IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0 ^^ 1^
1.1
Ut m
£ U£ 12.0
■22
l^^s IrII^b PIMi
Photographie
Sdmoes
Corporation
23 WBT MAIN STRIIT
WIBSTIR,N.Y. 14iM
(71é)l7a-4S03
^$>
^4^
V
CIHM/ICMH
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Caiwdlan lnt«tu» «or Mlttorloal Mlcror.productloi.. / liwthut ciMdiw. d* mterocproductlon. hluOflquM
Tcehnical and Bibliographie Notaa/Notaa tachniquaa «t bibliographiquas
Th
to
Tha inatituta haa attamptad to obtain tha baat
original copy availabla for filming. Faaturaa of thia
copy which may ba bibliographieaily uniqua,
which may altar any of tha imagaa in tha
raproduption, or which may aignificantly changa
tha uaual mathod of filming, ara chackad balow.
D
D
D
D
D
D
D
D
Coiourad covara/
Couvartura da eoulaur
Covara damagad/
Couvartura endommagea
Covara raatorad and/or laminatad/
Couvartura raatauréa at/ou paliiculéa
Covar titia miasing/
La titra da couvartura manqua
Coiourad mapa/
Cartaa géographiques en couleur
□ Coloured init (i.e. other than biua or black)/
^ncra «la couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
r~n Coloured plates and/or illuatrationa/
D
Planchée et/ou illuatrationa en couleur
Bound «vith other meterial/
Relié evec d'eutrea documents
Tight binding mey ceuse shadows or distortion
along interior margin/
La re liure serrée peut ceuser de l'ombre ou de la
diatortion le long de la marge intérieure
Biank ieaves addad during restoration may
appear within tha text. Whenever poasibia, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
meis, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pes été filmées.
Additionel commente:/
Commenteires supplémentaires;
L'Institut e microfilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été poaaible de se procurer. Les déteils
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une Image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modificatton dana la méthode normele de f limage
sont indiqués ci-dessous.
r^ Coloured pages/
D
Pagae da couleur
Pegea damagad/
Pages endommegées
Pages restored and/oi
Pages restaurées et/ou peliiculées
Pages discoloured, stained or foxei
Pages décolorées, tachetées ou piquées
Psges detached/
Pages détachées
Showthroughy
Transparence
Quality of prir
Qualité inégale de l'impression
Includes supplementery materii
Comprend du matériel supplémenteire
Only édition evailabie/
Seule édition disponible
ry} Peges damagad/
I — I Pages restored and/or lamineted/
r~71 Pages discoloured, stained or foxed/
I I Peges detached/
r7| Showthrough/
rri Quality of print varies/
I I Includes supplementery meterial/
r~n Only édition evailabie/
Th
po
of
fil
Or
be
th
sh
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si(
or
Tfi
sh
TU
wl
M.
di
en
be
rig
re(
mi
Pages wholiy or partially obscured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refllmed to
ensure the best possible image/
Les pages totelement ou pertieiiement
obscurcies psr un feuillet d'errata, une pelure,
etc.. ont été filmées è nouveeu de façon à
obtenir le meilleure imege possible.
This item is filmed et tha réduction ratio checked below/
Ce document eet filmé eu teux de réduction indiqué ci-deaaoua.
10X 14X ItX 22X
28X
aox
•
12X
16X
20X
aéx
2tX
32X
TIm eopy fllmad h«r« hM b««n raproducMl thanks
to th« a«n«rosity of :
National Ubrary of Canada
L'axamplaira filmé fut reproduit grêca à la
généroaité da:
Bibliothèqua nationala du Canada
Tha imagoa appaaring hara ara tha iMat quality
possibla conaidaring tha condition and lagibility
of tha original copy and in icaaping with tha
filming contract tpacificationa.
Original copias in printad papar covars ara fiimad
baginning with tha front covar and anding on
tha last paga with a printad or illustratad impras-
•ion, or tlM bacic covar whan appropriata. Ail
othar original copias ara fiimad baginning on tha
first paga with a printad or Illustratad Impras-
sion, and anding on tha last paga with a printad
or Illustratad Imprassion.
Las Imagas suhrantas ont été raproduitas avac la
plus grand soin, compta tanu da la condition at
da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an
conformité avac las conditions du contrat da
filmaga.
L«s axampiairaa originaux dont la couvartura an
papiar ast Impriméa sont filmés an commençant
par la pramiar plat at an terminant soit par la
darniéra paga qui comporta una amprainta
d'impraaaion ou d'illustration, soit par la sacond
plat, aalon la cas. Toua las autras axamplairas
originaux sont filmés wn commançant par la
pramiéra paga qui comporta una amprainta
d'imprassion ou d'illustration at an terminant par
la darniéra paga qui comporta una taiia
amprainta.
Tha last racordad frama on aach microficha
shall contain tha symbol — ► (maaning "COIV-
TINUEO"), or tha symbol V (maaning "END"),
whichavar applias.
Un daa symbolas suivants apparaîtra sur la
darniéra imaga da chaque microfiche, selon le
cas: le symbole -^ signifie "A SUIVRE", le
symbole y signifie "FIN".
Maps. plates, cherts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely Included in one exposure are filmed
beginning In the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many f rames as
required. The following diagrams lllustrate the
method:
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmée é des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé é partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche é droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrant la méthode.
1 2 3
1
2
3
4
5
6
\
xivî
f
^
/^».
COLAS ET COLINETTE
OU
LE BAILLI DUPE.
éj
COMEDIE
<_ t
SN TKOIS ACTES, ET EN PROSE, MKLEE D'ARIETTES ;
'-'Les Paroles et la Musique bar M, Q.
'/Af^^ Ç.
ycC/i^i>'r^
71 /^/A.
^^
A QUEBEC:
Chez JoHK Neilson, Imprîmeur-Libraîre ; Ru« la Mon*
tagne. No» 3. — 1808.
«/
rȕ''
'' ^ttmétiti^^S^ i
X ^i..^k i/;
-00
i*irt!«*-'«i,,..
r-',;
^:
"^
.^jAVIS DE L'EDITEURk/.::
C^ETTE pièce écrite depuis près de 20 ans,
fut représentée pour la première fois en 1790
à Montréal sur un Théâtre de Société. L'in-
tention de l'Auteur n'étoit pas de lui donner
une plus grande publicité, mais vivement sol-
licité depuis plusieurs années, par des Ama-
teurs éclairés, de la laisser Imprimer, nous
avons eu enfin son agrément pour cela, et nous
l'avons entrepris à nos frais. ^^
Quoique nous n'ayons rien épargne pour
rendre cette Edition correcte, il s'est glissé
plusieurs fautes de ponctuation et même d'or-
thographe j auxquelles nous prions les Lecteurs
de vouloir suppléer. --|-|. r
•,r> \A
.fc'
ACTEURS.
M. DOLMONTi Seîgneur de Vzrckse^f ha-
bit de drap gris à boutons dorés ^ veste de
soie verte, culattet de même drap que l*ka»
bit, perruque ronde et poudrée, longue cra*
vatte blanc/te et bas de soie blancs, sans cha-
feau, excepté ait troisième acte, bouquet à
ton habit»)
LE BAILLI DU VILLAGE— ("^^3//, veste,
culottes et bas noirs, manteau court de même
couleur, grosse perruque à la conseillère^
Bien poudrée, canne, et chapeau retapé, J
COLINETTE, jeune paysanne, élevée chez
M. Dolmont — (robe de mousseline, tablier
de soie verte, mouchoir de gaze, chapeau de
paille sans plumes et orné d'une simple boih
de de ruban, les mains nues,J
COLAS, jeune paysan, amoureux de Colî-
nexte-"(gilet et culottes courtes de nanquin^
bas de fi blanc et boucles de ruban à la
jarretière, cheveux bouclés et poudrés, cha-
peau de paille relevé d'un côté, ruban vert
autour du chapeau,)
L'EPINE, domestique de M. Dolmont — Cgi-
let et culottes de drap gris, collet rouge au
gilet, bas de fil blanc, sans chapeau et les
cheveux poudrés.)
La Scène est à la Campagne, chez M, Dolmont»
FAUTES rMENTIELLia A CORRIGER.
Page 20, ligne 7ine. C'est qu'y vat lisez Cett qu'y va
ne l'avois^je pas lisez Nt faveh^ye fat
de m'avoîr lisez de m'voir
Je ne vous dis pas que non, lisez Je ne vem
âh fat noHf
Plein de peines et de rig^nrs ; lisez de feine
et de rigueurt s
C'est bien penser ! lisez Cett bien finti !
•— 57, Après ce vers du Duo dans la partie de Cola •
Tsavons morgue bien c'qu'il en est.
Ajoutez
J'tavent itn te ju* c'ett.
*. 58, ligne 17me. j'ons pris not partis lisez font frit ntt farti
iM C7, «— 20e. Tu m'as l'air d'un frip<Hi. lisez Tu m*at Fait
d'être un Friftit.
— 24, — 12e.
— 42, — 21e.
— 49, — 14e.
— 51, — 14e.
— 5S, — 17e.
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o
)
4:
COLAS ET COLINETTE
OU
LE BAILLI DUPE
COMEDIE.
ACTE PREMIER.
Le Théâtre représente l* avenue du Jardin de
M. Dolmont,
SCENE PREMIERE.
COLINETTE entrant par le fond du Théâtre,
avec une poignée defieurs à la main,
J-je Soleil est déjà bien haut et Colas ne
vient point ! Il devoit se rendre ici de grand
matin pour cueillir ensemble le bouquet que je
veux présenter à M. Dolmont, dont c'est de-
main la fête... auroit-il oublié ce matin ce qu*il
désiroit hier avec tant d'empressement ?.... Hé
bien, en l'attendant faisons toujours le bouquet.
Elle s'assied à gauche du Théâtre, pose les fieurs
sur ses genoux et travaille à faire un bouquet.
Arriette.
Cher protecteur de mon enfance,
C'est pour toi seul qu'en ce bosquet,
Ma main façonne ce bouquet.
Que t'offre la reconnoissance ;
^1
11
"^ -
mr^f^m-
COLAS ET COLINETTE.
il
\ l
\ ^
n
\^
Du sort éprouvant la rigueur,
En naissant je perdis mon père,
Sans toi quel étoit mon malheur !
Mais tu me vis, je te fus chère.
Et tu devins mon bienfaiteur.
Cher protecteur de mon enfance.
C'est pour toi seul qu'en ce bosquetf
Ma main façonne ce bouquet,
Que t'offre la reconnaissance.
«M •» * À \.^ K^
ï
Mais ce négligent de Colas, qui peut donc
l'avoir arrêté ! Oh, je veux le quereller, le
quereller Pourtant je sais qu'il m'aime et il
n'ignore pas aussi mes sentiments pour lui. Il
est si bon Î....I1 est si franc, si sincère !....Une
chose pourtant me déplait en lui, il est jaloux.
C'est un défaut que je hais et dont je voudrois
qu'il se pût corriger.. ..je ne crois pas qu'on
puisse être heureuse en ménage quand la jalou-
sie vient en troubler la paix. Allons, il est temps
bientôt d'aller présenter ce bouquet à M. Dol-
mont, car les Miliciens vont venir et en voilà
pour toute la matinée Ah, Ah!... j'entends
quelqu'un! C'est sans doute Colas Non,
c'est M. Le Bailli qui vient encore m'ennuier
de ses propos. Oh ! que je voudrois qu'il fut
loin d'ici !
SCENE IL
COLINETTE, LE BAILLL
LE BAILLI.
He bon jour, belle Colinette.
COLINETTE.
Bon jour, Monsieur Le BaiUi.
COMEDIE*
J K-y/R-turj.Y
LE BAILLI.
Que fais-tu donc ici si niatin ^
coLiNETTE, ie UvatiU
* Vous le voyez ; je fais un bouquet.
LE BAILLI.
Sera t*îl pour moi ?
COLINETTE*^
Pour vous ?
LE BAILLI.
Oui. J'aimerois beaucoup un bouquet de ta
jolie main. (Il veut lui baiser la matn,J
^ COLINETTE.
' Finissez. *
LE BAILLI.
Dis-moi, seras-tu toujours aussi farouche ?
COLINETTE.
Aussi farouche? Qu'est ce que cela veut dire?
L£ BAILLI.
* C'est que si tu voalois m'aimer, je saurois
te rendre fort heureuse ; tu ne sais pas tout le
bien que je pourrois te faire.
COLINETTE, ironiquement.
Je vous suis obligée de votre bienveillance.
LE BAILLI. ^
C'est répondre assez mal à mon empresse-
ment^ tu n'ignores pas que je t'aime, et tu ne
fais que rire de mon amour.
COLINETTE, Hont,
Eh, que voulez-vous donc que je fasse ?
LE BAILLI.
Tu badines toujours, mais je te parle sérieu-
sement moi, il ne tiendroit qu'à toi de devenir
en peu ma petite femme.
'■■ff'^^T-i
COLAS ET COLINETTE.
COLINETTE.
Votre petite femxiiie ? ;^ r..^ r^^j. .^t^^
L£ BAILLI.
Oui, je te donnerois mon cœur et tout ce que
je possède.
COLINETTE. „ '
Vous avez bien de la bonté. ' "**^
LE BAILLI.
Je me flatte que M. Dolmont n'y mettroit
point d'obstacles.
COLINETTE.
Vous vous flattez peut-être un peu Icgèrt^
ment.
LE BAILLI. ^
Pourquoi?
COLINETTE.
Parceque M. Dolmont pourroit bien n'y pas
consentir.
LE BAILLI.
Il n'y consentiroit pas ? Mais si tu y con-
sentois-toi ?
COLINETTE.
Oh ! pour cela non» je vous assure.
LE BAILLI.
Diantre ! tu me parois bien décidée, est-ce
que tu serois assez folle pour refuser la main
d*un homme qui t'aimeroit ?
COLINETTE, .1
Je serois du moins assez sage pour ne pas ac-
cepter celle d'un homme que je n'aimerois pas.
