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Full text of "Voyage autour du monde : entrepris par ordre du roi ... exécuté sur les corvettes de S. M. l'Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820 ..."

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VOYAGE 


AUTOUR DU MONDE 


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PAR ORDRE DU ROL ; SR 


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k IMPRIMÉ 
PAR AUTORISATION DU ROI. 
À L'IMPRIMERIE ROYALE. 


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. VOYAGE é 
AUTOUR DU MONDE, 


Æntrepris par Ordre du ot, 


SOUS LE MINISTÈRE ET CONFORMÉMENT AUX INSTRUCTIONS DE S.-EXC. M. LE VICOMTE DU BOUCHAGE, 
SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU DÉPARTEMENT DE LA MARINE, 


Cxeeute sur ls corvelles de D A, l'Orne ef fx Phaysicieune } 
Jendant ls anneei 4817, 1818, 1819 ef 1820 ; 


LA 
Publis sous les Ausvires 
DE S. E. M. LE COMTE CORBIÈRE, SECRÉTAIRE D'ETAT DE L'INTÉRIEUR, 


Pouv La partie Sistovique cb Les Scieuces uahucelles , 
ETDE $. E. M. LE COMTE CHABROL DE CROUZOL, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA MARINE ET DES COLONIES, 
Pour Lx parhie Maubique ; 
£ Let LES. DO CE AM LT À 
PAR M. LOUIS DE FREYCINET, 
Capitaine de vaisseau, Chevalier de Saint-Loais et Officier de la Légion d'honneur, Membre de 
l’Académie royale des sciences de lInstitut de France , &c.; Commandant de l’expédition. 


Botanique. + 


PAR M. CHARLES GAUDICHAUD , PHARMACIEN DE LA MARINE. 


QRE 

au RE 4 De 
Q 2) 
Via CORVETTE L'URANIE. 
RO MALSDe FREYGCINET COMMANDT CA 


S.A.R.MLE DUC D'ANGOULEME" 
AMIRAL DE FRANCE. 


MLE V? DU BOUCHAGE 


"PARIS, 


CHEZ PILLET AÎNÉ, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, N.° 7. 


1826. 


Le Voyage autour du Monde par les Corvettes / Uranie et la Physicienne, 
se compose des divisions suivantes : 
Y 


. 
o 


HISTOIRE DU VOYAGE, 2 vol. ën-4.° et Atlas de 1192 Planches :n- - folio ; 


. 
o 


RECHERCHES SUR LES LANGUES, 1 vol. 2n-4,;, 


[2 


ZooLoGiE, 1 vol. in-4.° et Atlas de 96 Planches #7 - foho ; 


. 


o 


BOTANIQUE, 1 vol. ën-4.° et Atlas de 120 Planches in-folio ; 


OBSERVATIONS DU PENDULE, 1 demi-vol. ix-4.° ; 


‘ 


OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES , 1 demi-vol. in-4 ; 


* MÉTÉOROLOGIE, 1 vol. ën-4.; 
HYDROGRAPHIE, 1 vol. in-4.° et Atlas de 22 Planches grand i2- folio. 


© 


USE 0 OÙ À CS : 19. 
Le] 


PRÉFACE. 


Après une campagne laborieuse qui m'avoit procuré une riche 
et nombreuse collection de végétaux, un événement funeste pensa 
priver entièrement da science des fruits de tant de pénibles 
recherches. | 

L’Uranie ayant été obligée de faire côte sur les îles Malouines, 
Je vis bientôt avec douleur mon herbier envahi en grande partie 
par les eaux de la mer: ce ne fut que plusieurs Jours après ce 
désastre, qu'on put retirer, du fond de la cale, mes caisses 
de plantes; elles étoient dans un état de délabrement facile à 
concevoir. : | 

Je m'attachai d’abord à les extraire en quelque sorte feuille à 
feuille des masses de papier gris réduit en pâte parmi lesquelles 


elles se trouvoient confondues, et je les fis sécher de nouveau. 


Cette opération longue et difficile, poursuivie avec constance, 


me permit de sauver environ 2500 plantes, sur un nombre 
plus considérable d’un tiers à à-peu-près; et J'ai aujourd'hui la sa- 
tisfaction de voir que présque toutes sont dans un état de con- 
sérvation qui me permet de les faire entrer dans les herbiers du 
Muséum (1). 

(1) De toutes les plantes recueillies avant notre naufrage, celles de Gibraltar, de Ténériffe, 
de’Rio de Janeiro et de la Nouvelle- Galles du Sud, sont les seules qui n'aient pas été db. 
mergées : elles montent à 1509 espèces. Depuis ce temps, les îles Malouines et Rio de Janeiro 


à notre seconde relâche m’en ont fourni 155 Il yena donc en tout 1675 qui n ’ont éprouvé 


nas altération ; ce qui, réuni aux 2500 qui ont été sauvées du naufrage, fait un — 
e 4175. 


F 


V] PRÉFACE. 

Une tâche honorable, non moins pénible que celle de recueillir 
et de préparer des collections, m'attendoit À Paris. 

Un an après notre arrivée, le-Gouvernement me chargea du 
soin de classer et de décrire les restes encore précieux de nos ri- 
chesses botaniques. Ce travail eût été depüis long-temps terminé, 
sans une grave maladie de poitrine dont jé suis à peine rétabli. 
J'en avois contracté le germe dans les fatigues. et les Privations du 
voyage ; les occupations trop assidues auxquelles je me livrai à 
mon retour le développèrent dans les premiers jours de 1823, 
Ce ficheux contre-temps n’a cependant point abattu mon cou- 
rage; et les analyses des plantes gravées attesteront mieux que 
Je ne sauroiïs le dire , que tous mes instans ont été consacrés à 
remplir les obligations qui m'étoient imposées. 

Je ne me suis point dissimulé les difficultés d’un pareil travail : 
mais soutenu par le desir et lespoir de me rendre utile aux 
sciences et de procurer quelques avantages aux marins , jai mis 
toute mon application à les surmonter. Puissent mes forces 
n'avoir point trahi mon zèle ! 

Cent vingt planches, représentant 140 et quelques espèces, ont 
cté gravées avec le plus grand soin; et il n'a pas fallu moins que 
la sagacité, la patience et Îe talent de M. Poiret, qui lui seul 
a fait et dessiné toutes les gravures de botanique , pour inter- 
p'éter et rendre avec exactitude les détails minutieux des parties 
des fleurs, aïnsi que le port naturel de tous les végétaux figurés. 
Que ce jeune peintre d'histoire naturelle, digne fils du savant de 
ce nom, reçoive ici le sincère témoignage de ma gratitude! 


Je ne sauroïs m'empêcher d'exprimer aussi ma profonde recon- 


noïssance à MM. Desfontaines, de Jussieu père et fils, Deleuze 


PRÉFACE. vi) 
Kunth, ainsi qu'à la plupart des botanistes français, qui ont bien 
voulu m'ouvrir leurs bibliothèques et leurs herbiers, m'aider de 
leurs conseils et me diriger dans mes recherches. 

M. Persoon s'est chargé de la partie descriptive des cham- 
pignons et des lichens; M. Agardh, savant botaniste suédois, a 
déterminé toutes les thalassiophytes ; enfin M. Schéwaegrichen à 
mis le plus grand empressement à nommer les mousses et les 
hépatiques de ma collection. Une coopération aussi distinguée 
sera sûrement remarquée des naturalistes, puisqu'elle assure à cette 
partie de mon ouvrage un degré de perfection auquel Je ne me 


fusse jamais flatté d'atteindre. 


Paris, Mai 1826. 


CHARLES GAUDICHAUD. 


L 


VOYAGE 
AUTOUR DU MONDE, 


PENDANT LES ANNÉES 


1817, 1818, 1819 ET 1820. 


e : 


BOTANIQUE. 


LIVRE PREMIER. 


Observations générales sur la nature et l’ensemble de la 
Végétation de chacune des localités visitées -dans le 
cours de I ‘expédition. 


À vanr d'exposer le résultat de mes observations sur les plantes que j'ai 
recueillies pendant le voyage et que je me propose de publier dans 
l'ordre des familles naturelles, généralement adopté aujourd'hui, j'ai 
pensé qu'il pourroït être de quelque intérêt de jeter d'abord un coup 
d'œil sur l’ensemble de la végétation de chacune de nos relâches, et 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, F: 


2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


sur les causes auxquelles on peut attribuer les nombreuses anomalies 
que souvent elle présente ; ce qui me conduira quelquefois à examiner 
la nature du sol et celle des eaux, et à signaler les principaux phéno- 
mènes météorologiques dans leurs rapports avec la végétation. 

Je ferai connoïître successivement les végétaux les plus remarquables, 
soit par lélégance de leurs formes, soit par leurs rapports géogra- 
phiques, soit sur-tout par leur utilité dans léconomie domestique, le 
commerce, les arts et la médecine. 

Je m'occuperai ensuite de la détermination de nos herbiers : je dé- 
crirai en détail toutes les espèces nouvelles; et après avoir indiqué les 
renseignemens utiles ou curieux que j'ai recueillis sur des plantes déjà 
connues, je donnerai le simple catalogue de celles qui ne m'ont offert 


aucune particularité remarquable. 


ÉnN Es due 


BOTANIQUE. j 


CHAPITRE PREMIER. 


GIBRALTAR. 


Les plantes d'Espagne et de Portugal analogues à celles du midi de 
la France, sont trop connues, pour qu’on puisse attendre quelques pro- 
ductions nouvelles de notre première relâche ( Gibraltar ), où d’ailleurs 
nous n'avons séjourné que peu d’instans ; mais un aperçu rapide sur 
la végétation spontanée de ce rocher fameux, uniquement envisagé jus- 
qu'à ce jour sous le rapport de son importance militaire, aura peut-être 
quelque chose de neuf aux yeux des naturalistes. 

Si l'on excepte plusieurs touffes de chamærops humilis, de 4 à 6 pieds 
d’élévation, qui croissent sur des pics presque inaccessibles de la mon- 
tagne, et servent de refuge à une multitude de singes, à d'énormes lézards 
et à d’autres reptiles dangereux, les plantes arborescentes sont nulles 
dans toute Îa partie que nous avons visitée; ce qu'on peut sans doute 
attribuer au système de fortification adopté, d’après lequel il semble 
qu'on ait cherché à découvrir tout le pays autant qu'il étoit possible. 

I n’en est pas de même des végétaux herbacés, qui, malgré la sé- 
cheresse générale, se montrent abondans de tout côté, même dans les 
lieux qui par leur position verticale sembleroïient devoir en être entiè- 
rement privés. Dans un de ces lieux, exposé à l'Est, je vis un narcissus 
qui excita vivement ma curiosité, autant par la beauté de ses fleurs que 
par le phénomène singulier de leur épanouissement dans le mois d'octobre. 

Parmi les plantes observées ou recueillies (1) à Gibraltar, se trouvent 
le sargassum vulgare, var. parvifolium*, Turn. ; le cystoseira concatenata, Ag, , 
fucus concatenatus*, L., et plusieurs autres productions marines sem- 
blables à celles des côtes de la Provence ; le n0SIQ Commune , Vauch. ; le 
collema nigrum, Ach.; le parmelia parietina , Ach. ; lasplenium ceterach, L. ; ä. 
l'asplenium  trichomanes*, L., vax. major; le polypodium vulgare, L.; 


- (1) Celles qui sont marquées d’un astérisque existent encore dans ma collection. 


1* 


4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. à 


l'arum italicum, Müll.; Varum arisarum* , L.; le cyperus rotundus, L. ; 
Vasphodelus albus, Wilid., etl'asphodelus ramosus, L. ; le narcissus tagetta, L. ; 
le neottia spiralis*, Swartz. ; V'aristolochia pistolochia , 1. ; le daphne laureola, 
vel gnidium, L.; les rumex acetosa, acetosella et bucephalophorus , L.; le 
salsola soda, L.; le chenopodium fruticosum, L. ; lolea europea, L., d'un 
pied au plus d'élévation ; les phlomis fruticosa et purpurea, L.; les thymus 
calamintha, L., vulgaris et creticus, Dec. ; les salvia hispanica, horminum 
et officinalis, L. ; V'antirrhinum maju*, L. ; Yantirrhinum villosum* , L.; le ver- 
bascum osbeckii, L. ; le borrago officinalis, L. ; les cynoglossum officinale et pic- 
tum , L.; Vechium australe, Lam. ; le convolvulus althæoïdes , L. ; 'hypochæris 
radicata, L.; le lactuca perennis vel sonchifolia, W id. ; les senecio vulgaris et 
erucæfolius , L.; les centaurea calcitrapa et jacea , var. nigra, L. ; des carduus ; 
les calendula incana, Wild. , romentosa, Desf., et suffruticosa, Wild. ; 
V'erigeron canadense, L. ; plusieurs espèces de scabiosa ; le ranunculus bullatus*, 
L., espèce très-commune ; liberis gibraltarica, Wild. ; les alyssum incanum*, 
L., et a maritimum, Lam.; les reseda alba et fruticulosa, L. ; Verodium 
cicutarium, L., et Ve. malacoïdes ; deux espèces du genremalva ; Île ruta 
graveolens, L.; le cucubalus behen, L., à fleurs purpurines; le cotyledon um- 
bilicus, L.; un crassula exotique, à feuilles ovales et arrondies au som- 
met; plusieurs saxifraga ; des mesembryanthemum}; Xe rubus saxatilis, espèce 
couchée, très-petite, à folioles lancéolées ; le parietaria lusiranica ; quelques 
variétés du lotus corniculatus ; et enfm, Îe ricinus africanus , arbrisseau assez 
fort qui abonde dans le voisinage des lieux cultivés, dans les fossés des 
fortifications, et en général par-tout où il y a un peu d'humidité. 


EXAMEN ANALYTIQUE DES EAUX DE GIBRALTAR. 
Aiguade du Port. 


14 ARS SET (of 
OR LE, PR RS o 
Couiekre;. mn. RE, Re SR où 
Teiïnture de tournesol .......+-.. ©. 

de noix de galles.:.....+: O. 
Etude on ..... Flocons nuageux abondans. 
Ammoniaque liquide ..,..,.. uns 0 


Très-légère effervescence. 


AC SMEUIQUEE, Vite ress 


BOTANIQUE. ; 


Hydrochlorate de barite....... ... Précipité assez abondant. 
Nitrate d'argent ................ Précipité assez abondant. 
Oxalate acidule de potasse ....... dem. 
Sous-carbonate de soude........,. Idem. 
Hydrochlorate d’étain............ dem. 


IH semble résulter de cet essai, que les eaux de Gibraltar ne ren- 
ferment ni acides libres, ni sels à base de fer et de cuivre. L'eau de 
savon y décèle la présence d’une abondante quantité de sels terreux:; 
l'acide sulfurique , celle de quelques carbonates : les cinq derniers réactifs 
prouvent qu'elle contient aussi , et en assez grande quantité, des sulfates, 
des hydrochlorates, des sels à base de chaux, de l'extractif, te. 

Les renseignemens que je donne sur la nature des eaux de quelques- 
uns des lieux visités dans la campagne, sont incomplets et d’une 
grande imperfection ; cela tient au temps, qui m'a souvent manqué, et 
plus encore à la disette des agens chimiques et des instrumens néces- 
saires; aussi ne me suis-je déterminé à les placer dans ce travail qu'afin 
d'éveiller l'attention des navigateurs sur ce point négligé jusqu'à ce jour, 
et cependant d'une grande importance, 

On ne peut douter en effet que les eaux qui arrosent un pays n'aient 
une influence aussi grande sur Îa végétation que les localités, les lati- 
tudes et Îles phénomènes météorologiques. 

Grâce aux Vauquelin, aux Thénard, aux Gay-Lussac, aux Dulong, 
et à tant d’autres chimistes dont la France s’honore, il est facile de 
faire l'analyse des eaux. Et quel homme aujourd’hui, pour peu qu'il 
ait d'instruction, n’est pas au courant des théories de la chimie et de 
la physique modernes ?.…. 

Mais cela ne suffit pas; il faut, lorsqu'on se met en voyage, songer 
d'avance à ce genre d'observations, s’y préparer, et se munir des réactifs 
et des vases nécessaires. À défaut des agens indispensables pour cette 
étude, il seroit toujours très-utile de conserver de ces eaux, soit à l’état 
naturel, comme on l'a fait dans la campagne de l'Uranie, soit, après en 
avoir étudié autant qu'il étoit possible les caractères physiques, à l'état de 
concentration, en tenant une note exacte de la quantité qu'on a fait évaporer. 


Se . 


ar 


si 


6 VOYAGE AUTOUR DÙÜ MONDE. 


CHAPITRE IL 
. TÉNÉRIFFE. 


JE n'ai recueilli que quelques algues sur les côtes de cette île, dont 
l'entrée nous fut interdite; et parmi ces végétaux, je puis cependant 
compter déjà des espèces nouvelles, telles que le Zonaria lobata, de 
quinze à dix-huit pouces de longueur ; le conferva villum, plante micros- 
copique, qui, sur ces rivages comme sur ceux de la plupart des îles 
du Grand Océan, recouvre entièrement le galaxaura lapidescens, aïnsi 
que plusieurs autres polÿypiers coralligènes flexibles. ù 

Une cinquantaine de plantes terrestres des plus communes furent 
aussi ramassées dans un champ voisin du lazaret, par un des Espa- 
gnols commis à la garde de ce poste. Au nombre de ces dernières 
se trouvent le lichen roccella (roccella tinctoria), et une seconde espèce 
du genre physicia, colorant aussi fortement l'eau par une simple macé- 
ration à froid ; le pennisetum cenchroïdes, le cynodon dactylon , Vandropogon 
hirtus; un atriplex (atriplex glauca vel portulacoïdes 4), blanc glauque, à 
feuilles obovales-lancéolées, entières, légèrement sinueuses ou lobées ; 
à fleurs réunies en épis alongés, filiformes, presque simples et terminaux ; 
offrant une variété à feuilles un peu plus larges, moins blanches, on- 
dulées ou crénelées ; un chenopodium; V'heliotropium crispum , décrit dans la 
Flore atlantique par M. Desfontaines ; le #hymus Teneriffæ, les verbena offr- 
cinalis et hastata, le mirabilis jalappa; une variété de l'artemisia absinthium, 
plus blanche. et plus ténue que l'espèce ordinaire : le solanum nigrum, à 
feuilles oblongues, entières, à bords inégaux ; fe lycium afrum , à filets des 
étamines glabres; le prenanthes pinnata ; le sisymbrium erysimoïdes , Desf. ; le 
ruta graveolens ; Voxalis repens, velu, et à fruits tomenteux ; l'aigoon cana- 
riense, le mesembryanthemum cristallinum ; trois euphorbia, parmi lesquels 
se trouvent leuphorbia canariensis ; une deuxième espèce (euph. massi- 
liensis) voisine de leuphorbia chamaæsyce, mais qui en diffère cependant 


BOTANIQUE. 7 
par les dentelures de ses feuilles un peu plus prononcées, par ses capsules 
velues sur les angles et par ses graines plus profondément striées ; la 
troisième espèce, l’euphorbia dendroïdes, que ses feuilles lancéolées font 
distinguer de Peuphorbia retusa ; le rubia fraticosa, Veranthemum salsoloïdes , 
le geranium terebenthinaceum , le parietaria judaïca, et le forskalea angustifolia , 


plante aussi commune en ce lieu que les orties le sont en France. Je vis 


enfin, mais sans pouvoir me procurer d'échantillons, des bananiers 
(musa), des goyaviers (psidium), des ignames (dioscorea), des coton- 
niers cultivés (gossypium), un garou (daphne), un ricin en arbre 
(ricinus), et une grande quantité de raquettes (cactus), dont les fruits 
violacés, vulgairement nommés figues, étoient mûrs à cette époque. 

Fidèle au plan que je me suis tracé, je m'abstiendrai, dès à présent, 
de signaler aucun des végétaux que je n’ai point recueillis moi-même. 
Je ne pourrois que redire ce que MM. de Humboldt, Bory de Saint- 
Vincent, et bien d’autres savans voyageurs, nous ont appris sur cette 
ile et sur toutes ses productions. 


EXAMEN ANALYTIQUE DE L'EAU DE TÉNÉRIFFE. 


Aiguade du Port. 


+ PNR TES D 

Cut ie er à D - ©: 

Couleur.........,........... Trouble après comme ävant d'avoir 
été filtrée. 


Henrture:de-CurCiNas 44 0 cui 
de noïx de galles., ....... o. 
de tourriesol.. ..,....." À.6été légèrément rougie. 
Savon. .. .i. #6 7 Tir I s’y est parfaitement dissous , en don- 


nant à la liqueur une nuance am- 
brée ou jaunâtre. 

Ammoniaque liquide........ .... À déterminé une couleur jaune paille, 
sans précipité . 

Hydrochlorate de barite.......... A produit une teinte lactescente, et, 
plus tard, un précipité brun-rouge. 

Hydrochlorate d’étain........... Précipité abondant, floconneux. 


_ 


8 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Nitrate dupe isa ses Jeu Très-léger précipité, qui, avant de se 
déposer , donnoit à l’eau une couleur 
rougeûtre. 

Acide sulfurique. : ...:....... ©. 

Oxalate acidule de potasse....,.., Précipité à peine sensible. 

Sous-carbonate de potasse. ..,.. -. Sans rien changer à fa transparence de 


la liqueur, il lui a donné une teinte 
rosée à-peu-près semblable à celle 
qu'avoit produite le nitrate d'argent: 
huit ou dix heures après, il s’est formé 
un précipité blanchâtre, 


IL paroït résulter de cet essai, 1.° que l’eau de Sainte-Croix (ile de 
Ténérifle), quoiqu'un peu fade , est pourtant assez pure; 2.° que sa 
transparence est troublée par un peu d’alumine en suspension; 3.° qu'elle 
tient en dissolution des sulfates et des hydrochlorates terreux, un acide 
libre (acide sulfurique } et un peu d’extractif. Cet extractif ne seroit-il 
pas cause de la teinte rose que prend cette eau par l'action du nitrate 
d'argent et du sous-carbonate de potasse? Et dans ce cas, ne provien- 
droit-il pas des nombreux lichens (roccella et physicia) qui tapissent 
les rochers des montagnes? 


BOTANIQUE. 9 


CHAPITRE III 
RIO DE JANEIRO. 


Les formes arrondies de la plupart des montagnes du Brésil, font, 
au premier coup d'œil, soupçonner leur nature granitique ; et bientôt 
on en acquiert la certitude par le plus léger examen. En effet, le granit 
(gneïiss) constitue toutes les roches qui entourent et dominent la ville 
de Rio de Janeiro. 

Parmi ces énormes masses de gneïss compacte, grisâtre, composé de | 
feld-spath, de schorl, de mica noir et d’une fort grande quantité de petits É 
grenats rosés, quelques-unes sont entièrement formées des mêmes élé- 
mens, mais désunis, ou n'ayant entre eux qu'une adhérence très - foible 
et qui ne résiste pas aux moindres efforts de la bèche. 

Ce granit imparfait offre cependant la composition, la couleur et 
l'inclinaison des couches ainsi que des filons de spath calcaire, qui, dans ce is | 
cas, sont, comme le reste de la roche, pulvérulens ou mous, c'est-à- 
dire, à l’état de kaolin (1). 

Doit-on admettre que ces roches ont toujours été d’une texture défec- 1 
tueuse, c'est-à-dire, légèrement agglutinées, très-foiblement agrégées ? ou } 
bien est-il plus raisonnable de supposer que, par l'action successive ou 
simultanée de l'air, de l’eau, et sur-tout de l'électricité, elles ont passé 
d’un état primitivement solide à l’état de terre pâteuse ou de sable 
qu'elles offrent maintenant?! Cette question se présente naturellement à 
l'esprit de lobservateur ; il doit la faire dans l'intérêt des sciences, et 
c'est aux physiciens et aux géologues de chercher à la résoudre. Mais 
en me bornant à la simple exposition de ce phénomène, ma tâche, 4 
m'imposoit l'obligation de le signaler, parce qu'il a vraisemblablement ; 
une grande influence sur l’admirable végétation qui décore cette belle 


(1) Ce kaolin est très-commun au Brésil, notamment au pied de Ia chaîne des Orgaôs, +4 
près d’Estrella. # 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 2 


10 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


partie du globe. Qu'on se figure, en eflet, ces montagnes imposantes 
qui de loin présentent à l'œil étonné des tapis immenses de verdure; 
ces vigoureux végétaux de toutes les formes, de toutes les dimensions, 
accumulés souvent en grand nombre sur un même point, et offrant 
cependant, selon les sites, les distances, les expositions, une admi- 
rable variété, dont le charme s'accroît encore par la présence des 
coulequins et autres arbres à feuilles colorées, qui, réunis par groupes 
de diverses nuances, composent le tableau le plus séduisant et le plus 
majestueux. ; 

Comment peindre Îe ravissement qu’on éprouve en approchant assez 
de ces superbes massifs pour que l'œil puisse en pénétrer la profondeur, 
en discerner les innombrables élémens? Les fleurs les plus élégantes, 
les fruits les plus beaux, y attirent à l’envi les regards. Ici les #mimosa 
balancent leurs longues panicules odorantes ; là de nombreuses tiges de 
palmiers s’élancent avec noblesse en étalant leurs fronts toujours couverts 
et de fleurs et de fruits : plus loïn, des carica et des cecropia à larges 
feuilles lobées ; d'immenses araucaria à fruits savoureux, qui, malgré 
leurs dimensions tropicales, semblent être cependant des transfuges des 
régions du Nord, par la ténuité et la teinte sombre de leur feuillage ; 
des bananiers ( musa) à fleurs nectarifères (1) et à régimes dorés, de 
charmans rhéxia et des melastoma à fleurs purpurines, des eugenia 
[ quoumichanx | (2) à drupes succulens (3), des morus [ tfajube |, des achras 
['msaranduba |, lecythis ['sapueaya €t imbeuila |, geofræa [pan fee |, ymenæa 
[ jura ], laurus sassafras [Bauco |, psidium [ juaila |, spondias | cajxçei |, offrent 
leur ombrage protecteur contre l'action d’un soleil brülant ; des /eliconia , 
des, maranta, des justicia, des polygala , des cuphea, des cassia, des 


(1) Lesfleurs de bananier renferment une liqueur onctueuse, aromatique et sucrée, fort 
agréable au goût ; on la regarde comme très-utile dans les maladies de poitrine. 


(2) Dans ce chapitre et les suivans, les noms de plantes écrits en ronde sont ceux qui 
leur ont été donnés par les habitans du pays. 


(3) Le groumichanx est Peugenia cotinifolia. Ses drupes rouges, de la grosseur et de Ia forme 
? » à $ 2 A . . 
d’une petite, cerise, sont trés-agréables au goût : on en fait des confitures, des liqueurs, et 
même du vin. 


ji cad 


. BOTANIQUE. 11 
clitoria, des capraria, des richardsonia (1), des besleria, des stachytarpheta, 
de nombreux lantana, des turnera et des dorstenia, parmi lesquels se 
trouve l’espèce médicinale à laquelle on a conservé le nom vulgaire de 
contra-yerva, Ce n'est que dans lPintétieur du pays, vers Minas Geraes, 
que se trouve Pipécacuanha | puia |. Qu'on joïgne à ces végétaux divers 
de nombreuses lianes ligneuses encore peu connues (2), qui s’entrelacent 
de mille manières et grimpent jusqu’au faîte des arbres les plus élevés ; 
des passiflora à fleurs variables, mais souvent azurées ; des abrus à graines 
purpurines, des bignonia et des banisteria à grappes dorées, et une foule 
de plantes flexibles qui appartiennent aux genres convohulus, plumbago 
dalechampia, mendozea, eynanchum , &c. ; des pothos , des piper, des usnea, 
des loranthus et autres parasites; enfin, des orchidées des genres stellis, 
epidendrum , limodorum , jonopsis , cymbidium, anguloa, &c., et Von aura 
une idée des ornemens et de la diversité du coloris dont la nature s’est 
plue à embellir ces rians paysages. 

Après M. le prince Maximilien de Neuwied G), MM. Auguste 
de Saint-Hilaire (4), Langsdorff, Spix et Martius, Raddi, l'infortuné 
Delalande et plusieurs autres savans naturalistes qui depuis peu d’an- 
nées ont exploré le Brésil, rapporté ou décrit les richesses de tous Îles 
règnes cachées naguère dans le sein de ses antiques forêts, que pour- 
rois-je dire de plus de ce superbe pays et de sa:prodigieuse fécondité, 
sinon que les végétaux le recouvrent depuis le sommet des montagnes 
jusqu'aux extrémités des rivages baignés par l'Océan, limites que dé- 
passent même quelquefois une foule de plantes ligneuses vulgairement 
nommées palétuviers ; plantes amphibies, douées sans doute d’une orga- 
nisation particulière, qui appartiennent probablement, sur ces rivages 
comme sur ceux des Indes orientales, aux genres conocarpus, ægyceras, 


(1) Rich, scabra. Cette plante est abondante à Rio de Janeiro. Elle produit des racines sem- 
blables à celles de lipécacuanha et qui ont les mêmes propriétés, C’est Pipécacuanha des pauvres: 
on lemploie en poudre, à la dose de 30 à 40 grains. 

(2) Elles ne tarderont point à l'être, grâce aux soins de M. Auguste de Saint-Hilaire, qui 
s’occupe de leur étude avec persévérance. 

(3) Voyage au Brésil, &c. 

(4) Flora Brasiliæ meridionalis ; Plantes usuelles des Brésiliens ; Plantes les plus remar- 
quables du Brésil et du Paraguay. 

* 


2 


12 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
bruguiera , rhizophora , noranthea, &c., dont {a plupart ne se plaisent 
que dans les limons des mers intertropicales. 

Les algues sont peu nombreuses à Rio de Janeiro; mais les cham- 
pignons , les fichens, les mousses, les hépatiques, les lycopodinées, et 
sur-tout les fougères, s'y montrent en abondance. Il en est de même des 
graminées et des cypéracées, des palmiers, des orchidées, des bromé- 
liacées , des solanées , des scitaminées , des bignoniées, des mélastomées , 
des légumineuses, des urticées et des euphorbiacées ; celles que lon 
rencontre en second lieu sont , Îles laurinées , les polygonées, les ama- 
ranthacées, les pédiculaires, les acanthacées , les verbénacées , les labiées, 
les borraginées, les convolvulacées, Îles ombellifères , les capparidées, 
les opuntiacées", les onagraires, les salicaires, les térébinthacées, les 
cucurbitacées, les malvacées , les tiliacées : mais on ne trouve que peu 
de thymélées, d’atriplicées, de plantaginées, de gentianées, de caprifo- 
liacées, de papavéracées, de crucifères, de méliacées, de rosacées, de 
caryophyllées, de saxifragées, &c. (1). 


EXAMEN ANALYŸTIQUE DES EAUX DE RIO DE JANEIRO. 


Fontaine du Palais. 


SAVERT ., 4 NES rer 8, 
Odeur is PSE AR ER Treo. 
Couleur............,........ Elle est opaline ou légèrement factes- 


cente. Cette lactescence serait-elle 
due à quelques parties d’alumine 
provenant du mca,*et tenue en sus- 
pension! Elle est très-claire après 
avoir été filtrée. 
OR 2 users. S'y dissout assez bien. 
Teinture de cureuma........... ©. 
de noix de galles....... 0. 
de tournesol. .......... Légère teinte rouge. 


(1) Cet ordre est établi d’après le rapport numérique des plantes que j'ai recueillies dans les 
environs de Rio de Janeiro, du 6 décembre 1817 au 29 janvier 1818, 


BOTANIQUE. 13 
Ammoniaque liquide............ À produit une couleur ambrée qui n’a 
pas changé par une plus grande 
quantité de ce réactif. 


Acide sulfurique. ...,..:....... 9. d 
DRIQUE. : — Suivs à + 5 à ind #07 

eme HYTOCHIONIQUE 0 «1026 à es 5 Oe 

Hydrochlorate d’étain....... .... Précipité blanc assez abondant. 


de barite .....,... Na fait qu’altérer un peu Ia transpa- 
rence de la liqueur. 


Nitrate d'argent. .............. Précipité très-foible. 
Oxalate acidule de potasse...,.... A produit un trouble léger. 
Sous-carb. de potasse ...... ..... Précipité à peine sensible. 
————— de soude...,.,....... Idem, 
DRE Tes iphresats co un -” 


De cette analyse, je pense qu’on peut conclure que l'eau de Rio de 
Janeiro contient beaucoup d’extractif, du sulfate de chaux, et des hydro- 
chlorates de soude et de magnésie. 

On conçoit que le principe dominant soit l'extractif: en effet, l’eau 
du Corcovado, par exemple, parcourt, avant d’arriver à l'aqueduc un 
espace considérablede terraïn boisé ; des feuilles, des fruits, des rameaux, 
et même des arbres entiers, tombent sans cesse dans ce torrent, et 
forment, en s’entrelaçant, des digues d’une telle épaisseur, que l’eau 


\ 


finit par éprouver les plus grands obstacles à s'y faire jour. Forcée de 


à 


passer à travers ce filtre végétal, elle a le temps de se charger d’une 
certaine quantité d’extractif, et de perdre par-là une partie de sa pureté, 


14 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE IV. 
CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. 


ME pardonnera-t-on de hasarder quelques lignes sur le Cap de 
Bonne-Espérance, qui est déjà si bien connu; sur un pays aussi re- 
marquable par sa constitution physique et la diversité de ses produc- 
tions, que par l'importance de sa position géographique relativement à 
la navigation des Indes orientales : pays rendu célèbre par les Thun- 
berg, les Sparmann, les Adanson, es Commerson, les Levaillant , 
les Barrow , les Delalande, &c., dont les noms sont attachés désormais 
en traits ineffaçables à son histoire générale et particulière. 

Sans doute il ne reste que peu de chose à dire sur le Cap et ses im- 
menses richesses ; et je m'abstiendrois d’en parler, si je ne me rappelois 
l'obligation que je me suis imposée d'écrire principalement pour les 
jeunes marins. Aussi avides d'instruction que de gloire, et sans se livrer 
précisément à létude de fa botanique, ils sont cependant charmés 
d'avoir quelques notions générales sur la nature des végétaux qui croissent 
le plus abondamment dans les lieux qu'ils visitent, et particulièrement 
sur les plantes marines remarquables qui tapissent les côtes, et flottent 
ordinairement dans leur voisinage, comme pour signaler aux navigateurs 
des dangers dont fort souvent on n'a pas d'autre indice, sur-tout dans 
les temps orageux. 

On sait que le varec nagéant (sargassum bac erum ) vogue par bancs 
énormes dans les parages des îles Açores et des îles Canaries ; que le 


cystoseira trinodes annonce approche de a partie occidéntale de la 
Nouvelle-Hollande, et le cystoseira moniliformis, celle de la partie orien- 
tale du même continent. 

De même, les eaux du Cap de Bonne-Espérance portent souvent très- 
loin au large le fücus rugosus, le fucus tuberculatus, Le sphærococcus cartila- 
gineus, et Sur-tout deux varecs fort remarquables par leurs grandes 


BOTANIQUE. 15 
dimensions; l’un, le varec géant (macrocystis pyrifera), et l'autre, le 
varec buccin (/aminaria buccinalis), vulgairement nommé trompette de 
mer : ils sont ordinairement chargés de plusieurs petits fucus rougeâtres 
( delesseria), d’ulves foliacés très-minces et roses (porphyra), du 
champia si justement nommé /umbricalis, des fucus et conferva mira- 
bilis, &c. (1). 

uoique je me sois proposé d'examiner sommiairement, dans nos 
relâches, la nature des ressources alimentaires qu’elles fournissent, je 
m'abstiendrai cependant d’en parler ici, parce que de semblables détails 
seroient inutiles. Je me contenterai d'indiquer les familles, les genres 
et les espèces remarquables de végétaux que lon rencontre au Cap 
et dans ses environs (2). 
Les protéacées occupent sans contredit le premier rang. En effet, dès 
qu'on se dirige vers la montagne de la Table ou dans l'intérieur, on ne 
tarde pas à trouver non-seulément de nombreux individus de cette fa- 
mille, mais bien des bois entiers formés de protea argentea (leucadendron ) , 
parmi lesquels on remarque plusieurs autres espèces, telles que les protea 
cynaroïdes, p. saligna, p. spatulata, Vaulax pinifolia, &c. On y rencontre 
également des fougères appartenant aux genres. /omaria, gleichenia : 
cheilanthes ; le todea africana, superbe espèce presque arborescente, qui 
se trouve aussi dans les montagnes Bleues de la Nouvelle-Hollande ; 
l’Aymenophyllum tunbridgense, petite plante d'Europe, assez commune sur 
les côtes de l'Angleterre, de la Bretagne, de la Normandie, et qui 
abonde dans tout l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud; ce sont 
encore de nombreuses restiacées, des #hesium, des polygala, des lobelia, 
beaucoup de légumineuses des genres indigofera, virgilia, aspalathus. 
borbonia, hallia, &e., et parmi les synanthérées, d'innombrables gna- 
phalium et elychrysum à Heurs aussi variées par leurs dimensions que par 
les couleurs qui les décorent ; des eriocephalus, des stæhelina, des atha- 
nasia, des endoleuca, Cass.; des calendula, des othonna, des seriphium , 
des arctotis et sphœænogyne , Cass. ; des senecio et de superbes espèces du 


(1) Voir ci-après l’article Alæ, 
(2) C’est dans les pays peu civilisés ou sauvages que je m’attacherai particulièrement à 
signaler le nombre des substances végétales utiles qu'on peut y rencontrer. 


16 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


genre corymbium. On y trouve de plus des morea, des gladiolus, des 
ixia, d'élégantes philica, des borosma , des agathosma et des diosma, qui 
parfument l'air de leur odeur pénétrante (1); un disa à fleurs bleues 
( disa cælestis), et plusieurs autres orchidées ; des bruyères nombreuses 
remarquables par la diversité de leurs formes et de leurs couleurs ; 
des brunia à fleurs agrégées ; des sarcocoliers (penæa), des bleria et des 
stilbe; des drosera; le cunonia capensis, le plectronia corymbosa , le Trhi- 
nanthus capensis, et des rosacées dioïques du genre «/ifortia, dont une 
espèce, le cliff. odorata , se distingue par des stipules amplexicaules qui 
supportent les feuilles. 


L'eau de laiguade du Cap, soumise à l’action de quelques réactifs , 
8 P Jue1q 


a donné les résultats suivans : 


D AOUESS du en IN Ut tr Re o 
; CAEN: ES cesse ie (ol 
COMM. onu iouete à sn Ole. 
Teinture de curcuma........... (ee 
de noix de galles. ....... o. 
dé tonmmesoMi nn. FA 2 o. 
eme uen on. Dee Quelques flocons. 
Aimmoniaque liquide. ........... ô, 
Acide sulfurique.............. 0. 
nitrique .. +... œ; 
hydrochlorique . ÉD ris 0. 
Hydrochlorate ŒCRIR. quo Trouble léger. 
Het barite ss ee o. 
Nitrate d’argent.......:. ht 628 Précipité assez abondant. 
Oxalate acidule de potasse........ Trouble très-faible. 


(1) L’odeur de la terre ne peut être révoquée en doute; c'est ce que pourront affirmer tous 
les marins. N'est-ce pas cette odeur qui, dans les premiers temps des navigations lointaines, 
ranima le courage abattu des compagnons de limmortel Colomb Iong-temps avant qu'ils 
eussent aperçu les rivages américains ! Nul doute aussi que la constitution du sol n’influe 
sur cétte odeur, qui d’ailleurs doit varier à l'infini, selon les végétaux qui sy trouvent. 

Qui ne sait que Fair du Cap, chargé des émanations des diosma, des barosma et des aga- 
thosma ; annonce la présence de ces plantes à plus de 20 lieues à la ronde Quel botaniste n’a 
pas été attiré d’une trés-grande distance par l’odeur pénétrante de l'adenandra umbellata ? 


“ 


BOTANIQUE. ; 17 

Ce qui démontre qu'elle contient une assez grande quantité d’hy- 
drochlorates, un peu de chaux, &c. 

H suffit d’avoir éprouvé un coup de vent en rade du Cap de Bonne- 
Espérance, pour expliquer l'abondance des hydrochlorates qu'on observe 
dans l'eau de toutes les sources du pays. Dans ces ouragans, le vent 
souffle avec une force inconcevable : la mer, ne pouvant fuir assez vite 
sous l'effort qui la presse, s'élève et moutonne; les vagues écumantes se 
heurtent, se brisent, et par Îeur choc lancent dans l’espace une si 
grande quantité de bulles d’eau dans un état de division extrême, que 
presque toujours l'air en est obscurci. 

Ces sortes de torrens aériens, qui, pendant notre séjour dans la rade 
du Cap, ont constamment eu leur direction de l'Ouest à l'Est (du large 
vers la terre), entraînent avec eux une fort grande quantité d’eau salée, 
qu'ils vont déposer sur les montagnes et dans les forêts de l'intérieur 


du pays. 


l'oyage de l'Uranie. — Botanique, 3 


18 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE V. 
ÎLE-DE-FRANCE. 


Que dire de ce charmant pays? J'ai perdu les riches collections que 
jy avois rassemblées : à lui seul, il m’avoit offert presque autant de fou- 
gères et de cryptogames en général (les algues exceptées ) » que toutes 
les autres relâches du voyage; Je rapportois de nombreuses plantes nou- 
velles, des genres ambora, coffea , limodorum , dombeya , &c. ; 

Mais j'éprouve le besoin d'exprimer ma reconnoissance à l’un des na- 
turalistes distingués du Voyage aux Terres australes, à M. Delisse, actuel- 
lement pharmacien dans cette ancienne colonie française, ainsi qu'à son 
estimable famille (M. Esnouf, aux Pamplemousses), chez qui j'ai reçu 
la plus agréable hospitalité, et tous les moyens, toutes les facilités desi- 
rables pour l'exploration de leur île. Je dois aussi un témoignage public 
de ma gratitude à M. Néraud, actuellement avocat à la Châtre, mais 
alors habitant de l'Ile-de-France, qui s’étoit dépouillé pour moi, dans l'in- 
térêt des sciences, de la plus grande partie de ses collections, et notam- 
ment de toutes les plantes nouvelles qu'il avoit recueillies pendant un 
séjour de plusieurs années. Toutes ces richesses ont été ensevelies dans 
les eaux des îles Malouines (1)! 

Heureusement, les productions de cette terre sont aujourd’hui peut- 
être aussi bien connues que celles d'Europe, grâce aux savantes recher- 
ches des du Petit-Thouars, des Commerson, des Bory de Saint-Vincent, 
des Michaux, des Néraud, des Stadman, et de beaucoup d’autres natu- 
ralistes. de tous les pays; la plupart des espèces nouvelles que je re- 
grettois, sont actuellement en France, déposées par M. Néraud dans 
la belle collection de M. Benjamin Delessert. 

Réduit à quelques souvenirs sur les végétaux de l'Ile-de-France RE 
signalerai pourtant l'ambora à fruits ballonnés, creux, et si remarquables 


(1) Les collections de Plle-de-France, où nous avons passé trois mois, étoient, de tout 
le voyage, les plus nombreuses et les plus belles. 


BOTANIQUE. - 19 
par leur organisation ; le bois-noir, mimosa lebbec, dont on forme des 
plantations utiles, et qui supplée, sans Île remplacer, le tilleul de nos 
jardins et de nos places publiques. Le mimosa farneziana infeste tous 
les lieux incultes ; le fætidia, grand et fort bel arbre, vit presque tou- 
jours solitaire au milieu des champs ; le bois d’ébène (diospyros) abonde 
maintenant sur les montagnes; le bois d'éponge (gastonia), le bois de 
cannelle ( Jaurus cupularis), le bois de chandelle (dracæna), enfin des 
bursera, des coccocipsilum, des poupartia, &c., forment la masse de la 
végétation des montagnes ; tandis que, sur le rivage, ce sont des scævola 
{% lobelia), des suriana (5. americana); des pemphis (p. acidula), des 
rhigophora, des bruguiera, et la plupart des autres végétaux ligneux et 
herbacés qui abondent sur les côtes du continent indien, et que nous 
retrouverons sur le littoral de toutes les îles de l'Océanie occidentale, 
auxquelles nous pensons qu'ils appartiennent aussi originairement. 

On distingue encore parmi les plantes herbacées de cette ile, le véti- 
vert (vetiveria), dont on borde les champs de cannes à sucre et de maïs ; 
et parmi les exotiques, le campuleia, Aub. du Petit-Thouars, de la fa- 
mille des pédiculaires et voisin des genres buchnera et piripea, petite plante 
parasite, remarquable par le rouge vif de ses fleurs et par son extrême 
multiplication, qui cause les plus grands dommages aux récoltes et 
particulièrement à celles du maïs : le barleria cristata, à fleurs blanches, 
objet d’un culte ancien chez les Malabares et les Lascars , et que quelques 
tribus de ces peuples, exilées à l'Ile-de-France, cultivent encore avec un 
soin religieux sur tous les tombeaux de leurs vierges. Je ferai observer 
sur-tout, comme devant former plus tard le sujet de recherches particu- 
lières, que cette île compte un grand nombre de. végétaux ligneux à 
feuilles polymorphes, tels que le quivisia heterophylla ; le Jagara hetero- 
phylla, Lam. (ganthoxillum heterophyllum, D. C.); le ludia heterophylla , Le 
teizia (securinega), le clitoria heterophylla, &c. 

; M. Néraud, ‘à qui je me suis adressé depuis que cette note est 
faite, a bien voulu me communiquer les renseignemens précieux que 
je transcrirai bientôt littéralement : ces renseignemens sont du plus haut 
intérêt, et ils suffiront, je pense, pour assigner à leur auteur le rang 


distingué qu'il doit occuper parmi les naturalistes. 
x 


3 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


EXAMEN ANALYTIQUE DES EAUX DE LÎLE-DE-FRANCE. 


Aiguade du Chien-de-plomb. 


Rd ds à o, 
nn race ST UT ee 0. 
CEE ee cr se Frs tehv es Très-claire. 
5 Rue on CSC EEE S'y dissout fort bien sans faire le moindre 
+ flocon. 

Fermuire de tournesol... , sh 
MS CCR. ul . à Lex On 
de noix de galles..….... ©. 
Hydrocyanate de fe... .......,: è. 
Hydrosulfate de potasse. ......... ü. 
RS Rs he a OU œ. 
is PO ©. 
hydrochlorique sin cou or 
Ammoniaque liquide. ......... ss 

Oxalate acidule de potasse........ Deux heures après, [a liqueur à perdu 

une partie de sa transparence, 
Sulfate da fer......,...,.. ..... À produit une couleur ambrée, Elle 


s’est troublée peu de temps après et 
a donné un précipité jaune-roux. 


Hydrochlorate d’étain ........... Nuage léger. Deux heures après, Ia 
liqueur a blanchi sans donner de 
précipité. 


Nitrate d'argent................ À blanchi subitement. Deux heures 
après, elle est devenue bleue sans 
former de précipité apparent. 

Hydrochlorate de barite.......... À troublé trèségèrement sans donner 
de précipité. 

Sous-carb. de soude. . .... Feb 08 C. 

Sous-carb. de potasse. . . ... à RS À produit un trouble très-foible. Deux 
heures après, il s’est formé un pré- 
cipité à peine sensible. 


D'où fon peut conjecturer que l'eau de l[e-de-France est très-pure. 
Elle ne contient en effet qu'un peu d’extractif, des atomes d'hydrochlo- 
rates terreux, et une très-pétite quantité de sulfate de chaux. 


BOTANIQUE. 21 


Nouveaux Renseignemens sur la végétation spontanée de l'Ile-de-France, 


communiqués par M. Jules NÉRAUD, avocat à la Châtre. 


$ I. Explorée à vue d'oiseau, lIle-de-France laisse apercevoir 
d’abord son plateau central, planté de sombres forêts et surmonté d’une 
nappe de brouillards ; des ‘montagnes bizarrement configurées servent 
de boulevarts à cette vaste’ terrasse. De la base du massif, le terrain 
s’unit en plaines jusqu’à la mer, Ces plaines ou savanes doivent leur 
origine à des causes diverses : les unes sont évidemment le produit des 
dégradations souffertes par les montagnes voisines ; d’autres, toutes pavées 
de lave, semblent avoir été coulées tout d’une pièce; la mer baigna 
sûrement les lieux qu'elles occupent aujourd’hui : d'autres enfin, et ces 
dernières couvrent peu d’espace, n’offrent que des débris de coraux, 
et témoignent, ainsi que tant d’autres monumens de ce genre, la dimi- 
nution des eaux à la surface du globe. Tous ces lieux sont traversés 
de rivières qui, dans leur cours supérieur, donnent naissance à des sites 
remplis à-la-fois de grâce et d’horreur : leurs eaux, toujours fraïches et 
murmurantes , s'égarent au milieu de touffes de bambous et de phyllanthes ; 
sur leurs bords s’'inclinèent des bouquets de crinum; des guirlandes de 
convolyulus et de pæderia forment au-dessus de leurs flots des ponts 
de feuillage et de fleurs ; sur leurs rives escarpées, s'élèvent en amphi- 
théâtre, la fougère arbre, le cycas et le nuxia, dont les grappes fleuries 
exhalent le parfum de la vanille. 


Au loin, à l'horizon, l'œil découvre une ceinture de petites îles qui 


servent comme de satellites à celle-ci, et qui renferment chacune des 
productions particulières. 


Cette variété dans l'élévation du sol et celle de ses découpures doivent 
en occasionner de correspondantes dans les végétaux qu'il nourrit. On en 
peut remarquer un exemple bien sensible sur la route qui conduit du 
Port-Louis aux plaines de Wilhems : lorsque les premiers bois noirs 
( mimosa lebbec) qui bordent le chemin sont déjà chargés de siliques, à 
quelques lieues plus haut ils n’offrent encore que des fleurs, et souvent 
les derniers plants ont à peine émis leurs jeunes feuilles. C'est à cette 


22 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


facilité de changer de climat en quelques heures, et de rencontrer sur un 
petit espace les productions de l'Europe près de celles de l'Asie, que ce 
pays doit un de ses plus grands charmes, et que l’on y voit peu d'étrangers 
qui, séduits pour la première fois par l'attrait de ces délicieuses retraites, 
n'aient formé le vœu d’y passer leur vie, sûrs de trouver le bonheur que 
donnent un doux ciel, un travail modéré et des besoïns peu nombreux. 

Avec un peu d'attention et d'habitude, il est aisé de reconnoître que 
les espèces végétales de cette île sont distribuées en trois régions déter- 
minées par la hauteur ou la nature du sol. La première, qui s'étend du 
bord de la mer jusqu'à la rencontre des sables avec la vieille terre, com- 
prend particulièrement des plantes maritimes ; et ce qui paroïtra peu sur- 
prenant, en ayant égard à l'influence des courans marins et des vents 
réguliers, presque toutes ces plantes sont communes à d’autres rivages : 
quelques-unes ont été recueillies en Amérique; ce sont le suriana ameri- 
cana, le boerhaavia diffusa, &c. 

Le plus grand nombre paroïssent originaires de l'Asie, telles que le 
bihrum pemphis, le bruguiera gymnorhiza, le convolvulus pes capræ, &c. (1). 

La seconde région comprend les plaines volcanisées de l’intérieur , et, 
jusqu’à la hauteur de 200 mètres, le flanc des montagnes tournées vers 
la mer; je propose de la désigner par Île nom de zone des erythroxylons : 
on.y remarque sur-tout le sælanthus mappia, le rubentia, le poupartia, le 
dodonæa, le polypodiun plhymatodes, l'adianthum caudatum, &c. 

La troisième, enfin, qui s'étend sur tout le plateau central et les 
hauteurs correspondantes, est signalée par la nombreuse famille des 
orchidées, et sur-tout par les fougères arborescentes (le cyathea , le my- 
riotheca , le pteris arborea, N.), les trichomanes, le dianella , le cordyline 
mauritiana, le bursera, le monymia, les ambora, les procris, les piper, &c. 


(1) Plantes maritimes observées à VHe-de-France : boerhaavia diffusa, boerhaavia à fleurs 
blanches et feuilles velues, deux pandanus sun convolvulus non décrit, le convolvulus pes capreæ, 
agrostis juncea, aristidia , vinca rosed , pittonia argentea , hernandia non décrit, dracæna, rhi- 
zophora Müéronäta) brugiiera gymnorhiza, pemphis, suriana américana, hibiscus tilliaceus , 
malvaviseu$ ; casiythà, cednothus americanus ; tribulus terrestris physalis pubescens, lycium 
afrum, sophora japonica, sonchus radicatus , perdicium, dolichos sinensis, portulacca axilli- 
flora, biramia indica, une gratiole non décrite, deux erythrina, zornia zeylanica, tephrosia 
purpurea, euphorbia dracunculus , trianthema. 


BOTANIQUE. 23 


Les démarcations de cette zone se trouvent tracées avec précision dans 
le Voyage de M. Bory de Saint-Vincent. Enfin, peut-être, en pourroit-on 
proposer une quatrième sous le nom d’éolienne, On y rangeroit tous les 
végétaux à feuilles laimeuses, qui ne prospèrent qu'exposés à l'action 
des vents réguliers; ils ont établi leur séjour sur les pitons décharnés, 
toujours battus de la tempête ou perdus dans les nuages. Cette petite 
tribu se composeroit de quelques graphalium, de plusieurs conysa, de 
l'ærua lanata, de deux dombeya, dont Fun n'a pas été décrit; du sa- 
laxis, de Vhypoxis juncea, d’un sideroxylon,. et de plusieurs graminées. 
Indépendamment de ces divisions, qui correspondent sur-tout aux 
différences dans les latitudes, il seroït possible d'en tracer d’autres, 
mais trop délicates pour que ma mémoire me les rappelle aujourd’hui ; 


\ 


elles montreroient certaines plantes cédant uniquement à l'influence des 
méridiens, et s'étendant sur les lignes perpendiculaires à l'équateur (1). 
La partie orientale de cette île nourrit des espèces qui lui sont propres 
et que je n'ai jamais rencontrées sur la côte opposée; je suis sûr, par 
exemple, que l’on chercheroït en vain sur cette dernière, le rymphæa 
cærulea, le bruguiera gymnorhiza, le menianthes indica, le lysimachia mau- 
ritiana, Verythrina carnea, et un très-beau genre de la famille des sa- 
vonniers. À 

Un des caractères les plus frappans de la végétation tropicaire, c'est 
l'extrême multiplicité des espèces ligneuses, et, par suite, l'absence de 
forêts composées, comme celles d'Europe, d’un petit nombre d'espèces. 

Dans cette île, dont la superficie n'excède pas une centaine de lieues 
carrées , il n'existe pas moins de 240 arbres ou arbustes différens,, c'est- 
à-dire, un tiers de plus que n’en renferme l’Europe entière; aussi toutes 
ces espèces croissent-elles pêle-méle et sans aucune prédilection de 
voisinage. Peut-être un jour les dévastations de l’homme modifieront- 
elles cet état de choses, en réduisant progressivement le nombre des 
espèces. Quelques-unes sont déjà devenues rares ; par exemple, le fætidia 
ou bois puant, le bursera ou colophanier, le palmiste, &c : elles dis- 


(1) Cette remarque n’est pas nouvelle, comme on peut le voir par un Mémoire de 
M. Ramond sur les plantes des Pyrénées, et dans le discours préliminaire de Ia Flore 
française, Néraud, 


24 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


paroîtront d'autant plus vite, qu’à l'exception du bois noir, étranger ui- 
même dans ce pays, aucun arbre ny repousse de souche. Un autre 
phénomène très-digne aussi d'attention, c'est la variation de formes et 
de couleurs qu'éprouvent les feuilles de quelques plantes indigènes, dans 
le cours de leur développement : celles du fagara heterophylla sont assez 
connues : les jeunes feuilles des quivisia et du buddleia diversifolia com- 
mencent par être lobées; à mesure qu'elles vieillissent, leurs sinus se 
remplissent : dans le dia, d’épineuses elles deviennent inermes ; celles 
du sælanthus mappia, du manubea angustifolia, de la forme linéaire passent 
à lovale; beaucoup de rubiacées, et nommément les fernelia et les 
psatura, ont leurs premiers feuillages tout panachés de jaune, de blanc 
et de pourpre; ces nuances disparoissent avec l'âge. Enfin, j'ai découvert 
un croton arborescent dont les jeunes feuilles sont mouchetées de taches 
couleur de sang, comme les écaïlles d’une truite. 

Quant à l’époque de la floraison, elle arrive généralement pendant 
les mois de septembre, octobre et novembre. On peut cependant affirmer 
que la plupart des plantes naturelles à cette île sont presque toujours 
en fleurs et en fruits; elles ne connoïssent guère de repos que durant 
les mois d'avril et de mai, saison où quelques-unes se dépouillent de 
leurs feuilles; exemple, l'urtica frutescens, Vochna, le terminalia mauritiana 
et plusieurs légumineuses : ce qui, soit dit en passant, démontre que ce 
phénomène n’est dû qu'à des causes internes; car icila température ne varie 
quede quelques degrés et ne tombe jamais au-dessous de 18° Réaumur. Le 
mimosa lebbec, dont jai déjà parlé, présente dans la même année deux 
floraisons alternativement stériles et fécondes ; la première s’opere aux 
mois de juillet et d'août, la seconde pendant ceux de janvier et de février. 

Quelquefois ce moment est avancé par les ouragans, qui, dépouillant en 
. quelques heures {es arbres de leurs feuilles, les forcent de recommencer 
une nouvelle révolution florale : mais fidèle à ses plans, que cette vio- 
lence contrarie, la nature frappe d'infécondité tous ces germes éclos 
avant terme. 

$ II. Cinq années de recherches dirigées sur tous les points de cette 
ile, m'ont procuré 700 espèces phanérogames, constituant 256 genres, 


et 130 cryptogames, comprenant les champignons, les hypoxylons, les 


BOTANIQUE. 25 


lichens et les algues : $5 genres lui appartiennent exclusivement, tels 
que fristiche ; calypsogyne, N. ; darea, myriotheca ; gersinia , N., genre voisin 
du dendrobium ; cordyline, dianella , vetiveria ; calisto, N.; biramia, premna, 
antirhea, ochrosia, anasser, roussea ,. salaxis, nuxia, fernelia, danaïs , 
myonimia , psathura; meretricia , N.; egeria, N.; landia, gastonia , molinæa, 
cossignia ; callidrimes, N. ; doranxylum , statmannia , haronga, quivisia, hugo- 
nia, senacia, tristemma , psyloxylon , ludia , erythrospermum , blakwesia , 
grangeria , quoya, galdicia (frangulées) , Marignia, poupartia , bursera, secu- 
rinega, kirganelia, ambora, monimia, procris; clasophyllum , N.; macaranga ; 
carolinia, N.; un genre innommé. : 

Le reste lui est commun avec lInde, l'Afrique et l'Amérique ; une 
demi-douzaine paroiïssent y avoir été fortuitement importées d'Europe, 
et s'y sont plus ou moins bien naturalisées. 

Cinq dicotylédones seulement y méritent le nom de parasites ( loran- 
thus, gluthago, roussea, cordyline et viscum ), aucune des orchidées qui 
promènent leurs racines sur l'écorce des arbres n’en tirant de nourriture. 

Je vais jeter un coup d’œil rapide sur chaque famille-en particulier. 

Foucères : 81 espèces de vingt genres, partagés en trois sections : 
— Section I. Ophioglossum , osmunda , acrostichum , diplasium , polypodium , 
cyathea, asplenium, hemionitis, lonchitis, darea, pteris, miriotheca, tricho- 
manes , hymenophyllum , adiantum , schigea. —Section II. Marsilea, salvinia, 
lemna. — Section IL. Cycas (1). — Deux ou trois espèces d’asplenium 
fournissent les caractères d’un nouveau genre, par Île rapprochement de 
leurs signes fructifères. Cette confusion ne s'opère quelquefois qu'au 
sommet de la fronde, qui paroît alors prolifère. Toutes les espèces 
d'acrostichum offrent deux sortes de frondes, les unes fertiles, les autres 
stériles. Dans plusieurs genres, tels que le diplagium, le darea, Vadiantum 
caudatum , on observe des bulbiles prolifères à l'extrémité du rhachis ou 
à l’aisselle des pinnules. Grand nombre de ces fougères, et nommément 
le pteris vittaria et le polypodium phymatodes , renferment un arome très- 
suave, mais qui ne se développe que par la dessiccation des frondes. 

(1) Cette dernière plante forme le type d'une famille. Mais comme ce catalogue repré- 


sente lherbier de M. Néraud, je pense qu'on ne doit rien changer à ordre dans lequel il 
est établi. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. Â 


CT 


a 


26 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

NaAÏADES : neuf espèces, chara, potamogeton , ruppia, zanichellia, tris- 
tiche; calypsogyne, N. La fleur mâle du calypsogyne mérite d’être connue : 
d’une spathe bivalve et caduque, s'échappe une fleur unique, dont le 
périanthe est formé de six lanières alternativement plus larges et plus 
étroites; du centre part un filet surmonté de trois anthères biloculaires. 
Je n'ai pu découvrir les fleurs femelles. 

AROÏDES : une espèce du genre caladium. 

TYPHACÉES : une espèce du genre rypha. 

CYPÉRACÉES : 47 espèces des genres cyperus, schœnus, carex, scirpus, 
killingia, fuirena, calisto, et un genre innommé. Le genre calisto présente 
de grandes analogies avec plusieurs plantes de la Nouvelle-Hollande , 
dont M. R. Brown a composé sa famille des restiacées. Calice bractéifère, 
formé de deux valves aïlées sur le dos; deux étamines, un style, deux 
stigmates; un ovaire à deux loges monospermes , s'ouvrant par une 
fente longitudinale; une hampe simple, portant un capitule ; feuilles 
radicales, ressemblant à celles de a jacinthe (1). 

GRAMINÉES : 68 espèces des genres aristida, paspalum, Pañicum, rott- 
bollia, agrostis, vetiveria, holcus, andropogon, ischamum}; catulus, N.: tri- 
setaria, cynosurus, chloris, festuca, poa, briga, arundo, leersia et cenchrus. 


PALMIERS : areca, latania, pandanus. 

ASPARAGINÉES : neuf espèces des genres asparagus, dracæna, dianella 
cordyline, smilax. 

JuNCÉES : deux espèces de commelina. La commelina hypogea, N., émet 
deux sortes de rameaux, les uns épars et couchés à la surface du sol: 
les autres, qui ne sortent jamais de terre, sont étoilés, garnis de gaïnes 
de feuilles dont le limbe est avorté, et munis de fleurs incolores, mais 
dont la fécondation s'opère aussi bien que dans ceux du dehors. Je crois | 
cet exemple unique dans le règne végétal. 

ASPHODÉLÉES : deux aloës. 

LiLrACÉES : deux espèces de crinum naturalisées, 

NARCISSÉES : Aypoxis. 

MUSACÉES : ravenala. 


{r) Cette restiacée doit être placée à côté du genre gaïmardia , si elle ne s'y réunit pas 


4 


BOTANIQUE. 27 


BauisiERs : un amomum. 

ORCHIDÉES : trente-une espèces des genres dendrobium, vanilla, limodo- 
rum (x), gersinia, corycium , aërides ; orchis et disperis, Les genres dendrobium , 
vanilla , limodorum , aërides , disperis et gersinia, N., sont épidendriques; leur 
pollen est solide ; leur mode de végétation est varié, et demanderoiït pour 
chacun une explication étendue. L'aërides, par exemple, commence par 
jeter quelques racines à la surface du sol; bientôt élles se dessèchent 
comme dans la cuscute; et de la partie de la gaine opposée au limbe 
de la feuille, il s'échappe de longues vrilles qui s’accrochent aux corps 
environnans. Quant aux gersinia (2), ils ne tirent leur nourriture que d’un 
gros bulbe analogue à la bosse charnue des bœufs africains : sur cet 
organe , dont la forme est quelquefois un polyèdre régulier, s'élèvent 
deux feuïlles engaïnantes , et, tout auprès, la tige qui supporte les fleurs ; 
la labelle de celle-ci est renversée et tremblotante: souvent la hampe est 
renflée comme un cigarre (3), et les fleurs y sont nichées dans de petites 
alvéoles; les racines, ou plutôt les cordons radiciformes, prennent nais- 
sance à la surface inférieure du tubercule. Dans tous ces genres, les 
feuilles sont composées de deux moitiés inégales. 

ARISTOLOCHIÉES : une espèce du genre aristolochia. 

ÉLÉAGNÉES : terminalia mauritiana. 

LAURINÉES : quatre espèces des genres laurus, tomex, hernandia. 


PoLYGoNÉES : une espèce du genre polygonum. 

AMARANTHACÉES : quatre espèces des genres alternanthera, ærua, 
achyranthes. 

PLANTAGINÉES : planfago. 

NICTAGINÉES : cinq espèces des genres boerhaavia, pisonia; le genre 
calpidia, Aub. du Petit-Thouars, doit être réuni au pisonia, cet arbre 
étant bien véritablement dioïque : les angles de son fruit sécrètent une 


(1) Le limodore de Tankerville, dont Panthère est multipartite, doit bien certainement 
constituer un genre à part. /Véraud. 
(2) Bulbophyllum. Aub. du Petit-Thouars. 
(3) Voyez Aub. du Petit-T'houars, Histoire particulière des plantes orchidées, &c., 1822, les 
bulbophyllum clavatum, conitum , gracile, pusillum , cæspitosum, tab. 99 à 103. 
4* 


28 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


humeur tellement visqueuse , que j'ai souvent vu de petits sucriers (1) sy 
prendre comme sur des gluaux. 

LysimAcHIÉESs : deux espèces des genres menyanthes, lysimachia. 

PÉDICULARIÉES : deux espèces, veronica , buchnera. 

ACANTHACÉES : trois espèces des genres justicia, dianthera. 

JASMINÉES : deux espèces des genres olea, jasminum. 

VERBÉNACÉES : six espèces des genres premna, manabea, volkameria , 
verbena. 

LABIÉES : cinq espèces des genres germanea, ballota, leonurus, stachys. 

ScROPHULARIÉES : six espèces des genres biramia, derlinia, N. (species 
gratiolæ ) , budleïa. 

SoLANÉES : quatre espèces des genres /ycium, physalis, solanum. 

BoRRAGINÉES : trois espèces des genres pittonia , cynoglossum , borrago. 

ConvoLvuLacÉEs : dix-neuf espèces des genres convolyulus, ipomæa. 

APOCYNÉES : onze espèces des genres asclepias, cynanchum , vinca, 
ochrosia, anasser, tabernæmontana , earissa. 

SAPOTÉES : six espèces des genres sideroxylum , imbricaria. 

ÉBÉNACÉES : cinq diospyros. 

ÉRICINÉES : dix espèces des genres salaxis, andromeda, nuxia, roussea, 
badula. La déhiscence des fruits du roussea s'opère par la chute du style: 
les pans de [a capsule s’écartent à leur extrémité; une pulpe sucrée et 
liquide s’en échappe. 

CAMPANULACÉES : trois espèces naturalisées des genres scævola et lobelia. 

Comwposées : trente-une espèces des genres sonchus, crepis, serratula, 
eupatorium , ageratum , elephantopus, gnaphalium, conyza, baccharis, erigeron , 
senecio , adenostemma, sigesbeckia, eclipta , spilanthus, bidens , perdicium ! 

RUBIACÉES : vingt - neuf espèces des genres Aedyotis, oldenlandia, sper- 
macoce, fernelia, mussænda, danaïs; meretricia, N.; coffea, paæderia, psathura , 
myonimia, antirhea , pyrostria ,pavetfa, nonatelia, egeria, N. J'ai remarqué dans 
les plantes de cette famille une espèce de café dont le fruit est de la 
grosseur d'un gland, et qui, par cette circonstance, pourroit offrir un 
avantage sur celui du commerce ; ses boutons sont enveloppés d’une cire 


(1) Soui-mangas, 


BOTANIQUE. 29 


végétale abondante. C’est sur la montagne du Pouce que j'ai observé le 
seul individu de cette espèce qui soit venu à ma connoissance. 

CaAPRIFOLIACÉES : cinq espèces des genres loranthus, viscum, rhigophora, 
bruguiera. | 

ARALIACÉES : quatre espèces du genre gastonia. Les fleurs du gastonia 
se font sentir au loin par une odeur d’angélique. 

OmBELLIFÈRES : deux espèces du genre /ydrocotyle. 

RENONCULACÉES : une espèce du genre clematis. 

PAPAVÉRACÉES : une espèce du genre rymphæa. 

CrucIFÈRES : une espèce du genre cardamine, 

SAPINDÉES : neuf espèces des genres cardiospermum, ornitrophe , molinæa, 
cossignia, StAfMannia , doranxylum, callidrynos. : 

MaLriGHIACÉES : erythroxylum, banisteria. 

HyPÉRICÉES : une espèce du genre haronga. 

GUTTIFÈRES : quatre espèces des genres calophyllum, elæocarpus. 

AURANTIACÉES : deux citrus, 

MÉLIACÉES : trois espèces des genres quivisia, aquilicia. 

ViniFÈRES : deux espèces des genres «issus. 

GÉRANIACÉES : une espèce du genre oxalis. 

MaLvacÉes : dix-sept espèces des genres wrena, sida, hibiscus, malva- 
viscus, hugonia, dombeya. 

OcanacéEs : une espèce du genre ochna. 

ANONÉES : trois espèces du genre a70nd. 

MÉNISPERMÉES : une espèce du genre menispermum. 

T'iLIACÉES : trois espèces des genres waltheria, bartramia. 

RUTACÉES : deux espèces des genres fribulus, senacia. 

CARYOPHYLLÉES : deux espèces des genres cerastium, pharnaceurn. 

CRASSULACÉES : une espèce du genre ka/ankoe. 

SAXIFRAGÉES : une espèce du genre weinmannia. 

OPuNTIACÉES : une espèce du genre cactus. 

PorTULACÉES : trois espèces des genres portulaca, trianthemum. 

ONAGRAIRES : six espèces des genres jussiæa, serpicula, memecylon. 

Myrrées : dix-sept espèces des genres myrtus, eugenia, fatidia, bar- 
ringtonia, 


30 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


MÉLASTOMÉES : une espèce du genre fristemma. 

SALICARIÉES : quatre espèces des genres lythrum, pemphis; psyloxylon, 
Aub. du Petit-Th.; ammania. 

LÉGUMINEUSES : trente-une espèces des genres mimosa, moringa, gui- 
landina, cassia, sophora, cytisus, crotalaria, galactia, dolichos , erythrina, 
hedisarum, clitoria, tephrosia ; indigofera, 7ornia, sesbania. 

TÉRÉBINTHACÉES : onze espèces des genres cassuvium, toddalia, mar- 
ginia, bursera, poupartia, fagara, cnestis, dodonea. 

RHAMNÉES : celastrus, rhamnus, ceanothus, gouania, myginda ! rubentia, 
et deux genres que je me proposois de dédier à deux personnes pour 
qui leurs talens, leurs travaux et leur caractère m'ont inspiré l'estime 
la plus sincère et l'attachement le plus durable ; ces genres se trouvent 
indiqués, dans lherbier d®M. Benjamin Delessert, sous les noms de 
galdicia et quoya. < 

EUPHORBIACÉES : trente-une espèces des genres ewphorbia, phyllanthus, 
securinega, kirganella, agyneia, croton, acalypha, tragia et sapium. 

CucurBiTAcÉESs : une espèce du genre bryonia. 

PASSIFLORÉES : passiflora. 

URTICÉES : des genres ficus, urfica, ambora, monimia, parietaria , piper; 
clasophyllum, N. Le genre clasophyllum est extrêmement rare. Son fruit est 
comestible. Je n’en ai vu que deux pieds, l'un sur la montagne du Pouce, 


l'autre à l'Embrasure de 1a Croisée. 
Genres non classés : cassytha, antidesma , macaranga, begonia; carolinia , 


N.; un genre inconnu entre les térébinthacées et les rhamnées, [I] seroit 

peut-être convenable de placer ici un ordre intermédiaire qui comprendroit 

les genres erythrospermum, blakwellia, grangeria, ludia et anavinga, renfer- 
8 #5: 


mant en tout dix espèces. 


Tels sont les détails que M. Néraud m'a fait le plaisir de m'adresser, et 
que je m’empresse de communiquer aux botanistes, bien persuadé qu'ils 


partageront l'intérêt que j'ai éprouvé en les lisant. 


BOTANIQUE. | 


CHAPITRE VL 
ÎLE BOURBON. 


Les regrets que je viens d’exprimer sur la perte des végétaux que 
j'avois récoltés à l'Ile-de-France, cette belle colonie qui est bien telle 
que nous la dépeinte linimitable Bernardin de Saint-Pierre, je dois 
les renouveler pour ceux que m'avoit fournis l'ile Bourbon, et qui su- 
birent le même sort. Je ne puis non plus citer ici que les travaux des 
mêmes savans, et payer un tribut public de gratitude à plusieurs ha- 
bitans de cette malheureuse contrée (1), notamment à M. Labrousse, 
médecin en chef, à M. Pivain, pharmacien en chef de la colonie, à 
M. Cabanne, autre pharmacien très-instruit, et plus particulièrement 
encore à M. de Lescouble, peintre et naturaliste distingué, au talent 
duquel les sciences devront bientôt une collection complète de tous les 
fruits remarquables , indigènes et exotiques, qui croissent maintenant sur 
cette terre volcanique : puisse de même M. Aubert, maire de Saint- 
Paul, dont l’obligeance et la politesse pour nous ont été sans bornes, 
agréer ce léger mais sincère témoignage des sentimens d'estime et de 
respect qu'il m'a inspirés ! 

Au nombre des végétaux les plus remarquables observés à Pile 
Bourbon, je citerai l'arbre à lait, sorte d’apocynée du genre tabernæmon- 
tana ( t. persicariæfolia, W.), dont on ne compte, d'après M. de 
Lescouble, que quelques pieds dans l'ile, et qui fournit un suc lactes- 
cent, âcre et très-corrosif; une variété de l'arbre à pain nommé rima 
( artocarpus incisa ), ne donnant ni fleurs ni fruits; des tamariniers (t4ma- 
rindus indica ), qui, à Saint-Paul, acquièrent les plus étonnantes dimen- 
sions ; et enfin, la plupart des plantes polymorphes précédemment si- 
gnalées à l'Ile-de-France. Ce qui est bien plus digne de fixer l'attention 


(1) L'ile Bourbon est souvent dévastée par des maladies épidémiques et par des ouragans 
épouvantables. 


32 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

des naturalistes , c'est que, parmi ces dernières, il se rencontre un 
très-grand nombre d'espèces identiques avec des plantes retrouvées 
plus tard aux îles Sandwich, à des élévations et sous des influences à- 
peu-près semblables; telles sont, le mimosa heteraphylla , le scirpus iridi- 
folius, Bory (machærina restioïdes ) ; le polypodium pendulum , V'acrostichum 
splendens, Vasplenium erectum, le sida rotundifolia, et plusieurs plantes 
qui appartiennent également à d’autres localités, telles que l'adiantum 
capillus veneris, le marsilia quadrifolia, &c. 

Les productions végétales économiques et commerciales de cette île 
sont trop nombreuses et trop bien connues, pour qu'il soit nécessaire 
de les signaler ici : j'indiquerai seulement quelques plantes qui croissent 
spontanément, et dont les propriétés médicinales sont fort estimées. De 
ce nombre sont : l'aufaille (Aypericum lanceolatum ); Le faaw, fabau OÙ fafou 
(angræcum fragrans, du Petit-Thouars }, connu aussi sous le nom de thé 
de ile Bourbon, dont effectivement on fait une boisson théiforme 
stimulante des plus agréables; l'ya-pana ( eupatorium aya-pana), qui y 
fut porté du Brésil par un navire français. 


BOTANIQUE. 33 


CHAPITRE VIL 


BAIE DES CHIENS-MARINS { NOUVELLE-HOLLANDE ). 


Dès qu’on aperçoit les côtes uniformes de cette partie du continent 
austral, et sur-tout dès qu'on en touche le sol sablonneux, il est facile 
de prédire que la végétation, quelle qu’elle soit, doit être, à bien peu 
d’exceptions près, uniforme sur le bord du rivage, sur le penchant des 
dunes comme sur leur sommet. 

. Ce ne sont, pour la plupart, que des plantes misérables, des arbrisseaux 
rabougris , couchés, débiles, qui végètent péniblement et se disputent 
en quelque sorte le peu de vie que donne cette terre desséchée. Tous, 
si lon excepte le gyrostemon ramulosum et le gyrostemon cotinifolium , à 
tiges ligneuses, droites, à feuilles vertes et fraîches, qui contrastent . 
singulièrement avec le reste de la végétation, tous, dis-je, ont un air 
triste et languissant. Aussi ne peut-on mieux comparer l'état des végétaux 
de la baie des Chiens-Marins qu'aux petits arbres d’une: plaine de nos 
climats, qu'un coup de vent auroit déracinés, froissés contre le sol, et 
qui ne recevroient plus de sucs nourriciers que par le secours de quelques 
fibres restées en terre malgré l'action de la tourmente. 

Ces végétaux, dont l’ensemble fatigue la vue, et fait sur l'ame une 
impression pénible, offrent, dès qu'on les examine en détail, un intérêt 
d'autant plus grand, d’autant plus vif, qu’il surprend en quelque sorte les 
sens de l'observateur, forcé, comme malgré lui, et contre son attente, 
de revenir à une opinion infiniment moins défavorable, et de passer, 
par une transition rapide, de l'indifférence au ravissement. Dès qu’on 
ouvre une fleur ou un fruit de disiylis, de leschenaultia , de commersonia, 
d'heterodendrum , de keraudrenia, de diplolæna , de labichea , et sur-tout 
de gyrostemon, dont les formes nouvelles sont si étonnantes et si variées, 
comment ne pas admirer la puissance illimitée de la nature, dont les 


| 


œuvres, toujours belles, sont trop souvent voilées à nos regards; 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. $ 


34 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


qui, se jouant des vains efforts que nous faisons pour la pénétrer, nous 
cèle mille de ses secrets pour un seul que nous lui dérobons, et contraint 
notre intelligence à shumilier devant elle, au moment même où un 
reproche injuste alloit s'échapper de notre bouche. 

I! seroit difficile de peindre les sensations qu'un botaniste, jeune encore 
dans l'étude de cette science, éprouve à la vue d'êtres presque tous 
nouveaux pour lui, si extraordinaires sous le rapport de l'aspect, des 
formes, et sur-tout sous celui de lappareïl de la fructification. 

retrouve pourtant sur cette terre justement nommée bizarre, quelques 
plantes congénères de celles du Brésil, du Cap de Bonne-Espérance, de 
l'Ile-de-France et de l'ile Bourbon; mais il a peine à les reconnoïtre. 

En effet, dans nos précédentes relâches, les mimosa ; dont les formes 
gigantesques nous frappoient d’étonnement, sur-tout au Brésil, où ils font 
partie des plus grands arbres des forêts, et charment par l'élégance de 
leurs rameaux, par celle de leurs feuilles diversement composées, et par 
leurs panicules parées des plus riches couleurs, les mimosa ne sont plus 
ici que des végétaux languissans , fanés et presque morts, dont le feuil- 
lage avorté se réduit au simple pétiole desséché, qui souvent n'offre plus 
lui-même que la figure d’une lame linéaire, d’un simple filet, où même 
d'une épine. Tels sont les mimosa ( acacia) dodonæifolia, juniperina , 
verticillata ; des jacksonia, des labichea, &c. 

La composition du sol de la presqu'ile Péron a déjà fait pressentir 
la direction horizontale que doivent avoir les racines des végétaux qui 
le recouvrent. Effectivement, celles de la plupart des plantes de ce 
lieu, loin d’être pivotantes ou de se ramifier profondément dans la 
terre, s'étendent à sa surface qu'elles ne font qu'effleurer, et se mélent 
en.quelque sorte avec les branches. 

Ces plantes éprouvent ici, par la sécheresse des couches inférieures 
du sol, le même effet que produit l'eau salée sur celles de quelques 
îles des Papous. A Rawak, par exemple, l’eau de la mer filtre sans cesse 
entre les montagnes, d’une plage à l’autre ; elle repousse du sein de la 
terre les racines de tous les végétaux, même celles des arbres les plus 
vigoureux, et les oblige à venir chercher à sa surface l'humidité bienfai- 
sante des pluies, des rosées, et jusqu'aux vapeurs hygrométriques de Pair. 


BOTANIQUE. 35 

La grande sécheresse habituelle de la terre d'Endracht, les brises 
violentes et souvent glacées du Sud-Ouest, qui la battent presque jour- 
nellement , et les variations considérables de température qui existent entre 
les jours et les nuits, déterminent cette végétation singulière, et donnent 
à cette partie du monde un caractère d'originalité et de misère, qui 
étonne et affecte même péniblement l’homme Îe moins observateur, sur- 
tout s’il se rappelle les malheureux indigènes qui errent quelquefois dans 
ces déserts ! 

Un simple coup d'œil jeté sur la végétation de ce pays, sufhira pour 
démontrer, sinon la stérilité, du moins la grande pauvreté dont nous 
venons d'expliquer les causes, et pour prouver en outre les nombreux 
rapports qui existent entre les végétaux de cette région occidentale de la 
Nouvelle-Hollande, avec ceux de la partie la plus orientale de ce con- 
tinent, la Nouvelle-Galles du Sud. 

Parmi les nombreuses thalassiophytes qui se trouvent à la rade de 
Dampier, on remarque particulièrement le cystoseira trinodis et l'encælium 
bullosum, qui, l'un et l’autre, se retrouvent aussi au Port-Jackson ; Île sar- 
gassum Peronii, une variété du sargassum vulgare, le sargassum uviferum, 
le zonaria furcellata, de nombreux so/enia, hutchinsia et chondria, le sphæ- 
rococcus revolutus, Vulva clathrata, entre lesquels croît le singulier végétal 
long-temps confondu avec les algues, et que, par une savante analogie, 
M. de Labillardière a désigné et décrit sous le nom de rwppia antartica 
(caulinia antartica, R. Brown. Prod.), auquel en effet j'ai trouvé quatre 
étamines biloculaires connées et supportées par un petit pédicule (1). 

A l'exception de deux lichens très-petits, des genres lecidea et physicia , 
les cryptogames terrestres manquent totalement sur le point visité. I 
paroît en être de même des cypéracées et des orchidées, dont je n'ai pas 
trouvé un seul individu; mais les graminées sy montrent avec Îa plus 
grande profusion, et l’on remarque parmi elles, le stipa elegantissima , le 
spinifex longifolius, qui est très-abondant sur: le rivage, et plusieurs es- 
pèces nouvelles, telles que l'aristida arenaria, le stipa crinita , ainsi nommé 
à cause de sa grande ressemblance avec l'agrostis crinita du même conti- 
nent, le danthonia cæspitosa, le pappophorum cærulescens etle poa (eragrostis ) 


(1) Voyez planche 40, fig. 2. 


s* 


36 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
Jfalcata, espèce fort élégante gravée parmi les Planches de cet ouvrage, 
pl.25s. . 

On distingue encore une nouvelle espèce de xerotes (xerotes Peronii), 
qui est tout-à-fait ligneuse; un dianella, un asparagus ou tricoryne, un 
anthobolus ; un beaufortia trouvé en fruit, et un o/ax ; quelques pimelea ; 
lhakea arborescens, où espèce fort rapprochée; un grevillea (grevillea dam- 
pieriana), à fleurs jaunes, voisin du grevillea chrysodendron ; un cassytha (c. 
tomentosa), de nombreux #richinium nouveaux; un boerhaayia (b. muta- 
bilis), à quatre étamines, analogue à l'espèce qu’on trouve dans les îles 
Moluques et les îles Mariannes ; plusieurs solanum ligneux (5. lasiophyllum, 
5. orbiculatum), un nicotiana (n. undulata), uné asclépiadée du genre 
sarcostemma (5. australe); une convolvulacée, duperreya ( d. sericea ), fort 
curieuse, à capsule monosperme, dont le calice prend beaucoup de dé- 
veloppement après la fécondation et la chute de la corolle; le stenochilus 
signalé par M. R. Brown (5. romentosus); quelques borraginées des genres 
heliotropium et trichodesma ; un eremophila, un jasminum (mongorium ) ; un 
goodenia à deux styles , décrit et gravé sous le nom de distylis berardiana, 
planche 81; un /eschenaultia à fleurs purpurines; les scævola crassifolia, 
tomentosa , globulifera et spinescens ; une espèce d’orobanche, la première 
qu'on ait trouvée sur ce continent, plante fort remarquable pour ces 
climats ; de nombreuses syngénèses des genres sonchus, helichrysum , bra- 
chyscome, gnephosis, syloxerus, podosperma, senecio, graphalium, podolepis, 
&c., offrant beaucoup d'espèces nouvelles et quelques genres innommés: 
une crucifère aromatique du genre lepidium (Z. linifolium) , un geranium , 
des ibiscus (lagunea), des sida (sida calyxhimenia), et autres malvacées : 
le buttneria gaudichaudii et le keraudrenia hermanniefolia ; et parmi les myr- 
toïdes, des /eprospermum, des melaleuca , une espèce nouvelle de pileanthus, 
une de calsytegia, et un genre nouveau nommé /amarchea, remarquable 
par la réunion de ses étamines en un seul corps tubulé, qui se partage 
au sommet de manière à former cinq lobes subdivisés eux-mêmes en dix 
ou douze filets inégaux portant des anthères, planche 110. 

On y trouve aussi une légumineuse remarquable par des bractées en 
cornets , que nous rapportons au genre kennedia (k. bracteata, phat3), 
des glycine, un petit lotus herbacé, un indigofera tomenteux, un jacksonia 


BOTANIQUE. : F7 
épineux , des mimosa (acacia ), et deux arbrisseaux de la tribu des 
casses, l'un le cassia chatelainiana, planche 111, l'autre qui forme un 
genre nouveau sous Île nom de Jabichea (1. cassioïdes) , planche 112. 

Je dois signaler de plus, des #ribülus (4 macrocarpa), des ræpera 
(r. fabagifolia, Ad. Juss. ), des diplolæna (d. grandiflora), des dodonæa , des 
euphorbia, et, parmi les plantes de cette dernière famille, un arbrisseau 
qui a reçu le nom d’adriana, en l'honneur de M. Ad. de Jussieu, bota- 
niste déjà célèbre, fils du savant auteur du Genera plantarum (x). Ce 
genre compte de nombreuses espèces, notamment dans la partie orientale 
de ce continent, planche 116. 

Je joindrai à cette longue énumération, une foule de plantes vulgai- 
rement nommées littorales, qui croïissent, non sur le rivage de la mer 
comme leur nom semble l'indiquer , mais bien, et par une exception fort 
singulière, sur les bords de plusieurs étangs circulaires situés dans l'inté- 
rieur de [a presqu’ile Péron, lesquels, jusqu’à ce jour au moins, ont cons- 
tamment été trouvés desséchés. Il est probable qu’à certaines époques de 
l'année ces étangs reçoivent par infiltration les eaux saumâtres du bras de 
mer ou des lacs qui ont été observés dans l’intérieur du pays; car rien 
ne permet de supposer qu'il puisse y avoir la moindre communication 
directe. Ce sont des chenopodium où enchylæna, des rhagodia, des salsola , 
des salicornia, des statice ou taxanthema, des frankenia, &c., qu'on ne 
rencontre nulle part ailleurs sur toute la partie visitée de fa baie ; plantes 
qui, d'ordinaire, ne se trouvent que dans les marais maritimes de lun 
et l’autre hémisphère. 

Je dois dire, pour terminer ces renseignemens, que ce malheureux 
pays n'offre pas une seule production alimentaire végétale. On ne peut 
considérer comme telles , les nombreuses algues que la mer jette sans cesse 
sur les plages ; les sommités charnues des mesembrianthemum , des salicornia, 
un #ibiscus à feuilles glabres, un /epidium assez abondant. Dans une né- 
cessité absolue, comme celle qui pourroit résulter d’un naufrage, ces 
plantes seroient à-peu-près les seules dont on devroit faire usage. 

Jusqu'à ce moment, il n’a pas été observé un seul filet d'eau douce sur 
toute la presqu’ile Péron ni dans l’île Dirck-Hatichs. 


(1) M. Adrien de Jussieu vient d’être nommé professeur de botanique rurale au Jardin du roi. 


M — 


38 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE VIII 
ÎLE TIMOR. 


L’iLE Timor, vue de la mer, présente un aspect fort remarquable : 
ce sont des montagnes immenses qui s'élèvent dans les nuages, les traver- 
sent et vont former au-dessus d’eux de nouvelles chaînes. Les îles qui l'avoi- 
sinent, Ombai, Wetter, Rottie, Simao, &c., fort rapprochées les unes des 
autres, ont le même aspect et doivent avoir une même origine. Quelle est 
la nature de leur sol et quelles sont les productions végétales qui les recou- 
vrent ? Ce sont les questions que je me suis soumises en approchant de 
ces îles, et qui se présentèrent à ma pensée toutes les fois que nous abor- 
dâmes une nouvelleterre. N'ayant pu visiter que d’une manière imparfaite 
quelques-uns des points isolés de leurs rivages, il seroït aussi déplacé que 
difficile de chercher à les résoudre d’une manière positive. 

Cependant, {a forme des montagnes, leur grande élévation, l'examen 
de quelques roches, et les nombreux basaltes observés sur plusieurs en- 
: droits rapprochés de la côte, sont autant d'indices qui attestent que ces 

iles sont d’une origine volcanique. 

Ce que je puis affirmer, parce que j'ai examiné ce phénomène avec la 
plus grande attention, c’est que les parties voisines de la mer, Jusqu'à cent 
pieds et plus d'élévation au-dessus du niveau actuel, sont presque entière- 
ment composées de roches madréporiques. Elles offrent d’une manière 
sensible les caractères génériques et spécifiques de celles qui se reproduisent 
encore aujourd'hui sur ses bords. 

Ces zoolithes, qui forment ou encombrent des ports, qui menacent de 
fermer celui de l'Ile-de-France, offrent un caractère d'autant plus remar- 
quable, qu'il paroît être général, et que nous le retrouverons d’une manière 
plus prononcée à Rawak, et sur-tout aux îles Guam, Rota et Tinian de 
l'archipel des Mariannes. Ce caractère consiste dans [a disposition parti- 
culière et constante de ces roches en couches ou lits superposés, parallèles, 
à surfaces horizontales et verticales plates. Elles se prolongent ainsi sou- 


BOTANIQUE. 39 


vent jusqu'à de très-grandes distances, en suivant un même alignement. Il 
en résulte des plateaux échelonnés dont les dimensions en hauteur et 
largeur sont analogues ou tout-à-fait semblables entre elles, et dont les 
longueurs seules varient selon les localités. 


Je n’entrerai point dans le domaine de la zoologie pour signaler la pro- 
digieuse quantité de polypiers pierreux, coralligènes et charnus qui com- 
posent et recouvrent ces montagnes futures et les décorent des couleurs 
les plus varices et les plus éclatantes. Ces roches encore submergées, maïs 
sur Îe point de cesser de l'être, sont aussi tapissées de nombreuses thalas- 
siophytes qui rivalisent avec les premières par l'élégance et la diversité des 
formes (1). Parmi ces dernières, on distingue sur-tout la plupart des espèces 
de la baie des Chiens-Marins et des Moluques; ainsi qu'une conferve 
floconneuse vert-jaunâtre, fort abondante dans la mer qui sépare Timor de 
la Nouvelle-Hollande. 


Les plateaux qui sont abandonnés depuis long-temps par les eaux de 
l'Océan, et sur lesquels Coupang, ainsi que la plupart des autres éta- 
blissemens, sont situés, offrent maintenant la plus étonnante fertilité : 
en effet, dans ces lieux si dangereux pour les Européens, où la 
chaleur et l'humidité produisent en quelque sorte lasphyxie, et 
déterminent des maladies presque toujours mortelles, la végétation 
étale la plus grande magnificence : ce sont des tamariniers ( fimarindus 
indica), dont les dimensions colossales l'emportent encore sur ceux 
qui ont été observés à l'ile Bourbon; deux espèces de figuiers mul- 
tiplians (fcus indica et religiosa ), nommés qu, dont on mange les 
bourgeons colorés et les jeunes feuilles cuits à l'eau, et dont l'écorce 
est employée avec succès dans le traitement des maladies syphilitiques. 
Leurs faisceaux radiculaires et pendans, de cinquante à soixante pieds 
de longueur, partent des rameaux principaux, même des plus élevés, 
vont chercher l'humidité de la terre, et servent souvent de support à 
beaucoup de lianes des genres convolyulus , thunbergia , abrus , cucurbita , &c. 
qui entourent et ombragent ordinairement les tombeaux des Chinois. 


Ce sont de plus de nombreuses myrtoides des genres eugenia, eucalyptus , 


(1) Les cahiers de ces plantes se sont perdus au naufrage de l’Uranie, 


40 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


calyptranthes, melaleuca, et parmi ces derniers, le melaleuca leucadendron 
(caya-put), que les indigènes nommoient keyupouti , dont on retire 
une huile essentielle verte, très-aromatique, utilement employée contre 
les maux de dents qui désolent en général les Timoriens (1); Fhibiscus 
tiliaceus { Rafou ], formant des arbres de trente à quarante pieds d'élé- 
vation. Nous citerons le manguier (mangifera indica) à fruits aromatiques, 
jaunâtres, très-succulens; de nombreux anones, tels que l'uvaria cananga, 
les anona squamosa et muricafa, les michelia suaveolens cbaupaha ] et M". 
sericea [ ichiaupake |, de La famille des magnoliacées , à odeur suave et très- 
pénétrante; des légumineuses en arbre, parmi lesquelles on remarque les 
erythrina indica et corallodendron [déc ], qui sont épineux, à fleurs pon- 
ceau vif et à gousses torulées; l'inga farneziana, à pulpe rouge -brun, 
très - astringente ; le ben (Ayperanthera moringa) où mourongue; arbre 
droit, svelte, d’une grande élégance ; le poinciana pulcherrima ; Veschinomene 
grandiflora (sesbania grandiflora , Pers. , ou agati grandiflora , D. C.), nommé 
gulégel« par les indigènes; une casse en arbre (cassia fistula), où espèce 
nouvelle, qui se distingue par ses larges fleurs roses , ses grandes bractées, 
et sur-tout par ses longues siliques noires qu’elle porte en même temps, 
ce qui lui donne un aspect charmant et fort original; des sterculia 
à feuilles et à fruits palmés ou digités; une buttnériacée du genre guazuma ! 
nommée pat solder frea par les Hollandais; un zixyphus à feuilles blan- 
châtres ; des apocynées en: arbre (plumeria) , dont lune porte à Düllé 
le nom de Sant- Antonio ; des bombax [ hapot ] , lharrisonia Brownii, 
planche 103, arbrisseau épineux à fruits bacciformes (capsula baccata ), 
noirs, tétraspermes, remarquable par ses caractères botaniques, qui le 
placent entre Îes rutacées et les sapindacées ; des cotonniers, gossypium 
indicum | banaw |; l'averrhoa bilimbi et Vav. carambola [ Kaccoea, +; à fruits 
anguieux acides; des croton arborescens ; le phyllanthus rhamnoïdes [ haméko |, 
à capsules charnues ( capsula baccata ) noires ; le tribulus cistoïdes, le ja- 
tropha curcas | wowbota |, le limonia trifoliata ; une labiée odorante, hyptis, 
plante recherchée des navigateurs, et dont on fait une boisson théiforme, 
tonique et fort agréable au goût, &c. A cette longue énumération je 


(1) Cette huile est aussi la panacée des Timoriens : nous y reviendrons plus tard, en parlant 
des plantes médicinales étudiées pendant le voyage. 


BOTANIQUE. 41 
dois réunirencore, le josephinia imperatricis, le vinca rosea , et de nombreuses 
plantes herbacées, pour la plupart cosmopolites, telles que l’'aspidium unitum, 
le pteris indica [ Hfapexi |, le plectranthus australis, le cenchrus caliculatus, 
lhedyotis diffusa, le jussieua villosa, les convolvulus insularis, c. purpureus, 
c.obscurus, c.flicaulis, c. cymosus, c. riedlei, Vasclepias gigantea ['touka ] que 
les Malais nomment kwake, le cucumis dudaim , le boerhaavia mutabilis, 
un campuleia, Aub. du Petit- Th. (buchnera où piripea), les elephan- 
thopus scaber et spicatus, des clitoria, des cassytha, des amaranthus, des 
achyrantes, de nombreux cissus, des bonnaya ( gratiola )., d’innom- 
brables justicia, et des barleria vénérés des Malabares, des Chinois, et 
probablement aussi des peuplades des Moluiques, qui en ornent leurs 
tombeaux , enfin, le capparis sepiaria et le capparis mariana : ce dernier 
se retrouve à Rawak, aux îles Mariannes, aux îles Sandwich, et pro- 
bablement aussi dans tous les archipels de l'Océanie occidentale. 

Ces plantes forment, avec les sagoutiers (sagus rumphii ), les lataniers 
(latania), les aréquiers (areca oleracea), les bananiers (musa paradi- 
siaca) psang, Îles cocotiers (cocos nucifera) Map, les goyaviers (psi- 
dium pyriferum), les papayers (carica papaya), les eugenia malaccensis 
et jambos , le mespilus japonica, &c..….., Ta masse de [a végétation qui 
entoure les établissemens. 

Cette végétation offre un caractère particulier d'originalité qui em- 
bellit toujours un pays, et fait goûter ainsi au naturaliste les charmes 
de {a nouveauté, sans lesquels il n'auroit ni assez de force ni assez de 
courage pour supporter les privations qu'il s'impose, et sur-tout l’action 
accablante de ces climats brülans (1). . 

Cependant, ces végétaux si remarquables par leur ensemble pitto- 
resque, par les richesses qu'ils déploient, étoient-ils primitivement étran- 
gers à Timor? Je ne le pense pas : tout en reconnoïssant d'ailleurs que 

(1) J'ai déjà dit que chaque localité offroit une odeur particulière. Timor est, je crois, de 
tout le voyage, le lieu qui présente le plus évidemment ce phénomène. 

II ne faut pourtant pas confondre lodeur remarquable que les hommes donnent à tous les 
lieux qu'ils habitent, avec celle qui provient, soit du sol, soit des. végétaux qui le recouvrent. 
L'odeur des hommes de Timor, vive et pénétrante, imprègne leurs cases et même tous Îes corps 


2 Î 
qu’ils touchent, et de telle sorte, que, long-temps avant d'y arriver, on a senti un village, 
une cabane isolée. | 


Voyage de PUranie. — Botanique. 6 


42 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


presque tous lui sont communs avec d’autres pays, et notamment avec 
la côte septentrionale de a Nouvelle-Hollande, les îles Moluques , les 
îles des Papous, les iles Mariannes, les îles Carolines, et probablement 
aussi avec les îles Philippines et des archipels plus éloignés, mais tou- 
Jours intertropicaux. 

Ce que je dis des plantes des campagnes de Timor, peut se dire avec 
plus de raison encore de celles qui bordent le rivage de [a mer : elles 
appartiennent aux genres vitex (v. trifoliata), clerodendrum (clerod. inerme) , 
nommé par les Malais kayou ouf, où bois de serpent (1); premna (p. 
integrifolia), indigofera, bignonia À Ve |, glycine , lestibudesia, tournefortia , 
salsola , salicornia, calophyllum [ri |, spinifex, que je n'ai pas observé 
plus avant dans le Nord; l’espèce trouvée ici doit provenir du conti- 
nent de la Nouvelle-Hollande, où elle existe avec de nombreuses con- 
génères. Enfin lhedysarum gangeticum paroît croître sur toute {a bande 
équatoriale : le plumbago geylanica, le zornia angustifolia, le convolyulus 
pes capre , également très-répandus, habitent aussi toutes Îles régions 
équatoriales que nous avons visitées. Une foule d’autres végétaux sont 
dans le même cas; nous en tracerons le tableau géographique à la fin 
de cette relation. 

Babao , situé dans le fond Nord-Est de la baie de Coupang, est un lieu 
marécageux, séjour dégoûtant des crocodiles et d’autres reptiles dangereux 
signalés par Péron, et dont son intrépide compagnon, le savant Lesueur, 
faillit à devenir la déplorable victime. Les forêts maritimes qui Île re- 
couvrent, toujours où périodiquement inondées par les eaux de la mer, 
sont d’un accès trop difficile pour qu'il ait été possible de se livrer à leur 
exploration dans le peu d’instans que nous y avons passés : elles sont 
formées de cette foule de végétaux ligneux vulgairement nommés palé- 
tuviers, parmi lesquels on distingue plusieurs espèces de bruguiera, de 
rhizophora, de sonneratia, d'ægiceras, d'avicennia, de laguncularia, et de ce 
singulier limonium à feuilles spatulées qui habite aussi le Nord de la 
Nouvelle-Hollande, d’où il provient sans doute, et que Île savant auteur 


(1) Ce bois très-amer est réputé spécifique contre les fièvres intermittentes qui, dans ces 

régions, moissonnent en peu de jours les étrangers et sur-tout les Européens : nous retrouve- 
de y ee ; à 

rons cette plante à Vaïgiou et à Guam; dans ce dernier lieu, on l’emploie aux mêmes usages. 


BOTANIQUE. 43 


du Prodromus Flore Novæ- Hollandiæ désigne sous le nom d’agialitis 
annulata. 

Ces marais, d’une vaste étendue, sont bornés, dans les deux tiers de 
leur contour, par de hautes montagnes sur le penchant desquelles crois- 
sent, le mimosa (inga) moniliformis, des galedoupa à fleurs roses, à légumes 
réniformes monospermes ou dispermes et à fruits lenticulaires; des ficus 
distincts de ceux de Coupang; un pisonia (p. mitis) énorme, non épineux ; 
l'hibiscus populneus, Vhernandia sonora, des muscadiers (#myristica), à 
fruits tomenteux, veloutés, bruns, très-suaves ; un santalum, qui ne se 
trouve qu'à une certaine élévation, dont le bois aromatique forme un 
des objets principaux du commerce de cette île; plusieurs freycinetia , 
perdues dans le naufrage, mais dont j'ai retrouvé une espèce ( freyc. 
scandens, planche 42 ) dans l’herbier général du Jardin du Roï; elle a 
été recueillie par MM. les botanistes de l'expédition aux Terres australes : 
sur ces plantes grimpent des apocynées des genres dischidia ( d. bengalensis 
et d. nummularia ) (1). 

On y trouve encore larum rumphii, nommé mafs, à spathe nuan- 
cée de rose et de brun, à spadice rougeâtre , en massue, et à odeur fé- 
tide : c’est le facca phallophora de Rumphius (2); les sida glomerata, 
rhombifolia et timoriensis ; les hibiscus hastatus, rosa sinensis, &c. 

Telle est la végétation observée dans les environs de Coupang, de 
Babao et même de Dillé, que nous visitâmes plus tard, mais que la con- 
tinuité de nos occupations médicales nous empêcha d'explorer aussi en 
détail qu'il eût été nécessaire de le faire. Cette végétation, comme on 
le verra bientôt, a de nombreuses analogies avec celle des montagnes 
des Moluques, des Mariannes, de la Nouvelle-Guinée, ainsi que du Nord 
de la Nouvelle-Hollande, fort rapprochée de Timor. 


Quelle est maintenant la nature des plantes qui croissent dans les 
régions alpines de ces doubles montagnes! 


(1) Des fourmis paroïssent déposer leurs œufs entre les deux lames épidermoïdes des feuilles 
de ces plantes, et par-là ces feuilles acquièrent un développement très-remarquable. 

(2) Voyez pl. 39. Son tubercule brun, de trois à six pouces de diamètre sur une élévation 
à-peu-près semblable, sert, après avoir subi une forte ébullition dans l’eai$ à la nourriture des 
volailles et des porcs. 


6* 


44 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


C'est malheureusement ce qu'aucun botaniste ne sauroit encore dire : 
mais ce qu'il est permis d'affirmer d'avance, c'est qu’elles diffèrent 
essentiellement de celles du rivage et des lieux cultivés; et que si l’on 
vouloit leur trouver quelques analogues, il faudroit les chercher sur 
les sommets, égaux en élévation, des montagnes de l'ile Bourbon, des 
îles Sandwich, &c., ou, cè qui est bien plus digne de remarque, sur 
presque tout le continent de a Nouvelle-Hollande. Je pourrois appuyer 
cette assertion d’un grand nombre d'exemples; mais je la crois suff- 
samment démontrée aux naturalistes. Je me réserve toutefois d’y re- 
venir bientôt, en parlant des îles Sandwich, et plus tard, Îorsque je 
retracerai les généralités géographiques dont je m'occupe sur la végéta- 
tion de toute l'Océanie. 

Ces observations serviront pourtant à confirmer de nouveau cette 
vérité depuis long-temps établie, que, pour certaines plantes, et même 
pour des familles entières, Îles régions élevées des montagnes équivalent 
à des latitudes. : 

L'ile Timor est trop riche en substances alimentaires des deux 
règnes, pour qu'il soit nécessaire de signaler ces productions aux ma- 
rins. Les nombreux jardins enclos de Timor sont tous parfaitement soi- 
gnés. On y cultive avec succès la majeure partie des plantes nutri- 
tives des Indes-Orientales et de l'Europe. 

Aussi trouve-t-on, à côté du piment (capsicum), du manioc (jatropha 
manihot), du poivre noir (piper nigrum), du poivre bétel (piper siriboa ) 
nommé «x, de ligname ( dioscorea alata), &ec., le pourpier ( portulacca 
oleracea), le pois ( pisum sativum ) guet, le haricot (phaseolus vul- 
garis ) Vuho, ail ( alium sativum ) au, Pognon ( all. cepa ) et 
l'échalotte ( a]. ascalonicum), des cucurbitacées des genres cucumis et 
cucurbita, telles que le melon (c. melo ), le concombre (c, sativus et 
c. anguria ), la calebasse ( cucurbita lagenaria ), le potiron (cucurb, pepo), 
la pastèque ( cucurb. citrullus ) , ainsi que larachis hypogæa [ai], 
le maïs (7ea maïs), le tabac (ricotiana tabacum), &c., mais cultivés 
beaucoup plus en grand. On y remarque sur-tout des carrés nombreux 
de légumes herbacés : un c/eome [dam-done |, un wrtica [ as-pouhoutauy J, un 
heliotropium  [dambaiswou |, de melilotus officinalis,  Vamaranthus olera- 


Me] 


BOTANIQUE. 45 
CEUS | Bayau |, un sinapis (sinapis chinensis, vel brassicata ), et plusieurs 
autres plantes usuellement employées dans les Indes, sous le nom de 
brèdes, telles que le solanum nigrum, le corchorus olitorius, le cucumis 
acutangulus, &c. 

Indépendamment des arbres utiles déjà cités, on rencontre encore 
dans les jardins de Timor : le ricin (ricinus) LS | grenadier 
(punica granatum ) Dale, le pamplemoussier (citrus decumanum), &c., 
et parmi les plantes d'ornement, un crinum indigène à fleurs roses 
(c. moluccanum), Ve datura stramonium | dada dote et kafrouhou |, Fixora 
coccinea, &c. 


46 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE IX. 
OMBAI. 


CETTE île très-élevée présente de toute part fa végétation la plus 
active ; ce qui ne lempêche cependant pas d’avoir une nuance blan- 
châtre, due au melaleuca leucadendron, dont elle est couverte. Elle est 
coupée par des ravines nombreuses et profondes, dans lequelles des 
arbres plus vigoureux et plus verts décèlent la présence d'un torrent 
ou d’un simple ruisseau. 

Une multitude de petits villages échelonnés de [a manière [a plus 
pittoresque sur les parois de ces gorges, attestent encore le voisinage 
d’une eau courante et limpide, et donnent à ce pays un aspect ravissant. 

L’embarcation chargée de nous porter à terre, ne put y atteindre 
qu'après avoir longé la côte pendant plus d’une heure, à cause des 
courans contraires qui portoient dans le Sud-Ouest. 


Cette légère contrariété ne fut pourtant pas sans avantage, puisque elle 
nous permit d'examiner l’ensemble du sol, qui par-tout a un aspect vol- 
canique, et présente même, en beaucoup d’endroits, des coupures verti- 
cales formées de basaltes analogues à ceux de l’île Bourbon. On distingue 
de ces basaltes , disposés en tuyaux d'orgue, jusqu'à une très- grande 
élévation dans les montagnes. La couleur noire et la porosité des roches 
et des galets observés plus tard, nous convainquirent, bientôt après, 
de la nature entièrement volcanique de ce terrain. 

IL eût été bien important, sans doute, de pénétrer vers le centre de 
cette île, ou au moins d'explorer quelques-uns de ses pitons; mais 
les ordres donnés à M. Bérard, chef de cette expédition, et, je dois le 
dire, l'aspect peu rassurant des indigènes, distribués par bandes armées 
à l'entrée de tous les passages, nous recommandoïent assez toute la 
prudence, toute la circonspection possible. Nous convinmes de ne pas 
nous séparer, et c’est à cette sage mesure que nous dûmes notre salut. 


BOT ANIQUE. 47 

Je regrette que cette circonstance m'ait privé de visiter d’autres 
lieux que ceux qui avoisinoient le point de notre débarquement. 

La petite plaine sur laquelle on aborda, forme lentrée d’une des 
gorges principales, qui est le lit d’un torrent assez vaste, mais dans 
lequel il n’y avoit alors qu'un simple filet d’eau : cette eau y coule en 
serpentant dans Îles inégalités du fond, et se rend à la mer après avoir 
traversé une petite barre formée de sable et de galets. 

Les bords de ce ruisseau sont couverts de roseaux (saccharum spon- 
taneum) de dix à douze pieds d’élévation. Les Ombaïens, ainsi que tous 
les habitans des Moluques, de la Nouvelle-Guinée et des autres archipels 
de cette région, sen servent pour faire le corps de leurs flèches : les 
pointes de ces instrumens de chasse et de guerre sont de bois noir 
(diospyros !), de bois rouge (ewgenia et melaleuca!), qui sont fort 
durs, d’os d'oiseaux, et maintenant quelquefois de fer. 

Au milieu de ces roseaux, se trouvent le convolvulus cymosus, qui les 
entrelace, les lie et grimpe souvent jusqu'à leur sommet; une syngénèse 
anologue aux sphæranthus , à feuilles décurrentes et à tiges aïlées. Cette 
plante constitue peut-être une espèce nouvelle dans le genre monenteles 
de M. de Labillardière ( Sertum austro-caledonicum, pars ultima , p. 43, 
tab. 43 et 44 ): cependant, elle est si voisine du monenteles sphacelatus 
de cet auteur, que nous ne balançons pas à ly réunir. J'ai recueilli dans 
le même lieu, un echpta (e. prostrata), un verbesina (+. biflora ) et plu- 
sieurs autres synanthérées semblables à celles de Timor; un K/einhovia 
(k. hospita), un hibiscus (h. hastatus), et un gossypium ( gossypium in- 
dicum ). C’est dans-les lieux les plus humides, et tout-à-fait sur le bord 
de l'eau, que se rencontrent le bonnaya, le physalis pubescens , Vhedy- 
sarum gangeticum , un arcyphyllum, plusieurs acanthacées des genres ruellia 
et justicia, et la plupart des plantes herbacées de la précédente relâche. 

La petite plaine est couverte d'arbres immenses. Ce sont des cocotiers, 
des figuiers multiplians, au pied desquels nous apercümes de nombreux 
tas de pierres de dix-huit pouces à deux pieds de longueur sur un pied 
au plus de largeur, représentant assez bien et indiquant sans doute des 


tombeaux. 
Ce sont encore des tamariniers (#. éndica), des sterculia (5. fœtida) 


43 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

nommés Bd; des apocynées en arbre, d’une grande dimension, à fleurs 
blanches , odorantes (plumeria ); des calyptranthes ( c. jambolana), Yhar- 
risonia Brownii, pl. 103; le morinda citrifolia , &c., auxquels s’attachent 
de nombreuses lianes Îigneuses , et entre autres le mimosa (entada) 
scandens : les gousses de cette dernière plante n’ont pas moins de trois à 
quatre pieds de longueur sur trois à quatre pouces de largeur. On trouve 
de plus une fougère très-remarquable qui abonde sur les rameaux de 
tous les tamariniers : c’est l’acrostichum alcicorne, ou du moins une espèce 
ou variété du genre (alcicornium) qu'on ne manquera pas de faire de 
ces plantes dès qu'elles seront mieux examinées. Tout me porte à croire 
que cette fougère se rencontre aussi à Timor; mais je ne Fy ai pas 
observée. 

Quelques graines de maïs, du coton brut très-blanc, et une corbeille 
pleine de petites amandes ( pandanus ! \ émulsives, blanches, de la forme 
et de la grosseur d’une pistache, sont les seules productions végétales qui 
furent trouvées dans les habitations du village de Bitouka, où, malgré nos 
justes craintes, nous eümes pourtant la hardiesse de pénétrer. Ce petit 
village, le plus inférieur de la chaîne, est situé à 1 $ Où 20 toises environ 
au-dessus du rivage. 

L'eau d'Ombaï nous a paru fort bonne. 


BOTANIQUE. 49 


CHAPITRE X. 
ÎLÉ PISANG, 


EN vain j'essaierois d'esquisser le tableau de la magnifique végétation 
des Moluques ;.…. d'Amboine, de Céram, de Bourou et autres îles fort 
près desquelles nous avons passé; de Pisang, où il nous fut permis de 
toucher un instant! Je me bornerai donc à dire que nulle part la nature 
ne se montra plus belle. Avec quel ravissement les regards se promènent 
sur ces masses de verdure embaumées répandues en grand nombre à la 
surface de cette mer paisible; sur ces arbres immenses qui semblent 
même lui disputer l'accès des côtes qu’elle baigne, et pour lesquels ses 
flots ne sont qu'une barrière impuissante que franchissent de tous côtés 
les bruguiera, les rhigophora , les ægyceras , les laguncularia, les sonneratia, 
les barringtonia, les calophyllum, &c. 

Non-seulement ceux-ci ont leurs racines et souvent même une partie 
de leur tronc plongés dans l’eau; maïs ils inclinent encore vers elle 
leurs rameaux touffus, que les vagues inondent dans les marées hautes. 

Ce phénomène de végétation se fait remarquer sur-tout à l'égard du 
calophyllum inophyllum, du barringtonia speciosa, &c., qui, même dans cette 
position, acquièrent des dimensions étonnantes. 

Ces arbres sont tellement serrés, que, sur le point où nous abordâmes, 
ce ne fut qu'avec quelques difficultés qu'on parvint à conduire le canot 
jusqu'à terre; circonstance qui me mit à même de faire des collections 
avant de descendre sur le rivage. 

Aussi ne doit-on pas être surpris de voir Îles nombreux courans qui 
silonnent la mer des Moluques, chargés d’une incalculable quantité de 
matières végétales. 

En effet, parmi des plantes marines des genres sargassum, sphærococcus, 
scytonema, valonia, solenia , &c., auxquelles se mêle Île conferva moluccana, 
flottent, dans ces courans, des feuilles, des fleurs, des fruits et jusqu'à des 

Voyage de l'Uranie, — Botanique. 7 


so VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


arbres entiers. Parmi les fleurs les plus remarquables par leur couleur, 
par eur nombre ou par leurs dimensions, on distingue celles de plusieurs 
‘apocynées en arbre, des genres plumeria et tabernæmontana , celles des 
musa, des dolichos, des erythrina, des portlandia, et sur-tout celles de 
Vagati grandiflora, du spathodea longiflora, &c. Les fruits les plus apparens 
sont : des noix de cocotiers, d’aréquiers et de plusieurs autres espèces de 
palmiers; ceux du barringtonia, vulgairement nommés bonnet carré, de 
Veugenia malaccensis, roses et rouges et très-agréables au goût; du xylo- 
carpus granatum, à quatre valves, si distincts par leur forme arrondie, 
analogue à celle d'un boulet de quarante-huit, par leur consistance 
ligneuse , ainsi que par leurs grosses graines anguleuses également très- 
dures; des gousses réniformes, toujours ouvertes , de deux ou trois ster- 
culia; celles des galedoupa, des dolichos, des abrus, des omphalobium, 
des agati, des adenanthera, constamment munies de leurs semences : les 
graines drupacées ligneuses ou charnues des cycas, des terminalia, des 
heritiera, des calophyllum, de trois ou quatre espèces de myristica : les 
capsules très-alongées de quelques bignoniacées ; enfin Îles noïx tuniquées 
de lhernandia sonora, et, plus particulièrement encore, les follicules 
charnus du tabernæemontana aurantiaca (pl. 61), qui rappellent exac- 
tement la forme et la couleur des oranges. 

Mais ces végétaux, et beaucoup d’autres que je ne puis énumérer ici, 
ne sont pas les seuls corps organiques que les courans roulent à leur 
surface; on y trouve un grand nombre d'insectes , et spécialement de 
superbes papillons verts (papilio priamus ), des polypiers coralligènes et 
pierreux, des coquilles, des crustacées, de nombreux poissons, &c. 

Ces courans se distinguent aussi de fort loin, lors même qu'ils n’en- 
traînent rien avec eux. Ne seroit-ce pas à leur entremise qu’il faudroit 
en partie attribuer l'uniformité de végétation qu'on observe sur tous les 
rivages de cette région équatoriale ? 

Quoique nous n'ayons passé que peu de minutes sur Pile Pisang, où 
les productions du sol se manifestent sous le même aspect qu'à Rawak 
dont nous allons parler, ce lieu m'a cependant fourni quelques plantes 
ou nouvelles ou dignes d’être citées. De ce nombre sont : un so/anum 
fruticuleux aiguillonné, à quatre étamines (solanum dunalianum), pl. 58, 


BOTANIQUE. a: 
une urticée dioïque intermédiaire entre les genres procris, boehmeria et 
urtica, pl. 119; une amaranthacée, du genre lestibudesia ; le premna inte- 
grifolia ; de nombreux plumeria à fleurs blanches très-odorantes; le /yco-. 
Podium pouzolzianum , le polypodium leugeanum, pl. 6; le pteris tripartita, 
qui n'a pas moins de 8 ou 10 pieds d'élévation; lacrostichum quoyanum, 
pl. 3.; une variété de l'aspidium trifoliatum, à frondes fertiles pinnées ; 
des cissus, des aroïdes arborescentes, des cucurbitacées du genre tricho- 
santhes, et de nombreux palmiers, parmi Îesquels on remarque des 
caryota, des areca, des corypha, &c. 


s2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE IX. 
ÎLES DES PAPOUS, RAWAK ET VAIGIOU. 


Les îles des Papous, qui comprennent [a Nouvelle-Guinée et les îles 
limitrophes, sont situées presque sous Îa ligne, entre les îles Schouten, 
les îles de PAmirauté, les archipels de Ia Louisiade, de la Nouvelle- 
Irlande, de la Nouvelle-Bretagne, des Nouvelles-Hébrides, de la Nouvelle- 
Calédonie, la côte septentrionale de [a Nouvelle-Hollande et les îles 
Moluques : elles m'ont paru devoir former le centre géographique d’une 
végétation particulière, à laquelle on peut, je crois, donner Île nom de 
littorale océanienne. Ce point du globe, si favorablement situé, réunit sur 
ses rivages, 1.° les végétaux de toutes les plages de l'Océanie occiden- 
tale; 2.° ceux de l'Océanie méridionale, déjà observés à Pisang, à 
Ombai, à Dillé, à Coupang, et qui existent également, comme on sait, 
sur les côtes Nord de la Nouvelle-Hollande, au cap York, dans le golfe 
de Carpentarie, ainsi que sur tout le littoral de {a terre d’Arnheim : 
3.° ceux de Océanie septentrionale et occidentale, aux îles Carolines, 
aux Mariannes, aux Philippines, aux îles de la Sonde et même jusqu’au 
continent de l’Inde (1). 

Je ne doute point que ces pläntes ne se rencontrent aussi sur les iles 
de tous les archipels voisins, et à de plus grandes distances. En effet, 
on sait depuis long-temps que les rivages de Inde, du Japon, &c., en 
sont richement peuplés; nous en avons remarqué à lIle-de-France et à 
l'ile Bourbon ; M. Aubert du Petit-Thouars en signale un certain nombre 


(1) Je suis Toin de partager le sentiment des naturalistes qui veulent faire voyager contre 
les vents et les courans, toute la végétation du continent de l'Inde vers les îles de l'Océanie 
occidentale, et même jusqu'à celles de l'Océanie orientale. 


Je crois et j’essaierai de démontrer dans le résumé de géographie botanique que je me 
propose de donner à la fin de cet ouvrage, sur les plantes observées dans le cours du voyage, 


que, même d’après les hypothèses établies, les richesses végétales de l'Océanie occidentale 
lui appartiennent en propre. 


BOTANIQUE. 53 
qu'il a observées à Madagascar, telles que le bruguiera gymnorhiga, le 
barringtonia speciosa , Vhernandia sonora, le rhigophora mangle : maïs de ce 
côté, elles paroissent ne pas dépasser ces limites. Dans le Nord-Est, 
dans l'Est et le Sud-Est du Grand-Océan austral, indépendamment des 
îles Sandwich, où il s'en montre encore quelques-unes, Taïti, Tonga- 
Tabou, &c., au rapport des navigateurs, en nourrissent également sur 
leur sol. 

On a bien fait connoître les points du globe sur lesquels ces plantes 
ont été rencontrées, mais on a négligé d’appeler l'attention sur ceux où 
finit la propagation de leurs espèces. Ce renseignement ne seroit-il pas 
aussi instructif, aussi capable d’intéresser 

Réduit à de simples conjectures sur ces faits, je n’hésiterai pourtant 
pas à dire que la plus grande partie de cette végétation insulaire doit 
s'arrêter, dans le Sud, sur les plages de [a partie septentrionale de la 
Nouvelle-Hollande; dans l'Ouest, sur celles qui sont les plus orientales 
de l'Asie en remontant jusques aux confins de l'Afrique, aux îles de France 
et de Bourbon, et même à Madagascar; et dans l'Est, sur la côte Nord- 
Ouest de l'Amérique méridionale, en admettant toutefois qu’elle aille 
à cette distance. 

Une seconde division semble assimiler Îa végétation de la Nouvelle- 
Hollande à celle du Cap de Bonne-Espérance, des îles de Tristan 
d'Acunha, des terres Magellaniques, d'une partie du Chili, et, comme 
nous lavons déjà dit, des sommets très-élevés de quelques montagnes 
océaniennes intertropicales. 

Mais je ne pousserai pas plus loin ces coupures générales de classi- 
fication géographique : [à s'arrêtent les foibles observations que j'ai été 
à portée de faire, et je ne pourrois donner plus d'extension au déve- 
loppement de cette théorie, qu’en suivant aussi les erremens des autres 
navigateurs, ce que je me suis sévèrement interdit dans cette relation, 
assez surchargée d'ailleurs de nos propres remarques. 

C'est à d’autres naturalistes, aux savans qui s'occupent de la partie 
philosophique de cette science ; à ceux qui déjà ont placé de nombreux 
jalons sur le globe, et posé les bases solides sur lesquelles doit s'élever 
un jour la géographie des plantes et des êtres organisés en général, que 


s VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


j'abandonne le soin de réunir et de coordonner ces divers élémens, qui 
les aideront à discerner les lois d’après lesquelles les végétaux connus se 
sont répandus sur la surface de la terre. 

La plage de Rawak est journellement recouverte par d'innombrables 
productions marines. Elles croissent sur des bancs de madrépores 
analogues à ceux de Timor, formant dans la mer, comme ces derniers, 
une sorte de plan horizontal recouvert de trois à six pieds d’eau, et 
terminés au large par une coupe brusque qui fait baisser subitement le 
fond de 10, 15 à 20 pieds et plus encore. 

Indépendamment des nombreux polypiers coralligènes et pierreux de 
genres variés, on trouve, parmi les algues, le conferva moluccana; le con- 
ferva villum , qui recouvre des zoophytes flexibles , et leur donne l'aspect 
tomenteux ou velouté ; le scytonema figuratum, le vaucheria australis, {es 
valonia ægagropila et favulosa, le solenia clathrata, Vanadyomene plicata, 
le chondria papillosa , les sphærococcus intricatus et musciformis, Vamansia 
glomerata, Ve 7onaria pavonia, connu dans toutes les mers, et les sargassum 
vulgare et pyriforme. Ces deux dernières plantes marines sont très-recher-. 
chées, comme aliment, des indigènes de cette terre. 

Si à Rawak, ainsi que nous l'avons observé à l’île Pisang, les arbres 
s'étendent d’une manière moins prononcée à la surface de la mer, cette 
différence tient aux localités, et spécialement à la configuration du sol, 
qui offre des plages sur plusieurs de ses points; cependant cela n'empêche 
pas les barringtonia, les calophyllum, &ce., de projeter leurs immenses ra- 
meaux jusqu'aux extrémités du rivage. 

Dans toutes les autres parties de cette île, à Manouaran, à Boni et 
à Vaigiou, on voit se reproduire ce singulier phénomène, qui paroït être 
général dans les Moluques et dans les îles des Papous. Aussi les pe- 
tites îles observées dans ces parages nous ont-elles paru former autant 
de toufles d'arbres sortant du sein des eaux, Ce n’étoit point cette 
illusion d'optique qui tient ordinairement aux grandes distances dont 
on se trouve séparé des terres, où plus souvent encore à l'effet de 
réfraction connu sous le nom de mirage, mais qui se dissipé à mesure 
qu'on avance; ici, au contraire, plus nous approchions, plus lappa- 
rence verdoyante de l’objet en vue acquérait une nuance prononcée. 


BOTANIQUE. 55 


La végétation des Moluques et des îles des Papous n’est pas sans 
analogie avec. celle du Brésil; elle a autant d'activité et de force: se 
Presse et se marie pour ainsi dire de la même manière ; jouit enfin d'un 
semblable degré de développement. Elle en diffère néanmoins sous le 
fapport des élémens qui la composent : en effet, deux peintres habiles 
qui représenteroient séparément la nature vierge du Brésil et des Mo- 
luques, seroient fort surpris d’avoir formé des tableaux d’une physio- 
nomie tout-à-fait distincte. 

Une forêt des Moluques, ou une forêt des îles des Papous, se com- 
pose d'arbres tout aussi forts, tout aussi serrés, également recouverts 
de lianes diverses et de plantes parasites : mais, je le répète, ces lianes, 
ces arbres et leurs parasites, appartiennent à d'autres groupes d'êtres que 
ceux du Brésil; ils offrent dans leur port, dans la forme de leurs feuilles, 
et conséquemment dans tout leur ensemble, un aspect qu'on ne peut 
comparer ou confondre avec celui d'aucune autre localité. 

Les arbres principaux qui forment ces masses, varient selon les 
lieux: ce sont, sur le rivage, des rhizophora, des bruguiera, des ægiceras, 
des barringtonia, des calophyllum ; des tabernæmontana à fruits nombreux, 
de la forme et de la couleur des oranges ; des galedoupa et des heritiera ; 
les hibiscus tiliaceus | sat | et populneus ; des sapotiliers ; des euphorbiacées 
à chatons, du genre excæcaria ; le scævola lobelia, le portlandia tetran- 
dra , le xylocarpus granatum , des tournefortia (t. argentea), des boehmeria, 
des hernandia , &c. 

Sur les plaines ou savanes, croissent des pandanus, dont une espèce a des 
fruits écarlate fort petits; des freycinetia grimpans (f. radicans) (1), à spa- 
dices en massette ; des sterculia de deux ou plusieurs espèces ; des ximenia 
(x. multiflora ); le mussenda frondosa , si remarquable par sa feuille calici- 
nale blanchâtre, lune des plus singulières anomalies végétales ; Le morinda 
Gtrifolia, dont les indigènes mangent les fruits très-mürs en partie fer- 
mentés où vineux, et fort désagréables à l’odorat et au goût; cinq ou 
six figuiers de très-grandes dimensions; de nombreuses espèces de guet- 
tarda et de premna ; des mimosa (inga) immenses, des aralia, des myris- 


{1) Planche 43. 


56 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


tica , des melastoma , des pavetta, des méliacées, &c.; et parmi les plantes 
herbacées ou de second ordre, des scitaminées des genres bidens, verbe- 
sina, lavenia, conyza, vernonia, &c. ; des solanum , le tacca pinnatifida , le 
flagellaria indica, des dianella, des commelina, une thymelée ; de nom- 
breuses cypéracées des genres scleria, cyperus , mariscus, killingia, lampocarya, 
baumea (1); parmi les graminées, le panicum colonum, le thuarea media, 
lischemum muticum ; le Zoysia pungens , le cenchrus calyculatus ; et enfin, au 
nombre des fougères , Pacrostichum quoyanum , es polypodium quercifolium 
et p. boryanum , le pteris ligularis, Vaspidium truncatum , Ve nephrodium gai- 
mardianum, pl. 12; les schizoloma guerinianum et 5. cordatum , pl. 18 et 16. 

Les arbres des montagnes se composent du calophyllum parvifolium ; 
des cynometra cauliflora, à fruits bruns, marqués de cicatricules ou yeux, 
assez suaves; du cycas circinalis, dont on retire beaucoup de fécule nom- 
mée sagou ; de plusieurs myrtus et eugenia sauvages , du casuarina equi- 
setifolia var. indica, et d’une innombrable quantité d’autres végétaux remar- 
quables par leurs dimensions colossales, tels que des palmiers, parmi 
lesquels il s’en trouve un de 60 à 8o pieds, à tiges très-droites, ver- 
tes, luisantes, marquées de distance en distance (comme de 18 pouces 
en 18 pouces) d'une sorte de petit bourrelet circulaire, d’où sont parties 
les anciennes feuilles; des muscadiers à fruits inodores, glabres, à macis 
rose, entier, et d’autres à drupes également luisans, à noix très-aroma- 
tiques et à macis divisé ou frangé, jaunâtre ; des a/yxia (2) R. B. (gyropogon) 
à graines drupacées moniliformes, noires ; lophioriga richardiana (3); un 
croton ; un pittosporum à capsules bivalves, à semences huileuses, rouges, 
&c.; sur lesquels grimpent des lianes des genres mimosa (m. scandens), 
dolichos, abrus, convolvulus, aristolochia, cynanchum, dioscorea, cucurbita , 
trichosanthes, &c. 

De nombreux cocotiers peuplent les plages et le fond de presque 
toutes les anses : des eugenia (e. jambos et malaccensis ); des bananiers 
(musa paradisiaca} et leurs variétés ; des aréquiers (areca oleracea) ; des 
cotonniers (gossypium indicum) , dont les indigènes forment des tissus; du 
maïs, du tabac (#icotiana tabacum), du millet (setaria italica), des 


(1) Baumea glomerata , pl. 29. 
(2) À, laurina, pl. 62. 


(3) PL 97. 


BOTANIQUE. S7 
pimens (capsicum baccatum, c. sinense, c. frutescens), se trouvent ordi- 
nairement autour des cases ou dans leur voisinage, et m'ont paru com- 
poser les végétaux, sinon cultivés, du moins dignes, aux yeux des Papous, 
de quelques soins. 

Daïs ces îles, comme dans la plupart des Moluques, sur-tout dans 
celles qui sont plates, qui offrent des gorges ou même des plaines basses 
à travers lesquelles les eaux de la mer peuvent pénétrer par infiltration 
où dans les fortes marées (et dans ce cas l'ile Rawak peut nous servir . 
d'exemple), on remarque les phénomènes les plus extraordinaires : la 
végétation s’y montre en quelque sorte aérienne. Non-seulement les lichens, 
les mousses , les champignons, les fougères, les Iycopodes, les orchidées et 
une multitude d’autres parasites (1), parmi lesquelles il s’en trouve beaucoup 
de ligneuses (telles que l’Aydnophytum formicarum , Jack, qui est le nidus 
germinans formicarum nigrum , Rumph. 6, p. 119, tab. 55, f. 1, le myr- 
mecodia tuberosa, Jack, où nidus germ. form. rubrum, Rumph. 6, tab, 55, 
f. 2, gravés dans l'Atlas botanique du Voyage de f Uranie, planches 95 
et 96, des loranthus, des piper, &c.), vivent sur les arbres; mais ce 
qui surprendra bien davantage, c'est que ces arbres eux-mêmes, qui 
pour la plupart acquièrent les dimensions les plus grandes, ne font 
qu'effleurer la superficie du sol sur lequel ils étendent leurs immenses 
racines. Ces racines, à leur tour, comme pour s'épancher davantage et 
occuper plus de surface, s’aplatissent en lames dont les bords, relevés 
de 6 à 18 pouces, composent des espèces de caisses dont la forme et 
la capacité varient, et où les eaux des pluies et des rosées abondantes 
du matin, viennent se ramasser comme dans des réservoirs naturels. 


(1) S'il est vrai de dire que Îes grands végétaux entraînent avec eux, dans leur accroisse- 
ment, des plantes ténues ou microscopiques {voyez article Lichenes) , il n’en faut pas conclure 
que cette cause soit la seule à laquelle on doive attribuer létonnante abondance des parasites ; 
je pense même que c’est la plus foible de toutes : l’action de l'eau salée, l'élévation et l’épais- 
seur des arbres, les vapeurs dont l'air de ces forêts est constamment sursaturé, peuvent déter- 
miner, d'une manière bien plus prononcée encore, cette émigration des foibles productions de 
la terre vers le sommet de ces colosses équatoriaux, où elles trouvent un air pur très-favorable 
à leur existence. 


En effet, les causes que nous venons de signaler, soit isolées, soit réunies, doivent néces- 
satrement arrêter ou retarder le développement de toutes les productions organiques vivantes, 
tomme, en général, elles accélérent leur décomposition après leur mort. 


Voyage de V'Uranie, — Botanique. 8 


58 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
Plusieurs hommes pourroient aisément se tenir couchés dans ces com- 
partimens. 

Non-seulement on remarque ce singulier agencement dans les racines 
de la majeure partie des grands arbres précédemment cités, mais celles 
de divers rimas (artocarpus incisa ) qui n’ont pas moins de 150 pieds de 
tige sur une circonférence de 12 à 15 pieds ou plus, celles de figuiers, 
de muscadiers, d'inga, qui acquièrent des dimensions presque aussi con- 
sidérables, et de quelques calophyllum qui se trouvent égarés dans les 
plaines, présentent aussi la même particularité. 

Si les cocotiers des plages ainsi que les autres palmiers ont des racines 
qui affectent une conformation différente, celles-ci ne sont pas moins 
remarquables par leurs faisceaux noirs, longs de 40 à $o pieds, qui 
s'étendent horizontalement, toujours vers l'intérieur et de manière à être 
beaucoup plus à la surface que dans le sein de la terre. 

Les montagnes qui, à droite et à gauche, dominent la baie de Rawak, 
ne sont pas moins dignes, sous ce rapport, de fixer les regards : celle 
de la gauche sur-tout réclame une attention particulière ; elle est com- 
posée d’une sorte de pierre blanche, très-sonore, entièrement privée de 
terre, et recouverte de grands arbres, dont les racines, de fortes dimen- 
sions, mais non aplaties, serpentent à travers les inégalités du sol, et 
vont souvent fort loin se perdre dans les intersticés des rochers. 

Mais on est bien plus surpris encore dès qu’on pénètre dans les immenses 
marais de Vaigiou ; car nulle part Îa végétation ne justifia mieux le nom 
d’aérienne. : 

Qu'on se figure, en effet, de vastes forêts inondées même à marée 
basse, composées d'arbres droits , serrés, ayant presque tous de 20 
à 3o pieds de tronc, et supportés, à 2 ou 3 pieds au-dessus du 
niveau ordinaire de la mer, par 10 à 1$ supports radiculaires simples 
ou rameux, mais entre lesquels une légère embarcation bien dirigée 
pourroit manœuvrer pendant la pleine mer, et fon aura une idée juste 
de étonnante végétation qui peuple ces marais. 

Ces arbres appartiennent tous aux genres bruguiera, rhizophora, ægy- 
ceras, xylocarpus, ficus, hernandia. Hs ont, les bruguieria sur-tout, leur 
tronc très-droit, grisâtre et presque lisse, un feuillage simple, vert 


BOTANIQUE. 59 
foncé, des fleurs peu apparentes; ce qui donne à ces lieux solitaires un 
aspect attristant et des plus sauvages. Cependant, des lianes ligneuses 
fort élégantes, telles que le spathodea longiflora, Vadenanthera pavonia 


à fruits écarlate, lomphalobium gaudichaudii ( Decandolle ); labrus pre- 
catorius, un dolichos à graines grises; un arbre de fa famille des dillé- 


niacées (wormia apetala, pl. 99), à fleurs rouges, éclatantes, et de nom- 
breuses orchidées parasites, se trouvent également dans ces solitudes : mais 
loin de les parer, elles ne font qu’en rendre l'accès plus difficile, en les 
embarrassant davantage par leurs interminables circonvolutions. Aussi 
eümes-nous beaucoup de peine pour y pénétrer, et bien plus encore 
pour en sortir au moment où la marée baïssoit. Cependant, nous trou- 
vâmes quelques cases, situées sur des espèces d'ilots que forment de dis- 
tance en distance Îes dépôts continuels de la mer et les détritus de plantes 
amoncelés. Qui pourra croire que c'est au sein de ces forêts maritimes, 
où l'air est chargé d'humidité et vicié par des miasmes destructeurs, que 
les sauvages, les infortunés Alifourous, ont pu construire leurs habita- 
tions! C’est pourtant une vérité incontestable, que l'ignorance et l'état 
d'abjection de ces peuples, les guerres perpétuelles qu'ils se font entre 
eux, et le besoin de se soustraire aux attaques imprévues de leurs 
ennemis, peuvent seuls expliquer. 


8* 


60 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XL 
ÎLES DE L'AMIRAUTÉ. 


Les calmes prolongés que nous éprouvâmes en vue des îles de F Ami- 
rauté, me laissèrent le loisir d'observer en ce lieu, ainsi que nous lavions 
déjà fait près de Pile Pisang, des productions végétales enlevées aux 
rivages voisins par les hautes marées, et que promènent les nombreux 
courans qui seuls alors paroissent troubler la tranquillité de a mer. 

Ces corps flottans, constamment réunis par bancs immenses, nous 
rappeloient les trains de boïs qu'on voit sur nos rivières. Maïs leurs 
masses, quoique plus denses et plus volumineuses, étoient loin d'offrir 
cette diversité d'objets que nous avions vus charriés par les courans des 
îles Moluques. 

En effet, à peine trouve-t-on ici quelques vestiges de plantes réel- 
lement terrestres, si ce n’est pourtant des fragmens de bois, et des 
fruits durs noircis par une longue macération, tels que ceux de l'aleurites 
triloba, de plusieurs espèces de dolichos; les graines huileuses de lhernan- 
dia sonora, &c. Ces dernières graines, dépouillées de leur enveloppe 
calicinale, sont de la forme et de la grosseur d’une balle de mousquet. 

Les productions marines composent presque seules ces masses er- 
rantes; on y aperçoit entre autres des zostera (7. marina!) , des SATgASSUM 
(s. ilicifolium et s. turbinatum ), des sphærococcus, des fucus, et des fragmens 
d'une grande laminaire; plantes semblables ou analogues aux espèces 
observées sur les plages de Rawak et dans les environs de cette île. Ce 
sont, de plus, des conferva et des oscillatoria floconneuses et en partie 
gélatineuses, compactes, aplaties, de quatre à six pouces de diamètre, 
et portant encore parfois à leur face inférieure des traces de la terre 
vaseuse d’où elles furent enlevées. 


On y remarque aussi beaucoup d’éponges et d’autres polypiers coraili- 
ènes, mais principalement un nombre prodigieux et varié de coquilles, 
5 P 4 


BOTANIQUE. 61 


de crustacées, et de molusques. Une multitude de petits poissons se 
pressent autour de ces vastes amas mobiles, et semblent se plaire à 
l'ombre qu'ils projettent. 

Quoique les objets de zoologie ne fassent pas partie de mes attribu- 
tions, je parlerai pourtant ici d'un poisson nouveau que sa mâchoire 
inférieure, qui est presque verticale et se meut d'avant en arrière, fait 
distinguer de tous les autres (1). 


(1) Dire que MM. Lesson et Garnot ont recueilli et dessiné avec un soin infini une 
deuxième espèce de ce genre, c’est promettre aux naturalistes des renseignemens aussi prompts 
que positifs sur la nature de ce singulier animal. 


62 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XIL 
ÎLES CAROLINES. 


Lors de notre passage dans larchipel des Carolines, nous n'avons 
communiqué, en mer, que quelques heures avec les aimables, les joyeux 
habitans des îles Poulousouk, Poulouhot, Alet, Tamatam, Ollap et 
Fanadik. Cependant, et pour ne pas intervertir l'ordre de route de 
l'expédition, je vais m'arrèter un instant en vue de ces terres basses et 
très-boisées, pour indiquer les foibles renseignemens que j'ai recueillis sur 
Jeur végétation. 

Ces renseïgnemens m'ont été fournis par {es Carolinoïis qui vinrent 
nous visiter à Guam, et avec lesquels nous fimes le voyage des îles 
Rota et Tinian, sur leurs frêles embarcations. 

D'après Rawal, l’homme le plus intelligent du pros que je montois, 
les plantes, soit usuelles, soit communes, des Mariannes, existent aussi 
aux Carolines. 

Don Luis de Torres, qui, dans le but de s'instruire, a exploré 
une partie de cet archipel, m'a affermi depuis dans la conviction où 
j'étois déjà de l'exactitude de cette assertion. 

On conçoit pourtant que ces îles ne peuvent avoir le même nombre de 
végétaux, et qu'on doit rencontrer sur Îes unes quelques plantes qui 
ne croissent point sur les autres. 

C'est ainsi qu'on trouve en abondance, aux Carolines, le cratæva 
religiosa | touvse ou Babouwse |; un bananier (musa ) à fibres tenaces [ouù ], 
qui sert à fabriquer des étoffes ; un basilic (ocymum) très-odorant [out où 
card ], &c. plantes dont on ne compte encore que peu de pieds aux 
Mariannes, où elles n'existent que depuis une quarantaine d’années. 

L’artocarpus incisa à graines fertiles se nomme wéym; c'est Îe Doug-doug 
des Mariannais. 


BOTANIQUE. 6; 
La variété stérile du même arbre qui est le véritable arbre à pain ou 
fs des ïles Mariannes, porte ici le nom d'axépa-tépa. 


Le cocotier et son fruit reçoivent indistinctement le nom de «, et 
quelquefois celui de %; l’eau que renferme le coco est nommée vaine 
Et saw, Île brou du même fruit, péyoue, la coque, mexbwippe, le germe 
développé, fax, et le vin de cocotier, goxi. 

ma est le nom générique par lequel ces insulaires désignent toutes 
les fougères : et afamabe, celui du portlandia tetrandra. 


L'orange se nommME cowougoou, Sa peau, hihke, et sa graine, fous : ce der- 


nier nom est peut-être celui de toutes les semences. 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ax 
na 


CHAPITRE XII 


ÎLES MARIANNES. 
Aisr que plusieurs îles de cet archipel, Guam paroît devoir sa for- 
mation à trois causes principales qui indiquent aussi trois époques bien 
distinctes : 


1.” Un premier terrain calcaire et siliceux (1); 

2.° Des produits de la volcanisation ; 

3.° Des roches madréporiques assez élevées, mises à découvert par 
la diminution progressive des eaux à la surface de Îa terre. 

La forme de cette île est alongée dans la direction du Nord-Nord- 
Est au Sud-Sud-Ouest, et la superficie de son sol est très-irrégulière. II 
semble résulter de nos observations, que Ia moitié Sud à-peu-près est 
composée de montagnes volcaniques (2); que les roches du terrain 
primitif (3) ne sont visibles que vers le centre , derrière Agagna; et que, 
de ce point, qui doit avoir éprouvé de fortes secousses et des boulever- 
semens considérables, jusqu'à l'extrémité Nord , tout le reste de cette 
île, excepté pourtant quelques espaces isolés placés au milieu, est formé 
de calcaire carbonaté marin. Ces dernières roches présentent des pla- 
teaux superposés analogues à ceux que nous avons signalés à Timor; 
ils sont pourtant bien plus prononcés ici que sur aucun des lieux visités 


jusqu'à ce moment. 


(1) La pierre à feu (silex) ne se trouve qu'a Guam; on la nomme gagoud. 

(2) Don Luis de Torres m'a assuré qu'on trouve du bois fossile et quelques matières bitu- 
mineuses dans cette partie de Pile; ce qui prouveroit d’une manière évidente qu'avant les érup- 
tions volcaniques il y avoit des forêts. 

(3) M. Huot, à qui j'ai communiqué de petits échantillons de roches recueillis à Guam, y a 
reconnu de la chaux carbonatée, appartenant à la cristallisation appelée primitive et cuboïde ; 
de la chaux carbonatée aciculaire; de la chaux carbonatée argileuse tendre; des silex de di- 
verses couleurs, dont quelques-uns renferment des cristaux de quartz hyalin; et une roche sili- 
ceuse contenant des veines et des cristaux de chaux. 


BOTANIQUE. 65 

Guam est, je crois, sur le point de recevoir un accroïssement de sur- 
face (1) : en effet, cette île est bordée, dans presque tout son pourtour, 
de récifs à fleur d’eau d’une vaste étendue. Ces récifs forment entre eux 
et la terre des sortes de plages madréporiques que chaque marée dé- 
couvre en partie ou en totalité, et qui ne tarderont probablement pas à 
assécher tout-à-fait. 

Plusieurs causes physiques paroissent concourir à ce résultat : la retraite 
apparente de la mer, le sable qu'elle y jette continuellement, et sur- 
tout l'étonnante abondance des productions végétales et animales qui s’y 
amoncellent. | 

Parmi des milliers de polypiers pierreux et coralligènes flexibles qui 
affectent toutes les formes et brillent de toutes les couleurs, croissent 
les élégans Zonaria pavonia et 7, tenuis; le délicat solenia clathrata ; es 

=, Jucus latifolius , musciformis et acanthophorus ; de nombreuses confervoïdes , 
parmi lesquelles se distinguent le vaucheria fastigiata, nommé tumeur ; 1e 
valonia intricata, à expansions filiformes rameuses , diaphanes, &c. 


Dans les sables voisins du rivage et souvent mis à sec par le jeu des 
marées, se trouvent les charmans caulerpa plumaris, clavifera, var. uvifera 
et freycinetii ; une petite espèce de gostera (7. marina! ), à feuilles de 
graminées ; ainsi que la singulière phanérogame décrite sous le nom de 
caulinia ovalis, R. Brown. Prod. p. 339, mais dont M. Aubert du Petit- 
Thouars ( Gen. nov. Madagasc. p. 2) a formé le genre halophila. Je Vai 
fait graver, planche 39, fig. r. 

On voit aussi, mais sur quelques points seulement, le #ostoc quoi, 
qui flotte et se joue dans le fond des anses calmes, dont fort souvent 
il recouvre toutes les plages. 

Nous n'avons visité les îles Mariannes qu'après les îles Moluques, et 
cependant elles nous ont encore paru comparativement fort belles. 

La végétation se ressent néanmoins déjà du commencement de civili- 
sation des hommes qui les habitent, Ce premier pas fait dans l'art de 
cultiver a terre a-t-il été favorable à ces peuples! Je ne le pense ‘ner 


(1) Nous avons fait la même observation à Timor, à Rawak, à Rota, à Tinian, ainsi 
qu'aux Îles Sandwich dans la rade d'Onorourou. 


Voyage de l'Uranie, — Botanique. 9 


66 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
ils ne sont point encore en mesure d’en retirer des avantages réels. Je 
crois, au contraire, qu'il leur a été préjudiciable. 

En effet, les paisibles habitans de cette terre possédoient de nom- 
breux trésors naturels, tels que le cocotier, Varbre-à-pain, Île cycas, le 
bananier, &c... Le feu a fait disparoître une grande partie de ces arbres 
antiques qui leur prodiguoient spontanément des fruits nutritifs et sa- 
voureux : maintenant ce n'est plus qu'à force de travaux et de peines 
qu'ils contraignent Le sol à leur fournir des productions étrangères. 
L'agriculture, loin d'être pour eux comme chez les peuples commerçans 
une source de richesses et de prospérité, leur fait payer d'avance des 
avantages précaires au prix de ce repos, de cette douce oisiveté, image 
réelle de lâge d'or. 

Ne mesurant ni leurs facultés, ni leurs besoins, et poussés par un 
aveugle esprit de destruction bien plus que par un amour bien entendu 
du travail, {es Mariannais, dirigés par d’ignorans Espagnols, ont brûlé 
une immense quantité des forêts qui tapissoient les hautes régions de 
Leurs les, et se sont enlevé volontairement de précieuses ressources que 
la nature leur avoit accordées avec tant de profusion : aujourd’hui de 
vastes champs défrichés les remplacent en partie. Les bienfaits incertains 
que leur promet l'agriculture pourront-ils jamais indemniser ces peuples 
privés des avantages de l'exportation? pourront-ils remplacer ces torrens, 
ces rivières jadis abondantes en eaux limpides, et qui ne sont plus que 
de simples ruisseaux, dont l’eau souvent impure suffit à peine aux besoins 
de quelques villages situés dans le Sud de l'île? L’extrémité Nord de 
Guam, formée de couches successives de coraux, ne compte pas un seul 
filet d’eau courante. On sait que la porosité de ces roches est un obs- 
tacle à la formation des sources : aussi n'est-ce qu'avec difhculté que, 
dans cette partie de l'île, on parvient àse procurer un peu d’eau saumâtre. 

Un séjour de plusieurs mois, qui me donna le loisir de former de 
grandes collections et d'étudier toute la végétation des îles Guam, Rota 
et Tinian, m'a mis à portée de la faire connoître dans les plus grands 
détails; ce que je vais entreprendre, en suivant l’ordre d'exploration 
déjà établi, celui qui commence au bord de Îa mer, passe par les 


plages et finit vers les montagnes. 


BOTANIQUE. ‘67 


Non-seulement les plantes désignées sous Île nom de littorales océa- 
niennes (halophiles } existent sur tous les rivages de Guam, mais elles 
s’y montrent dans une abondance qui seroit presque aussi grande qu'à la 
Nouvelle-Guinée, si les localités le. permettoient. C’est spécialement 
dans le fond des anses , à l'entrée des rivières ou des torrens, à la base 
des hautes montagnes humides, voisines de la mer, et toujours dans les 
limons qui résultent du mélange des corps réunis par les eaux douces 
et salées, que se trouvent ces tribus envahissantes qui marchent vers la 
mer et servent d’intermédiaires entre les plantes terrestres et marines. 

Ces végétaux appartiennent aux genres déjà cités dans plusieurs de 
nos relâches précédentes, et presque toujours aussi aux mêmes espèces ; 
ce qui pourtant ne m'empêchera pas de les énumérer de nouveau, afin 
d'y réunir, du moins à la plupart, les noms de l’idiome mariannais (1). 

J'ai recueilli ces mots avec beaucoup d’empressement et de soin, 
parce qu'ils sont généralement connus des indigènes de l'archipel des 
Mariannes (2). Ils ont été employés dans tous les ouvrages et dans les 
manuscrits qu'on possède à Manille, dit-on, sur l’histoire de ces peuples : 
réunis au langage de la science, ils pourront servir à l'interprétation ou 
à l'éclaircissement de faits qui sans cela resteroient long-temps encore 
ignorés, ou peut-être toujours inconnus. 

