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Full text of "Methode pour apprendre a dessiner les passions"

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. 


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•end;  ssm 

s  passions 


NC 
770 
.142 
1702a 


U  d/of  01 1 AUA 


39003011127726 


Georc  0 


0 

Charles  Le  Brun 

Méthode  pour  apprendre 
à  dessiner  les  passions 


MO 


Charles  Le  Brun 

Méthode  pour 

apprendre  à  dessiner 

les  passions 

proposée  dans  une 

conférence  sur  l'expression 

générale  et  particulière 

BIBUOTriECA 


1982 

Georg  Olms  Verlag 
Hildesheim  •  Zurich  •  New  York 


o 


90 


iV2/ 


Dem  Nachdruck  liegt  das  Exemplar 
der  Staatlichen  Bibliothek  Passau  zugrunde, 

Signatur:  Ho  (b)  29 


A/C 


Nachdruck  der  Ausgabe  Amsterdam  1702 

Printed  in  Germany 

Herstellung:  Strauss  &  Cramer  GmbH,  6945  Hirschberg  2 

ISBN  3  487  06717  X 


.  »   .l/.r+-    /,.+ 


METHODE 

Pour  apprendre 

A    DESSINER 

LES  PASSIONS, 

Tropofée  dans  une  Conférence 

SUR 

L'EXPRESSION  GE'NE'RALE  , 

E  T 

PARTICULIERE. 

Par  Mr.  LE  Brun,    Premier  Peintre  dtc 

Roy  ,  Chancelier  cjf  Directeur  de  l'Académie 
Roy  nie  de  Peinture  &  de  Sculpture. 

Enrichie  d'un  grand  nombre  de  Figur^f 

très-bien  deiïînécw 


A    AMSTERDAM, 

Chci  François  van  der  P  l  a  a  T  S  \ 

Marchand  Libraire,  dans  le  Gaperftecg. 

~M.  DCCil, 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/methodepourappreOOIebr 


PREFACE. 

Otnrne   la  connoijfance  de 
l'homme  fuppofe  neceffai- 
rcment  celte  des  ^PaJJions^ 
qui  faut  le  grand  r effort 
des  mouvemens  du  Cœur  ©  de  tou- 
tes nos  allions  >  on  s'eft  appliqué 
de  tout  tems  à  en  étudier  la  nature 
&  les  effets.    Les  Vhilo/bphes  en 
ont  traité  pour  apprendre  à  lesjou- 
rnettre  à  la  Rai/on  _,  (S  les  Médecins 
pour  remédier  aux  maladies  qu'el- 
les caufent  j  (S  qui  altèrent  lacon- 
ftitution    du  Corps   humain:  mais 
perfonne  ne  s'étoit  avisé  ci-devant 
d'en  faire  une   étude  particulière 
par  raport  à  la  Teinture  j  qui  doit 
exprimer  tous  ces  mouvemens  qui 
fe  manifejfent  au  dehors.  Mon/leur 
JLc  Brun ,  fi  connu  par  [es  exccllens 
*  x  Ou- 


PREFACE. 

Ouvrages  j  s'eft  propofé  d'en  faire 
un  Traité  far  raport  à  fou  Art  j 
qui  frétant  compofé  que  de  /impies 
traits  j  doit  néanmoins  exprimer  la 
diverfité  de  cesmouvemens'  L'Au~ 
teur  j  après  avoir  expliqué  en  peu 
de  mots  les  opinions  des  Savans 
fur  la  nature  (S  le  fiege  des  Tajfions , 
s'attache  particulièrement  à  décri- 
re les  differens  effets  qu'elles pro~ 
duifent  fur  les  parties  extérieures  ; 
ce  qu'il  démontre  par  un  grand 
nombre  de  figures  qu'il  a  dejfinées 
lui-même ,  Ç5  qui  expriment  ce  qu'il 
dit  de  chaque  'Pajfion  en  particu- 
lier. 

Il  auroit  donné  cet  Ouvrage  au 
public, fila  mort  ne  l'avoit prévenu  ; 
cependant  le  public  n'en  a  pas  été 
entièrement  privé  y  puis  que  divers 
particuliers  l'ont  en  Manufcrit  f 
mais  comme  il  s'y  eft  glijfé  quantité 
de  fautes  ^  G5  que  ceux  qui  ont  le 
^Difcours  j  n'ont  pas  les  figures  j 
qui  font  en  partie  dans  le  Cabinet 
du  Roy  j  SJ  en  partie  difperfées  en 

divers 


PREFACE. 

divers  lieux  j  on  a  cru  que  ceux 
qui  aiment  la  Teinture  _,  &  qui 
connoijfent  le  prix  des  Ouvrages 
dy  un  fi  excellent  homme  >  recevr oient 
favorablement  le  Recucuil  qu'on 
leur  donne  aujourd'hui.  Ils  peu- 
vent s'aj/urer  que  toutes  les  flanches 
ont  été  gravées  fîir  les  Originaux 
de  Mr. Le  Brun,  ou  fur  de  très -bel* 
les  Copie  s-,  ÔJ  far  cette  raifon  on 
a  mieux  aimé  en  laïffer  plufieurs 
peu  terminées ^  que  d'y  ajouter  quel- 
que chofe  aui  ne  fût  pas  de  de  lui. 

Au  refte  >  il  eft  à  propos  de  faire 
remarquer ,  qu'on  a  donné  plufieurs 
traits  differens  drunméme  car  acte* 
re  de  Tajfion^  comme  du  Mépris,, 
de  la  Frayeur  J  du  Ris  têc ,  afin 
de  repréfenter  fous  divers  ajpetfs* 
les  mêmes  mouvemens.  Ilyenaaujfi 
d'autres  qui  font  compofiz  de  plu- 
fieurs  paffions  comme  PEtonnement 
avec  Frayeur;  la  Colère  mêlée  de 
Crainte  (gcy  Ces  fortes  de  figures 
font  fans  difcours  particulier ,  le 
fervent  Amplement  d'exemple  pour 
*  3  fa.rs 


PREFACE. 

faire  voir  de  quelle  manières  cespaf 
fions  Je  mêlent  enfemble  ïèfe  doivent 
exprimer. 

Mr.  Le  Brun  a  fait  auJfîunTr  ai- 
té  delà  Phyfionomie  ;  mais  comme  il 
nyeft  pas  encore  parvenu  entre  mes 
mains  dans  une  ajfez  grande  perfe- 
ction je  me  contenterai  a*en  donner 
le  *DiJcours  en  abrégé j  en  atten- 
dant que  je  puijfe  le  produire  tel 
qu9il  é  été  prononcé  dans  l'Acadé- 
mie ,  fi  accompagné  de  figures.  Ce 
petit  Echantillon  ne  Uiffera  pas 
d'être  utileàplufieurs  ;  Il  fera  ju- 
ger au  mêins  ie  la\piete  entière  >  {# 
Jcubaiter  de  ly  avoir  plus  complète. 


DIS- 


I 

DISCOURS 

PRONONCE' 
DANS   L'ACADEMIE    ROYALE 

D  E 

PEINTURE    ET   SCULPTURE 

Par  Mr.  le  B  r  u  n. 

Messieurs^ 

Ans  T Aflcmblée  derniè- 
re vous  approuvâtes  le 
deflein  que  je  pris  de 
vous  entretenir  de  l'Ex- 
preflion.  Il  eft  donc  ne- 
ceflaire  avant  toutes  chofes  defavoii 
en  quoi  elfe  confifte. 

L'Exprefïion ,  à  mon  avis,  eft  une 
naïve  &  naturelle  reflemblance  des 
chofes  que  Ton  a  à  repréfenter  :  El- 
le eft  neceflaire  &  entre  dans  toutes 
les  parties  de  la  Peinture  ;  un  Ta- 
bleau ne  fauroit  être  parfait  fans 
l'Exprefîion;  c'eft  elle  qui  marque 
les  véritables  caractères  de  chaque 
*  4  cliofe 


a         DISCOURS 

chofe^  c'eft  par  elle  que  l'on  diftin* 
gue  la  nature  des  corps  ;  que  des  fi- 
gures femblent  avoir  du  mou  ve- 
ulent j  &  tout  ce  qui  eft  feint  pa- 
roît  être  vrai. 

Elle  eft  aufïi  bien  dans  la  couleur 
que  dans  le  deflein  ;  elle  doit  enco- 
re être  dans  la  repréfèntation  des  paï- 
fageSj&  dans  rafiemblage  des  figures. 
C'eft,  Messieurs,  ce  que 
j'ai  tâché  de  vous  faire  remarquer 
dans  les  Conférences  pafîees  ;  au- 
jourd'hui j'eflaierai  de  vous  faire 
voir  que  l'Exprefïîon  eft  auffi  une 
partie  qui  marque  les  mouvemens  de 
l'Ame ,  ce  qui  rend  vifible  les  effets 
de  la  paflîon. 

Il  y  a  tant  de  perfonnes  fàvantes 
qui  ont  traité  des  Partions,  que  Ton 
n'en  peut  dire  que  ce  qu'ils  .en  ont 
déjà  écrit:  Auflî  je  ne  rapporterois 
pas  leur  opinion  fur  cette  matière , 
n'étoit  que  pour  mieux  faire  com- 
prendre ce  qui  concerne  nôtre  Art , 
il  me  femble  qu'il  eft  necefiaire  d'en 
loucher  quelque  chofe  en  faveur  des 

jeunes 


de  Mr.   LE  BRUN,        3 

jeunes  Etudians  en  Peinture;  ce  que 
je  tâcherai  de  faire  voir  le  plus  briè- 
vement que  je  pourrai. 