LE BAILLI. ,
C'est parler clairement, mais j'espère que tu
deviendras moins insensible, et que tu pourras
m' aimer quelque jour. .,....„-,
^^
COMEDIE.
COLINETTB.
Cela pourra venir,
LE BAILLI.
Eh bien ! tâches donc que cela vienne, et
considère que je suis riche, et que ce n*est pas
une chose à dédaigner.
coLiNETTE, à part. ■
Voici de quoi faire à Colsis une histoire assez
jolie.
LE BAILLI.
Tu n'ignores pas, mon eofant, que l'argent
dans le ménage....
COLINETTE, I* interrompant, '
Tenez, M. Le Bailli, je ne songe point à me
marier, souffrez que je vous quitte, pour aller
porter ce bouquet à M. Dolmont, avant l'ar-
rivé des Miliciens. ,
LE BAILLI.
Eh ! quoi, si pressée ? reste donc encore un
moment ; les enrôlemens ne commencent pas si
matin et nous pouvons causer encore.
COLINETTE.
Je n'en ai pas le tems. fEIie s'enfuit. J
SCENE iir.
■..Vl'ff fts
LE BAILLI.
ii<LLE est charmante, mais c'est dommage
qu'elle ne m'aime pas ; cependant ne désespé-
rons de rien. Le cœur d'une jeune fille est
comme ramadou, une étincelle suffit pour
l'embraser, j'espère qu'elle s'apprivoisera. Cil
rêve) Je me croirois heureux avec cette enfant
là ! c'est un cœur tout neuf, cela s'attachera à
6
COLAS ET COLINETTE.
m '
..)
■'7
• f
'T.
son mari ; cela se^ feroit à mes caresses, et dans
peu, elle m'aîmeroit à la folie, mais d'autre
part, épouser une fille si jeune à mon âge 1....I1
y a bien quelques risques à courir ceci de-
mande quelques réflexions.
Pendant la ritournelle, il se promène sur le bord
du Théâtre d'un air pensif,
Arriette. '* "^
Colinette est jeune et jolie,
De l'épouser ferai-je la folie,
L'Amour dit oui, mais hélas la raison
£n l'écoutant me dira toujours non.
Non, non, non, non,
Pourtant, pourtant sa mine
Sa mine est si mutine !
Si fine !
Non, non, mon cœur n'y sauroit résister.
Lequel des deux dois-je écouter !
C'en est fait elle à su me plaire.
Oui je veux hâter cette affaire,
Colinette sera mon lot.
Sitôt que l'amour dit un mot
C'est la raison qui doit se taire. , ,V
-. Me voila tout-à-fait décide, à quoi sert de
-délibérer ? Je n*ai pas de tems à perdre pour
prendre un parti, mais je me crois encore très
propre à faire le bonheur d'une femme, il s'a-
git seulement de lui plaire, et quand j'aurai
gagné ce point là, il me sera facile de renverser
les obstacles que M. Dolmont pourroit mettre
à notre mariage. C'est une espèce de misan-
trope que ce M. Dolmont.... Eh puis, la petite
friponne n'est peut-être pas sans avoir déjà
quelqu'amoureux, je l'ai vu qu'^lquefois avec
bord
COMEDIE. ; t
un certain Colas des environs.... La jeunesse a
de grands avantages, et cela ne laisse pas que
de me donner quelqu'inquiétude.
Colas chantant sans être apperçu.
Allons danser sous les ormeaux, &c.
Mais le voici ! tachons de découvrir ce qui
en est.
SCENE IV.
COLAS, LE BAILLL
,>fn
COI.AS. „ r
OERViTEUR à M. Le Bailli. > ^n:i,
LE BAILLI.
Ah! te voilà, maitre Colas, tu me parois
bien gai ce matin.
COLAS.
Pas beaucoup, M. Le Bailli.
LE BAILLI.
Comment ? il me semble qu'on n'est pas
triste quand on chante.
COLAS. j^^ '>}■
Je ne sis pourtant pas ben content, je vous
assure.
LE BAILLI.
Ou'as-tu donc, es-tu m-^.lade?
COLAS. ' *>* «-7
Je m*porte assez ben, mais je n'mange ni
ii*dors, et pis par fois j 'poussons des soupirs
comme si m'étions arrivé queque malheur. ■J
s
COLAS ET COLINETTE.
LE BAILLI.
Maïs c'est être malade que de ne pouvoir
manger ni dormir.
COLAS.
C'est une maladie sans mal, je sentons seu-
lement là dedans queque chose qui m'tarabuste
furieusement, et je viens pour en parler à M.
Dolmont,
LE BAILLI. --'''^i' ù^
A M. Dolmont ? est ce qu'il est médecin ?
COLAS.
Non, c'est l'Seigneur du village.
LE BAILLI.
Et bien ! que peut-il faire à cela ?
COLAS. j- '
Ly ! y pourrions d'un seul mot m'rendre
gay comme un Pinçon.
LE BAILLI, à part.
Je crains bien d'avoir deviné, (haut) sais-tu
que je suis un peu devin, moi, et que je puis te
dire d'où vient cette langueur ! Voyons, mon-
tre moi tes yeux..
COLAS.
Regardez.
LE BAILLI, le regardant fixement.
C'est cela même. Hé bien, je connois à pré-
sent la cause de ton mal.
COLAS.. ...xij-;-,#-
Vous badinez ? ^'
LB BAILLI. > . 1/Mv .; >
Je te parle sérieusement. ''
COLAS.
. Oui ? Eh bien, comment appellez-vous ça \
C'est ty dangereux ?
COMEDIE.
LE BAILLI.
Non, c'est ce qu'on appelle la maladie de
Tamour.
COLAS riant niaisement.
De Tamour. Hé à quoi diantre connoissez-
vous ça vous ?
LE BAILLI.
je ne m*y trompe jamais, et je te dirai de
plus le nom de celle que tu aimes.
COLAS.
Oh bien, ça seroit drôle, voyons, dites-le
moi.
LE BAILLI.
C'est Coiinette.
COLAS. , "l
Coiinette ?
LE BAILLI. • ''""^t\ '
Oui, l'Orpheline de M. Dolmont. * P
COLAS riant. ■ '-^
Mais mais, vous êtes pire qu'un Sorcier. P
LE BAILLI, à part.
Voilà mes soupçons confirmés ChatitJ Eh
bien ! n*ai-je pas devine ? *
COLAS.
Tenez, je n'voulions pas l'dire, mais mor-
gucnne v'zavez mis l'nez dessus drès l'premier
coup. Est-ce que vous la connoissez ?
LR BAILLI.
Comme ça, je l'ai vue quelquefois, chez M.
Dolmont. V ;
COLAS.
Et bien? comment la trouvez-vous ? j ,•■ :
LR BAILLI. . ,, -
Mais assez gentille. j^o- :4f . :•,
;^'
10
COLAS ET COLINETTE.
f^.
COLAS.
Dites plutôt, quelle est bien Jolie..
LE BAILLI.
Eh bien soit, jolie si tu veux.. Y a-t^l long*
tems que tu la connois ?
COLAS.,
Pardine drès toute petite, j'àvons été étevés
par ensemble, sa mère et mon père étions amis;
et voisins, y s'étions ben promis d'nous marier
un jour par ensemble, mais malheureusement,;,
je les avons perdu tous deux..
LE BAILLI.
Et c*est sans doute pour cela que tu veux
parler à M. Dolmont.
COLAS..
Justement, mais c'est que j*suis si honteux
que ça m'coute à Ty en parler, j'ons été ben
souvent au Château dans c't'intention, mais drès
que j*suis à la porte le cœur me bat, j'nose-
entrer, et j'm'en reviens sans avoir rien dit.,
LE BAILLI..
Le Pauvre Colas ! mais crois-tu que ColinettG'
ait aussi de l'amitié pour toi ?.
COLAS. ''-> ■ -^'
Oui, je l*trois.
LE BAILLI.
Comment t'en es-tu apperçu ?
COLAS.. ^-ni^^:;'.' l
Oh! dame, à ben des choses.,
LE BAILLI.,
T'at'elle dit quelquefois qu'elle t'aimoît.?'
COLAS.
Si elle me l'a dit î! Oh ouï, pus de cent fôife.
f
OOMÊDÏE.
-^
n
Et jamais tu ne t'es brouillé avec die ?
COLAS.
Oh ! pour ^a, si fait; mais tant y a toujours,
que si j'nous brouillons par ensemble je n'tar-
dons pas à nous raccommoder, enfin tenez M.
Le Bailli.
Air:
Colinette est un vrai trésor,
Toift plaît en c'te jeune bergène,
Joli minoiS) taille légère,
On n'pcut s'teoir, d'Iaimer d*abord«
C'est comme un sort.
Pour moi que l'amour engage,
A Songer au mariage.
Je sens bien, sauf vot respet,*
Que Colinette est tout mon fait. (hu.J
Quand aux bois elle va sautant, j^ | jQ -
t .Te l'a guettons pour aller avec elle, ' '" ;
- '- Elle r'fuse d'abord, d'abord ell'me querelle.
Mais j'I'en prions si poliment, ' ;. '
Quelle y consent. "'■'*•!
Pour moi que l'amour engage,
A songer au mariage,
•Te sens bien, sauf vot respet, ^
Que Colinette est tout mon fait. (lts>)
Si queuq'fois j'ia veux embrasser,
Contre moi elle s'met en colère.
Mais j'crois pourtant qu'elle m'iaisseroit faire,
Si j 'osions un peu la presser, - •. ., ^^^j-
Et r'commencer.
Pour moi que l'amour engage,
A songer au mariage.
Je sens bien, sauf vot respet.
Que Colinette est tout mon fait, (bis.)
* Chaque fois que Colas dit ces mots «* sauf vot respet, " il ote
son chapeau et salut profondément le Bailli.
B
IS
COLAS ET COtlNETTE.
ht
LE BAILLI, â part.
Je vois bien qu'il n*est que trop vrai qu'elle
raime, (haut) Mon cher Colas je m*interresse
à ton amour, et comme je connois M. Dolmont,
je lui parlerai pour toi si tu veux.
COLAS.
Ah ! si vous vouliez faire ça, qu'elle obliga-
tion je vous aurois.
LE BAILLI.
Oui da, je le ferai ; je crois que ce parti là te
convient beaucoup, mais je ne me chargerai
de parler pour toi qu*à certaines conditions ;
M. Dolmont n'est pas un homme fort traitable,
il faut savoir le prendre, ainsi il faut que tu me
promettes d'être soumis à tout ce qu'il te dira.
COLAS.
Qu'à ça n'tienne, je vous l'promets,
LE BAILLI.
Et de ne rien répliquer à tout ce que je ferai
pour toi ?
COLAS.
Oui, oui, j'frons tout ce que vous voudrez
pourvu que....
LE BAILLI,
Tu me le promets ?
COLAS.
Oui d'un grand cœur.
m
Duo.
LE BAILLI.
Tu peux compter sur moi,
Je parlerai pour toi.
COLAS.
Voue savez mon affaire.
»>*■ ■••i*^
COMEDIE.
13
LE BAILLI.
Oui, oui) laisse moi faire»
Je parlerai pour toi.
COLAS.
Ah ! si de ma maitresae
Vous m'obtenez la main,
Je veux par politesse.
Vous prier du festin.
4 i
LE BAILLI.
Par mon heureuse adresse ;
De ta jeune maitresse
Je t'obtiendrai la main,
Serai-je du festin ?
t
» ) r '- ■:
COLAS.
Vous serez du festin.
-■-«.i.
LE BAILLI.
Tu peux compter sur moi.
COLAS.
Parlerez-vous pour moi ?
LE BAILLI.
Je parlerai pour toi.
COLAS.
Vous savez mon affaire ?
■p y
'"ru;-'.
LE BAILLI.
Oui, oui, laisse moi faire.
i
Tu peux compter sur moi.
COLAS.
Vous parlerez pour moi ?
LE BAILLI.
Je parlerai pour toi.
v-1' ^' 'i
r
- LE BAILLI.
Oh ça tu te souviendras de ce que tu m'as
promis?
COLAS. >! )
Oui,' oui. Monsieur Le Bailli.
LE BAILLI.
Car autrement je ne me mêlerai pas de ton
affaire.
A2
*4>» l.fi' !■! :
m
R
14 COLAS ET COURETTE.
COLAS.
Vous serez content de moi, je voû8 assure.
LE BAILLI.
Tu sens bien que ce que j'en fais n'est que
pour t'obliger et te rendre service.
COLAS.
Oui certes, et j'vous en remerck.
LE BAILLI.
Eh bien ! écoute moi, je serai chez M. Dol-
mont dans une demie heure ; tu n'as qu'à venir
m'y trouver et je te présenterai à lui.
COLAS.
Ca suffit, M. le Bailli, grand merci, de
vot bonté.
SCENE V.
COLAS, seul,
IVIorgue' j'suis ben heureux d'avoir rencontré
M. L 'Bailli, si à propos pour m 'aider à parler
à M. Dolmont ! C'est une chose qui coûte
tant que d'aller demander queuqu'un en ma-
riage, surtout qu'en on n'a pas la parole en
bouche.
M
i..,
' -^ -^ SCENE VL ' ■
COLAS, COLINETTE. . .
:;40 -, . J
COLINETTl.
X E voilà donc enfin ! Il est bien tems de vç-
nir quand l'ouvrage est fait. »^<-*-
ÇQM5DIÏ-
1^
coiAa.
Quoi donc?
COLINKTTB.
Le bouquet que nous deviços présenter ï
M. Dolmont.
COLAS. - " ^
Ah! Mais c'est que je n'y ons
pas songé du tout.
COLINBTTE.
Belle excuse ! voilà comme tu es, tu ne son-
ges à moi que quand tu me vois.
COLAS.
Tu savons ben Tcontraire.
COLINETTE.
Voila un amoureux bien empressé; îl me
donne un rendez-vous et U n'y vient pas !
COLAS.
C'est ben vrai, je n'sais pas comment j'ons
pu oublier ça.
COLINETTE.