L'espoir seul d’être utile peut me déterminer à indiquer de nouveau 
des plantes connues et nommées déjà plusieurs fois, et à m’exposer 
ainsi à la juste critique des botanistes. 

Les arbres qui forment la masse de cette végétation sont toujours le 
barringtonia speciosa [poutiun | (3); une autre espèce [langassay |, gravée 
planche 107, à laquelle j'ai donné le nom de barringtonia racemosa ; le 


bruguiera gymnorhiza L'uatehion ] (4), et je crois plusieurs autres espèces 


» 


(1) Ces mots, en lettres rondes, continueront d'indiquer, comme de ES 
donnés par les indigènes, 

(2) Il n'est peut-être pas sans intérêt pour l'étude de l'histoire de ces contrées, de faire 
remarquer que la Jangue mariannaise a de nombreuses connexions avec celle que lon parle 
aux îles Philippines, 

(3) Ce genre, que nous avons décrit de nouveau (voyez l'article Myrti ), offre constamment 
un ovaire à quatre loges bispermes, dont trois loges et sept ovules avortent ordinairement, 

(4) Ou maugle labé, ce qui veut dire manglier mâle; Îe premier de cesnoms, privé d’accent, 
est je crois espagnol et se trouve inscrit dans les ouvrages latins sur la botanique; le second 
appartient à lidiome mariannais. 


% 


2 


68 VOYAGE . AUTOUR DU MONDE. 

portant le même nom; le rhizophora mangle [uv-Bouy ] (1); une com- 
brétacée du genre laguncularia (I. coccinea ), planche 104, et qui est le 
kada-kandel de Rheed. Mal. 6, planche 37, à leurs rouge-ponceau très-vif, 
désigné ici sous le nom de quia-quie; l’heritiera littoralis Fou x |; le xilo- 
carpus granatum [ Pafaudjioug |, qui, en ce lieu ainsi qu'aux îles des Papous, 
m'a semblé offrir plusieurs sortes de fruits, et conséquemment des espèces 
différentes; Le calophyllum inophyllum Toau ], nommé palo-maria par es 
Espagnols ; lhernandia sonora |wuxg | ; le portlandia tetrandra ['ichiouti ] ; le 
swartgia ou jonesia [fit ]; Fhibiscus populneus [ qeuxy | ; une urticée ligneuse 
( x. tenacissima!), à feuilles tomenteuses et argentées en dessous, sidjiafr. 

Ces premiers végétaux, périodiquement baignés par l’eau des marées, 
se rencontrent aussi souvent dans des lieux assez éloignés des rivages (2); 
tels sont sur-tout les barringtonia, les hernandia, les calophyllum, les 
heritiera, &c. 

Après eux, mais formant une seconde ligne très-distincte, on trouve 
des plantes terrestres (ammophiles) qui se complaisent dans les sables 
voisins de la mer et sont quelquefois arrosées par ses eaux; telles sont 
le convolvulus pes-capræ |'alalaytasi |, le sesuvium pedunculatum , le pemphis 
acidula | wigas |, un eliotropium herbacé, velu, blanchâtre L'ounik-tassi | (3); 
un dolichos [ ahap-hantassi, et par d’autres mounoufat |, Qui court jusqu'à la mer. 

Viennent ensuite : l’hedysarum gangeticum ; les excæcaria agallocha et 
camettia ; un croton où rottleria aloun |; le tournefortia argentea | ounik |, 
qui forme des arbres de 15 à 20 pieds d'élévation sur 12 à 18 pouces 
de diamètre ; le convolvulus trilobatus | fofeqou |, et Le convolyulus peltatus [fagoun |; 
ces deux plantes ont des tiges ligneuses, très-tenaces et d’une longueur 
surprenante, qui recouvrent les roches et la plupart des arbrisseaux de l'île 
aux Chèvres ; l’hibiscus tiliaceus, nommé généralement balibago à Manille ainsi 

(1) Ou mauglé BemBia, manglier femelle. Ces deux noms sont espagnols. 

(2) Il est probable que plusieurs de ces plantes demi-marines, abandonnées par les eaux 
des hautes marées, finissent à la longue par s’habituer aux terrains secs. En effet, les barringtonia 
croissent maintenant dans le fond des savanes et même sur les roches madréporiques de quelques 
collines peu élevées, où la mer les a sans doute laissés, On y remarque aussi, moins sou- 
vent il est vrai, des calophyllum, des heritiera, des hernandia et Fhibiscus populneus; tandis 


que tous les autres arbres et arbustes paroissent suivre le mouvement rétrograde de POcéan. 
(3) Oumh paroît être Le nom de toutes les borraginées ; lus veut dire mer, 


BOTANIQUE. . 69 
que dans toutes les Philippines, et pau par les Mariannais ; une urticée 
dioïque en arbre, du genre Doehmeria ou procris | amaaian |, planche 118, 
à fruits bacciformes, blancs, analogues à des müres ou plutôt à des 
fraises, puisque les graines nues et sèches se trouvent à la surface: un 
solanum (berangena tas); le capparis mariana ( alcaparra, esp. ); Væschi- 
nomene indica; les euphorbia atoto , chamæsyce et une troisième espèce 
[ goubudüma |, à fleurs blanches ; le vitex incisa [ Pound | et le vitex panicu- 
lata ; le desmodium umbellatum [ palaga ilti |; le vo/kameria inermis | lodougaou |, 
à fleurs roses, dont le bois amer est, ainsi qu'à Timor, employé avec 
beaucoup d'avantage dans Île traitement des fièvres intermittentes : le 
triumfetta fabreana |nacique-cique infra |, espèce nouvelle très-voisine du #rium- 
Jetta procumbens de Forster, (planche ro2); le corchorus tomentosus 
É'macique-cique fafé ]; un plumeria [tBioux |; Le melastoma medinilliana Lgafous |, 
planche 106, qui se trouve aussi à l'état de liane sur les coteaux madré- 
poriques. 

La végétation des plaines ou savanes, sur lesquelles sont situés les 
villes et les principaux établissemens, se compose de plantes indigènes 
et exotiques pour la plupart cultivées. 

Ce sont des forêts de cocotiers wirjouh ] et de bananiers ['tchioda | ; 
l'arbre-à-pain et ses nombreuses variétés, et plus particulièrement celle 
qui ne donne pas de graines; des orangers [ cafet |, des citronniers 
{ Zimon, esp.), des pamplemoussiers, et une foule d’autres végétaux 
utiles, tels que le mimosa (inga) dulcis, var. javana, noMmmMÉ kamatehifi 
dans ces îles aïnsi qu'aux Philippines, d’où M. Perrotet la rapporté 
vivant; des badamiers, serminalia moluccana ['rufssai ]; les averrhoa ca- 
rambola et bilimbi, ce dernier désigné par le nom de Bk; le bixa 
orellana T'achiol ], Verythrina indica [gœu-guou |, le ximenia elliptica [ pioud ], 
le mimosa farneziana, l'anacardium occidentale [houë ], 1e #orinda citrifolia 
Ldda }, et un autre morinda à feuilles lancéolées , à fruits beaucoup plus 


Petits, moins succulens, jaune-citrin. 

Ce sont encore, de grands arbres de la famille des borraginées 
(cordia sebestena !), et de la famille des gattiliers ( premna integrifolia 
Lago ]; huit espèces de pandanus, désignées par les noms de palma 


70 VOYAGE AUTOUR DU MONDE, 

paeun (1), P: kafou P: fofo P: ahaous ; P- «jag, P. patnoute , P: fadiao et p. tchiuaoun , 
qui tous servent à différens usages et se multiplient de boutures; 
le bambou, bambos arundinacea | px]; le papayer, carica papaya. 


Je dois signaler de plus deux arbres uniques dans ces îles : l'un, 
originaire d'Amérique, appartient au genre crescentia ( c. alata); il a été 
apporté de Manille sous le nom dk : l'autre provient des îles Caro- 
lines, où il croît spontanément; c’est le crateva religiosa | Balowose ], dont 
les Carolinois recherchent les fruits succulens, qu'ils emportent avec eux 
dans leurs voyages aux îles voisines de leur archipel; ces fruits sont 
ovales et n'ont pas moins de cinq pouces de Tongueur sur troïs pouces 
de largeur; le nom d'éxhouuse qu'on lui donne ici appartient à Îa langue 
carolinoise. 


A l'ombre de ces grands arbres croissent, le facca pinnatifida | gab-gaf , 
quon prononce aussi quelquefois gau-gau, où mieux yaoub-gaouf ] (2), Le 
crinum asiaticum ! | pige palai |, un polygonum [mamahs |, le boerhaavia muta- 
bilis, qui partage Île nom de dafx avec le curculigo stans, espèce plus com- 
mune sur les montagnes, loxalis repens [ akouw ], lachyranthes frutescens 
['ifiteBitoun |, Pabrus precatorius [houahs et afoun-toup ], Îe Phyllanthus niruri 
[maigou-falou |, lheliotropium indicum ( berbena, esp.) ; les convolvulus insularis, 
tiliæfolius, denticulatus, &c. : quelques pieds rares d’une liane ligneuse 
du genre menispermum (m. verrucosum), à tiges verruqueuses, connue dans 
ces Îles ainsi qu'à Manille, dont elle provient et d'où M. Perrotet fa rap- 
portée vivante en France, sous. le nom de saha-foubé, 

On y trouve de plus, et dans une grande profusion, les plantes her- 
bacées suivantes : l'hemionitis plantaginea, es polypodium irioïdes et phyma- 
todes, deux cyclophorus; les asplenium nidus, cultratum , torresianum et 
laserpitifolium ; le pteris scabra ; les aspidium longifolium , patens, unitum 
et pennigerum ; le davallia solida et plusieurs autres fougères, 

Les graminées et les cypéracées y sont aussi fort abondantes : au 


(1) Palma est espagnol; les autres noms appartiennent à Fidiome mariannais, et sont or- 
dinaïirement employés seuls , ainsi qu’on le faisoit anciennement, 


(2) On en connoît deux espèces ou variétés également productives, dont l'une ne fleurit 
jamais; elles portent le même nom. 


BOTANIQUE. 71 


nombre des premières sont, le poa (erag.) tenella, le panicum minutulum , 
le centotheca lappacea (cenchrus lappaceus), Vheteropogon hirtus , Vandropogon 
acicularis, les meoschium.barbatum et ciliare, Vhemarthria compressa, &c. 

Les cypéracées les plus remarquablés appartiennent aux genres sc/e- 
ria, mariscus, kyllingia, cyperus , fruirena, isolepis, eleocharis, fimbristylis, 
chætospora , rhynchospora , baumea, &c., auxquels il faut joindre de plus, 
malgré la longueur de cette énumération, des syngénèses des genres 
bidens, verbesina , elephantopus , conysa , lavenia où adenostemma , &c.; les 
amaranthus oleraceus et spinosus ; ce dernier porte, là comme à Manille, 
le nom de quilitis. 

Ces lieux comptent encore quelques plantes exotiques assez remar- 
quables : un basilic, ocymum [qué-qué |, très-odorant, apporté des îles 
Carolines, sous le nom d’ouxxang (1); une casse, cassia alata, provenant 
de Manille, mais originaire sans doute d'Acapulco, nom sous lequel 
on la désigne dans toutes les Mariannes, les Philippines, et, depuis 
peu d'années, dans les îles Carolines, où elle a été portée de Guam; 
le cassia tora [uctoumaga ], qui cependant passe pour être indigène; le cyti- 
sus cajan (lenteja francesa, esp.), apporté par le navire français /e Cas- 
tries, sous les ordres du capitaine Duclesmeur, en 1772; Île dracæna 
terminalis , qui n'existe que sur deux ou trois points de Guam; enfin Îles 
indigofera anil et tinctoria, Varachis hypogæa, et plusieurs autres végétaux 
utiles, n’y sont cultivés que depuis peu d'années et y ont très-bien réussi. 
On a retiré des uns de lindigo, et des autres de l'huile; mais ces 
produits sont encore sans utilité pour les habitans, qui ne sauroient 
employer le premier, et qui suppléent avantageusement au second par 
l'huile de coco. 

Les premiers plateaux des montagnes, jusqu'à 150 où 200 pieds à-peu 
près au-dessus du niveau de la mer, sont en général formés de roches 
madréporiques, qui, malgré les siècles qu'elles ont traversés, offrent 
encore, d’une manière fort remarquable, les caractères naturels d’après 
lesquels il seroit facile de les classer. Cependant, ces roches sont re- 


(1) Le gué-gué de la langue mariannaise et le ouarawg de lidiome carolinois, signifient bonne 
odeur, odeur suave. 


72 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

couvertes d’une belle végétation, entièrement semblable à celle qui 
couronne les montagnes, dont les plus élevées ne dépassent probable- 
ment pas 200 à 250 toises. 

De nombreux points de ces premières collines qu'on destinoit à Fa- 
griculture, ont été, comme nous l'avons déjà dit, inconsidérément dé- 
pouillés des bois qui les couvroiïent : abandonnés depuis ce temps, ils 
sont en quelque sorte envahis de nouveau, maïs par des plantes exo- 
tiques pour la plus grande partie, qui sy multiplient avec une rapidité 
surprenante. Les principales sont, le goïavier, psidium pyriferum Tal« ] ; le 
limonellier à trois feuilles, monia trifoliata (limon-china , esp. ); le triumfetta 
lappula [radauqs |; Purena sinuata vel swartzii; le waltheria americana ; le 
sida glomerata et le sida rhombifolia (1), nommés en espagnol escobillas ; 
le dioscorea aculeata [gadou | , à racines nourrissantes; le grewia gua- 
zumaæfolia aquilæ |; un dombeya [ wiefs et sjafi |; deux celtis, dont un à 
feuilles ‘argentées ; l'hibiscus rosa sinensis [ifinah |; les guilandina bonduc 
[ pahso | et bonducella T älouhas |, &c., qui forment des broussailles impé- 
nétrables. 

Dans les parties humides des mêmes lieux, larundo phragmites [ toupouy, 
net ۃ tupouynetti] recouvre des champs entiers ; on y trouve aussi plusieurs 
autres graminées, et notamment une nouvelle espèce d’andropogon qui a 
reçu le nom d’an. chloridiformis, et des cypéracées des genres schænus, 
scleria, &c. 

Cette alternance me semble n'être pas moins remarquable que celles 
qui ont été observées jusqu'à ce jour sur toutes les parties du globe. 

Les forêts vierges encore qui recouvrent les. sommets culminans 
d'Umata, de Pago et d'Agagna, se composent des quatre variétés sauvages 
de larbre-à-pain, artocarpus incisa, distinguées par les noms de lu, 
fémé-palada, doug-doug et doug-Doug kalaou , dont {a dernière tire son nom de la 
ressemblance qu'ont ses feuilles avec les frondes du polpodium phymatodes, 
qui, dans {a fangue mariannaise, se nomme kafwu (2}; de plusieurs 


1) Le premier de ces sida porte le nom d’escobilla papagou : papægow veut dire poil à gratter. 
P PB Papagou: papæy r 8 


(2) Le douy-doug est le plus abondant. 


BOTANIQUE. 73 


rubiacées en arbre du genre pavetta (sos-hou , outoug ; otug OÙ otud}, et d’une 
troisième espèce nommée gouagouafoug ; du dodonæa viscosa (tampouage) , du 
casuarina indica (yxgou); de Vareca oleracea, qui porte aïnsi que son fruit 
le nom de pougux ; de quelques euphorbiacées des genres claoxylon et 
bradléja (panao, hatoud-hounæou Et imoufouh); de grandes apocynées du genre 
rauwolfia ( tanquiti et eBopag ); UN MyrtRS { téjiouganahaux ) ; une thymélée du genre 
daphne, nommée gapitatayah, ce qui signifie lien de voleur, de l'usage que 
les voleurs font des tiges de cette plante à écorce tenace, pour former 
des liens à l’aide desquels ils atteignent avec rapidité au sommet des 
arbres les plus élevés, des cocotiers sur-tout, pour en dérober les fruits; 
plusieurs figuiers (de, tagaiti €t nounou); 1e wounu à des fruits violets, 
ovales, de la grosseur d'une muscade, fort recherchés des indigènes 
et de certains oiseaux; un eugenia (aan), dont le bois, d’une extrême 
dureté, serviroit avantageusement à la marqueterie; lalyxia (gynopogon ) 
obtusifolia, un anasser nouveau, &c. 

Les lianes de ces forêts sont : le mimosa scandens (yagous), dont Îles 
tiges ligneuses et couchées acquièrent souvent plus de 6 pouces de 
diamètre et de très-grandes longueurs (1); le dioscorea aculeata (uiha), 
plante qui envahit toutes les parties sèches des montagnes ; des dolichos ; Le 
Piper siriboa (poupoutou }, NOMMÉ Boudje par les Espagnols ; le melastoma medi- 
nilliana, déjà cité, qui est ici à rameaux grèles, très-longs ; et quelques 
plantes parasites au nombre desquelles se trouve un poivre herbacé 
(podpoud ), un dendrobium où vanda ( haouhou-oha ) ; l'epidendrum fasciola 
(hamouhounaneye), et quelques autres orchidées (yat); une asclépiadée 
du genre dischidia (d. bengalensis), Vophioglossum pendulum, le Jomaria 
spicata , le vittaria elongata , Ve davallia pinnatifida où espèce très-rappro- 
chée, l'aspidium hirsutulum , et le lycopodium phlegmaria, qui, chez ces 
peuples , est le symbole de la fécondité. 

Sur le bord des ruisseaux et dans tous les lieux humides, on trouve 
des aroïdes en arbre, arumcordifolium (payau) , dont on distingue deux 
variétés, l'une à tiges et à feuilles vert-blanchâtre (papaou Dlanco }, 


(1) Son fruit entier ou ses graines libres se nomment badiog où Badioque. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 1O 


nee 


74 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

l'autre à tiges maculées et à feuilles rougeâtres (papaou pinto) (1); des 
fougères en arbre, le cyathea mariana, Vangiopteris evecta (2); de nom- 
breuses urticées herbacées des genres urtica, boehmeria et procris , à feuilles 
obliques d’un vert sombre, et à fleurs monoïques; et dans l’eau des 
torrens, sur les bords arrosés par leurs cascades, de nombreuses con- 
ferves floconneuses, et entre autres, le #orea gaudichaudii, Ag., nommé 
fumout; Le chara fibrosa, les potamogeton lucidum et natans. 

Les courans d'eau qui ont échappé au desséchement, sont aujourd’hui 
dirigés avec intelligence dans les plaines : ils y serpentent à travers des 
plantations de cannes à sucre, et des rizières assez vastes où lon cultive 
aussi de nombreuses aroïdes, telles que le caladium esculentum (sui) et 
ses variétés ; le caladium sagittifolium, &c. Is portent en même temps Îa 
fraicheur et la fécondité dans les jardins qui embellissent leurs bords, 
et où croissent, mais en petite quantité, les productions potagères des 
deux mondes. 

C’est sur la lisière de ces jardins humides et dans le fond des plaines 
inondées que végètent spontanément : le ceratopteris gaudichaudii, Ad. 
Brong. (oumoug-sousounian ) , fougère annuelle, tendre, utilement employée en 
salade (3); les limnophila gratioloïdes et serrata (4), à odeur pénétrante, 
agréable, et qui, pour cela, sont nommés qué-qué ; Le kyllingia monocephala!, 
qui porte le même nom à cause de ses racines à odeur de camphre; le 
nervillia aragoana (maissa-outou }, pl. 35; à bulbes comestibles ; le bonraya | 
veronicæfolia ; Yeleocharis plantaginea (outeiagetaté ), dont on mange aussi 
quelquefois les tubercules. L'acrostichum aureum var. inæquale, le dacty- 
loctenium ægyptiacum (pali), Veleusine indica, le paspalum kora, Le digitaria 
appressa, le panicum colonum , &c., croissent également dans ces lieux. 

Quelques points isolés du sommet des montagnes de Guam, situés 
derrière Umata et Agagna et inclinés vers le Sud, sont presque entière- 
ment privés de végétaux, sans qu'on puisse pourtant en attribuer la 
cause à la destruction des hommes. 


(1) I est inutile, je pense, de dire que Îles noms spécifiques de ces deux plantes appar- 
tiennent à la langue espagnole. 

(2) Cette fougère a des frondes de 10 à 12 pieds de fongueur; mais je ne lui ai point trouvé 
de tige. 

(3) Planche 20. 

(4) Planche 57, fig. 1 et 2. 


BOTANIQUE. 75 

Le sol essentiellement volcanique de ces lieux est rougeâtre, de 
nature alumineuse, et ne présente, de loin à loin, que quelques pieds 
de melastoma denticulata, Labill. , à fleurs blanches: du myrtus communis 
(piciguoud) ; du /echnum lomarioides, du ‘blechnum orientale et b. elongatum ; 
du bidens tenuifolia, Labill.; d’un verbesina à feuilles argentées; du /y- 
Sodium scandens ; du schigoloma billardieri, pl. 17: du davallia ferruginea 
vel sinensis ; plus, une petite variété du convolyulus denticulatus (tagour ) ; 
le digitaria ciliaris, le panicum hirtellum (tuwage), une petite variété du 
Panicum colonum, Vandropogon chloridiformis, &c. 

Toutes ces plantes ont l'air d’être étrangères à cette terre, et, chose 
fort remarquable, presque toutes se retrouvent soit sur le continent de 
la Nouvelle-Hollande , ce sont les plus nombreuses, soit sur les côtes de 
l'Inde ou de la Chine, sans qu’on puisse distinguer entre elles {a moindre 
différence de formes, de texture, &c. 

Ces observations sont peut-être déjà trop multipliées; je ne les ter- 
minerai pas cependant sans donner ün coup d'œil rapide, non sur l'état 
actuel de l'agriculture aux îles Mariannes, parce qu’elle est presque nulle 
et tout-à-fait dans l'enfance, maïs sur les végétaux indigènes et exo- 
tiques qui en sont l’objet, aïnsi que sur les plantes d’une utilité quel- 
conque qui y croissent spontanément. 

Les champs de culture (sementeras, esp.) autres que ceux qui entourent 
les établissemens, sont situés indistinctement dans les plaïnes ou sur 
les montagnes humides; la nature du terrain a déterminé ces sortes 
de choix. 

Les ressources alimentaires qu'on s’y procure sont immenses : les énu- 
mérer sufhra, je pense, pour en donner une idée convenable ; car les 
moindres détails dans lesquels je pourrois entrer sur chacune d'elles, 
m'entraineroient beaucoup au-delà des limites où je dois me renfermer. 

À Ia tête de ces végétaux utiles, doit être placé le cocotier ; il fournit 
trois variétés (1), et l’on connoît limportance de ses produits (2). 
Viennent ensuite l'arbre à pain et ses quatre espèces ; le cycas circinalis 
(fadane), qui est le Federico des Espagnols ; le bananier (ttix) et ses 


(1) Les naturels en distinguent trois espèces ou variétés ; nous en parlerons à l’article Palmæ. 
(2) Voir ibidem. 


1 0* 


76 . VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

variétés, tehiodadedons , E. figou | E. Beyakow, E. toudouhé, E. gafaiane | Lt. «ya, dernière variété 
qui en forme elle-même trois autres sous les noms de sumaye, mafafang et 
tugoui : if faudroit peut-être ajouter, pour compléter ce tableau, Pasacx 
des Philippines, si recherché pour ses fibres tenaces, mais qui ne donne 
pas de fruits ; deux variétés du #acca pinnatifida ; neuf variétés du caladium 
esculentum (suui), désignées par les noms spécifiques de s. Bégbigi , 8. patiencia, 
8. Bissaya, 8. tbautehan ; s. Bapaha, 8. mauifa-paday-dag, s. poungatao OÙ mauou, 8. tebiou-tehiou 3 
et parmi les végétaux de la même famille et peut-être du même genre, 
le piga fouta, 1e pige buin et Le pige map; 1e Baba, grande plante rougeâtre 
dont les feuilles hastées n’ont pas moins de 6 ou 8 pieds d’élévation, 
c’est l'espèce la plus estimée; et enfin les papau Dlanco et pinto déjà 
signalés : les tiges de ces deux dernières aroïdes sont arborescentes et 
hautes de 4 à 6 pieds; elles renferment un suc âcre très-corrosif, et 
de la fécule que, dans les temps de disette, les anciens Mariannais 
savoient en retirer. 

L'igname, dioscorea alata (dugou ), donne sept variétés, qui sont : le 
dagou manila , 1e D. apféyaug, 1e D, coctou , 1e D. maissa Boufou , 1e 3. fauigéi, Le D. quégfgtæie 
et Île à. «mn ; les racines de cette dernière ne se mangent pas. 

On cultive éncore le dolichos tuberosa (ihama), à racines sucrées : le 
convolvulus batatas (camote, esp.), et de nombreuses variétés de cette 
plante, telles que le camote mauite, le ©, agügapy (1), du nom de l'ile 
d’où elle a été apportée à Guam, €. fupanix, et une quatrième dont jai 
perdu le nom. Par celui de daf«, on désigne deux plantes de genres 
différens, qui croissent dans les sables des savanes ou sur les mon- 
tagnes dont le terrain est léger; ce sont Îe curculigo stans et le boerhaavia 
mutabilis, qui lun et l’autre ont des racines pivotantes de Ia grosseur 
et, à peu de chose près, de la forme des salsifis, dont elles ont aussi le 
goût. Enfin la terre produit la canne à sucre (tupeun } et ses variétés 
rouge et jaune, les papayers, les goyaviers, les caramboliers, les ba- 
damiers (talñssai), des attiers (aftis), des câpriers, et quelques fruits 
sauvages peu estimés, tels que ceux du #imosa javana, du morinda citri- 


: # 7 me a x . 
(1) D. Luis dé Torres m'a assuré que cette plante avoit été trouvée sur l'île Agrigan, 
. A 4" . . # * 
dans le lieu même où jadis un navire étranger à fait naufrage, 


BOTANIQUE. 7 
Jolia, du ximenia elliptica où cauliflora, du limonia trifoliata, &c., dont 
cependant on fait toujours usage. 

Ces plantes, pour la plupart indigènes , forment, depuis un temps 
immémorial , la base de la nourriture végétale des Mariannais. 

Maintenant, et par suite des mesures dont j'ai précédemment parlé, 
elles ne sont plus que secondaires, et le cèdent au riz (1), au mais, aux 
choux, ainsi qu'aux autres plantes potagères de l'Europe et de l'Inde , aux. 
légumes secs, aux melons , aux pastèques , aux ananas, aux oranges, aux 
citrons, et même aux raisins, qu'on commence à y cultiver ét qui paroissent 
devoir s'y multiplier avec une heureuse profusion. Si lon joint à tout cela 
le chou palmiste (areca), celui du cocotier, et la plupart des thalassio- 
phytes également fort recherchées, on aura un tableau à-peu-près 
complet des richesses alimentaires que le règne végétal prodigue à ces 
peuples. 

A la rigueur, on devroit y réunir les pimens (duni), le curcuma 
(magueu), plusieurs gingembres («uou }, la base des feuilles du vacoua, 
connu sous le nom de painguoud ; plantes recherchées comme assaisonne- 
mens de tous les mets fades, tels que le riz, le choux palmiste, les 
mélongènes, les tomates. 

Ne dois-je pas y ajouter encore le bétel, masticatoire si recherché de 
ces insulaires ? II se compose ici, comme à Timor, aux îles des Papous, 
aux Moluques, &c., de poivre bétel (poupoutu ) nommé boudje par les 
Espagnols de ces îles comme par ceux de toutes les Philippines, de tabac 
(rchoupa), de noix d’aréquier { pougeux ), et quelquefois d’un peu de chaux 
(fuck) : mais on en fait moins usage ici que dans nos précédentes 
relâches ( 2); je puis même dire que je n'ai vu employer la chaux que 
par les femmes chez lesquelles l’âge paroissoit avoir détruit où émoussé 
les sensations du goût. 

Après le bétel, sorte d’intermédiaire entre les substances alimentaires 
et médicales , viennent naturellement se ranger les plantes indigènes ou 


"4 


Exotiques employées au traitement des maladies ; telles sont le aka Foube 


(1) D’après M. de Freycinet, le riz est indigène aux Mariannes, où on le nomme faai. 
(2) Les habitans de Timor et d'Ombai emploient une autre substance (gambez) que je ne 
Connoïs pas. 


78 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

(menispermum), Vatouw (croton où rotfleria), V'agas ( premna ), Le notoumaga 
(cassia thora ), les mamaïgou et mamaïgoutatou ( phyllanthus) , Vasgouy (amomum 
zingiber ), Fasgoun-atouptans (amomum angustifolium ), Le waguo (canna indica ) 
à racines jaunes , le smaguo-afouy-tauo (canna indica) à racines incolores ; 
Pahuhap, plante du genre dolichos où phaseolus, à laquelle les Espagnols 
ont donné le nom de ahauhay maculatum, pour la distinguer d’une autre 
plante du même genre (dolichos où canavalia) qui vient sur les sables 
humides de la mer, et qui, pour cela, porte le : nom. d’ahaunén ti ; 
l'amaadian (procris vel urtica) ; Le paheo (guilandina bonduc et g. bonducella ), 
nommé ongles de chat (1ñas de gatos) par les Espagnols ; le pau 
(pandanus ), acapuko (cassia alata ), le tdcugao ( clerodendrum inerme) , le 
pie patadi (crinum ), le painquioud déjà nommé , le inououtoup (hyptis), le gué-qué 
(kyllingia , ocymum et limnophila, &ec.); Vyerba santa maria ( artemisia vul- 
garis), apportée des îles Philippines par les navires espagnols. 

Viennent enfin les plantes qui pourroient servir au commerce et aux 
arts de ces peuples. 

Les premières, ainsi que je lai déjà dit précédemment, sont venues 
augmenter inutilement, ou à-peu-près, les richesses végétales des îles 
Mariannes; de ce nombre sont les cotonniers, les indigotiers, les 
rocouyers, &c. 

Les essais qu’on a faits pour extraire les produits utiles de ces végé- 
taux, ont tous réussi, et cependant leur culture est à-peu-prèsabandonnée : 
ce qui ne seroit sans doute pas arrivé, si l'archipel des Mariannes eût 
été situé dans une position plus favorable pour le commerce, ou s’il 
eût appartenu à une nation plus industrieuse ou moins riche en co- 
lonies que ne létoit alors l'Espagne. 

Les écorces de plusieurs plantes dicotylédones fournissent des fibres 
tenaces qui sont journellement employées à Guam. A leur tête doit être 
placée celle du balibago des Espagnols (sayou )}, dont le liber sert à faire 
des hamacs, des réseaux, des cordes de toutes les dimensions : nous 
giterons ensuite les mé et Îes dougdoug, dont anciennement les habitans 
de ces îles formoient leurs ceintures ( Babahoui }, les lignes et filets des- 
tinés à être imprégnés d’eau de mer, à l'action de laquelle ïls résistent 


plus long-temps; les nounou, odda et tagaïti, du genre fus; le gapit-attæuet 


BOTANIQUE. 79 
(daphne) ; plusieurs urticées (amasdien et sdjiafi) des genres wrtica, procris 
où boehmeria, &c. 

Les principales monocotylédones dont les feuilles donnent aussi des 
fibres très-fortes, sont : l’agag (pandanis), qui sert à faire des nattes, 
des chapeaux, des paniers et autres vanneries; l’abaca (#usa), plante 
apportée de Manille sous ce nom, et qui doit être l’un des îles Caro- 
lines; Le pique (romelia ananas} à fibres soyeuses d’une rare beauté et 
qui offrent une très-grande résistance, &c. On fabrique avec le brou 
du cocotier { wiouh ), des cordes, des grelins, et même des câbles, qui ré- 
sistentlong-temps à l’action de l’eau salée. Les longues racines de cet arbre 
sont aussi utilement employées à faire des liens divers. 

H faudroit, pour compléter cette énumération de plantes utilisées aux 
iles Mariannes, signaler de nouveau le matcfiou (drug. gymnorhiza ), Le tou-boug 
(rhigophora mangle et r. mucronata) et le gagou ( casuarina indica ), qui servent 
à tanner Îles cuirs connus sous le nom de cuirs bruns: le hamatehi , 
mimosa (inga) dulcis aut javana, Decand., employé aux mêmes usages, 
€t qui donne des cuirs jaunâtres ; et enfin, parmi Îes plantes tinctoriales, 
le bois du isouhao ( guilandina }, l'écorce de la racine du «da (morinda), &c. 

Malgré le desséchement d’une partie du terrain des montagnes et la 
diminution de la plupart des rivières, l’eau est fort abondante à Guam. 

La côte Est sur-tout en est profusément fournie, nommément à Pago, 
à Tarofofo et à Ynarahan. Les sources de ces riviéres partent toutes 
de la partie volcanique des montagnes, ou, comme celle de Pagc, du 
point où se réunissent le terrain ancien du centre et celui qui a été 
produit par la volcanisation. 

Les rivières d'Umata, d'Agagna, &c., situées sur les côtes Ouest et 
Nord-Ouest, sont également fort importantes. L'eau qu'elles fournissent 
est fraîche et pure vers leur source: mais arrivée dans les savanes, 
sur un plan horizontal, où elle coule lentement, se charge d’une 
grande quantité d’extractif et de matières salines dont le sol est toujours 
imprégné, elle perd en même temps sa fraîcheur et son agréablet 
sapidité. 


80 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XIV. 


ÎLE ROTA. 


CETTE île est située à 10 lieues dans le Nord-Est de Guam (1) : elle 
se.compose d’une montagne assez élevée, et d’une petite langue de 
terre qui s'étend au Sud, et se termine par un monticule de peu de 
hauteur. 

Une ceinture de coraux paroît la renfermer. 

Rien au monde n’est plus remarquable que la configuration des 
roches qui constituent ces montagnes; rien n’est plus extraordinaire que 
leur composition. 

Pour en avoir une idée, il faudroïit se représenter, ainsi que nous 
l'avons déjà fait à Timor, des roches disposées par lits très-alongés , 
superposés, de forme cubique, et progressivement décroïssans vers le 
sommet, de manière à imiter, de loin, les gradins d’un amphithéâtre. 

L'aspect bizarre de cette île est moins étonnant encore que l'origine 
et la nature des élémens qui ont concouru à sa formation. Pourra-t-on 
croire qu'une terre élevée aujourd’hui de plusieurs centaines de toises 
au-dessus de Océan, ait pu jadis être ensevelie toute entière sous ses 
eaux? C'est ce qui nous paroît à-peu-près démontré. En effet, MM. Arago, 
Bérard et moi, nous avons pu franchir trois ou quatre de ces bancs, 
et nous avons reconnu qu'ils sont exclusivement composés de madré- 
pores : puisque les couches supérieures ont une apparence évidemment 
analogue et ne diffèrent entre elles que par leurs proportions, qui vont 
en se rétrécissant de bas en haut, il faut nécessairement admettre qu'elles 
ont été créées par des causes tout-àä-fait semblables. Mais ces coraux 
reposent-ils sur des montagnes primitives, antérieurement recouvertes 
par les eaux de la mer, et sur lesquelles [es polypes auroient cons- 


(1) Voyez , pour la position exacte et pour la température moyenne de chacun des points 
visités dans le cours de la campagne, le tableau placé à la fin de ce premier livre. 


ET 


BOTANIQUE. Bi 


truit leurs demeures jusqu’au sommet? Il ne seroït pas sans intérêt de 
vérifier ce fait, pour fixer nos connoissances sur l'élévation première 
des eaux de Océan, et pour s'assurer si, comme dans nos précédentes 
relâches, les madrépores des montagnes sont, ainsi que nous Île pensons, 
généralement identiques avec ceux des rivages. 

Chaque pan ou face verticale de ces plateaux offre les madrépores 
tout-à-fait à nu, et seulement unis ou encroûtés par une sorte de ci- 
ment calcaire qui, de même que la matière rocheuse, n'a qu'une très- 
foible consistance. 

Il n’en est pas ainsi des surfaces horizontales, où le résidu des roches 
décomposées, mêlé au détritus des grands arbres et des nombreuses 
plantes herbacées qui le couvrent, constitue maintenant une terre 
végétale des plus fertiles. 

C'est dans cette terre qu’on cultive avec succès d'énormes ignames, 
plusieurs variétés de patates douces, des pois, des haricots, et les autres 
productions comestibles précédemment signalées à Guam. 

Ce ne fut pas sans surprise, et sur-tout sans plaisir, que je retrouvai 
ici l'aspect riant de nos vergers et de nos jardins; que j'y vis prospérer 
quelques-uns des arbres fruitiers et la plupart des productions usuelles 
qui en font la richesse et l’ornement, entre autres les plantes volubiles 
rangées par carrés symétriques et ramées comme on le fait en France 
pour les pois, le houblon, &c. 

C'est dans fa plaine qu'est situé l'établissement. Le monticule qui la 
domine vers le Sud, ressemble à un fort et porte le nom de Taypingot. 
Il est composé aussi degalcaire marin, et s'élève de 100 pieds au plus 
au-dessus du niveau de la mer. 

Les plantes spontanées de l'ile Rota étant semblables à celles de 
Guam, il seroit superflu de les énumérer de nouveau. Je me bornerai 
donc à indiquer quelle est la végétation de l'établissement et des rivages 
qui Pavoisinent. 

La plaine n'excède pas un mille et demi en longueur ; elle est basse, 
horizontale et fort étroite. Son terrain, formé de sable madréporique et 
coquillier uni à une assez grande quantité de terre végétale, est assez 
uniforme dans toute son étendue. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 11 


82 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Le sol des deux extrémités est très-favorable à la culture, et les plus 
riches végétaux le recouvrent. Au centre, il est un peu plus bas et aussi 
moins fertile. 

On concevra aisément ce phénomène, puisque la mer a depuis moins 
long-temps abandonné cette partie de l'ile, et que l'humus n’y forme 
encore qu'une couche très-légère C’est pourtant sur ce point qu'on a 
construit l'église et Îles habitations du gouverneur et des principaux 
chefs. 

Tout le sol de cette plage est recouvert d’arbres-à-pain, de cocotiers, 
de bananiers, de citronniers, d’orangers, de grenadiers , et de la plupart 
des arbres utiles indiqués à Guam. Ils ombragent les jardins, où croïssent 
les végétaux qui n’exigent que peu de terre, fe maïs, les tomates, les 
mélongènes , les pastèques, les pimens, &c. 

Les rivages de cette langue de terre sont bordés de plantes sponta- 
nées qui s'étendent jusque sur les plages. Ce sont des excæcaria, Île 
cordia sebestena , des jonesia Life }, des rhamnoïdes [ tbufousut |, et, au 
nombre des plantes herbacées Îes plus abondantes, le corchorus tomentosus ! 
[ imaciquecique (abc |, le lubinia spatulata [ifisxx ] ou espèce très-voisine : 
une graminée nouvelle du genre digitaria (d. stricta ), nommée suouua , 
Vischæmum barbatum, un hyptis, le cardiospermum halicacabum, &c. 

Au pied de [a grande montagne la végétation change déjà : on com- 
mence à y trouver des eugenia, dont une espèce porte les noms de kif 
et agatlu, des rauwolfia, des gynopogon, &c. 

Les roches verticales et humides du premier plateau, et les gros arbres 
qui les approchent, sont aussi chargés de plarités herbacées et de quel- 
ques parasites qui ne croissent qu'à l'ombre : une asclépiadée du genre 
dischidia, des orchidées du genre servilia, des procris à feuilles charnues 
et à tiges souligneuses , dés wrtica, et de nombreuses cryptogames, telles 
que le bernhardia dichotoma , Ve davallia pinnatifida , le collema plumbeum, &c. 

Rota compte trois rivières ou plutôt trois ruisseaux situés sur sa côte 
Sud-Est. 

Le plus voisin du village est peu considérable. Ses eaux, après avoir 
roulé de chute en chute, vont se jeter à la mer en formant une cascade 
de 70 à 80 pieds d’élévation perpendiculaire. 


BOTANIQUE. 8; 


Ce petit torrent est situé à trois ou quatre milles des habitations. On 
va y puiser l’excellente eau fraîche que nous bûmes chez le gouverneur, 
et dont on approvisionna nos embarcations. 

Quelques puits creusés dans la plaine, en plusieurs endroits rapproch 


és 
des montagnes, fournissent de l'eau saumâtre qui, malgré cela, sert à 
la préparation des alimens. 


84 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XV. 


TINIAN. 


Sr lon en juge par son étendue, et sur-tout par les restes de monu- 
mens anciens qui la recouvrent, lîle Tinian, située vers la partie 
méridionale de l'archipel des Mariannes , en fut aussi jadis un des points 
les plus populeux et les plus importans. 

Cependant, tout doit porter à penser que cette île est d’une époque 
bien postérieure à celles de Rota, de Guam, de Seypan, et de Îa plupart 
des îles qui composent ce groupe. Elle est en effet moins haute que les 
autres, et nous croyons avoir acquis la preuve qu’elle doit entièrement 
son origine à la diminution des eaux de la mer. 

Nous avons déjà parlé des montagnes madréporiques : celle qui avoi- 
sine l’aiguade d'Anson , à Tinian, nous a paru la plus élevée de File ; 
son sommet est entièrement formé de calcaire marin; et cette preuve 
irrécusable atteste que l'ile a été jadis totalement couverte par les eaux 
de l'Océan. 

Ce fait se rattache à des idées que nous avons déjà émises précédem- 
ment, etjenaipu m’abstenir de le relater, pour justifier les conséquences 
que nous avons tirées de la constitution des plateaux madréporiques 
observés à Timor, à Rawak, à Guam, et sur-tout à Rota. 

A Tinian comme à Guam, les forêts ont presque entièrement disparu. 
Elles firent place d’abord à des champs cultivés : mais ces champs, 
abandonnés aujourd'hui, ont perdu l'aspect que la main du laboureur 
leur avoit imprimé; envahis par une foule de broussaïlles, ils n’offrent 
plus que des halliers qui, aussi comme à Guam, se composent de 
psidium, de limonia , de citrus, de triumfetta , de sida, de gossypium, de 
waltheria, &c., enlacés par des guilandina , des convolyulus , des abrus, 
des cucumis | peBiuda |, et sur-tout par Île dioscorea alata, le convohulus 


batatas , &c. 
Les animaux domestiques que l’homme y avoit apportés, les bœufs, 


L. 


BOTANIQUE. 85 


FN 


les porcs et les gallinacées, revenus de leur côté à l'état de nature, s'y 
multiplient maintenant en liberté. 

Pour retrouver la trace des êtres animés qui les premiers occupèrent 
cette île, l'observateur est obligé de gravir jusqu'au sommet rocailleux 
des montagnes. Là, à l’ombre des arbres indigènes que Faridité du sol a 
protégés contre la destruction, se sont réfugiés les colombes kurukuru, 
dussumier , pampusan et érythroptère , plusieurs martin-chasseurs , des 


merles, et particulièrement le mégapode la Pérouse ou poule de Tinian, 
qui, refusant toute alliance étrangère , a suivi les antiques végétaux re- 
tranchés dans ces lieux. 

Quinze ou vingt Mariannais, exilés en quelque sorte de Guam, 
habitent seuls aujourd'hui au milieu des ruines de T'inian; ïls sont 
chargés de faire la chasse aux bœufs et d’en sécher la viande. Livrés 
aux charmes de l'oisiveté, non-seulement ces hommes abandonnent aux 
soins de la Providence les productions de la terre, mais ils s'occupent 
à péine de rendre praticables les étroits sentiers qui, à travers les bois 
dont la régénération s'opère de jour en jour, conduisent à la grande 
lagune , lieu habituel de leur chasse , et vers quelques touffes d’arbres- 
à-pain et de cocotiers pour ainsi dire oubliés au sein de ces solitudes. 

Les plantes qui composent ces fourrés épais se multiplient avec une 
rapidité prodigieuse; ce qui démontre assez que le terrain y est d’une 
excellente qualité. Par-tout ailleurs, ce seroit un précieux avantage; 
mais ici, cette active reproduction des végétaux fatigue lindolence des 
Mariannais. Souvent, il est vrai, cernés par eux jusque dans leurs ha- 
bitations et repoussés sur le rivage, ils finiroient par être chassés de Pile, 
si de temps en temps ils n'employoient le feu pour s’en délivrer. 

D'après les renseignemens qui nous ont été donnés, l’eau douce ne se 
trouve à Tinian que dans les deux lagunes ; encore lune d’elles est en- 
tourée de broussailles tellement enlacées que les animaux ne peuvent 
en approcher. Forcés de venir s’abreuver à la grande lagune, ils tombent 
aisément sous les coups des chasseurs. Mais ces détails appartiennent à 
la partie historique du voyage. 

Cette dernière lagune est un marais sinuleux, rempli d'eau croupissante. 
Elle se prolonge dans la direction du Nord au Sud, et sépare la plaine 


86 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

de la petite chaîne de montagnes. Près de ses bords se trouvent les 
deux ou trois champs de maïs, d’ignames, de patates douces, de pas- 
tèques, &c., que l'on cultive encore à T'inian. 

Les plantes spontanées de ces lieux sont à-peu-près celles des terrains 
marécageux de Guam. On y remarque pourtant en grande quantité la 
graminée (centhotheca lappacea ) nommée ae ; Île jussiæa octovalvis, à filets 
des étamines recourbés de bas en haut et de dehors en dedans, &c..... 
Cette dernière plante couvre presque entièrement les bords de ces marais 
fangeux. 

Immédiatement au-delà de cette lagune s'élève la montagne dont j'ai 
déjà parlé. Elle est disposée par plateaux ou lits superposés, de dimen- 
sions variables et de peu d’étendue. De ce côté, la végétation est mixte, 
c'est-à-dire, composée de plantes sauvages indigènes, mélangées à des 
arbres et à des herbes exotiques qu’on y cultivoit anciennement. 

Parmi ces derniers se trouvent des orangers, des citronniers , des limo- 
nelliers, quelques cocotiers, et, plus particulièrement, des groupes assez 
étendus de papayers, arbres remarquables par leurs tiges grèles, spon- 
gieuses ét cependant très-élevées. Dans ce moment, ils étoient couronnés 
de feuilles, de fleurs et de fruits d’une couleur jaune-doré et de Ia 
grosseur d’une petite pomme. Ces fruits, placés un peu plus bas que 
les feuilles, garnissoient la tige dans l'espace de deux pieds environ et 
donnoient à cet arbre un aspect des plus gracieux. 

A mesure qu'on gravit les plans successifs de cette colline, la terre vé- 
gétale disparoît et la roche finit par se montrer à nu; cependant Îa 
végétation, sur ces derniers points, n'est guère moins active ni moins 
abondante. 

Ces roches singulières, formées de madrépores parfaitement conservés, 
sont tout-à-fait semblables à celles du rivage. Les échantillons que j'en ai 
apportés le prouvent de la manière la plus évidente. 

Les arbres de cette montagne sont tous indigènes, et, chose fort remar- 
quable dans ces climats, presque tous appartiennent à la même espèce, 
au genre yrona, nommé pai-pai- A peine trouve-t-on d’autres végétaux 
ligneux : quelques frangipaniers et rauwolfia à feuilles ternées ou verticillées ; 
plus rarement encore Îe pisonia mitis [ eumouron | » aux formes mons- 


BOTANIQUE. 87 


trueuses, aux branches courtes et presqueconiques , terminées par de petits 
rameaux grèles que surmontent quelques feuilles, quelques panicules de 
fleurs. 

Du point le plus élevé de la montagne , on découvre toutes les parties de 
l'ile anciennement habitées par les indigènes. Leurs campagnes désertes , 
leurs monumens mutilés par les orages et le temps, rappellent involon- 
tairement ces champs de repos où l’homme, dans nos climats, trouve 
sa dernière demeure. On ne peut se défendre, à cet aspect, d'un senti- 
ment profond de regret, d’étonnement et de tristesse. Quel fléau a 
donc anéanti les tribus populeuses que ces débris révèlent? L'histoire du 
monde répondra-t-elle un jour ? 

À côté des trois ou quatre maisons qui composent Pénis à hui le village 
de Sounharom, est situé le puits des Antiques, connu des navigateurs 
sous le nom d’aïiguade d’Anson. II à de huit à dix pieds de profondeur, 
sur une largeur à-peu-près égale, et fournit une abondante quantité 
d'eau : il ne tarit jamais, C’est dans ce puits, dont l'eau est claire et assez 
agréable, malgré la grande quantité de carbonate calcaire qu’elle doit 
tenir en dissolution, que j'ai trouvé le conferva qui a reçu le nom spéci- 
fique d’ansonii, Agardh. Il étoit recouvert et blanchi en quelque façon 
par une petite coquille bivalve, vitreuse, qui forme une espèce nou- 
velle dans le genre cypris (c. gaudichaudii, Guérin). 


88 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XVL 
ÎLES SANDWICH. 


AvanNT d'entrer dans aucun détail sur la végétation extraordinaire 
de cet archipel, avant sur-tout de signaler les étonnantes anomalies 
fournies par Îles mêmes plantes de beaucoup de genres, je crois qu'il 
est indispensable, ici bien plus que par-tout ailleurs, de jeter d’abord 
un coup d'œil général sur l'organisation du soi qui Îles nourrit, ainsi que 
sur les influences diverses sous lesquelles elles végètent. 

Toutes ces îles, sorties du sein des flots, doivent leur origine à des 
volcans, qui, d’après nos observations, paroissent avoir brülé à des 
époques différentes , en suivant peut-être une direction qui approche de 
celle de lOuest à l'Est (N. O. et S. E.). En effet, dans les îles de 
l'Ouest, la décomposition de Ia lave est plus avancée que dans celles de 
PEst. Si cette lave étoit composée des mêmes principes et dans un état 
semblable de fusion et de vitrification, cette présomption se changeroit 
en certitude; maïs jusqu’à quel point peut-on ladmettre? 

Le temps a déjà rendu les îles de l'Ouest susceptibles de culture sur 
presque toutes leurs parties; la chaleur et humidité réunies commencent 
à avoir le même résultat sur celle d'Owhyhi, que je choisis pour sujet 
de mes observations générales , parce que, située à l'Est, elle est a plus 
grande et la plus élevée de cet archipel. 

La décomposition de la lave s'y exerce sous des conditions que je 
dois signaler, puisque c’est à elles que j'attribue cette diversité de formes 
si singulières qu'offrent la majeure partie des plantes de ces îles. 

La lave est vitrifiée, brillante près du rivage. À 150 toises, elle est 
encore dure, mais opaque et rugueuse; et déjà, vers ce point, elle 
éprouve un premier degré de décomposition. À une élévation de 250 
à 300 toises, l'action simultanée du calorique et des nuages qui baïgnent 
constamment cette partie de la montagne, décomposent cette lave, et là 
seulement commence aussi la végétation naturelle de ces îles. Elle est 


BOTANIQUE. 89 
bien différente, bien autrement active que celle qu'on observe sur 
quelques points isolés du rivage, où, étrangère en quelque sorte, elle 
n'est entretenue que par des filets d’eau qui descendent des montagnes 
et entrainent de la terre végétale dans leur cours. 

Malgré le desir que j'en avois, je n'ai jamais pu franchir les nuages, 
toujours fixés à une élévation de 300 à 6oo toises au moins. I ma 
donc été impossible d’étudier les plantes alpines {anémophiles) qui doivent 
croître au-dessus d'eux. 

Il est probable qu'à cette hauteur leur nombre et leur vigueur vont 
toujours en décroissant; et lon finit probablement par trouver 1a lave 
nue au sommet de ces montagnes, ainsi qu'on Île remarque à leur base. 

Ces premières considérations conduisent naturellement à partager mes 
observations en trois séries ou régions. La première comprendra la 
végétation des plages cultivées, et sera précédée de lénumération 
des plantes thalassiophytes, qui toutes sont d’un usage journalier. La 
deuxième indiquera la nature et l'état du peu de plantes que l’on trouve 
depuis ce point jusqu’au bord inférieur de la ligne ordinaire des nuages. 
Dans la troisième, j’examinerai les productions végétales (néphélophiles) 
vraiment indigènes de cette partie des montagnes qui est renfermée 
dans la région entière des nuages. 

L'ordre que je vais suivre dans cette exploration semble le plus mé- 
thodique et le plus naturel. Cependant, l'ordre inverse ne le seroit-il 
pas autant, puisque c'est de la partie nuageuse des montagnes que 
sont sortis d’abord les végétaux propres à cette terre? Mais cette marche, 
opposée à l'usage, auroit le grave inconvénient de placer brusquement 
l'observateur au centre d’un pays inconnu, parmi des productions nou- 
velles, au lieu de ly fairearriver parune gradation insensible. Suivons donc 


la nature de moins près, et ne nous écartons point des routes déjà frayées. 


PRÉMIÈRE RÉGION. 


Le peu de jours que nous avons passés sur cette Île ne nous a pas 
permis d'en explorer les plages de manière que nous pussions donner ici 
le détail de ses richesses en plantes marines, qui néanmoins paroiïssent 
y être aussi nombreuses que variées, 


Voyage de V'Uranie, — Botanique. 12 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
Nous citerons particulièrement le ceramium rubrum, Vhydrodictyon um- 
bilicatum , le sphacelaria minuta, le solenia compressa , dont les énormes 
blocs de lave qui bordent Île rivage sont tapissés ; l'ulva lactuca ; Les 
sphærococcus concinnus , intricatus et musciformis; les sargassum aquifolium et 
cuneifolium ; Vamansia intricata , &c., que la mer vomit chaque jour en 
grande abondance sur les plages. Ces productions sont communes à 
presque toutes les îles de l'Océanie occidentale et à beaucoup d’autres 


90 


parages. 
Les plantes littorales, si abondantes dans les Moluques et les Ma- 


riannes, commencent à déserter les rivages des Sandwich : devons-nous 
en chercher la cause dans l'éloignement de cet archipel ou dans la 
forme brisée de ses bords, dans la nature de ses roches brillantes, et 
souvent vitreuses , dont la dureté résiste aux efforts de l'Océan! 

Les établissemens situés sur le rivage, sont arrosés par quelques petits 
ruisseaux échappés aux gouffres des montagnes (1) ou creusés par la main 
des hommes. Placés de distance en distance, ils indiquent toujours une 
plage ou un courant d’eau douce (2), et se distinguent de fort loin. Séparés 
les uns des autres par des intervalles entièrement stériles, ils offrent des 
bouquets de verdure d’autant plus beaux, qu'ils contrastent singulière- 
ment avec la teinte grisâtre, sombre, et l'aridité de la partie des mon- 
tagnes qui forme le fond de ce tableau. 

Des cocotiers [is ] croïssent dans les sables : ils sont moins vigoureux, 
il est vrai, que ceux des Moluques et des Mariannes, mais forment cepen- 
dant encore des dômes de verdure de la plus grande magnificence ; ils 
ombragent des milliers de cabanes, près desquelles les indolens Sandwi- 
chiens se réunissent pour prendre leurs repas , pour se livrer à des jeux 


divers , et goûter les douceurs du sommeil. 
On yirouve aussi de vastes champs de bananiers [ waya |; de müûriers 


(1) De nombreux ruisseaux se forment sans cesse dans les parties boisées de ces îles; mais 
presque tous se perdent à peu de distance en dessous dans les crevasses qui paroissent cribler 
les flancs de la montagne. Aussi, en beaucoup d’endroits de cette partie de l'île, quoique le 
sol soit couvert de plusieurs pieds de terre, nous lentendimes retentir sous nos pas avec un 
bruit effrayant, et de manière à nous prouver qu'il renfermoit dans son sein, et même fort prés 
de sa surface, des cavernes immenses. 

(2) Kayakakoua fait exception à cette regle. 


BOTANIQUE. 91 
à papier [ouasuké |, apportés des montagnes, où ils sont très-communs 
et multipliés de bouture (1). Des arbres à pain [ewu |, des bancouliers 
[houhouï |, Île cordia sebestena | |; Veugenia malaccensis [Laye |, à fruits 
roses de très-grosses dimensions ; les gossypium indicum et arboreum [mao |, 
Vhibiseus tiliaceus [Rav ], un hibiscus nouveau de la section 5 (furcaria) de 
M. Decandolle (4. youngiana), le morinda citrifolia [oui |, le ricinus 
inermis [als |, &c., n'ont pu arriver originairement à ces îles, ainsi que 
je lexpliquerai plus tard, que par la mer, soit que les courans ou les 
hommes les y aient portés. Parmi eux on trouve aussi, avec profusion, 
des melons ['matianx }, des pastèques [ ifou-aoté ] , des potirons, des calebasses 
[fu ] qui acquièrent des dimensions surprenantes, et dont les naturels 
font des vases de la plus grande utilité : quelques pieds de vigne, 
apportés depuis peu d'années, y sont cultivés avec succès ; des ognons 
[ ahahuye ], de Pail [ chakaye-péou |, la patate douce ['ouals |, ligname [ouf |, 
le piment [usi], le pourpier [ akouci-kowi ], le tabac [«k |, ainsi que la 
rave, le chou, &c., croïissent maintenant à lombre des artocarpus où 
des santalum. 

De vastes champs inondés bordent presque tous les torrens : ils sont 
plantés de riz; de caladium esculentum [1 ] et de ses nombreuses va- 
riétés , dont les racines fournissent la principale substance alimentaire 
employée dans ces îles : il y croît en outre plusieurs variétés de la canne 
à sucre [ uoui ], dont les chaumes acquièrent quelquefois 10 pieds d’élé- 
vation sur 2 pouces et demi à 3 pouces de diamètre; du poivre eni- 
vrant [aous et kékoskou ], qui fournit une boisson spiritueuse ['éts ]; Le 
dracæna terminalis [wi], servant au même usage : les liqueurs qui en résul- 
tent se nomment indistinctement säma. 

On cultive de plus le curcuma longa [ svéus ], le gingembre (amomum 
zingiber), &c. 

On trouve encore hors des cultures, le long des ravines et des routes, 
une euphorbe sémi-ligneuse [ ko ], une cucurbitacée (sicyos) parousou, 


(r) Leur écorce sert à la fabrication de l'une des étoffes [es plus solides préparées par les 
indigènes. 


12* 


er 


92 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

le plumbago zeylanica | ouo-ouo, us | ; le sida rotundifolia, qui porte indistinc- 
tement les noms de duc, wma, ouviuæ; Îe sida incana [mas hs les convolyulus 
tuberculatus | pos], c. ovalifolius L'itou-ai-ata, mexipa, moucuhoa €t kouaoucou |, c. 
insularis | palahai-oté, houtipéoune |, c. pentaphyllus T'ouiou |, ©. bona-nox Thu. 
péune, koacipéoune et hr |, un cuscuta L'hamouoa |; lheliotropium orientale! Vue. 
on |, variété glauque; Le cardiospermum halicacabum | éule |, Voxalis repens 
[émoloe |, un yéhrum [hamoré et pou-hamoé |, Le plectranthus australis | axoué-ueur, 
cuénout Et ouaimoui |, un chenopodium [ aoué-oué 1e un amaranthus [pak ], le 
tribulus cistoïdes [ éhoré-gacigert, no |, le waltheria americana |égebe, alola-poutea ], 
le boerhaavia mutabilis ['hœmanouuenou , manou, hœmaœunou-poé, poë, poteuæ, pæonræræon- 
naow, Où simplement uaousaow |, un so/anum ligneux [ ouaou |, Île capparis ma- 
riana [pie |, un adenostemma | ootéhtäuéhaci |, un myoporum | ehthtinaye et 
mayo |, Le santalum ellipticum | waota |, et une foule de plantes herbacées 
communes sur tous Îles rivages précédemment visités, telles que lagrostis 
pungens , le digitaria villosa, le panicum birtellum (oplismenus hirtellus), 
lheteropogon contortus [pit |, landropogon acicularis , des cypéracées des 
genres cyperus [hè& |, mariscus, eleocharis, chætospora, et un genre nou- 
veau morelotia, planche 28 , très-voisin des ganhia. 


DEUXIÈME RÉGION. 


Dès qu'on quitte les établissemens du rivage, si remarquables par la 
fraîcheur de leur végétation, et que lon prend, pour se diriger vers la 
montagne, l'un de ces nombreux sentiers tracés dans les lieux les moins 
escarpés, alors on entre dans un pays où la roche encore vitreuse 
n'offre que sécheresse et stérilité. À peine çà et [à quelques parcelles de 
terre ont été réunies dans les inégalités du roc; et de rares végétaux, 
pour ainsi dire tombés des montagnes, défigurés dans leur chute, vé- 
gètent péniblement, et présentent une foule d'anomalies des plus sin- 
gulières. 

Le peu de plantes que l’on rencontre dans cet espace (300 toises 
à-peu-près ) ont presque toutes leurs analogues sur les côtes d'Asie. 


De ce nombre est le convolvulus ovalifolius, remarquable par ses va- 
riétés singulières, qui, selon les lieux, et souvent dans le même, sont 


BOTANIQUE. 93 
alternativement glabres, pubescentes, velues ou fortement tomenteuses, 
même drapées : en raison de ses états divers, cette plante porte les noms 
de matpa, moutouhoæ, kousoutow €t tatou-ai-äte. Lie convolyulus (ipomea) bona-nox, 
constamment à feuilles Iobées dans les habitations, se montre ici presque 
toujours à feuilles simples ; l'euphorbia , précédemment trouvé à l'état 
herbacé près du rivage, devient progressivement ligneux ; et nous le 
verrons à l’état d’arbrisseau, d’arbuste et d'arbre, à mesure que nous 
nous éleverons davantage. Le panicum (neurachne) torridum {kahoushoua | , 
espèce nouvelle, y abonde, ainsi que les verbesina | hohotoa et nés |; quelques 
pieds d'aleurites triloba, maïs tout rabougris et à feuilles entières, de 
plus en plus petites et blanchâtres ; des cordia, et plusieurs autres végé- 
taux précédemment observés, ne se rencontrent plus également que dans 
un état notable de dégénérescence. 

Ces lieux, où les plantes sont encore si misérables, compteront un 
jour sans doute des richesses aussi grandes que les plages explorées, 
puisque une partie de leurs montagnes sont déjà très-fécondes. 

Maïs maintenant, c’est en vain qu'on y chercheroït une mousse, un 
lichen, la moindre des cryptogames qui précèdent ordinairement la 
végétation. Les animaux y sont plus rares encore; et nous n'y avons 
vu ni oiseaux, ni reptiles (1), ni insectes d'aucune espèce; tout en a fui 
la chaleur destructive. 

À mesure qu'on s'élève davantage, on voit paroître les premières 
plantes indigènes, dont la maïgreur annonce l'état de souffrance; un 
ménisperme du genre cocculus (c. ferrandianus ) , nommé oué-oué, higuévigà et 
inaléapi (2); Îe dioscorea bulbifera [si], le jussiæa angustifolia L'hamoé |, 
le tephrosia toxicaria | aupi |, le cleome spinosa [kéhoé hoïui |, Un graphalium 
['énaéna |, un erigeron; le bidens micrantha, pl. 85; un senecio C'paschaut ] ; 
un achyranthes , arbrisseau de 4 à 6 pieds; 'ergthrina monosperma Louttinix |, 
à gousses monospermes, pl. 114; le brunelia sandwicensis ; le dodonæa 
ciliata | «si |, glabre, visqueux, et le dodonæa pubescens | af ] ,pubescent , 


(1) Tout me porte à croire qu’il n’en existe pas un seul dans ces îles. 
(2) Ce dernier nom est le plus employé; il indique la propriété vénéneuse des graines de 
cette plante, et l'usage qu'on en fait pour tuer les poissons, 


94 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

velu ou tomenteux, qui ne sont peut-être l’un et l'autre que des va- 
riétés du d, eriocarpa de Smith; le /epidium piscidium | pèoma et wauanaou |, 
utilement employé dans le traitement des maladies syphilitiques. Ces 
plantes seules résistent à l’action de la chaleur étouffante qui se fait 
sentir jusqu'à 250 et 300 toises. Aussi n'est-ce qu'à cette hauteur qu'on 
rencontre un mimosa | hoaï |, à feuilles linéaires, que nous reconnoîtrons 
bientôt pour le mimosa (acacia) heterophylla ; un metrosideros | ség« |, de 3 
à 6 pieds, à feuilles serrées, cordiformes, velues ou tomenteuses, qui 
n’est aussi qu'une anomalie étonnante du metrosideros polymorpha, pl. 108 
et pl. 109; une casse ligneuse [ mamans ], à gousses étroites et raccourcies ; 
l'edwardsia chrysophylla [ouioui |, à légumes quadrilatères, aïlés, et à 
graines jaunes ; des rumex nouveaux | pœuacé |; une syngénèse , raillardia 
linifolia, à feuilles ternées ou verticillées, linéaires, gravée pl. 83, 
et une plante de la même famille, d’une tribu fort voisine, dubautia 
plantaginea , pi. 84. 

On voit encore dans cette région, de plus en plus soumise à des va- 
riations de température et où lhumidité commence à se faire sentir, 
loxalis erecta | éi, émotoa |, le neraudia melastomæfolia [ hehokoté ], pl. 117, 
et le neraudia pyrifolia, urticées à calice bacciforme , coloré, et à noix 
en forme de toupie renversée; le plantago queleniana, pl. $o ; un lythrum 
['hamoté €t pafapataye |, le poa (eragrostis) variabilis | atwèts | et ses nom- 
breuses variétés ; le panicum (neurachne) montanum , fort jolie plante nou- 
velle que j'ai fait graver, pl. 26; un parietaria nouveau [hehouahona ], le 
piper methysticum , à état sauvage; le scirpus iridifolius, Bory, machærina 
des auteurs, nommé oui et quelquefois out ; le lycopodium venustulum 
[ susoua-yole |, pl. 223 Un phytolacca à $ et 6 étamines et à s et 6 styles ; 
le dolichos galeatus [ratété ], pl. 115; un ghcine , un dianella , Le polhpodium 
(vulgare) propinquum , le polypodium (pleopeltis) atro-punctatum [wa |; le 
vittaria rigida, Kaulf, ; le pteris pedata , &c. 


TROISIÈME RÉGION. 
Ici, l'aspect du sol et la température changent progressivement ; Les 


champs de convolvulus batatas, de dioscorea alata, de caladium esculentum , 


de portulaca oleracea, &c., se multiplient : les arbrisseaux observés plus 


he) tt ddl dé Lu 


BOTANIQUE. 95 
bas prennent de la consistance et finissent par devenir des arbres; le 
soleil, d'abord obscurci par des vapeurs légères, se voile de plus en plus, 
perd successivement de sa chaleur et cesse de tourmenter une végétation 
qui se montre dans toute sa magnificence, et offre presque tout-à-coup 
la verdure et l’image d’un printemps éternel. On est transporté effecti- 
vement dans une autre région, et lon croit passer de la zone torride 
dans la zone tempérée. 

L'air raréfié, brûlant, qu'on respiroit avec peine à quelques toises 
au-dessous, rafraîchi, tempéré par de petites brises échappées des nuages 
qui dominent et ombragent ces lieux, est ici agréable et salubre. Ces 
nuages permanens, qui sans cesse enfantent des orages, chassés par les 
vents impétueux, s’élancent quelquefois de leur séjour habituel, viennent 
inonder et vivifier de leurs vapeurs légères les parties inférieures qui 
commencent à se boiser ; mais rarement ïls dépassent cette limite, qui 
paroît être pour eux une barrière insurmontable : saisis en même temps 
par la chaleur directe et réfléchie du soleil, ils s'évanouissent et dispa- 
roissent instantanément sur ce point, pour se condenser encore au haut 
de la montagne, et revenir bientôt après apporter de nouveaux trésors 
à la végétation. Poussés par les brises violentes qui se forment continuel- 
lement dans leur sein, on les voit souvent se détacher en colonne et 
fondre ainsi sur la plaine en rasant la terre; maïs rarement ils arrivent 
Jusqu'au rivage. 

Ce phénomène, que vingt fois j'ai vuse reproduire, m'a toujours étonné 
par la rapidité avec laquelle il s'opère. 

On croiroit qu'une force élastique a lancé dans l'espace ce cône de 
vapeurs, qui, bientôt après, semble revenir sur fui-même : mais ce n'est 
qu'une illusion; en s’approchant davantage, on voit le nuage s'évaporer 
avec promptitude. Ces petits coups de vent, renouvelés fréquemment, 
nuiroient beaucoup à la végétation descendante, en la froissant et la tour- 
mentant sans cesse, s'ils ne portoient avec eux une source d'humidité 
réparatrice, la seule peut-être qu'on observe en ces lieux. 

Dans cette partie voisine des nuages, se trouvent réunies toutes les 
conditions nécessaires à la végétation : une terre excellente, une sura- 
bondance de chaleur et d'humidité. Aussi est-ce à qu'on a formé 


96 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


dans l’iled'Owhyhi, les établissemens de culture vraiment dignes de cenom. 

A Mowi, et sur-tout à Wahou, îles moins élevées et que nous croyons 
d’une origine plus ancienne, c’est dans les gorges, le long des torrens, 
qu'ils sont exclusivement situés. 

De nombreuses habitations adossées aux forêts vierges de ce pays, 
sont ombragées par des milliers de cocos, d'eugenia, d'artocarpus, de 
broussonetia, de musa, d'aleurites, de ricinus, et dans leur voisinage 
croissent tous les végétaux utiles précédemment observés sur Îe bord 
de la mer. Ils sont arrosés par des milliers de petits ruisseaux qui, des- 
cendant de la montagne, disparoïissent bientôt après dans ses flancs, où 
ils forment des torrens souterrains dont souvent on entend le murmure 
sous les pieds; des oiseaux et des papillons ornés des couleurs les plus 
vives voltigent à cette élévation ; enfin, là tout respire un air de fraîcheur 
et de vie qu'on chercheroït vainement ailleurs. 

À cinquante ou cent toises au-dessus, on entre tout-à-fait dans les 
nuages, dont les vapeurs acquièrent une densité de plus en plus con- 
sidérable et finissent par se résoudre en pluie. 

Pénétré par leur humidité, j'y aï plusieurs fois ressenti un froid très- 
vif, produit sans doute moins par un grand abaissement de tempé- 
rature que par la transition trop rapide d’une chaleur excessive, étouffante, 
à une chaleur plus douce, qui, loin de nuire à la végétation, paroît au 
contraire la favoriser d’une manière surprenante. 

Là se trouvent ces nombreuses fougères arborescentes ; ce pinonia 
splendens, pl. 21, à tronc recouvert de soies dorées ; le Dlechnum fon- 
tanesianum, pl. 153 l'asplenium ( athyrium ) poiretianum Lois], ph-135 le 
polypodium keraudrenianum , pl. 7 ; Vaspidium dubrueilianum , pl. 9; le doodia 
kunthiana , pl. 14 ; l'acrostichum crassifolium et ses nombreuses variétés ; le 
polypodium pseudo-grammitis ; le polypodium thouinianum , à tiges grimpantes 
et à feuilles de lierre, pl. 5 ; le polypodium pendulum , Vasplenium erectum , 
l'asplenium laceratum et sa variété à fructifications confluentes ; es pteris 

_excelsa (1), decomposita , alata, pl. 19; les élégans adenophorus tripinnati- 


(1) Le malheureux Sandwichien qui m’accompagnoit, ne discontinua pas, malgré le malaise 
que le froid paroissoit Jui faire éprouver, de manger les sommités encore tendres et roulées de 
la plupart de ces fougères, et particulièrement celles du pteris excelsa. 


BOTANIQUE. 97 
fidus, bipinnatus et minutus, pl. 8, fig. 1, 2 et 3; l'aspidium apüfolium ; le 
nephrodium exaltatum, terrestre et à frondes redressées ; le dicksonia vil- 
losa , le trichomanes davallioïdes , 'hymenophyllum recurvum , et, le long des 
ruisseaux et des torrens, l'adiantum capillus veneris , hydrocotyle vulgaris, 
le marsilea quadrifolia , le potamogeton pusillum ; le conferva sandwicensis , 
chargé d’une innombrable quantité de cypris opalines. 

À cette élévation, on commence à trouver de charmantes pandanées 
ligneuses, à bractées écarlate; et parmi elles, le freycinetia arborea 
[ oé,ié,iéié |; un pandanus | tagoux |, perdu dans le naufrage, à fruits 
jaune-citrin, dont les vives et galantes Sandwichiennes forment une 
agréable parure; leuphorbia plusieurs fois signalé, maïs ici tout-à-fait 
arborescent, dont Îe tronc acquiert et dépasse même souvent un diamètre 
de 3 à 4 pouces; une apocynée odorante, du genre gynopogon (g. olivæ- 
Jormis; alyxia , R. Brown}; l'osteomeles anthyllidifolia | suxé |, à fruits blancs, 
douceâtres, mais peu recherchés des indigènes ; l'artocarpus incisa , le 
broussonetia papyrifera ; Ve mimosa heterophylla [ noë, hoëi, hoëhoai ], semblable 
à celui de l'ile Bourbon et analogue à ceux de la Nouvelle-Hollande (1); 
le metrosideros polymorpha [ sga, éx |, pl. 108 et 109, non moins remar- 
quable par la diversité de ses feuilles. Ce dernier arbre est abondämment 
chargé d’une espèce particulière de viscum, v. metrosideri | pause ]; c’est 
la seule plante parasite observée sur cette terre. 

IL est probable qu’on rencontrera un jour, dans les régions supérieures, 
de nombreuses orchidées, peut-être congénères de celles de Île-de-France et 
de l’île Bourbon; mais je suis forcé de convenir que, jusqu'à ce moment, 
on n’a pas aperçu aux îles Sandwich un seul individu de cette famille (2). 

Là encore se trouvent ces nombreuses lobéliacées (3) des genres c/er- 


(1) M. Aubert du Petit-Thouars, qui a recueilli cette plante à l'île Bourbon, a observé un 
phénomène tout-à-fait contraire; les feuilles devenoient de plus en plus simples et étroites à 
mesure qu'il gravissoit davantage sur la montagne. Ce qui s'explique BAT la grande élévation à 
laquelle ce savant naturaliste se trouvoit alors. Je pense que les Patenistes qui franchiront la 
région nuageuse et boisée des montagnes de l'ile Owhyhi, feront la même spears 

(2) M. Adelbert de Chamisso m'a dit qu’il pensoit en avoir une dans ses herbiers. 

(3) La famille des lobéliacées estsi naturelle, qu’elle semble au premier abord ne se composer 
que du seul genre lobelia ; maïs un examen plus approfondi, et le besoin de diviser les nom- 
breuses espèces qui la composent, nous ont déterminés à faire des genres qui au moins for- 
Mmeront de très-bonnes sections, ainsi que nous essaierons de le démontrer à Particle Lobeliaceæ, 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, 13. 


98 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

montia( c. oblongifolia, pl. 71; c. persicifolia, pl 72; © grandiflora, 
pl. 73), rolandia (r. persicifolia, pl. 74 ); cyanea ( c. grimesiana, pl. 7s ); 
delissea (d. acuminata, pl. 76, d. subcordata, pl. 77, d. undulata, pl. 78), 
si remarquables par leurs tiges ligneuses, la grandeur de leurs fleurs, 
ainsi que par leurs fruits charnus, indéhiscens ; les scævola chamissoniana , 
pl. 82, ets. montana [ papashwi | ; des arbres fort grands de la famille des 


urticées , boehmeria [mamahi et otoux ]; le labordia Jagravïdea, pl. 60, arbre 


de la famille des loganées, qui fournit plusieurs espèces abondantes sur 
toutes ces îles ; le santalum freycinetianum | siéaxx |, pl. 45 : le boïs de sandal 
que fournit cet arbre forme lobjet principal du commerce de cet archipel. 

Ces lieux produisent aussi deux arbres de la famille des amaranthes, 
les charpentiera ovata, pl. 47, et c. obovata, pl. 48; le vaccinium pen- 
duliflorum | st |, pl. 68; une épacridée du genre cyathodes ( cyathodes 
banksii) | poutéaoué et poitwao |, précédemment observée par les célèbres 
Banks et Rob. Brown; un exocarpus [éuou |, le melanthium (astelia, R. B.) 
veratroïdes , pl. 313; une araliacée (aralia trigyna), pl. 98 ; de nombreuses 
rubiacées , telles que le Dobea elatior, arbre de la tribu des guettarda , à 
stigmates polyphylles, pl. 03, etun fedyotis(h. conostyla }, pl. 04 ; le gunnera 
petaloïdea ; les prasium parviflorum | éné-ué, enéé |, pl. 6 5 fig. 1, grandiflo- 
rum, fig. 2, macrophyllum, fig. 3, glabrum, pl. 64; les cyrtandra triflora, 
pl. 52, c. garnotiana, pl. 53, c. lessoniana, pl. $4, c. grandiflora, pl. ss, 
c. cordifolia, pl. 56, et plusieurs autres espèces non gravées, qui toutes 
portent le nom de fafu ; Pamomum gingiber [ aux pue |, dont les fleurs 
fournissent un suc visqueux, aromatique, très - sucré, employé avec 
succès contre les rhumes auxquels les hommes qui habitent cette région 
des montagnes sont continuellement exposés. Le curcuma longa ['oténx |, 
des poivres herbacés [ pouhamosé €t péti |, le £acca pinnatifida [ éioutoubèou ], 
composent la végétation extraordinaire de ces lieux, que, malgré le 
froid qui m'y tourmentoit, malgré la charge et l'embarras de mes col- 
lections, je ne quittai pourtant qu'avec beaucoup de regret. 

Je me souviens que, dans une de ces courses, j'ai cruellement souffert 
de ce changement de température. 

Les guides, que l'espoir d’une légère rétribution attachoit constamment 


à mes pas, refusèrent de m’accompagner davantage ; ce ne fut qu'avec 
P s 


es 


BOTANIQUE. 99 


beaucoup de peine et à force de promesses, que je parvins à déterminer 
le plus intrépide de la troupe à braver encore avec moi la froide hu- 
midité qui nous engourdissoit. Les abondantes collections dont nous 
nous chargeâmes en peu d’instans, des douleurs de poitrine accompagnées 
de sortes de crampes rénales , l'air transi et vraiment pitoyable de mon 
compagnon, me forcèrent bientôt à quitter un lieu que j'ai trop vu pour 
ma santé, mais pas assez pour la science. 

Je considère la région qu'occupent les nuages comme la véritable 
patrie de la végétation propre à ces îles. 

Au-dessous de ces limites, si l'on retrouve encore des vestiges de ces 
plantes, elles présentent des variétés, des anomalies singulières, qui 
paroissent se perpétuer avec les mêmes formes en rappelant quelquefois 
leur première origine. 

C'est donc à 300 toises à-peu-près, entre la partie qu'on pourroit 
appeler torride et celle où les nuages restent ordinairement fixés, que 
la polymorphie s'offre de toute part. Dans cette région de la mon- 
tagne, les végétaux sont alternativement rafraîchis , humectés par les 
nuages, et desséchés, brülés même par les feux du soleil. Ces transitions 
subites, ces influences successives, leur font subir des transformations 
particulières, des modifications surprenantes; et ces phénomènes ne 
manqueroient pas d’égarer le jeune naturaliste, et même l’homme déjà 
versé dans l'étude des êtres, s'il n'avoit pas eu le temps de réfléchir sur 
les causes de cette végétation bizarre, si contraire à l’ordre naturel. 

Rien au monde, en effet, n’est plus remarquable que le metrosideros 
polymorpha, à feuilles linéaires vers le sommet de la montagne, succes- 
sivement linéaires-lancéolées , lancéolées, ovales, obovales, elliptiques, 
arrondies, même cordiformes, à mesure qu'on en descend, et qui, de 
glabres et luisantes qu’elles étoient primitivement , deviennent pubes- 
centes, velues, et de plus en plus tomenteuses (1). 

Le mimosa heterophylla, placé dans les mêmes circonstances , offre 
d'abord des feuilles bipinnées, à pinnules nombreuses : si l’on descend 
quelques toises. de plus, on voit ces pinnules diminuer de nombre et 


(1) J'ai déposé dans l’herbier du Jardin du roi, des échantillons de toutes ces variétés. 


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100 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de dimensions, et finir bientôt après par disparoître entièrement. On 
peut alors observer un'fait non moins curieux : les pétioles des feuilles 
composées, qui étoient linéaires, légèrement membraneux ou ailés, se 
sont progressivement élargis, de manière à constituer, dans leur nouvel 
état, des feuilles simples , luisantes, linéaires-lancéolées, lancéolées, et 
quelquefois ovales. A partir de ce point, où les petites folioles cessent 
de se montrer et où les pétioles foliacés ont pris leur plus grand déve- 
loppement, toujours en se dirigeant vers les régions inférieures, on voit 
ces mêmes pétioles décroître et se rétrécir graduellement, et ne plus 
former en définitive que des expansions linéaires , épaisses, blanchâtres 
ou grisâtres, et même furfuracées. 

S'il falloit une autorité de plus pour prouver que ces plantes si diver- 
sement conformées appartiennent aux mêmes espèces, j'ajouterois que 
les indigènes me Îles ont signalées toutes par la même dénomination, en 
y réunissant toutefois des noms qui en exprimoient sans doute les 
modifications. 

Si l'hypothèse émise relativement à ces anomalies est généralement 
vräie, elle offre pourtant, selon les localités, quelques exceptions qui 
sembleroient prouver que les transformations partielles ou complètes, 
une fois établies, peuvent, aïnsi que je l'ai déjà avancé, se perpétuer 
long-temps et peut-être toujours de la même manière. 

Ce qui confirme mon opinion à cet égard, c’est que vingt fois j'ai 
vu non-seulement des exemples nombreux de mimosa heterophylla à 
feuilles diverses végétant à côté les uns des autres ; maïs encore, le 
même mimosa chargé simultanément de feuilles pinnées, de pétioles fo- 
liacés simples, élargis, et de pétioles foliacés linéaires, disposés de telle 
sorte, que, dans un autre pays, On auroit pu croire que la greffe avoit 
réuni plusieurs espèces sur un seul individu. 

Je ne terminerai pas ces observations sans rappeler tentiour des 
naturalistes sur a réduction étonnante opérée, selon les lieux, dans les 
dimensions de quelques végétaux de ces îles; sans signaler de nouveau 
cet euphorbe (ewphorbia multiformis) qui, arbre d'assez haute tige sur la 
montagne, devient rapidement arbuste, arbrisseau, sous-arbrisseau, de 
plus en plus misérable, à mesure qu'on se rapproche des rivages. Là, 


BOTANIQUE. IOI 


même dans les lieux cultivés, ïl n’a été trouvé qu'à l'état sous-ligneux ou 
herbacé. 

Puisque les îles Sandwich sont sorties brûlantes du sein des flots, 
comment leurs plantes se sont-elles développées? Ici s'ouvre un champ 
à de vastes conjectures : je ne m'y arrêterai qu'un instant, dans la crainte 
de m'égarer comme l'ont fait presque tous ceux qui m'ont devancé dans 
la carrière. N’est-il pas plus naturel d'attribuer la végétation de cette 
terre et de toutes celles qui ont une origine semblable, aux courans 
aériens où marins, aux oiseaux, aux hommes, &c., que de chercher les 
germes de tous Îles êtres vivans de ces îles au centre de la terre, d’où la 
volcanisation les auroit entraïnés au milieu d’une lave brûlante essen- 
tiellement désorganisatrice? 

Si nous examinons les thalassiophytes qui peuplent les bords de ces 
îles, nous ne tardons pas à reconnoître qu'elles ont leurs analogues sur 
tous les rivages de l'Océanie occidentale : ne peut-on pas en conclure 
que les végétaux des plages peuvent également y avoir été apportés 
par les courans ou par la main des hommes ? 

Mais l'origine la plus probable des plantes des montagnes n'est-elle 
pas celle qui se rattache à l'action des vents et sur-tout des nuages ; et 
dans ce cas, le nom de végétation éolienne, employé par M. Néraud (1), 
ne lui conviendroit-il pas parfaitement? 

Je sais qu’on objectera, comme on la déjà fait souvent, que ce mode 
d'émigration, facile à concevoir pour les graines légères, rugueuses, 
aïlées ou aigrettées (2), ne sauroit l'être pour celles qui sont pesantes, 
lisses, &c. Je suis loin de partager ce sentiment; je pense, au contraire, 
que des ouragans affreux, tels que ceux qui désolent si souvent les ré- 
gions intertropicales, qui depuis peu d’années ont ravagé plusieurs fois 
les Antilles, l'Ile-de-France, l'ile Bourbon et la partie du continent de 
l’Inde située dans leur direction, peuvent bien aussi se charger de fruits, 
même des plus volumineux, et les transporter à des distances consi- 
dérables (3). 


(1) Voyez Ile-de-France, pag. 23. 
(2) Les syngénèses paroïssent dominer sur toutes les parties du globe, 
(3) A-t-on recueilli quelques observations sur les époques, la direction constante ou variable 


102 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

En effet, ces vents déchaînés qui enlèvent des maisons, déracinent 
des arbres et renversent des forêts entières, ont une si grande vitesse, 
qu'en la portant à 10 ou 12 lieues à l'heure, on ne s'éloïgneroit pas beau- 
coup de la vérité. Aussi, dans leur durée habituelle de trente-six à 
quarante-huit heures, traversent-ils des régions entières, en marquant 
leur passage par tous les genres de destruction. 

Mais n’invoquons point ici le témoignage de ces fléaux trop communs 
aujourd’hui; et relativement aux gros fruits, peut-être d’une époque secon- 
daire , tels que ceux des cocotiers, des baquois, des jambosiers, &c., laissons 
aux hommes, quelle que soit leur origine, le soin de les y avoir transportés. 

Pour les graines de moyenne grosseur que nous supposons y avoir 
été amenées par les vents, c’est, hâtons-nous de le dire, bien moins à 
l'action de l'air agité qu'à une force particulière des nuages qu'il faut 
l'attribuer. Cette assertion, qui se rattache aux phénomènes de l’électri- 
cité, n’est pas la seule qu'on pourroit émettre à l'appui d’une pareille 
théorie; mais pour ne point me jeter dans le vague des explications 
systématiques , j'abandonne ce sujet, sur lequel je me suis peut-être déjà 
trop étendu. La route que j'indique ne tardera sans doute pas à être 
parcourue ; elle conduira, j'espère, à des résultats plus satisfaisans que 
ceux qui ont été obtenus jusqu'à ce jour. 

Observons de nouveau pourtant, à l'appui de notre supposition et 
dans le cas où elle seroit jugée digne de quelque crédit, qu’en effet le 
point des les Sandwich où les nuages viennent ordinairement se con- 
denser, est précisément celui où la lave s'est décomposée en premier 
lieu, et où conséquemment la végétation a commencé, pour s'étendre 
ensuite au-dessus et au-dessous. Îl est donc vraisemblable que la sur- 
face entière de ces roches, soumise à une décomposition successive et 
continue, sera couverte un jour par la terre végétale, et n'offrira plus, 
de même qu'on l’observe déjà dans les îles occidentales de cet archipel (1), 
qu’un vaste champ de culture qui s’étendra jusqu'au bord de [a mer. 
de ces ouragans, les espaces qu’ils ont parcourus, &c.i Je pense que des renseïgnemens positifs 
sur ce point seroient trés-favorables au développement des théories qui se rattachent à la 
géographie des plantes. 


(1) D’après les navigateurs, et les renseïgnemens qui nous ont été communiqués par plusieurs 


personnes dignes de foi. 


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BOTANIQUE. 103 


Maintenant , de quelles terres anciennes les graines sont-elles venues? 
On pourroit répondre que c’est de toutes, puisqu'on y trouve des plantes 
de l'Europe, de Amérique, de l'Asie , de la Nouvelle-Hollande sur-tout, 
et peut-être aussi de l'Afrique. Il est inutile de dire que cette végétation 
des montagnes doit avoir de nombreux analogues sur les points les 
plus élevés des îles du Grand-Océan. 

De toutes ces observations il résulte donc ce qui suit : 

1.° Les plantes des îles Sandwich ont manifestement deux origines. 

2.° Celles des rivages, précédemment désignées sous le nom de litto- 
rales océaniennes (ammophiles), doivent provenir des archipels situés 
dans l'Est de l'Asie. 

3.° Elles ont pu y arriver, soit par limpulsion des flots de Ia mer, 
soit par les premiers navigateurs insulaires. 

4.° Les plantes de la région montagneuse sans cesse baignée par les 
nuages (néphélophiles) ont dû y être déposées originairement par les 
courans aériens et sur-tout par les vapeurs électrisées. 

5.” Les végétaux de ces régions supérieures ou des plages qui pé- 
nètrent dans cette partie brülante de [a montagne, partie que nous 
avons nommée forride, y éprouvent insensiblement des altérations 
diverses, des changemens particuliers qui paroissent se perpétuer ensuite, 
du moins tant que ces végétaux restent dans Îles mêmes circonstances (1). 
Toutefois cependant, sous le masque qui les couvre, on reconnoît encore 
quelques-unes des formes qu'ils avoient dans l'origine. 

Ce phénomène de transformation n'est point particulier aux îles 
Sandwich; on le retrouve dans toute la Nouvelle-Hollande et sur 


quelques terres voisines de ce continent. Il se reproduit encore d’une 


manière très-prononcée à l'Ile-de-France et à l'ile Bourbon, ainsi que nous 
favons précédemment annoncé ; et tout porte à croire qu'il existe aussi 
dans beaucoup d’autres lieux soumis aux mêmes influences équatoriales 
et météorologiques. 

La crainte de me répéter trop souvent et de m'appesantir plus qu'il 
ne faut sur ces faits, m'empêchera d'établir ici les nombreux rapports qui 


(1) Des phénomènes analogues, mais produits par une cause opposée, ne peuvent-ils pas 
avoir lieu au-dessus des nuages, là où commence la région alpineï 


104 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


existent entre les végétaux des montagnes des îles Sandwich et ceux de 
quelques points de Amérique, de la Nouvelle-Hollande, de FIle-de- 
France et de l’île Bourbon. 

Je n’abandonnerai cependant pas ce sujet sans faire remarquer que le 
mimosa heterophylla, le machærina restioïdes , Vacrostichum splendens, Vas- 
plenium erectum, le sida rotundifolia, &c., qu'on a vus figurer parmi les 
plantes de l'ile Bourbon, prospèrent sur les éminences des îles Sand- 
wich, qui en sont séparées par un intervalle de plus de 3000 lieues. 

Ne puis-je pas aussi demander si les quivisia, les fagara, les ludia, 
les teizia, et tant d’autres plantes hétérophylles de fIle-de-France, ne 
doivent pas leurs singuliers caractères, inexpliqués jusqu'à ce Jour, aux 
causes sur lesquelles j'ai hasardé plus haut mes conjectures. 

Les plantes médicinales usitées dans ces îles sont très-nombreuses : 
j'en ai déjà signalé quelques-unes, et je me propose d’en parler plus 
tard dans un article général consacré à l’état de la médecine chez les 
peuples sauvages, aux moyens curatifs qu'ils emploient, à la préparation 
de leurs médicamens, &c. 

Mais j'indiquerai ici les végétaux qui fournissent les principes colo- 
rans dont ils peignent Îeurs étofles, leurs instrumens, leurs embar- 
cations, &c. 

Toutes ces couleurs se composent du suc retiré des feuilles et de 
l'écorce du houhou (a/eurites triloba), uni à un ou plusieurs autres corps. 
Ainsi la couleur jaune [ houhoui «séus | tire son nom du koukoui, déjà signalé, 
et de Faxëno, qui est le curcuma ; la couleur rouge Éhouhout uoui |, du woui ou 
morinda citrifolia; et la couleur noire | houhoui hacou: |] , du charbon de bois 
[harou äou ]. Lorsque cette dernière couleur sert à peindre leurs pirogues, 
ils lui donnent le nom de cuaïéti<lé, eau noire, ou encre. - 

Les arbres à écorce tenace dont on fait des étoffes, des filets, des 
cordes, &c. abondent dans ces îles ; ils appartiennent à la famille des 
urticées, et quelques-uns à la famille des malvacées. Les plus impor- 
tans par leur utilité sont le broussonetia papyrifera |ouaeuné |; plusieurs 
boehmeria où procris, désignés par les noms de mœmahi et ofna; les 
neraudia melastomæfolia et ovata, nommés hehoa, à raison de la grande 
quantité de suc lactescent qu'ils fournissent. 


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dé  siosdbisit 


BOTANIQUE. 10$ 


L'hibiscus tiliaceus est aussi très-commun dans ces îles: mais, aïnsi que 
nous l'avons observé dans presque toutes nos relâches de l'Océanie occi- 
dentale, il ne croît plus sur les rivages, maïs bien sur Les hautes mon- 
tagnes où d’ailleurs il se ramifie beaucoup, et, en général, ne prend 
qu'un assez foible développement. Ses fibres et celles de plusieurs au- 
tres malvacées, servent à la fabrication des fils, des cordes et autres liens 
employés à réunir les pièces des pirogues, &c. 

Il est bien rare de rencontrer un des insulaires de cet archipel, sans 
qu'il ait un ornement végétal à la tête, au cou ou sur une autre partie 
du corps. 

Si les hommes varient peu dans leurs goûts à cet égard, s'ils emploient 
toujours les mêmes productions de Îa terre, il n’en est pas ainsi des 
femmes, qui en changent selon les saisons, et pour qui toutes les plantes 
odorantes, toutes les fleurs, et même tous les fruits colorés, servent 
tour-ä-tour de parure. Ces femmes, et spécialement celles des chefs, 
portent habituellement des couronnes et des colliers faits avec les fruits 
jaune-doré d'une espèce de pandanus, qui croît dans les régions élevées 
des montagnes. On le nomme fagouaa. 

Les jeunes femmes du peuple, celles de l'ile d'Owhyhi surtout, sem- 
blent affectionner les fleurs du cordia sebestena [« |, arbre très-abondant 
dans tous les lieux cultivés. Elles recherchent aussi celles des nom- 
breuses malvacées, et spécialement du sida rotundifolia, nommé fa | vima 
Et dima; les fruits roses et rouges de quelques eugenia [eye], &c. 

Les jeunes filles des montagnes, qui habitent près des forêts, accor- 
dent la préférence aux fleurs des erythrina, des rudolphia, et notammertt 
à celles d’une plante herbacée de ce dernier genre [ avouhiechi |, dont les 
grappes, d’un ponceau très-vif, forment de magnifiques guirlandes. 

Ces parures naturelles sont bien plus riches, bien plus éclatantes que 
tout ce que l'art peut enfanter d’éblouissant pour nos élégantes Euro- 
péennes. Malheureusement je n'ai pu trouver la plante qui produit les 
dernières : aussi ai-je dû me contenter, pour mon herbier, de la cou- 
ronne de l’une des jeunes filles qui, dans la vaste ravine d'Onorourou, 
m'accompagnèrent pendant toute une journée. Je l'ai déposée dans la 
collection générale du Jardin du Roi. 


Voyage de V'Uranie. — Botanique, 4 


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106 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Les hommes ne sont pas aussi passionnés pour ce genre d'ornement, 
et ils se montrent moins versatiles dans leurs choix. Ceux qui, à 
Owhyhi, à Mowi, ainsi qu'à Wahou, me guidèrent dans les montagnes F 
ne manquèrent jamais de m'offrir une couronne faite des rameaux en- 
core tendres et très-déliés de l'alyxia oliveformis, après toutefois m'en 
avoir fait sentir le parfum en prononçant le mot de maié; mot qui, 
s'il n’est pas [e nom de la plante, doit signifier bonne odeur, odeur 
suave. 

A tous ces ornemens fournis par Île règne végétal, je dois ajouter celui 
que les hommes retirent des feuilles de bananier encore fraîches, mais 
pourtant un peu jaunies par l’action du soleil. 

Ils détachent la moitié longitudinale d’une feuille, en ayant soin 
d'y laisser une légère partie de la côte principale, et fendent le limbe 
par lanières de trois à six lignes de largeur. 

Cette feuille ainsi disposée sert à former des couronnes, des ceintures, 


des jarretières et des colliers : souvent aussi, après qu'ils lui ont fait faire 


le tour du cou, ils la croisent sur la poitrine, [a font passer sous les 
bras, et en nouent les bouts derrière le dos, ce qui forme une parure 
remarquable par sa grâce et son originalité. : 

Ce qu'au premier abord j'avois pris pour un objet de pure coquet- 
terie, avoit, ainsi que je l'appris plus tard, un double but d'utilité. En 
effet, un homme fort intelligent de File Mowi me fit remarquer que 
ces lanières, agitées par les mouvemens de celui qui les porte ou par 
le vent, remplissent à-la-fois l'office d’un émouchoir et d’un éventail. 
Ces lanières, disposées en rayons autour de la tête et des autres parties 
du corps, ont elles-mêmes besoin de l'agitation de l’homme ou de celle 
de lair, pour produire un sentiment de fraicheur indépendant de leur 
substance ? 

Nous n'avons séjourné que vingt jours dans l'archipel des Sandwich, 
et je n'ai pu en passer que sept à terre. 

Aussi ai-je été forcé de négliger , dans lintérêt de la botanique, une 
foule d’autres observations que je m'étois imposées. L'examen des eaux 
est de ce nombre; et cependant, ce que j'en ai dit sufhra, je pense, pour 


BOTANIQUE. : 107 


prouver, 1.° qu'elles sont abondantes, vives et fraïches sur les hautes 
montagnes d'Owhyhi, tandis que près du rivage elles sont rares, impures 
et croupissantes ; 2.° qu’elles sont de plus en plus abondantes , quand on 
s’'avance vers l'Ouest à Mowi, à Wahou, et jusqu'à Atouaï. Je pense 
que Îes causes en sont suffisamment démontrées. 


108 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XVII 


NOUVELLE-HOLLANDE (PORT-JACKSON, BOTANY-BAY, 
MONTAGNES BLEUES, BATHURST, &C.) 


CE charmant pays, le seul de tout le voyage qui m'ait vraiment 
rappelé notre belle France, est, comme elle, une source inépuisable de 
richesses, par la nature de son terrain et par sa position géographique, 
qui le rend propre à la culture de toutes les productions de l'Europe et 
de plusieurs autres parties du monde. 

Cependant il est soumis à de nombreuses influences atmosphériques 
qui doivent agir sur la végétation, et en modifient probablement la 
marche et les produits. 

Nous n’avons demeuré qu'un instant sur ce point intéressant du globe ; 
et ce seroit peut-être trop nous hasarder que d'exposer les idées que son 
aspect nous a suggérées; de chercher à établir sur des notions super- 
ficielles lintelligence des phénomènes généraux qui caractérisent d’une 
manière sensible toutes ses productions naturelles; de rendre raison 
des anomalies qui nous ont paru exister entre les plantes d’un lieu, 
comparées à celles d’un autre lieu voisin, mais différemment exposé. 

Les lois qui président à ces étonnantes anomalies, si fréquentes sur 
cette terre, ne peuvent être toutes aperçues, étudiées et justement ex- 
pliquées qu’au moyen d'observations nombreuses, bien coordonnées, et 
embrassant à-la-fois la géographie, la topographie et toutes les circons- 
tances accidentelles qui influent sur la constitution de l'air. 

Je dois donc me renfermer dans lexamen de quelques faits recueillis 
à la hâte. Is suffiront, j'espère, pour établir en thèse générale que les 
différences observées dans l’état de développement de quelques végétaux 
indigènes ou exotiques, dépendent de l'exposition propre à chaque loca- 
lité, bien plus encore que de la nature du terrain. 

Le 27 novembre, lors du départ pour notre course au- delà des 


BOTANIQUE. 109 
Montagnes Bleues, les céréales achevoient de mürir à Parramatta et à 
Prospect-Hill, et on les coupoit déjà à Regent-ville sur les bords de la 
rivière Nepean. Plusieurs jours après, nous arrivâmes à la campagne de 
M. Lawson et à Bathurst. Là elles commençoient à peine à grener; et, 
en ce dernier endroit sur-tout, des épis de froment froissés entre les 
doigts, loin d'offrir le grain durci par la maturité, ne donnèrent que de 
l'album lactescent et encore très-fluide (x). 

Ce phénomène seroit difficile à expliquer, si on n’avoit égard qu'aux 
distances qui séparent ces lieux, et moins encore à leurs latitudes res- 
pectives : mais on s’en rend compte très-aisément à la seule inspection 
des localités. En effet, Regent-ville, où nous trouvâmes les champs en 
moisson, est située sur la rive droite de la Nepean, dans une plaine 
bordée à l'Ouest par le rideau majestueux des Montagnes Bleues, rideau 
qui la défend contre l’impétuosité des vents de cette partie et les frimas 
qu'ils portent sans cesse avec eux; tandis que Prospect-Hill et Parra- 
matta, plus éloignés de ce boulevart protecteur, assez rapprochés de fa 
côte et découverts de toute part, reçoivent alternativement l’action des 
vents glacés du Sud, et celle des brises journalières qui, de temps à 
autre aussi, battent ces lieux avec la plus grande furie. 

Il en est de même de la ville de Bathurst, située au-delà des Mon- 
tagnes Bleues, sur un sol plus élevé et ouvert à toutes les intempéries, 

On ne peut en douter; c'est à cette double action des vents, qui se 
fait sentir sur les végétaux indigènes comme sur les plantes exotiques, 
qu'il faut sur-tout attribuer l'aspect de misère répandu sur lactive vé- 
gétation du Port-Jackson, des hauteurs qui Île dominent, et probable- 
ment de toute la côte de la Nouvelle-Galles du Sud. Aussi, dès qu'on 
s'avance de quelques lieues vers l'intérieur, voit-on les mêmes arbres 
se redresser peu à peu, s'élever majestueusement, et acquérir enfin des 
dimensions colossales. 

Nul doute que la nature du sol n’exerce aussi son influence; mais je 


(1) Ce que nous avons observé sur le froment, doit aussi avoir lieu pour les autres céréales, 
le maïs, et toutes les productions utiles, même pour la pomme de terre, ressource si abon- 
dante maintenant et d’une si grande importance pour ce pays : mais, je le répète, je n'ai 
traversé la Nouvelle-Galles du Sud qu'en courant. 


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110 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


crois cette influence bien moins importante : il se compose généralement, 
ici comme sur les Montagnes Bleues, de sable mélangé avec beaucoup 
de terre végétale, et repose sur un fond de grès qui se montre souvent 
à nu. 

Cette composition du sol se fait remarquer à partir de fa côte jusqu'à 
la Nepean; cependant, sur quelques points de cet espace, à Prospect- 
Hüll en particulier, on voit quelques montagnes granitiques entourées 
ordinairement de terrain alumineux : mais cette différence n’en opère 
point une notable dans le développement des productions végétales. 

La couleur et le port des arbres les plus élevés, leurs feuilles simples, 
obliques et glauques , diversement lancéolées, rappellent Îes arbrisseaux 
de la baie des Chiens-Marins. Mais sans offrir leur état de maigreur et 
de dépérissement, ils partagent leur teinte sombre, leur physionomie 
sauvage. 

À quoi donc peut tenir le phénomène singulier de dégradation ou 
d'avortement si général sur cette terre, et dont on retrouve quelques 
exemples à l'Ile-de-France, à l'ile Bourbon, ainsi que sur le sommet 
des îles Sandwich? 

A la baie des Chiens-Marins, on pouvoit lattribuer aux fréquentes 
intempéries de cette localité, à limpétuosité des brises du Sud-Est qui 
frappent et froissent souvent ses dunes desséchées, aux nuits froides 
contrastant avec des jours brûlans, et sur-tout à la disette de terre 
végétale. 

Mais ici, si l’on retrouve quelques-unes de ces causes, par exemple 
celles des vents et des variations de température, on est loin d’être en 
droit d'adresser le moindre reproche au sol. En effet, excepté sur quelques 
points rapprochés de la mer ou des Montagnes Bleues, la terre offre de 
toute part une fertilité étonnante que quarante ou cinquante ans d’ex- 
périence ont démontrée; chaque jour encore la culture obtient des ré- 
sultats de plus en plus favorables, de plus en plus abondans. 

Cette partie de la Nouvelle-Hollande, si belle de sa végétation in- 
digène, si riche aujourd’hui de ses productions alimentaires en tout 
genre, étoit naguère, avant que les Européens y abordassent, entière- 
ment privée de végétaux nutritifs, et, sous ce rapport, tout aussi 


BOTANIQUE. III 


malheureuse que la terre d'Endracht. Le sol sur lequel l’homme civilisé 
trouve de si grandes ressources par la culture, n'avoit rien fait pour 
l’homme sauvage, farouche possesseur de cette belle partie du monde: 
à peine recueilloit-il es racines bulbeuses, mais rares et ténues, de 
quelques orchidées [ww] et asphodéléés, les petits fruits acides des 
leptomeria , de quelques rubus , et peut-être des persoonia , des billardiera, &c. 

Les légumineuses rudes et ligneuses, ou voisines de cet état, sont peut- 
être de toutes les plantes de la Nouvelle- Hollande celles qui offrent 
d'une manière plus prononcée le singulier phénomène de réduction dans 
les feuilles, tandis que les légumineuses tendres ou herbacées ont géné- 
ralement des feuilles composées. Mais pourquoi les premières ne sont- 
elles pas toujours dans le même état? Pourquoi, à côté d’un mimosa en 
arbre et à feuilles simples, trouve-t-on un mimosa en arbre à feuilles 
pennées? T'elles sont les questions que je me suis souvent adressées en 
parcourant ce singulier pays, et que malheureusement je ne saurois 
résoudre, à moins d'admettre l'hypothèse proposée en parlant des îles 
Sandwich, c’est-à-dire, qu'une modification créée par une influence 
quelconque peut ensuite se perpétuer indéfiniment. 

Avant d'abandonner ce champ trop vaste en suppositions, je dois 
rappeler encore une fois que des plantes polymorphes du même genre et 
peut-être de la même espèce, qui abondent sur cette terre, ont été ren- 
contrées dans des régions bien différentes, telles que les îles Sandwich, 
l'île Bourbon, &c. Mais ces régions, quoique fort éloignées, étoient sou- 
mises aux mêmes influences, et leurs climats, en apparence si distincts, 
pouvoient être considérés comme absolument semblables. 

Ce seroit peut-être aussi l’occasion d'établir les rapports qui existent 
entre les végétaux de la Nouvelle-Hollande et ceux des hautes régions 
de quelques montagnes qui en sont très-éloignées ; mais ces renseigne- 
mens, précédemment annoncés, trouveront une place plus convenable, 
Je crois, dans le résumé de géographie botanique par lequel je compte 
terminer cet ouvrage. 

Si les arbres des Montagnes Bleues sont en général moins forts et 
moins vigoureux que ceux des plaines, il faut en chercher la cause 
ailleurs que dans lélévation médiocre de ces montagnes, que dans la 


112 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


nature de leur sol, quoique parfois il montre le grès à nu : es nuées 
glaciales dans lesquelles ces végétaux demeurent fréquemment plongés, 
et qui ralentissent ou arrêtent en eux la circulation de la sève ainsi que 
leurs autres fonctions ; les vents impétueux qui les pénètrent sans cesse, 
qui les frappent, les froissent, les brisent et finissent quelquefois par les 
déraciner : tels sont, je pense, les véritables obstacles à leur dévelop- 
pement. 

Le froid que nous avons éprouvé dans ces nuages, Îes arbres nom- 
breux que nous avons vus porter les marques des outrages de ces oura- 
gans , attestent assez la justesse de cette conjecture. 

Il ne s’en est probablement fallu que de peu de jours que nous 
fussions les spectateurs et peut-être les victimes de lune de ces tour- 
mentes : en effet, nous vimes, le troisième jour de notre voyage, non 
loin de Jamieson - creek, dans Île fond d’une vallée, des milliers d’arbres 
déracinés par le vent et brisés sur [a terre. 

Cependant, si la plupart de ces végétaux ont un port moins agréable, 
moins majestueux, si leurs rameaux et leurs feuilles manquent souvent 
d'élégance et de fraîcheur , ils compensent bien ces désavantages par le 
luxe inconcevable de leur reproduction. Les plantes, les arbres mêmes, 
pressés pour ainsi dire les uns contre Îles autres, se font admirer sur- 
tout par la diversité des genres et des espèces. 

On trouve pourtant, dans quelques endroits privilégiés, sur Îe pen- 
chant des collines, ces beaux casuarina, ces mimosa à fleurs dorées, et 
sur-tout ces immenses evcalyptus qui seuls ordinairement peuplent et dé- 
corent les plaines de cet admirable pays. 

On observe parfois ici ce qui se remarque fort souvent en Europe ; 
quelques espaces particuliers, quelques terrains, sont peuplés de végétaux 
d'une même famille, ou du moins d'un petit nombre d'espèces qui y 
dominent d’une manière remarquable, 

Il n’est pas rare de rencontrer en France beaucoup de forêts naturelles 
composées de chênes, de pins, de châtaigniers, &c. ; de même on trouve 
ici des cantons souvent d’une grande étendue qui ne comptent guère en 
végétaux de haute tige que des evcalyptus, des casuarina, des callitris, 
des mimosa, des banksia , &c. 


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| BOTANIQUE. 113 


Cette remarque, la deuxième de ce genre que j'aie été à même de 


faire pendant le voyage, n’est pas la seule qui m'ait fait porter mes 


pensées vers ma belle patrie. Les sites pittoresques des bords de la. 
rivière Nepean, de la rivière de Cox et de la rivière Macquarie, les plaines 
d'Ému, de Campbell et de Bathurst, m'ont souvent rappelé les bords 
rians de la Loire et de Ia Charente, et les immenses prairies qu’elles 
arrosent et fécondent. 

Les arbres fruitiers apportés d'Europe ont parfaitement réussi au Port- 
Jackson et dans les autres établissemens de cette région; aussi main- 
tenant y trouve-t-on des pommes, des poires, des prunes, des abricots, 
et sur-tout des pêches, dans la plus grande profusion. 

La vigne seule paroît éprouver des difficultés, non dans son dévelop- 
pement, mais dans l'acte de la fécondation, et par suite dans la matu- 
ration de ses fruits; ce qu’il faut attribuer soit aux atteintes malfaisantes 
d’un insecte (coccus) ou d’un champignon (redo !}, comme on le croit 
généralement à Sydney, soit plutôt, selon moi, à l’inconstance habituelle 
du climat, et sur-tout à l’extrême différence de température entre les 
jours et les nuits. 

Les Anglais, si experts en fait de colonies, ne se sont point bornés 
à ces richesses destinées à accroître les jouissances de Ta vie sensitive ; 
le chêne, cet antique habitant de nos forêts, s'élève maintenant à côté 
de leucalyptus , lui dispute déjà la souveraineté des plaines, et, sous le 
rapport de l'utilité, lemportera bientôt sur lui comme sur les autres 
grands arbres de ces régions. 

Quoiqu'il soit superflu pour la science que j'entre ici dans quelques 
détails sur la nature de la végétation de la Nouvelle-Galles du Sud, 
végétation si bien dévoilée par les écrits des Smith, des Banks, des 
Labillardière, des Brown, &c., je n’hésite cependant pas, dans l'intérêt 
de mes jeunes collègues qui, comme moi, pourroient visiter ce pays 
avant de s'être nourris des préceptes de ces savans, à donner un léger 
aperçu sur l’ensemble, la nature et les modifications des plantes qui 
croissent dans cette partie du monde. 

Le Port-Jackson, où nous abordâmes, offre de toute part des végétaux 
maigres et cependant fort serrés, ce qui tient à la nature de son terrain 

Voyage de l'Uranie. — Botanique. I S 


114 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
sablonneux, et sur-tout aux influences atmosphériques précédemment 
énoncées. 

Parmi les arbres, on compte des banksia, des eucalyptus, des melaleuca, 
des casuarina, des mimosa, des olax, des exocarpos et des xanthorrhæa 
aux troncs résineux, si remarquables par leur organisation (1). 

L'espèce (x. arborea) qui croît dans le voisinage du port, a des tiges 
de six à huit pieds, couronnées de feuilles nombreuses, linéaires, très- 
alongées, du centre desquelles s'élève une flèche de quatre à six pieds, 
terminée elle-même par un spadice qui n’en a pas moins de trois ou quatre, 
ce qui donne à cette plante singulière une élévation de deux à trois toises. 

A côté de ces grands arbres qui croissent spontanément, doit être placé 
le beau pin de Norfolk (araucaria excelsa), aux formes pyramidales, qui 
orne les jardins et domine de toute part. Les végétaux que leur élévation 
et leur aspect placent en seconde ligne, sont les persoonia lanceolata, linea- 
ris et nutans ; le callicoma serratifolia, es hakea gibbosa et pugioniformis, les 
isopogon anemonifolius et anethifolius ; les grevillea sericea, linearis, juniperina, 
mucronulata, entre lesquels croissent abondamment les goodenia bellidifolia, 
ovata, gracilis, stelligera, elongata, heterophylla, hederacea ; le campanula 
littoralis, les scævola microcarpa et hispida ; les lobelia gracilis, purpurascens 
et alata ; les velleia dichotoma; es eriocalia major et minor, le ricinocarpus 
pinifolia ; les stylidium graminifolium, lineare et tenuifolium ; Ve gonocarpus te- 
tragynus, le xerotes flexifolia ; les restio complanatus, fastigiatus, et de nom- 
breuses fougères des genres preris ( p. vespertilionis et esculenta), dicksonia, 
( d. davallioïdes ) , notholæna distans , lindsæa microphylla, davallia pyxidata ; 
plusieurs gleichenia, &c. 

Les roches inondées du rivage, comme celles de tous les flots de la 
rade, sont recouvertes de diverses fucoïdes, et notamment du çystoseira 
trinodis, de Vencælium bullosum, précédemment observés dans la partie 
occidentale de ce continent, et du varec moniliforme ( cystoseira moni- 
liformis), décrit et gravé dans la Flore de [a Nouvelle-Hollande de 
M. de Labillardière, sous le nom de fucus moniliformis. 

Les végétaux deviennent de plus en plus rares et maigres à mesure 
qu'on se rapproche de fa côte, où lon ne trouve plus guère que des 


(3) Voyez articles Asphodeleæ (xanthorrhæa ) et Cycadeæ. 


BOTANIQUE. 115 
restiacées, des stylidiées, des umbellifères (azorella), des thymélées 
(pimelea), &c. 

Ils nous ont paru offrir généralement le même état de dégénérescence 
sur la route sablonneuse et cependant humide de Botany-Bay. . 

Les bords de cette immense baïe sont peuplés d’eucalyptus resinifera 
(redgum) et amygdalina, d'angophora, de leptospermum , de metrosideros et 
autres arbres de très-grande dimension, qui maintenant ombragent une 
multitude de chaumières, des manufactures en tout genre. On y rencontre 
aussi dans la plus grande abondance, des xanthorrhæa à résine jaune 
(x. hastile!), le zamia spiralis ; les mimosa sophora, saligna et nigricans ; 
le xerotes longifolia, Vhœmodorum teretifolium, Le genosiris fragilis, le drosera 
_ pedata, le marsdenia suaveolens, Âe stackhousia monogyna, le chloanthes 
stæchadis, le samolus littoralis; les hibbertia volubilis, diffusa et fasciculata ; 
le xyris juncea ; les juncus vaginatus, planifolius, plebeius ; le lycopodium uli- 
ginosum, Visolepis prolifera. 

À mesure qu'on avance de Parramatta vers Prospect-Hill et jusqu'au 
premier dépôt militaire, la végétation paroît changer un peu : les euca- 
dyptus y sont nombreux en espèces, quoique plus clairsemés, et leurs di- 
mensions s’accroissent progressivement; les mimosa arborescens, les bank- 
sia , les exocarpos, les casuarina mêmes, s’y montrent plus souvent; et, 
dans quelques localités, des espaces considérables sont presque couverts 
des melaleuca linifolia, styphelioïdes, hyssopifolia, diosmæfolia, ericafolia, 
nodosa, &c., dont plusieurs sont chargés de loranthus, de viscum , et de plu- 
sieurs plantes grimpantes des genres billardiera, chorysema, kennedya , &c. ; 
puis on voit paroître les daviesia acicularis, ulicina, corymbosa ; les metro- 
sideros lanceolata, linearis et pinifolia; le myrtus trinervia, des dodonæa 
( d. triquetra, cuneata ), &c. 

Les lieux plus humides se tapissent de dianella, de cæsia; des arthropo- 
dium minus, fimbriatum, paniculatum , et autres asphodélées; des stylidium 

graminifolium , lineare ; de syngénèses du genre brachiscome, qui figurent 
_ nos marguerites des prés, et des anthistiriaquirappellent notre avena sterilis, 

Les terrains bas et souvent inondés sont peuplés des petits /obejia 
Jluviatilis, inundata'et purpurascens ; de dichondra repens, d'epilobium , et des 
lepidosperma gladiata, lateralis, &c. 


15* 


116 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Énfin les bords des rivières, des ruisseaux et des étangs, ainsi que Îles 
mares qu’on rencontre fréquemment Îe long de la route, abondent en 
alismacées (alisma, triglochin, actinocarpus); en hydrocharidées (dama- 
SOnium $ HAS, lemna ); en cypéracées (cyperus, SCITPUS , schænus, carex ); 
en graminées, en chénopodées, en polygonées, en scrophularinées (gra- 
tiola latifolia et pedunculata ), en myriophyllum, en desmodium, en mentha, 
en scutellaria, en azolla (a. pinnata et rubra), et autres plantes aqua- 
tiques. 

Les rivages de la Nepean comptent aussi quelques plantes particulières : 
un sambucus voisin des sambucus japonica et peruviana; un arum (a. 
orixense) ; un lycopus (1. australis); et parmi les espèces remarquables qui 
flottent sur ses eaux, les potamogeton natans, perfoliatum, crispum et gra- 
mineum ; le vallisneria spiralis, le typha angustifolia, et le panicum para- 
doxum (planche 24), qui se distingue par ses longues arêtes florales, l'une 
des anomalies les plus singulières de cette famille. 

Les premières collines des Montagnes Bleues sont couvertes d’une 
végétation sinon semblable, du moins fort analogue à celle des lieux 
qui avoisinent la côte. C’est ainsi qu’on retrouve différentes espèces de 
casuarina , d'exocarpos, de banksia, d'acacia, considérablement réduits 
relativement à ceux des plaines ; des xanthorrhæa, que nous n’observâmes 
nulle part ailleurs dans cette longue exploration; l'asclepias fruticosa, les 
solanum sodomeum, armatum, hystrix, s'y montrent aussi en abondance. 

Plus loin, dans les régions les plus élevées de cette partie des mon- 
tagnes, régions qu'on pourroit nommer des Protéacées , croissent dans la 
plus grande profusion, d’abord des banksia, qui ont encore une certaine 
élévation, et, successivement, des isopogon, des persoonia , et spécialement 
le persoonia ferruginea; des xylomelum ; le superbe telopea speciosissima, à fleurs 
écarlate; et dans les parties les plus sèches, sablonneuses, des embotrium, 
des grevillea , des lomatia , des lambertia, des conospermum, et une immense 
quantité d’hakea, de ruellia (r. australis), de prostanthera, de dampiera 
(d. rotundifolia, stricta), de pimelea; es charmantes lobelia gracilis et den- 
tata; une multitude de goodenia heterophylla, de campanula littoralis, que 
nous avons déjà signalés, 

Les arbres se montrent de plus en plus vigoureux, à mesure que l'on 


BOTANIQUE. 117 
s'approche de Spring- Wood , où ils sr par avoir les plus étonnantes 
dimensions. 

On trouve encore les cryptandra ericæfolia et c, spinescens; plusieurs es- 
pèces d'adriana, de pommaderis, de leptomeria, de rubus, de smilax, de 
Patersonia, &c. Nous y avons également observé les clematis microphylla et 
aristata, le lasiopetalum ferrugineum , les phebalium squammosum et hexa- 
petalum ; le crowea saligna, Veriostemon salicifolium , le mirbelia reticulata , 
le podolobium trilobatum, le viminaria dentata; les mimosa myrtifolia , juni- 
Perina , verticillata, et autres espèces à feuilles épineuses ; le /eptospermum 
thea, des daviesia et des bossiæa nombreux, quelques boronia et tetran- 
thera ; et parmi les plantes herbacées, les notholæna distans, Vhymenophyllum 
tunbridgense ; les doodia aspera, media et cordata; les polypodium tenellum 
et scandens, des mitrasacme, des opercularia, le goodenia decurrens, Yholcus 
cærulescens, gravé planche 27; d’abondantes quantités d’eriocalia, et des 
orchidées des genres cryptostylis, caleana, gastrodia. 

Au-delà de Spring- Wood, Les arbres subissent de nombreuses varia- 
tions dans les formes : elles sont déterminées par la nature du terrain qui 
les nourrit, et sur-tout par l'influence plus importante encore de Ia di- 
“versité des sites. 

Ces expositions, qui changent souvent en raïson des irrégularités du 
terrain, donnent à ces lieux un aspect charmant : le contraste des chétives 
productions des montagnes avec a superbe végétation des plaines ins- 
pire au botaniste un intérêt inexprimable. 

Sur l’un des points les plus élevés de la chaîne (King 7s-T'able- land), 
nous trouvâmes une de ces végétations singulières qui méritent des dé- 
nominations distinctes, et que nous avons nommée région des épacridées. 
Nulle part, en effet, les plantes de cette famille ne se montrèrent plus 
nombreuses , ni sous le rapport des individus, ni sous celui des espèces. 

Nous y recueillimes successivement les epacris pulchella, microphylla, 
obtusifolia ; es leucopogon lanceolatus , ericoïdes ; le stenanthera pinifolia , le 
dracophyllum secundum, des lysinema, des styphelia, des monotoca, &c. 

Ces plantes sont protégées contre limpétuosité des vents et la rigueur 
des frimas, par des sous-arbisseaux très-serrés qui, chose assez remar- 
quable, appartiennent aux genres banksia, casuarina, melaleuca, angophora 


118 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


et autres arbres rapetissés, unis à des Aakea à feuilles subulées, à des 
mimosa épineux, des pultenæa, des bossiæa, des hovea, &c. 

De ce point élevé jusqu’à la vallée de Jamieson, et de [à jusqu'au 
Mont-York, nous remarquâmes à-peu-près les mêmes végétaux, et entre 
autres les boronia ledifolia, pinnata, serrulata, polygalifolia et parviflora; 
les tetranthera ericæfolia et juncea ; les conospermum longifolium, taxifolium , 
ericifolium , ellipticum , tenuifolium ; des leptomeria à fruits acides ; des co- 
prosma (c. hirtella); le grevillea gaudichaudii, R. Brown (pl. 46), à 
feuilles pinnatifides, mucronées, et à bords roulés en dessous. 

Le promontoire d'York termine dans l'Ouest les montagnes de grès : ïl 
domine la superbe plaine qui a reçu le nom de vallée de Clwyd; on y 
descend par une route très-rapide, tracée dans les flancs escarpés de 
la montagne. Sur les bords rocailleux de ces précipices, dans les gorges 
qui les avoisinent, se trouvent le dendrobium teretifolium, des eleoden- 
drum, des senecio, asplenium flabellatum, le todea africana |osmunda bar- 
bata), le polypodium billardieri, et une foule d’autres cryptogames. 

La vallée de Clwyd, la Glen du Prince-régent, et les plaines immenses 
qui s’y réunissent, forment des prairies marécageuses sur plusieurs points. 
Elles sont couvertes de graminées des genres poa, holcus, panicum , dan- 
thonia, paspalum , avena, triticum, bromus, chloris, cynodon, et de cypéra- 
cées, telles que des schænus, des carex, parmi lesquelles croissent des 
renoncules, de petites centaurées (erythræa), des géraniacées, des syngé- 
nèses à fleurs blanches, et une innombrable quantité de plantes maré- 
cageuses, telles que des ancistrum, des geum , les drosera peltata et spa- 
thulata ; les veronica plebeia , gracilis, perfoliata ; de larges tapis d’utricularia, 
des euphrasia, des convolyulus et calystegia, des teucrium, le verbena officinalis, 
des plantago, enfin d’autres plantes congénères de celles qui peuplent nos 
pâturages européens, et souvent identiques avec elles. 

Le pays fort irrégulier qui sépare Cox-River de Fish-River , est en 
général peu boisé. Les grands arbres qui y végètent sont très-espacés : 
ils se composent sur-tout des eucalyptus à gomme blanche [ white gum |, 
à gomme bleue | blue gum |, &c.; ces végétaux appartiennent toujours 
aux genres qui prédominent dans cette région, et souvent aux mêmes 
espèces ; mais ils sont loin d'acquérir les dimensions colossales de ceux 
qui peuplent les plaines situées à l'Est des Montagnes Bleues. 


BOTANIQUE. 119 

À Fish-River, le sol étoit tapissé de leuzea australis en fleurs ( gravé 
Pl. 92), de papaver horridum, que nous retrouvâmes aussi sur les bords 
de la rivière Campbell et sur plusieurs autres points, et de nombreuses 
orchidées des genres prasophyllum , diuris, dipodium, microtis et thelymitra. 
Les plaines immenses de Bathurst et de Macquarie, que nous par- 
courümes successivement, offrent, comme celles que nous avions déjà 
visitées, une végétation herbacée et fleurie qui nous rappeloit sans cesse 
les belles prairies européennes. Combien n’est-on pas surpris et charmé 
de trouver, à plus de 4000 lieues de sa patrie, l'aspect riant, la verdure 
et la fraîcheur de nos plaines humides; le coloris et le parfum des fleurs 


‘qui occupèrent nos premiers loisirs ! Combien de souvenirs doux et tou- 


chans ne nous retracèrent pas les brachiscome, pris au premier abord 
pour des bellis! Je me surpris même, je crois, à en détacher les rayons 
symboliques que j'interrogeois involontairement. 

Qu'il étoit agréable et facile de se tromper à la vue de ces plantes, et 
des ranunculus lappaceus, inundatus ; des geranium retrosum , parviflorum et 
sanguineum ; des cynoglossum, des euphrasia, des salvia, des ajuga, des 
teucrium, des prunella, des turritis (t. glabra), des lepidium hyssopifolium , 
des sida, des convolvulus (c. erubescens) et calystegia (c. marginata); des 
polymeria (p. calycina), figurant nos convolvulus arvensis et altheoïdes ; des 
veronica ( v. plebeia, labiata, gracilis et perfoliata), des epilobium , des viola, 
des /ythrum et des Aypericum (ascyrum), Ve linum usitatissimum, &c., qui re- 
présentent si bien les plantes de la France! Aussi jamais illusion ne fut 
plus complète, plus enivrante. 

Ce fut sur les montagnes granitiques qui dominent ces plaines, que 
nous trouvâmes le cèdre de la Nouvelle-Hollande { callitris spiralis), for- 
mant à lui seul de petites forêts; l'isotoma axillaris (gravé pl. 70), qui 
semble se plaire sur les roches nues. 

Tandis que le long des torrens, sur le bord des rivières, et dans tous 
les lieux humides, on voyoit croître avec profusion la variété du sida 
pulcherrima (5. lawsonii), des lotus à fleurs blanches et à fleurs jaunes, 
des feucrium, des hydrocotyle, des oxalis, des galium, &c. 

Près des établissemens et jusque dans les champs cultivés, nous ren- 
contrâmes l'ammobium spathulatum , pl. 90; une autre synanthérée voisine 


+ VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des arctotis et remarquable par ses graines à deux loges (planché 86), 
enfin une foule de plantes communes qui paroïssent avoir suivi les cé- 
réales et les autres productions de nos climats. 

A la suite de ces nombreux détails, il ne sera pas sans intérêt pour la 
géographie des plantes, de faire remarquer que nous n'avons abordé le 
continent de la Nouvelle-Hollande qu'à ses extrémités orientale et occi- 
dentale, c’est-à-dire, à des distances de plus de 700 lieues, et que, malgré 
cela, nous avons rencontré sur lune et sur l’autre de ces régions opposées, 
des plantes appartenant aux mêmes familles, aux mêmes genres, et fort 
souvent aux mêmes espèces. 

Nous n'avons examiné les eaux d'aucune des rivières de la Nouvelle- 
Galles du Sud, parce que nous pensions qu'un travail sur ce point a déjà 
été fait par des mains plus exercées que les nôtres. Nous nous borne- 


.rons à dire que toutes, excepté celles de Botany-Bay, nous ont paru 


fort bonnes. 

La Nepean et les rivières qui prennent leur source dans les Montagnes 
Bleues et au-delà, sont plus abondantes et plus fraîches : cependant tout 
nous porte à conjecturer que les rivières de ce pays qui proviennent des 
terrains granitiques, sont communément moins pures. 

En effet, dans presque tous les lieux où le granit se montre à nu, nous 
avons trouvé de petites sources dont leau étoit surchargée de matières 
salines. 

C'est sur-tout entre le dépôt militaire de Cox-River et la vallée de 
Sydmouth que nous avons fait cette observation. Nous citerons encore, 
à l'appui de notre opinion, un fait assez curieux; c'est que du Port-Jackson 
jusqu’au-delà des Montagnes Bleues, nous n'avons rencontré qu'une seule 
montagne granitique, qui cependant présentoit le même phénomène. 

Ce petit cône, non moins remarquable sous le rapport géologique, est 
situé à Prospect-Hill, dans la belle propriété de M. Lawson; il donne 
naissance à de nombreuses sources minérales, qui, je crois, méritent l’'at- 
tention des chimistes de cette colonie. 


| 
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BOTANIQUE. 121 


CHAPITRE XVIII 


TERRE-DE-FEU ( BAIE DE BON-SUCCES ). 


La corvette / Uranie n'a fait que paroître dans cette baie; mais ce 
court intervalle de temps a suffi pour détruire l'impression défavorable 
que nous avoit causée la vue de Faffreux cap Horn. Une erreur que 
nous devions sans doute aux premiers marins qui visitèrent ces contrées, 
fous dominoit presque tous; nous pensions que la Terre-des-États et 
la Terre-de-Feu ne produisoïient que des végétaux de foibles dimen- 
sions. 

Ce préjugé étoit si profondément gravé dans mon esprit, que déjà 
depuis plusieurs heures nous longions la côte, et je considérois toujours 
comme des roches stériles et décharnées les forêts immenses qui en 
couvrent les hauteurs. Ce n’est même qu'après notre entrée dans Îa rade 
de Bon-Succès que je reconnus enfin combien je m'abusois. 

En effet, les coteaux qui bordent cette baie sont chargés d'arbres 
qui nous ont paru assez grands et fort rapprochés les uns des autres. 
Mais ces arbres ont dans leur ensemble, dans leur manière de se grou- 
per et dans leur port particulier , quelque chose de sombre et de sauvage. 
La vue de l'écorce grisâtre des espèces dominantes, de leur feuillage rare 
et fort ténu, d’une teinte uniforme, obscure et glauque, nous faisoit 
éprouver un sentiment de tristesse qu'augmentoient encore Îles approches 
de lhorrible tempête qui, un instant après, nous avoit entraînés loin 
du port. 

Cependant la végétation de la plage qui termine cette baie m'a 
paru plus verte, plus active, plus variée que celle des montagnes. 

Le rivage, le contour de la rade, ainsi que toutes les côtes de cette 
terre, sont tapissés d’une immense quantité de fucus giganteus (macro- 
cystis pyrifera, Ag. ). 

Encore loin de la terre, ces plantes, dont le sommet flotte à la 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. Ï 6 


è 


122 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


surface des eaux, ressemblent à autant de vigies placées par la nature 
pour signaler les écueils dont cette côte est hérissée. 

Si nous en jugeons par les nombreuses cascades qui, du sommet des 
montagnes à pic, s'élancent dans la mer, le pays doit être abondamment 
pourvu d'eaux courantes. ‘ 


BOTANIQUE. 123 


CHAPITRE XIX. 
ÎLES MALOUINES (1). 


PERNETTY, Commerson et Forster ont observé et recueilli des plantes 
au détroit de Magellan et dans quelques autres parties de la Patagonie, 
de la T'erre-de-Feu et même de la Terre-des-États. MM. de Jussieu, 
de Lamarck, &c., les ont décrites avec cette supériorité de talent qu'on 
leur connoît. Plusieurs écrits ont également été publiés sur les végétaux 
des îles Malouines, et on leur a trouvé les plus grands rapports avec 
ceux des lieux précités. 

Dom Pernetty faisoit partie du voyage entrepris par Bougainville pour 
établir sa colonie des îles Malouines; il est, je crois, le premier natura- 
liste qui ait donné des descriptions, sinon botaniques, du moins très- 
détaillées et sur-tout fort ingénieuses, des plantes qui croissent sponta- 
nément dans cet archipel. Cet homme distingué se montra observateur 
aussi intelligent que savant écrivain : il ne s’est point borné à la simple 
description des corps naturels qu'il a trouvés dans ces iles; il nous en a 
transmis des figures qui décèlent à-la-fois le dessinateur habile et 1e 
fidèle interprète de la nature, 

Trois mois environ de recherches nous ayant fourni d'assez abon- 
dantes récoltes et des renseignemens divers sur les végétaux de ces 
îles, nous eûmes l'honneur d'offrir à l Académie des sciences (le 4 avril 
182$) un manuscrit ayant pour titre, FLORE DES ÎLES MaLouUInes. Il 
contenoit l'indication des plantes recueillies sur ces îles, {a description 


(1) Je ne puis placer ici les nombreuses observations que j'ai faites sur Îles plantes des îles 
Malouines; elles se trouveront dans leurs familles respectives. Je donnerai seulement un extrait 
de mes généralités sur l'ensemble de la végétation de ce pays, et le tableau méthodique des 
espèces qui y ont été observées jusqu’à ce jour. 

Afin de rendre ce travail un peu plus complet, ÿy réunirai, sous la forme de notes, la copie 
littérale des descriptions de M. d'UrviHe, sur toutes les plantes nouvelles qu'il a rapportées. 

Par ce moyen, les botanistes auront dans cet ouvrage tous les élémens de la FLORE DES ÎLES 
MALOUINES. 

16” 


ii 


il 
\ 
l 


124 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des espèces nouvelles, de nombreuses notes sur toutes celles qui étoient 
connues, ainsi que le résultat sommaire de nos observations sur la nature 
du climat et du sol, sur l’ensemble et l'aspect de Ia végétation, et sur 
les phénomènes météréologiques qui, dans ces régions méridionales , 
accompagnent, dirigent ou modifient la marche des productions de 
la terre. 

MM. Desfontaines et de Mirbel furent chargés d'en rendre compte 
à l'Académie; et je dus à l’encourageante bienveillance de ces savans, 
bien plus qu’au foible mérite de mon travail, l'honneur d'obtenir un rap- 
port très-favorable (1). 

Ce rapport a été imprimé dans les Annales des sciences naturelles, 
en mai 1825; jy ai réuni les descriptions génériques et spécifiques des 
plantes nouvelles, au nombre de quarante et plus. Ces descriptions se 
trouveront ici dans leurs familles respectives. 

Parmi ces plantes, on remarque trois genres nouveaux, le gaimardia , 
le pratia et le pernettya, gravés tous Îles trois dans l'Atlas botanique du 
Voyage de la corvette l'Uranie, planches 30, 67 et 70. 

Un officier très-distingué de la marine française, M. J. d'Urville, qui 
cultive avec un égal succès les sciences physiques et celles de la navi- 
gation, a, depuis nous (du 18 novembre au 18 décembre 1822), ex- 
ploré les bords immenses de la baïe Française. De nombreuses crypto- 
games et plus de cinquante phanérogames qui avoient échappé à nos 
regards, et dont trente-sept espèces sont nouvelles pour Îa science, 
ont été le fruit de ses laborieuses investigations (2). 

Il résulte de ces divers travaux, que la Flore des îles Malouines se 
compose aujourd'hui de 48 familles, divisées en 1 39 genres, formant 
215$ espèces, dont 94 cryptogames et 121 phanérogames. Nous en 
tracerons bientôt le tableau méthodique. 

Michaux, Mühlenberg, Pursh, Elliot et Nuttall nous ont signalé 
depuis long-temps une grande partie des plantes qui croissent dans le 


(1) Voyez Îe rapport sur la Flore des îles Malouines, par MM, Desfontaines et de Mir- 
bel, Annales des Sciences naturelles, mai 1825, page 89, avec gravures. 

(2) Voyez Flore des iles Malouines , par J. d'Urville, dans les Mémoires de la Société lin- 
néenne de Paris, vol, IV, sixième livraison, janvier 1826. 


BOTANIQUE. 125 
Nord du Nouveau-Monde (1): M. de Lapilaie est sur le point de publier 
une Flore des îles de Terre-Neuve, Saint-Pierre et Miquelon. Nous 
devons à Aublet, à Richard, à Plumier, à Swartz, ainsi qu'à MM. Ber- 
tero, Turpin, Poiteau, Descourtils et Hamilton (2), des renseignemens 
très-nombreux sur la Guiane, les Antilles, et tous les autres points 
de ce continent qui avoisinent le plus ces îles. 

Jacquin, Loefling, MM. de Humboldt, Bonpland et Kunth ne nous 
ont laissé rien à desirer sur sa plus vaste partie équinoxiale. MM. Auguste 
de Saint-Hilaire, Martius, Raddi, Léandro, &c., nous rapportent tous 
les trésors du Brésil. Joseph de Jussieu, MM. Ruiz et Pavon nous ont 
fait connoître un grand nombre de plantes du Pérou et du Chili. Enfin 
M. Bonpland, après avoir exploré les rives de la Plata, se console peut- 
être maintenant de sa captivité, sur les bords du Paraguay, par l'étude 
de toutes les productions naturelles de ce vaste pays, encore peu connu. 
Puissent nos vœux le rendre bientôt à la liberté et aux sciences ! 

Il ne manque donc plus, pour compléter les bases de tout le système 
végétal de f Amérique, qu'une connoissance plus approfondie de la partie 
Sud de ce vaste continent, qu’un examen plus détaillé des terres dites 
Magellaniques , déjà entrevues par Pernetty, par Commersonet par Forster, 
et dont les îles Malouines doivent faire partie, puisque, indépendamment 
de leur position rapprochée, elles nous offrent des productions analogues, 
et souvent même toutes semblables à celles qu'on a observées dans le 
détroit de Magellan. 

En attendant qu'un naturaliste soit assez heureux pour obtenir du 
gouvernement les secours indispensables pour lexploration de ces ré- 
gions périlleuses (3), nous avons pensé qu'il seroit de quelque utilité de 
présenter aujourd'hui le tableau de nos observations faites aux îles 


(1) Depuis que ce travail est fait, M. Robert Brown a publié la Flore de l'ile Melville, 
située entre 74 et 75e de latitude septentrionale, et entre 110 et 112° de longitude à l'occident 
du méridien de Greenwich (112° et 114° à POucst de Paris). 

(2) Ce naturaliste, qui a publié la Flore des Antilles, n’a pas voyagé. 

(3) Ce vœu étoit à peine exprimé, lorsque nous apprimes qu'un navigateur anglais célèbre, 
M. le capitaine Phillip Parker King, formoit une expédition de géographie et d'histoire nas 
turelle pour ce point important. Tout le monde sait que M. King est aussi savant naturaliste 
que profondément versé dans l'étude des sciences nautiques. Que ne doit-on pas espérer d’un 
voyage dirigé par un chef aussi distingué! 


126 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Malouines. Elles sont bien incomplètes encore; mais elles seront comme Îes 
pierres d’attente où viendront se réunir les matériaux recueillis ultérieure- 
ment sur ces îles, et en particulier par M. d'Urville, qui les a parcourues 
après nous, dans une saison et dans des circonstances plus favorables (1). 

La végétation, si belle au Brésil et dans toute l'Amérique équinoxiale, 
plus brillante encore dans les Philippines, les Mariannes et les Moluques, 
aussi riche dans toute la Polynésie que bizarre et variée sur le continent 
de la Nouvelle-Hollande, se montre triste, misérable et presque nulle 
aux îles Malouines. 

Les plantes, peu nombreuses en espèces, se développent à peine; elles 
semblent apparoître uniquement pour l'acte de la reproduction. On diroit 
que, partageant le sort de ces insectes éphémères qui meurent immédia- 
tement après avoir procréé leurs semblables, elles sont condamnées à 
parcourir rapidement comme eux toutes les périodes de l'existence. 

Aussi observe-t-on près du rivage, au sein des plaines, comme sur 
le sommet des montagnes les plus élevées (2), la même apparence et la 
même foiblesse de végétation , les mêmes plantes et le même degré de 
maigreur. Pressées les unes contre les autres, elles ont Fair de vouloir 
se prêter un mutuel appui et s’entr'aider à supporter la température ri- 
goureuse de ces régions. 

Mais ce qui servoit d’abord au développement et à l'entretien de la 
vie chez ces êtres débiles, devient bientôt après, aux approches de 
l'hiver, une cause d’altération et de mort. 

Privées insensiblement de leur force vitale, ces plantes se distendent, 
se massent, s'échauffent, et ne tarderoient pas à subir une entière putré- 
faction, si la grande humidité qui les imprègne et les frimas du Sud 
ne venoient en ralentir Île cours. De là ces tourbes sans cesse renaissantes, 
qui comptent autant de couches que d'années, et qui recouvrent indis- 
tinctement toutes les parties de ces iles (3). 


(1) M. d'Urville a justifié et dépassé même les grandes espérances qu'on devoit fonder sur 
lui : ses collections sont nombreuses, bien conservées, et sur-tout savamment étudiées. 

(2) Cette observation est exacte pour les montagnes que j'ai pu explorer. D’après M. d'Ur- 
ville , qui a visité le point culminant de ces îles, le mont Chatellux, les végétaux déjà si réduits 
de ce misérable pays éprouvent encore de nouvelles dégradations dans leurs formes, à mesure 
qu'on s'approche du sommet de cette montagne. 

(3) M. le capitaine Orne nous a assuré que des neiges abondantes couvrent ces îles pendant 


BOTANIQUE. $ y 

La végétation cesseroit bientôt dans ces pays, si la nature n'avoit 
placé dans la cause même de destruction de ces plantes celle de Ia 
conservation de leurs germes. En eflet, placés au sein de {a tourbe 
naissante, réchauflés par la fermentation insensible des matières qui 
concourent à la former, et par des neiges épaisses sous lesquelles ils 
restent ensevelis peut-être pendant des mois entiers, les jeunes rejetons, 
les racines vivaces et les graines, traversent ainsi les hivers les plus ri- 
goureux, se raniment au printemps, prennent Îe degré de développement 
dont ils sont susceptibles, accomplissent l’œuvre de la fécondation, 
et périssent ensuite pour vivifier à leur tour les êtres nouveaux destinés 
à perpétuer leurs espèces. 

Puisque les plantes indigènes de ces terres disgraciées végètent et se 
reproduisent avec tant de difhculté, que d'obstacles ne doivent pas ren- 
contrer celles qu'on y a transportées! Aussi tous les essais de culture 
entrepris par les Français et par les Espagnols ont-ils été infructueux : 
tout à péri, si l’on excepte cependant le poa annua , Le lolium perenne* (1), 
le thlaspi bursa-pastoris*, Le trifolium repens*, quelques pieds d’oseille 
(rumex acetosa et acetosella) qui poussent à l'abri des murailles de l’an- 
cien établissement; une véronique (veronica serpyllifolia), un céleri (apium 
graveolens); quelques caryophyllées des genres sagina, cerastium , alsine* 
et stellaria*; une achillée (achillea tomentosa !) , une ortie (urtica urens), 
un seneçon (senecio vulgaris), &c.; et ces plantes n'y sont peut-être pas 
toutes exotiques. 

Quel espoir reste-t-il, d’après cela, qu'on puisse jamais voir prospérer 
les nombreuses semences de la Nouvelle-Hollande mises en réserve pour 
ces iles, et confiées à {a terre quelques jours avant notre départ (2)? 

Comment ici pourront se développer ces eucalyptus gigantesques, ces 
casuarina , ces mimosa, ces banksia, qui ombragent les pâturages de la 
Nouvelle-Galles du Sud, lorsque les plantes les plus fortes que nous 


la durée des grands froids; ce qui est possible : mais dans ce cas, de quelle manière expliquer 
l'existence des bœufs, des chevaux, &c., jetés sur cette terre! Ils y multiplient avec une rare 
fécondité. 

(1) Tous les noms marqués d’un astérisque indiquent les plantes apportées par M. d'Ur- 
ville ; les autres, à une trentaine près, nous sont communes. 

(2) M. d'Urville a visité le camp de l’Uranie, et n’y a trouvé aucune trace de ces végétaux. 


128 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

ayons vues, sont, une véronique ( veronica decussata), une corymbifère 
(amellus diffusus ), une graminée (festuca flabellata), et deux bruyères fort 
ténues, l'arbatus pumila (pernettya empetrifolia ) et l'empetrum rubrum. 

Les algues, les lichens, les mousses, les fougères, les cypéracées, les . 
graminées , les joncées, les synanthérées, les ombellifères, les caryo- 
phyllées, les rosacées et les renonculacées y dominent, comme on le 
verra par le tableau synoptique suivant; mais nous n'y avons pas ren- 
contré d’aroïdes, d’amaranthacées, d’acanthacées, de gattiliers, de la- 
biées, de solanées, de borraginées, de convolvulacées, d’apocynées, de 
malvacées, de légumineuses, d’euphorbiacées, &c. 

Cela ne prouve pas pourtant que les plantes de ces familles soient 
exclues de ces localités : il est probable au contraire que M. d'Urville 
(ainsi que Commerson l'a fait pour le détroit de Magellan) nous rap- 
portera quelques individus de ces groupes naturels (1), parce qu'il à visité 
ces Îles dans la saison des fleurs, libre d’autres occupations et avec les 
facilités desirables; tandis que je n'ai pu me livrer à ce soin que comme 
délassement du travail pénible de la dessiccation de mon herbier noyé 
dans le naufrage, et avec le dégoût d’un homme qui ignoroit encore 
sil pourroit conserver les tristes débris de ses collections et se sauver 


fui-même. 
CRYPTOGAMIA. 


Acc. Ulva capillaris, Lam* (u. compressa, v. Ag.); ulva compressa*, 


bryopsis rosæ, Ag.; conferva fract&, Bory (2) (c. marina, Ag. ); boryna dia- 
phanà, Grat. (ceramium diaphanum, Roth., Ag.); boryna nodulosa, Grat. ; 
ceramium rubrum , auct. ; boryna gaudichaudii, Bory (ceramium interruptum, 
Ag., v. B.); boryna intricata (ceramium intricatum , Ag.) ; scytosiphum in- 
tricatum, Bory.; vallonia intricata, Ag, ; griffitsia setacea, Ag.; sphacelaria 
callitricha, Ag. ; rhodomela gaimardi, Ag, ; rhodomela rugulosa* (3); spharo- 


(1) M. d'Urville a trouvé une légumineuse et une euphorbiacée : lune, Le trifolium repens*, 
L.; autre, le callitriche verna*\ L. 

(2) M. le colonel Bory de Saint-Vincent, si honorablement connu dans le monde savant, 
a déterminé et décrit toutes les cryptogames des îles Malouines rapportées par M. d'Urville. 

(3) Rhodomela rugulosa. Filamentis cylindraceïs, subcorneïs, intricatis, rugulosis, opacis, 
nigricantibus. Bory. 


BOTANIQUE. 129 
coccus palmetta, Ag.; sph. laciniatus, Ag.; sph. fimbriatus, Ag. (sph. fim- 
briatus, var. multifida*, Bory. ); sph. subulatus, var. nigrescens, Ag. ; spl. 
radula, Ag.; delesseria plocamium, Ag.; delesseria ruscifolia , Ag. ; delesseria 
qguercifoli* (x) ; desmaretia ligulata, Lamx. (sporochnus ligulatus, Ag.); 
halymenia. fastigiat* (2); asperococcus utricularis (3) (encælium bullosum ! 
Ag.) ; iridea micans* (4); iridea undulosa* (s), var. x ; irid. undulosa*, var. 2, 
papillosa*, Bory ; durvillea utilis*, Bory (fucus antarcticus , Chamisso, 
Voyage pittoresque de Choris ; laminaria porroidea, Lamx.; le Gentil, 
Voyage, tome 2, pl. 3); laminaria flabellum* (6), Bory; lessonia flavi- 
can* (7), Bory; macrocystis communis , Bory (Beaudreux, Pernetty, 2, 
p. 65. tab. o, fig. s, m. pyrifera, Ag.) ; spongodium tomentosum*, Lamx. ; 
scytonema ! aurantiaca*, Bory. 

Funci. Lycoperdon ! arenarium, Pers. (8); agaricus fimetarius, Pers. 

LicHENEs. Lecanora upsalensis, Ach. L. ( Jec. macloviana , Pers. ); lec, pa- 
rell*, Ach. ; lec. murorum*, Ach.; lecidea petræa, var. globulata , Ach. ; lecid. 
atro-virens*, var. geographica, Ach.; lecid. luteo-alba, var. holocarpa*, Ach.; 
porina confus, Bory (9); endocarpium maclovianum* (10), Bory ; ramalina 
polycarpa, Bory (parmelia polycarpa , Pers.) ; ram. flaccidissima* (11), Bory; 
sticta crinita, Pers. ; sticta gaudichaudii, Delise , Pers. (sticta gilva var. Bory ); 
sticta endochrysa, Delise (parmelia pubescens , Pers.) ; sticta freycinetii, Delise, 


(1) Delesseria quercifolia, Caule ramoso; foliis subruncinatis, costatis, virescentibus. Bory. 

(2) Halymeniafastigiata. Infernè attenuato-stipitata; ramis cavis, fissis, obtusato-bifidis. Bory. 

(3) Asperococcus utricularis. Simplex, sublævis, viridi-ater; fronde ventricosâ, ovato-clavatä. 
Bory. 

(4) Zridea micans. Ovato-reniformis, undulosa, tenerrima; basi subcordatà. Bory, 

(s) Zridea undulosa , v. 1. Lævis, fronde ovato-conicâ; basi obconic, crassiusculà, undulato- 
crispa. Bory, 

(6) Laminaria flabellum. Stipite compresso, basi attenuato ; laminà profundè palmato-laci- 
niatà, lacinïis ensiformibus acutis integerrimis, Bory, 

(7) Lessonia flavicans. Caule subarboreo, cylindrico; ramis compressis; foliis ovato-lineari- 
Pus, subdenticulatis, flavicantibus. Bory, 

(8) Voyage de l'Uranie, Botanique, pl. 1, fig. 1. 

(9) Porina confusa. Crustà tartareo-granulosà ; apotheciorum verrucis confusis concolori- 
bus. Bory. 

(10) Endocarpium maclovianum. Thallo coriaceo , lobato complicato , Iobis rotundato- 
obtusis, flavescentibus, rubellis. Bory. 


(11) Ramalina flaccidissima. Thallo compresso, concolori, dichotomo, Iaciniis acutis, 
faccidissimis. Bory. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. I ré 


130 : VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


(parmelia lactucafolia , Pers. ); stict.gilva, Ach. ( collema lanatum, Pers. ) ;pel- 
tidea canina* ! Bory ; parmelia lugubris, Pers.; cenomyce vermicularis* Ach., var. 
rugulosa, Bory (1) ; c.pyxidata*, var. fimbriataet tuberculosa, Ach.; c. deformis*, 
Ach., var. crenulosa, Bory.; c. fimbriata*, Ach.L., var. prolifera, Ach. ; c. chlo- 
rophæa , Ach., Pers. ; c. pleurota ,Pers. ; c. allotropa*, var. lomagona , Ach. ; 
c. scabrosa, Pers. ; c. aggregata , Pers. ; c. subulata, Pers. ; ce. gracilis, Pers. 
(c. ecmocyna, Var. Ach.), Bory; c. rangiferina, var. alpestris*, Ach.; c. 
pycnoclada , Pers. ; sphærophorum compressum , Pers.; stereocaulon turfosum* (2) , 
Bory; cornicularia aculeata , var. spadicea, Ach.; corn. aggregat&*, Ach. ; 
usnea melaxantha*, Ach.; usnea aurantiaco-atra , Bory ( lichen aurantiaco- 
ater, Jacq.; cornicularia flavicans, Pers.) ; physcia speacea, Vers. 