Premièrement ,  laPaiïion  eft  un 
mouvement  de  l'Ame,  qui  refide  en 
la  partie fenfitive ,  lequel  fefaitpour 
iuivre  ce  que  l'Ame  penfe  lui  être  bon, 
ou  pour  fuir  ce  qu'elle  penfe  lui  être 
mauvais  ;  &  d'ordinaire  tout  ce  qui 
caufe  à  l'Ame  de  lapaflion,  fait  fai- 
re au  corps  quelque  action. 

Comme  il  eft  donc  vrai  que  la 
plus  grande  partie  des  pafïions  de 
l'Ame  produifent  des  actions  corpo- 
relles ,  il  eft  necefîaire  que  nous  fâ- 
chions quelles  font  les  actions  du 
corps  qui  expriment  les  pallions  & 
ce  que  c'eft  qu'action. 

L'action  n'eft  autre  chofe  que  le 
mouvement  de  quelque  partie,  &lc 
mouvement  ne  fe  fait  que  par  le 
changement  des  mufcles  qui  n'ont  de 
mouvement  que  par  l'extrémité  des 
■crfsquipaflcntau  travers,  les  nerfs 
n'agiffent  que  par  lesefpritsqui  font 
contenus  dans  les  cavitez  du  cer- 
*  5  veau, 


4        DISCOURS 

veau ,  &  le  cerveau  ne  reçoit  les  ef- 
prits  que  du  lang,'  qui  parte  conti- 
nuellement par  le  cœur,  qui  l'é- 
cliaufe  &  le  raréfie  de  telle  forte 
qu'il  produit  un  certain  fubtil  qui  le 
porte  au  cerveau,  &  qui  le  rem- 
plit. 

Le  cerveau  ainfi  rempli  renvoie  de 
ces  efprits  aux  autres  parties  par  les 
nerfs  qui  font  comme  autant  de  pe- 
tits filets  ou  tuiaux  qui  portent  ces 
efprits  dans  les  mufcles  ,  plus  ou 
moins ,  félon  qu'ils  en  ont  befoin 
pour  faire  Taftion  à  laquelle  ils  font 
appeliez. 

Ainfi  celui  qui  agit  le  plus,  reçoit 
le  plus  d'efprks  j  oc  par  confequènt 
devient  plus  enflé  que  les  autres  qui 
en  font  privez ,  &  qui  par  cette  pri- 
vation paroifTent  plus  lâches  &  plus 
retirez  que  les  autres. 

Quoique  l'Ame  foit  jointe  à  tou- 
tes les  rartics  du  corps,  il  y  a  néan- 
moins diverfes  opinions  touchant  le 
lieu  où  elle  exerce  plus  particulière- 
ment fes  fonctions. 

Les 


de  Mr.  LE  BRUN.         f 

Les  uns  tiennent  que  c'eft  une 
petite  glande  qui  eft  au  milieu  du 
cerveau ,  parce  que  cette  partie  eft 
unique,  &  que  toutes  les  autres  font 
doubles  ;  &  comme  nous  avons  deux 
yeux  &  deux  oreilles,  cYquetous  les 
organes  de  nos  fens  extérieurs  font 
doubles ,  il  faut  qu'il  y  ait  quelque 
lieu  où  les  deux  images  qui  vien- 
nent par  les  deux  yeux  >  ou  les  deux 
impreifions  qui  viennent  d'un  feul 
objet  par  les  deux  organes  des  au- 
tres fens ,  fe  puiiTent  afïèmbler  en 
une  avant  qu'elle  parvienne  à  l'Ame, 
afin  qu'elle  ne  lui  repréfente  pas 
deux  objets  au  lieu  d'un. 

D'autres  difent  que  c'eft  au  cœur, 
parce  que  c'eft  en  cette  partie  que 
l'on  refTent  les  pafïions;  &  pour 
moi,  c'eft  mon  opinion  que  l'Ame 
reçoit  les  imprciïions  des  partions 
dans  le  cerveau ,  &  qu'elle  en  réf. 
fent  les  effets  au  cœur.  Les  mouve- 
tnens  extérieurs  que  j'ai  remarquez, 
me  confirment  beaucoup  dans  cette 
opinion. 

*  6  Les 


6        DISCOURS 

Les  anciens  Philofophes  aiant 
donné  deux  appétits  à  la  partie  kn- 
fitivc  de  l'Ame,  dans  l'appétit  con- 
cupifcible  logent  les  paflions  fimples  » 
&  dans  Pappetit  irafcible  les  plus  fa- 
rouches ,  oc  celles  qui  font  compo- 
fées  y  car  ils  veulent  que  l'amour ,  la 
Iiaine ,  le  defir ,  la  joie  &  la  triflef- 
fe  foient  enfermées  dans  le  premier  ; 
&  que  la  crainte ,  la  hardiefle ,  l'ef- 
perance,  le  defefpojr  ,  la  colère  & 
la  peur  refidenr  dans  l'autre  :  D'au- 
tres ajoutent  l'admiration  qu'ils  met- 
tent comme  la  première ,  enfuite  l'a- 
mour, la  haine,  le  defir,  la  joie  & 
le  trifteffè ,  &  de  celles-ci  font  dé- 
rivées les  autres  qui  font  compofees, 
comme  la  crainte,  la  hardieflè , l'ef- 
perance. 

Il  ne  fera  donc  pas  hors  de  propos 
de  dire  quelque  chofe  de  la  nature 
de  ces  pallions  pour  les  mieux  con- 
noître ,  avant  que  de  parler  de  leurs 
mouvemens  extérieurs.  Nous  corn* 
mencerons  par  l'Admiration. 

L'Admiration  eft  une  fur* 

prife 


de  Mr.  LE  BRUN.         7 

prife  qui  fait  que  PAme  confidere  a" 
vec  attention  les  objets  qui  lui  fem- 
blent  rares  &  extraordinaires,  &  cet- 
te furprife  a  tant  de  pouvoir  qu'elle 
poufle  quelquefois  les  efprits  vers  k 
lieu  où  eft  l'impreflïon  de  l'objet  ,  & 
fait  qu'elle  eft  tellement  occupée  à 
confiderer  cette  impreflîon ,  qu'il  ne 
refte  plus  d'efprits  qui  paflent  dans 
les  mufcles  ;  ce  qui  fait  que  le  corps 
devient  immobile  comme  une  fta- 
tue\  &  cet  excès  d'admiration  eau- 
fc  l'étonnement  ,  &  Tâtonnement 
peut  arriver  avant  que  nousconnoif- 
fions  fi  cet  objet  nous  eft  convena- 
ble, ou  s'il  ne  l'eft  pas. 

De  forte  qu'il  femble  que  l'Admi- 
ration eft  jo'inte  à  l'eftime  ou  au 
mépris,  félon  la  grandeur  d'un  ob- 
jet, ou  fa  petitefle:  &  de  l'eftime 
vient  la  vénération,  &  du  iimple 
mépris  le  dédain. 

Mais  lorfqu'une  chofe   nous  eft 

reprefentée   comme  bonne  à  nôtre 

cgardr  cela  nous  fait  avoir  pour  elle 

de  l'amour  ;  &  lorfqu'elle  nous  eft 

*  7  repre- 


8         DISCOURS 

reprefentée  comme  mauvaife  ou  nuifi- 
ble ,  cela  nous  excite  la  haine. 

L'Amour  eft  donc  une  émotion 
de  l'Ame  caufee  par  des  mouvement 
qui  Pincitent  à  fe  joindre  de  volonté 
aux  objets  qui  lui  paroiflent  conve- 
nables. 

La  Haine  eft  une  émotion  cau- 
fee par  les  efprits  qui  incitent  l'Ame 
à  vouloir  être  feparée  des  objets 
qui  fe  prefentent  à  elle  comme  nuifi- 
blcs. 

Le  Désir  eft  une  agitation  de 
'Ame  caufèe  par  les  efprits  qui  la 
difpofent  à  vouloir  des  chofes  qu'eU 
le  fe  repréfente  lui  être  convenables; 
ainfi  on  ne  defire  pas  feulement  la 
prefencc  du  bien  abfent  j  mais  auïfi 
la  confervation  du  prefent. 

L  a  J  o  i  e  eft  une  agréable  émotion 
de  l'Ame  en  laquelle  confifte  la  jouïf- 
fànce  qu'elle  a  du  bien  que  les  im- 
portions du  cerveau  lui  reprefentcnt 
comme  fien. 

LaTristessecA:  une  langueur 
defagreable  en  laquelle  confifte  Vin* 

com- 


de  Mr.  LE  BRUN.         9 

commodité  que  l'Ame  reçoit  du 
mal  ou  du  défaut  que  les  impreffions 
du  cerveau  lui  reprefentent. 

Les  ^PaJJlonf  composées. 

LaCraintecII  l'apprehenfion 
du  mal  à  venir,  laquelle  devance  les 
maux  dont  nous  fommes  menacez. 

L'Espérance  eft  une  forte  ap- 

{>arence  ou  opinion  d'obtenir  ce  que 
'on  defire. 

Lorfque  l'Efperance  eft  extrême, 
elle  devient  Seurete';  mais  au  con- 
traire l'extrême  crainte  devient  De- 
sespoir. 

Lb  Desespoir  eft  Popinionde 
ne  pouvoir  obtenir  ce  que  nous  défi- 

rons,  &  fait  que  nous  perdons  même 
ce  que  nous  pôflfedons. 

La  Hardiesse  eft  un  mouve- 
ment de  l'appétit  par  lequel  l'Ame 

s'eleve  contre  le  mal,  afindelecora- 
batre. 

La  Colère  eft  une  agitation 
turbulente  que  la  douleur  &  la  har- 

dieflè 


io        DISCOURS 

dieflê  excitent  dans  l'appétit,  par  la- 
quelle l'Âme  fe  retire  en  elle-même 
pour  s'éloigner  de  l'injure  rcceuë ,  & 
s'élève  en  même  temps  contre  lacau- 
fequiJui  fait  l'injure,  afin  de  s'en 
vanger. 