Ni moi. J'aurois été bien aise que tu fus
venu, mais cependant je n*y ai rien perdu, car
pendant que j*étois seule ici un beau Monsieur
m'est venu trouver qui m^ bien désennuiée.
COLAS.
Que veux-tu dire ? ^^
COLINETTE.
Je te dis que j'ai fait la connoîssance d'un
Monsieur bien riche et qui ma dit qu'il m'aî-
moit.
COLAS.
Via un beau coQte que tu m'fais là !
IB
COLAS ET COUNETTE.
;-f
II
' 1 v-
I
1
-:t..,^,jU
COLINITTI.
Ce n'est point un conte.
COLAS.
Tout de bon?
COLINBTTI.
Oui. Il m'a même fait des propositions de
mariage.
COLAS.
Des propositions de mariage ! Et que l'y
as-tu répondu ?
COLINITTB.
Eh dame, j*airépondu....j'ai répondu comme
îl convenoit de répondre.
COLAS.
Mais sans doute que tu ne l'y as pas donné
d'espérances? / .
COLINBTTE.
J'ai fait plus, car je lui ai presque donné ma
parole.
COLAS.
Tu l*y as donné ta parole ?
COLINBTTE.
Oui, ma parole, mon consentement.
COLAS.
Seroit t'y possible que tu pourrois en aimer
un autre après toutes les promesses que tu m'as
faites? ^ ; . /
COLINBTTE.
Il est vrai, je ne sais pas comment j'ai pu
oublier cela.
COLAS.
Je l'sais ben moi. C'est que ton amitié est
pus changeante que l'vent. Mais dis-moi, est
t'y convenable à une fille d'écouter les cajolle-
V| voi
pas
■À^
4 du
me
^«
COMEDIE.
17
îue l'y
comme
donné
ne ma
aimer
1 m'as
ai pu
ic est
i, est
ijolle-
■È
ries d'un queuqu'un. quand elle s'ctons promise
à un autre ? Comment as-tu pu oublier c'que
tu m'a dit cent fois, c'que tu m'disons tous
les jours? Ahl Colinette je n'te croioi^ pas
capable de ça.
COLIN£TTK.
Allons, voilà encore les reproches. Hc
n'as-tu pas toi-même oublié qu'hier au soir
tu me demandas avec empressement la per-
mission de venir ce matin me trouver au jar-
din ? £toit-ce aussi une chose à oublier ?
COLAS.
Tu as raison. Mais dis-moi donc, est-ty ben
vrai qu'un Monsieur....?
COLINETTE l'interrompant.
Tiens, c'est une petite vengeance dont j'ai
voulu avoir le plaisir, pour t'apprendre à ne
pas manquer une autre fois au rendez-vous.
COLAS.
Tu es trop méchante aussi de m'faire endé-
ver comme ça.
COLINETTI.
Hé ben laissons cette plaisanterie qui te cause
du chagrin et sois sur que je suis toujours la
même pour toi.
COLAS.
Tu me remets le cœur. Hc ben puisque tu
n'est point fâchée, dis-moi donc encore une
fois que tu m'aimes.
COLINETTE.
Je te l'ai répété cent fois, mais je veux bien
encore t'assurer de mes sentimens.
18 COLAS ET COLINETTE.
Ariette.
,. I I : i -.i
! .
\
i
h,
i
.' il
Le tendre amour qui pour Colas m'engage»
Ne changera jamais A'objet ;
Lies vaiins deiiors d'un brillant étalage,
Sur moi ne font aucun effet,
Ton cœur constant, ton cœur fidèle,
Pour le mien èït un don flatteur.
C*eât dans une ardeur mutuelle ' . '^
Que l'on peut goûter le bonheur.
COLAS.
Chère Colinette ! Tu me rends le bonheur^
COLINBTTE.
Es-tu content de cette assurance ? et cela te
guérira-t-il de la jalousie ?
COLAS.
Pardonnes-moi, ma chère, c'est par ce que
j'taimons que j*ons toujours peur de t'perdre,
et pisque tu m'aimes aussi n'me donne donc
pus d'chagrin : mais à propos, y faut que j'te
conte queque chose qui nous regarde tous deux.
COLINETTE,
Qu*est-ce que c'est ?
COLAS.
C'est pour à l'égard de not mariage.
COLINETTE.
As-tu parlé à Mr. Dolmont ?
COLAS.
Non, mais j'ai trouvé qu'euqu'un qui s'est
chargé de l'y en parler avec moi, et j'y vas
aller tout-à-I' heure.
COLINETTE.
Que veux-tu dire ? Colites moi donc cela.
COLAS.
Tiens, v'iacom ça s'est passé, je m'suis levé
tÔMEDÎÈ.
id
c'matîn tout triste com d'ordinaire, et j*ai dit
en moi-même : c'est demain la fête à Mr. Dol-
mont, faut pas que je manque d'aller l'voir j
c'est un bon jour pour l'y demander une grâce,
faut que je l'y conte mon amiquié pour Coli-
nette, et que je la l'y d'mande en mariage ;
il a l'cœur bon, il est g^ néreux, peut-être qui
m' l'accordera»
COL IN ET TE,
Et tu ne songeois point au bouquet ?
COLAS.
Pas un brin, j 'avions trop d'choses en tête,
COLINETTE.
Hé bien. ;
COLAS.
J'ons donc é té au château, mais com'y n'é-
toit pas l'vé j'nons pu l'y parler, et j'en avois
ben du chagrin ; maia en revenant j'ons ren-
contré Mr. L'Bailli qui m'a dit com'ça : D'où
qu'tu viens Colas? Moi j'I'y ai dit que j've-
nois d'cheux Mr. Dolmont ; v'ia t'y pas qui
s'est mis à deviner à mes yeux que j 'avions
dTamour pour toi. Ahî m'a t'y dit j'sais
bien c'que tu as, t'es amoureux d'Colinette ;
moi quand j'ai vu ça, j'ai dit tout ingénument
que c'étoit vrai, mais que j'n'osions l'y en par-
ler. Eh bien ! Colas, y ma dit, j'veux m'in-
teresser pour toi; viens tantôt m'trouver
cheux Mr. Dolmont, et j'I'y en parlerai ; moi
bien content j'I'ons remercie, et j 'sommes ac-
couru t'chercher pour te conter ça.
COLINETTE.
Tu as fait là une belle afîiiire.
20
COLAS ET COLINETTE.
1
.1
^l' ^
sh.i
i
y 11- V
:
COLAS.
, Vas-tu point encore me quereller ? . ..^
COLINETTE.
Qu'avois tu besoin de t'aller confier à ce
vilain Bailli ?
COLAS.
C'est qu*y vat parler pour nous.. r
COLINETTE.
Qu*avois tu besoin d*lui parler de cela ?
COLAS.
J*te l'dis, y m*a promis d*prendre nos in-
térêts, et pis c'est que c'est un homme qu'a
la langue ben pendue, va.
COLINETTE.
Je te dis moi qu'il ne faut point s'y fier. Il
faut que tu lui parles toi-même, ou ne plus
songer à notre mariage, mais voyez un pea
quelle confiance !
COLAS..
Pardine j'ons ben du guignon ! Je n'puis
jamais t'contenter ; ne vois-tu pas qu'c*est un
service que voulions m'rendre Mr. L*Bailli ^
COLINETTE.
Et moi je ne veux pas que tu lui aye cette o-
bligation.
COLAS.
J'noseraî jamais 1 y en parler.
COLINETTE.
As-tu peur qu'il te mange ? Fi donc, tu
n*as pas plus de courage qu'une poule.
COLAS.
Allons, je vas prendre ma resolution et aller
l*y parler, coûte qui coûte» mais comment
que j'dirai?
3r
COMEDIE.
21
COLINETTE.
Il faut premièrement demander à lui parler,
€ts*il n est pas occupé, tu te feras introduire,
tu le salueras, et tu lui diras: Monsieur, j'ai
pris la liberté de vous troubler pour avoir l'hon-
neur de vous souhaiter une bonne fête. La
dessus il te répondra quelque chose, et aussitôt
tu lui demanderas son consentement pour notre
mariage. if " . - •
COLAS.
C'est bon jemî'y en vas.
COLrNETTE.
Tu te souviendras bien de<:ela?
COLAS. :
Oh ! que Oui.
COLINETTE.
Hé bien, voyons, répètes moi ce que je viens
de te dire.
COLAS. *
Tiens, je suppose que tu es Mr Dolmont ;
jote mon chapeau, et j*Py dis : Monsieur; je
prends l'honneur d avoir la liberté
; .COLINETTE, Ic contrefaisant.
L'honneur davoir la liberté Quel gali-
matias fais-tu donc ?
COLAS.
Hé diune aussi il y en a si long ! j'puis t'y
me souvenir de tout ça, moi ?
COLINETTE.
Comment, ne peux-tu pas repeter mes pa-
roles ?
' '■:^~ ., îlv COLAS.
£t sarpedié j'Ies dis toutes les paroles.
COLAS ET COLBTETTir.
iP i
•i !
H
COLINETTB.
Oui, tu les arranges joliment. i ^n II
COLAS.
Tiens laissons ça, vaut bien mieux que j'I'y
^e tout franchement c'que j'ai dans Tame.-
COLINfiTTE.
Oui, inais tâches de t*expliquer le plus poli-
ment que tu pourras, et cours vite, car il sera
occupé toute la matinée. ; :..'
COLAS.
Je dirai com'tu m*as dit, et j'y cours tout de
suite, mais où te trouverai-je ?
COLINBTTE.
Je vais t'attendre là bas dans le jardin, mais
ne vas pas faire comme ce matin.
COLAS ' ■ ■
N'y a pas d 'risque, attends-moi, je sVons
bientôt, r'venu.
4
u
ACTE SECOND.
Le Théâtre représente ï* appartement de M, Dol-
mont, on y voit une table, du papier^ des
plumes ^c,
SCENE I.
M. DOLMONT, écrivant à son Bureau.
v><iNQ et cinq font dix et dix font vingt, vingt
quatre et six font trente, et sept font trente
sept et huit font quarante cinq et deux font
quarante sept. Voilà toujours quarante sept
Miliciens d'enrôlés depuis deux joiurs. Ma pa-
i
l\\
COMEDIE.
23
)Ius poli-
ril çer*
s tout de
m, mais
B srons
M. DoU
pier, des
ureau.
jt, vingt
t trente
ux font
inte sept
Ma pa-
roisse en doit fournir cinquante c'est encore
trois qu'il me faut, je les aurai aujourd'hui
j'espère, et le nombre sera complet pour de-
main, qu'ils doivent partir après la revue. ("11
regarde à sa montre. J Comment déjà neuf
heures ! il devroit s'être déjà présenté quel-
qu'mi, et j'ai donné ordre à mon imbécile de
Valet de les faire entrer, mais il n'en aura
rien fait.
SCENE IL
M. DOLMONT, L'EPINE.
M. DOLMONT.
L* EPINE. ^
■4
1-<'epine.
Monsieur.
M. DOLMONT.
Est-il venu quelqu'un ce matin se présenter
pour la Milice ?
l'épine. "^
Oui, Monsieur, il en est venu queuqu'uns.
M. DOI.MONT.
Où sont-ils ?
l'épine.
Je leur ai dit de revenir tantôt.
M. DOLMONT.
Pourquoi cela ? ne t'avois-je pa^ donné or-
dre hier au soir de les faire entrer ?
l'épine.
Oui, Monsieur.
-■
S4
COLAS ET COLINETTE,
M. DOLMONT.
^-'iS
c
i
à
Pourquoi donc ne l'as-tu pas fait l ^
l'épine.
C'est que je n'y ons pas songé Monsieur..
M. DOLMONT.
Tu n'as pas plus de mémoire qu'un lièvre^
et mon cabinet que je t'ai dit d'arranger, cela
est il fait ?
l'épine.
Non, Monsieur.
M, DOLMONT.
Pourquoi non encore ? ne l*avois-je pas aussi
donné cet ordre hier au soir.
l'épine.
Oui Monsieur, c*est bien véritable.
M. DOLMONT.
Et pourquoi donc ne l'as-tu pas fait ?
l'épine.
Ah c'est que... pour vous dire la vérité.
Monsieur, c'est que je n'y ons point non plus
songé.
M. DOLMONT.
Tu ne songes donc à rien ? quel ouvrage
as-tu fait ce matin ?
l'épine.
Quel ouvrage ? Monsieur ?
M. DOLMONT.
Oui qu'as-tu fait depuis que tu es levé ?
l'épine.
D'abord Monsieur j'ai déjeuné..., et puis
ensuite.
M. DOLMONT.
Ah ! tu as songé à cela ?
'M
y,
:i:"^-
:r. COMEDIE.
8S
leur.
i lièvre^
er, cela
oas aussL
i Venté,
non plus
ouvrage
ivé ?
et puis
L^EPiNE, riant niaisemenU
Ouï, Monsieur.
M. DOLMOïT,
Mon pauvre l'Epine tu es un fort honnê^**
garçon, mais un fort méchant valet ; cependant
je t'aime à cause de ton honnêteté, mais je te
conseillerois pour te déniaiser un peu et te
rendre plus actif de t'enrôler dans la Milice, je
suis certain que tu t'en trouverois bien.
l'épine.
Oh nenni pas. Monsieur, je n'aime pas la
guerre, moi.
M. DOLMONT.
Est-ce que tu as peur d'un fusil ?
l'épine.
Oh non Monsieur, mais....
M. DOLMONT.
Sais-tu que rien n'est plus honorable que de
servir le Roi ?
l'épine. '
Oh je crois bien, Monsieur, mais....
M. DÔLMONT.
Allons, je vois bien que tu ne serois pas
meilleur soldat, que tu n'es bon valet ; mais
dis-moi, étoit-ce des jeunes gens qui se sont
présentes ce matin ? car il ne me faut que de
la jeunesse.
l'épine.
Oui, Monsieur, c'étions tous des jeunes gar-
çons ; il y en avoit un surtout, ben joli qui pa-
roissions avoir grande-hâte de vous parler, y
m'a ben demande à qu'elle heure y pourrions
C2
II
':»''
m
COLAS ET COLINETTE.
t>i^
b'V
m
vous voir, et j' crois ben qui r* viendra bentôt.
