclalr-
dssemens. sur l'origine de Téglise d'Ainay et sur les dîf-
ÀcBles révolulions qu'elle a éprouvées*
^OLISE d'ainay.
L'égUse paroissiale d' Ainay a été élevée sur les mines
du temple célèbre que nous venons de citer ; elle a com-
meacé for nne petite chapelle souterraine, dédiée à Ste.
Blanduie gui était du nombre des quarante-huit premiers
wmipsj nommés- les martyrs d'Ainay, et que Téglise
âdueUe conserYC encore au nombre de ses patrons*
Saint Badulphe , premier tbbé d*Ainay, fit ériger une
église SOT la chapelle de Ste. Blandine.
Vers Van 45o , cette même église fut restaurée et mise
sous le Tocable de S. Martin par S. Salone , évéque de
Gànes , lyonnais de naissance. Elle fut détruite , vers la
fin Aujànquième siècle , parles Vandales Iqui saccagèrent
la yUie de Lyon à celte époque. Saint Anselme , abbé
d'Ainay, fit construire dans 1 abbaye une autre église
dédiée à S. Pierre , laquelle fut encore détruite par les
Lombards , tous le règne de Contran ^ roi de Bourgo-
gne et de Lyon* ^
Vers Tan 6ia , la fameuse Brurtebaut , femme de
Sigebert , roi d'Austrasie, rétablit Téglise et l'abbaye
d'Ainay.
L'église de St-Pierre d'Ainay fut détruite jiar les Sat- •
rasîm sons Charles Martel , et rétablie en 869 par Aue'
xéUen, abbé d'Ainay.
Quant à IVgUse de St-Martin d'Ainay , elle de-
me«a ensevelie sous ses ruines enViron 5op ans , c'esl-
à^rc, depuis sa destruction par les Vandales jusqu'en
. (88)
l'année. 954 9 qu'Amblard , archeyêque de Lyon y
treprit le rétablissement du cloître de Tëglise.
La mort de ce prélat prévint Tentière exécution de
son entreprise , qlii ne fut achevée qu^en 1070 par Jo—
cerand , 60.^ archeyêque de Lyop , lequel avait été abbé
d'Âinay. Depuis ce temps Téglise a subsisté en l'état où nou&
la voyons aujourd'hui. Elle fut consacrée , le 27.® jour-
de janvier 1106, par le pape Pascal 11. Ce pontife y
célébra la messe et bénit le maitre-autel. En mémoire de
cet événement , le chapitre fit paver en mosaïque le
santtuaire : on y voyait l'effigie du pape tenant entre
ses mains le dessin de la nouvelle église , avec cette ins-
cription au bas :
JÇIaiic œdem sacram Paschalis Papa dicayit.
Près de là on lisait quatre vers latins qui sont un hom-^
mage au sacrement de l'eucharistie, et que voici, tels,
qu'ils ont été déchiffrés par Jacques Spon (i) :
Bac , hue flecte genn. , veniam qaicnmque precaris y
Hic pax est , hic vita , salus ; hic sanctificaris ;
Hic vinum sanguis , hic panis fit caro Ghristi ;
Hue ezpande manas , quisquis reas aute fdistî.
La chapelle , de style gothique , qui est à gauche du
chœur , est décorée d'ornemens de la plus grande déli-
catesse. On en fait remonter la fondation au temps où
S. Anselme , archevêque de Cantorbéry, étant en exil à
Lyon , établit la dévotion à l'immaculée conception de h
(i) Recherches des antiquités et curiosités de la ville dç-
HâTon; Lyoni Jacques Faeton^ 1673 ^ iori^f p^g- i57.
(89)
Tirge et lui àèAlà cet autel. Aujourd'hui elle est sottô I&
wcaiAe de S. Mld^iel , l'un des patrons de la paroisse.
L'ancienneté ae cette église est attestée par tout ce
fBi'(m y Toif , mais particulièrement par son dôme en
tvme de calotte ; par la disposition des petites nefs qui
clâent autrefois sans chapelles latérales ; par son clocher
pyramidal terminé en tombeau , et enfin par Tarchitec-
lure peu réguHèi'e qui règne dans l*ëdîfice et que les
connaisseurs qui la jugent antérieure à la gothique , ap-
pellenl architecture gréfcquo-moderne ou byzantine. Cette
nanjèie s'introduisit par les ouvriers que Charlemagne
aiaît &it venir de TOrient.
Nous n*ayons sans doute pas besoin de rappeler à nos
lecteurs que les quatre piliers de granit qui soutiennent
le dôme , sont de beaux restes du temple d'Auguste où
ils ne formaient que deux colonnes dont chacune sup-
pottait de (itaq^ côté de l'autel une statue colossale en
bronze. Le diamètre de ces colonnes est à-peu-près de
5 pieds 4 pouces^ et leur hauteur respective, de 12 pieds
10 pouces ; de sorte que , dans le premier emploi , lors^
qo elles n'en formaient que deux 9 chacune avait environ
^ pieds de hanteur (i)«
Au dessous de la porte principale , en dehors , est un
petit bas-relief antique , en marbre , représentant trois
déesses ou matrones assises : celle du milieu porte. UQe
coroe d'abondance et deux pommes ; les deux autres
tiennent chacune une pomme. Au dessous on lit ces mots :
KAT. AUG. PHI. BON. M£D.
(i) Voj. sur ces colonies un mémoire d* André Clar
paaon, inséré dans notre recueil, tom^Y^ pag. 184-192*.
B.
( 90 )
que Ton explique ainsi : ' ' '
Maironis Augusiis Philenus Egn^fius Medicus ( i )
On croit que ces trois figures «ont celles des dëesi
mères qui Veillaient au salut des provinces, des princes
des particuliers. Leur culte, établi dans lenipire roma
sous Pertinax et Sévère , fut principalement connu dâ
les Gaules , la Germanie et la Pannonie.
Le chapitre de cette église était composé d'un abb
doyen , d'un prévôt-curé , de dix-neuf chanoines <
titre, de seize chanoines d'honneur, de quatre fa;
bitués et de douze enfans de choeur. Pour être re<
chanoine , il fallait faire preuve de noblesse de deux d
grés du côté paternel , sans compter le récipiendaire. ]
dernier prévôt-curé a été M. Louis Charrier de la Rocb
décédé naguère évêque de Versailles. L*abbé Aimé-Guillc
de Montléon , conservateur de la bibliothèque Mazarin
(i) Le P. Mënestrier , Préparation à r histoire consi
iaire de la ville de Lyon , p. 6 , donne uae antre exp]
eatioa : Il pense que les sjgles Mat, Aug, signifient Mat
Augustes , et par cette tnère sainte il entend la déesi
Segesta ou de Tiiboadance', qui était la déesse des S<
gasiens , liabitans de nos contrées. Suivant lui, le bft
relief dont il s'agit était un ex-voto d'un nfédecin , nomn
Philenus Egndtius , en Thonoeur de Segesta. Mais le 1
Mènes trier semble revenir sur ses pas , Hist. consulain
pag. Î295 il paraît adopter T interprétation de Mat. Au,
par Maironis 'Augustis 1^ et conjecture que les trois lettre
Med. qui terminent Tinscriptlon ,. pourraient bieu ét|
Fabrégé de Mediomatrix (du pays Messin ) , et no
celui de Medicus, Conférez «le P. de Colonia , Histoit
Ikléraire de Lyon , tom^ I , pag. 148 et 149* B.
(9i>
ihrîs, auteur d*une Histoire estime dû Siège dt
If9a O 9 A fait partie du clergë de cette église.
L'église d*Ainay est devenue paroissiale, en i685 ,par
h. translation de Vof&ce curial et paroissial de Tëglise
le Si-Michel, ensuite d*une ordonnance ât Camille de
Neuville ^ archevêque de Lyon , abbë d'Ainay.
Pendait la révolution , cette église a été dévastée , oomme
toutes les autres ; mais, depuis le rétablissehient. du culte
caAiolîqae, elle a ëtë réparée à grands fi*ais par les soins
du d%iie et respectable curé de la paroisse , feu M.
Ségnier • aidé du concours du conseil de fabrique et des
pieuses libéralités de plusieurs paroissiens^ notamment
de M.^^ de la Balmondîère (2).
(O Publiée , pour la première fois^ en 1797 , 2 vol. în-8.®,..
el TéVmçrunée , avec des additions considérables, en 18249
ï vol. skème format ^ sous le titre de Mémoires pour
servir à rhistaire de la ville de Lyon pendant la révo^
imiûm 9 dans la Collection des mémoires relatifs à la ré^
vaiuiùm Jrançaise. M. l'abbé Aimé Guillon de Montléon
a aussi donné en 1792 un Tableau historique de hjron^.
reproduit en 1797 et en 1807, avec des additions ,. sous
le titre de Lyon tel gu*il est et tel qu'il était ^ i v. in- 12*
On doit enfin au même auteur un grand nombre d'autres
«nvrages dont plusieurs sont anonymes , maU qui sont
tuas marqués au coin d'une érudition solide et variée*
B.
(a) n est fâcheux que le conseil de fabrique n'ait pas
sead la nécessité do ne confier ces restaurations qu'à des
IKcaonnes assez instruites pour se faire un devoir de se
conformer autant que poissible au stjle d'architecture de
téçHse. Si cette précaution eât été prise ^ les profils des
coryiicbçs et de la menuiserie » employés à la décoratimi
1
La sacristie seule n*â pas encore éïi restaurée : peiil
être a-t-on voulu respecter ee caractère d'antiquité
la distingue , ses fenêtres enfoncées dans Tépaisseur dé
murs , la construction de sa voûte, et, en un mot , tous tt
accessoires qfii ea font ua monument remarquable et \
conserver. ,
On voit dans cette sacristie Tentrée d*ùne cave souter-
raine , où Ton prétend qu'étaient déposés les restes de
martyrs , et sur laquelle les amis du merveilleux ont ré-
pandu toutes sortes de fables.
Notre compatriote, M. Fleury Richard , peintre ;du roi.
a placé la scène d*un de ses tableaux les plus estimés ,
Us Templiers , dans cette même sacristie, dont son pinceau
élégant et fidèle a reproduit avec beaucoup de bonheur
l'aspect pittoresque et les beaux effets de lumière.
On se propose d'agrandie et de restaurer l'église
â'Ainay , et des plans pnt été demandés pour cet effet à
M. l'architecte Pollet. Tout récemment, en se livrant à
quelques travaux préparatoires,, on a découvert une cha*
pelle très-curieuse , qui servira de pendant à la chapelle
des fonts baptismaux , et dont on avait fait une dépen-
dance de la cure. Il y existe un escalier entièrement ou-
de la chapelle nouvellement reconstruite , ne- formeraient
pas un contraste choquant a?ec les autres parties dé
ce beau temple. Il en serait de même du 'tambour dont
an a encombré Téglise en dépit de son élégant vestibale.
Grâces aux remontrances- et aux observations de nos
artistes , la chapelle des fonts baptismaux , récemment
découverte, a. été beaucoup moins maltraitée: on regrette
toutefois qu'on ait jugé k propos de Péélairer par une
£çnétre d'assez mauvais goût
(95)
!f pris dans l'épsôsseur du mur et Supporte dans
ki^sa hauteur par une voûte spirale. Il servait à monter
ackicher^ et parait être , comme sa tour, d'une cons-
i-^rtion datant au moins du onzième sièclç. Le ifombre
ia sarches de cet escalier a ^té cooaptë, et son débouché
fd se trouve en entrant dans l'église , à droite de la porte
ffiiidpale , a été soigneusement marqué : précaution qu'on,
a cru devùr prendre pour retrou vei* facilement ce pas-
sage , dans le cas pu l'on jugerait convenable de s'en
servir de nouveau pour monter au (Socher où l'on parvient
maintenant ^r un ^escalier , construit dans une cour
voisine de l'église. On ne peut qu'applaudir à ces mesures
et à toutes celles qui auraient pour but de conserver à
Fanden monument que nous vefions de décrire sa phy^
sononûe primitive » et d'en coordonner toutes les parties
sur un plan conforme au style d'architecture qu'on y
avait ongiaakement adopté.
<
AiiTAY (me du Rempart d* ). Cette rue n*es?t pas en-
tièrement hâtie; elle se dirige du levant au couchant, de
b me Laurencin à la nouvelle ujace d'itenrî IV. ïl n'y
cxBte en c^ moment que 9 maisons , composées de Sj mé-*
n^es , formant une population de 2o3 individus. On y
œnpte ai ateliers, de fabrication d'étoffes de soie, em-*-
pbyant 49 métiers.
Son nom lui vient des anciens remparts qui défen-
^ient la ville de ce cAté , et dont il ne reste plus au-
îourd%ui que quelques vestiges. Ces ouvrages avaient été
entrepris çn 1544 par André d'Albon, sénéchal et gou-
verneur de Lyon , à l'occasion de l'irruption de CKai-les-
Qmnt S\ Champagne. Ce fût le 3 et Iç 10 août de. la
année que ce gouverneur ayant passé une revue
gëiiërale àes. citoyens de Lyon , il s'y trouva d[ixt-haft
lîiille hommea en état *de porler les armes.
C'est» sous Henri iv que les remparts* d'Airiay furent
ornés de plusieurs rangs d arbres dont' Sully planta le
premier. Il n'y avait point eu jusqu'alors de clôture
dans cette partie de la ville , et celle-ci ne fut achevée
qtie sous Louis xiii , telle qu'on la voyait avaût Vexé—
cution du projet de Pefrache , en I774« A cette dernière
ëpoque , ces remparts formaient une magnifique prome-^
nade , autour de laquelle la vue se perdait agréablement
sur des jardins arrosés par les eaux du confluent dn
Rh6ne et de la Saône.
Il existait sur les remparts, avatit la révolution, la
maison royale du jeu de l'arc : c'était une ancienne con-
frérie érigée en compagnie royale par le roi Charles vn
en i45i. Le but de rînstitutioh avait été , dans le prin-
cipe , d'exercer ceux qui en faisaient partie à se servir
utilement d'une arme , qui était presque la seule qu'em-
plo3rassent alors les troupes légères ; mais , depuis Tinven^
tion des armes à feu , cet exercice n'avait plus pour objet
que de développer l'adresse des personnes qui s'y li-
vraient ; en sorte que cet établissement militaire dégé-
néra en un simple divertissement.
La compagnie de l'arc ou de l'arquebuse était composée
d'une trentaine de négocians recommandables ^ui se réu-
nissaient, à certaines époques de l'année, pour tirer l'oi-
seau. Celui qui remportait le prix recevait une Ijourse
de soixante jetons d'argent, sur lesquels étaient gravées
les armes de la ville et celles du vainqueur. Op invitait.
h cette fêle le gouverneur et tout le corps d^ vi||e.
Le bâtiment du jeu de l'arc appartient . aujourd'hui à
M. Michoud, amateur éclairé des beaux-arts, qui y a
('95).
une galerie de tableaux. M. f'ortis , à^tns èoH
fiff€ge pitlor^s^ue à Lyon ( i) ^ en cite , avec ëloge , un
mtz grand nombre. i .
On remarquait anciennemenl, sur: ces mêmes rem-^
farts y près du confluent , un empW^ment appelé du
', parce que c'était là que se. passait la dernière
d*u]ie fête populaire connue sous ce nom ^ et dont
noQS alkins sommairement rapporter , *d après les histo"-
TÎais , les détails et l'.origine. *
Une sédition populscîres'étant élevée, en i4o3, contre
ks personnes notables de la ville , à cause de la cherté
des grains , les seuls habitans du quartier du Bourgcha^
BÎn ratèrent dans le devoir, par les soins et la vigilance
dVnmbert de Varey , abbé d*Ainay : fiers de lebr fidélité ,
ils voulurent en perpétuer le souvenir par une céré-
aMHiîe extravagante qu-ils nommèrent du chei^al fol et
({ii'Ws célébraient chaque ginnée à là Pentecôte. A cette
occasion, un homme se déguisait en cheval , de la
ceinture au bas du corps , et en roi,, de la ceinture jus-
qu'à la tête. Ce fantôme couronné , ayant un sceptre à
& naîn, accompagné de joueurs d'instrumens et suivi de
la populace , partait de ce quartier , près du pont de la
Gaillotière,et parcourait toute la ville en sautant , pour
Ummer en dérision les mutins. La fête venall^ ensuite se
tendner au confluent du Khône et de la Saône où Tort
précipitait un mannequin en paille, monté sur un cheval
de bois, après y avoir mis le feu.
Une foule immense se rassemblant annuellement sur
le quai de THôpital où «cette; fête commençait ^ d^ mar-
■^ «>
• ' • • . , I
(i) Tom. I , pag. i5a-i54. * B.
(96)
ickands s'y rendaient en grand nombre pour y ëiaîei
leurs marchandises : l'usage d'y tenir foire à celte ëpoquc
s'établit insensiblement , . et c'est là l'origine de celle
qui se tient chaque année au même endroit aux fêtes
de la Pentecôte : seul reste de la farce du cheval foi
qui fut supprimée à cause des désordres qu'elle occa^
sionait , comme l'a été de nos jours , par des moùfs
semblables, l'abus qui permettait au peuple d*în)urier
les passans à, la fête baiadoire de Si'^Denis de Bron (f )&
Heureux temps cependant , quoi qu'on en dise ^ que
celui où le ridicule suffisait pour iaire justice d'une ^éàx^
lion ^populaire ! De pareils moyens feraient aujourd'hui
sourire de pitié nos artisans de rébellion; leur folie a mal-'
heureusemékit un caractère plus sinistre et plus sérieux
que celle dont la fête du chei^atjol rappelait le souvenir $
et ce sont trop souvent .des armes d'une autre trempe
qu'il faut employer . pour réprimer leurs désot^lres et
leurs excès.
■
ÂLBON (place d' ). C'est le tiom que porte , depuis
1812 ou i8i3, la petite place qui se trouve au nord
de la descente du pont du Change , stir la rive gadbhe
de la Saône et qui donne issue , d'un côté , à ta rue àb
la Pêcherie » et de l'autre , à la rue des Bouquetiers et
à la petite* rue Mercière. *
Cette petite place , qui il'avaît^oînt d'issue, du côte du
midi , avant l'ouverture du quai Vîlleroy , s'appela
d'abord THerberie , à cause d'un marché qui s'y tenait
(t) Conférez ces détails sur la fête du Ch^vdl fol ^
avecf ceux qui se trouvent dans un mémoire de M. de
la To^r^ette , tom. IV , pag. 467 et 468 des Archis^es du
Ehâne* B*
t 97 )
klB. H y eut long-temps un corps-de-garde qui servait
i fOié^T l'avenue du pont , du côt^. de l'empire , comme
fc faisait) du côte du *vyaume , le corps-de-iarde du
André d'Alton , chevalier , autorise par les seigneurs
de l'église de Lyon et par le consulat , avait fait cons-
fruiie, en iSog , des magasins ou auvroirs , suivant
fc langage de ce temps, sur le pont de St Nizier. Ces
Utuneas iiirent consumes par un incendiç , environ 3o
as aiȎ,; et en i34o ^ Huml)^ d'Albon, fils de
1^ dAlboo , chevalier., vendit à Humbert Davita »
dtoyeo de Lyon , au prix de aoo deniers d'oï , la place
tent «or le pont du côté de biase , sur laquelle étaient
«opaiavant les bâtimens incendies qui furent recons^
traits. Sans doute on a donne à celte place sa dénomi-
■ation actuelle pour conserver le spuvenir d'une des
' ' ' -
0) On appelait, dans le qamt\hme sihcle ', Lyon sur U
BkosMe oa le Rojraume , la partie ie la ville , alors aou-
t«ne , qui forme ane présqa'He , et I^on sur la Sa^ne .
«• I Enipm , I ancienne ville du c6të dé Foorvière Ce»
toonûnation. de Roraume et d'Empire qui rappellent
r^nqu oa l'ande^ie ville appart»m.lt an» empereurl
d^Wemagne , ne sont pas entièrement efiàcëes : 1er ma«
ranw s'en servent eneore aajourd'hni pqur déaigàfa les
«m nve« opposées de la Saône ik Lyot^,
Dans la souscription des premiers livre? sorti'» des presses
ifonnaises, la ville est presque toujouVs désignée par les
mot» de fyon sur le Rhosne. Les imprimeurs s'étaient logés
k préOrence dans cette partie dé là èité , qui, n'étant
IH dora fort penpiëe, leur ofl&ait les Tastes emplacemens
«« ib avaient besoin pour établir leoss ateliers. B.
Totu VL -
( 98 )
premières proprlëtës que Ton connaisse pour avoir ap-
partenu , en cette ville , à Titlustre famille d'Âlbon.
L'hôtel appelé de ce nom , au quartier de St. Jean , qui
passait généralement pour la possession la plus anciennt^
de cette familte , he' parait pas avoir tnte origine plus
reculée , puisque les premiers actes qui en fassent men-
tion , sous le titre de maison des en/ans iTAÎbùn ,
• datent de celle même époque* '
On trouve encore dans les archives dé la ville que ,
sous le règne de PhiKppe*le-Bel , messire Etenri d'Âlbom ,
chevalier, représenta à la communauté de Lyon qu*tt
possédait plusieurs maisons et boutiques sur le pont de
Saône , ' du côté de Notre-Dame de la Platîère , éï
qu*appréhendant qu'elles ne fussent pas assez solides 5 il
demandait l'autorisation de pouvoir , pour les soutenir ,
appuyeir quelques àrcs-boùtàns $ur le grand arc dudit
pont , appelé Varc merveilleux : ce qui lui fut accordé
par les conseillers et échevins ; <( et promettoit ledit
M sîêur chevalier d'Alton, pour lui et les siens,* de
» maintenir ledit àrc du pont , sur lequel il entendoit
» bâtir , en aussi bon état et meilleur qu'auparavant ; et
» s'il arrivoit quelques dégiradatioas au pont pour raison
» de ses consiructiona y il s'engetgeok. à lest fjiîre réparéiil
y à ses frais. » > . . .
La famille d'Albbn est trdp honorablement connuie '^
pour qu'il soit iféce^afire de rdppelei' avec quel éélat elle
a figufé'à'Lyoh dâriô. Ifes fcharges municipales, civiles,
mtlîtaifes et ecclésiastiques. Nous nous boinerons àciter,
éntr'autres personn^gï^ç éfuineas qu'elle a produits ,
le maréchal d^ St. Andr^v -gouverneur de Lyon et de$
. pi^vinces de Lj^onnaj/s , F^rea et Béauidhits,'qui joba utk
grand rôle sous Henri II , François II et Charles IX ;
• (99Ô
iatoinc â'Âlbôh , ici* archevêque de Lyon j vingt
(n&tes de Lyon ; s;ep( âbb^s de Savigny ^ et un grand
fiombre de chevaliers de Malle (i).
Celte famille subsiste encore dans la personne de M. le
sarquis d'ÀIboti , ancien maire de Lyon , nommé pair
de France par ordonnance du 17 novembre 1827 , et
dans cette de M. le baron d'AIbon , son frère , lequel
a tût pvtîe du {^etit nombre des chevaliers de Malte
qui se trouvèrent dans cèfte iTe à l'ëpoque où elle fut
lÎTiwè Bonaparte y générai en chef de l'année d']Sgypte.
La place d'Àlbon ^ il y a peu de temps , était plutAt
une cour qa'ittie place ; c'était de plus uû passage si
dasgerenx pour lés voitures que la vilïe entière unissait
dans tes mêmes taux l'élargissement du tournalfil de St.
Ctee et cdui de la descettte du poiit du Change. Il ap-
psrtmaît à Vadministratiôn municipale , d'entreprendre
et d'adbrrer une améliofation dont la nécè^ité était i^i
géBéralemefil reconnue ;' auân déjà ^ depuis plus de
cinq ans (3) , le tournant de St Game ^ autrefois si
redouté des piétons « est devenu une rue Jibre et <cQm-
mode , que de belles maisons décorent , et: bientôt
3pès , le massif de daasures qui obstruait la circolatioA
(1) Ajoatec ii la nomenektoré dëB ïnéAiBres de cette
ânSle qoi ont ^Memik quélqtte nA^binièj Clàude^'^mfîiie^
Hrauieoit d'Albon , né à Ly<m ^eitf 1755, mort h ^a^is en
1709) associé d« l'adadiémte de Lyon^ eh de plàsténrs
■■très Mcîétés a^vantet ,.'et auteur de difféfens ouvrages
fUstoîfe, de politique et de littérature^ dont où troiive
b liste dans la Biographie unii^erseii^. B.
{3) Sooa la mairie de M. k baron Rainbaud.
( f oo )
du quai Villeroy au quartier des Terreaux , a entière—
ment disparu. La démolition en a été efiectuée au mois
de décembre i823«
BIOGRAPfflE LYONNAISE
X XXV1.« Article )•
NOTICE ^R lE P. EMOND A0GER , JÉ^DlTfi. '
Emond Âuger , célèbre jésuite , a joué , pendant le
i6.* siècle j un rôle si important à Lyon qu*on ne peut se
dispenser de Jui accorder une place dans une Biographie
tyonnaise ; il naquit , en i53o (i) 9 a\2 village d'AUenian ,
dans le voisinage de Troyes ; son père , pauvre laboureur >
cbnfia le soin de son éducation à un oncle qui était
curé de campagne y et quand cet oncle lui eut enseigné
i^
(i) Et non en iSi5 , comme on le lit dans le Diction^
noire de l'abbé de Feller et dans la Biographie universelle.
C'est aussi par errear que l'auteur des remarques sur la
Confession de Sancy ( tom. II, pag. 447 de l'éd. de 1720)
fait naître Âuger à Treys , en Provence. Presque tous les
biographes ont varié sur la manière d'éerire son nom ;
on l'a appelé tantôt Âo^r ou Ângier 9 tantôt Ogier, Son
nom de ^aptéme a été- aussi souvent défiguré ; mais j'ai
la certitude qu'il se nommait Emond ; car c'est ainsi qu'il
a signé une lettre autographe que je possède et qu'il
écrivit de Rpme le 2 de décembre 1579, aux consuls et
échevins administrateurs du grand Hôtel-Dieu, de la ville
de Lyon, en leur faismt tenir de beaux pardons de la
part du Saint Père.
C ïoï )
k peu quTiï ssnraît , il l'envoya à Paris aupr^ d*Etienne
iager , son frère aine , qui exerçait la médecine j Dnais
isisque le jeune Cmond arriva à Paris , son frère avait
fnllé la capitale- pour aller s'ëtablir à Lyon ; il se
iradit donc dans cette dernière ville , où Etienne le
i^ul avec lK>iité et lui fit continuer ses ëtudes* Le
succès avec lequel il les termina engagea Etienne à le
&ire partir pour Rome , muni de lettres de reeomman-
dation pour ïe P» Lefèvre ^ un des. premiers compa-^
gnons que S. Ignace s'était associés à Paris, quatid il
conçut le dessein de* fonder la société de Jésus. Soit
fi'Eioooà n'eût pas. reçu de son frère une somme suf-
£sante^ soit qu^il- eÂt manqué d'économie , sa ix>urse
se trouva vide avant qu*il fiit parvenu au- terme de s»
loule ; de sotte que , pour la continuer, il se vit con*
trainl à demander Taumône. Pour surcroit de malheur ^
& peine fid-îl à Rome qu'il eut la douleur d'apprendre'
que Ve ?. liefè^re était moct*. Privé du protecteur suc
^uel il avait ibndé toutes ses eq»éiances y Emond ^
depuis quelques, jours , vivait aux d^pen» de la charité
publique Y lorsqu'il eut Tidée dé se placer parmi d«s co-*
pistes qui se réunissaient, certains jours de la semaine ,
WÊr champ de Flore pour- offirir leurs services aux gens
i'a&ires ou aux grands de la cour de Rome^ Un jésuite
se présente;^ Emond^ tenant une écritoire et des tablettes
dans ses mains , Taborde et parvient à Tintéresser k
son sort. Une .seule place était vacante dans la maison
de la compagnie : c'était celle de garçon de cuisine ; ce
poste était peu relevé ;^ cependant il se résigna à l'ao-'
eepteri. Toutefois , ses supérieurs ne tardèrent point à
s'apercevoir qu'il n était' pas né pour un emploi si bas.
S.Ig;nace' luH4nénie Tayant interrogé, XtU charmé desea
( loa )
réponses , et lui ayant fait composer une petite pière^
en vers latins 9 il ea fut telteroent enchante qu'il l'admit
^u novjicUt Le nouveau disciple de Loyola fit des pfo^<
grè^ si caipides qu'on abrogea le temps de ses ëpreùve»
pour lui donner. une chaire db poésie^ d'abord dahs le.
Qollé^g^ de Rome., . et «nsuite dans celui de Pérouse ^
d*où il. fut bientôt rappelé à Rome pour, professer la
rhétofftque. Pendant les loisirs que lui laissait le pro^.
fessorat, il se livra à Tétude de la théologie, et il*
i^êçup les .ordres sacres. Le protestantisme comraen— »
çaii à se répandre dans; toute l'Europe ; alors, le gé-*
néral des jésuites, à la- sollicitalioii des ëvéques de
France , envoya dana le royaume . plusieurs roembreà
de sa compagnie: Au^r fut du nombre^ 1} partît de
Rome vers le. milieu de l'automne < de rann^ ibbg^
Le com^é de Foix fut le premier théâtre de ses pré—,
dications et de ses succès. Il se rendit ensuite à Toumon
pour : assister à l'installatioâ des jésuites danl le collège
qu'avait précédemment £Midë eii cette ^ville- 3e cardinal de
Toumon 9 qui était alors archevêque de Lyonj U'suc^
céda dans la suite au P^ Eleuthère Pootous., premier
reciéuff de œ collège, et il y professa la théologie. Appelé,
à Valence pour y prêcher le carène, le P. Augersetrou-
vait en cette ville lorsqu'elle fot^urfyrâse par les troupes,
du baron des Adrets, le 25 avril r,5£a. On l'arrêté et
on lui met la corde .au côu , en lui laissant le choix
de nmrcher au prêche ou «au suppUoe. La moi^ ne.
l'eifraîe point ; l'aspect du gibet redouble son couine ^
moiité sur la fatale échelle, il pa^le aoirec une éloquetace
<)ut fait fondre en laimes tous les- spectateurs ; le mi-
nistre Pierre Viret , qui Tassi^taftt , lut si attendri qu'il
desuinda sa giàce et obtint un sursis à aon exécution.
c9 2S5iirant q«x*il se chargeait 4^ (e g^npr à sw parti
ëita faire en peu de temps une 4és plus fermes co-
Ittitôde la réforme. Eeconàuit en prIsoiji,,Adgery ald^
k quelques catliolI<|ues , trpuvja bientôt le ^loyen de
smder. Poullin- de Lumin^^ écrivain janséniste, re-
prodie à Auger ( HisL de I/fon ^ ^ag. 210 ) de nç
pas s*^re laissé pepdre^ et Vaqcu^e (davoir eu recours
à une &nesse pour conserver sa vie; suivant lui;^
Ânger aurait promis , sur TéchelU , au ministre Viret ,
àe détenir aussi ardent j^éfefi^çur des protestans qu'l)
vml montré de zélé à les coaibàtt|pe. Toutefois , à -sup-
poser que le P. Àuger ^ût fait une pareille promesse^
ce qui nous parait to^^à-fait invraisçmblsd^le , ^
faut avoner que s'il ne la tint pfis entièrement y il
U^ma toujours les mesures de rigueur qu'on employai^
omire les réformés, et qû'^n combattant lui-mêm^
leurs erreurs, il épargna const^immeait leurs personnes.
Êâiappé à un si grand péril , f^^t n'en devint que ^
plus intrépide; réfugié en Auv^rgije , sespnyîcptioTis
fuient si efficaces que ,. daps 1^ 9^i^)p yillç 4*l$3oire , il
convertit plus de quinze cent3 cajvifïistes; jpais U vill^
de Lyon lui dut sou9 ce rapport bien pl.us.enç9re qi^p
toutes les autres villes de '^x^ntt ; il y arriva exi
ioiUet 1563) à la prièrp^P maréchal de |a yieilleviU^
«pe la cour y avait enyoyé,^ pour, recevoir > eft exé^
a^n de fédit de pacification du ;ig n^ars précélenfct
la soumission des , calvinistes qui s'étaient ^nip^réa «J^
Ijon^la nuit du 3Ô avril au i.^'mai i562. Auger fut
diargé par le maréchal d'y rétablir l'exercice de la re-
ligion catholique que les pfôïeslans y' avaient ept|èr^^
ment al)o)ie j>enda|n!t les treize mois de leujr ^Qçcupaiiov*
Tous les édifices sacrés avai^^.^t^ PP^Wrfî^j ,4^;Y3?^^*
( îo4 )
et mutiles ; de nos jours encore it en existe plusîeuH
çt principalement rëglîse de St-Jeah , qui oflFrent é
nombreux et de tristes vestiges du Vandalisme iropie di
soldats du baron des Adrets, L^ cérémonie expiatr>i|
de la restauration dés autels avait ;été fixée au dimanchi
ï8 juillet- Tout parut sV^brapler'dans Ja ville au bruit de
cloches (O., dont .le son ti*avait pas retenti dans lés aîrj
dépuis plti^ d*une année. t[ne foule. Immense de fidèl^
fondait en larmes et, levant les mains au. ciel , remplissall
rimmensç cathédrale *; plus de vingt millie personnes as-
sistaient à c^tle auguste cérémonie, el ceux qui n^avaient
pas pu pénétrer dan^ l'église couvraient ïa place de St-*-
Jeah et les rues d*aïentoi|r. Après une messe solennelle
qui- fût chantée par !é P. Auger, ce prédicateur prononça
un discours aussi modéré que pathétique: prenant pour
texte Tévangite du jour ,, Esfote mi^èritordes , 11 s'attacha
à démontrer Tôbligation 4'.iiniter la bonté de Dieu gui
paraissait vouloir feire gpûter ,. à tous \ts habitans ^e
Xyon , les'flruits (^ sa miséricorde dans la paix qu'il
venait de' leur donrier. '«Un tel çxemple , s'écriaît-îl ,.
V doit votis porter à vous patdbriner njutjuéllémeni et
» de cœur tous les sujets de. chagrjn que le malheur des
y temps a causés , et vous engager à les 'ensevelir dan3.
y un éternel oubli. Gardez-vous dç rappeler jamaiis les.
9> contestations passées , et que chaduq prenne des sentie.
s> mens de douceur. Nort , ce n*est point par la force qup
)> Ton fait entrer la 'religion dans le cœur : laissez le
. » . . . I >
^ I
(i) Presque toutes les cloches avaient été fondues penr
dant roccupation des calvinistes ei avaient éié métamoiv,
phosées en canons. Les réformateurs de 1795 n'ouJ)lièrc!Qj<
Doiat d'aùiter cet exemple..
Cio5)
soin des armes aux puîssanœs ëtablies pour les porter»
dràiens et citoyens d'une même ville, vous deves
tous èlre unis ensemble par les liens de la sociëtë cî-
fi^ el de la cliarltt^ chrëlîenné. Il ne ,vous est permis
àe carter que des seuls articles de religion qui ne
> soa\ \iomt controverses , et dont on est d'accord res-
■ çedVvemenl ; maïs quant aux autres articles, il n'ap-
» çaLT\L\eBl qu*à l>ieu et au concile qui est assembla de les
^ iènder. Chacun n*a— t-îl donc pas assez de son propre
> bideau , sans se charger de celui des autres , en se
f mêlant de Vînterprëtation des clioses qui né sont point
!^ de notre ressort et dont Djeu ne nous fera pas rendre
» compte?—. » Lies catholiques et les calvinistes , ëgale-
raent louches de ces paroles vraiment ëvangëliques ,
confondirenl leur haine dans leurs embrassemens. Le
P. Auger conlmua ses travaux apostoliques dans lesquels
il (ut ^ecoiv&è ^T un célèbre jësuîte italien , Antoine
Posseyin , qui avait fui de Lyon Tannée précédente et
qui y ^tait revenu avec un grand nombre de négocians
de sa nation que la guerre civile avait s^ussi forcés de
s'expatrier- Les deu]^ missionnaires , réunissant leurs
efforts et leur zèle , ramenèrent dans le giron de Téglise
romaine un grand nombre de familles protestantes ; ils
eurent plusieurs conférences avec le ministre Vîret , le
mène auquel Âugef devait la vie ; mais ils ne purent lui
faire abjurer des erreurs dont ils le forcèrent plus d'une
ibis à reconnaître , malgré lui , l'évidence. Ce fut à cette
^oque qu^Auger publia un cathécbisme français , grec
«t latin , où toute la doctrine de l'église était exposée ,
ti qui eut un tel succès qu'en moins de huit ans , un
ml libraire de b capitale en vendit plus de quarante
mille exemplaires (i). Charles IX, Catherine de Mëdîcis
et le roi de Navarre qui n^avait pas encore atteint sa dou-
zième ann^ pétant veaus à Lyon, en i564 y firent au
P. Auger raccueil lé plus distingue. Pends^nt leur s^jour^
de nouvellea *confërence& eurent encore lieu entre les
deux jésuites et le ministre Viret , mais elles n*eurent
pas un résultat plus heureux que les précédentes. Charles,
dans ce voyage , se fit recevoir chanoine d'honneur à
Si- Jean, en présence du jeune Henri^'et milord Huns-
don , cousin germain d*Elizabeth , reine d'Angleterre j
vint le trouver pour lui faire jurer Tohservafion de la
paix récemment conclue entre les deux royaumes, et
lui présenter 1 ordre de la jarretière ; mais à peine le
roi eut-il posé la premier^ pierre d^une citadelle qu^il
voulait faire élever sous ses yeux , sur la colline de St—
Sébastien , que des bruits de peste l'engagèrent à quitter
Lyon. Ces bruits sinistres n'étaient que trop fondés ,
car ce fléau ne tarda guère à 6e manifester et à faire
les plus horribles ravages. La conduite d'Auger fut ad-
mirable pendant cette désastreuse calamité. Les proies-
tans et les catligliques eurent la même part à son dévoue-
ment qui fut saus bornes : il visitait jour et nuit les
malades dans les hôpitaux et dans leurs maisons,^ portant
de préfàrejfice des co^isolations aux pauvres « et leur dis-
tribuant les aumônes que des mains opulentes et. géné-
reuses lui avaient confiées. On évalua dans le temps à
80 mille écgs d'or, les sommes dont il fut le dépositaire ,
et qu'il employa pour leur soulagement. Uç bon prêtre ,
chez lequel il logeait ^ et dont Thistoire nous a conservé
,, '' ' ' ■ . ■ . . ■ — ' , ■
(1) On évalue aussi à /^^ooo le nop^bjc^^des proteptass
qui furent convertis par le P. Auger.
( X07 )
kmm » André Amyot (i), custode de Tëglise de Ste..
Cû , l'assistait dans ce$ exerdçes d'une charîtë qui ^
tafams trouve des. héros dans toutes les classes du sa-
sflioce. Lyon fut a£EU^9 pen^^t pl]aâieui;;$ mois y de celle
contagion , qui^ selon de Rubys qui en jTut le
, enleva psè^ de 60 mille per$ppnes. Dè;^ que. les
Lpunaûs en eureni été délivres y U P- Auger ae rendit
avec le custode Amyot à l'église de Notre-Dame du Puy
ca Y^y , où i^ ofifrit le vo^u que b v^Ue ^e Lyon avait
bit à la Fiefgfs ^ pppif ii^nit U cessation de la peste.
¥en ce ipème tamps et au mois d'avril 1 56§ , . mourut
iadrë Martin 5' principal du collège de Lyon^ qMÎ avait
UKcéàé k Bart}iéleinI.AAeau, qu'une pçpji^aqe efifrën^e
avait mass^cié le jour de la Féte-Pi^^ijt^ l'ano^^ iSèr (2) ^
cmyant que c^était de S9 fm^ire qu*une pkrre avait ^të
booée sut le prêtre qui pprlajt le ^tTSacrenrent , pendant
^ue Va pTQcesûon défilait sur b place. lia n^^rt du prîn^,
dp^ André Marûa , parut à Aug^i^ ufie occasion favo^^
lable pour întroduire les. jésuites dans le collège., La
demande qu'il en fit aux raâ^strals de Lypn , soutenue
par raccheréque Antoine d' Atbon t fut bientôt accueil-*
lie» quelles efforts que fissent les protestans pour
ft^opposer à une mesure qui avait pour but , suivant La
More iHis/. ecdés. du diocèse, de Lyon^^ pag. 210) , de
• ■ *
(i) Vor. de Rubys ^ HUstoire de Lyon , lîy. III, c. 65,
Peniettî , Lyonnais dignes de. mémoire , tom. I , pagl
ifio j Im donne le prénom d'Antoine , et place sn mort'aiï
BOIS d'aoât f^d^
(1) Cette date u^^at plus- doutense. .Vojr. b gavante
Notice de M. Cocbai^d sur B«urthâemi Aneau ^ inS|érée
jiittle i.^ n.^ de la Framse provinciale ^ j^ia 18279 in-o*?
( ro8 )
faire serrîf ce collège d'académie de lettres pour îa fèu*-
nesse , et d arsenal sacre pour ta défense de la' foi et la
confusion des hérétiques. Un tel but ne pouvait que con*
irarier les sectateurs de là réforme qui étaient déjà si
nombreux à Lyon. « Un collège , disaient-ils , fondé des
» deniers de la tille, et potir le bien public, ne 'doit— il
» pas* être commun- à tous les citoyens? n'est-ce pas
» vouloir en exclure Tentrée À nos enfans , que de le
3> confier à des hommes qui sont nos adversaires les plus
y> déclarés? »- Toutefois i<e consulat persista* dans sa
première détermination , et permit aut P. Auger de
prendre provisoirement possession du eoRége , en atten-
dant quii eût iait ratifier pai^ le généfàl de Tordre les
conditions auxquelles on prétendait lui en faire accepter
la fondation. La remise des clés du collège lui fut faite ,
le I.*' mai i565 , par deux eonseillers-éohevins ; con—
duit dans Ta chambre qu'avait occupé le malheureux
Aneau , il hit sur la cheminée eette sentence écrite en
gros caractères : Ini&s vinum , foris ignis ; là trouvant
trop épicurienne , il y substitua eelle-ei : Inius preces ,
Jbris labor (i). S'étant bientôt rendu à Rome pour
assister à l'élection que b Compagnie de Jésus devait
faire d*un général en remplacement du P. Laine^^ qu'elle
venait die perdre-, il c^tint du pape Pie IV , un bref daté
du i5 août iS65, par. lequel, le Souverain Pontife^
louant les. magistrats de leur résolution y promettait
d'augmentjer les revenus de leur c^jlfége,! dès que locca?»
^on pourrait s*en présenter* De retour,. à Lyon, }Auger
installa dans le collège, en qualité de Dreftiiejr.. recteur 9
•«*i
(1) P. J. FerpinîafH^ Soc. Jes.j àUquot epistolte. Paris ^
168Î, pag. 146: : .
C 109 )
le P. Guillaume Gritton , écossais , àe l'illustre maison
des Mamilton , qu'il avait amené de B.ome avec Pierre^
Jean Perpinien , savant jésuite espagnol , qui fut chargé
d'expliquer les saintes Ëcritures (i)» L'ouverture solen-^
ndle du collège eut lieu le 3 octobre de la même année
i56S : le gouverneur et le consulat en corps y assis-^
tarent ;, avec tout ce qu'il y avait dans la ville de gens de
lettres et de catholiques distingués. Perpinien prononça
un discours en latin , qui fut si goûté , que l'archevêque
se hâta de le faire imprimer. Auger donna bientôt une
grande célébrité au nouveau collège , *par la manière
habile dont il dirigea les premiers travaux des maîtres
éi de leurs disciples. Il y était regardé comme un oracle ,
et quoiqu'il ne s'y fût réservé aucun emploi , l'autorité
et la vénération que son savoir , ses talens et sa piété
loi avaient acquises , étaient telles que lorsqu*on vou-*
lait lui parler , on demandait , non pas le P. Emond ,
mais Monsieur le Jésuite. Les calvinistes virent avec
la plus TÎve peine les jésuites installés à Lyon. Le mi*^
nistre Viret ne pouvant dissimuler son dépit , les pour-
suivit de ses invectives , non-seulement dans ses discours ^
Dais encore dans ses écrits (2). Le P. Auger, craignant
(i) La vie de Perpinien a été écrite en latin par Pierre
Laceri , Rome , 1749 , în-8.® La Biographie universelle n'a
pas daigné faiire mention de ce jésnite , sur lequel on
trouve cependant un très-bon article dans le Moréri de
>759-
(2) C'est sans .doute )^ cette époque que le P. Auger.
publia %on Epistola contra Petrum Vireium ^ pro socic
tate Jesuj et dont l'aateur de la BibUothecm scriptorunt
èQc. Jet. n'indique ni la date ni le format.
v![u'uit antagoni^e aussi fongueux ne mi la cause ^aiie
"sëdîtîon , sollicita et obtînt isori exîi. Le ministre iR-uffy
ayant suivi les méme^ érrèmens que Viret , eut bientôt
ïe même sort (i)v Aujgef alb ensuite prêcher dans le
Midi , et principalement h Toulouse , d'où il sortît
en i567 P^^r ^® rendre à Totirrion, !Dàs qu'il y fat
arrive , il reçut des avertissemens secrets que les" re-
ïigionnaîtes cherchaient à surprendre Lyon. ïl s'y trans-
porte aussitôt : le président de Birague était gouvemeiir
de Lyon : Augèr lui fait part de ses craintes , qui sont
bientôt confirmées pat tlh boucher catholique qui sVtaît
sauvé de Màcon , où les calvinistes venaient d'entrer , et
qui , arrivant à franc élrîer , le dimanche soif , jour Je
S. Michel , 29 septembre , donna coiàme nouvelle certaine
rîntenlîon des protestans de s'emparer de Lyon , lorsque
minuit sonnerait à Thorloge de St. Nîiîer , sigrtal con-
venu , disait-il , avec les réformés qui étaient dans la
la ville 5 où ils devaient forcer tous les postes de l'întë-
rieur et faire main basse sur les catholiques , pendant
que l'armée calviniste , commandée par Lanoue et pa1^
Ponsenac , enfoncerait les portes de Lyon. M. de Biragué
convoque à Tinstant lès bourgeois les plus riotables ef
les plus dévoués à leur patrie et k leur religion. A
peine en a-t-il réuni quelques-uns, ipie )e prieur des
Dominicains , effrayé des mouveikiejis que les réformés
faisaient depuis la chute "du four dons les environs de
la place Confort , vînt lui en donntir aviiî. Les bou^*
(i) Viret a un article dans la Biogr. t^rùi^.j quant k
RoJBTj , ou R|^a , que l'on y a omis, voj. de Thou , Hisù
univ» 9 liv. XXil i et Coloria , Hisi. liiL <fc l^on , t. II ,
pag. 694.
( IIÏ )
geok prennent aussitAt les armes , et vont occuper sans
bruH les postes les plus importans , et surtout ceux qui
aroisinent les remparts. Sur cei ehtre(aites ,' le P. Âuger
qoi avait feit mander les horlogers de la ville , intime à
celui qui ëtait chargé de lëgler Thorloge de St. Nizier ,
Tordre d*en arrêter la sonnerie , et enjoint aux autres de
faire sonner diflKrentes heures d*une manière îrf^guHère
à toutes \& autres horloges des églises et des édifices pu-
blics ^ afin que les conjurés , attentifs au sigoal convenu ,
ne pouvant , dans la confusion de toutes ces horloges ,
se troover en masse au rendez-vous à Theùre indiquée ,
y vinssent ou trop tôt ou trop tard , suivant qu*ils
seraient dirigés par le mouvement déréglé des sonnet L s.
Le stratagème d' Auger réussit à merveille , et les pro-
testans voyant leur complot découvert , se retirèrent en
désordre ou tombèrent dans le piège qi|*ils avaient tendu
aux catboUques. Ceux du dehors ayant vainement at-
tendu que minuit sonnât à St. Nizier , et se doutant bien
que leur projet avait été déjoué , partirent avant la
pointe du jour , et pour se dédommager d'avoir échoué
dans leur entreprise , ils se dirigèrent sur Vienne et sur
Valence , où ils mirent tout à feu et à sang. À peine les *
Lyonnais eurent**ils échappé au danger dont ils avaient
été menacés pendant toute la nuit , qu'ils se portèrent
aux deux temples des calvinistes , et les rasèrent de
fond en comble. On fit en même temps des visites do-^
miciliaires dans leurs maisons, où Ton saisit des armes
et des listes de proscriptions , sur lesquelles figurait
en première ligne le P. Auger. Plusieurs des réformés ,
convaincus d'avoir trempé dans la conspiration , furent
arrêtés et condamnés à Texil. Auger fut proclamé le ,
père de la patrie et lé sauVeur de Lyûn , le conserva-* *
j
( 112 )
leur ie la foi et le restaurateur du salut puUic ; on fut
même sur le point de lui ériger une statue. Quelque
temps ensuite , d'après les intentions de l'archevêque ,
l'infatigable jésuite , pour consolider son ouvrage , fit
une perquisition chez les libraires et chez les impri*"
meurs , confisqua tous les livres contraires à la religion
romaine , et obtint du consulat l'ordre de les faire
brûler publiquement. Cet auto-da-f!é eut lieu sur le poat
de la Saône , durant les trois nuits consécutives qui
précédèrent la fête de Noël. Quand Lyon a* eut plus
rien à craindre de la part des religionnaires , le P. Auger
se rendit à Paris pour prêcher devant la cour ; il com-»
posa plusieurs ouvrages de controverse ou de piëti^ P^^"
dant le séjour qu'il fit dans la capitale : un des plus
remarquables , du moins par son titre , était intitulé :
Sucre spirituel pour adoucir Pamerfume des aigres
malheurs de ce temps. Le duc d* Anjou ayant été
nommé généralissime des armées du roi , il reçut
Tordre de le suivre ; mais il obtint , bientôt après , la
permission d'accompagner Jacques de Savoie , duc de
Nemours, qui allait protéger le Lyonnais contre les
«louvelles agressions des réformés. Dès qu*il vit que
cette province était à l'abri d'un, coup de main de
leur part , il retourna auprès du duc d'Anjou , et as*
sista, eu iSSg, à la bataille de Jarnac.
En ce temps-là , quelques démêlés assesb graves
s*étaient élevés à Avignon entre les habifcans et les
jésuites : ceux-ci allaient être chassés , lorsque le P.
Auger arriva subitement pour les sauver ; le discours,
éloquent qu'il prononça devant le sénat calma les esprits
irrités ; tout rentra dans l'ordre , et le P. Possevin qui
se trouvait à Rome pendant ces troubles^i et contre le*
/
(ni)
^ le peuple s*était le plus hautement prononce »
ék reprendre paisiblement ses fonctions de recteur du
oQége de cette ville. Auger , de retour à Tarmëe , vit
Iner la bataille de Moncontour , qui fut encore funeste
aax proteslans. Rappelé à Toulouse , il y fit de nou-
velle coBversions et y institua de nouvelles confréries.
0 revînt oisuite k Lyon où ri était attendu pour des
aÊîres rcSatives à sa compagnie ; pendant le nouveau
séjour qu*îl fit en cette ville , il concourut à l'organisation
de la charité et de plusieurs autres établis-
pieux ou philantropiques. Appelé à iParis par le
cudinal de liorraine , il suivit , avec ce prince , la cour
dans le voyage qu'elle fit en Champagne. t)e là il' se
icndit Melz^ où il fit, en i9^i , une mission pour
s*oppo6er aux progrès de la réforme. Ses eiforts ayant
été œoronnés de 'succès , il quitta la Lorraine pour
aller prècbet dans l'Auvergne et dans plusieurs autres
provinces. Parmi lès nombreuses conversions qu*il fit à
cette époque , on ne doit pas omettre celle d'un ministre
protestant de Bordeaux. Après avoir passé plusieurs an-
Bëes dans cette dernière ville , où , malgré la résistance
la plus vigoureuse des réformés , il parvint à installer un
collée de jésuites , il revint à Lyon , et contribua à la
dkouverte d'une partie des reliques de St. ïrénée , res-
tées enfouies depuis i562» Rappelé à Bordeaux, il s'y
troma le jour iatal où l'on exécuta le drame sanglant de
la Saint-Barthélemi ; mais rien ne porte à penser , quoi
^'en aient dit quelques historiens , qu'il ait été un des
provocateurs de cette horrible boucherie. Bientôt après ^
W duc d'Anjou , qui faisait la siège de la Rochelle , le fit
nmr auprès de lui pour qu'il ranimât , par ses prédi-
cations, le zèle de l'armée catholique. Ce prince ayant
Tom. FIL • 8
( iï4 )
été nomme roi de Pologne , Auger fut charge par lai
d'aller à Rome rendre compte au pape , Grégoire XIII ,
de Tëtat dans lequel se trouvait la France. La mort de
Charles IX qui laissait pour ht^ritler de sa couronne le
duc d'Anjou , fit quitter la Pologne à ce monarque ,
qui voulût que toute la cour de France vint le recevoir
à Lyon. Auger qui ëtait revenu de Rome , suivit la cour
à Lyon, où il fut admis à complimenter le nouveau
roi , qui avait fait son entrée solennelle dans cette ville ,
le 6 septembre i574 , au milieu d*un nombreux et
brillant cortëge , dans lequel on remarquait la reine
mère , le duc d*Alençon et le roi de Navarre , qui fut
depuis , sous le nom d'Henri IV , Tidole des Français.
Pendant son sëjour à Lyon , Henri III joignit le
gouvernement du Forez à celui du Lyonnais et Beau-
jolais^ , qu'avait d^jà M. de Mandelot , et il rendit auic
conseillers-échevins les clës de la ville dont ils avaient
ëtë privÀ depuis la surprise des protestans en i562«
Vers la fin d*octobre , le roi quitta Lyon , et Auger
l'accompagna dans le voyage qu'il fit à Avignon. L'annëe
suivante , au commencement du printemps , il le suivit
à Reims , où il assista à la cërëmonie du sacre de ce
souverain , qui lui donna le titre de confesseur du roi ^
titre dont n*avait point encore ëtë dëcorë un membre
de la compagnie de Jësus. Lyon fut derechef afflige
de la peste en i582. A la première nouvelle de cette
calamitë y Auger vint encore se dëvouer bu service
des pestifërës. Les Lyonnais n'avaient point oublie la
conduite hëroïque qu'il avait tenue , dans une pareille
circonstance", seize ans auparavant. Son zèle fut aussi ar-
dent, sa charitë aussi ëclatante. Il remplissait à la fois f
l'office de médecin , d'infirmier et de prêtre ; il allait
lii'inême demander de porte en porte Paumàne pour les
^Yres frappés de la contagion ; il ne sollicitait jamais
en Tain la conunisëration des riches ! un jour il trouva
sur une place publique dix tonneaux de vin et une
bourse contenant cinq cents ëcus d'or ; au-dessus de ce
magiufique présent , le bienfaiteur anonyme avait placé
celle inscription : Au Père Emond^ pour les pauvres aiieinis
de la peste. Sur b fin de Tété , le fléau paraissait avoir
entièrement cessé , quand tout à coup il parut se re-^
noirveier. I^yon Se mit une seconde fois sous la protec*
îkm de Marie , et fut délivré. L'historien de Rubys ,
Auger et son digne ami le custode Âmyot furent choisis
pour aller rendre le voeu que la ville de Lyon avait fait
à Notre-Dame de Lorette (en Italie). Ils étaient sur le
point de partir , lorsqu'Henri III arriva en poste , suivi
seulement d*nne vingtaine de cavaliers ; il venait , disait-
ii ^ yfwxs man^r des melons et des fruits de Lyon , et
pour se récréer. Pendant les quinze ou vingt jours qu*il
passa diras cette ville , les échevins , Tarchevêque et les
consuls des nations étrangères rivalisèrent de zèle pour
procurer au roi toutes sortes de divertissemens. Il y avait
chaque jour des collations , des bals , des promenades sur
b Saàne , des feux d'artifice , même des processions de
pénitens de Notre-Dame du Confalon , où le dévot mo-
narque assbta plusieurs fois en habit de la confrérie.
Ce ne fut qu'après le départ du roi que de Rubys et
Âmyot, qui avaient été devancés par Âuger, se mirent
en route pour Lorette. Ils y arrivèrent le 20 septembre •
le surlendemain , après avoir communié 9 ils offrirent ,
ta nom de la ville de Lyon , un vœu qui se composait
ie plusieurs vases de vermeil et d'un calice d'une gran-
deur extraordinaire , sur lequel étaient gravées les armes
à» roi , œlle^ de la ville , de rarchevêque et du jou-
( ii6 )
Terneur ; le dessus de la patène présentait en relief le
plan de la ville de Lyon. Les trois députés allèrent
ensuite à Rome , où des lettres de Lyon leur apprirent
que la peste y avait entièrement cessé le jour même où
ils avaient accompli leur vœu. De retour en France y
Auger vint à Paris où le roi Tavait mandé pour y orga»
niser une confrérie' de pénitens , dont l'ouverture se fît.,
en i58o , le jour de l'annonciation de Notre-Dame , par
une procession solennelle que dirigea le P. Auger , avec
un nommé du Peirat , lyonnais* On ^ vit le monarque ,
suivi des princes , des grands de sa cour et de ses nc^m—
breux favoris , parcourir , sans gardes et malgré une pluie
battante , les principales rues de la capitale c( vêtu d'une
» longue robe blanche de toile de Hollande , en forme de
» sac , avec de larges manches et un capuchon fort pointu ,
» ayant deux grands trous à l'endroit des yeux , cousu par
D derrière sur le collet , et descendant par le devant en
» pointe jusqu'à demi-pied au-dessous de4a ceinture tissue
» d'un fil délicat de fin lin , avec de petits nœuds allant jus*
j» qu'au dessous du genou , et de laquelle pendait une jolie
» discipline de même fil , qui n'était guère propre à faire
» bien du mal au pénitent, qui avait en outre sur l'épaule
» gauche une croix de satin blanc sur un fond de velours
» tanné , presque tout rond ( Maimbourg , Hisf. ck la
» Lîgue , liv. ,1/' ) » Une telle dévotion ,. qui existait
déjà depuis long-temps en Italie , loin d'édifier le peuple ,
donna naissance à une nuée de satires et de quolibets dans
lesquels le P. Auger, qui avait dressé les statuts de la con-
frérie (i), ne fut pas épargné. Presque tous les historiens ^
(i) Un exemplaire de ces statuts « imprimé sur «relia ^
existe dans la bibliothèque de la ville de Ljoa. Yoj.
^brchivcs du HMae 9 iom. YI p pag. laS.
tt suTfoiH un de ses illustres collègues , le P. Maîmbourg
(foc- cU. ) , l'ont blâme d*a¥oir entretenu le roi dans ces
sortes de dévotions qui ne devaient point être «à Tusage
f un monarque auquel il en fa^t d'autres beaucoup plus
solides , et dont la principale doit être une forte appli-
cation au gouvernement , que Dieu , qui lui en fera rendre
€oniple,Iui a confia comtne à son ministre et son lieute**
nant.!» Catherine dé Médicts., qui avait aussi assiste à la
fTocession , revêtue en pénitente , se plaignit amèrement
de ce que le P* Auger avait introduit à la* cour des prati-
qats tout au plus bonnes pour un cloitre , lui reprochant
avec aigreur de diriger fort mal celui qui s'était mis sous
sa conduite , et d'avoir d'un roi , tel que Dieu l'avait
voulu , fait un moine , au grand pfë)udice de tout le
royaume* Auger fut sans doute , dans cette circonstance ,
entraîné au-delà des bornes par un désir trop ardent
de YAen faîte*
Pendant que le roi de France oubliait qu'il était
Benri Œj pour jouer le rôle de frère Henri ^ la Ligue
&'sait de rapides progrès. Tout dévoué à son royal
pénitent , auquel il fut toujours inviolablement attaché j
le P. Emond lui donna plus d'une fpis des conseils qui,
s'ils eussent été suivis , auraient peut«^tre changé la face
des choses ; mais le faible monarque , qui ne sut jamais
prendre un parti. décisif, las de ses importunités , avait
déjà cessé de l'avoir pour directeur lors de l'assassinat
d» Guises ; et en eifet y Auger , avant cet événement >
était venu chercher à Lyon, dans le sein de sa compagnie,
on repos qu'il n'y trouva point (i). Le gouverneur de
(i) Cest probablement à. cette époque que le P. Auger
le bibUothëqoe du collège de Lyon d'un grand
celte ville , M. de Mandelot , dont il ëtaît le confèsseinr
et lami le plus intime , languissait depuis long-temps 9-
atteint d'une maladie qui devait le cx>nduire aiu tombeau*.
Auger ne l'abandonna pas , et Taida ^ en lui prodiguant
tous les secours d'une véritable et salutaire piétë , ât
franchir sans icriainte les pcnrtes de réternitë* L oraisoA
funèbre de Tillustre gouverneur fut prononcée par lui y
dans iVglise primatiale ^ le jour de St. André , 3o no-
vembre i588 ; et malgré la présence du duc de Mayenne 9.
le panégyriste, après avoir louié la fidélité et rattache-
ment de M. dé Mandelot au service du roi , insista avec
force sur la persévérance avec laquelle ce digne magistrat
avait toujours refusé de donner son adhésion, au pacte*
de la Ligue. Dès que l'assassinat dés Guises fut conna
à Lyon , on vit Auger aller de maison en maison pour
fortifier ^ dans Tqbéissance du prince , les cœurs que ce-
coup commençait à ébranler. Deux mois ne s'étaient pas.
encore écoulés depuis la mort de M. de Mandelot , lors-
que les Lyonnais , cédant aux suggestions des partisans
que la maison de Lorraine avait dans le clergé , qui
était si puissant alors , levèrent Tétendard de la révolte
et se déclarèrent du parti de Tunion ; en vain le P. Auger
voulut-il engager le peuple à rester dans le devoir ; on
fut sourd à sa' voix , et il se vit contraint , par ordre
des magistrats ^ de sortir de Lyon au milieu d*une haie
de soldats disposés sur son passage depuis le collège
)usqu*au bord du Rhône 9 où une foule immense , triste*
et silencieuse vint recevoir lès derniers adieux et les
dernières bénédictions de celui qu'elle avait jadis salué:
nombre de livres de théologie 9. qa'ill avait obtenus de la<
Kbëralîté d'Henri UL
(.119.)
kVxtre glorieux de sauveur de la patne (i). Une barque
ans laquelle il n^eut d^autre compagnon qu'un frère de
asa ordre , le conduisit à Tournon ; mais à peine eut-
il resté quelques jours dans cette ville , quil reçut de
SI» géi]héral Tordre de ce rendre à Rome. Il obëit , et
partit y le cœur navre de toutes les calamités auxquelles
était en proie une patrie qui lui ëtait si chère , et qu'il
ne pouvait plus espérer, de revoir. Sixte-Quint, instruit
de son dévouement à la cour de France , ne lui per-
xnlt pas d^ntrer à Rome , et Texila d'abord à Venise ^
eosiiîte à Bologne , puis ^ Milan , enfin à Cosme , où
il temba malade 9 et où il rendit le dernier soupir le
19 janvier iSgti y âgé de 60 ans {2)0 Sa taille était au-des-
(i) M. Vàhhé Guino»de Montleon ^ Mém.paur servir à
Pkut. de L^xm^ toin. I, pag. 2a , loue la conduite d'Auger,
et £1 cyoe ce fol le seul jésuite qui resta fidèle au monar-
qne, Voj. le Compte rendu au public des comptes rendus
mue dîjers parlemens , etc. , Uxbou II , pag. 188 et saiv. ^
édSt de 1765, ÎD 8.^
{2) U existe deux vieiB du P. Anger : Tune , en latin ,
par Hiicoks l^^lJ^ Paris, i652 9 ioi-St^ ; l'autre , en fran-
çais, par le P. Dortgaj , Lyon, 1716, in-ia. On trou*
Tera la liste de ses nombreux ouvrages dans la Bihli(^
iktca àcriptorum societatis Jesu ^ et dans les Bibliothèques
fiwncoiscs de La Croix .du Maine et du Verdier^ nous
BOUS bornerons à indiquer les suiraiis : I. Epître conso^
ItOmre aux catholiques de hyon atteinis de la peste , etc. ,
LjOD, Michel JoiFe, xS64 ^^ >^77^ ^^ •'^^^ Pîllekotte ,
1S81 , in-16. IL Le. Pédagogue d^armes pmtr instruire
«a prince chrcstien à hien entreprendre et heureusement
sc&owr une bonne guerre , etc. ^ Paris , Sébastien NjveUe ,
1S6&5 iiip&^ ill« Ittetanûsologie. Sur le suget de VArchi-
( Ï20 )
SUS de la mëdîocre , sa tête grosse , son front large y,
son nez un peu aquilin , son teint blanc et vermeil ^
ses yeux vifs et pleins de feu , ses cheveux épais ef
châtains. Quoique doue d*un esprit naturel et d'une
imagination vive et exaltée, il fut plus éloquent dans,
ses discours que dans ses écrits. Il possédait un si. bel
congrégation des Penitens de rAanonciatidh de NostP^
Dame et de toutes telles autres devotieuses assemblées y.
en VEgfise sainte^ Parîs , Jamet Mettayer, i584j in-4«*^
L'ancien évéque de Blots , en cttant ce livre , pag. 5o5 ^
de son Histoire des confesseurs , des empereurs , des rois 9.
et d^ autres princes^ Paris, i8a4 9 in^»® , en a on pea
tronqaé Le titre \ il a substitué à ces mots : et de toutes
telles autres , ceux-ci : et de toutes les autres belles. Ce-
n'est point dans la- MetanûBologie ( discours sur les Pé^
nitens ) que se trouve , comme on pourrait le croire 9,
nue phrase- souvent citée, que d'A«biguë , Vit. IV , cbap. I
de ses Histoires , et Mathieu , Hist. gén^ des troubles de
France , liir. I , pag. 1 1 de Tédît. de 1 72a , attribuent au
P. Âuger: suivant eux, ce dernier aurait dit, en parlant
d'Henri III , qu'il avaà bien tasté le poux de ce prince y.
profondé , laugé et* manié sa conscience ^ n> partant as**
seuroit publiquement et en particulier ijue la France
n'aidait eu de longtemps prince tant religieux , etc. Il
est fait mention dans la Bibliothèque de madame de
Montpensier , d'un libelle intitulé : les Rufianeries de la
■ cour , par le comte de QUaulevrier , as^ec les apostilles
du P. Emotid ; mais on sait que la Bibliothèt/ue dont il
s'agit , et qui figure parmi les ][iièces que l'on joint au
Journal d^ Henri 111 , n'est autre chose qu'un catalogue
satirique contenant des titres d'ouxrages imaginaires. Une
anecdote scandaleuse , racontée par d'Aubigné , hc. cit*^ ,
et dans laquelle Maulevrier jone un rôle 9 a pu donocr
lieu à cette facétie..
( "I )
orane , et U airalt à un si haut degré Te talent de bien
^, que Henri HI disait que les^livres lui semblaient
fhs beaux quand c^ëtait Âuger qui les lisait Âmi des
lettres, il fut cher à ceux qui les cultivaient, et il mérita
ks éloges de plusieurs de ses contemporains (i), et par*
àndjèrement d*Etienne Pasquier , qui le qualifie de
grand çrédicateur (2). L'historien Mathieu , qui assuré-
ment n était pas le partisan des jésuites , l'appelle u le
p OiTys(»t6me de la France, le plus éloquent et le plus
» dode prédicateur de son siècle, et tel que, si la religion
9 donnoît des statues aux orateurs , il faudroit que la
9 sienne fut avec une langue d'or, comme celle de
> Bérose (3)....« » II est fâcheux que les sermons d'Auger y
qui forent peut-être toujours improvisés, ne soient
point parv^ius ju^u'à nous: la postérité confirme-
rait sans doute les éloges qu'il reçut Se son vivant ;
toutefois^ Â noas jugeons du mérite des sermons du
P. Auger , par ceux qui nous restent des prédicateurs
les p/u5 célèbres de cette époque , il est peu probable
qu'ils justifiassent à nos yeux l'immense réputation de
leur auteur , dont tes calvinistes disaient que , s*fl ne
(1) Y07. Bailly, Hist uitœ B. P. Emundi Augeriij c. VII^
{^ Œuvres^ tom. II, pag» us. On demandait un jour
m ?. Auger avec quels livres on pouvait acquérir Télo-
qaence sacrée. Oest en lisant , répondit-ii , et en médt"
tant 5. Paul et S, Jean Chrysostéme. Jfouvency , Hist.
socm Jts.y lib. XXIV, pag. 774*
(5) Mathieu le love aossi d'avoir refusé les dignités dé
f ég^e auxquelles Henri 111 voulait Pélever , et il lui ap-
lfa|iie cette sentence de St. Angustia * lUustrior fit homo
rtatsando çuofn acdpiendo sibi oblatas digiiitates* Hist* de
Kftiice^ tom. I y pag* 25o ^ édit. de 16S1 , in-foK
( 122 )
prêchait en bonnet et en surplis , U serait te premier
orateur de la terre. «LVloquence , au X VL* siècle , a dit
un écrivain moderne , semblait s*étre réfugia dans la
philosophie et dans la morale ; on ne connaissait pas
encore cette éloquence de la chaire qui distingua spéciale-
ment le siècle de Louis XIV , el qui demeurera une de
nos gloires naticmales ; éloquence formée par Tétude des
Tertullien , des Augustin , des Chrysostôme , mais qui
l'emporte peut-être sur ces grands modèles , en ce que
la force et la vigueur des pensées résulte toujours de
leur justesse et de leur accord ^ et que l'élégance et les
grâces du style ^ par un heureux privilège du goût ^ n*y
sont jamais recherchées aux dépens de la noblesse et
de la simplicité inséparables de ce genr^ d'écrire.
A.
ACADEMIE DE LYON,
Quelques réflexions sur l'obligation où se trouyent les Soci^t^
académiques de publier leurs travaux , et sur la manière de les
publier, lues par M. le docteur Parat, à l'acadëmie de Lyon , dans
la. séance du as novembre 1814*
le ne mettrai pas en question celle de savoir si les
sociétés académiques doivent rendre publics leurs travaux ,
parce que, si le premier but que se proposent ceuxiç(at
se réunissent pour cultiver en commun les sciences , les
lettres et les arts , est d'en accélérer le perfectionnement
et les progrès, par l'échange ou la communication de
leurs lumières , ils ont pour ol)jet non moins essentiel
à remplir , celui d'étendre cette communication et. cel
( 123 )
iimgt jusqu^à ceux qui peuvent y concourir , c esl-i-
ire. jusqu'atix savans de tous les pays : or , la voie de
foipressioa étant la seule convenable pour établir cette
owaittnicaiion nou\elIe , il est de toute évidence que
is sociétés académiques se trouvent âans l'obligation de
pUîer leurs travaux.
n se présente une seconde question plus difficile k
icsoaàre*. cest celle de déterminer de quelle manière
ortie impressioa doit être faite.
En consultant sur ce point ce que Texpéri^ace a déjà
iaît coimaitre , on trouve que , parmi les différentes aca-
démies qui ont été successivement établies dans les
derniers siècles , celles-là seules ont justifié Tesprit de
kor institution , qui ont soigneusement recueilli et régu-
fièrement publié leurs mémoires, puisque les nombreuses
o^ections qu'elles en ont faites , reihferment les matériaux
les p\us frédeux que les sciences possèdent pour chaque
partie qu'elles embrassent» ^
Cependant il est une autre manière assez répandue
it nos jours, et à laquelle quelques sociétés savantes
laraîssent uniquement se borner aujourd*hui : c'est celle
de Timpression des comptes rendus en séance publique.
Cette méthode , sans doute , a plus d*un avantage: en
k suivant , une société rappelle tout ce qui s* est passé
d'inléressanl dans son sein pendant le cours d'un semestre
OQ d'une année ; elle offre le recueil des ouvragés de
ses correspondans et de ses titulaires; elle signale à
fatime et à la reconnaissance publique les savans qui
se sont le plus dbtingués ; enfin elle excite puissamment
f énuiatioa , en décernant les prix proposés ^ et en pré*
fmi de nouveaux triomphes par les ^puveaux sujets
91'elle propose.
( 124 )
Maïs ces avantages que pr^^nte la lecture d'un compte
rendu en séance publique , ces avantages , dîs-je , of—
frent-ils la même utilité dans Timpression ? est-<:e dans
un cadre aussi resserré que celui que comporte une
séance publique , que le rédacteur îe plus exercé peut
donner une connaissance exacte des objets qull énonce T
n*est-il pas obligé de se borner à des extraits som^
maires, ou plutôt à de simples- indications générales?
Et je vous le demande à vous-mêmes, Messieurs , est*ce
par de telles notions superficielles que celui qui se li^re
sérieusement à 1 étude peut suivre les progrès des sciences
et des arts 7
La seule manière d*être véritablement utile , est donc
celle de faire connaître en entier chaque ouvrage , et de
transmettre à tous les lecteurs tout ce que les auteurs
ont jugé convenable de vous transmettre à vous-mêmes ;
parce que si les développemens dans lesquels ils sont
entrés pour se fai* entendre parmi vous, leur ont para
nécessaires alors , ils le sont également pour les autres.
Ai-je besoin d'ajouter qu'un rapport est toujours en
raison des connaissances du rapporteur ou des sentimens
qui rinspirent , et que rien n'est plus ordinaire que la
différence d'opinion que peut donner la lecture d'un
ouvrage , et celle du rapport dont il est l'objet ?
Si ces réflexions vous paraissent avoir queFque fustesse ^
et si dorénavant vous adoptez la marche qu elles indi-
quent, n'avez- vous pas à la suivre pour le passé , comme
pour le présent et l'avenir ?
En effet , Messieurs , les travaux de nos prédécesseurs
ne peuvent être abandonnés , puisqu'ils sont nécessai-
rement liés aux vôtres , et qu'ils font partie de Thistoire
de votre société | comme vous faites vous-mêmes partie
e des semences. D'ailleurs , n'avez—
jjBiioiï* ^\^\eX ^^ notas célèbres , et Vintërêt de
^las i ^^^\^^. les devolx-s de votre justice ne vous
"^r^^ ^^ ^'^ x^^Troduire ?
j^eat--*^*^^^ aétouruex d*un tel projet , il n'est
j jg sens ^^ ^ob)^^^^^ ^^ dilEcultës et sa longueur ;
/^^çfeci pas l^^^Sïnenter que de diiférer da-
^ ne set^^ r€ïg^^^ ^^^ ^^^ éprouve pour les pertes
«aataf? ' *^^ A Weot'^^* P^s faire attacher plus de prix à
i£^ fai^^'^^ ^^ qui^ ^**- Possible de retrouver encore?
L. fcc\»^**^ *^-i ces dWerses considérations , comme
£^erf ^'^^ auc p^^^ieurs de vous ont si souvent
ggpti^ les ^^ ^ieaVï d^gt^ment nos relations littéraires ,
^j^j0oés 9 ^ ^^ au^ autres académies le fruit de vos
c0iiiï**^^^^ ^ el^^ 8 empressent de vous communi-
travatt^ ^ ^^ c est i dis-je , d'après ces diverses consi-
,--^^ \es Ve^ ^ ., • ^»f^ devoir vous soumettre les pro-
- H sera nommé une commission chargée de
" ^' naissance de tous les manuscrits que possède
^^^nour les mettre en ordre et les livrer à
I>5 manuscrits des, membres titulaires de
T' ^* ni de droit admissibles en entier à l'impression.
Xx^àésoi^ ^flimission a le droit de faire un choix
A»"^' ^* ^scrits des membres correspondans.
f«** *^ , 1^ lecture des manuscrits qui appartiennent
AkT- ♦• t'iulaires , offre à la commission le sujet
^on aieUM^*^ ^arauei , ces remarques seront dlrecte-
ment communîqQ^s à chaque auteur respectif, et chaque
auteur seul y fera des changemens , s*Ii les juge conve^-^
fiables.
Art* 5, Sî dans le nombre des manuscrits des corres-
pondans , îl s*en trouve que la commission juge ne
devoir faire connaître que par une analyse raisonnée y
cette analyse sera faite et publiée au nom de la com-*
mission , si Tauteur n^existe plus ; mais elle sera coin-
muniquëe à Tauteur du mémoire , s'il existe ; ce ne sera
qu'après avoir reçu son consentement , que cette analyse
fera partie des mémoires imprimés.
DBtJXlàME PROPOSiTlOV.
 Texceplion du programme des prix que Tacadémie
propose de décerner chaque année , les comptes rendus
en séance publique ne seront point imprimés.
Il n'en est pas moins obligatoire pour les présidens de
les déposer dans les porte-feuilles de Tacadémie , parce
qu'ils sont indbpensables pour faciliter à l'académie elle-
même l'inventaire de ses propres travaux.
TAOISlàME FHOPOSITION.
n sera nommé un membre particulier qui sera chargé
de rédiger l'histoire de l'académie , depuis son établis-
sement jusqu'à ce jour (i).
(i) Ces réflexions u'ont point été perdues poarraoadëmie
et ne le feront pas pour le public ; elles ont fait nattre k
M. Damas la pensée de faire rhistoire de cette compagnie :
n s'en est occupé avec tous les avantages que lui donne
aa place de secrétaire perpétuel et avec tont Je succès
qu^on devait attendre de son talent. Son travail est déjà
( 127 )
Sans lui tracer aucun plan , Tacadëmie s*empresse de
lappeler celui qu*ont suiyi les Pelisson et les d*Olivet>
qot , malgré leloignement et les vicissitudes des temps
éomlës depuis rétablissement de leur compagnie, ont
à bien mérité des belles-lettres , par l'histoire qu'ils ont
piiUiée de Tacadëmie française.
HISTOIRE.
Notice BISTOBIQUE sar le Callëge royal de Lyon , d'après les docu-»
mens auUientiquei et les pièces origÎDales*
Lorsque , dans le dernier siècle , une ëtrange confur
«on des principes et des faits , et surtout une préoccu-
pation aveugle et méfiante soulevèrent l'école philoso-
phique contre les doctrines chétiennes , on ne pensait
guère de part et d'autre , que d'une controverse si im-
prudente • si mal comprise , sortirait enfin cette irrécu-
sable vérité que le christianisme n'est autre chose que
la conséquence et le développement des forces intellec-
taeUes de la race humaine, appuyées sur la révélation
. ■ ■ A ^^i^^^
\
ttkt-vfhïkcé : les lectures qu'il en a faites en différentes
sâioces particulières « ont été entendues avec le plus vif
intérêt , et les anecdotes qn^il a recueillies sur les rcla-
lioiu de ^académie avec plusieurs hommes ciélèbres , tels
que Voltaire, Thomas, Ducis, et même Bonaparte, qui
arait ooncoum pour un prix , formeront de cet ouvrage un
Ténlable monument historique et littéraire. On souscrit
Ibez le Concierge du palais St-Fierre, a vol. in-8.^; la fr.
( taS )
tt.rautorité divine. Voila tout ce qai reste iiujourd'tîlii
de ces débats que les uns se croyaient intéressés à sou-*
tenir et les autres à interdire j débats dont l'issue a
trompé les deux partis , dès qu*il a été possible de dis—
cuter sans passion et sans préjugés. Maintenant il n'y a
plus ni hardiesse , ni scandale à dire que la civilisation
et la science doivent s'arrêter et s'éteindre hors de la
sphère des croyances chrétiennes ; que ces croyances
seules peuvent revendiquer Téloge'qu'un ancien appli-
quait à ritalie : Numime Dtùm ekda quœ humanitaiem
homini daref. Et cette impuissance . d une école so-^
phistiqûe nous rassure en même temps contre les efforts
d'une autre espèce de novateurs, qui, cédant à des peurs
ridicules, supplient l'instruction de faire halte ou même
de. reculer quelque peu , pour la plus grande gloire
de la religion : esprits ardens et un peu bornés, qui ne
s'aperçoivent pas encore que le mouvement imprimé
\ la société par le christianisme est au monde 'moral
ce que la gravitation est au monde physique ; qu^rl fau^
drait changer cette grande loi pour en interrompre les
effets ; et qu'il ne se trouvera jamais de main d*homme
assez puissante pour enrayer l'œuvre magnifique de là
civilisation chrétienne , pas plus que pour soustraire lès
corps célestes à Téternelle attraction qui les roule inces-
samment sur la même courbe.
, On nous permettra de rappeler cette tendance du
christianisme vers l'instruction , lorsque nous avons à
parler d'un vaste et célèbre établissement scientifique ^
dont lesfondemens furent jetés dès les premières années
du seizième siècle , par quelques bourgeois d'une ville
manufacturière , hommes simples et pieux , qui se réu-
nissaient pour prier , une fois la semaine , sous l'invo-*'
de la Sainte*Triaitë. L^origkie de cette confrérie ,
fâ tenait ses assemblées daas iVglise de Saint-Nizier ^
BBQiite à Tan i3o6. Comme die avait ao^is des
tenàns considérables sur la' m^ droite . du Rhône.
alocs inhabitée » les pères de iàmllle qjoi la compcH
sne&t j formèrent le dessein de consacrer cçs propriëbéa^
à Veducafaoa de leurs enfans ; et surjlemplacepnent où.
se Iroirte le collège royal de Lyon, ils élevèrent une
école ^ an milieu des vignes et. desi pralri^. Cet établis-
lenaieiit £it ré^ par la. confréries» dc^puis lamlëe.iSig^
îusqn'en iSay. Alors il devint public j.Vautoritë muni-
Qpale se chargea de Tadminlstrei; , syr Je& ittsiances de .
Sjmpkomn Champier et de. Claude de Bellièvre^ pre-
président du parlement de Dauphiné. Il fut stipulé
Técole conserverait le nom de collée de la Trinité 9
et 91e la pcopriëté des terrains reviendrait à la confirmeriez*
â le coUéfj^ éuît supprimé ou transféré ailleurs. !# vUlç
accorda , sesaicment au principal , des honoraires de
400 livns. Il est digne de remarque que cette çessi(>&
fiit enliéfioiient volontaire , puisqu'elle précéda de deux
ans lordannance de 1 629, par laquelle François I/'
décida que tous les biens-fonds possédé? par les confré-
tics seraient converti^ en établissçmeqs; d'instruction et.
^■tililé publique (1).
Dans œ siècle de gravQ et fbfte science 9 les villes
moatiaîent une |;énéreuse émulation . pour, attirer dans
■ • ■ •
(t) On peat consulter sur leli actes qui établissent que
h eoO^ est la propriété '^ié la' Tille de Lyon •, ua rap-
|srt Sut au eonsèll mutiMsipsr, par M. flodiêu^ sterélr
de la ville» le A-mai i8q^
Tm. IF. 9
Itdr^murs les maitres <5ë)èbi*és.€ieèf>li6mtaésfliVitiâ ëtâfë^fC
seifu^ avec des solennités , €èmine aux beaux joors de Isé
Grèce , et rë^âtndaiènt partëtit l^amoui* dû* toVoirJ'AinsF
lés TiCbrrtaa , les Àlclat * lès Duàreiï, les Cordîer, Visî— '
t&ient K*s iinivêisités de France et de l'étranger que leur*
gënié éclairait tour à^tpar ;- fttéme'oh aVàit Vm à Lvon ,
le' plos illustré dés ftigitifs deConstantiiiopl^^I^scâris ^'
(jbr^ecfè^r d'épreuves dads- l'une dés fanieusesi^ifltf rimer ies
dc^ cette ifllëif' Aussisle iêron^ulaf dé Lyoïi s'occupa «-avec
ardeur de Ia( prospét ilië do <x>llége. Le premier principal'
fut -GuîHèiùme l)HraQd^ lyonnais , personnage d*iiBë«
^«nde érudition ; on- remarquait dès lors au nombre dc^
rëgens- Bbrthélebiy^ Aneaù ; élève du luthérien Melchtoi^
Wolnulr "3 esprit 'vasie et orné^ mais léger Ift téméra)re^^
qid devâit^pértr trente Md aprè^ dans ùné 'horrible dâH^
tasii-èphé; On y distinguait aiis^i Glâùdef idièf} Cublieew'^
Les'éttides^èkiœiques , tous de tels itiâlîtl^e^ , 'devaient étré^
brillantes ) "et contribuèrent sdni doute 'ât^ ' fa'' beHe re^^
nommée de saVoir et i d'élégance ^ae'lârVilie- dé Lyolt^
s^cquit alors eiitre toutes les villes dii ^royaume. La^
modicité de k-rétribùtiôn^pour chacune dés quatre classée -
instituées par le éonsùldt ( ± soh 6 deniei^s >, n'exdtlail
Mciihe' boti^eln 'du bienfait d\in^ édodatioii libérale. ^
Barthélémy Aneau , nommé princ([ial bour iiois ans ; '
après Claude'' de Gubil2» , eii l54o ^ avtlit réirgné '^s
pouvoirs etr décembre i5Si ^ entre lès maift^ dé Jaeqtie^^
Frrarhet.; -cebii-ci fut. remplacé^ eax555^^ar Jacques
Dupi^., mai^f^ jèsTa^t»;, l9.,popduiie' scîiigi^Mp»f<Ti'^^i^t
admnistr^taiir. I qui avilit pa(U* ^f de}chafifé];S(ijem^^^
détcmina . lé! cokisûlat à; le renvoyer. lOn rappela 9 pouo ^ . |
la dernière fois (i5S8)Banbél«mycAiieatT^ auquel semrrj -|
blait attachée la devinée du collège : il re^ut le titre de j
( »3t )
priricîpal«-recteàr pour quatre années yet fut chargé pàf
le cdosiilftt de rédiger le recueil > de ^ivilëges et fi-an^
ckisés de la ville. ^ . - -f
Tel ëlail Tëtat des àiosé^ lorsque éclatèrent \e& IfoiiMesi
biërieursdorit ta rëiidrme fut la cause ou le tprëtexte. Oil^
srit cOQuaMt 'François 1.^^ d'abord favorable 4 j^s con-f
trnre '^«x ^éformarteurs , se' crut obKgé de les poursuivre'
aprè^ les placards injuirieux de i536« La politique donteûs^>
et obscune cie de ^rtiK^e^avàii^ permis aux religionnairèli>
des espëraniceS' qu'il pouvait» ^sembleremel' de perdrtr
lotit à fait«'D^tiil' autre c6té^ 4e eèle* imprudent de qu^r
^fiies défeKsèuîrs de Tëgiîse et hâtait , «vec une malheit^i
itasiie vigilance i de. ramener au type de la i^fornife'Ctd^^
ivjeter parmi lés docts'inës hérétiques le moiiidre dissen'*'
tioient , les ^lûs* légères <:ohtradfc(ionis ; les esprit^ s^irri-^iii
taient conti>e une suticeptSMUt^ si* tranchante et si jaloifee.
Il arriva ce qui arrive toujours dans les affiiirés d'ôpi^*^
inoiis, lorsqu'on est contraint d'opter y sans néoei»iCé ,'
amune- sans envie. Les {dus hardis s'oignirent d'une '
orthodéxié imposée qui ne laissait pas même le mérite
de là vfidénié. Les plus prii^ens se Tétranchèrent dÀns >
ime hétitratité et un sceptièisme absolu ^ tels étaient*
Eilsme, Leroy, Pàsqihar, L'Hàpilal ^ Montaigne', Ghar^'^
rod, Pasjerat , RapinJ Mais pendant oes^'ardenltes cotl'-*
trover^ ^ d'oà k guerre civile allait édoi^ , Terreur se :
propageait rapidement. Il parait que lés régensdu collège^
ëiaient soupçonnés d'un secret pend^mt à Thérésie : c'est ^
ati moins ce <]iiQ lait présumer Tëvénèment sinistre dont^
le principal fut victime. Le 5 juin i56f ,)our de lat F4té^>f
Dieu , une procession passait devant le collège. -Tandis-
que la râleuse cëiisémoifie tKGilpait tous les esprits ,. et
yraisemblablement tous lesr yetix y une pierre ;> lancée;
( i3^ )
par ane main inconnue , atteignit le prêtre qui portait
le Saint-Sacrement. Un bruit circule rapidement que lat
pierre est partie des fenêtres du collège ; la populace fu-
rieuse se précipite dans rêtablisseiAeni ; et , ^s|hs ^gdrd y
non pas pour la justice , elle se tait dans Ite. troubla
populaires , mais pour les travaux et les cheveux UavA::»
du principal , ce malheureux vieillard est éfpPfjL Qii^^
ques historiens appliquant ici la tnaxime is Jècit Sqelus^
cui proJccU 9 assurent que cette déplorable scène avait été.
organisée par les amis de ceiix qui, dès lors ambition-
naient la direction du collège , et qui la reçumt j^lns tard;
mais cette imputation parait d^uéé de preuves. Quoi
qu il en soit ,. le collège dédiu de sa prospérité , fut régi.
d(epuis Je mois de novembre i56i y par le principal
IlÉartln qui y mourut, et dont la veuve en remit les defs ^
en 1^65 , au jésuite Emond Âuger, par Tordre du txMr
sulal(i).
Emond 'Auger , Tun des plus habiles propagateurs de
Isi -compagnie de Jésus , après avoir débuté par un emploi
obscur, dans les cuisines du collège des jésuites à Rome»
était devenu l'un des plus ^haquens orateurs de son siècle,
et le confesseur d*Henri III. Il consentit à se charger, pour^
deux années seulement de la direction du collège. L'ouvct-
ture des classes se fit avec appareil , le 3 octobre i565. Le r
père Perpinien, savant humaniste, y prononça un dis^,,
cours latin y àc retinendâ çeieri religione apud Lugdu^ . |
nfnfes; Cricfaton, jésuite écossais, de la noble famille des j
EUmilton, fut installé en qualité de recieqr. . Mais à Tex- .
piration des deux années, Auger déclara que sa compa- 1
-*— ; , ■ »;
-(i)' Voy. k Notice sur le P. Emond Auger f îoséréa x
plus Jiaut, pag. loo-iaa de ce vol.
( i53 )
^ie ne pouvait plus desservir le collège qiie sou s la
fonne d*ua don perpétuel. Les ëchevins consentirent
^ec empressement à raliënation demandée, le j4 sep^
lembre i$€7 , en stipulant toutefois, par respect pour
les ades de 1687 , que la propriété du collège et même
des aocTdi3»emens qui pourraient y être faits, revien-^
dÉait à^jn&ç , si la Société en quittait la direction.
La iriile dota généreusement les nouveaux administra*
teuTs ; on doubla tes 400 livres allouées au principal , et
Ikm aoeorda des indemnités d'octrois poi^r une vaieub
de i5oo fiv. L'archevêque, cardinal de Touriion , promit
24k> liv. par an ; le chapitre de St-Jean souscrivit poutr
4nie pareille scmime à tUré étaumône. Enfin le roi
Caries IX, par lettres patentes du 7 septembre i568 ,
accordées sur un bref du pape Pie IV , confirmai tout ce
qui avait été fait par la municipalité. M. de TÂverdy
observe que , dans l'acte de cession , les jésuites comptent
parmi les avantages de leur institut que les collèges qu'ils
tiennent ont les titre et droits d'universités , tandis que
pour être admis en France ils avaient solennellemM^
renoncé à œs prétentions fondées sur les bulles des papes.
Indépendamment de& faveurs du consulat , ils accru*
rent bientôt leurs revenus par des libéralités de toute
ea^piœ. Un savmt calabrois, Vincenzo Lauro, d'abord
médecin du cardinal de Tournon et de la reine Catherine
de Hédicis , ptm cardinal évêque de Mondovi ^ leur céda
les prieurés de Tense et de Dunières qu'il possédait dans
le Forez et qui rapportaient i3,ooo liv. ; en 1579 , ils
obtinrent du consulat des fonds pour la construction
d'un pensionnat ; et même au milieu des fureurs^ de la
ligue, en 1692 , les échevins donnèrent pour un oouss
perpétuel de ^^ilosophie en trois classes , une rente an-
( x34 ^
nuélle^ a^ooo livres (i). Nous devons ' remarqutr
le collëge possédait; à cette époque > une biblioth^ue ou
Ubralrî0 considérable , q^oiqu^'il n*y eât point d^édîfice
«pédai destiné h renfermer les livras ; cette bibliothèque
accrue , pendant près de trois siècles, par ia ntunificence-
de DOS r rois , par de riches donations et par la soUii^tiicle
éclairée des niagistrals de Lyon, e^ .aujeord*htti Tune
de» plus complètes 4^ FVance ; mais le odlége en a perdis
la propriété , ainsi que des médailles qui y étaient joiniesu
Lorsque les jésuites furent exilés , en 1594 , par suite
àe^ l'attentat de Jeah Châtel , ils essayèrent de conserver
la direction du collège , en la faisant donner , par le cob—
sujat, au P. Jean Pdrsan 9 qui avait quitté depuis peu
rhabU de Tordre. Maïs Porsan , dénoncé au parlement de
Paris , comtne ayant enfreint son ban ^ fut décrété de
prise de corp$ , malgré les renu)ntrance$ des éebevins ^
qui soutenaient que Persan n^était point jésuite , attendu
qu'il était sorti de la compajgnie avant larrét de i5q4-
La société ayant repare en 16649 la 'ville^lui reroif
aussitôt l'établissement, et c'est de cette époque que com*-
mencent véritablement les progrès et la célébrité de cette
école qui eut successivement pour administrateurs les
PP. €raiset , Milieu , de Suffren , de la Chsiise , Colonia ^
Ménétrier , etc^' Les jésuites s obligèrent^ tenir des cours
de pbilosopbie , de rhétorique et d'humanité , et quatre-
classes de. grammaire; k faire des leçons sur la morale^
la théologie-, les mathémçitiques ,- Tastrônomie. fît la géo^
graphie, ainsi que cela se pratiquait es plt^s céiiirèi et
(ï) L*acte est du 8 octobre 1592, et fat reçu par Benoit
tfu'lVdnèy, notoire' et sècrcftaîre de là ville de L^on.
• • i ('2fô/e d^iH des rêiàcUufi ).
mtSte$ws ^cmlUgef ^x4^$ P^ret. La ville fit (]^ Qouyeaux
^acôQces jpQur çhtenir ç^ vaste, iensemple .d'iqsinictîoi|^
ci k Station annuelle fut port^^ jiusqu'à i3^o, liy^
, Jl.&llut acib^er de$ iles entières ,dç, ^n^sqnç ppt;^
grandir les J>â^ii^i)s gui devenaient dp îqur ;e^ jouj pl^s
■ff5nfli?g>ns 9 et Tpn çst vraiment étonné de Tînépuisable
gpitroslté du corps ^de yill^ qui pç ;sq l^^l^ PQ^.i?^ d^^cr-
jCuôU^ d;» demanfles tpujours r^n^ssaptes , ni d'antq-
TÎser des constructions interminables. Cefu^ien 1617
^^ s'éleva, ^9U^ le$ des^iis du P. IIJ(artel7An^,9 laçha-
^fdieda collège 9 qui devint l'une dçs plun» riches delà vilU^,
• f^ les nurbres e^ les p^n^rçs dont lelle était ^kxi^t*
jUors j^ussi , on traça Tiipiaense vaiss^u d^ la biblipr
jbèfu^ ; mais la totalité des reconstructions ne fpt achevé^
jguev^ Van l66o. Par une if^^p ostent^liçç ^de li^xe^^
«m des membres flç la aijocîét^ , le P. Labbës.çQu^rit &p
ffânluresà fccsq^ie les façades intérieures dç la .gr<|n4e
cour des classes; encore n était-ce pas assez d'un aussi
Vaste ioca/poor réunir tous les élèves : dès Tannée 1628,
M.™' de Gadagne , veuve du marquis de Miollans , avait
^donnë 00e sommé de 24,000 liv* pour ouvrir trois classes
dans on autre collège qui fut placé au bas de la colline
de Fourvières. . .
. Au conui^c^nçapen^ 4v^ 4^rnjier siècle » les v^yi^ijis^^
deiix collège s'élevaient à pWs. df^ Sp^ooox liv^ 1 non
ppayrîs les bénéfices du: peosioanat ^ ceux de la phar^
nacie fui en rendait 20,000, et la fouissance de ^lùsîeu^
vaisens de ville et de campagne, dont les titres disparu-
rent en 1762' (i). ' '' '
t ■
. (1) Jfopis ' n'^vnluerons pas nim plus leti Mlnfralité^ de
ftwifinArJeu Jaistât»^ pan les jésuites , et qui contrî-
X'obsértatoîre , qui fah partie du collège , fut cotistruft
en 1702, d'après le désir de l'illustre Cassini , sur les
plans du P. de Saint-Bonnet , astronome j£$tinguë , qui
traça une méridienne dont la ligne existait encore il y ai
peu d'années sur les dalles de la seconde cour (1). Enfin^
par une délibération du 17 novembre i73i, les écbevms
approuvèrent la reconstruction du pensionnat; et de
1731 à 1743, ils donnèrent 112,000 liv. pour en àc-^
quitler les frais. . , *
Âpi*ès les arrêts de 1 76a , les établissemens que les }é^
suites possédaient à Lyon entrèrent pour une somme 3b
iiSo^ooo Ht. dans le solde des dettes et des créances dîr *
la société; catr les partemens avaient fait nne juste et nér^
eessaire distinction entre les biens qui leur apparte^
nalent et ceux dont ils n'étaient qu'usufruitiers. Cepeir-
dant la compagnie essaya de réclamer Tentière propriété
de la bibliothèque et des collèges ; mais ses efforts furent
huèrent fréquemment aux dépense» de la maison y elles
portaient les noms suivans : des Messieurs , des jeunes
Messieurs , des philosophes , des rhéioriciens y des grands
artisans 9 dès petits artisans , des jeunes artisans et des
plus jeunes artisans^
-(1)011 distingue également dans la tour du collège royal
d'Avignon 9 les traces des observations du savant et bicarré
Abraham Kircher. (La construction de Tobservatoire coûta la
vie au P. Jean de S. Bonnet. Monté sur an échafand pour-
conduire, les ouvriers , il fut emporté par la sarde d'une
grue , se cassa la cuisse et mourut quelques jours après ,
le 6 mai 1701. II avait contribué, trois ans auparavant,
à fonder l'académie des sciences et belles-Icttres de Lyon ^
doublet pcttoières aaseioblées se tinrent ches Br^settv.
if oie d'un des rédsKtatrê )*
( i57 )
mQtîIe$ 9 d. 1p {^Dopritë revinli à .b. tille ^ d*apris ks
actes de 1 527 et. 1567*
Iioraqu'îl fallut réorganiser le», (études , la sénéchaussée
de Lyon prëseata ^ cet elE^ un mémoire au. parlement ;
cUe demandait que. le grand collège de la Trinité fût
^igë en univetsité i . et qu*on en établit un ti^isième
pour le quartier d'Ainay : elle discutait ensuite les avaa-
Uffs et les inconvéniens d appeler les communautés re«
lieuses à l'instruction publique , et concluait en prch-
f/SsoDl qae TunÎTersité fût confiée à des séculiers, et les
^ruz autres collégies à des congrégations* Mais le corps
de ville revendiqua Tadministration et la police exclusive
des collèges , et se hâta de passer te traité avec les PP.
de rOratoire et les missionnaires de St-Joseph. Le pa-
iement ratifia cet accord. Il y . eut au grand collège des
troubles et des scènes scandaleuses le jour.de linstalla-
tion des. OratoTÎens. On craignit un moment qu'il ne de*<
vint imposstUe d'ouvrir les classes: les jésuites occu-
^aîpnt encore la m^eure partie des bàtimens.
Quelques années plus tard , eh 1773 , le consulat qui
sVtait* toujours regardé comme seul fondateur, propriétaire
et administrateur des collèges, voulut assurer son titre , e|i
plaçant des' inscriptions qui le constataient en divers en*
droits de la maison : le bureau d'administration crut pou*
vmr les faire enlever. Cette a&ire fut évoquée au oonseil
qui blâma la démarche des administrateurs (i). Ceux-ci |
parmi lesquels siégeaient, entre autres personnages distin-
gués, l'archevêque et le commandant , pfésentètent au roi
un mémoire contre les vfolerïcesdu consulat, a dont ^
' III II ' I I II ■•
<i) Lettre autographe de M. Bertin 3^ énXêe de ¥nr^
)» dnaient-yirratlaGiiémentairirMrfew Émtti^i de îa
n maîsQa n^^st que trop connu , et. mît , pour' réaliser afei
» pri^ dont les conséquences sont aussi évidentes
» qo-tftlÂksont odieuses ^ au mépris des arrêts et de lédKt
>> du rcM ^ se réserve la faculté de se pourvoir rtlafipé^
j» ment à' PinsinÊCiion publique dans ta piUê de^Lyotr^
» ainsi qa'il avisera... n -
' La savante et utile congrégation de rOratotre disparut
à ^n tour au milieurdes tempfites révolutionnaires-: cftr
l'instrudion ^ qui est aussi une dristoeratie , ne ^pouvut
'trouver grâce devant les Vandales^ de cette* époque. Pér
un instinct ou une pnéfi^rence de leur haine , les bâtitneiA»
du collège et de là Ubliothèque eurent le plus à soulfirtr
«du feu des batteries conventionnelles pendant he gtd>*
^ettse défense de Lyon^ et*aprèi* la -terreur ils foreM
tran^rmés en casernes. On Ae ies rendit' pas à fenr
véritable destination lorstiu'ëh institua i*éccAe trèiit^ate
qui fut placée -dans l'ancienne abbaye de Satnt*^Pietté ,
aujourd'hui le palais des Arts (i). Mais 4e décret 'd# il
floréal an xi , «ayant donné à Tinstniction publique une
organisation plus stable et surtout plus régulière , le
grand collège % devenu lycée > fîtt ouvert le i5 messidor
delà même année : M. Bérenger; auteur* d'un gramid ^^
iftofeihnsf^'id'ouvrages pleins *âe grâce et d'élégance,
menlècOfdfe Finjtitut'et du oohseii-général du Rhàné, en.*
-occuper les bâtiinens de l'ancien collège
Îu6c|u*au moment où elle ^fiit supprimée^ et remplacée .
{H» le.ly«4ei. , -••. .:•' :^ -' ^ ' ^ ' \
( Note d'Un des ridmnUifitê ]u*. :
te nonne ftbTtSMr. LoraqUe radidAMè fbt
fwlqiies aiiBi^w après , M. Nompèrei de Chanpagny l
&csede M«- le duc -de Cadore , ministre d*ët&t , passades
faTtwni de pnnnseur à celles de recteur. P^rmi les an^^
finacdonnûres du collège de Lyon , nous jpeutons
tr JIM. j&mpère j dont Tëdiartante renoramëe tl'apas
WsQÎB d'âoge ; Daliuron , inspedeur-gënëral de TOniwr^
«té^VaUiéée Bonnet ie, ron des plus célèbres prédicateurs
4e Bflftrt temps ; Vakhé Hèusseau , membre de la lë^on
, auteur d-un tratlé éléneptaire de géographie,
irde Tacadëmie deCaën; Âstoud, proviseur ^dti
royal de Montpellier ; Robin , membre dé la té-*
bomeor^ ancien promeur dn collège de Nimes *,
-géttétal ; raM>ë Perret, protisenr diteoUége royal
dcCcenoMe; Camarét^ proviseur du collège royal de
Bke«s ; Bcfinance , ebèvalier de St-Lonis , inspecteur
èe Vacadénne è'Amîens ; Perreau , professeur de irhéto^
Mfae aa collège Sl^^Louis; Favier, professeur au collège
de Cfcarfenogne; L«arnac , instituteur de S. A/R. M. le
doc de NeoKHirs , etc. *
• Le -oott%e actuel n'occupe pas k totalité des' anciens
bltimais» Avant l'organisation du lycée on en avait
aKéné wœ partie* ; la ville s'en est réservé ' une autre
dont elle retire on revenu considérable : le reste a suffi
paap'èce joilr pour les études, le pensionnat , Vacadémie^
.et les logemens de BIBL les professeurs. Pour que lob*
serraloire ne restât pas un monument intItHe, M. le
onre y a fait placer , sur la demande de M. Clerc i
«fiider de Tuniversité, membre de l'académie «de Lyon
d professeur de mathématiques spéciales , des instrumens
et des machines qui servent aux travaujL assidus de ce
sitant professeur.
( Mo )
. l4*Adafiini$Ua4îoo du ooUëge est anjourd'hai confiée-
M« Tabbé Demeure , protiseur , membre de la lëgioi
d*hooneur. Le 2.èle de ce sage ecclésiastique , la bien«
veîllance des autorités locales et un heureux concours
de circonstances permettent d*espérer des succès pio:
grands encore que ceux qui ont été obtenus jusqu'i
ce jour* Depuis long-tanps la supériorité des études uni-
versitaires s*est placée hors de toute concurrence ; et le
collègue royal de Lyon , en particulier , peut rappeler
que les deux élèves qu'il a envbyés cette année à l'ëoole
normale y ont remporté les deux premières novina—
lions (f). Le moment ne saurait être éloigné, où ruai—
yersité obtiendra justice sous tous les autres rapports ^
non moins ^ue sous celui de l'enseignement ; où l'on
ne cherchera plus à éluder les lois et les règloonens
qui Tout constituée : ces lois de même que toutes les autres
doivent être partout observées, quelle que soit l'opinion
de chacun , nous ne disons pas comme principes , mMP
comme f^fts» non p^s même comme bonnes, mais comm^
lois. Du reste, l'université a fait ses preuves: jamais
institution plus récente et plus menacée ne donna de si
fobles fruits et de si hautes espérances. U est douloureux
que l'eiprit de parti en arrête ou en calomnie les pro-
grès , et sacrifie à des tolérances de systématiques ou à des
préventions intéressées , la gloire d'une institution , qui
restera , selon l'expression d'un homme dont la bien^> ^
veillance nous encourage et nous honore , M. Ambrois»
Rendu , eewune tune des plus belles créations des temps
modernes*
• F. J. Rabahis ,
agrëgë professeur de rhëtopqae à Ljoii.
(i) Les jeunes Faivre et Gourja de Lyon,
( Ht )
STATISTIQUE - VAÏSE. .^^^
nmntm 9711 r'^
tesiSEiGifEifEifS «ar 1j^- pwoisae de Vajse, donnés eti>ff(^^ , .par
M. V«issire , curé de cette paronae , à M. l'intendant d'Hcrbigny,
pour établir 1« statUtiqne de la génëralitë de Lyon, demandée
par Co\bert i pour l*iiutnictioii du. dùb d^ Bourgogne , père d«
Ijoaia XV (i). , .
'I I
!-•* QcESTioH. —Diocèse de Lyoft. ' . /
II.* QuBSTioN. — Géntfralltë de Lyon.
m.* Question. — Élection de Lyon.
IV.* Question. -* Limites. —Au midi par la partie da
fiinbourg qui est de la paroisse de Si-Paul 9 qui est la
■ 1 ■ ■ ■•
(i) Ce» renseignement nous omt para eitrémèoiefit 6u-
iMttx 9 qiioH]a*U fiiille se Aé&tr un jpèa - du boa coré*
¥cisftire oa Vatsire : il soogeait à 'Son affaire, et r^réteiW
Wil^ î^ ce que noas croyons ^ sa .pasoisai; et sa cure.mii peut
plus pauTjnes qu'elles ne rë|aient daa| Texacte rëalité. Ekt.
^préciant ses assertions d'après cette îdde , et en ne per^
daat pas 3e Tue que , comme il a ^soin de le répéter pla-
siears fols , la paroisse de Vaise ne comprenait qu'une
partie du iaabonrg dé ce nom , les cfaangèmeus «surredua
éepais dans b loeaKt^ , seront feoajcmrs tlrë^censidéitblés ^
et la jpièce que nous insérons ici , poorra ibumi^<^Al^ leo^L
tenrs' ro<îcasîoB d'an parallèle intëressant. cinlotliil^état
ancien et l'état ^ctael , lequel sera tout à l'aTanb^e du.
préseat. Elle servira aiissi à faire /voir sur qneU docamens
anraît été composée la statistique générale. <|e fronce dont
Coibert avait conçu le projet. Gbihme le manuscrit est un
peu difficile à déchiffrer, nous ne répondons pas qne quel-
ques noma propres ne soient défigurés.
(Note des Bédadeurêï )
méilIeuFe partie. Cette moitié est exempte de gens ^
giièrre. L^autre moitié est ma paroisse.
Au nord— par 1^ paiioissesidè ^t-|pidiar ^t de Si Cyi
Au levant — par la paroisse de St-Vinœnt de Lyon
la Saône entre deux. ,
Au couchant — par la paroisse d*ËcuIly*.
Il faut remarquer que tout lie fii(ibourg de Vaise n*esl
pas de la paroisse dudit Vaise ; la moitié est ' dé St-Pasil
de Lyon ; la paroisse de Vaise est fort pauvre.
V.* Question. Étendue. — Un quart de lieue de toâr«
VI.* Question. Terres labourables. — II s'y recueille
fort peu de. blé, parce qu'il y .a ppu de terres laboura—
lil^s : le principal fruit, consiste en herbages , et encore^
y a-t-il peu de jardins.
. , yiL^ QuBs;riQN, Le ia^bo^rg de Vaiae pi, divisé , ^it
deux^p^rqis^: ila.m(^i4é:e9t de |a pc^qisiedeSlnP^ulvd^
Lyon 9 c'est'à-dke depuia la. pieeDiière porte. de< > la. vill»
jiisqu*4 Tautre, el depuis lademière^ porter St^-Paélda*
Lybn va jusqu'à la fonderie de eanoAs de M. Ëniery, ÏM
4jùi est la moitié et la plus saine partie à\i faubourg de
Vaisé i le resté est ce qu'ion appelle la paroisse de Vaise»*
^ VpL* QUESTION. Vigoes. — Il y a enjco^e mqin^ de vin,
que de blé, et le peu de vignes qu'il y, a. appartiennent
toutes aux bourgeois de Lyom . ' -*' '
' IX.* Question. Prairies. — Les prairie^ qu*il y asôfat*
eh assez bon nombre : une partie appartient aux dames
religieuses de Ste. Ëlisabetb . des D^ux-Amans ^ i autre^
moitié à M. le b^ron iie .....•, de Ch^mb^ry^.en Savoie j'
un autre pré ass^çs. considérable , qui est eif bl^nchenp i^^
appartient à M. de. Camus de T Arsenal , ^t. ,1e. reste est:]
dans le 4blo»^de bt Dudière* JM[> l'abbé Guyot , clianolne"
de St*Paul , a encore quelques pré9.
if «43 ï
.X.' QlTBMioii. ikns. -^ Il ny a d'autre. bmir^ii^ybèhii
il la Daciièré.
XL* QDESTicm.''Mohlagne8i^— B y a ^ttel(|ues mon-
Èsaet incoltès/À %fësérVe de quelque j^eu idé
aippartetfsint à des' boufgeoii db Lyon ^ mai^-
4e nîaes ili de am^taux. ' ^ .
1aL*QiJK*riÔK. Clintot-^C^ést ûti climat fort froid ^
■rirâi , et foH marécageux , et si éujet aiïx brouillards
<{rïl perd presque toui, et l'on n'y feût pas vivre long- '
tenps à cause du mauvais air.
XnL^X^OBSTiot. Qualité du iferrôkv — Cfe sont des
IffieifMt sujettes aixx^eatrx dé là SaAhë, ^i tes inondent { ^
fB les sablent et qurglt^t les foncis-^le» glaces ravagent -
K»mi tout le fbH :pays« ' ^ . . . x
Xnr .• QuBSTioH. Rivières et ruisseéiix. ~ La SàAne
pÉaM!'à^<Mé'dflr àndiouîg^ ducfitë.^^ matiip^ ; ""aii nord*
tA \t irnsdeati ^ vient d'Écully^ Ijui fah du ' dtHnma^é '
erf^éien d^ endioits ;• 11 se |ette dans la Saône ^ aussî'^^
Vêù ^fBëeJm ifài tient de St-Didier;
XV.* QuESTio». Hommes inàrî^. *- Il n'y à iJ^eJ *
ni^-un kabStaM ^riër qui soient du faubourg ^ lés
aobes^ent des passâ^rsr: il y a quaire eu cinq'garçonsn
4r fiû^ am } le reste eat à la guerre»
XVL^ QuMfioW. EnfansT aet gârçMs. -^ Il y a environ ^
vnelnilaiiie d'enfans aut-dessous de vingt-ans.
JLVIL^ QoMsxiùVt Femmes mâriëea.-^Il y a une Ving^
lâèe de fiemttes mariées'^ une douzaine de veuves et^
ne vieîfte ffllé. • ■' ' ' ' " ^ '[ ■ ' '•■''''
ISmyQvEfmo^. Jeunes'fiU^s. --ll.jfla (îîxamo J
de James ÛIU^ prêtes à^narier., et âfi^de. i,5 ou i6ans^^
< 144 )
* XIX«* QiÎBSTioH. Nombre d'habilans. --r Le nombre
des habitans était un peu plus grand autrefois. , miîs la
guerre les a contraints de. vendre leurs biens aux bour-
geois , et de quitter le pays. Il y avait véritablemeat
plus d'habitans, mais la guerre a tout dësolë. ,
XX.' Question. Gentilshommes. — Il n'y a point de
gentilshommes rësidans dans . la paroisse ; M. de Sai^l**
Joire et' M. de Camus y ont du bien , et M. Diifort {\\
lieutenantTColonel du réj^ment de Catinat , a la Duchère -
et ses dépendances.
. XXI.*" QuBSTiow* Seigneur du . clocher. •— , C'est
M. Tabbë d*Ainay qui a le fief de Yaise , et qui partage •
les dixmes avec MM. les comtes de St-Jean ^ Lyon. ^ .
XXII.' Question. Fiefs dans la pamsse. — X^ soiiyt
marqués ci-dessus. , " . /,'
XXIIL' Question. Commerce* sr II y a quelqvei.
hôteliers ; le reste sont des pauvres bateliers et des |ar* .
diniers qui. vinrent de leur travail , et qui n'ont pôînè
d'autre négoce > il y a entore deux ou trois houlMgefft
et deux ou tfob bouchers.
XXIV.^ Question. Dixmes.— Ceat M« Tabbé d*Al-
nay, et MM. de 5t-Jean de Lyon qui en jouissent
XXV.* Question. Bénéfices des prêtres ou reltgieiix«
— Un'y a Qu'une cure si pauvre que Je curé n'a pas sa
■ ■ " ' 4
{{) lÀsez: Des Forts. Vincent de Nafis, seigneur, des
forts, commandant le régin^qt de Gpisitine, Temdit la
Duchère, le i6 novembre 1S98, à Guillaume Damej, capî- ^
taîne des gardes du Maréchal de yilleroj. Ce château a
passé dans plusieurs mains, aTant de Tenir dans celles da
H. de i^verieux de Varax, propri^taira actaeU
. . ( 145 ) .
foitiofi congrue 9 ayant affaire à de tris-gros seigneurs ;
i D*y a point d*autre ëglise ; il y a une assemblée de
IBb dévotes soas la conduite de M. Morange, qui vient-
sent à b messe i la paroisse : car les cordeliers de TCMb-
ftrrance et les religieuses de Ste. Elisabeth sont dans
fendos de Lyon.
XXVL* QussTiON. La paroisse; de Vaise n'a point
Iviire baaeau que Cuire qui est son annexe et qui est
&W. vis-à-vis de TIle-Barbe ; Cuire est composé de
vj oa aS (amilles toutes riches : il y a 4 ou 5 familles
fuî ofl( plus de bien que tout Vaise. M. Tabbé d*Ainay
7 prend les dîxmes , et il y a à peine loo livres pour la
foriion du vicaire , parce que ledit sieur abbé ne veut
rien donner j non plus que pour l'église dudit Cuire qui
est toute délabrée ; il n^a jamais rien voulu donner 4
non pins. '
"I" ■ Il j II
HISTOIRE.
ISTtS ^UR l'origine DES FOIRES ET DU TRIBUVAL DE Ul
CONSERVATION A lYON.
les notes qu'on va lire , ont été puisées dans le texte
afane des 9lîf ^ 4>rdonnances et lettres patentes de nos '
toawahs. Ce sont des documens peu connus et qui ont
«MBoms le mérite de rappeler les bienfaits multipliés
it nos rob envers notre ville , bienfaits que quelques
«rôins modernes affectent d'atténuer , ou passent en-
traient sous silence , pour ne s'appesantir que sur les
^^bslrophes et les calamités publiques , comme s'il n'y
^ pas autre chose dams l'histoire des nations.
Tome VIL lO
046)
L*ëtabHssement des foires franches de Lyon remontait
au 9 février i4'9* Voici à ce sujet Tédit d'Henri VU y
r((gent du royaume :
tt En considération de ce que cette cité (Lyon)> sîze
» ea limites et pays de frQntières- du royaume , et de
» très-grand circuit et grandeur , estoit très petitement
» peuplée , par mortalités , pestilences, chertés. de vivres ,
ii guerres , passages de gens d'armes , et autres charges,
» dommages et inconveniens survenus en ladite cité..*.«
» et après avoir fait enquérir et Informer du profit ou
» dommage , charge et décharge , et autres biens ou
» inconveniens qui pourroient résulter et suivre à la
» chose publique de ce royaume , et de ladite ville et
>> cité de Lyon et pays d environ , établissons à toujours
» en ladite ville deux foires franches de 6 jours chacune
» par année, pour les denrées et marchandises quelconque^
» Lesquelles vendues , ou échangées , s'en pourront aller
D- pleinement dans le royaume en exempiton- de toutes
» impositions mises ou à mettre;. les marchands allans
» ou venans , demeurans ou séjournans en Icelles foires
» déclarés participans auxdUs privilèges , le tout à Tinstar
» des foires de Champagne^ de i7r jtf 'establies le 6 août
» 1349. )> "-
Par autres lettres patentes de février 1 44? 9 le même
souverain , attendu «Tinsuffisance de^fiMdente con*
9> cession , l'absence de plusieurs J^bi^^«ée . Ifjrpn qui
^)^ étoient ailé^ demeurer au pays de l'empire 9 la-nécessj^^ ,
V d'augmeaUr Jadite ville , et de la peupler de gens de
y> tous états y ce qui ne pouvoit aisément se faire sao^,
» grande fréquentation de peuple et de marchandi*
» ses j » et pour autres causes amplement détaillées y
porta les foires franches au nombre de trois , leur assigna
une durée de 20 jours , et en augmenta les privilèges.
'( U7 )
âe Louis XI du mois d'octobre l46a ^ et celui
èi i4iiofyeinbre 14679 jetèrent ensuite les fondemens
tt la oonsUtaacîe et de la célébrité que le^ foires • de
Lyon avait depuis acquises , et 4e l'utilité qui en réflé*-
dôsail sur tout le royaume , par ces édits dont tous les
Bod^ et toutes les dispositions sont précieux à recueillir :
ierat, pour détruire l'effet des foires de Genève^ empêcher •
r<xportatioa du numéraire y etc» ^ protéger immédiate-*
Beat ses sujets et leur fortune , attirer à Lyon les na-*
tîons étrangères commerçantes , défend la fréquentation
des fetr» 4e Genève.^ transporte à Lyon les foires de
Champagne et de . Brie ^ établit quatre grandes foires
de la durée de 1 5 jours ouvrables ^ renouvelle et étend
les privilèges précédens^ sans excepter pin ni chair ^
coBUBet on juge conservateur pour terminer les débats ^
foesllons et procès qui surviendraient entre les mar-*
dnands qui fréquenteraient lesdites foires ^ et encourager
Vélablissement fiie à Lyon des nations étrangères que le
cominerce y amènerait ^ eii prenant sous sa royale pro-^
lecCîoa leurs biens et personnes ^ etc. ^ etc*
Dans un autre édtt de Charles VIII) de mai 1487 , il
est Botanuneat dit « qu'il a été trouvé que la ville de Lyon
> est la ville du royaume la plus propice ^ corlvenable ^
s utile et profitable pour le bien de la chose publique à
« tenir foires ; que par ses rivières les marchands
9 pourront amener et d*icelle ramener toutes denrées
> et marchandises 9 à moindres frais , coust el dépens
9 qu'ailleurs ; que si l'entrepôt^des marchandises accoû-»
» tome vei^it à cesser faute de protection ^ Lyon , assis
» Mij^& lizière du royaume, pourvoit tomber en ruine ^
> teolation et dépopulation 5 ce qui tourneroit à grand
' |réjtt£fie à la chose publique du royaume* t.
r
(i48)
Depuis , une foule d'édits et d*arréts tendus par lios
rois confirmèrent et étendirent ces mômes privilèges qui
étaient Tunique appât qui amenât à Lyon les marchands
étrangers de lltalie , de la Suisse, de la Savoie, del'Esr
^agne , de rAllemagne , du Levant : de ce concours* il
était résulté une amélioration sensible dans la culture
* des terres, dans la valeur des propriétés et par consë*
quent dans le revenu des droits de la province prélevés
au profit de la couronne.
OaiGINX DU THIBlTIf AL DB COMUSaCE.
Mais ce n'était pas assez de fonder les foires de Lyon y
il fallait établir çntre les commerçans la confiance et te
crédit , |et pour cela créer un tribunal spécial , conserva-
teur de la faculté d'user de changes , arrière-échanges ,
intérêts et prêts de foire en foire , de bailler^ prendre et
remettre t argent en quelque pays que ce soit ; tribunal
qui exemptât le marchand d'avoir recours aux tribunaux
ordinaires surchargés d'ai&ires civiles , et ne pouvant
connaître que des intérêts des individus tenant à' leurs
juridictions } autrement tout prêteur incertain d*ètre
remboursé , se serait abstenu de faire circuler et valoir
son argent , usage sur lequel reposait encore tout le
système du commerce de Lyon.
Ces considérations engagèrent nos rois à établir une
juridiction uniquement destinée à connaître tous les dif-
férends nés au sujet des foires et commerce de Lyon ;
juridiction à laquelle le français et l'étranger , le mar-
chand de Lyon et le forain , le . noble et le roturier
seraient soumis ; juridiction indépendante de tous les
autres tribunaux du royaume, qui aurait le pouvoir
de contraindre sur-lerchamp , et même par corps , les
/
< 149 >
fii^tîfs, et de faire exÀruter ses jugemens dans
iTétendue du royaume, sans distincUon de ressort
Cet établissement eut bientôt tout le succès dont on
tétait Satlé : la confiance fut pleine et entière ; chacun
^Pfréda Tayantage de pouvoir actionner son débiteur
^trsBgjcr à Lyon même ; les gens étrangers au corn-
Beite^ -profitèrent de la liberté de faire valoir leui^ ca-
pUaax ; Vargent devint une véritable marchandise , cl
l'on tU bientôt toutes les villes marchandes du royaume
cl de l'étranger régler leurs propres opérations sur
cdies de Lyon.
Ea 1467, Louis. XI avait commis un juge conserva-*
leur des foires de Lyon , qui était le bailli de Mâcon , en
sa qualité de sénéchal de Lyon ; T importance et le
noodire des affidres commerciales fit sentir le besoin
d'avoir des îuges particuliers. En i655 , le conéulat ayant
acf|i]îs les ofices des juges conservateurs , en obtiiit la
jpémiioii au corps consulaire ; par l*édit de mai de la
in^me année j le roi arrêta que cette juridiction serait
composée du prévôt des marchands , de quatre échevins
ci de six jug^^dont deux gradués, sans SMcunes epices ^
udmres , tnicaiioas ei émolumens ^ etc.
Pltisieurs lois subséquentes firent triompher le tribunal
ie la conservation 9 des attaques des difEérentes cours
ds royaume.
L'organisation du tribunal de commerce y qui remplace
le tribunal de la conservation 9 date du mois de mai
1795. Si 9 comme les juges anciens , ceux d*au jourd'hùt
iCont, dans l'emploi de leur charge 9 ni épiceSy ni salai-
T€Sy mi^acations. ni émolumens 9 ils ont de moins en-
core que leurs prédécesseurs les récompenses honorifi-
fses, qui autrefcHS étaient attachées à l'exercice de tout
«apfoi public à Lyon. M. D. V.
( i5o)
■j-BT— T- "'— ' ■ ■ ■■■■■!> Il ■■ I I ■ I -arrr
CORRESPONDANCE.
▲ Ms*** f t*UN PE5 RÉDACTEURS PE5 ARCHIVES DV RH&WE.
Monsieur 9 ,
l'ai lu avec beaucoup d'intérêt les notes dont votis
avez accompagné , dans votre n.*^ 34 des Arcbwes du
Rhône (tom, VI, pag. 3oo-3i2), la publication de
Tëpitre de M. Boucharkt à Mathon de la <!our ; mais
}*ai été surpris de trouver en défaut votre exactitude or-*
dinaire (pag, 3 Ji) sur un Tait que je crois important.
Vous aimez trop la vérité pour ne pas réparer une erreur
sans doute involontaire.
Compatriote du médecin Bichat, je puis attester, comme
le fait la Biographie universelle , qu'il est né à Thoireile^
sur la rive droite de la rivière d*Âin , dans le Revermont,
partie montueuse de Tancienne province de Bresse. Ls^
ville de Thoissey^ en Dombes , ne prétendit jamais à rhpn--.
neur d'avoir donné Je jour à Tillustre auteur de la phy«-
^Lologie. Jie père de Bichat exerçait Ja chjrurgie dans le
pays , il y a dix ou douze ans ; son frère y pratique main*
tenant encore l'art d*Hippocrate* Il y a peu de temps
que la Société d'émulation et d'agriculture de T Ain , dé-
tibérant sur l'espèce de monument à consacrer à la mé«
moire du célèbre médecin , a décidé que son président
s'adresserait au gouvernement pour qu*il voulût bien
donner le nom de Bichal au pont qui se construit ac«*
tuellement à Thoirelte* Cette société a formé dans soa .
( i5i ) . ^
Ml tme commission pour s*occupef des projets d^un
obéSsque ou d'une statue que*l*on se propose d*ëlever
fins tard dans le département (i).
Si ces détails ne suffisaient point pour vous engager à
rartifier une erreur , sans doute involontaire , comme je
tm dé)à dit , je pourrais d*ici à peu de temps mettre sous
vos yeux des pièces qui justifieraient pleinement la vërité
de mes assertions.
ÀgreZ) etc.
F. A. Pic , membre de la Société ff agriculture
de tAin.
wn. ■ ■ ■ ■ ■ I Lu
LYON AU XIV.B SIECLE.
ErrmjLTX èe VKifbîre dts Français des divers Mais au» cinq der*
t mers mdts , par Amans^AUxU Monieil; Parii , 1898 , in-^.^y
ton. n , fog, 2i5-ai7 (a).
Dés qu« je fus entrée (3) dans le Lyonnais, on me
montra i'Argentière , château que le seigneur avait changé
ea couvent, après avoir changé ses filles en religieuses (4)«
(1) Une «onscriptioo en tète de laqneHe figurent plusieurr 80cii$t^
anales , est •arerte poar l'ërection de ce monument ; les fonds
JMMl versés cliex BL Favel, receveur-gënëral du département de l'Ain.
(3) Cet entrait peut senrir de pendant ou de complément à celui
^ne Doos arons donné dans notre recueil , tom. IV| p. 545-359 , de
Yrùian le 'voyageur ou la France au quatoraàme siècle , par
Mm dé Marehangy,
(3) C'est une pèlerine «pii décrit ses Toyages*
(4) « Description , par ordre alphabétique , des ailles et yillages
h Lyonnais , art. YArgeniière» «—Voyez aussi Archwa du Bhône ,
te. Y, pag. 3aa.
( i5a >
Vous avez eiitenilu parler de la fameuse IiataîUe oïL Jbei
Tard-^enus^ qui n* auraient iamais dû venir., défirent W
connëiable de France. Cette bataille fut livrée à Brignais^
dam le Lyonnais (i). Je traversais ce lieu où tant
milliers de tombes sont labour<5es ^ ensemencées ^
sonnëes , vendangées. Les cimetières des batailles , qu*4
s'est empressé de me montrer partout où }e suis passée ^
deviennent à chaque siècle, et surtout à notre siècle ^
de plus en plus nombreux ; on ne peut les enlevei" et
Tagriculture ; car , popr s'assommer , les hommes ont
toujours choisi les plus belles plaines des plus beaux.
pays.
Avant d'arriver à Lyon , j'eus une bien grande frayeur^
Deux hommes assis le lopg d'un pré , se levèrent tout-
à-coup et coururent sur moi : je les éca^tai avec mon
bourdon. Bientôt )e reconnus , à leurs cheveux coopës
très-court 9 que c'étaient des fous (2); j'en avertis le»
premières personnes que je rencontrai. Us ne font jamais,
de mal , me répondit-on ; ils demeurent chez un médecin
du voisinage qui traite la folie , et ils lui servent comme .
d'ens^gne.
Depuis long-temps je désirais de voir Lyon 9 si re •
nommé en tous lieux. Je m'attendais à beaucoup ; mon
(1) « Mëmoires manuscrits des înteDdans , généralité de Ljon ,
comtes de Forez : « Jeaa II yit périr ^ ses yeux Beê pins proches
«^parens dans la bataille de Briguais » à deux lieues de Lyon
» contre les Tard-venus .•. • — Voy. au^si Archi\fes du Bhônê ,.
lom. m f pag. 4i3-4^) où se tron?è un mémoire sur cette Utaille,
par M. André Clapasson.
(a) « Voyez , dans l'Histoire de l'académie des inscrîptioos et
belles-lettres , le mémoire de Sainte-Palaye sur Je«a Yenette et
Histoire des Maries , en yers français. •
MéBte fut sùr^aae^. Cette popûleti^ TiIIe est surtout
aimëepar des étrangers riches. 'Amssî, à chaque pas, \om
troii^rtt des rôtisseurs, des aubergistes, sur la porte
desquels on crie : Cy e$i don mou f on rôtit Cy est bùà
pmsson! Cy est bon merlan chaud î Cy est bon vin de
Mktconî Cyest bon vin du Rhône (i)/ A Lyon, comme
lotts Toyez', on commence à fetrouvef la langue fran-
çaise ou la langue d*oyl , car les provinces du midi pré^
tendent parler ausM la langue française (2):
Tout Je peuple de Lyon est magnifiquement vêtu ; U
est couvert de soie , de broderies , de fourrures. Il n*a
pas â craindre les règlefliens de certaines municipalités ,
qui fixent aux femmes le nombre de leurs perles , la
dimension de leurs paremens , qui mesurent aux hommes
h longueur de leurs souliers (3). Toutes les femmes se
mettent comme bon leur semble ; tous les hommes ont
des chaussures de la longueur qu*ils veulent : tous mar-
ilient' sur un fort grand pied (4).
Cette ville est sous la juridiction spirituelle et tem*
ffarelle de son. ëglise (5). Elle est administra par cin-;
quante consuls (6) qui tiennent du roi, à litre de fief,
(0 ■ Voyet , dans les Fabliaux de Barbasan , celui des Trois
ayeuçles de Conpiègne. y»
(a) « Encore la longue bataille entre les deux langues , la langue
à'oyl et la langue d'oc , n'ëtait pas gagnée. Voyez les notes de
l'épïtn YL, le Desseri des cordéUtrs. » '
(3) m Lettrées de Charles V, relaiÎTes aux habits dfes lenunes d«
Montpellier y données à Paris le 17 octobre i367. »
(4) " Voyez f dans Torigine des proyerbes » l'article Marcher sur
un grand pi^d, » — Cette expression dt^riye de l'usage des souliers
à la poutaine (AU Polonaise ) , qui avaient uac longue pointe re-
coorbée, •
(5] m Histoire de Lyon ^ par Paradin. «
(Q « Ibidem* »
les clefs àô h ville (i). Lyon a ëtë une TiHe impërlaleX^') ;
il s'en soavient ; il en est fier.
La femme chez qui je logeai, allait saigner en ville (3).
Elle me fit toutes sortes d'honnêtetés , et m*ol&it , 'à plu-»-
sieurs reprises, de rae tirer du satig (4) 9 sans qu*il m^eh
coûtât rien.
^ Mon séjour à Lyon fut assez: long. Quand j*«ri partis^,
je ne voulus pas faire par eau, je voulus faire à pied \
la lieue Villefranche à Anse ^ la plus ieUelieUe de
France (5). Je m*»nbarquai ensuite^sur la SaAne,-et ^
après une agréable navigation à travers les vignes et les
vergers, j'arrivai à Maçon. » •
MÉLANGES.
Le Lycée armoricain , i6.* vol. » an 1827 , 57.* livrai*
^n , pag. âiS-^sai , contient un article intitulé : Du
passage des Alpes par Anaibal , et de t emploi du vi4
. (1) « La garde des clefa des portes de Lyon est tenue du roy en
» forme d'infëodation..... Aa commencement de chaque règne r te
» consulat en fait hommage à Sa Majesté... » Mémoires manuscrits
des intendans , gënéralitë de Lyon, chap. Etat militaire*
(3) « Histoire de Lyon , par Paradin. >•
(S) « Yoyes^ dans les Fabliaux , celui de la Femme ^ui se fi
saigner. » •
(4) « On se faisait alors saigner , quoiqu'on fôt en bonne santé ;
c'était un usage qui a duré jusqu'au dix-septième siècle. Voyez les
anciens calendriers où les jours favorables à la saignée sont^ndiqaés.*
(5) « On dit par une espèce de proyerbe que d'Ause , dernière
•» Tille du Lyonnais , à ViUefranche , capitale du Beaujolais , est la
» meilleure lieue de France. » Mémoires manuscrits des intendans ,
|énén|lité de Lyon , chap. Fruits de la ferre.
( »55 )
pqmr rompre Us pierres. L'auteur de cet article ^
IL P. Âthena$ , a pour but de venger M. Mongez , notre
OHipatriote , de la manière un peu leste dont il a été
taîlé dams le Globe ^ à Toccasion de la dissertation ^qu*il
â lue sur le xaéme su)et dans la séance publique de la-»
oieflûe des inscriptions du 37 juillet dernier. Le Globe
s'temie de ce quVA tan de grâce 1827 , un bro^è et
ëgiÊe académicien a pu discuter si longuement, en pleiner
açiAémif , ou pareil problème , et rassembler une foule
d'autodlâ anciennes et modernes pour combattre celle de
Tife-Xire, le seul auteur de l'antiquité qui fasse mention
des rockers dissous par le i^inaigre ; et il ajoute : « Noua
s craignons que de tek exemples ne soient d'une dan-
> gereose conséquence , qu*on ne nous apporte , Tan pror
> diain, quelque dissertation sur les cailloux, que l'augure
B Naevios coupa en deux avec un rasoir , et qu'on ne
a ^panasse la manie du paradoxe jusqu'à se déclarer pour
a la native. Un de nos yoisins qui ne pouvait revenir
a- de sa swpWse , finit par se persuader que ce mémoire
> était une ingénieuse plaisanterie , dibs le genre du
» Chef^au^re d^un inconnu^ et que le malin académi--
a cien Toalait^ à l'exemple de Matanasius , montrer
' Saaqent à ses collègues le ridicule d'une érudition
> déplacée. S*il en est ainsi , nous conviendrons volon*-
a tîos , que le mémoire sur Annibal et sur le vinaigre y
a est mn persiflage de bon goût , quoiqu'un peu trop
» prolongé peut-être.»
Suivant M. P. Athenas, le malin journaliste , en per*?*
âant ie brave et digne académicien ^ ignore qu'on pour«
lait le lui rendre avec usure , comme complice de l'in*-
atdulité qu'ils professent tous les deux. En l'an de grâce
1827 , des ouirriers qui empierrent les grandes routes et
( iS6)
qui creusent des canaux en Bretagne se senreirt cbi<fèu
et du vinaigre , afin d'entamer quelques, rocher» qui ne
peuvent Tètre sans cela par les outils les mieux aoër^
M./4^lhenas nomme deux ou trois entrejpreneurs , qu*il
prend à témoin , et qui emploient le vinaigre ^ non pour
dissoudre les rochers , suivant l'expression du Giobe,^
mais pour les rendre friables , suivant celles de Tite-Lîve
^ui ont été mal comprises.
L*auteur de l'article répond ensuite à cette pbjection t
n Mais où Annibal aurait -il trouvé une quaaUlé. de
» vinaigre suffisante, au sommet des Alpes, pour cette
3» opération immense ?» Je réponds, dit-il , i.^ que dans
les armées de cette époque , la bpisson des soldats était
de loxycrat , composé d'une petite portion de vinaigre
et d'eau; qu'ainsi il y en avait toujours une grande
provision à la suite des armées , et que c'est . sans douto
dans cet état d'oxycrat , qu' Annibal employa le vinaigre ç
S.^ que l'opération n*a pas été faite sur un grand espace
de terrain , mais sur un seul rocher qui , comme une
muraille , fermsUt le chemin , comblé depuis peu par une
avalanche de terres et de roches.
Il examine enfin comment le vinaigre peut opérer 'sur
des pierres siliceuses , telles que le granit des Çautes*^
Alpes , et il termine ainsi cette discussion à bquelle noua
renvoyons le lecteur et qui peut jeter quelques lumière»
sur une question historico-chimique si souvent agitée:;
u Si , l'année prochaine , on lit à l'académie un mémoire
» sur le caillon coupé avec uiï rasoir par l'augure Naevius,
» ainsi que le craint le rédacteur àxi Globe ^ je lui con-
» saille, avant de se décider pour la négative, de fairç
» un voyage à Saint- Aignan-le-Fusiller, département de
)> Loir et Cher : lorsqu'il y aura vu tailler sur si^ facei^
ft'dîque pierre à fusil, à raison de six frants lemiUicr,
vpegl Aire se persuadera-i-il que Naevius pouvait cou-
i pr ua caillou , sans être un graitd sorcier. »
BULLETIN BffiLIOGRAPHIQUE.
Sùtmàin historiques à t usage de tous les Fiançais.
deJ. BL Barret, in-8.^ de 28 pages.
Cette farochore , signée 2*^ est une réimpression , btcc
it$ adi&tîons considérables 9 de debx articles insifrës dans
h Gtffteiie universeÛé de Lyon sur les étënemens de Parti
des 19 et 30 norembre dernier. L'auteur , auquel notre
le paraît être très-familière » rapproche ces
îo«x«iées de plusieurs autres journées célèbres de la
liu ) pour en feire Toir les rapports ou les diffé-
9 -et pour se livrer à d'importantes réflexions «jur lef
actuelles.
Eêrennes Ijonnaises pour 1828. Lyon , imprimerie
de J. M. Barret , in-32 de 96 pages.
' Gel Almanach , sous un très-petit Tolume $ contient un
.gsnd nooadNre d'indications utiles : on j trou«?e celle. des
antsntés civiles , religieuses et administratives de Ljon ,
les. noms et demeures des employés de ces diverses ad-
BÎuistrations, les jours et heures d'audience des fonction-
mires publics j des renseignemens sur les établissemcus
it charité et sur les bureaux de bijenfaisance des divers
'krrondissemens 9 la liste 9 par ordre de profession , des
ftiacipaux habitans de la ville 9 ete. 9 etc. L'éditeur se
popose de publier un iimanach semblable tous les ans y
058 )
et pour Ittl donner tonte t*exactitad« possible ^ il i^
les personnes dont les adresses auraient étë mal prisir.s C3
les noms mal écrits , ou dont le changement de domicri.1
aurait eu lien dans l'année, ou enfin dont les noms aura 1^23
été entièi*ement omis ^ à vouloir bien.^ Ini adresseir le«ur
réclamations par écrit ayant le i«®' décembre de cha^«x4
année. ' i <
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE SÉGËMBRE 1827,
«
^% I.®' —Le prix du pain a été taxé. par la mairie , sa-^
Toir le* painferain è sS c.| et le pain bis à 21 c. et i/3«
♦*♦ Ji»-^L*^c9iiémie royale des sciences ^ belles-lettres e^
arts de la yille de Lyon , a ' admis » dans la séance de ce
)onr^ au nombre de ses membres titulaires ^ M. JustinieiA
Rieussee, pi^mier arocat-général k la cour royale de Lyon'^
M. Cbarles Massas 5 auteur d*un poème sur le 'siège de
Lyon , et M. Grandperret 9 chef d^institutton ^ auteur d'un
Traité classique de littérature. L'académie a aussi admis ,
au nombre de ses membres correspondans , MM. Ville-
neuTe de Bargemont , résidant à Nancy^ et Talairat ^ mairo
de Brioude ( Haute-Loire )•
i ^% 1 2. •— M. Victor de Verna , premier adjoint de la mairie
de Lyon 9 a été nommé 9 par ordonnance du roi en date do
ce jour 9 chevalier de la légion-d'honneur.
^■^^i^, ««La société royale d'agriculture, histoire na-^
turelle et arts utiles de la ville de Lyon a tenu aujour^
d'hui une séance d'élection. Tous les niembres du bureau
étaient rééligihles, àPexception du président. Le terme dér
la présidence de M. le docteur Prunelle étant arrivé, il a
été remplacé par M. Âcher , conseiller ii la cour i^oyale de
Lyon , ancietà élëye de l'école polytechnique* MM. de Moi*
I
▼îce-pjrésîdenty Grognier, secréuSre, TroUIety $e^
crpUire-adîoint , Leroj-Joljmont • bîbliothëcaire-ttrchin
liite, et Deschamps ^ trësorier, ont été réélus.
/^ 20. — Reatrëe. da coars pablio et gratuit d'iiistoire
laloreUe professé au Palais des arts 9 par M. Mouton-
FoAtenîUe ^ le lundi et le jeudi , à quzq heures du matin.
^\ 31. — S. Exe. le ministre de la guerre , par décision
ea date de ce )our y a 'donné son approbation au projet de
lianslation de la poudrière sur le fort S t- Jean. .Des ins*
lr«cUoDS ont été données « en même temps , par le ministre
à la directien générale des poudres , afin que l-exéeutton
de ce projet, si important pour la sécurité de notre Tille ^
n'i^fooTe pas de retard;
^% Méiose jour, —La nouTelIe église proTrsoire des Brot-^
taax , destinée à serrir de snecursale à la paroisse de la
Guillotière , a été bénite aujourdlhul par Mgr. TarcheTéque
f Amasie, administrateur apostolique du diocèse de Ljon.
Api^s \a messe , M. Najrac , curé de la Guîllotiére , a pro-(
cédé a Vmsiallalion de M. Deyiennë -^ nouveau pasteur de
la jMroîsse naissante , laquelle est séus TinTocation de
S. Pothin y premier éréque de Ljon. Monseigneur , ayant
de se retirer , a fait parvenir h M» le maire de la Gnillo-
tiere , nne somme de mille francs , pour aider à la cons*
tnctioa de l*égtise définitive.
,»^ Même jour, — Mort de M. F. D. dynes , ancien chef
(Tiostîtation 9 auteur de plusieurs ouvrages ^ la |>lupart
relatifs Ik rînstniction publique.
^% 2S-24. — Débordement du Rhône. L^inondation est
Rstee un pied «au-dessous de celle de 1812, mais eUe a
^^passé tontes celles qui ont eu lieu depuis cette époque,
Masîeors événemens malheureux ont eu lieu pendant cette
iaoudation, deux habitans, sur six qui s'étaient embarqués
^las un batelet pour aller , dit-on ^ placer des torches sur
le cours Bourbon j ont fait naufrage , non loin du pont de
Cbailei X^ et <mt péri sans «Ju'il aU été posssiblê rde leur
\
( 160 )
porter le moÎQtlre secours.' Le lendenLain^ on ^trotiv^ , si
te territoire de la Gailiotière , trois indirldus noyés y qi
(itaieut étrangers à* cette commuoe*
^% Noas avons oublié d'annoncer , dans le teipps 9 1
décès de M. Louis Allier de Hauteroche , chevalier de
ordres de Saint-Jean de Jérusalem et du Saint-Sépulcre
membre de plusieurs sociétés savantes , correspondant d
notre académie ^ archéologue et numUmate distingué. Non
présumons qu'il était né à Lyon , patrie de sa famille*. I
^vait rassemblé , principalement dans le cours de sei
Tojàges en Afrique et en Égjpte , une collection de nÉ^
âtfttli^ grecques , qui passait pour la plus complète qu'il
y eût peut-être en Europe , dans les cabinets particuliers.
{K>rsque la mort Ta surpris , au mois de novembre dernier,
il s'occupait de classer et de décrire ces médailles , et îi
avait commencé à les faire graver. Trois dissertations qu'il
a publiées sur des objets d'antiquité j étaient de brillai»
préludes au grand ouvrage qu'il préparait et qui aurait mis
le sceau à sa réputation. Par son testament , il a légué à
la bibliothèque du roi deux morceaux extrêmement pi^
cieux , savoir une tessère syrienne à double date , et une
médaille en or de Persée 9 roi de Macédoine, pièce jus-
qu'à présent unique. Il a en outre fondé , en faveur ds
Tacadémie royale des inscriptious et belles-lettres, unt
rente perpétuelle de 400 fr* , pour un prix à décerner
chaque année au meilleur ouvrage de numismatique.
Nota. Ces détails abrégés sont empruntés d'une noiice
nécrologique , que M. Soulange-Bodin , secrétaire-général
de là sociétésd'horticulture de Paris ^ a consacrée à la mé*
moire' de M. Allier de Hauteroche , son ami , *dans la
Revue encyclopédique , n.^ de décembre 1827 , t. xxxvif
pag. 837-838.
ERRATUM.
Page 116) ligne 8, iSSo» lite»i i583.
{i£iy
— a» — Jt
^
ARCHEOLOGIE.
DE l/<»aGIN£, DES ÊTREN((ES (t).
ri,STOPm, C019SEILLER DE S. L «. FRÉDÉRIC XÛG^USTe'^*
UWi D£ WIRTBMBERa.
•^ • *
4
Lyon 9 1." janyier i674» j
lionsîeur,
. Cest aujourd'hui un, jour d'étrennes en ise paya-*cl
}hs qu'en aucun autre r y6us agréerez donc, s-'ii vous
pbît , que je vous éii envolé aussi poxit vous' témoîçnet
Tes&iie que je fais de votrç , mérite > ou pour i^e , pa^
IralÛT mes s^tinens. . - ^
(i) Ce petit oorrage , en fome de lettre , est <te Jacob Spon* Noua
croyoDj'défoirle reproduire îei ^ et parce ^*il est plein dVruditiom
Il fêê tomm , et parée que Tmitéar ' tait %tt^ àeà personnages les plus
Mngaésrfost notre cité s'Iipnore d'avotr è^ la patrie. L'époque ac-
^éU de Fannée d<miifl , d'nllenrs , à Tinsertiott A» IS^ moré^au dans
Mre recueil , leneiite de l'à'pro|»Os. il a d'abord^* éli>*t>ublré sépara**
neitâLynO) in-3.V^o ^^4 ( «^ ^<^x^ ^^ i6'4» comme on le lit dana
^lUsifra^fâêvmversêUê , art. Spon (Jcùoh) ; «e qui est one Taufo
^nielle «fànpMStfioii). J* Spon le lit ensuite entrer , are^ des cban*
fMMBSjéea retmachamens et des additâonè'i'dans ses Recherckes
ot^itMUi à^aniiquUé ,'4ionterMês en piu$ieurs disseriation^ , etc. ^
ifMifTlMMna ABiaulry, i683 , in^4.*/ où ^1 folme la XXX»^ dis'*
ftrWHTy et oeoope kapàgea 484-4^» Ëoi 1781, M. Didot ralnël^
■onpfiaa , aar la première édition >' en un volume in-16; de 36 pag. ^
^ilae fut lir^ «fn'on trâ«-petit nouibrr d'«!xcmplairc9. £n le ra-
^MMBt à notva tour ; cottatioftaé sur les édiitiona qae nonf^eiiQat
Tamc rit. II ^
C i6a y
Ce petit discours, Monsieur, est plutôt pour me servîi
d'excuse de ce que je n'ai point d'étrennes à vous pré-
senter, parce que je tiens cette coutume pour supersti-
tieuse » et que si j'avais à vous témoigner Testinie que
je fais de votre personne , soit par des protestations de
respect oup^ des offires de service 5 sotl par quelque
présent considérable que j'eusse à vous faire , je dioièi^
d'indiquer et qui sont toutes trois devenues très-rares , nous j ajoa-
tarons qn^lqueis hôtes poùlr lé compléter.
. Jacob Spon ëtait d'une famille originaire d'Ulm, Son bisaïeul ëtaîfc
Tenu s'établir à Lyon pour y faire le commerce ; et son père , Charles
SjpoUy fut un de nos médecins les plus célèbres. Lui-même se fit
rftàtarquéV sAâsi dans cette cfernléré profession; mais sa réputation se*
fonda pkincîpalement^ ;Bar aet vastes connaissances en arebéoliBgie:
eji en numismatique ; il les avait ^cquisea par de laborieuses étndeiL.
«t des voyages longs et pénibles dont il déposa les fruits dans pla-
«lenirs oiivrÂges i ^Hthaai lesquels on' distingue ses Becherches dei an^
ti4fuiiés et curiosUés de la vilU de Tyon , - Lyon | JaciqilM Fâeton /
1673 I in-d.**; et èes MUcellanea erudifœ antiquHatis, même ville,
iCSS y in-fbl, R était né €ù. 1647 » ^^ môurûl & l'hôpital, &gé seule-'
ment de 38 ans , le a5 décembre i695.
Le sujet qu'U s'epBt proposé dans la lettre on dissertation qu'on va
lire, avait déjà été traité par un savant d'AUemagnO) MKrtin Lipenina^
quij quatre ans auparavant , avait mis au ionr une histoire .des étycaqft^.
sous ce titre : fn^egra sirenarum dvilium hisioria a prima oripno
ad nostra as^tff^ tBmffora deducia y, Leipzig, i&fOf in-4**; insérée
depuis par' Graevius dans le tome XU du Tkasaur, antiqwàaU ro"
manar. Plus tard , le P. Toornsmine , de la compagnie de Jeans «
s'occupa du môi^e objet et fit paraître dans le Jaurmai .de Trét^m^^
janvier 1704) une lettre à Monseigneur le Prinee, intitulée «asai
(Histoire des étr^rmes^ et que l'abbé Grosier a.placée^ en 1793, dans
ifi tom. I des Minwires .d*unç société célèbre , pag. 3^;d*36i. .Bafi»
M. de Mayer ef t l'auteur d'une épitre semblable adressée â madétn^
la marquise de Tr,,., /.portant le même titre que celle de Spon ,
et qui est la première pièce du Conservateur de M. Delandine , aonée
^7^7» fH* ^~7« C^ n'«*t g^^re qu'un séanné de U dissertstion da P»
Toumemiae*
rais pliiUd tm attire' temps que celui^ 9 peut ne pas
tofliber ^ns la faute que je reptends dans le» auti^.
k ne doule' pas ^ Monsieur , que plusieurs ^rtonnes
ne traitent cette cotitume d4ndifftfi:ehte ; mais aussi elles
me permettront de leur dire ^11 y a beaucoup de coU-
tmnes établies parmi nous ^ que nous envisageons comitle
indtS^renies^ et qui se trouvent néanmoitis avo^r ëté>
ilans leur- source 5 des effets de la superstilîon^ et des
maximes de Terreur : témoin celle ! que nous avons' de
Mabaiter à ceux qui ëtemùent que 'Dieu les oMserve ou
les assiste 9 ^ est .venue de ce que les anciens païens se
Sont imagine que rëtemùment était une Boaladiie , on dà
moins un à^gpe d*indisposîtioa , él à Cause de cela ils
Bfaîciat. coutume 9 quand ils entendaient- quelqu'un Ar^
ttoer, de dire: Japi/er cous tonsérçé (k)/ DWres
mimes étaient assei& Ibus pour croite que rétemiunent
était quelque duosa de divin et qui méritait nos adora-r
lions 9 et ils se mettaient à genoux quand ils étendaient
étepnuer. Néanmoins , quoique nous soyons bien per^
aiiadés'à pi^soit ^ qu'il ne s'y passe rirai que de natqrel,
et que c'esl plutôt un signe de santé que de malaïKe y
mxis n'-avons pas laissé d'ambl^as^er lettr coutume ^ quoi-
que nous ayons renoncé it leur sentiment 9 el cela est
ouaunait à fouie TCùrope^ excepté TAnglrterre ^ qui 9.
n'jqpat pas demeuré long-'temps sous le joug des Ha-^
mains , ne s'est pas autant iiifettée de leurs erreurs que
les Gaulois , qui furent domptés en dix années par Juleis
César 9 et qui 9 en recevant le cbristianisme , crurent être
assez dégagé» de leur superstition , en substituant le nom
da vrai Dieu à celui de leur faux Jupiter.
(1) XeQophon , dcExped* Cjri^ liJ». III«
( i64 )
Il en «st de même y Moiisienr , de notre manière d*agi
au premier jour de Tan. Nous nous souhaitons mutuelle
ment la bonne annëe ;'nous faisocis des yœux r^tproque
pour notre prospëritë et notre santë, et nous nous en-
voyons des prësens les uns aux autres en témoigpa^
d*amitië, sans autre fondement que là coutume , que noui
n^osons pas choquer , et qui est si bien impatronisëe chei
nous ),que nous la regardons comme un tyran , à' qui
il serait dangereux de^dësobiéir , et de reibser le trilMil
annuel que nous liii avons lâchement accordé, par des
actes de consentement dont nous avons perchi les dates. .
Mais si nous prenons la peine d'examiner comment
cette coutume s'est glissée parmi nous , m>us trouverons
qu%le est presque aussi 'vieille que Rome (t) , et que
cette superstition n'est pas moins ancienne que la relt^on
de ce pays'-là , qui fut grossièrement tracée paôr Romulùs^
établie par Numa , et appuyée par les» âmes v^ictorieuses
de cette république, qui Tétendit avec le tenips dans
tout l'empire qui n'était guère moindre quelle mond^ ;
icar c'était leur coutume , dès qu'ils avaient conqub un
pays , d'y établir leur langue et leur religionl
' Le premier endi^it de l'histoire romaine qui nous ap-
prend cette coutume , est de Symmachus, auteur ancien,
qui nous dit (t2) que l'usage des étrennes (ut introduit
(i) Elle est plus yieiUe , et le P» Tonrnemine obienre , ayec r«UoB|
qu'sTaat d'aToir été adopt4iB par les Romains ., elle ëtait ea usage
dans la Grèce et parmi les Juifs et depuis les temps les plus reculés.
Elle n'a point souffert , ajoute-t-il , d'ifaterniption dans la Perse.
Sealément , suivant Ihi , ■ les Tariations de cette coutume sont plua
«ensibies dans l'histoire romaine que dans aucune autre.
(ï) Lib. X , epist. a8. — Sirenarum usus adttUvit auctoriiah
Tatii regU qui verhmas fclkis arhoris ex luco Sireniw , ûnnt nm
auspices f primus inslUuit» • . ^ .
< ï65 )
sous l'aotorltif^ du roi Tabius SabmQs ( que Rcmulus
avait appelé à la société de son rigne) , qui reçut 1^
premier la verveine du bois sacré dé la déesse Strenia (i),
pour le bon augure de la .nouvelle année., soit qii*iU
Viiaâgmassent quelque chose de divin dans la verveine ,
de là même façon que nos druides gaulois qui avaient
en telle vénération le gui de chêne qu'ils alloient le
cuelllîr avec une serpe d*or le premier jour de L^fiçiée j
aoil qu'ils voulussent faire allusion du nom|4^j^tte
déesse S/renia , dans le bois de laquelle Us pre tïàieiit la
verveûie y avec le mot de strenuus , qui signifie fort ,
çaillimt y généreux : aussi le mot de strena qui signifie
éiremte , se trouve-t-il quelquefois écrit sirenua chez les
anciens , pour témoigner , comme ajoute le même au-
teur (2) , que c'était proprement aux personnes de valeur
et de mérite qu'était destiné ce présent ,.et à ceux dont
l'esprit tout divin promettait plus par la vigilance que par
tinsiinct d'un heureux augure (3).
(1) La chapelle de la dëesse Strenia était sitiiëa dans la qoatriéma
rè^n ( oa quartier ) de Rome.
(3) Sjmmaqae , Ibc, cii. — Nomen îndicio ed vtrls strènuis hœc
eonfenire oh ^iriafefn , atque ideo 9ohis hajusmoài insigne deheri f
quorum dinnus animas magu ierivmonmm vigiUmiiœ quam omen
êxspeciat.
(3) « Le peaple , simple et superstitieux , croyait que ces branches
et cette Tenreine ( coupëes dans le bois de la dresse Strenua » la
àêtsêe forte ou plat6t la dresse de la force } donnaient la force et'
eonserraient la sant^... D'où pouvait yenir une semblable persua-
sion ?••• N'y reconnaisseirYous pas un soutenir confus de l'arbre de
tie , planta dans le paradis terrestre? soutenir dont ces prêtres (les
pontifes romains) , charlatans habiles , se sertirent pour mettre en
Vogue leur bois sacre , auquel ils attribuaient la même tertu. Le nom
de Ja déesse Strenua confirme mes soupçons sur Torigine de cette
ivpentitioii. Il a bien du rapport au mot faébrôù «lohim , qui peut
(i66)
• • • • • ,
Après -ce temps-là , l'on vint a faire des présens ae
figues , de dattes et 4e mi^U comme pour souhaiter aux
amis qu'il n'arrivât rien que d'agréable et de doux pen-**
dant le reste de l'année (i).
Ensuite les Romains quittant leur première simplicité
et changeant leurs dieux de bois en Aes dieux d'or et
d'argent , commencèrent à être aussi plus magnifique»
en leurs présens , et à s'en envoyer ce jour-là de diffé-^
rentes 'imtes et plus considérables ; mais ils s'envoyaient
partitÛMèrement des monnaies et médailles d'argent (2) ,
trouvant qu'ils avaient été bien simples , dans les siècles
précédens , de croire que le miel fôt plus doux que l'ar-*
gent 9 comme Ovide (3) le fait agréablement dire h
^•"^
figniBer le dieu fort , le*, dieu de la fçrce. C'est de oe mot que Moïse
•'est seni dans les premiers chapitres de la Genèse , où il parle ât
l'arbre de vifi que Pie» arût ais dims le paradis terrestre. » Xe Pv
Tournemiae,
(1) Le P. Toamemine et M. de Mayer trouTent qae eette allusion
ast fade* -Mous avons reiplae^ par éta bonbon» l«s 6gves , les dattes
^ le miel.
Il est bon de remarquer que primitiTement , ^chei les Romains et
ehes les Grecs , l'^uijaét: oonunepçait au mois de mars , comme cbén
non» elle commençait à P^ues «yaot l'^dit de.Rous8iUQn rendu pur
Charle^ TX. Les dendminatioD^ de septembre p octobre 9 novembre
et décembre , Tiennent de oe que ces mois (étaient dans rorigine lea
septième , huitième , nfnvième et dixième de l'année. Lpng-t^mpa
Hprès qqe janvier, fût devenu Icr premier mois , et même encore sooa
l'empire d'Atiguste , on. çontinui^it d'e^ivoyerides pcësei^à ses 9min
et particulièrement aux dames le jour des calendes de mars. C'est ce
que nous appitnd le commencement de la première éié^e dm liy. lU
de Tibnlle^
(a) .« I^ monqaie que Vpn présentait > porti|it ft-on côté la tête
de Janus et de l'autre U Cgure d'un nATire^ C'est la forme 1« pliM
lincienne des monnaies, y Le P^ Touroeniine^
(3) Fû#/,lib, X, T. ij|îï,
( i67 î
fanas. (Cesfc pourquoi Dion (i) parlant ief iltfinnfâf
ks appelle simplement àpyvpioif^ de tàrgenj. ) (3).
Aycc les présens ils se souhaitaient mutuellement tout6
sorte de bonheur et de prospërité pour Je >*e3tp |}e
Tannëe , et se donnaient des témoignage^ réciproques
famitlé. Et comme ils prenaient autant d*empire dans
b religion que dans Tétat , ils ne m<^nquèrent pas d'éta*-
Uir des lois qui la copcernaient , et firent de ce lour-là
un )ouT de fête qu'ils dédièrent et con3acrèrent pfirtiçy-
lièrenient au dieu Janus qu*on représentait \ dei;pc ,yi)^-
ges, Ton devant et Fai^tre derrière, comme r^ardànt
Tamiée passée et la prochaine* On lui faisait , dans ce
jour , des sacrifices , et le peuple .allait en foule au mont
Tarpée , où Janus ayait quelque autel , tous habillés de
rohes neuves: d*où nous pouvons remarj^uer que ce n'est
pas une mode nouvelle d*affecter de $*l^ab;ller de neuf
les preoùets \ours de Tan.
Tïéanmoins , quoique ce fût une fête 9 et même une
téie solomdkj puisqu'elle était encore dédiée âlunon
qai ayait tous les premiers jours de mois sous sa j^ro-
lectîon 9 et qu'on célébrait aussi , ce jour-là , la dédicace
d» temples de Jupiter et d'Ë^culape , qui étaient dans
llle du TilMT ; nonobstant , dis- je , toutes ces considé-^
Talions , le peuple ne restait pns sans rien faire; mais ^
an contraire , chacun cop^ençait .à travailler à quelque
^bosit de sa profession ., afin de n'être pas paresseux le
reste de l'année : ce qui est encore demeuré parmi nous,
puisqu'il y en a beaucoup qui se lèvent plus imatin ce
jour^là, pour en être plus diligens le reste de l'année.
(s) Ces deux dernières lignes sont une addition de Spon dam sea
Buiencies cmrûuses daniûjuité.
C i68 )
Mais on ne voit pas qu'il y ait quelque Vertu pàrtictx**
lière'dans les observations de toutes ces cëfëmonies.
Enfin l'usage des ëtrennes devint peu à peu si fré-
quent sous les empereurs , que tout le peuple allait
souhaiter la bonne année à l'empereur , et chacun
lui portait son présent d'argent , sel cm son pouvoir. ,
cela étant estimé comme une marque d'honneur et de
vénération qu'on portait aux supérieurs , au lieii que
tnaintenant là mode est renversée , et ce sont plut6t les
grands qui donnent les étrennes aux petits ^ les pères à
leurs enfans et les maîtres à leurs serviteurs (i).
Auguste en recevait en si grande quantité qu'il avait
coutume d'en acheter et dédier des idoles d'or et d'argent^
comme étant généreux et ne voulant pas appKqiier à son
profil particulier les Kbéraiités de ses sujets (2).
Tibère , son successeur , qui était d*une humeur plus
sombre et qui n'aimait pas les grandes compagnies ^
(^) Les pères et les mères, les oaclea et les luttes font des cadeaax,
«n argent ou en joujoux à leurs ncTeuz. et à leurs cnfaps , après qa«
ceux-ci leur ont ri^cît^ des complimcns ae bonne année.
Les personnes qui sont reçues habituellement dans une maîsoir f
■ donnent aux doniestiq^iee dea ^trenpes pécuniaires, qpi qwelqnefoi»
soQt assez considérables pour que les maîtres les fassent d'avauca
' entrer en ligne de compte dans la fixation des gages. .
(a) Suétone I un August,*e. 57. Le temps a respecta ^inscription
d'one «tattte de Vulcain qu'Auguste avait .faàt élever avec le montiat
de ses (ftrenncs , sous ie co^ulat de ^ëro Claudiua Drosus. et 4e
T. Quinctius CrispiDus, c'est-à-dire Tan deJElome 745. M. de Mayer
fait l'cloge de cette coutume ' d*Auguste : « D me semble , dit-it , qne
ai nos rois introduisaient éèt'usiBige, et s*il» annonçaient d*avanee
le personnage^ à la .statue diiqyel. le prodiiit serait. £IA|dl9y^> oo
Terrait le degrë d'estime que le peuple aurait pour lui , par rabon«>
dance ou l'exiguite des ëtrennes. Cette manière de s</ttâer Te
'jpuhlique serait Ig plus «jlre ^ et'nc coûterait rien au trésor, i
( »69 )
«jlnentaît expnft les premiers jours de l'annëe , pour
èf her rincommodité des visites du peuple qui ^rait ac-
ofMnu en foule pour lui souhaiter la bonne anhée , et il
désapprouvait qu'Auguste eût reçu des presens , parce
fK œla était incommode , et qu'il fallait faire de la dé-
pense pour témoigner au peuple sa réconnaissance par
d'autres libéral itës. Ces cérémonies occupaient même si
ibrt le peuple , les six ou sept premiers jours de Tannée ( i ),
<(uil fut obligé de faire un édit , par lequel il défendait
lesétraines , passé le premier jour (2).
Cdigula, qui posséda l'empire immédiatement après
Tibère , et qui se faisait autant remarquer par son ava-
rice que par ses autres mauvaises qualités , fit savoir au
peuple, par un édit, qu'il recevrait les étrennes , le jour
des calendes de janvier , qui avaient été refusées par son
prédécesseur ; et , pour cet effet , il se tint tout le jour
dans \e vestibule de son palais, où il recevait, à pleines
mains , tout l'argent et tous les présens qui lui étaient
offerts par le peuple (3).
Claude , qui lui succéda , abolit ce que son prédéces-
seur avait voulu rétablir , et défendit par arrêt qu'on
n'eût point à lui venir présenter des étrennes ^ comme
''on avait ^t sous Auguste et Caligula.
(1) Boiu consacrons aussi huit jours aux yisites du jour de l'an :
les trois premiers sont destinés aax yisîtes de deroir , et l'on a jus-
gn^a baitiènoe pour celles de bienséance.
(%} ^Dcione , in Tiher, c. 34 <t Dion , 1. Sy, « Marcallos Donatos
{Dducidai. in Suet, Tlher.) imagine ici entre Dion et Suétone une
cuBtradiction qui n'y fut jamaû, Snétone parle de ce que Tibère 6t
Sabord : Dion parle de ce qu'il fit le reste de sa. yict » Le P* Tour-
aemine.
X5} Snétone , m CalîguU e* ^ ^
( 170 )
Depuis ce temps , cette coutume demeura encore p
le peuple , comme Hérodien le remarque sous Tempe
Commode (i ) , et Trébellius PoUion en fait en
mention dans la vie de Claudius Gothicus (2) ,
parvint. aussi à la dignité impériale.
On pourrait rechercher là^dessus pour quelle i*a
ils avaient coutume de se Étire , les uns aux autres,
vœux mutuels le premier jour de Tannée , plutôt qi
un autre temps ; et c*est la demande que fait Ovid
}anu> qu'il fait répondre avec une gravité digne
lui (3) : (( Ce^t , dit-il, que toutes choses font conten
3» dans les commencemens ; et c'est à cause de ce
» ajoute-i'il , que l'on tire les augures du premier ois
» que l'on aperçoit. »
En effet , les Romains pensaient qu'il y avait queh
chose de divin dans les commencemens : la tête était
timéç une chos^ divine , parce qu'elle est , pour ai
dire, le commencement du corps : ils commençaient lei
guerres par les augures y par les sacrifices et par
vœux publics, et Je commencement de chaque ann
était dédié à Junon et se célébrait comme un jour de fë
Aussj la raison qu'ils avaient de, sacrifier à Janus,
jour-là , et de se le rendre propice , c'est qu'étant
portjier des dieux , ils espéraient d'avoir, par ce moye
l'entrée libre chez tous les autres le reste de l'anné
s'ils acquéraient au commencement Janus pour ami ;
comme il présidait au commencement de l'année ,
espéraient sa faveur pour eux et pour leurs amis , s*:
(1) L..1, €. 17.
(s) C. &4.
(5) Fdst, 1» i| T. 178 et set].
L
îeu dans leurs intérêts. On lui sacrifiait
it la- farine et du yin : ce qui a donné sans doute oc*
casioR de se réjouir et faire la débauche ce four , comme
plusieurs Vont retenu parmi nous.
C lies Grecs , chez qui les étrennes n^étaient pas en
usage , ayant qu*ils les eustont prises des Romains ( i \
nvmeaX pas de mot qui signifiât particulièrement celui
de sirena : car le mot é\}»pxt^(^à9 qui se trouve dans les
axkcîens glossaires et dont les anciens auteurs se sont
seiris, signifie seulement un bon commencements Celui
de ^m signifie en général un présent (2). daXXor, danâ
(i) Le p. Toamemiiie prëteod le contraire. Voy. plus haut > pag«
i€4 , not. 1
('«) Ijcs xema liaient deê pféeens que l'oa envoyait à ses hàteM* Il
j atvaôk. encore les apophoreia qui se distribuaient aux convÎYes et
^*\\a emporlaienl chex eûk. C'est ce qu'indiquent .les mots eux^
mêmes , dont A'oii^a est grecque. Mais ces prësens ne se donnaient
pas le premier de l'an ; ils se donnaient pendant les fâtes des Satur-
nale*. Martial oods a laisse deux livres de deyises en distiques « faites
accompagner des cadeaux de ce genre. U semble , d'après un
lie cet auteur , que le. sort présidait à la distribution des
mpcphoreia , et que c'était une sqrte loterie. U y avait alternative-
un rî^e prtent et un présent de moindre valeur* Le poète
lai-même dans une ëpigramme prëliminaire , où il dit t
IHinHs aUùmas et paupcris acoipé sorUs ;
«t 00 le recomialt ,, d'aprèâ l'arrangement des pièces , en parcourant
le reeocil qui , pour le dire en passant , est des plus curieux par les
detnls qnfU renferme et qu'qn chercherait vainement ailleurs , sur
le luxe , sur la table et la cuisine , sur les mcnbles i sur les usages
dmnestîqnes des Romains.
Plusieurs modernes ont , à l'imitation jde Martial , pvblié des livres
d'ctrennes , mais qui la plupart ne contiennent que des vœux et des
es«plîmens po^qnes. On peut citer , entre autres , Jean Voalté
de Reims , gai a compose en i533 un Xeniorum iiher»'''Lù célèbre
foéte êUemukd Gofiibe a donna , sous le titre de Xênits \ de< ^pi-*
'i
< 172 )
le glossaij^ de Phîloxène , est expliqua çerhena , sir
parce que ce mot signifiait un rameau^ une ptante
qu'était la verveine , qui , dans les commencemens y
comme nous l'avons dit , la matière des étrennes.
. Athénëe (x) introduit CynulcuS qui reprend UIp
d' avoir appelé rétrenne^frcvoM;? apparemment parce qi
mot ne peut signifier qu'une chose qu'on donne par-dt
une gratification , et, comme nous pourrions dire à
sent , une .étrenne qu'on donne à un valet ou à qu<
autre personne , par-dessus la somme à laquelle on
obligé (2) , et non pas proprement celles que l'on doi
au commencement de Tannée , à des amis.
Dans les premiers siècles de l'église et même aprc
• destruction du paganisme , la mode d'envoyer
Arennes aux magistrats et aux empereurs ne laissa
de subsister. Corippus , dans le liy. IV du Consulat
l'empereur Justin :
Dona calendamm , quorum est ea cora , parabant
Officia et turmis implent felicibus aulam ,
Gonvectant ratilum sportis capacibus auranu
grammes fort estimées. Notre Passerai a fait aussi un cert
nombre de pièces intitulées tiirennes» On nous pardonnera la ci
tioa de la suivante en f ayeur de sa grAce et de sa naïyet^ t
A HIDEMOISELLE DE MESME.
•
Ponr étrènne je tous désire
Ce que yoas-mesme souhaites p.
£t toutefois ne l'osez dire :
Mais (juand propos en sont jetés ^
Si volontiers les écoutez,
Qu'estes contrainte d'en sourire*
(i) L. m, c. to.
(a) C'est oe que nou# appelons un pour^ûire.
V
( '73 ) .
Cosime l'année nouvelle ëtalt le cûmmencement du
ONisalat et des autresfmagistratures^le sënat, le peuple
é les sacnficatears faisaient des vœux , des festins et des
présens, ce jouf-là, aux consuls et aux princes, comme
te témoignent ces yers de Prudence :
JaiM» etiam celebri de mense litatur
Ausfîims epulîsqae sacris , qoas inTCterato ,
Hea viiUeri ! sab honore agitant et gaudia ducont^
¥esta calendarain.
Lb empereurs donnaient souvent ces ëtrennes que le
peuplé leur faisait pour des ri^parations .des raonumens
pdiiics : c*est ce que signifie cette inscription de Gruter.
A Rome
ILkRlvis. FVBtiCIS. 6ACAVlt
IXP. CAESÀH. DIVI P; AVGVSTV8 , i
PONTIÏEX. MAXIMVS
TRIBTtïlC. K)TEST. XVlîX»
^ mX STIPB (iVAM'POFviV^ Bt
COÏITVLIT. JC. lAHVAlin. APSBNTI
C; CACviôlO SABllVO
COS. ,
I.. PA58IENO EVPO
•
C'est-à-dire , que l'on avait fait une rëpjatation au
temple dédié aux lares publics <^ de Targent que le peuple
avait apporté , le premier de janvier, pour les ëtrennes
de Tempereur Auguste, alors absent de la ville, sous le
consulat de Caïus Calvisius Sabinus et de Luciu^ Pas-
Menus Rufos ( i )« S.ur quoi Gruter remarque le passage
*
(i; L'aa de JUmie ySo , 4 a.Yuit J. C.
( t74 )
àtSaêtane (0»oà '^'^ dit que tous Jes ordres ietatèfit^
tous les ans , danstle lac Gurtien , s/ipem ^ c'est-à-nliriS
un& mëdaille frappée le jour des calendes ^ au comment
cernent de Tannée. Ht c*est apparemment ce que signifie
ce médaillon d'Ântonin Pie que M. Bellori ^ antiquaire
de Rome, a donné au public , où on lit au revers ^ dan»
une couronne dé laurier: s. F. Q« n. a/n. t. r. oftiho
PRiNciFi pib; c'est-'-â-dire, Senaius populifsquâ ramonas
annum noçum/ausium/elicem optîmo principH Pio pr€^
caiur.) ce Le sénat et le peuple romain souhaitent la nourr
n velie année bonde et betireuse au trè$4k>» grince
» AntoninPie. »
U est vrai que cela peut aussi se rapporter à la noifr^
velle année dans laquelle ce prince entrait, à la prendra
depuis le jour qu'il avait commencé de régner , qui fui
le 6/ des idesjde juiUet'4e Tatt^de Rome 890 et de J. C#
1 3g , les^vqiux et 1^ prières Ste* r^térant toutes les ai^
nées au même jour ^ -et une .sanUaUe médaille lui étant
présentée: ce .qiit était toujours it^e espèce d*étrenne«
Pline dans son- éptire ioi C^) : Vota^ domine^ priorum
annorum npncti^a ëlacrâs lœtùjue' p^êQl^mus j no^Hi'*
que rursus , curar^e commUiionum ei prwindaUum pic'^
taie , suicé/fimus ) ^iy. -
•Voilà donc tout le fondement que nous ayons de notre
coutuTtie (Tùsarge' du paganisme)^; et ce (cindemènt étant
aussi léger que delà paille et du chaume , nous ne sau-
(1) In August, f. 57.
(i) ti. X.
' (S) Ce qui' cr«t ici entre de«L purcntiiésAS , à partir da pi^mièir «IL*
jiila dft U psig^ 174 > ne tfe trouTaitpas dans |a première édition de
Topuscule de Spon : c'est une des additions gu'il y fit en l'insérant
dims (.es Recherches cuntuséi ^anUquité^
(M75)
être sdlidenent fendes à conserrer une superstition
pnmç , à laquelle nous ne pouvons trourer aucun
ifftd par Vautoritë de rEcriture sainte ou des saints
Rrs*
Die toutes les lettres que les apôtres ont envoyées &
kiirs églises , il* est biènr probable qu'il y en a quelqu'une
éciîte au commencement de Tannée ; cependant' nous
ne trouvons aucune tracé dé ces vœux et souhaits ,' parce
qcK leur dessetn était plutôt d'abdlrr toutes les supersti**
fions, que de les autoriser par de mauvais exemples.
Us condaiimaient jusqu*aujt Aïoindrès superstitions jù^
dâques, beaucoup plus les païennes, et ^ ils nVivaient
rien plus à* cœur que de nous (persuader que tout ce
qui est ftît sans fcn est pëché ; et , par cette même raison ,
je ne -vois pas comment on en peut exempter cette cou«
tome , qui n'est d'aucUne utiHtë , et qui n'a d'autre
foudemenl «pie la superstition païenne. Si nous dcTons
rendre compte à Dieu de nos paroles oiseuses , n'est-il
pas à craindre qae les paroles , - les complimens et les
adioDs de ce îour-là ne noùs' soient imputes comme
kmtiles et comme des suites et des effets de Toisivét^^?
[Aussi les eonciles et kis< pètes ont'-ils fort déckrmé
contre l'abus des étrennes. Us les appelaient Cakndes du
Bût' général qui signifiait chez fes^ Romains le premier
èi nis. Tertullien ^ dans ^ti livre de tMoldtrw :
€ Neos , dit-il , qui avons en horreur les fiètes de»
» JiûCi j et qui trouverions étranges leurs sabbats , leurs
f nouvelles lunes et les solemhités autrefois chéries de
• Dieu , nous nous fenûliarisons avec les Satui*nales
t et les Calendes de janvier , avec les Matronales et lé»
» Brames. Les étrennes marchent , les présèns volent
9 de toutes parts. Ce ne sont an tous lieux que jeux et;
( 176 )
» banquets* Les païens gardent mieux leur relij
)> .cajT ils n*ont garde de solemniser aucune fête des
>» tiens , de peur qu'ils ne le paraissent ^ .tandis
» nous ne craignons pas de paraître païens ^ en £
o leurs fêtes.» i
Le ' sixième concile in Trullo condamne les £éte2
pelées Calendes et celles qu'on nommait Voia et j
malia. Balsamon , auteur grec du BaspEmpire , i
commenté les canons des conciles , fait deux pl^^j
bévues sur ces deux mots de Bord ou Fota et de j
malia , disant que cette première fête iisiL à Thoa;
du dieu Pan , j^rotecteur du .bétail , parce que Borà
ii\fie .des pâturages , et que la dernière nommée Jt
malia était une fête dédiée à Bacchus qui portait 1'
tbèle de Bron^ius , tandis qu'il est cer^in que ces c
mgts sont purc^ment latins: Bord, ço/a^ sont les v*
qui se faisaient au commencemc^nt de Tannée^ et E
malia , les fêtes des Saturnales qui se f^iisaient au o
mencement de llyver , appelé par les Latins JSrufnç,
Mathieu Blastaris , qui a aussi commenté les o
ciles, dit qyie la fete.des Calendes se faisait le preii
jour de janvier,. et qu'on se réjouissait pa^ce que
lune renouvelait ce jour-là,* et que Ton croyait ,qi
si Ton se divertissait bien dans ce commencement •
en passerait toute Tannée plus gajment ; mats cék n
bon que powr . . 1^ années lu^^res , qui y à la véRÎ
étaient anciennement plus en us^e que. le sûbii
Balsamon dit que c'étaient les dix premiers jours du m
qu'on appelait Calendes , pendant lesquels duraieat
réjouissances* ' ., >
Astérius , auteur grec que Ton compte .parmi
( »77 )
Pères 5 nous a lahsé un sermon contire la fêle des Ca-
lendes et le paganisme du Roi-^oi/ ] (i).
Vous me direz peu! -être que, quoique l'usage des
complimens et des ëtrenneis ait été inventé par les
puens , ils ne le suivaient pas par principe de religion ;
itiais il est constant que ce n'est par aucun autre motif:
ils s'ima^naient quelque chose de divin dans les corn-
mencemens ; ils le faisaient pour honorer le dieu Janus ;
iU se souhaitaient , les uns aux autres , la santé et la
prospérité 9 parce qu'ils pensaient que les dieux les
exauceraient ,à cause qu ils les priaient au commencement
de l'année ; ils faisaient des présens pour servir de bon
aogure, et tout enfin se terminait à des sêntimens reli-
gieux que leur inspirait la sainteté prétendue de ce jour :
témoin ce que dit au sujet de Tétrenne un auteur de
l'antiquité et qui professait le paganisme (2) : <c L'étrenne ,
» dil-il , est un présent qu'on fait un jour' de dévotion
» pour servir de bon augure. »
J'avoue bien que nous ne le faisons plus par religion ^
(1] Autre addition faite par Spon à soo opuscule en l'insérant
dans ses Recherches curieuses d*aniiiiuUé, Nous nous sommes per*'
mis an commcneement un léger changement de phrase pour amener
la transition. Xt'alinéa suivant : Vous me direz , et le reste jusqu'à la
fin de la lettre , a élë ^ au contraire , retranche par Spon dans cca
méoiies "Recherches où 11 n'a conserve de son premier travail qne ce
qui se rapportait précisément à l'origine et à l'usage des ëtrennes
ahez les anciens;
(a) £niiis , de Verhor. signifie» v.** Sirena* -— Sirenam vocamû^
quœ dattw die religioso f ominis boni gtatia^ Il donne ensuite de ca
mot use étymologie différente de celle qu'on a vue plus haut ; il ne
le (ait paa dériver dn nom de la déesse Si renia , mais du mot latia
qui signifie le nombre trois', nombre mysérieux et sacré t À numéro
quo significaiur aUerum tertiumque venturum similis commodi > ve-
luti trenam , prœposila a liiiera , ut in Ioçq et lito soUhant antiqui*
Tome FIL 12
(178)
naia sailement- par c^rëmonîe et par civilité : nâin'»
moins cela ne nous excuse pas ; et puisque cette cou-*
tUBie doit sa naissance à la superstition 9 nous ne
saurions qu'en désapprouver Tusagfs y et ai nous sommes
mieux instruits que les premiers chrétiens qui Tont reçift
<^ez eux» oe devrions-^nous . pas aussi montrer plus
d'exactitude et de règle dans nos mœurs ? Sommes-nous
assea; autorisés à pratiquer une coutume , parce que nos
pères l'ont pratiquée ; et ne sommes-nous pas obligés de
nous informer s'ils avaient droit de faire ce que, par
Ieur$ exemples , ils voudraient nous obliger d'imiter 7
lies premiers chrétiens faisaient scrupule , jusque-là
qu^ib auraient plutôt souffert le martyre , de jeter un
grain d'encens au feu » ou de porter une couronne de
laurier 5 parce que les idoMtres le faisaient : nous avoa&
bien relâché de leur zèle.
, Quel abus., à le. prendre même politiquement , de nos
visites et de nos empressemens dans ce jour (i) ! Qu'est-»
(1) Lace de Lanciyal f dans son poëme de TolUculus ^ définit
ainsi le premier de Tan a
Le jour ou nos amis tiennent da Tieaz Nestor
Nous souhaiter les ans et mille autres encor ,
Le joui* où les filleuls aiment tant leurs marraines f
Jour de munificence , où , sous le nom d'étrennes f
Le zèle intéressé réclame ses tributs |
£t d'une honnête aumône accroît aea revenus.
Un di^tiqae latin , rapporté par Ménage , décrit fort bien le» .
Tifites réciproques qu'on se fait ce jour-là arec l'espoir de na piM
êê rencontrer ;
f m
Hœc est illa dies guà pîehs t^esana furensquù
Se fugiendo petit seque petendo fugU.
Le Toici donc ce jour où le peuple à grand bruit
et cherche es se fîi jmnt 1 en ae cherchant se f uit«
tt^ eomittèilce ^ns ce temps^ià ? soiitH^è te^^saisohs ?
P(Nnt du tout } car ce n*est que l'hiver qui continue. Se
&h-U quelque changement au ciel ^ dans l'air où stir la
tae ? Le ciel fait son cours ordinaire • le soleil con*^
Imue sa course tout comme un autre jout* , et toutes
dnses vont comme elles allaietit auparavalit. Les Ef^p*^
tiens représentaient l'annëe par TemMéme d'un Serpent
qui moti sa queue i pour dire que ce n*est qu'un cercle
de tonpsqui rcscommence oil il a finie
Est-^ parce que les astrologues ^ qui ne sont pas
mèmtxeofd entre eux ^ ont fixe le cominéncement de
rannëe ce jour^là ^ et changé de calcul ou de suppu-r
Mon ? est-ce , ^is-je ^ que v pour cela ^ nous devons
naindfe ït diangement du cœur de nos amis? Il ne se
passe akfS nea àb nouveau dans leur C4A\it ^ non plus
que dans les ouTrages de la nature ; et poui" ceux qui
n'ottt pas de Vmciination pour nous , ou qui nous veulent
du mal , le changement d'année n*a pas le pouvoir de
cfaanger leur cœur et de leur inspirer de nouveaux sen^
tiffiens en notre faveur , quoique ^ par une libéralité de
complimens ^ ils semblent vouloir nous donner des gages
d'une amitié sincère. Mais que ces témoignages sont
trompeurs , puisqu'on en use de même avec tout le
mondé , et qu'on leur dit en cette rencontre la même
chose à tous , si ce n'est en iaè^é fermes , dû moins en
flièBe 8eas ! Ce sont les pfé$eii9 de douceur que les
j^ainis avaient coutume d'envoyer ^ des figues et dn mid ,
dent la douceur se change en amertume dans les man-
iais estomacs , et qui se corrompent plus aisément que
faatres aliméns plus grossiers. On prostitue si souvent
tes termes d'amitié , d^ esclavage , de service , d^adoration
et de respects q^ue, qfaand on. -voudrait .uyrûn«i une
( i8o )
passion très-violente , on ne saurait où trouver d*âi
termes.
Enfin , si nous croyons que ce soit une chose n^
saire de se voir de temps en temps pour entreU
Tamitië et de ne pas négliger de nous en donner
témoignages dans les rencontres , n'avons*nous pas ai
d'autres occasions de nous fréquenter? Les mariag
les accouchemens. , les maladies et la mort des amis ,
retours de voyage ^ les changemens de logis et mi
autres conjonctures que nous foimons nous-mêmes ^ ne
en fournissent assez , sans affecter de renouveler ji
protestations au commencement de chaque année*
Nous nous laissons emporter à la cérémonie » et no
y avons plus d*attachement qu'au solide ; et je ne dou
{MIS qu'il ne soit Inen difficile et presque impossible i
nous Élire perdre cette coutume. Il faudrait un arn
des magistrats pour l'abolir , de même que Temperei:
Tibère fut obligé d'en faire un , pour corriger l'abu
qui s'y commettait (i). Les anciens habitans de l'ile d
Crète , voulant donner une malédiction à quelqu'un
souhaitaient que les dieux l'engageassent dans queiqii
mauvaise coutume (2) , reconnaissant la difficulté qu'o|
avait à s'en dégager ; et Platon reprenant un enfant qîj
jouait aux noix : Tu me reprends de peu , dit l'enfant
— La coutume ^ lui répondit Platon , n'est pas peu dj
chose (3). En effet , les philosophes disent que la 0014^
tume passe en nature ; et de même qu'on ne sau]
' ■ ■ ■ ■ ■■ j ' il
: (») Voy. plus haut , pag. 169. j
(3) Ce trait est aussi rappelé dans les Essais de Montaigne, 1. l'j
c. aa. Noos ignorons quel est l'auteur de Tanti^itë ^ nom l'ij
yonseffé. '!
(3) Diogèac dt l«irle ; VUihPkitim. ^^
( i8i )
une mdinalion naturelle qu'elle ne soit toujours
prête à revenir j aussi n*est-il pas facile de faire ce quo
dît un comique :
£st«-oii accoutamë ? qa*ou se âësaccoatanieé
s Qu'est-ce qu'on pensera de moi , dira quelqu'un j
B » îe n*use pas de cette civilîtë avec mes parens ? ils
B croiront que fai quelque animositë contre eux , ou du
B moins îU s'imagineront que je les méprise. Je ne yeux
V pas afècler la singularité , et il est de toute nécessité
9 de aire comme les autres.» Faites-en donc ce qu'il
TOUS plaira , je ne prétends pas être l'arbitre de vos
actions : je vouHrsiis seulement , si j'avais quelque droit
à les censurer , qu'on ne se rendit pas cette civilité
comme indispensable , et qu'on n'affectât pas tant de
suivre tous les procédés du vulgaire , qui n'ont la
plupart aucun autre droit que celui qu'ils peuvent allé-
guer , que cela s'est fait de tout temps et que la cou^
tome leur sert de titre.
Pour moi qui suis persuadé qu'il est quelquefois bon
de s'écarter de la presse , pour n'en être pas accablé , j'ai
cru que je n'avais pas bioins de droit de découvrir ma
pensée sur ce sujet j puisque cela n'oblige personne à
changer de sentiment , si la vérité ne le lui persuade ,
OQ même si l'inconuBodité de recevoir et de rendre ces
viâtes inutiles ne l'engage à les désapprouver. Il me
suBbt d'avoir montré le peu d'utilité que ta société civile
des hommes peut retirer de ces protestations qui ne se
fcnt que par forme, la superstition sur laquelle elles
sent appuyées j aussi-bien que les étrennes ; et ce mot
«al de superstition nous en doit détourner y puisqu'il
fit honnête d'en abolir même les ombres les plus légères,
dd'm eS^cer jusqu'aux moindres traits.
( i82 )
' Gilsar ne voulait pas seulement que sa femme hé fût
pas criminelle , mais il voulait aussi qu*elle fût exempte
de soupçon (0:de même , s'il est permis de' compare*
les choses saintes aux profanes , l*ëgUse qui est Tëpousé
de J. C. , a intérêt d'être non-seulement sans crime »
mais en doit éviter les moindres soupçons (2),
Voilà , Monsieur , ce qu'un jour ou deux de chambre »
qu'il m'a fallu tenir pour quelque indisposition , m^ont
donné de ' loisir nour vous entretenir. J'ai suivi en ce
sujet le dessein d'un docteur de Paris , qui a fait ces
années passées , . un traité du Paganisme du Roi'-boit, ou
des rois de la fève (3) : je ne sais pas la manière dont il
(i) Suctone, in JuL C€ts* o. 74 » ^ PluUrque , Vie de Cicéfon^
(a) « M. Spon déclame fort aërieuBemeut contre la coatumc de
donner des ëtrennet, contime contre ane cërcmonie païenne, fâpéniua
cite dea passages de St. Augustin et de St. Chrysost^e y et d'um
concile d'Auxcrre , tenu l'an 588 > o& Ton donne aux étrennes
( accompagnées de sacrifices } l'ëpithète fâcheuse de diahoUpies^
Cependant la conclusion du docte Allemand n'est pas si séfére que
6olle de M. Spon,.... Les ëtrennes , jcuntes à des sacrifiées , ëtaienl
<?éritaldemeiit dichoUqu*â. Pour les ëtrespes dégagées de toute sa>«
peçstifcion « quel m^l de les conserver ? Bientôt les hérétiques ,. en-
nemis des cérémonies ^ et certains catholiques bizarrement serupu-.
Icux , défendront qu'on dise bopjour et bonsoir , parce que lea
.païens en usaient ainsi. Ils yerront dans cette manière de parlei^
quelque rapport À la superstition des jours heureux et n^lheureux.... ^.
]je P, Tournemioe^
(3) Ce docteur se nommait Jean Deslyons. Il était né à Pontoise
en 161 5 et mourut à Senlis le a6 mars 1700. La première édition de
fiott UTre étalt'intilttlëiB : IHseours ecclésiasiiques contre le paganisme
^des Boys de la fère ft du Rny-^it , pratiqué par les chrcsiienê
charnels ^ etc. Paris , Despez , 1664 1 in-ia. La a« portait le titre de
Traitez sihguUers et nouveaux contre le Paganisme du Roy-ioiff etc.
Paria , Teiiye C. Sayreux , 1670 , in-12. Nicolas Barthélémy , avocat
4^ $9iil4B j, réfiitfi ce^ otff rage di^ns soq ^po(ogie du banquet safiC"
r .
I ( i83 )
iy prend , ne l'ayant pas encore vu ; mais il me suffit
fie tout ce que )'ai avance soit soumis à votre juge-
Mot y VOUS priant de croire que , comme je vous con-
nais iiès-ëclaîrë dans Thistoire et dans les matières d'an-
truite , je ferai gloire de recevoir vos pensées pour
règle des miennes , et vous témoignerai, non*seulement
isDS cette rencontre , mais aussi dans toutes celles que
tous ne présenterez , que je suis avec profond respect j
Honsieiir^ Votre très-humble
et très-obéissant serviteur^
J. SpoN, D. M.
STATISTIQUE - fflSTOIRE.
POUDRIÈRE t>E LYOK.
V
La translation prochaine du magasin i poudre, du
qaai de Ste. Marie-des-Chaines au fort S. Jean (i) , peut
doQoer quelque intérêt . aux redierches suivantes sur
l'origine de ce monument qui , dqpnis l'^oque de sa cons^
truction jusqu'à nos jours , n*a ces^ d'exciter les plus
%^^ la peau des Bois. Paris , iG65 , i68/| , in-i9, t'ehbé Ballet
a pUié de curieuses repherch^ d'ëradition lur le diéme sujet. Sôa
opwale ^éant dereim extrêmement rare , M. C. N. Amanton,, notre
ttiant confrère à Tacadëmie de Dijon , le fit réimprimer dans le
Magaài encyclopédique ( décembre 181.0), aVec des notes. Depuis ,
îll'aiafl^rë dans V Annuaire du département de la Côte d^Or poàt
^m 1827 , pag» loS'iSa , aTec de nouToUes additions* H en a été
bré «pelqoea exemplaires à part» j
(i) Yoj, plus haot , pag. iSq* .
( t84. r
fortes r&:lainaliûas des ^propriétaires et à^s hakUans^ é»
quartiers voisins. . *
, L'explosion du magasin à poudre de CfaasftWry , qui
eut lieu dans le mois de juin 1773, réveilla à Lyon ,
d'une manière extrêmement vive , les justes alarmes
qu'on éprouvait depuis long-temps à ce sujet» .
De nouvelles pétitions furent adressées à cette époque
à M. Bertin , ministre et secrétaire d'état, par le consulat
et par les citoyens les plus notables , pour q.u oof éloi--
gnât de la ville le magasin à poudre. *
Les principaux motifs allégués dans une pétition du
xnois d'août 177? , méritent d*étre rapportés ; il y est
dit:
« Que , quoique la ville .de Lyon ait vu reculer de—
» vaut elle les frontières du royaume par Facquisition
» du pays de Bresse , les rois Henri IV et Lcmts XDl
y> n'avaient osé placer dans une enceinte aussi populeuse
3) un tel sujet de destruction ; que cet informe projet »
» imaginé par M. le docteur Lepelletier , directeur des
» fortifications , secondé par M. d'Herbigny, intendant
» de Lyon , et exécuté par MM. de la Boîssîère et dé
» St-Félix , ingénieurs , malgré ïes remontrances qui
» leur furent faites , fut poussé avec une telle activité ,
» que ce bâtiment, entrepris en 1699 9 ^^^9 ^^ '7^^»
» prêt à recevoir les poudres du roi ; que malheureuse-
y> ment il ne se trouvait pas, pour le moment, d'in--
» génieur attaché à Lyon ; que M. Mathias , ingénieur
» à Moulins , qui , par intérim , en remplissait ici l'em^
» plœ , de peur de se* compromettre et de s'aliéner ou
» l'aiFection de ses chefs , ou la bienveillance des lyoïi'-
» nais , avait refusé d'émettre son avis ;
( 185 )
^.-Quepeti d'amnées après l'elaklissment de . ce maga-
^ sin ^ les Tédamations qui soulevèrent , furent jugëes si
> bien fondées , que M« le maréchal de Vauban , passant
s à Lyon , et examinant la position qu'occupait ce vaste
> èéfàl^ s*é<:na d*un ton d*einportement qui ne lui était
» pas ordinaire ^ qu'on aurait dû infliger une peine ca-
» pilale à celui qui avait conçu un pareil projet ;
« Que les r^ultats immanquables de l'explosion de
* 0&. magasîoa à poudre , iraient le renversement d'une
> fortie des maisons de la ville et l'encombrement
» lotal do lit de la Saône , etc. , etc. , etc. »
Quelqoes années après l'envoi de cette demande , qui
fut sans effet , il en parvint une autre au pied du trône ,
par laquelle les RR. PP. Chartreux consentaient à bâtir à
leai> frais,, un magasin à poudre dans le local qui leur
seiaît assigné , moyennant la cession du terrain de celui
qm exÂsIe ; et c'est à cette époque qu'on se détermina
pour la première fois à ^piander au roi i.^lâ suppres-
sion totale d'ua grand entrepôt de poudre à Lyon ; 2® la
▼eole de Ja fonderie de canons de Vaise, dont le produit
devait être employé à commencer à construire sur
Remplacement du vieux, arsenal , des magasins d'armes
de guerre pour l'approvisionnement des villes méridio-
odes de la France (i).
Yja 1785 , BL de Vergennes, frappé de la continuité
et de la force des réclamations qui s élevaient contre
Texislence du magasin à poudre , soumit à M. Tolozan ,
(t) On ne Toit pliw aujourd'hui que les restei de ce bel araenal ,
fictat A pane termine, lor^cpi'en 1795, à V^poqne du bomKar-
émmt de la ville , il ^t détruit par I^ayfaaiwi de quelque* Imrilfi
drfoodre qui j «fiaient diFp06ë«.
( i86 )
prëvôt des Aiarcfaands , Texamen d'un mëmmre relatif
à la translation tï à un nouveau mode de conslructio»
de ce dépôt.
Ce mémoire follement conçu , à ce qu'il parait , f»t
vigoureusement critiqué par M. de Montrozard , lieule-
nanl-oJonel d'artillerie , qui en fit ressortir Tabsurditë
et montra Ténormité des frais qu'il occasionerait.
Le projet fut ajourné*
M. de Vergenncs mourut eit 1787 , et alors tous les
intérêts de localité disparurent devant les grands inlë-
rets politiques qu'allait oiFrir l'ouverture de l'assemblé»
des notables. M. D. V-
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
( XXVra.» ARTICLE ).
NOTICE SUR jmjEirifE MORELL.
J'ai parlé , dans un article sur les Lyonnaises dignes
de mémoire ( Archives du Rhône . t. V , p. 353 ) , d'une
jeune fille qui fut un petit prodige d'érudition, et qui, bien
qu'elle ne fût peut-être pas née à Lyon , appartenait k
cette ville par le séjour qu'elle y avait fait et par une
circonstance singulière : c'est qu'à peine sortie de l'en -
fance , elle^ y avait soutenu publiquement des thèses
de philosophie. Elle s'appelait Julienne , portait le sur--
nom d^spagnole , et logeait près du monastère de Si.
François, Je ne la connaissais que par un passage de
Golnitz , où j'avais puisé ce peu de notions. Dans une
des séances de l'académie de Lyon, du mois de dé-
( 187 )
i8:&7 9 ^- Artaud , un des memJbres de cette
caapaigiue et directeur de .noire musëe^ a. communiqué
à s» confrères un mémoire extrait des manuscrits du
âscleur Calvet C^) 9 'tom. VI , fol. i35 , conteqant une
Uogmipiiie iatéiessante et bien plus détaillée, de cette
jcrae savante et dont v(Hci rabi:égé ou plutôt Ja copie
pRsi{ue oitière et presque littorale.
« Inlîana Morell naquit à Barcelone , le 16 février
)S94 : son père était ua riche négociant de cette ville ;
de Cul élevée avec soin ^ et dès Page de.douse. ans,
\dle savait parler ^x langues différentes. Une a£iire
malfaenreose obligea son père de s'expatrier : il vint en
Fraoïoa et s*élablit à Lyon avec sa fille. Ce fiit là que
Julienne soutînt , en 1606, avec un applaudissement
nnîveTsel des .thèses de logique , de physique et de mo^
rate : elle n'avait pas alors tout-à-^fait treize ans. Cette
fille exIxaordVnaôre joignait les agrémeiis de la figure à
(m) On sait qjoa U docteur CSaWet , «ntiqoaire et numismate , as80->
€ié de l'acadéiBie de Lyon , et dont noas avons insère dans ce
memtU , Imb. IV , pag4 4^49^ t àe^x lettres adressées à M. de la
Tosrretle «sr la jambe de cheyal de bronze trouvée dans la Saône
€■ 1766, a institaé la ville d'Avignon son héritière universelle , et
lu a légué la belle collection de Inédailles et d'antiquités qu'il avait
laMcalUlée , à grands frais , pendant de longues années, La célébrité
^"3 a'csC ^qniae ^r cette libéralité , par son aaroir et par quel-
^itts Bcmoires d'ai^cbéologie j qu'il a publiés , semblait devoir lai
assuivr ane place dans la Biographie universelle où cependant il ne
%aDe point. La Biùgriïphie nouvelle des contemporains lui a coi»«
iKné ipiel^oea lignes s aaa^on n'y trouve ni la date da sa naissance,
fi ceiie de son teatament , ni celle de sa mort , ni l'indication
^mcaa de aes oovrages. ÏX serait , Je crois , facile de se procurer
ht lenseiguemena néceaiaires pour réparer cet injuste oubli de la
iRBéie des deux Jbiograpbies -que je viens de citer , et pour CQOpt
flàa h très^oprte notice qui «e trouve d«^ns la seconde.
< i88)
un gënie profond ; elle fut célèbre totit-3i**Ia*fois par
«avoir et par ses grâces. Ces qualités si éminentes che2
elle et si rarement rëuiiies, pêmeà un degré bien in-
férieur, furent la source de ses malheurs. Elle excita
de violentes passions , et fut enlevée dans un âge encore
tendre , par un nommé La Cossaigne , de Nimes. On
ignoré si èe fut de gré ou de force ; mais il est certain
que son innocence Tempécha d*apercevoir les suite» é*un
pareil écart. Revenue , peu de temps après , ches son
père, elle éprouva de sa part toute sorte de mauvais
traitemens qui furent poussés jusqu'à Texoès. Malgré
ces rigueurs et les obstacles qui en résultèrent, Julienne
fit les plus grands progrès dans l'étude de la métaphy-^
sique et de la jurisprudence : son père eut alors le projet
de la faire recevoir doctoresse es lois ; il crut qu'il
viendrait plus aisément à bout de son dessein à Avignon
que partout ailleurs. Julienne y fut amenée et y donna
des marques éclatantes de son savoir , mais elle jicl pjut
parvenir à calmer la sévérité de son père. Ce fut. pour
se mettre à r.abri de son inhumanité , ou peut-être pap
un principe de dévotion , qu'elle se jeta dans le cou-
vent des religieuses de Sainte-Praxède. Elle y composa
deux ouvrages de piété (i) , et se fît admirer par Tat*
tention scTupuleuse qu'elle apporta à l'accomplissement
de ses devoirs. Elle mourut le 26 juin i653 , âgée de
59 ans', 4 mois et 10 jours. Elle fut à juste titre re-
gardée comme un prodige par le& personnes de soa
ordre , et sa mémoire leur était en grande vénération. 1^
A la suite de cette notice , le docteur Calvet a trans-
(1) Le doctear CaWet ne nous indique pas les titres de ces ou*
▼rages , et nous laisse ignorer entièrement s*iU ont ^t^ imprimé!».
\
( i89 )
à ose lettre espagnole dont il possédait l'original , et
fKlolîeime avait adressée de Lyon à Barcelone , le 17
M tGo8 , au duc de Moatëléon , commandant-gënéral
s Catalogne. Julienne n'avait pas encore quinze ans
«QHiplis, lorsqu'elle traça cette lettre dont les caractères .
ÂMcat si paraTatts qu'on pouvait douter s*ils étaient im-
innés ou manuscrits. Elle y conjure le duc d'intercéder
ftar elle auprès de son père , et y parle du dessein
fTcflé a de se faire religieuse. Ce qu'il y a de remar-
fiAA^ , c'est qu'à la fin de l'épltre , elle a ajouté trois
fignes en hébreu tirées du livre des ProverW: la pre-
■ùère est du cBapitre 20 , v. 6 (i> ; la seconde , du
■lêfK chap. , V. 28 (2) , et la troisième , du chap. sui-
lânt, V. 21 (3). Au-dessous sont trois sentences grec-
imes. Tous ces passages sont choisis dans la vue d'exciter
a' h conurnsération et de prouver la nécessité de par-
doiiner.
Enfin , pour compléter et enrichir la copie faite par
K. Artaud du mémoire du docteur Calvet , M. Revoil a
lessiné sur le frontispice un portrait de Julienne , en
œstmne de religieuse. L'original ou une première copie
it ce portrait se trouve sans doute aussi dans le manus^
A du savant Avignonnais. /
(s) MM hommes miséricordes vocaniur : vfrum duUm fideUm
^smHmet t
\%) Maetkerâia et ¥erUms autoditmt rtgem t ^ roloralur de-
euiAa ihnmms ejus.
^ Qui stquHur fusiUîam- et misericordiam , inveniet vUarn f jus"
ttw d gforiamm
( îgo )
INDUSTRIE.
MAmrf AGTURBS DE SOIBEtîSS.
M. de Moléon a insërë dans les Annales de t Industrie
manujaciurière , agricole et commercial 9 tom. I , pa^^
74^97 1 191-206 et 298-308^ un Mémoire présenié à
MM. les Fabricans d'étoffes de soie ^ sur tétai âcluei
des manufactures de soierie en France ^ et les moyens
d^en prévenir la décadence , en indiquant les vices actuels
de ce* commerce ^ les fraudes qui se commettent dans les
opérations que subit la soie, pour être confectionnée en
tissus , et les mesures à prendre pour les prévenir et les
réprimer i par J. Aé F. 0*** (Ozanam), ancien pro^
fesseur de chimie. On y oit par le titre de ce mémoire
combien le sujet en est intéressant pour le commerce de
Lyon. Nous craindrions d'aifaiblir \t:^ idées de Tauteur
en les analysant. Nous nous contenterons .d'avoir indiqué
le recueil ou elles ont. été insérées et où nos lecteurd
r
pourront les trouver. Nous en exlrairoQs néanmoins le
passage suivant s
a Voulez-vous avoir des preuves malheureusefnettt
trop réelles des progrès que TAngleterre a faits sur notre
industrie T Lés voici : en 1810 , t'i et i^ , elle it*avait
que 20,000 métiers pour les étoffes de soie 5 et nVmplo-
yait que pour 11 à 12 millions de cette matière. En
1824, elle comptait près de 70,000 métiers, dont Un
cinquième était mû par des machines à vapeur^ Elle a tiré
cette année pour S6 millions de soie grège de l'Inde et
k k CUne , et pour Si millions de soie ouvrée dltatie*
Xatà , 87 millions.
U France produit pour 25 millions de soie , y compris
famaison. Elle en a reçu en 1824 pour 3o millions de
tètiiiiger 9 dont les deux tiers et plus en soie ouvrée*
T^tal , 55 millions ; oe qui fait près d'un tiers de moins
fsen Ang\eterre« Nous payons 2 fr. 40 cent, pour celle»
grèges élian^res ; ce qui fait environ 4 1/2 pour zoo
èfear vakur moyenne. Les Anglais tirent le plusqu*il»
Y&Mûi de soies grèges de l'étranger ; et toutes celles de
llude, de la Chine et du midi de lltalie sont dans cet
âat : dis lors ils bénéficient les frais de l'ouvraison qui
sopèfie ea Angleteri*e , et ils ne paient aucun droit
Centrée sur ces qualités. Les belles machines de M. W«
Sbenioade Winchester , pour le montage des soies, ont
porté ce travail à un degré de perfection auquel nous
ne sommes fas encore parvenus en France^ Quant auit
soies OQTTëes , qui paient environ 7 sdiellings d'entrée ^
le gouYi^meioeot anglais accorde pour dravirback ou
pnoie y le remboursement des droits d'exportati<Hi et de
toslt perçus par les pays d'où sont tirées ces soies , et
pr où elles passent Ainsi ^ nos rivaux ont à cet égard
mi avantage asse£ important sur nous.
En 1786 , on comptait i5,ooo métiers de soierie
te la ville de Lyon et ses faubourgs. En 1789 ^ ils
AMI réduits à 7^Soo. En 1800, il ny en avait plus
1B^3peo; mais de 1801 à 1812, ils s'élevèrent 4
i%7^- ictueUement le département du Rhône en pos-
^ 3oyûoo , dont 2o,oco i Lyon , 5,ooo dans les iau-^
^gs, et le sur^ùs dans les villages, de la banlieue.
bil*£tienne, Saint-Chamond ^ Nimesi Avignon et
loup n ont pa» plus de 2&,ooo métiers* Ainsi ^ nous
Sommes inrériéûTS de beaucoup aux Anglais sur ce point.
Berlin a 8,000 mëtiers ; Vienne en Autriche , 8,ooo.
Nous ne parlons pas des fabriques de Moscou , Milan ^
Gènes , Naples ^ Talaveyrà en Espagne , Fribourg 9
Utrecht , CreVelt ^ non plus que de celles de Boulaq y
près du Grand-Caire en Egypte ^ montres à la française
et dirigée^ par des Savoyards élevés à Lyon.
Il devrait exister des règlemens qui défendissent sous
des peines graves de former des élèves étrangers dans
Aos fabriques ^ comme cela se pratique chez nos voisins ;
et les écoles de dessin et de commerce établies à Lyon j
dans lesquelles on enseigne la mise en carte aux étran-
gers comme aux nationaux ^ sont très-impolitiques à
cet égard.
On voit donc que, si une partie de l'industrie lyon-
naise a été exportée dans plusieurs autres villes de
France et même dans l'étranger , elle peut être menacée
d'une décadence prochaine , par suite de cette redou-
table concurrence. La ville de Tours , qui fut le berceau
de cette industrie , et dont Isr fabrique , éminemment
protégée par nos rois , fut si florissante dans le dernier
siècle 9 est encore une preuve du sort que nous avons
à craindre.