Il  y  en  a  plufteurs  autres  que  je^ie 
nommerai  pas  ici,  me  contentant 
feulement  de  vous  en  faire  voir  quel- 
que figure. 

Mais  auparavant  nous  dirons  quels 
font  les  mouvemens  du  fang  &  dc3  ef~ 
prits ,  qui  caufent les  partions  fimples. 

On  remarque  que  PAdmiration  ne 
caufe  aucun  changement  dans  le 
cœur,  ni  dans  le  fang.,  ainfi  que  les 
autres  partions ,  dont  la  raifon  eft , 
que  n'aiant  pas  le  bien  ni  le  mal  pour 
objet ,  mais  feulement  de  connoître 
la  chofe  qu'on  admire ,  elle  n'a  poinjf 
de  rapport  avec  le  cœur  ni  le  fang., 
defquels  dépendent  tous  les  biens  du 
corps. 

L; Amour  quand  ileftfeul,  c'efl: 
à  dire  quand  il  n'-eft  point  accompagné 
d'aucune  forte  joie ,  ni  deflr  bu  trif- 

tefle 


de  Mr.  LE  BRUN.  n 
tefle,  le  battement  du  poulxeft  égal, 
&  beaucoup  plus  grand  &  plus  fort 
que  de  coutume.  On  fent  une  douce 
chaleur  dans  la  poitrine,  &  la  digef- 
tion  des  viandes  fe  fait  doucement 
dans  l'eftomach  ;  en  forte  que  cette 
paflion  eft  utile  pour  la  fanté. 

On  remarque  au  contraire  dans  la 
Haine,  que  le  poulx  eft  inégal  & 
plus  petit,  &  fouvent  plus  vite  qu'à 
l'ordinaire  :  on  fent  des  chaleurs  en- 
tremêlées de  je  ne  fai  quelles  ardeurs 
âpres  &  piquantes  dans  la  poitrine , 
&  que  l'eftomach  cefle  de  faire  fes 
fonctions. 

En  la  Joie,  le  poulx  eft  égal  &  plus 
vite  qu'à  Pordinaire ,  mais  il  n'eft  pas 
(\  fort ,  ni  fi  grand  qu'en  l'Amour  ; 
&  l'on  fent  une  chaleur  agréable,  qui 
n'eft  pas  feulement  en  la  poitrine., 
mais  qui  fe  répand  aufii  dans  toutes 
les  parties  extérieures  du  corps. 

EnlaTriftefle,  le  poulx  eft  foible 
&  lent ,  &  on  fent  comme  des  liens 
autour  du  cœur,  qui  le  ferrent,  & 
des  glaçons  qui  le  gèlent.,  &  com- 
munia 


Il        DISCOURS 

muniquenc  leur  froideur  au  refte  du 
corps. 

Mais  leDefir  a  cela  de  particulier* 
qu'il  agite  le  cœur  plus  violemment 
qu'aucune  autre  paffion ,  &  fournit 
au  cerveau  plus  d'efprits,  lefquel» 
pafTenc  de-là  dans  les  mufcles  ,  & 
rendent  tous  les  fens  plus  aigus,  & 
toutes  les  parties  du  corps  mobi- 
les. 

J'ai  parlé  de  ces  mouvemens  inté- 
rieurs j  pour  mieux  hae  compren- 
dre enfuite  le  rapport  qu'ils  ont  avec 
les  extérieur»:  Je  dirai  maintenant 
quelles  font  les  parties  du  corps  qui 
fervent  à  exprimer  les  paflions  au  de- 
hors. 

Comme  nous  avons  dit  que  l'Ame 
eft  jointe  à  toutes  les  parties  du 
corps  j  &  qu'elle  peut  fervir  à  les 
exprimer:  Car  k  Peur  peut  s'expri- 
mer par  un  homme  qui  court,  & 
qui  s'enfuit, 

La  Colère  par  un  homme  qui  fer- 
me les  poings,  &  qui  femble napper 
quelqu'un. 

Mais 


de  Mr.  LE  BRUN.         i> 

Mais  s'il  eft  vrai  qu'il  y  ait  une 
partie  où  l'Ame  exerce  plus  immé- 
diatement fes  fondions ,  &  que  cette 
partie  foit  celle  du  cerveau,  nous 
pouvons  dire  de  même  que  le  vifage 
eft  la  partie  du  corps  où  elle  fait 
voir  plus  particulièrement  ce  qu'elle 
refTent. 

Et  comme  nous  avons  dit  que  la 
glande  qui  eft  au  milieu  du  cerveau  # 
eft  le  lieu  où  l'Ame  reçoit  les  ima- 
ges des  partions,  lefourcil  eft  la  par* 
tie  de  tout  le  vifage  où  les  partions 
fe  font  mieux  connoître,  quoique 

Elufîeurs  aient  penfe  que  ce  foit  d'ans 
îs  yeux.  Il  eft  vrai  que  la  prunelle 
Ear  (on  feu  &  ion  mouvement  fait 
ien  voir  l'agitation  de  l'Ame,  mais 
elle  ne  foit  pas  connoître  de  quelle  na- 
ture eft  cette  agitation.  La  bouche  & 
le  nez  ont  beaucoup  de  part  àPex- 
preflion,  mais  pour  l'ordinaire  ces 
parties  ne  fervent  qu'à  fuivre  les 
mouvemens  du  cœur ,  comme  nous 
le  marquerons  dans  la  fuite  de  cet 
entretien. 

Et 


r4        DISCOURS" 

Et  comme  il  a  été  dit  que  l'Ame 
a  deux  appétits  clans  la  partie  fenfu 
tive,  &  que  de  ces  deux  appétits 
naiffent  toutes  les  payions. 

Il  y  a  au/ïi  deux  mouvemens  dans 
les  fourcils  qui  expriment  tous  les 
mouvemens  des  paiïions. 

Ces  deux  mouvemens  que  j'ai  re- 
marquez., ont  un  parfait  rapport  à 
ces  deux  appétits,  car  celui  qui  s'é- 
lève en  haut  vers  le  cerveau,  expri- 
me toutes  les  payions  les  plus  farou- 
ches &  les  plus  cruelles  :  Mais  je  vous 
dirai  encore  qu'il  y  a  quelque  chofe 
de  plus  particulier  dans  ces  mouve- 
mens, &  qu'à  proportion  que  ces 
paillons  changent  de  nature,  le  mou- 
vement du  fourcil  change   de  for- 
^3    me;  car  pour  exprimer  une  pafiion 
jfc.jï  Ample,  le  mouvement  eft  ftmple,  & 
fig.  1 5  û  elle  eft  compofée ,  le  mouvement 
fis*1  eft  compote  ;  it  lajpaflîort  eft  douce , 
le  mouvement  eft  doux,  &fi  elle  eft 
aigre ,  le  mouvement  l'eft  auffi. 

Mais  il  faut  remarquer  qu'il  y  a 
deux  fortes  d'élévations  de  fourcils. 

Qu'il 


de  Mr.  LE  BRUN.         i$- 

Qu'il  y  en  a  une  où  le  fourcil  A-** 
s'élève  par  fon  milieu  j  &  cette  élc- 
vation  exprime  des  mouvemens  a- 
greables. 

Il  y  a  à  obferver  que  lorfque  le 
fourcil  s'élève  par  fon  milieu,  labou-  p.gx6 
che  s'élève  par  les  cotez  &  à  la  trif-<Â/«" 
tefTe  elle  s'élève  par  le  milieu. 

Mais  lorfque  le  fourcil  s'abaifle  Jg.  3* 
par  le  milieu ,  ce  mouvement  mar- 
que une  douleur   corporelle,  &  a- 
lors  la  bouche  fait  un  contraire  effet, 
car  elle  s'abaiflêpar  les  cotez. 

Dans  le  Ris  ,  toutes  les  parties  A-  *7 
fefuivent,  car  les  fourcils  qui  s'a- 
baiflent  vers  le  milieu  du  front ,  font 
que  le  nez,  la  bouche  &  les  yeux  fui- 
vent  le  même  mouvement. 

Dans  le  Pleurer,  les  mouvemens j&. it 
font  compofez  &  contraires,  car  le 
fourcil  s'abaiflera  du  côté  du  nez  & 
des  yeux,  &  le  bouche  s'élèvera  dcA.ljr 
ce  côte-là.  Il  y  a  encore  une  obfer- 
vation  à  faire,  qui  eft  que  lorfque 
le  cœur  eft  abbatu ,  toutes  les  par- 
ties du  vùage  le  font  aujfiï. 

Mais 


16         DISCOURS 

H**     Mais  au  contraire  fi  le  cœur  reflènt 

te-4*  quelque  paflion.,  ou  s'il  s'échauffe  & 
le  roklit ,  toutes  les  parties  du  vifage 
tiennent  de  ce  mouvement ,  &  parti- 
culièrement la  bouche;  ce  qui  prou- 
ve, comme  j'^y  déjà  dit,  quec'eft 
la  partie  qui  de  tout  le  vifàge  marque 
plus  particulièrement  les  mouvemens 

jg*«  do  cœur.  Car  il  eft  à  oblerver  que 
lorfqu'ilfe  plaint ,  la  bouche  s'abaif. 
fepar  les  cotez;  &  quand  il  eft  con- 

fk-16  tent,  les  coins  delà  bouche  s'élèvent 
en  liaut  ;  &  quand  il  a  de  l'averfion , 

fitl9  la  bouche fe  pouffe  en  avant,  &  s'é- 
lève par  le  milieu.  C'eft ,  Mes- 
sie u  r  s ,  ce  que  nous  obferverons 
fur  ces  lîmples  traits  que  j'ai  formez  f 
pour  vous  faire  concevoir  ce  que  je 
dis. 