HePATICÆ. Jungermannia spinulosa, Schw. ; jung. stereocauli, Bory (3); 
anthoceros punctata*! Bory; marchantia polymorpha, L., Schw.; march. 
polychnemos, Schw. 

Musci. Trichostomum lanuginosum , Schw. ; bryum palustre*! Bory; bryum 
pellucidum* ! Bory ; sphagnum acutifolium, Schw. ; sph. latifolium*, Bory ; 
barthramid*. .......; dicranum strictum, Schw.; dicr. flexuosum, Schw. ; 
dicr. purpureum, Schw.; hypnum aduncum, Schw. ; polytrichum magellani- 
cum*, Bridel; cerebrina*!. . .. Bory. 

Lycoropracez. Lycopodium selago, L. (1. selago B saururoïdes, Bory); 
lycopodium magellanicum, Sw. 

Fiices. Hymenophyllum cespitosum (4) ; trichomanes fabellule*, Bory. (s); 
schigæa australis ; lomaria setigera (Pernetty, 2, p. 56; lom. magellanica 
B angustiseta, Bory); lomaria polypodioïdes, Desv. (stegania alpina B 
latiuscula, Bory.; polypodium pinna-marina, Poir.); aspidium mohrioïdes*, 


Bory. (6). 


(1) Cenomyce vermicularis , var. rugulosa. Longior, simplex, lacunoso-muricata. Bory. 

(2) Stereocaulon turfosum. Thallo ramoso-pulvinato, rigidissimè coarctato ; ramis com- 
pressis tortuoso-intricatis. Bory. 

(3) Jungermannia stereocauli. Foliis ovato-concavis, integerrimis, imbricatis. Bory. 

CAPPES, ee. 2. : 

(5) Trichomanes flabellula. Frondibus flabellulatis, laciniis furcatis bifurcatisque, extremi- 
tatibus subradicantibus. Bory. 

(6) Aspidium mohrioides. Frondibus lineari-lanceolatis bipinnatis, pinnulis primariis rhom- 
beo-cordatis, inferioribus subtripartitis, secundariis mucronatis; stipite canaliculato, paleaceo, 
indusiis subrepandis. Bory. 


BOTANIQUE. 131 


PHANEROGAMIA. 


MarsiLEACEÆ. Agolla magellanica, Wiülld. 

CxPERACEZ. Oreobolus obtusangulus (x); uncinia macloviana ; carex bona- 
riensis, Desf.; carex aristat* (2), d'Urv.; carex fuseula* (3), d'Urv 
carex similis* (4), d'Urv.; carex macloviana* (s), dUrv.; carex acaulis* (6), 
d'Urv.; scirpus melanostachy* (7), d'Urv.; scirpus brevis* (8), d'Urv. ; 
scirpus (isolepis) setaceus! L. 

GRAMINEÆ. Poa annua, L.; poa compressa*, L., var. virescens (9), 
d'Urv.; alopecurus magellanicus, Lamk.; agrostis cespitosa ; aira flexuosa, 


(1) Ann. des sciences naturelles, tome $, mai 1825, page 99, pl.2,figt. 

(2) Carex aristata. Spicis 7-9 cylindraceo-ventricosis, spicis tribus superioribus masculis ap- 
proximatis, sessilibus, cæteris breviter pedunculatis; stigmatibus tribus , aristà subæquali squamæ 
bifidæ ; foliis canaliculatis, caule dupld longioribus, glabris, apicem versus margine dorsoque 
argutè aculeatis. Caulis pedalis sesquipedalisve, squamæ fulvæ glaberrimæ , lineâ dorsali aristâque 
pallidis. D’Urv. 

(3) Carex fuscula. Spicà masculà solitarià , fœmineis subternis approximatis subrotundis 
sessilibus, squamä fuscä dorso viridi in rostrum acutum desinente; stigmatibus tribus; culmo 
abbreviato ; floribus ferè exscapis; foliis densis gramineiïs, spicà tripld longioribus. Caulis vix 
pollicaris, cespitosus. Folia striata, glabra , canaliculata, recurva. In apricis frequens. D’Urv. 

(4) Carex similis. Spiculis androgynis subsenis ovatis, infernè masculis. Stigmatibus binis. 
Squamis integris scariosis muticis amœné flavescentibus. Culmo debili triquetro foliïs breviore. 
Culmus 4-6-pollicaris , folia glabra, angusta duplà longiora. Habitu simillima c, brizoïdi : 
differt culmis brevioribus, spiculis minùs approximatis, rotundatis, squamis acutioribus, foliis 
denique spicam longè superantibus. Secus torrentes. D'Urv. 

(5) Carex macloviana. Spiculis 7-9 androgynis, infernè masculis densè congestis, basi bractei 
aristatà suffultis, Stigmatibus binis. Squamis fulvis acutis dorso minutissimè scabris. Culmo tri- 
quetro foliis gramineis breviore. Culmus 3-$-pollicaris, spicà vix 8-linearis. Folia glabra canali- 
culata. In apricis crescit. D’Urv. : 

(6) Carex acaulis. Spicà masculä solitarià, semi-pollicem pedunculatà, fœmineis 3-4 infernis 
vix pedunculatis subradicalibus, bracteis membranaceis vaginantibus. Stigmatibus binis, Squamis 
acutis dorso viridibus. Foliis patulis canaliculatis. Species pusilla, radix longa repens, Folia duplo 
triplove floribus longiora. In apricis frequens. D’Urv. 

(7) Scirpus melanostachys, Culmo tereti nudo foliis breviore, spicà ovato-oblongà fusco-nigri- 
cante, glumis obtusiusculis, foliis strictis. Caulis erectus 3-5-pollicaris. À 5, palustri satis differt 
culmo humiliori, foliis spicâ saltem duplè Iongioribus, rigidis, sæpé incurvatis, spicis abbre- 
viatis saturè fuscis squamisque obtusatis. In paludosis. D’Urv. 

(8) Scirpus brevis. Culmo setaceo striato infernè folioso, spicà laterali simplice ovatà ; foliis 
canaliculatis incurvatis culmum superantibus, basi fulvis longè vaginantibus. Planta cespitosa 
vix bipollicaris, varians spicis interdüm pallidis, interdüm fuscis. In humidis, D’Ury, 

(9) Poa compressa, var. virescens. Paniculà diluté virente sæpius folio superno subinvolutà, 
foliis infernis patulis distichis. In arenosis. D’Urv. 


17* 


132 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
L.; avena redolen*, Pers. (holcus redolens, Vahl.; disarrhenum, Labill. : 
torresia , Jussieu; hierochloa, R. Brown); avena phlecïde* (1), d'Urv.; 
© dolium perenn&, L.; triticum glaucum*! Lamk. ; festuca bromoïdes*, L. ; fes- 
tuca magellanic®*, Lamk.; festuca erecta* (2), d'Urv.; festuca arenaria* , 
Lamk.; festuca flabellata, Lamk. (dactylis cespitosa, Forxst.; glaïeul, 
Pernetty, 1, p. 343); arundo antarctica* (3), d'Urv.; arundo alopecurus ; 
arundo pilosa* (4), d'Urv. 

JuncEzÆ. Juncus magellanicus, Lamk.; juncus grandiflorus, Lin. ; juncus 
scheuchzerioïdes, Gay; juncus inconspicuus* (s), d'Urv.; luzula alopecurus, 
Desv. 


REsTIACEZÆ. Gaimardia australis, pl. 30. 
ASPHODELEÆ. Astelia pumila ( melanthium pumilum , Forster ). 


(1) Avena phleoïdes, Tota mollissimè pubescens, paniculâ racemoso-spicatä, spiculis bifloris 
nitidis, aristis geniculatis glumis fongioribus; calycibus dorso ciliatis subaristatis, glumis Iævibus 
apice bifidis. 

Planta erecta cespitosa pedalis, panicula tripollicaris elongata flavescens, In arenosis satis 
frequens, D’Urv. 

(2) Festuca erecta, Paniculà secundâ strictà subspicatä, spiculis trifloris appressis, calycibus 
acutis, glumis asperis dorso margineque minuté ciliatis aristatis, aristis subterminalibus glumä 
brevioribus, foliis setaceis erectis striatis glaberrimis culmo subæqualibus. 

Gramen cespitosum rigidum erectum sesquipedale, Pascuorum in his insulis præcipua basis, 
in montibus æquê ac in vallibus frequens, D’Urv. 

(3) Arundo antarctica, Paniculà æquali rectâ contract, spiculis glabris compressis plerümque 
quadrifloris, calycibus acutis spiculam subæquantibus, glumis exterioribus acutissimis basi [anä 
rarissimâ caducâ indutis, interioribus apice bifidis. Foliis erectis glabris convolutis culmo pau- 
lulùm brevioribus. 

Herba cespitosa, pedalis, tenacissima. D'Urv. 

(4) Arundo pilosa, Paniculà contractä subovatä, calycibus lævibus carinatis acutissimis spiculæ 
s-floræ æqualibus, glumis Iévibus villis albidis [ongis copiosè cinctis, exterioribus carinatis aristä 
longà superatis , interioribus brevioribus sub apice bifidis : foliis striatis distichis, culmum sæpiüs 
superantibus. 

Calyces glumæque violacei, margine scariosi. Hoc gramen pedale cespitosum atque tenacissi- 
mum, cum a, antarcticä et festucä erectà, harum insularum dimidiam partem occupat. D’Urv, 

(s) Juncus inconspicuus, Culmo brevissimo densè cespitoso, flore solitario terminali vix pe- 
dunculato basi glumà bifidà scariosà subæquali suffulto, perianthii foliolis æqualibus acutis ; 
capsulà ovatà mediocri ; foliis minutis canaliculatis distichis culmum vaginantibus, florem longè 


superantibus, 
Forsän præcedentis mera varietasi Planta minima vix pollicaris; culmi cespite denso congesti; 
fos pro plantæ staturâ magnus. Rhizoma longum ffexuosum albescens, In paludosis habitat, 


D'Urv. 


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rpm 


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BOTANIQUE. 133 


ASPARAGINEÆ. Callixene marginata, Comm. (1). 

IRIDEZ. Sisyrinchium filifolium. 

ORCHIDEXÆ. Arethusa lutea (serapias lutea, Comm., Pers. ; satyrion, 
Pernetty, 2, pag. 54, tab. 8, fig. s ); epipactis lessonii (2), d'Urv. 

SANTALACEÆ. [NVanodea muscosa, Gaert. fi, (balexerdia muscosa , 
Comm. (3), Pernetty, 2, pag. 46.) 

THYMELEÆ. Drapetes muscoïdes*, Lamk. 

PoLYGONEÆ. Rumex patientia ! L. ; rumex acetosa, L.; rumex acetosella, L. 

PLANTAGINEZ. Plantago monanthos* (4), d'Urv. 

PLUMBAGINEZ. Sratice cespitosa, Poir. 

PrIMULACEZ. Primula farinosa, Wild. ; lysimachia repens* (s), d'Urv. 

RHINANTHACEÆ. Veronica serpyllifolia, L.; veronica decussata, Wild. 
(hebe magellanica, Juss.) (6). 

SCROPHULARINEZÆ. Calceolaria forthergilli, Wild. ; limosella tenuifolia , 
Pers. 


(1) Ann. des sciences naturelles, tome $, maï 182$, page 99, pl. 2, fig. 12. 

(2) Epipactis lessonii, Bulbis catenulatis, scapo debili nudo basim versus triphyllo, foliis sub- 
verticillatis ovatis glaberrimis, flore solitario, bracteâ germini æquali, foliolis tribus, exterio- 
ribus patentibus lanceolatis albidis, internis majoribus purpureo-maculatis ; labello integro con- 
colore duplici serie glandularum prominentium viridiumque suprà notato. 

Orchidea gracilis elegans, circiter semi-pedalis. Hanc primus reperit D. Lesson, socius et 
amicus noster; ipse collegi diversis locis. D’Urv. 

(3) Ann. des sc, nat., maï 1825, pag. 101, pl. 2, f. 3. 

(4) Plantago monanthos, Foliis linearibus obtusis subcarnosis, scapis axillaribus plus mi- 
nüsve brevibus unico flore terminatis, basi floris squamis senis obtusis viridibus, perianthii [a- 
ciniis reflexis linearibus, staminibus exilibus longis decumbentibus; stylo longissimo erecto ; 
capsulà circumscissâ polyspermä. 

Species notabilis, à cl. Lamarck cum p. pauciflorä confusa. 

Herba cespitosa humo appressa, radix squamosa , folia scapos superantia sæpiüs integerrima 
subrigida vix semi-pollicaria, tm mollia saltem bipollicaria, interdüm denique denticulata. In 
arenosis. D’Urv, 

(s) Lysimachia repens. Caule repente stolonifero, foliis ovalibus apice basique attenuatis sub- 
carnosis , floribus axillaribus solitariis brevissimé pedunculatis, flamentis staminum basi coa- 
litis, seminibus numerosis rugulosis. Herbula radicans facie penitüs anagallidis crassifolie ; 
corolla purpurea, calyx profundè 5-fidus, stigma breve capitatum, capsula globosa membranacea 
albescens stylo superata, apice matura dehiscens. Semina placentæ communi centrali affixa. 
Confer cum a. alternifoliä Cavanil. , à quà differre videtur saltem brevitate styli atque pedun- 
culorum. Caules humifusi plantis aliis intricati. Ad littora rivuli Bougainville. D’Ury. 


(6) Ann. des sc. nat., mai 1825, pag. 102, pl. 2, fig. 4. 


134 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENTIANEZ. Gentiana magellanica. 

ErICEZ. Pernettya empetrifolia (1) ( arbutus pumila, Wild. ; andromeda 
empetrifolia, Lamk.; bruyère à feuilles pointues, Pernetty, 2, p.63 et 64); 
empetrum rubrum, Wild. (bruyère à fleurs d’un vert blanchâtre, Pernetty, 
25 p. 63 et-Gd} 

LoBELtACEZ. Pratia repens, planche 70. 

Cicoracez. Sonchus oleraceu*! L. ; kiéracium antarcticeum* (2), d'Urv. ; 
hieracium ! incertun®* (3), d'Urv. ; hypochaæris arenaria ; hyp. minima*! Wild. ; 
taraxacum  pumilum; tarax. lavigatum*, Decand. (/Jeontodon lavigatum , 
Willd., Pers.) ; tarax. coronopifolium* (4), d'Urv. 

CiNarocEPHALÆ. MNassauvia gaudichaudii, H. Cass. (5); nassauvia ser- 
pens* (6), d'Urv. 

CorxMBiFeRÆ. Cacalia candicans, Vahl. ( plante à feuilles de bouillon 
blanc, Pernetty, 2, p. 60); gnaphalium consanguineum ; gnaph. affine* (7), 


(1) Planche 67. 

(2) Hieracium antarcticum. Foliis radicalibus lanceolato-spathulatis obtusis obsoleté dentatis, 
caule subnudo Pifloro supernè hïrto, calyce piloso nigricante. 

Caulis sexpollicaris, radix fibrosa subrepens, quasi medium inter À. pumilum et h, glabratum, 
In apricis crescit. D’Urv. 

(3) Æieracium £ incertum. Planta undique pilis griseïs copiosè tecta, foliis radicalibus petiolatis 
spathulatis obtusis integris, caulinis numerosislinearibus, calyce hirsutissimo , squamis inearibus. 

Caulis simplex uniflorus 2-3-pollicaris; flores desiderantur : planta rursüs examinanda, In 
Bttoribus. D’Urv, 

(4) Taraxacum coronopifolium. Calyce erecto hispidulo, squamis intertoribus lanceolatis mar- 
gine scariosis, exterioribus appressis, scapis nudis elongatis unifloris sub flore cano-tomentosis, 
foliis duplè brevioribus linearibus , remotè seu rarè dentato-pinnatifidis basi albo-lanatis ; se- 
minibus glabris profundè sulcatis. D’Urv. 

(s) Ann. des sc. nat., mai 1825, pag. 103, pl. 3, fig. 3. 

(6) Nassauvia serpens, Planta undique tomentôsa obscurè candicans, caule repente cylindrico 
subsimplici, foliis brevissimis serratis arcté imbricatis, infernis apice recurvis, supernis appressis 
squamiformibus, floribus minimis vix conspicuis capitulo denso terminali ovato confertis. 

Species in hoc genere spectabilis. Caules pedales bipedalesve cylindracei squamosi humo re- 
pentes capite ovato terminati primo intuitu serpentes mentiuntur. Spica simplex densissima capi- 
tata terminalis ebracteata. 

Calyces 4-$5-flori, floribus flosculosis hermaphroditis duplicati, intüs $-phylli, extüs 3-phylli 
minores, Singulus flosculus subbilabiatus calyci æqualis, hinc futeus apice concavus vix triden- 
tatus aut integer, inde erectus minor fuscus integer. Antheræ quinque connatæ. Semina oblonga 
glabra sulcata. Pro pappis 4-5 setæ albidæ integræ lineares caducæ florem æquantes. Recepta- 
culum nudum. Inter rupes feré nudas montium, præcipué in cacumine montis Châtellux. D’Urv. 

(7) Gnaphalium affine. Caule herbaceo procumbente basi ramoso, ramis simplicibus foliosis , 


BOTANIQUE. 135 
d'Urv.; gnaph. lycopodioïde* (1), d'Urv.; baccharis tridentata, Vahl. 
(sapinette, Pernetty, 2, p. 63 ); erigeron vahlii; senecio littoralis ( plante 
à fleurs jaunes en bouquet, Pernetty, 2, p. 57); senecio vulgaris, L.; 
Perdicium recurvatum, Vahl.; perdic. suaveolens* (2), d'Urv. (pissenlit à 
odeur de benjoin, Pernetty, 2, p. $7); oligosporus emarginatus (3), H. 
Cassini; achillea tomentosa ! ; chiliotrichum amelloïdes, H. Cassini (amellus 
diffusus, Wild. ; arbuste à feuilles de romarin, Pernetty, 2, p. 61). 

VALERIANEÆ. Valeriana sedifolia* (4), d'Urv. 
Rugiacez. Galium trifidum*, L.; nerteria depressa, Smith. 


UMBELLIFERÆ. Apium graveolens, L. ( céleri, Pernetty, 2, p. 57 ); ago- 
rella daucoïdes* (5), d'Urv. (fragrosa, Ruïz et Pavon, Flore du Pérou ); 


foliis obtusis oblongis basi angustatis fanatis, floribus minimis spicà globosä terminali confertis, 
calycibus cylindraceïs basi fanâ densâ immersis, apice glabris fasco-nitentibus, squamis linearibus 
acutis. Pappo piloso. 

Præcedenti proximum ; tamen statim distinguitur Jan obscuriore longiore griseà, foliisangus- 
tioribus suprà subtüsque concoloribus. In collibus frequens. D'Urv. 

(1) Gnaphalium lycopodioïdes. Caule herbaceo humifuso basi ramosissimo , ramulis foliosis, 
foliis lineari-lanceolatis acutis subimbricatis tomentosis extüs incanis, Horibus solitariis termi- 
nalibus foliis extremis suffultis, calyce basi tomentoso apice fulvo-nitente. 

Herbula minima patula vix pollicaris. In collibus nudis siccisque habitat. D’Urr. 

(2) Perdicium suaveolens. Radïce crassâ, caudice fibroso nigricante, caule simplici erecto fo- 
lioso unifloro , folüis radicalibus petiolatis pinnatifidis obtusis, caulinis sessilibus dentatis, su- 
pernis subintegris linearibus, cunctis pilosis margine minutè glanduloso-ciliatis, calyce tomen- 
toso subsimplici, squamis linearibus obtusis æqualibus. Planta sexpollicaris. Flos magnus albus 
suavem vanille odorem redolens. Receptaculum nudum, semina striata aspera. Pappus plu- 
mosus sessilis, In apricis frequens. D’Urv. 

(3) Ann. des sc. nat, mai 1825, pag. 103, pl. 3, fig. 4. 

(4) Valeriana sedifolia, Caule patulo basi ramosissimo, ramulis ascendentibus brevibus, folia 
imbricata brevia crassa coriacea apice retusa basi angustata minutissimè ciliata, floribus triandris 
extremis foliis suffultis. 

Species notanda affinis y, aretioïdei ( cl, Humboldt et Kunth }, forsän cum is tertiâque specie 
à cl, Commerson in fretu Magellanico collectà genus novum constituendum est. Nostra planta 
suffruticosa glaberrima; rami stricti sexpollicarés infernè obscuri spurio-flavicantes; 5-7 flores 
parvi luteoli terminales summis foliis cincti, Corolla infandibuliformis $-fida. Stamina 3 corollæ 
æqualia. Stylus apice trifidus. Obtegit suprà rupes feré nudas summi montis Châtellux. D’Urr. 

(s) Azorella daucoides. Foliis cunctis radicalibus longis pinnatis, pinnis remotis oppositis 
brevibus pinnatifidis, pinnulis alternis pinnatifidis seu profundè incisis, lacinïis minimis oblongis 
acutis, scapis brevibus hirtissimis. Involucro 8-10-phyllo, seminibus glabris oblongis striätis 
subsessilibus, 

Herba acaulis, pilis hirtis griseis copiosé aspersa. Folia patentia longa tenuiter decomposita, 
scapi triplù breviores vix pollicares, Umbella simplex; flores 3-8; involucrum subæquale. Se- 


136 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
agorella ranunculu* (1), d'Urv.; agorella chamitis*, Pers. ( agor. filamen- 
tosa, Vahl.; chamitis integrifolia, Gaert.); azorella lycopodioïdes (2); bolax 
glebaria, Comm. (3) (agorella trifurcata, Vahl., Pers.; hydrocotyle gummi- 
fera, Lamk.; gommier, Pernetty, 2, p. 7 et 65). 
RanuncuLacez. Ranunculus hydrophilus ; ranunculus maclovianus (4), 
d'Urv. (ranunculus parviflorus! Linn., Gaud.; grenouillette, Pernetty ); 
ranunculus exiguus* (sh PUr.3 caltha sagittata, Cavan., Pers.; caltha 
appendiculata, Comm., Pers., Decand. 
CRrucIFERZ. Erysimum maclovianum, Gay(6) (brassica macloviana (7), d'Urv.) 


mina oblonga stylis binis dentibusque calycis vix conspicuis superata. Radix crassa fusiformis 
intüs lutescens. Juxtà rivulum Bougainville. D’Urv. 

(1) Azorella ranunculus. Caule stolonifero brevissimo, foliis longè petiolatis quinquepartitis, 
segmentis apice trilobis obtusis, umbellis axillaribus breviter pedunculatis; involucro $-phyllo, 
foliolis lanceolatis acutis basi ciliatis floribus subæqualibus. Seminibus vix pedicellatis rotundatis 
calycis dentibus sensim superatis. 

Herba pusilla reptans facie et habitu hydrocotyles. Caulis glaber pollicaris bipollicarisve. Fo- 
lia subrotunda, petioli basi in vaginam membranaceam ciliatam dilatati. Umbella simplex 
axillaris 4-6-ora foliis brevior , flores Tuteo-virentes, Semina rugosa subquadrangulata, Primo 
intuitu cum ranunculo exiguo (nobis) facilè confundenda. Secus littora rivuli Bougainv. D’Urv. 

(2) Ann. des sc. nat., mai 1825, pag. 105, pl. 3, fig. 1. 

(3) Ann. des sc. nat., mai 182$, pag. 105, pl. 3, fig. 2. 

(4) Ranunculus maclovianus, Radice fibrillis fasciculatis constante ; caulibus plurimis bre- 
vibus hispidis, foliis radicalibus longissimé petiolatis utrinque villosis cordatis profundè trifidis, 
Iobis incisis seu grossè dentatis, incisuris obtusatis, pedunculis oppositifoliis brevibus unifloris; 
foribus parvis, calyce extüs villoso , petalis angustatis remotis. Carpellis numerosis Iævibus parcè 
pilosis, stylo apice recurvo terminatis, 

Planta bipollicaris tripollicarisve pilosa cum r. chilensi (Decand. Syst. univ. ) conferenda. 
Flores minimi lutei. Semina compressa 20-30 sub Îente vix rugulosa pilis raris caducis con- 
spersa in capitulum globosum disposita. Juxta rivulos frequens. D’Ury, 

(s) Ranunculus exiguus. Foliis radicalibus fongissimè petiolatis pinnatis, pinnis pinnatifidis 
vel profundè incisis, laciniis oblongis obtusis basi angustatis, scapis nudis aut.unifoliis unifloris 
petiolis brevioribus. Calycibus glabris, petalis lanceolatis patulis, carpellis numerosis, stylis 
breviter incurvis. 

Herba tenera exigua glaberrima : sæpius bipollicaris. Radix fibrillosa, folia tenuiter dissecta, flos 
luteus, semina 20 et amplius compressa glabra atquelævia. In humidis cm præcedente. D'Urv. 

(6) Erysimum maclovianum. Glabrum , glaucescens, foliis lanceolatis, denticulatis, apice 
barbatis, petalis lineari-cuneatis , seriüs deciduis, siliquis breviter pedicellatis, unilateralibus , in 
stylum flliformem longiusculum attenuatis, stigmate indiviso, capitato, Gay. 

(7) Brassica macloviana. Caulibus erectis glabris rigidis subsimplicibus, foliis radicalibus 
longe petiolatis oblongis angustis parcè denticulatis, caulinis sessilibus sublinearibus obtusis ob- 
soleté dentatis integrisve, siliquis breviter pedicellatis erectis rostro brevissimo superatis. 

Planta glaberrima glauca subcarnosa basi ramosa , rami erecti simplices foliosi semi-pedales. 


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2 


BOTANIQUE. 137 
brassica magellanica ! Comm., Gaud.); cardamine hirsut*, L. (cresson 
alenois, Pernetty, 2, p. $2); #hlaspi bursa-pastoris, L. 

GERANIACEÆ. Oxalis enneaphylla, Cavan. (vinaigrette, Pernetty, 2, 
p. 54); oxalis pumila* (1), d'Urv. 

VioLAcEz. Viola maculata, Cavan. et Decand. (viola pyrolæfolia, 
Poiret, Gaud.) 

DroserAcEz. Drosera uniflora, Willd. 

CarxoPxYLLez. Sagina procumbens, L.; sagina crassifolia* (2), d'Urv. ; 
sagina subulata* (3), d'Urv.; alsine media*, L. (spergula media, Smith, 
Decand. Prod.); cerastium lineare! Pers.; cerastium vulgatum, Smith, 
Pers.; stellaria debilis* (4), d’Urv. 


Folia superna bracteas simulantia gradatim minora. Flores primd paniculati, deindè racemosi; 
pedicelli 2-3-lineares ; calyx flavescens glaber; petala alba calyce dupld Tongiora erecta. Siliquæ 
strictæ subtetragonæ, 6-10 lineas longæ glabræ, stylo vix lineari terminatæ. Prope littora ma- 
ritima crescit. D’Ury, 

(1) Oxalis pumila, Acaulis, foliolis 15-20 oblongis obtusis cano-tomentosis basi attenuatis, 
scapis unifloris petioli longitudine, floribus amplis, stylis Iongis. 

Præcedenti affinis, sed humilior, vix bipollicaris et undique pilis griseis conspersa. Cüm ox. 
tomentosä conferenda, In apricis. D’Urv. 

(2) Sagina crassifolia. Densè cespitosa, caulibus plurimis ramosis, foliis linearibus glabris 
crassis canaliculatis apice mucronatis, basi in vaginam scariosam dilatatis imbricatis , floribus, 
terminalibus pedunculatis. Calyce profundè 4-partito, laciniis lanceolatis capsulæ subæqualibus 
petalis nullis, stylis brevibus. 

Herba humifusa glauca glaberrima subcarnosa, 2-3-pollicaris. Petala nulla ant imperspi- 
cua. Stamina 4, styli 4 breves, capsula 1-locularis, 4-valvis polysperma. In humidis frequens. 
D'Urv. 

(3) Sagina subulata, Cespitosa, caulibus numerosis striatis appressis ramosis ; fois confer- 
tis glaberrimis subulatis rigidis pungentibus, oribus axillaribus terminalibusque SORT breviter 
pedunculatis; periantho tetraphyllo, foliolis acutis striatis cum reliquä plantà concoloribus, 
duobus alternis minoribus; fructu acuto periantho breviore, 

Herba densè cespitosa glaberrima subechinata , flores longi virides, Stamina 4 styli 4. Cap- 
sula glabra, 1-locularis 4-valvis, semina 3-4 reniformia fulva glaberrima. Forsän cum præce- 
dente genus proprium constituens! Primo aspectu cum azorellà lycopodioïde habitu confunditur. 
In apricis. D’Urv. ' 

(4) Stellaria debilis. Caule basi ramoso exili decumbente, foliis linearibus glabris mollibus , 
pedunculis axillaribus unifloris solitariis, petalis basim usque bifidis calÿce minoribus, sepalis 
acutis capsulà brevioribus. 

Herba debilis exigua glaberrima 2-3-pollicaris ; petala alba, stamina 10, styhi 3. Capsula 
glabra ovata. In rupibus maritimis. D’Urv. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. I 8 


138 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SEMPERVIVÆ. Bulliarda moschata (1), Urv.( crassula moschata, Forst. , 
Wild. ). 

PorrTuLacEz. Montia linearifolid* (2), d'Urv. 

Hycrog1Æ. Myriophyllum elatinoïdes ; myriophyllum ternatum. 

MyrTi. Mpyrtus nummularia', Poiret (lucet musqué, Pernetty, p. 58 
et 59, tab. 7, fig. 7) G): 

Rosacez. Rubus geoïdes, Wild. ( dalibarda geoïdes, Smith; framboise, 
Pernetty, 2, p. 58); ancistrum adscendens, Vahl. ( pimprenelle, Per- 
netty,2, P. 62); ancistrum lucidum, Pers., var. villosum, Gaud., d'Urv. 

LEecumosz. Trifolium repens*, &: 

EurHorgrAcEz. Callitriche verna* , L, (4). 

UrTIcEzÆ. ÜUrtica urens ; misandra magellanica, Comm. (mauve, Per- 

8 
netty, 2, p. 58. 

Examinons maintenant d’une manière sommaire quelques-uns des carac- 
tères particuliers des plantes de ce pays; indiquons la station ordinaire 
des diverses espèces, et décrivons l’aspect général que présente la végétation. 

Les îles Malouines n’offrent aux regards affligés du naturaliste qu’une 
sorte de bourre épaisse, de 10 à 15 pouces d'élévation, assez semblable 
à celle qu'on observe dans beaucoup de marais sur les côtes d'Europe; 
elle est en apparence composée de touffes de gramens très-serrées. Un 
examen plus approfondi ne tarde pas à faire reconnoître que ce pays 

(1) Bulliardia moschata, D'Urv. Caule simplici herbaceo procumbente, foliis connatis 
oblongis acutis, pedunculis axillaribus unifloris, lacinïis calycinis profundis obtusis, petalis 
lanceolatis calyce longioribus , nectariis 4 triangularibus. 

Herbula tripollicaris stolonifera fibrillis axillaribus munita, caules foliaque obscurè rubentia. 
Pedunculi foliis breviores. Corolla alba, stamina 4 brevia basi dilatata, nectaria purpurea. 
Capsulæ 4 calycem æquantes. In arenosis, sæpè maris ipsius undis submersa crescit, D’Urv, 

(2) Montia linearifolia. Caule repente seu immerso, foliis oblongo-linearibus basi angustatis 
obtusiusculis, calyce bivalvi obtuso abbreviato, corollà profundè $-partitâ, laciniis cunctis sta- 
miniferis, stylo simplici. 

Herba exigua glaberrima bipollicaris ; folia opposita. Flores plerimque terminales subterni 
parvi. Calyx viridis rotundatus. Corolla alba paululüm longior basim usque $-partita; laciniæ 
lanceolatæ convolutæ. Capsula oblonga, semina compressa. In rivulis sæpé immersa: D’'Ury, 

(3) Ann. des sc. nat., mai 182$, pag. 106, pl. 2, fig 5. 

(4) Le callitriche verna n’a point encore une place bien fixe dans l’ordre des familles natu- 
relles. M, de Jussieu Pavait mis primitivement dans les naïades; il l'en retire aujourd’hui, et, 


d'accord avec le célèbre Richard, le réunit aux euphorbiacées, M. R. Brown. en fait une halo- 
ragée, et M. Decandolle une onagraire. : 


ne 


dede 


BOTANIQUE. 139 


est beaucoup plus intéressant sous le rapport de la botanique qu'on ne 
se l'étoit figuré d’abord ; nous allons tâcher d'en donner une idée, en 
suivant le mode d’exploration employé jusqu'à ce moment. 

Dans les anfractuosités des rochers qui bordent ces côtes, naissent le 
statice cespitosa à fleurs roses ; le perdicium recurvatum, Vahl.; le perdicium 
suaveolens , d'Urv. ; lerigeron vahlii, espèce voisine du perdicium lactucoïdes 
de Vahl; le nassauvia gaudichaudii, Cass.; le rumex patientia ; le brassica 
macloviana, et cette grande graminée { festuca flabellata) qui borde plusieurs 
parties des côtes et couvre presque entièrement File aux Pingouins. 


Sur les dunes sablonneuses, et particulièrement sur leurs revers où : 


un peu d’humus se mêle au sable, croissent les espèces suivantes : un 
framboisier (rubus geoïdes, Lamk.; dalibarda geoïdes, Smith. ), à fruits 
ovales, roses, très-suaves; le nanodea muscosa , Gaertner ( balexerdia de 
Comm.), petite plante de la famille des santalacées, et fort remarquable 
par la ténuité de toutes ses parties et la grosseur de ses fruits drupacés 
rouges; le pernettya empetrifolia, qui est larbutus pumila de Linné fils et 
l'andromeda empetrifolia de Lamk. ; l'empetrum rubrum , Soland. ; les ancistrum 
adscendens (ancist. magellanicum , Lamk ; acæna adscendens, Vahl. ; an- 
cistrum lævigatum , Lag. }, et ancistrum lucidum, Aït. (acæna Jucida, Vahl.), 
variété velue très-digne d'attention (ancist. lucidum var. villosum d'Urv) ; 
le viola maculata, Cav. (viola pyrolefolia, Poir. ), dont la fleur est jaune 
comme celle du viola sudetica d'Europe, et se distingue sur-tout par Ja 
longueur étonnante de ses tiges, qui traversent les dunes en tout sens ; 
le brassica (erysimum ) magellanica ! ; le senecio littoralis et ses nombreuses 
variétés, tantôt glabres, luisantes, tantôt velues, soyeuses ou cotonneuses ; 
l'Aypochæris arenaria et Vhyp. minima! Will; l'hieracium incertum, d'Urv.; le 
sonchus oleraceus ! Yhieracium antarcticum, d'Urv.; le faraxacum pumilum , 
formant une section ou peut-être un genre nouveau ; le rarax. lævigatum , 
Decand. ( /eontodon lavigatum*, Wilid., Pers. ), et le tarax. coronopifolium, 
d'Urv.; le pratia repens, pl. 79, herbe grèle, rampante et lactescente ; Les 
cerastium viscosum et lineare ; le lycoperdon! (bovista! ) arenarium, où probable- 
ment un genre nouveau, pl. 1, fig. 1 ; le schigea australis ; le drosera uni- 
flora, Will. ; une petite variété très-rouge de l’oxalis enneaphylla, Cav., etun 
céleri (apium graveolens) qui offre la plus grande ressemblance avec le 


1 8* 


140 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


nôtre, et fournit plusieurs variétés à tiges rouges, jaunes et blanches. 

La végétation des plaines est d’une uniformité fatigante : elle ne se 
compose, en apparence du moins, que de gramens très-serrés, entre 
lesquels on voit sortir, dans certaines localités, quélques pieds de chi- 
liotrichum amelloïdes, Cass. (amellus diffusus, Willd.), de juncus grandi- 
florus , de baccharis tridentata, Pers. &c. Le sol est un terrain tourbeux, 
humide et chaud, d’une très-grande épaisseur. 

Ces masses de graminées se composent de lagrostis magellanica, L., 
ag. cespitosa ; aira flexuosa, L.; avena redolens, Pers.; avena phleoïdes, 
d'Urv. ; festuca magellanica, Lamk.; festuca erecta, d'Urv.; arundo antarc- 
tica, d'Urv.; arundo alopecurus; arundo pilosa : on yÿ trouve encore des 
cypéracées, telles que les ncinia macloviana, carex bonariensis, Desf, ; c. 
cristata, d'Urv.; c. fuscula, d'Urv.; €. similis, d'Urv.; c. macloviana, 
d'Urv.; c. acaulis, d'Urv.; scirpus melanostachys, d'Urv. ; s. brevis, d'Urv. ; 
les juncus magellanicus, scheuchzerioïdes et grandiflorus, &c, On découvre 
bientôt, parmi toutes ces plantes, une prodigieuse quantité de lichens , de 
mousses et de jungermannes ; les /ycopodium selago et magellanicum , Yhy- 
menophyllum cespitosum, le lomaria alpina (stegania alpina), et autres 
plantes cryptogames, ainsi que de nombreux végétaux herbacés -et li- 
gneux , au nombre desquels on distingue sur-tout le [ucet musqué ( myrtus 
nummularia, Poir. ), à fleurs blanches, à baies roses, odorantes et d’un 
goût exquis; le gaimardia australis, Yastelia pumila, Voligosporus emargi- 
natus , Vagorella lycopodioïdes , Voreobolus obtusangulus, &c., formant des 
gazons pelotonnés très-durs ; le Jugula alopecurus, Desv., à têtes ovales, 
cotonneuses ; le sésyrinchium flifolium , à fleurs purpurines ; l’arethusa lutea 
et l’epipactis lessonii; le primula farinosa ; le calceolaria Jorthergillii, Wild. ; 
le gentiana magellanica ; gnaphalium CONSanguineum , misandra magellanica ; 
plantago monanthos ; les agorella daucoïdes, ranunculus et chamitis ; ranun- 
culus maclovianus ; r. exiguus ; oxalis enneaphylla , de six pouces à un pied 
d’élévation. 


Les lieux plus humides ou fangeux offrent d'immenses quantités de 
marchantia polymorpha et polychnemos , de sphagnum acutifolium , lysimachia 
repens, caltha appendiculata, sagina procumbens et crassifolia , callitriche 
verna, misandra magellanica. 


BOTANIQUE. 141 

Dans les nombreux étangs, croïssent le fimosella tenuifolia, Vagolla ma- 
gellanica , le caltha sagittata, le montia linearifolia, les myriophyllum elati- 
noïdes et ternatum, &cC. 

Mais c’est au bord des ruisseaux, dans les anfractuosités humides 
. du sol, que se trouvent plus particulièrement le callixene marginata, le 
galium trifidum , le cardamine hirsuta, Valopecurus magellanicus , et sur-tout 
le nerteria depressa, qui semble éviter la lumière et la foible chaleur du 
soleil. Le ranunculus hydrophilus flotte sur toutes les eaux courantes. 

Sur le penchant des collines humides, et notamment le long de ces 
énormes traînées de roches qui sillonnent le flanc de toutes les mon- 
tagnes et indiquent autant des torrens souterrains, se trouve Île beau 
lomaria setigera (lomaria magellanica!), Cette plante, qui recherche le 
voisinage des eaux courantes, paroît cependant fuir la trop grande hu- 
midité des lieux marécageux; aussi ne la rencontre-t-on jamais dans 
les plaines. Il en est de même du singulier bolax glebaria, qui forme 
des touffes vertes, denses et fermes, quelquefois hautes de trois pieds 
et épaisses de huit à dix. Toutes les parties de cette plante sont 
remplies d’un suc gommo-résineux blanc qui rougit et durcit prompte- 
ment à l'air. Cette matière est assez abondante ; elle forme des larmes 
rondes de la grosseur d’un pois. Ne pourroit-elle pas être utilisée 
dans {a médecine ou dans les arts? 

Quelques roches nues du sommet des montagnes produisent encore 
le superbe physcia sepeacea, dont les rameaux ressemblent si bien aux 
longs bras des poulpes ; le cornicularia flavicans, Pers. (usnea auran- 
tiaco-atra, Bory; lichen aurantiaco -ater, Jacq., ou variété jaune de 
Vusnea melaxantha), qui représente de petits arbrisseaux droits, très- 
serrés ; le gnaphalium lycopodioïides et V'Aymenophyllum  cespitosum , déjà 
observé dans les plaines parmi les racines des autres végétaux. Ici il 
forme de petites boules pelotonnées, très-denses, qui remplissent tous 
les interstices des rochers. 

Enfin si nous suivons M. d'Urville jusqu'au mont Châtellux , élevé 


de 585$ mètres au-dessus du niveau de la mer, nous verrons ces vé- 
gétaux dégénérés se dégrader encore; nous y trouverons l'aspidium mod- 
rioïdes, Bory; le cenomyce vermicularis , Bory; l’oxalis pumila, d’Urv.; 


142 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


le valeriana sedifolia, d'Urv.; le drapetes muscoïdes, Lamk.; le singulier 
nassauvia serpens, d'Urv., &c. Les autres espèces dont nous ne parlons 
pas habitent indifféremment presque toutes les localités. 

Si, au premier abord, ce pays semble être totalement privé de végé- 
taux nourrissans, l'œil du botaniste ne tarde pas à en découvrir une 
foule qui, dans une nécessité absolue, comme celle où nous pouvions 
nous trouver, ne manqueroient pas de procurer une assez grande res- 
source; ce qu'il est toujours utile de signaler aux navigateurs ; de ce 
nombre sont : 

1.° Les grandes fucacées, qui abondent dans toutes les rades. 

2.2 Les baies de tous les petits arbrisseaux, myrtus, arbutus, empetrum 
et rubus (1), qui ont été mangées par les marins de / Uranie, sans qu’il 
en soit résulté pour eux le plus léger accident; quelques-unes même , 
comme on le sait, ont un goût exquis; et il suflira de rappeler ici le 
lucet musqué, dont la saveur est analogue à celle d’une crême aroma- 
tisée; les grosses framboises purpurines produites par le plus petit des 
végétaux ligneux (rubus geoïdes), &c. 

3e :célert, fort abondant sur les dunes, et dont nous avons em- 
ployé à notre usage toutes les parties; les feuilles d'une sorte de pim- 
prenelle (ancistrum adscendens) qui habite es mêmes lieux; trois espèces 
d’oseille (rumex acetosa, acetosella et patientia); une grande oxalide 
(oxalis enneaphylla), remarquable par ses larges fleurs roses presque 
blanches, par ses feuilles composées de 8, 12 à 15 folioles en cœur, 
glabres, fixées au sommet des pétioles, dont les feuilles, les fleurs et-les 
racines écaïlleuses (bulbifères) rouges, d'une saveur acide fort agréable, 
seroient utilement employées en salade où comme remède rafraïchissant. 

4. Les nombreux lichens qui tapissent. pour ainsi dire toutes les 
parties de ces iles; sur-tout celui de l’espèce blanche, qui forme des 
touffes serrées composées de petites expansions capillaires, rameuses, 
enfacées, &c. Ce lichen (/chen rangiferinus! L.; cenomyce pycnoclada , 


(1) Hest probable que c’est de cette dernière plante que veulent parler les auteurs de Ia 
relation du naufrage du vaisseau le Wager. Selon eux, les Patagons se servent de son fruit pour 
faire une espèce de vin dont ils s’enivrent les jours de réjouissance : cela prouve que cette 
plante est aussi commune dans leur pays que rare aux îles Malouines. 


| 
| 
| 


BOTANIQUE. 143 


Pers.), bouilli pendant quelques momens dans l’eau (pour le priver d'un 
principe amer), a été coupé par très-petites parties, et a formé, dans 
du bouillon, un potage assez agréable et facile à digérer (1). 

s.° Les racines tubéreuses, fasciculées, nombreuses, de plusieurs or- 
chidées des genres serapias et arethusa, qu'il sufhroit de faire bouillir 
quelques instans dans l’eau, afin de leur enlever un principe légèrement 
âcre, pour obtenir un aliment très - nourrissant. Ces bulbes, préparés 
de la sorte et desséchés, donneroïent un salep susceptible de se con- 
server long-temps. 

6.° Enfin, un végétal bien plus intéressant encore, parce qu'il fournit 
pendant presque toute l'année une abondante quantité de substance ali- 
mentaire : je veux parler de la grande graminée (festuca flabellata) qui 
couvre les deux tiers de l’île aux Pingouins {manchots), les autres petites 
îles de la baïe Française, et qui, d’après M. Orne, se multiplie avec la 
même profusion sur le rivage de toutes les îles Malouines. 

Cette plante s'élève de 4 à 6 pieds; ses feuilles sont engainantes, 
comprimées ; elle offre à sa base, de la racine jusqu'à $ ou 6 pouces 
d’élévation, une partie intérieure blanche, cassante, d’un goût de noi- 
sette, fort agréable à manger. Cette substance se compose de la gaine 
inférieure, des jeunes feuilles du centre et des tiges (chaumes ) fortement 
serrées les unes contre les autres. Elle ne peut mieux être comparée, 
pour la saveur, qu'au chou palmiste, si justement estimé. 


EXAMEN DES EAUX. 


D'après ce que nous avons dit de la constitution du sol des ïles 
Malouines , il est facile de concevoir que l'eau y est fort abondante. 

Observée dans les ruisseaux qui descendent des montagnes comme 
dans les petites rivières qui sillonnent les plaines, cette eau est forte- 
ment ambrée : ce qui ne l'empêche pas d’être par-tout limpide, agréable 
au goût et très-salutaire, puisque l'équipage de /Uranie, réduit pendant 
près de trois mois à l'usage de cette seule boisson, n'en a jamais éprouvé 
la plus légère incommodité, 


(x) Je prie le lectéur de se rappeler que c’est pour les marins que je donne ces minutieux 
renseignemens. 


rarement 


144 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XX. 


MONTÉVIDÉO. 


CE fut après un accident funeste qui altéra mes collections et faillit 
m'en priver entièrement, après un séjour de trois mois environ sur Îles 
terres stériles des Malouines, que nous abordâmes le continent américain 
à Montévidéo. 

La vue de ce nouveau pays étoit peu propre à ranimer notre zèle 
abattu , à changer Îles idées sombres et tristes qui nous dominoient , à 
réveiller cette activité qui nous avoit fait braver tant de dangers, sup- 
porter tant de fatigues, tant de privations. 

Une rade demi-circulaire, située sur la rive gauche de Ia Plata, se 
termine au large par deux pointes inégales : la première (à Ouest) 
est formée par la base déclive d'une montagne stérile, arrondie, haute 
de deux à trois cents toises au plus, mais qui, à raison de l'aplatis- 
sement du sol, domine tout le pays : la seconde ( à l'Est} est basse, 
composée de roches tout-à-fait nues; c'est sur cette pointe qu'on a bâti 
la ville de Montévidéo. 

Le fond de la mer, dans cette rade, est de vase et destitué de plantes 
marines ; il paroît en être de même du rivage, ou du moins des parties 
que jai pu visiter, lesquelles sont également dégarnies de ces produc- 
tions, 
fleuve avec celles de l'Océan. 

Le sol de ce pays est de roches granitiques composées de corps 
cristallisés, de nuances, de formes et d’agrégations diverses, impar- 
fiitement unis entre eux, parmi lesquels on distingue une grande 
quantité de mica vitreux, très-brillant, en lames épaisses d’une ligne 
a-peu-près et larges de six lignes à un pouce et souvent plus. 

Ce terrain, en cela, a beaucoup d’analogie avec celui des îles Ma- 
louines ; et chose non moins remarquable, les couches qui le composent 


ce qu'il faut sans doute attribuer au mélange des eaux douces du 


; BOTANIQUE. 145 
mont paru avoir une direction semblable à celles qui sillonnent les 
_— et le fond de l’immense baie Française, c'est-à-dire, de l'E. S. E. 

à l'O. N.O., à-peu-près. 

Ces roches sont coupées par des bancs de schistes ardoisés, noirs, 
bancs qui n'ont pas moins de 25 pieds de largeur et qui s'étendent à 
l'infini en suivant la direction des couches. 

Si l’on excepte les lieux bas, humides, situés dans le Nord, vers le 
fond de la rade, où se trouvent des jardins arrosés par les eaux im- 
pures d’un foible ruisseau, les dehors de Montévidéo, à Pur milles 
à la ronde, sont de la plus grande stérilité. 

À peine trouve-t-on çà et là, sur cette terre aride, quelques pro- 
ductions herbacées, telles que des solanées , des graminées , des cypé- 
racées, des synanthérées, des géraniacées, et spécialement, parmi les 
plantes de*cette dernière famille, un oxalis à pédoncules uniflores et à 
grandes fleurs d’un jaune foncé comme celles de l’Aelianthemum vulgare. 

Les végétaux cultivés dans les jardins se composent de pommiers, 
de poiriers, de pruniers, de pêchers, et de toutes nos plantes potagères. 

L'eau de ce pays est rare, impure, trouble et souvent lactescente ; 
elle sourd lentement des terres, et coule dans des puits pratiqués au fond 
des sinuosités du sol. 

Ces sortes de citernes, de forme ordinairement circulaire et plus ou 
moins profondes, sont assez nombreuses aux environs de la ville : on 
y trouve des végétaux aquatiques fort remarquables ; une marsiléacée 
( azolla ),. et une autre hydrophyte (Aydrodictyon ), qui comblent en peu 
de temps ces réservoirs ainsi que toutes les excavations humides des 
rochers. 

La première (azolla magellanica) est disposée en gazons très-denses, 
analogues à ceux que forme la sphaigne à larges feuilles (sphagnum lati- 
folium) de nos tourbières artificielles : la seconde appartient au genre 
hydrodictyon, et se distingue par des expansions foliacées réticulaires 
larges de six à dix-huit pouces, à mailles irrégulières (trigones, tétra- 
gones, pentagones et hexagones ), disposées en couches superposées et 
réunies entre elles de manière à représenter des cellules dont les cloisons 
sont de formes et de dimensions diverses; cette singuliere production 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. I 9 


146 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
couvre ordinairement lazolla magellanica, et forme des masses con- 
vexes, élastiques, vertes, d’une texture tendre et cassante, de deux et 
souvent de quatre pieds d'épaisseur. Je ne puis mieux en comparer les 
mailles, pour leur densité et la manière dont elles s’enlacent, qu'à celles 
du velum qui enveloppe le sophronia brasiliensis, Pers., gravé pl. 1°, 


fig. 2. 


T'ABLEAU du Gisement des lieux et des Températures moyennes 
observées pendant nos diverses relâches (1). 


POSTETON 


TEMPÉRATURE 
MOYENNE. 
(Thermom. centig. ) 


DÉSIGNATION | GÉOGRAPHIQUE ÉPOQUES 
du mouillage. 
des des 
Longitude 
FIPUX. Latitude. | comptée OBSERVATIONS. 
de Parts: 

Sainte-Croix de T'énériffe. | 289 28° N. | 18° 36'O.Ï Octobre. ............, 
Rio 1e relâche. | 22. $4. S. | 45. 35. À Décembre et Janvier... 

de Janeiro. Juin ss... CR . 
2,€ relâche. 22, 53. Ad DO FAO ENENT AA Fe 

Cap de Bonne-Espérance.. | 33, 52. 16.1 4E | Mars et Avril... ... . 

He-de-France (Port-Louis.} 20. 10 gi & | D M 
\ ! Juinet Juliet... ,+. eh 
Baie des Chiens-Marins..} 25. 41. A0: 57, : E CCDICRIDER ee enter 
: fCoupang...] ro. 9. dar ut FOND US. die. 
le Timor PE" 8-32 i23..0 HiNoYémbre sd... 
He Rawaks. 3. tt o % 128. 35. | Décembre et Janvier... 
CR Umata …...) 13. 17. N. | 142. 31. Mars. . Fe re : 
PortS.-Luis, .| 13. 26 142. 32. Mars, Avril, Mai et Juin. 
{Kayakakoua.L 10, 13 158 210 ADR ne das 
Îles Raheïina....| 20, $2 TO: 124 CUT RE RE: 
Sandwich. |Kohaï-Haï. .| 20. 3 158. 13. | Août Ne 
i Onorourou . | 31, 18. F60: 134 Biol a Nm BA 
Port-Jackson. . ... cesse 33. si. S. | 148. 49.E. Novembre et Décembre. 
MoeVdo di e 34. 54. 58 35: O: EMaret ame Se 


4 


À L'AIR LIBRE 


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ET AL'OMBRE,| © 9 
D ut 
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terre, | bord, | & 
memes | sum | Scene 
7 2244. 20d 8, 
ll 23) 9-1 23 4. 
1 20, 7.| 20,7. 
184 ‘y D 
1 19.041 14,0, 


1 26,2. 24,7. 
2270) 1 

1e 110,2. 18,4 
28, 5.| 27, 8.| 27,1. 

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26, 2.| 26,8.| 28, 1. 

# 26, $+| 27s $e 
27, 1.| 27, 0.| 27, 4. 

1 24,2,| 24, 3. 

u 25,9.) 25, 8 


" 25, 8.1 26,2. 
! 25,2, 25,0 
1957] 19, 1.1 19,7. 
!! 1552.) 15,0. 


(1) Je pense qu'il suffira de dire que ce tableau a été communiqué par M, de Freycinet, pour 
qu'on doive y ajouter toute confiance, 


an 


SAIT 


BOTANIQUE. 147 


LIVRE IL 
Classification des Herbiers. 


AINSI que je l'ai annoncé précédemment, cette seconde partie sera 
consacrée à la détermination de toutes les plantes du voyage, à [a des- 
cription des espèces nouvelles et aux renseignemens que nous croirons 
devoir ajouter à celles qui ne sont qu'imparfaitement connues. Dans ce 
travail, nous suivrons l'ordre de classification établi par M. de Jussieu, 
dans son Genera plantarum , et, autant qu’il nous sera possible de le faire, 
nous placerons en tête de chaque famille naturelle les notions générales 
qui nous paroïîtront devoir fixer l'attention des botanistes. 


ALGÆ, AGARDH. 


Les êtres végétans (1) désignés ordinairement sous le nom collectif 
d'algues (hydrophytes , Lamouroux) comprennent un grand nombre de 
plantes terrestres, fluviatiles et marines. 

Privées de fleurs et de fruits, d’une consistance cartilagineuse, molle 
ou gélatineuse, et de couleuïs diverses ; ne se reproduisant que par le 
moyen de sporules imperceptibles ais n’offrant enfin à l'observateur 
que des caractères douteux et difficiles à saisir, ces productions ont dû 
nécessairement rester long-temps peu connues; et il n'a pas moins fallu 
que lessor général donné à toutes les sciences, pour tirer du chaos cette 


(1) Cette dénomination insolite en apparence est justifiée par lincertitude où sont encore 
les naturalistes sur l'essence de ces productions de la mer, classées tantôt parmi les végé- 
taux, tantôt parmi les zoophytes, qui forment le dernier anneau de la chaîne du règne animal. 

(2) On leur donne depuis long-temps les noms de gemmes, de sporules où de bourgeons. 
M. Lamouroux a proposé celui de granules. 


* 


19° 


148 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


branche de la botanique, la plus voisine de la zoologie (1). Si, trop 
resserré dans le cadre étroit de cette relation, je ne puis tracer, ainsi 
que j'aurois desiré le faire, l’histoire succincte des nombreuses décou- 
vertes faites dans ces derniers temps par les savans de tous les pays, 
sur ce point obscur de lhistoire naturelle, je rappellerai du moins les 
travaux des Dawson-Turner, des Lamouroux, des Agardh, des Gaïllon, 
des Lyngbye, des Bory de Saint-Vincent, des Bonnemaison, &c., 
auxquels nous devons les immenses progrès de cette partie de la science. 

Ces plantes, connues sur nos côtes sous les noms vulgaires de varecs, 
de goémons, sont désignées sous ceux de soëue par les habitans de quelques 
îles des Papous visitées dans le voyage; de tchiéjouane OÙ tehiégauan (2), 
de tisicbiw et de lumout (3), par ceux des îles Mariannes : ils y joignent 
des dénominations spécifiques qu'il m'a été impossible de me procurer. 
Les indigènes des îles Sandwich nomment indistinctement mou les 
algues marines et fluviatiles, et étendent même ce nom aux mousses 
ainsi qu'à plusieurs espèces de lichens des genres wsnea, cenomyce, cor- 
nicularia, &c. 

Mais ils appellent paxya une sorte d'ulve rubanée, capillaire, verte, 
analogue à lulva linga jaune (ulva compressa, Vurn., solenia compressa, 
Agardh); oui le sphærococcus concinnus , et ciuou-kal es sargassum cuneifolium 
et aquifolium. 

N'ayant pu me livrer que d'une manière imparfaite à l'étude de ces 
plantes, j'ai accepté avec la plus vive reconnoïssance les offres obli- 
geantes de M. Agardh, professeur de botanique à Lund. If a bien voulu 
se charger de la tâche pénible de les déterminer, et chaque jour il les 
publie dans ses ouvrages (4). 

Ce savant vient de m'adresser un catalogue que les botanistes ne 
seront pas fâchés de trouver ici avec quelques notes, des synonymes et 
des renvois aux ouvrages précités. 


(1) Les naturalistes ne sont pas d’accord sur la ligne de démarcation qui sépare les hydro- 
phytes des zoophytes. 

(2) Fucus en général. 

(3) Conferves en général. 

(4) Systema algarum, Species algarum et cones algarum. 


BOTANIQUE. 149 

Je n'ai rien ou presque rien recueilli concernant l'emploi usuel que 
les habitans des côtes du grand Océan peuvent faire des algues : cepen- 
dant, de même qu'on le remarque encore sur quelques-uns des rivages 
européens, je suis porté à croire qu'ils en consacrent la plupart des es- 
pèces à leur subsistance. 

De quel secours, en effet, ne doivent-elles pas être pour les misé- 
rables indigènes de la Nouvelle-Hollande, presque entièrement privés de 
tout autre aliment végétal ! Malheureusement notre courte entrevue 
avec les habitans de la baie des Chiens-Marins ne nous a pas permis 
d'acquérir la moindre notion sur les moyens d’existence de ces hommes 
si peu favorisés des dons de la nature. Je n'ai pas été plus heureux 
au Port-Jackson dans mes recherches sur ce point; mais il est probable 
que les naturalistes anglais sont aussi riches en renseignemens qu'en 
collections, et que cette belle partie de la Nouvelle-Galles du Sud 
n'aura bientôt plus rien de caché pour les sciences (1). 

Les insulaires de Timor, et généralement ceux de toutes les Moluques, 
qui possédent la majeure partie des végétaux nourrissans des régions 
équatoriales, mangent cependant aussi quelques fucus. 

Les farouches naturels des îles Rawak, Bony et Vaiïgiou, emploient 
souvent ces plantes fraîches à leur consommation, et la grande quantité 
de sargassum vulgare, pyriforme, acanthicarpum , &c., que nous avons 
trouvés suspendus et mis à sécher dans leurs cases, attestent qu'ils en 
font aussi des provisions. 

D'après D. Luis de Torrès (2), dont je parlerai souvent, et toujours 
avec une nouvelle reconnoissance, parce que je lui dois la majeure 
partie des notions que l’on trouvera ici sur la végétation des Mariannes, 
les habitans de ces îles et ceux de l'archipel des Carolines mangent 
encore aujourd'hui plusieurs espèces d’algues ; ils font même un régal 
des vaucheria fastigiata , ulva clathrata (solenia clathrata ) ,nommés par eux 
foumout, qu'ils assaisonnent de vinaigre et de sel. Les naturels des Phi- 


(1) Les habitans de Pile Van-Diémen mangent des fucus. | 

(2) Respectable vieillard, indigène des îles Mariannes, d'une intelligence supérieure qu'il 
consacre entièrement aux besoins de ses compatriotes; il descend des anciens premiers chefs 
de ces îles. 


150 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lippines recherchent également ce genre de nourriture, quoiqu'ils ob- 
tiennent de quoi suffire autrement aux nécessités de la vie, soit par la 
culture, soit par leur commerce avec les peuples des iles environnantes. 

Les Sandwichiens sont peut-être encore plus riches en biens de la 
terre; et cependant, loin de dédaigner les plantes marines, ils s'en 
montrent aussi très-amateurs, J'ai vu souvent les femmes des chefs attachés 
à la cour de Rihoriho manger le so/enia compressa, le sphærococcus con- 
cinnus et les sargassum cuneifolium et aquifolium, mélés avec de la chair 
d'oursin coupée par morceaux, et assaisonnés de sel, non comme un 
objet destiné à satisfaire chaque jour l'appétit, mais bien plutôt comme 
une friandise à laquelle on ne touchoit qu'à de longs intervalles, et, 
pour ainsi dire, dans la crainte de la voir finir trop promptement. 

Les renseignemens donnés par les navigateurs sur les autres points 
du globe, joints à ce que nous venons de dire, prouvent qu'en général 
les peuples qui habitent les rivages emploient les algues comme ressources 
alimentaires. | 

Je n’entreprendrai pas d’énumérer ici tous {es animaux dont ces plantes 
forment la nourriture : cependant je rapporterai ce que m'a dit à ce sujet 
M. Orne, capitaine baleinier anglo-américain. [l s'est assuré que les 
phoques mangent habituellement des plantes marines; il n'a jamais 
ouvert de ces amphibies sans trouver dans leur estomac une grande 
quantité de ces matières, mélées à beaucoup de sable. Îls paroissent 
rechercher les nostochinées, les confervoïdes et les ulvacées; mais ne 
touchent presque pas aux grandes fuçoïdes, &c., qui remplissent pour 
ainsi dire toutes les rades voisines du cap Horn et du Cap de Bonne- 
Espérance. 

Les oiseaux de rivage et pélagiens se montrent extrêmement avides 
de ces sortes de productions : je me rappelle qu'au Cap, des goélands 
me disputèrent en quelque sorte des fragmens de fucus rugosus à V'état 
gélatineux , auquel ils m'ont paru donner une préférence marquée. 

Je suis éntièrement convaincu que faction de {a lumière et de fair 
est indispensable au développement des algues comme à celui des autres 
corps organisés ; je ne puis donc admettre qu’elles aient, ainsi qu'on 
l'a plusieurs fois avancé, la faculté de croître dans les abymes de la mer. 


BOTANIQUE. 151 


Tout me porte à penser que Îles grandes espèces seules peuvent at- 
teindre à une profondeur de 100 à 150 toises au plus : au-dessous de 
cette limite, elles doivent, en admettant toutefois qu'il en existe encære, 
diminuer sensiblement pour bientôt disparoitre (1); tandis que de ce 
point jusqu'à {a hauteur ordinaire des eaux, le nombre des espèces et 
des individus devient de plus en plus considérable. 

Beaucoup de ces plantes paroissent même avoir besoin de l'action. 
directe de l'air autant que de celle de l’eau : elles se plaisent, en effet, 
sur les plages que la mer découvre à chaque marée. De ce nombre sont 
la plupart des ulva, des conferva, des encælium, des nostoc, &c. ; les 
plantes de ce dernier genre sur - tout n'habitent jamais que les parages 
abrités : de nature vésiculeuse et se détachant au moindre effort, elles 
viennent nager à la surface des flots, qui les déposent bientôt sur le 
rivage, où le retour de chaque marée contribue à 1eur développement. 

Le nostoc quoyi, qui abonde dans toutes les anses des îles Mariannes, 
et notamment dans celles qui avoisinent Umata, m'a souvent mis à 
portée d'observer ce singulier phénomène. 

Les algues enlevées des rivages par l'impétuosité des vagues, errant 
au gré des marées, des vents et des courans, sont quelquefois portées 
à des distances considérables des côtes : ainsi, par exemple, le fucus 
pyriferus, le fucus buccinalis, et plusieurs autres productions analogues, se 
rencontrent à 50, 60, et même 100 lieues au large du Cap de Bonne- 
Espérance, lieu de leur origine. A des intervalles à-peu-près semblables 
de la terre d’Édels, dans l'O. de la Nouvelle- Hollande, la mer pro- 
mène l'élégant cystoseira trinodis, le sargassum peronii et l'encælium bullo- 
sum, &c., fixés sur le caulinia antarctica, Labïüll, De là en allant à Timor, 
nous avons observé de nombreuses conferves floconneuses d’un vert 
jaunâtre; par le travers des îles de l'Amirauté, le navire eut souvent à 
pénétrer au milieu de masses énormes composées d'oscillatoria, de con- 


(1) Les profondeurs de la mer ne seroient-elles pas aux thalassiophytes ce que élévation 
des montagnes (ou les latitudes) est aux plantes terrestres! ne se trouveroient-elles pas dis- 
posées par rayons décroissant graduellement en nombre, en dimensions, &c., de manière 
que le fond équivaudroit au sommet des montagnes! et d’après cela, l'état d'organisation plus 
où moins parfaite des plantes marines aurait-il pas lieu en sens inverse de Ia loi qui régit les 
plantes terrestres! 


152 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Jerva australis (vaucheria australis), de fucus ilicifolius (sargassum ilicifolium), 
de fragmens d’une grande laminaria, de zostera, &c., chargés de coquilles, 
de mollusques et de poissons. 

Long-temps avant d'arriver en vue des côtes de la Nouvelle-Galles 
du Sud, la terre nous avoit été annoncée par la rencontre du singulier 
Jucus moniliformis, Labill., dont {es articulations paroiïssent végéter isolé- 
ment, et acquérir même, en cet état, des dimensions que je n'ai jamais 
remarquées dans aucun des échantillons recueillis au Port-Jackson (1). 

Enfin, au cap Horn, dans le détroit de 1e Maire, ainsi que près des 
iles Malouines, nous avons, pour ainsi dire, vogué parmi des bancs de 
Jucus giganteus (macrocystis pyrifera, Ag.), dont les deux tiers inférieurs 
de leur longueur, obéissant à la loi des pesanteurs spécifiques, se trou- 
voient dans une position verticale; ce qui a pu faire croire à beaucoup 
de navigateurs que ce singulier végétal prenoïit naissance à des profon- 
deurs incommensurables. 

Près des îles Malouines, sur le banc de Patagonie où nous avons 
rencontré d'immenses quantités de ces masses flottantes, la sonde, jetée 
pour ainsi dire à chaque instant, par 70, 80 et 100 brasses, n’a presque 
jamais donné qu’un fond de sable et de vase. Je puis afhrmer, parce 
que j'en ai fait le sujet d’une étude particulière, que les thalassiophytes, et 
sur-tout les grandes espèces, ne croissent que sur des roches ou autres corps 
durs et résistans. Si quelques algues ténues, telles que les caulerpa ; si 
les polypiers coralligènes, les éponges sur-tout, paroïssent quelquefois 
pousser dans les sables, c'est qu'il suffit d’un simple petit fragment de 
roche, de madrépore ou même de coquille, pour leur servir de support. 

On diroit que les fucus nageans, c'est-à-dire, ceux qui, détachés des 
rivages par les efforts des flots, sont portés à de très-grandes distances 
en pleine mer, ont été voués par la nature à cette vie errante, En effet, 
les espèces qu'on rencontre loin des terres sont précisément celles qui 
offrent dans leur structure des cavités ou vésicules qui paroissent être 
destinées d’abord à leur donner une position ascendante, et plus tard, 
lorsqu'elles sont détachées de leur sol natal, à les soutenir à {a surface 


(1) J’aï trouvé de ces corps globuleux qui avoient plus d’un pouce de longueur et un dia- 
mètre proportionné, 


BOTANIQUE. 153 
des flots. Ainsi, pour ne citer qne les espèces les plus remarquables qui 
se trouvent dans ce cas, le Jucus buccinalis, vulgaïrement nommé trompette 
de mer, a son tronc, de $ à 10 pieds de longueur, entièrement creux 
depuis fa base des divisions faminaires jusqu'aux racines; le fücus pyriferus 
( varec géant), sur la longueur duquel on fait tant de fables, a les pétioles 
de toutes ses divisions renflés en vessie; et le fucus natans , varec nageant 
proprement dit (sargassum vulgare), est muni, comme on le sait, d’une 
innombrable quantité de vésicules pyriformes, arrondies, terminées en 
haut par une petite pointe. 

La ténuité de leurs racines, dont {a fonction paroît être de les fixer 
aux roches plutôt que de leur transmettre des sucs nutritifs, et l’état de 
fraicheur où sont toujours ces plantes, n'attestent-ils pas que celles-ci 
végètent long-temps après leur extraction, tout aussi bien, mieux peut- 
être, que sur les côtes, où, battues et froissées par les vagues, elles 
doivent éprouver des entraves continuelles à leur développement. 

J'ai recueilli au Cap de Bonne-Espérance un énorme fücus pyriferus, 
qui flottoit dans une position perpendiculaire , entraînant avec lui un frag- 
ment de la roche sur laquelle il étoit primitivement fixé. Ce cas est rare ; 
mais presque toujours, lorsque ces plantes sont détachées des roches, 
elles conservent avec elles une partie de leurs racines ou supports; si l’on 
en excepte cependant Île raisin des tropiques {fucus natans), qui, malgré 
mes nombreuses recherches, ne m'a jamais rien offert de semblable. 

Ce fucus, dont les masses énormes noircissent souvent de vastes 
parties de l'Océan atlantique, paroît faire exception à la règle, même 
si l'on adopte les idées de M. le professeur Lamouroux sur {a germination 
des algues et les conditions nécessaires sous lesquelles elle doit s'exercer. 

Cette plante ne peut-elle pas se reproduire en pleine mer, par sporules 
ou par fragmens végétables, ce qui pour moi seroit la même chose (1)? 
En eflet, pourquoi ne pas admettre que les sporules peuvent se dévelop- 
per dans fa plante même, au sein des loges qui les renferment, ou, 
lorsqu'ils en sont chassés, à la surface de ces corps flottans, auxquels ils 


(1) Je ne considère les sporules que comme des bourgeons imparfaits, et nullement comme 
des graines. Les sporules et les fragmens végétables ne diffèrent donc, dans mon opinion , que 
par le degré plus ou moïns avancé de développement. 


Voyage de l'Uranie, — Botanique. 20 


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154 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


doivent naturellement s'attacher, soit au moyen de la matière muqueuse 


. qui entoure Îes sporules, soit sur-tout en obéissant aux lois de attraction. 


Je ne puis affirmer que, dans ces plantes, les racines ne remplissent 
point les fonctions si bien reconnues à cet organe dans les autres végétaux, 
parce que je n'ai rien observé de positif à ce sujet : mais lorsque l’on 
considère la petitesse relative de ces parties, et le peu de probabilité 
qu’elles trouvent à absorber quelque substance dans les corps durs aux- 
quels on les voit communément adhérer, il est bien permis d'élever des 
doutes touchant eur destination, et d'appeler les naturalistes à méditer 
encore sur cette intéressante partie de la physique végétale. 

Quant à. la longueur du varec géant, pour ne pas contrarier tout- 
à-fait ceux qui aiment à lui prêter des dimensions prodigieuses ; malgré 
l'opinion énoncée précédemment, que les plantes marines ne se rencon- 
trent pas au-dessous de 100 à 150 toises (et nous croyons porter cette 
mesure à son maximum); quoique sur-tout je n’aie jamais vu le végétal 
qui nous occupe dépasser 45 à so pieds de longueur, j'accorderai qu'il 
peut acquérir 100 à 150 pieds et même plus, parce que, arrivé à la 
surface de [a mer, il se couche dans la direction des courans ou des 
vents et tapisse de la sorte des espaces considérables. C'est ainsi qu'au 
Cap de Bonne-Espérance, au cap Horn, dans le détroit de le Maire, 
dans la baie de Bon-Succès sur la T'erre-de-Feu, et dans la baie Fran- 
çaise aux iles Malouines, nous avons observé d'immenses quantités de 
ce fucus bordant le rivage et s'étendant souvent fort loin au large, 


ORDO I. — NOSTOCHINEÆ, Acarou (1). 


NOSTOC, VAUCHER, AGARDH. 


1. NOSTOC QUOYI. 
N. fronde sinuoso-lobatä, obscurè viridi, inths cavâ, integumento firmo 
coriaceo. Agardh. 


N. Quoyi. Agardh, Syst. alg. pag. 22. 


(1) Ayant l'intention de donner à la fin de ce travail, relâche par relâche, le catalogue de 
toutes les plantes recueillies dans le voyage de l’Uranie, je ne placerai ici que les noms et 
les descriptions des espèces nouvelles. 


BOTANIQUE. fs 
Chibi ( I n É 


In msulis Mariannis. 


ORDO II — CONFERVOIDEZÆ. 
SCYTONEMA, AGARDH. 


1. SCYTONEMA FIGURATUM. 
S. filis luteis subsimplicibus flexuosis in fasciculos olivaceos contortis. 


Agardh. 
S. figuratum. Agardh, Syst. alg. pag. 38. 


In insulis Mariannis inque Moluccis (Rawak). 


THOREA, BORY, AGARDH. 


1. THOREA GAUDICHAUDII. 
T. filis ramosis olivaceo-viridibus. Agardh. 
T. gaudichaudii. Apardh, Syst. alg. pag. 56. | 
In insulis Mariannis ( in fluvio Pago insulæ Guam ). 


OSCILLATORIA, VAUCHER, AGARDA. 


1. OSCILLATORIA MUSCORUM. 
©. filis in stratum æruginosum muscos perreptans intricatum. Agardh. 
O. muscorum. Agardh, Syst. alg. pag. 65. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


DICTYONEMA, AGARDH. 


1. DICTYONEMA MEMBRANACEUM. 
D. maculis membranä repletis. Agardh. 
D. membranaceum, Agardh, Syst. alg. pag. 85. 
Forsan lichenis species. 
In insulis Mariannis (ad corticem arborum ). 


CONFERVA, ZINN., AGARDA. 


1. CONFERVA ARBORUM. 
C. filis simplicibus tenuibus intricatis, articulis diametro duplo longio- 
ribus. Agardh. — An cœnogonium! 
C. arborum. Agardh , Syst. alg. pag. 88. 


In insulis Mariannis (ad corticem arborum ). 


(1) Ce nom sert à désigner plusieurs productions herbacées. 


| 


—— 


156 VOYAGE AUTOUR DÙÜ MONDE. 


2. CONFERVA FUNICULARIS. 


C. filis simplicibus arachnoïdeis in penicellos filiformes contortis, articulis 
inconspicuis. Agardh. 
C. funicularis. Agardh, Syst. alg. pag. 91 .——An ôscillatoria! 
In insulis Mariannis (in fluvio Agagnâ insulæ Guam). 


. CONFERVA MOLUCCANA. 


C. filis simplicibus capillartbus longissimis flavescentibus, articulis diametro 
duplo longioribus. Agardh. 
C. moluccana. Agardh, Syst. alg. pag. 91. 
In insulis Moluccis ( Pisang). 


. CONFERVA SANDWICENSIS, 


C. filis simplicibus arachnoïdeis longissimis implicatis, articulis diametro 
duplo Jongioribus. Agardh. 
C. sandwicensis. Agardh, Syst. alg. pag. 92. 
In fluvio insulæ Mowi. 


. CONFERVA MIRABILIS. 


C. filis dichotomis longissimis æqualibus, articulis diametro triplo Jongio- 
ribus , exsiccatione alternatim compressis. Exsphærococco mirabili proveniens. 
Agardh. 

C. mirabilis. Agardh, Syst. alg. pag. 121; id, Icon. alg, tab. 20. 

Ad Caput Bonæ-Spel. 


à 


. CONFERVA ANSONII. 


C. filis simplicibus atro virentibus capillaribus , articulis diametro duplo 
Jongioribus. Agardh. 
C. ansonii. Agardh , Syst. alg. pag. 95. 


In fonte Ansonii insulæ Tinian. 


. CONFERVA VILLUM. 


C. filis simplicibus tenuissimis brevissimis purpureis, articulis diametro 


duplo longioribus. Agardh. 


C. villum. Agardh, Syst. alg. pag: 104. 
Ad zoophyta fruticulosa | galaxaura), circa insulas Teneriffam et Rawak. 


CHARA, LINN., AGARDH. 


. CHARA FIBROSA. 


C. caule striato glabro flexili fliformi, ramulis attenuatis setaceis, articulis 


pellucidis. Agardh. 
C. fibrosa. Agardh, Syst. alg. pag. 129: 
In insulis Mariannis (in fluvio Agagnâ Insulæ Guam). 


[! 
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BOTANIQUE. 157 
CERAMIUM, ROTH, AGARDH. 


1. CERAMIUM CANCELLATUM. “ 


2. 


C. filis distichè dichotomis flexuosis, infra simpliciusculis, supernè ramo- 
sissimis, articulis diametro subæqualibus. Agardh. 
C. cancellatum. Agardh, Syst. alg. pag. 136. 
Ad Caput Bonæ-Spei. 
CERAMIUM INTERRUPTUM. 

C. interruptum var. nigrescens, filis ramosissimis, articulis diametro qua- 
drupld Jongioribus sensim incrassatis, capsulis pedicellatis lineä transversali 
medià notatis. Agardh. 

C. interruptum var. nigrescens. Agardh, Syst. alg. pag. 142. 


Conferva interrupta, E. B. tab. 1838. 
Boryna gaudichaudii, Bory de Saint-Vincent et d’Urville, Flore des îles Mal., 


Ann. de la Soc. Linn., Paris 1826. 
In insulis Maclovianis. 


HUTCHINSIA, AGA4RDH. 


HUTCHINSIA GLOMERATA. 
H. ramis sparsis simpliciusculis, obsessis glomulis hemisphæricis ramu- 
lorum densissimè intricatorum. Agardh. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali { baie des Chiens-Marins ). 


SPHACELARIA, AGARDH. 


. SPHACELARIA MINUTA. 


S, filis simplicissimis erectis. Agardh. 
S, minuta, Agardh, Syst. alg. pag. 164. 


In insulis Sandwicensibus. 


. SPHACELARIA CALLITRICHA. 


S. caule filis confervoïdeis vestito, ramis bipinnatis, pinnis ad quodque 
geniculum emittentibus pinnulas minutas aculeatas, articulis diametro parum 
longioribus. Agardh. 

S. callitricha. Agardh, Syst. alg. pag. 165. 


In insulis Maclovianis. 


ORDO III — ULVACEÆ. 
VAUCHERIA, DECANDOLLE, AGARDH. 


. VAUCHERIA AUSTRALIS. 
V. filis cæspitosis setaceis simplicibus subæruginosis. Agardh. 


158 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


V. australis. Agardh, Syst. alg. pag. 176. 
In insulis {/es de l’Amirauté dictis. 
2. VAUCHERIA FASTIGIATA. 
V. fiis erectis cæspitosis abbreviatis fastigiatis remotè dichotomis. Agardh. 
V. fastigiata. Agardh, Syst. alg. pag. 176. 


In insulis Mariannis. 
BRYOPSIS, ZLAMOUROUX, AGARDH. 


1. BRYOPSIS ROSÆ (1). 
B. filis ramosis, ramis erectiusculis pectinatis , ramentis parallelis distan- 
tibus. Color obscurè viridis. Agardh. 
B. rosæ. Agardh, Syst. alg. pag. 178; id. Spec. alg. pag. 450. 


In insulis Maclovianis. 


CAULERPA, ZAMOUROUX, AGARDH, 


1. CAULERPA CLAVIFERA. 
C. clavifera var. uvifera, frondibus abbreviatis , ramentis densissimè im- 
bricatis. Agardh. 
C. clavifera. var. uvifera. Agardh, Syst. alg. pag, 181 ; id, Spec. alg. pag 443. 
Fucus racemosus. Forsk. FI. æg.-ar. pag. 197. 
Fucus clavifer. Turner. Hist. tab. $7. 
Fucus Lamourouxü. Turn, Hist. tab. 229. 
In insulis Mariannis. 
2. CAULERPA FREYCINETII. 
C. frondibus dichotomis linearibus aculeato-serratis. Agardh. 
C. freycinetii. Agardh, Syst. alg. pag. 1 84; id. Spec. alg. pag. 446. 
Fucus serrulatus. Forsk, FI. æg.-ar. pag. 189! 
In insulis Mariannis. 
VALONIA, AGARDH. 
1. VALONIA ÆGAGROPILA. 
V. cæspite globoso, ramis frondis verticillatis subclavatis. Agardh. 
V. ægagropila. Agardh, Syst. alg. pag. 180; id. Spec. alg. pag. 420. 
Conferva utricularis. Wulf! 
In insulis Moluccis (Rawak). 
2. VALONIA FAVULOSA. 
V. favulosa, globosa, membrana è cellulis hexagonis composita, Apardh. 


(1) Cette plante marine, la plus élégante de nos collections, a été consacrée par M. Agardh 
à M. Rose de Freycinet, femme de notre commandant, 


BOTANIQUE. 159 


V. favulosa. Agardh, Syst. alg. pag. 180; id. Spec. alg. pag. 432. 
In insulis Moluccis { Rawak ), 


PORPHYRA (1), AG4RDH. 


1. PORPHYRA LACINIATA. 
P. fronde purpureä planä, lacinïis numerosis dilatatis. Agardh. 
P. laciniata var. umbilicata. Agardh, Syst. alg. pag. 190. 
Ulva umbilicalis. Aobr., Lyng. 
Ulva laciniata. Agardh, Sp. alg. pag. 404; Lightf. tab. 33. 
Ad Caput Bonæ-Spei. 
POLYPHYSA, Lamouroux. 


1. POLYPHYSA PENICULUS. 
P. peniculus. Agardh, Syst. alg. pag. 192. 
Fucus peniculus. Turner, Hist. tab. 228. 
Polyphysa aspergillosa. Lamouroux, Polyp. tab. 8, f. 2,a., b., c. 
In Novæ-Hollandiæ orä occidentali { Baïe des Chiens-Marins). 


L'espèce unique qui compose ce dernier genre est classée et décrite 
avec Îles polypiers de l'expédition; et je me serois peut-être abstenu d’en 
parler, si M. le professeur Agardh ne l’avoit replacée, avec raison je 
crois, parmi les algues. 

Les renseignemens que j'ai recueillis sur cette production dans son 
état de fraîcheur, et le nouvel examen que j'ai fait sur les échantillons 
apportés en France, m’avoient persuadé à moi-même qu'elle doit appar- 
tenir au règne végétal. Mais quelles sont les lignes de démarcation entre 
ces deux séries des êtres? A quels signes certains peut-on reconnoître 
qu'un corps de cette nature doit être groupé parmi les végétaux ou les 
animaux? Jusqu'à quel point même seroit-il étrange d'en constituer un 
ordre à part qui seroit placé entre les algues et les polypiers coralligènes 
proprement dits, etauquel on conserveroit le nom significatif de zoophyte. 

Mais ces idées, que je nourris depuis long-temps et qui déjà m'ont 
conduit à quelques résultats partiels, ne sont point encore assez élaborées : 


(1) M. Agardh donne le nom de porphyra à toutes les espèces du genre ulva qui sont 
foliacées, roses, &c. Presque toutes nos relâches, et particulièrement le Cap de Bonne-Espé- 
rance et la Nouvelle-Hollande à ses deux extrémités, nous en ont fourni de nombreuses 
espèces. La délicatesse de leur texture sémi-gélatineuse est cause de la prompte décompo- 
sition qu’elles ont éprouvée dans notre naufrage. 


160 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


je dois même convenir que les foibles essais que j'ai tentés n’ont fait 
qu'augmenter mon incertitude. Aussi, en me bornant à émettre ces 
premiers aperçus sur une matière que je me propose d'approfondir plus 
tard, vais-je seulement donner ici la transcription de mes notes sur le 
genre polyphysa , laissant aux naturalistes le soin de lui assigner la place 
qu'il doit occuper dans Îa chaîne des productions naturelles. 

Il se compose d’une tige (stipes !) fistuleuse, capillaire, noueuse, et 
non articulée (?), membraneuse, verdâtre, de 6 à 18 lignes de longueur; 
cette tige s'épanouit à la base en une sorte de griffe radiciforme destinée 
à la fixer aux corps; elle est surmontée par 1$ ou 18 sacs cunéiformes, 
entiers, arrondis au sommet, et atténués ou légèrement pédicellés à Ia 
base, membraneux, d’un blanc diaphane, renfermant une multitude de 
petits corps globuleux, libres (!), vert-foncé, qui semblent lui commu- 
niquer leur couleur (1). Cette couleur persiste en partie après la dessic- 
cation et se ranime par l'action de lhumidité (2). 

Les corps globuleux (sporules?) sont en apparence irréguliers, angu- 
leux, tant qu'ils restent renfermés dans le sac capsuliforme ; ce qu'il faut 
attribuer à la pression qu’ils exercent les uns sur les autres : maïs dès 
que, par suite de leur développement, ils ont brisé la foible tunique qui 
les comprimoit, ils se dilatent promptement et prennent la forme d’un 
sphéroïde parfait. 

Dans cet état, ils sont glabres, luisans, diaphanes, et marqués d’une 
sorte de tache brune, oblongue, irrégulière, figurant assez bien un hile. 
Écrasés sur le verre d’un microscope, ils ont paru composés d’une li- 
queur verte, onctueuse, transparente, analogue à celle qu'on remarque 


(1) Comme le tissu cellulaire colore l’épiderme, | 

(2) Une grande question vient de s’élever de nouveau dans les sciences. Aidés des secours 
de la chimie, de la physique et de microscopes perfectionnés, quelques savans naturalistes ont 
repris en sous-œuvre les expériences de Spallanzani, Ingen-housz, Muller, &c., sur la matière 
verte de Priestley. 

MM. Pory de Saint-Vincent, Edwards, Turpin, &c., tentent en ce moment des recherches 
sur cette matière, sur les phénomènes de sa formation, sur les corps qu’elle engendre ainsi 
que sur [a nature des principes qui la constituent. Quel que soit le but que se propose chacun 
de ces observateurs, espérons que tant de talens réunis conduiront à des résultats à l’aide 
desquels on pourra tracer quelque jour des limites exactes entre [es productions végétales 
et animales, et conséquemment arriver à la connoissance intime des corps qui nous occupent. 


BOTANIQUE. . 26 


dans les sporules de quelques lycopodiacées. Après la sortie de cette 
liqueur, le petit sac reste ballonné, blanchâtre, translucide, de manière 
à prouver que, totalement privé de matière verte, il seroit tout-à- 
fait incolore. La petite tache brune persiste; seulement sa couleur di- 
minue d'intensité. 

A l’état de mort et sec, le polyphysa est blanc, légèrement opaque, 
ferme et très-élastique. Ces caractères ne lui sont point particuliers ; nous 
les avons reconnus dans l’ulva mirabilis , le caulerpa freycinetii, et une foule 
d’autres productions de cette nature, qui, dès qu'elles seront mieux 
étudiées, formeront peut-être le véritable lien destiné à unir le règne 
végétal et le règne animal (1). 

Le polyphysa croît par toufles épaisses sur Îes coquilles que la mer 
vomit chaque jour sur les plages stériles de la baïe des Chiens-Marins. 


ANADYOMENE, LAMOUROUX, AGARDH. 
1. ANADYOMENE PLICATA. 
À. fronde plicatä, venis subtrichotomis. Agardh. 
À. plicata. Agardh, Spec. alg. p. 400; id. Syst. alg. p. 197, 
In insulis Moluccis ( Rawak ). 
AMPHIBOLIS (2), AGARDH. 


1. AMPHIBOLIS ZOSTERÆFOLIA. 
A. zosteræfolia. Agardh, Syst. alg. pag. 192. 
Ruppia antarctica. Labillard, Nov. Holl. pag. 1 16, tab, 264; nob. pl. 40, fig. 2. 


Caulinia antarctica. R. Brown, Prod. pag. 339- 
In Novæ-Hollandiæ orä occidentali (Baie des Chiens-Marins. ) 


Les organes de la fructification de cette plante ayant échappé jusqu’à 

ce jour aux recherches des botanistes, M. le professeur Agardh a cru 
J P 

pouvoir la ranger parmi les algues. Plus heureux que mes devanciers, 
j'ai trouvé les organes mâles de ce singulier végétal, et je les ai fait 
graver, pl. 40 de la partie Botanique du Voyage de l’Uranie | 3). 

(1) M. Delile a établi que l’acetabularia est une conferve. 

L'analyse chimique a démontré qu’il est composé de gomme, de ligneux et de matière verte 
soluble dans l'alcool. II ne donne pas d’ammoniaque à la cornue. 

(2) Voyez larticle Aroideæ, et pl. 40, fig. 2. 

(3) Voyez genera aroïdeis affinia, 

Voyage de l'Uranie. — Botanique, 27 


162 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Malgré les caractères très-remarquables fournis par les étamines de 
cette thalassiophyte, nous ne {ui donnerons point un nom nouveau ; 
nous conserverons, dans cet ouvrage, celui qu’elle a reçu de M. de 
Labiüllardière, en la laissant à la suite des aroïdes, où M. R. Brown la 
placée. Du reste, la dénomination d'amphibolis pourroit aussi lui convenir. 

Espérons que les navigateurs qui visiteront les plages de la Nouvelle- 
Hollande, ne nous laisseront bientôt plus rien à desirer sur les organes 
femelles de cette bizarre production végétale. 


ORDOQ IV. — FLORIDEÆ. 
RHODOMELA, AGARDH. 


1. RHODOMELA GAIMARDI. 
R. fronde filiformi compressä subpinnatä, ramentis setaceis sparsis. Ag. 
R. gaïmardi. Agardh, Sp. alg. pag. 380; id. Syst, alg. pag. 200. 


In imsulis Maclovianis. 


SPHÆROCOCCUS, STACKH, AGARDH. 
1. SPHÆROCOCCUS FRAGILIS. 
S. fronde planä compressä dichotomä lineari rigidà cartilagineä, axillis ro- 
tundatis, apicibus obtusis. Agardk. 
S. fragilis. Agardh, Spec. alg. pag. 25 3; id, Syst. alg. p. 217. 
Ad Caput Bonæ-Speï. 
2. SPHÆROCOCCUS ROSTRATUS. 
S. fronde planâ subcoriaceâ dichotomâ, segmentis linearibus flexuosis, 
axillis acutiusculis, apicibus obtusis, capsulis ramos laterales terminantibus 
rostratis. Agardh. 


S. rostratus. Agardh, Spec. alg. pag. 254; Syst. al. pag. 218. 
Ad Caput Bonæ-Spel. 


3° SPHÆROCOCCUS FIMBRIATUS. 


S. fronde cartilagineo-membranaceä subdichotomä crispÀ, segmentis di- 
latatis margine fimbriatis. Agardh. 


S. fimbriatus. Agardh, Spec. alg. pag. 299; Syst. alg. pag. 231. 
In insulis Maclovianis. 
À. SPHÆROCOCCUS SALICORNIA. 
S, fronde articulatä, articulis clavatis proliferis. Agardh. 


BOTANIQUE. 163 
S. salicornia 8 simplicior. Agardk, Sp. alg. pag. 302; Syst. alg. pag. 232. 


In insulis Mariannis. 
. SPHÆROCOCCUS CONFERVOÏDES. 

S. confervoïdes, fronde simpliciusculä , ramentis quadrupld tenuioribus 
patentibus flexuosis attenuatis vestitä. Agardh. 


S. confervoïdes 8 ramulosus. Agardh, Spec. alg. pag. 303; Syst. alg. pag. 232. 
Ad Caput Bonæ-Spei. 


- SPHÆROCOCCUS HORRIDUS. 
S. fronde filiformi ramosissimä et ramis concretis reticulatä, aculeatissimä , 
aculeis conicis recurvis. Agardh. 
S. horridus. Agardh, Sp. alg. pag. 322: Syst. alg. pag. 237. 


Ad Insulam Franciæ. 


. SPHÆROCOCCUS INTRICATUS. 
S. fronde cæspitosà maximè intricatä setaceñ vagè ramosä. Agardh. 
S. intricatus. Agardh, Sp. alg. pag. 333; Syst. alg. pag. 240. 


In insulis Sandwicensibus. 


. SPHÆROCOCCUS REVOLUTUS. 


S. fronde filiformi laxè dichotomä, apicibus sterilibus revolutis, capsulis 
terminalibus ellipticis rostratis. Agardh. 
Sphærococco griffitsiæ similis.. Agardh. 
S.revolutus. Agardh, Sp. alg. pag. 334; Syst. alg. pag. 240. : 
In Novæ-Hollandiæ or occidentali { Baïe des Chiens-Marins ). 


. SPHÆROCOCCUS MIRABILIS. 
S. caule filiformi plano, ramenta disticha dichotoma prope apicem cap- 
sulifera emittente. Agardh. 
S. mirabilis. Agardh, Sp. alg. pag. 294; Syst. alg. pag. 230; Icon. alg. fasc. 1, 
tab. 7. 
Fucus subverticillatus. 4Zerr. 


Ad Caput Bonæ-Spei. 


AMANSIA, AGARDH. 


: AMANSIA GLOMERATA. 
A. frondibus cæspitosis submembranaceis, ad medium costatis transyersè 
striatis serratis. Agardh. 
A. glomerata. Agardh, Sp. alg. pag. 191: Syst. alg. pag. 247. 
In insulis Sandwicensibus , Moluccis (Rawak), &c. 


21 


164 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


1, 


1. 


LR 


ORDO V. — FUCOIDEÆ. 
CHORDARIA, AGARDH. 
CHORDARIA FLEXUOSA. 
C. fronde flexuosä , ramis lateralibus patentibus. Agardh. 
C. flexuosa. Agardh, Sp. alg. pag. 164; Syst. alg. pag. 256. 
In mari Mediterraneo ( Gibraltar). 
ENCŒLIUM, A4G4rDH, 
ENCŒLIUM CLATHRATUM. 
E, fronde per foramina variæ magnitudinis in laminas linearés reticulatas 
divisä. Agardh. 
E. clathratum. Agardh, Sp. alg. pag. 412; Syst. alg. pag. 262. 
Ulva reticulata. Agardh, Sp. alg. page 412; Forsk. FI. ægypt.-ar. pag. 187. 


Fucus clathratus. Bory. 
In Novæ-Hollandix orâ occidentali ( Baie des Chiens-Marins ) inque insulis 


Moluccis. 


ZONARIA, DRAP., AGARDH. 


. ZONARIA PAVONIA & FUSCESCENS. 


Z. fuscescens, fronde ramosä membranaceâ usque medium hirtâ, margine 
inflexo. Agardh. 
Z. pavonia « fuscescens. Agardh, Sp. alg. pag. 125; Syst. alg. pag. 263. 


In insulis Mariannis. 


. ZONARIA PAVONIA B TENUIS. 


Z. tenuis, fronde tenui, zonis creberrimis. Agardh. 
Z. pavonia 8 tenuis. Agardh, Syst. alg. pag. 264. 
In insulis Mariannis. 


. ZONARIA ROSEA. 


Z. fronde flabelliformi ramosä calcareo-fragili concentrice striatâ. Agardh. 
Z. rosea. Agardh, Syst. alg. pag. 264. 
Padina rosea. Pal, de Beauv. 
Dictyota rosea. Lamouroux. 

In insulis Mariannis. 


. ZONARIA LOBATA. 


Z. stipite stuposo, laminä dichotomâ multifidä , transversè paralleliter fi- 
neatä, laciniis cuneatis basi angustatis. Agardh. 
Z. lobata. Agardh, Syst. alg. pag. 265. 
Ad Teneriffam (mari Atlantico). 


BOTANIQUE. LÉs 
$. ZONARIA FURCELLATA. 
Z. fronde lineari subfiliformi laxè dichotomä flexuosâ, axillis patentibus, 
laciniis sensim attenuatis. Agardh. 
Z. furcellata. Agardh, Syst. alg. pag. 266. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (Baie des Chiens-Marins ). 


SARGASSUM, AGARDH. 
1. SARGASSUM PYRIFORME. 
: S. caule compresso, foliis spathulatis serratis, vesiculis elliptico-pyrifor- 
mibus, petiolo plano dilatato suffultis. Agardh. 
S. pyriforme. Agardh, Syst. alg. pag. 298. 
In insulis Moluccis (Rawak, Pisang, &c.) 
2. SARGASSUM UVIFERUM. 

S. caule teretiusculo subaphyllo, vesiculis sphæricis muticis brevissimè pe- 
tiolatis caulinis, ramis in paniculam receptaculorum lineari - fanceolatorum 
abientibus. Agardh. 

S. uviferum. Agardh, Syst. alg. pag. 306. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali ( Baie des Chiens- Marins). 


FÜUNGI, PERSOONÙ. 


Les régions équatoriales se montrent assez abondamment fournies de 
champignons; mais, chose assez remarquable, presque tous sont coriaces 
ou ligneux; et, si l'on excepte le sophronia brasiliensis, qui, à Rio de 
Janeiro, croît sur la terre sablonneuse, tous sont parasites. 

J'ai trop peu visité Gibraltar, Ténériffe, le Cap de Bonne-Espérance 
et lle Bourbon, pour qu'il me soit possible de donner les moindres 
renseignemens sur les champignons de ces focalités. 

Mon herbier de l'Ile-de-France en comptoit onze espèces des genres 
polyporus, agaricus et hydnum. 

La Nouvelle-Hollande, à ses deux extrémités orientale et occiden- 
tale, ne m'en a pas offert une seule espèce; et je dois en dire autant 
des rivages de Timor, d'Ombaï, &c., où cependant je les crois très- 
abondans. 

Les îles Sandwich, situées près du tropique du Cancer, n’ont donné 


(1) La nomenclature et la partie descriptive des plantes de cette famille, sont dues tout 
entières à M. Persoon. 


166 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


qu'une seule espèce, du genre sphæria; encore est-ce dans la région des 
nuages qu'elle a été trouvée. 

Ce sont Ile - de- France, les îles Mariannes, et sur-tout les îles 
Moluques, qui en fournissent le plus, puisque, indépendamment des 
nombreux individus que leur état de dessiccation nous 4 permis de con- 
server, nous en avions recueilli quelques espèces épiphylles tellement 
délicates, qu'il nous a été impossible de Îes préserver d’une entière des- 
truction. Aussi les herbiers de l’expédition ont-ils été réduits au petit 
nombre de soixante-trois espèces, représentées par le tableau suivant: 


F0 de née. D OP eu ve 0 sg 
F-C6 FT... mue nu REV 
LÉ... ho dretie neie és = 
DS RE ce eee de en ee 2 Os 
OR Ut CRM E. 
Mn ADS, dE) Se Ne 2, v 24 

Roi). 65. 


Tous ces champignons, excepté ceux de lfe-de-France, ont été 
rapportés en Europe et se trouvent décrits dans ce volume. 

On ne peut statuer définitivement, d’après ces foïbles données, sur 
le rapport numérique de ces productions dans chacun des lieux signalés : 
cependant, sil’on se rappelle ce que nous avons dit (p. s 7) relativement au 
nombre des cryptogames parasites qui, d’après nos suppositions , existent 
dansles pays équatoriaux (voyez aussi pag. 1 89 et suiv. ), etqu’on veuille bien 
prendre garde au calcul que nous donnons ici, nos assertions recevront 
peut-être un nouveau degré de certitude, 

On objectera que dans ces lieux, comme dans nos régions tempérées, 
les saisons doivent avoir la plus grande influence sur le développement 
de ces végétaux, et que nos relâches ont eu lieu à des époques diffé- 
rentes; que les champignons étant ligneux peuvent avoir une grande 
durée, puisqu'ils sont persistans où vivaces, &c.; qu'il ny a enfin au- 
cune proportion dans la durée de ces relâches, qui ont été de cinquante- 


cinq jours (fin de l'été) à Rio de Janeiro, de soïxante-quatorze jours 


BOTANIQUE. 167 
(hiver) à l’He-de-France, de vingt- un jours (fin de l'été) à l'ile Rawak, 
de quatre-vingt-un jours (printemps) aux îles Mariannes, de vingt jours 
(été) aux îles Sandwich, et de soixante-douze jours (fin de l'automne) 
aux îles Malouines. 

En partant de ce dernier principe et en supposant que j'aie mis le 
même empressement à la recherche de ces végétaux, il faudroit encore 
admettre précisément le contraire de ce qu’on croit généralement, c'est- 
à-dire, qu'ils sont très-abondans sous léquateur, et qu’ils diminuent pro- 
gressivement vers les pôles. 

J'ai vainement essayé de connoître les idées des insulaires du Grand 
Océan sur les propriétés et Îles usages des champignons. Une question 
posée sur ce genre de recherche ne seroïit-elle pas digne d’être soumise 
aux naturalistes voyageurs? Tout ce qu'ils se procureroient à ce sujet 
seroit nouveau pour la science, et conséquemment d’un grand intérêt. 

Je ne suis guère plus avancé sur la nomenclature indigène de ces 
plantes ; les Mariannaiïs seuls ont pu satisfaire à mes demandes. Ils leur 
donnent en général le nom de icbalaw ayou, tbalanan aïou, OÙ tBalagan adjon ; 
ces mots signifieroient-ils oreille de bois, aïnsi qu’on me l’a positivement 
assuré? : 

AGARICUS, ZINN., PERS, 


1. AGARICUS SCLEROPUS. Planche 2, fig. 3. 

A. pileo coriaceo membranaceo ligneo-pallente glabro infandibuliformi, 
lamellis {decurrentibus) obscurioribus, stipite subbrevi glabro 
Persoon 

In Brasil. 


Ce champignon est large de deux à trois pouces, un peu crénelé sur 
les bords et d’une foible consistance. LP. 
2. AGARICUS STRIGOPUS. Planche 1, fig. 6. 
À. coriaceus parvus subspadiceus, pileo umbilicato stipiteque : villoso- 
strigoso ; lamellis angustis, omnibus ferè æqualibus obscurioribus. Pers, 
In insulâ Rawak. 
Cet agaric a de l’aflnité avec lag. crinitus, L., dont Plumier (Fijic. 
amer. page 227, t….. fig. B.) et Brown (Jamaic, t. 15, fig. 1) ont 
donné une figure;. mais il en diffère par sa couleur, par son stipes velu 


| 
il 
à 


. 


168 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
et par son pileus moins hérissé de poils. Dans lag. crinitus, ces poils 


sont très-longs. P. 


3. AGARICUS RAWAKENSIS. 
À. totus glaber cinnamomeus, pileo carnoso tenui depresso subinfundibu- 


liformi margine subsulcato, lamellis distantibus, stipite cylindrico. Pers. 
In insulâ Rawak. 


I ressemble beaucoup, par son port, par sa couleur, à plusieurs es- 
pèces européennes de la division omphalea. Le chapeau a des rugosités, 
et lon remarque quelques plis sur la surface des lamelles; maïs tout 


cela peut avoir été produit par la dessiccation. P. 


4. AGARICUS ALNEUS. 
A. alneus. Linn. var. subpetiolaris. Pers. 


Schizonia vulgaris. Pers, 
In insulis Mariannis, 


Cette singulière espèce paroît avoir suivi les orangers, dont elle re- 
couvre le tronc. Elle est en tout semblable à celle de l'Europe. M. le 
docteur Persoon a remarqué que les individus exotiques sont ordinai- 
rement incisés, et quelquefois un peu stipités sur Île bord, comme on 


le voit dans notre plante. 


$: AGARICUS PAPILIONACEUS. 
É subdivisione coprinorum. 
A. papilionaceus. Bull. t. 561, fig. 2! Sed pileus Jatior et stipes brevior est. Pers. 


In insulis Maclovianis. 
D ÆDALEA, PERSOON. 
1, DÆDALEA REPANDA. 
D. latissima albido-pallens, pileo glabro zonato margine repando, sinulis 


angustis densis, margine subdentatis. Pers. 
In insulâ Rawak. 


C'est la plus grande des espèces connues. Elle est large de 9 à 11 
pouces, blanchâtre, lobée sur les bords, et marquée en dessus de 
plusieurs zones étroites. Les Jinéosités où pores sont oblongs, courts; 
néanmoins ils présentent fort bien les caractères génériques. P. 


BOTANIQUE. 169 


POLYPORUS, Micxezr, PERS. — BoLETI SPECIES, LIN. 
[. Süipitati, pileo integro. 
1. PoLyPoRUS LEPTOPUS. PI. 2, fig. 2. 
P. nigricans, pileo hemisphærico glabro crasso, poris æqualibus parvis, 
stipite tenui longissimo vernicoso. Pers. 
In imsulâ Rawak. 


Le polyporus leptopus est remarquable par sa couleur noire, par sa tige 
pleine, dure, longue et mince, par son chapeau à bord abaissé, ondulé : 


il est luisant et comme vernissé. P. 


2. PoLyPORUS SACCATUS. PL. 1, fig. 3. 
P. pileo tenui glabro zonato infundibuliformi subnitente ligneo-pallido 


poris tenuissimis pallidis, stipite brevi glabro. Pers. 
In insulis Mariannis. 

Cette plante est peut-être le boletus katui, Ehrenb. Hort. Berol. 
t. 19, fig. 12. Elle est mince et a sur le chapeau plusieurs zones 
flexueuses où ondulées, qui ne sont point aïnsi rendues dans le dessin 
de M. Ehrenberg. Le stipes est ligneux, luisant, de longueur variable et 
de deux à trois lignes d'épaisseur. 

Les pores sont petits, égaux et décurrens , comme cela arrive ordi- 
nairement dans tous les champignons à chapeau déprimé. P. 

3. POLYPORUS AURISCALPIUM. PET ,-60 5 
P. subparvus spadiceus , pileo applanato zonato glabro, uno latere exciso, 
poris angustis brevibus, stipite Jongo laterali. Pers. 
In Brasilià, prope Rio-Janeiro. 

Le stipes de ce champignon est ligneux, redressé et rameux à sa base 
(sortes de branches stériles ). Il est glabre et a sa surface un peu ondulée, 
Ses tubes sont très-courts. Il ressemble à l'Aydnum auriscalpium, Linn., 
pour la forme extérieure; il est un peu plus grand. P. 

II. Pileo dimidiato sessili. 
4. POLYPORUS APIARIUS. PI. 2, fig. 2. 
P. nigricans, pileo dimidiato zonato glabro aut fibrillis raris obsito, poris 
amplis 4-6-gonis nigricantibus. Pers. 
In insulâ Rawak. 
Voyage de l'Uranie. — Botanique. 22 


Re res 


en 


ir un mas né 


RE cr 


136 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Remarque. Les larges pores que l’on remarque dans cette espèce, dans 
la suivante, ainsi que dans quelques autres polypores exotiques, leur 
donnent un aspect particulier; aussi feu M. Palisot de Beauvois, dans 
sa Flore d'Oware et de Benin, vol. 1, page 12, et M. Pollini, dans ses 
Plantæ veronenses, page 35, ont cru nécessaire d’en faire un genre par- 
ticulier : le premier, en l'appelant favulosus, nom qui exprime bien la 
forme des tubes; et l'autre, hexagona. Mais dans beaucoup d'espèces qui 
ont des pores d’une dimension ordinaire, ceux-là sont souvent plus 
ou moins anguleux, bien que souvent aussi ils soient arrondis. Ces es- 
pèces diffèrent donc entre elles, seulement par la grandeur de leurs 
tubes, et conséquemment par un caractère relatif, ce qui ne sufhit pas 
pour Pétablissement d'un genre. P. 


s- POLYPORUS VESPACEUS. 
P. dilutè pallidus, pileo glabro [ævi, poris amplis hexagonis. Pers, 
In insulâ Rawak. 


Par la conformation des tubes, ce polypore ressemble à l'espèce pré- 
cédente ; mais il est couleur paille, et son chapeau est lisse ou légère- 
ment rugueux. Les individus trouvés ont de huit lignes à deux pouces 
de diamètre. P. 


6. POLYPORUS DERMOPORUS. 
P. pallescens , pileo tenui glabro azono, poris majusculis trapeziformibus 
membranaceis in stipitem tenuem decurrentibus. Pers. 
In insulà Rawak. 


Ce champignon est large d'un pouce à un pouce et demi, d'une 
forme alongée ; il porte à sa base un appendice ou petit stipes qui est 
également couvert de pores : ces pores sont remarquables par leur sub- 
stance extrêmement mince, presque papyracée , dont le bord est souvent 
incéré. À 
7. POLYPORUS SANGUINEUS. 


P, totus croceo-ruber, pileo dimidiato subtenui ruguloso glabro zonato, 
poris æqualibus minutissimis. Pers. 


Boletus sanguineus. Linn. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro }, inque insulis Moluccis, Mariannis, &c. 


BOTANIQUE. 171 

Ce polypore, l’une des plus belles espèces du genre par sa couleur, 
est commun dans presque toutes Îles régions équatoriales. Il a été observé 
à l’He-de-France, dans les îles des Papous (à Rawak) et dans les îles 
Mariannes. On Île rencontre sur différentes espèces d'arbres et d’arbris- 
seaux. Quelques individus ont été trouvés munis d’un -pédicelle. 

Une chose digne de remarque, c'est que plusieurs de ces champignons 
portent également des pores à la surface supérieure de leur chapeau, 
ce qu'on ne peut expliquer qu'en supposant qu’ils étoient imbriqués en 
se développant, et que les pores de la surface inférieure des uns se sont 
appliqués à la surface supérieure des autres. En effet, l'observation à fait 
connoître que plusieurs champignons coriaces, croïssant dans le voisinage 
des corps (des arbres, des branches, des feuilles), sécrètent une sorte 
d'humeur visqueuse par laquelle ïls sy attachent fortement, les enve- 
Joppent et y font souvent des empreintes de leurs diverses parties. Les 
échantillons polymorphes recueillis à Rio de Janeiro et aux îles Mariannes, 
sont dans ce cas. 2. 

M. Persoon considère Îa variété recueillie à Rawak comme une es- 
pèce distincte, à laquelle ïl donne, mais avec doute, le nom de po/y- 
porus bicolor. Je pense que ce n’est qu'une variété, encore modifiée par 
le naufrage, de l’espèce suivante, qui elle-même appartient, je crois, au 
polyporus sanguineus. 

8. POLYPORUS FLACCIDUS. 
P. ligneo-pallidus , pileo tenuissimo glabro flaccido, poris tenuissimis. Pers. 
In insulis Mariannis. 

Ce champignon ressemble beaucoup, pour la forme, à plusieurs 
des espèces de l'Europe : il est remarquable par la consistance élastique 
et même flasque de son chapeau, qui est très-mince et attaché au bois 
par un appendice latéral. P. 

Ne seroit-ce pas une variété du polyporus sanguineus , décolorée par 
faction de l’eau salée? 

9. POLYPORUS POLYZONUS. 
P. pileo dimidiato subflaccido, subbruneo tomentoso, zonis plurimis sub- 


angustatis, poris distinctis æqualibus. Pers. 
In insulâ Rawak. 


- 22 


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t72 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Le polyporus polyzonus n’est vraisemblablement qu'une simple variété du 
polyporus lutescens ( Mycolog. Europ.), dont ïl a la structure. Dans Îe cham- 
pignon de l'ile Rawak, cette structure est pour ainsi dire mieux élaborée, 
comme cela arrive dans presque toutes les productions exotiques. P. 
10. POLYPORUS CORRUGATUS. 

P. pileo duro glabro badio, basi rugoso-tuberculato, poris tenuissimis 
sordidè pallidis. Pers, 
In insulä Rawak. 

Cette espèce se fixe aux arbres par une large base. On ne remarque 
pas sur le pileus, de zones distinctes, mais des rugosités de plus en plus 
prononcées vers le point d'attache. Le bord est uni et d’une couleur 
moins foncée. P. 

11. POLYPORUS FUSCO-BADIUS. 
P. magnus, pileo glabro zonato fusco-badio, poris ligneo-pallidis dis- 
tinctis, nonnullis sinuliformibus, Pers. 
In insulis Mariannis. 

La consistance de ce polypore est sèche et un peu dure; il est large 
de 6 à 8 pouces et épais de trois lignes. Les pores en sont très-visibles 
et en grande partie d’une forme régulière; quelques-uns cependant sont 
oblongs et imitent un peu les sinules du genre dedalea. P, 

12. POLYPORUS SCABROSUS. 
P. latissimus umbrinus, pileo rugis lacunisque scabro, poris distinctis in- 
æqualibus ligneo-pallidis. Pers. 
In insulis Mariannis, 

Cette plante est très-commune dans Îes forêts des îles Mariannes : 
elle acquiert ordinairement six pouces de longueur sur une largeur de 
deux pouces et demi à trois pouces. Souvent aussi on rencontre des in- 
dividus qui n’ont pas moins de 10 à 12 pouces de longueur, sans ex- 
céder sensiblement la largeur précédente ; dans cet état ils figurent assez 
bien des semelles de soulier; et c’est sous le nom de zapatos qu'ils sont 
désignés par les Espagnols qui habitent ces îles. 


13. POLYPORUS FUSCO-PURPUREUS- 
P. pileo crassiusculo glabro acutè zonato , basi effuso, tubis elongatis, 
poris minutissimis fusco-purpureis. Pers. 
In insulâ Rawak. 


BOTANIQUE. 173 
Cette espèce se distingue par la couleur chocolat liquide de ses tubes. 
Ces tubes sont assez longs, mais à orifice très-étroit. P. 


14. PoLyPoRus SERPENS. PL. 2, fig. 1 et 2. 
P. subparvus, pileo serpenti-imbricato glaberrimo, lobis connatis, poris 
minutis spadiceis. Pers, 
In insulà Rawak. 


Le pileus est composé de plusieurs lobes imbriqués, cohérens à la base 
et en quelque sorte rampans; souvent aussi il est simple et beaucou 
q P 
plus développé. P. 
15. POLYPORUS TORNATUS. 
P. dimidiatus durus siccus, pileo subapplanato glabro umbrino, zonis 
prominentibus, margine acuto, poris minutissimis spadiceis. Pers. 
In insulà Rawak. 


Le polyporus tornatus ressemble beaucoup au boletus fomentarius var. B 
applanatus, Pers. Syn. fung. page 506. Mais il est plus régulier, plus 
mince et glabre. Les zones sont concentriques, arrondies ; de différentes 
dimensions, aplaties et plus larges à la base. Les tubes sont assez longs, 
sur-tout vers la partie qui leur sert de point d'attache. Cette espèce est 
large de deux pouces et épaisse de deux à quatre lignes. Elle appar- 
tient au petit groupe que forment les polyporus ignarius et fomentarius, 
dont elle paroït être séulement une modification. P. 


16. POLYPORUS MARIANNUS. 
P. totus pallens, pileo subpubescente, bast parum gibboso zonato, poris 
tenuissimis, æqualibus. Pers, 
In insulis Mariannis. 


Ce polypore est attaché aux troncs des arbres par une sorte de bou- 
clier, comme cela se voit dans quelques fucoïdes : dans cet endroit il 
est d’une couleur noirâtre. I[ a la forme et la grandeur des espèces 
ordinaires. P.. 

17. POLYPORUS BIVALVIS. 
P. pileo tenuissimo glabro polyzonato nitente subspadiceo, parte alterâ 


reflexä horizontalé, poris regularibus distinctis dilutioribus. Pers, 
In insulà Rawak. 


174 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cette espèce est pour ainsi dire composée d’un double chapeau, 
dont l’un est fixé au bois par toute sa surface inférieure, l’autre est réfléchi 
horizontalement. Elle est large, à-peu-près, d’un pouce et demi. P. 


18. POLYPORUS NUMMULARIUS. 
P. orbicularis tenuissimus, pileo subpubescente concentricè zonato griseo 
pallido, poris distinctis margine acuto inæqualiter prominente, Pers. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro). 


Cet individu croît renversé. Il paroît être encore jeune, et appartient 
probablement aux variétés du boletus versicolor, Linn. P, 


19. POLYPORUS VERSICOLOR. 
P. versicolor var. rawakensis, pileo zonis pallidis griseisque subvariegato, 
latere appendiculato, ferè glabro, poris minutis albido-pallidis. Pers. 
P. versicolor var. grisea. Pers, 
In imsulâ Rawak. 


Il a le port du bolet bigarré, dont cependant il n'a pas les différentes 
couleurs ; il est aussi beaucoup moins velu : mais ces circonstances, au 
reste peu essentielles, dépendent de Ia localité où d’un climat différent 
du nôtre. P. 


20. POLYPORUS LINEATUS. 
P. pileo subtriquetro glabro fuscescente, zonis pluribus æqualibus 1i- 
neatis, poris subinconspicuis [utescentibus. Pers. 
In insulis Moluccis aut Mariannis! 


On remarque sur le chapeau de ce champignon, et sur-tout vers le 
bord extérieur, des zones assez nombreuses très-régulières, nou ondulées. 
Elles sont un peu proéminentes et d’une couleur plus foncée. 

Les pores ne sont visibles qu'à laide de la loupe, ce qui semble prou- 
ver que ce champignon, lorsqu'il a été récolté, n’étoit pas encore par- 
venu à son dernier développement : il paroîtroïit aussi qu'il est charnu, 
tendre et cassant lorsqu'il est frais, et que, par la dessiccation, il devient 
dur et tenace, sans cependant avoir une consistance subéreuse. 2. 


La localité de cette espèce est douteuse. 


BOTANIQUE. 175 
III. Pileo dimidiato, stipitati (1). 


21. POLYPORUS LATERALIS. 
P. pileo dimidiato subzonato Iobatove glabro, stipite laterali filiformi atro- 


fusco, poris tenuissimis inæqualibus. Pers, 
In insulis Moluccis {Rawak). 
Cette espèce est remarquable par son stipes latéral, brun-noir, 
long de 15 à 18 lignes, sur une ligne au plus de diamètre, par son 
chapeau membraneux, latéral , lobé ou sinué sur les bords, brun-roux , 


et par ses pores très-petits, irréguliers. P. 


HYDNUM, ZiINnN,, PERS. 


1, HYDNUM RAWAKENSE. 
H. pileo dimidiato glabro subzonato lutescente subulis densis spadiceis. 


Pers, 
In insulä Rawak. 


L’hydnum rawakense est long d’un pouce, et n'a Pr plus d’une ligne 
d'épaisseur, y compris les aïiguillons : tout porte à penser qu'il a été 


récolté avant son entier développement. 2. 
THELEPHORA, SWARTZ, PERS. 


1. THELEPHORA PAVONIA. 
T. pavonia. Swartz, Flor. Ind. occ. pag. 1930. 
In Brasilià (Rio-Janeiro. ) 
C’est l'espèce la plus belle du genre. Elle est d'une consistance mem- 
braneuse très-foible. L'hymenium, qui n'a guère de papilles, se détache 
souvent en partie ou en totalité. P. 


2. THELEPHORA MOLUCCANA. 
T. dilatata coriacea subtomentosa , infernè eds pallenti-grisea, Pers. 


In insulä Rawak. 
Le thelephora moluccana se distingue par des zones proéminentes dé- 


e e . aù .: , pi À #70 2 P > À 
(1) Le polyporus auriscalpium appartient à cette section; cest par erreur qu'il a été placé à 
la fin de la première. 


176 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


pourvues de papilles. Il est large de deux à trois pouces, et doit ap- 
partenir à une espèce de très-grande dimension. 
3- THELEPHORA DENDRITICA. PL. :, fig. 4. 
T. magna coriaceo-carnosa, pileo reniformi azono molli gilvo, hymenio 
in fibrillas divergentes dembm fisso, stipite laterali elongato. Pers. 
In insulà Rawak. 

Ce champignon, quant à sa surface moins coriace que celle de ses 
congénères, a de l’afhnité avec les espèces qui, dans le genre thelephora, 
forment la sous-division phyllacteria ; mais il ne produit pas de papilles 
à sa face fertile. 

Sa membrane, au contraire , à la maturité du champignon, se divise 
longitudinalement en lanières divergentes, formant un tissu dendri- 
tique. On pourroit peut-être en former un genre particulier (clado- 
derris), si sur-tout d’autres espèces ayant une pareille conformation 
étoient découvertes. P. 

À. THELEPHORA AURANTIACA. 
T. erecta aurantiaca, pileo coriaceo-membranaceo dimidiato laciniato , 
deorshm in stipitem tenuem attenuato. Pers. 
In Brasilià ( Rio-Janeïro. }) 


I a du rapport avec le #helephora pannosa (Pers. Mycol. Europ. pag 111), 
helvella pannosa (Sowerby, Fung. t. $$); mais il est dimidié, très-mince, 
et couvert, à l'une de ses surfaces, d’un duvet fin et blanchâtre. La sur- 
face fertile (hymenium) est légèrement striée et ne porte pas de papilles; 
de sorte que, par ce caractère et le port particulier de la plante, on 
pourra la séparer un jour des autres théléphores, pour en former un 


genre particulier (polypilus). P. 


GYROCEPHALUS, PErs. 
1, GYROCEPHALUS EXOTICUS. 
G. pileo subgloboso inflato membranaceo, plicis sulcisque undulato- 


gyrosis, stipite! brevi rugoso pallescente. Pers, 
In insulä Rawak. 


Cette’ plante appartient au nouveau genre de M. Persoon, établi 
dans le premier cahier des Annales de la Société linnéenne de Paris 


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} 


eee 


BOTANIQUE. | 177 


(mars 1824, page 77, planche 3, fig. s ). Cependant elle est plutôt 
d'une substance membraneuse que tremelleuse, comme on le remarque 
dans la majeure partie des helvelles proprement dites, dont cependant 
notre champignon diffère encore par des lacunes ou plis nombreux et 
en quelque sorte réguliers du chapiteau. Ce chapiteau, jaune - orangé 
obscur, se convertit à la base en une sorte de pied qui est moins plissé 
et d’une couleur plus pâle. P. 
AURICULARIA, PERS, 


1. AURICULARIA ORNATA. PI. 2, fig. 4. 
A. pileo dimidiato reflexo tomentoso, zonis fuscis pallidisque variegato , 


infernè venoso nigricante. Pers. 
In insulis Mariannis. 

Cette plante est l’une des plus jolies espèces du genre. Elle a par sa 
partie supérieure quelque similitude avec l'auricularia mesenterica, Pers. 
Mycol. Europ. 1, page 07. Maïs sa surface inférieure est garnie de 
veines comme dans l’auricularia sambuci (tremella auricula, Linn.) P. 

2. AURICULARIA AMPLA. 
A. magna resupinata substipitata, infernè pubescens lutescente-grisea , 
supernè Îævis nigricans. Pers. 
In insulis Mariannis‘inque Moluccis. 

Pour la configuration et la couleur, cette espèce ressemble beaucoup 
à l'auricularia sambuci; mais elle s’en distingue par sa partie fertile, qui 
n’est presque pas veineuse, et parce qu'elle pousse en-dessous une sorte 
de stipes ou appendice long de quelques lignes. À ces caractères, il faut 
ajouter l'habitat, qui pourtant ne doit pas avoir influé sur la forme et 
la dimension? P. 

3. AURICULARIA FUCOÏDEA. 
A. magna subplicata dilatata fusca, utrinque glabra pellucida. Pers, 
In Brasilià { Rio-Janeiro ). 

On prendroit volontiers ce champignon rougeätre (rouge-brun-obscur } 
pour une fucoïde, s'il n’avoit été recueilli à terre et Sur un vieux tronc 
d'arbre mort. I difière aussi des autres espèces, en ce qu'il n’a aucune 
villosité en dessous. Mais on remarque à sa partie supérieure des plis 
assez longs qui constatent son identité générique. ?. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 23 


178 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
STIGEIS: :P£as: 


Divisio : ALOMEA , immarginata coriacea. 
1. STICTIS VARIOLOSA. 
S. orbicularis majuscula griseo-rufescens, pulverulenta. Pers. 
In imsulà Rawak. 

Cette espèce est très-commune sur les écorces des arbres morts. 
Pour la couleur et la consistance, elle est très-voisine du sfictis cine- 
rescens, Pers. Mycol. Europ. p. 339. Mais indépendamment du lieu 
natal, elle est plus grande, plus ouverte, et d’une forme régulière. Le 
disque est entouré par l’épiderme de l'arbre, qui, dans quelques indi- 
vidus, forme un rebord saïllant. 2. 

2. STICTIS DISPAR. 
S. irregularis oblongo-dilatata, passim suborbicularis albo-cinerascens pul- 
verulenta in plures rimulas dehiscens. Pers. 
In insulis Mariannis. ; 

Le stictis dispar croît entre les crevasses de l'écorce des arbres, ce qui 
détermine la forme irrégulière qu'il offre presque toujours. [1 est crdinai- 
rement alongé ou divisé en deux branches. Son disque est ouvert, aplati 
et crevassé. P. 

3. STICTIS GRAPHIDEA. 
S. angustata Jinearis flexuosa albicans subfarinosa , rimâ Tlongitudinali 
dehiscens. Pers, 
In insulâ Rawak. 

On prendroit au premier abord cette production un peu douteuse 
pour un opegrapha, dont elle affecte la forme ; mais on n’observe pas de 
véritables lirelles. Ce sont peut-être des crevasses lirelloïdes de l'épi- 
derme de l'écorce renfermant un disque fungoïde appartenant au genre 


stictis. P., 
SOPHRONIA, Ps, 


Pileus cellulosus. Velum reticulatum (amplum), ex pilei margine pendulum , 
stipitemque ambiens, Pers. 


1. SOPHRONIA BRASILIENSIS. PL 1, fig. 2. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


BOTANIQUE. 179 

Le phallus indusiatus, Vent., Mém. de l'Inst. nat. vol. 1, page 520, 
et lephallus duplicatus, Bosc, Mém. des Natural. de Berlin, vol. 2, p. 86, 
tab. 6, fig. 2, entreront dans ce nouveau genre. Sophronia fait allusion 
à voilé, et par-là est en opposition avec phallus impudicus, P. 

Ce champignon a le port de notre phallus impudicus, L.; mais la 
particularité de porter un large voile en forme de réseau, attaché au 
bord du chapeau et qui descend presque jusqu'au voa, le distingue 
suffisamment, et doit justifier le genre que le savant mycologue Persoon 
forme de ce végétal. 


N. B. Je ne pense pas que le velum soit attaché au bord du chapeau; je croïs au con- 
traire qu’il le recouvre entièrement, aïnsi que Îe représente [a figure. Dans ce cas, ce voile 
ne seroit-il pas formé par la partie supérieure et dilatée du volva, fixé au chapeau par Îles 
irrégularités de sa surface crevassée, et par [a liqueur onctueuse, noirâtre, qui en découlei Le 
pied (stipes ) et le volva sont blanchâtres, lisses. 


LYCOPERDON, ZiInn. 
1. LYCOPERDON! ARENARIUM. PL. 1, fig. 2. 


L, ovale immersum albido-bruneum læve. Pers, 
In insulis Maclovianis. 


Cette espèce de /ycoperdon (vel bovista !) mérite certainement de former 
un genre nouveau. Elle est à-peu-près de la grosseur d’une noix, de 
forme ovale, arrondie au sommet et terminée inférieurement par une 
sorte de radicule obtuse, ordinairement simple, quelquefois rameuse. 

Son peridium , d'un brun fauve-clair, est lisse extérieurement. Il s'ouvre 
au sommet en trois, quatre ou cinq lobes inégaux, et est vide après 
comme avant son ouverture, Sa substance est charnue, tendre, ferme, 
cassante, très-légèrement diaphane, un peu plus foncée à l'intérieur. 
Cette dernière partie, qui doit renfermer les organes de la fructification, 
n’a cependant rien offert de particulier dans plusieurs examens faits au 
microscope. Elle est lisse comme la surface extérieure. 

IL est très-commun en mars et avril au sommet des dunes de sable 
qui bordent le contour de la baie Française au camp de /'Uranie. 

LYCOGALA, PERS. 
5. LYCOGALA MARIANNA. 
L. omni ætate unicolor, pulvere aurantiaco, filis paucis intertexto. Pers. 


In insulis Mariannis. 


25 


180 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Cette espèce est sphéroïde. Elle diffère du /ycogala miniata, Pers. 
Syn. fung. (lycoperdon epidendrum ; Linn.), dont elle a le port et les 
dimensions, en ce que, même dans son premier état, elle est d’une 
couleur jaune-orangé tendre. La poussière dont les peridium sont remplis, 


paroît aussi être plus compacte et entrelacée d’un moins grand nombre 


de filamens. 2. 


SPHÆRIA, PERS, 
1. SPHÆRIA TUBEROSA. 
S. clavulis elongatis glabris, apice compressis ramosis, basi tuberosa. Pers, . 
In insulis Sandwicensibus. 

Ce champignon est en quelque sorte intermédiaire entre le sphæria hy- 
poxylon et le sphæria bulbosa, Pers. Syn. fung. pag. s. Cependant il 
est moins divisé au sommet que le sphæria hypoxylon. 

Le tubercule radical est glabre, ovale ou oblong. P. 

2, SPHÆRIA TENUIS. 
S. clavulis pluribus à basi communi subulatis tenuibus. Pers. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro }. 

Les échantillons recueillis n'étoient pas dans leur état de dévelop- 
pement parfait; cependant la couleur noire de cette espèce et sa ressem- 
blance avec le sphæria carpophylla, Pers. Syn, fung. pag. 6, ne laissent 
pas de doute sur son identité générique. P. 

3. SPHÆRIA CONCENTRICA. 


S. concentrica. Pers. Syn. fung. pag. 8. 
In insulä Rawak. 


Cette sphérie est probablement le sphæria eschscholzii, Ehrenb. Hort. 
Berol. tab. 18, fig. 8, qui n’est lui-même qu'une variété du sphæria 


concentrica. P. 


4. SPHÆRIA OSCULOSA. 
S. peripherica magna inæqualis, carne nigrâ, ostiolis depresso-excavatis. 
Pers. 
In imsulâ Rawak. 


Il est dilaté, large d’un demi -pouce, un peu aplati. Son port est 
celui du sphæria serpens et même du sphæria nummularia, Decandolle; mais 


BOTANIQUE. 181 
il se distingue suffisamment de ces espèces par ses sphérules où péri- 
thécies, qui sont superficiels, et sur-tout par ses ostioles très-déprimés. 


$: SPHÆRIA LAGUNCULA. 
S. simplex gregaria subimmersa, sphærulis majusculis subglobosis basi 
latioribus, ostiolis elongatis cylindricis subobliquis. Pers. 
Sphæria lagena. Cheval. Hist. des hypoxylons. 
In insulis Mariannis, 


Le sphæria laguncula naït sur le bois sec, parmi les espèces simples, 
qui sont ordinairement fort petites. 

H est d’une assez grande dimension, noir, glabre, un peu ridé et 
pourvu d’un ostiole assez long et fragile. 


HIMANTIA, PERS. 


1. HIMANTIA NODULOSA. 
H. albido-pallens opaca, fibrillis densis nodulosis glabris, ambitu diver- 
gente radicatis. Pers. 
In insulis Mariannis. 


Cette espèce a la structure ordinaire de ses congénères; mais elle 
n'est pas velue et ressemble en quelque façon à une production tofacée. 
Elle a aussi, à la vue, le port d’un /ichénoïde. 

Les fibrilles sont très-rapprochées, dichotomes dès leur base, à 
ramifications divergentes ou étalées au sommet. 


PYRENULA, ACHARIUS. — HypOXYLA, DECANDOLIE. 


1, PYRENULA VARIOLOSA. 
P. verrucis magnis sparsis subdepresso-conicis rugulosis subsolidis. Pers. 
In insulis Mariannis. 


Dans cette pyrénule, les apothecia sont opaques et ont une écorce 
épaisse. Îls sont très-saillans, concaves intérieurement, et munis d’un 
petit ostiole en forme de papille. Cette espèce ressemble à un sphæria ; 
mais elle à été recueillie sur un arbre vivant. 


2. PYRENULA GLOBOSA. 


P. crustâ flavescente {ævi, verrucis subrotundis elevatis, basi in plurimis 
plicatis, ore pertuso. Pers. 


182 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


P. globosa. Chevall. Hist. des verrucariées. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


3. PYRENULA SPHÆRICA. 
P. crustà [ævigatâ, verrucis erumpentibus demüm nudis globosis. Pers. 
In insulis Moluccis ( Rawak. ) 

Cette pyrénule ne peut être qu'une variété jeune de {a précédente. 
Ses apothecia sont lisses par-tout ; ils se détachent à la base en enlevant 
avec eux une portion de lépiderme; Ils ont pour orifice une petite pa- 
pille aiguë. P. 

4. PYRENULA GAUDICHAUDII. 
P. crustä rugoso-tuberculosâ lutescente, verrucis confertis subglobosis, 
ostiolis deciduis. Pers. 

Verrucaria gaudichaldii. Féé, Lich. pag. 87, tab. 22, fig. 4 a, 4 b. 

Verrucaria tropica. Acharius, Synops. lichen. pag. 91. 

In insulis Martannis. 

Les apothecia sont nombreux, très-rapprochés Îles uns des autres; ils 
sont aussi très -saillans et [a plupart déprimés au sommet, où, à leur 
maturité, ils ont une large ouverture. La croûte épidermoïde s'élève çà 
et là en tubercules difformes. 2. 


$- PYRENULA FUSCATA, 


P. crustä epidermeä fusco-fuligmeä subnitidä , verrucis subparvis depresso- 
conicis. Pers. 
In insulis Moluccis {Rawak }. 


Fe À “ k Fa es ré UN ” ‘ 
L'épiderme de ce lichénoïde est crustacé, brunâtre : il donne naissance 
à de nombreux tubercules ou apothecia larges à la base, coniques au 
sommet et munis d’une petite papille. P, 


VERRUCARIA. PERSOON, ACHARIUS. 


1, VERRUCARIA MELALOMA. 
V. crustà pulveraceä cinereâ, margine lato nigro cincta , verrucis minu- 
tissimis nigris. Pers. 
In imsulis Moluccis {(Rawak ). 


Cette petite espèce se trouve placée sur la croûte de lopegrapha ver- 
micularis ; elle est large de deux lignes au plus, mais facile à reconnoître 


BOT ANIQUE. 183 
par son #hallus bicolor. Ses fructifications ressemblent à de petits points 
noirs. P, 


2. VERRUCARIA TESSELLA. 
V. verrucis pluribus in tuberculum thalloïdeum aggregatis, huic primè 
immersis, demum erumpentibus denudatis. Pers. 
Tessella marianna. Pers, 
In insulis Mariannis. 


Cette verrucaire curieuse s’éloïgne dé toutes les espèces connues, par 
son port particulier. 

Elle ressemble à un porina, où plutôt à un chiodicton, dont pourtant 
la fructification est entièrement différente. L’écorce offre des élévations 
de forme alongée et parfois cubique, qui se transforment en autant de 
réceptacles d’une couleur plus pâle. C’est dans ces corps que sont ren- 


fermées des sphérules qui paroissent d’abord à la superficie comme des 


points noirs, mais qui se dégagent à {a fin et deviennent toutes saïllantes. 
Ces sphérules sont très-fragiles, noires, munies au sommet d’un petit 
orifice en forme de pore. Cette espèce pourroit peut-être former un genre 
nouveau, si sur-tout on découvroit quelques autres productions liché- 
noïdes semblables. P. 


PORINA, ACHARIUS, — PERTUSARIA, DECANDOILE, 


1. PORINA TESSELLATA. 
P. crustà lutescente-olivaceä rugulosä, tuberculis aggregatis, ostiolis pro- 
minentibus pluribus nigris, situ conformibus. Pers, 
Porina rufescens. Delise, in Litt. n.° 100. 
In insulis Mariannis. 


Ce porina diffère de l'espèce ordinaire (/ichen pertusus, Linn.) par sa 
couleur plus foncée, et par la forme inégale des tubercules où apothecia, 
qui sont ordinairement aplatis, et dont les ostioles, très-distincts et 
même assez grands, imitent , par la régularité de leur position, les points 
noirs des dés. P, 

GRAPHIS, ADANS:, ACHAR. 
1. GRAPHIS SCRIPTA. 
G; scripta. Acharius, Syn, lich. pag. 81. 


184 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


G. scripta var, ochroleuca. Pers. 
Opegrapha ochroleuca. Delise, in Litt. n.° 04. 
Opegrapha ochroleuca. Chevallier, Hist. des graphidées. 
In insulis Mariannis. 
Cette espèce diffère du graphis scripta d’Acharius, par sa croûte de 
couleur blanc-pâle et par ses scutelles plus nombreuses. P. 


OPEGRAPHA, ACHAR. 
1. OPEGRAPHA CYMBIFORMIS.  ‘s« 
O. cymbiformis. Floerke ! var. ex Pers. 
O. vulvella. Achar, Syn. lich. pag. 77; var.! 
In insulis Mariannis. 

Les lirelles ont bien le port de l’espèce européenne : quelques-unes 
seulement sont à deux ou trois branches. La partie de l'écorce où elles 
sont assises est aussi décolorée et d’un pâle brunäâtre, imitant une sorte 
de thallus : mais tout cela peut dépendre de Ia localité. P. 

2. OPEGRAPHA CINCTA. 


O. cincta. Pers. dans les Ann. de Ia Soc. de Ia Vettéravie, t. 10,f. 1! 
In insulis Mariannis. 


3. OPEGRAPHA UNDULATA. 
O. vermicularis crustà subpulverulentä albidä, lirellis superficialibus cur- 
vato-flexuosis, nonnullis furcatis , atris, Pers, 

O.undulata. Chevall, Hypoxyl. pag. 64, tab. 14, fig. 2 b. 

Opegrapha vermicularis. Pers. 

In insulis Moluccis (Rawak ). 

Les lirelles sont très-étroites, très-variées dans leur forme et leur 
direction. Elles ne sont ni rampantes, ni entourées de #hallus, mais elles 
reposent sur celui-ci, comme dans Popegrapha notha. Les échantillons 
sont chargés du verrucaria melaloma. P. 


EMBLEMIA, Persoon. 
Receptaculum lirellæforme à crusté formatum , disco lineari (colorato). Pers, 


1, EMBLEMIA CONTEXTA : 
E. lirellis densè approximatis Jongissimis plerumque dichotomis contortis, 


disco angusto rufescente. Pers. 
Allographa dichotoma. Chevalier, Hist. des graphidées. 
In imsulis Mariannis. 


RATER 


BOTANIQUE. 185 
La croûte de cette belle graphidée (peut-être l'écorce de l'arbre 
transformée en fhallus) est d’une couleur rubigineuse; les lirelles a 
sillonnent presque en tout sens, ce qui lui donne l'aspect d’une étoffe. 
Les lirelles sont linéaires, droites, plus souvent courbées, simples et 
ramifiées, et entourées d’un bord saillant qui est de [a même nature 
et de la même couleur que le #allus. Le disque seul est d’une autre 
consistance, comme dans Île genre /ecanora. Le nom générique est dérivé 
de emblema | passemens |, parce que les espèces, celle-ci particulièrement, 
imitent en quelque manière un tissu. Sur les artocarpus. P. 


2. EMBLEMIA VENOSA. 
E. crustà rufescente glabrä, lirellis ongissimis angustatis ramoso-divaricatis 
rufis. Pers. 
Allographa. Sp. Chevall. Hist. des Graphidées. 
In insulis Moluccis { Rawak). 


Cette espèce imite bien Îles ramifications d’une veine par ses lirelles 
qui divergent en tout sens. Elles sont longues, mais peu larges, à disque 
aplati et dénudé. P. 


CTESIUM, P£rs. — ALLOGRAPHA, CHEVALLIER. 


Lirellæ simplices, primô tectæ, demüm erumpentes farinaceæ (coloratæ) ; 
crusta subnulla. Pers. 


Les espèces de ce genre semblent avoir, par la nature et la forme de 
leurs. fruits, ainsi que par leur manière de croître, plus d’affinité avec 
Je genre hysterium, parmi les champignons sclérocarpéens, qu'avec les 
autres graphidées : mais elles se propagent sur des arbres vivans, et 
elles ont aussi une sorte de thallus, qui, dans quelques-unes, concourt 
à la formation des lirelles. Ces lirelles se développent sous l'écorce ; 
mais à la maturité, elles paroissent au jour, à l'exception de celles des 
deux dernières espèces, qui restent entourées de lépiderme perforé; et 
comme on le voit pareillement dans lopegrapha hieroglyphica , Pers, que 
lon doit aussi rapporter à ce genre. Le nom de ctesium est un terme 
métaphorique pris de la forme de l'objet, comme celui de phallus. P. 

Voyage de l'Uranie. — Botanique. 24 


ee ed mn a 


186 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Lirellis emersis. 
1. CTESIUM CROCEUM. 
C. lirellis prominentibus flexuosis, passim furcatis, croceo- ferrugineïs. 


Pers. 
Allographa lutea. Chevallier, Hist. des hypoxyl. fasc. 1, tab. analyt. f. 3,d.e. 
Opegrapha chrysocarpa. Raddi, Plantes du Brésil. Soc. Mod. tom. XVIII, p. 34, 


pl. 3, fig. 2. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro). 
La forme des lirelles est celle des autres opégraphes. Cependant, en 
outre de la couleur énoncée dans la phrase, on remarque, sur-tout dans 
les adultes, une lame noirâtre sur le disque. P. 


2. CTESIUM ALBUM. 
C. lirellis brevibus turgidis albicantibus denudatis. Pers, 
In insulis Mariannis. 


Les lirelles sont saïllantes comme dans l'espèce précédente; mais elles 
sont plus courtes, toutes entières et non bifurquées. On remarque dans 
cet échantillon plusieurs lirelles dans l'état de dépérissement, froncées 
et devenues à moitié noirâtres et glabres. P. 


Lirellis immersis. 


3: CTESIUM RUGOSUM. 
C. lirellis elongatis flexuosis immersis epidermide cmctis, rugosis albiçan- 
tibus integris. Pers, 
In insulis Mariannis. 


Dans cette espèce, les lirelles sont beaucoup plus saupoudrées ; elles 
restent aussi presque entièrement fermées. On n'y remarque aucun #hallus 
apparent. P. 

4. CTESIUM FUSCESCENS. 
C. lirellis confertis elongatis subundulatis albido-fuscescentibus , demüm 


hiantibus. Pers, 
AHographa fusca. Chevall, Hist. des graphidées. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


L'écorce de farbre est d’une couleur brun-foncé. Elle ne sert pas à 
former le thallus; car les lirelles percent lépiderme sans cependant s’é- 
lever entièrement au-dessus de Jui ; elles sont d’un blanc sale. Pl. 


BOTANIQUE. 187 
L'échantillon qui nous fournit ces renseignemens est dans un état de 
maturité très-avancée, ce qui peut avoir modifié les formes de ses lirelles. 


ARTHONIA, ACHARIUS, 


1. ARTHONIA VIOLACEA. 
À. crustä tenui dilutè violaceä, apotheciis aggregatis erumpentibus de- 
pressis nigris, margine subprominente. Pers, 
Spiloma violaceum. Chevallier. 
In insulis Mariannis. 


Les apothécies sont orbiculaires, réunies en forme de petites stellules 
disposées régulièrement sur une croûte très-mince et d’un violet lavé. 

Ce lichen a le port de quelques spiloma; cependant ses apothecia ne 
sont point composés d'un corps pulvéracé, caractère qu'Acharius donne 
au genre spiloma. ( Voyez Syn. lichen. pag. 1.) M. fe docteur Chevallier 
trouve que ce lichénoïde a beaucoup de rapport avec Le spiloma rubi- 
cundum qu'il a décrit dans le Journal de physique, février 1822, tab. 2, 
fig. 3; mais dont cependant il est distinct. 


Nos collections comptent encore plusieurs autres plantes lichéno- 
fungoïdes , telles que le sporotrichum coccineum (spiloma purpureum , Delise, 
in Litt. n.° 17; Spiloma roseum , Raddï , ou hypochnus rubrocinctus, Ehrenb. ), 
très-commun à Rio de Janeiro sur les murs de laqueduc du Corcovado, 
dont souvent il rougit de très-grands espaces ; la même production 
(n.° 2), plus jeune, et singulièrement modifiée, de la même localité; le 
sporotrichum discolor de Rawak (n.° 57, 1,001 d'Agardh}, confervoïde 
qui ne seroit peut-être pas mal placée dans le genre dyctionema d'Agardh ; 
enfin une sorte de verrucariée des auteurs (n.° 92 }, dont on formera 
probablement un genre nouveau, voisin des ghphis dans les hypoxylons. 


LICHENES, HorF. 


Les lichens, rangés long-temps parmi les algues, ont effectivement les 
plus grands rapports de ressemblance avec elles, autant par l'organisa- 
tion générale, la forme, l'analogie qui existe entre Îes fruits (sporules), 
que par le mode de germination, de développement, de reproduction, &c. 

Ils ne paroïissent en différer d’une manière sensible que par le milieu 


24* 


188 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


plus rare dans lequel ils vivent (1). Comme les algues, ces végétaux 
sont privés de racines bien prononcées. Ils ne se fixent aux corps solides 
que par le moyen de pieds ou griffes appliquées à la surface de toutes 
les parties des arbres, de la terre, des roches et même des métaux; 
enfin , ils s'étendent quelquefois sur la tourbe ou à la surface des plantes 
herbacées, de manière à les recouvrir entièrement, Îles agglutiner ou les 
coller ensemble, Dans ce cas, quelques espèces peuvent être comparées 
à des couches successives de peinture qui, légères d’abord, deviennent 
de plus en plus foncées du centre à la circonférence, et d'où sortent 
les scutelles qui renferment les organes de la reproduction. Tels sont 
les lecidea, les lecanora, &c., et spécialement, parmi ces derniers, le 
lecanora macloviana, qui recouvre indistinctement des mousses, des gra- 
minées, des fougères, la tourbe, et même les excrémens desséchés des 
chevaux. 

Ces parasites s’attachent à tous les corps; ils paroissent puiser uni- 
quement Îes matériaux de {eur existence dans Pair ambiant, et, comme 
les algues, ils ne doivent rien retirer des corps qui leur servent de sou- 
tien (2). 

Ce qui semble prouver que ces plantes vivent des seuls principes de 
Vair, principes parmi lesquels je compte Îles vapeurs hygrométriques, 
c'est que les lichens qui poussent sur les rochers, d’où ïls ne peuvent 
évidemment rien retirer, se trouvent toujours fixés sur Îes parties sail- 
lantes, les pointes, les aspérités des corps, et non, comme cela devroit 
être si les racines de ces plantes agissoïent à [a manière de celles des 
autres végétaux, dans les irrégularités concaves, susceptibles de recueil- 
lir et de conserver quelque temps l’humidité des pluies, des rosées. 

Parmi les lichens qui semblent en quelque sorte fuir l’humidité, je 
dois particulièrement citer le parmelia cuprea var. latifolia (sticta capensis 
var. mbilicata, Delise, Monog. ); lusnea strigosa ! Vumbilicaria rubiginosa, 
qui croissent sur la montagne de la Table au Cap de Bonne-Espérance ; 


(1) Les collema, les tremella, et sur-tout les nostoc , forment, je crois, les chaînons intermé- 
diaires entre ces deux séries de végétaux. 

(2) Je ne connoïis aucune des recherches qui ont pu être tentées à ce sujet, et ne fais ici 
qu’émettre mon opinion. 


es 


BOTANIQUE. 189 
le gyrophora ! perforata, qui ne se rencontre que sur Îles pierres sonores 
de Rawak et des îles Mariannes; le /ecidea ochroleuca, qu'on ne trouve 
que sur le sable aggloméré, ferrugineux, de la baie des Chiens-Marins ; 
ainsi que l'usnea melaxantha , le physcia speacea, le cornicularia flavicans, 
qui tapissent le peu de roches visibles du sommet de quelques mon- 
tagnes des ïles Malouines. 

Si l’on n’adoptoit pas l’opinion émise précédemment, il faudroit donc 
supposer que ces plantes ne végètent réellement que par les temps hu- 
mides ou de pluie, et que la vie, chez elles, s'arrête pendant les grandes 
sécheresses, pour reprendre plus tard, quand les conditions nécessaires 
d'humidité se reproduisent : et dans ce cas même, ne devroit-on pas 
encore leur admettre un autre mode d'absorption analogue à celui des 
feuilles et des autres parties des végétaux situés dans l'air, mais beau- 
coup plus énergique ? 

Je pense que cette question n'a pas encore été résolue : cependant 
elle est digne de fixer l'attention des naturalistes. Et n’en seroit-il pas 
des lichens, relativement à Flair, comme des algues pour les eaux? 
Toutes les parties de ces productions ne seroïent-elles pas également 
propres à absorber les principes nutritifs qui leur conviennent? 

Les lichens échappés au naufrage, qui maintenant composent la 
collection déposée au Muséum, sont au nombre de 120; ils appar- 
tiennent aux genres suivans : lecidea 8, lecanora $, parmelia et sticta 33, 
nephroma x, umbilicaria x, gyrophora x, collema 12, coccocarpia (collema 
auct.) 3, borrera 3, physcia $, usnea 6, cornicularia 3, sphærophoron +, 
stereocaulon 3» CeHOMYCE 17, CæHOgONIUM Li; indeterminatæ 17. 

Ces productions sont fort communes dans les îles Mariannes : les 
habitans les désignent par le nom de thafaw et khalxgum, qui dans 
leur dialecte signifie oreille (1). Ils y ajoutent souvent des dénominations 
spécifiques : ainsi, par exemple, le parmelia pannosa, qui recouvre le 
tronc et une partie des racines de tous les gros arbres, se nomme 
ibalwgaun aÿiou, ce qui veut dire oreille de bois (2). 

Les indigènes des îles Sandwich confondent ces plantes avec les algues 


) Voyez pag. 167. 


(1 
(2) Zbidem, 


190 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
en général , Sous la dénomination de mou. Cependant le parmelia maura, 
qui abonde dans cet archipel (1), est désigné par le nom de s-houc. 

Si je ne puis établir aucun rapport proportionnel, susceptible d'éclairer 
la géographie botanique, entre la quantité respective des espèces recueil- 
lies dans nos relâches, parce que notre séjour dans chacune d’elles y a 
été plus ou moins long et accompagné de circonstances diversement 
favorables, je ne manquerai cependant pas cette occasion de faire ob- 
server, ce que Fexpérience m'a démontré, que ces plantes sont fort 
communes dans les régions équatoriales, et qu'elles y seroient peut- 
être aussi nombreuses que dans les régions tropicales ou polaires, si une 
végétation étonnante ne les repoussoit en quelque sorte de leur sol 
fécondateur. 

Je dois dire à ce sujet que lIe-de-France et Pile de Bourbon, les 
Moluques, les Sandwich, et particulièrement les Mariannes, nous ont 
paru très-riches en productions de ce genre. Si jen aï peu recueilli au 
Cap de Bonne - Espérance ainsi qu'à la Nouvelle- Hollande, cela tient 
moins à la rareté de ces végétaux qu'au peu d'heures que j'ai passées 
dans chacun de ces deux endroits. J'ajouterai de plus, pour être toujours 
vrai, que la baie des Chiens- Marins se montre aussi pauvre sous ce 
rapport que sous tout autre. 