Quelles sont les causes qui portent l'atteinte la plus
funeste aux fabriques d'étoffes de soie en France , dans
leurs rapports avec J' étranger ? Nous allons les signaler»
. Ces causes sont les vices de nos filatures , les apprêts
frauduleux que des iileurs et des mduliniers donnent aux
soies pour en augmenter le poids , le décreusage routi--
nier et informe , les teintures fausses , Tassouplissage et
les déchets énormes que le fabricant éprouve sur les
tQies dans lés diverses opérations qu elles subissent; dé:-
( '93 )
drisquî , Cttaugmœtant le prix de la matière première»
d en altérant la qualité , mettent le commerce hors d état
de soBlenir la concurrence avec les autres peuples voisins.
Expliquons plus en détail chacune de ces causes, etc. »
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
( XXIX.® Article ).
lOnCB SDK J.-B.-J. BOSCARY DE VILLEPLAINE (l). '
Je^Baptiste-Josqih Boscary de Villeplaine ^ mort
à Paris le 28 décembre 1 827 , était né à Lyon le 1 2 juin
17S7 , dans la paroisse de Sainte-Croix , d'une famille
IwfflMaUement connue dans le barreau de cette, ville (2).
AVâge de 19 à ao ans, et n'ayant pas encore d'état,
le jeune Boscary se disposait à partir pour les Indes ,
afin d'y tenter la fortune , lorsqu'un frère aîné , b?in-r
II) Voas Mmmes redevable d'une bonne partie de^fl
aalâriaax <fe cette notice à robllgeance de M. Daigaeperse,
{Rffier en chef du tribunal de commerce à Lyon , qui
WA a coramuniqué sur feu M, Boscary de Villeplaine , '
Ht onde maternel , des notes pleines d'intérêt, et que
vnstt'aTons employées dans notre travail qu'avec de très-
%h ehangemens.
(s) La famille Boscary est originaire de Severac en
IwerjHe. Le père de M. Boscary de Villeplaine vint s'éta-
wà LyoB,il y a près d'un siècle, et s'acquit dans le bar-
'OiQDe grande réputation de capacité et de désintéres*
««HkL Son fils aîné , Pierre-François Boscary , mort en
'^ttée 1809, succédai son père ^ il soutint et accrut en-*
^^ cet bonorable bérltage ^ et se distingua surtout par son'
^ conciliant.
Tme FIL lî
( 194 )
quier à Paris , le dAourna de ce projet , le fit venir
auprès de lui , et s'empressa de l'associer à ses travaux.
L'intelligence et l'activité des deux frères conduisirent
toutes leurs entreprises à un trè$*haut point de pros*
përité. L'union Ja plus parfaite ne cessa d'exister entre
eux 9 et la probité sévère dont ils firent constamment
preuve l'un et l'autre , leur mérita la confiance de tout
le commerce.
Dès l'année 1787 , M. Boscary faisait déjà partie
de la iX)mpagnie des agens de change , et se trouvait
possesseur d'une fortune brillante. En 1789 , à l'époque
de l'organisation de la garde nationale parisienne , il fut
fait officier dans le bataillon de la section des Filles Si.
Thomas , et la considération dont il jouissait , autant
que son mérite bien connu , le firent bientôt porter au
commandement, de ce bataillon célèbre , dont la cou-
rageuse fidélité ne se démentit jamais. Ce fut dans ce
poste qu'il eut le bonheur de donner à la monarchie des
preuves nombreuses d'un dévouement qui n'était pas
alors sans péril j mais ce dévouement parut surtout
avec le plus grand éclat dans les funestes journées du :èo
Juin et du 10 août 1792.
La France n'a pas oublié que dans la journée du
20 juin , environ huit mille individus , venus des diffé-
rens faubourgs de la capitale (i) , se présentèrent le matin
(i) Cet elSroyable attroupement se forma' sous l'odieux
prétexte que Louis XVI arait refusé sa sanction , peu de
temps auparavant y à certain décret de déportation rendu
contre les eçclc'siasiiques non sermtntës 9 sur la proposition
des députés Vergniaux , Gensonné 9 Gaadet, Henri Larîvière
et autres. A ce décret en avait succédé un second , relatif
( 195 )
aux gaichets du Carrousel ; ils étaient partagés en deux
bodes , composëes de femmes , d^enfans et d'hommes
nÀ de piques et de bâtons fermés : à la tête de Tune de
06 bandes figurait le fameux Santerre^ brasseur de bière
u Ënibourg St. Antoine i on jeune clerc de palais ,
foomé Haguenin ^ dirigeait l'autre. Parvenue à la grille
jes Toileries , cette cohue de bandits se précipite dans
b oonr du château 9 et va droit aux appartemens*
Lottîs XYI iait aussitôt éloigner la reine et ses enfans ^
et U se présente avec le plus grand calme à ce ic^mas de
brigaflib: leuFS piques sont tournées contre le prince;
àh/orjiMUÂMi iFun camp de vingt mille hommes sous les
murs de Fans, Cette force devait être composée de gardes
vtioiiales fédérées des divers départemens , et parti culîè-
itmeot de ceax da midi de la France 9 où la révolution
éUilphofôl vue fièvre ardente qu^un effet de la raison. Le
roi avait pareiUemeot refusé de le sanctionner 9 et la garde
parisieniie , qui ne doutait pas que les vingt
hommes ne fassent destinés à agir bien plus contre
le momsrijoe et la constitution que contre les soldats de
Pintriclie , à laquelle on venait de déclarer la gnerre ,
mit demandé à l'assemblée qu'il fût rapport'^.
Le premier de ces décrets 9 témoignage étemel de Fin-
ioUnnce dn parti grondin ^ portait que lorsque vingt
citoTCBs actifs d'un canton se réuniraient pour demander
fuVa tcdéstastii/ne non sermenté qnittât le royaume , le
^qpvtonieiit serait tenu d'ordonner sa déportation , si Tavis
^ dtftrict était conforme à celui detf vingt citoyens : danâ
k cas oà le district énoncerait un avis contraire , le dé'-
Ftement ferait yérifier par des commissaires , si la pré-
*^ de recclésiaastiqoe était nuisible à la tranquillité pa-
^>e , et dans ce cas , la déportation serait également
«Joonée.
( «96 )
«lais le courage de quelques fidèles serviteurs ou
sujets du roi , préserve les joujrs de Sa Majesté (i).
Pendant ce temps-là une partie de cette affreuse ca-
naille cherdiait à pénétrer dans la salle où s*était
retirée la reine , avec l'intention de Tassassiner. M. de
Vergennes ^ l'un des oommandans de la garde nationale 9
fait arriver , par Tescalier des Carraches , les grenadiers
du bataillon des Filles St. Thomas , qui se trouvait de
service au château : M. Boscary parait à la tête de ces
(1) Parmi ces honnêtes gens ^ l'histoire nomme M. d' Aubier
de la Montille 9 gentilhomme ordinaire de la chambre du
TOx'y MM. de Yinfrais , de Guinquerlot et de Canolles , et
le brave André Amoult Aclocque , brasseur de bière , com-
mandant da bataillon d'une des sections du faubourg St-
Marceau , qui ^ peu de temps après l'affaire du 20 juin ,
se retira à Sens^ ne voulant plus se trouver sur le théâtre
de la révolution. André Aclocque 9 son fils 9 négociant à
Paris 9 rue St-André-des^Arcs,fut nommé ^ en janyier 1814»
sur le refus de M. de Goutaut-Biroo ^ chef de la onzième
légion de la garde nationale parisienne. Préseuté au roi et
à la famille royale , à l'époque de la restauration , il en
reçut Paccueil le plus distingué ; nommé chevalier de
l'ordre royal de la légion d'honneur, le 19 décembre de la
même année ^ il reçut du roi , le 3i janvier i8i5 , des
lettres de noblesse, ainsi que le titre de baron, avec l'au-
torisation de. joindre à son nom celui de Saint^André. A la
fin de l'année 181 5 , il fut nommé ofiicier de l'ordre royal
de la légion d'honneur; remplacé par M. Larsonnier , en
1822 , dans le poste de chef de la 11.^ légion , il passa dans
Tétat-major de la garde nationale en qualité de premier
aide-major-général , o& il était encore à l'époque du
licenciement.
( '97 )
gens , et , prenant position dans une galerie par
lafodle les assassins devaient nécessairement passer , il
&tt placer en travers une longue table , et il range sa
ptke troupe derrière ce retranchement d*un nouveau
genre. H était temps : la porte est enfoncée à coups de
bcke y les brigands se précipitent dans la galerie, mais
ils Testent interdits à la vue d'un obstacle ^auquel ils-
ne s^attendaîent point , et qu'ils n'essayèrent même pas
de forcer. La contenance ferme des grenadiers leur en
imposa , et Taspect du jeune dauphin , que l'on fit
■Mmier sur la table , sembla adoucir ces tigres altéi^
de sang.
Att 10 aodt 9 ainsi que dans la nuit qui précéda ceUe
fatale fournée , M. Boscary se trouvait aux Tuileries
avec tout son bataillon. L'infortuné Louis XVI ^ accom-*
pagpë de la mne , de ses enfans , de madame la prin*
cesse de liainbaUe , de MM. de Boissieu et de Menoù ,
maréchaux de camp , de MMr de Mailtardoz et de Bach*
mann , offiaers suisses , de M. de Lajeard , ancien mi-
nislre de la guerre , et enfin de MM. de Bridges et de
Poix , passa la revue des troupes réunies pour la dé-
firnse de la monarchie. A la vue du monarque ^ les
tanbours battirent aux champs , les cris de piW le roi
se firent entendre , les gardes nationauit le répétèrent ;
il n^y eut que les canonniers du bataillon de la section
de la Craix^Rouge , qui crièrent constamment : i^tW la
mUum ! En revenant du poni tournant y où était placée
h i^erve , et que le roi trouva dans les meilleures in-
tentions j le malheureux prince fut accablé d'outrages :
^ nouveaux bataillons , mêlés d'hommes arm es de
pifKS 9 s'étant introduits dans les cours du château ,
ciy ayant étouffé les cris de me le roi^ p^r ceux de
( 19» >
çii^ la nation (i), on vînt" œpcndant à bout de les en
Aire sortir, et ils se placèrent sur le Carrousel , dans
une attitude qai montrait assez leurs dispositions hos-
tiles;
M- Roederer, à la tête du directoire du dëpartement ,
arrive alors C ins la chambre du conseil , où était le roi
et sa famille : « Le danger, leur dit-il , est à son comble,
)> et au-dessus de toute expresMon ; la garde nationale
» fidèle est peu nombreuse ; le reste est corrompu , et
» serait même le premier à tirer sur le château ; toute
» la famille royale court le risque d'être massacrée avec
» ceux qui les entourent , si le roi ne prend sur-le-
» champ le parti de se rendre à l'assemblée nationale. ^
Cette proposition déplut beaucoup à la reine ; mais sur
les instances de M Roederer , le roi se décidant enfin à
se rendre à rassemblée avec sa femme et ses enfans , il
ordonna de faire venir les grenadiers du bataillon des
FilUs Si. Thomas pour lui servir d'escorte, Ce fut alors
que M. Boscary , doué d'une grande rectitude de jugement
qui lui indiquait toujours le meilleur parti à prendre
dans chaque circonstance , osa donner à Louis XVI un
conseil qui , s'il eût été suivi , aurait sauvé la famille
royale , et peut-être la monarchie. Ecoutons à ce sujet
M. de Lacretelle , dans son Histoire de la ri^HÀution
française ^ édition de i824«
(i) Les hommes qui , & cette époque , aiFectaîent de ne
faire entendre que le cri de vive la nation^ étaient -ils
moins français que ceux qui se bornent aujourd'hui au
seul, cri de vive la charte? Pourrait-on nous dire quelle
est au juste la diiférence, qu'il y a entre les uns et les
autres ?
( 199 )
« Le roi , détermine à ce funeste parti ( cehii de se
« retirer au sein de rassemblée), fit venir M. Boscary
B de Villeplaine , Tun des deux commandans du bataillon
f des FUtes Sf. Thomas , et lui ordonna de se réunir
» avec sa troupe, aux Suisses, pour lui servir d'escorte
» dans sa marche à l'assemblée. M. Boscary le conjura
» de prendre un autre parti. Dès que Votre Majesté,
1» lui dil-U , se sera livrée , ses sujets les plus dévoués
» ne pourront plus rien pour elle : ne vaudrait-il pas
tt mieux qu'elle choisit ce moment même pour sortir de
» Paris î nous formerions , avec les Suisses , un bataillon
» carré ; nous avons au moins huit pièces de canon
^ à notre disposition : il est vrai que nos canonniers
» ne sont pas sûrs ; mais les pièces seraient servies par
» les Suisses. Les rebelles ne pourront être prêts avant
» deux heures ; je sais que la route de Rouen est par-
v faitement sûre (x). Ce parti serait excellent , reprit le roi ,
(i) Aujourd'hui qa*on juge les choses de «ang-froid , il
est éyident que ce parti était noti-seulement le meilleur ,
mais le seul qui pût sauver la famille royale. Placée au
ceotre d*nn carré formé par les troupes fidèles ^ on serait
ftcilemeot parvenu Ik Gonrbevoie , où l'on aurait trouvé un
puissant renfort dans le reste du régiment suisse. De là
à Roaen la route était libre ; la canaille des faubourgs dé
Paris ne se serait certainement pas hasardée en rase cam-
pagne , et d'ailleurs il était facile de faire venir de Rouen ,
où commandait M. le due deLiancourt, le régiment suisse
de Salis qui s'y trouvait en garnison. M. de LiancourI s'at-
tendait à chaque instant à voir arriver à Rouen la famille
rorale ; la population de la ville était généralement bien
disposée , et toutes craintes Bnissaîent : que de crimes et
de malheurs ont aurait épargnés à la France , si Ton eût
( aoo ) '
n si i*ëtats seul ; mais voyez ( en lui montrant la reizM
» et ses enfans ) les êtres que j'exposerais au carnage* »
Après d'inutiles représentations , M. Boscary dut obéii
9UX derniers ordres qu'ait donnés son infortuné souver&în;
il Tescorta jusqu'à l'assemblée avec les grenadiers de S€>tM,
bataillon , les Suisses et les grékiadiers du bataillon de^
PetUs -^ Pères, Bientôt après commença l'attaque <lu
château par les masses populaires venues du faubourg
St. Antoine et du faubourg St. Marceau , à la tète des-
quelles figuraient le prussien Westermann et le polonais
Lazousky : on sait assez avec quelle lâche perfidie la
troupe de factieux qui s'intitulait assemblée nationale y
répondit à la confiance de son roi , qui avait cru trouver
un asile dans son sein*
Après le lo août , M. Boscary mit tout en usage pour
se dérober aux recherches de la commune de' Paris.
Tous ceux de son bataillon qui eurent le malheur d'éti:e
faits prisonniers , périrent sur l'échafaud y même les
simples grenadiers : il est facile de juger quel aurait étë
le sort du chef, s'il eût été possible aux révolutionnaires
de se rendre maîtres de sa personne. Un décret de mise
hors la loi fut lancé contre lui ; il erra long-temps
dans les environs de la capitale , caché chez d'honnêtes
fermiers de sa connaissance , ayant toujours des armes
su prendre ce parti f En 1567 , une niauceuyre semblable
sauya le roi Charles IX , sa famille et toute sa cour. Placés
au milieu de la garde Suisse , ils se rendirent de Afeaux
à Paris et bravèrent toutes les attaques des huguenots qui les
harcelèrent inutilement Arrivé dans sa capitale , Chartes IX
dit : Sans Monsieur de Neniours et mes bons compères les-
Suisses , ma liberté et ma vie étaient en grand branle.
( «>I )
or Im , et bien détermine à vendre chèrement sa
ne. Un noarcKand de vin de Beaujeu , avec qui il
ftût lié, Tint le prendjre dans une ferme où il s*ëtait réfu*
ffé pris de Senlis ; et ^ après lui avoir fourni les moyens
de se déguiser en garçon de marchand de vin , il le con*
diBsit dans le Beaujolais. A laide d*un faux passe-port f
et tou)ours bien déguisé , il se rendit à Lons-le-Sâunier »
sacbanl <(u*il y trouverait des facilités pour passer en
Suisse.
IkTiivé dans cette ville ^ il se présenta chez une mar-
doande de bas qu'on lui avait indiquée comme ayant déjè
foarm des guides à plusieurs Lyonnais forcés de s'expa-
trier. Après avoir fait Templette de quelques paires de
bas , il s'ouvrit à la marchande sur le service qu'il en
attendait ; mais cette brave femme , craignant sans
doute d'avoir affiiire à quelque traître , lui répondit qu'elle
ne savait pas ce qu'il voulait dire , et que jamais elle ne
s* était mêlée de services de cette nature. M. Boscary
ëfant venu cependant à bout de la rassurer , elle lui dit
alors de descendre dans la rue , et qu'avant une demi-*
heure il verrait passer une femme avec un panier sur ia
têic : Yous ne lui pirlerez pas , ajouta*t-efle , vous vous
GODtenterez de la suivre à trente pas de distance , et elle
vous conduira dans un endroit où vous trouverez des
giûdes. Transporté de joie , M. Boscary crut donner un.
témoignage de sa reconnaissance à cette bonne femme ,
en lui offrant de l'argent : Je suis assez payée , lui dit-
eOe^ par le petit bénéfice que j'ai fait sur le prix des
bas que ;e y\eï\s de vous vendre , et il ne fut pas possible
\ M. Boscary de lui rien Ëûre accepter de plus. Il est à
ngretier que le nom de cette digne femme se soit perdu';
i7 est plus que probable que beaucoup d'autres de nos
y
( 202 )
ocimpatriotes loi ont àû leur salut dans ces temps désas-
treux , qu'il faut espéi'er que nous ne reverrons pas.
Au bout d'une demi-heure , la femme au panier vint
efiectivement à passer. M. Boscary la suivit sans rien
dire ; elle le conduisit à près d*uhe lieue de la ville , dans
une maison isôlëe , où il trouva les guides qu*il dësiraît.
Ces gens-là étaient des contrebandiers de profession ,
qui faisaient alors le métier beaucoup plus noUe et plus
périlleux de conduire hors de France de malheureux
proscrits. M. Boscary se mit en marche avec deux de
ces hommes ; ils étaient tous les trois bien armés : la
marche fut longue et pénible ; presque toujours elle avait
lieu de nuit , à travers les bois ; ils évitaient avec soin
les chemins battus et même les sentiers frayés , afin
d'échapper à la vigilance des postes nombreux répandus
sur là frontière. Âpres avoir ainsi franchi la chaine du
Jura , on arrive un matin à un ruisseau qui formait
là limite de la France ; et lorsqu'on fut sur la rive
opposée , les deux contrebandiers dirent à celui qu'ils
avaient guidé : Fous pouçez à présent danser sur la
cocarde tricolore. Comme ils avaient été charmés de la
gaité qu'avait montrée M. Boscary Ai milieu des dan-
gers et des fatigues de la route , ils ajoutèrent en le '
quittant : En virile , vous avez fair dun bon vivant , ei
Jrarwkemeni , c'eût été dommage qu'on vous eûf guiiiotïné.
Après avoir généreusement récompensé ses guides ,
M. Boscary se rendit chez le bailli de l'endroit , qui ^
sachant son arrivée , l'avait fait aussitôt appeler. Comme
son extérieur n'annonçait pas l'opulence , le bailli lu!
dit : Vous ne pouvez point séjourner dans ce pays ; il
est trop pauvre pour nourrir tous les réfugiés qui se
présentent ;- il faut continuer votre route et passer dans
( 203 ) V
un aatre canton» M. Boscary lui rëp(»idit : Je ne serai
point à charge à votre pays ; je porte sur moi de quoi
payer toute la d^nse que j y ferai. Les restes de ma
fortune sont places à Londres ; je les ferai venir quand
je voudrai ; en un mot , malgré mes malheurs , foi t
encore ceni mille écus au bout de ma plume. Âh ! mon-
sieur , lui dit le bailli , en changeant de ton , vous
pouvez rester chez nous tant que vous voudrez , vous
nous ferez honneur et plaisir. Cette petite anecdote aem**
Uerait confirmer le reproche qu*on a fait aux Suisses d^
n*avoîr pas exercé envers nos malheureux compatriotes
une^ hospitalité bien désintéressée ; mais il nous parait
plas raisonnable de ne pas juger une nation entière
d*après un individu , et nous aimons à croire que beau-
coup de Suisses ont fait preuve, à cette époque, de
sentimens nobles et généreux.
M. Boscary passa presque tout le temps de son exil à St**
Gall. Après la révolution du 9 thermidor an 2 , il quitta la
Suisse et vint k Lyon ^sà ville natale ; if y passa près
dune année, au milieu de ses parens et de quelques
anciens amis , qui tous , par les soins les plus affec-*
tueux , s^empressèrent de lui faire oublier ses mal-
heurs. Ce fut à cette époque que son frère de Paris vint
le rejoindre avec toute sa famille ; leur entrevue , après
une si cruelle séparation , fut des plus touchantes. Bien-
tôt M. Boscary retourna dans la capitale , où il reprit
son état d'agent de change , et s'occupa de rétablir sa
fortune ; mais en 1797, il eut la douleur de perdre le
frère chéri auquel il devait tant. Il acquitta noblement
sa dette envers^sa veuve et ses enfans : son active solli-^
<iiude ra^mbla les débris de leur fortune , et il sut en
tirer le meilleur parti possible dans leur intérêt ; il vécut
( 204 )
toujours du milira d*eux , et fut constamment l'objel
de leurs affections les plus tendres.
En Tannëe 1808 , il parut au conseil d*ëtat pou^
y défendre les intérêts de la compagnie des agens dé
change dont il avait été nomme syndic par ses col-
lègues^ à l'ëpoque où cette compagnie fut organisée.
Dans cette séance , M. Boscary sut exposer avec tant de
raison et de clarté Taf&ire sur laquelle le conseil avait
à prononcer, que le chef du gouvernement d'aloni 9
qui discfuta long-temps avec lui , se rendit enfin , et
fit droit à toutes ses propositions*
En janvier 1814 , à Tépoque de ta réorganisation de
la garde nationale parisienne , il fut fait officier dans la
quatrième compagnie du troisième bataillon de la deu-*
xième légion , commandée par M. le comte Louis de
Girardin , aujourd'hui premier veneur de la couronne ,
et frère de Tancien député de ce nom. Il était chargea j
le 3o mars , à Taltaque de Paris par les armées alliées ,
de la défense^de la Barrière Blanche , au-dessous de
Montmartre , et il y courut les plus grands dangers. On
sait que vers les deux heures après-midi , la faible ligne
de troupes françaises. qui tenait la plaine St. Denis , sous
Montmartre , fut obligée de battre en retraite devant un
Aoura considérable de cosaques et de cavalerie prussienne ^
et qu*àce mouvement, les compagnies de garde nationale
et les curieux qui couvraient les hauteurs , se hâtèrent
de descendre et de rentrer dans Paris. En traversant les
Porcherons , quelques gardes ns^tionaux , dont les armes
étaient chargées , les tirèrent en l'air : ces détonations
firent penser aux compagnies qui gardaient les barrières
que l'ennemi était là ; et quand les fuyards s'y présen-»
tèrent , ils les ^couvèrent fermées. Un très-grand nombre
( ao5 )
it os fayards força la Barrière Blanche , et plusieurs
d'entre eux appuyèrent le bout de leurs fusils sur la
loitmie de M. Boscary , qui leur résista long-temps (i).
(i) Habitant de Paris à cette ëpoque , et sergent dans
k compagnie de grenadiers du troisième bataillon de la
onzième légion de la garde nationale , nous ayons assisté k
Taffaire du 5o mars , et nous nous sommes trouvé sur
les liautears de Montmartre , arec notre compagnie , com-
mandée par M. Detains , aujourd'hui secrétaire-général
de Fadoiinistration de l'enregistrement et des domaines.
Ce ne fiit pas senlement le houra de caralerie ennemie
«pi fit battre en retraite les troupes françaises placées dans
b plaine St-Denis et rentrer en ville les gardes nationaux
qui couronnaient la montagne ^ plusieurs pièces d'artillerie
que les alliés avaient sur la droite de la route de Saînt-
Onen , et qu'ils démasquèrent sur-le-champ, déterniluèreut
le nàouremenl dont nous parlons. Le feu de ces piècea
fnt d'nne grande Tivacité ^ les ailes de plusieurs moulins
de Montmartre en furent abattues, nombi*e de personnes
forent blessées , et nous-méme , f a descendant la monta-
gne, nous £iillîmes avoir les jambes emportées pur un
boulet qui vint tomber presque à nos pieds» Quand nous
filmes arrivé & la barrière Blanche^ nous la trouvâmes
ienn^ , comme nous l'avons, dit; mais une femme étant
veaue par hasard ouvrir une petite porte, sur le boulevard
extérieur , dans le voisinage de la barrière , nous nous j
jetâmes avec quelques autres , et nous rentrâmes ainsi
dans Paria. Une très-grande quantité de gardes naltonaux,
k corienz , et même de soldats de la lif^ne , furent obligés,
(sor rentrer 9 d'escalader la muraille de Toctroi.
Ajant, aux approches du ao mars 181 5, abandonné le
futier St-Andrë-des-Arcs pour aller habiter celui de la
fvie Sl-Deais j nous restâmes quelque tcjups suus taira
(206 )
Quand la restauration fut effectuée, les Bourbon
prouvèrent à M. Boscary qu'ils n avaient pas oublie se
services. Présente à toute là famille royale , à la tête di
partie de la garde nationale , et par conséquent exenïp
de tout service. Un tel repos nous plaisait assez ; maL
dénoncé , pendant les cent jours , par un très-singulier pet*-
sonnage que nous avions autrefois connu à Ljon , et qn^i
le hasard nous fit re trouver à Paris , logé dans la même
maison que nous , rae de Clérj-des-Menuisiers , nous re-
çûmes un beau matin y de la mairie du cinquième i|r-
rondissement, Tayis de notre inscription sur les contrôler
des bataillons de tirailleurs qu'on essaya de former poac
la défense de la capitale.
Ces bataillons se composaient de chiffonniers , de porteurs
éteau « de commissionnaires du coin de la rue 5 tons gens
déterminés à vaincre ou à mourir pour la sainte cause
de rhomme Yenu de l'île d'Elbe. Peu disposé à nous
montrer une seconde fois devant l'ennemi ,' et prévoyant
d'ailleurs que tant de démonstrations militaires finiraient
par n'aboutir qu'à ouvrir de nouveau les portes de- Paris
aux armées alliées , ndfcs nous empressâmes de profiter
des dispositions de certaine ordonnance impériale ^ qui
permettait bi tout ancien garde national, habillé , qui avait
cessé de faire pairtie des légions , de rentrer dans celle de
l'arrondissement sur lequel il demeurait. Nous nous pré-
sentâmes donc à l'état-major de la cinquième légion ^
qui nous reçut à bras ouverts , et tout notre service , du—
rant le fameux interrègne^ se borna à une seule garde que
nous montâmes, en qualité de simple grenadier, au poste
de la rue du Caire , le jour de la fameuse assemblée
du champ de Mai ^ et à pousser quelques brouettées de
terre à certiine redoute que le génie fit élever à la bar-
rière de M on treuil.
Vers là fin de juin, le bruit courut dans Paris que les
( 207 )
fedt nombre de grenadiers qui restaient de son fidèle
lataillon y il en. reçut les témoignages les plus touchons
degratilade et de l>ontë. Non-seulement^ Messieurs^
leur dit le foi , /''admire çoire conduite ^ mais je la vénère.
Nommé lùeiitôt officier de Tordre royal de la * légion
d'honneur , BS. "Boscary reçut plus tard des lettres de
Bobiesse qui rappellent ses belles actions et attestent la
reconnaissance du. monarque.
La position sociale de M. Boscary de Villeplaine^
ses Vunières et sa haute capacité dans les matières de
finance ^ pouvaient assurément lui donner le droit de
prétendre à de brillans emplois ; mais telle fut sa mo-
desûe ^ qu îl ne brigua Jamais que des fonctions sans
édaL Simple membre du bureau de charité du second
&o7uiparUsle$ mëditaîent de faire à domicile un masçacre
de \ou& \e« artisans des Bourbons. La crainte d'être
Étssommé par ces excellens Français ne fit pas sur nous
an. effef bien grand ^ mais comme une crise approchait ^
qve notre opinion était connue , que le singulier per^
sonnage , dont le hasard nons avait fait le voisin , nous
iuspirait fort pen de confiance ^ nous prîmes le parti ^
pour éviter tonte espèce de désagrément, de déménager
«A jonr de très-grand matin , et, de la rue de Glérj, nous
^ames denaenr^ dans la- rue Ste«Avoye , en iace de la
dîrectioa générale de Fadministratlon des impots indi-
jnects , où nous avions Thonneur d'être employé. A la
seconde restauration , nons entrâmes , avec notre grade
4e sergent 9 dans la compagnie de grenadiers du premier
Wailkm de la 7.® légion j commandée par feu M. le comte
de Qaëlen , frère de Tarchevéque actuel de Paris , et nous
j sommes resf^ jusqu'à la fin de 182a 9 époque à laquelle
^OBg âToas c€»sé d'babiter la capitale.
( 208 )
arrondissement de Paris 9 sur lequel il demeurait 9 il
fit aussi partie de la commission mixte pour le rétablis-
sement de la statue équestre de Louis XIV à Lyon ; et
ce fut en qualité de membre de cette commission 9 que
le 16 septembre 1825 ^ il signa, avec M. le baron
Lemot , M. le vicomte Héricart de Thury , M. le che-*
yalier Percier et M. le chevalier Quatremère de Quincy ,
le procès-verbal de réception de la statue. Ce sont là les
^uls emplois qu*il ait occupés. Tout entier aux dou*
ceurs de la vie privée , et possesseur d'une très-grande
fortune , fruit d'un long travail et de quelques spécu-
lations aussi heureuses que sagement combinées, il en
faisait l'usage le plus honorable. Marié en 1792, avec
la fille ainée de son frère , il n'eut pas le bonheur d'en
avoir des enfans; mais il regardait comme les siens
ceuit de ses frères et sœui*s , et il vivait au milieu d*eui^
comme un bon père au milieu d'une famille nombreuse
dont il est vénéré et chéri. Comme il s'occupait sans
cesse du bonheur de ceux qui l'entouraient, chacun d!euac
à son tour , cherchait à contribuer au sien ; aussi a-t^îl
vécu heureux autant qu'il est donné aux faibles mortels
de l'être ici-bas.
Plein d'affection pour sa ville natale , on le vit tou-
jours accueillir avec empressement ceux de ses compa-
triotes qui se trouvaient à Paris; propriétaire du château
de La Grange , qui jadis avait appartenu au maréchal,
de Saxe , il y conservait avec un respect religieux tout,
ce qui pouvait rappeler le souvenir de cet illustre guer-
rier (i). Après quatre jours d'une maladie qui d abord
(i) Cette belle habitation est située à cinq lieues de
Paris, sur une hauteur qui domine Villeneuve-Saint-Georges.*
( 209 >
naTaît pas donné d^inquiëtude , il est mort le 28 ié^
cembre 1827 , âge ^e 70 ans , 6 mois et 16 jours. Ses
obsèques ont eu lieu le lendemain dans l'église de TÂs-
Mmption , sa paroisse , et sa dépouille mortelle a été dé*
^osée au cimetière du P. Lachaise , où elle a reçu les
honneurs militaires. Le convoi était nomb^eux : M.
Dogas - Montbel , notre compatriote, qu'une ancienne
iHiitié lie* à la famille' Boscary , a prononcé sur la tombe
du défunt un discours du plus touchant intérêt (i).
Feu M. Boscary de Villeplaine était le cadet de huit
en&ins. II avait fait de très-bonnes études , et il avait eu
L'architecture du château paraît être du siècle de Louis XIII.
La salle des gardes du maréchal est extrêmement remar-
quable par sa beauté et son étendue. Nous j avons vu soa
haste et celui de la célèbre Lecouvreur^ dont on connaît les
lîiâsoDs ayec loi.
Daos le nombre des immeubles possédés par M. Boscary ,
3 en est un , sitné dans notre département , et qui mérite
«ae mention particulière. G*est la belle ferme de Joug qui
ii!est qu'à un qnart de lieue de Villefrancbe ; son vrai nom
est Joug^Dieu : Torigine de ce nom est assez singulière et
peut servir à faire connaître lea mœurs et l'esprit de nos
boas aïeux. An la^ ou i5^ siècle, Guichard^ sire de Beanjeu^
était possesseur de ce domaine j dans son testament , écrit
en assez mauvais latin , il raconte qu'il a vu en songe cette
terre kbourée par une charrue que traînaient six véné*
raUes moines de l'ordre de Saint^Bernard attelés k un
0» ^. Le bon Guichard regarda ce songe comme un ordre
/du ciel et donna cette terre à l'ordre de St-Bernard ; de-
pab lors elle fat appelée Joug-Dieu»
(i) Ce discours , dont nous avons profité en quelques
endroits ^ a été imprimé chez Firmin Didot 9 en uno
feaîUe in-4.^
Tome FIL i4
À
, ( aïo )
pour professeur àe liiëtorique M. Tabbë Gourbott , mari
. grand- vicaire du diocèse de Lyon , il y^ peu d'années*
Sa mémoire était des plus heureuses. Quoique le tour-
billon de$ al&ires ne lui eût pas permis de donner beau*
coup de temps à la littérature » sa conyiersation n'en
était pas moins celle d'un homme instruit , d'un esprit
cultivé ; il citait souvent , et toujours à propds , les au-
teurs classiques : ceux qu'il préférait étalent Corneille et
Cervantes ; il lisait le dernier dans sa langue » car il
possédait parfaitement l'espagnol , l'ayant appris à Tâge
de 22 ans , dans un voyage qu'il fit en Espagne. U
était d'une taille médiocre , mais fortement constitué ^
*ët l'âge lui avait donné beaucoup d'embonpoint Un cer-
* tain air de ressemblai^ce avec le fameux George Cadoudai^
* le fit arrêter en 1 804 , dans le jardin des Tuileries ; mais
'la méprise fut bientôt reconnue. La manière .dont il a
disposé de sa grande fortune , fait autant d'honneur à
son jugement qu'à la bonté 4e son cœur : aucun de ses
parens n'a été oublié ^ ^ les pauvres ont également eu
* leur part du riche héritage qu'il a laissé.
"*»■ ■ s
STATISTIQUE.
EsSJMS HISTOBIQVÉS WT la ▼iil« de L70B , oa description par ordre
elphabétif«0 def ^ue/eiîersj places, mes et monamens de ceftte
▼ille.
Ahboise ( rue d' ). Cette rue ouverte en 1791 à travers
l'ancien cloître des Célestins, aboutit du quaii de ce nom
% la rue St-Louis. Elle contient 9 maisons , 97 ménages
oïlf ^pulàlîoii de ^296 individus ^ ^ 7 ateliers de soierie
oocopant 1 3 métiers*
Le nom qu'elle porte lui a été doiyië eti mémoire • du
faneox cardinal George d'Amboise , ami et premier mi*
antre dn roi Louis XII ^ mort le 2a. mai r5io ^ âgé de
5o ans ^ dans la maison des religieux cëlestîns qa*il avait
œaïklés de. faveurs t $on corps fut transporté ^ Rouen
rà Von toit encore le mausolée qui lui fut élevé dans
là caûiédirale ^ mais son coeur resta déposé dans Téglise
du dMivmt où il était décédé^
Ajcinis (rue): Cette rue, domnde la précédante ^ a été
Ottverte en 1791 9 sur l'anden emplacement qu occupait
le monastère des religieux célestins ; elle aboutit du quai
I la place de ce nom. On y trouve 2 maisons, Sa mé-"
nages â iio individus. Avant i8i5 , elle avait reçu te
nom de Tue HÈgypte , par allusion à ce qu^à son retour de
cette contrée, en Tan yxii (i7S)9)),Bo<]pia|rart^ V'gi^ d^ns
iTidlei des Gfiestins qui avait une .-efitré^ sw ^X\^ fu^
C'est depuis la restauration qu ell^ a échafl^ œ nom
oooire celui SAmédée , pour rappeler qu^ .ce fut Amé*
dée VIII , duc de Savoie , ensuite anti-pape,, spus le nom
de Félix V, qui donna eil 1407 au^ r^ljgieux célestins ^
pour y établir un monastè]:e , l*ançi^ne pisuaoà 4^s
chevaliers du temple (i) qui se trouvait dap^ ce qiw
iX) Voràte des templiers avait été supprimé en i3it
par le concile de Viçnîie , et une pqrtie de lears biens
«fût été réunie à ceux, dç l'ordre de StF-Jean dé .jç^rusaw
km, plus cotinn sons le nom d'osrdre de Malte •) les comtea
deSaroie âraient ensuite traite avec ces i^onyeaux^osses-'
<^ e^ avaient ^^^ leur palais d«(asla maison du temple#
jlier ) soùs la condition, qu au cas d'extinction de Tordre
des Cëlestins , cette propriété retournerait aux ducs de
Savoie. Cette clause, dans la donation , aoccasionë le
grand procès que M. de Montazet , archeréque de Lyon j
soutint et perdit contre le roi de Sârdaigne , quelques
années avant la révolution, lors de Textinction dudit ordre.
Ânb (rue de P). Elle conduit de la rue Luizerne i
la place St-Pierre, et se trouve tracée au plan de 1740
telle qu'elle existe encore à présent.
On ne connaît aucune étymologie particulière du
nom assez peu relevé sous lequel nos ancêtres Font
désignée. Il est à croire que, cette dénomination lui est
venue de ce que, dès l'origine, elle a servi, comme au^
Jourd'hui , à l'attache des bétes de somme ; elle est forisëe
de 6 maisons, qui sont habitées par 21 ménages , com-
posant un total de 61 individus,
Ànûb ( rue de V ). C'est Une petite rue qui ai son en-
trée sur le quai de Flandre, et qui aboutit à 1 embranche-
ifneht des rties dé t'Ours et de Noailles ; son' percé paraH
très-^ncien , et sur le plan de 1740, elle était' désignée
- — —— ^j- — • . ■ — ■ I j , j ■ , i_
Ce fut Loais , fils et successeur d^Âmé ou Am^dée Vill ^
qni^t bàtii* réglîse. Il moarat danë le couvant en i465*
Son cceur et ses entrailles furent inhumés devant le grand
autel. LUnsctiption en rers latins qu'on avait mise s«r -êotn
monument et que le P. de Colouia a rapportée daps çon.
Histotre littéraire de Lyon ^ tom. Il , pag. 4^7 9 ajapt été
détruite par les protestans , on' j substitua celle-ci : Ici est
le cceur de Louis , duc second de, Savoie , qui décéda à,
Lyon , Fan M CCCC LXV. Voy. Colonia , loc. cit. èl la
Description de Lyon (par André Clppasson) , 17419 ta-12 9
pag. 55-34, • B. •
)
Ions \e nom de rue iw CtuwbonSlanc ; on ignore I^^ty*
«ok^le de celui qu'elle porte aujourd'hui ; il y existe '7
Baisons 9 4!î ménages , m individus, 17 ateliers et 24
Biétiers pour la fabrication des étoffes de soie*
AiTGEs Cn^ont^e des). Petit chemin extrêmement ra-
yîde qui commence au haut de la montée des Capucins
ct^aboutil à Fourrières; il est bordé à droite et à gauche
par des nors de clôture et notamment par ceux d^ Tan-
oenoe aaison des Lazaristes ; il n*y existe que 2 maisons^
5 fliéiiages et 35 individus.
Cette montée se nommait autrefois de Langes^ et soit
par corruption , soit par une allusion triviale à la roi-.
drar de sa pente que le peuple comparait à celle de la
montée du paradis , on Va appelée des Anges : il y a,
Ceu de présumer que sa déndfaiination primitive lui venait
du. président de Langes dont les propriétés s*itendaient
toute cette partie de lancienne ville. ,
On y remarque la maison de M. }'aU)é Caille , cha-*.
[ne d^boaneur de la métropole. Cette maison qui a
sppartefnn à la famille d'Albon , est placée dans une ex^.
position magnifique : de la terrasse qui en dépend , on
domine toute la ville, et la vue s*étend sur tout" le Dau-
phiné jusqu'aux Alpes. .
La maison Caille a été honora de la présence de S. S
Je foft Pie Vn, qui s'y reposa, le 19 avril x8p5 , en
aoniant à Fourvières , et qui , de dessus la ten*asse
ènl OOU5 ayons parlé , donna sa bénédiction apostoli-
fie â /a ville de Lyon.
Ob a découvert , il y a quelques années , dans cette
h& propriété 9 «n réservoir antique d'une assez grande
itmàue et dont les murs , d'une forte épaisseur , sont
( «4 )
reVéiiis d*tin dmènt parfaitement consèihré ; \à toli^nt^
de "eette construction et les précautions prises pour soiiF
éxecution ne permettent pas de douter qu^elIe ne soi^
louvrage des Romains. Le soin 9 on peut même diref
l'élëgance, avec laquelle, le fond de ce réservoir est payë^
est surtout digne de remarque : ce sont de petites bnr*
ques carrées , de trois pouces de long , sur un pouce et
demi de large, posées à bain de ciment et disposées entre
elles de manière à former des angles qui se pénètrent.
Ce compartiment qui se retrouve souvent dans les pavés'
antiques est toujours d'un très-bel effet, lié réservoir
dont nous parlons a été voûté et transformé en ca^e
par le propriétaire actuel.
Vis-à-vis on trouve la maison de M. Bernardin «
dans le clos de laquelle est' le pavillon Billon , ainsi ap«,
pelé dû nom de celui qui Ta construite.
^ De cet endroit on jouît d'un point de vue encore plus
beau que de là maison Caille ; car non seulement on
découvre la ville de Lyon et lé Dauphîné jusqu'aux
A'ipes , mais ^hcore toute la coTiine de Sl-Sébaslîen , les
Chartreux et les. rives de la Saône jusqu^aux environs
de rile-Barbe, . '
Cette maison, qui parait très-ancienne, pourrait bien
être cçlle où se tenaient , au cQmmencemeni du i&^
siècfe , ces assemblées académiques qui réunissaient les
Symphorifen •Champiei' , les Dôlêt, les Voulté, etc. (i) >
(i) Il s'agit ici de la célèbre académie àtt Foornères.
Soua obt^rveroof ^u'îl n'est pas certain que les' hommes
de lettres qu'on nomme en cet endroit aienft ùàt partie de
ces réunions , quoique la pkipart de nos historiens le disent
expresçëment , et entr'aulres le P, de Colonia (Hist.liU*
et qui . a appartenu ensuite à Nicolas de Langes , pre-
niier président et lieutenant-général au présidial de Lyon,<
de Ijyon , fôm. H , pag. /fi6 et suiv. ) , qa^on croirait avoir
eii des mémoires particuliers sur ce sujet. Le seul monu-
ment authenftîque qui nous ait été consenré de Téxistence
de cette académie, est ane lettre d^Hambert Foumier,
dlitée de t5o6 , adressée à son ami Symphorien Cbampier^
imérée à la suite d'un recueil d'opuscules latins de ce
même Champîer, imprimé à Lyon l'année suivante ( yoy.
^rehfpes du Rhéne^ tom. III, pag. 400) t ^^ 9^^ 1^ P* ^é-
Destrier a presse entièrement traduite dans sa BihUothéq.
cmnetue , Tcéroux , 1704» d Toh in-12 , tom. Il 9 pag. 120-
126. Maïs , dans la lettre dont il s^'agit , H. Foumier ne '
déngne , comme assistant aux assexAbléès littéraires de
Fourrières , que le médecin Gomsalye de Tolède ( et non
de Cordoue , comme le dit , par dbtraction , M. Fortis 9
Voyage pittoresque de I^on^ tom. II , pag. ' 555) , origi-
aaire d'Espagne , élu pour le roi en détection' de Lyon ^
auteur de plns'ieurs nuTrages aujourd'hui oubliés , .et un
diéologien nommé André Victon, qu'il appelle son Sacrât^
et dont il exalte avec emphase les Tertus et les talens. Par
ane antre lettre 'insérée au même recueil et datée aussi de
i5o6, H. Fournier nous apprend qae Jean le Maire de
Be^es , poète et htstoi^ien , dont on sait que *Clédent Marot
fat le 'disèi^le , arait* assisté, quelque temps auparavant y
anx exercices académiques de Fourrières. Ce èônt là les
seuls membres dé cette académie qu'il indique et qui nous
soient connus. Symphorien Champier ne pouvait en être ;
ear autrement son ami ne lui aurait pas envoyé la descrip-
tion détaillée du lieu t>ù se tenaieat les assemblées et; ne
loi aurait pas rendu compte des exercices auxquels on
l'y livrait. Quant àVoulté, il ne vint qu'en t556 àLyon,
aà il séjourna oiviron deux ans j et Dolet qui y vint aussi
en 1570^ « Le liéa où ils s'assemblaient, dît le P. d
» Colonia ^ Hisf. liiL de Lyon , tom. II , pag. 4^7 9 ^tai
Teirs la même époque , n'ëtait pas encore aa monde y lofr»-
qae Fournier ëcriyait les lettres qae nous Tenons de citei'
puisque ce célèbre imprimeur ne naquit qu'en jSoq» V<Milt4
nous parle bien de plusieurs gens de lettres qu'il Tojai
fréquemment à Lyon , tels que Jérôme Fondulo, Chris toplH
de LonguetI , Villeneuve , Guillaume du Ghoul , GaiUaanu
et Maurice Sève ^ Benoit Court , les Fournier , les da Pey-
rat , etc. ; mais nulle part il ne Adt mention de réanîooi
académiques proprement dites 9 et encore moins de n^oty
nions de ce genre qui eussent lieu à Fourrières* Ce n*est
que par une conjecture purement gratuite que Colonia et^
après lui , tous nos historiens , sans en excepter un seul ,
supposent que presque tous le^s littérateurs qui étaient à
Lyon dans le seiûème siècle , ont fait partie , ensemble
ou successivement , de l'académie de Fourvières. Poùllin
de Lumina ^ Abrégé chronolog. deVhisU de Lyon 9 p. 1879
en donne une liste assec nombreuse , où l'on voit figurer 9
outre les personnes que nous avons nommées , Louise
Labé , Clémence de Bourges , Pemette du Guîllet, Claudine
et Sibylle Sève , le poète Girinet , Paterin , Clément Marot,
etc. Du reste, l'académie de Fourvières 9 si toutefois elle
mérite ce nom , n'était qu'un cercle de quelques amis qui
s'occupaient ensemble de littérature 9 tel qu'il y en a eu
dans tous les temps qui ne furent point des époques de
barbarie ^ mais il y a loin de là à une académie semblable
a celles qui existent de nos ^ours ; institutions permanentes^
.assujetties à des statuts et autorisées par le gouvernement»
11 n'est pas non plus bien certain que la maison possé-
dée depuis , vers la fin du seizième siècle , par le président
de Langes y appelée de son nom l* Angélique , où il ras~
sembla beaucoup d'in6ci*iptîons et de monumens d'antiquité
et où il recevait volontiers les savans et les gens de lettre»^
( 217 )
B xmtt assez, belle maison j au-dessus de Tëglise de Four-
9 TÎères^ qui était un reste du palais des empereurs: on
a la nomma depuis \ Angélique , parce qu*elle fat ac-*
9 ^ise par M. de Xanges , premier président et lieule^
B nant-gënéral du prësîdial de Lyon. » Ce passage d'un
historien rapproche du i6/ siècle , nous semble' propre
à appuyer Topinion que nous ëmetions ; du moins il
jrlruîl oomplèteinent ceHe d'un écrivain plus moderne
qui a prétendu que V Angélique était située sur la place
lie VAntîquaillë 9 ce qui serait incompatible avec la ver-
sioD du P. de Golonia qui place cette maison au-dessus
ée Foumires.
La maison Bernardin , bâtie sur les restes, du. palais
f AnloniB ^ qoi courrait tout le plateau de .Fourvières ^
pourrai ausM , selon quelques auteurs , avoir été le chft*
leau de Bussy ou Bucy, dont il est tant parle dans le»
anciens litres de 1004 sous Adhémar, abbé de St-Jusl
et sous Burchard , archevêque de Lyon , et qui disputait
alors d'ancienneté avec- celui de Pierre-Scise.
. Il SàxA tootefcMs accueillir cette opinion avec d'autant
•oit la même que celle où , au commencement du même
siëde , se réanissaient Humbert Foumier et ses amis Gon-
sahc de Tolède et André Victon , pour s'y livrer à Fétude
et à des entretiens scientifiques.
5oas donnerons peut-être , dans nn mémoire particulier^
\ ces idées jetées rapidement ici , le développement qu'ettes
BOBS paraissent mériter , comme étant relatives à un des
fotnts les pins curieux de ' notre histoire littéraire , et
Moune fournissant l'occasion de rappeler tous les souve-
nirs qui nous restent de plusieurs personnages distingués y
aés ou ajanf vécu dans nos murs. B«.
( 2i8 y
plds de (»roohspection , que les titres ies i3.* et j4«
siècles ne contiennent rien qui paisse Tacaécljiier et dé
signefvt seulement cet emplacement ioos le nom de Cr&i/.
ou Groiie'dé Founnèf]es j à cause , sans doi^.^ des cave
et des toutes qui s*y trouvaient. Dans le plan de i55p
elte ââil appelée le Capot ^ nom qui signifiait aussi ui
endroit secret et retire.
Cette maison est appuyée sur un mur romain qu
paraît avoir appartenu jadis à un édifice considérable
Blalheureusement Tétat de dégradation Sans teqilel «
ft^Mye maintenant ce vieux vestige ne permet pas ik
décider s* il a fait partie du palais des empereurs ou de;
remparts de Tantique Lugdanum.
Les restes d*aqueducs que l'on ranarque dans léa
maisons Caille et Bernardin, ont dû appartenir à celte
longue file d'aqoediics qui amenait tés eaux jusqu'à et
ÉnètBt :^kis où il.parait qu'il existait un- vaste i^rvoîr.
' ÂKGES (rue des). C'est une petite rue qui part dto
l'extrémité de celle de Trion et aboutit à celle des Gbe-
vauc^OTs ; quoiqu'elle suit tracée sur le plan de 1740 ,
l'étymologie de son nom est inconnue.
Il y existe ig maisons, 31 ménages, log individus,
i3 ateliers et 26 métiers pour la fabrication des étoffes
de soie. •
• ip^Gi^K (rue de 1'). C'est une rue fort étroite qui a
aaù ouverture sut le quai de Flandre et aboutit à la rue
de l'Arbalète* Sur le plan de i5So ^ elle porte le nom
de VAngêUe. Quoique fort IdngUe , elle ne donne issue
qu'à 8 maisons , les autres ayant leur entrée sur îa place
de la Boucherie de Saint-Paul et sur celle dé râncienrie
Douane; il y existe 4*7 ménages, 182 individus, 18
itefiers el 43 mëliérft pour la fabricaticm' des ëtoffes de'
Dttiant les 6haléuts,àld'exhale de cette rue une odeur
Bosaboode^ qui provient de quelques ateliers de fon-»
4eiiis de salf et de mëgissiér^ qui y sont relègues : son
peu de largeur ylet ligne Courbé qu^elle décrit; la grande
àmteur des Hiaisons la rendent très*-malsaine.
* * m
ABG1.SS (rue des Deux)* Ce|te rue aboutit de la
^bce de b Croix^Paquet à c^Ue des-Pénitens-de-^la-Croix;
Son oBTertute » ainsi que celles de» rues adjacentes , n^
wemoote pas du-delà de 5o ans.
Le nom qu'elle porte fait allusion à ce que fonnan|
CD quelque sorte une ile dt ^timens cnti«e la rue Royale
et le îaidin djx grai^ sëminafre,. chacune de .ses. deux
extrémités se termine par un angle double* £lle n'a
i]a*anè Aigcv^ de tnaisons , le £Ôté opposé étani borné
par le mur de clôture dudit )ar4in. .1) n-existe qu»
5 nuisons gai y prennent, entrée, les autres domiaiit
sur. la rue royale ; o|^ y compte 5o ménages ,. 174 iodip
TÎdus 9 5 ateliers et \o métiers de la fabrique d'étoffes
de soie. Elle est habitée en grande partie par le haut
ooilunerce et ne renferme, aucun monument digne de
remarque. L'ouverture de celte rue se liant au surplus
do quartier St-'Clair , nous y reviendrons avec quelques
àêsSs , lorsque nous aurons k entrelieair Mé. lecteurs
èe la création toute moderne de t^ magnifique; qwârtier«
Akgoui«âh£ (cours d'). C'est ainsi que la partie du
foai du Rhône , qui , dans la directipn du norçl au midi,
lélend de la plaoe de la Charité à la barrière Perrache ,
4 été noniinée èh^ i?i5 , en commémoration du séjour
çiefil à Lyon , à celte époque, S. A.* R.le duc d^'An-
( 220 )
gouléme , deveiiu depuis iors M. le Dauphin. Plus an
ciennement on Ta appelé quai de lalCharité^ et penda
quelque temps cours Napoléon. Les constructions et 1
population y ont pris un accroissement notable en
d'années. On les. portait, il y a d^à quelque temps, à 2
malsons, 187 ménages, 734 individus, 84 ateliers e
228 métiers pour la fabrication des étoffes de soie.
C'est sous l'administration de M.*Sain-Rousset , baron
de Vauxonne , comme maire de la division du midi , que
fut conçue l'heureuse idée d'embellir le trottoir de ce
quai d'une large allée d'arbres. Plus tard , sous la mairie
de M. le comte de Sathonnay, le quai fut exhaussé et
pavé.
Les principaux édifices qui bordent le cours d'Angoa-
léme sont l'hospice de la Charité , la caserne de la Nou-
veUe^Douane et la manufacture royale des tabacs.
Ces momimens qui 'se distinguent pIutAt par leurs
masses que par leurs détails , contribuent à Tembellisse*
ment de ce quai , le plus remarquable de Lyon après le
quai St-m:lair. La façade de l'hospice de la Charité n'est
point encore terminée , et il n'est personne qui ne forme
des^ voeux pour son prompt achèvement. Lorsqu'en
présence de cet édifice , dont on s'arrête à contem-
pler, le magnifique paysage et Timmense horizon qu'on
découvre de cette rive du Rhône , et qui n'a de bornes
que les Alpes et les pitons du Pilât, on ne peut' qu'ap-
plaudir.- aux efforts réunis que font lé département ^
la ville de Lyon et la Guillotière , pour contenir enfin ,
par une digue puissante le cours majestueux du fleuve
dans son large bassin (i), et surtout pour le ramener
(i) Cette digue 5 entreprise sur les plans de M. Fàyier j
( 331 )
ao bord da pené dont un immaise banc de graviers
sonblalt devoir bientôt le séparer pour toujours.
n existait autrefois dans les bâtimens de la Charité ,
BA coUëge. royal de chirurgie* Les-^moyens abohdans
d'instraction que nos grands hôpitaux offrent ,. depuis
kng-t^ps, à la chirurgie, et qui ont puissamment con-
tribué à ta haute réputation dont cet art jouit à Lyon ,
èâertninfarent liouis XVI à ériger le corps des chirur-
çens de œtle ville en collège royal , par lettres patc^ntcs
en fonaede déclaration , portant règlement , données à
Versailles le 6 îuillet 1775 et enregistrées au parlement:
Les mêmes lettres patentes interdisaient Texercice de la
dûrargie , dans la ville de Lyon et dans le ressort de la
lèiédiaussée^'à quiconque A*était pas membre de ce col-*
1^ ; cette institution a fourni des praticiens célèbres
Ids que les Laurès , les Pouteau , les Parisot , etc. ; elleia
âé èéliuUe lors de la révolution. Plus loin , aussi sur'lé
ooars d'AngouVème, on voit lacastei^e nommée k Nou-
velIe-IXNiane. Cet édifice avait été coiistruit peu d'anhéés
avant la révolution , siir les dessins ét^ sous ta direction
de rarciutocte Dupoux , poùp servir d'hôtel des Fermes ;
Tonplaoeinent sur lequel il est bâti dépendait de Thos-
pîce de b Charité j et le gouvemenietit en fit TacqUisi^
tba, moyennant une rente de iS^ooo fr« par an , qu'il
denit payer à cet hôpital. La /évolution étant surtenue,
et la r^e des fermes ayant été supprimée , le Mtimettt
dont BOUS parlons futf provisoirement employé au logé-^
aent des troupes composant )a garnison ^ et depuis , il &
clé définitivement affecté i cette destination , à laquelle
î^éiiiear en chef du département , se constrtiit sous la
diiectîon à» M* Blotidat , ingénieiir ordtnai«*e.
( 5^22 )
le rendent très-^propre sa vaaie capàcrlë et la saluDrîf^
de sa situation*
Le bâtiment occupé par la maniifactare tbysle -de^
tabacs , qui termine le cours d'Angoulêfiie au midi , t
été construit) en 178S ou 1789 5 sur les dessins de fei
M- Thibière^ pour MM. Picot et Fazi^ nëgocians getie*
vois ) qui y élevèrent une indiennerie; En 1794 , eel
étaUissement passa dans d'autres mains ; postërieure^
ment il fut loué à M. 'Teissier , qui y forma une fabrique
de tabac. Mais en i8jo ou 1811, lorsque le g/tmiettite^
ment remit les tabacs en régie ^ il aicheta rétablisseniertf
dô M. Teissier et y plaça la manufacture royale des
tabacs telle qu*on la voit aujourd'hui.
Cet ëtablissera/ent ne laisse pas d'être de quelque ée^
cours dans une ville aussi populeuse que celle de Lyoi^ ,
à .cause du grand' nombre d'ouvriers des dent sei^ et
de tou^ âge qu^ . y SQnt occupa. Lé gouvernement -a
acbelé , en i8m , un emplacement atlmaiit ^ su^ lequel
il a fait, des censtructionâ pour ragratidissement des
m2^;^ns 4^ cette riche exploitation. ' ''*
Noi^s ne sauricttii^ terminer cet article éans rappeler î'à
la gloire de Tarmée ' lyonnaise , un beau fait d'armes
qui commença ^ le 39 septembre 1793, sùv l'èmplàéle-*
ment où se joignent lesi cours d*Aagoutéme et du Midi.
Les Lyeuiiai^^chaasé^ de Perrache, par -la surprise^
tout lecoteavi 4e7St^EQy :et le passage, sur le pont de 4a
Mulatière des troupes de Javdgues, fujraient en dé^rdi^
vers ]a ville ^ lorsqu arrivés sous les murs de là nfanu-^
facture de tabacS:, iU y furent ralliés par M. de Gha^
poaay^firère de M. le marquis de Chaponay de Bcaotten.
Quoi()ue incarmu. , sans tilve çiilU^ure et d*autant plos
étranger au piéûçr d^ armes qu'il se destinait alors à
rëlat eodësiasiîqué , M. de Chapoiiay montra tn cette
occasion de quel pouYoîr sait s*emparer ^ dans un danger
imminent j un homme de cœur et d'une forte r^lution«
Ce fut là 9 qu'un moment après , se rassembla la
cavalerie lyonnaise qui , conduite par Prëcy ^ exëcuta
sur Tallëe Perrache une charge hasardeuse et meurtrière:
en même ifi«qp#)^ l'infanterie ayaiH à sa tâte M. .de
Montcolomb , neveu de Prëcy , s'engagea dans le milieu
de l'tfe .Perrache , du côte de la Saône ^ et se porta
)usqu'aux dernières maisons de la diaussëe , pour couper
la retraite au bataillon de l'Ardéche qui y fut écra$ë«» La
iàiUesse de cette position , qui eût été k peine tenaUe $
s! Tordre qu*on prétend avpir été donne poqr faire 3auter
le pont de la Mulatière , eût été exëculë ^ força les Lyon*
nais, à 9^ xetirer sur la li^e où ilf avaieptété r^UiëSf
après avoir essayé , à la chute ^u jour ,.de faire .une sai-*
giléeà 1^ diw^sëe Percacbci, vU^à<^vîs de Teodroît eonna
actodkoieni soui le. nadoi de, rue idu fielier*
A -la Miièa deoetle dernièi*e leatative ^ MM. Vtcéi «t
Faei, directeurs de la fabrique d'indienne, s'empressèrent
de faire rafraîchir les restes de Tarmée lyonnaise' ^tii ,
partie du pont d'OuUins ^ se bcittait depuis 3 heure»
du matin j exténuée de fatigue et de faim et accablée des
pertes qu'elle venait d'^prouyer. Cette mén^orable ajf^iùre
^eiança 4le huit jours la r^dition de la. ville ^.eUe eyl
pour résultat important d'empÂchar rennfimi d'y eiitm
de viirtîfQcn.
< 224)
. t
HISTOIRE.
Liste des députés de Lyon aux ëUts-géadraax da royaume (i)«
I. irkTS'^GÈtdiLkvx TBiojs il TOURS» 1 467*- 1 468 (2).
Jean Grand, députe du clergé (3). ^
Jean de Villeneuve , député de la noblesse ou des l>our*
geois (4).
(i) M.*^ M. de V., archiviste de la ville , nous a fourni le0
princftpaax élémens de cette liste , ainsi que de celle des
députés aux assemblées législatives depuis 17899 que nous
avons donnée plus haut, pag. 43-53. Ces deux listes se
complètent Tune Tautre.
U y a eu d'assee fréquentes assemblées des états-gén^
ranx de France , avant 1467, même en ne remontant qu'à
répoque où Lyon fut réuni à la conixmne ; mais il serait
difficile , peut-être impossible , de retrouver les noms des
députés que cette ville y envoya dans des temps aussi reculés.
(2) Sous Louis XI. Il j fut arrêté que la Normandie ne
pouTait se démembrer de la couronne pour être donnée au
frère du roi , que Iç duc de Bretagne rendrait les villes par
lui prises en Normandie , et qu*on élirait plusieurs per^
sonnes pour la réforme de Tétat. Le président Hénault y
Abrégé chrùnol. de Phisi, d^ France.
(5) Jean Grand figure plusie.urs fois , de i45i ^ i4^ 9
sur la liste des conseillers de yiUe.
(4) On donnait alors le nom de bourgeois aux nobles.
Jean de Villeneuve est sans doute le même qui fut
Courier (juge criminel) de Lyon, et le père d'Humbert de
Villeneuve, premier président au parienient de Bourgogne.
Archives du BMnç^ tom. III, pag. 276.
( 225 >
Uîchèlet Dttlart , député des maîtres des mëtiers (i).
II. Idem. 1484 (2).
Jean Palmier 9 }uge-mage (3^.
Antoine Dupont (4)«
(1) Les assemblées de la commune étaient composées
de deax terriers 9 ou anciens magistrats propriétaires , et
4es- maîtres des métiers» Les premiers représentaient Isi
noblesse ou bourgeoisie } les seconds , les corporations
dfarts et métiers. Chaque corporation en fournissait deux.
Us étaient ordinairement au. nombre. de^ 120 ^ attendu qu'on
us comptait guère plus de 60 corporations à Ljon»
Michel ou Michelet Dulart a été plusieurs fois conseiller
de TÎlle, de i45> ^ lifi^* L'abbé Peruetti 9 Ljronn*, dign.
de mém. tom. I , pag. 195.
(2) Ces états confirmèrent le gouvernement de la per-
sonne du roi ( Charl.es VIII ) à Anne de France , dame de
Heauîeu', sa soeur , malgré les oppositions du ' duc d'Or-
léans V qui , en sa qualité de premier prince du sang ^
foulait aToir la principale autorité. On établit un conseil
de dix personnes ^ oik dcTaîent assister les princes du sang^
savoir le duc d'Orléans , président ^ le comte d'Aogouléme^
le connétable de Bourbon , frère aine de Pierre de Beaujeu,
Pierre de Beaujeu , le comte de Dunois. L'ordqpnance ,
faite sur la réquisition de ces états 9 est la première qui
ait permis à toutes sortes de personnes à*eêier en juge-
ment par procureur. Le président Hénault^ loc, cit.
(3). Pemetti , tom. I $ pag. 198»
(4) Pemetti, ihid. , pag. 148, parle d'un Antoine Dupont
qui fut en même temps procureur-général , receveur et
secrétaire de la ville de Lyon , et qui garda ces trois places
josqu'en i4o3 ou environ. Cette date fait présumer gue oê
n'est pas le même personnage qur fut député aux états d^
1484.
Tome VIL i5
( 336 )
ÎJI.Idem. i5o6 (i).
Claude le Charron , lieutenanl-gënéral (2),
Claude Laurencin , trésorier de rarcheyéchë (3).
Claude Thomassin , consenrateur des foires (4)*
IV. Idârn. Tenus à Orléans , puis à Pontoist. i56o (5).
Benoit Buatier , prëcenteur et grand-^vicsûre de Tarcher
MÉM*«*^MMai*«*
(1) Louis Xlt avait cotifirttië', par un traite conclu %
Bloîs , la promesse de marier sa ffile Claude aréc Chartes 5
fils de Philippe ; ks conditions eo étaient trop onéreuses ,
pour qu'il les tint : il fut arrêté dans les états tenus à
Tours 9 que le mariage ne se ferait point, et la princesse
Claude fut fiancée à François, comté d'Angonldnie. Le
président .HénauU 9 loc. cit»
(2) Pemetii, tom. I, pag. :&it et ai2.
(5) Le même 9 ibid, , pag. 218.
(4) C'est sans doute celui qui donna son nom ifc tu rue
Thomassm , par permission du consulat datée du 8 janyier
1499. Pemetti , ibid*^ pag. 1 70-1 71.
(5) Les députés des trois états ayant rej^résenté que
«leurs pouvoirs étaient expirés à la mort du rot (François
II ) , et qu'il fallait les renouveler , il fut arrêté que les
députésiK^ontinueraient d'agir en veKu de leurs commis-
sions , sur le principe que , par la loi du royaume , le mort
saisî^t le vif, que l'autorité royale ne iheurt point, et qu'elle
passe ,. sans interraplîon , du rot défunt à son légitStaie
successeur. L'état était alors endetté dé 4^ millions , quoi-
que le roi Hebri II eût ti*ouvé dahs le trésor dé Tépai^e
1,700,000 écus... Les états d'Orléans ne produisirent aubUn
bien : il faut seulement remarquer la célèbre ordbnnance
qui j fttt rendue au sujet des luatièreè ecclésiastiques et
. sur le fait de la {ustice... Le président Héhaolt' , ïoc. ciu 11
paraît que ces états avaient d'abord été convoqués à Meàul.
( 227 ) .
tèque, députe Au clergë (i).
Gabriel de Sacconay^ chanoine et comte de Lyon , tJ, (2)^
Le baron de St-^Chamond ^ députe de la noblesse (3)«
Le seigneur de la Liegue ^ iV/^m*
Antoine Bonin de Servîères (4)*
Pierre Grolier^ pitïcureur-général (S)*
V. tdtm. Tenus à Blois. i^jS (6).
Pierre d'Epinac, archevêque de Lyon ^ dép» du clergé (7)4
(i) fèoiêtti , tom. 1^ pag« 362-363 , et ^c&« <2tt iii^/te^
Ion. ¥1^ pag. Si. ^
fi) Petifelrî 9 lom. I , pag. 583 et 8âîir«
(3) Sam doute Jacques Mitte de Ch^yrîères , seigneur dd
St-Chamond. Archives du Rhône ^ toiUé V^ pag. 41 7*
(4) U était alors couseilléi* de yiUe ; il Tavait été plu-
sieuts des années précédentes et le fut encore en 1664
et i566.
(5) £â place de ^ocai*eUivgéaéral de la commune de
Ljon aTaj'l été résignée par Jean de là Bessée à Pierre
Grotîer qiil la résigna ^ à son tôar ,' à notre ancien liisto*
Hea ^ Claude dé Au})js : ce dernier fut reçu le 3i juillet
i565« Toj« pag; 406 de son Histoire véritable de L(yon.
S«r la famille de Grolier , l'aj^j^de nos plus illastres ^
caasidtex tous nos historiens. "^
(G) CTest le temps oiï se forma la Kgue, Henri lll régnaiU
les étals eiiToyèj^nt une déj»utation au roi de Nàyarre et
an prince* de Coodé pour les engager h s'y rendre et à
eoDsenlir h la défense dé Teiercice de toute autire religiou
jfie la cafliolîque. Le président Hénault , loc. cit.
(7) Noos donnerons une notice sur ' ce personnage qui
£11 uni &én plus celés partisans de la ligue et qui joua ùii
rôle considérable dans les éTenemens'de ectt^ époque* U
icésida lea états de 1576^
( 328 )
Du Plnay , dëpotë de la noblesse.
De Beauregard , idem (i).
Pierre Scarron (2).
Jean tjuyot de Masso (3).
Claude de Rubys (4).
.VL Idem. i588 (5).
Pierre Scarron (6).
(1) Frère de (vulUaiune de Gadagoe, seigneur de Bothëon,
(2) Fils de Jean, et frère, à ce qu'il parait, d'Antoine et
cle François, qui, ainsi que lui et d'autres membres de
[■ l'eur famille , exercèrent plusieurs fois les fonctions de
conseillers dé yille. La famille des Scarron était originaire
I de Moncarlier en Savoie. Le commerce l'ayait attirëe à
I Lyon. Elle a eu plusieurs officiers de cours souveraines à
Paris o& elle s'est transplantée avec ses ricliesses. Le cé-
lèbre poète burlesque Scarron en était issu, Pemetti , 1 1^
pag. 418 9 ^^ Archis^es du Rhône , tom. III, pag. 244*
(5) Receveur-général des finances , conseiller de ville
cette même année 1576*
(4) Voy. plus baut , pag. 19. Pierre Scarron , Guyot de
Masso et Claiide de Rubys avaient été députés par la ville
à Paris en 1572, et ils s'y trouvaient à l'époque de la St-
Bartbélemi.
(5) Les états de Blois w 1S88 sont célèbres. Le duc de
Guise y fut massacré par ordre d'Henri III , le 25 décenw
bre , et le cai*dinal de Guise , son frère , le lendemain 24*
Pierre d'Ëpinac qui était de leur parti , fut fait prisonnier.
Les deux députés de Lyon revenant en cette ville furent
arrêtés, au mois de février 1689, sur la route d'Orléans «
par les troupes de M. de Neufyy qui les remit en liberté
après quelques jours de détention. Notice sur le duc de
Nemours , par M. Pericaud, Archives du hhône , tom. Y^
pag. 84.
(6) Yoy» plus baut, not. 2.
Nicolas de Chaponay , âeur de Ilsle (i).
VII. Idem. Tenus à Soissons» iBga (2)*.
Guillaunie Gelas (3).
Guillaume de Villars (4).
Vm. Idem. Tenus à Paris. 1614 (5).
Doiys-Simon de Marquemont 5 cardifial , archeréqne dé
» «
■ - "- - - -
(1) Pemetti , tom. Il , 84 et saÎT.
(2) Les dépotés de Ljon ne se rendirent à Soissons que
fous Ja couditioii .qae, s'Ss étaient faits prisonniers ou
pillés 9 ils seraient Indemnisés on rachetés par la TÎUe.
(5) Conseiller, de ▼ille en i588 et iS^ j fi)s d'nn autre
Gnillaorne Gelas qui Tarait été en i552 et i558«
(4) Une branche de la famille des ViUars alla s'établir
\ Condrieax. EUea foami cinq arohe'rêques à la métropole
de Vienne , et le célèbre maréchal de Vilkirs* en était issu»
Archives du Wkéne^ tom. VI) pag. 71-72 et 379.
(5) Ces états forent assemblés y le 27 octobre , par Marie
de Médicis, yeure de Henri IV 9 régente pendant la mi«
norité de Loois XIII. Ils ayaîeiit d'abord été convoqués à
Sens pour le 25 août ; mais on attendit la majorité du roi ,
qai arriva le 27 septembre 9 et on les transféra à Paris. Ce
sont les derniers que Ton, ait tenus jusqu'ao règne de
Iionis XVI. Ceux de i65i forent convoqués ^ mais ne s'as-
semblèrent pas.
Ce fut en cette année 161 4 qu'on plaça dans la cour de
THôtel-de-Ville 9 une boîte où chaque particulier avait droit
de jeter des avis ou des doléances dans T intérêt de la cité«
On avait déjà employé , lors de ta convocation des états, de
Bloîs de 15889 le même moyen qui ne produisit que des
libelles diftamatoîres et des pasquinades en vers et. en
prose , et qui ne répondit pas à l'attente des inventeurs-
qui furent les premiers maltraités» Mém. mss.
\
Lyon, députe. du clergé 0)« , ••- '
De Gîbertet , archidiacre et comte de Lyon , îdem^
Claude , sieur de CrémieuK et de Chamousset', députa
de la noblesse.
Pierre Âustrein , prév6t des marchands, député du Uer%-
état (2),
GroUier , procureur-général , tdem (5),
Du Moulceau, aVocat» idem (4)«
Jean Goujon , avocat , idem (5),
Tissier , châtelain de Dargoire et syndic du plat pays, td^
IX. I4«m, Cowtfqués à Tours, ifiSi (6).
, ■ • «
Charles Grdier , prévM des nukrcbands (7)«
I " • !•• • ' •
I I I > I I » I I a^
». • . ' ■' * I
(i) Ce prélat, né h Paris, arsit pris possession àà siëgo
archiépiscopal de Lyon, le 9 mars de Tannée préci^denta
(i6i5) ; il se disUogua p^rsa piélë. Oh safM^u^îl fut r«nii
«le St François de Sales. Ilmoaitit h- Rome le 16 septembre
J1636» âgé de 54 ans,
(à) Archives du RMne , tem. V , pag. 579,
(3) Voy. plas haut, pag. 11^7 , not. 5.
(4) Peraetti , tom. U , pag. i64-i6S«
(5) Le même , iind, , pag. 16.
(,6) C'était le temps de 4a Fronde, Anne-d'Aotriche était
régente pendant la minorité de Louis XIV son fils. La ncw'
blesse demandait lés étalsrgénéraax. Il paraît même que
e^tliOsssemblée (nt convoquée^ mais la reîné persuada au*
prihce de Condé , auquel elle feignait de vouloir rendre
Tautorité, que la chose était contre ses intérêts , et lea
états n'eurent pas lieu, '
(7) Voy. pins haut, pag. 227 i not, 5,
t
• X. ASSSlKBLil DXS NOTABLB8. 1787-^1 78^ (l).
» • •
Louis Toio^n de Montfort , prëvôt des marchands (2),
j ■■■■■■ ■ j
BULLETIN BIBLIOGRAPfflQUE.
Aperçu, de tétat de la cîvUisaiion en France , lu » le 20
décembre 18979 ^ ^^ sociëtë d'agriculture, arts et
coiQiiierce de l'arrondissement de St-Étienne ( Loire),
par M. Smith, avocat et juge suppléant , membre cor-
i%spondant du cercle littéraire de Lyon , chargé de
présenter quelques obseryaitens sur le tableau dés
forces productives de la France depuis 181 4 9 par
M. Charles Dupin* Lyon, Louis Perrin , 1828,
în^-ff* de 39 pages.
£ette brochure est un rappmrt iutéresêant sur rouvrage
da M. Bopin , désigné dMis le titre : même en ne *partft-*
(i) L'assemblée des notables était composée dç sept .
princes do sang, sept archevêques, sept évéques, huit
maréchaux, vingt -huit meinbres de la noblesse , huit
çoaseîllers-d^état, qufitre maîjtres des requêtes , boit ma- .
gîstrats. de Paris , douce présidens de parlemens « deux
préûdens de. conseils supérieurs , neuf députés des pays
d'états et TÎogt-quatjre maires ou prév&ts des marchands.
(2) Nommé , en 1 785, prévôt des marchai^4s , îl conserva
cette place iasqu'à 1789, époque où la forme de )'admi<*
m&tralîon changea. Il mourut le i.^' décembre 181 1. Né
plébéien, il acquit pne grande fortune et donna une sorte
d'illustration à sa famille dont deux ou trois autres mem«
bres se sont aussi fait distinguer.
( 232 )
géant pas tontes les opinions de l'antear, on ne peut qa^a
plaudir ii la manière dont elles sont exposées»
Première ïeitre à MM. les curés des paroisses caikoii^
gués du canton de Genêts ^ par TÉclaireur du Jura ^
avec cette épigraphe :
Vidctene quis vos deeipiat per philosophiam et.inamenm
/allaciam» (S. Paul, ad) Cotoss. c» II 9 t. &
' Lyon , imprimerie de J. M. Barret , 1828 ^ in-8.0 Je
76 pages.
Cette lettre est dirigée contre la méthode de Penseigm
ment mutuel , qu'on s'efforce de propager à Genève. L'i
leur fait yoir dans quel bu,t on en agit ainsi 9 et il rassem-
ble tout ce qu'on a dit de plus fort contre rinventioti ^
attribuée à Lancaster. C'est surtout sous le rapport relL-^
gieux qu'il la condamne , qu'il en démontre les abus et les
dangers 9 et a recours contre eUe à la voie de l'autorité ^ '-
comme à celle du raisonnement.
j^ous sera-t-il permis de saisir cette occasion de rappeler^
que l'enseignement mutuel n'est point, comme on l*acnr^
une découverte moderne due an progrès d^s lumières? On
xious pardonnera sans doute cette légère digression , si c'en
est une. Il est certain que le mode d*instructîon pratiqua
par le quaker Lancaster est beaucoup plus ancien que lui p
et qu'il était en usage y dès le seizième siècle j dans tes
écoles des jésuites. C'est ce qu'atteste un passage du Qua'^
irième livre des Bigarrures du seigneur des Accorda
( Etienne Tabourot , de Dijon ) , dont la première éditioa
est de i585. Ce passage est trop curieux^ pour ne pas le
mettre sous les yeux de ceux de nos lecteurs qui ne le
connaissent pas. Nous nous serrons de l'édition du lirra
( 233 )
des Accords , donnée à Lyon , par les liéritîers de Benoît
Rigaad , en 1699 , in-16. On 7 lit ce qui suit , pag. a5-24:
M ... Les lesuistes... enseignent donc leor escbolîers par
• une gentile émulation qu'ils pratiquent de ceste sorte :
n îFs dirisent par bandes de dix à dix tous leurs escholiers y
99 etconunettent sur chasque disatne un decurion qui ft
» charge de faire repeter et reciter le texte k ceux qui sont
» sous sa charge | et sont colloquees chasques decuries
99 Tune après l'autre , en ordre certain , comme il j a la
yy première 92,3949 ^9 ®'c* 9 sutant que le nombre en
99 ptot £iîre. Lors quelques fois ils exciteront un de la
99 quatrième décurie 9 pour disputer contre un de la pre-
» Bnîere ; et si celuy de la première est yaincu , on le fait
» descendre en la place du victorieux qu'on fait monter
99 par mesme moyen en la place du Taiucu. €e qui se fait
9) à la gloire de l'un et honte de l'autre , qui lui sert d&
99 plus aigre peine que si on lui donnait des Verges. Et
» pour gaîgner en ceste dispute , on leur fait respectire-
99 ment proposer , l'un à l'autre ; cinq ou six questions*.
99 Et 7 a des décorions proche d*iceux , qui comptent les
99 fautes 9 afin qu'on ne les puisse tromper. Et le plus gra«^
99 cieux est que , quan^ il se rencontre queicun trop
99 grand asnîer 9 on le renvo7e , par forme d'ignominie j
» eu la décurie des asn/*s , dont il ne sort point qu'il n^ait
» premièrement proToqué et vaincu qnelcun de ses com-
99 pagDons pour regaigner sa place, n
€e passage , comme on le voit ^ confirme la vëritë dn
mot du Sage : Nil sub sole novwn. Nous en devons l'indi-
cation à une lettre que M. Guillaume , secrëtaire-adjoint
de i'acadëmie de Besançon , a adressée à M. C. N. Amanton^
et qui a été insérée dans le Journal de Dijon du 4 ^^
cembre 1824* U est à remarquer que l'édition des Bigaf>
rures de des Accords ^ à laquelle M. Guillaume renvoie ,
est celle de Paris ^ 1662 9 oii les jésuites du collège de
( 234 ) :
GlcrmoBt à Paris sont désignés oomine pratiquant la m^-t
thpde donjt il s'agit 9 tandis qtie « dans Tédition de i585 qvLG
nous Tenons de citer, les jësuites sont nommés , en ge'n^—
ndt s»pa 'iadicafeiott du collège oà ils faisaient asage do
cette mëtliode»
II j attisait peut^tire une oonclnaion à tirer de Teniploi
qu'en faisaient les jésuites : c'est que Peuseignement ««»-->
tudl n*eat pas mandais en lui**méme et ne le deviendrait
que par Tabus qu'on pourrait en ftiire^ mais nous ne
voulons pas entrer dans l'examen d'une question qui ^
comn)6 tant d'autres ^ est aujourd'hui i|ne question de re-
ligion ict de politique 9 et nous croyons qu'en faisant con-»
naître 9 par une courte analyse 9 le sujet de la lettre de
VEdaùrotir du Jura 9 nous avons rempli notre tâche , et
que Mi^ ne nous sommes pas trop écarte du but 9 en
ajoutant la note liiatorique que nous avons empruntée à
M* XkûllanBie 9 sur l'origine du mode d'instruction 'sur
lequel roule cette mfiBM lettre*
'Almanach des Muses pour 1828. Paris, Au/iia 9 libraire*
édjlteur, q^ai ^es Aug^stins, In-ia de 3ao pages.
Ce voluque est le soixante-quatrième de la collçct^qn ^ et
ressemble ass^z à s^es aînés 9 en ce sens que l'on y i^oave ^^
comme dans tous les ^.utrçs recueils du inéme genre 9 dA,
bon, du mauvais et du médiocre^ si nous l'enregistrons ici,
c'«st parce que l'on y a inséré quelques pièces qui ont des
Lyonnais pour auteurs , et dont voici les titres : Joseph
Vernet 9 ode qai a remporté le prix ai% jugement de l'aca-
démie de Yaucluse , par M. BigQan 5 les Imprécations
du Vieillard^ imitation des Lusiades de Camoèns, par.
M. Boncharlat'9 trois Epigrammes ^ par M. Fabien Pillet y
et enfin des Pers mis m bas du portrait de Talma 9 par
( a35 )
H, James Ae St-L^er. Cette dernière pièce a Te m^te cla
bihnhiefé: ce qui nous permet de la citer dani^ ce bnUetiUé
Ea imUtC) c'est Nëron, OiDxiay Titus, Oreste ,
Portant aa fond des cœurs la terreur, la pitlë;
Et àagÈB on cercle ami 5 savant, doiKi et modeste ^ '
11 est Oreate encore aux jeux de Tamitié» '
fhre lyoMoise , où Description des plantes qui croissent
dans les environs de Lyon et sur le mont Pilât , par
Je docteur J. B. Balbis... Lyon , Coque, 1827, iom« (,
dhiaé en 2 voU mrS.^ .
Fous rend]t>B8 compte de cet impoitant Qurragê dans
an de nos prochains nomërbs.
^ttfSte française , ou Archives de la jeyne^ i foumal
d'éducation , publie par une société de personnes at*«
facbées à réducation, n^ i. Lyon , imprimerie de
L. Perrin, 1828 , in-12 de 88 pag«
Ce premier n,^ d*an journal qui n'e^t pas le premier de
ee genre l|cie Vùh ait publié \ Lyon , mais qui , )i eu juger
farsop débuts 8er% bien supérieur è ceux qui Tont pré-^
cédé , contient i,^ Un dialogue entre le rédacteur de
fJOféUt et on de séA amis \ nfi Un article de géographie
silr les Nàtn^ies oarli^ muettes^ dressées d'après la mé«
Ihôde naturelle de P^staloizi ; 3-® Un article 'sur la Flore
lyonnaise dp docteur Balbis; 4.*^ Une lettre à V Abeille , ayant
pair titre : Souhaits et conseils \ 5.^ Une fkMe en prose ^
kBergv ei le Prince^ suivie d'une analyse critique et lit-
lénm ) ôl^ Vïïk article sur la tr^duclioo des poésies de
iJIliade d'Homère , traduite en français par Dugas—
MoQtbel, tom. i.*', contenalnt les dianls I-VIII. Paris,
1827 , impriiaerie de F. Didot, in-8. de 26 feuilles 9
gr. pap. Télin ( A Lyon ^ chez Laurent , libraire )•
. Le texte est à cêté de la yersîon \ la coayertare imprimée
porte: Collection, des auteurs grecs , avec la traduction
française en regard Cest le i.«' yolume de cette inipor^
tante colleetion. Nous désirons Tivement qu'une entreprise
aussi belle ne rencontre aucun obstacle , et nous nous fô-
licitons de ce qu'elle, dëbute par la réimpression du tniT^ii
si estimé d'un de nos confrères y sur le prince des poètes*
^% On annonce rémission prochaine d'un ouvrage de
M. fiallancfae , intittilé Essais de pàlingénésie scçiate ,
dont l'impression est confiée 'k M. Jules Dîdot. L'ouTiage
entier se composera de cinq volumes dirisés par la nature
même des sujets ainsi qu'il suit : I , Prolégomènes ; II ,
Orphée ; III , Formule générale de PMstoire de tous le9
peuples y applii/uée à ^histoire du peuple romain; IV, la
Paille des Expiations; V, i.'© partie,* Élégie ; 2.« partie »
Noies eacplicatii^es et complémentaires de tout Pouvrage^
Malheureusement tout le public ne jouira pas du fruit des
méditatipns de l'auteur ; car on annonce que cette nouvelle
production ne sera pas mise en vente , mais, seulement
distribuée à des amis.
( ^37 )
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE JANVIER 1828.
/^ 1.^ — Ordonnance qui nomme conseillers d*ëtat.en
Mn\ce cânordinaire M» le baron de l'Horme , premier
pèsldent de la cour royale de Caën , ancien député- du
KhoBC, d M. Go urvoisier, procureur-général près la cour
rojaie de Lyon.
/, 9.^Mort , à Paris, de M. le comte Nicolas-François
de Neafdiâteau , né en Lorraine le 1 7 ayril 1 750 , ancien
eonse3ler au conseil sourèrain de Saint-Domingue , au-
cien nûaistre ^ ancien sénateur , membre de Tacadémie
française et dojen dé presque tontes les académies
Au royaume , etc. Cet bomme célèbre h tant de titres
e'tait associé de l'académie de Ljon «fepuis 1 766 , c'est-
^îre depuis Tâge de seize ans , et il entretenait aTCc
cette compagnie de fréquentes relations par TenToi de ses
nombreux oavfages. On se rappelle qu'il célébra, dans noe
pièce de Ters , lue à l'académie française et imprimée
<ws le titre de Jubilé académique , la cinquantième iinn^
^ MB association arec ses confrères de Ljon. Nous avons
inséré dans les Archives ( tom. II , pag. 5i i-3r4 , et tom.
Vf pig. 5-3o) une lettre et un poème qu'il a bien youlu
>><>(tt adresser, et nous conservons avec gratitude plusieurs
teiDoigiuiges de la bienveillance qu'il nous pojrtait : car il
^t do nombre des littérateurs de la capitale qui applan-
weat à nos efforts et qui les croient dignes d'encoura-
S^aent II se trouvera sans doute quelque digne interprète
^ regrets publies que sa perte doit exciter. On sait que,
^ son enfance » Voltaire l'avût proclamé son héritier : il
( t^ZS )
lui ressembla au jnQips par ta yarletë des genres qu'il é,
embrasses et par la multiplicité de ses talens ^ mais ce qui
recommandera peut-être encore plus sa mémoire au sou.-»
Venir des gens de lettres | ce sont les services qu'il leur â
rendus et la protection généreuse qu'il leur a accordée
dans le temps où il exerçait avec éclat les importantes
fonctions de ministre de Tintérieun
^%'iS«—* (ordonnance du roi qui érige eu cul*è de
oonde classe la succursale de St-Bonatentore de la Tille
dé Ljon.
• -
^% i5«— 'Le dimanche, 26 décembre dernier^ la tranr>
quillité publique fut gravement troublée sur la place des
Célvsltns. Lb sèrgetit^ qui 'commandait le poste qu'on établit
tous- les soirs sur cette place pendant la durée du spectacle^
avait arrêté, à la porte du théâtre , un individu qui l'insul-^
tatt et le frappait. Des malveillans recoururent à la force
pour tenter dé faire relâcher le détenu, et l'esprit de ré-
^tcf 5'dmtné' par le Cbux bruit qai se répandait que le!
«erg^t a¥aît tiré Ion sabre au milieu de la foule, ayant
gagné de proche en proche , un attroupement considérable
se pàrim sur le corps-^e-garde et l'assiégea à coops de
pierres , en poussant d'horribles vociférations. Un officier
lit mettre le* prisonniei* en liberté ^ mais le calme ne fiii
pas rétabli peur cela , et on fut forcé de faire venir uu
détachement de chasseurs à cheval On saisit quelques-uns
des perturbateurs qui refusaient de se retirer aprës de
nbmbreuÏBes sommations faiteiB par les commissaires de
police. Cette ftcène se passa de 9 à 11 heures du soir. Tout
parut alors terminé, et après le spectacle il n'j eut bientôt
plnis personne sur la place des Célestins* Le corps-de-*garde
^tait évacué et fermé , et les chasseurs étaient retoarnés h.
la caserne ; mais à une heure après minuit, des individus
survinrent, au nombre de la ou i5 , enfoncèrent la poi*te
du corps-de^rde ^ ach^Brèrent d'en briser les Titres et les
'( 239')
ktes et tratràrent ie poêlé et là gtfÂ*Ue ]dsqttëÉ Mr te
bord de la SaAne. L'autorité Ait àtertie trop tard^ les pu-«
trouilles n'arriTèreut pas à temps pour s^emparer des cou*'
pahles qai prirent la faîte. On atréta iBêtiletbent un otitrief
hijfmtier^ nomikië FîMhm GOnbiery^Iui se trouVàit sur te
ipi; ttais il a été pronTié par rinstraetloll qû^ dtàît ïk
par hasard , rerenant d'une partie de débauehtf , et qu'il
ii*aTaUpns aucune part au délit: C'est ce qui a élrf reocnna
ni)(mrd^hai par le tribunal de police correctiotineHe ^ le-
quel ) sous la présidence de M. Breghot du Lut ^ a pro-'
nonce rar le sort des personnes impliquées dans cette
a&iff. Auguste Moreau , ourrier ferblantier, âgtf de 17
am, premier auteur du tumulte , a e'të copdaiim^ à cinq
mois de prison comme a jant maltraité le seront du posie
à la ^rte du théâtre j Pierre Martin JolidoD,,.reTende«r
de meobles , convaincu d'avoir lancé une bouteille à uii
Inigadier qaî le poursuivait . pour avoir favorisé l'évasion
d*aa de ses complices , Certes. Baudet « ^^mrtialîe»,
¥UcVkaU ouvrier en soie • et Antoine. Cartaud,« institnteiir
laos diplôme, c&nvaincus aussi de réb^Uilin.et dVutrage
avec Violeace, envers la force publique, ont été- égalemaul
condamoéi , savoir, le premier à .qu«itre ,» le second^ et Itf
troîiSèàie k troia et le quatrième h un mois d'eniprisoR*-
Bemeot , par application deâ articles 228 , sSo et 60 du
Code pénal. Les autres prévenus 5 Pierre Luguet et Firmiii
Goubier , ont été acquittés. . ^
«% 25. -* Réception de MM. Derocbe de Loiigchai|ïp> ,
conseiller à la cour royale de Lyon^ Delandine, vice-pré-*
sîdent du tribunal de.preihière instance^ Turin aîné, et
tfooet, négocians , nommés administra leurs, des hospices f
ea rniiplacemént de MMr Ravier dxi i^agny, Cpiste', Lau-
Rot Dugas et Fanrev
/«28.*-M. de Lacroix-Laval, maire de Lyon, membre
^ la chambre des députés , est parti aujourd'hui pour
( Ho)
Paris, M, de Verna^ premier adjoint, demeure chaig^ d^
fonctions luunicipalet» pendant l'absence de M. le maire.
- s
^% On remarque le passage suirant dans le rapport fuil
par M. de Martignac , ministre de l'intérieur , à la dernië]
séance de la Société rojraie pour l'amélioralion des prisons^
u Je ne terminerai pas cet eiposë sans appeler Tattei
99 tîôn et rint^rét de la Société royale sur un établi ssemei
y> fort utile qui s'est formé à Lyon. Les femmes condamnéei
99 du département du Rhône , manquant, pour la plupart^!
99 il l'époque de leur libération, d'asile et de moyens dei
99 travail , un respectable habitant de cette ville a eu l'idé^
99 charitable de fonder , pour les recevoir , une maison de
99 refuge , sous la direction des dames religieuses de Saint*
99 Joseph. Cette maison , au succès de laquelle le conseil
99 général du département a désiré concourir, en votant,
w au budget de 1827, ^^ secours de a,ooo fr. , compte
m déjà deux années d'existence; plus de cinquante femmes^
I» sorties des prisons , y sont occupées. Il serait à souhai-»
99 ter f pour le bien de l'humanité , qu'un tel exemple fut
^ imité. 99
Nous avons donné, dans notre recueil, tom. II,pag. ia8
et suiv., des détails sur cette institution fondée en i8a5 ,
par M. Baboin de la BaroUière , sous le titre de Maison de
la Solitude , et placée sur la colline de Fourvière , dans
pelé 7c Grand Montauban,
ERRATA.
Pag. i3a, lîgn, 27, Chrichton, lisez: Critton ou Creigton.
Pag. i35, lign. 5, iSSy, lisez: 1527.
Pag. 136, lign. 27^ la sarde, lisez : la corde.
( 241 )
STATISTIQUE.
ItmmcOHiQim tor la ^ilU de Lyon, ou description ptgr ordr^
alplàabcâ<|Bie des quartiers , places, rues et monumens de cette
niUe.
( III.« ÂRTietE ).
AmriQUÀii.i«B ( nie et place de I' )• La rue de ce nom
part de b place des Minimes et Ta aboutir à la place de
riâtiquaille ^ qui donne elle-même issue à la montée
Sl-Barihëlémi et à la rue Flëbèrg. Il n*existe dans * la
me et sur la place que deux maisons qui y prennent
entrée. Les murs de plusieurs clos voisins en complètent
Vencnnle^ Une de ces maisons sert de succursale à Thos-
pice de VÂiûiquaîlle pour les militaires atteints de mala-
dies honteuses , et l'autre a été long-temps consacrée
aux réunions de la chambre syndicale des notaires de
rarrondissement.
Point dlndustrie ni d'antre population que celle da
l'hospioe*
La place de l'Antiquaille se nommait jadis place dg
la Croix de la Butry , et place de la Buery seulement ^
araot qu'on y eût planté les trois croix que Ton voit
sur le plan d'environ 1 54o : ces trois croix annonçaient
c|ue la piété des fidèles y avait établi une espèce de
c^Taire ^ le seul qui fût à Lyon à cette époque : elles
n'existent plus aujourd'hui.
L'hospice de 1* Antiquaille , dont la principale entrée
est par la place , est bâti sur l'emplacement de Tancien
Tome FIL i6
( 242 )
palais des , préfets du prétoire ou gouverneurs i^t
Gaules (i). Plusieurs empereurs romains Tont habité :
Claude (2) et Caracalla (3) y sont nés , et c est aussi dajEm^
(1) Les yilles de Trèyes et d^ Arles disputent à celle d
Lyon l'honneur d'ayoir été le sîége du préfet du prétoi
des Gaulés. On peut consulter sur ce sujet un mémoire dtt.
président Dogas , inséré dans notre tome III ^ pag. 141 et
suiT, , où sont présentés les argamens qui militent en fa^
▼enr de Lyon* L'objet de ce mémoire est d'établir que S .
Ambroise , un des omemens de l'église dans le quatriènAe
siècle , étant fils d'un de ces préfets et né dans le prétoire
même 9 était par conséquent Lyonnais. B«
(a) L'empereur Claude naquit, sous le consulat de Julius
Antonius et dé Fabius. Airicanns , le 1/' août de Tan xo
avant J« C. , jour oh Drusus son pèref faisait la dédicace
du fameux autel d'Auguste à Ainay. B.
(5) Vans la première édition de ces Essais , on arait mi»
Caligula , au lieu de CaraccUla ; mais c'était une erreur
ou une faute d'impression éyidente : les auteurs de l'anti-
quité yarient , il est yrai , sur le lieu de la naissance de
Caligula ; les uns yeulent que ce soit Tiyoli ou Antium^ et
les autres , un yillage près de Coblentz ; mais aucun d'entre
eux ne place son berceau à Lyon. Il n'en est pas de même
de Caracalla , fils de Septime Séyère et de Martiaou de Julisi
Domna , qu'Aurélius Victor, de Cœsarib. c. 21 , fait naître
précisément dans nos murs (le 4 avrJ 188) : ce qui n'est
pas plus glorieux pour notre yîlle que d'ayoir donné le
jour , près de deux siècles auparayant , à l'empereur
Claude* Un auteur espagnol , Antoine Guéyara , a écrit
que Julia Domna était aussi née à Lyon *, mais il ne cite
aucune autorité à l'appui de ce fait qu'il entoure de cir-*
constances très^singulièresr Voy. Ar€hiv. du Rk. tom. VI y
pag. 139-145. ' , B.
(^43)
oe palais qa'Antohiâ accoucha de Oennanicus (i). Il reste
des massifs de maçonnerie de œt édifice ; et de Tauire cdtë
da diemin , sous- Fourrières 5 il en existait encore ^ il y
a quelques années , des pans entiers de murailles.
Il* Antiquaille n'était qu'un lieil couvert de ruines et
enTÎronnë de Tignes , lorsque Pierre Sala ^ d uiie des
familles de Lyon les plus distinguées dans la magistra-"
ture (jaT), fit ëleyèr en ce lieu, vers Tan i5oo , une
Wlie madsQfi ^ somptueusenient bâtie « comme le {Portent
\es actes ^ et dans laquelle il réunit les monumens de
Vantiqaitë que ce quartier offrait en abondance^ Ce
îa\ cette destination donnée à cette maison qui la fit
nommer X ÀniiquaiUe ^ dénomination que Ton ne trouve
nulle part avant cette époque ^ mais qui lui fut dès lors
coiisactée. La propriété en passa ensuite à Symphorien
Bualier^ autre lyonnais recdmmandable , et petit-fils
de 'Pterre Sala (3) ; de là à Claude de Rubys (4),
(i) Germanicus était neveu de Claude et frère de Cali-
gola, et Tint au monde Tan i5 avant 3. C. La ville de
Lyon s'honore d*avoîr été la patrie de ce grand prince. B.
(2) ^oj* Archi¥* du Bhi tom/ V ^ pag^ 149 et tom. YI ^
pag. ii5. B^
(5) La propriété de I^Antiqttaille appartint aussi \ Benoit
Boatier 9 officiai et grand-vieaire de Parchevéqtie de Lyon ,
et tans doute pareat de Symphorien Buatter. "So^», pag. 5i de
noire tom* VI. Un André Baatier était conseiller du par-
lement de Daapbiné en 1472* B.
(4) L'Epître dédîcatoire au chancelier Pompone de Bel-
tSèrre placée par Claude de Rubys à la tête de son Histoire
amiable de la ifilte de l^on 9 est ainsi datée : De vostrd
maison de PAntieoiUe sur L^n ^ ce d^rnUr iour de Ih^
eembre M4 D/ C^ h*
( 244 )
allië de ceux--ci » et encore après lui à dame Jeanne
Buatier , veuve de Masso. Mais un décret ayant été pour-
suivi, en 1629, contre cette héritière ^rAntiquaille fut
acquise par la bienveillance et la munificence de M. de
Sève (i), moyennant 2i^S livres au profit des reli*-
pieuses du second monastère de la Visitation , qui y
depuis plusieurs années , étaient établies dans une petite
maison au Gourguillon. Suivant une relation manus—
crite sur ce couvent, cette adjudication fut faite au grand
déplaisir de bien des gens ; car plusieurs personnes
avaient des vues sur TAntiquaille , regardée comme le plus
bel endroit de la ville. Le 3 avril i63o , les religieuses
en prirent possession , et plus tard , elles firent rebâtir
et clore entièrement la maison.
(c Ce . furent les antiquités romaines dont ce lieu est
» rempli ( ajoute cette même relation faite par une des
» religieuses ) qui nous méritèrent le bonheur de voir
» deux fois , dans notre maison , la reine-mère , Anne
» d* Autriche , et notre grand monarque , aujourd'hui
» régnant , Louis-le-Grand. Leurs, majestés marquèrent
» bien de la satisfaction de les avoir vues ; et même le roi
» fit recueillir quantité d'inscriptions romaines qui se
» peuvent encore lire sur nos murailles.
» Ce fut en Tannée 1660 , continue plus bas l'auteur
n de la relation , que Louis XIV étant venu avec sa
» mère en notre monastère , fit relever les inscriptions
» qui sont sur de grandes pierres anciennes. »
L'auteur remarque encore que Louis XIV ,' ce modèle
(i) Mathieu de Sève, sieur de Saint^Andrë , Fromentes
«t Flécfaères , trésorier de France ^ prévôt des marchands
en x69o. B.
r
( î45 j
de la grandeur , àe la politesse et ie la galanterie fran-^
çdse , garda son chapeau à la main tout le temps qu'il:
passa dans le couvent.
L'élise , bâtie en ï63g , fut consacra à Notre-'
Dame et aux Saints Martyrs lyonnais. Au-dessous es^
on cadiot que la tradition assure ayoir servi de prison à
S. Pothîn : une colonne en soutient la voûte , et un'
autel a été ëlevé auprès , dans lendroît bù Ton croit
que \e saint ëvêque fut lié. Dans tous les temps , ce lieu
sacré a attiré la vénération des fidèles: les prélats, les'
princes et les souverains qui ont passé à Lyon , l'ont
Tififé.
On trouve dans la première cour de la maison , Tentri^e
de longues voûtes souterraines qui traversent , à une
assez grande profondeur ^ une partie de la montagne.
Cel ouvrage ,^ conduit par l'architecte Billion , date du
milieu du »icle dernier , et n*avait été exécuté qu'avec
des travaux immenses , dans le but de procurer l'eau
nécessaire aux besoins du monastère.
Dans l'endos , sous le chemin qui va de la place des
Minimes à Fourvières , il existe un souterrain de cent
pieds de long , douze de large et quinze de haut ; il
est enduit, jusqu'à la naissance de la voûte j d'un ciment
looge, extrêmement dur et poli; et un mur très-épais
coupe en deux parties inégales ce long boyau. Le P.
Hénestrier et d'autres auteurs avaient cru reconnaître
dans cette construction une conserve de vin ; mais
M. Cocfaard , dans sa Description historique de Lyon ^
pag.'277, ^o\x% apprend que M. Mongez , à qui la
idence des antiquités est redevable d'un grand nombre
de découvertes , ayant eu des doutes sur la destination
et ce souterrain , se procura des fragmens de l'enduit
( 246 )
dont il était revêtu intérieurement ^ et que , d'après \em
essais qu*il fit faire , il demeura convaincu que la cou-,
leur rouge de cet enduit n'était point produite par des
dépôts de tartre , mais bien par la nalure de la matière
dont il était composé.
Plusieurs des membres de l'académie de Lyon s'em-^
pressèrent d'aller examiner cette conserve^ et ils furent
tous persuadés , après l'avoir vue , qu'elle n'avait servi
qu'à contenir de l'eau. Sa position presque au niveau
du terrain du clos , le ciment qui en couvre les parois ,
et qui n'occupe qu'environ les deux tiers de sa hau^
teur , sa forme , tout enfin dans sa construction an««
nonce qu'on n*y a jamais déposé du vin.
Le monastère de l'Antiquaille avait été supprimé ,
comme tous les autres, en 1792 ^ et l'église entièrement
dévastées lorsqu'en 1802, M« Najac, second préfet de
ce département , voulant faire cesser les désordres de
tout genre qui s'étaient introduits dans le dépôt de
Bicétre , situé à la Quarantaine , confia ce dépôt à une
administration composée de citoyens recommandables ,
et arrêta qu'il serait transféré dans les bdtîmens de
l'Antiquaille.
Cette administration entra en fonctions avec 5fr. 10 6,
en caisse. Une de ses premières opérations fut la trans^
lation de l'établissement à l'Antiquaille , qui devint en^
suite , par un décret du 1 5 avril 1 8p5 , une propriété
communale. L'administration s'est depuis lors constam-*
ment occupée d'améliorations, et elle est parvenue 'au-
jourd'hui à élever cette institution au plus haut degré
d'importance et d'utilité pour la ville de Lyon et pour
}^ département,
L église , qui a été entièrement restaurée en 1817 ^psii*
IH7 )
les joins de StM* les administrateurs , avait été honorée
itk visite de N, S. P. le Pape Pie VU, le 19 avril
ifio5 , lorsque Sa Sainteté revenait de Fourvières.
L*faospice est destine à recevoir : i.^ les filles publiques^
Balades ou en correction , qui y sont occupées à divers
genres de irairaux relatifs à nos manufattures; 2.^ les autres
individus des deux sexes , atteints de maladies honteuses ^
leaqaeUes ne sont traitées dans aucun des autres hospices
de odUe ville , ni même des départemens environnans ;
B.^ les individus atteints de maladies psoriques , et enfin
les atiàiés des deux sexes , auxquels tous les genres de
soÎDs sont prodigués»
L'hospice de l'Antiquaille renferme près de 660 indi-
vidus. Le service s'y fait par 4^ sœurs hospitalières , 20
frères et quelques employés supérieurs.
Quant aux ressources de l'hospice 9 elles sont presque
tontes éventuelles ; il ne possède que peu de propriétés ,
et ne jomt que d'un fort modique revenu fixe. Le gouver-
nement et la ville paient une partie de ses dépenses, et les
administrateurs pourvoient au surplus dés besoins par
leurs soîn^ 9 leur zèle et les dons de la charité publique.
L'édifice , quoique très-vaste , a néanmoins été aug-
menté 5 il y a quelques années , non seulement d'un
cnrps-de-logis considérable , au-devant duquel on a
établi une terrasse fermée d*une grille de fer 9 mais
encore d'un autre corps-^de-logis , au*dessous du grand
Ibâtiment , pour y recevoir les femmes aliénées. Cette
OHUiruction , d'un caractère analogue à sa destination ,
est composée d'un rez*de'-<:haussée et d'un premier
étage de forme circulaire , dans lesquels on trouve plu-
sieurs dortoirs 9 deux salles de réunion et un grand
nombre de cellules. Un portique en pierres de taille,
V
( ^48 )
soutenu par 2S çoicmnes, d'ordre toscan, procède et ^
sert de dégagement aux pièces intérieures : l*éloignement g
des ailes parallèles qui vient se rattacher au mur de la ^
lerrasse supérieure ^ laisse une esplanade d'environ ^
120 pieds de diamètre , suffisante pour aérer les appar-" ^
temens et pour fournir une promenade aux personnes. ^
qui sont renfermées dans rétablissement- ^
Un perron à quatre rangs , dans le milieu duquel on
a pratiqué une niche ornée de deux colonnes, - où est ,
une fontaine , établit la communication de ce nouveau
bâtiment avec la cour élevée de Tancien.
L'entrée du perron est fermée par une barrière qui
fait le , centre d*une grille composée de lances , dont la
longueur , égale à celle de la cour , est de 1 20 pieds.
L'aspect intérieur de cette cour est du plus bel eflfet , et
porte l'empreinte d'une construction , non seulement
bien appropriée à sa destination , mais encore d'une très-
bonne ordonnance d'architecture. Il est toutefois à re-
gretter vivement que l'extérieur réponde si peu à ce qui
a été fait pour le dedans. Cette façade semi-circulaire
qui , des points les plus élevés de la montagne , aussi
bien que de la ville et particulièrement de la place de
Bellecour , se présente d'elle-même à la vue , devait
suq^asser en décoration les constructions intérieures dont
nous venons de faire l'éloge ; elle devait offrir l'aspect
d'un véritable monument.
Les constructions modernes ont été dirigées par M*
Flacheron , architecte de la ville ; elles réunissent à une
solidité parfaite l'avantage d'offrir une distribution com-
mode. En 1 823 , on y a encore ajouté des cellules an-
tour de la terrasse , pour recevoir des aliénés. Tous ces
travaux sont dus au zèle et à l'infatigable sollicitude de
l'administration de cet hospice.
( Jî49 )
En creusant pour asseoir les fondations des nouveaux
bâtimens , on a trouvé une statue en marbre , dont la
tête manquait , et plusieurs inscriptions tumulaires qui
sont placées sous les portiques du {lalais des arts.
Ces inscriptions sont trop connues et se trouvent
déjà dans trop de recueils , pour que nous ayons besoin
de les reproduire ici. On peut voir les principales dans
b ga\etîe de St-Pierre , sous les n.^ XXI , XXI bis ,
XXIX bis et XLn bis.
Notre intention étant dé signaler à Tattention des
étrangers et des amateurs ,* toutes les fois que l'occasion
se présentera , les points de vue , les sites pittoresques
dont notre cité abonde et qui ont une si grande célé-
brité , nous ne terminerons point cet article sans arrêter
les regards sur l'aspect que présente TAntiquaille , vue
du baul de la place. Le portail de ce bâtiment , sa
dbapelle et son clocher se dessinant sur l'immense horizon
qui s'étend sur la plaine inférieure , à l'entrée de la-*
quelle est la ville de Lyon avec ses monumens , ainsi
que le confluent du Rhône et- de la Saône , et qui se
termine par les montagnes du Dauphiné et par les Alpes ,
forment un spectacle véritablement enchanteur , digne
d*ètre reproduit par les plus habiles pinceaux.
Aaroiniv ( rue d* ). Nom récemment donné au pas-
sage qui traverse de la place St. Jean à la rue de la
Bombarde. On croit que c'est sur l'emplacement occupé
par cette rue, ou dans le voisinage, que» vers l'an i38,
les Lyonnais élevèrent un temple à l'empereur Antonin ,
ea reconnaissance des bienfaits qu'ils en avaient reçus.
Ce temple fut appelé l'Autel des Césars , Ara Cœsa-
rum , parce que dans la suite il fut dédié à Marc-Aurèlç
( a5o )
et à Lucius Yerus , enfans adoptifs d'Antonin. Il â*est
pas invraisemblable que plus tard , des débris qui eàa,
proyenaienk , on construisit Téglise de St. Jean » dans les
murs de laquelle on trouve encore quelques restes d'ins-
criptions qui justifient cette conjecture. Des auteurs ont
même prétendu que Tenceinte actuelle «de la place Si,
Jean était occupée par le temple dont nous parlons , et
d autres , que c'est sur ses ruines mêmes que l'église a
été bâtie. Il existe , à l'extrémité de la rue d'Antonin j
un espace dé terrain asisez vaste qui s appelait autrefois
le /ènemenl de Talaru , et qui formait comme un apanage
à l'illustre famille de ce nom , pour ceux de ses membres
qui étaient comtes de Lyon (i).
(i) L'origine de la famille de Talaru se perd dans la
nuit des temps ; mais elle pai*aît avoir commencé dans le
Lyonnais. Yoj. Le Laboureur , Mazures de Visle-Barbe j
toro» II , pag. 56o et suiv. , et le dictionuaîre de IVforërî ,
art. Talaru. Cette famille qui subsiste encore dans la per->
sonne de M, le marquis de Talaru , pair de France , a
fourni plusieurs personnages distingués. L'église de Lyou
lui a dijL trois archevêques dont deux , Jean et Amédée ^
furent cardinaux , et environ vingt chanoines - comtes
de St. Jean. On voit par la pièce suivante de Gilbert
Ducher 9 insérée à la page 39 de son recueil imprimtf
en i558 par Sébastien Gryphe , que Tun de ces comtes ,
qui portait le prénom de Jean , possédait une maisou
près de J'église de Fourvières , oit il cultivait avec
succès la poésie et les lettres , et où il réunissait proba-
blement une société choisie de personnes qui partageaient
ses goûts.
D. D. Joannc Talarutio , bcati Joannis apud Lugdufuun
comité I ad iibrum suum Poêla.
( 25i )
Depuis la r^Toluiion 9 on y avait construit des bara«* ,
fies ea bois ^ dont quelques'^unes sont encore adossées
à l*aiicieii mur du doitre ; d'autres ont étë abattues et
mvf^cécs par des constructions plus décentes et plus
£gnes d^une rue qui porte un grand nom historique.
Aqukdidcs ( territoire des)« Ce mot àe^ierritoire , en
mage, dans les communes rurales , dë^gne un emplace-*
ment quelconque qui n'a ni limite , ni . surface dëter-*
niuée, et qui , .quoique dépendant de la commune»
fixoie pourtant une localité séparée, et distincte. La ban-
iieiie^ ou campagne de Lyon», est ainsi divisée en plu-
^eurs territoires 9 qui sont , pour ce quartier | ce que .les
rues sont pour la ville.
Le territoire dont nous nous occupons , est limité par
celui des Poncettes et du Petit S.te^Foy. Il y existe 9
maisons , 9 ménages et 2g individus. C'est le point le
plus élevé de la partie rurale de Lyon 9 et la vue dont
on y /ouït , est sans bornes du côté du levant. Son nom
vient d'un très-beau ri*agment d'aqueduc , situé à l'angle
du chemin de Francheville et de la place St. Irénée ,
lequel se liait sans doute avec les nombreux monumens
de es gmre qu'on retrouve dans nos environs.
Les principaux historiens s'accordent à faire honneur
Qoare forum Venerû , montis sublime cacumen |
Unde et Logdunum sol TÎdet occiduus.
Clama loannes montem Talarutius illum ,
Kà divi Thom» liimna sàncta , colit.
Hec colit huno solus , Mosis admixttii amœnis i
Si Musas Tere sacra poesi^ habet.
Qocre , libelle , •'Vinim , somendus fronte serena :
Vt Pboïbo sacria Ycrus amicus homo Of tt S f
( 252 )
àe la construction des aqueducs ài Marc-Antoine ,
fondent leur opinion sur le séjour que ce Triumvir a
fait dans cette partie des Gaules à la tête de plusieurs
légions. Cependant M. Cochard , dansia Description his-
torique de Lyon , imprimée en 1817 , pag. 28S , et dans»
son Guide du çoyageur à Lyon , 1826 , pag. 91 , adopte
plus volontiers le sentiment de M. Delorme (i) , auteur
d'un ouvrage intitulé : Recherches sur les Aqueducs de
Lyon^ qui en attribue l'établissement à Tempereur
Claude. M. Cochard fait remanfUer , à Tappui de cette
opinion , que le P. de Colonia (2) assure avoir vu plus
(i) Guillaume Marie Delorme , architecte (qa*îl ne faut
pas confondre avec notre célèbre Philibert Delorme )
membre de l'académie de Lyon , né dans cette Tille le
36 mars 1 700 ,. mort le 26 avril 1 782. Ses Recherches sur
les aqueducs de î^on construits par les Romains , lues
dans les séances de l'académie de Lyon des 29 mai et 5
juin 1759 9 Lyon , Aimé de la Roche , 1760 , in- 12 9 ob*
tinrent beaucoup de succès. M. de Caylus en fit l'éloge.
Les exemplaires en sont devenus extrêmement rares. M.
Mazade d'Âveize les a insérées dans le tome I.^ de ses
Promenades à L^on ^ 181 o, in-i8 , pag. 1 55-239. Les
dessins que Delorme avait levés de ce qui restait des azi-
cîens aqneducs dans nos contrées 9 furent exposés dans la
' salle de l'hôtel de ville en 1 760. Depuis , ce savant se livra
à de nouvelles recherches sur le même sujet et les com-
muniqua à l'académie de Lyon ; mais elles n'ont pas été
imprimées et sont sans doute perdues. On assure que ^
plan d'agrandissement de la ville , en reculant le confluent
du Rhône et de la Saône jusqu'à la pointe méridionale de
l'île Mognat , était originairejneut de Delorme 9 et que
Perrache n'a été que l'exécuteur de ce plan. B.
(2) Hist. liiL de Lyon 9 tom. I , pag. 44* ^*
( ^53 )
de ^ngt à trente tuyaux de ptomb , de quinze à vingt
pieds de longueur , trouvés dans le clos des PP RecoUels ,
dsar lesquels on lisait en relief les initiales 7/. CL Cœs.
Tièerias ClauiUus Cœsar. M. Gochard croit encore que
tes tuyaux servaient pour diviser les eaux deTaqueduc,
et pour les répandre dans tous les lieux où elles étaient
lécessaires. Mais le P. de G)lonia et le P. Ménestrier (i)
entrent à ce sujet dans des explications qui nous parais-
sent laisser victorieusement à Marc-Antoine l'honneur
de ces magnifiques ouvrages. Le P. de Colonia pense qu^e
les tuyaux trouvés dans le dos des PP. Recollets, ont
du servir à la distribution des eaux dans le palais impé-
rial , qui était situé sur le plateau de Fourvières , et
qu'ils avaient pu être placés par les ordres de Claude ,
sans qu'il doive s'en suivre que les aqueducs n'existassent
pas déîà sur la montagne de St. Just , antérieurement à
Vépoqne où cet empereur y est né.
Parmi les restes considérables d'aqueducs qu*on ren-
contre autour de Lyon , celui sur lequel se trouve appuyé
le paTÎJJon des employés de Toctroi près du télégraphe,
mérite d'être remarqué à cause de son admirable cons-
truction , de la solidité de sa masse et de la dureté ex-
tiaordioaire du ciment qui lie entre eux les petits cubes
de pierre dont il est composé. La douceur du climat de
la Grèce et de l'Italie explique suffisamment l'état de
ccmservation où se trouvent les monumens qu'on y ad-
mire; mais un débris romain parvenu jusqu'à nous, et
sous un climat destructeur comme le nôtre , aussi intact
qne celui que nous signalons , est une sorte de phéno-
(i) Histoirc-consulaire de la ville de Lyon , p* 4^* ^'
\
(254)
mène aux yéux des arcîhëologucs. La longueur et tei^
difficultés d*une entreprise comme celle des aqueducs ,
sera toujours pour les modernes un. sujet d*ëtonnenient^
Leur étendue , à cause du circuit qu'ils parcouraient 9
était de plus de treize lieues , h compter de leur nais-*
sance au-^elà de St. Charaond jusques à Lyon. Ils étaient
destinés à conduire lés eaux du Furens sur la colline de
Fourvières, pour senrir aux besoins ^ soit des citoyens ,
soit du palais impérial qui y était établi , soit du camp
qui siégeait dans la plaine entre EcuUy et St Just« I^a
forme de cet ouvrage immense est digne de remarque :'
le corps de la maçonnerie est en petits moellons de roche ,
ayant depuis trois jusqu'à six pouces d'épaisseur 9 toujours
posés à bain de mortier , ne laissant aucun vide dans
ses joints montans , formant partout un corps inaltérable.
Les paremens ou faces extérieures sont revêtus de pierres
taillées carrément 1 sur trois pouces six lignes à leurs
tètes posées en losange^^ C'est ce que Vitrûte appelait
opus reiicula/um , expression qui dépeint assez bien Ce
genre de maçonnerie dont' l'aspect offre le simulaci^ du
réseau. Dans les parties qui ont une certaine élévation
hors de terre , de grandes briques dont on faisait tégner
Un COUTS de dedx assises de quatre pieds en quatre
pieds de hauteur, unissaient les paremens avec le^
massifs du mut* et interrompaient le maitlage ou réseau^
Le mortier qui lie cfes matériaux entr'eux ayant acquis
la dureté de la perre 5 a fait croire assez généralement
qu'il était composé avec un certain mélange de matières
dont lé secret est perdu de nos jours ; mais c'e^t une
de ces fables qu'on s'est plu à débiter sur les monumens
antiques. Toutes les analyses qui ont été faites du ciment
des Romains , prouvent qu'il n'entrait uniquement dans
y
( 255 )
alion que de la chaux et An sable ! tobt leûf
secffet oonsistaii , par conséquent , à savoir faire un bon
dboix de Vun et de Tautte , et à les mélatiger dans de^
^lopoTlions convenables. Lorsque ce mortier devait ser*^
fir d*enduit à un réservoir ou à un canal , on y ajoutait
de plos de la brique pilée.
On troave des débris importans des aqueducs à Slej
Foy , à Baanant , à Chaponost , à Brignais , à Mornant 9
à Si. Maaïice-sur-Dargoire 9 à St. Genis-Terre-noîre ^
k Cbatgnoii et à la Petite Varizelle. On voit encore dan»
le vallon d*EU:ully , au-dessous de Grange-Blanche et
au Massai , des restes d'un autre aqueduc , moins éléganl
et menas solide , qui servait à conduire du côté de St^
Irënée les eaux que fournissait le Mont d'or. II y a lieu de
^ser que ce dernier aqueduc avait été élevé , non par
le gouvernement 5 mais par de riches particuliers ou des
dicfsde camp, qui y recueillaient les eaux des sources
ou des pdites rivières voisines pour Tutilité et Tagré^
ment dé îean pillas. Les amis des arts ont à déplorer k
perte toute récente du plus beau fragment qui restât
àe Taqueduc d'EcuIly et qui se composait de quatre
arcbes d'une largeur et d'une hauteur considérables. On
Ta vu s'écrouler en entier dans fe courant de Tannée
1827. C^^ événement devrait éveiller ta sollicitude de
f administration ^ intéressée à conserver des restes pré-*
daix de l'antiquité qui appartiennent à l'histoire locale $
qui attirent les étrangers et dont l'étude est souvent
utîie aox progrès des ai*ts. On s'étonne que l'autorité ait
soiiflRcrt dernièrement qu'on bâtit contre l'aqueduc de
Sl Irénée et au travers de ses arcs deux, maisons qui le
lOasquent et le font , pour ainsi dire , disparaître 9 en
l'incorporant à de chétives habitations sans goût et sans
grâce. •
( 256 )
On trouve également à PoUionnay , à Courzleu , h.
i*Ârgentière , les vestiges d*un aqueduc souterrain qui
arrivait aussi à St. Irënëe. Il ëtait destiné à y amener
les eaux de la Coire , de la Brevenne et des autres petites
rivières qui y affluent. Ces deux aqueducs sont les pre-
miers que les Romains construisirent pour recueillir les
eaux les plus» voisines ; mais comme les petites rivières
qu^ils amenaient à Lyon , tarissaient pendant 1 été , ils
se virent bientôt forcés de construire celui de treize
lieues d'étendue dont il a été question plus haut ^ et
qui était intarissable comme le F^irens.
Enfin , un quatrième aqueduc longeait le Rhône de-
puis Montluel et se terminait au bas de la colline de
St. Sébastien (i).
La destruction des aqueducs est due, en grande partie,
à remploi trop fréquent que les Romains ont fait des
briques dans leur construction ; il n'est pas un seul des
vestiges dont nous venons de parler , qui n offre la preuve
de ce fait. L'influence pernicieuse de notre température
ayant détruit la plupart de ces briques , il en est ré-
sulté des vides considérables dans les massifs , qui ont
hâté de plusieurs siècles la ruine de ces monumens. Ce
que le temps avait épargné , parait avoir été renversé vers
l'an 732 , époque où une armée considérable de Sarrasins
venus d'Espagne , après avoir soumis le Languedoc, prit
Avignon et se jeta dans la Provence et le Dauphiné. Ces
barbares remontèrent ensuite le Rhône , et s'emparèrent
(1) Voy. dans les Archives ^-iom.. I , pag. 241-268 , ua
mémoire de M. Cochard, intitulé Notice sur les voûtes
souterraines 9 appelées improprement Aqueducs du Rhône.
B.
( :i57 )
âe I/yon j où ils commirent d'irréparables excès. Une
grande partie des habitans fut passée au fil de Tépée j
les églises , les murailles de la ville et la plupart des
habitations furent détruites ; ce qui restait encore debout
des ouvrages romains éprouva le même sort. Les dévas-
tateurs espéraient y trouver des richesses cachées. C'est
de là , à ce qu'on croit , que s'est perpétuée , parmi les
paysans des environs , l'opinion que ce sont les Sarrasins
qui avaient construit ces monumens.
11 parait j en effet , très-possible que , dans des esprits
peu éclairés , la tradition de la destruction se soit , par
• la suite des temps et par l'altération des récits transmis
-d'âge en âge , convertie en une tradition contraire (i).
Pour ne rien ajouter à la description que nous venons
de km , nous renvoyons nos lecteurs à l'ouvrage de
M. Delhome et à celui de M. de Penhouet , colonel , en
1816, de la 19.* légion de gendarmerie, le dernier
auteur qui ait écrit sur ces monumens (2).
£n terminant cet article , nous rappelerons que , le
29 septembre 179?, la surprise du pavillon de la maison
(i) Le P. Ménestrier dit en parlant des restes des aque*
dacs y VI,^ Dissertation sur Vorigine de la ville de Lyon 9
pag. 569 il la tête de son Hlst. consul. : u Le people nomme
ces arcs 9 les arcs des Sarrasins 9 par corruption du mot
d'arcs césariens , arcus cœsariani.... n B. .
(2) heures sur rhistoire ancienne de Lyon 9 dans les-
quelles on traite des différentes origines de cette ville 9 de
son agrandbsement extraordinaire sous Auguste , de son
embrasement sous Néron , ainsi que de ses aqueducs et
de la conduite dss eaux par les siphons renverses. Be-
sançon 9 Yacherant-Tissot, 1818 9 in*4*° de x et 216 p»g.
B.
Tome FIL 17
( a58 )
Rosset^ attenant aux aqueducs deSt Irënëe^ donna k
Tarmëe qui assiégeait Lyon » la facilita d'incendier le^
beau couvent des Genovëfins ( aujourd'hui le refuge Str
Midiel ) et de repousser le^ Lyonnais des positions qu'ils
avaient au territoire de Chqulans.
Nous regrettons de ne pouvoir consigner ici les noma-
de ceux de nos courageux compatriotes qui , à cette
époque mémorable , défendirent ce poste contre des for-
ces bien supérieures aux leurs , avec une constance et
une intrépidité dignes d'un meilleur sort
ARBALETE ( rue de V ). Cette rue tire son nom d'une
enseigne qu'on y voyait anciennement , çt qui repré-
sentait un homme tirant de Tarbalète. Cette enseigne ,
qui a été détruite , ainsi qu'une autre qu'on remarque
encore dans la rue des Treize Cantons , voisine de celle-
ci 9 et sur laquelle était figuré l'armoriai des treize can-
tons suisses , fait présumer que ce quartier était ai^trefiûs
principalement habité par des négpcians suisses qui
jouissaient de privilèges particuliers. Il est de même
probable que l'image de l'homme armé d'une arbalète ,
était l'elEgie de Guillaume Tell.
La rue de l'Arbalète aboutit de la rue dç l'Angile à
celle des Treize Cantons ; elle est tracée sur le plan de
1740; mais celui du 16.^ siècle n'en fait aucune men*-
tipn. On y compte 7 maisons y 66 ménages , 229 indi-
vidus , 25 ateliers et 47 métiers pour la fabrication des
étoffes de soie.
ÂRBEE.-SEC ( rue de r )• Un arbre desséché par le temp^
et qui avait subsisté dans cet état pendant un assez grand
nombre d'années à Tune des issues de cette rue , et plus
bf ailé Ènseîgtié qu*on y avait placée àVèc IWbléme
d*im arbre sec , ont Tun et Tautre donné à cette partie
de la ville le nom qu'elle continue à porter aujourd'hui.
Elle est figurée sur le plan de i54o avec sa direction
actuelle ^ c'est-^à-dire ) en formé de ligne brisée tendant
de la rue Glermont & la i^e JSàs^ville. Sa situation au.
centre de la ville et du quartiei* du commerce ^ lui
donne de l'importance. îl y existe 4^ maisons, 40 1 mé-
nages, 1339 individus^ 12 ateliers et 22 métiers pour
la fabrication des étoffes de soie.
IfSL maison paternelle des Labé ^ dits Charly , fameux
cordiers , était dans la rue de TÂrbi-e'^Sec. Us l'y ont
conservée pendant les i4^> i5^ et 16^ siècles. On sait
que c'est de cette famille , qui possédait à Lyon et dans
les environs de riches propriétés ^ qu'était issue la fa-
meuse Louise Labé $ dite la Belle Cordière ^ dont nous
aurons occasion de parler à l'article de la rue qui porte
son surnom , et que ses poésies ont placée au rang des
femmes célèbres^
AiLCfiERS (cour dé3). CeÛ un impasse pratiqué entre
le jardin de la préfecture et la rue Belle-cordiére. Des
entrepôts pour les voituriers , et quelques ateliers de
menuiâers ^ maçons , forgeurs et charï'ons y occupaient
autrefois de petits hangars. Depuis la destruction du
couvent des PP. Dominicains, on a bâti sur la clôture
de leur jardin de petites maisons qui sont, en majeure
partie , occupées par les écuries et les remises de quelques
auberges où logent principalement des marchands forains.
On ignore d'oi^ tient ce nom de cour des Archei^^ dont i!
n'existe pas même de trace sur le plan de 1 5 40. La principale
population de ce passage consiste , comme anciennement f
( 260 )
en forgeurs, sdiliers, carrossiers et menuisiers. Il y,
existe ii maisons, 24 ménages ,121 individus , 9 ate-
liers et 41 métiers pour la fabrication des étoffes de soie.
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
( XXIX.« Article ).
i
NOTICE SUR ÂHÉUE DE MONTENDRE.
Sî cette nation de femmes-poètes des 14.* et i5.* siè-
cles , que M. de Surville a groupée autour de Clotilde
de Vallon-Chalys , qu'il prétendait avoir été une de ses
aïeules, n*est pas éclose de son cerveau, non plus que les
poésies qui successivement ont été publiées après sa mort
et sur ses manuscrits par trois de nos plus habiles litté-
rateurs (i) ; si ces poésies , disons-nous , ne sont pas des
produits de son imagination spirituelle et féconde et
d'une imitation patiente et presque toujours heureuse
des formes de notre ancien langage, si ce n^est pas
(1) n existe deux recaeUa des œurrea de CloUlde de Sorrille : itt
premier , arrange par feu M. Ch. Vanderboiirg , qui plaça à la tête
une exccUeote dissertation sur rauthenticité de l'ouvrage , fut publié
à Paris, cher Heniichs, en fSo3, in-8.® Il obtint tant de succès^
et fixa tellemeiit les regards du public , qu'il fat réimprime deux
fois , la même année , chez le même libraire , et trois fois en t8s4 f
chez A. Nepveu. C'est à ce dernier , propriétaire actuel des maAiis*
crits de M, de Sunrille , qu'est du le second recueil , mis au jour es
A8a6 et revu par MM. de Konjoux et Cb. Nodier , sous le titre dc^
Poésies inédUes de ClolUde de SurviUe , poète du XV.e siècle , joUl
Tolume in-xa ; orné de grayurea d'apré» Colin , éléy^ de Girodel»
(i6i)
«le brillante fantasmagorie que Tapparition, dans un
Insps presque barbare , de cette femme célèbre et de
ce nombre de personnages , supérieurs aussi à Tepoque
A ils TÎTaient , dont il nous a rëyélë la singulière exis-
tence et raconte Tintëressante histoire , la biographie
lyonnaise doit s'enrichir d'une notice de plus , et Amëlie
de Montendre a droit d'y figurer aTec distinction.
Cloâde, selon ses éditeurs, avait écrit des mémoires
coandérables sur les femmes qui, ayant elle et de son
temps , s'étaient livrées à la douce culture de la poésie.
Ce graid ouvrage s*est perdu , ainsi que tous les ma-
noscrils autographes que possédât M. de Surville (i) ;
mais heureusement ce dernier en avait fait l'extrait , et
c est par là que le souvenir d'Amélie de Montendre est
venu jusqu'à nous.
Cette trouveresse lyonnaise du 14.* siècle succéda à
deux autres muses , Victoire de la Tour et Hélène de
Giammont ; die vint , suivant l'expression de M. de
Surville (2) , allumer son flambeau aux feux dont étin--
celait leur cendre. La France muait alors en quelque
iorte , et les geais italiens se paraient impunément de ses
dépouilles. Amélie fit justice de ces larcins , de concert
avec Richarde Selvag^ , l'objet des amphigouris de Cino
de Pistoie (3) ; et elle parvint, par quelques écrits pi*
(1} Hoit TÎetijne de la rëtolution , an Puy en Velay , le S7 Ten-
âéniaire an VIL On peut Toir, danB la préface de M. Vanderboarg»
coannent se perdirent à cette ëpoqne les ariginaax ^e M.- 4e Sar-
TÎIle arail en son poaroîr.
(2) Poésies inédites , etc. , pag. aoa*
(3) Richarde Selraggi , ou Sel^aggia i comme elle est nommëe
dn» la Biographie universelle , art. Cino da Pisioia , mourut , à
cc^i'il parait, ayaot i3i4 s d*où Ton peut induire que , l'ayant
cooBoe , Amélie de Montendre serait née ters la fin du i3.« siècle*
( uGa )
quans , à dëterminer 8es.,contemporains à cultiver leur
langue naissante. Elle eut Thonneur d^avoir pour amie
et pour élève Justine de Lévis (i) , qui ctmfia , à son
tour, le feu sacré qu elle avait reçu d'elle , am mains de
Pulchérie de Fay-Collap sa petite fille , dépôt que celle-
ci transmit ensuite à Clotilde sa fille dont Justine ,
comme on le : voit , était la bisaïeule. Ainsi c'est à la
Lyçnnai^e Monlendre , à ses leçons , à se» exemples , que
Justine et Clotilde durant leur talent et la place bril-
lante qu elles occupent enfin aujourd'hui «ur notre; Par-
nasse (a).
(i) Fille d*Andrë de Levis-Pcrotti , de Sasso-Ferralo , branche
reconnue par l'illustre maisott de Lévis, L'existenoe de eette fcmmâ
est aathentiqaement prouvée. On trouve daiis les couvres de Pétraiw
que , deux sonnets dont l'un lui est adressé par Justine de Itéris 9
et dont l'autre , sur les mêmes rimes , est U réponse qu'il y fit.
(a) M. de Surville a redit- en vers, un peu prétentieux , ce qu'il
avait dit en prose et ce que n(^QS venans dé lui emprunter: dans une
épltre intitulée , VOmbre de ClotUde aux femmes poêles , depuis
V origine de la langue française y insérée pag'. \/\\ et suiv. des Poésies
inédites , etc. , après avoir mentionné les Sâphos françaisea qui
avaient précédé AiaéU< de Monlendre , il fait ainsi parler l'ombre de
^n aïeule 1
Aux feux étincelans qui brillaient sous leur cendre ,
Alluma son flambeau cette vive Montendre ,
Que Lyon vit éclore en ses loyaux remparts ;
Et soudain mille échos sur les Alpes épars ,
De ses chants dévoués à, l'antique Thalie ,
Firent , se répandant , retentir l'Italie ,
Où le Dante infernal , plus encor que divin ,
Evoquait , en fureur , le spectre d'Ugolin.
Montendre , à ces tableaux énergiques et sombres «
Opposait l'Amour même , errant parmi les ombres |
Mariait , de Catulle , au riant abandon ,
lion les màles couleurs du peintre de Didoo «
r
( a63)
Amélie composa des Ters en italien et en français. Son
principal ouvrage était un drame intitule t Amour aux
a^crs. Clolilde Ta sauvé de l'oubli , en l'insérant , comme
qnsûde^ dans sa pastorale du Cbasicl d^ Amour (x)« C'est
à peu de chose près^ le sujet du CUfidon €racifié à' kxk^
sone : remarque qui, pour le dire en passant, a échappé^
aiu é£teurs des poésies de Clotilde. Le roman du Chasiel
f Amour n'est^ qu'analysé dans le seœnd recueil qu'ils
nous oQl donné de ses ouvrages. Quelques vers qui ap-»
paitalaîeni sans doute à l'original du poëme d'Amélie ,
sauf peat^tre les modifications nécessitées par le chan-
geoiat qu'avait suhi la langue dans le cours d'un siècle ,
y sont cités en trois ou quatre endroits , mais ce ne sont
que des (ragmens qui ne peuvent se détacher et qui ne
doimeraent pas une idée complète du talent de leur au-
teur. Ces vers ressemblent , d'ailleurs, à la plupart' dcr
ceux que M. de Surville nous a conservés. U juge ltti<^
même ainâ k drame de t Amour aux enfers (2) : « C'est,
» dft*il, ie modèle le plus ancien que nous connaissions
a du genre charmant de V Oracle et des Grâces. Si Çlo-*
s tilde a surpaseyé éminemment Amélie en vers ; si Louise
» Labé y dite la Belle iCordière , l'a pour le moins égalée
ces piqnaDB attraits dont la France est la mère $
Ces brillans sëdncteurs dont l'ëclat ëphëmérfl ,
Sans l'appui du talent , qu'ils peuyent embellir f
Tout en ^louissant semble déjà pâlir
Telle fut de Lévis Tayant-courrière illustre.
Justine enfin parut , et c'est son plus bean lustre.
De ce maître yautë disciple audacieux i
Justine en relera les crayons gracieux.
M««*
(1) Poésies inédites , etc. , ptg. 5a-54.
(9) Ibid. pag. 63-64*
( 264 )
ti. en prose , dans sa petite comëdie de la Foliâ et tAmùur^
» si Louisa Thiëbault ^ entremêlant ces deux manières ,
o a spécialement frayé cette route nouvelle à Tingénieax
» M. de Saint-Foix ^ certes , ni les unes , ni les autres ^
» n*ëclipsèrent Montendre ^ qu'après s^ètre embellies de
» ses propres attraits. »
Voilà tous les renseignemens que nous fournit M. de
SurviUe > diaprés les mémoires de Clotilde , sur la vie et
les ouvrage» de notre aimable trouveresse ; mais il est
encore une circonstance qu*il rapporte , et qui d<Ht , à
plus d'un titre , se retrouver dans cette notice : il s*igît
d'un hommage touchant et flatteur qu'Amélie deMôn^
tendre aurait reçu , dans sa patme , après sa mort. Nous
nous servirons , autant que possible ^ pour ce récit y
comme nous l'avons fait jusqu'à présent , des propres
expressions de l'auteur qui est le seul guide que nous
ayons (i).
Il existait à l'époque dont il s'agit deux Écossaises ,
nommées Céphise de Sainthré et Camille de Risdimond ^
quelles le duc d'Orléans \y père de Louis XII et oncle
de François I.^'^ alors prisonnier de l'Angleterre , avait
enseigné la poésie française , qù*il cultivait lui-même
avec beaucoup de succès (2). Il les recommanda à Mar—
(1) Poésies înédUes , etc. pag. 34^ et suir.
(a) L'abbë Sallîer est le premier qui ait appela l'attention des
littëratears sur le in<^rite de ce poète qu'il fit connaître dans un
mémoire insère an'toin. XIII du recueil .de Tacadëmie des inscrip-
tions. M.' P« V. Chalyct a mis au jour, en i8o3 , un choix àem
poc^sies de Charles d*Orl(?ans , dont le manuscrit se trouve dans la
bibliothèque de Grenoble, et qui justifie Téloge que nous Tenons
de faire de l'aimable et gracieux talent de ce prince. Cette publica-
tion n'a presque pas été aperç^ue , parce qu'elle a eu lieu en prôyînce,
et qu'il est établi , mémo en province , qu'il n'y a de digne d'arrêter
les regards que ce qui s'imprime dans la capitale.
r
I (265)
gaerite cl*Écosse , laquelle venant en France pour être
lëpouse du dauphin , se les attacha Pune et Tautre en
folitë de filles d'honneur. C^phise et Camille firent
amnaitre Clotilde an duc d*Orlëans , immédiatement
après sa délivrance et son retour à Paris (i): il les
o^ÉgA à partir pour s'aller former sous la Sapho
■oderne , la remercier des vers qu'elle avait faits en son
honneuT et ne rien épargner surtout pour la ramener
atec dles ï la cour. Marguerite les chargea d'une lettre
éciîte de sa main , o{ï elle sommait Clotilde de venir
mefoir, sar un théâtre plus di^e de la posséder , le
pni que sollicitait l'éclat de son riche génie.
Ionise d'Effiat , vicomtesse de Loire , autre amie de
Clotilde, se rendit à Lyon, dix à douze jours avant les
jetincs Ecossaises ; mais elle ne put descendre jusqu'au
fend du Vitarais , par un accident , presque sans exem-
ple , qui pensa lui coûter la vie , et la retint quelque
temps auT portes du tombeau. Clotilde ne put apprendre,
sans fre'mir et sans voler auprès d'elle , les dangers que
courait Louise. Celle-ci ne la vit pas plus tôt arriver
qn'clJe se crut parfaitement guérie.
Les deux Ecossaises ne tardèrent point à les joindre ,
«His une escorte de cent archers , aux ordres du cheva-
lier Yidor de Sainthré , l'amant déclaré de Céphise , et
àfs&xà à devenir bientôt son époux. La beauté conservée
de Clotilde (2) frappa vivement les d'eux soeurs ; elUj»
lui rendirent d'abord une espèce de culte et lui deman-
dèreol k l'envi son amitié , sa bienveillance et ses leçons.
(i) La longue captmtë da duc d'Orlëans finît en i44o*
(3) Mée yen 1400 ou i4o5| Clotilde deyait atoir alors esTiroi^
( 266 )
Parmi les sujets des coaversations întîmes qoi s*4ta-*
blirent entre elles , Clotilde leur parla surtout des femines
poètes , leurs devancières , uniques modèles . en poésie
depuis l'origine de notre Parnasse français ; elle leur en
apprit l'histoire presque inconnue. ,
« Ces entretiens leur suggérèrent le vif désir de rendre
)> hommage aux mânes d'Amélie de Moniendre ; elles se
» rendirent solennellement , en conséquence , à la mai-
» son même où cette ingénieuse Lyonnaise avait reçu le
» jour : elles y récitèrent , ou plutôt elles y chantèrent
» un hymne français et italien , alternativement , en
» mémoire des compositions d'Amélie en ces deux lan*-
» gués y et firent planter devant sa porte une superbe
» tige de laurier» Cent ans après , ce laurier subsistait
» encore. Comment se peut-il (c'est toujours M. de
» Surville qui parle ) que la société des gens de lettres
» lettres lyonnais , qui recueillit avec tant de zèle les
» œuvres de Louise Charly, dite Labé (i) , l'honneur
» immortel de leur patrie , n'ait fait aucune mention des
» trois beaux sonnets qu'elle adressait à Tombre de
» Montendre , de l'exemple de laquelle il ne parait pas^
» qu'elle ait beaucoup profité ? Avec un talent inférieur
(y) Ce reproche s'adresse anx gens de lettres de Lyon ( MM. de
Fleurieu , Barou du Soleil » le P. Damas , J. F. Tolosan , Adamoli
|t autres) « qui se réanireot , en 176a , pour donner 1 à leurs fraia »
one rëimprcssion soignée et élëgante des œuyres de Louise Labë«
Ces éditeurs sont, en effet , les seuls que pût connaître M. de Sur-
yille f mort , comme nous l'avons dit , eu 179I8 ; mais IHncolpalioB
retombe aussi sur les éditeurs de 18^4 t <iui n'ont pas pas non plus
inséré dans leur yolume les trois sonnets dont il s'agit. 11 eût été à
désirer que M. de Sttnrille rapportât -le texte de ces sonnets , ou
nous indiquât l'endroit où ils se trouvent. Il a même néglige de
nous apprendre s'ils ont été imprimés , ou s'ils sont encore iaéditc*
( ^67 )
B \ oehû de la -belle Cordière , Âmëlie avait le goût bien
9 aatrement exquis , et loreille bien phis sensible aux
» lois de Vharmonie. Il est parle du laurier dam l'un de
)» ces soanets ; mais Louise semble ignorer le nom de ,
9 celles qui le planèrent. Autant qu'on peut juger, d'après
» les renseignemens de Clotilde , du site où cet arbre fut
9 âevé , ce dut être non loin de la place de Bellecour , et
9 loui-à-fait sur le bord de la Saône , où des berceaux
9 de ireidure se réfléchissaient dans ses flots argentés*
9 Cest dans l'église collégiale d'Aisnay qu< repose le
9 corps de cette femme trop méconnue. »
Nous avons cru devoir transcrire., en entier , cette
dernière partie d'une si jolie narration ; l'abréger, c'eût été
à-^lar-fojs lui faire tort et risquer d'altérer des détails capa-
bles d'intéresser Ihonneur de notre cité, qui ne pourrait
manquer d'être fière d'ajouter, dans ses fastes, le beau nonv
d'ÂméVie de Montendre , à ceux des Louise Labé , des
Clémence de Bourgf^s , des Pernette du Guillet, qui, un
âède plus tard, auraient recueilli l'héritage d'une illustre
devancière. 11 ne nous reste donc , eri terminant cette
petite compilation , qu'à exprimer le désir que les faits
qu'elle renferme soient aussi vrais qu'ils seraient bien
inventés , si par malheur ils étaient faux* .
es
ANCIENISE STATISTIQUE DE LYON.
C01IMmfAt7TâS RELIGIEUSES,
Tout le monde connaît le grand plan gravé de la ville
de Lyon , levé par Seraucourt , vérifié et orienté par le
R. P. Grégpire , du tiers-ordre de S. François , et re-
( 268 )
marquable parce que dam le pourtour du cadre on y a
joint la perspective des principaux monumens et édifices
poblîc^ de la- ville.
Ce plan, livre au piiblic en 1740 , fit naître Viàée
à un individu , dont on ignore le nom , de présenter
au consulat , en 1742 , un mémoire sur les moyens d'a-
grandir et d'embellir la ville , en ouvrant des rues dans
1^ tènemens occupés par les communautés religieuses
qui, par suite de Taccroissement de la population , se
trouvaient enclavés dans les quartiers les plus commer-
çans de la cité.
Quoique nous n'ayons qu'un extrait très-succinct de
ce mémoire , il nous a semblé que les divers documens
qu'ils renferment méritaient d'être connus , et pouvaient
ofirir quelques rapprochemens intéressans.
L*auteur estime , d après le plan de Seraucourt, que
la contenance générale de là Ville , environnée de ses
murs et fortifications , est de 2,800 bîcherées dont il
faut déduire un tiers pour les rues, places, quais, rem-
parts, et la place du lit de la Saône ; ce qui réduit la
surface à 1867 bicherées ;
Que les communautés régulières et séculières ( toujours
d'après lestimation prise sur le plan ) , occupent un es-
pace de 1,4^7 bicherées, et qu'il n'en reste que 409 pour
les maisons bourgeoises ;
Que le nombre total des maisons' de la ville est de
384a , y compris les maisons d'habitations des commu-
nautés au nombre de 70 ; plus 5 00 maisons louées ,
qu'elles possèdent dans les divers quartiers ; que ces 5oo
maisons forment environ la septième partie du quart
restant de remplacement dé la totalité des maisons ;
Que les communautés possèdent 1,467 bicherées pour
ime population de ^*^7oq individusî) tandis qnè , dans les
409 bicherées ^i restent , on trouve une. population de
ia5,ooo habîians; enfin que la possession de la septième
partie du quart , qui est. la vingt-huitième de la totalité
de la ville , prouve que les communautés oœupent en
domaines utiles les trois quarts delà ville.
L auteur estime ensuite que le nombre de 3,â4a' mai-
sons dont la valeur , les unes dans les autres , peut être
porièe à un capital de i5,ooo Uv^ $ donne une somme de
^^7,630^0 ;
Qaeles directes poss^ëes par les bourgeois ne mon-
tent qu'à la somme annuelle de 36^ 18 liv. , tandis que
celles des communautés s'élèvent à 252^i3i liv. ;
Que par suite on peut estimer les revenus des com-
munautés , pris sur les fonds , les directes et les pensions,
à un million , plus à un autre million pour les biens
qu elles possèdent hors de la ville ;
. Que les 3,272 maisons, possédées par les bourgeois ,
au capital de i5,ooo liv., donnent 49,080,000 liv. , dont
le revena à 5 pour cent est de 2,4549000 liv.» dont il
faut distraire 35o,ooo liv. pour les pensions foncières
et mobiliaires et le casuel : ce qui réduit le revenu à
2,104,000 liv. ; que la capitation se montant à 400,000 1.,
le revenu se trouve encore réduit à 1,7049000 liv. ;
Enfin que si les maisons bourgeoises logent 1 26,000
habilan's , l'espace occupé par les communautés en loge*
rait 400,000 ;
Qu'avant Tannée 1 562 , les communautés ne possé-
daient qu'un quart de la ville t elles étaient au nombre
de 24 , y compris les chapitres ; elles avaient 447 biche-
rées et 334 maisons. Depuis celte époque jusqu'à nos
jours (1742), il s'en est établi 46 nouvelles.
; De ces données l'auteur conclut la fl<kêssité Je fëuoii'
en une seule maison ceux des corps religieux qui , ap-
partenant au même ordre , avaient cependant dans la
ville plusieurs ëtablissemens } il indique comme devant
être supprimées et rendues au public quelques chapelles
et autres propfriétës possédées par diverses congrégations ^
et qui paraissaient inutiles ou sans emploi; il cite, entre
autres , un ancien hospice que les religieux dti tiers^ordre
possédaient dans ta rueBelle^Cordièreet qui était depui»
long-temps inhabité.
Quant à l'ouverture des nouvelles rues , à laquelle
devaient donner lieu les changemens qu'il proposait ^ les
principaux percés , indiqués dans son mémoire , se
trouvent particulièrement dans le clos des dames Sainie-
Marie de Bellecour , dans le clos des dames de la Dé-^
série, dans celui des Capucins du Petii-Forest ^ dans
celui des Bernardines , etCi^ etc*
En parcourant cet extrait , on ne peut s'empêcher dé
penser que , pour réaliser ce projet d'amélioration im-
praticable alors sans troubler Tordre public ^ il ne fal-
lait rien moins que les bouleversemens occasionés par
la révolution*
{^Article communiqué par M. M 4 de V.)
:J-uaë
fflSTOIRE. - BIOGRAPHIE.
BiOGB^HiE UMiYERSELLE , tome L. Wa-wim ( Extrait )•
Cette belle entreprise approche de sa fin , quoique les
rédacteurs semblent vouloir la reculer, en agrandissant tout
à coup leur plan pour le peu qu^il leur en reste à exë-
( 27Ï )
crier. La lettre W ne paraissait pds devoir fournir tïfl
Tolame , et cependant elle remplit le tome L et n*est '
pas épuisée. Pour obtenir ce résultat , il a fallu exhu-^
BKT une foiîle At savans anglais , hollandais , allemands^
etc., dont certainement un grand nombre auraient été
hbs de o6té , si leurs nom» eussent appartenu aux lettres
précédeirtes. Au demeurant , nous ne blâmons dette pro^
fusion d'articles que sous le rapport de l'espèce de dis^
parale et du manque de proportion qu*elle fait naître
entte les premières parties de Touvrage et le nouveau
Toliiiae. Nous atons déjà , dans un autre article , exprimé
nos regrets de ce que les rédacteurs avaient omis beau^
coop de personnages du second et même du troisième
ordre , parce que c'est, en efiet , pour y puiser les notions
dont on a besoin sur ces personnages , que Ton consulte
le plus ordinairement les dictionnaires historiques r ce
qui concerne les grands écrivains , tes hommes célèbres
dé première cbsse , est généralement connu et ^e trouve
partoiif.
On pense bien que Ton ne voit figurer dans le nouveau
tome que très-peu de Français» Les noms commençant
par W 9 sont rares parmi nous. Il y en a cependant
ipielques-uns » tek que Wailly , Watelet, etc. Un nom
lyonnais est ausû de ce nombre : c'est celui de Willèrmoz y
et yL Weiss , qui lui-même est français malgré son ini-^
tiale , est l'auteur d'un article concernant deux médecins
aînsi appelés , nés l'un et l'autre dans notre viller
MM. Pierre- Jacques et Pierre-Claude Catherine Willèr-
moz méritaient bien d^être placés parmi tes hommes qui
ont acquis une certaine iUustration. Nous insérerons ici
h double notice qui leur est consacrée , en raccompa^
gnant de quelques notes complémentaires.
( 272 )
te WiLiiBftnoK ( Pierre- Jacques ) , tnSâecifi ^ haqait h
Lyon en lySS., et parcourut honorablement la carrière
que lui avaient ouverte ses travaux et ses talens précoces.
En 17Ô1 , à Tàge de .vingt-six ans , il fut nomnM^ pro-
fesseur démonstrateur de chimie à luniversité de Mont-
pellier. Mais il se démit de cette chaire en 1763 ^ et
revint à Lyon 9 où , d*après les conseils de ses amis ^ il
ouvrit un cours de chimie qui fut très-fréquentë (i)-
S étant fait aggréger au collège (des médecins) de cette
ville (a) , il continua de consacrer aux recherches sden-
tifiques les loisirs que lui laissait Texércice de son arL
L*académie de Lyon s'empressa de l'admettre dans son
Sein (3). Lié d*une étroite amitié avec Rozier , il ne fîit
point étranger à la rédaction du dictionnaire de ce cé-
lèbre agronome. Dans ses dernières années, Willermoz
fut tourmenté de la maladie de la pierre. L'opération ^e
la taille qu'il supporta avec courage , n'ayant point di-
minué les douleurs , il y succomba le 26 juin 179 1. On
lui doit : des Obserçaiions sur rétablissement d'un cime-
(1) M. Delandiae , Catalogue des mss, de la hibliotkèque de
Z/yon , tom. Il , pag. a 16 , meillîonne comme se trourant parmi
ces mss, , soas le n.* 984 y un Tableau de t analyse végétale ', (]fn'il
I dit être un abrogé du système cLîmicpie des plantes , extrait du
I cours de chimie fait par M. Willermoz , en 1763. "*
(a) Il parut à cette époque uue satire attribuée à un abbé Dumas ,
et dont nous ne connaissons que le titre , ainsi conçu : Apologie dû
U^ilUrmoz , docteur aggrégé au coUige dt Lyon , par Jlf .*** »
, 1763 , in-i2.
I (3) Il eu fut nommé membre ordinaire ^ en remplacement de
l*abbé de Valernod, le 7 juillet 1778 , et prononça son discourg
de réception dans la séance publique du i.^' septembre suirant.
^ Ce discours roulait sur la naturt dç l*air^ue nous respirons.
(275) '
ike hats de Lyon , 1777 (i) ; ^ un Mémoire sur les
mftas de procurer k cette ville les meilleures eaax,
1784 (a). Les rq;istres de Tacadëmie de Lyon con*
(1) Le point de ssToir 8*il ne conrenait pas d'interdire les sépul*
km» duu les villes , ticcupait fortement et partageait alors le*
e^cili. BL le doclear Rast parait avoir le premier proposé an col-
lî|ie des nédecine de I<yon de provof[iier celte importante meenre »
nfeaoïl réclaB^ > pour tonte la France et pour le monde entier ,
fsr les loahs plna éloquentes. M* Wiilermoz entra dans ges idées p
«t les dMoppa daiu le mémoire cité par M. Weiee. M. Petetin les
conbsttit iaatileiiienl : le collège se prononça en faTeur de MM*
Bsst et Willermoz. L'abfcé Antoine La Croix publia yers le même
tempi ées Bé/leseions sur les sipuliures dans la ville de Tyon , ^r
■e àt Messieurs de Vacadémie des seienees , hettes4eilres et arts de
is mène wUe , Lyon , Aimé de la Roche , 1776 , in-3. On vit
ansi pBxdtre des Réflexions Sun fossoyeur et Sun curé sur le
laime sqet , I^n , chez Bàst de Maupas , à la Sinciriii , 1777 ^
î»-ia. C'étast «ne satire. Il a fallu un bouleyersement , tel mie notre
ffétQlatîo& , foar opérer l'abolition si désirée de l'usage pernicieux
4<Mlils'^
.••• AUquisque malo fuii usus in lUo*
€e M'est qoe depois ce moment qu'en France on a établi généra*
ksKot les cimetières bors des cités et en particulier hors de Lyon^
ta 1790 9 l'abus subsistait encore. M. Louis-Antoine Moutonnât ^
•ftcat y d^uis juge an tribunal de première instance de Lyon ,
retiré dans les environs de Génère | mit alors au jour
smr les cimeiières de la ville de Jjyon | présenté à
MM, les maire el officiers municipaux et nolahles de la ville, Lyon,
libraires , in-8.^ Le terrain qu'occupe le cimetière de Lo*
f à l'extrémité du platean de Fourrières , bors àes murs , a été
la mairie de M. Fay de Sathonnay ; mais déjà auparaTant
ayaient lien dans un terrain dépendant du faubourg
éc St. Jost f séparé des habitations , qid ayait été acheté pour
cet obfet.
(^ On trouve on coort extrait de ce mémoire dAis le Journal de
Ifon de 1784 f pag. 149-1 53. Cet extrait faisait partie du dernier
ipCe rendu des travaux jacadémiques , par M* Matbon de la Cour»
Tome FIL 19
( «74 )
tiennent quelqnes morceaux inédits dç ce védedn 9 eatrr
autres un fiSémoire sur ie$ Gc^z (iX.
WiuuuELiio^ (Pierre-Glaàie-pCatiierine)^ fils du prë-
cèdent 2 né à Lyon le 17 maj^s 1767 , fut rbéritier des
talens de son père , et se disposa de bonne heure à suivre
la même carrière. Re^u docteur à Montpellier en 1788 C^) 9
il fut af^régë , Tannée suivainie , au collège de Lyon ^
et nommé professeur d*anatomie. En 1792 , il fut envoyé
comme médecin à Tarmée du Nord ; et il remplit en-
rëdacteur du jofirmiU M. Dclandine an donne aus^i l'analyse dajia son
Catalogue des mss, de la hihUoih» de Lyon , tom, III, pag. 575-S76»
(&) Les antres morceaux inédits de Pierre-Jacques WiUeraio* » «{m
contiennent les registres académiques , si l'on excepte quelques Ta(H-
ports qu'il ayait été chargé de Caire sur diflérens ouvrages ojCartp
en tribut 1 ne sont qq'au nombre de trois ; ils sont intitalëa , le
^premier : KésuUaf des opinions des médecins , sectateurs des tÊuieurm
arabes , sur la pfiliie vérole ; et le seconde et le troisième » Cotsèpiam
rendus des travaux de l'académie de Lyon pendant tannée I7S9.
Cette année-là , l'auteur était directeur de l'académie , et il lut le
compte rendu de chacun des deux semestres dans les séances pul>li->
ques des 97 août et 3 décembre. • Il «?«it isomaioniqMé fdant lev
séances particulières plusieurs autres ynémcûres , tels qu'une JHâser^
iaiion sur .les huiles de Palma Çhristi et de Ricin , en ^779» des
Observations sur le méphitisme des fosses d'aisance , en 178a , etc.
bès 176a } époque où il exerçait à MontpeUier les fonotiomi de
démonstrateur de chimie , il avait adressé à la compagnie j per
l'entremise de M, le doctenr lUst » un mémoire manuscrit jiar le
phlogistique»
(a) La thèse qu'il soutint pour pbtenir le grade de bachelier ^
porte ce titre c Mor.borum recidivqrum disquisUio medko-practûut ^
elc* , quam in Aug. Ludoviceo MçnspelUnsi medico , pubUcts «acâl
jiciebat disputaiionibus , quctor Fetrus C. WiUgrmcz fâigdunensht J
'liheraiùâm artium magisfer , regiœ academiœ Mantuanae correjtfB
pondens etjamdudàtn medicinœ cUumnus» pro baecalaureaius gr^^i^
emseçuendo^ MonspetU , Joau. Martel uatu major t t786» m-4jf
de 66 pages. ^
saite les Jbnctiofiâ àe tnëdeciti en cKçf atlt âitn^ Ae la
Moselle et de l'Italie. Ayant ea rautorisation de rentrer
dans se^foyef^ en 1796 y \\ ^tmt .la place de médecin
(n dief de Thâtel'-Diett. Atteint d'un squirrhe au pylore ^
cette cruelle maladie termina se^ jours le la janvier i8io«
Il était membre des académies de Lyoti ( t> ^ de Matitoue ^
de la Rochelle , d'Orléans et d'un grand nombre de
socâAés de médecine et d'agriculture^ On a de lui des
mémoÎTes'. t.^ sur la macération du lin el du chawrt
<îta£en) , Mantoue 1788 ^ in-4/ ,' couronné par Taca-
demie royale de cette ville (2) ; 2.* sur tinfluence cofi"
iagiease des miasmes qui s^ejfhatent dès lieux où ton
pratique le rouissage du chambre à teau dormante , cou'^
tnnné , en 1790 , par la société royale de médecine de
Pétris (3) ; 3** sur le perfecliomtement des éràkries d'eau
4c çie ^ counmnë par Tacadémie de la Râcfaelle , en
%7^i \ > i^ jtv- là méthode à employer pour corriger le
goût du fût dans les cuçes et lels tonneaux , couronné
par racadémie d'Orléans ^ en 1791 (4)- ''
(1) lï a figure jusqu'à sa mort sur la. liste des membres de l'aca**
demie de Lyon f où il fat pdrté lors du rëttblissemeat de <ictte com'»
fÊftde en. l'aa YIII , sons le titre dî Athénée*
(9) Voy. Journal de hfon de 17S8 ^ pag. 2187 et a88«
(5) Voy. ihid. pag. ^. ^
(4) On troore dans Paris , Versailles et les Provinces ^ tons. Il f
|»g. d8a-9o5 f édiU de i823^ une anecdote sur l'an de MM# Willery
moz I qui annonce en lui une extrême bonté. L'auteur ne nous ap*
p«nd pas aiMjnel de ces MM* cette anecdote se rappcrrte* Pierre'"
hcqaeê et Pierre-^Iande^Catberine Willermoz ne sont pas les seult
■Kmbrea de lenr famille ijui aient obteoo à LyOn quelque- ûëlébrité;
leasuBaptiste Willermox | neveu da premier et cousin du second y
né dans cette rilie le 10 jaillet i^So f fnort le 39 mai i8a4 t fuf
aiiist on faomnie ii'ès-recommandable. Il eut des relations aTCÇ.4lli
fiaeeiM régoMn^ •^ plusiears antres personnages d'an rang «let^ f
\
(276)
HISTOIRE. •- ANCIENS USAGES-
ORMB (LAKTti AllOIENB&lfBNT SUR LA PLACE DBS HimiCSar
A LtOUk
Tout le monâe sait qu^autrefols on plantait un orme
devant iVglise de chaque village , de même que devant
le manoir du seigneur. C'est de là que sont venues ces
expressions proverbiales : Danser sous forme f Juges de
dessous Forme , atlendez-^moi sous forme. Les paysans
dansaient sous cet arbre ; des juges pédanëes y tenaient
lek que \t prince Ferdinand de Branfiwick , le prince de fleâ«e>*
Hombourg , le duc de Gloeeeter et le fea roi d'Angleterre. 0 était
lie ayec le célèbre Martin , chef de la secte àen Martiniates , et
fut dëpaté par la proyince de France , ainsi que MM. Périsse et
MagneVal , au fameux congrès de -Wilhelrnsbad , pour le r^biis*
aement de la Franc-maçonnerie > quelques années ayant la révolu*
tion. Il remplit les fonctions d'administrateur des hospices , . celles
dé* membre du conseil-général da département , etc. Il était de la
aociété d'agriculture de LyT>n. C'est à ce dernier titre que M. le
docteur Terme, son parent, lui a consacré une notice, imprimée pài
ordre de la compagnie , Lyon , J. M. Barret , i8a4 » in-8.* , dans
laquelle nous ayons puisé la plupart des faits que nous yenoiu
d'indiquer rapidement. J. B. Willermox n*a laissé aucun ouyrage
mais de même que le docteur Pietre-Jacques son oncle et un de set
frères qui était aussi médecin , il coopéra par ses conseils et se
lumières i la rédaction du dictionnaire de l'abbé Roiier auquel i
>était uni par les liens de la plus étroite amitié. Il est regretté tou
les jours de toutes les personnes qui l'ont connu , et qui ac rap
pellent avec attendrissement' les yertus publiques et privées dont i
donna l'exemple pendant le cours de sa longue carrière , et surtoi
la piété ym et profonde qu'il fit éclater dans 9tê dernières année
r
• ♦
( 277 > .
latr juridiction ; on appelait leurs jugemens les plaids
ie la porte , et les premières assignations en justice por*
taSent rendez^^ous sous Corme. Attendez-moi sous torme
est un rendez-vous ironique auquel ne se trouvera pas
(dui qui le donne. II y a dans le thëâtre de Regnaid
tl petite pièce sous ce titre , et dont la scène est dans
^lage du Poitou 9 sous torme : on y cliante ce refrein :
Attendez-moi sous Forme 9
Tons m'attendres long-temps»
On Toit encore dans quelques villages de nos pro-
vmces de vieux ormes appelés Sully , parce que ce mi-
sistre fHenri IV renouvela Tordonnance qui enjoignait
de pknter dans chaque commune un ' orme sur la place
publique, où. se tenaient les fêtes baladoires et les marchés.-
L'orme de St. Just est rappelé dans un acte capitulaire
du 3 août 147^* Pierre de Villars, Guillaume Dodieu^
Jacques Tourveon , Jean Bruyères 9 Hugonin Bellièvre
et autres , assemblés à Thôtel commun « eurent à déli^
brer sur un arbre appelé ormoz ( ormeau ) ^ « naguères »
> par fortune de vent , subversé en la place et champ
> appelle de Coilles (1)^ tirant à St Just , prins et levé
» par commandement desdits conseillers et pour conver-*
» tir et afFuster rartillerie de la vUle. » Le chapitre j
teigneor de St. Just , prétendait que cet arbre lui ap^ ,
partenait comme se trouvant dans le territoire qui était
(0 CoiUes parail d^ri?^ de MUs , colline. Avant l'ëtabUMement
desIfinînieB en cet eMboit* û plaœ <jin porte leap nom portait
ttbd de Coime ( orne ) de CailUs et c'est , «aÎTant toote i^pparence ,
p* ane corraption de ce mot ^a'on a app«l^ Croix de Collé UB«
croit qui fat ^leréc sur cette plaça.
Ç 378 > ^
sous sa juridiction* Le conseil de ville arrête que « quanl
i> à présent , pour éviter plaids et procez et sans en^
» tendre préjudicier aux droits dudit chapitre coinm<
» seigneur , vu que la place est à Tusage commun des
)) habitaus y ledict arbre pour ceste fois demeure i
7> MM, de la ville pour estre converti à rs^ustage^
)) ladicte artillerie. » fl
ARCHÉOLOGIE. - JURISPRUDENCE.
DIS6SETATI0N SVK U mcOtldÉTÉ UTTJtaiIRK ET U UBRAUlî
GBjÇZ US AMÇIEHS ^ .
Ime le 97 noyem&re 18^7 , à U SooiëU d'émulation da.d^partei^ieBt
"de TAin, pAt M. A. -F. Pic, Tun de set membres oorrespondana .
.j«ge «u.triJbiuiiA civil de X9i>n« . '
11 est peu de choses entièrement nouvelles ; tout a
ilé dit : le génie seul peut inventer et créer. Lej
savans de tous les âges , soit, en s*appropriant les idée:
et les découvertes^ des anciens , 'soit en puisant dan;
leur propre fonds, ont fait, sur Je vaste cnamp ouver
à Tesprit humain , une immense inoissoh 9 après lagueUi
Thomme que, sa destinée a placé dans, le mçuvement de
aiTaires. publiques , ne peut que glaner quelque^ épis
si* le goût des lettres le porte à consacrer ses loisirs i
les traces de tant d*auteur$ di^M^tguéf ,; nç peuv^p
avoir aux yeux dw pecfoanes à qui ils «ont communî
qués , qu'un seul mérite , celui de Và-propos. Ce n*e|
encore qu*en éveillant quelques souvenirs j en portait
( «79 >
fattantûm sur des points întëressans et litière ou de
b littërature , qu'ils parviendront à flatter le goût dei
fpis ëclairés* S*il m'était permis de prétendre h quelque
genre de succès , avoir procuré un instant d'agréable
distraction à mes auditeurs serait le seul auquel j'oserais
«i^iier 9 en leur soumettant mes recherches et mes idées
sa la propriété littéraire et sur la librairie des ancienis.
lia propriété littéraire était-elle connue chez les peuples
o^lîaés de Tanliquité ? les Grecs et les Romains l'avaient-
ik placée dans le patrimoine' dei auteurs , et si , eu
comparant à nos usages les usages de ces peuples , la
SBiktnce àams les moyens de reprodiâre tin écrit en
éCablissaîl nne nécessaire dans l'étendue des droits que
"fiisait ràltre sa composition , pothrait^ou' dà mdins la
considérer comme procurant , d'une manière quelconque ,
mr avantage pécuniaire au poète ou à Tbistorien 7
Deux professions' dont l'exercice' se lie à notre sujet ^
étaient en usage à Rome et 'à Athènes , élcfvéiesi Fapogée
de leur lustre , et un peu plus tard eltc^ l'éf àieiit aussi 'à
Lyon j devenu la capitale littéraire dés Gaules; : c^étaient
celles de librûre et de bibKopole (î).
QoelquefiMs un esclave, ou taèxae un affiraticfal , voué
air service de la personne , s'occupait à écrire cru à copier
6es ouvrages et sa correspondance (2): cet homme fai-
iatt partie de-laidniUe 9^ îl-habîtai^ avee eUe, c'était le
secrétaire du maigre, quelquefois son coascil et ^ son
■ I II mil I I II « I I ■■■■■>■ Il ■■■^ ■■■1 t ^Mia I
Oy Martial , Gtcéron , B6rAce , Mille 9 ' Jttfénsl , Corps
'ée dîroit i ete«
(3) Sed'.peto k te ut qakm celemmè mîhi lïbrarius vut-
btnr, maxime quidem GraBCVS...* Cictrofitiàs 2ïron| apud
Oe. XYI ad JFcmil. ai.
( 28o )
ami (0; on Tappelait libranus. Tlron fut long-temps
cduî de Cicëron ; c est lui qui nous a conserve ses écrits
immôitels.
Mais lorsqu'un citoyen se destinait à ce genre de tra^
rail , lorsqu'il écrivait pour quiconque voulait remplo-
yer , et qu'il trouvait ainsi des moyens d* existence ou
de fortune pour lui et sa famille , on le nommait encore
librarius , et sa profession , quoiqu'alors peu honorée y
était néanmoins indépendante, comme toutes celles qui ^
dans Rome , contribuaient à satisfaire les. besoins ou
le luxe*
. Il parait cependant que cette même profession était
le plus souvent exercée par des esclaves qui , tra^
vaillant pour le public , rapportaient néanmoins toi:^
les profits à leur maître y d'après les règles dje la législa^-
tion romaine (2). L'éducation qu'ils recevaient dans la fa- *
mille , celle qui leur était donnée par le spéculateur qui
.les destinait à être vendus à un prix proportionné aux
dépenses qu'il avait faites pour eux , en formait natu~ '
rellement parmi les autres esclaves une classe distincte ,
celle des libraires ou copistes ; elle fournissait des secré-
taires à quioMique pouvait les acheter et les entretenir y
et des écrivains aux éditeurs d'ouvrages et même aux
auteurs ; c'étaient, pour ainsi dire 9 leurs imprimeurs»
(1) Sed heas ta, qui xAy<6y esse meoram scriptomm
tolef. Cic. TirofU XVI ad FanUl. 1 7. Innnmerabilia tua.
tant officia, in istudiis, in Htterîs nostris.... ibid. 4 et
passim. Ego hic cesso quia ipse nihil scrîbo^.... tu isti<^^
si quid lihrarii mea manu non intelligent , monstrabis..
nid* II.,
<2) Instit de his qui sui vd aUenijurii suni , tit. VUI^ £ 1 «
lies montmiens ancleiïs n'indiquent point que le»
Orariij voués à un travail presque matériel ,. fissent eH
■éme lamps le commerce des livres ; tout laisse présumer ,
au contraire , que cette industrie était exercée exctusive"-
nent par les Jbibliopoles (^bibliopolœ) ^ qui sont mailt-
te&aoi nos libraires : ceux-ci produisaient et multipUaient
les ouvrages» en les faisant transcrire par les moyens
que nous venons d'indiquer 9 et les livraient ensuite auiT
Des dbtions recueillies dans Xénophon , Martial ^
Yknt et autres auteurs latins et grecs, attestent I -existence
de ce trafic cbes les anciens , et prouvent que souvent il
éiak fait par des hommes éclairés, quoique presque toujours
aCranchis de l'esclavage-: plusieurs d'entreùx furent ho-
norés de l'amitié des grands gjënies de leur siècle (i).
Celait, ou sur des ouvrages déjà publiés et placés
depuis plus ou moins long-temps dans le commerce , ou
sur des écrits nouveaux qu'ils tenaient des auteurs mêmes,
et dont ils se rendaient les éditeurs (2) 1 * que les iiilio'^
ftda faisaient les* spéculations destinées à les indemniser
de leurs dépenses et surtout des frais de copier
Lorsqu'ils voulaient reproduire une ancienne édition ,
il ne parait pas qu'ils fussent assujettis à aucune obli«-
0) Quintilien , Instiu Orai. I , TrjrphoiU bihliopoUs^
Pline, epUt. IX, xi , Ganinio.
(2)EpUtolamm... easergo oportet persplciam , eorrigam^
tnm denîqne edentor. Cic. ad Attic. XYH. Pline, loo, cit.
Jostioicn, Instit. , lîb. IV, tit. IV, §. i. Ulpien, I. V, ff.
$. 9. ff. de injoriis. Hic meret »ra liber Sosiîs... Ho^ce^
d^ Jbte poetica , 544*
( 2^2 )
gation envers le premier éditeur ou envers rautet»
sa famille ; et ce fait qui, dans nos moeurs ^ constitue
contrefaçon , ne se trouve qualifié p^ aucune des h
romaines , et ne figure nullement dans leur nomenclalii
des délits ; il faut donc le considérer comme ayant i
licite 9 surtout quand on voit que le peuple roma
avait des formules spéciale^ pour chaque action', »
qu'elle puisât son principe dans un contrat , soit qn'e
le puisât dans un délit. On se placerait en vain daàs
chàiiip de r interprétation , pour trouver quelque te:
du corps de droit , ap^icablè , mente d*une mamij
générale, au biblîopcJe qui reproduisait un ouvra
adieté par un confrère, et lui causait ainû un pi
judice notable. Il serait difficile , Tblstoire n'en ays
pas cqnservé la trace là plus légère , de convainc
que cette fraude ait jamais donné lieu à une acH
juridique.
Le bibliopole vendait ses. livres. , on n*e& saui
douter; Martial nous Tapprend dans plusieurs de
mordantes épigrammes : il nous fait même connaître c
son recueil valait cinq deniers*
...... Dablt
Denariis tibi quinqne Martialem (i).
Un auteur raconte que Platon acheta , au prix de c
mines , trois petits^raités de philosophie de Philolaus (
(i) Lib. I, epig. 117.
(2) Diog. Laër. in Plat. , lib. III , $• 9 > ^fb. Vm , $.
A. Gell. 1. III , cap. 17*
( a83 )
Bam 1-antiqiiité comme dans Ie$ J;imips inodernes,^
ranour de la gloire ne put pas toujours être le mobile
feautews, et le but unique de leurs travaux } ou du*
Moias» ca. serait, mal Jugef le cœur humain , de pen- .
Mr ^'^rès aYolr oansacré de longue^ veilles à pro-" ,
doiie un, ouvrage capable de satisfaire une ambition
vm BoUe j les écrivains aient négligé les intérêts ma-,
làîds qgi s y rattachaient si naturellement et qui pou-
vaient enîbdUr leur vie en augmentant leur aisance*
L'hislorien , le poète savait qu*un bibliopole à qui U
oonfierart le soin de. publier son ouvrage y en tirerait un
ftok I déduction faite des frais de papier , de trans*^
cqptaa et de reliure ; comment a*oire qu'il n'ait pas
detdbé à le partager avec lui , en mettant un prix à
iqa namisjcnt ? J'en conviendrai : la facilité , la. liberté
ile (xmtn^àie pouvait rendre ce prix très^modique; mais
la 00^ n'avait pas moins une valeur vénale , et rien
de plus simple et de plus juste de la part de l'auteur ^
que dieu donner une à son premier type*
. Cinq dcsoiers ou 4 fr. de wtre monnaie pour Fachat
de n7^igrammes de Martial y dont plusieurs ne sont
quç des distiques , eussent été un prix exorbitant , s'il
s'eût (àilu qu'iinlemniser le bibliopole du travail d'un
csdaye k qui il ne fournissait qu'un entretien très-roo^
d^ue, et qui devait écrire avec cette rapidité dont les
annales des temps antérieurs à l'invention de l'impri^
iDerie,aoufi fournissent de nombreux exemples ; mais
^Uilem devait retrouver dans la vente un bénéfice
tp&ial et ta compensation des sommés payées pour
l'^ d»iMiau9cn4. Telles ont éié » thés ks anôèns ,
h hafies de la ^adenr àm copies » considérée indépen-
( 284 ) .
damment de l'aiFectioii ou du caprice de l'acheteur e^ -
sans ^gaid aux circonstances particulières (i).
Trouverons- nous ëgalement quelques indices sur les
conditions de la cession de Vouvrage et de Tàbandoir
que Tauteur faisait d une propriété encore incontestable ^
puisquelle n*était pas sortie de son porte-feuille? Us
nous seront fournis par une anecdote qui démontre aussi'
quelles furent dans tous les temps la puissance du gëni^
et l'influence des compositions littéraires sur les esprits
les plus incultesi,
L'édile Cécilius préparait des jeux pour les Romains :
il appnend qu'un esclave , carthaginois de naissance ^ -
vient de composer une comédie ; bientôt il le mande
ches lui : le poète , couvert des attributs de Tesclavage
et peut-^re des haillons de la misère , ose à peine
franchir le seuil du cœnaculum , où le magistrat romain
prenait alors son repas. Tu as fait une comédie , récité—* *
la moi , lui dit Cécilius , sans changer de place et d*at^
titude. L'esclave, d'un ton humble et modeste^ pro— «^
nonce les premiers vers ; aussitôt il est interrompu par .
l'oi^dre de s'approcher: H fait timidement quelques fias '
et continue sa lecture. Le prologue est achevé y alors -
l'édile l'appelle auprès de son lit ; à peine a-t-il com- •
mencé la première scène , qu'un jeune enfant lui prépare
un siège où il se repose. De nouvelles beautés excitent '
de nouvelles émotions et transportent l'âme du magistrat
hors d'elle-même : dans son enthousiasme , il oublié sa
(i) Quatuor est nimiam ? poterit constare daobai^f
Et facietlucrum bibliopola.TFgrphun. . . <
Martial , XIII ^ 5.
< 285 )
fCQfce d&gplté 9 fait dresser un lit pour le - poète ^
\éiài(g^-à^y prendbre place, écoute la pièce jusqu'à là
la > et se livre sans contrante à l'admiration la plus
n«e. £iifin Tédile continue son repas , < le fait partager
i^VesdaYe qu*il ^ient d'élever jusqu'aux prérogatives du
ôtayen romain^ et le congédie en .lui comptant six
nitte écas pour prix de son ouvragie (i). Ce poète , le
HoSère de son temps , était Térence , qui devint bientôt
l'anldeliAiiis et de Scipion.
3e leviens k mon sujet : il est vrai qu*Horace semble
nous indiquer qu'il ne vendait point ses ouvrages (2) ;
mais il ne serait pas juste d'en conclure que tel n'était
pas l'usage, général à Rome ; car ce poète, en exprimant
qu'il ne doit pas être assimilé à ceux qui Usaient leurs
écrits dans tous les lieux , qui les aiSchaient chez tous
lei libraires , parait plutôt vouloir se placer dans une
expeption et s'en faire un mérite personnel , que de
ccHilesler ou Uâmer cet usage. Il importe donc peu que
quelques auteurs n'aient pas autrement publié leurs écrits ,
qu'eo les communiquant à leurs amis , à leurs patrons
qui les disaient copier , les remettaient h d'autres qui
les tr»iscrrvaîent de même , et toujours gratuitement ;.il
est indifférent que ces auteurs n'aient exigé aucun prix
des bibliopoles qui s'en emparaient tôt ou tard.
Si, ce qui est incontestable , le commerce des livres
forme une profession honorable ; si l'on voit des écri-
vains vendre eux-mêmes leurs ouvrages, ou les faire
(i) Suétone , in Terentii vùa.
(2)* Nnlla taberpâ meos iMdieat neque pila
Ibnce y Uv. I > sait. 4*
( 286^
débiter pour feur compte (i) ; sî <!es bibliopoles tedief'*
chent et sbllicltent des auteurs Favantage d*dtt^ leurs
ëdheiirs (2) ; sî ce genre dé ^pëculatidn devient INobjet
d'une attention particulière du pouvoir souve^afn-^5) ;
enfin , si les édites ou de riches particuliers achètent du
poète sa comédie pour les amusemens du peuple dans
les "jeux publics (4) , lorsqu'il eût été bien facHfe , dans
la supposition de la non existence d*une propiriété exclu*
sive , de s*en procurer une copié , on ne peut se refuser
'à croire à la vénalité du premier manuscrit , ^'arce cju'ellc
est fondée 9 et sur la nature des choses , et sur Fimpo»-
'sibilité d'adihettre un désintéressement qui se^sA aussi
* extraordinaire chez les anciens que chez les modernes ,
et enfin parce que cette opinion repose sur de tiomt^reuses
(i) Marâal, lib< I, ep. 27, 66, 107; IV, 71 ; tj 29-
Cette dernière épigrâmme dans laquelle Tautetir , par tine
tournure heureuse , e^nfondant sa réputatioti ' Httf^raire
«vec sa propriété matérielle du livre , et feîgiiiiit #akUH
donner Tune {frataitement au plagiaire , et de ii« àieVtréèe
prix qu'à l'antre , indique que Af artial , du moin^ pensât
un temps , faisait copier ses écrits che£ lui et las vendait
lui-même directement aux acheteurs»
Le commencement de Tépigramme 1 1 7 du liv« 1 5 vient
encore confirmer cette opinion.
(2) Quintilien , épître à Trjphon, à la tête de %t9lnstù^
orai* .
(5) Justinian 5 InsiU. , 1. IV, tit 4, $« i«
(4) Menandri Egnuchum postquàm sdUes emerunt.
^ Terent. Ëunnch. prolog.^ v. ao>
^«...Sed cum fregit subselliâ versu',
EslCuit TntfBtetàm Tarldi- nisi vendat Âgaven*
Juvénai , sat. Vil ,* v. ^4*
i«v«
^
-^ist&m^ tlr^^s ae plusieurs ëçrîvlûns ^ TanjliqtjîtôCO,
CejWià^iiV U Cstftâi; cnconveoir, b pri^iët^ littéraire
ièà.^ CaU>Wm«»Ll a&3ur^ ; cac^ d'uM p^^ il enirail
Itt&W dcoits dix iHbli^pjQtle de seproduire à v^deolë k
fnm esempialc^ ^u^ tomlMât en son pouYoir ; d'autre
pet 9 les pax^icu.\iers , par le moyen .de leurs librorii <
«1 peapônài un nombre iUimiié de o^ies ; «t les savan!
enfin IranscrWûexil les liyres de leur main pour se îo/t"
mx V style ^ ' ooicsim TUifitoire nous en fournit un
esm^fie àans Démosthèn^ y qui copia huit fois lea«ayrr
ift TVMicyàide. Mai? il lie fimi pas en oondlure que cette
propdéti& îùX toui ^ &it iiieficttûe:unc signature de
, rautenr ou de .l'éditeur poutaît rassuner le lecteur sur h
• fidAké fi sac la correctiofa des exemplaires oenposanl
Fédiûan primceps ; cette édition n'était sans doute éafm
^)Gf a\ocs qne le nombre des copies était . suffisant poui
«aS&s£ûre en un jour la curiosité publi^pie» excitée par h
iKNKfeaakè ètt l'ouvrage ei la réputation de Vécri^ain
• le IwUiapQla pouvait kixm compter sur un débit capable
de satisËûre aas intérêts commerciaux. Voulaitf-il publiei
une seconde ^tion du livre dont il était propriétaire i
H annonçait des augmentations , des commentaires et dti
corrections de fauteui ou d\ili autre savant ^ et ce^
HM>yens lui procuraient les mêmes résultats.
(i) PmnpilÎQS AttdroDiciif .».. Cumas transnt ibiqae in
oCîa TÎxit 9 et multa composait : verum adeo înops atquc
^gens , ut coactas ait praectpuum lltud opuscalnm Ànna-
tiwn Eleacliorufn sedecim mîllibiis tiummûm cuidam ven-
dm. Quoa lîbros Orbîlkis sappressog redemîsse se dîxît^
viilgando«que curasse aomiiie aoetoiiai. SatftaM ^ de tUust
Qrmmm. €ap*8w ^
. ( 288 )
U ii*est pas hors de propos de rappeler ici quels étaient
chez les anciens les usages qui se rattachaient au com-
merce de la librairie. Ces usages durent être les mêmes
è Rome qu*à Athènes ; car cette deitiière , en perdant sa
liberté ou son influence politique , conserva long-temps
encore Tempire de» arts et dès lumières , et fut la source
où les Romains puisèrent leurs règles et leurs habitudes
littéraires.
Les livres se composaient d'un assemblage de peam
de mouton (i) ou de feuilles d'une plante appelée P^y-
rus j croissant dans les marais du Nil (2) : ces peaux et
ces feuilles , préparées à cet eflfet , et polies au moyen
de la pierre-ponce j étaient toutes coupées dans les mêmes
dimensions et cousues ensemble ; elles formaient autoui
d'un cylindre de bois ou d*ébène un rouleau qu'on ren-
fermait dans un étui garni de pourpre , de ciselures , ot
d'autres omemens (3).
Chaque feuillet , écrit d'un seul côté (4) , ne portai
qu'une page couverte de caractères tracés avec un roseai
eifilé et fendu à la pointe (5) , et formés d'une en<^
(i) Si cornes ista tibi.fuerit membrazuiy patato
Carpere te iongas cam Cicerotne vias,
^ MarUal , XIV, 186.
Peliibas exiguifl aretatur Livtus ingens.
Ùèmj XIV, i83.
(a) Pline , Hisi. naU ^III ^ 1 1 .
(3) Rasum pnmice purpuraqae cultnm.
Martial, I, 117,
(4) Juvénal , sat. 1 , 6. Martial , VIU , 6a.
(5) Cicéroû , Horace , Perse , Juvénal , etc.
(»89 )
Mire (i) , analogue i la nôtre ^ et paiement consert^
èass une écritoire (2).
Les Yolumes et leurs étuis Paient placés dans dès boites
<n des annoires , et rangés chacun dans une case
Sunt conformation analogue i sa longueur et à son
qi^seur (3). Le titre de l'ouvrage 1 én<Hicé sur une éti-
quette suspendue à l'étui , facilitait les recherdies du bi<*
bliolhécaire qui pouvait sortir le volume de cet étui , en
tirant le cylindre , au fuoyen d*un petit bouton d'â>ène
on d'ivoire j qui y était implanté (4).
Les Kîblioihèques ne contenaiafit pas , il est vrai , un
aussi grand nombre de livres que c^les qu'on admire
dans les cités modernes : la difficulté de reproduire un
èaiï , et le nombre des écrivains moins grand alors
fi*à présent , en étaient les causes naturelles ; mais ces
utiles dép&ts des connaissances humaines ne devaient
pas moins occuper de vastes emplacemens , en raison de
la forme des yolumes et de la manière de les arran ger
(0 Gcéron , YI ad Auie. 8* Perse , SaL III , i x et 14.
Horace, lie Arîey 44^9 ^te.
(2) Soititns thecam 9 ealamis axtaare mémento.
Martial y XIY, 17.
(S) De primo <bbit alterove ntdo.
Idem^ I, 117.
(4) Umbiticus. Martial ,' 1 , 67 , ei passlm. L. 52 , ff. de
Iqptis et fideÎGommissis y Ilf .
Cette loi contient lef détails les plus amples sur la ma-
tière, la forme 9 la reliure , les ornemens des livres , la
^TÎsîon en volume» , et liur di^ositioii dans les biblio-
tt^^es. ^
Tome FIL ï9
( s^)
■ ' Les bolitiques des iibrairesr ëtauent ardhfidîrenent pla-
cëes près des temples et des théâtres , et dans tes lieux
où Taffluencë des personnes pou'vait faciliter la vente :
il parait qu'elles se troimuent éû plus grand notnbre
.dans ArgUci , deuxième quartier de Rome. Cest là que
•demeuraient les Atrectas ^ les Tryphon et lés principaux
Inbliopoles connus , dans un lieu qui leur était , en quel-
que sorte, spécialement afifecté (i). -
Ces libraires n'avaient point , comme ceux des temps
modernes, la ressource des prospectus , des bulletins et des
. affiches pour (aire connaître au public et annoncer la- vente
des éditions qu'ils avaient entreprises et achevas ; cepen-
dant ils inscrivaient sur des • colonnes , au-devant de
leurs boutiques {2) , les livres qui y étnent à vendre ,
. les noms des auteurs et les nouveaux ouvrages qu'ils
croyaient povYoir exciter la curiosité. La perfection
dans le. talent du copiste, la beauté des caractères , la
correction dans les copies étaient aussi des moyens de
(i) Argî nempe soles subire letam :
Gontra Oesari» est forum taberna.
Martial, 1 ,117.
Limina post Pacis , pallaUiamqaé fbronu «
Idem I, II.
Argiletanas. • • • » • i .. tabenns»
Idem , 1 , 1 1 !•
(a) •••• Non dî , non:Coii|ce8$ere çolumnie;
'Bipr^i.de:Art.poeu5f5»'
. . . . ... . ; . • ; Kequp pila lUielios.
... . . JE(Cev»>.' Sat. I ,' 4«'
Scrîptis' postibat bmc et îttde lotis,
Dames ut cito p.erlegas po#tas.
Martial, I,'ii7.
( ^91 )
me6k$ , ek nous voyons lôs auteurs eux^ntétnes ne point
oublier d'adresser suiLce point à leurs éditeurs de pres^
saules soHîdtatîons (i).
^ Les monumens Wstoriques *Ies plus certains nous
«ppi^mieAt que les bibHopoles« ne jouissaient pas , dans
Vesercke de leur profession i d'une Kbertë iHitnit^ , et
^e rautoritë publique ^ en vertu des lois 6u' des cens-
iilutions des empereurs ^ intervint quelquefois pour cm-*
^pécher* on punir la vente 'de certains ouvrages et en
&ÎTe brâlér lés exemplaires (2)« Souvent les auteurs
éditeurs et distributeurs furent frappés du même coup,
et Ja peme de mort leur fut* infligée. Ainsi la liberté
d'écrire dans tous les temps subit les mêmes phases que
k liberté civile ; et chez les anciens aussi , on ne se con-
tenta*|MÊs de lui tracer de justes limites , on voulût encore
la contrarier ou Tanéantir. Que les livres impies', irré^
ligieux , obscènes ou dilFamatoires eussent été recherchés |
et leurs auteurs et vendeurs punis de peines' sévères ,
c'était un ^uste hommage à la morale , à la religion et
à la vertu ; mais on poussa la rigueur jusqu'à trouver
un crime de lèse-majesté dans dés phrases où respiraient
encore quelques souvenirs de cette liberté qui venait
d'expirer à Rome. La villfe 'des Scipion eut un Séjan
(i) Hqltumiautem in toa quoqae fide ac diligentîa po«
aitum est 9 ut in maaus hominum quam emeadatissime
veniant Qaintilîen 9 épître h Tryphon , déjà citée.
(2) Diogèoe Laërce. Machabœor. lib. I ^ cap; 1 y v. Sc).
Act. ApostoL cap. tg « v« ig^^Arnobe ^ lib. lY. Tacite ^ Amud»
XU, 29. Valçr. Max. VI, S. L. 4,$. i> ff. famili». ercîs-
cund«. L. un. cod. de fampsis Jibellis.'l- ô, C«d« lit. V.
de htfreticis. •.:...
( ^9^ )
pour ministre , des Nalt^ et des Secuodus pour déla?r
teurs , et un Crémutius Cordus pour victime (i).
Parlerai-je des journaux chez les Romains ? On les ap-*
pelait ^i£ir/ui acta, diurna wrbana , commeniarii (2). Il ne
parait pas quib eussent tQUt à fait le même, objet que les
nôtres. Destinés à conseryer le souvenir des éviinemens
importans, des magistratures, et des laits intéressans
sous le rapport dfi^ mœurs et des usages 9 ils étaient
rédigés par les pontifes , ou spus leurs yeux 9 par des
secrétaires (3)*, Les tables sur lesquelles on consignait
le récit journalier des choses nouvelles , s^expossûent
aux regards du public dans les temples , et particuliè-
rement dans celui de la Liberté. Elles ne contenaient pas
des dissertations sur les doctrines politiques et la marche
de l'administration , mais de simples annales et des re^
cueils de faits qui méritaient d'autant plus de crédit ^
qu*un magistrat vénérable et inspiré par le patriotisme ^
présidait au choix et à la rédaction. Ces tables furent
long-temps publiques , et leur contenu parvenait k la
connaissance des citoyens par Tinspection et la copie que
chacun pouvait en faire » et par la facilité de les trans-
mettre par correspondance d^ns toutes les parties de
Tempire. L^hlstoire ne nous apprend pa^ que des par-
ticuliers, ou Tautorité elle-même , eussent entrq>ris une
émission régulière et périodique de ce. genre d'écrits ;
et qVioiqu'on puisse présumer son existence, d'après un»
*
(i) Tacile, .e^M/. lY.
(2) Cicéron YIII , adfamiU a 9. Diarium ^ epbemeris» iL»
Gdl. V, 18. Pline le jeune. Il, 665 VU, 53j VIU , 6x.
Tacite, ^nnal^JJlï^ 3j yXV.f 92, 74. .
(3) Cicéron j de Oratorc , II 1 12.
pfessage de Tacite ,' jtnnal. xvi , ^%, il est probable que
la curîo»té des proirinces était alimenlée plutôt par lés
lettres nûssi^es (i) que par des feuilles manuscrites quo-
tidiennes.
Les érénemens politiques interrompirent de temps en
tanps la continuité des journaux ; mais comme Suétone
nous Tapprefid , Jules César leur redonna la vie (2) ; les
empereurs vinrent bientôt changer cet ordre de choses ;le
ie de la Libellé ; duquel s^écoulaient ces écrits ihôf-
i étant à leurs yeux une source impure , le génie
lédKleur fut relégué dans le sénat. Octavien chargea
roB de ses membres de reaieîHir lès annales de Tempire ,
et se réserva expressément sa nomination (3) ; des secré-
taires appelés aciuariiy les rédigeaient sous la sunreil*
lance de ce censeur ; et cependant elles restaient secrètes 9
l'empereur en ayant défendu la publication (4)«
• Choee étonnante ! Néron futmoins soupçonneux, il lais-
sa une libre carrière aux journaux* Vespaûen , ce prince
dont les monnaies portaient pour légende Ubtrias publica
resiiiuia , en a^ de même 9 et ils fb^istatént encore du
temps de Tacite, loi*sque les règnes de NerVa et de
Trajan fusaient oublier éelui du Ëirouche Domitien.
Les barbares éteignirent dans Rome ces premières
éânœlles du foyer des lumières. Dans le i5* siècle , à
Taide de rimprimerie » Venise et la Hollande le virent
lenaitre : l'An^eferre aous Elisabeth commençât àî s*é-
(i) GceroJUiuê Tîroni apud Cic. XVI ad Famil a5.
(1) SvM/ome y in Jut, Cœsar. j c. ao.
(5) Tacite, Amud. , V, 4.
(4) ••.. In qoeis ne scia senatas pdilicaiMiar* Stt^ne,'
inAug. 36. •
( 194 )
clairer 1^ sa lueur , .et notre âge enfin le rétrouve à
Tapogée de sa force et àe son éclat.
En rappelant à votre souvenir , MM; , quelques trait»
de rhistoire de cette langue muette , qui , empruntant
le secours des caract&es , et associant ses progrès .aux
déyeloppemens d'une utile industrie , nous a transmis le
secret des sciences et des arts , je ne! dpis pas omettre de
proclamer une vérité qui semble en découler : c'est que
la liberté de la presse 9 unique moyen d'édairer ra^e^
ment tous les hommes ^ ne doit être limitée que par les
néceissites de Tordre social , et que , semblable à la
pensée , elle ne conaait d'autres guides que les cbnseib
de la raison.
•• « r t
BEAUX-ARTS.
• <.
LA CHARini, BÀS-RËLIEF 9 PAR M. LEGENDRE-HÉR4L. .
■
: Jt^ caractères . de la Charité sont si divers , ils s*ap^
pliquent .à ^un si grand nombre d'autres vertus essen^
tiell^ au chrétien parfait , telles que la patietice , Thu-
«milité , > la douceur , la bienfaisance , le désintéresseméh t ,
Jla J>ienveiUance , la simpUcité , la modestie , que jamais
peintre ., ni statuaire j de qudque invention qu'il soit
dpuéi ,.jie pourra parvenir à la rendre cômpiètemenIL
Tous les artistes jquL §^ sont essayas . à représenter la
Chapté ont donc cru devoir se borner à caractériaei; la
Bienfaisance qui se trouve^en elle, et ç^tte vertUyWçius
généralement sentie , a presque, toujours été figurée sous
FemUêiçQ 4 me femii)e assise, entoufëede petits enfans
qu'elle nourrit du lait de ses mamelles , *ou bien distri-
(^95 >
buant à des pauvres djti ^in , des vétepiens ou ,de. rar-*
gent. Il existe dans nos bibliothèques un assez grand
nombre . d'ouvrages sur l'iconologie : qu'on prenne la
peine de les ouvrir , on ne verra, pas la troisième des
v^us théologales rendue autrement que nous venons de
le àive ,* et ce qu'il y a de bien certain , c'est que qut*^'
œnque aurait la tëmëriié d'aller au-^elà , ne saurait
manquer de tomber d^n^ l'inintelligible et quelquefdis
mèmfi dans le bizarre.
. Bans une charmante petite grisaille , de cinq pouces
de haut,, ^ur un pied de large , que le mu6^ du Louvi-e
a possédée pendant plusieurs anjiëes, et qui a repri»
le chemin de Rome , en i8i5 , avec beaucoup d'autres
objets d'art enlevés du palais au Vatican , par les oom*-
missaires de la république fraxi^i^ise 9 Raphaël avait es-*
sayé de représenter la QharUéf Voici commuent ce peintre
admirable s'y était pris : dans un petit médaillon y plaoé au
centre du tableau ^ il attlil mis la CharUé avec cinq
petits en&ns groupés autour d'elle ^ dont les deux' plus
jeunes, assis sur ses genoux,' pressaient sesmcnaielles de
le^rs lèvres ; en-dehors dé ce médaillon , à l'extrême
droite du tableau,* et daiis un petit encadrement ^étsit
un ange portant sujr ses épaides un vase d'où sortaient
des flammes^ au milieu desquelles on voyait deux tètes
de chérubins ; à l'extrême gatiche du taUeau , et dé
pième dans un petit encadrement , était un aijttre ange ^
tenant un vase rempli de pièces de monnaie, et qu'il 'se
plaisait à rendre. Le florentin André dd Sarte, a
pareillement représenté la Charilé y dans un très*bon
tableau qu'il peignit sur boi^i , en i5i8 , pour le roi
François L*', et que M. Picault est parvenu à trans-
.porter sur toile , en lySo, So^ la surveillance du
^nlre Chartes Goypel. CMe Ciari/é d'André del Sarta
est assise sur un tertre , au milieu d*un agréable paysage^
et tient deux enfans dans ses bras : elle aNaite Tun , e€
l'autre lui présente ,. en souriant , un bouquet de noî^
settes ; un troisième enfant dort à ses pieds , ccmcfaë sàr
la partie inférieure de son manteau*
Dans le beau tableau de M. Meynier , qui décore ^ ^
Véglise de.St-Jean^ la diapelle dédiée à saint YincenC^
de Paule, Tartiste n*a pas oublié de placer une statue
de la Çhariié , représentée sous la figure d^une femme
assise , tenant deux en&ns sur ses genoux. C'est ainn
qii*ont &it presque tous les peintres, et notre compatriote^
M. Orsel , dans le charmant outrage qu'on voit de lui
sur la cheminée de la salle du conseil d'administration
des hôpitaux de Lyon , à l'hospice de la Charité , in*â pa^
manqué dé se conformer à l'usage ; mais ayant à tra^
cailler povr un établissement ouvert aux pauvres enfant
abandonna , >€Oimne aux vieillards des detrx sexes aux-*
quels il ne reste plus- de moyens d'existence, ils'est yii
forcé d'entrer dins de ttès^grands développemens , et
tous les vrais amateurs conviennent qu'il s'est tiré de as
pas difficile avec un rare bonheur* ^
L'anglais Richardson , dans son intéressante descrip*
tion des monumens de Rome et de l'Italie \ parie d'une
lrès*belle statue de la Chctrité , exécutée par Guillaume^
délia Porta , et qui décore une de» salles du superbe
palais Farnèse; mais comme il s*est contenté de laciter^
sans prendfê b peine de la décrire , nous regrettons de
ne pouvoir en entretenir nos lecteurs. Nous essayerons,
en revanche, de leur donner* une idée d'un des exceHens
bàs-relie& exécutés par le 'célèbre sculpteur français,
Jacques Sarazin , poiv le magnifique tombeau de Henri'
BonrbÔTï— Cond^, ërigë autrefois dans Tëgfîse Ses
Crrands-Jésuites de Paris , rue St-Ântoîne. Dans ce bas-
iriief en marbre blanc , de la forme d'un médairion ,
qoi 9 pendant long^-temps , à feit partie du musëe des
IfcRidmens français y nié des Petits-Âugustins , et dont
noas ignorons quelle a ëtë depuis la destinëe , Tartiste
avût essaye de représenter la ChaHlé sous la figure d une
femme assise , ayant devant elk un petit ange , monte
soc une estabelle très-basse ; elle ' épanchait sur Tange
Vean d'un Tase qu'elle tenait de fa main droite, et elle
sTappuyait sur son siëge de la main gauche. Jacques Sa*'
nm , dont la Chartreuse de Lyon possédait autrefois
ésax bdles statues , était un homme d'un grand talent
et de beaucoup d'esprit; niais lé désir de paraître neuf ^
Tayaut porté à s'écarter de l'usage général , il n'a réussi y
^ns celle gracieuse composition ^ qu'à se rendre inin-'
tcUî^le.
On pareil reprodie ne s'adressera point î M.Legendre-
Héral y au trayail duquel nous 'fious hâtons enfin d'arriver.
Son bas-rdieF, qui décore la partie supérieure de là
aouvelle porte d'eiitiëe de l'hôpital dé lia Charité , se
compose de six figures. La' Charifé est ' placée au centre i
elle, est 'debout, ayant à sa droite un vieillard auquel elle
donne un pain , à sa gauche 'une jeune et malheureuse
mère, précédée de son enfant , et qui implore son assis-
lance. La Ckariié donne & Penfant une piâce de monnaie;
an antre petit eilfàffft ; qui vient d'en recevoir l'aumône,
est assis à ses ptèds ; ef^n un troisième petit enfant , la
têlè et lés regards baissés , est auprès dû vieillard qui le
fi»t'par la main* Cette composition est toute simple , et
far cela même reritplié de justesse et de clarté. Sans
«favie a eût éb^' possible de^isposet^kf sujet d'une ma-**
»
( 298 )
nière plus pleine , plus savante, plus grandiose » comme ^
par exemple on Tavait esquissé d*abca:d sur une des mu--,
railles de la cour d*entrëe de Thospioe , où la Charité était
repré^ntée assise, largement drapée, entourée d'eftfans et
de vieillards des deux. sexes , ^*oupés et liés ensemble
avec un art assez heureux ; mai^ enfin M. Légendre—
Héral a vu les choses autrement , et le parti aiuquel il
s*est arrêté , approuvé par MM* les membres du ponseiL
d administration des hôpitaux , a droit pareillement, à
lapprobation et^ aux suffrage de tous .les connfiisseurs
véritables.
Pendant que M. Legendre-IIéral travaillait encore à-
son bas-relief , il nous est arrivé plusieurs fois d'aller
visiter son ouvrage , et rien n'est plus singulier que le&
divers jugemens que nous en avons ditendu porter par
certaines personnes q^e la curiosité y avait attirées comme,
nous. c( Il nous semble , disait Tune , que les flaïqmes qu^
» s'échappent de Fespèce de réchaud , placé aux pieds de
» la Charité^ n'expriment pas le feu divin dont son cœmç
>> est embrasé ; june légère fiamme , placée sur sa tâte^
I) .aurait infiniment mieux rendu ^tte idée. La nudité
» de ,ces petits en&ns , ^disait ur^e ^^tre, est on ne peut
V plus choquante : est-ce qu'il n'aurait. pas été pos^})le
» de troufver les moyens de l'éviter ?»
La niaiserie de pareilles critiqua m; salirait , il est
vrai y décoqrager un artiste ; mais il.f^t ôonvcmir^qœ
c'est une ;bien grande fatigue pour ^ui que d'ikvoir à les
çntendre. Le^^tf .^^Vm^dont wus : parlez, répondroi^s-
t|pifs à ces graves censeurs, nT. jamaig tété r^nfl«vilr^
trement que par. un cœur enflammé^ plsicé d&ns- T^m^
des jnains de J^ Cï^ariii^ ou Uen par^ .des charbons ar^
dca$ j allumés à $es pieds ,> et ce n^est^ qu'aux ^^m^iL jquli
( f 99 )
les iconologîstes ont imagine de mettre une flamme sur
la fêien Quant à la nudité des petits enfans , jamais elle
n'eut rien qui blessât la pudeur; symbole, au contraire,
de rinnocencê la plus pure , il n*est aucun des plus sages
peintres' d*Italie et de France qui Tait rejetëe , et Ton
ne conçoit pas comment , après cela , d^bsqrdes rigo-
ristes -veulSnt encore avoir un avis , et ne pas craindre
même de le donner.
Le Bas-reiief de M. Legendre-^Hëral , indépendamment
de la justesse et de la clarté qu'il présente ; n*ofire donc
véritablement rien d'inconvenant ; toutes • les figures qui
le dfmposent sont d^n très*bon goût de dessin ; la pose
de la Chûriii est à la fois noble et simple ; là cadticité do
vieillard* est suffisamment sentie ; les tirots petits enfans
sont modelés d'une manière supérieure ; il n^était pas
possible de mettre dans l'expression des chai^ plus de
morbidesse ; enfin tout ce travail , dont l'exécution a été
des plus rapides , où peut-être serait-il facile de relever
quelques I^ers défauts de proportion , n'ei> est pas
moins fait pour plaire aux gen$ éclairés , et ne peut que
donner une idée avantageul^ de l'importante composition
que l'artiste est appelé à exécuter prochainement sur le
tympan dé l'hôtel-de-ville (i).
I.
* (i) Nous* avons omiff , dads le' tempf , d'aùnoncer que
le mèm^ artiste , M. Leopndre-Héral , avait été chargé de
6ire, pour le devant du mattre-atftel de là célèbre église
de Broa, à Boarg, les statues en petit du Cbrist et des
doQze ApMres , et nous saisissons avec empressement
Foccasion de réparer cet oubli involontaire et d'ajouter une
râlexiôn qui se présente naturellement au sujet de Téxé*
( 3oo )
POESIE.
TER5 FAITS A MON RETOUR DE .... 9 EN PASSANT DEYAIIT
L*IL£-BARBE.
Je la reroU cette île fortunc^ey ••
Qui souyent rëunît nos jeux et nos amours I
Salut ^ rocher , par qui la Saône d^tournëe 9
En canaux ombrages Toit partager son cours;
Januis ta n*entendts le cri des noirs autours 9
Et ta cime Hante appaùratt cooronnëe
Du pampre 9 dont le fruit dëlecte Aos beaux jourt**^
De nos simples aïeux rustique et saint oufrage 9
Salut 9 pittoresque clocher 9 ^
Qui du temps a brave Toutrage 9
Vous , modestes séjours qui 9 dans le rert feuillage ^
VaraisscK vouloir vous cacher.
Cation des statues dont il s*agit. Ces statues 9 coulées e&
bronze » à Paris 9 sur des modèles fournis par notre com^
patriote 9 ont ëtë exposées pendant quelques jours , aa
mois de septembre dernier 9 dans son cabinet 9 au palais
des Arts 9 et le public et les amateurs , admis \ les voir,
ont pu apprécier toute Thtihileté que le statuaire j a dé-*
ployée. Op sait que le beau maître-autel actuel de l'église
de Brou a été construit sur les dessins de M. Pollet , ar*
chîtecte de notre ville 9 et que tous les marbres dont il
est enrichi , de m^me; que les six candélabres en bronze* ^
qui le décorent 9 pnt été travaillés par &»% ouvriers «k Lyoa^t ,
Wy a-t-il pas lieu , dp s'étonner çt de regretter qu'on ait
été forcé de recourir aux fondeurs de la capitale pour le%
slcitues de M. Legendre-Hcral ^ et ne serait-il pas à désirer
que de bons ouvriers en ce genre trouvassent assez d'en-»,
couragement parmi nous pour les décider à venir s'j fix0:P ■
{N(He de Vun des rédacteurs, ) "
( 3oi )
Ici *)adÎ8 était un monastère »
0« des mortels 9 lassés des grandtfars d'ici4iM »
£t consacrant leurs jours à la prière ^
Formaieut des Tœux qu'on ne révoquait pas f
An tout-puissant présentant leurs hommages
Et de nos saints promenant les images ^
Leurs Toix , de l'île entière , agitaient les échos «
Et se mêlaient le soir au murmure des flots.