M. DOLMONT.
Ne manque pas de faire entrer dans mon
cabinet ceux qui se présenteront, et tu m'en
avertiras aussitôt.
l'épine. -'
Cà suffit Monsieur; pour le coup, jenTou-
blierons pas. v^^i ....
SCENE m.
L'EPINE.
C'est un ben brave homme que mon maître !
du depuis quinze jours que j'suis à son ser-
vice, c'est vrai qui m'a querellé un p'tit brin,
mais y n'ma pas encore donne tant seulement
une tappe ; aussi j'fais t'y d'mon mieux pour
le contenter. Mais pour ce qu'est d'm'enrô-
1er dans c'te Milice com'y voudroit me l'con-
seiller, c'est une chose que je n'ferai point,
quand on devroit m' tuer. J'n'ons morgue pas
envie d'aller m' faire estropier pour l'y plaire,
et d'm'en r'venir cheux nous avec une ou deux
3,ambes de moins ; puis gagne ta vie com'tu
pourras. Non, non, je n'suis pas si fou qu'ça.
Ils ont beau dire que c'est une belle chose que
l'service, et qu'un jeune homme fait ben d's'y
mettre ; v'ià d'beaux contes ! Eh ben quMes
pus pressés courions d'vant. Pour c 'qu'est
d'moi je me trouve ben com'je suis. Mais
j'apperçois Monsieur L'Bailli, faut que je
l'consulte la d'sus.
y
bi
es
f
SI
d
COMEDIE.
21
bentôt.
ns mon
tu m'en
e nTou-
maître !
son ser-
*tit brin,
?ulement
.IX pour
'm'enrô-
le l'con-
ai point,
rgué pas
y plaire,
041 deux
s com'tu
)u qu*ça.
lose que
en d's'y
m qu'k's
c 'qu'est
3. Mais
que je
SCENE IV.
L'EPINE, LE BAILLL
n
LE BAILLI.
JjoNJOUR, L'Epine, ton maître est-il ici?
l'épine.
Oui Monsieur, il y est...c*est-à-dire.^..non,
y n'y est pas.
LE bailli.
Il y est, et il n'y est pas ! voilà une réponse
bien claire.
l'épine.
C'est qu'y n'est pas ici. Monsieur, mais il
est dans sa chambre.
LE bailli. ■
Qu'importe, est-il occupé ?
l'épine.
Je n'peux vous dire ça, mais y m'a dit d 'l'al-
ler avertir si v'noit queuq'zuns.
le bailli. ' ' ' ' '
Vas m'annoncer. • î" • :
L 'épine, s*en allant.
J'y vas. (revenant*) J'voudrois ben. Mon-
sieur L'Baillî, que vous m'feriez l'amiqué de
de m'donner votre avis sus queuqu'chose ?
LE BAILLI. - .
De quoi s'agit-îl ?
l'épine.
Mon maître m'conseille d'm'enroler dans la
Milice ; y dit com'ça, qu'ça m'feroit du bien.
hi BAILLI.
Il a raison, rien ne convient mieux à un
jeune homme. ■■'
9â COLAS ET COLmETTE,
ir
■•«♦^•^^•"H*^»». . ■-»
L'EPINE.
Com'c'est un homme qui m'estime, et qui
m'aimons voyez-vous com'son enfant, j'vou-
drois ben tacher de l'contenter.
'I
LE BAILLI.
C'est très-bien fait a toi,
l'épine.
Que m'conseillez-vous à cVcgard là ?
LE bailli.
Mais je suis fort de l'avis de Mr. Dolmont
et je crois que tu ne saurois mieux faire.
l'épine.
Croyez-vous?
v^^ ' LE bailli.
Oui. C*est aussi mon opinion.
l'épine.
C'est que, voyez-vous, j'étoîs ben aise de
savoir vot sentiment sus ça.
LE bailli.
C*est te dis-je le meilleur parti que tu puisse
prendre.
l'épine.
Oh bien, j'suis pourtant ben décidé à n'ie
prendre pas.
le bailli.
Et pourquoi. Diable, t'avises-tu donc de me
consulter?
l'bpine.
C'est ben véritable. Monsieur, j'n'y son-
gions pas.
LE bailli.
Allons va-t-en. Je n'ai jamais rien vu de
plus stupide.
I
Ui.
COMEDIE.
29
;»
et qui
, j vou-
)olmont
aise de
Li puisse
; à n'Ie
: de me
'y son-
vu de
SCENE V.
LE BAILLI.
Je me suis chargé d'une singulière commis-
sion, mais j'ai mes vues....L' entreprise est un
peu scabreuse et quand on viendra à décou-
vrir.... Qu'importe, tout moyen est bon quand
il conduit au but qu*on se propose. Cepen-
dant....11 me faut sonder les sentimens de M.
Dolmont peut-être ne seroit-il pas aussi oppo-
sé....Et puis la Loi fournit des moyens....Ah !
petite friponne vous aimez Colas ! Patience,
patience, nous en avons vu d*autres....On trou-
vera le moyen de l'empêcher de te voir et si tu
m'échappes tu seras bien fine.
» • ,■■',. - •■ ' -' "
Ariette.
En amour plein d'expérience,
Je sais l'art de gagner un cœur.
Si l'on résiste à mon ardeur
Il faut céder a ma persévérance.
Ainsi que le chat qui guette
Pour attraper la souris,
S'il apperçoit la pauvrette,
D'un coup, paf, autant de pris ;
De mûme près d'une belle.
Jamais je ne perds mes pas.
Devant moi la plus cruelle,
Met bientôt les armes bas.
En amour plein d'expérience.
Je sais l'art de gagner un cœur,
Si l'on résiste à mon ardeur.
Il faut céder k ma perse vérance..
ifr
SO COLAS ET COLINETTE.
SCENE VI,
LE BAILLI, M. DOLMONT.
M. DOLMONT.
Comment se porte M. Le Bailli ?
LE BAILLI.
Pour vous rendre mes services.
M. DOLMONT.
• Je vous ai fait un peu attendre ?
LE BAILLI.
Et moi je vous ai interrompu peut-être ?
M. DOLMONT.
' Nullement, j'ctois occupé de quelques affaires
qui regardent mes vassaux.
LE BAILLI.
Toujours occupé d'eux i
M. DOLMONT.
On fait ce qu'on peut. Ces pauvres gens
ont souvent besoin de moi, et il en coûte si peu
quelquefois pour faire du bien, que c'est se
priver d'un grand plaisir que de n'en pas faire.
LE BAILLI.
Excellente morale ! mais à propos de plai-
sir, il me semble qu'on en goûte bien peu en
vivant aussi retiré que vous, et qu'on doit fu-
rieusement s'ennuyer.
M. DOLMONT.
C'est ce qui vous trompe. Monsieur, l'en-
nui n'est fait que pour l'homme désœuvré ou
qui ne trouve pas de ressource en lui-même j
au reste, chacun a ses jouissances et voici les
miennes.
I '
COMEDIE.
81
tre?
s affaires
/res gens
te si peu
c'est se
pas faire.
de plai-
1 peu en
doit fu-
ir, Ten-
îuvré ou
-même ;
/oici les
Ariette.
De iMndîgence autour de moi,
Adoucir la peine extrême,
Faire du bien voilà tna loi,
Mon guut mon sistéme.
A Tubri des soins divers.
Et des revers
Df la fortune, ^
Sans rechercher la grandeur,
Kii ces lieux je trouve le botiheur.
Nul ilcsir lie m'importune.
Ecartant de moi les soucis.
Les chagrins, les tristes ennuis,
Si l'on me blâme, je m'en ris ;
Pour moi le plaisir suprôme,
Est de me faire des amis.
Et de jouir de moi-même.
.#
LE BAILLI.
Avec cette philosophie on doit se faire effec-
tivement beaucoup d'amis.
M. DOLMONT.
Et l'on ne fait souvent que des ingrats, mais
venons au sujet qui vous amène.
LE BAILLI.
Vous avez adopté une jeune personne à la-
quelle vous voulez du bien.
■ • M. DOLMONT.
Vous parlez de Colinette peut-être ?
LE BAILLI.
Oui, c'est une aimable enfant.
M. DOLMONT.
Il est vrai que j'ai pris plaisir à l'élever, et
j'ai bien lieu de ne m'en pas repentir.
LE BAILLI.
Vous avez dessein sans doute de lui procu-
rer un bon établissement f
".1
fi
COLAS ET COLINETTE.
y
M. DOIMONT.
Je n*ai encore aucune vue à cet égard, mî&
«juand elle prendra un parti, je me reserve
seulement le droit de l'éclairer sur son choix.
LE BAILLI.
J'entends, c'est-à-dire, l*empêcher de se
laisser éblouir par le clinquant de la jeunesse, et
la porter à lui préférer la solidité de Tage mur.
M. DOLMONT. ^
Il est vrai que l*amour et la raison vont as-
sez rarement de compagnie»
LE BAILLI,
Je pense comme vous Monsieur, et îa jeu-
nesse doit avoir de grandes obligations à ceux
qui la détourne d'un choix dont elle pourroit
avoir lieu de se repentir*
M. DOLMONT,
Cela est vrai, mais à quel propos me faîtes
vous cette question ?
LE BAIlLt.
C'est une indiscrétion peut-être, et c'est ce«
pendant en partie le motif de ma visite : chargé
par quelqu'un de vous faire une proposition
qui regarde Colinette, je voulois auparavant
essayer de pénétrer les vues que vous avez sur
elle, mais la conformité de vos principes et des
miens, m'enhardit à vous parler phis claire-
ment.
M. DOLMONT.
Qui est-ce qui vous à chargé de cette propo-
sition ?
LE BAILLI.
Un garçon d'un certain âge, mais riche et
qui l'aime passionément.
m
COMEDIE.
d$
îrve
se
mr.
as-
M. DOLMONT.
Quel est son nom ?
LE BAILLI.
Il ne m'a pas permis de le nommer qu'en
cas que la proposition fut agréée.
M. DOLMONT.
Son amour est bien mistérieux ! au reste je
n*ai rien à répondre à cette proposition, car il
n'entre pas dans n/^n plan de chercher à fixer
le choix de Colinette d'après mon goût, mais
seulement de la guider dans celui qu'elle pouf-
roit faire.
LE BAILLI.
Cependant vous convenez que la raison de
Tage mur....
M. DOLMONT.
N'est pas toujours fort propre à amuser une
jeune femme.
LE BAILLI.
Mais convenez du moins que la richesse....
M. DOLMONT.
Ne rend presque jamais heureux deux époux
quand ils n'ont d'autre félicité que celle qu'elle
procure.
LE BAILLI.
Ainsi donc. Monsieur, vous ne consentiriez
pas aux propositions que cette personne....
1 M. DOLMONT.
Je ne dis pas cela, mais je ne puis rien pro..
mettre sans consulter auparavant le goût de
Colinette dont j'ignore les sentimens à cet é-
gard, cependant je lui en parlerai, et nous en
causerons une autre fois.
54
COLAS ET COLINETTE.
mi >
m
IV-
LE BAILLI.
Cela suffit. Je me suis aussi chargé de vous
parler pour un jeune homme qui désire beau-
coup de s'enrôler dans la Milice, avez-vous
encore besoin de quelqu'un ? , ,, -,
M. DOLMONT.
Oui vraiment, le nombre n'en est pas tout-
à-fait complet.
LE BAILLI.
Le jeune homme dont je vous parle fera je
crois votre affaire, cela est vigoureux, assez
bien pris, de bonne volonté, et c'est de quoi
faire un bon soldat.
M. DOLMONT.
Oùest-il?
LE BAILLI.
Il devroit être déjà ici, car je lui avois indi-
qué l'heure que je devois m'y trouver pour
vous le présenter. Il est un peu timide, mais
cela se dégourdira dans le service.
M. DOLMONT.
Ce n'est rien, l'essentiel est qu'il soit jeune
et de bonne volonté. ; , ^ , ^ : . „
SCENE VIL
M. DOLMONT, LE BAILLI, L'EPINE.
, l'epine^ ■ -'-'.r ri
JVloNSiEUR, le jeune homme de c 'matin est
ici, j'Pons fait entrer dans l'cabinet, et l'y a
longtems qu'il attendons pour vous parler.
•/ •
■f—
COMEDIE.
TVt
33
M. DOLMONT. ^ ^
Qu'il entre. ,, ,c: îiil^r-î
l'épine.
De c'coup j'nons pas oublié. ,:,^., '^-
M. DOLMONT.
Va-t-en.
l'épine, s* en allant.
Oh dame, c'est que quand on m' charge de
queuque chose, moi....
SCENE vm.
M. DOLMONT, LE BAILLI, COLAS.
colas, faisant des révérences,
jyioNsiEUR, j'ons pris l'honneur de vous
troubler pour.... .
LE BAILLI. • , . 7
J'ai parlé pour toi à Monsieur Dolmont,
COLAS. - ;■ -
Grand merci. Monsieur L'Bailli.
LE BAILLI, bas à Colas.
Tu vois que je ne t'ai pas oublié. ' ' -' '
COLAS.
Monsieur, m'accordons t'y la grâce....?
M. DOLMONT.
Mon ami, ceci n'est point une grâce ; je me
prête seulement à ton inclination et à ton goût.
COLAS.
Ah! pour c'qu'est d'ça Monsieur, j 'vous
assure que c'est ben mon goût et mon incli-
nation.
• i
il
'*ïi-
$6
COLAS ET COLINETTE.
!.'■ t ■
I
M. DOLMONT.
C'est une preuve que tu as du courage.
LE BAILLI.
Du courage ! Oh cela ne lui manque pas.
COLAS.
Non, non, quand il faudra travailler....
M. DOLMONT.
Sa taille est assez convenable, mais rempli-
ras-tu bien tous les devoirs de l*ctat où tu vas
entrer ?
COLAS, souriant,
A moi l'soih. Monsieur.
M. DOLMONT.
Tu as besoin.d'une bonne santé.