L'ADMI. 


L  AT)  MIRAT  ION. 

COMME  nous  avons  dit 
que  l'Admiration  efl  la 
première  &  la  plus  tempé- 
rée de  toutes  les  paffions, 
&  où  le  cœur  fènt  moins  d'agitation  : 
Le  vifage  auffi  reçoit  fort  peu  de 
changement  en  toutes  fes  parties,  & 
s'il  y  en  a,  il  n'eft  que  dans  1  élévati- 
on du  iburciL,  mais  il  aura  les  deux 
côtés  égaux,  &  l'œil  fera  un  peu  plus 
ouvert  qu'à  l'ordinaire,  &  la  prunel- 
le également  entre  les  dcu\  paupiè- 
res &  fans  mouvement,  attaches  fur 
l'objet  qui  aura  causé  l'admiration. 
La  bouche  fera  aufli  entrouverte, 
mais  elle  paroîtra  fans  aucune  alté- 
ration, non  plus  que  tout  le  refte  de 
toutes  les  autres  parties  du  vifage. 

A  Cette 


(2) 

Cette  paflion  ne  produit  qu'une  fuf- 
penfion  de  mouvement  pour  donner 
le  temps  à  l'ame  de  délibérer  fur  ce 
qu'elle  a  à  faire,  &  pour  confiderer 
avec  attention  l'objet  qui  fè  prefente 
à  elle  ;  car  s'il  eft  rare  &  extraordi- 
naire, du  premier  &  fimple  mouve- 
ment d'admiration  s'engendre  l'efti- 
me 


W 


L'ESTIME 


(3) 
V  ESTIME. 

ET  l'Eftime  ne  fe  peur  reprefen- 
ter  que  par  l'attention  &  par 
le  mouvement  des  parties  du  vifage, 
qui  femblenc  être  attachées  fur  l'ob- 
jet qui  caufe  cette  attention  ;  car 
alors  les  fourcils  paroîtront  avancés 
fur  les  yeux,  &  prefles  du  côté  du 
nez,  l'autre  partie  étant  un  peu  éle- 
vée, l'œil  fort  ouvert,  &  la  prunelle 
élevée. 

Les  veines  &  mufclcs  du  front  pa- 
roitront  un  peu  ct\fli$t  &  celles  qui 
font  autour  des  yeux,  les  narines  ti- 
rant en  bas,  les  joues  feront  médio- 
crement enfoncées  àl'endroir  des  mâ- 
choires. 

La  bouche  un  peu  cntr'ouverte,Ies 
coins  tirans  en  arrière,  &  pendansen 


LAfEN- 


(4) 


LA    VENERATION. 

MAIS  fi  de  J'Eftime  s'engen- 
dre  la  Vénération,  les  four- 
cils  feront  bailTes  en  la  même  fituati- 
on  que  nous  venons  de  dire,  &  le  vi- 
(âge  fera  auffi  incliné,  mais  les  pru- 
nelles paroîtront  plus  élevées  fous  le 
fourcil,  la  bouche  fera  entr'ouverte 
&  les  ceins  retirés,  mais  un  peu  plus 
tirés  en  bas  que  dans  la  précédente 
aftion.  Cet  abaifîèment  des  (burcils 
&de  la  bouche  marque  la  foûmifîîon 
&  ic  refpedt  que  lame  a  pour  un  ob- 
jet qu'elie  croit  au  deflùs  d'elle;  la 
prunelle  élevée  femble  marquer  Téle- 
vation  à  l'objet  qu'elle  contidere,  & 
qu'elle  connoîc  être  digne  de  vénéra- 
tion. 


Autre 


Cs) 

Autre  Vénération. 

MAIS  û  la  Vénération  eft  eau- 
fée  par  un  objet  pour  lequel 
on  doit  avoir  de  la  foi,  alors  toutes 
les  parties  du  vifage  feront  abaiffêes 
plus  profondément  que  dans  la  pre- 
mière aâion;  les  yeux  &  la  bouche 
feront  fermés,  montrant  par  cette 
aâion,  que  les  fens  extérieurs  n'y 
ont  aucune  part. 


fff 


A  3  LEKA- 


LE  RAVISSEMENT. 

MAIS  fi  l'Admiration  eft  cau- 
fêe  par  quelque  objet  qui 
foit  au  defïùs  de  la  connoiflance  de 
''ame,  comme  peur  être  la  puiflance 
de  Dieu  &  fa  grandeur,  alors  les  mou- 
vemens  d'Admiration  &  de  Vénéra- 
tion feront  diffèrens  des  precedens, 
car  la  tête  fera  panchée  du  côté  du 
cœur,  &  les  fourcils  élevés  en  haut, 
&  la  prunelle  fera  de  même. 

La  tête  panchée  comme  je  viens 
de  dire,  femble  marquer  l'abaiflê- 
ment  de  lame. 

C'eft  pour  cela  aufîi  que  les  yeux, 
ni  les  fourcils  ne  font  point  attirés  du 
côté  de  la  glande,  mais  élevés  vers 
le  ciel,  où  ils  ftmblent  être  attachés 
pour  découvrir  ce  que  Pâme  ne  peut- 
connoître.  La  bouche  eft  entrou- 
verte, aiant  les  coins  un  peu  élevés, 
ce  qui  témoigne  une  efpece  de  Ra- 
viflèment.    Si  au  contraire  de    ce 

que 


(?) 

que  nous  avons  dit  ci-deflùs,  l'objet 
qui  a  caufé  d'abord  nôtre  Admiration, 
n'a  rien  en  lui  qui  mérite  nôtre  Efti- 
me  ce  peu  d' eftime  caufèra  le  Mépris, 
fie  le  Mépris  s'exprime. 


3? 


LE- 


(8) 

LE  METR1S. 

PAR  le  fburcil  fronce  &  abaiflë 
du  côté  du  nez,  &de  l'autre 
côté  fort  élevé,  l'oeil  fort  ouvert,  & 
la  prunelle  au  milieu,  les  narines  re- 
tirées en  haut,  la  bouche  fermée,  & 
les  coins  un  peu  abaifles,  &  laléuvre 
de  deflbus  excédant  celle  de  dejlùs. 


99 
9 


ÏHQR- 


(9) 

LHORREVR. 

MAIS  fi  au  lieu  de  mépris  l'ob- 
jet qu'on  méprife,  caufc  de 
l'horreur,  le  fourcil  fera  encore  plus 
froncé  que  dans  la  première  a&ion, 
la  prunelle  au  lieu  detre  fituée  au 
milieu  de  J'œil,  fera  (ituée  au  bas, 
la  bouche  fera  entr'ouverte,  mais 
plus  ferrée  par  le  milieu  que  par  les 
coins  qui  doivent  être  comme  reti- 
res en  arrière.  Se  formeront  par  cet- 
te action  des  plis  aux  joiies,  la  cou- 
leur du  vifage  fera  pâle,  &  les  lèvres 
&  les  yeux  un  peu  livides  ;  &  cette 
a&ion  a  de  la  reflèmblance  â  la  frai- 
cur. 


LA- 


(10) 


LA  FKAYEVK. 


LA  Fraieur  quand  elle  eft  excef- 
five,  fait  que  celui  qui  l'a  rc- 
ceuë,  a  le  fourcil  fore  élevé  qar  le 
milieu,  &  les  mufcles  qui  fervent  au 
mouvement  de  ces  parties,  fort  mar- 
qués &  enflés,  &  preff.s  l'un  contre 
l'autre,  s'abaiilant  fur  le  nez  qui  doit 
paroître  retiré  en  haut  &  les  narines 
de  même  ;  les  yeux  doivent  paroître 
entièrement  ouverts,  la  paupière  de 
defîùs  cachée  (bus  le  (burcil,  le  blanc 
de  l'œil  doit  être  environné  de  rouge, 
la  prunelle  doit  paroître  comme  éga- 
rée, fituée  plus  au  bas  de  l'œil  que 
du  côté  d'en  haut,  le  deiîbus  de  la 
paupière  doit  paroître  enflé  &  livide, 
les  mufcles  du  nez  &  les  mains 
aufli  enfles,  les  mufcles  dos  joues  ex- 
trême- 


(Il) 

trémement   marqués   &   formés   en 
pointe  de  chaque  côté  des  narines, 
la  bouche  fera  fort*  ouverte,  &   les 
coins  feront  fort  apparens,  tout  fera 
beaucoup  marqué,    tant  à  la  partie 
du  front  qu'autour  des   yeux,    !es 
mufcles  &  veines  du  col  doivent  être 
fort  tendus  &  apparens,  les  cheveux 
herilîés,  la  couleur  du  vifage  pâle  & 
livide,  comme  le  bout  du  nez,  les 
lèvres,  les  oreilles,    &   le  tour  des 
yeux. 


Si  les  yeux  paroiflent  extrême- 
ment ouverts  en  cette  paflion,  c'eft 
q-ie  l'amc  s'en  fert  pour  remarquer 
la  nature  de  l'objet  qui  caufe  la  frai- 
cur:  le  fourcil  qui  eft  abaifle  d'un 
côté ,  &  élevé  de  l'autre ,  fait  voir 
que  la  partie  élevée  femble  le  vou- 
loir joindre  au  cerveau  pour  le  ga- 
rentir  du  mal  que  l'ame  appercoit  ; 
&  le  côté  qui  elt  abaifle,  &  qui  pa- 

roit 


roît  enflé,  nous  fait  trouver  dans  cet 
état  par  les  efprits  qui  viennent  du 
cerveau  en  abondance,  comme  pour 
couvrir  l'ame,  &  la  défendre  du 
mal  qu'elle  craint  ;  la  bouche  fort 
ouverte  fait  voir  le  faififlèment  du 
cœur,  par  le  fang  qui  fe  retire  vers 
lui,  ce  qui  l'oblige ,  voulant  refpi- 
rer,  à  faire  un  effort  qui  eft  caufe 
que  la  bouche  s'ouvre  extrêmement, 
&  qui  lorfqu'il  paflè  par  les  organes 
de  la  voix,  forme  un  (on  qui  neft 
point  articulé;  que  fi  lesmufcles& 
les  veines  paroifknt  enflés,  ce  n'eft 
que  par  les  efprits  que  le  cerveau  en- 
voie en  ces  parties-là. 