Ces bous pères ici Tenaient chanter matines ^ *
Sitôt que Torient brillait de uouyeaux feux ^
Et quand le sou des cloches argentines ^
luTÎtaît les mortels à s'adresser aux cieux ,
Quittant le toit de son humble chaumière f
La simple et naïve bergère
A leurs accens venait unir ses vœux.
Non loin est un château gothique ,
Où plus d'un preux venait tenir sa cour 9
Et dans cette demeure antique ,
Tûaait aux durs combats succéder les amours*'
,. Plus ne se voit donjon, ni moiiastèro y
Par nos fureurs ils furent abattus ^
Tout disjjjaraît : ami , sur cette terre ^
Bientôt aussi l'on ne nous verra plus*
Camille Bohiver.
=s
MÉLANGES.
JDaas le recueil publié par Tacadémie des sciences ,
kUes-lettres et arts de Bordeaux , des différentes pièces
ipd ont été lues dans la séance publique dû 3i mai
1827 (1), se troure VEioge histonqae de Pierre Guérin^
(j) Pafe 7jrt>6. . ♦
( 302 )
par M. le docteur Gintrac. Pierre Gu^rm était ne ait
village de Couzon , près de. Lyon, le 26 mai i74o«
Après d^sxcellentes études , il obtint une place de chi-*
rdrgien interne de notre Hôtel-Dieu ; mais jon lui refusa
celle de chirurgien-major , parce qu'H lui maqqunt une
des cinq années de stage exigées par les statuts de l'ail'*
ministrationv Malgré les brillans succès qu'il avait eus
dans les concours des élèves et le talent précoce qu*oii
reconnaissait en lui , on ne voulut point déroger à la
règle. En vain M. Guérin Taijié , qui occupait ^lors la
place de chirurgiens-major et dont le. temps d'exercice
allait expirer , offrit-il de le prolonger ^ pour (acililer à
son frère les moyens de lui succéder: rien, ne put ébranler
cette sévère détermination. Pierre. Guérin en fut décou-
ragé. au. ppiat qu'il résolut de. quitter Lyon , néme la
France , et de passer dans les colonies. Arrivé à Bor^-*
deaux , il' fut détourné de son projet par M. Dubruel ,
chirurgien de l'amirauté ^ qui sut l'apprécier et qui en
fit son ami et plus tard son gendre. Bordeaux devint
dès -lors la patrie adoptive du docteur Guérin.; il y
acquit bientôt une grande célébrité , et la réputation du
meilleur chirurgien du midi de la France. Il faut voir
dans son éloge le détail de ses découvertes et des pro-
grès qu'il a fait faire à Tart de guérir , et la description
des instrumens ingénieux inventés par lui pour les opé«
rations les plus difficiles , ainsi que la nomenclature et
r.analyse des mémoires qu il a lus à l'acadéniiede Bordeafux
ou qu'il a fait insérer dans difFérens recueils périodiques*
' Le docteur Guérin est décédé plus que nonagénaire ^
le i3 février 1827, vivement regretté d'une nombreuse
et iAtéressante famille ^ des haUtans de Bordeaux dont
il était lé médecin et l'ami , des pauvres dent il était Je
bienfaiteur , et de ses confrères dont il était l'oracle.
( 5o3 )
. Le tribut pay4 à sa mémoite » par lè'doctèur Gintrac,
est plein d'intérêt : il doit surtout paraître tel aux Lyou'
Bais , puisqu'il concerne un de leurs compatriotes , et
qu il est beaucoup de personnes parmi nous qui ont con-
nu , dans sa jeunesse, l*lromnte habile et savant dont il
célèbre et consacre le souvenir.
Le Amteur Pomme fils publia en 1760 , à Paris, ch^D
Dttùnt et Saillant , et en 176S , à Lyon , in-i 2 , un
Essai sar Us ajfections çaportuses des deux sexes ,
cot^ioant une nouveUe méîhade de traiter ces maladies ,
fondée smr des ûàsereailons. L'auteur , véritable char-
latan , ét»t à Lycm , lorsqu'il y fit paraître la seconde
idàtàiôtk descm Kvre. Il y avait troirré des dupes , et il
emporta, en s'en allant, quelques centaines de louis
que des dames lui avaient données pour prix de ses cures
imaginaires. Le libraire , Benoit Duplaîn (i), avait
fait mettre, sur le frontispice du volume, son écusson
or<iinaire , rejprésentant un aigle s'élevant dans les airs ,
avec cette devise qui était* une allusion à son nom et qui
lui avait été fournie par M. BoUioud-Mermet , secrétaire
perpétuel de l'acaidémie de Lyon : De ptano in aiium.
On ne tarda pas à faire paraître une critique de l'ou-
vrage du docteur Pomme , sous ce titre : Réflexions sur
Us affections çaporeuses des deux sexes , du docteur
Pomme , par un élè^e de M. Maria , chirurgien de
Lyon. Lyon (Regilliat), àVaigle reni^erséj 1763, in-*i2.
)
(i) D j .lirait deux fjrèrfis de ce nom ^ Pierre qui était l'allié r ^
BcnoU. tla étaient tous deux librairei , et forent quelque temps ai*^
tttdé^i tDÊà$ ils ae àéptèhnïî an «t^.
(5o4) .
Le frontbpioe était orne d'un ëcussoti oà était gravé u
aigle renversé , blessé , perdant ses plumes et tenant a
bec une devise , parodie de celle de Benoit Duplain ,
consistant en ces mots : D€ abo in imum.
Bayle , Nouçelles de la république des lettres, octobre
i685 (i) , rapporte qu^un jeune homme de Nuranbei^^
Ils d'un célèbre teinturier et marchand ,.nomnié .£rw/ v
passant par Lyon 5 y, avait mon^é 9 quelques m<Ms au— ^
paravant , un chef--d'œuvre de teinture : c'était un drap
teint d'un côté en écarlate et de l'autre en violet» GeL»
est apparemment ( ajoute Bayle, qui fait ici un singultec^
rapprochement ) plus difficile qpe la toanière d*apprélQr
un cochon bouilli d*un c6té et rôti de Taujtre , de laqodle
Athénée fait mention en son , livre IX. ; >
»
Alléon Dulac , tom. V , pàg. 296-7 dé ses Mélanges
et histoire naturelle , a consigné quelques Réflexions sur
les insectes qui ravagent les livres ; M. Peignot a éga-
lement indiqué dans son Manuel du bibliopphile ^ lom. 11^
pag. 424"'4^^ ) plus^^ui^ moyens de préserver les livres
de ces insectes. Nous croyons ^devoir compléter ce qui a
été dit sur ce sujet par ces deux auteurs , en donnant
une traduction du' morceau suivant , que nous avons
extrait du n.^ CXL de la Biblioteca italiana (Milan ^
1827 , in-8. , ^)ag. 3o6) : « Beaucoup de tentatives ont :
été faites pour détruire les vers qui attaquent les livres ;
on a proposé plusieurs recettes qui n'ont pas produit
— -:-* : • -
(a) Œuvra éwerses , édxU M. La Baye j xftj « tonu I » pag. ^or*-
tttM de aenricès à Tari lypogrêiphiq[tte en Italie , sié
livrèrent à de» expériences sur ce sujet ; . mais ils con-
ckurent {nr reconimander la pli» scrupufeusé propreté
dans les Imes et. les iMUiothèquès. Un nouveau remède'
Tient d'être indiqué par M. Thomas Alkop r il con-^
âste à enduire légèrement {mfonacar^ leggermenle^
les feaillels que Ton veut .conserret*^ d'un mélange à
iûseségedes , de pétide et de l'huile exprimée, des hAeak
du MeUa, azédarac\ appelé aussi Margouiîer exi'
France* L'huik seule- 'des baies du margoiisier est'
presque inefficace contre les vem f ibaas on prétend que
ks faillies et les fleurs de cette plante opt la vertu de
les éiœgneff ( Teckiric. Repasit e, Bé 271 ). Tout èssaî
leadant à préserrer les livres des ravageur d'un insecttf
û destructeur , doit: Aire- regardé amune utile et mérite
d'être encouragé* Nous. 'iaVitons donc les libraires et leà
cônsenraieurs de bibliothèqneai k faire l'eiqpérience du
môyeii proposé par le chimiste' anglais. 9
. t .1*.
,. . ■ ' •
Ifoncfe SUB PftOCULUS ( tirée principalement de Fla?iiu V(>piio««,»
Hitt: Aug. , et de Picot ^ Hisi. 'des Gaulois « t. II , p. an )• •
• . ' . ' . • /
■ j
I
Proculus naquit à Albenga , en Ligurie, vers le ini-
Uni du troisième siècle i il était redevable de l'Immense'
finiuae^qa^il pos^édaîit el; qui: .taomaistflot surtimt^en es--
daves et en troupeaux , aux pirateries de ses ancétreis.
Dès sa plus tendrii jeunesse , il avait embrassé le parti
dei armes: parv^u au grade de tribuh de plii^ur^ Ié->
^ns romaines,' il se distingua par des traits de- bra*>'
youre. Gomme les plps petites particularités de la vie
d'un homme qui appartient à Thistoire ont quelque
chose 4*3gléable pow le ileoteuff , il iaut bien se gardei^
Tome FIL so
( v'Soe ) ;
j'en tair« rufi^ ôfmi i\ tirait v^aiiUë !et qui se ftfoure coi
sigaëe ,^q& la lesltl'e. 9ttiiraiite qu'il écrivît h Mëtianus
aon parent, et dont nous* nous contentei'ons de doniM
le texte } proculus: Meiiaho JuSiki S.' D. Cenium ^
SqtJti'CUfa çùgin^s Cétpi. Ex.^'his Mfia nocie. deceminivi
qmncsjamen , çuodin mei erat.y mulietes inirA di<s Xi
rgddidi'. Tovitefeis racnbîtion de Procûliss lie «se i bon
pa$ i^ die pat*eils e^^lûits 9 car U ne i^scAu^ pas mdh
que è^ monter sur' le trôiie des Césars qm , dans c
tç^ps de dëoadencè et d*anarcbie ^ lëlait âottVent la pro
du premier occupaxtU On. croit ique œ iut safenune , qi
s*appe|ai^ Staipp^o î et fui iaTait*d*abord poHé le notti i
yitui'gîe , >qui l*èngligea dans cette foUe et tënéraire ei
treprjsjs ^.oette femme ^ digae sile^ soiDmarii^, était d'il
courage et d'une anblliba alr-dtssus^'de^ son sexe. J
fprtune qui .favorise^ les audameux^i iburaût'inenldi
, Çrçq^iis roeoasioa d'exécuté^ • son pro^etvïJn i)our il «vi
assisté à un festin i^èndide quise ^nnpit ^inta^U ^
de Lyon à de nombreux_j::pnyives , c'était en Tann
280 : après le repas il joua aux petits soldais , espèce
jeu' dé: dkitfes ou d^écheès , '6i!l[ , en yertu d'une rèf
établie, oh ^luait empereur celui qui remportait l'avantai
Le < hasard fit qu'il gagna dix patties de suite: tout^
coup un homme Ae rassemblée, qu? avait quelque cfëd
tcoi^vaat: cette* cirôcmsiance sinJguKèife^ ôti 'bi^n >^\
être étant d'accdrd «ve6 Procalus , «'écria , l&il d'adresse
à l^i•: Jâ te salue y Auguste; puis- apportant ikn ixiênti
de p0ur{à^ , il leriui mit sur les' épaule^ ^âLinsc • tcKités
démonslraliîoirt dû respect le plnsi'eligieu^t'; enfih il
cendît tous les hbnneui^ dus au rang suptétnë.ll a'
&llatpa«. davantage pour-Jétermiaer les assistant'
ensuite h oiultitiiâe \ iniîfer l'ekéttiple *âe eiet hom
(3o7)
liardr(i). Âa.t^ste ^ la légèr^é n^fittirelle aux^jaukls
contribua singulièrement à I^ëlëvation de Pi^oculi^is : U
iîit surtout secondé par la haine gue ces peuples avaient
;vouëe à- Tempereur Probu» qut régnait algrs ei q^ui sp
conduisait avec une excessive sévérité.. Prpcùlu? ^pour
s'assurer I empire, fit prendre, sur%-chwip,.Ifes âmes
4 deux mille de ses esclaves ; il parvint bientôt,. à Vaide
de KS complices, à gagner toute l'armée. Peadant $on
usurpation , il se rendit utile aux , Qaulois ; car , s ei^
tenant toujou/3^^Ja petite guerre, il finit par tripmpher
avec gbire dj^ Allera^inds qv^ p9rtaiept enqorQ le nom d^
Germains et qui; avaient env£^i\une partie des Gauleç«
Cependant il ne sut pas se piaintimiî dans le ran^g que
le hasard jui avait procuré :. les déb|tuches auxquelles il
ne cessait dcse livrer devaient iiécessairen^ent précipitef
s^ dmte ; dans son ayeuglemient;, il s*était flatté de faitjp
son coUègue à Tempire , de son fils , qui se, nommait
Bërennianus , dès que cet enfant aurait atteint sa cin**
guiéme année.. Promus ne lui donna pas le temps d'acr*
complir ce dessein, il lui tiVra bataille et le vainquit*
ÎL'usurpateur ayaqt ppîs la fuite chercha en vaîn'urie re-
traite chez les'Fjâncs , donl il prétendait tirer son ori-
I
■«waiMH
(i) Evirope , Aaréliiu Victor . et Vopiscas lai^néoié \ t^ié éh
jyoku ).dii¥kBflnt à efiicpdfe qiiej*ëlectîpn;de P)foçnk« pp)û^j^:Co''
togae , et Créyier a adopte cette rersion. Cependant je perçiste à
'croirt que sa proclàmatioii eut Heu' i. Lyon , ce qui tne semble ré-
Imiter îneontestal^leitieiit du ieite -àe Yophcns oà on lit ( i^ de
JfroeaiuM ) iJiortanHbu9 Lug^uneniHns, >TUlem0iit.^ Histoita des
ILÊÊpereurs^ pUcç à Lyo|i la «cène du festin et de la partie 4e,je«
if'échcca. ISéur tout concilier , çn pourrait admettre que c'est à Lyoa
que Proculas unûrpa la pourpre i ^t que 6''e«t 'à Cologne quli établi!
le si^e ,àt §oa '#DapÎM«' - i f ' ' '. ^ -• ■
( 3o8 >
gîne et mr lesquels il a!^^jaL\i devoir compter ; mais ces
peuples, pour qui trahir leur foi n*ëtait alors qu^un ba-
dinage , le livrèrent à son ennemi qui ie fit mettre k
mort. Sous Dioclëtien, les descendans de IProculus exis-^
taient encore et disaient en plaisantant qu'ils n'auraient
jamais b fantaisie de devenir pirates ou empereurs
( siii non placere esse vel principes pel lairones )•
Après la mort de Proculus , on fit à Lyon une médaille
où la tête de cet aventurier est attadië à un croc ; au-^
dessus est b buste de Probus devant une victoire ; on y
voit' encore les lettres P. T« qui signifient sans doute
Proculus iyrumus ; Tautre face de la médaille offre
l'image du' génie de Lyon tenant d'une main une corne
d'abondance et de l'autre un gouvernail. La gravure de
cette médaille dont le P. Ménestriër possédait un exem^
plaire y se trouve dans 'V Histoire consulaire de ce savant
jésufte , page 142.
Le feuilleton du .Journal des Débais ^ en rendant
compte 9 il y a quelques jours , des ouvrages de sculpture
exposés au Louvre, cite un buste du Tintorêt commandé
par la maison du Roi , exécuté par M. Viettyj statuaire^
qvi commença l'étude de ia sculpture à nôtre école^des
beaux-arts.
Le critique , tout en reconnaissant le mérite de ce
buste, dit que Texpre^on en t&\. forcée. Nous apprenons
qu'un amateur éclairé de notre ville, qui a vu dansl'a^
telier de l'auteur , le modèle de ce marbre , trouvant
dans cette tète pittoresque et dans la vive expression qui
l'anime , une savante empreinte du génie et du caractère
extraordinaire de ce peintre , qui fut surnommé le foudre
de la peinture , se propose de faire l'acquisitioû du plâtroe
pour son cabinet particulier.
- ( 309 .)
La Nymj^e de la Siine , figare en marbre, corn*
iBandëe pour le musée, ^r M. le chevalier Rambaud^
préeédeni maire de la ville de Lyon, fait honneur (dif
le même journal ) au a'seaa de M. Vietfy. Nbûs espérons
jouir bientôt de cette production. Le dessin que possède
M. Charles Rambaud, donne Tidée la plus avantageuse.
de la fiertë jointe à la grâce qui distingue cette statue.
M. Vietty vient de soumettre à notre conseil munî-*
ciçal ,^ les compositions très-remarquables qu'il a faites
|K)Qr les Êiçades de la place de Louis-Ie- Grand , sur la
comniaiide de M. le maire. 11 est aujourd'hui du petit
nombre des artistes français qui , affrontant les mode»,
corniptrices 9 conservent les traditions classiques. Les
cfaels-d'œuYre des arts et de la littérature che^ les an-
dens , pooi; qui il est passionne , en lui révélant sa voca-
tion , Vont constamment dirigé dans tous ses travaux : ses
moindres productions le prouvent. Aussi , sommes-nous
bioi convaincu , que le critique du Journal des DéiaÙ ,
s*est trompé d'adresse , en donnant à notre artiste , le
oons^ de ne pas peràre de çue Us anciens.
{.Note commumçuée.y
BULLETIN BIBLïOGRAPHIQtJEi
... r f »
Cemdtûiians sur V arrêté de M.k Préfet du Rhône , en
date du 9' avril iSa/ , concernant le pliage des étofies, '
par MM. Alexis de Jussieu ^ avocat à la cour royale
de Paris , Odilon-Barrot ,^ Edmond Blanc , Isambert , ^
]U)2et. avocats aux conseils du roi et à là cour de
cassation. Lyon, imprimerie de C* Codue , 1 828 , in-4*^
de %Z pages.
( 5ib )
noveim fidnricoBS Ab eette TUla se rebsent à Vtxéca^
tion dé l'arrêté du 9 aVrtt iS»;, Les mëmotret compri»
60U» le titre qu'on vient de lire , sont relatif à cette affaûw r
pendante en ce moment deyant lea tribunaux.
.1/
Mandement de Mgr. f archevêque âAmasie , admînis-, ^
trateur apostolique du diocèse de Lyon et de Vienne ,
pair de Frarice , pour le carême de 1828. Lyon , im-
primerie de Rusand , in-4,® de x5 pages.
AàfAlnistttUÎôn du dispensaire de Lyon. — 'Règlement
pbur le service médical , délibéré dans les séances dtx
cwiseil d'adnhnistratton des i5 mars, 5 avril, 10 pat , *
fl6 septembre et 1 3 décembre 1827, et a#rêtë dana.
les séances Ai 30 décembre iSaj et dii a5 janvier
ï828, Lyon , imprimerie de Louis Perrin, ^828 ^^
în-S.® de 1 5 pages.
ifolica sur EmQnd Juger. Lyon , imprimerie de J. M«
Barret , i8a8, în-8.* de sSjpages.
Tirage Vpartetik 5o eiiemplatreB f'-de ce^e notice in-
sérée dans les \/frcAti'e5 du hhSne y pag. 100-122 du pré^
sent volume. L'auteur ( M. Pericaud aîné , bibliothécaire
d^, la ville de Lyon ) a, enrichi cette réimpression de plor-
sieuxs additions dapf le texte et dans les notes.
, . l .. :
Quelques tlfflexwns sur Tonli^tion où se trouvent ^
^sociétés académique 4e publier leurs^ travaux^, et sur,
Ui manière de Ibs publier ^ lues par le docteui; jPaifii.
( ,3h 5
^ Vacadëmie de Lyon , dans la séance du 9a noyembve
181-4.' Lyon ,* imprmierie de'X. ftf. Barret 9 1828 j;-
în— 8^ de 8 pages.- • •
Tirage à part de ce mémoire insërë pag. iaa-127 de ce
> ) .
j >
Noiice historique sur le collège royal de Lyon , d'après
les docamens kistoriqiies et les pièces originales ( ex-*
Uaile da tooie Vil (pag^ lf^7•^l40) des AkckipésL
hisieriqtus ei sl^iisiifue^ À àip^rlemeat du JBAômt^).
Jjfem j xm^imerie de J% VL Bacret , 1S28 ^ m* 8.^
de 31 pages;
Cette brochure oà'nê se' trouVe pas , comme dans les
Aré^veâ\ la signature de P&atear ( F. J. Rabauis , aggrég^
professeur de r1iëtorii)[ae )r Lyon ) i n*a éié tirée, qu'à
tië»-fe6t ntmbi^.
Dissertation sur f origine des étrennes\ par Jacob Spon 9
nouvelle édition , avec des notes , par M.*** , des aca-
dëmMS de Lyon 9 Dijon y etd Lyon , imprimerie
de L M. Barret , 1 8!i9 , in-8. de ai pages.
f * s '^ ^ 1 é^ » • » .
Tirage à part et à petit nombre ^ de c^ftte di^sertaljoi^
îuserée ci-dessns , pag. i6i-i85. La réimpression contient
^elqnes corrections et quelques nouyelles notes.
i , , . <
Noiici sur J.B.J. Boscary de Fdiepùline. Lyon 9
imprimerie de J« M» Barret «^ iflaS*, in«6. dé 19 pag.
Tirage ^* part c^* cette nôtiée in^ér^e pag. 'ij^-210 de
te roiamev Site éét signée Z et contient qué^nes a<ï.(Iitiont
dbu fea-notea^ ' ' -
'l'Abeille françùise ^ ou Archives de la jeunes^ , etc.
Lyon , Louet , place du Plâtre , n."" 14* N.^ a-i8a8»
in-ti. pag. 90-173.
Le n.^ n'est ni moins ymé^ ni moins intifressant
le premier dont nous ayons rendu compte ci-dessus ^
pag. a55«
'ExposUion iune noupette méthode expirimenÊûie applî--
qnëe à l'enseignement populaire dés sciences indus*
trielles , et désignée sous le nom de méthode manuelle y
et considérations sur Tétat actuel de cet enseignement
en France , et sur Tinfluence que l'adoption de la m^
' thode manuelle* doit avoir sur les progrès des arts et
des manufactures , p^ Hei^ Tabareau , ancien ca-
pitaine de génie et élève de l'école, polytechnique »;
directeur et professeur de TéocJe d*arts et métiers ^
fondée à Lyon par le major-général . Martin. Lyon ^
Louis Perrin , 1 8a8 , în-8,^ de 40 pages.
t^'est une espèce d'introduction \ un cours que proleste
M* Tabareau à Técole provisoire delà Martînièrt, établie
an palais des arts 9 et dont l'ouverture a eu lieu le 28 de
ce mois (février i8a8).
Hé la HicessUi de fensetgnemeni scientifique de fagri^
cuUate 9 diteotiré prononcé dans la séance publique
de la société royale d'àgricvdture, histoire naturelle
et arts utiles de Lyon , le Si août 1827 , par M»
Prunelle , président de^ la société , membre de Taca*-)
demie royale des sciences » belles-lettres et arts , de
(3iS)
la sociëlé de mëâedne et du comitë grec de hytin;
Lyon , ixnjprimerie de J. M* Barret ^ 1 828 , in-B.
de 16 pages.
Caiatogue des Ut^res proçenani en partie de la bibliù--
ihèque de feu M.S.*^ (Souchay) , membre de Taca-
démie des sciences et arts de la ville de Lyon , dont
la ^enle aura lieu le lundi 9 10 mars , et jours sui-
irans 9 dans la sall^ des Tentes , passage de la maison
Tolocaii 9 place du Plâtre...., Lyon , J. M. Barret 9
1 8aS 9 in-9.* de 5o pages.
• M. Sonchay 9 ancien directeur honoraire de rtfoole de
dessin de L jon 9 associé de l'acadëmie de cette Tille y
âèTe partîcnlier de M. Coffin , et dont on prétend que
Fabricins -parle * dans sa bibliothèque latine comme d*aa
aaTant communicatif et modeste (i) ^ possédait une biblvc^
thèqne nombreuse, ricbe en lÎTres classiques et en éditions
rares. U mojMut en 1807 , et la majeure partie de sa bi-
bliothèque ft|t Tendue à l'enchère au mois de décembre
de la même année. Le nouTcau catalogue se compose de
lÎTres qui furent retirés de cette Tente et d'autres qui
STaient été conservés par la famille , auxquels oh en a
sjouté nn certain nombre proTcnant d'ailleurs.
Ce catalogue n'est pas fait avec le même soin que celui
qui bit dressé lors de la première Tente par feu M. Rajnal 9
objet des regrets de tous les bibllopbîles de Ljon 9 et qui
n*a pas encore été remplacé \ mais on 7 trouTC une asse^
grande quantité d'articles précieux et întéressans que les
Amateurs sauront bien 7 découTrir.
(1) Hoas n'aTODs pa retrouver le passage où Fabricius îaXX ce^
Aoge mérite de notre compatriote. Feu M. Bëreng^ « de Facad^niie'
étl^imf 4CaitfiMdr0'^llt*8o«efa*y. ^
( 3i4" )
Catalogue des Ihres de là bibliothèque de feu M. A. \A^
Barbier y' cheyaiïieT de IWflre' rbyâl de la Lëgioti
d'honneur , ex*administrateur des bibliothèques par--
ticulières du roi et ex-bîbtiothëcaire du conseil d*ëtat ^
dont la vente se fera le 25 février et jours suivans , è
six heures de relevëe , rue des ^ons-flnfans.i n-^ 3o«
Paris , Barrois et Renpu , 1828 , in-8« de yi et i36 p.
NoQS ne mentionnons iei ce riche catalogue de la biblio-
thèque (Fan bomn^e de lettres distioenë dont nous dëpkNrons
la perte encore nëcenté (1)4 que parce qu'il contient des
articles qui ont droit d'întëresser particnlièreçicnt les
Lyonnais. On j remai^ue , en eâet y plusieurs livres im-
primes , relatils à la ville de lijon , ou enrichis dfanno-
tatîoDs manuscrites du célèbre bibliographe -Mercier die «
Saint-Léger 9 né^: comme on le'isait, dans cette ville ^ et
piuAtettrs manuscrits autographes, du même saipant et de
quelques; autres t qui ont aussi rappoirt à notre Jocalitëb
lions nous ooatenteroiis d'indiquer lea articles qui suivent 1 •
« 281. Discours sur influence des lois sur le commerce,
prononcé en 1767 en Thfttel de tille de Lyon , par L. T. *
Hérissant.... in-4.® Manuscrit,
674. Poljrmachie des. marmitons , ou la Gendarmerie du
pape. Lyon , i565 ». in-4.^ grand papier vélin^
Edition renouvelée , tir^e à loo exemplaires. Il n'en a été tiré
que 10 exemplaires en grand papier vëlin.
1541. Recherches sur les imprimeurs et libraires de
L^on 9 et sur les éditions du XV.^ siècle qui existaient
en 1779 dans les bibliothèques de cette vUie et dai^s plu-
sieurs ^ autres bibliothèques. Manuscrit autographe deMeT'*
cier de Saint^Leger , contenant plusieurs lettres auto*
graphes de savans Lyonnais et autres. Un carton in-4«
T*
{i) M«' A. A. BaxJ)icr eai mpii à Paris le {r dMHslirs s$a$«
f 3i5 y
tS79» IX^ce sur Ja «ie et les écrits de Mercier de
SmU-héger , par Chardon de k Rochette. Patis < an VIL
Afte noiiBs criiûpics et manuscriies» ««• Notice sar le mâxne 9
far M» A. A. Barbier. in-S.® br,
ir)94- Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de
\j%m 9 par Delandine. I^àn , 1811 , 7 roU ia-8 (1).
Arec on* lellne autographe 4e Delaadiae.
1788* l*e8 Ljonnois dignes de mémoire, par Pemetti.
A^cc Y>eaucoup de ootes et addilioos manuicritea de L. T. Hërissant»
1808. Traj pourtraict de la irie de E. Auger ( jésuite ) 9
cïoiifesspnr de Charles IX et de Henri HI, et quelques-unes
de ses lettres , par le P. Baillj. in-4*^ maniucriL
Od ftronre en télé du yolume dea iastniotioDs pour rioupression
de roorra^. Ce feuillet signe par 1* auteur est autographe. Voyea '
DicU Jes JÊnottymei r tûatié IV, pm^. 198 ,*- wAm Au^êf^ « • t
A la suite de ce catalogue' est «ne liste de lettres mmi^
tograpliespar.ordnaalpbalMftiqfedeS ngms deleura autenrs*^
On y '▼oît fignrer MM. Clayier , Delandine , le comte de
Yteuiieu-^v Gandin , oratorien , Lémontey , Môngez , biblio*
A^caîre de facadémie de Ljon , Morellet , Mçrci^r de
Smt-Léger, etc.
JLLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE FÉVRIER i8a8.
*^* 7. — ' Le cercle . littéraire de Lyon a' admis a«
aoiplire de ses membses ordinaires MM« Chappuis-Montla»
Till^ jet J. Morin. ...
il ■ Il ■ ■■ I. } \» ' > ■ I i| ■
<|l) Il j a ici arrevir « la Catalpgne daa «MOUfpiâ^ 4e la biblio-
Ihè^ae de Lyon n'a ^a^ trois^ volumes } les ,quatr^ autre» Tolume^
apportieiiiient sans doute au Catalogue des livres imprimas de la
biblSotAèqde *, par le 'même' auteur , 'dont il y en a deux
ks ^Mk^hthres y >d^ut po«tf Vfûdoirt et uo pour le thédtrts
(3i6)
\^ 8. -^ LWtreprlse du pont de la gâte et àa port mn
plan de Vaise , a éié adjagëe. à ane compagnie repi^ësent^
p«r M. le baron Nivière et MM. Goste , Joumel , Laabreaax^
Turm aînécet Saint- Olive. Cette compagnie a dans sa son»
nissîon fixe la dorëe de la perception da pëage sur le pont
a 98 ans et 6 mois. D'après le cahier des chaînes , le
pëage dû pour station dans la gare et aa port est coBoédé
b' perpëtoité.
*¥^ 9. — - Une ordonnance da roi du 27 janyier der-
nier , insërée au Bulletin des lois , n.^ de ce jour 9 contre^-
flîgnëe par M. l'évéque d'Hermopolis p autorise , en ex^
cution de la loi du 14 mai iSsS , la communauté des
«œurs de St. Charles établie à Sainte-Foy-lès-Lyon , dKpi
tement du Rhône.
%^ II. •— La cour royale a procédé au tirage au sort
des jurés appelés à siéger li la prochaine session des
assises. Le sort a ^signé les pers<mnes ci-^près :
Jurés. MM. Houillon (Amédée Barthélemi), I^rom^
Çleney (Jean Pierre) , id, ^ Goumand ( Pîenre Louis } y
iV. ; Martin ( Antoine ) , û£. ; Gantin ( Antoine Charles ) » mL ;
Goubayon (Gilbert), if?, j Saint-Didier (Jeau Antoine) 9
id, ; Saquin ( Jean )jid,'j Rabousset ( Amédée }, id»^
Joly clerc ( Jean Guy) , id, ^ Cazenoye (Arthur Paul Théo-
phile ) , id.i Penet ( Marie Bertrand) id. ; Sévelinges fib
(Victor), Deiùcff*^ de Tricaud (Pierre Aimé Adolphe)
JLyon ; Raymond (Hugues), Dardilly % Mollard (Jean
Bapti&te Clément ), Lyon; Grailhe de Montaima fils (Jean
Baptiste Alexandre ) , id. ; Freydîer Dubreuil ( Jacques'
Marie), id,'^ Michel ( Antoine François) , S£*C^ ; La-
■verrière (Claude ) , Ckamay ; Chappet (Prosper ), l^oni
Forest ( Etienne ) , tes Massues ; kjnntA ( Alphée Marie ),^
J/jron; Fond (Jean Antoine), Condriàik ; Carret (An-
toiae ) , Courzieux ; Càn^ichon ( Antoine ) , Blacé ; Gaffa-
rel (Aimé François) , Lyon ; MiatheTon (Jacques) ^id*i
( 317 ')
liriOB (Clandft Marie ) , id. ; Terrât fik f Jean Antoine) ,
m. i Comte ( Jacques ) y la Guillotière ; Comballot neveu.
^Lonis, id. ; Corbillj (Jean Louig Philibert)» l^on^
Ibitiii ( Oatide Alexandre ) ^id. ; Labeaànie' de Plutînêl
(dlényeaft Avgaste Séraphin ) , id. ; Mondedert ( Claude
loàm )> id.
Jftrrs supplémentaires» Toumu fils ( Pierre ) , L^on ;
t&dhmrA ( Joseph Henri ) \ id, ; Totiy (Charles Antoine) ^
M« ; llxesca (Laurent Félix) ^ idi
^^ XI* — M. XftTÎerde .Rnotx. «^ fntdon aux archive;» •do-
W TiBe d'an modaillDn représentant François de Maudeiot ^
j^bvvemev de Ljcfi en.i&7tr et années suivantes; I/orîg«-^
Ji^ de ce médaillon eibtanetenite , qui est la pfopriét^ de
■adaoae de J&uok ^ née die Mandebt ypasae dans la faoïiJla
4e cette dame , pour 'être- l'ouvrage de Jean Goujon , le
éestenrateoR de la sculpture en France ; ipais cotame il
porte an bas la date de 1577 « il ne peut être de ce célèbre
àcoifileur qoi , caBome on le sait « fut ,. en 1672 , une des
tietimea de la St« Barthélemî, k Pana. Ce n'en est |)as
aipins-vn 'moreevi pnécîeaii et' fort bieifc, exécuté/ Noos
éspâiODS panvoir enrichir bientôt notre recueil d'une
eapie:iithagraphiée de ce pcurtrait qui sera placée àvt^e^
lant dfone notîeo sur François de Mandeiotr :
*^ la. — - Séance publique de raca4énHe royale dea
icioicea 9 belles-lettrea et arts de Lyon. .M. Bredin ^ di-
recteur de l'école vétérinaire 9 président ^ a ouvert la
séance par an diseoars «• oèi , apris des considérations
génénk^ aur lea sciences , lenr but ,' leur objet , leurs
progrès 9 11 a analysé les demiei^ travaux de l'acadéàiie;
Ce compte rendu diffère de ceux qui l'ont précédé 9 en un
point remarquable , c'est qu'aucun académicien q'y est
Ibaé DÎ même nommé. M. Bredin s'est contenté d'indiquer
te titre et d'offrir un court extrait ^e chacun des ouvrages
fui ont el^laa 01^ çomp^uniqué^ dan^ le cours de l'anné»»
.( 3î8 )
Cj^Bï ane inuoTtttioit dans les ^usages acaii4^hpiea#;|^ OnMll*
perret a prononcé son discours de réception ; il 4 entne^M
rasséiublëe de l'hisloire de Tinstraction pufaliquç en Erançe*
On sent qa'il n'a pu embrasser un sujet si Tasle dans tautm
•son étendue , et qu'il ^a été fiurcé de se .i«afeipui«r dan^
les étroites limites que le temps et le lieu lai prescjÎTakat-
Il a présenté un tablçau, et non un plan régulier et ««in*
plet M* Grognier a lu ensuite des considératiovs sur hë
animaux domestiques, où il. s'est principalement. ftUdi^
)i démontrer que les dix on douze espèces d'animaux qua-
drupèdes soumis k VempiiB de l'^nine l'ont -été -depuis le
pMamenCemant du .moftde ^ que ies races «auvagés sont
échappées des étables et des> éourics j qn'aQc«iii»de.eeê
vaces n'est suaccptible.de renfrcr:dans l^Ànl «de doUeslU
cité , à moins qu'eUe ne soife dn àomtme êe oèHm^'^fA
ont rinstinot de la sociabilité et qui Ttvent véwaiies ém ewfê
et en société, dans les forêts (i). La séance a étéiemnaét
par un rapport lu par M* Tabareau 9m nom d^une euMmii»^
sion, Bov une âuTention de "M. Guig^ , mécimMcm (%)(
Cette intention consistant en «n mëeanisitoe kîgéniéUtt ^ ptf
le mojcen duquel le métièi^à tisser ies élaffieiti'de ««i«F s^av^
réte de lui-même à chaque fttnx ttMuyement ée Tourner ^
capable d'occasionev un dëfo«t:daBS la iabricKtioiEi 9 avala
à son auteur 1^ prix d'eDCDttragem6ntKa#M parie due dé
Plaisance pour le perfectionnement de ^industrie ))rpn-
tiafse. La médaiHe sera reoiise à M. %uigo ^ns la pro-
chaine séance pubfique. ^ ^ <■ • - « • ♦
♦ ■ * >
\* ao, — - M« 4e.LeuilIpn.. de. Thoiiifnjr^ avfcat^ et
M, Lajat fili^, Lucien substitut. du. ^tacureur du roi pfès
le tribunal .de première distance de tfantua^ aonimés
•JW^ÉhM*Mli^tMM<Mrta
(1) M. Grognier a donne dans le' feuilleton de 1^ Game((e ^uniftr*
êeUe de J/fon du 29 férrier ^ un extrait de soii disrourg.
• (a) Le rapport de M. 'Tabareau a éiè depuis insère daQ# le Pré-
çuneur , a.« dn sS férrier , a tiré à part, itt-S> de i5 pagei.'
(■319)
aiîdltenn 'au tfOiànstl ite preoati^ iâstancis de' Ljron
ont été installas dans leurs fonctioos, après avoir prêté
fcerinefit deiusintla cour royale.
> t
\^ %u >«— 'Passait <k<L]f^i» de- M. Stralfbrt €atiflibg , aiu-
bassadeor du roî d'Angleterre près la Porte Ottomane y
aeloomantii i^ndi^s.'
\* 24. -^ Installation de Hï. Tabb^ Pater comme curé de,
\a paroUsè cie Vàîse', par M.' ChôIleWn , yicaire-gj^ndral da
t^arctiCTêcW de Xyon.
• %♦'!»• '^ On a tirante ^nn^Ati fottdatiotiï de la'faibade
de4*aiieîeti 'gMlid'Aii^ltre soids té jamiisge de gancM* de la
^orle' principale, BiKl^enti^S' pièces de mouÀaîe et ttnè
plaqué en enivre* #ur laquelle est graTëe" ^inscription sui-
vante!* '••"..•:. r : . • . • ... ...
. . M .- Menai XV ;u?a^AiiT: . ; .
i . %/^Jii «I AAQHèT :v BÛUteR y ISGIGv' !]!£ i* «
, «OR0£T Ua dlLBld V ''UEVOff |>Ba r
1 , iudiciib49tia . • . '.
nOBLE J« F« GE9ETE , I .^'' XOHfiTlil > •
lOBLE Q^ ÇHASipBUiO.OÛIi^/'^ DC^^OY EN LA JUBISOICTIOIT
DES TRAITTES .FORAINES DE LYON a.* ECHEVIN
NOBLE J.^ LE ROT SEIG.' DTT MOLARD ATOtAT EK
PARLEMENT CONS/' DU ROY ET FROGUBEUR DE
S. H. A1TX SIIÊGES DE L'ÉLECTION DE LYON ET DE LA
VAÎTRISE ÛBS KAIJX ET PORBT^' 110 LYONNOIS' i é"^ tCWff ITH
' '' JBOBLE r. CLAl^Eafi 4^.^HE7IN
ONT POSÉ LA PREMIÈRE PI£RRE.#DE CE nOUtlUB qtflllM
ONT FAIT CONSTRUIRE SUR LES DESSEINS ET SOUS LA
CONDUITE DE J. G. SOUFFLOT ARCHITECTE DU ROY
LE 17 OCTOBRE '1754*
< 320 )
Ào dos de cette plaqae on lit le nom de l'entrepreneair'
qui s'appelait Etienne Gaillard. Les différentes pièces d^
monnaie dont nons avons parlé étaient an nombre de neuf ^
saroir six pièces de six sons et une de vingt- quatre soas ^
nn écu de trois livres et an de six livres y le tout à Teffigio
de Loais XY.
La découverte dont nons venons de rendre compte n'es^
pas la seule à laquelle ait donné lieu la démolition do.
monument de Soufflet j on a encore trouvé et mis entier
rement à découvert 9 en creusant les .fondations de Jbt
façade du nouveau théâtre , le bassin du canal constnxift
dans le 16' siècle pour communiquer du. ^6ne à la SaAne ^
et dont le comblement est Torigine du nom donnif à tm.
place des Terreaiuc. Ce canal qui ocoapa.it un peu plus cte
tout Tavant-corps de la façade démolie , avBÎt 92 mètre*
70 centimètres de large , et ses murs de soutènement 9 ^
mètres environ d'épaisseur. C'est à rimpradence qu'on «
eue d'utiliser ces murs qu'on doit attribuer les nombreuses
lésardes et les surplombs qu'on veaààr^àit sur toutes les
façades du vieux théâtre. Ces méhntfs mntê se prolongent
sous l'hètei de ville : c'est encore la même 'oibse qai
explique la dislocation et k surplomb de I» façade de la
rue Puits-Gaillot , et celle du midi de la grande cour dm
ee beau monument.
( Gméiie wUv. de Lyon )• ' '
■ iM. 1 I ■ ■ ■ ' Il I ' < ■ i w ■ icaay:=^
ERRATA.
Page 264 f ligne ao 9 quelles , lizez : auxquelles.
Page !i86 , ligne 17, confiandani^ lùûz : confond ; ligne
<8| feignant, iiêez : feint
(321 )
*
STATISTIQUE.
EsSi» HISTORIQUES SUT la TÎlle de Lyon i oa descriptiofi par ordre
alphabëtiqae deft ijoartiefs, places, rues et monumens de cette
. ( IV.* Article ).
ÂACHBvicai (pont de T)* Voy. Pokïs*
AACBSvicHi ( rue de \ ), Elle aboutit de là place St-^
Jean â celle de 'Montazet • au dëbouchë occidental du
poat de Tarcheyéchë : son nom lui vient du palais ar-*
diiépîsoopal qui y prend sa principale entrée ; dans le
recensement , on lui donne 1 1 maisons , 60 ménages ^
une population de 2S0 individus-, a ateliers et 9 métiers
d'^loffes de soie.
palais archiépiscopal , demeure des archevêques (i).
(1) L'archevêché de Lyon est regardé comme lé premier
sii^e des Gaules ^ prima sedes Gatliarum* L*égUse romaine
loi avait accordé un droit de primatie 9 c'est-à-dire une
sapénoriié de juridiction , laquelle a été plasieurs fois 9
mais loQJoars en vain , contestée , sur tous les autres évé-«
chés et archevêchés de France qui faisaient partie de
Tanciemie Gaole celtiqae ou lyonnaise. Le premier des
prélats qui ait occupé ce siège, est S. Pothin , grec de
■aissance , disciple de S. Polycarpe et martyr sous Pem-
pire de Harc-Aurèlé. Le second est le célèbre S. Irénée.
Ce n'est qu'à compter d'Aurélien , le quarante-siiième
dfentre eux , qu'ils ont pris' le titre d*archevéques , ils n'a-
vaient auparavant que celui d'évêques'. Leur nombre s'élève
Tome VIL ai
Vr
( 322 )
â ëtë construit dans le quinzième siècle , par le cardinal
Charles de Bourbon , archevêque de Lyon , sur les ruine»
d'un autre palais qui , suivant quelques auteurs , remon-
tait au temps de temps de Charlemagne. Le cardinal de
Tpncin , qui occupa plus tard le même siège , le fit res-
taurer sur les dessins de SoulHot ; mais le gënie de ce'
célèbre architecte , soit que le temps , soit que Targent
lui ait manque , n'a pu donner une forme régulière à
cet assemblage disparate de constructions de divers âges«
On a détaché de cet édifice et démoli , au commence-
ment de la révolution , une galerie par laquelle il se
prolongeait au midi et' qui était supportée par une voûte ,
appuyée, d'un côté, sur le principal corps de bâtiment, et
dQ l'autre sur la maison qui fait actuellement l'angle de
la riie de l'archevêché èl de la place Montézet.
à ii6 ou 117, parmi lesquels il en est plusieurs qai se
sont distingués par de grands talens ou de hautes vertas ,
tels que S. Just , S. Ëucher, S. Nîzier , Leydrade ^ Ago->
bard, S. Jubiu , le cardinal de Bourbon, le cardinal de
Touruon , Antoine d'Albon , Malvin de Moatazet ^ etc. Du
cinzième au quatorzième siècle , Tau torî té temporelle résida
dans les mains des archevêques de Lvon : ils n*j renon-
cèrent que vers i3i2, sous le règne de PhîHppe-Ie-Bel ,
qui fit rentrer la ville sous la domination royale , d'où elle
n'est plus sortie jusqu'^ nos jours , si ce n*est dans de»
momeus de trouble. Les limites du diocèse ont Tarie de-
puis la révolution : il ne comprend aujourd'hui que les
dépanemens du Rhône et de la Loire , celui de TAin en
ayant été récemment distrait. Le titulaire actuel est Mgr.
Joseph Fesch, oncle maternel de Napoléon; mais, attendu
son absence, le diocèse est administré par Mgr. Jean-
Paul Gaston de Pios , archevêque d'Amasie in partibus
infidelium 9 pair de France. B*
( SaS )
L*int^irieuf àû palais archiépiscopal répond mieux qy^
rexiérieur à l'idée qu'on se forme d'une semblable rësi*^
dence. Les appartemens y sont assez bien distribués , et
l'on y remarque quelques pièces qui seraient fort belles ^
M le mode d^ornemens employés à leur décoration ne
rappelait trop un siècle qui n*a rien produit dans les arts
qm ne fiit entaché de mauvais goût (i). Les croisées
des pTÎndpaax appartemens ont leur vue sur la Saône ^
dont l'aspect fécréatif et varié n est pas un des moindres
agrànens de cette habitation.
L'archevêché prend son entrée par la rue à laquelle
ii a donné son nom , et du cAté de laquelle il se lie au
Itttiment neuf de la Manécanterie : deux portails uni*"
fonneS) construits sur les dessins de Soufflot^ aux deux
angles nord et nord-ouest d'une vaste cour cariée , con-
doisent, Vun, dans les appartemens^ et l'autre^ à l'église
cathédrale. La cour dont nous parlons était autrefois
fermée par une grille en fer» d'un bel effet , dont Tar-"
ehltede Morand avait fourni le dessin.
La salle dite des pas perdus , la première qu'on trouve
en montant le premier escalier ^ et qui forme 9 en quel-*
que sorte 9 le vestibule des différentes pièces de Taile du
bàûment donnant sur le quai et sur la place Montazet,
est tnne des plus vastes qui soient à Lyon« C'est dans
9m enceinte que Mgr. l'archevêque d'Amasie , adminis-'
frateur apostolique du diocèse de Lyon^ a tenu en 1827^
■* Il I 11 III 11 ■ I , Il I ■ ■ Il ■ Wi I li>
(i) Le siècle de Louis XV« On sait que le coryphée de
ce siècle , ce Voltaire si renommé pour son tact délicat
en littérature , a absolument manqué de goût et fait voii*
une grande ignorance ^ toutes les fois qu'il a voulu parlei*
te arts et des artistes^ B«
(3^4)
un synode diocésain anquel ont assisté tous les cures 5
desservans et officiers ecclésiastiques des dëpartemens du
Rhône et de la Loire. On remarque encore la salie à
manger qui est éclairée à l'italienne, par un dôme en
forme de lanterne.
Dans la salle de réception se trouvent les portraits de
plusieurs prélats illustres de IVglIse de France , et , entr^au-*
très , de Bossuet et du cardinal de Bissy. Le salon sui-
vant est décoré de trois grands tableaux qui avaient été
commandés par la ville à MM. Genod, Soulary et Biard ,
peintres de l'école lyonnaise. Le premier représente St.
Poly carpe refusant de sacrifier aux faux dieux , au- mo-
ment où une voix céleste lui crie : Aie bon courage ,
Poly carpe , et sois toujours constant ; le sujet du second
est S. Irénée, au moment où Sévère lui donne le choix
entre une idole et le supplice de la croix ; le troisièn^e
, retrace S. Pothin , lorsqu'il apporte l'image de la Ste.
Vierge dans les Gaules. Ces trois tableaux,. consacrés à
trois prélats vénérés dans l'église de Lyon , ne pouvaient
être mieux placés que dans la demeure du successeur de
ces saints pontifes. Ils ne la déparent point , consi-
dérés comme ouvrages d'art , quoiqu'ils ne soient pas
irréprochables.
De ce salon on communique de plain-pied à une ter-
rasse découverte , située à l'extrémité nord du bâtiment ,
et de dessus laquelle on a le tableau mouvant et animé du
bassin que forme la Saône entre le pont de l'archevêché ,
le pont de bois et les deux beaux quais qui la bordent*
C'est de cette terrasse que les princes qui logent au
palais de l'archevêché , jouissent du spectacle des joutes ,
feux d'artifice et autres divertissemens du même genre qui
leur sont offerts lorsqu'ils passent à Lyon.
( 3^5 )
li*archeyéché avait subi le sort de toutes les propri^tës
du clergé , pendant la révolution ; il avait ëtë vendu , et lors
du rétablissement du culte , la ville et le département se
trouvèrent dans la néœssité de le louer et de le meubler
pour le rendre à sa destinatisn primitive. Depuis , il a été
rachète au prix de 32o,ooo fr. , mais cette dépense , toute
louable qu'elle est, doit être considérée comme incom-
plète y tant que cette' masse de bâtimens délabrés qui
afRîge les regards et qui contraste si misérablement avec
\e l>eau pont qui Tavoisine , ne sera pas revêtue d'une
îaçade nouvelle , réunissant la régularité et l'unité au
caractère d'architecture qui conyient à un palais archié-
piscopal. Cette restauration doit de plus être indispen-
sabl«nent liée avec le changement , en place publique 9
d*une partie de la rue de l'archevêché , qui est le seul
endroit par lequel on arrive à ce palais.
l!Ious savons qu'on s'otcupe, en ce içoment^de fermer
la grande cour par une grille dont le dessin , donné par
M. Fladiéron , architecte de ta ville , réunit , à ce qu'on
assure , Télégance au style sévère et majestueux que
comporte sa destination..
Des rois de France , des papes et des princes ont logé à l'ar-
cbevéché ; notamment les papes GrégoircX et Clément V ,
en 1273 et i3o5 ; le roi Louis XII, en i5o3; Louis XIII ,
en 1622 y avçc le cardinal de Richdiéu son ministre, qui y
leçut la barrette j Louis XIV , en 1 658 ; l'infant dom Phi-
lippe d'Espagne , en 1744; S. A. R. Monsieur, frère de
louis XVI , depuis S. M. Louis XVIIl, en 1775; S. S.
fcpape Pie VII, en 1804 et i8o5; Napoléon, en i8o5,
aprfs son couronnement , et en i8i5, après son retour
à Me d'Elbe ; S. A. R. Madame la duchesse d'Angou-
Ume% en i8i4 > et dans la même année , S. A. R. Mon*
( 526 )
8ieur frire du roi , aujourd'hui S. M. Charles X ; ils 3r
avaient été précëdés par LL. AA, RR. la duchesse douaî^-'
rîère d'Orléans et le duc et la duchesse d'Orlëans aveo"
Mademoiselle et les princes et princesses de leur famillev
Ce palais reçut encore , pendant Tinvasion étrangère de
78x4, lé prince Emile de Hesse Darmsladt , et lors de cello
de j8i5 , le prince héréditaire d'Autriche. Il fut honore «
fin i8i6, du séjour de S. À. R. Charlotte-Ferdinande-*
Louise , princesse des Deux-Siciles , se rendant à Paris
pour y épouser S, A. R. le duc de Berri ; enfin S. A- R*
Mgr. le duc d'Angouiéroe , aujourd'hui M^ le Pauphin ,
8 y est aussi arrêté quel(][ues jours , vers la même époque.
Lan i3o5 , le roi Philippe-le-Bel et ses frères sq
trouvant à Lyon y le pape Clément V , qui s'y ëtaît
rendu de son côté pour s'y faire couronner , logea y
comme nous l'avons dit plus haut , à rarchevéché«
Après avoir célébf^é sa première messe pontificale dans
l'église de St-Jean j S. S. donna , dans ce palais , un
grand diner, pendant lequel il s'éleva une rixe très-
vive entre les domestiques. Le frère du souverain Pontife
ayant voulu rétablir l'ordre , fut tué dans cette querelle ^
sans qu'on ait jamais connu l'auteur de ce crime qui
resta impuni (0- Ce fut dans les prisons de Tarchevêchë,
établies alors dans un bâtiment qui se trouvait en face
de la Manécanterie, <çt qui est devenu une prppriéjté
y I . ii.^i— »^ I I II ■ ■■ mm^mm^^,^^
(t) Clément Y, cfai $e iiomitiiiit auparavant Bertrand de
Gotet qui était archevêque de Bordeaux , monta ainsi au»
le trâne pontifical , sous les plus funestes auspices. Un ao>
cident plus déplorable encore que celai de la pdort de soa
frère , Gaspard de Got , accompagna la cérémonie de son
couronnement Le récit de ce terrible événement trouvei^
«fi placé aillears, $,
( 327 )
flrticalière , que le dipianche yZi août iSya , huit jours
a^rès la St-Barthëlemi , |0n massacra un grand nombre
de protestans arrêtes le 27 du même mois. On rapport^
^ les soldats ayant refusé de prêter leur ministère
i une pareille exécution 9 et le bourreau même s'en
étant excuse 9 en disant qu'il ne iravatllait que Judiciat-:
renuai , cre furent des bouchers qui remplirent cette san-
^anie mission. On en trouve le détail , dans un ouvrage
exIrèiDeiiient rare 9 mais singulièrement exagéré ^ intitulé:
Discoars du massacre de ceux de la religion réformée ^
Jaii à Lfon (i). Nous reviendrons plus tard sur cet
ëvéoement , à l'article de la rue MaruUloi 9 en parlant
do personnage de ce nom 9 au gouvernement duquel la
vîJJe de Lyon était alors pon&éç .(2). .
La Manécanterie , qui tient à ra^cbevêché , est un bâ-
Ument d'une ^$ez belle apparence commencé peu d'an*
nées avant la révolvitioq , sur les dessins de, l'architecte
liecrénicc. La première pierre en fut posée en 1 768 par
AL de Montazet , alors archevêque ^ en présence du
clergé, de toutes les autorités, de la ville et des prin-
cesses de Lorraine , de Carignan et de Ligne 9 qui se
trouvaient à Lyon à la même époque.
(i) Voyez ci-aprèa , pag, 358 et suîv. de ce. yolume ,
des détails sur la Salnt-^Barthélemi , empruntes à Thisto-
nendeThon. Voyez aussi notre tom, IV, pi 249-252 et 383-
387. M. Pericaud a découvert l'auteur, inconnu jusqu'à, ce
IfniT^ du Discours du massacre^ etc. , et a fait voir que ce
yetit volunae , peu commun, était l'ouTrage de Jean Ri*
eaod , de Ljon ^ un des trois ministres que les protestans
Anient alors dans cette ville. B.
(2) Voyez 9 en attendant^ la Notice sur François de Mari'-
idot I insérée plus bas. B.
( 3^8 )
Les âiagnifiques matériaux qu'on tire des carrières de
Villebois et de Toumus , ont été employés dans la cons-
, truction de cet édifice avec une profusion qui donne une
haute idée des richesses de cette cathédrale et des sommes
qui furent mises k la disposition de l'architecte. Néan—
moins c*est une construction incomplète , et qui n'est
pas d'une architecture assez purei pour qu'on puisse
désirer de la voir s'achever un jour. La grande étendue
et l'élévation de ses façades demanderaient , d'ailleurs ^
une place publique qui leur fût proportionnée , et dont
l'établissement coûterait seul beaucoup plus que l'achève*
pient de l'édifice lui-même.
Les chanoines , comtes de Lyon , avaient eu le projet
de loger dans la manécanterie le clergé de la cathédrale^
et c'est même de là qu'elle tirait son nom » qui dérive ^
en effet , des deux mots latii\^ manè cmiiare , chanter
matin 9»le chapitre de la primatiale de Lyon étant dans
l'usage de chanter les matines. L'auditoire de la justice
des comtes se trouvait à l'angle du même édifice , en al*
lant vers la place St-Jean.
Ce bâtiment, qui a été vendu nationalement, n'a point
été racheté des propriétaires actuels. L'administration du
Mont-de'-Piété en tient une partie en location , et c'est
dans les trois belles pièces du rez-de-chaussée , qui for-*
maient autrefois la salle capitulaire, la bibliothèque et
It^s archives de l'égfise de Lyon , que sont entassés au-
jourd'hui les eQets de toute espèce , sur la valeur des-
quels l'indigence , le malheur et souvent Tincondiûte ont
fondé leur dernier espoir.
Âi^GUB (allée , aujourd'hui passage de 1'). C'était na-
guères un passage étroit et tortueux y hat>ité principale*-
( 329 ) ^
pat des fondeurs et autres ouvriers en mëtaux. On
y comptait alors 6 maisons , 4^ ménages , une population
de 176 individus et i5 ateliers dVtoffes de soie. Il abou-^ '
tissait , comme à présent , de Tentrée de la grande rue
lierôère , près la place Confort , à la rue de l'Hôpital , et
se trouve ^uré dans le plan de 1740. Sa dénomination
actnelle vient de ce que l'atelier pour le tirage des ma-
tières d'or et d'argent y a subsisté long-temps , avant
d^èire transporté dans la rue de Savoie , derrière la place
des Gélestins , où il existe actuellement et continue à
porter ce même nom à' Argue.
En 1824 nous exprimions le vœu suivant : «Il serait
B bien à désirer que l'administration , qui a déjà tant
» iàit pour l'assainissement et l'embellissement de Lyon»
9 pût acheter les maisons qui sont aux deux extrémités
> de Tallée dei'Ârgue, afin d'y ouvrir une rue: par ce
B moyen on ferait disparaître les couloirs obscurs , bas
f et malpropres , qui forment les deux issues de ce pas*
:r sage , et on établirait une communication très-utile
s entre deux quartiers populeux. D'ailleurs , les proprié-
s laires s'empresseraient sans doute de contribuer aux
» firaîs d*ttne opération qui donnerait une grande valeur
B à leors propriétés. » Ce que nous exhortions l'adminis-
tration à entreprendre , des particuliers l*ont exécuté j
mie compagnie de capitalistes a fait l'acquisition de toute
les maisons que traversait l'allée de l'Argue : ces maisons
ont été abattues , et l'emplacement qu'elles occupaient
eonverti en un vaste et beau passage couvert , le premier
de ce genre que l'on ait vu à Lyon. La construction ,
qiu.«i est due à M. l'architecte Farge , est calquée sur
celle de l'un des plus remarquables monumens de c^tte
^èce qui se trouvent dans la capitale. La décoration de
C 33o )
celui ié Lyon est moins riche , mais elle eii aassi âé*-
gante. Ce passage n*a pas moins de 44^ pieds de long ;
il a sur œux de Paris Tavantage de réunir dans son en-*
ceinte un plus grand nombre d*ëtablissemens : on y
trouve notamment un cafë du caveau et un théâtre, dont
l'inauguration a ëtë faite le 29 de ce mois (mars 1828).
Vers le milieu de l'allëe , on en a pratique une autre qui "
communique avec la rue Thoniassin et la place Grenouille ,
et qui est également couverte. Cette dernière ailée est moins
considérable et plus étroite que la première, et les maga-
sins qui la bordent ont peu de profondeur, mais elle oiFre
une grande commodité et augmente de beaucoup la va-
leur totale de l'édifice. Il est à regretter , au milieu de
toutes les décorations de bon goût que l'architecte a pro-
diguées 9 qu*il n'ait pas vaincu , avec plus de bonheur ,
là difficulté que lui présentait le biais des deux façades'
sur la rue Mercière et sur celle de l'Hôpital. Les ortie—
mens dont il a cru devoir parer la voûte, ne font que
rendre ce défaut plus sensible. Cette immense entreprise'
aura été exécutée dans l'espace de moins de dix-huit mois.
Quoique ce passage ne soit pas encore ouvert au public ,
on assure que déjà on a loué les deux ttters des magasina
qui y sont pratiqués.
»
Arssnai^ (rue de !')• Cette rue ,. qui avait reçu. sc^n.
nom dix magnifique arsenal militaire que le siège de 1793
a détruit , aboutit en droite ligne de la rue du Plat à la.
place St-MicheL II y «xiste 9 maisons et 3i ménages ^,
formant un population de io5 individus*
• On voyait encore dans le milieu de cette i^ue, ÎL y a,
peu d'années , la principale entrée de L'arsenal qui a ëté^
détruite par suite du prolongement de la rue Sala )us— ^
qu'à la Saône*
( 33i )
lA*arsenal était autrefois un vaste emplaceipent quf
s*ëtendait jusqu* à la Saône et formait une résidence fort
^réable ; il est désigné 9 sur le plan de i54o, sous le
nom de la Rigaudière ^ parce que, d*après quelques
auteurs ^ il avait appartenu à la famille de Rigaud , de lar
quelle étaient Anthelme de Rigaud 9 doyen de Lyon en
i33o 9 et plusieurs autres chanoines, comtes de Téglise
prânatiale* Il passa ensuite à la famille de Varey ^Vun^
des plus distinguées de cette ville ,dont plusieurs membres
forent anoUis dès le quatorzième siècle , et remplirent les
charges les plus honorables dans l'administration , dans
r^lset dans la haute magistrature et dans les. armées}
oeUe iàmille s'est éteinte vers le milieu du seizième siècle.
Un de Varey donna, en 1466 , cette propriété aux
PP. Jacobins. Ces religieux la vendirent à Franciscain
de Norry, câ^re banquier 9 et celui-ci à Ruffet de
Balzac , seigneur de Châtillon d'Azergues , dont le fils
s'en défit en faveur du gouvernement , en i536 , sous
le règne de François i.^' , pour rétablissement d'un
dépôt de l'artillerie. Ce dépôt fut ensuite agrandi de tout
l'emplacement qu'occupait à son extrémité l'ancienne
église paroissiale de S. Michel , supprimée en i?^?.
Peu d'années avant la révolution , le gouvernement
avait jugé convenable , è cause de la position de Lyon
près des frontières de la Savoie 9 d'agrandir cet arsenal ,
afin qu'il pût former un dépôt d'armes considérable , et
devenir une succursale de l'école d artillerie d^Aiixonne«
En conséquence , vers l'année. 1 78a , pendant le ministère
de M. de'Ségur 9 une compagnie d'artilleurs fat envoyée
àLyon sous les ordres de M. de Barberin , officier distingué
dans son corps par «es talens militaires^ et très-connu,
\ eette époque , par son zèle à propager la doctrine de
1
f
( 3Î2 )
Mesmer. Ce fut cette compagnie , venue d^Âuxonne » qui
exécuta les constructions projetées , sous la direction de
Tofficier que nous venons de nommer. Ces construc-*
lions étaient composées de quatre grands bâtimens en
quarrés longs , et couverts en ardoise, dont les combles
à pignons formaient un angle très-élevé. L'intérieur
était rempli d'étagères très-bien disposées , où se trou-
vaient rangés dans le plus bel ordre une immense quan*
tité de fusils et d'armes de toute espèce« Les rez-de-
chaussée contenaient les afitits et les caissons. ÂTextréaiîté
méridionale , on avait établi une caserne pour les canon-
niers. Tous ces bâtimens s'achevaient h peine, en 1789 ^
lorsque la révolution commença : ils devinrent le théâtre
de grands événemens.
Le 7 février 1 790 , à midi , l'arsenal fut livré au pil-
lage par une masse de séditieux , auxquels se joignirent
beaucoup de soldats en semestre qui se trouvaient à
Lyon. M. Imbert-Colomès , échevin » commandait aloïs
li ville en l'absence de M. Tholozan j prévôt des mar—
cliands.
Il s'y trouvait So^ooo fusils , dont les séditieux
ne purent enlever que 3,ooo , parce qu'ils furent dis-
persés par la garde nationale , non encore organisée ,
mais qui s'était formée d'elle-même dans presque toute
la France , peu après le mois d'août 1789, époque du
pillage des châteaux.
Cette force publique reconnaissait alors pour chefs prinr-
cipauxàLyon , MM. Dervieu-du-Villard , officierde ma*-
rine , commandant général ; St. Pierre , négociant , colonel,
chef d'état-major ; De Vernon, officier d'hussards ; Bol-
Uoud--de«-Chanzieux , ofiicier de dragons, aide-mafor.
Ces chefs militaires , et une commission de dtoyeos des
( 333 )
plus ikobbles , remplacèrent momentanânent le consulat 9
qui donna sa démission dès la huit suivante. ' '
Lies séditieux , repoussés de l'arsenal , se portèrent
T»^ le soir à Lhôtel de ville , annonçant llntention de
mettre M. Imbert à la lanterne : de nouveau ils furent
complètement dispersés.
lie régiment suisse de Sonnemberg , alors en garnison
à Lyon , se mit en mouvement de la caserne de Serin ^
pour Tenir au secours de l'arsenal ; mais il n'arriva que
lorsque la garde nationale avait déjà garanti ce dépôt ^
ayant été retardé dans sa marche par la populace qui
assaillait à coups de pierres les soldats , dont il y en eut
mime un de tué d'un coup de fusil tiré d'une des mai^
sons de Bourgneuf.
Trois mois après , eut lieu Bl grande fédération*
Dans la matinée du 29 mai 179S , le poste de l'arse-
nal fut enlevé aux révolutionnaires par les citoyens
bonnétes qui formaient les sections en permanence , et
que la populace appelait les Muscadins» Alors ce poste
devint le quartier général d'où se dirigèrent les cobnnes
qui s'emparèrent de l'bfttel de ville et écrasèrent le
parti de la convention. Les prisonniers notables faits
dans cette journée j furent amenés à l'arsenal : de ce
nombre étaient le célèbre Chalier et Roullot , membres
de la municipalité. On peut faire dater de ce jour les
piemiers actes qui préparèrent le siège de Lyon.
Au mois d'août suivant , et dans, la nuit du 22 au
23 9 le bombardement général fait par l'armée de la
convention , incendia l'arsenal : l'effet en fut si prompt
que, dans l'intervalle de quelques heures , une partie des
mes de l'Arsenal y. Sala , St* Hélène et de toute la place
Sl Michel 9 composées d'environ X17 maisons ^ furent
(534^
rëduUes en cendres, et leurs habitans obliges de ^
sauver et d'aller camper dans Tile Perrache.
Les uns ont attribue ce malheur à un boulet rouge
qui , ayant percé le faite d*un des grands bâtimens où
il y avait de la poudre , Tembrasa sans qù*aucun se—
cours pût éteindre le feu ; d'autres assurent que des
malveillans avaient indique à l'ennemi 9 par des signaux 9
l'endroit où il fallait diriger les projectiles : de ces deux
versions , également vraisemblables , on a toujours ignoré
quelle était la plus fondée. Ainsi furent anéantis tes
quatre beaux monumens dont le grandiose étonnait , et
qui terminaient si admirablement et d'une manière si
pittoresque le magnifique demi<-cercle décrit par les quais
de Villeroy , du Temple et des Célestins*
Depuis cette époque )tisqu*en i8o5 , l'emplacement
de l'arsenal était resté sans emploi : par .un décret' du
10 mai de la même année , le gouvernement en a fait
cession à la ville pour y établir un entrepôt des douanes ^
destiné à recevoir les marchandises étrangères non pro'*
hibées et les denrées coloniales mise$ à leur débarque-
ment dans l'entrepôt réel de Marseille , marchandises qui
jouissent à l'entrepôt dé Lyon du privilège de ne payer
les droits d'entrée pendant un an 9 qu'au fur et à mesure
de consommation.
M. de Sathonnuy , maire de Lyon , a fait construire
un grand magasin sur les ruines d*un des bâtimens in-
cendiés y avec un logement pour le receveur principal ,
du côté du quài. Les réparations faites tout récemment
à ce magasin , ainsi que les nouveaux portiques dont on
vient de Tenvelopper , ont eu pour motif des mesures
de solidité. On s'étonne que l'architecte chargé de ces
travaux ne se soit pas conformé , pour leur exécution 9
( 835 )
aux profils employés par son devancier. Oii remarque en
outre que re vaste bâtiment ^ dont le plan , les façades
principales et le grand escalier sont d'un genre d'archi-
tficture assez bien approprié à sa destination , n*a mal*
heureusement , du côte du quai ^ qu'une façade de
l'aspect le plus pauvre , et à laquelle il serait indispen-
sable de faire subir une amélioration quelconque , afin
de ne pas compromettre plus long-temps la beauté d'un
port qui ne peut supporter que des édifices d'un style
l%ut— à-fàit monumental.
C'est dans la cour , au midi du magasin dont il est
parlé plus haut , que s'élèv^ent , sur les dessins et sous la
direction de MM. Baltard et Dumont , architectes , de
nouvelles constructions pour un entrepôt des sels , qui
le disputera en magnificence et en solidité aux plus beaus
élifices de notre ville. Il sera élevé d'un second étage
que l'administration municipale destine à un dépôt de
farines.
On voit encore dans la rue de l'Arsenal l'hôtel bâti et
orné par M. le baron de Jouy (i) 9 appartenant aujour-
d'hui à M.^^^ de la Balmondière^ et où on retrouve
plusieurs salles peintes et décorées par Bidault l'ainé ,
pebtre lyonnais..
Absknai. ( quai de 1' ). Ce quai était anciennement un
prdin qui faisait partie de l'enclos de l'arsenal. Il a été
bàld , peu avant la révolution , pour facîliler Tembar-
(i) Il ne faut pas confondre M. le baron de Jouy avec
H. Etienne Joay , de l'académie - française .9 auteur de
fHermiie de la Chaussée d^AnUn 9 de YHermitc en pro^
we y etc.
( 336 )
.quement et le dëbarcpiement des grosses pièces d*aptil-
lerie , au moyen d'une grue. Il est large et spacieux ; un
port vaste et commode le complète ; et ce sera , sans
contredit , l'un des plus beaux de la ville , lorsqu'il
aura ëtë . prolonge du côte du nord jusqu'au pont de
l'arçhevèchë , et au midi , jusqu'au pont d'Ainay. L'en*-
trepôt des sels y aura sa principale entrée par un portail
dont le style sëvère et noble parait devoir y produire
un efifet imposant
Aetois ( nie d' ). Cest une rue nouvellement ouverte
dans le quartier Perrache ; elle forme le prolongement
de la rue de la Charité 9 et aboutit en droite ligne au
grand cours du Midi , à l'occident de la manufacture
de tabac. On y trouve Thôtel de Saron , bâti à l'ëpo*
que des travaux Perrache , par l'architecte Maigre 9 et qui
.6ç trouve masqué par une maison nouvellement construite
sur les plans de M. Falconnet , lequel a conservé T^cien
portique de l'hôtel : M. le marquis de Saron 9 qui était
propriétaire de l'ancien hôtel 9 avait pris une part très-
active aux travaux Perrache. Il était d'une des plus
anciennes familles du Lyonnais 9 laquelle s'est éteinte
dans la personne de son fils 9 mort en 1 8 14 , ne laissant
qu'une fille. La rue d'Artois , dont l'ouverture date à
peine de quelques années 9 renferme déjà 9 grâces à l'ac-
tivité qu'ont pris les constructions dans le quartier neuf
Perrache '9 25 maisons 9 121 ménages 9 412 habitao5 9
et 45 ateliers occupant 96 métiers pour la fabrication
des étoffes de soie*
t^mmammtm
( 337' )
I f
BLASON.
HOTES sur Us armoiries de la nlle de Lyon > et particulièrement
sur le, lion qui y figure.
Les annoiries de la ville de Lyon , telles qu'on lés
.tioaxe dans les plus anciens mdfnuscrits , sont : un lion
JtwrgaU rampàni^ y armé et lampassi de même j sur un
champ de gueules , au chef d^azur chargé de irais
>b»r5 de lis d^or^
Il n'y a rien de constant quant aux supports de Técu:
quelqnrfois on y voit deux anges on génies ; mais le
plus souvent Tëcu est isolé.
Les irais fleurs de Us et or , placées dans le chef, sont ,
oûBune on le sait ^ les armoiries du royaume de France;
OiL les y a'iflcorpo^ées comme un signe du patronage
eseroé par nos rois envers la ville.
On ne cofin^dt aucun édit concernant les armoiries
de I^yon ; mais il parait qu'elles remontent à une très-*
haute antiquité. On croit même que le lion y a été
adapté en Thonneur de Marc -* Antoine qui Tavait
dioi»poar symbole (!)# H existé une médaille d'argent
de ce triumvir , portant , d'un câté , son nom , et de
l'antre 9 la figure d*un lion avec le mot Luguduni , la
lettre A et le chifire XL (2). Marc Antoine avait se-
(1) Après la bataille de Pharsale , il se montra publiquement à
BjBae , atec la cottédienûe Cithërit , dans un cbar traîna par des
1ûmu«
(a) licP. de Colonia, HUi. ei Antlq* de Lyon , pag. 4o'4^*
Jieob Spon , Becherche d— JMiq. de l^on , pag« 18-19. Fulfs
Tome FIL aa
( 338 )
journë dans nos œntrëes , du vivant de Cësar qoî ,
dans son exp^itîon des Gaules , le nomma trésorier de
son armëe ; depuis , à la mort du dictateur , la Gaule
celtique lui échut dans le partage qu'il fit de Tempire
romain avec Octave et Lépide » et il fut , à ce qu'on
croit, un des bienfaiteurs dé hoti-e ville fondée qul
agrandie depuis peu de temps par Plançus qui y avait
amçné une colonie romaine.
Quelques auteurs , et 4^ ce iipiubre estju^tre vieux
historien Claude de Ruby« (i) , ont pensé que le nooR
de Lyon dérivait de là , et non dç Lugdunum , .|loot ^
suivant d*autres , on aurait d*abord fait.ZcoM par oor^
ruptlon , puis enfin le nom moderne (2).
Quoi guil en soit , il parait que 1^ )Î0n âall déjà
Tarme et Tétendard lyonnais, lorsque la ville passa ^^
dans le 5.® siècle, sous la doniiination des rais ^ de
Bourgogne qui par hasaixl portaient 1^ même bannièret
On ne fit (jue prendra le blason de ces rois , qui était .
de gueules. On y ajouta ensuite ^ çommQ bous l'avons
dit , le chef d'azur à trois fleuri de \\s d*gr (3). Ge fut
Oraini , de Antiq* numismaiib, in famiL Anionior, Jacques Daté-
champ « Observ, in Plin, H. N. , 1U>. IV , c. 18. '
(i) Hist, ^érii. de Lyon , 1. I , c. 3o. Il cpujecture.que loriqu»
S^ére eut ordonné que la mémoire de Tancienne yUle de Lug^
dtinum serait abolie , pour punir ses habitans d'ayoir pris parti
contre lui en fayeur d'Albin , ceux-ci donnèrent à leur lillë le uoia
4e Léo , cproniie qui «lirait la colonie du lion ou qui porte tin lion
pour enseigne.
(%ï) « Lyon , Tille de France , dont le nom actuel est nqe «pn*
traction du nom latin Lugdunum ( Luun ) •%.. « Le Président c|^
Brosses , Traité de la formaiion mécanique des langues , tonu XI ^
pag. 418 de fédit. de l'an IX.
(3) Fo.d«ré| Narration historique et topograpkique des ÇQ^^cns
( 339 y
ffDbaUemenC yen lé Gommencefment àa i^fi siècle ,
^ëpoqne où la puissamce des rois de France succëda
âam nM murs -à celle des Archevêques. La vîile a coA-
serve œs armes jusqo'aa moment de la rëvoloiion. Àous
Bonaparte , Taigle impériale y fut introduite. Depuis -la
natemjaion , elks i6«mt les mêmes que sous Tanden vè-
ffÊÊt , sauf le changement que notfs allons indiquer.
Des lettres patentes de Louis XVIII , datées de Paris
h^ fénîer iSig , ont autorisé la ville de Lyon ^ sur
k èenande de soti maire , M. le baron Rambaud , à
sfoater à ses arm&irieS tme ipét haute it argent dans la
faite dejrtre da lion , addition qui sans doute a pour
objet de rappeler le courage que cette cité a fait éclater ^
iers de 'son mémorable ^ége, €b i793, quoique les
ietti«^ patëlitea n'en parient point (i^
fl est à ^ reiiiarquèr que l'image du lion représenté
de ia mÉiiie ihanière ^ c'est-à-dire avec un glaive à la
pàtfe diraile , se ^muve sur Te frontispice d*un opuscule
àéHé , en 1668 , par Jean Goujon ^ avocat , procureur-
g^^tiri de fci viRe 9 à M. d*Âlincourt qui venait prendre
pKsesâon 'dn gouvernement du Lyonnais. Cet opuis-^
taie, ii^tidé Hieroglffi^ue ik la pertu soubs la figure
du Lyon , est un petit în-4.<^ de 63 pages , imprimé
dies Horace Cardon. Le titré en est , gravé et fermé
une estampe ^ dans le chef de laquelle est Timage dont
nocs venons de parler. Outre Tépée qu*il tient à la
patte droite , le lion y a un serpent autour du col , et *
on Kt au-dessous cette inscription : Fortiiudine et pru^
À lardt^ Si. François*, Lyon , P. Rigaud , 16x9 , t&-4.o » |Mig.
(1) ]je dûposîtif est énu coliça .*
• A ces caaset..... nous afont , par cef présentes signées de notr»
(34o>.
jdentia. Le texte est une compilation 9 d'assez màiiTais
goût, de tout ce que les anciens ont dit du roi des ani«-
m^ux , et une espèce de parallèle entre ses gënëreusès
qualités et celles du peuple lyonnais et de son nouveau
gouverneur.
L^ lion a éii employé constamment, chez tous les peu-
ples anciens et modernes , comme emblème de la vertu ,
de la force, du courage, de la vigilance, de la supé-
riorité (i). Tout le monde connaît le lion belgique et
celui de St. Marc à Venise. Celui qui ^rvait d'enseigne
distinctive à la tribu de Juda , chez les Juifs ^ est célèbre
dans Tantiquité sacrée. Les Léontins en . gravaient un
sur leurs monnaies. C'était parmi ces derniers , de même
qu'à Lyon , une allusion de leur nom à celui de 'cet
animal , soit que la ressemblance des deux mots fût
fortuite et qu'ils n'eussent d'autre analogie que celle du
son , soit qu'il y eût entre eux un rapport d'étymologie.
Cette arme parlante est également celle de la ville de
Léon , en Espagne , quoique la dénomination actuelle
de cette ville paraisse dériver du latin Legio. Beaucoup
de familles ont aussi dans leurs armoiries des lions 9ont
la configuration varie pour chacune d'elles , et qui re-
çoivent , en langage héraldique , dés épithètes différentes y
selon leui* forme , leur position , leurs accessoires.
« liSain , autorise et autorisons notre bonne yiUe de Lyon à porter
M les armoiries ci-déssus énoncées , teUes qu'eUes sont coloriées et
» figurées aux présentes , et qui seront dorénavant : De- gueules à
H un lion d'argent tenant dans sa patte dextre une épie haute du
■n mime , et un chef d^azur à trois fleurs de lis d*or* •
' Le cachet de Pompée , que César reçut en pUuraat i portait
aussi l'image d'un lion tenant une épée.
(t) J. fierii Vakriani Hiéroglyphe \jh. L
( 341 )
Le chapitre de notre église, compose des chanoines
comtes de Lyon , portait un lion et un griffon (i) af-'
frofitës, pour marque de sa double juridiction tempo-,
lelle et spirituelle. Le lion était couronné d*une cou-
ronne de comte. Le griffon , animal composé , moitié
aigle 9 moitié lion , dénotait les deux partijes de la ville y
dont un cèté était de l'empire qui avait un aigle dans
ses armes , et Tautre , du royaume dont les anciens
comtes , qui Pétaient aussi du Forez , avaient le lion
pour syo^le. A une époque déjà fort reculée , le cha-
pitre se Élisait précéder , dans les processions , d'une
bannière représentant deux griffons, outre celle qui
représentait un lion (2).
' Le diapitre de St. Just , qui avait juridiction sur le
quartier de St. Just et de St. Irénée et sur quelques
village voisins, avait pareillement pour armoiries le
lion des anciens comtes de Lyon , avec une bordure
chargée de besans qui étaient les plaques ou métaux dont
on se serrait dans les églises collégiales pour les dis-*^
iributions (3).
Dans une foule de compositions allégoriques de tout
genre , dues à la plume , au ciseau , au burin , au pin-
ceau , etc. , les artistes et les écrivains ont fait usage
du lion pour désigner notre ville. Barthélemi Aneau
est auteur d'une espèce de drame par personnages mys^
ti/ir^^ , intitulé le Lyon marchant (et non marchand ^
comme l'écrivent la plupart des bibliographes )• Ce
(1) I^'onge s'est introduit d'écrire ainsi ce mot qui ^ d'après son
êljBiologie , deTrait s'ëcrire gryphon. On trouve gryphon dans notf
aacieBs aoleuTS , et notamment dans Paradin , Mém* pour Vhist» de
I^ron , 1673 , pftg. 359 , lign. antépenult.
(1) Le P. Mënestrier , MHhod^ du Blason.
(3) liC mkmjB , ibid*
( 34« )
drame où Paris ^ Rouen et Orléans disputait^ ^b pis^
ëminence à Lyon qui Temporte au jugement à» dame
Vérité y fut joué au œll^e de la Trinité» en 1 54 x 9 et
imprimé, Tannée suivante ,,che2> Pierre de Tours,. en un
volume in-8.^ devenu pi:esque introuvable. Déjà aupa-
ravant^ en 1 5x3, le même Barthélemi Aneau, ^dana
les jeux publics qui eurei^t lieu lorsqu'on apprit que les
Suisses venaient de lever le siège de Dijon , avait fait
représenter ^^ir gausserU ^ comme le dit Rubys^. £/#>/•
périt, 1,,III, c. 5i , <( une grosse brayettequi fai^t peur
» à un lion. » L'approche des Suisses avait fort effcayé
nos ancêtres , et leur retraite fut un grand sujet de
joie. Lors des réjouissances qui se firent en* iS5g, à
l'occasion de la paix entre les rois de France et d'Es-
pagne , Henri Q et Philippe U , on vi^ sur le Ehône ,
entre autres représentations , celle d'uq bateau qui avait
la forme d'un lion. C'est encore Ane^u., grand amateur
d'emblèmes, et qui était principe^ du collège de la
Trinité , qui dirigea ces représentations dont nous
avons donné plus haut le détail , tom. VI , pag. 53,
Depuis , en une infinité de circonstances analogues, de
pareils spectacles ont été offerts au peuple lyonnais.
Dans des vers aussi composés par Barthélemi Aneau,
lors de l'entrée dans nos murs, en. i556, du maréchal
de Saint-André ( Jacques d'Albon ) , nommé gouver- -
neur du Lyonnais , le poète élève son hénos au-desaos
du, général carthaginois Hannon, qui, au rapport de
Pline ( Hist. nat.y VIII , 21 ) , osa le premier manier
un lion et parvint à l'apprivoiser ; et il trouve cette "
dernière conquête moins glorieuse que l'honneur de 'j
ré^ir la cité du lion, LeontopoUs. Voici cette pièoe que .'
( 348 )
i* LdlMiiirMr ^ Mazmts de Piste Barbe j t. Il, p. 177^
appelle uite belle épigrammé i.
Hanno manu priihns fertàV tractasse TéoQelii
Pœnns 9 et aififici cfùiP dttUs' îilgèdiô:
Âst hune quem pe)i^ ektf re^s lùànùs atqite potestas y
Qoam ibirabUrar posse Eeontbpdlîià ,
Fone Leontopoiim Lugdi moderarier arbem,
QiHe nomeii , KVXr<6v foce , léonis lîabet (t) I
Oi& tioaVë dans les œuvres de Clëment Marot (>) le
Inaïain s&iyant :
CE LA VILLE DE LYON.
Ou dira ce quel Ton Touldra
Ba LjoB et sa cmatité :
Toasîoars , ouïe sens me fattldm',
J'estimeray sa priTaatë :
Vz^ trouvé plus d'honnasteté
Et de noblesse en t:e Lyon ,
Qae n*ay pour ayoir fréquenté
^«oltiles'' bestes un million.
Cest au même poète qu'est due la devise que la
Chambre de commerce a fait gtayer sur ses jètcns (3) :
Stiis le lion qui né mords point ,
quand rennemi me potud 9
(i) AÎHderaat de cette pièce ert aue gratkire ' rèpf ^setitant un
fMrrier rareagjoBt oà lion. Les six Téfs latins sont suivis de quatre
ters grecs qui expriment à peu prés les mêmes pensëesl P&fa poeriSf
Ijoiiy Macë Bonhomme I i55a, in-i6 , pag. iS.
(1) tfom, n , pag, 4^0 de Tëdîtion donnée par Ak. - Lacroix ,
Pmsi Rapîttjr 9 ' iOs4 » 5-?oh ia^.^ ,
(3) Les jetons da Cercle littéraire , frappas en 1809 , oITrent
sésî', d*dn c6ié , on lion tenant à la patte dextre une branche de
lamier.
extraite du oommenœment de VAâiêU à la 9iUe 4ê
Lyon ( i536 ) , ainsi conçu :
Adieu liyon qui ne jnords point y
Ljon pins doux que. cent pucelles f
Sinon quand Vennemy te poind :
alors ta fÎDLrear point ne celles. ••• (i).
En 1622 y Louis XIII ëtant venu à Lyon , la ville fit
faire une description des fêtes qu*on lui donna ; et celte
relation fut publiée Tannée suivante chez Jean Jullieron »
sous ce titre : Ze Soleil au signe du Lyon , in-4«^ Le
lion y joue un grand rôle.
Une vignette de V Eloge historique de Lyon\ par le
P. Ménestrier (2) , représente cette ville sous la figure
d'une femme éplorée assise auprès d'un lion , et relevée
par un guerrier romain , qui est sans doute Tempereur
Majorien , restaurateur de la cité dans le 5.® siècle ,
après qu'elle eût été ravagée par les Visigolhs : i(|ée qui ,
de nos jours , a reçu une application à peu près sem-
blable , en faveur de Napoléon , dans un tableau d'un
de nos peintres les plus distingués.
Dans les deux groupes du Rhône et de la Saône 9 ou^
vrages des frères Coustou , qui ornaient le piédestal de
l'ancienne statue de Louis XIV sur la place Bellecour ,
et qui sont maintenant placées dans le vestibule de
rhôtel de ville » le Rhône a la figure d'un homme fort
et robuste , appuyé sur une lionne , et la Saône 9 celle
d'une belle femme assise sur un lion.
Il y avait autrefois un lion en pierre à chacun des
(1) Toi». I, pag. /ji6 de Tëdition dea (Euyres de Marot déjà citée*
(2} Lyosi Benoit Coralj 1669 , in-4.'>
(345)
qU& de la pbriê St. Clair. L'entrée du jardin desr
^ntes est. dëcorée.de deux lions-fontaines , etc. , etc. .
Nous ne finirions pas , s'il fellait ënumërer toutes les
occasions où la même aUégorie a ëtë mise en oeuvre , et
indiquer tous les monumens où on la retrouve. La
mémoire des lecteurs suppléera à nos omissions dont
plusieurs sont volontaires.
• Te» les premières années du quinzième siècle , sous
le règne de Charles VI , la ville eut un procès au sujet
de ses armoiries , sculptées sur ses portes et en divers
astres lieux publics. L*archevéque Amédée de Talaru»
qui avait d'anciens motifs de ressentiment contre les
éJierins et les citoyens , résolut de les priver de cette
laaique de la noblesse et de la franchise de la cité ; il
prétendit que les archevêques ses prédécesseurs ayant eu
le pouvoir de leur donner ces armes , il avait nécessai*
renent cdui de les leur 6ter. ce Et de faict , il fit en-
» lever un escusson des armoiries^ de la ville , gravé en
2t pierre, que les eschevins avoiènt faict poser sur la
» porte.de S. Marcel , au pied de la coste de S. Se-^
» bastien , disant arrogamment qu'il ne leur appartenoit
y pas d'avoir armoiries. Mais les eschevins qui ne
» leredouloient pas beaucoup , parce qu'ils se sentoient
» rapportés ( soutenus ) par le roy et par Monsieur le
« dauphin , pour la ferme loyauté qu'ils leur avoient
» tottsjours conservée parmy les troubles de la France ,
> luy respondirent hardiment que leurs armoiries estoient
» plus anciennes que les archevesques , et qu'ils les
y avoient portées en leurs bannières et enseignes du
9 temps des Romains et avant qu'il y eust aucun dT-
9 chevesque à Lyon. Et cependant se pourveurent au
«roy et obtindrent lettres de S. M. ^ par lesquelles
(34ft)
» ^toit cleffe^clu de rien attenter cdnt're^ leurs armonrie»
» et commandé de faire redresser' càies qm avôi^nt et^
» . abattues ; et parce que maisire Jeaa le Viête , lUsiUfe-
» nant du baillif de MasoûB-, qui poitoit \» aiMe de
» Tarchevesque , fit refus d*e^ecu4er levrs lettiies'., ife se
» portèrent pour appellans de luy y du deiny ^ fuslite ^
» et relevèrent leur appel en la court de ^arlemeul qui
» lors se tenoit à Poic4iers ,. parce que Paris estoit oc-*
» cupë par les Anglois.Pàr alrrest de laquelle t^M fut
» répare ^ et les letties ivLvoy mises 4 deaSexeeûtiicyn.^
Rubys, HisL vérU. 1. III, c* 47, pag. 334« Voyes
aussi Paradin , Mémoires ^ pag. 411-^12.
Nous terminerons cet attide par la mention d^uo fait
historique peu connu , etl qui a un rapport direct à:
notre sujet.
Le 10 juillet 1 584 9 ^ ^^ Mandelot , gouverneur
du Lyonnais , fit offriif au consulat un lion vivant pour
être conservé' par la ville', à^ cause de son nom et de sed-
armes. La proportion' fut reçue' avec recounaissance j
mais ne fut pas acceptée. Les motifs* du refiis: oonàigtiës'
danale procèsrverl>al du même jour,* et les^ termes dans
lesquels ce document est conçu , sont assez' curieux pour
qu'on nous sache gré den donner ici la< copie :
« Sur le^ rapport faict au consulat p^r^ ledîct S.*^
» Scarron (1) , que despuis peu de jours Monseignetur
» de Mandelot luy avoit dict que désirant honorer ^
» gratiffier la ville qui avec le nom porte les armoiries
» d'uag lyon , il avoit recouvré ung jeune lyondeau^
)» grand à merveilles selon son temps , . lequel il a^v6ué'
» à ladicte ville aux fins qu'à F instar d*autlpes viHés qui'
^é^àimmmmtmi^^^,êÊmm^Ukmml^i^m
(t) Antoine Sctrron, alors premi«r^ch^in.
( 347 )
!» oajt poar amotrie^ de ^onblables- ammaux y die le
sjiourrli en quelque, lieu sepai'ë 9 comme luy mesme<
B l*a Ëdct nourrir en sa maison, despuis quelque temps ; .
> mais parce que le Roy luy a faict entendre qu il se-
B poil bientost en cette viHe et qu'il entendoit et toulôit
B logcx en sadî te maison ». il patUmt par nécessité que cèst
B animal en fut sorty de bonne • heure , parce qu'il es-
B percHt que S. M. seroit icy sur le commencement du
8 prochain moys d*aoust:dont il avoit donné charge au*
B iài S/ Scarron^ pour y pourûoir pcèmptemait.
ff A £STi ADTisi de remercia* ires humblement ledict
B se^neur de Mandelot du soing et bon sele qu'il a pour
B la grandeur et entreteneroent de la réputation de la- ,
s dicte Tille, et par mesme moïen, de. luy remonstrer
f et prier de considérer la pauvreté d'icelle et les grandes
B debles qu'elle a sur les bras , qui la doibvent excuser
B dé fine ce qu'elle voudroit : et desireroit bien , pour
y Tàmour et souvenance perpétuelle de luy, recepvoir de
y ses mains et entretenir cest animal , .mais qu'estant,
9 comme dict est, endeblée et n'ayant aucuns deniers
9 communs , il seroit toujours trouvé mal à propos
B qu'elle se init en cette nouvelle despence de la nour-
9 riture d*ung lyon , qui ne pourra estre moindre de
B deux cens èscus par an , y comprenant les gaiges , .
9 nourriture et entretenement de son gouverneur, et que ,
B d'solleurs, le Rôy ne le trouveroit pas bon , attendu
9 que luy mesmes, pour espargner telle despence super;-
B due et ihutile , a faict tuer tous tels et semblables ani-
3» maux que ses prédécesseurs. Roys par curiosité avoient
^ entretenus j et le pourroit encores trouver plus mau-
9 laîs en tant qu'il' sembleroit que cette dicte ville se
( 348 y
» Youlsist conformer et csgallcr à celle de Berne et autres
». qui se sont érigées en republicqucs souveraines , les—
» quelles nourrissent par ostentation les bestes qu'elles
» ont pour armoiries , et qu'ils prient leàid seigneur
» de Mandelet qu'ils ont tousjours cogneu très affec—
» tionnë au bien de ladicte ville , de mettre ce en consi-
» deration et de les tenir pour excusez. i>
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
( XXX.« Article ).
Notice sur François de Mandelot , seignear de Pawy , de Leme et
de Vireaux , ricomte de Gli&loofl , cheTalier des ordres du roi ,
gchiyenieur et lieutenant-génëral du Lyonnais, Forez et Beaajolais.
François de Mandelot est encore un de ces hommes
qui semblait devoir occuper une place dans la Biographie
universelle ; il paraissait difficile d'oublier un personnage
que $a valeur et ses talens élevèrent aux plus hautes
dignités : ce qu'il y a de certain , c'est que la part qu'il
a eue dans les ëvënemens dont Lyon a ëtë le théâtre au
i6.^ siècle , rendrait inexcusable Tomission que l'on fe-
rait de lui dans une biographie lyonnaise. Il naquit à
Paris le 20 octobre 1529. Il était (ils de George de Man-
delot , seigneur de Passy , et de Charlotte d'Igny. Il
reçut une éducation distinguée , et embrassa la profession
des armes. Jacques de Savoie , duc de Nemours , l'admit
au nombre de ses pages , le fit nommer gentilhomme de
la chambre du roi , et obtint ensuite pour son jeuDe
protégé plusieurs autres faveurs de la cour de France.
Toutefois il le retint long-temps auprès de lui en qua*
l\ïé de lieutenant de sa compagnie, de. gendarmes , et lui
' fit partager ses përils et sa gloire au siëge de Metz , k
k bataille de Renti , à la prise de Thionville et k
d'autres affidres non moins brillantes. En i555, Ne-
mours était dans le Piémont ; le marquis de Pescaire
Toulant profiter d'une trêve pour signaler sa valeur ,
invita Nemours k rompre une lance avec lui , pour
l'amour de leurs dames ; le défi fut accepté , et il fut
convenu que chacun d'eux serait assisté de trois cava*
lîers : Nemours et ses trois compagnons , parmi lesquels
était Mandelot , méprisant le conseil du maréchal de
Brîssac , eurent l'imprudence d'entrer en lice avec des
armes de parade. Pescaire et Nemours coururent trois
ibis l*un contre l'autre sans se blesser ; deux des amis
de Nemours furent tués ; mais Mandelot , plus heureux y
fit sentir au cavalier italien qui lui était opposé , l'effort
de Tune des plus rudes lances de France » en lui faisant
perdre la selle et les étriers. Après la rupture de la trêve y
Mandelot suivit le duc de Guise en Italie , et resta
avec ce prince jusqu'à la paix de iSSg.
Nemours ayant été envoyé en 1662 , par le duc de
Guise, pour prendre le commandement de l'armée
royale , en remplacement de Tavannes qui était venu
mettre le siège devant Lyon , . dont les sectaires du
Dauphinë s'étaient emparé le i.«^ mai de la même
année. Mandelot suivit le prince en qualité de lieutenant
général. Tavannes qui , après la conjuration d'Amboise,
avait ëtë nommé par commission temporaire lieutenant
gteëral en Lyonnais (1) , Foress et Dauphiné , se trou-
(i) François d'Agout , comte de Sault , était lieutenant-
{éeéral en LyoïM^ais et Beaujolais, lorsque les protestans.
( 35o )
vait alors îi la tète d'une armëe composite de 3ooo itâ*
liens , sous le comte d'AnguIscoIe j et de Sooo français y
levis la plupart , par Saint-Chaumont et par Lastic y
grand prieur d'Auvergne. H tenait Lyon investi de telle
sorte qu'il eût pu r^uire cette ville en moins de deux
mois ; mais quand il vit arriver Kemours avec le titre
de général , il ne put souffrir d'être le second dans le
commandement ^ et il se retira en Bourgogne. Sa retraite
fut très-i-préjudiciable aux catholiques ; car , immédiate-
ment après , la désertion se mit dans les troupes fran-
çaises, et le comte d'Anguiscole emmena ses Italiens;
il en resta seulement trois compagnies sous le capitaine
Brancaccio , qui se livrèrent à une infinité de ravages ,
et qui commirent des brutalités si exécrables , qu'après
leur départ les paysans brûlèrent toutes les cbèvres au
pays ( M^zeray , Hisi. de France , tom. II . pag. 86*3).
Les calvinistes surent profiter de cette circonstance
pour approvisionner Lyon et le mettre en état de sou-
tenir un long siège. Cette ville , où Soubise comman-
dait l'armée des religionnaires , gémissait sous la plus
affreuse anarchie. Malgré les principes de tolérance dont
ils faisaient parade , les protestans avaient exilé et dé-
pouillé tous ceux qui ne voulaient pas marcher sous
leurs bannières. Plusieurs catholiques avaient, même été
égorgés , et la Saône avait reçu leurs cadavres. Les
avec lesquels il parait avoir été d'intelligence , sVmparèrent
de Lyon. Le comte de Saait , qui n'occupiiît c(6 .p<»ste. qae
depuis Tannée précédente ( i56i ) , le conserva jusqu'à la
mi-août i564: il périt en 1567 à la bataille, de St-Benis,
ovi il portait les armes pour les hnguenots. Voy. Colonîa y
Hisi. Uu. de L^on , tom. II , pag. 635 et suir.
( 35i )
é^Ms aTaient éié ^dlies et profanées ^ plusieurs srvaîent
élé démolies ; le superbe cloître de SU Just , xësidence
orfinaire des papes et des rms lorsqu'ils venaient visiter
r^tîqiie mëteopole dos Gaules , avait étë rase , et il n^en
était pas resté le moindre ves^e* Une soldatesque effré-
nëe , instruite à Técole ^ l»aron des Adrets , et une
populace toujours avide de troubles , et qui s'était accrue
de la Ue des provinees voisines , étaient excitées à tous
oes actes de barbarie el de destruction , dignes du siècle
des Vandales , par les prédications furibondes du mi-
nistre RuSy <x) , le même qui, le lendemain de cette
révolotîw dont il fut on «des principaux fauteurs, mar-
chant armé d'âne cuirasse , d*une épée et d'un marteau ,
eatra le premier , suivi d'une troup)e de furieux , dans
la cathédrale , monta sur les autels , en arracha les
images , foula aux pieds les vases sacrés , en enleva ou
en brâk les ornemens les plus précieux. On rapporte
que vers le même temps la nouvelle étant venue à Lyon
que Malthe était assiégée par les Turcs , Ruffy et son
(j) Ce lut lui qui » dans la naît du 5o fivril aa i.^ mai
i562, acheva de persuader aax calvinistes de se révolter,
et ce fat à ses pressantes sollicitations qu'ils prirent les
k asinoît ^ et qaTaprès s'être saisis du corps-de-*
q«i . était posté à St-Nîzier , ils s'^emparèrent de
i'IiAlel de TÎUe presque sans coup férir. Secondés ensuite
par les troupes du baron des Adrets qui entrèrent par le
poat 4a. Kbôue , ils furent bientôt maîtres de toute la vil|e.
De Tbda , Ht. nxi. Voy. sur Ruffjr , Saconay , Discours
dt$ pr^wùers irxmbhs de Lyon , pag. i56 et 146 ; Saint-^
Ânbia , JIûl. de Lyon , pag. 4^^ 9 Archw, du Bhéne y
y- y 9 P%« 4^ , et tom. VU , pag. iio.
( 352 )
colligae. Pierre Viret (i), ordpnn&rent un feAne ei de»
prières publiques pour, obtenir du ciel' qu'il hétiîi les
armes des infidèles , et qu'ils dirent et répétèrent plu^
sieurs fois dans leurs prêches qu'il valait .miei^x 4{u.e
Malthe fût soumise aux Mahométans qu*à des idolâtres 9
tels que les catholiques ( Colonia , Hist. lUt. de Lfony
tom. II9 pag. 694)*
Nemours n'ayant pas des forces suffisantes pour conti*
nuer le siège de Lyon , voulut d'abord. s*assurer de
Vienne (2), afin d'ôter aux Lyonnais tqute comonuni?*-
cation avec cette ville qu'il réduisit, sans peine sous
l'obéissance du roi. Nemours et Mandelot allèrent ensuite
a la rencontre du baron des Adrets qui venait au secours
devienne, et ils le défirent non loin.de Beaurepairê*
Des Adrets se sauva à Lyon , et après y avoir réuni
4000 fantassins et 200 cavaliers , il voulut aller prendre
sa revanche; mais il fut battu une seconde fois et se
réfugia à Bourgoin , où , s'étant mis à b tête de 2000
Suisses que Nemours et Poncenac conduis^ent à Lyan^^
il vint camper entre cette ville et Vienne , en telle sorte
qu'il semblait assiéger son vainqueur.
Nemours n'ignorant pas que des Adrets était fort
(i) Q est à présumer qa*avant d'avoir e'tç ministres 9 Virèt
et Rud^ s'étaient tronvés dans quelque mêlée. Le Jésuite
f erpinisA nous apprend qu'il manquait, une oreille au
premier , et que l'autre était balafré : ViretXo auricula una
{ieest , Ruffinus in facie cicatricem kabet.*, , p. 16S9 £^ÛC«
(a) François du Terrail , sieur de Bemins , de la maison
de Bayard , qui avait le commandement de la garnison de
Vienne 1 ne lui opposa qu'une légère résistance. De Thou 9
Mv. xxn.
t S53 )
fautent de ceux de son parti (i) , lui fit tenir des lettrés
deFanikal de CoUgnyy qu'il avait interceptées , et dans
lesqudles l'amiral blâmait amèrement la conduite et le
Bâtard violent et sanguinaire de des Adrets. Alors trois
conféremxs eurent lieu entre le duc et le baron. Mandelot
et Mmireyel fureat otages pour le priùce ^ Poncenac et
BlaooDs pour des Adrets. Ces conférences , pendant les-
fodies des Adrets fit son traite secrètement avec Ne^
■oius y et qui furent suivies d'une trêve de douze jours ,
foi défait exfHrer le 6 décembre , rendirent des Adrets
m sufecl aux rellgionnaires que , peu de temps après y les
In^uenots de Valence ,' commandés par Mouvans, se
ouïrent de loi el l'envoyèrent dans les prisons de Nimes.
Nemoors et Mandelot firent , mais sans succès , plu--^
ôeoTS tââtatives conti*e diverses places du Vivarais ; ce**
pendant ik battirent SL Auban qui avait été nommé
récemiaent lieutenant général de Dauphiné par le prinQ0
de Goodé , et ils le firent prisonnier. Us se rapprochèrent
ensuite de la ville de Lyon, auprès de laquelle ils avaient
kissé Saint-Cbaumont , qui avait reçu un renfort de
troupes commandées par Antoine de Sennectère , évéque
daPuy, prélat d'une grande naissance. Presque toute
Tamée était campée à St. Genis Laval , village situé
à deux lieues de Lyon. Mandelot , depuis la retraite des
Italiens , y avait établi une discipline si sévère , que les
paysans, rassurés , venaient de tous côtés y vendre leurs
(i) Le prîiice de Gondé instruit des excès que commet*
tût des Adrets , avait envoyé k Lyou , pour y commander ^
Jeaa de Parthenay , seigneur de Soubise : cette préférence
déplot il des Adiets , et fut un des principaux motifs qa»
Fengi^^èrent à abandonner la cause des calviniste^.
Tome VIL ^3
< 354 )
denrées^ Vers la fiit de ranaëe , Nemour» fut nomnië
gouverneur du Lyonnais (i:), en' remplacement duma^
rëchal de Saint André ^ tué à la bataille de Dreux Çle
^9 décembre iSâ2 )• Mandelot ^ pendant les excursicMis
que faisait le duc dans les provinoescirconvoîsînes^forga
pluç d'une fois à la retiaite les rëgimens. huguenots qui
sortaient fréquemment de la irille pour ravager les can»^
pagnes et mettre les paysans à contribution ; illespoup-
suivait souvent jusqu'aux portes de la ville ^ et ne
revenait jamais dans, son camp qu'il ne fûti charge ^
dépouilles. et qu'il n'amenât des prisonniers (2). Cepen»-
dant.il n'est point d'efibrts.^ point de. ruses que.n/em-
ployât Nemours pour se rendre maître de Lyon ; deuzc
fois il voulut tenter l'escalade ^ mais mal servi par ~ les
intelligences qu'il avait au-dedans ^ mal secondé par ses
propres soldats, deux fois il échouai. Vers les premiers jouis
(1) Ses proTisions sont da 27 décem1)re iS6à ^ il obtint
<tes lettries de relief de surannatlon , datées de L jon , ie'4
Juillet 1564. N<ftedeM. Côchard. ' ' ' '
(2) C'est bien certainement par èrrenr que mon estimable
collègue, M. Gechard, dans an recueil d'anecdotes , pldoé
k la suite d'un calendrier publié sous le titre de VUommé
de la Hoche ^ hyon j 1838 ? in-i8» fait tenir par le duc d0
Neniours , qu'un huguenot aurait mëditë d'assassiner à St^
Genis-Laval , le même discours que François de Lorraine,
duc de Guise ,' tint au siège de Rouen à un cal?iniste qui ,
ayant touIu le poignarder, se justifiait de cet attentat ,
en di&ant que sa feHgioh Ty avait pous'së i Si ià teh'giàn ,
lui répliqua Gttîse » t'apprend à assassiner , ia mienne 4»te
commande de te pardonner. Va-^'-en en sûfeté et ne crois pims
un d mauvdis'émngUè. Voy. sur ce mot Montaigne , Ess€Ùs ^
Ut. I , chap.' ûS \ et la Biogr. univ. , tom. Xii , pag. 189,
( 555 >
dcmns i563^ ua prisonnier qu*il ayait fait dans une
cMarmottche^ Marc Errain <!)) receveur des tailles à
Ifaa f lai avait promis j pour racheter sa vie , de lui
liner une des portes de la ville; Nemours , trop côn«*
faol^.le renvoie à Lyon. Errain délivré ^ se hâte d'alleu
iostmire Soubise dn projet de Nemours. Soubise ne né<*
giigp point cette occasion de firire tomber le duc 'dans
•es^ propres embàches* Il commande à Errain dé fixer le
jour de l'exécution au 7 mars. Ce même jour , Timoléoft
de CSossé , fils du marécjial de Bri^sac , est chargé par Ne*^
«ovTide conduire l^entrepk'ise avec Sodo hommes» Erfainy
èi liaut d'nne tour, leur fait signe d'entrer dans le fau-^
bom^ de St. lust ; il va au--devant d'eux , les conduit
jusqu'à la porte , et se jetaiit avec précipitation dans
le gnîcbet^, il ie ferme sur eux. Aussitôt les catholiques
sont assaillis par le feii de deux-cents mousquets à croc et
de sept ou huit pièces de canon chargés de chaînes et de
feiraiUe , et par une salve de deux mille arquebusades«
Poyety filaoDos et Èntragues , à la tête de six cents ar-«*
qaebusiei:^' dioisis , sortent au même instant de la ville
et fondeot sur les troupes de Brissac, qui se défendit
avec coors^, et se hâta d'opérer sa retraite; toutefois
il laissa dans le faubourg plus de trois cents hommes'
tués, et eut un nombre plus grand encore de blessés.,
Nemours , placé sur une hauteur voisine , fut le specr
tateur de cette malheureuse expédition , et la douleur
que lui fit éprouver un pareil affront, jointe à la nou^
telle qu'il reçut presque en même temps de la mort de-
(
■%
(f) Cest ainsi que le nomme Rubys \ Casteluau l'appelle
Héibin. et les tradacteors de J.-A, 4< Tb<m» Hflirlio»
( 356 )
Françoib, duc âe Guise, lui causa une maladie cfoi
faillit le conduire au tombeau (i). Quand les religioniiaireft
qui occupaient Lyon , eurent , en conformité de Tëdit
de pacification du 19 du même mois (mara iS63) , fait
leur soumission au roi , Tàrmée de Nemours n'entra
point dans cette ville et quitta le Lyonnais (2).
Ce fut à peu près vers cette époque que Mandelot
épousa Élëohore de Robertet , d'une ancienne maison
du Forez, célèbre par les services qu'elle avait rendus à isi
couronne sous Charles VIII , Louis XII et François' I.**
Un membre de cette famille , Jacques de Robertet , avait
été, au i5.* siècle, prieur de Saint-Rambert etreK—
(t) Yoy. Mezeray, Hist. de Fr. , toin« II , pag. 865 et
de Thou , Hist. univ. , liv. XXXIV. Rubys rapporte que
ti Nemours eat depuis sa raison de ce traîstre de
f9 Marc Errain , leque}.il fit longtemps croupir en un cul
9} de fosse et enfin mourir misérable , luy apprenant et k
•» se» semblables que c'est de se jouer aux princes et-
>f qu'Us ont les mains longues. » Histoire de L^oTigpag. 49^»
• (2) Nemours comptait si peu s'emparer de Lyon, qiie le^
20 mars, veille du jour où fut rendu Tédit de pacificatioii y^
il écrivait à la Reyne ( mère ) sa souveraine dame :
u Madame , Ancore a sette heure j'ay etté averty qoe»
9} seus de lion disent publiquement qu'il aime miens s'a-
99 lier des Suisses et de seus de Jeneve (que) de s'acorder
99 aus articles que Ton veut. Je les ai tousjours trouvé de
99 si mauvaise voulonté que je m'asure que jaray loisir d'aï—
99 1er et de venir deus fois vers Tostre mageste premier
9 qu'ils soient prest k vous rendre obeisance. Yostre tre»
M obeisant sujest et fidel ser?iteur Jacques de Sayoye. A
«tSt. Gcnis Uval le xx»«. mars i562 (i565),» Voy*
Mémoircê deCoodé f tom. lY , pag. 319» édit de 174^.
(357)
fieax d& cette antique et mémorable abbaye de l'ile-Bârbèf
détni^e par les huguenots en 1 562 , et dans laquelle ils
ne laissèrent que des masures qui ont ëtë décrites dan»
le curieux ouvrage de Claude le Laboureur. Les troubles
ésâtés par les calvinistes, ayant rallumé la guerre ci-
vile, Mandelot, qui avait été nommé chevalier de
tordre de St. Michel , en i56â , trouva encore plusieurs
(ms l'occasion de donner de nouvelles preuves de sa
Iwavoure. Il se distingua surtout en 1 667 à la bataille
de Saint-Denis. L'année suivante , il obtint enfin la
fécompense de ses nombreux services : il fut nommé
lieQtenant du roi à Lyon en remplacement de René de
Biiague, que le roi avait rappelé auprès de lui. IL fut
ÎDsbllé dans ce poste important par le duc de Nemours
fà , souvent absent de Lyon , se reposait sur lui du
soin de veSler aux afiaires de son gouvernement. En
1570 , Mandelot chassa du Vivarais , et ensuite du Forez ,
Tamiral de Coligny , qui était venu faire, en partisan , la
lineiTe en ces contrées avec un détachement assez nom-
beux qu'il avait ramené de la Guyenne. Ce fut cette
nime année , pendant la nuit du 2 au 3 décembre, que'
le Rhône et la Saône débordèrent subitement. Cette inon*
èitipn, qui dura trois jours , causa les plus grands
ranges. Trois arcs du pont du Rhône furent emportés,
et le faubourg de la Guillotière fut presque entièrement
renversé. Mandelot , dans cette circonstance , exposa
'{dus d'une fois sa vie pour sauver celle de ses concitoyens.
Nemours ayant donné sa démission de gouverneur du^
Lpnnais , Mandelot lui succéda en janvier 1S71 (i)*
i^— — ^,— ^1^— ^ — — — I ■■ ■ ■» ■ .^— ^i^»M^— ^— ^ I I 11 I II MM^^^— ■ Il ■
' (f) Ses provisions sont datées du châteairde Boulogne, le.
17 février 1571 ^ et furenf enregistrées le- 1^ mars suivant;'
Note de M. C.
( 358 )
II ne tarda point à acquérir de nouviBaus*tUrê6 & ta
reconnaissance des Lyonnais. Pendant Thiver de 1572 ^
Jjyon fut frappé du double fléau du froid et de là fa-
mine. Mandelot et sa digne épouse se dévouèrent aa
sotilagement des pauvres et ne négligèrent rien pour
adoucir les horreurs d'une pareille calaiaité« Mais cfés
débordémens de fleuves , tes froids rigoureUK » ces fa-
mines n'étaient que les tristes avakit-cOurettrs du' plus
sinistre des événemens. Pourquoi ne m'est-il p^s permis
d*arracher de nos annales la page sur laquelle ii est
écrit en lettres de sang ? Tous les- historiens ^ui lions
ont retracé le massacre de la S^int-Barthélemi exécuté à
tiyoh , Ise contredisent entr'eux sur plusieurs points ;
de Thoti , qui me parait le plus fidèle (i) «i le plus im-
partial , va nous montrer quelle fut la conduite de
Mandelot pendant ceUe abominable bpucberie (2).
. c( ... Ce fut à Lyon que se fit le plus grand carnage
des huguenots ; dans cette cité populeuse, dont les- portes
furent soudain fermées, on surprit un grand nombre de
religionnairès que le gouverneur , M. François de Maa-
delot, fit enfermer dans les prisons, sous prétexte ^di-
sait-il , de les pratéger contre les fureurs du peuple , en
les confiant aux gens du roi , mais pendant qu'on les
conduisait, la troupe de fanatiques qui I^ur servait d'es-
corte , en massacra pliisieurs dans les rues détournées et
(i) Nous dévoua la traduction qu*on Ta lire du fragment
de de Thou , à Tobligeance de' . 1^. Rabanîs , professeur
^iV^S^ de rhétorique an collège royal de Lyon.
(2) Expression de Bossuet, d'autant plus remarquable
que de Thoa fut soupçonné par ses contemporains cfétre
favorable aux novateurs.
(559).
ks quartiars isolés > leurs cadavrts ;étaieiil^ wi^itÀt )tïés
dans le Rhône et. dans la SaAne. Le chef et Je guide des
assassins étail un certain. Boydon (i) , mi^rable couvert
de crimes , qni , dans la auite^ reçut le traitement qu*il
méritait à Clermont en Auvergne où il fut pendu* Les
trois premiers jours, la multitude dévasta et pilla les
mataoBS des suspects dont elle recherchait des traces. Le
ipatriène jour . qui était ie jeudi 29 août , le sieur du
Beyrat {i) , de Lyon, qui venait de recevoir le cordon de
&4£GbeI 9. décoration avUie et dédaignée depuis long-
leoppar Tabus qu*on en avait fait, en L'accordant à
toute aorte d^individus , arriva de la part d^ la reine avec
des instructions, secrètes et des lettres de Claude de Ru-
Iqrs (3) , ^nsi que des autres échevins de Lyon (4) ,
^^m^
(i) Bojdon ^ait alors capitaine penon.
t&) HatiHce du Feyrat , fils de Jean du Peyrat , fut, dans
là suite , fieutenant du roi - à Lyon. Son frère , Jean du
fcp%t j capitaine des troupes lyonnaises qui disaient partie
de fanée voyiJe, envoyée eontre les caUiuistes dans le
Baaphiné en i5& , fut tué an siège de Beanrepaire. Maurice
çoiBmaa4lût le poste d'arquebusiers da cerps-de-garde de
$I-Nizier, la nuit du 3o avril au i,^^ mai dh la mémc|
année. Du Peyrat t ^n premier bruit y sortit de son lit à
demi éveillé , et fut fait prisonnier par les protestans ,
airant d'aToir pu s'armer ( de Thou , liv. xxxi). Un per-
iODnage de ce nom , fagitif de Lyon pour crimes atroces ^
ae tnmvait en i5&5 ii Paris , où il figura h kt procession
4ea pénîtens de rAnnoaciation de N. D* Yoy. Journal
iBenri 111 , par TEtoile , mars 1 585.
(5) Procureur général , auteur de YHistoire véritable de
la ville de Lyo^y 1604 , in-fol.
(4) François Scarron , et Guyot de Masso.
(36a)
tous persontldgês de la: même trempe qui se trouyaimi Â
Paris pour les intëréis de la commune. Ces lettres don-
naient le détail de ce qui s'était passé à Paris , et an-
nonçaient que rintention et la volonté formelle du roi
était que la ville de Lyon suivit l'exemple de la capitale^
Mandelot qui avait des sentimens modérés , quoiqu'il
passât pour être dévoué à la faction des Guises , recula
d'abord à l'idée d^une pareille atrocité. Après avoir ob.-
tenu de la multitude furieuse une espèce de trêve de
quelques jours, .pour avoir , disait-il , le temps de réflédiir
et de recevoir les ordres du rcû qu'il attendait d'un mo«-
ment à l'autre , il fit publier que tous les hérétiques se
rendissent au palais du. gouverneur pour apprendre les
intentions du roi. Ces malheureux , persuadés que le nm»
du roi serait pour eux une sauve-garde , sortent de leurs
asiles et accourent auprès de MIndelot qui les dirige
Qussitàt sur les différentes maisons, d'arrêt; car. ils étaient
en si grand nombre que la prison de Roanne n'aurai^
pu les contenir tous. Au m^e instant arrive Pierxe
d'Auxerre (i), avocat du roi, qui était venu en poste
de Paris , homme d'une profonde perversité et d'une ré-
putation infâme : sans autre garantie que son dire y
comme si la parole d'un homme de son .rang était plu»
que suffisante , il assure à Mandelot que la volonté du
roi et de la reipe est que tous les hérétiques qui ont été
ou qui pourront être pris , soient exécutés sur-le-champ ^
<i) Pierre d'Auxerre moDrut d*apoplexîe, en se lavant
les mains, pendant qu'Henri IV était à Lyon en iSgS*
( Vojr, Rubjs , Hisi. de Lyon , pag. 45i ) , et non en 1 589 %
comme le dit Pemetti, Lyonnais dignes de mémoire ^
tom. 1, pag. Sga.
i36i ) •
et sans autre vinfbtmatiOQ. Alors Manâeldt , inlimtd^ par
ks yddfërations du peuple à qui Pierre d*Auxerre avait
oommuniquë la volonté du roi ; n*ose plus résister, et »
se tournant vers œlui qui avait àppdrtë Tordre de l'exë-
craUe assassinat : Monsieur ^ lui dit-il , /e puis vous dire
u que Notre Seigneur dit autrefois à Pierre : Faites
u que cous coudrez; ce que oous cuirez' lié^èra lié y
té que cous aurez diUé y sera délié. A peine ces niots
sont- ils prononces , que la multitude se disperse pour
ooQTÎr au meurtre et au pillage. Boydon s*âdjoignii
dnii complices , les ûommës Momieu (i) et Leclou (â) ,
^s prêts à tout faire , et familiarises dès loYig-temps
avec le crime. Le l>ourreau qu'ils voulaient charger dés
e»!cutions , leur refusa son ministère , en disant qu'il
A»t prêt à obëir , s'il en recevait l'ordre légal de
l'aiaorité compétente , mais que rien ne l'obligeait à se
prêter à ces massacres arbitraires , ni à intervenir
dans, cette boucherie. Alors on fit connaître ce refus aux.
officîende la garnison qui , non moins indignés , ré-
pondirent avec horreur qu'ils ne feraient jamais l'office
de bourreau , et qu'une infamie de cette nature souil-
lerait trop la loyauté dé leur noble profession ; et qu'a-
près tout ils n'avaient jamais eu à se plaindre des mal-
beureux protestans (3). On fut alors obligé de recourir
II—'
(i) Momieu était soupçonné d'avoir tué son père.
Vezeray ^ HisU de Fr.
. (2) Leclou , capitaine des. arquebusiers de la ville.
(5) Il faut encore ajouter à ceux qui refusèrent de sa
f^sr aux massacres de Lyon, Tricotas, de Langes^ qui
avait succédé à Pomponne de BellîèTre , son parent , dans
b chaîne de lieutenant-général de la sénéchaussée de Lyon»
Yoj. Mém. de V estât de France y sous Charles IX.
( 564 )
signaleraient it la justice : dissimnlalion maladrate tJt
tout à. fait ridicule. Aux approches de la nuit , Tes sicaires
investissent la prison de Roanne , «t , par un raffinement:
de cniautë , ils garrottent leurs victimes , et , leur met-
tant .une corde au col ^ les traînent ters la rivière cfik
ils les lancent vivans encei^. Les massacres et le ^îl-^-
lage ccftitinuèrent pendant Ift nuit. Les meubles y le»
marchandises , tout fut enlève : ceux des hérétiques fpîî
avaient réussi à se cadier , trahis et arrachés de leurs
retraites , étaient jetés pèle-méle dans le Rhâne. Man-*
delot , importuné du spectacle horrible qu*ofiraient k
ses yeux les cadavres gisant dans la cour de rarchè*'
véché 9 les fit charger sur des bateaux- , afin qu*dn les'
transportât de Tautre côté du fleuve , dans le cimetîèfe
de Tabbaye d*Ainay ; mais les mornes réclamèrent vir
vement ; ik prétendirent que ces restes étaient indignes
4l'ékre ensevelis en terre sainte , et le peuple , accourait
au signal qu'on lui donna , précipita ces cadavres dans
la Saône : toutefois , avant de les jeter 9 on avait pemua
aux pharmaciens de mettre it part les plus gras , afin
d*en retirer la graisse (i). Tels sont les -détails rap~
portés. par ceux qui ont décrit ces horreurs dans le
temps même où elles furent commises. Encore les meur-
triers ne s en tinrent pas là. Peu de temps après , les
frères Darut, chefs d'un commerce important, les sieurs
de la Bessée {a) et Flocard , citoyens reconimandables y
» M^— — 1— I— ■ ■■ . ■ — — ii^— — ^» ■ ■ I I*
(1) L'anteor du Discours du massacre de ceux de Uk
religion réformée y Jean Ricaad, '.attribue principalement
aux Italiens les horreurs commises sur ces cadaTres.
(2) Valet de chambre du roi ; il avait été procureur gfâgué-.
rai de la Tille et commnnftaté de Lyon* ÏLubys ^.^'ï'f*;^
LCfon , pag. 470.
lurent diMchës àts prison^ , égptfjis et pr^ipifés a^ûê
fe Rlitee. Telle fut aus^i la fin Ae Claude Gouditneî ^
Qa des meiUears compositeurs du siècle , qui avait
idsplé uoe musique hannoniefise à la'tradiiotion francise
des psatimes de David ^ par Glëmeht Marèl et Thëodbref
de Bèse 5 traduction que les protestans chàittent en-*
Core aujouîrd'hui. Néanmoins 9 au milieu des ëgor^
Reviens , gràtxis à la compassion des officiers du roi
et de M. de la Mante, commandant des troupes , quel-»
joes TÎctimes parvinrent à s'échapper , entr'autres Ie9
pasleors iean Rjcaud (i) et Antoine Caille (2) ; Jean
Laa^ob. (3), leur collè{P|ue et président du consistoire y
avait ^TDis à mort un des premiers. On portfe à 800 per-
«mes de tout âge et de tout sexe le nombre des victimes
^ fiirent inhumainement sacrifiées (4). n^
(t) Âlateiur dtf Discours du massacre , etc. déjà cité. V07,
Ardd^siu 'RhSne-f tom. lY , pag. 249 et sûîv.
fi) Sùvatii Tauteor du Discours de la i}ie , mort et der^
niers proifos sk/eu Mgr 4 de Mandeloté,.,^ Ljon , i588 , in-^«
Maudelot é( parmj les armes du peuple sauva la vie )i une
9 infinité de sédftieax Isérëtiques. 99 Pag. 1 1 . Nous ajonte*-
lou ici avec d^Aubtgné , que les assassins laissèrent la vie
^^ tous oéns qui voulurent promettre d*aller à la messe.
(5) Jacques Langiois , normand 9 était déjà ministre h L jov
en i5fo , Mém. de V estât de France f tom. II , pag. 477*
(4) « Quelques mçis après toutes ces tragédies jouées
» eu France ^ le pape (Grégoire XIII) envoja un légat
n(\e cardinal Orsini ou des Ursins ) vers le roj , lequel
> fiit reçu très honorablement à Lyon et les rues tiqiissées.
». Arrivé qu'il fut, il alla descendre sur la calade de Saint
99 Jean., là où il entra^ et ayant ouy les vespres , sortit
» par Umesme perle qu'il estait entré , et estant sur ladite
( 366 )
. Tel est le r^t kmeniable qae Tlùstorieil de Thou a
laisse des massacres de Lyon , sanglantes et criminelles
V calade, fut rencontre par la pluftpart dés tnus^aei'énrs qni^
>r rattendoîent là de pied coy : lesquds le vojant se mettent
yy tons à genbq^ pour ayoîr a1>soki|îoii. Hais parce qne le:
9) dît lë^t.... ne sfiTo^t l'occaBion poor laquelle ceux cj se,
n mirent à genoux devant Iny , un des notables de la Tille
99 luy dit que ces gens.... estoient ceux qui ayoîent fait
» l'exécution des massacres ; ce qu'ayant entendu | ledit
n légat incontibént leur bailla l'absolution , en faisant le'
19 signe de là croit de la main droite. Mais parce que cela
9» se faisait trop publiquement , Boydon ne se Voulut troU*-*
)r ver en cette place , mais alla farourer ledit légat en sa*
r^ clianpj>re , là oik il loi baiUa l'disolation comme' il aveiti
99 fait aux autres, ri M^noicçs de Vesiai de France^ tm. 11-^
pag. 490 t édition in-fol. de 1676. Il ne faut pas oublier
que l'auteur dé ces mémoires était calviniste. J'ajouterai
qu'il a le plus souvent copié. , sans en prévenir, le Uis^
cours du massacre 9 par J. Ricaud. Yoy. aussi de Tbou \
liv. LIV. PoulHn de Lumina^ Hisl. chronoL de L^yom^ pré-
tend que le boucher qui s'était signalé par le plus granit
nombre d*huguenots qu'il avait assommés , en fat r^oni'^
pensé par l'honneur qu'il reçut d'être admis à la table du*
légat* Quand on rapporte de pareils faits ^ il faut* citer i^eb '
autocités. PouUin de Lumina est un de ces écrivains ians'-
conscience et sous là plume duquel tout s'exagère. Ne
porte-t-il pas à 4000 le nombre des massacrés de Lyon ^
tandis que le protestant d'Aubigné» d'accord avec de Thovà j
ne le porte qu'à 8oô ? Voy. la Dissertation de Caveirao , sun
la journtfe de ta Saint Barthélemi , pag. xxxv et snir. et* *
V Origine de VEgliâe de Lyon , par M. l'abbé Jacques y^
psag. 90.9 où l'auteur remarque avec raison que le clergé"
de Lyon demeura entièrement étranger aux fiireurs deeette*
époque.
< 367 )
représailles des atrocités dont les caWinistes s*ëtâient
reiidos coupables dans œtte miSme ville , et qu'un laps
de duc années n'arait point encore pu faire oubliei*. Si
Ifandelot, honune doué d*un caractère humain et modërë ,
se fût entendu airec le commandant de la citadelle , et
eât montre plus de fermeté à Tarrivée de du t^eyrat et
de Pierre d'Auxerre, la rage de ces deux monstres eût
peul-^re été paralysée , et là ville de Lyon eût été
Vierge' du sarig des protestans.
La mort de Charles IX , qui suivit d'assez pr^s cette
ternbTe catastrophe , parut oiFrir aux religidnnaires fu-
gitifs et tlëjà sous les armes dans plusieurs contrées et
principalement dans le Dauphiné , une occasion d*autant
plus Ënrorable de se relever, que l'héritier de la couronne
de France occupait alors h trône de Pologne. Dans ces
drootistances critiques , Mandelot convoqua en son
h6lc! les principales corporations de la ville, el , après
une allocution forte et pathétique , il leur fit j^rêter ser-
ment de fidélité à Henri III. Une députation composée
des citoyens les plus notables , à la tête de laquelle
était Claude de Rubys , proctu^eur-général de la com-
mune, fut envoyée au-devant du roi qu'ils rencontrèrent
it ¥enise où ils re^^urent audience du'monarque , qui leur
promit de passer par Lyon et de s'y arrêter. Henri ne
tarda point à y venif ; toute sa cour l'y attendait , et les
fêtes les plus somptueuses signalèrent son séjour dans la
seconde ville du royaume. Le prince, enchanté d'une pa-
reille réception , joignit la province du Forez à celle du
Lycmnais et du Beaujolais , et il rendit aux écbevins les
dés de la ville dont ils avaient été privés depuis le i .*'
mai i562.
L'additiotf d*une province à son gouvernement ftit ^
;( 568 >
pour Mandelot, un nouveau motif de redoubler de TÎgv*
lance. Peu de temps après le départ du roi , des soldats
huguenots qui s'étaient embusqués dans le château de
Peraut , situé au-dessous de Gondrieu sur le bord dit
RhAne 9 exercèrent toute sorte de brigandages dans les
«nviroBs et rendirent impraticable tout commerce par
eau. Mandelot 9 réunissant toutes les forces de son gou:'
vernement, fit cerner le château qui fut. bombardé et
ensuite rasé. La même année (iSyS), il enleva aux hur>
guenots , la petite ville d*Andance , située aussi sur le bord
du Rhône , et il y laissa une garnison assez forte pour
)a garantir d'une nouvelle surprise. Il ne fut pas moins
heureux dans une expédition contre Pierre Gourde ^
chef d'une bande assez considérable de sectaires, lequel^
ayant pénétré dans le Forez , était sur le point de s'em*-
parer du pont de St-Rambert , lorsque Mandelot , qui le
prévint , le contraignit à retourner d'où il était venu*
En i58o, le Dauphiné lui fut aussi redevable de son
salut : les paysans ^ soulevés contre les nobles , avaient
pris les armes et se disposaient â piller et â brûler les
châteaux. Mandelot vint au secours des seigneurs , et
cette révolte , connue sous le nom de Ugue des vilains ^
fut bientôt étouffée. Rubys qui , par erreur ( pag. 43 z
de son Hisf. dt Lyon ) , place cet événement à l'année
i58f , nous apprend que Mandelot , après avoir désarmé
ces séditieux à Moyrans , où il les avait cernés , les ren*
voya chacun chez eux avec un bâton blanc â la main,
Mandelot eut ensuite la gloire de battre deux fois Lesdi-
guîères qui , succédant à Montbrun , dans le comnjiande—
ment des sectaires du Dauphiné , voulut venger ces misé-:
râbles paysans qu'il avait ameutés. Il se distingua aussi au
siège de la Mure, où le duc de Mayenne, commandait
r^om^ rojfale-; et François de Colombier , son nev^ti ^ jr
fttt tnë le ig octobre. La perte de ce jeune guerrier fut
si se&siUe à Mandelot qu'il fit apporter ses restes mortels
à Lyon où ils furent inhumes dansTëglIse de S. Bona-^.
irenture. Son ëpitaphe , mutilëe et déplacée pendant le
fègae de la terreur , se trouve maintenant au milieu de
la nef ayec plusieurs autres- pierres tumulaires qui ont
ienri à payer Téglise*
Mandelot fut choisi par le roi, en 1 582, pour aller
UL Suisse renouveler avec cette nation un traité d'al-^
Uamce et en obtenir des troupes. Le succès de cette né^
goctation habilement dirigée, lui valut le collier de
Toidre du St-£sprit (i). Nicolas de Langes, lieutenant-^
gÉQëral de la sénéchaussée de Lyon , qui l'avait accom-*
pagné et l'avait aidé de ses conseils, fut élevé aux fonc-*
(uns de premier président du parlement de Dombes«
Cette même année , la ville de Lyon qui , pendant la se-^
OQside période du XVI.* siècle , devait être en proie à
tous les fléaux , fut atteinte de la peste pour la seconde
fois. Biandelot , durant cette calamité , fut dignement
secondé par le jésuite Auger qui, par son dévouement
an service des pestiférés , s'acquit une gloire à jamais du-*
nble , et a laissé un nom cher à rhumanlté. Dès que
Lyon eut été délivré de la peste , Henri 111 vint y passer
une vingtaine de jours , et logea dans une maison que '
posa^ait Mandelot sur la colline de Fourrières. Avant
l'arrivé du roi , Mandelot faisait élever dans cette maison
un jeune lion dont il voulut faire hommage au consulat,
afin qu'à l'exemple de plusieurs autres cités, la villtt
i**i
(i) U fat de la promotion do Si décembre 1 582,1
Tome FIL 2A
( Î70 )
entretiat à ses. frais le superbe animal dont elle avait place
limage dans ses armoiries çt sur ses bantiières, mais le
consulat considérant que la pénurie de ses. finances ne
lui permettait pas de faire, pour Tentrelien de ce lion»
une dépense qui s*élèyerait à plus de 200 écus par an ,
refusa Toffre de Mandelot (0- , -
Depuis long-temps , le duc d*EpernoTi 5 favori du
roi 9 convoitait le gouvernement du Lyoni^ais , et
n'attendait .qu'une occasion favorable pour supplanter
Mandelot. Afin de mieux parvenir à son b ut , il avait
fait donner le commandement de la citadelle à un sieur
du Passage (2) qui lui était tout dévoué. Instruit de ses
intrigues^ Mandelot (en i585), dé concert avec les
échevins , se fit ouvrir les portes de la citadelle par un
sergent-major de la garnison auquel on avait promis
2^000 écus.; il en expulsa le sieur du Passage et rem-
plaça la garnison désarmée par la milice urbaine. Maigre
son affection bien connue pour d'Epemon , le roi avait
trop besoin de Mandelot pour ne pas se voir, contraint
à. approuver sa conduite, hardie epvers le sieur du Pas-
^ge; il ordonna même, quelque temps après ^ la démoli*
tion de la citadelle. , et , pour rassurer complètemeift
Mandelot , il donna le gouvernement de la Provence à
(i) Vojes cî-de88n»9 pag, 346.
(2) Aîmar de Poisiea , siear du Passage , cheTaller de
l'ordre du roi , nommé goaTemear de la citadelle -de
L^on , par letU'es patentes du 18 novembre i584 9 ensuite
de la ville et citadelle de Valence , par lettres du 17 mars
1 590 ; lieuteuant-géBérai en Provence , en Pabsence dn dite
d'Epemon ^ par autres lettres da ao décembre 1 5^ ^ enfia
du marqi^sat de Salaces , par brevet du :^5 avril 1598. Ç.
(371)
âISperaon. t)t)lig^ de pas^r par Lyon pour se rendre k
son pdsfe (en 1586), d'Épernon s'était fait accDihpa-
gBer d'un eorps nombreux jde troupes à pied et à cheval.
Mandelot , craignant que le duc ne voulût se venger de
Imjate faite au sieur du Passage , fit prendre les armes
i tous les habitans de la ville , et , sons prétexté de
lendit i d'Épernon les honneurs dus à son rang , il les
distribua fe long des rues que le diic devait traverser:
d^pemon se mit alors à la discrétion de Mandelot ; la
cavalerie seule passa par la ville , et l'infanterie descendit
en bateaux la Saône , toute bordée d^arquebusiers. Le
doc logea dans la maison de Bonvise , près des Augus-
tins , et Ton plaça deux corps*de-garde aux avenues de
la rue.
Lyon , pendant cette année ( 1 586) , fut encore désolé
par la peste et par la famine ; Tannée suivante , la guerre
civile faillit succéder à ces calamités. Et , en effet , les
débris de Tannée des Reitres , défaite par le duc de Guise
à*fa bataille d'Auïieau 9 étaient venus se rallier daiis le
liàamfiais , sous le commandement du sieur de Châtillout
ffe akié de C6)igny. Mandelot qui avait reçu ordre de
les attaquer , lève à la hâte une armée dans les provinces
Je son gouvernement et court à la rencontre de Cbâ-
tillon. Mais à Taspect des Reltres , vieux soldats aguerris
et accoutumés à la discipline , Tarmée novice et ine^pé^
ximeatée de Mandelot fut saisie d'épouvante , et , fuyant
en désoidre , permit à Chàtillon de traverser le Lypn-
Biîs sans. brûler une amorce. Cette bataille, qui pourtant
vhxL fat pas une, fut appelée par dérision la bahiilled^
Firecul (Saint-Aubin , Hîst. de Lyon , pag. sSo).
Vers le commencement de Tannée i588 (le 26 fé-
frier), Mandelot , à la sollicitation d'Henri W, unit ^
( 372 )
fille (Marguerite), i Charles de NeavUle d'Alîncoiwt ^
fils du secrëUire d'état Nicolas de ViHeroy (i). Henri ,
(i) Jean Passerai, ou des meilleurs poètes de son
temps, qui avait déjà fait, en 1874, nne él^ie «mt
rentrée d'Henri III en son royaume et en sa ville de
Ljon , composa Tépithalame de M. d'Alincourt et de
M.II^ de Mandelot. Voici comment cette pièce est terminée':
• '.
Au beau Tergcr de Cythërëe
CueiUes la fleur tant desirëe ,
Dont bientost on Toye le fruit*
Allez et TOUS tene« de rire ,
Quand au partir vous orrex dire :
Adieu, bonsoir et bonne nuit.
Chascun de tous à ce coup pense
De jouir de la récompense ^ ^ .
De son amour et de sa fpy s
Et TOUS fasse Hymen grâce ^Ue
Que rendiez la race immortelle
De Mandelot et Yilleroy.
D*Âllnconrt fat nommé gouvemenr de Lyon en 1608 ^
par Henri IV , qui répara Tinjustice d'Henri III* Il fit son
entrée à Lyon le 21 novembre de la même année 5 avec
Jacqueline du Harlay sa seconde épouse ; Marguerite
Mandelot était morte depuis quatre ans ^ car on trouve
son oraison funèbre dans les Oraisons funèbres et tomheaux^
composés par Messire Claude de Morenne , évêque de Sées.
Paris y i6o5 , in-8.^ Cette oraison ne contient aucune par-
ticularité intéressante ; le seul passage qui m'ait para digne
de remarque est le suivant : a Or ce que j'ay ton s jours
99 estimé de plus recommandable en sa vie , a été la cfaa-
n rite qu'elle exerçoit envers toutes sortes de pauvres , et
» particulièrement des malades. Non , non , Messieurs et
>i Mesdames , ne pensez pas être dignes du nom de catho-.
» liques y et encore moins du titre de pieux et dévots ,
( 573 )
foolant 9 II cette occasion j donner à Mandelot une nou*
\d\t marque de sa bienveillance , permit que , dans le
contrat de mariage, on stipulât la survivance du gou-
Temeraent de Lyon en faveur de d*Alincotirt. Toute la
^c prît part aux fêtes de ce mariage qui furent célé-
brées par un grand nombre de bals , de festins , de
joutes , de tournois et de mascarades. Mandelot ne fut
pas long- temps le témoin du bonheur de sa fille. L'ho-
rison politique se rembrunissait chaque jour; la funeste
journée des barricades avait répandu le deuil et la cons-
ternation dans le cœur de tous les amis de la monar-*
diSê. Tierre d'Epinac qui avait été un des auteurs de
celle journée , avait^ entraîné tout son clergé dans le
parti des Guises, et le clergé, à son tour, cherchait à y
frire entrer toute la ville. Mandelot que d'Epinac avait
voulu y entraîner aussi , et qui n'avait écouté ses pro-
positions, que pour avoir des éclaircissemens positifs sur
ses intrigues et les ressorts qu'il faisait jouer , conseilla
i Henri m, dès Tannée i585 , de faire arrêter d'Epinac,
àe ssLmr ses papiers et de les rendre publics, afin de faire
connaître authentiquement que les chefs de la prétendue
Sainte Union n'avaient pour objet que d'écraser la fa-
mille royale sur les degrés du trône et de démembrer hi
* pour avoir chapelets et patenostres pendas à vostre cein-
^ tore , pour aller à la messe , pour visiter les églises y
9 ceb n*est à rejeter , mab ce n'est pas asses , si à tous
9 ces ombres vous n'ajoutez la charité , pour néant tous
9 Âoones-vous tant >de peine. Vos travaux s'escouleront
9 nos iraict et n'en demeurera pas seulement aucun ves-
» tî^. )9 Mandelot ne laissa point de fils } sa seconde fille
(Catherine) mourut célibataire.
( 374 >
monarchie pour en partager entr^eux les débris. Henri III ,
s'il eût suivi le conseil de Mandelot , aurait sans doute
évité les malheurs qui lui arrivèrent ( Saint-Foix »
Hisi. de tordre du S t- Esprit). Mandelot luttait de force
et d'énergie avec les bons citoyens pour que Lyon restât
fidèle au roi , lorsque vers les premiers jours d'octobre ^
il tomba gravement malade. La présence du duc de
Mayenne 9 qui se trouvait alors à Lyon , contribua peut-
être plus encore que la goutte et la fièvre à le conduire
au tombeau. Mayenne qui avait fait d'inutiles efforts
pour qu'il adhérât au pacte impie de la Sainte-Union ^
voulait faire donner le gouvernement de Lyon à un
partisan de la maison de Lorraine , et Mandelot qui
n'ignorait point les intrigues du duc , en ressentît la
plus vive douleur. Quand il vit approcher sa dernière
heure , il rassembla auprès de lui sa famille et les per-
sonnes qui lui étaient le plus chères , et s'adressant au
P. Auger 9 son vieil ami et le directeur de sa consdence y
il le pria de représenter au roi qu'il mourait pauvre et
endetté pour le service de Sa Majesté > il recommanda sa
femme et ses enfans aux consuls et échevins de Lyon ^
les suppliant de ne point permettre que ses meubles ei
ses haiii s fussent vendus sar la place des Changes. 11
fit la même recommandation aux consuls des nations
étrangères.' Le samedi qui précéda sa mort , il* demâlldâ
l'extréme-onction , et quand il l'eut reçue , îl pria Bieiij
de le laisser encore au monde une couple d'années, &*îij
voyait qu'il fAt bon pour le service du roi et pour Tuti-j
lité commune de Lyon. Le lendemain , le duc de Mayenne
le visita et resta long-temps auprès de lui. Mandelot qui ^
malgré ses souffrances , avait conservé toute sa présencf
d'esprit , présageant l'issue qu'auraient les affaires de I«
Hffiid y rifi ocaignH ppint de Ivî àift ^^que la fin d^
» étaU de Blois ne; serait ^i agrëable gue le œmmence*-
« ment^ ^ue la^ plaie des barricades de Paris saignait
A «Bûore , et qm la pnse 4u marquisat de Saluées (par
9 le duc de Savoie) , Tavait bien agrandie ; que le duc
9 de Guise n'aurait jamais le moyen de calmer cette mer
s ^'il avait tant oragéê et tourmenté^, et que le se-
> cours qu'il se promettait des étrangers le tromperait
> (Matthieu , Hisf. de France,^ tom. I , pag. 688 , ëdit. de
» i63i, in-foL ) »• Mandelot mourut le mercredi 24
Borembre 1588, un mois avant l'assassinat des Guises.
Le roi, trompe par tous ceux qui l'entouraient, n'at-
tendit pas qu'un serviteur aussi fidèle eût rendu le der-
nier soupir pqur lui donner un successeur. Le fils d'Anne
d*£sle , le jeune duc de Nemours , malgré la stipulation
portée au contrat de mariage de d'Âlincourt avec la Rlle
de Mandelot, obtint le gouvernement du Lyonnais (i),
et ce choix imprudent du plus faible des monarques fut
. une des premières causes qui, peu de temps après , firent
arborer à J^yon Tëteodard de la ligue. Mandelot f^t in-
humé dans le caveau d'une chapelle de la cathédrale, à
droite du graxid autel. L<^ P. Amger proi^onça sop oraison
fooèi^re devant une foule im^Lçi^se de Lyonnais qui të-
noignai^nt par leurs laroiQs combien était .grande la
perte qo'ik venaient de £ùre (a% ML''^^ de Mandelot, qui
(i) Ces lettres sont datées de Blois le jour même de -la
sort de Mandelot
(a) "Malgré la présence du duc de Mayenne qui assistait
à cette cécomtonie , l'éloquciit pané^ristç w csaignii point
de dire que. Mandelot n*avoU famais .signé la lÂffie et qu,[U
àoU mpri ferme enja religion et au service dtù roi» C'est
1 576 >
prëstda aus pompeuses funérailles (i) ckml ftirent ho^
norës les restes mortds d un époux qu'elle avait tendre-
ment aimé , fit graver sur sa tombe cette inscription
qui subsiste encore (a) et qui est remarquable par' «a
.noble simplicité : ^
D. 0. M,
PRAIVCISGO DE BCÀITDELOT
ELEOHORà DE ROBERTET
INGOIVCVSSA FIDEI
liOimtERTUIf.
P.
i588.
Jusqu*4 présent Mandelot ne parait pas avoir eu de
biographe , car on ne peut donner ce titre à Tauleur
anonyme du Discours sur la t^ie , morl et derniers propos
de feu Monseigneur de Mandelot , etc. Lyon , Jean
• • • • ■
ce qui a fait dire 2i Saint*Foix ( Hîst. de l'Ordre du St-
Esprit) : « Il m'a para remarquable qu'un jésuite , lorsque
» la Ligue était si puissante ^ l'ait désapprouvée , Tait re-<
»» gardée comme contraire au serrice du roi , et l'ait dit
9» publiquement deTant le duc de Mayenne, n
(1) L'ordre suivi dans ces funéraâles se trouve décrit
pag. 34 et suiv. du Discours de la vie ef nwrt de M. d»
Manddoi* On conserve, dans les archives de la ville de
Lyou y une relation manuscrite de ces mêmes funérailles.
Éléonore de Robertet mourut 9 dans sa maison de Belle-
grève , le 7 novembre i6ao et fut enterrée dans l'église de
Ste-Croix. Bellegrève fiit ensuite achetée par les religieuses
des Ghasaux.
(3) Elle ne fut placée qu'en 1599, d'après la permission
qu^en accorda le chapitre , le 8 novembre.
Note de M. C^
C377Ï
PQtdiotte , i5S8, in-8. Cet opuscule n'est-, à proprement^
parler, qu'un panégyrique ; il en est de même de l'espèce
de nfotice insérée , dans le cours d'un mémoire inédit
contenant la* relation des événemens qui se sont passés à
Lyon pendant la ligue , et dont on conserve des copies ,
qui diffèrent entre elles sur quelques points , dans la
bibliothèque publique et aux archives de la ville de
Lyon (i). Cependant MEandelot aurait du trouver un
(i) Saint-Foix , que j'ai déjà cité , a consacré quelques
lignes k Mandelot dans son Histoire de V Ordre du SU
Esprit, Un anonyme , que je crois être le P. Pierre-Ângus*
tiû de Moras , religieux de Tordre des grands Aitgastîns ,
a laissé «n ' volume décrit par M* Delandine , n.^ 837 de
ses Manuscriu. de la hihlioihèque de I^on ( tom. II , pag*
95 ) , conteBant des Mémoires historiques et généalogiques
de l'Ordre du Sainte-Esprit , dans lesquels se trouvent des
notices j quelquefois assez étendues , sur ces chevaliers ;
mais ce manuscrit offre plusieurs lacunes considérables ,
et malbearensement il s*en trouve une à la notice de*
Mandelot , dont le commencement occupe les pag. 327 et
328. Ces deux pages offrent rhistotre de Mandelot jusqu'en
1577. L'auteur l'accuse d'avoir lait exécuter très-sévè-
rement Tédit de la Saint-Barthélemi dans son gouverne-
ment , et après avoir fait ( d'après de Thou ) le tableau
de ce massacre , o& périrent , dit-il , plus de 800 per-
sonnes de tout âge, de tout sexe , il ajoute : « On reconnoît
» è ce trait le caractère des Lyonnois , naturellement
» sanguinaires , rebelles , insatidbles de richesses et de
» gloire ; d'ailleurs excessivement orgneiHenx , ^nréiomp-
" tneux , traîtres , inconstans et capables des pins grands
I» crimes^ n L'anonyme qui s'exprime ainsi sur le compte
ées Lyonnais , n'était point né san» doute parmi «ux
et les connaissait bien mal.
(378)
Historien parmi les ëaûvaias assez nombrenx qui fleuri-*
rent pendant sa longiue administration et auxquels il
donna sans doute des encoMrag^mens. Plusieurâ d*^entre
eux publièrent leurs ouvra^ sous ses auspices. E^a 3^^991
François dé Saint Thomas (1) » licencié en droit k l^ffoo^
lui dëdia la Vraye forme de bien et heureusement tégir
et gouQêruer un royaume , etc. ( Lyon , Jean Saugrebî. ^
in-S*^ ); en i^yS , Guillaume Paradin , ses Mem^es
de IfHist. de Lyon\ en i574, Claude de Rubys, les
Prii^iléges de Lyon ; en iS/y , le médecin Pierre Tolel,
son Aetto judicialis ad senaium Lugdunensem in unr-
gueniarios pesiUenies et nociurnos fures , etc. ; la même
anuëe , Jean Trenchant , un livre d*arithpiëtique ; eiok
1578 , Jean Papou, son Troisième N4>iaire\^&sL lïAù^
Jean de la Boèssière , le doùcièine cbant de sa traduction
de CArioste , Lyon , Thomas Àncelin , în-^8.* ( 4es «sept
premiers chants, ainsi que les g.*, io.* et 11*, sont
aussi dédiés à des Lyonnais , voy. Goujet » Bîbtiùfh.
Jrançaîse^ t. VII , p. 354) 9 1^ marne année, Jean de Beau-
Oiesne , son Trésor de t écriture ; en i583, Pi^xe Sa-
vonne , 4' Avignon ., son livre de Yln^ructiou militaire ;
en /584 , B^ooièt du Tconoy , sa traduction du tmité de
m • • •
■
(1) Cet auteur noua .apprend, dans sa dédicace, q|i^e.usnr
9» le mojs d'octob^ que. la j;ueiTe civile re^ommeii9a en
n. ce paj& de France pour la seconde fo.U». M se .Irouva en
n cefite TÂlle dç Lyon., e^JU'e ceyx qiqii furent serres es
n jprisans.. • >» Nou« ^vun^ yainiemei^t c)ierçbé à é^laircî^ ce
fj^i); , et nous ign^orpiis quelle fut la cause de i*emp^iso^->
nomç^t, de Saint-ThoDgAS , ^ui pepU^tre était caWûûste »
da^l^9}ps si o|fi. en )m^ pa^ le quinciènif chapjiMPede son
ouvrage.
( 379 >
b Consokàîon altiibi^ à Cicérpn; en i^>Bj^ J^rAme
d*ATo$t de Laval (i) ciçdMi aux illustres ij^amoiselles
(Uarguerite et Cat}iennç ) de Mai^delot son /1po\lf^n ^
(Lyon, Pierre Roussin , in-8,^ de 60 fepille^ ) ; liouis
Turguet y de Lyon y leur . d^dia aussi son . InsHtution
ime femme chrétienne dans l'adolescence , le mariage
d la YÎduité ( Pemetti , Lyonn. dignes de mém. , tpm* 1 9
pag. 238 ).
Les traits de Mandelot nous ont ^té conservés sur un
médaillon en terre cuite, attribué à Jean Goujon, exécuté
en 1572 , comme le témpigpe la date qui se trouve au
bas du portrait dans Tonginal de ce médaillon que nous
i communiqué M. Xavier de Iluolz , époux de Vl^^^
CamiHe Bataille de Mandelot. Nous avions dit, pag. $17
de ce. vol. , qqe ce portrait portait la date de 1577, et
induit de là que ce n'était point un ouvrage de J*. Goujon ,
Hiort à Paris en 1572 , victime de la St-Barthéleioi, mais
Aons ^ons nous-mâmes dans Terreur : la date dont il
(1) {i'ahbé Gpvjet, qui a coiisacr^ qu^lqoes pagéa )i ié*
TÔme d*Ayost dans le tom. XII de sa Bibliothèque fran^Ut^
et M. Weiss ,- auteur de la notice ^or ce poète ^ insérée
dans la BiograpIUe unwer selle , ne {ont aucune mention de
soa jÊpoUon qui paraît leur aroir été inconnu. Ce recueil
^ftft asses médiocres , contient des sonnelts , quelques
Dtriactions , des anagrammes , etc. , et une pastorale sur
les amours cle Sandrin et Frâncine ; phisteurs de ces pièces
•aat adros^éca è des Lyoninns notaUes de- 1 -époque. W-kw^Êt
paraît avoir résidé pendant quelques annéea à Ljon } il
^Uît lié avec Antoine du Verdier, qui j passa une partie
ée sa vie. Un grand nombre d'ouvrages sortirent des
presses'de notre ville , tKmi lé gonremement de Mandelot,
Biais les Muses , sur la fin de ce malheni*eui: siècle , fu*
( 58o )
5*agit , qnoiqa'elië' offre un chiffre mal forme ( un z au
lieu d'un i), parait bien être 1572 ( i57z).
Au dos de l'original du portrait de Mandelot» on lit la
suivante note manuscrite :
«Portrait de François de Mandelot, vicomte de Châ—
» Ions y gouverneur de Lyon , chevalier de Tordre de Si—
» Michel et ensuite de celui du St.-Esprit. La branche
9 est fondue dans la maison de Villeroy par le mariage
» de Marguerite de Mandelot avec Charles de Neuville y
» seigneur de Villeroy et d'Alincourt. La branche ainée ,
» qui possédait la seigneurie de Mandelot ^ est fondue.
» dans la maison des Dublé , qui a formé deux branches 9
» Tune connue sous le nom de Dublé d*Uxelles , et
» l'autre sous celui de Dublé Mandelot ; celle-ci ét^einte^
» avant la première est fondue dès 1626 dans la maison
» des Bataille de Bourgogne par le mariage de Margue-
» rite Dublé , dame de Mandelot , avec Philippe Bataillçt
9^ qui eut tous les biens de cette branche , dont il ne reste
» plus aujourd'hui que la seigneurie de Mandelot , con-
» senrée en vertu d'une sub^itution. C. C. B. D. M.
» 1789. »
Dans la liste de portraits qu'on trouve dans le sup*
plément au tom. IV.* de la Bibliothèque hisfor. de
FrcLncè , par Le Long , édition de Févret de Fontette, en
indique 9 pag. 225 , un portrait de M*^^ de Mandeloé
{sous Henri III). Dessin au cabinet du roi.
rent peu cultivées ; Lyon avait perdu sa Sappho en 1S67)
et la poésie semblait être descenducl au tombeau avec notre
Belle Cordière,
< 38i )
HISTOIRE.
SIÉGZ DE LYOïr. 1795.
•
M. l'ut^viste de la yille nous a commiyiiquë la letti«
somiite dont l'original est dans ses mains: nous avons
Kçu en même temps une lettre anonyme qui en est , en
«pelqoe sorte, le commentaire , et qui oifire des détails
inléRssans sur une époque oëlèbre de notre histoire.
lioosr croyons dievoir publier id ces deux documens*
I.
lilin adressée au ciioyen président de la section du
port du Temple^ à Lyon.
•m
RÉPUBLIQUE FRANÇàlSE UWE ET INBiyiSIBLE.
RléSiSTANCE A L*0PPRBSSI0N.
MPBÉSEWTATÎOJK NATIONALE UNE ET ENTIÂBE.
Le général Pcrrm-Précy aux sectioiiB de Lyon,
Gtoyens «
En acceptant le poste honorable auquel le peuple de
Witee et Loire m'a élevé, j*ai cru lui donner une preuve
ue mon entière confiance eii son patriotisme et en ses
Tertos ; j'ai compté sut un zèle sans borne pour le salut
t la république.
Citoyens , je vais vous parler au nom de la patrie \
poor vos intérêts les plus diers ; il ne s'agit plus de déli*^
^Kf , il faut agir*
( 382 )
U faut des homines , il faut une armëe : vous avez
dans vos murs une foule de bons citoyens , une jeunesse
ipleine de valeur ; mais àtè hommes voués à leurs af-
faires domestiques ne peuvent suffire pour vous défendre:
des sections qui délibèrent ne sont pas une armée.
Citoyens, on vous a demandé d'ouvrir un registre
d'inscription pour compléter cette armée ; j'aime à croire
que vous n'avez pas é\è instruits, si le rôle n'est pas déjà
rempli.
Je suis douloureusement surpris de ce retard.
Citoyens, développez votre caractère du 2g mai ,
songes que la république entière a les yeux fixés sur
vous , songez que vos ennemis ne veulent que le pillage
et la mort : c'est votre vie', c'est celle de vos femmes et
de vos enfans que vods avez à défendre , c'est le s^ul
delà France qui est entre vos mains; montrez-vous,
prenez l'altitude qui convient à vos forces , et votre dlë
et la république seront sauvées.
Citoyens, mon devoir est de braver la mort à^ chaque
instant pour votre défense , le vôtre est de me seconder.
Instruisez-moi dès demain du nombre des inscriptions ,
je suis convaincu qu'elles excéderont les demandes que
vous fait la patrie , et je m'abstiens de vous parler des
moyens que la confiance même dont vous m'avez honoré,
votre sûreté , votre intérêt et celui de. la chose publique
me prescriront de prendre.
J'ai rhonneur de vous prévenir encore qu'il est décidé
de faire des redoutes autour de la ville , pour la jnettr^
en état de défense : ces travaux sont très-urgçns ; je ne
doute pas que tous les citoyens ne s*emprçssçn| d'y con-
courir. Hâtez-vous , ie vous en conjure , montrez-vQus
avec l'énergie qui convient à des hommes libres : une
( 383 )
«mpable inertie vous conduirait à votre perte et à Tes**
davage ; le dëveloppeinent d» vos moyens , votre conrage
TOUS assurent le triomphe de la liberté j il fi*y » pas à
balancer.
Le 19 joHlet 17^ 1 Tan Ct de Is répobUqae.
Par mandement du générai y
CusTKL , secréiuire.
Iitkt à l'ua dit rédacteurs des Archives du Rhône.
Lyon y le iS man i8a8.
rapprends « Monsieur , par M. Morel de Voleine , le
hberieox archiviste de la ville , qu'il vient de dëcouvriti
dans la poudre des vieux carions , une pièce fort inté-^
ressante qui , je crois , n'a pas encore ëtë publiée, C*est
ia proclamation du ig juillet 1793 , par laquelle M* d^
Précy , appelé depuis peu au commandement d'une armée
fui s'existait pas encore , pressart lès Lyonnais de se
rallier autour de lui pour organiser la force qui pouvait
seale les défendre du danger dont ils étaient menacés,
«l sauver et leur ville et leur patrie.
S votre intention est de la consigner dans votre in-
téressant recueil , vous jugerez; peut-être convenable d'y
joindre le récit d'une petite anecdote dont j'ai été le seul
teoin , dont seul peut-être , j'ai eu connaissance , et
fii a été la cause de cette proclamation.
]*étais bien f eune alors , mais je connaissais M. de
^tkf depuis plusieurs années; il avait commandé, comm»
(ÎÔ4)
ISetttetiant-oalonel , rînfanterîe de la légion àe& cha^sedsv
des Tosges , qui avait ëté mise en garnison à Lyon j exB
^787 , et il s'était intimement lie avec ma famille^ .
M. de Prëcy rappelé à Lyon, à la fin de juin 1795 ^
avec le titre de général, que venait de lui déœmer la
commission départementale , voyait , avec une inquië^-»
tude qu'il ne dissimulait pas à ses amis , le défaut d*or— *
ganisation d'une armée ; il admirait le zèle et les bonne»
dispositions de cette garde nationale qui venait de prouver
son courage et sa bravoure dans la grande journée du
29 mai , il aimait à passer en revue ses bataillons qui
lui inspiraient une juste confiance , mais il déplorait son
défaut d'exercice aux manœuvres militaires et redoutait
pour elle les dangers d'une attaque qui devenait chaque
jour plus menaçante ; la commission départementale vive-
ment pressée par le général de lui donner des soldats
dont il pût disposer pour les organiser , les inlruire et
les exercer , invitait tes jeunes gens à se faire .inscrire
pour faire partie de l'armée départementale ; mais ses
invitations se succédaient inutilement ; les inscriptions^
étaient si rares que le général perdait tout espoir d'at*-
teindre son but , le temps marchait *, les événemens se
pressaient , le danger devenait imminent , et Précy se
voyait sans force pour le repousser : il fut un moment
entièrement découragé.
J'allai le voir un matin dans sa chambre • à ThMel du
Parc ; je le trouvai seul , triste et abattu, ce Vous vene^
» à-propos , me dit--il , jaudésirais vous parler de ma
3» position ici ; elle n*est plus tenable. En me rendant
» avec empressement au vœu de la commission que je
» croyais être celui des Lyonnais , je les avais cru dis—
» posés à se ranger sous mon comman élément, et à me
( 385 )
» seconder ëher^quement dans les mesures qui doireiA
f protéger tous* leurs intérêts les plus chers ; fiu^lleu de
» cela je ne rencontre qu'apathie et froideur daiis Tad*
f ministration et dans les . citoyens ; personne ne vient
f i moi , je reste isole au milieu des plus justes alarmes;
B Le danger approche , on ne Teut' pas le voir , 6n ne
» fait rie» pour le conjurer, j'y serai le premier exposé;
B j'aurais yolontiers sacrifié ma vie pour la défense dés
» Lyonnais, mais je ne suis nullement disposé à me faire
s assassiner inutilement pour eux. Je ne peux plus me
» iiaire d'illusion , et mon parti est pris : il faut que je
9 sorte de Lyon dans les ylngt-quatre heures y et que
» je trouve un asile sûr pour me soustraire aux périls
» dont, je serai entouré ; nous pouvrâs nous confier à
> Yotre brave jardinier^ je le connais depuis long-temps
> et sois sûr que c'est un honnâte homme ; faites-^Iui
9 part de mon projet , qu'il me procure des habits de
^ paysan , qu'il me cherche une retraite pour quelques
» jours chez un ami dont il puisse répondre , qu'il
9 Yienne me chercher dès ce soir et je m'abandonnerai
» à lui. » .
J ai cette singulière confidence si présente que je crois,
en avoir rapporté les propres expressions ; j'en fus d'autant
plus vivement affecté que j'étais plus loin de m'y attendre.
Précy ne m'avait parlé jusqu'à ce jour que de ses projets
et de ses espérances ; il m*avait témoigné la plus grande
confiance dans le courage des Lyonnais et dans les $e«*
cours qui leur étaient promis. Vous savez qu alors plus
it la moitié de la France nous avait envoyé des députés j
et se montrait disposée à {aire cause commune avec
nous. Nous étions fondés à espérer que le beau mou-
tèment du nc) mai acfrait été l^aurore de la délivrance
Tome FIL ^5
( 386)
de notre patrie. Je connaissais mieux que le gën^l les
dispositions* de mesfrèr^ d armés, et j*ëtaisplus confiant
que lui' dans les promesses de sedours qui nous arrivaient
de tous ciAès ; toute notre brillàhte jeunesse se faisait
alors à' cet égard la plus complète illusion : furieux
d'avoir enfin maîtrise les monstres qui régnaient sur
nous depuis la chiite du trône , et éblouis par les' fi^i^
citations et les adhésions de tant de départemens , nous
voyions déjà la France sauvée par èlk^méme ; et -fiers
de donner l'exemple, m>a$ étions impatiens de f*
usage dé nok armes.
' Je m empressai donc de ranimer le général , en
veillant le sentiment de confiance qui l'avait appelë à
nous ; je lui retraçisd les entretieiis de nos corps-de-garde y
et l'assurai que les hommes d'un âge mûr , et les vieiU
lards eux-mêmes partageaient le dévouement de la jeu-
nesse ; qu'un grand nombre de Lyonnais étaient fran—
dbement disposés à se ranger sous ses drapeaUx pour'
âiuvér la France , que leur général avait toute leur
confiance , que sa voix serait toute puissante sur eux ;
mais que cette voix pouvait seule les porter à la grande
résolution d'abandonner leurs domiciles et leurs corn—
^birs ,'de se séparer de leurs familles ei de leurs affiiires ,
et de renoncer à tout, pour aller se' confiner dans des
casernes et y apprendre le métier de soldat.
^ Je parlais erf jeune homme, et j'étais animé d*un
enthousiasme qui me rendit persuasif. Précy me promit
de suspendre sa détermination pour essayer une dernière
tentative. « Vous pensez , me dit- il , que ma voix aura •
M^ de l'influence sur les Lyonnais ; je vais la leur faire
» entendre ; j'écrirai aujourd'hui à toutes les sections
» pour leur demander d'envoyer leurs soldats dans nos-
V »
_ C 387 )
ii casernes ; mais si dans 48 heures on n'ai pas -rëpoitiki
» à cet appel , je n*ai plus rien à espérer ^ et revenanj;
s à la résolution que je viens de vous confier , je cotnp*
» terai sur votre discrétion et sur votre zèle pouf
> assarer iha retraite. »
La proclamiation fut adressée, le jour même, auac sec^
tions; dès le lendemain, tous les bataillons furent réunis
dans leurs places d'armes respectives , et les allocutions
it& chefs entraînèrent un. grand nombre de gardes natio*^
nauxà se rendre aux casernes sans même rentrer chest
eux. Hs y trouvèrent les commandans que Précy.. venait
4eleur d^gnér:
Glngenne , pour la caserne des Carmélites ;
Dubois , pour celle de St. Pierre ; ^
Champereux , pour celle de la Douane.
Tous ces chefs avaient les instructions du généra
four l'organisation de sa petite armée.
Dès le lendemain , les compagnies furent formées et les
officiers nommés.
Cette petite armée casemée présentait un effectif de
3ooo hommes au plus.
TÀe a été , Monsieur , l'origine , tel a été l'effet de
h proclamation qui vient d'être retrouvée dans les ar^.
C&ives de la ville.
Cest donc le 21 juillet que le général a pu conduire
ses soldats casernes à Texercice dans les prairies des Brot^
teaux , et qu'il a fait entreprendre la construction de la
première redoute à la tête du pont Morand ; et c'est le 8
août , à la pointe du jour, que les assiégeans ont tiré
leur premier coup de canon sur le faubourg de la
Croix-Rousse.
La force des casses avait un peu augmenté avant
( 388 )
l'ouverture du siëge; elle pouvait être portée alors II
4ooo honunes environ , en y comprenant le petit corps
de cavalerie qui s*était forme dans la caserne de la
Déserte.
C'est sur ce petit nombre d'hommes , qui n'avaient pa»
trois semaines d'exercice, qu'a roulé exclusivement le
service des avant-postes pendant 62 jours , tandis que la
partie sédentaire de la garde nationale se partageait le
service de la seconde ligne de défense et celui de la
police intérieure.
Indépendamment de son armée k Lyon, le général
Précy avait encore sous ses ordres le vaillant détache-
ment qui , sous le nom d'armée départementale et sous
le commandemenl de l'infortuné Servant 1 avait été, dès
le commencement de juillet , envoyé dans le Forez,
pour protéger les approvisionnemens, et qui, aidié des
braves Montbrisonnais qui se sont ralliés à lui , a faW
une campagne utile et brillante , et est rentré à Lyon
ayant la fin du siège pour en partager les derniers périls*»
Mais malgré les plus belles promesses , les Lyonnais
n'ont obtenu aucun autre secours , leur longue résis*
tance n'a ralUé personne à la défense d'une cause qui
était celle de la France entière , et les plus nobles efforts
ont appelé la hache sur les têtes qu'avait respectées le
boulet et la bombe.
Agréese , etc.
r
( 3$9 )
r ■
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
BMa sacra vulgaiœ editionis Sixti V^ Pont, max.jussa
recagniia et Clemeniis VIII auctoritate édita. Lugduni»
sumptibos Pétri Beuf , bibliopolse , via Sancti Domî-
nid, n.* lo , 1827. «- Parisiis , excudêbat Firminus
Sidot.. , in-S.^' de 746 pages , non compris les tables.
Limpression de ce beau Tolame dont nous ayons annonce
flnsieurs livraisons , est àchevëe. Nous n'ajouterons rien
m éloges que nous avons donnes à cette entreprise , et
^t Mmt, d'ailleurs , justifies par le prompt succès dont
die est couronnëé.
Disserttdion sur la propriété littéraire et la librairie chez
Us anciens , lue, le 27 novembre 1827 , à la Société
d'émulation du département de TÂin , par M. F.-A.
Pic , l'un de ses membres correspondans , juge au tri-
bunal dvil de Lyon. Lyon , J.-M. Barret , 1828 ,
in-S.® de 19 pages.
Tirage à part et à petit nombre , de cette dissertation \
ÎBsérée dans notre recueil 9 pag. 278-294 du présent vo-
iome. L'auteur y a ajouté la note suivante :
« Cette dissertation fait partie d'un ouvrage que l'on se
propose de publier sur la propriété littéraire^ en France ,
knqae la législation sera fixée sur cette importante ma->
lière. »
Aperçu sur Hiat de la cmlisation en France , lu., le
décembre 1827, à la Société d'agriculture, arts
commerce de l'arrondissement de St-Étîenne (Loire>9
. par M. Smith , avocat et juge suppléant , membre
correspondant du cercle littéraire de Lyon , diargé
de présenter quelques observations s\ir le t^eàù dès
farces ' productives de la France depuis 1814, pair
* M. Charles Dupin. Deuxième édition , suivie d'uiï
fragment sur l'industrie de St-Étienne. Paris , Am—
broise Dupont j et Lyon , Pé^ieux, 1828, m-8.^ de
69 pages.
, • .• I ■ .. • ■ '
. Voj. ce que nous avons dit ci-dessas.^ pag« 25i » de W
première édition de c^t opuscule* La second est augmentée
d*u^ morceau fort, intéi^essa^t de statistique,. çt, le texte a
été revu avec soin et a subi des changemc^ns qui sejaideot
le travail de M« Smith encore plus digae de Tattention des
lecteurs.
L^analyse que nous avons donnée dans le VL* tome dea
'Archives^ pag. 96-101 , Ju manuscrit, possédé par M. Tabbë
Çhoùvy , des tomes lY, V et YI des Mélanges de critique
et de philologie^ de feu Chardon La Rochette , a engagé
H. Durand de Lançon , receveur des finances 2i Lure
( Haute-Saone ) • à faire Tacquisition de ce manuscrit. Nous
nous en félicitons , Touvrage est tombé en de bonnes
mams. Le nouvel acquéreur, qui est un bomme fort re«
commandable et fort instruit , 'se propose dé publier bientôt
ces trois vînmes qui enricbiront la littérature et complet
teront le recueil des précieux travaux d'un de nos plus
nabiles hellénistes.
A la Tente aux encbères des Ityres de la biMîoUi^iie dd
M. it«-A. BbAier', doitt nous ayonâ fait coauattre le
iUUahi^fue^ cMe«8««,pag» 3i4, lemanvicrit antbgraphe
de raUM MereUrile Sl*L^ger y intitule Reèhenchei sur les
imsptimeurs -et lihrmres de l^on , a été adja^é aa prix de
igè. fr. t et rexenpl^îre dee. Lyo/Ênois iU^ner aie w9dmoire «
^pcoanp^ë. de ootea c^t additîoaa . manuaoriUs.. de L. . T.
Uénssaoti fin .prix de 65 £r« ; et malheureusement il paraît
qae ce ae sont pas des Lyonnais .qui en sont démenas
propri^ires.
Un hnitième enyoi a été fait k TacadiJmie de Lyon , le
^ mars , des liyres et des manuscrits qui lui appartenaient
et qnî avaient éié confondus dans la bibliothèque de la yille:
6,572 yolnmes , imprimés ou manuscrits 9 sont maintenant
iMtitnës-i cette compagnie, et on ne présume pas qu^elle
ait encore plus d'une centaine de yotumes à retirer.
Parmi les manuscrits qui lui ont été rendus ^ les plus
remaïquaUes sont un Virgile sur yëlin, du quatorzième ou
du quinxième siècle , un Lactance et deux copies du Boman
de la Rose qui paraissent être de» mêmes siècles. Parmi
les liyres imprimés 9 nous signalerons une des premièrea
éditions in- fol. de la Légende de J. de Voragine , sur le
dos' de lâqnèirë If. Adamoliayait fait mettre la date de 1455)
et ou U ayait inséré une grayure en bois qu'il croyait être
de i584* I^ons mentionnerons aussi une des premières
éditions du Roman de la Rose ; mais il est plus que dou-
teux que cette édition ait été publiée en 1479: cette date,
écrite de la main de M. Âdamoli , se ti*ouye en tête de la
première page du yolnme 9 et , qui plus est 9 elle a été sur^
cbargée. Comme il manquait à ce yolume le dernier feuillet,
le propriétaire Ta fait remplacer par un feuillet manuscrit
^ la fin duquel on a mis : Finit d'imprimer à Paris chez
( 390
Vldaric Gering l'an M CCCC L XXIX; c^s dates ont
étJé également siirchaifëes f et il ]paraît"qâ'irj aVait prinli-
tiremeut dans Tun et dans l'antre • exemplaire 1469 -—
M CCCC LXIX. Le dernier de ces yolames est certainement
le même que. Tabbé Mercier de Saint-Léger aVait tu dans
la bibliothèque de Tacadëmîe de Ljon , et dont il a fait
mention dans une note manuscrite , à la pag, 388 du tom. II
de son du Yerdier (1). Mais rien ne constate Tanthen*
ticitë de sa date , et rien par conséquent ne proure
que cette édition soit plus ancienne que celle qui a été
faite aux frais d'Antoine Vérard , yers 1490* L'académie
ne possède que deux livres imprimés sur yélin : l'un a pour
titre : Jacobi Bracellei lucubrationes j etc. Jn œdihus Jo*
Badii Ascensii , M D XX 9 gr. in-8.^ de Ixx) feuillets ;
l'autre est un livre i^ Heures à V usage de Paris... ^ imprima
à Paris par la yeure de Thielman Kervet , l'an mil CGGGG
XXII; gr. in-8.^ de Ixxj feuill. , avec figures. Ges heures ,
d'une belle conservation, ont été données à l'académie par
M. Mathon de la Gour , Tun de ses membres , le 29 avril
1785. Différens objets d'art ont été également rendus par
la ville , tels qu'un buste en marbre de l'abbé Raynal , un
buste en plâtre bronzé de Voltaire , un portrait , peint à
l'huile , de M. Adamoli , une estampe représentant le
Parnasse de Titon du Tillet , etc.
(1) Voy. Branety Manuel du Uhraîre , art. Lorrùt , tom. II, pag.>
375. M. Van Praët <jui , dans son Catalogue des livres imprimés
sur vélin , de la biblioihèque du roi, tom. IV » pag. 160, a dit qae
rëdition du Boman de la Rose , dont le seul exemplaire connu existo
dans la bibliothèque publique de Lyon , doU être regardée comme
la plus ancienne de toutes , a sans doute été induit dans cette erreur
par 1« note de Mercier de Saint-Léger.
(5g3)
'Il ■ , ' ■ ■ ■ .1.1 ■ .1
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE MARS 1828.
I. «— Par ordonnances du roi , en date des 5o janvier et
5 iémer , les sabcnrsales de St Poljcarpe et de St. George
de cette Tille sont ërigëes. en cures de seconde classe
Cette de St. Jost Test' paiement, par ordonnance di
i3 (érner.
2
2. — Ordonnance du roî qui prescrit Tenregistrement
et la transcription sur les registres du conseil d'ëtat 9 des
ibtats des religieuses de la congrégation de St. Joseph ,
établie à LTon.
Mène jour ^ — Arrêté de la mairie du 25 fëvrier, appronTë
koS da même mois par M. le préfet , qni interdit à l'a venir
la coDstniction on la réparation d'aucun bfttiment, hangar
oa échoppe en planches ou en pans de bois revêtus de
lattes et enduits de mortier ou de plâtre , ailleurs que
dans des endroits isolés et au moins à 5o mètres^ d'éloigné*
ment de toute habitation. Cette défense s'applique aussi
anx constructions de la même nature dans Hntérieur des
propriétés , lorsqu'elles ne seront pas à la distance de 3o
mètres de la yoie publique et des bâtimens habités. Enfin ,
çonfiMrmément à l'ordonnance royale du 9 férrier 1825 ^
SBcnn chantiier de jtoîs ou entrepôt de charbon ne peut
dorénavant être foiiné dans l'intérieur de la ville qu'avec
une autorisation de M. le préfet , dont la délivrance sera
pcécédée d'une enquête administrative. L'incendie des bar-
nqaes de la rue Sala au mois de novembre 1826 a inspiré
^'autorité municipale, l'idée de prendre cet arrêté dont
ks dispositions sont empruntées d'un arrêté semblable pria
( 394)
eti 1807 par M. èe Sathonnay , alors maire de Lyon , après
Ptneeadie des bam^qaes des Gëlestins , qtti avait ea lie»
aa mois d'août de la même année.
5. '— MM. Cholleton » vicaire-général > Déplace 9 curé
de la paroisse de St. Louis , Bregfaot dit^ Lut , l'un des
TÎce-présîdens du tribunal civil , Lecourt , notaire p et
Gaspard Vincent , négociant et membre du conseil muni-'
qip^l 9 viennent <l*4tre nommés iMlministratèors dli dîëpen->
saîre en remplacement des membres de cette administra»
lion dont Texercice est expiré. i
..L'extrait des acrêts readns ' par* k ooar d'àssibes du
Khône pendant le 3.^ trimestre de 1827 , a été afficbé an-»
jourd'bui.; il comprend i.5 condanmations à des peines
afQlctives ou infamantes, dont une seule aux travaux forcés
^ perpélaité , pour infanticide*
••
6. — Ordonnance du roi qui convoque le collège élec-
toral du a.e .arrondissement du département .du, Rhftne
pour, prpc^d^» le .91 dTnl pitoi^hain , au remptaeement
de M. . Rojer-GoUard 9 (equei » nommé par ce coU%e y s
opté pour un autre.
Même jour. — Lé cercle littéraire a admis au .nombre
de ses membres titulaires , MM« Trélis , de l'académie de
Lyon , et Rabanis 9 professeur aggi'égé de rhétorique au
collège royal de cettp ville.
7. — La ville de Lyon vient d'obtenir du miiiistère
l'autorisation nécessaire pour la validité de^ ventes de
terrain dans la presqu'île Perrache , faites à différeÀs par-
tîculien , sous la condition d^ établir telles ou telles en*
treprises manufacturières;
9. — Ordonnance du roi portant autorisation définitisBe
de la communauté des soeurs de St. Charies étaUiee à-Sil-
Genis-Laval , département du Rhèue.
( .395 ) ;
Ifémejour. —M. Borélj , Tice-pr^sident da trilMiiial eiiil
et presîdiepLjt fii| conûté. grec de Marseillf^ , ^ fait iasérçr
dans le Précurseur de ce jour une lettre a^x ëlecteuirs
da a.^ arrondissement de Ljon , par laquelle il brigue les
«uffirages des Ljônliais , pour être porté h la chambre des
dtfpirtës , en remplâtément de M* Rojer^f^ollard.' *
... t
i^. —'Antre lettre de M* Conderc, ancien députe de
Ljon , gui demande à être replacé, an nombre des caq-
^dîdats.
M. le TÎcomte Duparc Keramelin, payeur du dépar-
temeni -dû Jnrti y propriétaire au canton de Sl-^TVnplMH
rien-Ie-^lb&teau , a également éefît à MM. leé électeurs
dir i.e arrondissement pour obtenir la même faYenr.
I . • * • ;
10. — - M. Morand de Jonffrey, ancien substitut, puis
juge an tribunal ciril de Lyon j ancien conseiller à la
i^Kir tojale de li| même TiHe , notre compatriote 9 aujour-
d'hui procureur général à Douai » vient d'être nommé
procureur du roi k Paris ^ en Remplacement de M; de
Solk^'me 9 appelé aux toncjie^s de préfet de police*
i5. — M. de Vaublanc • substitut )i Montbrison ^ est
nommé substitut du procureur da roi 2i Bourg. Il est rem-
placé à Montbrison par M. Devienne , . substitut près le
tribunal dé Trévoux , ancien juge auditeur k Lyon et fils
de Tun des juges de paix de cette ville.
' 14. — Mort de M. Dominique Mottet Degérando , ancien
négociant , chevalier de l'ordre royal de la légion d'hon*
Benr , conseiller du roi au conseil général du commerce ,
membre du conseil-général du département du Ah6ne ^
président de la chambre de commerce , membre du conseil
mmiil^pïil de* Lyon et dé' racadéinie des sciences , belles-
-léttres'elart^', cncîen iidministrateur des hôpitaux 9 mem*
, ( 396 )
hre de la chambre des dopâtes. M. Mottet était 4in de nos
concitoyens les pins distingués. Nous lui consacrerons
plus tard une notice.
17. — Le bataillon '"d^ëlite qui aTait. été formé dans le
i4*^ régiment de ligne en garnison à Ljon , s*est embarqua
anr le Rh6ne pour se rendre à Marseille.
ai. — M. g' rarchevéque d'Âmasie, pair de France , est
rcTenu dans le diocèse pour y exercer les fonctions épîs-
copales pendant le temps pascal.
Le Bulletin des Lois , n.^ ai 8 bis y contient une or*
donnance du roi, du i3 féyrier, qui admet à la retraite
M. Antoine Monges., ei-administrateur des monnaies , ne
b Lyon le 3o jauYier 1 747 , et lui accorde une pension
annuelle et viagère de 48a&fr*
22. *- Inauguration du portrait en pied de S. M.
Ckarles X , peint par M. Steuben , dans la salle des
séances du conseil municipal. M« -de Vema ^ premier ad-
joint h, la mairie , remplissant par intérim les fonctions de
M. le maire , a prononcé un discours iM^logue à cette
cérémonie.
Dans la même séance 9 il a été procédé à 1* installation
de MM. Goste aîné , conseiller à la cour royale » et Sé-
bastien Fournel \ négociant , membre de la chambre de
commerce , nommés conseillers municipaux par ordon-
nance du roi du 3o janvier dernier , en remplacement de
MM. Boisoty démissionnaire 9 et Giraud de St. Trj 9
décédé.
yiéme jour. -^ Le tirage au sort entre les jeunes filles qoî
concouraient cette année pour les 33 dots que Tadmiaistra-'
tion des hôpitaux distribue, tons les deux ans, des deniem
de la fondation Mazard , a eu lieu aujourd'hui à l'hospice
de la Charité. Les concurrentes étaient nombreuses i ceUea
que le sort a favorisées , doivent toucher chacune i5o \vf%-
( Sg? )
^. — M* Grattet Daplessis , recteur de racadémle rojale
Ae I>oioaî , Tient d'être nommé aux mêmes fonctions à
l'acadëmie de Lyon, en remplacement de M. TaJbbé D'Aegel|
ancien docteur de Sorlionne , admb à la retraite.
Le goaTemement a atitoriaé l'acquiaition da .domaine
da Yernaj , proposée au nom du collège royal de Lyon j.
par M. l'abbé Demeuré , pi:oviseur de ce collège,
BÊémejout:. — On vient de placer dans le musée le tableau -
de M. Jacquand, représentant Tbomas Morus, chancelier -
d'Angleterre, dans la prison où Henri VIII le fit ^'eter et*
d'où il ne sortit que pour -monter à Téchafand. Ce tableau
a éié acheté par la TiUe.
MÊéme jour, — - Lettre de M. Anisson Duperron à ses an-;
dens concitoyens électeurs de Lyon^ dans laquelle il sol-
licite leurs suffrages pour être porté à la chambre des dé-
putés. Précurseur de ce jour.
^. -* Seconde lettre du même où il déclare se désister
de la candidature , au 2.^ arrondissement , en fayeur de
M. Cooderc qu'il ignorait aroir Tintention de s'y présenter»'
Même jour. — Jugement rendu par le tribunal de .police
correctionnelle de Lyon, et qui est du plus grand intérêt
pour la fcibrîque de cette ville. Le tribunal de simple
police avait condamné deux négocians , chez lesquels ou
avait saisi des étoffes de soie pliées à iiS et 116 .centi-
mètres, au lieu de l'être à lao, comme l'exigeait l'arrêté
de M. le préfet du Rhône du 9 avril dernier. Appllcatiou
leur avait été faite du § 6 de l'article 479 ^^ code pénal et
même des articles 480 et 481 du même code ^ attendu
que les contrevenans étaient dans le cas de la récidive.
Us ont interjeté appel , et leurs griefs ont été développés
daflis deux aocfiences , avec beaucoup Je taleut f par
M M« Guerre et Sauzet , avocats. Le tribunal correctlon-
ad-, présidé par 'M.* Breghétdu- Lut-, assisté de MM. Pic
et Capelin , {âgés « et Papou de la Nbae , juge aailîteur y
a* accueilli la àéîeme des prëTenas , et les a décharges.
àcê peines prononcées contre eux. Les principaux motifs
de cette difcision' sont les suiVans :
« Attendu que rautorîté administratif e confia ant fré^
fets se borne à la ifacuUé de faire des règlemens pour
l'exécution' des lois relatiyes aux objets placés sons la.
surveillance de cette autorité $ et à rappeler à l^wrs «dmi—
nîstrés le texte de ces lots y les obligations qu'elles, font,
luàître et les peines qu'elles 'prononcent ;
Attendu que ce principe <Bst incontestable sous le r^me
légal introduit par la charte qui veut que la' puissance 1^
gislative ne puisse être exercée que par le roi et les chambres^
Attendu dès lors que si l'arrêté du préfet crée un délit >^
y attache une pénalité faite pour un autre çaa , et contient
afnsi une disposition législative , cet arrêté n'est point
obligatoire pour les administrés, et ne peut être la base'
d'aucune condamnatîou prononcée par les tribunaux | ...
Attende^ que l'arrêté crée en effet un délit , poisqa'îl
n'e:i(iste.«ucune loi qui exige qne. les. étoffes de seie^^soieut
pliées de telle ou telle manière.... ; *
•Attendu qu'il n'est qu'un cas où le pli donné k rétofe
pourrait être légalement inculpé : c'est celui où il j aurait'
fraude 9 et oh le vendeur aurait trompé l'acheteur ,'éii'
lui comptant chaque pli de l'étoffe comme équivalant li la
mesure légale, quoique, dans le vrai, la longueur decèb^
plis fût moindre que cette tneéure ;
Attendu que , dans ce cas , il pourrait j avoir lieu ^ l'ap--
plicatlon de l'art. 4^5 du code pénal qui prononce dea
peines correctionnelles contre ceux qui auront trompa
l'acheteur sur la quantité de choses vendues... .} .
Attendu que les appelans ne se trouvent point dans cettp
hypothèse....;
Attendu que le règlement de M. le préfet ^st pur^
(599)
tni particulier et local , ^a'il n*a été fi&it qae pour la
▼Hle de Lyon , que dès lors il j aurait injustice à assujettir
tes fabricans lyonnais à des obligations auxquelles les fa-<
brîcaiM des autres Tilles de France ne- seraient point
•oamis ;
Attendu que cette considération,... achëye de démontrer
qu'âne pareille disposition est bien au-dessus de la com-
pétence dVne simple administration locale, et qifelie.ne
poûrnit être que le résultat d'upe décision législative^-
nérale et rendue selon les formes constitutionnelles. ...;
Patoo^ «Mifs ,J.e tribunal jugeant en dernier jvasortyelc.iY
27. — M. le procureur du roi s'est ppurru, en çi^sMUorn
contre le fugement ci-dessus»
jour. -^ Ordonnaiice in roiqçi convoque le ooli^ge
du d^artement du Rhône pour le 8 mai prochain , à l'effiet
de pourvoir an remplacement de M. Mottet-Degérando ,
•^éoëdé. -
S9 ^^çi»ti<^n, d^une Uî .ap^c^Js^ du »S nÎTÔse ^n XIII ,
M. Chaamette avait perfisc^iof^nrf la ' navigation de 1«
&|ôae g^r ^J^ point dangfrefix (le^vetaur d'EpiUrvant) , à
la.satîsfi^tioa di| Cj^mm^ee .de :Ly<Wft et-des^députemeais
voisins ; pour .compléter ces premiers travevx 9 Â. Mi'>
par une ordonnance du 27 février dernier , a chargé M.
Chawnctie d'une opération préparatoire dans le but de
rectifier et d^approfondir le lit de la Saône depuis Ghâlons
jusqu'à Lyon.
29. *- L'enceinte de planche^ qai entoumit te nouveau
corps-Je^rde, construit en forme de tente, §ur les dessins
de M. Flacbéron , architecte de la ville , dans les petits
frés de' la place Louis-le-Grand , a été enlevée aujoux>-
d'hui y et ce corps-de-garde va bientôt être occupé.
(4oo)
Même jour. «- Inangoraiion du thëÂtre café de M* Segnier
dans le nouveaa passage de l^Argue , par des danses et pan-
tomimes 9 en présence des principales autorités cÎTiles et
militaires de Lyon.
5o. -« Lettre de M. Fnlchiron oà il déclare persister
dans la candidature de la place de député à donner par le
a.e arrondissement du département du Rhône. Cette lettre
est la 2.e, la i.'^ est du mois de féyrier. L*une et l'autre
ont été insérées dans le Précurseur,
On annonce que M. Maisiat , professeur de théorie
pour la fabrication des étolBPes de soie , a obtenu un brevet
d'invention , devant durer dix ans , pour le procède' de
tissage qu'il a imaginé , et avec lequel il a reproduit sur
une étoffe de soie , en caractères imitant ceux de l'impri*
merie , le Testament de Louis XVI et la Lettre de Marie-
Antoinette.
3i. -— Jugement du tribunal de police correcttonnelle
qui condamne à lo , i5 et 20 jours d'emprisonnement trois
individus appartenant à la classe des ouvriers en soie 9
qui avaient voulu briser une mécanique nouvelle pour le
' tissage , de Tinvention de MM. Debergue et comp.^ de
Paris f ameuté la populace et résisté aux agens de police
et à la force armée.
«^E
sr
ERRATA.
Page 260 , lign. antépénult. Ronjoux , lisez : Roujoax.
Page 278, ligne 12, A.-F.Pic , lisez : F.-A. Pic.
Page 290 , ligne 7| connus dans un lieu , lisez : a^mnie
dans un lien.
(40I >
STATISTIQUE.
iSBX
Mift
bSAfi HISTORIQUES «ar la yille de Lyoïii ou descriptiôa par ordre
alphabétique des quartitra, places, raes et monumens de cette
( V.« Article ).
Attache des Bosuts ( rue de 1' ). Le nom de celle
nie indique sa destination. C*est dans le court passage
qu'elle forme du quai de l'Hôpital à la rue Grôlée , que
soot attaches à de gros anneaux de fer , scellés dans le
laor de la boucherie de Thôpital , les bœufs qui sont
destinés k l'abattage journalier. Sur le plan de 1740 ,
ce passage portait le nom de rue de la Boucherie de
l'Hospice. Le recensement y compte 2 maisons \ 9 mé-
nages , 39 individus , et 10 métiers d'étoffes de soie.
Auges (grande et petite rues des). Ces deux petites
rues forment , au sommet de l'angle-nord de la place
de la Misëricorde , une sorte d'équerre , dont une dés
branches s'appuie sur la rue St. Marcel , et l'autre sur
ceDe des Boudiers. On les trouve sur le plan de i54o ^
avec le même nom lequel leur venait de ce que, vers cette
époque , il n'y existait absolument que des écuries pour
des pourceaux. Elles sont portées au recensement pour
3 maisons -9 14 ménages et 53 individus. Les rez-de-
diaussée n'y sont encore y en grande partie , occupés
que par des ëcuiies.
AuGusTCVs (quai des). Ce quai figure déjà sur le plan
de j54o ; il commence au port de la Feuillée et se
Tome FIL 26
( 4p2 )
termine au pont St. Vincent. Son nom lui vient du coa-«
vent des Augustins , dont Téglise , aujourd'hui paroisse
de St. Louis , y prend sa piincipale entrée. Il est bordé
de i3 maisons , qui sont occupées par 120 métiages ^
Ibrmant une .population de 4^4 individus ; il s*y trouve
i5 ateliers et 35 métiers de soierie. Ce quai était an-
ciennement fort étroit, et ce n*est que depuis i6o5 qu'il ar
acquis sa largeur actuelle ^ an eioyen du resserrement
qu'on a fait subir , dans cette partie de son cours ^ ^u
lit de la Saône. Les rez-de-chaussée y sont prindmfe--
ment occupés par ces grands ateliers de teinttlte^Wf^î^
qui contribuent si puissamment à la prospérité*%^]iotre
industrie manufacturière.
L'église des ci-devant Augustins est bâtie dans le
genre moderne; elle a remplacé l'ancienne église des
mêmes religieux , qui , étant tombée en ruines , fut
fermée, en 1755 ; toutefois elle ne fut pas construite sur
le même emplacement.
La première pierre du nouveau temple fut posée y
au nom de Mgr. le dauphin , le 6 septembre 1769 , par
M. de Monjouvent » doyen de l'église de St. Jew. Elle
a été élevée sur les dessins de M* Roux , qui prenait le
titre d'architecte du roi ; mais il n'en a pès suivi l'eiié—
cution jusqu'à la fin. Achevée en 1789 , elle fut con-
sacrée 9 la même année , sous le vocable de 5. Louis ,
par M. de Sarept , évêque suffirs^gant de Lyon. L'archi-
tecture de cette église » qu'on peut accuser de manquer
de pureté , ne laisse pas cependant d'être remarquable
par le caractère de noblesse que son auteur a sa lui im-
primer, et par la solidité de la construction, pour
laquelle oh a employé l'ordre dorique. Le dôme qui la
surmonte , n'est point supporté par des massifs , comme
( 4o3 )
cela se pratique ordinairement ; ses pendentifs ne reposent
que sar des Colonnes isolées. Le bel effet que la hardiesse
de cetftç innovation devrait produire ,' se'trouvant en partie
détruit par la pauvreté de Tardiitecture de ce dôme , il
serait à désirer que ce défaut fût corrigé par lemj^loi d^in
nouveau système d<^ décoration. Les deux diapelles qui
accompagnent le grand autel sont d'un bel ensemble ;
celle du Sacré Cœur est d'ordre ionique* lia chapeRe de
la Sainte Vierge , qui est d ordre corinthien , se dis-'
tingae par la richesse et la délicatesse des omeihens qui
la décorent : on ne peut en dire autant de la chapelle
des fonts baptisiÉiaux ; le mauvais goût dont elle est
entachée , compromet la beauté de Téglise. Le maître-
autel , tout bariolé qu'il est d'un grand nombre de com-
partimens de marbres de diverses couleurs , est d'une
masse âssess heureusement définie; son tabernacle est
bien conçu ; le dioeur est orné de trois gran^ tableaux ;
les deux qui représentent y lun , la pèche mirdctileuise y
et l'autre , un Christ sur la croix , ne sont pas sans
quelque mérite ; celui dont le sujet est la cène ^ est évi-
demment la plus détestable peinture qui soft dans notre
ville 9 et MM. les fabriciens de la paroisse de St-Louis
ne saurant trop promptement le &ire disparaître. 11
en est de même de celui qui déparé ^lutAt qu'il n'em-'
bellit la diapelle du Sacré Cœur* Ihhs une cité bù la
peinture esl cultivée farec tant de soecèis , on ne peut
pas suspendre aux voûtes des temples de sz pitoyables
productions y sans s'attirer le ÏAàaié public*
L'église de St. LoUis est trop petite fdatis ^n AsA
présent j pokxr la population de ta parobute ; il seraii bien
à désirer que les ressouri'es du con^^il de fabiique lut
permissent un jour de V prolonge^ jusqu'à ralignement
( 404 )
du quai. Cet ëdifice y gagnerait sous bien des rapports 5
le dëfaut qui résulte de l'espacement inégal des colonnes
de rintërieur , deviendrait moins choquant , et ron
pourrait profiter de cette occasion pour construire la
façade dans des proportions plus ëlëgantes et plus cor-
rectes que celles de la façade actuelle ; on supprimerait
en même temps la barrière de fer qu'on y a placée dans
ces derniers teiaps à très-grands frais , et dont l'aspect
est si triste et si lourd.
Le clocher de Téglise de St. Louis est le monument
de ce. genre le plus remarquable qui soit à Lyon ; sa
masse , en forme de tour carrée , a du grandiose ; on
jouit de dessus la plate- forme qui le couronne d'un
point de vue magnifique.
Pendant le siège de Lyon , en 1 793 , cette église a
^rvi de succursale à ThApital général pour les blessés ;
elle fut ensuite convertie en entrepôt et en magasin
jusqu'à la restauration du culte. Â cette époque , l'église
paroissiale de la Platière se trouvant démolie, l'office
paroissial a été transféré dans celle des Âugustins ^ sous
le titre de Notre-Dame de St-Louis.
Augustins ( rue des ). Située dans la paroisse de
St-Louis , elle tend du quai des Âugustins à la place
de la Miséricorde. Elle tire son nom des religieux
âugustins , sur le terrain . desquels elle fut percée en
i658 , et qui y avaient ouvert l'entrée principale de
Jeur cloître. Avant cette époque y elle faisait partie d'un
jgiand canal qtii , de l'emplacement occupé aujourd'hui ,
prè& du pont Morand , par. la maison Auriol , traversait
les temrains sur lesquels existent à présent le Grand
Théâtre , THôtel àt ville et la place des Terreaux , et
( 4o5 )
se terminait à la place de la Feuillée. La rue des Âugus-
tins est portée au recensement pour lo maisons , 3a
ménages et 372 individus» Le commerce de la grosse
épicerie en occupe les principaux magasins.
Ijes religieux augustins , dont la maison était en
cette rue, vinrent s'établir à Lyon au commencement
du i4*^ siècle, et logèrent d*abord vers la Saône, sur
le quai St- Vincent qui alors était hors de Tenceinte de
la ville , et formait un faubourg qu'on appelait de
Cheaêi?ières. Ils bâtirent leur maison sur un emplacement
que leur donnèrent les sires de Beaujeu alors posses-
seurs , dans ce quartier , de propriétés seigneuriales.
H y a eu dans ce couvent quelques religieux distingués
par leur mérite et leur savoir : on cite , entr*autres , les
PP. Julien Macho , auteur de plusieurs ouvrages de
jpété et d'une traduction des fables d'Esope ; Guichard
de Lessart , qui avait obtenu le titre d'évèque d'Hiéro-
polis et de suffragant de l'archevêque de Lyon ; et enfin
le P. Joseph Janin , mort au commencement de la vé^
volalion (i). Ce dernier avait de grandes connaissances
dans la science de l'antiquité y et possédait à fond les
annales de notre ville. On regrettera toujours l'histoire
qu'il en avait composée, et qui s'est perdue dans les
troubles de l'anarchie. Ce fut ce religieux qui contribua
le plus au prompt achèvement de l'église de St-Louis ,
dont il dirigea les travaux avec l'architecte.
Dae réunion des évêques de France eut lieu au com-
mencement du 16/ siècle dans le couvent des Augustins.
■ - ■-- — — —
(]) U foi arrêté , pendant la terreur, à Tâge de 91 ans^
•UT la place des Minimes , et guillotiné b lendemain.
(4o6 ) ,
^ Louis XII , dans le cours àe ses démêlés avec le pape
JtiIesII, avait convoqué une assemblée du clergé de son
royaume qu*il transféra ensuite à Lyon. Le :2i janvier i5io
(ou i5i I , nouveau style > , l'archevêque , François de
Rôhàn , fit prévenir le corps de ville qu'il venait de
recevoir des lettres du roi ^ par lesquelles il élait $1
V (Jue S. M. avait prolongé l'assemblée du concile gëriè^
» rai de tout le clergé de France , assignée au i.*' jour
ï> de mars prochain , jusqu'au 1 5 du même mois ^ invi—
^ tant le- consulat à pourvoir à l'ordre à donner en celte
a> occasion. » Les officiers jugèrent que le couvent des
Ai^ustins était le lieu le plus convenable pour cette
réunion , et cela , contre l'avis du consulat qui en fit
part à larchevêque ; mais il fut décidé que la ville
fêtait tapisser la salle du réfectoire de ce monastère , et
qu^ellé y ferait dresser un parquet. L'archevêque donna
encore des ordonnances de police pour fixer le prix des
comestibles et le tarif de ceux des hôtelleries ; il taxa le
logement à 9 sous par jour pour un homme et son che-
val ; le diner à 3 sous } le pot du meilleur vin à 6 de-
niers ; le reste dans la même proportion.
On ne connaît précisément ni le temps que dura cette
assemblée , qui n'a pas obtenu rang parmi les conciles ,
ni le nombre des évêques qui s'y trouvèrent. On croit
seulement qu'elle s'ouvrit dans les premiers jours d'avril
et qu'elle fut close vers le milieu du même mois,
Louis XU et sa cour vinrent à Lyon à cette époque.
C'est dans la rue des Augustins que Lyon a vu naître
le goût des spectactea^ et que se sont représentés les
premiers drames nationaux 9 que l'on appelait ^ors les
beaux mystères^
En 149^9 lorsque le roi Charles VIII et Anne de
( 4o7 )
Bretagne, son épouse , passèrent en cette ville et y firent
quekpie s^our , le^ pièces de thëâtve qu'on- représenta
][k>ar divertir cette princesse ne reniaient que sur de
pieuses histoires , tirées de- l'ancien el du nouveau
Testament , ou des vies des Saints. Les confrères de la
Passion , qui étaient les acteurs et les poètes dramatiques
de ce temps-^là^ jouèrent, en sa présence, la Vie de
sainte Magdeleine , qui fut très-applaudie de la cour
et de la ville (i).
Le succès qu'eurent ces mystères , inspira , 40 ^ns
après , ou environ , à un riche bourgeois- de Lyon ,
nommé Jean Neyron , l'idée d'élever un théâtre pour
y faire joueT des pièces du mâme genre. A, cet e&t ,
Tcn Tan i54o>il acheta plusieurs maisons «tuées entre
l'église des Âugustins et celle de la Déserte >, et y fit
faàtir un vaste théâtre représentant dans le haut le pa*
^
(i) On voit que cette même pièce de la Vie de sainte
Mj^deleine fut encore )oaée à Lyon en i5oo. Le dernier
juin de cette année , le consulat autorisa Clément Trie à
seconder les joueurs de tout son pouvoir , et leur prêta
les costumes et tout ce qni avait servi pour la représen-
tation donnée lors de Tentrée du roi et de la reine.
En i5o6 et le 4 juin, Tévêque snfiragant de Lyon (Gui-
cbardde Lessart) appuya auprès du consulat la requête de
deux religieux du couTent des Augustins , qui demandaient
qu'on leur prêtât une place aux TeiTcaux , aux fossés de la
Borte de la Lanterne , pour y jouer le jeu de St. Nicolas
de Tolentin que ce couvent voulait faire représenter. Les
conseillers y consentirent, pourvu qu'on ne touchât pas
aux murailles de la ville et qu*on remît le3 Terreaux en
leur premier état , et sous la condition encore que lesdits
religieux baiUeroient bonne caution civile. B.
( 4o8 )
radb, dont on voyait les joies et les délices (i) ; et dan^
le bas, l'enfer , d'où oii' £^ercevait sortir des flammes ^
et d'où Ton entendait s'élever des hurlemens* On y
représentait , les dunandies et les fêtes , par les soins
et aux frais do fondateur , les mystères du vieux, et du
nouveau Testament. Ce genre de divertissement ne -dora
que trois ou quatre années , après lesquelles on s*en
dégoûta (jz).
Telle fut la première origine de la scène où , un siède
plus .tard y nos pères applaudirent aux premiers essais
de Molière (3).
(i) De \k Tient sans doute Fusage , encore subsistant ^
d'appeler Paradis le rang de loges le plus éleré dans
nos théâtres. B.
(2) C'est yraisemblablement sur le même tbéÀtre qu*ont
été représentéses les pièces intitulées la Vie de Madame
saîncle Barbe et le Sacrifice d^ Abraham y imprimées en
1 55g y tontes deax à Ljon , chez Arnoullet y et la seconde^
derechef, à Paris ^ chez Gilles Paquot , în-8. gothique.
Le titre porte qu'elles ont été jonées devant le Eoy , en
VHostel de Flandres , à Paris , et depuis à Lyon , Fan-
née qnc nous venons d'indiquer.
L'abbé Pemetti , L^onnois dignes de méni. 1 , 148, dît
qn'on fit dans la suite un recueil des pièces qui ayaîent
été données sur le théâtre élevé par Jean Neyron , et qu'on
Fintprima en i54a , sous ce titre : Le très exceUeni et
sainct mystère du vieil Testament représenté par persan-'
naiges , auquel sont contenues les histoires de la Bible.
Ce recueil , ajonte-t-il , est en 2 v. in-fol. et fort rare. B*
(3) Molière était à Ljon avec sa troupe en î653. Il j
représenta pour la première fois sa comédie de VEtourdi.
Le théâtre ou il la joua , était un jeu de paume , situé près
( <o9 )
Le )ar£n des religieux augustins devint , le 9 mars'
1793 , le théâtre d'un drame d'une nature phis sérieuse»
Huit cents citoyens 9 qui s'y étaient assemblés , y sig^
aèrent une pétition (i) adressée aux deux commissaires,
Baztre et L^endre , envoyés par la convention avec la
mission apparente de calmer les Lyonnais exaspérés par
les vexations de Châtier , Laussd et autres révolution-
sares ; mais dont le but secret était de soutenir ces
derniers et tout te parti des sans-culoUes.
L'assemblée s'était formée eti vertu d'une Ich « qui
portait que tes citoyens avaient le droit de se réunir
paisiblement et sans armes 9 en assemblées particulières j
pour rédiger des adresses et des pétitions , sous la con-
dition de donner avis aux officiers municipaux du temps
et du lieu.
Toutes ces formalités avaient été remplies ; et cepen-
de St Paul. M. J. Taschereau ^ Histoire de la vie et des
ouvrages de Molière ^ 1825, in»8.^9 pag. 23-249 dit que
la pièce et les comédiens obtinrent au succès complet , et
que les Lyonnais oublièrent bientôt un autre théâtre que
kar fille possédait depuis quelque temps , et dont les
principaux acteurs prirent le parti de passer au nouveau.
Il ajoute que parmi eux se trouT aient de Brie , Ragueneaa
et mesdemoiselles du Parc et de Brie. Nous ignorons oii
était sitoé le théâtre qu'ils quittèrent pour celui du jeu. de
paume.
Noiu parlerons ailleurs des pièces dramatiques qui forent
jouées au collège de la Trinité et notamment de celles qui
eurent pour auteur le célèbre BartHélemi Aneau. B.
(i) Cette pétition avait pour but de se plaindre de la
municipalité, et de doniier, par un moyèti légal et res-
pectable , plus de poids et d'intérêt k cette plainte.
( 4io )
^Dt, par Tordre secret des commissaires, deux nuiin]'
cipaux vinnent, avec la force armée 9 pour dispersi^r les
dtoyeas réunis légalement.
L'on acheva , toutefois , de rédiger la pétition f danai
laquelle on demandait que les commissaires convoyassent
les sections pour connaître , d'une manière plus iiopo—
sanle , par leur organe , ce qu'ils refusaient de savmr par
des rapports particuliers , sur les actes de. la municipalité*
Lorsque cette pétition fut présentée aux commissaires ^
Legeqdr€) demanda de combien de signatures elle élaît
revêtue: De huit cents ,. répondit-on. La loi^ dit-il^
n'en veut que cent cinquante.
On lui fit observer que la loi 9 en fixant le minimum
e^igé , n'avait pas pu défendre le plus grand nombre* .
Alors Legendre furieux : « Taisez-vous , s'écria-t-il ,.
»~ vous n'êtes que des factieux ^ la force armée est là , je
» marcherai à sa tête contre vous; » et par son ordre,
un des délégués de l'assemblée , le sieur Boissonnad j
que nous avons vu depuis commissaire de police à Lyon y
et qui , dans cette circonstance , avait déployé beaucoup
de véhémence contre les conventionnels , fut arrêté et
envoyé k Maçon poqr y être jugé ; de là il fut transfère,
à. Paris 9 et jeté dans les prisons de l'Abbaye» où il^
demeura oublié pendant dix-huit mois ; le 9 thermidor
lui rendit la liberté.
La pétition étant inutile , allait être rendue à ceux qui
l'avaient présentée , lorsque Legendre , l'arrachant de
leurs mains , leur dit : c( Je garde vos signatures , vous
» répondrez sur vos têtes des troubles qui arriveront , »
et aussitôt il en donna copie à Chalier , qui courut au
club central , en s'écriant : « Nous les tenons , j'ai tous
» leurs noms ; au premier mouvement il faut qu'ils.