LE BAILLI.
Il est très bien portant.
COLAS.
Je n*suis jamais malade. •
M. DOLMONT.
Il faut de la vigueur.
LE BAILLI. .
Il en est plein.
COLAS,
J'en avons, Monsieur. _ ,
M. DOLMONT.
Pouvoir résister à la fatigue du jour.
LE BAILLI. ... _
Il y est accoutumé.
COLAS. •',
J'y sommes accoutumé.
M. DOLMONT. ;' ..-,.;;
Oui, mais à celle de la nuit ?
COMEDIE.
r <^-
S7
COLAS, un peu interdit.
Si je fatiguons trop la nuit j'nous r 'poserons
le jour.
M. DOLMONT.
Oh, mon ami, cela ne s'arrange pas de mê-
me, et Ton a souvent dé repos ni le jour ni la
nuit.
LE BAILLI.
Il est jeune il résistera à toutes ces fatigueâ-là«
COLAS, riant.
Oui, oui, ça nous regarde.
M. DOLMONT.
Allons, tu me parois avoir un goût décidé
pour cet état là. Nous allons de suite procé-
der à ton affaire. Ecrivez M. Le Bailli, la
formule est prête, il n'y a plus que le nom à
mettre.
LE BAiLM, s* arrangeant pour écrire*
Volontiers.
COLAS.
Quoi ! tout à l'heure ? Ah que j 'suis content!
M, DOLMONT.
Comment t'appelles-tu ?
COLAS.
Colas le Franc, Monsieur, pour vous servir.
LE BAILLI, écrivant.
Colas le Franc.
M. DOLMONT.
Le nom de ton père ?
COLAS.
Eustache le Franc, et ma mère Thérèse Ro-
bert, ils étions tous de la Paroisse; Oh les
D2
f ? I
'rP
38
COLAS ET COLINETTE.
H^
m
ES £^
i '
\\
\\
bons parens que c*c toient ! Et s*ils n'étions pa»
morts, qu'il y auroit longtems que....
LB BAILLI.
Il ne s*agit point de cela.
M. DOLMONT..
Ton âge.^
COLAS.
Vingt-deux ans. ' -
LE BAILLI, écrivant.
Agé de vingt-deux ans.
Nf. DOLMONT, -prenant le -papier des mains du
Bailli,
Voyons cela.
COLAS, bas au Bailli,
Faut t'y pas que Pnom d*Colinette soyons
sur ^contrat ?
LE BAILLI..
Il n'est pas nécessaire.
COLAS, bas.
Mais faudroit t'y pas du moins qu'elle fut
présente?
LE BAILLI.
Tais-toi. N'interromps pas Monsieur.
M. DOLMONT, Hsaut liaut.
Le nommé Colas le Franc de la Paroisse
Dolmont âgé de vingt-deux ans, fbas.J br.
br. br. br. br. br. (liaut.J volontairement et
de plein gré, (bas.) br. br. br. br. br. br.
(haut,) cela suffit ; sais-tu signer ?
COLAS.
Oui, Monsieur, j'fiiisohs bien la Croix.
M DOLMONT, îuî donnant le papier.
Fais là ici ... . voilà qui est fini, mon amî,
tu n'as qu'à préparer tes bardes et te tenir prêt
pour demain.
''il
ri
COMEDIE.
itions pas
mains du
e soyons
u'elle fut
sur.
COLAS.
Oui, Monsieur, tant matin qui vous plaira.
M. DOLMONT, tirant une Cocarde de sa poche»
Tiens, mets ceci à ton chapeau.
COLAS.
Grand merci. Monsieur, Oh le beau rubaa !
LE BAILLI, lui étant son chapeau, î ■
Donne que je t'ai ranges-celà. . •
COLAS.
Nanni vraiment, j'craindrions de l'salir,. ce
sera pour demain.
M. DOLMONT.
Oh tu peux le mettre dès à présent, mais ne
manque pas ce soir de venir chercher ton fusil.
COLAS.
Un fusil ? ^ ■
lE BAILLI
Oui, c'est un fusil, que Monsieur te donne*
COLAS.
Aussi? • ' ■
M, DOLMONT.
Un fusil et un havresac.
COLAS.
Un havresac ! et pourquoi faire ?
M. DOLMONT.
Comment pourquoi faire ? un havresac et
une giberne, ce sont des meubles dont tu as
besoin.
COLAS, à part.
Ah ! pour la chasse peut-être.
M. DOLMCNT.
Ne manque pas même de prendre ta giberne
dès le matin.
COLAS, à part.
Une giberne pour me marier !
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.V
1:,: h
:i '•'■'
40 COLAS ET COLINETTE.
:.,iv:%-. :^. - SCENE IX. -^ -■ • n
Les Acteurs précédents ^ L* Epine,
L'EPINE.
JMoNsiEUR, v*la des gens qui vous deman-
dent. . *x
M. DOLMONT.
De quoi s*agit-il ? (au Bailli,) Je reviens
tout-à-l*heure.
%
SCENE X.
LE BAILLI, COLAS.
COLAS, riant,
iju'EST-ce qui veut donc dire avec c*te gi-
berne ?
LE BAILLI.
Tais-toi tu le sauras.
Duo.
COLAS.
Monsieur L'BaiUi,
Expliquez moi
Cette afFaire-ci,
Car sus ma foi
J'veux être un sot
Si j'comprends l'mot
A tout ceci.
LE BAILLI.
Tais-toi, Tais-toi,
Pauvre étourdi ;
*
e.
I deman-
reviens
c*te gi-
COMEDIE.
Tu n'est qu'un sot,
Tu n'entends mot ,.
A tout ceci.
COLAS.
Monsieur L' Bailli»
Expliquez-moi
LE BAILLI.
Chut, chut, tais-toi.
COLAS.
Expliquez-moi
Monsieur L' Bailli ?
LE BAILLI.
La peste soit de l'étourdi
COLAS.
C'est qu' voyez-vous,
Je n'comprends pas.
LE BAILLI.
Eucor ! tais-toi, î
Parles plus bas.
COLAS. r>
Monsieur L' Bailli ?
LE BAILLI.
Eh bien. Eh bien ?
COLAS.
Excusez moi.
LE BAILLI.
Tu n'entends rien.
• ^«'ïï::*' V COLAS. ^
C'est qii'sus ma foi,
J'veux être un sot
Si j'comprends l'mot
A tout ceci.
LE BAILLI.
Tu n'es qu'un sot.
Je le sais bien
Tu n'entends rien
A tout ceci.
«!'
,i'
' ru
v^
-1-4 ••'-
42
COLAS ET COLINETTE.
■ : i
î !
*■■■ I
SCENE XI.
LE BAILLI, COLAS, M. DOLMONT.
M. DOLMONT, du foTid dii Théâtre,
(Ju'iLS attendent un instant, j'y vais aller
bientôt, (revenant) Ce sont des jeunes gens
qui demandent à me parler, (à Colas) Oh ça,
tu peux te préparer pour demain, et n'oublies
pas ce que je t*ai dit. (au Bailil.) Je vous
quitte pour aller voir les gens qui m'attendent.
LE BAILLI.
Je vous suivrai s'il vous plait.
It
SCENE XII.
COLAS.
liiN v'ia une fantaisie ! me marier avec une
Giberne sus l'dos, j 'crois Dieu m'pardonne
qu'y sont foux .... Il y a dans c't'afFaire là
un Micmac que j 'n'entends pas .... mais après
tout faut voir jusqu'au bout, car enfin j'nons
t*y pas promis d'ies laisser faire, et de n'rien
leur répliquer ? un honnête homme n'a qu'sa
parole, et si ça leur faisons plaisir de m'avoir
avec c't'accoutrement là, Hé bien ! qu'est-
qu'ça m'fait à moi ? si s'mettons à rire, j 'ri-
rons itou, mais rira bien qui rira rdernier, car
enfin v'ià toujours mon contrat dressé, et de-
main j 'épousons Colinette. Queu bonheur !
mais à propos elle m'attend, faut l'y aller con-
ter tout ça.
ï . 1
COMEDIE.
43
SCENE XIII.
COLAS, L'EPINE.
L'EPINE.
JlLt bien, qu'est-ce l'ami ? vous v'ià d'une
joie ! on croiroit à vous voir, que vot fortune
t:st faite. i -
COLAS.
Je sis morgue pus content qu'si elle l'étions.
l'épine
Grand bien vous fasse, c'^st ('.onc fini avec
Monsieur Dolmont ?
COLAS.
Oui, c'pst fini. Sitôt qu'il a vu qu'c'étions
mon goût et mon inclination, il y a consenti et
j'vas tout préparer pour demain au matin.
l'épine.
Bon voyage et ben du plaisir.
COLAS.
Oh j'te reponds que j'nons jamais eu l'cœur
si content, j'avois peur pourtant que Monsieur
Dolmont m'allit refuser, mais non, Dieu mer-
ci c'est fini, et pour toute la vie.
l'épine.
Comment pour toute la vie ! je croyois que
c'n'étoit qu'pour trois ans coni'les autres.
COLAS
V'ià d'beaux contes ! où as-tu jamais vu ça
toi l
l'épine.
Et dame, que sais-je t'y moi. Ma foi ils ont
beau dire, c t'état là n'me plairions point, on y
44
COLAS ET COLINETTE.
court trop d'risques, et qui sait si toi-même....
tu m'entends bien ? car enfin y ne faut qu'un
malheur
COLAS. ''■' '
Parle donc, gros sot, que veux tu dire?
c'est bon si c'étoit toi entends-tu.
l'épine.
Holà! Holà, Monsieur Colas, n'vous fâ-
chez pas, ne croyez-vous pas d'ctre pus exempt
d'ça qu'les autres.
COLAS.
Tiens, toutes ces gausseries-là n'sont point
d'mon goût, j't'en avertis, et j'm'en vas, car
j pourrions ben te donner queuque niole qui
ne te couteroit qu'à prendre.
l'épine, après que Colas est sorti.
Qu'a-t-y donc à s'facher! j'crois Dieu m'-
pardonne que y m'a menacé. Cil court à la
porte) Dites donc l'ami, à qui en avez-vous ?
c'est t'y ben à moi qu'vous parlez, par hazard ?
Heim ? Il est parti ! (revenant au bord du
Théâtre.) Il a morgue ben fait de décamper..
C'est qu'je n'sis point endurant moi
Mais voyez un peu c 'grossier qui m'cher-
chons querelle à cause que j'I'y parle pour son
bien ! aussi s'il attrappons queuque horion y
l'aura bien gagné et j'en rirons tout mon sou.
Mais j 'm'amuse trop longtems ici faut qu'j 'aille
voir si mon Maître ou Mamselle Colinette,
n'avons point besoin d'mon service.
COMEDIE.
ACTE TROISIEME.
Le Théâtre représente le même bois ou jardin
qiCau Premier Acte,
SCENE I. . . , ]
COLAS, COLINETTE.
COLINETTE.
CJui, te dis-je, c'est un tour du Bailli, tu
vois que j*avois bien raison de me méfier de lui.
COLAS.
C'est bien vrai, mais pouvois-je t'y jamais
penser ça !
COLINETTE.
Cela étoit pourtant assez clair! le fusil, la
giberne ! et même la cocarde à ton chapeau !
mais, mais en vérité !
COLAS.
Est-ce que j'avons jamais vu faire d'enrôlé-
mens, nous?
COLINETTE.
Aller signer son engagement !
COLAS.
J'te dis qu'ils ont fait une espèce de contrat
où c'qu'ils m'ont fait signer, com'quoique. . .
COLINETTE.
Comme quoi tu es un imbécile.
COLAS, avec colère.
Laisse moi, cruelle, et ne viens point aug-
menter mon chagrin par des reproches, j'nons
déjà bien assez.
-'à
I
1
' î.l!
46 COLAS ET COLINETTE.
coLiNETTB, pleurant.
J'en ai moi même bien autant que toi.
COLAS, avec attendrissement.
l'u pleures ma petite Colinette ! c'est donc
bien vrai que tu as du chagrin à cause de moi !
hé bien, laisse moi faire, j'te réponds qu'il
me, l 'payera et j'vas de ce pas...
COLINETTE.
Où?
COLAS.
L'aller chercher, et ou je l 'rencontrerons
Trosser d'importance jusqu'à ce que...
COLINETTE.
Arrête et calme toi, c'est un mauvais parti
que celui là, et tu gàterois toute l'affaire.
COLAS.
Hé bien conseille moi donc, et dis moi
c'qui faut faire. Conterai-je ça à Monsieur
Dolmont? voudra t*y m'écouter ? Oui y
m'écoutera et je suis sur que reste ici Co-
linette, je vas l'y aller parler.
COLINETTE, le retenant.
Attends, il me vient une idée J'imagine
que peut-ctrc Mais non cependant
oui, oui, j'entrevois un bon moyen de
nous venger du Bailli.
COLAS.
Dis moi donc c'que c'est ?
COLINETTE.
Cela n'est pas nécessaire, mais tu n'as qu'à
me laisser taire, et je te dirai mon dessein
quand il en sera tems.
^ COLAS.
Quj^que tu veux donc faire ?
COMEDIE.
4$
^ i
COtÏNÊTTE.
le veux lui paHcf seule, je sais qu*il est a-
inoureux de moi> et j*espère que...
COLAS.
Comment il est amoureux de toi? tu ne
m'avions pas dit ça.
COLIMETTE. T
Ne vas-tu point encore être jaloux î Tiens
le voilà là bas qui vient vers nouis, retire toi
promptement.
coLKs^ appercevant le Éailïi, . ',^^
Le pcndardl Oh si tu voulois me laisser
faire !
eoLINEtlTE. ,~^
Décampes vite.
COLAS.
Mais quelle affaire. ?
COLIN ETTE. "' '^^*' '
iSauVes-toî, je vais bfientôt t'alïer rejoindre,
et preftds bien garde de paroître.
COLAS, s* en allant,
Queu chienne de manigance. ,,,^
..n
V : t '4
SCENE It.
COLINETTE.