I s'ensuit donc que les lichens sont aussi mrsbetiei quant aux 
espèces, dans les pays chauds que dans les pays froids ou témpérés. 
S'ils occupent des espaces moins étendus dans les premiers que dans les 
derniers, cela tient uniquement aux causes dont nous avons déjà parlé. 
Quoique, en effet, les régions tropicales et polaires soient en général, 
les unes très-fournies et les autres presque entièrement couvertes de 
ces plantes, ce n'est pas qu'on doive précisément l'attribuer à une in- 
fluence atmosphérique qui leur soit salutaire, mais plutôt à cette même 
influence agissant en sens contraire sur les autres végétaux, et qui les 
force en quelque sorte à leur céder le terrain. Les lichens résistent mieux 
sous ces latitudes glacées, mais ils ne sont point favorisés par elles ; 
et s'ils y multiplient davantage, c’est que, je le répète, nulle autre 
production du sol n’a assez de vigueur pour mettre obstacle à leur pro- 


(1) On ne les rencontre qu’à 250 ou 300 toises d’élévation. 


BOT ANIQUE. | 19i 
pagation. Aussi les iles Malouines, frappées de stérilité et qui se 
montrent rebelles à tous les genres de culture, ne laissent-elles pas d’être 
tapissées de lichens. 

J'ajouterai encore à ces observations quelques remarques géné- 
rales sur la dispersion des genres qui paroissent affecter plus spéciale- 
ment telle ou telle localité. Je citerai, par exemple, le genre ceromyce, 
dont les espèces sont répandues avec profusion dans toute l'Amérique 
méridionale (1), depuis le Brésil jusques et y compris les îles Malouines ; 
il se retrouve encore, quoique plus rarement, aux iles Sandwich, ainsi 
qu'au levant de la Nouvelle-Hollande ; ïl ne se laisse plus ou presque 
plus apercevoir dans les autres lieux visités ; tandis que les co/lema , ex- 
cepté une espèce douteuse encore, les coccocarpia (2) , les gyrophora , té: , 
paroissent appartenir aux îles Mariannes et Molluques : enfin il en est 
plusieurs, tels que les parmelia, les sticta, les lecanora , les physcia (rama- 
lina), les stereocaulon, &c., qui doivent habiter indistinctement toutes les 
régions de la terre. , 

Je terminerai en disant que la majeure partie des Îichens d'une 
même localité, viennent également bien sur {es arbres, la terre et les 
rochers; de ce nombre sont les sticta, les cenogonium, les parmelia, les 
lecidea, les lecanora, les physcia, même les usnea. D'autres, au contraire, 
les wmbilicaria, les gyrophora, les stereocaulon, les cenomyce, &c., se ren- 
contrent le plus ordinairement sur la terre et sur les rochers. 


ORDO I). — LICHENES CRUSTACEI (4). 


LECIDEA, ACHARIUS. 


1. LECIDEA XANTHOCARPA (5). 
L. crustâ crasstusculä submembranacei rugulosà albido-cimerascente, scu- 


(1) Je ne généraliserai ici, comme dans tout cet ouvrage, que pour les plantes et les ren- 
seignemens positifs qui ont été recueillis dans le voyage de l'Uranie. 

(2) Formé du démembrement du genre collema. 

(3) Tous ces lichens ont été décrits par M. C. H. Persoon. 

(4) Pour établir en quelque sorte un ordre dans l’énumération de ces lichens, on les a 
divisés én trois sections, bien que celles-ci contiennent de petites familles ou divisions, que 
lon seroit obligé d'admettre dans un travail général sur ces plantes. Pers. 

(s) I ne sera pas sans utilité pour la science de faire remarquer que les phrases ont été 
faites sur des échantillons parfois uniques, incomplets, et tous altérés par une longue macé- 
ration dans l’eau de mer. 


192 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


tellis sparsis applanatis flavo-aurantiacis, margine tumido subflexuoso. Pers, 
In Brasiliä { Rio-Janeïro }, ad arborum truncos. 


2. LECIDEA FURFURACEFA, 
L. crustà laxä furfuraceñ fuscescente, scutellis carnosis immarginatis fusco- 
umbrinis. Pers. 
Lecidea diaphana. Delise, manusc. II. 
In insulis Mariannis { ad arborum truncos ). 


Ce lichen a quelques rapports avec le /ecidea luteola B, Ach. Syr. 
lich. pag. 41; mais sa croûte est plus épaisse et ressemble à de petites 
folioles très-divisées et farinacées, dans lesquelles les scutelles, qui sont 
assez petites, sont en quelque sorte enfoncées. P. 


3. LECIDEA PARVIFOLIA. 
L. crustä ex foliolis multoties divisis et virescentibus conflatâ, scutellis 


parvis concavis carneis. Pers. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro), ad arborum truncos. 


Le Jecidea parvifolia a de laffinité avec le /ecidea microphylla, Ach. Syr. 
lich. pag. 5 3. Sa croûte ressemble, pour la forme et Ia couleur , au fhallus 
de certains cenomyce : les écussons sont petits et changent un peu de 
nuance: ordinairement ils sont couleur de chair, rougeâtres. P. 


4. LECIDEA VERNALIS. 
L. crustâ farinace albo-virente latè effusä, scutellis minutis subrotundis, 
junioribus. Pers. 
L. vernalis. Achar. ex Pers. 
Lecidea vernalis B scutellis proliferis. Pers, 
Lecidea diplocarpa. Delise, Manusc. 
In Brasilià (Rio-J aneiro ) , ad arborum truncos. 


Cette espèce est assez voisine du /ecidea sphæroidea ou l. vernalis B, 
Ach. Sn. pag. 46. Parmi les scutelles, il s’en trouve quelques-unes de 
superposées. P. 
$: LECIDEA UMBRINELLA. 


: . À £ A . . à Fr 
L. crüstà farinaceà crassiusculà subcinereä, scutellis majusculis umbrinis 


connexis , margine angusto cinctis. Pers, 
In Brasilià (Rio-Janeiro), ad arborum truncos, 


BOTANIQUE. 193 
6. LECIDEA PARASEMA. 
L. parasema. Acharius, var. cupularis. Pers, 
L. scutellis æqualibus concavis. Pers. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


Ce lichen ne diffère de l’espèce européenne de ce nom que par la 
forme de ses scutelles. P. | 


7: LECIDEA OCHROLEUCA. 


L. crustâ tartareä Iævigatà lutescente alboque variâ, scutellis applanatis 
nigricantibus. Pers. 
In Novæ Hollandiæ or4 occidentali (Baie des Chiens-Marins), obtegit rupes. 


Le /ecidea ochroleuca ressemble beaucoup au /ecidea ochrochlora, Ach.; 
mais ses scutelles sont plus petites, nullement convexes, et ont un bord 
distinct. 2. 


8. LECIDEA FERRUGINEA. 
L. cinereo-fusca. Achar. Syn. lich. pag. 43. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiïro), ad arborum truncos. 


Cette espèce se trouve sur l'échantillon du /ecanora subfusca, et sur le 
bord du ecanora pdtella var. pallescens. P. 


LECANORA, ACHARIUS. 


1, LECANORA SUBFUSCA. 
L. subfusca. Achar,, Pers. 
Lichen. subfuscus, Zinn. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro), ad arborum truncos. 


De tous les lichens crustacés, cette espèce est la plus commune : elle 
forme un grand nombre de variétés; celle-ci se trouve sur l'échantillon 


du /ecidea ferruginea, P. 


2. LECANORA RUBINA. 
L. crustä tenui cinerascente glabrâ, scutellis convexis COCCinelis, marg’ne 
subtüusque albicantibus. Pers. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro), ad arborum ramos. 


Dans ce lichen, les scutelles jeunes et celles qui ne sont pas entière- 
ment développées sont blanches ou de la couleur du custa, qui est 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 25 


194 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


mince, glabre et même lisse. Par ces caractères il se distingue aussi 
sufhsamment du /ecanora hamatomma , var. a, qui de plus est saxicole. P. 


3. LECANORA DOMINGENSIS. 
L. domingensis. Achar. 
Patellaria domingensis. Persoon, in Act. Soc. Vetterav. vol. 2. 
In insulis Moluccis (Rawak), ad arborum truncos. 


4. LECANORA PARELLA. 
L. parella. var. 8 pallescens. Ac4. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro), ad arborum truncos. 


$. LECANORA PILULIFERA. 
L. albido-pallescens, scutellis confertis, junioribus glabris clausis, demum 
apertis hemisphæricis, disco subcarneo. Pers. 
In insulis Mariannis (ad arborum truncos). 


À 


Si ce lichen étoit arrivé à son point de développement parfait , il 
seroit intermédiaire entre le /ecanora pallescens et 1e Jecanora angulata ; 
mais ses scutelles sont petites, ce qui semble prouver qu'il est jeune encore. 


6. LECANORA MACLOVIANA. 
L. latè effusa incrustans, crustä Iævi albicante subgitidä, scutellis confertis 
concavis, disco lutescente, externè plicatulis. Pers, « 
In insulis Maclovianis (locis turfosis). 


Cette belle espèce est voisine du /ecanora upsaliensis, qui, d’après 
Acharius, est elle-même une variété du /ecanora parella. L'une et l'autre 
s'étendent sur des feuilles sèches, des graminées , ou toute autre plante 
menue, comme une sorte de tofus. Notre espèce a les écussons beau- 
coup plus grands et d’un assez beau jaune dans leur disque. 2. 


7. LECANORA CANDELARIA. 
L. candelaria. var. ex Delise. 
In insulis Maclovianis ( obtegit rupes). 
ORDO II. — LICHENES FOLIACEI. 
PARMELIA, ACHARIUVS. 


1. PARMELIA POLYCARPA. 
P. polycarpa. Pers. 


BOTANIQUE. 195 


Lobaria polycarpa. Hoffm. Flora germ. crypt. 2, pag. 138! 
Lichen polycarpus. Ehrhart, 
In insulis Maclovianis ( obtegit rupes). 


Cette espèce difière du lichen polycarpus par son feuillage plus petit, 
et parce qu’elle croît sur les rochers. La phrase du /ecanora murorum var. 
crenulata , Achar. Syn. lich. pag. 181, lui convient aussi fort bien. Ce- 
pendant, la consistance de ce lichen est plutôt membraneuse que tar- 
tareuse. P. 

2. PARMELIA SPECIOSA! 

P. speciosa 8 hypoleuca! Achar. Sÿn. lich. pag. 211. 

Parmelia speciosa var. polyrhiza. Pers. 

In Brasilià (Rio-Janeiro), ad arborum radices, inter MusCos. 

Le parmelia speciosa est privé de fructifications, ce qui nous oblige à 
conserver quelques doutes sur son identité spécifique, quoique son thal- 
his soit le même. P. 

3. PARMELIA OBESA. 
P. thallo Iævi subgilvo pinnatifido, lacinis subdiscretis crassis obtusis , 
apice subemarginatis. Pers. 
In insulis Sandwicensibus (alt. 3-4oo hex.; ad arborum truncos ). 

Il a une couleur pâle fuligineuse ; ses folioles sont larges, épaisses et 

percées çà et là de petits trous. Les scutelles manquent. P. 


4. PARMELIA ANGUSTATA. 
P. thallo pallescente profundè inciso , Jacinits linearibus angustatis , scutellis 


sise LUS. 
In Novæ-Hollandiæ or orientali { Port-Jackson), ad arborum truncos. 
Ce lichen a le port et la couleur du parmelia recurva, qui, dans lEu- 
rope septentrionale, croît sur les pierres, mais dont le bord du fhallus 
est recourbé. Il est privé de fructifications. P. 
5. PARMELIA CONSPERSA. 


P. conspersa. Achar. Syn. Hich. p. 209. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro), ad arborum truncos: 
6. PARMELIA AIPOLIA! 
P. aipolia! Ach. Syn. lich. pag. 215 ex Pers. 
In imsulis Mariannis (ad arborum truncos ÿ 
à 


196 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
Les divisions du #allus sont très-rapprochées les unes des autres, et 


crénelées ou frangées sur les bords. P. 


7. PARMELIA FIMBRIATA. 
P. thallo multifido cinerascente, subths nigro margineque Hé, scu- 


tellis badïis basi nigro-fimbriatis. Pers, 
In insulis Moluccis { Rawak), ad arborum truncos. 


On ne doit considérer peut-être ce lichen que comme une simple variété 
du parmelia ulothrix, Ach., ou lobaria ciliata, Hoffm.; mais il diffère 


par ses poils, qui sont roides et divisés. P, 


8. PARMELIA CRISPA. 
P. crispa. Ack. Syn. lich. pag. 3712. 
In insulis Mariannis ( ad arborum radices, inter muscos). 


9. PARMELIA LUGUBRIS. 
P. thalio profundè inciso, Jaciniïis distantibus fatere incisis tumidis , subtüus 
glabris margineque nigris. Pers, 
Parmelia physodes B vittata, thalli lacinïis effusis linearibus pinnatifidis subpro- 
iificantibus planiusculis nigro-marginatis. Achar. Syn lich. pag. 218. 


In insulis Maclovianis (obtegit rupes ). 


to. PARMELIA CUPREA. 
P. thallo stellato fuligineo-badio, seu cupreo, subtüs atro-tomentoso, 
laciniis dilatatis brevi incisis, scutellis.. ... Pers. 
Parmelia endocrocea « Iatifolia, thallo badio multifido, Tacintis discretis snbdi- 
varicatis, apice emarginatis, infernè atro-fibrosis. Pers, 
Sticta capensis var. umbilicata. Délise. 
Ad Caput Bonæ-Spei (obtegit rupes). 
11. PARMELIA ENDOCROCEA. 
P. thallo badio multifido, lacunis discretis subdivaricatis apice emarginatis, 
subtùs atro-fibrosis. Pers. 


Parmelia endocrocea £ angustifolia. Pers. 
In insulis Sandwicensibus (alt. 300-400 hex.; ad arborum truncos ). 


Dans ces deux variétés, le parenchyme des feuilles est d’une cou- 
leur jaune-safran. Leur surface supérieure est garnie de petits tubercules 


perforés. re 


| 
| 
l 


BOTANIQUE. : 197 


‘12, PARMELIA SAXATILIS! 


P. saxatilis! Ack, Syn. lich. pag. 203. 
In insulis Maclovianis (obtegit rupes). 


Ce Iichen a toute l'apparence du parmelia saxatilis ; et s’il en différoit, 
ce ne seroit que par les scutelles, dont il est entièrement privé. P. 


13. PARMELIA PERFORATA! 
P. perforata. Achar. Syn. lich. pag. 108. 
Lichen perforatus. Jacquin. 
In Brasilià (Rio-Janeiro), ad arborum truncos. 


Cette parmélie a l'aspect et les poils noirs du parmelia perforata ; mais, 
comme le précédent, il est privé de scutelles, ce qui nous laisse quelques 
doutes. 2. 


14. PARMELIA MACROCARPA. 
P. magna, thallo sublobato glauco-cinereo, subtüs nigro , obsoletè tomen- 
tos0, Jobis laciniatis, scutellis magnis castaneis. Pers. 
Parmelia glauca! var. 8 ex Pers. et valdè affinis parmeliæ perlatæ. 
In Brasilià (Rio-Janeiro, ad arborum truncos ). 


15. PARMELIA ACANTHIFOLIA. 
P. thallo membranaceo albicante-glauco, infernè subfibroso, laciniis di- 
latatis smuato-crenatis, scutellis applanatis badïis. Pers. 
In Brasil ( Rio-Janeiro , ad arborum truncos ). 


Le parmelia acanthifolia est très-voisin des parmelia quercifolia (parm. 
tiliacea, Ach. ) et parmelia scortea , Ach. Mais, outre quil a des di- 
mensions plus grandes, il se distingue aussi par un aspect différent, par 
une substance plus mince et par le bord de ses scutelles, qui est entier. P. 


16. PARMELIA CAPERATA. 
P. caperata. Achar. Syn. Lich. pag. 196. 
Lichen caperatus. Zinn, 
In insulis Mariannis {ad arborum truncos.) 


17. PARMELIA MEMBRANACEA. 

P. thallo tenuissimo membranaceo virescente, infernè subtomentoso fus- 
cescente , laciniis dilatatis brevibus, ambitu rotundato fatè crenato, scutellis 
fusco-badiis, margine lato cinctis. Pers, 

Sticta. Delise. 
In Brasiliâ ({ Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


198 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


18. PARMELIA PANNOSA. 
P. pannosa. Ach, Syn. lich. pag. 329. 
Ccbaagaw adjiou (oreille de bois! ). 
In insulis Mariannis (ad arborum truncos ). 


19 PARMELIA STRIGOSA. 
P. atissima, thallo profundiüs inciso tenuïi cinerascente , subiculo strigoso 


nigro insidente, laciniis crispis angustis, scutellis confertis parvis, disco- 
badïüs, margine crenato-plicato. Pers. 
In insulis Moluccis (Rawak) , ad arborum truncos. 


Cette espèce est très-voisine du parmelia pannosa, avec lequel je l'avois 
confondue. D'après M. Persoon, elle en est assez distincte. 


20. PARMELIA FISSA. 
P. thallo submembranaceo subcrispo, subtüs fibroso-fuscescente, faciniis 
dilatatis rotundatis latè crenatis, scutellis badiis incisis. Pers, 
Sticta. Delise, n° 7. 
In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos. Alt. 300-400 hex.). 


Dans ce lichen, le bord des scutelles est incisé et se prolonge un 


peu. P. 


21, PARMELIA MAURA. 
P. latissima badia infernè glabra, margine fibrosa, lacintis dilatatis pli- 
catis, scutellis magnis concoloribus. Pers. 
P. maura. Delise, in Litt.n.° 5. 


Ohote OÙ O-hoce. 
In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos. Alt. 300-400 hex.). 


Elle a le port du parmelia caperata. Si sa couleur n'a pas été altérée 
par laction de l’eau salée, le nom de parmelia cuprea, donné à une autre 
espèce, lui conviendroit mieux. ?. 

22: PARMELIA BADIA. 
P. dilatata umbrina subnitens, infernè nigra, tota glabra, lacinits rotundatis 


complicatis, margine farinoso-crispis, scutellis badiis. Pers. 
In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos ). 


La couleur de cette espèce est à-peu-près la même que dans la pré- 
cédente, dont élle est peut-être une simple variété. P. 


BOTANIQUE. 199 
23. PARMELIA RUBIGINOSA. | 
P. rubiginosa. Achar. Syn. lich. pag. 202. 
Imbricaria cœrulescens. Decand, 
. In Brasiliâ ( Rio-Janeïro), ad arborum truncos. 
24. PARMELIA SANDWICHIANA. 
P. thallo griseo profundè inciso , pinnatifido , subiculo tomentoso imcum- 
bente, laciniis multifidis angustatis pressis. Pers. 
In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos. Alt. 300-400 hex. |. 
Cette parmélie se distingue du parmelia pellira, Swartz, Lich. amer. 
p. 6, t. 6, 4, par son feuillage tres-divisé jusqu'à la base en lanières 
étroites, très-rapprochées, de forme dendritique et presque imbriquées. P. 


$- PARMELIA PUBESCENS. 
P. pallida, thallo membranaceo subintegro ns subtüs glabro ru- 
goso, scutellis confertis fuscis. Pers. 
Sticta endochrysa. Delise, in Litt. et Monog. pag. 43, tab. 1, fig. 1 
In insulis Maclovianis { obtegit rupes). 


Le parmelia pubescens se distingue de ses congénères par une pubes- 
cence délicate, qui couvre sa superficie supérieure. P. 
26. PARMELIA LACTUCÆFOLIA. 
P. thallo membranaceo Iævi glauco-pallido, infernè rugoso, acinits dilatatis 
margine CriSpis, scutellis...-.. Pers 
Sticta freycinetii. Delise, in Litt. n.° 10. Monog. pag. 124; tab. 14, fig. 51 
In insulis Maclovianis (obtegit rupes ). 

Dans cette espèce, ainsi que dans la précédente, la surface infé- 
rieure est marquée de points farineux, qui sont des soredia, et non des 
cyphelles, comme dans les sticta; car Îles cyphelles sont concaves et 
presque toujours lisses. Cependant, si l'on ne trouvoit pas cette diffé- 
rence de la structure de ces sortes de fructifications secondaires suff- 
sante, on pourroit, à l'exemple d’Acharius, placer aussi ces deux es- 
pèces dans le genre sticta. P. 

27. PARMELIA SPECIOSA. 
P. speciosa. Achar, pag. 211, ex Délise. 


P. speciosa var. denudata. Pers, 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro}, ad arborum radices, inter muscos. 


On remarque quelques fibrilles en dessous. P. 


200 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


STICTA, ACHARIUS. 


1. STICTA SINUOSA. 
S. thallo glauco lævi, subths fuscescente , profundè diviso, laciniis subdis- 
cretis sinuosis , scutellis submarginalibus dilutè badïis. Pers. 
Sticta quercizans. var. ex Délise, in Litt. et Monog. pag. 48, tab, 7, fig. 26. 
In Brasil (Rio-Janeiro ) , ad arborum truncos. 


On ne doit pas confondre cette espèce avec le sticta quercizans, Ach., 
qui est une véritable parmelia, du moins le sticta quercigans, Michaux, 
Flor. bor. americ., que ce célèbre lichénographe cite comme apparte- 
nant à ce genre. Au reste, notre s#cta paroît être fort voisin du s#cta 
laciniata, Swartz, à en juger d’après sa figure citée. P. 


2. STICTA DISSECTA. 
S. subfusco-lutescens , infernè densè tomentosa fuliginea, margine sub- 
crispa , scutellis fusco-badiüis. Pers. 
S. dissecta! Swartz, Lich. amer. IL, t. IT. Delise, Monog. pag. 148, tab. 18, fig. 67. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro }, ad arborum truncos, 


Les échantillons sont incomplets, en sorte qu'il est impossible de Îes 


déterminer avec précision. P. 


3. STICTA GAUDICHAUDIANA. 
S. thallo tenui umbrino, infernè concolore, dembm glabro, laciniis dila- 
tatis inciso-crenatis, scutellis parvis sparsis. Pers. 
Sticta gaudichaldia, Delise, Monog. pag. 80, tab. 7, fig. 23. 
In insulis Maclovianis ( obtegit rupes ). 


4. STICTA LEUCOSTICTA. 
S. thallo sublaciniato opaco subfarinoso umbrino , infernè densè tomentoso, 
cyphellis albicantibus. Pers. 
Sticta crocata var. «. Delise, in Litt. n.° 6. Monog. pag. 56, tab. 4, fig. 10. 
‘In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos ). 


. Les scutelles manquent à ce lichen; mais il est vraisemblable qu'elles 
ont la même couleur (brun-café plus ou moins foncé) que celles des 


autres espèces de ce genre. P. 


BOTANIQUE. 201 


ÿ: STICTA CRISPATA. 
Sticta crispata var. leucostictæ! Pers. 
In Brasilià (Rio-Janeiro ), ad arborum truncos. 


Dans cette espèce, qui paroît être une variété de la précédente, Îles 
cyphelles sont aussi blanchâtres, et le hallus ne diffère que par ses bords 
crépus. P. 


6. STICTA XANTHOSTICTA. 
S. thallo ruguloso spadiceo profundè inciso, faciniïis discretis sinuatis mar- 
gine crispis, sorediis cyphellisque citrinis. Pers, 
Sticta aurigera var. «. Bory ex Delise, Monog. pag. 54, tab. 3, fig. 8. 
In insulis Sandwicensibus {ad arborum truncos. Alt. 300-400 hexap. ds 


7. STICTA CONGRUENS. 
S. thallo tenui subflaccido lutescente, laciniis discretis sinuatis subdicho- 
tomis, subtus tomentosis obscurioribus. Pers. 
Sticta canariensis, var. & ex Delise, Monog. pag. 114, tab. 11, fig. 45. 
In Brasilià {Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


Ce lichen n’est peut-être qu'une variété du sticta damæcornis , espèce 
très-répandue; mais il est plus mince, plus velu en dessous et moins 
dichotome : ses scutelles sont aussi plus grandes et d’une couleur plus 
obscure que dans le sticta damæcornis. P. 


8. STICTA CITRINA. 

S. thallo suborbiculari parum inciso, rugoso-lacunoso subumbrino, lineis 
farinosis citrinis decussato, subths fuliginoso-tomentoso, cyphellis soredifor- 
mibus paucis citrinis. Pers. 

Sticta crocata. Achar, ex Délise, Monog. pag. 56, tab. 4, fig. 10. 

In insulis Maclovianis (obtegit rupes). 


Le sticta citrina ne paroît pas différer essentiellement du stcta crocata, 
Achar. Syn. Jich. pag. 232. Sa partie inférieure est peu garnie de fausses 
cyphelles, et la supérieure recouverte d’une sorte d’efforescence, formant 
des lignes réunies en réseau. L. 

La collection renferme en outre le sticta rufa, Willd., Delise Monog. , 
trouvé parmi les échantillons du sticta dissecta , avec lesquels on lavoit 
sans doute confondu ; plus le sticta endochrysa, Delise Monog. (parmelia 

Voyage de l'Uranie. — Botanique. 26 


202 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


pubescens, Pers. ); le sticta freycinetii, Delise Monog. (parmelia lactucæfolia , 
Pers.}); et le sticta aurata, Delise Monog., dont M. Persoon forme le 
nephroma aurata. 


NEPHROMA, ACHARIUS. 


1. NEPHROMA AURATA. 
N. thallo lacunoso, subths maculis cyphelliformibus densis flavo-citrinis 
distincto. Pers. é 
Sticta aurata. Delise, Monog. pag. 49, tab. 2, fig. 5. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


Ce lichen est nouveau. Il offre le caractère principal du genre ne- 
phroma, Ach., c'est-à-dire, les écussons résupinés ou renversés : mais 
on remarque en même temps, sur la surface inférieure du frons ou thal- 
lus, des soredia farineuses, blanches, et non de vraies cyphelles comme 
dans quelques sricta. Ce qui prouve que ce dernier genre est artificiel, 
et fondé sur un caractère qui ne fui est point exclusif. P. 


UMBILICARIA, HoFFM., PERS, 
1. UMBILICARIA RUBIGINOSA. 
U. subparva, supernè rubiginosa nigrescens , infernè (lacunosa ) sub- 


fuliginea. Pers. 
Ad Caput Bonæ-Spei ( Baie de la Table); obtegit rupes. 


Les ombilicaires difièrent des gyrophores (gyrophora, Ach.) par des 
scutelles lisses et concaves, semblables à celles des /ecidea, et non en- 
tortillées comme on lobserve dans tous les gyrophora. Elles se dis- 
tinguent encore par leur thallus, criblé inférieurement de sortes de la- 
cunes qui correspondent aux pustules dont la surface supérieure est 
recouverte, ainsi qu'on le voit très-distinctement dans le /ichen pustulatus, 
Linn., qui est une ombilicaire. PF: 


GYROPHORA, ACHARIUS, 


GYROPHORA ! PERFORATA. 
G. minuta nigrescens orbicularis; margine integro, lacinïis dilatatis sub- 
palmatis, superficie punctato-excavatis, subtüs rugosa glabra. Pers. 
Gyrophora oceanica. Delise, in Litt. n° 3. 
In insulis Mariannis inque Moluccis { Rawak ); obtegit rupes. 


BOTANIQUE. | 203 

N'ayant pu trouver cette plante en fructifications, on ne fa placée 
ici qu'à cause de sa ressemblance avec le gyrophora erosa. Cependant, 
comme elle croît sur les rochers près de la mer, ïl seroït possible qu’elle 
formât une espèce nouvelle du genre lichina de M. Agardh. En effet, 
cette production a le port et la couleur du fucus pygmaæus, Lightf., ou 


lichina pygmæa, Agardh, Syst, alg. scand. pag. 9. P. 


COLLEMA, HOFFM.,, ACHAR. 
1. COLLEMA VESPERTILIO : : 
C. vespertilio, vel puhescens! Acharius. 
In insulis Moluccis { Rawak ), ad arborum truncos. 


Les échantillons de cette plante sont trop incomplets pour être dé- 
crits. P. 


2. COLLEMA ULVACEUM. 
C. thallo membranaceo subdiaphano atroviridi integro, margine subcre- 
nato, scutellis ut plurimhm marginalibus planiusculis concoloribus. Pers. 
In imsulis Mariannis ( ad arborum truncos ). 


Cette plante, voisine du collema marginellum, Ach. , est commune dans 
tous les lieux bas et très-humides. Elle croît sur le tronc et les grosses 
racines des vieux arbres. ?. 


3. COLLEMA MARIANNUM.. 
C. latè effusum, thallo tenuissimo laciniato utrinque glabro atrovirente, 
scutellis majusculis demüm carnosis fusco-purpureis Pers. 
Collema atrovirens. Delise, in Litt. n.° 103. 
In insulis Mariannis (ad arborum truncos ). 


Tous les collema sont plus où moins vert-noirâtre ; celui-ci est voisin 
du collema nigrescens. P. 


4. COLLEMA MOLUCCANUM. 
C. thallo partito membranaceo Iævi nigrescente, lobis elongatis rotundatis 
margine integerrimo , scutellis copiosis convexis fusco-purpureis. Pers, 
In insulis Moluccis (Rawak }, ad arborum truncos. 


Le collema moluccanum est une espèce singulière qui ressemble un peu aux 
expansions foliacées du marchantia polymorpha. Ü croît sur Îes arbres pourris. 


26* 


RES 


204 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


$. COLLEMA LANATUM. 
C. thallo subintegro opaco subumbrino, infernè densè tomentoso, scu- 
tellis applanatis fuscis sessilibus. Pers. 
In insulis Maclovianis (obtegit rupes ). 


Cette espèce se rapproche du collema mengiesii, Ach., dont les scutelles, 
d’après Acharius, sont un peu pédicellées et en forme de cloche, et du 
collema saturninum, parce qu'il est beaucoup plus cotonneux inférieure- 
ment. Dans notre espèce, les scutelles paroïissent être aussi tomenteuses 
en dessous. P. 


6. COLLEMA! POLYRHIZA. 
C. polyrhiza. Pers, 
In insulis Moluccis (Rawak), ad arborum truncos. 


Il est privé de fructifications, et joint à la forme de quelques parmelia 
la couleur et la ténuité de certains co/lema. P. 


. COLLEMA PHYLLOCARPUM. 


S 


C. thallo laciniato rugoso, glauco, scutellis magnis immersis badiis thallo 
iarginante cinctis. Pers. 
In Brasiliä (Rio-Janeïro ), ad arborum truncos. 


Le collema phyllocarpum est remarquable par ses scutelles, qui sont en- 
tièrement de la même substance que le #hallus (comme dans les /ecidea), 
ainsi que par un faux bord formé par une partie du thallus. C’est une 
urcéolaire dans son genre. 

La même organisation des apothecia où des scutelles semble avoir 
aussi lieu dans le collema bullatum, Swartz, Lichen, amer. tab. xvr, 
dont M. Raddi a également donné une bonne figure dans son Mémoire 
sur plusieurs plantes du Brésil (Modena , 1820 ). Mais les scutelles de 
ce collema sont turbinées , grandes et très-proéminentes, tandis que, dans 
l'espèce qui nous occupe, elles sont minces et même enfoncées dans le 
thallus , ce qu'on ne peut attribuer à une forte compression. P, 


8. COLLEMA: PELTIGERA. 
C. thallo latè effuso atrovirente tenui variè faciniato, scutellis convexis 
brunneïis. Pers 


BOTANIQUE. 205 


Collema lactuca. Delise, im Litt. n.° 105. 
In insulis Mariannis { ad arborum truncos ). 


Les scutelles de ce lichen ont laspect de celles de quelques pel- 
tigères. P* 


9. COLLEMA ! BORYANUM. 
C. magnum, thallo pinnatifido, faciniis dilatatis sinuatis, infernè subf- 
brillosis, scutellis rugulosis concoloribus. Pers. 
In insulis Moluccis (Rawak }, ad arborum truncos. 


Le collema boryanum a un port assez régulier qui imite celui de quelques 
parmelia. Il a aussi, de même que ces derniers, des fibrilles qui tiennent 
| lieu de radicules; sa couleur est fuligineuse et les écussons sont irrégu- 


liers. P, 


10. COLLEMA STELLARE. 
C. thallo orbiculari regulari, margine inciso , laciniis lato-linearibus, subtus 
tomentoso-fibrosis, scutellis tumidis fæviusculis, disco fuscis. Pers. 
Collema scabridulum. Delise, in Litt. n.° 104. 
In insulis Mariannis (ad arborum truncos ). 


Celui-ci a de l’affinité avec le précédent, dont il a aussi la couleur; 
mais sa forme est plus régulière. P. 


11. COLLEMA PLICATUM. 
C. suborbiculare nigrescens rugoso-scabrum , scutellis confertis magnis 
prominentibus concavis, margine plicatulis albicantibus, disco fusco. Pers. 
Collema rugosum. Delise, in Litt. n.° 49. 
In insulis Moluccis (Rawak }, ad arborum truncos. 


La surface supérieure de ce collema est sillonnée, et sa substance 
paroît être plus ferme que dans les autres espèces. Ps 


12. COLLEMA AZUREUM. 
Collema azureum. Acharius, 
In Brasilià (Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


Dans cette variété, les scutelles sont sessiles, de couleur pâle sur le 
bord, ainsi que dans toute leur partie inférieure. P. 


Se 


#4 
54 
l 
si 
He 


206 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
COCCOCARPIA, PrrsooN. 


Thallus membranaceo-tremellosus. Scutelle convexæ, tenues, vix marginatæ, 
(0tæ ex substantiä propriä format. ( Color thalli plumbeus , cæsius , virescens. 
Scutelle fuscescentes aut colore obscuro , thallo quasi adnatæ. Pers.) 


Les plantes qui composent ce nouveau genre ont toutes une couleur 
et un port particuliers. Elles diffèrent des collema, outre la consistance 
de leur #hallus et les poils (veloutés) qui en tapissent fa surface infé- 
rieure, par un caractère essentiel fourni par les apothecia, qui sont par-tout 
de la même substance ( scutellæ idiogenæ), et non en partie formés par 
le thallus, auquel ïls sont pourtant comme adhérens. 

Ces corps présentent l'aspect des insectes du genre coccus, L. C'est 
de cette forme apparente que nous avons emprunté le nom de coccocar- 
pia. P, 

1. COCCOCARPIA MOLYBDEA. 
C. thallo multifido nitente plumbeo, subtüs atro-tomentoso-fibroso, 1a- 
cinüs dilatatatis apice rotundatis integris, scutellis fusco-nigricantibus Pers. 
Parmelia areolata. Delise, in Litt. n.° 46. 
Parmelia plumbea! Ack, 
In insulis Moluccis Mariannisque { ad arborum truncos à 


2. COCCOCARPIA INCISA, 
C. orbicularis stellariformis plumbea , thalli laciniis variè incisis , Taciniis 
sublinearibus. Pers, , 
In insulis Mariannis ( ad arborum truncos ). 


Cette espèce est trés-voisine de la précédente, par sa couleur: mais 
elle en diffère par son fhallus, qui est profondément divisé , ainsi que par 
ses scutelles, qui sont en plus grand nombre et plus larges. P. 

3. COCCOCARPIA POLYPHYLLA. : 

C. polyphylla. Pers. 


Collema adnatum. Délise, in Litt. n.° 41-50. 
In insulis Moluccis {Rawak ), ad arborum truncos. 


3. COCCOCARPIA SMARAGDINA. 
C. Fetè virens polyphylla formä variä, scutellis badiis. Pers, 
Collema smaragdinum. Delise, in Litt. n° 91. 
In insulis Mariannis { ad arborum truncos ). 


BOTANIQUE. ; 207 
Cette belle espèce naït par groupes formés de lobes distincts, irré- 
guliers (analogues à ceux des marchantia ou des riccia), qui recouvrent 
les racines menues et sèches de quelques autres plantes, et se mêlent 
avec des mousses et autres cryptogames. P. 
4. COCCOCARPIA VIRIDESCENS. 


M. Persoon a trouvé que cette plante étoit en trop mauvais état pour 
être décrite. Cependant il a cru devoir constater son identité générique 
et sa nouveauté. 


In insulis Moluccis (Rawak), ad arborum truncos. 


BORRERA, ACHARIUS. 
1. BORRERA DENDRITICA. 


B. orbicularis subspadicea, thallo multifido depresso, Iaciniis divaricatis 
linearibus subnitidis. Pers, 
Borrera formosa. Délise, in Litt. n.° 90. 


In insulis Mariannis {ad arborum truncos ). 


On a placé ce lichen dans le genre borrera, à cause de sa similitude 
avec Île borrera ciliaris. I est dépourvu de fructifications. P. 
2. BORRERA CHRYSOPHTHALMA ! 
Borrera chrysophthalma. Achar, Syn. lich. pag. 224. 
Physcia chrysophthalma! Decand. FI. franç. 2, pag. 4o1. 
Lichen chrysophthalmus. 
In Novæ-Hollandix or occidentali (Baie des Chiens-Marins ). 


J'ai trouvé dans cette localité une jolie espèce qui m'a semblé être 
identique avec le Dorrera chrysophthalma d'Europe; elle s'est perdue au 
naufrage : je ne la mentionne ici que comme article fort curieux de 
géographie botanique. 

3. BORRERA FLAVO-GRISEA. 


B. cæspitosa grisea in Jacinias tenuissimas divisa, scutellis flavis, margine 
integerrimo. Pers, 
Borrera exilis. Ack. ex Delise. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ), ad arborum truncos. 


Cette espèce difère du borrera chrysophthalma, dont elle a le port, par 
la couleur de son thallus , ainsi que par le bord de ses scutelles, qui n'est 
pas denticulé. P. 


Pme pe menant ne 


208 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
4. BORRERA ACROMELA. 
B. cæspitosa ramosissima flavicans , ramulis apice nigricantibus. Pers, 
Borrera capensis! Déelise. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro \, ad arborum truncos. 
Ce lichen est très-voisin du borrera flavicans. MH sen distingue 
par ses ramilles plus déliées et par ses sommités frangées et noires, 
ainsi que par la surface supérieure de son thallus, qui est gris-pâle. P. 


ORDO III. — LiICHENES RAMOSI, ERECTI. 
PHYSCIA, MICcHAUX, DECANDOLLE, PERSOON. 


Acharius avoit d’abord introduit le nom de physcia pour ce groupe 
de lichens; mais ensuite il lui a substitué, on ne sait trop pourquoi , 
celui de ramalina. Michaux, dans sa Flora boreali-americana , et M. De- 
candolle, dans la Æore française, ont adopté le premier de ces noms, 
mais en y comprenant des espèces qui appartiennent à d’autres genres. 

M. Persoon, dans un mémoire inséré dans les Annales de [a société 
de la Vettéravie, vol. 2, a conservé cette dénomination générique pour 
les seules espèces qui entrent aussi dans le genre ramalina d’'Acharius. 
1. PHYSCIA FARINACEA. 

Physcia farinacea, var. attenuata. Pers, 

Ramalina farinacea. Achar, 

In insulis Mariannis (ad arborum truncos ). 

J'ai apporté de nombreux échantillons de ce lichen; il ne se rencontre 

que sur les orangers et les citronniers. 
2. PHYSCIA FASTIGIATA. 

Physcia fastigiata « calicaris! Pers, 

Ramalina geniculata. Delise, in Litt. n° 109. 

In insulis Mariannis {ad arborum truncos ). 

Cette espèce est de moitié plus petite que la précédente ; ses rameaux 
sont aussi plus comprimés. Elle croît sur le tronc des orangers et des 
vieux cocotiers. 

3: PHYSCIA MARGINATA. 

Physcia marginata. Pers. 


Ramalina complanata! Achar, 
In Brasilià ( Rio-Janeiro }, ad arborum truncos, 


BOTANIQUE. 209 
4. PHYSCIA GRACILIS. 
P. parva, ramis tenuissimis teretibus attenuatis , scutellis lateralibus. Pers. 
In Brasiliâ (Rio-Janeïro), ad arborum truncos. 
Les divisions de cette plante sont filiformes, presque capillaires : c’est, 
je crois, la plus petite espèce du genre. 
s- PHYSCIA SEPEACEA. 
P. ramis aut loris longissimis Iato-linearibus integris aut subdichotomis , 
scutellis copiosis lateralibus. Pers, 
Parmelia fastigiata! Achar. Syn. lichen. pag. 97- 
Lichen fastigiatus. Linn. 


Ramalina elongata. Delise, in Litt. n.° 132. 
In insulis Maclovianis (obtegit rupes. Alt. 150-200 hex.}). 


Cette plante est la plus remarquable du genre, par {es grandes di- 
mensions de ses lanières, qui ressemblent à de longs bras de poulpes. 
Dans l’ordre naturel des espèces, elle doit être placée à côté du physcia 
fraxinea, dont la variété  tæniaformis d'Acharius a aussi ses lanières 
étroites et alongées. Elle est garnie d’écussons analogues à des suçoirs. P. 


USNEA, ACHARIUS. 


1. USNEA CERATINA. 
U. ceratina B scabrosa. Ach, 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro }, ad arborum truncos ramosque. 


2. USNEA LÆVIGATA. 
U. trunco subarticulato, ramis elongatis dichotomis Iævibus denudatis, 
orbillis magnis subnudis ramuliferis. Pers. 
Usnea articulata. Ex Delise. 
UÜsnea mtestiniformis! Decand, FI. française. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro), ad arborum truncos. 


Cette espèce a des articulations semblables à celles de lusnea articu- 
lata, Hoff. ; mais ces articulations sont cylindriques, lisses et ne se dé- 
tachent pas. Les orbilles sont larges et presque nues sur les bords. P, 


3. USNEA! STRIGOSA. 
U. strigosa. Pers. 
Ad Caput Bonxæ-Spei (obtegit rupes ). 
Voyage de l’Uranie, — Botanique. 27 


a 


210 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


4. USNEA MICROCARPA. 
U. cespitosa, ramis densis subinflatis attenuatis, orbillis numerosis parvulis. 
Pers. 
Usnea inflata. Ex Délise. 
In insulis Sandwicensibus (ad arborum truncos. Alt, 300-400 hexap. ). 


Cette usnée a Le port d’un sphærophorum, et, si ce n’est une altération, 
elle en a aussi la couleur brunâtre. Elle forme des touffes denses dont 
les tiges principales sont un peu enflées. Les rameaux ont peu de f- 
brilles. P. 

J'ai déposé au Muséum deux variétés de cette plante : l'une d'elles, 
usnea inflata d'après M. Delise, ne diffère de l'usnea plicata var. glabrata 
d’Acharius, que par ses extrémités glabres et non pulvérulentes. 


5: USNEA COMOSA. 
U. subparva , trunco nigricante , ramis densis apice nigrescentibus , 


orbillis parvis radiatis. — An varietas vsneæ hirtæ ! etiam affinis usneæ strigosæ. 
Pers. 


In Brasïliä ( Rio-Janeiro }, ad arborum truncos. 


L'usnea comosa se trouvoit mélangée avec les échantillons de l’usnea 
ceratina var, scabrosa, dont il n'est peut-être qu’une simple variété. 


CORNICULARIA, SCHREB, et ACHAR. 


1. CORNICULARIA FLAVICANS. 
C. ramosissima, caule basi nigricante, ramis flavicantibus , ramulis et scu- 
tellarum disco nigricantibus. Pers. 
In imsulis Maclovianis ( obtegit rupes. Alt. 1 $o-200 hex. k, 


Cette grande et belle espèce diffère du cornicularia aurantiaco-atra ou 
usnea melaxantha, Achar., par sa couleur, par ses rameaux striés, ainsi 
que par ses scutelles jaunâtres en-dessous, Elle couvre les roches 
dénudées qui couronnent quelques montagnes. 

Acharius avoit, mal à propos, réuni aux usnées Île lichen aurantiaco- 


ater de Jacquin, sous le nom d'usnea melaxantha. Les usnées naïssent 
presque toutes sur les arbres; elles sont d’une couleur égale, verdâtre- 
cendré-pâle, et ont des orbilles aplaties , garnies de longs cils : elles 
diffèrent en outre des corniculaires par un filet tenace qui traverse tout 


BOTANIQUE. 211 


au long a substance solide des tiges et des ramifications. Du reste, les 
cornicularia tristis, aurantiaco-atra et flavicans, qui croissent sur des roches 
et sont redressés, doivent former une division ou un sous-genre particulier. 


Pers. 


2. CORNICULARIA ACULEATA. 
C. aculeata var. 8 spadicea. Achar. 
In insulis Maclovianis ( locis turfosis ). 


3: CORNICULARIA! CÆSIA. 
C.! cæsia. Pers. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ), ad arborum truncos. 


Cette production presque byssoïde est dépourvue de fructification. 
Elle est d’un vert foncé, composée d’expansions capillaires rameuses, à 
rameaux cylindriques dichotomes. Nous la plaçons provisoirement dans 


ce genre, à cause de sa ressemblance avec Île cornicularia pubescens , 
Acharius. P. 
SPHÆROPHORUM, PERS., ACHAR. 
1. SPHÆROPHORUM COMPRESSUM. 
S. compressum. Achar, ex Pers. 


Sphærophorum fragile. Delise. 
In insulis Maclovianis (locis turfosis ). 


Les tiges ne sont que peu comprimées. 


STEREOCAULON, SCHREB., ACHAR, 


1. STEREOCAULON RAMULOSUM. 
S. ramulosum. Achar, ex Pers. 
Stereocaulon medusinum. Delise, in Litt. n.° 22. 
In Brasilià (Rio-Janeiro, in montibus dos Orgaos. Alt. 300 hex.), 


humi crescit. 


2. STEREOCAULON DENUDATUM. 

S. denudatum. Floerke ex Pers. 

Stereocaulon nudum. Delise, in Litt. n.° 73. 

In insulis Sandwicensibus, humi crescit ( Alt. 300-400 hex. ). 
L 7 ? ns Led * 

Ce lichen n’est peut-être qu’une variété de l'espèce précédente, mais 

dans un état plus avancé. La figure que Swariz donne dans ses Lichenes 
TS 


nn eus 


Sy2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


americani, fasc. 1, tab. 14, du stereocaulon ramulosum, Wuï convient assez 
bien pour le port; mais on voit dans le nôtre, au lieu d’un thallus scabro- 
fbrillosus, des écailles un peu aplaties. Les rameaux sont dichotomes, et 
les tubercules viennent par paires sur leurs extrémités. 


3. STEREOCAULON RUBIGINOSUM. 


S. parvum, ramosissimum rubiginosum, ramis attenuatis, scutellis convexis 
nigris. Pers. 
Stereocaulon sanguineum. Delise, in Litt. n.° 72. 
Funou, 


In insulis Sandwicensibus, humi crescit ( Alt. 3-4oo hex. ). 


IH se distingue de ses congénères par une légère couleur rouge-brun ; 
mais du reste il diffère peu du stereocaulon botryoïdes. H s'est coloré en 
rouge foncé par sa macération dans l’eau de mer, et a fourni une grande 
quantité de teinture. Il croît sur [a lave en décomposition. 


CENOMYCE, ACHAR. 
1. CENOMYCE RANGIFERINA. 
C. rangiferina var. 8. alpestris. Ackar, ex Pers, 
Cenomyce sylvatica var. « pumila, Delise, in Litt. 77. 
In insulis Sandwicensibus, humi crescit ( Alt. 3-400 hex. ). 


2. CENOMYCE PYCNOCLADA. 
C. pycnoclada. Pers, 
Cenomyce rangiferina var. pycnoclada. Achar, 
Cenomyce sylvatica var. pycnoclada. Delise, in Litt. 134. 
In insulis Maclovianis {Iocis turfosis ). 


Les ramifications de cette variété sont très-touffues et non recourbées 
au sommet ; elles sont d’un blanc jaunâtre. P. 


3. CENOMYCE CRINITA. 


C. ramulis ex centro repetito - proliferis, verticillis scyphulisque termina- 
libus, radiis ongis filiformibus. Pers. 
Cenomyce crinita. Delise, in Litt. n.° 39. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro } , humi crescit. 


La couleur de cette espèce très - distincte est cendrée. On remarque 
de petites folioles blanchâtres éparses sur les tiges. P. 


BOTANIQUE. 213 


4. CENOMYCE! AUSTRALIS. 
C. australis. Pers. 
An potius cornicularia ! 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali {Port - Jackson, Montagnes - Bleues et 
ulterius }, humi crescit. 


Les branches sont courtes, comprimées, luisantes et brun-olivâtre. 
Les échantillons recueillis étoient privés de fructification. 


s. CENOMYCE PERTUSA. 
C. cespitosa, ramis brevissimis uncinatis, superficie hinc indè foraminulis 
sublinearibus pertusa. Pers 
In Brasiliâ (Rio-Janeïro ), humi crescit. 


Au premier abord, on prendroit cette espèce pour une corniculaire , 
parce qu’elle a ses tiges comprimées et de la couleur du cornicularia 
aculeata : maïs ces tiges sont creuses, lisses et percées de petits trous 
épars et ovales. P. 


6. CENOMYCE SCABROSA. 
C. caulibus pyxidatis proliferis albido - fuliginosis, superficie squamulis 
subfarinaceis scabra, scutellis fuscis. Pers. 
In insulis Maclovianis (obtegit rupes ). 


Cette espèce nous paroît suffisamment distincte du cenomyce verticillata, 
avec lequel cependant elle a de nombreux rapports. Les podetia sont 
un peu verruqueux. P. 


Nos collections renferment encore les cenomyce subuliformis , cenotea var. 
gracilis, pyxidata var. fimbriata, de Rio de Janeiro; les cenomyce gracilis , 
subulata (furcata), aggregata, pleurota var. macroscypha et disciflora , chlo- 
rophæa var. albicans, des îles Malouines; les cenomyce fibula var. « et fim- 
briata var. «, des îles Sandwich, et cenomyce bacillaris var. decolorans (c. 
sordida, Bory ex Delise), de la Nouvelle-Galles du Sud. Cette dernière 
espèce se distingue par ses tubercules fructifères, qui, sur des individus 
différens, sont rouges, bruns, et tout-à-fait noirs. 

Considérant que toutes ces espèces offrent de nombreuses variétés, 
que les variétés elles-mêmes se modifient à l'infini; jugeant d’ailleurs les 


214 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


échantillons trop peu nombreux et en trop mauvais état pour être dé- 
crits, M. le docteur Persoon s’est borné à les déterminer autant qu'il 
étoit possible de le faire, et a judicieusement préféré de laisser cette petite 
lacune dans son travail, plutôt que d’y introduire, avec doute, des 
noms nouveaux superflus et embarrassans pour la science. 

Nous déposons d’ailleurs au Muséum tous ces échantillons , ainsi que 
le setigera paradoxa, P., de Rio de Janeiro (n.° 30); Ie Jepraria! incana! 
de Rawak { n.° 52), qui sont dans le même cas, et plusieurs productions 
lichénoïdes, telles que le variolaria vel isidium des îles Malouines, &c. 


CÆNOGONIUM, EHRENSB., Hume., BONPL. et KUNTH, F£E, PERS, 


1. CÆNOGONIUM CONTROVERSUM, 
C. controversum. Pers, 
Cænogonium Linki, Ekrenbergh in nees ab Esenbeck Horæ phys. Berol. pag. 120, 
tab. 27; Kunth, Syn. plant. æquinoct. I, pag. 15; Fée, Methodus lichenum, 
pag. 63, tab. 2. 
In Brasilià insulisque Mariannis. 


IL est très-commun dans l’une et lPautre de ces localités. Dans la 
première, on ne l'a rencontré que sur les vieux murs humides, et par- 
ticulièrement sur ceux de laqueduc du Corcovado, à la naissance de 
ce conduit; dans les Mariannes, au contraire, ce n’est qu'aux arbres 
qu'on trouve cette singulière production. C'est avec les échantillons re- 
cueillis dans ce dernier lieu, que M. Agardh a décrit le conferva arborum, 
qui est d'un vert plus foncé, tapisse la surface de l'écorce des arbres, 
a des articulations plus courtes, et sur lequel je n'ai jamais pu trouver 
de scutelles. 

Ce végétal paroît être assez répandu dans toutes les Indes, où il croit 
sur le tronc, les rameaux et Îles feuilles de différens arbres et arbustes : 
il s'attache également aux roches et aux vieux murs. 

Les botanistes ne sont pas tout-à-fait d'accord touchant la famille de 
plantes à laquelle on doit le réunir. Quelques-uns (M. Agardh, &c.) l'ont 
placé parmi les conferves ; d’autres ( MM. Kunth, Ehrenb., Fée, &c.) le 
regardent comme appartenant aux lichens, à cause de fa fructification., 


BOTANIQUE. 215 
qui présente exactement la forme des scutelles lichénoïdes : mais ces 
sortes de scutelles ne reposent pas sur un #hallus crustacé, calcaire ou 
caulescent. 

Cependant on trouve une espèce à-peu-près analogue dans le /ecidea 
gossypina de Swartz (Lichen. americani, tab. 1), que l'auteur caractérise 
par la phrase suivante, allo imbricato, molli pulveraceo utrinque tomentoso 
albido, laciniis rotundatis inciso-crenatis, apotheciis nigris, d’après laquelle 
ce lichen a du moins le port des autres, et dont la base ou noyau du 
thallus est pulvéracé. 

Si lon vouloit mettre cette plante dans la famille des champignons, 
et en particulier dans le genre peziza, à cause des cupules, ce ne seroit 
point un classement forcé; car, parmi ces peziza, il y a une division 
toute entière qui comprend des espèces à base ( swbiculum) byssoïde ; 
tels sont les peziza testacea, flexuosa, &c. (Pers. Mycologia europæa, 1, 
pag. 274 ), qui croïssent sur la terre, et ressemblent, au premier abord, 
à quelques lichens du genre /ecidea, P. ; 


HEPATICÆ, Jussieu. 


Nous ne craignons pas d'assurer qu'il en est des hépatiques comme 
des champignons, des lichens et des mousses, c'est-à-dire, que ces 
plantes sont très-nombreuses en espèces sur tout le globe, quoique pour- 
tant elles ne paroiïssent presque pas dans Îles régions équatoriales, 

Nous n'avons négligé, dans le cours de notre voyage , aucune des pro- 
ductions végétales, parce que toutes nous ont paru dignes d'un égal in- 
térêt. Mais, il faut aussi le dire, je suis loin de m'être livré spécialement 
à la recherche des hépatiques ; et cependant mes collections en plantes 
de cette famille ne comprenoient pas moins de $$ à 60 espèces ; nombre 
trop considérable sans doute, puisque on a cru pouvoir en rattacher 
plusieurs, directement ou indirectement, à titre de variétés, à certaines 
espèces primitives. 

En effet, quoique recueillies dans diverses localités, elles offrent 
entre elles beaucoup d’analogie. De ce nombre sont les jungermannia 


PR —< 


216 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


transversalis et tamarisci; les marchantia polymorpha, polychnemos, cheno- 
poda, hirsuta, L. Nous n'avons, il est vrai, visité que des points isolés 
et très-circonscrits de chacune de nos relâches, et en général près des 
rivages, lieux où la végétation a le plus d'activité, et qui sont ainsi peu 
favorables au développement des hépatiques. Qu'on joigne à cela leur 
ténuité générale, qui souvent les fait échapper à la vue, &c., et l'on ne 
tardera pas à revenir de l'erreur dans laquelle les premiers voyageurs 
avoient pu plonger les naturalistes sur ce point de la science. Cette 
vérité reconnue, nous conviendrons que les espèces sont peut-être moins 
communes, moins nombreuses en individus dans les pays intertropi- 
caux que dans nos climats. Nous pensons en avoir suflisamment ex- 
pliqué les raisons à l'article Lichenes, 

Les hépatiques terrestres exigent, pour se développer, un terrain ferme 
ou des roches humides; et lon sait qu'elles abondent particulièrement 
sur le sol compacte qui avoisine ou borde les rivières, les ruisseaux, &c., 
de nos régions tempérées. 

D'après cela, il devient inutile de répéter que ces mêmes espèces 
doivent manquer ou être fort peu nombreuses dans les pays équatoriaux, 
dont la surface est continuellement remuée par une végétation forte et 
envahissante. Aussi, à l'exception de quelques marchantia et authoceros 
recueillis surles hautes montagnes de l'Ile-de-France, des îles Mariannes, 
des îles Sandwich et du Brésil, les hépatiques de ces localités sont- 
elles toutes parasites. : 

Si Les botanistes ne connoissent pas d’une manière positive la nature 
des organes de la fructification dans les hépatiques, il résulte au moins 
de leurs savantes recherches sur ces plantes, que les marchantia parti- 
culièrement se reproduisent de plusieurs manières, soit par sporules, 
soit sur-tout par gemmes ou bourgeons fibres. Ces derniers paroissent 
provenir d'une sorte de vitalité exubérante du tissu cellulaire, et consé- 
quemment d'un excès de la matiere verte dans quelques points des expan- 
sions foliacées de ces végétaux : de là sans doute leur abondance et leur 
étonnante dissémination sur Îe globe. 

Il suffrra de citer quelques exemples choisis parmi les hépatiques de 
nos collections. Le marchantia polymorpha, profusément répandu en Europe 


à 


mn a 


D 


! 
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BOTANIQUE. 217 
et que nous avons trouvé aux îles Malouines, situées dans Îles régions 
déjà froides de l'hémisphère austral ; le marchantia polychnemos , également 
très-commun au Brésil, aux îles Malouines et aux iles#Variannes; le 
jangermannia transversalis, recueilli à Rio de Janeïro, aux îles Mariannes 
et aux Îles Moluques ; enfin le jungermannia tamarisci, qui abonde dans Îes 
trois dernières localités, ainsi qu'aux îles Sandwich, à plus de 300 toises 
d'élévation (1); ce qui semble prouver que cette espèce a des limites 
beaucoup plus reculées que toutes ses congénères. 


JUNGERMANNIA, ZINn, 


1. JUNGERMANNIA LAGENIFERA. 
J. caule procumbente vagè ramoso, foliis subrotundis acutiusculis , auri- 
culis ovato-acuminatis curvulis, stipulis ovatis bifidis. Srawæg. 

Habitu similis jungermanniæ pallenti, Swartz, Flor. Ind. occid. ; sed differt pallens 
et auricularum defectu et magnitudine majore. Folia serrata, verticalia, non imbricata, 
integerrima. Stipulæ cauli adhærent, et pardm nectuntur cum folio; lagenulæ curvi- 
collis formam habent, sed non clausæ sunt, tanthm turgidæ, hinc convexæ, iinc 
concavæ; quare ad jungermanniæ platyphyllæ potiùs quam ad temarisci familiam 
pertinet. Schwæg. 


In insulis Mariannis. 


2. JUNGERMANNIA TRANSVERSALIS. 
J. transversalis var. & minor. Schwæg. 
In insulis Mariannis. 


3: JUNGERMANNIA TAMARISCI. 
J. tamarisci var. @ minus ramosa. Schwæpg. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


4. JUNGERMANNIA FILICINA. 
J. filicina var. 8 foliis subintegerrimis. Schwæg. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeïro ). 


(1) L'observation a depuis long-temps établi les rapports qui existent entre les productions 
naturelles de quelques régions élevées des terres tropicales, et celles de certaines latitudes, 
Ne pourroit-on pas en déduire une loi d’après laquelle (dans un hémisphère au moins) une 
hauteur donnée équivaudroit à une latitude, et conséquemment à un climat aussi donné, et 
vice versé De quelle utilité seroit une carte tracée d’après ces principes , sur les seuls exemples 
que nous pouvons citer‘ 


Voyage de l’Uranie. — Botanique. 2 8 


RU D 


js 


218 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


s: JUNGERMANNIA ADIANTOÏDES. 
J. adiantoïdes var. 8 latifolia. Schwæg. 
In BFäsilii (Rio-Janeiro). 


6- JUNGERMANNIA SPHAGNI. 
J. sphagni var. minor. ScAWæg. 
In insulis Sandwicensibus. 


7. JUNGERMANNIA DICHOTOMA. 
J. dichotoma. Swartz, Flor. Ind. occid. 
Diversa à furcatä contra Weberum in Hist. musc. hepat. Schwag. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro). 


8. JUNGERMANNIA SERRULATA. 
J. serrulata var. 8 major, Schwæg. 
In Brasil {Rio-Janeïro). 


Les autres espèces bien distinctes sont les jurgermannia stolonifera des îles 
Sandwich; platyphylla , capilligera , sinuata et phyllanthos , de Rio de Janeiro; 
connata, de Pisang; serpyllifolia, des îles Mariannes; fransversalis, des iles 
Moluques; spinulosa et stereocaulis, des Îles Malouines. 


MARCHANTIA, ZINN, 


1. MARCHANTIA PLATYCNEMOS. 
M. receptaculo semineo multifido ; faciniis cuneïiformibus, fronde pedun- 
culum superante Îineari dichotoma porosa. Srhwæg. 
In insulis Mariannis, Maclovianis et in Brasilià { Rio-Janeiro). 


Marchantiæ androgynæ jamaïcensis iconem dillenianam quoad frondes exactè 
refert; sed receptaculo fisso, non lobato et habitu frondis teneriore, junger- 
manniæ hypophyllæ fronde vix crassiore, à dillenianä illâ, et vero etiam ab 
exemplis Swartzianis jamaïcensibus, valdè differt. Frondis margines inæquales , 
prominentiis minutissimis distincti, nec tamen crenati. Frondes unciam sesquial- 
teram aut binam Iongæ. Pedunculus semiuncialis. Schwæpg. 


2, MARCHANTIA POLY MORPHA. 
M. polymorpha 8 radiis brevioribus. Schwæg. 
In insulis Maclovianis. 


Cette belle marchantie, trouvée en pleine floraison, offre des expan- 


BOTANIQUE. 219 


sions foliacées à lobes vert-foncé ondulés sur les bords : elle est chargée, 
à sa surface supérieure, de petits points glanduleux, blanchâtres. 


Les fleurs femelles (1) partent d’une sorte de petite rosette calicinale 
foliacée, sessile; elles sont en ombelles longuement pédicellées, mar- 
quées en-dessus de neuf côtes rayonnantes, terminées au bord par autant 
de lobes. En-dessous et entre chacun de ces lobes, se trouve une loge 
longitudinale, du centre à la circonférence, formée de deux membranes 
tégumentaires parallèles, minces, diaphanes, jaune-paille, qui renferment 
de trois à six fleurons (2), tous fertiles, fixés au centre et couchés entre 
les tégumens. Ces fleurons sont eux-mêmes composés d’une sorte de 
calice campaniforme, à quatre divisions à-peu-près régulières , d’une tex- 
ture très-délicate, blanc-diaphane. Ce calice renferme un sac ovulaire(3), 
longuement pédicellé, verdâtre, entier et ovoïde avant la fécondation, 
mais qui se déchire irrégulièrement au sommet pour donner passage aux 
séminules, Ces derniers corps ont l'aspect de poussière jaune très-ténue ; 
vus au microscope, ils ont paru former de petites coques diaphanes, 
sphéroïdes, marquées d’un point noir et d’une sorte de cicatricule brun- 
clair (4) ; ils sont fixés par le point noir sur des filamens nombreux, très- 
ténus, laineux ou SOyeux, articulés, et doués d’un mouvement contractile 
qui paroît se perpétuer jusqu'au moment de l'entière dessiccation de Îa 
plante (5). 

Les origomes (6) sont sessiles: ils offrent des espèces de cônes ren- 


versés en forme d’entonnoir très-évasé , sessile, disséminés à la surface 


(1) Linnæus et presque tous les botanistes, jusqu'à Hedwig, les ont prises pour les organes 
mâles. Je partageois cette erreur en décrivant cette plante ; mais Hedwig a démontré que ce 
sont les organes femelles. 

(2) Je les prenoïs pour les étamines :en effet, les séminules ont la forme, 
sieurs des propriétés du pollen, 

(3) Masse pollinique ! 

(4) Il y a beaucoup d’analogie entre ces corps globuleux et ceux qu 


la couleur et plu- 


e nous avons observés 


dans le polyphysa, Voyez pag. 160 et 161. 
(5) Dès qu'on échauffe ces filamens ou qu'on les humecte par 
reprennent quelque temps encore leurs mouvemens contractiles. 
(6) Gaertner ne reconnoit pas ces organes pour être ceux de la génération. IT pense que ce 
sont des bourgeons. M. de Mirbel leur a conservé le nom d’origoma, donné par Necker. 


Je Les avois décrits comme organes femelles des marchantia. 
2* 
28 


les vapeurs de lhaleine, ils 


ot nan; 


SES de ss 


220 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

des folioles : ils se composent d’une membrane brunâtre, mince, réti- 
culée, divisée au sommet en 25 dentelures qui, vues au microscope, 
sont elles-mêmes denticulées; cette membrane se termine inférieurement, 
au point qui lui sert d'insertion avec la marge de la foliole, par un 
ctranglement qui communique avec un sac oblique, situé dans l'épaisseur 
du tissu cellulaire. Ce sac contient de nombreux gemmules verts de 
forme lenticulaire (propagines et bulbilles, Decand.). 

Tous ces corps, encore renfermés dans le sac inférieur (j'en ai ouvert 
un très-grand nombre), étoient à bords arrondis, régulièrement marqués 
de deux échancrures légères, opposées; tandis que plusieurs de ces 
mêmes corps, expulsés depuis un certain temps des cavités par l'effet 
mécanique de leur renflement, se sont montrés lobés, quelques - uns 
même épanouis en expansions foliacées, non tout-à-fait semblables à 
celles de la plante qui les produit, mais cependant fort analogues, et 
de manière à ne laisser que peu de doute sur ce mode remarquable de 
reproduction dans les marchantia (1). 

J'ai publié textuellement mes notes sur le marchantia polymorpha, en 
signalant les différences observées et en rectifiant les erreurs que j'avois 
commises dans la description des organes sexuels de ces plantes. 

Mais je dois dire que, tout en admettant les belles expériences de 
Hedwig sur les sexes des hépatiques, je ne saurois considérer comme 
parties accidentelles ces origomes nombreux , munis d’une enveloppe 
calicinale uniforme, et figurant si bien des fleurs femelles. Je terminerai 
par une remarque qui paroîtra sans doute digne d'attention; c’est que 
les origomes du marchantia polymorpha des îles Malouines sont iden- 
tiques avec les origomes du #archantia polymorpha d'Europe. Or, si ces 
organes n’étoient qu'accidentels, s'ils ne provenoient que d’un dérange- 
ment dans le tissu cellulaire, il est probable que ce dérangement ne se 
feroit pas d’une manière aussi régulière, dans le Nord et dans le Sud , par 
le cinquante-deuxième degré comme par le quarante-cinquième, Au reste, 
nous nous proposons de suivre encore le développement de ces parties 
avant d’asseoir notre jugement, et d'étudier par nous-mêmes les organes 
mäles que conséquemment nous n’aurions jamais vus. 


(1) On savoit depuis long-temps que ces corps étoient reproducteurs, 


BOTANIQUE. Æx I 
Les marchantia hirsuta, de Rio de Janeiro et des îles Sandwich, chenopoda, 
du Brésil, et une autre espèce de Ia Nouvelle-Galles du Sud, font encore 
partie de notre collection. Deux anthoceros aussi avoient été le fruit de mes 
recherches : l’un, de lHe-de-France , sur la montagne du Pouce ; l'autre, 
des îles Sandwich, dans les régions nuageuses des montagnes, avec le 
marchantia platychnemos. Cette derniere espèce avoit les fructifications 
capillaires d’une très-grande ténuité. Je les ai perdues toutes les deux. 


MUSCI, JUSssIEU. 


Nos collections en plantes de cette famille étoient très-nombreuses : aussi, 
malgré les rapprochemens qui ont été faits entre des espèces provenant 
de localités différentes, malgré toutes celles que nous avons perdues aux 
îles Malouines, nous reste-t-il encore cinquante et quelques mousses, 
déduction faite des variétés qu’elles présentent. Elles sont distribuées de la 
manière suivante : Rio de Janeiro, 1 s ; îles Sandwich, x 1 ; iles Mariannes, 
8 ; îles Moluques et de la Nouvelle-Guinée ( Pisang et Rawak), 7; Nou- 
velle-Hollande au Port-Jackson, 6 ; îles Malouines, 6: total 53. 

L'Ile-de-France nous en avoit fourni une douzaine d'espèces; mais 
nous n’en avions pas observé une seule à Gibraltar, à Ténériffe et au 
Cap de Bonne-Espérance, ce qu'il faut attribuer au peu d’étendue des 
courses que nous avons faites dans ces lieux. Îl en a été de même à la 
baie des Chiens-Marins, où cependant nous nous sommes livrés, mais 
sans succès, à la recherche particulière des cryptogames. Mais, je dois 
le répéter ici, la nature, tout en donnant aux végétaux de ce pays un 
caractère d'originalité qui leur est propre, s'y est montrée avare de ses 
dons en ce genre, bien plus que par-tout ailleurs. Aussi, à peine trouve- 
t-on sur cette terre aride, pour toutes cryptogames , deux ou trois misé- 
rables productions lichénoïdes des plus ténues, et pour ainsi dire mi- 
croscopiques. 

Il seroit cependant très-intéressant pour la science de se procurer des 
mousses, des champignons, des fougères, &c., de ce pays. Nul doute 
qu'on ne découvrit dans les organes de la reproduction de ces plantes 
mille faits nouveaux et fort curieux, comme nous en ont révélé presque 
toutes les fleurs des plantes phanérogames. 


222 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Nous ne. saurions donc trop recommander aux officiers de santé de 
la marine, comme aux naturalistes que le hasard porteroïit dans ces pa- 
rages, de faire tous les efforts possibles pour aller explorer, hors de la 
presqu’ile, les lieux humides qui existent sans doute sur quelques points 
en face du havre Henri-Freycinet où du havre Hamelin. Nous leur 
promettons, pour prix de leur zèle, de nombreuses richesses, d'abon- 
dantes nouveautés. 

Les mousses de Timor ont été perdues dans notre naufrage , ainsi 
que les hépatiques, les algues et plusieurs autres productions de cette ile. 

C'est M. Schwægrichen, l’un des muscologistes les plus distingués de 
l'Europe, qui s'est chargé de la détermination des mousses de notre 
voyage. Mais nous n'avons pu lui envoyer que des échantillons très- 
exigus , presque tous privés de fructifications, et plus ou moins altérés 
par l’action de l'eau de mer. Aussi ce savant, qui nous a fait parvenir, 
pour ainsi dire courrier par courrier, le catalogue complet de ces plantes, 
accompagné de beaucoup de phrases spécifiques, conservoit-il des doutes 
sur l'identité parfaite de quelques-uns des individus soumis à son examen. 

Peu après, M. Walker-Arnott, à qui nous nous sommes empressés 
de communiquer notre herbier, a bien voulu Île mettre en ordre et 
l'enrichir de notes nombreuses et intéressantes. : 

Depuis ce temps, ce même savant a publié son ouvrage sur la dispo- 
sition méthodique des espèces de mousses, dans lequel il a fait entrer, avec 
qu 
n'indique p 
de renseignement, je vais donner ici le catalogue de M. Schwægrichen, 
en indiquant les modifications et les synonymes adoptés depuis par fui et 
par M. Walker-Arnott. 

Relativement aux différences qui existent dans la nomenclature de 
ces deux naturalistes, et lorsque ces différences ne tiennent pas aux 
opinions systématiques, à celle, par exemple, qui fait envisager à l’un 
comme un #acromitrium ce qui est Un orthotrichum aux yeux de l'autre, 
je dois déclarer que je ne connoissois pas une seule mousse exotique, 
ue j'ai fort bien pu en laisser plusieurs espèces distinctes sous la même 


elques changemens, celles que nous avons recueillies. Mais comme il 
as les localités, et que j'attache un très-grand prix à ce genre 


E | 


dénomination , et causer par-là les plus graves erreurs : ce qui le prouveroit, 


BOTANIQUE. 223 
c'est que M. Walker-Arnott en a séparé un assez grand nombre. Ainsi 
il a retiré du macromitrium piliferum, Schwæg. (orthot. piliferum, W.-Arn.) 
lorthot. lanceolatum, W.-Arnott; et que les calymperes palisoti et macro- 
mitrion urceolatum ( orthot. urceol. W.-Arnott ), lui ont offert des espèces 
et des variétés distinctes. Moi seul je serois donc coupable de ces erreurs; 
aussi je n'hésite point à en prendre toute la responsabilité. 

Après cette déclaration faite avec franchise, je ne balancerai plus à 
donner comme article de géographie botanique le catalogue des mousses 
qui composent encore ma collection, laissant à MM. Schwægrichen, 
Walker-Arnott et autres naturalistes qui s'occupent de l'étude spéciale 
de ces êtres, le soin de les décrire avec détail et de les publier dans 


leurs savans ouvrages. 


SPHAGNUM, ZinN., HEDW., KOOK. 


1. SPHAGNUM ACUTIFOLIUM. 
S. acutifolium. Schwægrichen, Walker-Arnott, Disposit. méth. des mouss. Mém. 
de la Sociéte d’hist. nat. de Paris, 1825, pag, 6. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 


2. SPHAGNUM ACUTIFOLIUM. 
S. acutifolium + tenellum. ScAwæg. 
In insulis Maclovianis { turfosis ). 


ANICTANGIUM, Porr., Hook.; AN ÆCTANGIUM, HEbw. 


1. ANICTANGIUM CILIATUM. 
À. ciliatum. Hedw. 
Schistidium ciliatum. Prid, 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson ). 


CALYMPERES, Sw4rTz. ; CR Y PHIUM, BEAUV. 


1, CALYMPERES PALISOTI. 
C. palisoti. Schwæg. 
C, palisoti « moluccense! Schwæg. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


2. CALYMPERES AFZELII. 
C. caule simplici Jongiusculo, folits Iinearibus marginatis serratis recurvis 
magnitudine et caule non subnullo, ut foliis pedicello brevioribus diversum 


à calympere lonchophyllo. Sckwæg. Suppl. musc. T, 2. 


Éd 


224 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ma 
. 


C. afzelii. Swartz et Schweæg. in Litt. priore. 
Syrrhopodon albovaginatus. Sc4wæg. in Litt. alterä. 
Calymperes. albovaginatum, Wa/ker- Arnott in Litt. et in Disposit. méth. , Paris, 
182$, pag. 14. 
In insulis Moluccis (Rawak ). 


MACROMITRION, Pr1D,, SCHW. 


. MACROMITRION PILIFERUM. 


M. caule repente ramis erectis, foliis Janceolatis erectis; summis et calypträ 
piliferis. 

Foliis longis et angustis : calycinis et superioribus rameïs mox pilo mox 
cuspide colorato, folium longitudine æquante aut superante à paucis macro- 
mitriis calyptrâ pilosâ instructis distinguitur. Schwæg. 

M. piliferum. Schwæg. 
Orthotrichum piliferum. Walker- Arnott, pag. 16. 
Orthotrichum fanceolatum. 74, pag. 17. 
Runou. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 300-400 hexap. ). 


+ MACROMITRION URCEOLATUM. SrhWæg. 


M. urceolatum. Schwæg. 
Orthotrichum urceolatum. Hvok, Walker-Arnott , pag. 16. 
In insulis Mariannis. 


TRICHOSTOMUM, HEDw., Ho0Kk. 
TRICHOSTOMUM PALLIDUM. 
T. pallidum. Schwæg. 
Didymodon pallidus vel strictus. Beauv., Walker-Arrott, pag. 36. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


. TRICHOSTOMUM LANUGINOSUM. 


T. fanuginosum. Schweg., Walker-Arnott, pag. 22. 
In insulis Maclovianis, 


. TRICHOSTOMUM UMBELLATUM. 


T. umbellatum , caule erecto longissimo, foliis Janceolatis, piliferis, floribus 
et fructibus congestis terminalibus- 

Simillimum thysanomitrio Richardi, Suppl. musc. I, 2 , sed peristomio di- 
versum. Operculum et calyptra haud suppetunt. Caules 3-4 uncias longi 
penicilliformes, pedicelli semunciales curvati. Scwæp. 

Thesanomitrion umbellatum. Walker-Arnott, pag. 34. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-450 hexap. ). 


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(4 
Î 
Î 


BOTANIQUE. 225 


WEISSIA, ÆEDWw. 
1. WEISSIA LEPTOCARPA. 
W. caule virgato fastigiato, foliis oblongis nervo cuspidatis apice dentatis, 
capsulâ tereti substriatä. Schwæg. 
Leptotheca gaudichaudi. Schkwæg. 
Bryum gaudichaudi. Wa/ker- Arnoët, pag. 47. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ( Port-Jackson). 


| DICRANUM, HEDW., SWARTZ, , 
1. DICRANUM STRICTUM. 
D. strictum, Sckwæg. in Lit, priore. 
Didymodon gracile var. 8 robustum. Ævok4. 
Thesanomitrion! gracile. Wa/ker-Arnott, pag. 34. 
In insulis Maclovianis. 


2. DICRANUM GLAUCUM. 
D. glaucum « australe. Schi eg. 
In insulis Sandwicensibus. 


3. DICRANUM MEGALOPHYLLUM. 
D. megalophyllum. Brid,, Walker- Arnott, pag. 29. 
D. glaucum « australe. Sckwæg. in Litt. priore. 
Sphagnum javense. Schwaæg. ex Walker-Arnott, ibid. 
In Brasilià (Rio-Janeiro). 
4. DICRANUM BILLARDIERI. 
D. billardieri. Schwaæg., Walker-Arnott, pag. 31. 
Dicranum starkei! var «. Walker-Arnoît, ibid. 
In Novæ-Hollandiæ or4 orientali { Port-Jackson ). 


$- DICRANUM PURPUREUM. 
D. purpureum. Sckwæg, 
In insulis Maclovianis. 


6. DICRANUM FLEXUOSUM. 
D. flexuosum var. minor, Schwæg. 
Thesanomitrion flexuosum. Wa/ker-Arnott, pag. 33. 
In insulis Maclovianis. 


SYRRHOPODON. 


1. SYRRHOPODON INVOLUTUS. 
S. caule subramoso , foliis fastigiatis linearibus solidinervibus tortilibus ; 
marginibus involutis, operculo plano longirostri, 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 29 


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226 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


b 


. OCTOBLEPHARUM ALBIDUM. 


. BRYUM ARGENTEUM. 


Simile calymperi Gardneri ( ÆHook, Musc. exot.) à quo differt peristomio, et 
foliis vix serratis. Folia firma et rigidula : sed cellulis prægrandibus et axis 
sphagnorum similia. Capsula oblonga, calyptra subcampanulata, fatere fissa, 
capsulam ad basin usque amplectens. Dentes (sedecim paria) , capsulæ di- | 
midio diametro breviores. Srhkwæg. 

Cynodontium involutum. Schwæg. in Lit. priore. | 
Weissia involuta. Walker-Arnott, pag. 26. | 
In insulis Moluccis ( Rawak ). 


. SYRRHOPODON RIGESCENS. 


S. rigescens. Schwæg. in Litt. alterà. 
Dicranum glaucum & major. Schwæg. in Litt. priore. 
Weïssia glauca. Wa/ker-Arnott, pag. 0. 

In insulis Martannis. 


. SYRRHOPODON GLAUCUS. 


S. glaucus. Schwæg. in Litt. alterà et nov. Spec. musc. suppl. 

Dicranum glaucum! Schw, in Litt. priore. 

Didymodon sphagnifolius. Æ00k, Walker-Arnott, pag. 35. 
In insulis Moluccis ( Rawak }. 


OCTOBLEPHARU M. 


O. albidum. Schwæg. ex Walker-Arnott, pag. 14. 
Dicranum glaucum. Schwæg. in Litt. priore. 
In insulis Mariannis. 


FÜUNARIA, HEDW, 


:: FUNARIA HYGROMETRICA: 


F. hygrometrica. Schwæg., Walker-Arnotr, pag. 42. 
In Novæ-Hollandiæ orà oriental { Port-Jackson ). 


BRYUM, ZLinw,, Hook, 


B. argenteum. Schwæg. | 
B. lanatum! Walker-Arnott, pag. 4$: | 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


. BRYUM BARTRAMIA. 
B. bartramia. Schwæg. 
B. bartramioïdes. Æook. 
In insulis Sandwicensibus. 


me 


4. 


BOTANIQUE. 227 
MNIUM, ZrINwN. 


. MNIUM ERYTHROCAULON. 


M. erythrocaulon 8 minus. Schwæg, 
Bryum erythrocaulon. Wa/ker- Arnott, pag. 44. 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


- MNIUM AUBERTII. 


M. aubertii var. angustifolia. Schwaæg. 
Bryum aubertit. Brid., Walker-Arnott, pag. 44. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 


. MNIUM GIGANTEUM. 


M. caule simplici præalto (4-6 poll. ), folïis patentibus ovatis integer- 
rimis : terminalibus stellatis. Sckwæg. 
M. giganteum. Srhwæpg. 
Bryum giganteum. Walker-Arnott, pag. 44. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 300-400 hexap. ). 


MNIUM ROSTRATUM. 

M. rostratum. Srhwæg. 

Bryum rostratrum. Wa/ker-Arnott, pag. 45. 
In Brasiliä { Rio-Janeiro). 


FABRONIA, RADD1. 


. FABRONIA! MARIANNA. 


F.! decumbens subramosa, ramis compréssiusculis, folis lineari-Janceolatis 
solidinervibus serratis subdistichis obscurè viridibus. Schwæg. 
Bartramia uncinata. Schwæg. 
In insulis Mariannis. 


PTEROGONIUM, SCHWÆG. 


. PTEROGONIUM FULGENS. 


P. fulgens. ScAwæg. 
P. aureum. Pridd, 
In Brasilià {Rio-Janeiro ). 


LEUCODON, ScCAWÆG:. 


. LEUCODON PALLIDUS. 


L. capsulä ex ovato cylindricä, inclinatä, pellucidä; Sporangidio seu semi- 
num conceptaculo exactè ovato , vix duas tertiasve partes capsulæ replente. 


29* 


228 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Peristomii dentes rufi, rigidi, rudes, crassi, irregulariter et transversè sulcati 
et à longitudine fissi, ut alit bifidi, alït subintegri, alii basi fissuris seu lacunis 
binis, apicem dentis non attingentibus, pertusi reperiantur. Ramulorum su- 
prema folia, ut et ipsius perichæii folia, pilo albicante instructi. Schwæg. 
L, pallidus. Æ0ok, Musc. exact. observ. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


NECKERA, HEDW. 
1. NECKERA UNDULATA. 


N. undulata. Schwæg. 

Neckera intermedia. Shwæg. 

Daltonia intermedia. Wa/ker-Arnott, pag. 54. 
In insulis Mariannis. 


HOOKERIA, SMITH, 
1. HOOKERIA FLABELLATA. 
H. flabellata. Schwæg. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-450 hexap. ). 


HYPNUM, LrNN., HEDW., SMITH. 
1. HYPNUM TAMARISCINUM. 
H. tamariscinum. Schwæg. 
Hypnum proliferum. Walker-Arnott, pag. 64. 
In insulis Sandwicensibus { Alt. 300-400. hexap.). 


2. HYPNUM ROTULA. 
H. rotula. Srhwæg. 
H. tamariscinum. Sckwæg. in Litt. priore. 
Hookeria rotula. Walker-Arnotr. 
In Brasilià (Rio-Janeiro). 


3. HYPNUM PLANUM. 
H. decumbens subpinnatum longissimum , foliis bifariam imbrieatis ovatis 
ë nervibus serrulatis, pedicello capillari Iongo, operculo brevi conico. 
Species omnibus partibus parva et tenera est Aypnum Richardi, Suppl. 
musc. I, 2 ; sed valdè ramosa et Iongè Jatèque super Iocum natalem sparsa. 
Schwæg. 
H. planum. Schwæg., Walker- Arnott, pag $9. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


4. HYPNUM SCATURIGINUM. 
H. scaturiginum. Scawæg., Brid., Walker-Arnott, pag. so. 
In insulis Mariannis. 


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| 
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[. 
| 


BOTANIQUE. 229 
HYPNUM DELICATULUM. ; 
H. delicatulum. Srhwæg. - 
Hypnum proliferum. Linn., Hook., Walker-Arnott, pag. 64. 
In insulis Mariannis Moluccisque (Rawak}), nec non in Brasiliä (Rio- 
Janeïro ). 


PR 
. 


Fm 


HYPNUM RECURVANS. 
H. recurvans, Schwæg., Walker-Arnott, pag. 68. 
In insulis Mariannis. 


7. HYPNUM CUPRESSIFORME. 
H. cupressiforme. Schwæg., Walker-Arnott, pag. 68. 
In insulis Mariannis. 


8. HYPNUM PATULUM. 
H. patulum. Schwæg., Walker-Arnott, pag. 67. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 


9. HYPNUM PENTASTICHUM. 
H. pentastichum. Brid., Schwæg., Walker- Arnott, pag. 61. 
In Brasil (Rio -Janeiro ). 


Pi 


10. HYPNUM CIRRIFOLIUM. 

H. (minutum) repens ramosissimum, foliis bifariam imbricatis ex ovato 
longissimè acuminatis enervibus concavis , pedicellis mediocribus erectis. 
Schwag. 

H. cirrifolium. Sckwæg. in Litt. 
Hookeria cirrifolia. Foliis undique insertis ovatis longè acuminatis valdè concavis 
enervibus. Walker-Arnott, in Litt. 

In insulis Moluccis { Rawak). 


11. HYPNUM SPINIFORME. 
H. spiniforme. Scawæg, Walker-Arnott, pag. 66. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro.) 


12. HYPNUM CUSPIDIGERUM. 
H. repens; ramis vagis subcompressis, foliis ovatis concavis nervo-Cuspidatis 
integerrimis. Caulis ubique longos radicularum fasciculos exserit. Folia ferè 
sunt leptostomi. Srhwæg. 
H. cuspidigerum. Sckwæg. in Litt. priore. 
H. tomentosum. Srhwæg. ex Walker-Arnott, pag: 57: 
Hookeria tomentosa var. subintegrifolia. 74. pag. 57 et 58. 
In insulis Sandwicensibus. 


230 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


13. HYPNUM MINUTULUM. 
H. minutulum. Schwæg., Walker-Arnott, pag. 64. 
In insulis Moluccis ( Pisang ). 


14. HYPNUM ADUNCUM. 
H. aduncum. Scawæg., Walker-Arnott, pag. 68. 
În insulis Maclovianis. 


LESKEA, SPRENG., HEDW. 


1. LESKEA FLEXILIS. 
L. flexilis. Schweg. 
Hypnum flexile. Walker-Arnott, pag. 60. 
Ruuou. 


In insulis Sandwicensibus { Alt. 350-450 hexap. ). 


2. LESKEA CESPITOSA. 
L. cespitosa. Srhwæg. 
Hypnum cespitosum. Walker- Arnott, pag. 62. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


3. LESKEA PUNGENS. 
Leskea pungens. Sckwær. in Litt. priore. 
Hypnum aduncum. Schwæg. in Litt. priore. 
Hypnum pungens. Walker-Arnott, pag. 66. 
In insulis Sandwicensibus { Alt. 300-400 hexap. ). 


4. LESKEA VARIA. 
L. varia. Schwæg, 
Hypnum varium. Walker-Arnott, pag. 63. 
In Brasiliä (Rio-Janeiro). 


POLYTRICHUM, Hespw. 


1. POLYTRICHUM TORTILE. 
P. tortile. Scawæg, Walker-Arnott, pag. 72. 
In insulis Sandwicensibus ( Aît. 300-400 hexap.). 


+ POLYTRICHUM JUNIPERINUM. 
P. juniperinum. Æ00k., Schweg., Walker-Arnott, pag. 70. 
In Novæ-Hollandiæ or orientali (Port-Jackson), et in Brasiliâ { Rio- 
Janeiro ). 


b 


| 
| 
| 


BOTANIQUE. 231 
FILICES, JUSSIEU, 


Ayant fait de nombreuses collections de fougères, les ayant étudiées 
sur es lieux, vivantes et dans leurs différens états de développement, 
il ma semblé qu'il ne seroit pas superflu de donner ici le résumé de 
mon travail sur les plantes de cette intéressante famille recueillies pen- 
dant le voyage de la corvette /'Uranie. Ces notes et ces aperçus gé- 
néraux offriront peut-être peu d'intérêt, peu d'utilité; mais ils rappelleront 
à l'attention des botanistes quelques parties jusqu'à présent négligées de 
ces végétaux, divers points imparfaitement étudiés de leur organisation, 
de leur développement, de feur classification méthodique, &c. 

Je n'ai ni l'espoir ni même la pensée d’aplanir les difhcultés sans 
nombre qui embarrassent encore l'étude des fougères ; de rectifier toutes 
les erreurs de synonymie qui se sont glissées dans quelques ouvrages 
généraux sur ces cryptogames ; je n'entreprendrai point de suppléer par 
des remarques nouvelles à la multitude de faits qui ont échappé à l’ob- 
servation des naturalistes, ni de coordonner ceux qui sont encore épars 
dans leurs écrits sur cette branche de la science : une pareïlle tâche, 
indispensable dans un travail entrepris sur les fougères du globe, seroit 
au-dessus de mes forces, et d’ailleurs m'éloigneroïit trop du but vers 
lequel je me propose d'arriver, de ne présenter que des considérations 
qui me paroitront neuves, et de n’emprunter aux connoissances déjà 
répandues que ce qui sera indispensable pour l'intelligence de mon 
travail. Afin de procéder avec méthode et de répandre le plus de clarté 
possible sur ce sujet, je suivrai l’ordre de développement des végétaux 
en général. 

J'examinerai donc successivement, 1.° les racines; 2.° lestiges; 3.° es 
feuilles (frondes) (1) et leurs divisions; 4.° les écailles ; 5.° quelques 
parties accessoires qui ne paroïssent pas sans importance ; 6.° les organes 

(1) I seroit temps, je crois, d'apporter dans cette partie de la botanique une réforme néces- 
saire, et de nommer tige ce qui est réellement tige, feuille ce qui est feuille, &c. Dans ces 
généralités, comme dans les développemens en français que je donnerai aux descriptions de 
ces plantes, j'emploierai , ainsi que l’a déjà fait M. Decandolle, les noms de racine, de tige, 


de feuille, de pétiole, &c., en ayant soin de placer à côté les noms que l'usage a trop long- 
temps conservés. 


232 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de fa reproduction; 7.° l’arrangement systématique des fougères en 
familles et sections; 8.° les genres ; 9.° les espèces ; et 10.° enfin leurs 
noms indigènes et le peu de renseignemens que j'ai recueillis sur feurs 
propriétés, leurs usages, &c. Puisse ce coup d'œil rapide jeté sur un 
sujet aussi vaste, mériter l'attention et l'assentiment des naturalistes , et 
servir de guide un jour aux jeunes botanistes de nos ports appelés comme 
moi à faire de longues et périlleuses navigations ! 


GÉNÉRALITÉS. 


Les fougères sont très-nombreuses dans la nature : elles se rencontrent 
dans tous les pays, par toutes les latitudes. Mais c'est principalement 
sous la zone torride que, comme les autres végétaux , elles se mul- 
tiplient davantage et prennent des développemens qui sont dus à 
lheureuse influence du climat sur ces êtres organisés. Elles affectent 
toutes les formes, toutes {es dimensions, depuis l'Aymenophyllum cæspi- 
tosum, qui na que de 1 à 3 lignes de longueur, et dont on ne peut 
distinguer exactement les divisions qu'à l’aide d’une forte loupe ou du 
microscope, jusqu'à celles qui, pour Îles proportions, le port et Félé- 
gance, ne le cèdent en rien aux palmiers Îles plus majestueux. 

Les fougères croissent aussi dans tous Îes terrains; mais elles se 
plaisent sur-tout dans les lieux ombragés, humides, au sein des forêts, 
sur le bord des torrens, dans les anfractuosités des rochers , ainsi que 
sur les racines, le tronc et les rameaux des vieux arbres, où, selon les 
localités, elles viennent également bien, 

Quelques-unes prospèrent dans les cantons tourbeux des îles Ma- 
louines; mais, excepté le schizgaa pectinata du Cap de Bonne-Espérance, 
et le schizgæa australis des dunes arides de {a baie Française, c’est vaine- 
ment qu'on en chercheroit (1) dans Îes sables nus des rivages : aussi 
n’ai-je apporté aucune fougère de laffreuse baie des Chiens - Marins, 


(1) Je ne généralise que pour les plantes recueillies dans le voyage de ? Uranie. S'il m'arrive 
quelquefois de m'éloigner de cette règle, ce ne sera qu'afin de donner des pe: néces- 
saires à l'intelligence des faits que j’exposerai. 


È 
| 
Î 


BOTANIQUE. 233 
uniquement formée de sable et, sur quelques points isolés de la côte, 
d'une sorte de grès provenant de ce même sable agglutiné par un 
ciment carbonaté marin. 

Si lon excepte le ceratopteris gaudichaudii de M. Ad. Brongniart , 
et peut-être les autres espèces de ce genre, toutes les fougères, même 
les Aymenophyllum les plus ténus, sont wivaces. 


S L RACINES 


Les racines proprement dites (1) des fougères sont fibreuses, plus ou 
moins capillacées, rameuses, et recouvertes d'écaïlles ou poils très-déliés, 
courts , ordinairement bruns, maïs qui passent de cette couleur au jaune 
doré. Ces poils varient à l'infini; pour peu qu'ils aient de longueur, ils 
sont articulés. Rares dans quelques genres ( polypodium ), ils sont très- 
abondans dans d'autres ( hemionitis). Selon le mode de développement 
des fougères , Les racines sont éparses ou fasciculées ; caractères constans, 
toujours en rapport avec la disposition des feuilles (frondes), et qui me 
fourniront bientôt le sujet de quelques considérations générales. Les 
dimensions des racines changent selon les espèces, et, dans ces mêmes 
espèces, selon Îles terrains ou les climats; mais en général elles ont peu 
d’étendue. Elles offrent au centre un faisceau de fibres médulliformes 
dont je ferai connoître plus loin l'origine. 


$. II. TIGES {CAUDEX, FRONS, STIPES ). 


Ainsi que les racines, les tiges des fougères sont de plusieurs sortes 
bien distinctes ; ce qui nous oblige à les diviser en classes et en ordres, 
de la manière que voici: 

CLASSE 1."° Fougères à tiges rampantes ou grimpantes , peu rameuses. 

Elles se subdivisent en deux ordres. 


ORDRE 1.° Tiges rampantes, charnues, tendres, aqueuses et cassantes, 
tant qu’elles sont vivantes, offrant dans leur coupe transversale plusieurs 
lignes de vaisseaux fibreux médulliformes (2) colorés. 


(1) Quelques botanistes confondent encore certaines tiges de fougères avec les racines. 
(2) Sorte de tissu vasculaire (tubulaire, de M. de Mirbel }, satiné. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, 30 


234 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

ORDRE 2. Tiges rampantes, grimpantes ou volubiles, ligneuses ou 
fibreuses, sèches, tenaces, même à l’état frais, souvent rameuses, et 
n'ayant qu'une seule ligne centrale de vaisseaux médulliformes colorés, 
figurant très-bien un canal médullaire. 

CLASSE 11. Fougères à tiges simples, ascendantes. 

Elles se subdivisent aussi en deux ordres. 


ORDRE 1. Tiges compactes, dures, ordinairement droites, chargées 
extérieurement d'impressions diverses. 

ORDRE 2. Tiges agrégées ou fasciculées : elles se composent de Ia 
base persistante des pétioles (stipes), disposée et fixée autour d’un axe 
central qui est la tige réelle. Le diamètre de cet axe varie selon Îles 
espèces (1). 

CLÆSSE.L'e 

La première classe comprend toutes Îles fougères à tiges rampantes, 
grimpantes ou volubiles, rameuses, charnues, tendres, aqueuses et 
cassantes, ou ligneuses, fibreuses, sèches et très-tenaces, même à l’état 
frais. Ces tiges donnent naïssance à des feuilles et à des racines éparses. 
Elles sont recouvertes d’écaïlles plus ou moins promptement caduques ; 
elles offrent dans Îeur coupe tranversale un ou plusieurs groupes de 
vaisseaux tubulés médulliformes. 


DRDRE.IS 

Les tiges de cet ordre sont très-nombreuses ; quelques - unes ont été 
souvent confondues avec les racines : je range parmi ces tiges toutes celles 
qui rampent à la surface de la terre (2), grimpent sur les rochers, ou 
vont souvent atteindre le sommet d'arbres assez élevés. Elles sont 
ordinairement tendres, charnues , cassantes, peu rameuses, et recouvertes 
d’écailles nombreuses, imbriquées, de diverses formes et dimensions. 

On remarque, dans leur coupe transversale, des séries circulaires de 
vaisseaux fibreux colorés (sortes de canaux médulliformes) qui vont 
aboutir soit à une feuille, soit à une racine qu'ils ont fait naître, Leurs 

(1) M. Link (Linnæa, 1.® vol., 3.° cahier) s'est occupé de ces sortes de tiges. ( Bull, des 


sciences naturelles, mai 1827.) 
(2) Caudex descendens de Linnée et Stipes souterrain de M. de Mirbel. 


BOTANIQUE. 235 


feuilles (rondes ) sont entières, dentées, Iobées, pinnatifides, pinnées, où 
décomposées sans cependant cesser de représenter des feuilles. C’est 
ce qui se remarque dans Îles Aymenophyllum, les trichomanes, peut-être aussi 
dans tous les polypodium, pleopeltis, adenophorus, et, pour citer un exemple 
très-connu, dans Îe polypodium vulgare d'Europe, qu'on retrouve, peu 
modifié, aux îles Sandwich. ( Voy. polypodium pellucidum ! Kaulfuss. ) 


ORDRE 2. 


Dans ce second ordre sont placées toutes les fougères à tiges rameuses, 
couchées ou grimpantes, écaïlleuses comme les précédentes, sèches, 
fibreuses ou ligneuses, dures et tenaces , dont Îes feuilles (frondes ), sem- 
blables à des tiges, sont dichotomes, rameuses et munies de plusieurs 
folioles; caractères fournis par quelques genres exotiques , tels que 
gleichenia, lygodium , mertensia. 

La coupe transversale de ces tiges et des rameaux n'offre jamais 
qu'une seule ligne centrale de vaisseaux fibreux, médulliformes, imitant 
assez bien [a moelle des dycotylédones (1). 

Les tiges de toutes les fougères de la première classe paroïssent avoir 
deux surfaces fixes, l’une supérieure, l'autre inférieure. La première 
donne naïssance aux feuilles, et la seconde aux racines. Ces feuilles et 
ces racines sont éparses les unes et les autres, ou du moins ne conservent 
pas un ordre appréciable. Élles sont produites par les vaisseaux fibreux 
médulliformes colorés, qui, réunis en un seul corps ou divisés en plusieurs, 
selon lordre auquel ils appartiennent, laissent détacher, presque à angle 
droit, des rameaux déliés analogues aux prolongemens médullaires des 
dicotylédones. Le phénomène offert par des vaisseaux fibreux qui jouissent 


(1) Ces sortes de vaisseaux, que je nommerai fibreux médulliformes dans toutes les fou- 
gères, quelles que soient d’ailleurs leur forme et Ia position qu'ils occupent dans les tiges et 
les pétioles, se trouvent au centre de toutes les parties de ces plantes. Ce sont eux ou leurs 
embranchemens qui, dans les tiges rampantes, forment indistinctement les feuilles et les ra- 
cines, pénètrent d’une part jusqu'aux fibrilles des racines, et de l'autre jusqu'aux dernières 
ramifications nerveuses des folioles, et dont un rameau donne naïssance aux sores. Examinés au 
microscope , ils mont paru composés de tubes capillaires , satinés, jaunes, prolôngés les uns 
à côté des autres, comme des tuyaux d'orgue. La foiblesse des instrumens dont je me suis 


servi ne m'a pas permis de porter plus loin mon investigation. 
%k 


30 


236 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
de la propriété de former indistinctement des feuilles ou des racines, 
m'a semblé digne d’être signalé à l'attention des physiologistes. 

CHAS SENTE € 


La seconde classe renferme toutes les fougères à tiges arborescentes, 
simples, dures, ligneuses, analogues aux tiges des palmiers. Nous com- 
prenons dans cette classe d’autres sortes de fougères à tiges arborescentes, 
désignées par le nom de FASCICULÉES (caudex fasciculatus ), parce qu'elles 
sont composées, en partie, de la base persistante des feuilles (frondes). 
À ces dernières plantes se réunissent naturellement toutes celles qui, 
quelque herbacées d’ailleurs qu’elles soient, ont des feuilles (/rondes) et 
des racines fasciculées : l'observation nous a prouvé en effet que la plu- 
part d’entre elles sont susceptibles de devenir caulescentes ou même 
arborescentes par Île temps, le terrain, l'exposition, &c. C'est ce phé- 
nomène remarquable qui nous a empêchés d'établir une troisième classe, 
sous la dénomination de fougères acaules à feuilles et à racines fasciculées, 
classe qui conviendroit si bien aux ceratopteris, que nous croyons annuels. 

Considérées sous le rapport de leur organisation, ces tiges doivent 
donc être divisées en deux ordres. 


ORDRE LA 


Ici nous rangeons les nombreuses fougères arborescentes observées 
à lHe-de-France, à l’île Bourbon, dans les Moluques, les îles des 
Papous, les Mariannes, &c. Leur tronc, analogue à celui des palmiers, 
dont il acquiert aussi les dimensions colossales, est ordinairement 
simple, droit, grisâtre ou noirâtre, marqué de cicatricules ou sortes 
d'impressions de formes et de profondeurs variées (1). Quelquefois 


(1) Les cicatricules observées sur la surface des tiges de toutes les fougéres arborescentes, 
nous autorisent à partager ces plantes en deux grandes séries, qui comprendront, la première, 
les fougères arborercentes à feuilles verticillées; la deuxième, les fougères à feuilles spirées. 

Dans la premiére série, nous placerons les fougères sur lesquelles les feuilles ont laissé des 
impressions circulaires de 7 en 7 (7-8,6-7), 8 en 8 (8-9, 7-8), 10 en 10 (10-11, 9-10), 
espacées ou rapprochées, alternant entre elles. + 

La deuxième renfermera toutes celles qui ont ces impressions très-rapprochées les unes des 
autres, formant des tours de spire non interrompus, dont les séries se recouvrent de 16 en 
16 (16-15, 16-17), de 17 en 17 (17-18, 16-17), &c.; ce qu’on pourra facilement vérifier 
sur les tiges que possède le Muséum.d’histoire naturelle de Paris. 


BOTANIQUE. 37 
ces impressions sont légères, disposées circulairement en spire, en anneaux, 
ou analogues à celles qu'on aperçoit sur la tige des cocotiers; ce que 
lon remarque particulièrement dans lhemitelia marianna, &c. 

L'organisation de ces tiges ne diffère pas beaucoup, selon moi, de 
celle de quelques palmiers et de plusieurs autres monocotylédones arbores- 
centes : elles sont compactes et très-dures à l'extérieur, en partie glabres 
dans les deux tiers inférieurs, mais de plus en plus rugueuses à mesure 
qu’on approche du sommet, où elles finissent par devenir hérissées. Ces 
aspérités sont dues aux parties rudimentaires des pétioles diversement 
altérés, et qui paroissent persister assez long-temps après la chute des 
feuilles. 

Ces tiges se composent intérieurement (r) de fibres et dé vaisseaux paral- 
lèles disséminés dans un tissu cellulaire féculent. Les vaisseaux, analogues 
aux vaisseaux propres de certains végétaux, sont colorés, réunis en 
faisceaux distincts, et figurant assez bien, dans leur coupe transversale, 
des caractères hiéroglyphiques. C'est une sorte de moelle élaborée dont 
les divisions donnent naissance aux feuilles (frondes). Les fibres ou vais- 
seaux capillacés, libres, divergent sans cesse du centre vers la circonfé- 
rence, où enfin ils sont tellement pressés qu’ils y forment une sorte 
d'écorce assez dure pour résister à la hache, dont elle émousse même le 
tranchant. Le tissu cellulaire qui les entoure est vert, charnu, pulpeux 
dans son état de fraîcheur; mais il devient, par la dessiccation, d’un 
brun de plus en plus foncé et même rougeâtre, pulvérulent ou féculent. 

Ce qui distingue sur-tout ces tiges de celles des palmiers, ce sont les 
vaisseaux particuliers, qui d’abord sont tendres, blancs, jaunâtres ou 
rougeâtres , satinés et plus ou moins noirs, et qui, en vieillissant, déjà 
réunis en divers, groupes, se serrent de plus en plus, se durcissent, et 
finissent ordinairement par avoir la couleur et la densité du bois 

‘ébène. Ces vaisseaux ont des formes et des dimensions très-variables, 
et qui changent peut-être selon les genres et selon Îes espèces (2)! 


(1) Je ne parlerai, dans tout ce travail sur les fougères, que de leur organisation générale, 
vue à l'œil nu, ou tout au plus armé de la loupe. 

(2) D’après M. Bory de Saint-Vincent ( Dicr. class. d’hist. nat. 6, pag. 584), M. du Petit- 
Thouars et plusieurs autres savans botanistes se sont déjà occupés de recherches sur ce 
point. Je crois qu’elles ne sont pas encore publiées. 


238 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Je pense que cet appareil vasculaire, ou les divers systèmes symé- 
triques qu’il paroît former dans l’intérieur des fougères, sont propres à 
indiquer le nombre de feuilles qu’elles produisent chaque année, et 
lordre particulier qui préside au développement de ces feuilles, &c. 
Dans ce cas, ne pourroit-on pas en déduire de bons caractères indica- 
tifs de sections, de genres où même d'espèces (1)? 

Le diamètre ordinaire de ces tiges ne dépasse guère $ à 6 pouces; 
elles sont quelquefois si droites et si hautes, que, privé des instrumens 
nécessaires pour Îles abattre, il m'a fallu souvent renoncer à recueillir 
des échantillons de leurs feuilles. 

ORDRE 2. 


Cet ordre comprend toutes Îes fougères, même Îles plus herbacées, qui 
ont les feuilles ( frondes) et les racines fasciculées, telles que les blechnum, 
les Jomaria, et qui, comme nous allons le démontrer, sont, pour la 
plupart, susceptibles de devenir arborescentes, ou en vieïllissant, ou 
par suite d'influences favorables qui dépendent des expositions, des cli- 
mats, &c. 

Dans ces espèces, la base des pétioles (stipes), sans étre précisément 
de la même nature que dans les fougères de la première classe, a ce- 
pendant quelques caractères analogues, puisqu'elle est persistante, dure 
ou charnue, souvent noire, très-distincte enfin du reste des pétioles, 
avec lesquels elle forme une espèce d’articulation. 

Les fougères de cette section comptent un grand nombre de tiges 
arborescentes. Ces tiges se composent d’un axe compacte et dés restes 
de la défeuillaison, c'est-à-dire, de la base persistante renflée et 
charnue des pétioles (stipes ). Ces fragmens de pétioles sont libres, et 
varient de grosseurs et de longueurs selon les espèces (1-3 à 4 pouces ). 
Leurs dimensions ordinaires, pour des tiges qui n’auroient pas moins 
de 8 à ro pieds d’élévation sur 18 à 24 pouces de circonférence, ne 


(1) Ces vaisseaux fasciculés, ordinairement noirs, observés dans Ia coupe horizontale des 
fougères, sont en nombre égal à celui des feuilles et alternes avec les impressions que ces 
dernières laissent sur les tiges; ce qui sembleroït démontrer que si les feuilles proviennent 
de leurs prolongemens, chacune d’elles procède de deux de ces faisceaux, Dans ce cas, il 
faudroit admettre aussi que ces faisceaux se prolongent sans déviation, de la base au sommet 
des tiges : ce que je n’at point eu l’idée de vérifier sur les lieux. 


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BOTANIQUE. 239 
dépassent pas 15 à 18 lignes, ou deux pouces au plus de longueur (1), 
ce qui laisseroit à l’axe, ou tige proprement dite, un diamètre réel de 
3 à 4 pouces. 

Ces végétaux, à tiges pour ainsi dire factices, ne sauroient donc être 
très-droits ni s'élever bien haut, puisque le moindre eflort pourroit les 
renverser; ils ne doivent croître qu'au sein des forêts, à l'abri des grands 
arbres, où, souvent encore, ils ne s’éleveroient que difhcilement, si la 
nature ne leur avoit donné pour supports ces bases pétiolaires des feuilles 
anciennes, supports disposés presque horizontalement (2), il est vrai, 
mais toutefois de manière à former, avec l'axe de la tige, des angles 
de différens degrés, qui, d’aigus qu’ils étoient d’abord, se rapprochent 
de plus en plus de l'angle droit. 

Ces corps, qui restent fixés à laxe, se serrent progressivement les 
uns contre les autres, et finissent par composer une sorte d’écorce imbri- 
quée (3) qui protége les tiges nouvelles, et leur donne, dans un âge plus 
avancé, la force de supporter les énormes touffes de feuilles (frondes) dont 
elles se montrent constamment couronnées. 

Ces parties, dans lesquelles la vie paroît se perpétuer long-temps encore 
après la chute des feuilles, sont généralement recouvertes d’écailles qui 
persistent aussi plus ou moins selon les espèces. Ce sont ces écailles qui, 
dans le pinonia splendens, sont longues, faïineuses, brillantes, et donnent 
au tronc de cette admirable fougère l’aspect d’une colonne d’or. 

Les fougères rangées dans cette classe sont très-nombreuses. A leur 
tête doivent être placés le blechnum fontanesianum , le pinonia splendens, 
l'asplenium poiretianum, et presque toutes les fougères des îles Sandwich à 
feuilles fasciculées. Le plus grand nombre, en effet, ont des tiges arbores- 
centes où au moins des souches caulescentes. Nul doute que le Jomaria 


(1) Cette longueur des fragmens pétiolaires est aussi relative à Pâge de Pindividu ; il m’a 
semblé qu’en général elle étoit en raison inverse du diamètre de laxe. 

(2) Plus les fougères de cette section se rapprochent de l'état herbacé, plus les angles que 
les pétioles forment avec [a tige sont aïgus. 

(3) Il existe sous ce rapport une certaine analogie entre les tiges de ces fougères et celles 
du xanthorrhæa, qui ont aussi une sorte d’écorce composée de la base vaginale, persistante, 
des feuilles. Dans ce dernier genre, ces parties sont soudées entre elles par une gomme résine 
fort abondante. Voyez xanthorrhæa à article Asphodeleæ; et Decandolle, Organographie vé- 
gétale, 1, pag. 222 à 224, pl. 7 et 8. 


Cr 
240 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


gibba, Labill., Sertum austro-caledonicum, tab. 4 et $ , n'appartienne aussi 
à cette section. 

Viennent après, mais dans un ordre inférieur, les fougères qui, en 
apparence herbacées, ont leurs feuilles (frondes) et leurs racines fasci- 
culées, et conséquemment une très- grande tendance à devenir arbo- 
rescentes : telles sont. le rodea africana, trouvé à l’état presque ligneux 
dans les Montagnes-Bleues (Cox-Pass), et qui offre peut-être la même 
particularité au Cap de Bonne-Espérance, où nous l'avons aussi récolté; 
le Jomaria setigera des îles Malouines, qui nous a paru être d’une struc- 
ture analogue; le preris palmaformis de Tristan da Cunha, décrit par 
M. du Petit-Thouars, qui n’est probablement que le /omaria setigera modifié 
par le climat de ces îles; Le blechnum lomarioïdes des iles Mariannes, &c.; 
à leur suite se rangent naturellement le omaria obtusata, Labill., Sertum 
austro -caledonicum, et plusieurs autres espèces seulement caulescentes ; 
puis enfin toutes les fougères herbacées qui sont organisées comme les 
précédentes, sans cependant donner jamais de tige, le blechnum lanceo- 
latum, le blechnum unilaterale, bl. occidentale, &c., et, pour citer des 
exemples encore plus connus, lasplenium ruta-muraria, Yasplenium ceterach, 
l'asplenium  polytrichum, Vaspidium filix mas, Vathyrium filix femina, le 
blechnum spicatum, et plusieurs autres fougères européennes. 


$. III FEUILLES ({FRONDES). 


Les feuilles des fougères sont aussi de plusieurs sortes assez distinctes 
relativement à leur mode d'insertion, qui est en rapport direct avec la 
forme des tiges, et diffère encore selon les espèces. 

Les feuilles produites par les tiges rampantes ont un pétiole qui 
s'articule près de celles-ci, sur une sorte de pédicule de forme et de 
longueur variables. 

Ce pédicule est une production particulière, ordinairement plus dure 
et d’une nuance plus foncée que la substance des tiges; parfois il est 
noir et ébéné, ce qui doit contribuer beaucoup à sa conservation : aussi 
persiste-t-il très-long-temps. Les écailles qui le couvrent sont en général 
aussi nombreuses que sur Îa tige. 

Les feuilles des fougères arborescentes du premier ordre de la deuxième 


| 
k 
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È 


BOTANIQUE. 241 


classe, ont, sous ce rapport, beaucoup d’analogie avec celles des palmiers ; 
c'est-à-dire qu’elles sont munies, à la base, d’une tunique vaginale qui 
embrasse plus ou moins la tige, et y laïsse, après sa chute, des im- 
pressions de formes très-diverses et qui changent peut-être dans toutes 
les espèces. Ces impressions, beaucoup trop négligées jusqu’à ce mo- 
ment, offriront un jour, si elles sont mieux étudiées, de fort bonnes 
distinctions entre quelques fougères en arbre, restées confondues jusqu'à 
ce jour à défaut de renseignemens sur ce point. 

Enfin les fougères arborescentes de la deuxième section, et toutes 
celles que nous y réunissons par analogie, fougères dont on pourroit 
former à la rigueur une troisième série entre les deux précédentes, ont 
des bases pétiolaires persistantes, alongées, élargies, et plus ou moins 
déprimées, charnues , tendres et succulentes d’abord, mais qui deviennent, 
par le temps, dures, ligneuses et d’un brun de plus en plus foncé. 

Il est des fougères qui donnent réellement deux sortes de feuilles 
sur des pétioles différens; on les désigne ordinairement par le nom de 
feuilles fertiles .et de feuilles stériles : telles sont celles des acrostichum à 
feuilles simples (crassifolium, villosum, splendens, hybridum ; des nombreux 
polypodium, &c). Mais en général ces différences résultent des altérations 
poduites dans le limbe des feuilles fertiles , qui se racornissent plus ou 
moins dans toutes leurs parties ; de pointues deviennent obtuses ; de larges, 
lancéolées ; ou enfin qui prennent des formes étroites, linéaires, ainsi qu'on 
peut le voir dans les acrostichum quoyanum et requinianum, pl. 3 et 4 de 
notre Atlas de botanique, ainsi que dans le schizoloma cordatum, pl. 16. 

Il n'en est pas ainsi de l'acrostichum alcicorne, des polypodium (drynaria ) 
Linnai, Willdenowii, Gaudichaudii et Schkurhii, &c. (Bory, Annales des 
sciences naturelles, août 1 825$, /pl'12; 13 et 14), qui, indépendamment 
de Ieurs feuilles fertiles (1) à formes constantes, produisent des feuilles 
stériles très - distinctes. Ces dernières sont palmées ou digitées dans les 
polypodium (dryn) Linnæi et Gaudichaudii, dont les feuilles fertiles sont 
pinnatifides et pinnées. J'avois d’abord pensé que ces feuilles anomales 
pourroient bien n'être que des écailles développées; maïs je n'ai rien 

(1) I est nécessaire de faire observer que, parmi ces feuilles fertiles, il sen trouve toujours 
un certain nombre qui, sans changer de forme, ne portent jamais de fructifications. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 3 I 


+ 
242 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


trouvé qui pût me confirmer dans cette opinion. Loin de là, j'ai acquis 
la certitude que ces feuilles partent originairement des vaisseaux fibreux 
médulliformes du centre des tiges, et que par-là elles différent essentiel- 
lement des écaïlles, qui toutes, comme nous le prouverons bientôt, sont 
épidermoïdes. 

A quelques difformités légères près, produites par l'abondance des fruc- 
tifications, et même quelquefois par leur seule présence, aïnsi que par 
l'action des localités, les feuilles sont uniformes dans la plus grande 
partie des fougères, qui n’en ont que de fertiles. Cependant elles sont 
simples, entières ou lobées sur des individus de la même espèce et 
souvent du même pied; pinnatifides, pinnées ou indéfiniment décom- 
posées dans d'autres, comme si la nature ne leur avoit marqué aucune 
limite, Au nombre des espèces où lon trouve ces sortes d'anomalies, 
doivent être placées les fougères suivantes : le polypodium phymatodes et 
le polypodium scandens, qui offrent successivement, sur la même tige, des 
feuilles simples, lancéolées, entières, des feuilles bilobées, trilobées , 
pinnatifides et presque pinnées, tout aussi remarquables par leurs di- 
mensions générales, par le rapprochement où léloignement de leurs 
divisions, que par le nombre, la grosseur et la disposition des (sores) 
organes reproducteurs. L'asplenium (diplazium) radicans est dans le même 
cas; il présente des feuilles simplement pinnées, à pinnules Iobées, 
pinnatifides , pinnées, bipinnées , tripinnées, et dont la hauteur varie d’un 
à cinq pieds et au-delà. Le davallia sinensis fournit, dans la même localité, 
des feuilles de trois pouces et de deux pieds, également bien garnies de 
fructifications. 

Les fougères à feuilles divisées n'offrent que des caractères incertains, 
changeans , relativement au nombre (1), à la disposition alterne ou op- 
posée des lobes, des pinnules, &c., qui, sur le même individu, se 
montrent en plus ou moins grande quantité, et dont la position est 

(1) Nous avons observé, dans quelques fougères pinnées, un phénomène assez remarquable: 
lorsque les pinnules ne recouvrent que Ja moitié supérieure du pétiole (rhachis), la partie 
inférieure est souvent munie de petites folioles avortées qui affectent des formes diverses ; 
elles figurent des sortes de bourgeons plus ou moins spinescens, analogues à ceux qu'on 


remarque à la base des feuilles des cycadées, dans le Jomaria setigera des îles Malouines, et 
des oreillettes de diverses grandeurs, dans Îe blechnum lomarioïdes , le blechnum orientale, &c. 


Le 


BOTANIQUE. 243 
indifféremment alterne ou opposée. Mais si ces caractères sont variables 
et méritent qu'on y attache peu d'importance, il en est d’autres qui, dans 
les descriptions, sont du plus haut intérêt, parce qu'ils paroïissent être 
essentiellement fixes. Je veux parler des sortes d’articulations destinées, 
dans certaines fougères composées, à réunir les folioles au pétiole général 
(rhachis), telles qu’on les observe dans laspidium splendens , Vaspidium 
acuminatum , Vaspidium hirsutulum, Ve nephrodium pendulum , le polypodium 
(dryn) Gaudichaudii, &c. Ce caractère ne se rencontre pas seulement 
sur les fougères à feuilles pinnées, à pinnules pétiolées et même sessiles ; 
on le remarque encore sur plusieurs fougères à feuilles pinnatifides ou 
simplement lobées, et spécialement sur les feuilles fertiles du polypodium 
quercifolium (polypodium ( drynaria) Willdenowi, Schkuhrii, Linnai,. &c.), 
qui, ainsi que Schkuhr l'a fort bien figuré, planche 13, laisse détacher 
par la dessiccation toutes les parties de son limbe, de manière à n'offrir 
après que sa côte principale (pétiole général ou rhachis) dénudée du 
haut en bas. 

On ne peut établir aucune règle positive relativement à la longueur 
des feuilles des fougères ; elles paroïssent avoir toutes les dimensions, 
depuis l'Aymenophyllum cæspitosum , où elles n’ont pas plus de deux à trois 
lignes de longueur, jusqu'à langiopteris evecta, qui en a de 10 à 15 
pieds. Il est également impossible de fixer des limites exactes dans les 
dimensions des feuilles de telle ou telle fougère , parce que, ainsi que nous 
l'avons déjà dit, ces dimensions varient à l'infini, et sontsubordonnées aux 
influences locales , soit du terrain, soit des impressions météorologiques. 
Je citerai pour exemple l’asplenium nidus, à feuilles de six à huit pieds 
sous la ligne ( dans les Moluques et les îles des Papous }, et qui semble 
diminuer progressivement, jusqu'à un pied et moins, à mesure qu'on 
s'en éloigne. 


$. IV. ÉCAILLES (SQUAMÆ, PILI, GLANDULÆ). 


Les écailles des fougères, considérées comme caractères génériques et 
spécifiques, ont peut-être été trop négligées jusqu'ici par les botanistes. 
C’est cependant à la présence ou à l’absence de ces parties, à leur 
forme, à leur texture, ainsi qu'à leurs dimensions, que sont dues les 

P* js 


244 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


différences les plus sûres que j'aie pu observer jusqu'à ce moment en 
étudiant les plantes de cette famille. 

C'est à ces caractères constans que je doïs sur-tout d’avoir pu 
séparer avec quelque certitude Îes davallia des dicksonia ; 1e lomaria 
setigera (qui est peut-être le péeris palmaformis de Tristan da Cunha!} 
des îles Malouines, qui a des écailles linéaires, droites, rudes, longues 
de 15 à 18 lignes, du /omaria magellanica, qui a les siennes courtes, 
élargies, obtuses et mollasses ; laspidium benoitianum , pl. 11, à écailles 
subulées , inégales (1), de laspidium meniscinervium, qui a les siennes uni- 
formes, pubescentes, &c.; lhemitelia marianna, à écaïlles blanchâtres, 
à cils brun -rouge plus ou moins noir, de plusieurs autres espèces de 
ce genre; les schizoloma et lindsæa, à écailles articulées, presque simples, 
capillacées , rougeâtres, des vittaria, à écailles foliacées, vitreuses, noï- 
râtres, réfléchissant les couleurs de l'iris; et entre eux, de nombreux 
asplenium et polypodium, &c. 

L'observation m’a démontré qu'on pouvoit établir en règle générale 
que les fougères n'ont que des écailles (2), et que ces écailles, quelles 
que soient d’ailleurs leur forme ou leur grandeur, leur texture ou leur 
nombre, sont toujours peltées (3). Voyez pl. 12, fig. 1,n.° 2 et 2 bis. 

Toutes, en effet, m'ont offert cette particularité; excepté pourtant les 
écaïlles piliformes ou capillaires très-ténues, et seulement encore parce 
qu'elles n’ont à leur base d'autre dimension que celle qui est strictement 
nécessaire à leur attache ou insertion, et que dès-lors elles ne peuvent 
physiquement offïir ce caractère. Mais dans ce cas, elles en ont un autre 
fort remarquable, offert par les articulations symétriques, ordinairement 
alternes , qu'elles présentent ; articulations analogues à celles de plusieurs 
confervacées , et dont on peut Voir une figure exacte dans la gravure 
de l'ulva mirabilis de M. Agardh, Jcon. alg, fasc. 1, tab. o. 


Lorsque les écailles sont peltées d’une manière bien tranchée, ainsi 
2] 


(1) Les poils écailleux qui recouvrent les feuilles de cette fougére , sont remarquables par 
Tinégalité de leurs dimensions. é 

(2) D’après le sens que nous attachons généralement à ce mot. 

(3) Je pensois avoir trouvé quelques exceptions dans nos fougères européennes; mais cela 
tient à ce que, dans la plupart de ces espèces, la base des écailles est adhérente ou décurrente, 
souvent cordiforme à la base, 


BOTANIQUE. 245 


quon peut facilement le voir sur les tiges des polypodium brasiliense, 
lycopodioïdes, servens, mauritianum , et plusieurs autres espèces américaines 

P. F P 
de la même section , ainsi que sur le polypodium pleopeltifolium ; le davallia 
pinnatifida, &c., on remarque aussi, quelle que soit d’ailleurs la forme 
de ces écailles, qu’elles sont toujours fixées par le centre de leur plus 
grand. diamètre. 

Il est des écailles qui sont légèrement pédicellées (1) ; cela peut faire 
supposer que toutes le sont plus où moins, ce dont la ténuité générale 
de ces parties ne m'a pas encore permis de m'assurer. Ce caractère 
n'appartient pas exclusivement aux écaïlles des fougères proprement 

P id 
dites, on le retrouve aussi sur celles des lycopodiacées, ainsi que sur les 
folioles bractéales des épis de certaines espèces de cette famille. Dans 
ce cas, le pédicelle supporte aussi les organes de la fructification, ainsi 
qu'on peut le voir par un exemple que j'ai fait représenter, à dessein, 
d'une manière un peu. forcée, pl. 22, fige; pletofr 

Les écailles des fougères proviennent de lépiderme et du tissu cel- 
lulaire : on n’y rencontre jamais de vaisseaux. Elles doivent être divisées 

Ÿ 
en écailles des tiges et en écailles des feuilles, parce que, dans la plupart 
des espèces, elles diffèrent suivant qu’elles viennent sur l’une ou l’autre 
, 4 

de ces parties : ces deux sortes d’écaïlles ont des formes et des dimensions 
qui varient à l'infini : les formes paroïssent avoir de certaines analogies 
entre les espèces d’un genre et même d’une section ; ainsi elles sont toutes : 

1.° Capillaires, articulées et d’une grande ténuité, dans les osmundacées, 
et spécialement dans les genres anemia, schizæa, aïnsi que dans les 
dicksoniées, dicksonia (2), pinonia (3); capillaires, mais écailleuses à la 

(a) Ces pédicelles sont au moins aussi Jongs que ceux des sporanges dans les adenophorus , 
les hymenolepis (lomaria spicata), &c. 

(2) Toutes les écailles des vraies dicksoniées sont capillaires, articulées, simples ou rameuses, 
ce qui distingue suffisamment celles-ci des davalliacées , qui ont les leurs foliacées. Cependant le 
davallia sinensis vel ferruginea a les siennes composées, ‘articulées, comme si plusieurs écailles 
des dicksoniées s’étoient réunies pour en former une seule. Cette plante forme dans nos collec- 
tions le véritable passage de l’un à l'autre de ces genres ou peut être un genre distinct. 

(3) D’après ces observations, nous ne craignons pas d'annoncer que [a tige de fougère 
connue sous le nom bizarre d'agneau de Scythie (voyez Deleuze, Hist. er Descript. du Mus. 
d’hist. nat. de Paris, pag. 311), polypodium baromez, Lour., Linn.; aspidium baromez, Wild. 
appartient certainement au groupe des dicksoniées. Cette plante, qui mérite d’être signalée aux 


naturalistes voyageurs, manque dans tous les herbiers de France, et n’est peut-être connue que 
par la description imparfaite que nous en a donné Loureiro. 


246 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

base, sur l'acrostichum villosum et les tiges des poiypodium hirsutissimunr , 

pleopeltifolium ; davallia pinnatifida, &c. ; 
2.° Foliacées , ovales , ovales-lancéolées ou cordiformes, entières, ciliées 

ou frangées, dans les genres acrostichum, lomaria, blechnum, et presque tous 

les polypodium ; 

3.° Disséquées, bifurquées, &c., dans quelques aspléniées, et spécia- 
lement dans les asplenium laxum, pellucidum, torresianum, obtruncatum ; 

4° En capuchon, velues ou ciliées, sur les feuilles des cyathées ; 

5° Unguiformes sur les tiges grimpantes des polypodium brasiliense, 
polypodioïdes, etsans doute sur toutes les espèces américaines grimpantes ; 

6° En bouclier, en étoile et pédicellées , sur les feuilles des pleo- 
peltis, de lacrostichum alcicorne ; presque en entonnoir, ciliées, frangées 
ou disséquées, sur celles des polypodium incanum , hirsutissimum, de a 
plupart des cyclophorus, des grammitis , &c.; 

7 Imitant une sorte de poussière furfuracée , de couleurs diverses, 
dans lacrostichum crassifolium et les variétés de cette plante; 

8.° En massue dans les adenophorus, pl. 8, fig. 1, 2 et 3, et quelques 
autres polypodiacées , comme le polypodium leuzeanum , pl. 6, fig: 2, &c.; 

9.° En parasol, sur les épis du /omaria spicata (hymenolepis ); 

10.° Cyathioïdes ou figurant des vases antiques à bords frangés, 
sur les feuilles des danæa et probablement de toutes les marattiacées, &c. ; 

Et mille autres formes que je n'ai fait qu’entrevoir , qui se lient les unes 
aux autres, et s'accordent parfaitement avec les rapports de végétation 
et de fructification que nous établirons bientôt. 

Les écailles varient, pour leur fongueur, depuis la plus petite dimen- 
sion appréciable jusqu'à deux pouces et plus. Elles sont généralement 
courtes dans les genres po/ypodium, davallia, hymenophyllum, trichoma- 
nes, &c.; mais elles ont six à huit lignes sur les pétioles du cyathea 
marianna , Vacrostichum  speciosum ; un pouce sur les mêmes parties du 
blechnum lomarioïdes, de Vaspidium longifolium , Vasplenium laserpitifolium , 
Vasplenium obtusum (1); de quinze à dix-huit lignes dans le /omaria 


(1) Le besoin d'offrir des exemples remarquables nous en à fait choisir plusieurs parmi les 
plantes de FPherbier général du Muséum, 


BOTANIQUE. B4y 
setigera, et de dix-huit lignes à deux pouces dans le pinonia splendens 
et quelques autres dicksoniées. 

Leur largeur varie peut-être plus encore. On en trouve de capillaires 
presque microscopiques, et d’autres qui n’ont pas moins de deux à trois 
lignes de diamètre, 

Il en est de même de leur nombre, qui est toujours considérable, mais 
quelquefois pourtant relatif aux localités. En général äussi les écailles 
sont rares sur les tiges souterraines, et de plus en plus ténues, selon les 
profondeurs auxquelles elles croissent (pferis ), tandis qu’elles se montrent 
constamment très-abondantes et de plus en plus larges sur les tiges de 
toutes les autres. 

La couleur des écailles n'offre pas plus d’uniformité; en général 
pourtant elles sont d’un brun rougeâtre. Cependant on en trouve de 
couleur de paille, même un peu blanchâtre, et garnies de cils bruns 
dans lhemitelia marianna, jaune doré dans le pinonia splendens , les ane- 
mia, &c., d'un brun noir plus où moins foncé dans les genres davallia, 
asplenium , vittaria, &c. 

Enfin ces écailles, ordinairement (1) composées de cellules oblongues 
quadrilatères , pentagones ou hexagones, diversement comprimées, 
forment autant de cloisons vitreuses, transparentes, jouissant de la 
propriété de décomposer la lumière et de réfléchir les couleurs pris- 
matiques les plus brillantes et les plus variées. Ce phénomène des 
anneaux colorés, analogue à celui que produisent plusieurs substances 
minérales cristallines, est dû auxemêmes causes, c'est-à-dire, à la dis- 
position particulière des surfaces de toutes ces petites cellules, et con- 
séquemment à l'épaisseur des couches de gaz ou d'air qu’elles con- 
tiennent. 

Cette couleur générale desécailles , et les reflets irisés qu’elles donnent, 
dépendent uniquement de l’état particulier de leur organisation. Cette 
organisation paroît changer selon les tribus et même selon les genres, 


(1) Nous avons reconnu plusieurs sortes d’organisations dans les écailles , et conséquemment 
des modes distinctifs de développement. Les faits que nous avons recueillis formeront Ie sujet 
d’une note particulière. Nous nous bornerons ici à les diviser provisoirement en écailles cloi- 
sonnées, articulées et réticulées. 


248 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


d’où il résulte que les plantes de ces tribus ou de ces genres jouissent, 
d'une manière spéciale, de la propriété remarquable de réfléchir les 
rayons de lune des séries établies par Newton dans sa théorie des 
anneaux colorés. 

Les genres davallia , asplenium, vittaria , hemionitis, monogramma , &c., 
fournissent des séries très-voisines Îles unes des autres, mais cependant 
distinctes. La couleur du centre diffère de celle des bords, dans les po- 
lypodium repens, nephrodium gaimardianum (voyez pl. 12, fig. 1, n.°2), &c. 

Les écailles sont épaisses, brunes, sèches, rudes, pointillées ou en 
forme de râpe, et cassantes, dans les fougères suivantes : acrostichum , 
crassifolium, lomaria setigera, polypodium irioïdes, polypodium atro-punc- 
tatum , polypodium pseudo-grammitis, les davallia, les doodia, &c.; molles, 
flexibles, dans l’hemitelia marianna, Vacrostichum hybridum , les blechnum uni- 
laterale, occidentale, le struthiopteris nodulosa, Yaspidium acrostichoïdes, &c.; 
soyeuses ou laïineuses, dans les anemia, les dicksonia, les pinonia, et sur 
les feuilles de quelques espèces du genre osmunda. 

Leur durée n’est point égale dans toutes les fougères; elles se montrent 
persistantes dans les tiges rampantes du premier ordre de la première 
classe, et ne tombent ordinairement qu'avec lépiderme dont elles pro- 
cèdent et avec lequel elles restent long-temps fixées, ainsi qu’on peut 
lobserver sur les tiges des plantes signalées, et en particulier sur celles 
du polypodium vulgare et autres plantes de ce groupe. C’est à la persis- 
tance des écailles sur les bases pétiolaires vivantes du pinonia splendens , 
qu'est due la rare magnificence de lastige dorée que cette fougère élève 
au sein de forêts sandwichiennes : elles sont promptement caduques 
sur les tiges rampantes du deuxième ordre, où même il est difficile 
de Îles trouver, ainsi que sur plusieurs espèces appartenant aux autres 
divisions. 

Après la chute des écailles, on remarque des cicatricules concaves sur 
les pétioles et les feuilles de quelques fougères, telles que les pleopeltis, 
l'acrostichum alcicorne , les cyclophorus, la plupart des grammitis, et proba- 
blement toutes les fougères à écailles étoilées. 

Ces cicatricules sont convexes ou en forme d’aspérités diversement 


prononcées, quelquefois même épineuses , comme on peut lobserver 


BOTANIQUE. 249 
dans les doodia, V'acrostichum requinianum , Volfersia , V'aspidium nymphale , 
l'aspidium pennigerum , 1e davallia ferruginea , quelques polypodium , et 
sur-tout dans les cyathées, où elles finissent souvent par former des corps 
épineux qui acquièrent jusqu'à six lignes de longueur, sans pourtant 
avoir d'autre origine qu'une expansion épidermoïde et cellulaire. 


$ V. EXAMEN 
DE QUELQUES PARTIES REMARQUABLES DES FOUGÈRES. 


Les parties qui, dans les fougères, me paroissent mériter de fixer 
l'attention des naturalistes, sont, r.° les corps particuliers , ordinairement 
élargis, charnus, du moins lorsqu'ils sont jeunes, qui se trouvent à Îa 
base des pétioles , avec lesquels ils forment des sortes d’articulations. 
Ces corps, qui supportent les feuilles, et qui sont peut-être les véritables 
pétioles, ont une organisation analogue à celle des tiges, et ne paroissent 
même en différer que par la surabondance des sucs dont ils sont cons- 
tamment chargés jusqu’à la chute des feuilles. Alors ils persistent et 
vivent encore, se resserrent un peu, prennent de la consistance, noir- 
cissent, et terminent ainsi leur fonction végétative. Ils se conservent sur 
les tiges rampantes ainsi que sur les tiges redressées et arborescentes 
de la seconde section de la deuxième classe :; ils tombent promptement 
sur les tiges arborescentes de la première section. 

Ces corps sont généralement courts et peu apparens sur les tiges 
rampantes, et diffèrent de longueur selon les espèces, Examinés dans les 
bourgeons, ils sont droits et grandissent dans cette position : ce n’est qu'à 
leur sommet que se trouvent les rudimens roulés de la feuille (frons), 
c'est-à-dire, le pétiole (stipes), sa continuation dans la partie foliacée 
(rhachis), et le limbe simple, lobé ou foliolé. 

Ces bases pétiolaires (1) procèdent de la division de l’un ou de plu- 
sieurs (2) des rameaux fibreux-médulloïdes, colorés, observés dans la 

(1) Cette partie des fougères mérite un nom particulier. 

(2) Un seul dans Pathyrium filix fémina , plusieurs dans laspidium filix mas, (Je choisis 
ces exemples pour que tout le monde puisse le vérifier.) 

Le nombre et la disposition de ces vaisseaux fasciculés changent dans ces corps selon les es. 


pèces. Dans Pathyrium que nous venons de citer, un seul rameau y pénètre et se bifurque bientôt 
après, soit qu'il ait donné ou non une première division radicifère. II n’en est pas ainsi pour 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 32 


250 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


coupe transversale de toutes les fougères (1). Ces rameaux, simples 
d’abord en sortant de la tige, se subdivisent bientôt après en un nombre 
à-peu - près déterminé de filamens qui donnent les figures particulières 


que présente la coupe de toutes les parties de ces plantes. 

Dans quelques fougères à tiges ascendantes de la deuxième section, 
peut-être dans toutes , et je citerai pour exemple, avec lasplenium (athyrium) 
poiretianum , &c., une espèce fort commune de cette section, espèce ap- 
partenant à l'Europe, Vathyrium filix femina, le rameau fibreux médulloïde 
qui pénètre de la tige à {a feuille, forme souvent, dès le bourgeon, une 
première division qui sort par la face extérieure et inférieure de la 
base pétiolaire, et donne naissance à une racine simple ou rameuse (2). 
Comme cest des bases pétiolaires, imbriquées autour de la tige, que 
partent toutes les racines de cette nature, on se rend dès-lors raison 
de la disposition fasciculée que celles-ci affectent. 

Au-dessus de la division opérée par le rameau fibreux, division que 
nous nommerons radicifère, il sen opère, et toujours dans le corps 
charnu, une seconde qui partage le faisceau en deux portions égales. Ces 
branches divergent d’abord, mais convergent bientôt après au sommet 


Paspidium filix mas, dans la tige duquel ces vaisseaux sont rameux, réticulés. La coupe : 
transversale des bases pétiolaires de cette fougère présente aussi de 7 à 9 faisceaux séparés en 
apparence, disposés en cercle et de différens diamètres. Une dissection analytique soignée 
m'a démontré que ces vaisseaux communiquent entre eux par des divisions latérales, de ma: 
nière à former une sorte de réseau à mailles inégales, très-larges, &c. Dans losmunda regalis 
(toutes les osmundacées et gleichéniacées sont dans le même cas), cette partie n'offre ordi- 
nairement qu’un seul corps de ces vaisseaux disposés en un cercle plus ou moins fermé autour 
d’une matière plus noire et plus dense, maïs qui se compose des mêmes vaisseaux. Ce cercle 
interrompu s'ouvre graduellement de la base des pétioles à leur sommet, où il finit par 
former une figure qui représente assez bien un fer à cheval, Toutes nos observations sur ce 
point nous ont porté à penser qu'on retireroit un fort bon caractère spécifique de la coupe 
horizontale oblique de ces bases pétiolaires. 

(1) Nous croyons nous rappeler que ces sortes de vaisseaux médulliformes existent aussi 
d’une manière assez prononcée dans les cycadées, et particulièrement dans le genre cycas, dont 
nous avons perdu les tiges et presque tous les échantillons. Si nous ne nous sommes pas 
trompés, ce sera, malgré les fructifications, un nouveau rapprochement à faire entre lorga- 
nisation des plantes de cette famille et celle des fougères arborescentes. 

(2) Ces vaisseaux fibreux, tubulés, observés sur Îes racines, ne nous ont pas offert la 
moindre différence de couleur, de dimensions. Ce qui nous porteroit à penser que si, dans 
les fougères, l’organisation des racines diffère de celle des tiges, ce ne doit être évidemment 
que par la nature des tissus extérieurs qui enveloppent ces vaisseaux fasciculés. 


/ 


BOTANIQUE. 251 
rétréci de ce corps, pour entrer dans le pétiole (stipes). Là il s'établit 
ordinairement de nouvelles ramifications qui se distribuent de manière 
à offrir les figures diverses dont nous avons déjà parlé (1). Ces vaisseaux, 
séparés où réunis, se prolongent dans les pétioles, et se ramifient vers 
le sommet, pour donner naissance aux divisions des feuilles et aux sores, 
comme la moelle des tiges dicotylédones fournit des prolongemens mé- 
dullaires pour la formation des rameaux, des feuilles, des fruits, &c. 

Les bases pétiolaires persistantes des fougères de cette section, se 
composent donc de vaisseaux médulliformes diversement ramifiés, et 
d’une grande quantité de tissu cellulaire toujours abondamment imprégné 
d'humidité, lors même que le reste de la plante est dans un état notable 
de desséchement, comme le sont presque toutes Îles fougères qui ont 
passé les périodes du premier âge. Leur forme ordinaire est oblongue, 
lancéolée, plane intérieurement, et un peu convexe ou anguleuse exté- 
rieurement, à bords fortement déprimés, entiers ou denticulés, aplatis 
ou ailés. Dans le premier cas, chaque dentelure porte une écaille gibbeuse 
à la base. L’osmunda regalis offre un exemple remarquable du second cas. 

C'est donc vers cette partie essentielle des fougères, vers ces organes 
de prévoyance employés par la nature, que doit se diriger selon moi 
l'attention des botanistes physiologistes. Ils trouveront que ces corps 
sont très-marqués sur quelques espèces, et peu ou point sur beaucoup 
d’autres: ils en chercheront les causes dans la contexture générale de 
ces plantes, dans leurs dimensions, dans les phénomènes météorolo- 
giques auxquels elles sont soumises, et parviendront peut-être à la 
manifestation d’une de ces lois qui président à la vitalité des êtres et 
en régissent les divers modes de reproduction. 

Ces corps que nous avons dit exister dans toutes les fougères qui 
appartiennent au second ordre de a deuxième classe, sont bien plus 
remarquables encore dans langiopteris, dont les feuilles, qui acquièrent 
dix et douze pieds de longueur, souvent même davantage, ont pour 


(1) Tous les botanistes connoissent et ont étudié plus ou moins les caractères bizarres 
fournis par la coupe transversale oblique des tiges et des pétioles de toutes les fougères. II est 
peu de personnes qui ne sachent aussi que le preris aquilina doit son nom spécifique à la figure 
de Faigle double d'Autriche, qu’on a cru y remarquer. 


* 


3 2 


252 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ainsi dire besoin de ces sortes de réservoirs placés à la base de toutes 
les divisions , même des folioles, comme pour leur fournir une humidité 
uniforme, constante. 

If existe, sous ce rapport, une grande analogie entre les pétioles de 
cette plante et ceux des genres marattia, danæa, et de toutes les marat- 
tiacées, section proposée par M. Kaulfuss, et que cette organisation 
particulière des plantes qui la composent rendroit admissible, si des 
fructifications remarquables ne les caractérisoient suffisamment. 

Ces espèces de nœuds vitaux, charnus, d’un vert foncé lorsqu'ils sont 
frais, se flétrissent, se rident et noiïrcissent en séchant; de tendres 
et cassans qu'ils étoient, ls deviennent durs et résistans comme du 
bois. 

IH ne faut pas comparer ni confondre ces singulières articulations avec 
celles qui sont fournies par quelques groupes de fougères, notamment 
par les polypodium dont M. Bory de Saint-Vincent a formé le sous-genre 
drynaria ; dans ces plantes, les lobes des feuilles fertiles forment de 
véritables articulations, dont toutes les parties se détachent et tombent 
après l'acte de la reproduction. 

Ces articulations sont aussi fort distinctes dans les aspidium splendens, 
hirsutulum, articulatum, le nephrodium exaltatum, &c. 

Parmi les parties des fougères qui sont dignes encore d’un examen 
spécial, nous dévons citer quelques bourgeons prolifères qui représentent 
ou des rameaux avortés, comme dans les wertensia, les gleichenia, les 
lygodium, où des organes particuliers de reproduction, ainsi qu'on le 
voit dans Île ceratopteris gaudichaudii (pl. 20), Paspidium bulbiferum , le 
darea vivipara, Vasplenium (callipteris, Bory ) proliferum, diplazium undulo- 
sum, asplenium polypodioïdes, vittaria isoetifolia, et plusieurs autres fou- 
gères exotiques. 

Nous n’en finirions pas si nous indiquions ici tous les corps qui, dans 
les fougères, nous ont paru dignes d’un intérêt particulier, et dont une 
étude plus approfondie apporteroit de grands avantages pour la con- 
noissance intime et la classification des plantes de cette belle famille: 
nous signalerions, par exemple, la forme et l'arrangement des nervures 
dans les sections en général, et en particulier dans les genres, ce qui, 


D 


BOTANIQUE. 253 
pour quelques-uns, donne de bonnes divisions (1). Les caractères que 
ces nervures fournissent, ont été d’un grand secours pour la détermina- 
tion de nos espèces, ainsi que pour l'établissement des rapports directs 
ou indirects qui peuvent exister entre les groupes naturels formés par 
ces plantes (2). ; 

Nous parlerions aussi des tégumens comme organes distincts ; de leur 
origine, de leur duplicature et de leur disposition sur tel ou tel côté 
des nervures ou à leur extrémité; des doutes qui restent encore rela- 
tivement à leur existence ou à leur non-existence dans quelques aspi- 
dium, confondus avec des polypodium, et vice versd, conséquemment de 
limportance négative qu'on doit attacher à ces corps dans les classifica- 
tions. Enfin la forme, la texture et les dimensions de ces parties 
seroient successivement soumises à un examen de détail, et il en res- 
sortiroit l'explication des affinités que nous avons reconnu exister entre 
différens genres groupés en sections , les aspidiées (aspidium, nephrodium , 
didymochlæna, &c.); les hyménophyllées (Zymenophyllum , didymoglossum , 
trichomanes, feea), &c. (3) : mais des bornes nous sont prescrites, et 
nous réduisent à renvoyer, pour quelques-uns de ces renseïgnemens , aux 
descriptions spéciales des fougères. 

Appelons cependant encore l'attention des physiologistes sur l'orga- 
nisation du tissu cellulaire charnu des tiges des fougères, sur les facunes 
remarquables qu'il présente, sur les corps féculens sporuliformes, luisans, 
libres (?), dont il paroit être rempli, et sur une foule de vaisseaux. 

Signalons aussi d’abondantes quantités de matière féculente, ordinai- 
rement blanche, qui se trouve dans les bourgeons, sur-tout dans les 
parties vaginales ou enveloppantes de la base pétiolaire des jeunes feuilles 
de presque toutes les fougères, et spécialement de l'osmunda regalis, où 
cette matière est agglutinée parmi des écailles de même couleur qui, 
comme elle, paroissent rester à l’état pâteux. 


(1) On nous a assuré que M. Bory de Saint-Vincent avoit fait des recherches très-étendues 
sur ce point : nous ne les connoissons pas encore ; mais nous ne craignons pas de prédire 
d'avance qu’elles seront très-utiles et d’un grand intérêt. 

(2) Voyez ci-après la classification du genre polypodium. 

(3) Voyez ci-après Le tableau des Gyratæ. 


254 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
$ VI ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. 


Je me seroïis abstenu de parler des organes reproducteurs des fou- 
gères, parce que je n'ai pu recueillir encore qu'un petit nombre de 
remarques isolées et peu concluantes, si un travail entièrement neuf, 
et dès-lors du plus haut intérêt, ne restoit à faire tant sur la texture, la 
forme, le mode d'insertion, la disposition des sporanges, que sur la 
nature, le nombre, la composition et le développement des sporules. 

Mais dussé-je ne faire qu'appeler de nouveau attention des bota- 
nistes sur ce vaste champ d'observations microscopiques, sur des organes 
dont les fonctions, encore cachées en partie, jouent indubitablement 
un grand rôle dans la fécondation des fougères et [a continuité de leur 
reproduction, je consignerai ici le résumé succinct des nombreux essais, 
infructueux pour la plupart , qui ont été tentés à ce sujet sur les 
sporanges secs des fougères recueillies dans le voyage. Si je n'ai pas 
complétement réussi, ces premiers aperçus m'ont au moins procuré la 
certitude qu'avec plus de facilité pour lexamen de ces corps, C'est-à- 
dire, avec de bons instrumens et le temps nécessaire (1), on arriveroït 
à des résultats nouveaux très-favorables aux progrès de Ia science. 

L'inspection des sporanges au microscope m'y a fait voir, avec les 
auteurs , le pied (pédicelle ou pédicule), l'anneau élastique (gyrus), La 
membrane réticulée du sac, et enfin les sporules. L’insuffisance des 
moyens à ma disposition ne m'a pas permis d'étendre davantage le 
champ de mes recherches. 

Les sporanges, quelle que soit leur forme, restent verts jusqu’à leur 
entier développement : mais arrivés à ce point, ils se colorent peu à 
peu jusqu'à devenir d'un rouge brun plus ou moins foncé. 

Cependant, lobservation m'a démontré que lanneau élastique est 
toujours la première partie qui subit ce changement; il arrive même 
souvent qu'il a acquis la plus grande intensité de couleur, de dessicca- 
tion (?), lorsque tout le reste est encore vert et aqueux. 

Les sporanges sont pédicellés dans toutes Îles polypodiacées , excepté 


(1) Javois l'intention de donner à cette section de mon travail tout le développement dont 
elle étoit susceptible ; mais une santé chancelante et des obligations particulières contractées 
envers le Gouvernement, m'ont imposé la loi de ne tracer ici qu’une simple ébauche. 


BOTANIQUE. 255 
pourtant dans les cératoptéridées et les hyménophyllées ; on distingue 
néanmoins sur ces dernières un petit corps latéral proéminent qui figure 
assez bien un pédicelle avorté. 

L’anneau élastique ne s’observe que dans les polypodiacées, d’où 
vient le nom de gyrate qui leur a été imposé par le célèbre Rob. Brown : 
cet anneau est remplacé dans les autres sections des fougères par des 
appareils particuliers celluleux où membraneux. 

Dans les sporanges munis d’un anneau élastique, cet anneau ne forme 
jamais (dans les fougères que j'ai observées) que les deux tiers du 
contour vertical de la partie capsulaire. À 

Quelquefois on découvre de ces sortes d’articulations dans le pied, 
mais elles sont peu nombreuses et appartiennent à un système différent 
d'organisation. Ces dernières articulations ou nodosités sont rares dans 
les espèces équatoriales. 

Cet anneau élastique, destiné à opérer l'ouverture des sporanges, 
produit cet effet par un moyen purement mécanique. Les pièces articu- 
laires qui le composent (voyez pl. 17, fig. 3), se contractent en se 
desséchant et tendent à se rapprocher. La membrane réticulée qui en- 
veloppe les sporules, étant très -mince, se déchire bientôt, et l'effort 
produit par cette rupture, le balancement qui en résulte et le racor- 
nisséement de la membrane, tout enfin concourt à lexpulsion des 
organes reproducteurs. 

Je pensois avoir trouvé un caractère dans le mode de rupture des 
sporanges; mais ce n’étoit qu'une illusion d'optique (voyez pl 2. 4git, 
2: An RO AL: Ti l: 0, 1) 087: a 2; 2; 
15, 2 3 €t 45 17» 23 D du10, li RE formes variées qu'y 
affectent ces solutions de continuité, ne me permettent pas de persister 
dans ma première opinion. 

Les sporules sont de petits corps globuleux , oblongs, légèrement 
déprimés sur un de leurs côtés; marqués, à une des extrémités, d’une 
sorte de tache brune et d’un petit prolongement qui figurent assez bien 
un point d'attache et un hile (1). 

N'ayant pu me procurer encore un de ces microscopes que les sciences 


{1) Si cela n’est pas dû à des illusions d'optique. 


256 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


physiques doivent au talent inventif des Selligue, des Amici, je suis 
réduit à laisser incomplet un travail dont ma pensée embrasse néanmoins 
l’ensemble : de simples conjectures, quelque puissantes qu'elles soient à 
mes yeux, sur l'organisation des sporanges, sur le développement, la 
nature et le point d'attache des sporules, ne sauroient suppléer à ces 
preuves démonstratives qui seules déterminent la conviction. 