^ soient tous égorgés. »
(4" >
S fit ensuite afiSicher une liste imprimée de ces noms ,
sous œ titre homicide : Jpis aux sans-^^àtoffes. Copie
siacère et widique de la péiUiim contre-^rèpotuitonnaîre y
aamUe ks signatures*
Le coavent des Augustin» sert aujourd'hui |de caserne
\ là gfendânperîe royale du département ; mais il ne
restera pas lông^temps affecte à cet usage , la ville en
ayant fait l'acquisition des deniers que lui a lëguës le
major-gënëral Martin , et se proposant d'y établir Tins-
tilatictt de bien public fondée sous le titre de la Mar^^
tàdére , par la munificence de œ généreux citoyen*
Am^s (rae de T ) , tendant de la rue Çuboîs , vis*
irvs cdle de Vandiran > à la rue Gnenette. Sa popula-
tion se compose de S maisons , 28 ménages et 89 in-*
Mus. Sur le plan de i54o ^ elle occupe un es-
pace fenné de k| partie de la rue Dubois qui touche
i b roe Tre^-Cfurreaiix 9 et de la rue de Vandran ac-
tuelle; w^ s^r le plaii de 1740 9 on ne la trouve plu$
fie kUe qu elle est aujourd/hui.
On a présumé qu*on appekât dans les iS^ et 14* siècles
cette parUe de la rue Dubois , ruie de TÂumÀBe , parce
qœ D*élait là que se faiçaîeHit aux pauvres les distribu-
tions d'argent ou de denrées que les paroissiens de St-
Nizier léguaient fa^r leurs testamens»
AmriaGzvB (rued*). Elle fut ouverte en 1739 par le
cardinal de U X^ur d'Auvergne ^ abbé d'Âinay, dont elle
porte le nota , pour établir une communication de la rue
St^Héléne à la partie des anciens remparts d'Ainay qui
bnojc aujourd'hui la place d'Hjenri lY. Elle était encore
p» habitée 9 il y a quelques années. Il y existe au mo*-
\
( 4iâ )
ment actuel 1 3 maisons , jS ménages ^ 477 individus ,
20 ateliers et 4^ métiers pour la fabrication des étoffes
de soie. On y remarque aussi deux grandes fonderies
qui le cèdent à peu d'ëtablissemens de ce genre pour
l'importance et la qualité des produits.
C'est dans cette rue que prend sa principale entrée la
maison de profès , que les Jésuites y avaient établie sous
le vocable de S« Joseph et qui sert aujourd'hui de prison
départementale. Ils avaient acheté le tènement, sur une
partie duquel elle est construite, et qui avait 86,5 lo pieds
de superficie totale , au prix de i3,55o liv» , des deniers
provenant du legs universel de tous ses biens que leur
avait fait , pour la fondation de cet établissement , le
sieur de Rhodes , décédé en i5g2. Des lettres patentes
de i6o5 les avaient autorisés à mettre à exécution les
intentions du testateur.
Lors de l'expulsion des Jésuites , en 1762 , le gouver-
nement s'empara de cette propriété ; peu après elle fut
convertie en prison , et les archives judiciaires conser--
vent la trace de plusieurs procédures criminelles qui y
ont été instruites , et dans le cours desquelles la question
a été appliquée aux prévenus. Des lettres patentes de
1773 enjoignaient au consulat de faire à ce bâtiment les
réparations nécessaires à son entretien jusqu'à l'époque
où serait faite l'acquisition , alors projetée, de l'hôtel de
Flëchères , pour y placer la prison que plus tard on a
élevée sur la place de Roanne.
Au commencement de la révolution, ce vaste immeuble
fut vendu nationalement au sieur Rogé , sans aucun
égard pour les motifs qui auraient dû engager l'admi*
nistration du temps à ne pas se dessaisir d^une pro-
priété qui avait pour destination un service public. Le
département fut dès ce moment oblige de la prendre eu
location par un bail qui a ëtë renouvelé en l*an X ,
pour 27 ans et que se sont refuse à proroger les acqué-
feors de la . dame veuve Laurent , qui avait elle-niéme
vhelë du sieur Rogë. Leur intention est , à ce qu'on
assure » de mettre en reconstruction remplacement qut
est occupe par les bâtimens actuels et qui doit être
percé d'une rue en prolongement direct de celle de
Bourbon.
Les condamnes aux travaux forces qui attendent la
diaine, et les condamnes à plus d'un ari de détention
qui doivent être conduits dans les prisons centrales ,
sont déposés dans la prison de St. Joseph. Les condamné»
à moins d'un an y subissent leur peine. Un quartier par-
tîcslier est affecté aux prisonniers pour dettes.
L'administration de cette prison est confiée à une
commission spéciale présidée par M. le préfet , et com-
posée de M. le premier président , de M. le procureur
général , membres nés , et de cinq autres personnes no-
tables de la ville nommés par S. Exe. le ministre de
l'intérieur.
Le senrice intérieur est fait par un aumônier , un
médecin / des soeurs infirmières ^ un concierge , un
greSeret des guichetiers.
0^ a introduit depuis long-temps dans la prison de
Sl loseph des ateliers considérables poui* le cardage de
la laine et le coupage du poil pour les chapeliers , le
'léridage de la soie et du coton et autres travaux sUscep-
liNes d'être exécutés par des femmes et des enfans.
Ces ateliers , que* leur position dans une grande ville
de &brique rendait plus faciles à alimenter, ont servi
^ modèle à ceux du même genre qui ont été successi-
vement créés dans les maisons centrales de détention.
(4U)
Compe toutes les prisons de I^yon , Celle de St Joseph
a vu , pendant la révolution , ses cadiots se remplir
d*une nuildtude de citoyeAs notables dont les vertus ott
Topulence étalent des titres à là proscription. Des meor^
très y des assassinats populaires ont aus^i ensanglante ses
murailles. Mais la condition des prisonniers y fui ctpen*
dant 9 en général ^ moins déplorable que dans les autres
maisons d& déteniièn. M. Delandîne ^ dans son TaHecu
des prisons de Lyon , a consacré de la manière la plus
touchante le souvenir du concierge Pichon , ijcii mit à
adoucir la rigueur des ordres dont l'exécution lui était
confiée ^ autant d'humanilé et de zèle f[ue cfeuK qui les
lui donnaient y mettaient dé barbarie et de fiirociië.
Bàlbine (place de la).:Cest moins une place qu'un
renfoncement assez profond de la rue St Jean, au-
quel aboutissent les rues des Trois Maries et de la
Baleine. Elle renferme 6 maisons , 55 ménages , 199
individus, 8 ateliers et 21 métiers pour la fabrication
des étoffes de soie.
La place de la Baleine est indiquée au plan de i54o,
sous le nom de Grand^Palais» DlfiËrentes confecture»
ont été faites sur Tétymologie de ce nom : la plus vrai*'
semblable , c'est qu'on appelait ainsi cette place à cause
de son voisinage du palais de Roanne , qui fut , dans
les XI.° et XII.^ siècles , celui des comtes de Forez ^ et
plus anciennement , peut-*ètre , celui des rois de Bour-
gogne.
On retrouve , vers la même époque , plusieurs l<icalités
adjacentes qui portent le même nom , comme la me St.
Jean , qui devait effectivement conduire au palais dont
nous venons de parler , et qui 9 pour ce motif sans
( 4i5 )
doute , est dënommëe dans les actes âe oe temps , râe dm
Patois ; oomme la place actuelle du Gouvernement ^ à
laquelle on dontiaît la dënomtnaticm de peiU piastre ou
peiUe flacû du Palms ; et conune enfin une stsAue de la
vierge ^ qu'on appelait N^fire^^Dame-du-Palais , et qui
était placée dafts la façade de la maiison des Berchlers, à
Tangle Aà 4a petite rue Trjonassac. Cette statue, doQt
on voit eifecore la niche , était si vënérée , que le coti*-
sokt 9 en donnant penussion ée rebfttit* la mtiisovi Ser^
duer, au inilieu du i5> siâclè, y mit pour utte de$
ooiuiicieni^ essentielles de ne point dégrader cette même
statue 9 et de la maintenir en bon ëtat
M. Cbchard , dans sa Description de Zycfn et dand son
Gaide da çoyageur à Lj^n , a essayé d'expliquer Tori-
gîne de ce ncmi de P^ais , pav Texistence d'ufn éiîfiM^e
pakktial , qui aurait été sftuë en feoe de ta place de b
Balme , et qui aurait communifiaé à la place du Petit
Collège. Nous sommés d'autant Htoim pôitës à paiiâger
cette opinion , qu'aucun document , qu'aucune indication
quelconque ne donnent lieu de croire qu'il y ait eu dans
ce quartier, et moins encore vers le petit collège , d'autre
palais que celui de Roanne.
Quant à la dénomination de place de In Baleine ^àon-
née postëneurement à remplacement dont nous nou^
o(xnpons , ainsi qu'au quai et i la rue dont nous allons
parier, il est à peu près constant qu'elle ne provient que
d'une vieille enseigne qui représentait un animal de ce
nom , et qui était suspendue au-devant d'une maison
4tt fond de la place , près de la Saône.
Bausskk (quai ^e la). Il aboutit en droite ligne du
quai Humbert à la place de Roanne , et n'est porté ai^
Hi6) ^
étTnier recensement que pour 3 maisons , parce que les
iautresont leur entrée sur la rue des Trois-MarieS| et pour
37 ménages 9 i23 individus ^ 7 ateliers et i5 métiers de
soierie. Ce quai n'existe pas au plan de i54o , sur le-
quel le littoral de la Saône est seulement indiqué avec
le. nom de côte de la Baleine. Ce ne fut eflectiyement
qu'en mars i5jZ que le consulat arrêta le projet de faire ,
sur la Saône , depuis la rue Couverte , avant le pont du
Change , jusqu'à la Baleine et au-delà du port de Roanne »
un quai dont la dépense fut évaluée à 18000 fr. En juillet
1575 , la ville obtint des lettres patentes pour Texécation
de ce projet , depuis Roanne jusqu'au port St Eloy.
Le quai de la Baleine j à cause de son peu d'éléva-
tion , était habituellement submergé A toutes les crues
un peu fortes de la Saône ; il a été reconstruit dans des^
proportions qui doivent le mettre pour Tavenir à l'abri
des inondations , et qui sont en harmonie avec les beaux
ouvrages d'art qui contiennent le lit de la rivière depuis
le pont du Change jusqu'au pont de l'Archevêché.
Baleine (rue de la). C'est une petite rue qui aboutit
de la place de la Baleine au quai du même nom. On
ne la trouve pas figurée au plan de i54o, ce qui
donne lieu de croire que son ouverture est postérieure
à cette époque. Elle comprend 7 maisons ,72 ménages ,
271 individus , 6 ateliers et 8 métiers pour la fabrication
des étoffes de soie.
Bahrs (rue de la). Sa direction tend du pont de la
Gttillotière à la place Léviste. Elle est bordée de 23
maisons , qui sont occupées par 3i3 ménages , composés
de 1128 individus ; la fabi:ique des étoffes de soie y en-
tretient 78 ateliers, occupant 217 métiers.
( 417 )
Cette rue qui , sur le plan de i54o , porte le nom dé
Baurgchanin , lire son nom actuel d un droit d'entrëe
ou de barrage , établi par lettres patentes du roi , en
1409 , qui se payait en cet endroit pour renlrelîen du
pont de la Guilletière , et dont la perception était în-
diquéB par une barre qu'on ne levait , pour laisser le
passage libre , qu'après que le droit avait été acquitté.
BjLSSSS-VERCHiRlEs (ruedes). C'est une des rues qui
composent ce qu'on appelle le quartier de Tancienne
vïHe , près les portes de Trîon. On la trouve , pour la
première fois , sur le plan de 1740 , avec sa direction
actuelle de la rue des Anges à la rue Paradis. ^
D y existe 18 maisons , pour la plupart de plaisjance,
arec des jardins d'agrément. Sa population est de Sa
ménages, réunissant 106 individus; 16 ateliers et 34
métiers pour la fabrication des étoffes de soie y sont
expldtés»
Bassevills (rue) 9 composée de 8 maisons, habitées
par 94 ménages et 3 10 individus. Il ne s y trouvait, en
1827 î qae 2 ateliers de- soierie et 6 métiers.'
Cette rue , qui forme le prolongement de la rue de
l'Arbre^sec au quai de Retz , avait été ouverte sur un
emplacement dont le niveau s'abaissait vers le Rhône ,
^ qui fut relevé au moyen des remblais qu'on y fit ,
lorsqu'on agrandit la ville sur ce point. C'est de là qu'on
Im a donné le nom de Basseville qu'elle continue à porter»
Bat-d'aagent (rue du). Elle tend de la place du
Plâtre à celle du Collège, et contient 23 maisons , 210
Binages , 670 individus , S ateliers et 9 métiers de
soierie.
Tome VIL 27
( 4i8 )
Avant et pendant les premières années du i5.* siicle ^
cette rue s'appelait du Pas-Eiroit , nom qui fut ensuite
transporte à une petite rue transversale aujourd'hui
supprimée , qui œnduisait à celle de l'Ârbre-sec. Il esl
même vraisemblable que la rue actuelle du Pas^froii
n'était qu*une continuation de l'ancienne , dont elle a
conservé la dénomination.
Le nom que cette rue porte à présent , dérive de ce
qu'autrefois la plupart des bdtiers ( ouvriers bourre-
liers , faisant des bâts pour les mulets et autres bêtes de
somme) y avaient leurs ateliers: c'est ce qu'indique encore
un petit bât argenté qui se voit au-dessus de la ported'all^e
de la maison n.^ 17. Aujourd'hui elle est principalement
habitée par le haut commerce. On y remarque quel-
ques belles maisons , et , entr'autres , celle où est
établi le café Gasati , justement renommé pour la bonne
qualité de son chocolat , et où se réunit tous les matins
une affluence nombreuse de déjeûneurs. Ce café , qui est
décoré avec beaucoup de prétention , et qui est très-mal
éclairé , n'est rien moins que remarquable aux yeux des
gens de l'art ; il ne répond point aux dépenses que sa
construction a coûtées à son précédent propriétaire.
Dans la maison qui fait Pangle des rues Bât-d argent
et Sirène , on voit encore la niche pour laquelle le célèbre
Coisevox , statuaire lyonnais , avait sculpté la belle statue
de la Vierge qui orne maintenant une des chapelles de
l'église de St. Nizier , et dont nous aurcms occasion
d'entretenir nos lecteurs , quand le moment sera venu de
nous occuper de la description de cette église.
B ATTISEES (territoire des), situé dans la campagne de
Lyon {.extra muros)^ au couchant de la ville , sur les
( 4^9 )
limite des communes de Tassia et de Franckeville. On
y oHnpte 21 maisons j 16 ménages^ 74 individus , tous
cultivateurs*
Bata&d (rue), aboutissant de la rue du Puits d'Ainay
\ la place de ce nom. Cette rue , qui n'est au vrai iqu*une
ruelle inhabitée, a ëté ouverte depuis la révolution, ^ur
remplacement de Tancien cloître d'Ainay , et d*une
^pelle au nord de Tëglise de ce nom. Elle a reçu le
nom de Bayard en mémoire du séjour que le chevalier
sans peur et sans reproche , fit dans Tabbaye d'Aînay ,
auprès de Tabbé Théodore du Terrail , son oncle ,.vers
le commencement du i6.^ siècle , et où il se signala par
te prouesses qui émerveillèrent alors la ville et la cour.
Bbauhsga&o (place de). Elle est située presqu'au
milieu de la montée du Gourguillon , en face d'une partie
des bàtimens du ci-devant monastère du Verbe Incarné*
Cette place n'était point indiquée, au plan de i54o ^
elle ne s*est formée que plus tard et par le reculement de
quelques maisons qui ont été reconstruites dans cette
partie de la montée du Gourguillon. De l'espace irré-
goiier qu'elle occupe, au débouché de la montée des
Épies , on découvre une vue très-belle et très-étendue ,
d'rà lui est venu le nom de Btauregard. Il n'y
existe qu'un très-petit nombre d'habitations, dont le
recensement est compris dans celui de la montée du
Gourguillon.
(420)
SBSmSS^SSOSSSSlSSS
fflSTOIRE LITTERAIRE.
niPRIMEfaE LT05IfÂI5E.
Tout le monde sait combien l'imprimerie et la librairie
ont été florissantes h Lyon , dès le principe même de
leur introduction en France et jusques vers la fin du
dix-huitième siècle y ëpoque où elles ont beaucoup perdu,
dans celte cite 9 de leur ancienne splendeur. Un mémoire
sur t Origine de t imprimerie en Proçence , par M. An-
toine Henricy , avocat près la Cour royale d*Aix (i) 9
nous fournit de nouvelles preuves de Tëtendue et de
l'importance qu'avait cette branche du commerce lyon-
nais. On y voit , en effet , que , pendant de longues
années , la Provence a eu recours à nos imprimeurs ,
soit pour l'impression des actes publics , soit pour celle
des ouvrages des particuliers. La première des villes de
cette province qui ait attire dans son sein l'art typo-
graphique , est celle d'Aix ; mais ce ne fut qu'en Tannée
157S (2) : jusqu'alors, le parlement, l'administration
provinciale , les consuls et les citoyens s'adressaient
(1) Dans le Becueil des mémoires ei autres pièces de prose et de
vers , qui ont été lus dans les séances de la Société acadénUque
d'Aix y département des Bouches du Bhônf , depuis i8a3 jusqu'à
présent ; Aix , imprimerie de Pontier fils atnë , 18^7 , ivS^ , pag* &'4^«
(a) U y avait à cette ëpoqae un peu plus d'un siècle que l'on
imprimait à Lyon , puisque le livre aujourd'hui reconnu pour le plus
ancien produit de la typographie de cette ville , le Compendium
Lotharii , est de i473. Voy. les premières Lettres lyonnaises*.
presque toujours à nos typographes, et quelquefois seu*
lement à ceux d'Avignon , pour les publications dont ils
avaient besoin. Il est vrai qu'Âix posséda des libraires
assez long-temps avant Tëpoque que nous venons d1n-
diquer. M. Henricy en nomme plusieurs, à la tête des*-
quels il met un Dominique de Portunaire , exerçant en
15% et appartenant , suivant toute apparence , à la
même famille que Vincent de Portunaire ou de Poriu^
9ûrtts\ né à Trino , dans le Montferrat , libraire à Lyon '
(lès i5o7 , et que Pierre de Portunaris, qui imprimait
en noire ville dans la seconde moitié du seizième siècle.
Des privilèges furent accordés à quelques-uns des li-
braires d'Aix en 1539 et i545 par François L^% qui
avait donné , en i536 » à Antoine Vincent (i) , im-
primeur à Lyon , la permission , pour trois ans , d'im-
primer les ordonnances du pays de Provence.
Les autres villes de Provence ont continué encore
plus tard d'emprunter le secours des presses lyonnaûses.
M. Henricy entre dans beaucoup de détails sur lobjet
de ses recherches qu*il appuyé presque toutes sur des
documens puisés dans les archives municipales et dans
les anciens protocoles. Ce qui se rencontre de relatif à
Lyon dans son intéressant mémoire , ne se borne pas 4
ce que nous venons d'en extraire. Voici encore quelques
bits qui y sont rapportés , rentrant , en grande partie ,
dans ce que nous avons dit ci-dessus , et rappelant tous
des souvenirs qui appartiennent à notre localité.
En i547 ^l 1^ '^ juillet, Tarchevéque d'Arles et le
(1) Simon , Antoine et Barthélemi Vincent ont beanconp im«
ynmé oa fait imprimer à Lyon daos le seizième siècle. Simon y fa^
rebe^n en 15^4 1 ^t Antoine en i544 > ^^^^ ^^ i56cu
( 4^3 )
chanoine Cazaphilète , au nom du diapitre 9 autori--
sèrent , par acte reçu Antoine Surian , notaire à Saint--
Chaînas , Vas Cavallis , libraire d*Aix , à publier une
nouvelle édition du Bréviaire de leur église. Ce libraire
chargea de l'impression Thibaud Payen , imprimeur de
Lyon (i) : Lugduni excudebat Theobaldus Paganus.
x54g. Venundaniur AquiSy inPalatio regaliy per Vas
Cavallis^ bibliopolam.
Les consuls de la ville de Manosque firent imprimer à
Lyon , en iSSg , suivant l'ordonnance du 20 août 9 le
recueil municipal , intitulé : Ténor prwilegiorum ^fran--
quesiarum et tiber/aium ^illœ Manuascœ in eomiiaiu
Provinciœ et Forcalqiurii existentis. Venundantur Ma-^
nuascœ , per magistrum Sciçaiorem Jurami , biblio^
polanin iSSg.
Les chanoines de Téglise métropolitaine d*Aix firent
aussi imprimer à Lyon leur Bréviaire, en 1499 et en
i526 ; leur Missel , en iSay ; leur Diumal , en i533,
.C'est également à notre ville que l'église de Marseille ,
en 1 526, celle d'Arles, en i5oi et 1649 , celle ^^
Grasse , en i528 , celle de Fréjus , en i53o , et celle
d'Apt , en i532 , durent l'impression de leurs Bréviaires»
Ce ne fut qu'en iSyS , comme nous l'avons dit, que
l'imprimerie fut établie à Aix.' Pierre Roux , imprimeur
d'Avignon , traita avec les consuls d'Aix et y transporta
ses presses. H y donna le Traicté de t Eglise de Dieu
contre les Cahinistes,.., y par Jean Peliicot, conseiller
au siège de cette ville , dont cet ouvrage parait être la
première production typographique. Guillaume Maillou ,
et ensuite Jean Courraud et Philippe Coignat son
■ ■
(i) Thibaud Payen imprima 4 Lyon de iSSy à i57o«
( 4^3 )
g^dre , SQCcâèrent à Pierre Roux ; mais Tedn CourrauJ
n'ayant pu remplir le service des établissemens publics^,
soit à cause de son incapacitë reconnue par le conseil
de ville , soit à cause de Tinsuffisance de son atelier ,
on appela de Lyon , en ïSgy , pour le remplacer, Jean
Tholosan , qui y était établi depuis plusieurs années.
François Dupérier, homme de lettres distingué 9 père
de Scipion Dupérier (i), avait désigné Tfaolosan aux
consuls sous des rapports honorables. Il lui fit le meil-
leur accueil et exigea même qu'il vint demeurer d'abord
dans sa maison. Il le qualifiait dans ses lettres son tres^
ùfficUotmé etparfaicî amy , et lui adressa des vers fami^
fiers qui se trouvent dans les Mémoires et instruciions
pour fesiablissemeni des meuriers et art défaire la soye en
France^ reimprimez par ordre du Roy^ en iSoS, à Âix ,
chez Jean Tholosan.
Jacques Fontaine, célèbre médecin de ce temps à
Âix , dit à Dupérier , en lui dédiant son Discours de la
petite vérole : « Vous ne vous estes pas contante d'avoir
» aUiré un bon et suffisant imprimeur en vostre ville :
» mais à sa grande commodité vous Pavez logé dans vostrè
3> maison. ». M. Henricy compare François Dupérier à
Bartbélemi Buyer , de Lyon , et aux Maximis , de Rome ,
qui attirèrent et logèrent aussi dans leurs maisons les
premiers imprimeurs qui s'établirent dans ces villes.
Le parlement d'Aix, par arrêt du 3i janvier iS^S ,
(1) C'est à Fraoçois Dupérier que Malherbe adressa ces fameuses
cka&ces:
Ta doulenr , Dapërier y sera donc étemeUe*
H était oncle de Charles Dup«rier , l'un de nos meUleurs poètes
Jatins modernes. Yoy. Tari* de ce dernier dans la Biogr. univ*
( 424 )
autorisa Tholosan à exercer sa profession ^ en atiencfant
les lettres patentes du roi , lesquelles lui furent accordëes
le 14 octobre iSgg et confirmée^ le 16 noyembrc 161 6.
Tholosan fut nomme imprimeur de la yille aux gages
de 100 livres ,' portes ensuite à i5o. On lui donna poor
son habitation et pour Texercice de son art la maison
de Funiversitë. Son imprimerie fut mise en activité
dès 1697. II reçut diverses indemnités dés consuls , ce en
)) considération de plusieurs grands frais et despens qu*'!!
3) avoit faicts et soufferts à la conduite des caractères et
» autres engins nécessaires à son art , de la ville de Lyon
» en cette ville d*Aix , pour estre luy un homme sçavant
)> et bien entendu à son mestier , ayant grand quantité
^> de beaux caractères »
L ouvrage suivant, publié en iSgS, doit être con-
sidéré comme le premier livre sorti à Aix de Patelier
de cet impnméur : S/afiiia Proçinciœ Forcalquerii comi"
ialum , cum commeniariis Z. Massœ.
Le frontispice de ce livre porte le nom de Tholosan ,
avec celui de Nicolas Piltehotte , libraire , originaire de ,
Lyon (i) , venu probablement à Aix avec lui pour y
établir un commerce de librairie qui fut de courte durée.
Tholosan fit paraître , la même année , La Faucon^
nerie de Charles dArcussia , seigneur d*Esparron ,
première édition , devenue très-rare , de œ livre doiit
le P. Lelong cite six réimpressions.
Il réunissait à la profession d'imprimeur celle de U—
(1) n ëtait sans doute parent de Jean PiUehotte , knpriniear de
la Lîgûe , et dont le fils fut seigneur de la Pape ^ ëcheyin en 164^'
•te. Yoy, Archw. du Bhàne , tom. II , pag. i63.
( 425 )
braire. La qualification à' imprimeur -Ubrûire lui est.
donnée dans le privilège du lo juillet 1612 , qui lut
fut accordé pour la publication d'un livre d'église.
Etienne David , après avoir fait son apprentissage
diez Tholosan, épousa, en 1616, l'une de ses filles ,
et le 14 novembre de la même année, il reçut des
lettres patentes pour exercer sa profession , conjointement
avec son beau-père et après lui.
Tholosan ne pouvant plus , à cause de son âge , con-
tinuer le service de la ville, obtint , en i625, qu'Etienne
David fût nommé à sa place. Il lui légua ensuite son
imprimerie par son testament du 23 août 1627, et celui-
à la transmit à ses descendans , qui en ont joui succes-
âvement, avec des lettres patentes de nos rois. Cette
imprimerie subsiste encore aujourd'hui.
M. Henricy ne pousse pas plus loin ses soigneuses
investigations sur l'origine de Part typographique dans
la ville d'Aix , si ce n'est qu'il cite quelques fragment
de la correspondance du célèbre Peiresc , honorables à
la mémoire d'Etienne David et à celle de Jean Tholosan
son beau-père. L'affection de Peiresc pour David fut ,
ainsi que l'avait été celle de Dupérier pour Tholosan ,
inspirée par le mérite de ces deux artistes. Des goûts
réciproques formèrent entre les uns et les autres ce lien
plein de charmes , qui unit les lettres et les sciences à
l'art qui concourt à leur immortalité.
Le reste du mémoire ne contient rien qui se réfère à
Lyon. On y trouve seulement la confirmation de ce que
nous avons annoncé au commencement de cet article ,
que Marseille , Arles et Toulon n'eurent d'imprimerie
que long-temps après Aix , savoir Marseille vers 1600,
Arles en 1647 et Toulon en 1704 ; et que ces trois
villes faisaient le plus ordînaireinent impritnet che3s nous
leurs livres et leurs actes publics , ayant qu'elles eussent
chez elles des imprimeurs.
tmm^imm^^
I» 11- ■ *■
:^=e
BEAUX-ARTS.
THCMfAS MORUS, TAfiliEAU DE M. JACQUAlU).
S'il se trouve parmi nos lecteurs quelques personnes
qui ne connaissent pas Thomas Morus , nous leur dirons
que cet homme cëlèbre fut un savant distingué , un pro*
fond jurisconsulte , un diplomate habile , un magistrat
intègre , un catholique plein de zèle et de la fermeté la
plus rare. Elevé par Henri VIII à la dignité de grand
chancelier du royaume d'Angleterre , il fut obligé d'y
renoncer en i53i , ayant constamment refusé d'adhérer
à la réforme opérée dans la Grande Bretagne , et de
reconnaître la suprématie religieuse de son prince.
Irrité de la résistance de Thomas Morus , Henri VIII
ordonna qu'il fût mis en prison , et bientôt il lui fit faire
son procès. En vain ses parens et ses amis le sollicitèrent
de céder aux volontés du roi , et de se ranger à l'opinion
du grand conseil d'Angleterre : J'ai pour moi toute
t Eglise , leur répondit-il , qui est te grand conseil des
chrétiens. Condamné à perdre la vie sur l'échafaud , îl
fit paraître jusqu'au dernier moment la plus grande gaité.
La veille du jour fatal , il dit à son barbier , qui venait
pour le raser : J'ai un grand dijjérend açec le roi ; il
s'agit de savoir s'il aura ma tête , ou si elle me restera;
je n'y ceux rien faire qu'elle ne suit bien à moi : le len-
demain 9 6 juillet i535 , il fut décapité.
( 427 >
Thomas Morus , . on plutôt Thomas M6re (car c*ëiait
nue manie chez la phipari des aa^ans du i6.* siède dé
prendre des noms en nrj), fat, à n'en pas douter, un
liomrae juste et d'un dësintëressement parfait ; mais son
grand sèle pour le catholicisme le poussa malheureuse^
nent eoyers les hérétiques à des actes dont l'histoire
accase ayec raison la barbarie. 11 faut convenir pourtant
qoe si ta conduite de ce magistrat ne fut pas exempte de
lîgiwar , ou si l'on aime mieux de fanatisme , la con-
dmte à la fois illégale et cruelle que tint à son égard^
le 6roodie , le renégat Henri VIII , fut celle d'un
alominable tyran.
Le tableau de M. Jacquand représente Thomas More
jans sa prison , au moment où sa femme et sa fille le
conjurent, les yeux en pleurs , d'obéir aux ordres du
rou CombUn de temps , croyez-vous , leur dit-il , qu'il
M Teste encore à vwre ? ^^ Au moins vingt ans , lui ré-
pond sa femnoe. «- Que sont çingt ans , réplique-t-il ,
tn comparais€m de t éternité ? C'est \k l'instant que
M. lacquand a choisi. Thomas More est assis sur un banc
it pierre , le dos appuyé contre la muraille ; il élève la
nain droite vers le ciel , et il tient un livre de la main
poche ; sa femme , vêtue d'une robe de velours rouge ,
est deixmt devant lui , les mains croisées ; sa fille, vêtue
d'une robe de soie faune , est à ses genoux. Le costume
de Thomas More consiste en un long vêtement de soie
^et) garni de fourrures, un demi haut de chausses
et un pourpoint de même étoffe et de même couleur ,
on pantalon de soie blanc , et une toque sur la tête , en
^doors noir. Aupr^ du chancelier est une table cou-^
^^ d'an tapis vert , sur laquelle le peintre a cru devoir
placer une espèce de petit coffre , un royleau de piapier>
( 428 )
Une À;ritoIre et des livres , quoique Thistoire assure que
Henri VIII lui fit refuser livres , encre , plumes et papier*
Sur un bloc de pierre , est une aiguière en cuivre ,
avec son plat ; une lampe , également en cuivre , est
suspendue à la voûte de la prison , et une petite statue
de la sainte Vierge ^ dont la tête est tronquée , se voit
contre la muraille : la prison est une salle basse ; la perle
en est ouverte , et le geôlier s*y tient auprès , les re-
gards tournés vers les autres personnages du tableau»
Une autre porte se voit en face , sur le palier , lequel
parait éclairé par une fenêtre placée en haut d'ua
escalier dont on aperçoit les dernières marches.
Cette composition a le mérite d*une précieuse sim—
plicité et d*un naturel parfait. L'exécution en est d'une
extrême délicatesse ; tout y est d'un effet et d'une vérité
des plus remarquables. Les différentes productions que
nous connaissions jusqu'à présent de M. Jacquand,.nous
avaient beaucoup flatté ; mais le plaisir que nous a
causé celle-ci est d'un ordre bien autrement supérieur ,
et nous pensons que le jeune artiste , s'il a cherché à
rivaliser avec M. Richard , son mattre ^ peut se vanter
de l'avoir presque égalé. Quant à la tête de Thomas
More ^ il faut croire que M. Jacquand n*aura .pas man-
qué de la faire resseinblante. Il existe quelques médailles
du grand chancelier d'Angleterre , et Ton sait ^ d'aïUeufS,
que le fameux peintre allemand Jean Holbein , qui fut
son protégé et même son ami , en a fait à. Londres le
portrait. Cette pièce excellente , que b galerie du Palais
royal ^ jadis - possédée , et dont s'est enrichi , depuis la
révolution , le musée du Louçre ^ a été gravée par de
très-habiles maîtres : nous ne doutons pas que M. Jacquand
n'ait eu la sage précaution de la consulter et de s*en^der»
( 4^9 )
li& ^Wu de Thomas More , qui a fi^rë de là 'ma^
nièrè la p\us avantageuse au salon de cette annëe , et
dont plttsWuTS journaux de la capitale se sont accorde à
iàire Vëloge , a ëté achète par la mairie de Lyon ; il fait
aufourd'hui partie de la collection du musëe dé St. Pierre ^
dont on peut dire , sans se tromper , qu'il est un des
plus agréables ornemekis. Z.
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
( XXVra.« ARTICLE ).
SOTIGE SUR M. HÉNOir, PROFESSEUR A L'ÉCOLE ROYALE
VÉTÉRINAIRE DE LYON , PAR M. GROGNIER*
Jacques-Marie Hënon % professeur à Tëcole vétérinaire
de Lyon , anden professeur à celle d'Alfort , naquit
dans on village de Picardie ^ le 17 janvier 1749- Son
père était un cultivateur peu fortuné ; il fut élevé chez
an de ses parens , bon curé de campagne , dont il ne
parlait jamais sans attendrissement. Son éducation fut
irësr*bomée ; car on le destinait à Thumble profession
de son père. Il montra de bonne heure du goût pour
VhWtaire naturelle, et son respectable tuteur obtint
pour lui une place d*élève boursier à l'école que Bourgelat
venait de fonder à Charenton , sur le modèle de celle
qu'il avait établie à Lyon. Les progrès du jeune Hénon
forent rapides ; c'est surtout à l'anatomie qu'il se livra
avec ardeur. Bourgelat l'adjoignit à l'habile Fragonard ,
qd a laôssé un nom dans l'histoire de l'anatomie comparée.
Fragonard ayant quitté l'école d'Alfort.en 17749 ^
1
\
(43o)
îeune'H^non qui n*y ëtait entré que depuis »x ans, fut
nommé professeur d'anatomie. 11 s*unit d'une étroite
amitié avec M. Cbabèrt ^ disciple chéri de Bourgelat ;
ils publièrent en commun plusieurs mémoires qui furent
remarqués; l'un de ces ouvrages^ avait pour objet la
cause de l'effusion des larmes Aez le cerf aux abois ; un
autre , un prétendu cerf-^bœuf ; un troisième , l'opéra-
tion de la cataracte dans les quadrupèdes domestiques.
Bourgelat étant mort en 1779 9 ^- Hénon fut adjoint
à M. Bredin , nommé par le ministre y directeur par-
ticulier de l'école vétérinaire de Lyon. Cette école était
dans un état de dépérissement qui présageait une ruine
prochaine. MM. Bredin et Hénon relevèrent cet établis-
sement Ce dernier donnait )usqu*à cinq cours dans un .
an ; il passait des }ours entiers et une partie des nuits
dans l'amphithéâtre d'anatomie , et non content de di--
rigér les dissections pour l'instruction des élèves , il
enrichissait dé pièces anatomiques très-remarquables le
cabinet fondé par Flandrln et Fragonard , qui , pendant
long-temps fut l'une des curiosités de Lyon , et dont ,
par suite des malheurs des temps , il ne reste que quel-
ques débris.
Comme il lisait peu , et qu'il avait peu de confiance
dans les livrés , les découvertes de ses devanciers furent
perdues pour lui , et il trouva , le scalpel à la main ,
^ force de sagacité , d'ardeur et de persévérance , des
faits inscrits depuis des siècles dans les fastes de la
science. C'est ainsi qu'après avoir cherché pendant plu-
sieurs mois les causes du vol des oiseaux , il découvrit
de lui-même ce que les ornithologistes savaient touchant
Tentrëe de l'air atmosphérique dans les plumes des
oiseaux^ dans leurs tissus cellulaires , dans, le paren-
(43i)
èyine île leurs os ; Il projetait un mémoire sur cette
découyerte , qui devait lui servir de titre pour entrer à
riostitat nouvellement crëë. Quel fut son désappointe-
moAy en apprenant que ce qu*il avait découvert dans la
nature , avec tant d'eflforts , était consigné dans les livres
depuis long-temps !
M. Hénon n*a attaché son nom qu'à un seul ouvrage ,
lequel a pour titre : De tari d empailler les oiseaux* Il
sélaît adjoint , pour le rédiger , M. Mouton-Fontenille.
Ce livre , qui a eu plusieurs éditions , est divisé en
quatre parties : dans la première , on développe les prin-^
c^ d*après lesquels on peut conserver aux individus
de diaqae famille d'oiseaux , leurs formes et leurs atti-
tudes naturelles ; dans la seconde , les deux nalu-
ta^es font connaître les procédés qu'ils mettent en
usage pour préparer les oiseaux ; ils désignent dans la
troiâème les substances propres à conserver ces jolis
animaui. L'énumération raisonaée des oiseaux du dépar-
tement du Rhône termine cet ouvrage qui manquait
^ l'onuthologie.
Afant M. Hénon , Fart d*empailler les oiseaux , actuel-
lement nommé taxidermie , étsût exercé par des hommes
plus ou moins adroits , mais peu versés dam la zoolc^e.
I Ce professeur unissait à de profondes connaissances en
I œUe science , une rare dextérité de la main.
Cette dernière qualité , jointe à beaucoup d'autres »
Teût élevé au premier rang des chirurgiens de Lyon , si
lOQ destin ne Tavait pas fixé dans la carrière vétérinaire.
Toutes les qualités de l'habile opérateur , la nature les
loi avait prodiguées , et il les avait perfectionnées par
to long travail ; sa main était tout à la fois ferm^ et
l^ère , rapide et prudente.
( Ail >
La pratique de la chirurgie vëtérinatre n'est point'
sans danger pour la vie de ceux qui l'exercent : il n*est
pas facile de maîtriser les mouvemens furieux des grand»
animaux domestiques. La hardiesse de M. Hënon était
alors vraiment étonnante. Nous Tavons vu aborder avec
calme et en apparence sans aucune précaution , des che-
vaux fougueux et indomptés , les saisir , s*en emparer
comme par l'effet d'un irrésistible ascendant ; nous Tavons
vu manier avec autant d'adresse que de vigueur ^ de»
dogues furieux , et même des chiens oflBrant > des symp-
tômes de cette maladie dont le nom seul glace de terreur.
Cette maladie , il faut l'avouer , est beaucoup moins
fréquente qu'on ne le pense communément ; mais il
suffit peut-être de l'imagination vivement frappée, pour
lui donner naissance. Le talent de M. Hénon était ad-
mirable pour dissiper des alarmes si dangereuses ; et ,
dans ces circonstances , son dévouement égalait son
habileté. C'est ce que prt>uve le fait suivant.
Toute une famille se présente un jour dans son
cabinet ; le chef de cette famille avait le bras en écharpe,
et la terreur était peinte sur tous les visages ; un do-
mestique portait dans un panier un petit chien , bien
attaché , et réputé enragé , parce qu'il avait mordu son
maître. M. Hénon examine l'animal , et il le déclare bien
portant ; il ne rassure personne : on est venu principale-
ment pour lui demander un spécifique contre la rage. «7«
i>ous assure , dit-il , quâ si ce pciii chien m'avait mordu y
je serais fort tranquille. — Leseriez-vous réellement? —
En poici la preuve. Là-dessus M. Hénon détache le chien '
il le prend , il lui met le doigt dans la gueule , lui serre
la queue , est mordu , le sang coule , et il dît tran-
quillement : Eh bien , Monsieur , si cous êtes enragé ^
(435)
ji U Suis aussi. Le calme rentre dans tous les coeurs ,
et M. Hénon devient rdbjet des bënëdictions de toute
une Ëmûlle intéressante.
Nous allons considérer M. Hétion sous un autre rap«
pori: nul net poussa plus loin que ce professeur la
coBnaissanœ du dievàl ; il s'était fait , en x^e genre , une
grande réputation parmi les écuyers . et les amateurs.
Son ooup d'œil sûr et, perçant saisissait \ la fois Ten-
semUe et les moindres .détails de Textérieur de ces ani-
mani; on eût, dit qu'il en commençait lexamen^ lors-
que déjà il avait tout vu, que rien ne^ lui avait échappé.
îi avait distingué les beautés et les défauts du cheval
â race « les usages auxquels il était propre , il avait
reconnu par une sorte de tact physiognomonique son
instinct et son caractère.
L'art de conserver ce précieux animal se liant à la
oonnsnssance des plantes , M. Hénon se livra à la bota-
nique, et il approfondît cette science. Il avait exploré
dans tons les sens la flore lyonnaise ; il y cueillit plu-
sieoTs plantes qui avaient échappé aux plus habiles,
notamment une légumineuse cachée dans une anfractuo-
âté dn Mont d*or , que les botanistes de la capitale
ont appdé Genesfa Htneriacta , et que nous nommerons
Umioun Genêi de M. Hénon.
. Peu de . professeurs ont inspiré à leurs élèves des
sentimens d'amour plus vifs et plus profonds que ceux
dont M. Hénon fut l'objet à Técole vétérinaire de Lyon ;
ces seniimens éclatèrent surtout dans la longue et dou-
loureuse maladie qui Ta conduit au tombeau. Aux larmes
des élèves se joignirent celles de tous les pauvres, voisins
de l'école vétérinaire , dont il était quelquefois le médecin
et toujours le protecteur , le consolateur et l'ami.
Tome FIL »8
< 434 )
La bonté , la génëroshë du caractère de M. HénoŒ
se dëployèreût surtout à l'époque funeste du sîége de
Lyon ; il brava Téchafaud pour lui dérober des vic-
times. Remplissant les fonctions d'inspecteur vétérinaire
de Tannée républicaine , il usa de tous les moyens , de
toute l'influence de sa position , et non sans exposer sa
vie 9 pour soustraire à une mort certaine une multitude
-de proscrits, dont plusieurs lui sont restés inconnus-
Cet excellent homme termina son honorable carrière
le 7 mai 1809 ^ ^^^^ *6*^ ^^ ^' ™^' ^ dépouille mor-
telle a été , selon ses derniers vœux , déposée dans le
jardin de Técole vétérinaire de Lyon , où les élèves lui
ont élevé un pieux monument.
LYON EN 1789.
Extrait du Votage en Frange pendant les années 1787-8S-S9
et 90 I entrepris plus particaliéremeiit pour s'assurer de l'état de
TagriculMire » des richesses , des ressources et de U prospérité
de cette nation , par Arthur Young ; traduit de Tanglais par F. S.
Paris , Buisson , ijgS , in-8.^ , tom. II , pag. g6-io4 (i)*
Le 27 décembre 17*9. 7- Le pays change soudaine-
ment , et d*un des plus beaux du royaume de France y
(i) Ce morceau est extrait d'un ouvrage dont l'auteur, juste^
ment célèbre , ne se montre pas toujours exempt de ceii:ains
préjugés nationaux dont les étrangers et surtout les Anglais
ne se dépouillent jamais entièrement. Nous le donnons tel
quel et sans Tapprourer sur tons les points. La tradoctioxi
dont nous nous servons pourrait être meilleure,. Nous
ignorons s'il eu existe d'autres.
devient ptai et sombrer Nous arrivons à liyôii et voyons
de là les Âlpes pour la cl^mière fois ^ du quai il y à une
belle perspective du Mont-Blajnc que je n'avais pas en-^
core vuéi Quitter rilaliê ^ la Savoie et les Alpes , pit)-
bablement pour n^y jamais tetourner ^ me fait une sen-
sation désagréable.:. car quel pays peut être comparé à
lltalie , pour touteis les ciirconstances qui rendent cé-
lèbre ce pays classique > le aiége des grands hommes , le
théâtre des actions les pli^s illustres ^ le champ exclusif
dans lequel les a^ts. agi:éables et élégans se sont plu ?
Dans quel pays l'œil trouve-t-il quelque chose de plus
beau et Poreille de plus mélodieux ? où peut-on satis-
faire davantage une curiosité louable ? Chez tous leé
bniimes l'ItaKe est le second pays du nionde ^ preuve
certaine que c'est )é premier. J'allai au spectacle : c'était
une pièce en musique ^ qui fit éprouver à mes oreilles
un contraste de toute l'Italie ! Que la musique de France
est pitoyable ! ce n^est que les contorsions de la discorde
orgainisée^ Le théâtre n'est pas comparable à celui de
Nantes ) et est fort inférieur à celui de Bordeaux^ ^^
Six lijeoes*
Lt 28* -» Tavàië des lettres pour M. doudarcl ^ gràn<l
négociant en soie (i) ^ et fus hier chez lui ; il m'invita à
déje&nar pour ce matitl. Je fis les plus grands effortd
pour me procurer quelques informations sur les manu-
&ctures de Lyon ; mais en vain ^ tout était sdon et siii-'
inant Je fus chez M. l'abbé ftozier (2) ^ auteur du vo-
(i) Sans doute le même qui fui député Ati tiers-état de
la TÎllc de'Ljon^ k rassemblée nationale, ea 1789-1791/
Voy. ci-dessus , pag. 44*
(2) Voy. aussi plus haut , tom. VI , pag. 307/
(456)
lumineux Dictionnaire d agriculture^ m-4.** Je le visitai
comme un homme fort prôné , sans aucune idëe de re-
cevoir des informations sur Tagriculture-pralique , qui
est l^objet de mes recherches , de la part d'un compilateur
de dictionnaire. Quand M. Rozier vivait à Bëziers 9 il
occupait une ferme considérable , mais lorsqu'il devini
habitant d'une ville, il plaça cette devise sur sa porte :
IjmdaJto ingentia rura , exiguum cotito , ce qui- n'est
qu'une fort mauvaise apologie pour ne pas avoir de
ferme du tout. J'essayai deux ou trois fois de faire
tomber la conversation sur la pratique ; mais il s'élança
dans des rayons si excentriques de science | que je m'a-
perçus au même instant de l'inutilité de ma tentative. Un
médecin présent m'observa' que si je voulais connaître ta
pratique et les productions ordinaires , je devais m'adresser
à des fermiers ordinaires , faisant entendre par son air
et ses manières , que de par^Ues choses étaient au*-des-
sous de la dignité de la science. M. l'abbé Rozier est
cependant un homme qui a de grandes connaissances ,
quoiqu'il ne soit pas cultivateur ; dans les' recherches
qu*il a faites , il est justement célèbre , et il mérite beau-
coup d'éloges pour avoir commencé le Journal de phy-
sique , qui , tout considéré , est le meilleur journal que
Ton puisse trouver en Europe. Sa maison est supérieu-
rement bien située , commandant une noble perspective ;
sa bibliothèque est remplie de bons livres ; et tout ce qui
l'environne annonce une fortune aisée. J'allai ensuite
chez M. Frossard, ministre protestant (i), qui me donna
(1) Collaboratenr de Champagneux dans la rédaicjtioa du
Courrier de Lyon ^ associé et correspomlant de la Société
des amis des Noirs en Angleterre y traducteur des Sermons
( 43? )
fort, volontiers , et avec beaucoup de politesse ^ de bonnes
instructions , et qui , pour les choses dont il n'était pas
bien informe , me recommanda à M. Roland de la Platière y
inspecteur des fabriques de Lyon (i). Ce dernier avait
des notes sur divers sujets qui nous procurèrent une,
conversation fort intéressante , et comme il est très com-
fflunîcalif , j'eus le plaisir de voir que je ne quitterais
pas Lyon sans obtenir une grande partie des.cpnnaisr
sances dont j*avais besoin. Ce Monsieur, qui est déjà
âgé» a une jeune femme fort jolie (2) : c'est la dame à
qoi il adressait ses lettres écrites en Italie 9 et qui ont été
publiées en cinq ou six volumes (3). M. Frossard invita
M. de la Platière à diner , ainsi que moi ; nous eûmes
une grande conversation sur Tagriculture , les manu-
factures et le commerce ; nous ne di£férions que très-
peu en opinion , excepté sur le traité de commerce entre
la France. et l'Angleterre, qu'il condamna , à ce que je
m*ima^ne , injustement , et nous discutâmes ce point. II
maintint avec chaleur que la soie aurait dû être com-
prise comme un bénéBce pour la France ; je répondis
deflngens Blair, en français , 17849 5 vol. in-12, et an-
teor d'un ouvrage intitulé , Cause des esclaves nègres et
des habitons de la Guinée^ Lyon, 1789, 2 vol. in-8.*^
(1) Jean^Marie Roland de la Platière , né ^ Villefranehe
f JUiône) en 1752 , mort le i5 novembre I795. Voy. son
article dans la Biographie universelle.
(2) Manon-Jeanne Phitpon, née à Paris en 1764 9 morte
le 8 novembre 1793.
(5) Lettres écrites de Suisse , d'Italie , de Sicile et de
Malte j en 177&-1778, Amsterdam, 1782, 6 vol. în-ia,
réimprimées en 1801* -
( 458 ) _
que l'offre en avait étë faite au ministre français , et qu^il
l'avait refusée , et j'avançai que , s'il l'avait acceptée ,
l'avantage aurait èlé du cAté de l'Angleterre , au lieu
d*être en faveur de la France , en supposant , selon Tidëe
commune 9 que le bënëfioe et la balance du commerce
soient la même chose. Je le priai de m'informer pour---
quoi il croyait que la France achèterait la soie du Pié-^
mont et de la Chine , et la travaillerait pour la donner à
meilleur compte que l'Angleterre, tandis que TAngle-»
terre achète le cof on de France , et te travaille dans ses
fabriques , qui le donnent ensuite à meilleur marche que
celles de France , quoiqu'il soit surchargé d'une multi-»
tude de droits et d'impôts ! Nous discutâmes ces sujets et
d'autres semblables avec cette attention et cette candeur
qui les rendent intëressans pour des personnes qui ai-^
çient une conversation libérale %nx des matières impor-»
tantes*
Entre autres objets dignes de la curiosité d'un étran-
ger , k Lyon 9 est le point de réunion de la Saône et du
Rhône ; Lyon serait sûrement bien mieuiç situé , s*il étaîl
à cet endroit, mais il y a un espace vacant qui pourrait
contenir une. ville de moitié aussi grande que Lyon (i)^
Cet espace est enclos d'une digue moderne , qui a coûté
six millions et ruiné les entrepreneurs. Je préfère Nantea
(i) Grâce aai mesures prises par radministration actuelle
pt à raccroissemeiit de la population et de l'industrie y le
vœu d'Arthur Young sera 9 en quelque sorte 9 surpassé y
puisque l'espaoe vacant dont il s'agît est du nomiire de
ceux qui Tont être ajoutés à la ville de Lyon 9 sans qu'elle
perde rien de remplacement , déjà considérable ^ qu'eUe
couvre en ce moment^
(43^)
à Lyon. Quand une ville est bâtie à la jonction de deux
grandes rivières, l'imagination suppose que ces rivières
font une partie de la magnificence de la scène. Sans des
quaÎ9 propres et bien bâtis , que sont des rivières à une *
Tille 9 Sinon des commodité pour transporter du charbon
ou du goudron ? Qu'a de commun , en fait de beautë,
Londres avec la Tamise , sinon à la terrasse des Adel-
phi ? ou qu a-t*il de commun avec les nouveaux ëdi-
fices de la place de Somerset , plutôt qu'avec Fleet-Ditch ,
eoseyelis comme ils sont sur des ëgoûts? Je ne connais
riea qui trompe davantage notre attente que les villes ;
il y en a si peu de bâties avec des idëes gëniérales de
beauté et de décoration !
i> 29. — J'allai de bonne heure , avec M. Frossard »
Toir une ferme près de Lyon. M. Frossard est un grand
STocat pour la nouvelle constitution française. Cependant
tous ceux avec qui j'ai conversa , représentent l'état des
manufactures sous les plus soknbrès couleurs. Il y a vingt
mille personnes nourries par charité et conséquemment
fort mal nourries ; et la misère de tous les genres , chez
la basse classe de la société 9 est plus grande que jamais 9
et surpasse même l'imagination. La principale cause des
maux que l'on ressent ici est la stagnation du commerce,
occasionée par l'émigfation des riches hors du royaume ,
et le manque général de confiance dans les marchands
et les manufacturiers , d'où il arrive que les banqueroutes
sont communes. Dans un moment où ils sont si peu ca-
pables de supporter de nouveaux fardeaux , on lève des
sommes immenses pour les pauvres , par des contribu-
tions volontaires ; de sorte que , y compris les revenus
des hôpitaux et autres fondations de charité , il y a au
( 440 )
moins 960,000 liv- par an pour l'usage d«s pauyres. Mon
compagnon de voyage, M. Gîrundy , étant pressé d'arriver
à Paris , me persuada de prendre une chaise de poste avec
lui , méthode de voyage que je déteste, mais la saîspn »'y
obligeait ; et j'avais , outre cela , un plus grand motif y
c*est que j'aurais plus de temps à passer dans cette ville *
pour y examiner l'état extraordinaire des choses , d*un
roi , d'une reine et d'un dauphin de France, prison-
niers : c'est pourquoi j'acceptai sa proposition , et nous
partimes après diné. Après avoir fait environ trois lieues, *
nous parvînmes aux montagnes. Le pays est affreux , pas
d'enclos , pas de mûriers , pas de vignes , beaucoup de
landes et rien qui indique le voisinage d'une pareille
cité. Nous couchâmes à Arnas, dans une assez bonne
auberge. — Six Iieues«
Le So. — Nous partimes de bonne heure pour Tarare,
dont la montagne , qui porte ce nom , est plus formidable
en réputation qu'en réalité. Jusqu'à Saint*Symphorien ,
le pays est le même; les maisons augmentent en nombre
et en beauté , en approchant ta Loire , que nous tra*
versâmes à Roanne; c'est ici une bonne rivière: elle est
navigable plusieurs milles plus haut, et conséquem--
ment à une grande distance de la mer. Il y a plusieurs
barques plates d'une grandeur considérable. — Dk-sept
Ileues« n
(441 )
MELANGES.
Lettres suk i/Italik^ par Mad. du Bocage ^ tom, III da
Becueil de ses œusn'es ^ Ljon, chez les frëres Përisse
( imprimerie de J. H* Barret ) , 1763 , petit in-8*^
(EXTBAIT DE LA ^O^ LBTTKE j DATÉE DB LYON LE 8 JUILLET lySS»
Pag. 4oo ^ 4<)4 )•
a ..... De là (de Nimes) à Lyon , les chemins da
Dauphiné ne sont pas trop bons ; mais fai infiniment à
me louer de cette belle ville ^ du marquis de Rochebarpn^
qui y commande , de la comtesse de Grosley , à qui
Madame Dargental m*a fait Thonneur de me recomman-
dei , et de M. Bordes , homme de beaucoup d'esprit ,
qui m'en a fait voir la bonne compagnie , le beau théâtre
Bâti par Soufflot , la place de Bellecour , la {rfus spa-
cieuse qui soit en France , et l'hôtel de ville d'une
grande architecture. On y rajuste une salle magnifique
pour y tenir les assemblées de racadëmie. Je suis très-
fiattée de la grâce qu^on m*a faite , ainsi que dans les
lycées dltalie , d'inscrire moa nom dans ce temple des
muses. Les ingénieux membres qui Thabitent , m'ont
même admise dans une de leurs assemblées particu-
lières (i). M. de Fleurieu , leur savant secrétaire , y lut
un bon discours sur les dialogues des anciens ; M. de
Bory , gouverneur de Pierre-Scize , de jolies poésies , et
M* Bordes , une très-belle ode sur la guerre. Voici le
(0 Le ao juin 1758.
( 442 )
remerciment qw j*ai fait sur mon ëleclion ; )c n'avoir
pas le temps de le rendre plus digne du sujet et de ma
vive reconnoissance :
Aux lieux où le Rhône amoureux ,
Vers le midi fuyant sa source ,
D'une Naïade (t) suit la course t
Que de biens ! quel climat heureux î
L'iudustiîe en fait l'opulence ;
Des disciples de Gicéron (a)
T reuouTellent l'éloquence.
Sur ces bords , voisins du Ligiion ^
Bory tire de sa guitare
Des sons dignes d'Anacréon :
Le goût j règne , et rHélicon
Y trouTC un enfant (3) de Pindare ;
Le temps y ramène un Platon (4) $
Le chroniqueur (5) de la contrée ,
Abbë sayant , dit que Lyon ,
Bien plus antique qu'IHon
Fleurissoit au siècle d'Astrée*
Par les Druides inhumains ,
Si le culte de ce bel âge
Y devint cruel et sauvage y
Plancus y porta des Romains
Les vertus , les arts , le courage :
Les Goths gâtèrent son ouvrage ;
Mais y dans le temps des Amadis ,
Vénus y fit régner son fils.
De lui naquit sur ce rivage
(i) La Sa6ne.
(a) Les Jésuites.
(3) M. Bordes.
(4) M. de Fleurien.
(5) Uàhhé Pernetti.
(•443)
(Ghes on peuple qui reocensa) '
L'esprit galant qai me plaça
Dans lear c^èbre aréopage,
Bf. Bordes me répondit ainsi :
Non j malgré votre modestie ^
Ce n'est point la galanterie ,
C'est un plus noble sentiment j
Un tribut plus pur et plus juste ,
Qui TOUS couronna dignement
J)es palmes de l'autel d'Auguste (i))
De ces deux aveugles fangeux
Que le Pinde admire et révère 9
De Milton et du grand Homère
Vous eàtes les dons précieux ^
Doriclée (2} , un sort moins contraire
Vous doiina de plus deux beaux yeux*
le fus engagée à diner avec mes savans confrères :
M. de Maupertuîs, qui attend ici Tinstant de retourner
en Prusse, paroissoit empressé d'être de la partie. Il
apprit mon dessein d'aller voir M. de Voltaire , et fit
aussitôt dire qu'il étoit incommodé. En dépit de sa
haine , dès que le pied de mon compagnon de voyage
fut rétabli , nous volâmes à Genève. »
Nota. Dans ce qui suit le passage qu'on vient de lire ,
Mad du Bocage raconte les détails de la visite qù elle
fit i Voltaire , aux Délices ; ce fut sans doute là qu'il
lui adressa de très-jolis vers ' sur son retour d'Italie ^
(1) Érige à Lyon , où se distribuaient les prix d'ëloç^aence et de
po^e , et qui y sert aujourd'hui de type à l'acacUmiei
(%) IVcQA des Ai-cadei«
(444)
comme il lui avait adresse avant son dëpart ce diannant
madrigal :
Muse nouvelle « aimable Grftce 9
Allez an Capitole ; allez , rapportez-noas
Les mjrtes de Pétrarque et les lauriers du Tasse t
Si tous deux revivaient 9 ils chanteraient pour vous ^
Et vojant vos beaux yeux et votre poésie «
Tous deux mourraient à vos genoux
Ou d'amour ou de jalousie.
A ce sujet , nous relèverons une erreur de MM. Chau—
don et Delandine , qui , danS leur Dic/ionnaire hisio-
rique , art. Dubocage ( Marie Anne le Page ), disent que
cette pièce fut faite à Lyon où Voltaire se trouvait lors-
que Mad* du Bocage partait pour Tltalie. Voltaire n*esl
veuu à Lyon qu'une fois , en 1754 (i) , et ce n'esl
que quatre ans plus tard que Mad. du Bocage passa
dans cette ville pour se rendre à Rome.
Le remerciment à Tacadémie de Lyon a dëjà é\é
insère dans ce recueil , pag. 29 , où nous l'avons
donné avec une lettre à Bordes , dont il faisait partie ;
mais dans Tédition des Œui>res de Mad. du Bocage
de 1762 , il a subi des changemens , ainsi qu'on peut
s'en convaincre en comparant nos deux copiées.
La Réponse de Bordes a reparu dans ses Œuçres
dii^erses , tom. Il , part. I , pag. i56, où elle est plus
étendue. Mad. du Bocage n'en a cite que le commen-*^
cément. Cette Réponse est suivie dans les œuvres de
Bordes d'une autre pièce adressée à la même , à son
passage à Lyon , en retournani de Rome à Paris.
(i) Voy. ci-dessus , pag. 69 et suit.
( 445 )
Bordes ne fut pas le seul qui rëpondit au com-
pliment de Mad. du Bocage , lors de son admission à
Tacadémie. M. de Fleurieux lui adressa Timpromplu
suivant , immédiatement après la séance :
Muses 9 quel astre nous éclaire ?
Est-ce Minerve , ou bien la reine de Cjtfaère,
Qa'ApoUon empressé sur tos traces condait ?
Non , rëpoDfd-il , c'est du- Bocage :
AdoptcE^la, rendes hommage
A la beauté comme à Tesprit.
Nos registres académiques contiennent aussi ce frag-
ment inédit d'une autre réponse , par M. le chevalier
deBory :
Si TOUS n'aylez en partage
Qne les dons de la beauté ,
Ces yeux , ces traits , ce langage f
Qui dans l'âme la plus sage j
Font sentir ja yoinpté,
0 divine du Bocage ,
Quelque tendre Auacréon
Oserait d'une chanson
Vous oSrir le faible hommage ^
Mais TOUS qui réunissez
Les aufirages de la terre
Et les trésors dispersés
Du Parnasse et de Gythèi^e ,
Vous pour qui brûla Tencens
Sur les autels différens
Et de Rome et de Genève •
Vous dont la grâce et les vers
Nous consolent des revers ,
Qu'attira la coupable Eve
Sur le naissant univers ,
( 446 )
Quand TOUS tenex k trompette
Et des hëros et des dieux ,
Est-ce au son d'une musette
Qu'on doit tous offrir ses vœux ?
Remplisses yos destinées ^
Aux nations étonnées
Faites Toir une Vénus
Ayec les talens d'Homère ^
Soyez le chantre et la mère
Des amours et des vertus )
Sous les traits de CalUope
Et de Melpomène en pleurs ^
Ravissez , touchez les cœurs 5
Chantez les arts de l'Europe
Triomphant dans les climats ^
Où Colomb eut la fortune ,
Sur les aile^ de Neptune ^
De porter les premiers pas ^
Et dan^ tos rimes fécondes
Vengez l'honneur d'un héros ^
Dont l'audace et les travaux
Réunirent les deux mondes:
On n'a point donné son nom
A ces immenses contrées 5
Ces campagnes ignorées
Du superbe Salomon ;
tJn autre a cet avantage )
Mais des caprices du sort
Votre soin le dédommage i
11 bravera d'âge en âge
La nuit du temps et la mort^
Et tandis qu'un jour peut-être f
On aura peine à connaître,
Qu'Amène ait existé ,
L'heureux Colomb , à côté
(44t )
D'Henri , d'AchiUe et d'En^ ,
Verra sa cëlébrîttf
Sur sa tête couronnëe
Par les mains de la^beantë*
Pour moi , dans le fort terrible
Où le ciel m'a confine ,
Loin des bords où je suis ne (i)^
Mais Toisin d'un lien paisible
Dont les benrenx citoyens
Embellissent mes liens j
Je chérirai la mémoire
Des momens dëlicienx^
Qai montrèrent à mes yeax
Vos appas et Totre gloire.
Hëlas ! qu'ils ont été courts I
Il fallait que Votre tr6ne ,
Près des muses de la Saône ^
Fût placé par les amours.
Mais nos Toeux sont inutiles :
Contentons-nous qu'une fois ^
Vous ayez dans nos asiles y
Fait entendre votre yoix ,
Et que ce jour farorable ,
Par vos mains couvert de fleuri ^
Dans nos fastes et nos cœurs
Soit à jamais mémorable*
fi] Le cheralier Andrtf de Bory , gouverneur du ch&teau de Pierre"
Sciie, membre de l'académie de Lyon depuis tfSi , et son secrétaire
pcivinit plusieurs années , mort dans eette ville le i5 mars 179a 1 à
Hge de 76 ans , était né loin de nos murs ; nous ignorons en quel
^Bdroit. Il est l'auteur ^'un grand nombre d'imitations des Odes
^raee , dont quelques-unes seuUiM&t oat été publiées dans de»
ivcacys périodiques.
(448)
Ces souvenirs poétiques nous ont paru devoir être
consignés ici : ils se rattachent à notre histoire littéraire,
et ne sont point dépourvus d'intérêt.
Il existait naguère , à trois lieues de Lyon , dans le
département de l'Ain, un château appelé Margnolas. Il
avait appartenu à feu M« Etienne Vincent de Margno—
las (i) , et des mains dç son fils unique , décédé en bas
âge , avait passé dans celles de sa mère , M."^^ ht comtesse
du Pac* C'était presque une maison de prince , les ave-
nues en étaient magnifiques , et des domaines considé—
râbles en dépendaient. Une bande noire a acquis cette
grande propriété qui a été bientôt divisée et morcelée à
rinfini. Les arbres ont été coupés y les jardins dévastés.
U ne restait plus que les bâtimens : ik viennent d'être
renversés , et leurs jnatériaux vendus. La destruction est
complète. U semblé que les Goths , les Vandales et les
Sarrasins aient passé , les uns après les autres, par cette
malheureuse campagne. Ne serait-il pas à désirer que le
gouvernement pût s'opposer à de tels ravages qui de^
viennent tous les jours plus fréqùens ? Cette réflexion
nous a rappelé que de pareils excès ne sont pas nou— ,
veaux , et qu'ils furent aussi connus des Romains qui
tentèrent d'y remédier par des lois. On trouve dans les
recueils d'inscriptions ( ^oy. Reinesius , Inscrîpf. Ci. VII ,
N.^ XI , pag. 475 et 476 , et Doni , Marmi , pag. 84 >
un sénatus-consulte rendu sous le règne de l'empereur
' (1) Ne à Lyon le 6 noyembre 1781 » mort A Paris le 3 octobre
^809 , ancien préfet du département du P6 et conseiller d'état ,
chargé da troisième anrondissenient de la police générale da Tempir*.
( 449 )
90US le rlgae de Tempereur Claude et sous le consulat
de Gn. Hosldius Gëta et de L. Vagellius , Tan de Rome
Soi , de J. C. 48 9 contre ceux qui 9 achetant les édifices
pour les dànolir , spéculaient sur leurs débris , et par
ce commerce barbare , s*enrichissaient aux dépens de
leur pays qu'ils couvraient de désolation et de ruines.
La lettre dont nous allons donner un extrait a été
icnle de Paris , le 27 arril i8a8 , à Tauteur de la
Notice sur Mandelot , qui se trouve dans notre précé-
dent N.* ; mais elle est parvenue trop tard à notre
collaborateur pour qu'il ait pu faire usage des documens
qu'elle renferme. La personne obligeante de qui elle
vient était chaînée de consùUer à la bibliothèque du
roi un manuscrit in-fol. , contenant la correspondance
du roi et de Mandelot, depuis i568 jusqu'en i582^
manuscrit qui est décrit dans un mémoire de feu
M. l'abbé Sadan , inséré tom. V , pag. 1 45 et suiv. de
notre recueil. L'estimable auteur de la lettre , après
quelques réflexions sur le récit fait par l'historien
de Thou, de la conduite de Mandelot à Tépoque de la
Si-Barthélemi , . continue ainsi :
« Mais voyons comment, le 2 septembre 1572, c*est-à-
dire le surlendemain des massacres , Mandelot lui-même
écrit à Charles IX :
a Sire , j'escripvîs avant hier à V. M. la réception
j» des lettres qu'il lui aurait pieu m'escrire les xxii et
» xxiui^ du passé , et comme suivant icelles et ce
» que le sieur du Peyrat m'aurait dlct de sa part , je
» n'aurois failly pourveoir par divers moyens à la seureté
n de cette ville ; si biien , Sire , que les corps et les biens
Tome VIL 29
_ ( 45o )
» de ceux de la Religion auroyeni esté saisys et mis soubs
» vostre main sans aucun tumulte ni scandalle : jusques
)> lors depuis et hier Taprès dlsnëe m'en estant allë par
» \ille pour pourveoir tousjours à contenir ce peuple ,
» mesmément vers la Guillotiere où j'aurois sceu paroistre
3> danger de quelcpie remuement , seroit intervenu ce-
» pendant que ce peuple ayant trouve moyen d'entrer
» es prisons de Tarchevesque où il sçavoit estre quelque»
» deux cens de ceulx de la Religion cogneus factieux
M ou avoir porte les armes , lesquels ils auroient tout»
». mis à mort avant que jen.peusse rien sçavoir , et
i> m*y estant allë aussi tost y n y aurois plus trouvé au-
3> Gun de ceu|x qui se seroient meuz à ce faict , s*estant
» escartés tout soubdain ; et ce que j'aurois peu faire
» a este faire rechei*che et requérir par touts moyens y
» mesmément par justice, qui auroient esté authçurs
» et exécuteurs de ce faict et comme le tout est passe »
)> af£n que ¥• M» en puisse bien au vray estre esciaircye.
» Je continue au mieux qu'il m*est possible de contenir
» toutes choses , voyant ce peuple n'estre pas enoMre
» bien appaisë y et que c'est tout ce que Von peut iaire
» d'obvier à un sac , n'ayant neantmoins jusques ici esté
3> faict aucun tumulte , meurtre ni saccaigement par la
» ville ni es maisons y et estime que le reste desdjcis de
» la religion saisys pourront demeurer en seuretë es lieux
» ou je les ay faict retirer y attendant que je puisse
» mieulx entendre qu'il plaira à V. M; en estre; feict ^
» et speciallement de tous leurs biens , meubles , mar—
» chandises , rapines et autres que j'ai jà escript avoir
» faict saisir et. mettre soubs vostre main sans touttefois
» en estre rîen desplacé ny transporté des lieux et mai—
» sons desdicls de la Religion : osant bien asseurer
( 45i )
3) V. M. que le tout luy sera seurement et fidel'-
» lement conserve ; et suis après à pourveoir à les faire
» retirer en magasins et lieuic seurs à ce qu'il n*y soit
» commis aucun abus. 'J*oseray dire à V. M. que
B si j'estois ouy à la conseiller , je ne serois d'opinion
9 qu*elle feist aucun don des biens , meubles et marchan-
B &es desdicts de la B ^ligion que premièrement on ne
3» voye ce qu^il y aura , et que pour le moins elle sçaicbe
> la valeur de ce qu'elle donneroit et que plustost elle
^ feist don et recompense à ceux qu'il luy plairoit sur
f les immeubles ; et pour ne mettre en cela la conse-
» quence , je' ne veulx estre le premier à en demander
> à V. M» , m*asseurant que si elle a commence par quel-
f ques autres , elle me faict tant d'honneur de ne m'ou*
» Ûier. Au reste , Sire , il me semble ne devoir taire
» â y. M. que en tout ce qui eschet icy pour son
» service , je trouve le sieur de la Mante prompt et
» affiectionnë d'ensuivre à son pouvoir ce que je Iby en ay
> (aict entendre , dont à la vérité il mérite estre recogneu
t et bien récompense. »
Vmlà cette lettre toute entière : n'ave2-vous pas re-
marqué cette horrible demande que fait Mandelot d'une
part dans les biens des victimes protestantes ? ce trait »
je craîs, suffit pour £xer les idées sur son véritable
cafadàre. Un gouverneur français réclamer les dépouilles
de ses malheureux concitoyens !...« Ahl pour solliciter
une pareille récompense , il fallait bien l'avoir méritée !
Avec de Thou j'ai parlé de la dissimulation de Man-
delot y je pois vous en citer une nouvelle preuve.
Vous savez , en effet , comme Ta dit M« l'abbé Sudan ( i >,
(i) Yoj» Archiv. du Rhéne , tom« Y, pag. ttfi*
( 45a >
que Tënorme manuscrit contenant les lettres et dépêches
du roi à M. de Mandelot et de M. de Mandelot au roi «
parait être une copie faite sous les yeux de ce gouver-
neur de Lyon. Comment donc se fait-il que , parmi les
lettres de Charles IX , M. de Mandelot en ait supprimé
< plusieurs dont hss dates se rapportent prëcisëment ^à
Tëpoque de la St-Barthëlemi ? C'est que^ns doute elles
contenaient des choses dont on devait faire un mystère ,
. des choses qu'on n'aurait pas ose révéler !
pu reste 9. dans les lettres qui ont été conservées,
l'ai trouvé plusieurs faits assez importans.
Ainsi , par exemple , j'ai reconnu , d'après une lettre
de Charles IX , qu'il était bien vrai qu*on avait envoyé
. dans les provinces des l\pmmes chargés d'ordres verbaux
et secrets tout contraires aux dépèches adressées publi-
quement aux gouverneurs.
Vous vous rappelez aussi que quelques historiens o^t
pensé que la tète de Tamiral de Coligny avait été envoyée
à Rome : eh bien ! je crois en avoir trouvé la preuve
.dans une lettre de Mandelot , datée du 5 septembre iSys.
En effet , après avoir répondu à celle du roi , du
28 août , il ajoute :
« J*ay aussi reçu , Sire , la kttre qu'il a pieu i
3> V. M. m'escrire , par laquelle elle me mande d'avoir
» esté avertie qu'il y a un homme qui est parti de par
» delà avec la teste qu'il auroit prise dudit admirai ,
- » après avoir esté tué , pour la porter à Rome , et de
» prendre garde , quand ledit homme amvera en oeste
» ville , de le faire arrester et luy oster la dite teste , à
)> quoy j'ay incontinent donné si bon oixire que s'il se
n présente , le coramandemeot qu'il plait à V., M. m en
_ ( 453 )
B Êuire sera ensiÛTi. Et n*est passé iusques icy par ceste
» ville autre personne pour s'en aller du coslë àe Rome
9 qu'un escuyer de Monsieur dé Guise nomme Paul ^
» lequel estait parti quatre heures auparavant du jour
mesme que je reçus ladite lettre de V. M. ^
D'après cette citation , il me semble donc qu'en rëflë-
dùss^t que ce Paul ëtait écuyer de Guise , Tennemi le
plus acharné de Goligny; que ce Paul est envoyé à
Rome en toute hâte , et préeisëmént dans le moment
ou diâcu'n soupçonne la mission sanglante dont parle
Charles IX ; il me semble , dîs-je , qu'en réfléchissant aux
motifs qui ont pu décider Mandelot à supprimer dans
son recueil cette lettre du roi^ qu'il cite dans la. sienne,
on est naturellement conduit à penser que la tête de
l'amiral Coligny a l>ien été portée , comme un précieux
trophée , dans la capitale du monde chrétien.
L^ Guise ont donc voulu , même après le dénouement
de cette horrible tragédie , sanctifier , en quelque sorte ,
leur vengeance. Us ont voulu faire croire qu'ils n'avaient
agi que par zèle , que par intérêt pour la religion
La religion ! ah ! ne confondons pas ses préceptes divins
qui commandent le pardon des injures , avec ces projets
de vengeance qui font les assassins ! ne confondons pas
œs vérités sublimes qui nous rapprochent de Dieu , avec
cette exaltation criminelle qui rend l'homme assez impie
pour aiguiser son poignard jusques sur les marches de
l'autel ! Convenons donc que notre sainte religion ne fut
qu'un odieux prétexte pour commettre des forfaits dont
elle gémit la première ; et reconnaissons , en dernier
résultat , que si Mandelot n'eut pas le tort de se livrer
lui-même aux plus horribles excès , il eut au moins celui
de laisser maîtres de la ville dont il était gouverneur ^
( 454 )
les assassins que dirigeaient Boidon ^ Mornieu et le Clou ^
de laisser massacrer par eu3(, pendant trois jours , les
nialheureux protestans ^ et surtout de réclamer avidement
une portion de leurs sanglantes dépouilles.
Tels sont, Monsieur, les détails. les plus importions
que j'ai trouvés dans les lettres de M. de Mandelot , et
que j*aurais désiré vous communiquer pliis tôt....
B. C. V.
TiE JOUR DE iPÊTE-DiEU ▲ LtoK , en jain iSoft. Fragment extrait
des Mélanges liiiéraires de M. de Chateaobriând ( toxn. XXI ,
pag. ia4-a27 de l'édition de aes Œuvres complètes. Paris , TjadTOcat,
i8ii6-i8'a8 , in^.o }.
ce ...••. Quelle est cette puissance extraordinaire qui
promène ces cent mille chrétiens sur ces ruines ? Par
quel prodige la croix reparaît-elle en triomphe dans cette ,
même cité où naguère une dérision horrible la traînait
dans la fange ou le sang? d*où renaît cette solennité
proscrite ? quel chant de miséricorde a remplacé si
soudainement le bruit du canon et les cris des chrétiens
foudroyés ? Sont-ce les pères , les mères , les frères ,
les sœurs , les enfans de ces victimes qui prient pou^
les ennemis de la foi , et que vous voyez à genoux de
toutes parts , aux fenêtres de ces maisons délabrées , et
sur les monceaux de pierres où le sang des martyrs
fume encore? Les collines chargées de monastères , non
moins religieux , parce qu'ils sont déserts ; ces deux
fleuves où la cendre des confesseitrs de Jésus<-Christ a
si souvent été jetée ; tous les lieux consacrés par les
( 455 )
premiers pas au christianisme dans les' Gaules ; cette
grotte de saint Pothîn y les catacombes d'Irëriëe n'ont
point vu de plus grands miracles que celui qui s*opère
aujourd'hui. SI , en lygS ^ au moment des mitraillades
de Lyon , lorsque Ton démolissait les temples , et que
Ton massacrait les prêtres ; lorsqu'on promenait dans les
rues un âne . chargé des omemens sacres , et que le
Kourreau , armé de sa h^che , accompagnait cette digne
pompe de la raison ; si un homme eût dit alors : Avant
que dix ans se soient écoulés , un prince de Téglise, un
archevêque de Lyon , portera publiquement le Saint-
Sacrement dans les mêmes lieux ; il sera accompagné
d*un nombreux clergé ; de jeunes filles , yêtues de blanc,
des hommes de tout âge et de toutes professions , sui-
vront , précéderont la pompe , avec des fleurs et des
flambeaux ; ces soldats trompés, que Ton a armés contre la
religion , paraîtront dans cette fête pour la protéger ; si
on homme , disons-nous , eût tenu un pareil langage ,
3 eût passé pour un visionnaire ; et pourtant cet homme
B*eût pas dit encore toute la. vérité. La veille même de
celle pompe , plus de dix mille chrétiens ont voulu re-
cevoir le jBceau de la foi : le digne prélat de cette grande
commune a paru , comme S. Paul , au milieu d*une foule
Immense , . qui lui demandait un sacrement si précieux
dans les temp& d'épreuve , puisqu il donne la force de
confesser l'évangile. Et ce n*est pas tout encore: des
diacres ont été ordonnés, des prêtres ont été sacrés.
Dira*t-on que les nouveaux pasteurs cherchent la gloire
et la fortune ?. où sont les bénéfices qui les attendent ,
les honneurs qui peuvent les dédommager des travaux
qa*exlge leur ministère? une chétive pension alimentaire,
qudque presbytère. à moitié ruiné> ou un réduit obscur ,
( 4S6 ),
fruit de la charité des fidèles : voilà tout ce qui leur est
promis. Il faut encore qu'ils comptent sur les calomnies ,
sur les dénonciations » sur les dégoûts de toute espèce :
disons plus j si un homme toul-puissant retirait sa
main aujourd'hui , demain le philosophisme, ferait tom-*
ber les prêtres sous le glaive de la tolérance , ou rou^
vriralt pour eux les philantropiques déserts de la Guiane»
Âh ! lorsque ces enfans d*Aaron sont tombés la fac^
contre terre, lorsque Tarchevéque , debout devant l'autel,
étendant les mains sur le^ lévites prosternés , a prononcé
ces paroles : Accipe jugum Domîni , la force de ces mots
a pénétré tous les cœurs et rempli tous les yeux de
larmes; ils l'ont accepté, te joug du Seigneur , ils le
trouveront d'autant plus léger , onus ejus levé , que Ie&
hommes cherchent à l'appesantir. Ainsi , malgré les pré-
dlcticms des oracles du siècle , malgré les progrès de
Tesprit humain , l'église croit et se perpétue , selon
Toracle bien plus certain de celui qui l'a fondée; et quels
que soKnt les orages qui peuvent encore l'assiéger , elle,
triomphera des lumières des sophistes , comme elle a
triomphé des ténèbres des barbares, u
Nota. Le style de ce morceau nous paraît plus ferme ^
plus naturel , moins prétentieux , moins romantique y
que celui que Tauteur a adopté depuis. On n'y trouve ,
pour ne citer qu^un exemple , aucun trait qui ressemble
à ce passage d'une description de la procession des
Rogations , Génie du christianisme , part. IV , liv. I ,
chap. 8 ( tom. XIII , pag. 174 de l'édit. de Ladvocat ) r
ce Etonnés de ces cantiques , les hôfes des champs sortent
y> des blés nouveaux et s'arrêtent à quelque distance pour
» voir passer la pompe villageoise. » Ces haies des chav^ ^
c«l-à-dire, les oiseaux, ainsi que les lièvres et les^
lapins apparemment, qui sortent des blés, nome aux.
pour çoir passer la procession, rappellei^t les poissions
que Saint-Âmant , dans son Moyse saucé , représentait
comme regardant, tout ébahis y les Israélites lors du
passage de la mer Rouge : ce qui fit dire à Boileau ,
Art poétique , ch« lU :
ITimites pas ce fou qui , décriyant les mers ,
Et peignant , an milieu de leurs flots entr^ouTerts,
L'Hébreu sauvé du joug de ses injustes maîtres ,
Met f pour les Toir passer , les poissons aux fenêtres.
• * •
Delille,dans le poème de la Pitié ^ n*a pas dédaigné
d*emprunter a M. de Chateaubriand les principaux traits^,
de sa description de la fête des Rogations ; mais il s*est
bien gardé de lui prendre ses oiseaux.
BzTBliT da Toyage en Italie , par M. le- vicomte de Chateaubrian<t
( tonu VU de ses Œuvres cemplètes , pag. i^y-iSo )•
PEEIOÉBÉ LETTRE. — A M. JOUBERT (l).
Turin , ce 17 join i8o5.
le n*ai pu vous écrire de Lyon , mon cher ami ,
comme je vous Tavais promis. Vous savez combien j'aime
cette excellente ville , où j'ai été si bien accueilli Tannée
dernière , et encore mieux cette année. J*ai revu les
yieiHes murailles des Romains , défendues par les braves
(0 Frère aioé de Tayocat-général à la cour de cassation.
( Note de M. dé Chateaubriand),
(458 y
Lyonnais de nos jours , lorsque les bonofbes des conyçn*
lionnels obligeaient notre ami Fontane à changer dé
place le berceau de sa fille ; j'ai revu Tabbaye des Deux
Amans et la fontaine de J.-J. Rousseau. Les coteaux de
la Saône sont plus rians et plus pittoresques que jamais ;
les barques qui traversent cette douce rivière, mitis
Arar ^ couvertes d'une toile , ëclaîrëes d'une lumière
pendant la . nuit , et conduites par de j(^unes femmes ,
amusent agréablement les yeux. Vous aimez les cloches :
venez à Lyon ; tous ces couvens épàrs sur les collines
semblent avoir retrouvé leurs solitaires....
Vous savez déjà que l'académie de Lyon m'a fait
l'honneur de m'âdmettre au nombre de ses membres (i).
Voici un aveu : si le malin esprit y est pour quelque
chose 9 ne cherchez dans mon orgueil que ce qu'il y a
de bon ; vous savez que vous voulez voir l'enfer du beau
c^yté. Le plaisir le plus vif que j'aie éprouvé dans ma
"^îe , c'est d'avoir été honoré , en France et chez l'étranger,
des marques d'un intérêt inattendu. Il m'est arrivç quel-
quefois , tandis que je me reposais dans une méchante
auberge de village , de voir entrer un père et une mère
avec leur fils : ils m'amenaient , me disaient-ils , leur
enfant pour me remercier. Etait-ce l'amour-propre qui
me donnait alors ce plaisir vif dont je parle ? Qu'im-
portait à ma vanité que ces obscurs et honnêtes g^is me
(i) L'admission de H., de Chateaubriand à racadémie de
Lyou soufErit un peu de difficulté. Quelques membres de
cette compagnie avaient sur le coeur certain passage du
Génie du christianisme, où sont maltraitées indigneçient
les académies de province.
( Noté de Tun des Rédacteurs )•
( 459 )
l^moignassent leur satisfaction sur un grand chemin j
dans un lieu où personne né les entendait? Ce qui me
touchait , c^ëtait , du moins j'ose le croire , c'était d'aSroir
produit un peu de Bien , d'avoir consolé quelques coeurs
affliges , d'avoir fatt renaître au fond des entrailles
d'une mère Tespérâncc d*ëlever un fils chrétien ; c'est-
à-dire , un fils soumis , respectueux , attaché à ses pa*
rens. Je ne sais ce que vaut mon ouvrage ; mais aurais- je
goâté cette joie pure , si j'euese éc^it avec tout îe talent
imaginable , un livre qui aurait blessé les moeurs et la
religion ? Dites à notre petite société , mon cher ami ,
(tmibien je la regrette : ^le a un charme inexprimable ,
parce qu'on sent que les personnes qui causent si hatu*
rettement de matière comintine , peuvent traiter les plus
hauts sujets ; et que cette simplicité de discours ne vient
pas d'indigence , mais de choix. Je quittai Lyon le...««
à cinq heures du matin. Je ne vous ferai pas l'éloge de
celte ville ; ses^ ruinés soiit là ; elles parleront à la
postérité : tandis que le courage , la loyauté et la reli^on
seront en honneur paritii les hoikimes , Lyon ne sera
pas oublié (i).
(i) Il m^est très-doux de retrouver , k vingt-quatre ans
de distance ^ dans un mànascrit inconnu , l'expression des
sentîmehs que ]e professe plus que jamais pour les habi-
tans de Lyon ; il m^est encore plus doux d^avoir reçu
dernièrement de ees habitans les mêmes marques d^'estime
dont ils m'honorèrent , il y a bientôt un qoart de siècle.
( JVole de M» de Chateaubriand )•
M. Se Chateaubriand parle* ici avec an peu trop d'em-
phase de' la dernière rc^eption qui lui fnt faîte & Lyon.
On sait que l'accueil qu'il a reçu était bien loin d'être
C 46o >
Nos amis m*ont fait promettre At leur écnre de \»^
route. J*ai marché trop vite , et le temps m'a manqué
pour tenir parole. J'ai seulement barbouille au crayon ^
sur un porte-feuille , le petit journal que je vous envoie*.
Vous pourriez trouver dans le livre des postes les, noms
des pays inconnus que j'ai découverts , comme » par
exemple , Pont-de-Beauvoisin et Chambëry ; mais vous
m'avez tant répété qu'il fallait des notes , et toujours
des notes., que nos amis ne pourront se plaindre 9 si
je vous prends au mot.
Tout le monde sait que Rabelais a été médecin de
l'hôpital de Lyon ; mais aucun de ses biographes n'a
bien précisé ce fait et n'en a donné la date exacte. Voici
à ce sujet des renseignemens qui se trouvent dans des
notes écrites de la main de feu M. Tabbé Sudan , et qu'il
avait sans doute tirées des archives de la ville : (( Au mois
de novembre i532,M.^ François Rabelais entraàrhdpital
de Lyon comme médecin, à la place de M.^ Pierre Roland.
Le 1 5 février suivant , il fut payé pour les trois ' mois
de novembre , décembre et janvier , à raison de 40 livres
par an. Rabelais resta à l'hôpital jusqu'à la fin de-février
i534, avant Pâques. M^ Pierre Castel lui sucàéda. »
La Gazeite universelle de Lyon^ du 14 janvier 1828,
contenait une assez longue lettre signée un élèpe en droit
unanime et ressemblait à une afiaire de parti , et qae
tout s*est borné à quelques applaudissemens qu'on lui a
donnés dans une salle de concert , et à deux ou trois
couplets , du plus mauvais goût , qui j ont été chantés en
son honneur. [^l^oiedc Vun des liédacteun ).
i C46i )
I ie FâriSy ou Vauteur attaquait ouvertement M* Ândrieux, j
I de l'académie française, et prétendait que, dans ses le- ;
fODS 4^ littérature au collège de Fram^e, ce. professeur
s'oubliait souvent au point d'outrager la religion , la
royauté , les mœurs. L'anonyme donnait pour exemples
I des phrases fort inconvenantes , qu'il soutenait avoir lui-
méipe entendu sortir de la bouche de M. Andrieux.
Celui-ci 9 à qui l'article a éUé communiqué par un de
ses amis 9 y a fait une réponse qu'il a publiée .sous le
titre de Lettre à 3f.*** au sujet d'un article de la Ga^
zette unioerseUe de Lyon , Paris , E. Doverger , in-8^ de
19 pages. Les assertions de l'anonyme y sont réfutées ,
tantôt avec force , tantôt avec une ironie spirituelle et
piquante. M. Andrieux se plaint amèrement de l'injustice
dont il est l'objet , et crie à la calomnie. Le prétendu
élève en droit a cru cependant devoir répliquer , et dans
la Gazette du 2 mars , il a fait paraître une nouvelle
lettre où , nonobstant les dénégations de son adversaire ,
il déclare persister dans ses premières accusations. Nous
ne sommes ni appelé y ni disposa à juger cette polémiqîie.
Nous nous contentons , en noire qualité d'historiéh ,
d'indiquer à nos lecteurs les pièces du procès , et nous
leur abandonnons le soin de décider.
Dans la première lettre de Xélève en droit contre
M. Andrieux , on reprochait à ce dernier des citations
fréquentes de passages obscènes de Martial. L'académicien
répond à ce chef d'accusation que , depuis l'ouverture du
cours de cette année, il n'a cité Martial qu'une seule fois^
et que le passage qû'it a rapporté de ce poète n'avait
certes rien .df licencieux ^ puisque c'était le distique si
( 462 )
connu sur un tachygraphe , qu'il avait cru 4eyoîr rappeler
& ses auditeurs en parlant de la tachygraphie. que les.an*-
ciens ont pratiquée, à ce qu*il parait, avec plus de succès
qûte nous. On sait que ce distique est ainsi conçu :
IVQTARinS;
Carrant verba licet , maims est relocior illîs ;
Nondum llngua suam , dextra j^eregît opus*
Lib. XfV , Epig. 208(1).
M. Andrieux l'accompagne de la version suivante ;
La langue a beau courir , la main Pa devancée ^
La phmse. n'est pas dite , elle! est dëjà tracée.
Cette traduction est heureuse , et elle nous a rappelé
qu*un grand nombre de poètes se sont exerces , avant
M. Andrieux , h faire passer dans notre langue la pensée
de Tauteur latin. Nous avons recueilli autrefois environ
vingt dé ces essais , parmi lesquels figurent les cin(}
que voici :
En Tain comme Téclalr on volt fuir la parole :
Lfi main sait Tenchainer avant qu'elle s'envole.
l'abbé DE FAR AMANT. 1741.
Les paroles ont beau voler, •
Sa main saura bien y suffire :
On n'^a pas fini de parler
Qu'elle a déjà fini d'écrire.
M.. beuchÔt.
La langue a beau courir : plus prompte mille fois^
La plume a terminé la phrase av^nt la voix.
P.
(i) Cette pièce ^orte le n.<* 906 dans le Maclialde Bacboa.
< 463 )
Ta latigae a beaa courir': cette mam pluf tégiiv
A la fin de ta phraae airire la première.
B.
Les mots Tolent j la main est encor plus légère ^
Et la langue toujours arrive ta deroière.
• 4
La Gazette unîçerseUe de Lyon , dans le cours des deas
OU trois derniers mois, a publié sucœssive;nent plusieurs
leUres sur rexposition actuelle du Louvre,. signées 3«:
les ouvrages des artistes lyonnais y sont , en particulier r
examinés avec soin et impartialité. Les geipis de goût
partageront sans doute les idées de l'auteur, et approu-
Teront la manière dont il juge ces traya^x sous le rap-
port de l'art* Mais il ne se renferme pas toujours dans
soii rôle de critique chargé d^examiner des tableaux et des
^taes y il sort du salon de temps en temps , au risque
de s'égarer : nous citerons un exemple de ces malheu-
reuses excursions. Dans sa lettre insérée dans le N.^ du
3i mars dernier , M- B. s'exprime ainsi au sujet du buste
de Louise Labé , dû au ciseau de M. JFoyatier et com-
oiandé par M. le maire de Lyon.
« Dn corps municipal (ait très-bien d'immortaliser tous
» les genres d'illustration ; mais il en est qui devraient
'^ être exceptés de cette marque d'honneur. Louise Labi^
» dite la Belle Cordière y mérite-t-elle l'hommage qu'une
» grande ville a cru devoir lui rendre. en faisant exécuter
y son buste? Passe pour Jeanne d'Arc ou Jeanne Ha-
f^ cheite. Quoi quil en soit » M. Foyatier , qui n'est res-
» ponsable qu^ de l'exécution , s'en est tiré en statuaire
y habile. Il y a dans celte tête de femme beaucoup de
^ simplicité et de grâce. L'artiste a sauvé avec adresse oe .
» que le costume du temps a de lourd et d'ingrat. L'ex- ^
» pression de la figure est extrêmement heureuse ; un
» sourire plein de finesse supplée à ce qui manque i la
^ sculpture quant à l'expression des mouvemens de l'Éme
» par le regard. Ce morceau annonce un talent très-
n) distingué. »
Il n'y a rien , ce nous semble , à redire à la seconde
partie de ce passage , où M. Foyatier recueille le juste
tribut d'éloges qui lui est dû : c'est sur la première que
vont porter nois observations. Nous avouerons d'abord
que le sens de la première phrase nous échappe entière-
ment ; et nous ne comprenons pas trop comment il serait
possible d'immortaliser fous les genres (^illustration^
quoiqu'on en exceptât quelques-uns de cetU marque
d'honneur. Il nous semble que l'auteur a voulu dire qu'il
y a des genres d'illustration qui ne méritent pas Y/ton-
neur d'un buste : mais nous lui ferons observer que
l'expression qu'il emploie ne répond guère à sa pensée ;
car le terme à' illustration n'implique aucune idée désa-
vantageuse , et n'est jamais , sous ce rapport , synonyme
de cétébriié : d'est ce dernier mot peut-être que l'aoîeuf
a voulu dire; mais, même dans cette hypothèse , n'est^
ilpas allé beaucoup trop loin, en blàtnant le conseil
municipal d'avoir réservé une place à Louise Labé dans
la galerie de Lyonnais illustres que la ville va former
dans son musée avec les fonds que lui a légués pour cet
objet un généreux citoyen (i)? M. B. était sans doute
préoccupé de l'idée que cette femme célèbre , en même
temps qu'elle faisait des vers , se laissa aller à de grandes
mm»
' (i) Feu M. Grognard.
( 465 )
û fréquentes faiblesse , comme si ce fait ëtalt pariaité-
■eet ëdaircî y tandis qu'il est , au contraire , forteinent
ODolest^. On se rappelle que c'est sur la foi d'un seul
ôrinin f très-suspect de partialité , qu'on a aiecuséles
■œors de la Belle G)rdière » sans avoir égard au
tànoigna^ d'un ecclésiastique y juge non récusable en
œtte matière , de ce brave et naïf historien . Guillaume
Puadin , qui avait vécu de son temps ^ qui l'avait
coonue et qui nous la dépeint comme un modèle de vertu
^ de ciiastef é*
La concession , bien qu!un peu dédaigneuse dans les
iarmes , que nous (ait M. B. » en accordant les honneurs
b bo$te à Jeanne d'Arc et à Jeanne Hachette , itious
aerrira contre lui-même , puisque Louise Labé , comme
ces deux illustres guerrières , défendit son pays et son
priace avec l'épée avant de manier la lyre. Ce qui fut
pour d^autres un mérite et une i/lus/ration ^ ne saurait
devenir un reproche envers notre belle compatriote ; et
c'est pourtant la campagne qu'elle osa faire , sous le nom
4 CapUaine Loys , contre les Espagnols , qui a jeté sur
a vie et sur ses mœurs un nuage que la malignité se
i^Ka d'épaissir. Nous pensions qu'il avait été enfin dissipé
por les soigneuses recherches des derniers éditeurs des
«avres de Louise Labé , et ce n'est pas sans quelque
peine que nous voyons M. B. céder encore à de vieilles
calomnies que la charité doit mépriser dès qu'elles ne
wnt point confirm'ées par l'histoire. Ce ne pouvait pas
Are une âme conunune que celle qui guidait cette
Hirne héroïne , lorsqu'entre les braves de la cour cheva-
leresqae de François I.^' y elle se signalait par sa vaIN
lance au siège de Perpignan , et que , toujours passionnée
poar la gloire/ elle cultivait à la fois, dans la société
Tome VU. a5
( 466 )
de tout ce que notre ville possédait de personnes dis*
tinguëes , la musique » la littërature , les langues et\
l*hiatoire. Ghantëe par tous les poètes contemporains ,
vi^ëe avec empressement par les étrangers , redierchée
par tous les gens de lettres ^ elle n*eût pas rëuni tant
déloges , ni inspiré tant d'enthousiasme , si , comme
on le veut j ses mœurs eussent déshonoré son talents
Nous ne rappellerons pas à M. B. que Flora devint à
Rome une divinité après avoir été tout autre chose ;
nous ne lui citerons pas Texemple des citoyens de la
ville d'Erèse dans Vile de Lesbos , qui gravèrent sur
leurs monnaies l'image de leur compatriote Sappho ,
quoique cette dixième muse eût mérité , pendant sa vie y
de graves censures que , malgré quelques réclamations,
)a postérité semblé avoir confirmées. Nous n'avons pas
besoin d'établir sur de telles preuves la justification du
conseil municipal , qui probablement n'avait guère en
vuç d'imiter les Lesbiens : la moralité de Louise Labé
nous dispense de recourir à cet argument. Il nous su£t
que de vénérables témoins soient nos garans et les sieiis ;
et nous pouvons assurer i M. B. qu'il n'est' pas même
nécessaire d'invoquer l'indalgence chrétienne pour cbm->-
prendre et apprécier l'hommage que la ville dé Lycii
a cru devoir rendre à Tun des plus aimables auteurs
du seizième siècle , à une femme qui contribua plus que
personne à répandre dans notre cité l'amour des lettres
et le goût des beaux-arts , et qui nous a laissé dans le
recueil de seç ouvrages des preuves dé la variété de ses
connaissances, de la grâce et de la vivacité de son ima-
gination , et d'une grande supériorité sur la plupart des
écrivains et des poètes de son siècle.
{Article communiqué)^
( 467 >
BULLETIN BIBUOGRAPfflQUE.
Amtàles bhgrapJdques , ou complément annuel et con-*
tmuation de toutes les biographies, ou dictionnaires
historiques, contenant la vie de toutes les personnes
resnarquables en tous genres , mortes dans le cours
de diaque année. VoLl.^' -^ I/^ partie. Paris ^Fonthieu
et oomp.^-; Leipsig , même maison^ iSay y in-S.^dc»
ynâ) et :t64 pages*
Les Annale* biographiques sont la. suite de V Annuaire
liéerologique dont il a para six Tolomes pool* les années
1820 à 1825 9 et dont nous ayons successivement analysé
kà deux derniers dans ce recueil (i), en les considérant
tous les rapports qu*ib pouraient avoir avec notre localité*
C'est le mém^ ouvrage continué sous un titre diiferent et
rédigé sup un plan plus étendu. Les articles 7 awont plus
éo dévekpperaeos et seront écrits .de manière à offi'ir
fln« d^attratts aux gens du monde et à contenir réellement
les archives de Phistoire contemporaine ; la justification
des fttges ne sera plus k deux colonnes 9 comme dans les
Kvres uniquement destinés à faire des recherches ^ et au
lieu de publier un seul volume par année , il paraîtra
autant de cdiiers - que le comporteront rimportance des
articles et l*a&ondànce des sujets ( environ quatre cahiers
par sfn, Ibmiant deux.v6lames^)4 Le nombre des collabo*
ratottrs s'est augmenté j mais M. llabul çu fait toujours
partie» G*est à lui qu'appactient l'honneur d'avoir conçfi
(0 Ton. BI ; pag. «87*9^ ; «t 19m, y , pal. 9i55-a54»
( 468)
l'idée de cette entreprise qu'il a en quelque sorte, crëée;
et il ëtait juste , naturel et dësîrable qu'il ne cessât pak
A*y coopérer» Le volume que nous annonçons , &it sur lé
plan que nous Tenons de retracer, renferme des articles
très-remarquables qui sont dus à M. Mahul , notamment
celui de M. Boissy-d'ÂNGLAS. Deux seulement des quinze
notices contenues dans ce Tolume appartiennent à la bio-
graphie lyonnaise : la notice sur M. Lémontet , par
M. Dugas-Montbel , et celle sur l'abbë Wubtz , par un
anonyme. Nous n'osons parler de la première , de crainte
qu'en lui donnant les louanges auxquelles elle a droit ,
nous ne paraissions suspects de partialité et youloir &îre
un échange de complimens. Dès son début , notre esti-
mable et sayant confrère renvoie à une notice consacrée ,
comme la sienne , à M. Lémontey , et dont l'insertion
faite y il y a quelque temps , dans notre recueil (i), lui Jbm^
nit l'occasion d'émettre- dans une note le vœu suivant :
<c II serait à désirer que ces sortes de travaux se multi-
79 pliassent en France , et surtout qu'ils fussent dirigée
ry par des honunes aussi instruits et aussi consciencieux que
9» les rédacteurs des Archives du RhSne» n Nous sebtoils
vivement ce qu'a de flatteur un pareil, snffirage ; notu eti
remercions l'auteur , et nous xt'attribuons ses ' éloges ^
comme ceux que quelques autres littérateurs dÂstingaés
ont bien voulu nous donner , qu'au désir d'encourager
nos efforts ; taais nous nous contenterons de dire que la
notice nous a paru plus complète et plus exacte que toutes
celles qui ontété publiées sur le même personnage. Nous lais-
serons à d'autres le soin de faire remarquer dans cet <^tt»
cule la netteté et la précision des idées , l'excellente .critique,
l'élégance et la politesse du style. Quant à l'article- sur
l'abbé WuRTZ , il a aussi le mérite de l'exactitude , mais
'1^1 est, comme de raison , moins etjsndju et n'a pas la même
(i) Tpiiu IV 9 Pag,. 3d3-3i7. Cette notice eU de M. Paiseron.
(469)
nnpôrtaiice. H/^urtz n'a obtenu un insUûii iè tÛéikiii
^ffe fÊT }fL bUarrme et Texagëration de ses sentii^enA en
SMCière de religion , dont la manifestation dans une lettre
imprimée 9 adressée à M. de la Mennais et contenant une
attaqae formelle aux libertés de l'église gallicane, l'exposa^
Ters la fin de sa TÎe , à des pouifsaites judiciaires. Nous
sfoiu donné «Ums le temps « sur ce personnage , à peu
près les mêmes détails que ceux qu'on trouve dans les
Jnnstes biojp'aphiques (i).
Mémoires de ia Sociiié royale dagricallure , histoire
noÊÊireUe et arts utiles de Lyon , 1 825-1 827. Lyon ,
imprimerie de J.-M. Barret , 1828 , in-8.® de 147 ,
43 9 72 9 14 et 56 pages.
Ce recueil , imprimé par ordre de la Société royale d*agri.
culture de Lyon , contient les pièces suivantes 7 1 .^ Rap-
port sur les travaux de- la société pendant les années iSaS
et 18269 et les premiers mois de 1827, par M. Grognier;
%P Rapport sur un concours ouvert pour la destruction de
la pyrale de la vigne , par M. Fondras ; 5.^ Programme des
prix mis au concours y 4*^ Rapport sur Pemploi comparatif
des différentes charrues ^ nouvellement introduites dans
natre pays 9 par M. Moiroud ; 5.^ De la nécessité de l'en-
seignement scientifique de l'agriculture , par M* Plmnelle,
président ^ 6.^ Notice sur M. Rieussec , par M>. Grognier ;
7.^ Ouvrages imprimés offerts à la société depuis le lo* dé-
cembre 1824 jusqu'au 3o août 1827 (Relevé fait par M. Le*
roy-Jolimont j bibliothécaire-archiviste ) ; 8.^ Tableau d6
la société en 1827 ; 9.^ Rapport sur les paragréles , par
M. Trolliet \ 10.^ Mémou'e sûr l'épizootie des chevaux, qui
a régné et qui règne encore en France et dans divers autres
s
3) Voy, aotr« tom. III ; pag. a5S-254 > et notre tom. IV > p. 546-
; ( 470 )
pajê clé FEarope , pir M. Rainard ; 1 1.^ Rechcrchei hùr-
toriques et statistiques sur le mûrier , les yers à soie et la
fabrication de la soierie , particalièrement à Lyon et dans
le Lyonnais ; i2.<^ Rapport sor la qualité des soies* tirées
dés cocons rëcdtés près de Moulins ^ département de
fÂllier j par M. Gensool ; |5.<^ et enfin Rapport sur Téti^
blîssement pastoral de M. le baron de Staël, )k Goppet ^
par M. Grognier, U est aisé de sentir combien offre à'ht^
térét la collection de ces différentes pièces. Plusieurs d'entre
elles aTaient déjà été imprimées , et nous en ayons rendu
compte dans nos bulletins précédons ; il en est même qui
âTaient été insérées en entier dans notre recueil , «nqnel
cm peut recourir pour les unes et pour les aati«s«
Notice sur la bîMiothègue de la cille de I/fon , extraite
. dçs Archives, historiques et statistiques du département
I du RhAne. Nouvelle édition y r^vue et çorngëe*
LyoR^ imprimerie de J. M. Barret ^ avvtl i8a8 ,
in-8.^ de 24 pages.
Seconde réimpression de cette notice, iuséi'ée dans notre
recueil , tom* VI 9 pag, 4i5-4!i9. L'auteur a fait de^ chan-
gemens notddes et d'importantes additions i^ ce travail
qui pourrait servir d'introduction an catalogue de la l>ir^
bliothèque de la yille , si l'on se décidait à le faire imprî^
mer* Parmi les additions qu'on j remarque y nous signale*
rons les deux suivantes qui nous paraissent de nature à
dcToir être reproduites ici,
n n^existe aajcràrd'bui dans la bibliot&èqve dTantpe mMaiUe ^9
c^lle «jui a ëtë frappée à l'occasion de l'esposition des tableaux et ob«
jets d*art qui a eu lieu dans la salle de la bibliothèque, en fayeiur des
Grecs et des ouTriers sans travail , en septembre i8a6. Une ést^ mé-
( 47» )
dfî^inlca plus ranarqnablei de rhiatoîre m^lliqpa des.pipés , «t en
flièine temps une des plus rares , parce que les papes eas-mém^s l'ont
desakwoQ.ee, fnusUit ep argent dans le mëdailler des Jësuit^sdelijon;
c*éuûl celle que Ton prétend avoir été frappée à Rome , en iSy» , à
FoGcasîon de la St-Bartfiâemi. Le P. de Colonia la cite y pag. 779
de «on flû/* iiti. de I/yon , toni« II ; eUa se trouvait encoie dans. la
WblioUièqac , en 1796 1 comme rattestent LovaUée et Brion , pag* 61
de. hmu Vey€i§e d^ns U ^épariemeni du fUiône , P^risi an IV, ia-8.<*
Le aansée de Ljon qoi aorait dd la recueillir , n'en a qne deux cHchës
en plomb ; mais on ^es amateurs les plus distingués de notre yille ,
M. liambert , la possède en argent , d'une fort belle conserration ;
cUe cet sur on module de iS Hgnes ; on y Toit d'un c6të le buste de
Grégoire XIII , en camail , avec cette légende s greoobiy^ xpi.<PO»T.
:. AM, I.. Au-dessous du buste sont ces initiales : F. ?• Le revers
lequel on lit < YooivoTpRTX ST1U6E8 â57a , ofir^ l'ange e,xter-
minalear , tenant de la main droite une croix , de la gauche un glaive
et ponnuLvant les kognenoCs. ( vojf. sur cette médaille C. du Molinet, .
fiuf. tummofmponi^c» , et Bonanni , Numismata tummor, pontifie.) m
To«t em qui. restait de médailles et d'antiqi)es dans la bibliothèque ,
lorsqu'elle fut visitée , en i8o4 $ par M. Millin , a été transporté
an Palais des Arts , lors de la fondation du musée. La plupart des
livres qne ce savant archéologue a indiqués dans 1» cbap. XXIX de
^ son Voy^in^ df^ns Us déparfemenâ du midi de la France , se trouvent
maintenant dans la bibliothèque de l'école de dessin ou dans cello
dit l'académie x deux petits globes et plusieurs ai^tres objets d'art ,
ainsi que les bustes de Raynal et de Voltaire , ont été rendus À cette
compagnie , en i8a6 et 1897. Le buste de Raynal est en marbre , celui
de Voltaire en plfttre bronxé ; uno flamme dorée sort de sa tète y nth
aalre de son coinr. C'est «rae ndson que Millin > loe* di» y iqpiahfie
ce dernier l>nsle àe ridicule ànuUaere du plus mauvais goiU»
n.
On publiera plus' tard la liste au livtes les plus rares que ren-
ferme là Bibliothèque de la ville de Lyon ; toutefois on cfôit de-
voir signaler dès à pissent quelques-uns des ouvrages que l'on montre
aux voyageurs.
' MAivûscaiTS : des Bibles , des Missels et des Heures de dif-
fércns ègcs ; un 'livre des évaugifes en latin , iii-4«® > flur Vélin ,
qn*£tienne Bahizé, dans sa visite aux jésuites de Lyon, lé i5 juillet
170» f jagea ancien d'enriron 800 Ans -, un Pline , in-fol. sur vélin ,
(472 )
que l'oii croit èltè àvL i4** siècle , et qui a éié cîtv par le P. Ksr- '
dFouin ; un manuscrit indien forme de trente-ane feuilles de pahiner
oà de tallipoty et couvert de tablettes d'iroire élégamment sculptëeff^ '
qne fen M. Delandioe regardait comme très-prëeienz et qu'il com- '
m'ôniqua'à plusîenn sarans Ter ses dans les langues asiatiques^ les-
quels ne parent parrentr à le déchiffrer.
LfmB» mpirni^ ; la Bible polyglotte de Ximénès , r$t4*i5i7 , '
celle de-Walton, LondréSj i657, Pane et l'autre en 6toI. in-fol*;'
la Bible latine de Santé Pagnîno , arec les notes de Senret , Lyon ,
ig4^ , in-fol. ; celle de Séb. Orjphe , Lyon , i55o . 5 toL in-fol. '
la Bible historiée ( on traduction de l'Histoire scolastiqué de Pierre
Comestor, par Gaiart des Moulins ), Paris , Antoine Verard , sana
date , a toI. in-fol. , exemplaire sur Télin arec miniatures ; deux
Missels latins , in-fol. , à l'usage de Lyon , imprimés sur relia à~
Lyon , l'un par J. Alemanus y en 14^7 , l'antre en i5oo , par P.
Ihigar ; un Bréviaire composé par Lonts Xlll , tiré è^ peu d^esLent—
plaires , et qui a pour titre : Parva ihristianm piêtaOs ofiàa per
ehristianùtsUnum regem Ludovicam XllI ardinata ; Parisiis « è
ifpographia regia, i643 p ft roi. in*fol. ; les Chroniques de Firance p
imprimées à Paris pour Anth. Veiard , l'an M CCGC qnatre-ViagU
et XIII f 3 Tol. in-lbl. sur vélin , arec majuscules coloriées et
TTgnettes en noir ; l'Oraison dominicale en cent cinquante langues ,
Paris , t&o5 , in'4*'^ f ouvrage exécuté à l'imprimerie impériale son» •
les yeux de S. 8. Pie VII ; le traité de S. Augustin de Ci¥iiai&
Dei y Rome , 1470 , in-fbl. ; les éditions les plus estimées des Pèrea
4e l'égKse, tels que le S. Basile de 1731-1730 et le S. Jean Chryaos-
t^me de 1738-1738 , tous deux en grand pap.; les œuvres de Luther »
Witteitiberg ^ i55B , 7 vol. iu-fol. , dans le dernier desquels se troave- •
la conférence du fameux réformateur avec le diable, au sujet de*-
l'abolition des messes basses ; le Commeniariuf in BiêcoUcaiGeorgicm "
et Mneidem. ) Virgilu de Servius , publié vers t570 ou i579 » in-fol»
attribué à Mentel , imprimeur de Strasbourg , et cité par Maittaire 9
,AnnaL typographe tom. I , pag. 38a ; le Martial de Roinc » ^47^ *
in -fol. \ les Commentaria linguœ laiinœ , d'Etienne Dolet » Lyon ^
Séb. Grjphe » i536 et i538» a voL in-fol. , édition unique de
cet ouvrage , considérée , sous le rapport typographique ^ comme,
le chef-d'œuvre de Gryphe ; l'Homère de Florence , i488 » in-fol. ,
<^emplaire qui a appartenu au savant orientaliste Âante Pagnino ^
mort à Lyon le a4 août i54t » les deux éditions , la première et Uà
seconde du Pémosthène d'Aide , Venise , 1 5o4 » in-fol. ; le Thncy-
dide d'Amsterdam ^ 1731 , et le Diodore de Sicile de la même ^le ,
(473)
ny4t^ f l*iin .et IT^alre iii-fol. grand papUr ; le Cioâron de d'OIitet ;
Bari«) Coignard et Goéfiii, 17407174» • 9 Tol. grand inr4*®; ^^>
SsUnste-en çspagi^olf Madrid, IJbarra, 177a, in-fol. , &9' i l^&t
Lfuiadea ( os Lusiadas) de Camoëns , Paris, F« Didot^ 1^17 ^
grand in-4-^ » exemplaire donn^ par M. de Sou^ , lequel a fait exë-
cater, à sed frais, cette édition qai n'a pas été miae dans le com-^
merce; le Tacite latin 'poUië par Panckoucl^e (Auspice Corbière),
Paria j a8fli6, in-fol* ; la Detoription de l'Egypte « texte et planches
i|&-ibL , ouvrage qne la TÛle de Lyon.doiit à U nnmificenoe .raynle ) «
1« T JKmg /iÎTre canonique des Chinois ) , PeUng., iuprimeria
iBBjptfriale, i7i&, Tingt-deuz tomes, petit in-fol. , rénnia en dix».
Tolun&es , et couverts d'nne étoffe bleu de roi , etc. , e/c.
BULLETIN HISTORIQUE
DU JHQIS D'AVRIL 1808.
3. «^ .Ordonnance in roî qui aippelle M. Cozpn; jn^
aoditeiir au tribuDal cWil de Lyon , aax fonctiona de con-
seiller anditear à la cour royale de la même Tille,
4. — Les statues de S. Irëntfé et de S. Just qui surmon-
taient autrefois les deux cotes de la façade de Tegllse de
St Just à Lyon et qui aTaient été renversëes pendant la
révolution , Tiennent d'être e'IçTées derechef et placées aa
même Jîeu par les soins de MM. Jes cure et &briciens de
cette ^lise. Ges'nouTellés statues sont TouTrage de M. Le-
gendre-Héral. Elles sont d'une grande proportion , et leurs
sonbassemens doiTe^t être ornés de bas-reliefs dont l'exé-
cution est aussi confiée au ciseau du même artiste.
10. — Le Bulletin des lois , n.® 221 , contient une'
ordonnance du roi ^ du 26 janTier dernier , qui accorde
des brcTets d'iuTention ,
i«^ à MM. Abraham-Henri Bourquin et compagnie ^ mé-
caniciens 9 rue Sirène , n.^ 7, pour une narette niécantque
f ropre. au- tissage^ ' - . . *
(474)-
: ^J^ \ MM. Charles Mallié «t ïlenij Tiémo , fflbncanv
d^ëtéffes de soie , place Grotz-Paquet i pour on battant
mëcanique propre à la fabrication des mbans et antres lissns ^
5.^ à M. François BeanTais , négociant , quai de Retz 9
pour une composition métallique qu'il appelle argjroide >
Busceptible de prendre le poli de l'acier ;
4«® à M. William Strybosch, cbimiste^ rue du Hat^ pour
des procédcfs de fabrication de cbandeHes hnitaatia bougie.
La même ordonnance approuye là cession fattak M. Nant
atné , négociant , quai Bon-rencontre , par M. Chèneyier ,
de son brevet d'înTention pour une machine propre li faire
des clous y dits pointes de Paris , ayant la pointe en formé
de lance , et au moyen de laquelle on peut en frbriquer
8ÎX mille par heure. -— Par une autre ordonnance, un.
brevet d'invention a ^të accordé à M. Maiàiat 9 professeur
de théorie pour la fobrication des étoffes de soie y pour les
procédés à Taide desquels il a exécuté un tissu représen-
tant le testament de Lonis XVI et la lettre de MarTe-
Antoinètte. M. Maisiata aussi obtenue la dernière exposition
du Louvre la première des médailles d'or décernées par le
roi à l'industrie lyonnaise.
' lo. -• H. Morand de JouSrey , procureur général près
la cour de Douai , dont nous avons annoncé la nomination
aux fonctions de procureur du roi près le tribunal civil
de Paris , n'a point accepté cette place ^ qui a été donnée
à M. Billot ^ procureur général près la cour de Corse ^
par ordonnance royale du 6 de ce mois.
II. -* Les ouvriers charpentiers avaient généralement
déserté les ateliers et s'étaient coalisés pour faire augmen-
ter le prix des jouroées.' On a arrêté quelques-uns des
chefs de cette coalition ; et une ordonnance de police
affichée anjourd'bui enjoint à t ceux de ce» ouvrier» qui
sont voyu;enrs et étrangers » de se présenter dans les 48
heures à fai- police ^ avec leurs livrets et Jsurs pas^e^porti^t
( 475 )
et stâtiie , \ regard de ceux qaî , n'a^nt d'antlres moyens
iPexistenoe que i'exercice de leur profession ^ refuseéûeiil
nâmmoins de prendre dn traf?ail ^ qu'ils serooit tenns de
quitter L jon immédiatement , sous peine d'être arrêtés et
pouramyis comme ragabonds.
II. ?— Un Tol de plus de i5a,ooofr. et dont les circons-
tances ont rappelé celai qui fut commis , il j a pkis de
40 ans , dans les comptoirs de MM. Scherer et Fingnerlin 9
alors banquiers de cette TiUe 9 a été fait , la nuit dernière ,,
dans le magasin de M. François-Joseph Beaup « banquier ,
port St. Ckir ^ n.^ 11» Le^ Toleurs ont .ourert plusieurs
portes à l'aide de ^tusses clefs et forcé la caisse ayec un
presson. Us .ont oublié deux sacs de mille francs, entre-
posés par eux , l'na dans le poêle et l'autre sur une banque.
i5. — M. l'abbé Daviers 9 supérieur de la mission des
Laxaristes à Smjme 9 se trouye depuis quelcjues jours à
Lyon y il se rend à Paris , . accompagné d'un {eune homme
appartenant à une de ces familles arméniennes y contre
lesquelles les fureurs de la persécution se renouyellent en
ce moment à Constantinople. M. Dayiers a quitté sa patrie ,
il y a environ 36 ans. Dans le long séjour qu'il a fait en
.Orient^ il a acquis une connaissance approfondie des mœurs
et des usages de cette contrée : ce qui y joint à son carac-
tère y à son âge et à se^ vertus ^ donne à sa conversation
le plus haut degré d'intérêt. Plusieurs personnes ont en-
tendu de sa bouche un récit qui se rattache à notre loca«
lité. Il s'agit de l'histoire d'un prêtre catholique armé*
îiien qoi aurait subi le maityre è Constantinople et dont
la dépouille miortelle aurait été transportée et se trouverait
encore à Lyon. Ce prêtre se nommait Dercomidas. Au mois
de novembre 1707 9 il fat mis à mort à la «réquisition des
hérétiques arméniens j irrités de ce qu'il s'était tuniverti
'au catholicisoie. Sa dmdamnation ne &it toutalbis pro^
nimoée^par le insir- qa'avec- une extrlmeYi^pognanoe. On
(476)
hii tkHDcfaa là tête Ters le 7 noTembrç 9 et' où l'enterra
dans le cimetière ordinaire des Arméniens à Gonstantinople.
Un naTÎre français , partant de cette ville , s'arrêta dernère
les Sept-Tours , à l'endroit oh aboutit le cimetière , et le
capitaine prit à son bord le corps de ce défenseur de ta
foi , exbunië secrètement , à ce qu'il parait , par les soins
et anx frais des PP. Jésuites. Le navire étant henrensemeot
arriyé à Marseille , ce corps fut transféré à Ljon et dë*
posé dans le caveau du noviciat des Jésuites , appelé nai«
son de St-Joseph. M. Daviers assure avoir trouvé ces détails
dans un ancien écrit inconnu aux ÂJhnéniens ^ même h
lenr évéque de Gonstantinople , h qui il le communiqua en
1801 • Tout ce que savent les Arméniens , c'est que le
corps n'eliste pins dans son tombeau , où ils vont cepen-
dant par dévotion et sur lequel il s'est opéré, dit*<m;^
phisjeurs miracles. On cite , entre autres , celui d'une reli-
gieux paralytique qui , s'y étant fait transporter vers 1797^
en revint avec un entier et parfait usage de ses membres.
M. Daviers atteste que depuis il a vu plusieurs fois cette
religieuse qui vit pent-êti^e encore et que du moins il a
laissée vivante , au mois de mai dernier 9 à Gonstantinople.
Des rapports sur ces miracles ont dû être envoyés à Rom^
pour obtenir la béatification de Dercomidas. Le respectable
missionnaire a transmis les renseignemens que nous ve-
nons d'analyser , à l'arcbevêcbé de Lyon j comme autant
d'indices qui peuvent mener )i la vérification d'un fait
intéressant pour cette cité. Malheureusement l'église de
•St. Joseph ayant été détruite et l'emplacement en étant
occupé par une rue , il est presque impossible de retrouvier
le tombeau qui contenait les restes' du saint martyr.
( Article communiqué )•
i6« — * Une ordonnance du roi du ii 5 de ce mois a.nom*
mé pour présider le collège départemental de la Mfîre
f Mpntbrison ) y H. le comtedeBastard d'Estangy.pajjr.de
France ^ premier président de la cowr royale d&Ly^^
( 477 )
. ]8» -— S^avce publique de la Société da dispenssûre ^
dans la jBjille de la bourse , au palais des arts ^ sous la
présidi^ce de M. Ilegny qui a prononcé un discours d*ou«
▼erture. sur les avantages de l'institution et sur les déve»
loppeiyiens qu'elle a reçus. M. Orsel 9 secrétaire , a prë«
sente Je compte moral des recettes et des dépenses de la
société; il a fait un tableau touchant du bien qu'elle à
produit 9 . malgré U modicité de ses ressources. M. le doc-
teur Goulard a tracé les traits principaux de la clinique
dçs médecins du dispensaire , et a terminé son discours
par. Aes considérations sur les avantages de Talaitement
artificiel et sur le projet d'un établissement public où on
le mettrait en pratique.
19. — ' La police est toujours à la recherchâmes auteurs
db Toi commis ches M. Beanp. On assure qu'on a retrouvé
une partie de La somme volée 9 environ 5o,ooo fr, ,. dans
un apparteàient loué depuis quelques mois par des incon-
nus , nte Ghampiei* ; et on espère que cette découverte
procurera celle des coupables. On assure aussi qu'Ain
changeur , sur le signalement qu'on lui a donné d'un in-
dividu qui a pris la fuite lorsque la police s'est transportée
daos la maison de la rue Ghampier 9 a déclare que le
même individu ayait déposé ches lui une somme de
3ooo fr. en écus , à compte de 8000 fr. en or qu'il devait
prendre le lendemain , en apportant le complément de la
somme en argent.
% 20. ^- Le ministre de l'intérieur vient.de faire don au
Musée de Ljon d'un paysage dû au pinceau de M. Bourgeois
et que le gouvernement a acheté. Ce tableau a fait partie
(le la dernière exposition du Louvre.
Le roi rient d'acquérir de M. Revotl ( au prix de 60,000 f. ,
i ee qu'on assure ) le cabinet d'antiquités du moyen âge ,
que ce profetfieur* avait formé au palais St. Pierre. L'iu-
tention du gouvemement est de créer un musée particiftUer
d'aBi|J4ttités nationales oik figurera la collection de M. RevoîK
< 478 )
iit^ *- tîn Toi a été commis ^ la nuit passée) entre
Montlael et Meximieax , sur la malle-poste de Lyon à
Strasbourg^ Les Toleors sont panrentis à monter sur Tim-
.pérîale et ont enlevé une malle appartenant à M. PabM
Maccarthy , prédicatenr da roi , qni quittait Lyon ^ après
y aToir prêché le carême ayec un grand snccès. Cette
malle ne contenant que quelques hardes et les sermons
manuscrits du célèbre orateur , a été retronrée , presque
intacte , dans une terre voisine de la grande route. Les
auteurs du yoI ont ainsi abandonné un butin qu'ils s'étaient
imaginé d'abord d'une plus grande valeur pour eux.
A de pareilleB gens des sermoiu ne vont gaère :
Le moindre ducaton serait mieux leur affaire.
224 «M. M* Couderc , ancien négociant ^ a ^é nommé
aujourd'hui député en remplacement de M. Royer-Collard f
par le collège électoral du* 2.^ arrondidsemétat du Rhdne.
Sur GC5 Totans , il a obtenu 584 "^^^^ 9 ^^^ principal con-
current f M. le baron Rambaud , ancien maire ie Lyon ,
eu a obtenu 235. M. Couderc faisait partie A» la dernière,
chambre des députés.
24. — Mgr. l'archevêque administrateur dàdioc^rse a
conféré à vingt-neuf prisonniers 9 dans la prison de St.
Joseph , le sacrement de confirmation.
Même jour, — La chambre de cominel*ce , dans sa sémee
de ce jour , a nommé M. Laurent Dugas 9 son secrétaire ^
aux fonctions de président ()e cette, chambre en remplace-
ment de feu M. Mottet de Gérando ; et M. Vachon-Linbert
a remplacé H. Dugas dans l'emploi de secrétaire.
25. -*- M. de Corcelles y ancien député du Rhône , a
été élu 9 le 25 de ce mois , député par le collège du 4«^ .
arrondissement électoral de la Seine.
5o. — Le Moniteur cite M. Bonnefond , peintre de l'école
de Lyon , parmi les artistes qui ont obtenu k la dernière
exposition du Louvre une médaille de première classe. .
■mK^m^^^
TilBLE
' DES ARTICXESCONTEirnS DABS CE VOUmE.
r
Abiubgê du procès-Terbal des ■ dëlib^ralions da denseil
général du dëparttnMut du Rkône pendant la session de
18^7 (M. P^AftERoif) ,page .......... 5
Lettre sur les (Euvrés posthumes de BoUéau, etc. ( M. Par-
SBLi.B ),•••.•••«.••«..«• 97
Antre sar le Bitcueildes sceaum du moyen ége , attribué'
à Antoine Bondet , de Lyon ( M. G. N. Ahahton) , S4
Programme des prix proposés par ^académie de Lyon ,
pour i8a8, « S6
Programma des pria pioposés par la société -d'agriciiltnre
poor i89i, ••••••• «•• 4^
liste des députés des proYinces de Lyonnais > Forez et
Beaa)olai6 , etc. d^ois 1789 jasqu'en i8a7 înclusiTe^ 4^
ment(MM. B. et M. D. y. ),. . ..... . .
Obsenratoiie de Lyon, Eclipse du 3 noy. i8a7 (M. Clerc) 54
FonrWères, élégie (M. F. COfQiiST) , . • i • • . 55
Mélanges y... •••••., « 66
Bolletin hibliograpliique , « 6a
Bulletin historique du mois de noTembre 1S97 , . • . . 69
£3sais historiques sur la rille de Lyon , L^ article , . • 8t
Notice sur le P. £mond Auger , iésuite ( M# P.* }* - • • « ' toi»
Héfleûons sur robligation par les sociétés sayantes de
publier leurs trayaux ( M. Parât ) , i^%
Kotice sur le collège royal de Lyon ( M. Kabamis ) 9 • • laj
Aenseignemens sur la paroisse de Vaise , donnés en 1697 ,
etc. ^ ...... • • i4k
Noies sur l'origiiie des fioires et du tribunal de la Conser-
yation de Lyon ( M. M. D. Y. ) ^ r • i45
Lettre sur la patrie de Bicbat ( M. F. A. PiG ) , . . i5o
I^on au XIV.« siècle. Estsait de VHisioire des Français ,
etc. j par M. Montsil , • . • • • . « • i5i
MéUnges, ^ .. • . i54
BoUetki. bibliographique , i57
Bulletin historique du mois de décembre 1827 »... i58
(48o)
I)e rOrigine âes ^trennes , par Jacob Spon , i6c
Poudrière de Lyon, ••....•.• i83l
lïotice sur Julienne Morell , ••••• 186
Manofactures de soierie , ••• 190
Notice aar J. B. J. Bosoary de ViUeplaine ( M: Pâsseron ), • 195
Essais historiques sur Lyon 1 etc. II.* article ^ • « • • a 10
Liste des dëpntës de Lyon aux états->génëraux du royaume
( MM. B. et M. D. V. ) t «^
Bulletin bibliographique ,••••••••••• s3t
Bulletin historique du mgis de janTÎer i8a8 , . • • • aïj
Essais historiques sur Lyon, etc., ni.« article, . •• • «4^
Notice sur Amëlie de Montepdre ( M. BjiEGDOT ) , • • a6o
Communautés religieuses de Lyon ( M. M. D. Y* ) , • • a67
Biographie uniTcrselle , extrait ( M. Bbeohot ) , • • • 27»
Orme plante anciennement sur la place des Minimes à hyon 976
Dissertation sur la propri^ litlér^re et la librairie .che«
les anciens ( M. F.-A. PiG ) , 978
La Charité , bas-relief , par M^Legendre-Hëral (M. Plfl-
8EBÔN )»., 994
Vers sur TUfr-Baibe (M« Camille Boniter ), • • . . 3oo
Mélanges , , Soi
Bulletin bibliographique, • 309
Bulletin historique du mois de férrier i8a8 ,••»•• 3t5
Essais historiques sur Lyon , TV.« article , . • 3a &
Notice sur les armoiries de la Tille de Lyon ( M» Brzgbot ) 337
Notice sur François de Majtdelot ( M. Pericauo aiké) , 348
Lettre de M. de Précy relatiye à Thistoire du siège de Lyon
en 1793 , • 58&
Autre d'un anonyme sur le même sujet , 38S
Bulletin bi|>liographique , . • . • ZSg
Bulletin historique du mois de mars i8a8 , SgS
Essais historiques sur Lyon , V«* article, ^t
Lnprimerie lyonnaise ( M. Breghot )..••.... 4^0
Thomas Morus , tableau de M. Jacqnaiid ( M. PiUMEBON ). 4*^
Notice sur M, Hénon ( M. Grognisr ) 4^
Lyon en i789 , extrait du Toyage d'Arthur Young* . . 434
Mélanges , • . . • 44^
Bulletin bibliographique ••• 4^7
BiUletin historiquff du mois d'ayril i8a8 •.•••• 4? 3
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pu DÉPARTEMENT DU RHONE.
tTcaùà^aue^ ae ce ^^^r/emenà
•;
Et pius est , patris (acta referre , labor.
Ovin. Trisi. H , 3a3.
TOME VIIL
DU 3o AYBIL AU 1.^ NOVEMBRE l8a8.
LYON ,
J. M. BiR&ET , IMPRIM EtTB-LTBRAIRB 9 PALAIS DBS ARTS 9
jH^me y.e BAAREAU > RUE ST-DOMIPflQUE \
PARIS ,
M."^ RUZARD y LIBRAIRE , RUB DE L^ÉPEBON ^ K.^ 7 5
AVDllV I LIBRAIBB j <^UiJ OCS AUGVSTIlfS.
VU DGCG. XXYIII.
ARCHIVES
Ki^toiciduerf et otati^tidue^
DU DÉPARTEMENT DU RHONE.
STATISTIQUE.
Essais historiques bvlt la Tille de Lyon , oa description par ordre
alphabétique des quartiers, places, raes et monomens de cette
Tille.
( VI.« Article ).
Additions et corrections à Tart. âugustins {quoi des).
Il s*est glisse quelques erreurs et quelques omissions
dans Tart. Augustiits ( guai des ) , inséré dans le tom*
précédent , pag. 401 et suiv. Nous nous empressons de
les relever.
Pag. 4oS , au lieu de cette phrase : il serait à désirer
que ce défaut fût corrigé par Temploi d'un nouveau
système de décoration , lisez : On a cherché à corriger
ce défaut par un nouveau système de décoration : on a
peint dans le dôme une Ascension. Cet ouvrage exécuté ,
en 1826, par M. Frédéric, d'après une gravure faite
sur les cartons de Mignard, annonce quelque talent.
Malheureusement Ton a de la peine à reconnaître la
même main dans les quatre évangélistes qui sont peints
(6)
sur \e$ pénâeiftifs et dont le dessin est lourd et sans
noblesse. Le reste de Tëglise a subi aussi de fâcheuses
innovations. Le plus mauvais goût a présidé à tout ce
qu'on a fait. Il semble que les peintres n*aient point eu
assez de couleurs sur leurs palettes pour satisfaire le
caprice bizarre de ceux qui les ont mis en œuvre. Le
genre de Tédifice demandait une teinte égale et bien
choisie. Non content d'avoir employé une profusion de
couleurs disparates , étonnées de se trouver ensemble, on
est allé jusqu'à peindre en marbre des colonnes de pierres
de choin frustes et' à peine terminées. Quel est l'étranger y
tant soit peu familier avec les arts, qui , visitant cette église»
n'oublierait qu'il est dans la seconde ville de France , et
ne se croirait tout à coup transporté dans une 3e ces
nombreuses églises de Savoie barbouillées de toutes les
couleurs que prodiguent sans discernement les artistes
italiens de nos jours? Ce h*est pas tout encore: si le
mal s'était borné là , le remède serait facile ; mais on a
osé attaquer le monument lui-même ; on a achevé de
dénaturer le plan de* l'architecte ,• déjà altéré par le trop
de saillie donné à la tribune destinée à l'orgue y en
ajbutant une seconde tr9>une au-dessous de ceHe^i ,
espèce de soupente qui , coupant en deux la colotuiade
du fond \ interrompt et détruit tout lé système de l'édi-
fice. Lorsque les paroisses se livrent aux dépensés qu'exil
gent de pareilles restaurations , elles ont recours à la
caisse publique. Comment arrive-t-il- donc que l'admi-n
niétration qui doit se faire rendre compté , - souffre ^ue
les fonds qu'elle fournit pour réparer 6u embellir les
moriumens qui font honneur à la cité , soient employés
à les défigurer ^ d'une manière aussi choquante ? hèi
deux chapelles qui accompagnent le grand autel , etc.
(7)
' Même fAge, ligné ^6, au Ueu âex définie, Usezi\
dessinée ^ et ligne 2% y au Ueu dt\ ne saurant 5 Ustz :.
ne sauraient*
• • •
Bblu ConDiimi (fue). Cette rue qui prend son etitrée^.
du c6të du midi > par la place Lëviste , et qui va aboutir à
la rue Confort , contient , d'après le dernier recensement 9
36 maisons 9 269 mënages , i436 indiyidus, gZ ateliers
et 235 métiers d*ëtoffes de soie. Ce ne fut pendant
long-temps qu'un diemin étroit qui servait à la desserte
de quelque^ maisons isolées et de quelques fonds en yi^es
et jardiné , qui étaient situés dans ce canton. Les Jacobins
y avaient un enclos de vigne. Le passage n'a été élargi y
à œ qu'il parait 5 que durant l'occupation de Lyon par
les protestans , en 1 56a : on fit alors , de toutes parts ^
des ouvertures au clos de Bellecour , propriété particu*
lière , qu'on transformait en place publique. On donna
d'abord à la nouvelle rue 9 le nom de rue neuçe de
Qm/orty puis celui de rue ou ruelle. Régnier , et seule-
ment vers la fin du seizième siècle, le nom qu'elle porte,
actuellement.
Le ad des rues Belle Cordièce et Bourgchanin , qui.
sont parallèles , est un des plus bas de la ville et des
plus exposés auK inondations par les infiltrations sou-
terraines du Rbône* La longue stagnation des eaux:
dans les caves de ces deux rues , aux mois de janvier et,
de fèfrrier iSa3 9 époque d'uii débordement simultané du
Rh^oe et de la Saune , produisit dans le quartier une.
e^èce d'épidémie qui fut des plus meurtrière*
. Ces^dâuçis la maison dé cette ru^^ qui. porte le.n»^ i4 »
fue les Israélites., de Lyon ont leur synagogue, • --
Les bureaux de lacadémie provinciale sç trouvaient
( 8 )
aussi Jans cette rue. On sait que cette association , foraine
en 1826 par les rédacteurs du journal de YIndépendaniy
MM. Morin, Charles Durand, De Loy, etc., était un
projet de ligue des départemens pour s'opposer au mono-
pole de l'esprit et des lumières que s'arroge la capitale. La
société devait se composer de cinquante membres ayant le
titre d'académiciens , de dix memibres ayant celui de mem-
bres du comité des beaux-arts, de cent correspondans ré-
sidant dans les départemens de la France ou à l'étranger^
et de mille souscripteurs qui auraient eu le titre d'associés*
Ce n'est que par des publications que l'académie provin-
ciale devait agir, et elle correspondait avec tous ses mem-
bres par son journal et par ceux des départemens. Elle
comptait publier douze volumes par an , choisis parmi les
manuscrits qui lui auraient été soumis par les sociétaires.
M. de Chateaubriand avait été nommé président honoraire
et perpétuel; M. Charles Nodier, président annuel;
M. Charles Durand, secrétaire. L'idée était bonne; mais
l'exécution n'y a pas répondu , et à peine une année s'é-
tait-elle écoulée depuis sa création, que la société provin-
ciale a cessé d'exister avec le journal qui lui servait d'or-
gane. M. Morin semble avoir voulu essayer de la faire
revivre, en publiant, tous les mois, un recueil pério-
dique, in-8.^, sous le titre de la France provinciale;
mais il n'a donné que deux numéros , ceux de juin et de
juillet 1827.
La dénomination de la rue Belle Cordière lui a éié
imposée par l'usage , et non par l'autorité municipale ;
elle rappelle la mémoire de la célèbre Louise Labé , dont
le mari , Ennemond Perrin , riche marchamd de cor-
dages , possédait sur cet emplacement , vers le milieu du
(9)
seizième -siècle , un jardin (i) et une maison. Cette maison
forme aujourd'hui Tangle orientale de la rue Belle Cor-
dière et de la rue Confort. Ennanond Perrin , mort en
i565 , la laissa à sa veuve , qu'il institua son héritière ,
et celle-ci la dëgua , à son tour , à deux neveux de son
mari , Jacques et Pierre Perrin , en leur substituant
Taumône générale dans le cas où ils mourraient sans
en&ns. Par TefFet de cette substitution , Timmeuble
entra dans le domaine des pauvres. ' Vendu à un sieur
Berthier , conseiller au parlement de Grenoble , il passa
ensuite à un sieur de Courtine , puis à Louis Dupré ^
marchand cartonnier. Il est resté long-temps dans la
Emilie de celui-ci ; car ce n'est que depuis deux ou trois
ans que l'aliénation en a été faite par Madame Ravier du
Magny y épouse de M. le président du tribunal civil de
Lyon , et fille de feue Madame Tavernier , née Dupré.
Les propriétaires. actuels l'ont fait presque entièrement
(t) Un pen plos haut que la plaine
• On le Rone impetueus
ïjnbrasse la Sone humaine
De ses grans bras tortueus ,
De la mignonne puceile
Le plaisant jardin estoit , etc.
Ainsi commence la description du jardin de la Belle
Cordière dans une pièce anonyme à sa louange , imprimée
à la suite de ses œuvres. Il faut lire en entier cette des-
cription , morceau plein de fraîchear , de grâce et de
poésie. C'est là que sont désignées trois fleurs sous des
dénominations inconnues des botanistes modernes y les
nuisUs 9 les brunettes et les damas , et un arbuste 9 que le
poète appelle le cervertn ^ qui ont fourni dernièrement le
SDJet d'une discussion intéressante*
Cio)
reconstruire. Il jr a grande apparence qna ce n7est pas la
première fois qae cette maison a ëté rdiâtie depuis
Tëpoi^e où! elle appartenait à Louise Labë.
, Louise Charly^ dite Labé^ qui dut le surnom de
Belle Cordière aux charmes de sa personne , a laisse un
nom distingué dans les lettres. EUe était fiUe d'un cordier
qui possédait une fortune considérable et qui lui fit
donner une brillante éducation» Elle naquit en ii25
ou i5^» Douée d*une imagination ardente 5 a^de de
tous les .genres dé gloire ^ elle suivit ^ en i^K^j igée
d*enYiron seize ans 9 l'armée de François L^' (0 au siège
de Perpignan , où la firent remarquer sa bravoure et
son intrépidité 9 ainsi que son habileté et sa ^ràce
à monter à chevaL Elle s'était déguisée en homme , et
on l'appelait au camp le Capiiaine Loys. De retour à
Lyon , elle y épousa Ennemond Perrin. Sa maison de^r
(r) Quelques auteurs 9 tels que Poullin de Lumina ,
Ahr. chronoL de Phist. de L(yon , pag. 186 9 M. Fortis 9
Voj'oge pittoresque à Lyon y tom. I, pa^. 210 et 2 12 9
M. Jal, Résumé de Vhist. du lyonnais ^ pag. 24^9 etc. y^
disent que Louise Labé fut présentée à François 1.^9 pas-
sant par Lyon pour se rendre à Perpignan 9 et qu'elle
charma, tellement ce prince 9 ami des lettres et du beau
sexe , par son espHt et par sa beauté9 qu'il lui pertfiit de >
suivre la cooi: ; mais, ce sont \k des parUqulavités qui ne
se trouvent confinnéqs par aijicun document historique ^
et qui paraissent avoir été inventées à pbusir. Il en est dq
ni^me de quelques autres circonstances rapportées par
M. Portis dans l'endroit que nous venons de citer 9 où ,
suivant son usage 9 il use largement du privilège accordé
par Horace aux peinti*es et aux poètes.
(il y
Vint bientôt le rcndcii-vous de tout ce qu'il y ayait de
personnes recominandables dans la cité par le rang
qu'elles y occupaient , oU par leurs goûts littëtaires.
Mauriee SèVe , alors célèbre comme poète et tomme chef
d'une ëcole poétique , âittî et patron de Marôt , avocat
et édieTin , appartenant à une illu^^e fanriHe piémon-^
taise dont une branche s^étah établie à ' Lyon , un des
hommes lés plus considérés de cette ville ; Claude dé
Tailtemont , qui fut aiissi échèvin , et qui pareillement
cutlivaif les lettres avec beaucoup dé distinction ; Gabriel
de Saconay , comte et précenteur de l'église de Lyon \
dateur de plusieurs ouvrages estimés; Gémence dh
Bourges , la perU des damoisèltes lyonnaises , suivant
^expression de du Vetdier , etc. etc. , étaient les prin-
dpaux ornemens de ces réunions , où Ton admettait
eticore les savans et les littérateurs étrangers qui sife
rendaient en foule dans nos murs pour y surveiller
l'impression de leurs écrits. L'imprimerie de Lyon était
en ce temps-là très-renommée ; les Sébastien Gryphe
et les Jean de Tournes l'avaient élevée à un haut degré
de splendeur, et c'est vraiment alors plus qu'à toute autre
époque^ qu'on voyait couler, dans les remparts de cette ville,
Les ondes du Pactole et les eaux du Permesse.
Une bibliothèque nombreuse décorait le cabinet de
Louse Labé. La musique où elle était fort habile , et
diagréables banquets auxquels elle présidait avec beau-
coup de grâce *, Catitaient chez elle une aimable diversion
aux devis littéraires. En un mot , comme l'a dit un de
nos collègues , on . peut regarder les assemblées que la
Belle Cordière tenait dans sa maison , comme le type
de celles qui depuis ont illustré le siècle de Louis XIV.
(ta)
tiouise Labë savait le grec , le lalm , ritalîen , Tespagnol.
On se fait aisément l'idée du charme que devait répandre
autour d'elle une femme qui réunissait à une éclatante
beauté la vivacité et les grâces de l'esprit le plus heu-
reux et le mieux cultivé. Ses mœurs respectées , célébrées
même comme pures et irréprochables par les auteurs
qui orit vécu en même temps qu'elle , et qui l'ont habi-
tuellement fréquentée , n'ont été attaquées que sur la
foi de du Verdier et de Rubys qui ne l'ont pas connue;
Ces' deux écrivains et ceux qui se sont faits leurs échos ,
nous la représentent comme une courtisane , comme
une nouvelle Léontium , comme la Ninon de Lenclos de
son siècle ; mais elle a trouvé d'ardens défenseurs dans
les derniers éditeurs de ses oeuvres : car elle a composé
des oeuvres qui furent publiées de son vivant et l'ont été
plusieurs fois depuis : elle y chante , il est vrai , l'amour
avec des expressions enflammées j mais qui* peut assurer
que l-objet dé sa passion ne fût pas ce même Ennemona
Perrin qui était alors ou qui devait être un jour son
époux ? ou pourquoi n'aurait-elle pas eu un amant ima-
ginaire , comme les poètes célèbrent des Iris en tair^ des
Phyllis , des SyhU qui n'ont jamais existé (i) ? Ce qu'il
y a de certain , c'est qu'à moins d'adopter l'une ou
l'autre de ces opinions , on * est réduit à Timpossibilité
absolue d'expliquer les éloges que lui donnent plusieurs
poètes de son temps , qui vantent à l'envi sa i^ertu , sa
. pudeur , sa ùhàsteté : éloges qu'ils n'eussent jamais osé
proférer , et qui se fussent convertis dans leur bouche
(i) Cette conjecture se trouye déjà daus les Recherches
sur les théâtres de France , par de Beauchamps , Paris j
1755, 5 vol, in-12 9 tom, I, pag, 354«
< IJ )
eft reproches ironiques § en outrages sânglans , si la
personne à laquelle ils s'adressaient , eût été une femme,
notoirement perdue de débauche , ou seulement une
femme dont la réputation aurait été tant soit peu équivoque*
Le recueil de ses ouvrages > dédié à Clémence de
Bourges j consiste en une petite comécUe en prose , in-,
titulée le Debai de Folie et d* Amour , ingénieuse fic-
tion , fable charmante , admirée par Voltaire et imitée
par La Fontaine ; en trois Elégies , tendres , touchantes y
passionnées ^ pleines d^heureuses réminiscences d'Ovide ,
de TibuUe et de Properce ; et en çingi-quatre Sonnets ,
dont le premier est en italien , et dans lesquels , comme
la observé tout récemment un critique , on reconnaît
sans peine 9 . à la douceur et à la pureté des sentimens
^ de l'expression , que la Bdle Cordière soupirait non
loin de la patrie de Laure.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur labiogra-
^ie de Louise Labé ,~ que nous ne pouvons tr^ter ici
qu'accessoirement ; mais , en considération de la place
remarquable que cette femme occupe dans nos fastes
littéraires et de l'honneur que sa naissance fait à la ville
de Lyon , à laquelle notre ouvrage est consacré , on
nous permettra d'indiquer , dans une note , à ceux de
nos lecteurs qui voudraient approfondir un sujet aussi
intéressant 9 dijBTérentes sources où ils pourront puiser
des notions plus étendues et plus complètes , et d'entrer
en même temps dans quelques détails bibliographiques
sur les éditions des œuvres de Louise L^bé , qui ont
paru jusqu'à ce four (i).
(i) Le premier ouvrage à consulter pour la biographie
de la Belle Cordière , est le Discours sur la vie et les ou--
c 14 y
. La yUle de Lyon est fière , avec tvMfi 9 d'avoir ^té-
lé beroeau de Louise L^bé , comme autrefois Mytilène
orages de Louise Labé^ Z^onnoise (par M* Charl^s-Josepk
de Ruols C) 9 de l'acadëmie de Lyon ), Lyon , Aimé Deia-
roche ^ 1760 , in-ia de 65 pages \ le second est la Notice
sur Louise Lahéf par M. Cochard , à la tête de l'ëditioD de
ses OBQTves, donnée en 1824^ et dont nous parlerons l^ien-
tât; le ti^oisième et deraier est le recueil des Archi9es his-
toriifues et statistiques du département du Rbàne , dont il ,
est peu de n.^' qui ne contiennent quelques renseignemeus
spr Louise Labé. G!est ainsi qu'on trouye dans ce recueil ,
tom. I , pag. 35-469 une copie de son testament , date du
28 avril i50Sy pièce importante et qui était restée inconnue -
à. nos historiens dont elle peut servir à rectifier* les asser-
tions sur plusieurs points C^*) ; tom. Il , pag. laS-iaS 9
une lettre sur deux anciennes éditions de ses iieuTres. >
tom. III 9 pag. 160 9 son épitaphe.9 par |I« Pericaud aîné; N
ibid. pas. 47^9 un article sur son portrait lithographie 9 à
Lyon 9 par 1^. Jleverchon, et à Paris 9 par M. Serrur, et
pag* 47^48<> 9 des notes sur ciaq plantes cultirées dans
son jardin 9 par MM. Vallot et Thiébaut de Beme.aud ;.
tom. lY, pag. 217-220 9 une lettré sur un passage de Fan-
cien poète français 9 Guillaume Crétin 9 que l'on ^arait eni
•
{*) Né à Lyon le i4 noTembre 1708 » mort le iQ juillet 17^6 , en
f rayersant la rinère d'Ain qui avait groui subitement, et en se jetant
à lat&age pour sauter sa femme et son frère qui périrent ' arec lui. Il
était conseiller à' la cour des monnaies. H a oampttsë pour l'acadénie
un asses grand non^re de mémoires et de dissertations* L'ahbé
Pernetti , Lyonn. dignes de mim* » tom> IX» pag* 4oi , -se trompe pi
disant que nous n'avons de lui d'autre ouvrage in^irimé que sa disser-
tation anonyme sur Louise Labé : le Journal de Trévoux , septembre
A748 , nous a conserré des Recherches historiques et tofiûgraphiques
sur ks villes d^Her cutané et de Pompéie , qu'il avait lues dans les
séances académiques des 11 novembre 174? et aS avril suivant.
(«*) Ct testament a élë réim^mé à- paît.
( i5 )
êe' vantait de. ce qu'elle avait ëtë la patrie - de ^pphô , el
comBie aujourd'hui Toulouse se rappelle avec orgueil
rektif à toivbeLàbé, éX pag. ^aa-SsB^ vue s^aoade lettre
•or des vtes de Clémei^t Marot , qui paraisient la t^oncer*
ner^tom. Y, pag. 11-14^^ 99, une q^mpsuraison de seo
IMol de Fàlic içt . tFjimour avec ua' pome de Wiélaud ^
pv feu. M^ le eoBotte François de Neufeliâleini ; tem. YI »
pig. 4371-458 9 un jugement porté sur elle dans le Fort
ùnucpugnakk de Vhonneur fémnin f par François de BUloOf
imprimé en i555; lom.YU, pag. ^66-267, une note anr
trois sonnets encore inédits qu'elle aurait eeinposés en
rhonneur d*Amëliç de Montenclre , suivait les éditeurs de
GlotUde de Surville ^ et pag* ^inffiS, Un article commu*
lûqaé par un anonjme et destiné ^ réfuter un passage de
la Gmzette unii^erfeUe de I^on 9 oà Ton blâmait Tàutorité
municipale de ee qu'elle avait commandé à M- Fojatier^
pour la galerie des Ljonnais célèbres fondée par feu
M. Grognard 9 un buste en marbre de Louise Labé | ^ut à
figue à la dernière, exposition du Louvre ^ etc. , etcw 4 etc**
Laplopart de ces morceaux ont été réimprimés dans les>
Lettres I^rtmnaisesj Ljon ^ 1826 9 in-A.^ et dans les Mé*»
tenues sur Lfyou 9 extraits des Archives dm fi&(6te« Ce sont
autant de supplémens aux notes qui aecompagneftt Véài^
tkm des œuvres de Louise Jjsbé 9 4a i8a4*
Les éditions qui ont été faites de oes œuvres , suivies
des vers è sa louange par divers poètes de son temps 9
sont au nombre de septé Les tlKiis premières sortirent Ae^
presses de Jean de Tournes 9 en ^i 555 .et i556 , pet ln«-8.^f
la quatrième est celle.de Rouen^ Jean (savon, f556^ in-jt6^
la cinquième a pem è Lyon 9 chez les firères Duplain , en
1762, ia-ia 9 et Sat ^imprimée par Aimé Delai^ehe ; la
sixième a été publiée à Brest 9 chei Michel ( impriment et
ëditenr).} en aSiS» in-8.^, et la septième, è Lj^an^ cbes
Durand et Penrin, en xfla4f. natinc fîManat. .
( î6 )
quelle a vu nâttre Clémence Isaure. Ce sotit là dêâ
gloires , pour ainsi dire , populaires ^ et qui ne sont que
Cette dernière édition et celle de 1762 sont des mona-
mens ëleyës à la gloire de Louise Labë par quelques-ans
de ses compatriotes «
L'édition de 1762 fut donnée par MM. Jaeques-^-Ânnibal
Claret de la Tourrette de Flenrieu 9 ancien préTÔt des
marchands $ président honoraire à la cour des monnaies
et secrétaire - perpétuel de l'académie de Lyon ^ l'abbé
Antoine Lacroix, grand obéanoier de St-Just; le P. Dumas^
bibliothécaire des Cordéliêrs ; le P. Janin ^ bibliothécaire
des Augustins ; Jean-François Tolozan , premier arocat-'
général à la cour des monnaies ; Biaise Desfoars , conseiller
à la même cour ; RuflBier d'Attignat , trésorier de France ;
Bollioud-Mermet, de l'académie de Lyon , et Pierre Adamoli|
maître des ports , ponts et passages de la rille et du gou--
Ternement du Lyonnais 9 Forez et Beaujolais. • Ce dernier
fut chargé du soin de diriger l'impression qui fut faite snr
un exemplaire de i555 , fourni par M. de Flearieu. Les
dessins des gravures qui ornent cette édition ^ tirée au
nombre de SsS exemplaires 9 avaient été la plhpart , quel-*
qnes années auparavant , esquissés par M. de Lamonce ;
M. Nonnotte, peintre de Lyon, membre de l'académie et
frère du fameux abbé Nonnotte ^ l'antagonisl^ de Voltaire 9
les retoucha , mais ils furent mal exécutés par le graveur
de Paris , nommé Daailé , dont le burin manquait de force.
L'édition de 1824 est due également à une société d'ama-
teurs et de gens de lettres lyonnais, appartenant presque
tous à la magistrature f au barreau , à l'académie et aa
cercle littéraire. On voit figurer à la tête de la liste hono-
rable des personnes qui ont fait les frais de l'impres6i«>ii
et qui ont partagé les exemplaires , MM. le vicomte Panltre
de la. Motte , lieutenant-général , commandant la 19.® di*
vbion militaire^ .le :comt^ de . Bastard d'£stang , preoùeF
( 17 )
plus flatlMfies. Le nom que le peuple lyonnais a donri^
à la rue qui est le sujet de cet article , est une de ces
marques de souvenir qui. recommandent encore plus les
individus qui les obtiennent que ne le font. les éloges des
savans et les honneurs décernés par les princes. Il est vrai
que c est à sa rare beauté que Louise Labé semble , au,
premier coup d'œil, devoir la place distinguée qu'elle
conserve dans la mémoire de ses compatriotes ; mais si
président de la cour royale de Xyon , pair de France ; le
comte de Brosses , préfet du département du Rhône ; le
baron Kambaad, maire de Lyon ^ les membres de la chambre
de commerce, représentée par son président M. le chc'^
talier Mottet de Gérando , etc. Des ecclésiastiques , des
conseillers li la conr , des membres des tribunaax , des
avocats, des médecins , des négocians , nne damé (M.'^® de
Sermézy) , etc. y complètent cette liste qui se compose de
4a Booscriptears dont chacun a eu 2p exemplaires. On
trouvera dans les Archives du Rhône , tom. I , pag. 77 ,
l'indication des divers papiers sur lesquels l'édition a été
tirée. Les éditeurs ont placé à la tête du volume un Dm-
ïogue entre Sappho et Louise Labé^ par M. Dumas, et nne
Notice sur Louise Lobé ^ par M. Cochard, accompagnée de
notes par M. Bregfaot du Lut , leqnel a dirigé l'entreprise ,
coUationné le texte avec celui des éditions précédentes ,
et rédigé le conunentaire qui va de la page 1 55 à la page
236 1 et le Glossaire de Louise Labé qui remplit les pages
257-322. Le volume est terminé par des additions et cor"
Tections et par la liste des souscripteurs.
Nous avons cru devoir, par l|ss motifs indiqués plus
haut, consigner ici ces détails historiques et bibliogra-
phiques dont nous garantissons l'exactitude, et que Ton
l'on ne pourrait trouver aussi complets nulle autre part.
Tome rilL '\ '
elle n'eût Aé que belle , on ne ébnnàilrait aujourd'hui
que son sdrnom , et Pon âe demanderait avec une sorte
d'indiflE^rence ou de vaine curic^itë quelle était cette
Cordière dont les charmes avaient ^té un instant les
regards de ses contemporains. Ce sont seslaléns, ce sont
les imivres qu'elle a lais&ëes , où elle s'est tnoiitrée supé*
l*ieure à son siècle, et où brillent le naturel, la dëlicatessè,
k grâce , une sensibilité vraie et profonde , une riante et
fertile imagination , qui l'ont garantie de l'oubli et qui
.lui assurent des titres solides à l'estime de la postérité.
La rue Belle Cordière peut aussi s'honorer d'avoir vu
naître un homme qui s'çst acquis de la célébrilé par ses
talens. Charles Bordes (i) y vint au monde le 6 septembre
171 1. On sait qu*il fut l'ami de Voltaire 9 et on connaU
ses relations intimes avec J.-^J. Rousseau dont il devint
ensuite l*antagoni$tç dans la fameuse dispute sur la ques-
tion proposée par l'académie de Dijon sur l'influence des
lettres et des artsi II écrivit en prose et en vers , et il
fuf , suivant l'expression de M. Barou du Soleil (2) ,
l'un" de ces littérateurs distingués que les provinces
opposent* avec orgueil aux prétentions exclusives de la
capitale. Plusieurs de ses ouvrages parurent de son vi^
vant ; mais le recueil n'en a été publié qu!en 1 783. ,
deux ans après sa mort (3) , pair un de se^ confirèrijes à
l'académie de Lyon , l'abbé de Cftstillon , vîcaîre-géiiéral
(i) Il signait ainsi » et cependant Tacte de son baptÂme
et celui de son décès portent , Tnn et l'autre , Borde s«ns
s. \qj. Archii^es du BhSne^ t^m. I , pag. Sa, noL t.
(2) Éloge de M. Prost de Boyer^ ( Lyon ) , 1785 , iti-8.%
pag. 19.
(5) Arrivée le i5 février 1781.
( 19)
de M. de Montazet. M. l'abbë Guillon de Monilt^on fit
paraître en lySS , sous le titre de Tribut de Pamiiié à
la mémoire de M. Borde , un ëloge intéressant de son
ami ; et M. Pericaud aîné lui a consacré une notice
biographique, qui a ét^ insérée dans le tom. ! dés Ar^
chiçes du Rhône , pag. 52 et suiv. , et réimprimée
séparément. Le. recueil périodique que nous venons de
citer , contient en outre , tom. III , pag. 4o-47 y 1« dis-
cours de Bordes à sa réception à Tacadémie de Lyon ^
prononcé le 27 avril 174^ 9 et qui , au moment de i^ettê
insertion 9 était encore inédit. Ce fut Bordes qui , eh sa
qualité de directeur de la même compagnie, complimenta
Voltaire , dans la séance publique du 26 novembre 1754.
Ce discours , pareillement inédit 9 se trouvera à la page
61 des Mélanges sur Lyon , actuellement squs presse ,
et figurera sans doute dans \ Histoire de t Académie de
hjon , que M. Dumas est sur le point, de faire paraître.
BsLi^vDS' (rue). Cette rué est tout à fait nouvelle, ^
le nom' provisoire qu on lui a donné, fait allusion à sa po^
sition sar la seconde montagne de Lyon» entre les deux
fleuves 9 et rappelle le magnifique point de vue qu*on y
découvre. C'était , il y a peu d'années , le chemin de ronde,
aa-dessus du rempart tendant de la barrière de la Croix-
Rousse à la barrière des Chartreux. On y compte déjà 5
maisons, 68 habitans, 38 métiers et 19 ateliers de soie-
ries. C'est dans un dos attenant à cette rue que M. Pitrat
a entrepris la construction d*un monument qui sera peut-
être unique en France, si ce riche propriétaire vient à
bout de 1 élever au degré de hauteur qu'il se propose de
lui faire atteindre. Il s'agit d*une tour destinée sans doute
à servir d'observatoire, qui a déjà environ 100 pieds de
haut, mais qui doit en avoir 3oo, de telle sorte qu'ache-
V
( 20 )
Tëe^ elle surpasserait de près de 120 .pieds la sommité du
clocher de Fourvière (i). Ce projet est vëritablement gi-
gantesque, et même, selon quelques artistes, impossible à
conduire jusqu'à sa fin, parce qu*on n*a pas donné, en je-
tant les fondemens , assez de largeur à la base de cette
tour qui , du reste , sera le pendant d'un autre édifice du
même genre , mais moins élevé , l'antique tour de la
Belle Allemande, située aussi sur la montagne de la
Croix-Rousse (2).
(i) V07. jirchiv. du Rhéne^ tom. VI , pag. 38i*385.
. (2) La manie de bâtir, ou comme on l'appelle Tulgai^^
rement , la maladie de la pierre , n'a jamais été plus com-*
m une à Lyon que depuis quelques années. Nous engageons
ceux qui en sont atteints à méditer le passage suivant d*an
auteur latin du moyen âge , dont nous déclarons toutefois-
que nous n'entendons point faire l'application à M. Pitrat:
Si vis œdificare domum , le inducat nécessitas , et non
voluntas. Cupiditas œdificandi cedi/icando non tollitur,
Ifimia et inordinata œdificandi cupiditas exspectat cedifi~
ciorum vénditionem. TURRIS compléta et arca evacuata
Jaciunt , sed tardé , hominem sapienlem. u Si tous voulez
9> bâtir , que ce soit la nécessité et non la passion qui
9» vous y porte. L'envie de bâtir ne s'éteint pas en bâtissant.
y> Quand on pousse cette manie jusqu'à la fureur , on doit
99 s'attendre à voir la vente de ses bâti mens. Une TOUR
99 achevée et le coffre vide rendent l'homme sage , mais un
99 peu tard. 99 On conviendra que Salomon, dans les pro-
verbes duquel on trouve quelques mots sur le même sujet,
li'a rien dit de meilleur ^ mais il y a un texte plus res-
pectable encore contre ceux qui bâtissent sans avoir préa-
lablement examiné si l'entreprise n'est pas au-dessus de
leurs moyens , c'est la célèbre parabole de l'évangile selon
S. Luc, chap. 14 , V. 28 et suiv., que nous ne craindrons
pas de remettre sous les yeux de nos lecteurs , en protes*
( 21 )
' Sur le point le plus ëlevë du tènement compris entre là
Grande-Côte , la rue Bellevue , la rue Tourret et la rue
Neyret, M. Cochàrd (i) croît avoir retrouve les vestiges
et les fondations de l'ancienne citadelle de Lyon , dont la
construction et la dëmolttion subite se rapportent au temps
malheureux des guerres de religion et de la ligue , aux-
quelles notre ville prit une part trop active (2) ; mais un
auteur anonyme , se cachant sous la lettre Z , a combattu
la conjecture de notre collègue, dans une lettre à MM. les
ridaciêurs des Archives du Rhône (3) , récemment pu-
bliée, et nous croyons convenable de reproduire ici les
propres termes de cette réfutation qui appartient évidem-
tant de nouveau contre Tintention qu*on pourrait nous
supposer d'en faire une application personnelle à qui que
ce soit : u Qui est celui d'entre vous , qui , voulant bâtir
une tour , ne suppute en repos et à loisir , la dépense qui
j sera nécessaire , pour voir s'il aura de quoi l'achever \
de peur que s'il en jette les fondemens et qu'il ne puisse
Tachever, tous ceux qui verront ce bâtiment imparfait , ne
viennent à se moquer de lui , en disant: u Cet homme avait
99 commencé à bâtir , mais il n'a pu acheyer ? 99
(i) Séjours d^ Henri ly à Jjyon \ Lyon , Millon jeune 9
1827 y in-i8, pag, 24*
(2) Cette citadelle destinée à défendre la ville d'entre-
prises semblables à celle qui avait eu lieu, en i562t delà
part des protestans, fut construite, deux ans plus tard,
d'après les ordres que donna Charles IX » pendant le séjour
qu'il fit k cette époque à Lyon. Elle fut démolie en i585
sous Henri IIL Ainsi elle n'a subsisté qu'environ 20 années.
On trouvera sur ces faits de plus amples détails dans la
Notice sur le duc de Nemours , Archives du RhSne ^tom» V,
pag. 96 , et dans la Notice sur François de Mandeloi , même
recueil , tom. YII , pag. 570.
(5) (Lyon, J. M. Barret, 1827), in-8.^ de 16 pages.
( " )
ment à notre sujet , et que M. Cochard a laissée jusqu'à
ce moment sans réponse:
« L'historien Rubys dit formellement (i) que la cita-
delle fut édifiée au plus haut de la coste de S. Sebastien ;
mais une assez grande difficulté se présente ici , celle de
savoir si notre auteur a prétendu parler de la Grande—
Côte qu on appelait , sous Henri II , grande coste de S»
Sebastien , ou s'il a voulu désigner la côte actuelle dé St.*
Sébastien , et qui portait alors le nom de petite coste d^
S. Sebastien : or , cette côte est , comme tout le monde le
sait, assez éloignée de Tendroit où se bâtit la tour Pitrat
Selon M. Cochard , là citadelle aurait été construite en de^
dans des murailles^ qui servaient jadis et qui servent en-
core aujourd'hui d'enceinte à la ville , du côté de la Croix-
Rousse. De très-bonnes raisons nous portent à croire que
les choses ont bien pu ne pas être ainsi , et là première est
que les règles ont toujours voulu qu'une citadelle fût as-
sise sur l'enceinte même de la ville, partie en dedans et par-
tie en dehors , ou qu'elle fut entièrement hors de la ville.
Il parait, d*après Rubys , que la citadelle était placée hors
des murs , ce qui est fort vraisemblable, et nous allons es-
sayer de le démontrer par un passage oopié fidèlement
dans l'historien lyonnais.
9 II faut dire d'abord que le premier gouverneur de la
>citadelle fut M. de Chambéry, ensuite M. de Saluces, puis
M. d'Épernon qui , du consentement de Henri lH , la re-
mit à M; du Passage , gentilhomme dauphinois. M. du Pas-
sage n'ayant pu vivre en bonne intelligence avec le con-
sulat et M. de Mandelot , gouverneur de la ville , ce der-
nier, d'accord avec les échevins de Lyon, imagina de s'em-
parer de la citadelle et d'en chasser le gouverneur. En
(i^ tlisl. véritable de Lyon • pag, 402.
V
(ii5 >
conséquence 9 dans la nuit du. 2 mai 1S8S, troi$,cômpaT^
gaies de la milice bourgeoise, commandées, Tune par le
sieur du Soleil, l'autre par le sieur de Masso,,et }a troi-
sième par le sieur de la Grange « se mirent, en devoir de
seconder les intentions de M. de Mandelot et du consulat»
« Ck>mme il fut nuiçt close , dit Rubys (pag. 435 ) , ces
» trois Gompaignies, assistées de partie des Suysses, estant
» en garnison en la Tille^ et de partie d[es2ooarquebuziei*Sf
» de la garde du gouverneur , s*acheminarent sans sonner
fi mot, et les mesches esteintes en une maison voisine de
s la porte neufve de S* Sebastien, appellee la Tourrette^
9 et là passarent sans mener bruiçt toute la nuict^ puis le
s lendemain , iour de la Croix t à l'ouverture de la porte ,
9 sortants hors la ville, ils se côularent tout doucement par
s le Fossé qui estpit tout le long de la cortinie de la citar
» délie I si dextrement qu'ils fie furent pas descouvects par
> les sentinelles, puis entrarent dans la place par la porte
» des Champs , qui leur fut ouverte et livrée par le serr
v gent majour de ladicte citadelle^ qui Tavoit ainsi promis ,
» et lexecuta moyennant deux mille escus. y> ,
«Nous ne pensons pas nous tromper ; c^U porte neuve
ie Si.SéiasfUn , àaai parle Rul^s , n'est autre chose que
l'ancienne port^ de la Croix^Rousse , qui a été démolie en-
tièrement après notre siège de 1793, et que nombre de
personnes à Lyon peuvent encore se rappeler. Il suit de
là que la citadelle pourrait bien avoir été cette espèce de
(lemi;lune,'ou , si Ton veut , ce vaste bastion triangulaire
ilont oti voit encore des vestiges aa bas de la, muraille et-
oans la direction de la place des Bernardines, sur lequel
s'élèvent aujourd'hui le jardin et les vignes de M. Caubin,
et qui avait effectivement une immense porte (i), avec
0 *
(1) Cette porte existe eneore; mais on reconnaît aisé-
inent, à son s^le , qu'elle n'est pas celle qai pouvait
(24)
ponl-levis, sur les champs dont s'est depuis forméel
grande place actuelle de la Croix-Rousse. Ce que no
pensons à cet ëgard, se rapproche d*autant plus delà
rite , que les compagnies mises en mouvement par H.
Mandelot passèrent la nuiij au rapport de Rubys, dans^
maison de la Tourretie (i), sur le rempart i qu^elles;^
tirent de la viUe après l'ouverture des portes, c'est-à-
\ la pointe du jour ; qu'elles descendirent sans bruit
les fosses , se glissèrent le long des courtines sans être a]
çues des sentinelles, et pénétrèrent dans la citadelle pari
porte â entrée donnant sur les champs. Il existe encore
autre bastion qui pourrait bien avoir également fait
de la citadelle ; nous voulons parler de celui qu'on WJ
dans la direction même de la c6te de St.-Sébastien , et
lequel s'élève aujourd'hui l'agréable clos de Mad. Héral'
3> Nous n'ignorons pas que Rubys fait mention du iti-
maniellement ^ ruyne et desmolition de la citadelle; mais
i nous croyons fermement que les expressions dont il se
$ert à ce sujet, doivent être considérées comme de pares
hyperboles. Nous ne doutons point que la citadelle ait été
démanieiée^ ou, si Ton veut, mise hors d'état de servir;
mais nous pensons que les murailles n'en ont pas été tota-
lement rasées. M. Cochard sait aussi bien que nous qu'a-
exister da temps de Charles IX et de Henri III , et les
restes d'inscription qu'on aperçoit dans une table aa-dessus,
font assez voir qu'elle a été bâtie sous Louis XIV. Voici
la première ligne de l'iuscription , telle qu'on peut la dé-
chiffrer :
SOVBS LE REGNE GLORIEVX DE LOVIS QVATORZIEUB y etC
(i) Cette maison était autrefois un petit fief; le pr(^*
priétaire actuel eat M. ic docteur Rioadel.
îe. d f^ '^ ^'^6® ^^ l'yoï^î en 1793 , la convention nationale
2f ^1^ jrdonna )a démolition de toutes les fortifications qui de-
. tndaient la ville; que des milliers de bras furept employés
Robs i ^^ travail pendant plus de huit mois ; et que , malgré le
^ rjèle et l'activité que Ion a vu mettre à cette opération, re-
. .'fj^^ée alors comme si patriotique, la destruction de la mu-
'1 raille d'enceinte, qui s*étendait du fort St.- Jean à la porte
. Sl.-Clair , n'a cependant pas été entière.
W '' ^ Notre sentiment est donc qu*il est fort douteux que la
^ citadelle construite à Lyon par les ordres de Charles IX ,
.|rv 9it jamais été dans Tendroit indiqué par M. Gochard; que
. '^ c est très-probablement à tort qu'on a donné le nom de
. . rue de la Ciladelle au fossé qui s'étend depuis le bastion
, r appelé Téfe dâ More jusqu'à celui de la Tourrette , et que
I l'emplacement sur lequel s'élève la tour Pitrat^ situé in-
jn ira muros, a toujours présenté des terrains en culture et
1 , des maisons de plaisance. Si M. Cochard nous objecte que
, Itsiasibns dont nous avons parlé, sont tournés contre la
,y campagne , nous lui répondrons qu'il n'y avait aucune né-
cessité à ce qu'ils le fussent contre la ville, dont la majo-
, . rite des habitans tenait pour la religion catholique et pour
le roi, et que les troupes royales, stationnées au château
de Pierre-Scize , an/ori St.- Jean et dans la citadelle , pou-
•^ 'valent, de ces di£Pérens points, se porter partout avec la
ft plus grande célérité. Si M. Cochard nous objecte encore
^ que des bastions ne sont pas une citadelle , nous lui dirons
' que ces sortes de travaux , au moyen de certaines disposi-
tions particulières , peuvent , ce nous semble , très-facile-
ment en tenir lieu ; et nous nous rappelons assez bien les
dispositions des deux bastions en question pour croire qu'ils
formaient véritablement ce que nos vieux historiens ont
appelé la citadelle. Nous pouvons ajouter que ces bastions ,
notamment celui qui se trouve dans la direction de la côte
(a6)
de St.-Sëbastien , présentent Infiniment moins de yélusté
que les murailles d'enceinte qui existent auprès, et que leur-
construction est assez évidemment postérieure aux autres
ouvrages de fortification entrepris et élevés, comme tout le
monde le sait, sous le règne de François I.**^.
}) Il nous parait peu raisonnable de croire que Charles IX
eût besoin à Lyon d'une citadelle véritable et qui dominât
la cille; les protestans y étaient en trop petit nombre pour
pouvoir inspirer des craintes, sérieuses. Il n'était pas bien
difficile au fameux baron des Adrets et à ses farouches hu-
guenots de surprendre, en i562, une ville qui avait le
privilège de se garder elle-même, et dans laquelle les rois
de France avaient pour habitude de n'entretenir qu'une
très-faible garnison. Si les troupes royales y eussent été
en force , si les postes de VHôtel-de- Fille et de la place de
la Douane , commandés par les capitaines du Fenouil et
du Peyrat , eussent été confiés à des soldats aguerris , et
non point à de bons et paisibles bourgeois, le coup de main
tenté par les protestans serait, il n'y a pas de doute , de-
meuré sans succès. Que fallait-il donc à Charles IX pour
prévenir toute surprise de la part de ces sujets rebelles?
quelques nouvelle^ fortifications, disposées de manière à
pouvoir loger un certain nombre de troupes , et placées as-
sez près de la ville pour qu'au premier mouvement ces trou-
pes pussent aussitôt se porter sur les points menacés. Quant
aux souterrains ypuUs et autres restes de constructions qu'on
a trouvés, dit-on, dans le clos de M. Pitrat, en creusant
pour les fondations de la tour, et que M. Cochard regarde
comme des débris de la citadelle^ il serait très possible que
ce fussent d'anciens travaux i qui se liaient au système de
fortification entrepris, sous François I.^'^, pour défendre
la ville du côté de la Croix-Rousse. »
( 37)
1
HISTOIRE.
AoDiTunro et cobrkgtious pour la liste des dépotés des proTincc»
de Ljonnais , Forez et Beaajolais , etc» f insérée ci*dessus ^
tom. VII', pag. 43-53. ( Extrait d'une lettre de M. G. }..
La liste des députés de Lyon aux ëtats-gënéraux du
royaume , insërëe dans le tome prëcëdent des Archives ,
avecdes notes biographique^ sur ces mêmes députes , offre
beaucoup d'intérêt ; on aime à revoir des noms qui onl
honoré leurs siècles , et que des services importans re-
commandent au souvenir de la postérité ; mais cette liste
reaferme quelques inexactitudes ; i*ai pensé devoir les
rectifier, convaincu d'avance que c'était entrer dans vo»
Tues et faire quelque chose d'utile que de compléter cet
excellent travail.
Vous ne faites remonter cette liste qu'à Tannée 1467;
cependant la ville de Lyon , depuis sa réunion à la cou-
ronne , a nécessairement concouru à la formation de ces
grandes assemblées. Nous en trouvons des traces dans
les historiens ; mais comme les documens sur ce point
sont très-rares , nous adopterons l'époque que vous avez
choisie. Cependant je ne peux passer sous silence les
efforts que firent les Lyonnais , lors de la captivité du
roi Jean , pour remédier aux maux qui désolaient la
France : ils fournirent des otages , s'imposèrent volon-
tairement , et payèrent même pour des villes voisines le
contingent qui leur avait été assigné. Ces faits prouvent
qne la sénéchaussée de Lyon avait été représentée dans
( 28 )
les assemblées gënërales où ces mesures avaient ëtë ar-*'
rêlëes.
Nous voyons dans le recueil des ordonnances dti
Xouvre que les gens des trois états de la langue de
France, assemblés à Paris, en i357, accordèrent au
dauphin un subside de quatre mois pour subvenir aux
dépenses que nécessitait le fâcheux état du royaume ; ils
ëhirent , pour lever cet impôt dans le diocèse de Lyon ,
le prieur de Saint-Irénée , Bérard Delavieu , chevalier, et
Humbert Bairant, bourgeois de Lyon, tous les trois,
sans douté , députés de la province à ces mêmes états.
L'exercice de leur mandat dans le Forez , donna lieu
h de vives contestations : les habitans refusèrent de payer ,
parce que le comte ni eux n'avaient accordé ce subside.
Les commissaires , pour punir cette désobéissance , con-
damnèrent Pierre de Bergisac , chevalier , bailli , et
Pierre de Vernay , chanoine de Mâcon , juge de Forez,
chacun en cent cinquante marcs d'argent d'amende en-
vers le roi. Le procureur du comte et un grand nombre
d'autres personnes furent aussi condamnés , chacun , en
cinquante marcs d'argent d'amende. Les élus mirent en-
core les juridiction , cens , redevances et rentes dudit
comte, sous la main du roi. Le comte , ses officiers , et
les autres personnes atteintes par ce jugement, en appe-
lèrent au roi ; mais les élus continuèrent leurs poursuites,
et de concert avec le bailli de Mâcon , envoyèrent des
sergens et des commissaires à Montbrison pour exiger
le subside ; ils firent même mettre en prison quelques-
uns des redevables. Aussitôt les habitans firent corner
à cor et sonner le tocsin , s'assemblèrent en armes , vin-
rent dans les malsons où étalent le^ commissaires et ser-
gens du roi , et en enfoncèrent les portes. Quelques-uns
( 29 ) ,
s'enfuirent par dessus les toits , les autres furent raaî-'
traites et battus , et leurs effets pilles. Le lieutenant du
bailli de Mâcon fit informer de cette rébellion et saisir
les biens des prévenus. Il y eut de semblables livoltes
dans plusieurs villes et lieux du comté.
Le dauphin-régent envoya dans le Forez l'évéque de
Lizieux , le maréchal de Boucicaut et Pierre Scatisse ,
trésorier du Roi ; il les nomma commissaires , conjoin--
tement avec le lieutenant du bailli de Mâcon , pour con-
naître de ces rébellions. Ces commissaires ayant égard à
la soumission de M."'® Jeanne de Bourbon , comtesse de
Forez , tant en son nom qu'en celui de son fils mineur y
de payer le subside de quatre mois et une nouvelle. taxe
pour la rédemption du roi, vomirent les peines et amendes
d - devant prononcées. Le régent , par ses lettres du 9
de janvier i358, confirma la décision des commissaires»
Nous avons cru devoir .rappeler cet événement qui
semble établir que les peuples ne se croyaient enchaîné»
par les délibérations des états-généraux , qu'autant que
les contributions avaient été votées par chaque province:
ces faits , d'ailleurs y sont peu connus et appartienQent
à l'histoire de Lyon.
Les actes capitulaires de Saint-Jean nous apprent^ent
que le 14 décembre i463, le chapitre nomma Geoffroi
de Pompadour , prévôt , et Claude Gaste , chanoine , pour
assister aux états à Montferrand. Il parait que ces états
eurent lieu, quoiqu'aucun auteur n'en parle; car, le 23
janvier 1464 , Gaste obtint un mandat de cent écus d'or y
principalement motivé sur son voyage à Montferrand.
L Éfais-'généraux tenus à Tours , en 1467.
Les lettres de convocation sont datées de Montils-les-
Tours, le 26 février , et adressées à nos chers et bien-amis
( 30 )
les gens d église , bourgeois , manans et hafiUans de notre
cille de Lyon ; le jour de l'assemblëe est fixé au i.^'' avril:
le roi s*excuse de ce délai, rapproche sur ce que la trêve
entre lui et aucuns seigneurs et leurs alliés , ne dure
que jusqu'au i .^' mai , et qu'il est nécessaire de prendre
un pai'li auparavant»
La nomination eut lieu le 26 mars 1467 ; les députés
âçceptî^rent ; on promit deux écus de gage par jour à
M. Giand , docteur es lois , et 40 sous , aussi par jour ,
à chacun des deux autres.
n. 1484.
Les lettres de convocation sont adressées au sénéchal
de Lyon. L'assemblée des trois ordres se. tint dans l'église
de Si- Jean.
Députés élus :
M. Claude Gaste, doyen de l'église primatiale (il est
nommé par erreur Gascon dans le recueil de Quinet)»
• M. Guichard d'Albon , écuyer , seigneur de St- André ,
au lieu de M. Henry d'Âlbon, d'abord nommé.
M. Jean Palmier, docteur es lois, juge-mage de Lyon.
M. Bertrand de Sallefranque , prévôt de Lyon.
M. Antoine Dupont , clerc , notaire royal j procureur-
général de la ville. Le 20 juin 14849 le consulat accorde
ibo liv. tournois à Dupont , en déduction du voyage
qu'il a fait devers le roi , où il a demeuré depuis le 10
janvier jusqu'au pénultième de mai.
' Le Beaujolais nommait séparément*
III. Idem. i5o6.
Le consulat, par une délibération du 27 avril, promit
à M. le Charron 3 liv. tournois par jour pour ses frais.
(31)
et 5o s. , aussi par jour, Ji chacun des deux autres .d^
pûtes. On leur donna 3o écus d'or à compte , prêtes par
Guillaume Andrevet Le» députés furent de retour le lo
juin; une assemblée du consulat du 16 juin approuva
ce qui avait été conclu à Tours. Chacun des membres se
soumit , par serment sur les saints évangiles j à procurer
l'entier accomplissement du mariage de M.™^ Clauda 4^
France avec M. de Valois , et dans le cas où le roi décè*
derait sans laisser d enfant mâle , à reconnaître le même
M. de Valois pour roi et souverain seigneur. Un double
clecet acte fut envoyé à Louisr XU. M. de Laurencin
ne voulut rien exiger de ses frais. (Délibération du 14
juillet i5o6.) ,
IT. Cowoqués à Meaux pour le 20 décembre i56o,
tenus à Orléans le iZ décembre..
Le 2 novembre i56o , les trois ordres de la province,
assemblés dans une des salles de Tarchevéché , élurent ,
savoir: le- clergé, MM. Buatier et de Saconay ; la no-
blesse , MM. le baron de St-Chamond et le seigneur de
la Liégue le jeune « et le consulat , Antoine Bonin , sieur
de Servières, et Pierre Olrollier. Chacun des ordres fit son
cahier de doléances qu'il remit à ses députés. Les envoyés
du plat-pays de Lyonnais se réservèrent de dresser leurs
doléances à part , et d'en charger les députés qu'ils nom-
meraieatb II pandt qu'ils élurent Mathieu Pany, Jean
Mandas et Claude Graves i du moins ces noms figurent
avec ceux de GroUier et de Bonin dans le nombre des dé-
putés de la sénéchaussée de Lyon qui parurent à la dernière
séance des 4t^ 4'OrléiiKis, tenue U 3x janvier 1S61.
V. A Slois. 1576. Convoqués pour le 1^ noçembre.
L'assemblëe des troU ordres se rëunit dans la salle dé
rarchevéché , le i .•' octobre , en prince de M. de Man-
delot , lieutenant-gënëral ; le clergë nomma M. Tarche-
Téque 9 et la noblesse , MM. du Piney et de Beauregard.
Le consulat s*assembla le 3o octobre , à rh6tel-de-yille ,
et notnma MM. GroUier et Scarron qui ne voulurent pas
accepter , et Claude de Rubys pour adjoint , maïs la
prësëance que voulut ce dernier , détermina une seconde
assemblée du consulat le 12 novembre suivant, dans
laquelle furent ëlus Antoine Scarron^ échevin, et Jean
de Masso , conseiller du roi , receveur-^ënéral de ses
finances en la . gënëralitë de Lyon; il leur fut accordé
200 liv. tournois pour s'équiper.
Dans les procès verbaux des états-généraux , on voit
que le clergé de Lyon avait député, outre M. rarchévè-
que , M. de Marnas, chanoine et sacristain de léglisede
St-Just, et que le plat-pays de Lyonnais était repré-
senté par Philibert Pérault.
VL A Blois^ i588.
Les lettres closes adressées au lieutenant-^général de
la sénéchaussée de Lyon , pour la convocation des trois
ordres, sont du 7 août i588. Le clergé nomma Claude
de Chalmazel , doyen de Téglise de Lyon , et Marc de
Pravieux, chamarrier; la noblesse , Jacques de Ste-
Colombe , chevalier , sieur du Piney , Villette et Tori*
gny ; le consulat , par sa délibéFation du 1 3 septembre ,
Pierre Scarron et Nicolas de Chaponay, échevins;le
tiers-état du Lyonnais^ Pierre Dugas , greffier de Thu-
(33)
rins , et Claude Bletemaz , procureur en la baronnie
dlzeron.
TU. D'abord convoqués à Rhtimspar le duc de Mayenne ^
tnsuiie à Soissons ^ pour le 26 octobre 1592»
Le motif de cette assemblée ét^It Tëlection d*un roi
catholique. Le consulat choisit, le 19 octobre, pour ses
députés , Guillaume de Villard , avocat en la sénéchaussée ,
conseil de la ville (il n'était point de la famille du ma-
réchal ) , et Guillaume Gelas , échevin. Ils n*acceptèrent
que sous la condition que dans le cas où ils seraient
Tolés ou faits prisonniers dans ce vo/age , on payerait
leur rançon et on les indemniserait de tous dommages.
On leur accorda , à compte de leurs dépenses , 200 écus
sol, qu^il fallut emprunter à un taux excesûf ; on leur
donna procuration le 20 du même mois.
Vin. Assemblée des notables tenue à Rouen , le 4
novembre 1596.
MM. de Bothéon , de Servières , trésorier de France ,
et Henry 9 échevin.
IX. A Paris. 1614*
Dans l'assemblée des trois ordres , tenue dans une des
sâUes de Tarchevéché de Lyon , en présence de M. d'A-
linconrt, gouverneur , le 4 août 161 4 , le clergé élut
pour ses députés , M. Parchevéque , et M. de Gibertes ,
archidiacre de la grande église ; la noblesse , Claude de
Cremeau , seigneur de Chamoussel ; le consulat réuni à
l'hôtel de ville le 9 août , Pierre Austrein , prévôt des
marchands.
Par une délibération du 9 septembre suivant , le con-
Tome FUI. 3
(34)
6ulat nomma MM. Charles Grollier , procureur^-g^n^I
de la yille , et Jean de Moulceau , avocat au conseil privé
du roi) pour être adjoints à M. le prëv6t des marchands
et pour concourir avec lui aux délibérations des étab-
généraux ; ils partirent le 28 septembre.
En juin 161 5 , il fui remboursé à MM. Austrein et
Grollier pour leur dépense 6,994 Hv. 9 s. 2 d. et à MM. de
.de Moulceau iSoo liv. Le plat-pays élqt pour ses dé-
putés Jean Goujon , avocat , et Philibert Tixier , châ-
telain, de Dargoire : il leur fut payé , pour assistance aux
états-généraux , la somme de 5,988 liv.
Une assemblée des états-généraux fut convoquée » par
lettres du 4 avril i65i , pour être tenue à Tours le mois
de septembre suivant. Le consulat nomma , le a mai y
pour député, Charles Grollier, sieur de Cazaut, prévôt
des marchands ; mais Tétat des choses fit ajournev le projet
de cette assemblée.
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
KOTIGE SUR L*ABBé DE FARAMA5T.
L^abbé Louis de la Croze de Faramant, docteur de
Sorbonne , a été , pendant plusieurs années , prévôt-curé
de l'église d*Âlnay , officiai et grand vicaire de Tarche-
véque de Lyon. Il fut reçu membre ordinaire de l'aca-
démie de celte ville le 18 décembre 1724 (i), et suivit
(1) Le P. do Colonia lut , dans la séance publique de ce- jour ,
une Dissertation historique sur l'ancien autel de Lyon , dont 1«
< 35 )
avec assiduité les séances de cette compagnie, à laquelle
il communiqua un assez grand nombre d opuscules dont
la liste fera connaître la variété de ses connaissances, ou
du moins de ses études :
i.^ En 1728, Observations sur Plutarque; sur le
grand et le pathétique; :si Téloquence doit plus aller à
Tesprit qu'au cœur ^€/ çicc çersd;
2.^ En 1729, sur le Démon de Socrate ; Apologie
de Quintus Fabius Maximus ;
3.^ En 1731 , Remarques sur la vie et les œuvres de
Velléius Paterculus ;
4.0 En 1732 ,. Parallèle des jeux funèbres d'Homère
et de Virgile; Traduction de la Vie d*Agricola, de Tacite;
5.® En 1734,: sur T Aréopage; .
6.^ En 1736 , sur les peines militaires chez les Romains;
7*^ En 1737, Traduction du dialogue de Platon , in-
titulé Ménon ; Explication d'une loi des Douze Tables ;
sur les Amazones ;
8.^ En 1741 9 sur la Tachygraphie ou Tart des abré*
viations ( c'est de .cette dissertation , qui était fort cu-
rieuse et qui fut lue dans la séance du 22 août , qu'est
tirée la traduction du distique de Martial : Carrant perba
Ucei..,. 9 citée dai^ le tome précédeût, pag. 462 ) ;
9.^ En 1742 9 Recherches sur la dénomination d'/m*
feraiûr ;. . '
manascrît existe dans les porte-feuilles de Tacadëioie f dissertation
extraite de V Histoire liHén de Jjyon qui alors n'était pas eacore pu-
btiée. Il y ayait une sorte d'À'prt>pos dans le choix du sujet, puisque
la récipiendaire était attaché à une ëgKse que l'on croit avoir été
ëler^e sur les ruines d^ temple d'Auguste ; et le P. de Colonia
n'oablia pas de faire valoir celte circonstance.
(56)
lo.* En 1745 , sur fa vie de Th^phile Folengî ,
vulgairement appelé Merlin Coccaie , et sur là poésie
macaronique ;
II.® En 1744 9 Recherches sur Aide Maiiuce avec
imé notice de ses principales éditions ;
12.® Et. enfin 9 en 174^» Discours prononcé dans
Téglist d' Ainay , le 1 4 mai , à la bénédiction des dra-
peaux du régiment de Lyonnais (ce discours fut imprimé
la même année à Lyon , chez Aimé Delaroche , in~4.^ de
6 pages. C'est le seul des ouvrages de Tabbé de Fara-
mant que nous sachions avoir été publié. )
On voit par ce catalogue , que Ton croirait être celui
des ouvrages d'un des membres les plus actifs de l'aca-
démie des inscriptions, combien Tabbé de Faramant
était laborieux. L'académie de Lyon ne conserve , je
crois , aucun des manuscrits des mémoires que nous ve-
nons d'indiquer; mais ils sont presque tous analysés
dans les proi^ès-verbaux de ses séances. Il parait qu'elle
perdit l'abbé de Faramant, en 1746 , époque où il alla
s'établir à Paris. Sa place fut déclarée vacante le 19 jan-
vier V/oi. On annonça qu'il avait quitté Lyon depuis
enviion quatre ans , et qu'il avait même résigné le bé-^
néfice qu'il avait dans cette ville. Ce fut l'abbé de
Tocquet de Mongefibnd qui lui succéda dans les fonc-
tions de prévôt d' Ainay. On rapporte un mot de l'abbé
de Faramant qui n*e$t pas très-flatteur pour la mémoire
de cet abbé de Tocquet : « Mon prédécesseur , disaii-il ,
» était une béte , mon successeur en est une autre , et
» moi je fais parenthèse entre les deux. » ..
On trouve dans le recueil des poésies latines d*Étiènne
FabrtRi , dédié à l'académie de Lyon et intitulé : S/ep/i.
Fabretti Urbinaiisè societate Jcsu presbùeri {sic) Lynca
( 57 )
f/ Episioiœ^ Lyon , frères Duplain , 1747, în*8,* p
293-296 , une pièce en vers éiëgiaques portant ce tit
Ad iUttsticissimum D. D. Ludovicum abbaiem de
Croie de Faramemi y daeforem Sorbonicum , collegu
A/henacensis ecclesiœ, prœpàsifum , Em. Lugdun* c
chitpiscopi çicorium generolem , etc. Quod perlecim n
lyrica pluribus exorfiasset.
Nous ignorons Tëpoque de la mort de Tabbë de Fa
mant , ainsi que la date et le lien de sià naissance. '
fflSTOIRE LITTERAIRE DE LYON.
Le P. Pierre L*Abbë , qui a été recteur du col!
de la Trinitë de Lyon (i), dans ses Ehgia histof
lagduni antigui y Dissert. IX , pag. 5i5 de ses Élo
sacra et iheologica , eta Grenoble , 1664 , in- fol. (
(1). Le jéftaite Pierre L'Abbë ^tait oë à Clermont ; il mourul <
le collège de LyoB ^ où il a profe«së pendant plusieurs an^ëc
exerce les fonctions de bibliothécaire. On a déjà remarqnë que
part dans ce recueil qu'il ne fallait paa le confondre avec un a
jésuite dont le nom à quelque ressemblance ayec le sien , le P. ]
lippe I«bbe , autair d'an grand nombre d\>uvrages sur l'histoire •
chronologie , auquel on doîl' en particulier le recueil dev actei
conciles en 17 Tolumes in-fol. , et qui a ii^cé le plan de THis!
byzantine. Ce sont deux personnages très-différens. M. Delan
«st du nombre de ceux qui les ont confondus. Voy. son CaîaU
des manuscriis de la hihUoifii^uc de Lyon , tom« I y pag. i5.
(a) En 1671 » le P- L'AU>ë fit fiedre un noateaa frontispice
partie de ses Elogîa qui concerne Lyon , et en fongaa un ^
sous ce titre : Pefri L'Ahhi , è tocîetatU Jfisu , Lugduni v<
»^«ê {td Lm^dunùm chrisHanum tUsiô^îêf, tugiuni , apud J
humTaehn, tic. 16710 U y ajouta. auf^I* quelques pièces ]
rainaires.
( 38 )
a fait un Lyonnais de Valérius Caton ^ grammairien et
poète qui vivait du temps de Sylla et dont on trouve
la biographie dans le traité de Suétone de lUusiribus
Grammaikis. Il a , je crois , suivi en cela Symphorien
Champier , de claris Lugdunensibus , et à son tour il a
été suivi par Tabbé Pernetti , Lyonnais dignes de mi^
moire , tom. I , pag. 8 ; mais Spon et le P. de Colonia ^
ont manifesté une opinion absolument contraire : le pre-
mier , Recherches des AntiquiUs de I/fon ^ pag. 9 9
après avoir soutenu qu'il n'y avait nulle apparence que
Lyon eût existé avant l'arrivée de la colonie de Plancus
qu'il tenait pour véritable fondateur de cette ville 9
ajoute : « Je n'ai donc garde de mettre dans le rang des
» Lyonnois illustres , comme ont fait quelqu^s-tins de
2> nos aùtheurs ,• Lucius Ploiîus , grand orateur que
» Cicéron avoit écouté , Antonius Gnipho 9 précepteur
» de Jules César , ou Valerius Calo , qui sont tous morts
» avant qu'on eust jette les fondemens de Lyon ; et
» Suétone mesme ne nous les donne que pour Gaulois. )^
Le second , Histoire Uiiéraire de Lyon , tom. I , pag. 169
pense absolument de même : il est vrai qu'il ne parle
pas de Valerius Caton , mais il nomme les deux autres
Gaulois 9 Gniphon et Plotius , et s'exprime à leur égard
à peu près dans les mêmes telrmes que le célèbre anti-
quaire : 4i Je n*ay garde , dit-il en effet , de prétendre
» que Plotius , qui enseîgnôît dans Rome , plusieurs
')> années avant la fondation de Lyon , fût lyonnois de
3> naissance, oomme l'ont dit bonnement plusieurs de
» nos anciens. Je dors dire aussi la même chose de Marc
» Antoine Griiphc^ri j* ^ont Suétone et Macrobe ( Satumal.
» I. m , c 12 ) xantentsi fort l'esprit, le savoir, la
» mémoire , la doiiffAir , lé désintéressement , et qui ,
» après avoir été précepteur de Jules César , enseigna
(39)
B publiquenient la rbëtorique dans, sa propre maison j
f où Cic^ron alloit assidûment Tëcoutçr , lorsqu'il étoit,
». sorti du. barreau. Fuisse diciiur ingenii magni , mt^ .
A. moriœ singularis , neç minus grœct quam latine doc^,
« ius..^ Scholam ejus claros quoquc çiros fréquentasse
» aiunt : in his Marcum Ciceronem , etiam cum
» prmiurajungereiur^^i de lui Suétone, dans son livre
» des Illustres Grammairien^. — Je me contente de dire
» que ces deux hommes si célèbres dans Içur art, ëtoient
» nës parmi nos peuples , dans le même pays et dans
3> le même siècle qui yit naître rette ville. » On voit
que la diversité des opinions sur le fait dont il s'agit 9
provient de celle qui existait , comme elle existe encore ,
sur le point de savoir si Lyon a été fondé l'an de Rome
71 1 par Munatius Plancus , ou si lorsque ce prétendu
fondateur y amena une colonie romaine , cette ville
était déjà bâtie depuis long-temps. Tous ceux qui tien-
nent pour ce second sentimient , sont facilement portés
à admettre que les trois Gaulois célèbres dont nous nous
occupons étaient lyonnais. Aussi le P. Ménestrier qui
est à I9 tête de ce parti $ . n*aurait-il pas hésité à les
reconnaître pour tels , et peut-être Tart-il f$iit quelque
part. Un de nos collègues (i> est allé plus loin , ou
plutôt il a suivi une autre méthode pour obtenir les
mêmes résultats ; il a renversé la question sens dessus
dessous : de ce que plusieurs modernes ont avancé que
Plotius et Gniphon , dont le premier est né en 654 #
étaient, venus au monde à Lyon , il semble avoir voulu
conclure que Lyon existait déjà avant l'an 711 ; il ne
s'est pas aperçu que raisohner ainsi , c'était tourner dans
un cercle vicieux ; c'était donner pour une conséquence ce
. (r) Voy. notfe toinç IV , pog. igiS.
( 4o )
qui n*est que le principe conteste d'où qudques ëcrîy«ns
sont partis pour établir , non qu'il était certain , mais
seulepfient qu'il était probable que Gniphon et Plotius
avaient pris naissance dans nos murs ; c'était enfin
ériger en preuve une simple conjecture.
Mais toute cette discussion et toutes ces assertions
contradictoires , desquelles il résulte au moins que la
question est fort douteuse, n'auraient point. embarrassé
le P. L'Âbbé dont il est temps de mettre les propres
paroles sous les yeux du lecteur : Lugdunensem ( Vct^
lerium Catonem ) fuisse probcU inscripiio , quœ adhuc
exiat apud Ansam , et nelaudarifanium putes in lapidé y
laudat illum Suetonius , etc. Ainsi le P. L'Abbé s'appuyait
sur une preuve qui lui semblait irréfragable , sur ane
inscription qui existait encore de son temps apud Ansam
( sans doute auprès d'Anse , petite ville de l'ancienne
province du Lyonnais , à 4 lieues de Lyon ) ; mais par
malheur il ne rapporte point cette inscription qu*il se
contente d'indiquer de la manière qu'on vient de voir ,
et nous demeurons privés de l'avantage de pouvoir yé—
rifier, par un examen attentif, si elle s'applique au Valtrius
Caio de Suétone , et si elle détermine sa patrie auss^
précisément que le veut notre Jésuite. Jusqu'à l'heure
où l'existence de cet antique monument nous sera dé-
montrée et où nous en connaîtrons les termes , il nous
sera permis de penser qu'il n'y a d'établi qu'une chose :
c'est que Valérius Caton , ainsi que Lucius Plotius et
Antoine Gniphon , étaient gaulois , comme le disent
formellement les auteurs de l'antiquité , mais que , soit
que l'on recule la fondation *de Lyon à une époque
antérieure à la venue de Plancus , soit qu*on la fasse
daler seulement de son arrivée sur nos bords, rien ne
prouve que ces trois personnages aient vu le jour dans
( 4Ô ^
Botre territoire plutôt que dans toute autre partie des
Gaules.
Du reste , on peut consulter sur leur vie et sur leurs
ouvrages, outre les ëcrivains que nous avons cites,
Y Histoire liHéraire de la France\ par des Bénédictins ,
tome I , pag. 83 et suiv. , et pour Valérius Caton et
Gnîphon , la Biographie universelle , où Lucius Plotius
est omis, quoiqu'il eût autant de droit d*y figurer que les
deox autres. Nous observerons , en passant ; que c'est
par erreur que Tauteur de l'article Calon (Yalërius) ,
dans le dernier de ces ouvrages , a avance que le poème
des Dirœ n'a été traduit dans aucune langue moderne :
l'abbë de MaroUes a mis ce poème en vers français
parmi les Opuscules attribués à Virgile , imprimés avec
sa traduction de Virgile également en vers , I.*^^ partie ,
Paris , 1675 , în-4.* Voy. Goujet , Biblioth. franc. ,
tom. y , pag. 2o5-2o6. On peut dire toutefois à la dé-
charge de M. Walckenaer , rédacteur de Tarticle eh
question , qu'il a pu regarder comme non avenue et
compter pour rien une traduction faite par l'abbé de
Biarolles. ^
Voici encore un autre personnage qu'un écrivain tout
nouveau donne mal à propos pour un Lyonnais. II
s'a^t de Trébonius Rufinus que M. Charles Durand ,
Coiu^s ^éloquence à t usage des jeunes gens qui se des-
timnl au barreau ou à la tribune nationale (i) , Paris
1828 , 2 vol. in-8. , tom. I , pag. 258 , compte au
nombre des hommes célèbres qui illustrèrent les Gaules ,
(1) Cette citation tiendra lieu de l'annonce de l'ouTrage de
M. Charles Durand , qui appartient , en quelque sorte , à la biblio-
graphie lyonnaise , puisqu'il contient le cours professa par l'auteuv
à i^on f en 1896 et iS97«
(42)
et particulièrement la ville de Lyon , dans les premiers
siècles de l'ère chrétienne, ce A Lyon^ dit-il , César Ger-
»> manicusse montre poète (i), Libéralis (2) cultive la
» philosophie , Abascante (3) la médecine , et Germinius
» et Rufin s'honorent de Tamitié de Pline. » Ce Rufia
est évidemment Trébonius Rufinus , duumvir à Vienne,
c'est-à-dire un des deux premiers magistrats de cette ville,
dans le premier siècle depuis J.-C. ; mais Vienne n*est
pas Lyon , et il y avait autrefois entre ces deux villes ,
souvent ennemies , une bien plus grande différence que
celle qui existe maintenant , différence qui fut long-temps
k l'avantage de Vienne , plus ancienne et plus considé-
rable alors que Lyon , et qui ne permet pas , lorsqu'on
parle de faits anciens , de confondre ces deux cités ,
malgré le peu d'éloignement' où elles étaient l'une de
l'autre. Pline le Jeune a en effet correspondu avec Ru-
finus , et la 22^ lettre de son IV^ livre lui est adressée.
C'est dans cette lettre et dans un passage de la 18.^ du
livre VIII que se trouvent le peu de notions qui nous
restent sur le duumvir viennois. Nous renvoyons le
lecteur à VHist. litiir. de la France^ par des Bénédictins,
tom. ly pag. 249-2^0 , où ces notions sont rassemblées
avec soin. Quant à Germinius que M. Charles Durand
(0 On connaît , en effet, de ce prince, petit-nereu d'Auguste
tké rceUement à Lyon , quelques épigrammes grecques et latines
qui sont parvenues jusqu'à nous et une traduction en Ter» latina des
Phénomènes d'Aratus.
(1) AEbutius LiLérHlis , ami de^ Sénèque , qui lui dédia son traité
des BienfaUs.
(3) On trouve dans les Arch» du Bh. , t. Il , p. 564 i ^^^ notice
sur Abascantius , qu'on peut compléter au moyen de celles que loi
ont consacrées les Bénédictins , auteurs de VHist* lUl, de la Erance p
tom. 1 1 pag. a5o.
. . ( 43 )
désigne aussi comme ayant été en commerce ëpislolaire
atec Pline le Jeune , celui-là était bien lyonnais , mais
son nom est dëfigurë : il faut dire Geminius, Nous avons
parlé de lui , Archw. du Rh. , tom. Il , pag. a. Pro-
fitons de cette occasion pour indiquer d*autres noms de
Gaulois illustres , que M. Charles Durand ou son im-
primeur a également estropiés : pag. 255 de son I.^'tome^
il a écrit Periicus au lieu de Persicus , et Arsanus au
lieu m Art anus ; et pag. 260 , Ausonne au lieu à'Ausone.
Cette dernière faute est très-commune dans les écrivains
modernes de France , qui , en général , n*ont pas une
grande érudition classique , quoique plusieurs d*entr*eux
soient bien aises qu'on les en croye abondamment pourvus.
BEAUX -ARTS.
Le betour de cuassis. , tableau de Mad. Petit-Jean , et la Tireuse
DE CARTES , tableau de M. Bîard.
Og nous avait fait espérer que les ouvrages de peinture
€t de sculpture envoyés à Paris , au salon de cette année ,
parles artistes de Técole de Lyon , seraient , après Texpo*
sition, remis en route pour notre ville, et que le public
aurait Tavantage de les voir tous réunis dans une des sal*
les du palais de St.-Pierre., où les amis des arts pensaient
jouir du plaisir de les admirer avant leur départ pour la ca-
pitale. Notre attente serait-elle trompée? Du nombre as-
sez grand de productions dont les artistes lyonnais ont en*
richi là decnière exposition du Louvre , est-il dit que les
deux jolis tableaux qu'on voit depuis quelques jours dans
la salle de la bibliothèque de Técole des beaux-arts, seront
( 44 > ^
les seuls objets oflFerts à notre icuriositë f Ne sachant pas à
quoi nous en tenir là-dessus, nous croyons devoir nous
empresser de faire connaître à nos lecteurs les pièces agréa-
bles dont nous venons de parier; et comme la politesse
veut que les dames passent les premières , nous commen-
çons par le tableau de Madame Petit- Jean.
La scène se passe à la campagne , dans Tintérieur d*un
château, ou du moins d'une habitation élégante, dont le
propriétaire est un homme d*un certain rang, puisque l'ar-
tiste Ta représenté portant un ruban rouge à la bouton-*
nière de son vêtement. Ce personnage, ainsi décoré, est
assis, dans son cabinet, auprès d'une table placée en face
d'une cheminée ; sa femme est assise k sa droite , et devant
lui est un vieux paysan , assis auprès de laicheminée. Ce
vieux paysan est , selon toute apparence , un des fermiers
du personnage décoré ; c'est lui qui vient d'apporter les
deux sacs et les trois piles d'écus qu'on voit sur la table y
et le propriétaire est sur le point de lui faire sa quittance ,
puisqu'il tient une plume de la main droite, et qu'il a la
main gauche sur une feuille de papier blanc. -
En ce moment arrive le fils de U maison ; il revient de
la chaise, où il est allé pour la première fois, et il est ac-
compagné d'un superbe chien courant. Le jeune homme
est en veste de drap vert , en culotte de drap gris , en gué-
ires de cuir fauve , et il est coiffé d'une toqM de drap
bleu ; il tient de la main gauche un fusil à deux coups, et
de la main droite un grand lièvre qu'il a tué et qo'il pré-
sente à son. père d'un air de triom^ateur. La surprise et
la satisfaction éclatent sur les figures du personnage dé*-
coré, de sa femme et du. vieux paysan; tous paraissent
émerveillés de l'adresse du jeune chasseur et semblent loi
en faire compliment. Une jeune demoiselle , qui se tient
debout derrière la maîtresse de la maison ^ et qui parait
( 45 )
être la sœur du jeune homme , a les yeux fixes sur le liè-
vre et regarde lâF ][)auvre bête avec un air de compassion ;
une jeune cuisinière est h la porte du cabinet , et Ton voit,
à son air riant, qu elle attend que l'animal lui soit livre-
Cette petite scène de famille , qui se passe en hiver, au-
près d un grand feu , est rendue avec beaucoup de naï-
veté, et Ton doit à Madame Petit- Jean de justes ëloges sur
la délicatesse et le fini qui régnent dans tous les détails de
cette intéressante composition. Ce joli tableau , devant le-
qael Madame la Dauphines'est, dit-on, arrêtée long-temps,
et dont elle a témoigné Je désir de faire l'acquisition , se
treuvait déjà retenu pour notre Musée qui , chaque jour ,
s'enrichit , comme on le voit , de productions charmantes.