X^E voici le fourbe, s'il me parle encore de
son amour, feignons d'y répondre et tendons
lui un piège à mon tour.
E
■ i ■ i
*to
COLAS ET COLINEITE.
1
' r
1<V
SCENE m.
"fi rvv^'
COLINETTE, LE BAILLI.
>"i?.V-
LE BAILLI.
JLe hazard me sert à souhait^ belle Colinette,
je mouroîs d'envie de te revoir, pour te parler
de mon amour, et des peines que tu me cau-
ses, et j'ai en ce moment le bonheur de te
rencontrer! Hé bien, dis-moi, seras-tu tou-
jours insensible à ma tendresse ?
COLINETTE.
Que vous êtes pressant ! cela dépend-il de
moi ? vous savez ce que je vous ai dit tantôt.
LE BAILLI.
Oui, chère mignonne, tu m'a:î parlé des obs-
tacles qui s'opposent à mon bonheur, mais
qu'il seroit bien facile d'applanir, si tu avois
quelqu'amitié pour moi.
COLINETTE.
Que me- servlroît de vous aimer, si Monsieur
Dolmont ne nous donne pus son consente-
ment?
Le BAILLI.
Cet obstacle n'est rien, mais c'est ravorsion
que je t'inspire que je voudrois essayer de
vaincre, rends moi donc plus de justice, ma
chère, et regardes moi avec moins de préven-
tion, car enfin, dis-moi, qu'ai-je donc de si dé-
sagréable dans ma personne?
COLINETTE.
Je ne dis pas cela.
t I COMEDIE, UKO 49
Le bailli.
Y a-t-il quelque chose sur iha phisionomie
qui te puisse déplaire ? .. , ,.....;,
COi:.INETT«.
On pourroit s*y accoutumer. ^5^ ^^"^^p "^^^^
LE BAILLI. . ^
N'ai-je pas Tair encore assez leste ?
COIINÉTTe.
J en conviens.
LE BAILll.
Et quant à mon âge, je suis peut-être plus
jeune que tu ne penses.
colinetTe.
Je ne vous dis pas que nciî j il n'y a que le pre-
mier coup d*oeil qui ne vous ^^*^ pas favorable.
LE BAILll.
Hé bien, ma belle enfant, t. ' Vià donc sans
le savoir déjà disposée à m'aîmer, envisages
maintenant les avantages dont tu jouiras, vois
Paisance que je te procurerai, les plaisirs qui
«uivront tes pas, et par dessus tout, songes aux
soins, aux prévenances, aux attentions, à
Tamour que j'aurai pour toi, et juges si tout
cela ensemble ne te portera pas en peu à m'ai-
mer à la folie.
•COLINETTE.
Cela pourroit-etre.
LE BAILLI.
Vas, vas, Colinette, tu m*aimeras je t'assure
et beaucoup plus que tu ne penses.
COLINETTE.
Je commence à le croire.
E2-
\é
Jl
i
_ .»
50^ COLAS rS CÔtlNETTE.
LE lïAiLLI. '
H fiuit pourtant que je te dise aiie petite in-
quiétude que j'ai eue à cet égard* -.
COLIN£TT«>r ^
Sur quel sujet? "^
LE BAILLU
Je t*ai vue quelquefois avec un certain Go-
las... ...... Est-ce que tu aurois de l'inclination
pour lui ?
COLINETTE.
Pour Colas ? qui est-ce qui vous a dit que
j'avois de l'inclination pour lui ?
LE BAILLI.
Je ne te dis pas qu'on me l*a dit, mais je te
demande si cela est vrai ?
COLINETTE.
Je ne saurois répondre de ses sentîmens,
mais parce qu'il est jeune, assez joli garçon,
et qu'on a queIqu*attention pour lui, il s'ima-
gjne peut-être qu'on l'aime.
LE BAILLI,
Ainsi donc tu ne l'ccoutes pas ?
COLINETTE.
Et que ferois-je d'un jeune homme comme
lui ? cela ne sait que chanter, danser et rire,
repeter cent fois le jour qu'il m'aime ; Oh que
je sais mieux ce qui me convient.
LE BAILLI.
Que je suis ravi de te voir dans ces disposi-
tions ! voilà ce qui s'appelle penser en fille pru-
dente, et je vois bien qu'on ne te connoissoit
pas quand on m'a dit que tu n*en voulois
qu'aux jeunes gens.
Il .
"'^\-^
COMEDIE. c^N
•.'~s
J •..-.,--
s»
n. COLIN^TTI»
Mais qui e&t<e qui a dit cela f* ^
LB BAILLI,
U n'importe, j'aî toujours ea* de toi une
meilleure opinion, car enfin, que ferois-tu avec
ce Colas ? ça n*a rien du tout, et l'amour
comme Ton dit ne donne pas de quoi vivre*
Ecoutes, ma chère enfant, et retiens bien cecih
'i .i-i.ii>
Sans argent dans le ménage.
Il n'est aucune doucottr^ ,
Sans argent le mariage . | ,'
N*est qu'un joug, qu'an esclavage . .^
Plein de peines et de rigueurs ; - ■ .L
Mtiis dans l'opulence, , ^''' '/
- Quelle différence! ' " ' ' ' ■ '>
L'Hymen est un noeud âatteouv. • v^ - :.u\.i
Où l'on trouve le hoBheur«.
-»- Si quelques légers chagrins, ^^ ■■ -%' )
Troublent nos heureux destins,. ' ;
La fortune nous console.
Avec les jeux badins, " •'
) Les danses, les festins, '
La peine aisément s'envolew ifï* js ft ;
Sans argent &c.
GOLINETTE.
Je VOUS crois, mais en un mot, je dépends de
Monsieur Dolmont, et que voulez-vous que
je fasse s'il n'y- veut pas consentir? ^
LE BAILLI.
Mais pourquoi n'y consentiroit-il pas? ^^'
COLINETTE,
C'est un homme si extraordinaire qu'il ne
fait presqu'auGun cas de la richesse, qui pense
qiie le* convenances d'âge, de goût et d'hu-
■ N /;..^..»5«
COLAS ET COLINETTE.
I
, .1-
>J
m
meur sont les choses que Ton doit le plus re»
<:hercher dans le mariage, et qui n'imagine pas
qu'une jeune femme puisse €tre parfaitement
heureuse avec un mari, dont l'âge n'est pas
assorti au sien.
LE BAILX.I.
Voilà, il faut l'avouer, un système bien ridi*
culel
COLINETTE.
Oui, mais c'est le sien, et vous ne l'en ferez
pas changer. î -,>>;■
LI BAILLI. -;-..■. j./..
Je le crains, car il n'est rien de plus têtu
<iue ces prétendus philosophes, mais enfin je
t aime, et je voudrois faire ton bonheur, fau-
^ra-t-il que ce beau système te fasse perdre les
avantages que la fortune te présente ?
COLINETTE.
C'est à quoi je dois m'attendre, et à rece-
voir quelque jour de sa main un époux qui
n'aura rien sans doute, et cela, sous prétexte
qu'il sera jeune, qu'A m'aimera^ et que je
pourrois l'aimer aussi.
LE BAILLI.
Tout cela est bel et bon, mais enfin tu es
toujours la maitresse d'épouser ou de n'épou-
ser pas, je serois donc d'avis que tu lui par-
lasses de mes intentions, ensuite...
COLINETTE.
Moi lui parler de cela ? C'est une chose
que je ne ferai pas, je serois trop mal reçue.
LE BAILLI.
Je voudrois bien qu'il s'avisât de te maltrai-
ter, écoutes, mon enfant, te voilà bientôt ma-
'--« ■««u.^.-^.ouJfc.*'-'* >^»*<eagi;^: <-
TTIi/ COMEDIE.
SS
jeure ; je connoîs un peu la loi, et l'oa pour-
roit le forcer à.......
CaUNBTTB;
Oui, mais d'ici à ce fiems là, il se passera
bien des choses.
LE BAILLI.
Tiens, si tu veux m^en croire, tu lui de-
manderas d'aller passer quelque tems dans un
couvent, où sur differens prétextes tu pou
rois rester jusqu'à ta majorité. am*,^r> -snir,
COLINETTE.
Oui, mais s'il vient à se douter dé quelque
chose, il me refusera, et me veillera ensuite
de si , près, qu'à l'avenir vous ne trouverez plus
l'occasion de me parler.
LE BAILLI.
C'est bien penser ! mais encore faut-il cher-
cher un moyen de te soustraire à sa tyrannie.
■1.1 :«r:'.i«. :tf.4î.coJE.INETTE. •
Pour moi je n'en connois aucun« v^-: » v?
LE BAILLI. '
Hé bien, j'en connois moi. Oui, mon en-
fant, il est un moyen que Tes circonstances jus-
tifient et dont l'exécution est très-facile.
COLINETIE. ^
Quel est-il ?
LE BAILLI.
C'est Je t'enlever dès ce soir et t'cpouser
secrètement.. •'"' :- , •'.-',
COLINETTE, à part, f ; .
Voilà où je Tattendois. . -
LE BAILLI.
Que penses-^tu de cela Colmette ? c'est bien
là le meilleur parti que nous puissions prendre.
Il'
IN
4
1»
COLAS rr COLINETTE.
».'Yf/'ï?f r
COLINETTE. ■ *=*"
M'épotiser ^secrètement i m'eniever! mais
•n*y auroit-ii point de mal à cela ?
1%' . LE BAILLI.
Quel mal peut-il y avoir ? on vdt cela tovùs
les jours.
COLINETTE.
Mais que dira Monsieur Dolmont ? que pen-
aera-t-il de moi^ voudra-t-il me pardonner
cette démarche ?
LE BAILLI.
<^ Quand la chose sera faite, il faudra bien
tju'il y consente, d'ailleurs tout s'arrange, et
comme je t*ai dit, ce n'est pas le premier ma-
riage qui se sera fait ainsi. ,ru . >
COLINBTTK.
Je crois cela, mais
LM BAILLI, (lui prenant /a mûinj
Mais quoi ? songes donc mon enfant que le
tcms presse, et qu'il faut prendre un parti, ré-
fléchis sur cela.
SCENE IV.
LE BAILLI, COLINETTE, COLAS au
fond du Théâtre
COLAS, a part*
vJh ! Oh ! qu'est-ce que je vois I j'avois bien
raison de me méfier d eux, écoutons. (Il se
cache derrière un arbre,) <■ i
COLINETTE.
Mais qui vous répondra du succès de ce
projet ?
COMEÏ)ÏE/' ÎO >
"■ fi ne peut manquer 4e réussir, et toîcî com-
ment j ce sofa- après le coucher du soJei! tu
viendras te promener sous ces arbres ; je m'y
trouverai avec ma voiture, et je te conduirai a
ma maison de campagne, près d'ici, où se
trouvera à point un notaire affidc qui nous ma-
riera sur le champ.
COLINETTE. *
Vous ébranlez ma résolution, mais il faut
que du moins j'emporte les hardes dont j'ai
besoin et je crains que cela ne fasse soupçon-
ner ••••••
LE BAILLI.
C'est ce qu'il faut éviter avec soin, tu es assez
bien vêtue comme cela, laisse moi faire, je
pourvoirai à tout.
■r-:j*f4 ,,>Uiv; , COLINETTE. •fr-'"fr . .ii.K N '•
Oui, mais vous ne me donnerez pas peut-
.ctre.i.*.* ,„ ^, .
LE BAILLI.
Je te donnerai tout ce qui te plaira, et en at-
tendant acceptes cette Dourse de cent Louis pour
commencer ta garde-robe.
COLINEXTB.
Hé bien ! j'y consens ; mais pour éviter les
soupçons, j'irai me cacher ici aux environs à
l'heure indiquée, vous viendrez m'y trouver,
et nous partirons sans être apperçus.
LE BAILLI.
D'accord. Le Soleil va bientôt terminer sa
carrière,* et dans peu l'obscurité secondera
• On commence Ici à diminuer graduellement la lumiàre du
TJicârre, en comnwiiçant par les coulisses du fond.
56 COLAS ET COLINEITE.
nos desseins. Oh l que tu vas être heureuse !
nous allons habiter ma jolie maison de csmi-
pagne, et là assis à Tombrage ..Mais à
propos laisses mol donc prendre d'avance, un
petit baiser.
COLINETTE.
„ Ohl non. ,., ,./ ,^
LE BAILLI, .,.
Pourquoi non ?
COLINETTE*
, Tantôt, tantôt.
Ll BAitLl -
Seulement rien que
coLiNETTEy appercevatit Colas.
Retirez-vous, je crois appercevoir quelqu'un
là-bas, et je tremble qu'on nous voie ensemble.
LE BAILLI.
Allons, jusqu'à tantôt, prends bien garde à
Târgent. (U s* enfuit. J
'. SCENE V.
COLAS, COLINETTE.
COLAS.^
Ah ! pour le coup perfide j*t*y prends,
COLINFTTE.
Eh bien qu*as-tu donc ?
COLAS.
J'ons vu toute la manigance, mais tu ne
me tromperas pas d*avantage.
COLINETTE.
Pourquoi es-tu aux écoutes ?
•^^C^ COMEDIE. -7u]v).3 57
use!
cam-
us à
ju'un
iiible.
'de à
II ne
COLAS.
Pourquoi inerate ? Oh ! tu croyoîs d*m*at-
traper, mais je mMoutions bien de c*qu*cst
arrivé. . . i
COLINETTE.
Et moi, je {ne doutois bien aussi que ta ja-
lousie te feroit prendre la chose de travers, et
c'est pourquoi je voulois t* envoyer.
COLAS
Pour me tromper plus à ton aise. Qui t'au-
roit jamais cru capable de cette trahison \ o
COLINETTE. r> > i i
Mais Colas, tu m*oflfenses! ne vois-tu pas
que c'est un jeu?
Duo.
COI-AS,
Non, c'en est trop, cnielîe.
Ah ! dis moi dor.c pourquoi
Tu me manques de fui,
Tu te mot^ucs de moi ?
Ingrate! inPdellc!