Si  toutes  les  partions  précédentes 
peuvent  être  excitées  en  nous  par 
des  objets  pour  qui  nous  aions  de 
l'eftim^  ou  de  l'admiration, 


VA- 


C«5> 

L'Amour  peur  être  aufli,  comme 
nous  avons  dit,  lorfque  la  chufe  qui 
nous  eft  reprefentée  bonne,  l'eft  à 
nôtre  égard,  c'eft-à-dire  comme  nous 
étant  convenable,  cela  nous  fait  avoir 
pour  elle  de  l'amour. 


B  LA 


(h) 


VâMOVR  simple. 


LES  mouvemens  de  cette  pa£ 
fion,  lors  qu'elle  eft  fimple, 
iont  fort  doux  &  fimples ,  car  le 
front  fera  uni,  les  fourcils  un  peu 
élevés  du  cuté  que  fe  trouve  la  pru- 
nelle, la  tête  inclinée  vers  l'objet 
qui  caufè  de  l'amour,  les  yeux  peu- 
vent être  médiocrement  ouverts,  le 
blanc  de  l'œil  fort  vif  &  éclatant,  la 
prunelle  doucement  tournée  du  côcé 
où  eft  l'objet,  elle  paroîtra  un  peu 
étincelante  &  élevée,  le  nez  ne  re- 
çoit aucun  changement,  de  même 
que  toutes  les  parties  du  vifage,  qui 
étant  feulement  remplies  d'efprits  qui 
l'échaufent,  &  qui  l'animent,  ren- 
dent ia  couleur  plus  vive  &  plus  ver- 
meille, &  particulièrement  à  l'en- 
droit des  joues  &  des  lèvres  ;  la 
bouche  doit  être  uu  peu  entrouverte, 


(i5) 

&  les  coins  un  peu  élevés  ,  les  lè- 
vres paroifïènt  humides,  &  cette  hu- 
midité peut  être  caufle  de  vapeur 
qui  s'élève  du  cœur. 


??f 


El  ££ 


LE  DESIR. 

S'I  L  y  a  du  defir,  on  peur  le  re- 
prefenter  par  \ts  fburcils  prefles 
&  avancés  fur  les  yeux  qui  feront 
plus  ouverts  qu'à  l'ordinaire,  la  pru- 
nelle fe  trouvera  fituée  an  milieu  de 
l'œil,  &  pleine  de  feu,  les  narines 
plus  ferrées  du  côté  des  y  eux,  la  bou- 
che eftaufli  plus  ouverte  que  dans  la 
précédente  action,  les  coins  retirés 
en  arrière,  la  langue  peut  paroître 
fur  le  bord  des  lèvres,  la  couleur 
plus  enflâméeque  dans  l'Amour;  tous 
ces  mouvemens  faifant  voir  l'agitati- 
on de  l'ame  caufëe  par  les  efprits  qui 
la  difpofènt  à  vouloir  un  bien  qu'elle 
fe  reprefente  lui  être  convenable. 


V  ESTE- 


r«7) 

L'ESTERJNCE. 

LORS  que  nous  fommes  portez 
â  defirer  un  bien,  &  quai  y  a 
apparence  de  l'obtenir,  alors  le  bien 
excite  en  nous  1  Efperance. 

Or  comme  les  mouvemens  de  cet- 
te paiïion  ne  font  pas  cant  exteneurs 
qu'intérieurs,  nous  en  dirons  peu- 
de  chofe ,  &  nous  remarquerons 
feulement  que  cette  paflion  tient  tou- 
tes les  parties  du  corps  (ufpenduës 
entre  la  crainte  &  fafTurance;  de 
forte  que  fi  une  partie  du  fburcil  mar- 
que la  crainte,  l'autre  partie  marque 
de  la  fureté,  ainfi  toutes  les  parties 
du  corps  &  du  vifage  (ont  partagées 
&  entremêlées  du  mouvement  de  ces 
deux  pallions. 


E3  LA 


fit) 

LA  CRAINTE. 

MAIS  s'il  n'y  a  point  d'apa- 
rencc  d'obtenir  ce  qu'on  de- 
[ors  la  crainte  ou  le  defefpoir 
prend  la  place  de  l'efperance,  &  le 
mouvement  de  la  crainte  s'exprime 
par  le  fonrcil  un  peu  élevé  du  côté 
du  nez»  la  prunelle  étincelante  & 
dans  un  mouvement  inquiet,  fituée 
dans  le  milieu  de  l'œil,  la  bouche 
ouverte,  fè  retirant  en  arrière,  &plus 
ouverte  par  les  côtés  que  par  le  mi- 
lieu, aiant  la  lèvre  de  deflbus  plus 
retirée  que  celle  du  deflïis.  La  rou- 
geur eft  plus  grande  même  qu'en  l'a- 
mour ni  au  defir,  mais  elle  n'eft  pas 
f\  belle,  car  elle  tient  de  la  couleur 
livide,  les  lèvres  font  de  même,  & 
elles  (ont  aurtî  plus  feiches,  quand  la 
paffion  de  l'amour  change  la  crainte 
en  jaloufie. 

LA 


(I*) 


LA  fJLOVSIE. 

S'Exprime  par  le  front  ridé,  le 
fourcil  abattu  &  froncé,  l'œil 
étincelant,  &  la  prunelle  cachée  fous 
les  fourcils  tournés  du  côté  de  l'ob- 
jet qui  caufe  la  pafîion,  le  regardant 
de  travers  &  d'un  côté  contraire  à  la 
fituation  du  vifage,  la  prunelle  doit 
paroître  fans  arrêt  &  pleine  de  feu, 
auflî  bien  que  le  blanc  de  l'œil  &  les 
paupières  ;  les  narines  pâles,  ouver- 
tes, &plus  marquées  qu'à  lordinaire- 
&  retirées  en  arrière,  ce  qui  fait  pa- 
roître des  plis  aux  joues  :  la  bouche 
pourra  êcre  fermée,  &  faire  connoître 
que  les  dents  font  ferrées,  la  lèvre 
de  de/Tous  excède  celle  de  delfus 
&  les  coins  de  la  bouche  feront  retu 
rés  en  arrière,  &  feront  fort  abaifles  ; 
les  mufclcs  des  mâchoires  paroîtr  ont 
enfoncés. 

H 


(20) 

Il  y  a  une  partie  du  vifage  dont  la 
couleur  fera  enflâmée,  &  l'autre  jau- 
nâtre, les  lcvres  pâles  ou  livides. 


LA 


LA  HAINE, 

DE  la  jaloufie  s'engendre  la 
haine  ;  &  comme  la  haine  & 
la  jaloufie  ont  un  grand  rapport  en- 
tr'elles,  &  que  leurs  mouvemens  ex- 
térieurs font  prefquefemblables,  nous 
n'avons  rien  à  remarquer  en  cette 
paffion  de  differenr  ni  de  particulier, 
qui  ne  foit  dans  la  précédente.  Après 
avoir  parlé  de  la  jaloufie  &  de  la 
haine,  nous  pouvons  pafièr  à  la  tri- 
fteflè. 


LA 


(22) 


LA  TRISTESSE. 


COMME  nous  avons  dit,  la 
trifteflè  eft  une  langueur  défa- 
greable,  où  l'ame  reçoit  des  incom- 
modiccs  du  mal  ou  du  défaut  que 
les  impreffions  du  cerveau  lui  repré- 
sentent. 

Gette  pafffon  fè  figure  auiïipardes 
mouvemens  qui  femblent  marquer 
l'inquiétude  du  cerveau,  &  l'abat- 
tement du  cœur,  car  les  côtés  des 
fourcils  font  plus  élevés  vers  le  mi- 
lieu du  front,  que  du  côté  ces  joues  ; 
&  celui  qui  eft  agité  de  cette  paflion, 
a  les  prunelles  troubles,  le  blanc  de 
l'œil  jaune,  les  paupières  abattues 
&  un  peu  enflées;  le  tour  des  yeux 
livide,  les  narines  tirant  en  bas,  la 
bouche  entr 'ouverte  &  les  coins  a- 
bai/les,  la  tête  paroît  nonchalam- 
ment 


(  «3  ) 

nient  panchée  fur  une  des  épaules, 
toute  la  couleur  du  vifàge  eft  plom- 
bée ,  &  les  lèvres  pâles  &  fans  cou- 
leur. 


Do** 


(*4) 

Douleur  corporelle. 

MAIS  filatrifteflè  eft  causée 
par  quelque  douleur  corpo- 
relle, &  que  cette  douleur  (bit  aiguë, 
tous  les  mouvemens  du  vifage  paraî- 
tront aigus,  car  les  fourcils  qui  sele- 
vent  en  haut,  le  feront  encore  plus 
que  dans  la  précédente  paflîon,  & 
s'approcheront  plus  prés  l'un  de  l'au- 
tre; la  prunelle  fera  cachée  (bus  ie 
(burcil,  les  narines  s'élèveront  auffi 
de  ce  côté-là,  &  marqueront  un  plis 
aux  jolies,  la  bouche  fera  plus  ou- 
verte que  dans  la  précédente  adtion, 
&  plus  retirée  en  arrière,  &  fera  une 
efpecc  de  figure  carrée  en  cet  endroit- 
là.    Toutes  les  parties  du  vifage  pa- 
raîtront plus  ou  moins  marquées,  & 
plus  agitées  félon  que  la  douleur  fe- 
ra violente. 