Les observateurs plus heureux ou plus habiles qui voudroient se livrer 
à ce genre de recherches, feront bien de ne soumettre à leurs expé- 
riences que des sporanges encore verts et humides. 

M. Rob. Brown a déjà fixé, avec succès, sur cette matière , ses 
regards investigateurs ; il est parvenu à diviser les sporules du ceratopteris 
et à en démontrer l'organisation interne. 


$ VII SECTIONS OU TRIBUS. 


La famille des fougères s’est tellement accrue depuis vingt ans, qu'il a 
été nécessaire de former non-seulement beaucoup de genres, mais encore 
des coupes nombreuses plus où moins naturelles, destinées à grouper 
ces genres et à établir les points de connexion qui existent entre eux. 
Ces sections, jusquà ce moment, ont été fondées sur la nature, la 
disposition et la forme des organes reproducteurs. 
Swartz, en 1806, a disposé les fougères d'Amérique en troiïs sections ; 
I. FOUGÈRES à anneau élastique caractérisé. — x Dépourvues d'induses. Acrosti- 
chum, meniscium, hemionitis, grammitis, tænitis, polypodium. — 8 Munies 
d'induses. Aspidium, asplenium , cænopteris, scolopendrium, diplazium , Ion- 
chitis, pteris, vittaria, onoclea, blechnum, woodwardia , Tindsæa, adiantum, 
cheilanthes, davallia, dicksonia, cyathea, trichomanes et hymenophyllum. 

II. FOUGÈRES dont l’anneau élastique est imparfait, — Schizæa , lygodium , mohria, 
anemia, osmunda, todæa, mertensia, gleichenia, angiopteris. 

III. FOUGÈRES totalement dépourvues d’anneau élastique. — Marattia, danæa, 
botrychium, ophioglossum. 

MM. de Lamarck et Decandolle ont partagé les fougères de la France 
en trois divisions : : 

I. FOUGÈRES à capsules, munies d’un anneau élastique. — Hymenophyllum, adian- 
tum, pteris, blechnum, scolopendrium, asplenium, athyrium , aspidium, poly- 
stichum, polypodium, acrostichum , ceterach. 


BOTANIQUE. 2357 
II. FOuGÈREs à capsules sans anneau élastique; plantes roulées en crosse dans leur 
jeunesse. -— Osmunda, botrychium. 
IT. FOUGÈRES à capsules sans anneau élastique; plantes non roulées en crosse à leur 
naïssance, — Ophioglossum. 
À la suite desquelles ils placent : 


Les LYCOPODINÉES. — [ycopodium, isoëtes; 
Les RHIZOSPERMES. — Pilularia, marsilea et safvinia ; 
Et enfin les PRÊLES. — Equisetum. 


M. R. Brown, l’un des savans dont je m'honore aussi de suivre le plus 
possible les erremens, a depuis long-temps adopté pour les fougères de 
son Prodromus Flore Novæ-Hollandiæ, les quatre sections suivantes : 
1. GYRATÆ ( vel polypodiaceæ }. Capsulæ uniloculares annulo articulato , elastico, 

longitudinali (plerumque incompleto) instructæ ; transversim irregulariter 
rumpentes. — Acrostichum, notholæna, grammitis, polypodium, aspidium , 
nephrodium , allantodïa, asplenium , doodia , blechnum, stegania, vittaria, pteris, 
adiantum , cheilanthes, lindsæa, davallia, dicksonia , alsophila, trichomanes, 
hymenophyllum. 

2.° GLEICHENIÆ. Capsulæ annulo completo , striato, transverso, rard obliquo 
cinctæ, subsessiles, intùs ongitudinaliter dehiscentes. — Platyzoma et glei- 
chenia (mertensia, Willd., Swartz ; dicranopteris, Bernhardi). 

3. OSMUNDACEZ.. Capsulæ exannulatæ , vasculoso-reticulatæ , pellucidæ, vertice 
radiatim v. dissimiliter striato, hinc {sæpius extüs) longitudinaliter dehis- 
centes. — Schizæa, lygodium (ugena, Cavan. | et osmunda (todea, Wi//d). 

4° OrPHioGLossz. Capsulæ uniloculares , bast adnatæ, subglobosæ , coriaceæ, 
opacæ , exannulatæ, evasculosæ ( quandoque connatæ }, semibivalves, — 
Ophioglossum , botrychium. 

Viennent après : . 

Les LYCOPODINEZ. Psilotum {tmesipteris, Bernhardi) et Iycopodium; 

Les MARSILEACEÆ. — Azolla, marsilea. 

Willdenow, dans son Species plantarum, divise la famille des fougères 
en six ordres, qui sont: 

1. GONOPTERIDES. Équisetum. 

2.° STACHYOPTERIDES. Lycopodium, dufourea {nayades), tmesipteris, bernhardia, 
ophioglossum, botrychium. 

3.” POROPTERIDES. Marattia, danæa. 

4. SCHISMATOPTERIDES. Angiopteris, gleïchenia, mertensia, todea, mohria, hy- 
droglossum, schizæa, anemia, osmunda. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 33 


258 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. ; 


5.” Frrices. Polybotrya, acrostichum , hemionitis, meniscium, tænitis, ceterach, 
grammitis, polypodium, pleopeltis , aspidium , onoclea, struthiopteris, Ilomaria, 
darea , asplenium, scolopendrium ; diplazium , pteris ; vittaria , blechnum, 
woodwardia, lindsæa, adiantum, cheiïlanthes, Ionchitis, davallia, dicksonia, 
cyathea, trichomanes, hymenophyllum. 

6° HYDROPTERIDES. Isoëtes, pilularia, salvinia, marsilea, azolla, 


M. Raddi, dans sou Synopsis filicum Brasiliensium, et M. Kunth, 
Synop. plant. æquin., ont, à peu de chose près, adopté les divisions pro- 
posées par M. R. Brown. 

M. Bory de Saint-Vincent, observateur aussi ingénieux que savant, 
qui possède une immense collection de fougères et fait espérer un travail 
complet sur cette belle famille, la divise en cinq sections: 


J. PoryropiACÉES (1), Polybotria, Humb, et Kunth ; acrostichum, Z, ; hemio- 
nitis, meniscium; tænitis, Swar?z ; notholæna, R, B. ; ceterach, Wild. ; gram- 
mitis, Swartz; polypodium, Z. ; pleopeltis, Humb, et Kunth ; aspidium, Sw.; 
nephrodium, Richard ; cistopteris, Desvaux ; athyrium , Roth, ; asplenium, Z.; 
darea, Juss, ; scolopendrium, Sw. ; diplazium, Sw.; doodia, À. B.; Wood- 
wardia, Smith; blechnum, L.; lomaria, Wi//d, (stegania, R. B.); crypto- 
gramma , À, B, ; struthiopteris , Ao#r. ; onoclea, pterïs, lonchitis, adiantum , Z. ; 
cheïlanthes, vittaria, lindsæa, Sw.; davallia, Smith; trichomanes, Z, ; hyme- 
nophyllum, Sw. ; didymoglossum, Des, ; dicksonia , Smith ; allantodia , also- 
phila, hemitelia, cyathea, woodsia, R, B. 

II. GLEIcHÉNIÉES. Ceratopteris, Ad: Brong. (teleozoma, R. B.; ellobocarpus, 
Kaulf.); platyzoma, À, B, ; gleichenia, Smith et Sw. ; (mertensia, Willd, et Sw.) 

III. OSMUNDACÉES.— 1. À anneau élastique, Anemia , schizæa, Swartz ;(ophidium, 
Rich, ; ripidium, Bernk.); lygodium, Swartz; (ugena, Cavan, ; hydroglos- 
sum, Willd, ; cteisium, Rich. in Mick, ); mobria, Swartz: = 2. Sans anneau 
élastique, Todea, Swartz; osmunda, Swartz; angiopteris, Hoffm, 

IV. MARATTIACÉES. Danæa, marattia, Smith, 

V. OPHIOGLOSSÉES. Botrychium, SWwartz; helminthostachys , Kaulfuss ; ophio- 
glossum , Z. 

Enfin M. Kaulfuss, dans son Enumeratio filicum, les dispose de [a ma- 


nière suivante : 


1. EQUISETACEZ ( Decandolle , Equisetum, Z, 
2. LycoPODINEZ (Swartz ). Lycopodium, L, Swartz; bernhardia, Willd.; (psi- 


lotum, Swartz; hoffmannia, Willd, ) 


(1) Cet auteur propose de subdiviser Îles polypodiacées en polypodiacées proprement 
dites, en aspidiées et en hyménophyllées. 


| 


BOTANIQUE. 259 


. OPHIOGLOSSEÆ (R. B.). Botrychium, Swartz ; helminthostachys, Kaulfuss 


(botryc. et ophiogl. spec. ); ophioglossum, Z. 


. MARATTIACEÆ .( Bory, Kaulfuss). Marattia, Swartz; danxa, Sith ; angio- 


pteris, Aoffm. 


. GLEICHENEZ ( À. B. ). Gleïichenia, Smith ; mertensia, Wi//d. ; platyzoma, R. B. 
. OSMUNDACEZÆ ( R. B.). Todea, Wil/d. ; osmunda, L.; mohria, Swartz. 


Lygodium , Swartz (hydroglossum W3//4, ) ; 
Schizæa, Smith ; anemia , Swartz. 


. PorvropiAcEz (R. B. ). Polybotrya, ÆHumb., Bonpl. et Kunth ; acrostichum, 


L. ; hemionitis, Z, ; gymnogramma, Desv, ; meniscium, Schreb. ; grammitis , 
Swartz; xiphopteris, Kaulfuss (grammitis sp. ); ceterach, WilId. ; cochildium, 
Kaulfuss (grammit. sp. }; polypodium, Z. ; niphobolus, Xaulfuss { cyclo- 
phorus, Desv. ); tænitis, Swartz; notholæna, R, B.; onoclea, Z., Wüilld. ; 
struthiopteris, Wild. ; allosorus, Bernk. ( cryptogramma! À, B.); onychium, 
Kaulf. ; hymenolepis, Kaulf. (lomaria spic.); leptochilus, Xaulf. (acrost. 
axill, }; ellobocarpus, Kaulf. (ceratopteris, Ad Brong. ); lomaria, Wil!d. 
{stegania, R, B.); blechnum, Z, ; sadleria, Xaulf. (blech!); woodwardia , 
Smith. ; doodia, R. B.; asplenium, ZL., Swartz ; allantodia, R. B.; darea, 
Juss. (cænopteris, Berg, R. B. ); scolopendrium, Smith; diplazium, Swartz ; 
didymochlæna, Desv.; pteris, L. ; vittaria, Smith ;lonchitis, L, ; monogramma, 
Schhkuhr., Commerson (pteris graminea); anthrophium, Xaulf. ( hemionitis ) ; 
adiantum , Z. ; cheilanthes, Swartz ; cassebeera , Kaulf, (adiantum triphyllum }; 
lindsæa, Dyand. ; davallia, Smith ; saccoloma, Kaulf.; dicksonia, /’Hérit. ; 
balantium, Xaulf. (dicks. sp.!}; cibotium, ÆXaulf. (pinon. et dicks. sp. ! ); 
aspidium, Swartz ; pleopeltis, Humb., Bonpl. et Kunth; alsophila, R. B. ; 
chnoophora, Kaulf. (cyath. sp. }; woodsia, R. B, ; hemitelia, À, B,; cyathea, 
Smith; trichomanes, Z, ; hymenophyllum, Smith. 


8. MARSILEACEÆ. ( R. B.). Isoëtes , pilularia, marsilea, Z.; salvinia, Schreb, ; 


azolla, Lamarck. 


Par tout ce qui précède, il est facile de voir que Swartz et M. Robert 
Brown ont posé les premières bases des divisions à établir, et que, s'ils 


n'ont pas terminé ce travail, c’est qu’ils se sont uniquement occupés de 


flores spéciales. 
J'ai déjà dit que mon travail sur les fougères étoit achevé dès 1822, et 
que je déposai alors mes collections de ces plantes dans l'herbier général 


du Muséum ainsi que dans tous les herbiers de mes amis : dès cette 


époque aussi j'avois arrêté les divisions que Je vais proposer ; mais, je 


385 


260 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
n’eus point, je l'avoue, assez de présomption pour prendre l'initiative 
en les publiant. 

Enhardi depuis par les savans qui ont fait le premier pas dans cette 
nouvelle carrière et avec lesquels je me suis rencontré, je n'hésiterai 
plus, et, soutenu par l'espoir d’être utile à la science, je suivrai l'exemple 
qu'ils ont donné. 

Toutefois, il faut le dire ici, j'ai pris, pour arriver au même but, 
des chemins bien différens. Livré à moi-même dans le voyage, n'ayant 
jamais étudié aucune plante étrangère au sol de la France, et avec Île 
seul Genera plantarum de M. de Jussieu pour toute bibliothèque clas- 
sique, je méditai long-temps cet auteur; et c’est dans les distributions 
naturelles des groupes végétaux que je puisai les idées qui m'ont dirigé 
dans ce travail. En effet, j'interrogeai bien moins la forme, la nature 
et les dispositions des sores, que l'aspect général et sur-tout l'organisation 
propre des espèces qui composent les diverses sections. 

De concert avec M. Kaulfuss, je diviseroiïs donc la famille des fou- 
gères en huit classes, sauf à y introduire de légers changemens que j'avois 
adoptés long-temps avant de connoître son beau travail (x). 


FILICES. 


1. EQUISETACEZÆ (Richard). Equisetum, Z, 

2. LycoropiacEÆ ( Swartz). Lycopodium, L., Swartz ; bernhardia , Wi//d. (psi- 
lotum, Swartz, R. B.; hoffmannia, Wil!d.; tmesipteris, Bernh,) 

3. OPHIOGLOSSEÆ ( R. B.). Botrychium k Swartz ; ophioglossum, Z., Swartz ; 
helminthostachys, Kaulfuss (2). 

4. MARATTIACEÆ (Bory et Kaulfuss ). Marattia, Swartz ; danæa, Smith ; angio- 
pteris, Hoffm. 

5. GLEICHENIACEÆ ( R. B.). Gleichenia , Smith ( mertensia, Wild. ; dicranopteris, 
Bernhardi ); mertensia, Willd. ; platyzoma, R. B. 


(1) Avant MM. Bory de Saint-Vincent, Kaulfuss et moi, Bernhardi paroît avoir eu Pidée 
de partager les polypodiacées en groupes naturels ou familles. 11 propose les genres acrostichum, 
asplenium et gymnopteris (ceterachum , lomaria , acrostichum et gymnogramma ) comme type des 
trois seules familles qu'il ait inutilement tenté d'établir. 

Son mémoire, qui d’ailleurs est rempli d'observations savantes, a été imprimé en 1806, dans 
le 1. vol. du MVouveau Journal de botanique de Schrader : il mérite d’être consulté par tous 
ceux qui s’occuperont désormais de la classification des fougères, Je lai connu trop tard pour 
qu'il me fût possible de le transcrire ici. 


(2) Genre indiqué par M. Rob. Brown, Prod. Flor. Nov, Holl. pag. 165. 


BOTANIQUE. 261 
6. OsmunDACEZ (R.B.). Osmunda, Swartz ; todea, Wil!d, (osmundæ species , 
R. B.); mohria, lygodium, Swartz (hydroglossum, Wi//4, ; ugena, Cavan. ; 
cteisium, Rich); schizæa, Smith, Swartz ; anemia, Swartz. 
7. GYRATEZ ( R.B.) 
8. MARSILEACEZ ( R. B.}. Isoètes, pilularia, marsilea, Z. (lemma, Juss. }; sal- 
vinia, Schreb, ; azolla, Lamarck, 


La classe des GyRATEZÆ, qui renferme les 22 des fongères, c'est-à- 


dire, plus de douze cents espèces, exige des sous-divisions que je pro- 
poserois dans l'ordre suivant, qui m'a paru être le plus naturel. 


POLYPODIACEZÆ. 


Polybotrya, Humb., Bonp. et Kunth. 
Olfersia, Raddi. 
Neuroplatyceros, Pal. de Beauvois. 


| Acrostichum, L., Smith, Swartz. 
1. ACROSTICHEÆ...:.. | 


Hemionitis (anthrophium, Kaulfuss). 
Gymnogramma, Desvaux, 
à Mtonmninl., Lens ete 
Grammitis, Swartz. 
Xyphopteris, Kaulfuss. 
Cochlidium, Kaulfuss. 
Ceterach, Adans., Willd. 
Scolopendrium, Smith. 
Asplenium, L., Swartz. 
Diplazium, Swartz. 
Darea, Juss. (cænopteris, Berg.) 
Athyrium, Roth. 
Allantodia, R. B. 


. ASPLENIEÆ|....... 


V9 


Polystichum, Roth. 

Nephrodium, Mich., R. B. (aspidii species, Swartz ). 
Didymochlæna, Desvaux. 

Aspidium, Swartz, R.B, (hypopeltis, Mick.) 
Rhumora, Raddi. 


Pleopeltis, Humb., Bonp. et Kunth. 


4. ASPIDIEÆ....... 
(Bory.) 


Adenophorus, Gaud, 

Cyclophorus, Desvaux (niphobolus, Kaulfuss ). 
Polypodium, Swartz. 

Marginaria, Bory. 

Selliguea, Bory. 

Lastrea, Bory. 

Meniscium, Schreb, 

Tænitis, Swartz; 


$. POLYPODIEÆ...... 
( Bory.) 


262 


OTATHEZR, 2 mens 


. DICKSONIEÆ...,.. 


s D'AVAËLIEÆ. ss 


. HYMENOPHYLLEÆ. 


(Bory.) 


. SCHIZOLOMEZÆ.. 


. PTERIDEZÆ.. 


. CERATOPTERIDEÆ. | 


. BLECHNEZÆ.. 4 


s DOODIER, 0, 


…ADIANTEÆ 4 ven. 


- NOTHOLÆNEÆ.. 


| 
u 
| 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cyathea, Smith, 

Hemitelia, À, B. 

Alsophila, R, B. 

Woodsia, R, B. 

Chnoophora, Kaulfuss (cyathea, H. B. et Kunth). 


HYMENOPHYLLACEZÆ, 4 
Dicksonia, l’Hérit, 

Marian: Kaulfuss. 

Sache ; Kaulfuss, 

Pinonia, Gus, (cibotium, Kaulfuss ). | 
| Davallia, Smith. 

Trichomanes, L, 

Didymoglossum, Desy, 

Feea, Bory. 

PNHè sea y» Bory, — ( Trichomanes elegans, Willd.) 
Hymenophyilum, Sith, 

Lindsæa, Dryand., Smith, Swartz, R. B. 

Schizoloma, Gaud. 

Vittaria, SH Swartz. 

Leptochilus, Kaulfuss, 


| 
k 
| 
| 


PTERIDACEZÆ. 


Pteris, L., Sith, Swartz. 

Neuropterh Desvaux. 

Onychium, Kaulfuss, 

Lonchitis, L. 

Monogramma, Schkuhr. 

Allosorus, Bern. (cryptogramma, R. B.) 
Ceratopteris, Ad, Brong, (teleozoma, R. B. ; : eHobocarpus, Kaulf.) 
Hymenolepis, Kaulfuss (Iomaria spicata auct. ) 
Lomaria (stegania, R, B.) 

Blechnum, L,, Smith, Swartz. 

Sadleria, Kaulfuss. 

Woodwardia, Smith, 

Doodia, R. B. 


Adiantum, 
Cassebeera , 5% aulfuss. 


Cheilanthes, Swartz. 
Notholæna, R. B, 


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264 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. | 
POLYPODIEZÆ (PoryPopiumM Auct.) , 
I. ATOMOPTERIDEZÆ. 
S. L STENOPTERIDEZ ( dede, étroit; ele, fougère. ) 4 4 


1. Polypodium, pseudo-grammitis , Gaudi, 
2. Polypodium atro-punctatum , Gaudi, 

$. IL. LONCHIPTERIDEZ (07, lance; #. ) | 
3. Polypodium percussum, Langsd, et Fisch. 

$. III. PHYLLITHIPTERIDEÆ ( gone, feuille; Aide, 

A. Feuilles très-entières.. .... pierre; #.) | 
4. Polypodium phyllitidis, Swartz. | 
s. Polypodium repens, Swartz. 

$. IV. PACHYPTERIDEZ (as, épais; #°) 

\ 6. Polypodium crassifolium, Swartz. 

$. V. IRIDIPTERIDEÆ (| jeus, iris; #.) 
7. Polypodium irioïdes, Swartz. 


$. VI. LYCOPODIOPTERIDEÆ (Aus, loup; 78e, 

B. Feuilles entiers / dentées pied ; #.) 
ou sinuées, les fertiles 
ordinaîrement distinctes 


8. Polypodium Iycopodioïdes, Linn. 
9. Polypodium lagopodioïdes, Desvaux, 


des StÉTIles. sut so». 02 0 : 
10. Polypodium vaccinifolium, Wälld. 
II. ENTOMOPTERIDEZÆ. 
. VII. CiSSOPTERIDEÆ os, lierre; 
A. Feuilles Jobééf eve Tree 3 DRE fur RER | 
11. Polypodium thouinianum, Gaudi, - 
$. VIIT. ECCREMOPTERIDEZ ( éxpeuume, pendant; #.) 
12. Polypodium pendulum , Swartz. 
# 
$. IX. ACHYROPTERIDEZ (äwer, écaille, paillette; 
”” 
13. Polypodium incanum, Wälid, . 
14. Polypodium hirsutissimum , Raddi, 
B. Feuilles pennatifides... .. 5. X. CŒNOPTERIDEÆ (#ovoç, commun; #.) 


15. Polypodium pellucidum, Kaulfuss. 
16. Polypodium latipes, Langsd, et Fisch. 


BOTANIQUE. 265 


$. XI. CTENOPTERIDEZ (#76, peigne; #.) 
17. Polypodium pectinatum, Linn. 
18. Polypodium schkuhrit, Raddi. 
$. XII. PHYMATODIPTERIDEÆ | uuarédhe, couvert 
de tubercules; #. ) 
19. Polypodium phymatodes, Linn, 
20. Polypodium scandens, Labill. 
21. Polypodium pleopeltifolium, Raddi, 
$. XIII. CHRYSOPTERIDEZÆ ( xpuovs, Or; #7.) 
22. Polypodium aureum, Linn. 
$. XIV. DRYOPHYLLOPTERIDEZÆ ( dpôe, chêne; gumor, 
feuille; #7. ) (ou Drynarieæ, du drynaria, B.) 


23. Polypodium quercifolium, Linn. 
24. Polypodium diversifolium, R. Brown. 


$. XV. NERIOPTERIDEZ ({vñeor, laurier-rose; 7.) 
25. Polypodium nerïifolium, Swartz. 
C. Feuilles pennées......... 26. Polypodium brasiliense, Poirer. 
27. Polypodium decurrens, Raddi. 
$. XVI. LEPTOPTERIDEÆ (Ae#os, mince; #.) 
28. Polypodium tenellum, À. Brown. : 


5, XVII. PHENGOPTERIDEZÆ (67705; la splendeur; #.) 


29. Polypodium fasciculatum, Raddi, 


mt Dre cr se 30. Polypodium auriculatum, Raddi. 


CN ARRET" 31. Polypodium vestitum, Raddi. 
32. Polypodium caudatum, Raddi, 
$. XVIIL DRYOPTERIDEÆ ( dpüe, chêne; #. ) 
E. Feuilles tripennées ou dé- 33. Polypodium concinnum; Willa. 
COMPOSÉES. . ..» « “do 34. Polypodium leuzeanum, Gaudic. 


35. Polypodium keraudrenianum, Gaudic. 


Nous avons fait observer que les caractères de végétation nous avoient 
autant servi dans la classification des fougères, que les organes repro- 
ducteurs proprement dits : quelques - unes de nos notes à ce sujet ne 
seront point déplacées ici. 

Et d'abord, nous devons convenir que, n'ayant jamais vu les fructi- 
fications des MarsiLÉACÉES, et ne jugeant ces plantes que par analogie, 
nous les avions placées à la suite des mousses et des hépatiques, comme 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 3 4 


266 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


devant former le lien destiné à unir ces plantes aux Iycopodiacées, ou 
mieux aux équisétacées, avec les leurs desquelles elles ont tant de con- 
formité. Leurs tiges sont recouvertes d'écailles très-ténues, filiformes, 
articulées et souvent rameuses. 

Les ÉQUISÉTACÉES, si distinctes en apparence des fougères de la 
septième classe (gyratæ), ont cependant avec elles certains rapports 
d'organisation. Les vaisseaux médulliformes s'y rencontrent, soit libres 
et sous l'apparence d’un tube capillaire au centre des tiges anciennes, 
ordinairement couchées, soit réunis aux tiges nouvelles, ascendantes, 
dont ils tapissent Îa surface interne. Dans ce dernier cas, et observés 
sur de jeunes sujets, ils figurent des membranes très-minces. À ces 
caractères, qu'on pourra peut-être employer à la détermination si 
difficile des espèces, on doit en ajouter un autre : il est fourni par les 
écailles qui garnissent circulairement toutes les nodosités des racines 
ou mieux des bases radicifères de ces plantes. Ces sortes de fibrilles 
sont jaunâtres, comme celles de la plupart des fougères; vues au micros- 
cope, elles se montrent rubanées, articulées et rameuses, comme dans 
certaines dicksoniées. Nous pensons d’ailleurs, avec M. Decandoile 
(Organog. véget. 1, page 230), que si lon n'avoit égard qu'aux carac- 
tères de végétation, ces plantes devroient être plus rapprochées des 
monocotylédones, et spécialement des graminées. 

L'organisation des LxcopopiacÉEs approche sensiblement de celle 
des fougères de la classe gyratæ ( filices auct. )}. Comme elles, ces 
plantes présentent des vaisseaux médulliformes, composés de fibres 
tubulées, brillantes, réunies en un seul ou en plusieurs corps pleins. 
Ces vaisseaux se partagent en faisceaux secondaires, qui, comme 
les prolongemens médullaires des dicotylédones, vont donner naissance 
ou à des rameaux, ou à des racines, ou à des feuilles, &c. Les lyco- 
podiacées diflèrent sur-tout des autres fougères, par la nature fibreuse 
ou tubuleuse de toutes les parties de leurs tiges. J'en excepterai toute- 
fois Les /ycopodium #abelliformes, herbacés, tels que patulum, junger- 
mannioïdes , marginatum , pouzolgianum , pennigerum, et probablement toutes 
les autres espèces de cette section dans lesquelles les vaisseaux médul- 
liformes sont entourés de tissu cellulaire. 


À 
Î 
| 
È 
Ë 
È 
| 


BOTANIQUE. 267 


Dans les premiers, les tubes de l'extérieur, dont les plus rapprochés 
des tubes du centre sont ordinairement noirs, ressemblent beaucoup à 
ceux-ci; mais ils s'en distinguent suffisamment par les usages auxquels 
la nature semble les avoir destinés. 

Les OPHIOGLOSSÉES sont aussi convenablement caractérisées par leur 
substance herbacée, verte, à fibres dichotomes, largement réticulées ; 
par leurs épis partant du centre des folioles. .. be dia Sa ur 

Les MARATTIACÉES se font remarquer par les articulations des pétioles 
(stipes) dans plusieurs espèces; par des nervures rares, simples, dicho- 
tomes ou alternes, et sur-tout par cette organisation singulière qui place 
à la base de toutes les divisions, pétioles, feuilles, folioles, lobes, et 
même à celle des nervures, un renflement celluleux, sorte d'appareil 
de prévoyance, jouissant de la propriété de conserver long-temps une 
fort grande quantité d'humidité réparatrice, lors même que le reste de 
la plante est dans un état notable de siccité, Les faisceaux de fibres 
médulliformes sont très-nombreux. 

Les GLEICHÉNIACÉES se reconnoissent à leurs tiges rampantes, garnies 
d'écaïlles piliformes, caduques , à leurs rameaux dichotomes, à leurs 
bourgeons caulifères avortés, écailleux, et sur-tout à la contexture de 
ces mêmes tiges, qui n'offrent jamais qu'un seul faisceau de fibres 
médulliformes, libre après le desséchement dans les gleichenia ; fixé sur 
une sorte de placentaire latéral, antérieur, dans les mertensia. 

Les OsMUNDACÉES, du moins telles qu’on les a établies, nous semblent 
beaucoup plus difficiles à caractériser. Les plantes du genre osmunda, 
qui ont de certains points d’affinité avec quelques ophioglossées, se 
distinguent cependant par leurs nervures simplement dichotomes, tandis 
qu'elles sont réticulées dans quelques anemia; par leurs vaisseaux mé- 
dulliformes, qui, dans la coupe des pétioles, forment un cercle de plus 
en plus ouvert de la base au sommet; enfin, par la conversion entière 
ou partielle des folioles en épis. 

Les fodea en diffèrent par la disposition des sores sur la face exté- 
rieure des folioles, qui ne se déforment que peu ou quelquefois pas du 
tout. L'organisation des lygodium nous paroïît appartenir plutôt aux 
gleichéniacées qu'aux osmundacées. Ainsi, ils ont des tiges cylindriques, 


34* 


268 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


qui ne renferment qu'un seul faisceau arrondi, libre, de fibres médul- 
liformes ; leurs rameaux sont dichotomes, à bourgeons prolifères, &c. 

L'ordre que je propose d'établir dans la disposition des groupes, est, 
à mon sens, le plus méthodique. J'avoue pourtant qu'il me laisse quelque 
incertitude relativement aux genres que je range dans chacun d'eux : 
ilen est plusieurs, en effet, que je ne connois pas positivement, et, 
dans {eur classification, je n'ai pu être guidé que par lanalogie. 

Réunir les fougères par groupes naturels auroit de grands avantages, 
si les élémens qui composent ces plantes, formoient une suite régulière 
de transitions. Mais la marche qu'a suivie la nature échappe souvent 
aux recherches, et force à se contenter d’une approximation plus ou 
moins rigoureuse. Aussi nos classifications ressemblent-elles à des fleuves 
dont le cours est souvent interrompu par des cascades, 

Les Hertnent et les nervures, pris isolément, sont des caractères 
assez sûrs; et cependant il nous a été impossible de former aucun 
groupe en les prenant exclusivement pour guides. Mettre toutes Îles 
fougères à tégumens d’un côté, et toutes les fougères sans tégumens de 
l'autre, n’auroit pu se faire sans rompre les rapports naturels. Il en est 
de même des nervures, qui pourront fournir des divisions assez certaines 
dans les genres (ou constituer des sous-genres ), mais qui, en général, sont 
des indices trop équivoques pour servir de base à un classement plus étendu. 

C'est donc sur l’union des caractères généraux fournis par lorganisa- 
tion, et des caractères des sores, que reposent les fondemens des groupes 
que nous venons de proposer (page 261 }. 

Si je comprends bien les genres des différentes sections, les acros- 
tichées se lient insensiblement aux hémionitidées, et celles-ci aux asplé- 
niées, comme les aspléniées aux aspidiées; des aspidiées aux polypo- 
diacées Je passage est tellement bien tracé, qu'il me reste encore beau- 
coup de doutes sur l'identité générique d’un assez grand nombre de 
plantes de ces deux grandes sections. Des polypodiacées aux cyathées, 
la transition est encore naturelle; il en est de méme des cyathées (1) 
aux dicksoniées, des dicksoniées aux davalliacées, des davalliacées aux 


(1) Quelques cyathées ont aussi des rapports de fructification avec les aspidiées. 


BOTANIQUE. 269 


hyménophyllées, et des hyménophyllées aux schizolomées par les lindsæa. 
Les schizolomées ayant appartenu pour la plupart aux ptéridées, feur 
rapprochement se trouve suffisamment justifié. Maintenant on passe 
facilement des ptéridées aux cératoptéridées, malgré la forme de leurs 
sporanges ; des cératoptéridées aux blechnées, des blechnées aux doodiées, 
de ces dernières aux adiantées, et enfin des adiantées aux notholénées, 
dont on pourroit peut-être ne former qu'un même groupe. 

Nous ne tracerons point ici les caractères généraux qui justifient 
cet enchaînement; il sufhra dé répéter qu'ils résultent de nos observa- 
tions précédentes, tant Sur l'aspect, lorganisation, la forme et l’'en- 
semble des nervures, des écailles, la coupe transversale des tiges et des 
pétioles, que sur les organes propres de Ia reproduction. 

L'union des cheilanthes et des notholæna aux adiantées paroïîtra peut- 
être au premier abord un peu forcée ; mais on sen fera une idée diffé- 
rente, si l’on considère que les raisons principales qui nous ont déterminés 
à l'adopter, sont ces rapports d'organisation, de fructification, qui ont 
fait réunir les cheilanthes et sur-tout les sotholæna aux acrostichum, avec 
lesquels presque tous ont été confondus, 

_ En effet, si l'on dispose Îles sections que nous venons de proposer 
(pages 261 et 262), de manière à former un cercle, et que Île genre 
notholæna touche au genre acrostichum (page 263), on aura une série 


_de rapports également naturelle, soit qu'on prenne de droite à gauche 


ou de gauche à droite. 

Nous ne proposons de distribuer ainsi les fougères par groupes, que dans 
l'espoir de faciliter leur étude , et conséquemment d’être utile à la science. 
Si cette innovation obtenoit des naturalistes un accueil favorable, des 
phrases caractéristiques de ces groupes, fondées sur Je double rapport 
de fa végétation et des organes reproducteurs, seroient nécessaires (1). 
Au cas où ils en jugeroïent autrement, nos bonnes intentions sont un 
titre à leur indulgence, que sans doute nous n’aurons pas invoquée ici 
vainement, 

(1) Disons, à cesujet, que nous avons déjà préparé une méthode analytique (clavis filicum ) 


+ a Je # # 0 .. à 
qui pourra être de quelque utilité dans la détermination des classes, des groupes, des genres, et 
même des espèces. 


270 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Ces premiers groupes dans les gyratæ, qui nous paroissent être indis- 
pensables pour l'étude méthodique des fougères, ne sont pas les seuls 
que nous nous soyons proposé de signaler. Chaque genre, à son tour, 
exigeroit impérieusement, selon nous, des divisions plus convenables 
que celles qu'on a employées jusqu'à ce jour. 

Ces divisions, loin de compliquer létude des fougères, la simpli- 
fieroient au contraire, en rendant moins confuse et, pour ainsi dire, 
plus classique, cette partie de la science. 

Notre dessein n’est pas d'exposer icf*en détail la classification que 
nous avons arrêtée, à peu de chose près, pour tous les genres de la 
famille des fougères, mais dont nous n'avons pu encore mürir assez 
les caractères généraux, ni coordonner de tous points la nomenclature. 

Nous dirons simplement que le genre acrostichum, par exemple, y 
sera subdivisé en sections ou en sous-genres, qui nous ont paru 
tellement naturels, qu'il y eût eu excès de circonspection à ne les point 
proposer. 

Ces sections ou sous-genres, auxquels on peut facilement donner des 
noms significatifs et des caractères différentiels, ont trop bien été tracés 


par la nature, pour n'être pas sentis par tout le monde. En effet, ce 


ne sont guère, à notre avis, que les dégénérescences des mêmes types 
qui les produisent. L’une de ces sections renferme les acrostichum à feuilles 
simples, couvertes d'écailles piliformes au sommet, tels que les acros- 
tichum villosum, pilosum , spatulatum , horridulum , &c. Une autre se compose 
desacrostichum à feuilles simples aussi, mais plus où moins chargées d'écaïlles 
membraneuses dans toutes leurs parties, entières ou déchiquetées, tels 
que les acrostichum squamosum , splendens , hybridum, &e., que nous sous- 
divisons encore en deux sections, afin de séparer les espèces à écailles 
entières de celles qui ont les leurs frangées ou laciniées. Nous en for- 
mons également plusieurs autres parmi {es acrostichum à feuilles com- 
posées, qui se subdivisent aussi en plusieurs sous-sections, selon que 
les feuilles sont uniformes et fertiles au sommet, ou inégales , c’est-à- 
dire, en partie fertiles, en partie stériles. Deux exemples sufliront pour en 
donner une idée exacte. Le premier nous sera fourni par lacrostichum 
aureum, auquel nous réunissons les acrostichum daneaæfolium , inæquale , 


BOTANIQUE. 271 


speciosum , fraxinifolium, &c., plantes que nous regardons bien plutôt 
comme de simples variétés établies par des accidens de localités, de 
climats, que comme des espèces (1). 

Voulant donner pourtant une idée de notre classification des genres 
dans les fougères, nous avons placé (pag. 264 et 265 ) le tableau du genre 
polypodium (tracé seulement d’après les espèces de nos herbiers ) ou plutôt 
des vraies polypodiacées. 

Ces groupes, pour la plupart, nous semblent si convenablement as- 
sortis, qu’on n'hésitera peut-être pas à en former des genres, comme on l'a 
déjà fait pour les pleopeltis , les adenophorus, les cyclophorus, les marginaria, 
et même les meniscium, Dans ce cas, il n'y auroit guère que les terminaisons 
des noms à changer, pour avoir les stenopteris, Îes lonchitipteris , les phyllithi- 
pteris, les iridipteris, les Tycopodiopteris , les phymatodopteris, les achyro- 
pteris, &c., dont les caractères génériques se trouvent tout tracés dans 
les phrases de sections que nous avons établies. 

Que ce soit donc à titre de groupes, de sections, de sous-genres, 
nimporte , les divisions que nous proposons d'établir dans les genres, 
nous ont paru non-seulement nécessaires à l'étude des fougères, mais 
encore d’une utilité urgente et indispensable pour faire arriver rapi- 
dement cette belle partie de la cryptogamie à la hauteur où ladmi- 
rable méthode naturelle a déjà placé toute a phanérogamie, D'ailleurs, 
ce travail, qui repose particulièrement sur des caractères de végétation , 
n’est encore qu'une ébauche imparfaite, grossière, inspirée par la né- 

(1) Une suffit pas d'avancer des idées, il faut aussi les prouver. Les nôtres, à cet égard, 
résultent d’une conviction intime, et se justifient d’ailleurs par des faits nombreux. Nous 
en emprunterons deux à nos généralités géographiques sur la végétation océanienne. 

1.0 L'acrostichum aureum, qui croît sous la ligne , dans les Moluques, est à folioles entières, 
membraneuses , réticulées , dans les lieux bas et humides. Ces folioles deviennent gra 
. duellement épaisses et obtuses, à mesure qu’on s'élève dans les montagnes. (De là les acros- 
tichum aureum, speciosum, &c.) Si lon s'éloigne de la ligne, on voit s’opérer des transfor- 
mations analogues et des plus prononcées, à mesure qu’on gagne en latitude. Aïnsi, dès Je 
12.° degré N., on rencontre l’acrostichum inæquale; par le 25.° S., lacrostichum sd 
+ le 355$, D ne fraxinifolium, &c. 

° Le bide quercifolium que je regarde comme type de Ia section, est à feuilles sim- 
lobées sous la ligne (dans les Moluques), qui paroît être sa patrie; À feuilles de 


plus en plus profondément pinnatifides, du 20 au 25.° degré; et enfin tout-à-fait pinnées et 
même à pinnules dentées, par le 30. (Ce dernier existe aussi à Rawak.) 


272 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


cessité; aussi ne nous sommes-nous hasardés à le placer ici que pour 
servir d'expression à nos idées, en leur donnant quelques nouveaux 
développemens. 

Cependant, si une classification générale des fougères, fondée sur 
ces principes, étoit adoptée, il seroit nécessaire d'ajouter à ces poly- 
podiées, et comme n'en formant aussi que de simples sections, les 
pleopeltipterideæ du genre pleopeltis (Humb., Bonp. et Kunth), qu'on 
réuniroit peut-être aux lonchitipterideæ ; les lomatopterideæ du marginaria de 
M. Bory de Saint-Vincent; les adenophoropterideæ de notre genre adeno- 
phorus ; Les menisciopterideæ, du genre meniscium ; les cyclophoropterideæ , des 
cyclophorus de M. Desvaux, auxquels on ajoutera sans doute le polpodium 
rupestre, Rob. Brown, et plusieurs autres espèces encore confondues 
dans Îles polypodium, &c. 

En parcourant les polypodes des herbiers, nous nous sommes assurés 
que ces caractères de formes, de texture et de fructification, réunis, 
fournissent des coupes générales bien tranchées et vraiment naturelles. 

De nombreuses fougères seront sans doute aussi jugées propres à 
fournir les types d’autres divisions : tels sont les po/podium megallophyllum, 
trifoliatum, macrophyllum , trifurcatum, et sur-tout le pohypodium lanigerum, 
Desv., dont on placeroit la section à côté des achyropterideæ. 

Mais, nous le répétons, notre intention n'est pas d’assujettir encore 
les fougères connues à cette classification, peut-être prématurée; fa sou- 
mettre aux méditations des amis de la science est le seul but que nous 
nous proposons ici; il sera complètement atteint, si nous parvenons à 
faire éclore quelques idées nouvelles, philosophiques , sur la meilleure 
méthode à suivre pour coordonner entre eux ces végétaux. 

Disons néanmoins, par anticipation, que de nombreux polypodium 
viennent se ranger naturellement dans les sections que nous avons 
établies pour les seules espèces de nos herbiers. Aïnsi, par exemple, 
on ajouteroit aux STENOPTERIDEÆ (peut-être trop peu distinctes des LON- 
CHITIPTERIDEÆ), les polypodium ciliatum , Wid. ; angustifolium, Swartz ; fas- 
ciale, H. B. et K. ; macrocarpum, Bory, Willd. , et plusieurs autres espèces : 
aux LONCHITIPTERIDEZ, les polypodium lanceolatum , L. ; dombei, Desvaux ; 
avenium (percussum ! Cav.., Lang. et Fisch.}, Desv. : auxPHYLLITHIPTERIDEZ, 


BOTANIQUE. ES 
des espèces de Java, de la Guiane, et de plusieurs localités : aux PACHYPTE- 
RIDEÆ, le polypodium platyphyllum, Poiret, et quelques espèces confondues 
peut-être dans les herbiers avec les variétés du po/ypodium crassifolium : aux 
LYCOPODIOPTERIDEÆ , les polypodium mauritianum , Wïilld.; portoricense, 
Desv. (1); heterophyllum, L.; piloselloïdes, L. : aux c1SSOPTERIDEZ, les 
pobpodium tricuspe, Swartz; hastatum, Thunberg; trifurcatum, L. : aux 
ECCREMOPTERIDEÆ, les polypodium incisum, Sw.; comptoniæfolium, Desv. ; 
trichomanoïdes, Swartz; argyratum, Boryÿ ; flabelliforme, Poiret ; grammitidis, 
Labüll. ; parvulum, Bory, &c. : aux CŒNOPTERIDEZ, Les polypodium 
vulgare, di qui en forme le type), cambricum, L.; attenuatum, Wild. ; 
loriceum , L. ; dulce, Swartz, Poiret ; californicum, Kaulfuss, &c. : aux 
CTENOPTERIDEÆ , les polypodium paradiseæ, Lang. et Fischer; plumula, H. 
B. et K. ; otites, L. ; struthionis, L.; taxifolium , L. ; tenuifolium, H. B. et K.; 
venustum , Desv.; capillare, Desv.; recurvatum, Kaulfuss, &c. : aux PHY- 
MATODIPTERIDEÆ, Îles polypodium grossum , Lang. et Fischer: et plusieurs 
autres plantes de l'Amérique méridionale, des Philippines, des Mo- 
luques , &c. : aux DRYOPHYLLOPTERIDEZ,, tous Îes polypodium dont M. Bory 
de Saint-Vincent a formé son genre drynaria, &c. 

Afin de faire mieux sentir les immenses avantages des nouvelles divi- 
sions que nous voudrions substituer à celles qui ont été employées jusqu’à 
ce jour, il faudra se rappeler ce que nous avons dit (pag. 242) sur 
linconstance des formes et des indices caractéristiques dans les fougères. 

IL suffira aussi de jeter un coup d’œil sur le tableau n.° 3 (page 26 ): 
on y verra Île polypodium quercifolium, de la tribu des DRYOPHYLLOPTE- 
RIDEÆ, placé dans fa seconde division ENTOMOPTERIDEZ , à la fin de la 
sous-division B { feuilles pennatifides &c. ); tandis que le polypodium di- 
versifolium (pobyp. (dryn.) Gaudichaudii, Bory), qui, par son organisa- 
tion, tient essentiellement au même groupe, appartiendroit à la sous- 
division C (feuilles pennées, &c.), où nous l'avons placé à dessein, 
pour faire mieux sentir le vice des ordres fondés sur les divisions des 
feuilles, et Le peu d'importance qu’on doit y attacher. 

Si ces caractères A,B,C, &c., de la première et de [a seconde partie 

(1) Quoique ces plantes ne soient pas toutes publiées, nous adoptons les noms que 
M, Desvaux a établis dans l’herbier général. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 3 s 


274 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


proposées dans le tableau n.° 3, étoient abandonnées comme divisions 
générales des polypodiacées , et réservées pour en former de simples sec- 
tions dans les tribus (1), alors on concevroit de nouveaux rapprochemens 
naturels à faire entre des individus de tribus très-éloïgnées. Quelques 
espèces de STENOPTERIDEÆ, telles que le polypodiumpseudo-grammitis, &c., 
se réuniroient aux ECCREMOPTERIDEÆ par le polypodium grammitidis , &c., 
les PHYLLITHIPTERIDEÆ aux NERIOPTERIDEÆ, &c.; et en généralisant 
davantage, on ne tarderoit pas à reconnoître Îles rapports d'organisation 
qui existent entre les CTENOPTERIDEÆ, et des fougères plus composées, 
telles que Le polypodium decussatum, de Plumier, et plusieurs autres espèces 
américaines. Maïs ces fougères ne font point partie de nos collections, et 
nous devons borner là nos idées systématiques. 

Ce qui nous resteroit à dire sur les genres, se trouve déjà en partie 
exprimé dans l'extrait que nous venons d'offrir de nos généralités sur la 
famille des fougères. 


(1) Imbu des principes de la nomenclature de Guyton de Morveau et de celle qui décore 
Pattrayant système de Linné, convaincu d’ailleurs de limmensité des avantages qu'ont les 
noms techniques sur des phrases explicatives souvent Iongues et embarrassées, nous avions 
primitivement adopté, pour diviser les genres en sections, des noms analogues basés sur ceux 
qui ont été établis dans ces deux immortels ouvrages, 

Nous partagions les fougères de chaque genre, comme on Va fait jusqu’à présent, en sections 
définies et caractérisées , remplaçant des phrases (feuilles simples, entières, &c., feuilles di- 
visées, &c., feuilles pinnatifides, bipinnatifides, tripinnatifides, et décomposées) par des 
noms tirés du grec exprimant tout aussi bien et plus brièvement ces premiers caractères 
différentiels : 

Les apterideæ , pseudopterideæ , pterideæ, monopterideæ , dipterideæ , tripterideæ , et enfin 
polypterideæ , &c. 

Mais un de nos meilleurs amis, M. Ie docteur Kunth, dont nous nous honorons de suivre 
les savans conseils, nous ayant fait observer que, pour les botanistes, péeris étoit aujourd’hui 
tout-à-fait synonyme de fougère, nous avons dû renoncer à ces noms. En effet, apterideæ, 
n’exprimeroit plus que fougère sans fougère, d’après le sens attaché à Ia partie radicale de ce nom. 

Nous convenons d’ailleurs que c’est Sans regret que nous avons renoncé à l'emploi de ces 
noms ; car, quoiqu'ils simplifient singulièrement le Tangage scientifique, en remplaçant par de 
simples mots, des phrases souvent longues et obscures, ils n’en sont pas moins opposés à nos 
idées générales sur la classification des fougères. Tout nous porte donc à penser que les sections 
fondées sur le mode et le nombre des divisions, dans Îes genres, tels qu’ils existent maintenant, 
seront détruites dès qu'on en sentira mieux linutilité, et que si désormais on continue à les 
employer, ce ne sera tout au plus que dans les groupes naturels, tels que nous proposons de 
les établir, et dont l’ancien genre polypodium nous a servi d'exemple. ( Voyez pages 264 et 


266.) 


| 
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Ë 
Ê 


BOTANIQUE. 275 


Disons cependant qu’en vain nous avons cherché des caractères tranchés 
de végétation susceptibles de fournir seuls de bonnes distinctions géné- 
riques; ce qui pourtant seroit nécessaire, dans quelques cas de genres 
voisins, comme les aspidium (polystichum) et les polypodium , que lon con- 
fond encore de nos jours. En effet, ces plantes se montrent semblables 

-par leurs formes, leur substance, sur-tout par la disposition de leurs 
nervures et conséquemment de leurs sores. 

C'est donc dans le mode d'organisation de ces plantes qu'il seroit utile 
de découvrir quelques nouveaux caractères distinctifs. On en chercheroit 
vainement aussi dans la forme des tiges. Il est vrai que tous les polypodes 
de nos collections, à feuilles simples, entières ou lobées, pinnatifides et 
même pinnées, le polypodium pendulum excepté, ont des tiges rampantes qui 
appartiennent au premier ordre de la première classe; et si l'on ne ren- 
controit d’autres exceptions que celle qui est fournie par la forme des 
tiges dupolypodium pendulum, il seroit facile d'obvier à cet inconvénient, 
en le faisant entrer dans une section à part, qui comprendroit aussi les 
polypodium trichomanoïdes, flabelliforme , et plusieurs autres espèces que 
nous avons observées à l'Ile-de-France et à l'ile Bourbon. 

Mais si nous nous le rappelons bien, tous les polypodes à feuilles bi- 
pinnatifides et décomposées ont des tiges redressées et même arborescentes, 
comme les polypodium kcraudrenianum , leuzeanum, &c. 

Les aspidium , généralement à tiges redressées, comptent aussi de nom- 
breuses exceptions , telles que les aspidium splendens, hirsutulum, &c., dont 
les tiges sont rampantes ; ce qui, pour nous, est un nouveau sujet de les 
réunir aux sephrodium , dont ils partagent aussi les autres caractères de 
divisions, de nervures, de fructifications. 

Le genre anemia , si constant dans les caractères de ses espèces, fournit 
également deux sortes de tiges; le genre pteris est dans le même cas. 

IL faut donc renoncer aux formes de ces parties comme distinctions 
génériques, du moins pour les genres tels que nous les admettons encore 
aujourd'hui; mais on doit les conserver comme d’excellens caractères de 
sections dans ces genres. Ainsi, par exemple, on voit que toutes les espèces 
de ptérides voisines du pteris aquilina , ont les tiges rampantes, tandis que 
celles qui se groupent autour du péeris pedata, ont les leurs redressées. 


à 


276 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Nous terminerons nos remarques en rappelant que, depuis quelques 
années, on a proposé un assez gs nombre de genres. 

M. Bory de Saint-Vincent, qui s'occupe avec zèle de pdt sur 
cette matière, en a formé (1) plusieurs, parmi lesquels on remarque les 
feea, les selliguea, les lastrea, Les marginaria , hymenostachis, &c. 

En 1822, nous ébauchâmes un travail de la même nature, et fimes 
graver un certain nombre de ces plantes, qui, comme nous l'avons déjà 
dit, furent alors déposées dans lherbier du Muséum et communiquées 
à tous les botanistes qui nous honorent de leur amitié. En 1823, M. Bory 
de Saint-Vincent les annonça dans son excellent Dictionnaire classique 
d'histoire naturelle, et c’est seulement en 1824 qu'un peu d’amélio- 
ration dans notre santé nous a permis de les publier. 

Ces genres sont l'adenophorus , fort jolie petite section des polypodiacées; 
le schigoloma, très-voisin des lindsea, et le pinonia, fougère magnifique 
qui appartient à la série des dicksoniées et que nous avons consacrée à 
M." Louis de Freycinet. 

Dans {a même année (1824), M. Kaulfuss publia le genre cibotium, 
qui paroït être identique avec Îe genre pinonia ; mais nous présumons 
trop bien de la politesse exquise de ce savant Prussien, pour qu’il nous 
vienne à la pensée qu’en cela nos droits à la priorité seront contestés 
par lui. 

Dans le beau travail sur les fougères recueillies par M. Adelbert de 
Chamisso, dans le voyage autour du monde fait par M. le capitaine 
Otto de Kotzebue, M. Kaulfuss propose aussi un grand nombre d’autres 
genres, tels que helminthostachys, formé du botrychium zeylanicum, de Swartz; 
xiphopteris, du grammitis serrulata, Swartz ; cochlidium , du grammitis grami- 
noïdes , Swartz; niphobolus, du cyclophorus, de M. Desvaux ; onychium, petite 
plante de la section des aspléniées, remarquable par un tégument double ; 
hymenolepis , du Jomaria spicata, Wälid. ; leptochilus, de V'acrostichum axillare, 
Cav., Sw. et Willd.; e/lobocarpus , du ceratopteris de M. Ad. Brongniart 
(telaozoma, R. B.); sadleria, de la section des cyathées ; anthrophyum, de 
quelques hemionitis ; casebeera, de Vadiantum triphyllum, Smith ; saccoloma, 
voisin des nephrodium; balantium, de quelques dicksonia, &c. 


(1) Voyez Dictionnaire classique d'histoire naturelle, tome VI, p. 587 et 583. 


BOTANIQUE. 277 


$ IX. DES ESPÈCES. 


\ 


Nous devons convenir ici que, malgré Îe soin apporté à l'étude de 
nos fougères, ainsi qu’à leur détermination, il nous reste encore beaucoup 
de doutes sur l’analogie parfaite d’un assez grand nombre d'espèces : 
mais nous n'avons pu mieux faire. Ce n’est pas dans un aperçu partiel, 
comme le nôtre, qu'il est possible d'arriver à des résultats certains, 
invariables : un travail général, fait après avoir étudié tous les herbiers 
connus, compulsé les ouvrages des botanistes de tous les pays, comparé 
les nombreuses iconographies, pourroit seul conduire à une détermi- 
nation, sinon parfaite, positive, au moins aussi exacte qu'il est permis 
de l’espérer. 

Nul doute que des recherches comparatives de ce genre, dans les- 
quelles on rapprocheroït, on assembleroiït tous les chaînons, loin de 
tendre à multiplier les espèces , ne feroient qu’en restreindre de beaucoup 
le nombre. 

Ainsi on se verroit successivement forcé de réunir au po/ypodium quer- 
cifolium {polypodium Linnai, Bory), les polyp. Willdenowii, Gaudichaudii, 
Schkuhrii, sylvaticum, &c., qui maintenant forment le sous-genre dryna- 
ria de M. Bory de Saint-Vincent; au polypodium phymatodes, le poly- 
podium grossum, ainsi que plusieurs autres espèces de l'Amérique et de 
fInde, et peut-être aussi le polyp. scandens ; au polypodium vulgare, au 
moins dix ou douze plantes de localités diverses ; à l'aspidium trifoliatum, 
l'aspidium macrophyllum , Yaspid. longifolium, Yaspid. puberulum, &c.; à 
l'aspidium ( nephrodium ) splendens, plusieurs plantes de la même section ; 
à l'asplenium adiantum nigrum, les asplenium acutum, Bory, argutum, 
Kaulfuss, patens (!) Kaulf., &c.; au preris sagittifolia, Raddi, le pteris 
hastata ; au pteris pedata, L. , les pteris palmata, Willd., concolor, Langd. 
et Fisch., pedatoïdea, Desvaux, et plusieurs autres espèces, auxquelles 
nous ajouterions le pteris ligulata des marais maritimes de Pile Vaigiou; 
à l'acrostichum aureum, toutes les modifications déjà signalées de cette 
espèce ; à lacrostichum crassifolium des îles Sandwich, les variétés 
que nous avons décrites de cette même localité; à lhemionitis planta- 
ginea, Vhemionitis boryana, &c.; enfin à Fadiantum capillus veneris, une 


278 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


foule de variétés qui ne sont évidemment formées que par la différence 
des climats, des localités, des expositions. 

Et qu'on ne pense pas qu'un examen superficiel nous ait suggéré 
cette idée de réduction: elle s’est fortifiée dans notre esprit jusqu'à 
l'évidence par une foule d'observations que nous avons recueillies. Nous 
pourrions, à l'appui de notre façon de voir, citer le développement 
extrême ou la grande altération des formes qui se font remarquer dans 
plusieurs espèces identiques et très-communes de toutes les séries des 
végétaux; mais les données de cette nature abondent, se pressent pour 
ainsi dire, dans la famille des fougères; et il sufhroit, pour faire par- 

tager aux naturalistes notre conviction, de rappeler les asplenium radicans 
(diplaz. varium), polypodium grammitidis, polyp. pseudo-grammitis, davallia 
Jferruginea, &c., toutes celles enfin de ces plantes que nous avons précé- 
demment offertes comme exemples. 

Forcé de nous renfermer le plus possible dans les bornes très-étroites 
qui nous sont prescrites, nous traiterons des propriétés médicinales et 
usuelles des fougères dans un article consacré à envisager sous ce rapport 
toutes les plantes recueillies dans le voyage. 

Quant aux noms donnés aux végétaux de cette famille par les ha- 
bitans des pays que nous avons visités, ils seront placés à la suite des 
espèces auxquelles ils appartiennent, et il en sera dressé plus loin un 
catalogue complet. : 


I. EQUISETACEZÆ, Ricrarp, 
EQUISETUM, Zrww. 
1. EQUISETUM ELONGATUM. 


. E. elongatum. Decand. et Willd, Sp. pl. 5, pag. 8. 
E. hyemale. Bory, 


In insulis Mauritianä et Borbonii, 


Cette espèce, la seule que jaie rencontrée dans le voyage, s'est 
perdue dans notre naufrage. Je la devois à l'obligeance de M. Jules 
Néraud, qui avoit cueillie dans l'intérieur de l’He-de-France. 


BOTANIQUE. 279 


II LYCOPODIACEÆ, SWaArTz. 


Nous adoptons, pour la classification des [ycopodes, l’ordre établi par 
Willdenow , afin de nous conformer, autant qu’il sera possible, à la 
marche qu'ont suivie nos prédécesseurs ; mais nous en changerions peut- 
être, si, nous livrant à des recherches générales sur les plantes de cette 
famille, nous observions, plus scrupuleusement qu'on ne la fait jusqu'ici, 
les organes reproducteurs, Îe mode de développement, et sur-tout lor- 
ganisation interne de ces plantes. 

Nous pensons, en effet, que de lexamen de ces diverses parties 
résulteroient des caractères de sections beaucoup plus sûrs que tous 
ceux qu'on a employés. 

N'ayant examiné à fond que les Iycopodes du voyage, nous nous 
bornerons à faire connoître quelques-unes des remarques que nous avons 
faites à ce sujet. 

Pour ce qui concerne la coupe transversale de leurs tiges, les Iyco- 
podes de la première, de la seconde et de la troisième section, n’ont 
qu'un seul faisceau de fibres médulliformes : le lycopodium uliginosum , 
que nous conservons dans cette dernière section, en a toujours deux, 
ce qui nous détermineroit à le placer parmi les SÉLAGINOÏDES, qui 
toutes en ont constamment plusieurs (de 2 à 4). 

Les LycoPODIOÏDES, qui composent la quatrième section, offrent des 
anomalies remarquables, qui, par la suite, serviront peut-être à former 
des caractères spécifiques : ainsi, les /ycopodium patulum (vel plumosum), 
pennigerum , jungermannioïdes, &c., n'ont jamais qu'un seul faisceau de fibres 
médulliformes, tandis que les /ycopodium marginatum , pouzolzianum, &c., 
qui appartiennent essentiellement au même groupe, en comptent deux. 

Les bernhardia n’en ont aussi qu’un seul, formant des figures diverses 


(triangulaires, quadrangulaires ou en étoile) selon les dépressions de 


la tige. 

Comme dans Îles autres fougères, Îles faisceaux de fibres médulli- 
formes des lycopodes se divisent au sommet pour donner naissance aux 
rameaux, &c.; dans quelques espèces, et spécialement dans le lycopodium 


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280 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


phlegmarioïdes, on observe un phénomène fort remarquable et bien 
digne d’être signalé. 

Le faisceau unique de fibres médulliformes donne naissance, vers 
la base, à des rameaux alternes qui restent au centre de Ja tige et 
descendent ainsi parallèlement au faisceau principal, jusqu’à l'extrémité 
inférieure, où ils sortent enfin pour constituer les racines. 

Ces racines sont rameuses, entourées d’une sorte d’écorce formée de 
fibres noires, cassantes, vitreuses, et dont le haut se prolonge au 
centre de la tige, jusqu'au point de départ du rameau fibreux radicifèrg. 

Ce fait sembleroit démontrer que les lycopodes n’ont pas une ligne 
de démarcation bien tracée entre le système aérien et le système ter- 
restre. Un autre fait non moins remarquable, et que nous avons déjà 
cité dans l'organisation des fougères en général, c'est que lintérieur des 
racines de ces plantes est en tout semblable à l'intérieur des tiges, et 
que si ces parties diffèrent entre elles, ce n’est évidemment que par la 
nature des tissus extérieurs ou corticaux. 

Dans toutes les plantes de cette classe, comme dans les autres fou- 
gères, les feuilles proviennent d’une division du faisceau des fibres 
médulliformes. Je pensois avoir trouvé des exceptions dans Île /ycopodium 
aristatum du Brésil et dans les bernhardia; maïs c’est une erreur qui venoit 
de ce que la première de ces plantes offre, indépendamment de ses 
vaisseaux fibreux du centre, un tissu subcortical analogue au tissu 
cellulaire des dicotylédones : malgré lanalogie qui existe dans la con- 
texture des fibres extérieures et intérieures des bernhardia, je suis con- 
vaincu maintenant que les feuilles ou écailles, comme les fructifications, 
partent des vaisseaux fibreux du centre. | 

Il me resteroit encore à parler des organes de la fructification dans 
les Iycopodes, de la forme des câpsules (sporanges) et de la diversité 
des sporules, sur-tout dans les lycopodes flabellés, qui les ont à-la- 
fois formés d’une poussière très-ténue et de globules sphéroïdes, sortes de 
coques de dimensions diverses, qui s'ouvrent au sommet en trois valves 


ou dents, pour donner passage à une matière fluide, onctueuse , puis 
pâteuse, et enfin, par suite de temps, sèche et pulvérulente. Les sporules 
des vrais /ycopodium , quelles que soient leurs dimensions, sont globuleux 


BOTANIQUE. 281 


à la base, triangulaires au sommet; les bernhardia ont les leurs ellip- 
soïdes, subréniformes. 


LYCOPODIUM, L., Swarrz. 
$ L PHLEGMARIZÆ. — Spicis sessilibus, dichotomis, 


1. LYCOPODIUM PHLEGMARIOÏDES. PI. 23. 

L. caule dichotomo erecto; foliis quadrifariis , alternis, ovato-lanceolatis, 
acutis, superficialibus minutis; spicis sessilibus, tetragonis, elongato-dicho- 
tomis, raro foliosis , terminalibus ( 3-6-pollicaribus ) ; squamis triangu- 
laribus, carinatis, obtusis; capsulis majusculis, reniformibus , sessilibus 
inter squamas. 


In insulis Moluccis { Rawak) , ad arborum ramos. 


Les tiges de ce lycopode sont quadrangulaires, dichotomes, droites, 
recouvertes par des feuilles inégales, alternes sur quatre rangs, et ap- 
pliquées sur la tige de manière à ne former qu’un seul plan. Ces feuilles 
sont ovales-lancéolées, entières, pointues, très-vertes, luisantes ; celles 
des deux rangées supérieures sont plus petites. 

Cette plante porte des épis longs de 3 à 6 pouces, quadrilatères, 
dichotomes, souvent feuillés à leur sommet ou sur quelques points de 
leur étendue; preuve que les écailles des épis ne sont autre chose que 
des feuilles dans un état particulier d’avortement : ce qui le démontre 
peut-être encore, c'est que ces écailles foliacées sont constamment dé- 


pourvues de fructifications. 


2. LYCOPODIUM PHLEGMARIA. 
Lycopodium phlegmaria (1). L.; Willd, Spec. pl. $, pag: 10. 
Lycopodium mirabilet Willd. Sp. pl. $, pag. 115 Swartz, Syn. fil. pag 176; 
Lamarck, Encycl. IT, pag. 646. 
L. foliis ovato-lanceolatis, acutis, subpetiolatis, sparsis; spicis dichotomis, 
brevibus. 


In insulis Mariannis ({ Guam ). 


(1) Nous pensons que de nombreuses espèces de lycopodium sont confondues sous cette 
dénomination, et que si on les décrit un jour, la nôtre sera suffisamment caractérisée par ses 
épis filiformes très-courts (10 à 12 lignes), par ses feuilles étroites, &c. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 36 


a 


282 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Je dois cette plante à lobligeance si souvent mise à l'épreuve de 
D. Luis de Torres, l’homme le plus recommandable des îles Ma- 
riannes, autant par sa naissance, son rang distingué dans ce pays, que 
par son esprit, son instruction et les rares vertus philanthropiques qui 
le caractérisent. Cet excellent vieillard détacha le fragment que je 
possède, d’un énorme rameau qu'il conservoit soigneusement à la tête 
de son lit, près de son bénitier. 

Il me dit, à ce sujet, que les anciens habitans des Mariannes, comme 
ceux des Philippines et des Carolines, qu'il a visitées pour son instruc- 
tion, considéroient cette plante comme l'emblème de [a fécondité, et 
ne manquoient jamais d’en suspendre les rameaux près de leurs couches 
nuptiales. 


Ce fut D. Luis de Torres, si je l'ai bien compris, ou plutôt lun de 
ses aïeux, qui, voulant concilier les croyances religieuses des Espagnols 
avec les préjugés des insulaires, qui opposoient à leur conversion au 
christianisme (1) une opiniâtre résistance, imagina de faire bénir le 
lycopodium phlegmaria ; et cette plante, aïnsi sanctifiée, perpétue à-la-fois 
maintenant la mémoire des rameaux de lentrée à Jérusalem, et les 
traditions superstitieuses des Mariannais. 


$ IL LYCOPODIA, — Spicis pedunculatis, 


Les espèces de cette section, remarquables par beaucoup de carac- 
ières, le sont sur-tout par les écailles des épis, qui sont libres dans tout 
{eur contour et fixées à l'axe par un pédicelle latéral qui part du centre 
du plus grand diamètre (voyez pl. 22, fig. 3), et porte la capsule 


(fig. 4). 


3. LYCOPODIUM MAGELLANICUM- 
L. magellanicum. Swartz, Syn. fl. pag. 180; Wi!d, Spec. pl. 5, pag. 15. 
Lepidotis magellanica. Palisot de Beauv. Prod. p. 102. 
In insulis Maclovianis , locis humidis. 


} 


(1) Les Mariannaïs convertis au christianisme depuis 1670, n’en observent pas moins 
encore en silence presque toutes les pratiques de leur première croyance. 


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BOTANIQUE. l 283 


4. LYCOPODIUM VENUSTULUM. PI. 22. 
L. caule erecto, dichotomo; ramis dichotomo-decompositis, latiusculis ; 
foliis lineari-lanceolatis, setigeris, sparsis, imbricatis, flexuosis, uninerviis " 
subincurvatis, patentibus; spicis subquaternis, cylindricis, pedunculatis ; 
squamis ovato-lanceolatis, eroso-denticulatis, apice aristatis. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 300-400 hexap. ). 


Le lycopodium venustulum a des tiges droites, cylindriques, dichotomes ; 
des rameaux distiques, huit ou dix fois dichotomes ; des feuilles éparses , 
nombreuses, linéaires , recourbées, terminées par une soie membra- 
neuse, blanche; trois et quatre épis cylindriques composés d’écailles 
vertes, cuspidées, rhomboïdales, à bords libres, amincis, blanchâtres, 
déchiquetés, terminées inférieurement par une languette membraneuse 
blanche. 

Cette plante se rapproche beaucoup des /ycopodium clavatum , inflexum, 
aristatum , &c., et n'est en effet que lun des chaïnons destinés à les unir 
ensemble ; car il est évident pour moi quils ne sont tous que les 
modifications d’une même espèce primitive, diversement altérée par 
des causes accidentelles. Celle-ci diffère cependant de toutes les autres 
par ses écailles constamment aristées à la base comme au sommet, par ses 
pédoncules alongés , régulièrement dichotomes , ainsi que par les feuilles 
écailleuses qui les recouvrent, lesquelles sont presque entièrement mem- 
braneuses et translucides; enfin par ses tiges redressées, distiques, et 
sur-tout par ses rameaux qui forment un grand nombre de bifurcations. 


5 LYCOPODIUM TORRIDUM. 
L. caule erecto ramisque dichotomis, confertis; foliis imbricatis, Janceolato- 
linearibus , acuminatis, integris, inflexis, rigidis, viridi-Havescentibus, 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. r 50-200 hexap. ). 


Les nombreuses anomalies observées entre la plupart des végétaux 
de ces îles, selon qu'ils ont été recueillis à des hauteurs différentes, 
me portent à croire que ce lycopode pourroit bien m'être qu'une simple 
variété de l'espèce précédente, qui se trouve à 3 ou 400 toises d’élé- 
vation dans une région fraîche et humide, tandis que celui-ci croît dans 
des lieux secs, brûlés par les rayons du soleil. 


36* 


284 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


6. LYCOPODIUM ARISTATUM. 


L. aristatum. Xunth, Syÿn. pl. 1, pag. 95; Willa. Spec. plant. $, p. 17; Raddi, 
Syn. fil. Brasiliensium, p. 2. 


L. piliferum. Raddi, Plant. Bras. pag. 79, tab. 3. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


7. LYCOPODIUM THYOÏDES. : 
L. thyoïdes. W%//d, Sp. pl. ÿ, p. 18; Kanth, Syn. pl. 1, pag. 95; Raddi, Syn. fil. 


Brasiliensium , pag. 2. 


In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


S TIR LYCOPODIASTRA = Spicis sessilibus ; foliis caulem circum 
obsidentibus. 


8. LYCOPODIUM CERNUUM. 


L. cermuum. Z.; Swartz, Syn. fil. p. 178; Wülld. Sp. plant. s, p- 30; Encyclop. 
III, pag. 648. 


In Brasilià (Rio-Janeiro}, et in insulis Mariannis. 


Ce Iycopode diffère tellement selon les localités, qu'il devient néces- 
saire d’en former une section et de décrire toutes les variétés. 


9. LYCOPODIUM CURVATUM. 


L. curvatum. Swartz, Syn. fil. pag. 178 et 4o2. 
Lepidotis convoluta. Palis, de Beauv. Prodr. pag. 108. 
Pavoayole mcolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt. 250-300 hex. }. 


Nous pensons que cette plante n’est qu'une variété du lycopodium 
cernuum. 


10. LYCOPODIUM RUPESTRE. 


L: rupestre. Swartz, Syn. fil. p. 181; SchÀ. Crypt. tab, 165; Raddi, Plant. Bras. 
pag-. 80, tab. 4 bis, f. 2; Willd. Sp. pl. $, pag. 30; Kuntk, Syn. pl, 
Pa8: 97. 


In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


BOTANIQUE. 285 
11. LYCOPODIUM ULIGINOSUM. 
L. ulignosum. Zabill. Nov.-Holl. 2, pag. 104, tab.251,f. 2; Willd. Sp. 
pl. 5, p. 32; Encyclop. Bot. pag. 57. 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali (Port-Jackson, Botany-Bay, &ec. ) 


$ IV. LYCOPODIOIDEA. — Spicis sessilibus ; foliis distichis, 


12. LYCOPODIUM PATULUM. 

L. caule filiformi, prostrato, tetragono , radicante ; foliis bifariis, obliquè 
ovatis, subcordatis, margine albido-membranaceis, denticulatis; superficialibus 
dentato-ciliatis, subcarinatis, aristato-cuspidatis ; spicis ( 3-4 lineas longis) 
tetragonis; squamis ovatis, dentatis, acuminatis. { Lycopodio plumoso affine. ) 

L. patulum! Swartz, Syn. fil. p.185; Willd. Sp. plant. s, p. 46. 
L. brasiliense. Raddi, Plant. Bras. pag. 82, tab. 1, fig. 1. 
In Brasiliä, ( Rio-Janeiro |. 


Cette plante a des tiges filiformes, quadrangulaires, couchées et sto- 
lonifères dans les aisselles des rameaux: des feuilles disposées sur deux 
rangs inégaux, obliquement ovales-lancéolées, cordiformes à la base, 
denticulées , les intermédiaires plus fortement dentées, presque ciliées, 
en carène sur le dos et longuement cuspidées; des épis longs de 3 à 4 
lignes, quadrangulaires, à écailles ovales finement dentées, acuminées ; 
des capsules sporuliformes de deux sortes. ( L. apodum, Raddi, Syn. fil. 


Bras.!) 


In Brasilià ( Rio-Janeïro et calçada da Estrella ). 


13. LYCOPODIUM PALLIDUM. 
L. pallidum! Beyrich..... 
L. brasiliense. Raddi, Plant. Bras. tab. 1 ,f. 1 eta. | 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


J'avois primitivement confondu ce /ycopodium avec le lc, patulum du 
Brésil (/. plumosum?), parce qu’ils croissent dans la même localité, et qu’ils 
ont, à peu de chose près, Îe même port, Celui-ci pourtant se distingue 
par ses rameaux étalés, ouverts, presque dichotomes, et sur-tout par 
ses feuilles distantes (/ fois distinctis}, à nervures épaisses, brunes. 
D'ailleurs, ces plantes paroissent réunir des caractères semblables, Je 
pense que les différences que nous venons de signaler, proviennent d'un 


826 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

terrain plus humide ou plus ombragé. Aussi me suis-je abstenu de 
donner des noms nouveaux à ces Iycopodes, dont à Ia rigueur les échan- 
tillons que je possède pourroient fournir d’autres variétés. Les rap- 
procher le plus possible des espèces connues est tout ce que jai cru 
devoir faire, tout en les signalant aux monographes qui s’occuperont 
de la détermination positive des plantes de cette famille. 


14. LYCOPODIUM MARGINATUM. 

L. caule tetragono, subarticulato, stolonifero; foliis bifariis, distinctis, 
oblongis, dentatis, basi biauriculatis, ciliatis; superficialibus imbricatis, 
obliquè ovatis, carinatis, albo-marginatis, ciliato-dentatis, cuspidatis. 

L. marginatum. Xunth, Syn. pl. 1, pag. 06. 
In Brasilià ( Rio-Janeïro, calçada da Estrella ). 


Cette plante réunit les caractères des /ycopodium stôloniferum (Swartz, 
Raddï, Plant. Bras. pag. 8r, tab. 2?) et marginatum. Elle diffère néanmoins 
de ce dernier par ses tiges irrégulièrement tétragones , stolonifères dans 
l'aisselle des rameaux, élégamment redressées par le moyen des rejets 
radicifères de plus en plus alongés, simples, filiformes , anguleux, 
épanouis à la base en racines nombreuses, capillacées, velues; par des 
sortes d’articulations renflées , charnues, qui, après [a dessiccation, ne 
paroissent plus que sous forme de taches légères , brunes; par deux 
oreillettes situées à la base des feuilles. 

L’oreillette supérieure est longue, contournée de haut en bas et ciliée 
comme toute la base du bord supérieur de Ia feuille; linférieure est 


tronquée, nue, comme en éperon. Ce Iycopode est aussi peu distinct 


du /ycop. scandens. 


15. LYCOPODIUM JUNGERMANNIOÏDES, 

L. caule filiformi, prostrato; ramis distichis, alternis, rectangularibus , 
axillis stoloniferis ; foliis bifariis, ovato-oblongis, obtusis, ciliatis, apice denti- 
culatis; superficialibus ovato-falcatis, albo-marginatis, ciliatis, subacuminatis; 
spicis terminalibus , tetragonis ; Squamis ovatis, carinatis, acuminatis, denti- 
culato-ciliatis. 

In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 


Cette jolie espèce, qui a le port de quelques jungermannia, se rap- 
proche aussi beaucoup des /ycopodium serpens et ornithopodioïdes, &c. 


PRET 


BOTANIQUE. 287 


Elle se distingue par ses tiges filiformes, couchées, stolonifères dans 
l'aisselle des rameaux, à racines capillaires, blanches; par ses rameaux 
rares ,. courts , distiques , presque simples, formant avec la tige un angle 
presque droit; par ses feuilles ciliées à la base supérieurement et infé- 
rieurement, obtuses et denticulées au sommet ; les intermédiaires ovales, 
obliques, carinées, à bords blanchâtres, ciliées, terminées au sommet 
par une pointe courte. Les épis sont quadrangulaires, sessiles, courts, 
pointus, à écailles ovales, presque diaphanes, ciliées vers la base, 
denticulées au sommet, partagées par une carène verte, qui se termine 
en pointe aiguë. Cette plante n'est probablément qu'une variété des- 
tinée à réunir les /ycopodium serpens et ornithopodioïdes en une seule 


espèce (7. marginatunm, Raddi, PI. Bras. pag. 82, tab. r, fra ) 


16. LYCOPODIUM POUZOLZIANUM. 

L. caule tetragono, ramoso , repente ; folis bifariis, obliquè ovatis, acumi- 
natis, margine denticulatis, basi infernè subayriculatis, subpetiolatis; super- 
ficialibus lanceolato-falcatis , acutis , integerrimis, albido-maculatis ; spicis 
terminalibus ( 2 seu 4 lineas Iongis), quadrangularibus ; squamis ovato-cordatis, 
margine albido-membranaceis, carinatis, viridibus, 


In insulis Moluccis ( Pisang ). 


Cette plante a beaucoup de rapport avec le Jycopodium stoloniferum , 
le /ycop. pectinatum, le lycop. willdenowii, et plusieurs autres espèces de cette 
section : elle se distingue cependant du premier, par ses feuilles latérales 
irrégulièrement ovales, non carénées sur le dos, un peu denticulées 
au sommet et pas à la base; par les feuilles superficielles ainsi que les 
écailles des épis qui sont tout-à-fait privées de dentelures; des autres, 
par plusieurs des mêmes caractères, et sur-tout par la disposition de 
ses rameaux, qui, loin d’être obtus, sont au contraire très-élégamment 


alongés , pointus. 

Ce Ilycopode remarquable par son feuillage vert foncé en dessus, 
vert blanchâtre, luisant, en dessous, a sa tige presque tétragone, 
sillonnée , longue de 18 pouces à 2 pieds, couchée, stolonifère dans 
laisselle des rameaux; les feuilles caulinaires , éparses, presque cor- 
diformes , obliques, subdenticulées, pointues ; celles des rameaux 


288 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

disposées sur deux rangs, alternes, ovales -obliques , très - légèrement 
dentées et acuminées au sommet (elles manquent souvent), subau- 
riculées et rétrécies en pétiole à la base; les feuilles intermédiaires 
trois fois plus petites, un peu plus obliques où courbées en faucille, 
plus longuement acuminées, sans dentelures sensibles, et maculées de 
petites taches blanches; les épis situés à l’extrémité des rameaux , 
quadrangulaires, de 2 à 4 lignes de longueur, composés d’écailles 
blanchâtres, transparentes, vertes sur la carène, à bords entiers, 
alongées en pointes réfléchies au sommet. 

Les capsules renferment des séminules ( sporules!) de deux sortes : 
dans les unes, celles du sommet et de la base, une poussière très-ténue ; 
dans Îles autres, situées au centre de lépi, de trois à six séminules, 
globuleuses, triangulaires au sommet, blanc-jaunâtre. 

Je consacre cette jolie espèce à mon ami M. le capitaine de 
Pouzolz, botaniste très-distingué, 

17. Lycoropium CANALICULATUM. 

L. caule ascendente, tetragono , unisulcato, erecto, distichè ramoso; foliis 
bifaris , distichis, ovato-falcatis, integerrimis, auriculatis, subpetiolatis, mar- 
gine superiore albido-diaphanis : superficialibus distichis, imbricatis, lanceolato- 
falcatis, cuspidatis. 

Lycopodium canaliculatum ! Z. 


In insulis Moluccis { Rawak ). 


Tige redressée, droite, quadrangulaire, longue de 15 à 18 pouces, 
marquée d’un sillon Iongitudinal; rameaux alternes, distiques comme 
toutes les autres parties de la plante; feuilles caulinaires ovales-lancéolées , 
alternes sur quatre rangs; celles des rameaux élégamment pectinées, 
lancéolées, pointues, un peu pétiolées, courbées en faucille, à bords 
entiers, le supérieur membraneux, transparent ; l’inférieur légèrement 
cintré, terminé à sa base par une oreillette arrondie ; les intermédiaires 
sont ovales-lancéolées , imbriquées , falquées, cuspidées. ; 


18. LYCOPODIUM ARBUSCULA. 
L. caule erecto, compresso, sulcato; folüs bifariis, distichis, oblongo- 
falcatis, margine superiore albido-membranaceis, denticulatis, inferiore inte- 
gerrimis; superficialibus ovato-lanceolatis , carinatis, denticulatis, apiculatis ; 


BOTANIQUE. 289 


ramis erectiusculis, bifariam ramosis; spicis terminalibus, sessilibus, qua- 
drangularibus ( 3 seu 6 lineas longis } ; squamis carinatis, denticulatis. 
a" arbuscula! Xaulfuss (1), 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 300-350 hexap. ). 


Cette plante a beaucoup de rapport avec plusieurs espèces de cette 
section, spécialement avec les /ycopodium penniforme , patulum, &c.; elle 
en diffère cependant par de nombreux caractères. 

Ses tiges sont déprimées (aplaties ?), bordées , légèrement sinueuses , 
terminées par des épis alongés, à capsules bivalves, qui toutes ne 
renferment dué'5à FA sporules irrégulièrement arrondis, d’un blanc 
jaunâtre, à trois valves. Ses feuilles sont ovales, obliques, à peine pointues, 
à bord supérieur blanchâtre, un peu transparent et denté sur toute sa 
longueur; [le bord inférieur est entier à la base, légèrement denté au 
sommet ; celles du centre sont beaucoup plus petites, ovales-lancéolées, 
denticulées dans tout leur contour, carinées et terminées par une pointe 
mucronée. , 


$ V. SELAGINES. — Capsulis axillaribus. 


19. LYCOPODIUM SELAGO. k 
L. selago. ZL. ; Wild. Sp. plant. s, pag. 40; Sckk, Crypt. tab. 159; Swartz , 
Syn. fil. pag. 176; Gaudichaud, Flore des îles Malouines, Bulletin des 
sciences naturelles, mai 1825$,p. 80. 
L. selago 8 saururoïdes. Bory et d'Urville, Mém. de la Société linéenne de Paris, 
vol. 4, 6.° livr. , janvier 1826. 
In insulis Maclovianis ; Iocis paludosis. 


Cette plante, qui croît aux iles Malouines sur la tourbe humide, 
parmi des mousses et des lichens, ne nous a pas offert le moindre 
caractère qui püût la faire séparer du /. selago d'Europe. 


20. LYCOPODIUM RIGIDUM. 
L. rigidum. Wil/d, Sp. pl $, p. 52; Swartz, Syn: fil. p. 176; Raddi, Syn. fi. 
Brasilienstum , pag. 2. 
In Brasilià { Rio-Janeiro }. 


(1) Lycopodium arbuscula. Caule radicante ramoso, ramis erectis , folüis cordato- ovatis 
acuminatis, ramulorum bifariis, ovato-lanceolatis, subfalcatis, marpine superiore ser- 
ratis, superficialibus ovatis, mucronatis, serratis ; spicis sessilibus tetragonis Jongissimis. 

Habitatin Owahu (Wahou), insularum Sandwich. Xaulfuss, Enumeratio filicum, P: 19. 
Voyage de l'Uranie. — Botanique. 3 « À 


290 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


21. LYCOPODIUM MANDIOCANUM. 
L. folis sparsis, lineari-acuminatis, incurvato-patulis, canaliculatis; caule 
erecto, dichotomo , crassitie pennæ anserinæ; ramis inCurvis; capsulis axilla- 
ribus ; radicibus tomentosis. Raddi, Syn. filic. Brasil. pag. 2; Bononiæ, 1819. 
L. mandiocanum. Raddi, Plant. Bras. pag. 77, tab. 4. 
In Brasiliâ ( Mandioca, propè Rio-Janeiro). 


22. LYCOPODIUM TENUE. 
L. tenue. Humb., Bonpl. et Kunth ; Willd. Sp. pl. 5, pag. 55. 
L. foliis sparsis, suprà carinatis , subths concavis. 
L. capillaceum. Desvaux, in Herb. mus.; Raddi, PI. Bras. tab. 4 bis, c.! 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


23. LYCOPODIUM FILIFORME. 
L. foliis sparsis, suprà concavis, subtüs carinatis. 
L. fliforme. Wi//d. Sp. pl. $ , pag. 54; Swartz, Syn. fil, p. 174 et 398 ; Raddi, 
Syn. fil. Bras. pag. 2; PI. Bras. pag. 77, tab. 4 bis ,f. 1. 


In Brasilià { Rio-Janeïro ). 


$S VI. — Capsulis trilocularibus. 
BERNHARDIA, WirLzip. 


1. BENHARDIA DICHOTOMA. 
B. dichotoma. Wi//d, Act acad. Erf, 1802. 
Hoffmannia aphylla. Wi//d. in Roem. et Usteri. Bot. mag. 6, p. 17. 
Lycopodium nudum. £. Spec. pl. 1 564. 
Psilotum floridum. Aichaux, Am. 2, pag. 281. 
Psilotum triquetrum. Swartz; Rob, Brown, Prodr. p. 164. 
Tristeca. Pal. de Bauv. 
Tmesipteris.. Bernhardi, 
In insulis Mariannis , Moluccis, Sandwicensibus, atque in insulis Mau. 
ritianà et Borboniä. 


III. OPHIOGLOSSEZÆ, R. BroWw\w. 
OPHIOGLOSSUM, Z. 
1. OPHIOGLOSSUM PENDULUM. 


©. pendulum. Z. ; : Wild. Sp. pl. s , p. 60; Siwartz, Syn. fil. p. 170; Rumph 6, 
tab. 37, f 3 ; Æook. et Grev. Icon. fil. tab. 19. 


- In insulis Mariannis. 


BOTANIQUE. | 29F 

L'ophioglossum pendulum est très-abondant à l'Ile-de-France ; à Bour- 

bon; à Timor, à Ombai, dans toutes . les Moluques et les Maïtiannés. 

Les indigènes de. ce dernier archipel le désignent par le!nom. de 

geleg ( gufaque), qui est aussi celui des fougères en général ; ce qui 
prouve qu'ils ont su faire ce rapprochement. 


LV. MARAT PP PRE PAM RS 


Indépendamment des caractères de végétation établis page 267 pour 
les MARATTIACÉES, on trouve aussi dans Îa nature et la disposition des 
sporanges, ainsi que dans la forme des sporules, quelques distinctions 
non moins essentielles. En effet, les sporanges membraneux, bivalvaires, 
des danæa, sont exactement disposés comme tous ceux des autres 
plantes de cette classe: seulement ïls sont plus nombreux, soudés et 
presque entièrement enfoncés dans l'épaisseur du tissu cellulaire des 
pinnules. 

Dans les marattia, ces mêmes sporanges sont épiphylles, encore sou- 
dés, mais généralement d’une texture plus consistante, presque ligneuse : 
enfin le genre angiopteris a les siens également épiphylles, libres et 
fortement membraneux. Aussi cette plante est-elle pour nous le véritable 
passage des MARATTIACÉES aux OSMUNDACÉES (1), soit qu'on Îles place 
avant ou après ces dernières. Les faisceaux de fibres médulliformes 
sont très-nombreux dans toutes ces plantes. 


DANÆA, SMITH, 
. DANÆA LONGIFOLIA. 


D. longifolia. Desvaux, Journal de botanique, ge p. 267. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro }. 


(1) C’est peut-être à tort que nous avons entièrement conservé l’ordre naturel suivi par 
M. Kaulfuss , dans les classes des fougères. II seroit peut-être préférable de l'établir ainsi : 
1, EQUISETACEÆ ; 2. LYCOPODIACEZÆ; 3. OPHI10GLOSSEÆ ; 4 MARATTIACEÆ,; 5. Os- 
MUNDACEÆ , en terminant par les /ygodium, où mieux, en formant les lygodiaceæ , des 
genres lygodium , mohria, schizæa, et laissant pour les osmundacées les seuls genres 7odea, 
osmunda et anemia; 6. GLEICHENIACEZÆ, qui forment la suite naturelle des lygodiacées, 
ou plutôt qui se lient fortement à elles, autant par leurs caractères de végétation que par 
leurs organes reproducteurs. Les fructifications des gleichéniacées se rapprochent aussi beau- 
coup plus des gyrateæ que celles des fougères de toutes les autres classes; 7. GYRATEZ 7 8. 
MARSILEACEÆ. 


À + à 


292 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

La plante étant sèche, l'épiderme de la marge qui enveloppe les sores, 
affecte l'aspect tégumentaire : mais on auroit tort de prendre cela pour 
un véritable tégument, c’est-à-dire, pour une production essentielle de 
la nervure; elle est toute épidermoïde. ( D. geniculata, Raddi, Plant. 
Bras. tab. s!) 


MARATTIA, SMITH. 
1. MARATTIA LÆVIS. 

M. Iævis. Willd. Sp. pl. s, pag. 66; Swartz, Syn. fil. pag. 168; Smith, Icon. 
ined. pag. 47; Raddi, Syn. fil. Bras. pag 2; idem PI. Bras. tab. 84; Sc. 
Crypt. tab. 152. 

M. sporangis pedicellatis. 

In Brasilià { Rio-Janeïro ). 

Cette espèce se distingue encore par de petits corps appendiculaires, 

squamiformes, capillaires, fournis par les nervures de la face supérieure. 


ANGIOPTERIS, HorFru. 
1. ANGIOPTERIS EVECTA. 


À. evecta. Hoffm.; Willd, Sp. pl. s, pag. 69; Schk. Crypt. tab. 150; Hook, et 
Grey. Icon. fil. tab. 36. 


Clementea palmiformis. Cavan, Præl, 1802, n.° 1164. 
Polypodium evectum. Forst. Prodr. n.° 438. 
In insulis Mariannis { Umata ). 


Je n'ai jamais rencontré cette fougère à l'état arborescent, ainsi que 
lindiquent les auteurs (1). Elle se compose généralement de huit ou 
dix feuilles (frondes) radicales, hautes dé 9 à dix pieds et plus, en- 
gaïnantes à la base, bipinnées, à pinnules entières, longues de 4 à 
6 pouces, inégales et arrondies à la base, légèrement pétiolées, dentées 
et acuminées au sommet (les dentelures existent sur toute la longueur, 
mais elles disparoissent par le développement des sporanges). Les sores 
sont situés au sommet des nervures, près du bord des folioles; ils se 
composent de 7-9 sporanges disposés sur deux rangs parallèles très- 
rapprochés : ces sporanges, qui alternent entre eux, sont des sortes de 
capsules à deux valves articulées ou soudées à la base et dans presque 


(1) D’après les raisons établies page 240 et suivantes, il est démontré que cette plante est 
susceptible de devenir arborescente : peut-être ne ai-je rencontrée que dans les périodes du 
premier âge! 


BOTANIQUE. 293 
toute leur face extérieure, ouvertes dans leur bord supérieur. Avant leur 
parfait développement, ils sont entourés de poils blanchâtres (squame ) 
articulés, caducs, 

Ainsi que nous l’avons précédemment exprimé ( page 267), 
pétioles des premières et des secondes divisions, ainsi que la naissance 
des nervures principales, sont alternes et se font remarquer par un 
amas charnu de tissu cellulaire vert, tendre, cassant, tandis que tout 
le reste de Ia plante est plus ou moins membraneux, tenace. 

Cette superbe fougère habite les montagnes des îles Mariannes; elle 
a été cueiïllie vers la source du torrent principal qui alimente {a 
rivière d'Umata. 


V. OSMUNDACEZÆ, R, Brown. 


Toutes les fougères de cette classe se distinguent par des poils écail- 
leux, filiformes, articulés, qui recouvrent les tiges, quelquefois les 
pétioles et les feuilles, et donnent à ces parties un aspect tomenteux, 
velu ou laïneux; par des vaisseaux médulliformes réunis en un seul corps 
entier ou demi-circulaire, de plus en plus ouvert de bas en haut, où 
enfin il finit par ne plus former qu’une ligne légèrement courbe. 


TODEA, Wirzrzrp, 


1. TODEA AFRICANA. 
T. africana. Willd. Sp. pl. $, pag. 763 Swartz, Syn. fil. pag. 162; Schk. Crypt. 
pag. 148, tab. 147. 
Acrostichum barbarum. Zinn. 
Osmunda barbara. Thunb. Prodr. pag. 171; R. Brown, Prodr. pag. 163. 
Ad Caput Bonæ-Speï, et in Novæ-Hollandiæ orä orientali. 


J'ai trouvé d’abondantes quantités de cette fougère à l'état presque 
arborescent, dans la Nouvelle-Galles du Sud (Nouvelle-Hollande), sur 
le revers occidental de la chaîne des Montagnes-Bleues, désigné par le 
nom de Cox-Pass. Son tronc, si je me le rappelle bien, est haut 
de 18 pouces à deux pieds (souvent moins, mais susceptible, je crois, 
d'acquérir de plus fortes dimensions ) sur 6 à 8 pouces de diamètre; 
il m'a paru étre composé de la base persistante des feuilles. 


294 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ANEMIA, SWARTZ, 


$ L PHYLLITIDEÆ (1). — Frondibus fasciculatis, pinnatis ; nervis 


dichotomo-reticulatis. 


1. ANEMIA PHYLLITIDIS. 
A. phyllitidis. Swartz, Syn. fil. pag. 155: Willd. Sp. plant. $, pag. 89; Lanÿsé. 
et Fisch. Icon. fil. pag. 24, tab. 28. 
Osmunda phyllitidis. Linn, Sp. pl. 1520; Plum, Fil. tab. 156; Petiv. Fil, tab. 8, 
fx. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro }, cum sequentibus. 


2. ANEMIA HIRTA. : 
A. hirta. Willd. Sp. pl. $, pag. 89; Swartz, Syn. fil. pag. 155; Plum. Fil. 
pag. 114, tab. 157; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 3. 


Cette variété diffère de l’'anemia hirta qu'a décrit M. le docteur Raddi, 
par des poils rares et promptement caducs, qui recouvrent ses deux 
surfaces. 


3. ANEMIA FRAXINIFOLIA. 

A. fronde pinnatäâ; pinnis ovato-lanceolatis, crenulato-dentatis vel inæ- 
qualiter denticulatis, glabris, apice attenuatis; stipite angulato subtetragono, 
rhachique pilis caudicis obsitis. Raddi (2), Syn. fil. Bras. p. 4. 

À. fraxinifolia. Raddi, PI. Bras. tab. 8 bis. 


L'anemia fraxinifolia, très - voisin du phyllitidis, ne paroît même en 
différer que par les plus grandes proportions de ses parties. En général, 
{e nombre de ses folioles est de quinze à dix-neuf, tandis qu'il est or- 


(1) Je pense qu’on doit partager les anemia en trois sections : les phyllitideæ , à feuilles et 
à racines fasciculées, à nervures dichotomes à la base et réticulées au sommet; les delsoïdeæ, 
à tiges rampantes, conséquemment à feuilles éparses, à nervures une ou plusieurs fois dicho- 
tomes et jamais réticulées ; les filiculifolieæ , à feuilles bi ou tripinnées, &c. J’emprunte ces 
noms aux trois espèces types de ces sections. 

(2) Le Synopsis filicum Brasiliensium, de M. le docteur Räddi, étant encore peu répandu, 
nous pensons servir la science en publiant textuellement les dns Aptiont de ce savant bota- 
niste voyageur. 


BOTANIQUE. 295 


dinairement de cinq à sept, rarement neuf, dans le phyllitidis. Ses 
épis sont aussi beaucoup plus longs et plus gros. 


$ II. DELTOIDEÆ. — Frondibus sparsis (!), pinnatis, nervis ramoso-dichotomis. 


4. ANEMIA COLLINA. 


À. fronde pinnati ; pinnis oblongis, obtusiusculis, denticulatis, hirtis, 
subfalcatis , basi cuneatis; rachi stipiteque Janâ ferruginei longä tectis. Raddi, 
Syn. fil. Bras. pag. 4; dem PI. Bras. tab. 12. 


$: ANEMIA MANDIOCANA. 
A. fronde pinnatâ; pinnis lanceolatis, acutiusculis, subfalcatis, denti- 


culatis, ciliatis; rachi Ianâ ferrugineä tectä. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 4; 
idem PI. Bras. tab. 9,f. 1. 


Cette espèce appartient essentiellement à cette section; mais a-t-elle 
les tiges rampantes et les feuilles fasciculées ? 


6. ANEMIA REPENS (1). 


À. fronde pinnatä; pinnulis cuneatis, dentato-incisis, villosis, sæpè pro- 
fundè laciniatis ; stipite rachique hirsutis; radice longä, crassâ , modd sub terræ 
superficie prorepente. Raddi, Syn. fil. Bras, p. 4;.idem PL Bras &h, 9,6 2. 


L'anemia repens abonde aux environs de Rio de Janeiro, dans tous les 
lieux humides, et particulièrement le long de l’aqueduc du Corcovado 
et sur ses murailles. II s'élève de 2 à 3 pouces, et se fait remar- 
quer par des nervures épaisses et saillantes, qui donnent à ses folioles 
l'aspect sillonné, canaliculé. 


7. ANEMIA FLEXUOSA ! 


A. flexuosa! Wild. Sp. pl. 5, pag. 93; SWwartz, Syn. fil. pag. 157; Raddi. PI. 
Bras. tab. 13! 
Osmunda flexuosa! Zamk, Encycl. 4, pag. 610. 


Dans cette espèce, les feuilles spiciformes conservent une légère partie 
de leur limbe, ce qui leur donne faspect singulier du cheilanthes 
multifida : les feuilles stériles varient beaucoup. 


(1) J'ai quelque raison de croire que toutes les plantes de cette section sont à tiges 
rampantes, Les espèces du Muséum et de mes herbiers ne n’ont pas permis de le vérifier. 


La ere me ne een “er pre PR 


296 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


$ III. FILICULIFOLIEÆ. — Frondibus 2-3-pinnatis. 


8. ANEMIA HIRSUTA. 

A. fronde bipinnatä, subtripinnatä, utrinque pilosä; pinnis oblongo- 
lanceolatis, serrato-pinnatifidis ; rachi marginatâ villosà ; stipite glabro ; 
caudice repente, Janä fulvä tecto. 

A. hirsuta. Wild, Sp. pl. $ , pag. 91: Swartz, Syn. fl. pag. 1 56. 

Osmunda hirsuta. Linn, Spec. pl. 1520; Plum. Fil. 138, tab. 162. 

L’anemia hirsuta est du nombre des fougères dont les divisions ne 
sont pas fixes. En eflet, elle présente des feuilles tripinnées, à lobes 
pinnatifides ou fortement dentés; des feuilles bipinnées, et plus souvent 
encore des feuilles bipinnatifides , dont les lobes offrent les mêmes 
dispositions. ( A. flexuosa. Raddi, PI. Bras. tab. 13°) 

Les localités, les diverses expositions où croissent ces plantes, sont, 
je crois, les causes qui déterminent ces nombreuses anomalies, qui em- 
barrasseroient singulièrement le botaniste, si des caractères de végétation L 
marquant bien la succession des formes, ne venoient à son secours. 

D'ailleurs cette plante, haute de 18 pouces à 2 pieds, est, à peu 
de chose près, également garnie de poils écailleux sur ses deux surfaces ; 


les folioles spiciformes n’ont pas moins de huit à dix pouces de longueur. 


SCHIZÆA, SMITH. 
1. SCHIZÆA PECTINATA. 
S. pectinata. Willd, Sp. pl. 5, p. 85; Thunb. Prodr. pag. 172; Swartz, Syn. fi. 
p.150; Schk. Crypt. tab. 1363 &c 
Ad Caput Bonæ-Spel. 
2. SCHIZÆA AUSTRALIS. 
S. fronde fasciculatà, cespitosâ , simplicissimä , lineari, filiformi-triquetrà , 
asperà; paribus spicarum terminalium septenis. 
S. australis. Gaud. Flor. des îles Malouines, Ann. des sc. nat., mai 1825, p. 98. 


In insulis Maclovianis. 


Cette jolie petite espèce, qui forme gazon, comme la plupart des 
plantes des îles Malouines, n’acquiert jamais plus de 18 lignes à deux 
pouces de hauteur. Chaque touffe est composée d’un grand nombre de 
souches ligneuses, chargées de quinze à vingt feuilles. Les pétioles 
{stipes) sont arrondis extérieurement, concaves intérieurement, et se 


BOTANIQUE. 297 


distinguent de ceux de toutes les espèces que j'ai pu observer, par des 
aspérités écailleuses, rudes, et par deux lignes opposées de petits points 
moniliformes blanchâtres, concaves, qui se prolongent latéralement des 
racines jusqu'aux pinnules. 


I croît sur le revers des dunes, au point où le sable marin commence 
à se mêler avec la terre. 


HyproGLossumM, WILLD. 
OPHIOGLOSSUM, LINN. 
RAMONDIA, MIRBEL. 
UGENA, CAVANILLES. 


LYGODIUM, SWARTZ. 


1. LYGODIUM VOLUBILE. 
L. volubile. Swartz, Syn. fil. pag. 152. 
Lygodium scandens. Schk. tab. 138. 
Hydroglossum volubile. Wi//d. Sp. pl. $, pag. 78; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 3; 
idem PI. Bras. tab. 81. 
In M (Rio-Janeïro ) et ad promontorium Bonæ-Spei. 


2. LYGODIUM SCANDENS. 
L. scandens. Wil!d, Sp. pl. $, pag. JA Rin Amb. 6, pag. 75, tab. 32, 
f. 2,3; Rheed, Malac. 12, p. 67. 
: Ugena microphylla. Cavan. ee 6, pag. 76, tab. 595, + 2. 
Lygodium microphyllum! À. Brown, Prodr. pag. 162. 


In insulis Mariannis. 


Cette fougère paroît ne différer du /ygodium reticulatum, Schk. tab. 139, 
que par ses nervures : loin d’être réticulées , elles se séparent dès la base 
en trois branches principales, qui se subdivisent promptement à leur 
tour en bifurcations successives, régulières , jusqu'au sommet. Les 
tiges volubiles acquièrent de rs dimensions en longueur : elles 
sont glabres, brunes, arrondies sur les deux tiers de leur circonférence 
et planes sur un tiers. Cette fougère est: très- -polymorphe. 


3. LYGODIUM FLEXUOSUM! 
L. caule flexuoso, scandente; frondibus glabris, conjugatis, dichotomis ; 
sterilibus profundè bi vel tripartitis palmatisve, lacinïiis 3-6-pollicaribus, 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, 3 8 


4 
1 
LE 
11 
4 


298 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lineari-lanceolatis, serrulatis , acutis, basi auriculato-cordatis; fertilibus de- 
composito-dichotomis ; pinnis laciniato-pinnatifidis; lobis tenuissimis, fruc- 
tiferis. ss 
L. flexuosum. Swartz, Syn. fil. pag. 153; Rheed, 12, tab, 32. 
Hydroglossum flexuosum. Wi/!d. Sp. pl. 5, p. 83. 
In insulis Moluccis { Rawak). 


Ce lygodium est suffisamment caractérisé par ses feuilles stériles 
opposées, à deux, trois ou plusieurs lobes palmés, linéaires-lancéolés , 
longs de 3 à 6 pouces, glabres, aigus, dentés, à nervures dichotomes 
saillantes, ainsi que par ses feuilles fertiles très-découpées, à pinnules 
linéaires, lancéolées, profondément pinnatifides, à Iobes une ou deux 
fois laciniés, à laciniures globuleuses, fructifères. 

Cette plante éprouve de notables changemens selon les lieux où elle 
croit, et conséquemment selon Îe degré de développement qu’elle peut 
prendre. 

Les grandes dimensions qu’elle est susceptible d'acquérir déterminent 
aussi des modifications apparentes. Ainsi les caractères des feuilles 
stériles ne se trouvent guère que dans les feuilles inférieures ; celles du 
sommet se divisent quelquefois, à l'instar des feuilles fertiles, en lobes 
irréguliers, laciniés, dans lesquels pourtant on retrouve encore les ner- 
vures , les dentelures, &c. Les feuilles fertiles ne le sont aussi fort souvent 
que vers la base des folioles; dans ce cas, le sommet de ces folioles 
ne change pas sensiblement de forme; seulement Îes dentelures de- 
viennent plus prononcées et irrégulières du sommet à la base. Les tiges 
souterraines sont épaisses d’une ligne, noires, chargées de poils écailleux 
noirs, luisans, très-ténus. Les pétioles où rameaux ont une demi-ligne 
de diamètre; ils sont glabres, arrondis extérieurement dans les deux 
tiers de leur contour, planes et marginés intérieurement. Les deux 


côtes marginales sont très-fines, presque coupantes. 


VI. GLEICHENIACEÆ, R Broww. 


Les genres platyzoma, gleichenia et mertensia, sont très-rapprochés les 
uns des autres et n’en forment pour ainsi dire qu’un seul, partagé en 
trois sections, qui semblent résulter de simples transitions dans les 


BOTANIQUE. , 299 
formes. Ils diffèrent pourtant par le mode de leurs divisions, par 
leurs nervures et par leurs sporanges. Maïs ces caractères, en les 
supposant même plus tranchés qu'ils ne Îe sont, sufhroient-ils pour 
autoriser la formation de trois genres! Les botanistes les plus. recom- 
mandables ont décidé affirmativement cette question, et nos idées sur 
l'organisation végétale nous portent à partager cet avis. 

Les platyzoma se trouvent convenablement caractérisés par leurs 
feuilles (frondes) linéaires, pinnées (souvent simples, linéaires-lancéolées, 
entières), à pinnules orbiculaires, recouvertes, sur toute leur surface 
inférieure, d’une poussière jaune de soufre; par leur marge capsuli- 
forme et leurs nervures alternes, &c. 

Les gleichenia n’en diffèrent essentiellement que par leurs divisions 
et par la matière glauque qui, couvrant presque toutes feurs parties, 
remplace la poudre jaune des platyzoma : ils ont aussi des nervures 
alternes et fort peu apparentes. Dans ce genre, les fructifications sont 
plus ou moins enfoncées dans l'épaisseur du tissu cellulaire et ne forment 
qu'un seul point par foliole : elles reposent sur la première division 
supérieure des nervures. 

Les mertensia ont des nervures très-apparentes, rameuses où irrégu- 
lièrement dichotomes ; leurs sores sont disposés sur deux rangs paral- 
lèles à la côte moyenne. Les sporanges, au nombre de 6-10 et plus, 
reposent sur la division supérieure et intérieure de chaque rameau des 
nervures (vid. Bernhardi, /Vov. Journ. bot., Schrader, 1806, tab, 3, 
f. 13, dicranopteris dichotoma), et sont promptement caducs. 

Dans ces trois genres, les écailles de la tige et des bourgeons sont 
dentées, laciniées ou profondément divisées en étoiles; à lobes püli- 
formes, capillaires, ordinairement simples : celles qui recouvrent quelques 
parties des rhachis et des folioles, sont en général foliacées, mais cons- 
tamment frangées sur les bords; celles qu'on observe à la face infé- 
rieure des folioles sont même quelquefois entièrement disséquées et de 
manière à n’offrir plus que l'aspect d’un duvet, d’une laine. Les tiges et les 
pétioles ne présentent jamais, dans leur coupe transversale, qu’un seul 
faisceau de fibres médulliformes, arrondi, et libre dans les p/atyzoma et 
les gleichenia, fixé sur une sorte de placentaire latéral dans les #ertensia. 


3 8* 


300 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


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| 
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GLEICHENIA, SMITH, SWARTZ. 


1. GLEICHENIA POLYPODIOÏDES. 
G. polypodioïdes. Swartz, Syn. fil. pag. 165; Wälld, Sp. pl. $ , pag. 70; Thunb. 
Prodr. pag. 173; Schkuhr, Crypt. tab. 149. 
Onoclea polypodioïdes. ZLinn, 


Ad Caput Bonæ-Spei (in monte dicto de la Table). 


Cette espèce est très-commune au Cap de Bonne-Espérance, sur a 
montagne de la Table. Elle varie à l'infini par ses tiges glabres 
ou velues, par ses feuilles plus ou moins glauques, souvent argentées , 
par ses sporanges au nombre de trois, souvent quatre, diversement 
enfoncés dans les folioles, où ils forment des sortes de cloisons. Les 
écailles de la tige sont lancéolées, profondément divisées en lanières 
filiformes, capillaires, roïdes, ce qui {eur donne l'air de poils fasciculés 
ou en étoiles. 


2. GLEICHENIA RUPESTRIS. 
G. rupestris. R, Brown, Prodr. pag. 160. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ( Port-Jackson ). | 


3. GLEICHENIA MICROPHYLLA. 
G. microphylla. R, Brown, Prodr. pag. 161. 
G. circmata. Swartz, Syn. fil. pag. 165. 
In Novæ-Hollandiæ orû orientali ( Port-Jackson ). 


Le gleichenia microphylla paroît se distinguer de ses congénères par 
des écailles lancéolées, réticulées, frangées, qui recouvrent les rhachis 


et donnent à la plante l'aspect velu où même cotonneux, roux. En cela, 
ces écailles différent essentiellement des écailles caulinaires de toutes 
les espèces de ce genre. 


4. GLEICHENIA SPELUNCÆ. | 
G. speluncæ. R. Brown, Prodr. pag. 160; Guillemin, Icon, lithog. plant. austr. 
pag. 8, tab. 12. 
G. semivestita. Labill. Sert. aust, Caledon. pag. 8, tab. 11. ë 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali ( Port-Jackson ). 


4 
ie 
ll 
pe 
is 
h 


BOTANIQUE. zo1 


MERTENSIA, WILLD, SWARTZ. 
1. MERTENSIA GLAUCESCENS! 

M.stipite dichotomo, nudo; frondibus sparsis, lineari-lanceolatis, pinnatis, 
superioribus et rard inferioribus ad stipitem decurrentibus; pinnis linearibus, 
apice subtridentatis subthsque squamoso-villosis; sporangiis ternis, confuen- 
tibus. 

M. glaucescens! Wild. Sp. pl. , pag. 72; Raddi, Syn. fil. Brasil., pag. 3 
M. decurrens! Raddi, Plant. Bras. pag. 73, tab. 7. 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 
2. MERTENSIA BRASILIANA. 
M. brasiliana. Desv. Journ. botan. juin 1813, pag. 268; Raddi, Syn. fil. Bras. 
pag. 3 ; idem Plant. Bras. pag. 72, tab. 6 ( mert. emarginata. ! ) 

In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). | 

La surface inférieure de cette plante est glauque et recouverte d'é- 
cailles étoilées, jaune-doré, à Iobes capillaires ; elles sont promptement 
caduques. 


3. MERTENSIA FERRUGINEA. 

M. ferruginea. Desv. Journ. botan. juin 1813; Raddi, Syn. fil. fias: pag. 3. 

In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 

4. MERTENSIA DICHOTOMA. 

M. stipite dichotomo, nudo; pinnis Janceolatis, profundè pinnatifidis , ner- 
vosis, subtus glaucis ; laciniis linearibus, obtusis aut emarginatis, inferioribus 
abbreviatis; sporangis numerosis (10-12 ). 

M. dichotoma! Willd. Sp. pl..s, pag. 71; Schk. Crypt. tab. 148. 

Gleichenia hermanni! Æook. et Grev. Icon. fil. tab. 14. 

_ In insulis Mariannis. 

Cette espèce se distingue par ses pétioles (stipes) cylindriques, glabres, 
hauts de 12 à 18 pouces, terminés supérieurement par deux pinnules 
opposées , abaïssées, du centre desquelles partent deux bifurcations 
longues de 10 lignes à 1 pouce, également glabres et nues, qui se 
divisent elles-mêmes pour donner naissañce chacune à deux pinnules 
lancéolées, acuminées, profondément pinnatifides , à lobes très-rap- 
prochés, linéaires - lancéolés, entiers ou fendus au sommet, marqués 
de nervures élégantes, et glauques en-dessous. La diminution progres- 
sive des lobes de la base donne à toutes ces pinnules une forme ovale- 


 - 


302 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lancéolée. Chaque bifurcation renferme un bourgeon écailleux brun; 
celui de la première division est toujours accompagné de deux folioles. 

Dans l'état de fraîcheur, les premières divisions des rhachis sont re- 
couvertes de poils fasciculés, roux; on en remarque aussi quelques-uns 
sur la surface inférieure, à la naïssance des nervures principales de 
tous les lobes. Ils sont promptement caducs. 

Ce mertensia habite les montagnes volcaniques, nues, qui dominent 
Umata. 


VII GYRATEZÆ. 


TL ACROSTICHEÆ. 


ACROSTICHUM, LINN., SWARTZ. 
S L. Fronde simplici (1). 


1. ACROSTICHUM VILLOSUM. 
À. frondibus fasciculatis (2), oblongo-lanceolatis, basi angustatis, utrinquè 
villosis; fertilibus obovato-spatulatis, brevibus. 
A. villosum. Wi//d, Spec. pl. $, pag. 103; Swartz, Syn. filic. pag. 10; Plumier, 
Fil. pag. 110; Lamarck, Ilust. tab. 865, f. 4. 
A. spatulatum! Bory, Itin. pag. 363, tab. 20, fig. 1. 
A. horridulum! Kaulfuss, Enum. filic. p. $8. 
À. spatulinum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 3 ; idem Plant. Bras. pag. 3, tab. 1 5, f. 2. 
A. raddianum. Æook. et Grev. Icon. filic. tab. 4, 
In Brasiliä ( Rio-Janeïro). 


L'acrostichum villosum du Brésil ne me paroît former qu'un léger 
chaïînon intermédiaire entre l’acr. villosum des auteurs et l’acr. spatulatum 
de M. Bory de Saint-Vincent. Cette affinité déterminera peut-être les 


(1) Tout en rappelant les changemens qu'il seroit utile d'apporter dans les noms dés 
organes et de toutes les parties des fougères, dans leurs divisions, &c., nous conserverons ici 
dans nos phrases latines tous ceux que l’usage a depuis fong-temps établis. 

(2) D’après ce que nous avons dit de la disposition des feuilles dans les fougères et de leur 
influence sur la forme des tiges, nous pensons qu’il serait utile d’ajouter quelques modifications 


aux phrases spécifiques. 

Ainsi, par À, frondibus fasciculatis, on exprimera fort bien que la fougère a des feuilles fas- 
ciculées et conséquemment des tiges redressées : A. frondibus sparsis, indiquera que la fougère 
a des feuilles éparses et des tiges-rampantes. 


BOTANIQUE. 303 


botanistes à réunir ces plantes sous une même dénomination. La coupe 
de ses pétioles offre deux faisceaux de fibres médulliformes. 


2. ACROSTICHUM SPLENDENS. 
A. splendens. Bory; Willd. Spec. plant. $, p. 104. 
In insulis Sandwicensibus { Alt. 300-400 hexap. ). 


Il est très-remarquable de rencontrer cette fort jolie fougère à près 
de 4,000 lieues de l'ile Bourbon, où elle a été observée pour la pre- 
mière fois par M. Bory de Saint-Vincent. La hauteur à laquelle on la 
trouve ne permet pas de supposer qu'elle ÿ ait été portée. Ce n'est 
d’ailleurs qu'un des nombreux exemples d'analogie que j'ai à signaler 
entre les plantes de ces deux localités, On remarque dans la coupe de 
ses pétioles deux faisceaux de fibres médulliformes. 


3+. ACROSTICHUM OBLONGUM. 
A. oblongum. Desv, Journ. de botan. juin 1813, p. 271; Raddi, Syn. fil. Bras. 
pag. 5j. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro }). 


4: ACROSTICHUM HYBRIDUM. 
A. hybridum. Willd. Sp. pl. s, pag. 107; Bory, Itin. 3, pag. 95; Swartz, Syn. 
fil. pag. 11; Hook. et Greville, Icon. fil. tab, 21. 
A. scolopendrifolium. Raddi, Plant. Bras. pag. 4, tab. 16. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ), inque insulà Borbonii. 


La coupe de ses pétioles montre cinq faisceaux de fibres médulliformes, 


dont deux antérieurs plus grands. 


$e ACROSTICHUM CRASSIFOLIUM. 

A. frondibus sparsis, membranaceis, oblongis, obtusis , basi attenuatis, 

utrinquè squamosis ; squamis minutissimis, peltatis, rotundatis, margine 
serrato-crenatis. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-400 hex. ) , ad arbores. 


Ses feuilles sont épaisses, membraneuses, longues de 6 à 8 pouces, 
obtuses au sommet, rétrécies à la base, recouvertes d’une sorte de 
poussière (rouge-brun) composée de petites écailles serrées, ombiliquées 


14 
1 
fl 


304 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ou peltées, rondes, à bord facinié. Les tiges sont rampantes , épaisses, 
chargées d'écailles rousses, ondulées et dentées sur les bords. La coupe 
des pétioles offre trois faisceaux de fibres médulliformes, dont deux 
antérieurs plus gros. 

Cette plante produit de nombreuses variétés qui dépendent des lieux 
où elles croissent. Noûs les caractériserons ainsi : 


Acrostichum crassifolium « subfalcatum; frondibus coriaceis, obtusis, 
subfalcatis, basi attenuatis, utrinquè squamoso-furfuraceis; stipite repente, 
crasso, densè vestito; squamis lanceolatis, acutis, eroso-dentatis; radicibus 
villosis. Ad arborum radices inter muscos cum sequentibus. 

Acrostichum crassifolium 8 acutum; frondibus coriaceis lanceolatis, acutis, 


basi attenuatis, utrinquè glabris, &c, 
Acrostichum crassifolium + acuminatum; frondibus ovato-lanceolatis, acu- 
minatis, basi attenuato-decurrentibus ; stipitibus sublævibus. 


C’est probablement de quelques-unes de ces plantes mieux observées, 
que M. Kaulfuss aura fait les acrostichum æmulum et reticulatum ! 


S. IT. Fronde ternatä pinnatäve, 


6. ACROSTICHUM REQUINIANUM. PI. 4. 


A. frondibus sparsis (?}; sterilibus ternatis , raro pinnatifidis vel pinnatis ; 


foliolis ( 5-7-pollicaribus } undatis, lanceolatis , acutis; fertilibus pinnatis; 
pinnis lineari-lanceolatis, acutissimis , basi attenuato-petiolatis. 
In insulis Moluccis ( Rawak }); obtegit rupes. 


Les feuilles stériles de cette belle fougère ont de 15 à 18 pouces de 
hauteur ; elles sont ternées, très-profondément pinnatifides ou pinnées, 
à folioles lancéolées de $ à 8 pouces de longueur, glabres des deux 
côtés, luisantes et d’un vert foncé en-dessus, pointues, ondulées sur 
les bords et marquées de nervures saïllantes, réticulées, d’une grande 
élégance. 

Les feuilles fertiles sont pinnées, avec ou sans impaire, à pinnules 
longues de 4-6 à 8 pouces, alternes, mais presque opposées, linéaires, 
très-pointues. La coupe des pétioles n'offre que deux faisceaux alongés, 
parallèles, de fibres médulliformes ; ce qui constitue une anomalie fort 


remarquable, 


BOT ANIQUE. 305$ 
Je consacre cette jolie espèce à M. Requin, administrateur distingué 


de fa marine, qui, par son zèle éclairé, a rendu les plus grands services 
à notre expédition. 


S. IIT. Fronde pinnatä. 
7. ACROSTICHUM AUREUM. | 


A.aureum. Linn.; Willd, Sp. pl. s, pag. 116; Swartz; Syn. fil. pag. 13; Schk. 
Crypt. tab. 1 et tab. : b. 
In insulis Moluccis (Rawak, Pisang ), locis paludosis. 


8. ACROSTICHUM SPECIOSUM. 
A. speciosum. Willd. Sp. pl. s, pag. 117. 
Cabeabum Luzonensibus. Periy, Gazoph. 10, tab. 61 ,f. 5. 
‘In insulis Moluccis { Pisang ). 


9: ACROSTICUM INÆQUALE. 
A. inxquale. Willd. Sp. pl. $ , pag. 117. 
Ceterach Luzonensium, pinnis alternis glabris. Petiy. Gazoph. 10, tab. 49, f. 5. 
In insulis Mariannis (Guam, Rota, Tinian }, locis paludosis. 


10. ACROSTICHUM DANEÆFOLIUM. 
A. daneæfolium. Langs. et Fisch. Fil. Bras. tab. 1. 
In Brasilià { Rio-Janeiro ), locis paludosis. 


Ces quatre dernières espèces, qui se modifient singulièrement selon 
les lieux, ne sont peut-être pas assez susceptibles d’être envisagées 
comme distinctes. En eflet, elles ne diffèrent entre elles que par un peu 
plus où un peu moins de développement de leurs parties. C'est dans les 
Moluques, à Pisang, que cette plante acquiert les plus grandes dimen- 
sions. L’acrostichum speciosum n'ya pas moins de 5 à 7 pieds de hauteur, 
dans les lieux qui avoisinent le plus le rivage. Ses folioles inférieures 
sont longues de 8 pouces à 1 pied, sur une largeur de 2 à 3 pouces; 
toutes sont acuminées : il semble que cette plante ne parvient à une 
telle croissance qu'aux dépens de son tissu cellulaire ; aussi ses folioles 
sont-elles très-minces , diaphanes, marquées en dessus et en dessous de 
nervures saillantes. L’acrostichum aureum de cette même ïle et de celle 
de Rawak, n’est évidemment que la même plante dans un état particulier : 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 3 9 


306 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ses folioles sont généralement plus étroites , plus épaisses, rétrécies 
en pointe et moins longuement acuminées ; Îles supérieures sont fer- 
tiles, légèrement arrondies au sommet, et terminées par une petite 
pointe qui se contourne et finit souvent par se détacher. Cette es- 
pèce prétendue forme le chaînon intermédiaire destiné à réunir l'acros- 
tichum speciosum à l'acrostichum inæquale. Celui-ci a ses folioles sen- 
siblement plus épaisses et tout-à-fait opaques : la sève paroit s'y 
porter avec beaucoup de force vers le sommet des folioles ; d’où il ré- 
sulte que fa partie marginale, loin de se rétrécir en pointe, s élève jusqu'à 
l'extrémité supérieure de la nervure moyenne, et la dépasse quelquefois ; 
cette extrémité des folioles, qui devroit avoir la forme d’un fer de lance, 
est arrondie, tronquée, où plus ou moins émarginée , tout en conservant 
au centre une petite languette également très-variable dans ses dimen- 
sions. Enfin, lacrostichum daneæfolium de MM. Langsdorf et Fischer ne 
me paroît différer de ce dernier, que par l'avortement de cette lan- 
guette, ou parce que Île limbe s'élève en s'arrondissant jusqu'à l'extré- 
mité de la côte, que souvent il dépasse encore : cette dernière variété, 
recueillie dans les marais qui bordent fa rivière d’Estrella, à Rio- 
Janeiro, n’a pas moins de 4 à $ pieds de longueur, comme toutes Îles 
précédentes. Il seroïit utile de chercher des caractères distinctifs dans 
les écailles des tiges de ces plantes. é 

La coupe des pétioles offre dans toutes un grand nombre de féis- 


ceaux de fibres médulliformes. 


1. ACROSTICHUM QUOYANUM. PL. 3. 
A. frondibus sparsis (!) ; sterilibus pinnatis, superioribus confluentibus ; 
pinnis alternis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, pinnatifidis ; lacinïis subfal- 
catis, obtusiusculis, duplicato- -serratis , subciliatis; fertilibus pinnatis; pinnis 
petiolatis, lineari-lanceolatis, undulato-crenatis, superioribus subconfluentibus. 


In insulis Moluccis { Pisang, Rawak, Vaigiou, &c.). 


Cette fougère est d'un vert tendre fort agréable; elle a ses feuilles 
stériles pinnées à la base et confluentes au sommet, longues de 2 à 
3 pieds : ses folioles sont alternes (rarement opposées), lancéolées, 
acuminées, pétiolées, crénelées ou même pinnatifides dans celles qui 
sont inférieures, à crénelures ovales, à peu-près obtuses, recourbées en 


BOTANIQUE. | 307 
faulx de bas en haut, et à doubles dentelures très-fines, presque ciliées : 
les nervures sont alternes et les veinules réticulées. 

Les feuilles fertiles acquièrent les mêmes dimensions en hauteur : elles 
sont pinnées, à pinnules linéaires-lancéolées, à crénelures ondulées, ré- 
gulièrement arrondies, à bords entiers ; les inférieures sont généralement 
opposées, pétiolées ; et les supérieures sessiles, décurrentes ou confluentes 
comme dans les feuilles stériles. La coupe des pétioles présente dix ou 
douze faisceaux de fibres médulliformes , dont deux, antérieurs, plus 
forts. 

Je consacre cette jolie plante à mon ami M. le docteur Quoy, 
chirurgien-major , et lun des rédacteurs de Ia vartie zoologique du. 


Voyage de l'Uranie. 


PLATYCERIUM, DEsvaux. 


1. UE ANGUSTATUM. 
P. angustatum! Des, Prodr. in Ann. Soc. Lin. Paris, juillet 1827, pag. 213. 
Acrostichum alcicorne. Swartz, Syn. fl. p. 12-et 196; Willd. Sp. pl. s, p.111; 
R. Brown. Prodr. pag. 145; Schk. Fil. tab. 2. 
À, stemaria. Pal, Beauvois, FI. Ov. et Ben. pag. 2, tab. 2. 
À. bifurcatum. Cavan. Præl. 1801, n.° 587. 
Neuroplatyceros æthiopicus. Pluk, Amalth. pag. 151, tab. 429, f. 2. 
Alcicornium (1) vulgare, Gaudichaud. Mss. (2). | 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson), obtegit rupes; et in 
insulis Moluccis ( Timor, Ombaï }, arboribus adnascitur. 


Je pense que cette plante mérite de former un genre (alcicornium où 
neuroplatyceros ) : alors, la variété de l'île d'Ombaï, qui recouvre les 
énormes rameaux des séerculia et des ramarindus, deviendroït probable- 
ment une éspece. L'une et l'autre ont les tiges rampantes, garnies 
d’écailles lancéolées, droites, brunes; beaucoup plus larges, mem- 
braneuses sur les bords, dans ee du Port-Jackson. Les écailles 


(1) Voyage de FUranie, Botanique, pag. 48. 

(2) Frondes biformes; fertiles Iobato-corniformes , versus apicem subtüs Sporangiis squa- 
mulisque crebrioribus densè vestitæ; squamulis furfuraceis , penicellatis vel stellulatis; steriles 
rotundatæ, lobatæ vel palmatæ. 


% 


39 


308 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des feuilles fertiles et stériles sont étoilées, blanchâtres, soyeuses, sou- 
vent argentées ; elles imitent des poils fasciculés, très-capillaires : celles 
des racines sont d’un rouge brun, aussi capillaires, soyeuses, longues, 
non articulées, La coupe des pétioles offre 10-12 faisceaux de fibres 
médulliformes. 
OLFERSIA, R4DD1. 

. Sori lineares continui ad marginem utriusque paginæ frondis, indusium 
| nullum. Raddi, 


| 1. OLFERSIA CORCOVADENSIS. 

| ©. frondibus pinnatis ; pinnis alternis; sterilibus ovato anceolatis, acumi- 
| natis, integerrimis, subsessilibus , apice falcatis; fructificantibus linearibus, 
dl brevissimè pedunculatis ; stipite canaliculato, glabro. Raddi, Syn. fil. Bras. 
À pâg. $,tab.1,aa,bb; idem Plant. Bras. pre: 7,tab. 14,15, 1. 

| In Brasiliä (Rio-Janeïro). 


Si le genre offersia n'est pas identique avec le genre sde de 
MM. de Humboldt, Bonpland et Kunth, il en est du moins très-voisin. 
La coupe de ses pétioles présente huit ou dix faisceaux de fibres mé- 
dulliformes disséminés dans Île tissu cellulaire. 


HEMIONITIDEÆ. 
GYMNOGRAMMA, DESVAUX. 


1. GYMNOGRAMMA TOMENTOSA. 
G. tomentosa. Desv. Journ. bot. 2, pag. 25, janvier 1813. 
Asplenium tomentosum. Lamk. Encycl. 2, pag. 305. 
Hemionitis tomentosa. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 6; idem PI, Bras. pag. 8, tab. 19. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 


La coupe horizontale des pétioles montre un seul faisceau de fibres 
médulliformes échancré en cœur, comme dans le pétiole et le rhachis de 
beaucoup d'asplenium. 


2. GYMNOGRAMMA CALOMELANOS. 
G. calomelanos. Kaulfuss, Enum. fil. pag. 76. 
Acrostichum calomelanos. Linn.; Wild, Sp. pl. 5, pag. 123; Schkukr, Crypt. 
tab. s ; Langsdorff et Fischer, Icon. fil. tab. 3, &c. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro). 


BOTANIQUE. 309 


Dans la coupe horizontale, on distingue deux faisceaux libres de 
fibres médulliformes. 


HEMIONITIS, LINN., SWARTZ. — ANTHROPHYUM, KXAULFUSS. 


1. HEMIONITIS RETICULATA. 
H. reticulata. Forst.; Swartz, Syn. fil. pag. 20 et soi Willd, Sp. pl. s, p. 128; 
Schkukr, Crypt. tab. 6; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 5. (h. retic. 8 Brasiliensis ). 
Anthrophyum reticulatum. Xaulfuss, Enum. fil. pag. 198. 
In Brasilià (Rio-Janeiïro). 


lan coupe transversale, dans cette espèce, fait apercevoir de trois à cinq 
faisceaux de fibres médulliformes. Nous pensons qu'elle doit différer de 
l’'hemionitis reticulata de Forster, et nous ne lui avons conservé cette dé- 
nomination, que d’après l'autorité de M. le docteur Raddi (1). 


2. parade PLANTAGINEA. 
H. plantaginea. Cavan. Præl. 1801, n. ° 643. 
H. plantaginea «, frondihus obovato-lanceolatis, acuminatis, basi in stipitem 
attenuatis. 
In insulis Moluccis ( Rawak, Vaigiou ), 
H. plantaginea 6, frondibus lanceolatis, acuminatis, basi in stipitem attenuatis, sub- 
marginatis. 


-Ïn insulis Mariannis. 


Elles ne diffèrent que par {a forme variable de leurs feuilles (frondes) ; 
ce qu'il faut attribuer à l'extrême influence des localités. Leurs pétioles 
ont de 4 à 6 pouces de longueur ; ils sont garnis, à la base, d’écaïlles 
lancéolées et acuminées, brunes, cloisonnées et dentées sur les bords. 
Leur coupe transversale offre constamment deux faisceaux contournés de 
fibres médulliformes. D’après un travail que vient de publier M. Desvaux 
(Prodrome de la famille des fougères ), ces plantes appartiendroient à 
lhemionitis reticulata de Forster. 


(1) Hemionitis brasiliana ! frondibus lanceolato-elongatis, costatis, mucronatis, subsessilibus, 
infrà attenuatis, apice subdilatatis. Desv. Prodr. in Ann. soc. linn. Paris. Juillet 1827. 


310 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GRAMMITIS, SwARTZ. 


1. GRAMMITIS SCOLOPENDRIOÏDES. 
G. frondibus sparsis, Janceolatis, integerrimis, acutis ( 12-15 pollic. lon- 
gis ), basi triangulari-attenuatis ; soris obliquis , immersis { 19-15 lin. longis ); 
caudice squamoso, repente. : : 


In insulis Moluccis ( Rawak ). 


La coupe transversale de la partie pétiolaire offre de quinze à dix- 
huit faisceaux de fibres médulliformes. Les écailles de la tige sont 
lancéolées et acuminées, brunes, cloisonnées et dentées, en tout sem: 
blables à celles de lhemionitis plantaginea. W n’est peut-être pas très- 
éloigné du g. involuta de Hooker et Greville, /cones flicum, tab. 53. 


2. GRAMMITIS LANCEOLATA. 
G. lanceolata, squamosa ; frondibus lineari-lanceolatis , acutis, utrinquè 
squamosis; soris costæ parallelis. 


G. lanceolata. Swartz, 1. c. pag. 212, tab, 1, f. 4; Swartz, Syn. fil. pag. 22, 
213; Schkukr, Fi, tab. 7; Willd. Sp. pl. s , pag. 130. 
Asplenium plantagineum. Lamk. Encycl. 2, pag. 303; Hlust. tab. 867, f. 1. 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


Cette plante diffère peut-être du grammitis lanceolata, par les écailles 
étoilées qu'on remarque sur les deux surfaces, et sur-tout par ses sores 
longs de 2 à 3 lignes, tout-à-fait parallèles à [a nervure moyenne. Les 
écailles de sa tige et de ses pétioles sont lancéolées, profondément 
incisées. La coupe transversale des pétioles ne lasise jamais voir que 
deux faisceaux de fibres médulliformes. (G. elongata? Wild.) 


3: GRAMMITIS MYOSUROÏDES. 
G. myosuroïdes. Swartz, Syn. fil. pag. 22; Wild, Sp. si $ » pag. 142; Schkuhr, 
Crypt. tab. 7; Raddi. Plant, Bras. pag. 12, tab. 22 bis, fig. 3. 
G. frondibus sparsis. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro) , calçada da Estrella. 


BOTANIQUE. 31 

Cette plañte ne s'éloigne peut être pas beaucoup du genre adeno- 
phorus. Elle se distingue par Îes écailles glanduleuses qui récouvrent 
inférieurement le rhachis dans toute sa longueur ; par des poils alongés ; 
rudes, noirs, rares, disséminés à la surface supérieure et sur les bords; 
par deux points noirs qu'on remarque sur Ja même partie, au centre 
de chaque pinnatifidure : le premier, qui est à [a partie supérieure 
fort près de la côte moyenne, annonce et montre même quelquefois 
un Îobe avorté, et porte les fructifications ; le second, placé vers le 


sommet du lobe, est stérile. 


4. GRAMMITIS SERRULATA. 
. G. serrulata. Swartz, Syn. fl. pag. 22; Willd. Sp. pl. s, pag. 141; Schkukr, 
Crypt. tab. 7; Plum. Fil. tab. 81; Raddi, Plant. Bras. pag. 11, tab. 22 bis, f. 2. 
G. frondibus fasciculatis. 
Acrostichum serrulatum. Swartz, Prodr. pag. 128; ZLamk. HMust. tab. 865, 
acrostichum n.° 2 ! 
Asplenium serrulatum. Swartz, Flor. Ind. occ. 3, pag. 1607. 


In Brasilià ( Rio-Janeiro, Mandiocca ). 


Cette plante difière en tout point de la précédente, et doit être 
séparée du genre grammitis. Ses tiges sont redressées, couvertes d’écailles 
imbriquées, roulées; la coupe de ses pétioles montre aussi un seul 


faisceau de fibres médulliformes. 


ASPLENIEÆ. 


C'est vainement que j'ai cherché dans les nervures des aspléniées de 
mes collections, quelques caractères qui me permissent de séparer con- 
venablement les genres asplenium , darea et diplazium , parce que ces 
nervures varient à l'infini. Elles sont simples et régulièrement parallèles 
dans les asplenium nidus et serratum ; simples ou bifurquées à la base, 
rameuses et anastomosées au sommet, dans l’asplenium limbatum, en sorte 
que si les fructifications linéaires, droites , de cette fougère, alloient en 
se prolongeant de la nervure jusqu'au bord, cette dernière partie seroit 


312 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


réticulée et analogue à quelques hemionitis : enfin elles sont. dichotomes 
et rameuses, à divisions alternes, dans toutes les autres espèces, et ce 
sont ces dernières sur-tout qui, en général, produisent les diplagium. 

Dans la majeure partie de ces plantes, le tégument se trouve disposé 
de manière à s'ouvrir de haut en bas et de dedans en dehors, relative- 
ment à la nervure moyenne ; mais il arrive souvent d’en rencontrer 
tout à côté qui affectent la disposition contraire, c’est-à-dire, qui 
s'ouvrent de bas en haut ou de dehors en dedans; dans ce dernier cas, 
le tégument est toujours fixé sur une des divisions inférieures de la 
nervure principale, en sorte qu'en supposant le rapprochement de ces 
deux tégumens adossés, cela formeroit un diplazium. 

C'est en effet ce qui a lieu dans la nature, et ce qu'on observe dans 
l'asplenium salicifolium et ses nombreuses variétés, l'asplenium denticu- 
losum , Desv. (asplenium ambiguum, Wild.), V'asplenium radicans (vel 
diplazium esculentum); enfin, et d'une manière très prononcée, dans 
le diplazium plantagineum, qui, comme les asplenium précités, offre souvent 
l'exemple singulier de fructifications bifurquées, c’est-à-dire, qui sont 
diplazium à la base et asplenium au sommet; parce que Îes nervures, 
d’abord réunies ou simples, se séparent ou se divisent en ce point, et 
que chaque tégument diverge avec la portion de nervure qui le supporte. 

Relativement au darea (cænopteris), son mode de fructification, fort 
analogue d’ailleurs à celui des asplenium, ne paroît tenir qu'à l'extrême 
ténuité de ses divisions, qui souvent se trouvent pour ainsi dire réduites 
aux simples nervures à peine entourées de tissu cellulaire, et dont les 
divisions latérales, en partie avortées, donnent naissance aux tégumens. 

De là aussi, sans doute, l'épaisseur relative de ces tégumens; car la 
force de végétation se détourne rarement d'un point sans se porter sur 
un autre. 

Ce seroit aussi fort inutilement qu'on chercheroit des caractères 
génériques dans les dimensions respectives des fructifications de ces 
fougères ; elles offrent sous ce rapport la plus grande diversité, Ainsi, 
elles ont de 1 à 3 pouces de longueur dans les asplenium nidus, serratum, 
limbatum ; de 6 lignes à 1 pouce dans Îles asplenium salicifolium, cultratum, 
torresianum, horridum , contiguum , diplazium plantagineum ; de 3 à 6 


BOTANIQUE. 313 
lignes dans lasplenium denticulosum ; de 1 à 3 lignes dans les darea; de 
1 à 2 lignes dans les asplenium lætum, adiantum nigrum, contiguum, laser- 
pitiifolium, tenerum, raddianum, lunulatum ; de demi-ligne à une ligne 
dans les asplenium trichomanes , erectum , radicans , flabelliforme, pulchellum ; 
d’un quart de ligne à une demi- ligne dans l’asplenium (athyrium) poire- 
tianum, &c. La coupe des pétioles montre, dans toutes ces plantes, deux 
faisceaux de fibres médulliformes, alongés, cintrés de dehors en dedans, 
libres d’abord, mais qui se rapprochent de plus en plus vers le rhachis , 
où enfin ils finissent par se réunir en formant un x, un y, ou tout 
autre caractère analogue. 


ASPLENIUM, LINN., SWARTZ. 


$ I. Fronde indivisä. 
3. ASPLENIUM NIDUS. 
A. nidus. Linn., Willd. Sp. pl. 5 , pag. 303; Raddi, Plant. Bras. pag. 34, tab. 53. 
In insulis Moluccis, Mariannis, Sandwicensibus , insulisque Borbonii et 
Mauriti. 

Les dimensions de cette fougère varient à l'infini : elles sont, en 
hauteur, de 18 pouces à 6 et 8 pieds; en largeur, de 4 pouces à-1 
pied et demi. Je conserve dans mon herbier un fragment de feuille 
qui dépassoit même cette dernière proportion. 


Aspl. Nidus, var. Rawakensis, frondibus 6-8-pedalibus , obtusis. (Rawak.) 


Aspl. Nidus, var. altera Rawrakensis, frondibus 2-3-pedalibus, obtusis, crassius- 
culis. ( Rawak.) 


Aspl. Nidus, var. Pisangiensis, frondibus acutis acuminatisve, undulato-crenulatis. 
( Rawak et Pisang. ) 


Aspl. Nidus, var. Guamensis, frondibus Janceolatis, undulatis, apice emarginato- 
bifidis. ( Guam.) 


Aspl. Nidus, var. Sandwicensis, frondibus 2-3-pedalibus , apice undulatis. 
(Owhyhi. ) 


2. ASPLENIUM SERRATUM. 


A. serratum. Swartz, Syn. fil. pag. 745 Wild. Sp. pl. 5, pag. 304; Schk. Crypt. 
pag. 61, tab. 64; Plum. Amer. 27. tab. 39. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 


Voyage de l'Uranie, — Botanique. 40 


314 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Je pense que cette fougère n'est qu'une des innombrables variétés 
de lasplenium nidus. Les vaisseaux médulliformes présentent, à peu de 
chose près, les mêmes figures. 


3. ASPLENIUM DUBIUM. 
À. frondibus simplicibus, fasciculatis, crassiusculis , oblongo-lanceolatis , 


acuminatis, integerrimis , utrinque glabris, basi in stipitem attenuatis; nervis 
dichotomo-reticulatis. 
Scolopendrium ambiguum. QE Syn. fil. Bras. pag. 14; Idem, PI. Bras. 


pag. 40, tab. 57, f. 1. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


Cette fougère, qui montre simultanément les sores des asplenium , 
des diplazium et des scolopendrium, est probablement celle qui a été 
décrite par M. le docteur Raddï, sous la dénomination de scolopendrium 
ambiguum (1). Dans le doute, et ma plante offrant plus particulièrement 
le caractère des asplenium, j'ai dû la placer dans ce genre de fougères, 
tout en lui donnant un nom analogue à celui que M. le docteur Raddi 
lui avoit si judicieusement appliqué. Elle est épaisse, glabre, à nervures 
dichotomes et fertiles à la base, réticulées et stériles au sommet: les 
sores ont des tégumens doubles, très-minces, et trop séparés entre eux 


pour qu'ils puissent constituer un sco/opendrium. 


$ Il. Fronde pinnatä. 


4. ASPLENIUM LIMBATUM. 

A. limbatum. Willd. Sp. pl. $s, pag. 310: Swartz, Syn. fil. pag. 76; Plumier, 
Fil. pag. 88, tab. 106; Encycl. Sup. 2, Il.° partie, pag. 504, &c.; Raddi, 
Syn. fil. Bras. pag. 12; dem, PI. Bras. pag. 35. 

Confer asplenio marginato. 

In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


ÿ: ASPLENIUM TRICHOMANES. 
A. trichomanes. Wil!d. Sp. pl. $, pag. 331; Swartz, Syn. fil. pag. 85. 
A. trichomanes var. major. 
In Hispaniä ( Andalusiâ ) ad promontorium Gibraltar. 


(1) Scolopendrium ambiguum, frondibus ovato-lanceolatis, integerrimis, plabris, basi atte- 
nuatis; stipite paleaceo, Raddi. 


. 


BOTANIQUE. 315 
6. ASPLENIUM FLABELLIFOLIUM. 
A. flabellifolium. Cavan., Siwartz, Syn. fil. pag. 81, tab. 3, f 2; Wild, Sp. pL. 5, 
pag. 333: À. Brown, Prodr. pag. 150. 


In Novæ-Hollandiæ orä oriental { Port-Jackson, Botany-Bay et Montagnes- 
Bleues ). 


7. ASPLENIUM PULCHELLUM. 

A. frondibus fasciculatis, lineari-lanceolatis, pinnatis; pinnis dimidiatis, 
subrhomboïdalibus , acuminatis, glabris, latere superiore inciso-serratis, infe- 
riore integris, basi attenuato-cuneatis. 

À. pulchellum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 13; Idem, PI. Bras. pag. 37, tab. ÿ2 
Se 


In Brasiliä (in rupibus montium Estrellæ , prope Mandioca ). 


8. ASPLENIUM CONSANGUINEUM. 

À. frondibus fasciculatis, pinnatis (7-8-pollicaribus ) ; pinnis oblongis, 
obtusis, superioribus confluentibus , basi superiore truncatis, subauriculatis, 
inferiore cuneato-abbreviatis ({ aut margine superiore inciso-serratis, inferiore 
subintegris ); rhachi marginatä. ( Confer asplenio Iæto, tenero.) 

In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


9. ASPLENIUM LÆTUM. 
Lætum. Swartz! Schkuhr, Crypt. pag. 65, tab. 70; Willd, Sp. pl. 5 pag. 317. 
À. frondibus sparsis; rhachi flexuosä , alatä; caule repente. 
In insulis Moluccis ( Pisang ). 


Cette espèce paroît ne différer de etre lætum de Schkuhr que 
parce qu’elle est généralement plus petite et à dentelures aiguës, irré- 
gulières. Elle est très-polymorphe, et offre souvent la P'ApeE des 
caractères de l'asplenium tenerum. 


10. ASPLENIUM TENERUM. 

A. frondibus fasciculatis, lineari-lanceolatis, pinnatis; pinnis oblongis, 
subfalcatis, obtusis, obtuse-dentatis, petiolatis, utrinque glabris, basi supe- 
riore auriculato-cordatis, elongato-rotundatis, suberenulatis, inferiore cuneato- 
abbreviatis; rhachi marginatä; stipite glabro, marginato , basi paleaceo. 

À. tenerum! Swar!z, sys fl, pag. 78; PAU Sp. pl $, pag. 3173 Srhkukr, 
Crypt. tab. 69. 
À. abscissum! Raddi, Syn. fil, Bras. n.° 94. 
A. semicordatum. Raddi, PI. Bras. pag. 36, tab. 52, f, 1. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 
40* 


316 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

L'asplenium tenerum ! est très-voisin des deux espèces précédentes : il 
s'en distingue sur-tout par la base du bord supérieur des pinnules, qui 
s'alonge de manière à former une oreïllette arrondie, à dentelures plus 
profondes, obtuses, et qui, lorsque Îa foliole est horizontale, se croise 
avec le rhachis. Ce caractère particulier, joint à l'épaisseur des folioles, 
distingue suffisamment cette fougère de l’asplenium letum, avec lequel il 
a beaucoup de rapport. 

11, ASPLENIUM RADDIANUM. 

À. frondibus sparsis, lineari-lanceolatis ( 1 5-18-pollicaribus ) , pinnatis, 
acutis; pinnis approximatis, ovato-lanceolatis, obtusiusculis, serratis, subpe- 
tiolatis, basi superiore auriculatis { auriculis 4-$-dentatis }, inferiore abscisso- 
cuneatis, superioribus confluentibus ; soris similiter parallelis ; rhachi stipiteque 
marginatis; caudice repente , squamoso ; squamis minutissimis. 

Confer asplenio abscisso, Iæto, tenero. 

À. brasiliense ! Raddi, PI. Bras. pag. 36, tab. $1,f. 1 (1). ” 

In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 

M. le docteur Raddi, à qui je consacre cette plante, la conserve 
sous la dénomination d’asplenium abscissum , tout en faisant sentir {a 
nécessité d'en former une espèce nouvelle. Je partage complétement sa 
manière de voir. En effet, loin d’avoir des tiges charnues et fort grosses, 
de larges écailles et le bord inférieur des pinnules à doubles dentelures, 
cette fougère offre des tiges rampantes, de Ia grosseur, au plus, d’un 
tuyau de plume, garnies d’écaïlles extrêmement petites. Les dentelures 
du bord inférieur des pinnules n’existent que vers le sommet, et sont 
tout-à-fait semblables à celles du bord supérieur. 

12. ASPLENIUM LUNULATUM. 

A. frondibus fasciculatis, lineari-lanceolatis { 8-12-pollicaribus }, pinnatis ; 
pinnis lanceolato-falcatis, obtusis, dentato-crenulatis, basi superiore auricu- 
latis, inferiore cuneato-abbreviatis ; superioribus attenuatis, subconfluentibus : 
rhachi marginatä. 

À. Tunulatum. Thunb. Prodr. pag. 172; Swartz, Syn. fil. pag. 80; Willd. Sp. 
pl. s, pag. 324. , 
Âd Caput Bonx-Spei (ad promontorium T'abulæ ). 


(1) Hest, je crois, nécessaire de faire observer que mon travail étoit fait et imprimé en grande 
partie, lorsque le Sn. filicum Brasiliensium, &c., de M. Raddi m'est parvenu. Les botanistes 
me sauront gré des nouvelles citations puisées dans cet ouvrage. 


BOTANIQUE. 317 


13. ASPLENIUM ERECTUM. 
A. erectum. Bory, Willd. Sp. pl. 5, pag. 328. 
A. frondibus fasciculatis. 
In insulis Sandwicensibus (alt. 350-450 hexap. ). 


Malgré la localité fort éloignée de cette plante, je ne balance point 
à la laisser sous le nom de l'asplenium erectum recueilli par M. Bory 
de Saint-Vincent à l'ile Bourbon. Notre espèce paroît n'en différer 
que par ses dentelures beaucoup plus prononcées, ce qui donne aux 
pinnules Pair d'être pinnatifides, à lobes souvent échancrés. Ce léger 
caractère, qui n'est pas constant, me paroït ne point mériter qu'on 
y attache quelque importance. 


14. ASPLENIUM SALICIFOLIUM. 
A. salicifolium. Wild. Sp. pl. 5, pag. 313. 
Confer asplenio cultrifolio, falcato, &c. Willd. Sp. pl. 5,p. 311 et 325. 
In insulis Moluccis { Timor, Rawak, Pisang, &c. ). 


15. ASPLENIUM CULTRATUM. 
. À. frondibus pinnatis; pinnis oblongis, acutis (sesqui- vel bipollic. ) , irre- 
 gulariter serrato-denticulatis , bast superiore rotundato-cordatis, subauricula- 
tis, inferiore abscisso-cuneatis ; rhachi paleaceä. 
In insulis Mariannis ( Guam) et in Novæ-Hollandiæ orä orientali { Port- 
Jackson ). Fraser communicavit. 


échantillon de la Nouvelle-Hollande (is herb. mus.) est en assez 
mauvais état : il m'a été communiqué par M. Fraser, qui la recueilli 
vers Le Nord du Port-Jackson. Cet asplenium ne seroit-il pas lasplenium 
falcatum, R. Brown, Prodr. p. 150, ou une simple modification de cette 
espèce? 


16. ASPLENIUM TORRESIANUM (1). 

A. frondibus fasciculatis, pinnatis, inferioribus gradatim minoribus; pinnis 
lanceolatis, acuminatis, inæqualiter serratis, basi superiore truncatis , auricu- 
latis, inferiore cuneatis ; serraturisoblongis, apice dentatis ; rhachi paleacei,. 

In insulis Mariannis { Guam ). 


(1) Asplenium hirtum { frondibus pinnatis ; pinnis lanceolatis acutis grossè arguté serratis, 
basi cuneatis, supernè subauriculatis, utrinque glabris; stipite rachique setoso-hirtis. Kaulfuss. 


318 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cette espèce se rapproche beaucoup de lasplenium plumosum , de l'as- 
plenium elongatum, et sur-tout de lasplenium caudatum : maïs elle diffère 
de la première par l'oreillette plus ou moins prononcée de la base 
supérieure de chacune de ses pinnules; de la deuxième, par ses pin- 
nules lancéolées, acuminées, ainsi que par les écailles piliformes , arti- 
culées ou cloisonnées, rameuses, qui recouvrent le rhachis; et enfin 
de la troisième, dont elle nest peut-être qu'une variété, parce que 
ses pinnules ne sont jamais assez découpées pour paroître pinnatifides, 
de même que par ses lobes presque pointus, denticulés extérieurement, 
Du reste, cette plante est très - polymorphe; et la variété B, à folioles 
ovales-lancéolées, pointues, dentées, que je lui réunis, en offre un 
exemple frappant. 