Honneur à l'autorité municipale de Lyon des soins qu'elle
apporte à encourager parmi nous la culture des beaux-
arts, et puissent sesJibéralités' exciter de plus en plus lé
zèle et l'émulation des jeunes élèves de notre école !
Le tableau de M. Biàrd représente une de ces sibylles dé
gremer qui, de tout temps, ont vécu et ne cesseront jamais
i^ vivre de la sotte crédulité et de la superstition malheu-
reuse, nous ne disons pas seulement des gens de la classe
populaire, mais encore d*un assez grand nombre de per-
sonnes des classes les plus élevées. Là sibylle de notre
jeane artiste est assise dans un vieux fauteuil, auprès d'une'
table couverte d*un tapis de drap vert , et deux petites gri-
sektes sont venues la consulter* Qu'on veuille bien nous
passer cette expression de grise fies ; notre langue n'en of-'
fre pas d'autre pour désigner les jeunes personnes de com-
mune condition, commç les brodeuses y les couturières j
les blanchisseuses , les modistes , les repasseuses , les Hngc-
rri et mille autres. Parmi ces grisettes, il s'eri trouve sou- '
vent de fort jolies; et tel est le pouvoir de la beauté»
qu'aujourd'hui comme autrefois les plus grands seigneurs*
ne craignent pas de rendre hommage à leurs charmes.
t 46 )
Sur la table ) auprès de laquelle est assise la sorcière âe
M. Biard , est une assiette creuse avec quatre oeufs et un
verre plein d'eau, objets d'un grand secours, comme cha-
cun le sait, dans toutes les opérations cabalistiques. L'une
des deux grisettes , qui parait être une ouvrière en mo-
des , s'appuie mollement sur son grand carton de forme
ronde , qu'elle a posé sur la table ; la sibylle tire en ce mo-
ment les cartes pour elle, et l'autre grisette, qui est de-
bout, les bras croisés, écoute attentivement les paroles
qui sortent de la bouche de l'oracle, et semble attendre son
tour. La tireuse de. cartes et les jeunes personnes sont ca-
chées par une espèce de paravent formé d'un vieux ri-
deau de soie; deux jeunes gens, qui paraissent être les
amans de ces demoiselles, se sont introduits dans le grenier
de la sorcière , l'un est à genoux et soulève un coin du
vieux rideau , l'autre est à la porte d*entrée du grenier
avec une espèce de vieille servante à laquelle il offre du
tabac, comme pour l'apaiser d'avoir franchi la porte mal-
gré elle. Dans le fond du grenier sont quatre femmes et
deux hommes qui se chauffent auprès d'un grand poêle y
en attendant que la sibylle ait fini avec les deux jeunes ou-
vrières.
La tireuse de cartes , assise , comme nous l'avons dit ,
et les pieds posés sur une chaufferette, est vêtue d*une
vieille robe d'indienne fond amarante, à gros bouquets
blancs; elle a sur les épaules un mantelet d'indienne fond
blanc , à fleurs bleues ; elle est coiffée d'un vieux chapeau
de soie noire, doublé en soie rose, et elle a des lunettes
sur le nez. Près de la chaufferett^sur laquelle posent ses
pieds, est un petit mortier en cuivre. à piler des drogues,
ainsi qu'une bouteille de verre blanc à large ouverture -
sur le dossier du fauteuil est perchée une chouette; une
boite de drogues se voit ,au bas avec un réchaud allumé
( 47)
$ttr lequel chaaffe une pelle à feu. Près àe la boite à dro-
gues est un geai , et plus loin une pie perchée sur un bâ-
ton. Parmi les autres effets qui meublent le grenier de la
sorcière , on distingue une cage contre la muraille , une
malle , un balai de peau de mouton , une vieille chaise sur
laquelle sont deux gros poids en pierre , enfin une peau de
crocodile empaillée est suspendue au plancher.
M. Biard est, sans eontredit, un des jeunes artistes de
r^le de Lyon qui donne les plus belles espérances, et la
composition qui vient de nous occuper est aussi remarqua-
ble par son esprit que par la manière ferme et franche avec
laquelle toutes les parties en sont traitées. La pose de la
jeune modiste, pour qui la sorcière tire les cartes, est
pleine de grâce et de naturel ; sa physionomie est char-
mante, et ^n petit air rêveur est délicieux. L'artiste a dé-
ployé dans cette figure une élégance dé formes , une cor-
rection de dessin , vraiment admirables , et tout , dans son
ajustement , est du goût le plus parfait. L'année dernière,
en rendant compte d'un tableau de saint Pothin , exécuté
par M. Biard pour l'archevêché de Lyon , nous avons dit
que cet agréable artiste annonçait d'heureuses dispositions
pour la peinture d'histoire : nous ignorons si de nouvelles
commandes en ce genre lui ont été faites; mais quelque
envie qu'il pourrait avoir de continuer à suivre la route
dans laquelle le Poussin' et Lesueur se sont immortalisés ,
malgré le talent que nous avons pu reconnaître dans les
dilEirens essais historiques dont on est redevable à la fa-
cilité de son pinceau, nous pensons qu'il fera sagement de
ne pas trop présumer Je ses forces. La carrière parcourue
par les deux hommes que nous venons de citer est noble
et grande , et bien digne assurément d'enflammer un cœur
généreux : nou^ ne craindrons cependant pas de dire à
M. Bia^d que la route suivie par Gérard-Dofp et par Da^
( 48 )
çid Teniers ne saurait être mëprisëe par les personnes rai-
sonnables et de bon goût; et, pour lui faire œnnaitre iqi
notre pensée toute entière, qu*il sache que ses travaux
seront couronnes d'un succès certain, s*il veut se borner
à marcher sur les pas de ces derniers maîtres*
Ces observations auront peut-être beaucoup de peine à
parvenir à M. Biard. Attaché depuis quelque temps à la
marine royale , et se trouvant en ce moment à bord d'une
corvette française en rade à Alexandrie , il est à peu près
probable que notre article ne passera pas sous ses yeux.
Quoi qu'il en soit, nous avons dit notre opinion, et nous
osons croire qu'elle sera partagée par toutes les personnes
amies des arts , qui savent joindre la réflexion au senti-
ment. Quant au charmant tableau de notre jeune compa-
triote , sur lequel nous n'avons pas craint de nous étendre
avec complaisance 4 il parait que la Mairie de Lyon se pro-
pose d'en faire l'acquisition pour notre Musée : tant mieux;
tout l'argent que l'administration employera de cette mar
nière ne sera jamais regretté. Z.
MELANGES.
Il existe plusieurs éditions des anciens classiques la-^
tins , publiés à Lyon , dont les titres annoncent que les
textes en ont été revus par Jean Boulier {^ex casliga-
iione , ou cura et studio Joannis Boulier H ). Cette in-
dication se trouve notamment sur le frontispice d*un
Horace , publié par Antoine Vincent et imprimé par
Sympborien Barbier, en iSSg, in-8* ; sur celui des
«uvres' de Cicéron qui parurent , par parties détachées ,
(49)
Aez Jean Fretlon et Antoine Vincent , de 1 56o II i S68 ;
et enfin à la tête du Martial du même Jean Frellon ^
âont Symphorien Barbier fut aussi l'imprimeur, en i56oi
petit in-8.® ou în-i6. L'extrait du privilège relatif au
Cicéron , daté de Paris , 26 avril i558 , porte : Toutes
ies œuures de Ciceron , reveues et corrigées par mùistre
'léhan Boulier , sans autre qualification. Les éditions
que nous venons de désigner sont très-soignées ; celle
de Martial est accompagnée de notes courtes , précises j
mais pleines d'une érudition qui nous a paru assez so-
lide et assez substancielle. Nous avons vainement cherché
quelques renseignemens sur ce Jean Boulier : il n'a
d'article dans aucun des dictionnaires biographiques que
nous avons été à même de consulter. Il se pourrait
que ce fût un Lyonnais , et cette conjecture est fortifiée
par la circonstance que l'on trouve un Nicolas Boulier
dans le catalogue des anciens recteurs de l'hospice de
la Charité de Lyon , à l'année 1 69 1. Il y a bien eu à
Dijon unejamilie distinguée du même nom , ainsi que
le dit Papitton dans sa Bibliothèque des auteurs de
Bourgogne y art. Philibert Boulier ; mais c'était dans
le dix-septième siècle.
1 •
On lit dans VHistoire de Bresse et de Bugey , par
Guichenon , part. III , pag. i3o , une courte notice sur
un Hugues de Gorgenon , chanoine et comte de Lyon ,
mort le 18 avril i352 , dans laquelle on aperçoit la
trace d'un ancien usage fort singulier. Il y est , en effet y
question d'une transaction entre Guillaume , archevêque
de Lyon , et le chapitre de l'église métropolitaine , où
« il est parlé du droit prétendu par cet Hugues de
Tome FIJI. 4
(5o)
0 CorgenoB , oomme chanoine et vicaire de ladite église,
» sur k cheval de Tarchevéque ^ au jour de son entrée* ^
Il n*est fait mention de ce droit bizarre nulle autr^ part
que nous sachions. Du K^iste , Guichenon donne à latran-
saction qui le rappelle, la date du 20 octobre i3o6»
îndict. 4 , et cette date nous parait fautive. En i3o6 ,
Tarchevéque de Lyon ne s'appelait point Guillaume : le
siëge était alors occupé par Louis I de Villars. Guillaume
,1 de Sure ne fqt nommé qu'à la fin de i332, et nç
prit possession qu'au mois de janvier i33?. 1^'acte dopt
il s'agit , est donc nécessairement d'une date postérieure
à celle que Guichenon lui assigne*.
Le rëcit suivant se trouve dans les Essais historiques
sur Paris , par Saint-Foix (1) : u En i523, le capitaine
. Frauget , gonvemeur de Fontarabie , ayant rendn hon-
tefi^ement cette place aux Espagnols , fat condamna à être
dégradé de noblesse. On l'arma de pied en cap ^ oq té fit
monter sur un échafaud , où douze prêtres '9 as^is en
surplis , commencèrent à cbanter les yigiles des morts ,
après qu'on lui eût lu la sentence qui le déclâroit traître 9
déloyal , vilain et Jbi^nentie* A la fin de chaque psaume y
ils faisoient une pause j pendant laquelle un Hérault d'ar-
mes le dépouiUoit de quelque pièce de son armure , en
criant à haute 'Voix : Ceci est le casque du Idcho^ ceci est
son corselet , ceci son bouclier , etc. Lorsque le dernier
psaume fut acUeyé , on lui renversa sur la tête un bassin
d'eau chaude ; on le descendit ensuite de l'échafaud aTec
une corde qu'on lui passa sous les aisselles ; on le mit sur
une claie ; on le couvrit d'un drap mortuaire , et on le
{i) Œuvres complètes, édition de Paris, v.* Duchesne , 17789
ih-8«, tbm. IV , pag. 166-167.
r .»
( 5i )
porta V Tdglifte oii les douce prttr^ renTiroBnèpent et lai
chantèreni sur la tête Je psaume Deus^ xlaudsm moam ne
iacueris , ilaas leqpokel sont contçnaea plusiQprs imprëca-t
tioas contre les traîtres. Ensuite ou le laissa aller et snryiyro
à son infamie* ^
Ces détails curieux sont un abrégé de ceux que donne
André Fayjn , Histoire de Navarre , Ht. XII , pag. 751 et
snir. Saint^Foix n'y a oublié qu'une circonstance ^ qui est
jastement celle qui nous a engagé à les transcrire ici :
c'est que Texécùtion dont' il s'agit se fit à Ljon. l^os bis-
loriéns particuliers sont muets sur ce point ; mais , outre
FaTjn et beaucoup d'aatres» Biaise de Montluc^dans ses
Mémoires y année iS^S^ et. Montaigne y dans ses Essais ,
Ij 1 5 9 attestent le fait. Le dernier de ces auteurs s'ex*
prime ainsi : m Du temps de nos pères , le seigneur de
.Franget (i) , iadis lieutenant de la compaignie de mon-
sieur le marescbal de Gbatillon , ayant esté mis par ibon-
sienr le marescbal de Cbabannes , gouyerneurdeFontarabie
au lieu de monsieur de Lude , et l'ayant rendue aux
Espaignols 9 fut condemné à . estre degilidé de ni^blesse 9
et tant luy q^^ sa postérité déclaré^ roturier , taillable et
incapable de porter armes : et feut ceste rude sentence
jçxecutée à Lyon. 99
La Noiiu sur Proculus^ insérée tome VII, pag. 3o5-
3o8 , nous a semblé appartenir à l'histoire de Lyon
par cette circonstance que très-probablement c'est dans
notre ville que ce tyran éphémère fut proclamé em-
pereur 9 après une partie d'échecs qu'il Tenait de ga-
gper. Il est présumable que cest aussi ce motif qui poila
le président Laurent Dugas à traiter le même sujet. On
(i) U est nommé j taatôt jFran^e/ ; tantôt Frau^sl , fw 1*8 lus*
toriens du seizième siècle.
(Sa)
woii ^ns les registres de Tacad^inie de Lyon qu'il lut
dans la séance du g février 17349 un mémoire sur la
çie et le caractère de Proculus. Ce mémoire qui , sui-
vant toute apparence 9 n'a pas été imprimé » et dont le
manuscrit n'existe pas dans les porte-feuilles académiques»
est sans doute absolument perdu.
 la tête de l'avant-dernier numéro de la Revue ency^
dopédique (mars 1828) , se trouve un Essai statistique
sur la presse périodique du globe , ou comparaison de la
population des cinq parties du monde et de leurs principaux
états avec le nombre correspondant des journaux qu'on y
publie j par M. Adrien Balbi. Lyon figure ^ comme de rai-
son , dans ce tableau : sa population y est portée à
146,000 âmes, et le nombre de ses journaux à i3. La pre-
mière évaluation approche beaucoup plus de la vérité que
la seconde. Il s'en faut de la tnoitié au moins que les re-
cueils périodiques , qui paraissent à Lyon , soient aussi
nombreux. Du moins , nous ne connaissons que les six sui-
vans: La Gazette universelle^ U Précurseur^ le Journal
du Commerce , les J^onces Judiciaires , les Archives du
Rhône et l'Abeille. Que deviennent les calculs et les com-
paraisons de M. Balbi , si , dans les autres parties de son
travail , il se rencontre de pareilles inexactitudes ?
.M. C. N. Amanton, conseiller de préfecture à Dijon,
membre titulaire de l'académie de cette ville , et correspon-
dant de l'académie de Lyon et de plusieurs autres sociétés
savantes, publie, depuis deux ans jV Annuaire du dépar-
temeai de la Çôle-itOr. U a soin d'y ajouter des pièces
(55)
qui relèvent ce recueil , et empêchent qu'il ne sôit unique-
ment un indicateur d'adresses et d'annonces , et un sim-
ple dëpôt de renseignemens passagers et locaux. C'est ainsi
i|ue ptasieurs des anciens Almanachs de Lyon sont précé*
âës ou suivis de mémoires , dont quelques-uns sont très.
lien faits, sur des points d'histoire ou de statistique (i).
V Annuaire de la Câie-dOr , pour l'annëe dernière
(1827), ëtait accompagne d'une Notice sur les for ils de
laCâie-d'Or^ par M. Noîrotj de Notices chronologiques
sur les mœurs , coutumes et usages anciens dans la Bour'^
gogne j morceau historique y fort curieux et fort piquant y
du aux recherches de M. Peignot; d'une réimpression,
avec de savantes notes de M. Amanton , de la Dissertation
de Ballet sur le Festin du Roi-Boit , etc. Le volume de
cette année est, à son tour , enrichi d'une Notice histori-
que ei statistique sur les Archives de la préfecture du dé^
pariemeni de la Côte-dOr , par M. Boùdot , à qui est (con-
fiée la garde de ces Archives. Nous y avons remarqué ,
dans une note de la page 22 , l'indication suivante : « Dans
^ les milliers de rouleaux (en parchemin) que les Archî^
» ves de la C6te-d'0r possèdent , il s'en trouve un concer*
» nant l'abbaye de l'Ue-Barbe et ses biens , daté de l'an
» i23o, formé de ifi peaux de parchemin, portant en Ion-
2> gueur 33 mètres V3 (ou 104 pieds), et en largeur Vs de
» mètre (ou 2 pieds). C^est un monument précieux pour
» les familles des bienfaiteurs de cette abbaye, et pour
» connaître les biens qui en dépendaient. Cette pièce jus-
9 tifie que ces rouleaux n'avaient point de bornes déter-*
» minées* » Nous espérons que cette indication , que nous
signalons , en passant , à l'attention des administrateurs du
(1) Voy. ci-deMUf , tom. IV , pag. 1 57-160.
^ I
'N
(54)
déparlcmcnl du Rhône, ne sera pas perdue. Il leur serait
facile, sans doute, d obtenir, de la ville de Dijon, la ces-
sion d'un monument qui, ayant peu de prix pour elle,
peut en avoir beaucoup pour nous, et qui, dans tous les
cas , serait beaucoup mieux place dans les Archives muni-
cipales de Lyon , qu'il ne Test dans celles de la Côte d'On
La Dissertation de M- Boudot a étë tirée à part, à un pe-
tit nombre d'exemplaires, comme lavait ëté, l'année pas*
sée, celle de BuUet, réimprimée par les soins et avec^les
additions de M. Amanton*
Ayant ouvert, par hasard, à la bibliothèque de Lyon,
le volume intitulée Joaanis Dmonensis Assonœ Seguano-
rum dkasfœ Poëmaia^ Lugduni^ apud Petrum Fradin^
i558 , petit in'-8.<>, j*y ai trouvé, parmi les épigrammes ,
trois pièces adressées , Tune lacobo Vtrnae , et les deux
.autres, à un conseiller du parlement de Dijon, nommé
Benignus à Verna. La ressemblance , ou plutôt Tidentitë
de ce nom avec celui d*un de nos magistrats municipaux ,
appelé tout récentment à Thonneur de représenter le dé^
parlement du Rhône à la Chambre des Députés, m'a fait
penser que les deiix Vtrna du seizième siècle pourraient
bien avoir été du nombre des ancêtres de notre compa-
triote. J'ai soumis à M. C. N« Amanton , si bien versé dans
l'histoire de la 'Bourgogne, mes conjectures sur ce point,
ainsi que quelques observations relatives à Jean Girard ,
parmi lesquelles figurait celle qui suit: « L'article Gi-
rard ( Jean ) , dans la Biographie universelle , rédigé par le
savant, lexiact et laborieux M. Wéiss, est accompagne
d'une note ainsi conçue : « C'est d'après la Bibliothèque
» des auteurs de Bourgogne^ qu'on a dit que Girard était
(.55 )
> de Dijon ; mais Jurain , dans ses Antiquités d'Auxonne^
» page 80, assure qu'il ëlait ne en cette vîlfe, et son të^
» moîgnage est d*un grand poids. » M. Weiss à fort dé
craindre de s'être trompe , en s'en rapportant à Psfpillon.'
Ce dernier a, en sa faveur, un témoignage duh ^\us grand
poids que celui de tous les Jufain du liiondé : c^est celu|
ie Jean Girard lui-même , qui devait savoir , mieux que
personne , quelle était sa patrie ; or, à la tête de ses poé-
sies latines, il se donne la qualification de Dis^ionensis ^ et
I on trouve au fol. 48 , recto et verso, de ses Epigrântme^l
la pièce suivante qui est la seconde de la quatrième CSenH
torie :
.. JPE SEIPSO.
AUusto ad controsfersam Homeri patrUrni, •
inter geptem ttrbes cajus sit civis Homems
Lis fait 9. et dabi.Q judice pende t adhiic.
'. 5iç sibi tota suam me vinJicat Assona cîvem :
Givem me esse.suum Divio dîves ait
U/aabavos, proavos gênera vit: avumqae pâtremque
In medio gênait lÀater arnica sina. ...
fiic me vitales verb proditxit in aÙFàtf \^
Atque mthi sanctom chrisma fidemque dédit» •
Samufariûs ? in proprift sic causa jadico jadex :
Assonientis eram ^ divionensJs ero.
Jlla^ c'est ëvidenunent Âuxpnne ; Hic^ c'est t)ijon.
Ainsi ,f J^n. Girard était originaire d'Âuxonne, qui avait
doQQé le jour à ses. ancêtres, et notamment à son aïeul et
\ son père ; mais il était né et avait été baptisé à Dijon.
Cela e^t positif, et M.. Weiss , en se fiant , comme il y pa-
rait disposé, à Tassertion de Juraln, tomberait avec lui
dans une grande erreur.
(56)
Il n*ëtait guère modeste, de la part de Girard, pour le
remarquer en passant , de se comparer, en quelque sorte,
à Homère, que plusieurs villes se disputaient Thonnear
d*ayoir vu naitre ; mais il parait que la modestie n^était
pas une des vertus de votre poète. Dans une autre pièce
adressée à ses amis de Dijon , Amicis Dwionensibus y Cen*
tur. V, Epigr. 91 , fol. 6^^ recto, il répond au reproche
qu'on lui faisait de ne pas aller habiter cette ville , bien
préférable à la triste Auxonne^ et où il obtiendrait facile-
ment la fortune et les honneurs, qu*il était comme César ,
et qu'il aimait mieux être le premier à Auxonne que le se-
cond à Dijon. Il pouvait se dire le premier à Auxonne^
puisqu'il y remplissait les fonctions de maire , et qu'il était
peut-être la seule personne qui y cultivât la littérature ;
mais à Dijon aurait-il été le second ? C'était une grande
vanité que de se flatter ainsi de pouvoir être ou devenir
supérieur à tant de gens distingués par leur rang et par
leur mérite , qui devaient alors se trouver dans la capi-
tale d'une province où il y en a toujours eu beaucoup , et
que de rapprocher un nom aussi trivial et aussi obscur que
celui de Jean Girard, dés noms si glorieux de César et
d'Homère , etc. , etc. »
M. Amanton m'a fait une réponse d*où sont extraits les
passages suivans:
^ Je connais depuis long-temps Jean Girard sous sa dou-
ble qualité de maired' Auxonne et de poète latin; mais au-
cun de ses ouvrages ne m'est tombé sous la main. U a un
article dans l'abbé Papillon , Bibliothèque des auteurs de
Bourgogne , et vous avez raison d'en croire celui-ci, lors-
qu'il le dit né à Dijon , puisque cela résulte du titre même
de l'ouvrage que vous citez; mais, ce qui m'étonne, c'est
que ce titre ne se trouve pas dans l'abbé Papillon , qui cite
( 5? )
un ouvrage sous un autre titre , aussi imprime à Lyon
cfaezFradin , en i558. Voîci le titre donné par l*abbë Pa-
pillon: Poemata^ SHcosiraiia^ Epinikia Grœcorum cat^
minum^ Meiamorphosis not^em sororum ^ etc. Lugduniy
Fradin, i558 (i).
J'ai sous les yeux le petit volume extrêmement rare dé
Claude Jurain, adçocat^ majeur étAuxonne^ intitulé:
Histoire des antiquité z et prérogatives de la cille et conté
iAussonne , contenant plusieurs belles remarques des du-
ché et conté de Bourgongne. Dijon , Guyot , 1 6i i . Claude
Jarain , page 80 , parle de « Fut maistre Jean Girard, na-
» tif de ce lieu ( Auxonne), où il a esté lieutenant au bail-
» liage et mayeur de ladite ville », comme auteur de pè--
tiis mémoires qu'il a laissez par escrit de sa main , rela^
tifs à l'ancienneté de sa patrie , déjà ville forte , suivant lui,
du temps de Clotaire II. Sans doute Jurain s'est trompé
en faisant naître Jean Girard à Âuxonne ; mais votre con-
jecture est juste lorsque vous dites qu'il en était origi-
naire ^letc, et mon ami M. Weiss a eu tort, dans la Bio-
gropkié universelle , d'accorder plus de confiance à Juraifi
qu'à Papillon.
Venons maintenant au Jacobus Verna^ auquel Jean
Girard a dédié la seconde centurie de ses épigrammes, et
au Benignus à Verna , dont il fait aussi mention : ce sont,
Vun, Jacques Laperne^ maire de Dijon , et l'autre, 5^-
nigne Laçèrne , successivement conseiller et président au
parlement de Bourgogne.
Jacques Laverne , seigneur d'Athée , près d' Auxonne 9
est fameux dans nos fastes municipaux. Il avait été élu
(1) Le titre qae j'ai ciié, est le titre géoëral du volume ^i contient
les autres ouvrages indiques par Papillon , lesquels ont chacun un
frontispice particulier et une pagination différente* B
(58)
maire de Dijon, d*abord, le 20 juin i587, pui» contioué .
le 20 juin i588. Il avait ensuite ëtë choisi, le 10 janvier
iS^o, pour suppléer Pierre Michel, qui était malade et
mourut peu de temps après. Elu de nouveau j le jao juin
de la même année, il fut maintenu en 1691, et ensuite
, réélu en iSgS , toujours à la date du ai juin. Jacques La-
verhe fut donc maire de Dijon presque tout le temps de la
ligue ; il était un des plus zélés défenseurs de ce parti , dont
le célèbre Mayenne , gouverneur de Bourgogne , était le
chef. Laverne était d'un caractère violent; sa main 4e fer
s^appesantissait sur les individus qu* il soupçonnait dësi*-
reux du retour de Tordre par le triomphe d'Henri IV.
Edme Chantepinot , avocat du roi au bailliage de Dijoik^
ne partageait pas ce désir ; car c'était l'un des ligueurs les
plus déterminés et les plus actifs: cependant, il s'éleva en^
tre lui et le maire Laverne une dispute si vive, qu'ils en
vinrent aux mains en pleine rue, et que le maire reçut
un soufflet» si l'on en oroit un mémoire du temps. Quoi
qu'il en soit de cette circonstance, Chantepinot fut arrêté^
conduit à THâtel-de-Ville , puis condamné , sans forme de
procès, à être pendu incontinent. Le bourreau se refusa à-
l'exécution jusqu'à ce qu'on lui eût donné oonnaissanee de
la sentence : il n'y en avait point. Un jeune avocat , lieu-
tenant du maire , en improvisa une qu'il revêtit des for-
mes alors usiiées, et Chantepinot fut pendu. Vint bientôt
le tour de Jacques Laverne. Le trait dont il s'était rendu*
coupable fut rappelé au parlement , lorsqu'il s'y présenta
pour remplir une place de conseiller que lui avait accor^
dée le duc de Mayenne; et, malgré les menaces de ce
prince , le parlement ne voulut pas recevoir le nouveau
conseiller qu'on lui imposait. Le parlement fit plus: il fil
faire le procès à Jacques Laverne qui fut condamné à mort^
(59)
pois exëcuiésiir la placedu Morimont ,'Ie 2g octobre i5g4;
II eut la tête tranchée^ Dans nia collection des jetons des
maires. de Dijon , Beaune et Avtionne , que} ai fait graver. ^
il en existe qaatrefrappifs sous la magistrature de Jao^es
Laverne : deux en iSgo, le troisiènie en 159 1 , et le qua-
trième en 1592. Les deux premiers partent, d'un côté , la
devise : Proçidencia^justicia. eî. pace. uberias; le troi-^
sîème : Probus. illœjus. ei. inexpugnaiilis ; le quatrième:
Fis. nescia. çincL Jacques Laverne , suivant le langage hér
raldique , porixiit d'azur à itoisdemi-çolsd'or mowant de
taitme^de técu^ chargée eu cœur dune rose de gueules.
Cimier : un vold'ar. Ce blason se trouve au revers des je^
tons dont je viens de parler, avec cette légende autour des
trois premiers : Sub* umbra. alarum* iuarum* protège, me»
Dom'tae» La légende au revers du quatrième est : Sarta*
luce. çirebOé Parlons maintenant de Benignus à Verna.
fiënigne Laverne fut d'abord conseiller au parlement de
Dijon, et ensuite président à mortier; mais écoutons Pal^
ïixA (Parlement de Bourgogne ^ pag. 79): « Bénigne La*
» veme, chevalier, seigneur d* Athée, de Magny et de la
» Ghapelle-d'Auyillars , conseiller du roy et président au
» parlement par le decez de Tean-Baptiste Agneau-Begat,
» dont il fut pourveu et receu les xxiix juillet et xiu
» aoust H. D. Lxxii , estant lors conseiller laïc, qu'il exer-^
» ceoitdepuisle xxii octobre m.d. xxxv qu'il avoit esté
yr receu et pourveu le xi niay précèdent par la résignation
^ de€laude de Toumon. En ces deux offices, il admi-
^ nistrala justice sur les rangs de cet auguste sénat du*^
s rant 49 ans , avec une tre& grande estime : à la quéran-
» tieme année , le roy Henri III , en considération de ses
3» services, et des diverses charges et commissions qu'il eut,
' L'honora du tiltre de chevalier, luy donnant l'ordre',
( 6o )
3» l'accolëe et le ceint militaire , et luy en fit expédier ses
» lettres à Blois le xvi avril m. d. lxxvii , qui furent re^-
» gistrëes en la chambre des comptes de Dijon le iv juin
» suivant. :» Il portait comme Jacques Laverne porta.
Un Gaspard Laverne fut maire d'Auxonne : il fit frap-
per, en i6i3, un jeton aux armes de Laverne, avec uii
revers pareil à celui du quatrième jeton de Jacques La-
verne , et la même devise : Probus. illœsus. et. inexpugna^
Mis.
Il est clair, d'après leurs armoiries, que tous ces La-^
verne étaient de la même famille ; mais je doute fort que
le premier adjoint à la mairie de Xyon puisse y reconnaît
tre ses ancêtres
Voilà tout ce que je puis vous dire sur ce chapitre, etc. »
Extrait d'une autre lettre de m. c. n. a. de dijon.
Dans le tom. Il des Archives du Rhône ^ pag. 226-232,
vous avez publié, sous le titre de Mélanges^ différens mor-
ceaux extraits d*un recueil de pièces de vers, latines et
françaises , qui ont été faites en l'honneur de la ville de
Lyon : recueil que vous avez employé quelques momens
de loisir à former, en accompagnant ces pièces de notes et
de commentaires. Vous avez rapporté notamment différens
textes dans lesquels des auteurs anciens et modernes , qui
ont célébré Lyon , ont mis en opposition le calme de la
Saône et le cours impétueux du Rhône : de ce nombre
sont Sénèque, César, Claudien , le Chancelier de THôpi-
tal , etc. , etc.
En lisant cet article | j'ai été surpris de n*y pas.trouver
( 6i )
un yers latin , de œux qu'on appelle léonins^ qui m*ëtait
testé depuis long-temps dans la mémoire pour Tavoir lu
isolé quelque part. Le voici :
Lads Arar placidas Rhodano qui commodai undas.
Mais d'oà est-il tire , et qui en est Tauteur ? Je cherchai
dans le temps, mais vainement, à le découvrir. Enfin, je
Tiens de me rappeler, comme par inspiration , que je pou-
vais fort bien avoir lu ce vers dans V Histoire des aniiqui--
lez et prerogctiiçes de la cille d'Aussonne , etc. , par
M. Claude Jurain , advocat et mayeur dudit Aussonne. Di-
jon, Claude Guyot, 1611 , in- 12. J*ai vérifié ce souve-
Wy et J'ai trouvé , en effet, mon vers dès la seconde page^
avec cette traduction :
La Saône lente an Rhône preste
Les douces ondes qu'elle iette.
J'ai lu de plus en marge : Gunther. Plus loin , pag. 1 4, en
parlant de Regnauld^ roy de Bourgongne , Jurain cite cet
hémistiche :
Kegemque superbus agebat,
^'il dit être de Gonthier^ poète et gentilhomme allemand;
or, ce Gonthier et le Gvntherius , cité page 2 , sont sans
doute la même personne , et c'est à lui que mon confrère
et mon ami M. Weiss a consacré un article dans la Bio^
graphie uniçer selle ^ où il est dit né en Allemagne et qua-
lifié d'un des meilleurs poètes du treizième siècle.
Voilà ma petite découverte : ce sera une obole ajoutée
à votre trésor» et elle vous fera peut-être naître l'idée de
rediercher l'ouvrage de Gonthier où il parle du Rhône et
de la Saône , et peut-être des villes bâties sur les bords de
(60
ces fleuves. Quant à moi, je ne saurais vous aire ^uéF est
cet ouvrage. Si je vous ai nrfs sur la voie , j'aurai à m en
féliciter, comme je me félicite tous les jours, etc.
' NOTE SUR LES t>R0GRÈS m L'^INDUSTRIE DÂTVS LE DÉPARTE-
MENT DU RbftNE, DEPUIS I790 JUSQU'À CE JOUR.
1
, -, - * 1
Un député que Tindustrie seule a- rendu éligible et
élevé à ce poste. honorable , a dit à la tribune que cette
industrie , loin de faire des progrès en France , depias
3o ans, marchait, au contraire^ d'un pas rétrograde.
La lecture, des journaux scientifiques de cetie^ époque» et
. l'observation de ce qui se passe, journellement sous ses
yeux , auraient dû l'empêcher de professer une opinion
aussi fausse. Un simple coup d*œil sur l'industrie de
notre département , suffira* pour en convaincre. •
En iSoo , Lyon n'avait qu'une population^ de 88, 600
âmes , compris les faubourgs ; on n'y comptait que 3^5oo
métiers d'étoffes de soie: elle en avait perdu ii-,5oo
depuis 1786, époque où elle en comptait i5,ooa, et
iSo,ooo habitans ; la fabrique se bornait aux étoffes en
^oie pure , unies et façonnées , bas de soie et .dorure.
On faisait quelques tulles, à maille simple et des crêpes
peu estimés ; la chapellerie lyonnaise jouissait d'une
bonne réputaVion , et fournissait ses produits à l'Elspagne
et à l'Amérique ; on jie voyait ' dans le département
aucun établissement de produits chimiques f excepté
l'exploitation des mines de cuivre de Chessy et Sii Bel:,
et de quelques autres de plomb , assez pauvres^
, Depuis lors , la population du département s* est
^accrue de plus de 60,000 âmes,- même depuis sa di-
vision d'avec celui de la Loire. Aujourd'hui , Lyon seul ^
•C630
sans les faubourgsv «comple i4S,&oo faabttans; ^arare
qui en avait à peine 2,000 en 1 79O-9 en compte ac-
tuellement 6)St^.
L'augmentation progressive de cette population est
due aux ëtablissemens industriels qui se sont élevés de
toutes parts dans le Lyonnais , malgré la guerre désas-
treuse qui décima la jeunesse française pendant vingt
ans 9 et le siège de Lyon , plus terrible encore , qui lui
enleva 20^000 habitana*
La fabrique des étoffes de soie à Lyon ^ a pris une
teHe extension , depuis 28 ans , ^t surtout depuis la
pédease découverte de Jacquard , qu'on a vu le nombre
des febricans^ qui n'ë&it guère que de 80 en 1790,
l'ékver à 5oo et plus ; nous avons 305000 métiers en
activité , tant dans la ville et les faubourgs que dans la
banlieue 9' occupés à confectionner de^ genres d'étoffes
bien plus diversifiés qu'avant la révolution , par l'in-
génieux mélange de la soie avec le coton , le fleuret, le
mérinos , la' laine t longue d'Angleterre , le poil de Ca-
diemire et du Thibet : on a trouvé le moyen de carder
et de filer le cocon; on a inventé ou- impoirtéde nou-*
veaux montages des soies ^ qui produisent lès plus
beureux effels dans les tissus ; on a aussi appris à monter
le coton et les autres lainages à l'instar des organsins ,
4es grenadines ^ etc. Lyon a enlevé à Bolc^e sa répu-
taiiw pour les crêpes depuis l'invention de la macbine à
crêper 9 exécutée pour la première fois en 1792, par la
maison Bagnon , et perfectionnée par MM. Bon , que la
(bvlune a récompensés généreusement. Ces crêpes ont
surtout aequis une supériorité très-*-mdrquée depuis Tex-
ceNent' apprêt inventé par l'industrieux Ravu. Bientôt
on « reconnu la nature du tissu qui forme le crêpe de
Cbîne 9 et Lyon a encore ravi ce genre d'industrie au
(64)
vieil «mpif e cëleste , en le perfectionnant , en le yariant
avec ce goût qui caractérise nos fabricans.
Les Anglais avaient inventé le tulle à mailles fixes *
Fingënieux Bonnard ne tarda pas k deviner cette dé-
couverte , et Ton vit de nombreux métiers de ce tissu
remplacer les métiers à bas de soie qui avaient cessé de
travailler. Il en a été de même des tulles dits Bobins ,
fabriqués en coton. Lyon a encore enlevé ce genre de
fabrication à l'Angleterre , et plusieurs ateliers sont en
pleine activité daqs ses murs*
Birmingham , Manchester , la Saxe et ensuite Saint*
Quentin fabriquaient ces tissus légers et économiques pour
robes d'été , appelés crêpes de lajhes , popeline^ , bomba-
sines , cottpaly, grenadines coton , etc. Lyon ne reste point
en arrière ; plusieurs maisons , et notamment MM. Terras
père et fils et Drevet j montent de nombreux ateliers qui
fabriquent en perfection ces divers genres d*étoffes«
. La fabrique d'étoffes façonnées s'est singulièrement
perfectionnée. Faisait-on , en 1790 , des ouvrages tels
que ceux des Didier-Petit , des Bouvard et Mathevon ,
des Bérujon et surtout de Maisiat 9 jeune homme doué
d'un rare génie d'invention ?
Avant 1790 il n'existait aucun établissement de pro-
duits chimiques à Lyon , comme nous l'avons dit plus haut;
on a vu successivement s'y élever des fabriques de sul-
fate de fer , d'acétate de cuivre , d'acides sulfurique 9
nitrique et hydrochlorique , d'alun , de soude factice ,
de cendres gravelées , de prussiate de potasse , de chlo-
rure de chaux , de carbonate de soude , d'ammoniaque ^
de noir d'ivoire , de colle , de gélatine d'os , d'ichthyocolley
de vases de grès , d'eau de Javelle , de bleu de Prusse i
la fabrique de cordes d'instrumens rivalise , pour la bonté 9
avec celle de Naples.
(65)
Des mines consiâëral>Ies de sulfate de baryte et de
manganèse , ont été découvertes depuis peu d'années , et
on les exploite pour les arts avec un grand avantagé.
Lyon avait conquis sur le Levant la belle teinture de
rouge dit d'Andrinople ; et déjà une belle manufacture
de bonnets gasquets s'élevait à la Guillotière , lorsque la
guerre de la Grèce avec la Turquie en a interrompu le^f
travaux*
Nos fabriques d'orseille ont acquis un haut degré de
perfection , et on y fait le cudbéard aussi bien qu'en
Angleterre.
L'invention de la machine à la Jacquard a donné lieu
à l'établissement de plusieurs fabriques de cartons : la
ville de Beaujeu possède une des plus belles papeteries
de France , dirigée par un de MM. Mongolfier ; Ste.
Foy et St. Genis^Laval possèdent aussi depuis 25 ans
des fabriques de papiers peints , et dans ce dernier village^
il s'est formé depuis peu un atelier de tableaux et d'étoffes
imprimés en couleur , nouveau genre d'industrie , qui
pourra devenir très-important , parce qu'on imite sur
la soie tout ce que le broché en couleur et en or et
argent peut exécuter au moyen du métier.
Nous avons de nombreuses fonderies de métaux ^ en
cuivre , bronze et fonte , et nous fabriquons mieux qu'à
Manheim le trait faux.
Outre les verreries noires qui , de Pierre-Bénite , se
sont transférées à Givors , on y fond actuellement des
verres blancs pour vitres et pour vases , imitant le cris-
tal. Une semblable manufacture se forme en ce moment
à la Guillotière , et bientôt nous en verrons une de
verre de couleurs à Perrache.
Une des belles acquisitions industrielles qu'ait faites
Tome nu. 5
- ( 69 ) .
notre département -, c'est le tissage des mousselines fines.
Tarare rivalise en ce genre , non-seulemenl avec TAn-
gleterre , mais mâme avec Tlnde : ses produits sont
vendus comme provenant de cette partie de l'Asie , et
sont expédies comme tels , même en Perse et en Chine.
Enfin , la teinture lyonnaise a acquis , depuis 20 ans ,
un degré de supériorité qui fait le désespoir de nos
voisins et la prospérité de notre fabrique ; les blancs
roses de Gonin sont inimitables ; les teintes tirées du
safranum , les pourpres , les écarlates , sont d'un éclat
admirable ; les frères Michel ont porté les noirs à leur
dernière perfection ; le bleu Raymond fut inventé à
Lyon , ainsi que Tassouplissage des soies et Part de
nuancer les couleurs pour faire les ombr&.
Terminons cette notice par le nom des principaux
inventeurs modernes qui ont enrichi Lyon du fruit de
leur génie depuis 1790 jusqu'à ce jour.
MM. Alletz , mécanique pour les tulles façonnés ,
à fleurs et dessins.
Bagison et Bon j crêpage à la machine.
Banse f crêpage au cylindre , avec moirage et dessins.
Bely , mécaniques rondes à dévider la soie.
BoNARES , régulateurs pour le tissage des étoffes et crêpes.
BoNNAiLD , métiers à tulles à mailles fixes.
BouiLLET et Veanes , battant et navette marchant
par un seul moteur.
BuRTiN , battant avec changement de 1 1 navettes.
Calas et de Lompnes , la machine Jacquard , appli-
quée aux tulles à dessins.
Dutillieu , régulateurs pour les étoffes façonnées.
Fetinet , cylindre mécanique pour remplacer les ti-
reuses ; cantres obliques.
(6^)
Fred^aic et EscÀLON , métiers à fabriquer les filets
pour la pèche.
GfiNsoUL , application de la machine à vapeur aux.
filatures de soie.
Gborqb , métier à tricot avec machine à la Jacquards
GoNiN , blancs , noirs fins , écarlate sur la soie ,
Touge au safranum.
GuiGo, nouveaux métiers mécaniques en fer, pour
tisser les étoffes.
GuiLiiOT , cantres cylindriques pour l'ourdissage.
Lanteiaès , machine très-ingénieuse pour le pliage
des chaînes dVtoffes.
i|^ La Saille , sample volant. '
' LfiON , métier mécanique en bois pour les étoffes.
Jacquard 9 mécanique qui remplace les samples et le
tifage.
Maisiat , nouveau Usage , emploi des brochettes.
Mahgaron , moirage à dessins réservés , sur les étoffes.
MicHAUD , nouveau chinage à dessins flambés.
I Michel frères , perfection de la teinture noire, et
emploi de Textrait de châtaignes.
PoiDSBARn 9 éducation des vers produisant la soie
blanche ^ et perfectionnement de leur ouvraison.
Rayuoxu) , application du bleu de Prusse sur la soie.
Ravu , apprêt des crêpes blancs et en couleurs.
Revillot frères , étoffes avec dessins en dentelles à
jour.
0. Z. N.
(68)
BULLETIN BffiLIOGRAPHIQUE.
Examen impartial du Jésuitisme ancien et moderne , par
un ami sincère cle la religion et du roi , avec cette
épigraphe : Nolitejudicare secundùm faciem , sedjus-
tumjudicium Judicaie. Ne jugez pas selon les apparences ,
mais jugez selon la justice. S. Jean , chap. 7 , v. 24.
Lyon , imprimerie de C. Coque , in-8.® de 160 pages.
Cet ouTrage est uu nowrewjL factum lance contre la com-
pagnie de Jésus. Il est di?isë en trois parties : dans la
première , on cherche à établir , par de nombreuses ci-
tations , la conformité des principes religieur et politiques
des Jésuites avec ceux des prétendus philosophes du
18.^ siècle ^ dans la seconde, on examine si les Jésuites
sont nécessaires à la religion et à Tétat ; dans la troisième
et dernière , s'ils sont nécessaires à l'éducation de la
jeunesse. La conclusion est que ce corps trop célèbre ne
peut qu'êtra nuisible et dangereux , et que les vrais français
et les Trais chrétiens doivent le repousser avec indig-
nation.
L'auteur ne se nomme point ; mais on soupçonne qu'il
fait partie de l'ancien clergé du diocèse , et que c'est le
même ecclésiastique que la Biographie unis^erselle , art.
MoNTGERON ( Louis Basile Carré de ) , désigne comme le
père putatif d'un Abrégé des trois volumes de Monigeron
sur les miracles de M. de Paris j 1799, 3 vol, in-12 y
probablement imprimés à Ljon.
L'éditeur qui est , dit-on , neveu de l'auteur , parait
appartenir au barreau ou à la magistrature. Quelques-unes
des notes dont il a accompagné le travail de son parent ,
donnent cette idée. Elles annoncent en lui une instruction
variée et des connaissances peu communes en littérature
et en jurisprudence.
(69)
Annotes biographiques , ou complément annuel et con*-
tinuation de toutes tes biographies ou dictionnaires
historiques ; contenant la vie de toutes les personnes
remarquables en tous genres , mortes dans le cours
de chaque année. Année 1826. — II.® partie. Paris ,
Ponthieu et C.i«, 1828 , în-8.®, pag. 265-5o2.
Nons ayons rendu compte 9 dans notre tome précédent 9
pag. 467 9 de la première partie de ce recueil destiné à
faire suite aux. six yolumes de V Annuaire nécrologique
pour les années 1820-1825 9 poMiés par M. Mahul. La
seconae partie des Annales biographiques n'est pas moins
remarquable et n'offre pas moins d'intérêt que la pre-
mière , et c'est dire beaucoup. Les articles qui concernent
la Biographie lyonnaise , ne sont qu'au nombre de deux.
Ce sont les suivans : DuBOST ( Antoine ) , peintre , né k
Ljon , le 16 juillet , 1 769 f mort à Paris le 6 septembre 1825
('cette notice est un extrait de celle que nous avons in-
sérée dans notre tome Y, pag. 167-1859 et qui a été
rëdigée par M. Passeron) ^ et Monier ( Jcan-Unmbert ) 9
né à Beliey au mois de mai 1 786 9 avocat-général à la cour
royale de Lyon où il est mort le 11 avril 1826 (c'est aussi
an extrait de notre recueil 9 tom. III 9 pag. 498-5oo )•
Parmi les autres articles , il en est un que nous devons pa-
reillement signaler à l'attention de nos lecteurs , non à
cause du personnage qui en est le sujet 9 maïs à cause de
fauteur : nous voulons parler de l'article Wolf ( Frédéric -
Auguste) 9 dû à M* Dugas - Montbel (i). Il était naturel
que la notice sur un homme que ses travaux sur Homère
ont rendu célèbre 9 fût confiée] à notre confrère. Cela
lui appartenait de droit 9 et il s'est acquitté de sa mission
■ comme on devait s'y attendre.
Nous faisons des vœux pour que l'entreprise de M. Mahul
se continue chaque année 9 et pour qu'il apporte toujours.
(1) Cet article a ëtë réimprimé séparëment , iii-8.<^ de ao page».
( 7^ )
à la rédftctîoQ de son recueil et aa choix de ses collabo-
ratears le même discernement et. le même soin qoî se
font reconnaître 9 comme noas Tairons dëjà observé , dan»
les Yolnmes qu'il a publiés jusqu'à ce jour. Par Ih sa col-
lection deyiendra très-prëcieuse , et atteindra parfaitement
son but 9 qui est d'offrir au public 9 ainsi que l'annonce
le titre qu'il a adopté , un complément annuel de toutes
les biographies ou dictionnaires historiques.
Lois des Francs^ contenant la loi salique et la loi
ripuaire y suivant le texte de Dutillet , revu avec soin
et éclairci par la ponctuation ., avec la traduction en
regard et des notes , par M. J. F. A. Peyré ; pré-
cédé d'une préface par M. • Isambert , avocat aux
conseils du roi et à la cour de cassation , avec cette
épigraphe : ce Ce texte si fameux , dont tant de gens ont
parlé , et que si peu de gens ont lu. » Esp. des Lois ,
liv. 18 , chap. 22^ Paris, imprimerie de FirminDidot»
1828 9 in-8.^ de xvi et 427 pages.
Cet utile et beau travail sur la plus antique de nos
chartes , a droit de figurer dans ce bulletin , comme é(aiit
dû à un de nos compatriotes : M. Peyré eist , en effet , un
ancien notaire de Tillefrânche. On né peut qu'applaudît à
cette publication et à la manière dont elle est exécutée.
NoQ-seulement on trouvait difficilement le texte des lois
salique et ' ripuaire qu'on regrettait de ne pas voir à
ta tête de plusieurs des collections qui ont été faites dés
lois du royaume ; mais encore ce texte était défiguré dans
le petit nombre d'éditions qu'il a eues. M. Peyré l'a
éclairci par la ponctuation ,' par des corrections heureuses
et surtout par une traduction fidèle et de savantes notes*
On remarquera parmi ces dernières celle qui se rapporfe
à Tart. 6 du titre LXII de la loi salique 9 d'où parait avoir
été tirée cette maxime* fondatnentale dé notre monarchie :
('7« )
le royaume da France ne tombe pas de lanee en quenouMe*
Le Tolnme est accompagne d'une table alphabétique ample
et commode* Le soin donné à l'impression confiée à Tun
des plus habiles typographes de notre temps, répond à
l'importance du livre et achèye de lui assurer le droit in-
contestable d'occuper une place dans toute bibliothèque
bien composée.
Mémoire pour la société de pharmacie et les pharmaciens
de Lyon.^ adressé à rautorité administrative et judi-
ciaire , sur les abus , délits et centraventions qui
compromettent de plus en plus l'art de la pharmacie ,
îîntërêt- des pharmaciens , la santé et la "vie des ci-
toyens. Lyon, împWmerie" de Louis Perrin , 1828,
in-4.^ de 21 pages.
Les pharmaciens de Lyon se plaignent Tivement , dans
ce mémoire , des usurpations journalières faites sur leur
profession ; ils cherchent à démon ti^er qu'elles ne sont
pas moins nuisibles à la science , injustes, et contraires à
leurs droits , que dangereuses pour les citoyens, Ils invo-
quent la législation ancienne et moderne à l'appui de leurs
réclamations , et rappellent les mesures qui ont été prises
à diverses époques pour réprimer les abn3 qu'ils signalent
à l'autorité.
La publication de ce mémoire a précédé de peu de jours
un jugement rendu .par lé trU)unal de police correction-
nelle contre un grand nombre d'herboristes convaincus
de s'être ingérés dans la vente des médicamens et prépa-^
rations pharmaceutiques. Nous rendrons compte de l'af^
Êûre et nous donnerons le texte de ce jugement dans le
bulletin historique. On verra que le trib\inâl a appliqué un
ancien règlement , particulier à notre ville , confirmé par
plusieurs rois de France et par le parlement de Paris , et •
qui est pei^t-^^t;*f^ I .^4Q\tx^Usteii )es .disposiUon» légUlafi^i^s^
( 72 )
favorables k lenr cause , la seule que les pharmaciens
aient , on ne sait comment , oublie de citer dans leur
factum , lequel n'en est pas moins une pièce fort intéres-
sante et où le gouvernement pourra puiser d'utiles rcn-
seignemens , quand il viendra à s'occuper de la révision
des lois et des ordonnances relatives aux matières spéciales,'
lois unanimement reconnues pour être , sur le point dont
il s'agit , comme sur beaucoup d'autres , incomplètes ,
peu d'accord entre elles et souvent sans harmonie avec
les progrès toujours croissans des sciences et de la civî-'
lisation.
La préfecture du Rhône a reçu les Programmes des prix
proposés par Ut société (T encouragement pour Cinduslrie
nationale , dans sa séance générale du 28 novembre i8a7 »
pour être décernés en 1828 , 1829 et i83o , in-4.® de 61
pages. On les communiquera aux personnes qui désire-
raient les connaître.
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE MAI 1828.
* s
X .^' — Par arrêté de la mairie de Lyon , à compter de ce
jour , le prix du pain est fixé ainsi qu'il suit : painyèr4U/i,
a3 cent. 5/4 ( ^^ 4 ^^^® ^ liards , au lieu de 25 cent« ou
5 soU ) • la livre usuelle , et pain bis 9 20 cent, (on 4 sols ^
au lieu de 21 cent. i/S^ ou 4 sois i liard).
Même jour, '^ Nous avons omis de citer parmi les artistes
lyonnais qui ont obtenu . d'honorables distinctions , 2à la
dernière exposition du Louvre, M. Biard qui a reçu une
médaille de deuxième classe , et M. Foyatier qui est charge
d'exécuter en marbre , pour la maison du roi , sa belle
statue de Spartacus.
jc .^\' 3. — Pablicatipn d'un arrêté'de la mairie du 22 mar»
( 7Î )
dernier, portant que les clôtures et barrières que }etf
propriétaires des clos Breton , Casati ,, Crozet et autre$
adjacens ayaient ëtë assujettis à placer , seront immédiate-
ment enle^ëes. Les motifs de cet arrête sont que da releyë
fait sur les registres de recensement de Tannëe 1827 , il
résulte que le quartier neuf qui s'est forme dans les an-
ciens clos dont il s'agit ^ présente aujourd'hui une agglo-
mération de 37 grandes et Tastes maisons et une populatioii
de 1900 habitans ; qu*nne semblable agglomération et une
si grande division de propriétés excluent toute idée d'en*
clos particulier ; que le bon ordre , la sûreté publique et
h salubrité confiés par les lois à la vigilance et h Tau-
torité de l'administration municipale , commandent de faire
cesser l'état exceptionnel qu'avait établi l'arrêté de la
mairie précédente , du 9 août 1824 9 P^i* lequel il avait été
enjoint aux propriétaires de ces enclos de faire clore par
des murs 9 portes et barrières ayant au moins 4 niètres
de hauteur , toutes les ouvertures pratiquées sur la cote
S. Sébastien , et de tenir ces portes et barrières fermées
depuis la chute du jour jusqu'au lever du soleil.
*^ 4* "^ Ordonnance de S. M. qui nomme M. Guillibert^
STOcat-général à la cour rojale de Ljon , aux fonctions de
procureur-général à la cour de Corse siégeant à Bastia.*
en remplacement de M. Billot 9 nommé procureur du roi
ï Paris.
/^ 6. — L'académie des sciences , belles-lettres et
arts de Ljon a tenu une séance d'élections. M. Rey ,
professeur de dessin à l'école^ des beaux-arts , a été
nommé membre titulaire ^ M. Chevrier de Corcelles , pré-
sident du tribunal civil de Bourg , député du département
de TAin, correspondant , et M. Gh. Y. de Bonstetten ,
résidant à Genève , associé.
«% 10. — Le collège électoral du département du Rhône 9
présidé par M. le comte Mauriôe Mathieu de la Redorte , paii*
de France ^ lieutenant général, prédécesseur de M. le vicomte
(74)
PauUre« de la Motte dans le commandement de la iq^ di«
"vision militaire 9 a procédé avant hier à la formatioa de
son bureaa définitif. Le bureaa provisoire a été confirma:
il se composait de MM. Gazenove père y Lonis Pons , Ga^
pard Vincent et Henri des Toumelles, scrutateurs , et de
M. Vachon-^Imbert , secrétaire. Le lendemain, a eu Heu
un premier tour de scrutin. Les voix ont été principale-
ment partagées entre M. Victor Dauphin de Verna, premier
adjoint à la mairie de Lyon , et M. Fulchiron, de Lyan ,
ancien banquier, domicilié à Paris. Aujourd'hui, la majorité
absolue s'est déclarée eu faveur de M. de Verna. Le
nombre des Totans était de 4^5 ; la majorité était par
conséquent de 227 voix. M. de Verna en ayant obtenu
a45 f a été proplamé député. Parmi les autres candidats ^
on distinguait M. le baron Rambaud , ancien maire de
Lyon 9 et M. Anisson-Dupen'on , d'une famille lyonnaise ,
ancien directeur de l'imprimerie royale.
^^% i3. — Les plans des architectes , au nombre de six j
qui ont concouru pour le palais de justice , sont déposés
dans une des salles de la préfecture où le public est admis
h les yisiter , avant qu'ils soient envoyés à Paris pour être
30umis au conseil des bâtimens civils.
^% Le devis des travaux à faire pour l'établissement d*ane
digue en amont du pont Morand , montant à 277,000 fr.* ,
n été approuvé , le 6 de ce mois 9 par M. le directeur-
général des ponts et chaussées. Ces travaux sont destinés
à protéger le territoire des Brotteaux contre les invasions
du Rhône.
^% t6, — Par une circulaire du 8 de ce mois , M. le
préfet rappelle à MM. les maires du département les
règlemens de police relatifs à la vente des remèdes secret».
Cet arrêté explique toutefois qu'il est permis aux sœurs
de charité de préparer elles-mêmes et de vendre au public
les remèdes qu'on désigne dans la pharmacie sous le noia
de magistraux,
( Gaz, w/iiV. de fjyon).
( 75 )
\*^ i6. — ^ Par ordonnance du 3o avril dernier , M. Jean-
Baptiste de la Roue J51s a été nomme membre du conseil
municipal de cette ville. ^ en rehiplacement de H. delà
Koue son père , dëc^dé.
^*^ 17. — Ouverture d'un cours public et gratuit de
botanique professé au jardin des plantes 9 far M. Balbîs-,
directeur de cet établissement.
^*^ 2T. — « Avis de la mairie portint qae , vu un arrêté
da i3 de ce mois 1 contenant acceptation de Toffire faite
par M. Clerc , professeur de mathématiques transcendantes
au collège rojal de Ljon, de faire annuellement un cours
municipal , public et gratuit d'astronomie , l'ouverture de
ce cours pour la présente année scolaire aura lieu le
mardi 5 juin prochain à 5 h. et demie du soir , dans la
salle de l'observatoire au collège royal , et que les leçons
en seront ensuite continuées le samedi et le mardi de
chaque semaine , dans la même salle et à la même heure.
/^ 22. — La société d'encouragement pour l'industne
nationale vient de décider qu'une médaille de i.**^ classe
serait accordée à M. Maisiat pour les perfectionnemens
qu'il a apportés au métier h tisser. On peut voir par le
bulletiti du mois précédent que ce n'est pas la seule dis-
tinction que M. Maisiat ait obtenue pour le même objet.
.«% a6. -— Ordonnance du roi du 6 mars dernier qui
autorise les sieurs Durand jeune et BuUiod à établir une
verrerie h. Terre blanc 9 près de la vitriolerie , en aval du
pont de la Guillotière.
^% 27 — Des procès-verbaux , dans la forme indiquée
par la loi du 21 .germinal an XI , avaient été dressés contre
plusieurs herboristes de Lyon 9 chez lesquels on avait
trouvé des préparations pharmaceutiques exposées.en. vente.
Les. prévenus de cette contravention ont été cités « à la
requête du ministère public 9 devant le tribunal de police
( 76 )
correctionnelle 9 cpi.î a prononce un jagement dont Y9Îci
le dispositif et les principaux motifs :
Considérant qu'il résulte 9 etc.
Considérant que le fait dénoncé constitue une contra-
vention aux lois relatives à l'exercice de la profession de
pharmacien et notamment à la loi du 21 germinal an XI g
qui interdit l'exercice de cette profession h toute personne
qui n'aurait pas été reçue suivant* les formes légales ;
Considérant que cette dernière loi ne contient point de
sanction pénale pour le cas de vente de compositions
pharmaceutiques sans autorisation , si ce n'est en ce qui
touche les épiciers et droguistes qu'elle condamne à 5oo fr.
d'amende ; disposition qui ne peut s'étendre aux herbo-
ristes , ni à aucunes personnes autres que les épiciers et
droguistes , parce qu'en matière de délit ou ne peut jager
^par analogie et par extension d'un cas à un autre ;
Mais que pour la peine encourue pour le même fait par
.des personnes autres que les épiciers et droguistes , ladite
loi , article 5o , renvoie aux lois précédentes , puisijn'après
avoir indiqué la manière dont le jarj médical doit procé-
der aux visites pour constater la fabrication et le dëbit
de préparations médicinales sans autorisation , elle ajoute
qu'il sera dressé procès-verbal de ces visites poar, en cas
de contravention , être procédé contre les délinquans 9
conformément aux lois antérieures ;
Considérant qu'une loi du 18 avril 1791 a également or-
donné que les lois , statuts et règlemens existant au 2 mars
précédent , relatifs à Texercice de la pharmacie , continue-
raient d'être exécutés suivant leur forme et teneur , soos
les peines portées par lesdites lois et règlemens y jusqu'à
ce qu'il eût été statué définitivement à cet égard ;
Que n'j ayant point eu de disposition législative depuis
1791 sur le point dont il s'agit, puisque la loi du :&c
germinal an XI ordonne elle-même , comme on l'a dît ,
l'exécution des lois antérieures sur ce même point , il faut
nécessairement recourir aux anciens règlemens y
( 77 )
- Coasidërant qae la déclaration du roi du 2S arrii 1777 f
mwpiée par le ministère public , a été faite uniquement
pour la YÎlle de Paris et ses faubourgs ^ ainsi qu'on le Toit
dans le prëambule de cette déclaration , et que l'exécutioa-
n en a point été étendue au reste de la France ; que , si
la cour royale de Paris et la cour de cassation l'ont ap-
pliquée à des herboristes et autres , çà été seulement lors-
que la contrayention ayait eu lieu dans l'arrondissement
de la capitale , non dans les dépariemens y pour lesquel»
cette déclaration n'est point obligatoire ^
Considérant qu'il existe des statuts et règlemens parti*
colîers à la yille de Lyon , en date. du 27 noyembre i65g^
confirmés par lettres patentes du roi du mois de février
1G60 , enregistrées au parlement de Paris le 19 avril suivant;
Considérant que. l'article 52 de ces statuts est ainsi conçu :
M Sont faîtes défenses à toutes personnes , babitans tant
de la ville que faubourgs 9 autres que lesdits maîtres apo-
thicaires immatriculés 9 d'exercer l'art de pharmacie y
fiire 9 tenir ou vendre compositions 9 confections , eiUi-
plâtres 9 huiles , onguens 9 sirops et autres prépai^tiona
coacernant ledit art d'apothicaire 9 tant galéniques qtie
chimiques 9 à peine de confiscation de leurs marchandises
et de cent livres d'amende , applicables 9 partie aux dé-
nonciateurs 9 partie à l'Hôtel-Dien ; 99
Considérant qu'on a objecté vainement de la part des
prévenus que ces statuts étaient tombés en désuétude ;
Considérant que lesdits statuts n'ont cessé momentanér
ment d'être exécutés qu'au moment où une loi détruisit
tontes les corporations et proclama le libre exercice de
tons les genres de commerce ; mais qu'ils ont repris leur
existence , en tout ce qui ne serait pas contraire à la nou-
velle législation 9 par les dispositions des lois ci-dessus
citées des 18 avril. 1791 et 21 germinal an XI ;
Considérant qu'en effet on trouve ces statuts cités et
appliqués. dans .divers arrêts du parlement de Paris 9 dont
plasieurs ^ont rapportes par ks anciens .collecteurs d'ar-
( 7» )
ifêls 9 et Botamment dans un arrêt dadît parlement de
Paris du 2 1 août 1 767 ) .
Qu'un arrêt du conseil d'état du 24 septembre lySr ,
rendu entre les recteurs et administrateurs de rhèpîtal de
Notre Dame de Pitié du pont du Rhône et les maîtres
apothicaires de Lyon , TÎse , confirme et rectifie expres-
sément ces mêmes statuts ^
Que par une ordonnance d& la juridiction consulaire de*
la police des arts et métiers de la Tille de Lyon , du 20
mai 1754 9 leur exécution fut recommandée de nouTeau «
et qu'il fut prescrit que l'article 32 en serait imprimé et
affiché, ce qui eut Keu )
Qu'un arrêté du bureau ceiitral du canton de Lyon du
29 pluviôse an V 9 en prescriTÎt également l'exéeutîon 9
en considérant que les anciennes lois relatives à la phar-
macie n'avaient été ni abolies ni suspendues 9 nonobstant
la suppression des maîtrises et jurandes 9 puisque l'article
609 du code des délits et des peines avait conservé provi*
soirement l'application des peines encourues suivant ces
anciennes lois par ceux qui fabriquaient ou vendaient les
compositions médicinales , sans y être légalement autorisés ;
Considérant qu'il suit de ces actes de l'autorité adîni*
nistrative 9 ainsi que des arrêts ci-dessus cités 9 que les
statuts de 1669 ^^ ^^^^ point abrogés 9 qu'ils ont reçu
toute la publicité requise 9 qu'ils sont encore en vigueur
dans tout ce qui s'accorde avec la nouvelle législation et
que leur exécution a été maintenue et reconnue toutes les
fois qu'il s'est agi de réprimer les tentatives d'usurpations 9
faites par des individus sans qualité 9 sur la profession
de pharmacien^ 1
Considérant qu'il importe à la sûreté publique, à la
santé des citoyens 9 souvent compromise par l'impéritie
et l'inexpérience' 9 qu'un abus pareil à celui qui est dé-
noncé au tribunal ne demeure pas impuni 9 etc.
Par ces motifs 19 le tribunal jugeant correctionnellement
et en* premier ressort, et appliquant l'art» 32 eirdessus
, ( 79 )
transcrit , dés staftbts et règlemeiiB des' maîtres apothi-*
caîres de Lyon du 27 noTembre i659 , ^
Déclare les' sîeurs NN. cônpaibles de contraventioti audit
artîek^ en conséquence le« €<mdamne chacun h 100 fr«
d'amende ^ ordonne que les mëdlcameus saîisis à leur
préjudice sont et demeurent confisqués ; condamne les
susnommés aux dépens de la procédure et du présent
jngement , chacun en ce qui les concerne ^ etc*
^% 29. — Départ pour Paris de M. Victor Dauphin de
Yerna , député du département du Rhône , et premier
aijjoint de la mairie de Lyon. M. le maire , son collègue
à la chambre des députés , reyenu mQmentanément di^ns
nos murs à l'époque des élections du gr^nd collège j est
reparti depuis quelques jours. Les rênes de Tadministration
municipale ont été remises à M. £?esque 9 second adjoint»
Même jour, — On construit en ce moment , au devant de
riiôlel de ville , l'échafaudage qui doit servir au placemen t
du bas-relief destiné à en décorer le tympan. Ce bas-
lelief 9 dont, l'exécution est confiée à M. Legendre Héral ,
remplace celui qui a été détruit au commencement de la
révolution , qui était l'ouvrage de Chabry , et représentait
Louis XIV à cheval. Sous le régime républicain ., on y
a?ait substitué les images en plâtre de la Liberté et de
rÉgalité moulées gratuitement par le statuaire Chinard y et
qui n'ont été détruites que depuis la restauration.
^^ 5i. «^ 'Rapport 'fait à la chambre des députés par
M: Calemard de Lafayétte d'une pétition par laquelle des
habitans de Lyon demandent une indemnité pour leurs
maisons abattues en 1794 pour rembellissement et la sa-
lubrité de* la Tille. La commission propose le renvoi aux
ministres des finances * et de Fintérieur; Ces conclusions
sont appuyées par M. Jars qui demande en outre le' renvoî*
à U commission du budget ^ et par M. dd Lacroix-Laval
qui déclare , comme maire de Lyon ^ que les pétitionnaires ,
( 8o)
iéboniés de leurs réclamations contre la Tille par an arrêt
da conseil d'ëtat , sont réellement créanciers du goaver-
nement. Après une discnssion à laquelle ont pris part
MM. Becqueyet de Gambon 9 le renyoi proposé par la com-
mission est adopté.
ADDITIONS ET CORRECTIONS POUR LE TOME PRÉCÉDENT.
Pag. 358 ) les deux notes qni sont an bas de cette page
ont été transposées : la première devait porter le n. 2, et la
seconde le n. i.
Pag. 565 9 après ces mots qni se tronvent dans la note 2:
MandeloL,. n parmi les armes du peuple sauva la vie à une
infinité de séditieux hérétiques , 79 ajoutez : Rubys , llist.
de Lyon, liy. HI , chap. 61 9 nous apprend que Jean- Jacques
de Mesmes, sieur des Arcbes» maître, ordinaire des re-
quêtes du roi s'était rendu tellement odieux aux catholi-
ques 9 qu'il aurait infailliblement péri , si Mandelot ne lui
eût donné asile dans son hôtel ; ce personnage avait été
envoyé à Lyon , quelque temps avant la St«Barthélemy ,
sur la demande des protestans , pour y faire exécuter l'édît
de pacification nouvellement publié. Les catholiques étaient
journellement assignés devant lui , à la requête des pro-
testans , pour les choçes les plus frivoles , comme pour la
restitution d'un perroquet , d'une enclume , d'un pot de
graisse , etc. , etc. ; ce qui anima plus les habitons de la
ville les uns contre les autres , que n* avaient fait tous les^
troubles et guerres civiles.
Pag. 578 9 ligne 7 9 Saugrein , lisez : Saugrain.
Même pag. , ligne 16 f Thomas Anodin y lisez : TTùbaud
Anodin •
(81 )
STATISTIQUE.
Essais historiques sut la yille de Lyoïii oa description par ordre
alphabétise des ^artiers, places ^ rues et monuiaens de cette
Tille.
( VIL* Article ).
Belibr (rue du). C'est plutôt un chemin qu*une rue,
dont la direction tend de la chaussée Perrache à Pinte*-
rieur de la presqu'île du même nom , joignant l'ancien
bassin de la gare. Son entrée se trouve à quelques pas
de distance de la barrière de l'octroi extra muras ; il n'y
existe que 6 maisons , dont la population , de i€ ménages y
léunit 53 individus. La fabrique d'étoffes de soie y ai-
tretient 7 métiers. Quoique d'une date ..encore récente 9
Tétymologie précise du nom que cette rue porte est
ignorée : on peut seulement supposer qu'il s'appliquah à
inexistence , en cet endroit , de quelque pièce de l'hy-
draulique de la gare construite pour Perrache, et quelque
temps après , abandonnée par les actionnaires.
Belle-cour. Voy. Louîs-le-Grand ( place ).
BsLLiivRE ( rue ). Cette rue , nouvellement ouverte ,
aboutit de la place de la Trinité à la rue des Prêtres ,
parallèlement et au nord de l'ancienne rue Ferrachat :
elle a été pratiquée sur une partie de l'emplacement du
ci-devant monastère des chanoines réguliers de St. Au-
gustin, de l'ordre de la Ste. Trinité, pour la rédemption
des captifs. Il n'y a encore que 5 maisons de construites ,
Tome FIL 6
( 82)
lesquelles sont occupas par 36 ménages , composés de
i5o Individus. Sur ces 36 ménages , 32 sont d'ouvriers
en soie , qui exploitent 62 métiers.
Le nom de Beliièvre que cette rue a reçu , rappelle
une famille qui a illustré la ville de Lyon (1), et à
laquelle le sol des Trinitaires avait appartenu. Cétait
même dans la maison qu*occupaient ces PP. , qu'avaient
pris naissance Jean et Pompone de Beliièvre , dont le
.second fut tenu sur les fonts de baptême par Pompone
Trivulce, gouverneur de Lyon (2). Jean , qui était
laine , fut , comme Claude , son père , premier président
du parlement de Dauphiné. Pompone devint ce célèbre
chancelier de France qui servit sous cinq de nos rois ,
soit dans les ambassades , soit dans d'autres emplois im-
portans , et dont Henri IV disait , qu'il ne connassait
point de plus homme de bien.
Claude de Beliièvre , père des deux précédens y était
né à Lyon au mois de mars 1487 9 son grand-père,
Barthélemi I , avait été long-temps secrétaire et inten-'
dant de la maison du cardinal de Bourbon , archevêque
de cette ville (3) , et c'est de lui que da^e Télévatioa
(i) Qael(jae8 titreç appajé$ par la tradition da pays font
les Beliièvre originaires du village de S. Jean de Gbaussan ,
canton de Momant. Cette famille s'établit à Lyon vers le
XV.® siècle. Voy. Pernetti , L^on. dignes de mé/n, y tom. I,
pag. 3o5 et suiv.
(2) Pompone vînt au monde en 1629 , suivant la Biogr.
univ. ; en iSaS, suivant Pernetti , loc, cit.
(5) Barthélemi I avait éié notaire , et Ton rapporte qu'il
avait dans son étude un clore aniquement employé k copier^
( 85 >
de cette famille lyonnaise , de laquelle ^ni sortis , dans
l'espace d*un siècle , deux archevêques de Lyon (i) , un
chancelier de France , un premier président au parle-
ment de Paris (2) et de^x à celui de Dauphiné (3).
Claude de Bellièvre fut plusieurs fois conseiller ëche-
vin (4). Il était Fauteur d'un ouvrage sur les antiquités
de Lyon , intitulé : Lugdanum priscum , qui se trouve
maintenant à la bibliothèque de Montpellier (5). Il avait
non des titres ou des actes , mats les bons . auteurs clas-
siques et les anciennes chroniqaes de notre histoire.
Barthéiemi II , père de Claude , succéda k Barthélemi I
dans tons ses emplois. C'est à son crédit que fut dû Iç
fameux édit de i494 9 ^^ source des plus beaux privilèges
qu'avaient les Lyonnais, et, en particulier, de la noblesse
qui s'acquérait par Técbevinage.
(i) Albert et Claude , fils de Pompone , le premier mort
en 161 2 \ le second en 161 3.
(2) Nicolas , troisième fils de Pompone.
(5) Claude dont il va être parlé plus en détail , et Jean
son fils , comme on l'a dit plus haut.
(4) En i522 et i528. Il avait été avocat du roi au conseil
de Dombes et en la sénéchaussée , avant d'être appelé à
la place de procureur général au parlement de Dauphin é
en id56 , et à celle de premier président du même parle-
ment en i54i« Il se démit volontairement de cette dernière
place en 16499 pour révenir dans sa patrie qui lui déféra
le titre d'échevin honoraire et perpétuel. Ce fut lui qui
rédigea cette célèbre requête, en forme de plaidoyer, qui
fut présentée à François I.^% pour obtenir l'établissement
d'an parlement \ Lyon.
(5) Cette compilation paraît avoir été faite de i525 &
i556 -, elle forme un vol. iu-4.' de 180 feuillets. Paradin
( 84 )
aussi composa sur le même sujet , d'autres manuscrits
qui ont ëtë perdus , et plusieurs recueils , ^rits de sa
»"i^"^^— ^ ■ ■ ■— ■^■^»— ^* ■ ■ ■ I ■ I ———————— ^^—^^^1^
en a profita 9 et le P. Pierre L'Abbé Ta citée dans une de
ses dissertations sur l'origine de Lyon. Elle est précédée
d'une dédicace aux Ljonnais , vins Lugdunensibus. Hé-
Destrier 9 IntroducUon à la Uciure de V histoire , pag* 1 78*
180, donne la table suivante des chapitres dont se compose
ce manuscrit :
I. De origine urbis LugdufU et colonia Romanorum in
eam deducta.
a. De dictione Lngdunum et modo sçribendi.
5. De magislratibus et aliis publicis muneribus,
4. De vetere et universali in ea emporio.
5. De theatro et celebratis in eo ludis.
6. De prœclaris in ea urbe œdificiis et operibus»
7* De ara Lugdunensi»
8. De incendio ejusdem urbis.
9. De velere schola, ^
0. De Bhodano et Arari ftuminihus.
1. De insula.
[a. De aquœductu*
3. De Foro Veneris seu veteri..
i4« De Insula.
5. De aliquot viris claris quibus patria Lugdumim»
[6. Dejlaminibus et vetere religione in ea.
7. De commoditate ejusdem loci,
[8. De ejusdem dignitate et ditione.
[g. De vicis et oppidis Ijugduno viciais quorum vêtus
extat memoria.
20. Epitaphia quœ Lugduni ex veteribus monumeniis
exscripsim
II. Nostrœ œdes.
. a2. Adversaria et lectiones antiques.
Un de nos collaborateurs a fait quelques démarches aa-^
( 85 )
main^ se trouvent dans la bibliothèque du roi (i).
Le goût qu'il avait pour Tantiquité , le porta à rassem-^
bler , dans le jardin de sa maison , qui en prit et en a
long-temps conseryë le nom àt Jardin des antiquités ^xmt
collection d'inscriptions romaines , dont le nombre fut
fort augmente par le président de Langes , son beau*
frère , qui occupa après lui cette maison. Plusieurs de
ces inscriptions se trouvent aujourd'hui dans les galeries
du palais des arts.
Claude de Bellièvre fut inhume dans l'église de St.
Pierre -le- Vieux , où se voyait encore , avant la démo-
lition de cette église , le tombeau que lui avaient fait
élever ses deux fils , Jean et Pompone , et pour lequel
ils avaient composé une inscription latine , en style lapi-
daire 9 que des savans trouvaient digne des beaux jours
du siècle d'Auguste (a)*
près d'une personne qui possède à Ljon une copie da
Lugdunum priscwn ^ prise sur roriginal , conserve à
Montpellier \ il en désirait la commnnicatian pour en donner
dans notre recueil une description et un extrait détaillé;
mais ces démarches ont été inutiles : le propriétaire de cette
copie n'a pas eu pour nous la même complaisance qu'on a
eue pour lui à Montpellier.
(i) Voy. Archiv. du BhSne , tom. V , pag. i48-i5o.
(a) D. O. M.
HÎC SITVS EST ClAVDIVS BeLLEVRIVS , V. C. DELPHIlf.
SEI<fATyS PB^SES PRIOR ,
CVJVS I19V0CENTIA HOMIWVM INVIDIAM PROVOCAVIT
ET SVPERAVIT.
VlXIT AHNOS LXX , MENSES VIII ET DTB^ VII.
iOASHES ET POMPOniVS PATRI OPTillO y
jUINO M . D • LVU •
{86)
BsiLKAKDiîTBS ( place des ) , située entre les deux som-
mets de la Grande Côte et de œlle de St. Sébastien , et
touchant au nord les premières maisons de la Croix-*
Rousse. On y trouve 5 maisons , 37 ménages , présen-
tant un eiFectif de J23 individus, 16 atéîiers, et 34
métiers pour la fabrication des étoffes de soie.
Le principal bâtiment qu on voit sur cette place , et
qui lui a donné son nom » formait autrefois le couvent
des religieuses Bernardines.
Ces religieuses vinrent d'abord s'établir à Lyon dans
la maison qu*occupèrent après elles les Missionnaires de
St. Joseph ^ rue du Garet , aujourd'hui l'hôtel du Nord ;
elles firent ensuite construire celle dont nous parlons , et
dans laquelle elles s'établirent en 1641*
Du jardin qui leur a appartenu , la vue s*étend sur
toutes les montagnes du Forez , sur toute la plaine du
Dauphiné, jusqu'aux Alpes, et presque sur toute la
ville : le clos qui en dépend , et qui réunissait à l'avan-.
tage de sa contiguïté à la ville , tous les a^émeos de la
campagne , a été morcelé par une de ces spéculations
malheureuses qui ont transformé les riantes collines dont
la partie nord de Lyon était couronnée , en d^immenses
et tristes maisons d'habitation.
Cette épitaphe fait allusion à un procès qu'avait eu
Claude de Bellièvre au parlement de Toulouse contre les
Syndics des états du Dauphin^. Ceux-ci le poursuiTaient
comme coupable de malversations ; mais ils forent con-
damnés 9 par arrêt du mois de janvier i545, à dix mille Ut.
de dépens envers le roi et à pareille somme envers Taccustf.
C'est ce qui a fait dire aux auteurs 4? Tiuscription qu'il
avait excité Teuviç , mais qu'il en avait triomphé.
(8?)
Le monastère des Bernardines n^âvait pouf ses e^er-^
cices religieux qu'une chapelle dans laquelle il n'existait
rien de remarquable j il renfermait 9 d'ailleurs , peu de
religieuses au moment où il fut supprime, attendu qu'à
cette même époque , se trouvant dëjà dans le cas d'être
sécularisé , il était interdit d'y recevoir des novices.
Ayant la révolution , la j\ate sur laquelle il est situé ,
était malpropre et écrasée parles hautes murailles de la ville
qui l'entouraient. Ce fut l'abbé Rosier , le Columelle
français , qui conçut le premier l'heuretise idée de l'em-
bellir par une plantation d'arbres. Cette plantation et la
démolition des murs de la ville jusqu'à la simple hauteur
d'un parapet , en avaient fait une promenade assee
agréable , d'où l'on découvrait le Mont d'Or , d'autres
monU^nes du Lyonnais et tout le plateau de la Croix-
Roasse ; mais depuis quelques années , les nombreuses
constructions qu'on a élevées tout à l'entour , au dehors
de la ville , ont singulièrement intercepté là vue et ré-^
Iréci l'horizon.
Cest sur la place des Bernardines qu'est située la bar-
rière de la Croix-Rousse , reconstruite en 1 822 , d'srprès
les plans et sous la direction de M. Flachéron , architecte
de la ville. I^ deux pavillons qui flanquent cette barrière ,
quoique d'une architecture peut-être un peu légère pour
une porte de ville , sont pourtant à peu près ce qui a
été fait de mieux en ce genre à Lyon depuis quelques
années ; seulement il est à regretter que ^ par une éco-
nomie mal entendue , on ait supprimé sur les façades
latérales de ces mêmes pavillons , Vattique qui orne la
làçade principale , et qui y produit un assez bon effet ;
cette nudité est d'autant plus choquante ^ qu'elle laisse
apercevoir la toiture d'un édifice dont toutes les parties
devr^ent porter le sceau d'une architecture sévère.
(88)
L'emplacement de la barrière actuelle ^taît autrefois
occupe par les anciennes portes de la Croix-Rousse,
démolies en 1795 , et qui étaient pratiquées sous une
voûte étroite , contournée , obscure , garnie de fortes
herses en fer , analogue , en un mot , aux fortifications
dont on voit encore des restes , et sur l'origine desquelles
notre article de la rue Bellevue contient une dissertation
motivée» A càté des portes , et parallèlement à la maison
des Bernardines , s'élevait un corps de bâtiment à un
étage , qui servait de caserne à une compagnie détacha
du régiment de Lyonnais , laquelle prenait le titre de
compagnie franche , et résidait à poste fixe à Lyon 9 oà
elle avait la garde des portes de la ville.
Berrt (rue de). Elle ne date que de la création du
quartier St-Clair , en 1763 ; c'est la seconde après la
terrasse Tolozan , en remontant le quai St-Clair , d'où
elle conduit à la rue des Deux Angles. Louis XVI , alors
duc de Bérry , voulut bien permettre qu'elle reçût son
nom , comme les rues voisines reçurent ceux de madame
la Dauphine et de monsieur le comte de Provence. On
y remarque la maison qui se trouve au midi , et dont *
les trois façades sont ornées d'un avant-c%rps marqué
par quatre pilastres colossaux d'ordre corinthien. Son
étendue et la richesse de son architecture lui donnent
plutàl l'aspect d'un palais que d'une maison particulière ,
et en font un édifice qui figurerait mieux sur une place
publique que dans les rues étroites au milieu desquelles
il est enclavé. La population de cette rue se confond
avec celle de la rue Royale, sur laquelle les maisons
dont elle est formée prennent leur principale entrée.
( 89 )
Bessahd (rue du). Population : 3o maisons , 176 mé-
nages , 565 individus, 18 ateliers et 22 métiers pour
la fabrication des étoffes de soie.
Cette rue , qui se trouve au plan de i54o telle qu'on
la voit aujourd'hui , et sous le même nom , existait déjà
au 14.^ siècle, sous celui de Bessal^ rapporté dans les
actes du même temps. Elle conduit de la rue Lanterne
au quai du duc de Bordeaux.
Son nom lui vient , suivant les auteurs qui ont écrit
sur Lyon , de ce qu'anciennement son emplacement
actuel avait servi à l'écoulement des eaux du canal qui
communiquait de Tune à Tautre de nos rivières , et
dont les places de la Comédie et des Terreaux étaient
alors le lit. Comme le dégorgement des eaux s'opérait
au moyen d'une pente ou abaissement ,. le peuple avait
appelé ce lieu le BcUssard , et par corruption Bessard.
La rue du Bessard est étroite , sinueuse , presque
constamment infectée d'une odeur insalubre, provenant
de la manipulation des iqtestins d^s animaux qui sont
abattus à la boucherie des Terreaux , et de la dessiccation
des. peaux de ces mêmes animaux. Aussi » avec une issue
sur on nouveau quai , placé au centre de la ville et du
commerce, et destiné à devenir l'un des plus beaux
de ceux qui bordent la Saône , cette rue , si elle n'est
pas entièrement reconstruite , n'en restera pas moins l'une
des plus sales et des moins habitables de Lyon. L'intérêt
des propriétaires des deux rangs de maisons qui la bor-
dent, serait donc de s'associer, en quelque sorte, aux
embellissemens exécutés par l'administration, en aban*
donnant à la voie publique l'espace de terrain nécessaire
pour établir un raccord direct avec la rue de la Cage ,
de manière à ce que la vue pût s'étendre de la Saône au
%
(90) ■ ;
Rh6ne. Les maisons se rebâtissant ensuite sur cet aligne-
ment , et dans un style d'architecture convenable , cette
rue deviendrait Tune de ces belles traversées de Tune à
l'autre rivière , qu'on trouve en trop petit nombre dans
notre ville , et qui contribueraient si puissamment à son
agrément et à sa salubrité.
Une chose même , à ce sujet , a lieu de surprendre :
c'est que , dans un moment où il se forme tant de com-
pagnies d'actionnaires pour des entreprises dont le succès
n'est pas toujours assuré , il ne s*en soit pas trouvé une
qui ait conçu le projet d'acheter la totalité des maisons
de la rue du Bessard , pour les restaurer d'une manière
analogue aux vues que nous venons d'indiquer. Il nous
semble qu'une spéculation de cette nature ne pourrait
être qu'avantageuse , en raison du produit considérable
que ne manqueraient pas de' rendre les locations d'un
quartier ainsi embelli et aussi favorablement situé.
Basvr ( rue du ). Elle commence au pied du Chemin*
neuf , et aboutit à la place du Petit-Collège : sur le plan
de i54o, elle est intitulée rue Tramassac , ne faisant
alors qu'un prolongement de la rue actuelle du même
nom. Elle a depuis été nommée du Bœuf ^ à l'occasion
d'une figure de cet animal qui y a été placée près de
l'angle nord qu'elle forme avec la place Neuve-St-Jean.
C'est un morceau de sculpture estimé des connaisseurs ,
et qu'on attribue à Jean de Boulogne. Population : 35
maisons, 38 1 ménages, 1290 individus, i5o ateliers
et 3i5 métiers pour la fabrication des étoffes de soie.
Les maisons qui forment le c6té occidental de cette
rue , sont presque toutes remarquables par un genre de
construction très - ingénieusement adapté au terrain en
. ( 91 >
amphit^àtre du coteau de Fourvières , sur la pente infe^
rieure duquel elles sont élevëes. Ces maisons, d'une
exécution aussi soignée que solide , présentaient aux ar-
chitectes du temps où elles ont été bâties, de très-
grandes difficultés qu'ils ont su vaincre en employant
beaucoup de terrasses , de galeries et d'escaliers , qui
établissent des communications faciles entre les divers
corps de bâtimens élevés les uns sur les autres à une
hauteur prodigieuse.
Parmi les maisons dont nous parlons^ nous ferons
remarquer celles des hôpitaux , de MM. Dubessy , Mongez,
Laporte , Dubreuil et Mercier , dans lesquelles on trouve
les restes de deux salles de jeux de paume (i) , et enfin
celle de M. Montet , ayant appartenu autrefois à la fa-*
mille Croppet de Yarissan (2). Il existe , dans cette der-
nière , un puits placé à Tangle de la cour , au-dessus
duquel MM* les comtes de Lyon firent élever une espèce
d'(^élisque en pierre polie , pour perpétuer le souvenir
d'un service signalé rendu par un Croppet de Yarissan ,
notaire du chapitre , lors de l'invasion du Baron des
Adrets, en 1S62. Il cacha dans ce puits les plus
précieux titres et les reliques de l'Eglise de Lyon» et
(1) Depuis la rue S. George jusqu'au quai de Bourgneuf ,
on trouve les vestiges de sept jeux de paume. C'était au
16.^ et même encore au 17.^ siècle | l'amusement et Texer*
cîce favori des gens riches , qui habitaient presque exclu-
sivement ce quartier de la ville. Si ce jeu est totalement
oublié , c'est qu'il demande Un local trop vaste cft occupe
trop peu de joueurs à la fois pour indemniser l'entrepre»
nenr d'une location nécessairement très-chère.
(2) Ces maispns portent les n.^^' 6, 14 9 16 , i8| 20,22.
<90
les préserva ainsi â*une destruction inévitable. Les
comtes avaient ajoute à cette marque de leur reconnais-
sance le privilège de faire sonner la grosse cloche de
St-Jean à la mort de chacun des membres de cette fa-
mille ; ce qui eut encore lieu lors du décès du dernier
Croppet de Varissan , qui arriva peu de temps avant la
révolution , dans son hôtel , rue Boissac.
La maison n.^ 34 de la rue du Bœuf, a appartenu k
BlaUhazard de Villars , premier président du parlement
de Dombes, lieutenant-général de la sénéchaussée de
Lyon « qui fut trois fois prévôt des marchands ; quel-
ques-uns même croient que c'était la maison paternelle
de rillustre famille de Villars, d*où sont sortis Tua
des plus célèbres guerriers dont s'honore la France , le
maréchal de Villars, et plusieurs archevêques de Lyon (i)«
Cette maison passa ensuite à la famille Builloud (2) ,
qui a produit grand nombre de prélats distingués et de
savans magistrats ; entr autres, Symphorien Builloud , qui"
fut successivement évêque de Glandèves , de Bazas et de
Soissons , ensuite ambassadeur de Louis XII auprès de
Jules n , puis grand aumônier de François L^' , et qui
mourut le i5 janvier i535«
Pierre Builloud , procureur-général au parlement de
(i) Voy. Archiv. du Bhàne , tom. VI , pag. 71-72 et
579-580.
(i) Le P. de Goloma, dans son HisU /<</(fr., rapporte qae
le nom de cette famille a ëtë soayent défigure par diierf
aatenrs. Les uns Tont écrit Builloud , d'autres » Bculliaud
et BouUlaud. Il assure que la véritable orthographe est
Builloud.
r
(93>
Dombes, s&inf à Lyon , mort en iSg/ (i) , avait éiê
éievë par le fameux Gepebrard , archevêque d'Âix. Ce
prélat étant venu à Lyon en i58g, avec les cardinaux
Gaétan et Bellarmin , et le cëlèbre prédicateur Pani-
^ole , depuis évêque d*Ast (2) , Pierre Builloud , qui
(1) A Paris , oh il avait été député vers Heiiri IV par le
coDsalat : il était alors premier échevin. Il fut enterré dans
relise de S. Germain FAuxerrois , et dans le tombeau da
chancelier BelUè vre , son proche parent et lyonnais comme
lai. Il aimait et cultivait les lettres 9 et a écrit plusieurs
OQTrages dont Colonia , Hist. litL de Lyon , tom. II y
pag. 716 , indique les principaux. Il eut pour fils le jésuite
Kerre Builloud, né à-Ljon le 27 janvier iSSS, et mort
en j66i , auteur d'un livre intitulé lAigdunum Sacro-pro^
phanum 9 seu de claris y illusiribus et notis Lugdunensibus j
Forensibus et Btllijocensihus 9 dont il ne publia que le
projet (Lyon, Barbier» 1647 j ^^'^-^^j ^' dont le manus<*
crit a passé de la bibliothèque de MM. de la Valette » dans
notre bibliothèque publique où il se trouve encore actuel*
lement, sous le n.® i255.
(2) Panigarole était déjà venu à L jon , quelques an-
nées auparavant. Voici ce que Rubjs raconte à ce sujet y
pag. 422 de son Histoire : a Le caresme de la mesme année
iSySi prescha à Ljou au couvent des cordeliers de S. Bo«
naventnre 9 ce torrent d'éloquence et second Chrjsostome
en sçaToir et en bien dire 1 frère François ' Panicarole , de
Tordre de'sdicts cordeliers 9 et despnis evesque d'Ast^
lortj d'une noble et ancienne famille de Milan. Il faisoit
toutes les semaines trois sermons contre la doctrine de
Calvin , et appelloit ces sermons ses Galvinicques , parce
qu'en iceux il refutoit 9 les liyres au poing , les blasphèmes
et erreurs de Calvin. Il recapitula en un seul sermon ,
prenant congé après. Pasques ^ sommairement tout ce qu'il
( 94 )
habitait la maison dont nous parlons , les invita à dîner
chez lui avec Mathieu de Vauzelles , professeur au col-
lège de Lyon , et le savant jësuite Castorius. Ce repas,
dont il est parlé dans Thistoire de Rubys1[i) , fut appelé
le festin d' Agathon , ou des sept sages.
HISTOIRE.
Les deux lettres suivantes nous ont ëtë communiqué
par M. Tarchiviste de la ville : elles font partie du riche
dépôt commis à sa garde et à ses soins éclairés. La pre-
mière surtout offre un grand intérêt , puisqu'elleémane
du célèbre Lahire , un des plus valeureux capitaines de
larmée de Charles Vil , le compagnon des Danois et
des Saintrailles (2); elle est revêtue de sa signature:
malheureusement elle ne contient que la date du jour et
du mois ( 27 janvier ) ; mais on peut conjecturer ,
d'après les faits qui y sont rappelés y qu'elle çst de i^^s.
C'est , en effet, dans le courant de l'année précédente,
à la fin de mai ou au commencement de juin , que Lahire
avoît presché jour par jour tout le long du caresme, disant
par là une preuve très signalée et manileste du boaheor
de sa mémoire, m
(i) Yoj. aussi Colonia , Hist. lUiér. de l^on 9 tom. II 9
pag. 715 , et Pernetti , l^onnois dignes de mém. , tom. I^
pag. 255-966.
(2) Etienne de y^noles^ dit Lahire, mort à Montanbaa
en 1442*
( 95 )
tomba au pouvoir des Anglais y après la prise de Lou-
tiers. Le Journal de Paris , composé sous le règne de
Charles VII y dit que ce fut la même semaine que la
Pucelle fut arse ( brûlée ) à Orléans ; et on se souvient
qu'elle subit ce cruel martyre le 3i mai i43i* L*écriture
de cette pièce étant extrêmement difficile à déchiffrer , Ton
a eu recours , pour en avoir une copie exacte, à la com-
plaisance de M. Mono , archiviste de Thospice de la Cha-
rité , qui est , comme on le sait , fort habile et fort exercé
dans la lecture des anciennes chartes. La seconde lettre »
plas récente d'un siècle , est de la maîtresse d'Henri II y
la belle Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois (i);
la souscription et la signature sont de sa main. Cette
lettre a de plus pour nous un mérite particulier ; elle
fournit des renseignemens sur l'ancien état topographique
de l'une des principales localités de cette ville.
I.
A mes ires chiers et grans amis les gens desglise y
bourgeois , manans et habitons de la cite de Lion.
Très chiers seigneurs et grans amis, je me recom-
mande a vous tant chierement que je puis. Vous savex
assez comment et par quelle manière jay este prisonnier
des ennemis du Roy en son service , en venent devers
lui quérir aide et secours pour la ville de Louviers qui
estQÎt assagee des Anglois. Et après plusieurs grande$
^ioes et durtes que jay souffertes et endurées en prison
le plus paciemment que jay peu , ay este mis a rançon
(i) Nëe le 3 f epUvilirc 1^99 > morte ta soâ ohâteau d'AiMt le %%
trril 1566.
(96>
comme contraint a la somme de XXX "^ ( 3o,ooo. )<
escus (i) et plus, lamelle somme, ne du mien, ne
aussi de celui de mes parens et amis charnelz , je ne
saroye ( saurois) bonnement paier sans laide et secours
du Roy , au quel jay plus a plain remonstre mon fait
et supplie et requis qui lui pleust me aider si largement
de ses finences , que je puisse paier madicte finence et
délivrance de prison de plusieurs cappitaines qui pour
moi tiegnent hostages : et lequel , combien qu'il ait très
bonne voulente de me délivrer de prison , considère
que pour son propre fait jay este prisonnier ; et pour ,
sa grâce ma respondu que de présent na pas si large-
ment finences qui me peust aider dicelle somme. Mais
de sa boiine grâce ma octroyé, et a sa requeste mesmes,
de demander eri chacuns des pays et villes de son obéis-
sance , aide d'argent pour aider a paier ma rançon ,
ainsi, que lui mesmes a chacune ville et pays en escript
et envoyé de ses gens et officiers pour celte cause , et
mesmement a vous mesmes (2). Et pour ce je vous prie
> I
(1) En x^Z% , VécvL à la couronne TaUit*aa sols 6 deniers. Voj.
Le Blanc » Traité des Monnaies.
(a) Les archives de la mairie possèdent également la lettre de
Charles VII à ses chiers et bien âmes les bourgeois et habilans de ,
Lyon I datiSe aussi de Chinon le ay janvier , oà il leur mar<{ue fpa
•on féal escuier d'escùrie Estienne de Vignoles dit Lahire est pré-
sentement arrivé de la prison des ennemis où il a esté reténu lon-
guement et au tresgrand dommage du royaume de France ; qn*il a
laissé de notables capitaines pour ses hostages , et qu'il demande
qu'on lui paye sa rançon; que ne pouvant la payer des finances^
royales « les bourgeois et habitans de Lyon lui feraient service fit
plaisir bien singulier en fournissant très incontinent et hastifvemê^t
la somme de'iSoo royaux d*or ( le royald'or valait alors aS sols ).
'
(97)
et requiers tant que je puis , mes très chiers seigneurs
et grans amb , qu'il vous plaise de votre grâce obtem-
pérer aux lettres du Roy , et me donner , aider et
secourir de la plus grande somme que possible vous sera ,
pour aider a paier ma rançon , et tant faire que a vous
et chacun de vous jen soye a tousiours mais (toujours, à
jasnais) tenuz. Et s'il est chose que pour vous je puisse
faire , faictes le moy savoir , et de très bon cuer l'a'^
compliray , au plaisir de noire seigneur qui vous donne
bonne vie et longue. Escript a Chinon le xxvij jour
de janvier.
Le tout vostre y Estienne de Vignoles dit
Lahire y escnier descnrie du Roy ,
V ( Signé ) Lahire.
IL
A Messieurs Us Escheuins et Conseillers de la piûe dç
Lyon , â Lyon*
Messieurs 9 j'ay entendu par ma niepce de Sainct
Pierre, comme il y â quelque temps que pour agrandir
les fessés de votre ville , vous auriez prins quelques
maisons et jardins sur les fossés de la Lanterne qui
estoiént de la directe et censive de son monastère de
Sainct Pierre pour convertir en fossés , et que despuys
le Roy auroit £ûct faire les murailles et fossés pour la
deflknse de la ville beaucoup plus hault vers Sainct
Sebastien , à raison de quoy à présent lesdrcis vieulx
murs et fossés de la Lanterne ne servent de riens , et
pour ce que vouliez abbattre lesd. murailles et combler
lesd. fossés et les abenevis^r et bailler à rente à de^
Tome rill 7
(98)
particoliers , et que j*ay esté aduertie que lad. muraîlle
que vouliez abbattre est bien près de celle de lad.
abbaye de Sainct Pierre ^ et n y a que i^ petite ruetle
«Qtre deulx , et que estant la votre j^lj^wittue , cdle dud.
monasifere demourera bien foibje /pontr respondre aux
passages ^ vents et pluyes^ ^et jpour ce je vous ay bien
voulu prier bien fort , ^i'autant gu*il me semble estre
fort raisonnable , ou de leur bailler ladite ruetle et
vieilles murailles ^ ou pour le moins leur rendre leur
directe et rente des maisons qui jse mouvoient d'elles»
qui ont esté occuppees pour faire lesd. fossés que Von
remplist à présent , et seroit contre toute raison que
vous eussiez le leur et de ce vous approprier , et parce
que j'ay esté aduertie que aiilcuns veuUent dire que
leur baillant lesd. murailles , ce seroit diJSbrmer la place
qu on veult faire , certes j'ay esté informée par gen$ de
bien que n'y aura aulcune difformité ny incommodité,
parce que la place sera plus grande qu'il ne s'en appa-
rôistra rîen^; et par ce je vous prye , messieurs, ne
vous arrester en si peu de chose, mesmes que leur
rente et çensine vault mieux , et que o^ .sii^ emploie
à l'honneur de Dieu çt de lad. religion , et poyr empcsr
cher que si Ton bastiss^it de Tault^e co&lé qu'on ne
yeîst dans lad. religion, comioe Von feroit facillemént,
vom assurant que si ea cda nous leur faîctes ce plaisir
et œuure charitable que je le oogooistrai en tous endroicU
6xL vous me vouldrez emploier, et sur ce, messieurs,
je prye Dieu vous donner ce que |Jus désirez» De
Ploys, ce x&vii jour de jwukr l'an mil ciini cem
cinquante cinq»
V.re J>yen bonne amye ,
• ( Signé ) DiAKz de Poytieks.
(99)
• • • . p
BIBLIOGRAPHIE.
aTALOOUE DB tA BIBtlOTHÈQtTB D£ tt. ADAKOLI.
IL h conseryateur de la bibliothèque de la ville a
retrouve , daûs un coin obscur de ce dépôt, les catalogues
iBanascrits des livres et des médailles (i) de M. Adamoli ,
dressés par lui-même, et que l'on croyait perdus ^
M. DeJandîne n en ayant fait aucune mention dans son
taialogue des manuscrits de la bibliothèque de Lyon.
Le premier de ces catalogues , ctlui des livres , distribué
selon l'ordine des facultés , d'après la méthode de Gabriel
Martin , se compose de quinze volumes ou cahiers
in-4.^ (2). Il contient l'indication des prix au^^queU
\
(i) Ces médailles ont presque tofttes disparu : quelques*
tiiiea 'seuleitteat se trouvant au musée qui ne possède
qu'une cbllectîon peu nombreuse et très-incomplète*
(ï) M. AdamoU montrait ses* catalogues aux étranger^
fpx venaient visiter son cabinet : car sa collection était
omuuie et renommée de son vivant , et depuis 1 766 , VAl^
numach de Lyon la mentionnait, chaque année , au nombre
des plus remarquables que possédât cette ville , et loi con-
sacrait un article particulier*
Ce fat en 1755, époque de sa majorité, que M. Adamoli
cimçat et commença à exécuter le projet de se former au
cabinet de livres choisis et un roëdMller qu'il employa la
reste de sa vie à augmenter et à enrichir. U avait acquis
en 1740, environ 1000 volumes y en 1760, il en -avait 2000}
en 1756, 53oo; en 1759, 4000 9 en 1763, 5ooo qui loi
araîent coûté pins de A^^oon fr. A sa mort arrivde le 3 juin
1769 , le nombre de ces volumes s'élevait à près de 6ooo#
Cioo)
chaque ouvragé avait été porte dans les plus cëlibr^
ventes de bibliothèques , et en particulier , l'indicatioa
du prix auquel M. Adamoli avait acquis chacun d*eux ;
il contient aussi une description dëtaillëe des articles qui
ofiî'aient quelque particularité remarquable ^ soit sous le
rapport typographique , soit sous le celui de la con-
dition , et quelquefois des-jugemens sur les auteurs et
l'analyse des sujets traités. Ces notes bibliographiques ,
historiques , anecdotiques , littéraires , peuvent intéresser
]es amateurs ; mais malheureusement elles n*ont pas
'tou}ours toute l'exactitude désirable , et il s'y renconte
â*àssè£ graves erreurs. L'éducation de M. Âdainoli. avait
été un peu négligée dans son principe : il s'était , en
quelque sorte , formé lui-même ; il ne devait qu'à saa
application , aux études auxquelles il s'était livré sans
maîtres , ce qu*il possédait d'instruction et de connais-
sances. Les règles du langage qui sont la base de toi^
bonne éducation et que l'on n'appraad j^msds bien quand
on a passé un certain âge , ne lui étaient pas assez br
' milières. Il défigurait souvent l'orthoglaphe des noms
propres. Il manquait ^ d'ailleurs , de précision et de
netteté dans l'expression de ses idées. Néanmoins , à force
de patience , de soins et de lectures , il était devenu bon
bibliographe y et avait réussi à former une bibliothèque
véritablement bien choisie : aussi avait-il inscrit celte
devise au-dessus de la porte du cabinet où elle étût
renfermée : Non sorte , sed arte colUcia. Elle se com-
posait des meilleures éditions des auteun classiques,
anciens et modernes, bien conditionnées , reliées sans
luxe , mais avec propreté y élégance et solidité (i )•
».'■'■..... '
(i) Les relieurs 4.0Qt il se servait , étaient les sîenrs
Molière | Pradhomme et Beau. U affectionnait' surtout
M. Ât^uiioli ëtait aussi fort riche en ouvrages sur. Thit*;;
foiire naturelle , science k laquelle il s*était spécialement
idonnë. Il avait joint à tout cela ' quelques manuscrit^
d'une assez grande valeur, r
B s'en faut de beaucoup que nous possédions tou^
ces trésors rassemblés à grands frais pendant le cours
de trente-*six années. Le catalogue qui vient d'être re-
couvré^ nous ifiet à même d'apprécier au juste les pertes
qu'a essuyées cette collection. On sait ipi'après la moirt
âe Hit. AdamoH,'eHe fut transférée, dans une salle de
ThAteF de ville où elle- resta long-temps empilée. Elle fiit
f objet de vives' discussions entre l'héritier et l'académie
8e Lyon à qui «elle avait, été léguée ^ mais- qui n'avait
point de local pour la reoevoîn Ces difficultés ayant étë
aplanies par les tribunaux et par l'autorité municipale
qui fournit à l'académie une salle dans l'hôtel de ville ,
la bibliothèque Adamoli fut remise à cette compagnie y
i\ on l'ouvrit au public une fois par semaine ,^ confor*
~ mément aux intentions du testateur. La révolution ét^nt
survenue i on la transporta aux Dames S. Pierre.où elle
fut oubliée pendant pluûeura années. Elle a été enfin
rëaiiie à k bibKotfièque de la ville , d'où x>n vient de
la retirer pour la restituer à Tacadémie et la placer dans
îine'dés isallès que le corps municipal a assignées à ce
oorps savant dans le palais des arts. Tous ces change-
mens , tous ces transports » toutes ces vicissitudçs ne
lui ont pas été favorables ; de nombreux enlèvemens. lui
ont été faits, sans ^u'il soit possibled'en désignier ni
Tépoque précise ni les- auteurs. Il y a dans cette ville
les reliures en parchemin de choix y go&t ancien qn^îl
âTait fait renaître et remis à la mode.
( I03 )
peu de bibliothèques particulières où il ne se trouve
quelques livres "provenant de cette collection , lesquels^
après avoir passé de main en main, ne seraient plus
reconnaissables aujourd'hui , s'ils ne portaient tous le
cartouche de M. Adamoli $ collé sur rinlérieiftt dis la
couvertute , ainsi que le sceau de l'académie j empreint
sur le frontispice. La ville a aussi disposé d'une partie
de ces livres dont elle avait des doubles , en faveur de
quelques étafalissemens publics , tels que la bibliothèque
de l'école de dessin et celle de Tecole vétérinaire. L'aca-
défarïè y rentrée en possession des volumes qui Asôent
restés datis la bibliioihèque du grand collège , où il s'en
trouvait d'autres quMui appartenaient aussi (f> et qui
lui ont été pareillement rendus (2) , compte bie&tôt
(i) Ceux qui lai avaient été donnés par ses membres ,
ou qu'elle avait achetés de ses économies y ou reçus da
gouvernement on des auteurs.
(a) Les livres restitués à Tacadémie , en di£Pérens envois
qui ont eu lieu depuis le 8 décembre 1825 jusqu'à ce jour,
sont an nombre de 6101 volumes imprimés, 400 volumes
de musique, i8x brochures diverses , a volumes imprimés
snr vélin , et aS7 manuscrits* Totot 6921 volumes , dont
les plus beaux et les plus rares font partie du leg9 de
M. Adamoli. On distingue parmi ces 'derniers un magni-
fique exemplaire de l'édition des commentaires d'Eustatbe
snr Homère. « Rome , i54a-i 55o , 4 ^ol. in-fbl. , et une foule,
d'autres ouvrages de prix dont il serait trop long de rap*
porter les titres. Des deux volumes imprimés sur vélin le
premier contient Jacohi Braceliei Genuensis Lucubratùmes :-
c'est un grand in-4.0 sorti dea^ presses- de Josse Bade y h.
Paris y en 15205 le second est un livre d'heures k L'usage-
de Paris , imprimé par la Téure de Thie)man, Kerver , en
( io3 )
admettre le public i une ou deux fois pat' ^Aaiiie,> i^
jouir de ces richesses. Le testament de M. Adamoli en
impose la - loi. Cest* ^ eiï eflfet , une des clauses de cet
acte , qui porte b date du a 5 oi:tobre 1763.
Le legs y est encore soumis à une autre eonditicMn
qui peut paraître singulière : c'est ta défense qi^e fait le
testateur à ses lif gâtai res de -confier la garde de ses Ikres
à a tous sujets membres de quelque corps* religieux qu'ils
9 puissent être , de même qu'à tous imprimeurs , li»
» braires , marchands trâfiquanserï livres^ qui , ajoute-t-^
» il , toujours conduits par les Tues d'intérêt dé lew>
9^ commerce , farciroient cette bibliothèque de gros corps
f de livres inutiles et peu nécessaires y rempoisonne««
»*Toient même de ce qu'on appelle^oi/^arm. » ïl est
i^atofa
i5i2 y in-8.^9 o^é d^un grand nombre de figures. Sur le
dernier fenfflet tout les Commandcmens dt Dieu et les
Commandemens de stdncîe EgiUe. Le nenv&ème commaii'*
dément de Dieu j est conçu de la même' nuini^re que da^kis
un aatre liyre d'heures à Tosage de IU>me » dont nous
avottf parle , tom. VI 9 pag. 120 :
Pe U«' pr^aki » ^\U o«, ancçllo , ,
Et point De la désireras
Par mal plaisir , soit laide bu l>eUe.
Les eommmdemens de eaiféoie Eglise ne sont ^*att
nodibte de oinc]^,' et on n'y trouve pas cel«û qui est au-
jonrd'lmi le sixième dans natre liturgie :
Vendredi obair ne mangeras , etc.
Ce Tolome, ainsi qu'on le voit par une note écrite k la.
auiia sur le frontispice , fut prése$aé à C^académie par-
K. Maibon dg la Çour^ ûcadémcien f le ^9 ami 178& .
( I04 ):
aiBeiK âîfficUe éé detitier le motif qui a àkii la premièfe.
p^^tie de celte clause y celle qui exclut tout rdigieux y
M. Adamoli a négligé de nous lappreadre ; il n'a ex-
primé que les raisons qui Tout porté à stipuler la
seconde. Du reste » sa .volonté est aisée à exécuter f ou
pour mieux dire, il serait impossible* de la violer « au-
jourd'hui qu'il n'existe plus dans notre viUe.de corpora-^
lions monastiques d'hommes. L'académie ne compte pa^
même un seul ecclésiastique parmi ses membres.
ML Gx:hard a placé à: la- tête de la seccmde année
Çi92S) de son Homme de la Roche y ou Calendrier
historique et anecdotique sur Lyouy Lyon, Péueux^
in-iâ, une Hoiice sur Pierre Adamaliy oà il est entré
dans des détails fort amples et fort exacts sur la plupart
des faits dont nous venons de faire une revue rapide ;
mab i} na pu y parler du «catalogue qui est le sujet de
c^t article, et qui , lors de la publication de son ahnanadi,
était encore égaré. Il donne de iustes élogeç à la généro-
sité de M. Adamoli au sujet du legsqu*il a fait: à. l'acadé-
mie , ou plutAt au public ; il n'oublie point de rappeler
les autres titres qu'il a au souvenir et à k reconnaissance
de ses concitoyens , tels que la ibndationt contenue aussi
dans son testament , d'une rente annuelle de 3^5 fr. ,
pour une médaille d'or et une médaille d*argent , que ,
suivant ses intentions , l'académie a décernées en prix y
sur des questions de physique et d'agriculture , jusqu'à
l'époque de la révolution. Le capital de cette fondation
était placé sur l'hôtel de ville ; le corps municipal et les
héritiers du testateur négligèrent d'en demander an
^uvernement la. liquidation , et la somme a été perdue.
M- Cocbard mentionne ^?eille.ment un.aiilre legs de
tooo fr. que M. Adamoli voulait être employé à l'impre»-
sion de son catalàgiie dont il dësirak quede^ exeiâplûreii'
fiissent déposes dans diverses Bibliothèques de Lyon et
de Paris 9 et même dans la bibliothèque royale , afin que
«m bi^ifaît se trouyant consigne dans ces raonumenspu-*:
Vks , ne pât ëprouyer aucune altération.
: La déoooverte du calabgue mettrait à même d*exécu-
ter la condition de ce dernier legs , si 1 académie était*
en mesure de réclamer les 1 000 fr; qui eh sont l'objet ;
mais le but du donateur ne serait pas entièrement at<-
temt , puisqu'en exigeant Timpiressimi de cet inventaire ,
M. Adamoli' avait voulu constater toute Tétendue de sA*
libéralitë pour empêcher que rien n en fôt distrait. Par
l'eflet des malheureuses circonstances que nous venons
de Ëûre comnaitre , il ne reste guère qu'un peu plus de
la moitié des livres qu'il avait légués à l'académie. Il
n'en serait pas moins à déàîrerque cette compagnie
publiât le catalogue de tous ceux qu'elle possède , et
nous sayons qu'elle s'occupe en ce moment même de le
iaire rédiger.
' Le manuscrit de M: ÂdamoIi devra toujours être con*
servé comme xin monument précieux et comme un recueil
d'utiles renseignemens. '
Pour achever de donner une idée de ce travail , nous
indiquerons quelques-unes des notions qu'on peut y
puiser , ainsi que nous l'avons dit , sur dilTérens points
de biographie et de bibliographie. *
On sait que M. Adamoli a été l'un des principaux
éditeurs des œuvres de Louise Labé , publiées en 1762 ,
far une société de gens de lettres* lyonnais : il nous a
• conservé tout l'historique de cette publication , et nous
en avons profité dans l'article ^ur la rue Belle-Cordièrê ,
^î aété in^ré'dans lé prérfeùt toltiraê 9*- fiag. 7 et suiv.
n
( io6 >
Ce aVst pis !a seale rëimpression;. qui lui soit due : ou
lui doit encore orile d'un .petit ouvrage très-curieux , ia
Meygra entr<prisa d* Antoine, de Aliéna Çàn Sablon , ou ,
suivant d'autres , àe la Sable ) ^ domiëe ches les frèm^
Duplain, en 1760 , in-^S^o, de z?j et 106 poges, et
voici ce. qu'il raœnte lui-même i œ sojel : nous \t
laisserons parler , persuade que les détails qu'il rapporte
lie déplairont point aux > biUiophiles. I>s: txési^légBrs
ebangeatens que nous fierons à scm style , n'altéreront
ni le Cbnd ni la suite de se% idées. Après sfoir copié
le titre du petit Tolume , il s'exprime ainsi :
« Très-belle édition » ornée d'une vignette au fron-
tispice y qui représente un coq chantant y ayec cette
devise :
« • ■ ■
f cant^t, cantavit9..cantabiL
Gallos
{
reg^att rfsgBàrvii, regnabit*
ce l)e tous ceux qui ont parlé de la guerre de Pro-
vence , nul n'en a mieux remarqué les particularités
qu'Antoine du Sablon , natif de Soliers eu Provence: il
en avait été le témoin oculaire , puisqu'il y suivit le roi
et l'armée.
« Ce fut moi qui le premier eus l'idée de faire réim-
primer ce livre à Lyon. Un exemplaire venu d'Avignon
s'était trouvé dans la bibliothèque de M. le marquis de
Caumont, acquise en totalité' et transportée en notre
ville, par le sieur Rigolet fils , libraire , qui en fit une
vente en détail , au plus offrant, en janvier 1769. Ce
volume (i) était connu de quelques curieux pour être
(1) Im^riintf k j^vigaoïa , ea 1S57 , ia^ti;
( 107 >
tnne extrême raretë : chacun youlaît I*ayoir ; on savait cq
qu'en dit le P. Niceron' , dana ses Mëmaires , qu'il n*y
ea ayait que deux ex^ouplaires, en Europe , et que cette
raielë provenait de ce que cet ouyrage satirique ayait
ëé supprimé , dès son apparition , par François I.^' ; ca
prince ayait voulu donner cette satisfaction àTempereur
Cbaries*Quint , avec lequel il faisait sa paix^ et' qui
était cruellement turlupiné par le poète macaronique
sur son entreprise de la , conquête de. la Provence , o jk
3 venait d'échouer. L'exemplaire dont il s'agit y imprimé
en lettres gothiques j assez mal conditionné , fut poussé
à la vente jusqu'à 74 fr. 19 s. , dernière enchère mise
par le sieur Rigolet pour M. le marquis de Méjanes, à ce
qu'il disait ; mais soit que le marquis n'en sut point
voulu à ce prix y soit par tout autre motif, il resta pour
le compte du sieur Rigolet. L'ayant appris , je conçus aus-
sitôt le projet de former une société pour le faire imprimer
en beau papier et en beaux caractères , et d'y nvettre
tous les soins possibles pour la correction. Je soumis cette
idée à M. RulBer d'Attignat qui l'approuva fort. Nous
agîmes de concert pour Texéculion , et nous eûmes bien-
tôt composé une société de huit personnes seulement , y
compris le sieur Rigolet, dont sept devaient supporter le«
frais de l'cmpression : il nous parut juste que le proprié-
taire du livre eût sa portion , sans être tenu aux dépenses.
L'ouvrage fut déposé entre les mains de M. Glaret de là
Tonrrette de Fléufîeu , ancien commandant et prévôt
des marchands à Lyon , que nous priâmes de se mettre
à la tête de notre compagnie. Nous invitâmes aussi à en
faire partie MM. Fabbé Antoine Lacroix, obéancTer baron
de St. Just , Biaise. Desfburs. , ^conseiller à la cour des
monnaies , le P. Jean-Henri-Bonavcmtuve Dumas , an
( io8 )
cien gardien et bibliothëcaire du grand couvent des
cordéliers » et MM. les frères Duplain , libraires. Ces
derniers se chargèrent de Texëcution typographique de
cette petite entreprise qui réussit parfaitement. Nous
avons des obligations , pour la correction des épreuves ,
à M. Verger ^ chanoine régulier de S. Antoine , qui s*y
est beaucoup appliqué , et à mon ami M. Teissier qui
nous avait fait une excellente copie de Toriginal. L'édition
a été tirée à i5o exemplaires in-8.* , dont il en papier
Jtrès-fin de Hollande , où la vignette du coq chantant est
tirée en fort beau bleu, et 12 autres en grand papier
fin pour les associés seulement , sauf 2 qui furent en-
voyés , l'un au ministère , et l'autre , à M. l'intendant
de Lyon. Le restant est sur du papier de grandeur or-
dinaire , mais très-beau (f). Les associés eurent chacun
un nombre égal d'exemplaires. Nous n'avons rîen laissé
à désirer dans cette édition , si ce n'est qu'il y manque
un vocabulaire des mots du vieux langage, qui ont leur
sel dans la poésie macaronique , et un autre pour le
patois provençal. Je regardais ces deux voca1>nIaires
comme indispensables pour la parfaite intelligence du
poëme ; mais quand on a affaire à une compagnie , on
ne (ait pas toujours ce qu'on désire.
« Un autre auteur , nommé Claude Ghappliîs , publia
: (1) Ces exemplaires en petit format étaient destinés à
être joints à la dernière édition des antres onvxAgea d^Arén^
faite à Londres (Paris , chez Barbon )9 en 17589 sons ce
^ litre : Antonius de. Arena FrovençalU , de . br0gardissima
vilt0 de SolésriiSjÇd suos compagtwnes qui sunt de persona
/riantes^ basses dansas et branlas practicarUei ^ nouvdlof
perquam plurémos mandat.
( »09 )
aussi une satire contre Charles-Quîat ^ mus ce titre :
L Aigle qui afaici la poule devant le cocq à Làndrécyl
poème de la Juile de C empereur Charles-Quint det^ant le
roi François //' , par Claude Chappuis , de Rouen \
çalet de chambre ordinaire du roy^ Paris , Roffet> i543',
ia-8.^ ; réimprime à Lyon, en i5449 in-8.^, sans nom
d'imprimeur. L'édition de Paris est citée par le P. Lelong,
BiiUoth. hisi. de la France , in-^foi. , pag. 390. 0
Le catalogue de M. Adamoli fournit encore des ren^
seignemens sur d'autres publications qu'il avait faites ^
sur ses trois lettres relatives à la jambe du cbeVal de
bronze trouvée d^ns la Sa Ane , imprimées en 1766 et
1767, sur ses ouvrages manuscrits dont l'académie 'pos-
sède une partie 9 tels que des recherches qu'il avait
ébaudiées sur l'origine de l'imprimerie à Lyon , et un
reqieil de vers. On trouve dans ce dernier quelques
Brevets de la Calotte (i) de sa composition. M. Adamoli
nous apprend , en outre, qu'il a travaillé à l'édition du
Dictionnaire portatif de la langue française , extrait de
Richèlet et augmenté par l'abbé Goujet , publiée en
1761 , in-S.**, par les frères Duplain , et qu'il y ajouta
200 mots que l'abbé Goujet' avait oinis.
Parmi les anecdotes qu'il a semées dans les notes de
son catalogue, nous citerons les suivantes , et c'est par^
là que nous terminerons notre article. Il s'agit dans le
-£-C>^
(i) Sorte de poëme satirique fort à la mode vers le
commencement et jusques vers le sdilieu du dit-huitièine
siècle. On supposait que la personne qu'on voulait ridicik-
iiser ', méritait d'entrer dans une compagnie imaginaire de
foux et d'originaux , appelée le Régiment de la CtUoU» ^
et on lut délivrait un brevet en vers.
tno)
premier passage qoe nous allons^ transcHre , des Ncu-^
vecuix Mémoires df histoire , de crUique e1 de Utiiraiure ^
par Tabbë d'Artigny (qoe M. Adamoli nomme mai-à-
propos d*Ari:ny)^ Paris, Debùre Taiiié, 1749-1756^
7 vol. in-i2.
c( Cet ouvrage , dit-il , est une compilation pérpêttielk
de TAbbë d*Arligny , chanoine de Tëglise de S. Maurice ;
à Vienne en Dauphiné (i). Les écriTains incapables de
(i) Il ëtalt né dans cette dernière yiUe^ lé 8 noTembre
1706 , et 7 est mort le 6 mai 1778.
M. Adamoli fait ici l'hjpercritique ; le ressentiment lé
rend injuste. Les Mémoires de l'abbë d^Artîgnj né sont
point an ouTrage aussi méprisable qu*il Tebt le lalre' en-
tendre. On j trouve une foule* de pièces rares et curieuses «
et , snÎTaut Texpresslon de M. Weiss qui a com^së pour
Ift Biographie universelle l'article, de ce littérateat BKMieste
et laborieux , des dissertations sur différens points . d'bis-
toîre littéraire , remarquables par un ton dëcentde cridqne
et par un air de bonne-foi qui plaît au lecteur et qui le
persuade. On doit à Tabbë d'Artignj un petit ouvrage qn*il
a jLiré de son propre fonds , la Bdaiion d*une assemblée
tenue au bas du Parnasse , pour la réforme des belles'4ellres;'
et cette brocbure , dit encore Testimable biographe que
nous Tenons de citer, est écrite arec plus de finesse et
d*esprit qu'on ne le deyatt attendre d'un homme eocup^
àé- recherches 4ninatîeuse6 et qui 3ongeait moins k soigner
son âtjle qu'îi augmenter ses. collections. Parmi les.extrait»
intéressagis dont se composent les s^t T.olnmes de ses
J/lémoires , nous signalerons k l'attention de^ lecteurs Ijon-
nais un article qui se trouve dans le tom« Vil 9 pag. 175
et/Suir. 9 ,et <|ai a pour objet l'ouvrage d'Adrien de Mon-
talembert sur l'apparition de h) s(eur JMj. de Tësienx , en
i527 } dans le monastère des dames de St-Pîerre de Ljon.
i III >
(tfodaire et At Fien lirer de leur propre Éonis , prennent
cette Yoie^ Ils trouvent en cela pltts4è feciKtë pour feîre
des Urres à la loise qui souvent ruinei il leurs tibratres ,
quoiqu'il y ait tot^ovrs des dupes pour les acheter et
même des ignoratts pour les louer. J'applaudis Tolontieiï
au titré de coiapilaiteur éternel qu'a voulu se donner le
petit sdbbë ; maïs je tk lui passerai jamais celui de com-^
piiateur de médailles aux dépens des cabinets qu*il va
voir , et où il escaittdte les plus précieuses et les plus
rares. Cest ce qu*it a fait chez moi , la première fois
qa'il y a été introduit (en jilin 1767 ) par le P. Dumas,
cordélier , son protecteur et son défenseur dans ses sub^
tilités et iburberies. Je possédais un Pertinax , moyen
brottsa .^idi'^tein romain, du prix de 36 fr. , qu'il m'a
enlefl subtilement avec plusieurs autres médailles d'un
meiiidns prix. Il m'a renvoyé généreusement ces der^
iiières 5 mais il a nié le Periinax , médaille très-rare et
trèS'bonne à garder. » '
H. Weiss s'est trompé j lorsqu'en justifiant Pabbé d'Ar-^
iîffij du reproche qu'on lui faisait d'aTorr tiré plusieurs
articles de ton recueil d'une Histoire manuscrite des poètes
français , composée par l'Abbé Brun , dojen de St-Agricole
JTATignon , il observe que néanmoins oii ne peut douter
que i'abbé d*Artigny ne connût Fexistenee de l'ouvrage
de Bmi , puisqu'il dit que le manuscrit en était resté
daas. k btUîath^ue du séminaire de St-4«lpice de Ljoa ^
aiasî qu'on Traitx5 dm pla^t , ' pot ie même ^mtettt. Ii#
Traiié duPlagiçiiàoni parle plttsii^ors fois l'abbé d'Artignj,
n'était point deTébbé Brun , nais bien 4e l!aUM$ Laurent*
Josse Le Clerc 9. directeur du séminaire .de St Icénée, à
L/ou, oit il est mort-le 7 mai ijSâ*
< "^ )
« Trqité df la reliure des libres , par M. <k Gauffeooiut
( où l*on voit cet art décrit dans toutes ses parties. Lyott:,
1763 ). Sans nom de lieu , ni date , in-8.9 , beau papier-
» L'auteur , grand amateur des beaux-arts y s'est avisé,
sur ses vieux jours , d'imprimer lui-même ^ avec une
.presse qu'il avait che^ lui , ce petit ouvrage qu'il avût
composé depuis 25 ans ; il en tira 25 exemplaires seu-
lement dont il fit des prësens à ses amis et à quelques
curieu:^* Cette brochure qui a*a que 72 pagas» parut ,
dans le public lettré 9 à Lyon, vers le mois d'avril 1763.
^ Un nommé Pnidhomme , m«* relieur à Lyon , au-
quel M* de Gauffecourt s'était adressé pour apprendre
de lui l.'art de la reliure , l'avait fort mal instruit , quai*
qu'il fût bon ouvrier ; il lui avait caché les pfoeédés
les plus faciles et les meilleurs de son métier ; M« de
Gauffecourt ne se méfiait pas de ce fourbe qui le Xtùbit
pait* Aussi. y a-t-il^ bien des délauts dans son liv^.
M. Molière, très-habile relieur et/ plus honpéle homioe)
lui aurait découvert loyalement tous les secrets de sa
profession. Quand on se propose d'écrire sur un art 9 il
faut prendre langue auprès des bons maîtres. Molière »
homme de génie pour la mécanique , lui aurait montré
chez lui un artifice fort simple , composé d'un battcnr
qu'il a inventé , et avec lequel il fait frapper altentt-
tivement deux gros marteaux , passant 60 livres chacun ,
à l'aide d'une grande roue et de deux, petites, hérissées
4e chevilles et mues par. un cJtieval aveugle qui &it
tourner un arbre sur un pivot II lui aurait ^ également
montré une règle infaillible dé son invention , faite en
équerre, pour couper, avec une égalité parfaite , les
deux cartons employés à la couverture d un livre et
pour donner à la tranche la gouttière uniformel II lui
tiirak foon^ une description des crochets et pointes
^'U a imagines pour faire les nerfs au dos des livres et
pour retn^acer les chevillettes dont on s*ëtait toujours
scrr i jusqu'alors , ' mais dont Pemploi n'est pas sûr : les
«Todiets et pointes font le double d'ouvrage. Il eût pà-
leUlement enseigne à M. de Gauilecort la manière âe
•bien dorer* sur tranche ( ce quignore Prudhomine )' , et
^ ùirt toute sdrDe de belles iDnarbrures j particulièrement
ksangokie À^aillée. La méthode qu'il emploie pour 'cela
dmné à ce qu'il feit plus de durée (|ue n'en ont lès 6U-
wages qui sortent de chez Prudhomme : celle dont
œ dernier se sert i est pourtant flatteuse et brillante ,
nais ses couleurs deviennent pâles et ternes au bout d^in
eertaîn temps.
' 9' lie nom de famille de M. de Gauffecourt est Càp-
femmùgr : il est* né à Paris, et son père était de Tours.
•GeSuihoi vint s'établir dans la capitale en qualité d^h'or-
logei^'On prétend qu'il fut ensuite secrétaire dés c6m-
«undemens de madame la duchesse de Longueville. 11
ne mourut pas riche , et son fils . continua sa profession
dans rhorlegerie ; muis s'étant lié d'^àmitié avec un gen-
tUbomme- que le roi avait envoyé résident à Genève ,
il k suivit pour se perfectionner dans' son art. Il avait
\à table et le logement chez le résident. Il quitta ensuite
•son métier pour passer dans les emplois des fermes gé-
. néfikes dé France. Il obtint celui de fournisseur général
des sels pour toute la Suisse. Sa conversation était assez
spirituelle : il aimait les arts avec passion et voulait les
,oaiuuitre <tou8. Je soupçonne qu'il ne fut jamais homme
deletenes.
»' M. Jean-Marie Bruyset , libraire , son' ' ami , m*a
-procuré fort «oUigeaiâlment son livre. L'aulèur adressa
Tom. rni, «
I
( ii4 )
r^pUre placée à la tète du ToUirae', i^ MM. lean-Marlf
Bruyset père et fils. »
« Réflexions sur les seniimem agré^Mes ft sur le
plaisir ai fâché à la lecture (par un sage anonytne).
Imprime à Montbrillant (de rimpriiaérie de M. de
Gaufiecourt ) , .1743, inr8.<^
» Ce peut ouvrage avait déjà ëtë imprimé à Paris ches
Pisspt, en 1736^ dans un recueil de pièces de divers
auteurs. M. de Gaiafiecourt fit cette seconde ^tîon qui
fut le premier essai sorti de la presse de sa poiite imr
primerie , comme il rannonce lui-même dan$ une épitre
adressée à un ami > mise à la tête de l'opuscule , lequel
ne contient qu'une morale usée et rt^baituè , présentée
d'une manière assez fastidieuse. L'exemplaire e^.c^li^
de sa main. Il se trouva dans son cajiinet à sa mort ^ et
je Tachetai à la vente de ses effets à: l'eDobèfe: il n'en
avait tiré que ai , et c'était le *$qu1 qvii lui ri^i
Monibr niant est une petite maison àt campa^œ .^ près
de Genève , qu'il . tenait à loua^. M» de Gau&ooort
s'était fait environ i S^ooo liv. de rente dont la majeure
partie lui venait de son ^nplol da^ las sels 9 -et le resté,
de son patrimoine placé en re^te. viagiàre^ Il «M iMct
dans une maison de campagne . p^ès de Lyon ,- appela
la Motte, au mois de mars 1766, âgé de 75 ans. SqIi
mobilier fut vendu à l'encaii environ 18 àao^ooafr.
La compagnie qu'il, recevait à U Motte était ibrt niâiéf .
Il admettait à sa t^ble des oovfiers et autre» g)m& du
plus bas étage. »
« Lettres à monfib^ A (yenève , de mon imiprinme,
1759, in-8.* ' .
» On n'a tiré que a5 exemplaires 4^ qit petit .livre ,
imprimé et relié ( comme Içs p^écédlens ) par M. i|^
( "5 )
GauHeconrt Ge sont douze lettres qu'une mère ëcfh à
son fiis pour servir à son ëducaf ion. ' M. de GaufTecourt
a mis 1 la suite 1 8 lettres d'uA clwiioine Oaodori à
H. itf LinaB , à M^ â*Epinay , iermler-général , et k
son épouse , les(}uelle^ tont assez siilgulières de là part
de ce chanoine , mais offrent peu d'intëi^t.
» J'aî aekelé ce voliHiie -à la veale des effets de M. de
Gaufibcourt. Il faisait partie de sa Inbliodièque qui ofe
contenait qu'environ 4^0 volumes , romans et petites
brochures de fantaisie. 11 couvrait de papier bleu tous
W livres qu'îl relitttt , de sorte- qu'on pouvait à juste
titre appeler sa bibliothèque la iiiliotkigiie bUue. »
y ■ . 1,1 ■ I I I. .11 i\w
• . » / ^ ■ -
BIBLIOGRAPHIE.
Pmemibe btxt deft ouvrage» «ntr^ à la Bibliothè^e publiqne 4e
la Tille de/Lyon depuis le i5 mars iSay.
D05S (l).
4 *
• . » ■* I
* Accord de la foi avec la raison , ou expoMtion d^
principes sur lesquels repose la foi catholique.... Paris ,
1827, in-8.*
• *
Almanach historique et politique de la ville deLjpon
et du département du Rhône , pour Tan de grâce 1 Q27.
Lyon , Rusand , în-S.*
ti0tkà^^^,^m*»mm^*Ê^mmé»i^ n> iirm
(f) L^8 ^vrages dont le titre est précédé d'un asté-
risque , sont dns à la monifitence' du goaverxiement.
( ii6 i
Ancienne fête de Tile Barbe. Extrait d'un recueil de
poésies sur Lyon. Lyon , ( 1 8^5 ) , în*8.^
C'est un tire à part d*un article des Arch. du Bk.^ ioiéré
tome 1 9 pag. 557-576. 11 contient une pièce de tcts tt
Bonarenture des Périers , accompagnée de notes par H.
Breghot da Lut
Annuaire de la Côte d-Or , pour 1 828 > par M. AmantOR.
Dijon , 1838, in*i9.
Voj. Archives du RhSne 9 tom. VIII 9 pag. 5l*
* Antiquités de la Nubie..,.. | par F. G. Gau. Paris 9
18212 9 in-*fol. max.
Cet OQTrage fait tuite à la Description de rEfojHc qaelt
bibliothèque de Lyon doit à la munificence royalài
* Architecture antique de la Sicile 9 ou rècual des
plus intëressans morceaux d'architecture 9 etc. mesures
et dessinés par J. HittoriF et L. Zanth, architectes. Pans^
J. Renouard , sans date 9 in-fol. max.
I^irraisonf 1 à 5.
* Architecture moderne de 1^ Sidle... 9 par les mêmes ^
•te-M. îftax.
Lirraisons I à iS.
Bibliographie de la France 9 ou journal de la librairie ^
jB.* année ( 1827 ) , 'ni-8° 9 avec les tables.
La bibliothèque de Lyon doit ce joamal à la Kbër^litjde
H. Beuchot , «on principal rMaictenr 9 qui Tcnricliil trop
.rarement de ses aaTaute» notes.
Budget 9 ou état des recettes et dépenses de la YiOeds
Lyon 9 pour 1827, in-4.*
("7)
Uan. Voar i8i8 , in-4.*
* BoHetîn universel des sciences et de rindustrie..4.»
ftkXié BOUS la direction gënërale de M. le baron de Pe-^
«issac Paris, in-8,^ Ânnëe 18^7, et janvier , février ^
nai&et a^cil 1828.
Catalogne des livres de la bibliothèque de feu M. A.^
IL^H. Boulard.... première partie , contenant la théolo-
gie, la jurisprudence et les sciences et arts. Paris, 1828
in-S.^ de 5o7 pages.
Ce Catalogne contient S1A6 articles.
s
Catalogue des livres faisant partie dé la bibliothèque
ik Mé. le; marquis > de C8i^*** < Châteaugiron -). Paris,
1825, în-8.*
La b3>Iiotfaèqae de M. le marquis de Chftteangiron , ama«
tevur vraiment distingué et auteur de plusUtii^rs ouvrages
fivk estimés ^ est une des plus belles et des plas rîchésde
k capitale : parmi les articles qui ont été distraits de cette
bibiiotbèqne pour être mis en vente et qui composent le
catalogue dont on vient de lire le titre ', il en est nn grand
nombre de rares et de précieux.
• " ■ ' • ■. . « < .. .■
Compte final, ou état indicatif des receljhs^. H des
dépenses de la ville de Lyon , relatif à Teierdce de
1825, in-4.^
♦ . »
Défense du Précurseur^... , par M* Guerrç ,.avocat«..
Lyon, Brunet, 1827 , in-8.*
T07. Arddsftê du Bhéne , tom. VI f pag. 298-229»
' . -
* Dictionnaire d'architecture..... , par J.-M. Vagnat ,
architecte. Grenoble, 1827, in-8.*
( tii )
* Dictionnaire des sciences naturelles.... Strasbourg et
Paris, 1826, in-8.0
Tom. 40 à 52. Portraits ^ liTraificm* 20 k aS. Planai ,
cahiers 40 ^ S^*
Discours prononce par M. O)urvoisier , procurear-
gënëral près la cour royale de Lyon. Lyon , liusand y
1827, in-8.^
Voj. jtrehiv. du BMme » tom. V y pag. 466.
Discours prononcé par M. Courvoisier , président in
collège du 3.^ arrondissement électoral , à Villefranche.
liyon, Rusand, 1827, in-8.*
Voy. jtrekiv. du Rhdn^y tom* VII,. pag. 7i-77«
Discours sur l'influence du magistrat.... , par M. Justinien
Rieussec > premier avocat-gënéral.... Lyon , L. Ferrin ,
1827, în-è.^
Voy. Archiv, du Bkâne y tom. VU y pug» 65.
Discours sur Tunion des sciences médicales et leur
indépendance réciproque..,.* , par M* R« de Lapnuie**»*
Lyon , Louis Perrin , 1827 , in-8.^
Voy. Archiv. du lihdne , tom. VI , pag. 23i-25t»
Dissertation sur Torigine des étrennes ^ par Jacob
Spon , nouvelle édition , avec des notes , par M.***
(Breghot du Lut)..... Lyon, J.-M. Barret, 1828, in-8.^
Voy. Archiv. du Bhéne , tom. VII , pag. 3 11.
Distribution des prix aux élèves de l'école royale de
dessin et des beaux-arts* de la ville de Lyon, année 1827.
Lyon , Rusand , in-4*** ^ •
( "9}
. Distnbuûon des prii( et médailles de Tinstitutioii pro-
visoire la Martinière , de la fondation Grognard , et du
cours de géonnftrie pratique , pour l'année 1 827» Lyon ,
Ru^ndt in-4-
* Edifiœs de Rome moderne , dessina et puUiës
piaf KLetârouilIy...» Paris , J. Pinard^ 1827, in-foU max;
LÎTraisons i )i i5.
»••••
Epitre à Mathon dç la Cour « par h^h» Boucharbt
iyon , J.-M. Barret , 1827, in-8.®
Extraite des Arçhw. du Rhifn^ 9 tovi* VI 9 p»g*.295-5i2»
Voj. aussi même tom. pag. 590. Les notes dont cette ëpître
est aceompagnëe ^ sont de M. Bre^ol du Lut.
* Essai sur 1 origine unique et hiéroglyphique des
chiffires et des lettres de tous les peuples ^ par M. de
Pairavey.... Paris , Treutte! et Wurlz , 1826 , gr. in-8.* ,
planches.
* Excursions sur les côtes et dans les ports de Nûr-
mandie. Paris, Jules Didot aine (sans date) 9 in-^fol.
mai. fig.
Festin (du) du Roi- Boit , par J.-B. BuUet , avec des
notes et. additions , par C-N. Amantpn. Pijon , 1827,
in-i2.
Yoj. Archives du Bhâne ^ tom. YIII, pag. 55 et 54' '
Flore lyonnaise , ou description des plantes qui crois-
sent dans les environs de Lyon et sur le ]^ont . Pilât ,
par le docteur J.-B. Balbis.... Lyon , Coque et Ayné 9
1827 «^ 1828, a voL in-8.^ Lr premier «est divisé en
deux parties.
( lao )
Hîsfaoîre m^licàle des inaraîs.*rf par J.-B^ Monfaloni..
^Seconde' édition entièrement refondue, corrigée etaa^*
mentée. Paris , Bechet jeune.- 9 i8a6, in-8.^
Cet exemplaire est un des cinq qui ont été tirés sur
grand papier yélin ; l'auteur j a joint son portrait et une
note autographe qui contient, entre autres choses, un
supplément à* Verrata.
Auitre (de 1' ) et de son usage comme aliment et comme
remède, par Etienne Sainte-Marie. Lyon,Boursy, 1827,
în-8.*>
• Yoj. jirûhi\^es du Bhéne , tom. Y, pag. 585-586.
* Iliade ( 1* ) d*Homère traduite en français , par Dug^s* -
Montbel... Paris, Firmin Didot , 1828 , in-8.^ tom. L^,
Le texte grec est en regard.
.■ • • •
Ce Yolume est aussi le premier de la belle collection des
classiques grecs, traduits en firançais , que publie M. Firmin
Didot. Voy. Archives du Bhdne y tom. VII, pug. 236*
' * Lettres sur l'origine de la chouannerie..*. , par
Duchemin Descepeaux.... Paris', imprimerie royale , 1827,
in-f8.*, tom. II.
' Mémoires de la société royale d'agriculture , histoire
rfaturellé et arts utiles de la ville de Lyon, 1825*1827.
Lyon , J.^M. Barret , 1828 , in-8.^
Voy. Archives au Rhône , tom. YIII , pag. 469*
* Mémoires du muséum d*histoire naturelle. Paris y
Bffelin ,.in-4.*
Les cahiers x à 5 de la 6.^ année (1827).
( 121 )
Mëihode simplifiëe d'analyse pour les langues latine et
française ,'par Tabbë ***♦ ( A. Cas) , ancien professeur»
Avignon , L. Âobanel , 1827^, in*is. ^ '
Moniteur universel... 1824-" 1827, 4 vol. in-foL
Les vingt-trois premières années de ce jonmal, 1789 k
1811, ont été données par feu Marc^Antoine Petit 2i M
bîUiolhèqae , qui a fait Tac^isition des années 1812 ^
1833 9 et qui doit à la- libéralité de la mairie de Ljon les
années 1824 à 1827.
Mouvement ignë ^ considéré principalement dans la
charge d'une pièce d'artillerie , précédé de réflexions
phisiques (sic) sur les calculs de M. Robins,. concernât
le fluide élastique de la poudre. Toulon (1809), in-4«^
nar. rert.
Présent de feu M. Morel-Voleine y archiviste de la ville
de Lyon.
*' Musée de sculpture antique et moderne, par le
comte de Clarac. Paris, i9a6, texte in-8.®, plaochef
in-4.^ y livraisons i à 5.
* Musée royal de France ou collection grayée des
chefs-d'œuvre de peinture 'et de sculpture dont il s'est
enrichi depuis la restauration , avec un texte rédigé par
M. A. Jal , ex-officier de marine , publié par madame-
veuve Filhol. Paris, 1827, petit in-4.*
Livraisons i à 2. M. Jal est né à Ljon.
Notice historique sur la vie de M. P. Rieossec..— ,
M, Guerre.... Lyon , L. Perrin , 1827 , in-8.«
Toj. Archives du Rhdnêf tom* YI, pag. Si2-5iS
: . Notice 6ur les Archives du département de Ja Côte-
4'Or , jiar M. poudot , conyervatear desdites Arqhives k
à Dijon. Paris (Dijon) 9 1S38 9 in-^12-
Voj. Archives du Rhéne j tom. VIII , pag. 53.
Notice sur la rue Belle-Cordière à Lyon, contenant
quelques rense^nemens biographiques sur liouise laibi
et Cbtrles Borde. Lyon 9 1 SuH , ia-8.^
Voy. plus bas le Bulletin biUiograpinque*
Notice sur S. Jubln , archevêque de Lyon, avec une
dissertation sur Tauthenticitë de son corps et de son
tombeau... deuxième «klilion. Lyon, Rusand, 1827, in-12.
Yoy. Archis^ du Bhéne , tom. Y, pag. aSi et 4^6-467*
Notice sur Tabbë J.-N. Sudan (par M. Breghot du
Lut). Lyon, 1827, in-S.*
Extraite des Archives du RhSne^ tom. V, pag« 4S5-457.
Observations sur l'Hiatoire de Napoléon , d*apràs lui-
méme^ pi^bliée par Léonard Gallois, troifiiàme lidition*
Paris , Trouve, 1827, in-8.®
^Ges observations, signées G-N. Amanton, sont extraites
des Annales de la littérature et des arts , excellent recueil
périodique , publié à Paris , par M. le baron Trouvé.
m
Oclaviifs ( 1* ) de Minutius Félix* Nouvelle traduction
par^ A. Pericaud.... avec le texte en r^ard et des notes.
Lyon , imprimerie de Z, Durand 9 <^^^ 9 .in-8.^
* Odes sacrées , idylles, etc., par le comte de M^r-
cellus..'.'. Paris , 1825 , in-l8,
* Odes sacrées tirées des i5 'psaumes graduels , ^m
/ijjwm^'. Paris; r827, îii-it>.
( 1^3 )
, O^ayres de Macrobe ^ traduite par Ch* 4^ Bos^f .«...
Paris , Firmiix Didot, iSa^j^ % voK m-8.^.
Cette tradactîon n'e3t point accompagnée da texte*
H. Mahnl s^oceupe depais long-temps d'une tradôction da
même auteur , sur lequel il a publie dans les Annales
tncyjdopédiques ^ année. 18179 tom. V, pag.^ai-^ây une
Dissertation hiHorique , liU&aire et bibliographique , très«-
bd échantillon des pièces préliminaires dopt il compte en-
richir son trayail.
Plan 9 ëlëvation et coupe$ de l'entrepAt des sels 4^ la
ipîlle de Lyon. — Inscription de la pose de U pfemière
pierre de cet édifice (25 juillet 1827). Deux feuilles dç
format in*^foI* > gravées par Sampierdare^a à Lyon.
Prëcis de Thistoire de la médecine et de la biblio-
graphie médicale...., par J.-B.' Monfalcon.... Paris, 1826,
iii-i8.
Yoy. Jirthive» du BkSne 9 tom. VI , pag. aSS.
• Proclî philosophi platonici Opéra.l.. edîdît... Victor
€o«sin<»< Pàrisiis, F. Didot, 1827» irï'^S.^ tom. VI.
Raoul ou Rodolphe , devenu roi de France , Tan g^S :,
Dissertation historique par M. Tabbé Aimé Guillon dç
Montléon.... Paris, 1827 , in-8.®
Tof* Jtrchives du BhSney tom. V, pag. 4^7^68*
Rapport sur Tëtablissement pastoral de M. le baron de
Staël , à Copp«t ; par M. Grognier. Lyon-, Barret ,
1827, in-8.^
"Voj.'ArMvcs du Bhonâ^ tom« VI , p9g. i53«#S4* .
Rapport sur Tëtat actuel des carrièr«3 de marbré de
France, par M..Héricart.d0 Thury. Paris , i8a3,mr8,^
( ÎM >
'•• "Recherches et considérations sar Tiemplô! des che-
vaux morts.... Paris, Bachelar, 1837, in*-4.*
Recueil des actes administratifs de la prëfectore du
Khône ( année 1827). in-8.*
Religion (de la ) considérée dans sa doctrine , dans
sa "morale et dans son culte , discours suivi d'un sermon
sur le danger des mauvais livres contre les meurs , et
d*un discours à la mémoire des victimes du siège de
Lyon , par M. l'abbé Bonnevie.... Lyon j Chambeti
i8ao, in-8.*^
Réquisitoire prononcé dans Taffitire du Précurseur..^
par M. Tavocat-général Guillibert. Lyon , 2827 , in-8^^
Voj. Archives du BhSnef iom. YI, pag. 589»
* Ruines (les) de Poestum ou, Possidonia , andenne
▼ille de la Grèce.... , par C. M. dé La Gardette. Paris ,
•^an . Vn , in-fol. max.
Sermons , panégyriques et oraisoni funèbres , par
M* Tabbé de Bonnevie... , suivis d'un sermon inédit du
*R« P. Chapelain... deuxième édition, Paris, Ror^) 18271
4 vol. in-8.*
i
Siège de Lyon et poésies diverses , par Chyles Massas.
Paris , 1824, in-i8.
Donné par M. Laurent , lil
Statuts synodaux du diocèse de Lyon.... , publiés par
Mgr. de Pins... Lyon , Rusând , 1 827 , in-8.*
Supplément aux œuvres de M. T. Cicéron... , par
A. Pericaud ... Paris , Leièvre ,1826, în-8.*
( 125 )
Un article de M. Dugas-Montbel $ur cet ouTrege a été
inféré dans le Bulletin universel de H. le hitxm de Fe^
rataac j cahier d'arril i8a8.
* Taciti (C. C.) Opéra, auspice Corbière... Parisiia^
eicuddMt C.-L.*F. Panckoucke—.i 8a6 , A voL gr« ia^lbl*
* Théorie de la grammaire et âè la langue grecque f
par C. Minoïde Minas. Paris ,. Bossange , iSa^^ in-8/ -
* Traite de Tart de la charpente , plans , coupes.... ^
publié par J. Cb. KraSl... Paris ^ i8ao, in-ibl. max.
« ^
^ Traité théorique et pratique de l'art de bâtir , par
I. Rondelet. Paris , in-4.^, sans date ^ tom. I.
* Voyage dans les Pyrénées.. .. , par le comte de Mab-*
CeSus.... Paris, 1826, în-ï8;
* Voyage du roi au camp de Saint^Omer «t dans
d(fpartemens du nord , septembre 18^7 (extrait du Slir-
niteur ). Paris , imprimerie royale , 1837 , in-8.*
* Voyages pittoresques et romantiques dans Tancienile
France (Franche-Comté) , par Ch. Nodier , J.Taylof ,
et Alph. de Caiileux. Paris , J. Didot Tainé , 1 8a5 ,
in-fol. max.
LÎTraitonf la k aS*
t •
( 126 >
BIOGRAPHIE LYONNAISE.
.A^niTIOVS k LA lîOTiGE SUR LV P» vdLAttD, I«ÂdtUfK fMJ?
HAUT y TOM. III , pag. 368^370.
J*ai dit , sur la foi de plusieurs biographes , que la tragé-
die à' Agrippa était du nombre des ouvrages du P. Folard
qui n'avaient pas été imprimés. Le passage suivant
d^s Mélanges his/orifues et phitolagiques de Michault
(Paris , 17549- ^ ^^^* ior-id) , que je n'avais pas alors
sous les yeux , mais sur lequel je suis tombé depuis , m'a
ericore confirmé dans cette opinion, en même temps
qu'il m*a appris que notre jésuite , ^ outre seâ tragédies
d^\Œdipe et de ^hémistocU ^ en a;¥ait composé une/autre
sous le titre de Théodore^ Ce passage qu'on lit dans
l'ouvrage que je viens de citer , tom. II , pag. 54-55 ,
< fiiit partie d'un petit recueil d'anecdotes , observations
-€t fugemens ittléraires ^ que Micbault tenait du P. Oudin.
ce Le P. Folard étoit brûlé du feu poétique : il auroît
bien voylu voir l'effet de ses pièces dramatiques ^ur le
thçâtre. On lit avec plaisir son Œdipe et son ThémisiocU :
4t.avoit encore composé deux autres tragédies fort belles,
qui 'n'ont jamais été imprimées , Théodore et Agrippa,
Le P. Oudin a voit retenu quelques vers de cette dernière :
C'est le fils de Nëron y dont le cœur indomptable
Ne croit régner sur nous qu'autant qu'il nous accable ;
Cniel sans le paroltre , il sait l'art inhumain
D'enfoncer le poignard et 4e OAober la main ;
Ame double et sans foi , dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées (i) , etc. s»
' ■ ■ ■ ■ .. I - ■ ■ . ■M. I I. ■ I I ■ ^ ■ » «Il
(i) Ce dernier yers est pris de VAH poétique de Boileau, chant L
tn\
( 127 )
D'aprà» 069 témoig^a^s ^ je n'avau^ wsun ^oule «u(t
la non-^uUicdiioil de )a trag^ie à'jigrippa.i lorsqu on
n'a ^crit de T?»ns j ^ue ceriaiaeiHeiit il on eKîstait nue
édition doiinéa en 1721 ^ et que M< de Solêianfe en
possédait ua exemplaire dans 9a belle collection de pièces
de théâtre , et lorsque , d'Un autre ctié , )*ai vu cette
nèa^ tragédie indiqua dans la Bibliographie dtûmatiqus
de M. Odandioe 4. pag« 4^ ^ comme ëtant dan»- la biUio-
tbègne de hfon. Je me suis empressé d'ëclairci^ œ dernier
fait, k choM «9 trouvant , pour ainsi dire , soùs ma
main , et j*ai bientôt aoqnis la coovictioki qu*il y avait
id équivoque, lu Agrippa du P* Folard n*est point dans
natte bibliothèque publique ^ mais seulenwnt le prûr^
gramaie qui en fut publié , suivant l'usage ^ lorsqu'on
joua cette pièce^au ooUëge de la Trinité, le 8 juin I73A(
C'est un cahier de 20 page» , in*'4*'' , imprimé <:h9s
Pierre Bntyset^ et rdié dans une collection en plusieuri
ToliuDts 9 ialitulée RecueU sMr .Lfon\ Il contient raiia«*
lyse et quelques citations de la pièce ^ 'ainsi que le
programme d*un ballet comique , sous le titre de Foriu^
naius ou le Sot enrichi et dapé ^ 'tiré d'iinfe houtelle
espagnole , qui fut représenté le même joi^r , et dont il
parait que l'idée et Tarrangemeat de» ^nes appartenaient
aussi au P* Folard , -alors professeur de' rhétorique au
coUëge de la Trinité. L'auteur n'est nommé ni dans le
titre ni dans le corps de l'imprimé ; mais on lit siiir le
frontispice cet envoi écrit de àa main : Pour M. Temporal
rf M. Rude 5 ( signé ) Folàtd. Là tragédie iT Agrippa
dont le titre complet était celui-ri : Agripa {éiC^yBos-*
fumus ^ petit' fils d^ Auguste i^ixÀxM ^x^t de Tacite. Laf
tirade citée dans les Mélanges dé Michault se retrouve
parmi le petit nombre d'extraits de cette pièce contenus
( "8 )
dafts le programme I avec deux Ugères varinites V-l^
première au i.*' vers, où, au lieu àe : Cesi U fils de
Néron , ily a : Cesi U sang des NéronSy el laseconde
au dernier vers , où , au lieu de : Sont itun mMgeépais^
il y a : Sont if une épaisse naît. On y voit que ce» vers
se /apportent à Tibère , qui , comme on le sût , était
fils de Tibërius N^ro , premier mari de Ltvie. Je cm
fermement que c'est ce programme que possède • aussi
M. de Soleinne , et qu'ainsi j'ai droit de persister,
fusqu'à nouvelle preuve contraire , dans mon asses^
que la pièce d' Agrippa est encore inédite. .
« Le P. Folard a fait encore jouer , au colUge deJa
Trinité , un autre drame qu'il avait intitulé la Btsau
de JupUer. Cëtait sans doute une comédie : elle ne
nous est point parvenue. Il en est fai^ mention dans
un recueil de poésies manuscrites où on lit coDtre
lauteur trois ou quatre épigramjiies , qui annonceraient
que cette pièce eut peu de succès, et dont voici la
moins mauvaise :
Folard ronlut an jour monter bot le PamasM ».
Contre une si coupable aadace
ApoUon fot saisi d'une juste fureur i
Va i lai dit-il , nëolunt aaUar ,
Va te cacher dans ta Bumctm
V Oraison funèbre du maréchal de Fillars , due
pareillemeiit au P. Folard , n'a pas été prononcée à AIi)
comme je Tai dit , mais bien à Arles : c'est aussi par
erreur que j'ai ajouté qu'elle paraissait a\T)ir été publiée
dans la première de ces villes. Ce discours fut composé
à la demande des membres du conseil municipal. d'Arles.
L'impression en fut faite à leurs frais, en 1734 tiiD'
n^ialemeni aprèr le 7 octobre , )ùut où elle aVak Mé
l^ononcëe dans leur église métropolitaine > en présence
de Tardievéque qui officia dans cette cérémonie. J*en ai
TUQB exemplaire* Cest un in-4*^ de 26 pages. L'Im-
primeur d'Arles , qui est désigné sur le frontispice , se
nommait Gaspard Mesnier.
Le P. et le Chevalier de Folard avaient un frète
chaBoîne de l'église cathédrale de Nimes ^ qui était
aussi un homme de mérite. C'est du moins l'idée que
donnent de lui lés éloges qui lui sont adressés par dom
Vincent Thuillier ^ dans une lettre insérée au Mercure
Je France de mai 1734. Le célèbre bénédictin le traite
d'an des plus fins connaisseurs qu'il y ail dcuis le ro^
jiume , et il vante son sat^oir , aussi bien que son goéU
INDUSTRIE. - COMMERCE.
MANUFACTURE DB SOIERIE A LYOIT.
L^opinion commune est que la fabrication des étoffes
de soie n*a été introduite à Lyon que sous François L^'
On croit que les premiers métiers y furent apportés par
Etienne Turquet et Paul Nariz , marchands piémontais ,
^i obtinrent , à cet effet , sur la recommandation des
iichevins, au mois d'octobre i536 , des lettres patentes
contenant divers privilèges ; et on s*accorde générale-
ment à attribuer à la ville de Tours , où ce genre de
]banuiacture fut établi dès 1470 , l'honneur d'avoir
ouvert pour la France une si abondante source de ri-
chesse et de prospérité. Mais voici un document propre
Tome FUI. 9
( ï3o )
à changer tontes les idées sur ce point , et qui tend k
faire remohter à une époque plus reculée de soixante et
dix ans les comméncemens de la fabrique lyonnaise , et à
transporter à cette dernière Tavantage de priorité que
celle de l*ours revendique en sa faveur. M. Tarchivisté
de la ville a bien voulu nous communiquer ce document ,
et nous nous empressons de le mettre sous les yeux de
nos lecteurs comme une pièce historique du plus haut
intérêt. C'est un extrait de lettres patentes de Louis XI ^
datées du 24 novembre 1466 , extrait qui , à la vérité ,
ti^est pas signé , mais dont l'authenticité n*est pas pour
cela moins certaine et se prouverait au besoin par Tan-
ciennc^é de Técriture , par celle du style et par la qualité
du papier.
^ <( Loys , par la grâce de Dieu Roy de France , a no^
âmes et feaulx les generaulx conseillers par nous ordonnes
sur le faict et gouuemement de toutles nos finences , au
bailli de Mascon , seneschal de Lion et aus esleus sur
le faict des aydes ordonnes pour la guerre ou dit lieu
de Lion.
CommèNous,consideranslagrant vuidange dor et dar-
gent , qui , chacun an , se faict de notre royaume , au moyen
et occasion des draps dor et de soye qui sont débites et
exploites en nostredit royaume en diuerses manières , qui
peult monter , par chacun an , ainsi que remonstre nous
a este , a la somme de quatre a cinq cens mille escus
ou enuiron , et pour donner ordre que lart et ouuraige
de faire lesd. draps dor et de soye soit commanœ et
introduit en nostre ditte ville de Lion ^ en laqueUe ^
comme Ion dit^ en y a ja aucun commancement ^ ayons ,
pour grant et meure délibération du conseil , conclud
et ordonne faire mestre sus et inlroduyre Iqdit art et
( lîl )
ôuùraige de faire lesd. draps dor et de soye en icella
noslre ville de Lion , et pour ce , ordonne faire venir <
aadil lieu maistres ouuriers et apparilieurs et autres ex-*
perimenies tant ou fait de louuraige de ladiite soye ^
comme ez taintures et autres choses a ce propres et con-
uenablés , et aussi pour faire les molins , ostils et autrei
a1)illemens qui y sont nécessaires , et afin que lesd*
ouuriers et autres qui besoigneront ou dit fait , art et
ouuraige desd. draps dor et de soye , ils soient plu«-
enclins, et que autres ayent et preignent vouloir de
venir résider et demeurier en notre ditie ville de Lion »
pour eulx employer ou dit fait et exercice , Nous , pour
lés causes dessus dittes et par laduis et délibération
que dessus , auons et octroyé et octroyons que tous les
otrariers et ouurieres qui viendront demourer ou dit lieu
dé Lion pous faire exercer ledit ouuraige et artiffice de
draps dor et de soye et autres dependans dicelluy ,
soient et demourent francs , quittes et exemps de toutes '
les tailles et imposts qui sont et porront estre mis sus ,
en laditte ville de Lion , de par Nous ou autrement , et
aussi de limpost de douze deniers par liure y de tous
lés draps dor et de soye qui seront faits , et de toute
la soye qui y sera faitte et appareillée , et de lor qui.
sera mis en appareil , pour mettre en ouure , dont ils
ne aucuns deulx ne paieront point dimposition pour
la première vente quils en feront , mais seulement du
huitième du vin vendu a détail et des autres denrées
dont ils seront tenuz paier limposition , sils se meslent
dautres marchandises , et aussi voulons et octroyons
quils soient francs et exemps de touttes aydes ^ entrées ,
yssues et fres de ville quelconques et de guet et garde
porte , et des choses dessus dittes les auons exemptes et
( l32 )
affranchis, exemptons et.aSianchisçons du tout et chacun
deulx de grâce especîal par ces présentes , dyci a douze
ans prochains venans , sans ce quils ne aucun deulx
soient , ne puissent estre assis , imposes , ne contraings
a en paier aucune chose y pour quelque cause , ne en
quelque, manière que ce soit , durant le temps dessus dit^
et se leurs corps ou aucuns de leurs biens estoient pour
ce prins ou empeschies , Nous voulons , ordonnons et
mandons que incontinant et sans delay ils leur soient mis
a pleyne deliurance , sans procès et figure de jugemest|
et vous mandons et a chascun de vous , que les dessus
dis et chascun. deulx vous faisiez et souffriez joyr et user
paisiblement de nos presens grâce , affranchissement et
octroy , et pour ce que on pourra aùoir affaire de ces
présentes en plusieurs et diuers lieux , Nous voulons
que au vidîmus dicelles fait sous scel royal , foy soit
adioustee comme a lorlglnal et quelles soient regbUees
ou papiers de lauditoire de vous esleus , affin que aucun
nen puisse prétendre cause dignorance. Donne a Orléans
le xxiilj de nouembre lan de grâce mil cccc lxvi et
de notre règne le sixiesme. Par le Roy , lEuesque
dEureux , les sires de la Forest et de Blois et autres
presens. J. de la Loire. »
( i33>
BEaBBSBSB9SEBSaBSBSBSBBBBBBSBSSaBSaSBBSaHBGSSaBBBBaBBIBaEBaE>HBBaHtaBai
BOTANIQUE.
¥lWE LTmiNAISEy OU DCSCB1PTI0N DES PLANTES QUI CROTSSEIft
SANS LES EMYIROlfS DE LTON ET SUR LE MONT PILAT ; par tft
docteur J.-B. Balbis , professear émërite de l'aniversitë de Turin ',
directeur du jardin des plantes de Lyon , membre de l'acadëmie da
cette yille et de plusieurs autres sociétés sayantes » tant nationale^
qu'étrangères. Imprimerie de C. Coque , rue de l'Archeréchë ^
. n*^3, i8a7-t8a8| % tom. in-6.® , dont le premier , en a parties ,
de ZTJ-890 pag. , plus , un tableau synoptique , de 3o pag« ; le
second , de viij-369 pag. ( Extrait par M* Orognier. )
• Lorsque nous nous sommes imposé Tobligation d an-
•wiicer, en peu de mots , les productions scientifiques
tt littéraires qui sortent des plumes lyonnaises , nous
•B-ayons pas renoncé à la faculté de donner quelqu*étendue
'aux extraits de ceux d'entre ces ouvrages qui , par leur
inërite 9 leur importance , ou par un intérêt de localité ,
'«ous paraîtraient dignes de cette distinction. C'est sous
'ce triple rapport que nous croyons devoir , en faveur du
livre de M. le professeur Balbis , sortir du cadre étroit
de nos bulletins bibliographiques.
Le premier volume de la Flore lyonnaise parut sur la
fin de Tannée dernière ; on espérait que le second ne
tarderait pas à voir le jour : il vient seulement de sortir
de la presse ; c'est ce qui explique le retard d'un article
qui devait embrasser l'ouvrage tout entier.
L'auteur expose dans la préface le plan qu'il a adopté
et le but qu'il s'est proposé ; il rappelle les travaux des
botanistes lyonnais qui l'ont précédé dans la carrière où
il est entré. Le premier de ces savans fut Symphorien
( 154 >
Champîer , qui fit connaître les ressources que peuvent
fournir à la matière médicale les plantes. qui croissent
sous notre climat ; peu de temps après fiorit Jacques
Daléchamps ^ qui déploya une vaste érudition dans soi^
ouyrage , publié par Desmoulins , qui a pour • titre t
Historia generalis planiarum. Vint ensuite Jean.du ChouL,
^uteur d'une histoire des chênes et d*un voyage au. mont
Pilat {.plus tard ,.Jean Desmoulins , André Caille ^ Claude
Millet , fomentèrent parmi leurs compatriotes l'ardeur de
la botanique», La. fin du 17.^ siècle, vit xiaitre dans pos
murs Antoine de Jussieu ^ qui commença cette série, de
botanistes illustres qui s'est prolongée jusqu'à nos jouns»
Goiffon et Pestalozzi , habiles médecins et savans bota^ '
nistes lyonnais , avaient précédé . Antoine de Jussieu.
Vçrs le milieu du siècle dernier 9 parut le célèbre. .La
Tourrelte , auteur du CMoris lagdunensiSy de la fiela/ioa
d'un i^oyag^ au mont Pilai , et qui , ooojointemeiU a^ec
MM*.rabbé Bpzier et Gilibert, a publié \fis Démomsr
iraiions élimenfaires. de botanique à f usage des. icolef^
^éUrittoires ^ dont il a paru quatre éditions- Après avoir
rappelé les services rendus à la science par ces Lyonnais
irecommandables;, M. fialbis cite ceux de Ppivoe , de
Dombey ».de Commerson, de Sonnenitv<pii tous avaiei^t
visité notre flore lyonnaise, et la mentionnent dans leurs
•
ouvrages; il paye un tribut d'éloges à JM. l'abbé de Jean,
qui fut son prédécesseur immédiat à U placQ de directeur
du jardin botanique de Lyon., et il. déclare modestement
avoir été puissamment secondé daiis ses r^hierches pau:
MM<^ Aunier, Ro&vier , Cbampagneux , Mad^.Lortet^ qui
ont mis à sa disposition leurs riches bergers, avec 1^
ftAnotalions nombreuses qui ks accompagnent II reoBerçie
pareillement M. Cap , son savant confrère à.Vaçadénûe
(i55>
4e Lyon , des conseils qu'il en a reçus pour la tëâadion
générale de son lÎTre. *
Nous nous étendons* sur cette prëface , parce qu'elle
^ne une idëe de tout Touvrage ; nous y voyons le plan
de fauteur , qui a éié fidèlement suivi , et son but qui
a été heureusement atteint. L'auteur voulait décrire, et
il a décrit avec une rare exactitude toutes les plantés qui
croissent autour de notre ville , dans un rayon d'environ
quatre lieues , ainsi que celles qui sont particulières au
nont Pilât , sommité femeuse qui s*élève au sud-^ouest de
Lyon , à une distancé d'environ dix lieues', qui , avant
M. de La Tourrette , a été décrite par Jean du Choul , et
qu'ont visitée avec intérêt des hommes illustres , tels que
leaaBauhin, le grand Hall er et J.-L Rousseau.
- M. Balbis a signalé , comme appartenant au mont Pilat ,
«n grand nombre de plantes qui avaient échappé *àux
recherches de tous les botanistes qui Font précédé , et il
n-a pas obtenu de moindres succès de^ ses explorations
dans les campagnes qui environnent nbtre ville.
Comme il l'avait annoncé, il ne s'est pas contenté de
iairé connaitte ees plantes , il a donné encore le signa*
lement complet d*un assez grand nombre d'autres ^ tant
atiles que d'agrément , qui sont cultivées dans nos jar**-
dins ou parfaitement acclimatées dans nos champs , nofe
ibrèts et nos vergers: s'abstenant toutefois d'indiquet*
une foule-^e végétaux qu'on voit dans nos parterres et
Aos jardins potagers , et dont la connaissance est , en
quelque sorte , usuelle.
Toujours fidèle- à ses promesses ^ M. Balbis a déter-^
fluné, avec précision, des plantes dont les caraétères
vagues et obscurs étaient un sujet de controverse parmi
les botanistes»
(iS6)
Il n'est pas hors de propos de faire observer ici q«e
les plus grands botanistes de l'Europe, les Decandolle,
ies Sprengel, les^Schc&rer, les .Ar'nolt, ont eu recours
k sa sagacité, qu'il les a consultes k son tour , et, conuiie
'il Tayoue lui-même avec cette modestie qui acicompagiie^
pour l'ordinaire -le vrai talent, il a puise dans sa
correspondance avec ces savans du premier ordre, de
précieux renseignemens sur l'histoire si obscure elà
ardue des acotyUdones.
Après avoir décrit chaque plante k la manière et daos
la langue du grand Linné , M. Balbis ajoute une phrase
française qui est beaucoup moins la traduction que le
complément de la phrase latine. Des synonymies reposent
sur l'autorité de Wildenow , de Sprengel , de Decandolle,
et pour quelques plantes rigoureusement locales, sur
celle de La Tourrette et de Gilibert. On renvoie , pour
les figures , à Ticonographie de Gœrtner , de Lamarck ,
à celle de M. de Boissieu neveu, notre compatriote ^
iconographie dont les amis de Tart du dessin , comme
ceux de la botanique , sollicitent vivement la continua-
tion. A chaque article est jointe l'indication de la dur^
de la plante , de sa station , de l'époque de l'année où
sa fleur se développe , sans oublier son utilité pour la
nourriture de l'homme , pour celle des animaux , pour
les arts , pour la médecine.
Quant k la disposition systématique de Touvrage , oa
peut dire qu'elle est semblable à celle qu'a adoptée
M. Decandolle , dans son Systema regni çegefabUis , et
dans son Prodromus. D*après cette méthode , dont
M. Auguste de Saint-Hilaire s'est fort peu éloigné dans
sst, Flore du Brésil méridional , on commence par les
plantes dont l'organisation est la plus compliquée 5 et
/( «37 )
éù finit par celles qui offrent Tëbauche la plus impar-
faite de l'organisation. En suivant ce plan , qui est
l'inversé de celui qu'avait trace notre immortel Bernard
de Jussieu , est-il plus facile de saisir les rapports et
les affinités des diverses tribus de végétaux y d'assigner
à chaque organe sa valeur, et aux caractères des familles,
des genres et des espèces , leurs limites respectives ? Il
ne nous appartient pas d'examiner cette question. Ce qui
n'en est pas une à nos yeux , c'est l'agrément et l'utilité
de la Flore lyonnaise.
NÉCROLOGIE.
MonEL-VoLEiNE (Claude-Hélène ) , membre d'une
des plus honorables familles de Lyon où il naquit en
1769 , archiviste de cette ville depuis quelques années ,
a été enlevé presque subitement à la société et à de
nombreux amis (i) le 16 de ce mois (juin 1828). Cet
liomme de bien , descendu sitôt dans la tombe , y em-
porte les regrets universels ; il y emporte particuliè-
rement les nôtres : car la bienveillance dont il nous
(i) Un d'entre eux , qui ne t'est pas fait connattre , lai
a consacré un excellent article nécrologique dans la Gazette
wUversdle de Lyon y du 22 juin. C'est un hommage dicté
par le - cœur , et oii l'on reconnaît l'éloquence du senti-
ment le plus tendre et le langage expressif d'une vive et
sincère affection. Nous ne pourrons guère que répéter les
justes éloges qai*j sont donnés au digne objet de tant de
^plevrs et de tant de regrets.
( i38 >
honorait i -h douceur et: la sûreté de $oir cominerce dont
nous avons joui trop peu de temps ^ son savoir et ses
vertus que nous avon$< été. à même d'apprécier 9 nous
feront à jamais chérir sa mémoire*
. M; Morel était un de ces hommes bons et modestes 9
tels qu*on en rencontre bien peu , qui ne cherchent
point à ^se faire valoir et qui n'en valent que davaa-^
tage , qui se plaisent à rendre service sans y mettre
ILUcun faste et sans exiger de reconnaissance ^ qui n ont
point de prétentions , point de sotte vanité ^ tfuUe
ombre d affectation , qui se font aimer de tout le monde 9
parce qu'ils aiment eux-mêmes , et qu'ils ne blessent
jamais ni l'intérêt ni l'amour-propre de personne* Pour
tout dire en un mot, il possédait un excellent cœur
et la politesse la plus exquise. Il joignait à ces qualités
une gaité piquante çt originale , et son esprit était orné
des connaissances les plus variées^ Il n'est pas néces-
saire d'avoir vécu dans Tintimité de M. Morel , d'avoir
fait partie de ce choix d^amis fidèles qui se réunissaient
presque tous les jours dans sa maison , pour le recon*
naître au portrait que nous venons de tracer. II n*est
aucune des nombreuses personnes, de tout rang et de
tout âge , que ses fonctions ou son caractère iiant et
facile ont mises en relation avec lui , même passage*^
rement , qui ne conserve un profond souvenir de son
urbanité 9 de sa bonté , de sa «grâce.
Dans la vie publique il n'était pas moins estimable
que dbms la vie privée. On sait avec quel soin vraiment
consciencieux il s'acquittait de l'emploi que la viHe lui
avait cotiiié. Lorsqu'il entra aux archives municipales ,
il résolut d'achever d'en faire disparaître le désordre^
qu*y avaient jeté les orages politiques. Il s'est occupe
e 139 y
de œlte tâche- piaqn'à la veille de sa mort avec un zèle
digne des plus grands éloges et avec tout le discernement
et toute l'instruction nécessaire , et il y a apporté une
méthode parfaite. li a , en outre ^ enrichi le- dépôt commis
k sa. ^u^e , d'une foule de pièces , ou qui en avaient
été distraites et qxiil y a fait rentrer , ou qui avaient
droit 4'y être placées et qu'il a trouvé moyen de se,
procurer» Cest à ses démarches qu'on doit notamment
l'achat , fait par la ville , de la collection de dgcumens-
piédeux pour notre histoire locale , qu'avait rassemblée ^
pendant de longues années y feu M. l'abbé Sudan , son
prédécesseur dans la place d'archiviste.
M^ Morel avait acquis une grande expérience dans
toutes les matières administratives et prindpalement dans
ce qui concerne les impôts ^ le cadastre et la voirie. Nos
magistrats le consultaient souvent , avec la certitude
d'obtenir de lui , soit les renseignemens les plus complets
et les plus exacts , soit les idées les plus justes et les
plus saines sur quelque &ujet que ce fût. U ne se laissait
iamais effrayer par la longueur et la difficulté d'un tra-^
m\ qui lui était demandé ; et pendant qu'il se livrait
avec ardeur aux redberehes* les plus pénibles , il arrivait
fréquemment qu'une sorte d'instinct et de bonheur le^
abrégeait pour lui , en lui faisant découvrir tout d*un
coup les sources cachées où il devait puiser , et qui
auraient échappé à tout autre.
-Tel était l'homme dont. la ville de Lyon, ^dont une
fittiUe intéressante , dont tous les citoyens ont à déplorer
hl> perte. Les pauvres qu'il secourait secrètement , à
l'insu môme de sa famille , ont aussi è génir sur le coup
fatd qui nous l'a ravi , et ce ne sont pas leurs plaintes
ci leurs gémisSemens qui honorent le moins ses mânes*
( 140 )
Ses parens , ses amis sont inconsolables. Quant à nous 9
nous lui devons ici un hommage particulier: le vif ratërât*
qu'il portait à nos travaux, la part acdve qu'il alnenyoulu
y prendre , lui assureront à jamais des droits à notre gra-*
titude et à nos souvenirs. Il nous a communiqué , pour
être insërés dans notre recueil , un très-grand nombre de
notes , de documens et même de mémoires , pleins d'in-
tërét, d'exactitude et d'érudition (i) , et auxquels sa
modestie ne nous permettait presque jamais d'attacher
son nom , quel que ftlt notre désir de lui prouver pu-
bliquement notre reconnaissance et de nous faire honneur
de l'avantage que nous avions • de le compter au nombre
de nos collaborateurs. Nous regretterons souvent son
utile coopération et les sages consuls qu'il nous donnait.
Puisse sa cendre reposer en paix , et le faible trîbui:
d'éloges que nous venons de payer à sa mémoire, ne
t>araitre point trop au-dessous de son mérite \
P£LZiN (Michel- Alexandre) , imprimeur à Lyon, né
vers 1750 , était professeur de grammaire avant le siège»
(i) On trouvera dans ce n.* trois pièces dont il noi^s
avait fourni la copie peu de jours avant sa mort et qui
étaient même déjà imprimées lors de ce funeste évéue-
ment : ce sont les lettres de Lahîre et de Diane de Poitiers j
et les lettres patentes de Louis XI sur la manufacture lyon*
naise. Ces pièces ^'il avait découvertes par hasard et qu'il
s'était fait un plaisir de nous remettre , nous paraissent
dignes de fixer l'attention du public. La dernière - surtout
offre un grand intérêt U avait bien voulu se charger de
revoir les Essais historiques sur. la ville de L^on^ rem-
plaçant en cela feu M. l'abbé Sudan qui , lors de la pre-
mière publication de ces Essais 9 y avait fait aussi de
nombreuses additions. ' ^
( i4i )
En 1795 , 9^-61 97^ il publia le Journal dâ Lyon et du
déparicnumi du Rhône (i) , si remarquable par le bon
esprit qui présidait à sa rédaction. On trouve difficile*
hmq|. la collection des n.^* qui composent ce journal ,
auquel ces deux vers de Voltaire . servent d'épigraphe:
Extemttiiez , grands dienx , de la terre oà nonc sommes 1 -
Qinoooqae a^ec plaisir Terse le sang des hommes. ^
M. Pelzin avait de la littérature , et il a publié"
quelques vers de circonstance insérés dans difFérens.re-*^
cueils. Il est mort le 19 de ce mois ( juin i8a8 ).
BfiAUGJiàiiD (Jean*François-Simon*-Ferréol) , avocalt
à Lyon 9 y est décédé le 21 de ce mois. Il était âgé de
74 ans. Né à Marseille vers 1 754 5 il s'y fit connaître
de bonne heure par quelques productions littéraires ,. et
pendant la révolution il entreprit la rédaction du journal
de cette ville, ce La modération de ses principes , dit la
Biographie moderne , édition de 1806 ^ lui valut l'es-
time des gens sensés ; mais elle lui attira la haine des
partis qui s'entrechoquèrent «successivement. Après avoir
échappé au régime de la terreur 9 il tomba sous la pros-
cription directoriale du 18 fructidor an V ( 4 septembre
^797 ) 9 cl fut compris dans la loi de déportation rendue
contre les journalistes accusés d'appartenir à la cause du
royalbme. S'étant d'abord échappé , il fut arrêté à
Bordeaux au mois de mai suivant y et conduit à bord
d'une frégate qui le déposa sur les plages de l'Amérique.»
(i) Le i/'u.® est du 29 pluviôse an III ( 17 février 1795),
et le dernier du 23 fructidor an Y (10 septembre 1797).
11 paraissait trois n.^' par décade ^ chacun d'une feuille oa
d*une demi-feuille in-8..^
Peu de temps après son retour , il vint s'établir à Lyon
où il se distingua dans la profession d^ayocat par Ton-
ginalitë de son talent et par une ëlocution mëridionale
qui faisait ressortir ce qu'il y avait de singulier et de
prquant dans ses saillies. Il excellait surtout dans la
défense des criminels. Il a laissé en manuscrit un travail
considérable sur le code pénal. En 1897, il ^xivit
3ur la question proposée par Tacadémie de Mâcon sur
les mesures à prendre relativement aux forçats libérés ;
mais son mémoire fut écarté du concours faute d'avoir
été envoyé à temps utile : il n'en fut pas moins men-
tionné très-honorablement et analysé dans le rapport
rédigé sur ce concours par M. Boullée (i). M. Beaugeard^
dans sa jeunesse , avait cuHivé les Muses ^ et cette dr*
cbnsUnce lui valut un article dans le. Pttit AhkanaA
des grands hommes de Rivarol , où on lit :
a Beaugeard de Marseille ( MO* Ce poète n*a fait qu'ùti
» petit conte mtitulé les deux Nemaines , iqu*il ' a feit
» passer à Paris. Cest un géant qui donne le bout de
» son ongle pour la mesure de tout son ci^rps , et qd
5> est deviné. »
Le conte des deux Nemcùnes se trouve dans VAÏma^
nach des Muses de 1787. M. Beaugeard en avait déjà
fait insérer un autre intitulé Le Borgne açare dans le
même recueil , année 1785.
Nous le donnerons ici , en faveur de sa brièveté i
Un Harpagon , en courant par la viUe ,
Far le serein eut un oeil de perclus ;
11)1 mëdecÎB » dooleur TraiBienl liablle ,
Pour le goërir demanda cent ëciu.
(1) Màcon , Dejussicu ; 1S27 , in>d.*
( 143)
L'^mi , dit le richard ; quelle errear est la TÀtre ?
n ne faut pas deux yenx pofur gagner son cercueil.
Moi l yoQM compter cent tfcus pour un oeil !
A ce prix-là je tous donnerais l'autre.
MELANGES
Le goût des antiquités , des médailles et des livres
€st très'-ancien à Lyon. Nous avons eu occasion de
parier des inscriptions rassemblées, au seizième siècle»
par les BeUièvre et les de Langes^ dans leur maison.
Oovoîi» dans une lettre de Mad. de Sévfgné, qu'à
son passage à Lyon » en 1672 , elle alla visiter le
aAinei de M.... et ses antiguai/les. M. de Liefgues
avait formé uû riche cabinet d'antiques et d'histoire
Batarelle qu'il laissa à Balthazar de Montconys son
frère , auteur de voyages en différentes parties du
nottde , publiés en 1665 (1). En remontant plus haut ,
(i) Le P« Jacob , dans son Traité des plus belles biUio*
ikèqaes publiques et particulière $ ^ Paris, i655, a.® part. ,
chap. g8 , parle ainsi da cabinet de M. de Monteonjs ,
qui n'appartenait pas encore à Balthaia)r , mais à Gaspard
•on frèra'*:
tt La beauté et la rareté du cabinet de M. Gaspard de
Montconys , seigaear de Liergues et de Pomliy, coaseiller
du roi et lieutenant cvimiuel au siège présîdial de Lyon 9
ett bien Tane des plus curieuses pièces de l'Europe, tant
pour les médailles d'or, argent, airain $ verre , plomb et
autres matières^ et pour les portraits en taille douce al
( ml
on trouve que vers' i56o, il existait dâiis cette ville 9
tout à la fois , environ treize cabinets de mëdailles , ou
en moins treize amateurs de numismatique ou d'arche
logie qui pouvaient avoir recueilli plus ou moins d'objets
appartenant à ces sciences. Le célèbre Hubert Goltz a
place à la suite de son JuUus Cœsar , Bruges , 1 56S ,
in-fol. , une ëpitre aux amateurs d*antiquitës qu'il avait
connus dans ses voyages , et une liste de ces mêmes
amateurs , divisée par villes. Voici la partie de cette
liste qui concerne Lyon :
« Ltjgdvni.
. Franciscus Laurentinas.(i)9 Du. Sancti Yrenei.
Gulielnras Caulius (2) , Praeftict. Montanonun*
Cbristophorus Neiter (3), Germanos ^ Patridu» Au*
gustanus.
Anacletus Tangelosius^canbnicus.
peinture , qae pour la bonté des livres qui s'y trouT^^^. 1
quoîqa'eD nombre seulement de deux mille , entre les-
quels il y a plus de deux cents médailles , entrées de'
▼illes 9 devises , éloges et portraits d'bommes illustres. Le
F. Henri Alby^ jésuite, parle fort bonorablement de ce
cabinet dans la préface des parallèles des cardinaux , im-
primés à Paris , cette année .1644 ) in-4*^ "
(i) François de Laurencin , prieur de St-Irénée.
(2) Guillaume du Choul , bailli des montagneç du Dan-
phiné. Voy. Archives du Rhône ^ tom. iy,.pag.,369.
^(5) Cbristophe Neiter ou Neyter , Allemand , patrice
', d!Augsboui^9 propriétaire de la maison qui devint ensuite
celle des missionnfiires de Saînt-Laxare ^ k la montée de
Saint-Bartbélemi. _
( 145 )
Marlifius Ballebértas (i) , canonions.
Dionysius Equllmontius , canonicus*
Joannes GauUus, Gulieimi F. (2).
Ludovicus Mirsus , I. C.
I^etrus Pitheus , I • C.
Marcus Yetranius Maurus , I. C
Henricus Geraelius, I. C.
Sciplo Az2one , liai us.
Carolus à Porlen , Germanus. »
On ne trouve dans ce curieux document de statistique
fiamismatique, ni le célèbre Jean Grolier (3), ni Gabriel
(i) i^eat-éire en français Vaulberî.. .
(a) Jean du Choal^ fils de Guillaume. Voj. Archis^s du
ikSne^ tom. IV^J^ag, 369, et t. V, p. 59 et suiv.
(5) Le cabinet /d'antiquités de Jean Grolîer fat , après
sa mort, transporté de Paris à Marseille d'où on youlait
rembarquer pour Tltalie et le faire rendre à Rome ; mais
Charles IX en ayant été instruit , ordonna qu'on le fît
revenir et l'acheta à grand prix des héritiers , pour le
joindre au sien. C'est ce que de Thon ^ Hv. XXX\1II 9
rapporte en ces termes : Nummi cerei qui opiimi cum Im^
ietia in provinciam migrassent , jamquc in eo essenl ut in
ItaUant exportarentur y régis christianissimi cura ejffectum
est y ne tanto thesauro Gallia defraudaretur , eôsque
grandi pretio redemptos in musceum suiim cwn aliis prisci
oevi monumentis inseri mandavit.
Jean Grolier laissa aussi une bibliothèque précieuse. On
connaît la belle inscription qu'il mettait sur ses livres :
Joannis Grolierii et amicorum 9 avec cette ûerise tirée
da psaume 14 1 : Portio mea Domine sit in terra viventium.
Cette bibliothèque fut vendue , et les restes en sont main*
tenant dispersés dans tout le monde satapt. On recherche
Tome Flllf 10
( 146 )
Syméoni qui auraient -eu le droit d'y fîgam » sî , à
Tëpoque où Goitz âait venu à Lybn , ils n'eussent
résidé à Paris : aussi sont*ils placés dans l'article con-
sacré à cette dernière ville.
La Croix du Maine fait méhticm d'AntiMne de La
Porte (i), seigneur dfe. Bertha , échevîn en i58i, et qui
avait , dit-il , « un cabinet fort excellent , rempli de plu-
)> sieurs beaux livres et de médailles antiques. »
Beaucoup plus près de notre tèn^M , Antoine Laisné,
directeur de la monnaie de Lyon ^ avait rassemblé 7384
médailles : il les vendit à la ville de Lyon en lySS (3).
Mk^MMHHMMtaMMI^MH^Ha^BMaMaMAiAi
avec empressemeut les livres qui en proviennent, presque
tous remarquables par le choix des éditions et par nof
reliure riche, élégante et solide , due* ^ on ouvrier nommé
Gacon'ou 'Gascon , Vun des plus liablles relieurs de son
temps , et celui qu'employaient ordinairement Henri II et
Diane de Poitiers.
Trois des volumes qui ont appartenu à Jean Grolier^ se
trouvent dans la bibliothèque de Ljon : le premier estU
version latine de Polybe ^ Aide » i52i , petit in-^.^ On lit
au bas du dernier feuillet ces mots écrits de la main de
Grolier luî-méme : Jo. Grolierii Lugdunensis et orhicorum.
Le second est la Seconda parie délia vite de pillori et
de sc'uUori , petit in*4>^ Le troisième est le PU font,
Mao:, decadum Èlondi epilomè , Baie , 1 53^ , in-fol. le
Jo. Grolierii i etc., j est écrit, comme dans le premier
volume^ sur le dernier feuillet , delà main même de Grolier.
(1) Est-ce le parent du Carotus a Porten ^ Gcrmanus ^
mentionné par GoUz, et dont le nom allemand aurait été
■francisé ?
(2) Voy. Archives' du Rhàhe , toai. Ilï, pag. aoy-aoS.
( U7 )
y en avait quelquea-^unes d*une grande yaleur^ Toutes
ont été pUlëes en l'ygS.
Quant aux bibliothèques particutières {nous ne par-*
Ions pas des bibliothèques publiques, ce sujet a éii
traite ailleurs ) , on peut en citer aussi un grand nombre*
Nous venons d'indiquer celles de ^ Jean Grotier et d'An-*
toine de la Porte. Du Verdier désigne plusieurs fois
la Bbrairie du capitaine Sala (i), comme contenant
des manuscrits précieux. G*est encore ie même aoteur
qui nous a appris que le cabinet de Louise Labé <c estait
0 copieusement garni de bons livres , latms et vulgaires,
» italiens et espagnols. »
Etienne Charpin , prêtre de Fëglise de Lyon (2) ,
auteur de quelques ouvrages (3) , avait formé une bi«-
fitiothèque choisie; il en fit imprimer, en i5S5, le
catalogue , qui est devenu extrêmement rare , et qui était
précédé d'une épltre dont voici la suscription et le dâmt :
Stu£çsis lantum Lugdunensis ecclesiœ frairibus qUi
augusfissimnm ejus ma/esiatcm fiercnnem expeturU ^
Siepkanus Charpin etiam perennem illis optai salatem.
■*ta
(1) Yoj. /irchiv. du BMne\ tom. YI , pag. 11 6.
(2} Le ^me qui trouva dans la bibliothèque de rile*
Barbe .un Ausone plus complet gue çem: qui avaient para
jaaqa'alor») et sur lequel fut faîte rédition 4e iSSS^
dooofc à Lyon, che^E Jean de Tournes , aux frais de Guil-
home de la Barge , comte de Lyon.
(3) Severt, Ckronolog EpisQ, Li^gdun. ^ ^^%. 78, îavo-
qae rantorité d'Etienne Charpin ^ pfig. 1 76 , il parle d'une
lettre élégante jjw lui écrite ea i^5i\ û le cite 9n«ore,
pag. a 70.
( ï4» ) ^
BibUùthecarti ideo christianoin comparûpi^ cûndidissim
commilUones ^ ut pro viri adjm^arem , etc. (i).
Henri Gras , mëdecin du collège de Lyon dans le
dix-septième siècle , qui a publiai quelques écrits relatifs
à sa profession (2) , avait aussi une bibliothèque remar-
quable par le choix et la quantité des livres. Il possé-
dait, en 1644 (3) , d'après le P. Jacob, onze ou douze
cents volumes in-foL et trois à quatre mille de moindres
formats-, et tous les jours il augmentait cette collection.
La bibliothèque de Camille de Neuville était égale-
ment (brt belle. Le P. Jacob nous apprend qu'à Tépoque
où il écrivait , époque où Camille de Neuville n'était
pas encore archevêque de Lyon (4) , mais seulement
^bé d'Ainay , de llle-Barbe, etc. , cette bibliothèque se
.composait <( de près de quatre mille volumes en toutes
p les sciences et en diverses langues , particulièrement
» de livres espagncrfs , lesquels sont tous reliés de ma-
yi roquin incarnat du Levant, avec les armes de ce sei-
(f } Le P. Jacob , loc. cit.
(2} En 1667 , il publia les œuvres de médecine de
Varanda dont il avait été disciple à Montpellier» et dédia
cet ouvrage à Pierre de Maridat , lyonnais , conseiller an
grand conseil de Paris. Il était né à Lausanne oii son père
a'étiiît retiré duraiit les troubles de religion \ mais il était
originaire de Lyon oii il mourut le 22 mai 1665.
1^(5) Cette année parait être celle où le P. Jacob compo-
sait son livre : c'est la date de la première édition^ l'édi-
tion de i655 que j*ai citée, est la seconde.
(4) Il ne fut sacré que le|29 juiu 1654, et nous venons
de^ faibe observer que le P.;JJacob paraît avoir composé son
livre quelques années auparavant.
( 149 V ^
« gneur qui «eut un chevron à trois croix ancrées ii).v
M. Pericaud , dans sa Notice sur la biblioihèquê de
h vUte de hyw (2) , à laquelle nous renvoyons le lec-
teur pour beaucoup de détails que nous omettons ici ^
a rappelé quelques autres bibliothèques particulières de
Lyon 9 telles que celles de Marc- Antoine Mazenod , sieur
dé Pavesin ^ de Pierre Aubert, de Claude Brossette , âe
iJ; Perrachon , etc.
Les collections semblables faites par MM. Adamoli ,
"Râlt, Souchay , Rioiz, etc., ont eu aussi de la ce*
lébrité. *
- Pour compléter ces notes écrites rapidement et faire
voir que de nos jours le goût des collections , soit ar-
diéologiques , soit bibliographiques , est bien loin de
s^étre éteint 9 il nous resterai t. à offrir la liste des- ama-
teurs vivans ; mais les uns sont trop connus pour l'ap-
peler leurs noms , et les autres s offenseraient petit-étre ,
' si noiis mettions le public dans la confidence du culte
secret et mystérieux qu'ils adressent , aux Muses , et si
nous soulevions le voilé modeste sous lequel plusieurs
d'entre eux se plaisent à se cacher.
. « : : ;
(i) Camille de ^NeuTiUe légua sa bibliothèque ai^ collège
* éela Trinité par son testament du 3i décembre 1690.
(1) Insérée dans \t% Archives du Bhéne , tom. VI, pag.
41V4299 tiréeà part arec des additions en avril dernier ,
et reproduite toat nouvellement , mais abrégife tX sans
notes , dans VAlmanack de L^on pour 1828*
• ♦
( i5o )
BS3±aggaas , . , i ir ■ ■ i
BULLETIN BEBLIOGRAPfflQUE.
Siaiuts synodaux dresses par M.gr riUustrlssime et
rëvérendissime Jean - Paul Gaston de Pîns , arche-
vêque d'Amasie, administrateur apostolique du diocèse
de . Lyon et Vienne , et publiés au synode gënëral du
diocèse de Lyon, tenu les 4 et 5 septembre 1827.
Lyon, imprimerie de Rusand , 1827, in-8.^ de xij
et 194 pages.
Ces statuts synodaux contiennent les règlemens les plm
sages , pour le clergë^du dideèse , relatii^Bieiit à Tadim-
nistration des aacremens » au soin des ^llses , chapelles
et cîmetières , à l'état des ftibriqùes , li la oélëbratîon des
fêtes et dimanches^ à robservatîon des jeunes et absti-
nences , à tout ce qui concerne Toffice diirin , aux sëpal-
tures et enfin à la yîe et à rhonnêtoté convenables aai
clercs. Ils sont accompagnes de citations , faîtes li la marge
ou placées en notes au bas deS pages , tirées d'anciens
règlemens de discipline , qui ne doirent point être regardés
como^e faisant partie des nonreaux statuts , mus qui sont
destinés à témoigoer de la discipline plus sérère , ob'
servée dans l'église ou dans le diocèse aux temps anté-
rieurs à notre époque. Le yolume est terminé par un extrait
d'anciens statuts , au nombre de treize , non rappelés
dans la collection qui les précède , et disposés dans nn
ordre chronologique ascendant , c'est-à-dire en commen-
çant par le plus noureau et remontant jusqu'aux plus an-
ciens : on y voit , en effet , figurer au premier rang lès
statuts' répandus dans le grand rituel de M. de Montazet ,
publié en 1787 , et à la fin ceux qui furent rédigés en
( »5i )
latin et décrétés dans le concile provincial tcBa à Mâcon ,
ca 1386 , $oix« la présidence de Raoul de la Toorreite t
trcheyéqne de Ljpn.
Budget ou étal des recettes et des dépenses de la taille de
Lyon , pour 1828, approuvé par ordonnance du rot
du a avril 1828. — în-4.** de 14 pages.
Ce document contient sur trois colonnes le détail des
recettes et des dépenses ordinaires et extraordinaires de
IsTille, suivant les propositions, i.^ du conseil municipal ^
2.^ du préfet,' et 3.^ suivant la décision de S, M. Les re-
cettes d*après cette décision sont portées à 497279345^ 67^
£tles dépenses à. .. . . . • • . . 4^703,906 65
Ce tpii danna p«nr résnltat en ese^antt • aS^^j^ M^
État de situation de h compagnie du chemin de fer de
Saint-Etienne à Lyon^ au 3l mars 1828. — Ly9n|
imprimerie de Gabriel Rossary.9 i)i'4*^ ^ 7 pag^^
On voit par cet état qu*au Si mars,
la recette s'élevait ^ 4,080,584*64^
La dépense à ' . . . .... ... *S,2849o3S 54
En sorte qu'il restait en caisse • • • • ' 795,45 1^ 5q^
On voit ensuite en quoi ont consisté les travaux qui ont
été exécutés fusqu^li la même époque» les obstacles qu'on
a rencontrés sur divers points et la manière dont on
lés a surmontés. Ces détails oi&ent le plus grand intérêt ,
et dontient lieu d'espérer qoe ^entrepri^e sera couronnée
par le s«cc^ , et que le chemin de fer sera livré aii com-
merce à l'époque fixée. ,
t i5a >
Mémoire pour la société dé pharmacie et les pharma-
• • • >
ciens de Lyon , adresse à l'autorité administrative et
judiciaire, sur les abus, délits et contraventions qui
compromettent de plus en plus Fart de la pharmacie,
l'intërât des pharmaciens , la santë et la vie des ci-
toyens. Lyon, imprimerie de Louis Perrin , 1828,
în-8.* de 3i pages.
Noas avons rendu compte , pag. 71 , de la première édi-
tion de ce mémoire : la seconde , que noas annonçons ,
contient de plus Je jugement du tribunal de police coi^
rectîonneile de Lyon , du 27 mai 1828. Voy. pag. 75.
Il est à noter , eu passant , que ce jugement qui appliqua
les règlemcns des apothicaires de Lyon de 16S7 , n^a point
été attaqué par la voU de Tappel dans le délai légal , et
^'ainsi la décision a acqais la force de la choie jugée»
— Il a paru dans le cours de cette ann^ tm volume
n-18 , intitulé : Œmres de Mathuria Régnier^ avec
•commentaires*, revus, corrigés et augmentés , prëcé-
dées de l'histoii^e de , la satire en France , pour ser-
vir de discours préliminaire , par M. Viollet Le Duo
Edition elsévirienne. Paris , Brissot Thivars et CM , i8a8.
CeJLte édition , due aux presses de M. H. Balzac et des-
tinée sans doute à faire partie d'une collection de ctas*
siques du même format , est assez jolie , quoiqu'elle ne
soit pas comparable à celles des EIzéviers (i), que
(1) Les Ëlzériers ont imprimé Régnier en 1642 et 1652»
în-ia : la première de ces éditions est plus rare, mais
tuoins complète c|[ue la seconde.
. ( i53 )
rimprimeur ou le libraire a eu la prétention ie renou-
fêler , en quelque sorte , ou que du moins il a voulu
prendre pour modèle. Le discours préliminaire, contenant
rhistoire de la satire en France , c'est-à-dire, une revue
critique des principaux auteurs français qui ont cultivé
ce genre de poésie , est un morceau de littérature inlé^
ressant et bien écrit. Quant aux notes , ce sont celles de
Brossetie (i) , auxquelles Téditeur a fait des changemens
très-légers , quelques retranchemens et un fort petit
nombre d'additions.: On ne pouvait mieux faire que de
léimprimer ce commentaire qui a mérité les sufirajget
des g^ns de lettres ; mais pourquoi , en le reproduisant 9
n'a-t-on pas inscrit le nom de Brôssette sur le frontis-*
pice ? C'est un reproche que nous qui sommes de notre
pays , nous croyons devoir adressera M. Viollet Le Duc.
ùdijue suum. Il faut que chacun recueille la gloire et
l'honneur qui lui reviennent. Le nom de notre com-^
^triote , ami et correspondant de J.-B. Rousseau et de
Boileau , commentateur de ce dernier et Kttérateur
estimable (s) , n'aurait certainement pas déparé le titre
du volume que nous annonçons.
(1) Les Eclaircissemens historiques ou Rem^^rques de
Brossette accopipagnent les éditions suivantes de Régnier :
Lpndres , Lyon et Woodman , 1 72g , în-4.** ; ibid» 1 7S0 ^
2 Tol. in- 8.^ ; Londres , Jacob Tonson , luigm. par Lenglet
du Fresnoy , 1 733 , in-4.*^ et în-fol. ; ibid. ( Paris ) , 1 746 9
et Amsterdam ( Paris ) ^ 1 750 , 2 voL in-ia,
{2) Claude Brossette , sieur de Varennes , tivocat , éche-
TÎn en 1730 , né à Theizé en Lyonnais, le 8 notembre
1671 , mort en 1743 , le i3 juin , suivant Pemetti, L^onn.
àipi, de mém, , II ,32 1 ; le t6 do ménke mois ^ suivant Fa**
( i54 >. . ;
Du reste ^ ce n*est pas la première fols que Ton puUlf»
les œuvres de Régnier , prëcédtfes de VHistoire de la
satire . en France , par M. Viollet Le Duc 9 et accom-
pagnées des notes de Brossette : il existe dë|à deux
éditions semblables, Tune de 1822 , in- 18 , et l'autre de
i823,in-8À
M. Gabriel Rossary, élève de M. Fimmi Didot , vient
d'établir une imprimerie dans la rue St-Domini<pie 9
n.^ I. U manifeste l'intention très-louable de contribuer
à relever les presses lyonnaises de l'e^èœ de discrédit
dans lequel elles sont tombées. h'Épreuoe qu'il a récem-
ment publiée dâ quelques caracfères 4e aon imprimerie ,
donne une idée très^avantageuse de la manière dont son
atelier est monté et du goût avec lequel seront exécutés
les travaux qui lut seront con&és. Il a publié aussi le
Prospectus d'une continuation de la Jurisprudence àe
ia cour royale de Lyon , par MM. AUard et Serisiat ,
avocats. Cet utile recueil , qui se compose déjà de cinq
volumes , imprimés par M. Louis Perrin , ne paraissait
plus depuis le commencement de celte année. En le re-
prenant , M. Rossary annonce et développe de nouveau
l'objet que se proposent les auteurs. Le journal paraîtra
en douze livraisons, de 32 pages in-8.* chacune. La
pagination sera , comme par le passé y suivie dans les
Piogr. univs , et d'après ^ne note écrite sur uu exemplaire
de son Proçè^*verbal des conférences des ordonnances de
1667 et 1670 (Biblioth. de L^on , n.« 352 16 ), le H mai
de la méme^ année » à 5 h* du matin.
< '55 )
douce nùmëros, de itafanière à former , chaqm anhëe ,
toi Tolume. L'abonnement est dé rafr. par an.
M. Rossary a aussi sous presse une nouvelle édition
des Œuçr€s du P. du Ctrceàu , en a voL in-8.^ , à
l'usage des pensions et dés collèges où Ton joue encoiie
les pièces de théâtre de ce jésuite. Les notés dont cet
ouvrage sera accompagne et son exécution typographi-
que le rendront sans doute propre à figurer dans toutes
les bibliothèques»
^■ih»*— ■ « I II ■
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE JUIN 1828.
. !•'''—• Par arrêté de la mairie y te pi;!x du pain e^t
Çié, ^ dater de ce jour , sayoir : pour le pain ferain , à
21 centimes r/4 (4 ^ols i iiard^ , et pour le paîn bis , à
17 centimes 1/2 ( 3 sols et 1/2} , la livre asaelle. Ainsi la
noayelle diminntion est de 2 centimes 1/2 (2 liards. )
^^^6-*- Le Bulletin des lois,n*^ 23 t, contient une
ordonnance du roi dn 3o avril dernier , portant approbei-
tîon de Tadjudicatton d'an pont suspenda sur la Sa6ne
au plan dé Vaise , d\ine gare latérale à cette Kvière et
d'an pbrt , faite et l^assée , le 8 féTrier dernier , par M. le
préfet du département du Rh6ne , ^ MM. Coste , Niviëre ,
Tarin aîné , Laubreaur , Saint-OlÎTe et Journel y moyen-
nant la concession des droits ^ percevoir , pendant 98 ans
et 6 nu^s , sur le pont, et k perpétuité , but la gare et le
port.
Même jour, — M, Gbaurand ^ nommé depuis plus de six
( i56 )
mèls président da tribunal de commerce de Lyon, a ibi
installé aujourd'hui dans cette place qu'il aTait d'abord
refusée.
■ •
^% lo. — Mort de M. le marquis de Saint-Seine , beao^
frère du célèbre président de Brosses et oncle de M. le
comte de Brosses , préfet da département du Bbone. Il se
IrouTaît momentanément en notre Tille. Ses dépouilles
mortelles doiyent é^re transférées à Dijon. M. de Saint-
Seine était fils du dernier premier président du parlemeat
de Bourgogne , qui avait succédé au président de Brosses;
il avait été conseOler au même parlement, et était membre
da co:iseil*général du département de la Cote- d'Or. U
était âgé de 65 ans.
«% 16. — Mort de M. Claude - Hélène Morel -Yoleine 9
archiviste de la ville (i).
Même jour. — M. Pierre-Honoré Berthet , instituteur à
Lyon f place St-Michel , a reçu du ministre de l'intériear
.sur les fonds destinés ii favoriser l'instruction primaire
une gratification à titre d'encouragement.
Même jour. — Arrêté de la mairie , qui fixe au ao de ce
mois , Touv^rturç; du cours public et gratuit de physique ,
professé au conservatoire par M. Tabaraud. Ce cours aura
lieu 9 cette aunée , dans la salle dite d^ Henri IV^ \, l'Hôtel-
de-Ville. Le professeur traitera de l'électricité et du
magnétisme*
, . > _
^*^ 17. «» Séance générale delà société de lecture^ oè
est décidée la réunion de cette société avec celle du com-
merce et des arts. Les deux sociétés réunies prendront
(t) Voy. plus haat , pag. iS/.
( i57 )
le titre de Société de lecture et d^ encouragement pour l- in-
dustrie.
La société da commerce et des arts apportera les fonds
^^elle a déposées, en 181 5 9 entre les maîns de Padminis-
trafion da Moat-de-Piété de cette ville , avec ses médailles
en argent , ses livres , ses armoires 9 ses registres , tes
modèles et ses coins pour jetons et médailles.
Les membres de cette société seront admis à la Société
de lecture , à partir du 1.^' juillet prochain, sans être
sonmîs aa droit d'entrée , et ils jouiront de Tabonnement
{ntnit pendant une année.
Le conseil d'adminlsb^tion sera porté au nombre de 25
membre».
Cbaque année, il sera délivré, en séance publique, des
médailles d'encouragement , aux inventeurs des .meilleurs
procédés ou découvertes relatifs à l'industrie locale.
«% '9- *~ ^^ ]\uméro 2S4 du bulletin des lois contient
renoncé .des découvertes suivantes faites par des Lyonnais
et pour lesquelles il a été pris des brevets d'invention :
I.® Les sieurs Chatelard et Perrin , fabriçans de peignes
d'acier, rue St-Polycarpe , n.^ 10, pour une forme de
peigne propre spécialement à la fabrication des étoffes de
'drap;
2.^ Les sieurs de Villeneuve et Mathieu , fabriçans
'd'étoffes dé soie , grande rue Ste^Gatherlne , n.^ io> pour
un procédé de mariage destiné à procurer • aux- étofies de
soie la moire dite à grands effets ; ^
5.® Lés sieurs Seguin et G.® , ingénieurs , pour une
chaudière à vapeur sur le principe de l'air chaud , circu-
lant dans les tuyaux isolés de petite dimension ;
4*^ Le sieur George, fabricant de tricots de soie , rue
de Savme , n.® 3 , pour une machine propre à la fabri-
cation des briques ;
5.<^ Le sieur Fasanini, négociant ^ rue Désirée , n."^ 10,
pour une machine à tisser toutes sortes d'étoffes,, et qui
(i58 >
$L arrête lovique les fils de la chaîne -ou de la trame s9
cassent
Même Jour. -» Le sîear Lànteîrès , ioTenteur d*an pro*
céàé pour le pliage des ëtoffies (i) 9 a obtenu du consed
municipal de Lyon une pension de 5oo fr. , .qui lui sera
payée dès qu*il aura établi quatre ateliers où sa décoa*
yerte sera mise en activité. Une ordonnance du roi in-
sërée au bulletin des lois et portant la date du i.^' join
courant , a approuvé cette disposition.