LA  fOîE. 

SI  au  lieu  de  toutes  les  pafîions 
dont  nous  venons  de  parkr ,  la 
joie  s  empare  del'ame,  les  mouve- 
mcns  qui  l'expriment  font  bien  diffe- 
rens  de  ceux  que  nous  venons  de  re- 
marquer, car  en  cette  paflion  le  front 
eft  ferai n,  le  fourcil  fans  mouvement, 
élevé  par  le  milieu,  l'œil  médiocre- 
ment ouvert  &  riant,  la  prunelle  vi- 
ve &  éclatante,  les  narines  tant  foit 
peu  ouvertes,  la  bouche  aura  un  peu 
les  coins  élevés,  le  teint  vif,  les  joli- 
es &  les  lèvres  vermeilles. 


C  LE 


(2*0 

L  E  RIS. 

ET  fi  à  la  joie  fuccede  le  ris,  ce 
mouvement  s'exprime  par  les 
iourcils  élevés  vers  ie  milieu  de  l'œil, 
&  abaiflés  du  côté  du  nez,  les  yeux 
prcfque  fermés ,  la  bouche  paroîtra 
entr  ouverte,&  fera  voir  les  dents,  les 
coins  feront  retires  en  arrière,  &  s'ele- 
veront  en  haut,  ce  qui  fera  faire  un 
plis  aux  joiies  qui  paroîtront  enflées 
&  furmonter  les  yeux,  le  vifage  fe- 
ra rouge,  les  narines  ouvertes,  &  les 
yeux  peuvent  paroître  mouillés,  ou 
jetter  quelques  larmes  qui  étant  bien 
différentes  de  celles  delà  trifte/îè,  ne 
changent  rien  au  mouvement  du  vi- 
fage, mais  bien  quand  elles  (ont  ex- 
citées par  la  douleur. 


LE 


LE    TLEVRERr 

ALors  celui  qui  pleure  a  le  four- 
cil  abaifle  fur  le  milieu  du 
front,  les  yeux  preique  fermés,  fore 
mouilles  &  abaiflës  du  côté  des  jou- 
es, &  les  narines  enflées,  &  tous  les 
mufdes  &  veines  du  front  (ont  appa- 
rens;  la  bouche  fera  demie  ouverte, 
ayant  les  côtés  abaiflës,  faifant  des 
plis  aux  jolies,  la  lèvre  de  deflbus  pa- 
roirra  renverfée,  &  fe  pouflêra  en 
avant,  tout  le  vifage  fera  ridé  & 
froncé,  la  couleur  fort  rouge,  prin- 
cipalement à  l'endroit  des  fourcils, 
des  yeux,  du  nez  &  des  jolies. 


LA 


(  2  8.  ) 

LA   COLERE. 

LOrfque   la   colère   s'empare  de 
l'ame,    celui  qui   reflenc  cette 
paflion,  a  les  yeux  rouges  &  enflâ- 
mes, la  prunelle  égarée  &étincelan- 
îe,  les  fburcils  tantôt  abattus,  tantôt 
élevés  l'un  comme  l'autre,  le  front 
paroîtra  ridé  fortement,  des  plis  en- 
îre  ks  yeux,  les  narines  paraîtront 
ouvertes  &  élargies,  les  lèvres  fe  pref- 
fant  l'une  contre  l'autre,  &  la  lèvre 
de  deflous  fvrmontera  celle  de  def- 
fus,  laillànt  les  coins  de  la  bouche  un 
peu  ouverts,  formant  un  ris  cruel  & 
dédaigneux. 

Jl  femblera  grincer  les  dents  ,  il 
paroîtra  de  la  fàlive  à  la  bouche,  (on 
vilage  fera  pâle  en  quelque  endroit, 
&  enflâme  en  d'autres  &  tout  enflé 
les  veines  du  front,  des  tempes,  & 
du  col  feront  enflées  &  tendues,  les 
cheveux  hetiffès,  &  celui  qui  relîent 
çetçe  paffion,  s'enfle  au  lieu  de  refpi* 

rer, 


(29) 

rer,  parce  que  le  cœur  eft  oppreflë 
par  1  abondance  du  fan  g  qui  vient  à 
ion  fecours. 

A  !a  colère  fuccede  quelquefois  la 
rageou  le  deiifpoir. 


C  3  L'tx. 


O) 


L'extrême  defefboir. 


IL  fc  pput  exprimer  par  un  homme 
qui  grince  les-  dents,  écume,    & 
qui  fe  mord  les  lèvres,  &  qui  aura  le 
front  ridé  par  des  plis  qui  dépendent 
du  haut  en  bas,  les  fburciîs  feront 
abaiffës  fur  les  yeux,  &  fort  prcfles 
du  côté  du  nez:  il  aura  l'œil  en  feu, 
plein  de  fang,  la  prunelle  égarée,  ca- 
chée fous  le  fburcil,  &  dans  le  bas 
de  l'œil  elle  paroîtra  étincelante  & 
fans  arrêt  ;  tes  paupières  feront  en- 
flées &  livides,  lcsnarines  groflès  & 
ouvertes  s'élevsront  en  haut ,  &  le 
bout  du  nez  tirera  en  bas,  les  muf- 
cles  &  tendons  de  cette  partie  (eron- 
fort  enflés,  ainfi  que  toutes  les  veit 
nés  &  nerfs  du  front,  des  tempes,  & 
des  quatre  parties  du  vifage  ;  le  haut 
des  joiies  paroîtra  gros ,  marqué  & 
ferré  à  l'endroit  de  la  mâchoire,  la 
bpjucljpqui  fera  ouverts  fe  retirera  fore 
en  arrière,    &  fera  plus  ouverte  par 

lesr 


(30 

tes  côtés  que  par  le  milieu,  la  Iévrc 
de  deflbus  fera  grofîè  &  renverfëe,  & 
toute  livide  ainii  que  tout  le  rcfte  du 
vifage;  il  aura  les  cheveux  droits  & 
hçrifles. 


99% 


.   3 

yj 


LA 


LA  %AGB. 

A  De  fembiables  mouvemens 
que  le  defefpoir,  mais  ils  fem- 
blent  être  encore  plus  violens,  car  le 
vifage  fera  prefque  tout  noir,  cou- 
vert dune  fueur froide,  les  cheveux 
herifles,  les  yeux  égarés  &  dans  un 
mouvement  contraire,  la  prunelle  ti- 
rant tantôt  du  côré  du  nez,  &  tan- 
rôt  fe  retirant  dans  les  coins  de  l'œil 
aducôté  des  oreilles;  toutes  les  pa- 
ries du  vifage  feront  extrêmement 
mrquées  &  enflées. 


Oi- 


(dd) 


'*£  ,îs£i  «25»  «mn  *ww»    «*>*>   «tww  «#s*>  <**>;,£»  ***_*• 

\/'Oila,  Messieurs,  une  par 
/     tie  des  m  ouvcmcns  extérieurs 
que  j'ai  remarqués  fur  le  vifage. 

Mais  comme  nous  avons  die  dans 
le  commencement  de  ce  difeours,  que 
les  autres  parties  du  corps  peuvent 
fervir  à  Texpreflion,  il  fera  bon  d'en 
dire  queîpue  chofe  en  partant. 

Si  l'Admiration  n'apporte  pas  grand 
changement  dans  le  vifage,  clic  ne 
produit  guercs  d'agitation  dans  les 
autres  parties  du  corps,  &  ce  premi- 
er mouvement  peut  fe  reprefenter  par 
une  perfonne  droite,  aiant  les  deux 
mains  ouverte*»  les  bras  approchais 
un  peu  du  corps,  les  pieds  l'un  con- 
tre l'autre  &en  même  fituation. 

Mais  dans  l'Eftime  le  corps  fera  un 
pçu  courbé,  les  épaules  tant  foit  peu 

élevées. 


(34) 

élevées,  les  bras  ploies  &  joignant  le 
corps,  les  mains  ouvertes  &  s'appro- 
chant  l'une  contre  l'autre,  &  les  ge- 
noux ploies. 

Dans  la  Vénération  le  corps  fera 
encore  plus  courbé  que  dans  l'Eftime, 
Ice  bras  &  les  mains  feront  prefquc 
joints,  les  genoux  iront  en  terre,  & 
routes  les  parties  du  corps  marque- 
ront un  profond  refpedt 

Mais  en  l'action  qui  marque  la 
Foi,  le  corps  peut  être  tout  à  fait 
incliné,  les  bras  pioiée  &  joignant  le 
corps,  les  mains  croifées  lune  fur 
i  autre,  &  toute  Padhon  doit  mar- 
quer une  profonde  humilité. 

Le  Raviflèment,  ou  excafe  peut 
faire  paroîcre  le  corps  renverfé  en  ar- 
rière, les  bras  élevé»,  les  mains  ou- 
vertes, &  toute  l'action  marquera  un 
tranlport  dejoie, 

Dans  le  Mépris  &  PAverfion  les 

corps  peut  fe  retirer  en  arrière,  let 

bras  dans  l'action  de  repouffer  Pobjes 

pour  lequel  on  a  de  i'averfion  ;   il 

peu- 


(35> 

peuvent  fe  retirer  en  arrière,  &  les 
piads  &  tes  jambes  faire  la  même 
cliofe. 