Je consacre cette jolie espèce à D. Luis de Torres, l'indigène le plus 
recommandable de l'archipel des Mariannes. | 


$ III. Fronde bipinnatifidä bipinnatäve. 


LD 
17. ASPLENIUM HORRIDUM! 


À. frondibus pinnatis {sesqui- vel tripedal. ); pinnis Janceolatis , apice 
elongato-acuminatis, profundè pinnatifidis aut rard pinnatis, basi superiore 
auriculatis, inferiore abscisso-cuneatis ; Tacinïis cuneatis, venosis, apice lace- 
ratis ( multidentatis }; soris numerosis, elongatis, costæ mediæ approximatis, 
distinctis ; rhachi paleaceä. 


Asplenium horridum! Xaulfuss, Enum. fil. pag. 173 (1). 
Molo et maolox mcolarum. 


In insulis Sandwicensibus (alt, 450-600 hexap. ). 


Cet asplenium appartient évidemment à fa section destinée à réunir 
les asplenium salicifolium, cultratum , plumosum, elongatum, caudatum , tor- 
resianum , et plusieurs autres espèces asiatiques. Il est tellement po- 
lymorphe, que nous ne considérons l'espèce suivante que comme une 
simple variété, causée par une localité plus sèche, plus aride. 


(1) Asplenium horridum : frondibus pinnatis; pinnis linearilanceolatis , attenuatis, inciso- 
lobatis; lobis oblongis truncatis crenatis; soris costæ contiguis parallelis, in Jobis geminis oppo- 
sitis ; stipite rhachique hirsutis. Laulfuss. 


BOTANIQUE. 4 


18. ASPLENIUM CONTIGUUM! (1). 

A. frondibus pinnatis ( sesqui- vel bipedal. }; pinnis lineari-lanceolatis, 
apice elongato-acuminatis, serrato-pinnatifidis , basi superiore truncato - sub- 
auriculatis , inferiore abscisso-cuneatis ; laciniis obovatis, apice denticulatis : 
soris costæ mediæ approximatis, contiguis, confluentibus. 

À. contiguum! Xaulfuss, Enum. fi. pag. 172. 
Asplenium horridum contiguum. Gaudichaud, mss. 


In insulis Sandwicensibus (alt. 250-300 hexap.). 


L'asplenium contiguum croît dans Îles montagnes d'Owhyhi, près de Ia 
région que j'ai nommée torride à cause de Ia chaleur et de Ia sé- 
cheresse qui y règnent, de [a stérilité dont elle est incessamment 
frappée. Je ne Îe considère que comme une variété de l'espèce précé- 
dente; variété déterminée par*les influences du sol et des agens mé- 
téorologiques. En effet, dès qu’on examine cette plante comparativement 
à la première, on reconnoît aussitôt que les différences qu'elle présente 
ne sont dues qu'à un moindre développement dans toutes ses parties ; 
les feuilles, les folioles, les lobes, les dentelures et les sores, tout a 
subi, par le manque d'humidité, un rétrécissement qui est d'autant plus 
considérable, que la plante est aussi plus chargée de fructifications. 

Le botaniste instruit déjà des étonnantes anomalies qui abondent 
sur tout le sol des Sandwich, retrouve bientôt, dans cette plante dé- 
figurée, la forme des stipes, des folioles, des lobes et de leurs divisions, 
comme celle des sores, qui, resserrés sur eux-mêmes, n’offrent plus que 
l'aspect de deux lignes rapprochées de la nervure moyenne, et pour ainsi 
dire réunies entre elles, qui se prolongent de Ia base des folioles à leur 
sommet. D'ailleurs, les écailles, sur cette dernière espèce, sont moins 
nombreuses et plus promptement caduques. 

Je ne regarde donc cette fougère que comme une simple dégéné- 
rescence de l'espèce précédente, et ne méritant au plus que le titre de 
variété. 

(1) Asplenium contiguumi frondibus pinnatis; pinnis lineari-lanceolatis, attenuatis, incso- 


Serratis ; serraturis dentatis, basi superiori rotundato-cuneatis subauriculatis, inferiori abscisso. 
attenuatis; soris contiguis costæ parallelis. Xaulfuss. 


320 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


19. ASPLENIUM DENTICULOSUM! 
À. denticulosum ! Desyaux, Mag. nat. ber. 1811, pag. 323. 
Asplenium ambiguum! Wild. Sp: pl. 5, pag. 343; Schkuhr, Crypt. tab. 75 ; 
Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 13; {dem, PL. Bras. pag. 38, tab. 54 et 5 4 bis, 
Asplenium anomalum. Desv. Prodr. Ann. de Ia soc. Linn. de Paris, pag. 276. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro). 


Cette fougère appartient autant aux diplazium qu'aux asplenium ; 
cependant elle n'offre jamais le caractère des diplagium que sur les 
premières divisions bifurquées de chaque nervure latérale. Les nervures, 
en apparence alternes , sont réellement dichotomes. 


$ IV. Fronde bipinnatë, tripinnata. 5 


20. ASPLENIUM PATENS, . 
A. frondibus triplicato-pinnatifidis ; pinnis patentibus, alternis; pinnulis 
pinnatifidis; Jaciniis oblongo-cuneatis , apice inciso-dentatis. 
A. patens! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 175. 
A. adiantum nigrum (1). Gaudichaud. mss. 
In insulis Sandwicensibus { alt. 350-400 héx. k 


Par suite du racornissement de toutes Îles parties du limbe de cette 
plante, les fructifications sont confluentes, très-nombreuses. 


21. ASPLENIUM ARGUTUM, 
À. frondibus triplicato-pinnatis; pinnis distantibus, primariis lanceolatis , 
secundariis ovatis ; pinnulis argutè grossè dentatis: Kaulfuss. 
A. argutum. Kaulfuss, Enum. fil. pag. 176. 
In promontorio Bonæ-Spei. 


Le développement remarquable de cette plante est cause de l'éloi- 
gnement des sores et de la rareté apparente des sporanges. 


22, ASPLENIUM LAXUM. 
A. laxum. R. Brown, Prodr. pag. 151. 
Cænopteris appendiculata. Labill. Nov.-Holl. 2, tab. 243. 
Darea appendiculata. Wil/d. Sp. pl. $, pag. 296. 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali. ( Fraser communicavit. ) 


(1) Cette espèce et la suivante entrent dans la section de l'asplenium adiantum nigrum , dont 
elles ne forment que de simples variétés. 


BOTANIQUE. 321 
23. ASPLENIUM LASERPITIIFOLIUM. 
A. laserpitäfolium. Zamarck, Encycl. pag- 310; Willd, Sp. pl. s, pag. 3473 
Swartz, Syn. fi. pag. 85. 

In insulis Mariannis. 

Cette fougère ne diffère de lasplenium laserpitüfolium que par ses 
folioles plus ténues. Elle est encore remarquable par les écailles longues 
d’un pouce, entières, diaphanes, qui recouvrent ses tiges et la base de 
ses pétioles (stipes). Elle offre une foule de variétés. 

24, ASPLENIUM (athyrium) POIRETIANUM. PI. 13. 

À. frondibus fasciculatis, decompositis , utrinque glabris ( 2-3-pedalibus ); 
foliolis bipinnatis; pinnis ovato-lanceolatis, acutis, pinnatis, basi superiore 
auriculiformibus; pinnulis lineari-lanceolatis, subcoadunatis, acutis, serrato- 
pinnatifidis ; rhachi ramulisque submarginatis, margine laciniato-squamulifor- 
mibus; soris subreniformibus, minutis, costæ mediæ approximatis; caule 
subarboreo , prostrato. 

Oïo vel 5 incolarum. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 400-600 hexap. }, Owhyhi. 

La tige de cette fougère forme des souches de trois à quatre pieds 
de longueur, sur quatre et même six pouces de largeur; composées de 
la base persistante des feuilles réunies autour d’un axe central, de 18 
lignes à 2 pouces de diamètre, qui est la véritable tige : aussi ce tronc, 
en quelque sorte factice, n'ayant pas la force de supporter Îles douze 
ou quinze feuilles composées qui le couronnent, se contourne et se 
couche sur le sol dans ses deux tiers inférieurs et se redresse au som- 
met. Les rhachis, sur-tout les secondaires et les tertiaires, se font re- 
marquer par des sortes de marges microscopiques , qui se déchirent 
au-dessous de chaque division, pour former des languettes squamuli- 
formes, linéaires. 

En général, les fructifications sont presque réniformes , solitaires sur 
chaque lobe des pinnules, et rapprochées de la nervure où côte moyenne. 

Je consacre cette espèce , comme un foible témoignage de ma recon- 
noissance, à M. Poiret, savant naturaliste voyageur, l'un des auteurs et 
seul continuateur de la partie botanique de l'Encyclopédie, à qui la 
science doit encore un voyage en Afrique, une Histoire philosophique 
de la botanique, des Leçons de Flore, &c. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. Â I 


322 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


DIPLAZIUM, SWARTZ. 
S. I, Fronde simplici, 
1. DIPLAZIUM PLANTAGINEUM. 
D. plantagineum. Swartz, Syn. fil. pag. 91, tab. 2, f. 4; Villa. Sp. pl. pag. 351; 
Schkuhr, Crypt. tab. 85. . 
Diplazium acuminatum. Raddi, PI. Bras. pag. 41, tab. 57, f. 2. 
In Brasilià ( Rio-Janeïro ). 
S. II. Fronde pinnatä, bipinnatä tripinnatâve. 


2. DIPLAZIUM DENTICULOSUM! 
Asplenium ambiguum. Swartz, Syn. fil. pag. 274; Schk. Fil. tab. 75,a, b; Rhced, 
Hort. mal. 12, tab. 15; Raddi, PI. Bras. pag. 38, tab. 54 et 54 bis. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiïro ). 
3. DIPLAZIUM VARIUM. 

D. frondibus alternatim pinnatis, bipinnatis tripinnatisve ( 1-3-4-6-pe- 
dalibus); pinnis petiolatis, lanceolatis, acuminatis, falcato-reflexis, profundè 
pinnatifidis; laciniis oblongis, subfalcatis, obtusis, obtusè dentatis, basi 
superiore subauritis; soris minutis, distinctis; rhachi stipiteque paleaceis; 
paleïs atro-rufis, ciliatis. 

Asplenium ( diplazium ) radicans! Auct, 

* In insulis Moluccis { Rawak ). 

Cette fougère est des plus étonnantes par la singularité des anomalies 
qu’elle fournit : en effet, on la rencontre dans le même lieu à feuilles 
fertiles, pinnées, bipinnées, tripinnées, et variant peut-être plus 
encore par ses proportions, qui vont d’un pied à $ ou 6. Les pin- 
nules difièrent aussi beaucoup de longueur (8 lignes à 2 pouces): 
en général, cette longueur est en raison inverse de la taille qu'acquiert 
la plante, et du nombre de ses divisions. Toutes sont pinnatifides, 
lancéolées et légèrement acuminées, à Îobes oblongs, obtus et dentés 
au sommet : plus Îles individus sont simples, plus les dentelures des 
lobes se montrent nombreuses et profondes; elles finissent par dispa- 
roître sur les feuilles composées. 

Les pétioles sont rouge-brun , garnis d’écaïlles de même couleur, 
lancéolées et ciliées, à cils épineux très-courts, ordinairement simples, 
mais quelquefois à pointe recourbée en crochet ou divisée de manière 


à former un y, deux cornes ou deux crochets. 


BOTANIQUE. 323 

Enfin, ses fructifications à tégument court, brun-foncé, se distinguent 
encore par leur duplicature habituelle, ce qui constitue le véritable 
diplazium. Les nervures sont subdichotomes, alternes, simples. 

Tout nous porte à croire que les variétés de cette plante ont servi de 
type à de nombreuses espèces d’asplenium et de diplazium, ce qui nous 
avoit fait les rapprocher de l'asplenium (diplazium) radicans ( pag. 240) 
avec lequel une de ses anomalies a le plus grand rapport : dans son 
état le plus ordinaire (d. frond. bipinnatis ), il ressemble aussi à un 
diplazium microphyllon de M. Desvaux (1); mais il en diffère par ses 
tégumens épais, brun-noir, &c. 


DAREA, Juss, — CŒNOPTERIS, BERG,, WILLD,, SCHK., SWARTZ, 
LABILL, — ASPLENIUM, À. BROWN, &c. 


1. DAREA APPENDICULATA. 

D. appendiculata! Vi//d. Sp. pl. $ , pag. 206. 

Cœnopteris appendiculata! Labill. Nov. Holl. 2, pag. 94, tab. 243. 

Asplenium laxum! _R. Brown, Prodr. pag. 151. 

In Novæ Hollandiæe orâ orientali. ( Fraser communicavit. ) 

Cette fougère, recueillie dans lintérieur de la Nouvelle-Galles du 
Sud, m'a été communiquée par M. Fraser. Elle diffère du darea appendi- 
culata, par plusieurs caractères légers, et spécialement par la longueur 
de ses lobes. 

CETERACH, Wrzzp. 
1. CETERACH OFFICINARUM. 
C. officinarum. Wä//d. Sp. pl. $, pag. 136; Lamarck, FL fr. 14333; Schkuhr, 
Crypt. tab. 7 bis. 
In monte Gibraltar. 


ASPIDIEÆ. 


Pour faire cesser, s’il est possible, l'incertitude qui existe encore 
relativement aux genres de ce groupe, je ne sais qu'un seul moyen ; 
c'est d'introduire dans les phrases génériques des caractères de végéta- 
tion : aussi, tout en reconnoissant bien qu'il ne m'appartient pas de 


(1) Annales de la Soc. linn. de Paris, juillet 1827, pag. 281, tab. 8, f 1. 


#2” 


324 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


décider une question de cette importance, vais-je présenter les genres 
de mes herbiers dans l’ordre que j'ai provisoirement adopté, et signaler 
les principaux caractères qu'il me sembleroit utile d'y envisager. 


POLYSTICHUM. 

Nervures simples, alternes, portant les sores sur un point variable 
de feur longueur; deux faisceaux libres, alongés, de vaisseaux fibreux 
médulliformes, à pointes convergentes (1) dans la coupe des bases pé- 
tiolaires (2); tégumens subréniformes , subpédicellés. 

1. POLYSTICHUM GYMNOGRAMMOÏDES. 

P. frondibus lanceolatis { 8-10-pollicaribus) , acuminatis, pinnatis; infe- 
rioribus sensim minoribus; pinnis lineari-lanceolatis, subfalcatis, dentato- 
pinnatifidis , acutis, basi cuneatis, petiolatis ; superioribus coadunatis, confluen- 
tibus ; lacinïis obtusis incurvatisve, basi surshm subauritis; soris inæqualibus , 
subdecurrentibus; stipite rhachibusque pubescenti-paleaceis ; paleis villosis. 

Ceterach aspidioïdes. Raddi, PI. Bras. pag. 10, tab. 21, fx. 

Gymnogramma aspidioïdest Desvaux, Prodr. fil. Ann. de la Soc. Iinn. de Paris, 

juillet 1827, pag. 214. (Aspidium. Gaudichaud, mss.) 

In Brasiliâ ( Rio-Janeiïro ). 

Cette fougère abonde dans toute la province de Rio-Janeiro. 

Selon les lieux où elle croît, elle éprouve des modifications très- 
notables dans ses dimensions, dans la forme de ses parties, sa texture, 
sa couleur, et sur-tout dans la disposition de ses sores. 

Les feuilles partent d’une petite tige ou souche couchée; elles sont 
fasciculées, longues de 6 à 10 pouces, lancéolées et acuminées au 
sommet, pinnées, à pinnules pétiolées, linéaires-lancéolées, un peu 
courbées en faulx, incisées ou pinnatifides, à sommet très-variable, 
ordinairement pointu, mais qui passe, selon les individus, de la forme 


obtuse à la forme acuminée ; à base cunéiforme; les pinnules inférieures 
sont libres, progressivement plus courtes ; les supérieures sont con- 
fluentes. Les lobes varient autant que Îes pinnules; aïnsi, ils forment 
indistinctement des divisions dentées, crénelées, diversement obtuses ; 

(1) Les naturalistes nomenclateurs seront forcés de donner un nom technique à ces vaisseaux, 
pour éviter la longue phrase indicative employée jusqu'à ce moment; une juste réserve nous 


empêche de le faire. 
(2) Cette partie remarquable des fougères a aussi besoin d’être nommée. 


BOTANIQUE. 325 
des segmens plus ou moins profonds, contournés en faucille, à som- 
mets entiers ou à peine émarginés : le premier. lobe du bord supérieur 
est en général un peu plus grand que les autres, échancré, denté ou 
légèrement crénelé au sommet. Les nervures sont alternes, subdicho- 
tomes, rares ( 3 à $ sur chaque lobe), libres, épaisses sur-tout vers les 
sinus, et translucides après la dessiccation. Elles portent les sores vers 
le milieu de leur longueur. À 

Selon que cette plante croit à ombre ou au soleil, elle offre une 
substance vert tendre obscur, membraneuse, flexible, pubescente sur 
toutes ses parties; où presque coriace, vert-brun, ferme, un peu rude 
au toucher, glabre, luisante et pubescente seulement sur les pétioles:, 
Les rhachis et les nervures principales. Dans le premier cas, les tégumens 
sont très-minces et promptement caducs, ou avortent entièrement; 
alors le nombre des sporanges s'accroit d’une manière prodigieuse, et 
paroît être en raison directe de la foiblesse ou de labsence des tégu- 
mens; aussi recouvrent-ils les nervures dans presque toute leur longueur; 
de là l'aspect d’un grammitis, d'un gymnogramma où quelquefois d'un 
acrostichum, offert par cette fougère : dans le second cas, les sores 
sont arrondis, à tégumens minces, bruns, persistans, à sporanges plus 
petits et rares. La tige et les pétioles sont recouverts d’écaiïlles lan- 


céolées, entières, velues. 


2. POLYSTICHUM SERRATUM-. 
Aspidium serratum. Wi//d, Sp. pl. 5, pag- 2395; SWwarix Syn. fil. pag. 47; La- 
marck, Encycl. supp. 4, 2. partie, pag: ÿ 12: 
In insulis Mariannis { Guam, Rota, Tinian à 


Espèce membraneuse, glabre en dessus ainsi que sur les rhachis, 
velue en dessous; fructifications situées vers le milieu des nervures, 
à tégumens velus, minces, se déformant après la chute des sporanges ; 
tiges rampantes ; les deux premières nervures inférieures de chaque lobe 
confluentes , stériles. 


3. POLYSTICHUM UNITUM. 
P. pinnis inferioribus sensim minoribus ; distantibus, auriculiformibus ; 


superioribus confluentibus. 


326 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
Aspidium unitum. Wil{d. Sp. pl. s, pag. 241 ; Swartz, Syn. fil. pag. 47 ; Schkukr, 
Crypt. pag. 34, tab. 33, 8. 
Aspidium propinquum! R, Brown, Prodr. pag- 148. 
Polypodium unitum. Linn. 
Tectaria serrata. Cavan. 
Gchiatchia Imcolarum. 
In insulis Mariannis { Guam, Rota, Tinian ). 


Fougère membraneuse, glabre en dessus, velue en dessous, ainsi que 
sur les rhachis; fructifications situées vers le sommet des nervures, 
à tégumens cendrés, velus, épais, ne se déformant pas après la chute 
des sporanges; pétioles auriculés jusque près de la base. 


Plusieurs nervures inférieures de chaque Iobe sont confluentes, ordi- 
nairement fertiles. 


4. POLyYsricHUM cocciLopus. 
Aspidium goggilodus. Sckkuhr, tab. 33, C. P. 4. 
Aspidium serra! Auctor, 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 

Cette plante, dont je n'avois qu’un seul échantillon, que j'ai déposé au 
Muséum, ressemble parfaitement à la figure de l'aspidium goggilodus de 
Schkuhr. 

Elle est luisante sur ses deux surfaces, quoique légèrement pubes- 
cente en-dessous ainsi que sur les rhachis : les pinnules stériles ont des 
lobes arrondis au sommet, marqués de dentelures ondulées, à peine 
visibles à l'œil nu, et terminés par une petite pointe; le bord des pinnules 
fertiles est en partie rentré sur Îes fructifications, qui sont réunies 
et forment une série en zigzag de la base au sommet, en suivant le 
contour de tous les [obes. Les tégumens sont très-minces, translucides 3 
velus, peu visibles, roulés en cornet après le développement des cap- 
sules. Les deux premières nervures inférieures de chaque lobe sont 
confluentes, presque toujours fertiles. 


$+ POLYSTICHUM MOLLE. 
Aspidium molle! V3//4. Sp. pl. $, pag. 244; Swartz, Syn. fil. p. 49: Schkukr, 
Crypt. pag. 37, tab. 34, £. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro }, insulisque Mariannis { Guam, Rota, Tinian ls 


BOTANIQUE. 327 

Je réunis sous cette dénomination deux plantes dépourvues de fruc- 
tifications, et qui, distinctes en apparence, se rapprochent par de 
nombreux caractères : ainsi elles sont pinnées, à pinnules linéaires- 
lancéolées, confluentes au sommet, acuminées, pinnatifides, velues sur 
les deux surfaces ainsi que sur les rhachis; à lobe inférieur et supé- 
rieur plus grand, plus séparé et quelquefois libre sur les pinnules de Îa 
base. 

La variété des îles Mariannes se fait remarquer pourtant par sa forme 
générale lancéolée, par ses pinnules moins nombreuses et moins di- 
visées, plus larges; par ses pétioles quadrangulaires (aspidium tetragonum ! 
Schk. Crypt. pag. 23, tab. 18,b, pag. 21), rougeâtres, fermes, tandis 
qu'ils sont déformés , flexibles et flavescens dans l'individu du Brésil : 
la forme générale de ce dernier (polypodium pubescens, Raddi, PI. Bras. 
pag. 23, tab. 34) est elliptique-lancéolée, c'est-à-dire que les pinnules 
inférieures sont graduellement plus petites. D'ailleurs, ces deux fougères 
sont à-peu-près dépourvues de fructifications ; des tégumens rudimentaires 
velus, qui décèlent l'existence générique de ces plantes, s'observent toute- 
fois sur le point de jonction des nervures inférieures de quelques lobes. 


6. POLYSTICHUM RIEDLEANUM. 
À. frondibus pinnatis; pinnis lanceolatis, pinnatifidis, subacuminatis, basi 
truncato-cuneatis, utrinque pilosis; inferioribus sensim minoribus, distan- 
tibus; lacinis ovatis, obtusis, subfalcatis, infimis subauriculatis ; stipite 
rhachique atro-rubris , pubescentibus. 
Aspidium riedleanum. Gaudichaud, mss. 
In insulis Moluccis (‘Timor ). 


Les principaux caractères qui distinguent cette plante de ses congé- 
nères, gisent sur-tout dans les pétioles, et dans Îes rhachis d’un rouge- 
obscur bien remarquable, luisans quoique pubescens ; dans les pinnules 
inférieures, qui diminuent progressivement jusque près de la racine, où 
elles finissent par ne plus former que des sortes d'oreillettes ordinaire- 
ment caduques ; dans les deux lobes inférieurs de chaque pinnule, qui, 
sans changer de forme, sont un peu plus grands que les autres. 

Cette fougère diffère peu de l'aspidium molle, Elle a des tégumens 
presque diaphanes, très-peu visibles, velus. 


328 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


7. POLYSTICHUM PENNIGERUM. 
Aspidium pennigerum. Swartz, Syn. fil. pag. 4o et 250; Willd. Sp. pl. 5, 


pag. 245. 
Polypodium pennigerum. Forst. Prodr. n° 444; Schkuhr, Crypt. pag. 17, tab: 22: 


In insulis Moluccis et Mariannis. 


Dans toutes les variétés recueillies à Timor, à Rawak, à Pisang et 
aux Mariannes, le rhachis est velu, presque tomenteux, et les fructi- 
fications ne descendent jamais que jusqu'à la base des lobes. En cela 
elles différent de la figure de Schkuhr, qui a les siennes prolongées 
jusqu’à la ligne médiaire de chaque pinnule. 

Les échantillons de Timor et de Rawak se font remarquer par les 
pinnules inférieures qui sont étroites à la base; tandis que presque 
toutes les autres sont élargies en ce point et ont le dernier lobe du 
bord inférieur alongé en oreillette et souvent fendu jusqu'à la nervure 
principale. 


8. POLYSTICHUM FALCICULATUM. 

P. frondibus fasciculatis, pinnatis; pinnis suboppositis, Iineari- lanceo- 
latis, pnnatifidis, acuminatis, utrinque pubescentibus ; laciniis falcatis, apice 
denticulatis vel obtusè serrulatis; soris submarginalibus ; stipite angulato 
rhachibusque pubescenti-paleaceis. 

Aspidium falciculatum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 11; idem PI, Bras. pag. 31, 
tab. 47, 
In Brasilià ( Rio-J'aneiïro }, 


Cette fougère a des tégumens très-minces, diaphanes, qui se con- 
fondent avec les sporanges : elle est glabre en dessus, écailleuse en 
dessous; ses écailles sont très-courtes, brillantes, semblables à une 
poussière cristalline; on en trouve aussi sur {es nervures de Ia face su- 
périeure et sur les tégumens : ses lobes, fendus jusqu’auprès de la côte 
médiaire, ont leurs nervures latérales alternes, simples, libres, fruc- 
tifères sur le milieu de leur longueur. 


9: POLYSTICHUM CONTERMINUM. 
P. frondibus pinnatis; pinnis Janceolatis, pinnatifidis, acuminatis, supe- 
rioribus et inferioribus sensim minoribus ; lacinïis oblongis, subfalcatis, apice 


BOTANIQUE. 329 
denticulatis; infimis Iongioribus; supernè integris, acutis ; infernè obtusis, 
adnato-decurrentibus Iobatisve; costâ , rhachi stipiteque hirsutis. 

Nephrodium conterminum. Desvaux, Prodr. Ann. de [a Soc. linn. de Paris, 
juillet 1827, pag. 255. 

Aspidium conterminum. Willd, Sp. pl. $, pag. 249. 

Polypodium plumierit Desvaux, Journ. bot. 4, pag. 265; ( Plumier, Filic. 
tab. 47.) 

Polypodium oligocarpum! Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 11. 


Polypodium rivulorum. Raddi, PI. Bras. pag 23, tab. 35; Pluk. Phyt. tab. 283, 
ft 


In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 


Le tégument, dans cette espèce, est fixé par son bord inférieur , ainsi 
qu'on lobserve dans le didymochlæna (monochlæna ). H est fort petit, 
oblong, et ne peut mieux être comparé qu'à un fer à cheval attaché 
par tout son bord intérieur. Les sores sont ordinairement situés sur les 
deux tiers inférieurs des lobes, très-rapprochés et presque confluens ; 
les nervures sont simples, libres. 


10. POLYSTICHUM PATENS. 
Nephrodium patens. Desv, Prodr. Ann. de Ia Soc. linn. de Paris, juillet 1827, 


pag. 258. 
Aspidium patens. Swartz, Syn. fi. pag. 49. 
Aspidium molle. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 113 idem PI. Bras. pag. 33. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


Ce polystichum, que d’abord j'avois confondu avec le polystichum 
nymphale, s'en rapproche en effet beaucoup, et doit servir de chaïnon 
pour unir ce dernier au polystichum molle d'Amérique. Il est glabre en 
dessus, velu en dessous ainsi que sur les rhachis, les nervures et 
les tégumens. Il diffère pourtant du pobstichum molle de Ta même 
localité, par ses nervures, qui toutes sont libres ; sa consistance est 
aussi plus ferme : les sores n’atteignent pas toujours le sommet des 
lobes ; ils sont situés fort près de la marge, qui est ciliée; le dernier 
lobe du bord supérieur est ordinairement plus grand, denticulé sur les 
deux côtés. 


Voyage de l’'Uranie. — Botanique. À 2. 


330 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


11. POLYSTICHUM NYMPHALE. 
Nephrodium nymphale. Desvaux, Prodr. n.° 258. 
Polypodium nymphale. Forster, Prodr. n.° 142. 

Aspidium nymphale. Sc4k. Crypt. tab. 34. 

Aspidium patens. Raddi, PI, Bras. pag. 32, tab. 48. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro.) 

Ce polystichum , très-voisin du précédent, en diffère, 1.° par ses di- 
mensions beaucoup plus fortes; 2.° par ses deux surfaces velues ; 
3.° par les nervures inférieures de chaque lobe, qui portent chacune 
un sore et se réunissent au-dessus : le dernier lobe du bord supérieur 
est aussi beaucoup plus grand que les autres, denté ou crénelé ex- 
térieurement. 

12. POLYSTICHUM PROPINQUUM. 
Nephrodium propinquum. R. Brown, Prodr. pag. 148; Desvaux, Prodr. fil. 


pag. 254. 
Aspidium unitum. Swartz, Syn. fil. pag. 47! Willd. Sp. pl. s, pag. 241! 
Aspidium propinquum. Gaudichaud, mss. 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali ( Port-Jackson ). 


Un seul échantillon de ce polystichum, déposé au Muséum, m'a été 
communiqué par M. Fraser, directeur des jardins du gouvernement 
anglais, au Port-Jackson, qui l'avoit recueilli dans l’intérieur, vers le 
port Macquarie. Il se rapproche beaucoup des polystichum riedleanum 
et consanguineum , sur-tout de ce dernier. I en diffère pourtant par son 
sommet lobé, denticulé et sinué jusqu'à la pointe, tandis que le po- 
lystichum consanguineum est longuement acuminé. Ses pinnules sont li- 
néaires-lancéolées, acuminées. 

D'ailleurs les rhachis, les deux surfaces et les tégumens sont couverts 
de poils très-courts, couchés, rudes ; les lobes sont oblongs, falqués , 
presque arrondis, légèrement pointus au sommet du bord supérieur ; 
à nervures alternes, simples, qui portent les sores vers leur tiers 
supérieur. Dans cette espèce, les premières nervures inférieures de 
chaque lobe sont confluentes, et se réunissent pour former une petite 
pointe qui s'élève vers le sinus jusqu'aux secondes paires, maïs sans les 


atteindre. 


BOTANIQUE. 331 


13. POLYSTICHUM BENOITIANUM. PI. 11. 

P. frondibus fasciculatis, ovato-lanceolatis , pinnatis; pinnis ovato-lan- 
ceolatis, subfalcatis, obtusè acuminatis, pinnatifidis, subtbs in venis hirtis; 
terminali lanceolatâ , longissimâ , profundè pinnatifidä , subacuminatä ( vel 
superioribus confluentibus ) ; lacintis oblongis, falcatis ,obtusis, ciliatis; stipite 
quadrangulato, squamoso squamisque hirtis; soris solitariis, marginalibus ; 
indusiis lucidis, hirtis. 

( Aspidium benoitianum. Gaudichaud, mss. ) 


In insulis Moluccis ( Rawak ). 


Cette fougère, haute de 15 à 18 pouces, est ovale-lancéolée, pinnée, 
à pinnules lancéolées, pinnatifides, légèrement acuminées, falquées ; 
les inférieures plus petites, rétrécies à la base et abaissées; les supé- 
rieures confluentes, ou paroïissant former, par leur réunion, une seule 
foliole très-alongée, profondément pinnatifide et acuminée, à divisions 
inférieures un peu crénelées; à lobes oblongs, obtus, ciliés : elle est 
très-glabre en-dessus, mais très-velue en-dessous sur toutes les nervures 
ainsi que sur les rhachis et les pétioles; ces derniers sont anguleux, 
garnis d’écailles caduques, brunes, velues et ciliées comme celles des 
tiges : ses poils sont rudes, inégaux. 

Les sores , situés sur le bord des Iobes, n'en garnissent en général 
que la partie moyenne ; rarement ils atteignent le sommet; plus rare- 
ment encore ils descendent jusqu'à la côte médiaire. [ls ont des tégu- 
mens très-petits, réniformes, translucides et pubescens ; les poils qui 
partent de leur centre appartiennent à la nervure sur laquelle ils s’in- 
sèrent. Les premières et quelquefois les secondes nervures inférieures 
se soudent avec les nervures correspondantes des lobes voisins. 

Je consacre cette espèce à mon ami M. Benoït, pharmacien de 
Paris, en témoignage de reconnoïissance pour les savantes leçons que 


j'ai reçues de lui. 


14. POLYSTICHUM CONSANGUINEUM. 
P. frondibus fasciculatis, pinnatis; pinnis lineari-lanceolatis, petiolatis, acu- 
minatis, serrato-pinnatifidis, subfalcatis , utrinque pubescentibus; inferioribus 
sensim minoribus, distantibus; terminali lanceolatä , longissimä , acuminatÀ , 
profundè pinnatifidâ | vel superioribus confluentibus ); laciniis ovato-falcatis, 


42* 


+ 


332 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


subundulatis; indusio villoso; stipite rhachique pubescentibus , squamosis ; 
squamis Janceolatis, villosis, deciduis. 
Apidium propinquum. Gaudichaud, mss. 


In insulis Mariannis. 


Cette espèce, qui a le port du polystichum benoitianum, est aussi très- 
voisine, par son organisation, du polystichum truncatum. Ses pinnuüles sont 
ovales-lancéolées, acuminées, pinnatifides, tronquées où presque cunéi- 
formes à la base, velues sur les deux surfaces ainsi que sur Îles rhachis 
et les pétioles ; réunies ou confluentes au sommet, de manière à former 
une foliole de 3 à 6 pouces de longueur, pinnatifide, acuminée ; libres, 
mais qui diminuent de longueur et s'éloignent de plus en plus vers 
la base; chargées, sur les deux faces, de poils très-courts, presque 
glanduleux ; à Iobes ovales, un peu courbés en faux, sinueux ou 
presque denticulés au sommet, ciliés. En général, le dernier lobe du 
bord supérieur est un: peu plus grand que les autres, subauriculé, 
tandis que le dernier du bord inférieur est sensiblement plus court, 
ce qui contribue pour beaucoup à donner à la pinnule Ia forme faiquée. 

Le pétiole et le rhachis sont pubescens, et garnis d’écaïlles fan- 
céolées, velues, promptement caduques, de plus en plus rares de la 
base au sommet. 


15. POLYSTICHUM TRUNCATUM. 

P. frondibus pinnatis; pinnis lanceolatis, acuminatis, basi truncato-sub- 
cuneatis, glabris, inferioribus sensim minoribus; Jaciniis oblongis, truncatis, 
subtrilobatis, brevibus; soris biserialibus ; stipite glabro, auriculato. 

( Aspidium truncatum. Gaudichaud, mss. ). 


In insulis Moluccis (Rawak ). 


Le polystichum truncatum a des feuilles glabres, hautes de 2 à 4 pieds, 
pinnées, à pinnules longues de 4 à 6 pouces, linéaires - lancéolées , 
acuminées , légèrement pinnatifides , à lobes oblongs, tronqués, à som- 
met ondulé ou trilobé ; des sores (12) disposés sur deux rangs parallèles, 
du sommet des lobes à la côte médiaire. Le principal caractère, dans 
cette fougère, est a disposition des nervures. 


De la côte médiaire de chaque pinnule partent les nervures secon- 


BOTANIQUE. 333 


daires situées au centre des Îobes et donnant naïssance à six ou sept 
paires de nervures tertiaires qui portent les sores. Les trois premières 
paires inférieures de ces nervures se rencontrent au milieu de [a partie 
non divisée du limbe, se réunissent et servent à former une nervure 
intermédiaire correspondant au sinus et se bifurquant en ce point. 
Chacune des bifurcations se prolonge sur le bord des lobes, et reçoit 
le sommet des trois ou quatre paires de nervures supérieures; les tégu- 
mens sont glabres, arrondis, échancrés à la base. Les pétioles sont 
très-longs , munis, dans leur tiers supérieur, de pinnules avortées, 


\ 


auriculées, à nervures en apparence dichotomes, réticulées au sommet. 


16. POLYSTICHUM DUBRUEILIANUM. PL. 0. 

P. frondibus fasciculatis (4-$-pedal. }; pinnis Tanceolatis (6-8-poll. }, 
acuminatis, basi truncatis, subpinnatifidis, utrinque glabris; laciniis ovato- 
falcatis, subacutis; infimis maximis; soris minutis, biserialibus, costæ mediæ 
approximatis ; idusio peltato, ciliato; stipite rhachique glabriusculis. 

( Aspidium dubrueilianum. Gaudichaud, mss. ). 
Xihawoucho (hi-ha-oué-ho ) incolarum. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 4$o hexap. ). 


Cette fougère a des feuilles fasciculées, hautes de 4 à 5 pieds et 
plus, pinnées ; à pinnules linéaires-lancéolées, longues de6àro pouces, 
sur 10 lignes à 1 pouce de largeur, glabres, acuminées, tronquées à la 
base, subpétiolées, crénelées ou légèrement pinnatifides ; à dents ou 
lobes falqués, ordinairement pointus; 15 à 18 paires de nervures ter- 
tiaires réunies au centre du limbe, où elles forment des nervures inter- 
médiaires qui correspondent aux sinus; 12 à 15 sores très-petits situés à 
la naissance de chaque nervure tertiaire, le long et fort près de [a ner- 
vure secondaire ; à tégumens arrondis, pédicellés, réniformes à la base, 
presque entiers, velus et ciliés. (Confer aspidio cyatheoïdi Kaulfuss.) 

Je consacre cette belle espèce à M. Dubrueil, ex-médecin de la ma- 
rite, professeur d'anatomie à la faculté de médecine de Montpellier, 


e “ # 
comme un témoignage d’attachement sincère. 
17. POLYSTICHUM TORRESIANUM. 


P. frondibus fasciculatis, bipinnatis tripinnatisve; pinnis fanceolatis, acu- 
nunatis, pinnatis; pinnulis lineari-lanceolatis, profundè pinnatifidis, subacu- 


334 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
minatis; infimis subpetiolatis; superioribus adnato-decurrentibus ; Îacmiis 
lineari-oblongis, obtusis, dentatis vel subpinnatifidis, subtüs villosis ; soris 
solitariis; stipite basi paleaceo, rugoso supernè ; rhachi venisque villosis ; 
squamis elongato-lanceolatis, ciliatis. 
Aspidium torresianum. Gaudichaud, mss. > 


In insulis Mariannis. 


Cette plante varie à l’infmi par ses dimensions en tous sens, par Le 
nombre de ses divisions, comme par celui de ses sores. D'une sorte 
de souche épaisse, garnie de racines fibreuses, velues, s'élèvent des 
feuilles de 18 pouces à 3 pieds de longueur, souvent creuses, deux, 
trois et presque quatre fois découpées, composées de folioles lancéolées, 
acuminées, pinnées ou bipinnées, velues en-dessous sur toutes les ner- 
vures et en-dessus seulement sur les côtes médiaires; à pinnules linéaires- 
lancéolées, obtuses ou un peu acuminées, dentées, pinnatifides ou presque 
pinnées, et à lobes entiers, dentés, lobés ou incisés, selon les variétés ; 
ce qui rend cette fougère très-polymorphe. 

Les sores sont très-rares, ordinairement fixés vers le sommet de Ia 
première nervure du bord supérieur de chaque lobe principal, et de ma- 
nière à former une série simple, le long de la côte moyenne des pinnules 
secondaires. 

Lorsque la plante prend de plus grandes proportions, les sores se 
multiplient sur les lobes: il sen forme successivement un sur la 
première nervure du bord inférieur, un sur la seconde du bord supé- 
rieur, et ainsi de suite. Je n’en ai jamais trouvé plus de trois par lobe, 
et même ce cas est rare; mais il est facile de prévoir que, dans des 
circonstances plus favorables encore, ‘toutes leurs nervures pourroient 
sen charger. | : 

J'ai eu beaucoup de peine à trouver les tégumens , qui sont réniformes, 
grisâtres , mais tellement petits, que j'aurois éprouvé quelque répugnance 
à classer cette plante parmi les polystichum, si des caractères plus con- 
stans, fournis par organisation , n'étoient venus à mon secours pour 
m'aider à la retirer des polypodium , où j'aurois été forcé de la placer. 

En effet, cette planté appartient aux aspidiées par son port, par les 
poils articulés de ses surfaces, par ses écailles velues, et sur-tout par la 


BOTANIQUE. 335 
coupe transversale de ses pétioles, qui montre deux faisceaux alongés , 
parallèles, de fibres médulliformes, entourés de matière noire, libres 
d'abord, maïs qui se rapprochent peu à peu et se réunissent bientôt 
par leurs pointes extérieures ; d’où il résulte un seul corps figurant assez 
bien un fer à cheval alongé, et de plus en plus fermé vers le sommet 
des rhachis. | 
Les poils de la surface inférieure sont blancs, rares, alongés, arti- 
culés et quelquefois rameux ; ceux qu'on observe sur les rhachis de la 
face supérieure sont de même nature, mais plus courts et plus épais ; 
les écailles, longues de 6à ro lignes, brun-clair, velues et ciliées, laissent 
sur les pétioles, après leur chute, des impressions proéminentes , ru- 


gueuses, brunes. 
NEPHRODIUM, Aspipit spec. SWARTZ, &c. 


Nervures une ou deux fois dichotomes; sores situés au sommet 
épanoui d’un rameau antérieur et supérieur, plus court ; tégumens ré- 
niformes, plus ou moins arrondis, sessiles, fixés par le bord inférieur ; 
cinq faisceaux libres, inégaux, de vaisseaux fibreux médulliformes, dans 


la coupe transversale des bases pétiolaires. 
r 


* 


I. Fronde pinnatifidä aut pinnatä, pinnis adnatis, 


1. NEPHRODIUM GAIMARDIANUM. PI. 12, fig. 1. 

N. frondibus sparsis, lanceolatis, profundè pinnatifidis; lacinïis lineari-lan- 
ceolatis, subfalcatis, obtusis, integris ( fertilibus undulatis La infimis margine 
inferiore basi auriculatis vel pinnatifidis ; soris solitariis, marginalibus ; stipite 
rhachibusque paleaceïs ; paleïs fuscis, albido-marginatis , peltatis; caudice 
ascendente, squamoso. 

In insulis Moluccis (Rawak) , Sandwicensibus ! : 


% 


Cette fougère grimpe sur les arbres. Elle a des tiges cylindriques de 
la grosseur d’une plume de corbeau, entièrement couvertes d’écaïlles 
noires, luisantes, blanchâtres et membraneuses sur les bords, peltées 
(fig. 1, k); des feuilles lancéolées , acuminées, longues de 8 à 10 pouces, 


profondément pinnatifides, à lobes linéaires-lancéolés, obtus, entiers 


dans les feuilles stériles, ondulés dans celles qui sont chargées de fruc- 


336 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

tifications. Les derniers lobes de la base, fendus quelquefois jusqu’au 
rhachis , et un peu séparés des autres, ont leur bord inférieur auriculé, 
crénelé ou même pinnatifide. 

Les sores naissent sur la marge des folioles, à l'extrémité de Ia bifur- 
cation supérieure des nervures (fig. 1, g) ; les tégumens sont réniformes, 
fixés par leur partie inférieure; les pétioles et les rhachis ont dés écailles 
semblables à celles des tiges, maïs de plus en plus rares de la base au 
sommet. La substance de cette fougère est ferme, coriace, rougeâtre ; 
la coupe transversale de ses pétioles ne m'a jamais offert que deux 
faisceaux de fibres médulliformes. 


Je consacre cette espèce à mon ami M. Gaïmard, second chirurgien, 
et lun des rédacteurs de la-partie zoologique de notre Voyage. 


IT. Fronde pinnatä, pinnis sessilibus subpetiolatis. 


2. NEPHRODIUM EXALTATUM. 

N. exaltatum. R, Brown, Prodr. pag. 148 ; Humb. et Bonpl. Nov.gen. 1, pag. 11; 
Kunth, Syn. 1, pag. 78. 

Polypodium exaltatum. Linn. Spec. 1 548. 

Aspidium exaltatum. Swartz, Syn. pag. 45 ; Schk. Fil. tab. 32, b; Willd, Sp. 
pl. $, pag. 229; Raddi, PI. Bras. pag. 30, tab. 46! 

Polypodium rivulare. Vasil. Eclog. 3, pag. 51, 

Kahaouéamabo ( Hihaouémaso } incolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt, 350-400 hexap. ). 


Ce nephrodium est peut-être Le ». brownii, Desv. ; ïl croît dans les mon- 
tagnes de Wahou, sur les rochers. Ses feuilles, redressées et fasciculées, 
ont 12 à 18 pouces de hauteur; des pinnules cartilagineuses, fermes 
épaisses, ( glabres ou garnies d'écailles capillaires tombantes ), très- 
polymorphes, mais ordinairement lancéolées, obtuses, à doubles den- 
telures ; des rhachis couverts d’écailles fimbriées, laïneuses ; celles 
de la tige sont linéaires-lancéolées, entières; des tégumens réniformes 
analogues à ceux du #. gaimardiantm, La coupe transversale de ses bases 
pétiolaires montre toujours trois faisceaux libres de vaisseaux fibreux 
qui se réunissent en un seul dans le rhachis. Je ne regarde cette fougère 


que comme une simple anomalie du », exaltatum. 


BOTANIQUE. 333 
3. NEPHRODIUM PENDULUM. 
Aspidium pendulum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 11; idem PI. Bras. pag. 30, 


tab. 45. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


Comme [a précédente, cette espèce n’est à mes yeux qu’une simple 
variété du sephrodium exaltatum.: Maïs au lieu de croître sur des roches 
stériles et dans des régions rigoureuses contraires à son développement, 
elle habite au sein des forêts chaudes et humides du Brésil, sur le 
tronc et les branches des plus gros arbres. Sa fongueur, toujours 
relative aux localités, n’a pas moins de 3 à 4 pieds; la force des pé- 
tioles et des rhachis est en raison inverse de cette longueur des feuilles, 
qui portent un très-grand nombre de folioles membraneuses, presque 
diaphanes ; d’où résulte leur disposition inclinée. Les tégumens et les 
vaisseaux médulliformes sont semblables à ceux de l'espèce précédente. 


4. NEPHRODIUM SPLENDENS. 
N. splendens. Wil!d. Sp. pl. s, pag. 220. 
Polypodium punctulatum. Lam. Encycl. $, pag: 553. 


In insulis Mariannis. 


Ce nephrodium réunit les caractères de cinq ou six espèces, et spécia- 
lement ceux des ». biserratum et splendens, qui eux-mêmes fournissent 
sans doute de nombreuses variétés. Ses feuilles acquièrent de 3 à 6 
pieds de hauteur : elles sont garnies, dans leurs deux tiers supérieurs, 
de pinnules linéaires-lancéolées, falquées, pointues ou légèrement acu- 
minées ; cunéiformes à la base supérieure; arrondies à la base inférieure ; 
larges de 6 à ro lignes; longues de 3 à 6 pouces; à dents inégales, 
obtuses, souvent doubles, c’est-à-dire, marquées d'une seconde petite 
dent sur la partie supérieure et extérieure de la première; à nervures 
bi ou trifurquées et à sores submarginaux, fixés sur Île rameau anté- 
rieur et supérieur. Les folioles de la base sont stériles, de plus en plus 
courtes et entières en leurs bords. Ce qui rapproche sur-tout beaucoup 
cette plante du ». splendens, ce sont les impressions profondes, brunes 
et blanches au centre, que les sores forment sur la face supérieure des 
pinnules ; les nervures stériles se terminent aussi par de petits points 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, 43 


338 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


noirs, ordinairement recouverts par des sortes de pellicules blanches 
qui bordent la marge dans toute sa longueur. Dans cette espèce et les 
suivantes, qui forment une section bien distincte, les tégumens sont 
arrondis, réniformes à la base. La coupe transversale des rhachis montre 
cinq (rarement sept) faisceaux fibreux médulliformes, inégaux, entourés 
de vaisseaux noirs, et de grandes crevasses ou lacunes. 


s- NEPHRODIUM BISERRATUM! 


Aspidium biserratum! Swartz, Syn. fil. pag. 46; Schkuhr, Crypt. pag. 34, 


tab. 33. 
In insulis Mariannis. 


Cette espèce n'est évidemment qu'une simple variété du rephrodium 
splendens (n. spl. montanum) , avec lequel je l'avois confondue. Elle croit sur 
les montagnes humides des îles Mariannes, près des torrens. Ses pin- 
nules sont glabres, luisantes, linéaires-lancéolées , falquées ; à dentelures 
obtuses, souvent doubles ; à base supérieure cunéiforme, non auriculée; 
à base inférieure arrondie, plus étroite; à tégumens réniformes, ar- 
rondis, marginaux. Cette espèce ne diffère du nephrodium ( aspidium) 
biserratum de Schkuhr, que par sa base supérieure, qui n'est pas sensi- 


blement auriculée. 


6. NEPHRODIUM GIBBOSUM! 
Aspidium gibbosum! Wil!d. Sp. pl. $, pag. 222; Cavan. Præl. 1801, n.° 615. 
In insulis Mariannis. 


Ce nephrodium est intermédiaire entre Îles », splendens, biserratum, &c. 
et le ». hirsutulum. H acquiert, à peu de choses près, les dimensions du 
n. splendens. Ses pinnules sont linéaires-lancéolées, très-pointues ou lé- 
gèrement acuminées, de 2 à 4 pouces de longueur, sur 3 à 6 lignes de 
largeur , falquées dans leur tiers supérieur, à dentelures très-irrégulières , 
presque nulles à la base, très-prononcées et obtuses vers le centre, dimi- 
nuant peu à peu, et de plus en plus aiguës au sommet ; à base supc- 
rieure tronquée, subcunéiforme, auriculée ; à base inférieure arrondie, 
subauriculée; recouvertes en dessous, ainsi que sur les rhachis, d'écailles 
nombreuses, capillacées, rousses, brunes au centre, caduques. 


BOTANIQUE. 339 

Les sores sont très-nombreux, submarginaux, à tégumens épais, 

réniformes , arrondis : ils forment, à la surface supérieure, des impres- 

sions noires, profondes. Cinq faisceaux irréguliers de fibres médulliformes 
dans la coupe horizontale des rhachis. 


7. NEPHRODIUM HIRSUTULUM. 
Aspidium hirsutulum. Swartz, Syn. fil. pag. 24; Willd. Spec. pl, $ , pag. 232; 
Schkuhr, Crypt. pag. 33, tab. 33. 


In insulis Moluccis ( Rawak ). 


Cette espèce croît sur les montagnes de Rawak; elle diffère peu de 
laspid. ( neph.) hirsutulum de Schkubr, qui lui-même se distingue à peine 
de l'espèce à laquelle nous conservons la dénomination de ». gibbosum. 

Selon son âge ou les localités, le n. hirsutulum fournit des différences 
notables dans ses dimensions, sa texture, la forme de ses dentelures, 
le nombre des écailles qui recouvrent toutes ses parties, &c. Ses feuilles, 
hautes de 3 à $ pieds, sont pinnées, à pinnules linéaires - lancéolées , 
acuminées (ou pointues, obtuses, émarginées, mucronées ); à base su- 
périeure tronquée, auriculée, à base inférieure arrondie, subauriculée ; 
à dents sinueuses, irrégulières (elles manquent sur toute la longueur 
des pinnules stériles, et souvent à la base des pinnules fertiles), quel- 
quefois doubles; chargées sur les deux surfaces , les rhachis et les 
pétioles, d’écailles brunes, flavescentes, frangées , caduques ; à sores 
submarginaux, déterminant aussi des impressions concaves, noires, sur 
la surface supérieure; à tégumens réniformes , arrondis. La coupe des 
pétioles montre ordinairement cinq faisceaux très -inégaux de fibres 
médulliformes, trois gros et deux petits, qui disparoissent dans les 


rhachis. 


8. NEPHRODIUM FRASERIANUM. 

N. frondibus deltoïdibus, tripinnatis, flaccidis , utrinque glabris et lucidis; 
pinnis subdecurrenti-coadunatis , Janceolatis, profundè pinnatifidis ; Jaciniis 
oblongis, serratis incisisves soris solitariis, VEnas abortivas crassiusculas ter- 
minantibus ; venis rhachique suprà pubescentibus. 

Confer ». decomposito , n, tenero, sed distinctum. 

In Novæ-Hollandiæ orä orientali ( Port-Jackson ). Fraser communicavit. 


43* 


340 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cette fougère est glabre sur toutes ses parties, excepté sur la face 
interne de ses rhachis et de ses nervures principales, qui sont pubes- 
centes ; elle est tripinnée et presque quadripinnatifide à la base; à 
pinnules lancéolées, profondément pinnatifides, et à lobes oblongs , 
dentés ou incisés : elle se fait remarquer par ses nervures presque di- 
chotomes, à rameaux fructifères à-peu-près avortés, épaissis, réniformes, 
ordinairement situés sur la partie latérale d’une autre nervure, et quel- 
quefois si près, qu’il semble ne point s’en détacher : les tégumens sont 
épais, réniformes, glabres. Cette fougère a été recueillie au centre de 
la Nouvelle-Galles du Sud, par M. Fraser, qui nous l’a communiquée et 
à qui nous la consacrons. La coupe des pétioles montre de quatre à cinq 
faisceaux irréguliers de fibres médulliformes. 


MONOCHLÆNA. 


Sori ovato-oblongi, solitarit; involucrum oblongum, basi cordatum, medio cras- 
siusculo affixum; marginibus liberis. 


Nervures plusieurs fois dichotomes ; sores situés au sommet du rameau 
antérieur , plus court, de chaque dichotomie (pl. 12, f, d); dix ou douze 
faisceaux libres, inégaux, de vaisseaux fibreux médulliformes dans la 
coupe transversale des pétioles; quatre ou cinq dans les rhachis ; tégu- 
mens entiers, sessiles, oblongs, cordiformes à la base , arrondis au som- 
met, fixés par le centre épaissi. 


. MONOCHLÆNA SINUOSA. 

Didymochlæna sinuosa. Desv. Journ. bot. 1813, pag. 23, tab. 2 , fig. 4. 

Didymochlæna sinuosa, Gaudichaud , pl. 12, fig. > ,)d,e,f 

Aspidium cultratum. Pres!. 1 , pag. 174. 

Aspidium squamatum. Wäl/d, Sp. pl. s, pag. 256. 

Aspidium squamosum. Encycl. bot. suppl. 4, pag. 521; Willd, Sp. pl. $ , p. 256; 
Encycl. bot. suppl. 4, pag. 516. 

Diplazium pulcherrimum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 14, tab. 2, fig. ” idem 
PL. Bras. pag. 42, tab. 50 ; ( Plumier, Fil. tab. 56; Petiv, Fi. ” F6 3) 

Asplenium ramosum. Poiret, Encycl. suppl. 2 2, pag. 315. 

Hippodium. €, Gaudichaud, mss. 


. Nous sommes loin de partager le sentiment de M. Desvaux, qui croit 


BOTANIQUE. 341 
devoir mettre cette fougère à côté des.diplazium ; toutes Îes affinités de 
fructification et d'organisation marquent sa place dans les aspidiées, 
entre les aspidium vrais et les zephrodium. 

Il est pénible d’être forcé de donner un autre nom à cette plante, qui 
en a déjà tant reçu; mais celui de didymochlæena iroït aussi mal avec [a 
nouvelle phrase générique, que le nom de monochlæna avec l'ancienne: 
d’ailleurs, monochlæna, en raison de son analogie, nous a semblé préfé- 
rable à hippopodium , que nous avions provisoirement appliqué à ce genre. 
Les sores sont situés au sommet de chaque rameau intérieur et supé- 
rieur des nervures (pl. 12, fig. 3, d); les tégumens sont oblongs, ar- 
rondis au sommet, échancrés en cœur à la base, fibres, entiers et 
munis de sporanges dans tout leur contour. 


ASPIDIUM. 


Nervures variables (1), alternes, dichotomes ou réticulées ; sores situés 
sur une partie de Îeur longueur, au sommet d’un rameau de chaque dicho- 
tomie, ou à l'extrémité d’une ramification isolée au centre des (réticules) 
mailles que forment les nervures en s’anastomosant; tégumens arrondis, 
entiers ou échancrés, peltés par le centre, persistans ou caducs; de cinq à 
douze vaisseaux fibreux médulliformes , inégaux, dans les pétioles. 


1, ASPIDIUM TRIFOLIATUM! 
A. trifoliatum! Swartz, Syn. fil. pag. 43; Willd. Sp. pl. $, pag. 213; Schkubr, 
Crypt. pag. 29, tab. 28. 
Polypodium trifoliatum! Z, 
In insulis Moluccis ( Pisang ). 


Ou l'aspidium trifoliatum est extrêmement polymorphe, ou de nom- 
breuses fougères sont réunies sous cette dénomination. Dans un travail 
que nous ne pouvons donner ici, nous l'avons pris pour type d’une 
section qui renferme aussi Îes aspidium longifolium , macrophyllum , pube- 


(1) La disposition des nervures nous a fourni d’excellens caractères de sections dans ce 
genre, tel que nous nous proposons de l'établir pour le travail général que nous avons entrepris 
sur les fougères : si nous ne fes employons pas ici, cela tient au petit nombre de nos aspidium, 
qui n’en permettroient pas le développement, et à ce que la nomenclature adoptée pour cette 
nouvelle -classification des genres, n’est pas encore définitivement arrêtée. Le polystichum filix 
mas y sera placé. 


342 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


rulum, &c., section que nous croyons naturelle, maïs qui détruit de 
tout point celles qu'on a établies avant nous dans ce genre, puis- 
qu'elle renferme des espèces à feuilles simples lobées, des feuilles pin- 
natifides, ternées, quinnées, et diversement pinnées; maïs qui, toutes, 
ont des nervures secondaires alternes, et des nervures tertiaires réti- 
culées. 

Notre espèce se fait remarquer par des feuilles stériles glabres, 
luisantes, constamment ternées ; à folioles inférieures, obliques-lancéo- 
lées, pointues, subcordiformes à la base, à bord supérieur entier ou 
peu sinueux; à bord inférieur crénelé et auriculé; l'intermédiaire ovale- 
lancéolé, longuement acuminé, à. bords irréguliers, crénelés : à feuilles 
fertiles pinnées ( 5-7); à pinnules de même forme, maïs plus petites. 

Les tiges sont rampantes (!), garnies d’écailles noires, entières, mem- 
braneuses et rousses sur es bords. La coupe des bases pétiolaires offre 
sept faisceaux de fibres médulliformes de dimensions variables. Dans 
les bois très-humides. 


2, ASPIDIUM LONGIFOLIUM ! 
À. Jongifolium? Desv. Mag. nat. Berol. 1811, pag. 319. 
Echia-teix ncolarum. 


In insulis Mariannis. 


Cette belle fougère est haute de 3 à 4 pieds, glabre sur ses deux 
surfaces, à trois ou rarement quatre paires de pinnules. Ces pinnules 
sont linéaires-lancéolées, longues de 6 pouces à 1 pied, larges de 18 
lignes à 2 pouces, à bords entiers ou légèrement ondulés ; la supérieure 
est en général pinnatifide dans les feuilles stériles, ou trilobée dans 
les feuilles fertiles. Les inférieures sont pétiolées, longuement auriculées ; 


toutes ont des sores rangés par doubles séries entre les nervures secon- | 


daires. Ses pétioles, de 18 pouces à 2 pieds, sont sillonnés, chargés 
à la base de grandes écailles brunes, caduques. La coupe transversale 
des bases pétiolaires montre douze faisceaux de fibres médulliformes. 
Elle abonde dans toutes les savannes voisines de la mer. 


3: ASPIDIUM PUBERULUM. 
À. frondibus pinnatis; pinnis lanceolatis, undulato-crenulatis, acuminatis; 


BOTANIQUE. 343 
terminali tripartitâ, sinuatä vel pinnatifidà ; infimis Jongè auriculatis, subtus, 
rhachi stipiteque puberulo-hirsutis; soris biserialibus, subsparsis. 

Aspidium macrophyllum @ puberulum. Gaudic. mss. 

A. macrophyllum! W3//4. Sp. pl. s, pag. 217; Swartz, Syn. fi. pag. 43 et230; 

Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 11; idem PL. Bras. pag. 29. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 

L'aspidium puberulum n'est probablement qu’une variété très-voisine de 
l'aspid. macrophyllum, Wild. Elle n’en diffère en effet que par sa consistance 
moins coriace, par ses nervures secondaires plus distantes, par ses sores 
plus rapprochés des nervures, souvent épars ou disséminés sur plu- 
sieurs rangs irréguliers, et sur-tout par les poils rubanés, articulés, très- 
flexibles , dont les rhachis, toute la surface inférieure et les nervures 
principales de la surface supérieure, sont entièrement recouverts. 

La coupe des pétioles est munie de 8-10 faisceaux de fibres médulli- 
formes irréguliers, deux supérieurs, plus grands. 


4. ASPIDIUM SINUATUM. 

A. frondibus pinnatis { tripinnatifidis } , supernè piloso-glandulosis; pinnis subop- 
positis; superioribus adunato-decurrentibus, pinnatifidis; inferioribus petiolatis , 
bipinnatifidis ; lobis elliptico-lanceolatis , subfalcatis, integris, ciliatis ; soris 
subbiserialibus ; industis Iævibus, rotundatis, margine integris; stipite glabro, 
fusco; rhachi venulisque pubescentibus. 

À. sinuatum. Zabil!. Sert. Aust. Caled. pag. 1, tab. 1 

À. apüfolium! Sc4k. Crypt. pag. 198, tab. 56, b. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 40o-4 $ 0 hexap. ). 

Cet aspidium, qui est à n’en point douter laspid, sinuatum de M. de La- 

billardière, se rapproche aussi beaucoup de l'aspid. apifolium de Schkuhr. 

I a des pétioles rouge-noir, luisans , longs de 10 à 15 pouces; son 

limbe, très-variable dans ses divisions, est ordinairement pinné, à pinnules 
supérieures réunies par le bord décurrent, confluentes, pinnatifides ; à pin- 
nules inférieures pétiolées, bipinnatifides (quelquefois pinnées, à pinnules 
profondément incisées}), à [lobes ellipsoïdes-lancéolés, falqués, à bords 
entiers ou très-peu ondulés, ciliés : la disposition des sores dépend 
du nombre des divisions: ainsi , dans les feuilles bipinnatifides , ils 
se trouvent rangés le fong des nervures secondaires; et parallèlement 
aux nervures tertiaires, dans celles qui sont tripinnatifides. Ce qui dis- 


344 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


tingue pourtant cette fougère de l'aspidium apiifolium, ce sont des poils 
articulés qui couvrent Îe rhachis ainsi que toutes les nervures, en-dessus 
et en-dessous ; de nombreux petits corps glanduleux, bruns, qui gar- 
nissent la surface supérieure; et des tégumens arrondis, entiers, glabres. 
D'ailleurs ses nervures secondaires sont alternes, sinueuses, et les ter- 
tiaires réticulées. Sept faisceaux fibreux, médulliformes, irréguliers, dans 
la coupe des pétioles. 

s: ASPIDIUM CORIACEUM. 


À. coriaceum. Swartz, Syn. fil. pag. 57: R. Brown, Prodr: pag. 148; Willd, Sp. 
pl. 5, pag. 268 ; Schkuhr, Crypt. tab. so. 
A. frondibus sparsis, rhachi venulisque sinuosis, paleaceis. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ( Port-Jackson ). 


La coupe des bases pétiolaires montre cinq faisceaux de fibres mé- 
dulliformes ; les tiges rampantes, les pétioles, les rhachis et les ner- 
vures principales sont recouverts d’écailles rousses, rubanées, ondulées, 
acuminées, caduques : les tégumens sont ronds, à bord entier, tombans; 
ce qui rapproche cette plante du rumohra de M. Raddi. 

6. ASPIDIUM ARISTATUM. 
À. aristatum. Swart7, Syn. fil. pag. 53 et 253; Willd. Sp. pl. $, pag. 264; 
Schkuhr, Crypt. pag. 44, tab. 42. 
Polypodium aristatum. Forst. Prodr. n.° 448. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ( Port-Jackson ). 


Cette espèce, qui provient de l'intérieur de la Nouvelle-Galles du 
Sud, m'a été donnée par M. Fraser. Ce n’est probablement qu'une va- 
riété non prolifère et à lobes plus profondément laciniés, de l’aspidium 
proliferum de M. R. Brown. Les écaïlles des rhachis sont linéaires-lan- 
céolées, rubanées, frangées à fa base. Ses tégumens sont glabres, à 
bord entier, à pédicelles épais, alongés. Après la chute des tégumens 
et des sporanges, il reste un point épaissi, convexe, brun-foncé. La 
coupe des pétioles montre de quatre à cinq faisceaux de fibres mé- 
dulliformes. 

RUMOHRA, Rappr. 


Sori subrotundi, sparsi; indusia subrotunda, operculiformia , disco libera, demüm 
circumscissa, caduca. À, 


BOTANIQUE. 345 
1. RUMOHRA ASPIDIOÏDES. 

R. fronde supra decomposità , triangulari, triplicato-pinnatä ; pinnis Jan- 
ceolatis, obtusè serratis, inferioribus pinnatifidis, superioribus confluentibus ; 
stipite infernè rotundato, supernè sulcato, rhachibusque glabris. Raddi, 
Syn. fil. Bras. pag. 12, tab. 2, f 1. c. c.; idem PI. Bras. pag. 28, tab. 43. 

.In Brasiliâ { Rio-Janeiro), in montibus Estrellæ. 


C'est un véritable aspidium (aspid. raddianum !) voisin des aspidium 
discolor (Langs. et Fischer, Icones filicum, tab. 18) et Zigusticifolium, 
Desv. (polyp. ligusticifolium, Poiret). L'échantillon que je possède a ses 
tégumens fixés par le centre et tout-à-fait libres en leurs bords; ils 
se détachent promptement de leur pédicelle. 

Le pétiole et les rhachis sont recouverts d’écailles membraneuses, 
rousses, caduques, qui laissent après elles des impressions noires, visibles 
à l'œil nu. La coupe transversale des pétioles montre douze faisceaux 
de fibres médulliformes entourés d’une matière noire. 


POLYPODIZÆ. 
POLYPODIUM, SWARTZ, 


1. POLYPODIUM PSEUDO-GRAMMITIS. 

P. frondibus sparsis, linearibus, basi longissimè attenuatis, margine subun- 
dulato-crenulatis, utrmque glabris; soris rotundato-oblongis, sparsis, raris- 
simis; stipite marginato; caudice capillart, paleaceo, radicante; squamis fan- 
ceolatis ; radicibus villosis. 

Grammitis tenella! Xaulfuss, Enum. filic. pag. 84. 
In insulis Sandwicensibus { Alt. 4so-$00 hexap. ). 


Ainsi que le polypodium suivant, le polypodium grammitidis et plusieurs 
autres espèces connues, cette fougère doit servir à former le chaïînon destiné 
à réunir les polypodium aux grammitis, autant par la forme et la dis- 


position de ses sores que par ses nervures longitudinales, simples ou 


dichotomes, la forme de ses écaïlles, 1e nombre de ses faisceaux mé- 
dulliformes, &c. 

Elle est longue de 1 à 3 pouces, large d'une demi-ligne à deux 
lignes, ordinairement linéaire et à bords entiers; mais elle se bifurque 
quelquefois au sommet, et forme en ses bords des irrégularités qui la 
rendent ondulée, lobée ou même pinnatifide. 

Voyage de l’Uranie. — Botanique. 4 À 


346 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Dans ce dernier état, elle a de nombreux rapports avec quelques 
variétés du polypodium grammitidis de M. R. Brown ( grammitis hetero- 
phylla de M. de Labillardière ). 

Les sores sont rares, ellipsoïdes, situés sur la bifurcation des ner- 
vures. La coupe des pétioles et des tiges ne présente jamais qu'un seul 
faisceau de fibres médulliformes. 


2, POLYPODIUM ATRO-PUNCTATUM. 

P. frondibus sparsis , lineari-lanceolatis, elongatis, acuminatis, basi atte- 
nuatis, utrinque glabris, suprà squamosis aut atro-punctatis, margine subun- 
dulatis; soris solitariis, rotundato-oblongis , subimmersis ; junioribus squamur- 
loso-tectis ; squamulis atro-rufis, peltatis. 

Pleopeltis atro-punctata. Gaudichaud, mss. 
Pleopeltis elongata! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 246. 
Mao et once incolarum. 


In insulis Sandwicensibus (Owhyhi; Alt. 350-400 hex. ). 


Cette fougère, nommée ms par les indigènes des îles Sandwich, se 
distingue par des tiges écaïlleuses, rampantes, de la grosseur d’une 
plume de corbeau; des feuilles linéaires lancéolées, épaisses, glabres 
sur les deux surfaces, longues de 3 pouces à 1 pied, rétrécies aux 
deux extrémités, pointues ou acuminées, mais à sommet ordinairement 
brisé ; à bords entiers, ondulés ou en partie déchirés, roulés; des 
écailles peltées, caduques, à la surface supérieure, laissant après elles 
des points noirs, ellipsoïdes, analogues à ceux qui correspondent aux 
fructifications; des sores oblongs, recouverts dans leur jeunesse d’é- 
cailles brunes, peltées, caduques. La coupe des pétioles montre deux 
et quelquefois trois faisceaux de fibres médulliformes. 


3. POLYPODIUM PERCUSSUM. | 

P. percussum. is Sp. pl. 5; pag. 151; See Syn. fil. pag. 26; Cavan. 
Præl. 1801,n.° 594; Langsd. et Fisch. Icon. fil. Bras. pag. 6, tab. 6; Raddi, 
Syn. fil. Bras. pag. 8; idem PI. Bras. pag, 14, tab. 24, f 1. 

Pleopeltis percussa. Æook et Grev. Icon. fil. tab. LxvI1; Gaudichaud, mss. 

P. avenium. Desvaux, Mag. nat. Ber. 1811, 5, pag. 314, tab. 41; idem Journ. 
bot. 4, pag. 250. 

In Brasiliâ { Rio-Janeiro ). 


BOTANIQUE. ; 


Les vaisseaux médulliformes sont au nombre de huit dans sa tige, et 
de quatre, dont deux très-petits, dans les pétioles. 


CN 
ù 


4. POLYPODIUM PHYLLITIDIS. 
P. phyllitidis. Linn.; Wild. Sp. plant. $, pag. 157: Swartz, Syn. fil. pag. 28; 
Lamk. Encydl. $, pag. 5133 Plum. Amer. tab. 26 ; idem Filic. tab. 1 30. 
| P. repens. Raddi, Syn. fil. pag. 8; idem PI. Bras. tab. 16. 
In Brasilià { Rio-Janeiro }). 


Les pétioles renferment cinq et six faisceaux de fibres médulliformes, 
entourés de vaisseaux noirs. 


s. POLYPODIUM REPENS. 
P. repens. Aublet, PI. Guy. 2, pag. 960; Willd. Sp. pl. s, pag. “ob Swartz, 
Syn. fil. pag. 20; Lamarck, Encyclop. $, pag. $13. 


P. lapathifolium. Poirer, Encyclop. 5, pag. 514; Raddi, Syn. fil. pag. 8; idem 
PI. Bras. pag. 15, tab. 24, fig. 3. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


Cette plante ressemble beaucoup à la précédente, avec laquelle on 
Va souvent confondue; mais elle s’en distingue par ses proportions gé- 
néralement plus foibles, par sa couleur plus verte et sa consistance 
moins coriace, Elles habitent les mêmes lieux. Les vaisseaux médulli- 
formes des pétioles sont au nombre de cinq, dont trois plus petits. 


6. POLYPODIUM CRASSIFOLIUM. 
P. crassifolium. ZLinn.; Swartz, Syn. fil. pag. 273 Willd, Sp. pl. 5, pag. 161; 
Lamarck, Encycl. $ » pag. $12; Plum. Fil, tab. 123 et 142? Petivier, Fil. 
tab. 6, f. 8. 
P. coriaceum. Raddi, Syn. fil. pag. 8 ; idem PI. Bras. pag. 16, tab. 25. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


Les vaisseaux médulliformes des pétioles sont au nombre de dix, 
rangés circulairement. La partie marginale en montre aussi d’un à trois 
petits de chaque côté. 


7. POLYPODIUM IRIOÏDES. 
P. irioïdes. Poiret, Encyclop. $, pag. 5133 À. Brown, Prodr. p. 147. 
Confer polypodio polycarpo. Cavan. Præl. 1801, pag. 246; Swartz, 
Syn. fil. pag. 227. 
In insulis Mariannis, Moluccis, &c. 


44* 


348 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La coupe des bases pétiolaires offre douze faisceaux de fibres mé- 
dulliformes , dont deux se trouvent fixés latéralement à la naissance de 
la partie marginale. | 


8. POLYPODIUM LYCOPODIOÏDES. 
P. Iycopodioïdes. Linn. Sp. pl. 1542; Wälld. Sp. pl. 5, pag. 150; Lamarck, 
Encycl. 5, pag. 509; Plum. Am. tab. 42; idem Fil. tab. 113; Schkuhr, Fil. 
add. tab. 8, c. p. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro). 


Les écailles des tiges sont très-larges, imbriquées, peltées. On re- 
marque six et sept faisceaux de fibres médulliformes entourés de sub- 
stance noire dans les tiges , et deux dans les pétioles. 


9. POLYPODIUM VACCINIFOLIUM. 
P. vaçcinifolium. W4//4, Sp. pl. s , pag. 145; Langsd. et Fischer, Icon. fil. Bras. 
tab. 7; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 7; idem PI. Bras. pag. 12, tab. 23, f. 2. 
L. lagopodioïdes. Desv, Journ. bot. 4, pag. 259, tab. 40. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


Les tiges ont de six à huit faisceaux de fibres médulliformes, inégaux , 
entourés de matière noire; les pétioles n’en montrent qu'un seul. 


10. POLYPODIUM AURISETUM. 
P.aurisetum. Raddi, PI. Bras. pag. 12, tab. 23, f. 1. 
P. piloselloïdes. Raddi, Syn. fil. Bras, p. 7. 
P. cordatum. Desvaux, Prodr. Ann. de Ia Soc. linn. de Paris, juillet 1827, 
pag. 226. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ), 


On remarque jusqu'à quatre faisceaux de fibres médulliformes dans 
les tiges ténues de cette espèce, et deux dans les pétioles. 


11. POLYPODIUM THOUINIANUM. 

P. frondibus sparsis, cordatis, trilobatis quinquelobatisve ; Iobis lanceolato- 
acuminatis, erectis ; soris sparsis ; Caudice filiformi { crassitie pennæ anserinæ ), 
paleaceo , radicante. 

P. spectrum (1)? Kaulfuss, Enum. fil. pag. 94. 
In insulis Sandwicensibus ( Wahou; Alt, 4so-500 hexap. ). , 


(G) P. frondibus triangulari-cordato-hastatis, lobis acutis, utrinque glabris; soris sparsis. 
Kaulfuss, : 


BOTANIQUE. 349 
Le polypodium thouinianum a des tiges grimpantes de la grosseur d'une 
plume ordinaire, recouvertes d’écailles brunes : des feuilles éparses, qui 
ont parfois la forme de celles du lierre, cordiformes à la base, à trois 
lobes acuminés, à trois nervures principales correspondant aux trois 
lobes, et à nervures secondaires et tertiaires réticulées; des sores très- 
nombreux, épars , situés au centre des mailles, sur les extrémités libres 
et renflées des ramifications nerveuses. La longueur des pétioles varie de 
3 à 6 pouces; cette dernière dimension est celle des feuilles arrivées 
à leur point extrême de croissance : ils sont irrégulièrement quadran- 
gulaires , lisses comme tout le reste de la feuille, et montrent dans 
leur coupe transversale huit faisceaux de fibres médulliformes, irré- 
guliers, dont deux supérieurs plus grands. 


12. POLYPODIUM PENDULUM. 
Polypodium pendulum! Swartz, Flor. Ind. occid. 3, pag. 1637: idem Syn. fil. 
pag. 335 Willd. Sp. pl. $, pag. 182; Schkuhr, Crypt. pag. 12, tab. ro. 
Polypodium adenophorum. Gaudichaud, mss. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hexap. }. 


Les polypodium pendulum, parvulum , et plusieurs autres espèces de cette 
section, ne sont pas si bien caractérisés qu'on ne puisse élever quelques 
doutes relativement à leur analogie ; les différens états et Les positions 
dans lesquels on a trouvé ces fougères, n’ont peut - être pas non plus été 
appréciés d’une manière convenable. 


La plante qui nous occupe varie de 18 lignes à 4 pouces de lon- 
gueur ; en général, pourtant, elle offre les dimensions et exactement Ja 
forme de la figure de Schkuhr. D'une petite souche écaïlleuse, re- 
dressée, partent huit à dix feuilles coriaces, fasciculées , linéaires-lan- 
céolées, profondément pinnatifides et acuminées, pubescentes dans leur 
Jeunesse, mais glabres par la suite, à lobes très-variables, quelquefois 
triangulaires-oblongs, mais plus souvent alongés comme dans Ia figure 
précitée; les pétioles, longs de 6 à 18 lignes, sont marginés dans 
toute leur longueur, à marge de plus en plus élargie de bas en 


haut, où enfin elle finit par être sinueuse et puis lobée: {a pointe 


350 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
alongée qui termine ces feuilles, est découpée à la base et diversement 
crénelée et ondulée jusqu'au sommet. | 

Les écailles de fa tige sont entières, rousses, linéaires, et diffèrent 
en cela de celles des pétioles et des jeunes feuilles, qui sont capillaires, 
très-ténues, articulées. Ce qui distingue sur-tout cette fougère, c'est 
une troisième sorte d’écailles rouge-cerise, analogues à celles des ade- 
nophorus, qui se trouvent aussi disséminées à la surface des feuilles, et 
sur-tout parmi les sporanges des sores. Les sores, au nombre de 1-10 
par lobe, selon le développement de la plante, forment en général 
deux rangs parallèles aux nervures primordiales, et intermédiaires entre 
elles et les bords. Ces nervures primordiales des lobes sont sinueuses où 
peut-être dichotomes ; elles donnent naissance à d'autres nervures secon- 
daires, sinueuses aussi, simples dans les feuilles stériles, mais qui, dans 
les feuilles fertiles, donnent naissance à des divisions courtes, épaissies, 
sur lesquelles reposent les sores. Cette fougère ne s'éloigne pas beau- 
coup des adenophorus (voy. adenophorus pinnatifidus), dont elle a plusieurs 
caractères ; elle croît redressée, dans les lieux humides et ombragés, sur 
les racines de gros arbres. La coupe des pétioles ne montre qu’un seul 
faisceau de fibres médulliformes. 


13. PoLYPODIUM. PLEOPELTIFOLIUM. 

P. frondibus sparsis, profundè pinnatifidis, basi cuneatis, squamis umbi- 
licatis irregularibus undique adspersis; acinïis lineari-lanceolatis , margine 
subserrato-crenatis repandisve; soris solitariis; stipite glabro, fusco, supernè 
bi- vel trisulcato , infernè rotundato; caudice repente, hirsuto. À, 

Polypodium pleopeltifolium. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 8; idem Plant. Bras. 
pag. 16, tab. 21, f. 2. 
Pleopeltis raddiana. Gaudichaud, mss. Caudice repente, squamoso; squamis lan- 
ceolatis, acuminatis, margine albido-flavescentibus , eroso-ciliatis. 
Pleopeltis angusta! Æum. et Bonpl. 2, pag. 182, tab. 140. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


La coupe des bases pétiolaires montre de trois à six faisceaux ir- 
réguliers de fibres médulliformes. Les feuilles sont très-polymorphes, 
souvent simples et diversement lobées; plus ordinairement pinnatifides, 


à lobes alongés, dentés ou crénelés. 


BOTANIQUE. 351 


14. POLYPODIUM BILLARDIERI. 
P. billardieri. Rob. Brown, Prodr. pag. 147. 
P. scandens. Zabill, Nov.-Holl. 2, pag. o1, tab. 240; Schkuhr, Crypt. tab. 8! 
P. diversifolium. Wä//4, Sp. pl. $, pag. 166. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ({ Port-Jackson ). 


Les tiges rampantes de ce polypode ont constamment de douze à 
quatorze faisceaux de fibres médulliformes; les pétioles n’en montrent 
que cinq à la base, trois ou même deux au sommet; nervures dicho- 
tomes; sores larges, enfoncés, situés à l’extrémité épaissie d’un rameau 
isolé au centre des mailles. Ceux qui ne portent pas de fructifications, 
forment de petites taches brunes à la surface supérieure des feuilles. 
Écailles de la tige larges, peltées, rugueuses. 


15. POLYPODIUM MEMBRANIFOLIUM. 
P. membranifolium! R, Brown, Prodr. pag. 147. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson). Fraser communicavit. 


Cette plante, qui n’est peut-être qu'une variété de la précédente, 
vient de l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud, où elle a été recueillie 
par M. Fraser, directeur des jardins du gouvernement au Port-Jackson. 
La coupe de ses pétioles montre deux faisceaux de fibres médulliformes, 
entourés de vaisseaux noirs et de quelques lacunes produites peut-être 
par la dessiccation. 


16. POLYPODIUM PHYMATODES. 
P. phymatodes. Linn.; Swartz, Syn. fil. pag. 32 ; Willd. Sp. Pess $» Page 169; 
Schkuhr , Crypt. tab. 9 et 17. 
Cafaou ( hafaou } incolis insularum Martannarum. 
In insulis Mariannis, Moluccis, &c. 


Cette belle espèce, qui paroît appartenir à toutes les régions équa- 
toriales, éprouve aussi de nombreuses modifications : en effet, soit par 
accident, par la nature des localités, des climats, ou par toute autre 
cause, on lui voit offrir successivement la forme d’expansions foliacées, 
simples (1), trilobées (2), quinquélobées, pinnatifides et presque pinnées. 


(1) Schhuhr, tab. 17 
(2) d. ibid. 


352 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Elle n’est pas moins variable dans la forme de ses divisions, quand elle 
est pinnatifide ou pinnée, que dans ses dimensions en tout sens, la 
quantité, la disposition, lenfoncement et la largeur de ses fructifr- 
cations. 

Les sores, ordinairement disposés sur deux rangs parallèles à la ner- 
vure médiaire et opposés entre eux, doublent quelquefois en tout ou 
en partie; alors ils sont plus petits, et en apparence disséminés sans 
ordre à lextérieur du premier rang ou souvent parmi ceux qui le com- 
posent, ainsi qu'on lobserve dans les échantillons des Mariannes, des 
Moluques et de Île-de-France , de même que dans le polypodium gros- 
sum ( p. grossum, Langsd. et Fischer, Icon. fil. Bras. tab. 8), que je re- 
garde comme une simple variété du polypodium phymatodes. Cette fou- 
gère se distingue encore par la distance plus ou moins grande qui 
sépare ses lobes, et conséquemment par le dessin des sinus et des angles 
qui en résultent, par l'épaisseur et la consistance des feuilles, &c. J'en 
conserve un échantillon recueilli aux îles Moluques, à limbe coriace et 
très-épais, à sores ellipsoïdes, de trois lignes de longueur, confluens. 

Je pense que c'est sur ce dernier polypode de Rawak que j'ai trouvé 
des feuilles stériles, analogues à celles des polypodium quercifolium, diver- 
sifolium, de la même localité; mais comme les échantillons en ont été 
perdus au naufrage de J'Uranie, je n’en parle ici qu'avec doute, et seu- 
lement afin de fixer l'attention des naturalistes qui visiteront désormais 
ces parages. Si je ne me suis pas trompé, ce sera la quatrième fougère 
des Moluques qui offrira cette particularité : Polyp. ( drynaria Linnai) 
quercifolium, p. (d. Gaudichaudii) diversifolium, p. (d, phymatoïdea) phy- 
matoïdeum, et acrostichum alcicorne, 

Dans toutes ces variétés, les tiges sont rampantes ou grimpantes, 
recouvertes d’écailles noires, rugueuses; les pétioles glabres marqués 
de dix faisceaux fibreux médulliformes, et les feuilles tachetées en 
dessus de petits points bruns, très-nombreux, qui indiquent la grande 
disposition qu'auroient ces plantes à multiplier leurs fructifications, si 
celles qu’elles portent ne se développoient autant, 

Dans notre travail général sur la classification des fougères, le poly- 
podium pymatodes formera le type d'une section très-naturelle, dans 


! 
| 
| 


BOTANIQUE. 353 
laquelle se trouveront rangés Îles polyp. scandens, Forster; billardieri, KR. 
Brown ( p. scandens, Labill. ; p. diversifolium, Wild. ) ; alternifolium, Wild. ; 
grossum , Langs. et Fisch.; pustulatum, Forst; et peut-être aussi le 
leucatomos, Swartz, &c. 


17. POLYPODIUM QUERCIFOLIUM. 

P. quercifolium. Linn.; Lamarck, Encycl. $, pag. 5173 Schkukr, Crypt. 
pag. 13, tab. 13; Wälld. Sp. pl. $, pag 170; Swartz, Syn. fil. pag. 32; 
Lamarck, Encycl. 5, pag. 517; R. Brown, Prodr. pag. 147. 

Polypodium sylvaticum. Schkuhr, pag. 22, tab. 8, b. 

Polypodium indicum, Rumpäius, Amb. 6, pag. 78, tab. 36; Rheed, Malab. 12, 


pag. 23, tab. 11. 
Polypodium ( drynaria) linnæi. Bory, Ann. des sc. nat. $, pag. 464, tab. 12. 


In imsulis Moluccis (Rawak ). 


Cette fougère offre une foule de particularités qui n’ont encore été 
que peu étudiées et qu'on n’a pas assez appréciées. Les frondes stériles, 
si remarquables par l'élégance de leurs formes, ont paru fixer plus spé- 
cialement l'attention des botanistes ; mais comme plusieurs plantes du 
même genre en sont aussi pourvues, et que ce caractère nest pas 
exclusivement propre aux drynaires, puisque lacrostichum alcicorne et 
peut-être plusieurs autres fougères en sont munis, ces sortes de feuilles 
perdent une partie de leur première importance, et ne deviennent plus 
qu'un élément secondaire dans la détermination des espèces. 

Ainsi que la gravure 13 de Schkubr le représente d’une manière fort 
exacte, les lobes des feuilles fertiles, réunis par des articulations inter- 
médiaires, se détachent et tombent à la longue, laissant le rhachis à 
nu : c'est ce que nous avons observé avec soin à l'ile Rawak. 

Puisque, par le moyen de soudures particulières, les divisions de ces 
fougères simplement lobées peuvent se détacher à l'instar des folioles 
dans les feuilles pinnées, on conçoit la propension que doivent avoir 
ces plantes à devenir de plus en plus pinnatifides, pinnées, et le 
passage successif de ces pinnules sessiles d’abord, à l'état de pinnules 
pétiolées, par le rétrécissement progressif de Îa partie inférieure du 
limbe ; résultat qui, en effet, paroit être dans la nature. De là, d'après 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. À D) 


354 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

nous, les polypodium (drynaria) linnei, schkuhrii, willdenowi, gaudi- 
chaudii, &c.... Nous indiquerons plus tard les causes et pour ainsi 
dire les lois qui régissent ces transformations (1). On concevra aussi 
fort bien que les nervures et les sores doivent éprouver des modifica- 
tions relatives à la forme des lobes ou des folioles : plus les lobes ou 
folioles sont multipliés, plus ils sont étroits et profonds, et plus le 
nombre des sores est restreint ; on peut établir que ce nombre est en 
raison directe du développement des lobes, et que leurs dimensions sont 
en raison inverse de ce même nombre. 

Les nervures subissent aussi un rapprochement marqué dans toutes 
leurs parties. 

Le dyrynaria linnæi a ses lobes à bords entiers; ils sont ondulés ou 
crénelés dans le d. willdenowii, et dentés sur le d. gaudichaudii, Mais 
l'observation nous a montré mille faits de transformations plus extraor- 
dinaires, D'ailleurs, le d. willdenowii, qui sert d’intermédiaire aux d. 
linnæi et gaudichaudii, nous en fournit des exemples. En effet, ses lobes 
inférieurs, qui sont aussi les plus larges , ont leurs bords entiers; ceux 
qui Îles surmontent les ont ondulés; enfin les lobes du sommet sont de 
plus en plus dentés ou crénelés, et de manière à former une transition 
naturelle de cette plante au drynaria gaudichaudii. 

Si ces modifications extrêmes d’un type essentiellement primitif, sont, 
ainsi que nous le pensons, adoptées comme espèces, il faudra de toute 
nécessité chercher des caractères différentiels aïlleurs que dans la nature 
de la substance, la forme des Iobes et le nombre des sores de ces vé- 
gétaux. Dans ce cas, nous pensons que la longueur, la consistance et 
la couleur des écailles pourroïent être envisagées comme des indices 
assez constans. Ainsi elles sont courtes, brunes, rudes et cassantes dans le 
drynaria linnæi des Moluques ; longues, rousses, capillaires ou rubanées, 
flexibles, presque diaphanes et ciliées, dans le drynaria willdenowii de 
lTe-de-France, et à-peu-près semblables dans le drynaria gaudichaudii 
(polyp. diversifolium ?) des îles Moluques. Mais si l’on admettoit d'aussi 
étonnantes transformations que celles des feuilles, ne pourroit-on pas aussi 


(1) Voyez la note de la page 271. 


BOTANIQUE. 355 
supposer une altération sensible dans les écaïlles? Cela se trouve peut- 
être suffisamment démontré par les exemples que nous venons de citer(r). 

La coupe transversale des bases pétiolaires dans toutes ces variétés 
montre de 8,10 à 12 faisceaux médulliformes disposés en cercle; les 
deux supérieurs sont plus grands. 


18. POLYPODIUM DIVERSIFOLIUM. 
P. diversifolium! Rob. Brown, Prodr. pag. 146. 
Drynaria gaudichaudii. Bory, Ann. des sc. nat. $, pag. 471, tab. 14. 


In msulis Moluccis ( Rawak ). 


19. POLYPODIUM PECTINATUM. 
P. pectinatum. Linn. Sp. pl. 1545; Lamarck, Encycl. 5, pag. 520; Swartz, 
Syn. fil. pag. 34; Willd. Sp. pl. s, pag. 180; Plum. Fil. tab. 83; idem 
Amer. pag. 26, tab. 37. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


Deux faisceaux fibreux médulliformes au centre des pétioles noirs, 
cassans, de cette espèce, de la suivante et probablement de toutes 
celles qui appartiennent à cette section. 


20. POLYPODIUM PLUMULA. 
P. frondibus subpinnatis; pinnis alternis, lanceolato-linearibus, obtusis, ci. 
liatis; stipitibus rhachibusque tenuissimè pubescentibus; soris solitariis, minutis. 
P. plumula. Willd, Sp. pl. $ , pag. 178! Raddi, PI. Bras. pag. 18, tab. 27, 
te 
P. paradiseæ. Langsd, et Fisch. Icon. fil. tab. 113, Raddi, Syn. fl. pag. 8. 


Le seul faisceau fibreux médulliforme que montre quelquefois la coupe 
pétiolaire des fougères de ce groupe, résulte certainement de [a réunion 
de deux. 


21. POLYPODIUM INCANUM. 
P. incanum. Swartz, Syn. fil. pag. 25; Willd, Sp. pl $, p. 174; Schk, Crypt. 
pag. 188, tab. A DE PE 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


(1) Voyez la note à la page 271. 


45* 


356 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Deux faisceaux médulliformes alongés, cintrés, adossés dans Îa 
coupe des bases pétiolaires de cette espèce et de la suivante; ce qui 
prouve leur parfaite analogie. 


22. POLYPODIUM HIRSUTISSIMUM. 
P. hirsutissimum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag 8; idem PI. Bras. pag. 17, 
tab. 26, 
Acrostichum fepidopteris! W3//d, Sp. pl. $, pag. 113; Langsd, et Fisch. tab. 2. 
Polypodium sepultum. Kaulfuss, Enum. fil. pag. 104. 
P. raddï. Desvaux, Prodr. Ann. de la Soc. linn. de Paris, juillet 1827, p. 232. 
P. rufulum! Pres! Delic. &c.! 
In Brasilià ( Rio-Janeiro |}. 


23: POLYPODIUM PELLUCIDUM. 
P. pellucidum. Kaulfuss, Enum. fil. pag. ro1. 
P. vulgare! Z,; Gaudichaud, mss. 
In insulis Sandwicensibus. ( Alt, $oo hexap. ) 


Cette plante, dont on a formé une espèce nouvelle, ne difière du 
polypodium vulgare que par ses nervures pellucides, plus prononcées su- 
périeurement et inférieurement, ainsi que par une texture plus épaisse, 
cartilagineuse. D'ailleurs, elle en a le port, les divisions, les dentelures, 
les sores, les tiges, les écailles, &c. Les modifications qu’elle présente 
ne pourroient-elles pas être attribuées à la localité! 

Elle est très-abondante sur Îes racines des gros arbres et sur les 
rochers humides. Ses pétioles présentent de trois à cinq faisceaux fibreux 
médulliformes, entourés de vaisseaux noirs, dans leur coupe transversale. 


24. POLYPODIUM ATTENUATUM. 
P. attenuatum! Æumb., Bonpl. et Kunth ; Willd. Sp. plant. s, pag. 191. 
P. dissimile! Schk, Crypt. pag. 14, tab. 14. 
P. Tatipes! Willd, Sp. pl. pag. 170! Langds, et Fisch. Icon. fil. tab. 10. 
P, loriceum! Vi//d, Sp. pl. $, pag. 176. 
P. glaucum! Raddi, PI. Bras. pag. 20, tab. 29. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). à 


é é Les d c 1 
Quoique ces plantes soient rangées dans des sections différentes, nous 
croyons qu'on doit les réunir par l'intermédiaire de cette variété, qui tient 


BOTANIQUE. 357 


aux polypodium dissimile (Schkuhr), attenuatum (Humb. et Bonpl.), par 
ses folioles linéaires-lancéolées, courbées, à bords entiers, à sommet 
alternativement obtus ou pointu, à base attachée ou libre; et du p. 
latipes (Langsd. et Fisch.), dont il n'a cependant pas les ondulations 
légères, par l’ensemble général de la plante, et sur-tout par les nervures 
et les fructifications tout-à-fait semblables à celles qui ont été figurées 
dans l’ouvrage précité. Cette variété diffère encore des deux autres et 
du polypodium loriceum, par le rapprochement des divisions, qui se 
touchent presque toutes. 

Elle paroît étre identique avec Le polyp. glaucum que M. le docteur 
Raddi vient de décrire, Plant. Bras. nova genera, &c. 

La surface supérieure de cette fougère est marquée de points glan- 
duleux ou sortes de taches qui annoncent qu'elle est susceptible d'avoir 
plusieurs séries de fructifications. 


25. POLYPODIUM NERIIFOLIUM., 

P. nerïüfolium. Swartz, Syn. fil. pag. 37; Wülld. Sp. pl. $, pag. 194; Schk. 
Crypt. pag. 14, tab, 15; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 9; idem PI Bras. 
pag. 22, tab. 31 bis. 

P. meniscifolium! Langds. et Fisch. Xcon. fil. tab. 12; Wild. Sp. pl. $, pag. 180. 

P. brasiliense! Poiret, Encycl. pag. $25. 

In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 

Nous pensons, d’après examen attentif de tous Îles échantillons, 
que les polypodium nerifolium, albo-punctatum , triseriale, meniscifolium , 
brasiliense, longifolium ! ( Presl. Delic. Prag. 1, pag. 167, n° 12) &e., 
pourroient bien appartenir au même type, et ne former au plus que des 
variétés du polypodium neriifolium. 

Le polypodium brasiliense! paroît différer des autres variétés par le 
rapprochement de toutes ses folioles, qui sont aussi très-réduites dans 
leurs proportions, et conséquemment à nervures plus denses : c'est, 
nous le croyons, d’une variété bien voisine de celle-ci que M. Îe doc- 
teur Raddi a fait le polypodium albo-punctatum, en considération des 
points nombreux, blanchâtres, dont toute Îa surface supérieure est 
semée, Ces points indiquent, dans ces espèces, les places que les fruc- 
tifications occupent on devroient occuper sur la surface inférieure. 


358 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


H est facile de concevoir d’après la disposition des nervures, qui 
sont les mêmes dans toutes ces plantes, et qui ne diffèrent entre elles 
que par des dimensions relatives à celles des feuilles, que les sores 
puissent être rangés sur un, deux ou trois rangs parallèles à [a ner- 
vure principale. On peut aussi facilement admettre que, dans une plus 
grande croissance de Ia plante, dans des circonstances plus favorables 
enfin, ces séries de fructifications soient portées jusqu'au nombre de 
quatre, de cinq ou même plus, sans que pour cela [a plante méritât de 
changer de nom spécifique. À ces deux caractères constans fournis par 
les nervures et Îles points correspondans aux sores, vient s’en réunir un 
troisième qui appartient encore à l’organisation. Il consiste en une sorte 
de contorsion ou de gibbosité, que forment toutes les côtes principales 
des folioles, près du point de leur insertion sur Îe rhachis, et dont 
la force est toujours en raison inverse du développement de la 
plante. 

Cette sorte de nodosité, plus ou moins prononcée dans les échantillons 
de notre herbier, est sur-tout fort remarquable sur la variété que 
nous supposons devoir être le polypodium albo-punctatum de M. Raddi: 
elle n’avoit point échappé à MM. Langsdorff et Fischer (con. fl. Bras. 
tab. 12) qui l'ont rendue sensible dans fa gravure du polypodium menis- 
cifolium. Si elle est moins apparente dans le polypodium nerifolium de 
Schkuhr, cela tient sans doute à l’état de modification de la plante, 
ou peut-être à ce que ce savant botaniste se sera bien plus occupé de 
l’ensemble de cette fougère que de ses détails minutieux ; conjecture 
que la disposition rameuse des nervures de sa plante sembleroit con- 
firmer. 

La coupe des pétioles montre, sur une variété à quatre rangs de 
sores (var. À ), seize faisceaux fibreux médulliformes entourés de vais- 
seaux noirs, dont deux intérieurs beaucoup plus gros, cintrés de de- 
dans en dehors, et soudés dos à dos comme dans certains asplenium. 

Les variétés p. triseriale (var. Y ), nerüfolium (var. B) et brasiliense 
(var. &) ou a/bo-punctatum, beaucoup plus réduites dans leurs formes, 
n'en ont ordinairement que huit, dont deux, beaucoup plus grands, sont 
de plus en plus rapprochés et soudés. 


BOTANIQUE. 359 


26. POLYPODIUM DISTANS. 
P. distans, Raddi, PI. Bras. pag. 21, tab. 31. 
P. triseriale. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 0. 
P. nerïüfolium (var. >). Gaudichaud, mss. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro \. 


27: PoryPopiumM ALBO-PUNCTATUM. 
P. albo-punctatum. Raddi, Syn. fil Bras. pag. 9; idem PI. Bras. pag. 21, tab. 30. 
P. brasiliense. Poiret, Encycl. $, pag. 525. 
P. nerüfolium (var. «). Gaudichaud, mss. 
In Brasäiâ ( Rio-Janeiro ). 


28. POLYPODIUM DECURRENS. 
P. decurrens Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 9; idem Plant. Bras. pag. 23, tab. 33. 
In Brasilià { Rio-Janeiro ). 


29. POLYPODIUM TENELLUM. 
P. tenellum. Forsr, Prodr. n.° 440; R, Brown, Prodr. pag. 147; Schk. Crypt. 
pag. 15, tab. 16. 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali ( Port-Jackson ). 


N 
Cette fougère est privée de fructifications : elle offre uñe foule d’a- 
nomalies qui me feroient presque douter de son analogie générique. 
D'une tige cylindrique, grosse comme une plume de corbeau, recou- 
verte d’écailles peltées, rousses, brunes au centre, partent des feuilles 
glabres, pinnées, à pinnules alternes, linéaires-lancéolées, à bords on- 
dulés, tronquées et quelquefois légèrement auriculées à la base supérieure, 
cunéiformes à la base inférieure; pétiolées; à pétioles articulés avec le 
rhachis, qui est sillonné, écailleux ; à écailles linéaires, caduques. 

Les nervures sont alternes, simples dans les deux tiers inférieurs , 
dichotomes ou fourchues supérieurement, à bifurcations submarginales, 
terminées par un petit point épaissi, dont l'intérieur, qui est un peu 
plus court, devient fructifère ; l’autre se bifurque parfois. La coupe des 
tiges présente deux faisceaux fibreux , médulliformes, alongés, cintrés 
de dedans en dehors, à vaisseaux inégaux comme dans les tiges de 
toutes les fougères grimpantes ; celle des pétioles en montre deux aussi, 
mais dans une position tout-à-fait opposée, c'est-à-dire, cintrés de 


360 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


dehors en dedans, et réunis par leur extrémité inférieure, de manière à 
former une figure pareille à celles qu'on observe dans plusieurs as- 
pléniées et aspidiées. Ces divers caractères semblent marquer la place 
de cette fougère à côté des nephrodium. Elle est vivipare sur l’échan- 


tillon que je possède. 


29. POLYPODIUM CONCINNUM! 
P. concinnum! Wä/!d. Sp. pl. $, pag. 201; Raddi, Syn. fil. pag. 11. 
Polystichum concinnum! Gaudichaud, mss. 


In Brasiliâ (Rio-Janeiro }. 


Cette plante, qui a les caractères du polyp. concinnum, appartient es- 
sentiellement aux aspidiées, et doit être placée à côté du polystichum 
(aspidium , nephrodium) molle. 

La grande confusion qui existe dans les fougères de ce groupe na- 
turel, relativement à leur identité générique et spécifique, fera vive- 
ment sentir l'urgence de l'emploi des caractères de végétation dans les 
phrases descriptives. Par ce moyen, et pour peu qu’on veuille rappro- 
cher ces plantes, on reconnoîtra bientôt l’analogie parfaite qui existe 
entre elles. 

D'ailleurs, cette fougère, velue sur ses deux surfaces, est pinnée ; à 
pinnules inégales, les inférieures plus courtes, pinnatifides, tronquées 
à la base et acuminées au sommet ; à [lobes oblongs, légèrement falqués - 
entiers sur les bords et arrondis ; à sores dépourvus de tégumens sen- 
sibles, mais abondamment garnis de sporanges formant des points 
alongés sur le bord des lobes. Dans cette espèce, Îles nervures infé- 
rieures sont libres jusqu'aux sinus : la coupe transversale des pétioles 
est caractéristique ; elle montre deux faisceaux alongés, parallèles, de 
fibres médulliformes, à pointes rentrées, dont les deux extérieures se 
réunissent; d’où il résulte un seul corps ayant à-peu-près la forme d’un 


fer à cheval, 


30. POLYPODIUM VESTITUM. 
P. vestitum. Raddi, Syn. fl. Bras. pag. 10; idem PI. Bras. pag. 24, tab, 36. 


In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


BOTANIQUE. 361 


La coupe transversale de ses pétioles montre 5,7, 9 faisceaux fibreux, 
médulliformes, inégaux. 


31. POLYPODIUM TIJUCCANUM. 
P. tijuccanum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 10; idem PI. Bras. pag. 25, tab. 37. 
In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


Huit faisceaux de fibres médulliformes dans la coupe des pétioles ; 
nervures simples, alternes, n’atteignant pas le bord des lobes. 


32. POLYPODIUM FORMOSUM. 
P. formosum. Raddi, Plant. Bras. pag. 25, tab. 38. 
P. auriculatum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 10. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiïro ). 


Dix, douze ou quatorze faisceaux fibreux médulliformes dans la 
coupe des pétioles; nervures dichotomes. 


33: POLYPODIUM CAUDATUM. 
P. caudatum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 10; idem Plant. Bras. pag. 25, 
tab. 30. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 


Plusieurs faisceaux fibreux médulliformes dans la coupe des pétioles 
et des rhachis ; nervures bifurquées ; sores fixés sur le rameau supérieur , 
plus court. 


34. POLYPODIUM LEUZEANUM. PI. 6. 

P. frondibus fasciculatis , bipinnatis, infimis tripinnatis; pinnulis petiolatis, 
alternis, lineari-lanceolatis, acuminatis, basi truncatis, pinnatifidis; termina- 
libus sessilibus , confluentibus ; Jaciniis ovato-oblongis , subfalcatis , apice 
dentatis, obtusisve ; infimis undulato-subauriculatis ; (denticula minutissima , 
obtusa, inter lacinias }; soris solitariis, subsparsis; caudice arboreo; stipite 
tetragono , glabro, subauriculato , supernè sulcato , subtomentoso. 

In insulis Moluccis ( Pisang). 


Cette superbe fougère a été recueillie sur un jeune individu dont 
le tronc n’avoit encore qu'un pied de hauteur ; elle a des feuilles 
longues de $ à 7 pieds, tripinnées à la base et bipinnées au sommet ; 

Voyage de l'Uranie. — Botanique. 46 


362 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

à pinnules pinnatifides, linéaires-lancéolées, acuminées, pétiolées, mais 
de plus en plus sessiles et confluentes vers l'extrémité supérieure; à 
lobes ovales-oblongs, un peu courbés en faulx, denticulés et presque 
obtus; linférieur plus grand, légèrement auriculé et crénelé; à [obes 
séparés par une petite dent obtuse. 

Les sores, rangés sur deux lignes parallèles à la nervure principale 
des Îobes, sont quelquefois épars, composés de sporanges nombreux 
parmi lesquels on remarque de petits corps glanduleux, sphéroïdes, 
rouge-pourpre, analogues aux poils glanduleux des adenophorus. (Tab. 6, 
f. 5.1] 

Les pétioles sont irrégulièrement quadrangulaires, à surface inférieure 
lisse et parsemée de petites aspérités dont la force et Île nombre di- 
minuent progressivement de bas en haut, à surface supérieure sillonnée 
et recouverte d’écailles rousses, piliformes , d’une grande ténuité; ce 
qui donne à cette partie de fa plante l'aspect tomenteux. Faisceaux 
fibreux, médulliformes, nombreux. 

Je consacre cette fougère à M. Deleuze, si honorablement connu 
dans le monde savant, en témoïgnage de mon respectueux attachement. 


35. POLYPODIUM KERAUDRENIANUM. PI. 7. 

P. frondibus fasciculatis, bipmnatis; pinnulis lineari - fanceolatis, pinna- 
tifidis, basi coadunatis, superioribus et inferioribus sensim minoribus; laciniis 
ovato-oblongis, undulatis, obtusis, margine revolutis, subciliatis, subtüs in 
venis hirsutis; soris marginalibus, solitariis, distantibus ; caudice subarboreo 
prostrato; stipite glabro; rhachis submarginata; axillis hirsutis. 

Joué et haxoré incolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt, 4oo-s 00 hexap. ). 


Cette fougère forme, par la réunion de ses rudimens pétiolaires per- 
sistans , une sorte de tronc de plusieurs pieds de hauteur sur $ à 6 
pouces de diamètre, qui, n'ayant pas assez de force pour se tenir droit, 


se couche et se contourne sur Île sol. La partie supérieure, qui se re- 
dresse, est couronnée de feuilles longues de $ à 7 pieds, bipinnées, 
à pinnules alternes ou opposées, pinnatifides, à base inférieure presque 
libre, à base supérieure fixée et décurrente; les [lobes sont ovales- 


BOTANIQUE. 363 
oblongs, ondulés, obtus, lisses en dessus, velus en dessous sur toutes 
les nervures ainsi que sur les bords roulés, qui par cela semblent être 
ciliés; ils portent des sores arrondis, solitaires, distans, inégaux {les 
inférieurs plus gros), fixés sur le tiers supérieur de chaque rameau 
interne des nervures bifurquées, épaissies, translucides. 

La coupe transversale des rhachis montre un seul corps fibreux mé- 
dulliforme résultant d’une manière évidente de la réunion de deux 
faisceaux adossés et à pointes divergentes, analogues à ceux qu'on ob- 
serve dans les rhachis des aspléniées. 

J'ai consacré cette espèce à M. Kéraudren, inspecteur général du 
service de santé de la marine, comme un témoignage de reconnoissance 
pour les services qu’il rend journellement à l’histoire naturelle, en pro- 
tégeant d’une manière spéciale les officiers de santé, placés sous ses 
ordres, qui se livrent à l'étude de cette science. 


DRYNARIA, BORY DE SAINT-VINCENT., 
Voyez les polypodium quercifolium et diversifolium. 
PLEOPELTIS, Humz., BONPL. et KUNTAH, 


Les fougères de nos collections qui devront entrer dans ce genre, 
sont : les polypodium atro-punctatum , percussum et pleopeltifolium. Voyez 
ces noms. Les vaisseaux médulliformes varient d’un à quatre. 


MENISCIUM, SCAR., WILLD, 


1, MENISCIUM SORBIFOLIUM. 
M. sorbifolium. Wä//d. Sp. plant. 5, pag. 134; Langsdorff et Fischer, Icon. fil. 
Bras. tab. 4. 
M. reticulatum! Schkuhr, Crypt. pag. 5, tab. 5. 
Asplenium reticulatum! Jacquin, Coll. 2, pag. 106, tab. :3,f:2, 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


2. MENISCIUM PALUSTRE. 
M. palustre. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 6; idem PI. Bras. pag. 9, tab. 20. 
M. dentatum! B, Presl, Delic. Prag. 1 , pag: 162,n.° 6. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


46* 


364 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Je n'ai trouvé que des feuilles stériles de cette fougère. Dans ces deux 
plantes, la coupe des rhachis montre deux faisceaux fibreux médulli- 
formes, alongés, parallèles, à pointes intérieures réunies, d’où il résulte 
une figure en fer à cheval. 


CYCLOPHORUS, Desyaux. 


1. CYCLOPHORUS LONGIFOLIUS. 
C. longifolius. Desvaux, Journ. bot, 2, pag. 19 ( 1813 ). 
Acrostichum longifolium. Burm. Ind. pag. 228. 
Candollea longifolia. Airbel, in Buff. Deter. $ , pag. 87. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


Toutes Îles espèces de ce genre ont les écailles des tiges épaisses, 
brun-foncé, membraneuses, frangées ou ciliées sur les bords, lancéolées, 
peltées par le centre, et celles des feuilles, étoilées ou pénicellées ; de 
cinq à six faisceaux médulliformes dans les tiges; de trois à quatre 
dans les pétioles. 


2. CYCLOPHORUS GLABER. 
C. glaber. Desvaux, 1. c. 
Candollea lanceolata. Mirbel, I. c. pag. 80. 
Niphobolus glaber. Xaulfuss, Enum. fil. pag. 127. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


Ce cyclophore a les écailles de ses tiges plus alongées et sensible- 
ment plus frangées que dans Îles autres espèces. Les sores sont entourés 
de poils étoilés, nombreux, caducs, ainsi que ceux qu'on trouve épars, 
de loin à loin, sur les deux surfaces. 


3. CYCLOPHORUS VARIUS. 
Niphobolus varius. Xaulfuss, Enum. fil. pag, 125. 
Cycl. adnascens. var. «. Gaudichaud, mss. 

In insulis Mariannis (Guam). 


Cette espèce n'acquiert guère plus de 6 pouces de longueur; elle 
est remarquable par ses pétioles ordinairement tordus en spire, par sa 
nervure ou côte médiaire concave ou creusée en gouttière supérieure- 
ment, très-convexe inférieurement. 


BOTANIQUE. 365 
ADENOPHORUS. 


Sori subrotundi, solitarii, subterminales , apici venæ in receptaculum di- 
latato, irregulariter bilobo , insidentes : capsulæ glandulis stipitatis intermixtæ ; 
indusium nullum. Frondes utrinque glandulosæ. 


Le nom d’adenophorus que nous donnons à ce groupe de polypodes, 
a précédemment été proposé pour une hydrophyte; mais ce genre n'a 
pas été adopté. Ces plantes, qui seroient peut-être mieux placées à côté 
des dicksonia, ont les écailles des tiges lancéolées, articulées; celles des 
feuilles sont glanduleuses; sores situés au sommet épaissi, presque bi- 
lobé, de la nervure médiaire, simple, des lobes, et légèrement recou- 
verts par le bord supérieur du limbe. Un seul faisceau médulliforme 
sillonné, dans la coupe des pétioles. 
1. ADENOPHORUS! PINNATIFIDUS. 

A. frondibus fasciculatis, pinnatifidis ; Jacmiis ntegris, triangulari-oblongis 
obtusis; caudice suberecto, palaceo; stipite tereti, marginato, villoso; rhachi 
glandulosä. 

Polypodium pendulum! Gaudichaud, pag. 349. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 4oo-4$o hexap.), cum sequentibus. 
2. ADENOPHORUS MINUTUS. PI. 8, f. 3. 

À. frondibus fasciculatis, parvis, pinnatis; pinnis abbreviatis, pinnatifidis, 
lobis tribus vel quinque, ovato- oblongis ; stipite filiformi, Hexuoso ; radice 
fasciculato-fibrosi. 

3. ADENOPHORUS BIPINNATUS. PI. 8, f. 2. 

À. frondibus sparsis, bipinnatis, lanceolatis; faciniis integris oblongo-linea- 

ribus ; caudice repente, paleaceo; stipite tereti, marginato. 
4. ADENOPHORUS TRIPINNATIFIDUS. PI, 8,f. 1. 

A. frondibus sparsis, bipinnatis, oblongis; Jaciniïis bi- vel tripinnatifidis; 

rhachi stipiteque marginatis; caudice repente, paleaceo; paleis denticulatis. 


CYATHEZÆ (1). 
ALSOPHILA, R. BROWN. 


1. ALSOPHILA MARIANNA. 
À. frondibus fasciculatis, triplicato-pinnatis; pinnulis Tineari-lanceolatis, 


(1) Toutes les plantes de ce groupe ont les écailles des feuilles Pulliformes ou en capuchon, 
frangées, velues; des vaisseaux médulliformes réunis en une ligne continue très-sinueuse ou 
en Zigzap, 


366 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


alternis, subfalcatis, obtusiusculis, serratis, coadunatis , infimis distinctis ; 
caudice arboreo; stipite aspero, basi densè paleaceo. 
Cyathea marianna. Gaudichaud, mss., et génér. pag. 74. 
Cyathea extensa! Sc4k. Crypt. pag. 127, tab. 132. 
In insulis Mariannis (Guam ). 


Cette superbe fougère en arbre, très-commune sur le bord des tor- 
rens dans les montagnes d'Umata et de Pago, a une tige droite, haute 
de 18 à 20 pieds sur 3 à 4 pouces de diamètre, couronnée d’un grand 
nombre de feuilles tripinnées, longues de $ à 6 pieds, à pétioles (stipes) 
et à rhachis garnis d’aspérités épineuses et munies à la base d’écailles ser- 
rées, flavescentes, lancéolées, larges, bordées de cils rudes, rouge-brun 
foncé. Les sores, situés sur les bifurcations des nervures, n’ont point de 
tégumens visibles; les sporanges sont fixées sur une sorte de placentaire 
cylindrique, terminé au sommet par un rebord irès-étroit, en chapiteau, 
légèrement échancré d’un côté, ce qui sembleroit devoir rapprocher les 
cyathées des aspidiées. 

Les rhachis des pinnules secondaires et des lobes sont recouverts 
d'écailles bulleuses, blanches, ciliées. La coupe des pétioles montre des 
vaisseaux fibreux , médulliformes , libres ou réunis, formant diverses 
sinuositées irrégulières en zigzag. 


2. ALSOPHILA HIRTA. 
A. hirta! Kaulfuss, Enum. fil, pag. 240. 
À. raddiana. Gaudichaud, mss. 
Polypodium axillare. Raddi, Syn. fl. pag. 10; idem PI. Bras. pag. 27, tab. 41. 
In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


Les sores, dans cette dernière espèce, se composent d’un placentaire 
élevé, portant les sporanges, entouré à sa base de poils capillaires, blancs, 
qui appartiennent au tégument. Ce qui assure à cette plante une place 
certaine dans les cyathées, ce sont, les vaisseaux médulliformes très-nom- 
breux, souvent réunis, formant des circonvolutions onduleuses : les 
écailles bulleuses ou en capuchon qui recouvrent inférieurement les ner- 


vures secondaires et tertiaires, caractère important que nous avons précé- 
demment signalé, page 246. 


BOTANIQUE. 367 


DICKSONIEZÆ (1). 
DICKSONIA. 


1. DICKSONIA FLACCIDA. 
D. flaccida. Willd. Sp. pl. pag. 488; Swartz, Syn. fil. pag. 337; Sckhr. Crypt. 
pag. 126, tab. 120. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro }. 


2. DICKSONIA CICUTARIA. 
D. cicutaria. Swartz, FI. Ind. occ. 3, pag. 1695; idem Syn. fil. pag. 137, 
Willd, Sp. pl. $ , pag. 487; Raddi, Syn. fil. pag. 18; idem PI. Bras. pag. 62. 


In Brasiliâ (Rio-Janeiro |. 


Deux vaisseaux médulliformes figurant des virgules adossées, se réu- 
nissant dans les pétioles. Ce caractère, et l'absence des poils sur les 
feuilles de ces deux espèces, doivent former une très-bonne section 
dans le genre. 


3. DICKSONIA DAVALLIOÏDES. 
D. davallioïdes. R, Brown, Prodr. pag. 158. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ({ Port-Jackson ). 


Vaisseaux médulliformes figurant un fer à cheval, très-sinueux, angles 
arrondis. 


4. DICKSONIA DUBIA. 
Davailia dubia! R, Brown, Prodr. pag. 157. 
D. frondibus fasciculatis! Vid. loc. cit. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


Vaisseaux médulliformes en zigzag; angles aigus. 


(1) Toutes les fougères de ce groupe ont les écailles des feuilles et des tiges capillaires, 
articulées; des vaisseaux médulliformes en lignes continues, figurant un fer à cheval sinueux, 
ou tout-à-fait en zigzag, comme dans les cyathées; ce qui justifie Ie rapprochement de ces 
plantes. Je n’ai trouvé que deux exceptions dans les espèces que j'ai pu observer : la pre- 
mière, dans le dichsonia cicutaria du Brésil, qui a des feuilles glabres, des fibres médulii- 
formes disposées en deux corps figurant assez bien deux S opposées par leur base, et se rap 
prochant de plus en plus dans Les pétioles. La deuxième, dans le dicksonia repens, Bory 
(davalliacée ou schizolomée), qui a deux faisceaux libres d’abord , mais qui se réunissent 
promptement vers les rhachis, 


es 


368 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Nous possédons dans nos herbiers deux plantes très-distinctes de ce 


genre, rapportées de la Nouvelle-Galles du Sud : l'une de l'intérieur, qui 


appartient sans doute au dicksonia davallioïdes de M. R. Brown; l'autre, 
que nous avons recueillie au Port-Jackson, est celle que nous rapportons 
au davallia dubia du même auteur. 

Toutes les deux diffèrent de leurs descriptions. 

Dans la première, qui est sensiblement plus développée, les sores sont 
libres, distans; tandis qu’ils sont rapprochés, confluens dans la seconde, 
qui est aussi comparativement très-réduite. 

Si ces plantes appartiennent à la même espèce, ce que nous avons 
peine à croire, on pourroit expliquer la réduction générale des parties de 
la petite variété et lexubérance remarquable de ses sporanges, par l'effet 
des impressions météorologiques qui agissent si puissamment sur Îa végé- 
tation de cette localité, phénomènes que nous avons précédemment 
indiqués dans nos généralités sur la Nouvelle - Hollande, pages 108 et 
suivantes. Indépendamment de cette abondance remarquable de spo- 
ranges, le dicksonia dubia (davallia dubia! R. B.), se fait encore remarquer 
par les écaïlles articulées de ses tiges, qui sont de deux espèces, les unes 
molles, jaunâtres, très-flexibles, à articulations déprimées, alternes: les 


F 


autres rougeâtres, plus ou moins foncées, roides, à articulations cylin- 


driques : ce qui nous avoit fait nommer cette espèce dicksonia senescens, 
par analogie avec les cheveux nuancés des hommes vieillissans. 


4. DICKSONIA KAULFUSSIANA. 
D. frondibus sparsis, triplicato-pinnatis; pinnis primariis et secundariis 
apice elongato-acuminatis, serrulatis; pinnulis ovato- oblongis, acutiusculis , 
crenulato-dentatis, basi cuneatis, subtus rhachibusque villosis; indusiis pilosis. 
Davallia hirta! Xaulfuss, Enum. fil. pag. 223. 
Ralxpalaé et palaparaie incolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( Mowiï; Alt, 400-450 hexap. ). 


Cette fougère, que nous consacrons à M. Kaulfuss, auteur d’un ex- 
cellent ouvrage sur les plantes de cette famille, est, nous le pensons, 
celle qu’il a décrite sous le nom de davallia hirta, frondibus tripinnatis, pin- 
nulis ovatis, obtusis, margine superiore et anticé subincisis, laciniis dentatis, 


BOTANIQUE. 369 
hibus hirtis, indusiis infrà marginalibus venisque subtüs pilosis. (Wahou). 
Elle est du grand nombre de celles qui varient par leur port, et sur- 
tout par“la singulière diversité de leurs divisions, par l'abondance des 
poils, &c. 

Elle a des tiges rampantes, des feuilles éparses de 18 pouces à 4 pieds 
de longueur, deux, trois et quatre fois pinnées , à pinnules oblongues 
cunéiformes à la base, pinnatifides ou seulement lobées sur le bord supé- 
rieur, et souvent entières ou légèrement dentées sur le bord inférieur ; des 
poils écailleux blanchâtres, roux ou d’un jaune de plus en plus doré, sur 
toutes les nervures de la partie inférieure, sur les tégumens, les rhachis, 
la base des pétioles et les tiges. Ces écailles piliformes articulées, à arti- 
culations alternes, laissent après elles de petites aspérités spinescentes, 
visibles à la loupe. 

Les sores, situés au sommet des nervures, dans l’échancrure des lobes, 
sont globuleux, remarquables par leur tégument inférieur très-velu ; le té- 
gument supérieur formé par le bord rentrant des folioles est peu marqué, 
mais assez pour qu'on ne puisse confondre cette plante avec le genre da- 
vallia, quoiqu'il y ait entre eux quelque rapport : elle s’en éloïgne encore 
par les poils écailleux, capillaires, qui la recouvrent en totalité. 


D'ailleurs, cette plante ressemble beaucoup à la grande variété du 


_ dicksonia davallioïdes de la Nouvelle-Hollande; seulement elle est plus 


velue en dessous : et, en outre, a cette différence que ses vaisseaux médul- 
liformes représentent un fer à cheval assez régulier, à pointes formées par 
des vaisseaux blanchâtres, denses, moins dilatés. | 


PINONIA (1). 


Sori dorsales submarginales : indusium capsuliforme, bivalve; valvulä ex- 
teriore fornicatà, affixä; exteriore liberä operculiformi. 


1, PINONIA SPLENDENS. PI, 21. 
P. caudice arboreo , aureo-lanuginoso ; frondibus fasciculatis, tripinnatifidis 
vel tripinnatis; pinnis lineari-lanceolatis, subacuminatis, basi subauriculatis; 


(1) Voyez page 276. 
Voyage de l’Uranie. — Botanique, 47 


C2 


4 
“4 


370 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lacinïs oblongis, obtusis, apice crenulato-dentatis ; rhachi venisque hirtis; 
stipite infernè lanato. 
P. splendens. C. Gaudichaud. Ann. des Sc. nat. décemb. 1824, pag. 507; idem. 
Gener. pag. 96. 
Cibotium chamissoi! Kaulfuss. Enum. fil. pag. 230, f. 14. 
Dicksonia. Smith. ex R. Brown. 
In insulis Sandwicensibus ( Wahou, alt. 300-350 hex. ). 


J'ai consacré cette plante à M."° Louis de Freycinet, comme un 
bien foible témoignage de ma respectueuse admiration. 

Cette fougère, la plus belle de toute la famille, croît au sein des 
forêts, dans les montagnes de l'île Wahou. D'un tronc de 6 à 8 pieds 
de hauteur (maïs qui doit en acquérir davantage), sur 8 à 10 pouces 
de diamètre, entièrement recouvert de longues écailles dorées, capil- 
laires, articulées, soyeuses ou laineuses, partent douze ou quinze feuilles 
glabres dessus, pubescentes ou lanugineuses en-dessous, tripinnatifides, 
à pinnules linéaires-lancéolées, subacuminées ; profondément pinna- 
tifides ; à lobes oblongs, obtus, ondulés, crénelés ou dentés sur les 
bords et sur-tout au sommet; les inférieurs un peu plus longs, subau- 
riculés ; à sores marginaux au nombre de 6-10 par lobes, situés au 
sommet du rameau supérieur des nervures dichotomes; à deux valves, 
l'une extérieure en voûte, fixe; l’autre intérieure, operculiforme, mo- 
bile, s'ouvrant de haut en bas et de dehors en dedans; à sporanges 
nombreux, pédicellés, munis d'un anneau élastique. La coupe des pé- 
tioles et des rhachis montre des vaisseaux médulliformes réunis en une 
seule ligne ondulée et très-irrégulièrement contournée en fer à cheval. 


DAVALLIACEZÆ. 


Feuilles glabres ; tiges rampantes, couvertes d’écailles rubanées, larges 
et peltées à la base, capillaires au sommet (1); deux à neuf vaisseaux 
médulliformes libres, inégaux, dans la coupe des pétioles. 

(1) Le davallia ferruginea aut sinensis, des îles Mariannes, forme une exception remarquable. 
Ses écailles non peltées sont à mailles articulées, dans le genre de celles des dicksoniées, et, 


pour ainsi dire, comme si plusieurs écailles de ce dernier groupe s’étoient réunies par approche 
pour n’en former qu’une seule. 


& 


| 
| 
| 
| 


BOTANIQUE. 371 


DAVALLIA, SMITH. 


1. D'AVALLIA PINNATIFIDA. 


D. frondibus sparsis, petiolatis ; sterilibus ovato-lanceolatis , acuminatis, 
integerrimis, aut rar [obatis, subpinnatifidis, margine revolutis, basi rotun- 
dato-cuneatis ; fertilibus lineari-lanceolatis, acuminatis, [obato-pinnatifidis ; 
lobis serratis; caudice repente, squamoso. 


D. pinnatifida. Cavan., Swartz. Syn. fl. pag. 130; Willd. Sp. pl. 5 , pag. 465. 
Humata pinnatifida! Cavan. Præl. n.° 130. 


In insulis Mariannis ( Guam ). 


Cette fougère grimpante, peut-être peu distincte du davallia hetero- 
phylla, est caractérisée par des tiges filiformes , munies d'écailles peltées, 
capillaires et presque soyeuses au sommet; des feuilles stériles pétiolées, 
longues de 3 à 6 pouces, ovales-lancéolées, acuminées, arrondies ou 
presque cunéiformes à la base; à bords ordinairement entiers, mais quel- 
quefois irrégulièrement ondulés, lobés ou pinnatifides inférieurement ou 
dans toute leur longueur ; à divisions entières; à sinus aigus : des feuilles 
fertiles, linéaires-lancéolées, de même longueur, profondément pinna- 
tifides, à sinus arrondis; à lobes oblongs , dentés ; à tégumens ovales, 
alongés , pointus, situés au sommet du rameau antérieur des nervures 
tertiaires, et libres dans leur moitié supérieure. 

On trouve dans cette plante un des exemples les plus remarquables 
des anomalies que peuvent éprouver les fougères : les feuilles stériles 
entières dans toute leur longueur, sinueuses, un peu dentées et rare- 
ment fructifères à la pointe, ont des nervures secondaires une et deux 
fois dichotomes, parallèles ; dans celles qui sont lobées, il se forme des 
nervures tertiaires, également parallèles à la côte médiaire, ou ne formant 
avec elle qu'un angle très-aigu, qui résultent des dichotomies d’une nervure 
secondaire plus développée; ces petits rameaux, en apparence alternes , 
se subdivisent encore en deux parties, dont lune, antérieure et supé- 
rieure, donné naissance au sore, l'autre correspond au centre des den- 
telures. Les tégumens sont ovales, libres dans leurs deux tiers supé- 
rieurs. La coupe des tiges montre plusieurs vaisseaux médulliformes 
irréguliers, dont deux plus grands; celle des pétioles en a constamment 


47* 


372 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

deux, qui s'approchent et se réunissent dans le rhachis. Cette plante 
est commune sur les arbres de la partie Nord-Ouest de l'ile Guam, 
vers le mouillage de Falcona. 


2, DAVALLIA PYXIDATA. ; 
D. pyxidata. Cavan, Præl. 1801, n.° 694; Swartz, Syn. fil. pag. 123; Wild. 
Sp. pl s, pag. 471; R. Brown, Prodr. pag. 157. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


Cette espèce a des tégumens oblongs, tronqués au sommet, fixés 
dans presque toute leur longueur; six vaisseaux médulliformes irrégu- 
liers dans la coupe des tiges, et constamment deux alongés, cintrés 
de dehors en dedans, adossés, dans celle des pétioles ; des écaïlles 
lancéolées , à marge blanchâtre, scarieuse, frangée ou ciliée, 


3. DAVALLIA SOLIDA. 

D. solida. Swartz, Syn. fil. pag. 132; Wild. Sp. pl. 5, pag. 470; Schk. Crypt. 
tab..1261 

In insulis Mariannis. 


4 


? 
> pate Mn Er 
Î A 


Cette espèce, haute de 2 à 3 pieds, a de nombreux rapports avec 
le davallia solida : elle a pour caractères des feuilles bi et tripinnées, à 
pinnules ovales-lancéolées, pointues ou légèrement acuminées, cunéi- 
formes à la base, dentées ou lobées: à lobes obtus, subdenticulés ; des 
fructifications situées au centre des lobes et terminales ; des tégumens 
alongés, arrondis ou tronqués au sommet, fixés dans presque toute 
leur longueur, et s’ouvrant comme ceux des #ymenophyllum ; des écailles 
peltées et trois faisceaux médulliformes, entourés de vaisseaux noirs, 


dans Îa coupe des pétioles. 


4. DAVALLIA EPIPHYLLA. 
D. epiphylla! Swartz, Syn. fil. pag. 134; Willd. Sp. pl. s, pag. 473; Schkuhr, 
Crypt. tab. 127, f. 8. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 

Comme la précédente, cette fougère, haute de 3 à $ pieds, est deux, 
trois , et, inférieurement, quatre fois pinnée ; à pinnules secondaires 
acuminées, profondément pinnatifides ou pinnées; à lobes dentés et à 
dentelures bifides. C’est au centre de ces deux dernières divisions que 


ds 


BOTANIQUE. 373 


se trouvent situés les sores, dont les tégumens sont ovales, libres et 
terminés en languette dans leur tiers supérieur. Elle a des tiges ram- 
pantes, couvertes d’écailles arrondies et peltées à la base, capillaires, 
denticulées ou ciliées dans tout le reste de leur longueur; neuf faisceaux 
irréguliers de fibres médulliformes, dont les deux antérieurs sont plus 
longs, cintrés, adossés. 

Cette espèce a beaucoup de rapport avec les davallia elegans, 
elata, &c. 


5. DAVALLIA! FERRUGINEA ! 
D. frondibus (bipollic. tripedalib.) tri-quadripinnatis quinque-pinnatifidisve ; 
laciniis cuneatis, obtusis, sterilibus 2-$-dentatis. 
D. ferruginea. Swartz, Syn. fil. pag. 134; Willd. Sp. pl. 5, pag. 473. 


In insulis Martannis. 4 


Cette fougère anomale, qui appartient encore aux davalliacées, tient 
des dicksoniées ou mieux des schizolomées par plusieurs caractères. 
D'une tige rampante, couverte d’écailles articulées, composées à la base, 
simples au sommet, tout-à-fait semblables à celles des /indsæa et schi- 
zoloma, partent des feuilles éparses, hautes de 2 pouces à 3 pieds; trois 
ou cinq fois divisées ou pinnées, à lobes cunéiformes, obtus et dentés 
au sommet dans les feuilles srériles, presque entiers dans les feuilles 
fertiles. Sores terminaux à tégumens peu distincts, pour la substance, 
des autres parties du limbe de la plante, fixés dans toute leur [longueur 
sur un lobe de même diamètre, également tronqué; d'où il résulte une 
ouverture analogue à celle des schizolomées. 

Les pétioles, longs de 1 à 18 pouces, sont, ainsi que les rhachis, 
quadrangulaires (moins dans Îles petits individus que dans les grands ), 
marginés intérieurement, glabres dans toutes leurs parties ; munis à 
l'intérieur de deux faisceaux médulliformes alongés, cintrés de dehors 
en dedans et adossés; la tige n’en a qu'un. 


HYMENOPHYLLEÆ. 


Nervures dichotomes, solitaires au centre des lobes. 
Sporules arrondis, à anneau élastique entier, sessiles sur un placen- 


374 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


taire filiforme, central, renfermé dans le tégument (#ymenophyllum ) ou 
le dépassant (trichomanes); tiges rampantes ou redressées, chargées 
d'écaïlles capillaires, articulées ; un seul faisceau médulliforme dans {eur 
coupe transversale. 


HYMENOPHYLLUM, SMITH. 
Toutes les espèces que j'ai pu observer ont les tiges rampantes. 


1. HYMENOPHYLLUM CÆSsPITOSUM. PI. 5, f. 2. 

H. frondibus sparsis, pinnatis { 3-6-linear. ) ; pinnis subimbricatis, ovato- 
oblongis, concavis, integerrimis, basi attenuato-decurrentibus; costâ mediâ 
subtüs pilosis; soris subterminalibus ; rhachi stipiteque capillaribus, hirtis ; 
caudice capillari repente. 

In insulis Maclovianis. 


Cette fougère, qui est probablement la plus petite de toute la famille, 
ne dépasse pas s ou 6 lignes de hauteur, et reste souvent au-dessous 
de cette mesure. Elle forme, avec des jungermannes, des lichens et de 
petites algues très-ténues, un gazon très-dense, qui remplit toutes les 
anfractuosités des rochers du sommet des montagnes. 

Elle a des tiges capillaires rampantes ; des feuilles éparses, pinnées ; à 
pinnules imbriquées dans le genre de quelques jungermannia, dont elle 
a aussi l'aspect; ellipsoïdes, concaves, à bords entiers, souvent rappro- 
chés, sur-tout par la dessiccation , ce qui les rend à-peu-près cylindriques ; 
 obtuses au sommet, rétrécies en pétiole ou décurrentes à la base ; 
garnies sur toutes les nervures, les pétioles et les tiges, de poils dorés, 
articulés, luisans. Les sores ordinairement fixés sur les dernières folioles 
supérieures, sont arrondis, à tégumens entiers ou légèrement sinueux 
sur Îes bords. Ils sont produits par la dernière bifurcation de la nervure 
médiaire des rhachis, qui donne naïssance à deux petits rameaux ner- 
veux, également velus, qui divergent en Y, et vont se terminer laté- 
ralement vers le bord supérieur, en donnant naissance au tégument (1). 
Lorsque ces nervures ne se prolongent pas jusqu'au bord supérieur, ce 
qui arrive souvent, le tégument (dans ce cas il n'y en a réellement 


(1) PE 5, 1e 85; C 


BOTANIQUE. 375 


qu'un) prend un moindre développement et reste au centre de la foliole 
(pl. s, a). Du centre de la même bifurcation (d) part aussi, intérieu- 
rement , un placentaire filiforme qui supporte des sporules (f) sessiles 
ou légèrement pédicellés. 


2. HYMENOPHYLLUM HIRSUTUM. 
H. hirsutum. Swartz, Syn. fil. pag. 146; Willd. Sp. pl. 5, pag. 517; Plum. Fil. 
pag. 73, tab. so, f.b; Raddi, Syn. fil. Bras. pag 19; idem, PI. Bras. pag. 66, 
tab, 79, f. 3. , 
H. venustum. Desvaux, Ann. de la Soc.-linn. de Paris, juillet 1827, pag. 332. 


In Brasil (Rio-Janeiro). 


3. HYMENOPHYLLUM BORYANUM. 
H. boryanum. Willd. Sp. pl. $, pag. s18; Raddi, Syn. fil. pag. 19; idem, PI. 
Bras. pag. 66, tab. 79, f. 4. 
H. hirsutum!? Auct. 


In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


Ces deux espèces sont très-voisines lune de l’autre, mais suffisam- 
ment distinctes. La première est beaucoup plus délicate, à divisions 
moins nombreuses, plus alongées : elle se distingue sur-tout par ses 
tiges et ses pétioles (stipes) capillaires, très-ténus. Du reste ces deux 
plantes ont à peu de chose près le même port, les mêmes poils arti- 
culés, rameux, &c. 


4. HYMENOPHYLLUM TUNBRIDGENSE. 
H. tunbridgense. Smith. Brit. 3, pag. 11413 idem, Engl. bot. tab. 162; Swartz, 
Syn. fil. pag. 147; Willd, Sp. pl. $, pag. 520; Schk. Crypt. pag. 134, tab. 
1353 Rob. Brown, Prodr. pag. 150. 
H. cupressiforme. ZLabill. Nov. Holl. 2, pag. 102, tab. 250, f. 2. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson , Botany-Bay), et ad 
Caput Bonæ-Speï (mont, de Ia Tab. ). 


$. HYMENOPHYLLUM RICCIÆFOLIUM. 
H. ricciæfolium. Bory; Willd. Sp. pl. $, pag. 331; Raddi, Syn. fil. pag. 10; 
idem, PL Bras. pag. 67. 
Adiantum tenellum! Jacg. Collect. 3, pag. 287, tab. 21, f. 3. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


376 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


+ 


6. HYMENOPHYLLUM RECURVUM. 

H. frondibus bipinnatis (6-8-pollic.) , pinnis elongato-recurvatis; pin- 
nulis dichotomo-pinnatifidis; lacinüs simplicibus , elongatis, integris ; soris 
suprà axillaribus, solitariis; indusïis ovatis; rhachi stipiteque alatis ; caudice 
filiformi repente. 

In insulis Sandwicensibus { Mowi. Alt. $co-$ so-hexap. ). 


L'Aymenophyllum recurvum croît sur {es montagnes élevées de l'ile Mowi, 
au pied des plus grands arbres, parmi les mousses. Il est remarquable 
par la disposition recourbée de ses divisions supérieures, qui sont simples, 
linéaires, souvent très-alongées ; ce qui donne à cette petite plante l’as- 
pect d’un saule pleureur. Les fructifications sont solitaires, fort grosses, 
ovales, à tégumens entiers ou légèrement émarginés, libres dans presque 
toute leur longueur. Parmi les échantillons de cette fougère, glabre dans 
toutes ses parties excepté sur la tige, il s’en trouve quelques-uns non 
encore bien développés, écaïlleux, à écailles piliformes, capillaires, ar- 
ticulées, ce qui doit faire supposer ou que cette plante est velue dans sa 
grande jeunesse, ou qu'une espèce nouvelle, très-voisine de celle-ci, se 
rencontre dans la même localité. Hymenophyllum ( aut trichomanes ) 


pilosum ! 
7. HYMENOPHYLLUM RUPÈÉSTRE. 


H. rupestre. Raddi, Plant. Bras. pag. 67, tab. 80. 
H. axillare. Wi/ld. ex Raddi, Syn. fil. Bras., pag. 19. 


In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 


Cette fougère, trouvée sans fructifications, acquiert de très-grandes 
dimensions. Ses nervures sont garnies de poils écailleux, courts, ca- 


pillaires, articulés, caducs. 


LA 


TRICHOMANES, Suirx. SWARTZ. 


Tiges rampantes et tiges redressées, 


1. TRICHOMANES SIBTHORPIOÏDES! 
T. frondibus sparsis (4-6in. ), fabellato-rotundatis, subreniformibus , 
plicatis, palmato-incisis, basi cuneatis, glabris ; indusiis terminali-margina- 


BOTANIQUE. 277 
libus; stipite basi villoso, supernè glabro; caudice capillari, repente, vifloco. 
T. sibthorpioïdes! Bory; Willd, Sp. pl. 5, pag. 498. 
In insulis Moluccis { Rawak). 


Cette espèce ne paroît différer de celle qui a été décrite par MM. Bory 
de Saint-Vincent et Willdenow, que par ses tiges et la moitié inférieure 
» QUE P os 
de ses pétioles, chargées d’écaïlles piliformes, capillaires, brunes. Elle 
L 124 ji 1 P ? 
est très-remarquable par la ténuité de ses parties, par ses plis, ainsi que 
par ses nervures en pédale à la base et dichotomes au sommet. 


2. TRICHOMANES MINUTULUM. PI. 12,f.2,a,b, c. 

T, frondibus sparsis, pinnatis bipinnatisve, sesqui- vel Drtibus 
pinnis alternis aut suboppositis, profundè pinnatifidis pinnatisve; laciniis 
linearibus ; soris ovato-oblongis supra axillaribus, solitariis, bivalvibus ; 
rhachi stipiteque alatis; caudice filiformi, repente, villoso. 

In insulis Moluccis Rawak.) 


Ce trichomanes, auquel je voulois donner Île nom de #rich. bivalve ou 
mieux def, bilabiatum, à cause des deux espèces de lèvres que forme le 
bord supérieur des fructifications, entre probablement dans Île genre 
didymoglossum de M. Desvaux. Présumant d’après cela qu'il doit exister 
plusieurs espèces offrant le-même caractère, je me suis décidé à changer 
sa première dénomination en celle de #. minutulum (didymoglossum minu- 


tulum) qui exprime assez bien la ténuité de cette plante. 


3. TRICHOMANES PYXIDIFERUM. 
T. pyxidiferum. Linn, 1561 ; Willd. Sp. pl. $,pag. 508! Plum, Fil. tab. $o,fE; 
Swartz, Syn. fl 143; Lamarck, Must. tab. 871, f 23 Petiv. Fil. tab. 15, 
f. 23; Raddi, Syn. fil. pag. 18; idem, PI. Bras. pag. 64. 
In Brasiliä { Rio-Janeiro ). 


Ce trichomanes se fait remarquer par les ondulations que forme Ia 
partie marginale de son rhachis, et par de fausses nervures latérales 
très-déliées, parallèles à la nervure médiaire. 


4. TRICHOMANES BRASILIENSE, 
T. brasiliense! Des, Ann, de la Soc. linn, de Paris, juillet 1827, pag. 


tabs 8 26 
Brasiliä ( Rio-Janeiro }. 
Voyage de l'Uranie. — Botanique. 48 


378 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Je ne regardois cette plante que comme une variété de la précédente : 
elle en diffère par sa couleur, qui est d’un vert plus foncé, par ses di- 
visions plus rapprochées, par un plus grand nombre de sores, et par 
l'absence des fausses nervures latérales. 


$- TRICHOMANES DAVALLIOÏDES. 

T. frondibus sparsis, lanceolatis, bipinnatis, subtripinnatis, pedalibus ; pin- 
nulis lanceolatis, pinnatifido-dissectis ; lacinïis oblongis , obtusis, apice bi- vel 
trifidis; soris oblongis, axillaribus, subpedicellatis ;rhachi stipiteque marginatis ; 
caudice scandente , villoso. 

In insulis Sandwicensibus ( Wahou, Alt. 4oo-500 hexap. |. 


Cette jolie fougère grimpe jusqu'au sommet des arbres, en les en- 
tourant de ses tiges filiformes, garnies d’écailles capillaires, subulées, 
noires ; elle émet, de distance en distance, des feuilles redressées , 
longues d’un pied au plus, trois et souvent quatre fois pinnatifides. 

Les pétioles ainsi que les rhachis sont membraneux ou ailés sur les 
bords, et garnis d’écailles piliformes, tombantes. 


6. TRICHOMANES SCANDENS. 

T. scandens. Linn. Sp. 1 562; Plum. Fil. tab. 93; Petiv, Fil. tab, 12,f 5; Wild. 
Sp. pl. s, pag. 513; Swartz, Syn. fil. 144; idem, Flor. ind. occ. 3, pag. 1737; 
Raddi, Syn. fl. pag. 18; idem, PL. Bras. pag. 63; Sloan. Jam. H. I., pag. 06, 
tab. 58 ; 

In Brasiliâ ( Rio-Janeïro). 


7. ‘1 RICHOMANES RIGIDUM. 
T. rigidum. Wild, Sp. pl. $, pag. 512; Swartz, Syn. fil. pag. 144; Raddi, Syn. 
fil. Bras. pag. 18. 
T. mandiocanum. Raddi, PI. Bras. pag. 64, tab. 79, f. 2. 
In Brasiliâ {Rio-Janeiro ). 


SCHIZOLOME Æ. 


SCHIZOLOMA. 


Sori lineares continui , marginales : indusium duplex , exterius dehiscens, 


Si le genre schigoloma n'étoit pas adopté et qu'on le fit entrer 
dans le genre lindsæa, il faudroit encore, de toute nécessité, partager 


| BOTANIQUE. 379 
ce dernier en trois sections ou sous-genres, comprenant : 1.° les schizo- 
loma, espèces à tiges rampantes, droites, à nervures rhachéales ou pri- 
mordiales situées au centre des lobes ou pinnules, maïs non terminées; 
à tégumens marginaux, épais, entiers; à écailles capillaires, articulées, 
composées; 2.° les lindsæa, à tiges rampantes, glomérulées ; à nervures 
primordiales ou rhachéales formant en partie le bord inférieur des 
lobes ou pinnules ; à tégumens submarginaux, membraneux, entiers ou 
rarement divisés; à écailles capillaires, &c. 

La troisième section, peut-être digne aussi de former un genre, 
hymenotomia, réunirait les lindsæa mycrophylla, media, decomposita &c., 
caractérisés par des tiges .....; des nervures entièrement dichotomes ; 
des tégumens marginaux, membraneux, dentés ou laciniés comme le 
bord des folioles, &c. 

Dans ce cas, et en supposant aussi qu'on püt adopter une série des 
genres conforme à celle que nous avons proposée pages 262-263, ïl 
faudroit que cette troisième section succédât aux hyménophyllées, en 
raison des grandes analogies qui existent entre {eurs plantes, et qu’elle 
füt suivie des lindsæa, qui conduisent si naturellement aux schigoloma, aux 
vittaria, et ceux-ci aux pferis. 


I. Frondibus simplicibus partiris lobatisve, fructificantibus à sterilibus diversis. 


1. SCHIZOLOMA CORDATUM, pl. 16. 

S. frondibus sparsis, glabris, ovato-cordatis, oblongis, obtusis, integris ; 
fertilibus lineari-lanceolatis vel trilobatis hastatisve; stipite tereti, unisulcato, 
glabro, basi hirto; caudice repente, paleaceo. 

Schizoloma cordatum. Gaudichaud, Ann. sc. nat. décemb. 1824, pag. 507. 
Lindsæa cordata. Zdem, olim. 
In insulis Moluccis { Rawak ). 


Cette fougère, longue de 3 à ro pouces, a toutes ses feuilles stériles 
glabres, cordiformes, oblongues, obtuses au sommet, entières : Les 
feuilles fertiles linéaires-lancéolées, quelquefois entières ou légèrement 
émarginées à la base, mais plus ordinairement cunéiformes et divisées 
en deux ou trois lobes plus ou moins alongés, qui avortent souvent. 

Les pétioles sont lisses, arrondis, marqués d’un sillon léger en-dessus, 


48* 


e 


Es 
es 


"| 


380 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

velus à fa base ; à poils écailleux, articulés, roulés en spire, caducs, 
laissant, après leur chute, de petites aspérités spiniformes. La coupe des 
pétioles de cette espèce et des suivantes offre constamment deux fais- 
ceaux réunis en un seul corps, alongé de dedans en dehors, échancré 
intérieurement. Sur les roches calcaires nues, qui avoisinent le rivage. 


IT. Fronde pinnatä (1). 
2. SCHIZOLOMA BILI ARDIERI. PI. 17. 

S. frondibus sparsis, pinnatis; sterilibus, pinnis lineari-lanceolatis, obtusis, 
serratis, basi cuneatis, subbiauriculatis, petiolatis; terminali elongatä , subhas- 
tato-pinnatifidà ; fertilibus margine integris; stipite tetragono, nitido; caudice 
repente paleaceo. 

Schizoloma billardieri. Gaudichaud, Ann. sc. nat. décemb. 1824, pag. 108. 
Lindsæa Tanceolata. Zabill. Nov.-Holf. 2, pag. 98, tab. 248; R. Brown, Prodr. 
pag. 156; Willd. Sp. pl. s, pag. 421; Gaudichaud. mss. 

In insulis Mariannis { Guam }. 


Nous avions décrit et fait graver cette fougère fong-temps avant de 
consulter louvrage de M. de Labillardière sur les plantes de [a Nou- 
velle-Hollande, ne présumant pas que ce pays, si particulier dans sa 
végétation, püt rien offrir de semblable aux productions de l'archipel 
des Mariannes. 

Elle est très-polymorphe dans ses feuilles stériles comme dans celles 
qui sont fertiles. Si lon examine avec soin Îes trois plantes de ce genre, 
on verra qu'il existe une analogie parfaite dans leurs sores, leurs écailles, 
la coupe de leurs pétioles et les divers autres points de leur organi- 


sation. 


3. SCHIZOLOMA GUERINIANUM. PI. 18. 

S. frondibus sparsis, lanceolatis, pinnatis { 1 $-18-pollic. }; pinnis (6-8- 
lineis) cuneato-oblongis, obtusis, basi superiore truncatis, subauriculatis, 
inferiore cuneatis; stipite triangulari; angulis marginatis; caudice repente, 
paleaceo. 

Schizoloma guerinianum. Gaudichaud, Ann. Sc. nat. décemb. 1824, pag. 508. 
Lindsæa gueriniana. dem, mss. 
In insulis Moluccis ( Rawak ). 


(1) IT suffit de jeter un coup d’œil sur l’organisation des fougères de ce genre, pour sentir 
l'insuffisance des sections fondées sur le nombre de leurs parties, 


BOTANIQUE. 381 


La surface inférieure des pinnules est recouverte d’écailles micro- 
scopiques étoilées qui, dans l'état frais, donnent à cette partie de la 
plante un aspect blanchâtre, furfuracé. Les folioles, après leur chute, 
laissent sur les rhachis, des impressions circulaires ou sortes d’articula- 
tions analogues à celles qu'on observe sur les rhachis des aspidium (ne- 
phrodium) splendens, biserratum, hirsutissimum , &c. J'ai consacré cette espèce 
à M. Guérin, officier de la marine et l’un de nos compagnons de voyage, 
comme un témoignage d'estime et d’attachement. 


LINDSÆA, DRYAND., SMITH, SWARTZ. 
Sori Lineares continui submarginales ; indusium simplex , continuum , dehiscens. 

1. LINDSÆA QUADRANGULARIS. 

L. quadrangularis. Raddi, Syn. fl. Bras. pag. 16; idem. Plant. Bras. pag. ;5, 

tab. 74. 
In Brasil ( Rio-Janeiro ). 

Les vaisseaux médulliformes , dans cette espèce et les deux suivantes, 

sont, comme dans les schizoloma, au nombre de deux, réunis de manière 


à former un upsilon ou un cœur, 


2. LINDSÆA STRICTA. : 
L. stricta. Swartz, FI. Ind. occ. 3, pag. 1722; idem, Syn. fil. pag. 119; Wild. 
Sp. pl. s, pag. 425; Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 16; idem, PL Bras. pag. 55. 