;% 10. -^ M. le docteur Motbe a ftit tout récemment
présent au dispensaire de Lyon de sa collection d-*instra-
mens de chirurgie dont la plupart sont de son 'înyentioD.
« . • *
^% ai. •» Arrêt de la cour de cassation 5 aectiom crimi-
nelle ^ dans TaCbire du pliage des. étoffes de aoîe. M«.k
procureur du roi s'était pourvu devant cette cour centre
le jugement du tribunal de police correetionneUedeLyoOf
dont nous avons donné Textrait dans notre tom. Vil,
pag. 3g8. Voici les termes de Parrêt :
u Vu Je n.^ 4 ^^ VàrL 3 du titre II de la loi du 24sout
1790 (2) >
9» Vu Tart. i.*' de l'arrêté pris par le préfet du Rhône,
le 9 avril 1827 j
» Considérant que cet aiTété du préfet, apéclalement
l'art, i.**^, a été pris dans les attributions que lui accorde
l'art. 3 , n.^ 4 ^^ ^^^ ^^ ^^ ^^ ^^^ ^^ ^4 ^^^t 1790 ;
ff Qu'il £8t constant «en fait que cet article M^a pas été
(i) T^m. VI , pag. 337.
(a) Ctt article met au «ombre des objeta de police » coafiës i U
vigilance et à l'autorité des corps municipaux , •( l'i^spec^oa svr
H la fidélttd dû d^bit des denrées qui se vendent au PQÎda. à TAone
» on à la mesure. »
( i59>
nieuié par les âëfendenrs à la cassation ; que f Inex^<^
cation de cette mesure constitue une contra yen tion qiû
n'est passible que de peines de simple police ; que c'était
donc le cas , par le tribunal correctionnel, saisi de Pappel
àk jbgement de simple police ;, d'appliquer la peine de
fimpte police ; qu'au lieu de cela le jugement attaqué a
reoTOjé les préyenus de la contraTention ^ en quoi il y a
yiolation de l'arrêté du préfet , combiné avec les articles
600 et 606 de la loi du S brumaire an IV (1) ;
99 Par cfes m4>tifs la cour casse et annuité ledit juge-
ment correctionnel, en conséquence renyoîe la .cause
et les parties deyant le tribunal correçtioanel de ViUe-^
frauebe, pour j être prononcé conformément, à la. loi *ar
l'appel du jugement de police municipale. »
du ^amioni^ que le tribimal correctionnel tte Lyon aura
Mentftl à «e prondnter encore sur la Inéme question ,
deux aotees jugemeus de simple police , qui otat appliqué
rairAté de M. le préfet , lai étant soumis par k voie de
l'appel.
^%^25. -^Onaetpos^^daiit la eonr du palais 5t<4^ienr« ,
un modèle en plâtre du faas«reltef de la «tatue tiqutstre
d'Henri IV cpû doit îucessammeut déoorar le médaillou
de la fiiçade principale d^ l'Hôtel-de-yille. On assure que
les obseryations qui ont été faites à Tartiste , l'ont engagé
à renoncer à ce premier essai y et qu^ii se dispose à faire
un nouyeau modèle.
^*»»— U— i^Wi.»*^Aai<— * I H I J I Il
(i) Ces 'articles dëtermintnt les peines de simple police , et les
font consister en une amende de la yaleur d'uqe à tf ois joarn<fcs
de trayail , ou en un emprisonnement' d*un à trois jours. L'arrdtë
de M« le préfet déclare passibles , non de ces peines , mais de celles
qtd sont 'fixées par le code pénal actuellement en vigueur , les
contrayentir^s à ses dispositions.
( i6o )
MAne Jour. -^ Une commission composée de MM. Artaadf
Jlichard., Jacomin et Trëmollet, est chargée par M le maire
de Lyoa de TeiLamen et du classement des oa^rages d'art
qui seront présentes pour faire partie d'une expositioo
qui doit aroir lieu dans la nouTcUe salle de sculpture du
palais St-Pierre , et dont Touyerture est fixée au lo juillet
prochain.
^% 27. -— Un crédit de 70,000 fr. , a été alloué au dé*
parlement de la Loire . pour réparations extraordinaires à
la route royale de Lyon à St-Étienne. Cette allocation a
été accordée sur la demande de la chambre de commerce
de Lyon et des chambres consnltatiTCS de Saint- Etienne
et de StChamond.
«% 5q. — M. Grémieux , ayocat à Nimes , charge de
propager dans notre département la méthode inventée-pir
M. Laffore , et désignée sous le nom de Statilégie , se pro-
pose de faiie plusieurs expériences publiques pom* . la
faii*e connaître. U en a exposé confidentiellement fe- fonds
et les principes dans une réunion composée de quelques
personnes cboisies j et rassenoJbtées chez M. le' préfet,
qui ont pam très-salisfaites des. explications qu'il a don-
nées , et qui ne doutent point de la bonté de. ses procédés*
ERRATA.
Tome V9 pig. 60 , lig. i et 2 , J. du £boul , /ûes : G. du
Ghoul.
Tome VII , pag. 586 , lig. 5 , furieux , lisez : heureux.
Tome Vlli (présent), pag. 54 9 ligne 12, Jojinnis Bi'
vionensisy lisez : Joannis Girardi Dmonensis.
<i60
m
<» iWii
STATISTIQUE.
EssilS mst ORIQVES sur la TiUe de Lyon y ou description pat ordro •
alphabétiqae des quartiers, places | raes et monumens de cette
ville.
( V1II.« Abticle ).
' Boiââ^c ( rue). Sa direction tend de la rue du P^rat k
h nie Sala , et son perce ne date que du commencement
du 17.^ siècle. Le premier plan sur lequel on la trouve
indiqaëe, est celui qui fut levé en 1659, par M. Maupin,
alors architecte de la ville. C'est mal à propos qu'on
rappelle Boissac , son nom lui venant de la famille
Baissai , qui possédait une partie du tènement du Plat ;
et particulièrement de ce qu'André Âthiaud de Boissat ^
qui s'était élevé par son courage à des grades militaires
tuitndistingués » la fit ouvrir , afin de tirer un plus grand
profit du terrain.
Les Boissat descendaient d'un Pierre de Boissiit,
vice-bailli de Vienne , auteur de plusieurs ouvrages »
marié en iSgS à Marie Athiaud, qui fut mère d'un
autre Pierre de Boissat , de l'académie française , mort
en 1662 , âgé de 58 ans (i).
(1) On trouvera quelques détails et Tindication des en«
droits où Ton en peut trouver de plus amples , sur les
Athiaud et les Boissat , dans une Notice de M. Goefaard sur
Uitgues Athiaud , insérée dans les Archives du Bhdne ,
tome II, pag. i38-i43.
L'académie de Ljon possède un volume extrêmement
Tome FUI. 11
On sait qu*un Boissat , libraire , qu'on croit avoir été
membre de celte famille (i) , mourut à Thôpital , après
s'être ruine à l'impression des ouvrages du P. Thëdphiie
Raynaud , savant jésuite du collège de la Trinité.
C*est à l'angle que forme cette rue avec la rue Sala y
qu'était situé l'hôtel de la famille Croppet de Varissan ,
dont nous avons eu occasion de parler dans Tartidle de
la rue du Bœuf (2). Cet hôtel , construit avec goût ,
entre cour et jardin , et décoré avec une certaine mag-
nificence j était orné de peintures de Blanchet , que les
connaisseurs plaçaient , à la vérité , au rang de ses plus
médiocres ouvrages. Le plafond de la salle à manger en
était le morceau le plus remarquable ; on y Usait cette
inscription. :
Ni regret du passe , ni peur de l'ave&ir (5) ^
rare , proyenant de la bibliothèque Âdamoli , et contenant
les œuvres de Pierre de Boissat 9 de Tacadémie française.
Ce volume est mutilé , comme tous les autres exemplaires
de la même édition qui ont échappé ; car il paraît que
l'auteur , soit par humilité , soit par tout autre motif ,
avait voulu supprimer son ouvrage. Yoy. David Clément 9
Bibliothèq. curieuse , tom. V , pag. 5i ; le . P. Niceron et
l'abbé d'Ârtignj , aui endroits cités par M. Cochard ; et
M. Delandine , Catal. de la BibL de Ljron , Belles'-lettres ,
n.<> 191 1.
(i) M. Delandine , à l'endroit cité dans la note précé-
dente, dit formellement 9 au contraire , que le libraire de
Lyon y Boissat , n'était pas de la même famille. Non
nostrum tantas , etc.
(a) Voy. plus haut 9 pag. 91.
(5) Cette devise si philosophique est une traduction do
( i63 )
dont le peintre s*ëtait attaché à mettre le sens en action
dans son tableau.
Après avoir servi à Thabitation du préfet jusqu'à
IVpoque où l'hôtel et les bureaux de la préfecture ont
été transférés dans Tancien claustral des Dominicains,
Ihôtel de Varissan a été enfin acquis par la ville , en
1822, pour être consacré au logement du lieutenant-
général commandant la 19.^ division militaire. A cette
occasion , des réparations considérables y ont été faites.;
la distribution intérieure renouvelée , la décoration
changée , et , au milieu du fracas des travaux qui s'y
exécutaient, les peintures de Blanchet, proscrites par
les auteurs des projets de restauration qu'on avait adop-
tés , ont fini par subir Tignominie d une vente à Tencan
sur la place publique , où il' ne s*est peut-être pas même
trouvé un amateur pour en faire Tacquisition , et les
conserver au moins comme monumens de Tart.
On remarque encore dans la rue Sala , Thôtel de
Fleurieux , occupé , en dernier lieu , par la direction des
impôts indirects , et dans lequel il existe aussi de beaux
dernier vers de la famefuse pièce de Martial snr les condi-
tions de la vie heurease ( x , 4? ) '
Summum nec metuas diem , nec optes»
»
Parmi le grand nombre^de nos poètes qai Tont exprimée
en français , on distingue Majnard , auteur de ce qaatraîu
^'il fit placer aa-4essus de la porte de son cabinet :
Las d'espërer et de me plaindre
Des Muses , des grands et du sort ^
C'est ici que j'attends la mort ,
Sans la détiref , ni la craindre.
T.
( i64 )
appaiiémens , et des plafonds dus au pinceau de Blandiet;
d'autres disent de Sarrabat (i).
La poste aux chevaux se trouve dans cette rue , dont
la population est de six maisons, 55 mënages , 211
hkbitiins et deux ateliers d*un seul métier chacun pour
la fabrication des étoffes de. soie*
Boîtiers ( rue des ) , ainsi nommée à cause de ce
qu^elle était autrefois habitée principalement par des
faiseurs de boites , malles et coffres. Elle communique
de la petite rue Longue à la rue Roland , et ne se
compose que de 3 maisons , habitées par 11 ménages,
formant une population de 26 individus. Elle est étran-
glée , tortueuse et impraticable aux voitures.
Bombarde (rue de la ). Elle aboutit de la rue St. Jean
au pied du Chemin neuf. Population : 8 mafsons , 48
ménages , 1 4^ individus , 4 ateliers et 7 métiers pour la
fabrication des étoffes de soie. Au plan de i54o , elle est
indiquée sous le nom de rue Porte-Froc^ ou Porte-Frau
( Porta fratrum ). Le nom qu'elle conserve encore dans
son prolongement depuis la rue St. Jean jusqu'à la Saône,
lui avait sans doute été donné en raison de ce que la
porte du cloître de St. Jean ouvrait de ce côté. On
ignore l'étymologie de son nom actuel de Bombarde ; et
c'est par erreur qu'on l'attribue vulgairement à une
espèce de bas-relief symbolique , sculpté en pierre , à la
hauteur du premier étage de la maison n.^ 10 , de cette
rue , et représentant une main qui met le feu à un
mortier à bombe. Il est évideat que c'est le nom de la
(1) Voj. Archiv. du Bhoae j tom. YI, pag. 78*79.
(i65)
rue qui a «lonnë Vidée du bas^telief , et non |le bas^
relief qui a donné le nom à la rue , puisque celle-ci
a déjà la dénomination de Bombarde au plan de 1747 y
tandis que TeiEgie décrite ci-dessus est marquée au
millésime de 1772.
Il ne serait peut-être pas déraisonnable de croire que
lorsque le fameux baron des Adrets fit le siège du cloitre
de St. Jean , en iB63 , il avait placé un mortier dans
la rue actuelle de la Bombarde , pour battre en brèche
la muraille qui défendait l'église cathédrale ; que Temploi
d*nn instrument de guerre , encore nouveau à cette
époque , avait tellement frappé nos bons aïeux 9 qu'ils
s'étaient habitués à désigner ce quartier par un nom qui
signifiait l'endroit d'où se tiraient les bombes , et qu'enfin
le nom de Bombarde en était demeuré à la rue. - m '
Les historiens , il est vrai , rapportent que l'artillerie
avec laquelle le baron des Adrets avait assiégé St. Jean ,
était braquée sur le quai des Célestins ; mais il est très-
possible que le farouche calviniste y eût placé sa prin-
cipale batterie , la seule dont l'histoire ait jugé à propos
de parler , et qu'il eût , en outre , établi des pièces isolées
dans des positions plus immédiatement rapprochées de
l'objet de ses attaques (i).
(i) Cette conjecture est peut-être plus îugénîeuse que
solide : du moins elle paraît détruite par un document qui
annoncerait que la dénomination de Bombarde 9 donnée ,
soit à la rue qu'on désigne encore actuellement de la sorte 9
soit à une maison qui s'y trouvait 9 était employée plus de
cinquante ans auparavant , dès i5op. Le poëme de Ricar^
dus ou Richardus 9 de JSuptiis PauUini et Police ^ imprimé
à Lyon , vers cette dernière année , chez Simon Vincent |
1J
( 166 >
Au surplus , ce que le feu du guerrier réformateur
avait épargné , le marteau des spéculateurs achève de le
détruire. Des constructions viennent de s'élever sur la
p^^rtie de l'ancien cloître de St. Jean qui joint la rue de
la Bombarde ^ et le peu qui reste debout des andennes
muraille^ de ce cloitre finirs^ bientôt de tomber.
BoNDY (quai de). Voy. Flaiïdres.
* Bonneteau ( rue ) , tendant de la rue des Générales
à la rue du Port-Charlet (i).
est précédé d'une dédicace du commentàteQr , Gtiillaame
Kamesey , de Séez , k Pierre Bontet , maître es arts , dont
la date est conçue en ces termes : Ex noslro gymnasiolo
"BSÏÏIbardano ad tertium kalendas junias atmo saiutis
noHre ( sic ) quingentesimo nono supra miUesiraum ; et
au-dessous du titre est une gravure , dans laquelle on toU
un pédagogue en chaire entouré de ses disciples , avec an
petit cartouche an milieu » sur lequel on lit : G. Ramesm
Ce gymnasiolum Bomhardanum , tenu par Guillaume Ra-
mesej , est donc vraisemblablement un collège qui , exis-
tant dans une maison de cette rue , lui avait donné on
empruntait son nom. Ce qu'il y a de bien certain , c'est
qa*on appelle encore ancienne Bombarde un vieux bâti-
ment ou plutôt un reste de vieilles murailles , situé vers
le haut de cette même rue et donnant aussi sur la rue
Tramassac , différent de la maison n.^ lo , sur l'entrée de
laquelle est représentée une main mettant le feu à nn
mortier à bombe ^ avec inscription de la date de 1773.
Voy. Archives du Rhône y tom. II , pag. 267 , et tom. III ,
pag. 37 9 et Lettres lyonnaises , pag. pag. 66 et 87.
(i) Dorénavant 9 à compter de cet article , nous cesse-
x*ons de donner le relevé de la population de chaque rue,
ainsi que la désignation du nombre des ateliers et des
( J67 )
M. Gochard parait être le seul des auteurs qui ont
ëcrit sur Lyon , aux recherches duquel on doive quel-
ques notions sur cette rue. Ejle n'en faisait autrefois
qu'une seule avec celle des Centrales , qu'on trouve
figurée au plan de i54o 9 loais sans nom. Plus tard, les
moines de labbaye de Bonneteau , près de Vienne en
Dauphiné , ayant acquis une maison à l'angle de la ,rue
Grenette et de la rue unique rappelée ci-dessus, celle-ci
prit le nom des nouveaux acquéreurs et fut ainsi appelée
Bonnei^eau. Mais ensuite la première partie de cette même
rue reçut la dénomination des Générales , sur laquelle
nous reviendrons ultérieurement , et le surplus , c'est-à-
dire la partie conduisant de la rue de la iMne à celle du
Pori-^Charlet , conserva seule la dénomination primiti-
vement donnée.
«
Il n'y a rien de remarquable dans la rue Bonneveau »
dont les rez-de-chaussée sont presque tous occupés par
des ateliers de mégissiers et de corroyeurs , les étages
supérieurs par des ateliers de fabrication d'étoffes de
métiers de soieries qui s'y trouvent» excepté dans le cas
oa ces indications fourniront la matière de quelque re-
marque intéressante. On nous a fait observer que ces notes
étaient généralement insignifiantes , qu'elles ne valaient pas
la place qu'elles occupaient , et que , d'ailleurs , elles n*avaient
qu'une exactitude précaire et momentanée , parce que la po-
pulation de chaque quartier varie, pour ainsi dire, à tout
instant, aussi bien que le nombre des métiers. Ces objets
pourront figurer ^ Ié la suite de Touvrage , dans des tableaux
généraux , contenant le recensement des manufactures
lyonnaises, ^ diverses époques comparées entre elles sur
ces deux points.
( i68 )
soie , et quelques bas sur les derrières , par des fabriques
de chapeaux.
BoN-iiBNCONTRE (rue), aboutissant, du point d*in*
iersection des rues Grôltte et du Port-Charlel.
Avant la révolution , on voyait dans cette rue la cha-
pelle de Notre-Dame de Bon-Rencontre , qui était atte-
nante au chevet de celle des Pénitens du Confalon. Elle
avait été bâtie par les habitans du quartier qui porte
son nom , sur le terrain des Pères Cordéllers de St.
Bonaventure , dont elle dépendait. Jean Coutelle , bour-
geois de Lyon , Tavait ensuite dotée d'une prébende
qui 9 dans les derniers temps de son existence , était
venue à la nomination de la famille Ribier , descendant
de ce même Jean Coutelle. Cette chapelle était desservie
par les Pères Cordéliers, auxquels s'était adjointe une con-
frérie composée de bourgeois et d'artisans pieux. Ceux-ci ,
inspirés par cet esprit de charité et de religion qui régnait
alors , y avaient établi un catéchisme , en faveur des
enfans pauvres de la paroisse de St. Nizier , qui n'avaient
encore fait que leur première communion.
Cette chapelle a été démolie » et l'emplacement qu'elle
occupait se trouve compris aujourd'hui dans celui sur
lequel a été élevée la Halle au blé.
BoîT-RENCoNTiiE (quai) , construit en I738 , et com-
prenant la partie du quai du Rhône qui s'étend de la
rue Port-Charlet à la rue Maurico. Son nom lui
vient de la chapelle de Notre-Dame du Bon-rencontre ,
dont nous nous sommes occupés dans l'article précédent*
Aucune particularité remarquable ne s'y rattache.
( i69)
BovcHSEiE DES TSRRBÀUX ( place de la )• C'est moins
une place qu'un carrefour situé au débouché occidental
de la place des Carmes , aux extrémités orientales du
clos et de la rue de la Boucherie et à l'entrée nord de la
nie Lanterne. On y trouve la principale oliverture-
du clos de la Boucherie des Terreaux , édifice pri-
mltiv^nent bâti sur les anciens fossés de la Lan-
terne 9 qui faisaient la clôture de la ville de ce côté ^
ainsi qu'on le voit, sur le plan de i54o. Ces fossés
recevaient alors les eaux du Rhône et de la Saône , au
moyen du canal dont nous avons eu plusieurs fois occa-
sion de parler j et qui formait la communication de l'une
à Tautre de ces rivières , en passant par l'emplacement
de la place des Terraux et de THôtel de ville.
Dans la nuit du 1 3 au 14 octobre 1734 , le bâtiment
de la Boucherie fut entièrement consumé par un incen-
die , et l'année suivante , la ville en vendit le sol aux
administrateurs de l'hospice de la Charité , par les soins
desquels il fut reconstruit dans sa forme actuelle , la-
quelle n'a de remarquable que son étendue. Le consulat
en posa la première pierre le vendredi 16 décembre 1735.
BoucHSRiB ( rue de la ) , tendant de la place ainsi
nommée , et parallèlement au clos de la Boucherie des
Terreaux , d'où elle tire son nom , à la place et au port
de la Feuillée , sur le quai de Bordeaux. C'est une rue
assez spacieuse qui ne date que d'environ iSSo, époque
où furent entièrement comblés les fossés de la Lanterne ,
sur les remblais desquels elle a été pratiquée.
BotJCHEEiB St. George (rue de la ) , aboutissant de
la rue de Bellièvre à la place SU George,
( Ï70 )
Cette rae , qtii n'offre rien de particulier , avait èié
construite aux frais du président de Langes , fondateur
de Tacadëmie dite de V Angélique^ dons nous ayons
parlé, tom. VU, pag. 214 et suiv.
Bouchers ( rue des ) , tendant de la place de Sathonay
à la rue des Augustins.
La dénomination qu'elle porte actuellement est tout à
fait moderne ; car non*seulement , au plan de i54o ,
dette rue est appelée des Auges , parce qu'alors elle sd
confondait avec les deux petites rues qui ont conservé
ce nom ; mais depuis , sur le plan de Seraucourt et du
P. Grégoire , de 1740, elle n'est désignée que sous le
titre de rue neuçe des Carmes , qui avait remplacé le
précédent ; et enfin , sur le plan de 1789 , elle est fi-
gurée sans aucune indication nominative. C'est à sa
situation près de la Boucherie des Terreaux qu'il faut
attribuer l'origine du nom que nous continuons à lui
donner.
Il est fâcheux que l'usage fasse prévaloir des dénomi*
nations si peu significatives , tandis qu'il serait si facile
de rattacher à l'inscription qui distingue chacune de nos
rues, une étymologie intéressante, un souvenir his-
torique honorable , la mémoire d'un citoyen illustre, en
puisant , à cet effet , dans les traditions locales de chaque
quartier. Si jamais l'administration s'occupait de mettre
à exécution cette idée qui pourrait devenir un mobile
puissant de belles actions , de grands et de nobles tra-
vaux , nous proposerions de nommer , à l'avenir , la rue
des Bouchers , rue de ta Déserte , afin de rappeler que la
place de Sathonay , à laquelle elle aboutit , fut autrefois
ce monastère royal de la Déserte , dont il est souvent
( '71 )
question dans nos fastes et dont nos descendans seront
peat-étre fort embarrasser de retrojaver remplacement.
Au surplus y cette rue n'offre aucun autre souvenir.
historique remarquable. Elle est étroite , sombre , peu
marchande y et n'a d'amélioration à attendre que du temps
et de l'accroissement du quartier neuf qui l'avoisine.
BouquBTiERS ( rue des). Cette rue aboutissait autrefois
de la place St. Nizier jusqu'à la descente du pont du Change ;
mais depuis qu'une amélioration, vainement sollicitée
pendant des siècles , a enfin reçu son exécution , et que
l'ile informe de maisons qui obstruait cet endroit et en
rendait les abords continuellement dangereux , est enfin
tombée sous les efforts de l'administration municipale ^
la rue des Bouquetiers débouche sur la nouvelle place
que les démolitions ont livrée à la voie publique en
agrandissement de l'ancienne place d' Albon.
Il parait que la rue des Bouquetiers a été ainsi nommée |
parce qu'autrefois elle a servi de marché aux fleurs. Ceux
qui aujourd'hui prennent élégamment le titre de jardi-'
niers fleuristes , étaient tout simplement alors des bou'^
(juetiers qui se réunissaient là pour vendre leurs bouquets.
C'est sans doute aussi l'origine du nom de V Orangerie ^
que cette même rue a porté pendant un temps , et qui
était demeuré à la petite rue qui conduisait de la rue
Mercière à la place de l'IIerberie , avant la formation
de la nouvelle place dont nous venons de parler. Du
reste , ces dénominations n'étaient ni l'une ni l'autre
très-anciennes , puisqu'on n'en trouve aucune trace au
plan de i54o > et que celui de 1740 parait être le premier
qui les ait rapportées.
La rue des Bouquetiers , dans son état actuel , est
( 172 )
irrëgullère , ëiroite , ëtranglëe et fort dangereuse pour
les piétons , en raison de la difficulté que les voitures
éprouvent à y passer : ôe qu'elles ne peuvent cependant
se dispenser de faire fréquemment , i cause de la cen-
tralité de ce point qui le rend l'une des principales
communications du nord au midi de Lyon. Le nouveau
plan de la ville indique une rectification bien essentielle
et bien désirable pour cette partie de la voie publique.
Elle consisterait à la redresser en suivant une ligne
droite qui , partant du centre du grand portail de Téglise
de St. Nizier , formerait l'axe d'une rue de dix mètres
environ (plus de 32 pieds) de largeur. De cette manière,
un de nos plus beaux monumens anciens se trouvant
découvert, frapperait de son aspect imposant les étrangers
qui arriveraient par le pont du Change , et la drcu-
lation deviendrait facile , commode et sûre , là où elle
ne présente aujourd'hui que des dangers: habituels et des
accîdens multipliés.
( 173)
fflSTOIRE. - ANTIQUITES.
ExiMEN des conjectures rar Tincendie de l'ancienne Tille de Ljon ,
sods Néron, avec des observations sur cet événement (i).
Les recherches que M. Delorme (2) a faites sur ce qui
reste des aqueducs que les Romains avaient construits pour
fournir de l'eau à l'ancienne ville de Lyon , bâtie sur
la montagne de St-Just , ont ouvert un vaste champ aux
observations des historiens , des amateurs de l'antiquité j
des physiciens même : parmi les phénomènes qui doivent
attirer leur attention , il en est un sur lequel un de nos
(i) Ce mémoire, encore inédit , est de M. de la Tourrette,
et se trouve dans nos porte-feuilles académiques* En Tin-*
sérant ici , nous croyons enrichir notre recueil d'un mor-
ceau précieux. L'auteur, comme on le sait, était fort ins-
trait et fort habile : aussi son travail , qui fut communiqué
à l'académie les 7 septembre 1762 et 19 avril 1765 , oilre-
t-il beaucoup d'intérêt, et quels que soient les progrès
dont la science se glorifie de noê jours , on n'aurait que
bien peu de changemens à faire pour le mettre de tout
point au niveau des connaissances actuelles.
(2) Guillaume-Marie Delorme , architecte , né à Lyon le
q6 mars 1 700 , mort le 26 avril 1 782 , membre très-actif
et très-laborieux de la Société royale des beaux-arts de
Lyon depuis 1756 et de l'académie de la même ville depuis
la réunion de ces deux sociétés. Ses Recherches sur les
aqueducs de L^on furent lues à l'académie dans les séances
des 2Q mai et S juin 17691 et imprimées | l'année suivante^
( Ï74 )
confrères (i) vous a déjà donne des conjectures qui inté-
ressent l'histoire de cette ville.
Si Ion suit les vestiges de ces immenses monumens ,
on retrouve dans leurs ruines tous les effets bizarres
qui sont la suite naturelle d'une destruction lente et
successive. Quelques masses subsistent sur leur pied:
dans les unes , la dégradation ne se manifeste qu'au de-
hors ; dans les autres , elle existe dans Tintërieur ;
ailleurs elles sont renversées : la plupart font voir les
mêmes accidens que toutes murailles démolies.
' Dans le voisinage de Soucieu (2) seulement , les ruines
du pont-*Qqueduc montrent une uniformité trop cons-
tante pour qu elle soit l'effet du hasard , et trop sin-
gulière pour Tattribuer aux causes ordinaires. U suffit
de jeter les yeux sur les beaux plans de M. Delorme pour
par Aimé Delaroche , in- 12. Cet ouvrage qui obtînt le
plas grand succès , étant deyena fort rare , M. Mazade
d'Aveize Ta reproduit dans le tome I de ses Lettres à ma
fille sur mes promenades àLjron^ Lyon, 1810, 4 ^<>l* în-18,
pag. 1 55-239. Encoui*agé par les éloges des sayans , M. De-
lorme continua ses spignenses inrestigations ; mais il n'en
publia pas les nouveaux résultats , qu'il se contenta de
communiquer à ses confrères, en 1765 et 1764* U a^^ît
tracé le plan des aqueducs depuis le mont Pilât jusqn'aa
faubourg Saint-Irénée. On ignore ce qu'est devena ce
.plan qui resta ^ quelque temps , exposé à la curiosité pu-
blique , dans une salle de rhôtel-dc-ville , en 1 760.
(i) L'abbé Pernetti, ainsi qu'on le verra plus bas. Ses
Conjectures sur Vincendie de Lyon y lues à l'accadémie le
22 janvier 1761 , et conservées dans les archives de cette
compagnie , n'ont pas été imprimées.
(2) Ou Socieu y village et seigneurie dû Lyonnais.
( 175 )
se convaincre que la chute de cette partie clu pont n'a
point ëtë celle d'un ouvrage dëgradë par le temps ni par
la main des hommes : les hommes et le temps , faibles
imag^ du créateur et de Tëternité , occupes à édifier
et n'y parvenant qu'au moyen de la destruction , ne
suivent , en détruisant , aucune espèce de régularité ; le
temps y procède avec lenteur » dégrade les parties faibles ,
fait écrouler les plus lourdes , les attaque toutes sans
symétrie ; les hommes s'y livrent avec précipitation ,
sapent les parties inférieures^ renversent celles qui les
supportent , et n'ont d'autre objet que de s'épargner du
travail. Rien de tout cela ne parait dans le renversement
des piles de Soucieu : presque entières , peu dégradées
au dehors , ayant conservé en partie leur surface et leur
parement 9 elles sont couchées régulièrement à terre,
dans des distances à peu près égales , d'un même côté
et dans le même sens ; la base qui reposait sur les fon-
démens , est saine et conserve sa forme régulière ; cette
base n'a éprouvé de changement que dans sa position :
d'horizontale qu'elle était , elle est devenue verticale. Je
ne puis mieux comparer la chute de ces piles qu'à celle
4'un arbre qui , après avoir été scié par le pied , aurait
^té renversé par terre , sans que sa tige eût souffert
aucune altération «
Ce qui ne peut être que faiblement exprimé dans une
description , devient plus fi*appant à la vue de l'objet u
ces phénomènes ont fixé les regards de M. Delorme ; il a
cru découvrir les traces d'un tremblement de terre.
&L l'abbé Pernetti , animé d'un zèle ardent pour tout
ce qui peut éclaircir l'histoire de sa patrie , a saisi cette
observation , dans l'idée qu'elle pourrait donner la so-
lution d'un pr(^léme historique qui depuis long-temps
exerce tous nos écrivains.
}
( 176 )
En une seule nuit la ville de Lyon fut totalement
détruite par le feu , nox una iatcrfuit Mer urbem maxi^
mam et nuUam (i).
Tel est le fait transmis par l'histoire ; elle se tait sur
les causes. Est-il vraisemblable., est-il possible que le
feu ait détruit , en un aussi court espace de temps , une
ville aussi considérable que Lyon le fut cent ans
après sa fondation sur la montagne de St-Just ? on ne
connaît aucun exemple pareil : Tincendie le plus consi--
dérable , celui de Rennes , dura plus de huit jours , et
l'on sauva plusieurs maisons. Pour expliquer ce fait,
quelques historiens ont eu recours au feu du ciel ; mais
alléguer un miracle, sans en déterminer l'objet et
sans justifier des preuves , c'est s'exposer a n'être pas
cru. Tel fut le sort de ces auteurs ; ceux qui les ont
suivis, ont trouvé qu'il était plus aisé de l'admettre que
de le comprendre. Mais on sait , a dit M. l'abbé Pernelti ,
que les tremblemens de terre ont une direction qui rend
souvent leurs effets uniformes au loin ; on sait que le
plus grand désordre se fait sentir dans le lieu où le
volcan forme son éruption. Le renversement régulier des
aqueducs de Soucieu est vraisemblablement l'effet des
secousses d'un tremblement de terre : tous les accidens
qu'on y remarque viennent à l'appui de cette conjecture.;
en lui donnant plus d'étendue , ne peut-on pas présumer
que l'incendie de Lyon a eu le même principe, et
que le volcan a éclaté à quatre lieues de là , sous la
montagne de St-Just ? ce qui explique comment la ville
de Lyon, qui la couvrait » disparut, pour ainsi dire,
(0 Sénèque , Epîst. 9i<
•( '77 )
t\ fui consumëe en une nuit. L*hîsloîre, daîlleurs^
rapporte à peu près au même temps les trembïemens
affreux qu* dësoièrent la Campanie ; et , de nos jours ,
on a reconnu dans l'Auvergne et dans le Forez des indiœs
de volcan.
Si Sënèque , dans la lettre qui traite de Tînceiidie de
• Lyon , ne fait pas mention du tremblement de terre , i\
l'ignorait , il était à Rome ; il écrivit sur la première
nouvelle qu'il reçut ; les Lyonnais de ce temps, peu phy-
siciens , n'avaient songé qu'à instruire Rome de la ruine
de leurs maisons ; le feu d'un volcan leur parut peut-
être un feu naturel ; peut-être le volcan se referma-t-il
à l'instant , et les débris des édifice^ en couvrirent les
vestiges. Les paroles de Sénèque confirment ces vraisem-
blances. «Le désastre de Lyon a duré moins de temps que
» je n'en mets à le raconter ». Diutius illam tibi periisse »
quam periii , narro. Cette célérité n'exprime-t-elle pas
celle d'un volcan ? Un incendie ordinaire aurait-il pu
anéantir si promptement tant de temples , de palais et
d'édifices? On cherche depuis long-temps à expliquer
comment une chambre entière , avec ses peintures , dé-
couverte de nos jours , aurait pu être ensevelie sous la
terre , pourquoi Ton y trouve des canaux de pierre >
d'immenses conserves d'eau , et divers restes de cons-
truction. Le même tremblement qui bouleversa Lyon
le même volcan qui l'embrasa , a vraisemblablement oc«
casioné tous ces effets, et ces effets deviennent pour
M. l'abbé Pernetti une forte preuve du tremblement et
du volcan ; il conclut qu'indépendamment des consé-
quences qui se tirent du renversement régulier des
aqueducs de Soucieu , ce terrible événement parait ac-
tuellement démontré , explique Tinceiidie de Lyon , et
Tom. VIIL 12
( 178 )
détruit évidemment un préjugé vulgaire qui , pour avoir
dix-sept siècles , n*en est pas moins un préjugé.
Tel est le sentiment de M. Tabbé Pemcltî , cl le
précis du mémoire qu'il a composé sur ce sujet. Con-
vaincu de la vérité de plusieurs de ses conjectures , mais
forcé d'en rejeter quelques-unes , j'ai cru devoir les
toutes rassembler pour vous mettre à même de décider
sur celles que je hasarderai.
L'objet des académies est la recherche de la vérité:
je n'ai pas craint de déplaire à mon confrère , en com-
battant quelques-unes de ses idées ; il m'a lui-même
engagé à développer les miennes. Le philosophe méprise
la satire » apprécie la critique , et fait cas de l'examen.
Ce que je dois examiner se réduit à deux questions :
quels furent les effets de l'incendie ? à quelle cause
peuvent - ils être attribués ? Quoique l'ordre des choses
soit ici renversé , la première question répand du jour
sur la seconde ; il nous est rarement donné de connaitre
les causes , mais nous pouvons en raisonner , en jugeant
des causes par les effets.
Le premier objet n'est pas d'une longue discussion.
Tacite (i) et Sénèque (2) sont les seuls auteun» anciens
qui parlent du désastre de Lyon. Le premier ne fait que
l'énoncer ; le second nous dit qu'en une seule nuit^
cette grande ville fut totalement consumée par les flammes.
Le fait parait incompréhensible ; mais on ne saurait le
révoquer en doute , la lettre dans laquelle Sénèque en
rend compte , n'est point supposée , ou toils ses ouvrages
le sont ; le passage de Tacite la confirme^
(i) Annal. XVI , i5.
(2) Loc. cit.
. ( 179 )
Sënèque écrit sur le malheur qu'un Lyonnais de ses
amis \ient de partager avec ses compatriotes. Quel intérêt
aurait-il eu de déguiser la vérité ? peut-on même le
soupçonner de Tavoir altérée ? II s'étonne du fait , il
exprime son étonnement de plusieurs manières , il se
sert des termes les plus énergiques , qui tous \ont à éta-
blir que la ville de Lyon a été, en une nuit , consumée
par les flammes.
Dira-t-on que Tenvie de briller par des expressions
hardies Tengagea à s'exposer à un démenti ? Lyon était
dès lors une ville trop considérable aux yeux des Ro-
mains même , pour que les vraies circonstances de son
désastre ne leur fussent pas connues ; Sénèque n*a été
contredit par aucun historien. Plancus avait bâti la ville
sur la montagne ; cent ans après , ses habitans s*établis-
sent dans la plaine ; c*est dans ce moment que le phi-
losophe écrit : si la ville n*eût pas été presque entièrement
détruite , ainsi qu'il le dit , les Lyonnais , malgré les
avantages que la plaine leur offrait , se seraient-ils ja-
mais décidés à abandonner les maisons particulières et
les édifices publics qu'ils avaient élevés sur la montagne?
Il faut donc conclure que le fait est constant , qu'il pas-
serait pour vrai , quand même il ne serait pas vraisem-
blable.
Quelle espèce de feu a donc pu consumer , en une
nuit , une ville telle que Lyon ? Je crois , ' comme
M. Tabbé Pernetti , qu'un incendie ordinaire n a jamais
produit et ne peut produire un effet pareil sur une ville
bâtie en pierres ; tous les édifices en étaient construits ,
s'il faut en juger par la richesse actuelle des Lyonnais ,
par sa proximité et Tabondance des carrrères , par les
restes des monumens échappés à l'injure du temps ^^ptir
( i8o )
Tusage enfin oiï Von était dès lors de bâtir avec des
pierres , et de bâtir d*une manière si solide , que plu-
sieurs monumens de ce temps ont déjà vu renouveler
souvent ceux qu'on a élevés dans la suite. Que , d'un
autre côté, Ton considère l'étendue-de celle ville et le
nombre d*habitans qu*elle renfermait , qu'on se rappelle
les quatre aqueducs qui y conduisaient sans cesse une
immense quantité d'eau qui, dispersée dans tous les
quartiers , assurait des secours d'autant plus prompts ,
que la ville était située sur le penchant d'une montagne ;
qu'on rapproche toutes ces circonstances , on se persua-
dera qu'il est absurde de penser qu'un incendie naturel
ait pu , en quelques heures , renverser tant d'édifices
solides et détruire entièrement la ville. Je suppose qu'il
ait été produit par le feu du ciel tombé tout à la fois sur
plusieurs quartiers , il répugne de croire que dans ce
court espace de temps , une grande ville , bâtie en
pierres , par la seule action du feu , ait été réduite à
rien , urbem nullam. Les lois de la physique , la seule
raison , l'expérience de ce qu'on connaît , font rejeter le
fait ; il n'est dans la classe ni des choses vraisemblables ^
ni des choses possibles.
C'est en vain qu'un de nos historiens (i) essaie de
l'expliquer , en le comparant à l'embrasement que Rome
éprouva quelques années après. Je n'y vois aucune pa-
rité : j'ouvre Tacite (a) et je lis que ce dernier incendie
dura plusieurs jours , se renouvela à plusieurs reprises ,
et ne consuma que quelques quartiers. Sénèque lui-même ,
dans la lettre citée , ne peut se refuser à cette réflexion :
(i) Le P. de Colonia, HisU littér. de Jjyon , 1 1 , peg. 1 55.
(2). Loc. eit.
( i8i )
cr Le feu , dit-il , n*a jamais détruit une grande Tille. »
Mal/as cwUaies incendium çexai^if^ nullam absiuHt.
Il faut donc recourir à des causes extraordinaires ;
mais où rechercher leur principe ? Les témoins ne sont
plus 9 le temps les a détruits , eux , leurs enfans , leurs
successeurs et leurs noms. L*histoire se tait , la nature est
muette : les siècles et la barbarie , en ravageant cent fois
)a surface de la terre , ont dissipé les preuves que nous
pourrions invoquer. Que nous reste-t-il donc ? des
conjectures à former.
Ce n*est pas sans vraisemblance qu'on s'est arrêté k
ridée d'un tremblement de terre et d'un volcan : elle
rend compte d'une partie des phénomènes qui ont ac-
compagné l'embrasement de Lyon. Ces formidables
événemens sont suivis d'accidens si étranges , qu'on petit
en redouter les effets les plus prodigieux-
Un naturaliste italien (i) leur attribue l'origine de
toutes les montagnes , le transport des corps marins
sur le continent , la formation des iles , l'affaissement de
quelques parties du globe ; en un mot , la théorie de la
terre , telle que nous la voyons , n'est , selon lui , que la
théorie des tremblemens. Cette hypothèse est appuyée
d'un grand nombre d'observations ; la vue du Vésuve ,
la proximité de TEtna, les vestiges des volcans, si com-
muns en Italie , lui servent de base ; mais , lorsqu'il
s*agit de destruction et de renouvellement , il faut bien
se garder de ne chercher dans la nature qu'une manière
de procéder; quelques faits ne suffisent pas poir gé-
néraliser un système , les observations de M. Lazaro
(5) Lazaro More , dei Crusiacei et degli allri corpi ma^
rini , cht si troyano sui monii ; Venezia y 1 740.
( i80
Moro peuvent conclure pour une paiiie de PIlaHe ;
ailleurs elles se détruisent elles-mêmes , et son systènoe
n'a pas passé les Alpes*
Les mêmes réflexions trouvent ici leur application :
de ce qu*il est possible qu'une ville considérable soit
«détruite en peu de temps par un volcan , il ne suit pas
que toute ville détruite et. brûlée en peu de temps j ail
été consumée par un volcan : la possibilité n'établit pas
le fait , s'il est démenti d'ailleurs. lies degrés de proba-
bilité sont en raison du concours des circonstances ; les
conjectures physiques n'acquièrent force de preuve que
lorsqu'elles s'accordent avec les conjectures morales.
Je ne saurais les trouver ici d'accord. Un volcan capable
de détruire et de brûler en une nuit une grande ville,
serait un des plus impétueux dont on eût connaissance.
Les éruptions d'un volcan déjà ouvert , s'annoncent par
des secousses répétées; combien ne doivent pas être
plus fortes celles qui précèdent un volcan qui se fait
jour tout à coup, et dont la force se multiplie à pro-
portion de la résistance qu'il éprouve?
Les plus violens tremblemens le précèdent , l'accom-
pagnent et le suivent ; les sources voisines et éloignées
tarissent et bouillonnent ; les fleuves se soulèvent ou
s'a&iissent ; les animaux frémissent ; toute la nature est
agitée ; des bruits sourds 9 des espèces de mugissemens
en sont les tristes avant-coureurs ; le lieu qui doit en
être la victime, n'est pas le seul menacé; les tremblemens
se propagent , les secousses se répercutent à des distances
étonnantes ; elles portent au loin l'épouvante ; le volcan
s'entrouvre , il vomit , il laisse après lui, sur la suriace
dé la terre , des cendres , des ponces , des soufres , des
pierres grillées , des scories , des laves et partout le spec*
tacle de l'horreur et de la destruction.
( i83)
Ce n*est point ici une vaine déclamation^ tous ces
faits sont unanimement attestas par les historiens et par
les voyageurs , expliqués par les observateurs et par les
physiciens ( i )•
Or , sur quoi peut-on conjecturer que Tincendie de
Lyon ait été accompagné de ces circonstances ? trouve-t-- «
on , dans- la lettre de Sénèque , ou ailleurs, les moindres
vestiges d'une seule d*entre elles ? et si quelqu'une eût
paru , je demande s'il est possible de présumer qu'un
pareil événement fût resté enseveli dans le silence ?
Dira-t-H>n qu'il fut ignoré de ceux même qui l'éprou-
yèrent ? Il ne faut pas être physicien pour remarquer
d'aussi bruyans phénomènes ; la crainte suffit 9 et rend
l'ignorant, observateur.
Supposera-t-on que tous les Lyonnais y perdirent la
vie? on sait qu'ils rebâtirent leur ville dans la plaine.
Mais eussent-ils été tous détruits , les campagnes qui
environnaient la ville de Lyon , la métropole de la Gaule
celtique , étaient certainement peuplées d'habitans. Â cinq
lieues de Lyon existait la ville de Vienne qui , bien plus
ancienne qu'elle , était assez considérable pour mériter
quelquefois des préférences de la part des empereurs
romains.
Les secousses dont le volcan eût été nécessairement
(1) Aristote , Mef^oro/., Sénèqae, QuœsU naU de terras
motu y lîb. I \ Plln. , Nat. hist. , lib. a , cap. 79 et Bei{, ;
H. de Buffon , Hist. naL , tom. 1^ de la Théorie de la
terre \ Elie Bertrand , Mém. sur les tremblemens ; Lazaro
Moro , dei Crustacei , etc. ^ Agrlcola , de ortu et causis sub^
terraneorum , lib. 2 \ Essai des couehes de la terre , par
M. Lehmann , etc.
( i84 )
accompagne j ces tremblemens capables de renyerser , à
trois lieues de leur foyer « des masses de maçonnerie
telles que les aqueducs , tous ces effets de la compression
et de l'expansion de l'air et du feu n'auraient-ils pas
été aperçus des habitans de la campagne et des Viennois ?
On ne connaît aucun événement en ce genre qui n'ait
élé précédé et suivi de secousses violentes : on ne peut
citer un seul exemple de volcan considérable dans un lieu
qui n'ait éprouvé long-temps auparavant ^ et long-temps
après , des tremblemens de terre. La ville d'Antioche , si
célèbre par son opulence et par ses malheurs , fut ren-
versée par ce fléau ; mais, dans l'espace de six siècles, elle
avait été neuf fois ébranlée (i). Les secousses, d'ailleurs,
se font toujours ressentir au loin ; celles que Lisbonne
a ressenties de nos jours (2) , se communiquant de proche
en proche , ont pénétré jusques dans nos provinces et
dans la Suisse. Aux environs de l'Etna et du Vésuve ,
bien que les matières enflammées ne soient plus empri-
sonnées dans les entrailles de la terre , et quelles se
soient depuis long-temps formé des soupiraux qui , leur
offrant une issue , ralentissent l'impétuosité de leur ac-
tion souterraine (3) , des explosions , des ébranlemens
(i) En Tannée ii5 de J* G., sons Tempire de Trajan,
elle fut exposée à de yiolens tremblemens ; elle en rès*
sentit de nouveaux en 3io , 394 9 3g6 , 458 ; elle en
éprouva de terribles en 626 et SaS ; ils se renouvelèrent
en 58 1 ; le plus considérable fut en 588 : la yllle fut ren-
versée , soixante mille personnes j périrent. Voy. Morcri»
(2) Au mois de novembre i ySS , le même jour , les eanx
de la Saône se soulevèrent tout à coup , au point d'effrayer
les bateliers •
(3) Voy. 'Derham y ThéoL physique.
( 185 )
répétés annoncent d'avance aux peuples voisins les nou^
velles éruptions qui les menacent.
Les Viennois , les paysans lyonnais auraient donc éga-
lement ressenti les secousses dont le volcan de Lyon eût
été précédé » accompagné et suivi. Dès lors , comnient
présumer qu'il fût resté dans l'oubli ? Je veux que les
Lyonnais , uniquement occupés de leur malheur , en
écrivant aux Romains dans les premiers instans du
désastre , n*aient parlé que de leurs pertes : les Romains
n ont-ils pas dû être bientôt instruits de sa cause par
une partie de la Gaule ? Sénèque a-t-il pu l'ignorer
longtemps? Rien n*établit dans sa lettre qu'elle fût
écrite dans les premiers momens que la nouvelle de
l'incendie de Lyon parvint à Rome. Il parait en savoir
tous les détails connus , il déplore la perte des superbes
édifices qui embellissaient cette ville.
Sénèque , d'ailleurs , était philosophe et physicien ; si le
fait n'eût pas été constaté , n*eût-il pas cherché àl'éclaircir
et à l'expliquer? Je sais qu'écrivant pour consoler Libé-
ralis , il aurait pu oublier qu*il était physicien , et se rap-
peler seulement qu'il était ami ; mais sa lettre est plutôt
un ouvrage réfléchi qu'une simple lettre ; elle n'est pas
adressée à ce Lyonnais qui était à Rome , elle est écrite à
Ludlius y leur ami commun , qui en était absent ; ce
n'est donc point une lettre de consolation qu'il s*est hâté
d'envoyer , c'est un écrit moral très-travaillé et très-
ëloquent.
Je dis plus : Sénèque fait entendre précisément que le
désastre de la ville de Lyon n'a pour origine ni trem-
blement de terre , ni volcan ; car une des raisons qu'il
a de s'étonner de l'effet prodigieux du feu qui la con-
suma , c'est que , dit-il , les tremblements de terre les
( i86 )
plus formidables n*ont jamais eux-mêmes ëté assez vîo*
lens pour renverser ainsi des villes entières : Terrarum
vix unquam tam gravis et perniciosus faii motus ut
iota oppida everierei. Il savait donc positivement qu'il
n'y avait point eu de tremblement : la chose comparée
ne saurait être la même que celle à laquelle on com-
pare. Enfin , quand Sénèque eût ignoré le tremblement
dans le temps qu il composa son ouvrage ( s*il exista ) ;
Rome entière dut en être bientôt informée , il ne put
lui-même fignorcr, il écrivit sur les tremblemens de
terre , il dëciivit ceux de la Campanie, pourquoi aurait-
il alors passé celui-ci sous silence? pourquoi Pline (i)^
après lui , en traitant de ces terribles phénomènes qui »
dans la suite, lui coûtèrent la vie (comme si la nature eût
voulu se venger de Tinjure qu'il lui avait faite, en les ap*
pelant les crimes de la nature (2) , sceUra naiurœ) ; pour*-
quoi Pline n'eût-il pas parlé du volcan de Lyon qui ,
sans doute , eût été célèbre ? c'est qu'il n'a pas existé ;
car il n'a pas pu exister sans être connu.
Nous-mêmes nous en verrions encore des traces ; en
fouillant dans les entrailles de la terre , au lieu , ou du
moins au milieu de ces médailles , de ces urnes , de ces
fragmens de marbre , si communs dans la montagne de
de St-Just , nous retrouverions des laves , des scories ,
de la pouzzolane et d'autres matières rejetées constamment
par les volcans en si grande quantité qu'elles ont quel-
quefois enseveli des villes entières , comme on le voit à
(i) Sénèque mourut la 65^ année de J. C. , la 12^ du règne
de Néron. Pline fut englouti dans le Vésuve Tan 79 de J. C
(2) Nat, HisL y lib. 2 , c. 95.
.( i87 )
Herculëe et dans la Sicile (i). L'examen le plus exact
ne découvre aucune de ces choses dans nos anciens
décombres.
On ramasse sur le Mont d'Or , en Lyonnais , quelques
pierres qui paraissent avoir éprouvé l'activité du feu :
peut-être ne sont-elles autre chose que des minéraux
ferrugineux ; mais un volcan au Mont d'Or n'établirait
point celui de Lyon ; on en peut dire autant des pierres'
grillées que j'ai observées à St-Romain-le>Puits , dans
la plaine du Forez (2) ; la proximité des montagnes de
l'Auvergne , où M. Guettard (3) a reconnu des traces
d'anciens volcans, peut y faire soupçonner la même
cause : je ferai voir cependant qu'il est possible d'en
assigner une autre ; qqant aux canaux de plomb fondu
doat parle le P. de Colonia(4) , il est évident qu'ils ont
été attaqués par uu feu ordinaire ; un volcan en eût-il
laissé des vestiges ?
Il suit de tout ce qui précède , que l'incendie de Lyon
ae peut être placé dans la classe des incendies comii(iuns ;
que cependant il n'a point été occasioné par un volcan ,
et que , pour l'expliquer d'une manière satisfaisante , il
-faut nécessairement que la cause assignée ait été de na-
ture à pouvoir rester inconnue à ceux même qui furent
les victimes de ses terribles effets.
(1) Au rapport de Kircher 9 le peuple de Gatane y en
creusant dans la pierre-ponce , trouva , à 68 pieds de pro-
foudeur , des mes payées de marbre , et plusieurs traces
d'antiquités. Transact, phîUs, , collection de Dijon , 189*
(2) Voj. le mémoire de M. l'abbé Pemetti , Conjectures
sur rincetulie de lyyon,
(5) Mémoires de l'académie des sciences.
(4) Histoire littéraire de Lyon^ tom. I, pag. i5i.
( i88 )
La terre sur laquelle nous habitons , n'est pas toujours
un sûr asile pour nous : tranquille à sa surface , cou-
yerte de productions utiles au genre humain , renfermant
des trésors sans nombre , elle recèle aussi dans son sein
de dangereux ennemis, qui nous menacent dans le si-
lence et travaillent sourdement à notre destruction*
Indépendamment des tremblemens et des volcans qui
ont leurs causes particulières , plusieurs accidens souter-
rains et naturels bouleversent quelquefois la surface du
globe , et entraînent après eux des suites funestes ; les
affaissemens sont de ce nombre : je n'entends point par
là ces. abaissemens presque insensibles qu'on observe
dans les montagnes (r) ; c'est un effet de la gravitation
qui n'a rien d'effrayant comme les af&issemens dont je
parle.
' Des agens invisibles sapent peu à peu le fondement
sur lequel reposent certains sols, ces bases dégradées
s'écroulent , le terrain s'abaisse précipitamment , il s'y
forme des fentes , des abîmes s'entrouvrent , ils englou-
tissent plus ou moins profondément les corps qui couvrent
la surface.
L'histoire fait mention de plusieurs faits semblables ;
la terre , dit Pline (2) , se dévore, elle-même , et il dte
de hautes montagnes et de grandes villes abîmées dans son
sein (3).
(i) Yoy. des exemples de ces affaissemens observés en
Allemagne. Ephém, des Curieux , collection de Dijon ,
tom. III , pag. i52 , et M. de Buffon, Théorie de la terre;
Hist» nat. ,, tom. I.
(2) Ipsa se condens terra devoravii 9 etc. Nat* hist. 9
Ub. II , c. 80 et 90.
(5) Ibid. Cap. 8o5 et seq.
( i89 )
Pleurs , bourg considérable dans le pays des Grisons ,
disparut tout à coup en 1618 : il se forma un lac à Ten-
droit où il était auparavant (1).
En 171 4 9 la montagne de Diableret , en Valais,
s'a&issa tout à la fois, en plein midi, et ce phéno-
mène ne fut précédé ni accompagné d*aucun vestige de
folcanj ni de tremblement de terre , comme l'attestent
les Mémoires de l'académie des sciences (2).
(1) M. Elie Bertrand (2^ Mémoire sur les tremblemens
de terre , pag. 5i ) voudrait faire entendre que cet eTéne-
ment eut pour cause an tremblement , ce qui ne s'accorde
BTec le récit d'aucun historleu du temps. M. Lehmann
( des Couches de la terre , pag. 209 } soupçonne que le
désastre de Pleurs vint de ce qu'on avait creusé précé-
demment le terrain sur lequel le bourg était porté, pour
ea tirer une pierre oUaire nommée la Vezze ; mais il est
évident que l-éboalement des souterrains pratiqués dans
les carrières , n'avait pas seul prbduit cet effet et donné
naissance à ce lac qui prit la .place du bourg, et qui sub-
siste encore.
(2) M. Bertrand , ihid. , pour grossir la liste des trem-
blemens , Tondrait encore lenr attribuer cet événement ,
ce qui contredit précisément le récit qu'on en trouve
dans'les Mémoires de l'académie des sciences , année 1716,
pag. 4 , où il est dit que cette chute n'eut pour cause que
celle de la base qui était pourrie et réduite en poussière ,
et que l'accident ne fut précédé ni accompagné d'aucun
vestige de volcan : les tremblemens qu'on ressentit dans
le même temps , selon M. Bertrand , au territoire de
Glissau , peuvent bien avoir été occasionés par la chute
dont U est question ^ mais il est avéré qu'on n'en ressentit
aucun dans le lieu même.
( igo )
Les Transactions philosophiques (i) parlent d'un al&is-
sèment dans plusieurs collines de la province de Kent,
qui baissèrent sensiblement sans aucun tremblement de
terre.
Dans le mois de septembre lySS , un bols s'enfonça
en partie , près de Vateyille ^ à six lieues de Berne ; on y
voit un marais impraticable , où les arbres sont en parlie
couchés , en partie renversés ; cet accident ne fut accom-
pagné d'aucun autre phénomène (2). Il serait facile de
multiplier les exemples ; mais il suffit ici d'établir la
possibilité par le fait.
Ce qu'ont éprouvé les lieux dont je viens déparier,
le sol sur lequel reposait l'ancienne ville de Lyon , a pu
l'éprouver , du moins en partie. Je tiens de M. Delorme
qu'en prenant le niveau des aqueducs de Momans,il a
eu lieu d'y soupçonner un semblable effet ; on peut donc
faire la même supposition , je ne dis pas que la chose soit,
mais je vais établir qu'elle est dans les choses possibles;
je ferai voir ensuite que, si la ville a éprouvé un accident
pareil , tous les phénomènes de son incendie peuvent
sans peine s'jexpliquer.
La ville , par sa situation , a été exposée aux a£iisse-
mens dont il s'agit. Trois causes peuvent y donner lieu,
et se réunir quelquefois pour y concourir toutes le$ trois:
ces causes sont les effets sua^essifs du temps et de la ca-
ducité , l'action des eaux souterraines, celle des feuxdif-
férens des feux de volcan.
Ces trois agens destructifs ne sont jamais plus puissans
que dans les montagnes: celle dé St.-Just, sur laquelle
(1) Abr. des Transactions philosophiques ,,t. i4,P«259.
(2) Mémoire sur les tremhlemens ^ pag. 267.
( I9Ï )
la ville s'étendait , est en partie composée d'un grani
micacé facile à se débiter; ces bancs ne sont ni régu--
liers , ni en grandes masses ; ils sont interrompus par des
veines et des lits de gorre , de sables, de cailloux fixés
dans des argiles ; tous ces corps peuvent aisément se
diviser ou.se décomposer, les parties aqueuses qui pé-
nètrent du dehors dans l'intérieur venant à se geler âans
les interstices qu'ils remplissent, occupent une plus grande
place, les forcent de s'entrouvrir; si Tair et Teau in-
troduits par ces fentes pénètrent jusqu'aux bases sur les-
quelles reposent les bancs de pierre, les attaquent et^
après un long espace de temps, parviennent à les détruire,
ces bancs étendus sur des couches sabloneuses , dont les
eaux souterraines ont peut-être aussi entraîné une par-
tie, s'ébouleront, les terres supérieures seront affaissées.
Il arrivera dans l'intérieur de la montagne ce qui se
voit souvent au dehors : Scheuchzer fait une longue énu-
mération des portions énormes de montagnes éboulées ;
il n'est pas d'année qu'on ne trouve de vestiges de des-
tructions nouvelles dans les masses des rochers les plus durs
Mais je ne puis parler que de la superficie de la mon-
tagne ; on ne saurait donner un autre nom à la petite
profondeur où l'on a pénétré. Sait-on quelle est la qua-
lité des bancs et des couches à loo pieds au-dessous?
on sait en général que la nature qui ne perd rien à la
destruction des formes , n'a pas donné à ses ouvrages une
solidité immuable ; une circulation universelle et cons-
tante est, au contraire, sa première loi; le temps l'exé-
cute , en détruisant perpétuellement certains êtres, pour
donner l'existence à d'autres. Tout est en action au-de-
dans de ces masses immobiles que nous appelons mon-
tagnes. On peut les comparer à des animaux endormis
( ï9^- )
dont rextërleur n offre que l'image du repos , tandis que
mille mouvemens combinés animent toutes les parties in-
ternes.
Les sels vëgëtaux et animaux introduits ayec l'air,
l'eau et le feu , dans le sein de la terre , rencontrent les
sels, l'air, l'eau et les feux souterrains, et mettent en
action les minéraux ; sans cesse les uns se forment , les
autres se décomposent ; des corps mois prennent de la
consistance, des corps solides s'amollissent, s'atténuent,
se dégradent ; leur forme et leur étendue changent ; au
vide succède le plein, au plein succède le vide; des
parties se comblent , d'autres s'excavent ; aucun ordre ,
aucune symétrie apparente ne s'observe (i). De toutes ces
causes naissent les cavernes dont Tirrégularitë et la ca-
ducité produisent à la longue des chutes qui , pour être
à de grandes profondeurs , n'en excitent pas moins un
affaissement subit à la surface de la montagne (2).
Indépendamment de l'action universelle et réciproque
des élémens, des sels , des soufres, des minéraux, dans
le sein des montagnes , l'eau elle seule doit opérer des
effets semblables ; la montagne de St.- Just , sur laquelle
la ville de Lyon était bâtie , abonde en sources de diffé*
rentes qualités.
Ce n'est pas ici le lieu d'examiner comment les sources,
les fontaines , les rivières se forment dans les montagnes,
(i) On trouve une partie de ces phénomènes dans les
anciens travaux des mines qu'on remet en exploitation.
(2) On ne prétend pas ayancer que toutes les cavernes
soient formées sans explosion , sans tremblemens : ces
causes sont probablement les plus ordinaires ; mais il est
évident qu'elles ne sont pas les seules.
( 195 )
si elles naissent des vapeurs condensa et des pluies qui
tombent , ou des eaux souterraines et des vapeurs qui
s'élèvent : pour établir que les sources peuvent occasion
ner récroulement des montagnes , il suffit de savoir
qu'elles en sortent , que l'eau ne saurait couler sur ié
rocher même sans en détacher et entraîner des parcelles;
qu'il n'est point de pierres ou de terre qu'elle ne dé-
trempe, ne dissolve et ne .détruise à la longue, qu'elle
dissout le fer même et le charrie sous la forme d*ocre;
que l'eau la plus pure dépose un limon , qu'il en est qui
détache tant de parties des corps au travers desquels elle
passe 9 qu'en déposant ces parties , elle forme des masses
de concrétions qu'on peut dans la suite considérer comme
de vastes carrières de pierre. Les grottes d' Arcy en Bour-
gogne , et encore plus celles d'Antiparos dans l' Archi-
pd, en sont la preuve.
Pour former ces immenses dépôts , quelles incavations
les eaux n'ont-elles pas dû laisser dans les lieux d'où
elles ont détaché les matières déposées ? ce ne sont pour-
tant que des eaux tranquilles qui filtrent lentement au
travers des rochers et des terres. Que sera-ce, si l'on con-
sidère ces vastes amas d'eau que les montagnes renfer-
ment quelquefois ; ces lacs intérieurs dont parlent les
physiciens , ces courans d'eaux souterraines , ces fleuves
qu'on a entendu souvent rouler sous la terre , toutes ces
eaux douces qui vont se décharger dans la mer au-des-
sous de sa surface , et dont l'impétuosité est quelque-
fob telle qu'elles traversent une longue étendue d'eau
salée sans s'y mêler ?
C'est à ces courans souterrains que M. de BuiFon (i)
(i) Hist» na/.% tom. I , pag. 544 et sair.
Tome FUI. i3
( Î94 )
tarait uniquement attribuer l'origine des cavernes et des
afFaisseinens dont il est question : a On peut j dît-îU
» concevoir aisément la cause de tous ces effets. On sait
» qu'il y a des eaux souterraines en une infinité d'en-
» droits. Ces eaux entraînent peu à peu les sables et les
» terres à travers lesquels elles passent, et par conséquent
h elles peuvent détruire peu à peu la couche de terre
» sur laquelle porte cette montagne , et cette couche de
3) terre venant à manquer plutôt d*un côte que de l'autre,
}) il faut que la montagne se renverse, ou si cette base
i> manque k peu près également partout , la montagne
» s'affaisse -sans se renverser* » Cette double explication
est d'autant plus lumineuse qu'elle est simple. La pre**
mière pourrait rendre compte de la chute régulière des
aqueducs de Soucieu ; Tafl^issement qui a pu donner lieu
au désastre de Lyon se rapporterait à le seconde ; car
rien n'établit , ainsi que j'aurais dû le remarquer précé-
demment i que ces deux événemens dussent être rapportés
au même tempsw .
Qui sait enfin si anciennement on n'a pas ouvert des
mines sous Taqucduc de Soucieu , ou même sous la mon-
tagne de St.-Just? au rapport de Strabon, la Gaule en
possédait un grand nombre de très-*riches. De fortes ir-
ruptions d'eau dans les anciens souterrains des mines
peuvent aussi donner lieu à des affaissemens.
Mais passons à la troisième cause que nous leur avons
attribuée, Taction d'un feu différent de celui des volcans,
et différent aussi de ce feu central supposé gratuitement
par quelques physiciens, pour expliquer, à leur gré, tous
les phénomènes possibles. Les faiseurs de système croient
tenir en leur pouvoir les clefs de la nature. Le philo-
sophe se contente de frapper à la porte. Tâchons de
ï 195 )
rimiler ; ne supposons rien , rejetons la physique mév
taphysique; rassemblons des faits.
Les Transactions philosophiques (i) font mention de
certaines terres en Ecosse qui fermentent intérieurement
et qui exhalent une vapeur chande. Le célèbre M. Henckel
rapporte qu*en 1719, après des chaleurs extraordinaires
qui se firent sentir à la fin de Tëtë (2), un terrain gras
et glaiseux s^enflamma auprès de Francfort, qu'envi-'
ron dans le même temps , les prés , dans le bailliage de
Steinheim , s'enflammèrent , que les racines des arbres
voisins furent brûlées , et qu'on ne put arrêter les effets
de ce feu souterrain qu'en faisant de profondes tranchées;
qu'enfin la même chose arriva dans la ménagerie du*
comte de Solm Brœunfels en Hongrie; le feu dura^
plusieurs jours , et pénétra si avant dans la terre que ,
lorsqu'on y voulut marcher, on enfonça jusqu'au ge-
nou, la terre tombait en cendres.
' Le même phénomène a effrayé, cette année (1762) ,
l'Angleterre (5). Un marais aux environs de Newcastic
a pris feu , les pluies seules ont pu arrêter cet embrase-
ment, ainsi que dans la province d'Yorck où le feu s'est
étendu à plus de i5 milles , au point de faire craindre
aux habitans du Comté de Derby qu'il ne se communi-
quât aux terres à tourbes : il aurait trouvé tant d alimens
dans les substances dont elles sont remplies , qu'il eût été
vraisemblablement impossible de l'éteindre.
(1) Collect de Dijon , tora. IV , pag. 74.
(2) Flora Satumisans , pag. 66.
(3) Y07. la Gazette de France ^ 3o juillet 1762 ^ article
de Londres , du 20 juillet
( 196 ) •
La sécheresse que nous avons ëprouvëe, a pareillement
donne Heu à un effet semUable , à trois lieues de cette
ville : le marais qu*on nomme les Echeis ayant ëtë des-
séché, la terre s*est enflammée, et le feu s'est prolongé
dans un grand espace de terrain.
Il suit de là que certaines terres sont soumises en cer-
taines circonstances à l'action du feu. Il est vrai que ,
dans plusieurs des faits cités , principalement dans celui
des Echets , les terres qui se sont enflammées étaient vrai-
semblablement des fondrières , ou espèce de tourbes com-
posées de détrimens des végétaux combustibles par nature;
j'en conviens , mais les terres glaiseuses dont parle Henckel
n'étaient pas sans doute de ce nombre : comment eût-il
pris naturellement dans les autres, si elles n'eussent ren-
fermé , comme celle-ci , des matières fermentables et in-
flammables? toutes les terres eu contiennent plus ou
moins et de différentes espèces. Ces matières sont: le sou-
fre I l'alun , les acides , les pyrites , les bitumes qui , com-
binés d'une certaine manière, deviennent sujets à la fer-
mentation , et dès lors à s'enflammer , à exciter le feu
dans la terre jusqu'à une grande profondeur. La manière
dont agissent les feux souterrains , dit M. Lehmann (i),
est de consumer de grands espaces dans les parties les
plus profondes de la terre. On conçoit , en effet , que ,
si l'air se fait un passage jusqu'à eux , ce qui peut arriver
par une infinité de moyens , puisque l'eau y parvient ,
il excite l'embrasement , le prolonge , le ranime ; les
pierres calcaires sont calcinées , les vitrescibles tombent
en fusion , la terre se mine , il s'y forme de nouvelles
cavités, et les affaissemens suivent sans être accompagnés
(i) Des CQuchçi de la terre , pag, 2o5.
( 197 ■)
d'explosion , lorsque Tair et le feu ne sont pas gén^s dans
leur action.
C'est principalement dans les montagnes qu'on reuf-
contre la matière dont il est question. La pyrite est très-
commune dans nos provinces^ elle y est répandue et
mêlée , en grande quantité , dans toutes les espèces de
pierres calcaires et yitrescibles ; j'en connais des filons très-
étendus, nos mines de cuivre ne sont elles-méme que
des pyrites cuivreuses.
Le pyrite est un minéral compact , ordinairement
jaune et brillant; le peuple le prend pour de l'or; il
ne tient le plus souvent que du soufre , du fer et de
l'acide vitriolique. M. Henckel , dans sa Pyritologie , a
épuisé sur cet objet les observations et les expériences.
Le docteur Lehmann (i) remarque avec lui , que les
pyrites ont la propriété de se décomposer par le contact
de l'air et de l'eau , avec cette seule différence que quel-
ques espèces se décomposent plus ou moins prompte-
raent que les autres (2) ; elles s'échaulTeiit par l'action
naturelle de l'eau sur le fer et l'acide vitriolique, elles
tombent en efflorescence, elles se réduisent en poussière,
et le mouvement de chaleur qu'elles éprouvent est souvent
accompagné de vapeurs enflammées ; les eaux minérales
et acidulés, chaudes ou froides acquièrent sans doute
leurs qualités en traversant des lieux où se rencontrent
(i) Des couches de la terre , pag. 4t7^
(2) Les pjrites globuleuses sont celles qui effleurissent
le plos facilement : la décomposition commence par le
centre. M. Lehmann dit que pour les conserver dans
les cabinets , il convient de les renfermer dans des vais-
seaux de verre bien bouchés et placés dans un lieu sec.
C 198 )
de pareilles effervescences. On iie peut attribuer quà
une cause semblable la chaleur des eaux de ChoMiée^
saigues en Auvergne , qui , par Tanalyse , sont reconnues
pour n'avoir rien de minéral , et dans laquelle un œuf
durcit dans 12 minutes.
Mais, selon la remarque de M. Lehmann (i), les py-
rites, en se décomposant, ne peuvent produire une flamme
par elles-mêmes , à moins qu'elles ne rencontrent des
substances disposées à prendre feu , ainsi que Talun , le
soufre et les bitumes.
Nos terres abondent en minéraux de tout genre , le
soufre est répandu partout , le bitume y est aussi com-
mun que la pyrite , elles sont donc sujettes à des embra-
^mens souterrains et à toutes les révolutions qui en soDt
la suite.
Ces feux sont fréquens dans les couches de naphfe ; le
liaphteest, comme Ton sait, un bitume très-délié , tr^-
liquide et si inflammable qu'il s allume à une certaine dis-
tance du feu : on en trouve plusieurs espèces en Italie ,
dans une montagne , auprès de Modène ; il n'est nulle part
aussi commun que dans les environs de la ville d'Astra-
can (2) , le bois et les fruits sont très-rares dans ce
pays où il ne pleut jamais , et qui n'est fertilise que par
les débordemens du Volga , comme l'Egypte par ceux du
Nil ; mais on y puise du naphte dans plus de 20 puils
d'une grande profondeur. On se sert de ce bitume dans
les lampes , pour brûler , au lieu d'huile , et au lieu de
(i) Des couches de la terre t^ pag. 432.
-<2) Capitale du royaume d'Astracan, dans la Moscou ie
asiatique. «
( 199 )
bols , dans les chemina 9 après l'avoir fait imbiber dan»
la terre.
Il parait certain que les terrains toujours fumans et
toujours brûlans en Italie recouvrent des terres péné-
trées de ee bitume enflammé très -profondément par
l'effervescence des pyrites qu'elles renferment. Depuis
long-temps le feu s'est mis également dans les couches
à'Asimcan ; il occasione , chaque jour 9 à la surface de
nouvelles cavités et de nouveaux affaissemens. Quelques
auteurs prétendent même que toutes les couches où se
trouve le naphte , indiquent un feu actuellement allumé
sous terre, qui met, pour ainsi dire, en distillation les
charbons qui le renferment.
Quoi qu'il en soit, je ne crois pas qu'on ait rencontré
du naphte pur dans nos provinces , mais le charbon de
pierre qui s'y trouve très-fréquemment, est dans le même
cas que lui : « On a reconnu qu'il est lui-même un com-
» pcKsë de naphte ou d'huile de pétrole , qui , ayant ren-
» contré du limon et de la marne , s'est durci par cou-
9 ches ou par lits, et s'est changé en charbon fusible ,
» après qu'une vapeur sulfureuse est venue s'y joindre ( i ) ».
n conserve donc une partie de Tinflammabilité du
naphte ; d'un autre côté , il est presque toujours accom-
pagné de parties alumineuses et pyriteuses qui s'annon*
cent quelquefois par des exhalaisons fortes et inflamma-
bles; ce sont ces exhalaisons qui , dans quelques carrières,
donnent lieu au feu connu sous le nom de feu brisou (2),
V
(i) Minéralogie de Wallérius , tom. I , pag, 562.
(2) Feu Brisou ou Ferou , commua dans les mines de
Flandres , de Liège et d*Âujou. Mém. sur le charbon miner
rcUy par M. de Tillj , pag. 11 6.
f
( 200 )
m^tëorê actif jqui parcourt , comme un éclair, tous les ou-
vrages souterrains, brûle les substances animales , et n'en-
dommage pas les végétales : il est hors de mon sujet de
chercher la cause de ce phénomène; il me suffit de con-
clure de toutes ces observations que le charbon minéral
peut lui-même , ainsi que le naphte , s*enflammer dans
ses couches les plus profondes , sans que le feu du ciel ,
rimprudence ou la malice des hommes y cx)ntribuenl
comme on le croit communément. Pourquoi chercher
des torts à la nature , ou à Thumanité , lorsque les faits
s'expliquent par des raisons physiques ?
Jugeons de ce qui se passe dans l'intérieur de la terre,
par ce qui se passe au dehors : on a découvert dans la
Picardie des mines de terre houiUe qu*on exploite avec
succès comme des. engrais fertilisant. Ces terres, ainsi
que plusieurs autres terres bitumineuses connues , qui ne
diffèrent presque du charbon que parla consistance, lors-
qu'elles sont exposées au contact de Pair, fument, s*é-
chauffent , se consument , jettent quelquefois de la flamme,
et se réduisent en cendres* Certains charbons de terre ,
surtout ceux qui tiennent des parties alumineuses , s'en-
flamment également à lair au bout d*un temps, lorsqu'ils
sont humectés (i). Urbanus Hiœrne, chimiste suédois,
parle d'un incendie qui consuma une maison à Stockolm
(2) , et qui fut occasioné par des charbons qui , ayant
été mouillés dans le transport , furent entassés dans un
grenier où ils s'enflammèrent; Henckel (3) dit que la mine
d'alun , lorsqu'elle est mêlée de bitume et amoncelée à
(1.) Voy. r£ncyclopédie , an mot charbon*
(2) De calore uleque*
(3) Pjrriiotogie,
{201)
Tair , s^allume et produit de la flamme. Prenez ) dit le
docteur Lehmann (i) , deux parties de la pyrite qui donne
le vitriol bien pulvërisëe, et une partie de charbon de
pierre réduite en poudre ; mêlez ces matières , humec-
tez-les, formez*en une masse, elle s*ëchauffera, s'allu-
mera ensuite, et tout le charbon sera consumé.
Ces faits et Texpërience ne laissent aucun doute sur
le principe des embrasemens des mines de charbon , sur-
tout de celles où se trouve de la pyrite ou de Tâlun ;
ils établissent que le feu peut et doit y prendre en cer-
tains temps et dans certaines carrières , lorsque Tair et
Teau pénètrent jusqu'à elles. C'est ce qui arrive fréquem-
ment dans presque tous les pays abondans en mines' de
cette espèce ; on en connaît plusieurs , en Angleterre et
en Allemagne, qui brûlent depuis un grand nombre d'an-
nées ; le feu prit , au commencement du dernier siècle ,
dans la mine, de Zwickau en Misnie (2) : il dure encore,
et Ton ne sait à quelle profondeur il a pénétré.
Mais il n'est pas besoin de recourir à des exemples
étrangers ; nous en avons de frappans dans les carrières
de nos provinces: à St.-Genis-Terre-Noire , à quelques
lieues de Lyon , où l'on exploite du charbon minéral ,
les terres noirâtres et bitumineuses qui jettent souvent
de la fumée, n'annoncenl-elles pas un feu souterrain ,
dont on ignore le progrès, l'étendue et la profon-
deur (5) ?
Pour ne m'en rapporter qu'à ce que j'ai vu moi-
même , je citerai les carrières qui se trouvent dans la
(i) Des couches de la terre, pag. i38.
(2) Encyclopédie , tom. III , pag. 195.
(5) Cest de 1^ , sans doute , que ce lieu a tiré le nom
de la Montagne de Jeu.
( 303 )
paroisse de Chambon , près de $aini^Etienne. Le fea y
existe certainement. Quelques observations que j*ài faites
sur les lieux à ce sujet , ne seront pas déplacées ici ; on
verra dans peu quel rapport elles ont à ce qui peut
être arrivé à la montagne de St.-Ju&t* Elles confirment
un fait qui paraissait, à Sl-Étienne méme^ révoqué en
doute par des personnes instruites; elles ont servi de
base à Tidée que je me suis formée de l'action des feux
souterrains dans les mines de charbon , et je puis y avoir
quelque confiance , les ayant Caites sous les yeux d un
homme distingué par de profondes connaissances en phy-
sique qui (ont la moindre partie de son mérite.
Les carrières dont il s'agit sont a trois^quarts de lieue
de St-Etienne , sur la route du Puy, en se détournant au
sud du grand chemin. L'hôpital de St-Etienne y fait tirer
du charbon , dans le lieu dit la Mine , assez près de l'en-
droit où le feu se manifeste actuellement ; il est même
à craindre que cette exploitation qui » sans contredit ,
est une des mieux dirigées de la province, ne soit bien-
tôt interrompue par ce fléau. La> couche est très-épaisse,
elle est riche, d'une bonne qualité, disposée sous un
grais qui lui sert de toit, et ce qu'il importe d'observer,
c'est que le charbon contient plusieurs parties pyriteuses
souvent sensibles à la vue; j'ai trouvé même, dans les
environs» des groupes de marcassites cubiques: lamar-
cassite n'est autre chose qu'une pyrite cristallisée.
Près d'un quart de lieue avant d'arriver à cette mine ,
des terres noirâtres annoncent la présence du bitume,
et l'on commence à trouver des indices de l'action d'un
feu souterrain. On passe par des chemins profonds,
dont les balmes, coupées à pic , sont composées d'ardoises
évidemment dénaturées, friables et d'un gris rougeâlre:
( 203 )
cette décomposition , effet naturel du feu sur cette es-
pèce d'ardoise , se fait apercevoir principalement dans
les couches inférieures, et n'existe plus en approchant
de la surface , d'<»ù l'on doit juger que le feu qui agrillé
ces couches n'a point été un feu extérieur qui soit péné-
tré du dehors dans l'intérieur du sol , mais d'un feu
dont l'action a été dirigée du bas en haut.
En marchant quelques pas en avant, cette observa-
tion devient encore plus sensible sur des couches d'argile
grise ; on sait que la plupart des argiles rougissent au feu
et y acquièrent de la dureté. Les couches extérieures
sont grises et friables jusqu'à un pied de la surface , la
coaleur est altérée en dessous , et la consistance augmente;
les couches inférieures sont médiocrement rouges et en-
core friables; celles qui suivent ont la couleur et la dureté
de la brique ; les dernières qu'on aperçoit approchent
de la vitrification*
De plus fortes indications se présentent ensuite ; on
découvre des fentes dans des terres dont la substance
parait dénaturée , et des crevasses extraordinaires dans
des bancs de grais , les unes et les autres ayant quelque
apparence de chaleur et de fumée. A quelque distance, on
rencontre plusieurs creux faits en forme de cônes ren-
versés ou d*entonnoirs ; des intervalles assez considé-
rables les séparent les uns des autres : ces portions de
terrain ne paraissent avoir souffert aucune altération de
la cause qui a produit les creux.
Quelques-'unes de ces cavités ont une vingtaine de
pieds de profondeur et à peu près autant de largeur
dans leur plus grand diamètre; dans les unes, la surface
intérieure est unie et forme un véritable entonnoir ; on
reconnaît seulement à la couleur et à la consistance des
( 204 >
terres , des argiles et des ardoises , qu'elles ont été plus
ou moins attaquées par le feu. Dans les autres , Tinte-
rieur annonce le boulversement et la destruction , les
parois sont composées de pierres grillées , de terrés cuites
et vitrifiées. On aperçoit des quartiers de rochers adhé-
rans aux bancs qui se prolongent dans les terres ; ces
rochers avancent, ont une saillie et paraissent comme
suspendus. Vus par-dessus , ils sont dans leur état natu-
rel ; en dessous , ils sont évidemment brûlés , et quelque-
Ibis tellement vitrifiés , que les parties fondues forment
des gouttes pendantes; ce qui n*a rien de surprenant, si
l'on fait attention à la nature du grais qui est un com-
posé de parties sablonneuses liées par un gluten : les grains
de sable , qui sont autant de parcelles de quartz , de tous
les minéraux sont ceux qui entrent le plus aisément en
fusion.
Dans le fond des mêmes cavités se trouvent des mon-
ceaux de briques irrégulières , de pierres rôties , d'ar-
doises grillées , de scories de diverses espèces , en un
mot, tous les restes d'un feu violent et de longue durée ;
on croit voir les décombres d'un fourneau de raffinage ,
ou plutôt en petit , les anciens fourneaux de volcan tels
que les voyageurs nous dépeignent ceux du Vésuve.
Tant d'indices accumulés ne nous laissent aucun doute
sur l'origine du phénomène : les bitumes attaqués par le
feu étant à différentes profondeurs, les terres et les bancs
de pierre qui les recouvraient , en avaient dû ressentir
les effets dans des proportions relatives ; il était reconnu
que le feu avait consumé dans ces lieux quelques-unes
des couches bitumineuses dont le pays abonde , mais les
preuves d'un feu actuel étaient encore très-faibles; elles
devinrent bientôt convaincantes.
( ao5 )
Après une demi -heure de marche dans des vailles <][ui
ne paraissent aucunement endommagées , on passé devant
la carrière exploitée dont j'ai parlé ; sur la gauche , en
tirant vers le couchant, on voit une colline qui peut
avoir sept ou huit cents pieds de longueur dans la. di-
rection du nord au midi , la terre en est grise , et le sol
y est tellement aride qu'on le prendrait pour un amas
de cendres.
Cette couleur nous détermina à y monter ; nous n'y
trouvâmes que des débris d'ardoises décomposées en par*
tie par le feu souterrain qui se faisait, dans cet endroit^
reconnaître sensiblement sous les pieds. On y respirait
une odeur de soufre brûlé , la fumée s'exhalait au tra-
vers des lames des ardoises , sans y avoir d'issue mar-*
quée ; mais on trouvait à leur superficie des fleurs de
soufre assez épaisses que nous reconnûmes évidemment,
en cherchant des empreintes de fougères exotiques , si
communes sur toutes les ardoises du pays»
Une fumée que nous vîmes s'élancer avec force de
l'autre côté du petit vallon où se termine la colline ,
nous engagea à nous rendre auprès des rochers, au tra-
vers desquels elle sortait. Ce fut là que l'action du feu
nous parut être le plus près de la surface ; une fumée
blanchâtre et soufrée se faisait un passage de tous côtés
au travers des fentes des rochers; elle était si chaude , en
quelques endroits , que la main pouvait à peine la sou-
tenir deux secondes , et la pierre elle-même , en passant
la main dans les fentes, paraissait brûlante.
Ces faits reconnus, il est aisé de comprendre que nous
ne fûmes pas tentés de faire un long séjour dans ces lieux
menacés d'un bouleversement qu'ils ont peut-être éprouvé
depuis lors ; nous ne voulûmes cependant pas en sortir
9
( 5o6 )
sans faire quelques questions à une troupe d'habitans voi-
sins qui nous avaient entoures , pour regarder avec ëton-:
nement, et peut-être avec mëpris, des gens qui venaient
de loin considérer des choses qu'ils voyaient chaque jour.
Nous apprîmes d'eux que, depuis plus décent ans ,1e
feu consumait ainsi les carrières du pays , qu'on avait
toujours pensé que le tonnerre seul avait pu Ty mettre,
que l'on racontait qu'au commencement du siècle, la terre
s'enfonça sous des manœuvres qui travaillaient près de
là, et les engloutit au nombre de cinq; qu'anciennement
on voyait pendant la nuit s'élever dans les champs des
colonnes de feu ; que , depuis quinze années environ , son
activité paraissait diminuée; que quelquefois on était
long-temps sans l'apercevoir ; qu'après de longues pluies
elle augmentait sensiblement , ainsi que la chaleur de la
terre , par la même raison sans doute qu'on ranime le
feu des forges en y jetant de l'eau ; que, dans l'hiver,
la neige fond à mesure qu'elle tombe dans ces lieux ,
où le gibier se réfugie en quantité ; qu'enfin les rochers
que nous venions d'examiner étaient remplis de couleu-
vres attirées par la chaleur , quoique nous eussions re-
marqué que tous les insectes qui en approchaient , ex-
pirassent suffoqués par l'odeur du soufre.
Tous ces détails réunis jetent du jour sur la théorie
des feux souterrains dans les mines de charbon. Je ne
chercherai pas à en tirer ici toutes les conséquences qui
en dérivent. Je me contente de conclure, en général , que
l'action de ces feux est lente dans sa progression , sourde,
quelquefois insensible et toujours redoutable : ils dé-
vorent successivement toutes les matières imprégnées de
bitumes, les suivent quelquefois dans la plus grande pro-
fondeur, reviennent ensuite consumer les couches les
( 207 >
plus près de la surface ; leurs effets sont en raison des
obstacles qu'ils rencontrent : ces effets sont au dehors
d'autant plus faibles que la propagation est plus pro--
fonde 9 et les couches supérieures , d*une consistance plus
solide; la surface des terres ne souffre alors aucune at-
teinte , elle n*est exposée qu*à des affaissemens réguliers
qui n'y apportent aucune altération apparente; on n'y
trouve ni chaleur , ni fumée ; la fumée rencontrant une
résistance verticale est contrainte de reprendre la route
que le feu a précédemment tenue , et va chercher une
issue souvent très-éloignée du foyer.
Au contraire, quand la propagation se fait à peu de
distance de la surface , que le feu n'est recouvert que de
quelques couches de sable, d'argile, de pierres d'une
consistance incapable de résister à l'action du feu , sus-
ceptible de fusion et facile à se dénaturer, la décom-
position de ces couches, leur dégradation , leur chute
sont prochaines ; de ce désordre naissent les cavités en
forme d'entonnoirs dont j'ai parlé : effet naturel de la
chute d'une masse mobile qui s'affsiisse elle-même aprè3
avoir été minée en dessous. Le feu se manifeste au de-
hors, la fumée sort sans obstacle, le sol éprouve mille
changemens à peu près semblables à ceux que forment
les volcans , sans qu'on puisse comparer ces phénomènes
aux premiers qui ne sont accompagnés de secousses, d«
tremblemens ni d'explosions.
Ces réflexions m'ont conduit à penser que les vestiges
des volcans que les naturalistes ont cru reconnaître en
plusieurs lieux , où l'on n'en conservait aucune mémoire,
que plusieurs de ceux que M. Guettard (i) a observés dans
(i) Mémoires de l'académie des sciences.
( 208 >
rAuvérgne^n^ont eu d'autres causes <}ue des feuxsouter*
rains dé substances bitumineuse^ , pareils à ceux que jVi
décrits. Les couches bitumineuses sont infiniment plus
répandues qu'on ne l'Imagine; on en découvre chaque jour
dans des lieux oit l'on n'en soupçonnait points et leur
quantité serait sans doute plus grande encore , si elles
n'eussent pas été exposées ainsi à l'action du feu. Je suis
très-convaincu qu'il en existait sur la montagne dé St.-
Romain-Ie-Puits/dans la plaine du Forez (i), que ces
couches ont été consumées, et qu'il faut attribuer à cette
cause tous les changemens que i*ai observés dans lespiérresi
les rochers et les terres qui composent cette petite mon»
tagne , changemens qui ne peuvent avoir été produits que
par le feu.
Revenons à notre objet , et voyons quel rapport le fea
qui brûle certaines terres , les couches de napthe, ou celles
de charbon, peut avoir avec le désastre de la ville de
Lyon , commait l'un peut avoir occasioné Tautre.
Des terres semblables à. celles dont il est question ,
étaient peut-être à de grandes profondeurs, sous la mon-
tagne de St.- Just.n est encore plus croyable, vulaquan;
tité de bitume répandu dans la province, qu'il s y trouve
des couches de napthe, et plus vraisemblable, en jugeant
par analogie que ce sont des couches de charbon ; je
m'en tiens toujours aux possibilités ; c'est dans cette vue
que j'ai examiné toutes les autres causes d'affaissemens.
Je dis qu'il est probable qu'il existe des couches àt
charbon sous la montagne de St.-Just. Voici mes preuves:
cette montagne est de la nature de celles qui les renfer-
(2) Yoy. les détails de l'observation dans le mémoire de
M. l'abbé Pernetti.
( 209 )
ment ordînaireiùent y quoique le cAtë de Plerre-Scise soit
compose d*tiii granit dont les bancs paraissent irrëguliers ,
le cAië de St.-Just et ses environs sont disposes par Mii
et par couches de terre, de cailloux , de gorre ou de
pierre. On sait que le charbon est quelquefois sous des
bancs énormes, de pierre ; on en voit des exemples dans
les carrières de St-Chamond et ailleurs. Pour nier Texis-
tenœ des couches bitumineuses sous notre montagne »
il faudrait donc avoir creusé jusqu'à la profondeur où
l'on peut les supposer. ' .
A peine avons-nous gratté la superficie de la terre :
dans les exploitations même des mines de la province^
la dépense des travaux , l'abondance des eaux font aban-
donner les filons les plusriches' à peu de distance de la
sarfaoe ; le plus souvent cepèndaiU , cè^ mines se pré.ci--
pitent, devenant d'une qualité bien préférable dans la
profondeur ; le charbon se tire en Bretagne à 3oo pieds
sous terre ; c'est à 4<>o pieds que les Anglais exploitent
œ diarbon si parfait et si compact qu'ils le travaillent
au tour pour en faire des tabatières. On creuse encore,
chaque année , pour Taller chercher plus profondément,
et les travaux de ces mines nous apprennent que plu-
sieurs couches sont souvent posées les unes sous les
autres , et séparées par des lits intermédiaires de terre
et de pierre quelquefois extrêmement dures : ainsi Ton croit
quelquefois avoir suivi un filon dans toute sa profondeur
et Ton s'arrête à un banc de rocher qui recouvre des ri-
chesses qui demeurent enfouies. De ce que nous n'avons
trouvé aucun indice de charbon dans notre montagne ,
il. ne iaol donc pas conclure qu'il n'en existe point; on
en connaît dans tous les pays circonyoisins ; quelques
carrières sont énoncées dans des tei*riers du XI.* siècle.
Tome FI IL 14
( 2IO,)
..Mais il n'y a peut-âtre pas 1 5o ans qu'on tire du char-
bon , et cependant, dans le Forez ,''on compte déjà aux
environs de St-Etienne (i) plus de trente carrières en
exploitation , et peut-être autant d'abandonnées. Dans
le Lyonnais (2) , ii y a plus de soixante puits ouverts ^
la plupart délaissés et remplis d'eau p^r le défaut des
exploitations.
Chaque jour on découvre de nouvelles indications , on
en a de très-fortes dans le haut Beaujolais (3) ; il y a
peu d'années qu'on a attaqué à Coursieu , à quatre
.lieues de Lyon, un filon d'une bonne qualité, qui
n'a été abandonné qu'à cause de soii irrégularité et de
là dureté du sol.
Allons plus loin , jetons un coup d'œil sur les dispo-
sitions de nôtre montagne: nous verrons par Tenchai-
nemeht , la direction et la correspondance des autres
montagnes avec elle , que les couches bitumineuses,
quelle que soit leur origine , peuvent se prolonger sous
celle-ci j et vraisemblablement sous le côté de St-Jusl
et le territoire des Massuts , vraie position de l'ancienne
ville de Lyon>
Il est reconnu que les carrières de St-Etienne se suc-
cèdent avec celles de St-Chamond et de Rive-de-Gier ;
des bancs de rocher les séparent de distance en distance ;
(i) Dans les paroisses de St Etienne, Chambon,PîrmiDi^
Villard , St-Jean de Bonnefond , St-Genest , Aoche , La
Molière , etc.
(2) Les paroisses de St-Chamond , Rive-de-Cxier , St-
Genis-Terre-noue , St-Martin-ia-Plaine et S.te-Foy TAr-
gcntière,
(3) Près de St-Symphorien de Laje.
mais on dpit prësmner qu*ellçs se communiquent dans
la profondeur , ce que nos légères exploitations nous
laissent seulemenjt soupçonner. La même disposition de
montagnes qui sb trouve de St-Etienne à Rive-de-Gier ,
se continue de Rive-de-Gier à Sl-Just , et je ne serais
pas le premier qui aurait pense avec fondement que
1^ couches bitumineuses du Lyonnais sont les mêmes
qui vont reparaître dans le Dauphinë , ce qui ne peut
se faire qu*en traversant la montagne sous le côté de
Sl-Just.
En considérant même tous les lieux où l'on trouve du
bitume en France , et où Ton tire du charbon, je
remarque une sorte de communication des uns aux autres ;
je soupçonne une prolongation continue qui parait cir^
conscrire une partie du royaume ; je la suis de loin en
loin , jetant des branches latérales , depuis la Normandie,
« # • • •
en Bretagne , dans FAnjou , dans le Bourbonnais , TAu-
\ergne y le Roannais , le Forez , le Lyonnais , le Dau-*
phiné , la Savoie , la Suisse , la Lorraine , le pays de
Liège et le Hainaut français (i)»
Mais n'étendons pas si loin nos conjectures , craignons
de nous égarer dans un aussi. long trajet, contentons-
nous des vraisemblances que nous avons indiquées pour
la montagne de St-Just ; concluons-en que, s'il est per-
mis de croire qu'elle porte sur des couches de charbon ,
il est possible que quelqu'une de ces couches ait été con-
sumée par le feu , et que dès lors , sans volcan et sans
tremblement , il se soit fait à sa surface un affaissement
(i) Dans tontes ces provinces, il y a ea des exploitations
de charbon , dont la plupart sont mentionnées dansPintro^
daction du mémoire de M. de Tiily, sur le charbon minerai.
/
/
/
/
,Mab il n'y a peul-étre pas 1 5o ans quV / avons
bon , et cependant, dans le Forez , o|^ yj^urfail
'environs de St-Etienne (i) plus d^/^ se faisait
exploitation , et peut-être autant^ X^ ^r. On çon-
le Lyonnais (2) , il y a plus f^/jj ent , dans le
la plupart délaissés et vem^fjffi ', produire la
exploitations. y//- ^' ^"^' ** ^
Chaque jour on dA:ouv / // / * disantes , pn peut
en a de très-fortes àskrh'if " ^irëes des suites natu- '
peu d'années qu'on ^jf ' aterraîûes , ainsi que de»
.lieues de Lyon , /* - de la caducité.
n*a été abandonr ' es causes donnent liep itdesphér
là dureté du so^ oemblables , occasionent des affiûsse*
Allons plu' '^ ont pu , ou séparées , ou réunies , agir
sitions de ' jàt Lyon ; il reste à montrer que le désastre
nement . y^^ersa , sa promptitude , l'incendie et tous les
monta/yj^és qui TaccoTapagnèrent ) durent en étie les
quell //^turelles.
ce)* ^'entrerai pas dans le détail de tous les rapports
f ujiÎK <st penrticuliers à chacune des causes possibles t
^5 y suppléerez facilement 9 Messieurs ; je terminer»
^ mémoire , déjà trop long , par un simple taUeat
^l'événement tel que je le conçois. Que le <sol sur
lequel repose une grande ville , s'af&isse tout à coup ^
qu'il s'afi&isse seulement d'un pied , ou de qudqucs
pouces , on comprend que cet affaissement ne saurait
être aussi régulier que celui des trapes d'un théâtre ; la
dégradation souterraine qui l'occasione n'est pas égale
dans toute son étendue , les forces qui lui résistent sont
plus ou moins fortes ; les poids antérieurs qui l'acoélèceot
varient dans leurs proportions; ain^i quelques parties
sont ébranlées et surbaissent avant les autres ; les unes
"^autres succombent : dô 1& Tëbranleinenf
reposent sur le sol devenu mobile ; de
^5 peuvent être englouties sans des-
d nombre s'écroule et tombe. Ce
'^essaireraent Tincendie • le feu
>cbaque maison est }etë çà et
,anique ^ embrase tous les corps
ire s* ouvre plus ou moins , aussitôt
,1 ouverte ; Tagitation que Taîr éprouve «
. t en s*ëlançant des entrailles de la terre , la
^lécipitëe des maisons, mille causes augmentent
uivké du feu ; en peu d*instans , .tout est renversé ,
détruit, ou livré à la fureur des flammes.
Les malheureux habitans de cette ville, plongés dans
Itt bras du sommeil , i9ont réveillés avec effroi par un
iBouvement subit qui cesse au moment qu'ils le ressentent;
le bfuit les trouble , les flammes les éblouissent ou ne
i<nur présentent qu'un spectacle d'horreur : tout leur ôte
l'osâge de la réflexion ; Tépouvante les saisit ; la fuite est
h seule ressource de ceux qui ne sont pas écrasés sous
iei ruines. Cette nuit affreuse se passe , le jour renaît ,
•n vient chercher la ville , elle n'est plus , urbem nullam ^
ravissement est devenu invisible pour qui ne le soup*
.$9ime pas.
Les habitans de la campagne , les peuples voisins peu-"
tent encore moins connaître la cause locale du désasti*e.
^. toutes parts on écrit à Rome ; on ne parle que
d'incendie et ^ destruction : les effets du feu sont i^s
seok apparens. Les Romains croient le fait sans le com-
prendre, parce qu'il est merveilleux} les philosophes
«en étonnent et l'admettent , parce qu'il n'est pas con»-
testéjles historiens le racontent sans pouvoir l'expliquer.
( 2H )
Telfe est , en peu de mois , l'idée que je .me suis for-
mée de cet étrange événement qui ne peut avoir élé
produit par un volcan ou un tremblement de iem
ignoré , encore moins par un incendie naturel. Je ne
vais pas jusqu'à dire qu^il soit arrivé précisément comme
je le décris ; mais je crois qre ces nouvelles conjectures
n*ont rien de contraire à la possibilité 9 et s'accordent
avec tous les phénomènes.
BEAUX - ARTS.
Eapositiou de tableaux de Tëcole lyonnaiae au palais dea aiti cida
commerce.
Dans le courant de mars 1827, un amateur des arls,
"dont un des journaux de notre ville accueillait les obser^-
tîons , s'élevait avec beaucoup de force contre l'espèce de
retour que semblaient faire quelques artistes du moment
vers les sujets tirés de' tHisioire sacrée. Cette direction
nouvelle devait , disait-il , amener une désespérante uni-
formilé dans les ouvrages de peinture, et son imagination»
très- prompte à s'alarmer, lui faisait voir rexpositîon
prochaine uniquement remplie de sujets mystiques ^ascé-
tiques , ou puisés dans les sanglantes annales deBaronius.
Les craintes de cet amateur étaient-elles bien raisonna-
bles? peu de personnes les regardèrent comme telles; car
enfin il ne s'agissait dans toute cette affaire que de trois
ihalheureux tableaux commandés par farchevéché à M. M.
Genod, Biard et Soulary, et, dans un autre journal de
Ifcyon, du mois d'aVril suivant, les terreurs passablement
bîzarresr de notre amateur donnèrent lîeu anx réflexions
que nous allons transcrire.
' ff Plusieurs! années avant la révolution, disait-on à
i) ramateur , les artistes avaient presqû'entièrement aban-
» donné l'histoire sâcrëe pour Thistoire profané. Cette
D marche des arts avait continue sous la monarchie iris-
ai iemenî constiiutiormelle de Tinfortunë Louis XVI , sous
3) l'affreuse tyrannie de la Convention , sous le plat
» goi^vçrnraient du Directoire ; et , sous le régime im-
» përial , la peinture aussi bien que la sculpture n'ont
» cessé d'évoquer l'horrible démon des batailles. Depuis
D le martyr de St. ElUnne^ par M. Abel de Pujol, on
» a essayé de revenir aux sujets si nobles, si touchans,
s si variés que présente à chaque page l'histoire sacrée ;
» tous les amateurs s'arrêtent maintenant devant les
» fresques admirables qui ont été exécutées à Paris à
» la coupole de la magnifique église de S.te Geneviève
». et dans quelques-unes des chapelles de l'église de St.-
» Sulpice ; et les journaux parlaient , ces jours passés ,
» d'un Christ sur la croix , peint par M. Robert tefévre ,
» pour l'église du Mont-Valérien , qui présente , à ce
» qu'il parait , une foule de beautés du premier ordre. Je
» Tois déjà M. l'amateur s'effrayer de la direction que
)> semblent prendre les arts dans la capitale ; mais je crois
» qu'il peut se rassurer. L'histoire sacrée ne sera jamais
» la source unique à laquelle nos artistes iront puiser ;
» les annales de la Grèce et de Rome^ celles de la France
» et des autres nations modernes sont des mines égale-
».ment riches et dont l'exploitation se poursuivra ; nous
» aurons toujours des payisagistes et des peintres de ma-
» rine ; nous ne cesserons pas d'avoir des peintres d'ani-
^ maux et de scènes d'intérieur ; enfin je suis persuadé
» ; ^ue le aalonrqu^ déît s'ouvrâ «cette anhfe 9^ aa Hfeu de
» celte cini/ï'r/niy^' ^^^ijE^froA/^qaepcëdit'IO'amsriéii^
)> n offrira à. tous les. yeux que la dknrsiii la plus heu^
3> .reuse et la plus attrayante* »
L*ëvënement a prouvé la justesse de ces rëflexion^.' Le
dernier salon ^ d'après le compte «qui en a éié rendu par
tous les journaux da la capitale ^ peut être considéré
comme un des plus variés qu'on ait vus depuis près die
quinze ans , et , depuis Louis XIV, H ne s'était pas exé-
cuté, en peinture , des travaux de l'importance de ceia
que tout lé monde a pu admirer au Loiivre , dans les
nçmbreuses salles du conseil d'état. Gloire à Charlei 'X,
dont les soins .s'étendent à tout ce qui peut contribuer
à la prospérité comme à l'hoaneiir de notre patrie ! OlcMîe
wx Horace Vernet , aux Hersent, aux'Déveria et antres
actistes qui. qnt si noblement répondu à 'l'appel du mo^
narque ! . '
Jlic^ tableaux de l'école lyonnaise , si vivement atta-
qués par les journaux de Paris à quelques expositions
précédentes , ont eu le bonheur d'être généralement
goûtés à l'exposition qui vient de; finir ; et , du graind
nombre de pièces que nous avons aujourd'hui aous les
yeux au palais de St. Pierre , il en est beaucoup qni
ont figuré de la manière la plus brillante au dernier
salon. Les journaux de Lyon qu'on a vus rendre compte
de Texposition qui attire en ce moment les regards de
nos compatriotes , ont eu. grandement raison de mettre
M* Bonnefond en première ligne : k nouvelle manière
que ce laborieux artiste s'est formée en parcourant les
campagnes de Rome et de Naples , était bien faite pour
li^i valoir les suffrages des connaisseurs ; et îfW ne lui
a pas été permis; de nous envoyer son charmant taideas
i^ pèlerins d'Hune \ acqais par Sl/Â. R. M.gr le 'duc
d'Orléans, nous jouissons, en revanche,' dfese^t pièces fort
agréables, dont kr plas importante est iMins Contredit
celle qui figure à lexposition soWs le n.^ Sg , et qui
•représenté une çiUe prise dassaui "par ies Grecs sur
les itusuln^otts. Cet ;0uvrage , simplement composé , et
d'one grande vigueur de pincean , annonce dans sdn
aateur un . excellent peintre d-histoire. Quelques per-
sonnes pnt trouvé que Tofficier grec blessé , qu'on trans-
jforte dans une «barque , v ressemblait un peu à cei'taîn
jeune Turc mourant , ^bcé par M. -Girddét dans son
immense tableau de \^ révolte du Caire. Il est ^possible
que cette observation soit ajuste' ; mais nous pensons
qu'une réminiscence aussi légère ne* fait absolument rien
à r^nsemble de la composition , et le ton général de la
pièce de M« Bonnefond s'éloigne entièrement de celui
qu'on remarque dans les ouvrages du célèbre auteur
. ^Endyjt^on. Ce i^ieux berger de la campagne de Rome ,
. f lacé à l'exposition sous le n.P 38 , et 'qu*ôn voit dé-
ptorant la perte de sa^dièvre , est aussi de M. Bonnefond ,'
da même que ce jeune berger , sous le n.^ 4<> ) q^i ddrt
. paisiblement à lombre d'un platane , et cette femme
de tile d'isçhia , sous le n.^ 4^ , qui jone du tambour
de basque , et cet intérieur dune maison de Home ^ où
Ion. voit, une iemme filant ^u rouet , et ce pécheur
napoUiain qpi joue de la mandoline au bord dé la mer ,
enfin cet iaiérienr de couvent de capucins où parait un
de ces vénérables Pères remplissant une cruche* au jet d'une
ipntai^e* Toutes ces pièces ont fait partie du dernier salon, •
à Paris, et plusieurs d'entr'elles ont obtenu de justes élo-
ges; mais, malgré labaute opinion qu*ont tous les ama-
teurs de la nouvelle manière de M; Bonnefond y nous
( îi8 )
pensons que le maréchal Jerrant et une foulé d'autres
anciens ouvrages de ce peintre , sont de très-bons mor-
ceâiux que rien ne pourra faire oublier.
Dans la Gazette unii^rsellè du 12 de ce mois , un
écrivain , qui sait revêtir ses pensées de tout le charme
d*un style pur et animé , mais qui nous permettra de
ne pas partager toujours ses opinions en fait d'arts et
de littérature , s'est exprimé ainsi sur le compte de
M. Bonnefond : <i On reprochait à ce jeune artiste ,
» dit - il , d'exagérer ce qu'on appelle la manière de
» l'école lyonnaise. Esclave des menus détails , il s'at-
» tachait à rendre avec un soin scrupuleux les objets
)> matériels placés sous ses yeux , et il appliquait la
» même fidélité aux objets animés. Il n'était pas asses
» convaincu qu'il ne suait pas de donner la vie aux
^ figures jetées sur la toile , qu'il faut encore les
» douer de sentiment , et surtout il avait l'air de croire
» que la base de la peinture est d'imiter la nature , n'im-
» porte sous quel aspect. De là un Maréchal /errant
% dont l'idée principale est le feu d'une forge ; de là
» encore une Maison à louer , où l'objet le plus appa-«
t» rent est le réchaud d'une blanchisseuse. » Nous ne
pensons pas comme l'auteur de ce passage y et il nous
sera facile de justifier notre sentiment.
Jusqu'en 18*24, on n'avait adressé que fort peu de
reproches à 'M. Bonnefond^ ainsi qu'à tous les autres
artistes de l'école lyonnaise. Quelques journalistes, à
cette époque , soit par mauvaise humeur, soit qu'ils cédas-
sent à un misérable esprit de coterie , entreprirent de les
décrief , et tout le monde garde encore le souvenir des
injustes articles du Courrier français et du Journal des
débais. Ce dernier ne reprochait cependant point à'
M. Bonnefond de nâ pas donner du, sentiment à ses . fi-
gures ; il prétendait seulement que les personnages places
par ce peintre dans son tableau du propriétaire avaient
tous Vaîr soucieux , qu'ils étaient tous d'une laideur
amère ; et , comparant cet ouvrage à certain tableau de
M. Lëopold Robert , représentant un matelot napolitain
improvisant sur le bord de la mer ^ il en trouvait les
figures beaucoup plus belles , plus pleines de çî^ueur et
àtgaité.
Il s*en faut de beaucoup que ces observations fussent
raisonnables ; car enfin le tableau de M. Bonnefond
ayant été fait en France , et celui de M. Léopold Robert
ayant été exécuté en Italie , il était tout naturel qu*avec
tes modèles que les deux peintres avaient sous les yeux ^
les physionomies de leurs personnages présentassent un
caractère bien.dijBTérent. Personne n'ignore que le type
du beau se retrouve plus particulièrement chez les Italiens
que chez les Français ; et ce qui le prouve , c'est que
M. Bonnefond , aussitôt arrivé en Italie , a rencontré ^
dans la campstgne de Rome et danç le royaume de Naples ^
les mêmes figures que le Journal des débais admirait dans
le tableau de M. Léopold Robert ^ et qu'il s'est attaché
à imiter cette nature comme il avait imité précédemment
celle qui s'offrait à lui dans notre pays. A. Tégard de
1 opinion exprimée dans la Gazette uniçerselle , au sujjet
du Maréchal ferrant àe M. Bonnefopd, tableau qui,, pour
le dire en passant , fut extrêmement goûté ,£^u salon
de 1822 , nous ne croyons pas quç \t feu de la for g^
tn^iiV objet principal^ et il nei nous parais pas non
plus que dans le tableau de la chambre à louer y le ré-^
chaud de la blanchisseuse soit \ objet le plus apparent.
Prendre ainsi les parties accessoires pour l'action prîn-^
( 220 ) ^ , , -•
çipaleV nous semble une erreur que tout le moodcî
sentira , et que nous i^e relèverons pas pkis longuement:
Pour en finîr cependant avec Testimable auteur de rartîcl©
en question, pous lui rappellerons que le grand reproche^
adressé par les journaux de Paris, à MM. BonneTondy
Genpd et quelques autres jeunes ëlèves de l'école de
Lyon , était principalement de n'offrir , dans leurs ta-
bleaux , que des scènes sentimentales. Quant à leur
manière de peindre , on la trouvait molle ,. tâtonnée y
léchée , sans largeur , ce qui faisait dire au Caarrkr
français , que tous leurs puvrages étaient lissés eipor^
celinés ; mais aucun journaliste n'a prétendu empédier
nos artistes de représenter des maréchaux Jerranis^ des
petits sai>oyards , des paysans et des paysannes de la
Bresse: les pécheurs napolitains^ aussi bien que les
cheçriers ^ les bergers et les bergères de la campagu
de Rome ^ ont-ils donc^ dans l'ordre de la .peinture^
iin privilège plus grand que les . autres ? nous ne fe
croyons pas.
iu^ jeune chasseur de Mad. Petit- Jean et la tireuse de
cartes de M. Biard , figurent ici , l'un sous le n.' 37 9
l'autre , sous le n.^ 48 • Dans un de nos précédens. nn-*
méros , nous avons consacré à ces ch^rmans ouvrages
un article assez étendu , pour que nous puissions nous
dispenser d'en parler encore ; nous nous bornerons i
dire qu'ils sont , de même que le tableau de M. Jacquand
représentant le célèbre chancelier Thomas Morus dans
sa prison , et dont nous avons pareillement déjà rendu
compte , les pièces qui paraissent intéresser le plus après
celles que M. Bonnefond a envoyées.
La Jeanne dArc de M. Jacquand , qu*#n voit conduite
en prison par des soldats anglais , est également un fort
(221 >
9grèMà isAAe^ , dans lequel oh se plait à reconnaître
li manière dëlîcate de M. Richard son maiire. A T^gard
du tableau de M. Reverchon , portant le n.^ 65 , et re-
ftésentast Louis XVI et son palet de chambre Ctéry
dans la prison du Temple , nous regrettons de ne pas
y retrouver le talent de l'artiste estimable qui sut animer
si bien , il y a quatre ans , la naïve scène du ménage
rustique : dans le nouvel ouvrage de M. Reverchon , on
^t Louis XVI partager la 'moitié d'un petit pain avec
le fidèle Cléry, qui s'incline profondëment ; il est fà-
dieux que notre artiste n'ait pas su mieux tirer parti
de cet intéressant sujet , et que les figures , comme la
couleur du tableau, ne présentent presque rien de
satisfaisant. Ce Samaritain de M. Chavanne , exjposé
sous le n.^ 68 , est encore un bien plus mauvais ouvrage.
Comment se fait-il qu'il ait pu trouver place , de même
ffiit}^ fille du matelot , par M. Dépierre, et les quatre
f^nAi paysages de M. Arnaud ? il faut convenir que le
voisinage de semblables productions est une véritable
bonne fortune. Combien les paysages de M. Arnaud ne
servent-ils pas MM. Epinat , Fonville et Stockleit , dont
les ouvrages , très]- brillans à beaucoup d'égards , sont
œpendant fort loin de la ^perfection !
Nous ne craignons pas de lé répéter , les trois artistes
dont nous venons de parler , de même que MJ Monnier ,
auteur d'un assez joli paysage traité dans le genre hîsto-
rique^ oà Ton voit deux bergères et quelques moutons
passant un large ruisseau', se recommandent par de
très-bonnes qualités ; mais que leur palette difière de
celle de ' M. Bourgeois ! Le musée de notre ville tient
tout récemment de la munificence du ministre de l'in-
térieur , un fort a^éable tableau de ce peintre , repré-'
( 222 )
sentant une vue de la ville de Rome : combien ce champ ^
ces pkintes , ces arbres , ces b'gnes d'édifices , ce ciel y
ces eaux du Tibre ont de vérité ! quelle aisance , quelle
liberté , quelle assurance présente le pinceau des artistes
de Paris ! Après le paysage de M. Bourgeois , on éprouve
quelqu'embarras à parler de certaines productions de
M. Thiériat , telles que sa vue de la rivière noire à
Tenay , sous le n.^ 52 , où figurent des contrebandiers
armés jusqu'aux dents et le dos courbé sous le poids
de ballots de marchandises interdites ; son ermitage de
Bellevue , sous le n.® 54 ; son intérieur du réfectoire
des Feuillans , sons le n.^ 5o , où les blocs de rochers,
les massifs de pierre n*ont que peu de rapport avec la na*
ture ; mais en revanche on s*arréte avec plaisir devant
cette cour de ferme , sous le n.^ 5i , au milieu de la-
quelle arrive une espèce de noce militaire , précédée par
un violon , et se dirigeant vers un vieil invalide à jambe
dé bois , placé sur le seuil de sa porte. On s*arrete
encore avec la même satisfaction devant un dessin au .
lavis , de notre artiste » sous le n.^ 53 , représentant le
maréchal de Joyeuse chez les capucins , et surtout de-
vant un intérieur de couvent , sous le n.** 49 » où Ton
voit deux pères capucins, dont Tun porte une croix
d*argent, et un jeune enfant de chœur, en soutane
rouge et en surplis, et tenant à la main un encensoir.
A l'extrémité de l'arcade où ces trois figures sont pla-
cées , parait une espèce de parterre , au milieu duquel
s'élève une statue de la Sainte Vierge ; un peu plus
loin sont des masses d'arbres , enfin des rochers taillés
à pic occupent le fond de ce tableau , ouvrage char-
mant , et bien fait pour réconcilier tous le} critiques avec
M. Thiériat.
t -
( "3 )
Les tableaux àe fleurs et àtfruiiSy et ceux qu'on ap-
^He de nature morte , ne sont ni les moins nombreux ,
ni les moins parfaits de cette exposition , et nous ne
voyons que des ëloges à donner aux productions char-r
mantes de feu M. Bony , de feu M. Barrabant , de
MM. Decombe , Delorme , Dole , Douillet et Bonneton,
A regard des portraits , tant en grand qu*en miniature y
et qui sont pareillement assez nombreux , il faut dis-
tinguer ceux de M. Eugène Lepage , de M. Monnier^ que
nous avons cité plus haut pour un agréable paysage exposé
sous le n.*^ iqo, un très-bon portrait par Mad. Petitjean^
sous le n.^ 36 , enfin le portrait d'un jeune notaire de
Villefranche , par M. Cornu , sous le n.® 98. Parmi les
dessins au lattis , on remarque de M. Philastre , sous les
n.^' 94 et 95 , une pue du chemin qui conduit de la
Roche Cardon au \illage de St. Didier au Mont d'or ^
et une pue du chemin de St. Clair et du cours du Rhône,
prise des Broteaux , en face de Tile qu on a baptisée 9
BOUS ne savons plus trop pourquoi , du nom de Jean
Jacques Rousseau.
Les pièces de sculpture ne sont pas en très-grand
nombre à cette exposition : la plus jolie , selon nous ,
est une nymphe de la Seine , par M. Vietty , artiste qui
a véritablement tenu tout ce qu'il promettait autrefois.
Cette nymphe de la Seine est assise sur une ample dra-
perie qui lui couvre toutes les parties inférieures ; elle
a le bras droit appuyé sur une urne , et elle tient un
soeptre d'or dans la main gauche ; autour de sa tête est
une espèce de couronne formée de deux tiges dé lys
dont les fleurs se réunissent sur le front. L'auteur
d'une brochure intitulée : Notice critique des tableaux
de Pécole lyonnaise , a dit que cette statue était en-
( m4 )
lièrement dans le goût du siècle de Louis XV. Un
semblable jugement est bien digne de celui qui s*est
extasié devant la jolie expression de la tête de la jeuwt
fille que M. Dépierre a représentée priant au bord de
la mer. Nous sera-t-il permis de lui faire observer que
M. Vielty n'est pas du nombre de œs artistes sans
jugement , comme sans génie , qui se croient formés au
goût de \ antique^ parce que leurs productions sont copiées
serçilement des chefs-d'œuvre de l'antiquité ? M..Vielty
a fait son étude de l'antique tout aussi bien, que beau-
coup d'autres ; mais en homme de sens , il a pensé que
cette étude ne devait pas être une froide imitation ,
que son but était seulement de conduire le peintre et le
sculpteur à l'épuration des formes du corps humain V
sans cependant 6ter à ces formes le caractère essentiel
que la nature leur a imprimé. C'est ainsi qu'ont rai--
sonné les plus grands artistes de l'Italie et de la France »
et ce n'est que dans ces derniers temps que l'étude de
l'antique , aussi mal dirigée que mal comprise , na
servi qu'à nous inonder de productions sans originalité ,
sans verve et sans naturel. Quoi qu'en dise Tauteur de
la Notice critique , toutes les parties de cette. charmante
statue sont d'un goût trèis-pur, et font désirer de voir un
jour M. Vietty chargé d'autres ouvrages plus consi-
dérables. Nous connaissons de lui deux projets de bas*
reliefs pour les attiques des façades de la place Louis-
le-Grand : ces projets approuvés et payés depuis long-
temps par notre conseil municipal , quand donc pensera-
t-on à les exécuter (i) ?
(i) Le «premier de ces bas-reliefe représente Louis XIV
assis sur son trône y et faisant remettre par Colbertii h
C 22S }
* Nous voyons de M. Foyatier , jeune artiste :.â*une
ielle espérance , une statue en plâtre , représentant y
dît la Notice , un feune berger grec aiiristé par les ra--^
pages que les troupes ont exercés dans le champ de seSi
pires. Ce petit ouvrage a de la grâce et même une cer-^
taine pureté; mais toutes ces infortune^ grecques ont,
àé répétées si souvent , et de tant de manières , qu'on,
commence à présent à y devenir insensibles. Pour ce qui
est du buste de Louise Lobé , par le même auteur , nous
ne voyons pas de reproches à lui adresser sous. le rapport
du travail ; mais tout le monde demande si c*est bien là
k portrait de la belle Cordière. On nous a dit que cette,
figure était toute di imagination : pourquoi donc nous,
la donner pour Timage fidèle et ressemblante d*une
femme qui , par ses grâces et par son esprit , s*est
rendue si célèbre à Lyon et dans toute la France ?
Quelle nécessité y avait-il de commander à M. Foyatier
un buste de Louise Labé , s'il n'existait aucune médaille 9
aucune gravure où ses traits fusant imprimés ? Nous
i^grettons de ne trouver de M. Legendre-Héral , à cette
exposition, que les bustes de feu M. Grognard ^i àe feu
At. le comte de Saihonay\ ouvrages connus depuis assez
1
TÎUie. de Lyon., les fameuses ordonnances rendues en faveur
de son . commerce.
Le second bas-relief représente le passage du Rhin ,
exécuté par l'armée française à la vue du fort deTholhais,
en l'année 1672. '
Chacune de ces pièces se compose de près de vingt
figures , toutes disposées avec beaucoup d'art , et d'un
style qui rappelle les meilleurs temps de la sculpture en
Fcsmce. . ' .
Tome VIIL i5
C 226 )
Iong-^6mt)s. ^En butte ^ il y» a quelques jours , à d'b'
fuites attaques» nous avons vu oet intéressant artiste
obligé d*entrer , à la face du public y dans Texplication
de faits que l'on avait présentés de U manière la plus
outrageante pour lui : puisse-t-il triompher des criti-
ques dirigées' contre son talent, avec la même facilité
qu'il a détruit les odieuses imputations faites à son ho-
norable caractère !
* Il est encore une autre personne non moins recom-
mandable , qui a été dernièrement l'objet de critiques
-passionnées ; nous voulons parler, de Tarchitecte Poljet ,
^ue à^steUres anonymes ^ insérées dans un de 00s
journaux , ont traité d'homme scms talent , comme
dé la pliis crasse ignorance. De semblables sorties n'ont
jamais- rien eu de commun .avec la critique , et
M. Pollet répond aujourd'hui i ses adversaires par un
projet pour CacJièf^ement de la façade de t église de St.
Nizier de Lyon* Certes , nous n'avons jamais remarqué
dans M. PôUet , ni un Palladio , ni un Bramante i mais
si , pour avoir droit à l'estime publique , il fallait abso-
lument ressembler à l'un de ces hommes fameux , que
d'architectes de notre connaissance traîneraient leur
existence dans le mépris ! M. Pollet , à le juger par les
ouvrages qu'on a vus de lui, nous parait cultiver son
art avec succès ; sa restauration de l'église de Brou ,
à Bourg en Bresse , ses églises de Tarare et de Ferney,
le corps dé bâtiment qu'il a construit à l'hôpital 4e 1^
Charité de Lyon , sont des titres qui parlent en sa faveur.
Nou^ ignorons 'ce qu'ajoutera à«ces titres »la construction
du ^raild' théâtre : quant à son^ projet d'achèvement de la
' façade de l'église de Si Nizier 9 nous pouvons dire qu'il
e$t très-sagement combiné ; le portail du célèbre Philibert
' ( »27 )
Delhorme s^y trcHive conservé en entier. > et noii$ peivsoys
qu'il serait très-heureux pour la ville de Lyon que tout
ce que le plan de M. Pollet renferme , fût un jour exécute
Parmi les autres curiosités que présente 1. expositicm ,
il ne faut pas oublier , de M. Billand , un petit métier
à chatne , fabricant différentes étoffes unies . et à jour ,
ave<:; perfectionnement qui n'existe pas dans les métiers
de ce genre ; et de M. Gontier , un petit mMicr à, deux
faces , faisant d'un c6té le portrait de Louis XVIII ,
chiné , et de l'autre; un tulle*blonde. Ces deux .pièces
figureraient très-bien à Paris ^ dans le conservatoire des
arts et métiers. Les ëtonnans tisius soit de M. Maiziak y
représentant le tesiammi de Loms XVI et les adieux
d'un militaire français à sa famille , d'après le t^eau
de M. Genod , se retrouvent avec plaisir à cette expo-**
silion* Tout le monde s'arrête également devant. Ie&
tableaux et pièces à'écrUure de M. Esclozas , maître
écrivain , attaché au secrétariat de la mairie de Lyon ;
-nous dirons cependant que son testameni de Louis XVt
et sa lettre de Marie-Antoinette n'ont pas autant de
netteté que ses trois autres tableaux.
Telle est l'exposition qui , dans ce moment , attire
l'attention des habitans de notre ville. Ce serait étran-
gement raisonner que de prétendre juger , par elle , de
l'état des arts en France. L'amateur , dont nous ayons
parlé en commençant, n'a pas eu la douleur d'y trouver
• aucun ' de ces sujets mystiques , ascétiques ^ ou . puisés
dans le martyrologe^ pour lesquels il éprouve une si
forte répugnance ; toiit ce qu'il y a vu a sans doute été
de nature' à pleinement le satisfaire : comment donc se
fait-il que , dans le journal où j Tannée dernière , il se
plaissât à consigner ses observations , et qui probable-
«nent partage ses. doctrines , aussi bien sur les arts que
sur la politique y tout le monde ait été surpris de lire ,
il y a quelques jours , que , depuis • que nous avons l'a-
vantage de vivre sous un gota^rfumeni représen/attf^
au sein de Vidsance et de la liberté , nos artistes sont
devenus courtisans , soumis à tous les goûts y comme i
tous les caprices y et que , sous le despotisme féodal et
sacerdotal , le gënie ^ plus indépendant , s*est livré sans
réserve à toute la fougue de ses inspirations î Puisqu'au
dire même de nos journalistes libéraux ^ le gouvernement
représentatif , où tout est léged^ où tout est positifs est
un goui^emement de mort pour les, arts, hâtons-nous
donc de nous replacer sous le despotisme féodal et sa-
oerdotal , où Ton peut espérer de .revoir des Michel-
Ange ^ des Jules Romain , des Saiçator Rosà , et taut
d*autres grands artistes qui ne furent pas courtisans.
Z.
MELANGES.
l'incendie.
• J!avais entendu sonner minuit pour la première fols
à. Lyon ; fatiguée d*un voyage rapide , et plus encore
d*avoir parcouru cette cité bruyante , d*un aspect si nou-
veau pour moi , je me sentais entraînée au sommeil , et
comme bercée au milieu des tableaux qui m^avaient
frappée dans le jqpr. Je voyais le Rhône se répandre et
fuir sous les ponts jetés hardiment sur lui ; je voyais les
maisons d*une hauteur prodigieuse qui s'élèvent sur ses
( 22() 5
krds et le dohiinent avec tant de iria)esl^ ; j^ voyaii^ le^
nombreuses fabriques semëes à l'autre rive, qui font pré***
voir utie ville nouvelle , prête à saluer œlle qui lui donné
naissance; immc^ile, j'errais, les yeux demî-ferniës ,
sur les bords vivans de la Sà6ne , cette Saône lente ,
dont lei eaux sont jaunies par un sable qui recèle l'or ,
et qui re^itue , chaque siècle , quelques vestiges de l'an^
tiquitë cachets dans son vaste sein. Mon imagination , ra-
lentie par l'influeiice de ce fleuve paisible, planait , comme
l'oiseau des nuiU , sur les collines vastes qui le surmon-*
lent et l'abritent dans toute sa longueur. Dëjà je ne
voyais plus qu'à peine la cliapetle aiguë de Fourçière ^
les maisons gothiques et noires entassées aii pied deè
rochers , qui y semblent incrustées , et dont les murailles
^sses , sales et hardies gênent la respiration du pas-»
sant qui les regarde à la lueur des lumières qui se
réfléchissent et tremblent dans les flots. Je n'apercevais
plus qu'à travers un nuage \ Homme de la Roche , et le
vêtement bizarre dont il est affublé , tenant , depuis les
anciens jours , sa grande lance dans sa main de bois , et
son casque de fer sur sa tête chevelue , ce qui n'empêche
pas les jeunes filles de lui jeter un regard doux et re-
connaissant ; car ce bon chevalier , en terminant sa
carrière aventureuse , a fondé pour toutes les beauté»
sages et pauvres une dot annuelle, qui leur permet
d avoir un cœur et de le donner en foi de mariage (i).
(i) Suivant une tradition reçue à Ljon parmi le peuple ,
le personnage que représente VHomme de la Roche ^ mariait
et dotait de son vivant les filles de Bourgneuf ; mais il n'a
point laissé de fondation pour iaire continuer cette bonne
enivre après sa mort* ' Note de$ Rédacteurs ).
( '230 ) ^
Bientôt toufc* se Confondît dans ma mémoire , cl j'elaîs
enfin profondément endormie , lorsque je Tus comme
arrachée au repos par un cri. Je Tentends encore. C'était
pourtant la voix d'un seul homme ; maïs quelle voîx /'
quelle terreur prompte elle jeta dans mes esprits troublés?'
Je m assis vivement sur mon lit , et d'un cœulr battant ,
d'une oreille attentive , j'écoule ce cri qui durait tou-
jours , quoiqu'il s'éloignât de la place où il avait retenti.
Une autre voix aussi terrible lui succède ; je m'élance y
j'ouvre ma fenêtre, et cette fois j'entends distinctement"
et long-temps : Au Jeu ! au feu /.... C'était la yoîx de
l'incendie ; je crus brûler. Mes yeux mesurèrent avec'
épouvante la hauteur du quatrième étage où j'étais en-
fermée , et mon pouls s'arrêta.
Toutes les croisées s'ouvrirent en même temps. J'aper-
çus des hommes et des femmes comme des ombres cu-
rieuses sç pencher et s'écrier à la fois : De quel côté ?....
dans quelle maisont.... Et l'homme courant avec un
large fanal eh main , répondit comme avec un potté-'
voix : Le feu est à Bellecour , au nP 40. El reprenant
haleine , il s'enfuit pour jeter avec plus de force devant
lui ce mot fatal qui paraissait éclairer l'obscurité des
rues. Au même moment toutes les cloches s'ébranlent et
lui répondent ; elles frappent Tair de sons précipités et-
funèbres , elles portent partout cette effrayante nou-
velle 9 elles demandent du secours , et semblent aussi
crier au nom du peuple : Au feu ! Les portes de l'hôtel
de ville s'ouvrent avec fracas. Les torches allumées
voltigent avec des pompes qui paraissent avoir des ailes
comme les hommes qui les font rouler. Toute la popu^
lation est debout et se précipite où la flamnie montre
sa ro4igeur menaçante. J'étais clouée à ce spectacle par
( ^3x )
h terreur et par. Tadmlratioa d'un mouvement si rapide
et si peu confus; et quoique ma langue fût^desséchée ,
je me surpris criant vers la place Bellecour avec une
sorte de délire : Voilà ^yoilà du secours I En cet îns-
tant j'eQtendis frapper vivement à ma porte : c'ëtart une
jeuQje femme , qui ,me disait d*un accent effrayé : Madame !
ah madame ! où disent-ils qu'est le Jeu 7 3Ion dieu ! ma-
dame ! ouçrez-moi ! Le. tremblement de celte voix douce
me donna la hardiesse d'ouvrir • et je vis entrer une
jeune femme , pâle et charmante ; car toutes les fenêtres
ouvertes donnaient un air d'illumination à cette scène
d*effroi et éclairaient toutes, les figures. — Voyez-çoùs ,
répéta la jeune femme , savez-vous de quel côté i* — ^
Bellecour , répondis-je vivement. — Oh l merci ^ reprit-
elle j ma mère en est bien loin , et mon mari sera du
moins tranquille à cause de moi^ car il y est déjà.' — La
frayeur avait décoloré ses lèvres. Je jetai mon schall
sur se$ épaules nues, et je l'entraînai à la fenêtre,
d'où j'observai le même mouvement , cet ordre empressé ,
ce calme actif qui rassure , qui contente les battemens
impatiens du cœur. On sentait Dieu dirigeant des hommes.
Les pompes se succédaient avec une si incroyable vé-
locité , qu'en une demi-heure ces flammes épaisses , ces
tourbillon^ qui. s'élançaient dans les ténèbres, y ren-
trèrent étouffés par l'eau qui les surmontait. Il semblait
que le& deux fleuves réunis se soulevassent pour inonder
ce fléau brûlant. Des nuages noirs attestèrent que la
fumée se roulait^ seule au-dessus de la maison sauvée.
L'incendie expire ; et les hommes , haletans , couverts
de sueur ) ramenèrent en triomphe les pompes libéra-
trices dans l'eticeinte où la prudence des magistrats les
renferme , et où elles deviennent chaque mois des objels
( a32 )
de la surveillance la plus minutieuse ^ la plus n^essalre
à la sëcuritë de tant de familles pressées les unes sur
les autres (i).
Enfin , les portes de l'hôtel de ville sont closes. Les
hommes armés se retirent en silence. Le peuple se dis-
perse et va réparer . ses forces pour les travaux du
lendemain. Bientôt toute la cité tranquille est replongée
dans un profond sommeil.
Est-ce un miracle ? dis-je à la jeune femme. — Non,
répondit-elle , en souriant , ils s'aident entr'eux comme
un essaim d^abeilles courageuses. Tous ces hommes sont
unis par le même lien. Le danger d^un seul frappe m
cœur de tous ; le moindre cri d'alarme les éveille ci les
rallie à la fois pour soutier leur frère qui , dmm
aussi ^ volera à leur secours.
M.™^ Dbsbordes-Valmore.
(i) C'est un spectacle curieux et charmant que celai de
l'essai des pompes à feu. Cette épreuve se renouvelle de
mois en mois sur la place de l'hôtel de ville. Le jeu des
eaux qui se promènent dans les airs , dont les longues
gerbes atteignent le toit des plus hauts bâtimens , et qui
arrosent toutes les rues voisines 9 font pousser des cris de
joie aa peuple qui vient en foule chercher à cette reToe
du plaisir et de la sécurité.
( Note de Vautçur )• •
< 233 )
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS DE JUILLET 1829.
^% Ordonnance da roi da 19 juin, qui approuve le
projet d*ouTertare d*une rue de 8 mètres ( 24 pîeds ) de
largeur, tendant de la place St-Yincent à la rue des Bou-
chers, en passant à travers le jardin des Angustins. La
TÎUe est en même temps autorisée à aliéner la partie de ce
jardin qui ne se trouTcra pas comprise dans la cession,
qa'elle doit faire à l'institution de la Mariinière^ laquelle
sera établie dans les bâtimens occupés actuellement par la
gendarmerie*
*^ 7. — • Dans la séance de ce jour, ^ Ja chambre des
députés , M. Dupin , discutant le budget des affiiires ec-
clésiastiques j a dit entr'autres choses :
99 Comment est gouremé le siège de Ljon ? Fest-il con-
formément aux lois de l'Eglise et de l'Etat P et , pour me
tenir plus près du budget , qui touche le traitement de
farcheyéché ? ou si personne n'a droit de le toucher ,
qu'en a-t-on fait depuis l'époque oii il aurait dû tomber
^ régale (i) et cesser d*étre alloué ?
» Le titulaire de l'archeréché de Ljon ne réside plus en
France \ il est à Rome depuis plusieurs années. Est-il en
(1) On nommait autrefois régale le droit qni appartient au Roi
de percevoir les fruits et rcyenus des ëyéchés pendant la Tacance.
Ce principe est commun â toutes les places dont le traitement a cessé
d'être dû à l'instant même où le titulaire cesse de les remplir.
(z34)
core h la téie de don diocèse , et dispensé seulement de
la résidence ? Je demande alors pourquoi j en son absence «
Tadministration a cessé d'appartenir à ses grands-Ticaires ?
a-t-^il donné sa démission ; son ' siège est-il vacant ? dans
ce cas , pourquoi la yacance est-elle administrée par un
évêque in pariibus ^ M.' l'archevêque- d'Âmasie^? lios lois an-
ciennes et nouvelles veulent qu'eu pareille occurrence l-ad»
ministration du diocèse appaHîenne , non plus aux grands-
vicaires qn*avait nommés Tancien titulaire ^ car les pouvoirs
qu'ils tenaient de lui ont cessé avec les siens \ mais cette
administration est transportée de* droit au chapitre , c*est-
à-Klire aui. grands-vicaires que le chapitre élit pour gou-
▼emer en son nom. Tel est l'usage ancien et invariabie
observé de tout temps dans l'Eglise de France , et poor
que vous n'en doutiez pas , voici mes autorités. ( M. Dnpia
cite ta loi de germinal an lo, titre II, art. 56 ; le décret
du 28 février i-Sio , art. 5 , qui rapporte cet article et
renvoie à l'ancien droit attesté par Flenrj , Institut, oxl
droit ecciésiast* ^ I/^ partie , tit. XVI ). '
99 Au lieu de cela, quVst M. Tarchevéque d'Amasle? Certes^
il n*est pas délégué du chapitre' ; qu'est^U donc ? Il est^
Messieurs , il faut le dire , il est vicaire apostolique en
France , d'ést-ii<»dlre délégué du saint-âiége ; c^est à ce
titre quHl. fait toutes les fonetionà , non pas seulement de
grahd-vrcaire ( comme évéque il eût dédaigné cette qaali^
fication ) ^ mais il confère les ordres , il institue les prêtres^
il reçott leur serment en ces termes : a Vous promettes à
99 nous et nos successeurs évéques en ce siège , elc^.«»
Chose in6uie en Erance ; car lé Pape , à l'égard des évêcbés,
n'n qu'un droit, c'est celui d'instituer canofliiquement lék
évéques et archevêques que le Roi a préalablement nommés.
79 Mais il est contraire aux libertés de l'Eglise gallicaiib
i]u'uh évêché , vacant Ou non vacant , puisse être'admi^
bistré ainsi par un délégué du pape : autrement il n'y aura
*fas d'évéque français qu'on ne pût ainsi mettre de c6té,
ta lai snbetituant » de soq TÎvant ^ et au pr^adice des droits
do chapitre , un administrateur rëputé vicaire du. PapCp ^
7) J*ai cherché dans VAlmanach du Clergé comment cela
serait rendu ; )'ai trouvé que pendant deux am le nom était
resté en blanc : ainsi le cardinal Fesçh n'était plus membre
dvL deFgé de France , ainsi le siège était vacant Qu'on ne
croie pas que l'Almanach ne fait pas autorité , c'est au
comtraire une chose tres-authentique et trës-^oilicielle., car.
lepriTilége^ lorsqu'il ne peut se loger qu'à l'étroit 9 selpg^i
toDJours ; et en tête de ce yolume j'ai vu un privilège'
accordé à. l'éditeur pour faire ses recherches au mi-.
nUtère des . affaires ecclésiastiques. Ainsi-, pendant deux.
ans, le siège n'a pas été rempli; mais, l'année dernière^
Mgr. l'archevêque d'Amasie j figure comme administrateur
dn diocèse»
' V Où cela ne nous mènerait-il pas ? surtout «i l'on consi-^
dère<qn*on a débuté dans cette carrière d'usurpation par.
Karchevéché de Lyon , dont le titulaire prenait le titre im-*
posant de primat des Gaules , ce qui étendait aon autorité
jasque sur Paris à l'époque assez moderne oit Paris , sim-
pie évéché, était suffragant de l'archevêché de Sens qui
ressortissait à Ljon« . .
» Le ministre qui a toléré de telles innovations f a. violé
a la fois les liHs de l'Etat et celles de notre Eglise. Il a
iatroduit parmi nous un foyer d'ultramontanisme dont 1^
chaleur brûlaute s'exhale jusqu'à nous* Il . est temps d'7^
porter atteinte et repression , car nous voulons l'ordre
kgal tu tout et partout. .
» Autrefois une pareille entreprise n'eût pu réussir. A la
première tentative , le parlement, l'Université, la Sorbonne^
répiscopot lui-même eussent invoqué Tobservation des lois.
Alors effectivement il j avait plus de surveillance , et je
dois. le dire aussi f plus de doctrine ; mais de nos jours les
abus se sont introduits ou réveillés d'eux-mêmes. Un mal
ancien a reparu ; ce n'est qu'en interrogeant et en étudiant
le passé, qu'on peut retrouver les spécifiques alors usités... n
( 236 :>
M. le Garde-desrAceaax a fait à M. Oupin la réponse
siliTante :
99 Je ne saÎTrai pas l'orateur qot descend de la tribune j-,
dans les longs déTeioppemens auxquels il 6'est liyré sur le
budget du ministre des affaires ecclésiastiques ^ mais ajant
une connaissance particulière de l'affaire très-^importante
qu'il a traitée en dernier lieu , je crois de mon devoir de-
donner à ce sujet quelques ëclaircissemens à la chambre.
Ces ëclaircissemens pourront lui démontrer que la situa-
tion des choses, relativement au diocèse de Lyon, n'est pas
aussi contraire aux règles et aux lois qu'on a cherché à
lëublir.
99 Le siège de Ljon était occupé , à l'époque de la restaa-
ration, par un archevêque qui, en idi6 , a été compris
dans une disposition de loi rendue par les deux chambres ,
et sanctionnée par le Roi , relative aux membres de la fa-
mille du chef de l'ancien gouvernement. Par les disposi-
tions de cette loi , ils étaient bannis du royaume et privés
en France de l'exercice des dix>its civils.
99 Dans cette situation , le titulaire du siège de Ljon se
trouvant banni du royaume , le Gouvernement du Roi n'a
pas cru qu'il pût ^ étant privé de' l'exercice des droits
civils en France , continuer à remplir des fonctions apsst
importantes , soit dans l'ordre spirituel , soit dans l'ordre
civil et politique» que eelles d'archevêque. En effet, selon
l'eipression énergique d'un de nos pnblicistes les plus
distingués , les évéques pouvaient être considérés comme.
les seigneurs spirituels des sujets du Roi. Le Gouverne-
ment du Roi n'a pas pensé qu'une telle seigneurie pût être
exercée par un homme que la loi avait privé en France,
de l'exercice des droits civils. Le Gouvernement s'est va
alors dans la nécessité de demander Je remplacement de
l'archevêque de Lyon , conformément aux règles des con-
cordats conclus entre le Saiiît-Siegé et le Roi de France.
^237 )
Mais des difficnltés se présentèrent. Le Saint-Sî^ge se re-
fusa par des motifs graves à remplacer rarchevéque de
Lyon. Le Saint-Siëge répondit que les ëvéques étaient
inamoTÎbles 9 qu'ils ne pouvaient être révoques de leurs
fonctions y ni dépouillés dé leur siège que par un jugement
canonique ; que si la puissance civile et temporelle avait
le droit d'exclure des limites du territoire un évéque qui
pouvait lui donner des motifs graves d'inquiétude • ou dont
la présence pouvait être le prétexte de quelques troubles y
ces motifs ne pouvaient être suffisans , pour qu'on le con-
sidérât comme déchu de la dignité épiscopale ; que clans
une situation pafeille , il ne pouvait j avoir lieu à procé-
der au remplacement de l'archevêque de Ljon par les
voles ordinaires.
n Le gouvernement du Roi fit examiner la question avec
soin. Cette affaire ne fut point traitée avec légèreté. Des
ma^strats , des canonistes , des ecclésiastiques furent en-
tendus. On comprit qu'il j avait deux intérêts à concilier,
le maintien des droits de la souveraineté et Inexécution des
lois du royaume » et l'intérêt de l'épiscopat qui , dans un
royaume catholique , est aussi un intérêt public. On comprit
qu'il y aurait de graves inconvéniens à ce que par un acte
purement politique , le gouvernement civil pût frapper un
évéqne de telle sorte, que dans l'exercice de ses fonctions,
il ffit atteint d'une déchéance qu'il ne pouvait encourir
que par la voie canonique et le jugement de ses pairs ^
que si , dans l'espèce , l'abus ne se rencontrait pas, il fallait
prendre garde *qu'il ne devînt un précédent dangereux ^
et qu'à l'avenir ,' les droits essentiels de l'épiscopat ne
pussent Are compromis dans des états ou dans des cir-
constance?^ ôik l*on professerait moins de respect pour les
libertés ecclésiastiques. 11 était à craindre qu'où n'exilât
les évêques pour les déposséder , et qu'on n'employât
toujours pour le faire les formes solennelles d'une loi.
la difficulté pratique était donc très*grande.
( 238 )
» On Tons â dit ^ cette ffîbune que- lonqu^un 'dTéqlK
tient à mourir , ses mandataires perdent leurs pouToirs'^
que la règle du droit civil s'applique an droit canonique*
Mais les mandataires ne perdent leurs pouvoirs que lurs-
qoè le mandant cesse d'exister : or^ ce n'ëtaît pas le cas
dans lequel on se trouvait , car Tarchevéque de Ljoa
vivait encore » et il' ëtait reconnu comme tel par le clergé
de son diocèse» Le chapitre ne pouvait donc pas ^tre
investi des pouvoirs de l'archevêque , comme si le siège
eut été vacant. Le moyen qui paraissait seul rester , celui
de laisser administrer le diocèse par les vicaires-gënéraui
de l'archevêque , ëtait impraticable, puisque le prélat était
jurivé de l'exercice de ses droits civils par une loi spéciale.
79 Le Gouvernement du Roi sentit tout ce que la posidoa
avait de difficile : il chercha néanmoins à concilier les draits
de la souveraineté aVec l'intérêt de l'Eglise. Le Roi s'adressa
au Saint-Siège , et lui représenta que , dans l'état actael des
choses , Tarchevêché de Lyon ne pouvait être gouverné par
le titulaire actuel. Il proposa l'adoption d*un moyen terme «
afin que le diocèse ne fut pas privé de pasteur , et qa'il
ne continuât pas d'être administré par les délégués d'ua
titulaire que la loi française frappait d'une sorte d'inter-
diction civile. En conséquence , le Roi désigna au Saint-
jSiége un ecclésiastique qui pût administrer le diocèse de
Lyon; et le Saint-Siège se réserva d'obtenir de Taflcien
titulaire le consentement qui pouvait être nécessaire , ou
d'y suppléer.
» C'est donc sur la demande du Roi qu*interyint le, bref
qui institua l'administrateur apostolique de l'archcTeclié
de ,Lyon. Cet acte de la eour de Rome a été l'objet d'un
examen sérieux; la vérification n'en a pas été subreptice,
comme on l'a dit ; elle a eu lien après un long rapport ,
dans lequel les circonstances ont été discutées. On recou*
nut que 9 si des exemples de cette nature étaient infinimeot
rares j que si en France on ne pouvait pas en trouver de
( 23f> )
parfaitement ideotiqucs , ii.JC^'y avait rien daiut la mesure
dout il s'agissait de contraire aux droits de la. couronne 9
puisque c^était sur la proposition dti Koi que le bref avait
ëté rendu ; que les intérêts de l'épiscopat n'en, étaient
point blessée y puisque la mesure n'était employée que pour
maintenir l'inamovibilité des évéques ; enfin que les dix>its
4u chapitre n'étaient lésés en aucujie manière ^ puisqu'ils
n'ayaient pas été ouverts.
99 Voil^ quelle a été la marche suivie \ cet ordre étai^ in-
diqué par. la nécessité des choses. On l'a traité fort sévère-
ment, en le considérait comme illégal et comme contraire
aux lois du royaume et aux droits de l'Eglise de France. 99
"»■ .
^^^ 10. «— Séance publique de l'académie royale des
sciences, belles-lettres et arts de Lyon. M. Pericaud aîné^
président , a prononcé le discours d'ouverture ^ M. Dumas
a lu l'éloge historique de M. Poupar, M. Régny , celui de
H. Mottet-Degérando , et M. Torombert, un mémoire sur
la condition des femmes selon les différentes formes de
gouvernement. La séance a été terminée par la lecture
(aite par M. Grandperret, d'un passage de Sophocle, traduit
en vers et précédé de quelques réflexions sur la dignité de
rhomme, par M. Trciis.
*^ 1 1. — Un journal annonce la mort récente dé M.
Cerisier, avocat et homme de lettres, ancien député du tiers-
etat de Bombes à l'assemblée constituante , créateur ou
rédacteur de diverses feuilles publiques en France et à
l'étranger. 11 était âgé de 79 ans. Il a publié une Histoire
de Hollande et un Dictionnaire de géographie. Il a long-
temps habité Lyon. C'est lui qui fut le premier rédacteur
de la Gazette Universelle qui commença à paraître le
^\ i3 — M. le ministre du commerce et des manufac-
tures vient d'approuver la nomination de M. Peyron ,
( .".4o )
commissionnaire f élu membre de la chambre de commerce
en remplacement de feu M. Mottet-Degërando*.
«
^*^ 18— Séance dans la salle de la Bourse 9 au palais
iSt-Pierre , oii M. Crémienx , propagateur de la méthode
Laffbrîenne, a soumis ses élèyes à un examen public. Une
société nombreuse et chosie a pu apprécier les progrès
qu'il est parvenu à obtenir, de la part de quelques hommes
d'un âge mûr, qui , dix jours auparaTant, ne connaissaient
pas une seule lettre de l'alphabet , et qui ont la , avec pins
ou moins de facilité 9 des pbrases fournies par les assistant.
^\ 25. — A la suite d'un Tiolent orage , le tonnerre est
tombé aux petits Brotteaux , près de la Guillotière « sur une
maison nouirellement construite en plâtre et en brique et
Fa consumée. Les personnes qui s'j trouvaient ont en le
temps de se sauyer. L'incendie eût été plutôt éteint, si une
partie du peuple n'était imbue du préjugé que tout secours
humain est impuissant contre le feu du ciel. Le même jour,
la foudre a écrasé à Vaise deux maçons qui trayaillaient
sur un échafaud , et a fait tomber d'une échelle nn
manœuvre qui a survécu peu de temps à cette chute
^% Le Roi, dont l'auguste protection ne cesse d*eii«-
courager les lettres et les entreprises littéraires et scien-
tifiques , vient de prendre , pour ses bibliothèques par-
ticulières , cinq abonnemens aux Archives du Rhdnc
S. M. a également fait demander, pour les mêmes dépôts,
quinze exemplaires de l'édition des Euures de Ltoàize Ltahé^
donnée à Lyon , en 1824 , par une société de gens de
lettres.
( Hi )
STATISTIQUE
EUAIS BIST0BIQ17ES BUT la TiUe de Lyon, ou description par ordre
alphabétique des quartiers , places , rues . et monumens de cette
Tille*
( IX.* Article ).
BouRBOii ( rue de ). Celte rue , qui n'est encore
ouverte que sur quelques points, doit aboutir du centre
de la place de Louis-le-Grand, au centre du grand cours
duAlidi.
Pour faire une rue unique de toutes les parties dëjà
percées de la rue de Bourbon, il n*y a plus que deux
peroés à ouvrir au travers de la maison Lambert, rue
du Përat, n.** 18, et du bâtiment de la prison St*
Jos^hf ËlW sera certainement alors une des plus belles
rues de Lyon , et si j à son entrée du côte du nord ,
on a soin d*élaguer quelques-uns des tilleuls de la
place de Louis-le-Grand , de son extrémité méridionale
on pourra apercevoir la statue équestre de Louis XIV
qui bornera la vue de ce côté d'une manière admirable.
Nous ferons remarquer à nos lecteurs une maison
située à Tangle oriental de la rue de Bourbon et de la
me Ste-Hélène : c'est celle des sœurs Charlottes.
Des personnes pieuses et charitables, qui ont voulu
rester inconnues , en ont fait don à ces dignes sœurs ,
afin de leur assurer un local convenable qui leur permit
d augmenter leur nombre. Grâces en soient rendues j
Tom€ FUI. 16
( 242 )
au nom des malheureux , à ces personnes généreuses !
car augmenter le nombre de ces saintes filles , c est mul-
tiplier les bienfaits qu'elles répandent sur les pri-
sonniers.
Il ne sera pas sans intérêt de dire un mot , à cette
occasion, de Torigine d*une œuvre qui fait plus de bien,
dans sa modeste obscurité , que la plupart de ces ins-
titutions soi-disant philantropiques , où le faste ap-
parent de la bienfaisance tient souvent la place du
bienfait.
Au temps où la persécution religieuse et politique
remplissait nos prisons de prêtres , de nobles , d'émigrés
de toutes les classes , une ancienne cuisinière , nomm^
CAarloitâ , touchée de compassion à la vue de l'état
misérable où se trouvaient réduites ces victimes de la
foi', dé l'honneur et de la fidélité , conçut le louable
dessein de leur porter plusieurs fois par s^oaine quel-
ques secours , et de faire tous ses efforts pour leur
procurer les moyefts de se préserver de la malpropreté,
qui alors ne contribuait pas moins que la hache du
bourreau à rendre le séjour des prisons si funeste. La
bonne Charlotte , merveilleusement secondée par la
charité publique , réussit au-^delà de ses espérances ;
bienftôt soù exemple eut des imitatrices , et leurs soins
réunis , qui n'avaient eu d'abord en vue que le soula-
gement d'un certain nombre de prisonniers, s*étendîrent
insensiblement à tous indistinctement ; de telle sorte
qu'après que la tourmente révolutionnaire fut calmée ,
elles continuèrent tout naturellement à remplir le saûnt
ministère qu*elles avaient embrassé , et reçurent des in-
fortunés dont elles étaient la providence , le nom de
leur digne fondatrice qui leulc est justement resté.
( 243 ) ^
Depuis le moment de leur réunion en communauté,
c est-à-dire depuis environ trente ans , les soeurs Char-
lottes occupaient un local étroit et incommode dans le
fond de la cour d*une maison située rue Sala , n*^ 7.
C'est de là que par une espèce de miracle , bien dû
à leur dévouement admirable, la sœur Charlotte et ses
compagnes sont parvenues à fournir aux trois prisons
de la ville , mais plus particulièrement à la prison mi-
litaire , dite des Recluses , des secours continuels et
gratuits , consistant en une soupe abondante , servie
deux fois par jour, en linges, en vêtemens de toute
espèce^ en soins de propreté et en distributions de re-
mèdes aux malades.
On a vu souvent ces vertueuses sœurs recevoir , pen^
dant plusieurs nuits , dans leur modeste asile , les femmes
et les enfans de malheureux prisonniers de guerre que
des ordres cruels éloignaient de ces objets de leur af-
fection , et ne les laisser partir qu'après leur avoir pro-
curé 9 par des quêtes , quelque peu d'argent pour les
aider dans leur route; enfin on les a vues suffire seules
à alimenter les phalanges nombreuses de ces mêmes
prisonniers que le sort des combats a si souvent amenés
captifs dans nos murs, avant qu'ils y entrassent en
vainqueurs , et qui ont dû bénir plus d'une fois les
mains bienfaisantes qui les avaient soulagés.
Si Ton demande où ces bonnes sœurs puisent tout
ce qu'il faut pour faire de si grandes aumônes , nous
répondrons que c'est uniquement dans leurs quêtes Jour-
nalières.
Elles demandent partout et s'en retournent rarement
sans avoir obtenu facilement ce qu'elles ont sollicité
sans împortunité. Elles reçoivent , avec une égale re-
( 244 )
connaissance , une faible pièce de monnaie , du pain ,
des alimens, des lëgumes, des vêtemens hors de service,
de vieilles chaussures, parce que leur zèle ingénieux
sait tout utiliser.' On leur accorde , d'ailleurs, d'autant
plus volontiers ce qu'elles demandent , que le bon usage
qu'elles font de ce qu'on leur donne est plus gënéi*alement
connu de tout le monde. Quel autre mobile que la
reUgion pourrait inspirer une charité si sublime, un
si noble désintéressement ?
BouRDY ( rue de ). C'est un petit passage sinueux ,
rapide et impraticable aux voitures , qui traveise de
la montée des Épies à celle du Gourguillon.
Cette rue a souvent changé de nom : sur le plan de
x54o, elle est appelée rue Breneuse; sur ceux de 1606,
1646 et 1669 ; elle n'a aucun nom ; sur le plan de
1740 5 elle est nommée rue Foireuse , et sur celui de
1746 , rue Dorée ; enfin , dans l'ancien grand atlas de
la ville , elle est désignée sous le nom de Bourdille ,
qu'on a définitivement écrit Bourdy sur la plaque qui
la désigne présentement.
En cherchant l'étymologie de ce dernier nom , on
n'est pas éloigné de croire qu'il peut venir de celui de
bourdeau , ancien mot dont la bienséance ne nous
permet pas de donner l'équivalent actuel. Ce qui
rendrait cette opinion vraisemblable , c'est qu'il a jadis
existé à la montée du Gourguillon plusieurs de ces
lieux voués à la débauche , alors en moins grand
nombre qu'aujourd'hui , et par cela même plus remar-
quables. Telle était, auprès de l'issue de la rue de'
Bourdy, la maison appelée encore de nos jours Fort-
( 545 )
Venus (i), laquelle a pu facilement faire donner une
âënomination analogue à la petite rue qui Tavoisinait^
et qui oBî'ait à nos bons aïeux une \oie mystérieuse
et dérobée pour venir déposer une offrande furtive sur
lautel de la complaisante déesse.
Cette rue est exclusivement occupée par des ouvriers
en soie qpi la recherchent volontiers , soit à cause du
bas prix des loyers, soit en raison de la clarté des
appartemens et de la belle vue dont on y jouit.
Bourg cHANiN ( rue du ) , aboutissant de la place de
THôpital à la rue de la Barre.
Les auteurs qui ont écrit sur Thistoire de Lyon , no-
tamment M. labbé Guillon de Montléon et M. Cochard ,
assurent que ce nom 'de Bourgchanin dérive djê ce qu'an-
ciennement ce quartier était un bourg peu habité ,
malpropre , souvent inondé par le Rhône , et que pour
(i) Ou For Venus ^ forum, place, marché de Vénus.
Il est remarquable que ce nom ait été donné à une lo-
calité placée sur le revers d'une montagne dont Textréme
sonmité tire son nom de Fourrière , des mots latins
Forum Veneris ^ snivant quelques auteurs qui ont pré-
tendu qu'il j avait jadis sur ce plateau , an lieu de l'église
déliée à Notre Dame , un temple consacré à Vénus. Les
mots For Vénus que nous croyons nous rappeler aToir
lu inscrits sor une maison située à l'entrée de la rue de
Bourdj, n'étaient-ils pas l'indication du nom de la petite
fbce sur laquelle était située cette maison , plutôt qu'une
enseigne particulière ? C'est une conjecture que «^nous ha-
sardons , et qui , si elle était vérifiée , pourrait servir à
fixer le lieu où était autrefois ce temple de Vénus dont
parle la tradition.
( 246 )
cela , dans les tieux actes , il est nomme hurgus commis^
bourg de chien , dont on a fait ensuite Bourgchanin :
à Lyon on dit qu'il fait un temps chanin^ pour dire
iqu'il fait' un mauvais temps , un temps de chien.
M» Cochard ajoute qu'elle est sur un territoire qui
a long-temps appartenu à la famille Lëviste , dont le
nom est demeuré à une petite place voisine. Mais nous
sommes portes à croire que notre savant compatriote a
fait ici une erreur, et qu'il a confondu le territoire de
fiellecour , qui effectivement a appartenu aux Leviste ,
avec la rue Bourgchanin , qui est plus ancienne que
cette famille.
On lit ce qui suit dans VInfroduction à la lecture de
Vhistoire , du P. Mënestrier , pag. 235-238 : « L'an
1647, ceux qui habitent le quartier de cette ville qu'on
nomme Bourgchanin, firent une mascarade scandaleuse
sur un vieux sobriquet que Ton leur donne de comards^
et à cette occasion publièrent une fable qu'ils faisaient
passer pour histoire, en gisant que Mént^Uus, frère
d'Agamemnon , pour venger Tafiront que lui avait fait
Paris en lui enlevant Hélène sa femme , après aroir
saccagé la ville de Troye , céda son royaume à son
frère Agamemnon , ne voulant plus retourner à Sparte
où il avait reçu une telle injure en la personne de sa
femme , et qu'ayant résolu d$ se retirer sur les terres
des Romains , après un long voyage il avait choisi ceUe
ville que Ton nommait alors Lugdunum ou Jjigodummy
et qu'ayant fait son établissement le lor^ du Rhône,
il donna à cet établissement le nom de Boui^chanin ,
qu'il plaça au lieu d'Esnai ( sic ) les savans qu'il avait
amenés d'Athènes , et fit une espèce de petite ville qu'il
fit appeler Ilyon , en mémoire dii siège de Troye. Je
( 247 )
m^^tonne que rauteûr de cette fable ricGcule ri*ait pas
ajouté que c'est à la cour de ce prince que la place
voisine du quartier du Bourgchanin , et qui est entre
ce quartier et Esnai , fut appelée Bellecour. Ce sont
des bouffonneries de cette sorte qui ont rempli de contes
ridicules la plupart de nos histoires, comme la fable
d'bis que Ton veut avoir été adorée h Melun sur la
Seine y à dix lieues de Paris , et le Parisis ainsi nommé ,
parce que la ville de Paris ou dé Lutèce avait une si-
tuation et une disposition pareille à celle de Melun qui
occupe une ile et les deux côtés de la rivière , et qui
la fit nommer Par-Isidi. Les voyageurs du siècle passé
étaient fort soigneux de remarquer ces fables ; ils en
grossissaient leurs recueils et les relations de ce qu'ils
àTzàent vu ou appris de plus curieux , touchant Tori-
ffBt de& villes. »
Loiig«*teraps avant l'époque où eut lieu la fête dts
Cornards , dont nous venons d'emprunter l'indication
au P. Ménestrier , ^et dès les premières années du
XV.® siècle, les habitan$ du Bourgdianin célébraient
une autre solennité non moins singulière: c'est celle
qui était connue sous le nom de fête dti Cheval fol. On
€n trouvera les détails dans l'article Ainay ( rue du
rempart d* ) , et dans un mémoire de M. de la Tourrette
sur la jambe du cheval de bronze trouvée dans la Saône
en 1766 , qui a été inséré dans les Archiva du Rhône.
Toy. le tom. tV de ce dernier recueil , pag. 467 et 468»
Voy. aussi PouHin de Lumina , Abrégé chronologique
de thist. de Lyon ^ pag. i55 et i56. J^
La rue Bourgchanin est toujours ce qu'elle était dans
son origine, sale, mal bâtie et n'offrant aucun édifice re-
marquable. Cependant elle est susceptible d'amélioration,
( 248 >
et elle en recevra bientôt une importante, si , comme on
rassure , Tadministration des hospices qui possède tout le
rang des maisons situées au levant, a l'intention de les
faire abattre, pour construire à la place une aile de bâ-
timent destinée à compléter l'ensemble de l'HôpHal. Les
nouvelles salles dont cette construction permettrait de
dbposer , seraient affectées à divers services encore trop
resserrés dans leurs eroplacemens actuels. On y forme-
rait en outre un quartier pour les convalescens , trop
souvent^ exposés à des rechutes par le mauvais air qu'ils
continuent à respirer après que Tari a triomphé au
principe du mal dont ils étaient atteints. On pourrait
aussi y établir des bains spécialement destinés aux ma*
lades de l'hospice , mais dont le public profiterait et où
il serait admis moyennant une rétribution qui accroîtrait
le revenu des pauvres. On ne saui^ait faire trop de vaux
pour l'accomplissement de ces projets dictés par la plus
pure humanité, et propres à donner à ce précieux asile,
ouvert à l'infortune souffrante, de nouveaux avantages
qui achèveraient d'en faire le plus bel établissement de
ce gçnre qui soit en Europe.
BouRGELAT (rue). Cette rue qui appartient à la pa-
roisse d'Alnay et qui est située dans le quartier neuf de
Perrache , aboutit de la place d'Henri IV à la rue du
Chapitre ; elle fut ouverte , il y a environ 5o ans , sur
une partie des anciens remparts d'AInay , et elle a reçu
la dénomination qu'elle porte, en mémoire du célèbre
Bourgelat , qui l'habita pendant qu'il dirigeait l'école
royale d'équitatipn. On y voit encore les bâtimens que
cette institution occupait , et où se trouvait naguères la
fonderie de M. Duphot , successeur d'Abraham Muller.
( 249 )
Apr^s la destruction des remparts , la première maisoR
qui fut bâtie dans la rue Bourgelat , vis-à-vis du ma-
nëge , fut fondée en 1775 , par une sodëtë de bienfai-
sance , composée des habitans les plus recommandables
de la paroisse d* Ainay , et connue sous la dénomination
iiŒuçre des Messieurs. Cette œuvre est desservie par
des soeurs de Tordre de St- Vincent de Paule , qui y eiir
tretiennent une pharmacie pour les pauvres de la pa-
roisse , et qui élèvent jusqu'à un certain âge , de jeunes
filles à qui l'œuvre fait ensuite apprendre une profession.
L'école d'équitation dont nous venons de parler , avait
été créée par le roi Louis Xin , en 1 620 , en même
temps que celles du même genre qui furent établies à
Paris, à Tours et à Bordeaux/ Antoine de Pluvinel ,
gentilhomme dauphinois , qui avait été écuyer et cham-
bellan d'Henri IV , présida à la formation de ces nou-
veaux gymnases, spécialement consacrés à l'éducation
de la jeune noblesse. Celui de Lyon était un des plus
fréquentés ; on y enseignait les mathématiques , les exer-
dces militaires, la danse, l'art de monter à cheval et
la voltige.
A l'époque de la révolution , l'emplacement de l'école
d'équitation fut vendu comme bien national et acheté
par le fondeur Abraham Muller. Il y fit bâtir une assez
belle maison , dans la construction de laquelle il employa
les marbres de la statue équestre de lu place de liouis-
le-Grand , dont il avait été adjudicataire. La grande salle
du manège fut convertie et continue à subsister en un
vaste atelier de fonderie de fer.
On a lieu de croire qu'en raison de son voisinage du
temple d'Auguste , le sol de la rue Bourgelat recèle des
restes précieux d'antiquités. Des fouilles peu profondes
( 25o )
%oî y furent feiles en i8i5 , pendant qu'on entourai!
notre ville de fortifications, y firent découvrir unieassc»
grande quantité d*umes et de vases en terre cuite , dont
la plupart dëcôrenl aujourd'hui les galeries inférieure
est palais St-Pierre.
Nous ne sortirons pas de la rue qui nous occupe ,
sans consacrer quelques lignes au souvenir du savant
qui lui a donné son nom. Claude Bourgelat était issu
d'une famille consulaire de Lyon. Son père , Pierre
Rmrgelat , parvint à Véchevinage en 1707 ; î* se ©ana
èem fois , et de cette double union qui fut contractée ,
Tune dans sa patrie , avec une demoiselle Térrasson , et
laulre à Livoume , où îl habitait une partie de Taimée,
naquirent trois enfans , savoir : deux filles qui épousèrent
Werrè Dugas , prévôt des marchands en 17^0, et un
Prost de Grartgeblanche : le troisième de ces enfans étajl
Claude Bourgelat qui naquit en 1712 et mourut à Paris
le S janvier 1779-
Ce dernier commença par faire un cours de droit à
Toulouse ; il y fut reçu docteur , et parut ensuite avec
distinction au barreau de Grenoble ; mais une cause
qu'il gagna et dont il reconnut plus tard l'injustice , le
détermina à quitter cette carrière , pour entrer dans les
mousquetaires. Le goût qu'il avait eu dès sa première
jeunesse pour lexercîce du cheval , s'y étant réveillé , u
suivit avec succès les cours d'équitalion de la capitale ,
revint ensuite à Lyon et obtint bientôt la direction du
manège royal. Dès qu'il fut à la tête de cet établissement,
il le fit briller d'un nouvel éclat , et les élèves y accou-
rurent en foule , non-seulement des provinces qui nous
avoisinent , mais même des pays étrangers.
Une fois voué à des occupations conformes à ses m-
C â5i >
clinatioQS et à son g^nle , il ne borna pas ses soins à
de simples leçons d'équitation ; il voulut connaître toute
lorganisation du précieux et intelligent animal dont il
avait fait son ëtude de prédilection y Ses maladies, les
moyens de les guërir , et ce fut ainsi , en s*ëclairant des
lumières des illustres chirurgiens Pouteau et Charmetton ,
qu*il s*appUqua à la médecine des animaux , créa , pour
ainsi dire , cette science , et conçut le plan d'une école
yétérlnalre spécialement destinée à renseignement de
cette nouvelle branche des conn9issances humaines.
Le contrôleur-général des finances , Bertin , qui avait
été intendant de Lyon , et qui s*y était particulièrement
Ké avec Bourgelat , accueillit avec empressement le projet
de cette école ; la création en fut ordonnée , et , le
i/^ janvier 1762 , elle fut installée sous la direction de
Bourgelat, dans le local où elle est demeurée jusqu'à
la révolution , au faubourg de la GuIUotlère.
Cette école acquit en peu de temps une telle célé-
brité ^u'en 1764 9 le gouvernement jugea nécessaire d'en
établir une seconde au château d'Alfort , près de Paris ,
^n y appelant comme directeur le même Bourgelat qui ,
4^jà revêtu du titre de commissaire-général des haras du
royaume, reçut encore celui d'inspecteur des écoles vé-
térinaires. Il partit , emmenant avec lui M. Bredin , père
et prédécesseur du directeur actuel de l'école de Lyon.
C'est dans l'exercice de ces fonctions et jouissant à
juste titre d'Une réputation acquise par les plus utiles
travaux , que Bourgelat , encore peu avancé en âge, fut
enlevé à la science et aux nombreux élèves qu'il avait
formés et dont il était chéri. Il ^vait été lié avec les plus
illustres de ses contemporains , entre lesquels nous cite-
rons le grand Frédéric qui le consulta sur la meilleure
( 252 )
manière de faire charger la cavalerie; Buffon et d'Alembert
duquel il prît vivement le parti dans son démêlé ayec
le P. Tolomas. Il fut aussi en correspondance avec Vol-
taire « et dans une lettre qu'il lui adressa , il lai rendit
compte , sur sa demande , d'une expérience très-curiense
de lopération de la pierre faite à un cheval , et sur les
symptômes de cette maladie , observés avec d'autant plus
de certitude que la pierre avait été insérée dans la vessie
de l'animal , six mois auparavant , par une opération
contraire. Une autre lettre de Bourgelat à Charles Bonnet
donne des preuves multipliées de l'existence àesjumariSy
trop légèrement révoquée en doute par Bufibn.
Sans avoir des goûts ruineux , Bourgelat moonit
pauvre et ne laissa guère à sa veuve et à sa fille d'autre
fortune que son nom et la reconnaissance du gouverne-
ment qui leur accorda une pension.
On a de Bourgelat , outre les excellens articles relatifs
à l'art vétérinaire et au manège , qu'il a fournis à l'En-
cyclopédie , et ceux qu'il a fait insérer dans divers re-
cueils périodiques , les ouvrages suivans : I. Nouf^em
Ncwkasile ou Traité de ca^faUrie , Lausanne , 1 747 >
in- 12, réimprimée Paris, Grange, même année, et à
Lyon , traduit en anglais, avec un grand luxe typographi-
que ; II. Êlémens d Hippiairique ou Nouveaux Pria-*
cipes sur la connaissance et sur la médecine des chevaux^
Lyon, 1750-5 1-55 , 3 vol. in-8^. Cet ouvrage est in-
complet ; il y manque un quatrième volume ; il seiirk
de titre à Bourgelat pour être admis aux académies des
sciences de Paris et de Berlin en 1763 j III. Réflexions
sur la milice et sur les moyens de la rendteplus uniforme
et moins onéreuse ^ Lyon , 1760, in-8.0 j IV. Anahme
comparée du cheval , du bœuf et 4u mouton , suivie de
( 253 )
Recherches sur les causes de t impossibiUté où les che^
çaux sont de çomir ^ et de Recherches sur le mécanisme
de la rumination; cet ouvrage a été traduit en allemand ;
V. Éle'mens de tari çéférinaire , contenant i.^ Matière
médicale raisonnée^ Lyon, 1765, in-8.^} ihid. 1771 ;
2.** Traité de la conformation extérieure du cheval , de
sa beauté et de ses déjauts , etc. ; du choix des chevaux
et des haras ^ Paris, 1769 ^ in-8.*; ibid. 1776. Cet ou-
vrage est regardé comme le chef-d'oeuvre de Boùrgelat ;
la première édition , tirée à petit nombre , avait paru
sous le titre de Précis anatomique du corps du cheval.
Il a été souvent réimprimé et traduit en langues étran-
gères. La troisième partie qui traite des haras, composée
et communiquée manuscrite aux élèves dès 1770 , ne
fut publiée que par les soins de M. Huzard , 1 8o3 et
1808, in-8.* j 3.® Essai théorique et pratique sur la
ferrure , Paris, imprimerie royale , 1771 , in- 12 , réim-
primé, pour la troisième fois , Paris , madame Hui^ard ,
1814 , in-8.0 j 4,® Essai sur les appareils et les banddges
propres aux quadrupèdes ^ Varis ^ 1770, in-8.® ; VL
Mémoire sur les maladies contagieuses du détail , Paris ,
imprimerie royale , 1775 , in- 4.^ ; VIL Règlement pour
les écoles vétérinaires de France , Paris , imprimerie
royale , 1777 , in-8®. Boùrgelat a enrichi de noies le
Mémoire sur les maladies épidémiques des besHaux ,
par Barberet , couronné par l'académie d'agriculture de
Paris , en 1765 : ces notes ont près de 100 pages. Il a
coopéré avec M. de la Tourrette et Tabbé Rozier à la
rédaction des Démonstrations élémentaires de botanique ,
Lyon, L M. Bruyset, 1766, 3 vol. in-8.** ou 2 vol.
in-4.® (Il n*a été tiré que 25 exemplaires dans ce der-
nier format ). On peut consulter , pour plus de détails
( 254 )
sur Bourgelat , rarilcle qui lui a été consacre dans la
Biographie universelle , et surtout la Nofice historique
et raisonnée sur sa vie et ses ouvrages , publiée par
notre collègue , M, L. F. Grognier , Lyon , i8o5 , in-8.*
c=s=srsc
I i^— ^
INSTRUCTION PUBLIQUE.
RjkPPOHT SUR LA Statiléoie , méthode nonT«lle poar apprendre i
lire , inventée par M. de liAFFORS ; par J. B. Monfalcon , médecia
de rhôtel-Dîeuy membre de Tacadémie royale de médecine, etc.,
nn des commissaires qui ont suivi les expériences sar la Statilé^
faites à Lyon , par M. Crémieus , avocat ; du 7 au 96 iniUet 1828.
La statilëgîeest une méthode dont le but est d'apprendre
à lire en moins de temps et mieux que ne le font les mé-
thodes ordinaires. Jusqu'à quel point appartient-il à un
médecin de la juger? Son examen n*est-il pas lié aux scien-
ces médicales par des rapports trop indirects et trop éloignés
pour qu*il nous soit permis de lui accorder un temps que
réclament d'autres études, sinon plus importantes, du moins
plus cx>nformes à l'esprit de notre institution ? Non sans
doute; la lecture est un exercice dont Taction et la réac-
tion sur le cerveau importent à connaître ; elle tient à la
science de l'homme par le mécanisme de la prononciation
des sons , par ses connexions avec la voix 9 par ses relations
intimes avec le développement de la vie sociale et intel-
lectuelle ; elle est une question de physiologie , un su}ct
important de philosophie médicale. Sous ces ra[^rls di-
vers, la médecine, qui bien mieux que toutautre ordre de
connaissances , peut s'appliquer ces paroles : Rien de ce
( 255 )
qui est de rhomme ne m*est étranger^ n*est nullement in-
compëtenie pour étudier et juger les procédés de Tart,
d'apprendre à lire , le plus difficile de tous les arts.
(DUCLOS)- •
La lecture est un exercice de la mémoire , des yeux et
des organes de la voix; lire^ c*est reproduire la parole ao
moyen de sons et de signes convenus. On dit que leslndiens
commencent presque tous leurs livres , par ces mots : Béni
soit rinventeur de Téa'iture ; on pourrait aussi commencer
un discours par bénir l'inventeur du langage. Écrire, c*est
rendre avec des caractères alphabétiques les sons proférés
par Torgane de la voix. L'écriture est la peinture fidèle de
la voix articulée ; plus elle est ressemblante , meilleure elle
est : c est une traduction qui doit être fidèle. De la parole
est née Técriture : la lecture de l'écriture reproduit la pa-
role. Des signes rendent en même temps et les sons vocaux
et la pensée ; leur réunion est l'origine commune à toutes
les connaissances de l'homme comme à toutes ses sottises ^
c'est l'alphabet.
La parole est un produit de l'éducation et un résultat
de l'art. Les enfans qu'on a rencontrés à diverses époques
errans et abandonnés au milieu des forêts , ne faisaient
entendre, quel que fût leur âge, aucun son articulé analo*
gue aux langues connues ; ià peine savaient-ils imiter les
cris des animaux au milieu desquels ils avaient vécu. C'est
ainsi que l'homme qui avait été pris dans les forêts de
l'Islande , bêlait comme les brebis dont il avait sucé le lait ,
et ne connaissait pas d'autre langage. Haller cite l'obser-
vation d'un enfant qui ne pouvait proférer d'autres sons
que les cris des ours parmi lesquels il avait vécu. L'histoire
du sauvage de l'Aveyron est connue ; ainsi la voix arti-
culée est l'expression de la civilisation.
( 256 )
Quelle est raction organique qui produit les élémeitl
de la parole ou le son? Le son, considère en lui-même,
est une sensation que les corps élastiques et ordinairement
Tair mis en vibration font éprouver à l'organe de l'ouie ;
ou plutôt il consiste dans ces vibrations elles-mêmes. Le
poumon envoie dans le larynx, par la trachée artère, Pair
qui en est la matière ; les fibres des muscles thyro-arythé-
noïdiens qui se terminent aux ligamens inférieurs de la
glotte, leurs aponévroses , vibrent en se contractant , et
impriment aux prétendues cordes vocales les oscillations
qu'elles exécutent ; la voix est produite entre les ligamens
inférieurs de la glotte, et les muscles thyro-arythénoïdiens
sont ses organes spéciaux. Sans Taction de ces muscles, le
son ne saurait être qu'un bruit rauque, confus, insuppor-
table à l'oreille. Ainsi la théorie de la production de la voix
est l'étude de la manière d'agir des poumons , de la trachée
artère , du larynx , et spécialement de la glotte, pour Té-
mission du son articulé. Mais d'autres organes sont char-
gés de convertir le son en parole; leur ensemble constitue
le pavillon vocal, tube évasé formé , en arrière , du voile
du palais et de ses dépendances; en ayant, des dents et des
lèvres; sur les côtés, des joues; en haut, de la voûte pala-'
tine ; en bas , de la langue. Les parties mobiles du pavillon
vocal agissent sur le son pour l'augmenter, l'affaiblir ou
le modifier , pour l'articuler en un mot. Le bruit qui ré-
sulte des vibrations de l'air à travers la glotte, constitue
la voix , Wis la parole exige une action organique plus
compliquée ; le pavillon vocal est presque entièrement '
charnu et d'une mobilité telle , que ses parois éprouvent
avec la plus grande rapidité des changemens considérables '
dans leur forme, leur étendue, leurs rapports; à ces va-
riations de forme et à ces mouyemens divers des parois dc^ -
( ii57 )
k bouche correspondent autant de sons distincts auxquels
on a attaché des idées spéciales.
Ces considérations préliminaires sont nécessaires pour
rintelligence des prooidés de la statilégie.
Si les sons qui constituent la yoîx , sont harmoniques ,
s'ils se succèdent à des intervalles déterminés et apprécia-
bles, la Yoix prend le nom de chant.
L'art de lire se compose de plusieurs élémens : d'une
part, il suppose la connaissance des caractères alphabéti-
ques, signes de convention qui constituent Técriture;
d'une autre part , il demande Tarticulation fidèle et succès-
HTedes sons également de convention qui correspondent aux
caractères alphabétiques. On y distingue deux opérations
successives dont la voix est l'expression commune: l'une
est l'action des yeux et de la mémoire , l'autre est l'exer-
cice consécutif et cependant presque instantané des organes
vocaux. Toute méthode de lecture consiste à donner l'in-
telli^mce des caractères alphabétiques et des sons qiii leur
ont été attachés ; les procédés varient , mais lé résultat est
le même. Un mot est composé de parties formées par la
réunion de lettres ; la man^re d'isoler et de combiner ces
lettres pour les exprimer par des sons fait la différence
des méthodes de lecture. Leur philosophie consiste à
bien saisir les rapports des lettres aux mots , ahstinaction
Ëûte des relations desimots aux idées, et à faire l'analyse
synthétique des mots la plus conforme au génie et aux he-
soins de chaque langue. Les caractères alphabétiques ont
perdu cette vertu secrète que les Chaldéens leur ont attri-
buée; la manière de prononcer des. consonnes: et des
voyellef^ a oessé d'être qneopiération magique et un mys-
tère profond 9 mai^ elle est. terrible encore par les difficul-
tés^ doal les vices de nui méthodes de lecture^ l'oni sur-
Tome rilL 17
( 258 )
chargée. La plupart oal i'épellation pour base. Épder,
c'est nommer, une à une^ les lettres dont un mot est com-
posé, en y atladbant un son^ et prononcer le mol en com-
binant les lettres diverses qui le forment , ordinairement
deux à deux. Celte opération est très-longue, lrès--pénible,
«nais elle a un inconvénient Uen autrement grave : il n'y
a souvent aucun rapport entre le souque le matifé attache
à Tunion de deux lettres et le soo individuel de diacune
d'elles.
François de Neufchâteau est Tauteur d'une médiode
pratique de lecture dans laquelle il passe en revue celles
qui ont précédé la sienne ; on connaît cellesde MM. Mialle,
Jacotot , Dupont , Lamare , Vernes ; aucune ne présente
d'analogie avec la méthode Lafibrienne. La statiM^ n'a
rien emprunté de l'alphabet de Couet de Prépean , du
bureau typographique de l'abbé Gautier^ ni du quadrille
de Berthaud ; quels sont donc ses principes?
L'artifice du langagie tout entier ^ est renfermé dams les
modificatioasque nous faisons éprouver à un petit nombre
de sons foodaflientaux à peu près les mêmes dans toutes les
langues, et représentés par les lettres a, « , '' 9 ^ > ^9
les Grecs possédaient sept • voyelles ; les Ronudns rédui-
sirent ce nombre à six , puis à cinq ; quelques langues
orientales en admettent davantage; en France, l'usage en
reconnaît cinq« Duclos voulait qu'oineo distinguât dix-sept*
Port-Royal > dix. Lr nombre d^ voyelles devieyidrait in-
fini 9 H on créait autant de sons que l'oi*eiUe peut saisir de
nuanoes entre eU€is:;.qadUpies.acoéns places au^^iessus des
voyelles suffisent pour caraclérîser 'les principales de ces
nuances ; ainsi les AUemaodsont 'placé un ewi deux points
au-dessus des^ lettcss a^ 4r«et m , pour exprisniër des modf-
§0atÎQas.dbid(ai]de!ees.JeMi»8*i Latstatilégie reodnsÉûlt huit
( 259 )
sons fondamentaux , elle ne les appelle jpolnt voyelles , car
une voyelle est toujours représentée par une seule lettre,
tandis que quelques uns des sons admis par M. de LaSbre
sont exprimés par la réunion de plusieurs lettres. Voici
ces huit sons: a^é^t^ r,o, u jOU ^ oi.
Oi^ à quelques égards^ n*est pas un son , car ce signe se
compose de ^ et de a , prononcés à la fois, comme le sont
les articulations composées. Les sons , dans la statilégie , se
partagent en simples et composés. Les simples sont formés
d'une seule lettre, a, ^, /, <?, ^, ii; les composés résultent
de la réunion de plusieurs lettres, ou^ ou M« de LaiFore
ramène à un $oa radical , en d'autres termes il place sur
la même ligne une voyelle et toutes les coml^inaisonsvar
nées de lettres qui exprHnent le même son, et auxquelles
elle sert de type sous le rapport du son.
é ; I ai^ el^ oi^ oieni ou aient.
o ; I au^ eau.
€; I tu^ mu.
Ce rapprochement est d'une grande importance. L'ordre
dans lequel les sons se trouvent placés, indique les degrés
divers d'ouverture de la bouche qui est nécessaire pour les
prononcer , depuis la lettre a qui exprime le plus grand de
ces degrés, jusqu'à 1'^^ qu'on ne peut proférer qu'en fer-
mant la bouche, et allongeant les lèvres. LV, dans un mot
composé d'une seule pièce , prend le son de \é avec ac-
cent ( /ri, des')\ cette même lettre a la même acception
devant une articulation. Devant la lettre 172 , on lui donne
le son de \a {femme) , 1'/ devant m et « fait é.
L'alphabet français reconnaît dix-sept consonnes; les
signes qui leur correspondent dans la statilégie sont au
nombre de vingt-trois , nommés articulations et disposés
( 26o >
sur àevLX colonnes , Tune de quinze signes ou articulations
dures :
P9/9 ^9 t^s^x^ch^r^lyill^ m^n^gn^yefh.
L'autre ) de huit signes ou articulations douces :
Les quatre premières lettres des deux colonnes p 9/9 c^ /,
articulations dures, et ^» c^g^d^ sont les seules lettres
qui peuvent s'unir aux lettres / et r.
M. de Lafibre a partage les articulations en trois classes :
I. Articulations simples ^ formées d'une seule lettre:
P^f^c^ t,s,x,r^l^m^n,h,b,Q^g^d^zJyr.
2.^ Articulations composées ^formées de deux lettres:
ph^quj thjgn^ rh , ch.
3.^ Articulations doubles , formées de la réunion de deux
articulations dont la dernière est la lettre r ou la lettre U
pr^crjr^ôr: vr^gr^ dr ipl ^fi ^ gl, cl^bl.
Une consonne n'est jamais qu'une seule lettre ; les signes
qui leur correspondent dans la statilégie, nommës.articu-
lations, peuvent être formés de deux et même de trois ca-
ractères alphabétiques. Il est des articulations , comme il
est des sons , qui ont dans la prononciation exactement la
même valeur, bien qu'elles soient composées de lettres diffé-
rentes; M. de Laffore les place aussi sur la même ligne après
leur type: y, ph; '^t^th; -^fr^phr ; — r^rh; zeïs^
qui entre deux sons se prononce ainsi : ze» On remarquera
que plusieurs lettres sont reproduites deux fois dans le ta-
bleau des vingt-trois articulations; la lettre r y figure deux
fois, mais tantôt avec un son dur, comme dans le mot
terre ^ et tantôt avec un son doux, comme dans le mot
phare ; même observation et même explication pour la
lettre or ; la lettre / a également deux acceptions , suivant
qu'elle est ou qu elle n'est pas mouillée.
( à6r >
Une articalatian paît être placée avant ou après un son ,
un son peut être entre deux articulations , enfin plusieurs
ions peuvent être réunis ; ces quatre genres de combinai-
sons suffisent à toutes les exigeances de notre langue.
Considérées en elles-mêmes, les articulations ne sont
rien; elles modifient le son, mais elles ne font pas des
sons ; elles restent emprisonnées dans le pavillon vocal
et ne sauraient s'échapper des lèvres qu*au moment où
elles rencontrent un son.
La prononciation des sons fondamentaux ou voyelles,
est facile en général dans toutes les langues ; il n'en est
pas ainsi de celles des consonnes. Tandis que , pour faire
entendre les premiers, il suffit de placer Torganede la voix
dans la situation convenable et de l'y maintenir pendant le
temps nécessaire, il faut, pour articuler les autres signes, le
concours de l'action des muscles nombreux dont le pavillon
vocal se compose. La prononciation des consonnes n'est
exacte que lorsque ces mouvemens musculaires ont été ré-
gularisés par une longue habitude , une attention soute-
nue, des efforts multipliés , en un mot par une éducation^
laborieuse. L'ordre de position des vingt-trois articulations
indique les mouvemens gradués du pavillon vocal pendant
qu'elles sont prononcées.
Les articulations et les sons sont imprimés dans leur or-
dre de position , en gros caractère, sur des tableaux séparés^
dont le maitre se sert pour les démonstrations (i).
(i) Il importe beaucoup ^e le tableau des signes qui a senri à la
leçon de la Teille , soit place auprès de celui qui sert à la leçon du
jour. C'est à lui que le maitre en appelle | lorsque Tëlève a ouMi<S
quelques-uns des signes déjà étudiés ; son doigt , porté d'un tableau
à l'anUe ,. suffit pour rëYeiller une métnoire endormie.
( 262 )
Ces principes posés, la théorie 4e hstalil^e
fermée dans la pratique de trois règles: i.* Partage des
mots ; 2.* règle de succession ; 3.^ règle d'autorisation des
cas. La première enseigne la décomposition méthodique
des mots ; la seconde , la liaison des différentes parties d'un
mot ; la troisième , les moyens d'accorder, sous le rapport
de la prononciation, l'orthographe des mots avec les excep-
tions que l'usage a introduites.
I/^ régie. Division des mots. Un mot ne saunât sortir
des lèvres tout d'une pièce; lorsqu'il n'est pas' composé
d'une seule syllabe, il est formé de parties représenta
par les sons* Autant de sons , autant de parties de mots.
L'art de couper les mots n'est donc autre chose que la di-
vision naturelle des morceaux divers dont ils sont compo-
sés. Le son lui même ne saurait être coupé , il est mSm"
sible, et ne devient susceptible de partage que lorsquil a
rencontré une articulation. C'est lui que l'élève doit
chercher et distinguer dons un mot quelconque; il ne
saurait être modifié que par l'articulation placée à sa gau-
che. De là le grand principe de la règle de la division :
laissez toujours une articulation à la gauche d'un son.
Dans une ligne imprimée ou écrite , des espaces blancs
séparent les mots , autant de mots , autant de ces espaces.
La lecture ne saurait procéder autrement que la parole
articulée; elle rend les mots par fragmens successivement
' articulés. On ne s'occupe pas du premier son , et on pro-
cède à la section du mot de droite à gauche , d'après le
principe fondamental , c'est-à-dire , en laissant toujours
une articulation à la gauche de son exemple :
Va I ni lié y il ra^ em Iphal iil qaty ior l boj rylgmt^
perlpé/iuéi.
La statilégie appelle mariage l'union des articulations et
( 265 )
ie&sùm ; Târticulation à gauche, Toilà la femme; le son à
évite, voilà le mari; ^*tls marchent toujours dans cet
ordre 9 n'importe le genre de Tarticulation.
Ce genve n*esl à comidërer que sous un rapport 9 une
articulation formée de plusieurs lettres, c*est-à*dire du
genre des composa ou des doubles, doit âtre considérée
sous le rapport de la division, comme si elle était repré-
sentée par une seule lettre» Ainsi il fout couper de la
manière suivante les mots:
w
U/gra/ti/tnfdgy phré/né/sie^ tm/b/ ro/cn/tiony
Et non de celte sorte:
Car )es articulàtîôii^ ^r , phr^ ^, sctat de Tordre des
doubles, et doivent être traitées comme si elles étaient
exprimées par une seule lettre. Il ne faut faire attenticm
qu'à la première et à la dernière lettte dans ces articula-
tions composées de trois caràderés alphabétiques , pkr ,
Ar,' ekr: la lettre à^ interiitédiâire , n'a aucune valeur.
M^s deux àrticalations séparenft deux sons : c'est entre
eUes que ï* ligne'Vie démarieation doit être tirée , et il ne
feut jamais ilais^r qu'une seule articulation à un son,
comme dans les exemples suivans :
ap I par fie I ment afi freux.
Lorsqu'un moti^st terminé par plusieurs articulations ,
la seconde sctuk doit fixer Tattention de Télève; qu'il ne
tienne aucun compte des autres. Toutes les fois que deux
sons se suivent^ il en résulte une diphthongue ; les deux
voyelles nejdoivent pas être prononcées séparément, Té'*
lève articulera comme une seule lettre les sons composés $
ai^ttt comme é , mu comme €.
( 264 >
2.^ Règle de succession. Cette règle consiste à prononoer
les parties d*un mot dans leur ordre naturel ; un mot esl
formé de fragmens représentés par des articulations et
par des sons ; il faut de toute nécessité les considérer
comme les résultats de Tunion de parties plus ou moins
nombreuses suivant l'espèce , et prononcer successivement
chacune d'elles , suivant son ordre de position. L'élève lira
vite et bieU) s*il se persuade qu*iln*ya dans un mot quel-
conque que des sons articulés dont l'expression lui est fa-^
milière ; il ne doit s'occuper que de chaque fragment in*
divîduellement, l'ensemble du mot viendra sans qu'il ait
besoin d'y songer , et sans aucune difficulté ; car nulle partie
d'un mot n'est en soi plus difficile à rendre qu'une aufre.
Aucun fragment de mot n'est coinposé de plus de trois
lettres*
« ■
Il est difficile depuis Molière de parler sérieusement de
la manière de prononcer les lettres :. cependant , raillerie
à part , un physiologiste, un médecin , l'auteur d'un nou-
veau système de lecture peuvent apalyf^r.^^ec fruit le mé-
canisme du langage., e^ étudier les. mouvei^ens des orga-*
nés auxiliaires de la parole, pendant la prononciation des
son^ , dans un but d'utilité que ne connaissait pas le maître
de M. Jourdain. Cet examen donne au premier la raison
physique de la rudesse ou de la douceur, de la lenteur ou
de la rapidité naturelle des signes divers qui traduisent les
idées. On peut y trouver les élémens de la prosodie et de
la mélodie , et des règles pour déterminer les véritables
sons fondamentaux de la langue. Une étude qui condttit à
de pareils résultats n'est pas aussi puérile qu'on l'imagine.
Cordemoy qui essaya, le premier, en 1668 , de faire con-
naitre le mécanisme de l'articulation des sons, n'a pas mërilé
le redoutable honneur que Molière luia&it, en empruo*
( a65 )
tant à son Discours physique de la parole , des explications
^i figurent presque mot pour mot , dans la leçon du Bour-
geois gentilhomme. Beauzëe et le président de Brosses
n ont pas reculé devant le danger de les rappeler.
Le maitre prépare Télève à la pratique de la r^gle de
succession , en Tinvitant à prononcer les articulations à
▼oix très-basse et sans y attacher aucun son , ou plutôt
atec leur son de convention , pe ^fe^ce^ie\ les articula-
tions ne doivent pas être entendues ; lorsque la bouche a
eiécuté leur mécanisme, tout l'éclat de la voix doit porter
sur le son qui suit. Même méthode, si le son précède Tarti-
culation , l'élève le prononce avec force; il imprime aux
joues, aux lèvres et à la langue le mouvement nécessaire
pour proférer cette articulation , et suspend brusquement
ce mouvement en arrêtant les parties mobiles qui le pro-
duisent , dans leur situation actuelle , comme s'il voulait
emprisonner le son dans sa bûut4ie. Le principe de la loi
de succession consiste à faire proférer le son à voix haute,
lentement, indéfiniment, et ^articulation qui suit, à voix
basse et très-vite, comme s'il importait à l'écolier de s'ar-
rêter ici le plutôt possible. Ces préceptes, difficiles à bien
exprimer, sont aisément compris dans la pratique. S'agit-
îl d'enseigner la véritable manière de prononcer ces ar-
ticulations doubles, pl^ft^cl^ lettres, qui ne doivent
avoir dans le langage que la valeur d'une seule? Pronon-
cez d'abord successivement et lentement , dit le maitre à
l'élève , pe et leife et le; ce et le ; l'élève obéit. — Allez
maintenant plus vite. L'élève répète , en pressant le mou-
vement des parois de la bouche. — Plus vite encore , le
plus vite possible ; et les articulations doubles sortent des
fèvres prononcées comme elles doivent l'être. C'est avec le
même procédé que s'appreiid l'art de bien proférer les ar-
( 266 )
tlculatlons pr yfr^ cr^ir; chacune des deux lettres dont
elles se eomposent. est prononcëe séparément et avec une
\itesse progressive dont le dernier degré détermine néœs^
sairement leur fusion en articulation ou lettre unique*
Faut-il prononcer le mot papa ? le maître montre à Té-
lève un p sur le tableau des articulations: Faites, lui dit-
il , le mouvement du pavillon vocal nécessaire pour [vo-
fërer la lettre p , fermez la bouche et pincez les lèvres ^
mais que je n'entende aucun son , et restées un instant ainsi.
Vous Tavez fait , c*est bien ; voyez cet a sur le tableau
des sons , et articulez maintenant ; la syllabe pa se fait en-
tendre parfaitement formée. Un second p est présenté et
formé par le pavillon vocal comme le premier ; il en est
de même du second a , et le mot papa est dit.
3.® Règle. Autorisation des cas. Nos Varrons modernes
ont surchargé l'orthographe désignes dont le moimkein*
convénient est la parfaitainutilité; leur fidélité aux étymo-
logies a altéré b composition d*un grand nombredemots^
en y plaçant une multitude de signes parasites. Cest à
eux que Voltaire souhaitait avec raison plus d*esprit et
moins de consonnes. La statil^ie délivre la prononciation
de cette superfétation de lettres et de consonnes , qui fait
le désespoir de notre enfance ,^ et qui permet à si peu d*é-
trangers de respecter notre orthographe. La plus belle
langue est celle qui rend toujours les mêmes syllabes par
des sons uniformes : telle est la langue italienne ; elle n*est
point hérissée de lettres dont Tusage commande la sup-
pression: c'est le grand viœ des langues frsuïçaise , anglaise
et allemande.
L'usage autorise chez nous de nombreuses dérogations
à la valeur des signes de convention dont nous nous serr
vons pour exprimer nos idées ; on sait quelle est la pre-
( 267 )
nonciation spéciale des mots , Paon , Laan , Paul^ Poingé ;
elle n'a aucun rapfN^rt avec les caractères alphabétiques
qui sont censés Texprimer. La troisième personne de Tim-^
paiiatt des verbes au pluriel est terminée par les cinq
lettres a, 1, ^, a,/, {ils aimaieni ^ faisaieni ) ^ diacuné
dVIles, les consonnes exceptées, ont un son qui leur est
propre, et cependant leur expression, lorsqu'elles sont réu-
nies , est celle de IV avec accent ( ai ) , de même les trois
lettres ^ , n , /, qui indiquent le pluriel de la troisième
personne de l'indicatif présent ( ils tununi^ ils disent) S
n'ont que la valeur de 1'^ mnet, et doivent être pronon*-
G^ yen ce qui caneerne ks serbes , comme si les lettres
finales ni n'y existaient pas, sans aucun égard pour ces
lettres. Les Anglais rendent les lettres dont se compose le
nom de leur premier poète tragique par des sons qui dif-*
ferait étrangement de ceux que nous attachons en France
à ces mêmes lettres iShakespear ). Ainsi l'usage com^^
mande des infractions à la manière de prononcer certaineis
lettres : que doit faire un écoli^ ? Prononcer comme il à
appris^ comme il vmt , comme il lit <l'ordinaire. On l'a-
vertira qu'il existe des exceptions aux règles pour -certains
moto ; on prononcera ces mots devant lui comme ils doi-
vent l'être. La règle d'autorisation des cas lui apprend ,
cbns certaines circonstances , à subordonner les principes à
l'usage.
Voici comment la statilégie est enseignée : le tableau des
sons est placé contre un mur, dans un point quelconque
d'un accès facile à la vue; le maitre s'entoure des élèves ,
et leur demande un instant d'attention. Il ne leur fait voir
aucune lettre , aucun caractère alphabétique ; il profère
d'abord le son- plusieurs fois, et apprend à le prononcer
«ns montrer encore le signe de convention qui l'exprime.
( 268 )
Les ëlèves répètent ce son comme s*il était une note mu-
sicale , ils en profèrent trois successivement ; Téducatioo
de Toreille précède celle des yeux. Les sons appris ainsi ,
le maître montre les lettres sur le tableau et les nonune ^ en
attachant à chacune le son qui lui convient ; il recommence,
>! fait voir et entendre successivement chaque son , et cha-
que élève dit et répète successivement, à haute voix, è son
exemple. Celui qui a le mieux retenu avertit celui qui se
trompe ; le plus instruit sert de répétiteur au maître; tous
répètent jusqu'à ce qu'ils sachent imperturbablement la
sons et les signes qui leur ont été montrés. L'instituteur
a soin de bien fixer leur attention sur les signes dout le
tableau se compose, il les indique du doigt, il les ampte,
il les désigne par leur ordre numérique, il les fait pronou-
œr en intervertissant successivement leur rang ; tous les
élèves répètent d'abord ensemble, puis successivement y
lorsqu'un certain nombre de sons ou d'articulations a été
appris ainsi, on passe à ceux qui suivent, et la leçon de
chaque heure est toujours liée par de nombreux renvois à
celle qui a précédé : chaque séance commence par une ré-
pétition générale de la leçon de la veille.
U est divers moyens d'exciter l'attention et d'aider h
mémoire : la statilégie a parfaitement apprécié le parti
qu'elle en poi^vait tirer. Le maître qui enseigne d'après
cette méthode, attache à chaque lettre ou signe, l'idée d'un
objet iQi^tériel , familier à ses élèves ; une comparaisoniri'
viale le servira souvent infiniment mieux que ne saurait
le faire le meilleur raisonnement. Le larynx fait un mou-
vement sensible, lorsque la glotte profère un son. On l'ap-
prend aux élèves, en les invitant à placer le doigt sur l'or*
gane de la voix au moment où le son formé s'échappe de
sa cavité. Ainsi l'écolier s'aide toujours d'objets visibles cl
bien connus , et plusieurs de ses sens , rœll , Touïe et le
toucher concourent à lui apprendre à lire. La statilégie
ne demande rien à Tintelligence des élèves ; elle n*explique
rien , elle ne veut aucune contention d'esprit , point de
théorie dans ses leçons, elle ne parle qu'aux sens, elle
£iit voir, entendre et toucher. *Le rithme est un auxiliaire
précieux pour la mémoire ; des vers sont plus facilement
appris et retenus que les plus belles pages des prosateurs :
M. Crëmieux invitait les élèves à répéter les sons qu'ils
venaient d'apprendre sur tin air populaire.
Lorsque l'élève connaît imperturbablement quelques
lettres sur le tableau , on les lui montre en caractères plus
petits, on les lui fait reconnaître et nommer dans un livre.
Ces transitions sont faciles.
. L'élève qui sait le mieux, est placé le premier; c'est lui
qui commence chaque exercice , c'est lui qui surveille ses
camarades. Cette distinction flatte son amour - propre.
S'est-il trompé dans une leçon ? il perd son rang ,un au-
tre le remplace et est dépossédé à son tour quand il a dé-
mérité. Une concurrence de tous les momens et renouvelée
à chaque exercice > ne permet pas à l'attention de se relâ-
cher , et la mémoire est sans cesse excitée , régularisée et
nourrie par le contrôle que les élèves exercent les uns sur
les autres. De petites récompenses proportionnées à l'âge
et à la condition des élèves sont encore un moyen utile que
la statilégie emploie pour venir au secours des mémoires
distraites et paresseuses.
Plusieurs élèves avaient été remis à M. Crémieux : le
premier soin des commissaires qui devaient assister à
leurs leçons, fut de constater leur état d'ignorance, et ils
parvinrent au moyen de précautions qui ne laissèrent rien
( 270 )
à dëstrer (0- 1^ existe si peu d'analogie entre la statil^é
et les mëthcMles ordinaires qu'un écolier est d'autantoioin^
propre à faire des progrès avec la première, qu'il connaît
plus de lettres.
Huit élèves ont reçu régulièrement les leçons de
M* Crémieux en présence des commissaires ; ces élèves
sont :
Brénier, âgé de 26 ans, natif Saint*Prix (Ârdèche).
U ne connaissait pas une seule lettre.
Prali , âgé de 22 ans , natif de Pougens ( Ârdèche).
Il connaissait la lettre S et la lettre O.
Calvet , domestique chez M. le professeur Legrand,
et âgé de 17 ans. U connaissait presque toutes les lettres
simples .
Nantua , domestique chez M. Martin , médecin , âgé
de 26 ans , né à Chambery. U ne connaissait pas une
seule lettre.
Desmares et Thuilier , domestiques ; Delmas et Bre-
taigne, soldats.
Les séances , commencées le 7 juillet, ont été continuées
avec la plus grande régularité jusqu'au 17 au soir,
dans un espace de dix jours ; les huit élèves reçurent
pendant ce temps vingt heures et cinquante-deux mi-
nutes de leçon ; un premier examen public eut lieu ;
tous syllabèrent parfaitement plusieurs mots ; ils lurent
avec lenteur , mais enfin ils lurent ; les leçons reprirent
(1) L'instruction de ces ëlè^es a été publique: iU n'ont reçu aueaae
leçon hors de la présence des trois commissaires , MM. les docteurs
Para , Monfalcon et PoKnière. D'antres personnes ont suiTÎ réga-
lièrement les expériences : MM. les docteurs Oinet et Lasterboarg,
M» Legrand, professeur^ dei négocians , des ayocats^ etc. , ont sigo^
les procés-yerbauz.
( 271 )
leur cours du 20 au a6 juillet , jour d'un secoud exa-
men public dont voici les résultats : .
Brenier avait eu 35 heures et 4^ minutes de teçon :
il lut parfaitement plusieurs passages du Constitutionnel
et du Messager des Chambres« Calvet avait reçu 26 heui^es
et 29 minutes de leçon : il lut très -bien plusieurs
phrases d'un tableau de l'enseignement mutuel, el plu-
sieurs lignes mal imprimées d'un N.^ du Constitutionnel
qu*un spectateur lui présenta. Nantua , après 26 heures
et 3 minutes d'étude , fut en état de lire avec netteté et
fermeté plusieurs phrases d*un tableau de l'enseignement
mutuel ; Prali avait eu 26 heures et 23 minutes d'exer-
cices stalilégiques : il lut assez couramment plusieurs
phrases d'un tableau de l'enseignement mutuel, et, avec
un peu d'hésitation , trois lignes d'un rapport imprime
qu*un speetoteur mit inopinément entre ses mains. Les
autres élèves n'avaient pas suivi exactement les leçons
depuis le 20 ; ils ne furent pas soumis à l'examen qui
ne pouvait , d'ailleurs , avoir lieu sur huit élèves. Ces
résultats sont brillans, et cependant les élèves, intimidés
par la présence d'un grand concours de spectateurs ,
avaient perdu leur présence d'esprit ; leur émotion était
visible et doit être mise en ligne de compte dans l'ap-
préciation du degré positif de leurs connaissances.
Plusieurs objections ont été opposées à la statilégie*
Chu , disent ses cxitiqués , elle développe avec une ad-
mirable rapidité l'intelligence des enfans , mais de même
qu'uTtei terre que l'art oblige à produire trop tôt et
trop vite est bientôt épuisée , de même le cerveau > si
délifeat el si impressionable , que la statilégie livre à un
exercice «xlFaordinaire de ses forces , les perdra en grande
partie et deviendra d'autant plus inhabile à remplir ses
( 272 )
heatês fonctions que son action aura été moins ménagée
et plus féconde en merveilles. Que ferez-vous du taofê
de ces enfans qui auront appris à lire en quelques heures?
est-il donc indispensable qu'ils deviennent sitôt savans,
et la lecture peut-elle être d'une si grande nécessité
dans un âge aussi tendre ? l'élève marche avec rapidité
par la statilégie, mais il oubliera plus vite encore; on
art qui coûte si peu à acquérir ne saurait être ooaservé
long-temps , et si quelques heures suffisent pour savoir
lire , quelques jours suffiront pour désapprendre. Les
anciennes leçons qui se gravaient lentement dans la
mémoire , avaient du moins l'avantage d'y laisser des
traces durables et profondes. On vante les merveilleux
progrès des écoliers que la nouvelle méthode a formés ;
mais il faut beaucoup rabattre de ces prodiges : ronar-
quez que les élèves qui ont paru aux expériences publi-
ques ne sont pas des enfans , mais des jeunes gens déji
capables d'attention et d'une volonté forte ; la plupart
ont dépassé leur vingtième année: ainsi .la slatilégie
n'a pas été faite pour l'enfance qui ne saurait la com-
prendre ; jamais un enfant de quatie ans ne saura faire
la division des mots suivant les principes de M. de
Laffore; jamais on ne maîtrisera assez son esprit pour
lui enseigner à marier convenablement les articulations
et les sons , et surtout à bien prononcer les premiers de
ces signes. Les partisans de la statilégie exagèrent beau-
coup les imperfections des anciennes méthodes ; jk disent
qu'elles absorbent un temps énorme, un an, plusieurs
années, mais elles n'ont jamais arrêté aussi ,long-tem]]s
des intelligences précoces : Visconti qui , à trois ans et
demi , lisait également bien le grec et le latin , n'avait
pas appris à lire aux leçons de M* de Laffbrb. Mais ces
( 273 )
succès , que Ton exploite avec tant de charlatanisme ,
sont-ils donc avërës , et n'y a-l-il rien à en rabattre ?
les élèves qui ont ëtë entendus aux expériences publi-
ques , lisaient-ils couramment ? non sans doute , ils ar-
ticulaient lentement une phrase , guidés , dans cet exer-
cice , par le doigt du maître qui leur montrait successi-
yement les points de partage des mots , et fixait leur
méffloire chancelante sur les sons qui déterminent cette
division : voilà le prodige réduit à son expression la
plus simple , c* est-à-dire dépouillé de tout son prestige ,
et réduit à ce que peuvent faire , presque aussi promp-
tement , les méthodes ordinaires , celle de Jacotot oïl le
quadrille de Berthaud.