C'en est trop infidellc,
Ah ! dis moi donc p«)urquoi,
Tu me manques de foi ?
Non, laisses moi,
Ingrate ! laisses moi
Non, c'en est trop cruelle,
Tu m*as manque de foi.
J'savon» morgue bien c'qu'il
en est.
Non, c*en est trop cruelle,
Ah! dis-moi donc pourquoi
Tn me manques de foi.
Perfide! ingrate! infidelle !
COLINETTE.
Tu te fâches ! pourquoi ?
Ce n'est qu'un jeu crois moi.
Je suis toujours fidelle.
Mais tu perds la cervelle !
Ce n'est qu'un jeu crois moi.
Je suis de bonne foi, f
Je suis toujours fidelle.
Ecoutes moi,
Colas écoutes moi.
Je te suis toujours fidelle.
Ceci n'est qu'un jeu crois,
moi,
Quand tu sauras ce que j'ai
fait
Ecoutes voici le fait : . . . .
Colas tu perds la cervelle !
Je suis pour toi, . -,
De bonne foi,
Constante et fideUe.
3B COLAS ET CCJtlNÊTtÈ.
é
nv
M
ï\ ;
COLîMeTTE.
Eh bien ! venx-tu m*écoutef t " ' " "^
COLAS.
Non, je nVeux rien entendre, je n'en on»
que trop entendu, partez, mariez-vous aveuc
Un, pisque ça vous faàt plaisir, j'^en CHevieraî
d*chagrin, c*^est vous qu'en serez cause, mais
ça m'est égal. ' " . ->
coLiNETTE, avec feu.
Eh nort, tu te trompes, te dis-je, c'est autre
chose que je veux te conter mais j'ap-
perçois Monsieur Dolmont, je n'en aurai pas
le tems, et je te laisse avec lui, mais je te prie:
ne lui parles pas de ceci.
COLAS.
Allez, allez, c'a m'est égal, j'vous dis ;
j'en suis bien consolé, et j'ons pris not partis
là dessus.
SCENE VL
GOLAS»
Ah 1 si Monsieur Dolmont sa voit (fqyti s 'pas-
se ! la tromperie que m'a fait L.'Bailli, et ses
manigances avec Colinette, ce serions vrai-
ment de belles nouvelles à l'y apprendre, mai»
non, c'est fini, et j'pars avec les Miliciens..
Al! .
SCENE VII.
COLAS, M. DOLMONT.
M. DOLMONT.
JCjH bien ! Colas, songes-tu à te préparer potar
le départ ?
M
COMEDIE.
S9
COLAS.
Ouï, Monsieur, je partirai drès à c*t*he\irc
si vous voulez.
M. DOLMONT.
Je t*ai dit que c'étoit pour demain, mais
qu'as-tu ? tu me parois triste ?
COLAS.
Au contraire. Monsieur, j*suis bien aise de
quitter le pays.
M. DOLMONT.
Tu ne le quittes pas pour toujours j tu re-
viendras sous trois ans.
COLAS.
J'en serois bien faché, et j'espère que
qucuq'bon coup d'fusil
M. ï)OLMONT.
Peste ! comme tu y vas ? tu me parois bien
avide de gloire ?
COLAS.
Je n'suis point glorieux. Monsieur, mais
M. DOLMONT.
J'espère bien moi qu'il ne t'arrivera aucun
a; cident.
COLAS.
C'a m'est égal, Monsieur.
M. DOLMONT, à part.
Il a je crois quelque chagrin Chaut) est-ce
que tu serois faché de t'être engagé ?
COLAS.
Non Monsieur, j'en suis bien aise à c*t'-
heure j'vous assure.
M. DOLMONT.
Tant mieux pour toi mon ami, tu as dû
F
60
COLAS ET COLINETTE.
,J
faire tes réflexions auparavant, ceci n'est pas
un jeu d'enfant ; tu as voulu servir le Roi et
tu serviras.
GOLAS. '- ■' • '
Oui je servirons, et si j'suis tué fiez-vous
qu'il y a queuq'z'uns qu'en auront pus d'cha-
grin qu'moi.
M. DOLMONT, à part.
Je ne sais, mais j'ai des soupçons. ChautJ
Oh ça mon ami souviens toi de passer chez
moi tantôt, et je te ferai délivrer ce qu'il te
faut pour le voyage.
COLAS.
C'a suffit, Monsieur, j'noublierons pas ça.
|t ;
SCENE vm.
COLAS.
liiNFiN v'ia qu'est donc fini, j'suis enrôlé
tout de bon, et j'vas m'éloigner d'Colinette !
Oh l'ingrate ! l'engeoleuse ! me quitter pour
s*enfuir avec c'maudit vieillard ! après ça, fiez-
vous à la parole des filles ! Allons faut pren-
dre une résolution et n'y plus songer. Je sc-
rois bien fou après tout de r'gretter une per-
fide qui me trahit après m'avoir emmiaulé, et
fait accroire, qu'elle m'aimions. Non, non,
c'est fini je n'I'aimons plus du tout Ce-
pendant elle avions queuque chose à m'dire
que peut être Mais bah! queuq*-
menterie qu'j'ons bien fait de n'pas écouter...
=Si pourtant c'étoit queuq'bonne
raison ! c'est ben dur au moins d'ia rem-
,ri 2 COMEDIE, c Ji>;.
61
barrer com ça ! Ah ! si mes yeux m'avions
trompé ! Si c 'n'étions qu'un jeu comme elle
dit, que j'aurois de plaisir à me raccommoder
aveuc elle! C'est ma faut^ aussi, falloit du
moins écouter ses raisons, et puis Mais
la voici, faisons toujours le fier, et voyons ce
qu'aile va dire.
' •*"'- • SCENE IX.- ' '" '■ :
COLAS, COLINETTE.
- ■ ■■>
COLINETTE.
J'accours pour t'expliquer enfin l'affaire de
tantôt : tu sais que je dois partir ce soir avec le
Bailli.
COLAS.
Hé bien ! queq'ça m'fait à moi ? ' .
COLINETTE.
Plus que tu ne penses, car il faut que tu sois
du voyage.
COLAS. ; .
J'vois bien qu'tu cherches à te raccommoder,
mais j'suis trop fâché pour ça.
COLINETTE.
Tant pis pour toi, si tu te fâches mal à pro-
pos.
COLAS.
Comment mal à propos ! après ce que j'ons
vu et entendu
COLINETTE.
Ne vois-tu pas que c'est une plaisanterie que
j'ai imaginée pour nous venger de lui ? , .
F 2
) ■
-i»BesaMi..%ii:-S»a''a.fe.'l ■* '^ — »--
..J
02
COLAS ET COLINETTE.
V
COLAS.
: Hé ben, qoest-ce que c'est donc ?
COLINETTE. ^ *
Tiens voici mon projet : il va venir, il faut
que nous allions nous cacher là-bas sous ce
éuillage où il doit venir me prendre, aussitôt
qu'il sera près de moi fais lui peur, tu as le
bras bon, prends-le moi au collet comme tu
ferois à un voleur, et ne le lâches pas, en cas
qu'il veuille faire résistance ; pendant ce tems
là je me sauverai, et ne te mets pas en peine
du reste.
COLAS.
Queux diantre d'invention! C'est t'y ben
vrai ce que tu m*dis-là ?
COLINETTE.
Tu m'importunes avec tes questions et ta
jalousie. Il y a une heure que je veux t'ex-
pliquer cela.
COLAS.
Mais enfin c't'argent qui t'avons donné et
que j'ons ben vu aussi ?
COLINETTE,
Tiens le voilà ; serre cette bourse qui me
gène, tu me la rendras tantôt.
COLAS.
Sarpegué qu'elle est pesante !
COLINETTE.
Je veux la remettre à Monsieur Dolmont.
COLAS.
Comment 1 tout c'complot de tantôt ?
COLINETTE.
N*est qu'une ruse pour le surprendre.
•taOîCEDJE.
QS
ce
me
CjQLA».
Oli! c'est ben différent f Mais que cfira
Monsieur Dolmont quand y saura..
cohnette.
C'est mon affaire, fais seulement ce oue je
faidit.
COLAS.
Ne t'embarrasses pas, va, je rétrilleraî
d'une façon
' COLIN ETTE.
Que veux tu dire ? ne vas pas t'aviser de.....
COLAS.
Non, non, seulement queuque petites talo-
ches, sans que ça paroisse.
COLINETTE.
Prends bien garde, il fout l'arrêter sans te
donner le moindre tort.
COLAS.
Mais OÙ c'que tout ça aboutira ? faudra t'y
pas toujours partir demain pour c'te Milice ?
COLINETTE.
Non, j'espère que quand Monsieur Dolmont
sera informé de tout, il te donnera ton congé.
G01.AS.
Oh ! ma chère Collnette, si ça arrive comme
tu dis, tâchons donc d'nous marier bien vite
pour finir tout o*train-là.
COLINETTE.
Mais dis moi,, quand nous serons mariés,
crois-tu que nous puissions être heureux ? car
enfin tu n'as rien, ni moi non plus, et on dit
que la misère engendre souvent les querelles
du ménage.
64
COLAS ET COLINETTE.
COLAS.
La misère ! Oh je n* la crains point, j*ons
des bras pour travailler ; et pour les querelles,
va, va, laisse moi faire, je trouverons ben
l'moyen d'ies appaiser.
Air.
Dans not petit ménage, ' '■
S'il survient queuq'orage.
C'a n'peut durer long-temps ;
Et mulgré la misère,
Va, i'aurons bien ma chère,
Encor de bons petits moments.
Ni l'or ni la richesse.
Ne valons la tendresse,
Ca n'peut rendre contents
Même dans la misère,
Il est encor ma chère, ■
Souvent de bons petits moments.
COLINETTE.
Je Tespère, mais après tout, j'en courrai les
risques avec toi.
COLAS.
Comme je vas encore plus t*aimer après
tout ça! et que j'aurai de plaisir à nous
venger de c'coquin d 'Bailli.
COLINETTE.
J'en aurai bien autant que toi ; mais voilà
que déjà le Soleil est couché, c'est l'heure du
rendez-vous qu'il m'a donné, et il ne doit pas
tarder.
COLAS.
Comment morguenne ! c'est t*y pas lui qu'on
voit là bas î regarde.
. a
COMEDIE.
65
ms
les,
)en
COLINETTE* -
. Où cela? r ».
COLAS.
Là bas, au fond de Tavenue. C'est ben
lui que j'vois. Oh ! comme le cœur me bat
de plaisir.
COLINETTE.
Oui c'est lui même ; allons vite nous cacher
sous ces arbres touffus, et souviens-toi bien de
ce que je t'ai dit. ^ ,. r ^
COLAS.
Bon, bon, donne moi la main, tu n*as qu'à
me laisser faire. Cil prend la main de Coli-
nette, et ils courent se cacher à l'un des bouts
du Théâtre,)
SCENE X.
Le Théâtre 7î*cst plus éclairé que par les lampions
du devant et la lumière des premières coulisses.
Le Bailli entre par une des coulisses opposées
au coté où sont cachés Colas et Colinette. Il
a rair du Mystère, marche sur la pointe du
pied et parle à mi-voix,
LE BAILLI.
Voici l'heure du rendez-vous. Colinette
m'attend sans doute. Quel plaisir je goûte
d'avance en songeant que par mon adresse, je
vais à la fois tromper un Argus, supplanter un
rival et lui enlever sa maîtresse ! Jamais, non
jamais on ne fut plus heureux que je le suis...!
Voyons, cherchons l'endroit où la fri-
66
COLAS ET COUNETTE.
Ili
h 'f
ponne s'est cachée. Cil cherche Colinette au
fond du Théâtre au côté opposé à celui oà Us
sont cachés,)
-.' LE BAILLI, à voix basse,
Colinette, Colinette ?
COLINETTE.
Ct, et, et, et, et, et.
LE BAILLI.
J'entends quelqu'un de ce côté là !
COLINETTE, bas,
Ct, ct, par ici, par ici.
LE BAILLI, bas;. (A part,)
C'est elle-même, je reconnois sa voix. Est-
«e toi, Colinette ?
COLINETTE, bas» ,
Oui, oui.
LE BAILLI, bas.
Où t'es-tu donc cachée ?
COLAS, bas.
Me voici, me voici.
LE BAILLI, courant vers l*endroit où est caché
Colas ou* a prend pour Colinette.
Ah ! te voilà, chère mignonne ! Il est donc
bien vrai, que tu vas combler mes vœux !
Viens, mon enfant, viens ma petite ; viens et
fuyons au plus vite, la voiture est ici près qui
nous attend. (Colinette^ voyant approcher le
Bailli i s* enfuit.)
Alte là.
Qui va là ?
Duo.
COLAS.
LE BAILLI.
au
Us
Est-
aché
lonc
ux !
s et
> qui
cr le
COMEDIE.
coLA6t le prenant au eolUt,
i. i N'avance pas
Ou je te romps les bras.
LE BAILLI, à part.
Quoi, c'est Colas !
O Ciel! quel embarras !
COLAS.
Ici que viens-tu faire ?
LE BAILLI.
Ce n'est pas ton affaire*
COLAS.
Quel est ton nom ?
LE BAILLr.
L^sse moi donc.
COLAS.
Réponds, réponds.
LE BAILLI.
Non, non, non, non.
COLAS.
Tu m'as l'air d'un fripon.
COLAS, lut donnant un coup de poing»
Parle donc ou j't'assomme.
LE BAILLI.
La peste soit de l'homme !
Ne me reconiiois-tu pasi
Si tu ne me lâches pas
Coquin tu t'en repentiras.
COLAS, feignant la surprise.
Mais qu'est ceci !
Comment c'est vous M. L' Bailli ?
LE BAILLI.
Hé oui, morbleu oui.
J'enrage.
Quel affront î quel outrage !
COLAS.
Mais vous n'êtes pas sage.
67
LE BAILLI.
Ahi ! tu m'ccorches le mento».
COLAS.
Que diantre aussi,
Que v'nez-vous faire ici ?
LE BAILLI.
Je suis brisé, meurtri.