In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 


3. LINDSÆA MICROPHYLLA. 
L. microphylla. Swartz, Syn. fil. pag. 120-3193; Wild. Sp. pl. 5, pag. 426; 
R, Brown, Prodr. pag. 156. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


VITTARIA, SMITH, SWARTZ. 
Sori lineares continui, maroinales vel dorsales ; indusium duplex continuum. 
Les vittaria, que nous avons placés dans les schizolomées, s’en rap- 
prochent en effet beaucoup par la nature de leurs fructifications ; mais 


ils en diffèrent par une foule de caractères essentiels : ainsi ils ont des 
feuilles fasciculées, de forme plus ou moins linéaire, de 4 pouces à 


382 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

6 pieds de longueur, sur une à six lignes au plus de diamètre; des 
nervures alternes, droites en apparence, simples et parallèles; des écailles 
lancéolées, réfléchissant les couleurs de l'iris; phénomène qui est dû à 


la décomposition de fa lumière, par des lames vitreuses, transparentes, 
très-minces, situées entre les mailles réticulées , anguleuses (4-5-6-gones) 
du squelette fibreux de ces écailles. 

La coupe des pétioles dans toutes ces espèces, montre deux faisceaux 
libres, arrondis, de fibres médulliformes. 


1. VITTARIA ENSIFORMIS. 
V. frondibus fasciculatis, erectis, linearibus, acutis ( 6-8-pollic. }, subfal- 
catis; soris marginalibus. 
V. ensiformis! Swartz, Syn. fil. pag. 109; Willd. Sp. pl. s, pag. 406; Schkukr, 
Crypt. tab. 107, fig. b. 


In insulis Moluccis ( Rawak ). 


Les écailles de [a tige sont très-petites, lancéolées, épineuses ou den- 
tées sur Îles bords. 


2. VITTARIA PLANTAGINEA. 
V. frondibus fasciculatis, erectis , lineari-lanceolatis { 5-6-pollic.), subfal- 
catis; soris marginalibus. 
V. plantaginea! Bory, Itin. 2, pag. 325; Wild, Sp. pl. $, pag. 406. 
Vittaria rigida! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 193. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-400 hexap. ). 


Cette espèce, très-voisine de la précédente, offre, à peu de chose 
près, les mêmes dimensions, les mêmes écailles, &c. Elle en diffère 
pourtant par la disposition redressée de ses feuilles généralement droites, 
un peu plus minces et plus farges; par des nervures qui, loin d’être con- 
tinues de la base au sommet, comme cela paroîït exister dans les autres 
espèces, partent toutes de la nervure médiaire et divergent parallèlement. 


F 3. VITTARIA ELONGATA. 
nt V. frondibus fasciculatis, pendulis, linearibus { 1 $-18-pollic. ), acutis. 
V. elongata! Swartz, Syn. fil. pag. 1093 R. Brown, Prodr. pag. 1 5 3; Willd, Sp. 
Pl. 5, pag. 406. 
In insulis Mariannis (Guam) insulisque Mauritianä et Borbonià. 


BOTANIQUE. 383 
Malgré la grande disproportion de longueur qui existe entre notre 
espèce et le vittaria elongata observé à l'Ile-de-France, lequel n’avoit pas 
moins de 3 à 5 pieds, nous croyons devoir les réunir, bien persuadés 
que cette différence doit être attribuée à l'influence atmosphérique des 
lieux qui les produisent. 
Les écailles, dans cette variété, sont longues de 4 à 6 lignes. 


PTERIDEÆ. 
PTERIS, ZINN., SMITH, SWARTZ. 


Ce genre, qui offre de nombreuses espèces, est, comme tous les 
autres, susceptible d'être divisé en sous-genres très- naturels, dont les 
caractères principaux seroient tirés de la disposition des tiges portant des 
feuilles éparses ou fasciculées, de celle des nervures, de la coupe des 
pétioles, et sur-tout de l'organisation des écailles, qui, jusqu'à présent 
encore, paroissent fournir les indices les plus constans. 

Déjà, pag. 275, nous avons fait pressentir l'utilité de ces divisions, 
et nous les établirions dès à présent, si nous ne nous étions imposé 
l'obligation de ne généraliser ici que pour les fougères de nos herbiers. 

Nous nous bornerons donc à dire que le preris pedata et toutes les 
espèces du même groupe (PEDATOPTERIDEÆ!) ont des feuilles éparses, 
à nervures réticulées, à pétioles noirs, cassans, offrant dans leur coupe 
la figure assez régulière d’un fer à cheval, d’un U ou d’un V; des écailles 
fibreuses , épaisses et brunes au centre, celluleuses, membraneuses, 
rousses et diaphanes sur les bords : les pteris indica, microdonta , guiche- 
notiana, &c. ( CALOPHYLLOPTERIDEÆ ! }, à feuilles fasciculées , pinnées ; à 
nervures parallèles , simples, fourchues ou dichotomes vers le sommet ; 
à écailles celluleuses et membraneuses dans toutes leurs parties, flaves- 
centes ; à vaisseaux médulliformes en fer à cheval sinueux : les péeris 
brasiliensis, furcata , tristicula, spinulosa, &c. (qu'on devroit peut-être 
placer à la suite des ptérides de la 1. section), à feuilles fasciculées , 
à nervures réticulées, toutes à écailles brun-foncé, uniformes dans toutes 
leurs parties; à vaisseaux médulliformes semblables à ceux de [a section 
précédente : les pteris scabra, palustris et alata , à feuilles fasciculées; à 


384 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


nervures alternes, bifurquées ou dichotomes au sommet : es péeris tri- 
partita, vespertilio (VESPERTILIOPTERIDEÆ?}, à feuilles. ......; à ner- 
vures réticulées ; à vaisseaux médulliformes, contournés en fer à cheval 
ondulé ; à écailles lancéolées, celluleuses, uniformes, rugueuses : enfin, 
les pteris esculenta , decomposita ( AQUILINOPTERIDEÆ!), à feuilles éparses ; 
à nervures simples ou seulement bifurquées; à écailles capillacées, 
articulées , et à coupe des pétioles analogue à celle du preris aquilina (à), 
que nous avons pris pour type de ce dernier groupe. Maïs, nous le ré- 
pétons, des caractères de cette nature ne peuvent ètre convenablement 
établis avec le petit nombre d'espèces que nous avons recueillies nous- 
mêmes, mais bien avec toutes celles du genre. 

Nous ne craignons pas de prédire qu'une fois admis, ce mode de 
classification sera d’une grande utilité pour la détermination, toujours 


si douteuse, de ces plantes. 


1. PTERIS SAGITTIFOLIA. 
ie sagittifolia, Raddi, Syn. fi. Bras. pag. 14; idem, PI. Bras, RM APE DT 
In Brasiliâ (Rio-Janeiïro }, 


2. PTERIS HASTATA. 
P. hastata. Raddi, PI. Bras. pag. 43, tab. 63, f. 2. 


In Brasilià (Rio-Janeiro ). 


3. PTERIS VARIANS. 
P. varians. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 14; idem, PL. Bras. pag. 44, tab. 64, f, 2, 
P. pedata. var. «. Gaudichaud, mss.; Raddi, PI, Bras. tab. 65, f. 1! 
In Brasilià (Rio-Janeiro). 


4. PTERIS PEDATA. 
P. pedata. Wild. Sp. pl. 5, pag. 358; R, Brown, Prodr. pag. 15 5 ; Langsd. et 
Fisch. Icon. fil. pag. 17, tab. 20. 
P. pedata. var. 8. Gaudichaud, mss. 
P. pedata. Xaulfuss, Enum. fil, pag. 185. 
In insulis Sandwicensibus. 


Cette nouvelle variété, dont on formera probablement une espèce, 


si es p. varians, pedatoidea, &c., sont adoptés, ressemble parfaitement 


(1) Voyez la note de la page 251. 


BOTANIQUE. 385 
à la plus longue des feuilles du p. geraniifolia figuré par M. le docteur 
Raddi, Plant. Bras. &c., pl. 67; mais il en diffère par sa texture plus 
ferme. 


$: PTERIS GERANIIFOLIA. : 
P. geranïifolia. Raddi, Syn. fl. Bras. pag. 14; idem, PI. Bras. pag. 46, tab. 67. 
P. pedata. var, >. Gaudichaud, mss. 


In Brasilià { Rio-Janeiro }. 


Les deux plus petites feuilles de la planche 67 de M. le docteur 
Raddi, représentent exactement les échantillons de mes herbiers. 


6. PTERIS LIGULATA. 
P. frondibu; fasciculatis, tripartito pedatis ( pedal, vel. sesquiped. }; foliolis 
» (IP 
profundè pinnatifidis, apice elongato-acuminatis, basi auriculatis; faciniis 
linearibus, irregularibus, pleramque abortivis, undulatis aut serratis crenu- 
d 8 P q , 
latisve; stipite tereti, atro-rubro, unisulcato, nitido. 
> SUP ; ; ; 


In insulis Moluccis { Vaigiou ). 


Malgré la disposition fasciculée de ses feuilles, cette jolie fougère 
nous paroïît devoir entrer dans la section du preris pedata. Elle croît 
dans Îles marais maritimes de Îa partie de Vaigiou qui avoisine 
le plus l’île Rawak, et notamment sur les bords fangeux de [a rivière 
de Kabaréi. 

Les pétioles, qui sont noirs, luisans, longs d’un pied à 18 pouces, 
se divisent au sommet en trois parties libres, profondément pinnatifides 
ou mêmes pinnées, auriculées à la base, longuement acuminées au 
sommet; à lobes inégaux, par suite d’avortemens remarquables, Ii- 
néaires, entiers , sinués, dentés ou lobés : les premières divisions, qui, 
dans les deux folioles inférieures, forment les oreillettes, sont simples 
ou fourchues, ligulées, très-longues , entières, sinueuses, dentées ou 
lobées : il en est de même des auricules du lobe central ou supérieur; 
souvent même ces.dernières se détachent entièrement, se garnissent de 
lobes, dont les deux inférieurs s'alongent en oreillettes, et figurent 
ainsi des pinnules intermédiaires, pinnatifides comme les autres, ce qui 
donne à cette fougère l'aspect de feuilles bipinnatifides, à pinnules 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 49 


386 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


distinctes, ordinairement opposées, les inférieures’et la terminale pé- 
tiolées ; celles du centre souvent adnées ou décurrentes à la base; toutes 
auriculées, Les sores sont blanchâtres, très-irréguliers ; ils ne garnissent 
qu'une partie de la longueur des 1obes développés et le sommet de 
ceux qui restent à l’état rudimentaire ; d’où il résulte que cette plante a 
souvent l'aspect d’un adiantum (1). Les écailles, en apparence capillaires, 
sont pourtant foliacées, rousses, très-ténues, diaphanes, sans nervure 
centrale, ce qui sembleroit éloigner cette espèce de la section des PEDATEÆ, 
dont elle offre toutefois la majeure partie des caractères. 


Vient 


7. PTERIS INDICA. 

P. frondibus ovato-lanceolatis, pinnatis; pinnis suboppositis , lineari-lan- 
ceolatis, acuminatis, serratis, basi superiore subtruncatis, inferiore rotundato- 
auriculatis, stipite rhachibusque trisulcatis, glabris, rubro-bruneis. 

P. indica! Zamarck, Encycl. 5, pag. 712; Swartz, Syn fil. pag. 102; Wild, 
Sp. pl 5, pag. 365. 
P. indica « Gaudichaud, mss. 
In insulis Moluccis { Pisang ). 


Cette fougère, les deux suivantes, qui n’en sont peut-être que des 
modifications, et plusieurs autres espèces de différentes localités, forment 
une section très-naturelle dans le genre. Célle-ci, qui n’est probable- 
ment elle-même qu'une variété du véritable pteris indica, se fait remar- 
quer par des feuilles ovales-lancéolées, qui n'ont pas moins de 6 à 7 
pieds, ce qu'on doit sans doute attribuer à l’heureuse influence du climat 
de cette localité sur toutes les productions végétales, Elle a des pinnules 
sessiles, linéaires-lancéolées, acuminées, subcordiformes à [a base; à 
nervures parallèles, simples ou dichotomes, très-ténues et rapprochées ; 
longues de 10 pouces à un pied sur 8 à 10 lignes de diamètre dans 
leur plus grande largeur ; à bords entiers dans le tiers inférieur, dentés 
dans les deux tiers supérieurs; à dents résupinées, mucronées , formées 
par la réunion de deux à cinq nervures convergentes ; des pinnules 


(1) Les adiantum ont les tégumens dans Îles sinus des folioles; les preris laciniés ont les 
leurs au sommet des lobes. 


BOTANIQUE. 387 
supérieures fertiles, à bords entiers, de plus en plus réduites dans leurs 
proportions jusqu'au sommet, où enfin elles n'ont plus que 4 et même 
3 pouces, sur 3 à 4 lignes de diamètre : des pétioles et des rhachis 
glabres, rouge-brun-foncé ; des vaisseaux médulliformes formant une 
ligne irrégulièrement contournée en fer à cheval, à pointes rentrées, 
libres. 


8. PTERIS MICRODONTA. 

P. frondibus pinnatis; pinnis glabris, sessilibus, suboppositis, lineari-lan- 
ceolatis, acuminatis, basi superiore subtruncatis, inferiore rotundato auricu- 
latis, dentato-subciliatis ; fertilibus integris; inferioribus sensim minoribus; 
stipite rhachique bisulcatis, glabris, flavescentibus. 


In insulis Moluccis (Timor ). 


Le pteris microdonta n'est peut-être qu'une variété du pteris indica, in- 
termédiaire entre ce dernier et le preris guichenotiana, dont il paroït 
former la transition naturelle. 

H diffère du pteris indica, 1.° par la dimension très-réduite de toutes 
ses parties; 2.° par la couleur flavescente de ses pétioles et de ses rhachis, 
qui n’ont aussi que deux sillons ou trois côtes; 3.° par les nervures 
moins fines, moins régulièrement parallèles et moins rapprochées, bi- 
furquées, se terminant toutes au centre de dentelures résupinées, très- 
ténues, dont les deux bords de ces folioles sont garnis dans toute leur 
longueur. Les vaisseaux médulliformes représentent assez bien la figure 
d’un fer à cheval, à base tronquée et à pointes rentrantes, presque réunies. 


à 


9. PTERIS GUICHENOTIANA. 

P. frondibus (sesqui vel bipedalibus) fasciculatis, pinnatis; pinnis ( 1-6- 
pollicarib.) subpetiolatis, linearibus, basi auriculato-cordatis, obtusè serratis ; 
terminali petiolatâ , elongatä; stipite rhachique subquadrangularibus, flaves- 
centibus, unisulcatis, basi squamuloso-villosis. 


In insulis Moluccis (Timor), prope torrentes. 


Cette espèce a aussi été recueillie dans le voyage aux Terres 
australes, par M. Guichenot, l'un des jardiniers-botanistes de cette 
expédition ; nous nous faisons un devoir de la lui consacrer. 


49 


* 


388 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Le pteris guichenotiana ne paroît différer en apparence du pteris micro- 
donta que par les dimensions généralement plus réduites de toutes ses 
parties. Mais un examen de détail ne tarde pas à démontrer une foule 
de différences fournies par les pinnules inférieures légèrement pétiolées 
et tout-à-fait cordiformes à la base; par les pinnules moyennes et su- 
périeures également cordiformes, mais dont le Iobe du bord supérieur 
avorte de plus en plus de bas en haut; par les nervures bifurquées 
encore plus éloignées les uns des autres, terminées dans les folioles 
stériles par des dents obtuses ; enfin par les pétioles aussi flavescens , 
mais à-peu-près quadrangulaires , ordinairement marqués d’un seul sillon 
et garnis d'écaïlles diaphanes , dont le nombre et les dimensions di- 
minuent progressivement de [a base au sommet. Les vaisseaux médul- 
liformes sont réunis en une seule ligne contournée en fer à cheval, 


à bords rentrés, réunis. 


FE... 
10. PTERIS EXCELSA. 

P. frondibus bipinnatifidis bipinnatisvé ( 5-6-pedal. }; foliolis Janceolatis 
(12-15-pollicarib.), profundè pinnatifidis vel pinnatis; laciniis (vel pinnis 
coadunatis ) lineari-lanceolatis, approximatis , subfalcatis, apice acutis, serratis 
( pollic.-sesquipollic. }; rhachi stipiteque glabris. 

Louroué | houwkoué OÙ touvoué } incolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( 450-500 hexap. ). 


Les Sandwichiens recherchent avec une sorte d’avidité les sommités 
tendres et cassantes de cette fougère, qu’ils mangent crues. Ils fui donnent 
le nom de cœuvoué (kowoué), qu'ils prononcent également touvoué. 


Elle a des feuilles bipinnatifides ou bipinnées, longues de 5 à 6 pieds; 
à folioles de 12 à 1$ pouces, pétiolées à [a base, sessiles au sommet ; 
3 # I b É 7 + 1 A lé lé A fal / e 
à pinnules ou lobes linéaires-lancéolés, légèrement falqués, pointus et 
dentés au sommet dans les pinnules stériles comme dans celles qui sont 
fertiles : à nervures dichotomes. Les vaisseaux médulliformes sont. réunis 
en une seule ligne contournée en fer à cheval tronqué,.à pointes re- 


courbées en dedans. 


BOTANIQUE. 389 


S'Atasvss 


Presque toutes les espèces de ce groupe ont une analogie désespé- 
rate pour l'observateur, qui est tenté de les réunir les unes avec les 
autres. En effet, les seuls caractères distinctifs qu’il puisse y apercevoir, 
se réduisent au nombre des divisions et aux divers degrés de dévelop- 
pement de leurs feuilles. D'ailleurs tout en elles est égal; nervures 
réticulées; écailles noires, épaisses, uniformes dans toutes Îles parties ; 
coupe transversale des pétioles à vaisseaux figurant un fer à cheval, 
tronqué à la base et à pointes non sensiblement rentrées, &c. 


11, PTERIS TRISTICULA. 
P. tristicula. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 15; édem, PI. Bras. pag. 46, tab. 60. 


In Brasiliâ ( Rio-Janeiro ). 


Nous réunirons, sous cette dénomination, des variétés très-remarquables 
qui se rapprochent beaucoup du pteris pedata B, Raddi, Plant, Bras. 
pag. 45, tab. 66 bis; du pteris tristicula, Raddï, loc. cit. ; du pteris spi- 
nulosa, Raddi, PI Bras. pag. 47, tab. 70, qui conduit naturellement, 
par une suite de variétés, au preris spinulosa adultior, Raddi, ibid. 
tab. 70 bis; auxquelles on pourra peut-être ajouter le pteris brasiliensis, 
Raddi , ibid, tab. 68, du moins pour Îles variétés que nous croyons 


avoir, 


12. PTERIS BRASILIENSIS. 
P. frondibus ( 4-6-pedal. } subbipinnatis, basi tripinnatifidis; pinnis {6- 
pollic. vel pedal. ) lanceolatis, acuminatis, profundè pinnatifidis, inferioribus 
bipinnatifidis; pinnulis {faciniis) lineari-lanceolatis ( 1-3-pollic. }, apice acu- 
minatis, spinuloso-serratis ; infimis subpetiolatis, ovato-lanceolatis, acuminatis, 
basi pinnatifidis; Jaciniis lanceolato-falcatis, acutis, mucronatis, serratis. 
P. brasiliensis! Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 1 5; idem, PI. Bras. pag. 47, tab. 68. 
Pteris reticulata! Desvaux, Mag. nat. Berol. pag. 324 (1811). 
In Brasiliâ (Rio-Janeiro ). 


Cette belle fougère, haute de 4 à 6 pieds.et plus, est tripinnatifide 
à la base, bipinnatifide dans les autres parties; à pinnules longues de 
6 pouces à 1 pied (variant à l'infini sous ce rapport comme sous tous 


390 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


les autres), pinnatifides; à sinus larges, arrondis; à lobes {inéaires- 
lancéolés , longs de 1 à 3 pouces, acuminés et dentés au sommet; à 
pointe mucronée. Les premières divisions des pinnules inférieures sont 
pétiolées , ovales-lancéolées , pinnatifides ; à lobes lancéolés , falqués ; à 
pointes acuminées, dentées et mucronées comme les autres. 

De jeunes feuilles stériles, recueillies sur le même pied, sont simple- 
ment pinnatifides ou pinnées, à lobes ou pinnules ovales - fancéolés, 
denticulés, les inférieurs auriculés. 


13. PTERIS DECURRENS. 
P. decurrens. Raddi, PI. Bras. pag. 48, tab. 69 bis. 
Ÿ  P. biaurita! L., Plum., Petiv. &c. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro }. 


Cette fougère, haute de 3 à s pieds, est bipinnatifide et tripinnatifide 
à la base; les pinnules, longues de 8-10 pouces et plus, sont ovales- 
lancéolées, profondément pinnatifides et acuminées; à lobes linéaires- 
lancéolés, pointus (cette pointe varie beaucoup de forme, elle est quel- 


quefois obtuse ou ronde), denticulés au sommet; à sinus arrondis. Elle 


est remarquable encore par des auricules longues de 3-4 pouces, qui 
partent de la base des pinnules inférieures et ont la même forme, les 
mêmes divisions ; par des poils rares, assez longs , articulés, disséminés 
à la surface supérieure, et seulement sur les rhachis et les nervures de 
la surface inférieure. 


Si Nidés s 


14. PTERIS SCABRA. 

P. frondibus pinnatis; pinnis oppositis, lanceolatis, acuminatis, profundè 
pinnatifidis, lucidis ; laciniis lineari-lanceolatis, obtusis, integerrimis ; pinnâ 
infimà bipartitä; stipite brevi, basi squamoso, aspero. 

Pteris scabra! Bory; Willd. Sp. pl. 5, pag. 386. 

In insulis Moluccis, Mariannis, &c. 


Dans cette variété (vid. Herb. mus. }, le pétiole est quadrangulaire, 
presque arrondi ; les feuilles bipinnées avec impaire ; les pinnules au 
nombre de $-6 paires opposées, libres et pétiolées à la base, attachées 
ou décurrentes au sommet, terminées par une pointe de 15 à 18 lignes, 


is. 


BOTANIQUE. 301 


entière ou légèrement ondulée sur les bords, mais nullement dentée. 

Ses deux pinnules inférieures, qui sont les plus longues, se font re- 
marquer aussi par une oreillette ou pinnule secondaire alongée, pinna- 
tifide et acuminée, en tout semblable aux autres, ce qui rend cette 
plante tripinnatifide en ce point. 

La variété des îles Mariannes ne difière de celle-ci que parce que les 
pinnules sont sessiles, plus fermes et plus luisantes, moins longuement 
acuminées, ainsi que par deux oreillettes foliacées qui partent de la base 
des deux pinnules inférieures. 


Du reste, ce sont les mêmes caractères et à peu de chose près les 


mêmes proportions. 


15. PTERIS PALUSTRIS. 

P. frondibus pinnatis, pinnis petiolatis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, 
profundè pinnatifidis ( inferioribus pinnatis, pinnis subpetiolatis, pinnati- 
fidis } ; laciniis lanceolato-falcatis, acutis, apice spinuloso-serratis, mucronatis ; 
stipite rhachique rugosis, lucidis. 

P. palustris! Willd. Sp. pl 5, pag. 379: ZLamarck, Encycl. $, pag. 722; 
Swartz, Syn. fil. pag. 99. 


In Brasiliâ { Rio-Janeiro ). 


Cette fougère , que nous rapportons avec doute au pteris palustris, est 
bipinnatifide au sommet et tripinnatifide à la base : ses pinnules sont 
libres ou pétiolées, très-profondément pinnatifides ; à pointe acuminée 
et dentée; à lobes lancéolés, également dentés et terminés par une 
pointe mucronée presque épineuse. Les pétioles, les rhachis et les prin. 
cipales nervures sont rugueux, et malgré cela très-luisans. 


16. PTERIS ALATA. PI. 19. 

P. frondibus ( 3-4-pedal. | tripinnatifidis tetrapinnatifidisve ; pinnis op- 
positis ; pinnulis lineari-lanceolatis , irregulariter lobato-pinnatifidis, acumi- 
natis; laciniis oblongo-lanceolatis , subobtusis, integris, plerumque abortivis ; 
inferioribus dentato-subcrenulatis ; rhachi latè alatä ; stipite triangulari , atro- 
rubro, basi paleaceo. 

Pteris irregularis! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 189. 
In insulis Sandwicensibus ( Wahou, alt. 150-250 hexap.). 


à 392 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Ce pteris, haut de 3 à 4 pieds, croît en abondance sur le sommet | 
d'un promontoire qui se trouve à l'Est du mouillage de la baie de 
Waïtiti sur l'ile Wahou. 

D'une tige épaisse, écailleuse, partent des feuilles éparses, à pétioles 
triangulaires, rouge-brun, glabres comme tout le reste de Ia plante, 
luisans, de 18 pouces à 2 pieds de longueur, écailleux à Ia base, lé- 
gèrement ailés au sommet;"à limbe ovale-lancéolé, bipinnatifide au 4 
sommet, tripinnatifide au centre, et quadripinnatifide à la base; à "" 
folioles primordiales opposées, longues de 8 à 15 pouces; à pinnules | 
secondaires, linéaires-lancéolées , acuminées, irrégulièrement pinnatifides | 
ou bipinnatifides dans les folioles inférieures; à lobes très-variables dans | 
{eur dimension ; à rhachis ailés ; à ailes larges, entières, continues d’une | 
paire de folioles à l’autre; et à nervures fourchues. 


17, PTERIS TRIPARTITA. 

P. frondibus tripartitis (6-8-pedal. ) ; ramis pinnatis, lateralibus dichotomo- 
bipartitis ; pinnis Jineari-lanceolatis ( $-15-pollic. } , profundè pinnatifidis, 
acuminatis ; lacintis lineari-lanceolatis, subfalcatis, obtusis, obsoletè serratis. 

Pteris tripartita! Swartz, Syn. fil. pag. 293; Willd. Sp. pl. s, pag. 400. 
Pteris semiovata! Poiret, Encycl. $, pag. 723. 
In insulis Moluccis ( Pisang ). 


Cette plante se trouve aussi à Java, d’où elle a été apportée par 
M. Perrottet, naturaliste, attaché au Jardin du Roi. 


18. PTERIS VESPERTILIONIS. 
P. vespertilionis. Labill, Nov.-Holl. 2, pag. 96, tab. 245; R. Brown, Prodr. 
pag. 154. 


In Novæ-Hollandiæ orà orientali { Port-Jackson }. 


Il y a, je crois, de très-grands rapports entre cette plante et le preris | 
pallida, Raddi. Plant, Bras. pag. 49, tab. 71. Ses nervures sont dicho- AB. 
tomes-réticulées, et ses vaisseaux médulliformes, réunis en une ligne 1. 
quelquefois interrompue , formant un fer à cheval à contours sinueux. 


19. PTERIS ESCULENTA. 
P. esculenta. Zabill, Nov.-Holl. pag. 95, tab. 244; R. Brown. Prodr. pag. 154; 


‘ BOTANIQUE. 393 
Wild. Sp. pl. pag. 401; Swartz, Syn. fl. pag. 101; Schkuhr, Crypt. pag. 89, 
tab. 97. _# 

In Novæ-Hollandiæ orû orientali ( Port-Jackson) etin Brasiliâ (Rio-Janeiro). 


L'autre variété du Brésil (p. arachnoïdea ! Kaulfuss. Enum. fil. pag. 190) 
acquiert de plus grandes dimensions, ce qui s’explique facilement par 
les influences locales. Ces plantes et la suivante appartiennent à la sec- 

_tion du preris aquilina. 


20. PTERIS DECOMPOSITA. | 
P. fronde subtripartitä; ramis bipinnatis; pinnis lineari-lanceolatis, pinna- 


| ,_ tifidis; superioribus indivisis vel basi pinnatifidis auritisve, subtüs villosis ; 
laciniis oblongis, obtusis, margine revolutis; stipite glabro , basi squamuloso ; 
| squamis articulato-ramosis. 
ao-oue ( awoué ) maæuow INCOÏarum. 


In insulis Sandwicensibus { alt. 500-600 hexap. ). 


CERATOPTERIDEZÆ. 
CERATOPTERIS, 4Dp. BRONGN. 
Acrostichi spec. Linn.; Rumph. 
Pteridis spec. Swartz; Willd. 
Teleozoma. R. Brown, m App. ad Itin. Franklin. 1823. 
Ellobocarpus. Xaulfuss, Enum. fil. pag. 147- 
Furcaria, Desvaux, Enum. Fil, pag. 292. 


1. CERATOPTERIS GAUDICHAUDII. PI. 20, 
C. gaudichaudii. Ad, Brongn. Bull. soc. Philom. nov. 1821. 
Ellobocarpus cornutus ! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 148. 
Pteris cornuta! Pal, de Bauv. FI. d'Oware et de Benin, pag. 63, pl. 38; Wild. 
Sp. pl. s, pag. 404. 
Otnoug soussoumræum Incolarum. 
In insulis Mariannis ( Guam }. 


Ce genre, entrevu et signalé depuis long-temps par M. R. Brown, 
Prodr. Flor. Nov.-Holl. pag. 154,a été publié en 1819, sous le nom 
d’ellobocarpus, par M. Kaulfuss ; en 1821, sous le nom de ceratopteris, 
| par M. Adolphe Brongniart; en 1823, sous le nom de feleozoma, 
| par M. R. Brown; et enfin en 1827, sous fe nom de furcaria, par 


M, Desvaux. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. s so 


394 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Comme il ne nous appartient pas de juger des droits de priorité de 
ces savans, nous nous bornons à indiquer la plante qui nous occupe 
sous le nom qu’elle a reçu en 1821, époque à laquelle elle a été gravée 
pour l'atlas du Voyage de l'Uranie, et publiée par M. Ad. Brongniart, 
dans les Bulletins de la Société philomatique. 

Nous laissons également à décider la question d'identité spécifique. 

Cette fougère, que nous croyons annuelle ainsi que ses congénères, 
porte à Guam Île nom de oumouy (Boumoug ) soussounian (souxouniaun ) ; elle 
croit abondamment dans les terrains marécageux où Îa rivière d’A- 
gana prend sa source. Un champ formé de terre végétale noire, 
compacte, récemment labouré, étoit alors (mai 1819) presque 
entièrement couvert de jeunes individus encore privés de fructification; 
état dans lequel on recherche cette plante pour la manger en salade. 

Ses feuilles sont fasciculées, d’un vert-pré tendre, d’une texture her- 
bacée très-délicate, bipinnatifides ; à lobes linéaires, dans l’aisselle des- 
quels on remarque de petits corps bulbiformes glanduleux, jaune-pâle ; 
à pétioles aplatis, chargés de quelques écailles foliacées, membraneuses, 
concaves, celluleuses, diaphanes. 

Dans cette plante, les nervures ou vaisseaux médulliformes sont ca- 
Pillaires, au nombre de 3-4; dans les pétioles, divisés à leur sommet 
et dans les folioles en dichotomies successives, réticulées ou croisées, 
dont les rameaux donnent naissance à des lanières ou à des bourgeons ; 
le tissu cellulaire est à mailles très-larges. 


BLECHNUM, LiNn., SMITH, SWARTZ. 


+. 1. BLECHNUM LANCEOLATUM. 

B. frondibus fasciculatis, simplicibus, lanceolato-acuminatis, integris; sti- 
pite filiformi. 
B. lanceolatum. Raddi, Syn. fi. pag. 16; idem, Plant, Bras. pag. 52, tab. 60, 
fig. 3. ; 
In Brasiliä (Rio-Janeiro ). 

Ce blechnum a des nervures bifurquées ou dichotomes ; des bords on- 
dulés et garnis de dentelures microscopiques. Il n'offre que deux fais- 
ceaux de fibres médulliformes disposés en x. Les écailles sont lancéolées, 


#& 


BOTANIQUE. 395 
entières ou légèrement frangées, rousses, uniformes dans toutes leurs 
parties. 

2. BLECHNUM POLYPODIOÏDES. 


B. polypodioïdes. Raddi, Syn. fil. pag. 16; idem, PI. Bras. pag. ÿ 3, tab. 60, És. 
In Brasiliâ { Rio-Janeiro ). 


Dans cette espèce, les nervures des lobes sont aussi bifurquées ou 
dichotomes, et les coupes pétiolaires à deux faisceaux médulliformes. 
Les écailles des tiges et des pétioles se font remarquer par des nuances 
irrégulières , c'est-à-dire, ayant des cellules vides, rousses, diaphanes, 


tandis que d’autres sont pleines, très-noires. 


3. BLECHNUM ELONGATUM. 
B. frondibus fasciculatis (4-5-pedal.), profundè pinnatifidis (vel pinnatis, 
pinnis adunatis), glabris; Jaciniis (8-10-pollic. } lineari-lanceolatis, acumi- 
natis, argutè serratis; sinubus subrotundatis ; rhachi glabrà , suprâ subbisulcatä. 
In insulis Mariannis (Guam). N 


Dans ce blechnum les nervures sont bifurquées dès Ia base, simples 
dans le reste de leur longueur, et les vaisseaux médulliformes au nombre 
de cinq. . 


4. BLECHNUM OCCIDENTALE. 
B. occidentale. Swartz, Syn. fil. pag. 1135 Willd. Sp. pl. 5 , pag. 412; Schkuhr, 
Crypt. tab. 108 b. 
B. glandulosum! Kaulfuss, Enum. fil. pag. 160. 
Hemionitis pinnata. Plum. Am. pag.-20, tab. 29, f. b; idem, Filic. pag. 48, 
tab. 62, f. b; Sloane , Jam. H. I, pag. 87, tab. 44, firèc 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 


Feuilles fasciculées ; nervures bifurquées; écailles lancéolées, entières 
ou légèrement frangées, uniformes, rousses, diaphanes, laissant sur Îles 
pétioles, après leur chute, des aspérités obliques, brunes. 


5. BLEC:, NUM CALOPHYLLUM. 
B. calophyllum. Langs. et Fisch, Icon. fil. tab. 235 Willd. Sp. pl. $ ,p. 415. 
B. stagninum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 1 5 ; idem, Plant. Bras. pag. 54, tab. 62. 
B. serrulatum! Schkuhr, Crypt. tab. 108. 
In Brasilià ( Rio-Janeiro ). 
+ 


s° 


396 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cette espèce est remarquable par ses tiges presque fusiformes, 
épaisses, écaïlleuses, munies de quelques racines filiformes ; par des 
feuilles pinnées; à pinnules réunies au rhachis par une sorte d’articu- 
lation ; luisantes, vert foncé en-dessus, vert pâle en-dessous; à nervures 
bifurquées, très-fines, parallèles ; ainsi que par des écailles triangulaires 
qui couvrent les nervures médiaires de la surface inférieure des feuilles 
stériles, où elles figurent les tégumens, par le prolongement de la marge 
inférieure qui, tout en se rétrécissant, se prolonge en oreillette presque 
décurrente. La coupe des pétioles montre cinq faisceaux médulliformes 
irréguliers, entourés de matière noire. 


6. BLECHNUM ORIENTALE. 

B. frondibus pinnatis (4-5-pedal. }; pinnis alternis, lineari-lanceolatis , 
integerrimis (4-5-pollic. ), sessilibus, apice elongato-acuminatis, bast inæ- 
qualiter cordatis; stipite subtüs tereti, suprà sulcato, auriculato, paleaceo; 
paleis ciliatis. 

B. orientale. Wil/d. Sp. pl. 5, pag. 414; Swartz, Syn. fil. pag. 114; Schkuhr, 
Crypt. pag. 101, tab. 109. 
B. longifolium! Cavan. Præl. 1801, n.° 651. 
Gchietebix incolarum. 
In insulis Mariannis { Guam ). 


Cette fougère, très-commune sur les montagnes humides qui do- 
minent le village de Pago, se fait remarquer par sa taille de 4-5 pieds 
et qui dépasse même souvent cette proportion; par les longues écailles 
rubanées, ciliées, dont la tige, les pétioles et les rhachis sont recou- 
verts jusqu’à leur sommet; par des oreïllettes arrondies , sortes de feuilles 
avortées, qui garnissent la partie interne des pétioles, depuis les der- 
nières pinnules inférieures jusqu'à la tige. 


7. BLECHNUM LOMARIOÏDES. 

B. frondibus fasciculatis, pinnatis {pedalibus vel sesquipedalibus }; pinnis 
lineari-lanceolatis (2-3-4-pollic. ), integerrimis, sessilibus, apice elongato- 
acuminatis, subcirrosis , basi subcordatis, latere inferiore adunato-decurren- 
tibus ; soris acrostichi; stipite utrinqué sulcato, supernè auriculato, paleaceo ; 
rhachi sinuosä , paleaceä. 

Confer blechno salicifolio. Kaulfuss. Enum. fil. pag. 160. 


In insulis Mariannis ( Guam ). 


BOTANIQUE. 397 


Ce blechnum appartient à la section de l’espèce précédente, et n’en 
est peut-être qu'une modification. 

D'une petite tige couchée, haute de 4 à 8 pouces, sur 18 lignes à 
3 pouces de diamètre, garnie d’écaïlles fibreuses, lancéolées, terminées 
par une pointe capillaire très-longue, dentée ou ciliée, partent des 
feuilles fasciculées de 12 à 18 pouces de longueur, pinnées; à pinnules 
sessiles ; les supérieures fertiles, linéaires -lancéolées , terminées par une 
pointe filiforme très-déliée, quelquefois contournée en cirrhe, entières 
sur leurs bords; à nervures simples ou bifurquées dans un point variable 
du limbe; à surface extérieure presque entièrement recouverte de fructi- 
fications, ce qui donne à cette plante l'aspect d'un acrostichum , où mieux 
d’un /omaria ; les inférieures stériles, de plus en plus courtes et obtuses, 
finissant enfin par ne plus former que des sortes d’oreillettes réniformes 
qui garnissent le pétiole jusqu'à sa base; rhachis simueux, abondamment 
garni, ainsi que Île pétiole (stipes), d’écaïlles rubanées, caduques. Ce 
blechnum abonde à Guam, sur les montagnes stériles qui dominent 
Agana. Ses vaisseaux médulliformes sont très-nombreux, 


8. BLECHNUM FONTANESIANUM. PI. 15. 
B. frondibus fasciculatis, bipinnatis { 4-6-pedal.) ; pinnis sessilibus {8 10- 
pollic.), apice elongato-acuminatis, serrulatis, basi subauriculatis; pinnulis 
( 1/2-pollic. } linearianceolatis, subfalcatis, obtusiusculis, margine revolutis, 
remotè subdenticulatis , basi adunatis ; caule arboreo; rhachiï stipiteque glabris. 
dhnaouimaow Et amwoanaæo incolarum. 
In insulis Sandwicensibus ( Wahou, Alt. A5o-$00 hexap. }. 


Les tiges de cette fougère en arbre appartiennent à la seconde section 
de la deuxième classe, décrite pag. 238-230. 

Elles forment des sortes de troncs de 3 à 4 pieds de longueur, et 
de $ à 6 pouces de diamètre, ordinairement couchés et contournés sur 
le sol; surmontés d'un grand nombre de feuilles bipinnées, de 4 à 6 
pieds de longueur , composées de folioles sessiles , longues de 8 à ro 
pouces, acuminées , profondément pinnatifides ou pinnées; à pinnules 
alternes , attachées dans toute leur base, linéaires-lancéolées, entières ou 
très-légèrement dentées sur les bords, qui sont un peu roulés, obtuses où 
pointues , légèrement falquées, fructifères ; les sores, formant deux lignes 


398 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


parallèles à la nervure médiaire, ont des tégumens brun-foncé qui n'at- 
teignent jamais le sommet. Les rhachis sont ordinairement sinueux, 
sur-tout vers l'extrémité des feuilles. On remarque aussi en ce point 
que les folioles cessant d’être pinnées, deviennent successivement pin- 
natifides, lobées, dentées, et enfin qu’elles finissent par ne plus repré- 
senter que des pinnules semblables à celles des folioles inférieures. Les 
tégumens, dans ce cas, éprouvent aussi de grandes modifications ; ils 
diminuent peu à peu de longueur, et finissent par disparoître sur les lobes 
pour prendre une autre direction, c’est-à-dire que de perpendiculaires 
qu'ils étoient avec le rhachis des folioles, ils lui deviennent parallèles, 
interrompus. Ce qui démontre parfaitement la grande facilité qu'ont 
ces plantes de modifier leurs formes. 

J'ai consacré cette belle fougère au célèbre professeur Desfontaines, 
comme un témoignage public de mon respect, de ma reconnaissance 
et de mon attachement sans bornes. 


LOMARIA, WILLD.— STEGANIA, R. BROWN. 
1. LOMARIA SPICATA. 

L. spicata. Wild. Sp. pl. $ , pag. 289. 

Onoclea spicata. Swartz, Syn. fil. pag. 110. 

Acrostichum spicatum. Zinn, &c. 

Belvisia spicata. Mirbel, 

Hymenolepis ophioglossioïdes. Kaulfuss, Enum. fil. pag. 146, tab, 1, fig. 0. 

In insulis Mariannis ( Guam }). ' 

Nous pensons que c'est avec raïson que MM. de Mirbel et Kaulfuss 
ont fait un genre nouveau du lomaria spicata, dont nous avions aussi, 
après M. Aubert Dupetit-Thouars, constaté les caractères. 

Cette plante croît abondamment à l'Ile-de-France et à l'ile Bourbon, 
à Timor, à Rawak et aux îles Mariannes. II ne nous reste que les échan- 
tillons de cette dernière localité. Elle à des tiges rampantes, chargées 
d’écailles brunes, rudes, denticulées; des nervures réticulées et la coupe 
de ses pétioles marquée de 3-5 faisceaux médulliformes, inégaux, séparés 
par des lacunes produites par le déchirement des tissus. Les écailles des 
sores sont peltées, en ombrelles, à pédicelles de la longueur des spo- 
ranges. 


BOTANIQUE. 399 


2. LOMARIA CAPENSIS. 
L. capensis. Wi//4. Sp. pl. s , pag. 291. 
Onoclea capensis. Swartz, Syn. fil. pag. 111. 
Osmunda capensis. Afant. pag. 306. 
Ad Caput Bonæ-Spei, cum sequentibus. 


3. LOMARIA DENSA. 
L. densa. Kaulfuss, Enum. fil. pag. 151. 


4 LOMARIA PUMILA. 
L. pumila. Xaulfuss , Enum. fil. pag. 151. 


Dans ces trois dernières espèces, qu'il est souvent difficile de dis- 
tinguer, tant elles sont polymorphes, les nervures sont bifurquées, et la 
coupe des pétioles a 3-4 faisceaux médulliformes, inégaux, dont les 
deux antérieurs sont plus grands, courbés. 


$: LOMARIA POLYPODIOÏDES. 

L. frondibus fertilibus pinnatis ; pinnis sessilibus, oblongis, obtusis, glabris: 
rhachi stipiteque remotè squamatis; industis margine lacinulatis; frondibus 
sterilibus brevius stipitatis, pinnis latioribus. 

L. polypodioïdes. Desv., Gaudichaud, FI. des îles Malouines, in Ann. Sc. nat. 
mai 1825, pag. 98. 
L. antarctica! Carmich. Transact. Linn. 12, pag. $ 12. 
Stegania alpina 8 latiuscula. Bory et Durville, in FI. Mal. Ann. soc. linn. Paris. 
182$, pag. $97- 
L. trichomanoïdes. Desvaux, Prodr. Ann. soc. linn. Paris. juillet 1825 , pag. 286. 
In insulis Maclovianis. 


Cette espèce a des feuilles stériles, longues de 4 à 6 pouces; des 
feuilles fertiles, de 8 à 10, à tégumens frangés, roux; des pinnules 
oblongues, alternes, les inférieures et les supérieures plus petites; des 
nervures bifurquées; des écailles foliacées, membraneuses , oblongues , 
rougeâtres, analogues à celles du /omaria magellanica ; deux vaisseaux 
médulliformes entourés d'une matière noire, compacte, ébénacée. 


6. LOMARIA SETIGERA. 
L. frondibus fertilibus pinnatis; pinnis sessilibus, valdè approximatis, 1i- 
nearibus rhachique leviter lanuginosis ; stipite remotè dentato-tuberculato, 


460 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
basi densissimè squamoso; squamis longissimis, lineari-setiformibus : frondibus 
sterilibus glabriusculis ; pinnis Janceolatis , acutis, basi subimbricatis. 
L. setigera. Gaudichaud, Ann. sc. nat. 1825, pag. 98. 
L. magellanica & angustata. Bory et Durv, in Fi, Mal., Ann. Soc. Linn. 1825, 


pag. 597. 
L. magellanica! Desv. Mag. nat, Ber. 1811, pag. 325. 
In insulis Maclovianis. 


Cette plante, signalée dans Pernetty (Voyage aux îles Malouines, 2, 
pag. 56), qui forme des souches épaisses, de 6 pouces à un pied de 
hauteur, doit entrer dans la section des fougères qui peuvent devenir 
arborescentes : elle diffère du /omaria magellanica, avec lequel on la con- 
fond toujours par de nombreux caractères, et notamment par les écailles 
des pétioles, qui sont linéaires, rudes, redressées, et n’ont pas moins de 
15 à 18 lignes de longueur; tandis qu'elles sont courtes, foliacées , 
membraneuses, analogues à celles du /omaria polypodioïdes, dans le véri- 
table /. magellanica apporté des terres Magellaniques et du Chili, dont les 
échantillons setrouvoient, en 1822, dans l’herbier général; par ses pinnules 
opposées, plus serrées, souvent même imbriquées, gibbeuses à la base, 
les inférieures cordiformes et presque pétiolées ; les supérieures con- 
fluentes, plus étroites, plus épaisses, crispées ; chargées sur toutes leurs 
parties d’écaïlles rousses, rubanées, frangées, en apparence laineuses, 
promptement caduques sur les pinnules stériles et les pétioles. Ces der- 
nières parties sont marquées de sortes d'aspérités épineuses à-peu-près 
opposées, brunes, analogues, quoique plus petites, à celles qu'on re- 
marque sur Îles pétioles de quelques variétés du cycas circinalis. Enfin le 
lomaria setigera a des feuilles fasciculées, nombreuses, de moitié plus 
courtes que celles du /. magellanica; des nervures simples ou bifurquées. 
I{ diffère encore par ses pinnules fertiles, linéaires, très-serrées, con- 
tournées en cirrhe au sommet. Les pétioles comptent huit faisceaux de 
fibres médulliformes, deux intérieurs plus grands, entourés de matière 
noire. 

DOODIEZÆ, 

Toutes les plantes de cette section ont des feuilles fasciculées ; des 

nervures secondaires alternes , bifurquées vers le milieu de leur longueur, 


BOTANIQUE. 4or 


à rameaux anastomosés ou réticulés ; deux faisceaux fibreux, médulli- 
formes, dans la coupe des pétioles; une ou plusieurs rangées de sores 
de chaque côté de la nervure médiaire ou rhachéale des pinnules, selon 
‘état de développement du limbe; des écailles fibreuses lancéolées ; 
alongées, entières ou laciniées, attachées obliquement par une base 
épaissie et spinescente, comme dans les cyathées. 


DOODIA, R. BROWN, 


1. DOODIA ASPERA. 
D. aspera. R. Brown, _Prodr. pag. 1513 Hook. Exot. Bot. 1, pag. 8, tab. 8; 
Spreng. Neue. Entd. ‘1822, PRg- 234 DCR 152: 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson ). 


Cette fougère offre de nombreuses variétés, relativement à la dimen- 
sion de ses pinnules, à Îeur disposition alterne ou opposée, attachée ou 
libre, et même pétiolée dans quelques individus. 


2. DOODIA CAUDATA. 
D. caudata. R, Brown, Prodr. pag. 151; Hook. I. c. 2, pag. 25, tab. 25. 
Woodwardia caudata. Cavan. Præl. 1801, n.° 653. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali ( Port-Jackson ). 


Tous les échantillons de cette espèce sont à pinnules de Ia base 
distantes, pétiolées, trilobées; à Iobe supérieur linéaire-lancéolé, plus 
long, à lobes latéraux arrondis; tous dentés, &c. ; à pinnules du sommet 
très-variables dans leur attache, qui est complète ou partielle; à base 
supérieure subauriculée, tronquée ou cunéiforme , à base inférieure dé- 


currente. 


3. DoopDIA KUNTHIANA. PL. 14. 

D. frondibus fasciculatis, lanceolatis, subacutis, serrulatis, superioribus 
adnatis, inferioribus petiolatis, basi subcordatis; infimis subauriculatis; stipite 
elongato, rugoso, basi squamoso. 

In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 hexap. k 


D'une petite souche caulescente, radicifère , longue de 2 à 4 pouces, 
partent des feuilles fasciculées de 15 à 18 pouces de longueur, à pé- 
tioles quadrangulaires écailleux, ainsi que le rhachis, rugueux après {a 


Voyage de l'Uranie, — Botanique, 5 l 


402 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


chute des écailles ; à pinnules alternes ou opposées, glabres, linéaires- 
lancéolées, dentées en scie, à dents irrégulières, presque mucronées; Îles 
inférieures libres et pétiolées, arrondies ou cordiformes à la base, sub- 
auriculées ; les supérieures attachées par toute leur base ou confluentes 
jusqu'au sommet, qui se termine en pointe acuminée. 

Cette plante abonde aux îles Sandwich. Elle croît dans les forêts 
humides des montagnes d'Owhyhi, qui dominent Kayakakoua. Je fai 
consacrée à mon ami, M. Kunth, en témoignage de reconnoissance et 
d’attachement sincère. 


ADIANTEZÆ. 


Les plantes de ce groupe se distinguent par des feuilles éparses; des 
pétioles et des rhachis ténus, noirs, ordinairement luisans ; des nervures 
bifurquées ou dichotomes; deux faisceaux de fibres médulliformes (Fa. 
radiatum en offre trois, ce qui est probablement dû à Îa division de Fun 
des deux) diversement contournées dans la coupe des pétioles. Les 
écailles des tiges et des pétioles linéaires-lancéolées, celluleuses ; celles 
des rhachis et des pinnules, capillaires, articulées, 


1. ADIANTUM RADIATUM. 
À. radiatum. Linn. Spec. 1556; Swartz, Syn. fi. pag. 121; Wild, Sp. pl. , 
pag. 437. 
À. ramosum radiatum. P/um, Amer. pag. 33, tab. 409. 


In Brasiliä (Rio-Janeiro }. 


La coupe des pétioles montre trois vaisseaux médulliformes un peu 
cintrés en dedans. 


2. ADIANTUM BRASILIENSE. 
A. brasiliense. Raddi, PI. Bras. pag. 57, tab. #6. 
A. pubescens. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 17. 
À. crenatum. Wil//d, Sp. pl. $, pag. 446. 
À. quadriternatum. Desv, Mag. nat. Ber, 1811, pag. 327; Plum, Fil tab. 53; 
idem, Amer. tab. 48, &c. 
Confer adianto pedato. 


In Brasiliâ { Rio-Janeiro }, 


| 


BOTANIQUE. 403 
La coupe des pétioles offre deux faisceaux médulliformes alongés, 
cintrés. ou à à pointes rentrantes. 


3. ADIANTUM PULVERULENTUM. 
À. pulverulentum. Linn. Sp. pl. 1559; Wälld. Sp. pl. s, pag. 446; Siwartz, Syn. 
fil. pag. 124: Schk. Crypt. pag. 110, tab. 119. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro }. 


Les pétioles sont noirs, triangulaires , luisans, chargés, dans leur jeu- 
nesse, de poils articulés, caducs, qui augmentent de bas en haut et 
recouvrent entièrement le rhachis ; un seul tégument, fong de 2 à 4 
lignes, sur le bord supérieur. 


À. ADIANTUM VILLOSUM. 
À, villosum! Linn, Sp. pl 1558; Willd. Sp. pl. s, pag. 444; Swartz, Syn. fil. 
124; Schkr. Crypt. pag. 111, tab. 120. 
In Brasiliâ ( Rio-Janero ). 

Cette espèce ne diffère de [a précédente, dont elle a le port, les 
pétioles et sur-tout les rhachis velus, que par quelques poils capillaires, 
articulés sur sa face externe, et par ses sores nombreux, réniformes, 
garnissant tout le bord supérieur et le sommet des pinnules. Ses tiges 
sont rampantes. 


5: ADIANTUM PROXIMUM. 

A. frondibus bipinnatis; pinnis novem vel decem, alternis; pinnulis 
oblongis, dimidiatis, basi truncatis, subths villosis; sterilibus margine supe- 
riore et anticè dentato-subserratis, serraturis denticulatis ; fructiferis integris, 
ovato-oblongis, obtusis, margine superiore et anticè fructificantibus; soris 
distinctis, oblongis, subreniformibus; stipite subglabro; rhachibus villosis ; 
caudice repente. 

ÂAdianto villoso proximum, 

In Brasiliä ( Rio-Janeiro ). 

Le nom que nous donnons à cette espèce nous a été suggéré par les 
nombreux points de ressemblance qu'elle a avec les a. villosum , serrato- 
dentatum, &c., dont elle forme une sorte de chaïnon intermédiaire; elle 
diffère sur-tout de Îa première de ces plantes, par les pinnules des 
feuilles stériles, qui sont plus petites, oblongues, obtuses, dentées ou 

sa 


404 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


légèrement incisées, à dentelures finement denticulées; de fa seconde , 
par Les pinnules ovales-oblongues, obtuses, à bords entiers, garnies , dans 
les deux tiers supérieurs, de tégumens libres, nombreux, subréniformes. 

Les pétioles sont irrégulièrement quadrangulaires, velus dans leur 
jeunesse, puis glabres et luisans. 


6. ADIANTUM FOVEARUM. 
À. fovearum. Raddi, Syn. fil. Bras. pag. 17; idem, PI. Bras. pag. 58, tab. 77. 
Confer a. denticulato, vario, pentadactylon, &c. 
In Brasiliâ (Rio-Janeiïro ). 

L'adiantum fovearum doit appartenir au groupe des a. denticulatum , va- 
rium , pentadactylon , &c., si même tous ces noms ne s'appliquent pas aux 
simples variétés d’une seule espèce, ce que les nombreuses modifica- 
tions fournies par les échantillons que nous avons recueillis dans une 
même localité, peuvent facilement faire supposer. En effet, cette plante 
se montre extrêmement polymorphe sous le rapport de ses divisions 
et de a forme qu’elle affecte. 

D'une tige rampante, écailleuse, partent des feuilles éparses, longues 
de 6 à 18 ou 20 pouces, pinnées ou bipinnées, à pinnules pétiolées ; 
oblongues-fancéolées , subfalquées , à base supérieure tronquée, à base 
inférieure émarginée, cunéiforme, marquée d’une fausse nervure médiaire 
qui se divise bientôt et se termine au sommet par des dichotomies suc- 
cessives. 

Cette fougère a des pétioles et des rhachis légèrement velus dans 
leur jeunesse, rougeâtres, glabres et luisans après, ainsi que les tégu- 
mens, qui sont oblongs, presque continus. 


7. ADIANTUM CUNEATUM. 
A. cuneatum. Zangsd, et Fisch. Icon. fil. tab, 26; Wil!d, Sp. pl. $, pag. 450; 
Hook et Grevil, Icon. fil. tab. 30; Raddi, PI, Bras. pag. 59, tab. 78, £. 2, a, b. 
In Brasiliä { Rio-Janeiro). 


8. ADIANTUM CAPILLUS VENERIS. 
A. capillus veneris. Linn, Sp. pl. 1558; Siwartz, Syn. fil. pag. 124; Wilid, Sp. 
pl. 5, pag. 440. 


Harore Incolarum. 


In insulis Sandwicensibus. 


BOTANIQUE. . 4os 
Cet adiantum ne difière en aucun point de Fadiantum capillus veneris 
d'Europe ; il croît en abondance le Iong de tous les torrens. 


9. ADIANTUM ASSIMILE. KE 
À. assimile, Swartz, Syn. fil. pag. 125, tab. 3, f. 4; R. Brown, Prodr. pag. 155. 
A. trigonum. ZLabill, Nov.-Holl. 2, pag. 99, tab. 248, f. 2. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali. 


NOTHOLÆNEZÆ. 


Les vaisseaux médulliformes, dans la coupe des pétioles des fougères 
de ce groupe, sont réunis en une seule ligne contournée en V, en U ou 
en fer à cheval, ce qui sembleroïit marquer leur place à côté des pteris, 


CHEILANTHES , SWARTZ, R. BROWN. 


1. CHEILANTHES PTEROÏDES. 
Ch. pteroïdes. Swartz, Syn. fl. pag. 128; Willd. Sp. pl. $, pag. 455. 
Adiantum pteroïdes. Linn. Mant. pag. 130; Tunb. Prodr. 173. 
Pteris orbiculata. Houttuyn. Linn. PA. syst, 13, pag. 120, tab. 96, f, 3. 
Ad Caput Bonx-Sper. 


2. CHEILANTHES MULTIFIDA. 
Ch. multifida. Swartz, Syn. fil. pag. 129 et.334; Wild. Sp. pl. $, pag. 450. 
Confer adianto multifido, globato, &c. Poiret, Encycl. Supp. 1, pag. 143 


et 144. 
Ad Caput Bonæ-Speï. 


3. CHEILANTHES TENUIFOLIA. | 
Ch. tenuifolia. Swartz, Syn. fil. pag. 129 et 332; Willd. Sp. pl. $, pag. 460; 
Schk. Crypt. tab. 125; R. Brown, Prodr, pag. 155. 
Pteris nigra. Retz, Obs. 6, pag. 38, &c. 
In Novæ-Hollandiæ or orientali ({ Port-Jackson ). 
NOTHOLZÆNA, R, BROWN. 
1. NOTHOLÆNA DISTANS. 
N. distans. R. Brown, Prodr. pag. 146. 
In Novæ-Hollandiæ orû orientali { Port-Jackson }. 
Cette fougère, très-commune au Port-Jackson et aux Montagnes- 
Bleues, a ses feuilles fasciculées, recouvertes , dans toutes leurs parties, 
d’écailles rubanées, plus ou moins capillaires, rousses et blanchâtres. 


406 VOYAGE AUTOUR DU MONDE, 


VIII MARSILEACEZÆ, 


MARSILEA, Z,., SCHREz. 
1, MARSILEA QUADRIFOLIA. 
M. foliolis quaternis, cuneiformibus , apice eroso-denticulatis, ciliatis, 
subtüs petiolisque villosis. 
M. quadrifolia. Linn., Wild, Sp. pl. $, pag. 538, &c. 
In insulis Sandwicensibus (Wahou). 

Cette plante, trouvée sans fructifications, est peut-être le m. villosa de 
Kaulfuss, Enum. fil. pag. 272, de Ia même localité, ou le marsilea hirsuta 
de R. Brown, Prodr. pag. 167. Elle est très-commune dans la grande 
ravine d'Onorourou, île Wahou, où elle borde tous les champs couverts 
de to ( caladium esculentum ). 

Selon le degré d'humidité des lieux qui la produisent, la longueur de 
ses pétioles varie de 2 à 6 pouces : ses folioles, au nombre de quatre, 
sont cunéiformes, à bord supérieur rongé ou irrégulièrement denticulé; 
glabres en-dessus, velues en-dessous ainsi que sur Îles pétioles. : 


SALVINIA, L., SCHR£, 
1, SALVINIA ROTUNDIFOLIA. 
S. rotundifolia. Wi/ld, Sp. pl. s, pag. 537: Raddi, Syn, fil. Bras. PAS: 19 ; idem, 
PI. Bras. pag, 1, tab. 1, f. 5. 
Raddi communicavit. 
In Brasiliä ( Rio-Janeiro ), 
AZOLLA, LAMARCK. 
1. AZOLLA PINNATA. 
À. pinnata. R. Brown, Prodr. pag. 107. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali | Port-Jackson ). 
Cette espèce est fort commune dans toutes les mares situées entre 
Prospect-Hill et le deuxième Dépôt militaire. 


2. AZOLLA MAGELLANICA. 
A. magellanica, Wi//d, Sp. pl. 5, pag. 5 41; Humb,et Bonpl. Nov. Gen. 1, pag. 36; 
Kunth, Syn. 1, pag. 100; Raddi, Syn. fil. pag. 19. 
Salvinia azolla. Raddi, PI, Bras. pag. 2, tab. 1, f. 3. 
Azolla filiculoïdes. Zamarck, Encycl. 1, pag: 340 ; idem, Ulust. tab, 863, &c. 
In insulis Maclovianis! et in Montevideo. 


BOTANIQUE. 407 
Nous pensions avoir rencontré cette plante aux îles Malouines: ce- 
pendant, comme nous ne lavons pas trouvée au retour , et que M. d'Ur- 
ville, qui a visité les mêmes lieux, ne l'y a point observée, il nous reste 
beaucoup de doutes à ce sujet : mais nous nous rappelons fort bien 
qu'elle existe-à Montévidéo, où elle forme, avec un Aydrodictyon , des 
masses très-épaisses, bombées, tourbeuses, qui envahissent toutes les 
mares, et même les crevasses humides des rochers. 


GRAMINEÆ, JUSSIEU. 
AGROSTIS, L. 


1. AGROSTIS (VILFA) CÆSPITOSA: 

A. culmo erecto, simplici, striato, glabro; foliis planis, sca- 
bris ; paniculä spicæformi, erectà, basi interruptâ; glumis sub- 
æqualibus , dorso rhachique ciliato -scabris paleas dupld supe- 
rantibus; aristà glumas æquante. 

In insulis Maclovianis. 


ARISTIDA, L. 


I. ARISTIDA ARENARIA, 

À. culmis cæspitosis, ramosis ; foliis convoluto-setaceis, sca- 
briusculis, curvatis; paniculâ subramosä, aristis sesqui-bipollica- 
ribus, subæqualibus. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


STIPA, L. 


1. STIPA CRINITA: 


S. culmis cæspitosis foliisque erectis, convolutis vaginisque 
scabriusculis ; paniculâ ramosä, coarctatä, erectà ; glumis acumi- 
nato-subulatis, dorso scabriusculis, paleas sericeo - pubescentes 
duplè superantibus; aristâ longissimä, hispidulä. 

In Novæ-Hollandiæ or4 occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


408 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
DANTHONIA, Paz. BEauy. 


1, DANTHONIA CÆSPITOSA, 

D. culmis foliisque erectis, setaceis, glabris ; collo barbato : 
paniculâ spicæformi, subcoarctatä ; spiculis sexfloris , glumä Iævi 
brevioribus; pale (perianthii valvulâ) exteriore basi medioque 
barbatä ; fasciculis villorum seriei superioris distinctis; aristis la- 
teralibus paleä (valvulâ) brevioribus. 

In Novæ-Hollondiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


POA,<kE 


1, POA (ERAGROSTIS) VARIABILIS. 

P. culmis erectis, simplicibus ; vaginis foliisque glabris , con 
volutis, rigidis, collo barbatis; paniculâ ramosissimä ; ramis fas- 
ciculatis; spiculis 3-1 4-#oris, oblongis vel linearibus ; paleâ 
exteriore acuto-mucronatà glumisque dorso denticulato-hispidulis, 
rariüs glabris. 

Varietas &, culmo procerrimo; paniculâ diffusà. 
Lots incolarum. 

Varietas B, culmo humiliore ; paniculä coarctä. 
Varietas y, culmo humiliore; paniculâ subdiffusä, 
Lmotow, arme , Caconaro incolarum. 


In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hexap.). 


2. POA MONTICOLA, 

P. culmis erectis, simplicibus; vaginis foliisque glabris, con- 
volutis, apice rigidis, collo barbatis ; paniculâ longissimä, ramis 
erectis, filiformibus ; spiculis 5-1 o-foris, lineari-oblongis , glabris. 

Hafsmarco où Hafamals incolarum. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 hex. ). 


3. PoA (ERAGROSTIS) FALCATA. Phirss 
P. culmis fasciculato-cæspitosis, simplicibus ( 5-6-pollicaribus ) ; 
vaginis foliisque scabriusculis, subulatis, involutis, striatis; ligulà 


abbreviatä, laciniato-ciliatâ; paniculä simplici, difusä; spiculis 


BOTANIQUE. 40) 
linearibus, teretiusculis, subfalcatis, 10-16-floris ; paleâ ( valvulä 
perianthii) exteriore obtusâ, glabrä. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


FESTUCA, Z. 
1. FESTUCA FLABELLATA. 

F. paniculâ densä, strictâ, subspicatä, basi interruptâ; spiculis 
compressis, pedicellatis, subsexfloris, aristatis, subglabris ; culmo 
compresso ; foliis radicalibus flabellatim distichis. 

F. flabellata. Lam. Encycl. 2, pag. 462. 

F. flabellata. Gaudichaud , FI. des îles Mal. Ann. sc. nat. mai 1825, 

pag. 100. 
Dactylis cæspitosa! Forst. 
Glaïeul. Pernetty, x, pag. 343. 
In insulis Maclovianis. 
ARUNDO, Z. 
1: ARUNDO ALOPECURUS. 

A. paniculä suberectâ, spicæformi, densä ; glumis spiculà 
subquinqueflorä longioribus, dorso ciliato-scabris ; paleä inferiore 
lanä vestitä. 

A. alopecurus. Gaudichaud, FI. des îles Mal. Ann. sc. nat. mai 1825, 
pag. 100. 
An potius poæ species? 
In insulis Maclovianis. 


PAPPOPHORUM, Scarss., R. B. 
x. PAPPOPHORUM CÆRULESCENS, 
P. foliis, vaginis culmisque pubescentibus ; geniculis barbatis ; 
spicä ovato-oblongä ; glumis tenuissimè pubescentibus ; aristis o, 
plumosis, basi villosis. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins. } 


DIGITARIA, Rex. 
1. DIGITARIA STRICTA. 
D. glabra; cufmis cæspitosis, strictis, indivisis; foliis planis; 


Voyage de l'Uranie, — Botanique, ‘ s 2 


410 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
spicis 12-16, fasciculatis, confertis, sirictis; spiculis solitariis, 
biseriatis, hispidulo-scabris. 
Ououma Incolarum. 
In insulis Mariannis ( Rota). 


2. DIGITARIA CONSANGUINEA! 

D. culmis cæspitosis, substrictis, indivisis; foliis planis, 
scabris, subtus vaginisque villosis, margine scaberrimis; spicis 
6-10, fasciculatis, subconfertis; spiculis quadriseriatis, glabris, 
interioribus sessilibus. 

D. villosa? Person. Syn. pl. 1, pag. 85: 
Xoukë incolarum. 
In insulis Sandwicensibus, 


3. DIGITARIA PROPINQUA: 

D. culmis substrictis, indivisis ; foliis pollicaribus, lineari- 
lanceolatis , margine vaginisque scabrosis; spicis 2-3, divaricatis ; 
spiculis linearibus, quadriseriatis, glabris, interioribus sessilibus. 

In insulâ Timor. 


PANICUM, Z. 


1. PANICUM PARADOXUM. PI. 24. 

P. spicâ simplici, racemosä, erectâ; pedicellis juxta apicem 
intüs aristà florem acuminatum glabrum superante; culmo fo- 
liüsque glabris. R. Brown. 

P. paradoxum, R, Brown, Prodr. pag. 103. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali { Port-Jackson, Nepean river). 


2. PANICUM MINUTULUM. 

P. paniculä ramosä, subeffusä; spiculis ovatis, obtusis, pube- 
rulis ; flosculo neutro glabriusculo; hermaphrodito pubescente ; 
foliis (pollicaribus) lanceolatis, planis, multinerviis, pilosiusculis, 
collo vaginæ barbato; culmo repente; ramis adscendentibus. 


Las-aga incolarum. 
In insulis Mariannis. 


BOTANIQUE: 411 
3. PANICUM MONTANUM, PI. 26 (1), 
P. culmis cæspitosis foliisque sericeo-pubescentibus, planis; 
paniculâ subspicatä, ramosä. 
Panicum (neurachne) montanum. Gaudichaud, Gen. pag. 94 et 
tab. 26. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. 400 hex. }. 


4. PANICUM TorRIDUM. 
N. culmis elongatis foliisque sericeo-pubescentibus, flavescen- 
tibus; paniculä ramosä, subeffusä. 
Panicum (neurachne) torridum. Gaudichaud, Gen. pag. 93: 
Xakoua-koux incolarum. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. 250-300 hex. ). 


$- PANICUM NEPHELOPHILUM. 

N. culmis cæspitosis; foliis glabris; vaginis villosis; paniculâ 
ramosä, effusâ ; ramis verticillatis ramulisque capillaceïs ; spiculis 
ovalibus, acutiusculis, glabris. 

Panico myuro affine. 

Xafamafo Et Monchoux Incolarum. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 hex. ): 


HOLCUS, R. 8. 


1. Horcus cÆruLEsCENSs. PI, 27. 

H. foliis scabris; vaginis nodisque barbatis; paniculâ eflusà ; 
ramis verticillatis, multipartitis; ramulis divisis, capillaribus, 
trifloris; glumis acutis, pubescentibus, basi barbato-involucratis; 
flosculo hermaphrodito ongè aristato. 

Proximus holco gryllo. 


Habitat in Novæ-Hollandiæ orä orientali (Port-Jackson ). 


(1) Nous avions pensé primitivement que cette plante et les deux suivantes pouvoient 
appartenir au genre neurachne, Un nouvel examen des caractères, en nous tirant de cette 
erreur, nous les a fait replacer dans le genre panicum, dont pourtant elles formeront une 
section naturelle ou un sous-genre, 


| $2" 


412 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ANDROPOGON, Z. 


1. ANDROPOGON CHLORIDIFORMIS. 

À. culmo simplici; foliis vaginis nodisque tomentoso-hirsutis ; 
spicis digitato-quaternis ; rhachi piloso-ciliatä; spiculis sessilibus, 
solitariis , unilateralibus; glumis villosis; aristâ glumis duplè 
longiore. 

Gchiaou-aga Incolaram- 


Habitat in insulis Mariannis. 


MONERMA, Paz. BEauv., R. BroWN. 
1. MONERMA SIMPLEX- 
M. culmo erecto, basi ramoso nodisque glabris; foliis margine 
scabriusculis ; spicis solitariis, filiformibus, erectis. 


In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 


CYPERACEZÆ, JUSSIEU. 
CAREX, L. 


1. CAREX FUIRENOÏDES. 

C. androgyna; triandra; trigina; paniculis spicæformibus » CY- 
lindraceis, axillaribus et terminalibus, pedunculatis, erectis ; 
spiculis oblongo-cylindraceis , infernè femineïs, supernè masculis , 
squamis multinerviis, mucronato-subaristatis, glabris ; utriculo 
striato; culmo triangulari, glabro; foliis Jongissimis, margine 
scabris. 

An genus novum ? 

In insulis Mariannis ( Guam ). 


UNCINIA, Pers. 


1. UNCINIA MACLOVIANA. 
U. spicâ filiformi, densä, multiflorä; squamä infimä ongè 


: BOTANIQUE. 413 
aristatä : fructibus oblon gis, plano-convexis , ViHoso-ciliatis ; culmo 
triquetro, filiformi, striato, lævi; foliis strictis, planis. 

In insulis Maclovianis. 


FIMBRISTYLIS, Vanz., R.B. 


1. FIMBRISTYLIS MARIANNA. 

F. glabra ; culmis cæspitosis erectis, trigonis, apice subtri- 
stachys ; foliis rigidissimis, linearibus, canaliculatis ; spiculis ovato- 
elipticis, intermedià sessili, lateralibus longè pedunculatis ; 
squamis suborbiculatis, acutis, multinerviis, glabris; stylo eom- 
planato margine fimbriato, apice bifido ; achenio. ... 

Var. «&, aff. scirpo cymoso, Lamarck, et sphæroïdi. 
Var. B, f. humilis ; spiculis crebrioribus minoribus. 
Ccfatchia-tehiac, tcha-tohiae-thiae incolarum. 


In insulis Mariannis. e 
2. FIMBRISTYLIS (ISOLEPIS) LITTORALIS: 
F. radice fibrosâ; culmis cæspitosis erectis, quadrangulari-an- 
cipitibus (?),striato-sulcatis, glabris ; foliis angustèlinearibus planis, 
sulcato-striatis, glabris, margine scabriusculis; corymbis termi- 


nalibus ramosis ; spiculis ellipticis ; squamis ovatis, acutis, biner- 
viis glabris; stylo complanato, imberbi, 3-fido; achenio obovato, 
trigono , scabriusculo. (Isolepis littoralis. ) 

In insulis Mariannis, Moluccis, inque insulà Timor. 


3. FIMBRISTYLIS (DICHOSTYLIS } TORRESIANA. 

F. culmis cæspitosis erectis terétibus? striatis, glabris, infernè 
vaginatis ; corymbis terminalibus compositis ; spiculis ellipticis ; 
squamis ovatis binerviis, apice membranaceo-diaphanis ; styl 

complanato, filiformi, bifido, imberbi, achenio...,(Dichostylist é 
torresiana. ) 
dbtcfiougao pafaouen incolarum, 


O 


In insulis Mariannis. 


414 VOYAGE AUTOUR DU MONDE: 


Je consacre cette jolie cypéracée à D. Luis de Torrès, comme un nouveau 
iémoïgnage de souvenir, de reconnoissance et de respect, Ce fimbristylis, qu'il 
m'a désigné sous le nom mariannais de atchiougao ou cutcBiougæ pafaoueu ( femelle ), 
croit abondamment dans tous les endroits marécageux. 

L'eleocharis plantaginea | scirpus plantagineus }, qui abonde dans les mêmes 
lieux et spécialement sur le bord des rivières, porte le nom de oubeBiouga Pabé 
( mâle}. 


ISOLEPIS, À. B, 
1. ÎSOLEPIS MAGELLANICA. 

[. culmis setaceis, cæspitosis, infrà ramosis, basi vaginatis mo“ 
nophyllisve; spiculis solitariis, ovatis, culmi apicemsubæquantibus; 
squamis acutis subcarinatis ; achenio obovato, lenticulari-subtri- 
quetro , apiculato , nitido, 

Scirp. setac. prox. 

In insulis Maclovianis, 


ELEOCHARIS, R.B. 
. ÉLEOCHARIS OBTUSA. * 


Det 


E, radice fibrosä ; culmis cæspitosis, erectis teretibus, inferné 
arctè vaginatis, glabris, striatis; vaginis obliquè truncatis, mucro- 
nulatis; spiculis ovato-oblongis; squamis oblongis apice rotundatis, 
1-nerviis, glabris; stylo 3-fido; achenio obovato, lenticulari-com- 
pressiusculo, Iævi, glabro, albido, basi conicâ styli coronato. 

Diff. à scirpo obtuso, Wild. (ex Americä Bor.) nonnisi fructu 
albido, nec ferrugineo. 

In insulis Sandwicensibus. 


Cette plante, ainsi que le scirpus obtusus d'Amérique, présente une anomalie 
fort singulière. D’après Schkuhr et plusieurs autres savans botanistes , if est dé- 
montré que toutes les fois qu’une cypéracée a trois stigmates, le fruit est en 
trois angles (1), et qu'il est lenticulaire lorsqu'il n’y en a que deux. 

C'est cette particularité remarquable, unie au port tout-à- fait pareil de ces 
plantes, qui nous à forcés de les réunir sous la même dénomination, malgré 
la différence de couleur observée dans les fruits, fa localité, &c. 


(1) Voyez explication des figures 3 et $ de la planche 20, 


BOTANIQUE. ds 


HYPÆLYPTUM, Van; RicxAr». 


x. HYPÆLYPTUM MACROCEPHALUM. 
H. spiculis arctè fasciculato-congestis ; fasciculis capitatis brac- 
teà elongatä suffultis. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


MARISCUS, Vaxz: 


1. MARISCUS KUNTHIANUS. 
M. culmo erecto, infernè foliato, triangulart, glabro; foliis 
rigidis, dorso margineque scabris, culmum æquantibus ; spicis 
| fasciculato-paniculatis; involucro sub-6-phyllo, paniculam duplè 
| superante ; spiculis subtrifloris; squamis oblongis, mucronatis, 
glabris, fuscescentibus. 
In insulis Sandwicensibus (450-500 hexap.). 


2. MARISCUS ALBESCENS. 

M. culmo foliato, trigono, glabro; foliis planis, rigidis, mar- 

gime serrulato-scabris, culmum duplô superantibus; paniculà 

umbellato-fasciculatä ; involucro sub-$-phyllo; foliolis longissimis ; L 

spiculis 3-4-floris; squamis ovatis, acutatis, glabris, cinereo- 

albidis. e 
‘Affinis cypero pennato. Lamarck. 
In insulis Moluccis (Rawak). ù 


RHINCHOSPORA, Vaux. 


1, RHINCHOSPORA LAVARUM. 
R. glabra; culmis cæspitosis, erectis, trigonis ; foliis setaceo- 
linearibus , rigidis, subcanaliculatis ; corymbis terminalibus et 
axillaribus oligostachyis ; spiculis subtrifloris ; squamis obovato- 
oblongis , obtusis, uninerviis glabris, mucronato-subaristatis ; ÿ 
achenio subelliptico, lenticulari-compresso , [ævi, glabro, fusco, 
rostrato. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 400-500 hexap. ). 


és 


416 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
dé | MORELOT IA. 
SPICULA apice uniflora; squamæ complures undique imbricatæ, ovatæ, 
concavæ, apice aristatæ. STAMINA 3, exserta, persistentia, Ovarium 


elipticum , sessile. SrxLus filiformis exsertus. STIGMATA 3 plumosa. Fruc- 
tus ellipticus osseus {ævis, nitens, sulcis tribus longitudinalibus exaratus. 


Culmi cæspitosi erecti foliati téretes, folia angustissima linearia. 
Paniculæ terminales confertæ. Fructus deciduus, filamentis in apice con- 
voluto squamæ retentis aliquandiù suspensus, 


1. MORELOTIA GAHNIÆFORMIS, pl. 28, | 
Ouki OÙ out incolarum. | 


In insulis Sandwicensibus ( Aît, 450-$00 hexap. ). 


Nous avons consacré ce genre à la mémoire de Simon Æforelor, qui à 
beaucoup écrit sur Ja pharmacie, la matière médicale et la chimie. 


BAUMEA. 


SricuLÆ unifloræ ; squamæ quatuor subdisticho-imbricatæ ; ovatæ, 


concavæ, duæ exteriores majores. 


STaAMINA 3, hypogyna longè exserta. OvARIUM ellipticum sessile, gla- 
* brum. STYLUS 1, terminalis basi conico-incrassatä, hirsutâ persistente. 
STIGMATA tria elongata, pubescentia. Setæ nullæ, Fructus ellipticus tri- 
D gonus osseus, basi conicâ hirsutä styli coronatä. 
Cuimi erecti, simplices ancipites, foliati, folia linearia basi equi- 
- tantia. Paniculæ terminales, spiculis aut solitariis aut capitatis. 
« 


Nous consacrons ce genre à fa mémoire d’Antôine Baumé , auteur des Hlé- 
mens de pharmacie, d'un Traité de chimie et de plusieurs Mémoires importans 
sur les éthers, les argiles, &c. 


y. BAUMEA GLOMERATA. PI. 29. 
B. spiculis capitato-congestis; capitulis subglobosis paniculatim 
dispositis; achenio aurantiaco , Iævi. 


In insulis Moluccis (Rawak ). 


BOTANIQUE: 417 
2. BAUMEA MARISCOÏDES. | ps 7 :! 
B. paniculà ramosissimä ; spiculis subsolitariis ; sessilibus vel 
pedicellatis ; achenio atro-rubro, Levi, >, 5 
In insulis Martannis. | 


VINCENT IA: 


Spiculæ subsexfloræ. Squamæ undique imbricatæ, carinato -concavæ , 
unifloræ ; inferiores minores summaque vacuæ. Stamina 3. Antheræ li- 
neares, quadrisulcatæ, basi affixæ et cum flamento articulatæ, bioeulares, 
secundüm {ongitudinem dehiscentes. Squamæ hypogynæ nullæ. Ovarium 
stipitatum triangulare, angulis membranaceïs in stipitem decurrentibus. 
Ovulum teretum, sessile. Stylus +, infernè dilatatus, triangularis, cum 
ovario continuus , supernè trifidus; fructus immaturus. 

Culmi erecti; folia disticha equitantia, ensiformia, coriaceo-rigida, 
Paniculæ terminales et axillares, ramosæ, bracteatæ, 


J. VINCENTIA ANGUSTIFOLIA: 
V. foliis angustatis linearibus culmo parüm brevioribus. 
Machærina restioïdes (?) Gaudichaud, Gener. pag. 104. 
Ouk: incolarum. 
In insulis Sandwicensibus. ( AÏt. 350-400 hexap.). 


J'ai consacré ce genre à M. Bory de Saint-Vincent, qui depuis fong-temps 
en a fait connoître la première espèce. 


OREOBOLUS, À. Brown. 


3. OREOBOLUS OBTUSANGULUS. 
O. foliis lineari -subulatis, subciliatis ; culmo trigono, sex- 
sulcato. 
O. obtusangulus. Gaudichaud, Flor. des iles Malouines, Ann. des sc, 
nat. mai 1825, pag. 98, pl. 2,f. 1. 


In insulis Maclovianis. 


Cette espèce diffère de celle de fa Nouvelle-Hollande (0. pumilo, R. Brown) 
par ses feuilles un peu plus longues, très-pointues, à 3 nervures, légèrement 


3 


Foyage de l'Uranie. — Botanique, S 3 


il 

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! 


— 


D 


418 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ciliées sur les bords, et par ses chaumes presque cylindriques, à six cotés ob- 
tus et non pas à trois angles tranchans. _ 


Les fleurs se composent d’un involucre formé de 4 écailles imbriquées sur 
deux rangs et caduques; d’un périanthe de 6 folioles ancéolées, dont 3 plus 
externes ; de trois étamines à filets très-longs. 


L'ovaire est globuleux, obovale, marqué supérieurement de trois taches 
oblongues, nectariformes, grisâtres, disposées en étoile, et inférieurement de 
— impressions remarquables. L'intérieur de la graine est jaune, formé 


d'un périsperme très-volumineux et d’un embryon libre ou extérieur, situé à 
la base, 


RESTIACEÆ, R Brown. 


Nous n'avons rencontré des restiacées que sur Îles pointes australes du 


globe; au Cap de Bonne-Espérance, à la Nouvelle - Hollande et aux îles 
Malouines. 


GAIMARDIA. 


Cazrx glumæ duæ, membranaceæ, acuminatæ, inferior major, su- 
periorem involvens. STAMINA duo, glumis et inter se opposita, exserta, 
libera. Antheræ ellipticæ, peltatæ, biloculares; Ioculi marginales, an- 
gusti, secundüum longitudinem dehiscentes. Ovarium unicum (interdum 
ovaria duo, altero effæto}), stipitatum, biloculare ; ovulum r, in quolibet 
loculo, suspensum, stigma sessile, bipartitum ; laciniis elongatis, subu- 
latis, exsertis. Frucrus longè stipitatus, ad basim glumis filamentisque 
persistentibus cinctus, ellipticus, compressus, apice emarginato-bilobus, 
hinc et indè suléo longitudinali notatus, levis, glaber, bilocularis, Io- 
culicido-bivalvis, dissepimento secundm longitudinem fisso. SEMINA 
solitaria, suspensa, loculum replens, cylindraceo-oblonga, apice rotun- 
data hiloque oblongo notata, basi acuminata, ævia. Integumentum sim- 
plex, tenue, membranaceum, Perispermium semini conforme, carnosum. 


IOHOM CEDTANIQUE. ? 419 
Embryo exterius, conicus ad éxtremitatem inferiorem, hilo oppositam, 
situs. ri 
Herbula muscoïdea, cæspitosa, glabra; caules erecti, subfastigiati, 
supernè ramosi, densè foliosi; ramis sparsis, apice unifloris; floribus 
subsessilibus ; foliis arctè imbricatis, subulato-triquetris , infernè valdè 
dilatatis et vaginantibus; ligulâ integrä. 


1: GAIMARDIA AUSTRALIS. PI. 30. 
G: australis. Ann. des sc, nat., mai 1825, pag. 100. 
In insulis Maclovianis. 


A mon ami, M. Paul Gaimard, médecin-zoologiste de l'expédition. 


DEVAUXIA, R. Brown. 


1. DEVAUXIA LONGIFOLIA. 

D. receptaculo epaleato ; stylis 4 distinctis; spathis mucronato- 
aristatis, hispidis ; flosculis apice subexsertis ; scapis foliisque sub- 
glabris. 

In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson ). 

Cette espèce, voisine du 4, billardieri ( centrolepis fascicularis, Labill. Nov.- 
Holl. 1, pag. 7, tab. 1 ), croit dans les plaines de Bathurst. 

Elle a des hampes de 4 à 6 pouces; des feuilles de 2 à 3, glabres, ou sur 
lesquelles on ne remarque, de loin à loin, que quelques poils très-rares, caducs ; 
des spathes très-velues, aristées, à arètes glabres, inégales; lintérieure de Ja 
longueur de Ia spathe; l’extérieure une ou deux fois plus Iongue. 


JUNCEÆ, DECAND,. 
Juncorum genera. Jussieu, 
JUNCUS, Micx., Apans., DECAND., de, 


1. JUNCUS SCHEUCHZERIOÏDES. 
J. culmo brevissimo , foliis filiformibus breviore; spicis-sub- 


53 


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420 VOYAGE AUTOUR DU MONDE: 
binis, bibracteatis, 3-5-floris; perigonii foliolis æqualibus, ovato- 
lanceolatis, mucronatis, capsulam subglobosam æquantibus. | 
J. 'scheuchzerioïdes. Gaudichaud, Ann. sc. nat. mai 1825, pag. 100; | 
Laharpe, Mem. Soc. hist. nat. IIT, pag. 124. | 


In insulis Maclovianis. 


XEROTES, R. Brown. LoMANDrA, LABrzz. 


1. XEROTES MUCRONATA.: 


X. caule subramoso, foliis ramo brevioribus, spicâ masculä | 
longioribus distichis strictis parümve flexis ; apice tabescenti mu- 
cronato; marginibus minutè denticulatis scabriusculis ; basi dila- | 
tatâ integrä. | 

X. mucronata? R. Brown, Prodr. pag. 260: 
X. peronii. Gaudichaud, olim. Capsulis tuberculosis. 
In Novæ-Hollandiæ orä occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


MELANTHACEÆ, R. BROWN. 
ASTELIA, À. Brown. 


: ASTELIA PUMILA. 

Melanthium pumilum. Forst. in Comm. Goet. 9, pag: 30, f. 6; Willd. 
Sp. pl. 3, pag. 270; Persoon, Syn. pl. 1, pag. 397. 

Funkia pumila. Wälld. Soc. bot. &c. 


In insulis Maclovianis. 


2. ASTELIA VERATROÏDES. PI. 31: 
A. foliis radicalibus strictis, latè finearibus , supernè angusta- 
tis, utrinque lanuginoso - sericeis , caulem scapiformem adscen- | 
dentem tristachyum superantibus; spicis alternis, oblongo-cylin- 
draceis, densifloris; calycibus sex-partitis ; fructibus trilocularibus. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. {50-500 hex.). 


Cette plante a des tiges épaisses , couchées sur fe sol, Jongues de 15 à 18 
pouces, redressées au somimiet. 


BOTANIQUE. 421 


IRIDEÆ, JUSSIEU. 
SISYRINCHIUM, L 


1. SISYRINCHIUM FILIFORME, 

S. caule tereti striato, multifloro (4-8); foliis radicalibus 
filiformibus, caulem subæquantibus; capsulà glabrâ, loculis 3-6 
spermis. 

In insulis Maclovianis. 


ORCHIDEZÆ, JussIEv. 
BLETIA, Rurz et PAV. 


r. BLETIA ANGUSTATA. PI. 32: 

B. foliis linearibus, striato-quinquenerviis, membranaceis , 
planis, scapum subæquantibus ; scapo elongato, simplici, erecto, 
multifloro ; foliolis calycis oblongis , acutiusculis, subæquantibus ; 
labello ecalcarato, panduriformi, medio intùs barbato. 

In insulis Moluccis (Rawak), ad terram. 


Les masses polliniques se détachent promptement et se fixent sur les folioles 
du calice, où nous avons cru, primitivement, qu’elles pouvoient se développer. 


2. BLETIA LATIFOLIA: 

B. foliis ineari-lanceolatis, striato-multinerviis ( 9-15), mem- 
branaceïs, planis, scapum subæquantibus ; scapo elongato, sim- 
plici erecto, multifloro. 

In insulis Moluccis {Rawak ), ad terram 


NERVILIA, CoMMERSON ! 


Cazvcs foliola quinque subæqualia, lanceolata, patula ; sextum 
(labellum } vix brevius, latum, trilobum, concavum, ecalcaratum, 


liberum. 


422 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

CoLuMELLA breviuscula , aptera. ANTHERA terminalis, bilocularis, 
mobilis, decidua ; loculis approximatis. Pollen farinaceum? 

HERBA terrestris, radice suberosa (bulbosä aut subfibrosa}. Folia 
cordato-reniformia aut ovata, membranacea, nervosa. CAULIS scapi- 
formis vaginatus, apice multiflorus. Flores PERRET, racemosi, uni- 
bracteati, pallidè-rosei. 


. NERVILIA ARAGOANA. PI. 35: 
N. bulbosa; foliis cordato-reniformibus, mérobranacets: foribus 
præcocibus. 
Maisse-Bulu incolarum. (Les Espagnols des Mariannes prononcent 
maissa-Boufow, ) 


In insulis. Mariannis ( Guam ), ad terram. 


J'ai consacré cette espèce à M. Jacques Arago, dessinateur de l'expédition, 
qui nous en a conservé un excellent dessin. 


. NERvILIA? OVATA. 

N. fibrosa ; caulibus shtau articulatis, foliatis , erectis 
bracteisque pubescentibus; foliis ovato-oblongis, acutis, membra- 
naceis; floribus coætaneis. 

In insulis Mariannis ( Rota ), in rupibus. 


Les tiges radicifères de cette espèce sont articulées, fibreuses, mais contour- 
nées en spire et figurant assez bien le bulbe déroulé de l'espèce précédente ; 
ce qui sembleroïit démontrer que, dans ces plantes, la forme des racines est re- 
lative aux milieux dans lesquels elles se développent. 


CADET IA. 


Cazxcis foliola inæqualia, exteriorum superius ovato -oblongum , 


galeato-concavum, inferiora subrotundo-obovata, infernè labello adnata, 
supernè patentia; ex interioribus duo lineari-subulata, arcuata, libera ; 
tertium {labellum } concavum, basi calcaratum, trilobum , 1obis latera- 
Hibus minutis; calcar emarginatum, CoLuMELLA libera, aptera, internè 
canaliculata, utrinque appendice subuliformi aucta, apice ad utrumque 
latus infra antheram producta ibique bidentata, 


BOTANIQUE. 423 

ANTHERA terminalis, operculata, unilocularis , decidua. MassÆ poi- 
Inis duæ cereæ. 

HERBA parasitica. CAULES fasciculati, simplices, vaginati,‘apice mo- 
nophylli et pluriflori. FoLIuM carnosum enervium, planum, cum vagina 
articulatum. FLORES 6-10, pedicellati, fasciculati, albi. CarsuLA obo- 
vata echinato-tuberculosa. 

Dendrobio ob habitum affinis, sat distincta structurâ foris. 


1. CADETIA UMBELLATA. PE. 33. 
In insulis Moluccis (Rawak), ad arborum truncos. 


J'ai consacré ce genre à Ia mémoire de Cadet de Gassicourt, auteur d'un 
Dictionnaire de chimie, du Formulaire magistral, &c. 


DENDROBIUM, Swarrz, 


1. DENDROBIUM LANCEOLATUM. 

D. caule erecto, simplici, folioso : foliis lanceolatis, subacu- 
minatis, distichis, patentissimis, striato- quinquenerviis, planis, 
membranaceis; scapo radicali erecto, paucifloro; foliolis calycis 
oblongis, acutis ; labello integro, spathulato, obtuso. 

In insulis Moluccis (Rawak ), cum sequentibus. 


2. DENDROBIUM MIRBELIANUM. PI. 38. 

D. caulibus simplicibus, erectis, medio bulboso- incrassatis ; 
foliis oblongis, emarginatis, coriaceo-carnosis, nervosis, planis ; 
racemo in apice caulis (proximo) oppositifolio, elongato, pluri- 
floro; foliolis calycis lanceolatis, acutis ; labello trilobo; lobis 
lateralibus rotundatis, intermedio longiore, oblongo , acuto. 


J'ai consacré cette belle espèce au savant professeur M. de Mirbel, comme 
un témoignage de reconnoissance et de respect. 


3. DENDROBIUM ANCEPS. 
D. caulibus ramosis, repentibus; foliis disticho-imbricatis, del- 
toideo-ovatis, carinatis, acutis, carnosis, enerviis: pedunculis 


424 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
axilaribus, brevibus, bracteosis, 1- 3-floris ; bracteis distichis, supe- 
rioribus majoribus, coloratis; foliolis calycis oblongis; labello.. . 


D. anceps. Bot. regist. 1239. 


FIELDIA. | 
Cazycis foliola quinque obovato-oblonga, patentissima, duo interiora 
pauld minora; sextum ({abellum) brevius, liberum, angustum; canali- 
culatum, basim versus dilatatum et subgeniculato-saccatum, apice sub- 
rostrato-uncinatum. CoLumELLA abbreviata, aptera. ANTHERA terminalis, 
operculata , decidua, bilocularis. MassÆ pollinis duæ, cereæ, subellip- 
ticæ, per processuim obovato-spathulatum cohærentes. Processus glan- 

dulæ maximæ cum apice stigmatis connatæ insidens. 
HergA parasitica, basi frutescens, folia longa, latè linearia, plana 


coriacea, emarginata. Caulis scapiformis, longissimis (1-3 ped. }, simplex, 


multiflorus. Flores spicati sessiles, speciosi , unibracteati, lutei, purpureo- 
maculati. 

Distinguitur à lissochilo, cui proxima, præsertim : calycis foliolis 
quinque subæqualibus abelloque libero. Inlissochilo, ex foliolis quinque, 
3 exteriora, parva, reflexa, duo interiora maxima alæformia, labellum 


basi cum columella connatum. 
Lissochilus est herba terrestris. 


J'ai consacré ce genre , Comme un témoignage de ma profonde reconnois- 
sance, à M. Barron Field, juge de la cour suprême au Port-Jackson, qui nous 
à facilité les moyens de traverser les Montagnes-Bleues. 


. Frecpia ussocmiLoïpes. PL. 36. 
Lissochilus fieldianus, olim. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


Cette orchidée croit également sur les gros arbres et sur les roches dénuées de 
terre. Elle a une tigeligneuse, couchée, longue de 6 à 1 8 pouces, jaune , articulée, 
analogue à celle de l'arundo donax. Elle émet inférieurement desracines alternes, 
rameuses, longues de 5 ou 6 pieds, de la grosseur du doigt, et analogues à celles 
de quelques smilax , C'est-à-dire, composées d’un centre fibreux, tenace, de la 
grosseur d'une plume de corbeau, entouré d'une sorte d’épiderme épaissi, 
cassant. Les hampes sont longues de :8 pouces à 3 pieds, garnies d'écailles 


À. BOTANIQUE. àsi 
qui deviennent les bractées ; elles nous ont paru terminales, mais tout nous porte 
…. à croire qu’elles sont axillaires, c'est-à-dire, qu’elles sortent extérieurement de 


la partie vaginale des feuilles du sommet de a tige, ainsi que nous l'avons fait 
4 figurer pour de robiquetia ascendens, pl. 34. 


Ses feuilles, longues de 12 à 1$ pouces, sont épaisses, échancrées au som- 
met et articulées avec la gaine, dont elles se détachent facilement. 


GABERTIA. , 


Cazxcis foliola quinque obovato-oblonga, patentissima, duo interiora 
pauld minora; sextum (labellum) brevius, liberum , concavum, trilo- 
bum ecalcaratum. CoLUMELLA arcuata, aptera, internè canaliculata. 
ANTHERA terminalis , operculata , bilocularis, decidua. MassÆ pollinis 


duæ , cereæ, processui lamelliformi insidentes ; processus basi per 
glandulam cum apice stigmatis connatam auctus. 


HERBA terrestris. Caulis simplex, foliatus. FoztA disticha plana co- 


riacea , acuta, 9-15-nervia. RACEMI terminales aut laterales elongati, 
flores pedicellati unibracteati, 


4. GABERTIA SCRIPTA. 
| Epidendrum scriptum? £. 

G. caule erecto, simplici, folioso ; foliis lanceolatis, acutis, 
distichis, patentissimis, striato-0-1 s-nerviis , planis, membrana- 
ceis. Scapo erecto longissimo, multifloro. Foliolis calycis luteolis, 
obovato-oblongis , maculato-brunels. 

In insulis Moluccis (Rawak). 


La tige foliacée de cette orchidée est droite, luisante, striée en Tong, arti- 
culée, et n’a pas moins de 2 à 3 pouces de diamètre à [a base. Les feuilles sont 
engaînantes ( à gaînes articulées), longues de 15 à 18 pouces, lancéolées, 
pointues, rétrécies à la base, planes, membraneuses, à 0-15 nervures longitu- 
dinales. Les hampes sont terminales ou axillaires, très-longues, noueuses et 
munies de bractées, du centre desquelles partent les fleurs. 

Ces fleurs sont jaune-verdâtre, maculées de brun, supportées par l'ovaire et 


Payage de l'Uranie. — Botanique, S 4 


426 VOYAGE AUTOUR DU MONDE: 


pédonculées. Le fruit de cette espèce est succulent, long de 2 pouces et demi 
à 3 pouces, sur 6 à 8 lignes de diamètre, à trois angles, six sillons. 

Elle croît sur les roches nues. 

J’ai consacré cette plante à mon àämi M. Gabert, secrétaire du commandant 
de notre expédition. 


ROBIQUETIA. 


Cazxcis folia quinque, subæqualia, elliptico - oblonga, conniventia ; 
sextum (labellum) brevius, calcaratum, trilobum, lobis fateralibus as- 
cendenti-inflexis, liberum. CALCcAR ventricoso-clavatum, pendulum. 
CorumELLA abbreviata, aptera. ANTHÉRA terminalis, operculata, decidua, 
unilocularis. MassÆ pollinis duæ, subellipticæ, processui rhombéo- 
subspathulato infra apicem insidentes, cereæ; processus per glandulam 
basilarem uncinato-inflexam, apici stigmatis aflxus. 

HERBA parasitica. CAULIS ramosus, repens, foliatus. FOLIA coriacea, 
plana, basi vaginantia, cum vagina articulata. Racemi laterales elongati. 
FLORES pedicellati, unibracteati. 

Vix distincta ab angreco Lindi. in hoc : LABELLUM cum columella 
continuum (?) ; ANTHERA bilocularis et MAssÆ pollinis glandulis destitutæ. 

Habitus diversus. 


1. ROBIQUETIA ASCENDENS. PI. 34. 
In insulis Moluccis (Rawak). Ad arborum truncos. 


J'ai consacré ce genre à M. Robïquet ( Pierre), à qui la science chimique 
doit de si nombreuses et si importantes découvertes (lasparagine, Pagédoïte, 
la morphine , la caféine, &c. }. 


LUISIA. 


Cazyais foliola conniventia, tria exteriora subovata, duo interiora 
minora, oblonga; sextum (labellum) magnum, trilobum, basi saccato- 
concavum. COLUMELLA arcuata, aptera, internè canaliculata. ANTHERA 
terminalis, operculata, bilocularis, decidua. Massz pollinis duæ, cereæ, 


processui lamelliformi insidentes ; processus basi per glandulam cum 
apice stigmatis connatam auctus. Ovarium contortum. 
HERBA parasitica. CauLis simplex, foliatus. Fozra alterna, teretia, 


BOTANIQUE. 427 
carnosa basi vaginantia, cum vagina articulata. SricÆ faterales abbre- 
viatæ, solitariæ. FLORES sessiles, bracteati. 

Distinguitur à vanda, cui simillima, nonnisi labello ecalcarato , libero. 


1. LUISIA TERETIFOLIA. PI. 37: 
Hamouhon loc incolarum. 


In insulis Mariannis. 


Cette plante, que nous consacrons à D. Luis de Torres, comme un nouveau 
témoignage de reconnaissance et d’attachement, croît au sein des forêts de l’île 
Guam, sur le tronc des gros arbres. 

Elle à quelque analogie avec lepidendrum teretifolium de Forster, et sur-tout 
avec le vanda teretifolia, Bot. reg. 8, tab. 676. Maïs elle en est suffisamment 
distincte. 


VANILLA, Mizz., SWARTZ. 


1. VANILLA FASCIOLA. . 
V. fasciola. Spreng. 
Epidendrum fasciola. Forst, 
Limodorum fasciola. Swartz, Willd. 
Hanoukou uandffe incolarum. 
In insulis Mariannis (Guam ). 


AROIDEÆ, JUSSIEU. 


"ARUM, LINN. 


1. ARUM RUMPHII. PI 30. 
A, campanulatum ; foliis decomposito - pinnatifidis ; spathä 
campanulatä , undulato - crispatä spadicem  capitato - clavatum 
æquante. H. 
À. campanulatum. Roxb. Hort. beng. pag. 66; idem. PI, corom. 3, 
| tab. 272; Spreng. Syst. veget. pag. 770; Hooker, Bot. mag. 


n.° 16, avril 1828, tab. 2812. 
*x 


54 


428 VOYAGE AUTOUR DU MONDE: 


Schena. Rhced, Hort. mal. x1, pag, 35, tab, 18. 
Mulenschena. Rheed, Hort. mal. xt, pag. 35, tab. 19. 
Tacca phallifera. Rumphius, Hort. amb, $, pag. 326, tab. 112 et 
ri3 fa 
Arum ceylanicum. Commel. Hort. 1, pag. 101, tab. 35. 
Arum rumphii. Gaudichaud , Gener. pag. 43. 
JMabé incolarum. 
In insulis Moluccis (Timor ).: 


Cette plante vivace, très-commune à Timor, paroît appartenir au continent 
indien , et à tous les archipels qui s’étendent depuis son littoral jusqu’à l'Est de 
la Nouvelle-Guinée, entre le 20.° degré de latitude N. et S. La croyant nouvelle, 
puisque nous ne connoissions que la figure de Rumphius, nous l'avons décrite 
et fait graver en 1823. Depuis, nous avons appris qu’elle avoit été primi- 
tivement par Roxburg, Sprengel, Commélin et Rheed. Nous nous consolâmes 
bientôt après l'examen de ces ouvrages , en pensant qu’une figure exacte de Ia 
plante, et sur-tout des organes reproducteurs, seroït encore une bonne acqui- 
sition pour Fhistoire, non-seulement du genre, mais de toute la famille, sur 
laquelle un travail complet reste peut-être à faire. Depuis, cet arum a fleuri 
dans les serres de Londres, et M. Hooker vient d’en donner une bonne figure 
un peu réduite. Ce fut le 1 $ octobre 1 8 18 que nous recueillimes, dans les bois 
de Timor, six ou huit tubercules du mahé, que nous ne connoiïssions.pas encore, 
pour la collection des plantes vivantes dont nous desirions enrichir le Jardin du 
Roi. À cette époque, il étoit dépourvu de fleurs et de feuilles : ce ne fut que 
vers la fin du mois que les bourgeons à fleurs commencèrent à pousser, et le 
15 ou 20 novembre suivant, qu’il donna des fleurs à odeur stercoraire si forte 
que toutes les parties:du navire en furent infectées. 

De ce moment jusqu'au 15 février 1820, époque de leur naufrage aux iles 
Malouines, ces plantes restées vivantes ne donnèrent d'autre signe de vie que 
par la formation d’un nouveau bourgeon (à feuilles!) qui augmenta ou diminua 
de volume à plusieurs reprises, selon les climats que nous visitämes , maïs qui ne 
prit pas assez de force pour se développer entièrement. Phénomène assez cu- 
rieux, qui nous a paru digne de prendre place ici, 

Cette plante nous a offert les renseignemens suivans : un tubercule arrondi, 
rouge-brun, de 4 à $ pouces de haut sur 6 à 8 pouces de large, marqué 
de sortes de zones irrégulières; chargé de petits tubercules reproducteurs 
de dimensions diverses, qui paroïssent se détacher assez promptement , et de 
sortes de racines anciennes, éparsés, persistantes. 


| BOTANIQUE. 439 

Du sommet concave de ce tubercule, d’où partent des racines blanches, 
simples, de 2 à 3 pouces de longueur, s’élève un bourgeon conique, vert, qui, 
tout en conservant sa première forme, grossit et acquiert 3-4 pouces de lon- 
gueur : alors, les 3-5 bractées lancéolées, blanc-rosé, qui le forment, se sé- 
parent pour donner passage à un corps ovale , pyramidal , pédicellé, vert-jaunätre 
d'abord, mais qui se charge peu à peu de nuances roses, brunes et violet-foncé : 
c'est le moment de l'épanouissement. 

La spathe , haute de 8 à 10 pouces, est en entonnoir, à bords plissés ,ondulés, 
crénelés ; diversement maculée de jaune pâle, de jaune-rosé, de pourpre, de 
| violet-foncé et de vert. Le spadice, porté par un pied (hampe! ) de 3 pouces de 
| haut sur 8 à 10 lignes de diamètre, vert, maculé de taches blanc-verdâtre, 
offre d’abord inférieurement : les organes femelles, composés d’un ovaire ovale, 
| à trois angles peu sensibles ; un style de 4-5 lignes de longueur, bleu-vioket ; 
stigmate à deux ou trois Iobes, plus ordinairement deux, jaune-pâle ; les organes 
mâles situés au-dessus, composés d’anthères biloculaires , sessiles, libres, 
oblongues, arrondies au sommet, percées en ce point de deux ouvertures el- 
lipsoïdes par où s'échappe le pollen , lequel est jaune-safrané : enfin un corps 
très-dilaté , conique, irrégulier, sinueux, obtus au sommet, rouge-violet foncé, 
dont l'intérieur est formé de filamens réticulés, croisés, formant une matière 
spongieuse qui, comme toutes les autres parties intérieures de Ia plante, est 
d'un fort beau rose : caractères qui, selon nous, suffisent pour l'établissement 
d’un nouveau genre ( mahé). 

Les tubercules du mahé renferment beaucoup de fécule. Après avoir été 
coupés par petits morceaux et soumis à une forte ébullition dans l’eau, ils 
servent , assure-t-on , à la nourriture des porcs, &c. 

Cette aroïde se trouve aussi dans la magnifique collection artificielle des 
plantes de l'Ile-de-France, par M. Robillard d'Argentelle. 


GENERA AROIDEIS AFFINIA. 


HALOPHILA, A. DuPerTir-THOUARS. 


FLORES dioeci. CALYX diphyllus, spathaceus ; foliolis oppositis , sub- 
æqualibus, tenuiter membranaceis, concavis. 


| Mas : STaminaA 3; filamenta in tubum connäta; tubus brevis, post 
emissionem pollinis valdè elongatus. ANTHER& 3, liberæ, unilocularés ; 
apertæ foliaceæ, oblongæ , nervo medio notatæ, patentes, 

FEMINA : OvariuM pedicellatum, ovale, stylo elongato terminatum , 


430 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
uniloculare; ovula complura, placentis tribus (?) parietalibus inserta, 
ascendentia; stigmata 3-5, filiformia. Fructus ovalis, polyspermus ; 
pericarpium membranaceum , non dehiscens ? Semina complura, depres- 
sosubglobosa, albida, hilo prominulo fusco notata. Integumentum duplex, 
utrumque tenuissimè membranaceum; exterits reticulatum ; interius 
Iæve, nitens. Perispermium semini conforme, farinosum. Embryo fusi- 
formis, spiraliter tortus, ubi hilus perispermia immersus, indivisus. 
HErBuLA in inundatis littoribus vigens. Caules ramosi, ad nodos 
repentes , filiformes. Folia in quolibet nodo bina, Iongè petiolata, ellip- 
tica, trinervia, integerrima, pellucida. Stipula ad basim exteriorem 
cujuslibet petioli una, ovalis, concava. Flores axillares » solitarii, sessiles 


1. HALoPHILA OVATA. PI 40, f. 1. 
Caulinia ovalis. À. Brown, Prodr. pag. 339: 


In insulis Mariannis, 


RUPPIA. 


y. RuppiA ANTARCTICA. PI. 40, f. 2: 
R. antarctica. Labill, Nov.-Holl. 2, pag. 116, tab. 264. 
Caulinia antarctica. À, Brown, Prodr. pag. 339. 
Amphibolis zosteræfolia (1). Agardh, Syst. alg. pag. 192: 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Märins ). 


Doit-on , ainsi que nous l'avons déjà avancé, page 35, considérer ces crganes 
mâles qui, dans cet état, sont légèrement pédiculés (2), comme formés de 
quatre anthères pointues, biloculaires , connées, ou comme deux anthères four- 
chues, quadriloculaires ! 

Dans cette plante, ainsi que dans Îa précédente, le pollen est pâteux, composé 
de filamens moniliformes , à grains alongés, fusiformes. 


et) Voyez ce nom à Particle Algæ, pag. 161, et l'explication de Ia planche 40. 


(2) Ce pédicule court, épais, formé par des filets connés, s’'alonge peut-être aussi, comme 
celui de lhalophila, au moment de la déhiscence des anthères ou aprés. 


BOTANIQUE: 43r 


PANDANEÆ, R. Brown. 
FREYCINETIA. 


Flores dioeci. (?) Mascuzr:..:,.5.....,4 

FEMINET : OvaRIA creberrima, spadicem undique et arctissimè obte- 
gentia, libera, nuda ( perianthio destituta), ad basim staminibus 1-8 
minutis effetis (?) cincta, sæpius quinquangulata , unilocularia. Stamina 
effeta (?) : antheræ cordatæ, biloculares, secundüm longitudinem dehi- 
scentes. Stigma sessile, adnatum, disciforme, è lineolis 2-7 subannula- 
ribus (nonnisi versus centrum stigmatis interruptis), prominentibus 
corneis, placentarum paribus respondentibus efformatum, coronam dentis 
mollaris quodam modo referens. 

Frucrus baccati, molles { teste Brown ), interdum per paria connati, 
uniloculares. Placentæ parietales 4-14, per paria approximatæ, angu- 
stissimè lineares, pericarpio secundüm longitudinem adnate. Semina 
creberrima, minuta, fusiformia, striata, subarcuata, ad unum ( exteriüs ) 
Gr strophiola longitudinali notata, rubro-colorata, podospermio ( fu- 
niculo umbilicali) brevi stipitata, in pulpa mucosa subliquida natantia. 
Perispermium carnosum ? hyalinum. Embryo minutissimus , in parte 
shpoigre perispermii locatus, obovato-subturbinatus. 

Caudex sublignosus, scandens et radicans, interdum arboreus. Folia 
imbricata, angusta, infernè vaginantia et amplexicaulia, margine dor- 
soque spinulosa ; floralia bracteiformia, colorata. Spadices (feminei} 
terminales, “oblongo: cylindracei vel ovati. 


J'ai consacré ce genre à l'honorable chef de notre expédition, M. Louis de 
Freycinet , comme un foible témoignage de mon respectueux attachement. 


1. FREYCINETIA ARBOREA. PI, 41. 

F. caudice arboreo; foliis elongatis, linearibus, superné an: 
gustato -subulatis, coriaceis; spadicibus femineis, cylindraceis ; , 
stigmate 6-7-lobo,. à 

In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 Hess Le 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


2. FREYCINETIA RADICANS. PI. 43. 


F. caudice radicante ; foliis elongatis, linearibus , carnoso- 
membranaceis ; spadicibus femineis oblongo-cylindraceis ; stigmate 
bilobo. : 

In insulis Moluccis (Rawak ). 


3. FREYCINETIA SCANDENS. PI. 42. 


F. caudice scandente; foliis lineari-lanceolatis, membranaceis ; 
spadicibus femineis ovatis; stigmate trilobo. 
In insulis Moluccis (Timor ). 


CYCADEÆ. 


OBSERVATIONS SUR LE CYCAS CIRCINALIS. 


Le cycas circinalis, L. est nommé eme par les Madécasses , fadaue par 
les indigènes des îles Mariannes, et fedeio par les Espagnols habitans de 
ces dernières îles et des Philippines. La fécule qu’on en retire (sorte de sagou ); 


qui est diversement préparée, est appelée sagou par les Malais de la presqu’ile, 


ainsi que par ceux des Moluques; ofe par les naturels des îles Vaigiou, 

Rawak, Boni, &c.; cfioune, par d'autres Papous; enfin gaf-gaf et gaou-gaou (1 
; 1.P j2, 385 gaou-g 

par les anciens habitans de l'archipel des Mariannes, qui donnent ce nom 


aux fécules en général, et particulièrement à celle des racines tubéreuses du 


tacca pinnatifida, plante qui, dans leur langue, porte le nom de ja8-ga8 (2). 

Ce végétal peut être considéré comme habitant de toutes les régions équi- 
noxiales, On le rencontre en effet sur le continent d'Afrique, à Madagascar, 
à lHe-de-France (3), à l'ile Bourbon, sur toute la presqu'ile de Inde, les 
iles de la Sonde, les Philippines, Îles Mariannes , les Carolines , toutes les 
Moluques (4), la Nouvelle-Guinée, et probablement dans Ie Nord du 
continent de la Nouvelle-Hollande. | D’après le Voyage aux Terres australes, 
Navig., par M. de Freycinet, il existe aussi sur la côte occidentale et sur 
- File Van-Diémen, pag. 4 et 178.) Il doit se trouver sur une partie des 
nombreux archipels de Ta Polynésie, et s'étendre de [à peut-être jusqu’en Amé- 


(1} Gau-gau. Les Espagnols l'écrivent ainsi, mais ils prononcent gaou-gaou où gaoub-gaouk. 

(2) Je dois rappeler ici qu’il n'entre point dans le plan de ce mémoire de faire l’histoire du ccas, mais 
seulement d'exposer les renseignemens nouveaux que j'ai recueillis dans le cours du voyage de /'Uranie. 

(3) H n’est cependant pas indigène de cette Île. C'est M. Rochon qui l'y a porté de l'Inde, en 1768 

(4) Depuis Timor jusqu'à Vaigiou, | 


BOTANIQUE. 433 
rique (5). Cet arbre, l'un des plus extraordinaires par sa constitution physique 
et ses organes de reproduction, est aussi un des plus précieux dont la nature 
ait enrichi Îes brillans climats qui le produisent. Dès qu'on calcule en effet 
l'abondance des ressources alimentaires qu’il fournit aux nombreux habitans de 
ces régions, on est ténté de le placer, pour lutilité, tout près des palmiers, et 
particulièrement à côté du cocotier, avec lequel, malgré Ia différence des 
organes de la fructification et de beaucoup d’autres caractères , il conserve cepen- 
dant toujours un certain air de famille. 

Après Rumphius, Rheed:, Linné, Smith, MM. Dupetit-Thouars , 
R. Brown et plusieurs autres botanistes qui se sont particulièrement occupés 
de ce végétal, on sent qu'il est impossible de rien ajouter de nouveau à ce qui 
en a été dit, soit en parlant de son organisation et de ses produits, soit en 
décrivant ses organes générateurs, sur Iesquels MM. Aub. Dupetit-Thouars 
et Mirbel ne nous laissent rien à desirer. Je dois donc me borner à réunir aux 
travaux de ces savans, quelques légères observations de détail qui me sont 
particulières, et qui, aux yeux des naturalistes, pourront n’être pas totalement 
dénuées d'intérêt. 

I n'entre pas non plus dans mon plan de traiter le point délicat des espèces 
du genre cycas (6), parce que j'ai cru n'avoir rencontré, dans mon voyage, 


{s) M. de Humboldt paroit ne ly avoir pas trouvé. 


à Voici, à peu de chose près, l'état de la monographie du genre, sur laquelle presque tout reste encore 


* Aire 


L: 


CYCAS, LINN, 
1. CYCAS CIRCINALIS. 
Ci frondibus pinuatis, foliolis lanceolato-linearibus, acutis, uninerviis, planis. 
C. circinalis. Linn. , Lam. Must, tab. 801; Wild. Sp. pl. o, pag. 844; Persoon, Syn. fil. 
pag. 631. 
Olus calappoïdes. Rumph. Amb. 1, pag. 86, tab. 20 à 24. 
Todda-pana. Rheed, Mal. 3, pag. 9, tab. 13 à 21. 
In (India) insulis Molucc, Mariannis, Phäippinis. 
2. CYCAS REVOLUTA. 
C. frondibus pinnatis, foliolis linearibus, mucronatis, uninerviis, margine revolutis. 
C. revoluta, T'hunb. Jap. 229; Smith, Act. soc. Lin. Lond. 6, pag. 312, tab. 29; Wüilld. 
Sp. plant. 9, pag. 844; Person, É plant. 2, pag 6315 Rumph. Amb. 1, tab. 24. 
In Japoniä, Chinà. 
Loureiro considère cette espèce comme une simple variété du Cycas circinalis, auquel il 
réunit encore un CyCas sans épines, ainsi caractérisé : 
3. CYCAS INERMIS. 
C. frondibus pinnatis, stipitibus inermibus. 
C, inermis. Lour. Coch. 2 ; Page 776. 

M. Robert Brown, dette l'autorité est si recommandable, loin d'être de cet avis, pense que 
de nombreuses espèces très-distinctes se trouvent réunies ou confondues sous la dénomination 
de cycas circinalis : de plus, il établit les deux espèces nouvelles suivantes, qui habitent le con - 
tinent de la Nouvelle-Hollande, 


Fiyage de l'Uranie. — Botanique. s S 


PT 


434 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


que le cycas circinalis, et que je ne pourrois parler avec certitude que de cette 
espèce et de-quelques variétés ou anomalies qu’elle m’a paru présenter (7); 


4. CYCAS MEDIA. = 

C. pinnis acutissimis subacuminatis, planiusculis, margine levissimè recurvis; infimis 
abbreviatis spinuliformibus, rhachi anticè extra medium plan, spadicibus femineis 2-6- 
floris ; apice frondoso dentato acumen subulatum superante, ovariis glabris, drupis ovalibus 
obsoletè angulatis. 2. P. 

C. media. R. Brown. Prodr, pag. 348. 
+ CYCAS ANGULATA. 

C. pinnis muticis suprà concaviusculis ; infimis abbreviatis spinuliformibus, rhachi feré ad 
apicem ancipiti, stipite tetragono, spadicibus femineïs 6-10-floris ; acumine subulato apicem 
frondosum dentatum superante, ovariis glabris, squamis masculis bast attenuatis; apice 
sterili breviore. À. B. 

C. angulata. R. Brown. Prodr. pag. 348. 
Ce qui, avec les trois suivantes, porte le nombre des espèces de ce genre à huit, et fait 
espérer qu'il s’élevera un jour à beaucoup plus. 
6, CYCAS THUARSI. 
C. frondibus pinnatis; pinnis approximatis, subimbricatis, linearibus, falcato-recurvatis 
mucronatis. 
C. thuarsii. Ex À. Brown. 
In insulà Madagascar. 
7. CYCAS RIEDLEI. 
C. frondibus pinnatis, foliolis distinctis linearibus mucronatis, multinerviis. 
C. riedlei. Fisch. in Herb. mus, par. 
In Novæ-Hollandiæ orà occidentali (Port du Roi-George). 


Cette espèce, indiquée par Steudel, et, d’après lui peutètre, décrite par M. Fischer, a les * 


feuilles multinervées dans le genre de celles des zamia ; ce qui nous fait supposer qu'elle 
pourroit bien appartenir à ce dernier genre. M. Desfontaines avait donné Îe même nom à 
une plante des serres : depuis, il la reconnue pour être le zamia tridentata. Ce savant 
professeur pense que Willdenow a été induit en erreur relativement au zamia où et 
que la plante décrite sous ce nom n est autre chose que le zamia tridentata. 

Pour le zamia spiralis, H faut suivre [a description de M. R. Brown, Prodr. Flor. Nov.- 
Hollandiæ , pag. 348; elle seule est exacte. 

8. CYCAS UNDULATA, 
C. frondibus pinnatis, foliolis linearibus, tie, acutis. 
C. undulata, Desf. Catal. pl. Hort. reg. Par. 

Cette jolie espèce, dont on ignore la patrie, est cultivée depuis fong- temps di dans les serres 
du Jardin du Roi, Elle se distingue par ses folioles minces (herbacées), ondulées et très- 
pointues, ainsi que par ses pétioles (stipes) épineux au sommet et quelquefois sur toute leur 
longueur, Elle est très-voisine du cycas ciycinalis. 


(7) Ainsi, aux iles Mariannes, le cycas circinalis prend en général un développement moindre que dans 
les Moluques : son tronc, de $ à 10 pieds, est inégal et raboteux ; ses feuilles (frons), de 18 pouces à 2 
pieds, sont à folioles plus serrées, ordinairement épineuses à a base (par l'avortement des folioles de 
cette partie), particularité qui se rencontre aussi sur quelques individus de Pile Rawak, mais moins com- 
munément : dans ce dernier lieu, au contraire, à Vaigion et sur-tout à Pisang, le tronc de cet arbre, qui 
acquiert de plus grandes dimensions, est aussi droit, et n'offre que peu ou ae de rugosités; 5e5 
feuilles, fort souvent sans épines à Ja base, n'ont guère moins de s à 6 pieds de longueur et de 15 à 


18 pouces dans leur plus grande largeur ; les fruits sont plus gros et plus nombreux sur chaque spadice, &c. 


BOTANIQUE. 435 


mais si, comme Loureiro l’annonce , le cycas revoluta n'est qu'une variété du 
cycas circinalis, À faudroit dès-lors faire franchir à cette espèce les régions 
équatoriales dans fesquelles elle paroissoit se renfermer, et la suivre en Cockin- 
chine , en Chine, et peut-être fort Join encore dans Pintérieur du Nord de 
l'Asie. De plus, et comme on peut le supposer, si on le rencontre encore dans 


la partie Nord de la Nouvelle- Hollande, qui avoisine le plus [a Nouvelle- 


Guinée, et qui n'est séparée de cette dernière terre que par le dangereux.et pro- 
bablement trop funeste détroit de Torrès (8), ne pourroit-on pas admettre 
qu’en Île réunissant aux deux espèces nouvelles établies par le savant auteur du 
Prodromus floræ Novæ-Hollandiæ, ce même cycas circinalis puisse dépasser sur 
cette terre féconde en prodiges, Îles limites ordinaires dans lesquell:s on le 


| croyoit circonserit, en éprouvant des altérations plus ou mois fortes dépen- 
| dant de la température, de l’exposition ou de Ja nature du terrain de chaque 
localité. 

D’après les autorités que je viens de citer, on sait depuis Jong-temps que 
le cycas se multiplie par boutures; mais je ne sache pas que, jusqu'à ce mo- 
ment, personne ait expliqué la manière dont s'opère ce mode de reproduction : 
en effet, comment concevoir, lorsqu'on ne a pas vu, qu’un arbre dont la tige 
est ordinairement simple, qui ne donne pas de rameaux, puisse se perpétuer 
par ce moyen. 

Cette vérité, qui m'a souvent occupé, mais que je ne pouvois expliquer, n'a 
été démontrée par lindigène le plus instruit de l'archipel des Mariannes, par 
D. Luis de Torrès. II commença par me faire remarquer des clôtures de 
| jardins formées par des cycas de $ à 6 pieds de hauteur , et tellement rapprochés 
les uns des autres, qu'il étoit difficile et souvent même impossible de passer la 
main entre eux : il apprit que ces arbres, apportés tout grands de fa montagne, 
avoient été coupés près de leur base, enfoncés de $ ou 6 pouces dans Ia terre, 


où ils avoient poussé de nouvelles racines et continué à se développer. 


Ce ne fut pas sans le plus vif étonnement que j'appris que non-seulement 
le tronc ou une partie du tronc de cet arbre chargé de feuilles, mais encore des 
rondelles, de simples fragmens, des copeaux de ce tronc, étoient susceptibles de 
végéter et de donner naissance à de nouveaux êtres. IT n’est même pas néces- 
saire, d’après D. Luis, d’enterrer ces boutures ; mille fois il les a vues sim- 

. plement disséminées à la surface de la terre, produire Ie même phénomène, tant 


(8) Les navigateurs pensent (en 1824) que l'infortuné {a Pérouse s’est perdu dans les environs de ce détroit. 


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436 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


la force végétative de cette plante est surprenante, tant sur-tout l'influence de 
cet heureux climat est favorable à la végétation (9). 

J'avois besoin de cette instruction , que je sollicitai vivement, pour éclaircir 
un fait qui, jusqu’à ce moment, me paroissoit entièrement inexplicable. Dans 
les Moluques, lors de notre relâche à Rawak, je fis une course avec M. Du- 
perrey sur l’île Vaigiou, dans [a baie de Kabaréi : R, seulement, nous vimes 
les indigènes de cette terre dans leurs habitations. J’entrai presque malgré 
eux dans une de leurs cases; je [a trouvai aux deux tiers remplie de sacs de 
sagou, qu'ils redoutoient de nous montrer, dans la crainte que nous ne feur 
enlevassions ce produit de leur industrie et de leur commerce, comme nous 
l'avons su depuis. Je feur demandaï des renseignemens sur cette substance et 
sur les moyens de lobtenir. Is s'empressèrent d’y satisfaire de la manière la plus 
positive, dès qu'ils furent rassurés sur nos intentions : ils me montrèrent le 
cycas, et je compris parfaitement par leurs signes comment ils en retiroient fa 
partie médüllaire, et comment, après lavoir fait macérer dans l'eau douce pour 
en enlever le principe extractif délétère, ils Ia faisoient sécher sur des feuilles de 
palinier étendues sur des nattes; ils ne me laissèrent enfin aucun doute sur ce 
point: Mais ce fut vainement que je cherchai à leur faire comprendre qu'en 
coupant ainsi les cycas, ils s'exposoient à les voir disparoître de leur sol, et à 
se priver par la suite de cette précieuse ressource. Il est probable que si 
j'avois pu me faire comprendre des habitans de Vaigiou, ils m’eussent donné 
dès-lors les explications que je reçus plus tard de D. Luis de Torrès sur Ja 
reproduction des cycas par boutures , reproduction qui doit être bien plus 
active encore dans cette région des Moluques que dans celle des Mariannes, 
situées à douze degrés plus au Nord. I me fut également impossible de feur 
faire concevoir que les fruits du cycas, préparés de la même manière, c'est-à- 
dire coupés par morceaux et mis à macérer pendant trente-six, quarante-huit à 


soixante-douze heures (10), valoient autant et même mieux que la partie mé- 


(9) Pour que ce phénomène ait lieu, il faut de toute nécessité qu'il existe des bourgeons dans ces tiges, 
ou que, tout au moins, elles aient une prédisposition fort grande à les former. Comment, d’après cela, les 
cycas ne sont-ils pas plus souvent à tiges rameuses?. .... 

Je crois que D. Luis me dit aussi que les boutures des individus femelles réussissoient mieux que celles 
des mâles? Mais je n’ai pas parfaitement compris ce fait, que depuis je n'ai pu trouver l’occasion de me 
faire expliquer mieux : en sorte, que j'ignore encore sil a voulu me dire que, dans ce cas, les individus 
emelles réussissent mieux que les males, ou bien si ce sont les femelles seules qui réussissent! Je pense que 
c’est cette dernière idée qu’il a voulu m’exprimer. 

(10) Le temps que doit durer cette opération est relatif à une foule de circonstances, et particulièrement à 
a température du lieu, à la grosseur des morceaux, aux masses sur lesquelles on agit, &c. 

En général, il vaut mieux prolonger cette macération au-delà du temps nécessaire, que de l'arrêter trop 
vite, puisque de nombreux exemples attestent que des accidens très-graves, et même la mort, sont quel- 


BOTANIQUE. 437 
dullaire de cet arbre. Maïs ïl est probable que je ne dois rien avoir à regretter, 
et qu'ils connoissent aussi ce moyen d’extraction, beaucoup plus facile et plus 
productif. 

Un second mode de reproduction du cÿcas par boutures, consiste, toujours 
d’après là même autorité, à prendre de jeunes individus d'un an ou de dix-huit 
mois, qui, à cet âge, ressemblent assez bien à de grosses et longues races 
fusiformes, irrégulièrement marquées de distance en distance par de petits 
points concaves, sortes de cicatricules où yeux moins | er mis , mais analogues 
à ceux qu'on rencontre sur quelques racines tubéreuses ; à les couper par mor- 
ceaux, ainsi qu'on le fait pour la pomme de terre, et à les planter ou simple- 
ment Îles disséminer à Îa surface de Ia terre. Puisque des boutures peuvent 
prospérer par de semblables moyens, combien à plus forte raison la végétation 
ne doit-elle pas marcher plus vîte dans [es embryons des fruits placés dans les 
mêmes circonstances : cette action, en effet, est si rapide, qu’on seroït tenté de 
croire qu’elle s’exerce dans le fruit Iong-temps avant sa chute des spadices. 

La tige des cycas est ordinairement simple. J'en aï cependant observé 
quelques-uns (11) à tige non précisément rameuse, mais double. 

Ce phénomène se produit dans des circonstances ainsi que par des causes 
diverses , et particulièrement orsqu’on coupe un de ces arbres à plusieurs pouces 
au-dessus du sol. Dans ce cas, 1 ne tarde pas à se déveloper deux ou plusieurs 
bourgeons à cette base de tronc : un seul réussit ordinairement; mais quelque- 
fois il arrive que deux s'élèvent ensemble, s'appliquent Fan à l'autre au point 
de se greffer, et de w’offrir plus en apparence qu'une seule tête de feuilles. 
Cette émission peut avoir lieu sur toutes les parties de [a tige; mais c'est sur-tout 
vers les trois quarts supérieurs de son élévation ordinaire ,que, soit naturellement, 
soit par accident, la végétation se trouvant ralentie par une cause quelconque, 
un ou plusieurs bourgeons se forment et produisent des rameaux qui se rap- 


quefois résultés de l'emploi de cette fécule mal préparée. D'après cela, il ne sera pas inutile de signaler ici 
les précautions générales qu’il est indispensable d'observer. Elles consistent : 
1. À couper Îles fruits mürs le plus menu possible ; . il seroit même préférabl e deles hacher, de Les 
râper ou de les piler ; 
2. À ne pas agir sur de in grandes masses ; 
o À remuer souvent et même malaxer ces fruits, afin de faciliter la dissolution du principe éMtéoctf, 
as lequel réside leur propriété malfaisante ; 
4° A renouveler l’eau au moins toutes les dix-huit ou vingt-quatre heures. Ce temps suffit, dans ces 
régions chaudes, pour permettre à la liqueur d'entrer dans un premier degré de fermentation, que je crois 
Gao à l’opération ; 
5° Enfin à exprimer la matière par Le en d'une forte presse, avant de.fa soumettre à a dessiccation. 
La de préparée de cette manière n'offre plus aucun danger. 
{11} M. le docteur Quoy , chirurgien-major de notre expédition, se rappelle en avoir vu beaucoup ; et 
Rhced, Mal. 3, tab. 20, fe représente un énorme CyCas divisé au sommet en cinq ou six rameaux. 


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VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


prochent de plus en plus de Ia position verticale de Ia tige, à mesure qu'ils 
grandissent, | 

On sait, depuis que l’on connoît le cycas, que ce végétal sécrète de fa 
gomme : Smith est, je crois, le premier qui ait observé et dit que ses spadices 
en produisent aussi une certaine quantité par cinq ou plusieurs vaisseaux 
propres, et que cette gomme à une grande analogie avec celle de lastragalus 
gummifer, Labïüll. (la gomme adragant ). Mes recherches sur ce point -ont eu 
des résultats fort satisfaisans. 

Dans les Moluques, et sur-tout aux Mariannes, j'ai observé cette gomme sur 
le tronc et quelquefois sur les spadices de ces plantes : dans ce dernier cas, 
qui se présente plus rarement, la gomme est en très-petite quantité, vermiculée 
et blanche, comme la gomme adragant, et paroît ne sortir en ce point ( dans 
l'échancrure des spadices) que par la rupture des vaisseaux chargés de la sécréter 
et de [a transmettre à l'ovaire. On observe que cette gomme se trouve en plus 
grande quantité sur les spadices chargés de fruits mûrs, détachés ou avortés, et 
que, lorsqu'elle sort avec abondance près d’un ovaire en développement, cet 
ovaire est toujours moins gros que les autres. Ce suc gommeux, uni à un prin- 
cipe extractif, odorant, amer, sert à former et nourrir les nombreux fruits 
(200 à 300 ) que porte chacun de ces arbres. Les vaisseaux chargés de cette 
fonction partent tous du centre de a tige, et sont en communication avec 
cette moelle abondante qu’il suffit de détacher et laver pour la convertir en fé- 
cule alimentaire : les fruits mûrs, à leur tour, coupés par tranches et soumis 
également à une légère macération, n’offrent plus, après cette opération, que 
de la fécule enveloppée d'un tissu cellulaire presque imperceptible et sans con- 
sistance. À [a vue de semblables phénomènes, n’est-on pas forcé de se demander 
quels sont les moyens, fes agens que Îa nature emploie pour convertir alterna- 
tivement fa fécule en gomme et la gomme en fécule! La chimie ancienne con- 
noissoit la première de ces transformations ; il étoit réservé à la chimie moderne 
de Pexpliquer : je ne pense pas qu’elle soit encore parvenue à opérer la seconde. 

Si les spadices de ces plantes ne produisent que peu de gomme, et en quelque 
sorte accidentellement, il n'en est pas de même de leurs troncs, qui en donnent 
sans cesse, et qui fort souvent en sont même entièrement recouverts. S'il 
paroït extraordinaire de voir plusieurs de ces arbres garnis de gomme du sommet 
à a base, il ne Fest pas moins d’en rencontrer un plus grand nombre qui en 
sont tout-à-fait dépourvus. Le hasard ne préside point, ainsi que je le pensois 
d'abord, à cette singulière répartition; en n'occupant spécialement de cet objet, 
je ne tardai pas à n'apercevoir que Îes individus mâles sont totalement privés 
de cette substance, tandis qu’elle abonde sur tous [es individus femelles. 

La difficulté de vérifier ce fait sur des cycas dont alors les deux tiers étotent 


BOTANIQUE. 25 
privés d'organes de la fructification, et les doutes bien naturels que j'éprouvois 
sur ce point, me déterminèrent à de nombreuses recherches dont les résultats 
s’accordèrent tous avec ma première observation. Cette vérité bien reconnue, il 
ne me restoit plus qu’à en rechercher les causes : je pense les avoir trouvées. 

La végétation, dans ces heureux climats , est plus belle et plus active que celle 
d'Europe; elle marche toujours : maïs quoiqu’elle semble n'être pas soumise aux 
mêmes lois, elle éprouve, quoique d’une manière moins sensible, l'action suc- 
cessive des saisons et du temps. Si ce n’est à la même époque et dans les mêmes 
circonstances que se détachent les feuilles, les spadices, les écailles et les autres 
appendices des végétaux, ils n’en sont pas moins souinis à l’ordre de Ia nature, 
qui détruit et renouvelle sans cesse. 

Dans cette plante, ainsi que dans toutes les monocotylédones (12) vivaces, les 
feuilles ne poussent qu’une à une et tombent de la même manière; mais il n’en 
est pas de même des spadices, qui, munis chacun d’une écaille , se développent, 
grandissent et s’'épanouissent ensemble, pour recevoir laction fécondante du 
pollen des châtons mâles, pour se charger de fruits, les mûrir, se détacher et 
tomber en même temps. 

Ces spadices, au nombre de quatre-vingts, cent et cent vingt, munis chacun 
de quatre, cinq et six pores gummifères, dont le nombre moyen, toujours en 
rapport avec celui des ovaires , ne seroit pas moindre que deux cent cinquante à 
trois cents, laissent, après leur chute, ainsi que le font les feuilles, des rudi- 
mens plus ou moins prononcés, qui participent toujours à l'action vitale de 


(12) Quoique l’on sache fort bien, d’après les belles se au de M. Aubert re Thouars, que 
l'embryon du cycas se loppe avec deux cotylédons, et que j'aie remarqué moi-même une sorte de 
canal médullaire dans le céntre du tronc de ces arbres, je ne crois cependant pas qu'on puisse, dans l'état 
actuel de nos connoissances en physiologie botanique , séparer ce végétal de la grande série des monocoty- 
lédones, : 

H est possible que, par suite de quelques découvertes, des changemens importans aient lieu un jour 
dans cette partie de la science; que la définition des noms collectifs d’acotylédones, de monocot;lédones et 
de dicotylédones, qui comprennent chacun une immense quantité d'êtres, éprouve quelques modifications : 
que, de plus, on puisse créer de nouvelles divisions dans ces diverses séries des végétaux : mais quels que 
soient ces changemens, on peut affirmer d'avance qu'ils ne seront jamais assez considérables pour atteindre 
à l'œuvre des législateurs de a science, pour renverser un édifice qui se consolide de jour'en jour depuis 
près d’un siècle, enfin pour qu’on puisse, avec raison, éloigner les uns des autres les palmiers en général, 
les cycas, les dracæna , les agave, les yucca, les pandanus , les xanthorrea (*), auxquels je dois encore réunir, 
malgré leur dénomination d'acotylédones, les fougères arborescentes, qui abondent dans les régions équa 
toriales, L'organisation de ces tiges, si bien dével oppée par M. Desfontaines, et ensuite par M. cs Mirbet 
est, selon nous, d’une importance bien plus grande pour la classification des végétaux, que le nombre 
encore trop souvent incertain des cotylédons. 


(*) Les tiges du xanthorrea offrent, dans Icur coupe transversale, des vaisseaux fibreux rayonnans, analogues aux rayons médullitres 
des dicotylédones : ils ont aussi une sorte d'écorce formée par la base persistante des feuilles agglutinées par une matière ÉE 
mais sans que, pour cela, on puisse faire [e moindre rapprochement entre leur organisation et celle des arbres renfermés nie 
dernière Si des végétaux. 


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o) VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


l'arbre, et continuent à sécréter, par leurs canaux brisés, une prodigieuse quan- 
tité de gomme. Les chatons ou individus mâles, qui sont axifères, ne laissant 
que peu ou point de traces extérieures après leur chute, ne peuvent également 
servir à sécréter de a gomme. Si cependant quelque observateur en a remarqué, 
ce dont je doute, cette gomme doït être produite par une cause accidentelle , 
ou par des pores particuliers que les rudimens des feuilles et des écailles laissent 
après eux. Un examen de plusieurs jours ne m'a pas donné un seul indice à ce 
sujet. J'ai vu de fa gomme sur des feuilles de Cycas; mais je n'ai pas remarqué 
si elle appartenait à des cycas mâles ou femelles. Faut-il admettre cependant 
que les rudimens aïssés par les feuilles sur les cycas, doivent aussi donner de 
la gomme! La quantité de gomme fournie par ces arbres est extraordinaire. 

J'éprouvai cependant quelques difficultés à en recueillir à Rawak, tant elle 
était molle et gélatineuse; cela tient, je crois, à ce que notre relâche sur ce 
point s’est effectuée dans Fa saison des pluies, 

Je pense toutefois qu'il doit être difficile de s’en procurer, n'importe dans 
quel temps, et sur-tout dans Îes [ocalités basses voisines de la mer, tant 
Fhumidité des nuits est grande, tant sur-tout Îles rosées du matin y sont abon- 
dantes. Cette humidité permanente , unie à la grande chaleur de ces régions, 
tend sans cesse à convertir cette gomme en mucilage tremblant, qui se dé- 
tache, coule le fong des tiges et les recouvre quelquefois du sommet à la base, 
Il n’en est pas de même aux îles Mariannes, du moins pendant les mois de 
mars, d'avril et de maï, où j'ai trouvé tous les cycas femelles chargés de fruits 
presque mûrs, et dont Îa partie supériéure du tronc étoit garnie de cette 
substance. J'en apportois de quatre à six livres, choisies sur deux ou trois indi- 
vidus seulement ; et je ne craindroiïs pas de me tromper en assurant que beau- 
coup de ces arbres en avoïent chacun plus de cinq ou six livres. 

Cette gomme, qui se rapproche beaucoup de Ia gomme arabique (13), qui 
affecte souvent aussi [a forme et les caractères de [a gomme adragant (14), tient 
sur-tout de celle-ci par plusieurs propriétés physiques et chimiques. Elle est 
parfois en morceaux blancs { blanc-jaune }, vermiculés, contournés, tenaces ; 
mise dans fa bouche, elle a une saveur d'abord légèrement sucrée , mais ensuite 
très-fade, et se convertit presque en totalité en une sorte de gelée | 15). L'eau 


3) Celle des Moluques particulierement. 


4) Celle des Mariannes est remplie de cette dernière, disséminée dans la masse rougeûtre de l'autre, ce 
qui lui donne l'aspect de rougar. 


(15) Pressé par la faim, il m'est souvent arrivé de manger de cette gomme, mais toujours avec un nouveau 


Ti A 
geégout, 


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BOTANIQUE. di 


bouillante en dissout une petite quantité, et tout le reste se convertit en mu- 
cilage (16). 

Cette gomme ne pourroit-elle pas être employée en médecine, comme suc- 
cédanée de Ia gornme adragant, qui est toujours d’un prix assez élevé dans le 
commerce? Et dans ce cas, ainsi que dans celui des ressources alimentaires que 
fournit le cycas, ne seroit-il pas du plus grand intérêt d’en encourager la culture 
dans les terrains négligés de Ia plupart de nos colonies! 

J'ai pensé que ces détails ne seroient pas superflus pour l’histoire d’un végétal 
aussi remarquable par ses caractères botaniques et son Organisation pour ainsi 
dire intermédiaire entre les monocotylédones et les dicotylédones, que précieux 
par les avantages qu’il promet au commerce , aux arts et à la médecine , par ceux 
qu'il fournit déjà aux nombreuses peuplades qui s’en nourrissent. 


ÎVota. Le cycas n’est pas le seul végétal dont les habitans des Moluques 
retirent le sagou : Île véritable sagoutier, et plusieurs autres palmiers qui 
fournissent de cette substance alimentaire, se trouvent et sont même fort 
communs sur les montagnes de ces îles; mais comme je ne les ai pas vus, et 


que je n'ai pu me procurer de nouveaux renseignemens positifs à leur égard, 
je m’abstiendrai d’en parler. 


SANTALACEZÆ, R. BROWN. 
NANODEA, GærT. fil. 


Cazyx hemisphæricus, ovario adnatus, limbo libero 4-partito, ect: 
laciniis subdeltoïdeiïs, basi constrictis, æqualibus; interstitiis undularo- 
prominentibus. CoroLLa nulla. SramiNA 4, limbo calycis inserta, ip- 
sius faciniis opposita; filamenta brevissima, ad imam basim incrassato- 
dilatata; antheræ ellipticæ, utrinque emarginatæ, biloculares , interne 
secundüm Îongitudinem dehiscentes. Ovarium subglobosum, calyci ad- 
natum, uniloculare, vertice libero, in stylum desinente, OvuLun 1 ; 
subellipticum, suffultum per podospermium longiusculum, filiforme, & 
fundo concavitatis enatum. Stylus breviusculus, utrinque sulco exaratus. 

Stigma bilobum, obis subrotundis, æqualibus. 

(16) Ainsi que le fait fa gomme du bois noir de l'Ile-de-France ( mimosa lebbec) qui, à cause de cette 
solubilité imparfaite , ne peut être employée dans les arts, pas même à Ja fabrication de l'encre. {Note de 


M. Delisse.) Je pense qu'il en est ainsi de la gornme du mimosa de f'arnèse ( mimosa farnesiana 
trouve dans la même localité, Toutes les deux v sont exotiques, 


é 


» qui se 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. sé 


mind © 


442 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Fructus (drupaceus) subglobosus, calyce carnoso undique obtectus , 
limbo styloque persistentibus coronatus, monospermus, non dehiscens. 

Pericarpium osseum. Semen sessile, globosum, immaturum. 

Herbulæ caulescentes, pusillæ, sediformes. Folia sparsa, angusta, cras- 
siuscula. Pedunculi terminales solitarit v. umbellati, bracteati? Flores 


violaceï. 


r. NANODEA MUSCOSA. 
N. muscosa. Gært. Fil. Carpol. pag. 251, tab. 225; Gaudichaud, FI. 
des îles Mal., Ann. des Sc. nat. mai 182$, pag. 101, tab. DT à 
Balexerdia muscosa, Commerson. . ....... Jussieu, Herb........ 
Pernetty, 2, pag. 64? 


In insulis Maclovianis. 


+ SANTALUM, Z., Wazzp. 


1. SANTALUM FREYCINETIANUM. PI. 45. 

S. foliis lanceolatis obtusiusculis, venosis, complicato -subfal- 
catis, petiolo quinquies longioribus ; racemis terminalibus sim- 
plicibus; floribus oppositis, roseis ; caule arboreo. 

Oié-axx incolarum. 
In insulis Sandwicensibus ( Wahou). Alt. 350-400 hex.; cum 


sequente. 


Cette espèce, offerte à M. Louis de Freycinet, fournit le bois de santal , seule 
production commerciale des îles Sandwich. Elle est sur-tout remarquable par 


Ja grandeur de ses fleurs rose foncé. 


2. SANTALUM ELLIPTICUM. 
S. foliis ovato-oblongis, obtusis, basi subcuneato - obliquis, 
petiolo ter quaterve longioribus , coriaceis, subtüs aveniis ; racemis 
axillaribus : floribus virescenti - flavescentibus ; caule fruticoso. 


Mao-foa Incolarum. 


BOTANIQUE. 443 


THYMELEÆ, JUSSIEU. 


DAIS, L. 


1. Dais cocciNEA. PI. 44. 

D. foliis oppositis, elliptico-oblongis, acutis, basi rotundatis , 
reticulato-venosis, nervo venisque primariis subtüs prominentibus ; 
membranaceis, glabris, suprà nitidis, subtüs pallidioribus ; floribus 
glabris, decandris, coccineis; fructibus 1-2-locularibus, 1-2- 
spermis. 


In insulis Moluccis (Rawak). 


PROTEACEZÆ, JUSSIEU. 
GREVILLEA, R. Brown. 


1. GREVILLEA ACANTHIFOLIA. 

G. foliis pinnatifidis, utrinque glabris; faciniis subcuneifor- 
mibus trilobatis ; lobis ovato-lanceolatis, mucronato-pungentibus, 
margine revolutis ; perianthiis tomentosis; pistillis glabris. 

G. acanthifolia. Bot. Regist. tab. 2807-2826. 
In Novæ - Hollandiæ orâ orientali (Montagnes -Bleues), cum 


sequente. 


2, GREVILLEA GAUDICHAUDI. PI. 46. 
_ G. folis pinnatifidis, suprà glabris, subtüs pilosiusculis ; la- 
ciniis oblongo-lanceolatis integris, inferioribus interdum bi-trifidis, 
mucronato-pungentibus, margine revolutis; perianthiis sericeis ; 
pistillis glaberrimis. 
Grevillea gaudichaudii. À. Brown, mss. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (vallée de Jamieson ). 


56* 


444 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


AMARANTHACEZÆ, JUSsIEU. 
CHARPENTIERA. 


FLORES hermaphroditi. Cazyx quinquepartitus, subregularis, tribrac- 
teatus, COROLLA nulla. STAMINA quinque, basi in urceolum ovario 
breviorem connata , interjectis Îobulis totidem rotundatis. ANTHERÆ 
cordatæ, biloculares. OvarIUM pyriforme, tardiùs ovoideum, mono- 
spermum; ovulum podospermio spathulato cucullato suffultum. Sryius 
nullus. SricmA profundè bipartitum, laciniis subulatis, internè villosis, 
patulis. CApsuLa membranacea, ovoidea, monosperma, evalvis. SEMEN 
reniforme. 

Frutices vel arbuscufæ. Folia alterna, integra, integerrima ; spicæ 
paniculatæ, graciles; paniculis axillaribus, bracteolatis. 

Chamissoæ proxima; distincta calyce subregulari, urceolo stamineo 
lobato, stigmate sessili, capsulâque evalvi. 


. A 1 Û . à ° 
J'ai consacré ce genre à la mémoire de mon ami M. Charpentier, phar- 
macien en chef de la marine, et lun de ses professeurs les plus distingués. 


1. CHARPENTIERA OBOVATA. PI. 48. 
C. foliis breviter petiolatis, oblongis; paniculis simplicibus. 
In insulis Sandwicensibus { Alt. 500-600 hexap. ). 


2. CHARPENTIERA OVATA. PI. 47. 
C. foliis Tongè petiolatis, ovato-ellipticis; paniculis compositis. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 500-600 hex.). 


TRICHINIUM, À. Brown. 


1. T'RICHINIUM CORYMBOSUM. 

T. caule herbaceo, apice corymboso-ramoso, 2-4-stachyo ; 
foliis linearibus ; spicis globoso -ellipticis; faciniis talycinis basi 
villoso-hirsutis: laciniis lanceolatis, dorso pilosis ; bracteis acu- 
minato-mucronatis, uninerviis, glabris. 

Confer trichinio fusiformi, gracili. 

In Noyæ-Hollandiæ orâ occidentali ( baïe des Chiens-Marins ). 


BOTANIQUE. | 445 
2. TRICHINIUM POLYSTACHYUM. 

T. caule herbaceo, paniculato, ramoso, polystachyo; foliis 
lanceolatis, margine crispis, pubescentibus ; spicis cylindraceis ; 
laciniis calycinis Îineari -spathulatis, dorso hirsutis ; bracteis 
obtusis, mucronulatis, uninerviis, glabris. 

In Novæ-Hollandiæ orä occidentali ( baie des Chiens-Marins ). 


3. TRICHINIUM MACROCEPHALUM. | 
1. macrocephalum! R: Brown, Prodr. pag. 415. 
- In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson}. Fraser com- 
municavit. 


4. TRICHINIUM DIVARICATUM. 

T. caulibus lignosis, ramosis, polystachyis ; ramis fastigiatis ; 
ramulis divaricatis ; foliis Tinearibus acutis, glabris, subcarnosis, 
integerrimis, planis; spicis subglobosis, cernuis; calyce externè 
pilis longissimis sericeis hirsuto; Jaciniis lanceolatis, obtusis : 
bracteis acutiusculis, uninerviis, glabris. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


$- TRICHINIUM OBOVATUM. PI. 40. 

T. caulibus lignosis ; ramis apice paniculato-polystachyis ; foliis 
obovato-oblongis, obtusis, basi cuneatis, integerrimis, planis, 
utrinque ramisque cano-tomentosis ; spicis hemisphæricis ; calyce 
externè pilis longissimis sericeis hirsuto; bracteis acutis, uniner- 
viis, pilosiusculis. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali ( baie des Chiens-Marins). 


PLANTAGINEZÆ, Jussieu. 
PLANTAGO, L. 


1. PLANTAGO QUELENIANA. PI. 50. 
P. caule suffruticoso, erecto, simplici, tereti, apice folioso 


446 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
et lanuginoso; foliis oblongo-lanceolatis, 7-9-nerviis, integer- 
rimis, glabris, argenteo-nitentibus ; spicis cylindraceis. 
In insulis Sandwicensibus. 


J'ai consacré cette espèce au vénérable aumônier de notre expédition, 
M. l'abbé de Quélen de la Villeglée, chanoine du chapitre royal de Saint-Denis, 
comme une marque de mon respectueux souvenir. 


PLUMBAGINEZÆ, JUSssIEU. 
ÆGIALITIS, À, Brown. 