Plusieurs de ces objections sont spécieuses , d'autres
ont un fondement réel , mais leurs cx)nséquences ont été
fort exagérées.
Nous ne les réfuterons point en citant les expériences
qui ont été faites de la statilégie dans d'autres villes ,
et les autorités imposantes qui se sont prononcées autre
part en sa faveur ; mais ces autorités et ces expériences
entreront comme élémens dans le jugement définitif que
Topinion publique portera de la statilégie ; nous n'a-
vons rien trouvé qui les infirme , nous devons le dire
et présenter comme un titre de plus de la méthode Laffo-
rienne à la confiance générale , la concordance qui existe
entre notre opinion et celle des premiers juges du nou-
veau système de lecture. Nos savans confrères , les pro-
fesseurs de la faculté de Montpellier , ont adressé à
l'inventeur une lettre dans laquelle ils le félicitent sur
les vésullaLÏs y praimeni miraculeux ^ de l'expérience qui
a été faite en leur présence, ce Des moyens infaillibles
» et sans exception , lui disent-ils , une autorisation
Tome rUL i8
( 274 ) ^
c( à^écatTt qui résout toutes les objections , une ingénieuse
)) idée qui permet à chacun de prononcer , selon les
» usages du pays qu'il habite^ couronnent votre oa-
)» vrage et lui donnent le dernier degré de perfection,
(c Vainement quelques voix impuissantes s'élèveraient
)> contre vous ; votre découverte vivra , elle restera
9^ comme un monument remarquable , et le jour où elle
» sera partout enseignée, sera certainement uu beau
» jour dans les progrès de Tesprit humain. » Â Mont-
pellier , des enfans de dix à quinze ans , après quinze
heures de leçons, terme moyen, nomment, sans hési-
tation , toutes les lettres de Talphabet, divisent les mots
dans un livre qui leur est présenté par un spectateur,
et prononcent correctement les syllabes de plasieun.
Deux d'entre eux lisent correctement des phrases im-
proviséees et envoyées au bureau ; l'un d'eux arrêté à
ces mots : Puisqu'ils y cornaient , s'écrie qu'il faut re-
trancher du dernier les lettres nt et dire coitv^ie , parce
que c'est un verbe. A Âgen , six élèves lisent en pré-
sence d'une nombreuse assemblée , et quatre jours au-
paravant , leur état d'ignorance avait été bien constaté.
Même succès à Valence : une fille lit correc:tement plu-
sieurs lignes après sept heures et demie de leçons , et
quatre versets de l'Évangile après la neuvième heure.
Mêmes résultats à St-Etienne : des élèves qui n'avaient
que trente et une heures de leçons , terme moyen , se
sont montrés en état de lire tous les mots , quels qu'ils
fussent , et cependant leur intelligence était fort médiocre.
D'aussi heureuses expériences ont eu lieu à Turin ;
l'académie des sciences de cette ville, qui en a été témoin,
a donné hautement son approbation à la statilégie ; un
élève lut correctement après neuf heures de leçons- ,
( 275 )
M. Francœur a donc pu dire , dans son rapport sur la
statilëgie : Elle peut être regardée comme portant Cart
de lire à son plus haut degré de simplicité ; on ne sait
pas Jusqu'à quel point de brièveté serait réduit le temps
âétude , si t enfant était doué d*une haute intelligence et
iune bonne mémoire.
La statilëgie ne force point le cerveau à un dëve^
loppement d'action dangereux ; elle demande bien moins
à l'intelligence qu'aucune des méthodes ordinaires : c'est
à la mémoire , c'est aux yeux qu'elle s'adresse , et l'un
de ses grands avantages , c'est de n'exiger aucune conten-
tion d'esprit de la part d'enfans que leur âge rend in-
capables de jugement et de réflexion. Rien d'arbitraire ,
rien d'inexplicable dans sa doctrine , ses règles sont
simples , peu nombreuses , faciles à retenir , infaillibles ;
l'enfant les apprend en se jouant, il ne peut les ap-
prendre s'il est réprimandé. Plus de pleurs , plus de
chàtimens ; le maître ne peut employer avec l'élève
d'autre langage que celui de la douceur et de la per-
suasion. Que faire du temps de l'enfant , dit-on , sit
sait lire après quinze jours de leçon ? Quelle objec-
tion ! on commencera de meilleure heure à lui donner
les connaissances qui sont en harmonie avec le dévelop-
pement de sa condition physique et intellectuelle ; il
emploiera les deux années qu'il aura gagnées à des
études plus importantes , et cette période précieuse de la
vie , pendant laquelle la pensée , appelée à l'exercice ,
s*applique avec tant de vivacité et de fruit à la culture
des sciences, commencera plutôt pour lui et finira plus
tard. Sans doute que l'élève oubliera promptement l'art
de lire , s'il ne le cultive pas avec soin ; mais rien de
spécial sous ce rapport à la statilëgie , elle partage à
( 276 )
cet ^gard le sort de toutes, les sciences humaines , et
peut-être le parlage-t-elle à un degré moindre ; car plus
les procèdes d'une science quelconque sont simples et
mieux la mémoire les conserve ; or, quoi de plus simple
et de plus évident que les règles de la statilëgie ? que
Tenfant lise chaque jour et il saura toujours lire; un
long usage peut seul lui assurer la jouissance impertur-
bable de cet art. Si des enfans de cinq ans ont pu ap-
prendre à lire par les procédés ordinaires , s'ils ont pu
en comprendre les principes si difficiles , comment sup-
poser qu'ils n'entendront pas les règles si claires et si
peu nombreuses de la statilégie ? Si des enfans préctos
ont lu à quatre ans , par l'ancien système , ils auraient
lu plutôt avec la méthode LaJforienne , et c*est un ni-
sonnement bien peu logique que celui qui , de l'âgé des
sujets entendus jusqu'à ce jour , dans les séances publi-
ques, déduit cette conséquence que la statilégie n'est
pas applicable à des sujets d'un âge moins avancé. Enfin
on objecte que les élèves n'ont pas lu couramment Lire
avec rapidité et savoir lire sont deux choses très-dis-
tinctes : la première est l'œuvre du temps et de l'exer-
cice, la seconde, celui de la méthode; aucun élève,
quelles que soient ses facultés , ne peut lire très-couram-
ment après vingt-quatre heures de leçons , mais il n'en
est point qui , dans l'espace de douze jours , ne puisse
lire seul , assez bien pour se perfectionner sans maître
dans un art dont les nombreuses difficultés ne peuvent
être complètement vaincues que par une longue pratique?
Lorsque la statilégie sera la base d'un enseignement j
primaire général, et ce temps viendra , elle pourra
s'appliquer ces belles paroles de M. Royer^Collard : U
sera donné à tous de tire la parole de Dieu , de coior
( 277 )
mufdquer avec le souverain par t intelligence des lois
que dicte sa sagesse. Mieux les lois seront comprises ^
pks elles seront respectées. L'ordre est en péril aussi
long-^temps ga'il est un mystère ; les lumières ne serçent
pas moins à obéir qu'à commander.
Nous déclarons que la statllëgie a tenu ses promesses,
et qu'elle est , de toutes les méthodes de lecture , celle
qui fait faire aux élèves les progrès les plus rapides.
Les Membres de la Commission chargés de son exame4 ,
PARA , POLINIÈRE , MONFALCON , rippoetevk.
HISTOIRE.
De la fratermU consangune da peuple originairement Lyonnais ayec
la nation Traiment Milanaise , dissertation , par M. l'abbë Aima
Gnillon de Montlëon^ un des conseryateurs de la bibliothéq;a«
Blazaiine à Paris»'
Quoique la vérité de fait que je viens exposer , pa-
raisse n'avoir pas été connue jusqu'à ce jour , je suis
loin de la présenter avec la vanité que pourrait avoir
l'auteur d'une découverte qui aurait exigé de sa part
beaucoup d'érudition et quelque génie. Bien que cette
vérité ne soit dans sa plénitude qu'au temps de Bellovèse ,
six cents ans avant l'ère chrétienne , il ne m'a pas fallu y
pour en trouver la trace , percer la nuit des temps , ni
m'eafoncer dans les profondeurs de la science historique.
Je n*ai pas même eu besoin de songer à la rechercher ;
et je ne la soupçonnais seulement pas , quand elle est
venue d'elle*méme ^ pour ainsi dire > s^offrir à moi y
( 278 )
comme une consolation , dans Tune des plus fâcheuses
vicissitudes de ma longue et pénible existence.
I. Mon oreille conservait encore ^ sans que je m*en
doutasse , les impressions du vieux dialecte de la ville
de Lyon qui fut mon berceau et ma première école 9
lorsqu'à mon neuvième lustre , en 1802 , étant brutale-
ment jeté , par un atroce ministre de la police , au-delà
des Alpes , je tombai dans la capitale de llnsubrie mila-
naise , avec les apparences d*un proscrit odieux que les
indigènes devaient pour le moins éviter , s'ils n'avaient
pas l'inhumanité de le maudire. Douloureusement agité
dans un isolement peut-être plus idéal que réel 9 j'allais,
en traversant les faubourgs , chercher dans les champs ,
le soulagement que la pure nature , en sa bienfaisante
simplicité , prodigue avec tant de charmes aux âmes
affligées. A mesure que j'avançais , la mienne se sentait
de plus en plus émue par les sons du langage des habi*
tans , que cependant je ne pouvais comprendre , mais
dont les accens , la cantilène et quelques expressions me
rappelaient confusément le bon peuple au milieu duquel
j'étais né , ce langage incorrect , naïf et cantilénique des
vrais Lyonnais du temps de mon enfance. La satisfaction
que j'en éprouvais , me reportait , comme par enchan-
tement , dans mon pays natal et à Theureuse époque de
ma première jeunesse.
Le séjour de douze ans que je fis dans le Milanais ,
donna progressivement plus de développement à l'obser-
vation par laquelle j'y avais débuté. La fréquentation des
indigènes m'en fournissait de nouvelles avec d'autant
plus d'abondance qu'entre eux , et non-seulement dans
le peuple , mais encore dans la bourgeoisie et même dans
la haute noblesse , non moins par honneur national que
( 279 )
par un goût natif, transmis de gënération en génération ,
tous les Milanais parlent le dialecte ou patois du pays ,
de prëfërence à Tharmonieuse langue toscane. Mes ré-
flexions progressives sur les analogies que je découvrais
de plus en plus entre ce dialecte et celui de Lyon , me
conduisirent naturellement à penser que Tun et Tautre ,
tout interceptés qu'ils étaient par une barrière de rochers
presque insurmontables , pouvaient provenir d'une com-
mune origine. Je ne me rappelais pas sans fruit cet
axiome du savant Pelloutier : ce La langue d'un peuple ,
» prise dans son jargon ou dialecte , est le monument
» fondamental de toute histoire ancienne vraie (i). »
 l'exception de mes inductions toutes naturelles et si
peu méritoires de la part d'un observateur accoutumé à
réfléchir, il n y avait rien dans mes remarques, qui n*eût
pu frapper et qui n'ait effectivement frappé de simples
ouvriers de ma ville natale et le candide paysan de ses
campagnes , transportés dans le Milanais. Tous ceux que
jy ai vu venir, n'y étaient pas plutôt arrivés qu'ils
comprenaient le jargon des artisans et des villageois du
pays t beaucoup mieux que ne le pouvaient , même
après l'avoir étudié , d'autres étrangers venus antérieu-
rement d'autres provinces de la France et même de
îltalie. Ces Lyonnais illettrés le parlaient bientôt avec
facilité , comme s'il eût été leur langue originelle. D'après
tout ce que j'ai observé à cet égard, je crois pouvoir
dire avec assurance que si l'on met à l'improviste , parmi
le peuple de Lyon , un vrai Milanais , et , parmi celui
de Milan , un bon Lyonnais qui n'a jamais parlé que
(i) Histoire des Celtes , livre i , pag. i.
( 28o )
son patois natif , Tun ne tardera pas phis que l'autre k
comprendre le langage de la famille qui l'aura adopté.
D'autres œnformitës dont je parlerai ensuite , celles des
inclinations et des goûts ^ accompagnant celle-ci , qui est
le plus sûr indice d'une origine commune , l'un et
l'autre ne manqueront pas d'avoir un sentiment confus que
les deux familles sont au moins germaines et collatérales.
On me comprendra certainement dans les quartiers les
plus populaires de Lyon, si j'y viens en arrivant deMilan,
proférer les verbes suivans : Ha parla y mangia y bevu y
passa y camina , giuga , iocca , tira , buiia y bala (i),
cat^a (2) , iravaglia , grippa , ruba (3) , sgraffignay
(i) Ce mot milanais dont les Toscans ont fait hakxt
( danser) ^ avait été emprunté par S. Augustin , à nn peaple
pins ancien que les Grecs ou les Latins y et qui ne pou-
vait être que le peuple gaulois ^ car il était obligé de Tex-
plîquer. Erat , disait-il y gentilium ritus ut diebus festis
balaûones y id est cantilenas et saltathnes exercèrent y quod
halare , id est vociferando saltare y vocabant ( De temp,
Serm. 2 , i5). Le vieil historien de Rnbjs , racontant les
cérémonies avec lesquelles les Gaulois de Lyon allaient
chercher le gui de chêne dans les plaines d'Ayrieu et le
bois d'Artas , dit qu'ils rapportaient en grande pompi"
avec des balations. {Vag. iq8 de son Histoire véritable de
L>yon).
(2) Cet antre mot milanais avec lequel les Toscans ont
composé leur cavare y est évidemment d'origine celtique.
Il vient du nom de celui des anciens rois des Gaulois qu'ils
appelaient Cavar.
(3) Rubar pour voler , était d'un usage général à Lyon
dans le seizième siècle. «En 1629 9 le 25 avril, dit le
vieux de Rubys y il y eut en cette ville une révolte do
(28i )
eaga , è sgonfia , frusia , rotia , etc, , ^fc. Le peuple
lyonnais croira encore que je parle le langage de ses
pères, lorsque je proférerai ces noms de choses: Mamma y
papa (i) , testa , bocca , naz , pell , mon , /;^r , /^on ,
peuple pour la cbertë du blé ; et cette réyolte fut appelée
hubayne ou Roubayne , parce qu'elle se convertît en piller. 9»
(i) Le premier de ces mots s'emploie pour dire mam^
mdlc et mère ; le second , qu'à Ljon on prononce pape y
et qu*à Milan, souvent on allonge par mignardise y en
disant papine y désigne la bouillie qu'on donne aux petits
enfiins y après quelques jours ou quelques mois d'allaite-
ment y et s'emploie aussi pour appeler le père. Le premier
est le cri de l'enfant par lequel , en demandant à teter ,
il appelle effectivement sa mère ; et il paraît que y dans
la simplicité patriarcale des temps anciens , c'était le père
qui , pour soulager la mère , donnait la bouillie y ou pape y
à cet enfant 9 dès qu'il pouvait supporter une nourriture
plus solide que le lait. Par cela même qu'il criait y^apa , il
demandait la bouillîe que son père lui donnait ordinaire-
ment y c'était l'appeler lui-même. Ainsi donc dire mammay
ou, comme actuellement en France dans le langage pré-
cieux y maman , c'est demander à teter ; et dire papa y
c'est demander la bouillie de l'enfance. Quiconque connaît
ces ëtjmologîes y ne peut s'cmpécher de sourire lorsqu'il
voit de grands garçons , de grandes demoiselles ^ des mères
mêmes et des pères dont les pères ou mères sont encore
vivans , dédaigner leurs nobles titres , pour leur demander y
par ceux qu'ils leur donnent , la mammelle et la bouillie.
Le savant Muratori , transcrivant une antique. inscription
sépulcrale y faite pour un enfant mort èi l'âge de sept ans y
et dans laquelle il était dit que ce monument lui avait été
dédié par sa mère , d'autres parens et sa mammia , croit
qu'il fallait écrire matnma y et que cette personne était la
( 282 )
ehignœu di pan , /amm , sefe , pansa , ôraga , brocca ,
iela^ oulla (i) , pa((a ( pour chifon de vieux linge) ,
saccoscha , /r/ia , bugada ( la lessive , qu'à Lyon on ap«
pelle ^tfy^ ) , fripée (2) , mestée , /1117/75 ( le temps ) j
reloge ^ can , feuch , gieuch , occa , canaa ( canard ) »
rj^o/ , ;?0£z , bosch , ^û/rf , yrrrf , fresch , pairigot ,
do5//i (3) , f/r. , etc. U en sera de même pour ces ëpi-
thètes : Nègre , /^ot'^r , çesin , bonasc , ^£z;7o;z (U<^1^^ ^^
vil ) , buz ( stupide ) , gon% ( sot et brutal ) , etc. , €/^.
On ne doutera plus à Lyon que je ne parle lyonnais
quand je dirai : Mett in saccoche , a bon cuni , tira
fœura , giuga da scrocch , paia irass , de riff o de raffy
cricch cracch , la coa (4) , par denanz e par de dre'e y
noarrice de Tenfant , qui sans doute n'aurait pu être allaité
par sa propre mère. {Nwus thésaurus veterwn inscription
num , au tome II , pag. i i3o ).
(i) Oulla , pour marmite , est un des mots que les
Latins prirent aux Gaulois. (Voj. dans 'l' Ancien-Testament ^
lÂh. t Regum , cap. 2 )•
(2) Tripcz ëtait le nom que les Gaulois donnaient aux
escabeaux sur lesquels ils s'asseyaient 9 et qui n'araient
que trois pieds (La Tour d'Auvergne , Origines gauloises):
par où Ton voit que tri ( pour trois ) 9 et pez (pour pied)
viennent de la langue celtique. Les Latins en ont fait tri^
pctium ; mais les Ljonoais et les Milanais ont conserré
le mot gaulois dans l'intégrité de sa prononciation*
(5) On appelle ainsi , à Milan , de pauvres farceurs de
carrefour qui récitent des satires 9 souvent cyniques ,
écrites en patois du pays. Les Lyonnais emploient ce mot
dans une signification qui ne diffère guère de celle du patois
milanais.
(4) A Lyon , comme à Milan , on dit coa pour queue ;
( a83 )
gi a Ungua in bocca ça fiun a Roma ; Vamor , lafam
€ la iossin , ire cose che se fan cognoss ; gieug de mon
gieug de vilan , a Ja ben al çilan se troça cagar in
mon , etc. , etc.
Cependant ces locutions , comme les mots prëcëdens
et une infinité d'autres dont la citation deyiendrait fas-
tidieuse , appartiennent en propre au dialecte de Milan»
On ne m'objectera pas sans doute qu'ils sont tirés ^ par
syncope , de la langue toscane , parce qu'on sait que
lorsque le Dante la créa , il prit , à cet effet ^ la plupart
de ses mots dans les divers dialectes de l'Italie , parmi
lesquels celui de Milan tenait le rang le plus distingué.
Si , d'autre part , je vais réciter , comme je l'ai fait ,
devant des Milanais , et avec l'accent du peuple de Lyon ,
ces expressions d'un poëme de 1688 , en patois forisien ,
semblable au patois lyonnais (i) : L entrai solemnella que
se set jamdi fat '^ lou tio cœur -gen de marqua-gou-
cerna la barqua - inco presta - planta la sentinella - çou
ly sciage ben - se fan la chambalelia - la festa d^en-
et de là vient évidemment le mot coar , inconnn an reste
de la France y et employé par les Lyonnais pour désigner ,
en fait de viande à manger , la pièce de bœuf qai tient à
la queue de l'animal .
(i) Imprimé in-4-^ de 52 pages « sans compter Tépitre
dëdicatoire non paginée , et ayant ponr titre : Uentrat so-
Urmtlla de monsieur et de .madama de Saint- Pries t din
lour vialla de Santetieve ( Saint-Etienne ) y poëma , par J. C.
(Chapeloii), Fouriûen , 1688. Le site de cette vialla ayait
fait partie du territoire qu'occupait la peuplade gauloise à
laquelle échut Tlnsubrie d'Italie , lors de l'expédition de
Bellovëse , cinq cent quarante- trois ans avant la conquête
des Gaules par Jules César»
( 284 )
queu (i) , etc. ; si je rëcite encore , devant un Milanais,
ces mots d'une inscription lyonnaise de i3S3 (2) : Ccia
chapella - plo remeio - el temps de la mortalUà-U çuax
hordena en son tesiamen que el et H sinfasant celebrar^
si j'ajoute ces mots lyonnais : çen qui^ la boucherie ( pus-
tule aux coins de la bouche ) » que le peuple milanais
appelle bocchirœula ) , un orgelet ( petit bouton aux pau-
pières qu'il nomme orzœu ) ; que sais-je ? tant d'autres
idiotismes lyonnais qu'il serait trop long de rapporter,
mes Milanais diront qu'à peu de variantes près , je parle
le dialecte de leur patrie.
Déjà quelques savans italiens de notre temps avaient
reconnu , mais, vaguement , une ressemblance de pro*
nonciation , même en parlant la langue toscane , entre
les habltans actuels de l'Italie septentrionale et les
Français parlant leur propre langue , dans ce que les
pemiers conservent encore , sans y songer , de l'antique
prononciation gauloise. Mais , ne connaissant pas ce qu'il
y avait de spécial dans l'Idiome de la légion celtique qui
peupla cette partie de lltalie , lors de Texpëdltlon de
Bellovèse ; ne cherchant point à discerner en particulier
celte légion / ni à connaître le territoire particulier de
la Gaule celtique qu*elle avait habité auparavant , et d'où
elle était partie , ignorant d'ailleurs les traces qu'elle 7
avait laissées des particularités de son Idiome , ces savans
(1) Le mot enqwu pour dire aujourd'hui , n'est usité
que dans les dialectes de Lyon et de Milan. Aucun savant
d'Italie n^a pa m'en indiquer la source , parce qu*on ne l'a
jamais cherchée que dans le grec et le latin.
(2) Cette inscription est rapportée en entier dans h
Notice du Musée de I^on 9 par M. Artaud , au n.^ LXIU-
( 285 )
ne pouvaient pas remarquer autre chose dans le langage
italien du nord de l'Italie , que des prononciations sem-
blables à celles des Français en général , considérés
comme héritiers de celles de leurs aïeux , les Gaulois.
Ces remarques , néanmoins , sont trop corrélatives avec
ma découverte pour ne pas lui servir de cortège.
Le comte Pierre Verri , dans sa belle et bonne His-
toire de Milan , publiée vers la fin du siècle dernier ,
observait avec surprise , sans pouvoir en dire précisé-
ment la cause , « que depuis la Sézia jusqu'à 1* Adige ,
dans toute la Lombardie , le peuple avait des roots et
des accens tellement étrangers au reste de l'Italie , que
toute personne accoutumée au langage de Naples , de
Kome, de la Toscane ou de toute autre partie quel-
conque de la péninsule italienne , jugerait ^ en entendant
les Lombards , qu'ils sont français plutôt qu'italiens. On
en peut conclure , ajoutait Verri , qu'il est vraisemblable
que leur origine fut la même. Je ne peux expliquer une
telle analogie de langage que de cette manière , car s'il
eût suffi des séjours passagers des Français dans la Lom-
bardie , aux huitième et seizième siècles , pour en rendre
le langage si différent de celui des autres contrées de
l'Italie , et faire que cette diversité fût si durable , nous
devrions avoir beaucoup plus de mots et d'accens teu-
toniques que nous n'en avons , puisque nous fûmes
envahis par les Lombards en des temps bien plus anciens,
cl que leur domination fort absolue a pesé , bien des
siècles, sur notre antique Insubrie (i). »
La langue latine , que les Romains lui avaient imposée
(i) Storia di Milano , pag. a , tom. I , in-4.^
( 286 )
anlërieurement comme à tous les Gaulois de la Gaule
celtique , depuis les conquêtes de J. Gësar ^ n*ayait pu
ëtoufier Tidiome natif chez les Insubres dltalie, même
au temps des empereurs. Un autre savant , très-expert
en archéologie , le docteur Labus , reconnaissant des
noms gaulois dans plusieurs inscriptions antiques du
Milanais, dont Tune est des premiers temps de l'empire,
a reconnu que les descendans des Gaulois , vivant sous
la domination romaine , bien que dans leurs actes ou
monumens publics ils fussent obligés de n'employer que
la langue latine , ne parlaient entre eux et dans leurs
relations de famille que la vieille langue de leur na-
tion (i). Il en devait être ainsi à Lyon , où i'érudît
J. Spon voyait, en 1673, d'antiques épitaphes latines
dans lesquelles les noms , tout latinisés qu'ils s'y trou-
vaient , n'en étaient pas moins des noms véritablement
gaulois (2). Sous le règne du roi goth Athalaric dans
rinsubrie italienne , de 49^ à 526 , le langage commun
des Milanais était encore le langage gaulois. C'est
Cassiodore , secrétaire de ce prince , après l'avoir été de
son prédécesseur , c'est Cassiodore lui-même qui nous
l'atteste dans la lettre de sa composition par laquelle
Athalaric se fit un honneur d'annoncer à Arator qu'il
relevait à une éminente charge de sa cour , celle de
cornes domesiicorum (3). Le secrétaire et le roi louaient,
(1) Notes du docteur Labus , dans le tome IV de Vlstoria
diMilanoy par le chevalier Rosmini, (^MilanOj 1800) in-4 % ,
pag. 441 ^^ 44^*
(2) Recherches des antiquités et curiosités de la viUe de
Z(yon ( 1675 ) , pag. i25 et 147.
(5) Variar. Epist. VIII , 12.
( 287 )
avec une sorte d'etonnement , ce favori de ce qu(3 n'ayant
eu pour maître que Cscilius Stace , qui ëtait milanais (i) ,
et ayant étudié dans Tlnsubrie dltalie a où la langue
gauloise résonnait de toutes parts » , il parlait latin aussi
bien que Cicéron (2).
Puisque Vidiome gaulois se conservait mieux dans
cette Insubrie que dans aucune des autres contrées dltalie
qu'avaient peuplées des légions de Bellpvèse , différentes
de celle qui s était établie dans Tlnsubrie , il fallait donc
que son langage eût un caractère particulier ^ très-ferme
et très-prononcé , qui le rendit à peu près indestruc-
tible. Les mots et les accens gaulois ne se remarquent
plus , au moins d'une manière si formelle , dans les
contrées des rives méridionales du Pô , qu'occupèrent le»
Boïens , les Lingons , les Sénonais , ni vers les Appe**
nins où se fixèrent les Ânianes , suivant Polybe , qui
nous dit lui-même que les Vénètes , établis sur le ter-
ritoire qu'on appelle aujourd'hui vénitien , différaient ^
par le langage , des autres peuplades gauloises de l'expé-
dition de Bellovèse : ce qui fait penser que chacune de
ces peuplades avait 9 dans son langage gaulois , un carac-
tère qui lui était spécial. Mais l'idiome particulier des
Insubres qui avait résisté , plus que tout autre , à l'as-
cendant que , par les armes comme par la faveur , les
Romains donnèrent à la langue latine , pouvait-il être
absorbé par le teutonique des Goths et des Lombards ,
peuples avec lesquels les mœurs et les inclinations des
(i) SassîyJDe sludiis Mediolanensibus , Prodromus ^ c. 5.
(2) Romanum eloquium non suis regionibus invenisti ; et
ihi te TuUiana lectio dUerium reddidit , ubi ^uondam
gallica lingua resonavit.
( 288 )
Insubres furent en lutte perpétuelle ? Leur opinîâtreU^
à conserver Tancien langage pourrait être calculée d*après
rattachement invincible des Milanais d'aujourd'hui pour
le dialecte que leur ont transmis leurs ancêtres dont la
généalogie ascendante va se rattacher aux Insubres de
l'antiquité. Ceux-ci disaient certainement , quant au sens
et à l'intention , ce qu'avec un orgueil national hérédi-
taire, leurs descendans actuels répliquent brusquement
à tout étranger qui ose vanter devant eux , avec un air
de préférence , les mœurs , les usages et la tangue de
sa nation , pour les leur faire adopter : Siam Milancz ,
e çogliam restar Milanez.
Sur ce point , il est vrai , la ressemblance des Lyon-
nais avec eux est en défaut ; mais Lyon n'eut jamais ,
pour la conservation de sa langue primitive , les a>ran-
tages de dignité et de situation dont Milan a constamment
joui. Premièrement , Lyon ne fut jamais qu'une ville
secondaire , subordonnée et comme vassale d'une capi-
tale bien dominatrice , et sous les empereurs romains ,
et sous les rois de la Bourgogne transjurane (t) , et sous
ceux du royaume d'Arles , et sous les' rois francs. Je ne
dis rien du règne éphémère des rois bourguignons qui
n'y résidèrent que peu de temps ; et si je parlais de la
souveraineté régalienne des archevêques dé Lyon aux
onzième et douzième siècles , ce serait pour faire remar-
quer que cette époque fut l'une de celles où , par des
tumultes belliqueux , les Lyonnais ressemblèrent abso-
lument aux Gaulois de Milan.
(i) Voj. ma dlBsertation sur Raoul ou Rodolphe , de^
venu roi de France , Can 923 (Paris 9 1827 ) > pages 35 1
36, 83 et 117.
( 289 )
La ville de ceux-cî eut , au contraire et perpétuelle-
ment, l'avantage d'être la capitale, non simplement d'une
province , mais d*un ëtat prépondérant , au moins de-
puis le grand G)nstantin. Quand cet empereur abandon-
na rilalie pour aller résider en Orient , il éleva Milan
au niveau de Rome , en y plaçant , sous le titre de
vicaire , pour l'Italie septentrionale , un vice-empereur
qui avait sur elle la même autorité que devait avoir sur
]ltalie méridionale , le vicaire qu'il laissait à Rome.
Quand le Milanais tomba successivement sous la domi-
nation des rois goths , des ducs ou monarques lombards
et de nos Carlovingiens , Milan fut toujours leur vraie
capitale , malgré l'importance que quelques-uns d'eux
attachèrent à Pavie. Plus tard , c'étaient les patriciens et
l'archevêque de Milan qui élisaient les rois d'Italie , et
leur conféraient même , avec le titre ii Auguste , le droit
d'aller se faire couronner empereurs à Rome (i). Je n'ai
pas besoin de suivre les siècles postérieurs jusqu'à noi^
jour^^ pour montrer que la destinée de Milan n'a pas
cessé de vouloir que cette ville fût toujours la ca^tale
d'un état considérable. Qui ne sent dès lors combien U,
prépondérance que les Milanais avaient en Italie , par
cette constante prééminence de leur cité , devait ajouter
de force à l'orgueil de ceux qui , fiers de descendre des
Insubres , voulaient retenir le plus sûr et le plus pré-
cieux titre de leur origine , le langage de leurs ancêtres?
£n second lieu , Milan , situé à l'extrémité septen-
trionale de l'Italie , et comme à l'écart, fut , pour cette
raison , moins fréquenté par les étrangers que les villes
(i) Voy. pag. 75, 77, 78 et 120 de la dissertation: Raout
au Rodolphe devenu roi de France , en 923.
Tome FUI 19
( 290 )
placées sur la roule de Rome , Naples , Florence , et
par conséquent moins sujet aux innovations qu* ils in-
troduisaient chez les indigènes par leurs fréquentes com-
munications avec eux. Lyon , au contraire , livre, depuis
J. César , à d'innombrables et continuels passages , non-*
seulement de voyageurs ordinaires , mais même d*em-'
pereurs , de rois et de princes avec leurs cours , était
entraîné graduellement par la vanité et par le penchant
naturel des hommes à rimilation de ce qui parait grand
et bciau , à fondre ses allures dans les manières de ces
brlllans passagers. La fusion devenait , d'ailleurs , inévi-
table par la facilité avec laquelle les étrangers obtenaient
à Lyon le droit de cité , y formaient des établissemens
somptueux ou lucratifs , comme aussi par les nombreuses
alliances que les Lyonnais contractaient si volontiers
avec des femmes qui n'étaient pas de leur province, et
les Lyonnaises avec des étrangers que , par leurs charmes
ou par l'attrayant espoir des supplémens de dot , elles
Jixaient dans cette ville. II n'en était pas de même à
Milan 9 où , jaloux de conserver le caractère originel ^
pn n'accueillit jamais les étrangers que comme des d^
seaux de passage. On y fut toujours plus soigneux
qu'ailleurs de n'épouser que des indigènes et d'écarter
des emplois de quelque influence sur les mœurs publi-
ques , quiconque n'était pas du pays.
On sait déjà que les Milanais ont toujours été per-
suadés qu'il est de leur dignité nationale de conserver le
dialecte de leurs aïeux. Ils y tiennent même avec tant
d'estime que leurs poètes du [Premier ordre se sont fait
un honneur de composer , en ce dialecte , de très-ingé-
nieuses poésies. Il en existe plusieun recueils imprimés »
dont la* lecture enchante journellement leurs compa-
( 291 )
triotes (i). Des lexicographes instruits ont jugé qu'il
était de leur devoir d'illustrer le patois milanais par de
très-sérieux vocabulaires (2). Parmi les mimes qui , dr.ns
les rues de Milan , cherchent à vivre de leur rôle , il
n'en est point autour desquels on aime plus à se grou-
per 9 que ces hommes simples appelés Ménéghins , qui ,
d'un ton naïf et demi-jovial , disent en patois milanais
des chansons ou des historiettes , à la manière des rhap-
sodes des premiers temps de la Grèce ^ lorsqu'elle n'avait
pour modèles que les Gaulois. Les grands comme le
peuple , les savans comme les ignorans , ne peuvent
s'empêcher , en passant près du Ménéghin , d'y être
fixés ensemble , comme en famille , par je ne sais quel
attrait , correspondant sans doute à quelque penchant
inné , qui , étant commun à tous , semble être le sen-
timent confus d'une commune origine.
Les Lyonnais , depuis long-temps , sont loin d'avoir
la même estime pour le dialecte national. Jamais il ne
fat consacré chez eux par le plus petit vocabulaire ; en-
core moins y daigna-t-on recueillir en volumes les
poésies faites en ce jargon. Peut-être mênie les poètes
lyonnais d'aujourd'hui se dégraderaient aux yeux de
(i) Tels sont : Opère di Carlo Maria Maggi; les Donna
Perla , Merieghin fae capuscin , Meneghin a la Senavra
(hopitaldes foutf ) , et autres , par Jérôme fiiraghî ; Opère di
Dominieo Balestreri ; Bimm Milanes de Gharle-Antoine
Tanzi ; Poésie Milanesi de Joseph Parîni , etc. etc.
{^) Varro Milanese de la lengua de Milan ; Prissîan
de Milan : De la Pamonzia milanese (Milan , 1606 et 1750);
Vûcabulario milanese^ilaliano di Francesco Chèrubini p
2 tom. in-8.^ Milan y imprimerie royale , 18 14-
( ^92 )
leurs concitoyens , s'ils imitaient d'assez bons versifica-
teurs , vraiment patriotes , du temps de ma jeunesse ,
par qui j'ai vu faire chanter de ces poésies dans la
peuple , lors des réjouissances publiques j notamm^t
à l'arrivée de la princesse de Savoie , qui venail épouser
le frère puiné du roi , ce prince qui , depuis , a régné
50US le nom de Louis XVIII , et à la naissance de cette
princesse française que nous vénérons, et comme fille de
Louis XVI , et comme dauphine de France.
Il est résulté de cette différence de conduite entre les
Lyonnais et les Milanais , en ce qui concerne leur dia-
lecte respectif, que celui des premiers a été de plus en
plus repoussé dédaigneusement dans les plus basses classes
du peuple , et que tous les Lyonnais qui se piquent de
lui paraître supérieurs , s'appliquent à ne parler que la
langue de l'académie , et par cela même abjurent,
comme une sorte d*ignominie , la langue de leurs aïeux,
celle qui dénote la noblesse de leur véritable origine.
On ne contestera jamais la vérité de l'axiome du sarant
Pelloutier-, que le jargon ou patois d'un peuple est le
monument' fondamental de son histoire ancienne vrsie> et
l'indice infaillible de. sa souche généalogique.
Nous devons appliquer k tout jargon ou patCHS ce
qu'un autre savant plus moderne dit en général de la
langue de telle ou telle nation « qu'elle est le véritaUe
trait caractéristique qui distingue Tune de l'autre, et
que ce trait a l'avantage d'être toujours inaltérable , se
conservant à travers la série des siècles (i) : » ce qui s'en-
(i) Voj. pag. xviij et xix de la préface du tom. I de
V Allas ethnographique du globe , par M. Adrien Ballû.
Paris , 1826.
( ^93 ) \
tend naturellement de la langue primitive d'un peuplé y
lors même qu'elle a été altérée et presque entièrement
changée par celle des peuples conquérans sous la domi-
nation desquels il est resté long-temps , ou par des
causes semblables à celles qui ont tant dénaturé la langue
originelle des Lyonnais. Mais ceux d aujourd'hui n'en
sont pas moins encore la preuve que le trait caractéris-
tique de cette langue primitive est inaltérable ; car , malgré
le soin que les Lyonnais d*un certain rang mettent à ne
parler que Télégant langage de Tacadémie y ils laissent'
toujours remarquer dans leur conversation un accent ,
des intonations , des incises j un chant , et souvent
même quelques mots étrangers qui décèlent leur origine
gauloise. En quelque pays que se transportent ces beaux
parleurs , tout observateur exercé et d'une oreille dé-
licate reconnaîtra qu'ils sont nés à Lyon.
Or, ces accens, ces intonations , ces finales, même ces
mots idiotiques et ce chant sont , quoique moins articu-
lés, ceux-là même de ce bas peuple de Lyon qui^ne parle
que son patois ,. mais qui le parle en toute franchise ,
avec une assurance qu'aucun respect humain ne saurait
troubler. Ce sont encore, à l'exception de quelques
variantes accidentelles , ceux-là mêmes du dialecte du-
peuple milanais. Chez' Tun et chez l'autre , c'est , outre
quantité de locutions semblables , la même cantilène ;
c'est la même bonhomie d'expression dans la physiono-
mie et dans ks gestes ; ce sont les mêmes modulations
naïves de la voix et les mêmes finales traînantes» Dans
l'un et l'autre dialecte , ce sont des phrases courtes ,
monosyllabiques , au plus bissyllabiques , sautillantes ,
sobres de verbes et n'en ayant point de conjugués : ca-
ractères distinctifs de l'antique langue celtique. Ce sont
( ^94 )
fréquemment , comme on le sait déjà , les mêmes mots ,
la plupart inconnus ailleurs que. dans le Lyonnais et le
Milanais ; ce sont les mêmes syncopes de ceux des lan-
gues française et toscane que nos latinisans et grécisans
disent ne venir que du latin ou du grec , pour lesquels
ils sont si passionnés , avec tant d* orgueil , qu'ils you-
draient qu'on oubliât que les Grecs et les Latins avaient
pris la racine de ces mots aux Gaulois , tout en les trai-
tant de barbares (i).
Quand les Grecs et les Romains formèrent leur
langue respective , ils les composèrent en grande partie
de mot empruntés à la langue celtique , en les répétant
toutefois et les écrivant suivant la manière variable dont
ils en entendaient la prononciation gauloise y très-diffi-
cile à saisir (2) ; len* sorte qu'une infinité de mots firan-
(1) Les Grecs et les Latins sont convenus qu'ils araient
pris beaucoup de mots ii ces barbares* Platon (in Croula)
dit : Reor equidem nudta nomina Grascos à barbaris Air-
buisse. Denys d'Halicarnasse fait le même aveu pour le
compte des Romains : Romani autem sermonc nec proràu
barbaro ^ nec absolutè grœco uiuntur , sed ex uiroque
mixto accederUe in plerisque ad proprielalem lingux (Boliae
( Antiquit. rom. « 1. i 9 versus finem )• Pompeius Festos ,
BU mot Barbari de son Traité De verborum significatione^
s'exprime ainsi : Barbari dicebanlur antiquiths omnes gm-
.tes y excepiis Grœcis» Plaute reprocbant au poète latin
I^aeyius d'employer trop de mots gaulois ^ l'appelait Bor-
barum. Voy. encore Varron et le livre De originibus $ par
Isidore , 1. ix , c. i.
(2) «< La prononciation des mots gaulois ^ dit Pomponias
Mêla (1. 3) de Situ or bis), leur mécanisme même étaient
si difficiles à saisir par l'oreille ( et on ne le pouvait pas an-
(295)
çkis qui ne paraissent dériver que du grec ou du latin ,
le sont plus réellement du œltiqne , beaucoup plus voisin
des premiers âges du monde , et nous appartiennent en
propre comme héritage de nos pères , les Gaulois (i).
trement ^ puisque les Gaulois eurent pour principe de
politique et de religion , de ne point écrire ) , qu'il de-
venait impossible aux Grecs et aux Romains de mettre dans
leurs écrits un seul de ces mots sans en altérer la forme
et même le sens. Leur orthographe varia d'ahord , pont*
cette raison , suivant qu'ils imitaient plus on moins bien
la prononciation gauloise ; l'imitation infiniment variée
qu'ils en faisaient, fut long-temps la règle équivoque de
ta première orthographe des Grecs et des Latins. »
(i) Pour me borner à peu d'exemples , je citerai notre
mot fadaise qui vient bien évidemment du nom fada ,
que les Gaulois donnaient à leurs druidesses , dont le
ministère était de prédire l'avenir. Les Komains firent de
ce nom celui Ae falidicœ i mais nous sommes restés plus
rapprochés des Gaulois , en traitant de fadaises tous les
propos qui ressemblent aux prophéties de leurs druidesses.
Dans les montagnes du Forez qui séparent cette province
de l'Auvergne , près du bourg d'Urfé » est une grotte où
des draidesses rendaient leurs oracles et qu'on appelle
encore « le creux Aes fades* » Le mot vin ^ prononcé à la
gauloise , était guin 9 dont les Komains firent vinum. Le
P. Pieri'e Labbé , traitant , en 1664 9 de la langue des an-
ciens Lyonnais , disait à ceux de son temps : Légère est
apud Jùliùm Cœsarem , Strabonem 9 Suetoniutn 9 Taciium ,
Ausonium^ Sidonium^scriptoreslalinos^ verba gallica quibus
nunc etiam lUiniur. Ejusmodi sunt , à multis , Soldt^rus 9
Leuea , Ctura^ Bracca , Caracalla^ AlausCf Tenca^ SaU'
mon* Si raiionem quœris^ hœc inpromptu est : nullis tempO"
rum et rerum vicissitudinibus ita mutantur linguœ j ut evel-
I
( agS )
On peut en dire autant de quantité de mots de la langue
du Dante , de Boccace et de Pétrarque. Ainsi donc , les
mots à physionomie française qu'on rencontre dans lés
dialectes lyonnais et milanais , pouvent y être depuis le
temps des Gaulois. A plus forte raison j est-il permis de
reporter à la même époque , ces mots qui , dans l'un et
Vautre patois , sont tellement durs et choquans pour
les puristes italiens et français , qu^avec un or^eîHeux
mépris ils les renvoient aux Barbares , sans penser que
ces Barbares peuvent fort bien être les Gaulois , sans
qui les Grecs et les Latins n'eussent pas jeté les fonde-^
jnens du purisme dont ces élégans discoureurs tirent
une si grande vanité.
Il suit de là , ce me semble , que les mots identiques
des dialectes lyonnais et milanais qui ne sont pas plus
dans la langue française que dans le grec et le latin,
comme racines , ne proviennent que d'un même idiome
celtique ; je le particularise à dessein , puisque j sui-
vant que je l'ai observé , il y avait des différences no»
tables entre les idiomes des diverses légions de Texpédition
de Bellovèse. S'il était possible de remonter le torrent
des âges jusqu'à cette époque si reculée , en tenant d'une
main la généalogie ascendante du dialecte lyonnais , et
de l'autre main la généalogie ascendante du dialecte mi-
lanais , nous les verrions se rapprocher graduellement
iantur radîces et corrumpanlur origines. ( Dissertation XVIII
du recueil intitulé : Disseriationes Pétri hahhé 9 è societate
Jesu , de ortu Lugduni , de aniiquo situ iMgduni^ etc. etc. f
suivies des Epistolœ hiàtoricœ ejusdem autorisy de Lugduno
suh Plunco , Julio Cœsare et imperatoribus ustjue ad LuàuBt
Verum. hugduni , 1664 , iu^fol* )
( 297 )
par un accroissement progressif de conformitës , et finir
par se confondre comme en une source commune dans
ridiôme particulier de cette nombreuse et puissante
légion qui choisit j pour son établissement , Tlnsubrie
dltalie. Le motif de cette préférence fut , selon Tite-
Llye 9 que le nom de cette contrée était celui-*là même
du territoire qu'elle habitait précédemment en deçà des
Alpes , et où elle avait certainement laissé des femmes ,
des eïifans et des yieillards. Quoique Tite^Live n'ait pas
nommé explicitement cette légion , et qu'il l'ait lai^ée
sous le nom générique à'Eduens , parce que son terri-
toire était dans le canton des Eduens , il a cependant
fait connaître qu'avant de franchir les monts , elle avait
le surnom d'Insubrique : Quàm , in quo conscendtrant ^
agrum Insubrium appellari audissent j cognomine In"
subribus , pago JEduorum y ibi j omen sequenies locij
condidere urbtm ,. Mediolanum appettaruni (î). Polybe
dit formellement que la peuplade gauloise qui occupa
rinsubrie d'Italie ^ était celle des Insubres : Insubres
ienuere y naiiion particulière et la plus grande parmi celles
delà Gaule celtique :^^/i5 Celtarum maxima (2). Strabon
la vit conserver . la même prépondérance en Italie ,
n'y ayant pour rivale que la peuplade des Boïens : Quorum
maximœ génies Boii et Insubri (3).
»m
(1) Decad. ly 1. y, n.^ 54»
(2) L. IL
Ç) L. V. Voj. en outre , pour cet auteur et le précédent ,
P^g* 147 ^t suiy. de Jo. Danielis Schoepjliniy consiL Reg.
et Franciœ historiographe Vindiciœ celticœ» ( Argentorati ,
1754,10.4.^)
( 298 )
MELANGES.
Parmi les féchés de ma jeunesse, je dois compter la
publication de la petite pièce suiyante qui fut insérée dans
un recueil périodique , en i8o5 y sous le nom supposé
à* Isidore Forlisj de Lyon. Je faisais parler un buyeiir.
hk CERTITUDE.
Si mes yeux pourront voir l'aurore
Bq jour qui doit luire demain,
C'est là, ma foi, ce que j'ignore;
Mais si demain je vis encore,
Je boirai, c'est un fait certain.
Il est bien possible que la pensée ne fût pas nouTeBe*,
maiS| si elle était d'emprunt ^ j'ignore qui me TaTait fournie:
ce qu'il j a de sûr, c'est qu'elle a paru assez benreuse
à un jeune et aimable bumaniste ( M. .Edouard Servan ) ,
pour qu'en 1817, il se soit amusé à mettre mon français
en latin. Il a, en efiety donné ce distique dans l'Hermès
romanasy tom. II , pag. 56 1 :
LE CERTAIN ET L'INCERTAIN.
I
An maneat me crastina lux , ego nescio plane ;
Hoc flcio : si vivam , cras ego vina bibam.
L'anecdote que nous dvons insérée dans le tome Vides
Archives du Rhône , page 461-463 , a été reproduite dans
un journal (i) , par un de nos jeunes avocats, M. D.
(i) Le Journal du commerce du 27 mai iSay.
Voîcî la tournure spirituelle et piquante qu*îl a donnée
à son rëcit:
ce HISTOIAE DE x'aN l^Q^.
» Or, îl arriva en cette annëe-là , disent les Archives^
de singuliers malheurs à Lyon.
» Voilà qu'une inexplicable frënësie saisit tout-à-coup
ks jeunes filles, les unes se précipitaient dans les puits,
les autres s*ëtranglaient ou se poignardaient , et la ville
éïait menacée de la dépopulation.
)> Et les jeunes gens criaient : Où trouverons-nous
des épouses ? et un effrayant silence répondait seul à leurs
plaintes.
» Cependant chacun cherchait remède à cette fureur
épidémique. Les auteurs vérldique^ qui rapportent ce fait
(Bayle et Jean Brodeau), ne disent point quel fut celui
quon employa.
» Aucuns pensent qu*on fit comme on avait fait à Milet
en pareille occurrence : or , à Milet , le magistrat ordonna
que les filles qui se tueraient, seraient exposées nues aux
regards du peuple. Alors les places publiques offrirent un
spectacle pitoyable : quand la faux meurtrière a passé
sur le gazon émaillé , les fleurs fanées et mourantes jon-
chent la terre. Ainsi les vierges milésiennes , moissonnées
par leur propre fureur , couvraient le pavé de leurs
corps flétris et sanglans, et exposaient sans voile (6 dou-
leur ! ) à Todieuse avidité du regard , des appas qui n'a-
vaient encore souffert ni Tœil , ni la bouche d'un amant ,
et que la mort venait de glacer ; et ce spectacle épouvanta
celles qui restaient , et la pudeur fit ce que nul autre
moyen n'avait pu faire.
» Ainsi , pour revenir à l'événeinent tout pareil arrivé
( 3oo >
^ Lyon , un boinme appelé Jacques Ferrand , Âgënois ,
a publie un ouvrage intitulé : De la maladie damour y
ou melancholie erotique , discours curieux qui enseigne
à cognoistre t essence , les causes , les signes et Us re--
medes de ce mal faniasiique.
1» Or , dans ce discours , Tauteur avance que la ma*
ladie des Milésiennes n*ëtait autre chose que celle qui
sert de sujet à son livre ; et il ajoute, pag. 78 : « J'ose
» encores faire le mesme jugement des femmes de Lyon,
s> qui se prëcipitoient dans les puits , croyans trouver re-
«» mede à leur feu ; comme durant la grande peste d'Â-
j» thenes , les malades , pour trouver soulagement k leur
» fièvre ardente 9 se precipitoient avec désespoir dans
» les fleuves ou cloaques , au rapport de Thucydide et
» de Lucrèce. )>
n Et voilà la conclusion à tirer de ces faits :
» Les lumières se sont avancées avec le siècle, et elles
ont couvert le monde , et Tignorance a disparu ; et les
jeunes filles ont appris comment on guérissait du nul
d'amour. •
» Et depuis ce temps- là , le mal d'amour n'a plus tué
personne , ni à Milet , ni à Lyon , ni ailleurs. Et nos
jeunes Lyonnaises ne se sont plus étranglées , ne se soot
plus poignardées ; et ce n'est plus dans les puits qu'elles
sont allées éteindre le feu d'amour.
» Honneur aux progrès des lumières ( il a appris
à nos jeunes Lyonnaises comment on guérit du mal
-d'amour. »
(3oi )
ADDITIOlf A LA IVOTIGE SUR JUUEIfT>Œ MORELLE OU MOKCLLA ,
tom. Y , pag. 355, et tom. VII , pag. 186 et suiy.
Le P. Mënestrier , dans des notes manuscrites œnte-
nant des extraits historiques et chronologiques sur Lyon,
cite un passage tiré du 5 ix de 1 ouvrage du docteur
Gutîerre, marquis de Careaga , intitulé , la Poesiade-
fcndida y definida , y Moniahan alabado , où il est
question de Julienne Morelle. Il paraîtrait , d'après ce
passage , que ce ne fut point à Lyon , comme le dit le
docteur Calvet , mais en Espagne et en présence de la
reine Marguerite d'Autriche , qu'elle soutint , à Tâge de
douze ans, des thèses publiques de philosophie , à moins
qu'elle n'ait renouvelé ce spectacle en faveur des Lyon-
nais. Le docteur Gutierre ajoute que , peu de temps après
ces exercices , elle vint à Lyon où elle fréquentait les
écoles en habit de capucine , et qu'elle y cultivait les
sciences, les arts et particulièrement la musique. Un
autre auteur qui a écrit en latin et que le P. Ménestrier
ne nomme pas , donne à-peu-près les mêmes détails ,
et nous apprend de plus que Julienne dédia à la reine
d'Espagne et fit imprimer les thèses dont nous^venoi^
de parler.
ADDITION A LA IfOTIGE SUR l'ABBS DE FARAMANT^ imétée dans Ce
Tolume I page 34 et suiy.
L'abbé de Faramant , à une époque où la bulle 27m-
genitus et les divisions théoiogiques et même politi-
ques auxquelles elle donnait lieu , agitaient tous les
esprits , sut conserver une grande modération. Cette
vertu faisait le fonds de son caractère. Il en donna «ne
(5oa)
preuve dans une circonstance dont on trouve le védi
dans les Nous^elUs ecclésiastiques du ao février 1748.
Les missionnaires de St-Joseph à Lyon étaient restés
prives pendant dix^sept ans des pouvoirs de prêcher et
de confesser. Ils voulurent rentrer en grâce et firent
agir auprès du cardinal de Tencin. Leur demande
éprouva de grandes, difficultés dans le conseil de rar-
chevêque, surtout de la part de M. La Martinière,
chanoine de St-Nizîer , et de M. La Forest , custode de
Sainte -Croix ; mais elle fut fortement appuyée par
MM. les comtes et par Tabbé de Faramant, en sa qua-
lité d*oiEcial ; et d'ailleurs , Tarchevéque avait pris son
parti. Le rétablissement dqs missionnaires de St-Joseph
fut donc arrêté , et il ne fut plus question que des con-
ditions : elles furent traitées secrètement et à plnsleurs
•reprises, et se réduisirent enfin à une déclaration que
ces MM. signeraient (comme on en convint) en toute
sincérité. La pièce fut retouchée et même signée jusqu'à
trois fois , avant que le conseil la trouvât suffisante.
M. La Forest prétendait toujours qu'il y manquait quel-
que chose , sans spécifier ce qu*il entendait par-là. L'abbé
de Faramant , indigné de cet excès de délicatesse sul-
picienne , répliqua : « Oui , Monsieur, il manque en effet
» une chose à cette déclaration , c'est que MM. de St-
» Joseph viendront la prononcer en chemise et la corde
» au col , à la porte de la .cathédrale. » Cette raillerie
déconcerta le censeur indiscret. Au moyen de la signa-
ture qu'on exigeait, les pouvoirs furent expédiés aut
missionnaires.
Quoique l'abbé de Faramant eût cessé de paraître auK
assemblées de l'académie de Lyon dès- 1746 v ce ne fut
que l'une des années suivantes qu'il quitta cette ville.
r
( 3o3 )
L'archevêque de Paris , Élie de Beaumont , Taltlra au*
près de lui comme l'un desmeillelirsofficiaux du royaume,
lé fit vice-gërant de son oilicialitë et grand-vicaire , le
logea, lui donna la table et lui transmit son abbaye de
Notre-Dame-des- Vertus , dans le diocèse de Châlons-
sur-Marne ; mais sa faveur ne fut pas de longue durëe:
il ne partageait point les opinions du prélat qui voulut
se débarrasser de lui et chargea M; Terrasson de l'en-
gagera renoncera la place de grand-vicaire. M. Terrasson
eut là délicatesse de ne pas accepter cette commission ;
mais l'abbé de Faramant qui fut instruit , par une autre
voie, des dispositions de l'archevêque à son égard, ne
balança pas à faire ce qu'il désirait et lui renvoya sea
lettres de grand-vicaire , avec un remerciment où l'on
assure qu'il n'y avait pas moins de fermeté et de sin-
cérité que de politesse. C'est encore dans les Nouvelles
ecclisiasiiques que j'ai puisé le fonds de ces détails. Voyez
la feuille du 4 septembre 1755.
Le célèbre abbé Barthélémy parle ainsi de son passage
à Lyon dans la première de ses Lettres au comte ' de
Caylus , écrites pendant son çoyage d'Italie , datée sur le
Bhânej ce ig août lySS:
a Lyon est plein d'antiquités , et on en découvre tous
les jours. Nous avons vu le Taurobole conservé à l'hôtel
de ville (i) , de même que la harangue de l'empereur
(1) Il est actuellement au palais des arts, ou de St-Pîerre»
C'est un des monumens les plus {précieux que nous ayons,
•t il en peu qui soient aussi connus dans le monde lit-
( 5o4 )
Claude, dont il ne reste plus qu'une partie tracée y
non sur deux tables de cuivre , comme Ta dit Spon (i),
•
mais sur une seule qui avait éié cassëe en deux. Ce mo-
nument est d*autant plus précieux , qu'il fixe nos idées
sur la manière dont Tacite composait les harangces
insérées dans ses ouvrages. Il rapporte celle de Claude (2),
d'une manière bien différente que la table de cuivre. Il
parait qu'il s'était contenté d'en prendre l'esprit et de
la traduire dans son style (3).
a ï*ai vu le P. Béraud ; nous avons parlé de fpks , et
il m'a montré ses cabinets 9 un bas-relief représentant
Socrate, qui nous a paru fort bien , de petites agraffes
de cuivre d'un très-bon goût ^ et quelques bonnes mé-
. dailles. Je n'ai pu voir le cabinet des médailles de l'hAfel
de ville } celui qui en a la garde était à la campagne. Le
jour de notre arrivée , on avait trouva une inscription
sépulcrale dans un couvent de religieuses ; j'en ai une
copie que je vous enverrai , si vous en êtes curieux ; mais
mais elle ne dit pas grand'chose. Je compte avoir l'ori-
téraire. Il a' été le sujet d'une foifte de dissertations, dues
à des savans du premier ordre , tels que le P. Hardoiiin ,
M. de Bose 9 etc. , etc. Voj. Golonia^ llisioire liuér^etantiq»
de l^yon , pag. 181 et sair.
(i) Recherche des antiquités et curiosités de I^n 9
pag. 169. Yoj. aussi Colouia, dans Touvrage ci-dessus cité ,
pag. 154.
(2) Annal. XI 9 24*
(5) Tacite n*a presque fien conservé du discoors de
Claude pour le fonds des idées , et rien du tont quant
aux expressions et an style. Dnreaa de Lamalle loue
Tacite d'en avoir agi ainsi : it Son discours 9 dtt-îL , est
fort beau 9 et celui de Claude était fort ennuyeux, n
( 3o5 >
gîna). M. le cardinal (i) , chez qui nous avons cfiné ^
m'a promis de la demander et de la garder jusqu'à notre
retour. Son Eminence nous a combles de mille marques
de bonté ; nous en avons reçu aussi de quantité de per-
sonnes , et elles se seraient multipliées ,. si nous avions
reste plus long-temps à Lyon. Chemin faisant , j*ai acquis
quelques bonnes médailles ; je n*ai encore rien trouvé
pour vous ) mais soyez bien persuadé que je ne vous
ooblierai pas. »
Ce passage peut paraître intéressant aux Lyonnais qui
cultivent Tarcbéologie* Nous avons dit où se trouve
actuellement le Taurobole. La harangue de l'empereur
Claude est aussi au palais des arts. Quant au bas^relief
représentant Socrate , qui avait paru fort bien à Tabbé
Barthélémy , c'est sans doute le même que la ville de
Lyon possède encore également dans le même palais ,
et qui est un des restes si peu nombreux de l'ancienne
collection d'antiquités, rassemblée, avant la révolution,
dans un cabinet dépendant de la bibliothèque du collège
de la Trinité.
Un de nos correspoi!ians, qui ne s*est pas nommé, nous
a transmis quelques réflexions intéressantes sur cet objet
d'art , et sur un portrait de Lollia Paulina qui appartient
semblablement à notre musée. Comme la lettre où elles
sont contenues roule tout entière sur cet établissement ,
et que l'occasion se présente d'elle-même d'en publier
une partie assez curieuse , nous en donnerons l'extrait
suivant qui , nous l'espérons , ne sera pas trouvé déplacé
dans ce recueil.
0) M. de Tencin.
Tome VUl. ao
( 3o6 )
L'anonyme parcourant les portiques de la cour du
palais des arts où l'on a mis les inscriptions ^ les urnes
funéraires et quelques morceaux de sculpture antique,
se plaint de ce qu'on n'a pas disposé ces objets dans un
ordre méthodique ; il exprime aussi ses regrets de ce
qu'il n'existe pas une notice détaillée qui fasse connaître
tout ce qui regarde chacun d'eux : <c Par exemple, dit-il,
qui ne désirerait savoir l'origine du précieux médaillon de
Lollia Paulina? Si ce morceau provient des fouilles locales,
il doit se rattacher au célèbre voyage de Caligula : ce fut
à Lyon que cet empereur commença son troisième con-
sulat , l'an de Rome 79S , de Jésus-Christ 40. Le mariage
et la faveur passagère de Lollia se rapporteraient donc à
cette date ; et ce rapprochement n'est pas înu^e à
établir , puisque ni Suétone ni Tacite n'en marquent la
date précise.
« Je ne sais pas non plus ^ pourquoi ce médaillon se
trouve relégué dans une espèce de vestibule qu'on tra-
verse ordinairement sans trop d'attention. Lollia tient
fissez de place dans l'histoire pour qu'on la traite plus
décemment. Caligula s'éprit d'f^nour pour elle sans
l'avoir jamais vue , parce qu'il entendait dire que sa
grand'mère avait été fort belle ; et , sans autre garantie,
il la fit venir auprès de lui et l'épousa (i) ; mais il s'en
dégoûta aussi promptement ; et , par un singulier ca-
price , il la condamna , en la répudiant , à un veuvage
perpétuel. Claude songea , un instant, à l'épouser, quoi-
qu'il eût juré aux prétoriens qu'il ne se marierait plus ,
(1) C'est peut-être elle qu'il embrassait en proCéru&tces
douces paroles : a La belle tête qa'îl ne tiendrait qjk'h
n moi de couper! v Suétone ^ in OUig. c. 33.
( 307 )
puisqu'il ne pouvait pas trouver une honnête femme dans
tout Tempire (i). Après le traitement qu'elle avait reçu
de Galigula, en expiation d'un règne de quelques jours.
LûUia ne devait pas être pressée de redevenir impëra*-
triœ. Si nous en croypns Pline le naturaliste (2) j elle
surpassait toutes les dames romaines par la richesse de sa
toilette et les profusions scandaleuses de son luxe (3) ,
elle se couvrait de pierreries pour une valeur de sept
millions quatre-vingt-deux mille francs (4) , et cela ,
non pas aux grands jours de fête , mais pour se mon-
trer dans des sociétés familières et à des soirées sans
façon. Aussi l'artiste n'a pas oublie^ la parure caracté-
ristique de son modèle : on distingue dans les cheveux
de Lollia plusieurs rangs de perles et de pièiTes pré-
cieuses. La bandelette qui descend de la coiffure en
forme de mentonnière , en est également enrichie. Pour
ce qui est dû travail , le style de ce médaillon m'a paru
d'une correction sévère. Le dessin en est pur , et l'en-
semble des traits rappelle le type grec. La formé des
lettres de l'exergue est celle des plus anciennes inscriptions.
(i) Le projet qu'arait eu Claude de Tépcaser , fiit fatal
h Lollia. Agrippiae la fit mourir, et se fit apporter sa tête,
dont elle ouTrit la bouche de 3a propre main , pour véri-
fier si c'était bien elle , à certaines marques particulières
qu'elle avait aux dents. Dion , 1. 58.
(2) Hist. nal. IX 9 55.
(5) Sa richesse ne lui venait point de Galigula ; elle était
le fruit des horribles concussions de son aïeul , M. Lollius ,
en Germanie 9 où II avait accompagné le petit-fils d'Auguste y
Caïus , fils d* Agrippa. Pline , loc. cit.
(4) Quarante millions de sesterces.
( 3o8 )
(( D*unè femme coquette et somptueuse du pliis moral,
au plus grave des philosophes , à Socrate enfin , le pas-
sage vous semblera bien brusque : la transition est pour*
tant très-naturelle ; car' je m*ëtonnais tout-à-l'hcure
qu'on fît subir à Lollla une sorte de quarantaine dans
le vestibule , et je réclame à présent pour Socrate qu*on
en a beaucoup trop éloigné. Ce n'est que par hasard
que j*ai découvert au fond de la première galerie , dans
un passage obscur et sous la voûte d'un escalier, le
médaillon de marbre qui représente le maitre de Platon.
Depuis que votre musée attire les étrangers , je suis
peut-âtre le seul qui ait poussé la curiosité , ou plutât
rindiscrétion , jusqu'à m'introduire dans le souterrain
qui sei*t de temple à votre Socrate. Ce médaillon ^ moins
grand que celui de LoUia , mais d'une exécution très-
soignée et d'un tout autre faire, n'est peut-être pas
aussi authentique ni aussi ancien. L'absence de toute
notice m'empêche de prononcer a cet égard , mais il ne
mérite certainement pas cette indifférence. Je n'oserais
supposer qu'on se fût mépris aux traits grotesques et
ignobles du philosophe ; car la tête de 'Socrate , tout
éloignée qu'elle est du beau idéal et de la perfection
systématique des modèles grecs , ou peut-être même à
cause de cette dissonnance , a acquis une vulgarité clas-
sique. Au reste , ce ne serait pas la première fois qu'on
aurait condamné Socrate sur sa physionomie. Vous savez
que le Lavater de son temps le prit sans hésiter pour un
frippon (i) : ce qui prouve que la science des Malpighi
(i) Stupidum esse Socratem dixit^ et bardum.,., ; addidit
etiam , mulierosum. Cicéron , de Fato ^ c. 5 ^ e^t !IWctt^»
( 3o9 ) ^
et des Gall était tout juste aussi avancée alors qu'elle
Test aujourd'hui. On raconte une anecdote pareille sur
M. de Malesherbes (i) , qui eût ressemble assez bien à
Socrate, quand même il ne serait pas mort comme lui.... n
Una nox interfuit inter urbem maxîmam et nullam*
Il se pourrait bien que ce trait de Sënèque , dans sa
fameuse lettre sur l'incendie de Lyon , ne fût qu'une
exagération poétique , une figure de rhétorique , pour
exprimer la promptitude avec laquelle le feu consuma
la ville 9 et qu'il ne fallût pas plus prendre cette phrase
à la lettre que L'inscription mise autrefois sur le tombeau
de Sardanapale (i) , et où il était dit que ce prince avait
bâti les villes d'Anchiale et de Tarse en un Jour :
Sardanapalas Ânacjndaraxis filins
ÂBchialem aedificavit et Tarsum
Una die , sed nanc obiit. Ta Tero ,
Hospes 9 ede , bibe , lude. Qaippe caetera
Hamana non sunt facienda hujus.
Qusest. IV , c. 5j. Ce physionomiste s'appelait Zopyre.
Cicéron ajoute dans le premier des deux endroits qne nous
Tenons de citer , que Timpatation de mulierosus , faite à
Socrate, fit rire ^Icibiade aux éclats.
(2) Il payait , comme Philopémen y Fintérét de sa mau-
vaise mine.
(i) Près d'Anchiale, en Cilicie , au rapport d'Ârrien ,
fiïir. tC Alexandre , II , 5. Voyez anssi Strabon , Géographe
XIY ^ Etienne de Byzance , t^ jinchiale ; Athénée , XII y etc.
C 3io )
. INSCRIPTIONS MODERNES A LYON.
On nous a communique un recueil manuscrit , fait par
un amateur , des inscriptions modernes qu'on lisait na-
guère ou qu*on lit «ncore en divers endroits de la ville
de Lyon ou de ses environs. Nous en avons extrait celles
qui suivent , et nous y avons ajoute quelques*^ notes.
I. Sur la porte de la bibliothèque d'un de nos monas-
tères ( le manuscrit ne dit pas lequel ) , avant la révolution:
Hic vivant mortui supersUtes sibi;
Hic tacent et adsunt ;
Hic loquùntur et ixbsunt*
Sénèque ou Pline le jeune ne se serait pas exprimé
autrement. C'est dans ce goût d'antithèses et- de poin-
tes» si éloigné de la noble simplicité des beaux siècles,
qu'écrivait le -P. Pierre l'Abbé que nous avons cité dans
un autre article. Ses Elogia sacra , iheologica , histo-
rica , etc. , sont ^ d*un bout à l'autre , composés dans
ce style , et nous ne serions point étonné d'apprendre
que ce fût lui qui eût rédigé Pinsaîption que nous ve-
nons de transcrire. En tout cas , il ne l'aurait pas dé-
savouée.
IL Dans le jardin qui dépendait du couvent des
cordéliers de S. Bonaventure :
concupiscere \ ' | ' vides
_ ,. . credere f / audis
^^i^ V t- \ omnia quœ \
1 dicere / ^ M scis
facere 'j ' \ potes»
Nous avons donné ailleurs (i) cette inscription qui
(i) Tom. I, pag. 476-
( 3m )
est dans le genre de celles qu'on appelle rapportées ;
mais nous ignorions alors Tendroit où elle ëtait placëe.
Golnitz la cite dans son Vlysses Belgico-^Gallicus ^ ëdit.
de i63t , pag. 348, et édit. de i655, pag. Si3.
III. Sur la petite maison, avec jardin, que poss^it
Tabbë Rozier dans la rue Neyret :
•*.•• Laudaio ingeniia rura ,
Ejciguum colito (i)
IV. Sur le magasin de draperies de feu Andrieux-Poulet :
Sic vos I nos vohis , velUra Jertis , ovcs (a)»
V. Sur l'enseigne d'un herboriste , à la côte des Car-
mëlites ^ n*^ 3i :
niciis fiduciaaue nicd'
Adjuvante Deo j simplicUs Jiduciaque mcdico sanesce-
hunt (tgroHi
U y a , comme on le yoit , en ce peu de mots au
moins deux barbarismes et un solécisme ; et il est dès
lors certain que , s'il existait à Lyon une place de con-
trôleur des inscriptions^ comme le Caritidès de Molière (3)
voulait qu'on en créât une pour lui à Paris, on ne
laisserait pas subsister , un instant , une pareille enseigne»
VI. Sur la porte d'un pharmacien , rue Port-Charlet >
le serpent d*Épidaure avec cette devise :
Morbos lanat y sanos juvat»
(i) Vii^le , Géorgie^ II , 4»2-4ï5»
(2) Le même , Epigramm. in Bathjrll.
(5) Les Fdcheux , act. III , se. 2»
(3l2 )
/ VIL Sur, la porte d*un médecin y. aux Broieaui :
Ans longa , vUa hrevis.
Ce mot est d*Hippocrate et figure à la tête de ses
Aphorismes, Un plaisant la traduit ainsi :
La longoeor de ton art abrège notre Tie.
VIII. Sur plusieurs petites maisons de campagne | aux
environs de Lyon :
Famula , sed grala (i).
IX. Sur le mur d'un clos, à la Croix-Rousse:
Nunc tandem septi maturis frucUbus utar.
Le propriétaire , mal défendu d* abord par une baie
coflfte les vdl^urs.qui enlevaiem ses fruits , mémeaTint
leur maturité , a voulu exprimer dans ce vers lavantage
qu*il trouvait à avoir entouré d*un mur son petit héritage.
X. Sur la porte d'une maison de campagne , au chemin
des Étroits , sur le bord de la Saàne :
Hic gelicU fontes j hic mollia prata , L^cori ,
Hic nemus , hic ipso iecum consumerer cesfo (2).
(i) Cette inscription n^est pas sans rapport avec ce dis-
tique latin qne l'Arioste avait fait grayer sur Tentrée de
sa maison à Ferrare :
Parva , sed apta mihi , sed nulli ohnoxia , sed non
Sordida , paria meo sed tctmen être damus*
(2) Virgile, Eclog, X, 4^. Nous ignorons si Tintérieiir
du domaine répond il l'idée qu'en donnent ces ven
délicieux.
C 3i3 y
XI. Âa-dessus de Tentrëe d'un atelier de marédial
ferrant y à Ouliins :
Vulcanus ardens urit qffidnas (i).
Xn. Sur une fontaine , à la Claire , maison de cam-
pagne au Plan de Vaise :
Banc ornons clara Claram clarissimus unda 9
Cuncta facit Clarus quo sua clara forent (2).
Cette maison avait sans doute étë construite par un
personnage nomme Clair. Le portail était aussi décoré
de ces mots :
Ublque ^ clara*
Xm. La Duchère , bâtie ou reconstruite , au com-
inencement du dix-septième 9 par François Clapisson,
avocat du roi au siège présidial de Lyon , offrait une
foale d'inscriptions qui vraisemblablement ne subsistent
plus. Golnitz en rapporte un grand nombre. Nous ne
transcrirons que les suivantes :
(i) Horace , Od. 1,49 8-
(2) Dans Tépitaphe de S. Bernard 9 on a pareillement
joué snr le mot Clairvanx {clara vallis) et sur clarus {
. Clarae sunt yaHes 1 sed claria yallibos abbas
Clarior hift clarum nomen in orbe dédit.
ClariiB ayis , clarus mentis et clams honore ^
Clarus et ingenio , relligione magis.
31 ors est clara , ciuis clarus , clarnmque sepulcrom ^
Clarior exultât spiritos anto Deum.
( 3i4 >
Au-dessous d'un portrait, d'Henri IV :
Si du sculpteur l'art et science
PouYoient, par uu semblable traict.
Graver sa valeur et clëmence ^
L'ouvrage seroit tout parfaict.
Cest une traduction du distique de Martial ^i),qQi
était aussi grave , dans un autre endroit de la même
maison y sous le buste de Bellarmin :
Ars utinam mores anùnunu/ue effingere posset !
Pulchrior in terris nulla tahellaforeU
Au-dessus de la porte d*une terrasse :
Tant de peine pour amasser t
Et puis mourir et tout laisser.
C'est encore la traduction d'un passage du même
poète (2) : ^
l^ape f congère y aufer , posside : relinquendum est.
Au-dessous d*un tableau représentant la Justice et la
Paix :
yivitur hic tuto divis custodibus istis*
Sur la voûte de la chapelle , une représentation du
mystère de la Trinité,, avec ces deux vers :
Très unum 1 Deus est unus , tribus una potestas :
Hac casti maneant in relligione nepotes (3).
(i)X,5a.
(a) VIII, 44,9-
(5) Ce secoad rers est pris de Virgile f JEneid. III, 4*9'
( 3i5 )
Sur le mur d*une salle d'arbres , des ëpëesr nues avec
ce distique :
Cum tribus infelix serviret Roma tyrannis ,
HfBc rerum faciès , quam modo cernis ^ erat»
XIV. Il n'est presque pas une de nos maisons de cam-
pagne qui n'ait sa montre solaire. Le cadran en est
ordinairement tracé par un nommé Arquillière , de St-*
Didier, qui n'oublie jamais d*y mettre son nom (i). La
plupart ont des inscriptions qui sans doute ont été four-
nies par les propriétaires et dont quelques-unes sont
fort heureuses. Nous avons retenu celles qu'on va lire :
L'heure , ami , qui t'amène , est pour moi la meilleure (2),
•••. Fugit irreparabile tempus (3).
(1) Une de ces inscriptions est conçue en ces termes :
Van 9, Arquillière de St^Didier Jecit. Remarqaons en
passant qu'elle rappelle celle que nous lûmes, en sep-
tembre 1825 , sur le fer du pied droit de devant du cheval
de bronxe de M. Lemot , destiné à la place Bellecour :
Lemol de Lyon fecit, La statue dont il s'agit , était en-
core à Paris , dans Tatelier du célèbre sculpteur. Aujour-
d'hui qu'elle est sur son piédestal , elle j est trop élevée
pour que la vue puisse saisir les caractères de cette singu-
lière légende , à laquelle les journaux du temps donnèrent
une certaine célébrité par le soin qu'ils prirent de copier ,
les uns après les autres, dans les Archives du EkénCf
tom. II , pag. 397 9 l'article où nous l'avions signalée.
(2) Cette inscription fut faite par feu M. G. Pericaud , pour
le cadran solaire d'une maison de campagne située II EcuUy
et qui appartenait à sa mère.
(5) Virgile , Géorgie. III , 284*
• i
( 3r6)
Amicis quœlAet hora*
Dies mei sicut umhra decUnaverunt (i)«
Vive memor leUd, Fugit hora : hoc quod toquor^ inde ei|.(A)*
Una erit ukima (5).
Il en faadra commencer one
Que nous ne verrons pas finir (4).
NuUa/luat cufus non mcminhse vclis (5).
..••.•• In lucre ^ quœ dtttur hora y mihî est (6).
Nabis pereunt et imputantur (7).
Fugit f uti propera*
(i) Psalm. CI , 12.
(2) Perse , Sat. Y, i55. On a sonrent admiré la rapidité
imitatîye des cinq derniers mots. Il en a fallu un plus
grand nombre à Boileau pour rendre la même idée , lors-
qu'il a dit :
Le moment où je parle est àé\k loin de moi ;
mais il a compensé ce désavantage , avec beaucoup de
bonheur , par la brièveté des sjUabes qu^il a employées.
(3) Le cadran solaire de la maison de Mad. de Sévigné ,
aux Rochers 9 porte encore aujourd'hui une inscription
qui a du rapport avec celle-ci , et qui consiste en ces
deux mots : Unam time,
(4) Fin d'une jolie petite pièce sur le premier jour de
l'an. L'auteur dont nous avons oublié le nom , j parle de
Tannée } mais la pensée s^applique également bien aux
heures.
(5) Prise de Martial , X , 23 , 6 , avec un léger change-
ment. Le texte de cet auteur est ainsi conçu :
Nulla fuit cujus non mcminisse yelit.
(6) Ovid. Trist.l, lU, 68.
(7) Martial, V, 21.
( 3i7)
Bona nemini hora est , ut non alicui sit mala (i)«
Fàcies non omnibus una ,
JNèc difersatamen^ ^ualem decet esse sororum.
Celle dernière inscription , tirée d'Ovide (2) , est une
application ingénieuse et philosophique de ce que le poêle
dit des cinquante Néréides, filles de Doris , représentées
par Vulcain dans le palais du Soleil ; application qui ,
d^ailleurs , se fait si bien d'elle-même , que dernièrement
un journaliste (3) citait de bonne foi le passage dont
il s'agit , comme se référant dans Toriginal aux Heures
personnifiées.
EPIGRAMME
IMITÉE DU LATIN DE GILLES MÉNAGE.
Oui y Licidas est un menteur :
Soir et matin il nous répète
Que ta n'es pas du tout poète.*.. .
Tu ne l'es que trop , par malheur*
« Les comtes de Caylus et de Maurepas ayant entre-
pris un voyage dans le midi de la France, voulurent
Yoir, en passant à Lyon , la belle bibliothèque des jésuites
(i) Publias Syrus.
(2) Meiam. U , 1S-14
(3) Journal des Débats du 5 janvier 1828.
( 3i8 )
et leur cabinet d'antiquités : cVtait le P. B^raud qui ay»t
alors la direction de celui-ci. Tout fut ouvert , cdmine
on rimagine aisément, à des voyageurs de cette impor-
tance. Parmi les monumens que le P. Bërand leur pré-
senta , il leur fit remarquer une belle èpée antique de la
plus heureuse conservation. Le comte de Caylus Texa-
mina attentivement. Les deux voyageurs partirent Quel-
que temps après , le comte de Caylus avança., dans un
de ses ouvrages, qu'il avait vu deux épées antiques
chez les jésuites de Lyon. Le P. Béraud craignit , pour
quelque raison , d*être compromis par une assertion
aussi décisive ; il crut devoir avertir le comte , par une
lettre , de Terreur qui s*était glissée dans son écrit :
celui-ci répondit ces mots , sans perdre un moment :
ce Le diable m'emporte , mon révérend Père, si je nai
» cru que vous aviez deux épées antiques. Voilà ce que
» c'est que d'écrire de mémoire! Je suis, etc. » Calvet
tenait cette anecdote du P^ Béraud ; elle donne l'idée du
ton militaire que le comte de Caylus avait coutume de
mettre partout. » {Le Conserçaieur Marseillais ^ par
M. Jauffret , année 1828 , n.^ 3* )
Je ne sais quelle foi ajouter à une anecdote rapportée
par Jacques-Paul Guildling , écrivain protestant , dans
son livre allemand , intitulé : Vies du roi Conrad IV ei
du roi Guillaume , Berlin , 17 19, in^-S.^ Suivant cet
auteur, le Pape Innocent lY (i) , étant sur le point de
(1) Ce Pape , nommé auparavant Sinibaldo , de la mat-
son de Fiesque , des comtes de Lavagoe en Italie , ataît
été dans sa jeunesse chanoine de Téglise de Lyon.
(3.9)
«quitter Lyon CO? soit pour se mettre à portée de ré-
sister à Conrad qu*il n avait pu par ses intrigues empéctier
de mpnt^r sur le trône 9 soit dans la crainte que la cour
de France ne se lassât d^ son trop long séjour en celle
ville , chargea le cardinal Hugiues (9) de faire ses adieux
(1) Obligé d'abandonner Pltalie Ik cause de ses démêles
avec la cour d'Allemagne , et n'ayant pu obtenir du roi de
France , & Louis 9 un asile dans ses états , Innocent IV
«e réfugia h Ljou , gouverné alors par son archevêque.^
et il j resta six ou sept ans , logé dans le cloître de St
Jttst Durant cet espace de temps et en Tan 1245 9 il tîaf
le premier concile général célébré en cette ville 9 où fat
prononcée la déposition de l'empereur Frédéric II , pré-
décesseur de Conrad y il acheva la construction du pont
du Rhône , bâti en grande partie avec le prix des indul-
gences qu'il avait accordées pour cet objet , consacra de
sa main le maître autel de Péglîse de St. Jean ^ etc.
(a> C'est Hugues de St« ChA, nommé ainsi du lieu de
sa naissance près de Vienne en Dauphiné , et célèbre par
une Concordance de la Bible etp^ d'autres ouvrages qui
ont ëté recueillis en 8 toI. in-fol. L'église de Lyon , à la
mort d'Aimeric de Ri?es , le demanda pour archevêque ;
mais Innocent IV , désirant l'avoir au sacré collège à cause
de son émineute doctrine , le fit cardinal du titre de
Ste. Sabine et ne tarda pas à l'envoyer légat en Allemagne.
Hugues mourut en 1265 h Orviette ( et non à Civila^Vecchia^
comme le dit par en^eur PouUin de Lumina , Hist, ecclés.
de L^n 9 pag. 260 ). Son corps fut retrouvé sain et entier^
quelques années après sa mort , et transféré à Lyon , où
il {ut enseveli , en grande cérémonie , dans le choeur de
l'église des frères prêcheurs , à l'ordre desquels il avait
appartenu. Il est le premier de cet ordre qui ait été
Ignoré de la pourpre .romaine.
( 32Ô )
aux habitans et de les remercier de leur accueil. Le
cardinal s'acquitta de cette mission , et il n*aurait pas
manqué de satisfaire les Lyonnais, sans un mot qui,
dans le fond , n* était pas plus honorable pour la cour
de Rome que pour eux : car ^ après leur avoir dit que,
<c lorsque le Pape était arrivé à Lyon , il n'y avait que
» trois femmes publiques , et qu'à son départ ^ il n'y en
» avait qu'une , » il ajouta , en s'expliquant , que ce cette
ce une était toutes les femmes de Lyon ensemble. » Si ce
mot peint les mœurs du treizième siècle , n'est-*ce pas le
cas de répéter avec le Sage : « Ne dites pas.... que les pre-
» miers temps ont été meilleurs que ceux d'aujourd'hui ?»
Ne dicas.,.. quod priora i empara meliora fiure quam
nunc suni. Ecdesiast. VU 9 1 1 •
Il y a environ trois ans que nous insérâmes dans les
"Archives du Rhône , tonl I , pag. SSy et suiv. , une
pièce de vers remarquable, en plusieurs endroits, par la
grâce et la naïveté de l'expression , et contenant des détails
intéressans pour l'histoire de notre ville. L^auteur , Bo-
naventure des Perriers , y décrivait une ancienne fête
de l'ile Barbe, à laquelle il avait assisté en 1 5 39. Parmi
les notes dont nous accompagnâmes ce petit poëme , il
en était une relative au mot Hymmdes , employé dans
la strophe suivante :
Hamadryades ,
Dryades ,
Vous leurs ioyeax oyselet2 :
Hymnides
Et Néréides ,
Inventez chants nouvelets.
( 320
; Nous dîmes dans la note dont il est question que les
nymphe appelées H/m/i/V/^ par des Përiers nous étaient
tout à fait inconnues y et qu'il n*en était fait mentionr
dans aucun des livres de mythologie que nous avions
pu consulter. Nous ajoutâmes que le nom qui se rap->
prochait le plus de celui dont le poète avait fait usage ,
était celui des IJmniadâS , nymphes des lacs et des
étangs. ML Âmanton dont cette note fixa un instant les
regards , ne tarda pas à nous faire part d'une conjecture
qu elle lui avait suggérée (i) : ayant vu dans les auteurs
mythologiques , parmi les nombreux surnoms que les
anciens donnaient à Diane , figurer celui à'Hymnia , it
pensa que qudiques-unes des nymphes qui suivaient ordi-
nairement cette déesse , avaient pu prendre de là la
dénomination à'Hymnidfs. Pour confirmer pleinement
cette conjecture, il aurait fallu trouver ce nom dans
quelque écrivain de Tantiquité; et c'est à quoi M. Amanton
ne put parvenir. De nouvelles recherches que, de notre
côté , nous avons faites sur ce point , ont été pareille-
ment sans résultat ; mais nous avons rencontré par
hasard le mot dont il s'agit , dans un auteur contempo-
rain de des Périers , dans Rabelais , qui a placé à la
suite du Prologe de ^n livre II un dizain où se lisent
ces deux vers :
En présence des Oreades ,
Des Hymnides et des Dryades.
Nous nous sommes hâté , comme on le devine aisément ,
de consulter sur cet endroit les commentateurs du non
(0 Voy. Archives du Rhône ^ tom. II , pag. 120- 12a , on
Lettres lyonnaises ^ pag. 45-45»
Tome nu. ^^
( 322 )
9ioins savant que {oyeux curé de Meudon. Voîcl d'abord
la note de le Duchat : a Au lieu HHymnides , terroe
» corrompu ) le poète devait dire Limnides ou Umniades^
» de X/ftvi} , siagnum , les nymphes des ëtangs ou des
» lacs } ou Limonides ou Limoniades , de X«/a^v, pra-
» ium , les .nymphes des prés et des fleurs. » Voici
maintenant oe que dit à son tour M. Eloi Johanneau :
« Un interprète confondant Hymnides avec Umnades ,
» dit que les Himnides étaient des chanteurs ou chan-
» ieuses d'hymnes ; mais il est indent qu*il faut lire iri
-ù Limnides , soit que Tauteur du dizain se soit trompé ,
» soit que ce soit l'imprimeur. » Il suivrait de ces re-
marques qu*il y a faute , soit dans Rabelais , soif dans
des Périers, et que tous deux ont dû dire Umnides.
On voit que cette opinion rentre dans la nàtre , et que
nous nous sommes rencontré avec les deux savans que
nous venons de citer 9 mais que seulement , attendu la
modestie qui nous convient 9 nous ne nous sommes pas
exprimé d'un ton aussi résolu et aussi tranchant , nous
étant contenté de faire observer le rapport qui existe
le mot A' Hymnides et le nom que les anciens donnaient
aux nymphes des étangs ^ et ayant laissé au lecteur le
soin de conclure de la ressemblance de ces deux mots
qu'il ne serait point impossible que l'un des deux eût
été mis pour l'autre. Notre réserve était aussi commandée
par un autre motiff : c'est qu'on trouve bien dans les
mythographes le nom de Umniades employé pour dé-
signer les nymphes dont il s'agit , mais que nulle part
que nous sachions, comitie nous l'avons dit tout-à-l'beure,
elles ne sont appelées Limnides. La difficulté n'est donc
pas entièrement vidée, ou du moins la décision n'est
appuyée que sur la probabilité et la vraisemblance y et
nullement sur des raisons péremptoires«
(523 )
iMiTATioif' d'niie ^pigramme latine d'Ëticnne Oolet, citée par le
P. de Colonia , Hist, UiU de I/yon f tom. II , pag. 6o6*
Sulyant toi , les ëcrits dont je me dis le père ^
Sont trop bons pour être de moi :
Florlmond , les tiens , aa contraire ^
Sont trop mauvais pour n'être pas de toi.
B.
EXTRAIT B*I71VE LETTRE DE X. G. N. AHINTON, du l6 aoÂt 1828.
« En feuilletant VHisioirc des commentaiturs de la
Coutume du duché de Bourgogne , que l'illustre prési-
dent Bouhier a publiée en tête de Tëdition qu*il adon-
née de cette Coutume^ Dijon, Antoine Defay , 17179
in'4*^ 9 S^^ jemarquë , dans Tarticle consacré à Barthé-
lémy de Cbasseneuz , une particularité que je ne me
rappelais pas , lorsque je vous ai donné la faible esquisse
de la vie du Lyonnais Hugues Foumier , premier pré-
sident du parlement de Dijon dans le xvi.^ siècle , que
vous ayez eu Tindulgence de consigner dans les Archives
du Rhône , tom. III , pag. 397-401.; Cette particularité
est que Cbasseneuz dédia la première édition de ses
commentaires sur la Coutume de Bourgogne , qui parut
à Lyon (i),eni5i7, à Hugues Foumier. « Je ne
» sais pourquoi , ajoute le président Boubier, son épitre
3> dëdicatoire qui se trouve encore en Tédition de iSaS ,
» a été retranchée de toutes les suivantes. Quoi qu*il en
» soit y il en donna de son vivant jusqu'à cinq éditions ,
(i) Chez Simon Vincent , in-4<> , en lettres gothiques.
(324)
» toujours augmentëes de nouvelles remarques ^ et depuis
» sa mort il s'en est fait encore une quantité d'autres* »
Lorsqu'un homme tel que Chasseneuz dédiait son ou-
vrage à Fournier , c'était sans doute moins à la dignité
dont ce magistrat était revêtu , qu'à son savoir et à ses
vertus publiques et privées, qu'il rendait cet éclatant
kommage. »
On tient ici que la maison qui forme l'angle nord de
la rue St-Jean et de la rue Porte-Froc , et qui porte le
n.® 53, est celle de la famille de Rochebonne, où Charles
de Chasteauneuf de Rochebonne , chanoine-comte et
chamarier de l'église de Saint- Jean (i) , reçut et logea
madame de Sévigné, en 1672, lors du voyage qu'elle
fit en Provence pour aller voir Mad. de Grignan sa fille.
Mad. de Sévigné' arriva à Lyon , le lundi 25 juillet :
elle s'était embarquée sur la Saône 9 à Châlons. L'inten-
dant de Lyon, M. Dugué-Bagnols , sa femme et Mad. de
Coulanges leur fille , vinrent la prendre au sortir du
bateau ; elle soupa chez eux ; elle y dina le lendemain :
on la promena , on la montra ; elle reçut mille civilités.
Son équipage vint la rejoindre dans cette ville ; un de
ses chevaux se noya à l'abreuvoir , de sorte que de six
' (i) Il ëtaît beaa-frère de Mad. la comtesse de Rochebonne,
sœur de M. de Grignan. La famille de Chasteauneuf de
Rochebonne est célèbre dans nos fastes ; elle nous a fonmi
trois comtes de Ljoa , un archevêque , des comman-
dans ^ etc. Elle contracta des alliances avec les Âllemany
les Talaru , les Crussol , les d'Usés > les Bouillon et les
Polignac.
C 525 )
qu^elIe ftTait , il ne lui en resta que cinq. Elle alla à
Pierrc-Scîsc voir F... qui y ëlaît prisonnier ; elle alla
Toir aussi le cabinet de M... et ses antiqùaiVes. Elle
partit le vendredi 29 , et fut coucher à Valence. Â son
retour, le mardi 10 octobre de Tannée suivante , elle
logea encore chez M. de Rocbebonne , et partit le len-
demain à 8 heures du matin. On lui avait fait voir à
Lyon des tableaux admirables. Elle avait, ëtë visitée , à
son passage , par M. l'archevêque de Vienne , Henri de
Villars , qui lattendait et qui lui avait fait beaucoup de
politesse. Ce dernier avait offert à M. de Grignan un
tableau qui n'avait pas été accepté. Ces détails sont ex-
traits des Lettres de madame de Séçigné , tom. III ^
pag. 1 09 et suiv. , et 1 80 et suiv. de l'édition de Da-
libon, Paris, i823, 12 vol. in-8.^
La page 186 du tome cité en l'art, précédent , des
Lettres de madame de Séçigné , contient une note de
M. Gault de Saint-Germain, dont la transcription ne
saurait paraître déplacée dans notre recueil, et que voici :
a Le silence de Mad. de Sévigné ( ou plutôt le peu
d'explications qu'elle donne) sur les tableaux de la ville
de Lyon , et notamment sur celui que TÂrchevéque de
Vienne offrit à Mad. de Grignan , est une faute de goût»
Une remarque essentielle pour l'histoire du commerce
de la curiosité , c'est que , sur la fin du seizième siècle
«t durant le dix-septième , on voit les Lyonnais grands
amateurs de peinture , la ville de Lyon être le seul en-
trepôt du commerce des tableaux de toutes les écoles ,
et Beaucarre , sur le Rhône , étaler annuellement dans
ses foires leurs productions. On voit les jeunes artistes
( 326)
français,' en voyageant pour lltalie, s'arrêtera Lyon»
y séjourner ^ y être employés par les gros marchands de
tableaux , les administrations et les particuliers. On trouve
encore dans cette ville , dans ses environs et maisons de
campagne , les fragmens du goiit des Lyonnais à ces épo*
ques , restes des productions de nos meilleurs artistes du
dix-septième siècle et dans Tâge de l'ëtude. »
ExTRJUT d'ane lettre de M. Durand de Lançon (i) àM^ G. N. Amanton,
à Dijon, dat^e de Lare ( Haute-Sa6ne ) ^ dëcambre i8»7«
Voîci ce que j'ai pu recueillir de relatif à Lyon ef à ses
anciennes presses, à la bibliothèque du roi , où j*ai passé
le plus de temps que j'ai pu , pendant un court séjour,
fait ,,cet été, à Paris.
« Il s'agit de deux productions assez importantes de
(i) L'extrait de cette lettre eût paru beaucoup plas tôt,
si elle ne se fût pas trop long-temps soustraite aux re-
cherches de M. Âmanton , précisément à cause du soin
qu*il avait mis à la tenir en réserve pour nous la fiiire
passer. M. Durand de Lançon est l'un des vingt-^atre
membres de la Société des bibliophiles français. C'est cet
amateur vraiment distingué qui a fait l'acquisitioD do ma-
nuscrit des trois derniers volumes des Mélanges tic critique
ei de philologie de Chardon de la Rochette , dont dobs
avions indiqué le possesseur et donné Tandyse dans les
Archives , tom. VI , pag. 96 et suiv. Son intention est de
faire jouir le monde savant de ce trésor d'érudition. Pu'»*
que l'occasion se présente , nous l'engageons fortement 1
au nom des amis des lettres et de la science ^ à ne pstf
retarder une aussi intéressante publication.
( 327 )
la typographie lyonnaise 9 antérieures Tune' el l'autre au
XVIJ^ siècle,
» La première est la seule édition connue du Mir0Îr
de la mort , pièce en vers , attribuée ( je ne sais trop
sur quel fondement ) à votre compatriote , le chroniqueur
et poète 9 Olivier de la Marche. C'est un petit in-folio de
de 16 feuillets non chiffrés, divisés en deux cahiers
signés a tib ^ sans date , sans indication de lieu d'im-
pression et sans nom d'imprimeur. Les caractères sont
gothiques. La justi&cation porte 5 pouces , 3 lignes 9 sur
2 pouces 9 6 lignes. On lit 9 au çerso du premier feuillet 9
ces mots ainsi disposés :
€j commence ong exceUent et très
prouffitable liare pour toute creata
re humaine appelle le miroer de moit.
Après ce titre 9 vient une figure gravée en bois , qui
représente quatre moines, mettant en terre un mort cousu
dans un linceul.
j» Le texte de cette pièce est en stances de huit vers
de huit syllabes. La première se trouve au premier
feuillet 9 immédiatement au-dessous de la figure. Il y en
a trois à chaque page 9 excepté à la dernière C 1^ ^^^^ du
dernier feuillet ) qui en a deux seulement.
» M. Van Praet , en annonçant dans le Catalogue de
la Vallière ce même exemplaire qui est superbe , donne
la première stance et les quatre derniers Vers. Il a dé-
couvert depuis que cette édition était faite avec les mêmes
caractères que celle de la Consola/ion des pouures pè--
cheurs , imprimée à Lyon 9 par Mathis Husz 9 le 22
mars 1484 ( voy. la Bibliogr. de de Bure 9 B. L. , pag»
224 ) 9 et il en conclut que le Miroir de la mort a été
( 328 )
mprimë à Lyon , par Mathis Husz , entre les annëes
148 2 et iSoo , première et dernière dates connues jus-
qu'à présent des livres portant le nom de cet artiste.
» J'ai eu soin de vérifier l'observation de M. Gazzëra ,
relativement à la marque du papier de ce volume, et j'ai
eu le plaisir d'y trouver la roue dentée : nouvelle proba-
bilité en faveur de l'opinion de M. Van Praet.
» La seconde production de l'imprimerie lyonnaise est
une édition jusqu'ici inconnue, ou du moins mal dé-
crite , du Roman de la Rose {ly.'EW^ est in-folw^
caractères gothiques. Les feuillets ne sont pas chiffirés,
mais signés de W à / . Chaque cahier est de 8 feuiliefs , i
l'exception du dernier qui en a 6 seulement Le premier
commence ainsi :
Gy commence le roman de la rose
On tout Fart damours est enclose.
(i) L'édition dont il s'agît , n'est pas la seule du même
ouvrage qui ait été mal décrite. On peut voir dans les At'
chives du Rhdne ^ tom. VU, pag. 391-2 , la rectification
d'uDe erreur commise au sujet d'un exemplaire d'une aafare
édition , appartenant à l'académie de Lyon , et provenant
de la bibliothèque AdamoH. Nous ajouterons à ce que nous
avons dit en cet endroit , que la bibliothèque de la ville
de Lyon possède aussi un exemplaire d'une édition égale-
ment^gotbique , sans date , et sans nom de lieu , ni d*impn-
meur , du Roman de la rose , qui diffère de celle de
l'académie , quant h la forme des caractères » mais qui
a le même nombre de feuillets , et dont les figures ont
été tirées sur les mêmes planches. Du reste , ni l'un ,
ni l'autre de ers exemplaires , n'offire rien qui annonce
qu'ils sortent des presses lyonnaises ', leur papier ne porte
point la marque de la roue tteatte.
( 229 >
On Ht au recto du dernier feuillet ces mots:
Gest la fin du roman de la rose
Ou tout lart damours est enclose.
Les pages ont deux colonnes , chacune de 41 ^^l's* 0^
Toit , à la première page , une grande figure en bois
qui en occupe environ la moitié , et dans le corps du
volume , de petites figures aussi gravées en bois , d'une
mauvaise exécution.
» M. Van Praet m'a fait remarquer l'identité des ca-
ractères de cette édition avec ceux du Doctrinal de
sapience , imprimé à Lyon , par Guillaume le Roy , le
9 février 1 485. Nous devons donc la donner à cet im-
primeur qui , selon Panzer , exerçait son art entre les
années 1477 et 1488 (i). Je n'ai pas trouvé la roue
dentée , ni même de marque distincte , dans le papier qui
est d'une qualité médiocre.
» J'ai prié mon ami M. de Châteaugiron (2) de commu-
niquer à M. C. B. D. L. , futur historien de l'imprimerie
(1) Panzer se trompait de quatre ans sur l'époque où
Guillaume le Roj commença réellement à exercer son art:
il ne connaissait pas le Compendium Lolharii 9 sorti des
presses de ce premier typographe de Lyon , en i^jS.
B.
(2) M. le marquis de Châteaugiron est aussi membre de
la société des bibliophiles français. Il est connu dans le
monde littéraire par la belle collection de lÎTres qu'il a
rassemblée et par quelques ouvrages qu'il a publiés 9 no-
tamment par une excellente traduction de VHistoire du
soulèvement des Pays-Bas , sous Philippe H , par Schiller ^
Paris , 1897 9 2 vol. in-8.^ B.
» ^
( 33o y
de Lyon , une note de laquelle il résulte qu'il faut nytt
du catalogue des incunables (i) de cette ville , l'ëdilion
du Roman de Mélusine , attribuée à Mathis Hus£ ( voy.
Brunet , Manuel du libraire , tom. II , pag. 266 ) ,
^rce qu'elle a été , sans qu'il puisse y avoir du doute,
imprimée à Genève , par Adam Steinschaber , Tan 1 478 ,
afu mois d*août. Voilà de quoi consoler votre ami , s'il
n'avait pas eu du plaisir à connaître la vérité y quand
même la gloire de Lyon en pourrait souffrir (2).^. »
CORRESPONDANCE.
A M.***^ , UN DES RÉDACTEURS DES ARCHIVES DU RHÔHE.
Monsieur , lorsque vous avez dit , en rendant compte
des Satires de tArioste , traduites par M. Trélis , de
f académie de Lyon , que cette traduction était la pre*
mière qui eût été faite en notre langue, vous vous êtes
trompé ; il en existait déjà une par Pierre-Félicien Le
Tourneur, insérée dans le tom. II d'un recueil d'ou7
vrages posthumes de ce fécond littérateur, publié sous le
(i^ On appelle incunables les éditions du Xy.^ siècle ,
c'est-à^ire celles qui touchent au berceau de Pimprîmerie^
du mot latin incunabula , berceau. Voy. au surplus M.
Peignot , dans son Dictionnaire de bibliologie , tom. 1 5
pag. 244 et 245. C. N. A.
(2) La note de M. Durand de Lançon , relative au romaa
de Mélusine , a ëté insérée dans les Archives du Rh6nt,
tome Vi , pag. 148. B.
( 3ÎO
^ître àe Jardin anglais , ou Variélés lani originales que
traduites^ etc. Paris, Leroy, '788, a vol. in-8.* La
traduction qu*a faiié Le Tourneur de ces saitires qui ^
selon vos expressions , nous offrent une peinture intë-*>
ressante et curieuse des mœurs du temps où elles furent
composées, non seulement n est point aussi ëlëgante que
celle de M. Trëlis, mais encore elle n*est point aussi
fidèle. Toutes les fois que le texte se trouvait obscur ,
Le Tourneur a passe , comme on le dit vulgairement, à
pieds joints , sur la difficulté, de sorte qu'il existe çà et
la des vers qui n*ont point ëtë traduits. Cest ainsi , par
exemple , qu'il a entièrement omis un passage de la VI.*
satire que vous avez cite dans votre article , passage dont
M. Trélis avait mal saisi le sens , et où il s'agit bien ëvi-*
demment, non du blond Apollon^ mais du blond Aonius.
Je ferai observer, pour justifier ce sens , que l'AriosIe,
dans cette même satire , blâme la manie des poètes et des
écrivains qui, à l'exemple d'Antoine délia Paglia qui
prit le nom HAonius Paléarius , défiguraient le- nom
du saint qu'on leur avait donné au baptême* Quoi qu*H
en soit, on doit regretter que le travail de Le Tourneu):
n*aii pas été connu de l'académicien de Lyon : quelque
&ible% en effet, que soit un premier essai en ce genre,
un nouveau traducteur y trouve toujours quelque chose
dont il peut faire son profil. J'ajouterai , qu'outre la
version des satires de l' Arioste, le Jardin anglais contient
encore, entre autres opuscules, les traductions i.^ d'un
poème en cinq chants , dernier fruit de la vieillesse de
l'auteur du Roland furieux , précédé d'une notice sur
les oeuvres diverses de l'Arioste; 2.® des chants i et m
du Paradis perdu de Milton ; 3.* de deux Epttres
i O^ide i 4*^ des quatre Épisodes des Saisons de Thorn*
( 352 )
8pm ; etc. y etc. Enfin , )*y ai remarque une lettre qu;
Voltaire écrivit à Le Tourneur , lorsque ce dernier lui
envoya sa traduction des Nuits d*Young. J'ignore si
cette lettre se trouve dans quelques-unes des éditions
de Voltaire ; mais je suis bien persuadé qu'elle n'aura
point échappé aux longues et laborieuses investigations
de M. Beuchot , qui va bientAt nous donner une nou-
velle édition des œuvres de ce fameux écrivain , qu'il
enrichira de ses savantes notes , et dans laquelle il sépa-
rera l'ivraie du bon grain. Pour la gloire de Le Tour-
neur que le seigneur de Femey , sur la fin de sa vie j
traitait de gilles et de faquin (i), je mettrai la lettre en
question sous les yeux de vos lecteurs :
« Aa château de Ferney , le 7 join 1769.
» Vous avez , Monsieur , fait beaucoup d'honneur à
mon ancien camarade Young ; il me semble que le tra-
ducteur a plus de goût que l'auteur. Vous avez mis
autant d'ordre que vous avez' pu dans ce ramas de lieux
communs , ampoulés et obscurs. Les sermons ne sont
guères faits pour être mis en vers ; il faut que dtaque
chose soit à sa place. Voilà pourquoi le poème de la
Religion du petit Racine , qui vaut beaucoup mieux que
tous les poèmes d'Young (2), n'est guères lu; et je
(i) Lettres à d'Alembert des 10 et i5 Auguste 1776-
(2) Voltaire n'était pas payé pour aimer Yoang : ce poète
indigné de tous les sarcasmes que l'auteur de la Henriade
lançait un jour à table , contre les personnages du Paradis
perdu de Milton , lui riposta par un distique anglais y dont
voici une imitation :
Ton esprit j U- malice et ton -corp^ desâëcbié
Font yoir en toi Satan , la Mort et le Pèche'.
( 555 )
croîs que tous les étrangers aimeront mieux votre prose
que-la poësie de cet anglais, moitié prêtre et moitié poMe.
» J'ai rhonneur d'être , avec toute Testime et la re-
connaissance que je vous dois, Monsieur, votre, etc-
» Voltaire. »
El mo.î aussi , Monsieur Tarchivisle , j'ai Thonneur
d'être avec les sentimens les plus affectueux , votre , etc.
A.
BIBLIOGRAPHIE.
,>
Second eut des ouvrages entres à la bibliothéqae publique de la
Tille de Lyon , depuis le iS mars 1827 (i).
Alexaivdre*le-ghand , d'après les auteurs orientaux ,
par G. A. M.***, citoyen grec, auteur de plusieurs
ouvrages , et professeur d'histoire et de littérature
grecque. Extrait de son cours fait à Genève , en 1828 ,
in-8.^ , de VIII et i38 pages.
Cet opuscule , qui offre des détails curieux et peu con-
nus, sur le plus célèbre des conqaérans , est de M. Mano ,
qui en a fkit présent à la bibliothèque.
(1) C'est par erreur que dans le premier état, insërë pag. ii5 et
Boitantes de ce Tolutne , nous ayons indiqué , comme entrés à la
bibliothèque de la yille , les ouvrages suiyans : Antiquités de la
Ifuhiê , par F. C. Gau ; Architecture antique et Architecture mo-
dem» de la Sicile , par J. Hittor£f et L. Zanth ; Edifices de Romt
moderne , par L. IjeUronilly ; \Les Buines de.Pttstum 1 par C M.
( 356 )
il a dit y pag. n , que la pièce française était en cfoq
actes , et il a laissé dire à M. Gampenon , pag. 12 , tans
relever cette méprise , que le P. du Cerceau n'a paùu eu
les moyens ou Vart de différer la scène de la reconnais*
sance et du pardon , qu'il Va placée à la fin du second
acte j en sorte que les trois derniers actes renferment une
action nouvelle qui a pour sujet la jalousie dujrère de
VEnfant prodigue. £h bien , cette action nonrelle n'a point
été prolongée aussi longuement que Ta dit M. Gampenon ;
car elle est renfermée dans le troisième et dernier acte de
la pièce , soit dans le drame latin , soit dans le fhmçaîa.
Nous saisirons cette occasion pour ajouter que l'anecdole
àe la vie de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne » gui a
fourni au P. du Cerceau le sujet de sa comédie des Liconi"
modités de la grandeur , a été mise en yers latins par le
P. Ângelin Gazé , pag. 122-137 de ses Fia hUana^ Mos-
siponti (Pont-à-Mousson) , 162S, în-r2. , petit yoloiDe
extrêmement rare 9 que possède la bibliothèque de la ville
de Lyon y et dans lequel 9 entre autres histoires fort cn-
rieusesy on remarque celle de Conaxa , qui a fourni le tjpe
de la fameuse comédie des Deux Gendres ^ de H. Etienoe.
Etablissement de charité destiné au soulagement de
jeunes filles incurables, rue de Tabbaye d'Ainay^n.^ 1,
à Lyon. Lyon , imprim. de L. Perrin, 1827, in-8.* ,
donné par Téditeur M. le docteur Perrin , médecin de
rétablissement.
L'origine de cet hospice , consacré aux jeunes filles in-
curables , d'une indigence constatée , remonte à Tannée
1820. Des dames , animées du désir d'être utiles aux
malheureux , se sont consacrées à son administration. La
nécessité de donner de l'extension et .de la stabilité à cette
bonne œuvre , a engagé à faire un nouvel appel è la cha-
rité inépuisable des Lyonnais. On peut souscrire clies
ItfM. Casali , Decomberousse , Dugueyt et Yien^ot^ notaires
( 337 )
à Lyon ^ chez M. Antonin Rîeassec^ négociant, port St.
€lair ; chez Mad. Laurent , rue du Përat ^ hfttel de Malte |
et chez M.U^ Perrîn , rue Belle Gordière , n.® 2 , membres
du conseil d'administration.
Histoire du Dauphinë , par le baron de Chapuys-Mor\t-
layilie. Paris , Âmbroîse Dupont et CM ; Lyon ,
Babeuf , 1827 » in-8.**
•Tom. I^' , donné par l'auteur. Les ëloges qu'a reçus ce
premier Tolume , engageront sans doute l'historien d'une
proTÎnce qui a été si féconde en grands événemens y à faire
liteiit6t îoair le public de la suite de son ouvrage.
Histoire médicale des marais. *-* De l'Epidémie qui a
régné en Hollande et dans les pays voisins , en 1826*
par J. C. G. Friche , traduit de Tallemand , par J.
B. Monfalcon, D. M. P. Paris , 1828 , in-8.* ( Donné
par le traducteur ).
Lettre à M. C. N. Amanton , sur l'ancienne cité
d*Ates , par M. Boudot. Dijon , 1 828 , in-8.^, de 14 pag.
Une note qui occupe la dernière page , contient quel-
ques remarques dont M. Amanton, a enrichi cette intéres-
sante lettre.
Lettres xygni^àises , ou correspondance sur divers
points d*hisloLre et de littérature , par M. C. B. D. L.
( Claude Breghot du Lut) 9 des académies de Lyon et
de Dijon. Lyon , imprim. de J. M. Barret , 1826 ,
în-8.* ( Donné par l'auteur ).
Ces lettres sont extraites des quatre premiers volumes dea
Archives du RhSne 9 et roulent sur différèns sujets qui
intéressent la localité. Plusieurs d'entr^elles sout relatives
à l'origine de l'imprimerie de Lyon , qui paraît plus an-
cienne qu'on ne l'avait cru jusqu'à ce jour. Celles de
Tom€ FUI. 22
1
(338 )
ces lettres qal ont été adressées à H. Breghol da Lot*
sont de MM. François de Neuchâteau , Gauëra « Dngas*
Montbel , Beochot ^ Amantoui Seryan de Sagnj et Pericaud
aine.
MiLANGES biographiques et littéraires pour servir à l'his-
toire de Lyon , par M.*** ( C. Breghot du lut ) , de
' l'académie et du cercle littéraire de cette ville , et des
académies de Dijon , Mâcon , etc. Lyon , imprimerie
ëe J. M. Iterret , 1 828 , în-8.* de VI et 522 pag. , tiré
seulement à 100 exemplaires. (Donné par Fauteur).
Nous mettrons sous les jeux du lecteur l'aTertisseMit
qui est en tête de ce volume.
n Les notices , les traits dëtachés , les anecdotes , les
remarques de tout genre y qui composent ce recaeil , sont
autant de tirés à part des sept premiers tomes des Aràd»es
historiques et statistiques du dt^artement du Rkâne y oà
le plus grand nombre de ces articles figurent dans la partie
des Mélanges, Quoiqu'ils se réfèrent généralement à an
seal sa^et qui est l'histoire littéraire de Ljon , comme ce
sujet est fbrtélendu y j'ai pensé' qoe leur réiuii<m formerait
un corps de volume qui aurait du moins le mérite de la
variété. Ce ne sont , à la vérité y que des matériaux en-
tassés péle-méle ^ mais j'ai l'espoir que la plupart d'ea-
tr'eux paraîtront de bonne qualité , et pourront être jugét
dignes d'être mis en œavre , par des mains plus habiles |
.pour la construction d'un édifice complet et régulier.
9» La collection est enrichie de quelques morceaux adop-
tifs , dus à trois ou quatre de mes collaborateurs ou de mes
confrères (i). J'ai eu soin de les accompagner du nom
des auteurs 9 lorsque cela m'a été permis y ou au motus
ée les désigner par des Initiales ou par les mots J^artides
comnumiqués. J'aurais voulu pouvoir multiplier davantagic
(1) Tels que feu M. l'abbë Sudan, feu M. Morçl-Yoleinç | M.
Cochard , M. Amanloa , M* Pericaad alnë , etc.
( 359 )
ces empronts : le lîrre y avraît beancoàp gagii^. f el qu'il
est , je Voffre à mes afniîs eornihe un faible gage de mon
affection pour eux , et p le recommande k leur inââ)geDce,99
Notice sur C H. Morel-Voleîne. Extrait du tpm. VIH
des. Archives historiques et statistiques du département
du Rhône. Lyon » J. M. Barret, 1828 , in-^S.'^^ àt
7 pages.
Cette notice , signée C. B. D. £. , et publiée par \k fai«
mille de ]Hf. Monsl-Voleine , est de M. Bregbot du Lat^
Ch/rinmnmfKs dé Démdsthène^ a^ec des somfmaires
français , revues et corrigées par M. G. Duplessis
inspecteur de Pacadétoie de Caen (aujourdliui recteur
■
de l'académie de Lyon). Traduction (par Âthanase
Auger ). Paris , Maire-Nyon , 1828, in- 12.
Cette édition a été -pnlAïée sans TaveMi de M. Duplessts y
qui n'avait point Tintentioii de joindre au texte grec une
traduction anssi faible que ceUe d'Aoger. U avilit seule-
ment autorisé le libraire à publier le texte grec des trois
Olynthiennes , avec des sommaires français* , revu et cor-
rigé par lui ; mais le libraire a cru devoir , dans son inté-
rêt , faire deux tirages ^ l'un tout grec , l'autre avec une
traduction tombée dans le domaine public.
Poésies lyriques d'Horace , traduction nouvelle , ac-*
compagnie d'études analytiques et du texte coUationné
sur les meilleures éditions critiques ^ et sur un ma-
nuscrit de l'onzième siècle , non encore consulté ; ptar
J. F* Stiévenart , ancien élève de Técole normale ,
professeur de rhétorique au collège royal de Strasbourg.
Paris , librairie classique de L. Hachette (Lyon^
Laurent , libraire , place St-Pierre ) , 1828 , ifi-8. ,
de XXXII et 479 pages. (Donné par M. Stiévenart,
pendant son séjour à Lyon , en septembre 18.28 }.
( 34o )
•Ce noaveau tratail sur un poète qui a ëtë le svjet ié
mille et an commentaires , offre un grand întërà. C'est
l'ouvrage d'un homme de goût. Chacune des odes d'Horace
y est traduite avec élégance et fidëlilé , et accomfa|iiée
de notes et d'observations , sous le titre modeste d'étudts^
oii Ton trouve d'heureux rapprochemens entre le Ijiiqw
latin , ses devanciers et ses imitateurs. Il &ut espérer
qu'encourdgd par le succès flatteur qu'a obtenu ce premier
essai , M. Stie'venart Je coi^plétera, en noua faisant bien-
tôt jouir du fruit de ses savantes veilles y sur les satires
et les ^pitres de l'ami de Mëcène.
On assure que M. Stiëvenart est un des collabonteon
du nouveau Cicëron latin-français que va publier M. Paoc-
koukcy sous la direction de M. GhampoUion-Figeac , et
que sa traduction des Devoirs est en ce moment sous
presse.
* Pasuves de la juste et légale cëlébration de la fête de
Pâques dans TEglîse romaine » le dimanche 3 avril
1825 , conformément au décret du concile de Nicée,
nonobstant la coïncidence de la Pâque des Juifs atec
celle des Chrétiens au même jour , en réponse i
quelques journaux des Pays-Bas ; par Tabbé Halma.
Paris , J. M. Eberhart , i825 , in- 4.^ — SuppiixiKT
contenant Règle pour la table pascale , par le moine
Isaac Ârgyre , de Constantinople , précédée d'un frag*
ment du discours d'Apolinaire 9 évêque d'Hiérapolb
en Syrie , traduits , pour la première fois , du grec
en français (avec le texte en regard), pour dëmon^
trer par les efforts inutiles , dénués du secours de l'as-
tronomie , la nécessité du calcul astronomique dans la
recherche du jour légal de la fête de Pâques ; par
M, Tabbé Halma. Paris, J. M. Eberhart, i825, ia-4-*
( 341 )
QcTSSTioNS de littërature légale. Du plagiat , de la sup»-
position d'auteurs , des supercheries qui ont rappori
aux libres ; par Charles Nodier , 2.^ édition. Paris ^
1 828 , in-8.^
D'importantes additions ont été faîtes à cette nonrelle
édition : toutefois l'auteur est bien loin d'avoir épuisé la
matière*
Strppi«£BiBiiT à la dernière édition du Théâtre des Grecs ,
ou Lettres critiques d*un professeur de l'université
sur la traduction des fragmens de Ménandre et de
Philémon , par M. Raoul Rochette.... Paris , Robéeet
Hingray , 1828 , in-8.^ , de xviet io3 pages.
' On attribue cet opuscule 2i M. Letronne , aidé , dit-on y
par M. Boissonad'e.
TàbIeaux historiques de la vaccine , pratiquée h Lyon ,
depuis le i3 germinal de Tan X^ jusqu^au 3i dé-*
cembre de Tan 1809 î P^^ P. Brion et F. Ph. Bellay ,
docteurs en médecine. Lyon , Balianche père et fils ,
août 1810, in-8.^, de 56 pag. (Donné par M. Bifion >
un dés auteurs).
M. Brion avait déjà enrichi la bibliothèque de la collec-
tion d'an journal médical qu'il a publié avec M. Bellay^
soos le titre ê^ Hygiène ou Conservateur deja santé ^ for^
maiit 5 vol. în-8.^ Le premier n.^ de ce journal^ quf
paraissait trois fois par mots , est du 10 veiitose an YII p
et le dernier , du 3o pluviôse an XII. . . .
: r
( 34» )
STATISTIQUE.
I^PPQRT à l'académie royale df s sciences , belles-lettres et arts de
de Lyon /sur le concours de statistique , par une commission ,
composée de MM. Parât , Balbis , de la Prade et Grognier ,
rapporteur.
; Messieurs, 9
S'U ^t une science dont îl soît difficile de mesurer
rétendue et d'assigner les limites , c'est celle qui, sous le
nom de statistique , occupe , depuis quelques années sur-
tout, tant de bons esprits. Tandis que certaines per-
sonnes bornent son objet à l'inventaire des richesse^
niatërielles d'un pays ou d'une contrée , d'autres étendent
fion domaine aux institutions , aux moeurs:, à Tiétat social,
à toutes le$ richesses intellectuelles d'un€ï localité et ne
regiirdent pas comme lui étant étrangère , la recherclie
des causes de ce qui existe , et des mbyens'de tout amé-
liorer. Us lui attribuent même le droit de tracer le
porlr^it d^ honiipes qui ont illustré le pays qu'elle
décrit. La cojQuaissfmce des chos^es se lie 9 en efietu à celle
dps savons et /les «rtistes qui les ont créées* La fnémfÀît
des gnucids l^ommeé est , d'ailleurs, dans une cité, le plus
noble patrimoitie que puissent se transmettre les géné-
rations. ■
C'est en donnant toute cette latitude à une science,
dont l'objet et le but sont loin d'être rigoureusement
déterminés , que vous avez admis à votre concours àt
statistique , un mémoire sur la médecine et les médecins
de Lyon.
(: 343 )
Ea ouvrant ce concours , vous n*avez pas crn pou-
voir donner une plus utile destination aux fends d'un
prix institue par M. Christin , et rëtabli par M. de Ruolz.
Le sujet de ce prix avait été propose pour 1826, en
ces termes:
Une médaille d'or de 3oo fr. (sera dëcemée), aii
mfiikur mémoire sur une partie quelconque de là sfa-^
iisiique du dépariemeni du Rhône , ou de la i^ille de
Lyon en particulier^
L*appel que vous aviez fait aux amis Maires des
choses utiles était resté deux ans sans réponse. On ne
doit pas s'en étonner , quand on songe que des recherches
de statistique locale , telles que vous les demandez, sont
longues, difficiles et ne peuvent être suivies que par
un très*petit nombre de personnes. Ces considérations
^us déterminèrent , Tan dernier , à doubler le prix.
Un seul mémoire vous est parvenu cette année. H a
pour titre : Essai sur f histoire de la médecine et des
médecins de Lyon , depuis la fondation de cette cille jus---
qu*au 19.* siècle^ Avec cette épigraphe tirée de Bordeu :
: <c Songez que celui qai voudrait bien traiter de l'histoire
» de la médecine serait forcé d'enti*er dans des détails
a pareils \ ceux où je suis entré , etc. » ( Bordeu , histoire
de la médecine j pag. 492 ).
Lyon est Tune des villes de l'Europe qui ont v^
naître le plus de médecins illustres , et Ton peut même
dire que dans le moment actuel ^ où les provinces vont
s*appauvrissant au profit du monopole parisien , Lyon
sous le rapport des sciences médicales , résiste , avec
succès, à ce funeste ascendant.
Le premier médecin lyonnais , dont l'auteur du mé-*
moire au concours ait tracé le portrait , est Alexandre y
( 344 )
qui signala sa foi sous S. Pothin , et fut martyrise avec
son ëvèque. Vint eusuite Abascante , disciple et ami de
Galien. Long-temps après florit Epidius , contemporain
de S. Sacerdos, à la demande duquel le roi Chiidebert
bâtit notre grand Hôtel-Dieu. Bientôt les barbares du
Nord achevèrent de renverser , en Europe , les sciences
et les arts. Quelques débris en furent recueillis dans les
cloitres ; c*est des cloîtres que sortirent presque tous les
médecins du moyen âge.
Sur la fin du i3.® siècle , parut à Lyon le premier
médecin de son temps , le fameux Lanfranc , qui fuyait
les sanglantes querelles des Guelfes et des Gibelins. Il
passa dans nos murs la plus grande partie de sa vie.
Un siècle après , Guy de Ghauliac , né dans un cbédf
village delà haute Auvergne, vint s*établir à Lyon, ou
il composa des ouvrages qui ont fait époque, et il mounii
à Avignon , étant premier médecin du pape Urbain V.
Je ne sais pas trop à quels titres Tauteur a consacré
ensuite un long article au célèbre Gerson, chancelier'
de l'université de Paris , qui , exilé à Lyon par la faction
des Bourguignons , faisait à St. Paul le catéchisme aux
petits enfans. On lui a attribué le livre admirable de
limitation de Jésus- Christ. Mais pour avoir dit quelques'
mots de médecine dans ses ouvrages ascétiques , son
portrait devait-il être placé dans la galerie des médecins
•lyonnais ?
Après avoir parlé de plusieurs médecins de notre ville,
plus ou moins célèbres , Tauteur arrive à Symphorien-
Champier qui fut cornes archiairorum , c'est-à-dire plus
que premier médecin de Charles VIII et de Louis XD.
Archéologie , histoire naturelle 9 rhétorique , astronomie,
botanique , théologie , tout ce qui occupait les esprits
(545)
au temps de Symphorien Champier ëlaîi familier à ce
mëdedn ; et c*est ayec raison que Tauteur le représente
comme l'un des hommes les plus remarquables du siècle
de François I."
Rdbelais fut le ' contemporain de Symphorien Cham-
pier ; ne en Tourraine , il vint , après une longue suite
d'aventures, s'établir à Lyon, pour y exercer la médecine.
II fut attaché , pendant plusieurs années , à notre grand
Hàtel-Dieu , où il composa quelques graves ouvrages de
médecine , beaucoup moins connus que le facétieux
Pantagruel.
Jacques Daléchamp et Jean Bauhin furent botanistes
^ et médecins ; mais ce n*est qu'au premier de ces titres
que leur nom est inscrit dans les annales des sciences.
Suit une série de médecins avec l'indication des ou-
vrages qu'ils mirent au jour, et parmi eux est le fameux
Nostradamus , l'auteur prophétique des Centuries , qui
exerça long-temps à Lyon l'art de guérir. D'autres mé-
decins recommandables sont mentionnés avant l'infor-
tuné Michel Servet , qui , dit-on , eut sur Harvey l'initia-
tive de la découverte de la circulation du sang , et qui ,
au nom de la tolérance religieuse , fut , comme hérétique,'
brûlé à Genève par les ordres de l'hérésiarque Calvin.
Un savant jésuite lyonnais , le P. Fabrî , revendiqua ,
à son tour , la grande découverte communément attribuée
à l'anglais Harvey.
Pendant le 17.* siècle , florirent à Lyon les deux
Spon 9 dont l'un s'est acquis , comme archéologue , un
nom immortel.
A la famille des Spon , succéda au rang des habiles
médecins de Lyon et de la France , la famille des Fal-
conet 5 ensuite celle de Panthot j enfin celle de Jussieu y
( 346 )
cette dernière aydnt encore illustre la Science dés v^êtaux^
Dans le même temps, ou peu d'années ensuite, flo*
rirent à Lyon les Pestalozzi , les Goiffon , les Laurës ,
les Charmetton , les Grassot , les Fleurant, et par-dessus
tous , Claude Pouteau , l'un des premiers chirurgiens de
tous les pays et de tous les siècles. Ce n'est cependant
pas à Pouteau que commence la renommée de la cbi-
turgie dans nos grands hôpitaux.
Parmi les successeurs de Pouteau , le plus célèbre fut
notre Marc- Antoine Petit , littérateur gracieux , comme
médecin habile et chirurgien consommé ; Dumas fut son
contemporain et son ami , Dumas , qui répara à BfoAH
pellier la grande perte de Barthèz.
L'histoire de nos médecins finissant airec le 1 8.* sikle y
l'auteur n'a pu y faire entrer Vitet, Rast, Willermoi,
Petetin et Gilibert , pour lesquels la postérité est dé}à
commencée ; encore moins a-t-il pu mentionner, autre*
ment que par Tindication de leurs noms, les médecins que
la ville et l'académie se glorifient de posséder au moment
actuel.
De nos jours , comme autrefois , c'est parmi les mé-
decins qu'on compte la plupart des hommes qui ont
illustré toutes les sciences physiques et naturelles. Si un
grand nombre de médecins ont leurs noms inscrits sur
les listes académiques, c'est moins en général comme
exerçant l'art de guérir , que comme cultivant avec édat
la botanique ou la chimie , la zoologie ou la science dés
minéraux ; plusieurs ont consacré leurs veilles aux re-
cherches d*économIe politique , d'autres aux méditations
psycologiques , et plusieurs se sont élevés â un rang
dbtingué parmi les littérateurs et les écrivains. Quoique
revêtus de plusieurs genres d'illustration , c'est toujours
(347 )
aux historiens de lamëdecine à consacrer leur nij^moire ;
c*e$t ce .qu*a très-bien senti Fauteur de Touvrage au
concours. Il a caractérisé convenablemeni le botaniste
Dal^hamp.» Tarchéologue Spon, l'universel Sympho-
rien Cbampier. Cependant il a développé avec prédi-^
lectîon les articles de Lanixanc , de Guy de CbauUac
et de Pouteau. Dans ces articles , conune dans beaucoup
d autres , il a fait preuye d'une sage critique et d'une
saine érudition. Son travail , qui suppose de savantes re«-
cherches ^ porte le cachet d'un médecin digne de ce nom*
On pouri^it lui reprocher quelques cmiissions, panoi
lesquelles je serais tenté de; signaler celle de Bourgelat^
qui ne songea à fonder son institution quaprès avoir
approfondi toutes les sciences médicales , qui fonda la
mëdecine des animaux sur les doctrines hippocratiques^
Aoni le nom fut inscrit sur la liste de l'académie des
sciences de Paris et de Berlin. Certes, le portrait du
fondateur des écoles Vétérinaires méritait une place dans
la galerie de l'auteur , k pjus juste titre que le chan-
celier Gerson.
On pourrait lui reprocher encore' de n'avoir pas assez
5oigné la partie bibliographique qui , tout autant que
la biographie , faisait partie de son travail ; mais un
reproche plus grave qu'il a encouru , c'est de n'avoir
pas rempli la totalité du titre donné à son piémoire. Il
annonce , en effet , l'histoire de la médecine de Lyon avec
œjle des médecins lyonnais et de leurs ouvrages y et il
ne dit presque rien des épidémies qui ont ravivé notre
ville , depuis le mal des ardens jusqu'à la fièvre typhoïde
.qui y de nos jours 9 s'est exhalée des marais Perrache ,
et il ne. trace pas l'historique de nos établissemens sani-
taires depuis les léproseries jusqu'à l'hospice de l'Anti-
( 348 •)
quaille , et il ne montre pas l'influence des lumières et
du perfectionnement de la civilisation sur la santé pu-
blique dans nos murs.
Ces omissions et ces lacunes , et d'autres imperfedions
échappées à la rapidité du travail , n'ont pas permis à
votre commission de vous proposer d'accorder à l'auteur
de l'Essai sur l'histoire de la médecine et des médecins
de Lyon , le prix de six cents francs , que vous aviez
proposé , mais elle a regardé cet ouvrage comme très-
digne d'une honorable récompense ; elle a l'honneur
de vous proposer de lui accorder une médaille de trois
cents francs, et de maintenir le concours de statistique (i}*
CORRESPONDANCE.
A M. B."^^, UN DES RISd ACTEURS DIS ARCHIVES DU RHoKE.
Lton, i8 septembre i8a8.
Monsieur ,
Vous savez , Monsieur , qu'Horace est un de mes au-
teurs favoris : aussi , dès que j'ai appris qu'il venait de
paraître à Lyon une nouvelle traduction en vers de son
Art poétique^ par feu M. Poupar , de l'académie de cette
ville (2), je me suis hâté d'en faire emplette pour la join-
* Il ■ ■!■ ■
(i) Ces conclusions ont été approai^ées par Tacadémiey
et l'auteur ,• a qui la médaille a été décernée , est M. le
docteur Imbert , de Lyon.
(2) Cette traduction , précédée de Téloge de Tauteur, ptf
H. Damas, forme un voU in*8.^de xxiii et 44 P^S* « V^ ^^
des presses de M. Rossary, et se vend à Lyon, chez M. Ri*
voire , libraire | petite rue Mercière , n.^ 1 1 : Prix a &
( S49 >
dre à ^es ainëes ; mais quel a été mon ëtonnement , en li-
sant cette production d*un littérateur qui , de son vivant ,
je crois , ne fit jamais gëmir la presse , d'y retrouver à
diaque insta'nt des vers qui ne m'étaient pas inconnus !
Ou je me tromperais fort , me disais-je , ou cette tra-
duction , presque partout élégante et fidèle , a déjà vu le
jour. Afin d*éclaircir mes doutes , j'interrogeai quelques-
uns des devanciers de M. Poupar, et le comparant avec
eux , je ne vis d'abord aucune conformité entre sa
traduction et les essais de Prépetit de Grammont , de
Lefebvre-Laroche , de Chénîer , de MM. Daru et Le-
brun 9 etc. , etc. Mais à peine eus-je ouvert la traduction
publiée par M. le marquis de Sy, Londres , 1816^ in-8.%
que je reconnus soudain qu*il y avait entr'elle et celle
de M. Poupar identité parfaite » sauf cependant une
trentaine de vers qui offreot des variantes, grâces aux-
quelles la traduction mise au jour par M. de Sy l'em-
porte, en quelques endroits et principalement au début
du poème , sur la version qui parait aujourd'hui sous le
nom de M. Poupar.
. Il se présente donc, comme on le voit, un problème
littéraire qui me semble assez difficile à résoudre: Lequel»
de M. Poupar ou de M. de Sy , est Tauteur de la tra-
duction dont je viens de parler , et dont il existe main-
tenant deux éditions , également remarquables par leur
luxe typographique.
M. de Sy nous avertit , dans sa préface , que c'est pen-
dant un séjour assez long qu'il a fait à Londres , dans
l'émigration, que Tabbé Delille l'engagea à traduire VArt
poétique , et qu'il doit à ce dernier ces deux vers qui ren-
dent si bien le Nec deus iniersii nisi dignus çindic^ nodus : ,
( 350 y
Et que riatrlgue enfin où Totre esprit se joae 9
S*offre digne cï^un dieu j lorsqu'un dieu la dénoue.
Après avoir parlé de 1 origine de son travail , AL de
Sy ajoute : <c Sept ou huit traductions se ^soat ^naë le
» mot pour paraître depuis, mais plusieurs personnes i
» Londres (qu*il me soit permis d*en prendre ade iâ)
» savent que la mienne était achevée en 1 800. »
Suivant Tauteur de la notice sur M» Poupsur y ce fut
également à Londres , pendant Témigration, que l*iUastre
académicien mit en vers VArt poétique , et, s*il faut en
croire le panégyriste ^. Delille lui-méaave , venant au st^
cours du traducteur dans Tembarras , lui aurait feami
ces deux vers qui oiTrent une image si fidèle du blin :
Sut deux pieds , dont un long, que précède an plus cooH,
D'un pas vif et léger , le prompt ïambe court.
Il résuîte encore d*une note placée au verso du der-
nier feuillet de la» traduction publiée à Lyon , note qui
est précédée d'une huitaine de variantes, i.* que le ma-
nuscrit sur lequel cette traduction a été imprimée , a
pour titre : Art poétique iT Horace , traduit en vers par
M. •*• (Poupar, inspecteur de Tacadémie de Lyon et
professeur de langue grecque ) , Latanne scripsit^ 1801 1
(sic ) ; 2.® que cette date est surchargée , et qu'il y avait
primitivement 1 800 ; 3.^ que les mots placés entre la
deux premières parenthèses sont de l'écriture de M. Poupar,
mais que la dernière variante de quatre vers , ainsi qne
celle du vers 3 de la page 4 9 ^nt de l'écriture de
M. Lalanne , copiste du manuscrit.
Il s'est écoulé , comme on à dû le remarquer , un
intervalle de treize années entre la publication de Lon-
dres et celle de Lyon : que s'est-il passé pendant cet
intervalle ?
( 35i )
La traduction donnée par M. de Sy, en 1816 , a éii
annoncëe, à cette époque, dans plusieurs journaux anglais
et français ; elle a été mentionnée par M. Daru dans la
préface de la cinquième édition de son Horace , Paris ,
1818 ; plus tard, M. Mahul Ta comprise dans la liste
qu'il a donnée des productions de M. de Sy , page oqS
de son Annuaire nécrologique^ année i8ai ; enfin ^ le
savant M. Beuchot , auquel rien de ce qui appartient k
la bîbUogniphie ne saurait échapper , Ta enregistrée ,
comme étant l'ouvrage de M. de Sy , dans son Journal
de la librairie du 6 juillet 1S22; et M« Beuchot, de
même que M. Mahul , n'a point manqué de citer les deu:s
¥ers que M^ de Sy devait à Tabbé DeKlle.
Ce n'est pas tout : un long fragment de la traduc^
tion donné comme de M. de Sy se trouve cité dans
le commentaire de M. de Saint-Surin sur VAripoélique
de Boîleau ; et le nom de M. de Sy figure encore en
deux autres endroits du commentaire de M. de Sainl^
Surin dont le Boileau a été publié six années avant la
mort de M. Poupar.
On se demande maintenant si , malgré toute la publicité
qu'a eue l'édition donnée par M. de.Sy, d'une wrsîoa
de VAri poétique d'Horace^ l'académicien de Lyon a pu
ignorer .l'existence de cette traduction dont les exem-**
plaires se débitaient simultanément i Paris et à Londres?
Quant à mot % Monsieur, je ne puis m'empécher de tenir
pour certain que M Poupar a été dans une ignorance
complète de tout ce qui a précédé , accompagné et suivi
la publication faite par le marquis de Sy. Et, en effet ,
si le bruit en était Tenu jusqu'à son oreille, aursât-il hésilé
à revendiquer sa propriété , et n'aurait-il pas poussé le»
hauts cris en apprenant qu'on l'avait si injustement dé;^
( 332 )
pôulltë/' c^edt ëté un spectacle curieux de voir aux prises
deux pères d'un même fils , et îl eût fallu sans doute
un nouveau Salomon pour terminer un semblable débat.
Quel est donc le yëritable père? Je Tignore , Monsiear.
Toutefois il me semble entendre le marquis de Sy dire
à M. Poupar :
« La traduction qui parait aujourd'hui sous votre nom,
a> est de moi ; elle est mienne et non vôtre ; la copie que
» vous en avez rapportée de Londres , a étë faite sur mou
» manuscrit. Six mots seulement , avec lesquels vous avez
» gâte six de mes vers , forment toute la part que vous
» pouvez avoir dans mon travail : reprenez vos six moiSj
3> je n'en veux point ; jamais on ne m'a vu vivre aux
» dépens d'autrui. La place que vous aviez prise dans
» une savante compagnie , en lui présentant , pour y être
» admis , une œuvre qui n'était pas de vous , m'appar*
y> tenait tout entière , et vous ne deviez qu'à celle
» supposition le fauteuil où l'on vous a vu siéger pen-
» dant les trois derniers lustres de votre vie. Mais , je
» vous en prie , montrez-nous , Monsieur l'académicien,
» les vers que vous avez faits , soit avant , soit depuis
» votre émigration. Pour moi , j'ai débuté fort jeune
» dans la carrière poétique. Dès 1782, j'ai publié, sous
» le nom du baron de Stonne, que je portais alors au
» régiment, des Mélanges de poésies qui sont nen-
n tionnés deux fois dans le Manuel du libraire ( tom. III,
» page 270, et tome IV, page 216, édition de 1814 ) ;
» j'ai publié, en 18x1 , une traduction en vers de la
» chute de Rufin , poëme de Claudien , réimprimé en
» 18 16, à la suite de ma traduction de Y Art poéiigue;
» cette même année 18 16, j'ai encore publié VEpifha-
)^ lame d'Honorius et de Marie , autre poëme de Clau-
(353)
9 i]ien , paiement traduit par moi en vers fi-ançais.
» Pour que Ton puisse décider qui de.* vous ou de. mol
» est le plagiaire, )e vous offre des pièces de comparaison
» dont personne ne s'avisera de me contester la pro*
» priëtë. Hâtez-vous de produire les vôtres. »
Cette interpellation est un peu pressante, et je ne
sais trop quelle réponse aurait pu y faire M. Poupar.
Les nombreux amis qu*il avait dans le monde, pourront
peut-être nous en instruire et justifier sa mémoire.
Vous-même , Monsieur ^ qui fûtes son collègue et qui
avez vécu dans son intimité , vous êtes sans doute à
même, mieux que personne, de pouvoir résoudre ce
problème et de rendre ainsi à César ce qui est à César*
En attendant , veuillez agréer , etc.
LAUNOY.
REPONSE*
m
Ah ! ÈÏ sur le Parnasse on pendait les Toleurs ,
Qae l'on terrait en Tair de squelettes d'auteurs (t) \
Tout en ayant Tair de me soumettre le problême lit-
téraire qui est le sujet de votre épitre , vous Tavez ré-
solu vous-même , Monsieur , d*une manière qui semble
rendre inutile tout examen ultérieur* Que répondre ^
en effet , au discours que vous prêtez à M. de Sy , re-
vendiquant une propriété dont il a joui s! long-temps ,
publiquement et sans contradiction , tandis que son ad-
versaire n'a eu qu'une possession momentanée , précaire
(i) Lettre en vers à M. le due de Montausier, à la tête
des Discours satyriques et moraux ( par L. Petit ) , Rouen
et Paris j^ 1686, in-i^*
Tome FUI. ;i4
( 354 )
et clandestine ? Qu*oppaser aux titres et aux pièces de
comparaison que vous cites^? Comment enfin «xpHqiier
le silence gardé pendant douze ans par -M. Poupar qui
Aurait souffert qu'un ouvrage de sa composition fût
imprimé^ annoncé, cite sous le nom d*un autre ^ sans
élever la moindre réclamation ? Ceux qui ont connu
M. Poupar , ne supposeront jamais quMl ait pu exister
en lui une telle modestie , qu'il ait pu tomber un însr-
tant dans une telle abnégation de lui-même. Concluons
donc sans hésiter qu'il faut l'ajouter à la 4iste si nom*-
breuse des plagiaires, et que cetàk un nouveau geai pii
des plumes. du paon.
A toutes les raisons que vous avez données de cette
vérité de fait, et qui n'en sont pas moins péremptoires,
quoique vous les exposiez d'un ton dubitatif, il n'y
aurait qu'une seule, objection qu'on pût tenter en faveur
de l'académicien lyonnab. Comment est-il arrivé , pour-
rait-on dire , s'il est réellement coupable du délit
dont on l'accuse, qu'aussitôt qu'il a eu appris la publia
cation faite par M. de Sy à Londres , en 1816 , il ne se
soit pas empressé de retirer du porte-leuille de l'académie
la copie revêtue de son propre nom qu'il y avait déposée,
et de détruire ainsi ou du moins de faire disparaître la
trace de son plagiat dont il avait recueilli tout le profit
qu'il pouvait en attendre , puisqu'à Taide de .sa fraude il
avait usurpé et occupait paisiblement le fauteuil acadé-
mique? La réponse serait facile : M. Poupar ne s'alten-
dàit pas à mourir si tôt ; il croyait avoir le temps de
reprendre son manuscrit dans les cartons de l'académie,
et il pensait que de son vivant personne . n'irait l'y
chercher. C'est cette imprudente sécurité qui est devenue
si fatale à. sa mémoire.
( 555 )
• Quoique VArtpoiiique ^ traduit par M. de Sy , fût publ i,^
par la voie del^impression et annonce dans les journaux,
ce n*était pas un ouvrage assez familier à tous leà
lecteurs' pour que le premier venu pût reconnaître que
le manuscrit de M: Poupar n'en était qu'une copie. Il
était donc difficile, que , même éïi le trouvant dans les
archives de la compagnie , même en le lisant , on se
doatât de la supercherie. M. Poupar comptait là-dessus';
et il avait tellement raison d'y compter que depuis l'on
a vu M. le secrétaire perpétuel de l'académie examiner
l'opuscule comme le principal titre que son prétendu
auteur avait au souvenir de la postérité , ne point se
douter du dol , et citer, au contraire, de longues tirades du
poëme çpmme d'un ouvrage tout à fait àuihentique. Les
liéritiers de M. Poupar ne se sont pas mieux aperçu de
ce larcin ;' ils ont publié, sans le savoir, une séconiïe
édition du travail de M. de Sy , përsiiadés , hélas ! bien
mal à propos,- qu'ils eivrichissâïefit la littérature d'une
production inédite , et qu'ih élevâieht par-là un monu-
ment glorieux ef durable à la mémoire de leur parent.
C'est à vous f Monsieur, qu'il appartenait de rendre à
César ce qui est à César, de dévoiler une insigne four-
berie , et d'empêcher que M. Poupar île trompât le pu-
blic après sa mort , aussi long- temps qu'il l'a trompé
pendant sa vie.
Je ^ois vous dire cependant que Terreur n'a pas été
universelle. Il est certain que la vérité n'était pas bien con*
nue , tnais au moins elle avait été entrevue et soupçonnée*
Plusieurs personnes se rappellent que M. Bérenger qui
avak été membre de la commission chargée d'examiner
les droits de M. Poupar à la place d'académicien , léut
a dit souvent à l'oreille que ce dernier n'était pas l'au-*
< 356 )
teur du poëme en question , et qu*il en avait la preuve.
D'autres élevaient aussi des doutes sur ce point: ils di-
saient que M. Poupar n avait jamais été assez fort lati-
niste , qu*il était trop paresseux ^ et qu'enfin il n atait
pas assez de talent pour faire une bonne traduction
d*Horace ; qu'ils ne se laissaient point imposer par le
ton tranchant du personnage ; qu'ils connaissaient sa
portée , et à l'appui de tout cela ils citaient quelques
traits de charlatanisme littéraire qu'ils lui imputaient. Ce
1 mgage pouvait paraître suspect : on pouvait croire que
^c'étaient des ennemis qui le tenaient ; mais enfin il dé-
montre que tout le monde ne partageait pas l'opinioa
que M. Poupar avait voulu donner de son habileté,
et que bien des gens se doutaient de sa ruse.
Quant à moi , Monsieur , je n'étais pas encore de Vaca*
demie à l'époque où M. Poupar y prit place , et je n*ai
eu avec lui que des relations bien passagères. Lorsque
j'eus l'honneur d'être Yeçu dans cette société , on me
parla avec éloge de la version qu'il avait faite de l'Art
poétique. Je ne demandai pas de plus amples informations,
et j'ignorais absolument que cet opuscule se trouvât
parmi nos autres manuscrits. Je ne l'ai réellement connu
pour la première fois que par l'éloge historique que
M. Dumas a prononcé dans une de nos séances publiques
de cette année , et qui a été imprimé à la tète du petit
volume. Vous vous trompez donc , lorsque vous me
supposez dans le cas de jeter quelque lumière sur ce que
vous appelez un problème à résoudre , et lorsque vous
me comptez au nombre de ceux qui ont suivi M. Poupar
dans ses rapports avec l'académie et qui ont vécu dans
son intimité. Nos âges et surtout nos caractères ne nous
rapprochaient point. Je suis peu répandu dans la société >
( 357 )
et M. Poupar Tétait beaucoup. Il aimait II diner en ville^
et je suis domicœna. Ma fortune ne me permet pas de tenir
tabie ouverte, et je ne Tinvitais jamais.il était hardi ,
moqueur , goguenard , grand parleur ; je me renferme ,
au contraire , dans la timidité et la modestie qui me con-
viennent, j'aime ces qualités, même dans ceux qui auraient
assez de mérite pour pouvoir s*en passer, et j ai un éloi-
gnement invincible pour les personnes qui déddent, avec
autorité, sur toutes les matières, qui tyrannisent les con-
versations , qui se vantent à tout propos , qui se cou-
vrent du manteau de T insolence pour cacher leur nul-
lité, espèce de roués et de matamores de salon que je
regarde comme des fléaux. Ce n'est pas toutefois que M.
Poupar fût entièrement moulé sur ce hideux patron ;
mais quelques-uns des traits que je viens d'esquisser étaient
les siens. Vous sentez, d'après tout cela, que nous n'étions
pas nés sous la même étoile , et qu'il y avait entre nous
incompatibilité d'humeurs. Je ne sais pas, permettez-moi
de le dire en finissant , je ne sais pas au juste qui vous
êtes , Monsieur Launoy , et je doute même que ce nom
d'un fameux dénicheur de saints soit réellement le vôtre ;
mais je soupçonne en vous toutes les qualités opposées à
celles du personnage dont l'un et l'autre nous nous
sommes trop occupés, je désire vivement que vous quit-
tiez votre masque , et je ne serais point du tout étonné
4e voir qu'il couvrH le visage d'un de mes anciens amis.
Agréez , etc.
P. 5. On trouvera peut-être un peu d'acrimonie dans
quelques passages de cette réponse \ mais on n'y trouvrra
point d'injustice : M. Poapar n'est plus, il ne peut pins empirer
ni s'amender, la postérité est Tenue ponr lui, il est donc
permis de le juger avec franchise et sans nul ménagement^
car, comme le dit si bien Voltaire, on doit des égards
aux vivans , on ne doit aux morts que la vérité.
( 358 )
*■*•
POÉSIE.
Le major-général martin (i) , poëme couronne par racadëmie de
Lyon, dans Isa sëance du 4 décembre 1828, par F. J. Rabanis,
agrégé pour les classes supérieures des lettres , professeur de rhéto*
rique au collège royal de Lyon.
Je tU^Toque aojoard'hai , Gëaie în&plratear!
Viens , soit que du Parnasse habitant la hauteur ^
Ta ïprëfères les lieux où t'aperçut Homère^
Soit que , de notre esprit forme aetiré et légère ^
Tu n'existes qu*eit nous y réveillé tour à tour
Aux doux noms de^ patrie çt de gloire et d'amour.
Viens donc , transporte-moi sur ces plages lointabes
Que de la jeune Aurore embaument les haleines y
Fantastique, séjour , univers enchanté ,
Où sur un lit de fleurs règne la volupté ;
(1) Claude Martin , fils d'un tonnelier , naquit à Lyon en janvier
lySa ; il mourut à.Lucknow, dans le Bengale , le i3 septembre 180O1
avec le grade de major-général de la compagnie anglaise des Gfaadcs
Lides. Son testament » écrit par Iniv fut. ouvert le lendemain, de m
mort : on évalue à environ, oi^ae millions de France . la fortune
qu'il a laissée. Il a légué , À sa ville natale , des sommes considéra*
blés pour une institution publique qui portera le nom de la MartinUn,
«t il a confié à l'Académie royale de làjon - l'exécution de œ legs ;
il a encore légué ia,ooo fr, ^e rentes qui doiient être coofaerés.,
chaque année , à la délivrance des prisonniers lyonnais pour dettes.
Nous ignorons pourquoi cette délivrance qui , d'après son Icstamait.
doit avoir lieu le jour anniversaire de la mort de Glande Martin ,
né se fait que le 3o septembre ; tandis qu'elle devrait se faire .le
1 3 de ce mois. On trouvera des détails curieux sur sa vie et sur Ks
institutions dans VAlmanach de Lyon pour l'an xii , dans la 5to*
graphie universelle , et enfin dans les Archives historiques et statU'
ii^ues du département du Bkône»
( 359 )
OÙ les jeinies .beautés. ^ par leom dàiises iMcÎTéa | '
Rappellent des Nababs les forces fugitives }
Où la terre opulente y au }iea des ëpis d'or
Qui de nos frais vallons forment seuls le trésor ,
Dans les sables brûlans voit lentement ëelore
Ces trésors souterrains qne notre luxe implore ^
Vains et pompeux jouets qu*u9 a|*t iadu^iriçux .
En nuage invisible évapore à nos yeux (i) ,
Image des grandeurs , des dignités superbes
Qu'ils parent un moment de leurs brillantes gerbes*
Mais quoi ! sons ce bean ciel , dans ces déserts fleuri»
Qu'ont foulé Pjrthagore^. Alexandre et Geugis ^ /
Languit obscurément sous une ignoble entrave {%) -
mrm^mi^
(t) On sait que la première coûjeclure raisonnëe sur la nature du
diamant , a ^t^' émise par Newton , qui , d'après les propri<^të^s opti-'
ques de ce corps , n'hésita pas à le ranger parmi les substances^
comhusiihles ; dès 1679 , Boyls avait reconnu que le diamant est
attiré par la chaleur.
Dans les expériences des académiciens de Florence , faites en 1694
et répétées , Tannée suivante , devant le grand duc de Toscane , des
diamans exposés au foyer d'une forte lentille finissaient par disparaître.
i«es expériences de Darceti Macquer et Rouelle , en 1771 , ren^
dirent probable la combustion du diamant y qui fut mise* hors de
dottle par Lavoisier en 177a. Cet illustre chimiste détermina , le
premier , la nature du produit de la combustion , et reconnut le car"
hone daas le diamant. '
• Clonet et MacVenzie okit confirmé Fidéàtité chimique de ces
deux -GOips I en préparant de F acier avec le diamant ; et les re-
chei^hes de MM. Alen et Pepys en 1807 , appuyées de celles de
M« H. Daty » à Florence et à Rome, en i8i4» ne peuvent plus laisser
de doute sur- ce fait , l'un des plus singuliers de la chimie , si la
mot singulier p<ut s'appliquer aux phénomènes de la nature.
' Note de M. Legrand ^ professeur de science»
physiques au collège royal de tyon*
(a) La puissance des Anglais dans l'Inde, tournera» aoas l'espéraaa p
an profit de la difiliaation ei de rbtuoatoUé « mais on na ]»t«( ê%
( 36o )
L*Inde , reine jadis « anjoard'haî yile esclaye...
Pourtant ce ciel d^azur qui , trompant les saisons ^
Donne à la fols des fleurs , des fraits et des moissons y
Ces ombrages , ces eaux , ces rlyes élégantes y
Ces arbustes nourris de rapenrs odorantes
Que poursuÎTïiIt Gama sur l'Ocëan dompte ;
Elle n'a rien perdu , rien , hors la liberté !...
diftsimaler que le goavernement qu'ils y ont établi n'ait éié et ne toit
encore tyrannique et immoral. Dans le fameux procès contre Wairea
Xlastings , ancien gouTerneur de ce malHeureux pays , Shéndan a
caractérise , d'une manière admirable , en empruntant les paroles de
M. Dundas , les yices et les excès de cette domination mercantile :
« Je me souviens d'avoir entendu un bonorable membre (M.
Dundas ) faire remarquer qu'il y avait dans rorgaoiaalion primi-
tive de la compagnie des Indes , quelque cbose qui étendait les
principes sordides de son origine sur toutes ses opérations , et qù
associait à sa politique et même à ses plus audacieux exploits , la
pitoyable mesquinerie du broc<inteur et la cruelle rapacité du pirate.
Ainsi , dans sa carrière politico -militaire , nous voyons des ambas-
sadeurs mettre à l'enchère , des généraux marchands , une révolutioD
amenée par des factures , une armée employée à exécuter une saisie,
une ville assiégée sur lettre d'avis , et un prince détrèné pour ftire
la balance d'un compte : ainsi elle offre le spectacle d'un gouver-
nement qui unit la fausse majesté d'un sceptre sanglant k l'ignoble
chipolerie du comptoir , tient un bâton de commandement d'une
main , et vide un gousset de l'autre. » {Mémoires de Shéridam
par Th, Moore , traduction de M, Parisoi , pag. 3a6 , tom. Q. )
La société académique de Calcutta , fondée par William Jones»
en 1784 I et due à de simpVs particuliers , a déjà rendu de grands
services aux littératures de l'Asie » et en rendra bientôt de plus grands
encore aux malheureux habitans de ces contrées qu'elle retirera par
degrés de l'ignorance et de l'abrutissement où ils virent. Il est
consolant de voir que la philantropie individuelle cherche à com-
penser les détestables principes politiques de la nation anglaise.
Jones et Wilson, en Asie , lord Guilford , à Corfou , ont donné de
beaux exemples , et protesté par leur noble conduite contre l'avare
et soupçonneuse ambition de leur patrie ; c'est l'or que le torreiit
abandonne avec son limon dans les Kenx qu'il a dévastés.
( 36i )
Terre d'iUasions, barmonieux Bengale,
Notre antique tlysée a-t-il rien qui t'égale ?
Ah ! pourquoi ,' comme lui , sous tes rians berceaux p
Au murmure ëtemel du cëphjre et des eaux -,
Ne Tois-tu donc errer que des peuples sans yie y
Hôtes inanimés qui n'ont plus de patrie ?
Puisse^ au moins, dans les rangs de tes heureux TainquenrS|
Le sort qui t'asseryit , placer de nobles cœurs
Dont l'active pitié soulage tes misères j
Et dans tes fils captifs reconnaisse nos firèrés !
Tel était ce guerrier que , loin de nos climats y
La Toix de la fortune entraînait sur ses pas :
Jeune , il sentit brûler cette flamme secrète y
Ou génie ignoré solitaire interprète ;
D*nn âge impétueux dédaignant les plaisirs y
Il marchait sur la foi de ses ragues désirs :
Dans les camps , sur les flots y son audace obstinée
A travers les périls chercha sa destinée ,
L'atteignit près du Gange; et fixé désormais y
De son brillant exil répandant les bienfaits ,
Comme un fleuve imposant qui partage ses ondes y
De son vaste héritage il a' doté deux mondes.
Toutefois , dans le cours de sa prospérité ,
Ville aux grands souvenirs » Lyon , noble cité y
Séjour de son enfance et sa belle patrie y
Que tu plaisais encore à son âme attendrie 1
Qae de fois, de tes murs , vers l'occident lointain y
Ses regards attristés ont suivi le chemin !
Que de fois du sommeil une heureuse imposture
Lui rendît tes coteaux et leur molle courbure y
Et tes mil!e palais , et ces trésors divers
Que la main de tes fils prodigue à l'univers 1
(562 )
Et toi , reine des arts , brlUante et coaroiui^e (f ) ,
D*utie main épanchant ton urne fortunée 9
De l'autre , avec orgueil ^ à vipgt peuples rJTaiix
Déroulant l'appareil de tes riches tr^ivaux ,
£t montrant Tindustrie k ta voix renaissante ^
Tes lions à ses jeux t'amenaient triomphante.
«
Peut-il être , en effet 9 de gloire et de bonheur .
Loin des champs paternels où resta notre ccenr !
Qu'importe à l'exile qu'on l'admire ou qu^on l'aima!
Isol^ dans la foule , il se pleure lui-même ^
A la patrie absente il adresse en secret
Le culte douloureux d*un ëternel regret....*
Tels ces arbres lointains , exilés dans nos serres^
Étalent tristement leurs ombres solitaires ;
Étrangers parmi nous, ils n'y retrouvent pas
L'amoureuse liane et la vigne aux cent bras ; '
L'oiseau même les fiait f et leur feuille inutile (2) i
Jamais de ses amours ne deviendra l'asile
C'est alors qu'à nos yeux présentant son miroii* ,
Des lieux tant regrettés qu'on ne dgit plus revoirf
(i) Cette image est empruntée à Virgile i il dit en parlant de Roses
•t...
Qualis BerecynifUa mater
Invehilur curru Phrygias , iurriia , per urbes ^
Lœla Deûm partu , cetitum complexa nepohs p
Oiunes cœHcolas , omnes supera alla tenenies.,,
AEnéid , VI , jS^h^*
n est inatile de rappeler que la ville de Lyon porte an lion (hnt
tes armoiries.
(a) Cette idée appartient â d'Aguessean, auquel il est }fistaà*euf^^
honneur , quoique nous ne puissions pas indiquer eU; ce movwnt
l'endroit de scr ouvrages oà elle se trouve»
( 363 )
La doQce illoslofi vient noas rendre Tîmage ;
Par elle noas pouvons f sur un lointain rivage »
Transporter les aspects et les sites connus ^
Et , sous un antre ciel vainement retenus y
Refaire la patrie et revoir avec joie
Les eaux du Simoïs et ks champs ou /ut Troie (i) f
Voyez-vous ce palais , ces jardins et ces tours ?
Lui-même 6b dessina' la forme et les contours \
Il voulut réunir, dans leur masse gothique.
Les souvenirs d'Europe au faste asiatique :
Là , de noms favoris désignant tous les lieux ,
Chaque pas le console , et remet sous ses yeux f
Ou la Saône indolente » oii l'antique Fourrière 9
On du Rhône létonné Taùdace prisonnière.
Hélas ! et ce fut là qu*nn long cri de douleur
Vint de ses derniers ans altérer le bonheur y
Quand seule parmi nous, victime résignée j
Lyon se dévouait pour la France indignée*
Comme il applaudissait à ses nobles efforts !
(1) Toiit le monde conaait ces vers de Virgile qa'il est impossihls
de Hre saiis attendrissement :
Uiiara cum patriœ lacrymans portutque reîinquo ,
Ei campos ubi Troja fuit:
AEneid. III, lo-ii.
Solemnes ium forte dapes et tristia dona ,
Anle urhtm in tuço , falsi Simoêntis ad undam p
lÂbabat cineri Andromache , Manesque vocahat
H^cioreum ad iumulum , viridi quem cespUe inanem ,
Et gemtnas , causam lacrymis , sacraverat aras,
Ibid. • 3oi-3o5*
Procéda , et parvam Tm/am , simuîataque magnîs'
Ptfrgama • et areniem Xanthi cognomirie rwum
jignosco j Scacsque ampleclor limina porta,
Ibid. 349-351.
( 364 )
Comme il aurait Toula ,| ramené sur ces bords 9
Partager nos périls et chasser de nos portes
D*an pouvoir abhorré les hideuses cohortes !
Bu moins il ne vit pas croulant de toutes parts (i)
Ces dômes ^ ces palais , honneur de nos remparts y
Ces champs qui jusqu'alors ne servaient qu'à nos ftes ^
Recueillant de la mortjes horribles conquêtes ;
Du moins il n'entendit ni le funèbre essieu ,
Kl ces mourantes voîx qui murmuraient — • adieu !,*•
Ni le plomb qui roulait sur la foule enchaînée y
Kl la religion errante et profanée....
Il ne vit que la gloire , un laurier à la main y
De Timmortalité nous frayant le chemin ;
Il n'entendit qu'un hymne éclatant, unanime 9
Dont la terre et le ciel saluaient la victime I...
Peut-être 9 quand sa main traçait ses derniers tœnt y
Et que dans l'avenir il voyait nos neveux ,
Instruits par ses bienfaits 9 heureux par l'industrie |
Transmettre à leurs enfans sa mémoire chérie ,
Dans ces momens de calme oh l'âme sans effort
Dît à la vie — assez — et sourit à la mort ,
Où le juste à pas lents se penche vers la tombe 9
Comme an jour qui s'éteint, comme un fruit mûr qui tombe^
Comme le voyageur qui s'arrête le soir y
Opposant son génie à des maux sans espoir ,
Et d'crn dernier regard embrassant sa carrière (2) ,
(i) On pourrait trouver ici une réminiscence de ce passage slconat
de Tacite : Non vidit Agricola obsestam curîam , et clausum armu
senaium , et eadcm strage iot consularium cœdes , toi nobiUsshM"
rum feminarum exsilia et fugas» ( Vie d*Agricola , XLV).
(a) « Quel homme vers la vie , au moment du départ,
» Ne se tourne et ne jette un triste et long regard ;
» A l'aspect du tombeau ne sent pas quelques charmes ,
» £t des yeuK d'an ami n'attend pas quelques larmes l »
DeuuiE*
C 365 )
Peut-être il rappelait sa fortune guerrière ,
Ses songes , ses dësirs , et cette vague ardeur
Qui y dès ses premiers ans , faisait battre son cœur t
n Cetait » il m'en sonyient ^ dans mes jeunes années :
99 Au sein de nos forets par Tautomne fauches ,
99 A travers Taquilou soufflant contre mes veux ^
I» J^nterrogeais Tazur des horizons mobiles y
' ' 99 Et mes pas inutiles
99 Poursuivaient cette ligne ou finissent les cieux.
99 Qae de fois , sur ce mont que le pampre décore (i) 9
99 Haletant de plaisir, j*ai devancé Taurore !
99 De la Saône indécise au loin suivant les eaux^
99 Je regardais errer dans nos plaines heureuses
99 Les ondes voyageuses ,
)} Et j'aurais voulu fuir 9 libre comme ces flots.
9> Et toi, Rhône indompté , le plus noble des fleuves I
99 Du réservoir glacé des monts où tu t'abreuves ,
99 Jusqu'aux lieux où la mer t'ouvre son ifaste sein ^
99 Je laissais mon espiît errer avec les ondes y
99 A travers tous ces mondes
99 Que je plaçais alors sur ton cours incertain*
n D'où venaient ces désirs qui troublaient mon enfance ?
99 Était-ce du destin la fitale influence ?
19 Je ne sais , mais , quand l'âge eut mûri ma raison ,
99 Rêvant un nom illustre et vivant dans l'histoire 9
99 C'était la fortune et la gloire
99 Que je voyais à l'horizon.
99 J'y volai : vainement ma superbe espénaiee (2)
(i) Foorviére , colline qui domine la ville de Lyon»
{i) On raconte que la belle -mère de Martin , car son père s'était
nfmtxié , apprenant quejes dçu^ tiU s'étaient enrôlés^ courut auprès
( 366 )
jy De ma paavre famille effrayait la prudence ^
9» Ni plaiote 9 ni regret ne me pnt retenir *,
>» Consolant leur amour qui m'iiccfise et me pleure ,
19 Seul 9 je franchis le seuil de notre humble demeore y
99 Et je marchai vers TaTenin
99 L*aYenirl... A ce 'nom tout rempli de merreilles,
}> QueUe ardeur consumait et mes jours et mes Teille«!
i> Le sort m*aTait léguë Tiadigence et l'oubli ,
99 Et défiant le sort , je rérais l'opulence ^
79 La gloire , les honneurs , surtout la bienfaisance...
n Et mon réye s'est accompli !..«
99 Mais le terme s'approche ,' et ma belle journée
99 A fui 9 vers son couchant lentement inclinée ;
Il Bientôt je renaîtrai dans un monde meilleur;
99 Gomme un jour de combat , à mon poste fidèle ,
M Sans trouble , sans regret, au Très-Haut qui m'appelte,^
99 Je dirai : Me voilà , Seigneur !
99 Me Toilà : tu sais tout ; à l'oeil de ta justice
99 II n'est point de secret qu'on puisse dérober,
99 Et, sans que jusqu'à toi sa chute retentisse ,
If Nul mortel ne saurait tomber.
99 Sous quelques noms divers que la foule tfadore^
99 Esprit juste e^ clément , j'espère en ta bonté :
99 Tu m'ouvriras ton sein : c'est un fils qui t'implore y
99 Un fils , et pour l'éternité !...
99 3*al TU dans ces climats l'ignorance, et la gneire p
T^
des recniteursi et obtint, à force de supplications , que les engâgeneos
sefaient rompus. Le plus jeune consentie à revenir ; mais. Èlaade
Martin, inébranlable dans sa résolution , déclara qu'il ▼oalait partir
et aller chercher fortune. Alors la belle -mère en pleurs lui donna ,
dit-on |- un rouleau de pièces d^ i^in/ft -quatre sous', tt^é^ùntpovt
de soufflets , et lui dit : Vas entêté , mais ne reviens qu'en carrosse»
( 367)
If Fldaaz qae ton coorroux a lances sur la terre ^
n Et prodigue des dons qae' tu m'avais offerts ,
» J'ai cherche l'infortune ad fond de sa retraite ^
» £t ma pitië discrète
« A«ëché bien des pleurs , a brise bien des fers...
» Et lorsque le tombeau réclamera ma cendre ,
» Mes bienfaits , après moi 9 pourront encor sMtendro
» Des limites du Gange aux lieux, oà [e suis né
» Non, je u*àccuse plus le sort qui m'en exile ^
» J'j. mourrais inutile , • j
» Je ferai des heureux... le sort est pardonné !... »
Tels étaient ses adieux , quand la mort plus prochaine ,
Fil à fil de ses jours semblait rompre la chaîne :
D'un mal indestructible en Tain bornant le cours ,
Et de sa seule audace empruntiMit le secours.
Armé d'un. fer ayeugle, il poursuit, il démêle (i)
Le secret ennemi que lui-même recèle :
Vains efforts ! le fléau lentement déposé
Renaît de ses débris dans son corps épuisé ;
Il sait qu'il va mourir... ^ mais toujours intrépide ,
Cest au ciel qu'il s'élance , et la mort est son gUide.
Venez à ce tombeau , venez verser des pleurs ,
Vous tous dont ses bienfaits ont calpné les douleurs :
C'est votre ami , c'est lui dont le nom tutélairç
(1) Le major-gënëral Martin ent le courage d'essayer sur lui-Tnémc
l'opération de' la lithotritie , qui 'depuis â été perfectionnée par Ich
admirables travaux de MM. Civiale et Henrteloup. Il avait fait exé-
cuter luirméme , sous ses yeux , 1rs instrumens dont il se serrit pour
fixer le calcul et le broyer dans la vessie. On croit même ^pi'il^ kMit
l'idée de Tingénieux mécanisme , au moyen duquel ou peut porfcr
la lumière dans l'intérieur des corps 1 et qui a valu à- M. Régalas ,
agrégé de l'école de médecine de Paris ^ une juste célébrité.
n
( 368 )
Rend an père à nés (As , rend les fils. à leur père I
A Yos tristes enEains tous serez réunis,
Vous qui 9 des coups du sort injustement punis |
Dans ces lieux on jamais n'a brillé Tespérance y
Expiez le forfait d'une honnête indif^nce;
Entendez !.... le jour vient , et tout cède à sa ToiX|
L'ayarice .inquiète et la rigueur des lois:
Désormais le captif , dans ces sombres demeures ,
Sent tomber plus léger le poids des longues heures ^
Et sur de l'ayenir , son cœur moins attristé y
Comme on croit au printemps y croit à la liberté.
■
Ombre illustre , les arts que ton amour protège ,
Désormais dans nos murs ont fixé leur cortège :
Contemple ce séjour ^ de ton nom décoré y
Oh Part le plus utile est le plus honoré ;
Où Tiennent s'inspirer, pleins d'une ardeur commune,
Tous ces jeunes talens qu'oubliait la fortune (i) :
L'un sur le buis qui part , Tole et revient toujours
D'un fil imperceptible enchaîne les détours ^
Tantôt formant le lin en gazes transparentes y
Tantôt déployant l'or en nappes éclatantes ,
Ses utiles travaux décorent à la fois ,
La chaumière du pauvre et le palais des rois.
Du fidèle compas l'autre suivant la trace ,
Mesure la vitesse et le temps et l'espace ^
Plus loin , de la nature émule industrieux ,
Divulguant les secrets de la terre et des deux.
Un nouveau Prométhée enlève à la matière
Ses dons mystérieux ou sa forme première y
(i) La description qai suit est , i proprement parler , celle d'une
ëcole des arts et métiers ; car nous pensons que l'intention à»
administrateurs de la Martinière est de conrertir , qoand les foB4f
le permettront , TétaUlssemeat actuel en une école de ce genre. .
(369) .
Décompose le )oar, condense les vapeurs ^
Oa prête à nos tissns leurs brillantes coulears*
Là, des agens divers qu'emprunte sa faiblesse j
L'homme dompte à son grë la force ou la vitesse;
Il cherche à captiver dans ses agrès mouvans
Ou Tonde fugitive ou le soufQe Aes vents ^ •
Déjà pour ses vaisseaux sans voiles , sans cordages ^
L'air n'a plus de fureurs , ni TOcdan d^orages ;
Ici, de rhorîzon franchissant les déserts ,'
Des astres radieux qui peuplent l'univers
Il soomei à ses lois la forme et les orbites :
U sait par quel accord respectant leurs limites y
Dans Pair obdissant 1- un par l'autre attires ,
L'un à l'autre inconnus , l'un par l'autre éclairés p
Volent incessamment dans leur ellipse immense
Tous ces globes rivaux que l'éternel balance ^
Il ne voit plus un dieu nous apporter le jour.
Et comme un jeune époux plein d'orgueil et d'amour ^
Partir tous les matins de son humide asile :
C'est la terre qui fuit sur son axe immobile }
Assiégeant le soleil dans son rapide essor ,
Elle marche , il attend : lui , de son trône d'or
Saluant tour à tour nos zones inclinées ,
Nous jette d'un coup d'oeil les jours et les 'années.*!*
Là, plus utile encor^ ce modeste atelier
Entend gémir la scie et le rabot crier;
Là, ce groupe attentif, les yeux sur le modelé ^
En demande au crayon une empreinte fîdèle ^
Soit qu'aidé du compas il figure à nos yeux
Des superbes palais le dôme ambitieux ,
Sott que des simples fleurs son élégante étude
Imite l'incaroat et la molle attitude*. ••
Kon ^ vous ne verrez plus , parens infortunés ,
Yos fils dans l'ignorance à gémir ' condamnés j
Tome rilL ^3'
( 37c> .)
Honnenr au cîtojen^dont la Bpble tendresse
Youlat à tous les arts cousacrer leur jeunesse !
Ne craignez plus pour euiL les besoins corrupteurs'.
Le travail , Dieu Ta dit , est la source des mœurs
•■*•
0 TOUS qu'il a chargés d'accomplir son ouvrage i
Fils des Muses y veillez sur ce saint héritage ;
Veillez avec amour sur les progrès naissans
De cet asile heureux que célèbrent nos chants.
Ministres de ce temple ouvert à l'industrie ,
C'est l'espoir et bientôt l'honneur de la patrie
Qu'à vos sages leçons ses vœux ont confié :
Désormais votre nom au sien associé j
Chez nos derniers neveux portera , d'âge en fige f
De vos communs bienfaits l'étemel témoignage:
Acceptez ce devoir ^ il est digne de vous.
Et toi dont le laurier a grandi parmi nous (i)i
Toi qui sus nous montrer Eurydice blessée ,
Et sa molle douleur, et sa pose affaissée ,
Hâte-toi , jeune artiste : un triomphe nouveau j
Une palme oubliée appelle ton ciseau.
Des nobles sentimens poétique interprète ,
Ta main , mieux que mes vers y doit couronner sa tête 9
Non d'un laurier obscur et par le temps flétri^
Mais en nous révélant , sous le marbre attendri 9
Ce bienfaisant génie et cette âme si belle :
Joins encor ce grand nom à l'élite immortelle (2)
(1) Il nous est agréable de donner à M. Legendre-Héral un té-
moignage du plaisir que nous font éprouver ses opTrages cl de
l'estime que son talent nous inspire. Ce jeune artiste , riche d'ins-
pirations élégantes et gracieuses , peut fournir une brillante carrière
dont IVrlat rejaillira sur sa patrie. M. Legcndre-Héral est membre
de l'Académie de Lyon.
(a) C'est une beureuse et noble pensée de réunir au Palais des arts
les bustes des Lyonnais illustres et des citoycuB bienfaisaos. Oa
< 37r )
Qu'au sein de ce palais, digne s^onr des arts ,
.Un pieux souyenir retrace à nos regards }
Et là puisse bientôt la cite qu'il honore ,
Le bënir, Tadmirer, et le bënir encore !
LE MERLE ET LE ROSSIGNOL ,
FABLE ,
Lae au Cercle littéraire de Lyon, dans la aeance du 17 juillet i8a8
Un rossignol chantait: les oiseaux du bocage
Pour l'écouter suspendaient leur ramage.
Un merle, un merle seul, caché dans les buissons y
Par de brujans sifflets accueillait ses chansons.
Le rossignol se tut. En Tain une fauvette ,
Un rouge-gorge , un bouvreuil , un tarin ,
Lai vinrent demander quelque nouveau refrain ^
En s' écriant : u Âmi , ta yictoire est complète ;
yy Ce n'est que de dépit que le sot t'a sifflé y
' n Mais il s'est bien vite envolé
99 En YOjant se former l'orage sur sa tête... »
Humilié , triste , confus , .
Kien ne put vaincre ses refus...
Et c^est depuis ce jour que 9 cherchant le silence 9
A la faveur des nuits , dans l'épaisseur du bois ^
Au seul bruit de la fleur , qui dans l'air se balance ^
U charme les échos par l'éclat de sa voix y
Craigiiaut de rencontrer , le jour, sous le feuillage y
Un merle persiffleur y jaloux de ses accens^
peut y voir ceux de Vien , Grognard et Sathonnay , qui sont dus
au ciseau de M. Legeodre-^HéraU
( 372 *)
Qai Tienne encor troubler par des sons claplssuis
De ses hymnes d'amour rbarmonieax langage.
Pauvre amour-propre!... Hëlas! c*est peu de Tencenser:
Des sifflets d'un fat il se pique ,
Et cent bravos flatteurs ne sauraient efiacer
Le cbagrin que lui cause une seule critique.
F. COIGWET.
BULLETIN HISTORIQUE
DU MOIS D'AOUT 1828.
%* 1.^' *— Une feuille de ce jour annonce la mort,
à Njon , en Suisse , de l'ex-conveutionnel Jacques Eie-
yerchon. Il était âgé de 84 ans et avait été banni comme
régicide , eii vertu de la loi du 12 janvier i8i(>. Lei dé-
tails qui concernent la carrière politique de ce person-
nage , né à Lyon f ou dans les environs de cette ville ,
se trouvent dans les biographies contemporaines , et prin-
cipalement dans celle qui est intitulée Biographie moderne^
LeipEtck (Paris ou Lyon), 18069*4 ▼o^* iii-8.
%* Même jour. — Le prix du pain a été augmenté de
deux centimes et demi par iLilogramme , c*est-à-dire d*an
centime un quart ( un liard ) par livre usuelle , à compter
de ce jour. Ainsi il est taxé , savoir : le pain forain , à 9.2
centimes 1/2(4 ^^^^ i/^) y ^^ ^^ P^^^ ^^^ 9 à 18 centimes
5/4 ( 3 soQs 3 liards ).
I
%* 7. — Par ordonnance du Roi , du 5o juillet dernier,
MM. Vitton 9 maire de la Guillotière , et Ramband, notaire
honoraire 9 à Mornant , sont nommés membres du Conseil
d'arrondissement de Lyon.*
1 373 )
\^ 10. —• OrAoïniance da Roî , en date de ce jdnr ^ qui
nbmtkie membres du Conseii gënëral da département da
Rh&ite 9 MM. PKiHbeit Delphîn , Montgolfier et Brollemaun,
en remplacement de MM. Mottet-Degérandp et de St.-Trj,
dëcëd<^s , et de M. Beaoregard de Barbantanne , dëmi8-<
sîoniiaire»
%'*' Même foiir,'^ M. Sain-Mané?ieaXf de Lyon, en&eigne
de la marine ^ un des braves qni se sont distingués à Taffaire
de Nayarin , vient d'être promu , par le roi , au grade de
lieutenant de vaisseau«
*^* 1 1. — • La société de médecine , dans sa séance de
ce jour y a renouvelé son bnreau. M. le docteur Mermet
a été élu président en remplacement de M. Martin jeune ,
nommé président honoraire ; M. le docteur Dupasqoier
a été nommé secrétaire général ; ?«f. Gauthier, bibliothé-
caire-archiviste 9 et MM. Botte!^ et Pasquier , secrétaires
ordinaires.
\* 1 2. — Une ordonnance du Roi , récemment rendue 9
admet à la retraite M. le comte de Laurencin, colonel da-
54*^ régiment de ligne , ancienne légion du Ilhâne.
La cérémonie de la distribution des prix aux élèves
du collège royal a eu lieu aujourd'hui dans la salle de
la bibliothèque de la ville , sons la .présidence de M. le
recteur. Le discours d'usïige a été prononcé par M. Idt ,
professeur de rhétorique. Cet estimable humaniste avait
pris pour sujet Vlnjluence des sciences et des lettres sur la
prospérité du commerce. Nous regrettons que 1* étendue de
cet excellent discours ne nous permette pas de le mettre
en entier sous les yeux de nos lecteurs \ mais nous leur
en offrirons un passage. Après avoir combattu le préjugé ,
malheureusement trop répandu parmi nous , que le com-
merce et l'étude sont incompatibles > et après avoir prouvé
que Ton a vu dans tous les pays le commerce prospérer
< '74 )
et 8*éténdre en raison dû progrès qn*j faisaient les sciences
et les lettres , l'orateur s'écrie :
u Au reste , cet accord du commerce et des lettres n'est
pas an prodige inconnu parmi nous ; les nëgocians les
plus distingués de cette yille ^ bien loin de partager Ter-
reur que j'ai combattue, inspirent à leurs enfans le goût
des lettres , donnent eux-mêmes à l'étude le temps qae
leur laisse le soin des affaires , et l'on peut leur appliquer
ce qu'un de nos poètes (i) disait h leurs pcres ;
n est vrai que Plutus est aa rang de tos dieax ,
£t c'est un riche appui pour Totre aimable ville i
Il n'a point de plus bel asile :
Ailleurs il est ayeugU , il a chez tous des yeux.
Il n'ëtait autrefois que dieu de la richesse ,
Vous en faites le dieu des arts.
J'ai TU couler dans tos remparts
Les ondes du Pactole et Ias eaux du Permesse.
99 Heureux habitans de Ljon , ces eaux ne tariront ja-
mais ; jamais elles ne détourneront leur cours pour aller
féconder d'autres terres. Votre goût a fixé pour toujoun
dans Yos murs le commerce et l'abondance. Déjà le sen-
timent du beau qui semblait autrefois n'animer que quel-
ques hommes privilégiés , • s'étend 9 se propage et dirige
toutes les parties de nos manufactures. L'ouvrier qui ne
suivait qu'une routine aveugle , introduit à présent dans
le sanctuaire des arts j est étonné de connaître le secret
;des merveille;S qui sont sorties de ses mains ; il admire
son propre ouvrage ; il s'honore de son état , il le perfec-
tionne , et, par d'utiles découvertes , dispute au savant le
plaisir et la gloire de seconder son prince et d'enrichir sa
patrie. >9
(1) Voltaire* Voy. Archives du Bhône , tom. III ^ paf. 346.
( 375 )
. 99 Telle est , MM. ^ Theureuse influence que âes ^tudei
complètes exercent nécessairement sur la prospëritë com-
mone. Il nous est donc permis d'espërer qu'en formant
la jeunesse sur les grands modèles , qu*en lui donnant les
principes du goût, qu'en Taccoutumant à bien sentir, k
bien juger dans les lettres ; qu'en l'introduisant ensuite
dans le sanctuaire de la philosophie; qu'en' l'initiant enfin
aux mystères de toutes les sciences , nous contribuerons y
autant qu'il est en nous^ au bien de cette ville , et lui
fournirons des sujets , qui, quelque jour peut-être 9 ajou-
teront un nouvel éclat au palais que nos magistrats ont
ëte^é dans ces murs au commerce et aui arts »
M. le recteur prenant ensuite la parole , s'est exprime
en ces termes :
« Messieurs 9
«c Je viens retarder de quelques instans encore un mo-
nient long-temps attendu et vivement désire : pourtant que
mes jeunes auditeurs se rassurent; j'ai connu comme eux j
et j'apprécie j comme je le dois ^ toute la force , toute
l'impatience des sentimens qui font battre ici tous les
cœurs ; j'aurai soin de ne pas prolonger outre mesure une
incertitude qui doit leur sembler bien pénible ; je serai
court. J'essaierai seulement , Messieurs , dans cette cir-
constance solennelle oh la société se trouve représentée
en ces lieux par tout ce qu'elle peut offrir de plus doux
et de plus respectable , j'essaierai d'exposer en peu de
mots les principes qui nous dirigent dans l'éducation de
la jeunesse confiée à notre surveillance et à nos soins. Et
ce n'est point en mon nom seul , Messieurs , que j'entends
faire une pareille déclaration ; je parle , et pour moi-
même , et pour les honorables fonctionnaires chargés dé
me seconder et que je m'estime heureux d'avoir pour col-
laborateurs 9 bien coflivaincu qu'en toute occasion leurs
pensées et leurs actions ne pourront que servir de preuve
et d'sppui à mes paroles.
( 376 >
» L'ddacation bien entendue ne saurait se borner à mi
objet unique , I* instruction proprement dite* Elle se pro-
pose un résultat plus complet , plus important, plus réel;
et doit 9 pour rester fidèle à toutes ses obligations , s'oo*-
cuper en même temps et avec un zèle ëgal à former k
cœur et à développer l'esprit. Ces deux conditions pareil-
lement indispensables pour constituer une bonne édncatioQi
peuvent seules lui fuire atteindre son yëritable but , celui
de former des bommes dignes , à tous ëgards 9 de prendre
place dans une société régulière et bien organisée , ou les
vertus' privées et les qualités sociales ne sont pas moîiis
nécessaires au bien->étre général que rinstructlon la pki
étendue et la plus brillante , que les talens même les plus
distingués. Et pourquoi craiudrions-nous d'ajouter ici que
s'il fallait , po.ur un motif quelconque , donner la préCé-^
rence à l'une de ces deux conditions ^ nous D'hésitertons
pas un seul instant à nous prononcer hantement pour cette
partie de l'éducation qui a pour objet de disposer le coeur
h la pratique de toutes les yertus , parce que la yertu seulç
peut sufiire aux besoins de notre nature et assurer le bon-
heur de l'espèce humaine 9. sans autres ressources que
celles qu'elle peut trouver en elle-même. Tous les hommes
ne sont pas également appelés à bien dire ; tous sont in«-
distinctement appelés à bien faire. Mais ne séparons poiati
Messieurs , ce qui peut , ce qui doit toujours se trouver
réuni. L'homme est un être que Dieu a créé jnoral et in-
telligent j et chez lui la conscience et l'intelligence se
prêtent un mutuel secours et concpurent à une même fin*
Ces deux facultés méritent donc une égale culture , et afin
qu'elles puissent s'éclairer et se fortifier l'une par l'autre 1
l'éducation morale doit marcher de concert avec l'éduca-
tion intellectuelle. Aussi nous ne perdrons jamais de vue
ce principe si fécond en résultats , et nous aurons soin 9
en toute circonstance, d'y rappoiiier notre enseignement;
aiusi la jeunesse «oumise à nos leçons connaîtra les prin-
cipes de la. morale en même temps que les élémens de
( 377 )
h littératni^ et des sciences ; elle s'essaiera sons' nos yen
è la pratique de toutes les vertus sociales , en même temps
qu'elle exercera , arec notre secours , sou intelligence
encore nenye , de manière à lui donner tout le d^yelop-
pement ^ toute la force dont elle est susceptible ; en un
mot 9 nous nous appliquerons à faire fructifier également
dans son coeur et dans son esprit les germes heureux que
la providence j a déposes pour être fécondes. Si Ton
nous demandait maintenant sur quelle base doit se fonder
cette morale qui fait une partie si essentielle de nos le-
çons 9 notre réponse serait simple et précise. Nous ne
eonnaissons que la religion , Messieurs ^ qui puisse servir
de 'fondement à la morale 4 elle seule peut donner h la
vertu le caractère qui lui est propre , celui d'une soumis-
sion entière et respectueuse de la créature à Tégard de
9on créateur. Nous ne saurions admettre d'autres théories
en ce genre , et nous pensons aussi que la vertu , pour
être réelle et solide , a besoin d'une sanction supérieure
qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de lui accorder.
Et si ^ pour donner plus d'autorité à nos enseîgnemens , il
devenait nécessaire de les appuyer par des exemples, il nous
serait facile, en portant les yeux de nos élëyes vers le troue ,
autour du trône protecteur , à l'abri duquel croissent leurs
jeunes années , d'offrir à leurs regards d'augustes modèles
bien propres à leur inspirer le goût et l'amour de tontes les
vertus ; et même , sans sortir de l'enceinte de cette ville ,
illastre par les malheurs de sa fidélité , il nous serait éga-
lement facile de leur montrer autour d'eux , et dans des
monumens qui leur sont familiers , des exemples asses
récens d'un héroïsme digne d'être proposé à leur admi-
ration et dont le glorieux souvenir occupe une si belle
place dans les fastes de la monarchie.
Si la morale repose sur uu principe unique et invariable 9
Messieurs , si elle est exactement la même pour tous les
lieux , pour tous les temps , pour tous les hommes , on
ne pourrait 9 avec une aussi rigoui^euse exactitude y en dix^
( 378 )
autant des thëories de la littérature. Variable comme le
génie de rhomine 9 comme lui aussi le goût se moulue oa
change selon les pays et selon les époques. Maïs au mUîea
de ces nombreuses 'variations , au milieu de ces modifica-
tions si diverses , il reste toujours une loi 6xe- et inva-
riable , une loi qui oblige indistinctement les écrivains de
tous les temps et de toutes les nations ; c'est celle qui leur
£iit un devoir de rester fidèles au bon sens et de respecter
la morale publique , sous peine de se rendre ridicules dans
un cas , ou coupables dans l'autre. Nos élèves une fois bien
pénétres de ce double principe , et fortifies par l'^de
raisoonëe et approfondie des grands modèles de l'antiquité
et des temps modernes , nous laisserons' à leurs îeunes
imaginations la liberté d'aller chercher de nouveaux alî-
mens dans l'onde des littératures étrangères , pour faire
passer dans notre langue des beautés inconnues , qui , pour
être nouvelles , n'en sont pas moins des beautés ; nous leur
laisserons cette liberté , sans craindre , pour leur goût con*
venablement exercé , la contagion des mauvais exemples
ou des mauvaises doctrines littéraires.
J'ai exposé , anssi fidèlement qu'il m*a été possible j
Messieurs ,' les doctrines qui servent de règle à notre
conduite. Puissent-^lles vous inspirer quelque confiance 9
sinon en nos taie n s dont nous sentons toute la faiblesse ,
en moins dans la pureté de nos intentions. Puissent-elles
surtout obtenir auprès de la jeunesse qui nous est confiée
tout le succès que nous en espérons: nous ne saurions pré-
tendre à une plus douce j à une plus glorieuse récompense.
Cette brillante allocution , la première que M. le rec-
teur ait en l'occasion de prononcer en public , depuis qu'il
est à la tête de l'académie de Lyon , a été couverte d'ap-
plaudissemëns.
Yoici les non&s des élèves qui ont remporté les prit
d'honneur y les premiers prix et les prix d'excellence. '
( 379 )
Philosophie : Alphonse Victor Baudln ; Âlbîn Ghalandon;
louis- Michel Àlméras Latoor y Paul-François-Hippoljte-'
Victor SaToie.
B^é'Vor/^atf.-HîppolyteFortoulj Claude Huchard j Antoîne-
Frédëric Ozanam.
Seconde : Jean-Marie-François Bertet ; Jean-Marie Sar-
razin ; Jean-Jacques Grognier ^ Joseph-Ferdinand Velaj«.
. Troisième : Claude - Aioié Dnchamp ; Pierre - Louis
Gonssolin, Louis Rouchoi^ ^ Paul-Adolphe Rocbat.
Quatrième: Eugène-Victor de la Marque-Marca; Edouard
Cuillard ; Louis Pemet ; Eugène-Antoine-Augnste Auconr*
Cinquième : Charles Pommiës ; Vincent-Louis Joguet ; '
Eugène Rienssec; Jean-Honoré Vieux.
Sixième: Jules-Louis-Fëlix Charlet •, Hippolyte Tavernîer.
Septième: Jean- Baptiste-Charles julien; Gustaye- Alexandre
Oudet; Vincent-Louis Coche ^ Emile-Auguste Maurin.
La distribution des prix ëtant terminée, M. le proTiseur
a pris la parole , et , avec toute la tendresse d'un bon père ,
il a adresse aux ëlèyes les adieux les plus touchans 9 et
les a prévenus que la rentrée des classes aurait lieu le lundi
6 octobre.
%* 1 5. — La Gazette uniTerselJe de Lyon contient 9
dans sa feuille de ce jour , le discours que M. de Verna ^
Tun des députes du de'partement du Rhône , se proposait
de prononcer , pour dcTendre la pétition adressée h la
chambre , par les habitans de Lyon , en faveur des petits
séminaires et des jésuites , pétition qu'il avait déposée
lai -même sur le bureau, mais sur laquelle il p'y a
pas eu de rapport ^ parce que la séance , qui devait être
consacrée , avant la fin de la session , au dernier rapport
des pétitions , n'a pas en lieu. Le talent oratoire , qu'on
remarque dans le discours de M. de Verna , fait regretter
que cet honorable député ait laissé passer toute la session
de la Chambre $ sans y faire entendre sa voixt
( 38o )
*^* 14. -— En rendant compte da Toyagc que fait ae-
tuellement Madame dacbesse de Berry , daps les Hautes-
Pjrénëes 9 les journaux rapportent , que dans le cours
d'une promenade anx environs de Saint-Sauveur , S. A. &.
est entrëe à Lus, dans la fabrique naissante de crtfpons ap-
pelés Barëges ^ qu'établissent dans cette^ ville MM. Rouillé
et Rejaùnier , de Ljon. Ces jeunes gens , dont l'un est an
nombre des gardes d'bonnenr de Madame , étaient pré-
venus depuis deux heures de la visite de la princesse \
lis lui ont montré le détail de leurs métiers , de leurs
mécaniques 9 et lui ont offert une écharpe, premier ooTrage
sorti de leurs ateliers ( ils n'ont reçu que depuis an mois
l'autorisation de la direction générale des douanes, né-
cessaire pour leur établissement , sur ce point situé ei^tre
les deux lign» s de douanes ). Madame a accepté ces pré-
mices avec grâce et bonté , a promis de les porter aux
prochaines courses de chevaux à Tarbes ^ et a vu avec in-
térêt cette fabrique qui produira enfin des baréges dans
la vallée qui porte ce nom*
» 4>
i5. — Un arrêté de la mairie de Lyon , en date do
i.^' de ce mois , contenant un règlement pour rendre
publique la bibliothèque du commerce et des arts , a été
affiché aujourd'hui. Cet arrêté porte que cette bibliothèqae
sera ouverte , chaque année ^ an public , depuis le i.^'
novembre jusqu'à la fin du mois d'août, deux fois par
semaine 9 les lundi et jeudi 9 depuis trois henrea -jusqu'à
cinq heures de l'après-midi , pendant l'hiver , et jusqu'à
six heures » pendant l'été ; qu'elle sera ouverte , pendant
le temps des vacances ^ c'est-à-dire depuis le i.^'' septemlife
jusqu'au 3i obtobre » trois fois par semaine , les lundis
mercredi et samedi 9 aux mêmes heures que celles ci-
dessus désignées 9 et que l'ouverture 9 pour la présente
année 1828» aura lieu le lundi i.^' septembre prochain ^ à
trois heures du soir. Les antres articles de l'arrêté règlent
la police de l'établissement.
( 38i )
%* — M. Desroches , acteur du théâtre provisoire 9
a été nommé directeur des théâtres de Ljon , eu rem-
placement de M. Singîer , démissionnaire.
*«* 19. — Pose de la première pierre da grand théâtre
par M. le maire de Lyon. Il a été dressé un procès-yerbal
de cette cérémonie. Nous en rendrons compte y lorsqu'il
•era imprimé.
\* 20. — Le tribunal de police correctionnelle ayait
'it prononcer , encore une fois ^ sur Tappel d'un jugement
de simple police qui avait appliqué à des négocians de
cette ville l'arrêté de M. le Préfet du 9 avril 1827 9 re-
latif au pliage des étoffes de soie ; et il a rendu aujour-
d'hui une décision conforme à celle que nous avons rap^
portée dans le Bulletin historique du mois de mars
dernier (1).
\* 22. — Une ordonnance du 3o juillet dernier, in-
sérée dans le Bulletin des Lois , N.® 245 , autorise défini-
tivement trente-une communautés des sœurs hospitalières
de St Joseph , établies dans diverses communes du dépar-
tement du Rhône , diocèse de Lyon.
*^ 25. — - Distribution des prix au^ élèves de l'école
royale de dessin et des beaux-arts de cette ville 9 au Palais
da commerce et des arts. Cette cérémonie était présidée
p^r M. le maire. Le premier prix de la classe de la figure
a été remporté par M. Hippolyte Flandrin \ celui de. la
bosse y par M. Laplace *, celui de la peinture des fleurs ^
par MM. Doll et Delorme , et celui de l'architecture 9 par
M* Miciol.
%* 27. — Ce soir X cinq heures 9 la tour que M. Pitrat
faisait construire à la Croix-Rousse, et qui a^ait déj^
(1) On trouve le texte du nouveau jugement dans !e Précurseur
du a3 i^oût et dans la Gaxdte univàrselU dt Lyon du a4
/( 382 )
.environ. i6o pieds d'^dyâtion, s*es,t écroulée arec fracas.
Il paraît que le propriétaire s'attendait à cette chute; il
avait fait retirer ses ouvriers ; une petite fille de to ans,
«qu'on n'avait pas aperçue, a été écrasée. On attribue la
chute de cet édifice au mauTais choix des matériaur qui
y avaient été employés , et à d'autres vices de constructioa.
%* 28. — A trois heures après raidi , a été ouverte ,
dans l'une des salles de l'école royale vétérinaire de
Lyon , une séance publique et solennelle 9 pour la dis-
tribution des prix et des diplômes aux élevés.
Cette séance a été présidée par M. Menoux , conseiller
de préfecture, délégué à cet effet par M. le préfet absent.
Elle avait , comme les années précédentes , attiré un
public nombreux et choisi, et parmi les personnes dîstln-^
guées qui occupaient , derrière le bureau , les faateails
d*honneur , on remarquait un grand nombre d'officiers de
cavalerie dé la garnison, plusieurs vétérinaires militaires,
ainsi que M. Virey , membre de l'académie royale de mé-
decine et de la société royale et centrale d'agriculture.
La séance a été ouverte par un discours de M. le pr^
sïdent, dans lequel il a donné aux élèves les plus sages
conseils.
M. Grognier , un des professeurs, a lu ensuite le compte
rendu des travaux de l'école , pendant l'année scolaire
qui vient de s'écouler ; il a payé un tribut de vénération
et de reconnaissance à la mémoire de Chanssier et à celle
de Bosc , qui remplirent pendant long-temps les fonctions
de membre du Jury de l'école vétérinaire d'Alfort.
M. Moiroud , faisant les fonctions de secrétaire du jniy,
a lu le procès-verbal de la session et en a fait connaître le
résultat. Les élèves qui avaient été jugés dignes des prix ,
sont venus successivement les recevoir des mains de M. le
conseiller de préfecture , présidant la séance , de M. le
.directeur , 4e MM. les professeurs et de M. l'auaionier àe
l'école , au son d'une musique choisie et ..au mili.eu des
applaudissemens de leurs condisciples et de l'assemUée.
( 383 )
Après là clôture de la séance , M. le pr^sîcTent et les
personnes distinguées de rassemblée ont examiné avec
intérêt les dessins présentés par les élères , et qni étaient
exposés autour du bureau.
M. le conseiller de préfecture, représentant le préfet
absent, accompagné de M. 1* inspecteur-général ,'de M. te
directeur et de MM. les professeurs , a ensuite visité les
constructions de Técole , qu'il a reconnues susceptibles
d'améliorations importantes , principalement sous le rap-
port de la salubrité pour les animaux.
^'^Mc^/neyo UT. -—Distribution des prix et médailles de Im
fondation Grognard, du cours de géométrie-pratique et de
l'institution proyisoire de la Martinière, sous la présidence
de M. de Lacroix-Laval. Le discours d'ouverture , prononcé
par ce magistrat , a été suivi de l'appel des élèves de
l'école royale de dessin et des beaux-arts , qui ont obtenu
les médailles d'or et d'argent de la fondation Grognard.
Les prix ^du cours de géométrie-pratique ont egsuite été
distribués. Le premier prix de cbimie a été remporté par
M. Pierre Forge , et celiii de mécanique industrielle et de
mathématiques élémentaires , par M. Emmanuel Verguin*
Dans sa séance publique du 25 de ce mois , l^ca«>
demie française a décerné les prix fondés par M. dé
'Montjon. Le i."" prix de vertu (2000 fr.) a été accordée
Marie Malfret , demeurant à Lyon , département du Rhône,
Les journaux ne nous apprennent que le nom de cette
Lyonnaise, et né nous disent point encore quelles sont les
actions qui lui ont mérité une aussi glorieuse récom-
pense^
*** ^9* "^ ^^ journal de cette ville contient l'article
nécrologique suivant :
« La sœur Pélagie , supérieure de l'ordre de St. Vincent
de Paul j de la paroisse de St,-Paul , à Lyon 9 vient de
( 384 )
motirîr âg^e de 71 ans. Etta prononça ses Tœnx à 17 ans f
et, bientôt .après, fut dëtenue pendant plasiears années, par
ordre des trîbanaax rëvolutionnaires. Ce fut alors qu'elle
donna des preuves d'an héroïsme extraordinaire : oubliant
l'horrenr de.aa propre sitaation , elle consolait des compa-
gnons d'infortane , les soulageait de tout son pouvoir , et
plus d'une fois aussi, ses connaissances en médecine, daos
laquelle elle était très-versée, réussirent à sauver ceux qae
les chagrins et les mauvais traitemens réduisaient aui plos*
tristes extrémités. Echappée aux proscriptions , elle eat
dans la suite oecasion de soigner , durant des maladies
très-graves , Lucien et Joseph Buonaparte , ce qui lui
mérita la bienveillance de la famille impériale. Ëofin elle
' fut nommée supérieure à Lyon où tous ceux qui l'ont
connue regretteront à jamais des talens utiles à l'hamaoîlé,
et les vertus de son âme élevée ; les pauvres surtout aaront
à déplorer une mère tendre et une bienfaitrice toujoars
attentive à soulager leur misère* 1;
*^* 3o. ^ Le Bulletin des Lois , N.^ 247 9 contient le
Tableau de répartition de la contribution foncière entre les
départemens. Celni du Rhône j figure pour une somme
totale de 2,760,220 fr. 55 cent. , savoir , pour le principal,
2,099,405 fr. ; pour les 10 cent* sans affectation spéciale
209,940 fr* 5o cent. ; pour les 19 cent, affectés aux dépen-
ses fixes , variables et fonds commun , 398,866 fr. 95 c. ;
et enfin pour les 2 cent, à titre de secours , 41*988 fr.
70 cent. La quote-part du département, dans la contribution
personnelle et mobilière, est de 752,290 fr. dont 559,000 f.
pour le principal, et le snrplus pour les cent, additionnels.
Enfin 9 la part à la charge du département pour l'impôt
des portes et fenêtres est fixée à la somme de 547,186 fr.'
%* 5i. — La société royale de médecine éje Bordeaux
vient de décerner une médaille d'or de 3oo fr. .à M. le
docteur Brachet , médecin à Lyon , pour son mémoire sur
r Asthénie médicale.
(585)
BULLETIN HISTORIQUE
BU MOIS DE SEPTEMBRE 1828«
«% !• — Le prix da pain poar le mois de septembre^
%st fixé à ai centimes 1/4 (quatre sous an liard) la livre.
«% 4* Sëance publique de l'acadëmie royale des sciences ^
belles-lettres et arts de la TÎlle de Lyon. Cette séance qui
orait été retardée de quelques jours , était celle qui deyait
aroir lieu à la S» Louis. C'est ordinairement ce jour-là
qu'on la tient chaque année, et c*est une des réunions
académiques les plus solennelles , parce qu'elle est des-
tinée an rapport sur les concours et à la distribution des
prix , ainsi qu'à l'annonce des sujets que la compagnie
propose pour l'année suivante. L'assemblée était peu nom-
brease 9 mais brillante et très-bien choisiCé M* le préfet 9
comte de Brosses , l'honorait de sa présence*
Le discours d'ouverture a été prononcé par M. Pericaud
a!né ^ président, qui a rappelé en peu de mots l'objet de
la séance et en a donné le programme.
Organe d'une commission chargée de l'examen du
concours relatif à une partie quelconque de la statistique
du département du Rhône 9 ou de la ville de Lyon ea
particulier, M. Grognier a fait un rapport sur le seul
méaioire qui a été reçu , et qui a pour titre : Essai sur
Vhistoirt de la médecine et des médecins de L^fon , depuis
la fondation de cette ville jusqu'au 19»^ siïcle. Il a pré-
senté l'analyse de ce mémoire , dans lequel la commission-
a reconnu que l'auteur avait fait preuve d'une sage érudi-
tion, et qu'il avait très-bien caractérisé plusieurs médecins
célèbres nés dans nos murs ^ tels que les Gui de Chauliac
Tome VllL a5
( 386 )
les Champier, les Tolet, les Mejssoanîer , les Sarrasm ,
les Dalechamp, les SpoD, les Falconnei , les Pouteau, etc.,
mais qu'il n*avaît pas assez soigné la bibliographie et quel*
ques antres parties de la statistique médicale qui auraient
dû aussi entrer dans sou plan. M. le commissaire a cité
plusieurs fragmens de cet intéressant travail , que Tauteor
perfectionnera sans doute avant de le livrer au public , et
qui« complété, justifiera mieux le titre qu'il lui adonné,
d'Histoire de la médecine à L^yon. Les imperfections d«
ce mémoire n'ont pas permis à l'académie de lui décerner
la totalité du prix ; mais elle l'a jugé digne d'une récom-
pense et d'un glorieux encouragement , et elle a accordé
une médaille d'or de 3oo fr. à M. F. Imbert à qui il est
dû (i).
M. Breghot a ensuite lu son rapport sur VElo^t du
major^général Martin. Cinq pièces de vers et un discours
en prose ont été admis à ce concours. M. le rapporteur
les a fait connaître par un compte-rendu détaillé de leur
mérite respectif , toutefois après s'être livré à quelques
réflexions sur les difficultés que présentait le sujet et sur
les motifs qui avaient porté l'académie à le proposer. Il a
justifié par de nombreuses citations le jugement de la
commission sur chacun des mémoires envoyés. Ces cita-
tions prouvent que le concours a été très-brillant , et que
même, dans les pièces qui n'ont paru dignes d'aucune
distinction pai*ticulière , il se trouvait des passages très-
remarquables. Plusieurs de ces fragmens ont excité les
applaudissemens du public. Nous mettrons sous les yeux
du lecteur la tirade suivante du poème portant le n.*^ i et
ayant pour épigraphe : Transiit benefaciendo. Après aroîr
célébré la bienfaisance du major-général Martin et l'avoir
(i) Le rapport de M. Groçiiicr a été inséré dans ce volume,
pag. 34a C'est pourquoi nous nous sommes couteutd d'en donner us
court sommaire.
( 387 )
dépeint comme le soatien da pauvre et l'ami de Torphe*
lin, Taateur s'écrio:
Pour prix de tes vertus ,
Va goûter le bonheur et la paix des ëlus !
Va , du divin sëjour la troupe fraternelle
A marque dans ses rangs ta place solenuelle :
Vincent t'a contemplé d'un regard attendri ,
£t te tendant la main , Penthièvre t'a sonri ;
£t Montyon ému , de larmes d'allégresse
Baigne le testament que ta vertu nous laisse ,
Comme s'il retrouvait dans ton écrit pieux
Quelques feuillets du sien égaré dans les cieux !
Le poëme 9 n.^ 4f portant ponr épigraphe ce yers de
Virgile :
Dnlces moriens reminiscitur Argos »
et le n.^ 5 , ajant pour devise ces deux Ters de Voltaire :
Le conquérant est craint , le sage est estimé ,
Mais le bienfaisant charme et lui seul est aimé ,
ont surtout fiië l'attention de la commission qui )es a
désignes à l'académie comme devant partager le prix.
M. le rapporteur a développé les motifs de cette décisiou \
il a &it Yoir que ces deux poèmes « supérieurs aux autres
pièces du coneours , embrassaient le sujet tout entiei* ; que
sans être exempts de défauts , ils offraient assez de beautés
pour mériter la couronne \ qu'ils 'j avaient droit à des
titres différons , mais égaux \ que si le n.^ 4 l'emportait
6ur le n.^ 5 par la grandeur des idées, la hauteur de la
poésie 9 la richesse et la pompe des descriptions, la verve
et le mouvement poétique , le n.^ 5 pouvait , à son tour, lui
opposer d'autres qualités qui ont aussi leur prix : Télé-
gance , la correction, l'exactitude; que si dans l'un brillait
plus de talent naturel , dans l'autre on ti*ouvait plus d'étude
( 388 )
et de trayail. Les nombreux. extraits de ces deux oaTrages,
las par M. le rapporteur , ont para intéresser Tifement ras-
semblée. Nous ne citerons rien du n.^ 4 V^^ ^ ^^\^ ^^
publié Y mais nous enrichirons cet article du morceau sai-
Tant du n.^ 5 qui est encore inédit. La major-général 9
alors simple eoldat , emporté par un Tague désir de gloire
et d'illustration , s'embarque pour aller serrir dans l'Inde
sous les ordres de Lallj.
Dëjà YoguaDt au grë de l'onde fugitive ,
Il a TU de Toulon les tours , les vieux créneaux ,
Et comme une forêt dans sa rade captive ,
Ces mâts qu'un vent léger balance sur les eaux.
Salut , noble cité ! ton paisible rivage
Sera couveit un jour de débris et de deuil :
Aux rives d'Albion j'entends gronder l'orage ,
Ses drapeaux dans tes murs flottent avec orgueiL.»
!Mais quel est ce guerrier que la mort environne?
L'Anglais à son aspect recule épouvanté ;
Peut-être a-t-il cru voir l'ombre d'une couronne ,
D'une auréole orner son front ensangtanté....
C'est lui , c'est le béros d'Austerlitz et d'Arcole ^
C'est le fils du destin^ , c'est l'héritier des rois...
A sa voix,- sur tes bords , l'aigle du Gapitole
Préludera bientôt à de nouveaux exploits..»
Cependant les rochers tout à coup retentissent
Du signal du départ , des chants des matelots i
Ao souffle du zéphyr les voiles s'arrondissent ;
Le navire s'ébranle , il sillonne les flots.
On- respire dana Tair lenr mordante amertumes
Ils viennent à la proue , ils brisent leurs efibrtfl ;
Confondus à travers leur bouillonnante écume ,
De la cité lointaine on voit blanchir les forts.
Au moment qu'on la perd , que la patrie est belle !
Les vents semblent chargés du parfum de ses fleurs...
Alors peut-être aux flots qui l'entraînaient loin d'eUt 1
Le jeune aventurier mêla-t-il quelques pleurs.^
Mais dans son Âme ardente il étoufie les larmes ;
Il rêve à l'avenir , il prélude aux combats ;
(389)
'TantÀt avec trtnsport il contemple ses armei ,
Et tantôt ba ^eueila eotr'ouTCits sons ees pas»
O toi qui , dans tes flancs , portes , sans le connaître ^
Le bienfaiteur de l'Inde et le père des arts ,
Nayii*e , en l'exilant des lieux qui Tout ru naître p
Veille sur lui : des mers qu'il braye les hasards I
Tes nochers, en passant , d'un dédaigneux sourire
Accueillent les transports qui brillent dans ses yeux;
Car son nom est obscur , et le but qui l'inspire ,
* Ils l'ignorent aussi : c'est le secret des dieux.