Je suis joiié, je suis trahi.
•.■,'-■ I
y'
^^w
COLAS ET COLINETTË.
LE BAILLI.
Ah coquin ! Ah traitre ! Ah scélérat I tu
Tas fait exprès, mais tu me le payeras.
SCENE XI.
COLAS, LE BAILLI, M. DOLMONT,
dans la coulisse,
M. DOLMONT.
CJu 'est-ce donc que ce vacarme ! Comment,
on se bat, on se tue chez moi !
COLAS, à part.
C'est Monsieur Dolmont 1 décampons. Cil
s\n fuit.)
LE BAILLI, à part.
Quel contretemps !
^•î
!
SCENE xn.
LE BAILLI, M. DOLMONT.
• M. DoiMONT, paroissant.
vjui sont donc ces coquins là ? Ah ! c'est
vous. Monsieur Le Bailli ? C ironiquement J Je
suis ravi de vous trouver ici.
L£ BAILLI.
Je vous rencontre aussi bien à propos pour
vous porter ma plainte contre ce maroufle là.
M. DOLMONT.
Contre qui ?
MMwa
'.: i
COMEDIE.
69
tu
h:' , .V lE BAILLI, cherchant des yeux»
Où est-il allé ? Le drôle a décampé, c'est
de ce coquin de Colas dont je veux parler.
M. DOLMONT.
De Colas ! Qu "est-ce qu'il vous a fait ?
LE BAILLI.
Ce qu'il m'a fait ? le coquin m'a roué de
coups, quelque chose que j'aie pu dire pour
me faire reconnoitre, et je demande jusdce de
son insolence. .(y ••.
M. DOLMONT.
Justice ? je vous la rendrai, Monsieur, je
suis instruit de vos menées.
LE BAILLI, à part.
Il a tout découvert !
M. DOLMONT.
Nous verrons ce que mérite un séducteur
qui avoit tramé le complot d'enlever de chez
moi une fille sur laquelle j'ai les droits d'un
père. • : ^
LE BAILLI, à part.
Il faut payer d'effronterie, (haut.) Qui
vous a dit cela, Monsieur ?
M. DOLMONT. '
Elle-même.
LE BAILLI,
Colinette? *
M. DOLMONT.
Oui Monsieur, Colinette, qui pleine de
mépris pour votre indigne proposition, n'a
feint d'y consentir que pour se jouer de vous.
LE BAILLI, à part.
La coquine ! (haut.) Cela n'est pas pos-
sible, sachez. Monsieur, qu'elle m'a promis
-tOU-^W-^WAi^-.'*-»*-- ■
70
COLAS ET COLINETTE.
: }=
sa foi, et que c'est elle même qui pour s'af-
franchir de l'esclavage où vous la tenez, a
volontairement accepte la proposition que je
lui ai faite de la soustraire à votre autonté en
l'épousant dés ce soir.
M. OOLMONT*
Vous ?
LE BAILLI.
Moi.
M. DOLMONT.
Allez, vous êtes un vieux fou.
^ LE BAILLI.
Comment Monsieur, un vieux fou ?
M. BOLMONT.
Oui, Monsieur, un vieux fou. Et de quel
droit avez-vous osé présumer de la soustraire
à mon autorité ?
LE BAILLI.
Du droit que lui donne la loi. Monsieur,
nous la connoissons la loi, on n'est pas homme
de loi pour rien, Côlinette est libre de se don-
ner à moi, elle y a consenti, j'en ai une preuve
incontestable, et personne n'a le droit de s'y
opposer. .
M. DOLMONT.
Quelle impudence ! Hé bien, je vous dis,
moi, que je m'y oppose formellement.
L£ BAILLI.
Cela m'est égal, j'ai sa promesse.
rfiin— »iBMÉ*iru.BT'*
COMEDIE.
71
SCENE XIII. ET DERNIERE.
M. DOLMONT, LE BAILLI, COLINETTE,
COLAS, L'EPINE.
; H : ■ ) ■■ . " ...
cotiNETTE, riant.
Oh la bonne promesse qu'a Monsieur Le
BailU !
LE BAILLI, à part.
La traîtresse ! (haut) N'est-il pas vrai, Co-
linettc, que tu m'as promis
M. DOLMONT, ironiquement
Est-il quelque loi qui autorise à épouser
quelqu'un contre son gré?
LE BAILLI. '
Qu'appellez-vous contre son gré ? Une fille
qui vient se jetter dans mes bras !
COLINETTE, du toM le plits méprisant.
Me jetter dans vos bras î j'aimerois mieux
me jetter dans la rivière.
M. DOLMONT.
Hé bien. Monsieur ?
LE BAILLI, à part.
J'enrage! (haut.) Comment tu ne m'as
pas dit?
COLTNKTTB.
J'ai dit ce que j'ai voulu, pour me jouer de
votre crédulité, et venger Colas de la fourbe-
rie que vous lui avez faite.
LE BAILLI.
O serpent i
G
78
COLAS ET COLINETrE.
Ml
I ^i
r\ 1 .
M. DOLMONT,
Comment ? quelle fourberie ?
LE BAILLI, appercevant Colas.
Le voilà le Coquin
M. DOLMONT.
Ah ! te voilà. C'est donc toi qui t'avises
de maltraiter les gens, de nuit ?
COLAS.
Excusez-moi, Monsieu, n'y a que l'bout
d'moii bras qui l'y avons touché l'dos.
LE BAILLI !
Impertinent! >i x.>.>:v, •
COLAS. • i . . ,i
Et puis, Monsieu, j 'voulions vous dire
M. DOLMONT.
Qu'as-tu à me dire ? Pourquoi n'es-tu pas
venu chercher ton fourniment, comme je te
l'avois ordonné ?
COLINETTE.
Colas ne s'est pas engagé. Monsieur,
> M. DOLMONT, à Colas.
Comment ? tu ne t'es pas engagé ce matin ?
COLAS.
Oui, Monsieu, mais c'est ly qui m'avons
joué ce tour-là.
l'épine, à part» - =
Ah ben v'ià qu'est drôle ! ,' ?
M. DOLMONT, à part.
Le Misérable! j'avois raison de soupçon-
ner (haut.) expliques-toi.
COLAS.
Hé bien, Monsieu, pis que vous m'per-
mettez C'est que sous vot respet,
j'nous aimons Colinette et moi.
8i
COMEDIE.
TA
. I
M, DOLMOKT.
Est-il vrai Colinette ? ' ,*.
COLINETTE.
C*ctoit, Monsieur, le vœu de nos parens,
j'espère de votre bienveillance, qu'elle ne
mettra point d'obstacle à notre union. ) . , /
COLAS. ,
C'est là, Monsieu, la grâce que j'vous de-
mandois et j*onsct^ à c'matin pour vous parler
à c'dessein là, quand j'ai rencontré c'Monsieur
L'Bailli qui m'avons promis d'vous parler pour
moi.
COI.INETTE.
Oui, Monsieur, il vous l'a présenté comme
Milicien, vous l'avez accepté, et Colas a prie
son engagement pour un contrat de mariage.
l'épine, à part.
Ah ben, v'ià une drôle d'histoire !
M. DOLMONT.
Je vois tout cela. Cau Bailli, J II faut que
vous soyez un grand scélérat !
LE BAILLI. "
Je suis surpris, Monsieur, que vous pre-
niez le parti d'un rival de son espèce. Au
reste ce n'est pas ma faute s'il plaît à cette
perfide de se dédire, elle a présidé à son choix,
elle m'a promis sa main, et pour preuve de
cela, c'est qu'elle a accepté une bourse de cent
louis que je lui ai donnée tantôt.
M. DOL^IONT.
Tu as accepte' une bourse ?
. . .' ' COLINKTTE, ricnit.
Oui, Monsieur, c'étoit pour acheter ma
garde-robe. G 2
, ji
n
COLAS ET COLINETTE.
■■.t
;■ I
. lit i^-
coirAS, au BaHli.
La v*là, la vMà. - t. ':..'!
M. DOLMONT, Vurrêtant,
Un moment, il faut voir ce qu'elle con-
tient, (au Bttillu) Quelle somme <loit-il y a-
voir dans cette bourse ? »
LE BAILLÎ.
Cent louis d'or bien comptes.
COLAS.
Ce qu'étions d'dans y est ben encore.
M. DOLMONT, Comptant V argent.
Dix, vingt, trente, quarante, cinquante....
et cinquante font cent.
LE BAILLI, tendant la main.
C'est le compte juste.
M. DOLMONT.
Tiens, Colas, gardes ceci j cet argent t'est
dû, et je te le donne.
LE BAILLI.
Mon argent ! je ne lui donne pas moi, en
voilà bien d'un autre !
M. DOLMOKT.
Il lui appartient en dédommagement du
chagrin que vous lui avez donné.
L£ BAILLI.
Mais Monsieur, quand je vous demande
justice, de
M. DOLMONT.
Je vous la rends, Monsieur.
COLAS.
Oh Monsieu, pour c'qu'est dTargent
COLINETTE.
Ne l'acceptes pas.
.^- i» l
CDHEDIE.
:t.....
7S
n-
t'est
. en
du
mde
M. DOLMONT.
Je le veux. . ^: '. I
LE BAILiLI.
Mais eiliifi. Monsieur.. «. ..-••. '>■
M. DOLMONT. i".
Si VOUS n'êtes pas satisfait de ce jugement,
ayez recours à h loi. Monsieur l'homme de
loi.
LE BAIJLLI.
Je dis que vous n'avez pas le droit
M. DOLMONT.
Le droit, Monsieur? Le droit seroit de
vous chasser pour avoir osé vous jouer de moi,
et de vous interdire un emploi que vous desho-
norez ; ainsi, croyez-moi, donnez lui cet ar-
gent, et restez-en là.
LE BAILLI.
Allons. Puisqu'il faut le donner.
Colas, mettant la bourse dans sa poche.
Allons. Puisqu'y faut Tprendre
M. DOLMONT.
C'est le meilleur parti que vous puissiez
prendre. Quant à moi je me contenterai de
vous rendre le témoin du consentement que je
leur donne. Mariez-vous, mes enfans, et
soyez heureux. Nous célébrerons demain
tout à la fois et votre fête et la mienne.
COI. AS, baisant la main de CoUnette,
Ah ! Monsieu ! Ah ! Colinette ! que j'suis
heureux !
l'épine.
Jarni que v'ià qu'est ben Jugé !
LE BAILLI, à part.
Voici une aventure qui ne m'a pas réussi.
76
COLAS ET COLINETTE.
. COLAS, r.l
Mais c*t'engagement dans l'a Milice ?
M. DOLMONT.
Il est frauduleux, par conséquent nul ; je
te donne ton congé.
^ COLAS. " ."'
Grand merci de tout mon cœur. v
l'épine.
Allons, l'ami, j'te félicite du bonheur qui
t'arrive, ça vaut mieux que d's'aller faire tuer
à la guerre, et j'te pardonne de bon cœur
tout ce que tu m'as dit tantôt. .
COLAS.
Et moi dans un jour com'celui-ci, je n'veux
point itou conserver d'rancune. (au Bailli.)
J'vous pardonne donc aussi, mais à condition
que quand je s'rons mariés, vous vous dis-
penserez d'nous faire des visites.
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COMEDIE. àvIOD
VAUDEVILLE.
je
qui
uer
leur
eux
tion
dis-
'
R,
LE BAILLI.
-USE, détour, tout devient inutile^
On ne nauroit frauder l'amour,
A mon ardeur Colinette indocile,
En est une preuve en ce i'>ur;
A mes dépens je viens d'apprendre, -•"'
Qu'en amour un jeune tendron,
Peut toujours dnper un barbon,
Et tel e8t pris qui croyoit prendre.
COLINETTE.
Qu'un vieux galant parle de son martire,
Qu'il se plaigne de rtos rigueurs,
Sans se fâcher, le meilleur est d'en rire,
Et se moquer de ses sottes langueurs ;
Mais lorsqu'il cherche a nous surprendre.
On lui tait voir que sans éclat,
La souris peut duper le rhat,
Et tel est pris qui croyoit prendre.
COLAS.
Quand on est franc, honnête et sans maiice,
Si l'on n'est pas un peu fûté,
Vient un méchant, qui, par son artifice.
Surprend bientôt notre bonté ;
Mais quand c'tilà qui veut surprendre
A son piège est pris comme un sot,
On rit d'bon coeur, mais on n'dit mot.
Car tel est pris qui croyoit prendre.
M. DOLMONT . • . •
Qu'un gros richard tout bouffi d'arrogance,
Et cousu d'or, aspire à la grandeur,
Est-il heureux ? Non, malgré l'opulence.
C'est vainement qu'il cherche le bonheur ;
Mais sans orgueil, si sa main libérale,
Sur l'indigent répand les bienfaits,
Dans son cœur il trouve la paix,
Est-il aucun biea qui l'égale ?
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19
COLAS ET COLINETTE.
H.
t'EPlKE.
Si notre pièce a pu vous satisfaire.
Messieurs, j'vous prions d'applaudir»
De nos efforts c'est l'unique salaire»
Et pour nous le plus g^nd plaisir ;
A v'z'amuser j'avonsosé prétendre»
Mai? si i'n'avons pas réussi,
J'pt^ux ben dire à mon tour aussi»
Que tel est pris qui croyoit prendre.
CHŒUR.
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Ri
COLAS ET COLINETTE.
-IONS, Chantons, soyons joyeux,
L'amour enfin comble nos vœux.
TOUS.
Riez, chantez» soyez joyeux.
L'amour enfin comble vos vœux.
COLAS ET COLTMET-^E.
Que de plaisirs 1 quelle allégresse.
Ce Dieu couronne ma tendresse 1
COLINETTE.
Ah 1 quel jour heureux pour moi !
COLAS.
Heureux pour moi.
COLIS ETTE.
"Tott Tccenr va me donner sa foi !
ENSEMBLE.
Rions, chantons, soyons joyeux,
L'amour enfin comble nos vœux.
TOUS.
Riez, chantez, soyez joyeux.
L'amour enfin comble vos vœux.
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