Mais  en  l'Horreur  les  mouvemens 
doivent  èrre  bien  plus  violens  que 
dans  l'Avcrfion,  car  le  corps  paroi- 
tra  fore  retiré  de  l'objet  qui  caufe  de 
l'horreur,  ks  mains  feront  fort  ou- 
vertes,  &  les  doigts  écartés,  les  bras 
fort  ferrés  contre  ie  corps,  &  les  jam- 
bes dans  Paâion  de  courir. 

1-a  Fraieur  a  bien  quelque  chofe  de 
ces  mouvemens,  mais  ils  paroiiîènc 
P'us  grands,  &  plus  étendus;  caries 
bras  ie  roidironten  avant,  tes  jambes 
leront  dans  ludion  de  fuir  de  toutes 
leurs  forces.  &  toutes  les  parties  du 
corps  croîtront  dans  le  defordre. 

Tou:es  les  autres  pallions  peuvent 
produire  des  aclions  au  corps  félon 
leur  nature,  mais  il  y  en  a  qui  ne  font 
pas  prefque  fendbles,  comme  l'A- 
jout, l'Efperance&Ja  Joie;  car  ces 
Gaffions  ne  produifent  pas  de  grands 
mouvemens  au  corps. 

La 


(5<0 

LaTrifteflè  ne  produit  qu'un  abat- 
tement de  cœur,  aulTi  bien  qu'en  tou- 
tes Jcs  autres  parties  du  viiage. 

La  Crainte  peut  avoir  quelques 
tnouvemens  pareils  à  la  Fraieur, 
quand  elle  n'elT  caufée  que  par  l'ap. 
prehenfion  de  perdre  quelque  chofe , 
ou  qu'il  n'arrive  quelque  mal.  Cet- 
te palîion  peut  donner  au  corps  des 
mouvemens  qui  peuvent  ctre  mar- 
qués par  les  épaules  prelîces ,  les 
bras  ferrés  contre  le  corps,  les  mains 
de  même,  les  autres  parties  ramaf 
(eeseniemble,  &  ploiées  comme  pour 
exprimer  tremblement. 

Le  Défif  peut  fe  marquer  par  les 
bras  étendus  vers  l'objet  que  l'on 
défirc  ;  tont  le  corps  peut  s'incliner 
de  ce  cocé-là,  &  toutes  les  parties 
paroi tr ont  dans  un  mouvement  incer- 
tain &  inquiet. 

Mais  en  la  Colère  Cous  les  mou- 
vemens font  grands  &  fort  violens,  & 
routes  les  parties  font  agitées;  ks 
mufcles  doivent  être  fort  apparens, 

ç\US 


(37) 

plus  gros  &  enflés  qu'à  l'ordinaire, 
les  veines  tendues,  &  les  nerfs  de 

même. 

Dans  ie  Difefpoir  toutes  les  par* 
tics  du  corps  font  prefque  en  même 
érat  que  dans  la  Colère,  mais  elles 
doivent  paroître  plus  défordonnees  ; 
car  on  peut  faire  un  homme  qui  s'ar- 
rache les  cheveux,  qui  fe  mord  les 
bras,  qui  fe  déchire  tout  le  corps, 
qui  court  &  (è  précipite. 

Ii  y  autoit  encore  d'autres  cho(ès 
à  remarquer,  fi  nous  voulions  expri- 
mer toutes  les  Pallions  par  le  menu 
&  dans  leurs  circonftances  :  Mais , 
M  tas  i  eu  r  s ,  vous  agrérez  ce  pe- 
tit échantillon  du  travail  que  j'ay 
fait,  pour  fuivre  les  fèntimens  de 
Monfeigneur  nôtre  Protecteur  }  &  le 
recevrez  comme  un  travail  proporti- 
onne à  ma  fanté,  &  autant  que  me 
l'ont  pu  permettre  mes  autres  occu- 
pations. Je  icai  qu'il  y  a  encore  un 
grand  nombre  de  Pafllons  que  je  n'ai 
point  touchées  ici,  par  la  ciaiûtc  <ruc 
D  j'ai 


<3*) 

)5ai  eu  de  vous  er.nukr,  &  d'abufct 
de  vôtre  patience  ;  mais  torique  ce 
cera  à  mon  tour  de  parler  dans  cette 
Aflêmblée,  je  tâcherai  à  vous  entre- 
tenir  de  la  Phifonomie,  des  effets  dif. 
ferens  qui  qui  caufenc  les  Payions  fé- 
lon la  diverfitc  des  fajets  qui  la  re- 
çoivent, 


W 


ABREGE- 


ABREGE 

DUNE 

CONFERENCE 

D  E 

MONSIEUR  le  BRUNT, 

Sur  la 
PHISONOMIE. 

LES  fantimens  que  quelque*  r>t- 
t  turaliftesôtu  écrit  de  la  Phyfio 
noroie,  font  que  les  afîe&ioru  de 
l'ame  fuivent  le  tempcrâmrnent  du 
corps,  &  que  les  marques  extérieures 
font  des  fignes  certains  de*  affe&Lons 
Di  de 


de  I'ame  que  l'on  connoift  en  la  fon 

de  chaque  animal,  Tes  mœurs  & 

compiexion  ;    par  exemple,  le  Li 

eft  robufte  &  nerveux,  aufli  il  1 

fort;  le  Léopard  eft  foûple  &  délie 

it  eft  fin  &  trompeur  ;  l'Ours  eft  fa 

▼âge,  farouche  &  terrible,  il  eft  au 

cruel;  de  forte  que  les  formes  exi 

rieures  marquant  le  naturel  de  ch 

qae  animal,  Jes  Phifionomiftes  difer 

que  s'il  arrive  qu'un  homme  ait  qu< 

*]ue  partie  du  corps  fcmblable  à  c< 

le  d'une  bête,  il  faut  de  cette  part 

tire*  des  conjectures  de  (es  inclinai 

©ns,  ce  que  Ton  a  pelle  Phifionomi 

que  le  mot  de  Phifionomie  eft  un  m< 

compofé  du  Grec,  qui  fignifie  reg 

ou  loi  de  nature,  par  les  quelles  i 

affe&ions  de  l'âme  ont  du  raport  à 

forme  du  corps  :  qu'ainfi  il  y  a  è 

lignes  fixes  &  permanens  qui  foi 

connoitre  les  payions  de  l'ame,  a  fc 

voir  celles  qui  refidenc  en  la  part 

(ènfitive.     Quelques  Philofophcsoi 

dit,  pue  l'on  peut  exercer  cette  fc 

enc 


uo 

encc  pardiflimilitudc,  c'efla  dire  par 
ks  contraires,  par  exemple  fi  la  du- 
reté du  poil  eft  un  figne  du  naturel 
rude  &  farouche,  la  moleflè  Teft  d'un 
qui  fera  doux  &tendee,  de  même  fi 
la  poitrinecou  verte  d'un  poil  épais  -eft 
le  figne  du  naturel  chaud  &  colère, 
celle  qui  eft  fans  poil  marque  lajnan* 
foetude  &.  la  douceur. 

D'autres  difent,  que  pour  feavoir 
quelles  font  les  parties  ou  les  fignes 
qui  marquent  les  affèâions  des  ani- 
maux, il  faut  faire  cette  diftinQion, 
les  uns  (ont  propres  &  les  autres  (ont 
communes,  les  propres  font  particu- 
lières a  une  ieule  efpece,  les  autres 
conviennent  à  pleufieurs,  comme  la 
lubricité,  quoique!  le  le  foit  davan- 
tage aux  boues,  aux  ânes  &  aux 
pourceaux,  les  autres  animaux  ne 
ïaiûentpas  d'en  eftre  auffi  émeus; 
Donc  pour  connoître  le  figne  propre, 
il  faut  confiderer  une  feule  efpece  d'a- 
nimal, universellement  fujette  aune 
même  paflion,  &  enfuitte  une  autre 
D  3  efpece, 


•fpece,  en  Si  qudte  cette  paflkm  ne 
fe  rencontre  qu'en  particulier,  pour 
exemple  du  figne  de  la  force,  il  but 
confideret  toutes  les  efpeces  d'ani- 
maux, le  Lion,  le  Taureau,  le  Che- 
val, le  Sanglier  &c.  Et  fi  le  figne 
qui  eft  au  Lion  eft  auffi  aux  autres, 
&  que  les  animaux  faibles  ne  rayent 
pas,  i  faut  reconnokre  que  c'eft  le 
figue  de  la  force. 

Il  y  en  a  qui  difent,  que  le  figne 
de  la  force  eu  d'avoir  les  extrémités 
grandes  comme  au  Lion,  ce  qui  eft 
douteux,  puiique  quelques  autres  a- 
nimaux,  comme  le  Taureau  &  le  Che- 
val &c.  ne  les  ont  pas  grandes, 
«nais  fort  nerveufes  &  bien  articulées. 
Quelques  uns  difèntque  les  animaux 
ont  plufieurs  affrétions,  par  exem- 
ple, le  Lion  eft  vaillant,  fort  &  co- 
îera  Pour  diftinguer  le  figne  de 
valeur,  il  faue  remarquer,  fi  tes  Tau?» 
reaux  &  les  autres  animaux  qui  (ont 
forts,  ont  les  deux  figues,  par  ex- 
emple fes  lions  ont  de  grandes  exrre- 

mitez 


(43) 

Alite?  *  le  front  élevé,  fi  les  autres 
•nimaux  qui  font  forts,  n'ont  pas  le 
front  élevé,  il  faudra  dire  par  confe- 
quent,  que  le  front  élevé  eft  lefignc 
de  la  valeur,  &  les  grandes  extrémû 
tel  le  figne  de  la  force;  Voilà  quels 
font  les  fantimens  des  anciens  Phi- 
fionomes,  lefqucls  étendent  leurs  or> 
fervations  fur  toutes  les  parties  du 
corps  &  même  fur  la  couleur. 