Veille sur lui , ne liyre a la fureur de l'onde
Que l'homme pour lui seul de trésors altère l
Celui qui s'enrichit pour le bonheur du monde ^
Ce mortel demi-dien , c'est na d^6t sacré !
L'aatenr da poëme dont on Tient de lire un fragment ^
eBt M. F. Coignet , de S. Chamond, d^)à couronne , il j a
deax ans , pour un poëme sur le Siège ^ L/yon 9 concor-
remnient ayec M* Bignan ; celui du ^.^ J^ est de M. F. J.
Babanis, professeur de rhétorique au collège rojal de
Ljon. Ces deux concurrens ont été proclamés vainqueurs y
et une médaille de distinction a été accordée à M, Benoît »
auteur du poëme n.^ a 9 ayant pour épigraphe :
. . « • , n dispute à nos rois
L'honneur y trop rare encor , dans le siècle oà nous sommesy-
De prévenir le crime en éclairant les hojjomes*
Quelques passages de cet ouvrage , parmi lesquels on. a
remarqué les deux que nous allons transcrire , ont mérité
à M. Benoit cet honneur : le premier roule sur un trait
de la vie de Martin , difficile à exprimer dans le langage
poétique :
Hélas r pourquoi faut-il qu'au bout de sa carrière , -
Celui qui consacra ses biens , sa vie entière
Au bonheur des mortels , soit en proie aux tourmetu ^
Qu'amoncèle sur nous la froide maia du temps?
( Sgo )
n .coffre... Un mal cruel lentement le dérore.
En vain ramilié prie au temple d'Epidaurc :
Esculapc est muet , et l'art est impuissant,
Éh bien ! le vieillard seul , dans cet affreux moment ,
Par un dernier effort de son fëcond génie ,
Conçoit encor l'espoir de prolonger sa vie ,
S'arme d'un instrument par lui-même inventa ,
Et , sans craindre l'effet de sa témérité ,
Jusqa'aQ siège du mal guide le fer docile ,
En presse les ressorts , et d'une main habile ,
Divise le caillou qui cause sa douleur.
Trop Urd de la nature il corrige l'erreur:
Martin est affaibli ; c'est un pied dans la tombe
Qu'il combat l'ennemi sous lequel il succombe :
Mais de ses maux du moins il prévient le retour ,
Et , désormais tranquille , attend son dernier jour.
Il meurt... Mais quand la mort à le aaisir e'app^éte ,
D'une dernière palme il orne cncor sa tête ,
- Et Ui«se à l'univers , en s'clançant aux cieux ,
Le merveilleux swet que nous cachaient les dieux.
. Sâvapt laborieux ^odeate Civiale ,
Peut-être ignoraisTi qu'en cet obscur dédale f
L'ingénieux Martin déjà t'eût devancé ;
" Mais récbt de ton nom n-en est point effacé i
" n ne tè ravit pas , il partage ta gloire.
Soyex unis tous deux an temple de mémoire :
La route qu'il traça , tu dois la parcourir;
Il est encor pour toi des palmes à ciieillir.
Le poète continue ainsi :
Conquérant qui du inonde avez rêvé l'empire ,
Andacienx Titaûs , dont le cœur en délire
Fut sourd «ttx cris plaintifs des malheureux mortels ,
Héros à qui In craittle éleva des autels ,
De lauriers teints de sang vous couronniez vos tétcs s
Mais que vous restc-t-il de vos vastes conquêtes ?
Quel fruit de iros. ez|kloitk reeueilKt l'univers ?
Des osscmens épa^* » '.des larmes et des fers.
Je vois oçn^ noms, fameux coBsacrés par l'histoire;
Mais le pauvre , jamais gftrd»-t*il la mémoire
( 391 )
D*aR seul de ceê héros clans la poudre endormis ? .
Tranquille , de leur tombe il foule les dëbris ,
Kt jamais , sm* le sol où repose leur cendre ,
De sincères regrets ne se firent entendre.
Noas observerons, avec M. le rédacteur in rapport ^
qae le poëme n'est pas ëcrit tout entier avec le même
bonheur et la fermeté d'expression qu'on remarque dans
ce dernier morceau ^ autrement il est h présumer ipxe
l'acadëmie, an lien d'accorder h l'auteur du a.^ a une
simple médaille d'encouragement , lui aurait fait partager
la palme avec les deux autres lauréats.
Après avoir proclame les noms des Taînqueurs 9 Mr le
président a invité M. Guigo» inventeur d'un métier propre
à tisser , h Tenir recevoir le prix , fondé par M. le duc de
Plaisance , qui lui avait été adjugé dans une séance
précédente.
M. Clerc a communiqué un mémoire sur les comètes ,
plein de détails curieux et piquàns ; il^ surtotit vivement
réveillé l'attention par ses réflexions' lur la comète qui
doit se montrer en i8S^, et sur les alarmes que Tatinonce
de cet astre a causées en Allemagne , et il a plus d'une
fois excité l'hilarité de Tassemhlée y en démontrant l'ab-
surdité des craintes superstitieuses que l'apparition des
comètes inspire au Tulgaire.
M. Guerre a présenté ensuite des observations très-bien
écrites sur la méthode à suivre pour obtenir une histoire
de France complète ; il s'est attaché à prouver que jusqu'^
présent nous ne possédions pas une bonne histoire de
France , par la faute de nos auteurs qui n'ont fait que 4a
biographie de quelques grands et ont négligé de s'occuper
de la nation , de ses mœurs , de ses usages 9 etc. Les
personnes qui n'ont pas assisté à la séance 9 ont pu juger
du mérite du discours de M» Guerre , par l'extrait assez
considérable qui en a été inséré dans un des numéros du
Précurseur de septembre 1828»
( 392 )
La sëance a été termî aëe par la lectorei faite par M. Trâis^
de sa traduction en vers français da premier cbant des
Afnours des Anges de Thomas Moare, Dans an conit
aTertissement , racadémicien a obserrë qae le poëme an-
glais 9 dont le stjle est si l^ger ^ si gracieux , si aérien »
semblait avoir été écrit avec une plume tirée de l'aile de
l'un des esprits célestes qui en sont les Léros. Thomas
Moore a trouvé dans M. Trélis un interprète digne de lui,
et l'on doit désirer que cette élégante version ne reste
pas renfermée dans le riche porte-feuille du traducteur.
^\ 7* — • Le tribunal de police correctionnelle a proeédé
au jugement d*un individu nommé Tamiet , arrêté , il j a
quelque temps , à la barrière de Vaise , portant dans un
sac une tête de femme. Les débats ont établi que le motif
de cette profanation avait été une croyance superstitieuse
et le désir de se procurer un moyen magique de gagner
il la loterie. Le prévenu a été condamné , comme coupable
de violation de t<9mbeau , à trois mois de prison , confor-
mément à Tart. 36o du code pénal.
^*^ lo. ^- Une collection de coquillages et d'oîseam
étrangers , venant notamment de File de Cayenne , a été
envoyée par le gouvernement au cabinet d*histoire natu-
relle de Lyon.
«% i4- — On lit dans un journal de ce }our Textrait
suivant du rapport fait par M- Héricart de Thury à la so-
ciété d'encouragement pour l'industrie nationale , sur les
procédés employés par M. Maiziat pour l'exécution de son
admirable tableau contenant le Testament de Louis X\l
en tissu de soie , et qui a trompé à la première vue l'œil
exercé d'un de nos premiers typographes , M. Firmin|Didot:
» Sous le rapport de l'exécution , on ne sait ce qu'on
9, doit le plus admirer dans ce tableau , ou de la netteté
,9 des textes , qui semblent avoir été imprimés avec les
19 caractères et suivant les principes de nos meilleurs im«
(393 )
» primeiirs , ou de la précision et de la poretë des dessins y
y» de Texactitude des figares , de Pélegance et de la déli-
» catesse des arabesques , des chîfires et des armoiries
M de l'encadremeot : tous ces détails paraissent réellement
» TceuTre du burin le pins exercé , comme l'a très-bien
9» dit M. Regnj.
79 De tels essais , ou plutôt , et disons mieux , de tels
y> succès assurent à nos manufactures une nouTelle branche
» de fabrication d'autant pins importante ^ qu'il est impos-
99 sible 9 uous ne dirons pas d'en déterminer , mais même
99 d'en aperccToir les limites y puisque peu d'heures suffi-
99 sent à M. Maiziat pour opérer , arec la même économie
I» de temps et de frais , la même abondance de moyens et
99 la même perfection de trarail , tonte espèce de chan-
99 gement dans la fabrication ; pour substituer un ouTrage
19 à un autre , une étoffe à une autre étoffe ; enfin , pour
9» exécuter indistinctement toutes les compositions imagi-
99 nables' , les plus difficiles et les plus régulières , comme
99 les plus fantasques ou les plus hasardeuses.
19 Les ornemens étrusques , les peintures de Pompei et
99 à*Herculanum , les dessins les plus minutieux et les plus
9» finis , pourront être rendus ', dans toute la délicatesse
99 de leurs traits les plus déliés , avec autant de succès
»9 qae dans la gravure , et l'on pourra même indistincte-
99 ment exécuter , à la faveur des nouvelles combinaisons
99 de M. Maiziat , pour les meubles et les tentures , toute
n espèce d*ornemens et de compositions , de âgnres et de
99 dessins quelconques ^ ajustés avec les arabesques les
99 plus gracieuses. ,,
^% i6 — M. Noël Jordan , curé de Notre-Dame , \
Roanne ( Loire ) a été nommé curé de la paroisse de St-
Bonaventure h Lyon , en remplacement de M. Pascal p
décédé. M. Noël Jordan est un des trois frères actuelle-
ment yiyans de feu M. Camille Jordan*
( 394 )
*^* 22» — ^ Nous ayons en ce moment II Ljon un ù
grand nombre de nos quaîs « de nos ports , de nos pkices
publiques , encombrés de pierres de taille , de chantiers^
de matériaux de toute espèce , qu'on serait (enté de
croire qu'il s*agit moins de donner à notre ville le com-
plément des monumens qui lui manque , que de la re-
prendre en sous-œuvre. Quoique tous ees travaux ne
soient pas menés avec une activité bien remarquable,
on doit convenir qu'ils marchent d'une manière satis-
faisante. Ceux du quai St-Clair seuls restent station-
naires , ce qui est d'autant plus fâcheux que ce quai
étant la promenade favorite de la population lyonnaise ,
les habitans de ce quartier ne sont pas les seuls à ea
souffrir. Serait-il vrai que ce fâcheux état de choses ?int
de faux calculs qui auraient été faits , et qu'il faudrait
triplex la somme de 200,000 fr« , qu'on avait de prime
abord jugée suffisante pour l'élargissement et les plaa-
tations.
Les directeurs des travaux du pont de Charles X ont
eu aussi leur moment de sommeil , causé sans doate
par les contestations qui se sont élevées entre les action-
naires d'un côté , et de l'autre , le» propriétaires des
maisons à enterrer. Les terrassemens 9 en grande partie
exécutés , . annoncent suffisamment que ces contesta-
tions n'existent plus, et que les retards qu'elles ont
apportés à l'ouverture du pont 9 touchent à leur terme.
Cependant )e public voit avec peine l'élévation qu'on
a été obligé dé donner au quai dans cette partie de la
ville , cette élévation est telle , qu'il n'y a plus de vue
possible en aval et en amont du pont. Lors de la cons-
truction du pont de l'Archevêché 9 qui était sous tous
les rapports d'une bien autre importance , on a su éviter
un tel bouleversement. Cet inconvénient , à ce qu'on
assure , n'est point du fait de la compagnie , soumise
en ceci à l'administration des ponts et chaussées ; mais
on se rend difficilement compte des raisons qui ont pa
( 395 )
porter à construire deux ënormes maisons en pierre de
taille , Il la place des petits pavillons qni ornent habi*
toellement les abords d'un pont»
99 Si des riyes du Rhône , nous passons sar celles de \k
Saône 9 nous j tronverons en pleine construction et
déjà arriTë à. une assez grande hanteur , un édifice dont
Taspect lourd , sans cesser d'iétre imposant , accuse bîea
la destination. Rien n'a été néglige pour cela , arcades
basses' et à lourds archivoltes , refends larges et pro*
fonds ; on ne peut s*j méprendre , c'est bien là le ca-
ractère d'un grenier public. A quelque distance de là f
dans la presqu'île Perraehe , Tiennent de s'achever les
fondations du vaste édifice destiné à servir de prison ,
et auquel , assure-t-on y une somme de huit cent mille
francs est destinée.
,9 Le monument qui 9 par sa position , attire le plus les
regards 9 et par les circonstances qui ont amené sa cons*
traction 9 occupe le plus l'attention publique 9 est le
grand-théâtre définitif, dont à en juger par la marche
des travaux , l'achèvement ne peut moins faire que
d*être prompt. Le soubassement ouvert de portiques qui
doivent servir de promenoirs publics , dans le genre de
ceux du Palai^ rojal , est presque entièrement terminé
sur les quatre faces de l'édifice , et on* achève en ce
moment , sur la rue du théâtre , l'étage supérieur qui
le sufbionte. Les murs de la partie de ce théâtre qui
renferment la salle et la scène , sont déjà arrivés à la
hauteur que doivent avoir la voûte de la salle dont la
grosse ch .rpente vient d'être posée. ,,
%* 23. — Hier 9 un employé de l'Hô tel-Dieu tomba dans
le Rhonc en passant , chargé d'une balle de linge 9 sur la
planche qui conduit du quai au bateau à laver de l'hospice.
Le courant 1 entraîna bientôt jusqu'au pont de la Guillotière 9
et il allait disparaître sous les flots , lorsqu'il fut aperçu par
le sieur Ësbrajat qui traversait le pont. Quitter son habit 9
( 396 )
remettre sa montre k nu passant , et se précipiter de dessni
le pont dans le fleuTe , tont cela est pour le courageai
Esbrajat Taffaire d*nn instant: maigre une blessure qae,
dans sa chate « il se fait au genou , il a le bonheur d'at-
teindre le nojë et de le ramener , respirant encore , aa
rirage. Ce trait d'humanité n'est pas le seul qui honore le
sieur EsÙrajat ; nombre de )[>ersonnes lui doivent la vie
pour les avoir secourus dans des circonstances non moins
périlleuses. Il j a quelque temps que , sur la demande de
M. le maire et de M. le préfet , une médaille d'honneur
lui a été décernée par S. Esc. le ministre de l'intérieur.
Le dévouement de M. Esbrajat n'a pas eu tont le
succès qu'on devait en attendre ; le malheureux employé
n'a pu malgré tous les secours qu'on lui a prodigués, survivre
à son naufirage. M. Esbrayat, limonadier sur le cours de
la Guillotière ) a été surnommé , soit à cause de son cou^^
rage » soit à cause de sa force , F Hercule Loronnais.
L'employé de l'HôteUDieu était la 19.® victime qa'il avait
tirée du sein des eaux;
Même jour. Le Moniteur de ce jour contient le procès-verbal
de l'assemblée générale tenue, le 24 janvier demiefi parla
société royale des prisons , sous la présidence île S. A. R.
Mgr. le dauphin. Un des membres de cette société , M. le
comte de Tournon, pair de France, ancien préfet do Rhône ^
a été admis par S. A. R« , à lui soumettre an rappqpl sur
la visite qu'il a faite dans plusieurs maisons d'arrêt; nous
mettrons sous les yeux de nos lecteurs l'analyse de l'opi-
nion de l'honorable rapporteur sur celles de notre dépar*
tement :
u II ne parlera pas des prisons de Lyon. L'une d'elles 9
en efiet , la maison d'arrêt de Saint-Joseph , sera aban-
donnée l'année pirochaine ;-. la maison de justice dite de
Roanne^ va être incessamment à peu près reconstruite.
f9 Mais un vœu déjà exprimé par l'honorftble rapporteur,
l'an dernier, dans le sein du conseil général des prisons t
Bt qu'il renoavel , le plus prompt
possible , det tei , au milieu des-»
^s s'élëTe la i he. Tant que les
uni dn Rbàne pourront p^nëtrer dans ces terrains , dea
miumes humides mettront en péril la santé des délenms.
» On devra proQter aussi de l'occasion des traranx dont
Il prison dite de Roanne va £tre l'objet, pour en faire
disparaître le vice de cet appareil thé&tral par leqnel l'ar-
efaitecte a imaginé de signaler un lîea de gène et de so«f-
fiance , accordant plus en cela à une iateation d'exciter
h terrenr qu'au bien-être des détenus.
> Le régime des prisons de Ljob mérite tout éloge : un
conseil de notables , non moins zélés qu'éclairés , les
HureiUe ; sous sa direction , de respectables sceart de la
charité prodiguent leurs soins aux détenus y .veillent à la
qualité des alimena, fournissent du linge et des vétemens ,
doaaent même , d'accord avec un aumônier ^ des iustruc-
tlgus religieuses , et règlent les travaux.
» Ici, M. le rapporteur exprime le désir de Tolr qae
dans les grandes prisons des sœurs de charité soient ap-
pelées, comme elles l'ont été avec succès pour celïe de
Bordeaux , lorsqu'il administrait le département de la Gi-
roode , & l'eâèt d'assurer aux détenus des soins qn'on ne
saurait attendre d'un geôlier.
Il la prison de Villefrancbe (Rhône) est nouTelle; c'est
DU grand bâtiment entouré de quatre préanx , une cha-
pelle est au centre, toutes les chambres en sont saines
et bien aérées, ua chemla de ronde, ménagé contre le
danger des évasions , permet de diminner dans l'intérieur
de la prison les gènes que rend forcées ^ dans celles ou
il manque , la sécurité du concierge. »
«% 37. M. Desvigues , avocat , nomm^juge de paix du
quatrième arrondissement de la ville de Lyon , en rem-
placement de H. Ricbe , démissionnaire , a prêté serment
*a tribunal civil , et a été installé dans ses fondions.
%' ag. — Une * contient l'article
suivant :
« Les nouvelles de la foire de Leipsïcl annoncent
, qae la vente des soieries de hjaa a élé plus forte qo'dle
ne l'avait été , depuis bien des années , et des marcbafid*
se sont trouvés dans la nécessité de faire venir ou snrcTOÎt
de marchandises par la poste. Les Anglais sont moins
coulens } plosieurs ont Tendu y mais à des prix trèa-bai. »
ACADEMIE ROYALE
DES SCIENCES , SELLES-LETTRES ET ARTS DE LTOIT.
Frogrumme des prix pour 1829.
L'Académie propose , pour 1829 , les sujets de prix
suivBDS :
1.0 Prix fondé par M. B&BOIIT DE LA Babolière.
Une médaille d'or de 5oo tr.
Déterminer la meilleure ot^nisation i donner ï l'école
de la Martiniëre, destinée aux ai-ts et métiers, et princi-
palement ^ ceux qui ont des rapports avec les manufac-
tures lyonnaises.
Indiquer eu conséquence la nature et le mode d'ensei-
gnement , soit des garçons , soit des filles , et les avantages
on les inconvt^nîens d'appeler de jeunes Gîtes aux études de
l'institution ; le nombre, la qualité et le sexe des profes-
seurs ou maitrcs; la division de l'enseignement on théorie
et eu pratique ; la police et le gouvernement intérieur de
rétablissement ; le nombre des élèves internes et des rlèTes
externes ; les avantages ou les inconvéniens de conserver
ou de rendre public le secret des proce'dés j les essais de
, quon
s priu-
nie , et
TIN. lU
la ser-
TÎcè de lYtablUaement, et, s'il» le jugent i propos , un
rcTena plus Aeté résultant des chances prévues par le
testament ou d'autres ressources.
L'Académie de'clare qu'en appelant l'attention des con-
currens sur plusieurs objets particuliers de discussion,
elle n'a pas l'intention d'assigner des bornes au develop-
pementde leurs idées (i).
2.» Fondation ChRISTIM DE Rcotz.
Une médaille de 600 fr. au meilleur mémoire sur une
partie quelconc/ue de la statistique du département ilu
-Rhéne ^ ou de la ville de Lyon en. particulier.
3.° Même fondation.
Une médaille de 600 fr. aa meilleur mémoire qui indi-
qnera quelque branche nouvelle d'industrie h introduire k
Lyon.
4.' Prix' fondé par M. Matthieu BoNiFons.
Indiquer les vices des asiolemcns dans le département
du Rhéne et les moyens £y remédier.
Médaille de 5oo fr.
(i) Les coDcurrens qui désireraient aToir âne coDDaiuance posIlÎTe
de la délibératioD de l'Acadi-iiiie du 10 teptembre 181a , et dra termea
du lestamcnt qui y sont couaign^s , pourront ea faire prendre rom-
moiiicatioii dans le lieu des séances dr l'Académie , au palais du
Commerce et des Arts , et mjine faire demander des exeiiii>laïr»
imprimés de celte délibération.
Ton ; porter
en t£b ilkt ca-
cheté, antenn.
Ils < 5o joia
182g, LBlREàU
ou Bb nt antre
membre de l'Académie.
Les prix seront décernés, en séance publique, le der-
nier mardi du mois d'août 1839.
A la même époque seront distribués les prix d'enconn-
gement fondés par M. le duc de Plaisance, et intinét
aux artistes qui auraient fait connaître quelque noDTfau
procédé avantageux pour les manufactures Ijonnalses, teti
que des moyens pour abaisser le prix de l<i main-d'carre,
pour économiser le temps , pour perfectionner Is fabrica-
tion, pour introduire de nouTclles branches d'industrie, etc.
Les artistes qui veulent concourir peuvent s*ai]reiHr ,
dans tousies temps ,& MM. les Secrétaires, ou ^ MM. Cochet,
Eynard, Artaud etRÊGNV, composant la commission ipé-
ciale chargée de recueillir les nouTelles inTeotioni et la
procédés utiles.
Ljon , le 10 lepUmbre i83lt..
Signé PERICAUD iivÉ, Président,
DUMAS , Secrétaire peipétnel.
( 401 )
STATISTIQUE.
Essais historiques sur la Tille de Lyon, on description par ordre
alphabétique des quartiers , places, rues et monumens de cette
▼iUe,
< X.* Article ).
_ » -
BotTAG^uv ( quai ). Ce quai , situe sur la rive droite
Ae la Saône , commence à la rue de TEpine et se termine
au bas de la montée de la Ghana.
Il parait que le nom de Bourgneuf avait d*abord ëté
donne à un espace beaucoup moins étendu qui se trou-
vait anciennement , sans maisons et tout en jardins ^
entre la porte de Pierre-Scizë et mie autre porte située
près de THomme de la Roche ) laquelle s'appelait porte
de Bourgneuf, et fut démolie , par ordre du consulat ^
au seizième siècle. A l'époque où Charles YI fit son
entrée à Lyon en i369, ce même espace fut payé
pour la première fois et jparé sur les côtés de festons
de verdure en forme d*allées.
Dans la suite , des constructions s'y élevèrent , soit au
pied du coteau , soit au bord de la Saône , et formèrent
insensiblement une rue qui s'étendit , dans le principe ,
jusqu'au château de Pierre*-Scize , comme on le voit au
plan de i54o ; puis seulement jusqu'à la place de l'Homme
de la Roche , ainsi que l'énonce le plan de 1740 , et
dont les limites sont enfin fixées aujourd'hui de la ma-
nière que nous avons indiquée plus haut. Cette rue
portait aussi le nom de Pui/s du sel , à cause d'un
magasin à sel qu'on y avait établi du côté de la rivière
Tome FIIL 26
( 402 )
Ce quartier subsistait encore avec ses deux rangs de
maisons en 1793 , lorsque les représentans du peuple ,
Fouchë de Nantes et autres , que la Convention avait
envoyés dans notre ville avec la ^ hilantropique mission
de la renverser et de promener le soc de la charrue sur
son sol Tasë , s'avisèrent , au milieu des ordres de des-
truction qui s'échappaient chaque jour de leurs mains
impitoyables , d'en donner pour la démolition des mai-
sons formant la partie de la rue de Bourgneuf que
baignait La Sa6ne. Upe courte citation du' préambule
d'un des arrêtés relatifs à cette mesure donnera un
échantillon assez curieux du style de ces restaurateurs
du bonheur du peuple.
(I Informés que les mesures prises pour hâter la dé^
molition des édifices proscrits comme foyers de contre-^
révolution , comme repaires de l'orgueil , de laférodté,
de la trahison et de tous les crimes inséparables des
égoïstes et des riches, loin de remplir l'intention des
décrets de la Convention nationale et des représentans
du peuple , semblent être dirigés en sens contraire ;
(f En ce que , loin de faire tomber ces bâtimens in-
fâmes à coups redoublés et avec des bras robustes , les
plus faibles bras des femmes et des enfans semblent avoir
été choisis exprès pour opérer ces démolitions , ce qui
n'exprime point la forte résolution et la puissance du
peuple français qui v^ut les anéantir ;
ce En ce que , loin d'attaquer , chaque jour y à la
fois un grand nombre de ces bâtimens , avec des pelo-
tons de travailleurs animés de ce ressentiment républi-
cain qui fait toujours promptement disparaHre ce que la
loi a condamné , on rassemble vers quelques (k^mcJitions
éloignées une quantité innombrable d'individus qui
( 4o3 )
s'embarrassent les uns les autres , et semblent plutôt
prolonger la œnservation des édifices proscrits que se
hâter de les détruire , etc.
« Les représentans du peuple ont arrêté :
<c ArL I. Tous ceux des édifices proscrits qui peuvent
être détruits par TefFet de la mine ou par les flammes ,
seront incessamment désignés , et on procédera de suite
à leur destruction , etc. , etc. »
Ce fut le cul-de-jalte Couthon , le proscripteur des
façades de Bellecour , qui , armé de son marteau d'ar-
gent ) donna le premier coup aux maisons de Bourgneuf.
Ici ce n était pas le marbre qui croulait } car ^ par
ua singulier contraste, ces hommes qui faisaient la gue;rre
aux riches , qui prenaient pour devise guerre aux châ-
teaux , fcùx aux chaumièrei j frappaient alors les mo-
destes habitations du pauvre , des maisons pour la plupart
chëtives et délabrées , dont l'industrieux ouvrier, df nos
manufactures de soie et l'utile artisan formaient exclusi-
vement la population*
. Au surplus , c'est à. cette mesure révolutionnaire et
qui est du petit nombre de celles sur lesquelles nous
n'avons pas. à gémir ( aliquisque malo fuit usus in illo)^
que nous devons la création du beau quai dont les inr
génieurs des ponts et chaussées ont presque achevé .la
construction sur ce point. On regrette vivement que
leurs travaux n'aient pas été . exécutés . de manière à
donner à ce quai plus de largeur , ce qui pourtant devait
paraître d'une haute importance pour une partie de la
voie publique , desservant à la fois un quartier populeux
et une grande route royale où viennent aboutir les routes
de Paris , de Bordeaux ^ de Marseille et de l'Italie.
En donnant au quai de Bourgneuf l'étendue qu'il
( 404 )
comportait et que la disposition du terrain rendait facile ,
on eût pu l'orner , dans toute sa longueur , d'une belle
plantation d'arbres qui aurait offert au piëton , durant
les grandes chaleurs , un abri favorable contre l'ardeur des
rayons du soleil qui darde perpendiculairement , une
grande partie de la journée , sur la rive droite de la
Saône.
Le quai de Bourgneuf est , en général , fort mal bâti
et presque exclusivement habité par des ouvriers en soie.
Cependant on y remarque la maison Pericaud dont la
construction date de la renaissance^ sous François F'^ et
qui contraste , d'une manière frappante , par l'élégance
de sa décoration avec les masures voisines. Ces dernières,
au surplus , ne peuvent rester long-temps encore dans
leur état actuel , et l'intérêt même de leurs propriétaires
exige qu elles soient reconstruites , pour profiter de
l'avantage de leur nouvelle situation. Déjà quelques pro-
priétaire' ont commencé ou préparent cette reconstruc-
tion. On trouve encore , en entrant sur ce quai, du
même côté , une fontaine publique qui a été élevée ,
vei-s 1800, sur les dessins de feu M. Loyer, archi-
tecte. C'est' un ouvrage d'assez mauvais goût , dont il
eût été à désirer que les travaux des ponts et chaussées
eussent nécessité la démolition , afin de le remplacer par
une autre fontaine qui fût plus en harmonie , par la
forme et par le cai*actère de son architecture , avec le
vaste et le bel emplacement sur lequel celle-ci figure ,
en quelque sorte y inaperçue.
Plus loin , est une maison qui renferme un de ces
admirables établissemens fondés par l'ardente charité de
St. Vincent de Paul. Des sœurs qui portent le nom de
ce généreux bienfaiteur de Thumanité , habitent cette
( 4o5 )
maison , d*où elles répandent des secours de tonte espèce
sur les pauvres du quartier. Elles se vouent principale-
ment à visiter et à soulager les malades , auxquels elles
fournissent tous les remèdes qui leur sont nécessaires ,
au moyen d'une pharmacie établie et entretenue par elles
avec le plus grand soin. Cette pharmacie , dans le cou-
rant de l'année 1 827 , a été décorée avec un certain
luxe, et la maison entièrement restaurée, aux frais d'un
généreux citoyen , M. Ruifier , qui était un des admi-
nistrateurs de cet établissement.
Il existe aussi , près de là , de très*belles manufac-
tures de faïence , dont l'industrie rivalise , dans ce genre
de produits , avec les fabriques les plus renommées. Il
sort de celle de M. Revol des amalgames qui imitent
Pagathe , d'autres qui imitent le silex et rendent comme
lui des étincelles , enfin des poêles d'une construction
aussi économique qu'élégante (i).
En remontant la Saône dans la même direction , on
voit les restes d'une chapelle qui fut nommée dans le
principe, St Martin, et ensuite Notre-Dame de la
Ckana. Ce dernier nom signifie en patois lyonnais canal.
On nomme ici chanée un canal ou conduit d'eau ; et ce
mot vient probablement du mot chêne (2) , parce que ces
(1) La sculpture ayant été de tout temps en honneur II
Lyon , il serait à désirer qu'un des potiers dont on vient
de parler entreprit la construction d'un four uniquement
consacré à la cuisson des ouvrages de ce genre de sculp-
ture , que les statuaires désignent communément sous le
nom de terre cuite.
(2) Dérivé à son tour , suivant Barbazan , de chaonius j
dont ou aurait d'abord fait chaoine. La Ghaonie était cé-
lèbre dans l'antiquité pour ses forets de chênes.
( 4o6 )
tuyaux étaient ordinairement faits avec le bois ie cet
arbre. Joignant Tancienne chapelle dont nous venons
de parler*, il existe , en effet , un canal qui conduit les
eaux de la montagne dans la Saône , ainsi qu'une fon*
taine dont Teau abondante et d'une très-bonne qualité ,
suffit à la consommatiofi d*une population nombreuse. U
y avait J" ,aj:l dpuzième siècle , en cet endroit , un hô-
pital dirigé par âes religieuses qu'on nommait les sœurs
de St. M^irtin Lopol : elles furent supprimées dans le
milieu du quatorzième siècle , et leurs biens furent re*
mis au chapitre de St. Paul. En 1392 , Jean de Talaru,
archevêque de Lyon , disposa du même local pour y
fonder un prieuré d'autres religieuses de l'ordre de Su
Benoit ; mais , en 1482 , il fut encore supprimé y et
les biens rendus au chapitre de St. Paul , qui y établît
un hôpital. En z53i , époqye de la création de l'hos-
pice de la Charité , les administrateurs de cet hospice
obtinrent du chapitre I9 cession provisoire de la Chana ,
pour y faire des distributions de pain; et , en 1672 •
cette cession devint définitive.
. A l'époque de la révolution , c'était encore une cha-
pelle sous le titre de Notre-Dame de la Chana , où le
culte était célébré par le chapitre de St. Paul qui y
faisait aussi faire le catéchisme pour les enfans du quar-
tier. Peu de temps après, elle fut vendue nationalement»
et elle sert aujourd'hui d'atelier à un artisan.
Le quai de Bourgneuf mérite encore de fixer l'atten-
tion des voyageurs et des artistes par les beaux sîfès dont
il est environné ; les vieux couvens et les maisons de
campagne qu'on remarque sur les coteaux qui le domi-
nent , offrent , à chaque pas , les points de vue les plus
variés et les plus pittoresques. Celui dont on Jouît y lors?
( 407 )
qu'on se trouve placé sur la terrasse de la maison Cbi«»
nard (i) , a ëté rendu avec beaucoup de véritë dans
un tableau peint par M. Duclaux et lithographie par
M* Rey. Notre célèbre compatriote , M. de Boissieux , a
souvent puisé aux mêmes lieux de très7heureusesyi7*-
briques , et les amateurs font particulièrement grand cas
d*un de ses dessins à Tencre de Chine , représentant le
couvent des Carmes*-déchaux*
Nous ne terminerons pas cet article sans consacrer
quelques lignes au souvenir de la burlesque et facétieuse
association de ménétriers connue sous le nom de musique
de Bourgneuf^ nom qui a passé en proverbe à Lyon
pour exprimer une musique aigre et discordante. Les
membres de cette joyeuse compagnie étaient en possession
d'exploiter le calendrier , et leur principale occupation
consistait à donner des sérénades aux maitres*ouvriers
de la ville , le jour de la fête patronale de chaque pro-
fession. Deux ou trois violons et une clarinette com-
posaient d'ordinaire cet orchestre ambulant qui , faisant
retentir les sons d'une antique et immuable symphonie ,
rassemblait les badauds devant la boutique d'un disciple
de St. Crépin , ou devant la forge de quelque successeur
de St. Eloi. La fine pièce de douze sous , donnée solen-
nellement par la bourgeoise , était saluée par un bruyant
allegro , et , à quelques pas de là , nos modestes Am-
phions allaient payer et recevoir encore le même tribut
Une autre réunion d'un genre analogue continue à
{i) Cette maison qui appartenait autrefois au célèhre
sculpteur Ghinard , mort en iSiS» est maintenant la pro-
priété de sa veuve. Elle est encore décorée de plusieurs
ouvrages dus à son ciseau ^ ou qu'il avait recueillis.
( 4o8)
exister dans le même quartier. C'est celle qu'on voit se
promener , chaque année , dans la ville , vers les der-*
niers jours du carnaval , et qui forme la mascarade vul-
gairement appelée bande de Bourgneuf. Elle rassemble
péle-méle des Turcs et des paysannes provençales , des
Caciques.mexicains donnant amicalement le bras à des
grands d'Espagne , des guerriers grecs ou romains pré-
cédés par des tambours et des sapeurs de la garde na-
tionale , des dieux de la mythologie conversant avec le
diable des chrétiens , des arlequins , des polichinelles et
des gilles confondus dans une foule de personnages de
toute espèce empruntés à la société du temps passé ou
du temps présent ; en un mot , c'est un assemblage bi-
garre des costumes de tous les pays, de toutes les époques,
de tous les caractères , qui , par leur diversité , pré^
sentent un coup d'œil des plus singuliers et des plus
piquans.
Bouteille ( rue ). Celte rue a son entrée au pied
de la côte des Carmélites , et aboutit à la rue de la
Vielle. Son origine est très -ancienne , puisqu'on la
trouve déjà sur le plan de 1640 , telle qu'on la voit
aujourd'hui. On ne connait pas précisément l'étymologie
de son nom ; mais il est à présumer qu'il dérive de
renseigne de quelque auberge ou cabaret qui , dans des
temps reculés , aura joui d'une certaine vogue.
Il n'y a dans cette rue aucun monuixient , ni aucune
tradition remarquable : elle est , en grande partie , ha-
bitée par des artisans et principalement par des ouvriers
en soie.
Brèche (rue de la). Elle aboutit de la rue Tramassac
à la place St-Jean , en face du portail de l'église prima-
( 409 )
tîale. Les maisons qui la bordent , n*y prennent pas
leur entrée.
L'ouverture de cette rue est due aux guerres de reli-
gion qui désolèrent la France et principalement nos
provinces , dans le seizième siècle. Le fameux baron des
Adrets assiégeait en i562 , à la tête de .&es:^rotestans ,
le cloître de St-Jean alors entouré de bagtepiniiranies ,
dont il existe encore des vestiges. Son artSlenè fit brèche
sur la rue Tramassac , et cette brèche, après sa retraite >
ne fut point réparée. Comme elle était fort étroite et ne
fournissait qu*un passage assez peu commode , le consulat
arrêta qu*elle serait élargie jusqu'au point où nous la
voyons aujourd'hui , et par acte du i6 mai 1716 , il en
acquit la propriété avec celle du terrain nécessaire pour
l'élargissement , au prix , soit d'une rente perpétuelle ir-
rachetable de 200 fr. par année 9 au profit du comte de
Poudras, alors propriétaire du sol , soit d'une autre
rente également perpétuelle de 5o fr. par an , au profit
des comtes de Lyon , pour l'entretien du pavé , et , en
outre, sous la condition qu'il ne pourrait point être
établi de marché sur la place de St-Jean.
Les travaux nécessaires à la rectification* de cette rue
furent exécutés par le sieur Chavagny, architetecte , qui
reçut 4000 livres pour les frais de cette entreprise.
Buisson (rue), aboutissant de la place des Cordéliers
à la rue Gentil.
Le tracé de cette rue est encore le même qu'au plan
de i54o. S'il faut en croire quelques écrivains , le nom
qu'elle porte, proviendrait de ce que, dans le quator-
zième siècle, le sol sur lequel elle repose était en cul-
ture et particulièrement en vignes qui appartenaient à la
( 4IO )
confrérie de la Trinité et qui , n ayant pas été entre-
tenues , avaient fini par n'offrir que des ouïssons. Noos
adopterions volontiers Cette opinion y si , dans des titres
antérieur» même au quatorzième "siècle , cette rue n'était
déjà désignée sous le nom de boisson , qui. avait alors la
méi|i^ .signification que le mot actuel ùuisson : d'où nous
concluons qu'il n*y a pas eu en cet endroit, habité d'ail-
leurs de très-*ancienne date , plus de buissons que dans
toute autre partie de la ville. En général , dans les
temps dont nous parlons , les rues étaient déjà garnies
de maisons, de petits bâtimens ou de murs. Toutefois ^
dans les massifs que formait le milieu de ces diverses
rues , il exbtait des jardins , surtout du côté du EhAne.
C'est aipsi probablement que la maison dite du Jardm^
Tune des plus considérables de la rue Buisson, a con-
servé cette dénomination»
Aucun autre souvenir remarquable , aucune autre
particularité plus récente ne se rattachent i la descrip-*
tion de cette rue.
Butte (Montée de la). Ce n*est, à proprement
parler , iju'un chemin sans habitations , qui prend son
entrée sur le quai d'Halincourt , près de la caserne de
Serin, et, aboutit vers le fort St-Jean.
 l'entrée de ce chemin , on voit le bâtiment de la
Butte qui lui a donné son nom.
Ce bâtiment appartenait aux dievaliers de TArque-
buse , qui s'y réunissaient pour s'exercer au tir i b
ciâle ^ et sur l'institution desquels c'est ici le lien de
consigner quelques souvenirs.
Au quinzième siècle , il se forma , dans la ville de
Lyon , des confréries ou compagnies d'arbalétriers , de
francs archers et de coulevriniers : ils obtinrent divers
( 411 )
privU^ges , et leurs statuts furent approuves. On voit ,
dans le préambule d*un recueil qui va de i5o3à i5o6,
« que ceux de ces compagnies quiabattoienlle/^tf^nr^ni (i)
qu'ils avpient accoutumé de tirer au premier du mois de
mai.de chaque. année , étoient obligés de prêter serment
entre les mains du procureur et du secrétaire de la ville ^
au-devant de Tbôtel commun y en faisant montre de leurs
bandes, de s'assembler toutes les fois qu'ils seroient.com-^
mandés par les conseillers de ville , pour la garde , défense
et affaires de la ville. On donnoit aux rois et à leurs
bandes un déjeuner , par forme de banquet , au-devant
dudit b^tel commun. »
lues conseillers de ville, pour assurer plus particur
lièrement Je repos et la tranquillité publique , firent
ensuite choix de deux cents arquebusiers * pour lesquels
ils obtinrent, en i562, la permission de porUr dagues
ei épées. Ils leur donnèrent des officiers et les envoyè*-
rent parfois à l'armée pour le service du roi. Telle est
Torigine de la compagnie des arquebusiers qui a subsisté
jusqu'en 1790 , et que la révolution a détruite» comme
tant d'autres établissemens qui contribuaient à entretenir,
parmi les citoyens , cet esprit d'union et de concorde
qui ne subsiste presque plus aujourd'hui.
D'autres particuliers ,* ayant continué à s'exercer à
l'arquebuse , formèrent plus tard , au nombre de qua-
rante, une autre compagnie sous le nom de chevaliers
de l'arquebuse , laquelle n'a rien de commun avec la
première. «
(i) Vieux mot qui signifiait perroquet ^ et qui désignait
l'oiseau de carton ou de bois , servant de but aux tireurs
d*arc I d*ai*balète ou d'arquebuse»
(412)
On trouve des titres de l'annëe 1669 9 P^^ lesquels 3
parait que la maison de la Butte , situëe pi-ès du bou-
levard St-Jean , territoire de Pierre- AigU , a étë bâtie
aux frais de la ville, et que le consulat a payé , pour sa
construction, la somme de 29,148 Hv. 1 sou , 9 deniers.
On trouve encore une transaction , passée en 1681,
entre les chapitres de St-Jean et de St-Paul et les prévM
des marchands et échevins, par laquelle ces cbapitres
remettent auxdits prévôt des marchands et échevins ,
tous droits, censives et directes qu*ils pourraient pré-
tendre sur le tènement de la Butte , à la forme qu'il est
confiné dans le préambule dudit acte j moyennant la
rente annuelle et perpétuelle de 25 livres pour le cba-
pitre de St-Jean , et de 3o livres pour le chapitre de
St-Paul.
Une ordonnance consulaire du 17 août lySS porte
que la compagnie ne pourra être composée que de qua-
rante personnes , y compris les officiers, et ce pour as-
surer à perpétuité ledit établissement, le consulat accorde
à la compagnie la jouissance du terrain joignant les
greniers d'abondance dans Tancien emplacement de la
Butte , avec faculté d'y faire telles constructions qu'elle
jugera à propos et à ses frais , sans qu'elle puisse en
être expulsée qu'en la dédommageant. »
Une délibération consulaire, du i5 mai 1736, accorde
aux chevaliers de l'arquebuse : i.^ le maintien de la
jouissance de l'emplacement sus-désigné pour y cons-
truire un bâtiment destiné à leurs exercices : ^.^ une
somme de 3oo livres par année , pendant vingt ans.
Enfin , le 4 mai 1784 , le consulat vendit à la com-
pagnie de l'arquebuse la propriété de la Butte et dépen*
dances , moyennant 3o,ooo livres.
( 4i3 )
Cfctte association , toute d'agrAoent et de plaisir ,
donnait souvent de très -belles fêtes qui rëunissaienl
l'élite de la société de Lyon , et dont les membres de
la compagnie faisaient les honneurs avec toute la grâce
et la galanterie que comporUit leur titre de chevaUers,
On cite celle qui eut lieu le ii avril 1701. Les ducs de
Bourg(^ne et de Berry, qui passaient à Lyon, voulu-
rent bien y assister , et faire eux-mêmes l'ouverture du
prix de la butte , qui fut tiré sur la place de Belle-
cour.
En 1790, époque de la suppression de la compagnie,
les dignitaires étaient M. Rbusset de St-Éloi , chevalier
de St-Louis , capitaine de ville, commandant i M. Ber-
Tuyei , iùuieaaat ^ et M. Desvignes, cornette.
CORRESPONDANCE.
A M. ***, UK D£S RÉDACTEURS DES ARGHIYBS DU RHoNE*
Permettez- moi, Monsieur , d'intervenir dansune.ques-
tion qui intéresse la mémoire de M. Poupar , avec lequel
j aï eu de nombreuses et anciennes relations d'amitié.
La parfaite identité entre la traduction de TArt poé-
tique d'Horace par M. le marquis de Sy , publiée en
1 8 1 6 , et celle publiée en 1828 sous le nom de M. Poupar ,
a fourni loccasion d'accuser ce dernier d'avoir été le
plagiaire ; mais les raisons qu'on en a apportées jusqu'ici
ne me paraissent pas très-convaincantes.
Le premier qui fait son entrée dans la lice est M.
( 4i4 )
Launoy , qu'on dît être un pseudonyme , et qui , dans
une lettre adressée à M. *** , incline à conclure contre
M. Poupar. Les raisons sur lesquelles il se fonde sont
que M. le marquis de Sy ^ publié plusieurs autres ou-
vrages , et que nous n'avons rien dé M. Poupar ; ce
qui peut bien faire naître une présotnption , quoique
assez fscible, mab ce qui ne saurait être une preuve
irréfragable ; car , de ce que M. de Sy a traduit la Chute
de Rufin ) il ne s*ensuit pas que nécessairement il ait
traduit TArt poétique d*Horace ; et , de ce que M. Poupar
n*a pas composé d'autres ouvrages , il n'en faut pas
comclure non plus que , dans sa jeunesse, il n*ait pas pu
s*exercer sur une traduction d'Horace.
Cependant M* '*** , en répondant à M. Launoy ,
n*hésite pas à regarder la question comme parfaitement
résolue , et blâme même le ton dubitatif de son corres-
pondant. Ce qui le confirme dans cette opinion , c'est
que M. Poupar n'a point réclamé la propriété de son
travail, lorsqu'à paru la traduction de M. de Sy en 1816.
S*il n'a point réclamé , c'est que bien certainement la
traduction de M. de Sy n'est point venue à sa connais-*
sance ; autrement , et surtout s il avait été plagiaire ,
son premier soin eût été d'enlever toutes les traces du
délit , et , pour éviter une comparaison accablante j de
soustraire son ouvrage des cartons de l'Académie, ce qui ,
certes , nVtait pas difficile. Dire que la moii l'a surpris ,
serait une bonne raison , ^'il fût mort immé<fiatement
après la publication de M. de Sy ; mais il a laissé, pen-
dant neuf ans , ce manuscrit à l'Académie , où chacun de
nous pouvait le consulter ; une telle et si longue sécurité
n'est-elle pas une preuve de l'innocence de M. Poupar ,
ou tout au moins de l'ignorance où il était que M. defSy
ayait publié une traduction conforme à la sienne ?
(4«5)
M. %** ajoute: « Quelques personnes se rappellent que
}) M. Bérenger*.... leur a dit souvent à Toreille , que M.
}> Poupar n'était pas Tauteur du poème en question. »>
Quelles sont ces quelques personnes ? Ce n'est , à coup
sûr, ni M. Ballanche , ni moi , nommés, avec M. Bérenger ,
par l'Académie pour examiner le titre du récipiendaire;
ce n'est point non plus M. Dumas , qui y dans son éloge
de M* Poupar , regarde ce titre comme tout à fait au-
thentique. Je demanderai ensuite à quelle époque M.
Bérenger a-t-il fait cette confidence à quelques personnes?
est-ce avant qu'il fût nommé rapporteur ? mais dans ce
cas , ce serait admettre dans M« Bérenger un entier oubli
de toutes les convenances ; et l'on ne doit pas supposer
qu'il ait abusé à ce point de la confiance de l'Académie.
Serait-ce après le rapport qui a déterminé la réception
de M. Poupar ? mais alors pourquoi ses deux collègues ,
M. Ballanche et moi , qui avions des relations si jour"
nalières avec M. Bérenger , qui étions les plus intéressés
à cx>nnaitre la vérité , ne sommes-nous pas au nombre
de ces personnes auxquelles M. Bérenger a dit son secrtt
à Vçreille ? Ce que je puis attester 5 c'est que M. Bérenger
ne m'en a jamais dit un mot , et que M. Ballanche ne
m'a jamais parlé d'une semblable confidence.
Puisque je viens de rappeler la commission nommée
alors par l'Académie , et dont j'avais l'honneur de faire
partie , je dois remarquer ici que cette commission a fait
son rapport en 18 13, et que la traduction de l'Art
poétique d'Horace , par M. de Sy , n'a été publiée
qu'en x8i6, c'est-à-dire trois ans après, de sorte que
ni la commission , ni l'Académie n'avaient nullement
à s'occuper de là question d'authenlicité. En effet ,
quan^ nous examinions le manuscrit de M. Poupar ,
( y6 )
pouvions-nous penser qu*il en existait une copie iden-
tique dans le porte-feuille de M. le marquis de Sy?
Cette supposition était d*autant moins admissible, que
M. de Sy ayant publié, pour la première fois , en 1811 ,
sa traduction de la Chute de Rufin , dans un avant-
propos assez circonstancié , ne dit pas un mot de sa
traduction de TArt poétique , achevée alors depuis onze
ans.
Au reste , si je fais cette observation , c*est surtout
parce que plus tard M. de Sy a paru attacher une
grande importance à ce qu'on sût que sa traduction de
TArt poétique était faite depuis long-temps. En 1816,
dans la préface de cette traduction , après en avoir ra-
conté l'origine , il ajoute : <( Sept ou huit se sont donné
» le mot pour paraître depuis ; mais plusieurs personnes
» à Londres ( qu'il me soit permis d*en prendre acte ici)
» savent que la. mienne était achevée en i8oo. 9 Mais
alors n*a-t-on pas sujet de s*étonner un peu que M. de
Sy , en 181 1 , n*ait rien dit pour constater une anté-
riorité, à laquelle il parait si fort tenir en 1816 ? Une
déclaration publique, en 181 1, eût mieux valu que plus
tard le témoignage de plusieurs personnes , qu'on ne
nomme pas plus que les personnes auxquelles M. Bérenger
a parlé à l'oreille. D'ailleurs , pourquoi cette explication
de M. de Sy 7 pourquoi prendre acte que sa traduction
était achevée en 1800 ? pourquoi cette précaution sin-
gulière 7 qu'importe que d'autres traductions se soient
donné le mol pour paratire depuis ? chaque écrivain n'a-
t-il pas son génie particulier? chaque style n'a-t-il
pas sa couleur ? M. de Sy devait-il craindre qu'on
l'accusât de s*être aidé du travail d'autrui î
On pourrait s'étonner encore que M. de Sy ait gardé
(4i7)
91 long-temps sa traduction d'Horace ^ et qu'il ne Tait
pas publiée avec la première édition de sa traduction de
Claudien. M. de Sy parait avoir prévu cette observa-
tion ; car y dans la préface de 1816, déjà citée , il dit
que iifs noies assez curieuses oui seules empêché de
donner plutôt cette traduction. D'après une semblable
déclaration , on pouvait s'attendre à trouver ces notes à
la suite de la traduction de TArt poétique ; mais, dans
la même phrase , Tauteur nous apprend qu*// lia pas mis
la dernière main à ses notes , de sorte que seize ans
d'attente , en définitive , ont été sans résultat , et que
M. de Sy aurait pu publier sa traduction en 1800 , puis
eii 181 X , aussi complète qu'en i8i6.
Sans doute , en réunissant , en pressant , en inter-
prêtant ces diverses circonstances , il me serait facile , à
mon tour , de faire parler M. Poupar , comme M. Lau-
noy a fait parler M. le marquis de Sy ; mais , à coup
sûr 9 ma prosopopée ne trancherait point la question ,
et ne nous ferait pas connaître le légitime auteur. Je
ne me hasarderai donc point à- décider entre eux , et
j'avoue que jusqu'ici cette^ afiaire est , à mes yeux , cou-
verte d'un voile impénétrable.
Seulement je me permettrai de former une conjecture y
qui y peut-être y ne contentera personne , mais que l'on
prendra pour ce qu'elle vaut : c'est que M. Poupar et
M. de Sy , tous les deux à Londres en 1800 y tous les
deux s'occupant de littérature y ont travaillé ensemble à '
la traduction de TArt poétique d'Horace , et que chacun
d'eux s'est exagéré Ja part qu'il a prise à cet ouvrage ,
au point de se l'approprier exclusivement : ce n'est pas
la première fois que des collaborateurs ont été de la
meilleure foi du monde , sous l'influence de pareilles
Tome FUI. 27
(4x8 )
illusions. Ce qui semblerait donner quelque poids à celle
supposition y c'est que Tun et Tautre parlent de leurs
relations avec Delille , et si les vers donnes à M- de Sy,
ne sont pas les mêmes que ceux donnés à M. Poupar,
c'est que chacun des deux le consultait de son côté. Il
faut ajouter encore , à Tappui de cette opinion , que la
deux ouvrages , malgré leur Identité , présentent , en
plusieurs endroits , des variantes assez remarquables , qui
s'expliquent par la prédilection qu'un auteur porle à la
tournure qu'il a trouvée le premier. On s'entend sur
r interprétation de certains passages , on conteste d'aalres
points ; puis toujours il arrive que chacun finit par s'en
tenir à son propre sentiment , et à conserver sa leçon.
Si, dans cette affaire , il n'y avait eu qu'un plagiaire pur
et simple , il n'aurait pas pris la peine de corriger
quelques vers qui , d'ailleurs, ne pouvaient pas servira
masquer le plagiat.
Quoi qu'il en soit de cette conjecture , dont je n'en-
tends pas défendre le plus ou le moins de fondement ,
je ne finirai pas cette lettre , déjà si longue , sans ex-
primer mon chagrin d'avoir vu dégénérer une discussion
purement littéraire , en accusation personnelle contre
M. Poupar. La vie privée de notre ancien collègue de-
vait être à l'abri de toute attaque. M. •** annonce qu'//
n*a eu que des relations bien passagères avec M, Poupar;
rien ne le prouve mieux que le jugement qu'il en porte;
mais aussi ne devait-ce pas être un motif d'en parler
avec plus de réserve ? J'ai beaucoup connu M. Poupar:
et jamais je n'ai découvert que ce fût un homme hardi ^
moqueur , goguenard ; il était grand parleur , cela est
vrai 9 mais sa conversation était instructive et întéres-
^nte î il y avait toujours à gagner dans son entretien.
( 419 )
Il avait- une Httërature étendue , possédait plusieurs
langues , il en pénétrait le génie avec sagacité , s'ap-
pliquait souvent avec bonheur à des recherches étymo-
logiques , et s*il se servait de ses connaissances dans le
monde , c'était toujours sans aucune pédanterie. Loin
d'affecter les airs d'un matamore , on pourrait lui re-
procher trop de condescendance aux idées d'autrui , si
1 on ne trouvait pas l'excuse de ce défaut dans un grand
désir de bienveillance. Ce qui prouve , du reste , ses
qualités solides et attachantes , ce sont les nombreux
amis qu'il a conservés^ Il répandait beaucoup d'agrémens
dans la société d'un petit nombre de maisons honorables
auxquelles il réduisit le cercle de ses relations sociales ,
sur la fin de sa vie , cercle qu'il regrettait d'avoir beau*
coup trop étendu dans un temps. Ce que je puis affirmer y
c'est qu'il a laissé des regrets sincères ; et ceux qui n'ont
pas cessé de le cultiver , ont tous rendu justice à Tama-
bllité de son esprit et à la facilité de son commerce dans
le cours ordinaire de la vie.
Agréez , Monsieur , etc.
DUGAS-MONTBEL.
SUITE DE LÀ CORRESPONDANCE.
Après avoir soumis à nos lecteurs la question qui nous
occupe et les pièces du procès , notre intention formelle
était de nous retirer des débats , laissant à de plus ha-
biles le péril et l'honneur du jugement ; notre devoir
de critique et de bibliographe était rempli ; mais ce
désir que nous éprouvions de rester neutres désormais , a
\
( 420 )
dû s*accroiire et devenir pour nous une yërîtable né*
cessité , dès que la controverse a pris une direction toute
personnelle , comme on a pu s*en convaincre par la lettre
anonyme insérée dans le Journal du Commerce (i). Peu
(i) Le feuilleton du Journal du commerce de la vilk de
Lyon et du dtipartement du RhSnc , n.^ 7^4* >S octobre
1828 9 contient une lettre signée un de vos abonnés^ dont
Tailleur cherche , non à détruire , mais à atténuer les
preuves que nous avons données du plagiat de M. Ponpar.
On 7 met en avant cette singulière conjecture que le Téri-
table traducteur de TArt poétique pourrait bien être Je
copiste Lalanne désigné à la tète du manuscrit. L'épître est
terminée par le paragraphe suivant :
a Au moment oii je termine cette lettre ^ on m'apporte
99 le n.<^ d'août et de septembre des Archives du Bhéne , et
» j'y trouve aux pages 553 à 357 > ^^ éloge funèbre de
J9 feu M. Poupar , bien différent de celui qu'a prononce
9> M. Dumas 9 dans la séance publique tenue par l'académie
»9 de Lyon le 10 juillet dernier. Cette pièce , il faut l'avouer 9
79 ne déposera pas en faveur de la prudence et de la charité
99 de certains membres de sociétés savantes. On m'assare
j> en même temps qu'un bon négociant de notre ville ^ de
99 la connaissance de M. Poupar , et que ce grand débat
99 littéraire a sincèrement affligé , se propose de faire pa-
99 raitre incessamment une petite brochure , intitulée :
99 Comment vivent entr^eux , s^ aiment et s'estiment les aca-
99 démiciens de province , et de quelle manière les morts
99 sont traités par leurs confrères vivans, »
On trouvera la réponse à ceci à la fin de la lettre que
que nous insérons dans ce n.^ Nous y ajouterions seale-
ment , si l'attaque méritait une défense sérieuse , que les
leçons de charité que nous donne M. l'abonné du Journal
du commerce ne sont guère charitables 9 et qu'elles sont 9
( 421 )
aloux, par respect pour nous-mêmes et pour le public,
*ile descendre à une polémique de ce genre, nous aban-
donnerions, sans ajouter un mot, à la conscience de nos
lecteurs, la solution du problème que notre correspon*
dant (M. Launoy) a posé, si la lettre suivante que
nous recevons à l'instant , ne nous paraissait mériter
encore un certain degré d'attention : cette lettre que
nous accompagnerons de quelques notes, terminera sans
doute la querelle ; nous la donnons , moins comme l'ex-
pression de notre pensée , que comme un résumé im-
partial des débats.
MONSIEUH LE RinACTEUH ,
Je n'aurais jamais osé prendre la parole , ou , pour
mieux dire , la plume, dans l'intéressant procès que vous
instruisez pour la plus grande gloire d'Horace et l'édi-
fication du public , et fe me croyais trop chétif et trop
mince compagnon pour rompre une lance en telle as-
semblée; mais la lecture d'un article anonyme du Journal
du Commerce m'a donné courage , et presque honteux
de ma modestie , je viens aussi , puisque tout le monde
s*en mêle , suspendre mon humble écusson parmi les
nobles bannières qui décorent la lice.
Je vous avouerai d'abord , Monsieur , que je m'étonne
que vous ayez omis , dans votre procédure , une forma-
d'ailleurs , dépourvues du mérite de l'à-propos ; que les
académiciens vivans ne vivent pas avec les académiciens
morts , et que , quelle que soit la société à laquelle on
appartient , on n'est jamais tenu d'aimer et à* estimer que
les gens qui sont estimables et aimables.
( 422 )
illé indispensable; vos raisonnemens sont clairs, j*en
conviens , vos preuves sont bien dëduites ; mais il iàl-
lait, au préalable, comme nous disons au palais, pren-
dre l'avis de la personne la plus intéressée dans cette
aifaire : je veux dire d*Horace. Pensez-vous , en effet ,
qu'il lui fût indifférent d'avoir pour traducteur un mar-
quis ou un roturier? Et si l'illustre défunt pouvait nous
répondre , comme il fit jadis à Voltaire , ne s'exprime-
rait-il pas à peu près de la sorte , si ce n'est avec plus
d'élégance et de malice?
« Or ça , Messieurs , me demanderez-vous mon avis,
je vous prie ? vous auriez dû commencer par là , d'au-
tant que je n'ai point renoncé , parce que je suis mort,
à poursuivre de mon inflexible ironie les maavais
poètes et les parasites , ceux qui vivent de la table ou
de l'esprit d'autrui , écumeurs de porte-feuilles ou de
cuisine ,
Pantolabum scurram Nomentanunujfue nepotem (i).
Il me semble donc que je n'étais pas de trop en ceci »
et que je pouvais placer mon mot comme un autre. Au
fait , de quoi s'agit-il ? de savoir lequel , du marquis ou
de Tinspecteur ^ s'est donné le sot plaisir de me défigu-
rer : c'est ce que vous pourriez savoir à l'instant , si
vous preniez la peine de passer dans ce pays; car ils y
sont tous deux , et , autant que j'ai pu voir , la guerre
qu'ils se font là-haut, les a brouillés à toujours; mais,
pour vous épargner les frais du voyage , je peux vous
transmettre quelques traits d'une conversation qu'ils eurent
(i) Hoi^ace, SaU i , 8, ii
( 423 )
Taotre jour , et que m'a fidèlement rapportée Tabbë de
Saint-Lëgçr dont Tinépuisable érudition nous fait at-
tendre patiemment l'arrivée de votre savant Beuchot (i).
Lorsque Tabbë arriva près d'eux , sans en être aperçu ,
couvert qu'il était par un bosquet de lauriers , le marquis
disait à l'inspecteur, avec une indignation mêlée d'ironie ,
en lui portant undéfipoétique^ comme autrefois Gassaignè
à La Serre:
Je voudrais bien , pour voir , que de votre manière
Vous en composassiez sur la même matière I
M. Poupar allait lui donner la réplique connue ;
J'en pourrais , par malheur , etc.
Mais il se souvint , fort à propos , que son ouvrage
était identiquement le même que celui du marquis , et ,
se ravisant , il répondit en prose , avec cette voix aiguë
et flûtée dont parle son ingénieux panégyriste (2) :
4i II est vrai que j'ai fait peu de vers en ma vie : hors
mon Art poétique , on ne m'en attribue pas un seul ;
mais , comme le disent mes défenseurs anonymes et au-
(1) M. Beuchot ne manquera pas de noter le plagiat de
M. Poupar , et nous l'engageons fortement à lui consacrer
un article dans les Variétés de son Journal de la Librairie ,
où il a relevé d'une manière si piquante les larcins du
célèhre M. Âuguis , le plus grand flibustier littéraire de
notre temps.
(2) Notice sur M. Poupar , pag. xxij. M. Dumas y dit
que , lorsque son héros parlait ^ ce qu il ne se lassait point
défaire ^ le ton aigu de sa voix prévenait la distraction»
( 424 )
très , cela ne prouve rien ; d'ailleurs ^ j'avab un gr(md
désinféressemeni liUéraire. — Quel dësintéressenent ,
s'ëcria le marquis ! il a*y parait que trop , Moinr ,
car vous ne connaissiez même pas la distinction du Hai
et du mien. Néanmoins veuillez répondre à celle qœsr
tion : comment se fait-il que vous soyez resté dans U
plus complète ignorance de tout ce qui a précédé ^ac-
compagné et suivi la publication de mes ouvragps? —
Rien de plus naturel , M. le marquis : j'étais poète, et
je ne lisais jamais de vers , pas même les miens ; fétaîs
bibliophile , et je ne connaissais pas des éditions qui sool
pourtant recherchées et que cite Brunet; j'étais biUio-
thécaire , et je ne me mêlais , ni de littérature , ni de
bibliographie , ni d'achat d'ouvragçs , ni de lectait ht
catalogues : c'est ce qu'un savant anonyme a bien Toobi
répondre pour moi. — Mais vous ignorez donc , Monsieur,
que cet éloge ou cette satire est réfutée d'avance par do
autre de vos panégyristes ? Voici l'élégant tableau qu'il
. trace de vos inconstantes amours , en fait de livres et
d'éditions :
« M. Poupar ne se contentait pas des études et îles
» succès littéraires : au. savoir et aux qualités du blo-
» graphe et du philologue , il joignait les goûts et la
» passion du bibliomane. Il ne faut pas. Messieurs,
» prendre cette expression en mauvaise part. Vous savez
» qu'en général la manie des livres s'applique aux beaui
)) ouvrages , et dès lors c'est un hommage éclairé aux
» arts du dessin , de la gravure et de la reliure , de la
» dorure , et du plus puissant de tous les arts , la type-
» graphie. Notre confrère a fait et défait plusieurs fois
3) sa bibliothèque. C'était , s'il m'est permis de me ser-
)> vir encore d'upe expression qui appartient à la litté-
I ( 425 )
Inn» rature du dernier siècle , c'était un volage , un in-
|)t;,s V 3> constant petit-maitre qui portait à divers objets le
ffi^- » tribut de son amour , mais qui , en eCFet , ne cessait
15 ii^. » pas d*honorer , par son culte et par ses vœux , le sexe
^^y^ » auquel est attaché le bonheur de l'espèce humaine (i).»
^ ,^, <c Accordez donc vos défenseurs : ils compromettent
votre cause , et c'est le cas de s'écrier avec Ovide :
Causa patrocinio, non bona, pejor erit (2).
D'ailleurs y Monsieur , que répondrez-vous au témoi--
gnage de l'abbé Delille qui m'a vu en travail de ma
traduction ? il parlera , n'en doutez pas , et ce serait
déjà fait , s'il n'était en consultation avec Euripide et
Corneille , au sujet d'une tragédie nouvelle qui vou-
drait être romantique. — * Delille ! je l'ai connu à Londres;
c'est là qu'il soutint ma muse dans la seule inspiration
qu'elle ait jamais sentie. J'ai des vers de sa façon ; il
fut parrain de mon oeuvre, et.... » A ces mots, le marquis
frappa vivement la terre avec l'ombre de son soulier à
talon rouge , et il s'écria : <c Vous ! connaître l'abbé
Delille ? vous qui citez à faux les vers qu'il m'a prê-
tés (3) ? et où sont les preuves de votre liaison î
(i) Notice sur M. Poupar , pag. xviîj et xix.
(2) Trist. ,1,1, 26.
(5) Comme on l'a rappelé dans la lettre de M. Lfianoj y
M. de Sy racontait qae Delille lui avait fourni ces deux
vers qui rendent assez bien le Nec deus intersit nisi dignus
vindice nodus:
Et que l'intrigue enfin y où votre esprit se joue ,
S'offre digne d'un dieu , lorsqu'un dieu la dënoue.
M. Poupar qui ne se rappelait que confusément cette anec-
( 426 )
quoi ! Tabbé Delille vous faisait des vers , et, pendant
les dix années de son séjour en France , vous n*a\e&
pas daigné remercier un tel patron ? On conçoit que
vous vous soyez autorisé de son nom , dans le fond d'une
province (i) ; mais moi qui ai pu le suivre comme
dote qu'il voulait s'appliquer ^ avait oublie quels étaient
les deux vers prêtés par Delille ^ et il avait imaginé de
dire que c'étaient ceux-ci :
Sur denx pieds , dont un long, que prëcède un plus court i
D'un pas -vif et léger le prompt iambe court.
Il «royait très-mal à propos que ce distique ëtait nn des
passages les plus heureux de la traduction , tandis qne
c'est un des plus maurais. Ces denx vers , pleins d'affec-
tation , sont , en effet , bien loin d'exprimer conTena-
blement la tournure simple et sans prétention du latin
d'Horace :
Syllaba longa breyi subjecta vocatur iambus ;
Pes citus
11 est évident que le uioipied n'étant point dans la poésie des
anciens , comme il Test quelquefois dans nos charades ou
logogryphes, synonyme de syllabe^ c'est un contre-sens et
une sottise que de mettre l'un pour l'autre , et de donner
deua: pieds à l'iambe , qui n'est lui-méine qu'un pied»
(i) On a avancé dans une des lettres précédentes qne
M • Poupar n'avait pas trompé tout le monde , que plasîenrs
personnes savaient que la traduction de l'Ai^t poétique
n'était pas de lui , et que M. Bérenger le leur avait dit
à l'oreille. Ce dernier fait nous a été attesté par des gens
très-dignes de foi 9 qui prétendent aussi que le rapport
' sur les Ëpigrammes d'Ovren , la par M. Poupar à l'aca-
démie de Lyon en 1819 , et dont il est parlé pag. xiv de
( 427 ) ^
marquis dans Ibs Lrillans salons où îl entrait comme poète ,
moi , chantre favori du philosophe couronné d'Hartwel ,
moi qui vivais à Londres dans l'intime familiarité de
Delille , moi dont il relisait les ouvrages et qui copiais
les siens , vous ai -je jamais vu chez lui ? vous vîntes
à Londres pendant l'émigration , c'est très-possible , et
qu'importe ? mais vous y figuriez comme pedisequus
puerorum , comme instituteur , et l'abbé Delille faisait
vos vers !....)> Le marquis s'arrêta un instant , et reprit
«a Notice , ainsi qu'un autre rapport qu^il fit sur la tra-
duction d'Homère par M. Dugas-Montbel , étaient égale*-
ment des ouvrages d'emprunt.
Si c'était ici le lieu , nous observerions que M. Bérenger
qui imputait un plagiat à un de ses confrères » a été lui-
même en butte à un reproche sembluble , et que sa mé-
moire n'est pas exempte de tout soupçon à cet égard. On
a souvent dit que , possesseur des manuscrits du marquis
de Pezay (le sort des marquis est d'être dépouillé par des
roturiers) 9 il J avait pris plusieurs pièces et se les était
appropriées 9 que cela expliquait fort bien l'énorme diffé-
rence qu'on remarque enti*e son premier recueil de poésies
et celles qu'il à composées sur la fin de sa vie , et qu'en
particulier y c'était dans le porte-feuille de son ami qu'il
avait trouvé les Soirées provençales 9 publiées par lui 9
pour la première fois » en 1 782 , et gâtées depuis par les
additions qu'il j a faites en 1819. Ce qu'il 7 a de certain ,
c'est qu'une des pièces qui figurent dans cet ouvrage 9 in-
titulée , Retour en Provence , Epître à M. de Rejrrac ,
avait paru en 1782, sous le nom de M. Bérenger, dans
VAlnianack des Muses , avec cette note : a LHdée de cette
» pièce est tirée des Soirées provençales , ouvrage encore
') manuscrit , dans le porte-feuille de ieu M. le marquis
'> de Pezay. »
( 428 )
avec plus de calme : « Je ne vous reproche pas le métier
que vous faisiez alors : quand on vous aurait vu, comme
tant d'autres , parmi les
Ambabaiarom coUegia, pharmacopolae 9 etc. (i),
la nécessite vous y força ; c*est le mieux du monde ;
mais , certes , cela ne prouvera jamais que vous ayez
connu Tabbë Delille , et moins encore qu^il vous ait seni
de teinturier. Comparons , s'il vous plait , votre manus-
crit et ma traduction. D'abord, le manuscrit ne vous appar-
tietat point ; votre écriture n'y parait que dans un très-
petit nombre d'endroits, et notamment sur la première page
pour falsifier le titre : oui j Monsieur , falsifier , c'est le
mot. Il y avait : Lalanne (2) scripsit 1800 ou 1802, et
vous avez surchargé cette date ; le nom de l'auteur était
en blanc , et vous y avez substitué le vôtre. Et comment
(i) Horace « 1 , 2, r.
(2) C'est une imagination singulière que celle de Fano-
njme da Journal dti commerce qui conjecture qae ce
Lalanne pourrait bien être l'auteur de la traduction. II est
évident que le mot scripsit ne désigne qu'un copiste , et
que 9 s'il: avait désigné l'auteur , M. Poapar n'aurait pas
manqué d'effacer le nom qui l'accompagnait. Le Lalanne
dont il s'agit , était , à ce qu'on croit , un élève de
M. Poupar. Il n'avait , du reste , rien de commun , ni avec
le littérateur du même nom , auquel on doit deux poèmes >
l'un sur le Potager et l'autre sur les Oiseaux de basse-
cour 9 ni , encore moins » avec l'ancien Pierre Lalanne ,
ami de Ménage , qui a laissé quelques vers Hssez bien
tournés et n'en a pas moins été , pour le dire en passant,
oublié tout net dans la Biographie universelle , quoiqu'il
ait un article dans Moréry et dans le Dictionnaire historique.
( 429 )
se fait-il qu*en corrigeant , çà et là , dans un manuscrit
quelques expressions insignifiantes , afin sans doute qu'il
y eût quelque chose de votre façon (i) , vous ayez, ea
un endroit , omis de suppléer un vers qui manque à la
rime et su sens (2) ; qu'en, un ai^tre , vous ayez laissé
(i) Dans le très-petit nombre de corrections que M.
Poapar a faites à quelques vers du poëme de M. de Sj,
il en est de trës-maavaises. Ce sont des indices de plus
contre lui. Martial disait à un. plagiaire qui avait cru dé-
guiser son larcin par anmayen semblable , 1 , 54-' «Fideo*
99 tinos , tu a glissé dans mon livre une page de ta façon ^
yy mais elle porte si bien ton cachet qu'elle proave claire-
» ment que tu as dérobé tout le reste de l'ouvrage. Tes
» vers introduits parmi les nôtres.... ressemblent au noir
99 corbeau qui va se mêler, sur les bords du Caïstre , par-
99 mi les cjgnes de Léda , ou à la pie babillarde qui
99 trouble les doux concerts des rossignols. Mon livre n'a
99 nu| besoin d'un défenseur qui t'accuse , qui te poursuive,
» qui revendique les droits de son maître : ta page suffit, elle
99 te dénonce , elle s'élève contre toi et te crie au voleur. 99
Stat contra dicilqae tibi tua pagina , fur es.
(a) Page 43.
Pcat-étre il se plaindrait d'un importun Secours.
Ayez-vous oublié la fin extravagante , etc.
Telle est la Iççon de la copie de M. Poupar ; mais , dans
l'ouvrage revu par l'auteur , dans l'imprimé de Londres ,
pag. 5i , le vers suivant qui rime avec le premier ^ se trouve
entre les deux qu'on vient de lire :
£h ! qui sait 8*il ne veut attenter à ses jours ?
( 43o )
quatre vers masculins de suite (i)? Lorsqu'on se mêle de
piller , il faut moins de négligence , ou , si vous voulez,
plus d*adresse. Certes y n'eût ëté la paresse dont on vous
loue , vous auriez complété mes vers , si vous en savez
faire , ou présenté du moins une copie qui vous appar-
(i) Page 35.
Si pourtant quelque jour vous deveniez auteur ,
En Métius , en moi , cherchez votre censeur ;
De corriger l'ouvrage on e^ toujours à • temps ,
Si dfinn le porte-feuille il repose dix ans.
M. de Sj a retoaché ce passage, ainsi que plusieurs antres,
dans rintervalle de temps qui s'est écoule depais 1800 y
époque oh M. Poapar s'est procuré la copie du poëme ,
jusqaà 1816, et le mélange alternatif des vers mascoilos
et féminins est observé dans cette dernière révision.
On ne vous verra point , en dëpit de Minerve ,
Sur un travail sans fruit vous consumer en vain.
Que si l'envie , un jour , vous prend d'être écrivain ,
Faites choix d'un censeur ; aimez qu'il vous éclaire :
Consultez Métius , moi , Pison votre père.
De corriger l'ouvrage on est toujours à temps , etc.
Les journalistes qui ont rendu compte de l'affaire 9 ont tous
perdu de vue cette circonstance importante que la copie
de M. Poupar était celle du premier Jet de M. de Sj ; et iU
ont attribué au plagiaire les différences qui existent entre
l'imprimé de Londres et celui de Lyon. Ces différences ae
sont point , comme ils l'ont pensé , des changemens faits
par M. Poupar pour déguiser son larcin ; M* Poupar a
conservé telle quelle , moins cinq ou six mots , la copie
primitive , tandis que M. de Sj corrigeait et améliorait
son ouvrage et cherchait à le rendre plus digne de rim-
pression. Il faut avouer néanmoins qu'il n'a pas toujours
été heureux datis ses corrections , et que , dans quelques
endroits , l'ancien texte est préférable au nouveau.
( 43i )
tint , au Heu de la mienne sur laquelle tout le monde
peut voir encore l'encre de Londres et le filigrane an-*
glais. Il sera évident pour tous ceux qui nous liront que
Touvrage est à moi seul , car seul je lai perfectionné ,
ce que vous n*avez pas même entrepris , tandis que vous
m'avez dérobé la copie d'un premier jet que vous fûtes
impuissant à rectifier. » — Il devait y avoir dans ces der-
niers mots quelque chose de très-significatif pour le bi-
bliothécaire ; car il rougit beaucoup , et le ton aigu de
sa voix parut monter d'une octave. Toutefois U sourit
avec malice et répliqua : a Voilà beaucoup de choses ,
M. le marquis , mais raisonnons , je vous prie. Je pour-
i*ais vous dire que les évéques ne sont pas les seuls qui
aient la réputation d'acheter leurs écrits tout faits , comme
Caraccioli achetait l'amour , et qu'un marquis pouvait
bien employer un pedisiquus puerorum , comme vous dites
obligeamment , à faire ses vers: Théveneau qui est ici (i),
(i) Théveneau , de bachique mémoire , faisait les vers
de MM. tels et tels pour de l'argent et pour du vin. Voici
de quelle manière on s'j prenait ordinairement avec lui :
on mettait à côté de sa table deux ou trois bouteilles de
Tin 9 et on le fermait à clé jusqu'à ce qu'il eût fait la
quantité de vers dont on était convenu. Nous avons sou-
Tent entendu raconter que l'auteur d'un poëine publié de-
puis , lui donnait 5o centimes par correction. Leâ 5o cen-
times étaient souvent fort lestement gagnés. Par exemple ,
le poète avait fait cet hémistiche :
Rome était libre alors
Xhéveneaa le trouva dur et le refit ainsi :
Ak>r0 Rome était libre
le changement satisfit l'oreille de l'auteur , et les 5o cen-
times furent comptés.
(450
tu sait quelque chose , et le puLlic serait assez matin
peut-être pour vous traiter comme Boileau faisait Tabbé
Roquette (i) — Impossible , s*ëcrîa le marquis , impos-
sible , Monsieur ! Pour que vous soyez Tauteur de cette
traduction , il faudrait supposer , avant tout , que M.
Tabbë Delille nous trompait tous deux. Ensuite , je vous
le demande , qui , de vous ou de moi , a montré le plus
de franchise ? Vous ne faites confidence de votre œuvre
qu*à un' petit nombre d*amis , et moi , j'imprime la
mienne, dès qu'il m'est permis de rentrer en France;
je l'imprime dans un volume dëdië au roi , sous les yeux
d'une foule d'anciens compagnons dMnfortune qui sa-
vent mieux que personne si l'abbë Delille m'honorait ou
non de son amitié ; vous , c'est pour entrer dans une
académie que vous usui*pez ce titre littéraire (2) : hors
de làr , rien ne peut vous décider à vous en prévaloir , ni
son mérite (car c'est ce que j'ai fait de mieux), ni
(1) Tout le monde sait par cœur cette ëpigramme ^ haâiék
de Martial , II , ao :
On dit que rabb<$ Roquette
Prêche les sermons d'autrui a
Moi qui sais qu'il les achète ,
• Je soutiens qu'ils sont à lui.
On prétend qae cet abbé Roquette , qui fat évéque d'Autnn^
est Toriglnal diaprés lequel Molière a peîot Tartuffe.
(2) u Vous avez placé au rang de titulaire M. Ponpar,
99 helléniste distingué 5 dont vous avez facilement jagé le
» mérite par Pheureuse traduction qu'il a faite en vers
99 français de TÂrt poétique d'Horace. 99 M* Parât , Compte
rendu des travaux de l* Académie de Lyon , lu dans la
séance publique du ho août 1814 » Ljob , 182S , m-8^ , p. 55*
( 433 )
l'apparilion de mon livre.... )> Le marquis achevait ces
paroles , lorsqu'on vint lui dire que l'abbë Delille était
prêt à l'entendre ; il jeta sur M. Poupar un regard pleia
de fierté , en lui faisant signe de le suivre , et tous deux
s'éloignèrent. Voilà ce que disaient ces Messieurs. Que
si vous me demandez mon opinion personnelle , je vous
répondrai que ni M. de Sy , ni M. Poupar n*est Tauteur de
la traduction en litige : les autres ouvrages du premier ,
la paresse et l'insouciance du second ne permettent pas
d'attribuer ce poëme à l'un ou à l'autre , quelles qu'en
soient la faiblesse et l'incorrection. M. de Sy est plus
habituellement lâche, trivial et prosaïque; quant à M.
Poupar , on ne sait ce qu'il serait s'il eût jamais écrit.
Vraisemblablement , quand ces Messieurs auront fait une
visite au dieu du goût , ils se défendront tous deux d'avoir
coopéré à cet ouvrage , et comme dans l'épigramme de
mon ami Racine ,
Plus ne voudront Tavoir fait Tan ni Pautre (i).
Ce qu'il y a de plus évident , c'est que , si quelqu'un
a acheté la traduction , ce n'est pas M. Poupar , et que ,
(i) C'est par cette pointe que se termine la fameuse
ëpigramme attribuée à Racine sur une tragédie à'Iphigénie
que deux auteurs se disputaient :
Entre le Clerc et son ami Coras ,
Tous deux auteurs rimant de compagnie ,
N'a pas longtemps , soùrdirent grands dëbats
Sur le propos de leur Iphigënie.
Coras lui dit : la pièce est de mon cru ;
Le Clerc rëpond : Elle est mienne et non votre ;
Mais aussitôt que l'ouvrage a paru ,
Plus n'ont voulu l'avoir fait Tun ni l'autre.
Tome Fil. 28
( 454 )
à. quelqu'un ra yolëe, ce n*est pas M. Ae» Sy. En banni
logique , comme s exprime élégamment : Tanonyme, on
né saurait conclure d*autre manière. »•
Je n'oserais, M- le rédacteur, prendre )a> parole après
Horace ; j'ajouterai seulement un mpt : on ^ tort , selon moi,
de demander pourquoi M. de Sy semble protester dans sa
préface contre toute accusation de plagiat ; on a mal saisi sa
pensée : il a entrepris ou commandé sa traduction à une
époque où il n'en existait pas ; mais les circonstances ne lui
ont permis de la, publier qu^après un long intervalle , de
1800 à 18 16 , lorsque d'autres écrivains s'étaient exercés
avec plus ou. moins de bojiheur sur le même sujet: c'est
là ce qui chagrinait M. de Sy , et non toul«-à-fait sans
raison, car les auteurs de sa force doivent tenir au
mérite de la priorité , attendu qu'ils n'en ont souvent
pas d'autre , et c'est le regret d'avoir perdu cet avantage
qui perce dans ce burlesque propos de grand seigneur
mécontent : Depuis ^ sept à huit (traductions) se sont
donné le mot pour paraître , etc.
Je terminerai cette longue épitre , en priant l'anonyme
d'engager le bon négociant dont il parle à mettre au
jour, le plus tôt possible , son ouvrage sur les amitiés
des gens de lettres : ce bon négociant , m*est assez connu
pour que je puisse dire que nul n'est plus capable que
lui de nous dévoiler ces horribles mystères, d'autant
plus que n ayant ni prétention ni droit au titre de lit-
térateur , il ne jugera point dans sa propre cause et ne
salirait manquer d'être impartial.
J'ai l'honneur d'être , etc.
ÂGNOSTK.
Nota* M4 l'abbé B.., nereu de M. Poapar, nous remet
( 4S5 )
l'ittftant un lûëmoire dont il réclame l'insertion : noti«
impartialité noas fait une loi d'obtempérer À sa demande )
mais Tabondance des matières noas force de prendre délai
jasqu'au prochain né^
ADMINISTRATION DÉPARTEMENTALE.
CONSEIL GÉNÉRAL DU DÉPARTEMENT DU RHÔNE»
( Sessioii de 1838 à 18^9 )•
En exécution de ^ordonnance rojale dû 3t août lÔoS^
le conseil général du département du Rhône s'est réuni
le 9. septembre dernier*
Se sont trouvés présens : MM. de Savaron ^ président ^ le
ticomte Beliét de St-Trivler ^ Vslyj ^ B. de la BaroUîère, de
Varax , le marquis de Montaigu, le marquis d'Albon, Desprex^
Prunelle, le baron Rambaud^ Nolhae , le comte de Laurencin^
Brollemann , Montgolfier ^ et Dcsarbrës ^ secrétaire.
MM. De L'horme ^ de la Roche la Garelle , le marquis de
Monspej et Orsel n'ont pu prendre part , cette année ^ aux
travaux du conseil*
M. le Préfet a ouvert la session par le discours sui-«
tant, exposant la situation générale du département
Messieurs ^
En jetant les jeul autour dé nous ^ il est Impossible de
ne pas remarquer avec peine Tabsence de quelques mem-^
bres actifs et éclairés du conseil général , qui ne peuvent,
cette année , venir partager vos travaux.
De plus sérieux regrets seront donnés par tous aux col"
( 436 )
lègues qaè la mort tous a enlay^s* M. de St*Trj8 occupait
dans le conseil une place honorable , et les derniers efforts
de son cèle yoas ont été consacres.
M. Mottet de Gërando , partout justement apprécie, tron-
yait surtout îci les occasions de développer ces connais-
sances yariées , cette justesse de yues , ce talent d'appli-
cation qui en ont fait un citoyen si éminemment utile e(
si difficile à remplacer.
Les nouveaux membres , que la confiance du Rch vous
donne aujourd'hui pour collègues , apportent avec eux tout
ce qui doit adoucir vos regrets : une réputation fiiite , et
une capacité éprouvée.
Je vais , Messieurs , suivant nos usages annuels , faire
précéder d*nu précis rapide de notre situation administra-
tive f la remise des rapports étendus qui vous sont adressés
sur toutes les parties des affaires départementales.
Aucune délibération nouvelle de quelque importance ne
TOUS est demandée cette année , et je n'ai à appeler votre
attention que sur la suite des entreprises ou des affaires
dont vous vous êtes occupés pendant votre dernière réunion.
Ainsi le rétablissement de l'égalité proportionnelle dans
la répartition des contributions directes , vous donnera lieu
de résoudre plusieurs questions ajournées en 18279 et au
sujet desquelles de liouveaux documens seront fcnis sous
vos yeux. Le grand travail de la répartition nouvelle trou-
ve sa justification dans le petit nombre de réclamations
éleVées par les communes.
Lès opérations du cadastré marchent rapidement et oiit
notablement devancé les allocations modiques du budget.
Vous jugerez utile de seconder cette impulsion ; le dépar-
tement du Rhône est appelé h jouir, l'un des premiers^des
avantages du cadastre , puisque ce grand travail sera hieu
près d'être terminé Tannée prochaine dans tout le dépar-
tement, moins la ville de Lyon qui doit être Tobjet de dis-
positions spéciales.
(.43? )
J'avais espéré , Messieurs, pouToir anjoard'hùt installer
le conseil dans le local qui lui est destiné. Celte prise de
possession sera retardée jusqu'à Tannée prochaine ; maïs ,
à. la fia de celle-ci la distribution intérieure du yaste hôtel
d^ la Préfecture sera terminée 9 et les comptes définitifs
seront arrêtés.
Le concours pour le palais de justice et ses dépendances
a produit des projets diversement recommandables et sur
lesquels le gouTcmement n'a pas encore prononcé. Plus
on étudie dans ses détails l'application du plan aur surfaces
désignées ^ plus on éprouve de crainte sur l'insiif&sance
de celles*-.ci. Faudra<«t-il. agrandir l'emplacement au prix
de nouveaux sacrifices ^ ou asservir la construction au
périmètre projeté ? J'ai traité la question sous ces deux
rapports ; en attendant une décision , qui peut-être me
parviendra pendant cette session 9 on ne cessera pas de
s'occuper de l'acquisition des maisons dont la démolition
sera nécessaire dans toutes les hypothèses. S'il est une
entreprise dans laquelle ou ne doive s'engager qu'avec la
p^Hs mûre circonspection , c'est sans contredit celle dont
il s'agit. Un plan formé sur que si vaste échelle et renfer-
ipant tant de services divers est nécessairement sujet dans
l'exécution, à des mécomptes , des oublis et des erreurs
dont une sage prévision doit apprécier et mesurer le
danger.
Les travaux de la nouvelle prison qui s'élève le long de
l'avenue Perrache, étaient commencés lors de votre dernière
session 9 mais bientôt l'entreprise a périclité , et il est
devenu évident que l'entrepreneur était hors d'état de
x^mplir les clauses de son adjudication. Au mois d'avril
dernier 9 la résiliation a été prononcée dans les formes
voulues ; un nouvel adjudicataire a été jsubstitué au premier y
et dès lors l'eatreprise a marché d'une manière satisfai-
sante ; le service des fonds est assuré 9 et rien ne paraît
s'opposer à ce que le nouvel édifice reçoive les détenus
dans le courant de i85o. J'aurai à vous entretenir des iue-
( 458 )
sareg' transitoires qite poarra nécessiter réTacaiition de U
prison de St-Joseph en i8i29.
Le projet présente ponr la construction d'ane casem*
de gendarmerie a été rédnit d'après FindicatiOn du conseil
des bâtimens civik. Les travaux sont commences et devront
être poussés avec une grande activité , la ville étant en
droit de réclamer au commencement de i85o la mise en
possession du claustral des Augustins qui sert mainteaaiA
de casertie.
Les bâtimens de TEcole vétérinaire ont pris depuis l'an^
née dernière un aspect digne d'un établissement royal ;• les
ti'avauit faits rendent moins sensibles les irrégularités qu'on
ne peut iaire disparaître encore.
Les établîssemeus publics de Villefranche demandent
quelques améliorations. Tout est disposé pour le placement
des Sœurs hospitalières de St-Joseph dans la prison d'ar*
rôndissement ; la religion et l'humanité réclament ce bieif-
fait trop long-temps différé.
Les secours que Vous êtes dans l'usage de voter , ceux
notamment que vous répandes sur les communes rurales
pour aider aux acquisitions et aux réparations dVgFises'et
de presbytères , continuent à produire les plus heureux
résultats. Les habitans des campagnes ont répondu à vos
encouragemens en faisaut fructifier vos dons ; ils montrent,
par leur zèle et leurs efforts , Timportance qu'ils mettent à
Consolider et à compléter leurs étàblissemens religieux 4
Le budget général des ponts et chaussées n*a point en^
cere reçu cette année le supplément qui lui serait si néces-
saire. Vous savez qu'une commission formée de haiîfet
notabilités admiuistrati?es doit proposer au Roi les mesures
propres à établir Téquilibre entre les besoins et les ressour-
ces. Jusque-là nous aurons particulièrement à souffrir de
insuffisance du cotitingent qui nous est alloué dans les
fôtids du trésor , et la sagesse commandera de ne' se livrer
à aucune entreprise nouvelle , avant l'achèvement de' celles
qUi'be trouvent en voie d'etécution» *
( 439 )
Ceàt d'après ce principe qae les fonds ont ëië presqae
exclusÎTement portés , cette année » snr la route de Sainte-
Etienne , et qne le système de chaassëes pavëes a été subs-
titué aux empierremens dont il a bien &llu reconnaître
Piiapuissance, quand on a tu cette route devenue à peu près
impraticable pendant Tbiver.
Chacun peut apprécier la belle exécution des pont^
d'Oullins et de Brignais. Le dernier sera livré à la circulation
sans attendre que la rectification importante et dispendieuse
à laquelle il se lie ^ soit entièrement effectuée.
Le projet de la nouvelle traverse d'Anse est soumis à un
supplément d'instruction, et la rectification de la c6te de
l'Ârbresle ne m'a pas encore été renvoyée par la direction
généralir»
Je ne vous entretiendrai pas de la reconstruction du pont
de la Mulatière. Celui que la compagnie du chemin de fer
fonde , en ce moment , au confluent du Rhône et de laSaiône,
présentera des dimensions qui permettraient d'y établir le
passage de la route royale. Lorsqu'il aura été reconnu que
ce pont peut suffire à une double destination , il -y aura lien
d'examiner à quelles conditions il devra être adopté pour
le service du public. Une délibération de la ville à ce sujet
vous sera communiquée. Cette affaire ne saurait être en-
tourée de trop de lumières.
« Les travaux neufs de navigation sont tous exécutés dans
riutérieur ou aux abords de Lyon , et se poursuivent 'de
concert avec la ville. Les attaques du Rhône contre lu
rive gauche, devenues de plus en plus menaçantes, ont
concentré au lieu du danger les soins des ingénieurs , et
absorbé la plus grande partie des fonds dont on pouvait
disposer. D'autres entreprises utiles en souffrent et ne
pourront encore être reprises cette année , avec l'activité
désirable. C'est un mal inévitable, qui sera atténué par-
tout où il pourra l'être , au moyen des mesures provisoires
qui vont être prises.
Par le compte que j'ai h vous rendre de l'emploi de vos
( 44o )
fonds sur le» routes d^p^rfemenUles et par les propositiôiis
qtii j sont jointes pour le prochain exercice ^ yoas Terres
qu'à mesure que vos lignes TÎables s'ëtendent y tous anrex
en la possibilité d'accroître tos allocations. Le crédit con-
sidérable , affecté maintenant aux entretiens , tous donne le
droit de compter sur de notables améliorations dana cette
partie du service.
. Les travaux neufs seront presque exolusÎTement port&
sur la. route N.^.2 de Ljon.à Trévoux, et sur celle N.^ 6
de VîUefranche à Feui*s par Tarare. XiCtte dernière ville a
travaillé, sur la ligne qui va rejoindre le département de la
Loire , avec un sèle et un succès qu'il est jnste de vous
signaler. ...
La route de Lyon à Beaucaire , sur la rive gaucbe da
Rhône , quoique classée anciennement an - nombre dea
routes royales , ne recevait de secours que de votre budget.
La construction d'nn pont à Vienne doit établir snr cette
rive la communication naturelle entre Vienne et Lyon.'Le
chemin de fer qui touche le Rh6ne à Givors, hâtera ces ré-
sultats. Vous jugerez , è mesure qu'ils se développeront ,
quelle part doit être laissée aux spéculations particulières
dans le grand mouvement qui va être imprimé au commerce
de transport. Le moment approche oh les espérances que
fait naître cette entreprise hardie , commenceront à se réa-
liser y et dès l'année prochaine , on pourra apprécier son
influence sur la fortune publique et sur les industries pri-
vées. Ces espérances sont d'autant plus précieuses à ac-
cueillir que le commerce , dans toutes ses branches ^ seau-
ble frappé d'une stagnation générale. Elle menace gravement
la fabrique de soieries , si bien nommée la reine de nos
industries. Après le talent et la bonne foi , rien ne pourrait la
soutenir plus efficacement qu'un allégement des droits qui pè-
sent directement ou indirectement sur elle; mais è qui peut-
on le demander si ce n'est aux industries nouvelles qui, en
accroissant la fortune de TEtat et le revenu des villes , per-
mettront de supprimer ou de réduire les perceptions con-
tie lesquelles le commerce réclame avec tant d'instance ?
( 441 )
Espérons fout de la sollicitude génërease da Monarque
qui yient d'assurer au commerce français une protection
particulière, en créant pour veiller à ses intérêts un minis*
tère spécial. Cet acte de la sagesse royale mérite toute Totre
reconnaissance*, il tous est un sûr garant de l'attention qui
sera donnée à l'expression de tos votes , lorsqu'ils seront
appliqués aux intérêts soumis h vos discussions. Ces intérêts
ont -pour défenseur un prince qui vient aujourd'hui se met-
tre en communication avec ses peuples , qui veut connaître
leurs besoins et entendre leurs vœux de plus près* La con-*
fiance naît antour de lui, car les factions se taisent en
présence de son autorité , et les haines s'éteignent sous son
regard généreux : il ne règne sous le bon plaisir d'àucnn
parti 9 mais par son droit, par les lois, et comme le protec-
teur nécessaire des institutions que la France tient de sa
noble dynastie.
< . • •
M. le Préfet a ensuite déposé sur le bureau les pièces
et documens propres à fixer la détermination du conseil
sur les affaires qu'il est appelé à régler. Ce magistrat
a ensuite donné au conseil , dans un rapport terbal- étendu
et développé, les détails particuliers qui appartiennent à
l'état financier , aux établissemens publics , aux travaux
entrepris , aux besoins et aux ressources du département.
Nous allons essayer d'en donner une analyse sommaire.
FINANCES.
L'exercice financier de chaque année devant être défi-
nitivement clos à la fin de l'année suivante , le compte
final de 1826 est présenté tel qu'il a été définitiven^ent réglé
et approuvé an 5 1 décembre 1827.
Le compte de 1827 9 ^^^ 9^'^^ ^^ présente au i.^^ septembre
1828, donne lieu aux remarques suivantes :
Quatre budgets forment les élémens de ce compte , i .^ le
budget fixe y dont les fonds sont fournis par le trésor , qui
( 449 )
comprend 9 outre les dépenses départementales invariables,
celles qui sont communes h plusieurs départemens v tels
sont les traîtemens et frais d'abonnemens administratifs :
Les dépenses des maisons centrales lorsqu'il- en existe
dans le département , ou s'il n'en existe pas , les indemnités
qui peuvent être dues en raison des condamnés à un an- et
plus de détention , restés momentanément à la charge d«
département 9 faute de place dans les maisons centrales :
Les constructions et grosses réparations aux bâtimens des
cours royales :
L'entretien des établissemens thermaux ^ lorsqu'ils ap-
partiennent à l'état :
Les fonds accordés sur le budget, pour 1827 9 montant
à 169,267 fr. 9 dont 40^000 fr. afiectés à l'acquisition des
maisons destinées à former l'emplacement du nouveau
palais de justice.
2.^ Le budget des dépenses variables ordinaires ^ dont le
fonds est formé , i.^ par les 7 i/a cent, ordinaires laissés
à la disposition de chaque département; 2.^ des ressources
éventuelles appartenant au département ; 5*^ de la somme
accordée par le trésor dans la répartition du fonds com-
mun destiné à remédier , suivant les besoins j à l'insulE-
sance des centimes ordinaires.
Onze chapitres composent ce budget 9 sous les titres
suivans :
Hôtel de la préfecture , entretien.
Dépenses ordinaires des prisons départementales.
Secours et ateliers de charité, subvention à l'hospice de
l'Antiquaille.
Frais de casernement de U gendarmerie départemen-
tale.
Dépenses variables ordinaires des cours et tribunaux.
Travaux des bâtimens civils.
Travaux des routes départementales.
Dépenses ordinaires desenfans trouvés' et abandonnés.
Eucouragemens et secours aux sociétés savantes et
( 443 5
de bienfaisance, h la propagation de la yacciné ,
à rinstruction primaire , aux communes , pour r^
paration de leurs ^gKses et presbytères , etc.
' Dette départementale , s'il eh existe.
Fonds réservé pour dépenses imprévues.
' Les ressources portées au budget des dépenses variables
de 182^ , montent à la somme de8k6,256fr; 88 c., dan^
laquelle est comprise celle de 5o2,ooo fr. accordée par le
ministre , sur le fonds commun , pour subvenir à l'insuffi-
sance des ressources départementales.
Les dépenses ont été strictement renfermées dans les
révisions du budget , excepté au chap. II , sur l'entre-
tien des détenus , dont le nombre moyen s'est trouvé de
256, terme moyen , tandis qu'il avait été calculé sur 200.
5.^ Le budget des dépenses extraordinaires d'utilité dé-^
partementale , imputable sur les cinq centimes facultatifs
Totés par le conseil général, en vertu de l^a loi de^ .fi«-
nances, de 1827.
On sait que les conseils généraux ont le droit de voter
jusqu'à cinq centimes sur lé principal des contributions
directes , lorsque les res&ources ordinaires départementales
sont insuffisantes»
Le montant de ces 5 cent, s'élève à .... . 1 52,920 (i)
qui ont été appliqués , conformément aux votes du conseil
général , approuvés par le gouvernement ^ à l'indemnité
allouée à M. Tarcbevéque , administrateur , et au chapitre
métropolitain, et au solde définitif des dépenses relatives au
rétablissement de la statue de Louis XIV , le reste employé
eu supplément aux travaux publics et à' ceux des routes
départementales.
4.*^ Budget des dépenses extraordinaires dUuiliié départe^
mentale. Une loi du 22 mai 1825 a autorisé le département
' ■ ■ ■ ■ ■ i.i I . 1 1 ■ I I 1 1 ■ I III I 1 1 II ^
(1) Dana Icb dëpartemens productifs , ëtendiui et- populeux , tf^ls
que la Seine infé^ieure^ ou le, Nord,, Ip prpduit d«8 cinq centimes
facultatifs va à 290,000 et iiJ\OfOoo fr.
( 444 )
du Rhôae à.a!iinposer extraordinalrement 5 cent addi-
tionnels aax contribotions directes pendant qaatre. années ,
^ commencer en. 1826 , à Teffet de sabyeair aux dépenses
de constractîon d'une prison dans la TÎlle de Ljon y pour
remplacer celle de St. Joseph,
. Le montant de cette imposition extraordinaire s'élèye ,
par année , à 11 1,537 fr. 9 qui sont exclasÎTement aflTectés
aux trayaux de la nouyelle prison.
BUDGETS D£ 1828.
I .^ Budget des dépenses fixes et communes à plusieurs
départemens , dont les fonds sont faits par le trésor rojaî.
Ce budget alloue 80,000 fr. au département pour concon-
rir à l'acquisition des maisons destinées à l'emplacement
du nouveau palais de justice*
. a.^ Budget des dépenses variables , etc.
Chap. I. Hôtel de la préfecture , entretien du
mobilier, chauffage et éclairage du corps-^de-garde,
contributions à acquitter 2,58o
Chap. II. Dépenses ordinaires des prisons dé-
partementales , maisons d'arrêt , de justice et de
correction 749I10
. Chap. III. Secours , ateliers de charité , subven-
tion à rAntiquaille • 4&000
Chap. IV. Gendarmerie départementale i6,5oo
Cbap. V. Dépenses variables des cours et trîba-
nao^x a5,34o
Chap. VI. Bâtimens civils 9 constructions, en-
tretien 119,000
Chap. VIL Travaux des routes départementales
et autres d'intérêt départemental , non compris au
budget des ponts et chaussées , indemnités de 'ter-
rain pour dépossession en i8a8 ii5,ooo
Chap. VIII. Dépenses ordinairesdesen£ims trou- .
▼es et abandonnés 1 75,000
( 445 )
Chap. IX. EncottragemenB et secoars , socii^tës
savantes > instruction primaire y vaccine , ëlèves
sages-femmes , sourds-maets^ société maternelle 9
réparations d'églises et presbjtèi^s j etc. iS^gSo
Chap. X. Dette départementale , ou complément
des dépenses appartenant aux exercices de 1826
et antérieurs 497^8
Chap. XL Dépenses diverses et imprévues.
Ce fonds pourvoit aux primes pour destruction
de loups , frais de route et séjour des forçats li-
bérés , épidémies , épizooties , traitement des
insensés à la charge du département , tables dé-
cennales 9 frais des collèges électoraux , etc. . • • 27,017
Le total des dépenses variables portées à ce bud-
get est de • 616,487
La somme accordée par le ministre de Fintérieur ,
sur le fonds commun est en 1827 , de Soa^ooo
5.® Budget des dépenses d^ utilité départementale^
imputable sur les cinq centimes facultatifs votés
par le conseil général , en vertu de la loi du 24
juin 1807.
Le montant des 5 cent, s'élève, comme en 1827 a 1 52,920.
Cette somme est applicable au supplément voté pour le
cal te diocésain , au supplément de fonds pour les divers
travaux publics , au secours accordé à la maison du refuge
des condamnées libérées.
4*^ Budget extraordinaire d'utilité départementale , impu-
table sur les 5 cent, votés pour quatre années par le con-
seil général (loi du 22 mai 1825).
Les r 1 5,000 fr. provenant de cette imposition sont exclu-
sivement dépensés aux constructions de la nouvelle prison.
PROPOSITION DE BUDGET POUR 1829.
Les budgets qui ne seront définitifs que lorsqu'ils auront
été réglés et arrêtés par le gouvernement ^ .doivent être
( 446 )
imprimes. On donnera sealement ici quelques explications
sur les articles qui appellent plus spëcialement TattentioiL*
BUDGET DBS DÉPBlfSBS VARIABLES ORDINAÎRES.
A
Dépenses ordinaires des prisons départementales» Une
augmentation de S^ooo fn paraît indispensable. L'expé-
rience du passé démontre qu'elle est à peine suffisante^
Achèvement de Vhàiel de là préfecture. Il reste à terminer
l'intérieur de Tàile orientale ^ dite anciennement maison
Romand» L'architecte présente un devis de i3,ooofir. Les
devis généraux ne portaient que 2^600 fr. pour dépenses
imprévues 9 tandis qu'elles sont ordinairement ëleTées an
âo.^ de la dépense totale.
Palais de justice» Les plans des architectes 4^ Paris et
de Ljon ont été examinés par une commissioUi L'însuiS-
sance du terrain désigné parait généralement reconnue*
Déjh le conseil des bâti mens civils avait demandé que le
périmètre total s'étendit jusqu'à la rue S. Jean. La pm<^
dence et l'économie voulaient qu'on essayât, par l'applica*
tion des plans détaillés et complets , de tirer le meilleur
parti du terrain convenu. Aujourd'hui la question semble
résolue en faveur du système d'extension*
Le premier projet présentait pour 6 à 700,000 f. de mai-
sons à acquérir. Celles à acheter pour compléter l'empla-*
cément , sont estimées 44^9000 f. Les fonds combinés du
trésor (1) « du département et de la ville suffiront à cette
dépense considérable et à celle des constructions ^ si on
prend le temps nécessaire, et qu'on apporte dans cette
entreprise la prudence et la circonspection que son impor-
tance réclame.
Le prix des maisons acquises et payées s'élève , en ce
moment , à 555,ooo f. \ une somme de 749O00 £r. est dis-
ponible pour continuer les acquisitions.
i*rfa
(1) Les sommes fournies par le trésor sur le ffinds commun ,ovt
centralisé, remplacent la portion de dépense relative ans coors royales
i{nt supportaient autrefois les dëp.nrteme&4 du ressort.
( 447 )
Nouvelle caserne de gendarmerie. ' Lô projet réduit âe
660,000 fr. à 475,000 fh 9 est en pleine exécution. 209^006 f«
sont disponibles pour cette entreprise 9 qui n'admet aucun
retard 9 puisque la yille de Lyon doit ^ suivant le traité
conclu , être mise eu possession du local des Augustins
le 1.®' janvier i85o.
Nouvelle prison en remplacement de celle de S. Joseph^
On peut apprécier maintenant la valeur des objections qui
se sont élevées de toutes parts contre Tadministration lors<-
qu'elle annonça le choix qu'elle avait fait d'un emplace-
ment à Perrache pour celui de la nouvelle prison. Ces
obstacles ont retardé de deux années le commencement
des travaux , et causeront au département un surcroît de
dépenses assez notable 9 à l'expiration très-prochaine du bail
de la prison de S. Joseph.
Le sol de la nouvelle maison de détention est partout
élevé' d'un demi-mètre au<»dessus de la chaussée Perrache 9
cependant aucun détenu , pas même les forçats attendant
la chaîne , ne seront couchés au rez-de-chaussée.
Les dépenses de cette construction sont évaluées à
7609000 fr. } plus de 200,000 fr« sont disponibles , et sont
plus que sufiisans pour assurer et maintenir l'activité de»
travaux.
Routes départementales. Chaque année voit heureuse-
' înent accroître les ressources qu'il est possible d'affecter
'à ce service si important. Avant 1820 ^ ce fonds était au-
dessous de 5o,ooo fr.
En 1825 , et années suivantes , il est monté successive-
ment à 66,800, 91,000 , 106,000 et 1 19,000 fr. Ce dernier
chiffre approche beaucoup de celui que M. l'ingénieur en
chef assigne "k l'entretien futur de toutes nos routes dé-
partementales , après leur achèvement complet.
N.® I. Roule de Lyon à Montbrison, Cette route est plus
fréquentée depuis la construction du pout de Montrond.
Elle est généralement en bon état. Il reste des escarpe-
mens 2i iaire aut roches de Grézieux.
(448 )
K^ 2. Route de l^on à Trévoux» Cette roate , sur uu
fonds mêle d'argile , n'a jamais été étudiée ^ jamais oa
n'a songe à en relever le sol , coarert d'un mètre* et
demi d'eau sar une grande partie dé son étendue, pen-
dant les crues de la Sa6ne« Un travail régulier et persfëvérant
d'amélioration doit être entrepris sur une communica-
tion aujourd'hui fréquentée et importante. On a commencé
par quelques travaux urgens aux abords de l'Ile-Barbe , et
par la reconstr action du pont de Rochetaitlêe. Une chaus-
sée va être établie dans la plaine de Fleurienx* On ne
porte pas à moins de 140,000 fr. la somme nécessaire
pour mettre cette route en état , sans 7 comprendre les
perrés défensifs sur la rivière. Cette dernière dépense ,
qui excédera 20O9OOO fr. y devra être demandée aux fonds
de navigation. Tels sont les besoins d'une route qoî n'a
que 16,000 *". de longueur dans le département.
N.^ 5. Houle de S. Symphorien à Anse , par la vallée de
la Brevenne. Cette communication , qui n'était presque
d'aucun usage , il 7 a peu d'années , a été partout réparée
et élai^ie. Plusieurs ponts et ouvrages d'art ont été cons-
truits ; aujourd'hui elle est fréquentée , même par les
voitures publiques. Malheureusement la violence des eaux
en 1827 lui a fait éprouver de graves dommages , et l'a
coupée sur plusieurs points. Les constructions des envi-
rons de Bressieux ont été entièrement bouleversées par la
trombe du 22 août. Les fonds affectés à cette route passent
tons en réparations.
N.^ 4* R<^^^ de la Saône à la Loire , par Beaujeu, Cette
route 9 établie sur un bon sol , est dans un état satisfai-
sant. Les travaux d'élargissement faits à V Etroit pont, sont
'terminés et soldés.
N.® 5. Route de Villefranche à Roanne , par Thizy.
Cette routie n^est , pour ainsi dire , qu'en projet , et la
dépense à faire pour son ouverture complète , est certaine-
ment hors de propoi*tion avec son utilité présumée , au
moins dans l'état actuel des choses. En effet, cette de'-
( 449 )
pense , sur une longueur de plus de 38,ooo ^0 y est évaluée
il 56o>ooo fr. Il est donc sage de se contenter d'ei\tretenir
l£i partie ouverte de Denicë à la Saône , par Yillefranche ^
et d'améliorer , h l'antf e extrëmité | la commi^Dication 9 i
fréqiientée entre Thizy et Roanne. L'escarpement des ponts
rend ce dernier projet d'une éxecution difficile et dispen-
dieuse. Le commerce de Roanne offre d'j concourir , mais
d'une manière insuffisante.
N.<* 6. Route de Villefrancht à Feurs , par Tarare. Au
mojen de travaux importans qui se poursuivent avec acti-
TÎté., .cçtte ligne de communication nouvelle sera bientôt
entièrement ouverte entre le centre du Beaujolais y Tarare
et S. Etienne.
. N. 7. Route de lyyon à Charolles y par la vallée cPAzer^
gués* C^tte route , dont la longueur est de plus de 52,000™. ^
a été entièrement ouverte par les communes* Le départe*
ment pourra faire, travailler successivement à quelques
travaux d'art , mais il ne prendra cette route à l'entretien
que lorsqu'elle aura été entièrement terminée par le»
communes*
N.o 8. Route de Tarare à Thizy ^ ouverte par les com-
inunes. Leur bonne volonté s'est un peu ralentie à raison
de la stagnation du commerce dans la montagne , et des
prétentions exagérées des propriétaires pour les indemnité?
du terrain.
N.^ 9* Route de Lyon à Crémieux. Cette route , qui
n'a dans le département que 1,960"". de longueur, peut
acquérir et conserver , à peu de frais , une bonne viabilité*
Le département ne s'est cbargé de l'entretenir que lors->
qu'elle aurait été mise en état par la commune de la
Guillotière.
Les fonds affectés aux routes départementales , permet-
tent de fortifier partout l'entretien (i) , et d*aider les com«-
(1) Les précédentes années, on n'avait pu mettre que 34, 36 et 38 c.
pour Tentretien des routes départementales. Il coûte aujourd'hui 5oc.
par mètre courant. Celui des routes royales ya à 930. le mètre courant*
Tome FUI. ag
p
( 45o )
mânes danâ les trayaux qu'elles exécuteraient atil routes
A.^' 3, 69 7et8; mais ccnnme il est important de ne
pas trop disséminer les fonds à employer en trayaax neufs)
on doit, arant tout, s^attacher à terminer la route a.® 6)
et à reprendre , dans toute sa longueur , la route n.® 2.
La route de Givors à S.t® Colombe , quoique non dépar-
tementale , appelait aussi un secours ^ mais il paraît plus
convenable de le reporter sur la traverse de S.t® Colombe
îl Gondrieu , attendu que là Compagnie Seguin , conces-
sionnaire du nouveau pont de Vienne, offre d'ëtablir,à
ses frais j un chemin entre le débouché de pout à S.t'
Colombe et Givors.
Enfans trouvés et abtindonnés. Cette charge, toajoors
croissante , et Tune des plaies de la France , se fait parti-
culièrement sentira ce département. Au 5i décembre der-
nier, il existait, tant à la campagne qu'à rhospice,87iieie
fans , ce qui donnait , pour 1827 , an accroissement de
576. C'est à peu près le taux de raccroiasement annuel. li
n'est pas dû seulement au plus grand nombre d'enfans
exposés , on doit reconnaître que les soins de conservatioa
y entrent pour beaucoup*
' La dépense des enfans entretenus à Textérieiir , a dépassé
l'année dernière 45 i^ooo fr. , ce qui fait , par tête , 5af. 19c. }
en 1^85 9 la dépense était de 54 fr. 60 c. A Paris, la dé-
pense est d'un quart plus forte qu'à Lyon.
' Le' département fournit à cet o^clvre une éontribùtiou de
1 75,000 f. sur son budget variable ; c'est-à-dire , 55 c. poni^
franc de son montant. On a demandé souvent que les dé-
partemens voisins , qui jettent à Lyon une partie de leurs
enfans , fussent tenus de contribuer à leur entretien. Cette
répartition offrirait les plus grandes difficultés. On doit
observer aussi que c'est en considération de la charge
'extraordinaire qu'il supporte pour ce service , que le dé*
partement est si largement rétribué sur le fonds commao.
i
( 45t )
MONTANT ET SITUATION
DU RECOUVREMENT DES CONTRIBUTIONS DE 1827 ET 1828
CONTRIBUTIONS DIRECTES
EN PRINCIPAL , CENTIMES ADDITIONNELS ET TOUS AUTRES ACCESSOIRES.
è
FONCIÈRE.
• •
Personnelle
et
Mobilière.
PORTES
et
Fenêtres.
PATENTES.
FRAIS
de
premier
avertis-
sement.
TOTAL.
<
bn. 1827.
^n. 1828.
3265991 78
3260894 63
842033 41
840889 95
368654 94
368622 70
999^97 »
1824400 72
65oi 80
655460
5482578 gl
55ol362 6<
'iffcrence;
2n plus .
^ moins.
6097 i5
1143 46
32 24
25oo3 72
52 80
» y
18783 9:
Toat 1827 ëtait recouvre au i.*' septembre, moins 23,000 f.
1828 est au courant,
l'es frais faits aux contribuables, ont été en 1827 de i fr. ^5 c.
«r 1000.
Dans les 9 premiers mois de 1828 , i fr. 96 c. par 1000.
U est à remarquer que ces frais sont beaucoup plus considérables
*^ l^arrondissement de Villefrancbe que dans celui de Lyon.
( 45a )
Modéraiions et secours. Chacjue année la loi des finances
met à la disposition de chacun des ministres de Tinté-
rienr et des finances 9 nn centime sur les contributions
directes ^ sous le titre de fonds de remise , modératioa
et secours.
Le centime attribue au ministre des finances , a pour
objet d'accorder aux contribuables des remises de con-
tributions 9 proportionnées aux pertes de revenus qu'ils
ont pu ëprouver.
Le centîmç réserve' au ministre de l'intérieur, a pour
destination de couvrir une partie des pertes causées par
ies intempéries , incendies 9 épizooties , etc. , -et autres
événemens imprévus.
D'après la loi , 1/3 de centime est affecté pour les
mêmes causes à chaque département. Ce fonds , qui est in-
variable^ monte , pour le département du Rhône, à 8860 f.
Le minisfre des finances 7 a ajouté . • . 12000
Celui de l'intérieur 345oo
£t de plc^s quelques allocations individuelles
en faveur des propriétaires particulièrement mal-
traités , et montant à cSSo
Total 64891
Répartis suivant les trois états soumis au conseil général,
et d'après une instruction soumise à des formes parti-
culières.
Impositions extraordinaires des communes. Les com-
munes rurales du département du Rhône sont généra-
lement sans aucun revenu , et n'ont , pour faire face
à leurs dépenses , que le faible produit des 5 cent
du capital de leurs contributions directes. Il n*j a que
douze communes rurales dans tput le département qui
ayent un excédant de recettes sur leurs dépenses ordi-
naires , trente peuvent balancer les unes par les autres;
deux cent huit ne peuvent , avec leurç resjSQurces ordi-
( 455 )
naîres , suftre à leurs besoins annuels. Elles doirent, eif -
effet , pourvoir au parement de leurs gftrdes-chan^pétres ,
à Tentretien des maisons communes , dglises f presbytères
et cimetières ; suj^pMm'ent de traitement aux vicaires (i) ,
achat des registres de Tëtat civil et autres menues dé-
penses qui sont de nature à se renouveler tous tes ans :
l'ordre exigé aujourd'hui dans leur comptabilité , aug-
mente les frais et le travail. Indépendamment de ces dé-
penses annuelles , il en est d'extraordinaires , telles qbe
les agrandissemens ou reconstructions d'églises et pres-
bytères , acquisitions de cimetières à la distance légale ,
réparations de chemins vicinaux , etc. | auxquelles' il est
plus ou moins urgent de pourvoir.
Toutes les demandes des communes tendant k s'im-
poser extraordinairement , sont examinées avec soin et
réduites à la stricte mesure des besoins. Une ordonnance
approbative du roi est nécessaire pour percevoir ces im-
positions 9 lorsqu'elles ont été votées dans les formes
légales.
Les impositions extraordinaires autorisées en 1828 y
s*^èvent à 147,000 fr. : c'est 7000 fr. de moins qu'en 1827.
Sur cette somme 41^000 fr. appartiennent aux dépenses
ordinaires et 100,000 fr. aux dépenses extraordinaires. Les
réparations aux chemins communaux ont absorbé une
partie notable de ce fonds.
Les deux sommes portées annuellement au budget, sous
le titre de Secours aux communes pour églises et pres"
bytères , et pour ateliers de charité , ont été distribuées
(1) Le traitement des curés et desservans est à la charge du trésor.
Les vicaires , lorsqu'ils sont demandés par les communes , reçoiycnt
Ae rétat un traitement de 5oo fr. , et ne sont nommés qu'à la charge
par les communes de leur compléter , par une allocation semblahle ^
la somme annuelle de 600 fr. Plusieurs conseils ttianicipaux votent
aussi un supplément à leurs desseryans.
( 454 )
gnlvant le taUôan prâenté aa conseil, d^aprësies besoins
des communes , et comnM encoaragemens et rëcompease
de lears efforts.
Chemins vicinaux, La restauration des chemins TÎci-
naox a fait quelques progrès en 1827 et 1828 5 cepen-
dant près de la moitië des communes est en retard, et
n'a tire aucun parti des moyens crëës par la nouvelle lé-
gislation sur cette matière.
L^entretien et la restauration des chemins communaux
figure pour plus de 74,000 fr. dans le tableau des imposi-
tions communales de 1827 , et pour une somme ^ peu
près égale en 1828. Indépendamment de ces ressources ,.
les habitans d'un assez grand nombre de communes ont
formé Tolontairement des ateliers , à la foix des maires et
il l'exemple des principaux propriétaires , sans qu'il ait été
besoin de recourir aux formalités de la loi.
Le ministre a autorisé la création d'un commîssaire-
▼ojer par arrondissement , pour diriger les travaux d'art ,
les rectifications importantes , ou les ouyertures de non-
Telles communications. 2000 fr. sont portés au budget pour
subvenir au traitement de ces deux agens.
Cadastre. Un centime et demi seulement avait été voté
pour suivre les travaux du cadastre en 1828. Le produit a
ëté insuffisant à raison de l'activité des travaux,
Les deux derniers cantons sur lesquels on avait à opérer ^
seront arpentés cette annëe et l'année prochaine ; il ne
restera plus alors à cadastrer que la ville de Ljon.
Produit des administrations financières dans le départe^
ment. Les douanes ^ les contributions indirectes , l'enre-
gistrement, les postes, ont donné, en 1827, près de
600,000 fr. d'augmentation sur 1826. La loterie seule a
éprouvé une diminution de recette d'environ 75,000 fr. ;
depuis 1824 ^^8 produits financiers du département n'ont
cessé d'être en progression soutenue.
( 455 )
. Dette départementale. Ce chapitre figare pour la première
fols avec quelqu'importance dans le budget.
A raccrolssement de dépenses caasé par l'augmentation
du nombre des détenus aux prisons , et des insensés trai-
tés au compte du département , il faut joindre , cette année ,
ce qui reste du sur les élections de 1827, pour confection
de listes , impressions y affiches 9 réglé par S. Exe. le
ministre de l'intérieur :
Les frais des élections de 1828 :
Ceux de l'impression de la liste générale du jurj , en
1828. La dépense de ces trois articles excède 3o,ooo fr.
Elle se place au chapitre des dépenses imprévues , mais
u'a pu être couyerte par les fonds ordinaires alloués à ce
. chapitre.
Routes royales et ponts. Ce service , en 1827 , était porté
au budget des ponts et chaussées pour 2419OO0 fr* , dont
.178,000 fr. pour entretien , ce qui le porte à 92 c. par
mètre courant , taux éleyé 9 mais encore insuffisant. Ce-
pendant l'état de ees routes se trouve généralement amé-
lioré par l'emploi des ateliers ambnians. On peut en juger
par l'état où se' trouve actuellement la montée de Lïmonest.
Les 62,960 fr. employés en travaux neufs j ont été em-
ployés ainsi qu'il suit :
Route de Paris ) n.^ 6.
Réparation de la pile gauche du pont du Change
Enrochemens jetés, au pont de la Guillotière . . . V 664 1
Indemnité
1 de la pile gauche du pont du Change )
ens jetés, au pont de la Guillotière • • • > 6641
de travail dans la traverse de Yaise • . \
Route de Paris , p.*^ 7.
• ■
Solde de la rectification de la Croix du Roucher
aux abords de Tarare
Indemnité de terrain et reculemens t,^q^
Indemnité à l'entrepreneur de la montagne de ' ^^
Tarare , suivant décision de M. le directeur
général
( 456 )
If autre part i973o
t
Route n.* 88 9 de Lyon à Toulouse , par S. Etienne.
Payés neufs de la montée des Barolles
Pavés neufs de la montée de S* Genis-Layal* • .
Premier payement du pont d'OulUns y 45^50
Id. du pont de Briguais
Indemnités de terrain
Total 62960
Le service de 1828 a reçu 12,600 fr. de moins que celui
de Tannée passée. Cependant ia dégradation des routes n'a
pas' augmenté ^ quoiqu'on se soit trouvé forcé par ta né-
cessité à porter à peu près tous les fonds applicables aux
travaux neufs , sur la route de St. Etienne ^ et au couver-
tissement en pavés neufs des anciennes chaussées gravelées
comprises entre le pont d'OuUins et la montée' des Esses.
Tous les ouvrages prescrits aux abords du pont d'OuUina
sont terminés.
Lé pont de Brignais vient d*étre achevé ; mais* pour en
livrer le passage au public ^ il teste à faire l'acquisition
de terrains et bâtimens à travers lesquels passe la nouvelle
direction de la route aux abords de^ ce pont. Cette dé-
pense est trop considérable pour espérer qu'elle puisse
être prélevée sur les fonds de 1829. Il convient de Tes*
* treindre le projet de la nouvelle traverse à ce qui est in-
dispensable pour ouvrir le passage par le nouveau pont ,
ce qui pourra s'effectuer avec une somme de 10,000 fr.
au plus.
Si les fonds accordés pour 1829 le permettent 9 on
pourra , dans le cours de cet exercice, entreprendre , soit
la rectiRcation de la traverse d'Anse , soit l'adoucissement
de la côte de l'Ârbresle. Toutes les conditions préliminaires
sont remplies pour l'entreprise de ces grandes améliora*
tions y toutes deux également désirées.
T — - —
( 457 )
TRAYÀITX DE MARIGATIOM.
Les fonds disponibles en 1827 , pour le service de la
navigation ont été répartis entre les entreprises suivantes :
Fleuve du Rhône. Premiers travaux et approvisionne*^
mens dp quai S. Clair.
Digue.de la Yitriolerie.
Réparations aux bacs d'Irigny , Givors et Ampuis.
Opérations préliminaires pour Tendiguement du Rhône
au^essus du pont Morand.
Rivière de Saône. Achèvement du quai de Bondy.
Achèvement de la deuxième partie de la digue de la
ceinture Perrache.
Construction de la troisième et dernière partie de la
'ïnéme digue«
Continuation d'achat et démolition des maisons de Ift
Pêcherie.
Elargissement au chemin des £ti*oits»
Sur douze grandes adjudications ou objets de dépense y
-huit étaient terminées et soldées à la fin de 1827.
Toutes les entreprises qui comprennent des travaux
situés dans l'intérieur de Lyon ^ s'exécutent à frais com-<
muns entre la ville et le gouvernement.
En 1828 9 la ville qui se trouve déjè assez notablement
en avance 9 fournit aux travaux de navigation une somme
de 9 2149O00
Le trésor •....•••. 180,000
La Guillotière a promis pour les travaux aux-
quels elle est intéressée 52,5oo
Total , 426,600
Sur ces sommes , 200^000 fr. sont nécessairement affec-
tés au payement des maisons démolies à la Pêcherie. La
digue de la Yitriolerie absorbe environ 100,000 fr. *, la
( 458 )
continuation de la ceinture Peirache ^ 4S)<)^^ ^r* 9 enfin 1«
réparation au chemin de hallage peur S.t^ Colombe , quel-
ques autres ouvrages urgens le long du Rhône , les soldes
dëfinîtîfs et règlemens de travaux terminas , à la charge
du personnel , ne laissent disponible , pour' le quai St
Clair , qu'une somme de 2.^9000. Si les fonds destinés à cette
dernière entreprise se sont trouvés ainsi réduits > malgré
son urgence , c'est aussi parce qu'on ne peut travailler
aux fondations que lorsque les eaux du Rhône sont des-
cendues au-dessous du niveau de l'étiage , ce qui n'arrive
que pendant les derniers mois de l'année , et n'a malheu-
reusement pas eu lieu dans tout le cours de l'année der^
nière. Les fondations une fois établies , les travaux seront
poussés activement , au moyen des approvisionnemens
dont le chantier est pourvu et encombré.
Au moment où l'élargissement du quai St. Clair venait
d'éti*e ordonnée par M. le directeur général des ponts et
chaussées , et les travaux adjugés , on a malheureusement
été forcé , par la progression des attaques du Rhône sur
la rive gauche , de porter sur cette ligne une partie des
fonds de navigation ^ qui ne peut en être détournée.
Dans cet état de choses , il faut du moins s'en tenir à la
continuation persévérante des travaux commencés , et ne
hasarder aucune entreprise nouvelle. Si l'augmentation des
allocations l'eût permis 9 on aurait proposé , en 182931a
mise en exécution de trois projets d'une utilité manifeste.
Le premier est l'achèvçment du quai de Pierre-Scize ,
jusqu'à l'entrée de Yaise ;
Le second est le relèvement du quai St. Antoine 9 poor
le mettre à Tabri des inondi^tions de la Saône ;
Le troisième , est la construction d'un quai sur la rive
gauche de la Saône , entre le pont de l'archevêché el
celui de l'arsenal.
( 459)
SOMMAIBE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIl GÉNÉRAL DU
DÉPARTEMENT.
Contributions. La nouvelle répartition des contributions
avait éié mise en vigueur par les rôles de 1828. Quinze
rëclamations en surtaxe ont été soumises au conseil gêne-
rai , avec Tavis des conseils d'arrondissement. Huit ont éié
jagëes non fondées. Six demandes ont donné lieu b des
dégrévemens peu considérables. Une a été ajournée. Le
petit nombre et la moindre importance des réclamations
fondées doivent être considérées comme une preuve de
la justesse et de l'équité de la répartition nouvelle.
Le conseil remarque avec peine , par le tableau des frais
de poursuite et la situation des recouvremens des contri-
butions directes , que la rentrée s'est opérée avec beau-
coup plus de difficultés que les années précédentes ^ il
signale les causes de cette difficulté dans le grand nombre
d'orages qui ont dévasté les récoltes sur plusieurs points
de ce département , l'avilissement du prix des vins , qui
forment le principal produit de son territoire , et le rai-
lentissement des travaux industriels qui exercent une si
grande influence sur le mouvement des consommations et
la valeur des denrées.
Cadastre* La suite des opérations cadastrale a fixé aussi
l'attention du conseil. Il est peu de départemens dont le
cadastre soit aussi avancé que celui du Hhône. Â. l'excep-
tion de deux cantons ruraux et de la ville de Ljon , tout
le territoire est cadastré. Les deux cantons ruraux seront
arpentés dans la campagne de 1829 9 et l'administration
s'occupera des bases spéciales sur lesquelles on devra
procéder pour la ville de Lyon. Le conseil a voté trois
centimes additionnels pour le cadastre , qui assurent la
continuation active de cette importante opération.
( 46o )
Comptes du département. Le coaseil a approuvé le compte
final de l'exercice de 1826 et le compte provisoire de
Texercice 1827. Ces comptes ont fi^ë partîcaHërement
Tattention dn conseil par la circonstance assez grave d*Dn
déficit de 449<^^^ 9 ressortant de l'ensemble de la gestîoa
de ces deux exercices , et qui a pour cause : 1 .^ l'acrois-
sèment de la population des. prisons ; 2.^ Taugmentation
du nombre des insensés à la charge du département ;
5.^ la dépense des tables décennales de l'état cWil ; 4.^ les
frais d'élections et de réélections de 1827 à i8a8 y 5.^ et
enfin ceux des listes du jury.
Le budget de 1829 sera imprimé et publié- lorsqu'il
aura reçu la sanction du gouvernement.
Les articles de ce budget qui sortent du mouvement
ordinaire annuel de Tadministration , ont été l'objet des
délibérations spéciales du conseil général. On distingue
parmi ces délibérations 9 celles relatives au projet d'un
nouveau palais de justice 9 ^ la construction de la prison ,
et aux routes départementales.
Palais de Justice. Le conseil insiste sur Tatilité de
iiuivre cet important projet , et il vote 72,000 fr. pour con-
tinuer l'acquisition des maisons dont la démolition est
nécessaire pour former' remplacement. Le département a
fourni 9 dans les exercices antérieurs , 2289O00 fr. , ce qui
élève à 5oo,ooo fr. la subvention pour cette entreprise 9
jusques et j compris iSsg. Le gouvernement et la ville de
Ljon n'ont pas encore fourni dans la même proportion.
Nouvelle prison de Perracke» Le conseil appelle l'atten-
tion de l'administration sur l'insuffisance de quelquèsHins
des locaux de cette prison , si l'on suit exactement les
plans adoptés , attendu l'augmentation notable qui se ma-
nifeste dans quelques classes de détenus , et spécialemeot
,dans celle des détenus pour dettes et dans eelle des enfans.
Il autorise M. le préfet à traiter avec les propHétaires
de la prison de St. Josepb pour une prorogation du bail
t 46i )
actuel 9 pendant une année ^ la prison en conAtraction ne
poayant être achevée le 25 juin 1829 , terme du bail.
Dans le cas où l'es propriétaires ne consentiraient pas à
cett^ prorogation à des conditions modérées , l'adminis»
traiion fera les dispositions nécessaires poar distribuer 1«
population de la prison de St« Joseph dans les prisons de
iRoanne et de Yillefranche.
RoMites départementales. Le conseil regrette de ne pou**
Toir affecter plus de fonds aux routes départementales , et
notamment aux routes neuves de Turrondissement de Vil^
lefranche. Il considère comme important de centraliser ies
fonds affectés aux travaux neufs , sur un petit nombre
de points , où ils produisent de prompts et de bons effets.
C*est dans cette vue qu'il affecte la presque totalité des fonds
réservés aux travaux neufs à la route n.^ 6 ^ de Yillefranchie
h Tarare , qui est ouverte sur tous ses développemens ^
à l'exception d'une lacune de 5 à 6 mille mètres , et à la
route n.P 2 , de Lyon à Trévoux , pour l'escarpement
des rochers et la construction d'un .mur de soutènement
en face de l'Ile-fiarbe , et pour le relèvement de celte
route qui est submergée dans les crues ordinaires de la
Saône , entre Rocbetaillée et Neuville. Il a alloué ^ d'ail-
leurs , i6fOOo îjl\ pour être distribués aux communes qui
montreront le plus de zèle dans les travaux d'ouverture
des routes neuves.
Routes royales. Le conseil demande que les fonds alloues
jusqu'ici pour ce service , soient augmentés. Il appelle
particulièrement l'attention de l'administration sur la né-
cessité de reconstruire le pont de la Mulatière , sur les
inconvéniens qu'il voit à combiner sur un même pont le
service du chemin de fer et celui du public. Il demande
qu'un pont en pierre soit construit pour le public seul j
que le gouvernement en fasse la dépense , et qu'il soit
affranchi de tout péage , ou que du moins , s'il 7 a néces-
( 462 )
litë de recourir à une concession j sa durëe n*excëdc pu
quarante ans.
Travaux de navigation. Le conseil insisfe aussi pour
que les fonds alloues au département , pour ce service ,
soient notablement augmentés. Il signale surtout Turgente
nécessite de reprendre avec activité les travaux du qu»
St. Clair , qui laissent dans un état déplorable d'obstruc-
tion et d'insalubrité l'un des plus beaux quartiers de la ville.
Commerce et industrie. Le conseil général porte un re-
gard douloureux sur TéUt de décadence de nos manufac-
tures et sur les rivalités qui les menacent au dehors. Il
appelle l'attention de l'administration sur la double charge
qui pèse sur la fabrique d'étofifes de soie de Ljon , par
les droits de douane perçus à la frontière , qui ne Jaisseut
arriver les soies étrangères au marché de Lyon, qu'odes
prix supérieurs , et sur l'élévation du tarif de Toclroi de
la ville de Lyon , qui rend l'existence de la classe ouvrière
infiniment plus coûteuse que dans les autres pays manu-r
facturiers 9 et qui ne permet pas de fabriquer au même pri^
SOBCMAIRE n£S DELIBERATIONS DES CONSEILS D'ARAONDISSEXEirr
DE LTON ET DE VILLEFRANCHE*
Conseil d^ arrondissement de l(yon*
Contributions. -» Le conseil exprime son avis sur diî
demandes formées par des communes en dégrèvement de
contributions, et il confirme la fixation qu'il avait faîte
dans sa précédente session , du prix de la journée de
travail) pour servir de base ^ la contribution personnelle.
Octroi de la ville de t^on. — Le conseil demande
une réduction notable dans le tarif, autant dans l'intérêt
des pays producteurs que dans celui de la ville elle-même.
( 463 )
Il s^àppaie sni^ ce qae la différence Au. prix des tIos
idans rÎDtérîëur et dans la banlieue , peut déterminer 1* émi-
gration de la population ouvrière dont les ressources sont
aujourd'hui si bornées , et fait valoir d'ailleurs que la
ville trouverait dans Taccroissement des cônsommaETons ,
une compensation à la réduction du tarif.
»
- Routes. -^ Le conseil appelle l'attention de l'adminis^
tration sur le mauvais état de la routfe de Lyon à Trévoux ^ -
et sur la nécessité d'améliorer la route de Lyon à Beau-
caire , entre Givors et Gondrieu.
Établissement ttune justice de paix à là Guillotière. —
D'après la population toujours croissante de cette corn--
mune, aujourd'hui peuplée de 189O00 habitans, le conseil
reconnaît la nécessité d^une justice de paix et appuie la
demahde de l'autorité locale*
Ecole vétérinaire* La création d'ane troisième école ^
i^tablie à Toulouse 9 excite la sollicitude du conseil , comme
menaçant l'existence ou du moins l'importance de celle
de Lyon. Le conseil demande que cet intéressant établis-
«ement ^ qui est le berceau de l'art vétérinaire et qui a
prodait les sujets qui ont le plus concouru à l'avancer
et à le perfectionner 5 ne soit pas réduft à un rang se-
condaire.
Bibliothèque Adamoli, — Demande d'un secours pour
achat de livres destinés à compléter cette bibliothèque ^
que l'académie de Lyon et le public doivent à la mn-
nificence d'un citoyen recommandable.
Toutes les propositions et demandes du conseil d'ar-
rondissement de Lyon , ont été accueillies par le conseil
général du département , à l'exception de celle qui con-
cerne la bibliothèque Adamoli, qu'il a considérée comme
étrangère à l'administration départementale.
( 464)
• • • , ■ • •
Conseil dP arrondissement de Villefrandie»
Le conseil s^est borné à appeler l'attention de Tadmi-
nlstratîon sur quelques réparations à faire aux ëtablîsse-
mens publics et sur les routes nouyeltes projetées dans
l'arrondissement , et notamment sur la route départe-
mentale die Villefrancbe à Roanne , par Tbisj ^ qui né-^
q/essite une dépense très»considérable et que l'admini»**
tration se yoit à regret forcée d'ajourner.
La décadence des fabriques du baut Beaujolais a sn^éré
au conseil la deqiande de fonds d'atelîers de cbarité pour
offrir du travail et des ressources à la classe manufac-*
turière luoccupée.
Les Totes du conseil d'arrondissement de Villefrancbe
ont été pris en Considération par le conseil général.
GEOGRAPHIE. - HISTOIRE.
, IIVTÉRIEUR DE L'âFRIQITB.
Lyon I 5o octobre i8a8.
M. Caillé , dont les journaux ont annoncé Tarrivécà
Toulon , \ient de passer à Lyon , se rendant à Paris , où
il est appelé par le gouvernement , à la demande de la
société de géographie. Si ce voyageur n'est pas* le premier
européen qui ait pénétré à Tomb'uctou\ du moins îl est
le seul qui puisse donner , d'après son témoignage per-
sonnel » des notions exactes sur une vUie qu'on s* est plu
à environner de tant de mystères.
M. Caillé est un homme de 28 à 3o ans, d'une constl-
( 465 )
tutioii sèche et nerveuse ; son teint ^ fortement bruni ,
conserve la trace d*un long séjour dans les régions équi-
noxialès. Il s'exprime avec netteté et simplicité , et tous
ses récits portent le caractère de lexactitude et de la vé-
rité. Son séjour en Afrique date de 1816; il a parcouru
«t habité les pays au Sud et au Sud- Est des établissemens
français du Sénégal , et visité les contrées décrites par
M* Mollienk Dans ses excursions , il avait acquis Thabi-
tude de parler Tarabe vulgaire , qui est la langue des
Maures dans toute l'Afrique , et avait appris aussi le
Mandingue , qui suffit pour être compris de la plupart
des peuplades nègres. Vêtu en Musulman , et professant
extérieurement la religion mahomelane dont tous les rits
lui sont familiers , M. Caillé s'était habilement fait passer
pour un Arabe d'Alexandrie enlevé très-jeune par l'ar-
mée française ) lors de l'évacuation de l'Egypte , et conduit
en France ^ d'où il avait réussi à s'échapper. Depuis il avait
cherché , au moyen d'un petit commerce ^ à gagner de
quoi retourner dans sa patrie.
Les Marabouts, ou prêtres du pays, touchés de sa
situation et de son zèle apparent , furent les premiers à
lui proposer de se joindre aux caravanes qui se rendent
périodiquement sur le Niger, d'où il pourrait trouver
quelque moyen de gagner la haute Egypte. C'était préci-
sément l'objet de tous les désirs de notre voyageur. Re-
commandé chaudement par ses amis , il se mit en route
avec un petit assortiment de marchandises , et iit partie
d'une caravane qui se rendait dans le pays de Wasoulo.
Au bout de trois mois de marche , après avoir traversé
des contrées très-montueuses , vu des pays fertiles, et
passé plusieurs fois le désert, il arriva, en janvier 1828 ,
au bord du Niger, ou Djoliba, et s'embarqua sur un bà-
Tome FUI. 3o
( 466 )
ttment d'environ 60 tonneaux, avec la partie de la cara*
vane destinée pour Tombuciou.
Le Djoliba, dans son cours vers TEst, s'offrit dès lors
à M. Caillé comme un très-grand fleuve , dont la largeur
moyenne n'était pas moindre de deux à trois milles. Il
est sujet à de grands débordemens; les pays qu'il traverse
sont très-plats, et ses bords sont peu élevés.
Ce fut après un mois d'une navigation fort lente,
et après avoir traversé un grand lac , qui ne serah pas
Ci^iui de Tsâd, que notre- voyageur débarqua à Kabra,
sur la rive septentrionale du fleuve. Ce lieu est le port de
Tombuciou. La ville se trouve à 5 railles au Nord , sur la
lisière du désert dont elle est presqu'entîèrement enve-
loppée.
Tombuctou parait être l'entrepôt principal du commerce
de l'Afrique centrale, et le rendez-vous des caravanes
parties de l'Afrique occidentale et des côtes de la Biédi-
terranée. Les barques de commerce , dont quelques-unes
sont du port de 70 tonneaux, s'arrêtent toutes à Kabra,
et M. Caillé ne put obtenir aucun renseignement exact
sur la navigation ultérieure du fleuve , ni sur les contrées
qu'il traverse au-dessous de Kabra. Tout ce que M. Caillé
croit pouvoir affirmer, c'est que toute communication
entre le Niger et le Nil est impossible. Le cours du grand
fleuve s'infléchit au Sud, et s'il ne se perd pas dans
quelque grande mer intérieure , son embouchure doit
être la même que celle du grand fleuve inconnu , qui le
jette par sept branches dans le golfe de Bénin.
Quant à la ville fameuse de Tombuctou , elle consiste,
selon M. Caillé , en un amas de petites maisons construites
en briques séchées au soleil , et ne renferme aucun édifice
de quelque grandeur. Scm circuit est d'environ trois milles,
< 46? ) ,
et sa population fixe ne parait pas exc^er douze mille
habitans. Le séjour des caravanes y répand beaucoup de
mouvement*
lin prince nègre, mahoméian, règne sur ce pays ; mais,
ainsi que dans toutes les contrées soumises aux peuplades
noires , et traversées par M. Caillé , ce sont les Arabes ou
Maures qui , seuls , font le trafic, et sont maîtres de toutes
les affaires.
Le commerce dont Tombuctou est le centre , consiste
principalement en poudre et lingots d'or , en gommes eton
Morfil ( ivoire )é M. Caillé pense qu'il serait très-avanta-
geux aux états européens d établir des relations avec ces
contrées, mais il ne voit aucune possibilité de Tentre'*
prendre directement, tant est grande parmi ces peuples
rhorreur pour la race blanche et pour le nom de chrétien
( Nàsr , Nazaréen. )
La catastrophe du major Laing, qui avait réellement
atteint Tombucloa , a été racontée dans le lieu même à
M. Caillé. Celui-ci , après quinze jours passés dans cette
ville, en est reparti avec une caravane qui , en moins de
deux mois, Ta conduit à Tafilet , d'où il a gagné Tanger ;
là , le consul français lui a procuré les moyens de s embar-
quer pour la France.
C'est à M. Jomard, de l'institut, que M. Caillé est adressé.
On. voit qu'il ne s'est fait d'avance aucun système; il
parait même ignorer les diverses questions agitées entre
les savans et les géographes au sujet de l'intérieur de
r Afrique. Il s'est contenté d'écrire, jour par jour, tout ce
.qu'il a vu et recueilli. Pendant son séjour au lazEireth de
Toulon, il s'est occupé à transcrire et mettre au net
toutes ses notes au crayon-, dont aucune, n'a été égarée.
On doit donc espérer que le public jouira bientôt d'une
( 468 )
relation pleine de détails nouveaux sur une contrée qui
appelle depuis long-temps Tintërét, et qui fixe rattentîon
du monde savant.
( Un de vos abonnés )*
MELANGES.
Parmi les livres de la bibliothèque Âdamoli qui ne
se sont pas retrouvés à la bibliothèque de Lyon , lors de
la restitution faite dernièrement à Tacadëmie , il en est
un qui portait ce titre : Premier livre de Gaspard de
Saillans , gentilhomme , citoyen de Valence en Dan--
phiné , le contenu duquel et des deux autres qui s^ensui-
çront se trouvera cy derrière. A Lyon , par Jacques de
la Planche , iSôg , in-8.^ « Cet ouvrage, dit M. Ada-
moli dans son catalogue manuscrit , est un mélange de
quelques traits de morale , d*histoires et de lettres dont
quelques-unes sont écrites de Valence à des Lyonnab.et
à des Lyonnaises , particulièrement à M.^^^ Louise de
Bourges et aux demoiselles ses compagnes , et dont
d'autres , datées de Lyon où l'auteur faisait quelque sé-
jour , sont adressées à des personnes du Dauphiné.' On
voit au frontispice l'écusson des armoiries écartelëes de
Gaspard de Saillans , encadrées dans cette sentence :
La paix de Dieu en toute saison
Veuille loger en cette maison. 99
« On pourrait , continue M. Adamoli , y ajouter dans
le même style :
Bien entendu tant qa*on verra
Que femme oocqiies n'y l(^era« »
/
( 469 )
La perle de ce vol urne est très-dîgne de regret , et îl
parait bien difficile de la réparer. Nous n'en connaissons
d'exemplaire nulle part. Il est à présumer qu'on y trou-
irerait des choses intéressantes pour Thistoire ou pour la
littérature , comme on en trouve dans presque tous les
ouvrages du même temps.
Le livre de Gaspard de Saiilans est mentionné par du
Verdier , dans sa Bibliothèque ; mais du Verdier se
contente d'en donner le titre et n'enlfe dans aucun dé-
tail sur ce qu'il contient ni sur la biographie de l'au-
teur. Nous pouvons suppléer un peu à son silence en
ce qui touche ce dernier point. Guichenon , dans son
Histoire de Bresse et de Bugey , 3.* partie , pag. 54 1 ,
a donné un article sur la famille des Saiilans , seigneurs
de Brisenod ; on y lit que cette famille est originaire du
Dauphiné , et que le chef en fut Jean de Saiilans ,
■seigneur de S. Julien , anobli pour ses çertus et bonnes
qualités par le roi Louis XII, en i5i2, et qui laissa
quatre enfans , dont Gaspard fut l'ainéi Ce Gaspard de
Saiilans , écuyer , seigneur de Beaumont , est celui qui
composa Touvrage dont nous avons parlé. Guichenon se
* iait absolument sur cette circonstance ; mais il nous ap-
prend que Gaspard épousa , le 7 juillet 1664 9 Louise
de Bourges , fille de Claude de Bourges , chevalier ,
seigneur de Myon et de Vîlle-Urbaine , général des fi-
nances en Piémont , et de 'Françoise de Mpurnay ; et
qu'il eut de ce mariage Jean- François de Saiilans ^
écuyer , seigneur de Courbeville , mari de Claudine
d'Âleschamps , à laquelle il s'unit le 4 octobre i5o5 , et
d*où sont issus les seigneurs de Saiilans et de Courbe-
ville , qui se sont établis dans le Lyonnais. On voit 9
d'après les noms de ses père et mère , que Louise de
( 470 )
Bourges , femme de Gaspard de Saillans , ^tait la soeur
de la célèbre Clémence de Bourges , amie de Louise Labét
et la perle des damoiselles lyonnaises de son temps ^
comme l'appelle du Verdier. Clémence , fiancée à Jean
du Peyrat , tué sur le champ de bataille à Beaurepaire,
le 3o septembre i56i , était morte depuis deux ou trois
ans (f) , lorsque Louise^ maria.
Il est plus que probable que le volume qui fait le sujet
de cet article, nohs fournirait, s'il n*était pas égaré,
sur Gaspard de Saillans et sur sa famille , dès notions
plus amples que celles que nous venons de donner , et que
nous avons cru devoir consigner ici comme appartenant
à la biographie lyonnciise.
6S
BULLETIN HISTORIQUE
PU MOIS D'OCTOBRE 1828.
^ . Nous avons omis , par mégarde , de rendre compte ,
dans le bulletin do mois d'août dernier, de la séance
publique teoue par la société de médecine de Ljon, le
18 dudit mois, sous la présidence de M, le docteur Martin
le jeiine. M« le président a ouvert cette séance par la
lecture de son rapport sur les maladies qui ont régné ^
Lyou , pendant le second semestre de i8a4 et pendant
le premier semestre de Tannée iSaS. M. Parât a pro-
noncé réloge de M* Buitouzac , membre de la société.
■
(i) Yoj. sur Clémence de Bourges la Notice sur I^uise
Labé , pag. xlj-xUj de l'édition des œuvres de cette der-
nière , publiée en i8a4 y '^^ Archives du Rhéne^ tom. III9
pag, 245, etc.
( 47Ï )
M* Chapeau a lu le cQii;ipte rendu des iray^nx de la-cpmr
paguie , depuis le 17 juillet 1826 jusqu'au 4 août 1828,9
et M. TroUiet, un rapport sur les mémoires envoyés au
concours, en 1826, sur deux questions, la première sur
le mchitis^ et la seconde sur la colique dts peintres. Les
conckisionf de ce rapport avaient été adoptées dans là
^ëance précédente; £n conséquence , une mention honorar
ble a été accordée à M. Foulhioux , de Lyon , auteur de Tun
«le ces mén^oires sur le rachitis , et à Vauteur d'un mémoire
sxkx la colique des peintres , portant pour épigraphe : Opir
Mionum commenta , delet dies^eXc» Enfin, un jeton d'or
a été décerné à M. Anquctin , de Paris , auteur d'un mé-
moire sur la même question. M« Chapeau a In ensuite une
iioticâ historique sur M. Kaillard , médecin de l'hospice
«le l'Antiquaille* La séance a été terminée par la procla^^
ovation, faite par M. le président, des questions mises a^
concours pour l'année i85o«
Depuis, cette séance , le Compte rçn4u des observations
sur les maladies régnantes^ etc. ^ par M. Martin le jeune (1),
et celui des travaux de la société ^ par M. Chapeau ^ secré-
taire (2) , ainsi que la Notice du même sur M» Raillard (5) ,
ont été reproduits par l'impression. Nous insérerons
dans un de nos prochains N.^' l'éloge de M. Buitouxac,
par M. Parât.
Voici le programme des prix que la société décemehi
dans la séance publique de i85o.
I ,^ Une médaille d'or de 5oo fr. à l'auteur du meilleur
mémoire sur la question suivante : « Quels sont lès
99 moyens les plus faciles , les plus sûrs et les moins dis-
99 pendieux , pour parvenir à détruire , ou au moins à
99 diminuer , les causes des maladies les plus fréquentés
(1) Lyon , Rusaad , i8a8 , iii-8.» de 44 pagcs.
(a) Ihid , in-8.° de 90 pages.
(5) Lyon, Idt , in-8.® de a3 pages.
( 472 )
» à Lyon ; de celles , surtout , qui résultent de Tînsalu-
» brîté de cette ville ?
2.® Pareille médaille à l'auteur du meilleur mémoîrv
sur cette autre question: u Peut-on considérer le rfat»
>» matîsme et le catarrhe , qui souvent se succèdent ,
» comme un même genre d'affection attaquant deé sjs-
» tèmes différens ? Ces maladies se développent ordinaî-
99 rement sous TinQuence de Thumidité et du fk^oid: ne
9> reconnaissent-elles pas d'antres causes ? Quels sont les
99 moyens hygiéniqoes les plus propres à prévenir ce»
99 affections , et quel est le traitement qui leur convient
99 le mieux ? »
La société décernera , en outre » une ou deux médailles
d'or de loo fr. chacune, à titre d'encouragement, à i'ao-
teur ou aux auteurs des meilleurs mémoires sur des sujets
de statistique , de topographie et de police médicales j
relatifs à la ville de Lyou.
Les mémoires seront envoyés franc de port 9 arant le
'i.^*^ juin i85o , à M. Dupasquier, secrétaire-général de
la société , rue des Marronniers. Ils devront porter en
tête une devise ou épigraphe répétée dans un- billet
cheté , contenant les nom et demeure de l'auteur.
« «
!• — Nous apprenons que M. Alexis Janson, ancien
juge au tribunal civil dç Lyon, membre du cercle litté-
raire de cette ville , dpnt il avait été président , et de U
société d'agriculture du département du Rhône, est décéilé
^ Beaujeu le 29 septembre dernier.
«% 5. — Aujourd'hui , dimanche , a eu lieu la béné-
diction solennelle du pont Charles X , dont l'ouverture
s'est faite le i.^*" de ce mois. Le clergé des paroisses de
S. Bonaventure , de la Guillotière et de S. Pothin des
firutteaux , et les autorités civiles et militaires , ont as-
sisté k cette cérémonie. M. l'abbé Cattet , un des grands
vicaires, y a procédé par délégation de Mgr. l'arche-
( 473 )
Téqae d*Amasie , et a prononce on discours (i)* Le pro-
duit de la recette de ce jour est destiné aux pauvres.
C'eat peut-être la première fois, depuis de bien longues
années , qu'on Toit ici une pareille cérémonie. Le pont
Morand ne fut pas béni, parce que le& propriétaires ne
purent s*entendre avec Tarcheyéché sur la dépense qui
dcfYait en résulter. On assure que TarcbcTéché deman-
dait 16,000 francs.
^% 10. -— Daus une ordontiance du roi du 16 juillet
dernier, insérée au n.® ^55 du Bulletin des lois , qui nous
est parvenu aujourd'hui , les personnes ci-après nommées
figurent parmi un grand nombre d'autres qui sont défi-
ni tiyement brevetées , savoir :
i.^ Les sieurs Mac-Culloch ( Thomas ) et Brunel et
fils aiaé , apprêteurs de mousseline à Tarare , pour des
procédés propres h apprêter les tissus de coton en or*
gandj anglais fort, linon anglais fort, organdy souple de
Flnde et batiste d'Ecosse ; ...
2.^ Le sieur Carrand atné ( Jean-Baptiste ) , marchand
'fabricant de bas, à Lyon , rue Mulet, n.^ 24, pour la
fabrication de bas en cachemire de laine , soie , bourre
de soie , fil de coton , à dessins en couleurs solides ,
analogues à ceux des châles et des étoffes de soie ^
5.® Et enfin le sieur Mejnîer ( Prosper ) , fabricant
d'étoffes de soie , à Lyon, rue St-Polycarpe , n.® 8, pour
une mécanique propre à fabriqt^r ensemble plusieurs
rubans brochés , mécanique qu'il nomme battant-brocheur.
«% 19. — Le Moniteur de ce jour contient la notice
nécrologique suivante :
« L'État y la société, le corps des ponts et chaussées vien-
nent de faire une perte aussi grande que douloureuse
dans la personne de M. Brisson , inspecteur divisionnaire
(1) Ce discours a été inséré dana la Gazelle universelle du 7.
( 474 )
des ponts et chaussées ^ cLeyalier de la Lëgion-d'Honnear,
décédé à Neyers le 25 du mois dernier, à peine âgé de
cinquante ans , an milieu d*un Tojage entrepris dans
rinterét de l'administration publique.
M. "Brisson , né à Lyon le 12 octobre 1777 , d'une
famille honorable , donna dès son enfonce les signes d'une
étonnante capacité. Après aroir fait au collège de Juillj de
fortes études, et obtenu ces premiers succès qui sont pres-
que toujours pour Tayeuir le gage de succès jplus grands^
il. entra à TEcole polytechnique à l'époque de la création
de cette école célèbre. Il n'avait alors que seize ans , et
dès ce moment le jeune élète prit rang parmi leis maîtres.
Bientôt il fut admis dans le corps des ponts et chaussées ^
où sa vie n'a été qu'un enchaînement des services les plus
utiles et les plus distingués. Attaché en 1802^ sous la
direction de M. Liard , au canal Monsieur j et deux, années
après , sous celle de feu M. Payant , au canal de Saint*
Quentin , il s'occupa plus particulièrement , sur l'un et
l'autre de ces dçux canaux 9 des travaux du bief de partage ,
et dans ces postes difficiles et importans , il déploya les res«
sources d*un génie actif et fécond. Une récompense éclar
tante suivit de près ces premiers succès., A peine M. Briss.on
atteignait-il sa trentième année , qu'il reçut le brevet du
grade d'ingénieur en chef. C'est en cette qualité qu'il
prit, le I.". mars 1809, la direction du département dç
l'Ëscaulqui faisait alors partie de la France. On connaît
la situation de ce teVrîtoire , placé au-dessous du niveafi
des pleines mers : on connaît les dangers dont il est
incessamment menacé par les marées qui s'élèvent au-
dessus du sol cultivé et habité , .et dont les flots enva-
hiraient une surface immense de terrain y sans les digues
puissantes contre lesquelles leur fureur vient se briser.
M. Brisson sut opposer aux efforts de l'Océan tous les
moyens d'un art qu'il avait profondément étudié ; et dans
l'espiice de quatre années , heureusement secondé par son
collaborateur et son ami , M. Dan de la Vanterie y aujoui^
( 475 )
d*hm ingéniear en chef du d(^partement de la Manche » r)
exécuta , avec le plus grand succès , des traTaux immenses
d'un genre nouyeau, dont le pajs gardera toujours les
précieuses traditions. Ce fat aussi dans ce département
qu'il rédigea les projets d'un canal de Bruges h l'Escaut ^
et d'un port maritime à Breskens.
Les ëvénemens de 1814 le ramenèrent dans sa patrie y
et le 1/' août suivant, M. le baron Pasquier lui confia le
•ertice du département de la Marne , l'on de ceux où la.
guerre venait d'étendre ses ravages* M. Brisson consacra
tous ses momens à eSacer les traces d'une invasion qui
avait laissé les routes dans un état déplorable. La ville de
Chatons lui doit particulièrement la construction du grand
pont sur la Marne,
Mais la capitale devait être bientôt le théâtre de ses
lalens. M. Becquey , conseiller d'état , directeur-général
des ponts et chaussées , juste appréciateur des éminent^s
qualités de M. Brisson qu'il honorait d'une estime , d'une
confiance et d'une afiection toutes particulières , ne tarda
pas 2i penser que c'était au centre même de l'adminis*
tration qu'il fallait placer un homme dont les lumières
étaient si variées et si 'étendues. Il le chargea d'abord
des études d'un canal de Paris à Tours et à Nantes ^
puis il le nomma successivement professeur de consr
truction à l'école royale des ponts et chaussées , inspecteur
de cette école ^ et secrétaire du conseil-général d'admints*
tration. En i8ât4 ) nne nouvelle distinction vint s'ajouter
aux précédentes : M. Brisson fut élevé au grade d'ins-
pecteur divisionnaire. C'est dans ces diverses fonctions ,
e'est dans les leçons qu'une jeunesse studieuse, dont il
était l'idole y recueillait avidement ^ c'est dans les délibérai-
tions du conseil où il se faisait remarquer par la justesse
des Vues , par la rectitude de son jugement et la prompti-
tude de sa pensée ; c'est dans ces nombreux rapports qui
lui étaient demandés à chaque instant , et qui presque
tous sont de véritables traités sur la matière dont ils étaient
( 476 ) ,
Tobjet ; c'est dans ses conversations jonmaiières aree
tous les ingiénîeurs qui venaient lai soamettre nne foale de
questions nouvelles qu'il résolvait avec autant de rapidité
que de bonheur ; c'est enfin dans toutes ses relations de
devoir et d'amttië qu'il se plaisait à ëpancber l'immense
trésor de ses connaissances. Une palme nouvelle semblait
l'attendre encore au moment même oui la mort est Tenue si
prëmaturëment le ravir à sa famille, à ses nombreux amis^,
et au corps dont il était l'ornement. Une place yaquait k
l'Académie des sciences. De grand travaux , de savant
mémoires appuyaient sa candidature et légitimaient ses
espérances.
Mais pour connaître M. Brisson tout entier , 3 faudrait
le suivre dans sa vie privée : c'est là qu'on le verratf
pratiquer toutes les vertus de famille. Excellent raarî ,
bon père , bon frère, ami fidèle et dévoué, oublieux de ses
intérêts pour soigner ceux des autres , on peut dire que
tes qualités de ^son cœur égalaient celles de son esprit.
Ce n'est point en quelques lignes qu'il est possible de
mesurer une pareille perte : il faudrait une main plus
iiabile pour suppléer à tout ce que laisse d'imparfait ce
faiUe et premier hommage rendu à la mémoire d'un
homme dont la vie a été si utile , et dont la mort excite
'de si profends regrets.
Puisse sa veuve désolée , puissent ses malheureux
'enfens trouver dans Texpression d'une douleur univer-
sellement partagée , une consolation bien faible sans
doute pour un si grand malheur ! 99
«% 22. — M. Quatremère de Quincy a fait insérer dans
le Moniteur de ce jour une Notice fort intéressante sur
. la lue et les ouvrages de M. le baron Lemot , qu'il avait
lue à la séance publique de l'académie royale des beaux-
arts , le 4 de ce mois , en sa qualité de secrétaire-perpétuel
^% M. Montgolfier , d'Ânnonay, vient d'inventer ooc
espèce de* papier , qu'il nomme papier^inge y et doit
( 477 )
on peut se senrîr dans les -mënages au lieu de toîle. IL
fabrique , dît*on , des nappes et serviettes damassées ,
qui sont anssi belles , aussi douces que- la toîle ouvrée
et presque aussi solides. Chaque serviette ne coûte que
'5 ou 6 centimes , et lorsqu'elles sont salies , on les re-
prend à moitié prix. Il fabrique également en papier déé
draps de toute grandeur , qui se vendent à un prix pro-
portionné 9 ainsi que des tulles brodés propres h faire
des rideaux , des draperies , des robes de bal , et ddnt
le prix n'est que de 20 ou ^5 cent, le mètre carré, dtfs
-papiers de tenture qui peuvent rivaliser avec les pluto
ricbes étoffes de soie , etc. , ete.
^% 26. — Le Précurseur de ce jour contient un article
intitulé: Conseil général du département du RhSne^ Budget^
où l'on remarque ce paragraphe : « Nous voyons encore
99 figurer y parmi les dépenses d'utilité départementale ,
f» une somme de 1200 francs pour la statistique du dé-
n parlement du Rhône. Nous voudrions bien savoir à quoi
9 sont employés ces 1200 fr. Rien n'a été fait jusqu'à ce
n jour pour la statistique du département. Cette partie des
. 99 sciences économiques est parmi nou9 complètement né*
97 gligée , car certes on n'appellera pas de la statistique ce
j9 que publient des hommes du reste fort estimables rt
99 instruits , sous le titre H Archives statistiques. Ce recueil
. 99 ment à son titre 9 et on ferait mieux de l'appeler Arclàvet
99 bibliographiques. Si les 1200 francs dont il est question
99 soutiennent les Archives , c'est de l'argent j sinon mal
99 employé , du moins bien inutile au département. 99. Les
rédacteurs du Précurseur se trompent dans leur conjecture
'«ur l'emploi des 1200 francs dont il s'agit ; ils se trompent
aussi sur la nature de notre recueil qui n'est pas seulement
' intitulé Archives statistiques , mais Archives historiques et
' statististiques ; ils se trompent enfin s'ils regardent ce
même recueil comme entièrement bibliographique, La
bibliographie n'y occupe qu'une place secondaire , mais
une place qu'elle n'usurpe point, et qui lui appartient comq^e
( 478 )
h. unB branche de IMiUtoire et ^éme Ae la statistiqae pro*
prement dite, puisqu'elle constate les progrès actuels de
l'intelligence et des lumières» En tout cas ^ lors même
qu'il serait vrai que l'argent en question fût destine à
soutenir une entreprise littéraire et scientîfiqne qui us
rien de mercantile « nous ne voyons pas qu'il j eût lien
d'en faire un sujet de reproche à Fadministration , et
nous pensons que ce reproche serait surtout déplacé dans
la booche de gens qui professent des opinions libérales,
et qui se sont souvent plaint de ce que les lettres ^ les
science^ et les arts manquaient d'encouragemens parmi nousi
^% Un grand nombi*e de' personnages plus on moins
célèbres ont passé dans cette ville durant le cours du
mois* Nous indiquerons parmi les plus remarquables ^ les
suivans: MM. le comte de Talleyrand, le baron Moanler»
la duchesse d'Albuféra , le général comte de Soigne^
l'abbé Desmazures , Pardessus , Mauguin , EUlonard de
Saint-Cricq , neveu du ministre du commerce , le colonel
Fabvier , le compositeur Berton , Gail fils ^ te docteur
J. J. Yïrey y Gabriel Peignot^ de Blainville , Aimé Martin , etc.
f ' . , I ..- ^1 > ■■ ' — -■ ■ ■ ■ , , . .. ^
ERRATA.
Page 1459 li^e 6, Vetranius , /t^es : Vertranias.
Page 5o5 , ligne dernière ^ et il en peu 9 lisez : et il
en est peu.
Page 522 , ligne 8 9 Limnades , lisez : Ujmnades , et
ligne 9 9 Himnides ^ lisez : Hymnides.
Page 559, ligne 189 attiré, /t^ez: altéré.
Page 585 ^ lignes 5 et 49 le prî^ du pain , etc. , lisez;
Par arrêté de la mairie , le prix du pain , à compter àe
ce jour 9 est diminué d'un liard. En conséquence 4 le
{>ain ferain est fixé à 21 centimes */^ ( 4 sous 1 liardj^
a livre usuelle ; et le pain bis i» u 1 7 cent, ^/a ( i sous V^ )■
Pap;e 394 ^ ligne i5 , et qu'il faudrait 9 Usez : et de «e
qu'il faudrait.
Page 595 9 ligne 28 9 que doivent ai^oir la'roiUe^. iise%:
que doit avoir la voûte.
TABLE
DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME.
«
tliSSAiS hUtoriquei sur la ville de Lyon , VL^ article • • . {Mig. 5
Additions et corrections pour la liste des députée du
Lyonnais, etc. ( M. Cochard ) ^f ^^^ . V-
Notice sur Tâbbë de Faramant ( M. Breghot Y . . ^^^f 34
Histoire littéraire de Lyon ( Note sur un n^^/de 1^)^^
( Le m£m£ ) #IDR . • « 3;
Le retour de chasse et la tireuse de cartes ]4Veaux ( M«
Passeron ) .^ '.•..; . ''43
Mélanges '.'.'...'«.... '[ , ^$
Bulletin bibliographique • . . • ^. , 68
Bulletin histonque du mois de mai 18^ .«.«••• 73
Additions et corrections pour le tome précédent. ... 80
Estais historiques sur la ville de Lyon^ VII.c article ). « 81
Bistoire ( Lettres de La Hire aux Lyonnais et de Diane de
Poitiers aux échevins de Lyon )•..•••. '^ 1 gA
Catalogue de la bibliothèque de M. Adamoli ( M. Breghot). qq
Premier état des ouvrages entrés à la bibliothèque publi-
que de la ville de Lyon depuis le 1 5 mars 18^7. • • • il5
Additions à la notice sur le P. Folard ( M. Breghot ). ia6
Manufacture' de soierie à Lyon '( Lettres patentes de
Louis XI , de 1466 ) • ^ 130
Flore lyonnaise , par M. le docteur Balbîs. Extrait'
( M. Grognfer ) ^ ,55
Nécrologie ( M. C. H. Morel-Voleine , M. A. Pelzin et
J. F. S. F. Beangeard ( M. Breghot }•...«. 137
Mélanges ,45
Bulletin bibliographique^ • •••••••..,• i5o
Bulletin historique du mois de juin i8a8 ...••. i5S
Essais historiques sur U ville de Lyon, VIIL» article. . 161
Examen des conjectures sur l'incendie de l'ancienne ville
àe Lyon , ^ sous Néron ; avec des observations sur cet
éréncmeat ( M. DS i>A Tovrrette ).*..... 173
' • % • «
9 m
^ Fnf*pE LA. TiJLIi.
• • •
t 480 )
Cipontioa et» ïMeanx de l'école lyonnÙM «a palais des
art« et du comiBerce ( M. PaSSEROR )•••••• at4
Bulletin hUloriqae du mois de jaillet 1898 a53
Essais hisloiiques sur la rille de Lyon , IX.^ article • • a4t
Rapport sur la stalil^e ( M. NoifFALGOif )».••• a54
De la fraternité consanguine des Lyonnais et des Milanais
( M. l'abbé Aimé Guillom qe MoimjàoN ) • • . • 977
Mélanges ••..•• 998
Second état des li?res entrés à la bîbUolhèque publiée .
de la ville de Lyon , depois le i5 mars 1897 . • • • 333
Rapport à Tacadcmie m Lyoo sur le concours de ^tatis»
tiqua^hi/GBOGNiEB )••••.••,.»•• 44^
Lettre IHBne trallvction. de l'Art poétique d'Horace
( M. DâLAUNdl^t^ 343
Réponse d'un dés if|||teors ( M."*** ) 353
Le major-général Martin, poëme couronné par Taca-
demie de Lyok ( M. Rabatcis )..••.•••• 358
Le merle et le rossignol , ^able ( IVL CoiGNIT ) » • • 3jg
Bulletin historique du mois d'aoàt i8a8 •••••• 37»
Idem du mois de septembi^ • • • ; • 385
Programme des prix de Tacadémie de Lyon pour 1809 • 39S
Essais historiques sur la yille de Lyon » X.^ article . • 4^1
NooTellcs lettres sur une traduction de l'Art poétique
d'Horace ( MM. Dugaa-Montbel et Agnoste ... 4^^
Conseil général du* département du Rb6ne. Session de
i8a8 à 18S19 , ^ 435
Détails siir l'intérieur de l'Afrique donnés par M. Cailla. 4fi4
Mélanges •••• 4®
Bulletin historique du mois d*<»ctobre idaS. . • • • . ^o
ErraU / . . . . . . . .'-.'.' • 478
v^*^
TABLE
ALPHABÉTIQUE ET RAISONNES
DES T0ME5 YII ET YUI DES ARCHIVES DU RHÔmS.
( Les chiffres romaiiiB indiquent les tomes ; les cliiffires arabes ,.
les pages )• ,
Abbaye ( rae de 1' ) , VII , Sl-85.
Abbë (le P. Pierre 1'), jésuite^ recteur da coll^ de la Trinitë,
Vin , 37.
Abeille française, Bull. bibl. VU, a35 , 3ia.
J^uid^mie de FourTiéres, Vil, 214-217.
Acadénûe royale des sciences, belle-lettres et arts de Lyon. Pro-
gramme des prix proposés pour 1898 , VII , 36-4o. Discours de
réception de M. Cap , Bull. bibl. 64* Mémoire sur l'exécution du
testament du major-général Martin , par M. Guerre, Bull; bibl.
66. Réflexions sur l'obligation de publier les trayaux académiques^
par M. Parât, 122-127, ^^ Bull. bibl. 3io-3ii. Restitution de
lÎTres faite à l'académie par la ville , Bull. bibl. 392. VIII , 102-
. io3. Lettre de Mad. du Bocage relative à sa réception, etc., VII,
441-448* Rapport sur le concours de statistique, par M. Grognier,
VIII , 34^-348. Programme des prix pour 1829 , 398-4oo« Séance
publique du la février 1828 , VII, 3i7-3i8. Du 10 juillet, VIII^
239. Du 4 septembre , 385-392.
Adamoli (catalogue de la bibliotbèque de M. ) , art. de M. Bregbot ,
VIII, 99-fi5. Voy. Arena.
Administration départementale. Voy. Conseil général.
Agooste. Voy. Horace.
Ainay (place d') , VII , 85-93. (rue du rempart d*) , 95*96.
Albon (place d') , VII, 96-100.
Allier de Hauterocbe (M. Louis) , sa nécrologie , VII , 160.
Almanach des Muses pour 1828 , bull. bibl. VII , d34«
Amanton (M. C. N.}. Voy. Aanuaiie» Fournier, Layernei Recueil
et Vers.
( 4Pa )
Amasie (mandement de Mgr, i'archeréqûe d' ) , pcrar te carême Àe
i8a8 , Bull. bibl. VII , 3io. Voy. SUtat« synodaux.
Amboiae (rue d'), VU, aïo-aii*
Ambroûe (St.). Voy. Dugas.
Amëdëe ( nie ) , VII , ai i-aïa.
Andrieox ( M. ) , attaque dans la Gmxeite universelle de 1/fon f js
défense , VII , 4^o-463.
Ane (rttt de T ) , VII , m.
Anecdotes. Voy. Béraud (le P.) , Keisel i Lyonnaises , Mâange* et
Pomme*
Anges (mont^ des), VU, ai3-ai8.
Angile (rue de T) , VU, 118-319.
Angles ( rue des deux ) , VII , 319.
Angouléme (cours d') , VII , ai9-aa3«
Annales biographiques par M. Mahul, i«* part y bulL Inbl* VII ^
467-469* 3.« part. , buU. bibl. VIII , 69-70.
Annibal , note sur son passage des Alpes | par M. Atbenas , VIT,
i54-'57.
Annuaire de la C6te d'or , par M. C. N. Amanton , VUI , 53-54»
Anidquaille (me et plaça de T) ^ VII, 34^''^49*
Antonin (rue d*) , VII» ^g-^Su
Aperçu de l'état de la cirilisation , etc. , par M. Smith , Bail, bibL
VII / 33t. «.'' édiU Bull. bibl. 990.
Aqneducs (territoire des), VII » s5i-a58.
Arbalète ( rue de T ) , VII ,358..
Arbre-sec (rue de T), VU, 358*359.
Arc ( Jeanne d') , VIII , 95. Nota, Il s'est glissé à cette page , ligne
4 j une faute d'impression a au lieu à*OrUans f lisez 3 "Bouen,
Archéologie , personnes qui l'ont cnltiTee à Lyon , VIII , i43-i49«
Voy. Etrennes , Incendie de Lyon , Lollia ^ Propriété littéraire ,
Socrate et Taurobole.
Archers ( conr des ) , Vtl » 359-360*
ArchcTéché de Lyon ( discussion à la chambre des députés relatire
à r ) , VIII , 333.339Î
Archetéché (rue del'), VII, 331^338.
Arena ( Antoine de ) , ou dn Sablon , édition de sa Meygfa cnire*
prisa f donnée par M. Adamoli , VIII , 106-109.
Argue ( passage de 1') , VII , 338-33o.
Arioste ( 1' ) » lettre sur la traduction de ses Satires par M. Trélis ,
par M. Pericaud aîné , VIII , 33o-335.
Armoiries de la ville de Lyon (mémoire sur les) , et en particalieri
sur le lion qui y figure , par M. Breghot , VU , 337-348.
( 483 >
Arsenal (rue et qaai de T] | VU , S3o-336«
Astronomie* Voj. Ëclipie*
Art poétique d'Horace , trad. en française Voy. Horace*
Artigny (l*abb(f d') , VIII , i.o-iii.
Artois ( ru6 d' ) , VÎl , 356.
Athenas ( M. )• Voy* AnnibaL
Attache des bœufs ( rue de T ) ^ VII , 4ot»
Auger ( notice sur le P* Emond) > par M* Pçricand alnë, Vtl , ioo«
laa. Bull, bibl, 3io.
Auges (grande et petite rua des) , VII i 4^1*
Augustins (quai et rue des), VII) 4oi.4>i* VIII| S*f*
Auxnôue ( rue de 1' ) , VII , 4'^*
Autel de Lyon , VU , 86.
AuTergne ( rue d' ) , VII , 4^*'4^4*
Balbis ( M. le docteur J. B« ). Voy. Flore lyonnaise*
Baleine ( place , quai et me de la) , VII , 4i4'4^^*
Ballanche ( M. }• Voy. Essais de palingénësie.
Bandes noires connues des anciens > VII , 44^*
Barbier (M* A.-A.); catalogue de ses litres , buU. bibl. VU, Si4'
S91.
Barre (rue de la)) VII) 4tMi7*
Bartbëiemy (Tabbë) , son passage à Lyon en i755 i VIII ^ 3o3-3o9«
Basses-Terchéres (rue des)) VII, 4^7'
Basseville ( rue ) , VII » 4^7*
Bât-d'argent (rue) ) VII, 4i7-4t8.
Battières (territoire des) , VU) 4^^~4>9*
Bayard ( rue ) , VII , 4^9*
Baylc , VII , 3o4.
Beaugeard ( J* F. S. F. ) , sa nécrologie , par M. Breghot ) VIII V
i4i-i43*
Béauniont (Christophe de) ) archevêque de Paris, VIII, 3o3. Nota*
On a donné par mcgarde , en cet endroit , à Christophe de Beau-
mont le prénom à*Elie qui appartient à son fiére ) célèbre avocat*
Beauregard ( place de ) , VII , 419.
Beaux-arts ( goût des Lyonnais pour les ) ) VIII , 3aS-396. Voy*
Charité , Exposition , Retour de chasse ) etc.
Bélier (rue du), VUI , 81*
Belle-Cordière ( rue ) , VIII , 7-19*
BolLevue (rue) , VIII , içy^S,
Bcllièvre ^famille de) , VIII , 8a-85. (Claude de) ) son Lugdunwfk
prisGum , 83-84*
( 484)
BelUèrre (rua) » VIU , 8i-85.
Bëraud (le P.), anecdotes qui le concernent i VUI , 3o4i 3t7<«
Si8.
Bernardines (place des) , VIII, 86-88.
Berry (rue de), VIII', 88.
Bessard ( rue du ) , VIII , 89-90*
Beuf (M. P.). Voy. Bible.
Biard (M.). Voy. Retour de chasse.
Bible latine publiëe par M. P. Beuf, Bull. bibL VII , 389.
Bibliographie. Voy. Bibliothèque | Catalogues » BnUetina biblio-
graphiques, etc.
Bibliothèque publique de Lyon , enlè?eniens qui y furent faits en
^793 » VII , 6o-6i. •— Notice sur cette bibliothèque , par M«
Pericaud alnë , Bull. bibl. 470^73* *— Premier ëtat des liTrea
qu'elle a reçus depuis le i5 mars 1827 , VIII, ii5-i25. -— Second
ëtat , 333-341.
Bibliothèques particulières, à Lyon (anciennes), VIII, 147 -i49*
Bicbat , lettre sur le lieu de sa naissance , par M. F. A. Pic , VII 9
t5o-i5i
Biographie lyonnaise. Le P. Emond Auger, VII , ioo-iaa. Julienne
Morella , 186-189. J.-B.-J. Boscary de Villeplaine , 193-aio.
Amëlie de Montendre , 260-^67. Pyoculus, 3o5-3o8. François de
Mandelot , 348-38o. J.-M. Hënon , 4^9-434* Louis de Lacroie
de Faramant , VIII , 34-37 , 3ei-3o3. Voy. Allier de Hauteroche ,
Beaugeard , Bellièyre , Bourgelat > Brisson , Morel-Voleine , Pel-
ïiu , Willermoz , etc. Voy. aussi Annales biographiques.
Biographie uniyerselle , extrait du tom. L , par M. Breghot , VII ,
270-275.
Blason. Voy. Armoiries.
Bocage ( Madame du ). Voy. Acadëmie roy. de Lyon.
Boileau , lettre sur ses (Euyres posthumes , par M. Parrelle , VII ,
27-34.
Boissac (rue), VIII, 161-164.
Boissat ( famille de ) , VIII , 161-162.
Boitiers ( rue des ) , VIII , 164*
Bollioud-Mermet ( M. ) , VII , 3o3.
Bombarde { rue de la ) , VIII , 164-166.
Bonnereau ( rue ) , VIII , 166-168.
Bonnerie ( M. Tabbë ). Voy. Sermons.
Bon-rencontre ( rue et quai ) , VIII , i68.
Boniyer ( M. Camille )• Voy. Vers.
( 485 )
Bordes ( Charles ) , Vil , 444 ; VIII , iS-ig,
Bory ( le cheralier de ) , ses yers à Madame du Bocage , VU, 44^447*
Boscary de Villeplaine ( notice sur J»-B.-J» ) , rëdigëe par M. Z.
( M. Passerôa ) , sur les notes de M. Daigueperse , VU t 19^*"
aïo , et bull. bibl. 3ii.
Botanique. Voy. Flore lyonnaise.
Bottin ( M. ). Voy. Dugas , Monnaies et Tonrrette*
Boucherie des Terreaux ( place de la ) , VUI i 169*
Boucherie ( rue de la ) , VIII , 169.
Boucherie St. George ( rue de la ) , VIII , 169-170.
Bouchers ( rue des ) , VIII , 170-171.
Boulier ( Jean ) , VIII , 48-^9.
Bouquetiers (rue des ) , VIII , 171-172.
Bourbon ( rue de ) , VIII , 34^-^44*
Bourdy ( rue de } , VIII , 944~^45*
Bourgchanin ( rue du ) , VIII , a45-a48*
Bourgelat ( rue ) , VU , ^ùfi-^S^» — ( Claude ) , a5o-a54*
Bourges ( Clémence de ) , VII , ai6 ; VIII , J^jo,
Bourgneuf ( quai ) , VIII , 4o^~4oS«
Bouteille ( rue ) , VUI , 4o8.
Brèche ( rue de la ) , VIII , 4o^~4o9*
Breghot du Lut (M. )• Voy. Adamoli , Armoiries de Lyon , .Beaii^
geard , Bulletins bibliographiques , Députes , Etrennes , Faramant f
Folard , Imprimerie lyonpaise , Inscriptions , Mélanges , Mon*
tendre , Morella , Morel-Voleine , Orme , Pelzin , etcu
Brisson ( M. ) , de Lyon , sa nécrologie , VIII , 473-47^.
Brosses ( M. le comte de ) , son discours à l'ouverture de la session
du conseil général du dép. du Rhône , en i8aS , VIII^ 435-44i*
Voy. Caillé ( M. ) et Conseil général.
Brossette ( Claude ) , ses notes sur Régnier , VIII , i5a-i54*
Budget de Lyon pour 18^ « bull. bibl. VIII, i5i. -— du dép. da
Rhône. Voy. Conseil général.
Buisson ( rue ) , VIII , ï^og-^io»
Bulletins bibliographiques, VII , 601-67 , i57-i58y a3i-236y Sog-
3i5 , 389 39a , 467-473 ; VIII , 68-7» , i5o-i55.
Bulletins historiques , novembre 1827 , VII, 63- 80 ; décembre , i58-
160 ; janvier i8a8 , a37-a4o ; février , 3i5-3ao ; mars , 393-4oo -,
avril , 47^-478 » ™^^ » ^UI , 72-80 ; juin , i55-i6o ; juillet , a33-
940 ; août , 37a-364 , septembre , .385-398 i octobre , 47<>'47^
Butte ( montée de la ) , VIII , 4io-4i3.
1
( 486 )
CailVé ( M. )i détails qu'il a donnas , lors de son passage à Ttjon •
de ses voyages dans rintcrieur de l'Afrique , art« de M« le coiate
de Brosses , VIII , 464-^68.
Calotte ( régiment de la ) , VIII , 109.
Calvet ( le docteur ). V07. Morella.
Cap ( M. ). Voy. Académie roy. de Lyoa«
Catalogues. Voy. Adamoli , Barbier , Souohay,
Catou ( Valérius ) , ëtait>il de Lyon ? VIII , 3S-4i.
Caylus ( le comte de } , sa lettre au P. Béraud , VIII , 3i7-3i8.
Cerceau ( (B uvres du P. du ) » précédées Â'un Essai sur sa vie , ' pér
M. Pericaud aîné , édit. publiée à Lyon , VIII , 535-336.
Champicr (Symphorien) , VII , ai4-2i5«
Chappuis ( Claude) , VIII , 108-109.
Chardon de la Rochette , tomes inédits de ses Mélanges de philolo^
gie , buU. bibl. VII , 390 ; VIII , 336.
Charité ( la ) , bas>relief , pur M. Legendre-Héral , art. de M. Z*
( M. Passeron ) , VII , 249-399.
Charpin ( Etienne } , sa bibliotbèque , VIII , 147- 149"
Chateaubriand ( M. de } , extraits de ses Mélanges littéraires et de
son Voyage en Italie , VII , 4^4''4^<'*
Chemin de fer de St-Etieune à Lyon ( état de situation de la com^
pagnie du ) , bull. bibl. VIII , &5o.
Cbeyalier-Victorg (M. Bernard). Voy. Mandelot.
Citadelle de Lyon ( ancienne ) , VIII , 21 -36.
Cocbard (M. Pï.-F. ). Voy. Homme de la Roche , l^roonais et
Monnaies.
Coignet ( M. F. ). Voy. Fourrièreà et. Merle.
Colle. Voy. Croix de Colle*
Collège royal de Lyon ( discours prononcé à la distribution des
prix du ) , ptfr M. F.-J. Rabanis , bull. biU. VII , 64. — ( Notice
sur le) ) pv le même , 137-140 » et bull. bibl. 3ii.
Commerce. Voy. Foires de Lyon , Industrie , Manufacture et Pliage^
Communautés religieuses de Lyon ( anciennes ) , art* de M. MoreU
Voleine , VII , ^7-370.
Conseil général du département du Rhône , ses délibérations en
»Ô37 , VII , 5-37. — Analyse de la session de 1838 à 1839 , par
M. le C, de B. VIII , 435-463. — Sommaire des délibérations des
conseils d'arrondissement de Lyon et de VillefranchCi 4^2'4^«
Conaerration de L^on ( tribunal de la )• Voy. Foires.
Corgenon ( Hugues de ) , VIII , ^g-So.
Cornards de Bourgchanin , VIII , 346-347*
C487 >
Correspondance. Voy. Amanton , Arioste , ïieKat , Boileaa , Da«
rand de Liançon , Foarnier , Horace , Mandelot * etc.
Cour royale de Lyon ( discourt sur rinfluence du magistrat > pro-
nonce à la rentrée de la ) , par M. Jostinien Rieusaec , buU. bibl.
VU, 65.
Courroiaier ( M. ) , son discours au collège ëlcctoral de Ville •
franche , VU, 71-80,
Crëmieux ( M. ) » ses eipëriences de statil^gie à Lyon , VUI| 954*
Croix de Colle , origine de ce nom , VU , «77.
Daîgiieperse ( M. ). Voy. Boscary.
Dames de Lyon. Voy. Gundling et Lyonnaises.
Daviers ( M* Tabbd ). Voy. Dercomidas.
Belorme ( Guillaume-Marie ) , VU , a5a ; VIII , ij^-ij/i.
Députes de Lyon aux assemblëes législatives (liste des) , ayec notes ,
par MM. Morel'VoIcioe et Breghot , VU , 43-53. — Aux ëtaU gé-
néraux , ^^4-231. — Extrait d'une lettre de M. Cochard , conte-
nant additions et corrections pour ces listes , VUI , 27-34*
Dercomidas , prêtre catholique arménien , son martyre à Gonstan-
tinople et la translation de son corps à Lyon ^ détails donnés par
M. Vabbé Daviers , VU , 475-476.
DesbordesValmore ( Madame ). Voy. Incendie.
Diane de Poitiers , duchesse de Valentinois ( lettre de ) , aux écbe-
vins de Lyon , VUI , 97-98.
Dispensaire de Lyon ( règlement pour le service médical du ) , bull.
bibl. VU, 3io.
Dugas (le président ) 1 analyse de son mémoire sur SU Ambroise»
par M. Bottin , bull. bibl. VII , 67.
Dugas-Monthel ( M. ). Voy. Homère et Horace.
Duplain ( Pierre et Benoit ) , VU , 3o3.
Duplessis ( M.) I nommé recteur de l'Académie de Lyon, VU, 397,
— Son discours à la distribution des prix du collège, VIII, 375-378.
Durand ( M. Charles > , son Cours d'éloquence, VUI , 4<-
Durand de Lançon ( M. )• Voy. Imprimerie lyonnaise.
Eclipse du 5 novembre 1827 , VII , 54-55.
Enseignemc^ot mutuel pratiqué par les jésuites dans le 16* sièole ,
VU, a3a.ii34.
Enseignement des sciences industrielles ( exposition d'une métbode
pour V ) , par M. H. Tabareau , bull. bibl. VII > 5ia.
Errata , VU . 160, a4o , 3ao , 4oo ; VUI , 80 , 160 et 478. Voy.
Arc ( Jeanne d' ) , Beaumont ( Christophe de ) et Rozier.
1
( 488 )
EaMiis historiques sar la tille de Lyon , oo description par ordre
alphabétique des quartiers , places , mes et monumens de cette
▼ille , VU , 81-100 ; aio-aa4 » ^i'^6o ; 3ai-S36 ; 4oi-4>9- VIII»
5-a6 ; 81-94 ; 161-172 ; a4i-d54 ; ^oi-^^Z*
Essais de paliDgéoésie sociale , par M. Ballanche , boll. bibl. Vil ,
a36.
Examen du jësuitisme , buU. bibl. VIII » 68.
Exposition de tableaux de l'école lyonnaise au palais des arts en
i8a8 , art. de M. Z. ( M. Passeron ) , VIII , at4-aa8»
Faramant ( notice sur l'abbé Louis Lacroze de ) , par M. Breghot ,
VIII , 34*57. — Additions à cette notice , par le même , 3oi-3o3.
Flore lyonnaise , par le docteur J.-6. Balbis , bull. bibl. VII , a35*
— Extrait , par M. Grognier , VIII , i33-i37.
Foires et tribunal de la ConserTation de Lyon , notes , par M. Morel-*
Voleine , VII , i45-i49*
Folard ( additions à la notice sur le P. ) , par M. Breghot , Vm',
126-129.
Forlis ( Isidore ) , VIH , «98.
Fondras ( M. ). Voy. Société roy. d'agriculture.
Fournier ( Hugues ) , extrait d'une lettre de M. C.-N. Amanton ,
relative à ce Lyonnais, VIII, 3a3-3a4. — (Humbert), VII , 2i5-«i6.
Fourrières , élégie , par M. F. Coignet , VII , 55-59. Voy. Acadé-
mie de Fourvières.
FoyaUcr ( M. ). Voy. Labé ( Louise ).
Fraternité consanguine des Lyonnais et des Milanais ( dissertation
sur la) » par M. l'abbé Aimé Guillon de Montléon , VIII, 277-397.
Frauget (le capiUine ), dégradé à Lyon , VIII , 5o-5i.
Ganffecourt (M. de), êts ouTrages et son séjour à Lyon, VIII, 112-
ii5.
Géminius, lyonnais, ami de Pline le jeune, VIII, 42-43.
Géographie. Voy. Caillé.
Gintrac (M. le docteur). Voy. Guérin.
Girafe (Mémoire sur la) , par M. Mongex, bull. bibl. VII , 6«-63.
Girard (Jean), VIII, 54-6o.
Gniphon ( Antonius ) , précepteur de Cicéron , était -il Lyonnais ?
Vni, 38^1.
Goltz ( Hubert ) , liste qu'il donne des amateurs d'antiquité qui exis-
Uient de son temps à Lyon , VUI , i44-i45.
( 889 )
GonsalTe de Tolède « médecin à Lyon dam le i6® iiécle , VII ,
Gonthier , poète latin du i3.« siècle ■ YDI , 6i.
Grad ( Henri ) , sa bibliothèque , VIII , i48.
Grognier ( M« )• Voy. Académie roy. de Lyon , Flore lyonnaise et
Hénon.
Grolier ( Jean ) , son cabinet d'antiquités et sa bibliothèque , VIII,
145.
Guéri n ( Pierre), son éloge par M. le docteur GintraCi VU 1 3oi-3o3.
Guerre ( M. ) Voy. Académie roy. de Lyon.
Guillet ( Pernette du ) , VII , ai6.
Guillon de Montléon ( M. Tabbé Aimé ). Voy. Fraternité , etc.
Gundling (Jacques-Paul) 9 passage de cet historien relatif aux dames
de Lyon , VIII , 3t8-3ao.
Hénon ( notice sur M. J.-M. ) , par M. Grognier , VII , 4^9'4^*
Henricy ( M. ) Voy. Imprimerie lyonnaise.
Histoire. Voy. Biographie , Bulletins historiques , Députés de Lyon ,
Essais historiques , Siège de Lyon , etc.
Histoire littéraire. Voy. Biographie lyonnaise , Caton , Géminius ,
Gniphon , Horace , Mélanges , Plotius , etc.
Homère ( L'Iliade d' ) , trad. par M. Dugas-Montbel , bull. bibl.
VU. a36.
Homme de la Roche , calendrier pour i8a8 1 par M. Cochard , bull.
bibl. VII, 6a.
Horace , traduction de son Art poétique par M. Poupar , reyendiquée
en faveur de M, le marquis de Sy , dans une lettre signée de
Launoy ; réponse à cette lettre , VIII , 348-357- — Lettre sur le
même sujet , par M. Dugas-Montbel , 4 ^^4 19* ""^ Autre , signée
Agnoste , 4*9~434*
Hugues de St. Cher ( le cardinal ) , VIII ) Sig*
Bymuides , note sur ce mot employé par Bonayentnre des Périers et
Rabelais , VIII f 3ao-3aa.
Idt ( M. ) , son discours è la distribution des prix du collège royal ,
VIII, 373-375.
Imbert ( M. le docteur ) , couronné par l'académie de Lyon pour son
Essai sur l'histoire de la médecine et des médecins de Lyon,
vui , 343-348.
Imprimerie lyonnaise , manuscrit de l'abbé Mercier de St. Léger ,
sur ce sujet, bull. bib]. VU , 3i4 » 391. Extraitd'un mémoire de M.
( 490 )
Hearicy sur l'imprimerie en Provence , par M. Bregfaot , 4^o~m
— Lettre de M. Durand de Lançon sur d'anciennes ëditioo» 1/1
naises , VIII , 3a6-33o. %
Incendie de Lyon sous Ifëro'n , VIII , Sog. Voy. Tonrrette ( la )•
laeendie ( 1' ) » par Madame Desbordes-Valmore , VIII , a^-a3^
Jadostrie , aeê progrès dans le département du Rhône depuis i^
art. de M. Oxanam , VUI , 6a-67. Voy. Enseignement des scieDcé
industrielles et Manufactures de soieries. !
Innocent IV à Lyon , VIII , 3i8-3oo.
Inscriptions modernes à Lyon , art. de M. Breghot , VIII , 3io-3i)|
— Inscriptions trouvées dans les fondations du Grand thëâtreJ
VII, 319-3^.
Insectes qui rongent les livres , moyen de les détruire , Vil > 3o4.
Instruction publique. Voy. Enseignement «t Slatilégie.
Jacquand ( M. ). Voy, Morot.
JouruaujL de Lyon , VIII , 5a.
Jugement da tribunal de police correctionnelle qui applique à. des
herboristes exerçant la pharmacie des statuts locaux de 1659,
VIII f 75-79« Antre jugement du même tribunal sur le pliage des
étoffes de soie. Voy. Pliage.
Jnrain ( Claude ) , VIII , 5; , 61.
Jussieu ( M. Alexis de ) ^ sa consultation snr l'arrêté relatif an
.pliage des étoffes de soie. Voy. Pliage«
Keisel , teinturier à Lyon , aneodote qui le concerne 1 VII , 3o4«
Labé ( Louise) » VII , a 16, oSq; VIII , d-18 , io5 Son buste
par M. Foya^er etVéfutation d'un passage de la Gazette universelle
de Lyon sur ce sujet , VII , 463-466 ; VIII , aaS. — Ses trois
sonnets italiens en l'honneur d'Amélie de Montendre^ VII> 966-967*
Laffore ( M. de ). Voy. Statilégie.
Lahire ( Lettre d'Estienne de Vignoles dit) , aux bourgeois de Ljon |
en 1^39 , VIII , 95-97.
Langage du peuple de Lyon comparé avec celui du peaple de Milan 9
VIII , a79-'»97-
Langes ( le président Nicolas de ) , VII p ai5-a&7.
Lauuoy ( de )e Voy. Horace.
Laverne de Dijon ( famille des ) , renseignemans fournis par M. C%-N.
Amanton , VIII , 66-60.
Xegcndie-Uéral ( M. ). Voy. Charité.
( 49« >
«etfres. Voy. Correspondance. — Première lettre à MM. les eiirés
de Oeuéve , bull. bibl. VII ^ •5a-334.
librairie chez les anciens. Voy. Propriété littéraire,
-ois des Francs , par M. J.-F.-A Pcyrë , bull. bibl, VIII , 70-7i*
LoUîa Paulina , son buste au musée de Lyon , VIII , 5o5-3o7.
Louis XI f ses lettres patentes sur l'introduction de La manu&c*
tare de soierie à Lyon , VIII , i5o-i3a*
JjUgdunum priscum , manuscrit de Claude Belliévre , VIII , 83-85^
Liyon au i4*^ siècle , extrait de VHisioiro des Français de M. Mon«
tcil , VII , i5i-i54.
Ijyon en 1^89 , extrait du Voyage en France d'Arthur Young^VII,
434- 44o*
liyoouais comparés aux Milanais, Voy. Fraternité.— Lyonnais , pre-
miers prêsidens au parlement de Bourgogne ( lettres sur trois ) ,
par M, Cochard , bull. bibl* , VII , 63,
liyonnaises dignes de mémoire. Voy, Bourges ( Clémence de ) , Labé
. ( Louise ) et Montendre ( Amélie de )• •- Dames de Lyon. Voy.
- Gundling. -— Jeunes filles lyonnaises , maladie dont elles furent
atteintes en i495. Voy. Maladie.
Mabnl ( M. Alphonse )• Voy. Annales biographiques.
Maladie épidénûque des jeunes filles lyonnaises, en 149^1 VUI >
098-300.
Mandelot ( notice sqr François de ) , par M. Perîoaud aîné , VIII ,
348- 38o. — Lettre relative à cette notice ^ par M, B, C. V,
( Chevalicr-Victorg) , 449'4^4* "" Erratum pour cette notice , VIII
, jào*t TT Lion (jue Mandelot fit élever pour U ville , VII , 546-348,
Manufactures de soieries de Lyon ( extrait d'un mémoire de M. Oza-
nam sur les ) , VII , 190-19?. — * Epoque de Tintroduotion de
ces manufactures à Lyon , VIII , ia9-i3a.
Maria {\e docteur } , VII , 3o3.
Martial , sa pièce sur un tachygraphe, imitée en firaaçais par plusieurs
' pactes, VII , 4^-463*' — Autre distique da même , imité en
français , VIII , 3 14.
Martin ( le major-général ) , poème couronné par l'académie de
Lyoïi, par M. F.-J. lUbenis , VIII, 3ô8-37i, — Rapport sur^e
concours ouvert pour l'éloge de Martin , et mémoire sur l'exéou*
« tioR de son testament. Voy, Académie roy, de Lyon.
M<fclailles d'encouragemenl fondées par le duc de Plaisance , a dis-
tribuer en 1827 ( rapport sur les } > par H. IVégny 1 bull. bibl,
• y«., es. ■
( 492)
N&nget , Vn , 6<y63 , i54.i57 , 3oi-3o9 , 44i-466 ; VH! , 4»^7 f
i43>i.î9, saS-aSa, ogS-SSo , 4^8-470. Mercier de Saiiit-Iw%er
( L'abbé ). Voy. Imprimerie lyonnaise. Merle (Le ) et le rossignol »
fable, par M. F. Goîgnet, VIII, 37i-37ft.
Meygra entreprisa» Voy. Arena.
Milanais compares aux Lyonnais. Voy. Fraternité.
Minimes ( place des ). Voy. Orme.
Moirond (M. ). Voy. Société roy. d'agricnltare.
Molière à Lyon avec sa troupe , VII , 4o8'4<>9*
Molière , relieur à Lyon , VIII , ii3-ii3.
Monfalcon ( M. le docteur J.-B. ). Voy. Statilégie.
Mongez ( M. ). VII , 1 55. Voy. Girafe.
Monnaies des églises de Lyon et de Vienne ( extrait de la lettre dt
M. Cochard sur des ) , par M. Bottin , buU. bibl. VII , 67.
Montconys ( Gaspard de ) , VIII , i43.
Monteil ( M. ). Voy. Lyon au l4-^ siècle.
Montendre ( notice sur Amélie de) , par M. Breghot , Vil, i6o-4S7.
Morel-Voleine ( M. Claude-Hélène ) , sa nécrologie par M. Breghot ,
VIII , 137-140 a 339. Voy. communautés religieuses , Députés ,
Foires et Poudrière.
Morella ( notice sur Julienne ) , extraite d*un mémoire du docteur
CaWet, par M. Breghot, Vil , 186-189. —Addition à cette notice,
Vm , 3oi.
Monis ( Thomas ) , tableau de M. Jacfpiaad , art signé Z. ( BL
'Passeron ) , VII , 4^-4^
NeuTille ( rarchetéque de Lyon , Camille de ) , sa biUiothèqiie «
VIII, 148-149.
Numismatique. Voy. Monnaies.
Obsenratoire de Lyon. Voy. Eclipse.
Origine des £trennf:s. Voy. Etrennes*
Orme planté à Lyon sur la place àeïï Minimes ^ art* de M Breghot ^
VU, Î176.Î178.
Parât ( M. ). Voy. Académie roy. de Lyon.
Parrelle ( M. ). Voy. Boileau.
Passeron ( M. )• Voy. Boscary , Charité , Exposition , Moms, Re-
tour de chasse et Souvenirs.
Peignot ( M. ) , VU , 3o4 ; VIII , 53.
Pclzin ( M. M.-A. ) , sa nécrologie , par M. Breghot , VIII f xifi'i^w
( 493 )
Pericaad alnë ( M. ). Voy. Arioste ^ Anger , Bibliothèque de Lyon ,
Blandelot et Proculus.
Përiers ( BonaTcnture des ). Voy. Hymnides.
Petit-Jean (Madame ). Voy. Retour de chasse.
Peyrë ( M. J.'F.-A. )• Voy. Lois des Francs.
Pliarmacie. Voy. Jugement et Societ«* de pharmacie*
Pic ( M. F.-A. ). Voy. Bichat et Propriété littéraire*
Pitrat ( tour ) , VIII , ao-ai , 38i-38a.
Pliage des étoffes de soie ( consultations sur l'arrêté de M. le préfet^
relatif au ) , bull. bibl. VII , 309. — Jugement du tribunal de
police correctionnelle de Lyon , 397-399. — Arrêt de la cour de
cassation , VIII , 168-159.
Plotius (Lucius ) était-il lyonnais? VIII , 38-4 i*
Poésies. La certitude , épîgramme en latin et en français , VIII ^
298. ^» Epîgramme imitée du latin de Ménage , par M. Breghot^
3 17. — Imitation d*£. Dolet, par le même. Voy. Bory , FoorVièresi
Martin , Merle et ^ers.
Pomme ( le docteur ) , VII , 3o3.
Poudrière de Lyon , art. de M. Morel-Voleine ^ VII , i83-i86»
Poupar ( M. ). Voy. Horace.
Précy ( M. de ). Voy, Siège de Lyon.
Proculus , proclamé empereur à Lyon ( notice snr ) , par M. Peri-
caudainé, VII, 3oâ-3o8. — Addition à cette notice, VIII , 5i-5a.
Programmes. Voy. Académie roy. de Lyon et Société roy. d'agricaU
tnre.
Propriété littéraire et librairie chex les anciens ( dissertation sut
la ) , par M. F.-A. Pic , VII , ikj^^ , et bull. bibl. 389.
Prudhomme , relieur à Lyon , VIII , iia-ii3.
Prunelle ( M. le docteur }. Voy. Société roy. d'agriculture.
Rabanis ( M. F.-J. ). Voy. Collège et Martin.
Rabelais ( François ) , médecin à l'hôpital de Lyon , note de M.
Breghot , VII , 460 ; VIII , 345. Voy. Hymnides.
Recueil des sceaux du moyen âge ( Lettre de M. C.-N. Amanton sur
le), VII, 34-36.
Régnier ( Mathurin ). Voy. Brossette.
Régny ( M. ). Voy. .Médailles et Siège de Lyon.
Retour de chasse ( le ) , tableau de Madame Petit'Jean , et la Ti-
reuse de cartes , tableau de M. Biard , art. de M. Z. ( M. Pas-
seron ) , VIII , 43-45.
Rieussec ( M. Justinien ). Voy. Cour roy. de Lyon.
( 494)
tlorhebonne ( famille de ) , Vlli , 3a4-3i5.
Roman de la Rose , ëditions dccrites, VII , 391-391 ; VIO, âtS-3^
Rossary ( M.) , VIII , i54-i55.
Hoy ( Guillaume le ) , premier imprimeur de Lyon , VIII, îag.
Roxier ( l'abbc») , VIII, 3ii. Nola. La maison de l'abbc' Roûer
n'était paa située dans la rue Nfyret , comme on Ta dit par mé-
garde en cet endroit ; elle était située dans ta rue Masson.
Rues , places et quartiers de Lyon. Voy. Essais historiques , et les
noms des rues qui se trouvent aux leAres A et B.
Sablon ( Antoine du }• Voy. Arena.
Saillans (^ Gaspard de ) , son livre imprimé à Lyon en 1 569 et dé*
taiis sur sa biographie , VIII , ^6&^7o*
Sermons de M. l'abbé Bonnevie , bolh bibh VII , 66«
Serran ( Edouard ) , VIU , ,^98.
Sévigné ( Madame de ) , maison où elle a logé à Lyon en 1671 1
VIII, 3a|-3a5«
6iége de Lyon en 1793 , lettre de M. de Précy et lettre de H.
Régny y relative , VII , 38i-386.
Smith ( M. )• Voy. Aperçu*
Société royale d'agriculture de Lyon , programme des prit poar
i8a8 , Vil , 4o-4^* ^- Rapport sur l'emploi de différentes charrues ^
par M. Moiroud , buU. bibl. Vil , 6/\, — Autre sur un concours
pour la destruction de la pyrale de la vigne , par M, Fondras ,
buU. bible 65. -^ Discours sur l'enseignement de l'agricultore ,
par f\» le docteur Prunelle , bull. bibl. 3ia-3i3« — Mémoires de
la société , bull. bibl. 469.470*
Société d'encouragement pour l'industrie nationale , programme de
ses prix pour 1828 , 1829 et i83o, bull. bibl. VIII , 79.
Société de médecine de Lyon , sa séance publique du 18 août 18^ ,
VIU, 470-473.
Société de pharmacie de Lyon , mémoire sor les abus de la phar-
macie , bull. bibl. VIII , 7i'-7a. — 9.* édit. bull. bibl. iSa*
Voy. Pharmacie.
Socrate , son buste au musée de Lyon , VIII , 304-309.
Soieries. Voy. Manufactures.
Souchay ( Catalogue des livres de M. ) , bull. bibl. VII , Si3.
Souvenirs à l'usage des Français , par M. Z. (M. Passeron ) , bail,
bibl. VII , 157.
Spon (Jacob). Voy. Etrennes.
Statilégie de M. de Laffore ( rapport sur la ) , par M. le docteur
J.-B. Monfaleon , Vlil , 354-277.
(495)
SlftliB^iqàe* Voy, commananUs religien'sea , Essais historiques , His-*
toire , Pouilrière de Lyon , Vaise , etc. , et les noms des rues ,
places et qaar tiers appartenant aux lettres A ci B.
Statuts synodauiL donnes par Mgr. rarcheyâque d'Amasici ball4
Ubl. Vlil , i5o.
Sy ( M. le marquis de )• Vojé Horace*
1a&>a.Teau (!M. Henry). Voy. Enseignement des sciences industrielles*
Tables de 'Claude , VIII , 5o3-5e^i.
'ïaUru ( famille de } , VU , aSo-aSi.
Taurobole de Lyon , VIII , 5o3-3o6.
Théâtres de Lyon ( origine des ) , VII , 4o6^4od.
Tholosan { Jean ) ^ VU , 4a3-4a5.
Tour Pitrat. Voy. Pitrat.
TourreVle ( M. de la) , extrait de son rapport sur une jambe de
cheral de bronze , etCé , par M. Bottin , bull. bibl. VU , 67«
— Son £xamen des conjectures sur Tincendie de Lyon souS
Kéron , VIII , i73.ai4.
Trëbonios B.uffinus t dunmyir à Vienne , VIII t 4^~4^"
Trëlis ( M- ). Voy. Arioste ( L' ).
DsagcB ( anciens ) , VII i i5i-i54 , 976^78 ; VIII , 49-5o«
Vaise ( statistique de la paroisse de ) , en 1697 , VII , i^i-t^^*
Verna ( M. Dauphin de) , VII , i58 , VIII , 54-6o , 379.
Vers faits deTant l'Ile Barbe , par Mé Camille Boniver , VII , ^oa*
Soi.-^ Note sur un vers latin relatif à Lyon | par M« C.-ff^
Amanton , VIII , 6o-634
Victon ( André ) , VII ,«17.
Vielty ( M. ) > VII , 3o8-3o9*
Voirie. Voy. Chemin de fer.
Voltaire , sa lettre à Le Tourneur ^ VllI f 32/2-335^
Willermoz ( Pierre-Jacques , Pierre«Claude-Catherine et Jean-Bap^
tistc ) , VII , «72-275.
YouDg ( Arthur )• Voy. Lyon en 17894
Z. (M. Passeron). Voy. Boscary , Charité'; Exposition ^ Retour
de chasse et Souyenirs.