Cazyx plicato-angulatus, $-dentatus, coriaceus. CoroLLA quinque- 
petala, unguibus basi connatis, STAMINA 5, epipetala. SryLr $. SricmaTA 
capitata. CoNCEPTACULUM exsertum, angulatum, subcylindraceum, 
evalve, coriaceum. SEMEN germinans, exalbuminosum. PLUMULA con- 
spicua. 

Frutex humilis, glaberrimus , inter rhizophoras crescens. Rami teretes, 
fragiles, cicatricibus petiolorum annulati. Folia alterna, extipulata, 
plana, coriacea, ovata, integerrima, petiolo marginato, basique dilatatä 
vaginanti. Spicæ paniculatæ ; loribus alternis, subimbricatis, tribrac- 
teatis, albis. À, Brown. 


1, ÆGIALITIS ANNULATA. PL 51. 
Æ. annulata. À. Brown, Prodr. pag. 426. 


In insulis Moluccis (Timor ). 


SCROPHULARINEÆ, R. BROWN. 
CYRTANDRA, Forsrrer. 


1, CYRTANDRA CORDIFOLIA. PI. 56. 
C, foliis subrotundo-ovatis, acutis, obliquè cordatis, dentatis, 


BOTANIQUE. 447 
suprà hirsutis, subtüs villoso-tomentosis, ferrugineis ; pedunculis 
trifloris ; calycibus ferrugineo-villosis. 
| Fafacx imcolarum. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. 100-300 hex.) ; cum sequentibus. 


2. CYRTANDRA GRANDIFLORA. PI. 55. 

C. foliis oblongis, acuminatis, basi angustatis, obsoletè den- 
ticulatis, ciliatis, suprà glabriusculis, subtüs pallidioribus , nervo 
venisque pulverulento-pubescentibus ; pedunculis apice diphyllis, 
bifloris; calycibus glabris. 

3. CYRTANDRA LESSONIANA. PI. 54. 

C. foliis oblongis, acuminatis, basi angustatis, denticulatis , 
suprà puberulis, subtùs tomentoso-sericeis, ferrugineis ; pedunculis 
unifloris, bibracteatis; calycibus quinquepartitis, subvillosis ; 
laciniis margine undulato-reflexis. 


À M. René-Primevert Lesson, pharmacien zoologiste de [a marine. 


4. CYRTANDRA TRIFLORA. PI 52. 
C. foliis oblongis, subacuminatis, basi cuneatis, subduplicato- 
serratis, glabris; nervo venisque subtùs adpresso-pubescentibus ; 
pedunculis trifloris; calycibus glabriusculis. 


s. CYRTANDRA GARNOTIANA. PI. 53. 

C. foliis elliptico-oblongis, acutis, in petiolum decurrentibus, 
remotè serrulatis, supra hirtellis, subtüs molliter tomentoso-pu- 
bescentibus, canescentibus; pedunculis paucifloris, subdichotomis ; 
calycibus villoso-pubescentibus. 


À M. Prosper Garnot, chirurgien zoologiste de la marine. 


6. CYRTANDRA PALUDOSA. 
C. foliis oblongis, acuminatis, basi angustatis, grossè serratis, 
glabris, subtüs pallidioribus, pedunculis unifloris. 


LIMNOPHILA, R. Brown. 


1. LIMNOPHILA GRATIOLOÏDES. PI, 57, f. 1. 
L. foliis profundè tripartitis ; laciniis inciso-pinnatifidis. 


448 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
L. gratioloïdes. R. Brown, Prodr. pag. 442. 
Gsjadaeu-tyira. Rheed, Hort. mal. 12, pag. 71, tab..36 (1). 
Gné-qué incolarum. 
In insulis Mariannis, cum sequente. 
2. LIMNOPHILA SERRATA. PI, 57, f. 2. 
L. foliis integris, oblongis, serratis, 


Gué-qué D As (souzouangane ) incolarum. 


SOLANEÆ, JUSSIEU. 


SOLANUM, Z. 
SOLANUM DUNALIANUM. PL. 58. 

S. frutescens; foliis ellipticis, acutis, basi in petiolum decur- 
rentibus , integerrimis, glabris , nervo medio subtüs, petiolis 
ramulisque spinosis ; floribus corymbosis, tetrandris ; calycibus 
glabris, Iobis abbreviato-ovatis, acutis, subæqualibus; corollis 
externe pulverulento-tomentosis ; laciniis ovato-lanceolatis ; baccis 
globosis. 

In insulis Moluccis (Pisang ), 


Cette belle espèce a été consacrée à M. Dunal, auteur d’excellens écrits sur 
la famille des solanées , &c. 


BORAGINEZÆ? JUSSIE UT. 
HALGANIA: 


Cazyx quinquefidus, regularis; faciniis lanceolatis. CoroLLA hypo- 
gyna, infundibuliformis, quinquepartita ; tubo brevissimo : laciniis 
oblongis, obtusis, patentibus, calycem superantibus. Præfloratio imbri- 
cato-subcontorta. STAMINA S» tubo corollæ inserta. Filamenta brevia. 
Antheræ ovato-oblongæ , basi cordatæ ibique affixæ, erectæ, cohærentes, 


(1) Commerson a recueilli à Java des échantillons de ce limnophila à feuilles inférieures 
divisées comme celles de plusieurs plantes aquatiques (myriophyllum, ranunculus, &c.). 


BOTANIQUE. 449 
biloculares, apice in appendicem linearem productæ ; loculis internè ad 
apicem foramine dehiscentibus. Ovarium sessile, obliquè ovatum. Stylus 
terminalis, filiformis, stamina superans, persistens (?). Stigma simplex 
obtusum. Fructus obliquè tetragono-ovatus , cortaceus, bipartibilis ; 
segmentis bilocularibus ; loculis monospermis. 

Semina ( immatura) lineari-reniformia, medium versus suspensa, 
parieti interiori afhxa. 
Fruticulus littoralis, ramosus, pilosus; ramis sparsis. Folia sparsa , 


Jlanceolato-cuneata, subdentata, apice triloba, interdüm integra. Stipulæ 
nullæ. Corymbi terminales, ebracteati; floribus cæruleis. 


1. HaLGANIA LiTToraLIs. PL. 50. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins }. 


J’aiconsacré ce genre à M. Pamiral Halgan, comme un bien foible témoignage 
de ma profonde reconnoïssance. 


GENTIANEZÆ, Jussieu. 
GENTIANA, L. 


1. GENTIANA MAGELLANICA. 

G. caulibus erectis, ramosis, tetragonis, angulis membranaceis : 
folïis spathulato-lanceolatis, acutiusculis, trinerviis; loribus ter- 
minalibus , solitariis-ternis; calycibus 4-fidis, corollam subæquan- 
tibus , laciniis-lanceolatis. 

In insulis Maclovianis. 


LOGANIZÆ, R. BROWN. 
LABORDIA. 


Cazyx campanulatus, quinquefidus ; laciniis lanceolatis , subinæqua- 
libus. CoroLLA tubuloso - infundibuliformis, hypogyna, quinquefida , 
regularis, basi ventricosa ; laciniis lanceolatis, patulis, internè fauceque 


Voyage de l'Uranie. — Botanique, Y ; 


450 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


villosiusculis. STAMINA quinque, fauci corollæ inserta, cum ejus laciniis 
alternantia. Filamenta brevia. Antheræ ovato-oblongæ, obtusæ, cordatæ, 
inclusæ, biloculares, internè secundüm longitudinem dehiscentes. Ova- 
RIUM Jiberum, sessile, ovatum, trigonum, triloculare; placenta una in 
quolibet loculo, angulo interno affixa, oblonga, carnosa, undique ovulis 
obsita. Ovula minuta, creberrima. Stylus terminalis, brevis, crassus, 
triangularis, cum ovario continuus. Stigma conicum , triangulare, pu- 
bescens. Fructus capsularis (?), trilocularis, polyspermus. 

Frutex glaber; ramis oppositis, teretibus. Folia opposita, oblonga, 
integerrima. Stipulæ axillares, oppositæ, per dorsum basi petioli adnatæ. 
Flores terminales, pedunculati, umbellati, flavido-albi ; pedunculi medio 
bibracteati ; bracteis linearibus; calycibus flavido-viridibus. 


1, LABORDIA FRAGRÆOÏDEA. PI. 6o. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. {50-500 hexap. ). 


Ce genre a été dédié à la mémoire de lun de nos infortunés compagnons 
de voyage, M. Laborde, officier de marine, mort en mer dans le voisinage de 
VIle-de-France. 


APOCYNEZÆ, JUSSIEU , R. BROWN. 
REJOUA. 


CaLyx parvus quinquepartitus. CoroLLA hypocrateriformis , tubo 
elongato, infrà medium inflato ibique intus staminifero, limbo quinque- 
partito, patentissimo ; laciniis obliquè ovatis æqualibus, tubo brevioribus. 
STAMINA 5, flamenta brevissima. Antheræ cordato-sagittatæ, basi afhixæ, 
biloculares , liberæ, inclusæ. OvaARIA duo. Styli 2, connati. Stigma sub- 
clavatum apice bicuspidatum. Fructus subrotundo-ellipticus subumbili- 
catus, polyspermus non dehiscens ; cortice membranaceo, pulpâ exsuccä 
cellulosä nitente. Semina nidulantia, ovato-parallelepipedea, compressa, 
externè rugulosa, badia. 


BOTANIQUE. 45St 

Arbor inermis. Folia opposita oblongo-lanceolata , membranacea. 
Paniculæ terminales pedunculatæ, bracteatæ. Flores sparsi, virescenti- 
albidi. Fructus magnus, rubro-aurantius, fructum citri aurantium referens. 


1. ReJouA AURANTIACA. PL 61. 
Tabernæmontana aurantiaca. Gaudichaud, Gener. pag. 50 et 55: 
In insulis Moluccis (Rawak). 


Cette plante a reçu le nom de Rejoua , en l'honneur de M. Réjou, phar- 
macien en chef et savant professeur de botanique et de chimie de Ja marine, 
auteur de plusieurs mémoires importans sur les sécrétions des végétaux, &c. 


ALYX IA, À. Brown. 


GYNOPOGON, FORSTER, LABILLARDIÈRE, 


1. ALYXIA LAURINA. PI. 62. 
A. pedunculis terminalibus, subternis, 1-3-floris; foliis ternis, 


oblongis, acuminatis, acumine rotundato - emarginato , subco- 
riaceis : fructibus moniliformi - biarticulatis, articulis ellipticis. 
Rumph. Amb. $, tab. 20. 

In insulis Moluccis ( Rawak). 


2. ALYXIA OLIVÆFORMIS. 
A. pedunculis axillaribus solitariis, 2-4-floris; foliis ternis, 


elliptico - oblongis , uirinque acutis, membranaceis ; fructibus 
” olivæformibus. 
In insulis Sandwicensibus. 


3. ALYXIA TORRESIANA. 
A. pedunculis axillaribus, solitariis, bifloris, petiolum supe- 


rantibus; foliis ternis, ellipticis, obtusis, subemarginatis, basi 
in petiolum decurrentibus ; fructibus elliptico-subrotundis. 


In insulis Mariannis. 


57 


452 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CONVOLVULACEZÆ, JUSSsIEU. 


DUPERREYA. 


CaLyx quinquepartitus bracteis duabus minoribus suffultus, in fructu 
persistens grandefactus membranaceus $ reticulato - nervosus " patens. 
CorozLa subinfundibuliformis plicato-quinqueloba, calyce vix amplior. 
STAMINA 5, tubo corollæ inserta, inclusa. Ovarium ellipticum unilocu- 
lare? Stylus filiformis, exsertus. Stigma magnum crassum, trigono-sub- 
cordiforme. Capsula elliptica, non dehiscens, membranacea, mono- 
sperma. Semen fundo cavitatis affixum, sessile, ellipticum. Albumen 
tenue, mucilaginosum, Cotyledones corrugato-plicatæ. Radicula inflexa, 
infernè spectans. 

Fruticulus. Foliis alternis, angustis, sericeis; floribus axillaribus so- 
litarïis pedunculatis, subracemosis, cærulescentibus. 


1. DUPERREYA SERICEA. PI. 63: 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baïe des Chiens-Marins. ) 


A M. Louis-Isidore Duperrey, officier de Ia marine royale; témoignage 
d’attachement et de reconnoïssance pour les plantes qu’il a bien voulu collecter 
pour moï dans la plupart de ses courses hydrographiques. 


LABIAT Æ, JUSSIEU. 
PRASIUM, Z. 


1. PRASIUM GLABRUM. PI. 64. 

P. glaberrimum; foliis ovato-ellipticis, argutè serratis; pedun- 
culis trifloris, racemosis; lobis calycinis ovatis, acutis ; corollis 
elongatis. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 300-400 hex.) ; cum sequentibus. 


| 
| 
| 
| 
| 


BOTANIQUE. 453 
2. PRASIUM GRANDIFLORUM. PI. 65, f. 2. 
P. foliis ovato-ellipticis, crenato-serratis, subtüs pubescentibus ; 
racemis verticillatis ; verticillis 4-6-floris; calycibus sericeis, 
lobis abbreviato-ovatis obtusis ; corollis elongatis, sericeis. 


3. PRasIUuM MacRopxyLLuM. PL 65, f. 3. 

P. foliis ovatis, crenato-serratis utrinque adpresso-pilosiusculis ; 
racemis verticillatis multifloris ; calycibus striguloso-sericeis ; lobis 
ovatis, acutiusculis; corollis elongatis, pubescentibus. 

Luce Incolarum. 


4. PRAsIUM PARVIFLORUM. PI. 65, f. 1. 
P. ramis foliisque subtüs molliter canescenti-pilosis, ovatis, 
cordatis, crenato-serratis ; racemis verticillatis ; Verticillis sexfloris ; 
calycibus viscoso-pubescentibus ; lobis lanceolato-subulatis ; corollis 


elongatis, puberulis. 


VERBENACEÆ! JUSSIEU. 
QUOYA. 


Cazyx subturbinatus, bilabiatus, labio superiore trilobo , inferiore 
bifido. COROLLA turbinato-campanulata, limbo quinquelobo, bilabiato, 
Jobis quatuor acutiusculis ( duobus fateralibus minoribus), infimo maximo 
subrotundo concavo. SrAMINA quätuor corollæ medium versüs inserta, 
exserta, didynama. Antheræ biloculares ; loculis collateralibus æqualibus 
basi calcaratis; calcaribus apice connatis. Ovarium obovatum, emar- 
ginatum, quadriloculare, loculis monospermis, placentä centrali demüm 
bipartibili. OvuLA oblongo -teretia, infrà medium aflixa. Stylus termi- 
nalis, filiformis, exsertus. Stigma incrassatum, apice bilobum. 

P'EMCEUS.. ISERE Res, 

Suffrutex tomentosus pilis stellulatis v. ramosis; ramulis teretibus. 
Folia opposita, sessilia, obovato-cuneata, crenata, rugulosa. Umbellæ 
axillares, pedunculatæ, simplices, paucifloræ , bracteatæ. Flores pedi- 
cellati, cærulescentes. 


454 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


1. QUOYA CUNEATA. PI. 66. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


À mon ami M. le docteur Quoy, chirurgien-major, et l’un des woologistes 
de Pexpédition. 


ERICEÆ, Jussieu. 
PERNETTYA. 


Cazyx inferus, quinquepartitus. CoroLLa globosa, limbo quinque- 
fido, revoluto. STAMINA 10, subhypogyna, inclusa; filamenta suprà 
basim ventricoso-incrassata ; antheræ biloculares, apice bilobæ; lobis 
bifidis, apertis. Ovarium liberum, depresso-globosum, quinqueloculare ; 
loculis polyspermis ; glandutæ 10, trilobæ, basim ovarit annulatim cin- 
gentes cum staminibus alternantes. Stylus terminalis, brevis. Stigma 
convexum , obsoletè quinquelobum. Bacca calyce persistente subcarnoso 
suffulta, polysperma. Semina minuta, oblongo-ovata. Fruticulus ramo- 
sissimus, procumbens ; folia parva, alterna, approximata. Flores axil- 
lares, solitarit, pedunculati, cernui, albi; pedunculis bracteosis. 


1. PERNETTYA EMPETRIFOLIA. PI. 6%. 
Arbutus empetrifolia. L., Persoon, Syn. pl. 1, pag. 48 3. 
À. pumila? Wild. Sp. pl. 3, pag. 619; Persoon, Syn. pl. 1, pag. 483. 
Andromeda empetrifolia. Lamarck, Encycl. 1, pag. 155; Wild. Sp. 
pl. 3, pag. 600, n.° o. 
Bruyère à feuilles pointues. Pernetty, 11, pag. 64. 
In insulis Maclovianis. 


J'ai consacré ce genre à la mémoire de Dom Pernetty, qui a écrit l’histoire 
de son voyage aux îles Malouines, ouvrage remarquable par l'intérêt, le ton 
de candeur et de vérité qu’a su y répandre son auteur. 


VACCINIUM, Z. 


1. VACCINIUM PENDULIFLORUM. PI. 68, 
V. erectum, glabrum; ramis angulatis, foliosis ; foliis oblongis , 


BOTANIQUE. 4$5 
argutè serratis, subcoriaceis ; pedunculis axillaribus , solitariis, 
unifloris , elongatis, fructiferis pendulis; floribus decandris ; la- 
cinüis calycinis lanceolatis corolâ campanulatâ quinquangulatä 
dimidio brevioribus ; antheris aristatis. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hex. ). 


LOBÉLIACEÆ.— CAMPANULACEÆ Auct. 


Les nombreuses lobéliacées recueillies en Amérique (à Rio-Janeiro et aux 
îles Malouines ), au Caÿ de Bonne-Espérance, à la Nouvelle-Hollande, et sur- 


tout aux îles Sandwich, nous ont mis à même de partager Îles plantes de cette 
famille en tribus, en genres, et les genres en sections. 

Déjà M. R. Brown avoit senti la nécessité de diviser les lobéliacées de Ia 
Nouvelle-Hollande en /obelia proprement dits et en sotoma. Nous crûmes ne 
pouvoir mieux faire que de suivre l'exemple de ce célèbre botaniste ; et aidés 
des découvertes faites dans les pays précités, nous n’hésitâmes pas à tracer les 
es groupes et les genres qui résultèrent bientôt de nos observations, et dans 
| chacun desquels de nombreuses espèces vinrent se ranger natureflement., De 1à 

les isotomées du Cap et de la Nouvelle- Hollande ; les clermontiées des îles 
Sandwich et probablement de toutes les terres élevées du Grand-Océan équi- 


noxial, &c. &c. 

Ces divisions, établies sur des cäfactères légers en apparence, reposent toute- 
fois sur un assez grand nombre de considérations, pour que nous puissions es- 
pérer de Les voir adopter par les botanistes. 

L'espace ne nous permettant pas de placer ici ensemble de notre travail 
sur les lobéliacées connues, nous nous bornerons à donner la description de 
quelques-uns des genres que nous avons formés, de ceux sur-tout qui comptent 
plusieurs espèces, tels que les clermontia, delissea, rollandia, &c., plantes nou- 
velles qui appartiennent toutes au Voyage de /'Uranie, 


ISOTOMA, R. Brown.— LoBELrÆ Sp. 


y. ISOTOMA AXILLARIS. PI. 70. : 
L. caule herbaceo, erecto, ramoso; foliis pinnatipartitis, gla- 


bris, sessilibus; laciniis remotis, linearibus, integerrimis; pedun- 


} 
{ 
: 
| 


456 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


culis axillaribus, unifloris, folia duplà superantibus; faciniis ca- 
lycinis lineari-subulatis tubo corollæ subintegro dupld triplève 
brevioribus ; corollis glabris. 
Isotoma axillaris. À. Brown, Botan. regist. XII, pag. 964, tab. 064. 
Lobelia senecioïdes. Hort. 
Lobelia fleuryana. Olim. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Bathurst ). 


PRATIA.— LoBELIÆ Sp. 


Cazyx ovario adnatus, limbo libero, quinquedentato. Corolla subin- 
fundibuliformis, dorso usque ad basim fissa ; limbo quinquefido, patente. 
STamINA $; filamenta supernè in tubum connata; antheræ connatæ. 
Stigma bilobum. Capsula calyce carnoso-obtecta, bilocularis, non de- 
hiscens ; loculis polyspermis. 

Herbulæ pusillæ. Caules filiformes, ramosi, folia crassiuscula ; flores 
axillares, solitarii, pedunculati, pallidè roseo-violacei ; pedunculis sub- 
bracteolatis. 


J'ai consacré ce genre à la mémoire de M, Prat-Bernon, élève de la marine 
de première classe, mort en mer dès les premiers jours de notre navigation. 


1. PRATIA REPENS. PI. 70. ; 
P. caule repente; foliis petiolatis, subreniformibus, undulato- 
subcrenulatis. 
Lobelia pratiana. Olim. 


In insulis Maclovianis, 


2. PRATIA? ERECTA. 
P. caule suberecto. Foliis sessilibus, ovato-lanceolatis, remotè 
et argutè dentatis. 


Lobelia concolor?? R. Brown, Prodr. pag. 562. 


In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson ). Fraser com- 


municavit. 


BOTANIQUE. 457 
DELISSE A. — LoerrÆ Sp. 


Cazyx ovario arctè adnatus; limbus liber, quinquedentatus, per- 
sistens. CoroLLA tubulosa arcuata decidua; tubo cylindraceo indiviso ; 
limbo quinquepartito, subbilabiato. SramiNA quinque; filamenta in 
tubum liberum connata ; antheræ cohærentes, 2 inferiores barbatæ. 
STIGMA bilobum, pilis cinctum. CarsuLA baccata, calyce persistente 
coronata , bilocularis, non dehiscens. Semina creberrima. 

Caulis fruticosus, lactescens. Folia sparsa, extipulata , integra. Flores 
racemosi, axillares, (albido-rosei), pedicellis basi unibracteatis. 


À M. Delisse, pharmacien à l'Ile-de-France, naturaliste de l'expédition 
françoise aux Terres australes, de 1 800 à 1804. 


1. DELISSEA SUBCORDATA. PI 77. 
D. ramosa; foliis ovatis, né dentatis, glabris; calycibus 
quinquedentatis. 
Lobelia subcordata. Olim. 


2. DELISSEA UNDULATA. PI. 78. 
D. caule simplicissimo; foliis oblongis, ar gutè grossèque den- 
tatis, glabriséimargine undulatis ; calycibus dires 
Lobelia undulata. Olim. 


3. DeEuissEA ACUMINATA. PI. 76. 
D. ramosa; foliis oblongis, duplicato- denticulatis, utrinque 
hirtellis; calycibus quinquedentatis. | 
Lobelia delisseana. Olim. 


CYANEA.— LoBeLIÆ Sp. 


CaLYx ovario adnatus, decemsulcatus; limbus foliaceus longior, 
quinquepartitus ; Jaciniis oblongis, margine reflexis et undulato-crispis. 
CoroLrA tubuloso-cylindracea, arcuata ; limbo quinquepartito, sub- 

Voyage de l'Uranie, — Botanique, S 8 


458 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


bilabiato. STAMINA quinque ; tubus stamineus Liber. Antheræ connatæ, 
barbatæ. CapsuLA baccata , sulcato-decagona , indehiscens, bilocularis, 
calyce persistente coronata. Semina creberrima. 

Arbor lactescens ; ramis ramulisque tuberculato-aculeatis. Folia alterna, 
extipulata, pinnatipartita, serrata. Racemi axillares; pedicellis basi uni- 
bracteatis. Flores cyaneï. 


1. CYANEA GRIMESIANA. PI. 75. 

C. ramosa ; foliis magnis pinnatipartitis, glabriusculis ; faciniis 
Janceolatis, grossè dentatis; petiolo, rhachi pedunculisque tuber- 
culoso - aculeolatis ; calycibus quinquepartitis ; laciniis magnis , 
oblongis, margine undulato-crispis. 

Lobelia grimesiana. Olim. 


Coué-uoui incolarum. 


A M. Grimes, pharmacien en chef et savant professeur de chimie de fa 
marine. 


ROLLANDIA. 


CaALYx ovario arctè adnatus ; limbus liber, quinquepartitus; laciniis 
abbreviatis, obtusis. CoroLLA tubulosa, fateribus compressa, arcuata; 
tubo indiviso; limbo quinquepartito, subbilabiato. STAMINA quinque ; 
tubus stamineus infernè parti superiori corollæ adffâtus. Antheræ cohæ- 
rentes, barbatæ. Stigma bilobum, pilis cinctum. Capsula baccata, in- 
dehiscens, bilocularis, calyce persistente coronata. Semina creberrima. 

Frutex lactescens. Folia alterna, extipulata, integra. Pedunculi axil- 
lares, pauciflori ; pedicellis basi unibracteatis. Flores albidi, 


À M. Rolland, maître canonnier de l'expédition, à qui lornithologie doit 
les plus grands services, témoignage d’attachement. 


1. ROLLANDIA LANCEOLATA. PI. 74. 


R. ramosa ; foliis magnis, oblongo-lanceolatis, duplicato-den- 
tatis, subtüs hirtellis; calycibus quinquepartitis, glabris ; laciniis 
ovatis, obtusis ; racemis depauperatis ; staminibus epipetalis. 

Lobelia rollandiana. Olim. 


No Dre Es 


BOTANIQUE. 459 
2. ROLLANDIA CRISPA. 

R. ramosa ; foliis magnis, oblongis infernè valdè angustatis, 
argutè dentatis, glabris, margine undulato- crispis ; calycibus 
quinquepartitis pubescentibus ; laciniis ovatis, obtusis; staminibus 
_epipetalis. 

Lobelia crispa. Olim. 


CLERMONTIA. 


Cazyx tubulosus arcuatus, quinquedivisus , infernè ovario adnatus, 
longitudine corollæ coloratus, caducus. CoroLLA tubulosa, arcuata, 
quinquefida, subregularis. STAMINA quinque, unà cum corolla caduca. 
Filamenta in tubum liberum connata. Antheræ cohærentes. STIGMA 
bilobum, pilis cinctum. CapsuLa baccata, bilocularis, apice nuda, non 


( 
3 

4 
| 

4 


dehiscens ; loculis polyspermis. 
Caulis fruticosus vel arborescens, lactescens. Folia alterna, integra, 
stipulata. Flores racemosi , axillares, bracteati, speciosi, albidi vel roseo- 


violacei (cærulei!\. 


{ J'ai consacré ce genre à M. le marquis de Clermont-Tonnerre, ministre de [a 
k marine, comme un bien foible témoignage de reconnoissance et de respect. 


1. CLERMONTIA OBLONGIFOLIA. PI. 7r. 

1 C. foliis longissimè petiolatis, oblongis, acutiusculis, crenatis; 
: | calycibus quinquepartitis. 

D Lobelia oblongifolia. Olim. 


“Ininsulis Sandwicensibus (Alt. {so-500 hex.); cum sequentibus. 


1 2. CLERMONTIA PERSICIFOLIA. PI. 72. 
À C. foliis oblongo-lanceolatis, acutis, crenatis; calycibus quin- 
quefidis. : 


À 1. n Q Q 
| Lobelia clermontiana. Olim. 


3. CLERMONTIA GRANDIFLORA. PI 734 
î . C. foliis obovato -oblongis, subacuminatis, dentato - crenatis : 
1 floribus maximis ; calycibus quinquefidis. 
Lobelia grandiflora. Olim. 
58” 


L 
d 
É 


460 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GOODENOVIZÆ, R. BROWN. 
DISTYLIS. 


Cazyx ovario adnatus, limbo libero quinquepartito, persistens, Co- 
ROLLA decidua; tubo posticè fisso ; limbo quinquepartito, patente, sub- 
bilabiato, lacinïis margine tenuioribus. STAMINA quinque, distincta. 
SryLus bipartitus. STIGMATA membranulä cupuliformi ciliatä involucrata. 
CaprsuLa calyce persistente coronata, semibilocularis ; dissepimentum 
abbreviatum, valvis parallelum. SEMINA imbricata, compressa, orbicu- 
lata, membranäâ cincta. 

Herba pilosa annua, multicaulis. Caules subsimplices. Folia alterna, 
dentata. Flores axillares, solitarii, longè pedunculati, racemosi, ebrac- 
teati, flavi. 


1. DisTyzis BERARDIANA. PI. 80. 
Goodenia berardiana. Olim. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins k 


Je consacre cette plante à M. Auguste Bérard (frère du savant chimiste de 
ce nom), officier de la marine française, qui, pendant tout le voyage, a rendu 
les plus grands services à l’histoire naturelle. 


SCÆVOLA, Lan. 


1. SCÆVOLA TOMENTOSA. PI. 81. 

S. fruticosa erecta ; fuscescenti - tomentosa ; pube stellulatä ; 
foliis mollibus, subrhombeo -ovatis, obtusis, sinuato- dentatis : 
foribus axillaribus, solitariis, pedunculatis ; calyce abbreviato 
quinquedentato; corollä pubescente ; bracteolis unilateralibus, se- 
miconnatis, integerrimis; fructu dispermo. 


In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baïe des Chiens-Marins ). 


2. SCÆVOLA MONTANA. 
S. fruticosa, erecta, glabra; foliis Janceolatis, acutis, basi 
angustatis, integerrimis, subfalcatis; fructibus axillaribus solitariis, 


BOTANIQUE. 461 
breviter pedunculatis, subracemosis, calyce urceolato obtuso quin- 
quelobo coronatis, dispermis; bracteolis linearibus, integerrimis. 
| In insulis Sandwicensibus ( Alt. {50-500 hex.); cum sequente. 


3. SCÆVOLA CHAMISSONIANA. PI. 82. 

S. fruticosa, erecta, glabra; foliis oblongis, utrinque acumi- 
natis, argutè denticulatis ; axillis barbatis; pedunculis axillaribus, 
dichotomis, folium subæquantibus ; loribus dichotomiarum sessi- 
libus ; calycibus abbreviatis, quinquedentatis ; corollis pubescen- 
tibus ; drupis bilocularibus. 

À M. Adelbert de Chamisso, naturaliste de l'expédition autour du monde, 
commandée par M. le capitame Kotzebue, de Ia marine russe. 


SYNANTHEREZÆ, H. CASSINI. — COMPOSITÆ Auct. 
LACTUCEÆ, H. Cassini. 
TARAXACUM, Hazz., Lamarcx. 


1. T'ARAXACUM PUMILUM. 
T. caule subramoso foliisque piloso-lanatis, lineari-lanceolatis, 
acutis. ET 
In insulis Maclovianis. 


| Cette petite plante, haute de 18 lignes à 2 pouces, a des tiges légèrement 

rameuses à Ja base; des feuilles linéaires-lancéolées, à poils laineux; des pédun- 

cules axillaires terminés par une seule fleur; un involucre composé d’écailles 

imbriquées, lancéolées, inégales, velues, dont cinq extérieures plus courtes; 

des semences fusiformes, terminées au sommet par une pointe alongée; une 

aigrette formée de poils simples ou très-légèrement dentés, soyeux, blancs, 
Elle est, d’après M. H. Cassini, très-voisine du genre ixeris. 


F | HVYPOCHÆRIS, Er. 
. HYPOCHÆRIS ARENARIA. 

H. caule ramoso, erecto, plurifloro, foliisque hispidulis, sub- 
squarroso - pinnatifidis, radicalibus minuüs profundè incisis ; invo- 
lucro piloso. 

In insulis Maclovianis. 


met 


462 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


L’hypochæris arenaria | achyrophorus , Gœrt. ) croît dans les sables des rivages 
et produit des tiges radiciformes très-longues, 11 a des péduncules simples ou 
rameux; un involucre caliculé; un réceptacle paléacé, à écailles très-longues, 
renfermant chacune une fleur; des semences brunes, striées en long, rugueuses, 
terminées par un long bec et surmontées d'une aïgrette formée de poils plumeux. 


ÿ 


CARDUINEZÆ, FA. CASSINI. 
LEUZEA, DeEcan». 


1. LEUZEA AUSTRALIS. PL 02. : . 
L. caule piloso; folïis pinnatifidis, utrinque hirtellis; laciniis 
oblongis mucronato-dentatis. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali (Port-Jackson, Fisch river). 


ARCTOTIDEZÆ, HA. CASsSIni. 
CYMBONOTUS, A. Cass. 


INvoLucruM hemisphæricum , polyphyllum, imbricatum. RECEPTA- 
CULUM laciniato-faveosum. FLORES disci hermaphroditi, tubulosi; radii 
crebri, ligulati, feminei. FRucrus hemisphærici, apice nudi; marginibus 
lateris exterioris plani revolutis loculumque vacuum efformantibus. 

Herba acaulis. Folia spathulata, remotè denticulata, subtüs albo- 
fanata. Pedunculi complures, scapiformes, uniflori. Flores flavi. 


1. CYMBONOTUS LAWSONIANUS. PL. 86. 
Cygpbonotus. H. Cassini, Opusc. 2, pag. 65. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Port-Jackson , Bathurst ). 


Hommage de reconnoissance à M. Lawson, officier anglois, qui, à Ia 
Nouvelle-Galles du Sud, nous a guidés dans notre voyage du Port-Jackson aux 


,"E 


Montagnes-Bleues et à Bathurst. 


tin 


LA 


BOTANIQUE. 463 


CALENDULEZÆ, H. CASSINI. 
CALENDULA, Linw. 


CALENDULA PARVIFLORA ? 
C. foliis sessilibus , amplexicaulibus , lanceolatis, crenulato- 
dentato-mucronatis, scabris; caule suffruticoso. 


Ad Caput Bonæ-Spei. 


HELIANTHEÆ, H. Cassrwr 
E nr ot LINN. 


. ECLIPTA PROSTRATA. 
E. prostrata. Persoon, 2, pag. ka Wild, Sp. pl. pag. 2218; Lam. 
Hust. tab. 687, f. 2. 
In insulis Moluccis ( Timor, Ombay ). 


VERBESINA, ZLznw. 


. VERBESINA STRIGULOSA. | ; 
V. suffruticosa ; foliis oVEts, basi acutis, petiolatis, remote 
serratis, utrinque strigulosis. 
In insulis Moluccis (Rawak, Waigiou, Pisang, Timor, &c. ). 


VERBESINA CANESCENS. 

V. suffruticosa ; foliis ovatis, basi acutis, petiolatis, subdupli- 
cato-serratis , utrinque præsertim subtüs strigoso- sericeis, canes- 
centibus. 

In insulis Mariannis. 


VERBESINA ARGENTEA. 
V. suffruticosa ; fs liée oblongis, in nietibhéin decurren- 
tibus, argutè serratis, densè sericeo-strigosis, argenteis, 


In insulis Mariannis. 


À 
À 


64 r VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


VERBESINA LAVARUM. 
V. fruticosa; foliis Janceolatis, argutè serratis, utrinque stri- 
goso-sericeis, argenteis. 
Xokelao Incolarum. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. 3 $o-400 hex. ); cum sequentibus. 


VERBESINA LOBATA. 
V. fruticosa ; foliis ovatis, digitato-tri-quinquelobis, argutè et 


grossè serratis, utrinque hispido-scabris, canescentibus, lobo medio 


elongato, lanceolato. 


VERBESINA CONNATA. j " 

V. suffruticosa ; foliis sessilibus, connatis, rhombeo-ovatis, 
argutè et grossè duplicato-serratis, suprà scabris, subtus densè 
hispidis. 

BIDENS, Zrvn. 
BIDENS TENUIFOLIA. 
B. tenuifolia. Labill. Sert. Aust. cal. pag. 44, tab. 45. 
In Novæ-Hollandiæ orâ orientali {Port-Jackson) inque insulis 
Mariannis ( Guam). 


BIDENS PEDUNCULARIS. 

B. ramis suffruticosis, glabris; foliis impari-pinnatis ; foliolis 
bi-trijugis, ovato-oblongis, acuminatis, argutè crenato-serratis, 
utrinque hirtellis, summis confluentibus ; floribus corymboso- 
paniculatis, longè pedunculatis ; fructibus linearibus, sulcatis, 


glabris, apice triaristatis ; aristis subæqualibus, retrorsum hispidis. 


In insulis Moluccis (Rawak). , 


ri Biens micrANTHA. PI. 85. 


B. sufruticosa, glabra; foliis ternatis; foliolis argutè serratis, 
ovato-oblongis, acuminatis; terminali majore, bi-trifido ; corymbis 
terminalibus, trichotomis, foliatis ; floribus radii 4-5 ; fructibus 
linearibus, compressis, falcatis, glabris, apice biaristulatis. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hex.). 


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+ dé , . # 
& ; ” LL. 
* ; aG10N BOTANIQUE LOU | PA 465 
ES ä # ; « _ : db à 
. ANTHEMIDEZÆ, H. Cassini. 


; ABROTANEËL À, H. Ciss — Ouéossgnus cjsd. 


RAS - ne tr , regulare, tri- - quinqueflorum ; recepta- 


culum nudum. FLorEs tubulosi ; 1-2, centrales, masculi, limbo qua- 
drifido regulari; 2-3, mar inales, feminei, diformes, limbo trifido irre- 
gulari. AKENIA pappo destituta. 

Herba cæspitosa, facie dm , phyllacnei ; cles densissimi, subramosi, 
foliosi. Folia arctè imbricata, simplicia, oblonga, coriaceo-carnosa, in- 
tegra, apice membranacea et emarginato- biloba; flores terminales , 


litarii, sessiles. . Le. : 
ABROTANELLA EMARGINATA. , 
A. emarginata. A. Cassini, Opusc. 2, pag. 42 et 43. e 


Oligosporus emarginatus. A. Cass. olim; Gaudichaud, Ki. des îles 
mal. Ann. sc. nat,, mai 1825, pag. 104, pl. 3, fig. 4. 
In insulis Maclovianis. à à 7. 


"INUEE ZA TLACASSENT, 


CONYZA, Lin. 


. CONYZA MOLUCCANA. 

C. ramis | FRE sulcatis foliisque glabris, oblongis, acu- 
minatis, basi obtusis, arguté et remotè denticulatis, subtüs pal- 
Iidioribus ; paniculis terminalibus, lire involucris pubescen- 
tibus. , 

In insulis Re (Rawak ). 


& 


+ 
ELICHRYSUM, Wrzzo. 
ELicHRYsuM HUMBOLDTTANUM. PT, 00. 


E. caulibus erectis, basi ramosis; foliis lineari- {anceolatis , 


Voyage de l’Uranie. — Botanique. h. 9 


* 


a 
ke 


464 . ” yOYÂGE AUTOUR DU MONDE. 
Mhnrgine wndulato-crispis, suprà canescenti -tomentosis, subtùs 
albo-lanatis : corymbis terminalibus, subcapitatis ; involucris gla- 
” bris, scariosis, aurantiacis ; pappo subplumoso. * 
in NOV ndiz ot océtdentali ( baïe des Re 
: Au célèbre Alex. de Humboldt, hommage de sms 


#- 
ep dr lance ee PT. 874 


E. caule simplici, erecto; foliis lineari-lanceolatis , integerrimis, 
utrinque hirtellis ; corymbo terminali,. ramoso ; involucro É 
oblongo, albo-radiato. 


In Novæ- Hollandiæ « orâ dental (baie des Chiens-Marins). 


# 
se aboffert cette espèce, en ‘témoignage de ma profonde reconnoissance, au 


. savant auteur de la Synanthérologie, M. H. de Cassini, qui a bien voulu me 
diriger dans l’étude des plantes de cette famille, 


® + VIRAYA. 

INvoLucrUuM hemisphæricum, -polyphyllum ; foliolis imbricatis, sca- 
riosis ; exterioribus oblongis, albidis, basi attenuato- pedicellatis ; inte- 
rioribus longioribus , lineari- spathilatis , luteo-fuscescentibus. Recerra- 
CULUM pappillosum. FLORES omnes hermaphroditi, tubulosi. FILAMENTA 
infernè connata? FrucTus oblongi, apice attenuato-rostrati, PAPPus 
pilosus ; pilis hispidulis,. basi tubuloso-connatis. 

_Caulis herbaceus, erectus, simplex, foliosus. Folia sparsa, linearia , 
integerrima, canescenti-tomentosa. Flores terminales, corymbosi. 


Lo. 


. ViRayA PODOLEPIS. Pi. 89. # 
In Novx-Hollandiæ orâ occidentali (baie Fes Pr Li 
J'ai consacré ce genre à M. Ie docteur Viray { Libé -Joth auteur du 

Traité de pharmacie, de l'Histoire naturelle des médicamens, &c. &c. 

GNAPHALIUM, Linn. 
GNAPHALIUM SANDWICENSIUM. - 

G. caule ramoso foliisque tomentoso -lanatis , lineari - lanceo- 

fatis, subspathulatis ; corymbis termimalibus subcapitatis. 


“ 


Lua-énx incolarum. ( 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 400- soo hexap.). 


sit 


/ 


w 


ke » 


BOTANIQUE. : _ 467 
GNAPHALIUM CONSANGUINEUM. 2 
, G. caulibus herbaceïs, simplicibus, erectis, foliisque albo-1a- 
natis, spathulatis, subacutis ; spicâ terminali, coarctatâ, infernè 
subinterruptà ; involucris sessilibus , flavescenti- fuscis , 
nitentibus. : LE 


G. consanguineum. Gaud. Ann. sc. nat., mai 1825, pag. 103. 


labris, 


AMMOBIUM, À. ps 


AMMOBIUM ALATUM. PI. 90. 
À. alatum. À, Brown, Botan. mag. $1, tab. 2450. 
In HNOVES Hollandiæ orâ : orientali (Bathurst ). 


Cette 0 recueillie au centre de la Nouvelle-Galles du Sud, dans 
la plaine de Bathurst, a des tiges rameuses, ailées, cotonneuses, blanchâtres ; 
des feuilles lancéolées, entières, rétrécies en pétiole et décurrentes; des ra- 
meaux subdichotomes également aïlés, terminés chacun par une seule fleur ; 
des fleurs globuleuses à involucre imbriqué , blanchâtre, à écailles intérieures 
plus longues, ‘disposées en rayons; un réceptacle conique, creux, gun de 
fleurs jaunes, séparées par des écailles concaves, carinées, linéaires-lancéolées, 
à sommet denticulé, pointu. Chaque fleur:est composée d'un ovaire alongé, 
déprimé , à quatre dents au sommet, deux plus larges opposées ; d'une corolle 
monopétale tubuleuse, à cinq divisions; cinq étamines syngénèses, à loges 
terminées inférieurement par de petits filamens capillaires, très-ténus; un stig- 
mate bifide. 

L’ammobium publié depuis que nous avons fait graver , est maintenant cultivé 
au Jardin du Roi. 


ASTEREÆ. H CASSINI. 
BRACHYCOME, H. Cass. 


. BRACHYCOME TRILOBA. 
B. glabra. Foliis subtrifidis, basi cuneatis; 1obis oblongis , acuto- 
submucronatis, integerrimis. 
In Novæ-Hollandiæ orà orientali (Port-Jack.); cum sequentibus. 


s9* 


té 


té 


VA 


468 » - VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


2. BRACHYCOME SPATHULATA. 
B. caule foliisque subhirtellis , grossè crenatis ; radicalibus 
obovato-spathulatis, petiolatis ; caulinis sessilibus, subcuneatis. 


3. BRAGHYCOME DENTATA. 
B. foliis linearibus, integerrimis vel remotè denticulatis, apice 
tricuspidatis, sublanatis. 


ERIGERON, ZLrnw. 


1. ÉRIGERON VAHLII. 

E. caulibus herbaceïs, subsimplicibus , erectis, foliisque glabris, 
obovato-lanceolatis, acutiusculis, remotè serratis, infernè angus- 
tatis, basi vaginatis. | 

E. vahlii. Gaudichaud, Ann. sc. 13% mai | 1825, pag. 104. 


In insulis Maclovianis. 


* 


SENECIONEÆ, H. Cassini. * 
SENECIO, LiNn. 


SENECIO CAPILLARIS. 
S. caulibus erectis, ramosis, frutescentibus.;. folïis sparsis, 
lineari-capillaribus, glabris ; pedunculis terminalibus, foliatis, 
unifloris,. Eee" 


P aamohkon incolarum. PA 


In insulis Sandwicensibus Al 350-400 hex. ). 


2. SENECIO LITTORALIS. 


S. caule herbaceo, erecto, folioso ; foliis oblongo-lanceolatis, 
acutis, integerrimis, coriaceis ; involucro polyphyllo. . 
V. à lanata. Caule subsimplici, uni-trifloro foliisque albo-lanatis. 
V. B glabrata. Caule proceriore, ramoso; ramis corymboso - multi- 


foris ; foliis glabris. 


BOTANIQUE. 469 
S. littoralis. Gaudichaud, Ann. sc. nat. mai 182$, pag. 104. 
In insulis Maclovianis. 


DUBAUTIA. 

INVOLUCRUM campanulatum, suboctophyllum ; foliolis liberis, margine 
sibi mutud imcumbentibus. FLORES 8-10 , tubulosi, hermaphroditi. F1- 
LAMENTA linearia, apice vix incrassata. STIGMATA dilatata, acuta, 
ciliata. FRucrus obovato-turbinati, glabri. PAppus plumosus. 

Suffrutex ramis apice foliosis, infernè nudis, cicatrisato -annulatis. 
Folia opposita, sessilia, basi subconnata, acuminata, dentata, rigida, 


parallelè venosa, glabra. Paniculæ terminales, foliatæ ; ramis alternis. 
Flores fasciculati, luteo-rosei. 


1. DUBAUTIA PLANTAGINEA. PI. 84. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. $ 50-600 hex.). 


À feu M. J. E. Dubaut, officier de la marine royale, à lobligeance duquel 
je dus un grand nombre de plantes curieuses. 


RAILLIARDIA. 


INvozucrum tubulosum, quadripartitum, quadriflorum, basi bibrac- 
teatum ; laciniis cohærentibus. RECEPTACULUM nudum. FLORES omnes 
hermaphroditi, tubulosi, longitudine involucri. FILAMENTA supernè in- 
crassata. STIGMATA dilatata, acuminata, ciliata. FrRucrus turbinati, 
glabri. Pappus plumosus, rufescens. 

Frutex ramulis ternis, teretibus. Folia terna, lineari-lanceolata, in- 
tegerrima, subcoriacea, glabra, nitida. Capitula paniculata. Flores lutei. 


1. RAILLIARDIA LINEARIS. PI. 83. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-400 hexapod. ). 


A M. L. Railliard, officier de Ia marine royale, témoignage d'amitié. 


470 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


NASSAUVIEÆ, H CASSINI. 
MASTIGOPHORUS, A. Cass. 


1. MASTIGOPHORUS GAUDICHAUDII. 
M. caulibus conferto - ramosissimis ; foliis parvis, imbricatis, 
squarroso-recurvatis, rigidis, lanceolatis, margine spinoso-dentatis. 
M. gaudichaudii. A, Cassini, Dict. sc. nat. tom. 34, pag. 222. 
Nassauvia gaudichaudii. H. Cassini, olim; Gaudichaud, Ann. sc. nat. 
mai 1825, pag. 103. 
In insulis Maclovianis. 


ADENOSTYLEÆ, H. Cassini. 
CELMISIA, A. Cass. 


INvoLUCRUM campanulatum, polyphyllum; foliola linearia, imbricata, 
flores disci superantia. RECEPTACULUM faveosum. FLORES disci herma- 
phroditi, tubulosi; radit ligulati, feminei, crebri, staminibus destituti. 
Fructus immaturi glabri. Pappus pilosus, simplex, rufus, persistens ; 
pilis hispidulis. 

Caulis simplex, erectus, foliatus, uniflorus ; folia linearia argenteo- 
lanata , radicalia longissima. 


1. CELMISIA LONGIFOLIA. PI. o1. 
C. longifolia. A. Cassini, Opusc. 2, pag. 20. 
In Novæ-Hollandiæ orä orientali (Port-Jack., vallée Jamieson }, 


EUPATORIEÆ, H. CASSINI. 
LAVENIA, Swarrz. 


1. LAVENIA ERECTA. 
L. erecta. Swartg, FI. 3, pag. 1333. 
Adenostema viscosa. Forst, Prodr. n.° 284. 


e 4 
S . 0. 


BOTANIQUE. 47r 


Verbesina lavenia. L. Burm.wzeyl. 04, tab. 42; Rheed. 10, tab. 63. 
In insulis Moluccis (Rawak, Timor, &c.). 


2. LAVENIA GLUTINOSA. 
L. caule ramoso, erecto, villoso, glutinoso ; foliis ovatis, 
acutis, remotè acuminato-dentatis, ciliatis, basi cuneatis, utrinque 


glutinoso-hirtellis. 
Obolchianéhocr OÙ hkoholehremé-hoct incolarum. 


In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 hexap. ). 


VERNONIEZÆ, H. CASSINI. 
GYMNANTHEMUM, A. Css. — VERNONIA Auct. . 


1. GYMNANTHEMUM OBOVATUM. 
G. caule sufruticoso, scandente , foliis obovato - cuneatis , 
margine integris, subrevolutis, glabriusculis, subtüs hirtellis. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


RUBIACEZÆ, JUSSIEU. 
HEDYOTIS, L. 


| 1. HEDpxoTis cCONOSTYLA. PI. 04. à 
| H. glabra; caulibus suffruticosis, ramosis; foliis breviter pe- 
tiolatis, oblongis, acutiusculis, basi cuneato-angustatis, suprà 
iL nitidulis ; corymbulis axillaribus, subdichotomis, folio brevioribus. - 
Xe incolarum. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. 350-400 hex. ). 


472 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


+ 


MIRMECODIA. — MirmecopiA et HYDNoPHYTUM, Jack. 


CaLyx : margo obsoletus, integer, ovarium coronans. COROLLA tu- 
buloso-infundibuliformis; limbo quadrifido, regulari, fauce pilosä. Sra- 
MINA 4, fauci corollæ inserta ; antheris exsertis. SryLus 1. STIGMA 
bipartitum ; laciniis integris vel apice 3-4-lobis. BaAccA ovato-elliptica, 
2-5-sperma. 

Plantæ parasiticæ, basi tuberosæ, glabræ. Caules suffruticosi, qua- 
drangulares, simplices. Folia opposita. Flores axillares, gemini-quaterni, 
pedunculati, albidi. 


1. MIRMECODIA ECHINATA. PI. 06. 
M. foliis longè petiolatis, acuminatis ; stipulis axillaribus, bifidis, 
ciliato-echinatis, persistentibus; fructibus 3-5-spermis. 
M. (x) tuberosa. Jack, Trans. linn. x1v, pag. 123 (1825). 
Nidus germinans formicarum ruber. Rumph. Amb. vi, pag. 119, 
tab SR 


In insulis Moluccis (Rawak), in rupibus. 


2. MirmMEcoODIA INERMIS. PI. 05. 
M. foliis breviter petiolatis obtusis ; stipulis interpetiolaribus , 
integris, imermibus ; fructibus dispermis. 
Hydnophytum (2) formicarum. Jack, Trans. linn. x1v, pag. 124 
(1825). 
Nidus germinans formicarum niger. Rumph. Amb. vi, Pag. 119, 


tab. SE Tr. 


In insulis Moluccis (Rawak), ad arborum truncos. 


? 


(1) MiRMECODIA. CALYX subinteger. COROLLA quadrifida tubo intüs ad insertionem 
staminum piloso. STAMINA quatuor, corollà breviora. SryLus staminibus Jongior. STIGMA 
simplex. Bacca ovata, quadrilocularis , tetrasperma. Parasitica basi tuberosa , flores basibus 
petiolorum semitecti. Jack, I. c. 

(2) HypNoPHYTUM. CALYx integer. COROLLA limbo 4-fdo, fauce pilosä. STAMINA 4, 
brevia, fauci inserta. STIGMA bifidum. BACCA disperma. Super arbores parasitica , basi tube- 
rosa , Hloribus axillaribus. Jack, L. c. 


= 


BOTANIQUE. 473 


BOBEA. 


CaLyx campanulatus, basi bibracteatus ; limbo integro vel obsoletè 
bilobo. CorozLa hypocrateriformis; tubo recto, tetragono, calycem su- 
perante ; limbo quadripartito, patentissimo ; laciniis ellipticis, obtusis, 
concavis. STAMINA quatuor, fauci imberbi corollæ inserta. FILAMENTA 
brevissima. ANTHERÆ cordato-oblongæ, inclusæ. Ovarium calyci adnatum. 
Discus epigynus, medio depressus. STYLUS erectus. STIGMATA 2, digitato- 
quinquefida ; lobis linearibus. DrurA subglobosa, 8-10-pyrena, calycis 
limbo umbilicata; pyrenis monospermis, osseis. 

Arbor glabra. Folia opposita. Stipulæ inter petiolares. Pedunculi 
axillares, triflori ; flores laterales pedunculati, intermedius sessilis. Co- 
rollæ flavido-virescentes. Fructus fusco-violacei. 


1. BoBEA ELATIOR. PI. 93. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 500-600 hexap.). 


Témoignage de reconnoïssance et de respect à M. Bobe-Moreau, savant 
médecin du port de Rochefort, ex-pharmacien en chef de la marine, qui pro- 
fessa avec un égal succès les diverses branches de la médecine, de [a chimie 
et de la botanique , traducteur de Stoll, &c. 


OPHIORHYZA, Ach. RicHaRp. 


CaLyx turbinatus cum ovario infero cohærens, quinquedentatus. 
CoroLLA tubulosa subinfundibuliformis, quinquefida. STAMINA quinque, 
inclusa. OvarIuM biloculare, disco epigyno bilobo coronatum, loculis 
polyspermis ; trophospermio cylindraceo basilari, pedicellato, ovulis 
numerosissimis et densis obtecto. SryLus brevis, simplex. STIGMA 
bifidum. CapsuLA compressa, subdiptera, dentibus calycis discoque 
coronata, bilocularis, polysperma, apice transversim dehiscens. 

Caulis herbaceus aut frutescens ; folia opposita ; or. minimi spicato- 
corymbosi. À. Richard, Mém. de a Soc. d’hist. nat. de Paris, tom. |, 
1." partie, pag. 67, tab. 2. 

Voyage de l'Uranie. — Botanique. 60 


474 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


1. OPHIORHYZA RICHARDIANA. PI. 97. 
O. foliis lanceolatis, parum obliquis, longè acuminatis, mem- 
branaceis, glabris. 
In insulis Moluccis (Rawak }. 


J'ai consacré cette espèce à M. Achille Richard, professeur agrégé à la faculté 
de médecine de Paris, à qui la science botanique et la matière médicale doivent 
de nombreux et importans travaux. 


ARALIACEZÆ, JUSSIEU. 
-RRALEA #2 


1. ARALIA TRIGYNA. PI. 08. 

À. arborea, glabra; foliis digitatis ; superioribus oppositis ; 
foliolis quinque, longè petiolatis, elliptico - oblongis, obtusis, 
remotè et argutè serrulatis, subcoriaceis ; paniculis simplicibus ; 
fructibus subgloboso-trigonis, trispermis. 

An genus novum ? | 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hex.). 


UMBELLIFEREÆ, Jussieu. 
BOLAX, CommeERs., SPRENG., Juss1£U. 


1. BOLAX GLEBARIA. 
B. glebaria. Commerson, À, Richard, Gaudichaud, Fi. des îles Mail. 
Ann. des sc. nat. mai 1825, pag. 104, tab. 3, f. 2. 
Hydrocotyle gummifer, Lamarck, Encyc. 3, pag. 1 56; idem. Hlustr. 2, 
tab. 180, f. 2, 3. | - 


BOTANIQUE. 475 
Azorella tricuspidata. Lamarck, Encycl. supp. 1, u.® partie. 
Azorella trifurcata. Wal. 
Fragrosa. Ruiz et Pavon. 
Azorella cæspitosa. Pers. Sÿn. PI. 1, pag. 303; Wild. Sp. pl. 2, 
pag. 1365. 
| Chamitis trifurcata. Gært. 1, tab. 22, f. 4. 


Pectophytum? Xunth. 
Gommier des îles Malouines. Pernetty, 2, pag. 6$, tab. 7, f. 6, a, b. 


AZORELLA, Jussieu, LAMARCK. 


1. AZORELLA LYCOPODIOÏDES. 


PE 


À. foliis vaginatis, apice tricuspidatis; laciniis subulatis, rigidis; 
vaginis infundibuliformibus, ciliato-denticulatis. 
| Azorella lycopodioïdes. Gaudichaud, FI. des îles Malouines, Ann. des 
: sc. nat. mai 1825, pag. 105$, tab. 3, fig. 1. 

In insulis Maclovianis. 


RANUNCULACEZÆ, JUSSIEU. 
RANUNCULUS, 7, LIN\. 


1. RANUNCULUS HYDROPHILUS. 

R. caulibus repentibus vel subnatantibus; foliis ( radicalibus) 
ovato-orbiculatis, longissimè petiolatis; pedunculis unifloris, pe- 
tiolo multd brevioribus ; fructibus Iævibus, subacuminatis. 

R. hydrophilus. Gaudichaud, FI. des îles Malouines, Ann. des sc, 
nat., mai 1825, pag. 105. 
In insulis Maclovianis. 


60* 


476 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


MALVACEÆ, JUSSIEU. 
HIBISCUS, Z. 


1. Higiscus PiNoNIANUS. PI. 100. 
H. fruticosus ; foliis subrotundo-ovatis, 3-$-lobis, crenato- 


serratis, utrinque ramulisque tomentosis, flavido-canescentibus ; 
foribus terminalibus et axillaribus, solitariis ; foliolis calyculi 
lineari-subulatis ; stylo unico; stigmate clavato-capitato ; seminibus 


hirsutissimis. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins LÉ 


Cette superbe espèce, dont j'ai fait hommage à M."° Louis de Freycinet, 
est digne, par la beauté de ses fleurs, de figurer parmi nos plantes d'ornement. 


LAGUNÆA, Cav., DECAND. 


1. LAGUNÆA LANCEOLATA. 
L. foliis lanceolatis, acutis, integerrimis, crassiusculis, glabris ; 
stigmate clavato-capitato. 
Hibiscus lanceolatus. Olim. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens - Marins 
et île de Dirck-Hatichs). 


2. LAGUNÆA SPATHULATA. 
L. foliis ovato-spathulatis, apice rotundatis, et sæpè emar- 
ginatis, integerrimis, crassis, glabris; stigmate clavato-capitato. 
Hibiscus spathulatus. Olim. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (îles stériles). 


DILLENIACEZÆ#, DECAND. 
WORMIA, RorrTs. 


1. WorMIA APETALA. PI. 909. 
W. foliis ellipticis, remotè denticulatis, petiolo alato-margi- 


1 
| 


BOTANIQUE. 477 
nato ; pedunculis axillaribus subtrifloris; floribus alternis, distan- 
tibus, apetalis ; foliolis calycinis subrotundis, obliquis, rubro 


coloratis. 
In insulis Moluccis ( Rawak ). 


MENISPERMEZÆ, JUSSIEU. 


COCCELUS, G.BATH, DEcAND., — BRAUNEA 
et WENDLANDIA, WILLD. 


1. CoccULUS FERRANDIANUS. PI. 1o1. 


C. ramulis retrorsüm strigoso-sericels ; foliis ovato-lanceolatis, 
mucronatis, basi rotundatis, trinerviis , integerrimis , glabris , 
membranaceis; cymis axillaribus folio multà brevioribus, mas- 
culis multifloris ; fructiferis 2-3-carpis; petalis bifidis. 


Ferrandia oleifolia. Olim. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. 2-300 hexap. ). 


Témoignage de souvenir à M. Ferrand, l’un des officiers de notre expédition. 


TILIACEÆ, JUSSIEU. 
CORCHORUS, L. 


1. CORCHORUS TORRESIANUS. 


C. suffruticosus ; erectus; ramis floccoso - tomentosis ; foliis 
obovato-oblongis , utrinquè rotundatis, serratis, tomentosis, subtüs 
incanis ; pedunculis r-2-floris; floribus polyandris ; capsulis 
oblongis, pentagonis, quinquelocularibus , hirsuto-tomentosis. 

Corchorus tomentosus? Olim. 
Maciquecique lebé incolarum. 

In insulis Mariannis ( Rota). 

Cette espèce, consacrée à D. Luis de Torrès, a quelque analogie avec le 


corchorus tomentosus, dont pourtant elle est distincte. 


> + en” - ; 
* +3 . 


Es . « 


; 478 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
LL" a TRIUMFETTA  Z. 
. 1. T'RIUMFETTA FABREANA. PI. 102. 


T. herbacea; ramis gracilibus , villosiusculis ; foliis ovatis, 
. obtusis, subcordatis, serratis, suprà pilosiusculis, subtüs molliter 
canescenti-pilosis, longè petiolatis; pedunculis oppositifoliis, 3- 
s-Horis ; floribus completis, 35-40-andris; capsulis 3-5-locula- 
ribus ; loculis 2-spermis. 


Maciquecique imbta incolarum. | 
In insulis Mariannis. 
Témoignage d'amitié à M. Théodore Fabré, l’un des officiers de notre 
expédition. 


SIMARUBEÆ, DECAND., KUNTH, AD. JUSSIEU , dc. 
HARRISONIA, R. BroWN, AD. DE JUSSIEU. 


CALYx parvus, quadrilobus, persistens; lobis abbreviato-ovatis , ACU- | 
tiusculis, subæqualibus, patentibus. PEraLa quatuor, hypogyna, sessilia, | 
ovato-oblonga, acuta, æqualia, patentissima, glabra, decidua. Præflo- 
ratio subvalvata. STaMmINA octo, hypogyna, fando prominenti discoïdeo 
floris circumposita , petalis breviora, subæqualia. FILAMENTA libera, 
subulata, infernè valdè incrassato - dilatata, ibique internè, marginem 
versus, villosa. ANTHERÆ oblongæ, obtusæ, basi bifidæ ibique affixæ, 
erectæ, biloculares , glabræ, æquales, internè secundüm longitudinem 
dehiscentes. POLLEN : granula minutissima, subrotunda, libera, lutes- 
centia, OvARIUM superum, fundo prominenti discoïdeo floris insidens, 
subpyriforme , quadriloculare , quadrangulare , supernè quadrilobum, 
glabrum; ovulum x, in quolibet loculo, sublenticulare, axi affixum , 
pendulum. Sryius terminalis, erectus, tétragonus, quadrisulcatus, glaber, 
deciduus. SriGMa capitellatum, obsoletè quadrilobum. FRucrus depresso- 
subglobosus, quadrilobus, quadrilocularis vel plerümque abortu :- 3- 


L. 


locularis , apice loculicido- 4-valvis, baccato-carnosus ; loculis mono- 
spermis. SEMEN subrotundo-ovatum, infrà apicem suspensum, exalbumi- 


BOTANIQUE. 479 


nosum. INTEGUMENTUM membranaceum. COTYLEDONES foliaceæ, obliquè 
hippocrepico-curvatæ, concavæ, æquales. RaDicuLA supera ; Subconica , 
obtusa. 

Frutex. Folia alterna, ternata, epunctata. Foliolis obliquis basi dentatis. 
Aculeï stipulares gemini ad basim petiolorum.Pedunculi axillares, solitarii, 
apice subdichotomi, multiflori, bracteati; flores pedicellati, favescentes. 


HARRISONIA BROWNIANA. PL 103. 
H. brownii. Ad. Juss. Simarub. Mém mus. pag. 134, tab. 28. 


In insulis Moluccis (Timor). 


Cette espèce a été consacrée, par M. Ad. de Jussieu, au célèbre auteur du 
Prodromus flore Novæ-Hollandiæ, M. R. Brown. 


SAXIFRAGEZÆ? JUSSIEU. 
 BROUSSAISIA. 


Cazyx hemisphæricus quinquefidus, glaber, cum pedicello continuus, 
crassiusculus ; faciniis deltoïdeo-ovatis, obtusiusculis, æqualibus. CoroLLA 
pentapetala glabra ; petala hypogyna, basi lata, oblonga, crassiuscula , 
dorso subcarinata, æqualia, calycem duplà superantia, patentissima. 
PRÆFLORATIO valvata, apicibus petalorum uncinato-inflexis. STAMINA 10, 
hypogyna, basi ovarii circumposita. FILAMENTA subulata, crassiuscula , 
libera, glabra, quinque petalis opposita breviora ; in alabastro leviter 
curvata. ANTHERÆ Ovatæ, basi cordatæ ibique affixæ, apice bilobæ, 
erectæ, biloculares, glabræ, ad utrumque latus secundèm longitudinem 
dehiscentes, æquales. OvariuM sessile, depresso-globosum, liberum, 
apice in stylum brevem crassum desinens; placentis 3-$, parietalibus 
centrum ovarii attingentibus in 3-5 divisum loculamenta. OvVuLA 1 vel 6 
(constanter 6?) in quolibet loculo, oblongo-cylindracea, striata. Sricma 
convexum, sulcis 3-5 obsoletè lobum. Discus nullus. FrucTus . 

Arbor mediocris, ramis medullà farctis, elongatis apicem versüs 


480 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

foliatis, fragilibus. Folia opposita, oblonga, petiolata, argutè dentata , 
venis primariis subparallelis ; petioli basi dilatati et articulati. Stipulæ 
nullæ. Corymbi terminales, ramosi, sessiles; ramis suboppositis ; pedi- 


cellis medio unibracteatis. 


1. "BRoUsSE ARGUTA. PI. 60. 
In insulis Sandwicensibus (Alt. 450-500 hex.). 


Au célèbre Broussais, auteur et propagateur de la médecine physiolo- 
gique, dont un des premiers j'ai goûté les bienfaits; hommage de reconnois- 


sance, pour les services qu'il a rendus à Phumanité. 


HYGROBIÆ, RICHARD. 
HALORAGEZÆ, R. BROWN; CERCODIANÆ, JUSSIEU. 
MYRIOPHYLLUM, L. 


1. MYRIOPHYLLUM ELATINOÏDES. 

M. foliis quaternis, inferioribus profundè pinnatipartitis (laci- 
niis capillaribus), superioribus pinnatifidis , dentatis vel integris, 
oblongo-lanceolatis ; floribus dioecis, femineis axillaribus. 

M. elatinoïdes. Gaudichaud, Fi. des îles Mal., Ann. des sc. nat. 
mai 182$, pag. 105. 
In insulis Maclovianis. 


2. MYRIOPHYLLUM TERNATUM. 
M. foliis ternis, inferioribus profundè pinnatifidis (laciniis ca- 


pillaribus), superioribus indivisis; oblongis, integerrimis; floribus 
axillaribus , superioribus masculis, octandris, inferioribus femineis. 
M. ternatum. Gaudichaud, FI. des îles Mal., Ann. des sc. nat. mai 


1825, pag. 105. 


In insulis Maclovianis. 


BOTANIQUE. 


COMBRETACEZÆ, R. BROWN. 
LAGUNCULARIA, GærT. Fiz., KUNTH. 


SPHENOCARPUS, RICH.; CONOCARPUS, LINN. 


81 


DS 


CaLyx ovario adnatus ; limbo quinquelobo , regulari, persistente. 
PETALA quinque, limbo calycino inserta ipsumque multù superantia. 
STAMINA 10, ibidem duplici tuberculorum seriei inserta, quinque (petalis 
opposita) altiori. OvaRIUM inferum, uniloculare, medio bibracteatum : 
bracteis oppositis, persistentibus. OvuLa tria in summa concavitate per 
fila Tonga aflixa, pendula. Srvius 1. SriGMA simplex. Frucrus ligneo- 
carnosus, monospermus? non dehiscens. SEMEN exalbuminosum. INTE- 
GUMENTUM simplex? CoTYLEDONES foliaceæ , secundüm longitudinem 
sese mutud spiraliter amplectentes. RADICULA supera. 

Frutices inermes. Folia sparsa, approximata, lanceolato-spathulata , 
integerrima, carnoso-coriacea. Flores sessiles, sparsi, basi unibracteati, 


in ramulis per spicas dispositi, purpurei, rosei vel [uteï. 


1. LAGUNCULARIA PURPUREA. PI. 104. 
L. spicis elongatis ; rhachi tereti; floribus purpureis ; lobis 
calycinis eglandulosis. 
Hadx Hamel. Rheed, Hort. Malab. 6, tab. 3% 
Miauis OÙ MIEUX quia-quis incolarum. 


In insulis Mariannis (Guam). 


2. LAGUNCULARIA ROSEA. PI. 105, f. 2. 
L. spicis abbreviatis ; rhachi compressä : floribus roseis ; lobis 
calycinis triglandulosis. 
In insulis Philippinis (Manille }; Perrottet communicavit. 


3. LAGUNGULARIA LUTEA. PI. 105, f. 1. 
L. spicis abbreviatis ; rhachi compressä; floribus luteis; lobis 
calycinis uniglandulosis. 
In insulis Moluccis (Timor ). 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 61 


CSS 


82 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


LL 


MYRTEÆ. JUsSIEU. 
METROSIDEROS, Sw/TH. 


1. METROSIDEROS POLYMORPHA. PI. 108 et 109. 

M. foliis oppositis, formâ variis, coriaceis, utrinque glabris, 
interdum subtüs seticeo-tomentosis ; pedunculis tri-multifloris , 
terminalibus et axillaribus , corymbosis, calycibus ramulisque 
glabris vel sericeo-tomentosis. 

Varietas &. Foliis subrotundo-ellipticis, cordatis. 
Varietas 2. Foliis ovatis vel ovato-ellipticis, basi rotundatis. 
Varietas y. Foliis oblongis, basi acutis. 
Varietas d\. Foliis lanceolatis. 
In insulis Sandwicensibus. (Alt. 300-600 hex.). 


BARRINGTONIA, Forsr. 


BuTonNiIcA, RUMPH., JUSS. 

CaLyx magnus, superus, bipartitus, persistens ; foliolis oppositis ellip- 
ticis, concavis, æqualibus, interdum bifidis. PETALA 4, limbo calycis 
inserta, magna, obovata, subæqualia; ante apertionem floris sibi mutud 
imbricatim incumbentia. STAMINA creberrima, limbo calycis et vertici 
ovarii, marginem versüs, inserta, petalis longiora. FILAMENTA capil- 
lacea, basi monadelpha. ANTHERÆ minutæ, subrotundo-ellipticæ, bilo- 
culares. OvARIUM inferum, subturbinatum, quadriloculare ; ovula duo 
in quolibet loculo, collateralia, podospermio breviusculo suspensa. 
SrrLus longissimus, filiformis. SriGMA obtusum, perforatum. Frucrus 
(bacca lignosa) magnus, tetragonus , ligneo-carnosus, 1-4-locularis non 
dehiscens, calyce coronatus, loculis monospermis. 

EmBrro exalbuminosus, nudus (membrana propria loculo arctè ad- 
nata), oblongus, apice rostellatus; partibus omnibus invicem conferru- 
minatis ; rostello subulato, reflexo, apice bilobo!? 

Arbores maritimæ. Folia alterna summa conferta, ampla, coriacea, 
integra, epunctata. Flores terminales, thyrsoiïdei vel racemosi, in ra- 
cemo alterni, unibracteati, speciosi, albi vel rosei. 


BOTANIQUE. 483 
1. BARRINGTONIA SPECIOSA. é 
B. foliis integerrimis ; floribus thyrsoideis. 

Barringtonia speciosa. W3//d. Sp. pl. 3, 1." partie, pag. 845; Per- 
soon, Syn. pl. 2, pag. 260; Linn. Supp. 312; Forst. Prodr.n.° 255, 
Caract. gen. n.° 38; Thunb. Diss. nov. pl. gen. 2, pag. 47; Cook, 
It. 1, pag. 157, tab. 24; L F. Mill. Icon. 7. 

Butonica speciosa. Lamarck, Encycl. 1, pag. 515; Ait. Kew, 2, 
pag. 439; Rumph. Amb. 3, pag. 179, tab. 114. 

Commersonia. Sonnerat, It. Nov. Guin. pag. 14, tab. 8-9. 

Mammea asiatica. L. Sp. pl. 731; Osb. ltin. pag. 278. 

Poutiun incolis Mariannarum. 


In insulis Mariannis, Moluccis, &c. 


. BARRINGTONIA RACEMOSA. PI. 107. 
B. foliis serrulatis ; floribus racemosis. 
Stravadia alba? Persoon, Syn. pl. 2, pag. 30. 
Stravadia rubra! /dem, pag. 30. 
Butonica sylvestris alba ? Rumph. 3, tab. 116. 
Butonica terrestris rubra? /dem, tab. 115. 
Samstravadi seu caipat siambu? Rhecd, Hort. Mal. 4, tab. 6. 
Tsieria-samstravadi. Rheed, Hort. Mal. 4, tab. 7! 
Eugenia racemosa? L., Wild. Sp. pl. 2 (1% partie), pag. 966. 
Eugenia acutangula. L., Willd, ibid. 
Langassag incolis Mariannarum. 


In insulis Mariannis, Moluccis, &c. 


LAMARCHEA. | 
Cazyx hemisphæricus; limbo quinquepartito regulari, deciduo. PETALA 
quinque, limbo calycis inserta, obovato-spathulata, apice ciliato-fim- | 
briata, calycis limbum superantia, campanulato - conniventia. STAMINA | 


crebra , ibidem inserta, monadelpha, corollam superantia; tubus sta- 


mineus subarcuatus , usque ad medium quinquefidus ; fasciculis po- 
lyandris. Ovarium subglobosum, liberum. STYLUS 1. STIGMA subcapi- 
tellatum. CarsuLa globosa, tubo calycis persistente aucto inclusa, 
À : 0 


484 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


chartacea, trilocularis, septicido-trivalvis ; placentæ tres, fundo capsulæ 
axim versüs afhixæ; tubus calycis globosus, valdè incrassatus, coriaceo- 
lignosus , apice apertus ibique cicatricibus quinque (vestigiis laciniarum 
delapsarum ) notatus , lævis. SEMINA creberrima, cuneata vel lanceolato- 
arcuata, triangulata , erecto-adscendentia. 

Arbor inermis. Folia sparsa, lineari-lanceolata , integerrima, trinervia, 
coriacea. Flores axillares, solitarit, sessiles, post folia delapsa laterales, 
fusco-rubri. 
1. LAMARCHEA HAKEÆFoLIA. PI. 110. 

In Novæ-Hollandiæ orà occidentali (‘baie des Chiens-Marins ). 


À M. Lamarche, capitaine de vaisseau, ex-lieutenant en pied de /'Uranie, 


témoignage d’attachement. 


MELASTOMEZÆ, JussIEU. 
MEDINILLA. 


CaLyx ventricoso - ovatus, ovario adnatus; limbo libero, tubuloso, 
truncato, integerrimo, persistente. PETALA quatuor ad marginem disci 
epigyni inserta, dolabriformi-ovata, patentissima, æqualia, STAMINA 
octo, ibidem inserta. FILAMENTA filiformia, glabra. ANTHERZÆ lineari- 
subulatæ, subarcuatæ, biloculares, poro terminali dehiscentes, basi bi- 
lobæ et connectivo producto breviter caudatæ ; alternæ (petalis oppositæ) 
longiores , tenuiores et effetæ ? STYLUS teres, erectus, apice parum cur- 
vatus. Stigma simplex, obtusum. BAccA ovato-globosa, limbo calycino 
coronata, quadrilocularis; loculis polyspermis. SEMINA ovata, lævia, 
rectiuscula. 

Frutex glaber ; ramis teretibus. Folia terna aut quaterna, integerrima, 
trinervia, Pedunculi axillares apice 6-8-flori. Flores umbellati, pedicellati, 


rosei; pedicellis basi articulatis. Baccæ roseæ. 


1. MEDINILLA ROSEA. PI. 106. 
Melastoma medinillana. Olim, pag. 69 et ni 
Gafous incolarum. 


In insulis Mariannis. 


BOTANIQUE. 485 

Hommage de reconnoïssance à D. José de Medinilla y Pineda, gouverneur 

des îles Mariannes , qui nous a prodigué les soins et les secours les plus 
empressés. 


LEGUMINOSÆ, Jussieu. 
CASSIA, T. L. 


CaAssiA CHATELAINIANA. PI. 111. 

C. caule lignoso ; foliolis quadri- vel quinquejugis, lanceolato- 
linearibus, crassiusculis, glabris; glandula stipitata inter omnia 
paria; umbellis axillaribus, pedunculatis , paucifloris ; calycibus 
obtusis; leguminibus membranaceïs, complanatis, glabris. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baïe des Chiens-Marins ). 


J'ai consacré cette espèce à M. Chatelain, pharmacien en chef et l’un des 
plus savans professeurs de chimie de la marine. 


LABICHEA. 


Cazyx pentaphyllus, subregularis, deciduus. P£TALA 5, subrotundo- 
obovata, subunguiculata , subæqualia, calycem superantia patentia. 
STaAmINA duo, hypogyna. FILAMENTA brevissima. ANTHERÆ biloculares , 
crassæ, arcuatæ, inæquales poro suboperculato dehiscentes. Ovarium 
breviter stipitatum obliquè ovato-oblongum, compressum, in stylum 
subulatum adscendentem desinens. OvuLa 2, superposita. STIGMA sim- 
plex. FRUCTUS. 

Frutex inermis. | Folia alterna sessilia, impari pinnata, foliolis 1- 3- 
jugis oppositis lanceolatis, mucronatis, coriaceis. Stipulæ petiolares 
minutæ. Racemi terminales, pluriflori. Flores alterni, pedicellati, pedi- 
cellis basi bracteatis. 


LABICHEA CASSIOÏDES. PI. 112. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 
L. cassioïdes, Decand. Prodr. 2, pag. 507. 


J'ai consacré ce genre à la mémoire de M. Labiche, officier de [a marine 
royale, mort à bord de /’Uranie, dans le voisinage des îles Moluques. 


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486 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


KENNEDIA, VENT. —Giycine, L. 


1. KENNEDIA BRACTEATA. PL 113. 

K. folïis ternatis; foliolis ellipticis, obtusis, subemarginatis, 
margine undulato-crispis ; subtüs ramulisque sericeo-pubescentibus ; 
stipulis latè ovatis, acutis ; pedunculis paucifloris, bracteatis ; 
bracteis connatis, infundibuliformibus ; leguminibus glabris. 

In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali (baie des Chiens-Marins ). 


ERYTHRINA, Z. 


1. ERYTHRINA MONOSPERMA. PL 114. 

E. arborea ; inermis; foliolis [atè ovato-reniformibus, obtusis, 
subtüs calycibusque molliter fuscescenti - tomentosis ; fructibus 
monospermis. 

In insulis Sandwicensibus ( Alt. 350-400 hex.). 


DOLICHOS, Z. 


1. DoricHos GALEATUS. Plirs. 

D. procumbens vel volubilis ; ramulis petiolisque puberulis ; 
foliolis ovato-ellipticis , acuminatis, basi rotundatis, reticulato- 
venosis, membranaceis, glabris ; pedunculis axillaribus, trifloris; 
calycis lobis duobus superioribus maximis, rotundatis ; inferio- 
ribus lanceolatis, acutis ; leguminibus tricarinatis? 

Canavalia! galeata. 
In insulis Sandwicensibus (Alt, 350-400 hexap.). 


EUPHORBIACEZÆ, Jussieu. 


ADRIANA. 


FLORES dioeci; MASC, : basi 3-5-bracteati, bracteis imbricatis, inæ- 


qualibus. Caryx simplex, profundè quinquepartitus, irregularis (præ- 
floratio valvata). PeraLa et glandulæ nullæ. SrAmINA creberrima , 


BOTANIQUE. 437 
receptaculo convexo inserta. FILAMENTA brevia, libera, in alabastro 
recta. ANTHERÆ oblongæ, biloculares, basi affixæ, erectæ, internè 
secundüm Îongitudinem dehiscentes : connectivum apice in ligulam 
pilosam productum. Pisrizzi rudimentum nullum. 


FLores F£EM. bracteati. CaLxx duplex, uterque profundè quinque- 
partitus, subregularis, persistens. Ovarium sessile, ovatum, triloculare ; 
ovulis solitariis, ex angulo interiore pendulis. Sryzr 3, profundè bipar- 
titi, pilosi. CAPsuLA tricocca ; coccis monospermis, bivalvibus : axi 
centrali persistente libero. SEMEN test crustaceâ obtectum, pendulum ; 
ad apicem carunculâ tuberculiformi instructum. EmBryo in axi endo- 
spermii carnosi. RADICULA supera. 

Frutices inermes, tomentosi ; pilis fasciculatis ; folia alterna, petiolata, 
petiolo ad basim utrinque glanduloso , integra vel 3-5-loba. Flores spi- 
cati, terminales; masculi sessiles, feminei pauciores breviter pedicellati. 


J’ai consacré ce genre au digne héritier d’un grand nom, à M. Adrien de 
Jussieu, professeur de botanique rurale au Jardin du Roi, auteur de travaux 
importans sur les euphorbiacées, les rutacées, &c. &c. 


I. ADRIANA TOMENTOSA. PI. 116. 
A. foliis tri- vel quinquelobis, utrinque tomentosis, lobis den- 
tato-crenulatis ; pilis densè fasciculatis. 
In Novæ-Hollandiæ orâ occidentali {baie des Chiens-Marins ). 


2. ADRIANA GLABRATA. 

À. foliis elliptico- oblongis integris vel trilobatis, supernè gla- 
briusculis, subtùs tomentosis, margine crenulato-laciniatis, sub- 
revolutis ; pilis stellatis fasciculatisve. 

In Novæ-Hollandiæ orâ orientali ( Hawkesbury river). 


Les plantes de ce genre ont des fleurs dioïques réunies en épis terminaux ou 
rarement axillaires. 


A . « . LA \ 
Les fleurs mâles sont ordinairement sessiles, entourées à a base par 3- 


-ÿ écailles 
imbriquées, glabres et veinées en dedans: elles se composent d'un calice à cinq 


divisions { quelquefois 4 et même 3 }, presque régulières, nuancées de rose inté- 


488 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


rieurement, à lobes valvaires : d’étamines nombreuses insérées sur un réceptacle 
conique , à filets courts, faisant corps avec le connectif, qui est large, épaissi, et se 
termine, au sommet, par une languette blanche, velue ou plumeuse : à anthères 
oblongues, s’ouvrant en deux loges longitudinales. 

Les fleurs femelles sont pédicellées et munies à la base d’une bractée foliacée , 
caduque : elles ont un calyce double, l'un et l'autre formés de cinq feuillets im- 
briqués {l'extérieur n’en a souvent que trois), persistans : un ovaire sessile, ovale, 
à trois loges, qui renferment chacune un ovule suspendu; trois stigmates profondé- 
ment divisés en deux parties; une capsule à trois coques monospermes, bivalves, et 
un axe central, libre, persistant, à six angles inégaux renflés au sommet, dont les 
trois principaux supportent les graines; ceux qui sont intermédiaires donnent naïis- 
sance à des vaisseaux fasciculés qui, entre les coques, traversent obliquement la 
capsule de haut en bas, se bifurquent au bord extérieur des valves, et dont chaque 
division se ramifie ensuite à liifini pour tapisser la surface externe des coques, mais 
de manière que Fun des faisceaux recouvre une valve de Ia coque de droite, et 
le deuxième une valve de a coque de gauche (vid. tab. 104, fig. 10-16). Ces 
vaisseaux ne sont pas les seuls qu’on remarque à la surface interne de l’épiderme 
de ces fruits; il en existe trois autres doubles séries qui partent de la base de ce 
même axe, mais des angles opposés, c'est-à-dire, de ceux qui, supérieurement, 
portent les graines. Ces derniers vaisseaux paroissent être chargés de l'entretien de 
la vie dans les parties inférieures de l’épiderme des fruits. Ces détails, tout minutieux 
qu’ils sont, nous ont cependant paru dignes de prendre place dans cette description, 
parce que nous les croyons propres à jeter quelque lumière de plus sur Panalyse phy- 
siologique des plantes de [a famille des euphorbiacées, Nous pensons, en outre, que 
st la capsule de cetie euphorbiacée étoit à six loges, ce qui s’observe dans quelques 
genres, les trois faisceaux fibreux de la partie supérieure donneroïent naissance à 
trois graines, et que, dans ce cas, l’épiderme des capsules ne seroit alimenté que 
par les vaisseaux inférieurs, qui alors prendroïent un plus grand développement. 

Les graines sont irrégulièrement orbiculaires, de nature crustacée, et marquées, 
à leur face antérieure, de 3 ou plusieurs lignes noires qui partent du sommet, dont 
les deux latérales décrivent une portion de cercle à droite et à gauche, et vont se 
réunir à la base près d’une concavité (Ia chalaze! }; elles sont surmontées par un 
petit corps tuberculeux, persistant, qui Îeur sert de point d'attache. L’embryon 
est oblong, situé au centre d’un périsperme charnu , épais, qui adhère au fond de 
l'enveloppe crustacée; sa radicule est supérieure, et les cotylédons à peu de chose 


près aplatis. 

Les plantes qui composent ce genre sont lgneuses , et appartiennent toutes au 
continent de [a Nouvelle-Hollande; elles forment des sous-arbrisseaux de trois à six 
pieds de hauteur ; et les deux espèces décrites, ainsi qu’une troisième communiquée 


| 
| 
| 
| 


BOTANIQUE. 489 
par M. Fraser, et une quatrième rapportée par MM. d'Urville et Lesson, se 
distinguent par des poils étoilés ou pénicellés qui recouvrent les rameaux, les deux 
surfaces des feuilles et des écailles, la partie extérieure des lobes ou feuillets du 
calice, les ovaires, les capsules , et jusqu'aux stigmates. 

Elles se trouvent, la première , dans Les sables arides de la Baïe des Chiens-Marins, 
située par 25° 40’ de latitude Sud et 1 11° $' de longitude orientale; et les trois autres, 
dans les prairies marécageuses de la Nouvelle. Galles du Sud, sur les bords des rivières 
Nepean et Hawkesbury, ou, à peu de chose près, par 33° 5o' de latitude Sud et 
148° $o' de longitude orientale; c’est-à-dire qu’elles sont séparées par un espace de 
près de 800 lieues. É 

Puisque des individus de ce genre se rencontrent aux deux extrémités Les plus 
reculées du continent de la Nôuvelle-Hollande, n’étoit-il pas naturel de rechercher 
si, parmi les autres euphorbiacées de cette terre, il ne se trouveroit pas quelques es- 
pèces qui pussent y être rapportées! Aussi ne tardai-je pas à reconnoître que le 
croton quadripartiturn de M. de Labillardière ! Flor. Nov.-Holl. tab. 222-223), du cap 
Sud de Pile Van-Diémen, située par 43° 39" de latitude Sud et 144° 30' de longitude 
orientale, offroïit, quoique glabre, les mêmes caractères botaniques; ce qui me porte 
à penser qu'il seroit possible qu'il n’y eût pas de croton vrai sur cette terre, et que 
toutes les plantes considérées jusqu’à ce moment comme appartenant à ce dernier 
genre, fussent de nature à entrer dans ladriana. En effet, le croton 4-partitum 
a de nombreux rapports avec les plantes de notre genre : ses fleurs mâles ont 
la même disposition; ses étamines sont terminées, supérieurement, par une Jan- 
guette blanchâtre et frangée; ses stigmates sont bifides, ses capsules et ses graines 
tout-à-fait semblables; enfin, ses feuilles, ovales, entières, dentées ou simplement 
crénelées sur les bords, ont trois nervures principales qui dénotent déjà une grande 
prédisposition à se diviser en trois lobes, caractère assez essentiel des plantes de ce 
genre. 

Une autre espèce de la terre de Leuwin (par 33 à 35° delatitude Sud eti12à 115° 
de longitude orientale}, Le croton viscosum | Labill. , Nov. Hall. 2, p. 72, tab. 222 }, 
ne présente rien , il est vrai, dans son port, la disposition de ses fleurs, ni dans les 
formes de ses feuilles et de ses nervures, qui puisse justifier un rapprochement que 
sa localité seule avoit d'abord pu nous faire supposer : cependant, et malgré ses 
feuilles entières, lancéolées et nullement trinervées ; malgré ses fleurs axillaires et 
solitaires, et Îles pédoncules éminemment dilatés de celles qui portent Îles organes 
femelles ; malgré absence sur-tout, dans les étamines , du caractère le plus essentiel 
de ce genre, la languette prolongée du connectif, nous n’en persistons pas moins à 
croire qu’elle sera probablement réunie à l’'adriana, dont elle formera au plus une 
section. 

Cette opinion se fonde, 1.° sur ce qu’elle est ordinairement dioïque ; 2.° que le 


Voyage de l’'Uranie. — Botanique, 6 2 


{ 
{ 
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| 


490 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


connectif des étamines est large, épaissi, et dessiné en pointe au sommet, ce qui 
annonce déjà beaucoup d’analogie; 3.° que le réceptacle des étamines est conique ; 
et 4.° enfin, sur ce que ses capsules et ses graines, quoique portées par des pé- 
doncules différens, paroïissent réunir tous les caractères de celles du genre de plante 
qui nous occupe. 

L’adriana apporté par MM. d'Urville et Lesson ressemble beaucoup à la. gla- 
brata de la même localité, et plus encore à l'a. tomentosa de a partie occidentale : 
il se distingue de ses congénères par la longueur remarquable de ses épis mâles, et 
la ténuité comparative de ses fleurs; par la profondeur des divisions de ses feuilles , 
ainsi que par le duvet tomenteux, blanchâtre, qui en recouvre toutes les parties. Cette 
espèce sera décrite et publiée par MM. d'Urville et Ad. Brongniart, dans la relation 
botanique du voyage de la corvette /a Coquille. 

Les adriana, de même que presque toutes les plantes de Ia Nouvelle-Hollande, 
offrent les anomalies les plus remarquables, autant par les formes diverses de leurs 
feuilles, qui, dans quelques espèces, et souvent sur le même individu, sont alter- 
nativement entières, légèrement ou profondément trilobées ou quinquélobées, que 
par la disposition de leurs fleurs mâles, qui, ordinairement sessiles et entourées 
d’écailles nombreuses, se trouvent quelquefois portées par des pédoncules de six à 
dix-huit lignes de longueur, et munies d’une seule bractée à la base, comme si le 
développement du pédoncule n’avoit lieu qu'aux dépens de ces dernières parties : 
dans ce cas, pourtant, on remarque au centre de fa bractée, à droite et à gauche 
du pédoncule, les rudimens de deux ou plusieurs autres bractées avortées, ce qui 
semble confirmer cette supposition. 

La longueur de fa languette des étamines de Padriana varie selon les espèces: 
elle est beaucoup plus longue dans Pad. fomentosa que dans les autres, mais pro- 
portionnellement égale dans celle qui a été apportée par MM. les naturalistes de 
la Coquille ; plus courte dans P’a. glabrata, et à peine sensible dans Le croton quadri- 
partitum , ainsi qu'on peut facilement le voir dans la belle gravure que M. de Labil- 
Jardière donne de cette plante; enfin elle est nulle, ou ne dépassant pas la Iongueur 
des loges des étamines, dans le croton AE de du même auteur. J’ajouterai, pour 
dernière observation, que le réceptacle conique des fleurs mâles des adriana tomen- 
tosa et glabrata, ainsi que celui des deux espèces non encore décrites , est à peu de 
chose près semblable , et que, s’il est beaucoup plus court dans le croton glutinosum , il 
est aussi plus alongé dans le croton quadripartitum. 

L’adriana doit être placé entre les genres adelia et rottleria. 

Les deux premières espèces de ce genre existoient depuis long-temps dans les 
herbiers du Muséum, rangées, sans dénominations spécifiques, parmi les ricinus 
et les croton. Elles ont été apportées, pour la première fois, par les naturalistes de 
l'expédition française aux Terres australes , de 1800 à 1804. 


BOTANIQUE. 491 


RECHERCHES SUR LES URTICÉES. 


LA famille des urticées, telle qu’elle a été établie par le célèbre A. L. de Jussieu, 
dans son Genera plantarum, exigeoïit quelques modifications. 

Déjà MM. Decandolle et Kunth lavoient partagée en urticées proprement dites, 
en artocarpées et en pipéracées. 

Telle qu’elle restoit encore, elle nous a paru susceptible de nouvelles divisions. 
Aussi, après avoir analysé les fleurs et les fruits de la plupart des plantes qui la 
composent, examiné quelques-uns des caractères de végétation, nous hasardons-nous 
à proposer de la subdiviser en classes et en sections, qui nous ont semblé propres à 
en faciliter létude. 

L'espace et le temps ne nous permettant pas de placer ici tout notre travail, nous 
allons donner un extrait de la partie purement botanique; nous réservant de faire 
connoître incessamment notre mémoire dans tout son ensemble. 

Ce mémoire est divisé en deux parties : la première est consacrée aux généralités, 
à fa discussion des groupes et des genres, à l’étude de l’organisation des plantes de 
toute la famille, et enfin à l'indication de leurs propriétés, de leurs produits, de leurs 
usages , &C. 

Dans la deuxième partie, dont nous donnons ici la substance, nous partageons 
les urticées connues en cinq tribus ou sous-familles. 

1. Urticées vraies, à ovules redressés, primitivement fixés par Îles deux extré- 
mités, à embryons renversés, droits, que nous subdivisons en ÉLATOSTÉMÉES 
(elatostema, «sciophila, pellionia, langeveldia, dubrueilia); URÉRÉES (wrtica, urera, 
flcurya, laportca, girardinia ) ; BOEHMÉRIÉES ( hoehmeria ou procris (1 ),neraudia , &c. ); 
PARIÉTARIÉES (parictaria, gesnouinia, freirea , thaumuiia, pouzolzia, rousselia, solei- 
rolia); FORSKALIÉES (forskalea, droguetia, australina); CÉCROPIÉES ( cecropia, 
coussapoa ; &C. . 

2. Urticées à ovules supérieurs ou latéraux, suspendus, à embryons renversés, 
courbés ; subdivisées en CELTIDÉES (celis, mertensia); CANNABINÉES (| cannabis, 
humulus ) ; BROUSSONÉTIÉES ( hroussonetia , chlorophora |; MORÉES ( morus, albran- 
dia, fatoua, antiaris, olmedia, trophis ); FICÉES (ficus et ses divisions |; DORS- 
TÉNIÉES ( dorstenia, sychinum). | 

3.” Urticées à ovules latéraux, redressés , variables , à embryons charnus, inclinés 
ou couchés, à cotylédons trèsépais, irréguliers : les POUROUMÉES ( pourouma, 
bruea ); ARTOCARPÉES (arfocarpus , perebeut ). 


(1) Plusieurs genres se trouvent confondus parmi les plantes de ces divers groupes génériques. Nous Îles 
avons reconnus, pour la plupart ; ils seront signalés dans nos généralités; maïs nous n'avons pas voulu les éta- 
blir sur les élémens encore imparfaits qui nous les ont dévoilés, 

* 
Ga 


Eee ee 


492 " VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


4. En urticées à ovules suspendus, à embryons très-petits, renversés, droits, 
situés au sommet de Îa graine dans un périsperme charnu:: les MISANDRÉES ( m”i- 
sandra, gunnera ). 

5.” En urticées à ovules suspendus, situés au sommet extérieur d’un endosperme 
charnu, ou plus ou moins enfoncés dans sa substance : les PIPÉRACÉES (/aurea {1}, 
dugagelia, peperomia, piper, gnetum (2), thoa et lacistema (3) ). 

Plusieurs genres restent encore à classer : de ce nombre sont le datisca, que, sur 
les premiers erremens de M. de Jussieu, on à placé, je croïs, dans les résédacées ; le 
theligonum, sur lequel M. Delile vient de faire un travail spécial, et que nous avons 
nous-mêmes soigneusement analysé; lequel restera sans doute dans les chénopodées, 
où M. Decandolle la déjà placé; le pteranthus, peut-être de la même famille, 
mais que nous n'avons pu observer convenablement ; le hagassa , que nous ne con- 
noissons que par Aublet, et qui entrera peut-être dans les artocarpées, &c. 


URTICEZÆ, JUSsSsIEU. 


FLORES monoeci, dioeci vel polygami. CaLyx quadri-quinque- vel 
interdüum (laciniis duabus connatis vel unâ abortiente) tridivisus; in flo- 
ribus femineis nonnunquam nullus. STAMINA 4 vel $, rarissimè 1 vel 
2, 3. FILAMENTA primd incurva, dein elastica expansione patentia; in 
nonnullis brevia ; recta. ANTHERÆ subrotundæ ; in cannabi et humulo 
lineares; loculi appositi, ad latus secundüum longitudinem dehiscentes. 
OvariuM monospermum, liberum vel calyci adnatum. SryLus brevis vel 
nullus. SriGMA indivisum, bi- vel multipartitum, glabrum vel villosum. 
ACHENIUM exsuccum vel drupaceum. SEMEN basi, apice vel latere 
afhxum. PERISPERMIUM nullum (4), aut rariùs carnosum. EMBRYO rectus 
vel curvatus ; radicula supera. 

Arbores, frutices vel herbæ. Folia alterna vel opposita, integra vel 
divisa. Stipulæ petiolares geminæ. Flores axillares, paniculati, spicati 
vel capitati rariüs solitarit, bracteati. 

(1) Le Zaurea s’'éloïgne des pipéracées par l'organisation de ses étamines. 


(2) M. Adolphe Brongniart, guidé par de savantes considérations, place les gnetum dans la famille des 
conifères. 

(3) D'après le nombre des ovules (six) observés par MM. Aug. de Saint-Hilaire et Kunth , il est douteux 
que cette plante puisse rester où nous la plaçons 

(4) Excepté dans les pipéracées, les gunnérées, &c. 


BOTANIQUE. 493 
$ LS EL ATOSTEMEÆ, 


FLORES monoeci in eodem vel distinctis pedunculis ; rariüs dioeci. 
Cazyx quadri- vel quinque-divisus ; in floribus femineïs sæpe incompletus 
vel planè abortiens. S'ramINA 4 vel 5: FILAMENTA incurva, tardiüs pa- 
tentia: ANTHERÆ subrotundæ. OvariumM liberum; in floribus masculis 
abortiens, cupuliforme, aut clavatum. STIGMA sessile, multipartitum ; 
laciniis simplicibus, linearibus. OvuLUuM erectum vasisque è vertice ortis 
cum basi stigmatis continuum. ACHENIUM oblungum , rectum. SEMEN 
érectum. EMBRYO rectus. 

… Herbæ subcarnosæ, satiatè virides; pilis fusiformibus (1) adnatis con- 
spersæ. Folia alterna vel opposita, glabra, rarius pubescentia. Flores 
capitati vel paniculati. 

I. ELATOSTEMA. 


FLores masculi et feminei in eodem capitulo, pedicellati, bracteä 
magnâ suflulti. 2145c, : CaLvx 4-lobus ; lobis acutis. STAMINA qua- 
tuor. PiSTrL LI rudimentum ovato-clavatum. FEM. : CaLYx parvus, quin- 
quepartitus vel nullus. 

Folia alterna, crenata vel dentata, basi:obliqua. 

Species hujus generis sunt : elatostema serratum , Forst.; procris macu- 


lata ; procris fagifolia, Poiret, Dict. (H. Mus Juss.), &c. 
2. SCIOPHILA (2). 


FLORES masculi et feminei in eadem axilla, sessiles; masculi corymbosi, 
bracteâ parvä suflulti; feminei capitati, bracteä majore cucullatà instructi. 
maso. : CALYX quadripartitus ; laciniis elipticis, obtusis. Pisrizit ru- 
dimentum pezizæforme. rem. : CALYx nullus. 

Folia alterna, integerrima, basi obliqua. 


r. SCIOPHILA TORRESIANA. PI. 120. 
S. foliis magnis oblongis, acuminatis. 
Elatostema torresiana, olim. 
(1) Raphides! des auteurs. 


(2) M. Robillard d’Argentelle à représenté une espèce de ce genre (sciophila frutescens , 
H, Mus.), dans sa magnifique collection artificielle des plantes de l'Ile-de-France, 


ps 494 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Miukamo  œiou-iu | canceris cibus |, OU toupous aiou-iou [ canceris canna- 
mellea |, incolarum. 
In insulis Mariannis. 
Species genuinæ : procris cephalida, Comm. (H. Juss.); wrtica sali- 
cifolia, v. mss. (H. Juss.); urtica sessilifolia, Vahl.: elatostema sessile, 
Forst. (H. Mus.) | 


& 5 he L " 
3. PELLIONIA. s 


: FLORES dioëci? MASC.:.......... FEM.: pedicellati, fasciculato- 
# capitati, bracteâ parvâ instructi : CALYX quinquepartitus ; laciniis sub 
apice mucronato-aristatis. STAMINA 5, sterilia, squamiformia , incurva. 
Folia alterna, serrata, basi obliqua. 
A. M. J.-Alphonse Pellion, officier de l'expédition, souvenir d'amitié. 
1. PELLIONIA ELATOSTEMOÏDES. PI. 110. 
P. caule simplici; foliis inæquilatero - oblongis, acuminatis, 
venosis remotè et grossè serratis, glabris. 
Elatostema pellioniana. Olim. 
In insulis Moluccis (Pisang). 
2. PELLIONIA ? DIVARICATA. 
P. caule ramoso; foliis inæquilatero-ovatis, subacuminatis, 
3-4-nervils, remotè serrulatis, glabris. 
Élatostema divaricata. Olim. 
In insulis Mariannis (Guam). 
4. LANGEVELDIA. 
FLORES monoeci, pedicellati, masculi et feminei in distinctis capitulis 
ejusdem plantæ. M45C. : CALYX quinquepartitus, laciniis muticis, basi 
3 - bracteatis. STAMINA quinque. PISTILuT rudimentum ovale. FEM. : 
bracteâ magnâ suulti : Cazyx quadripartitus incompletus ; laciniis basi 
mucronato - aristatis. 
æ Folia alterna, remotè dentata, basi obliqua. 


| + 


BOTANIQUE. 495 


1. LANGEVELDIA ACUMINATA. 
Procris acuminata. Poirer, Dict. 
Elatostema acuminata. Olim. 
+ In Javâ, ex Commerson { H. Mus., Def. , Juss., Combess. ). 


é: $. DUBRUEILIA (1). 

ÆFuores sessilés; masculi et feminei in eâdem paniculâ, bracteati. 
masc. : Caixx 4-partitus. STAMINA quatuor. PrsTiLzir rudimentum 
clavatum. FEM. : Cazxx trilobus : lobis valdè inæqualibus ; exteriore ma- 
ximo, incrassato, cucullato. STAMINA 3, sterilia, squamiformia, incurva. 


Folia opposita, dentata, vel integerrima. 


y DuBRUEILIA PEPLOÏDES. 

D. foliis suborbiculatis, longè petiolatis; floribus glomerulatis. 

In insulis Sandwicensibus, ( Alt. 4so-500 hexap.) 

Aliæ species hujus generis sunt : Urtica lucens, La u. inæqualis, Juss.; 
u. hederacea, Savig., Poiret; 4. lanceolata, Savig., Poïret; 2. serpilifolia, 
Juss. (H. Juss.) (parietaria assurgens, Poiret); 4. callitrichoïdes, Humb. 
et Kunth; 4. microphylla, Sw. (parietaria microphylla, L., Poiret); v. ver- 
bascifolia, Savig.» Poiret: 4. cuneiformis, Sw.; u. sessilifolia, Savig., Poir.; 
u. trilobata, Poiret ; u. rupipendia, Poiret; 4. crassifolia, Wild. (Herb. 
Desf.); 2. pumila, Lin.; u. grandifolia, L.; u. ciliaris, L. (parietaria ra- 
cemosa, V. mss.); 4. parietaria, L., Poiret. ( parietaria articulata, V. 
mss. ); #. semidentata, Juss.; u. melastomoïdes, Poiïret, Vahl; #. multiflora, 


(1) Ce dernier genre forme la transition des élatostémées aux urérées. Les espèces qui le com- 
posent mont pas un seul poil wrricant ; quelques-unes seulement sont velues ou tomenteuses, 
tandis que les poils adnés, fusiformes ou vermiculés (sortes de raphides), en revêtent en quelque 
sorte toutes les parties. 

Ces sortes de corps n’appartiennent pas exclusivement aux élatostémées; s'ils y sont plus abon- 
dans, cela tient sans doute à l’absence générale des autres poils. 

On les retrouve dans presque toutes les autres tribus, et spécialement : dans les urtica, sur 
Vu, membranacea ; dans toutes les espèces de fleurya ; dans quelques urera et boehmeria (els 
qu'ils ont été conservés provisoirement) ; dans le soleirolia mediterranea (helxine soleirolii, Req.), 
plante anomale de la tribu des pariétariées; dans 'australina pusilla (urtica pusilla) des forska- 
liées { dans. quelques coussapoées et dans le rhelygonum cynocrambe, où M. Delile vient aussi 
de l'indiquer dans un mémoire sur cette plante qu'il a lu à l'Académie des sciences. 


L 


496 . VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Poiret ( parietaria americana, H. Deless.); 4. rotundifolia, Savig.; # 
membranacea, Poiret; u. orbiculata, Rich ; . triplinervia, Rottl.; Poir., 


Encyc. (H. Mus., Deless.); v. rlombea, L. &c. HE 
SIL UREREÆ 


FLORES monoeci; rariüs dioeci.. 
CaLyx quadri- rarius quinquedivisus, in floribus masculis sübregularis, 


+ 


in femineis irregularis , laciniis 1-2 interdüm abortientibus ; fructifer. i 1 


paucis baccatus. STAMINA quatuor vel quinque. FILAMENTA incurva, 
tardiùs patentia. ANTHERÆ subrotundæ. Ovarium liberum ; in floribus 
masculis abortiens, cupuliforme, aut clavatum. Ovurum stipitatum, 
erectum vasisque filiformibus è vertice ortis cum stigmate continuum. 
STIGMA sessile, capitato-villosum vel elongatum et pubescens. À CHENIUM 
oblongum, rectum vel obliquum, exsuccum. SEMEN erectum. Embryo 
rectus. 

Plantæ herbaceæ vel lignosæ, pilis urentibus obsitæ, rarissimè fusifor- 
mibus adnatis intermixtis. Folia Noé vel opposita. Flores paniculati, 

rarissimè capitati. ï + 
1. URTICA. #. 

FLORES monoeci, rarissimè dioeci. MA4sc. : CALYX quadripartitus. 
STAMINA quatuor. PISTILLI rudimentum cupuliforme (vel pezizæforme). 
FEM, : CaLyx quadripartitus; laciniis duabus maximis , foliaceis. SricmA 
subglobulosum, villosum. ACRENIUM rectum, ovato- Ar sublen- 
ticulari-compressum. MEMBRANA propria seminis succulenta. 

Folia opposita. 

Huit _generis sunt : 

S I. Urtica pilulifera, L.; u. balearica, L.; u. dodartii, L., &c. 

6 Il. Urtica urens, L.; u. recurvata, L.; 4, dioica, L.: u. magellanica , 
Poiret, Juss.; #. incisa, Poiret; u. hispida, Decand.; u. cannabina, L. ; 
u. membranacea, Poiret ; u. angustifolia, Visch.; #. rubicaulis, L. (H. Desf., 
Gay. ); 4. morifolia, Poiret (H. Desf. ). 

2. URERA. 


FLORES monoeci, rarius  dioeci? MASC, : CaLyx quadri- vel quin- 
quepartitus. STAMINA 4 vel 5: Pistisii rudimentum globoso-clavatum. 


L 2 


BOTANIQUE. 497 

FEM. : CaLyx tri- vel quadripartitus irregularis. STIGMA capitato-globo- 
sum, villosum. ACHENIUM obliquè ovatum, compressiusculum, calyce 
plerümque carnoso cinctum. 

Folïa alterna. 

Species hujus generis sunt : Urtica baccifera, L.; u. acuminata, Poiret ; 
u, javænsis , Poiret; u. gigantea, Poiret; u, alceæfolia, Poiret; u. palmata, 

| Forsk., Humb., Bonpl. et Kunth; #. (horrida); u. lamüifolia, Juss. ; 
st u. parietariæfolia (H. Deless.) ; u. frutescens (H. Deless.). 

Species dubiæ (obetia) : u. ficifolia Savig.; u. madagascariensis, Juss., 
Poiret, &c. # 


3- FLEURYA. 


FLORES monoeci; MÆAsc, : CALYx quadripartitus. STAMINA quatuor. 

Pistilli rudimentum. FEM, : CALYx quadripartitus, irregularis. SIGMA 
elongatum , filiforme, villosum. ACHENIUM obliquè ovatum, compres- - 
sum, alà angustissimä cinctum, lateribus medio concavis et tuberculosis. 


Folia alterna. 


Species hujus generis sunt : Urtica divaricata, L., Forst.; u. interrupta ! 
: u. corylifolia, Juss.; (4. latifolia, Rich.), (H. Juss.); 2. æstuans, L., (H. di 
Deless.) ; 2. racemosa, L., (H. Deless.); v. ruderalis, Forst. (H. Mus. ). ” 


1. FLEURYA PANICULATA. 


LUN 


F. foliis ovato-lanceolatis, subacuminatis, basi rotundatis sub- 
cordatis, obtusè et grossè serratis, utrinque glabris; paniculis ter- 
. minalibus, divaricato-corymbosis. 
Urtica paniculata. Olim. 
In insulis Mariannis (Rota). 


1 2. FLEURYA SPICATA. 
F. foliis ovato-cordatis, acuminatis, basi subcuneatis, grossè Le 
serratis, utrinque ramisque aculeato-pilosis ; racemis axillaribus 


, é ar 
latè ramosis ; spiculis subglomeratis. 
Urtica racemosa? Olim. 


In insulis Moluccis (Pisang). 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 63 


.. 


498. . VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


3. FLEURYA GLOMERATA. 
F. foliis ovatis acuminatis , basi subcuneatis, serratis, utrinque 
pilosiusculis. Racemis axillaribus brevibus spiculis conglomeratis. 
Urticæ glomeratæ prox. 
In insulis Moluccis (Pisang). 
4. FLEURYA CORDATA. 
F. foliis cordatis, acutis, serrato -crenulatis, subtüs venosis, 
_axillaribus et terminalibus divaricatis. 


utrinque pilosis; paniculis. 
U. cordata. Olim. 
Urtica corylifolia? Juss. 


In Brasiliâ. 


4. LAPORTEA. 


FLORES monoeci ; #45c. : CALYx quinquepartitus. STAMINA quinque. 
Pistilli rudimentum globosum. FLores r£wm. : CaLyx quadrilobus; lobis 
duobus multô majoribus. STIGMA elongatum, subulatum, plerümque 
villosum. ACHENIUM obliquè ovatum, compressiusculum, subtubercu- 
latum. 

Folia alterna. 

Hujus generis sunt : Ürtica canadensis, L. ; u, americana {H. Deless. ); 
u. carolinensis (H. Deless.) L.; x, atrox (1. peltata, Nob.), Lesch. ; 4. cre- 
nulata, Lesch.; u. gigantea, Poir., Encycl. (H. Mus.). 


S: GIRARDINIA. 


FLORES monoeci; MASC. : CALYX quadripartitus. STAMINA quatuor. 
Pistilli rudimentum obovato-clavatum. FLores rEmM. : CALYx qua- 
dripartitus; laciniis inæqualibus ; tribus infernè connatis ; quarta libera. 
STiGMA longissimum filiforme, villosum. ACHENIUM obliquè subrotundo- 
ovatum, lenticulari-compressum, læve. 

Folia alterna. 

Species hujus generis sunt : Urtica palmata, Lesch., (H. Mus.), &c. 


$ III BOEHMERIEZÆ. 


FLORES dioeci, rarissimè monoeci. CALYxX in masculis quadri- rard 
quinquedivisus, in femineis tubulosus , ore obsoletè quadridentatus ; fru- 
ctifer ventricosus, interdüm carnosus. STAMINA quatuor vel quinque. 
FILAMENTA incurva, tardiüs patentia. ANTHERÆ subrotundæ. Ovarium 
liberum, rectum; in floribus masculis abortiens, conicum vel clavatum, 
glabrum vel pilosum. OvuLum erectum apicèque vasis filiformibus af- 
fixum. STiGMA sessile, elongatum, nonnisi ad unum latus villosum. 
ÂCHENIUM rectum, ellipticum, subglobosum vel depresso - conicum , 
membranaceum vel indurato-lignosum. EmBryo rectus. 

Arbores vel frutices. Folia alterna vel opposita. Flores capitati. 


1. BOEHMERIA. 


FLorrs dioeci, rarissimè monoeci. 445C. : CALYx quadri- vel 
quinquepartitus. STAMINA 4 vel S+ PISTILLI rudimentum conicum vel 
clavatum , glabrum vel lanatum. FLores FE. : Caryx pilosus limbo 
subquadridentatus; ovarium sessile vel pedicellatum. ACHENIUM ovato- 
ellipticum, fæve vel leviter tuberculatum, calyce membranaceo ob- 
tectum. 

Folia alterna (procris!) vel opposita ( boehmerie genuinæ). Receptacula 
carnosa in speciebus alternifoliis. 


BOEHMERIA (PROCRIS) CANDOLLEANA. PL. 118. 

B. dioica ; arborea; foliis alternis, subrotundo-ovatis, acutis, 
basi rotundatis, trinerviis, crenatis, suprà pilosiusculis, subtüs 
tenuissimè albido-tomentosis; receptaculis carnosis, baccifor- 
mibus, albis. 

dunaadiban incolarum. 


In insulis Mariannis (Guam ). 


BOEHMERIA (PROCRIS) NIVEA. 
B. dioica; foliis alternis ovatis, acuminatis » basi acutis, tri- 
nerviis, argutè et grossè serratis, reticulato- -Venosis, suprà scabris, 
subtüs niveo-tomentosis. 


63" 


500 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Urtica nivea? Rumph. s, tab. 79, £, . PA Lour, , Pers, 2, 
pag: 555: 


Safi ( Sdäaf ) incolarum. 
In insulis Mariannis (Guam). 

Aliæ species hujus generis sunt : | 

s I. Folia alterna (procris) : Procris urticafolia (H. Juss.); urtica ci- 
nerascens ! Poiret, Vent.;u. lamiüfolia, Juss.; u. frutescens, Poiret, (H. 
Juss.); 4. tomentosa , Poïret.; parietaria sonneratii, Poiret, Dict.; #. spi- 
cata, Thunb.; #. arborea! L. (H. Deless. ) ; 2. fruticosa (frutescens ), 
Thunb. (/d.); u. maculata, Li, Savig., (Lam. IH. tab. 763, f. 1), L.; 
u. ramiflora, Jacq.; u. pellucida, Labill. Sert. austr. Cal. tab. 80; . 
tenacissima, H. Mus., &c. 

$ II. Folia opposita (boehmeria) : Urtica palustris , Juss. ; #. cylindrica, 
Mich., L.; v. tomentosa ! u. rotundifolia, Savig., Poiret +}; u, caudata , 
Savig., Poir., Encycl. ; . interrupta, L.; (u. filiformis, Walt., L.); 
scabrella ! Lesch., &c. 


2. NERAUDIA. 


FLores dioeci; AAsc. : Caiyx quadripartitus. STAMINA 4. Pistinni 
rudimentum conicum, lanatum. FLores FEM. : CaLxx glaber? limbo 
integerrimus. ACHENIUM depresso-conicum , læve, calyce carnoso san- 
guineo obtectum. 

Frutices lactescentes. Folia alterna. 


1. NeRauDIA MELASTOMÆFOLIA. PI. 117. 
N. foliis oblongis, acuminatis , basi acutis, trinerviis, glabrius- 
culis, subtüs pallidioribus. 
N. melastomæfolia. Gaudichaud, Génér, p. 104. 


In insulis Sandwicensibus, cum sequente. ( Alt. 350-400 hex.) 


(1) Ces plantes seront nécessairement divisées en plusieurs genres, qui resteront groupés 
autour du bochmeria, Les urtica palustris, Juss., et u. cylindrica, L., en formeront un (du- 
retia). Le b. lamiifolia en formera probablement un autre, &c. 


ms mm __ 


BOT ANIQUE. Soi 
2. NERAUDIA OVATA. 
N. foliis subrotundo-ovatis, acuminatis, utrinque puberulis, 
subtùs pallidioribus. 
N.ovata. Gaudichaud, Génér. p. 104. 
Hohohoré ( Aohohoué ) incolarum. 


$ IV. PARIETARIEÆ. 


FLores monoeci, rariùs dioeci, involucrati; involucro mono- vel 
polyphyllo, uni-multifloro. CaALYx masculus 4-5-divisus ; femineus mo- 
nophyllus, apice 2-4-lobus; fructifer auctus, ventricosus. STAMINA 4 
vel $. FILAMENTA incurva, tardiùs patentia. ANTHERÆ subrotundæ. 
Ovarium liberum , rectum ; in floribus masculis sterile, clavatum , sessile 
vel stipitatum. OvuLum erectum apiceque vasis filiformibus suspensum. 
SricmaA nunc sessile, elongatum, ad unum fatus villosum, nunc stylo 
sudultum , subcapitatum, villosum. ACHENIUM rectum, ovale, acutum, 
læve, glabrum, nitidum. EmBryo rectus. 


Plantæ herbaceæ vel suffruticosæ, glabræ vel villosæ. Folia alterna vel 
opposita. Flores in axillis conglomerati, masculi et feminei plerèmque in 


eodem involucro. 


I. PARIETARIA. 


FLores masculi et feminei in eodem involucro; involucrum multipar- 


titum. FLores ÆASC. : CALYX quadripartitus, intüs lanatus. STAmINA 


quatuor. RUDIMENTUM clavatum, glabrum. FLoREs FE». : CaLvx tubu- 
{osus ; limbo quadrilobus. STYLUS flliformis. STIGMA capitato-villosum, 

Plantæ herbaceæ. Folia alterna. 

$ L. Species genuinæ : Parietaria officinalis, L.; p. judaïca, L., (H. 
Mus., Desf.); p. pensylvanica, Mühlbg. 

s II. Species dubiæ : Parietaria erecta, H. Mérat; ( p. latifolia, H. 
Mus.); p. alsinefolia ! Lamk. (H. Desf.) 


s02 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


2. GESNOUINIA (1). 


FLORES 1-2 masculi, unus femineus in eodem involucro. INVOLUCRUM 
campanulatum hexafidum ; laciniis tribus alternis angustioribus. FLORES 
MASsC, : CaLyx 4-partitus, villosus, intüs glaber. STAMINA quatuor vel 
quinque. RUDIMENTUM ovale, glabrum. FLORES F£Mm, : Caryx ovalis, 
limbo quadrilobus. STIGMA sessile, elongatum ad unum latus viflosum. 

Frutices. Folia alterna. 


1. GESNOUINIA ARBOREA. 
Parietaria arborea , Ait. —Urtica arborea, Linn.—Boehmeria arborea, 
Desfont. — Boehmeria rubescens, Jacq. 


3 FREIREA. 


FLores masculi et feminei in eodem capitulo. INVOLUCRUM 3-4-poly- 
phyllum. FLORES masc. : Caryx quadripartitus. STAMINA quatuor. 
RuDiImMENTUM pistilli globosum, glabrum. FLores rem. : CaALYx qua- 
dripartitus ; fructifer chartaceus, ruffus , leviter tuberculoso - villosus. 
STYLUS brevis. STIGMA capitato-villosum. 

Folia alterna. 

Species genuinæ : Parietaria lusitanica, L.; p. alsinefolia! Delil. ; p. 
filiformis, Tenore, &c. 

Species dubiæ : Parietaria ocymifolia, Poiret, &c. 


4. THAUMURIA. 


FLoREs masculi et feminei in eodem capitulo et involucro. INvoLU- 
cRUM quinquefidum, triflorum ; faciniis duabus alternis majoribus, alæ- 
formibus. FLORES asc. : CALYx quadripartitus. STAMINA quatuor. 
PisrisLum effetum vel plerumque rudimentarium et globosum. FLoREs 


a . . 2 f . . 
(1) J'avoue que c’est avec peine que je me suis vu forcé d'établir un aussi grand nombre 
LE 4 ./ . . à - # . 
de genres dans les pariétariées; maïs il les faut tous, à moins de les réduire en un seul dont 
ceux que je propose formerotent des sections. 


BOTANIQUE. 503 


rem, : CaALyx angulatus, limbo quadridentatus, villosus, intüs lanatus. 
Stylus flliformis. Stigma capitato-villosum. 

Plantæ herbaceæ. Folia alterna. 

Species hujus generis à me examinatæ sunt subsequentes : Parietaria 
cretica, L. (de Naples, H. Gay); p. pensylanica, (H. Mérat. 15-17 
id, id.); p. judaïca et p. paleæstina! (H. Mus.). 


S: POUZOLZIA. 


FLORES dioeci, rariùs monoeci, in eodem involucro. INVOLUCRUM 
polyphyllum. FLoREs #45c. : CaLvx quadri- vel quinquepartitus. STa- 
MINA quatuor vel quinque. RUDIMENTUM pistilli ellipticum, glabrum, 
sessile vel pedicellatum. FLORES r£M. : CaLyx fructifer profundè sulcato- 
angulatus vel complanato-bialatus, infernè ad utrumque latus cristatus, 
gibbus vel nudus ; limbo parvo, bilobo (lobis duobus alternis abortien- 
tibus!). Stigma sessile, elongatum, ad unum latus villosum. 

Folia alterna aut rarius opposita. : 

Species genuinæ : Parietaria lævigata, Poiret, Dict ; p. canescens, id. 

Species dubiæ : Urtica alienata, L. (H. Juss.); parietaria indica ! ( Id.); 
p. sonnerati , Poiïret; (4. ulmifolia , Vahl) ; p. verbascifolia, Poiret, (H. 
Mus.);p. indica, L. (achyranthes aspera, Rumph. Amb. 10, tab. 12, 
fs 


6. ROUSSELI A. 


FLoREs masculi et feminei in eodem involucro; hi bini, infernè 
connati, illi racemosi. INvOLUCRUM polyphyllum. FLores #4sc. : 
Cazyx quadripartitus. STAMINA 4. RUDIMENTUM pistilli conicum, la. 
natum. FLORES FEM. : Carxx fructifer monophyllus , complanato 
quadrialatus, alis duabus inferioribus obsoletis, limbo edentulo? Stigma 
subsessile, capitato-villosum. 

Folia alterna. 


Hujus generis sunt: Ürtica lappulacea, Swartz (Herb. Mérat); pa- 
rietaria minor! H. Mus ; p. judaïca. (H. Juss.) 


s04 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


7. SOLEIROLIA. — HELXINE (1) Auct. 


FLoREs dioeci ; solitarii. INvOLUCRUM trifidum. FLORES 4450, : CALYx 
quadripartitus. STAMINA quatuor. RUDIMENTUM pistilli ellipticum basi 
lanatum. FLORES rem. : INVOLUCRUM tubuloso-ventricosum, trialatum, 
trifidum. Cazyx tubuloso -ventricosus, limbo quadrilobus. SrxLus és 
formis , brevis, SriGMA capitato-oblungum, ad unum latus villosum. 


Plante herbaceæ. Folia alterna obliquè rotundata , integra, villosa et 
pilis fusiformibus (2) adnatis conspersa. 

Species genuinæ : Afelxine soleirolii, Requien, Ann. des sc. nat. août 
1825, p. 384; parietaria lusitanica , D. Viviani, App. Flor. corsic. 
P. 3100 1 (3), dc. 

Species dubiæ : Urtica pusilla (H. Desf.); vid. australina pusilla, &c. 


$ V. FORSKALIEÆ. 


FLORES monoeci, involucrati; involucro monophyllo, integro vel 
laciniato, rariùs abortivo, bi-multifloro ; floribus marginalibus masculis, 
centralibus femineis. wA4sc. : CaLyx nullus, ejus loco bractea (4) 
djlatata, canaliculato-concava, sessilis aut pedicellata, apice galeata. 
STAMEN 1. FILAMENTUM incurvum, tardiùs patens. ANTHERA subrotunda. 
RupiMENTUM pistilli nullum? FE. : CALYx monophyllus, integer, vil- 
losus vel lanatus, plerümque ovario adnatus. STyLus brevis. STIGMA 
elongatum, unilaterale, villosum. OvuLum erectum apiceque vasis fili- 
formibus affixum. ACHENIUM calyce persistente vestitum, rectum, éllip- 
ticum. SEMEN erectum. EMBRYo rectus. 


Herbæ alternifoliæ. Flores conglomerati, spicati, aut rariüs Brit. 


(1) Ce nom de Linné, rétabli par M. Requien, l'a été précédemment par M. R. Brown, 
Prod. Flor. Nov.-Holl. p. 420, pour une tribu des polygonées. 

(2) Raphides! 

(3) Je n'ai trouvé les fleurs mâles que dans herbier de M. Gay, et les fleurs femelles dans 
celui de M. Ie docteur Mérat. 


(4) Dans nos généralités, nous démontrons jusqu’à la dernière évidence que cette bractée 
n’est autre chose qu'un calice modifié par l'avortement. 


BOTANIQUE. 505 


1. FORSKALEA. 
INvoLUCRUuM laciniatum, multiflorum. FLoriBus #45c. : 6-8, 
FEM, : 3-4. : 
Folia alterna; lores conglomerati. 
Species genuinæ : Forskalea angustifolia, Retz; f. tenacissima, L.; f. 
viridis ! 
2. DROGUETIA. 


INvozucruM integrum, biflorum; flore altero masculo, altero fe- 
mineo. « 
Folia alterna, punctulato-granulosa. Flores spicati. 


1. DROGUETIA ELLIPTICA. 
D. foliis ellipticis, acuminatis, serratis, utrinque pilosiusculis. 
Urtica gracilis? Air. 
U. leptostachys. Juss., Pers. Syn. 2, pag. 554. 
In insulis Mauritianâ et Borboniâ, cum sequente. 


2. DROGUETIA OVATA. 
D. foliis ovatis, subacuminatis , serrato-dentatis, basi subcu- 
neatis, utrinque pilosis. 
Urtica gracilis? Air. ( H, Juss. ). 
U. leptostachys ? Pers. Syn. pl. p. $ 54. 


3. AUSTRALINA (1). 


Involucrum subnullum. FLoRIBUS #45c. (1-2) et FEM. (1-3) in eâdem 
axillà. 
Herbulæ pusillæ. Caules filiformes ramosi, repentes ; folia al- 
terna. Flores subsolitarii pedunculati, ebracteati ? 


Species unica : Urtica pusilla (H. Desf.), &c. 


(1) Ce genre, de la Nouvelle-Hollande, que j'ai trouvé seulement dans l’herbier de M, Dés 
fontaines, qui le tient de M. de Labillardière, est très-anomal : il a quelque analogie avec Je 
genre helxine ( soleirolia), et plus particulièrement avec les boehmériées ; mais si, comme j'ai 
cru le reconnoître, il n’a qu’une étamine, et quoiqu'il soit dépourvu d’involucre visible , il se 
trouve convenablement placé dans les forskaliées. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 6 4 


$06 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


$ VI CECROPIEÆ (1). 
I. CECROPIA. 


FLORES dioeci, densissimè spicati. #A45C. : CaALyx turbinato-tubulo- 
sus, subangulatus ; obtusus, apice bilobus ; lobis concavis, petaloïdeis. 
STAMINA duo. FLORES FEM. : CALYx tubuloso -ventricosus, integer, 
apice lanatus. STIGMA capitatum, villosum , subsessile. ACHENIUM ca- 
lyce persistente subcarnoso tectum. 4 

Arbores lactescentes, ramis nodosis, fistulosis. Folia ad nodos alterna, 
juniora stipulis spathiformibus involuta. Spicæ fasciculato-umbellatæ ; 
pedunculis axillaribus, solitariis vel geminis. 

Species genuinæ : Cecropia peltata, L., Lam. II. tab. 800 ; c. palmata, 
Willd.; c. acuminata, Desf., H. P. (c, concolor? Wild. ). 


2: COUSSAP OA, 


FLORES dioeci, densissimè spicato-capitati ; Æ445C, : ........ FLORES 
FEM. : CaLyx tubuloso - ventricosus, integer, apice villosus. STicmaA 
capitatum, villosum, subsessile. ACHENIUM subdrupaceum calyce per- 


sistente tectum. 

Arbores succo luteo turgidæ. Folia alterna, juniora ut in ficu stipulis 
obtecta convolutis, mox caducis, quarum vestigia persistentia ; receptacula 
(panicula?) ramosa et axillaria. Character ex Aubl. Guyan. Juss. Gen. 


pl. p. 406. ‘ 
Species hujus generis sunt : Coussapoa angustifolia , Aubl. ; c. latifolia, 


Aubl. 


(1) Le groupe des cécropiées nous semble très-naturel, sur-tout par la grande ressemblance 
des fruits ; mais nous ne connoissons encore les fleurs mâles que du genre cecropia. 

Aublet, et ceux qui depuis lui ont écrit sur le genre coussapoa , ne nous ont rien appris sur ses 
fleurs mâles. Une plante de Java, apportée par Commerson et classée avec doute parmi les 
coussapoa ; nous a offert des fleurs mâles composées d’un calice à 4 divisions profondes (quel- 
quefois 3-5 ); de 4 étamines (3-5) à filets élargis, droits, à anthères ovales, ayant sous ce 
rapport beaucoup d’analogie avec celles des cecropia ; d'un rudiment de pistil fliforme, obtus 
au sommet, Mais pouvions-nous établir nos caractères de tribu sur de tels indices! Nous avons 
donc cru bien faire en nous abstenant sur ce point, jusqu'à ce qu’il nous arrive des rensei- 
gnemens positifs, D'ailleurs les cécropiées sont toutes figneuses et sécrètent des sucs lactescens 
colorés. 


BOTANIQUE. s07 


$ VII CELTIDEÆ. 


FLORES monoeci, rariüs dioeci aut polygami (?) in eodem vel distinctis 
pedunculis. CALYx quinquedivisus ; MA45C. : Stamina 5. FILAMENTA 
recta plertmque crassiuscula. ANTHERÆ subrotundæ. PisriLLr rudimen- 
tum clavatum basi villoso - lanatum. FLores F£m. : OVARIUM sessile, 
liberum , rectum. SriGMATA duo simplicia vel trifida ad unum latus 
(interiùs ) villosa. DruPA monosperma. SEMEN pendulum. EmBryo cur- 
vatus. 

Arbores vel frutices, ramis inermibus aut aculeatis. Folia alterna, basi 
inæqualia aut æqualia, serrata aut integerrima, trinervia aut subtrinervia. 
Flores axillares, solitarii, racemosi vel paniculati. 


I. CELTIS, LUM. 


Flores monoeci, Styli duo, simplices. Cotyledones curvatæ. 
Arbores ramis inermibus. Folia basi inæqualia, serrata. 


2. MERTENSIA. 


Flores polygami. Styli duo, bifidi. Cotyledones corrugato-plicatæ. 
Arbores ramis aculeatis. Folia basi æqualia, integerrima. 


$ VIII CANNABINEÆ. 


FLORES dioeci ; mAsc. : CALYX quinquepartitus. STAMINA quinque. 
FiLameNTA brevia. ANTHERÆ lineares. PistiLzi rudimentum nullum. 
Frores rem, : bracteâ concavâ foliaceä persistente suffulti : CaLvx 
ventricosus , tenuiter membranaceus , diaphanus. OvarIUM liberum. 
STryxLus nullus. STIGMATA duo, elongata, undique villosa. ACHENIUM 
Iæve, rectum. SEMEN pendulum. EMBRYO curvatus. 

Herbæ erectæ vel volubiles hispidæ ; pilis malpighiaceis. Folia opposita 
aut rariüus apice alterna, nervosa, lobato-incisa. Flores paniculati vel 
spicati; spicis strobiliformibus. 


64* 


508 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


I. CANNABIS. 


BRACTEA cucullato-spathæformis florem femineum et tardiüs fructum 
involvens. EMBRYO uncinato-curvatus. 


Herba erecta. Stipulæ distinctæ. 


2: HUMULUS. 


Spicæ femineæ strobiliformes ; bracteæ magnæ, foliaceæ, basi bifloræ, 
floribus bracteä propriâ concavä, glanduloso-pulverulentä suflultis. Em- 
bryo spiraliter involutus. 


Herba volubilis. Stipulæ connatæ. 


$ IX. BROUSSONETIEZÆ (1). 


FLores dioeci, raris monoeci; w#A4sc, : spicati : CALYx tri- vel 
quadridivisus. STAMINA 3 vel 4. FILAMENTA incurva, tardiùs patentia. 
ANTHERÆ subrotundæ. PISTILLI rudimentum conicum, villosum. FLORES 
FEM. arctè .capitati, bracteis crebrioribus squamæformibus intermix- 
tis. Caryx tubulosus, apice irregulariter 3-4-lobus, in fructu per- 
sistens, non ampliatus. OvarIuM stipitatum, obliquum. SriGMA unicum 
sessile, elongatum, undique villosum , interdüum duplex, altero abortivo. 
FrucTus stipitatus, obliquè clavatus, unà cum stipite succulentus, dru- 
paceus. NucLeo crustaceo, duro. SEMEN pendulum. EmBrvo curvatus. 


Arbores alternifoliæ. 


(1) Si, comme nous Je pensons maintenant, les écailles des fleurs femelles du broussonetia 
ne sont que des fleurs avortées, il faudra détruire ce groupe et remettre le hroussonetia dans 
les müriers, où nous avions primitivement placé. Dans ce cas aussi, il faudra créer une 
nouvelle section dont le chlorophora (morus tinctoria , L., Mül., morus xanthoxylon, Müll. , 
Jacq.; broussonetia tinctoria, Humb., Bonpl. et Kunth (H. Mérat et Cambess. ), formera Îe 
type, et auquel se réuniront les morus spinosa ( Herb. Mus. ), ozuba, Plum. (H. Cambess. ) ; 
les conocephalus, Blume (Bot. reg. tab. 1200 ) et Îes ainiaris, Lesch,, parce que nous regar- 
dons les fleurs femelles de ce dernier genre comme un capitule à fleurs avortées, à lexcep- 
tion d’une seule, er à écailles soudées. Les deux stigmates seuls pourroient faire entrer ce 
genre dans les müûriers. D'ailleurs, ces deux tribus se touchent par beaucoup de points. 


BOTANIQUE. 509 


I. BROUSSONETIA. 


Cazyx in fructu persistens, non auctus, membranaceus, glaber. 


2. CHLOROPHORA (CHLOROPHORÉÆ | ) 
Cazyx ampliatus, fructum involvens, membranaceus, villosus. 


$ X. MOREZÆ. 


FLOREs monoeci spicati vel receptaculis insidentes ; MA45c. : CaLyx 
quadridivisus. STAMINA quatuor. FILAMENTA incurva, tardiüs patentia. 
PisTiLzr rudimentum conicum aut clavatum , villosum aut glabrum. 
FLores rem. : CALYx quadridivisus ; fructifer succulentus vel exsuccus. 
Ovarium liberum. Stigmata duo, sessilia, elongata, villosa. ACHENIUM 
rectum. SEMEN pendulum. EmBrYo curvatus. 

Arbores vel frutices lactescentes. Folia alterna, rarius opposita. 


I. MORUS. 


FLorEs masculi et feminei in distinctis spicis cylindraceiïs ; CaLyx fruc- 
tifer, succulentus, bacciformis. Ovarium biloculare, loculo altero vacuo. 


2. ALBRANDIA. 


FLores masculi et feminei in distinctis receptaculis integris. CaLyx 
fructifer exsuccus vel basi tantummodù succulentus. 


3: FATOUA. 


FLores masculi et feminei in eodem receptaculo orbiculari margine 
ramoso-laciniato. CaLyx fructifer membranaceus. Ovarium obliquum. 
SricMA bifidum ; lobo altero minuto. 


1. FATOUA PILOSA. 
F. caule ramoso ; foliis ovatis, acuminatis, grossè crenatis, basi 
cuneato-subcordatis, utrinque pilosiusculis. 
Urtica japonica? Thunb, Jap. p. 70. 
In insulis Moluccis (Rawak). 


S10 .. VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


2. FATOUA ASPERA. 
F. caule simplici; foliis ovatis subacuminatis, grossè serratis, 
basi rotundato-subcordatis , asperis, subtüs pallidis, pubescentibus. 
Urtica japonica? Thunb. Jap. p. 70. 
In Herb. Mus. 


3. FATOUA CORDATA. 
F. foliis ovato-cordatis, acutis, serratis, utrinque ramisque 
villosis. 
Parietaria aspera. Lesch. Mss. (in herb. Juss.). 


$ XI. FICEÆ. 


RECEPTACULUM carnosum, globosum vel turbinatum, intus floribus 
monoecis obsitum , apice perforatum. FLores æAsc. : CAIYX tri- 
partitus. STAMINA tria, incurvata, tardiùs patentia. ANTHERÆ subro- 
tundæ? PisriLr rudimentum. FLores FEM. : CALYxX quinquepartitus. 
Ovarium obliquum, liberum. Sryzus lateralis. Sricma bifidum. ACHE- 
NIUM exsuccum. SEMEN lateraliter suspensum. EMBRYO curvatus. 

Arbores vel frutices lactescentes. Folia alterna. Stipulæ in cornu ter- 
minale convolutæ. Receptacula axillaria solitaria vel conferta (rariüs ter- 
minalia , racemosa). 


FICUS. 


Character sectionis. 
XLE DORSTENIEÆ, 


RECEPTACULUM carnosum, concavum, patens, intus floribus monoecis 
obsitum. 

masc. : CaLyx bipartitus; laciniis apice cucullatis (1). STAMINA 
duo. FILAMENTA curvata tardiùs patentia, basi subcupuliformi-incras- 
sata, ANTHERÆ subrotundæ. PIsTILLI rudimentum nullum. FE. : 
Cazyx monophyllus, campanulatus, ore constricto, integro. OvariuM 


(1) An potiùs involucrum biflorum ; floribus monandris; calyce minuto, cupuliformi ? 


: BOTANIQUE. sii 
obliquum, liberum. SryLus 1. SriGmA bipartitum ; laciniis elongatis. 
ACHENIUM tuberculatum. SEMEN suspensum. EMBRYO curvatus. 


Herbæ acaules vel caulescentes. Receptacula pedunculata, integra 


vel bifida. 


T. DORSTENITA. 


Receptaculum integrum. 


2. SYCHINUM (?) 


Receptaculum bifidum. 


$ XIII ARTFOCARPEZÆ (1). 


1. ARTOCARPUS. Porst., L,. 
2. PEREBEA. Aublet, Jussieu. 


s. XIV. POUROUMEZÆ (2). 


1. PouroumMA, Aublet. 
Species genuinæ : Pourouma guanensis, Aubl., &c. 


BRUEA. 


PoORES dioecr, MASC, : QLYx.. . … ….: . FLORES FEM. : CaLvx 
tubulosus irregulariter 4-dentatus, ad unum latus fissum, caducum. 
Ovarium obliquum. SriGma laterale unicum, sessile, longissimum , ad 
unum latus papilloso-fimbriatum. CapsuLa? hispida. 


(x) Les artocarpées, que nous composerons des genres artocarpus, perebea, et peut-être des 
bagassa et des hedycaria, dont nous n'avons pu étudier encore les fleurs, se distinguent par la 
disposition de leurs fleurs femelles en capitules serrés, avec ou sans involucre, par leurs stigmates 
simples ou divisés, filiformes, velus , &c., et sur-tout par leurs fruits charnus ou drupacés ; par 

‘leurs embryons à radicule peu sensible, à cotylédons épais, souvent irréguliers, analogues à 
ceux des pouroumées ; ce qui nécessitera peut-être un jour le rapprochement de ces deux groupes. 

(2) Les pouroumées, dont nous n'avons pu rencontrer les fleurs mâles, sont peut-être peu 
distinctes des artocarpées. 

Toutefois elles s’en distinguent par de nombreux caractéres, et sur-tout par la disposition des 
fleurs femelles, par la forme des stigmates, &c. 

Les genres qui la composent sont les suivans : Pourouma, bruea, ....... Fe 


S12 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Frutices ; folia alterna, ovato-subcordata, serrata (?), villoso-tomen- 
tosa ; flores terminales, petiolati, bracteati. Bracteæ foliaceæ, glandulosæ. 


1. BRUEA BENGALENSIS. 
In India (Bengala, Leschenaulr), vid. H. Mus. 


$ XV. MISANDREZÆ. 


FLores hermaphroditi vel dioeci. Cazyx ovario adnatus ; limbus liber, 
quadripartitus ; laciniis duabus minutis; duabus alternis petaloïdeis, 
caducis, in misandrâ abortientibus. FILAMENTA recta. ANTHERÆ ellip- 
ticæ. OvARIUM rectum. STIGMATA duo, sessilia, elongata, villosa. 
ACHENIUM drupaceum. SEMEN pendulum. PERISPERMIUM celluloso - car- 
nosum. EMBRYO minutus, rectus. 

Herbæ acaules. Folia radicalia petiolata. Pedunculi apice ramosi. 
Flores densè spicati sessiles. 


1. MISANDRA. 


Flores dioeci. Calycis lobi duo petaloïdeiï abortientes. 


22 :GUNNEIR* 


FLORES hermaphroditi. Calycis lobi duo petaloïdei caduci. 


1. GUNNERA PETALOÏDEA (1). 
G. foliis cordato-ovatis, obsoletè lobatis, suprà rugosis, subtüs 


reticulato-venosis hispidulis. 
In insulis Sandwicensibus ( Alt. 450-500 hex. ). 


Aliæ species hujus generis sunt : Gunnera perpensa , L. ; gunnera pilosa , 
Humb., Bonpl. et Kunth.; gunnera scabra, Ruiz et Pav., &c. 


(1) Dénomination devenue vicieuse depuis que nous avons étudié tous les gunnera, qui offrent 
le même caractère; mais nous avons consacré ce nom page 98. 


| 


BOTANIQUE: S13 


$ XVI. PIPERACEÆ. 
1, LAUREA (tr). 


FLorEs hermaphroditi. Squamis foliaceis villosis. STiGMA elongatum , 
indivisum , subglabrum. $ 


2. D:U.G A GEL LA! 


FLores heïmaphroditi distincti. SQuamis foliaceis basi decurrentibus. 
STIGMA capitato-globosum, pilosum. 


3. PEPEROMIA. 


FLores hermaphroditi. SQuamis peltatis, pedicellatis, incrassatis. 
STIGMA capitato-globosum , indivisum , villosum ? 


4. PIPER. 


FLores hermaphroditi. Squamis foliaceiïs, peltatis, sessilibus vel de- 
currentibus. STIGMA 3-4-fidum, puberulum. 


5. LACISTEMA. 


FLores hermaphroditi. SQuaMis foliaceis. SricmA 2-3-4-fidum, gla- 


brum. 


6. GNETUM. 


FLORES monoeci aut dioeci, verticillati. SQuaMmis cucullato-perfoliatis ; 
squamulis numerosis, capillaribus. STIGMA elongatum, glandulosum, 
apice 3-4-fidum. 


(1) LAUREA. Spadix subcylindraceus, floribus undique et densissimé tectus. Flores herma- 
phroditi, bracteis 2 vel crebrioribus squamæformibus intermixtis. Stamina 2, antheræ subro- 
tundæ, loculi oppositi, ad latus secundüm longitudinem dehiscentes. Ovarium ovato-oblungum 
in apice styli productum. Stigma subulatum plerumque villosum. Bacca....... 

Frutices vel arbores. Ramis nodosis; folia opposita, integra, integerrima, acuminata, basi 
subcordata, glabra, subtüs subtomentosa, Stipulæ petiolares geminæ. Spadices axillares, 


1, LAUREA tiliæfolia. 


Piper tiliæfolium. Desvaux, mss. in herb. Desfont. Mus. 
In Guyanà (Cayenne) Martin Ded. 


Voyage de l'Uranie. — Botanique. 65 


SP à 


a 


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* 


514 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


L'organisation des étamines nous a dirigés dans [a réunion des plantes de ce groupe. 


Nous Pavons composé des genres piper, Ruiz et Pav.: peperomia, Ruïz et Pav.; 
dugagelia (H. Juss.); laurea (1), thoa, Aublet; gnetum, L., et lacistema (2), 
Swartz. 

Les vraies pipéracées, c’est-h-dire, les genres piper, peperomia, dugagelia, &c., 
Sont convenablement caractérisées par leurs fleurs en spadix cylindriques , disposées 
en spire, de manière à se recouvrir de 4 en 4, 6en6, 1oen 10 r TS 1 6; 
par leurs écailles peltées, sessiles et décurrentes dans les vrais piper à xhachis fibreux 
(péper nigrum ) ; peltées et pédicellées , arrondies, épaisses, dans les peperomia à rhachis 
charnus, crevassés; foliacées et décurrentes à Ja base dans les dugagelia ! Ces écailles 
sont foliacées et non décurrentes dans les /uurea et lacistema, qui nappartiennent 
peut-être pas à ce groupe, les /uurea, par leurs anthères, les /acistema , par le nombre 
de leurs ovules (6, test. Kunth, Aug. S.-HiL.). Tous ces genres seront décrits avec 
détail, dans le Mémoire que nous nous proposons de publier incessamment, avec des 
planches représentant l'analyse de leurs fleurs et de leurs fru:ts. 

Les 7hoa et gnetum, judicieusement réunis en un seul genre par M. Adolphe 
Brongniart, ont leurs fleurs disposées en verticilles distincts à écailles connées ou 
perfoliées. 

Des considérations du plus haut intérêt ont engagé M. Adolphe Brongniart à placer 
les plantes de ce dernier genre dans les conifères, avec lesquelles M. Rob. Brown 
leur avoit précédemment reconnu des affinités. Si je ne partage pas complétement 
l'opinion de ces naturalistes, cela tient sans doute à ce que je n'ai point une con- 
noissance assez approfondie de l’organisation des fruits des conifères , organisation 
que je croyois pourtant très-distincte, et sur-tout à la grande analogie de composi- 
tion qui existe dans Îes étamines des gnetum et des poivres. D'ailleurs, ce que je 
regardois comme lovule , dans Îes piper et dans les gaetum, nest réellement que 
Pembryon enveloppé de sa poche membraneuse { Mirbel, Exam. de Ia divis. des 
vég. en endorhizes et exorhizes, pag. 31, tab. 4}. Cette poche est double dans les 
poivres; l’intérieure périspermoïde, plus ou moins épaisse, sans consistance. 

L’'embryon du 1404 est suspendu par un long filament membraneux, roulé en 
spire; sous ce rapport, il 4 de lanalogie avec ceux des cycas. 


(1) Le laurea s'éloïgne des pipéracées par l’organisation de ses étamines et par le grand nombre 
de ses écailles. I entrera peut-être dans les chlorophorées ! 
(2) Le lacistema a un style très-court, perforé. 


FIN DE LA BOTANIQUE. 


| 
| 
| 


.. - TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLUME. 


PRÉFACE... ee eg énuses ‘ “NE Di ii Ti iér CEE Page j 
LIVRE PREMIER. 
( OBSERVATIONS générales sur la nature et l’ensemble de la végétation 
de chacune des localités visitées dans le cours de l'expédition... .... I 
CRÉDIT OI A ere ane à à re des ace SR NT ir les :. 
ns mate sé n va ed iv S ae 6. 
où 6 à. NÉS UE VON III I NIET 9. 
IV, "Cap ‘de Bonné-Espérance., . 7,4......,...., EN 14. 
RE TR à à ns Ne ee 18. 
VI. Île Bourbon... ,....sses +" "0. 4. Le. 
( VII. Nouvelle-Hollande ( Baïe des Chiens-Marins )......... 34. 
VAL. He Finlande sono 38. 
RO se cv oc o à à du à 5 0 6 à € « à 46. 
de ME POS acte soc ge « PRE PE Ne à CS 49. 
2 D CES POP ES. « se per me eee dr on use Le x Us =, 
XII LES de LAIT ee Re ce rt M RARE 60. 
XII. Îles Caron rer RS Ce run PS. sr È a 
XIV. Iles Mariannes, Guam..............,. TT es 64. 
XV. NOTA. re de te dd des 80. 
XVI. RAR EP ne Ne duc à + + 84. 
DOVE TES SAR De Es ou à sue cu cc tee ER 88. 


XVIIT. Nouvelle-Hollande (Port-Jackson, Botany -Bay, Mon- 
tagnes-Bleues ABathurst, de. }.....,.... 4e... 108 
XIX. Terre de Feu {baie du Bon-Succès)...,........... + 121 
A. des NMRORRRE. à +4 dénti rue rue. 123 
A Xe Montévides,, RE. 5e... M te eV à 144. 
TABLEAU du gisement des lieux et des températures moyennes observées 
pendant nos diverses relÂches............., CN PORT À 140. 


{ 
| 
| 


516 TABLE DES MATIÈRES. 


LIVRE IT. 


CLASSIFICATION DES HERBIERS. 


Abrotiélia : M... .. Page 465. 
ACROSTICHEZ . à se à gén e eo 302. 
Acrostichum. .,.,.. MEL rt 64 302. 
ADphorus 405 «reus eme 365. 
ADENOSTYLEÆ. . 4 , «4 + 24e 47o. 
AOESMIRA EE | were mile à 402. 
ARR Ses us motte 402. 
Mai rslsèniens Panesced 4386. 
Abel: Et EE lions 446. 
nn. 5 leu Ste is 167. 
ob den 2 08 . 407. 
Albranié. SEE 509. 
PÉDENT. Dieu De as dise 147 
PR Tue 365 

PER RE nas e PER Ÿ 4 

Aansis, ZX, ei de | 163 

NO Dr Se 2 MTS sv aie 467 

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AMARANTHACEÆ . scoot 444. 
Anadyomené .....,,.:+,4% 161. 
Aglropén 2 4 ue 412. 
Agen M ep pue mie 294. 
Angiopteris................ 2b'2 
Anictangium................ 22% 
ANTHEMIDEZ. 1.7... .... 465. 
A POCENE RS Dies se eo Pr 69 450. 
M ne à es à duo de dec AT7A. 
MRLIACÉE., . nur eve e 474. 
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AROÏDERR D, , sue 427. 


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Agplennies, ses een cu lése 313. 
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PORN ce, > É . 499. 
BOBHMERIEZ .... vies 499. 
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TABLE DES MATIÈRES. s17 
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CHLOROPHOREÆ..resee in NOR BIBPENTACEA RE AE 476. 
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Géccoçarplé, , ss eos 2065 Dolichos,.,,, rSIT 254 se» 1486: 
Goëculus.s ms de mevrestes 477. BSodras. x ;, : he se PA MON | 
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COMBRETACEZ. 22 oo mire 481. Babtenm. 2... Re. 
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518 TABLE DES MATIÈRES. 
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TABLE DES MATIÈRES. 


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Notholæna....... evo bi 405. 
NOTHOLÆANEÆ.......ss.e 405. 


Octoblepharum............. 320. 
Oersih. 50.5. . «here » à 308. 
Opegrapha....... none s 104. 
OPHIOGLOSSEÆ «sons 290. 
Ophioglossum...,.......... 290. 
Ophiorhyza............ “ss 07 de 
D DER. dorer Phi re % ASr, 
CR eee to mue» és 417. 
OS. ne. « : ve ESS 
OSMUNDACEÆ.......... 293 


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LÉ euro PR PRE 410. 
Pappophorum............... 409. 
Parietaria..,.......,.. eus 4% SOI. 
PARIETARIEZÆ . : . .sssoococe SOI. 
AMEN se à cena 194. 
PÉRON 6 à 6 + où do av dei 494. 
Peperomia......... “ns RE 
Perebea..,....,............. SI. 
Pernettya. ................ 454. 
Physcia ......... ordis ai 208. 
Pinonia........es.sssssse 369. 
Piper. , “.sssoncsessse enses- 11 
PIPERACEÆ.. ..sseseseosses Li2. 
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Voyage de l'Uranie, — Botanique. 


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