Mais  il  eft  plus  apropofrde  (è  ré- 
duire à  ce  qui  peut  eftre  necefiàire 
aux  Peintres,  caj  quoi  qu'on  dife  que 
le  gefte  de  tout  le  corps  foit  un  des 
plus  confiderables  fignes-  qui  mar- 
quent la  difpofitiofede  l'Efprit,  l'on 
peut  néanmoins  s'arêter  aux  lignes 
qui  fe  recontrent  en  la  tefte,  fuivant 
ce  que  dit  Apulée,  que  l'homme  fe 
moiwre  tout  entier  en  fa  tefte  &  qu'à 
la  vérité  fi  l'homme  èft -dit  le  racourci 
du  Monde  entier,  la  tefte  peut  bien 
cftrc  dite  le  racourci  de  tout  ton  corps, 
que  les  animaux  font  autant  difîërçns 
dans  leurs  inclinations ,  comme  les 

bon* 


(44) 

hommes  le  font  dans  leurs  affection* 
11  faut  donc   premièrement  obfèrvcr 
les  inclinations»  que  chaque  animal 
a  dans  fa  propre  eipece,  enfuite  cher- 
cher dans  leur  Phyfionomie  les  par- 
tics  qui  marquent  fmgulierement  cer- 
taines affections  dominantes»  par  ex- 
emples les  pourceaux  (ont  fales»  lu* 
briques,  gourmands  &  parerïeux.  Or 
l'on  doit  remarquer  quelle  partie  man- 
que la  gourmandife,  la  lubricité  & 
la  pareue,  parce  que  quelque  homme 
pourrait  avoir  des  parties  rcflêmblan- 
tes  à  celle  d'un  pourceau  qui  n  au- 
roit  pas  les  autres,  &  ainfi  il  faut  Ra- 
voir  premièrement   quelles   parties 
(ont  afléâées  à  certaines  inclinati- 
ons.    En  fécond  lieu  ia  refemblance 
&  le  raport  des  parties  de  la  face  hu- 
maine avec  celle  des  animaux,  &  en- 
fin reconnoître  le  figne  qui  change 
tous  les  autres ,  &  augmente  ou  di- 
minue leur  force  &  leur  vertu,  ce  qui 
ne  le  peut  faire  entendre  que  par  de» 
monftration  de  figure. 

L'qe 


(45) 

L'on  remarque  que  les  Animaux 
qui  ont  Je  nez  élevés  par  deflùs  font 
audacieux,  que  l'audace  eu  quand  un 
Animal  entreprend  témérairement  un 
combat  n'ayant  pas  de  force  pour  le 
iburenir,  d'où  vient  que  ce  qui  eft 
audace  a  un  mouton  eft  valeur  à  un 
Lion  ;  la  différence  qu'il  y  a  de  la 
face  humaine  à  celles  des  brutes,  eft 
que  l'homme  a  les  yeux  fituez  fur 
une  même  ligne  qui  traverfe  droit  au 
nerf  des  oreilles,    lequel  conduit  â 
louve,  les  animaux  Brutes  au  con- 
traire ont  l'œil  tirant  en  bas  vers  le 
nez  plus  ou  moins,  fuivant  leurs  zt- 
feâions    naturelles.      Secondement 
l'homme  élève  la  prunelle  en  haut,  ce 
que  les  animaux  ne  (çauroient  faire 
fans  lever  le  nez,  le  mouvement  de 
leur  prunelle  tournant  bien  en  bas, 
tant  que  quelquefois  le  blanc  paroift 
beaucoup  au  deffus;  mais  jamais  ils 
**  les  devent  en  haut.     Troiféme- 
roent,  les  (burcils  des  animaux  ne  fc 
rencontrent  jamais,  &  baiflènt  toû- 

jours 


jours  leurs  poinresen  bas,  mais  ceux 
de  1  homme  s'approchent  au  milieu 
du  front  &  hauilènc  leur  pointes  du 
coté  «tu  nez. 

L'on  démontre  par  un  triang  ie,que 
les  imprdïions  des  fentimens  des  ani- 
onux  fe  portent  du  nez  a  l'ouye,  & 
de-là  au  cœur  dont  la  ligne  d'en  bas 
vient  fermer  fon  angle  à  celle  qui  cft 
fur  le  nez,  Se  que  quand  cette  ligne 
traverfe  tout  l'œil,  &  que  celle  d'en 
bas  parïc  au  travers  de  la  gcule,  ce- 
la marque  que  ranimai  eft  féroce, 
cbkI  6c  camacter. 

Il  fe  fait  encore  un  petit  triangle, 
dont  la  pointe  eft  au  coin  extérieur 
de  l'oeil,  d'où  la  ligne  fuivant  le  traie 
de  le  paupière  fuperieurc  forme  une 
angle  avec  celle  qui^  vient  du  nez, 
quand  la  pointe  de  cet  Angle  fe  ren- 
contre Vers  le  front,  c'eft  une  marque 
d'efprit,  comme  Ton  voit  aux  Elc- 
phans,  aux  Chamaux  &  aux  fignes, 
&  fi  cet  angle  tombe  fur  le  nez,  ce- 
la marque  ia  ftupîdité  8c  l'imbecr 

lire, 


(47) 
lité.  comme  aax  Anes  8c  aux  Mou- 
tons; ce  qui  eftplus  ou  moins  félon 
que  l'angle  fe  rencontre ,  ou  plus  haut 
on  plus  bas ,  &  Ton  démontre  toutes 
ces  chofes  par  des  exemples  deiïinez 
fur  le  naturel. 


CATALOGUE 

Des  Livres  qui  fe  trouvent  chez  Fran- 
çois van-der  Plaats  Libraire 
dans  le  Gaperfteeg. 

Entretiens  ftr  les  vies  &  ouvrants  mies  plus  Ex- 
cellent Peintres  par  Mr.  Felibien.    x  vol.     4. 
Ortvres  de  Plut  arque  de  la  traduction  de  Mr.  Amyoi. 

fol.  a.  vl. 
"DtcTtonncre  de  V  Académie  Françoift.  fol.  4  vol.    EdU 

tien  de  Puis. 
DiHionaire  François  par  Ricbelet  augmenté.     4. 
Dtftionaire  François ,  Alleman,  Latin,  par  Duez  4. 
Ditlionaire  Francis ,  Italien  ,  Alletnan ,  cCQudin.     8 . 

5  f  0/. 
••••-  François,  Italien  &  Latin,   8.     5.  vol. 
Dicltonaire  it alien- Allemand ,    ($  Allemand- Italien 

deCaJlelli,  4.    1700. 
-Atlas  François ,  6.  vol.  m  folio. 
VHtftoire  de  Guillaume  III.   Roy  de  /.'  Grande  Ere- 

tarne,  par  Médailles,  fol. 
Hijjoire  des  Fhgelhns ,  traduit*  du  Latin  de  l'Abbé 

Bojicau  ,  Docteur  de  Sorbonuc.     \i. 

Crxvii 


CATALOGUE. 

Graevii    Thefawrus    Amiquitatum    Romanarum. 

XILvol.  m  fol. 
Eraftni  Opéra  omnia  ,   fol.  ç.  tarai, 
Biblia  Polyglotta  Briani  Waltoni  ,  cum  Mexico 

Caftclii.    8  vol. 
Hippocratis  &  Galeni  Opéra   oinnia,   Gr.  Lai. 

Ed.  Parifîenfîs.  fol.     13.  tom. 
Cointe   Annales    Eccietoftici    Francorum ,   fol. 

8.  tom.  éd.  du  Louvre. 
PlutarchusGr.  Lat.  Edit.  Parificnfîs.  2.  tom.  fcl. 
Ciceronts   Opéra   omnia,  Ed.  Parifienfîs  ,  apud 

Stephanum,  fol.  4.  tomi. 
JPindarus  Gr.  Lat»  Ed.  Oxonienfis.  fol. 
Lycophron  Gi.  Lac.  Ed.  Oxonienfis ,  fol. 
Thucydides  Or.  Lat.  Ed.  Oxonienfis,  fol. 
Xcnophon  Gr.Lat.  Ed.  nova  Oxon. 6.  tom.  in  3. 
Theocricus  cum  notis  Scaligeri ,  Cafàub.  &Hcin- 

Ci,  Gr.  Lat.  Ed.  Çanubrigi 2 . 
Euripides ,  Gr.  Lat.  Ed.  Cantabrigiae  ,  fol. 
Hcrodotus  Halicarnaflxus  Gr.  Lat.   Ed.    Lbndi- 

nenlls,  fol. 
Catullus  Tibullus,Propemu5 ,  cum  not.  PafTe- 

ratii  Sec.  Ed.  Paufienhs.    fol. 
Uptonius  de  Studio  Militari.  Ed.  Londinenfis, 
Du-Cange  Familia  Byfantina.    fol. 
Wal lis  Opéra  Mathetsatka.  fol.  3.  vol.  Lendini. 
Clavii  Opéra  Mathemarica.  fol.  Compl. 
Hiftoria:  Britannica  &  Anglicans  SciiptoresXX* 

Thom.  Gale.  fol.  1.  vol.  Editio  OxonienGs. 

On  trouve  chez,  ledit  van-der  Plaars  outre  cela, 
toutes  fortes  dé  lèvres  François,  Grecs,  Latins,  Ai- 
lemands,  ltaluns  %  AngUs  ,  (fc.  la  tom  è  m  j*0t 
frix. 


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Bibliothèques 

Université  d'Ottawa 

Echéance 


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Librarû 

University  of 

Date  Di 


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0  î  OCT.  1997 

OCT  1  h  1997 

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